FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
DE GESTION DE TUNIS
Mémoire pour l'obtention du Diplôme des
Etudes
Approfondies en Management
CHOIX COMPTABLES ET CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE
Elaboré par : Chafik ABDELLATIF
Sous la Direction de : Professeur Mohamed FRIOUI
Decembre 2003
5
Remerciements
Dans le cadre de ce mémoire de recherche, je
tiens à remercier, profondément, mon directeur de recherche
``Mr le professeur Mohamed Frioui'' pour la qualité d'encadrement, la
rigueur scientifique et le soutien affectif dont
j'ai bénéficié tout au long de la
période d'élaboration de ce mémoire.
Je tiens à remercier, également, les membres du
laboratoire de recherche
en Management (GEMAS) dirigé par le professeur ``Mohamed
Frioui'', pour leurs conseils, leurs contributions et leurs soutiens.
Mes sincères remerciements s'adressent aussi à
l'ensemble des professeurs et chercheurs de la Faculté des Sciences
Economique et de Gestion
de Tunis pour la qualité de formation et d'encadrement
dont j'ai bénéficié tout au long de mes études.
Parallèlement, je dois témoigner d'une marque de
reconnaissance envers
les membres de jury pour l'effort d'évaluation de ce
travail de recherche.
Enfin, je ne peux oublier le soutien affectif et matériel
de ma famille, qu'elle trouve ici l'expression de mon attachement.
6
Plan du mémoire
PARTIE THEORIQUE
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
5
L'ECONOMIE ET LA THEORIE COMPTABLE
SECTION I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE
5
Paragraphe 1 : Le marché 5
1-1 Définitions 5
1-2 Typologies de marché 6
1-2-1 Le marché de biens et services
7
1-2-1-1 L'économie capitaliste de marché
8
1-2-1-2 L'économie de marché pure ou le
marché de concurrence pure et parfaite
9
1-2-1-3 L'économie de marché impure ou concurrence
imparfaite et concurrence
monopolistique 12
1-2-2 Le marché de capitaux 15
1-2-2-1 La finance indirecte 15
1-2-2-2 La finance directe 16
a.
|
Le marché monétaire
|
17
|
b.
|
Le marché financier
|
18
|
1-2-3 Le marché du travail 21
Paragraphe 2 : Le contexte légal de l'économie ou
cadre réglementaire de l'économie
|
|
25
|
2-1
|
Le droit fiscal
|
27
|
2-2
|
Le droit civil
|
27
|
2-3
|
Le droit commercial
|
28
|
Paragraphe 3: Le référentiel sociologique
29
7
SECTION II : LA THEORIE COMPTABLE
36
Paragraphe 1 : Définitions
36
Paragraphe 2 : Typologies comptables
38
2-1 La comptabilité générale ou
comptabilité commerciale 38
2-2 La comptabilité analytique ou
comptabilité de gestion 38
Paragraphe 3 : La comptabilité et le cadre
institutionnel de l'économie
39
3-1 Comptabilité et contexte des
marchés
3-2 Comptabilité et cadre réglementaire
de l'économie 39
48
B- 3-3 Comptabilité et référentiel
sociologique
C- 51
CHAPITRE II : CHOIX COMPTABLES ET ACTIVITES
60
ECONOMIQUES
SECTION I : LES CHOIX COMPTABLES 60
Paragraphe 1 : La comptabilité internationale
60
Paragraphe 2 : L'harmonisation comptable de l'IASC
62
2-1 La structure opérationnelle de l'IASC
63
2-2 La procédure d'élaboration des normes (le due
process) 64
2-3 Le cadre de préparation et de présentation des
états financiers de l'IASC
(1989) 65
2-4 La stratégie d'harmonisation de l'IASC
69
2-4-1 La stratégie de conciliation de l'IASC
(1973-1987) 69
2-4-2 La stratégie de survie de l'IASC (de 1987
à nos jours) 69
2-4-2-1 L'OICV et l'harmonisation comptable
internationale 70
2-4-2-2 La nouvelle structure organisationnelle de l'IASC
71
Paragraphe 3 : Classification des principaux
modèles de normalisation et de
réglementation comptables
75
8
D- 3-1 Le modèle continental ou modèle
juridique latin
76
E- 3-
2 Le modèle comptable anglo-saxon ou modèle
économique 81
SECTION II : LES PARTICULARITES ECONOMIQUES ET COMPTABLES
89
F-
Paragraphe 1 : Harmonisation comptable Européenne
89
1-1 La toile de fond de l'harmonisation comptable
européenne 89
1-2 Le marché Européen
90
1-3 Le référentiel sociologique
européen 90
1-4 Le dispositif réglementaire d'harmonisation
comptable européenne
|
|
91
|
1-4-1
|
La quatrième directive
|
92
|
1-4-2
|
La septième directive
|
94
|
1-4-3
|
La huitième directive
|
95
|
1-4-4
|
L'harmonisation comptable européenne : quel avenir
?
|
96
|
G- Paragraphe 2 : Le dispositif de normalisation
et de réglementation
comptable américain
98
H- 2-1 Le contexte du marché américain
98
2-2 Le contexte socioculturel de la normalisation
comptable américaine
99
2-3 L'environnement juridique américain
100
2-3-1 Le cadre réglementaire des sociétés
américaines 100
2-3-2 Les sources de réglementation de l'information
financière américaine
101
2-3-2-1 La SEC : Securities and Exchange Commission 101
2-3-2-2 L'AICPA : American Institute of Certified Public
Accountants 103
2-3-2-3 Le FASB : Financial Accounting Standards Board
104
2-3-3 Les Principes Comptables Généralement Admis :
US GAAP (Generally Accepted
Accounting Principles) 105
2-3-3-1 La hiérarchie des principes comptables
généralement acceptés 105
2-3-3-2 Le Cadre Conceptuel américain (Conceptual
Framwork) 106
2-3-3-3 Les états financiers américains
108
9
CONCLUSION DE LA PARTIE THEORIQUE ET PROPOSITION D'UN
MODELE
DE RECHERCHE
PARTIE EMPIRIQUE
113
CHAPITRE III : LA COMPTABILITE DANS LE CADRE
INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE TUNISIENNE
SECTION I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE
Paragraphe 1 : Le contexte du marché
tunisien
118
118
118
1-1 Le marché des biens et services
118
1-2 Le marché du travail tunisien
123
1-3 Le marché financier tunisien
127
1-3-1 Le marché monétaire
127
1-3-2 Le marché financier tunisien
128
1-3-2-1 Organisation 128
a. Le Conseil du Marché Financier : CMF
129
b. Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis : BVMT
130
c. La Société Tunisienne
Interprofessionnelle de Compensation et de Dépôt des
Valeurs Mobilières : STICODEVAM
132
1-3-2-2 Les instruments du marché
132
a.
|
La promulgation d'un cadre juridique pour les
sociétés d'investissement
|
|
|
|
132
|
b.
|
Les nouveaux instruments financiers
|
134
|
c.
|
L'ouverture de la place de Tunis sur
l'extérieur
|
134
|
d.
|
Le renforcement de l'activité du Marché
Financier
|
135
|
1-3-2-3 Les perspectives à venir en
matière de renforcement du marché financier
tunisien
135
10
Paragraphe 2 : La réglementation des
sociétés commerciales tunisiennes 138
Paragraphe 3 : Le référentiel sociologique
tunisien 147
SECTION II : LA COMPTABILITE TUNISIENNE
Paragraphe 1 : Le plan comptable de 1967
Paragraphe 2 : Le nouveau système comptable des
entreprises tunisiennes
CHAPITRE IV : ETUDE ET VALIDATION EMPIRIQUE
SECTION I : METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET EXPLOITATION
148
148
150
156
DE L'ENQUETE 156
Paragraphe 1 : Présentation de l'enquête
156
1-1 Choix du secteur : cadre d'échantillonnage
156
Paragraphe 2 : Le déroulement de l'enquête
158
2-1 Structure du questionnaire
158
2-2 Contenu du questionnaire 159
2-3 Administration du questionnaire
159
2-4 Méthode d'analyse des données
160
Paragraphe 3 : Exploitation de l'enquête
160
3-1 Le cadre institutionnel de l'économie
tunisienne 161
3-1-1 Le marché tunisien
161
3-1-2 Le contexte légal tunisien
163
3-1-3 Le référentiel socioculturel tunisien
164
3-2 La comptabilité tunisienne
166
SECTION II : VALIDATION DE LA PROPOSITION DE RECHERCHE
Paragraphe 1 : Les motifs de l'interaction entre le cadre
institutionnel de l'économie et
170
la comptabilité tunisienne
170
Paragraphe 2 : La nature de la relation entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne
177
2-1 Le marché et la comptabilité tunisienne
177
2-2 Contexte légal et comptabilité
tunisienne 180
11
2-3 Référentiel socioculturel et
comptabilité tunisienne 183
2-4 Degré d'influence de chaque composante du
cadre institutionnel de l'économie
sur la comptabilité tunisienne
188
CONCLUSION DE LA PARTIE EMPIRIQUE 193
CONCLUSION GENERALE 200
BIBLIOGRAPHIE 203
ANNEXES A
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE A
ANNEXE 2 : ANALYSE DES DONNEES ISSUES DU QUESTIONNAIRE
H
CHAPITRE I : CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET
THEORIE COMPTABLE
Le cadre institutionnel de l'économie est
composé d'éléments conditionnant l'activité des
agents économiques. Il s'agit :
- du marché ;
- du contexte légal ; et
- du référentiel sociologique.
SECTION I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE
Paragraphe 1 : Le marché
1-1 Définitions
12
La littérature financière et de gestion
est relativement abondante en matière de
définitions du marché. En effet, plusieurs
auteurs ont abordé ce sujet avec plus ou moins de précision.
Ainsi, pour Brisacier et Peretti (1992), « le marché est un
instrument cohérent de mesure de valeurs et des coûts qui
traduisent forcément des écarts d'efficacité pour la bonne
raison qu'ils résultent du système des prix libres
».4
Gilbert Abraham-Frois (1992), abandonne la terminologie
instrumentale du marché en considérant le marché
comme « le lieu de rencontre à un instant donné de
la volonté des consommateurs exprimée par leurs demandes et
des désirs des producteurs exprimés par leurs offres
».5
Raimbault (1995), quant à lui, intègre dans sa
définition l'objet de transaction, ainsi que
la typologie des marchés. Il affirme qu'un
marché est « le lieu de rencontre des vendeurs et des acheteurs
(offreurs et demandeurs) qui s'y réunissent pour échanger
ce qu'ils ont contre ce qu'ils désirent. Le terme s'applique
à tout ce qui peut faire l'objet de transaction
(marchandises, monnaies, capitaux, travails ... voire même
illusions). On rencontre ainsi, des
marchés financiers (ou boursiers), des marchés
monétaires (ou bancaire) et des marchés commerciaux (biens
et services) ».6
Enfin, pour Mohamed Frioui (2002), le marché constitue
« le lieu de confrontation entre l'offre et la demande permettant une
allocation maximale des ressources et déterminant les prix,
reflet de la fonction de préférence individuelle
».7
D'une manière générale, à
l'origine, le marché désigne l'endroit où se rencontrent
des acheteurs et des vendeurs ; les uns désirent acquérir un
produit et les autres acceptent de leur céder ce produit à un
prix donné. Cependant, l'évolution des échanges et le
développement des techniques de communication font que la rencontre
physique des offreurs et des demandeurs n'est plus nécessaire. Le
marché peut donc être défini comme le lieu de rencontre
réel ou fictif entre offreurs et demandeurs qui effectuent ensemble des
échanges marchands à un prix fixé
4 JEAN PIERRE BRISACIER et JEAN. F. PERETTI-W, Les
mutations économiques à l'Est : crise et transition vers le
marché, Edition Vuibert, 1992, p. 90.
5 GILBERT ABRAHAM-FROIS, Economie politique,
Economica, 1992, préface.
6 GUY RAIMBAULT, Comprendre aisément le monde
économique et financier, Paris, 1995, p.17.
7 MOHAMED FRIOUI, Cours de management international
comparé, FSEGT, 2001-2002.
13
sur le marché. La nature des biens
échangés fait ressortir plusieurs typologies de
marchés, chacun d'entre eux dispose d'une gamme d'offreurs et de
demandeurs distinctes.
1-2 Typologies de marché
Selon l'objet de transaction, plusieurs marchés
peuvent être distingués. On trouvera essentiellement :
- le marché de biens et services ;
- le marché de capitaux ; et
- le marché du travail.
1-2-1 Le marché de biens et services
Le marché de biens et services est le lieu
dans lequel sont échangés des biens et des services. Il
permet de déterminer le prix ainsi que les quantités offertes et
demandées. Il peut s'agir soit :
- d'un marché de biens et services de
consommation : dans ce cas, les transactions portent sur des biens
et services destinés à satisfaire directement des
besoins
(exemple : le marché des produits alimentaires).
- d'un marché de biens de production : les
transactions portent sur des biens nécessaires à la
production d'autres biens. Les biens de production sont ventilés
en biens intermédiaires et en biens d'équipements. Les
biens intermédiaires sont constitués par les matières
premières et les produits semi-finis devant subir des transformations.
Tandis que, les biens d'équipement regroupent l'ensemble des biens
utilisés au cours de plusieurs processus
de production. (exemple : le marché du bois, le
marché de biens d'équipement, etc.)
Traditionnellement, la science économique est
définie comme l'étude de l'allocation des ressources rares qui
sont employées pour la satisfaction des besoins des individus vivant en
société. La définition proposée met l'accent
sur deux points importants. Premièrement, elle part de la
constatation du fait que les ressources dont toute la collectivité
dispose (facteurs de production, biens et services disponibles sur les
marchés) sont rares ; c'est dire que, même si le progrès
technique contribue à desserrer la contrainte de la rareté, les
biens et services offerts
14
ne sont jamais disponibles en quantités suffisantes
pour satisfaire tous les besoins humains. Deuxièmement,
précisément parce que les ressources sont rares, toute
société se doit d'utiliser
au mieux les facteurs de production dont elle se trouve
dotée et définir par conséquent le cadre institutionnel
lui permettant d'en tirer le meilleur parti.
Mais comme l'annonce Akari Abdallah (1997), « la
découverte la plus importante de la science économique est sans
doute la démonstration que des individus se trouvant dans une situation
concurrentielle (marché pur et parfait)
réalisèrent une allocation efficace des ressources tout
en poursuivant leurs propres intérêts égoïstes
».8
Cette forme de concurrence dite parfaite nous amène
à se demander s'il s'agissait de la seule forme ou structure du
marché de biens et services existants ? La réponse est tout
à fait simple, il ne s'agit pas de la seule forme mais elle
constitue le cas privilégie de la théorie
économique.
Selon le nombre plus ou moins important de demandeurs et
d'offreurs participant aux échanges d'un produit, on distingue deux
structures de marché dans le cadre dominant de l'activité
économique à savoir :
- le marché de concurrence pure et parfaite ou
l'économie de marché pure ;
- et le marché de concurrence imparfaite.
Avant d'entamer l'investigation dans ce domaine, il conviendrait
avant tout de présenter
et d'interpréter la notion d'économie capitaliste
de marché, afin de mieux cerner la structure formelle du marché
et de présenter le cadre régissant le développement de
telles structures.
1-2-1-1 L'économie capitaliste de marché
Depuis la révolution industrielle, les
économistes libéraux n'ont cessé d'insister sur le
rôle primordial du marché dans l'articulation entre productions et
besoins. C'est ainsi que le développement de l'appareil productif, le
gonflement des surplus productifs ont conduit, non seulement à
l'intensification du besoin d'échange, mais surtout à consacrer
dans les faits, le dictât du marché. Tout est appelé
à passer par le marché qui devient l'institution
économique
8 ABDALLAH AKARI, Microéconomie des
marchés, Etigraph, 1997, p.15.
15
qui symbolise aussi bien l'efficacité
économique que l'harmonie entre les besoins et la production. Les
prix jouent le rôle de régulateur de l'équilibre ainsi
atteint.
Ainsi, l'économie capitaliste de marché peut
être définie « comme le type d'économie dans laquelle
la majorité des activités économiques sont directement
liées au marché aussi bien
au niveau de l'acquisition des facteurs de production
(travail, capital : objet de travail et
instruments de travail) qu'au niveau de la promotion des
produits ». 9
Autrement dit, l'économie de marché est le
type d'économie où tous les facteurs de production et les
produits deviennent des marchandises.
De même, l'économie de marché
est l'économie où la majorité des
activités économiques sont motivées par le profit et
régies par la loi de l'accumulation du capital.
L'économie de marché peut être caractérise par :
1- La transformation quasi-unanime de tous les facteurs de
production ainsi que de tous les produits (biens et services) en une
marchandise : Cela signifie qu'à l'exception de quelques
activités non marchandes (surtout les services publics),
tous les facteurs de production et tous les produits font l'objet
d'échange, c'est à dire d'un achat et d'une vente sur
le marché.
2- Dans l'économie de marché où la
concurrence est respectée et pratiquée, seul le marché
commande les demandes et les offres des biens et des services, ainsi
que la détermination de leurs prix : Si aucun offreur ni demandeur ne
pouvait influencer la cour de la demande et de l'offre, l'ajustement sur
le marché, des demandes et des offres est le seul capable de
valoriser les facteurs de production, ainsi que les biens et les services.
3- Théoriquement, l'économie de marché
basée sur la concurrence est favorable aux consommateurs et
à toute la société : Cela veut dire qu'étant
donnée la concurrence entre
les producteurs et les vendeurs, l'économie de
marché concurrentielle fait tendre toujours les prix vers les
coûts de production. C'est à dire qu'elle empêche
grâce au mécanisme de la concurrence, que les prix ne
s'éloignent de manière significative des coûts de
production. Cette situation favorise le consommateur puisqu'elle
lui permet d'établir son plan de consommation sur la base
d'une relative stabilité des prix sur le marché. Par
ailleurs, les
9 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
16
producteurs seront amenés à détecter les
activités les plus profitables qui correspondent à une demande
solvable connue à l'avance (plan de consommation des acheteurs).
mais cette situation idéale n'apparaît que sur un marché
de concurrence pure et parfaite.
1-2-1-2 L'économie de marché pure ou le
marché de concurrence pure et parfaite
C'est le cas le plus rare actuellement et qui constitue
l'idéal de la théorie économique privilégiant
l'économie de marché à l'économie dirigée et
planifiée ou à l'économie dominée par les monopoles
et par l'intervention de l'Etat. Cette forme idéale ou parfaite de
l'économie
de marché est qualifiée théoriquement de
marché de concurrence pur et parfait.
Dans une économie de marché où règne
la concurrence pure et parfaite, tous les agents sont supposés maximiser
leur fonction objective (utilité pour les consommateurs, profit pour
les producteurs), en s'accommodant au système des
prix pragmatiques qui les amène à consommer et à
produire au niveau où les prix égalent les
utilités marginales ou les coûts marginaux. « C'est la
plus simple possible des structures de motivation : les prix informent et
motivent en même temps ; le mécanisme de coordination des
décisions et d'affectation des
ressources étant en même temps celui de motivation
et d'information ».10
Par définition, le marché pur et parfait
suppose la réunion d'un certain nombre d'hypothèse pour
que les règles concurrentielles jouent pleinement. Il
apparaît donc que le marché concurrentiel est un mode
d'organisation économique privilégié pour une
collectivité, permettant d'atteindre un haut degré
d'efficacité.
La théorie micro-économique stipule qu'un
marché de bien est dit parfaitement concurrentiel s'il
satisfait les hypothèses suivantes :
1- L'homogénéité de produit ;
2- La transparence du marché ;
3- L'atomicité des agents ;
4- Libre entrée et sortie des agents.
10 ABDALLAH AKARI, Microéconomie des
marchés, Etigraph, 1997, p.16.
17
L'homogénéité du produit suppose que les
biens offerts par les différents offreurs sur un marché
donné sont indifférenciables. Un demandeur (offreur) n'a donc pas
intérêts, à prix égal
à acheter (vendre) à un offreur (demandeur)
plutôt qu'a un autre. Ce qui suppose l'absence de différenciation
du produit (indifférence à l'emballage ou à la
marque) et l'absence de publicité : le prix sera le
déterminant essentiel du choix.
La transparence du marché stipule que chaque acteur
intervenant sur un marché, qu'il soit offreur ou demandeur a une
connaissance parfaite des offres et des demandes ainsi que leurs prix.
Autrement dit, il faut une information identique et complète pour tous
les agents. Ce qui à pour conséquence une
impossibilité pour un vendeur de vendre à un prix
supérieur à celui des autres.
L'atomicité des agents suppose que les
intervenants sur le marché de concurrence parfaite, sont nombreux
et l'offre ou la demande de chacun d'eux est faible devant celle de l'offre
ou de la demande globale. Chaque acteur représente ainsi une part
presque ignorante du marché. En plus, les intervenants agissent
indépendamment, ne concluant en particulier aucun accord entre eux pour
tenter d'agir sur les prix, ou sur les quantités offertes ou
demandées par
les autres agents. Il en résulte donc que :
- la variation de l'offre ou de la demande d'un agent ne
modifie pas sensiblement l'offre ou la demande globale sur le
marché. L'agent ne peut rien influencer, comme ``une goutte d'eau
dans un océan''.
- le prix se détermine indépendamment de l'agent
considéré.
La quatrième hypothèse de libre
entrée et sortie des agents, suppose que tout acteur
économique sur le marché peut, à tout moment,
décider de ne plus participer au marché, ou au contraire
décider d'y participer alors qu'il n'y opérait pas
auparavant (entrer et sortir librement). Il en résulte que :
- chaque acteur peut contacter n'importe quel vendeur et vice
versa.
-
|
les nouvelles firmes peuvent entrer sans aucun
problème.
|
|
-
|
les firmes peuvent se retirer d'un marché peu rentable si
elles le
|
souhaitent.
|
-
|
absence de barrières à l'entrée et à
la sortie.
|
|
18
- mobilité des facteurs.11
Pour les économistes libéraux
(néo-classiques essentiellement), la concurrence pure et parfaite
suppose seulement la réunion de deux conditions fondamentales
à savoir la fluidité
(libre entrée et sortie des agents) et l'atomicité
de l'offre et de la demande. La fluidité, selon
Jean Marchal se résume ainsi :
1- Il faut que les acheteurs et les vendeurs puissent fixer
leurs prix d'achat ou de vente en toute liberté (conception
individualiste libérale sans intervention de l'état par
exemple).
2- Il faut que les acheteurs et les vendeurs puissent
être en rapport les uns avec les autres (liberté des
échanges c'est à dire échanges sans entraves
politiques, géographiques, réglementaires du commerce
intérieur et du commerce extérieur ``laisser faire,
laisser passer'').
3- Il faut que les acheteurs et les vendeurs puissent
déterminer en toute liberté les quantités qu'ils
demanderont ou offriront (liberté de produire, d'acheter,
d'importer, d'exporter... Pas de protectionnisme, pas de réglementations
douanières, etc.).
4- Enfin, il faut que le produit mis en vente par les divers
vendeurs soit homogène
(normalisation de la production, normalisation de la
consommation sur le plan national et international).12
La condition d'atomicité pour Marchal se résume par
les deux points suivants : «
- il faut qu'un nombre suffisant d'acheteurs et de
vendeurs se présente sur le marché tel qu'aucun acheteur
ni vendeur n'est suffisamment important pour dominer le marché
(situation de monopole, ou de monopsone par exemple) et
empêcher le libre fonctionnement des mécanismes
``naturels'' du marché, c'est à dire fausser la
libre détermination des prix.
- il faut que nul acheteur ou nul vendeur n'atteigne une
importance telle qu'en faisant varier sa demande ou son offre individuelle,
il détermine une modification appréciable
11 ABDALLAH AKARI, Microéconomie des
marchés, Etigraph, 1997, p-p.66-67.
12 JEAN MARCHAL, Cours d'économie politique,
librairie de Médécie, 1996, p-p.536-539.
19
de la demande ou de l'offre globale. Le prix du
marché doit, pourtant, être une donnée
indépendante de son action ».13
La réunion de la fluidité et de
l'atomicité fait de sorte que quelle que soit sa structure, le
marché remplit toujours les mêmes grandes fonctions, dont
la première est la fonction d'orientation économique. Elle
consiste à faciliter l'établissement d'un même prix pour
tous
les participants et, à travers ce prix, à provoquer
chez les producteurs, les consommateurs et les transporteurs les
décisions que ce prix comporte pour la satisfaction de leurs
désirs.
Ainsi, il semble que l'économie de marché
pur ou la concurrence pure et parfaite pourrait être l'idéal
de toute économie et de toute société : c'est le cas le
plus favorable pour tous, producteurs, vendeurs et consommateurs, et pour toute
la société puisqu'il est supposé refléter la
vérité des prix et orienter l'économie vers la
situation d'efficacité et d'optimum économique et social.
Cependant dans la réalité, ce cas
d'économie pure reste très rare, puisque pour plusieurs raisons
économiques et sociales le marché apparaît
concrètement comme une économie de concurrence imparfaite et
de concurrence monopolistique.
Par définition, en effet, le marché pur et
parfait suppose l'atomicité, l'homogénéité, la
transparence et la libre entrée pour que les règles
concurrentielles jouent pleinement. Ces hypothèses seront
difficilement réalisables en particulier s'il existe des
comportements monopolistiques et oligopolistiques et des produits
différenciés. On pense immédiatement au monopole
confronté directement à la demande du marché qui fixe un
prix supérieur au coût marginal. Ce sera aussi le cas d'oligopole
: Chacun des producteurs peut bien fixer la quantité qu'il offre sur le
marché, le prix de vente dépend de ce que font les autres. Enfin,
et il ne s'agit certes pas d'une liste exhaustive, on peut penser aux vendeurs
qui choisissent de se localiser
(différenciation des produits) pour alterner la
concurrence en prix qu'ils livrent.
Il est clair que dans une telle situation, même
si, par hypothèse, on exclut toute autre difficulté
éventuelle, les règles du jeu d'une économie de
marché se trouveront entièrement faussées. La
structure d'information et de motivation liée à la
concurrence parfaite peut devenir victime des comportements
``déviants'' des agents économiques.
Dés lors que le marché pur et parfait
s'avère inopérant parce qu'il manque de critères
essentiels sur lesquels il s'appuie pour assurer la cohérence entre les
offres et les demandes des
13 JEAN MARCHAL, Cours d'économie politique,
librairie de Médécie, 1996, P-P.538-539.
20
agents, les économistes prônent la
théorie de la concurrence imparfaite. Celle ci étudie les
situations où les agents économiques sont des faiseurs de
prix. Comment se présente cette situation de concurrence imparfaite
?
1-2-1-3 L'économie de marché impure ou concurrence
imparfaite et concurrence monopolistique
Contrairement au cas idéal, la
réalité économique est caractérisée par
la concurrence imparfaite et la concurrence monopolistique. Dans ces
deux situations, ni la fluidité, ni l'atomicité ne sont
respectées. Il en résulte que la concurrence pure et
parfaite représente actuellement une situation exceptionnelle. La
situation dominante est plutôt la concurrence imparfaite, voire
même la concurrence monopolistique. Pour simplifier et sans entrer dans
les détails, nous pouvons qualifier ces situations par l'une des formes
suivantes d'imperfection : le monopole, l'oligopole, le monopsone et
l'oligopsone.
Pour Jean Marchal, le terme de monopole, comme l'indique
l'étymologie, « désigne la forme de marché qui ne
comporte qu'un seul vendeur ».14 Ainsi le
bénéficiaire d'un monopole
se trouve en présence de nombreux acheteurs et
il a la disposition complète de l'offre. Apparemment, le
monopoleur semble pouvoir exercer une domination absolue sur le marché.
Toutefois, la demande ne se plie pas toujours au ``diktat'' de
l'offre. Enfin, des données extérieures diverses pourront
limiter efficacement les prétentions excessives d'un monopole, l'action
des pouvoirs publics, l'existence de biens substituables, la pression
plus au moins diffusée des économies étrangères
par le biais du commerce extérieur, etc.
Bien qu'assez exceptionnel, les situations de monopole
peuvent être très diverses. Le monopole peut être
naturel ou légal. La nature peut avoir conféré à
une personne la disposition exclusive d'un produit ou d'un service. La
loi peut consacrer ou créer un tel privilège. Le monopole
légal est privé ou public. On peut concevoir aussi à
côté de ces monopoles objectifs, des monopoles subjectifs ou
psychologiques : La croyance en l'unicité peut suffire à assurer
son existence, une publicité qui réussit peut aussi
conférer la qualité de monopoleur à un
vendeur qui n'est cependant pas seul à fabriquer ou
à vendre tel ou tel produit.15
14 JEAN MARCHAL, Cours d'économie politique,
librairie de Médécie, 1996, p.540.
15 HENRI GUITTON, Dictionnaire des sciences
économiques, collection Dalloz, 1997, p.779.
21
Dans le cadre de monopole, « certaines
hypothèses de la concurrence pure et parfaite sont
invalidées, alors que d'autres restent valables ».16
L'hypothèse d'homogénéité du
produit perd son sens dans le cas du monopole, du fait de l'unicité de
l'offre. La firme pratique ainsi une stratégie de
différenciation des biens et de segmentation des marchés.
L'hypothèse d'atomicité quant à elle, est
partiellement vérifiée, puisque seul la demande est
atomisée. Enfin, l'hypothèse de libre entrée et sortie des
agents est
elle aussi, partiellement vérifiée puisque seul la
demande est flexible.17 Il semble, cependant
que le cas de monopole est dans la réalité un cas
exceptionnel et limité. La tendance est plutôt vers l'oligopole du
côté de l'offre.
L'oligopole est la forme de concurrence qui se
caractérise par l'existence de quelques vendeurs face à un
grand nombre d'acheteurs. Pour Krelle, « L'oligopole est la forme
de marché dominante dans une économie moderne, en particulier
pour la vente au détail. Presque toutes les firmes sont en
concurrence avec un nombre limité d'autres firmes proches et
produisant des produits semblables, qu'elles connaissent très bien et
dont elles observent avec attention le comportement. C'est
précisément ce qui constitue la forme de marché
de
l'oligopole ».18
La vérification des hypothèses du marché
dans ce cas est très délicate ; du fait qu'elles dépendent
des stratégies, que les firmes oligopoles envisagent d'adopter
(stratégie de combat, d'entente, etc.).
La concurrence peut aussi provenir du côté de la
demande et se traduit par le monopsone
ou par l'oligopsone. Le monopsone est la situation de
concurrence monopolistique caractérisée par l'existence d'un
acheteur unique face à un grand nombre de vendeur tel que les
quantités demandées (et par conséquent offertes) et les
prix se trouvent imposés par cet acheteur unique aux différents
vendeurs ou producteurs. C'est la situation par exemple d'un monopsone
public
(office des céréales, office de l'huile, etc.). Le
cas le plus fréquent du coté de la demande est plutôt
l'oligopsone.
L'oligopsone est la situation du marché de concurrence
monopolistique caractérisé par l'existence de quelques
acheteurs face à un grand nombre de vendeurs ou de
producteurs. C'est le cas où les quantités demandées (et
les quantités offertes) ainsi que le prix se trouvent
16 ABDALLAH AKARI, Microéconomie des
marchés, Etigraph, 1997, p.134.
17 ABDALLAH AKARI, Microéconomie des
marchés, Etigraph, 1997, p-p.134-135.
18 WILHELM KRELLE, Les formes de la concurrence,
Gautier-Villars, 1997, p.195.
22
imposés par ce petit nombre d'acheteurs surtout
dans le cas d'une entente entre eux
(groupement de consommateurs, unions économiques, telles
que la communauté européenne, etc.).19
D'après la théorie économique
privilégiant l'économie de marché, il semble que la
concurrence pure et parfaite est la situation idéale et la plus
favorable pour tous les acheteurs, tous les vendeurs et pour toute la
société dans la mesure où elle constitue
théoriquement la situation de la vérité des prix
(libre jeux de la loi du marché) et de l'orientation efficace et
optimale de toute l'économie nationale et de l'économie
mondiale.
Enfin, il s'avère que les opérations sur le
marché des biens et services sont les opérations
de l'activité économique nationale qui se
traduisent par des flux réels et des flux monétaires portant sur
les biens et les services non financiers entre les agents
économiques et qui regroupent les opérations de production
et de consommation des biens et des services non financiers et les
opérations d'investissement et de variations de stocks,
ainsi que les importations et les exportations de biens et services non
financiers.
1-2-2 Le marché de capitaux
Le marché de capitaux met en relation les
agents à capacité de financement
(essentiellement les ménages) qui sont des offreurs
de capitaux et les agents à besoins de financement
(essentiellement les entreprises) qui sont les demandeurs de capitaux.
Pour Mohamed Tahar Rajhi (1998), « les
marchés financiers permettent aux agents économiques
à excédents de capitaux, de placer leurs liquidités
et aux agents à déficits de capitaux d'emprunter sur ces
marchés. Généralement, on distingue d'un
coté, le marché monétaire et de l'autre coté, le
marché financier proprement dit ».20
Pour établir une adéquation entre
capacité et besoin de financement, deux sortes de financement
sont possibles :
- un financement indirect : L'intermédiation
est assurée dans ce cas par l'ensemble des institutions
financières (banques, assurances, sociétés
d'investissement, etc.), mais essentiellement par les établissements
bancaires.
19 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
20 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.122.
23
- un financement direct : dans ce cas, les agents
à besoin de financement se procurent directement les capitaux
sur le marché financier auprès des agents à
capacité de financement.
1-2-2-1 La finance indirecte
Les agents à capacité de financement qui
désirent prêter et ceux à besoin de financement qui
souhaitent emprunter ne sont pas en relation directe. Le
système bancaire, dont le rôle principal consiste à
assurer le financement de l'économie, assure la canalisation de
l'épargne vers l'investissement. Les banques reçoivent les
dépôts effectués par les épargnants, elles
réintroduisent, ensuite les fonds dans le circuit économique
quand elles accordent des crédits.
Toutefois, les prêteurs et les emprunteurs, n'ont pas les
mêmes souhaits en matière de liquidité : les
épargnants confient, en général, leurs ressources pour des
échéances courtes afin
de pouvoir récupérer leurs fonds en cas de
besoins. Les emprunteurs, au contraire, désirent profiter de
prêts à long terme pour financier leurs investissements. En
s'interposant entre eux,
les banques concilient les exigences des uns et des autres en
transformant les dépôts à court terme en crédits
accordés à moyen ou long terme.
La finance indirecte s'effectue essentiellement au niveau
du marché interbancaire qui constitue l'un des compartiments du
marché monétaire.
Le marché monétaire est le marché des
capitaux à court et moyen terme. On distingue deux compartiments :
- le marché interbancaire ; et
- le marché des titres de créances
négociables.
Pour Mohamed Tahar Rajhi (1998), « Le marché
interbancaire a pour objet essentiel d'équilibrer les
trésoreries quotidiennes et à court terme des banques en
compensant les besoins des unes (emprunteuses) par les excédents des
autres (prêteuses)».21
Ainsi, le marché interbancaire apparaît comme le
mécanisme régulateur entre les entrées
de capitaux constitués essentiellement par les
épargnes collectés des ménages et les sorties de capitaux
constituant principalement des sources de financement de l'économie
nationale.
21 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.122.
24
Le marché interbancaire met en rapport les institutions
bancaires ; il permet aux banques
qui ont un besoin de liquidités (en monnaie
centrale) de se procurer auprès des banques à
excédent de monnaie centrale. Une confrontation se réalise
quotidiennement entre les banques.
Si les soldes débiteurs et créditeurs obtenus
sont égaux, la compensation est dite totale. Mais dans le cas
contraire, la banque excédentaire cherchera à placer ses
liquidités, la banque déficitaire devra trouver un emprunt
à court terme.
1-2-2-2 La finance directe
Les agents à capacité et à besoin de
financement établissent entre eux des relations directes sans
intermédiaires financiers. L'agent ayant un besoin de financement
émet des titres
à destination de l'agent qui désire placer son
épargne. Ces titres sont vendus sur un marché de
capitaux qui comporte un marché monétaire et un
marché financier.
a. Le marché monétaire
Le marché monétaire de capitaux est le lieu dans
lequel les transactions portant sur des actifs à court et moyen terme.
Les offreurs cherchent à placer leurs capitaux à court et moyen
terme et les demandeurs sont à la recherche de liquidités.
A l'origine, ce marché était exclusivement
réservé aux banques, mais depuis quelques années, il est
ouvert aux agents non financiers qui désirent prêter ou emprunter
des liquidités. Comme nous l'avons signalé, le marché
monétaire contient deux compartiment ; L'un est
réservé aux banques : c'est le marché interbancaire ;
L'autre par contre est ouvert à tous les agents économiques :
c'est le marché des titres de créances négociables.
Comme nous l'avons dit, le marché interbancaire constitue
un catalyseur entre le besoin
de financement et la capacité de financement des
ménages. Vue sous cet angle, ce marché représente
une source de finance indirecte. Par contre, lorsque ce marché est
interpréter entant que lieu de confrontation entre banques ; il
constitue une source de financement directe inter
25
banques. Précédemment analyser, le marché
interbancaire ne sera pas aborder dans ce qui suit, même s'il
représente une source de financement interne entre banques.
Le deuxième compartiment du marché
monétaire ; le marché des titres de créances
négociables (ou marché monétaire au sens large) est un
type de marché ouvert à tous les agents économiques. Les
liquidités s'échangent contre la remise d'une garantie
représentée par des titres à court et moyen terme.
Pour Mohamed Tahar Rajhi, le marché des titres de
créances négociables « permet en principe à tous les
agents économiques d'accéder au marché unifié des
capitaux allant du très court terme au long terme. Ce qui est de
nature à favoriser les opérations de marché par
rapport à celles effectuées par l'intermédiaire des
banques. En effet, l'intermédiation directe favorise la concurrence par
l'accroissement du nombre d'intervenants et des titres émis sur le
marché et diminue le coût de transactions
».22
Les titres émis sur ce marché, différent
selon l'émetteur on distingue :
- les certificats de dépôt qui sont émis par
les banques.
- les billets de trésoreries qui sont émis
par les agents non financiers et notamment les entreprises.
- les bons de trésor qui sont émis par l'Etat.
Selon Mohamed Tahar Rajhi, les certificats de
dépôt sont des titres négociables et mobilisables qui
permettent le refinancement des banques à un taux d'intérêt
inférieur à celui
du marché monétaire. Ce sont des instruments de
placement qui présentent un degré de risque
inférieur à celui des billets de trésorerie,
mais supérieur à celui des bons de trésor.
Les billets de trésoreries ont été
introduits en France en 1985. Ils ont été inspirés
du
``commercial paper'' américain crée il y a
environ un siècle et demi. Il s'agit d'un titre de
créance négociable, émis au pair, d'un montant minimum et
pour une certaine durée.
22 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.123.
26
Enfin, les bons de trésor sont des titres de
créances mobilisables qui offrent une rémunération
proche de celle du marché monétaire. Ces titres présentent
l'avantage d'être très liquides et peu risqués par rapport
aux autres formes de placement à court terme.23
b. Le marché financier
Le marché financier est le marché des capitaux
à long terme. Il est le lieu privilégie de la finance directe
car les emprunteurs et notamment les entreprises ont besoin avant
tout de ressources de long terme pour financer leurs investissements.
Ils offrent des titres en contrepartie des capitaux qu'ils
désirent se procurer. Ce marché permet donc de drainer
l'épargne vers des placements à long terme.
Ainsi, le marché financier est, par
définition, le lieu où s'échangent les valeurs
mobilières, obligations, actions, titres de rente. C'est un
marché ouvert à toutes les catégories d'agents
économiques, financiers et non financiers : institutions
financières, Etat, ménages et entreprises. C'est un
marché de titres longs qui se différencient de deux
autres marchés de capitaux :
- à la différence du marché des
crédits bancaires qui peuvent aussi porter sur des
financements longs, le marché financier porte sur
des titres (donc négociables) et non des crédits ;
- à la différence du marché monétaire
qui porte aussi sur des titres négociables,
les titres correspondent à des financements longs
(sept ans au moins), alors que le marché monétaire porte
sur des titres courts.24
Pour Mohamed Tahar Rajhi, « le marché
financier est le marché des capitaux à long terme
où se négocient des titres, appelés valeurs
mobilières, contre de l'argent ».25 On distingue
deux catégories de titres :
- les titres de la famille des actions ou titre de capital ;
et
- les titres de la famille des obligations ou les
titres de créances. Les titres représentatifs des capitaux
propres sont :
23 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.123-128.
24 JEAN PIERRE FAUGERE et COLETTE VOISIN, Le
système financier français : crises et mutations, Nathan,
1997.
25 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.133.
27
- les actions ordinaires ;
- les actions à dividende prioritaire (ADP)
;
- les certificats d'investissement (CI).
Les actions ordinaires sont des titres de propriété
portant sur une partie du capital social
de l'entreprise émettrice. Celui qui détient des
actions devient un actionnaire de l'entreprise. Il
a droit à une partie des bénéfices
distribués appelée dividende ; il a aussi le droit de participer
aux décisions prises au sein de l'entreprise.
La deuxième catégorie de titres
représentatifs de capitaux propres sont les actions à
dividende prioritaire (ADP). Ce type d'action bénéficie de
certains avantages par rapport aux actions ordinaires puisque leurs
détenteurs ont le droit de percevoir des dividendes prioritaires sur le
bénéfice distribué. Un dividende minimum auquel doivent
être rémunérées les ADP est garanti. Ce type
particulier d'action permet aux entreprises d'obtenir des fonds sans perdre le
contrôle puisque les titulaires de ces titres n'ont aucun droit
de regard sur l'activité de l'entreprise.
Enfin, les certificats d'investissement sont des titres
négociables qui procurent à leurs détenteurs les
mêmes droits que ceux qui sont rattachés à l'action
ordinaire mais ne leur permettent pas de prendre part à la vie
sociale de l'entreprise. C'est ainsi que ces titres, comme
les ADP, donnent aux entreprises la possibilité de
développer leurs fonds propres en faisant appel aux capitaux
extérieurs sans que ces opérations puissent exercer une
influence sur le contrôle de l'entreprise.
Par contre, les titres de la famille des obligations,
considérés comme des titres représentatifs de
créances sont essentiellement :
- les obligations ;
- les obligations convertibles en actions (OCA) ;
- les titres participatifs (TP).
Les obligations sont des titres non pas de
propriété comme les actions, mais des titres de créance
à long terme émis par des entreprises ou par l'Etat lorsqu'ils
empruntent des capitaux
à long terme. Les détenteurs de ces titres
appelés obligataires deviennent leurs créanciers ; ils
ont le droit de percevoir un intérêt dont le
taux est déterminé lors de l'émission des
titres.
28
Contrairement aux actions qui sont des titres à revenu
variable, les obligations sont des titres à revenu fixe puisque le
revenu perçu ne dépend pas du niveau des bénéfices
de l'entreprise.
Les obligations convertibles en action (OCA) sont des
obligations permettant à leur porteur de devenir actionnaire selon
des modalités prévues au contrat d'émission. Les OCA
bénéficient des mêmes avantages offerts par les
obligations tant que le détenteur n'a pas eu recours à leurs
reconversions en action ordinaire.
Enfin, les titres participatifs (TP) sont des
obligations perpétuelles. Ces titres ne sont remboursables qu'en
cas de liquidation de la société émettrice ou
à son initiative. La rémunération de ce type d'action
comporte une partie fixe et une partie variable, contrairement aux obligations
et aux OCA dont leur rémunération est fixe.26
L'ensemble des titres et obligations précisés ci
dessus, doivent nécessairement passer par
au moins l'un des compartiments du marché primaire
(marché des émissions), avant d'être
échangé sur le marché secondaire (marché des
transactions).
Le marché primaire est le marché des
émissions de titres nouveau. Les entreprises peuvent directement
faire un appel public à l'épargne pour obtenir des
capitaux nécessaires afin de répondre à leurs
besoins de financement sur le long terme. En contre partie des
capitaux recueillis sur ce marché, elles émettent des valeurs
mobilières qui matérialisent les droits des acquéreurs de
ces titres.
« Pour les obligations, le marché primaire
ne fonctionne que lors du placement des obligations par appel public
à l'épargne par les intermédiaires financiers. Pour les
actions, il fonctionne soit lors de la constitution de la
société, soit lors des augmentations de capital en
numéraire ».27
Par contre, le marché secondaire (appelé
aussi bourse des valeurs mobilières) est un marché dans
lequel s'effectuent les transactions de titres déjà émis.
Les détenteurs de titres ont
la possibilité de récupérer des
liquidités sans attendre l'échéance ; ils peuvent alors
échanger
leurs titres en bourse avec des agents qui
veulent les acquérir à un prix appelé
26 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.133-135.
27 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.138-139.
29
``cours'' déterminé sur ce marché. Ce
cours peut être supérieur ou inférieur à la
valeur nominale : dans le premier cas, l'agent réalise une plus-value
alors que dans le second cas, il subit une moins-value. L'évolution des
cours des différentes valeurs négociées en bourse est
mesurée par un indice général et le fonctionnement de la
bourse en étant réglementé.
La cotation d'une valeur mobilière en bourse
présente des avantages tant pour l'émetteur que pour le
souscripteur (l'investisseur). L'intermédiation est assurée par
des intermédiaires en bourse agrées par les autorités de
marché.
Pour l'entreprise, la cotation à la bourse fournie
plusieurs privilège à savoir :
- bénéficier d'un accès au moindre
coût aux diverses sources de financement offerte par la bourse. En
effet, à un stade de son développement, les capitaux
nécessaires ne peuvent plus être apportés par les seuls
actionnaires fondateurs. En plus, les possibilités des crédits
bancaires à long terme sont souvent limitées et coûteuses
(taux d'intérêt élevé). C'est alors que
l'épargne publique prend le relais des actionnaires d'origine.
- obtenir plus de notoriété et améliorer
l'image de marque de l'entreprise vis à vis
de l'extérieur : clients, fournisseurs, partenaires
financiers, etc.
- faciliter la négociation des actions de l'entreprise
puisque la valeur de marché
de l'action sert comme référence lors des
négociations de fusions, concentration et rachats.
- la cotation à la bourse constitue une source
de motivation des salaries de l'entreprise. Certaines entreprises
distribuent à leurs salariés une partie du capital social sous
forme de titres négociables (des stocks-options). Dans ce cas,
l'introduction en bourse permet
de modifier le climat social en augmentant le degré
d'intégrité des salariés.
Pour les investisseurs, la cotation d'une valeur en
bourse permet d'offrir de réelles opportunités à
savoir :
- diversifier leur patrimoine afin de répartir le
risque.
- la cotation donne aux actionnaires la possibilité de
vendre à tout moment leurs titres et réaliser une plus-value.
- faciliter le transfert de propriété lors de la
succession du ou des fondateurs.28
28 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.136-137.
30
1-2-3 Le marché du travail
Dans le marché du travail appelé aussi
marché de l'emploi, l'offre de travail (ou la demande d'emploi)
est constituée de la population active à la recherche d'un emploi
rémunéré.
La demande de travail (ou l'offre d'emploi) provient de
tous les agents économiques et
notamment des entreprises. Ce marché permet
d'indiquer le niveau du salaire et celui de l'emploi
Le travail est une activité humaine
rémunérée qui consiste à produire des biens
et services en vue de satisfaire des besoins. Il se manifeste
par l'effort physique, les connaissances, la créativité
et le dynamisme que les être humains mettent à la disposition de
l'entreprise. Il est le dénominateur commun à tous les produits
car on ne peut concevoir de production possible sans travail.
Le volume de la production à l'échelle
d'une nation dépend de la quantité de travail
engagée dans cette production. Celle-ci dépend, non
seulement de la population active occupée, mais aussi de la
durée du travail.
« La population active est définie comme
l'ensemble des personnes susceptibles de concourir à l'accroissement
de la production dans une économie à un moment donné. Elle
est déterminée à partir d'une variable
démographique : la population totale. Seule une partie de cette
population est susceptible d'offrir du travail : en effet, en
considérant la population totale,
il faut exclure, outre ceux qui sont âgés de moins
de 15 ans, les scolarisés, les retraités, les
femmes au foyer, les travailleurs bénévoles
n'exerçant pas une activité rémunérée, etc.
Toutes ces personnes font partie de la population inactive
».29
Plusieurs facteurs peuvent agir sur le volume de la population
active qui varie dans le temps :
- l'accroissement naturel de la population calculé comme
étant la différence entre
les naissances et les décès, il est
à la source d'une variation de la population active. Un
accroissement élevé peut provoquer une importante offre de
travail, alors qu'un faible accroissement risque au contraire de la
réduire ;
29 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
31
- les mouvements migratoires influencent à la hausse ou
à la baisse le volume de
la population active. Les travailleurs immigrés
accroissent le nombre des actifs alors que les travailleurs
émigrés le réduisent ;
- le développement du travail de la femme,
la scolarisation des jeunes,
l'allongement de la durée des études, la tendance
à la baisse de l'âge de retraite, ..., modifient
profondément la population active.30
Ainsi, la population active comprend les personnes qui
exercent ou qui cherchent à exercer une activité
professionnelle rémunérée. Elle se compose donc :
- des actifs occupés.
- des actifs inoccupés (chômeurs).
« La définition et la mesure du
chômage dans l'économie a fait l'objet d'une grande
discussion dans la pensée économique. Pour certains
économistes (classiques et néo- classiques) le
chômage est une situation de non emploi volontaire. Pour d'autre
(keynésiens, marxistes) le chômage est une situation de non emploi
involontaire qui est due à l'incapacité
des activités économiques à répondre
à toutes les demandes d'emplois ».31
Pour simplifier, on peut dire que le chômage est
la situation de non emploi de la population économiquement
active qui peut être essentiellement involontaire à cause
du décalage entre la croissance de la population
économiquement active et les possibilités d'emplois offertes
par l'économie. Le chômage peut prendre l'une des formes suivantes
:
- le chômage structurel : c'est la forme du
chômage qui est due au décalage
prolongé entre l'offre de travail et la demande de
travail. C'est la situation qui caractérise les pays
sous-développés à cause de la faiblesse de leurs
activités économiques pour faire face aux demandes d'emplois.
- le chômage conjoncturel (ou le sous-emploi) : c'est la
situation de non emploi limité de l'activité économique ou
d'un caractère saisonnier et périodique de l'activité.
Cette forme peut aussi correspondre au chômage qui résulte des
récessions et crises économiques.
Le chômage conjoncturel est appelé chômage
technique quand il résulte d'un changement des
techniques de production et de la technologie qui entraîne
le remplacement des travailleurs par les machines.
30 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
31 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
32
- le chômage déguisé : c'est la situation de
l'emploi dans des activités marginales
ou dans des activités à très faible
niveau de productivité. Cette forme de chômage
déguisé caractérise une partie de l'emploi dans les pays
sous-développés.32
La quantité de travail engagée dans la
production ne dépend pas seulement de la population active
occupée, mais aussi de la durée du travail. En effet, la
diminution de la durée légale de travail (passage pour
certaines activités de 48 heures à 40 heures par
semaine), l'augmentation de la durée des congés
payés ou le développement du temps partiel sont de nature
à entraîner une demande plus forte du travail de la part des
entreprises ce qui peut se traduire par une augmentation du nombre d'emplois
offerts. En revanche, l'allongement de la durée de travail peut
conduire, pour les mêmes besoins en travail, à la baisse
des effectifs occupés.
Outre les aspects quantitatifs du travail, les
entreprises ont besoin d'une quantité de travail qualitativement
définie. En effet, leur activité nécessite le
recours à certaines qualifications et compétences,
à des savoir-faire particulier selon la nature des taches
à réaliser.
« La notion de qualification a acquis une reconnaissance
sociale au travers de la mise en place d'un système de classification.
Celles-ci définissent, pour partie, les conditions d'accès
à l'emploi ; elles servent à établir un ordre des
rémunérations ; elles apportent une contribution à
la définition des taches et à la
construction d'une progression professionnelle. (...) La
qualification présumée requise pour occuper tel
poste de travail constituait la référence d'une méthode de
classement par filières qui supposait de procéder à
l'inventaire de tous les emplois, d'identifier la filière de
l'emploi considéré (fabrication, entretien,
comptabilité, secrétariat, etc.), et de l'insérer au bon
niveau de coefficient en le comparant à des postes repères
».33
Ainsi, la qualification des travailleurs comprend
l'ensemble des connaissances théoriques et pratiques
nécessaires pour exercer un travail ; elle tient compte des
aptitudes acquises aussi bien par une formation initiale reçue dans le
cadre scolaire et universitaire que par une formation professionnelle requise
par le poste de travail.
32 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
33 ROLAND LE BRIS et JEAN-CHRISTOPHE LE
DUIGOU, Demain, l'emploi : travail, emploi et salariat, quelle nouvelle
dynamique ? , Les éditions de l'atelier, 1998, p.30.
33
Pour conclure, on peut dire que le marché du
travail permet d'estimer la valeur de
chaque salarié : il fonde la notion
d'employabilité. Tout se passe comme si, à chaque moment ,
un salarié pouvait se retrouver sur le marché du
travail. Il lui importe alors de maintenir sa compétence et son
savoir-faire, de manière à s'assurer qu'il serait toujours «
employable » s'il
se trouvait sur le marché du travail. Ce dernier
agit donc comme un révélateur de la
compétence des salariés en les conduisant à
se comparer de manière permanente à la demande
de travail. La littérature managériale analyse
plus particulièrement en quoi cette pression du marché du travail
s'exerce sur les dirigeants d'entreprise : sur un marché du travail
étroit, ils ont intérêt à prouver qu'ils sont
efficaces pour obtenir les meilleures places dans les meilleures entreprises.
D'où un intérêt personnel pour augmenter les
performances de la firme qu'ils
dirigent.34
Après avoir brièvement abordé l'un des axes
du cadre institutionnel de l'économie, qui
est le marché, il conviendrait maintenant d'attaquer le
deuxième axe, prédéterminant lui aussi,
il s'agit du contexte légale ou réglementaire de
l'économie.
Paragraphe 2 : Le contexte légal de
l'économie ou cadre de réglementation de l'économie
La liberté d'action et de manoeuvre était
pour la plupart des personnes un idéal incontestablement
souhaiter. Des cas extrêmes, comme ceux imaginés par le
philosophe Ibn Toufail, vivant seul et en pleine liberté sans
avoir besoin d'une loi, sort du domaine de l'imaginaire. Même
chose pour Robinson Crusoé, peut on avoir remarqué
à ce titre que l'homme est un animal politique (un être
social). Ibn khaldoun, avait noté que l'homme est civil par nature,
c'est à dire, appelé à vivre en groupe (famille, tribu,
etc.). L'être humain est donc appelé à vivre en
société, qu'il soit nomade (les touaregs au désert, etc.)
ou sédentaire, qu'il soit qualifié d'évolué ou
qualifié de primitif, il est toujours entouré par le droit.
Les membres de toute société doivent accepter une
certaine discipline, un certain ordre sinon, la vie en communauté ne
peut être possible. La non observance des règles par l'individu
34 PIERRE-YVES GOMEZ, Le gouvernement de
l'entreprise, L'art du management, 1997, p.697.
34
ou la société peut provoqué des conflits
inimaginables, la mise en place d'une procédure de sanction en cas de
violation des règles de conduite s'avère
primordiale.35
Avant de s'immiscer dans l'analyse, une clarification
du contenu doit être prise en charge. Tout d'abord, le vocable
``droit'' reçoit de façon classique deux définitions
qu'il convient de bien distinguer.
La première définition renvoie au droit objectif
qui peut se définir comme « l'ensemble des règles de
conduite qui, dans une société organisée, gouvernent les
rapports des hommes entre eux et s'imposent à eux au besoin par le moyen
de la contrainte sociale. Il présente deux caractères essentiels
: d'une part, un caractère de généralité, c'est
à dire qu'il s'adresse à tous,
ou du moins à une catégorie donnée, et non
à tel ou tel individu en particulier ; d'autre part, un
caractère d'impersonnalité en ce sens que
tout individu se trouvant dans les mêmes circonstances est
régi par les mêmes règles ».36
Quant à la deuxième définition, elle
renvoie aux droits dits subjectifs. Ils peuvent se définir
comme « les prérogatives que le droit reconnaît
à un individu ou à un groupe d'individus et dont celui-ci
peut se prévaloir dans ses rapports avec les autres hommes, sous la
protection des pouvoirs publics. Le titulaire du droit est
appelé le sujet du droit : d'où l'expression de droits
subjectifs, par laquelle on désigne les droits pris en ce sens. Les
règles juridiques établies par les autorités
compétentes déterminant les prérogatives des
particuliers,
il en résulte qu'il ne peut y avoir de droits
subjectifs que dans le cadre que trace le droit
objectif ».37
D'une manière générale, le droit
subjectif constitue la possibilité de revendiquer quelque chose en
application d'une règle de droit préétablie (exemple : le
droit de vote, le droit à la pension, le droit de
grève).38
Dans le cadre de cette recherche, l'accent est mis sur
la première acceptation du mot
``droit'', à savoir le droit objectif. L'étude du
droit objectif conduit d'une part à présenter les
35 HATEM KOURDA, Cours de droit I, FSEGT, 1997.
36 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999, p.1.
37 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999,
p-p.1-2.
38 HATEM KOURDA, Cours de droit I, FSEGT, 1997.
35
grandes division du droit et d'autre part à étudier
comment la règle de droit trouve application dans la vie des
affaires.
La division classique du droit objectif est celle
entre droit privé et droit public. Cette distinction, qui ne
présente qu'un caractère pédagogique en raison des
interférences entre ces deux branches, offre toute fois cet avantage de
donner un panorama des différents domaines que recouvre le droit.
Le droit public est constitué par « l'ensemble des
règles qui déterminent l'organisation et
le fonctionnement des pouvoirs publics ainsi que leurs
rapports avec les administrés. Le droit public se subdivise en
plusieurs branches dont certaines intéressent de près la
vie et le fonctionnement d'une entreprise ».39
Par opposition au droit public, « le droit
privé peut se définir comme l'ensemble des règles
qui régissent les relations des personnes privées entre
elles, personne physiques ou personne morales (sociétés
civiles, sociétés commerciales, associations, syndicats,
groupement d'intérêt économique, etc.)
».40
Seul le droit fiscal faisant partie intégrante du droit
publique, ainsi que le droit privé sera pris en considération
dans ce qui suit. Le droit privé se subdivise également
en plusieurs branches dont nous aborderont ci-après les plus
importantes.
2-1 Le droit fiscal
L'impôt est une technique libérale de financement
des dépenses publiques. Il est souvent ressenti par les contribuables
comme étant une spoliation de leurs biens et une intrusion dans leurs
affaires ; du fait qu'il a pour conséquence une réduction
du patrimoine et des revenus sans qu'une contre partie n'apparaisse
directement. Les moyens d'intervention utilisés par l'Etat et les
réactions de l'opinion publique en matière fiscale constituent un
révélateur de la nature des relations au sein de la
société.
39 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999, p.3.
40 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999, p.4.
36
Historiquement, les Etats ont le choix en matière
fiscal entre un système autoritaire et un système d'assentiment
dans lequel se développe des procédures et des relations de
dialogues entre l'Etat et le représentant des contribuables.
Ce pendant, l'affrontement entre le fisc et la
société civile persiste sans qu'aucun remède
ne soit trouvé à cette maladie appeler ``allergie
fiscale''. Le droit fiscal apparaît comme étant
« la branche du droit publique qui régie cette
activité particulière de l'Etat, et qui consiste a procurer
à la puissance publique à titre définitif des ressources
financières, par un prélèvement autoritaire et sans contre
partie ».41
D'une manière générale, on peut dire que
le droit fiscal est la branche du droit publique relatif à
l'application des lois d'impôt. C'est celui qui règle les
droits du fisc et leurs prérogatives d'exercice.
2-2 Le droit civil
Le droit civil « a vocation à régir de
principe tous les rapports entre personnes privées :
de ce point de vue, le droit civil est considéré
comme le `` droit privé commun''. (...) Le droit civil, qui fut synonyme
de droit privé pendant longtemps, a vu progressivement son domaine
d'application se restreindre dans la mesure où des
dispositions expresses sont venues réglementer de façon
spécifique tel ou tel type de rapport. De nouvelles branches
du droit privé virent alors le jour ».42
Ainsi, le droit civil apparaît comme une
réglementation qui encadre l'ensemble des rapports entre les
particuliers. Il ne peut être compris que par son contenu :
- les personnes physiques et morales, la
personnalité, le patrimoine, l'état et l'incapacité ;
et
- le statu personnel ou droit de la famille.
2-3 Le droit commercial
41 HATEM COURDA, Cours de droit privé des
affaires, FSEGT, 1998.
42 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999,
p-p.4-5.
37
Le droit commercial est l'ensemble des règles
juridiques de droit privé, régissant les commerçants
et les actes de commerce. Dans son sens économique, le mot
``commerce'' désigne les activités de circulation et de
distribution des richesses.43
Le droit commercial constitue la partie du droit privé
relative aux opérations juridiques faites par les commerçants.
Cette matière s'est détachée assez tôt du droit
civil en raison des exigences particulières qui s'attachent aux
transactions et aux relations commerciales. Le droit commercial est en
perpétuelle évolution car il doit s'adapter à la
complexité croissante des relations d'affaires et suivre le cas
échéant, pour les réglementer les nouvelles
opérations et
techniques mises en oeuvre par la pratique.44
La réglementation commerciale tend elle aussi
à se subdiviser en maintes sous- ensembles, chacun d'eux englobe
un aspect particulier du commerce. On peut citer en particulier :
- Le droit de transports ;
- Le droit des sociétés ;
- Le droit des entreprises en difficulté ;
- Le droit bancaire ;
- Le droit de la propriété industrielle ou
intellectuelle.
Certaines autres branches de droit (droit du travail, le droit
de la sécurité sociale, le droit pénal, etc.) sont
considérées par certains auteurs comme faisant partie
intégrante du droit privé, alors que d'autres justifient leurs
appartenances aux droits mixtes.
Paragraphe 3 : Le référentiel
sociologique
L'analyse globale du champ du référentiel
sociologique dans le cadre de notre recherche s'avère inopportun.
L'ampleur d'un tel concept dépasse largement les objectifs
assignés à notre recherche. C'est ainsi que, seul l'aspect
éthique sera pris en considération.
43 SAMIR JEMALI, Cours de droit commercial,
FSEGT,1998.
44 GABRIEL GUERY, Droit des affaires,
8ème édition Gualino éditeur, 1999, p.5.
38
Depuis le début des années quatre-vingt,
beaucoup de dirigeants et responsables en gestion s'interrogent sur la
place que doit occuper l'éthique dans l'entreprise. Cet
intérêt récent provient sans doute des modifications
profondes qui ont affecté l'économie
(déréglementation, libéralisation, internationalisation,
etc.), et de la multiplication des affaires qui ont terni l'image de
l'entreprise et de ses dirigeants.
Les définitions accordées à
l'éthique sont multiples. L'encyclopédie de gestion et de
management attribue au concept éthique la définition suivante ;
« l'éthique est un ensemble de principes d'action qui s'imposent
à la conscience des individus ».45
D'une manière générale, l'éthique a
pour objet de s'occuper de la conduite des hommes,
et d'élaborer des règles de comportement
auxquelles chacun devrait se conformer dans une société
donnée. A priori, la notion d'éthique apparaît comme un
standard auquel tout le monde adhère définitivement. Toute fois,
l'éthique n'est pas un ensemble de principes figés mais une
ouverture d'esprit conduisant à la réflexion continue dans
la recherche du bien (commun et individuel).
Appliquée au monde des affaires, l'éthique se
propose, d'une part, de réfléchir sur les conduites et sur les
finalités de la vie des firmes ou des affaires, et d'autre
part, de les soumettre à des évaluations au regard des
systèmes moraux.
Cette définition fait implicitement
référence à deux conceptions de l'éthique.
Depuis
Max Weber,46 on distingue deux conceptions :
- une éthique de conviction qui correspond à
une approche philosophique, religieuse ou morale ;
- une éthique de responsabilité qui correspond
plutôt à une approche sociologique.
Dans une éthique de conviction, le comportement
se réfère à un système moral, philosophique
ou religieux préalable. On est dans une ``morale du devoir'' :
l'individu est convaincu avec intimité d'un idéal qui dicte sa
conduite, quelles que soient les circonstances.
45 PIERRE LOUART, Ethique, Encyclopédie de
gestion et de management, Editions Dalloz, 1999, p.367.
46 MAX WEBER, Le savant et le politique, Plon, Paris,
1959.
39
C'est la morale du prophète, du saint, du savant qui
croient avant tout, et agissent selon leur conscience.
Or, les systèmes moraux sont nombreux :
kantisme, christianisme, bouddhisme, communisme, individualisme, etc. Faire
de l'éthique consiste alors à envisager les différents
systèmes, enseigner voire prêcher l'un d'entre eux afin
d'appliquer ses principes dans la conduite humaine.
D'une manière générale, l'éthique
de conviction est une conquête vers la recherche d'un bien absolu.
Ainsi, l'homme obéit a ses convictions et ses croyances, il
recherche un idéal difficile à atteindre dans le contexte des
affaires. Il ne se soucie pas des impacts de ses actes sur son entreprise, il
ne cherche que le bien par rapport à ses convictions, même si cela
peut causer la perte de son entreprise.
Par exemple, un gestionnaire pacifiste, convaincu peut
refuser de participer à la production d'armes destinées
à massacrer des hommes. Au contraire, un dirigeant utilitariste peut
considérer que l'armement répond à un besoin qui doit
être satisfait, quel qu'il soit.
Dans cette approche, l'individu ne s'interroge pas sur les
conséquences de ses actes, par exemple licencier du personnel pour le
pacifiste, ou tuer des être humains pour l'utilitariste, mais sur la
conformité de ses actes avec le système moral. C'est en effet le
système moral qui édicte ce qui doit être fait et ce qui ne
doit pas être fait : on est dans une philosophie du bien et
du mal, dans laquelle l'individu ne rend des comptes qu'à
sa conscience profonde.
Par contre dans une éthique de responsabilité
(que certains appellent encore l'approche positive), le comportement est
imposé par la nécessité de vivre en commun dans une
société pluraliste. En effet, dés qu'un groupe est
constitué d'individus (ou de firmes) différents dont
les intérêts divergent, des règles de
conduite sociale s'imposent. Ainsi, dans n'importe quels pays (autre que la
Grande-Bretagne a ma connaissance), un conducteur convaincu de rouler à
gauche par ses convictions philosophiques devrait quand même se
montrer responsable, et rouler à droite pour éviter les
accidents.
Faire de l'éthique consiste alors à
s'interroger en permanence sur les conséquences lointaines de
ses actes, quels que soient les systèmes moraux, afin
de préserver
40
fondamentalement les règles de conduite sociale de tous
les acteurs impliqués dans la décision
(leur survie, leur dignité, leur liberté, etc.). On
est plus dans une philosophie du bien et du mal qui se réfère
à un idéal, mais une philosophie du juste et de l'injuste qui se
réfère à une réalité.
Appliqué aux affaires et au management,
l'éthique de responsabilité implique que la conduite d'un
gestionnaire dans une entreprise doit nécessairement satisfaire les
conditions de réalisation des objectifs de la firme. Autrement dit,
l'éthique de responsabilité appliquée aux gestionnaires
est essentiellement fondée sur la recherche de l'efficacité ;
elle consiste en choix
de moyens adaptés aux fins poursuivis. Même si
les moyens choisis sont en contradiction avec ses convictions, le gestionnaire
doit être prêt à sacrifier ses convictions pour le
bien de son entreprise, sans pour autant, léser les autres acteurs
concernés par l'affaire. Une entreprise qui procède à un
licenciement collectif pourra édicter des règles pour assurer
à la fois la dignité des hommes et la survie de l'entreprise :
accompagner le licencié dans sa recherche de travail,
ne pas procéder à des licenciements abusifs,
etc. De même, une entreprise qui fabrique des
armes pourra émettre un code de conduite pour
préserver l'emploi sans détruire la race humaine : vendre
mais ne pas inciter à l'achat, prohiber certains types d'armement,
etc.
Cette approche aboutit généralement à
accepter des concessions et des compromis, pour élaborer des
règles communes qui tiennent compte des divergences
d'intérêt en présence. Elle
est redoutable de difficultés : quels sont les
intérêts à prendre en compte, qui élabore les
règles,
quels acteurs sont impliqués, comment doivent-elles
s'appliquer, etc.
Un problème éthique surgit lorsque :
- les actions d'un individu sont en contradiction avec
ses convictions intimes
(contradiction entre un idéal et les faits) ;
- les actions d'un individu (gestionnaire, dirigeant) ou
d'une entreprise ont des conséquences néfastes sur d'autres
individus ou entreprises (elles sont dangereuses, nuisibles
ou seulement désagréables).
Dans le premier cas (éthique de conviction), le
problème relève de la conscience individuelle et chacun se
détermine selon ses propres croyances : la gestion n'intervient pas,
sauf éventuellement pour enseigner et éclairer les
décideurs sur les systèmes moraux. Par exemple, les patrons
chrétiens peuvent édicter des règles de gestion pour
être en conformité avec leurs engagements spirituels.
41
Dans le deuxième cas (éthique de la
responsabilité), le problème relève clairement de la
gestion, puisqu'il faut trouver des règles qui
permettent à une pluralité d'acteurs de vivre ensemble,
sans heurter la conscience de chacun, et en préservant leurs
intérêts fondamentaux. Par exemple, une entreprise réalise
des profits en produisant des automobiles, mais préserve
les intérêts des citoyens en prévoyant des
moyens antipolluants.
L'éthique de responsabilité est donc largement
prédominante dans le monde des affaires.
Et comme l'annonce Guilla Joane, « ce qui est
réellement créatif dans l'éthique des affaires c'est de
trouver le moyen de faire ce qui est moralement juste et socialement
responsable sans ruiner sa carrière ni son entreprise
».47
D'une manière générale, les
problèmes éthiques correspondent à deux grands types
d'actions :
- celles qui ont des effets secondaires néfastes, sans
être franchement délibérées
de la part des responsables, ou en tout cas qui sont
discutables : par exemple, des automobiles polluent (le diesel), des produits
présentent des risques (tabac), des publicités de mauvais
goût, des produits sont dangereux, etc.
- celles qui transgressent délibérément les
règles ou les lois, et qui correspondent
à la fraude ou la corruption : financement
illégal des partis politiques, acrobaties comptables, travail
clandestin, fausses factures, pots de vin, délits d'initiés, abus
de biens sociaux, fraude fiscale, marché publique sans appel d'offres,
etc.
Quelque soit le type d'actions, un problème éthique
a au moins deux conséquences sur la vie de l'entreprise :
- une perte d'image : l'entreprise se déconsidère
dans l'opinion, comme chez les salariés, ce qui nuit à son
efficacité et sa performance ;
- un coût monétaire : l'entreprise paye
d'une manière ou d'une autre les dérapages sur le plan
moral.
Concernant le déficit d'image, il se manifeste de
différentes manières :
47 ANDREW STARK, L'éthique n'est pas un voeux,
Harvard l'Expansion, Automne 1993, p.12.
42
- une suspicion générale vis à vis des
produits de l'entreprise : les clients doutent des qualités du produit
et se méfient en cas de rachat ;
- une méfiance générale vis à
vis des entreprises qui ne se comportent pas de manière
citoyenne, mais ne pensent qu'au profit ;
- une perte de motivation chez les salariés qui se
méfient des dirigeants dont le comportement n'est plus exemplaire ;
- une déliquescence des valeurs de l'entreprise qui
perd son unité (et peut être son âme).
Quant au coût supplémentaire (monétaire), il
provient :
- des réparations éventuelles non
envisagées (frais de justice, remplacement du produit,
amélioration des normes, publicités, etc.) ;
- d'un manque à gagner : absence de rachat, perte
d'image, baisse des ventes,
impôts non payés, etc. ;
- du coût de la fraude : des pots de vin, financement des
partis politiques, train de vie des dirigeants, etc. ;
- du contrôle : coût des moyens pour éviter
les tricheries (surveillants, alarmes,
sécurités, les coûts d'agence, etc.) ;
- du risque d'imitation qui généralise la
fraude ou l'irresponsabilité, et désorganise les
marchés ;
- et surtout, de la concurrence déloyale : certains
individus ou entreprises (qu'on
appelle les ``free riders'' ou passagers clandestins) se
procurent un avantage concurrentiel en
ne respectant pas les règles (cas du travail
clandestin).48
L'existence de problèmes éthiques implique
de les appréhender correctement, pour pouvoir ensuite les
traiter. Dans cette optique, il serait tout à fait raisonnable
de notre part, d'essayer de trouver un système de mesure du
phénomène éthique, afin de mieux orienter notre champ
d'analyse et de réflexion. Pour prendre la mesure des problèmes,
il faut :
- d'abord, identifier les risques d'une action ou
d'un produit : accidents, pollution, maladies, chômage, injustice,
etc. ;
- identifier les cibles : tous les usagers, quelques usagers, les
non usagers ;
- saisir l'ampleur des problèmes : quelques individus,
beaucoup d'individus, les animaux, les plantes, la planète, etc.
48 Droit des affaires, éthique et
déontologie, Actes du colloque sur la déontologie et le droit des
affaires tenu à pointe à pitre 1993, Edition l'Hermes 1994.
43
- envisager les effets très indirects : par exemple,
l'abus du tabac ou d'alcool multiplie les risques de cancer, et creuse le
déficit de la sécurité sociale.
Connaissant la nature des problèmes, on peut envisager des
moyens pour les résoudre. Dans le cadre des problèmes
d'éthique des affaires, deux attitudes de pensées apparaissent
:
- pour les uns, l'éthique d'entreprise n'est
qu'une mode : en effet, toute
intervention est inutile, soit parce que le monde est
une jungle où le plus fort gagne
(darwinisme), soit par ce que la ``main invisible'' du
marché garantit des solutions ;
- pour les autres, ils pensent au contraire qu'il est
nécessaire d'intervenir :
l'inefficacité des marchés, l'excès
de lois (bureaucratie) ou l'insuffisance des lois
(déréglementation), laissent un vide qui impose un
réarmement moral.
Généralement, l'entreprise trouve un double
intérêt à s'engager dans une pratique éthique,
en utilisant la morale comme un outil de gestion. Ces avantages tiennent du
fait des revers de la non considération éthique dont
nous avons pris le soin de les analyser
précédemment.
Tout d'abord, l'éthique apporte comme un supplément
d'âme, en embellissant l'image
de l'entreprise :
- les relations de confiance que l'entreprise
entretient avec ses différents partenaires sont renforcées
;
- la firme devient une institution citoyenne, éducative et
respectée ;
- le respect des règles morales fondent et renforcent la
légitimité de la firme ;
- la conduite des dirigeants acquiert un caractère
exemplaire qui renforce leurs statuts, et peut servir d'adjuvant aux
salariés (motivation, implication) ;
- l'affichage explicite des valeurs peut enfin renforcer la
culture de l'entreprise,
et cimenter le groupe.
L'éthique apporte, par ailleurs, un supplément de
rentabilité :
- elle assure une certaine pérennité, en
évitant des réparations éventuelles ;
- elle permet de récupérer le manque à
gagner dû à la fraude institutionnalisée ;
- elle permet de réduire le coût de
contrôle et de surveillance, en faisant davantage confiance aux
personnels ou aux partenaires sociaux (par exemple, un code de
l'honneur interdisant les vols et l'espionnage industriel, etc.) ;
44
- enfin, elle assainit le fonctionnement des marchés, en
établissant des règles de concurrence communes à tous les
partenaires, et appliquées par tous.
Face à un problème éthique,
plusieurs solutions sont possibles. Patrons de plusieurs exemples : le
tabac risque de nuire à la santé, un
téléfilm violent risque de perturber les enfants, etc. On
peut alors :
- ne rien faire : on continue de fabriquer des cigarettes, on
projette les films ;
- leurrer les partenaires : on prétend que la fumée
n'est pas dangereuse, que les enfants sont insensibles à la violence
;
- arrêter les actions : on ne fabrique plus de cigarettes,
on supprime la projection ;
- modifier les actions : on fabrique des cigarettes
légères, on supprime les scènes
de violence ;
- informer, sensibiliser, former, éduquer : une note
sur les paquets de cigarettes avertit des méfaits du tabac, un signe
distinctif apparaît sur l'écran pour signaler le caractère
violent du film.
Enfin, pour mettre en oeuvre ces actions, trois types de moyens
sont disponibles :
- la contrainte, notamment juridique : le pouvoir
législatif, voire l'opinion oblige
à prendre des mesures pour éviter des effets
néfastes (l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les
films interdits aux moins de douze ans, etc.) ;
- la diffusion des valeurs (par la formation et
l'éducation) : les individus ou les entreprises adoptent naturellement
un comportement responsable, en respectant des valeurs admises de tous
(on évite les publicités de mauvais goût, on n'exploite pas
les sous-traitants,
on présente des comptes sincères, etc.) ;
- la déontologie : les différentes professions
(comptables, médecins, financiers, conseillés en gestion, etc.)
établissent des règles qui apparaissent explicitement dans des
codes
de conduite, et dont le non respect est sanctionné par des
organismes professionnels.49
Nous avons abordé précédemment les trois
axes du cadre institutionnel de l'économie. Toute fois, notre
étude apparaît comme générale et mérite
du fait une certaine orientation méthodologique. Le choix du
sujet ; ``choix comptables et cadre institutionnelle de
l'économie'', nous oblige à vérifier l'interaction
conceptuelle entre chaque axe du cadre
49 Droit des affaires, éthique et
déontologie, Actes du colloque sur la déontologie et le droit des
affaires tenu à pointe à pitre 1993, Edition l'Hermes 1994.
45
institutionnel de l'économie, c'est à dire,
le marché, le contexte légale et le
référentiel sociologique, et la comptabilité en tant
qu'outil de management et de prise de décision.
SECTION II : LA COMPTABILITE FINANCIERE
Paragraphe 1 : La théorie comptable
1-1 Définitions
La comptabilité peut être perçue comme
« un ensemble de comptes établis et tenus selon des règles.
Elle est donc un système d'information obéissant à des
conventions et des normes socialement définies et ne peut exister
et se développer que dans des sociétés humaines
complexes ayant atteint un assez haut degré d'organisation
».50
Outre cette optique réglementaire, la
comptabilité peut être définie comme « une
représentation de phénomènes réels qui ne peuvent
être appréhendés tels quels ; les faits sont saisis en
fonction d'une vision des choses, d'une conception particulière
du monde. C'est pourquoi elle ne fournit pas une description de la
réalité mais en donne une interprétation
».51
Aussi, la comptabilité peut être
appréhender comme « une technique qui, par le rassemblement
de données numériques et leur organisation en un ensemble
cohérent, permet
de rendre compte de l'activité et des
résultats d'une entreprise et, plus généralement,
d'une organisation ».52
50 MICHEL CAPRON, La comptabilité en
perspective, Editions la découverte, Paris, 1993, p.3.
51 PIERRE GENSSE, Modèle comptable
français, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.881.
52 MICHEL CAPRON, La comptabilité en
perspective, Editions la découverte, Paris, 1993, p.31.
46
Parallèlement, la comptabilité peut être
définie par rapport à son champ d'application ;
« les caractéristiques généralement
attribuées à la comptabilité définissent le champ
qui lui est habituellement réservé :
- son domaine d'application est l'entreprise ;
- la technique d'enregistrement qu'elle utilise est la partie
double ;
- ses produits sont le bilan, le compte de résultat et
l'annexe ».53
Par rapport à ses vocation la comptabilité des
entreprises « répond aux besoins propres
de ces dernières : besoins d'information des tiers,
besoins de pilotage des dirigeants, besoin de contrôle des
propriétaires ».54
La comptabilité peut, entre autre, être
définie comme étant un instrument légitiment le pouvoir
des propriétaires. Elle « sert de cadre à la
répartition de la richesse ; elle est donc au centre des conflits
d'intérêts entre les différents stakeholders. Ce rôle
social rend nécessaire la création de normes ; le modèle
originel est alors conforté dans ses choix initiaux en faveur des
propriétaires dont il légitime et pérennise le pouvoir
».55
La comptabilité est aussi définie par
rapport à ses typologies ; « dans une optique de
développement économique et social, la comptabilité doit
être envisagée comme un système beaucoup plus large, aux
dimensions multiples : juridique, économique, mais aussi sociale et
politique, et dont le champ d'application couvre non seulement les
entités économiques
(comptabilité commerciale), mais également
les collectivités publiques administratives
(comptabilité publique), et la nation dans son ensemble
(comptabilité nationale) ».56
1-2 Typologies comptables
1-2-1 La comptabilité générale ou
comptabilité commerciale
La comptabilité générale est « celle
utilisée par les entreprises privées et publiques pour
l'enregistrement des opérations commerciales. Elle est née
du développement des relations
53 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.597.
54 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.600.
55 PIERRE GENSSE, Modèle comptable
français, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.881.
56 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p-p.597-598.
47
marchandes et répond à un besoin d'information
économique de tous les partenaires des entités concernées.
Dans un contexte de mondialisation, elle fait l'objet d'une harmonisation et
d'une normalisation croissante ».57
1-2-2 La comptabilité analytique ou comptabilité de
gestion
La comptabilité de gestion, « dont l'objet initial
fut le calcul des coûts des produits des entreprises industrielles, a
vu s'élargir considérablement son rôle : elle a
aujourd'hui pour objet générique de fournir toutes les
informations économiques requises pour la conduite de l'entreprise ;
elle est conçue comme un instrument interne d'aide à la
décision et de contrôle
de gestion. Dans cette perspective, elle traite à la
fois des informations relatives au passé et des informations relatives
au futur ; par exemple les informations qu'exige l'étude de la
rentabilité d'un projet d'investissement ».58
La comptabilité analytique est un outil au
service du management d'entreprise ; il se base, en partie, sur les
informations fournies par la comptabilité générale
pour satisfaire les besoins de l'entreprise en matière d'information
et de prise de décisions. A la différence de la
comptabilité générale, « elle ne répond pas
à une exigence sociale extérieure, sa codification n'est pas
soumise à une à des conventions communes à toutes les
sociétés ; ses résultats n'ont
pas vocation à être rendus publics
».59
D'autres types de comptabilité existent
(comptabilité publique, comptabilité nationale), mais, dans le
cadre de notre recherche nous allons se limiter à cette classification
comptable qui répond à nos prérogatives
d'investigation.
Paragraphe 2 : La comptabilité et le cadre
institutionnel de l'économie
57 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p..598.
58 BERNARD COLASSE, Comptabilité
générale, 5ème édition Economica,
Paris, 1996, p.19.
59 MICHEL CAPRON, La comptabilité en
perspective, Editions la découverte, Paris, 1993, p.36.
48
2-1 Comptabilité et Contexte des
marchés
L'analyse conceptuelle de la théorie comptable par
rapport au contexte du marché doit nécessairement se
référer à la classification élaborée
précédemment. Or une telle démarche s'avère
inutile puisque dans le cadre du marché des biens et des services par
exemple, nous auront à retraiter l'ensemble de la théorie
comptable allant de l'analyse des flux entrants jusqu'aux flux sortants
en passant par le processus de traitement ou de transformation des
inputs en output. Il s'avère ainsi que l'ensemble des
opérations de l'entreprise avec son environnement, effectué
au sein du marché des biens et services relève de la
comptabilité en tant qu'instrument de quantification et
d'enregistrement.
En ce qui concerne le marché du travail,
l'ensemble des acteurs le constituant (la population active), se
valorisent continuellement par rapport à des indicateurs de performances
fournis et divulgués par la comptabilité financière.
Ainsi, seuls les dirigeants d'entreprise performantes seront
récompensés par le marché. Ce dernier leur
offre les conditions d'ouverture d'horizon et d'expansion requise pour tous
les acteurs du marché du travail.
Il s'avère ainsi, que seule la mission d'information
attribuée à la comptabilité financière constitue
le point de convergence principal avec les différentes
typologies de marchés existants. Ainsi, « Dés les
débuts de l'économie de marché, la comptabilité est
apparue comme l'instrument le plus adapté pour saisir, traiter et
organiser l'information sur les transactions de telle sorte que celle-ci
puisse être utilisée sous de nombreuses formes
appropriées et pour répondre principalement aux missions
qui demeurent encore sa raison d'être fondamentale : l'aide aux
décisions de gestion, la preuve de la réalité des
transactions, le contrôle des résultats
obtenus par les dirigeants et l'évaluation des ressources
utilisées ».60
Cette tendance à dissocier l'évolution de
l'économie de marché avec celle de la comptabilité
financière est née avec la célèbre thèse de
Werner Sombart.61 Selon le passage le plus cité : « Le
capitalisme et la comptabilité en parties doubles ne peuvent
absolument pas être dissociés : ils se comportent l'un
vis-à-vis de l'autre comme la forme et le
60 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.461.
61 YANNICK LEMARCHAND et MARK NIKITIN, Capitalisme et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité,
de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000,
p.106.
49
contenu ».62 Dans nos propos, on
préfère ne pas s'immiscer largement dans le contenu de cette
thèse, qui a fait couler beaucoup d'encre, malgré le nombre de
recherches soutenants cette vue.
Et comme l'annonce Christian De Boissieu, «
l'information est au coeur du fonctionnement de l'économie de
marché. Rarement parfaite, contrairement aux postulats de la
microéconomie traditionnelle, elle fait le pont entre le passé,
le présent et les représentations plus ou moins
éclairées, plus ou moins incertaines, de l'avenir. Pas
étonnant, dans ces conditions, que la transparence de
l'information se soit imposée, de nos jours, comme la
problématique centrale pour le fonctionnement et la
régulation de nos économies ».63
La comptabilité d'une entreprise sert à ses
managers, ses actionnaires, ses salariés et de plus en plus à
ses clients et aux associations les représentant. La
comptabilité doit ainsi, représenter une réalité
économique et non pas l'influencer, voire la modifier. Avant d'accepter
toute nouvelle norme comptable, il conviendra donc de s'assurer que les
concepts sur lesquels elle est fondée sont fiables,
vérifiables, auditables et surtout applicables dans les
différents marchés concernés, faute de quoi le but
ultime de la normalisation et de l'information comptable, à savoir
la comparabilité des comptes, ne pourra être atteint.
Comptabilité et marché doivent donc
entretenir des rapports de confiance mutuels. Partout et souvent, la
qualité des décisions dans l'entreprise ainsi que celle
des différents stakeholders intervenant sur le marché
repose sur la valeur de l'information fournie par les systèmes
comptables. Ainsi, « il faut mesurer le résultat et le
patrimoine des entreprises, apprécier l'équilibre du
financement et la situation de trésorerie, connaître la
valeur des ressources productives, étudier les produits et les charges,
comprendre la circulation des fonds. L'exactitude du diagnostic exige des
chiffres en rapport avec la réalité. La comptabilité
étant science de mesure, le choix de l'information comptabilisée
et celui des méthodes constituent
un test essentiel ».64
Un marché est efficient si les valeurs actuelles nettes
(VAN) de toutes ces transactions sont égales à zéro. Quand
le coût des transactions est nul et que tous les investisseurs ont
accès
62 YANNICK LEMARCHAND et MARK NIKITIN, Capitalisme et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité,
de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000,
p.106.
63 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le
temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre
2002. p.13.
50
aux mêmes informations, la concurrence va rendre
impossible le gain de VAN positives. Toutes les informations
disponibles devraient être systématiquement incluses dans
les cours
(les prix). Autrement dit, un marché est efficient si
« les actifs qui y sont négociés sont
évalués
à leur ``juste prix'' ».65
L'efficience d'un marché financier peut donc
être remise en cause « si toute l'information disponible
n'est pas immédiatement et complètement intégrée
dans les cours, si l'interprétation de l'information n'est pas
pertinente (interprétation correcte de toute l'information par
les investisseurs), ou s'il est possible de réaliser des profits indus
au moyen
d'une stratégie d'investissement basée sur
l'information disponible ».66
Comme ces conditions idéales n'existent pas, il
est courant de distinguer plusieurs degrés de l'efficience du
marché, en fonction de la quantité d'information
reflétée dans les cours : marché d'efficience faible,
d'efficience semi forte ou d'efficience forte.67
Un marché est dit d'efficience faible si les
cours du jour intègrent l'ensemble des informations contenues
dans les cours précédents. Cette forme d'efficience est
faible parce qu'elle ne requiert qu'un volume réduit d'information. Sur
un tel marché, les cours antérieurs
ne peuvent annoncer l'évolution des cours à venir,
c'est à dire que sont exclus les tendances, cycles ou tout autre
mouvement prévisible des prix.
Un marché est dit d'efficience semi forte si
l'ensemble des informations disponibles publiquement est
reflété dans les cours. Cela signifie qu'aucun investisseur ne
peut améliorer
de façon constante ses prévisions sur
l'évolution des cours par la simple analyse des
informations macroéconomiques (état de
résultat, rapports annuels, etc.).
Un marché est dit à forte efficience si toutes les
informations pertinentes (publiques et privées) sont
reflétées dans les prix.
64 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.461.
65 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.857.
66 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.857.
51
L'information comptable étant un bien public, «
s'il apparaît que sa divulgation entraîne une réaction
systématique du cours des actions, force sera d'admettre
l'efficience informationnelle de forme semi forte des marchés financiers
».68
La comptabilité est une source d'information parmi
d'autres, il ne sert à rien d'essayer
de la manipuler, ses utilisateurs ayant tous moyens de
rétablir la vérité par confrontation avec des
renseignements d'autres origines (les agents de rating par exemple). Cette
hypothèse qui
est à la base de la théorie des marchés
efficients, ne signifie pas pour autant que l'information
suivant un certain modèle de référence
comptable répondrait de façon unanime aux attentes des
différents stakeholders de l'entreprise. « La quantité
et la qualité de l'information sont donc des éléments
essentiels pour le bon fonctionnement de l'économie de marché,
mais aussi pour sa régulation par les pouvoirs publics
».69
Il est aisé de comprendre les motifs de
ces exigences. « Une information plus transparente du coté
des banques et des entreprises, de façon plus générale de
l'ensemble des intervenants, permet de rapprocher les systèmes
comptables de la réalité économique, de mieux guider
l'allocation des ressources, de pouvoir compter sur un meilleur
équilibre entre emprunteurs et prêteurs, de réduire
certaines inégalités dans l'accès à l'information
pertinente
etc. ».70
Ainsi, la fourniture d'information fiable, pertinente et
à jour est essentielle pour le développement des
marchés financiers, comme l'indique le schéma 1. Cette
représentation se trouve cependant écartelée entre les
exigences des règles posées pour l'établissement de
l'information comptable et financière sur l'entreprise, d'une
part, et la réalité complexe et multiple de l'entreprise,
d'autre part.
L'information comptable diffusée dans les rapports
annuels a pour objet de rendre des comptes aux multiples utilisateurs
partenaires de l'entreprise (investisseurs, créanciers,
employés, Etat, concurrence, etc.). Mais, Pour y parvenir, l'entreprise
est amenée à respecter
67 Cette distinction est due à FAMA (1970)
68 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.858.
69 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le
temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre
2002. p.13.
70 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le
temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre
2002. p-p.13-14.
52
une certaine éthique que traduit l'impératif de
qualité de l'information contenue dans les états comptables.
« L'information comptable ayant pour fonction de transmettre
une représentation de la réalité économique d'une
entreprise, la qualité attendue de cette information dépend
à la fois
de la perception et des jugements du préparateur
des comptes dans la reproduction de la
réalité, de la forme qui rend cette
réalité intelligible ainsi que des besoins d'un utilisateur
».71
Schéma 1 : Le rôle de l'information
financière dans la croissance économique 72
(d'après
Gordian, 1992) 73
Mise à disposition d'informations
comptables et financières fiable et pertinentes
Réduction de l'incertitude sur le marché
des capitaux
Développement du marché des capitaux
grâce à
la qualité de l'information la répartition des
risques
Efficacité du marché des capitaux dans
l'allocation de ressources rares
71 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'i
nformation comptable, Encyclopé
gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1023.
Croissance économique
die de comptabilité, de contrôle de
72 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.600.
73 GORDIAN. A., Accounting disclosure methods and
economic development: A criterion for globalizing capital markets,
International journal of accounting education and research, n°27, 1992.
53
La question centrale de la comptabilité est de se demander
de quoi il faut rendre compte.
Autrement dit, c'est le choix de l'information
à comptabiliser qui importe. Pour les comptables,
reconnaître l'information consiste à la traduire dans l'un des
états financiers de synthèse servant à apprécier le
niveau de rentabilité et la nature du risque que l'entreprise offre
ou fait courir a ses partenaires. Généralement, ces
documents comptables sont le bilan pour
l'appréciation du patrimoine, l'état de
résultat pour traduire la performance de l'entreprise, le tableau des
flux de trésorerie ou le tableau de financement pour saisir le
mouvement de la trésorerie et l'annexe ou les notes aux états
financiers pour assurer un niveau satisfaisant de compréhension de
l'ensemble des traitements comptables utilisés pour la
préparation et la présentation des états de
synthèses. « Ils sont, pour la période qu'ils couvrent, les
principaux outils de diagnostic dont se servent les utilisateurs de la
comptabilité. La valeur probante de ces documents préparés
et audités est indiscutable dans toutes les économies de
marché qui ont atteint un certain niveau de développement
et pour lesquelles une profession et des règles
comptables sont soumises à une organisation juridique
efficace ».74
L'information véhiculée dans les états de
synthèse doit nécessairement obéir à certains
critères de qualité destinés à
améliorer la pertinence du reporting comptable et financier et
assurer au préalable, une meilleure transparence du marché.
La finalité assignée à l'information
comptable étant d'aider à la prise de décision
économique, ainsi, quatre caractéristiques fondamentales sont
requises de l'information :
- la pertinence ;
- la fiabilité ;
- l'intelligibilité ; et
- la comparabilité.
La pertinence constitue « la capacité d'une
information à influencer les décisions des utilisateurs, en
leur permettant soit d'évaluer les événements
passés, présents et futurs, soit de
54
confirmer ou de corriger leurs évaluations
passées ».75 Cette notion est subjective du fait
qu'elle change en fonction de la nature de l'utilisateur et des
décisions à prendre.
La fiabilité quant à elle, « garantit
l'absence d'anomalie ou d'erreur. Elle s'appuie sur la conformité aux
normes, règles, procédures et est dans le domaine de
l'objectivité ».76 Une information est fiable si elle
n'est pas entachée d'erreur ni de biais importants. Il s'agit d'une
information :
1- reflétant une image fidèle des transactions et
autres événements de l'entreprise
(principe d'image fidèle : faithful representation) ;
2- respectant la nature juridique des transactions et
événements indépendamment
de leur forme juridique (principe de prééminence du
fond sur la forme : substance over form) ;
3- neutre (neutral), c'est à dire aussi dépourvue
que possible de subjectivité ;
4- prudente, il s'agit de la prise en compte d'un certain
degré de précaution dans l'exercice des jugements
nécessaires aux estimations afin d'éviter que les actifs ou les
produits soient surévalués et les passifs ou les charges
sous-évalués ;
5- exhaustive (complete), dans la mesure permise par le
souci de l'importance significative et celui des coûts (l'information
doit rapporter plus qu'elle ne coûte).
L'intelligibilité suppose « la
compréhensibilité de l'information pour les utilisateurs
censés posséder une connaissance raisonnable de l'activité
économique et de la comptabilité et avoir la volonté
d`étudier l'information avec la diligence appropriée
».77
Enfin, la comparabilité de l'information suppose
que les états financiers doivent être comparables dans
l'espace et dans le temps. « Dans le temps, la comparabilité de
l'information permet d'identifier les tendances de la position et des
performances financières de l'entreprise. Dans l'espace, la
comparabilité des états financiers de différentes
entreprises permet d'évaluer leurs positions financières
relatives et leur évolution ainsi que leurs performances
».78 Deux conséquences en découlent :
74 SERGE EVRAERT, Confiance et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.462.
75 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de
l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.
76 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.467.
77 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de
l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.
78 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de
l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de
gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.
55
- la nécessité d'indiquer les chiffres de
l'exercice précédent ;
- et l'utilisation des mêmes méthodes
comptables d'une année sur l'autre, sauf changements pertinents a
indiqué (principe de permanence des méthodes).
Ces critères de qualité assignés à
l'information sont souvent hiérarchisés en fonction de
l'importance accordée par le normalisateur et de l'utilisateur en
question. En effet, réunis à la fois, ces quatre critères
sont difficiles à atteindre. « Il est avant tout nécessaire
de déterminer l'importance relative de l'information, le seuil de
qualité indispensable et enfin les arbitrages à effectuer pour
parvenir à un niveau global acceptable de qualité. En outre, ces
quatre critères
de qualité ne sont effectifs qu'en fonction du
délai de production de l'information et du coût
engendré par la diffusion (ce coût peut
être financier, compétitif, politique), comparé aux
bénéfices retirés ».79
Certes, le suivi d'une telle démarche de qualité
conditionne une meilleure traduction des opérations effectuées
sur le marché et assure ainsi, une image aussi fidèle que
possible de la réalité économique de l'entreprise. Par
ailleurs, le respect des qualités attribuer à l'information
ne constitue pas le seul facteur garant d'un minimum de
fiabilité et de pertinence. Ainsi, les systèmes de gouvernement
d'entreprise, la nature des utilisateurs privilégiés de
l'information
et le mécanisme de financement dominant sont autant de
facteurs qu'il conviendrait de ne pas les négliger.
Suivant la démarche de Rybezinski80 les
économies connaissent au regard des systèmes financiers une
évolution caractérisée par quatre étapes
successives.81
Premièrement, l'investisseur ne peut se financer que
par sa propre épargne, puisqu'il dispose d'un revenu faible et
d'une capacité d'épargne rare. Le système financier
existant est
de type interne (l'autofinancement est le mode quasi exclusif de
financement).
79 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de
l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.
80 T. M. RYBEZINSKI, Business finance in the EEC,
USA and Japan, The three bank review, 1974, n°3, p.58; Industrial finance
system in europe, US and Japan, Journal of economic behaviour and organisation,
1984, n°5, p.
276; Financial systems, risk and public policy, The royal bank of
Scotland review, 1985, n°148, p.35.
81 PIERRE LLAU, Economie financière publique,
Presses Universitaire de France, 1996, p. 44.
56
Dans une deuxième étape, l'émergence d'un
certain niveau satisfaisant de développement va assurer un surplus
d'épargne considérable. Cette épargne est pri en charge
par les intermédiaires financiers (notamment les banques), afin
de répondre aux diverses attentes de crédits exigées
par les investisseurs, tout en assurant une certaine diversification
des risques. Cette étape est caractéristique d'un système
financier orienté vers la banque (bank oriented system).
Troisièmement, la croissance conduit au
développement des marchés financiers avec diversification des
intermédiaires financiers et apparition d'intermédiaires de
marchés.
Dans une quatrième étape, l'aboutissement à
un niveau élevé de développement favorise
la sophistication des marchés financiers, qui conduisent
à des systèmes financiers fortement orientés vers le
marché (market orientated system).82
Ainsi, on peut constater une distinction entre,
systèmes financiers basés sur les marchés financiers et
systèmes financiers basés sur le crédit ou
orienté vers le marché interbancaire. Dans une
économie d'endettement, le financement du système productif
repose essentiellement sur la constitution d'un autofinancement et sur les
apports externes assurés par
les banques et les autres intermédiaires financiers. En
conséquence, la gestion de la relation de crédit qui
s'établit entre les entreprises et les prêteurs devient une des
préoccupations majeures des dirigeants. Du point de vue de l'entreprise,
le respect des échéances prévues au titre du service de
la dette constitue alors la contrainte financière majeure. Du
point de vue des créanciers, l'appréciation a priori et le
suivi en temps réel de la capacité de remboursement des
emprunteurs acquièrent une importance décisive. Dans ce contexte,
les grandes banques sont
le plus souvent les principaux actionnaires des entreprises
endette ; elles sont représentées au
conseil d'administration et ont accès au
reporting interne. Les dirigeants dans ce cas, sont sanctionnés
ou récompensés essentiellement par les
représentants de ces actionnaires- créanciers, et non en
fonction des performances boursières de l'entreprise. L'impact des choix
comptables fait donc l'objet d'une analyse moins détaillée
dans les états financiers d'un tel mode de gouvernance que
dans un environnement où les actionnaires sont moins bien
représentés au conseil d'administration.
82 PIERRE LLAU, Economie financière publique,
Presses Universitaire de France, 1996, p-p. 44-45.
57
Le système financier orienté marché regroupe
des pays de grande tradition boursière. Un
tel système confère une place centrale aux
modalités de financement par émission d'actions. Il attribue une
position dominante aux actionnaires et aux investisseurs. En exprimant
leur approbation de la gestion d'une entreprise cotée par l'acquisition
ou la conservation des titres qu'elle a émis, les acteurs du
marché boursier participent à la valorisation de ces
titres et consolident l'entreprise émettrice ainsi que ses
dirigeants. En exprimant leur réprobation ou leur défiance par
la cession de titres ou par le refus d'en souscrire, les investisseurs
participent
à la dépréciation de la capitalisation de
l'entreprise et, sous certaines conditions, mettent en
cause son contrôle et sa direction. Ainsi,
l'économie de marché financier permet aux actionnaires de
faire valoir, avec force, leurs impératifs de rémunération
et de valorisation de leurs apports. Dans ces conditions, elle impose
aux dirigeants une gestion active de leurs relations avec les
actionnaires et une attention soutenue à leurs exigences de
rémunération et
de valorisation des actions par le marché. Dans
un tel système, l'information publiée doit refléter
le plus fidèlement possible la réalité économique
de l'entreprise et satisfaire ainsi, les investisseurs
privilégiés par le marché.83
Pour conclure, on peut dire que le marché est
un facteur conditionnant le devrait être comptable ; il constitue
la scène sur la quelle les nouveaux problèmes comptables
surgis et agit, par la suite, directement ou indirectement, dans la
définition des procédures et modalités
de traitements comptables.
La représentation quantifiée des faits
économiques est du ressort de la comptabilité ; elle collecte les
données, les organisent et les traitent pour aboutir à une
information à divulguée sur le marché. La
comptabilité est, par conséquent, un système d'information
répondant aux exigences d'efficience du marché.
La mondialisation économique suppose la libre
circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux et
l'aboutissement par conséquent, à un marché unique.
Elle suppose, par conséquent, la soumission à un
système unique de mesure et d'évaluation comptable
remportant l'enjeu de comparabilité financière requis par le
marché.
2-2 Comptabilité et cadre réglementaire de
l'économie
83 ELIE COHEN, Analyse financière et
comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p-p.18-19.
58
L'investigation portant sur le statut de la
comptabilité et ses interactions avec le droit a profondément
évolué au cours des temps. Il ne faisait guère de doute,
dans un premier temps, que « la comptabilité entretenait avec le
droit des liens de dépendance très forts : elle était une
technique au service du droit ou l'algèbre du droit (Garnier, 1947)
».84 Traditionnellement, la comptabilité avait pour
seule vocation la concrétisation écrite de la
réalité juridique des transactions commerciales.
Ainsi, le but ultime de la comptabilité était de
servir en tant qu'instrument de preuve aux diverses transactions de
l'entreprise. Certes, un tel objectif assigné à la
comptabilité nécessite l'imposition des entités
économiques concernées, par un certain nombre de règles
portant sur
le fond ainsi que sur la forme et dont le respect
conférait une valeur probante aux livres de comptes.
Avec l'évolution des affaires, la comptabilité
et le droit ont enfin trouvé un nouvel essor dans la doctrine
moderne, par l'émergence d'une branche de droit autonome dont
l'objet consiste à concevoir une normalisation et des principes
répondant aux différents problèmes surgit avec
l'évolution des affaires : il s'agit du droit comptable. Le
droit comptable serait donc « la branche du droit privé qui
régit les comptables et la comptabilité et il fixe les
règles tenant à l'élaboration des comptes qui
pèsent sur les entreprises, les règles fixant les conditions
de leur contrôle, qui s'appliquent aux
contrôleurs des comptes, et les règles établissant
les
rapports entre les différents acteurs à propos de
la comptabilité ».85
La principale source du droit comptable est constituée
soit par les systèmes comptables, soit par les plans comptables.
Généralement, les autres sources du droit comptable sont
essentiellement de provenance doctrinale émanant principalement
des organismes et des chercheurs en matière comptables. « La
valeur juridique de ces sources dites doctrinale est donc plus
importante que la simple valeur morale attribuée
généralement à la doctrine en droit. Les textes d'origine
professionnelle peuvent être considérés comme des
sources
interprétatives, auxquelles la jurisprudence peut
être amenée à se référer ».86
Enfin, des
84 BRIGITTE RAYBAUD-TURRILLO et ROBERT
TELLER, Droit et comptabilité, Encyclopédie de
comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000,
p.611.
85 BRIGITTE RAYBAUD-TURRILLO et ROBERT
TELLER, Droit et comptabilité, Encyclopédie de
comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000,
p.611.
86 BRIGITTE RAYBAUD-TURRILLO et ROBERT
TELLER, Droit et comptabilité, Encyclopédie de
comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit,
Economica, 2000, p.612.
59
sources internationales émanant soit d'organisme
internationale, soit de pays (ou de groupement de pays) de forte
tradition comptable peuvent être reconnues en tant que telles.
Le droit comptable définit les obligations
respectives ainsi que les règles régissant la relation de
trois intervenants en matière de comptabilité :
- les producteurs de la comptabilité, c'est
à dire les entités assujetties à
l'obligation d'élaborer des états comptables ;
- les contrôleurs, c'est à dire les personnes
ayant habilité à exercer la mission de commissariat aux comptes
ou d'expertise comptable , qui sont appelées à réviser,
contrôler et certifier les comptes et qui sont
considérées comme étant des intermédiaires
entre les producteurs et les utilisateurs de la comptabilité ;
- les utilisateurs des états comptable de
l'entité, c'est à dire les dirigeants de
l'entreprise, ses actionnaires, l'Etat, les partenaires
commerciaux et financiers de l'entreprise, ses salariés, etc.
Outre le droit comptable, les sources législatives et
réglementaires de nature comptable peuvent avoir recours à des
textes divers de lois tels que le code de commerce et le droit des
sociétés. Le droit des sociétés et/ou le
droit commercial fournit à la comptabilité un cadre
juridique supplémentaire jouant le rôle de
compensateur aux différentes insuffisances attribuées au
droit comptable. Ainsi, la désignation des personnes physiques
ou morales habilitées à enregistrer dans des états
comptables l'ensemble des transactions commerciales affectant le
patrimoine de l'entreprise, la nature et la forme des états
à divulguer, les dispositions relatives à l'inventaire, les
dispositions applicables à chaque entité juridiquement distincte,
sont des sujets parmi d'autres, qui peuvent faire l'objet de
traitement juridique particulier dans le cadre de la législation
commerciale ou sociétale.
Le droit commercial (ou droit des sociétés) se
trouve donc dans l'obligation de garantir
un certain niveau de transparence dans l'établissement
des contrats et veiller à ce qu'il ait un échange d'information
entre les différentes parties intervenantes capables de leur
rendre compte de l'évolution de la situation de chacun.87
87 MOHAMED BELGHITH, Performance de l`entreprise
et cadre institutionnel de l'économie, Mémoire pour
l'obtention du diplôme d'étude approfondies en gestion, FSEGT,
1998, p.18.
60
Par ailleurs, il est intéressent de signaler que
la réglementation comptable n'est pas, uniquement, du ressort de
l'Etat ; elle peut, en effet, être conférée aux organismes
privés de comptabilité qui veillerons à son
application.
On peut dire que la pratique comptable tire son cadre
réglementaire des influences mutuelles exercées entre le droit
comptable et le droit commercial (droit des sociétés). Ainsi,
la complémentarité renforcée entre
ces deux types de droit privé permet à la
comptabilité d'assurer son essor et de préserver son importance
significative. Bien évidemment, il ne faut aucunement ignorer les
autres composantes du droit (droit fiscal et droit pénal, etc.)
qui peuvent exercer directement ou indirectement, une influence sur la
normalisation et la pratique comptable en générale.
Pour conclure, on peut dire que le contexte
légal est la principale source de réglementation
économique et financière, il agit sur la
comptabilité pour préserver l'intérêt
général des utilisateurs et assurer la
complémentarité avec les autres droits. Le contexte
légal
est censé assurer les moyens de garantie de la
sécurité des transactions par une panoplie de
réglementations économiques telle que la
comptabilité financière.
2-3 Comptabilité et référentiel
sociologique
L'éthique et la culture constituent les deux
éléments du référentiel sociologique sur
lesquelles la normalisation comptable se base et fonde ses principes.
Tout d'abord, étant donné que la déontologie
peut être vue comme une éthique appliquée
à un domaine professionnel spécifique,
le traitement des relations existantes entre la comptabilité
et le référentiel sociologique reposera essentiellement sur le
champ de l'éthique et sur sa forme déontologique.
C'est ainsi que, la relation entretenue entre les
règles et la profession comptable constitue un problème du
ressort de la déontologie comptable, alors que le
questionnement éthique est un problème que pose la
comptabilité en tant que jeu social.88
88 YVON PESQUEUX, Ethique et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.669.
61
Dans le premier cadre d'interaction, la
déontologie comptable tire ses origines de la constitution d'une
certaine organisation regroupant comptables, commissaires aux comptes et
experts-comptables. Il s'agit de l'ordre des experts
comptables.89
Depuis sa genèse, la déontologie comptable ou
tout simplement la profession comptable joue, de façon croissante,
un rôle de gardienne de la morale des affaires. Ainsi, «
la déontologie professionnelle doit être en mesure de garantir les
comptables libéraux des conflits d'intérêts et de leur
offrir un cadre conceptuel spécifiquement éthique, ou encore leur
proposer des modes d'action pour résoudre les dilemmes. Les comptables
libéraux se trouvent souvent professionnellement en position d'arbitre
dans les affaires et leur déontologie professionnelle
doit pouvoir leur permettre d'agir en toute impartialité
». 90
La déontologie de la profession comptable suppose donc
une certaine forme d'éthique professionnelle, elle assure un dosage
entre le bien commun, le bien du client et le bien professionnel,
permettant de détecter les sources possibles de conflits
d'intérêts.
La soumission aux lois en vigueur conditionne le respect du
bien commun et constitue la base du serment de l'expert-comptable lors de
son adhésion à l'ordre. Le respect du bien commun
attribue au commissaire aux comptes la mission essentielle de
certification des comptes et la transposition de la vérité
des affaires dans les rapports de gestion qu'ils paraphent. La
fiabilité du jugement professionnel du commissaire aux comptes
suppose l'indépendance et l'objectivité de celui-ci
vis-à-vis des tiers.
Le bien du client est protégé par la
déontologie professionnelle qui garantie, par le biais des institutions
professionnelles, l'existence d'un certain niveau de compétence
professionnelle et une formation continue de ces membres. Les procédures
de sanctions que peuvent être envisagées, sont elles mêmes,
des conditions d'assurance pour le bien du client.
Pour protéger le bien professionnel, la déontologie
professionnelle limite la concurrence aux seuls confrères et
interdise la publicité et le démarchage. Le respect de
la déontologie
89 Cette terminologie est largement utilisée
par la doctrine française.
90 YVON PESQUEUX, Ethique et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.670.
62
professionnelle, et par conséquent, l'ensemble des biens
existants, vise à résoudre les conflits d'intérêts
liés à l'exercice de la profession comptable.91
Par ailleurs, la comptabilité en tant que source de
questionnement éthique est intimement liée aux divers conflits
d'intérêts générer par le non respect de la
déontologie professionnelle d'une part, et le non respect de l'ensemble
des critères qualitatifs et principes qui caractérisent
l'information comptable d'autre part. On retrouve ici « la
dualité traditionnelle en éthique entre la perspective
déontologique qui se réfère à des
règles construites sur la base d'une analyse de type
avantages-inconvénients et la perspective axiologique, qui repose
sur la référence à des principes applicables, quelles que
soient les circonstances, et donc susceptibles
d'engendrer, dans certaines conditions, plus de
désavantages que d'avantages ».92
La mission de communication attribuée à la
comptabilité financière doit se référer à un
certain référentiel de qualité ouvrant le champ à
l'éthique de représentation. L'obéissance de l'information
comptable à des critères de qualité (voir section
IV), permet d'assurer, au préalable, une meilleure
représentation fidèle, qui peut être vue comme une des
tentatives de mise en oeuvre de l'éthique de discussion.93
Ainsi, la comptabilité propose une
représentation commune qui véhicule un discours,
intéressant l'ensemble des ayants droit de l'entreprise et qui
garantit, en théorie, tous les éléments permettant de
la qualifier d'éthique.
Parallèlement à l'éthique, la
dimension culturelle contribue au développement des systèmes
comptables.94 La culture peut être définie
comme un ensemble d'habitudes, de traditions, de coutumes, d'attitudes, de
règles et de pratiques conditionnant le comportement humain.
91 YVON PESQUEUX, Ethique et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p-p.670-671.
92 YVON PESQUEUX, Ethique et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.671.
93 YVON PESQUEUX, Ethique et comptabilité,
Encyclopédie de comptabilité de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, 2000, p.674.
94 BERNARD RAFFOURNIER, Comptabilité
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de
gestion et d'audit, Economica, 2000, p.375.
63
Historiquement, la comptabilité est une discipline
née de la pratique, mais, avec l'évolution des affaires la
comptabilité acquière une dimension conceptuelle qui accompagnera
celle acquise sur le tas dans la promotion de la normalisation comptable.
Ainsi, la comptabilité est née dans un
environnement culturel favorisant la direction managériale par les
comptes rendus. La pratique comptable véhicule une certaine culture de
mesure, de pensée et de mémorisation des opérations
commerciales.
Maintes auteurs se sont intéressés à
focaliser des recherches liant la dimension culturelle
à la comptabilité. La plupart des recherches ont
été inspirées des travaux de Geert Hofstede
(1980)95 qui, sur la base d'une étude
élaborée auprès des salariés d'IBM dans plus de 50
pays,
à arrêtés quatre dimensions permettant de
caractériser toute culture, à savoir :
- l'individualisme et le collectivisme;
- la distance hiérarchique ;
- le degré d'incertitude ; et
- la masculinité et le féminisme.96
Gray (1988)97 a essayé de trouver une relation
entre ces variables et certaines élément composant les
systèmes comptables nationaux, il s'agit du type de
réglementation
(professionnel ou légal), le degré
d'uniformité, de prudence et de transparence. Perera
(1989)98
a positionné l'interaction, entre trois
caractéristiques du système comptable
(professionnalisme, prudence, confidentialité) et deux
variables culturelles (individualisme et collectivisme et aversion pour
l'incertitude), par rapport à une série d'hypothèses qui
n'ont pas
été testées empiriquement. Belkaoui
(1989)99 a pour sa part vérifié l'existence d'une
relation
significative entre le degré
d'auto-réglementation de la profession comptable et trois des
quatre dimensions culturelles (individualisme collectivisme, masculinité
féminisme et le degré d'incertitude).100
95 GEERT HOFSTEDE, Culture's consequences, Sage
Publication, Beverly Hills, 1980.
96 BERNARD RAFFOURNIER, Comptabilité
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.375.
97 SIDNEY.J. GRAY, Towards a theory of
cultural influence on the development of accounting systems
internationally, Abacus, vol. 24, 1988, p-p. 1-15.
98 PERERA M.H.B., Towards a framework to analyse
the impact of culture on accounting, International Journal
of Accounting, vol. 24, 1989, p. 42-56.
99 AHMED BELKAOUI, Cultural determinism and
professional self-regulation in accounting: A comparative ranking,
Research in Accounting Regulation, vol. 3, 1989, p-p. 93-102.
100 BERNARD RAFFOURNIER, Comptabilité
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de
gestion et d'audit, Economica, 2000, p.376.
64
Doupnik et Salter (1995)101 « ont
proposé un modèle général de
développement des systèmes comptables qui s'efforce de
combiner les facteurs environnementaux, culturels et institutionnels. Ils
ont testé ce modèle en reliant les pratiques comptables
observées dans 50 pays à une série de variables
représentatives de différents facteurs explicatifs. Des
relations significatives sont apparues pour chacune des séries de
variables, ce qui tend à indiquer que les systèmes comptables
nationaux sont le résultat d'interaction entre toutes
sortes de
facteurs ».102
L'ensemble des études confirme l'existence d'un
certain type d'interaction entre les aspects culturels et la
comptabilité. Ceci justifie le tiraillement de la discipline comptable
entre deux traditions comptables prépondérantes, il s'agit de la
culture comptable anglo-saxonne et celle continentale latine. Le
deuxième chapitre de notre recherche vise a éclaircir
les fondements de ces deux modèles de pensés comptables et
d'exposer les divergences existant entres les systèmes les plus
influents dans le monde, ceci est nécessaire pour asseoir une
crédibilité à l'évaluation de la première
partie de notre recherche.
101 DOUPNIK T.S. & SALTER S.B., External
environment, culture, and accounting practice: A preliminary test
of a general model of international accounting development,
International Journal of Accounting, vol. 30, 1995, p- p.189-207.
102BERNARD RAFFOURNIER, Comptabilité
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.376.
65
Ce pendant, et avant d'entamer l'analyse de la
deuxième partie de notre recherche, le tableau suivant illustre
une synthèse conceptuelle de la relation entretenue entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité.
66
TABLEAU 1 : SYNTHESE DE LA RELATION CONCEPTUELLE
ENTRETENUE ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
C I E
|
|
COMPTABILITE
|
Le marché
|
Marché des
biens et
services
|
Interaction
|
Portées
|
Limites
|
Les opérations d'approvisionnement, de production et de
commercialisation font l'objet d'une représentation comptable.
|
- Favoriser un cadre normatif de préparation et de
présentation des états comptables ;
- Fournir une base de supervision et de prise de
décision managériale ;
- Garantir les conditions d'une meilleure concurrence et
transparence financière.
|
- La constatation des faits économiques n'est pas à
l'abri des manipulations comptables ;
- La réunion des conditions de comparabilité
suppose un traitement équivalent d'une même opération
économique, la diversité des options comptables nui à un
tel objectif.
- La valeur du marché n'est pas toujours
respectée dans l'évaluation des flux entrants et sortants.
|
Marché du
travail
|
La comptabilité est un moyen de constatation des
performances managériales des dirigeants.
|
Fournir un critère de sélection des
compétences managériales.
|
- Les compétences d'administration ne peuvent être
cerné par les seuls moyens comptables ;
- L'information comptable n'est pas à l'abri des
manipulations des dirigeants (comptabilité créative, vagabondage
comptable, etc.).
|
59
TABLEAU 1 : SYNTHESE DE LA RELATION CONCEPTUELLE
ENTRETENUE ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
C I E
|
|
COMPTABILITE
|
Le marché
|
Marché
financier
|
Interaction
|
Portées
|
Limites
|
La comptabilité est un moyen de communication de
l'information sur les performances financières des entreprises
opérantes sur le marché
financier. La comptabilité peut être
normalisée par les organismes du marché financier.
|
- Définir des critères de qualité de
l'information pérennisant les conditions d'efficience du
marché ;
- Favoriser la prise de décision par les acteurs du
marché financier ;
- Assurer les moyens de contrôles des propriétaires
de capital ;
- Satisfaire les conditions locales de comparabilité de
l'information divulguée sur le marché financier.
|
- Difficulté d'asseoir une crédibilité
à l'information divulguée (asymétrie d'information,
manipulations comptables, etc.) ;
- Difficulté de fournir une information respectant tous
les critères conceptuels de qualité ;
- Difficulté de comparabilité de l'information
financière à l'échelle globale.
- Exigences différentes, en matière d'information
comptable, en fonction
des compartiments du marché financier.
|
Le contexte légal
|
Droit
comptable
|
Le droit comptable est une branche du droit privé fixant
les règles de préparation et de présentation des
états de synthèses.
|
- Fournir un cadre normatif en matière de
comptabilité d'entreprise ;
- Préserver les intérêts des
différents partenaires de l'entreprise.
|
- Favoriser l'aspect juridique formaliste à la
réalité économique ;
- Difficulté quant au traitement d'opération non
abordée par la réglementation.
|
60
TABLEAU 1 : SYNTHESE DE LA RELATION CONCEPTUELLE
ENTRETENUE ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
C I E
|
|
COMPTABILITE
|
Le contexte légal
|
Droit
commercial
(ou droit des
sociétés)
|
Interaction
|
Portées
|
Limites
|
Le droit commercial arrête un ensemble de
recommandations
, notamment comptables, applicables aux sociétés
commerciales.
|
- Fournir une base normative pour le traitement comptable
d'opérations non abordées par le droit comptable ;
- Définir les obligations comptables concernant chaque
type de
société.
|
- Risque d'interpénétration entre le droit
commercial et d'autres réglementations s'intéressant à la
comptabilité (droit comptable, droit fiscal) ;
- Consolider la représentation juridique au
détriment de la réalité économique.
|
Le référentiel sociologique
|
Déontologie
professionnelle
|
La déontologie vise à organisé
l'activité des professionnelles dans un domaine bien déterminer,
parmi eux figurent les comptables.
|
- Définir un cadre éthique servant de base à
l'organisation de la profession comptable ;
- Garantir l'indépendance et le professionnalisme des
commissaires aux comptes ;
- Limiter les conflits d'intérêts par la protection
du bien
professionnel, du bien du client et du bien commun.
|
- Difficulté de dosage entre les différents biens a
préservé ;
- La déontologie comptable risque d'être
violé.
|
61
TABLEAU 1 : SYNTHESE DE LA RELATION CONCEPTUELLE
ENTRETENUE ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
C I E
|
|
COMPTABILITE
|
Le référentiel sociologique
|
Ethique de
représentation
|
Interaction
|
Portées
|
Limites
|
La comptabilité doit garantir les conditions d'une
bonne éthique de représentation.
|
- Définir des critères de qualité pour
préserver les conditions d'une représentation fidèle de la
réalité économique ;
- Garantir les intérêts des utilisateurs de
l'information.
|
Le respect des critères de qualité
assignés à l'information est fonction des jugements personnels
du préparateur des comptes et de la structure du capital.
|
Culture
|
Toute construction comptable est fondée, en
partie, par rapport à un référentiel culturel qui
caractérise une certaine tradition de comptage.
|
Favoriser une conception comptable compatible avec
l'environnement culturel du pays en question, ceci assurera le
maintient de l'identité culturelle et la souveraineté de
l'Etat.
|
La diversité comptable est une source de
développement de la discipline, mais l'enjeu de la mondialisation
exige un certain seuil de comparabilité en matière d'information
financière.
|
62
CHAPITRE II : CHOIX COMPTABLES ET ACTIVITES
ECONOMIQUE
Vue sous un angle purement théorique, le cadre
institutionnel de l'économie mérite plus qu'une simple
analyse conceptuelle. L'approche pratique, dans ce cas, est fortement
recommandé afin d'injecter une certaine forme de réalité
à notre recherche et comprendre les différents aspects
institutionnels qui règnent dans le monde.
D'un autre coté, la portée pratique de la
comptabilité internationale est primordiale, elle permettra de saisir
concrètement la relation existante entre celle-ci et les trois axes du
cadre institutionnelle de l'économie. Toutefois, il
conviendrait avant tout de positionner la comptabilité par
rapport aux deux modèles qui la caractérisent, à savoir
:
- le modèle d'Europe continentale ou modèle latin ;
et
- le modèle comptable anglo-saxon ou modèle
économique.
SECTION I : CLASSIFICATION DES PRINCIPAUX MODELES DE
NORMALISATION ET DE REGLEMENTATION COMPTABLES
En se basant sur quelques constatations on peut
aisément se rendre compte que les méthodes et pratiques
comptables divergent sur plusieurs points fondamentaux d'un contexte
à l'autre. La géante firme automobile
allemande Daimler-Benz affiche pour le premier
semestre 1993, un résultat bénéficiaire
de 168 millions de deutsche mark selon le référentiel comptable
locale. En ajustant ses états financiers selon le
référentiel comptable américain, ce même
résultat a affiché une perte de 949 millions de deutsche
mark.103
103 BERNARD COLLASSE, La comptabilité
générale, Economica, 1996, p.25.
63
De cet exemple, il découle que les divergences
comptables constituent une réalité et leurs incidences sont
d'importance significative. Parmi les principales différences, on
peut citer les éléments relatifs :
- aux actifs corporels et incorporels ;
- aux stocks ;
- aux leasing ou contrat de location financement ;
- aux amortissements et provisions ;
- aux modalités de traitement des informations dans les
états financiers.
Les systèmes de normalisation et de
réglementation comptables varient d'un pays à l'autre. Les
différences qui existent entre eux tiennent en particulier :
· au cadre juridique : de ce point de vue, on peut
distinguer des pays de droit
écrit et des pays de droit coutumier ;
· au système économique : de ce point de
vue, le rôle de l'Etat et l'importance des marchés financiers
sont des facteurs importants de différenciation des
systèmes comptables ;
· au niveau de développement ;
· aux liens entre fiscalité et
comptabilité.
Elles tiennent également à l'ancienneté,
à la compétence et à l'organisation de la
profession comptable et donc au rôle qu'elle est susceptible de jouer en
matière d'élaboration
et de mise en application des normes comptables.104
Au cour de ce qui suit, nous allons essayer d'aborder
l'analyse des caractéristiques fondamentales des deux modèles
comptables les plus importants à savoir :
· le modèle anglo-saxon ; et
· le modèle continental.
104 BERNARD COLLASSE, la comptabilité
générale, Economica, 1996, p.52.
64
Paragraphe 1 : Le modèle continental ou
modèle juridique latin
La comptabilité d'Europe Continentale est marquée
par une longue histoire (on situe
ses origines au XVIIème siècle en
France).105 Sa qualification d'Europe Continentale (ou
modèle latin) ne limite en aucun cas son champ d'application aux pays du
vieux continent ainsi, on y trouve des pays tels que le Maroc, la Côte
d'Ivoire, le Japon, etc.
Le modèle Continental regroupe environ 28 pays, on
y trouve à titre d'exemple des pays tels que : l'Algérie,
l'Allemagne, la Belgique, la Côte d'Ivoire, le Danemark, l'Espagne,
la France, la Grèce, l'Italie, le Japon, le Maroc, le
Portugal, la Suède, la Suisse, etc.
Les systèmes comptables de l'ensemble de ces
pays présentent des caractéristiques communes (ce qui permet
dés lors de parler d'un modèle). Au fil des temps, ces pays ont
échangé leurs conceptions sur la comptabilité et
son organisation, construisant ainsi un système commun.
Les principales caractéristiques du modèle
latin, que nous allons traiter portent
essentiellement sur :
· la nature juridique ;
· le pouvoir de normalisation ;
· l'influence fiscale ;
· la réglementation comptable ;
· les principes de base de l'information financière
; et
· la destination privilégiée de l'information
financière.
Les pays appartenant au modèle continental sont
des sociétés de droit codifié à la
manière des codes napoléoniens. Il s'agit de lois
détaillées ne laissant aucunement de place à
l'interprétation des juges et ceci est vérifié en
matière comptable.
Le système comptable porte sur un grand nombre de
procédures de prescriptions et de présentation uniforme et
formelle. Il se base sur un corps de règles comptables rigides,
figées
65
ne laissant pas de place aux appréciations. Un tel
système favorise beaucoup plus l'apparence juridique sur le fond
économique.
L'Etat est le principal acteur de la normalisation
comptable dans ces pays. Les organisations professionnelles n'ont ainsi
qu'un rôle secondaire de conciliation a travers les avis
publiés.
En France, par exemple, les règles comptables
sont l'oeuvre du législateur, plus précisément d'un
organisme placé sous l'autorité du Ministre
chargé des affaires économiques (le conseil national de
comptabilité). Les universitaires et professionnels se chargent
seulement de donner leurs avis préalable sur toutes
réglementations, instructions ou
recommandations d'ordre comptable proposées par les
administrations ou services publics.106
Dans les pays appartenant au modèle continental, le
droit fiscal influence largement les pratiques comptables. Ainsi, seul les
charges comptabilisées sont déductibles fiscalement. Il convient
dés lors de constater leur tendance à aligner leurs comptes aux
règles fiscales les plus favorables, même si cela abouti
à des aberrations touchant la réalité
économique de l'entité (exemple : Constatation d'amortissement
et de provisions non justifiées économiquement, mais
prévus par le droit écrit).
La comptabilité est un moyen de calcul de l'assiette de
différents impôts. En effet, le bénéfice et le
chiffre d'affaires (assiette des principaux impôts : L'impôt sur
les Société : IS,
et la Taxe sur la Valeur Ajouté : TVA) sont
tirés des documents comptables. Le droit fiscal, intéressé
au premier chef par la détermination du bénéfice
imposable est donc intervenu progressivement dans le domaine comptable
pour fixer les règles que les commerçants doivent suivre
pour la tenue de la comptabilité et les évaluations qui s'y
attachent. Il en est résulté alors une
interpénétration croissante des problèmes fiscaux
et des problèmes comptables.
Ce pendant, l'utilisation progressive de la
comptabilité comme moyen de preuve, d'information et de calcul
de l'assiette de l'impôt se heurtait à des
difficultés. En effet,
105 PETER WALTON, La Comptabilité en
Grande-Bretagne, Encyclopédie de comptabilité de
contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.319.
106 DANIEL BOUSSARD, La modélisation comptable
en question (s), Economica, 1997, p-p.104-105.
66
chaque commerçant pouvait organiser sa
comptabilité comme il l'entendait, en fonction de ses besoins, sous
réserve de respecter des réglementations parcellaires de fond et
de forme. Chaque entreprise pouvait, suivant ses propres concepts, choisir le
mode de présentation de ses résultats. En l'absence d'une
terminologie adoptée par tous, les comptes des différentes
entreprises ne pouvaient être que disparates. Les conceptions et les
structures économiques évoluant rapidement, la
nécessité d'une politique économique au niveau national se
faisait de plus en plus pressante. L'amélioration de la connaissance
de l'économie devait conduire à rechercher des
renseignements homogènes. La comptabilité du modèle
continentale devait donc être réglementée sous le
régime des codes de commerce (France, Allemagne, etc.), des codes civils
(Italie) ainsi, que des plans comptables généraux adoptés
par la plupart des pays
appartenant au modèle juridique.107
En Allemagne, le texte de base est le code de commerce
allemand de 1867 (Handels Geset Zbuch, HGB) et notamment les articles
238 et suivants, qui s'est substitué à la loi prussienne
de 1794 inspirée du code Savary de 1673 (France). Le code de
commerce allemand comprend des règles comptables relatives :
· a la tenue des comptes et à l'inventaire ;
· a l'établissement des comptes annuels ;
· a la conservation des documents comptables et leur
utilisation en matière de preuve ;
· aux dispositions applicables aux sociétés de
capitaux.108
La normalisation comptable française impose l'utilisation
d'un cadre comptable et d'un plan de comptes strictement défini et
faisant l'objet d'une codification décimale impérative ;
ce plan de comptes, cette codification ont pour
rôle d'assurer l'homogénéité des
enregistrements de base dans toutes les entreprises et,
partant celle des rubriques et des postes des comptes annuels, rendant
possibles et pertinentes les comparaisons dans le temps
et dans l'espace ; de surcroît, il évite aux PME le
coût de l'élaboration d'un plan spécifique
de comptabilité générale et, en outre, il
simplifie la tâche des auditeurs externes dans toutes
les entreprises. Cette normalisation codificatrice de
caractère général n'est possible qu'en raison du
classement par nature des éléments du bilan et, surtout, des
charges et des produits.
107 FRANCIS LEFEBVRE, Comptable 2000,
19ème édition Francis Lefebvre, 1999, p.29.
108 ROBERT OBERT, Synthèse droit et
comptabilité : audit et commissariat aux comptes, aspects
internationaux, 2ème édition Dunod, 1997,
p-p.317-318.
67
La simplicité de l'affectation garantit rigueur et
objectivité, on ne manque pas de lui
reprocher l'absence de pertinence qui en résulterait,
l'affectation des charges aux fonctions étant plus riche et
significative ; c'est confondre information interne et externe. Pour
cette dernière, seul le classement par nature est objectif, la
laisse à l'abri de manipulations et conduit à une
réelle pertinence en matière d'indicateurs de
synthèse pour la majorité des destinataires de
l'information.
A défaut d'un cadre conceptuel formalisé (comme
ceux élaborés dans les pays anglo- saxons) où seraient
précisés les objectifs, les principes de base et les fonctions
assignées à la comptabilité, un cadre conceptuel implicite
peut être décelé dans le modèle comptable latin.
Ainsi, certains principes comptables communs peuvent être
appréciés :
- le principe de prudence ;
- le principe de la continuité d'activité ou
d'exploitation ; et
- le principe de la permanence des méthodes ou principe de
fixité ; etc.
Le principe de prudence, selon le plan comptable
général français constitue une
« appréciation raisonnable des faits afin
d'éviter le risque de transfert, sur l'avenir,
d'incertitudes présentes susceptibles de grever le patrimoine et les
résultats de l'entreprise ».109
Il semble que ce principe soit inséparable des
modalités de fonctionnement des grandes sociétés par
action à partir du XIXème siècle. Dans les grandes
sociétés anonymes, les dirigeants doivent s'efforcer de garder
la confiance des nombreux épargnants qui détiennent
ou envisagent d'acheter des actions de la
société. Cette confiance ne peut être maintenue que dans la
mesure où les épargnants « croient » dans les comptes
qui leur sont présentés et l'on peut penser qu'elle serait
très compromise si le patrimoine et les résultats de la
société se révélaient a posteriori avoir
été quelque peu surestimés. D'où ce principe dont
l'application raisonnable consiste non pas à sous-estimer
systématiquement le patrimoine de l'entreprise
mais à éviter de le sur estimer, à
éviter la démesure.110
109 FRANCIS LEFEBVRE, Comptable 2000,
19ème édition, 1999, p.52.
110 BERNARD COLLASSE, La comptabilité
générale, Economica, 1996, p-p.38-40.
68
Le principe de continuité d'activité ou
d'exploitation consiste à prévoir pour
l'établissement des comptes annuels l'engagement
implicite de poursuivre les activités d'exploitation du
commerçant, personne physique ou morale.
En conséquence, d'une manière
générale, on doit se placer dans la perspective d'une
continuité de l'exploitation et non d'une liquidation, sauf, bien
entendu, pour les éléments du patrimoine qu'il a
été décidé de liquider ou si l'arrêt
ou la réduction de l'activité est prévisible
qu'elle résulte d'un choix ou d'une obligation. Ainsi,
il est supposé que l'entreprise n'a ni l'intention ni la
nécessité de mettre fin à ses activités, ni
de réduire de
façon importante la taille de son
exploitation.111
Le principe de permanence des méthodes ou principe
de fixité considère qu'à moins qu'un changement
exceptionnel n'intervienne dans la situation du commerçant,
personne physique ou morale, la présentation des comptes annuels comme
les méthodes d'évaluation retenues ne peuvent être
modifiées d'un exercice à l'autre. Si des
modifications
interviennent, elles sont décrites et justifiées
dans l'annexe.112
Parce qu'elle est tenue par l'entreprise (par ses dirigeants
et ses comptables), et parce que l'information qu'elle produit est
destinée à des tiers sans prise sur elle, la comptabilité
générale se voit soumise à des normes et des
règles dont la fin ultime est d'en assurer la fiabilité
et la crédibilité. Ainsi, la comptabilité sert de cadre
à la répartition de la richesse ; elle est donc au centre des
conflits d'intérêt entre les différents stackholders. Ce
rôle social rend nécessaire la création d'un cadre
comptable servant de base d'un système d'information
au service des utilisateurs privilégiés de
l'information financière.
Dans le modèle continental, la comptabilité ne
vise pas à privilégier la satisfaction des besoins des
investisseurs à risque, mais répond plutôt aux exigences
d'une part de l'Etat, en matière de fiscalité et
d'indicateur macro-économique, d'autre part des institutions
financières qui fournissent aux entreprises l'essentiel de leurs
ressources. La préoccupation principale de l'information
financière est donc d'assurer la protection des créanciers
d'où l'importance à accordée au principe de prudence qui
l'emporte sur le principe d'image fidèle.
111 DANIEL BOUSSARD, La modélisation comptable
en question (s), Economica, 1997, p.115.
112 DANIEL BOUSSARD, La modélisation comptable
en question (s), Economica, 1997, p-p.115-116.
69
Ainsi, les pratiques comptables et l'information
financière divulguées sont
particulièrement conservatrice et visent la protection des
créanciers (actionnaires ou non) et
le respect des politiques gouvernementales.
Paragraphe 2 : Le modèle comptable anglo-saxon
ou modèle économique
La comptabilité anglo-saxonne apparaît au
XIXème siècle avec la révolution
industrielle,113 le modèle regroupe une large gamme de pays
notamment, les pays membres
du commen-wealth, on y trouve ainsi environ 43 pays :
l'Australie, le Canada, les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne,
Hong Kong, l'Indonésie, la Nouvelle Zélande, le Pakistan,
les Pays-Bas, la Singapour, et presque la totalité des
pays du commen-wealth.
La distinction entre le modèle anglo-saxon ou
modèle économique et celui d'Europe Continentale, est
intimement liée à certaines caractéristiques
incombant au cadre économique, juridique et culturel des pays
appartenant à chaque modèle. Les principales
caractéristiques du modèle économique portent
essentiellement sur :
· la nature juridique ;
· l'entendue du pouvoir des professionnels ;
· la faible contribution fiscale ;
· l'existence d'un cadre conceptuel comptable ;
· la prédominance de la notion d'image fidèle
(true and fair view) ;
· les objectifs de la diffusion d'information
financière ;
· un cadre économique fortement influencé par
le marché ; etc.
Contrairement au modèle Latin, les pays
anglo-saxons sont des pays de tradition (la France est un pays de droit).
Dans un tel système de droit coutumier, les lois se contentent
d'énoncer les principes généraux laissant aux juges le
soin d'appréciation pour le règlement judiciaire.
113 PETER WALTON, Comptabilité en
Grande-Bretagne, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.319.
70
La jurisprudence, les usages et la pratique sont
prépondérants, c'est ainsi que l'aspect pragmatique l'emporte sur
l'aspect formaliste, principale caractéristique du modèle
juridique. Bien que l'Etat occupe aujourd'hui une place plus
importante dans le processus de normalisation, les pays anglo-saxons
restent convaincus que, d'une part, la comptabilité est une
matière trop complexe et d'autre part, la loi est un
instrument trop lent, pour que la réglementation, dans ses
détails, lui soit confiée. De ce fait, le droit comptable
anglo-saxon favorise l'exercice du jugement professionnel.
Cette culture comptable anglo-saxonne concourt
à l'émergence d'associations professionnelles puissantes.
Historiquement, la réglementation relative à la divulgation
d'information financière est peu contraignante. Elle laisse aux
professionnels la responsabilité d'élaborer les règles
d'application très générales fixées par la
loi, ainsi que celle d'organiser la tenue de la comptabilité à
l'intérieur des entreprises.
En Grande-Bretagne, le conseil des normes comptables L'ASB
(Accounting Standards Board) est l'organisme professionnel chargé
d'émettre les normes comptables (les FRS : Financier Reporting
Standard). L'ASB agit indépendamment de l'Etat, en apportant le
complément aux dispositions de la loi sur les sociétés
(the Company Act), sur la forme et le contenu des comptes annuels et
résout par ses publications un certain nombre de problèmes
précis non prévus par la loi. Cet
organisme nouvellement crée (1er août 1990,
en
remplacement du comité des normes comptables
: ASC ; the Accounting Standards Committee) jouit d'une
très grande autonomie par rapport aux autres organisations
professionnelles (notamment the Association of Chartered Certified
Accountants ; ACCA ; etc.) et se voit doté de la responsabilité
complète de l'établissement des normes et de moyens
financiers importants.114
Dans les pays anglo-saxons, la fiscalité n'a aucune
influence sur le droit comptable. Le résultat fiscal se calcule
indépendamment du résultat comptable de façon à
fournir un double jeu de compte : l'un purement financier, l'autre est purement
fiscal.
114 JACQUELINE LANGOT, Comptabilité
anglo-saxonne : normes, mécanismes et documents financiers,
Economica, 1997, p-p.21-22.
71
Les états financiers fiscaux tiennent compte du
contexte fiscal et donnent lieu au calcul d'une charge d'impôt qui
est reportée dans les comptes sociaux afin de traduire la
réalité économique de l'entreprise.
Alors que la normalisation et la réglementation
comptables anglo-saxonnes portent essentiellement sur les principes
comptables et sur la présentation et le contenu des
états financiers de synthèse qui véhiculent à
travers un cadre conceptuel, la réglementation comptable d'Europe
continentale porte à la fois sur le processus comptable (la
comptabilité entant que processus de saisie, de stockage et de
traitement de l'information), et sur ses produits (les états
financiers de synthèse).
Le cadre conceptuel est défini comme « un
système cohérent d'objectifs et de principes fondamentaux
liés entre eux, susceptible de conduire à des normes solides et
d'indiquer la nature, le rôle et les limites de la comptabilité
financière et des états financiers ».115
Outre les Etats-Unis (1978), et quelque fois avant eux,
plusieurs pays appartenant au modèle économique, ont
tenté de se doter d'un cadre conceptuel : l'Australie (1972),
la Grande Bretagne (1975), le Canada (1989). Ils s'agit dans ces pays, de
rendre plus cohérente
la normalisation en donnant à celle-ci un
référentiel.
Le modèle anglo-saxon est composé de pays
orientés marchés. Dans ces pays, on trouve des
marchés financiers très développés assurant le
financement de l'économie entière. Ainsi, les objectifs de la
diffusion d'information financière par les entreprises favorisent
surtout les investisseurs boursiers intéressés par la
rentabilité de leur placement.
La comptabilité génère ainsi une
grande quantité d'information sur les performances
financières de l'entreprise orientée vers les besoins
décisionnels des investisseurs. Ces derniers ont une connaissance
satisfaisante des affaires, de l'activité économique du pays en
question et de la comptabilité financière.
115 BERNARD COLASSE, Cadres comptables
conceptuels, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.94.
72
Suivant l'ASB (le normalisateur anglais), l'objectif de la
comptabilité financière est de fournir aux utilisateurs, pour
qu'ils puissent prendre leurs décisions d'investissement, des
informations utiles sur la situation financière, la performance
et l'adaptabilité financière d'une entreprise.
Par ailleurs, Le droit comptable anglo-saxon s'appuie sur le
concept très large d'image fidèle ``true and fair view''. Il
exige de la part de ceux qui l'appliquent une certaine aptitude
à interpréter et à appliquer des principes
et à résoudre des cas particuliers.
L'entreprise doit interpréter son propre cas ;
elle a même le droit de déroger aux recommandations des
organismes professionnels si elle estime qu'une autre méthode pourrait
mieux traduire sa réalité économique.
Le concept (ou la notion) d'image fidèle, a
plutôt une valeur de mythe en tant que qualité
extérieure à la comptabilité puisqu'il est rendu
opératoire par l'application des normes comptables en vigueur. Son
importance sur le plan doctrinal réside essentiellement dans le fait
que son existence indique une préférence chez le
législateur pour des états financiers traduisant la
réalité de la situation financière d'une entreprise.
Un second principe comptable anglo-saxon domine dans
l'interprétation de l'information comptable traduite dans les
contrats ou les états de synthèses, il s'agit du principe
de l'objectivité ou principe de la prééminence de la
réalité sur l'apparence (objective principle ou substance over
form).
Ainsi, selon ce principe « tous les
évènements de la vie de l'entreprise sont pris en compte
objectivement conformément à leur nature et à la
réalité financière, c'est à dire, sans prendre en
compte leur seule apparence juridique ».116 Ainsi, la
réalité économique et financière doit primer sur
l'habillage juridique formaliste.
Convaincus qu'un système comptable de qualité
est nécessaire pour attirer les capitaux extérieurs en
provenance des banques, des organismes internationaux ou des
investisseurs privés, les Anglo-saxons souhaitent tous des documents
comptables et des rapports objectifs
116 LAURENCE BINET, Les états
financiers anglo-saxons : Comparaison avec les états financiers
français dans le cadre de l'harmonisation internationale, Economica,
1991, p.16.
73
et exploitables. Pour cela, ces pays exigent une
information véhiculée par les états de
synthèse favorisant d'une part les investisseurs, et d'autre
part les autorités boursières puissantes et exigeantes. Les
états financiers doivent donc permettre de traduire le plus
fidèlement possible la situation économique, juridique et
financière de l'entreprise. Il s'agit généralement :
· du bilan ;
· du compte de résultat ;
· d'un état de flux de trésorerie ; et
· de l'annexe.
Dans les pays anglo-saxons, il existe rarement une nomenclature
des comptes. Les états
de synthèse ne sont pas formalisés. Ces
états sont valables s'ils tiennent compte sérieusement
du principe d'image fidèle et représentent
ainsi la réalité économique de l'entité. Dans
ce modèle, il n'y a pas souvent d'obligation légale de
révision des comptes, mais de fait, les sociétés
demandent à des réviseurs contractuels d'exprimer les
opinions sur les comptes qu'elles présentent. Ceci assure
crédibilité et moralité à la vie des
affaires. L'audit est en quelque sorte le complément indispensable du
libéralisme économique.
Le système anglo-saxon a une tendance orientée vers
la comptabilité de management
ou comptabilité analytique, ce qui explique la
présentation habituelle des comptes de résultat par fonction.
En conclusion, on peut dire que le processus de normalisation,
dans un pays donné, est
lié à son contexte. Dans les pays
anglo-saxons, contrairement à ce qui se passe dans la plupart
des pays d'Europe continentale, la normalisation est le fait du
secteur privé : professionnels et syndicats. Le principe du
libéralisme économique s'oppose à toute tentative
de réglementation des pratiques comptables par
l'Etat. En conséquence, dans ces pays, la
comptabilité répond essentiellement aux besoins
d'information des entreprises, le système comptable est
plutôt économique.
Par contre, dans les pays d'Europe continentale, la
comptabilité a pour objectif de satisfaire les besoins de
nombreux utilisateurs, spécialement les bailleurs de fond
(actionnaires ou non), les entreprises ainsi que l'Etat qui a le
souci de la collecte de l'impôt et
74
de l'orientation économique du pays. Pour mieux
satisfaire aux besoins d'élaboration de statistiques
macro-économique, la normalisation comptable se traduit alors par
l'élaboration d'un plan comptable comprenant, outre le plan de
compte, une terminologie, des règles d'évaluation et de
fonctionnement des comptes et des modèles de présentation des
documents
de synthèse. Le tableau 2 synthétise les
principales caractéristiques des deux modèles comptables les
plus dominants dans le monde.
75
TABLEAU 2 : CARACTERISTIQUES FONDAMENTALES DES SYSTEMES
COMPTABLES CONTINENTAUX ET ANGLO-SAXONS
Modèles comptables
|
Continentale (Latins)
|
Anglo-Saxons
(ou économique)
|
Cadre institutionnel de l'économie
|
Typologie d'entreprise
|
Principalement des entreprises familiales : forte concentration
du capital.
|
Principalement des firmes managériales : capital
fortement atomisé.
|
Origine du financement
|
Secteur bancaire principalement : marché interbancaire.
|
Marchés financiers principalement.
|
Culture
|
Orientation étatique.
|
Individualiste.
|
Système juridiq
|
Dominé par le droit écrit.
|
Dominé par le droit coutumier.
|
Environnement comptable
|
Pouvoir de normalisation
|
Etatique.
|
Règles élaborées par des organisations
professionnelles autonomes.
|
Objet de la normalisation comptable
|
Tout commerçant industriel personne physique
ou
morale.
|
Essentiellement les entreprises cotées en bourse.
|
76
TABLEAU 2 : CARACTERISTIQUES FONDAMENTALES DES SYSTEMES
COMPTABLES CONTINENTAUX ET ANGLO-SAXONS
Modèles comptab
|
Continentale (Latins)
|
Anglo-Saxons
(ou économique)
|
Environnement comptable
|
Base conceptuel
|
Plan comptable générale.
|
Cadre conceptuel de la comptabilité.
|
Destination de l'information
financière
|
Principalement les créanciers, l'Etat et les
investisseurs.
|
Essentiellement les investisseurs.
|
Etendue de la publication
|
Tendance a une publication limitée :
* système de gouvernance croisé ;
* répondant aux exigences juridiques et fiscales.
|
Tendance à une large publication :
* répondant aux besoins des marchés financiers ;
* traduisant la réalité économique.
|
rincipes compta
|
Domination du principe de prudence : influence
néfaste de la fiscalité sur l'utilité
décisionnelle de l'information comptable.
|
Juste représentation : Image fidèle : ``true
and fair view'', et la
prédominance du fond sur la forme.
|
Structure des état financiers
|
Etats financiers formalisés servant les besoins
de
fiscalité.
|
Etats financiers variable, évolutif servant la notion
d'image fidèle.
|
Exemples de pays
|
Allemagne, Belgique, France, Japon, etc.
|
Australie, Canada, Etats-Unis, Pays-Bas, Grande-Bretagne, etc.
|
77
SECTION 2 : Cadre institutionnel de l'économie
et comptabilité internationale
Paragraphe 1 : La comptabilité internationale
En vingt-cinq ans, la comptabilité internationale,
comme le rappelle Mueller,117 est passée du stade de
« l'enfance à celui d'une adulte » et cette croissance
est reflétée par l'abondante littérature comptable
dans ce domaine. Selon Choi et Mueller, la comptabilité
internationale recouvre actuellement :
· l'analyse comparative internationale ;
· les règles de détermination du
résultat et les problèmes de publication spécifiques
aux transactions entre entreprises multinationales ;
· les besoins des marchés de capitaux internationaux
en information comptable ;
· l'harmonisation internationale des règles
d'élaboration et de publication de l'information comptable.
118
.
Pour Raffournier,119 « l'expression
comptabilité internationale désigne à la fois les
problèmes comptables posés par l'internalisation des
entreprises (comptabilisation des opérations en devises
étrangères, informations financières par zone
géographique, etc.) et ceux liés à la diversité
des pratiques comptables dans le monde ».
La définition de la comptabilité
internationale, comme son champ d'application, également, est
sujette à des changements fréquents pour s'adapter aux
différents contextes, besoins et attentes. La comptabilité
internationale intègre tous les problèmes de comptabilité
financière, comptabilité de gestion, de fiscalité et
d'audit qu'ont une influence sur la conduite, la mesure et la
communication des opérations étrangères.
117 Avant propos, A comparative international
accounting, CHRISTOPHER NOBES & ROBERT PARKER, Prentice Hall,
3ème edition, 1991.
118 FREDERICH CHOI & GERHARD MUELLER,
International accounting, Prentice Hall (USA), 2ème edition, 1992,
p.12.
119 BERNARD RAFFOURNIER, Comptabilité
internationale, Encyclopédie de comptabilité de
contrôle de
gestion et d'audit, Economica, p.371.
78
La comptabilité internationale reflète la
distinction des divergences comptables à travers le monde en vue
de les limiter et d'assurer ainsi une certaine harmonisation des
méthodes et pratiques comptables internationales.
L'harmonisation comptable internationale est un processus
qui vise à préciser les principes et les normes
comptables pour la préparation des états financiers dans
le but d'améliorer la comparabilité des états
financiers. Elle nécessite de déterminer des
dénominateurs communs en terme d'information financière,
acceptables par différentes nations, donc par différentes
cultures. Elle concerne plusieurs acteurs, en particulier les
préparateurs et les utilisateurs des états financiers mais aussi
les pouvoirs publics. Ceux ci sont en effet amenés à adopter
leur législation aux nouvelles requêtes internationales.
L'harmonisation comptable n'est cependant pas synonyme de
standardisation comptable dans la mesure où elle admet des
variantes de traitement comptable lorsque l'obtention d'une solution unique
ne paraît guère possible en vue des sensibilités
régionales
ou nationales. « On peut distinguer l'harmonisation de la
normalisation en considérant que
celle ci a pour objet l'application de normes identiques dans
le même espace géopolitique et vise à l'uniformité
des pratiques comptables au sein de cet espace. L'harmonisation au
contraire, est censée autoriser une diversité des
pratiques comptables et vise seulement à établir des
équivalences entre elles, elle est en principe moins
contraignante que la normalisation. Cela dit, on peut aussi
considérer que l'harmonisation est une forme atténuée
de la normalisation et une première étapes vers
celle-ci ».120
La diversité des systèmes comptables
à travers le monde est un fait aisément
constatable. De nombreuses réponses sont possibles. En
cette époque, marquée par l'internationalisation des
marchés et des relations entre entreprises, de nombreuses
décisions opérationnelles, d'investissement ou de financement ont
des implications internationales. Or, beaucoup de ces décisions
s'appuient sur des données comptables, d'où
l'intérêt croissant d'un certain rapprochement des
méthodes et pratiques comptables dans le monde. Ce rapprochement
sera non seulement bénéfique pour les entreprises à
vocation internationale, mais surtout pour les investisseurs
internationaux qui veulent pouvoir comparer, en toute fiabilité et
selon des critères équivalents les opportunités de
placement des capitaux.
120 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.757.
79
L'harmonisation est parallèlement requise, au non du
respect de l'égalité dans la concurrence, pour que toutes
les sociétés connaissent également un traitement
équitable, tout
en étant soumises aux mêmes règles de
publication d'informations financières.
Pour Colasse, « le processus d'harmonisation peut se
développer dans le cadre d'une région du monde, on parle alors
d'harmonisation régionale, ou au niveau du globe, on parle alors
d'harmonisation mondiale ».121 Dans ce qui suit, nous
allons essayer d'analyser les principales tentatives d'harmonisation
comptable dans le monde, ainsi que, le cadre institutionnel dans
lequel les méthodes et pratiques comptables ont pu se
développer.
Paragraphe 2 : Harmonisation comptable
européenne
2-1 : La toile de fond de l'harmonisation comptable
européenne
La toile de fond de l'harmonisation comptable en Europe, c'est
l'émergence de l'union européenne. Au tout début, il
y a eu le pacte de Charbon-Acier (1951), suivi du traité de
Rome (1957) baptisant la communauté économique
européenne, l'abolition des douanes
(vers 1968), l'instauration du système (serpent)
monétaire européen (1979) et le traité de
Maastricht (1991) qui prévoyait les
dernières phases de la réalisation, sur les plans
économiques et monétaires, de l'union européen : la
libre circulation des capitaux, des marchandises, des services et des
personnes (1993), la création d'une banque centrale
européenne au sein du système européen des banques (1998),
l'introduction de la monnaie commune, l'euro (1999) et sa mise en
circulation (2002), en remplacement des monnaies nationales, etc.
Son moteur est la commission européenne, l'union
européenne constitue, de mémoire d'homme, la plus vaste
entreprise d'harmonisation inter-pays. Les ententes économiques,
monétaires et sociales se sont forcément
répercutées jusque sur le plan comptable. Ainsi a t'ont voulu
harmoniser les normes comptables nationales via des directives très
souples, mais suffisamment contraignantes pour atteindre un but
essentiel : fournir une information accessible, pertinente, et reconnue
en droit par les utilisateurs au sein des pays unis.
121 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.757.
80
La tâche était herculéenne, vu les
innombrables différences comptables inter-pays susceptibles de
compliquer l'interprétation des états financiers. Ces
différences portent surtout sur la quantité, la
disponibilité, la révision, le schéma et la
fréquence de production des états financiers ; de même
que sur l'évaluation des actifs, la mesure des
bénéfices, la conversion des devises, sans compter les
difficultés d'interprétation attribuables aux biais et
au jargon dans les données comptables aux langues
utilisées et aux cultures bien diverses,
etc.
2-2 Le marché Européen
Le traité de Rome, signé le 25 mars
1957, constitue le fait générateur d'un marché
commun européen. Il a contribué à réaliser
une union qui « assure la continuité des infrastructures et
facilite toutes les formes de mobilité, grâce à une
libéralisation en profondeur des échanges intracommunautaires
».122
Le marché unique européen suppose une
liberté de circulation des marchandises, des personnes, des services
et des capitaux. La création d'un grand marché
concurrentiel suppose que les informations produites par les entreprises soient
intelligibles dans tous les pays et que, par conséquent, leurs
états comptables soient harmonisés. Il ne s'agit pas
d'imposer des règles comptables communes aux entreprises des
états membres, mais plus simplement, de définir un cadre qui
limite les écarts susceptibles d'exister, d'un état membre
à l'autre, entre les pratiques comptables des entreprises et
de mettre celles ci en convergence.
L'harmonisation ouvre ainsi la voie à la reconnaissance
mutuelle de leurs normes par
les états membres. Reste un problème, celui de
savoir gérer, impeccablement, les divergences socioculturelles qui
règnent dans la pratique comptable européenne, afin d'assurer le
succée
de cette harmonisation.
122 MARIE-ANNICK BARTHE, Economie de l'Union
européenne, Economica, p.3.
81
2-3 Le référentiel sociologique
européen
Le vieux continent regroupe des pays contenants des
systèmes de valeurs distinctes. Les systèmes comptables sont, par
conséquent, conçus comme étant issus de traditions, de
cultures, de manières de pensées et de pratiques diverses.
Pour synthétiser, on peut dire que la
comptabilité européenne repose sur deux conceptions
culturelles, à savoir :
- une tradition comptable continentale (modèle comptable
latin) ; et
- une tradition comptable anglo-saxonne ;
Les pays appartenant au modèle continentale (France,
Allemagne, etc.) poursuivent une conception comptable basée sur le
principe de prudence, alors que, les pays appartenant
au modèle économique (Grande-Bretagne,
Pays-Bas, etc.) poursuivent des principes de communication de
l'information financière qui soutiennent la notion d'image
fidèle.
La première catégorie de pays respecte une logique
légaliste favorisant tout ce qui est formaliste, alors que, les
anglo-saxons poursuivent une logique économique favorisant tout
ce qui est coutumier. L'individualisme américain
confère le droit de normalisation aux
organismes professionnels.
2-4 Le dispositif réglementaire d'harmonisation
comptable européenne
L'harmonisation comptable européenne «
relève du droit communautaire, celui ci est composé d'actes
divers dont la définition est donnée par le traité de
Rome. Certains de ces actes ont un caractère obligatoire et s'imposent
aux états membres, ce sont les règlements et
les directives ».123 Par ailleurs, les
modalités d'application des règlements et directives
suivent, dans les états membres, des démarches
divergentes.
123 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.758.
82
En effet, les règlements s'appliquent
immédiatement dans chaque Etats membre, ils constituent donc une
véritable loi communautaire. Tandis qu'une directive « ne
devient applicable dans un Etat membre que lorsque cet état, dans un
délai fixé par la directive elle- même, introduit son
contenu dans sa propre réglementation sous la forme, par
exemple, d'une loi ».124 Les règlements sont en
général plus détaillés et plus précis que
les directives, puisque ils ont une vocation à s'appliquer de
façon directe dans l'ensemble des pays membres de l'union. Par
contre, les directives stipulent un cadre juridique général,
laissant le soin aux Etats de les adapter à leurs
législations.
Ainsi, « les exigences énoncées par les
directives ne représentent qu'un minimum de telle façon que rien
ne s'oppose à ce que la loi d'un Etat membre soit plus contraignante,
à condition, toutefois, qu'elle ne soit pas contraire à l'esprit
de la directive ».125
En matière comptable, l'harmonisation
s'opère par la voie de directives, celles-ci suivent un
processus bien déterminé d'harmonisation des lois sur les
sociétés des Etats membres, offrant un cadre comptable
commun servant de référence aux ayant droit de
l'entreprise Européenne.
2-4-1 La quatrième directive
La première grande directive européenne sur
le plan comptable, est la quatrième, publiée au Journal
Officiel des Communautés Européennes (JOCE) le 14
août 1978. Elle s'avère la plus importante par
l'étendue de son champ d'application ; l'univers total des
quelque trois millions de sociétés de capitaux, et son
signal ambitieux de discipline et d'alignement comptable.
Son traitement des objectifs, de la présentation et du
contenu des comptes annuels des firmes individuelles constitue un «
mixe anglo-continental » de 62 articles assortis de 76 options et
précédé d'un exposé des motifs sous forme de 9
considérants.
124 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.758.
125 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.758.
83
La quatrième directive obligeait toute firme
de l'Union Européenne (hormis la financière
traitée distinctement) à dresser et à publier un
compte-rendu annuel minimal. Elle voulait répondre, d'une manière
universelle, aux problèmes de la diversité des systèmes de
contrôle (juridique, professionnel, ou autre) au sein de l'Union
Européenne. Ils sont bien définis, par exemple, en France et
en Allemagne, où la fiscalité et la loi des
sociétés en étant prescriptives, réduisent la
latitude comptable et orientent l'information vers l'Etat et les
principaux bailleurs de fonds. Ils sont flous là où, comme au
Royaume-Uni et aux Pays Bas,
le lien entre les états financiers et la
fiscalité est plus faible et la latitude comptable
prétendument plus grande en même temps que davantage
orientée, à l'américaine, vers les investisseurs.
Concernant le contenu de la directive, l'exposé des motifs
(les considérants) précise les objectifs de la directive. Les
considérants insistent notamment sur :
- l'importance particulière, quant à la protection
des associés et des tiers, que
revêt la coordination des dispositions nationales
concernant la structure et le contenu des comptes annuels et du rapport
de gestion, les modes d'évaluation ainsi que la publicité de ces
documents pour ce qui concerne la société anonyme et la
société à responsabilité limitée ;
- la nécessité que soient établies dans la
communauté des conditions juridiques
équivalentes minimales quant à
l'étendue des renseignements financiers à porter à
la connaissance du public par des sociétés concurrentes,
ceci assurera la comparabilité et l'équivalence des
informations contenues dans les comptes annuels ;
- l'obligation faite aux comptes annuels de donner
une image fidèle du
patrimoine, de la situation financière ainsi que des
résultats de la société et qu'à cette fin, des
schémas de caractère obligatoire pour l'établissement
du bilan et du compte de profits et pertes (compte de résultat)
doivent être prévues et que le contenu minimal de l'annexe ainsi
que du rapport de gestion doit être fixé ;
- la nécessité de contrôler les comptes
annuels par des personnes habilitées.126
Après avoir présenté les
sociétés, pour chacun des pays concernés par son
application
(pour la France : la société anonyme, la
société en commandite par action et la
société à responsabilité limitée ; en
Grande Bretagne, la comptabilité ne concerne que la
société anonyme, depuis 1980, en raison des directives
européennes, la loi britannique reconnaît
126 ROBERT OBERT, Synthèse droit et
comptabilité : audit et commissariat aux comptes, aspects
internationaux, 2ème édition Dunod, 1997,
p-p.314-315.
84
l'existence de sociétés de petite taille sans
qu'elles aient une forme juridique anonyme), la directive édicte un
certain nombre d'obligations réparties en 12 sections :
Section 1 : Dispositions générales
;
Section 2 : Dispositions générales
concernant le bilan et le compte de profits et pertes ;
Section 3 : Structure du bilan ;
Section 4 : Dispositions particulières à
certains postes du bilan ; Section 5 : Structure du compte de profits et
pertes ;
Section 6 : Dispositions particulières à
certains postes du compte de profits et
pertes ;
Section 7 : Règles d'évaluation ; Section
8 : Contenu de l'annexe ;
Section 9 : Contenu du rapport de gestion ;
Section 10 : Publicité ; Section 11 :
Contrôle ;
Section 12 : Dispositions finales.
La quatrième directive (les 12 sections) décrit
l'obligation annuelle faite à toute firme
de l'Union Européenne de présenter son
bilan et ses résultats avec annexe appropriée, des options
étant prévues là où divergent les
règles et la pratique. Elle précise que les notes annexes
forment un tout avec le bilan et le compte de profits et pertes.
Les comptes doivent donner ``a true fair view'' (une
image fidèle) de la situation financière ainsi que des
résultats de la société. Sa primauté
étant reconnue, ce principe d'origine anglo-américaine,
s'applique donc en toute situation où il y a conflit probant avec des
principes classiques (de prudence, par exemple). En ce qui concerne la
présentation du bilan et du compte de résultat, la directive
propose pour chaque document deux schémas ; laissant ainsi aux Etats
membres la possibilité d'imposer l'un de ces schémas à
leurs sociétés
ou de les laisser choisir entre les deux.127
Enfin, il était prévu que les Etats membres
devaient mettre en vigueur les dispositions législatives,
réglementaires et administratives pour se conformer à la
directive dans un délai
127 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.759.
85
de deux ans à compter de sa notification, c'est
à dire avant le 31 juillet 1980. Les Etats membres pouvaient
prévoir par ailleurs que ces dispositions nouvelles ne
s'appliqueraient que dix-huit mois plus tard. Aucun des Etats n'a
respecté ce délai.
2-4-2 La septième directive
Si on exige depuis longtemps dans le monde anglo-saxon
que les groupes financés publiquement consolident et divulguent
leurs comptes, pareille tradition de transparence en Europe Continentale
communautaire n'a vraiment commencé qu'avec l'intégration
de la septième directive aux droits nationaux respectifs.
Publiée au Journal Officiel des Communautés
Européennes (JOCE) le 18 juillet 1983, promise à l'article 57 de
la quatrième directive, la septième directive étendait aux
groupes les obligations de dresser, de contrôler et de publier des
comptes consolidés dans les formes et méthodes harmonisées
prescrites.
En principe, la septième directive impose aux Etats
membres d'exiger la consolidation
là où une société mère
contrôle en droit (via une majorité d'actions), ou de
fait (via une participation minoritaire suffisante, une gestion commune,
etc.), une ou plusieurs filiales. Ceci reflète bien la recherche de
l'union par les compromis.
La septième directive comprend 51 articles,
dispersés en 6 sections. Le texte proprement dit
étant précédé également de 9
considérants. Ils précisent les objectifs de la directive :
ils insistent en particulier sur le fait que, des comptes consolidés
pour les sociétés faisant partie d'ensemble, doivent
être établis pour que l'information financière puisse
assurer les objectifs de comparabilité et d'équivalence et
qu'elle soit portée à la connaissance des associés et
des tiers. Les considérants insistent également sur la
nécessité pour les comptes consolidés de donner une
image fidèle du patrimoine, de la situation financière ainsi
que des résultats de l'ensemble d'entreprises comprises
dans la consolidation.128
128 ROBERT OBERT, Synthèse droit et
comptabilité : audit et commissariat aux comptes, aspects
internationaux, 2ème édition Dunod, 1997,
p-p.314-315.
86
Concernant le contenu, la directive édicte les
obligations des Etats membres en six sections :
Section 1 : Conditions d'établissement des
comptes consolidés ; Section 2 : Modes d'établissement des
comptes consolidés ; Section 3 : Rapport consolidé de gestion
;
Section 4 : Contrôle des comptes
consolidés ;
Section 5 : Publicité des comptes
consolidés ;
Section 6 : Dispositions transitoires et dispositions
finales.
La septième directive « traite de
l'élaboration, de la présentation et du contenu des
comptes consolidés. Elle indique notamment quelles
sociétés doivent faire partie de l'ensemble à
consolider. Elle précise également les méthodes qu'il
convient d'employer ».129
D'une certaine façon, c'est une extension de la
quatrième directive aux groupes. Toute fois, sur un certain nombre
de points, elle offre plus d'options que celle ci, notamment des
exemptions pour les petits et moyens groupes, les holdings financiers et les
groupes ayant une société mère non européenne
dont les comptes consolidés ont valeur d'équivalence, mais
surtout en matière d'évaluation. L'influence anglo-saxonne y est
beaucoup plus sensible que dans la quatrième directive.
Enfin, en ce qui concerne les dispositions finales,
l'article 49 prévoit que les Etats membres mettent en vigueur
avant le premier janvier 1988, les dispositions législatives,
réglementaires et administratives nécessaires pour se
conformer à la présente directive. Il précise
également que les Etats membres peuvent prévoir que
ces dispositions ne s'appliquent pour la première fois qu'aux
comptes consolidés de l'exercice qui commence le premier janvier
1990 ou dans le courant de 1990. Certains pays n'ont pas
rempli convenablement les termes de la disposition finale.
2-4-3 La huitième directive
Via la huitième directive publiée au Journal
Officiel de la Communauté Européenne
(JOCE) le 12 mai 1984, la communauté européenne
visait surtout à harmoniser les exigences
129 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.759.
87
à imposer aux réviseurs des comptes des
sociétés en son sein, sinon à instaurer de telles
exigences là où elles étaient absentes. Bien
évidemment, le contrôle légal des documents comptables
consacré aux professionnels a été rendu obligatoire par
les quatrième et septième directives.
La huitième directive dicte les conditions que
devaient remplir les professionnels chargés d'assumer la mission de
certification des comptes, en tenant compte de la diversité des
pratiques comptables en Europe. « La directive définit donc les
conditions d'honorabilité,
les compétences théoriques et pratiques
requises des professionnels chargés de l'audit
légal ».130 En effet, dans les
premiers articles, on réserve le travail de révision aux
spécialistes agréer par les Etats membres ou les instances
professionnelles concernées.
Elle précise aussi les modalités selon
lesquelles le futur auditeur légal doit acquérir une
expérience pratique, et sur les cas de dérogation aux exigences
de formation et sur diverses mesures de transition visant le personnel
comptable expérimenté non agrée qui, dans divers pays
(Allemagne, Danemark, Portugal, etc.), oeuvre depuis longtemps dans
l'entreprise.
Enfin, la directive décrit vaguement les
exigences d'éthique et d'indépendance. Elle exige en plus ;
qu'une liste de réviseurs agrés soit disponible et que chaque
société identifie ses propres réviseurs.
2-4-4 L'harmonisation comptable européenne: quel avenir
?
Il est certain que depuis la mise en application de la
quatrième, septième et huitième directive, les pratiques
comptables et l'information financière divulguée par les
sociétés européennes favorisent une
élévation générale de la comparabilité des
comptes. Ce pendant, certaines lacunes prédominent, puisque les
directives, par leur caractère consensuel, ont, soient
laissées certains problèmes comptables, jugées
délicats, non traiter, soient offert plusieurs modalités de
traitement concernant un même problème. Ainsi, pour
satisfaire les conditions d'un consensus, « une directive doit être
flexible et permettre de traiter le même
130 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.759.
88
problème de différentes manières, de
façon à ne gêner les entreprises d'aucun
Etat membre ».131
Par ailleurs, la conception d'une directive prend un
large temps, et son introduction dans la législation des
états membres, est un processus encore plus long. La conception de la
quatrième directive a duré une dizaine d'années et sa mise
en application par tous les états membres une quinzaine. On constate
donc « qu'une directive puisse être en partie obsolète au
moment où elle commence à être mise en oeuvre et
qu'elle ignore toutes les opérations nouvelles surgies entre sa
publication et sa mise en application. (...) L'harmonisation
européenne apparaît donc comme toujours en retard par rapport
à l'évolution économique et,
notamment, par rapport à l'internationalisation et
à la mondialisation des échanges ».132
Enfin, les comptes élaborés
conformément aux directives européennes et aux
réglementations nationales qui les transposent ne satisfont pas aux
normes exigées ailleurs dans le monde et qui, dans les faits, sont
souvent les normes américaines. Le fait pour les grandes entreprises
européennes souhaitant lever des capitaux sur les marchés
internationaux,
de devoir établir de nouveaux comptes à
cet effet, constitue un handicap concurrentiel important. Ce qui
amène certain à penser que « des tentatives d'harmonisation
à un niveau régional n'ont plus guère de sens et
qu'il convient de se lancer délibérément dans une
harmonisation mondiale ».133
La commission européenne a donc fini par
renoncer à compléter et amender les directives comptables,
eu égard à la longueur du processus de négociation de ces
textes et des problèmes cités ci-dessus. En d'autres termes,
cette solution est irréalisable rapidement, car elle résulterait
nécessairement de deux changements : celui des directives
européennes et celui des différentes réglementations
à l'intérieur de l'union. En outre, elle ferait courir
le risque à la commission de voir certains pays tenter de
renégocier les points ne les satisfaisant pas dans les directives,
indépendamment de l'objet de la mise à jour.
131 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p-p.760-761.
132 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.761.
133 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.762.
89
En juin 2000, la commission européenne a pour
sa part expliqué sa stratégie future concernant
l'information financière en Europe ; cette dernière
consiste à recommander l'application d'un jeu unique de normes
comptables propres à favoriser la transparence et la
comparabilité des sociétés dans l'union européenne.
Ce jeu unique de normes devait faciliter
la collecte de capitaux et renforcer la protection des
investisseurs. Comme jeu unique de normes comptables, la commission
européenne a donné sa préférence aux
normes comptables internationales, à l'horizon 2005. Elle envisage
également de créer un mécanisme d'approbation de ces
normes, aussi bien au niveau politique que technique, tout en préservant
ses propres acquis en s'assurant que les bénéfices de
l'harmonisation européenne ne soient pas perdus.
Paragraphe 3 : Le dispositif de normalisation et de
réglementation comptable américain
3-1 Le contexte du marché américain
Aux Etats-Unis, le cadre institutionnel de
l'économie est, principalement, orienté marché.
L'ensemble des transactions se déroule sur un marché,
celui-ci est sensé stimuler l'échelle de
préférence individuelle et assurer une meilleure allocation
des ressources. Au début du XX ème siècle, le
développement des entreprises américaines entraîna une
stimulation des opérations sur leur capital, telles que les prises de
contrôle et les opérations spéculatives sur le
marché. La recherche d'une information plus transparente s'accentua, en
parallèle avec celle d'une meilleure rentabilité.
La crise de 1929 enclencha un sentiment d'insatisfaction
générale de la part des utilisateurs de documents et de
rapports financier. Par conséquent, un effort d'amélioration
de l'information comptable et financière fût
engagé par le gouvernement, les organismes
boursiers et la profession comptable. La comptabilité
américaine se développa avec les rôles accrus de la
Securities and Exchange Commission (SEC), la commission des opérations
de bourse et les organismes professionnels de normalisation
comptable.134
134 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.141.
90
« L'information pour la prise de décision des
investisseurs (actuels et potentiels) et des prêteurs est
privilégiée. La comptabilité revêt un rôle
essentiel pour rendre compte et évaluer
la performance pour les investisseurs qui ont
délégué leur pouvoir de gestion et de contrôle. Elle
constitue, entre autre, l'instrument privilégié garant de
l'efficacité du marché ». 135
L'aboutissement à plus de transparence
financière et à une information financière
reflétant de plus en plus la réalité
économique des entreprises obéit nécessairement
à un cadre sociologique et juridique particulier ; celui des
Etats-Unis.
3-2 Le contexte socioculturel de la normalisation comptable
américaine
Le référentiel sociologique est une ligne
directive à laquelle tous le monde se réfère, elle est
composée d'éléments (valeurs, convictions, coutumes,
etc.) ne faisant pas partie intégrante d'une structure
écrite.
Appliquer au contexte américain, le
référentiel sociologique conditionne le devrait être
comptable en constituant une source d'inspiration au normalisateur. Les
entreprises opérant sur le marché américain peuvent, au
préalable, se référer aux principes comptables
généralement admis. Conformément à la tradition
anglo-saxonne, ils « sont des conventions qui sont admises par acceptation
(souvent tacite) plutôt que par édictions de postulats ou de
concepts de base. Les principes sont nés de l'expérience, de la
raison, des coutumes, des
usages, et de façon plus générale, de
nécessités pratiques ».136
Ils sont évoqués dans leurs implications
pour asseoir la crédibilité de l'information
financière à l'égard des utilisateurs. Cela suppose la
garantie du respect des normes données par le réviseur
contractuel totalement indépendant, qui assure ainsi par ses
opinions la moralité des affaires. L'individualisme et l'esprit
contractuel américain supposent un pouvoir de normalisation
attribué aux seuls professionnels comptables.
135 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.142.
136 LAURENCE BINET, Les états financiers
anglo-saxons : comparaison avec les états financiers français
dans
le cadre de l'harmonisation internationale, Economica, p.11.
91
3-3 L'environnement juridique américain
3-3-1 Le cadre réglementaire des
sociétés américaines
Aux Etats-Unis, on peut distingué trois grands types de
sociétés :
- la ``General Partnership'' qu'on peut assimiler à une
société en nom collectif ;
- la ``Limited Partnership'' qui regroupe les
caractéristiques hybrides d'une société de personnes et
d'une société à responsabilité limitée ;
et
- la ``Corporation'', comparable à la
société anonyme.
Chaque Etat possède sa propre loi sur les
sociétés, les sociétés sont ainsi «
régies par la
loi de l'Etat où elles sont enregistrées lors de
leur constitution, et par leurs statuts ».137
Pour les deux premières catégories de
sociétés (General Partnership et la Limited Partnership),
les Etats-Unis disposent d'une législation cadre, servant de
référentiel, pour l'ensemble des Etats, dans
l'élaboration de leur propre réglementation (Uniform Partnership
Act : UPA et Revised Uniform Limited Partnership Act : RULPA). « La
majorité des Etats ont adopté les dispositions de la loi uniforme
sur les Partnerships. Il n'en reste pas moins que des
spécificités existent, propres à chaque Etat
(législation, jurisprudence) et aux statuts de la
société concernée ».138
Concernant les ``Corporations'', le même principe de loi
cadre a été prévu, il s'agit de
la ``Revised Model Business Corporation Act'' : RMBCA. Toutefois,
seules quelques parties
de la loi uniforme sur les ``Corporations'' ont
été introduites dans la législation des Etats
américains. En conséquence, « des différences
très sensibles existent entre les réglementations des
différents Etats. Ainsi, nombre de sociétés sont
constituées dans l'Etat
du Delaware, qui bénéficie de la faveur des
investisseurs, étant donné la souplesse prévue pour
l'administration des sociétés et leur coût fiscal
réduit ».139
137 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.142.
138 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.142.
139 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.142.
92
Il faut signaler que les statuts et les
règlements internes (bylaws), de toute forme de
société ont force de loi, dans la mesure où leurs
dispositions ne sont pas contraires au droit de l'Etat où elles ont
été constituées.
Par ailleurs, « il y a rarement de référence
à la comptabilité dans les lois sur les sociétés
de chaque Etat. Celles-ci sont par ailleurs peu prolixes sur
l'obligation de communiquer les comptes aux actionnaires ».140
Le rôle de l'assemblée n'est pas en principe d'approuver les
comptes et de décider des affectations du résultat. Ce
rôle est plutôt celui du conseil d'administration. Pour
cela les statuts, les règlements internes et la
commission des opérations en bourse américaine, pour les
sociétés cotées, se voient opposer certaines
contraintes visant à privilégier les actionnaires de
l'entreprise (fourniture d'états financiers fiables, obligation de
certification des comptes par un auditeur confirmé, etc.).
3-3-2 Les sources de réglementation de l'information
financière américaine
On distingue trois principaux organismes de normalisation de
l'information financière, véhiculée dans les documents
comptables :
· La SEC : Securities and Exchange Commission;
· L'AICPA : American Institute of Chartered Public
Accountants; et
· Le FASB: Financial Accounting Standard Board.
3-3-2-1 La SEC : Securities and Exchange Commission
La Securities and Exchange Commission (SEC), ou la commission
des opérations de bourse américaine, est un organisme
créé en 1934 par l'acte sur la sécurité
fédérale (Federal Security Act), qui a surgi suite à la
crise financière de 1929.
La mission de la SEC, consiste à « veiller sur
l'application de la législation relative au fonctionnement des bourses
américaines de valeurs et à définir le contenu et la
présentation
des états financiers diffusés par les
sociétés dont les titres sont cotés ».141
C'est ainsi que
140 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.142.
141 BERNARD COLASSE, Comptabilité
générale, Economica, 1996, p.56.
93
chaque société qui désire lever des
capitaux sur le marché américain, particulièrement
les grandes bourses américaines (le ``New York Stock Exchange'',
et ``l'Americain Stock Exchange''), doit être inscrite auprès de
la SEC.
L'inscription à la SEC exige certaines obligations
que les firmes intéressées doivent remplir, il s'agit de :
1- La publication d'un certain nombre de documents de
synthèse annuels.
2- La soumission obligatoire aux services d'un expert
comptable indépendant pour les besoins d'audit et de certification des
comptes.
3- Divulguer annuellement certaines informations
supplémentaires sur :
- la rémunération des dirigeants et leurs parts
sociales respectives ;
- la structure du capital (le nombre d'actionnaires, le nom des
majoritaires, etc.) ; etc.
4- Fournir chaque trimestre le chiffre d'affaire et le
résultat sur un imprimé
(Form 10-Q ; éléments non audités).
5- Publier des informations concernant des
événements exceptionnels
(changement d'auditeurs, augmentation de capital, etc.).
6- La soumission à des règles précises
concernant le contenu et la présentation des documents financiers. Ce
sont les ``Regulations''
7- Adopter les principes comptables généralement
admis (les GAAP : Generally
Accepted Accounting Principles) dans l'élaboration des
documents financiers.
Dans les faits, la création de la SEC constitue
la première menace ressentie par la profession, puisque la SEC
possède le droit d'édicter des règles comptables et de les
imposer. Elle exerce parfois son pouvoir de normalisation,
publié sous forme d'un bulletin
``Accounting Series Release ASR'', qu'on appelle
notamment les FRRs ``Financial
Reporting Releases'' (ou SX Rules). En réalité,
elle s'est appuyée sur l'AICPA et a délégué
à
la profession, donc au secteur privé, le pouvoir de
normaliser la comptabilité des entreprises privées et tout ce qui
concerne la présentation de l'information financière. Toutefois,
ce sont toujours les exigences de la SEC, en matière de normalisation,
qui sont respectées en cas de conflit.142
142 JACQUELINE LANGOT, Comptabilité
anglo-saxonne : normes mécanismes et documents financiers,
Economica, 1997, p.21.
94
3-3-2-2 L'AICPA: American Institute of Certified Public
Accountants
L'AICPA constitue l'instance professionnelle
représentative des experts comptables auditeurs aux Etats-Unis.
Créée à la fin du XIXème siècle, son action
a été timide jusqu'en
1929. La création de la SEC lui a permis
d'intervenir directement dans l'élaboration des
normes.143
Se préoccupant à la fois des normes comptables
et des normes de révision, c'est à dire des diligences dans la
revue et la certification des comptes, L'AICPA a été à
l'origine de la normalisation des principes comptables
généralement admis : les US GAAP.
C'est ainsi, qu'en 1936, L'AICPA créa un organisme
responsable de la normalisation,
le CAP : Committee Accounting Procedures, ou commission des
procédures comptables qui publia de 1939 à 1959, 51
bulletins de recherche comptable appelés ARB : Accounting Research
Bulletins, dont la quasi-totalité ont été
remplacés ou amendés depuis. Faute de moyens, il a du
mal à s'imposer et est remplacé par le conseil des
principes comptables : Accounting Principles Board (APB). En 1959 le CAP a
été remplacé par un organisme plus structuré,
toujours sous contrôle de l'AICPA. L'APB publiera 31
opinions et 4
recommandations.144
L'APB, avait fait l'objet de vigoureuses critiques de
la part du public ; au plan technique, on lui reprochait de
produire des normes trop théoriques, peu
élaborées, incomplètes et assez souvent contradictoires ;
au plan institutionnel, d'être une émanation de l'AICPA, ce qui
lui rendait suspect de partialité aux yeux des autres parties
intéressées par la comptabilité. Ces critiques
entraînèrent sa disparition et la création en 1973,
à l'initiative encore de L'AICPA, mais avec la
collaboration d'autres organisations, du Financial Accountig Standards
Board : FASB.
Depuis 1973, le rôle de l'AICPA a évolué,
l'institut : «
- est l'organisme normalisateur en matière d'audit
(Auditing Standards) ;
143 ROBERT OBERT, Synthèse droit et
comptabilité : audit et commissariat aux comptes, aspects
internationaux, 2ème édition Dunod, 1997, p.324.
144 ROBERT OBERT, Synthèse droit et
comptabilité : audit et commissariat aux comptes,
aspects
internationaux, 2ème édition Dunod,
1997, p-p.324-325.
95
- est l'organisme fédéral professionnel officiel
des experts-comptables ;
- a un rôle d'information auprès du FASB (Issues
Paper) ». 145
3-3-2-3 Le FASB: Financial Accounting Standards Board
En 1973, le FASB a pris le relais de l'AICPA en matière de
normalisation comptable.
La SEC a rendu obligatoire l'application des normes FASB pour les
sociétés cotées. Quatre types de publications sont
émis par le FASB : «
- des Statement of Financial Accounting Concepts (SFAC). De 1978
à 1985 six
SFAC ont été émis qui sont la base du cadre
conceptuel américain ;
- des Statement of Financial Accounting Standards (SFAS).Depuis
1973, plus de 130 normes en matière de principes comptables ont
été publiées ;
- des interprétations. Depuis 1974, le FASB a
émis plus de 40 interprétations
(modifications ou extensions des SFAS) qui ont la même
autorité que les SFAS ;
- des Technical Bulletins (TB) et des Emerging Issues Task
Force (EITF). Les bulletins répondent à des questions
posées par l'application des principes comptables décrits dans
les ARB, APB Opinions, SFAS et Interprétation. L'EITFS traite
des difficultés comptables qui n'ont pas encore donné lieu
à une norme (transactions nouvelles, etc.) ».146
Les différentes normes élaborées par
le FASB suivent une procédure qui se veut consensuelle, celle-ci
laisse intervenir les différentes parties concernées. Cette
procédure suit plusieurs étapes de conception :
1) Un groupe de travail (working Party) est
désigné par le conseil du FASB. Il comporte
généralement des utilisateurs et des préparateurs de
documents comptables. Un mémoire (memorundum) portant sur le
problème à traiter et sur les solutions possibles sera
rédiger par la suite. Ce mémoire bénéficie d'une
large publication pendant soixante jours ;
2) Des points de vue seront formulés publiquement, par
tous les intéressés, à la suite desquels un projet de
norme (exposure-draft) sera conçu. Ce projet fait l'objet,
également, d'une large diffusion et de nouvelles auditions ;
3) Finalement le projet est soumis au vote pour devenir (ou non)
un ``FAS''
(Financial Accounting Standards).
145 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p-p.144-145.
146 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.145.
96
La compréhension de la ``due process''
(schéma 2) à l'américaine est indispensable. Tandis que
les premières phases permettent d'assurer une base conceptuelle
suffisante pour l'élaboration d'une norme, les phases finales sont
destinées à mettre en jeu des arguments tant théoriques
que pratiques. « La procédure d'exposé sondage et
d'auditions assure que des normes comptables qui ont des implications
économiques significatives peuvent faire l'objet
de débats et, éventuellement, de
contestations. Une norme comptable du FASB peut être
considérée dés lors comme
étant la meilleure traduction d'un compromis entre les
considérations conceptuelles et politiques pour pouvoir être
adoptée ».147
3-3-3 Les Principes Comptables Généralement Admis:
US GAAP (Generally Accepted Accounting Principles)
Les principes comptables généralement admis148
englobent, les normes élaborées par
le FASB, les normes encore en vigueur
émises, auparavant, par le CAP et l'APB, celles
formulées par la SEC, mais aussi celles établies par
d'autres organismes en étant reconnues comme telles. « Les
principes n'ont cette qualité que par rapport aux Etats-Unis et pour les
sociétés qui préparent leurs états financiers selon
les principes américains ».149
3-3-3-1 La hiérarchie des principes comptables
généralement acceptés
Etant donné la richesse, et les différences
chronologiques d'adoption des principes comptables
généralement admis, ceux-ci méritent bien une certaine
hiérarchisation. Il s'agit :
1- Des normes et des interprétations du FASB, des opinions
de l'APB et des
normes ARB de l'AICPA, qui n'ont pas été
amendées ou remplacées par des normes nouvelles ;
2- Les bulletins techniques du FASB, les guides d'audit
(Statements of Auditing Standards : SAS) et les guides de comptabilité
(Statements of Position : SOP) de l'AICPA ;
3- Les consensus de l'EITF (Emerging Issues Task Force)
et les bulletins pratiques de l'AICPA ;
147 YVES BERNHEIM, L'essentiel des US
GAAP : référentiel comptable américain et enjeux
de l'harmonisation internationale, Mazars & Guerard, 1998, p.62.
148 La doctrine française utilise aussi la
terminologie de principes comptables généralement
acceptés.
149 JACQUELINE LANGOT, Comptabilité
anglo-saxonne : normes mécanismes et documents financiers,
Economica, 1997, p.23.
97
4- Les interprétations comptables de l'AICPA ; et
5- Les autres textes comptables, tels que les avis conceptuels du
FASB, les normes comptables internationales ou les manuels et revues de
comptabilité.150
Schéma 2 : La due process
procédure
Organismes
professionnels et autres.
Publient leurs réflexions
e n matière comptable
Constitution par le FASB
d'un groupe de travail.
prépare
``Memorundum''
Enjeu de la normalisation en question (illustration des
principaux problèmes que soulèvent la norme ainsi que les
solutions correspondantes).
Diffusion et publication
du ``memorundum''
Projet de norme
Exposure-Draft.
Nouvelles auditions
Rejet de la norme en question.
Approbation refusée
Soumission du projet de
norme ajuste pour approbation du conseil.
Approbation positive
Aboutissement a une
nouvelle norme comptable ou a un amendement d'une ancienne.
150 JACQUELINE LANGOT, Comptabilité
anglo-saxonne : normes mécanismes et documents financiers,
Economica, 1997, p.24.
98
3-3-3-2 Le Cadre Conceptuel (Conceptual Framwork)
Le FASB définit le cadre conceptuel comme « un
système cohérent d'objectifs et de principes fondamentaux
liés entre eux, susceptibles de conduire à des normes
solides et d'indiquer la nature, le rôle et les limites de la
comptabilité financière et des états financiers
».151
Six études ont contribué à construire
un référentiel servant de base aux principes comptables
généralement admis, il s'agit des Statements of Financial
Accounting Concept
(SFAC) :
- la première (SFAC n°1, 1978) traite des
objectifs de la diffusion d'informations financières par les
entreprises industrielles et commerciales. Elle s'intitule
« objectifs de la divulgation financière par les
entreprises » (objectives of financial reporting
by business entreprises);
- la deuxième (SFAC n°2, 1980) aborde
les caractéristiques qualitatives requises de l'information
comptable. Elle s'intitule « caractéristiques qualitatives
de l'information financière » (qualitative characteristic of
accounting information);
- la troisième (SFAC n°3, 1980) attribue des
définitions pour les principaux concepts comptables mesurés
à travers les états financiers. Elle s'intitule
``elements of financial statement of business enterprise »;
- la quatrième (SFAC n°4, 1980) traduit
les objectifs de la diffusion
d'information financière par les organisations à
but non lucratif. Elle s'intitule ``objective of financial reporting by non
business corporation'';
- la cinquième (SFAC n°5, 1984) aborde les principes
de prise en compte et de mesure des informations qui apparaissent dans
les documents financiers. Elle s'intitule
``recognition and measurement in financial statement of business
enterprises »;
- la sixième (SFAC n°6, 1985) amende la
troisième, reprend le contenu de celle
ci et l'étend aux organisations à but non
lucratif.
Emise par le FASB, la première directive (SFAC
n°1) attribue à la comptabilité financière une
fonction économique de prise de décision, essentiellement
destinée aux
151 BERNARD COLASSE, Cadres comptables
conceptuels, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.94.
99
bailleurs de fonds. Le cadre conceptuel américain, tout en
reconnaissant que les utilisateurs
de l'information financière diffusée par les
entreprises sont multiples, « privilégie les agents
économiques, investisseurs et créanciers, qui mettent leurs
ressources à la disposition des entreprises par
l'intermédiaire des marchés financiers, il s'agit de
leur fournir les informations dont ils ont besoin pour prendre
leurs décision de vente, de conservation ou d'achat de titres
».152
Dans ces conditions, le marché joue le rôle de
contrôleur de la performance financière,
et par conséquent, de l'information
financière de l'entreprise. En contre partie, la
comptabilité sert d'instrument, via l'information
financière, à l'efficience des marchés financiers.
Pour confirmé ce nouveau rôle de la
comptabilité, la SFAC 2 assigne principalement les
qualités de pertinence (relevant) et de fiabilité (reliability)
à l'information financière. La comparabilité de
l'information est traitée par le FASB comme une qualité
secondaire.
La SFAC 5 traite, entre autres, des postulats et
principes comptables que doivent respecter l'information comptable. A ce
jour, le FASB a fournit une définition de seulement quelques postulats
et principes comptables. Dans les faits, chaque auteur a sa propre
nomenclature. Il ne faut donc pas se surprendre si la liste des
postulats et des principes comptables varie sensiblement d'un auteur
à l'autre.
Les postulats et principes comptables américains, selon
Leo Paul Lauzon153 sont :
- la continuité d'exploitation ;
- l'indépendance des exercices ou l'autonomie des
exercices ;
- l'unité de mesure monétaire ;
- le principe du coût historique ;
- la permanence des méthodes ;
- la primauté de la réalité sur l'apparence
;
- le principe de prudence ; et
152 BERNARD COLASSE, Cadres comptables
conceptuels, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.94.
153 LEO PAUL LAUZON, Fondements conceptuels à
la comptabilité financière : exposé critique,
Gaétan Morin éditeur, 1990, p.12.
100
- le principe du « Full Disclosure »
(l'information communiquée doit permettre la prise de
décision).
3-3-3-3 Les états financiers américains
L'information financière, fournie pour objectif
principal de prise de décision doit véhiculer dans un cadre
formel bien déterminé, il s'agit des états financiers. Au
Etats-Unis, qu'il s'agisse de comptes sociaux ou bien de comptes
consolidés, les états financiers suivent
les mêmes règles d'application de fond et de forme.
Les états financiers comprennent: «
- un bilan comparatif sur deux exercices (comparative balance
sheet), avec un état de variations des fonds propres au cours de
l'exercice (statement of changes in stockholders' equity) ou, encore, un
état de variations des résultats non distribués
(statement
of retained earnings);
- un compte de résultat comparatif sur trois
exercices (comparative income statement) ;
- un tableau des flux de trésorerie comparatif sur trois
exercices (comparative
statement of cash flows) ; et
- des notes annexes à ces états (notes ou encore
foot note disclosures) ».154
Paragraphe 4 : L'harmonisation comptable de l'IASC
Le conseil international de normalisation comptable,
plus connu sous l'abréviation anglaise IASC (International Accounting
Standards Committee), est un organisme privé de normalisation
comptable, basé à Londres et créé en
1973 par les représentants des organisations comptables de neuf
pays : Allemagne, Australie, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne (dont
l'Irlande), Japon, Mexique et Pays-Bas. L'IASC élabore des normes qui,
juridiquement, ne s'imposent pas aux pays membres, « elles n'ont
pour elle que leur qualité, l'esprit d'indépendance et
d'expertise dans lequel elles sont élaborées, et
l'engagement pris par les membres de faire de leur mieux, dans la limite de
leurs moyens,
pour les rendre applicables dans leurs pays ».
155
Les objectifs de l'IASC sont les suivants : «
154 FRANCOISE VERDIER, Comptabilité aux
Etats-Unis, Encyclopédie de comptabilité de contrôle de
gestion
et d'audit, Economica, 2000, p.150.
155 GILBER GELARD, La normalisation comptable
internationale de l'IASC, RFC n°28, 1994, p.22.
101
a- formuler et publier dans l'intérêt
général les normes comptables à observer pour
présenter les états financiers et promouvoir leur acceptation et
leur application dans le monde.
b- travailler de façon générale
à l'amélioration et à l'harmonisation des
réglementations, normes comptables et
procédures relatives à la présentation des
états financiers ».156 La réalisation de
ces objectifs est mise en oeuvre par les organes qui constituent la
structure de l'IASC dans le cadre d'une procédure de travail
codifiée (due process).
Le cadre conceptuel, les normes IAS (International Accounting
Standards) ainsi que les
« interprétations » constituent le
référentiel comptable, dont l'IASC a l'ambition de faire
valoir une dimension internationale.
4-1 La structure opérationnelle de l'IASC
Le fonctionnement de l'IASC est assuré par une
structure à deux palliers. D'un coté figure son conseil (Board)
et d'un autre coté son comité permanent d'interprétation
(Standing Interpretations Committee : SIC).
Orienter l'activité de l'organisation constitue la
principale mission du conseil. Cette fonction l'amène à
définir le programme de travail, à constituer les groupes de
travail chargés
de l'élaboration des textes, à superviser
l'avancement des travaux, à commenter les projets qui lui sont soumis et
à se prononcer sur l'adoption des normes.
Le conseil est assisté d'un groupe consultatif
(Consultative Group) ainsi qu'un conseil consultatif (Advisory Council). «
Le groupe consultatif, mis en place en 1981, est composé
de représentants des organisations internationales
de préparateurs et d'utilisateurs d'états financiers, des
bourses de valeurs mobilières et des régulateurs des
marchés de valeurs ; il se réunit périodiquement avec
pour discuter avec le conseil des projets, du programme de travail, et
de la stratégie de l'IASC ».157 Le conseil
consultatif a pour mission d'assurer le
156 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.763.
157 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité de contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.764.
102
rayonnement des normes internationales et de veiller
à l'efficacité et à la crédibilité de
l'IASC.
Le comité permanent d'interprétation se base sur
les normes existantes et sur le cadre conceptuel afin d'éclaircir
le traitement de certaines opérations pouvant relever des
problèmes lors de leurs mise en application. Les
interprétations font l'objet d'une approbation par le conseil et
constituent une partie du référentiel IASC.
4-2 La procédure d'élaboration des
normes (le due process)
Les normes de l'IASC sont adoptées à l'issue
d'un long processus qui doit permettre à tous les
intéressés (organismes nationaux de normalisation,
préparateurs et utilisateurs des états financiers) de faire
valoir leurs points de vue. Le « due process » fait appel
à de nombreuses consultations tant au niveau de groupe consultatif
qu'au niveau des membres de l'IASC. Il s'agit :
1- D'arrêter les problèmes susceptibles d'appeler
une norme, après discussion, par
les membres du conseil, les membres du groupe consultatif
ainsi que par le secrétariat général ; ils peuvent
être proposés par les organisations spécialisées,
qu'elles soient membres
ou non.
2- Le conseil constitue par la suite un groupe de travail
(steering committee). Ce groupe de travail comprend des
représentants d'organisations comptables et, au préalable,
des professionnels du problème à traiter et est
présidé par un représentant du conseil.
3- Le groupe de travail cerne les divers problèmes
comptables et se positionne par
rapport au cadre conceptuel, aux dispositions et pratiques
comptables nationales relatives au problème. Par la suite, il attribue
au conseil un sommaire des questions à traiter (point out line).
4- Après avoir reçu les commentaires du
conseil, le groupe de travail définit les
principes et les solutions envisagées, avec
justification, dans un projet de déclaration de principe (Draft
Statement Of Principles : DSOP). Ce projet de déclaration de
principes est envoyé aux organisations membres, aux membres du
conseil consultatif et à d'autres organisations
intéressées pour commentaires.
5- Le groupe de travail rédige ensuite une version
définitive appelée déclaration de
principes (Statement of Principles) qui tient compte des
observations recueillies
(commentaires) et qui est soumises à l'approbation du
conseil.
103
6- Celle-ci obtenue, le groupe de travail
prépare un exposé-sondage (Exposure Draft : ED), soumis lui
aussi à l'approbation du conseil. Ce projet de norme sera publié
pour consultations et commentaires.
7- À la suite des commentaires suscités par ce
projet, ces derniers seront étudiés
par le comité responsable du projet. Le comité
soumet alors un projet révisé au conseil pour approbation comme
norme comptable internationale. Après approbation d'au moins
trois quart des membres du conseil, le texte de la norme est
envoyé à toutes les organisations membres pour traduction et
publication.158 Le schéma 3 nous offre une vue
synthétique du mécanisme d'approbation d'une norme
international IAS : International Accounting Standards.
4-3 Le cadre de préparation et de
présentation des états financiers de l'IASC (1989)
Le cadre de préparation et de présentation
des état financiers (Framerworh for the Preparation and
Presentation of Financial Statement) a été
suggéré pour donner une base conceptuelle a
l'élaboration des normes IAS et participer ainsi a
l'accroissement de la notoriété de celles-ci en leur
donnant une dimension plus mondiale. Le cadre conceptuel IASC sert a
« fournir une base commune permettant l'élaboration de normes
cohérentes. Il précise les objectifs des états
financiers, en définit les éléments essentiels ainsi
que les principes qui doivent présider à leur
établissement. Il ne peut cependant supplanter une
norme. En cas de conflit, les dispositions de la norme
prévalent sur celles du cadre ».159
158 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p-p.764-765.
159 BERNARD RAFFOURNIER, Les Normes Comptables
Internationales (IAS), Economica, 1996, p.13.
104
Schéma 3 : Le due process à la
manière de l'IASC
Groupe de travail (Steering
Committee)
Le conseil (Board)
Sommaire des points à traiter
(point out line)
Commentaires - Arrêter des problèmes comptables par
rapport au cadre conceptuel ;
- Benchmarking avec la normalisation nationale.
Conseil consultatif
(Consultative Group) et autres
organisations membres
Projet de déclaration de principe
(Draft Statement Of Principle DSOP)
- principes fondamentaux de base à la norme en question
;
- Solutions envisagées aux problèmes posées
au paravant.
Commentaires
Déclaration définitive de
principe (statement of principle)
Approbation
Exposé sondage (exposure draft)
Publication de l'exposé sondage
pour commentaires
Projet de norme comptable
internationale révisé
Approbation
Norme comptable internationale
IAS, International Accounting
Standards
publication
105
L'objectif principal des états financiers
préparés selon le référentiel IASC, est de
fournir une information respectant les critères de fiabilité, de
pertinence, d'intelligibilité et de comparabilité, pour le
besoin de prise de décision des utilisateurs. L'IASC
reconnaît par ailleurs que chaque catégorie d'utilisateurs a des
besoins d'information spécifiques :
- les investisseurs sont principalement concernés par le
risque et la rentabilité
de leurs investissements. Ils souhaitent des informations qui
les aident à décider s'il convient d'acheter, de vendre ou de
conserver les actions de l'entreprise. La fonction de préférence
des investisseurs (Fp (I)) peut alors être présentée ainsi
:
Fp (I) = A plus values + B dividendes
- les salariés sont intéressés
surtout par la stabilité et la rentabilité de leurs
employeurs ; ceci garantira les conditions de leur succès. La
fonction de préférence des salariés (Fp (S)) peut
être donc présenté ainsi :
Fp (s) = C carrière + D
rémunération
- les créanciers souhaitent savoir si les montants qui
leur sont dus (intérêts et principal) seront payés à
bonne date. La fonction de préférence des créanciers
bailleurs de fonds (Fp (BF)) peut être présentée ainsi :
Fp (BF) = E intérêts + F
délai
- quant aux clients, ils sont surtout préoccupés
par la continuité de l'activité de l'entreprise qui leur assure
un service après vente et une sécurité
d'approvisionnement. La fonction de préférence des clients
(Fp(C)) peut se résumer de la façon suivante :
Fp (C) = G qualité + H prix + I
continuité d'approvisionnement
Malgré cette diversité, l'IASC considère
qu'il existe des besoins communs à tous les utilisateurs et que si
les états financiers répondent aux besoins des
investisseurs, ils satisferont également ceux des autres
utilisateurs.
Le cadre conceptuel fournit deux sortes de principes comptables
de base, il s'agit :
- des hypothèses sous-jacentes de préparation des
états financiers ; et
- des caractéristiques qualitatives des états
financiers.
106
Les états financiers préparés selon le
référentiel IASC « sont toujours établis sur la base
d'une comptabilité dite d'engagement (accrual basis) et, sauf
précision contraire, à partir de l'hypothèse de la
continuité d'exploitation (going concern) ».160
Les caractéristiques qualitatives constituent
« des repères méthodologiques dont le respect,
combiné avec l'application des normes comptables pertinentes, permet
normalement aux états financiers de donner une image
fidèle ou une présentation fidèle de
L'information ».161 Ces critères de qualités
sont :
- l'intelligibilité (understandability) ;
- la pertinence (relevane) ;
- la fiabilité (reliability) ; et
- la comparabilité (comparability).
Les états financiers sont normalement constitués
par les éléments suivants :
- le bilan ;
- le compte de résultat (compte des profits et des pertes)
;
- l'état de flux de Trésorerie ;
- l'annexe et autres documents explicatifs identifiés
comme faisant partie intégrante des états financiers.
Les éléments constitutifs des états
financiers sont définis comme étant les grandes
catégories d'effets financiers des transactions et autres
événements. Ces éléments sont directement
liés :
- soit a l'évaluation de la situation
financière de l'entreprise et donc à son
bilan ;
résultat.
- soit a l'évaluation de la performance de l'entreprise et
donc à son compte de
Ainsi, la problématique dégagée et les
définitions posées par ce cadre conceptuel ont
certes un rôle de mise en cohérence ex-ante : aider
l'IASC dans l'élaboration et la révision de
160 LOUIS KLEE, Normes comptables internationales,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, p.920.
161 LOUIS KLEE, Normes comptables internationales,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, Economica, p.920.
107
ses normes et de ses interprétations, mais aussi
ex- post : aider l'IASC, les normalisateurs nationaux et aussi les
préparateurs et les utilisateurs des états financiers
à interpréter et à appliquer les normes et les
interprétations de l'IASC.
4-4 La stratégie d'harmonisation de l'IASC
4-4-1 La stratégie de conciliation de l'IASC
(1973-
1987)
Dés sa création jusqu'à nos jours, l'IASC
avait adopté deux stratégies distinctes, mais dont l'objectif
principal est de se faire reconnaître en tant que seul
référentiel comptable applicable à l'échelle
internationale. Dans une première période, de sa création
jusqu'à la fin des années 1980, l'IASC édicte des normes
contenant assez d'options pour ne guère poser de difficultés
d'application dans les différents pays de ses membres ; il s'en
trouvait toujours une qui soit compatible avec la réglementation
comptable du pays de l'organisme membre.
L'adoption d'une stratégie de conciliation par l'IASC
était tout à fait cohérente avec le fait que celle-ci,
« en tant qu'organisme international de droit privé, n'avait, et
n'a toujours, aucun pouvoir de coercition à l'égard des
pays auxquels ses membres appartenaient ; ses normes ne pouvaient et ne
peuvent toujours être appliquées que dans la mesure où
elles ne contredisent pas la réglementation locale
».162
Par ailleurs, consciente qu'un processus d'harmonisation
basé sur une telle stratégie ne pouvait fructifier qu'à
très long terme, l'IASC décida alors, à la fin
des années 1980, de changer de directive en adoptant une
stratégie plus offensive (une stratégie de survie), mais qui
supposait des soutiens institutionnels.
4-4-2 La stratégie de survie de l'IASC (de 1987
à nos jours)
En 1987, l'IASC a trouvé un second souffle le concept
d'harmonisation, est désormais
au coeur des débats, signe d'un subtil changement
d'orientation, les efforts de marketing sont
162 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p-p.765-766.
108
eux aussi à l'ordre du jour afin de convaincre les membres
de l'IASC de mieux défendre les intérêts des normes
internationales. Une nouvelle stratégie qui inaugure une période
nouvelle
de la vie de l'IASC est alors fondée sur un projet
appelé ``comparabilité des états financiers''
(ou projet ED39), prévoyant l'amendement de pas moins de
treize normes.
En juin 1990, après une prise en compte des
commentaires reçus et des travaux de consultation, l'IASC a
publié une déclaration d'intention à propos de la
comparabilité des états financiers. En vertu de cette
déclaration d'intention, « les normes internationales futures,
ainsi que les anciennes après révision (il n'y en a eu
finalement que dix), n'indiqueront plus que deux traitements possibles pour
un même problème : un traitement de référence
(benchmark treatment), considéré comme le plus satisfaisant
par le conseil, et
un traitement alternatif autorisé (allowed alternative
treatment) ».163 Par ailleurs, le cadre
conceptuel de l'IASC servira de base conceptuelle à ses
travaux et assurera une plus grande notoriété des normes
internationales.
Par conséquent, « Il devenait alors
indispensable que l'IASC trouve des appuis institutionnels et tisse des
liens avec les organismes nationaux de normalisation ».164
L'IASC
a trouvé son principal soutien auprès
de l'OICV (l'Organisation Internationale des Commissions de Valeur)
ou, en anglais, IOSCO (International Organisation of Securities
commissions), ainsi que la communauté européenne. Depuis
1987, l'OICV fait partie des membres du groupe consultatif de l'IASC, et
depuis, son rôle est de plus en plus majeur dans
le processus d'harmonisation adopté par l'IASC.
4-4-2-1 L'OICV et l'harmonisation comptable
internationale
L'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs
est créée en 1974, elle a pour objectif de fonder une
relation solide entre les régulateurs des marchés de
valeurs mobilières basée sur la coopération. Son
siège est à Montréal (Canada). Par ailleurs, l'OICV
« dispose d'un comité technique, dont une des
fonctions est d'identifier les normes de
163 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.766.
164 BERNARD COLASSE, Harmonisation comptable
internationale, Encyclopédie de comptabilité, de
contrôle
de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.766.
109
comptabilité et d'audit que les
régulateurs pourraient accepter pour les émissions
multinationales ».165
En juillet 1995, l'Organisation Internationale des Commission
de Valeurs et l'IASC ont décidé, d'un commun accord,
d'élaborer un « noyau dur » de normes comptables, susceptible
d'être adopté et imposé par tous les pays, du moins pour
les émetteurs étrangers. Ainsi, il a
été arrêté une liste de domaines
comptables qui doivent faire l'objet de nouvelles normes internationales
ou d'une révision des normes existantes. Ce programme,
étalé sur quatre ans
(et a pris fin en 1999), avait pour objectif commun de voire
que des états financiers établis en conformité avec les
normes IASC, puissent être utilisés et reconnus sur toutes
les places boursières du monde et notamment, aux Etats-Unis, sans
qu'aucun rapprochement avec les normes comptables nationales du pays d'accueil
ne soit nécessaire.
Enfin, en mai 2000, LOICV avait reconnu officiellement
les normes comptables internationales (IAS) comme base pour une
cotation transnationale des valeurs mobilières. Très
attendue, Cette décision marque la fin d'une longue
période d'incertitude quant à l'avenir de l'harmonisation
comptable internationale.
Ce pendant la reconnaissance de cet ensemble de normes
n'empêchera pas des demandes de réconciliation, d'informations
supplémentaires ou d'interprétations ponctuelles
de postes que différents Etats pourraient encore exiger
dans leur législation sur les bourses.
4-4-2-2 Le changement de cap de l'Union
Européen en matière d'harmonisation comptable
Cette reconnaissance de la part de l'OICV a permis d'ouvrir la
voie vers d'autres. En effet, le conseil européen de Lisbonne des 23 et
24 mars 2000 avait inscrit au rang de ses priorités la
nécessité de poursuivre l'accélération de
l'achèvement du marché intérieur des services
financiers. A cette fin, le conseil européen avait souhaité que
le plan d'action pour
les services financiers proposé par la commission
européenne entre en vigueur en 2005 et que
165 GEORGES BARTHES DE RUYTER, Bertrand
D'illiers et l'IASC, Réflexion sur la comptabilité,
Economica, 1990, p.191.
110
celle ci prenne les mesures nécessaires pour
améliorer la comparabilité des états financiers des
sociétés cotées en bourse (toutes les
sociétés faisant appel public à l'épargne).
166
C'est, sous l'impulsion du sommet européen de Lisbonne que
la commission a publié,
le 13 juin 2000, sa stratège en matière
d'information financière dans laquelle elle propose d'astreindre
toutes les sociétés cotées de l'union européenne,
ou en voie de l'être, à élaborer dés 2005 leurs
comptes consolidés conformément aux normes comptables
internationales. La proposition de règlement prévoit en outre la
faculté pour les Etats membres d'autoriser ou d'obliger les
sociétés cotées ou en voie de l'être à
appliquer les IAS pour l'établissement de leurs comptes statutaire,
ainsi que celle d'autoriser ou d'obliger les sociétés non
cotées à appliquer ce même jeu de normes pour
l'élaboration de leurs comptes consolidées et/ou leurs comptes
sociaux. D'ici là, les Etats membres pourront également
exiger ou autoriser une application anticipée des IAS pour toutes ou
partie des sociétés visées par la proposition de
règlement.
Dans sa communication du 13 février 2001, la commission
européenne a annoncé que
les directives existantes en matière
d'information financière, notamment la quatrième directive
relative aux comptes annuels des sociétés (78 /660/CEE), et la
septième directive concernant les comptes consolidés
(83/349/CEE), conservent leur statut légal de référence en
matière d'information financière pour l'ensemble des
sociétés de capitaux en Europe.
Afin d'atteindre cet objectif, la commission européenne a
entamé au cours de l'année
2001, une phase de modernisation de ses directives
comptables de manière à assurer la concordance de ces
directives avec les normes comptables actuelles et futures de l'IASC au sein
de l'Union Européenne (ce projet d'amendement des anciennes
directives a été abandonné en 2002).
Ce mécanisme communautaire d'approbation des normes
comptables internationale et des directives comptables européenne sera
doté d'une double structure, composée d'une part, d'un niveau
de réglementation, « le comité de
réglementation comptable » (CRCe) et d'autres part, d'un niveau
technique, « le comité technique comptable » (European
Financial Reporting Advisory Group : EFRAG).
166 Communication de la commission européenne,
« services financiers » : Mise en oeuvre du cadres d'action pour
les services financiers : plan d'action, 11 mai 1999, (site Internet de la
commission).
111
La CRCe comprendra un représentant par pays membre de
l'Union européenne. Il agira
au plan politique afin d'avaliser juridiquement, sur la base des
propositions de la commission européenne, les normes IAS
La partie technique des travaux de normalisation
comptable, dans sa dimension réactive (suivi des travaux) et
pro-active (émission de proposition), est confiée à
l'EFRAG
(ou comité technique comptable) qui est un
comité privé réunissant, au plan européen,
les principaux acteurs de l'information financière :
préparateurs, utilisateurs, profession comptables, etc.
L'EFRAG est chargé de fournir une expertise technique
et d'organiser la coordination européenne des points de vue
relatifs aux IAS. L'EFRAG est composé d'un conseil de
surveillance (Supervis Board of Européen Organisation) et d'un
comité technique (Technical Expert Group) :
· le conseil de surveillance (composé de 23
membres) est notamment chargé de désigner les membres du
comité technique, d'assurer le financement de l'institution et
d'orienter le programme de travail du comité technique ;
· le comité technique (composé de
11membres) est notamment chargé d'agir activement et pro-activement
par rapport aux travaux de l'IASC.
Cette initiative de création permettra à
l'Union Européenne, par l'intermédiaire des principaux
acteurs intéressés par l'information financière, de jouer
un rôle proactif et influent
dé les premiers stades du processus de normalisation
comptable de l'IASC.167
4-4-2-3 La nouvelle structure organisationnelle de
l'IASC
En février 2001, l'IASC à émis la norme
IAS41 qui décrit le traitement comptable, la présentation des
états financiers et les obligations de publicité relatives
aux activités agricoles. Cette norme fût la dernière
norme établie sous le règne de l'ancienne structure de l'IASC. Et
c'est le premier avril 2001 que l'ex IASC a laissé la place à une
nouvelle (peut on dire) association de droit privé à
intérêt public, dénommée IASB (International
Accounting Standards Board).
167 www . europa . eu . int, Site Internet de l'union
européen, Mai 2003.
112
Le changement de terminologie et de structure de l'IASC
témoigne de la volonté d'un
tel organisme de promouvoir et d'assurer les meilleures
conditions d'une harmonisation internationale qui se veut universelle, et de
fournir aux marchés financiers l'opportunité de remporter l'enjeu
de comparabilité de l'information financière par l'obtention du
consensus avec la SEC, l'organisme régulateur des marchés
financiers américains. 168
Quant au fonctionnement de l'IASB, Il s'agit d'une structure
à deux étages : l'IASC garde toujours sa terminologie (IASC
Fondation) et dispose d'un siège dans le Delaware. Formée
de dix-neuf trustées (administrateurs) qui engagent leur
responsabilité, la fondation IASC fonctionne à partir de ce
siège tout en ayant un bureau à Londres.
Les trustees ont pour objectif de veiller sur le
respect des règles, éventuellement les modifier et assurer le
financement et le due process de l'ensemble. Les Trustees ne se mêlent
pas de techniques, n'interviennent pas dans le contenu des normes, ni dans
l'agenda, ni dans
le programme de travail.
En dessus de cette fondation, le Board est un organe
technique, composé de quatorze membres, sélectionnés selon
leur compétence technique et selon leur origine socioprofessionnelle
(auditeurs, préparateurs, directeurs financiers, utilisateurs,
analystes universitaires). Ils sont nommés par les trustées pour
un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Leur tâche est de concevoir les normes comptables. La
première réunion du Board s'est tenue à Londres, du 18
au 20 avril 2001, au terme de laquelle le nouveau Board a
décidé d'adopter toutes les normes comptables
internationales et les interprétations du SIC
approuvées par l'ancien conseil : toutes les normes et
interprétations émises par la précédente
institution continuent à être appliquées tant
qu'elles ne sont pas modifiées ou retirées. L'IASB
modifiera ou annulera les normes IAS et les interprétations
afférentes au fur et à
mesure que les nouvelles seront
élaborées.169
168 GILBERT GELARD, Quid des nouvelles normes,
Problème économique n°2778, du 02 octobre 2002, p-
p.10-12.
169 www . Iasb . organisation UK, Site Internet de
l'IASB, Décembre 2002.
113
Dans le cadre de son travail de normalisation, le Board collabore
avec deux organes :
-
|
le comité consultatif : SAC, Standing Advisory Committee ;
et
|
|
-
|
le comité permanent rattaché au Board
IFRIC, International
|
Financial
|
Reporting Interpretation Committee.
Le comité consultatif est composé de 41 membres,
dont la mission consiste à conseiller
le board en matière comptable.
L'IFRIC est un organe qui a été
créé pour remplacer le SIC (Standing Interprétations
Committee). Ce comité est une équipe technique
constituée de dix sept personnes de haut niveau en matière
de normes comptables, chargée des problèmes
d'interprétation des normes.
Lors de sa réunion, qui s'est tenue à
Londres du 18 au 20 avril 2001, L'IASB a annoncé que les
normes comptables internationales qu'il émettrait à
l'avenir ne porteront plus le nom de normes IAS mais celui de normes IFRS :
International Financial Reporting Standards (Les normes d'information
financières internationales). Toute fois, les normes
numérotées de 1à 41, existantes au premier avril,
date d'entrée en fonction de L'IASB, conservent leur nomenclature
IAS. La prochaine norme émise portera l'intitule IFRS1 et non pas «
norme IAS 42 ».
Ce changement de terminologie témoigne de la
volonté de l'IASB d'étendre son action
à l'information financière en général
pour ne pas s'interdire de s'intéresser aux rapports de gestion et
autres informations.
Lors de son entrée en fonction, l'IASB a exprimé
le souhait de s'impliquer davantage dans le développement des
interprétations des normes IFRS par rapport au mode de
participation qui prévalait sous l'ancienne constitution. A cet
égard, l'IFRIC avait atteint la trente troisième
interprétation fin 2001 portant sur la consolidation. L'IFRS
regroupe les normes comptables et leurs interprétations par l'IFRIC.
C'est dans le but de faciliter la transition aux normes
IAS/IFRS, que l'IASB a travaillé sur ce qui sera la première
norme IFRS. Tel est du moins l'argument de vente du normalisateur
comptable international, qui vient de publier, fin juin 2002, l'exposé
sondage
de l'IFRS1 « première application des
normes internationales » (FTA : First Time
114
Application), qui est destiné à remplacer le
texte d'interprétation SIC 8 intitulé « première
application des normes IAS », et qui a été soumis à
commentaire jusqu'à fin octobre 2002.170
Ces propositions ont pour but de s'assurer que toutes les
entités qui adoptent les IFRS
(les entreprises cotées dans les marchés financiers
étrangers, sauf, celui des Etats-Unis) pour
la première fois présentent une information
comparative dans leurs états financiers qui soit aussi proche que
possible de l'information fournie par les utilisateurs actuels.
Enfin, il faut aussi dire que sur quarante et une normes
IAS, il est acquis que 29 ne seront pas modifiées d'ici 2005, quant aux
12 autres, il s'agit davantage d'une amélioration, voire d'un «
relooking » et non d'une modification en profondeur pour la
plupart d'entre elles. De même, le fait que certaines de ces normes
soient susceptibles d'évoluer, n'exonère pas les entreprises
d'anticiper les difficultés pratiques liées à leur mise en
oeuvre. Il est au contraire indispensable de mettre en place un
système de veille pour suivre et mesurer les effets de ces
évolutions sur les décisions stratégiques qui sont prises
aujourd'hui, tels que des acquisitions des montant déconsolidant
certaines autres formes de financement.
Il faut bien prendre conscience que le projet IASB
est un projet d'envergure. Il ne concerne pas seulement le champ de la
comptabilité, mais il a des impacts majeurs sur les systèmes
d'information et de reporting, la communication financière et
les compétences à l'intérieur de
l'entreprise.171
L'IASB n'aura quelque chance de se légitimer et
d'imposer ses normes que si leur procédure d'élaboration est
parfaitement respectée et permet à toutes les parties prenantes
de s'exprimer dans les champs d'application qui est
essentiellement celui des marchés financiers.
Ce souci de compétitivité est d'autant plus grand,
dés qu'il s'agit d'une confrontation
de reconnaissance mondiale, sur les principaux places
boursières, avec un référentiel parallèlement
puissant que celui des Etats-Unis. Le tableau 3 nous synthétise
l'influence du cadre institutionnel de l'économie sur la
normalisation comptable aux Etats-Unis et dans
170 www. Iasb. Organisation. UK, Site Internet de
l'IASB, Septembre 2002.
171 GILBERT GELARD, Quid des nouvelles normes,
Problème économique n°2778, du 02 octobre 2002, p-
p.10-12.
115
l'union européenne. Bien évidemment, nous
considérons que les efforts de normalisation comptable de l'IASB
s'inscrivent dans une logique européenne, étant donné
l'adoption des IFRS par le vieux continent (à partir de 2005) et la non
soumission des autorités américaines
(notamment la SEC) à ces normes internationales (tableau
4).
116
TABLEAU 3 : INTERACTION ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE (cas des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Europe
continentale172)
CIE
|
|
COMPTABILITE AMERICAINE
|
COMPTABILITE D'EUROPE CONTINENTALE
|
Le marché
|
Le marché
des biens
et services
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Seules les entreprises cotées sont, obligatoirement,
soumis aux principes comptables généralement admis.
|
Flexibilité dans la préparation et la
présentation des états financiers.
|
Difficulté de comparabilité financière pour
les entreprises non cotées.
|
La comptabilité d'Europe continentale est formaliste,
elle
sert les intérêts des créanciers et de l'Etat
en matière
de fiscalité.
|
- Comparabilité financière assurer ;
- Prise en compte des intérêts des acteurs du
marché des biens et services.
|
Rigidité dans la préparation et la
présentation des documents comptables.
|
Le marché
des
dirigeants
|
Les dirigeants des entreprises américaines sont
régis par un système de récompenses- sanctions.
|
Système basé sur l'effort, l'aboutissement a un
résultat et le mérite en fonction.
|
Système basé uniquement sur le résultat
(manipulable) et ignore les effets de la conjoncture
économique.
|
Le marché des dirigeants européen est peu
développé par rapport a celui des Etats-Unis
d'Amérique.
|
Récompense orienter plutôt vers les acquis
d'expérience et de compétences managériales.
|
Le résultat acquiert un rôle secondaire dans
l'évaluation des performances managériales.
|
172 Le traitement du cas de l'Europe anglo-saxonne
sera négliger, du fait de la similitude des caractéristiques avec
celui des Etats-Unis d'Amérique.
117
TABLEAU 3 : INTERACTION ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE (cas des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Europe
continentale)
CIE
|
|
COMPTABILITE AMERICAINE
|
COMPTABILITE D'EUROPE CONTINENTALE
|
Le marché
|
Le marché
financier
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
La normalisation comptable américaine est dictée
par le marché financier : la SEC a délégué le
pouvoir de normalisation au FASB.
|
La comptabilité favorise les apporteurs de
capital a risque en matière d'information
financière.
|
Rôle secondaire du marché monétaire dans la
normalisation comptable.
|
L'information comptable est plutôt requise par le
marché interbancaire.
|
La comptabilité favorise les bailleurs de
fonds en matière d'information financière.
|
Rôle secondaire du marché financier dans la
normalisati-
-on comptable.
|
Le contexte légal
|
Droit
comptable
|
La normalisation comptable est assurée par les organismes
professionnels : le FASB, l'AICPA et la SEC.
|
- Respect de la notion d'image fidèle (true and fair
view) ;
- Eviter l'aspect formaliste juridique.
|
- La perception de l'utilité décisionnelle de
l'information est fonction des jugements personnels des préparateurs des
états financiers.
- Servir les intérêts des professionnels et
négliger ceux de l'Etat.
|
La normalisation comptable est assurée par l'Etat : droit
écrit formaliste.
|
-Comparabilité interne maintenue ;
- Servir les intérêts des utilisateurs de
l'information comptable.
|
Favoriser l'aspect formaliste juridique à la
réalité économique
|
118
TABLEAU 3 : INTERACTION ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE (cas des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Europe
continentale)
CIE
|
|
COMPTABILITE AMERICAINE
|
COMPTABILITE D'EUROPE CONTINENTALE
|
Le contexte légal
|
Droit
commercial (ou
droit des
sociétés)
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Chaque Etat formule sa propre législation sur les
sociétés. les obligations en matière de
comptabilité sont rares.
|
- Réduire les références en matière
comptables pour éviter les possibilités
d'interpénétration juridique.
- Flexibilité accordée aux sociétés
par l'intégration des directives
comptables dans leurs réglementations internes.
|
- Risque d'interpénétr-
-ation entre les directives internes et le droit
comptable ;
- Délaisser le pouvoir de normalisation comptable aux
mains des sociétés.
|
Le droit commercial est la principale source de
réglementation comptable.
|
- Réduire les problèmes non traités par le
droit comptable et/ou fiscal.
- Consolider les acquis de comparabil-
-ité financière interne.
|
- Accroître la rigidité dans la préparation
et la présentation des états financiers.
- Accroître les difficultés de comparabilité
entre les entreprises de différente nationalité.
|
Le référentiel sociologique
|
La déontologie
professionnelle
|
La profession comptable est organisée par le code de
déontologie de l'AICPA.
|
- La certification des comptes accorde
plus de crédibilité financière ;
- Définir un cadre éthique réservé
aux comptables.
|
- La certification des comptes n'est pas imposée par la
loi.
|
La déontologie professionnelle est préservée
par les organismes représentatifs des professionnels comptables
européens.
|
Obligation de certification des comptes dictée par la
loi.
|
Doute quant à la crédibilité de la mission
de certification.
|
119
TABLEAU 3 : INTERACTION ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE (cas des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Europe
continentale)
CIE
|
|
LA COMPTABILITE AMERICAINE
|
LA COMPTABILITE D'EUROPE CONTINENTALE
|
Le référentiel sociologique
|
L'éthique de
représentation
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
Caractéristiques
|
Portées
|
Limites
|
La SEC exige une qualité de reporting comptable
répondant à des critères rigoureux de quantité et
de qualité.
|
- Respect de la notion d'image fidèle (true and fair view)
;
- Garantir les intérêts des utilisateurs de
l'information comptable.
|
- Privilégier les investisseurs, au détriment des
autres utilisateurs de l'information.
- Exigences, en matière d'information, applicable
seulement aux entreprises cotées.
|
La comptabilité est plutôt orientée vers
le reporting
interne.
|
- Coût de représentat-
-ion comptable faible ;
- Information basée sur le principe de prudence.
|
- Privilégier, principalement, les créanciers et
l'Etat en matière d'information ;
- Primauté de la forme sur le fond.
|
La culture
|
Culture individualiste anglo-saxonne.
|
-Consécration du principe d'image fidèle et de la
primauté du fond sur la forme ;
- Préservation des intérêts individualistes
des investisseurs.
|
- Ignorer les intérêts collectifs ;
- Pénaliser l'aspect juridique.
|
Culture collectiviste à orientation légaliste.
|
Consécration du principe de prudence, primauté de
la loi et préservation des intérêts collectifs en
matière comptable.
|
- Rigueur dans la préparation et la présentation
des états de
synthèses ;
- Difficulté de dosage dans la prise en compte des
intérêts collectifs.
|
120
TABLEAU 4 : CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET
NORMALISATION COMPTABLE INTERNATIONALE DE L'IASB
CIE
|
NORMALISATION COMPTABLE DE L'IASB
|
Le marché
|
Caractéristiques
|
Portées
|
limites
|
L'objectif de l'IASB est de se faire reconnaître sur tous
les marchés du monde en tant que principal acteur de normalisation
comptable.
|
- Comparabilité financière à
l'échelle planétaire assurée ;
- Facilité de circulation des fonds, et des biens et
services à l'échelle planétaires.
- Minimiser les coûts de retraitement comptable liés
à la
pénétration des nouveaux marchés.
|
- La confrontation avec la réglementation du
marché américain ;
- Atteinte à l'identité comptable nationale.
|
Le contexte légal
|
L'IASB est un organisme de normalisation comptable de droit
privé.
|
Facilité de transposition des normes internationales
dans les législations comptables nationales, celles-ci ne portent pas
atteinte à la
souveraineté nationale.
|
L'IASB n'a aucun pouvoir de coercition.
|
Le référentiel sociologique
|
Les membres de l'IASB sont de diverses nationalités et
donc de cultures.
|
Prise en comptes des divergences culturelles dans l'effort de
normalisation comptable.
|
L'influence de la culture anglo- saxonne reste notable.
|
121
CONCLUSION DE LA PARTIE THEORIQUE ET PROPOSITION D'UN
MODELE DE RECHERCHE
Le cadre institutionnel de l'économie contient un
marché, un contexte légal et un référentiel
sociologique. Le marché, dans sa conception parfaite,
constitue le lieu de confrontation entre l'offre et la demande permettant
une allocation maximale des ressources
et déterminant les prix, reflets de la fonction de
préférence individuelle.
Un tel instrument ne peut fonctionner sans un certain
cadre légal ; ce contexte réglementaire est censé
assurer le fonctionnement normal du marché et renforcer la
pérennité
de ces mécanismes.
Enfin, le référentiel sociologique constitue
la partie subjective rattachée au cadre institutionnel de
l'économie et reflétant les préférences
individuelles et collectives. Ces préférences sont issues
des valeurs, des croyances, des mentalités, des convictions, des
cultures, des traditions, des coutumes, etc. 173
Par ailleurs, la comptabilité est un ensemble de normes et
de techniques servant de base
à la représentation économique des faits
liant l'entreprise à son environnement. Elle constitue l'outil
privilégié de prise de décision managériale et de
communication et sert à l'élaboration
de la politique générale et de la
stratégie d'entreprise en fournissant une gamme d'informations
diversifiées sur l'activité de l'entreprise et ses concurrents
directs.
Pour ce qui est de la relation entre le cadre institutionnel
et la comptabilité, on peut dire que l'information comptable
constitue un instrument de l'efficacité du marché, elle
assure plus de transparence dans les transactions et réduit
l'incertitude qui règne. Le marché est
173 MOHAMED FRIOUI, Cours de management
international comparé, Première année du DEA
en
Management, FSEGT, 2002.
122
donc amené à veiller sur la
fiabilité de l'information produite, il constitue le
mécanisme adéquat de contrôle de la pertinence de
l'information divulguée. De plus, les problèmes
nécessitant une normalisation comptable, naissent des
phénomènes nouveaux liés à l'évolution
du marché. Ce marché est censé contrôler,
directement ou indirectement la procédure de traitement comptable du
problème en question. Entre autre, le marché peut être
envisagé comme un lieu de conditionnement des donnés à
traiter par la comptabilité.
La comptabilité ne peut fonctionner librement en
fonction des seules préférences individuelles et collectives
subjectives. Elle nécessite, bel et bien, un certain cadre juridique
servant à éliminer la diversité des pratiques
comptables et à favoriser la comparabilité des états de
synthèse. Le contexte légal tente de forger une certaine
organisation à la comptabilité
et sert a légitimer sa vocation d'instrument
d'efficacité du marché. Le contexte légal agit sur
la comptabilité, en tant que garant de
l'intérêt général et de la sécurité
des transactions, en tant que source de réglementations
économiques et financières et en tant que responsable de
la cohérence et de la congruence entre les
différents droits.
Enfin, la comptabilité n'est pas un produit
scientifiquement exact, elle est conçue en fonction d'une certaine
culture, d'une certaine manière de penser, d'une certaine coutume,
d'une certaine déontologie et de façon
générale, d'un certain référentiel
sociologique. Le référentiel sociologique constitue donc la
base subjective d'orientation comptable vers des horizons pratiques
réglementés. Elle constitue par ailleurs le
référentiel de recours en cas de dysfonctionnement du
marché ou de réglementation insuffisante. Le
référentiel socioculturel
en matière de comptabilité comprend
essentiellement, la déontologie professionnelle, l'éthique
de représentation et la culture comptable de façon
générale.
Le survol de la pratique internationale est requis pour servir
de base à l'évaluation des acquis théoriques. La
relation entretenue entre le cadre institutionnel et la
comptabilité diffère considérablement quant au contexte
dans lequel elle opère. Dans le contexte anglo- saxon américain,
le marché est le mécanisme privilégié
d'allocation des ressources et de concrétisation de la
volonté individuelle. Par contre, dans le vieux continent, le
marché acquiert une importance moins considérable. Par
conséquent, la comptabilité remplit mieux son rôle
d'instrument de transparence et d'efficacité du marché, dans le
contexte américain que dans celui européen étant
donné la qualité du reporting comptable fournie. Aux Etats-
123
Unis, c'est le marché qui dicte et définit
les obligations en matière de préparation et de
présentation des états comptables.
Les Etats-Unis d'Amérique est un pays de droit
coutumier, cette nature favorise l'interprétation et le jugement
professionnel à l'aspect formaliste et standard. Par contre, le droit
européen regroupe des pays de droit coutumier (Grande-Bretagne,
Pays-Bas, etc.) ainsi que des pays de droit écrit (France,
Allemagne, etc.). Le droit écrit élimine le recours
instantané à la jurisprudence et favorise l'aspect formaliste.
Par conséquent, la comptabilité des pays de droit écrit
est réglementée dans ses détails et est largement
rattachée au droit. Par contre, le droit coutumier favorise plus la
représentation économique au montage purement juridique de la
comptabilité.
La comptabilité aux Etats-Unis poursuit un
référentiel sociologique directement issu d'une tradition et
d'une culture anglo-saxonne, alors qu'elle est issue en Europe, d'un mixte
de culture anglo-saxonne et latine.
Par ailleurs, la définition de la nature des relations
et la mesure de l'impact du cadre institutionnel de l'économie sur la
normalisation comptable ne peuvent être appréciés
qu'à l'issue d'une analyse empirique appliquée au contexte
tunisien. Pour simplifier, certaines hypothèses de travail doivent
être fixées afin de mieux comprendre notre analyse empirique.
Hypothèse 1 : Le cadre
institutionnel de l'économie comporte trois éléments :
- un marché ;
- un contexte légal ; et
- un référentiel sociologique.
Hypothèse 2 : La
comptabilité peut être représentée par les
éléments suivants :
- les principes comptables (critères de qualité
+ hypothèses et conventions comptables) ;
- les procédures de traitements comptables (techniques
comptables liées aux opérations d'exploitation et
d'investissement) ;
- les donnés comptables ; (les inputs aux
traitements comptables, les états financiers et les autres
informations) ; et
124
- les utilisations managériales de la comptabilité
(outil de prise de décision, de communication, de contrôle de
réalisation et de positionnement).
A la fin de ce travail, et suite à l'analyse empirique
portant sur le problème en question, nous allons procéder
à l'affirmation de l'une des hypothèses de résultat
suivantes (tableau 5):
Hypothèse 1 : la comptabilité
est un sous-produit du cadre institutionnel de
l'économie.
Hypothèse 2 : le cadre institutionnel de
l'économie n'influe pas sur la comptabilité.
Hypothèse 3 : la comptabilité
comporte des éléments spécifiques et des
éléments d'adaptabilité par rapport au cadre
institutionnel de l'économie.
La conception théorique de la relation existante
entre le cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité révèle un modèle général
pouvant être exprimé analytiquement sous la forme suivante :
Comptabilité (C) = f{Contexte des marchés (M),
Contexte légal (L), Référentiel sociologique (R)}.
Cette formulation permet de dégager la relation d'impact
de la façon suivante :
Comptabilité = Mc + Cl + Rs
, et constituent les poids respectifs de l'impact de
chacune des dimensions du cadre institutionnel de l'économie sur le
construit comptable.
125
TABLEAU 5 : ANALYSE DE LA NATURE DE LA
RELATION EXISTANTES ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE
L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
Eléments de
Comptabilité
|
|
Le cadre institutionnel de l'économie
|
Marché
|
Contexte légal
|
Référentiel sociologique
|
Principes
comptables
|
Hypothèses et conventions
comptables
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Critères de qualité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Procédures de
traitements
comptables
|
Opérations d'exploitation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Opérations d'investissement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Données de
synthèse
|
Les états de synthèse
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Les autres informations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Les inputs aux traitements
comptables
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Utilisations
|
Outil de prise de décision
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Outil de communication
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Outils de contrôle des
réalisations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Outil de positionnement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
126
CHAPITRE III : LA COMPTABILITE DANS LE CADRE
INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE TUNISIENNE
La mondialisation de l'économie avait
engagé la Tunisie, dés 1987, dans un programme de
libéralisation et d'ajustement structurel tendant à
établir les mécanismes du marché, la liberté du
commerce extérieur et intérieur, à encourager
l'initiative privée et à activer la privatisation des
entreprises publiques.
Le milieu des années 80 a marqué un tournant
pour l'économie tunisienne. « Après un dérapage des
équilibres macro-économiques au début de la
décennie 80, des réformes structurelles importantes ont
été mise en oeuvre à l'effet de réorienter le
rôle de l'Etat et de transformer une économie fortement
réglementée et protégée en une économie
ouverte, régie par les forces du marché ».337
L'insertion de l'économie tunisienne dans une
sphère mondiale l'avait obligée à repenser à
son cadre institutionnel. La Tunisie est amené à concevoir une
structure de marché
et un contexte légal répondant aux exigences
internationales, tout en respectant son propre
référentiel sociologique.
SECTION I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE
Paragraphe 1 : Le contexte du marché tunisien
1-1 Le marché des biens et services
Par sa petite superficie, la Tunisie semble être un
marché modeste. Toutefois, il compte environ 9,8 millions de
consommateurs dotés d'un pouvoir d'achat suffisamment
élevé pour permettre un accès de plus en plus important
aux biens de consommation et d'équipement. En
337 RADHI MEDDEB, Politique d'amélioration de
la compétitivité de l'économie tunisienne : Cas des
secteurs
du textile et de l'agro-alimentaire, Fond Monétaire Arabe,
Août 1999, p. 3.
118
moins d'une décennie, le revenu par habitant a
doublé, preuve du développement exemplaire
du marché tunisien.
Sur le plan institutionnel, le marché des
biens et services tunisien regroupe principalement des entreprises de
petite et moyenne taille (PME). Les entreprises tunisiennes sont
généralement des sociétés familiales
spécialisées dans l'agriculture, l'industrie (secteur
agro-alimentaire, textiles et électronique) et les services (tourismes,
transports, informatique, télécommunications, services bancaires
et d'assurances).
La période du IXème plan s'est
caractérisée par l'approfondissement des réformes
économiques et financières et la consolidation de leur aspect
exhaustif en vue de raffermir davantage la compétitivité de
l'économie et le processus de mise à niveau, en réponse
aux exigences d'une ouverture progressive sur l'économie mondiale. Ces
réformes ont contribué amplement à imprimer un
réel élan à la concrétisation des
objectifs du schéma de développement.338
La Tunisie s'est engagée depuis plusieurs
années dans de multiples négociations :
adhésion en 1990 au GATT devenue depuis Organisation
Mondiale du Commerce, signature
en juillet 1995 d'un accord d'association avec l'Union
européenne devant aboutir à terme à
(10 ans) l'instauration d'une zone de libre échange,
signature, jusque là, d'accord bilatéraux avec le Maroc, la
Jordanie, l'Égypte, l'Irak et la Libye précisant les dispositions
de l'accord
de libre échange arabe et prévoyant le
démantèlement accéléré des droits de douanes
entre la
Tunisie et chacun de ces pays.339
Parallèlement, les réformes relatives à
la politique des prix et à la concurrence ont été
poursuivies dans l'objectif de moderniser les mécanismes et les
circuits du commerce intérieur et de maîtriser davantage
l'inflation.
Cette politique économique s'insère dans le
cadre des orientations futures ayant trait à l'optimisation de la
gestion des rouages de l'économie, en l'adoptant aux mutations attendues
sur les plans interne et externe, renforçant ainsi sa capacité de
faire face aux retournements
de la conjoncture et des chocs exogènes
éventuels.
338 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Dixième plan de
développement
2002-2006, volume I, p. 115.
339 RADHI MEDDEB, Politique d'amélioration de
la compétitivité de l'économie tunisienne : Cas des
secteurs
du textile et de l'agro-alimentaire, Fond Monétaire Arabe,
Août 1999, p. 1.
119
La concrétisation de ces orientations suppose
« l'approfondissement des réformes économiques et
financières et l'harmonisation requise de ses diverses composantes tout
en poursuivant le processus de libéralisation par la mise en oeuvre des
engagements afférentes à
la mise en place de la zone de libre échange avec l'union
européenne et la préparation des
échéances futures dans le cadre de
l'OMC, particulièrement en ce qui concerne la
libéralisation des activités de services et des produits
textiles, en plus de l'exacerbation prévisible de la concurrence sur
les marchés extérieurs ». 340
Les réformes établies sont axées sur
l'orientation de la politique du commerce extérieur vers la
promotion des exportations afin de valoriser les avantages comparatifs et le
renforcement de la compétitivité structurelle grâce
à une plus grande maîtrise des réseaux de production et de
commercialisation, l'amélioration de l'efficience des
sociétés de commerce international en plus de la poursuite
du démantèlement des tarifs douaniers prévu pour la
période prochaine.
Les mesures de l'Etat s'intensifient également en
vue d'optimiser et moderniser les circuits du commerce intérieur
tout en assurant l'ancrage d'une culture de consommation et
de qualité, permettant la dynamisation de
l'activité économique et l'incitation des ménages
à
l'épargne dans le cadre de la maîtrise des
équilibres financiers internes et externes.
La période du IXème plan «
a vu, dans le domaine de la concurrence, des prix, du commerce
intérieur, de la consommation et de la qualité,
l'approfondissement des réformes visant à introduire
davantage de transparence et de concurrence dans les relations
commerciales et ce, grâce aux mécanismes du
marché, ce qui devrait permettre la rationalisation du
comportement des agents économiques, l'utilisation optimale
des ressources et le gain du pari de la qualité et rendre, possible la
compression du niveau des prix qui constitue une condition
nécessaire pour l'amélioration de la
compétitivité du pays ».341
Ainsi, il est impératif de renforcer la concurrence
sur le marché intérieur et de permettre au secteur
privé d'accéder progressivement aux secteurs des services
et du
340 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Dixième plan de
développement
2002-2006, volume I, p. 116.
120
commerce restés, jusqu'à présent, comme
monopole de l'Etat, tout en tenant compte de l'intérêt
général et du pouvoir d'achat des catégories sociales
à revenu limité.
Par ailleurs, l'action de modernisation et de
développement du commerce intérieur devra être
poursuivie afin d'améliorer sa performance et son rendement, eu
égard à l'importance de son rôle dans le
développement des secteurs économiques et sociales.
Les objectifs de l'Etat se basent, dans le domaine de la
concurrence et des prix, sur la poursuite des réformes ayant
pour but d'intensifier le processus de libéralisation de
l'économie tunisienne par le développement des mécanismes
du marché qui permettront de
se rapprocher des prix d'équilibre ; compte tenu des
exigences de la concurrence extérieure afin de renforcer la concurrence
sur le marché intérieur.
Les efforts sont toujours orientés vers la
consolidation de la mentalité et la culture de concurrence chez les
producteurs tunisiens et leur incitation à comprimer davantage
leurs coûts de production et partant à maîtriser les prix
qui doivent refléter réellement l'équilibre entre l'offre
et la demande et être un instrument d'arbitrage entre les
différents agents économique. Ainsi, il sera possible de
rationaliser les comportements, d'établir plus de transparence dans
le marché et d'éviter les comportements spéculatifs, outre
l'amélioration
de la qualité des produits et des services.
En vue de soutenir cette démarche, « des
actions seront entreprises pour élargir le champs de l'initiative
privée et la soutenir par le démantèlement des monopoles
opérant dans
les secteurs des ports, aéroports, transport
maritime, chargement, stockage, etc. D'autres
actions seront également menées pour
approfondir les réformes des filières des
céréales et des huiles afin de leur conférer plus
d'efficience et de compétitivité ».342
Parallèlement, le programme de
libéralisation des prix de certains produits est poursuivi
de sorte que, ne demeureront soumis au contrôle administratif
que les produits subventionnés et ceux des secteurs non
concurrentiels.
341 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Dixième plan de
développement
2002-2006, volume I, p.123.
121
Des actions seront, également, intensifiées pour
améliorer la performance des secteurs
de production et de distribution afin qu'ils soient à
même d'accroître l'offre et d'assurer sa régularité
notamment pour les produits alimentaires et agricoles soumis aux
fluctuations climatiques, afin de garantir la stabilité des prix et
l'approvisionnement du marché en vue d'éviter les
spéculations.
Le commerce intérieur a bénéficié
et bénéficie toujours, de nombreuses réformes pour
libéraliser l'exercice du commerce et donner la priorité
à l'investissement privé, ce qui a engendré un saut
qualitatif et quantitatif, notamment en ce qui concerne
l'évolution du nombre des commerçants
particulièrement dans les secteurs qui étaient soumis
aux autorisations préalables de l'administration et le
renforcement de la concurrence dans le marché intérieur
suite à la diversification des modes d'exposition des
marchandises et l'adoption et diffusion de nouveaux dispositifs et de
techniques modernes. De même, cette période a vu une
amélioration considérable de l'infrastructure commerciale.
Ces orientations seront consolidées, au cours de la
prochaine étape « par la poursuite de l'organisation et la
restructuration des circuits de distribution et ce, en tenant compte
des évolutions internationales et nationales et par le suivi du
programme de mise à niveau du secteur du commerce, eu égard
à l'importance de son rôle dans le développement des autres
secteurs économiques et sa capacité de fournir des
opportunités d'emplois notamment dans
les activités prometteuses telles que le commerce
électronique ».343
A cet effet, la politique d'organisation et de restructuration
des circuits de distribution vise à garantir la transparence des
transactions commerciales entre les différents intervenants,
à gagner le pari de la qualité et à
valoriser le produit national. Aussi, le recours au partenariat avec les
groupements étrangers va-t-il permettre la modernisation du
commerce et la valorisation du produit tunisien, ainsi que la
réduction des coûts de distribution, vu la technicité
et l'expérience dont dispose ces groupements.
342 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Dixième plan de
développement
2002-2006, volume I, p. 124.
343 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Dixième plan de
développement
2002-2006, volume I, p. 125.
122
Outre la nécessité de moderniser le
secteur du commerce par l'introduction de nouveaux modes de distribution
tels que les hypermarchés qui vont ouvrir une part de plus en plus
importante de la demande, les conditions économiques et sociales
actuelles du pays exigent la prise en considération du tissu
commercial existant pour qu'il ne se détériore pas.
Il y a lieu d'établir un équilibre entre les
divers modes de commerce et d'entreprendre sa modernisation.
Par ailleurs, la prochaine étape nécessite la
consolidation du rôle des organismes spécialisés dans
le domaine du commerce tels que le conseil national du commerce
intérieur
et le conseil de la concurrence dans la mesure où
ils constituent un cadre adéquat pour la
consultation et la concertation entre les
différentes parties concernées par la promotion et
l'organisation du secteur du commerce et ce, en veillant à
l'application des règles de la concurrence et à la
recherche des solutions adéquates pour lever les obstacles en
cas de dysfonctionnement du marché.
1-2 Le marché du travail tunisien
Le problème de l'emploi prend une
acuité particulière dans les économies en
développement, notamment, en période de crise pour ne pas dire
qu'il s'est toujours situé au premier rang des soucis majeurs des
responsables politiques.
Depuis des décennies ce problème est à
l'ordre du jour sans qu'une solution radicale lui soit trouvée. Le
problème de l'emploi se pose et continuera à se poser pour la
Tunisie comme pour tant d'autres pays. Ses origines se trouvent
particulièrement, dans le croit
démographique.344
L'emploi constitue l'un des défis les plus
cruciaux auxquels la Tunisie ait été confrontée
depuis son indépendance ; dix plans successivement
élaborés depuis 1962 en ont fait de l'emploi un enjeu majeur de
développement économique et social. Mais, en dépit des
efforts déployés depuis plus de 40 ans, le chômage continue
de connaître une acuité assez
344 MAHMOUD BESBES, Introduction, Politique de
l'emploi en Tunisie, Actes du séminaire organisé par
l'institut de financement du développement du Maghreb arabe en
collaboration avec l'US-AID, du 13 au 16 juin
1990 à Tunis, p.9.
123
importante rendant ainsi nécessaire la recherche de
stratégie tendant à optimiser le binôme
emploi-croissance.
Depuis 1986, la Tunisie est engagée dans un
plan de stabilisation et d'ajustement structurel (le PAS). Elle a, de
ce fait, mis en oeuvre une politique stimulant l'offre et restreignant
la demande d'emploi. La problématique consiste « à
résoudre de façon de plus
en plus efficace la question du chômage sans remettre en
cause le potentiel de croissance à long terme et les principaux
équilibres internes et externes ».345
Une telle problématique exige une utilisation
plus efficace que par le passé de ressources économiques
de plus en plus rares et l'identification de nouveaux créneaux
porteurs productifs et créateurs d'emplois.
Actuellement, des résultats importants
réalisés au niveau de l'emploi ont eu un impact positif sur
l'amélioration de l'équilibre entre l'offre et la demande
d'emploi tout en préservant un niveau de croissance annuel autour de
5%. Cela a été rendu possible grâce à l'adoption
d'une politique d'emploi conciliant entre l'approche économique, qui
consiste à répondre aux besoins des secteurs productifs en
main-d'oeuvre spécialisée et, l'approche sociale visant la
plus grande couverture possible des demandes d'emplois. Cette politique
correspond à une approche cohérente
concrétisée par la contribution des différents
partenaires sociaux à travers la déclaration nationale
concernant l'emploi issue de la conférence nationale de l'emploi
organisée en juillet 1998.
Cette politique a été articulée plus
précisément sur l'accélération du rythme de
croissance et la consolidation de la capacité de l'économie
à créer des postes d'emplois en stimulant l'investissement
privé et en étendant le réseau de financement des
entreprises et des projets de toutes tailles.
Cette orientation a été consolidée par
l'institution d'une stratégie, visant la mise en place d'un
nouveau système de formation professionnelle faisant de la promotion de
l'emploi
le point de départ et l'objectif final de toutes les
politiques mises en oeuvre. C'est dans ce
345 EZZEDDINE LARBI, La politique nationale
économique et son environnement, Politique de l'emploi en
Tunisie, Actes du séminaire organisé par
l'institut de financement du développement du Maghreb arabe en
collaboration avec l'US-AID, du 13 au 16 juin 1990 à Tunis, p.23.
124
cadre que s'inscrit le développement de
programmes spécifiques de consolidation, d'insertion,
d'amélioration des sources de revenu et d'institution de
nouveaux instruments d'emplois et de requalifications
complémentaires nouvelles. Ces instruments sont censés
améliorer l'employabilité et instituer des mécanismes
de développement des relations de partenariat entre les partenaires
sociaux, les composantes de la société civile, les
fédérations professionnelle, les organismes économiques
et les associations de développement dans le
domaine de la formation professionnelle et de
l'emploi.346
Ces instruments ont été renforcés,
d'une part, par la création en 1997 de la banque tunisienne de
solidarité en vue de consolider le financement des petits et moyens
projets et, d'autre part, par la mise en place du fonds national de l'emploi
institué en 2000 en vue de réaliser l'intégration
économique et sociale.
La politique de l'emploi adoptée jusque là a
permis l'élévation du niveau des créations d'emplois qui a
atteint 322 mille postes d'emploi au cours du IXème plan
contre 280 mille postes d'emploi au cours du VIIIème
plan, permettant ainsi de se rapprocher davantage de
l'équilibre entre l'offre et la demande. En conséquence, le taux
de couverture a atteint 92% lors du IXème plan contre
seulement 89,4 lors du VIIIème plan ce qui a permis de
réduire le taux de chômage à 15% en 2001 après une
période de stagnation aux alentours de 15,6% et
de maîtriser ses retombés sociales plus
particulièrement dans les région de
l'intérieur.347
La période du IXème plan s'est
caractérisée par une amélioration du niveau d'instruction
des travailleurs occupés et des demandeurs d'emplois dans la mesure
où la proportion des chômeurs illettrés est passée
de 24,4% en 1994 à 9,5% en 2001.Cette période a connu aussi
l'amorce d'un changement structurel au niveau des modes d'emploi du
travail salarié au profit du travail indépendant. En
témoigne, la part des patrons et des indépendants a atteint
24,5% de l'ensemble des occupés en 2001 contre 22,8% en
1994.348
Malgré l'importance des réalisations
enregistrées, l'emploi reste un défi fondamental qu'il
importe de relever au cours des années avenir. En effet, la
question de l'emploi doit
346 REPUBLIQUE TUNISIENNE, La politique de
l'emploi, dixième plan de développement 2002-2006, volume I,
p. 87.
347 REPUBLIQUE TUNISIENNE, La politique de
l'emploi, dixième plan de développement 2002-2006, volume I,
p. 88.
125
connaître des défis tant quantitatifs que
qualitatifs en relation avec des pressions connues et
de nouvelles mutations dont on cite principalement :
- la continuation de la pression sur le marché de
l'emploi et l'extension de la frange des jeunes parmi les demandeurs
d'emploi. Ceci résulte de l'impact des facteurs
démographiques qui ont caractérisé les années
soixante-dix et quatre vingt, sans toutefois négliger les effets
de l'accumulation du stock des chômeurs à bas niveau
d'instruction résultant des taux élevés d'abandon du
système d'enseignement au cours des années
précédentes. A cela il y a lieu d'ajouter les difficultés
inhérentes à l'insertion des diplômes du supérieur
qui représentent 7,1% de l'ensemble des chômeurs en 2000 contre
seulement 4,7
% en 1999 ;
- l'accroissement du flux des demandeurs d'emplois qui
devrait atteindre son paroxysme au cours de la période du Xème
plan et le changement structurel de la demande globale d'emploi, qui
découle de l'augmentation des diplômés de l'enseignement
supérieur dont l'effectif moyen par année est estimé
à 46 mille ;
- l'apparition de nouveaux défis au niveau de la
compétitivité, de la productivité
et de la valeur ajoutée va engendrer une
nouvelle répartition sectorielle des besoins en qualification et
plus particulièrement en cadre moyen. L'évolution de la
pyramide des qualifications demandées aura, ainsi un impact
direct sur la nature de l'offre d'emplois à l'avenir ;
- la pression supplémentaire représentée par
un plus grand accès de la femme au
marché de l'emploi découlant de l'augmentation
enregistrée du taux d'activité de la femme qui a atteint 23,8% en
2000 contre 22,9% en 1994.349
Afin de pouvoir relever l'ensemble de ces défis, les
efforts seront orientés au cours du Xème plan vers
l'adoption d'une politique d'emploi cohérente et globale
inspirée des orientations du programme d'avenir qui définit
de façon claire les choix nationaux et les orientations
stratégiques en matière d'emploi et qui figure parmi les
priorité nationale absolues.
Cette politique sera axée principalement sur une
stratégie de développement à forte intensité
d'emploi et ce à travers l'impulsion de l'investissement
privé étant donné son
348 REPUBLIQUE TUNISIENNE, La politique de
l'emploi, dixième plan de développement 2002-2006, volume I,
p. 88.
126
impact direct sur l'emploi, et sur l'amélioration des
compétences des ressources humaines en conformité avec le
développement qualitatif des postes d'emploi, des nouveaux
métiers et des nouveaux modes de travail et activités offertes
par l'économie du savoir.350
1-3 Le marché financier tunisien
1-3-1 Le marché monétaire
La politique monétaire conduite durant le
quinquennat écoulé a contribué à la
réalisation des résultats positifs enregistrés au
niveau de la maîtrise de l'inflation et la préservation
des équilibres financiers et a alloué aux agents
économiques un financement adéquat et saint tout en
préservant le système financier contre des risques
éventuels, sur la base de taux d'intérêt
reflétant à la fois les conditions du marché et
l'adéquation entre les niveaux de la rentabilité et du
risque.
Dans ce cadre, les réformes se sont axées sur la
consolidation de l'aspect qualitatif et quantitatif et indirect des
interventions de la banque centrale au niveau du marché monétaire
tout en apportant davantage de complémentarité avec le
marché financier à travers l'émission des bonds de
trésor assimilables et des bons de trésor de court terme
en permettant à la banque centrale de disposer de ces
outils pour procéder au réglage de la
liquidité interbancaire.
La politique monétaire retenue s'insère
dans le cadre de la poursuite du processus d'approfondissement des
réformes économiques et financières en vue de
consolider la compétitivité de l'économie, renforcer son
ouverture sur l'extérieur et préserver les équilibres
macroéconomiques.
Ainsi, « la conduite de la politique monétaire au
cours de la période à venir sera centrée sur la poursuite
d'une politique prudente axée sur la maîtrise de l'inflation en
tant qu'objectif principal de la politique monétaire et consolidation de
sa contribution à la concrétisation des objectifs
macroéconomiques, l'optimisation des opérations de
financement, l'émergence
349 REPUBLIQUE TUNISIENNE, La politique de
l'emploi, dixième plan de développement 2002-2006, volume I,
p. 89.
350 REPUBLIQUE TUNISIENNE, La politique de
l'emploi, dixième plan de développement 2002-2006,
volume I, p-p.88- 89.
127
d'une tendance des taux d'intérêt et la
consolidation de la complémentarité entre les
différents compartiments du marché des capitaux
».351
La politique monétaire sera axée sur la
maîtrise de l'inflation considérée comme objectif et
ce par le biais des moyens indirects de régulation de
la liquidité et le refinancement des agents
économiques, conformément aux exigences de l'ouverture du
marché en plus de l'introduction davantage de transparence dans la
conduite de la politique monétaire.
Le taux d'intérêt continuera à
être consacré en tant qu'instrument privilégié
dans la mobilisation des ressources et leur affectation
conformément aux conditions du marché ce qui
nécessite l'existence d'une échelle de taux
d'intérêt qui reflète la réalité du
degré de rentabilité et de risque, tout en étant une
référence à la fois pour les investisseurs et pour les
épargnants. Cette démarche suppose l'intensification de
l'utilisation des bons de trésor dans l'orientation des
opérations de régulation de la liquidité.
Concernant la consolidation de la
complémentarité entre les divers compartiments du marché
des capitaux, l'action sera orientée vers l'adéquation entre
ressources et emplois des établissements de crédit et la
mutualisation des risques de financements entre les différents
opérateurs de la place, et ce à travers la dynamisation du
marché interbancaire et l'incitation des agents économiques
à mobiliser les fonds nécessaires, notamment ceux de long
terme,
sur le marché financier.352
1-3-2 Le marché financier tunisien
1-3-2-1 Organisation
La modernisation profonde du marché boursier tunisien
instituée par la loi n° 94-117 du
14 novembre 1994 et accélérée à
partir de 1995, s'est révélée être une
nécessité pour répondre aux besoins de
développement économique du pays, ainsi qu'à l'ouverture
de la Tunisie sur l'extérieur impliquant par conséquent
une structure de marché conforme aux normes
internationales.
351 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Le dixième plan de
développement 2002-2006, volume I, p. 130.
352 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Le dixième plan
de
développement 2002-2006, volume I, p. 131.
128
Cette modernisation a impliqué essentiellement
une réorganisation séparant les fonctions de contrôle
et de gestion et la création d'un dépositaire central et ce, par
la création
de 3 entités indépendantes :
- le Conseil du Marché Financier : CMF ;
- la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis : BVMT ; et
- la Société Interprofessionnelle de
Compensation et de Dépôt des Valeurs
Mobilières STICODEVAM.
a. Le Conseil du Marché Financier : CMF
Le Conseil du Marché Financier (CMF) a pour mission de
veiller sur la protection des épargnants et d'assurer le contrôle
de tous les intervenants sur le marché (intermédiaires en bourse,
sociétés d'investissement, BVMT, et STICODEVAM). C'est un
organisme public doté de la personnalité civile et de
l'autonomie financière chargé de la régulation du
Marché Financier.353
Le Conseil du Marché Financier a sous son
contrôle permanent la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis
-BVMT-, les intermédiaires en Bourse et la Société
Tunisienne Interprofessionnelle de compensation et de dépôt, et de
règlement de titres -STICODEVAM-.
Il assure également la tutelle des Organismes de
Placement Collectif en Valeurs
Mobilières -OPCVM-.
Il est dirigé par un collège composé d'un
président et de neuf membres qui représentent
le pouvoir juridictionnel (3 membres), les autorités et
organismes financiers (3 membres) et d'autres membres choisis en raison de
leur compétence et de leur expertise en matière d'Appel
Public à l'Epargne (3 membres).
Il a pour mission, en tant qu'organisme de
régulation, d'assurer la protection de l'épargne investie
en valeurs mobilières et tout autres produits financiers
placés par Appel Public à l'Epargne et de veiller au bon
fonctionnement des marchés.
Pour réaliser ces missions, le CMF a été
doté par la loi de prérogatives couvrant :
353 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière avec exercices et cas d'application corrigés,
1ère
édition Rajhi, 1998, p-p.142.
129
· Le pouvoir d'édicter des règlements
dans les domaines relevant de sa compétence ;
· Le pouvoir de superviser la bonne application de la
réglementation en vigueur
et le fonctionnement régulier des mécanismes de
marché ;
· Le pouvoir de s'assurer de la transparence de
l'information financière ;
· Le pouvoir de prononcer ou de proposer aux
autorités compétentes les sanctions qui s'imposent en
cas de manquement des opérateurs à leurs
obligations professionnelles ou d'infractions aux lois et règlements en
vigueur.
b. Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis :
BVMT
La Bourse des Valeur Mobilière de Tunis ou BVMT, est une
entreprise privée dont les actionnaires sont les intermédiaires
en Bourse ; elle est chargée de la gestion administrative
et technique du marché des valeurs mobilières.
Les intermédiaires en Bourse sont les
agents chargés de la négociation et de
l'enregistrement des valeurs mobilières à la Bourse. Ils
peuvent également accomplir les opérations en relation avec
cette activité tels que le conseil et le démarchage
financier, la gestion individuelle ou collective de valeurs mobilières,
le placement de valeurs mobilières dans le public à
l'occasion d'opérations d'émission ou d'offre publiques et
la garantie de
bonne fin d'émissions de titres ainsi que la contrepartie
et la tenue de marché.354
Les intermédiaires en Bourse sont agrées par le
Conseil du Marché Financier. Ils sont regroupés dans une
association chargée de la défense de leurs intérêts
collectifs dénommée
"Association des Intermédiaires en Bourse" (AIB).
Les fonctions de la BVMT sont les suivantes :
1. organiser l'administration et le fonctionnement de la
Bourse en assurant la sécurité matérielle et juridique
des opérations ;
2. instruire les candidatures d'admission et
d'introduction à la Bourse et se prononcer sur la radiation des
produits financiers de la cote de la Bourse, sauf opposition du CMF ;
354 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière avec exercices et cas d'application corrigés,
1ère
édition Rajhi, 1998, p-p.143-144.
130
3. enregistrer les transactions effectuées et les cours
établis sur le marché ;
4. initier la suspension du marché ou de la transaction
d'une valeur particulière dans le cas d'une difficulté technique,
de défaut de divulgation ou de variation inhabituelle des cours ;
5. publier les informations relatives aux transactions, cours,
avis et communiqués dont la publicité est exigé par les
lois et règlements ;
6. s'assurer que les opérations boursières
se déroulent conformément aux conditions
réglementaires ;
7. préparer les règlements de parquet et les
soumettre à l'approbation du CMF ;
8. gérer le Fonds de Garantie du Marché ;
9. et fournir avis et propositions au CMF sur les
questions ayant trait au développement du marché.
Il est à signaler que les transactions
effectuées sur les valeurs mobilières doivent
obligatoirement passer par la Bourse. Ainsi, pour les valeurs
mobilières émises par les sociétés faisant Appel
Public à l'Epargne les transactions effectuées sur ces valeurs
doivent faire l'objet de négociation à la Bourse ; quant aux
valeurs mobilières émises par les sociétés
fermées, elles font l'objet d'enregistrement.
A partir du 25 Octobre 1996, les négociations à
la Bourse s'effectuent sur le Nouveau Système de Cotation Electronique,
conçu conformément aux standards internationaux. Sur ce
système, les valeurs mobilières sont négociées en
continue ou au Fixing.
Ainsi, avant l'ouverture de la séance pendant
une période dite de pré-ouverture, les ordres peuvent
être introduits dans le système de cotation sans engendrer de
transactions. A l'heure d'ouverture, il est procédé
pour chaque valeur à la confrontation des ordres
préalablement introduits et, si cette confrontation des ordres
préalablement introduits et, si cette confrontation le permet à
la cotation d'un cours d'ouverture. A cet instant, il n'est plus possible de
saisir, de modifier ni d'annuler les ordres préalablement saisis.
131
· Pour les valeurs négociées au
fixing, il est procédé à la confrontation des
ordres, comme ci-dessus décrit une ou plusieurs fois par séance
de Bourse. Toutes les valeurs qui ne sont pas négociées en
continu sont négociées au fixing.
· Pour les valeurs négociées en continu et
après la cotation du cours d'ouverture
et jusqu'à la clôture de la séance, les
ordres sont exécutables en continu selon le principe du premier
entrée/premier servi.
Par ailleurs, parallèlement au démarrage de
la cotation électronique, il a été crée un
Fonds de Garantie Marché qui assure la bonne fin des
transactions réalisées par les intermédiaires en
Bourse.
c. La Société Tunisienne
Interprofessionnelle de Compensation et de Dépôt des
Valeurs Mobilières : STICODEVAM
La STICODEVAM a été créée, au
mois de décembre 1993 par les intermédiaires en Bourse
et les banques dans le but d'instaurer un système de
compensation et de dépôt assurant :
· le bon dénouement des transactions
réalisées en Bourse par la mise en place d'un système
comptable des titres permettant le transfert de leur
propriété par une compensation scripturale inter-comptes ;
· la réduction des coûts et les risques
résultant du traitement manuel des titres;
· la simultanéité de paiement et de la cession
des valeurs mobilières. Son rôle est appelé à se
développer avec la dématérialisation des titres.
1-3-2-2 Les instruments du marché
a. La promulgation d'un cadre juridique pour les
sociétés d'investissement
Dans le but de renforcer les fonds propres des entreprises et
de dynamiser le Marché Financier, un cadre juridique a
été mis en oeuvre pour chaque type de
société d'investissement. On distingue trois
catégories de sociétés d'investissement qui ont
été introduites :
132
Sociétés d'Investissement à Capital
Variable (SICAV) dont l'objet est la gestion collective d'un
portefeuille en valeurs mobilières par l'acquisition des actions
de sociétés cotées en Bourse et la souscription aux
emprunts obligataires. Cette catégorie de sociétés
comprend 23 SICAV en activité qui gèrent 1106 MD (Millions de
Dinars) fin 1999.355
Sociétés d'Investissement à Capital Fixe
(SICAF) dont le but est notamment la prise de participation dans le capital
des entreprises existantes ou en création. Ces
sociétés sont au nombre de 86 SICAF actuellement en
activité et gèrent des ressources de 479 MD à fin 1999.
Sociétés d'Investissement à Capital
Risque (SICAR) dont l'objet est de renforcer les fonds propres des
petites et moyennes entreprises et des entreprises installées dans les
zones
de développement régional ainsi que les entreprises
qui font l'objet de mise à niveau. Depuis
la promulgation de la loi relative à cette
catégorie de sociétés à fin 1999, 22 SICAR sont en
activité et gèrent des ressources qui s'élèvent
à 157 MD.356
Les sociétés d'investissement sont
agréées par le Ministre des Finances sur avis du
Conseil du Marché Financier et de la Banque Centrale de
Tunisie.
Les dossiers d'agrément doivent comporter :
- une demande présentée par le fondateur ;
- le projet des statuts de la société à
créer ;
- les fiches signalétiques des fondateurs ;
- la liste des actionnaires ayant plus de 5% du capital ;
- les états financiers des trois derniers exercices pour
les personnes morales.
Pour les SICAV, le dossier d'agrément doit comporter en
outre :
- le règlement intérieur ;
- la convention dépositaire ;
- la convention gestionnaire, le cas échéant.
355 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière avec exercices et cas d'application corrigés,
1ère
édition Rajhi, 1998, p.129.
356 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière avec exercices et cas d'application corrigés,
1ère
édition Rajhi, 1998, p-p.128-129.
133
b. Les nouveaux instruments financiers
Les nouveaux instruments financiers ont été mis en
place afin d'assurer la consolidation des fonds propres de l'entreprise sans en
perdre le contrôle. Il s'agit des :
- Actions à dividendes prioritaires sans droit
de vote : sont aussi des valeurs
mobilières qui ne peuvent être émises par
une société que si celle-ci a réalisé des
bénéfices durant les 3 derniers exercices ou si elle
présente aux porteurs de ces actions une garantie bancaire assurant le
paiement du dividende minimum qui ne peut être inférieur ni
à 7 % de la fraction qu'ils ont libérée du capital, ni au
premier dividende au cas où il est prévu. Par les statuts de la
société. Elles ne peuvent représenter plus du tiers du
capital social. Le dividende prioritaire est prélevé sur le
bénéfice distribuable avant toute autre affectation ;
- Certificats d'investissement sans droit de vote
qui représentent les droits pécuniaires attachés
à l'action. Ils sont dits privilégiés lorsqu'un dividende
prioritaire leur est accordé. Ils ne peuvent représenter plus du
tiers du capital social. Si leur création est cumulée avec la
création d'actions à dividendes prioritaires et en tout
état de cause, le cumul des deux catégories de titres ne peut
dépasser 49 % du capital social de la société ;
- Titres participatifs : ce sont des valeurs
mobilières négociables, dont la
rémunération est fixée par le
prospectus d'émission et doit comporter obligatoirement une partie
fixe et une autre variable. Ils ne sont remboursables qu'en cas de
liquidation de la société émettrice ou à son
initiative à l'expiration d'un délai qui ne peut être
inférieur à 7 ans ;
- Emprunts obligataires convertibles en actions pour
lesquels la conversion ne
peut avoir lieu qu'au gré des porteurs et
seulement dans les conditions et sur la base de conversion fixée
par le contrat d'émission des obligations.
c. L'ouverture de la place de Tunis sur
l'extérieur
Dans ce cadre, les étrangers ont
été autorisés à acquérir librement sur
le marché secondaire des titres de capital d'entreprises
tunisiennes, admises ou non à la cote de la Bourse, dans la
limite de 50% ; sachant que les étrangers peuvent transférer
librement leurs capitaux et les bénéfices y afférents.
134
d. Le renforcement de l'activité du Marché
Financier
La loi n°99-92 a accordé des incitations fiscales en
vue de stimuler l'offre et de relancer
et rationaliser la demande sur le marché boursier :
Stimulation de l'offre et ce, en incitant les entreprises
à s'introduire en Bourse en leur accordant un avantage fiscal qui
se traduit par une réduction du taux de l'impôt sur les
sociétés de 35 à 20% de leurs
bénéfices imposables et ce, pour une période de 5
ans à condition que le taux d'ouverture du capital au public soit
égal au moins à 30%. Cet avantage
est accordé aussi aux sociétés de la cote
qui ouvrent une partie additionnelle de leur capital
au moins égale à 20% sans que le taux d'ouverture
global ne soit inférieur à 30%.
Renforcement de la demande par :
- L'institution d'un nouveau dispositif d'encouragement à
l'épargne investie en actions admises à la cote de la
Bourse par la création du Compte d'Epargne en Actions
(CEA). Le titulaire de ce compte bénéficie
d'une déduction de son revenu imposable à concurrence de
50% de la somme investie, sans que le montant déductible ne
dépasse 5000 dinars par an et à condition de bloquer les titres
et les fonds pour une période de 5 ans ;
- L'opportunité donnée aux personnes morales de
constituer des provisions en
franchise d'impôt au titre de la dépréciation
de la valeur des actions cotées en Bourse ;
- L'assouplissement des règles d'intervention des
sociétés cotées sur leurs propres titres pour
réguler les cours (déléguer au Conseil
d'Administration la fixation des conditions d'intervention de
l'Assemblée Générale Ordinaire pendant une période
de 3 ans au lieu d'une seule année).
1-3-2-3 Les perspectives à venir en matière
de renforcement du marché financier tunisien
Les réformes ayant porté sur le
marché financier ont consisté principalement en la
poursuite des efforts visant la création d'un marché
financier moderne et de réunir les conditions propices afin
d'inciter les entreprises à s'orienter vers la bourse et de dynamiser
les transactions sur les valeurs mobilières.
135
Ainsi le cadre législatif et réglementaires
du marché financier a été achevé, et le
contrôle sur les transactions renforcé en plus
de l'instauration d'un système de cotation électronique,
l'inscription des valeurs mobilières et des titres auprès de la
STICODEVAM et
la création du fonds de garantie des transactions.
Des incitations fiscales substantielles ont
été décidées en vue de garantir la
mobilisation de l'épargne ainsi que son orientation vers le
marché financier :
- en encourageant les entreprises à ouvrir leurs capitaux
au public et à faire coter leurs actions en bourse ;
- en renforçant l'ouverture de la bourse aux investisseurs
étrangers ;
- en créant des comptes d'épargne en action,
etc.
Le marché financier joue un rôle de premier plan
dans le processus d'optimisation du financement de l'économie au
regard d'une part, des potentialités de mobilisations de
l'épargne, et d'autre part, de l'importance du financement
direct dans la rationalisation de l'endettement des entreprises et la
maîtrise de la répartition des risques entre les
différentes composantes du secteur financier.
Ainsi, « les principales orientations du Xème plan en
la matière sont les suivantes :
- l'accélération du rythme des introductions
en bourse et la dynamisation des transactions ;
- la promotion du marché obligataire ;
- l'impulsion de l'activité des placements collectifs
».357
Les efforts seront centrés sur
l'accélération du rythme des introductions et la
dynamisation des transactions sur le marché financier, en incitant les
entreprises notamment celles à fortes capacités
financières à opter pour l'ouverture de leurs capitaux au public
et à exploiter les avantages fiscaux accordés, dans l'objectif
d'augmenter le rendement du marché
et d'améliorer la qualité des valeurs
mobilières échangées.
357 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Le dixième plan de
développement 2002-2006, volume I, p. 135.
136
La promotion du secteur financier s'appuiera également sur
la création d'instruments et
de modalités techniques adéquates susceptibles
d'améliorer les conditions d'émission en vue
de permettre aux agents économiques, d'affecter
convenablement leur épargne ou de mobiliser les fonds
appropriés à la mise en oeuvre de leurs projets, tout
en garantissant la liquidité nécessaire des valeurs
mobilières échangées, ce qui en entraînera une
amélioration notable des valeurs mobilières
échangées et des résultats du marché financier en
général, et garantira un meilleur positionnement de la
place financière au sein des marchés financiers
émergents en particulier.
Simultanément, « l'intérêt serait
porté aussi sur la dynamisation du marché obligataire,
eu égard aux importantes potentialités qu'il
recèle en matière de mobilisation de l'épargne à
moyen et long terme ce qui permettra d'une part, d'offrir au trésor un
financement adéquat et stable et d'autre part, de mobiliser les fonds
nécessaires en vue de subvenir aux besoins des établissements de
crédit et des unités de production, favorisant par
conséquent l'adéquation entre les emploi et les ressources
».358
Une telle démarche suppose notamment l'optimisation des
émission des bons de trésor
en assurant la meilleure répartition au
cours de l'année avec diversification des
caractéristiques propres à chaque émission en vue de
renforcer la complémentarité entre le marché
monétaire et le marché financier et d'aboutir à
une structure par terme des taux d'intérêt.
L'activité des placements collectifs dans les
valeurs mobilières connaîtra une forte impulsion au cours de
la prochaine période notamment après l'entrée en vigueur
du code des établissements de placement collectifs qui a
révisé les conditions de placement des SICAV et des fonds de
placement collectifs en plus de la création des fonds communs de
créances.
En plus de l'activation de ces instruments, les efforts
porteront aussi sur la création de nouveaux produits financiers afin
de répondre convenablement à la demande tout en
consolidant en conséquence le rôle du marché financier au
sein de l'économie nationale.
358 REPUBLIQUE TUNISIENNE, Les politiques
économiques et financières, Le dixième plan de
développement 2002-2006, volume I, p. 135.
137
Paragraphe 2 : La réglementation des
sociétés commerciales
tunisiennes
L'indépendance de la Tunisie en 1956, a
consacré son affranchissement du système colonial
français et de sa multiplicité législative. En
matière de droit, les réglementations ont
été unifiées. Les textes fondamentaux
d'avant 1956 ont été abrogés et remplacés
par de nouveaux textes plus adaptés aux réalités du cadre
socio-économique et culturel tunisien. Ce pendant, le droit tunisien
été largement inspiré par la réglementation
française, tant dans son contenu que dans ses grandes divisions (public
et privé) et dans ses structures.
Actuellement, l'évolution de la
société et des exigences internationales a conduit la
réglementation tunisienne vers des aspects nationaux et mondiaux
refusant toute forme d'alignement au droit français et respectant plus
le contexte socio-économique tunisien et les enjeux de
l'internationalisation des marchés. Dans ce qui suit, nous
allons essayer de présenter le cadre juridique régissant les
sociétés commerciales et les affaires en Tunisie.
La loi n°2000-93 du 3 novembre 2000, avait
promulguée le code des sociétés commerciales ; ce code
comprend 460 articles contenus dans cinq livres. Il s'agit :
- livre premier : des dispositions communes aux
différentes formes de société ;
- livre deux : les sociétés de personnes ;
- livre trois : les sociétés à
responsabilité limitée ;
- livre quatre : des sociétés par actions ; et
- livre cinq : des fusions, scissions, transformations et
groupements de sociétés.
Le code des sociétés commerciales a pris le
relais du code de commerce en matière de réglementation des
dispositions légales régissant les sociétés
tunisiennes. Trois formes juridiques caractérisent les
sociétés commerciales tunisiennes, il s'agit :
- des sociétés de personnes (article 54
jusqu'à l'article 89) ;
- des sociétés à responsabilité
limitée (article 90 jusqu'à l'article 159) ; et
- des sociétés par actions (article 160
jusqu'à l'article 407).
Les sociétés de personnes sont soient des
sociétés en nom collectif, soient des sociétés
en commandite simple, ou tout simplement des
sociétés en participation.
138
La société en nom collectif est «
constituée entre deux ou plusieurs personnes qui sont
responsables personnellement et solidairement du passif
social. Elle exerce son activité sous une raison sociale qui se
compose du nom de tous les associés ou du nom de l'un ou de
quelques-uns d'entre eux suivis des mots `` et compagnie''
».359
Les associés de la société en nom
collectif sont tenus solidairement sur leurs biens propres.
L'associé ne peut céder sa part d'intérêt
à un tiers sauf avec le consentement unanime des autres
associés, ou bien, la permission d'une telle démarche
dans l'acte constitutif de la société.
La gestion de la société est un droit
pour tous les associés, exception portée sur les statuts.
La nomination de(s) gérant(s) est, soit prévue par les statuts,
soit effectuée à la suite d'une décision unanime de la
part des associés. La gérance peut être
assurée par une ou plusieurs personnes non associées. La
révocation du gérant se fait dans les mêmes conditions
suivant lesquelles il a été nommé.
Les associés non gérants « ont le droit de
prendre connaissance deux fois par ans, au siège de la
société, des documents comptables. Ils ont également
le droit de poser des questions écrites sur la gestion sociale. Les
réponses à ces questions doivent être faites par
écrit dans un délai ne dépassant pas un mois
».360
La société en commandite simple « comprend
deux associés au moins et qui sont les commandités lesquels sont
tenus, personnellement et solidairement des dettes sociales et de deux
associés au moins, les commanditaires, qui ne sont tenus
qu'à concurrence de leur apports ».361
359 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux
: Les sociétés de personnes, Titre premier : La
société en nom collectif, article 54, Publications de
l'imprimerie officielle de la république tunisienne, 2001, p.
19.
360 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux
: Les sociétés de personnes, Titre premier : La
société en nom collectif, article 64, Publications de
l'imprimerie officielle de la république tunisienne, 2001, p.
21.
361 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux : Les
sociétés de personnes, Titre deux : La société
en commandite simple, article 67, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p.
22.
139
Les associés commandités sont régis par
les mêmes règles soumises aux associés dans une
société en nom collectif. Contrairement, les
associés commanditaires sont régis par le régime
juridique applicable aux associés d'une société à
responsabilité limitée.
La société en commandite simple est «
désignée par une raison sociale qui comprend
les noms des commandités suivis ou
précédés des mots ``société en commandite
simple''. La raison sociale ne doit pas comporter le nom des associés
commanditaires ».362
L'associé commanditaire ne peut s'immiscer dans la
gestion de la société même en vertu d'une procuration.
Ne constituent pas des « actes d'immixtions dans l'administration et
la gestion externe de la société, le
contrôle des actes des gérants, les avis et les consultations qui
leur sont dispensés ainsi que l'autorisation qui leur est donnée
pour l'accomplissement d'actes qui dépassent la limite de leur pouvoirs
».363
La réunion d'une assemblée de tous les
associés est effectuée sur demande, soit d'un commandité,
soit du quart en nombre et en capital des commanditaires. Comme pour
les sociétés en nom collectif, les gérants sont
tenus de répondre par écrit aux questions manuscrites par
les commanditaires, se rapportant à la gestion de la
société. Ils peuvent également prendre connaissance au
siège social de tous les documents et pièces comptables deux fois
par an.
La société en participation « est un
contrat par lequel les sociétés déterminent librement
leurs droits et obligations réciproques, et fixent leur contributions
aux pertes et leurs parts dans les bénéfices et dans
l'économie qui pourraient en résulter ».364
Contrairement à la société en nom
collectif et à la société en commandite simple, la
société en participation n'a pas la personnalité morale et
n'est soumise ni à l'immatriculation
ni à aucune forme de publicité. Par
conséquent, les tiers n'ont de relation juridique qu'avec
l'associé avec lequel ils ont contracté.
362CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux : Les
sociétés de personnes, Titre deux : La société
en commandite simple, article 69, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p- p.22-23.
363 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux : Les
sociétés de personnes, Titre deux : La société
en commandite simple, article71, Alinéa 3, Publications de
l'imprimerie officielle de la république tunisienne,
2001, p. 23.
140
Les actes, opérations et contrats que conclu chaque
associé doivent faire l'objet d'une information de tous les autres
associés, dans un délai ne dépassant pas les trois
mois à compter de la date de leur conclusion.
En cas de cessation d'activité, les associés sont
tenus d'élaborer les comptes définitifs
de la société et procéder au partage des
bénéfices (ou la répartition des pertes) et des biens
sociaux.
La société à responsabilité
limitée (SARL) « est constituée entre deux ou
plusieurs personnes qui ne supportent les pertes que jusqu'à
concurrence de leurs apports ».365
Cependant, la société à
responsabilité limitée peut être constituée par
une seule personne physique ; dés lors, elle sera
dénommée ``société unipersonnelle à
responsabilité limitée''
(SUARL).
La dénomination sociale peut comprendre les noms de
certains associés ou de l'un d'eux ; elle doit être
précédée ou suivie immédiatement par la
mention ``SARL'' ou
``SUARL'' et de l'énonciation du capital social.
Contrairement à la société de personne, le
code des sociétés commerciales attribut un montant minimum en
dessous duquel la SARL ne peut être constituée (cinq mille dinars
pour
les entreprises de presse et dix mille dinars pour les
autres). Le capital social est divisé en parts sociales dont le montant
ne peut être en dessous de cinq dinars. Par ailleurs, le nombre des
associés d'une SARL ne peut dépasser les 50 personnes.
Des fois la loi impose aux entreprises, suivant
l'activité, la soumission à une certaine forme juridique
particulière. C'est dans cette optique que les
sociétés d'assurance, les banques, les autres institutions
financières et les établissements de crédit ne peuvent
prendre
la forme d'une SARL.
364 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre deux : Les
sociétés de personnes, Titre trois : La société
en participation, article 77, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p.25.
365 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre trois
: Les sociétés à responsabilité
limitée, Titre premier : Dispositions générales, article
90, Publications de l'imprimerie officielle de la république
tunisienne,
2001, p.29.
141
Comme pour la société en nom collectif, le(s)
gérant(s) peut être désigné parmi des tiers pour un
mandat, standard, de trois ans renouvelables. Le gérant est tenu
responsable de la société devant les tiers et les
juridictions.
Les conventions établies, directement ou indirectement,
entre la société et son gérant associés ainsi que
celles établies entre la société et l'un de ses
associés devra faire l'objet d'un rapport présenté
à l'assemblée générale soit par le gérant,
soit par le commissaire aux comptes, pour vote. En cas de SUARL la
convention conclue doit faire l'objet d'un document joint aux comptes
annuels.
Les gérants sont responsables individuellement ou
solidairement, selon le cas, envers la société ou envers les
tiers, soit des infractions aux dispositions légales applicables
aux SARL, soit des violations des statuts, soit des fautes de gestion.
La nomination d'au moins d'un commissaire aux comptes par
l'assemblé générale est obligatoire pour toute SARL ayant
un capital social d'au moins 20000 dinars. Par ailleurs, le ministère
des finances peut fixer, par arrêté, un montant minimum de revenu,
réalisé durant trois exercices comptables, et suivant lequel
la toute société commerciale est amenées à
désigner un commissaire aux comptes.
Parallèlement, sur une demande d'associés
représentant au moins le dixième du capital social, la nomination
d'un commissaire aux comptes doit être exigée. Les commissaires
aux comptes sont désignés pour une période de trois
ans. Le commissaire aux comptes peut convoquer l'assemblée
générale en cas de nécessité survenue dans
l'exercice de son métier.
L'assemblée générale ordinaire annuelle,
ayant pour objet l'approbation des comptes
de gestion doit être tenue dans le délai de trois
mois à compter de la clôture de l'exercice. Les documents
suivants doivent être communiqués aux associés par
lettre recommandée avec accusé de réception :
- le rapport de gestion ;
- l'inventaire des biens de la société ;
- les comptes annuels ;
- le texte des résolutions proposées ; et
- le rapport du commissaire aux comptes.
142
L'élaboration de l'inventaire au moins une fois par
exercice, du bilan et du rapport de gestion et la convocation de
l'assemblée des associés au moins une fois par an sont
à la responsabilité des gérants, à défaut
desquels ils seront punis par une amende de 500 à 5000 dinars.
Les sociétés par actions comprennent les
sociétés anonymes, les sociétés en
commandite par action et les sociétés à capital
variable.
La société anonyme « est une
société par actions dotée de la personnalité
morale constituée par sept actionnaires au moins qui ne sont tenus
qu'à concurrence de leurs apports.
La société anonyme est
désignée par une dénomination sociale
précédée ou suivie de la forme de la
société et du montant du capital social. Cette
dénomination doit être différente de celle de toute
société préexistante ».366
Comme pour la SARL, le capital social d'une
société anonyme ne doit pas être en dessous des
50000, dans le cas ou la société fait appel public
à l'épargne, ce montant est ramené à 150000
dinars. Le capital social doit être divisé en actions dont le
nominal ne peut être inférieur à cinq dinars.
La société anonyme est dirigée par un
conseil d'administration (entre 3 et 12 membres)
ou par un directoire et un conseil de surveillance. Les
membres du conseil d'administration sont nommés par
l'assemblée générale constitutive ou par
l'assemblée générale ordinaire pour une durée ne
dépassant pas les trois ans. Les membres du conseil d'administration ne
sont pas obligatoirement des actionnaires de la société
anonyme. Il est possible également qu'un représentant d'une
personne morale siège au conseil d'administration.
A la clôture de chaque exercice, le
conseil d'administration « établit, sous sa
responsabilité, les états financiers de la
société conformément à la loi relative au
système comptable des entreprises. Le conseil d'administration
doit annexer au bilan un état des cautionnements, avals et
garanties données par la société, et un état des
sûretés consenties par elle. Il doit, conjointement aux documents
comptables, présenter à l'assemblée générale
un
366 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre quatre
: Des sociétés par actions, Titre premier : Des
sociétés anonymes, article 160, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p.53.
143
rapport annuel détaillé sur la gestion de la
société. Le rapport annuel détaillé doit
être communiqué au commissaire aux comptes
».367
La nomination du président directeur général
est attribuée au conseil d'administration,
ce dernier doit être une personne physique,
associé et membre du conseil et peut être renommé
pour au maximum trois mandats. Le conseil d'administration fixe la
rémunération
du président directeur général et peut le
révoquer à tout moment.
Le président du conseil d'administration «
assure, sous sa responsabilité, la direction générale
de la société. Il représente la société dans
ses rapports avec les tiers ».368 Il peut être
assisté par un ou plusieurs directeurs généraux
adjoints, ces derniers sont nommés par le conseil
d'administration, sur proposition du président. Le président du
conseil d'administration propose l'ordre du jour du conseil, le
convoque, préside ses réunions et veille à la
réalisation des options arrêtées par le conseil.
Le conseil d'administration désigne pour une
durée déterminée le directeur général,
personne physique, de la société qui peut être un
membre du conseil d'administration. Ce dernier assure sous sa
responsabilité la direction générale de la
société et peut être assisté par
un ou plusieurs directeurs généraux adjoints.
Outre ce mode d'administration, la société anonyme
peut être dirigée par un directoire
(cinq membres physiques au maximum et entre une et
cinq personnes physiques pour les sociétés ayant un capital
social en dessous des 10000 dinars) sous le contrôle d'un conseil de
surveillance (entre trois et douze membres associés au plus). Le conseil
de surveillance est le seul responsable de la nomination des membres du
directoire, associés ou non, et du président pour une
durée n'excédant pas les six ans, il est
également, responsable de la fixation de leurs
rémunérations. Le conseil de surveillance est nommé
par l'assemblée générale constitutive, par
l'assemblée générale ordinaire ou par
l'assemblée générale extraordinaire en cas de fusion ou
de scission, pour une durée n'excédant pas les trois ans
rééligibles. Le conseil de surveillance de la
société anonyme peut contenir un représentant d'une
personne morale.
367 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre quatre
: Des sociétés par actions, Titre premier : Des
sociétés anonymes, article 201, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p.69.
144
Le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de
la gestion de la société par
le directoire. Il peut se procurer à n'importe quel
moment des documents qu'il estime utile à l'accomplissement de sa
tâche. Le directoire est tenu de présenter, au moins une
fois par trimestre, un rapport au conseil de surveillance. Dans un
délai de trois mois à partir de la clôture de
l'exercice, le directoire est amené à présenter au conseil
de surveillance, aux fins
de vérification, de contrôle et d'information de
l'assemblée générale, son rapport de gestion
sur les comptes de l'exercice. Le conseil de surveillance
est présidé par une personne physique et un vice
président nommés par celui-ci.
L'assemblée générale des actionnaires
doit nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes pour une période de
trois ans renouvelables. Le commissaire aux comptes vérifie les livres,
la caisse, le portefeuille et les biens de la société. Il
contrôle également, la régularité et
la sincérité des inventaires, des comptes, ainsi
que l'exactitude des informations données sur
les comptes de la société dans le rapport du
conseil d'administration ou du directoire. Toute fois, il est interdit aux
commissaires aux comptes de s'immiscer dans la gestion de
l'entreprise.
Les commissaires aux comptes sont tenus de
présenter leur rapport dans le mois qui suit la communication qui
leur est faite des états financiers de la société. Ils
doivent déclarer expressément dans leur rapport qu'ils ont
effectué un contrôle détaillé et qu'ils approuvent
expressément ou sous réserve les comptes ou qu'ils les
désapprouvent. Ils sont tenus également de signaler à
l'assemblée générale les irrégularités et
les inexactitudes relevées par eux au cours de l'accomplissement de leur
mission. Par ailleurs, ils sont amenés à révéler au
procureur de la république les faits délictueux dont ils
ont eu connaissance sans que leur responsabilité puisse être
engagée pour révélation de secret professionnel.
La société en commandite par actions est
« une société dont le capital est divisé en
actions. Elle est constituée par contrat entre deux ou
plusieurs commandités et des commanditaires. Les commanditaires
ont seuls la qualité d'actionnaires et ne supportent les pertes
qu'à concurrence de leurs apports. Le nombre des commanditaires
ne peut être
368 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre quatre
: Des sociétés par actions, Titre premier : Des
sociétés anonymes, article 211, Publications de l'imprimerie
officielle de la république tunisienne, 2001, p.71.
145
inférieur à trois. Les commandités ont la
qualité de commerçant et répondent indéfiniment et
solidairement des dettes sociales ».369
La plupart de la réglementation applicable aux
sociétés anonymes est soumise aux sociétés en
commandite par actions. La société en commandite par actions ne
peut naître en dessous d'un capital social de 50000 dinars.
La société en commandite par actions est
administrée par un ou plusieurs gérants qui sont
désignés par l'assemblée générale
ordinaire avec l'accord de tous les associés
commandités.
Un conseil de surveillance est également
désigné par l'assemblée générale (comportant
des commanditaires détenant au moins la moitié du
capital social), ce conseil doit comprendre au moins trois actionnaires
non commandités.
Toutes les décisions des assemblées
générales à l'exception de celle relatives à
l'approbation de la gestion et à la nomination des membres du
conseil de surveillance, nécessite l'approbation des associées
commanditées.
Le conseil de surveillance est chargé du contrôle de
la gestion de l'entreprise. Il dispose
à cet effet des même pouvoirs que les
commissaires aux comptes et établi un rapport annuelle pour
l'assemblée générale annuel dans lequel il signale
les irrégularités et inexactitudes relevées dans les
comptes annuels.
Les sociétés à capital variable sont
soient des sociétés anonymes soient des sociétés en
commandite par actions, à condition qu'il soit stipulé
dans les statuts leur aptitude à augmenter ou à diminuer le
capital social de l'entreprise. Le capital initial ne peut pas être
supérieur à 10000 dinars et l'augmentation de capital ne pourra
pas excéder les 10000 dinars.
369 CODE DES SOCIETES COMMERCIALES, Livre
quatre : Des sociétés par actions, Titre Deux : Des
sociétés en commandite par actions, article 390,
Publications de l'imprimerie officielle de la république
tunisienne, 2001, p.126.
146
Paragraphe 3 : Le référentiel sociologique
tunisien
Chaque culture possède une configuration
symbolique particulière qui aide à comprendre les
conduites, les comportements et la fonction des institutions qui composent la
société. Les moeurs, les croyances, la langue et autres
éléments constitutifs du patrimoine d'un peuple sont la
concrétisation de faits de civilisation et témoignent de
l'existence de représentations et d'attitudes spécifiques.
Dans cette perspective l'effet sociétal et les faits de
culture sont plus que de simples évènements historiques ayant
contribué à former la structure d'une société
mais aussi l'ensemble des convictions des traditions et des échelles
de valeurs qui y sont en honneur.
Il existe en Tunisie un fond collectif d'idées et de
croyances qui inspirent les conduites individuelles. La pérennité
de certaines attitudes et de certains comportements laisse croire que le fait
arabo-musulman est déterminant.
Si la personnalité de base du tunisien est
continuellement absorbée par les problèmes d'identité et
d'être, le mental quant à lui, évolue dans un univers
double celui de l'intimité avec les valeurs arabo-musulmane
considérées comme essentielles, absolues et idéales,
et celui d'un vécu divers et changeant au gré des pressions
conjoncturelles et des rapports entre cultures.
L'islam, loin d'avoir démobilisé les initiatives et
freiné les élans a au contraire, favorisé
le développement de pratiques économiques
spécifiques.
La société tunisienne a pu refuser par la suite,
notamment du temps de la colonisation française, un alignement
systématique sur des modes d'organisation de la vie sociale en
totale dissonance avec des croyances et des valeurs propres.
En effet, malgré le peu de moyen consacrés
à l'élément humain, les rapports sociaux noués
dans le cadre du travail se présentent dans certaines
entreprises comme une quête continue d'un phénomène
caractéristique de la société tunisienne à savoir
l'intense sentiment
de filiation à une communauté.
147
Les entreprises tunisiennes dans leur structuration dans les
figures d'autorité qu'elles secrètent semblent répondre
à la tendance à la conformité assez manifestée au
niveau de la société globale. Le phénomène
d'identification aux chefs n'est ainsi qu'une reconstitution sur
les lieux de travail de la structure de la famille.
L'effet sociétal se présente comme un ensemble de
sentiments et de valeurs ambiantes rattachées à des
représentations ancestrales et encore opérantes d'identité
et d'être.
La modernité assimilée à
l'industrialisation et au développement économique devient une
valeur inconditionnelle dictée par la nécessité de
rattraper les retards pris sur les pays occidentaux et en même temps
une valeur permettant de distinguer ceux qui se sont adaptés aux
nouvelles données de l'environnement et ceux qui sont restés
rattachés à une conception passéiste de sa vie sociale.
L'analyse de l'évolution des rapports sociaux
à travers le mode d'organisation du travail et de
l'économie et à travers le cheminement politique et
culturel des formations sociales tunisiennes montre que le passage
d'une économie d'autosubsistance à une économie
de marché, l'acculturation de certains groupes sociaux, les
options prises en matière de développement constituent
des changements ayant affecté la structuration traditionnelle
de la société.
La société actuelle vit une gestation, la
division du travail au niveau global est devenue plus complexe et plus
organique. L'urbanisation et l'industrialisation ont accentué les
clivages entre les différentes classes sociales. La
délocalisation des structures familiales traditionnelles, la crise
du système de parenté, la libéralisation des moeurs
constituent des changements notoires.
SECTION II : LA COMPTABILITE TUNISIENNE
Paragraphe 1 : Le plan comptable de 1967
La comptabilité est l'art et la manière de
transformer les faits économiques en éléments mesurables
permettant la mémorisation de l'activité des entreprises.
Elle est l'instrument
148
privilégié pour rendre les comptes aux
différents stakholders de l'entreprise pour une fin de prise de
décision.
Conscient de l'importance d'un tel instrument, la Tunisie
s'est dotée en 1967, d'un plan comptable régissant,
principalement, les entreprises commerciales. Cette nomenclature des
comptes était la solution adoptée par le normalisateur tunisien
pour résoudre l'ensemble des problèmes comptables qui rencontre
l'entreprise tunisienne dans sa gestion courante.
L'origine du plan comptable tunisien remonte à des
circonstances historiques liées à la colonisation
française. Historiquement, les plans comptables se sont
développés vers la fin du XIXème siècle
sous l'impulsion de trois principaux facteurs : «
- le développement des marchés
financiers qui entraîne le besoin d'une meilleure
comparabilité des performances des entreprises,
particulièrement en temps de crise ;
- l'accélération de la concentration des
entreprises et l'expansion des groupes
industriels, qui favorisent une réflexion sur des
plans comptables communs à plusieurs entreprises ;
- l'explosion de la pensée scientifique sur la
normalisation : normalisation des pièces usinées d'abord, qui
débouche ensuite sur la normalisation des comptabilités
».370
Le plan comptable de 1967, a pour objectif la
normalisation du bilan et des quatre comptes de résultat pour
l'amélioration de l'information financière externe. Il a entre
autre, une mission de normalisation et d'organisation de la
comptabilité des coûts et plus généralement,
la comptabilité de gestion.
Cependant, le maintien d'un tel référentiel en
comptabilité s'avère inutile, étant donnée
la forte évolution du contexte économique dans
lequel, la Tunisie baigne. L'internationalisation des marchés,
l'adhésion à l'OMC et la signature de l'accord de
partenariat avec l'Union Européenne constituent autant de facteurs
encourageant la Tunisie à restructurer sa comptabilité.
370 JACQUES RICHARD, Plans comptables,
Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et
d'audit, sous la direction de Bernard Colasse, Economica, 2000, p.943.
149
De ce fait, la Tunisie s'est dotée dés
1997, d'un système comptable répondant aux exigences
d'organisation comptable des entreprises tunisiennes et à celles
liées à la nécessité d'adaptation de la
comptabilité tunisienne au contexte mondial.
Paragraphe 2 : Le nouveau système comptable des
entreprises tunisiennes
Le système comptable tunisien est une
véritable loi ; il s'applique à toute personne physique ou
morale, à caractère privée, assujettie à la tenue
d'une comptabilité. Par ailleurs,
« il est institué un conseil national de la
comptabilité chargé d'examiner et de donner son avis sur :
- les projets de normes comptables et les modalités de
leur application ;
- les projets de textes légaux et réglementaires
qui comportent des dispositions ayant trait à la comptabilité
;
- les sujets relatifs à la comptabilité.
Le conseil est également chargé d'examiner les
questions relatives à la comptabilité et
de proposer les moyens de son amélioration
».371
Le système comptable des entreprises tunisiennes comporte
un cadre conceptuel de la comptabilité, des normes comptables
générales et des normes sectorielles.
L'article 6, du chapitre II intitulé du cadre conceptuel
et des normes comptables, de la
loi 96-112 du 30 décembre 1996 relative au système
comptable des entreprises, stipule que
« le cadre conceptuel de la comptabilité
constitue un guide pour l'élaboration des normes comptables et
leur interprétation, il sert de support pour le traitement des
opérations relatives aux transactions de l'entreprise et des effets des
événements liés à son activité et n'ayant
pas
été traités par ces normes
».372
371 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Loi N° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au
système comptable des entreprises, Chapitre premier : dispositions
générales, article 5, Editions C.L.E, 1997, p. 5.
372 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Loi N° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au
système comptable des entreprises, Chapitre II : Du cadre
conceptuel et des normes comptables, article 6, Editions
C.L.E, 1997, p. 6.
150
Le cadre conceptuel tunisien traite des objectifs de
son élaboration, des utilisateurs, leurs besoins et les objectifs
des états financiers, des concepts fondamentaux et l'arbitrage entre
eux.
L'objectif de l'élaboration d'un cadre conceptuel consiste
à aider à : «
- l'élaboration de normes cohérentes pouvant
faciliter la production de données
et d'états financiers ;
- l'arbitrage en cas de divergences d'appréhension ou
d'oppositions d'intérêts et
la recherche de solutions appropriées ;
- l'interprétation des états financiers ;
- la résolution des questions comptables n'ayant
pas été traitées par les normes ».
373
Le cadre conceptuel de la comptabilité tunisienne
est structuré selon la hiérarchie suivante :
- Au premier niveau sont énoncés les utilisateurs,
leurs besoins et les objectifs
des états financiers.
- Au second niveau les concepts fondamentaux qui comprennent :
· Les caractéristiques qualitatives de l'information
contenue dans les états financiers,
· Les hypothèses sous-jacentes et les conventions
comptables.
· La terminologie comptable et la prise en compte des
éléments des états financiers.
- au troisième niveau, les guides
opérationnels qui traitent des procédés de
mesure.
- Au dernier niveau, les mécanismes de communication
de l'information qui
dérivent des objectifs des états financiers.
Concernant les utilisateurs des états financiers, le
législateur tunisien distingue deux catégories :
- les utilisateurs internes ; et
373 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.15.
151
- les utilisateurs externes.
Les utilisateurs internes sont les dirigeants, les
organes d'administration et les différentes structures
internes de l'entreprise, notamment, les salariés. Bien que, le
cadre conceptuel privilégie les utilisateurs externes, il
reconnaît l'utilité d'un tel cadre de référence,
surtout, pour les dirigeants des PME. Les utilisateurs externes sont
les fournisseurs de capitaux (investisseurs, prêteurs et
subventionneurs), l'administration et les autres institutions dotées de
pouvoirs de réglementation et de contrôle (les
autorités fiscales, monétaires, financières ainsi que
les organes chargés de la comptabilité et statistiques nationales
et tout autre organisme ayant le pouvoir de planification, de
réglementation et de contrôle) les autres partenaires de
l'entreprise (salariés, syndicats, fournisseurs, autres
créanciers, client et autres bénéficiaires des biens et
services produits par l'entreprise) et les autre groupes d'intérêt
(les organismes professionnels et de défense
d'intérêt, la presse spécialisée et les
médias, les chercheurs, les divers organes et associations et le public
en général).
Le cadre conceptuel de la comptabilité
privilégie principalement, les besoins des investisseurs, bailleurs
de fonds et l'Etat en matière d'information comptable. Il estime que
« l'élaboration d'états financiers
répondant à leur besoin peut également
répondre aux
besoins des autres utilisateurs privilégiés des
états financiers ».374
Les états financiers, édictés par le
système comptables des entreprises, comprennent le bilan qui fournit
une information relative à la situation financière,
l'état de résultat qui concerne l'information sur la
performance, l'état des flux de trésorerie qui renseigne
l'entreprise sur la situation de sa trésorerie et les notes aux
états financiers.
Les objectifs des états financiers consistent à :
«
- fournir des informations utiles à la prise de
décision relative à l'investissement, au crédit et autres
décision similaires ;
- présenter des informations utiles pour estimer la
probabilité de réalisation des
flux futurs de trésorerie ainsi que l'importance de
ces flux et les moments auxquels ces derniers peuvent avoir lieu ;
- renseigner sur :
374 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.19.
152
· la situation financière de l'entreprise
et particulièrement sur les ressources économiques
qu'elle contrôle ainsi que sur les obligations et les effets
des transactions, évènements et circonstances susceptibles
de modifier les ressources et les obligations ;
· la performance financière de l'entreprise ;
· la manière dont l'entreprise a obtenu et
dépensé des liquidités à travers ses
activités d'exploitation, de financement et d'investissement et à
travers d'autres facteurs qui affectent la liquidité et la
solvabilité.
· le degré et la manière dont les dirigeants
ont réalisé les objectifs qui leur ont été
assignés dans le cadre du mandat social ;
· le degré de conformité de l'entreprise
aux lois, règlements et autres dispositions contractuelles
».375
Au deuxième niveau, le cadre conceptuel
tunisien édicte les caractéristiques qualitatives de
l'information financière ; il s'agit de :
- l'intelligibilité ;
- la pertinence ;
- la fiabilité ; et
- la comparabilité.
Il comprend aussi les hypothèses sous-jacentes et les
conventions comptables ; il s'agit
de principes découlant « d'un environnement
économique, social et légal particulier et ils constituent
une base pour l'élaboration des normes comptables et la recherche de
solutions appropriées aux problèmes comptables posés
».376
Les hypothèses sous-jacentes, énoncé par le
cadre conceptuel tunisien, sont :
- la continuité de l'exploitation ; et
- la comptabilité d'engagement.
375 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.20.
376 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant
approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.25.
153
Parallèlement, les conventions comptables « sont
des règles concrètes qui guident la pratique comptable. Elle
sont développées par les pratiques en conformité avec les
objectifs
et les caractéristiques qualitatives ».377
Elles comprennent douze conventions, il s'agit de :
- la convention de l'entité
- la convention de l'unité monétaire ;
- la convention de la périodicité ;
- la convention du coût historique ;
- la convention de réalisation du revenu ;
- la convention de rattachement des charges aux produits ;
- la convention de l'objectivité ;
- la convention de la permanence des méthodes ;
- la convention de l'information complète ;
- la convention de prudence ;
- la convention de l'importance relative ; et
- la convention de la prééminence du fond sur la
forme.
Au troisième niveau, le cadre conceptuel tunisien
défini les éléments des états financiers
et leurs prises en compte, il s'agit des actifs, des passifs,
des capitaux propres, des revenus, des gains, des charges et des pertes.
L'actif, le passif et les capitaux propres constituent les
éléments du bilan, alors que, les revenus et les gains
ainsi que les charges et les pertes constituent les
éléments de l'état de résultat.
Le dernier volet du cadre conceptuel tunisien
est consacré aux mécanismes de communication de
l'information financière. Il s'agit d'états financiers
« dont la publication périodique est utile pour les
utilisateurs afin d'évaluer, comparer et prédire la
rentabilité de l'entreprise, sa solvabilité et sa
liquidité. Comme nous l'avons précisé au paravent, les
états de synthèse comprennent le bilan, l'état de
résultat, l'état de flux de trésorerie et les
notes aux états financiers. A titre facultatif, d'autres renseignements
peuvent être divulgués, il s'agit :
- des comptes prévisionnels ;
- de l'état sur les ressources humaines ;
- du rapport sur les performances environnemental ; et
- de l'état sur la technologie.
377Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.26.
154
Outre le cadre conceptuel, le système comptable des
entreprises tunisiennes comprend environ 27 normes comptables ; ces derniers
sont d'ordre général ou spécifique (sectorielles).
Le tableau 6 illustre les différentes normes
tunisiennes.
TABLEAU 6 : LES NORMES COMPTABLES TUNISIENNES
Normes comptables n°
|
Intitulé
|
1
|
La norme comptable générale
|
2
|
Les capitaux propres
|
3
|
Les revenus
|
4
|
Les stocks
|
5
|
Les immobilisations corporelles
|
6
|
Les immobilisations incorporelles
|
7
|
Les placements
|
8
|
Le résultat net de l'exercice et éléments
extraordinaires
|
9
|
Les contrats de construction
|
10
|
Les charges reportées
|
11
|
Les modifications comptables
|
12
|
Les subventions publiques
|
13
|
Les charges d'emprunt
|
14
|
Les éventualités et événements
postérieurs à la date de clôture
|
15
|
Les opérations en monnaies étrangères
|
16
|
La présentation des états financiers des OPCVM
|
17
|
Portefeuille titres et autres opérations effectuées
par les OPCVM
|
18
|
Contrôle interne et organisation comptable dans les
OPCVM
|
19
|
Les états financiers intermédiaires
|
20
|
Les dépenses de recherche et de développement
|
21
|
Présentation des états financiers des
établissements bancaires
|
22
|
Le contrôle interne et l'organisation comptable dans les
établissements
bancaires
|
23
|
Les opérations en devises dans les établissements
bancaires
|
24
|
Les engagements et revenus y afférents dans
les établissements
bancaires
|
25
|
Le portefeuille titres dans les établissements
bancaires
|
26
|
La présentation des états financiers des
entreprises d'assurance et / ou de
réassurance
|
27
|
Le contrôle interne et l'organisation comptable dans
les entreprises
d'assurance et / ou de réassurance
|
155
CHAPITRE IV : ETUDE ET VALIDATION EMPIRIQUE
SECTION I : METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET EXPLOITATION
DE L'ENQUETE
Paragraphe 1 : Présentation de l'enquête
L'objectif de la recherche empirique est de fournir
une information pratique de la proposition de recherche concluant la partie
conceptuelle. Cette proposition a été élaborée pour
répondre à notre problématique de travail :
Quelle est la nature de la relation existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité
?
Par ailleurs, l'objectif de la recherche empirique est de tester
les hypothèses associées à
la proposition de recherche, qui sont les suivantes :
H1
|
le cadre institutionnel de l'économie conditionne les
choix comptables.
|
|
H2
|
la comptabilité a des impératifs qui
sont indépendant du cadre institutionnel
|
de
|
l'économie.
H3 la comptabilité comporte des
éléments spécifiques et des éléments
d'adaptabilité par rapport au cadre institutionnel de
l'économie.
1-1 Choix du secteur : cadre
d'échantillonnage
La collecte des données a été
effectuée auprès de 62 experts comptables inscrits à
l'ordre.
Ce choix a été requis du fait de la qualité
de formation et de professionnalisme caractérisant ces derniers. En
effet, le diplôme d'expertise comptable est adapté aux exigences
imposées par
le marché et à l'évolution des
techniques et de la doctrine comptable, ouvre la voie à des
métiers divers et à de hautes responsabilités. Le
diplôme d'expertise comptable est délivré suite
à un cycle d'enseignement supérieur d'une
durée de huit années comportant un stage professionnel de
trois ans.
Le cursus de l'expertise comptable comporte trois volets :
1. Un enseignement théorique d'une durée de
cinq ans. Il comporte les étapes suivantes :
156
· une première année en tronc commun en
science de gestion représentant 600
heures d'enseignement,
· une deuxième année spécialisée
en études comptables représentant 600 heures d'enseignement,
· un second cycle issu du quel une maîtrise en
sciences comptables représentant
1200 heures d'enseignement,
· une année d'étude post-maîtrise
sanctionnée par un certificat d'études
supérieures (CES) de révision comptable, représentant 432
heures d'enseignement.
2. Un stage professionnel de trois ans, il constitue
une étape fondamentale dans l'éducation du futur expert
comptable et contribue à la renommée du diplôme. Le
stage s'effectue, pour les deux tiers au moins, dans un cabinet d'expertise
comptable. Il est organisé
et contrôlé par le conseil de l'ordre des experts
comptables qui délivre l'attestation de fin de
stage, nécessaire pour s'inscrire à la
préparation du mémoire d'expertise comptable.
3. L'obtention du diplôme national d'expert
comptable, le titulaire du CES de révision comptable doit
préparer et soutenir avec succès un mémoire sur un
sujet qui se rattache à la vie professionnelle.
La formation multidisciplinaire et de haut niveau qui
conduit au diplôme d'expertise comptable reflète aujourd'hui
la compétence et l'autorité de professionnels directement
impliqués dans la vie économique et financière.
Désormais, au-delà de l'acquisition des techniques
comptables, il convient non seulement d'intégrer des connaissances
indispensables
en informatiques, en organisation et gestion d'entreprise, en
fiscalité, etc. mais aussi d'avoir la
maîtrise d'autres domaines tels que le droit, sans oublier
enfin l'intérêt évident d'être familier avec des
disciplines aussi variées que les sciences humaines ou les
mathématiques appliquées à
la finance.
Cette formation valorisante, exigée par l'exercice d'une
profession proposant au monde
de l'entreprise et des affaires des services
spécialisés et de qualité, justifie le choix de notre
échantillon.
157
Paragraphe 2 : Le déroulement de l'enquête
Dans ce qui suit, nous présenterons
respectivement la forme et le contenu du questionnaire, son mode
d'administration et enfin la méthodologie d'exploitation des
données collectées.
L'élaboration du questionnaire correspond à un
compromis entre le désir de recueillir des données aussi
détaillées que possible et le souci d'éviter la lassitude
de l'enquête. Dans cette perspective, l'élaboration du
questionnaire passe par deux étapes : la formulation du
questionnaire et l'étude de sa fiabilité.
2-1 Structure du questionnaire
Le questionnaire comporte plusieurs types de questions :
- Des questions ouvertes : il s'agit
de laisser une latitude d'expression à l'enquêté
dans des questions demandant souvent une réflexion personnelle
et auxquels une réponse toute faite ne puise lui être
imposé au début. Bien que ces questions donnent de riches
informations, elles sont cependant difficiles à dépouiller.
- Des questions fermées : elles
consistent à demander au sujet de choisir parmi une série
d'alternatives préalablement formulées à l'avance, celles
qui répondent le plus à ses pensées particulières.
On distingue trois types de questions fermées :
° Les questions fermées dichotomiques
: à l'opposé des questions ouvertes,
ces questions sont fermées à deux
réponses possibles mutuellement exclusives, une seule alternative
est proposées au répondant (Oui ou Non). En raison de
sa simplicité ce type de questions est très utilisé
dans les enquêtes mais le risque associé est de simplifier la
réalité.
° Les questions fermées à
choix multiples : les réponses sont établies
à
l'avance et l'enquêté doit en choisir une ou
plusieurs. Ce type de question offre l'avantage de faciliter le recueil et le
dépouillement de l'information. Cependant, l'inconvénient majeur
est celui de suggérer des réponses possibles aux
enquêtés qui n'auraient peut être pas
été envisagées par eux. Des questions
fermées de classement : le répondant est
demandé d'effectuer un classement, par ordre d'importance, d'une
série d'items.
- Une combinaison de deux types de questions
: des question fermées de types référendum ou
cafétéria auxquelles nous avons pratiqué une
ouverture en ajoutant respectivement les rubrique (comment, pourquoi,
autre).
158
2-2 Contenu du questionnaire
Le questionnaire est formé de trois grandes rubriques,
chacune comportant un certain nombre de questions.
- La première partie traite la notion de cadre
institutionnel de l'économie et essaye de dégager l'importance
de ses composantes.
- La deuxième partie se consacre à la
comptabilité, le test des composantes du
premier axe de la proposition de recherche et de la
théorie.
- La troisième partie consiste à tester la
nature de la relation existante entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité des entreprises.
2-3 Administration du questionnaire
Le mode et la manière d'administrer le questionnaire sont
aussi importants que la qualité
du questionnaire lui-même si on considère la
quantité et la qualité des réponses obtenues. A ce titre,
il existe plusieurs formules d'administration du questionnaire, parmi les
principales nous citons :
° L'enquête par téléphone
qui présente l'avantage de la rapidité, favorise
la
dispersion géographique des enquêtés et
réduit le taux de non - réponse. Mais la longueur du
questionnaire est réduite.
° L'enquête par voie postale ou par voie
électronique permet de réduire les coûts
en assurant une large couverture géographique, toutefois
le taux de réponse est généralement faible.
° L'enquête par interview ou auto -
administrée, s'applique pour les
questionnaires longs dont le répondant doit chercher des
informations précises pour le remplir.
Ce type d'enquête exige une meilleure implication
de la part des enquêtés. Pour ce faire, l'enquêteur
doit cibler la personne à interroger et par un contact
initial, le motiver en lui expliquant les objectifs de l'enquête et
les différentes parties du questionnaire.
Pour notre part, et dans un souci de pouvoir recueillir le
maximum d'informations auprès des personnes interviewés, nous
avons opté pour la technique de l'interview par questionnaire
au motif qu'il existe certains concepts
théoriques, pouvant se prêter à de multiples
interprétations et qui nécessitent à ce qu'ils soient
expliqués ainsi qu'à assister les interviewés dans leurs
manières de compréhension et dans leurs styles de réponse
à ce type de questions, pour recueillir le maximum d'informations
complémentaires, permettant d'enrichir l'analyse par la suite.
159
2-4 Méthode d'analyse des données
Cette étape a pour objectif de rendre les
réponses exploitables et opérationnelles. Cela nécessite
en préliminaire, une phase de conception afin de préparer le
travail.
La phase de conception consiste à codifier les
réponses et les informations ainsi que l'identification
statistiques des variables. Il s'agit en effet d'attribuer un code
d'identification pour chacune des variables et de leurs modalités
respectives. Chaque variable doit être par la suite,
spécifiée quant à sa nature qualitative ou
quantitative.
En ce qui concerne la phase de réalisation pratique du
dépouillement, nous avons opté pour la technique d'analyse
des tris simples ou des tris à plats ainsi que le tri
croisé pour certaines questions, permettant de déterminer les
répartitions des répondants selon le caractère
considéré.
Nous avons utilisé deux logiciels de traitement et
d'analyse statistique, SAS (Statistical
Analysis System) Version 8 et SPSS 10.
Paragraphe 3 : Exploitation de l'enquête
Après avoir exposé les fondements
méthodologiques de notre recherche, nous allons, dans un premier temps,
tester les deux principaux axes de notre modèle conceptuel à
savoir le cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité.
Dans un deuxième temps, nous chercherons à
valider notre modèle de recherche en vérifiant si le
cadre institutionnel de l'économie exerce d'une façon ou
d'une autre une certaine influence sur la comptabilité des entreprises
tunisiennes à travers l'étude de la nature des relations
entretenue entre le cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité en tant que jeu social.
3-1 Le cadre institutionnel de l'économie
tunisienne
La première partie du questionnaire a
été réservée à l'analyse des
différents axes du cadre institutionnel de l'économie
tunisienne. Il s'agit :
· Du marché ;
160
· Du contexte légal ; et
· Du référentiel socioculturel tunisien.
3-1-1 Le marché tunisien
Concernant le marché, nous avons essayé dans un
premier lieu, de déterminer le niveau
de développement des différents types de
marché tunisien, à savoir :
· Le marché des biens et services ;
· Le marché du travail ; et
· Le marché financier.
Appréciation Ï
|
Développé
|
Emergeant
|
Limité
|
Type de marchés Ó
|
Marché des biens et services
|
29 %
|
64,5 %
|
6,5 %
|
Marché du travail
|
3,2 %
|
48,4 %
|
48,4 %
|
Marché financier
|
3,2 %
|
24,2 %
|
72,6 %
|
Selon 64,5 % des personnes enquêtées, le
marché des biens et services tunisien est à
caractère émergeant. Le niveau de
développement du marché des biens et services est
expliqué par l'intensité des transactions effectuées,
le nombre et la nature des acteurs le composant, le niveau du
fonctionnement des mécanismes du marché, la
régulation du marché, etc.
Concernant le marché du travail tunisien, 48,4 % des
intervenants estiment, à la fois, la nature émergeante et
limitée de ce type de marché. Le niveau de développement
du marché
du travail est apprécié par rapport à la
nature et aux nombres des acteurs le composant, au degré d'ajustement
entre l'offre et la demande d'emploi, etc.
Cependant, le marché financier reste, à raison
de 72,6 % des réponses, à niveau bas de développement,
malgré l'ensemble des réformes établies visants la
promotion de ce type de marché. Le niveau de développement
du marché financier est apprécié par rapport aux
nombres d'intervenants sur ce marché, à la capitalisation
boursière des entreprises le composant, à la
régulation du marché, à l'intensité et au
niveau du développement des instruments du marché, etc.
161
Par la suite nous avons tenté de vérifier
les conditions d'existence et de viabilité du marché
tunisien par l'analyse des possibilités de réunion des
hypothèses de concurrence pure
et parfaite.
Appréciation Ï
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Conditions de concurrence pure et parfaite
Ó
|
L'homogénéité des produits et
services
|
8,1 %
|
82,3 %
|
9,7 %
|
La libre entrée et sortie des agents
|
17,7 %
|
71 %
|
11,3 %
|
La transparence des transactions
|
4,8 %
|
67,7 %
|
27,4 %
|
L'atomicité des offreurs et des demandeurs
|
17,7 %
|
53,2 %
|
29 %
|
Pour 82,3 % des intervenants l'hypothèse
d'homogénéité des produits et services est
parfois vérifiée au sein du marché tunisien.
Parallèlement, les hypothèses, de libre entrée et sortie
des agents (71 %), de transparence des transactions (67,7 %) et
d'atomicité des agents
(53,2 %) sont aussi moyennement
vérifiées. En conclusion, les hypothèses
micros-
économiques de concurrence pure et parfaite sont
moyennement vérifiées, cela est dû à la
manifestation sur le marché tunisien des structures
monopolistiques et oligopolistiques, souvent étatique, limitant le
libre jeu de la concurrence.
Appréciation Ï
|
Forte
|
Moyenne
|
Faible
|
Type de marchés Ó
|
Marché des biens et services
|
14,5 %
|
66,1 %
|
19,4 %
|
Marché du travail
|
1,6 %
|
53,2 %
|
45,2 %
|
Marché financier
|
3,2 %
|
21 %
|
75,8 %
|
En conséquence, l'efficience du marché des
bien et services (66,1 %) et celle du
marché du travail (53,2 %) reste moyenne. Alors
que l'efficience du marché financier tunisien est faible à
raison de 75,8 % des questionnés.
Appréciation Ï
|
Principalement
|
Moyennement
|
Rarement
|
Type de marchés Ó
|
Marché de capitaux (la bourse)
|
4,8 %
|
50 %
|
45,2 %
|
Marché interbancaire
|
72,6 %
|
24,2 %
|
3,2 %
|
Marché de créances négociables
|
1,6 %
|
61,3 %
|
37,1
|
Les actionnaires du marché hors cote
|
11,3 %
|
67,7 %
|
21 %
|
162
Enfin, nous avons tenté de déterminer la
structure de financement des entreprises tunisiennes. Ainsi,
l'enquête révèle que le financement des
sociétés tunisiennes est effectué principalement par le
marché interbancaire (les banques), à raison de 72,6 % des
interviewés. Alors que, le marché de capitaux (la bourse),
le marché des créances négociables et les
actionnaires du marché hors cote sont moyennement responsable du
financement des entreprises tunisiennes, ceci est vrai, respectivement,
pour 50 %, 61,3 % et 67,7 % des questionnés.
3-1-2 Le contexte légal tunisien
Appréciation Ï
|
Souple
|
Contingent
|
Rigide
|
Le contexte légal Ó
|
Droit fiscal
|
12,9 %
|
27,4 %
|
59,7 %
|
Droit commercial
|
40,3 %
|
33,9 %
|
25,8 %
|
Droit des sociétés
|
37,1 %
|
38,7 %
|
24,2 %
|
Droit pénal
|
12,9 %
|
14,5 %
|
72,6 %
|
Selon 59,7 % des intervenants, le droit fiscal tunisien est
caractérisé par une certaine
rigidité limitant la marge d'interprétation et
le jugement professionnel. Parallèlement, le droit pénal est
apprécié, à raison de 72,6 %, rigide. Par ailleurs, le
droit commercial est interprété souple, selon 40,3 % des
personnes questionnées. La souplesse suppose une marge
d'appréciation et de jugement professionnel lors du traitement
d'opérations relevant du cadre commercial ou autre. Quant au droit des
sociétés, 38,7 % des intervenants, pensent qu'il est à
caractère aléatoire contingent. La contingence suppose le
caractère, à la fois souple et rigide
du type du droit en question.
3-1-3 Le référentiel socioculturel tunisien
L'analyse du référentiel socioculturel tunisien
a été élaborée sur deux volets. Dans un premier
volet, une analyse global a été établie en prenant en
considération, principalement, le positionnement géographique
de la Tunisie. Dans un deuxième volet, une prise en compte des
attitudes propres à chaque individu a été
élaborée. Bien évidemment, cette analyse entre dans une
optique de mesure du référentiel socioculturel tunisien en
matière de management
et de gestion d'entreprise.
163
Appréciation Ï
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments culturels Ó
|
Culture arabo - musulmane
|
8,1 %
|
53,2 %
|
38,7 %
|
Culture européenne
|
37,1 %
|
51,6 %
|
11,3 %
|
Culture africaine
|
1,6 %
|
11,3 %
|
87,1 %
|
Culture spécifiquement tunisienne
|
41,9 %
|
53,2 %
|
4,8 %
|
Globalisation
|
9,7 %
|
64,5 %
|
25,8 %
|
Alors que la culture africaine est totalement absente, à
raison de 87,1 % des personnes
questionnées, dans la gestion de l'entreprise tunisienne,
la culture arabo-musulmane (53,2 %)
et la culture européenne (51,6 %) sont parfois
réunies en matière de management d'entreprise tunisienne. Ceci
s'explique, principalement, par des questions historiques et secondairement,
par des considérations de proximité. En effet, si le
premier critère d'histoire est pris en compte de façon
primordiale, c'est parce que le second n'est jamais vérifié dans
le cadre de
la culture africaine.
La globalisation et l'internationalisation des marchés
ont rendu nécessaire une certaine adaptation du
référentiel socioculturel tunisien aux enjeux communautaires
mondiales. De ce fait, 64,5 % des intervenants pensent que la notion de
globalisation et d'ouverture extérieure commencent (parfois) à
s'introduire dans la gestion de l'entreprise tunisienne.
Enfin, selon 53,2 % des questionnés le mode de gestion et
le management d'entreprise intègre parfois des
spécificités tunisiennes.
Appréciation Ï
|
Essentiellement
|
Aléatoire
|
Inexistant
|
Eléments Ó
|
Management de l'entreprise
|
37,1 %
|
51,6 %
|
11,3 %
|
Comportement des salariés
|
30,6 %
|
48,4 %
|
21 %
|
L'intérêt
|
56,5 %
|
35,5 %
|
8,1 %
|
L'équité
|
1,6 %
|
56,5 %
|
41,9 %
|
L'aspect individualiste
|
62,9 %
|
27,4 %
|
9,7 %
|
Discipline
|
11,3 %
|
74,2 %
|
14,5 %
|
Loyauté
|
14,5 %
|
56,5 %
|
29 %
|
Débrouardise
|
46,8 %
|
38,7 %
|
14,5 %
|
Implication
|
-
|
91,9 %
|
8,1 %
|
Sur la base de neuf éléments
caractéristiques de la culture et de l'éthique des affaires en
général, nous avons pu détecter,
à raison de 62,9 %, que l'aspect individualiste est un
comportement essentiellement observé en matière de gestion
de l'entreprise tunisienne.
164
L'individualisme suppose la consécration de la
valeur personnelle dans les affaires. Ce résultat est plus
ciblé vers la recherche de l'intérêt personnel (56,5
%), au détriment de l'équité et de la
loyauté.
Le caractère individuel opportuniste d'une part, et la
rareté des ressources d'autres part, ont poussé le tunisien vers
la recherche de conditions d'ouverture d'horizon par n'importe quel moyen.
Ainsi, 46,8 % des interviewés attribuent la notion de
``débrouardise'' comme valeur essentielle dans le comportement
managérial du tunisien.
Par ailleurs, des valeurs telles que l'équité,
la discipline, la loyauté et l'implication se trouvent
aléatoirement réunies. Pour 56,5 % des intervenants,
l'équité et la loyauté dans la gestion de l'entreprise
sont aléatoirement rencontrées. De même, 74,2 % des
questionnés optent pour le caractère aléatoire de la
discipline dans la culture managériale tunisienne. Enfin,
l'implication est, à raison de 91,9 %, une pratique parfois
intégrée dans la gestion de l'entreprise tunisienne.
En conclusion, on peut dire que 51,6 % des
intervenants optent pour l'existence, de façon aléatoire,
d'une culture managériale proprement tunisienne dans la direction
des entreprises. Parallèlement, un comportement de
salariés, proprement tunisien, est détecté
aléatoirement à raison de 48,4 %. La culture managériale
tunisienne se heurte à un mélange
de valeurs consacrées, issues principalement des
traditions et coutumes, héritées historiquement, en raison de la
proximité territoriale et du positionnement stratégique de la
Tunisie.
La détection d'un référentiel
socioculturel tunisien en matière de management est
aléatoire. Ce ``modèle culturel'' reste pourtant
caractérisé par l'aspect individualiste opportuniste et
débrouilleur observé dans la gestion de l'entreprise
tunisienne.
Appréciation Ï
|
Essentiellement
|
Limité
(ou aléatoire)
|
Neutre
|
C.I.E Ó
|
Le marché
|
75,8 %
|
24,2 %
|
-
|
Le contexte légal
|
59,7 %
|
37,1 %
|
3,2 %
|
Le référentiel sociologique
|
19,4 %
|
51,6 %
|
29 %
|
165
Pour conclure, on peut dire que le marché et le
contexte légal ont été appréciés
essentiels pour le management de l'entreprise, respectivement, à raison
de 75,8 % et de 59,7
% des personnes questionnées. Alors que le
référentiel socioculturel a été
considéré, à raison
de 51,6 %, à effet limité et aléatoire en
matière de gestion d'entreprise.
3-2 La comptabilité tunisienne
La deuxième partie du questionnaire a été
réservée aux traitements de la comptabilité tunisienne en
tant qu'objet de normalisation et outil de management et de gestion
de l'entreprise.
Appréciation Ï
|
Totalement
|
Partiellement
|
En aucun cas
|
Eléments Ó
|
A actualiser
|
1,6 %
|
96,8 %
|
1,6 %
|
A changer
|
1,6 %
|
25,8 %
|
72,6 %
|
Adapté au niveau de développement du
marché tunisien
|
30,6 %
|
64,5 %
|
4,8 %
|
Cohérente par rapport aux autres droits
|
16,1 %
|
80,6 %
|
3,2 %
|
Adapté au référentiel socioculturel
tunisien
|
4,8 %
|
59,7 %
|
35,5 %
|
Pour ce qui est de la normalisation comptable tunisienne,
le système comptable des
entreprises tunisiennes, issu de la loi n°112 du
30 décembre 1996, a été jugé adapté
partiellement au niveau de développement du marché
tunisien. Selon 64,5 % des experts comptables, le système comptable
des entreprises tunisiennes doit être actualisé pour pouvoir
recouvrir et prévenir l'ensemble des opérations et nouveaux
phénomènes du marché.
De même, le degré de cohérence
de la comptabilité, par rapport à l'arsenal
réglementaire tunisien, a été partiellement
vérifié, à raison de 80,6 % des personnes
interviewées. Enfin, le système comptable tunisien a
été jugé partiellement adapté aux
spécificités culturelles tunisiennes, pour 59,7 % des experts
comptables intervenus.
Ce constat est tout à fait logique, du fait de
l'alignement de la normalisation comptable tunisienne sur le
référentiel international de l'IASB et l'adaptation
partielle du système
166
comptable des entreprises aux exigences
réglementaires, culturelles et économiques tunisiennes.
Ainsi, selon 96,8 % des questionnés, la
normalisation comptable tunisienne est à actualiser, partiellement.
Alors que 72,6 % des interviewés, estiment qu'elle n'est en aucun cas
à changer. Cela s'explique par le total accord des professionnels sur
l'orientation de la comptabilité tunisienne vers les aspects
internationaux de l'IASB et la prise en compte de l'enjeu de la
mondialisation économique et l'internationalisation des
marchés.
Appréciation Ï
|
Essentiel
|
Valorisable
|
Discutable
(limité)
|
Eléments de comptabilité
Ó
|
Principes comptables
|
91,9 %
|
8,1 %
|
-
|
Procédures de traitements comptables
(techniques comptables)
|
54,8 %
|
37,1 %
|
8,1 %
|
Données comptables (les inputs et les
états de synthèse)
|
58,1 %
|
37,1 %
|
4,8 %
|
Outil de management
|
33,9 %
|
48,4 %
|
17,7 %
|
Pour les experts comptables, la comptabilité
est essentiellement des principes
comptables (caractéristiques qualitatives de
l'information, hypothèses sous-jacentes et des conventions
comptables) et des techniques de représentation des faits
économiques dans les états financiers (essentiellement des
procédures de traitements des opérations d'exploitation
et des procédures de traitement des opérations
d'investissement).
Cependant, 48,4 % des enquêtés, estiment
que la comptabilité en tant qu'outil de gestion et de management
d'entreprise est seulement valorisable pour les professionnels et même
pour les chefs d'entreprises. ``Valorisable'' est un mot qui est
censé prédire le caractère secondaire de la
comptabilité en tant qu'outil de management.
A contrario, selon 91,9 % des intervenants, la
comptabilité est essentiellement des critères de
qualité assignés à l'information et des principes
conceptuels de base, destinés à favoriser l'achèvement
du processus comptable. Parallèlement, la comptabilité en
tant que procédures de traitements comptables et des
données comptables (les états financiers, les autres
informations : l'information sur les comptes prévisionnels,
l'état sur les ressources humaines, le rapport sur les performances
environnementales et l'état sur la technologie, et
167
les inputs aux traitements comptables), a
été appréciée, pareil, essentiel, à
raison, respectivement, de 54,8 % et de 58,1 % des questionnés.
AppréciationÏ
|
Essentiellement
|
Supplétive
|
Jamais
|
Utilisations comptables Ó
|
Outil de prise de décision
|
67,7 %
|
25,8 %
|
6,5 %
|
Outil de communication
|
69,4 %
|
30,6 %
|
-
|
Outil de contrôle des réalisations
|
59,7 %
|
37,1 %
|
3,2 %
|
Outil de positionnement
|
32,3 %
|
53,2 %
|
14,5 %
|
``La fonction comptable n'existerait pas si elle
n'était pas exigée par la loi'', phrase
citée par plusieurs enquêtés lorsque nous
leurs avons posé cette question. Cette remarque est pertinente
puisqu'elle oriente la pratique comptable des entreprises tunisiennes
vers la satisfaction des seuls besoins de l'Etat en matière
d'impôt.
Seules quelques entreprises tunisiennes (d'après la
majorité des questionnés) ont saisi l'opportunité de
faire valoir la comptabilité en tant qu'outil de
management. Les professionnels estiment, à raison de 67,7 % des
intervenants, que la comptabilité ne serait utile sans une
vocation de prise de décision managériale. Parallèlement,
la comptabilité est jugée essentielle pour la communication
(système d'information de gestion de l'entreprise) et
le contrôle des réalisations de l'entreprise, cette
estimation atteint, respectivement, les 69,4 %
et les 59,7 % de l'ensemble des experts comptables
questionnés. Par ailleurs, selon 53,2 % des enquêtés, le
positionnement de l'entreprise tunisienne par rapport à ses
données comptables et à ceux de la concurrence reste
supplétif.
Malheureusement, l'attitude et les convictions
professionnelles de l'utilité de la comptabilité en tant
qu'outil de management pour l'entreprise s'heurtent en pratique avec le
caractère secondaire assigné à la comptabilité en
générale par les propriétaires d'entreprises.
Ceci explique, en partie, le niveau d'efficience faible
du marché tunisien lié à l'insatisfaction de
l'hypothèse de transparence financière. En effet, les entreprises
tunisiennes sont généralement des petites et moyennes
entreprises familiales caractérisées par un reporting
comptable orienté, principalement, vers les besoins internes de
l'entité et ignorant tout prise en compte externe (à l'exception
de l'Etat). De ce fait, la qualité de l'information divulguée
reste encore faible. A cela s'ajoute la difficulté de réunir,
à la fois, l'ensemble des principes comptables conceptuels dans
l'information divulguée dans les états de synthèse.
168
Appréciation Ï
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Principes comptables Ó
|
L'intelligibilité
|
21 %
|
56,5 %
|
22,6 %
|
La pertinence
|
24,2 %
|
67,7 %
|
8,1 %
|
La fiabilité
|
24,2 %
|
56,5 %
|
19,4 %
|
La comparabilité
|
19,4 %
|
48,4 %
|
32,3 %
|
Hypothèses sous-jacentes
|
11,3 %
|
59,7 %
|
29 %
|
Conventions comptables
|
21 %
|
45,2 %
|
33,9 %
|
Selon 56,5 % des questionnés, les critères
d'intelligibilité et de fiabilité sont parfois
difficilement réalisable en matière
d'information financière à divulguer. De même, 67,7 % des
interviewés, estiment que la pertinence est une qualité
d'information parfois difficile à atteindre. Parallèlement, le
respect de la comparabilité des hypothèses sous jacentes et des
conventions comptables est parfois difficile à prédire, à
raison, respectivement, de 48,4 %, de
59,7 % et de 45,2 % des experts comptables
enquêtés.
La quantité et la qualité de l'information
divulguée sur le marché tunisien expliquent,
en quelque sorte, la non prise en compte, par les entreprises
tunisiennes, de la comptabilité en tant qu'outil de gestion.
SECTION II : VALIDATION DE LA PROPOSITION DE
RECHERCHE
Dans la première partie de cette section, nous
allons essayé d'analyser le sens de l'interaction existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne.
Ensuite nous allons essayé de vérifier la nature de la relation
entretenue entre les différents axes du cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité tunisienne.
Dans une seconde partie, nous répondrons à notre
problématique de travail en essayant
de chercher la nature de la relation entretenue entre le
cadre institutionnel de l'économie tunisienne et la
comptabilité générale.
169
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments Ó
|
Traduit la régularité du fonctionnement du
marché (assurer la régulation des informations traduites sur le
marché)
|
38,7 %
|
46,8 %
|
14,5 %
|
Traduit l'éthique contractuelle
|
33,9 %
|
48,4 %
|
17,7 %
|
Subit l'influence des mouvements transactionnels
|
67,7 %
|
25,8 %
|
6,5 %
|
Paragraphe 1 : Les motifs de l'interaction entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne
Selon 67,7 % des enquêtés, le construit
comptable subit toujours l'influence des
mouvements transactionnels. Ce résultat est
légitime puisque on ne peut normaliser ou comptabiliser des faits
et des phénomènes n'existant pas sur le marché.
Pour 46,8 % des experts comptables interviewés,
la comptabilité traduit, parfois, la régularité du
fonctionnement du marché. Alors qu'elle traduit, à raison
de 48,4 % des questionnés, l'éthique contractuelle.
La traduction de l'éthique contractuelle suppose la
réunion des partenaires internes et externes à l'entreprise par
un ``noeud de contrats'' justifié et concrétisé par la
représentation des faits économiques issue des documents
comptables.
La régularité du fonctionnement du
marché est assurée par l'existence d'un contexte
légal cohérent et exhaustif, ce cadre réglementaire doit
stimuler la conduite et la prospérité des affaires. La
comptabilité est une forme de réglementation économique et
financière, elle
est amenée par conséquent à traduire une
certaine régularité du fonctionnement du marché.
AppréciationÏ
|
Essentiellement
|
Contingent
|
Supplétive
|
Eléments Ó
|
Sources des problèmes comptables à
normaliser
|
61,3 %
|
25,8 %
|
12,9 %
|
Utilisateur d'information et garant de la transparence
financière
|
37,1 %
|
54,8 %
|
8,1 %
|
Lieu de conditionnement de la normalisation comptable
|
19,4 %
|
53,2 %
|
27,4 %
|
Lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité
|
30,6 %
|
51,6 %
|
17,7 %
|
170
La comptabilité est une technique née de
la pratique, elle a été pendant longtemps l'oeuvre
d'improvisation et de tâtonnement individuel et collectif
issu d'une certaine évolution des affaires et des
phénomènes commerciaux. Et c'est au quinzième
siècle, que la première forme de normalisation a vu le
jour suite aux travaux du moine italien ``Luca Pacioli'' (Summa di
arithmetica, geometria, proportioni, et proportionalita). A partir de cette
oeuvre constituant la date de création conceptuelle de la
notion de partie double, la normalisation comptable poursuit un
développement considérable qui est en étroite relation
avec l'évolution du marché.
La naissance des fusions acquisitions, du goodwill, des
regroupements d'entreprises, des nouveaux instruments financiers sont
l'oeuvre de l'évolution du marché. Sans ces
phénomènes récents et novateurs on ne peut parler
de normalisation comptable puisque la comptabilité ne trouvera pas
des sujets et des problèmes à conceptualiser. Ceci confirme la
position adoptée par les experts comptables interviewés
puisqu'ils considèrent, à raison de
61,3 %, que le marché est essentiellement
une source des problèmes comptables à normaliser.
Selon 54,8 % des intervenants, le marché agit,
d'une manière contingente, sur la comptabilité en tant
qu'utilisateur d'information et garant de la transparence
financière. Toute organisation, à but lucratif ou non, consomme
des ressources afin d'offrir des biens et services. Ce faisant, elle
crée et répartit de valeur. Le rôle de la
comptabilité est de produire
de l'information sur ce processus afin de satisfaire une demande
interne et externe et assurer
une meilleure allocation de la valeur créée. Elle
constitue par conséquent, le moyen privilégié
d'information des acteurs du marché.
Le cadre conceptuel de la comptabilité offre
certains critères de qualité destinés à
traduire une meilleure efficience informationnelle du marché.
Ces caractéristiques qualitatives de l'information stimulent la
transparence financière du marché.
Pour 53,2 % des enquêtés, le marché
tunisien agit aléatoirement sur la comptabilité en tant que
lieu de conditionnement de la normalisation comptable. Le marché
peut agir, directement ou indirectement, sur le processus de
normalisation comptable. Il peut agir directement en tant que responsable
de la normalisation comptable (cas de la commission des opérations en
bourse américaine : SEC), ce qui n'est pas le cas de la
Tunisie. Il peut agir
171
indirectement sur la normalisation comptable par le
biais des acteurs du marché qui constituent des groupes de pression
lors des avis et consultations, relevant du ``due process procedure''.
Enfin, selon 51,6 % des questionnés, le
marché agit sur la comptabilité, de façon
contingente, en tant que lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité. En effet, les
inputs aux traitements comptables sont l'oeuvre de la confrontation entre
l'offre et la demande du marché. Le marché intervient à
la fois, sur la quantité et la qualité de l'information à
traduire dans les documents comptables. Dans le cadre des crises
économiques, par exemple, l'intensité de la matière
première à traiter par la comptabilité (les inputs) se
trouve limitée. Parallèlement, les conditions de facturation, par
exemple, influent sur la qualité de l'information primaire à
traiter par la comptabilité.
Appréciation Ï
|
La comptabilité suit le droit
|
Relation contingente
|
Le droit est indépendant de la
comptabilité
|
Le contexte légal Ó
|
Droit fiscal
|
48,4 %
|
29 %
|
22,6 %
|
Droit commercial
|
37,1 %
|
33,9 %
|
29 %
|
Droit des sociétés
|
56,5 %
|
24,2 %
|
19,4 %
|
Droit pénal
|
12,9 %
|
35,5%
|
51,6 %
|
La comptabilité est un sous produit du droit fiscal, du
droit commercial et du droit des
sociétés. En effet, l'enquête confirme ce
raisonnement, respectivement, à raison de 48,4 %,
de 37,1 % et de 56,5 % des experts comptables
questionnés. Cependant, 51,6 % des interviewés estiment que le
droit pénal est totalement indépendant de la
comptabilité.
La relation entretenue entre la comptabilité et
la fiscalité n'est pas une réflexion récente, elle
est née depuis quelques millénaires. Historiquement, la pratique
comptable a été proprement réservée pour servir
les intérêts de ``l'Etat'' en matière d'impôts.
Une telle interaction reste encore valable, sauf que, l'évolution de
l'économie et des affaires a changé considérablement la
forme et le contenu des deux disciplines.
La comptabilité est toujours la source principale
du calcul de l'assiette imposable à l'entreprise. La
fiscalité se base sur le résultat comptable pour pouvoir
déterminer le montant
172
déclaratif de l'Impôt sur les
Sociétés (IS), elle se base sur les éléments de
paie pour pouvoir arrêter le total de l'Impôt sur le Revenue des
Personnes Physiques (IRPP), elle se base sur le chiffre d'affaire et la
valeur des achats pour détecter le montant de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (T.V.A) à verser pour la trésorerie
publique, etc.
Depuis toujours, la comptabilité est au
service de la fiscalité, elle suit ses recommandations et
ses obligations pour pouvoir éviter
l'interpénétration entre les deux réglementations.
Cependant, cette interdépendance n'est pas totale, la
comptabilité peut offrir des options et des procédures non
admises par la fiscalité (modes d'amortissements et de provisions
par exemple) et dont le traitement est essentiel pour la promotion de la
discipline comptable. De ce fait les préparateurs des documents
comptables cherchent souvent des options comptables admises par la
fiscalité afin d'éviter le coût de retraitement des
donnés comptables pour des besoins d'impôts.
Pour ce qui est du droit des sociétés
commerciales, la comptabilité converge toujours vers les exigences de
la réglementation. Le droit des sociétés
commerciales tunisiennes réglemente l'intervention des experts
comptables pour chaque type de société. Par
conséquent, La comptabilité poursuit les recommandations de la
loi des sociétés, citant, par exemple, l'obligation
d'élaborer, au moins, une fois par ans l'inventaire physique
des sociétés. Toute fois, la constatation de
l'interdépendance entre la comptabilité et le droit
pénal est tout à fait légitime. En effet, le droit
pénal fixe seulement les sanctions relatives aux infractions et
délits effectués suite à l'exercice de la fonction
par les professionnels de comptabilité. Il n'influe en aucun cas, ni
sur le contenu, ni sur la forme de la normalisation comptable.
AppréciationÏ
|
Essentiellement
|
Contingent
|
Supplétive
|
Eléments Ó
|
Source de concrétisation de l'intérêt
générale
|
32,3 %
|
21 %
|
46,8 %
|
Source de réglementation économique et
financière
|
77,4 %
|
8,1 %
|
14,5 %
|
Moyen de garantie de la sécurité des
transactions
|
64,5 %
|
12,9 %
|
22,6 %
|
Congruence avec les autres composantes du contexte
légal
|
30,6 %
|
35,5 %
|
33,9 %
|
173
L'analyse de la nature de la relation entretenue entre le
contexte légal et la comptabilité révèle que 77,4 %
des enquêtés, pensent que le cadre réglementaire agit sur
la comptabilité, essentiellement, en tant que source de
réglementation économique et financière.
Parallèlement, selon 64,5 % des questionnés, le contexte
légal agit sur la comptabilité, essentiellement, en tant que
moyen de garantie de la sécurité des transactions. Pour 35,5 %
des interviewés, le contexte légal influence, de
façon contingente, la comptabilité pour pouvoir assurer la
cohérence et l'harmonie avec ses autres composantes. Enfin, 46,8 % des
intervenants, estiment que le contexte légal influence, de
manière supplétive, la comptabilité
en tant que source de concrétisation de
l'intérêt général.
Le contexte légal est le seul responsable de la
normalisation économique et financière, destinée à
assurer une certaine organisation dans le déroulement des affaires. Par
conséquent,
la comptabilité en tant que produit économique et
financier constitue un sous produit de ce contexte.
Le contexte légal est un moyen de garantie de la
sécurité des transactions, il stimule un climat favorable pour le
bon déroulement des affaires. La comptabilité assure,
également, les éléments de preuves liés aux
opérations de l'entreprise avec son environnement, assurant ainsi
une garantie de la sécurité des transactions.
L'ensemble des branches du droit constitue le contexte
légal de la nation, il offre un tout indissociable qu'il convient
d'harmoniser.
Enfin, la comptabilité est un jeu social indispensable
pour servir l'intérêt général des utilisateurs de
l'information. Parallèlement, le contexte légal est
censé favoriser la satisfaction de l'intérêt
partagé au détriment de l'intérêt particulier.
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments Ó
|
Déontologie professionnelle
|
22,6 %
|
66,1 %
|
11,3 %
|
Ethique de représentation (respect de la
réalité économique de l'entité dans le reporting
comptable))
|
30,6 %
|
45,2 %
|
24,2 %
|
Culture comptable continentale
|
19,4 %
|
38,7 %
|
41,9 %
|
Culture comptable anglo-saxonne
|
14,5 %
|
53,2 %
|
32,3 %
|
Culture spécifiquement tunisienne
|
24,2 %
|
46,8 %
|
29 %
|
174
L'analyse théorique de la relation entretenue
entre le référentiel sociologique, composant du cadre
institutionnel de l'économie, et la comptabilité
révèle que la déontologie comptable, l'éthique
de représentation et la culture comptable sont les
éléments socioculturels influants le devrait être en
matière de comptabilité.
Selon 66,1 % des enquêtés, la déontologie
professionnelle agit, parfois, sur le construit
et la production comptable. Pour 45,2 % des questionnés,
le respect d'une certaine éthique de représentation influence,
parfois, la production et la normalisation comptable tunisienne.
Les professionnels comptables sont chargés, directement ou
indirectement, de définir
les sujets objets de normalisation comptable et les
modalités d'exercice de la profession. Ils sont censés assez
intégrer au sein de l'ordre des experts comptables tunisiens pour
assurer l'honneur et l'indépendance de la profession et faire
respecter la déontologie comptable. Ainsi, la déontologie
professionnelle agit sur la comptabilité pour favoriser les
conditions d'exercice de la profession et limiter les conflits
d'intérêts.
L'éthique de représentation suppose la
soumission de la comptabilité à des valeurs permettant la
traduction fidèle de la réalité économique.
Ces valeurs sont ancrées dans la manière de penser des
préparateurs de comptes même sans aucune obligation légale
tacite à
ce sujet.
Pour ce qui est de la culture comptable, le constat
montre la prédominance de deux modèles culturels courants
à savoir :
· Le modèle culturel continental ; et
· Le modèle culturel anglo-saxon.
Selon 53,2 % des questionnés, la comptabilité
tunisienne est parfois stimulée par des considérations
culturelles anglo-saxonnes. Alors que, pour 41,9 % des
enquêtés, la comptabilité tunisienne ne poursuit jamais
des stimulations culturelles continentales.
La tendance partielle de la comptabilité tunisienne
vers des considérations culturelles anglo-saxonnes est tout à
fait légitime du fait de l'alignement du
référentiel comptable tunisien sur la normalisation comptable de
l'IASB.
175
Pour 46,8 % des intervenants, la comptabilité
tunisienne garde parfois des spécificités culturelles propre
à elle. Ce constat est légitime du fait que le
référentiel comptable tunisien, bien qu'aligné sur les
normes de l'IASB, garde parfois de l'identité culturelle tunisienne.
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Hypothèses Ó
|
Le cadre institutionnel de l'économie agit sur la
comptabilité
|
67,7 %
|
32,3 %
|
-
|
La comptabilité agit sur le cadre institutionnel de
l'économie
|
6,5 %
|
43,5 %
|
50 %
|
Relation d'interaction exercée mutuellement
|
4,8 %
|
38,7 %
|
56,5 %
|
Le résultat de notre enquête confirme le sens de la
nature de relation entretenue entre le
cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité. En effet, 67,7 % des personnes interviewées,
confirme que le cadre institutionnel de l'économie, à travers ses
différents axes, agit sur la comptabilité et non le
contraire. Selon 50 % des questionnés, il n'y a jamais
d'influence de la comptabilité sur le cadre institutionnel de
l'économie tunisienne. Pareil,
56,5 % des enquêtés pensent qu'il n'y a
jamais de relation d'interaction, mutuelle et
équilibrée, entre la comptabilité et le
cadre institutionnel de l'économie.
Paragraphe 2 : La nature de la relation entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne
Dans le cadre de cette partie nous allons essayé de
répondre à notre problématique de recherche à
savoir ``quelle est la nature de la relation existant entre la
cadre institutionnel
de l'économie et la comptabilité
''. Par la suite nous allons tenter de valider
l'une des hypothèses de résultat suivant :
· le cadre institutionnel de l'économie
conditionne les choix comptables.
· la comptabilité a des impératifs
qui sont indépendant du cadre institutionnel de
l'économie.
· La comptabilité comporte des
éléments spécifiques et des éléments
d'adaptabilité par rapport au cadre institutionnel de
l'économie.
176
2-1 Le marché et la comptabilité
tunisienne
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Principes comptables Ó
|
Les critères de qualité
|
35,5 %
|
45,2 %
|
19,4 %
|
Les hypothèses et conventions comptables
|
35,5 %
|
54,8 %
|
9,7 %
|
Selon 45,2 % des enquêtés, le marché
influence les critères de qualité de l'information
(l'intelligibilité, la pertinence, la fiabilité et
la comparabilité) de façon limitée (contingente).
Il influence aléatoirement, à raison de 54,8 %
des questionnés, les hypothèses et conventions comptables. Les
principes comptables sont conceptualisés pour asseoir une base de
réflexion comptable destinée à traduire la
réalité économique de l'entité et améliorer
par conséquent, l'efficience informationnelle du marché.
Attribuer à la comptabilité la vocation d'instrument d'efficience
des marchés, pousse le marché à influencer,
aléatoirement voir de façon limitée,
la conceptualisation et le respect des principes comptables.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Les procédures liées Ó
|
Aux opérations d'exploitation
|
54,8 %
|
38,7 %
|
6,5 %
|
Aux opérations d'investissement
|
54,8 %
|
40,3 %
|
4,8 %
|
Pour 54,8 % des interviewés, le marché est
déterminant dans la normalisation et le
traitement des opérations d'exploitation et
d'investissement. Ceci est tout à fait légitime puisque on
ne peut, ni normaliser, ni utiliser des techniques comptables, en
dehors des considérations du marché. Les procédures
de traitements comptables liées aux opérations
d'exploitation sont ceux rattachées à la gestion des
stocks, à la gestion des clients, à la gestion des
ventes et des achats, des matières premières, des
marchandises, des produits commerciales, etc. Les procédures
de traitements comptables liées aux opérations
d'investissement sont celles rattachées à l'acquisition des
actifs, à l'amortissement des immobilisations, etc.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Données comptables Ó
|
Les états financiers
|
50 %
|
45,2 %
|
4,8 %
|
Les autres informations
|
33,9 %
|
56,5 %
|
9,7 %
|
Les inputs de traitements comptables
|
58,1 %
|
38,7 %
|
3,2 %
|
177
Le marché est déterminant pour la structuration et
la production des états de synthèses
et des inputs aux traitements comptables, respectivement
à raison de 50 % et de 58,1 % des intervenants. Il est par contre
à influence contingente voir limitée concernant les autres
informations, à raison de 56,5 % des enquêtés.
La formalisation et la production des données
comptables sont des sous produits du marché. En effet, la
structuration et la divulgation des données comptables sont
largement influencées par une certaine pratique sur le
marché. Pour les autres informations, la structuration des
données à publier est en fonction de l'appréciation
du préparateur, d'où l'influence contingente limitée du
marché sur ce type d'information.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Utilisations comptablesÓ
|
Outil de prise de décision
|
62,9 %
|
37,1 %
|
-
|
Outil de communication
|
50 %
|
43,5 %
|
6,5 %
|
Outil de contrôle des réalisations
|
35,5 %
|
51,6 %
|
12,9 %
|
Outil de positionnement
|
30,6 %
|
56,5 %
|
12,9 %
|
Enfin, le marché est déterminant lors de
l'utilisation de la comptabilité comme outil de
prise de décision et de communication, respectivement
à raison de 62,9 % et de 50 % des interviewés. Par ailleurs, il
est d'influence contingente voir limitée lors de l'utilisation de la
comptabilité en tant qu'outil de contrôle des réalisations
et de positionnement, respectivement, selon 51,6 % et 56,5 % des
intervenants.
Les utilisations managériales de la comptabilité
se basent essentiellement sur le degré d'appréciation des
données comptables par les responsables de gestion. Dans les entreprises
tunisiennes, malheureusement, la prise en compte de la
comptabilité comme outil de management est rare. Par contre,
pour les professionnels, la comptabilité acquièrt plus de
valeur et d'importance lors de son utilisation comme outil de gestion de
l'entreprise.
Dans ce cas, le marché sera déterminant pour le
management comptable puisqu'il est d'une part, le responsable du
conditionnement de la structure, s'il y on a une, et du contenu des
données comptables considérés comme principal outil
de gestion, et d'autre part, un acteur à prendre en
considération lors de la gestion comptable.
178
Le tableau suivant illustre, globalement, le degré
d'influence du marché sur les éléments de la
comptabilité financière tunisienne :
Eléments de Comptabilité
|
Marché
|
|
Principes
comptables
|
Critères de qualité
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
35,5 %
|
45,2 %
|
19,4 %
|
Hypothèses et conventions
comptables
|
35,5 %
|
54,8 %
|
9,7 %
|
Procédures de
traitements
comptables
|
Opérations d'exploitation
|
54,8 %
|
38,7 %
|
6,5 %
|
Opérations d'investissement
|
54,8 %
|
40,3 %
|
4,8 %
|
Informations
et données
|
Les états de synthèse
|
50 %
|
45,2 %
|
4,8 %
|
Les autres informations
|
33,9 %
|
56,5 %
|
9,7 %
|
Les inputs aux traitements
comptables
|
58,1 %
|
38,7 %
|
3,2 %
|
Utilisations
|
Outil de prise de décision
|
62,9 %
|
37,1 %
|
-
|
Outil de communication
|
50 %
|
43,5 %
|
6,5 %
|
Outil de contrôle des
réalisations
|
35,5 %
|
51,6 %
|
12,9 %
|
Outil de positionnement
|
30,6 %
|
56,5 %
|
12,9 %
|
Par conséquent, on peut déduire que la
comptabilité peut être considérée comme un
sous-produit du marché mais à des degrés
variables en fonction de l'élément de comptabilité
à prendre en considération.
2-2 Contexte légal et comptabilité
tunisienne
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Principes comptables Ó
|
Les critères de qualité
|
45,2 %
|
48,4 %
|
6,5 %
|
Les hypothèses et conventions comptables
|
45,2 %
|
53,2 %
|
1,6 %
|
Selon 48,4 % des enquêtés, le contexte
légal influence les critères de qualité de
l'information (l'intelligibilité, la pertinence, la
fiabilité et la comparabilité) de façon limitée
(contingente). Il influence aléatoirement, à raison
de 53,2 % des questionnées, les hypothèses
et conventions comptables.
179
Le contexte légal influence les principes
comptables pour asseoir une crédibilité à
l'information divulguée et satisfaire les besoins de l'Etat en
matière d'impôt et d'organisation d'entreprises commerciales.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Les procédures liées Ó
|
Aux opérations d'exploitation
|
66,1 %
|
32,3 %
|
1,6 %
|
Aux opérations d'investissement
|
69,4 %
|
29 %
|
1,6 %
|
Respectivement, pour 66,1 % et 69,4 % des
interviewés, le contexte légal est
déterminant dans la normalisation et le
traitement des opérations d'exploitation et d'investissement.
Le contexte légal est déterminent pour la
normalisation des procédures de traitements comptables, puisque il est
sensé stimuler des techniques qui convergent avec les obligations des
autres types de droit. Il est influent sur l'application des
procédures de traitements comptables, étant donné que
les préparateurs évitent les coûts de retraitements,
fiscaux par exemple, en optant pour des options cohérentes avec les
autres réglementations.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Données comptables Ó
|
Les états financiers
|
69,4 %
|
29 %
|
1,6 %
|
Les autres informations
|
38,7 %
|
50 %
|
11,3 %
|
Les inputs de traitements comptables
|
43,5 %
|
48,4 %
|
8,1 %
|
Le contexte légal est déterminant pour la
structuration et la production des états de
synthèses, à raison de 69,4 % des intervenants.
Il est par contre à influence contingente voir limitée
concernant les autres informations et les inputs aux
traitements comptables, respectivement à raison de 50 % et de 48,4 %
des enquêtés.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Utilisations comptables Ó
|
Outil de prise de décision
|
61,3 %
|
37,1 %
|
1,6 %
|
Outil de communication
|
33,9 %
|
59,7 %
|
6,5 %
|
Outil de contrôle des réalisations
|
19,4 %
|
38,7 %
|
41,9 %
|
Outil de positionnement
|
16,1 %
|
38,7 %
|
45,2 %
|
180
Enfin, le contexte légal est déterminant lors de
l'utilisation de la comptabilité comme outil de prise de
décision, à raison de 61,3 % des interviewés.
Parallèlement, il est d'influence contingente voir limitée lors
de l'utilisation de la comptabilité en tant qu'outil de communication,
à raison de 59,7 % des questionnés. Par ailleurs, il
est neutre lors de l'utilisation de la comptabilité en tant
qu'outil de contrôle des réalisations et de
positionnement, respectivement, selon 41,9 % et 45,2 % des intervenants.
Le contexte légal est déterminant pour le
management comptable puisque, d'une part, il influence le conditionnement,
de la structure, s'il y on a une, et du contenu des données
comptables considéré comme principal outil de gestion, et d'autre
part, il constitue un cadre à prendre en considération lors de la
gestion comptable.
Par ailleurs, le contexte légal est neutre lors du
contrôle des réalisations de l'entreprise avec les objectifs
visés et lors du positionnement de l'entreprise dans le temps
et dans l'espace.
Le tableau suivant illustre, globalement, le degré
d'influence du contexte légal sur les éléments de la
comptabilité financière tunisienne :
Eléments de Comptabilité
|
Contexte légal
|
|
Principes
comptables
|
Critères de qualité
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
45,2 %
|
48,4 %
|
6,5 %
|
Hypothèses et conventions
comptables
|
45,2 %
|
53,2 %
|
1,6 %
|
Procédures de
traitements
comptables
|
Opérations d'exploitation
|
66,1 %
|
32,3 %
|
1,6 %
|
Opérations d'investissement
|
69,4 %
|
29%
|
1,6 %
|
Informations
et données
|
Les états de synthèse
|
69,4 %
|
29 %
|
1,6 %
|
Les autres informations
|
38,7 %
|
50 %
|
11,3 %
|
Les inputs aux traitements
comptables
|
43,5 %
|
48,4 %
|
8,1 %
|
Utilisations
|
Outil de prise de décision
|
61,3 %
|
37,1 %
|
1,6 %
|
Outil de communication
|
33,9 %
|
59,7 %
|
6,5 %
|
Outil de contrôle des
réalisations
|
19,4 %
|
38,7 %
|
41,9 %
|
Outil de positionnement
|
16,1 %
|
38,7 %
|
45,2 %
|
181
En conclusion, on peut dire que la comptabilité
financière contienne des éléments conditionnés
et des éléments d'adaptabilités par rapport au contexte
légal tunisien.
2-3 Référentiel socioculturel et
comptabilité tunisienne
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Principes comptables Ó
|
Les critères de qualité
|
21 %
|
45,2 %
|
33,9 %
|
Les hypothèses et conventions comptables
|
17,7 %
|
50 %
|
32,3 %
|
Selon 45,2 % des enquêtés, le
référentiel socioculturel tunisien influence les critères
de
qualité de l'information (l'intelligibilité,
la pertinence, la fiabilité et la comparabilité) de
façon limitée (contingente). Il influence aléatoirement,
à raison de 50 % des questionnés, les hypothèses et
conventions comptables.
Le référentiel socioculturel tunisien intervient
lors de la conceptualisation et la mise en oeuvre des principes comptables.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Les procédures liées Ó
|
Aux opérations d'exploitation
|
27,4 %
|
43,5 %
|
29 %
|
Aux opérations d'investissement
|
25,8 %
|
45,2 %
|
29 %
|
Respectivement, pour 43,5 % et 45,2 % des interviewés, le
référentiel socioculturel est
d'influence contingente voir limitée dans la
normalisation et le traitement des opérations d'exploitation et
d'investissement.
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Données comptables Ó
|
Les états financiers
|
12,9 %
|
62,9 %
|
24,2 %
|
Les autres informations
|
22,6 %
|
53,2 %
|
24,2 %
|
Les inputs de traitements comptables
|
21 %
|
50 %
|
29 %
|
Le référentiel socioculturel tunisien est
d'influence contingente voir limitée dans la
structuration et la production des états de
synthèses, des autres informations et des inputs aux traitements
comptables, respectivement à raison de 62,9 %, de 53,2 % et
de 50 % des intervenants.
182
AppréciationÏ
|
Déterminant
|
Influence limitée
(ou contingente)
|
Neutre
|
Utilisations comptablesÓ
|
Outil de prise de décision
|
59,7 %
|
25,8 %
|
14,5 %
|
Outil de communication
|
46,8 %
|
35,5 %
|
17,7 %
|
Outil de contrôle des réalisations
|
27,4 %
|
48,4 %
|
24,2 %
|
Outil de positionnement
|
30,6 %
|
38,7 %
|
30,6 %
|
Enfin, le référentiel socioculturel tunisien
est déterminant lors de l'utilisation de la
comptabilité comme outil de prise de décision et de
communication, respectivement à raison
de 59,7 % et de 46,8 % des interviewés. Par
ailleurs, il est d'influence contingente voir limitée lors de
l'utilisation de la comptabilité en tant qu'outil de contrôle des
réalisations et
de positionnement, respectivement, selon 48,4 % et 38,7 % des
intervenants.
Le référentiel socioculturel est
déterminant pour le management comptable puisque, d'une part, il
influence le conditionnement, de la structure, s'il y on a une, et le contenu
des données comptables considéré comme principal outil de
gestion, et d'autre part, il constitue
un élément à prendre en
considération lors de la gestion comptable. Le tableau suivant
illustre, globalement, le degré d'influence du référentiel
socioculturel sur les éléments de la comptabilité
financière tunisienne :
Eléments de Comptabilité
|
Référentiel sociologique
|
|
Principes
comptables
|
Critères de qualité
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
21 %
|
45,2 %
|
33,9 %
|
Hypothèses et conventions
comptables
|
17,7 %
|
50 %
|
32,3 %
|
Procédures de
traitements
comptables
|
Opérations d'exploitation
|
27,4 %
|
43,5 %
|
29 %
|
Opérations d'investissement
|
25,8 %
|
45,2 %
|
29 %
|
Informations
et données
|
Les états de synthèse
|
12,9 %
|
62,9 %
|
24,2 %
|
Les autres informations
|
22,6 %
|
53,2 %
|
24,2 %
|
Les inputs aux traitements
comptables
|
21 %
|
50 %
|
29 %
|
Utilisations
|
Outil de prise de décision
|
59,7 %
|
25,8 %
|
14,5 %
|
Outil de communication
|
46,8 %
|
35,5 %
|
17,7 %
|
Outil de contrôle des
réalisations
|
27,4 %
|
48,4 %
|
24,2 %
|
Outil de positionnement
|
30,6 %
|
38,7 %
|
30,6 %
|
183
Par conséquent, on peut déduire que la
comptabilité est conditionnée par le référentiel
socioculturel mais à des degrés variables en fonction de
l'élément de comptabilité à prendre
en considération.
Le tableau 7 et le tableau 8 illustrent une vue
synthétique et globale du modèle de recherche traité
dans le cadre de ce mémoire de recherche. Sachant que :
- Les états de synthèses sont le bilan, le
compte de résultat, l'état de flux de trésorerie et
les notes aux états financiers.
- Les autres informations sont l'information sur les comptes
prévisionnels, l'état sur
les ressources humaines, le rapport sur les performances
environnementales et l'état sur la technologie.
- Les inputs aux traitements comptables constituent la
matière première
d'information à prendre en compte par la
comptabilité (les factures, les contrats de société,
etc.).
184
TABLEAU 7 : APPRECIATION QUANTITATIVE DE LA RELATION
ENTRE LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE
TUNISIENNE
Eléments de Comptabilité
|
Le cadre institutionnel de l'économie
|
Marché
|
Contexte légal
|
Référentiel sociologique
|
Principes
comptables
|
Critères de qualité
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
35,5 %
|
45,2 %
|
19,4 %
|
45,2 %
|
48,4 %
|
6,5 %
|
21 %
|
45,2 %
|
33,9 %
|
Hypothèses et
conventions
comptables
|
35,5 %
|
54,8 %
|
9,7 %
|
45,2 %
|
53,2 %
|
1,6 %
|
17,7 %
|
50 %
|
32,3 %
|
Procédures
de
traitements
comptables
|
Opérations
d'exploitation
|
54,8 %
|
38,7 %
|
6,5 %
|
66,1 %
|
32,3 %
|
1,6 %
|
27,4 %
|
43,5 %
|
29 %
|
Opérations
d'investissement
|
54,8 %
|
40,3 %
|
4,8 %
|
69,4 %
|
29%
|
1,6 %
|
25,8 %
|
45,2 %
|
29 %
|
Informations
et données
|
Les états de
synthèse
|
50 %
|
45,2 %
|
4,8 %
|
69,4 %
|
29 %
|
1,6 %
|
12,9 %
|
62,9 %
|
24,2 %
|
Les autres
informations
|
33,9 %
|
56,5 %
|
9,7 %
|
38,7 %
|
50 %
|
11,3 %
|
22,6 %
|
53,2 %
|
24,2 %
|
Les inputs aux
traitements
comptables
|
58,1 %
|
38,7 %
|
3,2 %
|
43,5 %
|
48,4 %
|
8,1 %
|
21 %
|
50 %
|
29 %
|
Utilisations
|
Outil de prise de
décision
|
62,9 %
|
37,1 %
|
-
|
61,3 %
|
37,1 %
|
1,6 %
|
59,7 %
|
25,8 %
|
14,5 %
|
Outil de
communication
|
50 %
|
43,5 %
|
6,5 %
|
33,9 %
|
59,7 %
|
6,5 %
|
46,8 %
|
35,5 %
|
17,7 %
|
Outil de contrôle
des réalisations
|
35,5 %
|
51,6 %
|
12,9 %
|
19,4 %
|
38,7 %
|
41,9 %
|
27,4 %
|
48,4 %
|
24,2 %
|
Outil de
positionnement
|
30,6 %
|
56,5 %
|
12,9 %
|
16,1 %
|
38,7 %
|
45,2 %
|
30,6 %
|
38,7 %
|
30,6 %
|
186
TABLEAU 8 : APPRECIATION QUALITATIVE DE LA RELATION ENTRE
LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET LA COMPTABILITE TUNISIENNE
Eléments de Comptabilité
|
Le cadre institutionnel de l'économie
|
Marché
|
Contexte légal
|
Référentiel sociologique
|
Principes
comptables
|
Critères de qualité
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Hypothèses et
conventions
comptables
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Procédures
de
traitements
comptables
|
Opérations
d'exploitation
|
Déterminant
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Opérations
d'investissement
|
Déterminant
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Informations
et données
|
Les états de
synthèse
|
Déterminant
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Les autres
informations
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Les inputs aux
traitements
comptables
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Utilisations
|
Outil de prise de
décision
|
Déterminant
|
Déterminant
|
Déterminant
|
Outil de
communication
|
Déterminant
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Déterminant
|
Outil de contrôle
des réalisations
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Outil de
positionnement
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
Neutre
|
Influence limitée
(aléatoire)
|
187
L'analyse des données issue du questionnaire
élaboré, permet de soutenir la première hypothèse
de travail à savoir : le cadre institutionnel de
l'économie conditionne les choix comptables. Ce
résultat est vérifié à des proportions
variables en fonction de l'élément de comptabilité
à traiter. Le conditionnement est alors moyen.
2-4 Degré d'influence de chaque composante du cadre
institutionnel de l'économie sur la comptabilité tunisienne
Le cadre institutionnel de l'économie comporte trois
composantes :
· Un marché ;
· Un contexte légal, et
· Un référentiel sociologique.
D'un point de vue conceptuel, la comptabilité peut
être présentée comme suit :
Avec
Mc : marché ;
Cl : contexte légal ;
Rs : référentiel sociologique.
Comptabilité = f (Mc, Cl, Rs)
Nous proposons de déterminer dans ce qui suit, le
degré d'importance de chacune des
composantes du cadre institutionnel de l'économie pour le
construit comptable :
Comptabilité = Mc + Cl + Rs
Où , et représentent respectivement
l'importance relative accordée à chacune des composantes de la
performance et dont la somme est égale à 1 (++ = 1). Pour
calculer ces pondérations, nous procéderons de la manière
suivante :
1- Nous accordons un score à chacune des réponses
proposées par les personnes enquêtées. Ces réponses
sont au nombre de trois :
° Principalement : nous attribuons à cette
réponse une note maximale de 9 sur une échelle
de 3 à 9.
188
° Moyennement : nous attribuons à cette
réponse une note de 6.
° Rarement : nous attribuons à cette réponse
une note de 3.
2- Par la suite, nous calculons le score
réalisé pour chaque composante. Ce score est une somme
pondérée des réponses données par les personnes
interviewées.
3- Enfin pour obtenir une estimation de l'importance relative
de chaque composante, nous calculons la contribution de chacune en divisant le
score qu'elle a obtenu par la somme des scores des trois composantes.
Conditions Ï
|
Principalement
|
Moyennement
|
Rarement
|
C . I . E Ó
|
Le contexte des marchés
|
30,6 %
|
53,2 %
|
16,1 %
|
Le contexte légal
|
67,7 %
|
29 %
|
3,2 %
|
Le référentiel sociologique
|
1,6 %
|
21 %
|
77,4 %
|
Sans recours au calcul des pondérations, nous constatons
que 67,7 % des intervenants
estiment que le contexte légal est le principal
déterminant du construit comptable. Alors que
le marché vient en deuxième position pour
53,2 % des enquêtés. Enfin, le référentiel
socioculturel arrive en dernière position pour 77,4 % des
interviewés.
|
Principalement
(9)
|
Moyennement (6)
|
Rarement (3)
|
Total
|
Réponses
|
Score
|
Réponses
|
Score
|
Réponses
|
Score
|
Marché
|
19
|
171
|
33
|
198
|
10
|
30
|
399
|
Contexte légal
|
42
|
378
|
18
|
108
|
2
|
6
|
492
|
Référentiel socioculturel
|
1
|
9
|
13
|
78
|
48
|
144
|
231
|
Total
|
|
558
|
|
384
|
|
180
|
1122
|
° Contribution du marché à la
comptabilité =35,56 %
° Contribution du contexte légal à la
comptabilité =43,85 %
° Contribution du référentiel socioculturel
à la comptabilité =20,59 %
Ainsi, d'une manière générale, la
contribution du marché, du contexte légal et du
référentiel socioculturel à la comptabilité se
présente dans la relation suivante :
Comptabilité = 35,56% Mc + 43,85% Cl + 20,59%
Rs
L'utilisation de la ``méthode de scoring'' confirme
le résultat précédent. En effet, le contexte
légal est toujours l'élément le plus
déterminant dans le construit comptable pour
43,85 %. Le marché est toujours moyennement
déterminent selon 35,56 %. Enfin, le référentiel
socioculturel garde toujours une estimation limitée de 20,59 %.
189
Dans ce qui suit, nous allons tenté de positionner
la comptabilité par rapport à la
discipline de gestion et de déterminer par
conséquent, les divergences d'appréciations du cadre
institutionnel de l'économie par les deux disciplines. D'un point de vue
conceptuel, la gestion peut être présentée comme suit :
Avec
Mc : marché ;
Cl : contexte légal ;
Rs : référentiel sociologique.
Gestion = f (Mc, Cl, Rs)
La formulation de l'impact des éléments du cadre
institutionnel de l'économie sur la
gestion et le management se présente ainsi :
Gestion = Mc + Cl + Rs
|
Principalement
(9)
|
Moyennement (6)
|
Rarement (3)
|
Total
|
Réponses
|
Score
|
Réponses
|
Score
|
Réponses
|
Score
|
Marché
|
47
|
423
|
15
|
90
|
0
|
0
|
513
|
Contexte légal
|
37
|
333
|
23
|
138
|
2
|
6
|
477
|
Référentiel socioculturel
|
12
|
108
|
32
|
192
|
18
|
54
|
354
|
Total
|
|
864
|
|
420
|
|
60
|
1344
|
° Contribution du marché à la gestion =38,17
%
° Contribution du contexte légal à la gestion
=35,49 %
° Contribution du référentiel socioculturel
à la gestion =26,34 %
Ainsi, d'une manière générale, la
contribution du marché, du contexte légal et du
référentiel socioculturel à la gestion d'entreprise se
présente dans la relation suivante :
Gestion = 38,17 % Mc + 35,49 % Cl + 26,34 % Rs
Contrairement à la position adoptée par la
comptabilité, le marché est l'élément le plus
déterminent pour le management de l'entreprise avec un pourcentage de
38,17 %. Par contre,
190
le contexte légal vient en deuxième position avec
un pourcentage de 35,49 %. L'impact du référentiel sociologique
sur la gestion de l'entreprise reste faible à raison de 26,34 %.
Pour conclure on peut dire que la gestion et la
comptabilité convergent vers l'utilisation rare du
référentiel socioculturel dans leur fonctionnement. Alors
qu'elles changent de position quant il s'agit du marché et du contexte
légal.
CIE Ï
|
Marché
|
Contexte légal
|
Référentiel sociologique
|
Eléments Ó
|
Primordial
|
Secondaire
|
Neutre
|
P
|
S
|
N
|
P
|
S
|
N
|
Contrôle
|
35,5 %
|
45,2 %
|
19,4 %
|
30,6
%
|
37,1
%
|
32,3
%
|
24,2
%
|
43,5
%
|
32,3
%
|
Pilotage
|
62,9 %
|
24,2 %
|
12,9 %
|
33,9
%
|
45,2
%
|
21 %
|
25,8
%
|
41,9
%
|
32,3
%
|
Planification
|
62,9 %
|
17,7 %
|
19,4 %
|
46,8
%
|
22,6
%
|
30,6
%
|
33,9
%
|
38,7
%
|
27,4
%
|
Autres (à préciser)
|
....................................
......................................
|
........................
........................
|
........................
........................
|
Dans notre effort de recherche de l'impact du cadre
institutionnel de l'économie
tunisienne sur le management de l'entreprise nous avons
tenté d'ouvrir les horizons vers d'autres investigations dans ce
domaine.
Ainsi, le marché est secondaire pour le contrôle,
à raison de 45,2 % des enquêtés. Par contre, il est
primordial selon 62,9 % des intervenants, à la fois, pour le
pilotage et la planification de l'entreprise.
Selon 46,8 % des interviewés, le contexte légal
est primordial pour la planification de l'entreprise. Il est secondaire
pour le pilotage et le contrôle de l'entité,
respectivement à raison de 37,1 % et de 45,2 % des
questionnés.
Le référentiel sociologique est secondaire
pour le contrôle, le pilotage et la planification,
respectivement à raison de 43,5 %, de 41,9 % et de 38,7 % des
enquêtés.
Le contrôle managérial comprend la
vérification des réalisations par rapport aux objectifs
arrêtés par l'entreprise et le contrôle des performances
managériales des dirigeants.
191
Le pilotage de l'entreprise consiste à prendre
les décisions pertinentes, au moment opportun, permettant
d'éviter le dérapage de l'entité par rapport
à sa trajectoire conceptualisée.
La planification consiste à définir et projeter
les lignes directrices du management de l'entreprise (la politique
générale de l'entreprise, la stratégie de
l'entreprise, etc.) sur un horizon temporaire bien défini.
192
CONCLUSION DE LA PARTIE EMPIRIQUE
A travers la partie empirique, nous avons cherché à
répondre à notre problématique de travail qui est la
suivante :
Quelle est la nature de la relation existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et
la comptabilité ?
En effet, dans le cadre de la partie théorique,
nous avons constaté que le cadre institutionnel de
l'économie comporte, essentiellement, un marché (Mc), un
contexte légal
(Cl) et un référentiel sociologique (Rs).
Concernant la comptabilité, nous avons essayé de la
modéliser comme étant des principes comptables, des
procédures de traitements comptables, des données comptables et
des utilisations managériales de la comptabilité.
En ce sens, l'objectif de la proposition de recherche est de
déterminer la nature de la relation entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité
à travers les composantes de ces deux axes. L'analyse empirique de
la proposition de recherche a permis
de dégager les conclusions suivantes, suite aux
tests des axes de la proposition et la
validation de la proposition elle même :
1- LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE TUNISIENNE
Notre ambition était de déterminer les
caractéristiques de chaque élément du cadre
institutionnel de l'économie.
Concernant le marché, la théorie fait
ressortir principalement, trois typologies du marché choisies en
fonction de l'objet de transaction. Il s'agit d'un :
· Marché de bien et services ;
· Marché du travail ; et d'un
· Marché financier.
Concernant le marché des biens et services
tunisien, il est signalé, émergent et à efficience
moyenne. Le marché du travail tunisien est estimé, à la
fois, émergent et limité,
193
par contre, il est à efficience moyenne.
Finalement, le marché financier tunisien est faiblement
développé et à efficience faible.
Sur le marché tunisien, les conditions de
concurrence pure et parfaite sont rarement respectées et le
financement des entreprises est assuré principalement, par le
marché interbancaire. Les autres modes de financement sont
moyennement utilisés par les entités économiques
tunisiennes.
En ce qui concerne le contexte légal tunisien, le droit
fiscal et le droit pénal sont jugés rigides, alors que le droit
commercial est apprécié souple et le droit des
sociétés contingent.
Enfin, le référentiel socioculturel tunisien
est caractérisé par l'existence aléatoire de valeurs
managériales, le comportement du tunisien est plutôt
centralisé autour des dimensions individualistes,
opportunistes et de débrouardises. Par ailleurs, la
gestion tunisienne ne se réfère aucunement à la culture
africaine.
Notre ambition était de déterminer la part
relative de chaque composante dans la gestion de l'entreprise. En effet,
la gestion a été formulée de la manière suivante
:
Gestion = 38,17 % Mc + 35,49 % Cl + 26,34 % Rs
En conclusion, on peut dire que la gestion de l'entreprise prend
en considération les axes du cadre institutionnel de l'économie
dans le classement suivant :
1. le marché ;
2. le contexte légal ; et
3. le référentiel sociologique.
2- LA COMPTABILITE TUNISIENNE
La comptabilité tunisienne nécessite une
certaine actualisation pour pouvoir s'ajuster
au niveau de développement du marché, assurer la
congruence avec les autres composantes
du contexte légal et respecter les
spécificités culturelles tunisiennes.
Par la suite, on a pu constater que la comptabilité
tunisienne se base, essentiellement, sur des principes comptables, des
procédures de traitements comptables et des données
comptables. Elle est valorisable pour le management de l'entreprise puisqu'elle
constitue le
194
moyen privilégié de prise de décision, de
communication et de contrôle des réalisations. Elle
est à caractère secondaire pour le
positionnement de l'entreprise par rapport à son
environnement interne et externe.
3- CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET COMPTABILITE
TUNISIENNE
La résolution des termes de notre problématique
de recherche passe, indispensablement, par la détermination du sens
de la relation entretenue entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité. Il s'agit de valider l'une
des hypothèses suivantes :
° Le cadre institutionnel de l'économie agit sur la
comptabilité tunisienne ;
° La comptabilité agit sur le cadre institutionnel de
l'économie ; ou bien
° L'influence entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité est exercée mutuellement
et de façon égalitaire.
L'hypothèse maintenue, à raison de 67,7 %
des personnes interviewées, est celle justifiant une relation
d'impact exercée par Le cadre institutionnel de l'économie
sur la comptabilité tunisienne.
La décortication du cadre institutionnel de
l'économie en trois éléments, permet de
dégager les raisons et le degré d'une telle influence
exercée, par le marché, le contexte légal
et le référentiel socioculturel, sur la
comptabilité.
Selon 67,7 % des enquêtés, le construit
comptable subit toujours l'influence des mouvements transactionnels. Ceci
confirme la position adoptée par les experts comptables
interviewés puisqu'ils considèrent, à raison de 61,3 %,
que le marché est essentiellement une source des problèmes
comptables à normaliser.
Pour 46,8 % des experts comptables interviewés,
la comptabilité traduit, parfois, la régularité du
fonctionnement du marché. Respectivement, selon 54,8 % et 53,2
% des intervenants, le marché agit, d'une manière
contingente, sur la comptabilité en tant, qu'utilisateur
d'information et garant de la transparence financière, et lieu de
conditionnement de la normalisation comptable. Pour traduire convenablement la
régularité
195
du fonctionnement du marché, le marché tunisien
doit être assez développé et efficient pour pouvoir agir
sur la comptabilité tunisienne et stimuler la régulation
du marché, en tant qu'utilisateur d'information et garant de la
transparence financière, et lieu de conditionnement de la normalisation
comptable. .
Selon 51,6 % des questionnés, le marché agit sur la
comptabilité, de façon contingente,
en tant que lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité.
L'analyse des raisons d'influence exercées par le
contexte légal sur la comptabilité révèle
que respectivement, 77,4 % et 64,5 % des enquêtés,
pensent que le cadre réglementaire agit sur la
comptabilité, essentiellement, en tant que source de
réglementations économiques et financières, et moyen de
garantie de la sécurité des transactions. Pour 35,5 % des
interviewés, le contexte légal influence, de façon
contingente, la comptabilité pour pouvoir assurer la cohérence
et l'harmonie avec ses autres composantes. Enfin, 46,8 % des intervenants,
estiment que le contexte légal influence, de manière
supplétive, la comptabilité
en tant que source de concrétisation de
l'intérêt général.
La comptabilité est un sous produit du droit fiscal, du
droit commercial et du droit des sociétés. En effet,
l'enquête confirme ce raisonnement, respectivement, à raison de
48,4 %,
de 37,1 % et de 56,5 % des experts comptables
questionnés. Cependant, 51,6 % des
interviewés estiment que le droit pénal est
totalement indépendant de la comptabilité.
La comptabilité traduit parfois, à raison
de 48,4 % des questionnés, l'éthique contractuelle.
Ceci sera de plus en plus confirmé, puisque respectivement, selon 66,1 %
et
45,2 % des enquêtés, la déontologie
professionnelle et l'éthique de représentation agissent, parfois,
sur le construit et la production comptable.
Enfin, on peut dire que la comptabilité tunisienne est
à caractère émergent, regroupant
à la fois, des caractéristiques culturelles
continentales et anglo-saxonnes, parfois adaptées aux
spécificités socioculturelles tunisienne.
L'objectif de notre recherche étant de
déterminer la nature de la relation entretenue entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité à travers
l'approbation de l'une des hypothèses de résultat suivantes :
196
· le cadre institutionnel de l'économie
conditionne les choix comptables.
· la comptabilité a des impératifs
qui sont indépendant du cadre institutionnel de
l'économie.
· La comptabilité comporte des
éléments spécifiques et des éléments
d'adaptabilité par rapport au cadre institutionnel de
l'économie.
La confirmation de l'une des hypothèses de
résultat annoncées doit nécessairement passer par la
confrontation des différents axes du cadre institutionnel de
l'économie avec les éléments de comptabilité
dégagés dans le modèle de recherche.
Le marché et la comptabilité
tunisienne
Le marché semble être déterminant, pour le
traitement des opérations d'exploitation et d'investissement (54,8 %),
pour la structuration et la production des états de synthèses
(50%)
et des inputs aux traitements comptable (58,1 %) et lors
de l'utilisation de la comptabilité
comme outil de prise de décision (62,9 %) et de
communication (50 %).
Il est par contre, d'influence contingente voir
limitée, pour la conceptualisation et le respect des critères
de qualité de l'information (45,2%) et des hypothèses et
conventions comptables (54,8 %), pour la production des autres
informations (56,5 %) et lors de l'utilisation de la
comptabilité en tant qu'outil de contrôle des
réalisations (51,6 %) et de positionnement (56,5%).
Pour conclure, on peut dire que la
première hypothèse de résultat (le cadre
institutionnel de l'économie conditionne les choix comptables) est
vérifiée pour le marché, mais à des proportions
variables suivant l'élément de comptabilité à
traiter.
Contexte légal et comptabilité
tunisienne
Le contexte légal semble être
déterminant, pour le traitement des opérations
d'exploitation (66,1 %) et d'investissement (69,4 %), pour la structuration et
la production des états de synthèses (69,4 %) et lors de
l'utilisation de la comptabilité comme outil de prise
de décision (61,3 %).
197
Il est par contre, d'influence contingente voir
limitée, pour la conceptualisation et le respect des critères
de qualité de l'information (48,4 %) et des hypothèses
et conventions comptables (53,2 %), pour la production des autres
informations (50 %) et des inputs aux traitements comptables (48,4 %) et
lors de l'utilisation de la comptabilité en tant qu'outil de
communication (59,7 %), de contrôle des réalisations (51,6 %) et
de positionnement (56,5%).
Par ailleurs, il est neutre lors de l'utilisation de
la comptabilité en tant qu'outil de contrôle des
réalisations et de positionnement, respectivement, selon 41,9 % et 45,2
% des intervenants.
Pour conclure, on peut dire que la troisième
hypothèse de résultat (la comptabilité comporte des
éléments spécifiques et des éléments
d'adaptabilité par rapport au contexte légal) est
vérifiée pour le contexte légal, mais à des
proportions variables suivant l'élément
de comptabilité à traiter.
Référentiel socioculturel et
comptabilité tunisienne
Le référentiel socioculturel semble
être déterminant, lors de l'utilisation de la
comptabilité comme outil de prise de décision (59,7 %) et de
communication (46,8 %).
Il est par contre d'influence contingente voir
limitée pour la conceptualisation et le respect des
critères de qualité de l'information (45,2 %) et des
hypothèses et conventions comptables (50 %), pour le
traitement des opérations d'exploitation (43,5 %) et
d'investissement (45,2 %), pour la structuration et la production, des
états de synthèses
(62,9%), des autres informations (53,2 %) et des inputs aux
traitements comptable (50 %) et lors de l'utilisation de la comptabilité
en tant qu'outil de contrôle des réalisations (48,4 %) et
de positionnement (38,7 %).
Pour conclure, on peut dire que la
première hypothèse de résultat (le cadre
institutionnel de l'économie conditionne les choix comptables) est
vérifiée pour le référentiel socioculturel, mais
à des proportions variables suivant l'élément de
comptabilité à traiter.
Le degré de l'influence exercée par les
composantes du cadre institutionnel de l'économie sur la
comptabilité tunisienne n'est pas équilibré. En effet, le
contexte légal est l'élément le plus déterminant
dans le construit comptable (43,85 %), Suivi du marché qui est
198
moyennement déterminant (35,56 %). Enfin, le
référentiel socioculturel garde toujours une estimation
limitée (20,59 %).
Au terme de cette conclusion relative à la partie
empirique, il ressort que :
· Le cadre institutionnel de l'économie
influence le construit et la pratique comptable, mais à des
degrés variables selon l'élément de
comptabilité à prendre en considération. Ce qui
confirme et valide la première hypothèse à
savoir : le cadre institutionnel de l'économie
conditionne les choix comptables.
· Le degré d'influence des éléments du
cadre institutionnel de l'économie sur la
comptabilité tunisienne n'est pas égalitaire. Il
poursuit le classement suivant :
1. le contexte légal (43,85
%);
2. le marché (35,56 %) ; et
3. le référentiel
socioculturel (20,59 %).
· La gestion ne poursuit pas le même classement
d'influence par rapport aux éléments du cadre institutionnel
de l'économie :
1. le marché (38,17 %) ;
2. le contexte légal (35,49 %)
; et
3. le référentiel
sociologique (26,34 %).
· La promotion de la comptabilité tunisienne passe
par un rôle plus actif du cadre institutionnel de l'économie.
· Les entreprises tunisiennes doivent prendre au
sérieux l'utilisation de la comptabilité en tant qu'outil
de management.
199
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre travail, il convient de s'interroger sur le
chemin parcouru au cours
de ce mémoire, d'en dégager les principaux
apports, les limites et les perspectives de recherche.
Les efforts consentis par l'IASC (notamment IASB) d'une
part, et l'enjeu de la globalisation et de l'internationalisation de
l'économie d'autre part, ont rendu nécessaire une certaine
harmonisation comptable internationale. L'analyse des comptes
d'entreprises de nationalité différente reste
néanmoins difficile en raison de la diversité des
pratiques comptables nationales. Pour la plupart des auteurs,
l'explication des divergences entre les systèmes comptables est
à rechercher dans la diversité des cadres
institutionnels de l'économie caractérisant chaque pays (le
contexte du marché, le contexte légal et le
référentiel socioculturel).
Dans cette perspective, l'ambition de cette recherche
étant de trouver la nature de la relation existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité
?
La réponse à notre problématique
impliquerait, préalablement à toute proposition de
modèle de recherche d'instruire l'étude à travers
une revue de la littérature théorique et pratique, ainsi
que de la pratique internationale du cadre institutionnel de l'économie
et de la comptabilité.
La partie théorique de notre travail nous a permis
de dégager une proposition de recherche articulée autour de
deux axes :
· le cadre institutionnel de l'économie
contient, principalement, un marché, un
contexte légal et un référentiel
socioculturel.
· La comptabilité peut être
représentée par les éléments suivants : les
principes comptables (les critères de qualité
assignés à l'information, les hypothèses et
conventions comptables), les procédures de traitement des inputs de la
comptabilité (les procédures liés aux opérations
d'exploitation et aux opérations d'investissement), les
informations et données comptables (les états financiers, les
autres informations et les inputs aux traitements
200
comptables) et les utilisations managériales de la
comptabilité (outil de prise de décision, de communication, de
contrôle des réalisations et de positionnement).
Le test empirique concernant la proposition de recherche
a permis de relever les résultats suivants :
· Le cadre institutionnel de l'économie
influence le construit et la pratique
comptable, mais à des degrés variables
selon l'élément de comptabilité à prendre en
considération. Ce qui confirme et valide la
première hypothèse à savoir : le
cadre institutionnel de l'économie conditionne les choix
comptables.
· Le degré d'influence des éléments du
cadre institutionnel de l'économie sur la
comptabilité tunisienne n'est pas égalitaire. Il
obéit au classement suivant :
1. le contexte légal (43,85
%);
2. le marché (35,56 %) ; et
3. le référentiel
socioculturel (20,59 %).
· Les éléments du cadre institutionnel de
l'économie tunisienne doivent exercer plus d'influence sur la
comptabilité. En effet, le développement de la
comptabilité tunisienne vers des standards internationaux,
nécessite une structure plus développée et active
du marché, du contexte légal et du référentiel
socioculturel tunisien.
· La comptabilité tunisienne doit évoluer
dans la pratique vers des utilisations managériales
valorisables.
l'apport de recherche est double, le premier est de
nature théorique et réside dans l'étude
regroupée des trois composantes du cadre institutionnel de
l'économie et leurs relations avec la comptabilité
financière, un domaine de recherche où les études
théoriques et empiriques associées sont assez rares. Le
deuxième apport de notre travail est de nature pratique, les
résultats obtenus ont montré le caractère émergent
de la comptabilité tunisienne.
Ce constat est tout à fait logique puisque le
système comptable des entreprises tunisiennes est
relativement récent et opte pour un alignement sur les
normes de l'IASB, et donc pour une culture anglo-saxonne.
L'intégration d'une culture anglo-saxonne dans
la comptabilité tunisienne est relativement récente,
puisque pour des raisons historiques, elle poursuivait, au paravent, une
201
logique continentale et plus précisément,
française (plan comptable de 1967, influence notable du contexte
légal sur la normalisation comptable, reporting comptable limité,
etc).
De plus, les éléments du cadre
institutionnel de l'économie tunisienne (surtout, le marché
et le référentiel socioculturel) ne sont pas assez
développés pour pouvoir agir convenablement sur la
normalisation comptable en général. Enfin, on peut dire
que la normalisation comptable tunisienne est largement
inspirée du référentiel comptable international et
qu'elle poursuit les prérogatives de la globalisation qui tend à
standardiser le comportement et par conséquent les
éléments du cadre institutionnel de l'économie.
Pour ce qui est des limites de ce travail de recherche, la
première limite réside dans la portée subjective des
réponses données. En effet, le degré de la
pertinence des réponses, dépend des convictions des
personnes interviewées, de la culture et du métier
qu'elles exercent. Ce background a conditionné dans une grande mesure la
validité des réponses.
La deuxième limite de notre travail est
inhérente au degré de maturité de la recherche sur la
nature de la relation existant entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité. En effet, ces notions
constituent des champs friches au sein desquels les questionnements sont
relativement récents et peu de repères existent.
Enfin, plusieurs autres éléments peuvent influencer
la normalisation comptable citant par exemple, l'intervention de l'Etat, le
niveau de développement (pays développés et pays
en voie de développement), l'ancienneté, la
compétence et l'organisation de la profession comptable, etc.
La dynamisation des axes du cadre institutionnel de
l'économie tunisienne dans la prérogative d'alignement sur
les normes internationales serait de nature à favoriser la
recherche et l'effort oscillerait entre la globalité et la
spécificité. La globalisation standardise
le comportement, unifie les procédures et oriente
les choix vers une certaine unification
justifiant l'existence d'un socle commun. Quelles seraient la
nature, la portée et les limites de
ce socle et quelle serait l'importance des
éléments différentiels ? Une étude plus large
valoriserait cet effort de recherche.
L'ambition mérite l'engagement, le résultat est
certainement méritoire.
202
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