Paragraphe 3 : Exploitation de l'enquête
Après avoir exposé les fondements
méthodologiques de notre recherche, nous allons, dans un premier temps,
tester les deux principaux axes de notre modèle conceptuel à
savoir le cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité.
Dans un deuxième temps, nous chercherons à
valider notre modèle de recherche en vérifiant si le
cadre institutionnel de l'économie exerce d'une façon ou
d'une autre une certaine influence sur la comptabilité des entreprises
tunisiennes à travers l'étude de la nature des relations
entretenue entre le cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité en tant que jeu social.
3-1 Le cadre institutionnel de l'économie
tunisienne
La première partie du questionnaire a
été réservée à l'analyse des
différents axes du cadre institutionnel de l'économie
tunisienne. Il s'agit :
· Du marché ;
160
· Du contexte légal ; et
· Du référentiel socioculturel tunisien.
3-1-1 Le marché tunisien
Concernant le marché, nous avons essayé dans un
premier lieu, de déterminer le niveau
de développement des différents types de
marché tunisien, à savoir :
· Le marché des biens et services ;
· Le marché du travail ; et
· Le marché financier.
Appréciation Ï
|
Développé
|
Emergeant
|
Limité
|
Type de marchés Ó
|
Marché des biens et services
|
29 %
|
64,5 %
|
6,5 %
|
Marché du travail
|
3,2 %
|
48,4 %
|
48,4 %
|
Marché financier
|
3,2 %
|
24,2 %
|
72,6 %
|
Selon 64,5 % des personnes enquêtées, le
marché des biens et services tunisien est à
caractère émergeant. Le niveau de
développement du marché des biens et services est
expliqué par l'intensité des transactions effectuées,
le nombre et la nature des acteurs le composant, le niveau du
fonctionnement des mécanismes du marché, la
régulation du marché, etc.
Concernant le marché du travail tunisien, 48,4 % des
intervenants estiment, à la fois, la nature émergeante et
limitée de ce type de marché. Le niveau de développement
du marché
du travail est apprécié par rapport à la
nature et aux nombres des acteurs le composant, au degré d'ajustement
entre l'offre et la demande d'emploi, etc.
Cependant, le marché financier reste, à raison
de 72,6 % des réponses, à niveau bas de développement,
malgré l'ensemble des réformes établies visants la
promotion de ce type de marché. Le niveau de développement
du marché financier est apprécié par rapport aux
nombres d'intervenants sur ce marché, à la capitalisation
boursière des entreprises le composant, à la
régulation du marché, à l'intensité et au
niveau du développement des instruments du marché, etc.
161
Par la suite nous avons tenté de vérifier
les conditions d'existence et de viabilité du marché
tunisien par l'analyse des possibilités de réunion des
hypothèses de concurrence pure
et parfaite.
Appréciation Ï
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Conditions de concurrence pure et parfaite
Ó
|
L'homogénéité des produits et
services
|
8,1 %
|
82,3 %
|
9,7 %
|
La libre entrée et sortie des agents
|
17,7 %
|
71 %
|
11,3 %
|
La transparence des transactions
|
4,8 %
|
67,7 %
|
27,4 %
|
L'atomicité des offreurs et des demandeurs
|
17,7 %
|
53,2 %
|
29 %
|
Pour 82,3 % des intervenants l'hypothèse
d'homogénéité des produits et services est
parfois vérifiée au sein du marché tunisien.
Parallèlement, les hypothèses, de libre entrée et sortie
des agents (71 %), de transparence des transactions (67,7 %) et
d'atomicité des agents
(53,2 %) sont aussi moyennement
vérifiées. En conclusion, les hypothèses
micros-
économiques de concurrence pure et parfaite sont
moyennement vérifiées, cela est dû à la
manifestation sur le marché tunisien des structures
monopolistiques et oligopolistiques, souvent étatique, limitant le
libre jeu de la concurrence.
Appréciation Ï
|
Forte
|
Moyenne
|
Faible
|
Type de marchés Ó
|
Marché des biens et services
|
14,5 %
|
66,1 %
|
19,4 %
|
Marché du travail
|
1,6 %
|
53,2 %
|
45,2 %
|
Marché financier
|
3,2 %
|
21 %
|
75,8 %
|
En conséquence, l'efficience du marché des
bien et services (66,1 %) et celle du
marché du travail (53,2 %) reste moyenne. Alors
que l'efficience du marché financier tunisien est faible à
raison de 75,8 % des questionnés.
Appréciation Ï
|
Principalement
|
Moyennement
|
Rarement
|
Type de marchés Ó
|
Marché de capitaux (la bourse)
|
4,8 %
|
50 %
|
45,2 %
|
Marché interbancaire
|
72,6 %
|
24,2 %
|
3,2 %
|
Marché de créances négociables
|
1,6 %
|
61,3 %
|
37,1
|
Les actionnaires du marché hors cote
|
11,3 %
|
67,7 %
|
21 %
|
162
Enfin, nous avons tenté de déterminer la
structure de financement des entreprises tunisiennes. Ainsi,
l'enquête révèle que le financement des
sociétés tunisiennes est effectué principalement par le
marché interbancaire (les banques), à raison de 72,6 % des
interviewés. Alors que, le marché de capitaux (la bourse),
le marché des créances négociables et les
actionnaires du marché hors cote sont moyennement responsable du
financement des entreprises tunisiennes, ceci est vrai, respectivement,
pour 50 %, 61,3 % et 67,7 % des questionnés.
3-1-2 Le contexte légal tunisien
Appréciation Ï
|
Souple
|
Contingent
|
Rigide
|
Le contexte légal Ó
|
Droit fiscal
|
12,9 %
|
27,4 %
|
59,7 %
|
Droit commercial
|
40,3 %
|
33,9 %
|
25,8 %
|
Droit des sociétés
|
37,1 %
|
38,7 %
|
24,2 %
|
Droit pénal
|
12,9 %
|
14,5 %
|
72,6 %
|
Selon 59,7 % des intervenants, le droit fiscal tunisien est
caractérisé par une certaine
rigidité limitant la marge d'interprétation et
le jugement professionnel. Parallèlement, le droit pénal est
apprécié, à raison de 72,6 %, rigide. Par ailleurs, le
droit commercial est interprété souple, selon 40,3 % des
personnes questionnées. La souplesse suppose une marge
d'appréciation et de jugement professionnel lors du traitement
d'opérations relevant du cadre commercial ou autre. Quant au droit des
sociétés, 38,7 % des intervenants, pensent qu'il est à
caractère aléatoire contingent. La contingence suppose le
caractère, à la fois souple et rigide
du type du droit en question.
3-1-3 Le référentiel socioculturel tunisien
L'analyse du référentiel socioculturel tunisien
a été élaborée sur deux volets. Dans un premier
volet, une analyse global a été établie en prenant en
considération, principalement, le positionnement géographique
de la Tunisie. Dans un deuxième volet, une prise en compte des
attitudes propres à chaque individu a été
élaborée. Bien évidemment, cette analyse entre dans une
optique de mesure du référentiel socioculturel tunisien en
matière de management
et de gestion d'entreprise.
163
Appréciation Ï
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments culturels Ó
|
Culture arabo - musulmane
|
8,1 %
|
53,2 %
|
38,7 %
|
Culture européenne
|
37,1 %
|
51,6 %
|
11,3 %
|
Culture africaine
|
1,6 %
|
11,3 %
|
87,1 %
|
Culture spécifiquement tunisienne
|
41,9 %
|
53,2 %
|
4,8 %
|
Globalisation
|
9,7 %
|
64,5 %
|
25,8 %
|
Alors que la culture africaine est totalement absente, à
raison de 87,1 % des personnes
questionnées, dans la gestion de l'entreprise tunisienne,
la culture arabo-musulmane (53,2 %)
et la culture européenne (51,6 %) sont parfois
réunies en matière de management d'entreprise tunisienne. Ceci
s'explique, principalement, par des questions historiques et secondairement,
par des considérations de proximité. En effet, si le
premier critère d'histoire est pris en compte de façon
primordiale, c'est parce que le second n'est jamais vérifié dans
le cadre de
la culture africaine.
La globalisation et l'internationalisation des marchés
ont rendu nécessaire une certaine adaptation du
référentiel socioculturel tunisien aux enjeux communautaires
mondiales. De ce fait, 64,5 % des intervenants pensent que la notion de
globalisation et d'ouverture extérieure commencent (parfois) à
s'introduire dans la gestion de l'entreprise tunisienne.
Enfin, selon 53,2 % des questionnés le mode de gestion et
le management d'entreprise intègre parfois des
spécificités tunisiennes.
Appréciation Ï
|
Essentiellement
|
Aléatoire
|
Inexistant
|
Eléments Ó
|
Management de l'entreprise
|
37,1 %
|
51,6 %
|
11,3 %
|
Comportement des salariés
|
30,6 %
|
48,4 %
|
21 %
|
L'intérêt
|
56,5 %
|
35,5 %
|
8,1 %
|
L'équité
|
1,6 %
|
56,5 %
|
41,9 %
|
L'aspect individualiste
|
62,9 %
|
27,4 %
|
9,7 %
|
Discipline
|
11,3 %
|
74,2 %
|
14,5 %
|
Loyauté
|
14,5 %
|
56,5 %
|
29 %
|
Débrouardise
|
46,8 %
|
38,7 %
|
14,5 %
|
Implication
|
-
|
91,9 %
|
8,1 %
|
Sur la base de neuf éléments
caractéristiques de la culture et de l'éthique des affaires en
général, nous avons pu détecter,
à raison de 62,9 %, que l'aspect individualiste est un
comportement essentiellement observé en matière de gestion
de l'entreprise tunisienne.
164
L'individualisme suppose la consécration de la
valeur personnelle dans les affaires. Ce résultat est plus
ciblé vers la recherche de l'intérêt personnel (56,5
%), au détriment de l'équité et de la
loyauté.
Le caractère individuel opportuniste d'une part, et la
rareté des ressources d'autres part, ont poussé le tunisien vers
la recherche de conditions d'ouverture d'horizon par n'importe quel moyen.
Ainsi, 46,8 % des interviewés attribuent la notion de
``débrouardise'' comme valeur essentielle dans le comportement
managérial du tunisien.
Par ailleurs, des valeurs telles que l'équité,
la discipline, la loyauté et l'implication se trouvent
aléatoirement réunies. Pour 56,5 % des intervenants,
l'équité et la loyauté dans la gestion de l'entreprise
sont aléatoirement rencontrées. De même, 74,2 % des
questionnés optent pour le caractère aléatoire de la
discipline dans la culture managériale tunisienne. Enfin,
l'implication est, à raison de 91,9 %, une pratique parfois
intégrée dans la gestion de l'entreprise tunisienne.
En conclusion, on peut dire que 51,6 % des
intervenants optent pour l'existence, de façon aléatoire,
d'une culture managériale proprement tunisienne dans la direction
des entreprises. Parallèlement, un comportement de
salariés, proprement tunisien, est détecté
aléatoirement à raison de 48,4 %. La culture managériale
tunisienne se heurte à un mélange
de valeurs consacrées, issues principalement des
traditions et coutumes, héritées historiquement, en raison de la
proximité territoriale et du positionnement stratégique de la
Tunisie.
La détection d'un référentiel
socioculturel tunisien en matière de management est
aléatoire. Ce ``modèle culturel'' reste pourtant
caractérisé par l'aspect individualiste opportuniste et
débrouilleur observé dans la gestion de l'entreprise
tunisienne.
Appréciation Ï
|
Essentiellement
|
Limité
(ou aléatoire)
|
Neutre
|
C.I.E Ó
|
Le marché
|
75,8 %
|
24,2 %
|
-
|
Le contexte légal
|
59,7 %
|
37,1 %
|
3,2 %
|
Le référentiel sociologique
|
19,4 %
|
51,6 %
|
29 %
|
165
Pour conclure, on peut dire que le marché et le
contexte légal ont été appréciés
essentiels pour le management de l'entreprise, respectivement, à raison
de 75,8 % et de 59,7
% des personnes questionnées. Alors que le
référentiel socioculturel a été
considéré, à raison
de 51,6 %, à effet limité et aléatoire en
matière de gestion d'entreprise.
|
|