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Choix comptables et cadre institutionnel de l'économie

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par Chafik Abdellatif
FSEG de Tunis - DEA en Management 2004
  

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Paragraphe 3 : Exploitation de l'enquête

Après avoir exposé les fondements méthodologiques de notre recherche, nous allons, dans un premier temps, tester les deux principaux axes de notre modèle conceptuel à savoir le cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité.

Dans un deuxième temps, nous chercherons à valider notre modèle de recherche en vérifiant si le cadre institutionnel de l'économie exerce d'une façon ou d'une autre une certaine influence sur la comptabilité des entreprises tunisiennes à travers l'étude de la nature des relations entretenue entre le cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité en tant que jeu social.

3-1 Le cadre institutionnel de l'économie tunisienne

La première partie du questionnaire a été réservée à l'analyse des différents axes du cadre institutionnel de l'économie tunisienne. Il s'agit :

· Du marché ;

160

· Du contexte légal ; et

· Du référentiel socioculturel tunisien.

3-1-1 Le marché tunisien

Concernant le marché, nous avons essayé dans un premier lieu, de déterminer le niveau

de développement des différents types de marché tunisien, à savoir :

· Le marché des biens et services ;

· Le marché du travail ; et

· Le marché financier.

Appréciation Ï

Développé

Emergeant

Limité

Type de marchés Ó

Marché des biens et services

29 %

64,5 %

6,5 %

Marché du travail

3,2 %

48,4 %

48,4 %

Marché financier

3,2 %

24,2 %

72,6 %

Selon 64,5 % des personnes enquêtées, le marché des biens et services tunisien est à

caractère émergeant. Le niveau de développement du marché des biens et services est expliqué par l'intensité des transactions effectuées, le nombre et la nature des acteurs le composant, le niveau du fonctionnement des mécanismes du marché, la régulation du marché, etc.

Concernant le marché du travail tunisien, 48,4 % des intervenants estiment, à la fois, la nature émergeante et limitée de ce type de marché. Le niveau de développement du marché

du travail est apprécié par rapport à la nature et aux nombres des acteurs le composant, au degré d'ajustement entre l'offre et la demande d'emploi, etc.

Cependant, le marché financier reste, à raison de 72,6 % des réponses, à niveau bas de développement, malgré l'ensemble des réformes établies visants la promotion de ce type de marché. Le niveau de développement du marché financier est apprécié par rapport aux nombres d'intervenants sur ce marché, à la capitalisation boursière des entreprises le composant, à la régulation du marché, à l'intensité et au niveau du développement des instruments du marché, etc.

161

Par la suite nous avons tenté de vérifier les conditions d'existence et de viabilité du marché tunisien par l'analyse des possibilités de réunion des hypothèses de concurrence pure

et parfaite.

Appréciation Ï

Toujours

Parfois

Jamais

Conditions de concurrence pure et parfaite

Ó

L'homogénéité des produits et services

8,1 %

82,3 %

9,7 %

La libre entrée et sortie des agents

17,7 %

71 %

11,3 %

La transparence des transactions

4,8 %

67,7 %

27,4 %

L'atomicité des offreurs et des demandeurs

17,7 %

53,2 %

29 %

Pour 82,3 % des intervenants l'hypothèse d'homogénéité des produits et services est

parfois vérifiée au sein du marché tunisien. Parallèlement, les hypothèses, de libre entrée et sortie des agents (71 %), de transparence des transactions (67,7 %) et d'atomicité des agents

(53,2 %) sont aussi moyennement vérifiées. En conclusion, les hypothèses micros-

économiques de concurrence pure et parfaite sont moyennement vérifiées, cela est dû à la manifestation sur le marché tunisien des structures monopolistiques et oligopolistiques, souvent étatique, limitant le libre jeu de la concurrence.

Appréciation Ï

Forte

Moyenne

Faible

Type de marchés Ó

Marché des biens et services

14,5 %

66,1 %

19,4 %

Marché du travail

1,6 %

53,2 %

45,2 %

Marché financier

3,2 %

21 %

75,8 %

En conséquence, l'efficience du marché des bien et services (66,1 %) et celle du

marché du travail (53,2 %) reste moyenne. Alors que l'efficience du marché financier tunisien est faible à raison de 75,8 % des questionnés.

Appréciation Ï

Principalement

Moyennement

Rarement

Type de marchés Ó

Marché de capitaux (la bourse)

4,8 %

50 %

45,2 %

Marché interbancaire

72,6 %

24,2 %

3,2 %

Marché de créances négociables

1,6 %

61,3 %

37,1

Les actionnaires du marché hors cote

11,3 %

67,7 %

21 %

162

Enfin, nous avons tenté de déterminer la structure de financement des entreprises tunisiennes. Ainsi, l'enquête révèle que le financement des sociétés tunisiennes est effectué principalement par le marché interbancaire (les banques), à raison de 72,6 % des interviewés. Alors que, le marché de capitaux (la bourse), le marché des créances négociables et les actionnaires du marché hors cote sont moyennement responsable du financement des entreprises tunisiennes, ceci est vrai, respectivement, pour 50 %, 61,3 % et 67,7 % des questionnés.

3-1-2 Le contexte légal tunisien

Appréciation Ï

Souple

Contingent

Rigide

Le contexte légal Ó

Droit fiscal

12,9 %

27,4 %

59,7 %

Droit commercial

40,3 %

33,9 %

25,8 %

Droit des sociétés

37,1 %

38,7 %

24,2 %

Droit pénal

12,9 %

14,5 %

72,6 %

Selon 59,7 % des intervenants, le droit fiscal tunisien est caractérisé par une certaine

rigidité limitant la marge d'interprétation et le jugement professionnel. Parallèlement, le droit pénal est apprécié, à raison de 72,6 %, rigide. Par ailleurs, le droit commercial est interprété souple, selon 40,3 % des personnes questionnées. La souplesse suppose une marge d'appréciation et de jugement professionnel lors du traitement d'opérations relevant du cadre commercial ou autre. Quant au droit des sociétés, 38,7 % des intervenants, pensent qu'il est à caractère aléatoire contingent. La contingence suppose le caractère, à la fois souple et rigide

du type du droit en question.

3-1-3 Le référentiel socioculturel tunisien

L'analyse du référentiel socioculturel tunisien a été élaborée sur deux volets. Dans un premier volet, une analyse global a été établie en prenant en considération, principalement, le positionnement géographique de la Tunisie. Dans un deuxième volet, une prise en compte des attitudes propres à chaque individu a été élaborée. Bien évidemment, cette analyse entre dans une optique de mesure du référentiel socioculturel tunisien en matière de management

et de gestion d'entreprise.

163

Appréciation Ï

Toujours

Parfois

Jamais

Eléments culturels Ó

Culture arabo - musulmane

8,1 %

53,2 %

38,7 %

Culture européenne

37,1 %

51,6 %

11,3 %

Culture africaine

1,6 %

11,3 %

87,1 %

Culture spécifiquement tunisienne

41,9 %

53,2 %

4,8 %

Globalisation

9,7 %

64,5 %

25,8 %

Alors que la culture africaine est totalement absente, à raison de 87,1 % des personnes

questionnées, dans la gestion de l'entreprise tunisienne, la culture arabo-musulmane (53,2 %)

et la culture européenne (51,6 %) sont parfois réunies en matière de management d'entreprise tunisienne. Ceci s'explique, principalement, par des questions historiques et secondairement, par des considérations de proximité. En effet, si le premier critère d'histoire est pris en compte de façon primordiale, c'est parce que le second n'est jamais vérifié dans le cadre de

la culture africaine.

La globalisation et l'internationalisation des marchés ont rendu nécessaire une certaine adaptation du référentiel socioculturel tunisien aux enjeux communautaires mondiales. De ce fait, 64,5 % des intervenants pensent que la notion de globalisation et d'ouverture extérieure commencent (parfois) à s'introduire dans la gestion de l'entreprise tunisienne.

Enfin, selon 53,2 % des questionnés le mode de gestion et le management d'entreprise intègre parfois des spécificités tunisiennes.

Appréciation Ï

Essentiellement

Aléatoire

Inexistant

Eléments Ó

Management de l'entreprise

37,1 %

51,6 %

11,3 %

Comportement des salariés

30,6 %

48,4 %

21 %

L'intérêt

56,5 %

35,5 %

8,1 %

L'équité

1,6 %

56,5 %

41,9 %

L'aspect individualiste

62,9 %

27,4 %

9,7 %

Discipline

11,3 %

74,2 %

14,5 %

Loyauté

14,5 %

56,5 %

29 %

Débrouardise

46,8 %

38,7 %

14,5 %

Implication

-

91,9 %

8,1 %

Sur la base de neuf éléments caractéristiques de la culture et de l'éthique des affaires en

général, nous avons pu détecter, à raison de 62,9 %, que l'aspect individualiste est un comportement essentiellement observé en matière de gestion de l'entreprise tunisienne.

164

L'individualisme suppose la consécration de la valeur personnelle dans les affaires. Ce résultat est plus ciblé vers la recherche de l'intérêt personnel (56,5 %), au détriment de l'équité et de la loyauté.

Le caractère individuel opportuniste d'une part, et la rareté des ressources d'autres part, ont poussé le tunisien vers la recherche de conditions d'ouverture d'horizon par n'importe quel moyen. Ainsi, 46,8 % des interviewés attribuent la notion de ``débrouardise'' comme valeur essentielle dans le comportement managérial du tunisien.

Par ailleurs, des valeurs telles que l'équité, la discipline, la loyauté et l'implication se trouvent aléatoirement réunies. Pour 56,5 % des intervenants, l'équité et la loyauté dans la gestion de l'entreprise sont aléatoirement rencontrées. De même, 74,2 % des questionnés optent pour le caractère aléatoire de la discipline dans la culture managériale tunisienne. Enfin, l'implication est, à raison de 91,9 %, une pratique parfois intégrée dans la gestion de l'entreprise tunisienne.

En conclusion, on peut dire que 51,6 % des intervenants optent pour l'existence, de façon aléatoire, d'une culture managériale proprement tunisienne dans la direction des entreprises. Parallèlement, un comportement de salariés, proprement tunisien, est détecté aléatoirement à raison de 48,4 %. La culture managériale tunisienne se heurte à un mélange

de valeurs consacrées, issues principalement des traditions et coutumes, héritées historiquement, en raison de la proximité territoriale et du positionnement stratégique de la Tunisie.

La détection d'un référentiel socioculturel tunisien en matière de management est aléatoire. Ce ``modèle culturel'' reste pourtant caractérisé par l'aspect individualiste opportuniste et débrouilleur observé dans la gestion de l'entreprise tunisienne.

Appréciation Ï

Essentiellement

Limité

(ou aléatoire)

Neutre

C.I.E Ó

Le marché

75,8 %

24,2 %

-

Le contexte légal

59,7 %

37,1 %

3,2 %

Le référentiel sociologique

19,4 %

51,6 %

29 %

165

Pour conclure, on peut dire que le marché et le contexte légal ont été appréciés essentiels pour le management de l'entreprise, respectivement, à raison de 75,8 % et de 59,7

% des personnes questionnées. Alors que le référentiel socioculturel a été considéré, à raison

de 51,6 %, à effet limité et aléatoire en matière de gestion d'entreprise.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld