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Exploitation aurifère et développement local dans la sous-préfecture de Hiré (Côte d'Ivoire)


par Judith YOBO-GNAHOUA
Université Felix Houphouet Boigny - Doctorat 2019
  

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INTRODUCTION A LA PARTIE

A côté des apports de l'activité minière qui peuvent être considérés comme favorisant le développement de la sous-préfecture de Hiré, d'autres incidences de cette activité apparaissent comme un frein à ce développement. Cette troisième partie composée de trois chapitres s'intéresse aux effets négatifs de l'exploitation de l'or. Le premier chapitre porte sur les incidences environnementales de l'activité minière. Cette analyse s'est faite sur l'ensemble des composantes de l'environnement que sont le sol, l'eau et l'air. Ce chapitre traite également des répercutions de ces incidences environnementales sur la santé des populations. Le deuxième chapitre traite de la récession agricole dans la sous-préfecture de Hiré. Ce chapitre permet d'aborder la question de l'agriculture, principale source de revenu des populations locales. Celle-ci est mise à mal du fait de l'activité aurifère qui est la nouvelle attraction des populations. Le troisième chapitre, quant à lui aborde la question des problèmes fonciers exacerbés par l'activité minière, les différents protagonistes et les mécanismes de règlements de ces conflits.

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CHAPITRE 7 : LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR
L'EXPLOITATION MINIÈRE

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'exploitation minière a des impacts négatifs sur l'environnement dus aussi bien aux techniques d'extractions qu'aux produits utilisés pour le traitement du minerai. Ces impacts négatifs de l'exploitation minière industrielle et/ou artisanale touchent les différentes composantes de l'environnement que sont l'eau, le sol et l'air et la biodiversité (Ouédraogo 2006). Ils peuvent constituer des menaces sur la santé et la vie des populations.

La sous-préfecture de Hiré est ainsi soumise aux fortes pressions de l'activité aurifère qui met à mal toutes les composantes de l'environnement et influence le bien-être des populations. Pour une meilleure évaluation de ces impacts environnementaux, il est nécessaire de décrire comment l'activité de la compagnie minière NEWCREST et des orpailleurs aurifères agit sur les sols, l'eau, l'atmosphère et la santé.

7.1. DES SOLS DE CULTURES DEGRADES PAR L'ACTIVITE

7.1.1. Outils et techniques d'extraction

La compagnie minière installée dans la sous-préfecture de Hiré y exerce une exploitation minière conventionnelle à ciel ouvert utilisant des camions et des excavatrices. L'exploitation à ciel ouvert est effectuée sur la base d'une production tous les jours de la semaine. Des techniques standard de forage et de tir à l'explosif sont utilisées dans les roches dures, avec le creusage libre dans les endroits meubles.

Les outils utilisés dans l'exploitation minière industrielle sont de grands véhicules et de grandes machines communes à toutes les sociétés intervenantes dans ce secteur. Ce sont généralement des véhicules à la pointe de la technologie intervenant dans l'extraction et le transport de la roche. Cela inclue des véhicules légers de type bâché 4x4 pour le transport du personnel, des bulldozers, des scrapers, des graders, des excavatrices, des pelleteuses. Les foreuses sont utilisées pour l'échantillonnage géologique. L'équipement pour l'abattage à l'explosif incluant des foreuses, des véhicules de transport, et des accessoires connexes (détonateurs, etc.). A ceux-là s'ajoutent les camions de transport du minerai, et les camions de services utilisés pour la fourniture en carburant et en huile, pour la maintenance et l'arrosage des routes pour la suppression de la poussière. Tous ces véhicules sont maintenus en parfait état de

fonctionnement selon les pratiques en la matière et la réglementation nationale par les départements mobiles de NEWCREST.

Les étapes de l'extraction minière à ciel ouvert sont les suivantes :

- délimitation géographique et physique de la zone de la fosse en laissant une zone tampon intacte ;

- décapage de la zone de la fosse par bulldozer, scraper et grader, incluant le stockage de la terre végétale pour une future réhabilitation du site ;

- décapage de la couche de terre oxydée minéralisée (si disponible) par bulldozer et ; - excavatrice incluant le triage de cette matière selon les critères suivants ;

o terre oxydée à haute teneur aurifère stockée sur le ROM pad, la zone de stockage avant le transport et le traitement direct du minerai à l'usine.

o terre oxydée à basse teneur aurifère stockée sur le site de stockage de minerai à basse teneur pour son transport et traitement direct à l'usine selon les besoins de celle-ci.

o stériles stockés dans les versants à stériles

Une fois la roche dure atteinte, le minerai est extrait selon la méthodologie suivante :

- forage de confirmation de présence de minerai et modélisation de la structure par l'équipe de géologues et ;

- dislocation de la roche par tirs d'explosifs.

Il convient de noter que l'abattage à l'explosif est réalisé conformément aux réglementations nationales.

L'enlèvement de la roche par excavatrices et pelleteuses se fait selon les critères suivants :

- Minerai à haute teneur aurifère, stockée sur le ROM pad, la zone de stockage du minerai avant son transport et traitement direct à l'usine ;

- minerai à basse teneur aurifère stockée sur le site de stockage de minerai à basse teneur pour son transport et traitement direct à l'usine en fin de vie de la mine selon les besoins de l'usine ;

- stériles stockés dans les verses à stériles.

Du point de vue physique, les composantes requises par l'opération purement minière incluent ainsi :

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- les fosses d'extractions à ciel ouvert ;

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- les zones de stockages à moyen terme de minerais à haute teneur ; - les zones de stockages de minerai à basse teneur ;

- les zones de stockage à moyen terme de roches stériles et ;

- la flotte des véhicules pour l'extraction et le transport de la roche.

7.1.2. Les méthodes et techniques de traitement industriel du minerai

A partir des deux carrières, les bennes de 10 tonnes transportent le minerai à l'usine de traitement. Selon le schéma de fonctionnement de l'usine (ANDE, 2006), le minerai est classé dans différentes piles de stockage selon la propriété physique et la teneur aurifère. A partir des piles de stockage, le minerai est accumulé et transféré dans une benne de concasseur primaire couplé à un concasseur secondaire. Les concasseurs réduisent le tout venant en fragment de 700 mm à moins de 50 mm qui sont transportés par convoyeur vers une pile stockage du minerai concassé puis vers le broyeur semi autogène (SAG). Afin d'enlever le PH en prévision de la cyanuration, la chaux hydratée est ajoutée à partir d'un silo directement sur le convoyeur d'alimentation du broyeur SAG. La décharge du broyeur passe dans un tamis cylindrique (trommel). Le matériel refusé au trommel est reconduit par un convoyeur de recyclage vers le concasseur et/ou la trémie d'alimentation du broyeur. Les pulpes à la sortie du circuit de broyage sont collectées dans une cuve de distribution puis pompées vers une batterie de cyclone. La surverse des cyclones forme le produit final du circuit de broyage et contient 80% de particules inférieures à 106 um. La pulpe rentre dans le circuit de lixiviation au niveau de la première cuve où est ajoutée une solution de cyanure de sodium. L'or va alors se dissoudre et former un complexe avec le cyanure présent en solution. Du charbon actif, régénéré ou frais, est évacué vers l'amont d'une autre cuve à contre-courant du débit de la pulpe. L'or est libéré du charbon actif chargé à l'aide d'une solution chaude constituée d'hydroxyde de sodium et de cyanure de sodium. Cet éluât chaud circule dans la colonne qui fonctionne sous pression (350KPa) et à une température d'environ 100°C. A la sortie de la colonne, la liqueur mère passe dans une cellule d'électrolyse où l'or est déposé sur des cathodes à laine d'acier. Au cours de l'année 2015, selon la direction générale des mines et de la géologie (DGMG), la production nationale d'or brut est de 23,5 tonnes. La part de NEWCREST est 1,6 Tonne, soit 6,80% de la production nationale.

7.1.3 Les produits chimiques dans le traitement industriel du minerai

Les différents procédés de traitement de l'or nécessitent l'usage de produits dangereux. Ceux utilisés par la compagnie NEWCREST mining sont indiqués dans le tableau ci-dessous.

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L'étude d'impact environnementale et sociale menée par l'entreprise avec l'appui du cabinet CECAF et l'ANDE en 2006, atteste l'utilisation des produits chimiques dans l'exploitation des carrières et le traitement des minerais. L'analyse du tableau montre que la chaux est utilisée à hauteur de 1200 Tonnes. Le cyanure de sodium est le deuxième en matière de quantité le plus utilisé dans le traitement de minerai. 1100 tonnes de cyanure de sodium sont utilisées chaque année par NEWCREST Hiré. Ce produit est très efficace pour récupérer l'or à 95%. Le charbon actif, la soude caustique, l'acide chlorécologique, sont respectivement utilisés à 10,80 tonnes et 180 tonnes annuellement. Quant à l'hypochlorite de calcium, la consommation est infime. Il est utile pour la décontamination des sites en cas de pollution accidentelle. En plus de ces produits chimiques, les explosifs de fortes détonations sont utilisés tous les jours dans les carrières à ciel pour fragmenter les granites.

L'ensemble de cette technologie a un impact considérable sur le relief local et les autres composants de l'environnement.

Tableau 31 : les quantités annuelles des produits chimiques utilisés par la société NEWCREST
dans le traitement du minerai dans la sous-préfecture de Hiré

Produits

Chaux

Cyanure
de sodium

Acide chloré-
écologique

Soude
caustique

Charbon
actif

Hypo-
chlorite

Consommation annuelle (T)

1200

1100

180

80

10

Négligeable

Source : ANDE, 2006

7.1.4 La modification du relief local

La topographie de la sous-préfecture de Hiré s'est vue modifiée depuis le démarrage des activités d'extraction minière. En effet, Les minerais aurifères sont enfouis sous une couche de sol ordinaire ou de roches (appelée `morts terrains' ou `déchets de roche') qui sont déplacées ou creusées afin de permettre l'accès au dépôt de minerai. Pour l'extraction industrielle de l'or, la quantité de morts terrains générés est énorme du fait de l'étendue des superficies à traiter. Ces déchets volumineux sont habituellement déposés sur place, soit en tas sur la surface soit comme remblai dans les carrières. Le sable extrait des profondeurs de la terre est généralement de couleur rougeâtre et/ou noirâtre. Ce sont des terres stériles car elles ne contiennent aucune substance pouvant permettre le développement des cultures et n'enrichissent guère les sols qui les reçoivent. Lorsque ces terres sont accumulées, elles forment des collines artificielles qui modifient la topographie de la zone. Les transformations apportées au paysage par l'exploitation minière à ciel ouvert sont caractérisées par Gardner (2001) comme modifiant de façon radicale le paysage et déréglant totalement l'écosystème. Les dépressions créent par les

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aires de lixiviation ou l'enlèvement des morts terrains, deviennent de véritables pièges à eau. Sur les anciens sites d'orpaillages, ces dépressions ne sont pas refermées rendant dangereux le passage sur ceux-ci. Cette situation entraine l'abandon par les propriétaires fonciers de ces espaces, même après la fin de l'activité sur le site.

La modification de la topographie est sans aucun doute l'impact le plus visible de l'exploitation minière. Ce sont de grandes excavations aux versants raides dominées par des terrils tabulaires (Calugaru, 2006), qui apparaissent, sur lesquels le vent soulève des nuages de poussière. La formation de ces reliefs engendre des facteurs de géo-risques sur les sites car les versants de ces collines sont instables et susceptibles de s'ébouler. Les éboulements pourraient être conditionnés par la précipitation, les pentes des reliefs, la porosité et la faiblesse des roches. La sous-préfecture de Hiré en compte plusieurs sur les deux sites d'extraction de NEWCREST : Hiré et Bonikro. Ces collines viennent augmenter le nombre de collines dans la sous-préfecture, lui donnant un paysage d'exception.

7.1.5. Les atteintes au sol

Le sol se définit comme le support de la vie terrestre et l'interface entre l'homme et la nature. Zone d'échange entre la biosphère et la lithosphère, le sol est un milieu vivant, complexe et sensible aux contraintes environnementales. Il est le support des plantes cultivées ou non. Les activités humaines et singulièrement l'exploitation minière en modifient la structure.

Le sol se caractérise par sa structure et par sa texture. L'étude pédologique de Hiré met en évidence sept profils de sols appartenant à trois groupes (plinthosol, ferralsol, Gley sol) qui ont été définis suivant le système taxonomique de la FAO. La structure du sol correspond à la façon dont les argiles, la matière organique et l'humus sont enchevêtrés dans le sol. Elle peut être modifiée par les actions anthropiques, contrairement à la texture, qui elle ne peut être modifiée par les actions de l'homme. En présence de sels minéraux et de matières organiques, les argiles forment des complexes argilo-humiques. L'humus se trouve quant à lui principalement dans la couche supérieure du sol créée et entretenue par la décomposition de la matière organique fraîche de la litière. Cette décomposition s'effectue par des bactéries, des champignons, des protozoaires (microfaune du sol). C'est l'ensemble de ces composantes qui confère au sol sa fertilité et le rend propice à l'agriculture. Lorsque le sol pour les activités extractives est retourné, les couches souterraines sont mélangées aux couches supérieures et rend cette partie du sol infertile. On constate, comme dans la plupart des cas, que la végétation a du mal à reprendre ses droits sur les anciens sites d'orpaillage, encore plus difficile est d'y pratiquer une

agriculture (voir photo 24 et 25). La dégradation du couvert végétal entraîne une forte érosion et, à terme, une stérilisation irréversible des sols par disparition de l'horizon humifère. Cette disparition de l'horizon humifère agit directement sur la flore et indirectement sur les sols. Le cumul de tous ces impacts accentue la gravité des dégâts environnementaux causés par l'activité minière.

 

La fosse d'extraction de NEWCREST à Hiré-Est avec absence totale de végétation sur les montagnes de terres stériles

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 25: Site d'extraction aurifère industrielle de Hiré-Est

 

Site d'orpaillage abandonné depuis 2014 avec destruction de la végétation

203

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 26 : site d'orpaillage avec absence de végétation

Les sols des sites d'extraction minière subissent les effets pervers de cette activité. Ces effets sont la pollution et la dégradation de la qualité des sols induits par les produits utilisés pour l'extraction et le traitement du minerai des activités minières. De bonnes terres agricoles en sont retournées par grattage, creusage et par installation d'aires de traitement du minerai pouvant augmenter la charge solide lors du ruissellement sur le sous bassin versant.

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L'utilisation des produits chimiques pendant l'exploitation de l'or entraine l'appauvrissement du sol ce qui affecte également la végétation. L'assèchement de certains herbacés est constaté suite à l'utilisation des produits chimiques.

L'activité minière à Hiré s'inscrit dans un environnement aux potentialités agricoles prouvées. Cependant, l'impact de cette activité tant dans sa forme aussi bien industrielle qu'artisanale, a un impact négatif sur les terres cultivables dont la durée peut être qualifiée de permanente. La perte de ces terres a un impact sur la production agropastorale. La pression foncière exercée dans la zone par les compagnies minières et les orpailleurs est forte et il sera par conséquent difficile de remplacer ces terres. Le décapage des terres végétales par fonçage des puits et par grattage a un impact très important, car il augmentera le compactage et se soldera par la perte de nutriments et de structure des sols. En raison des différents aménagements réalisés sur la terre végétale, comme la construction d'usines, d'habitat et l'occupation des aires de traitement, le sol n'est pas disponible pour l'agriculture

. Aussi, les terres encore dédiées à l'agriculture perdent-elles leur fertilité comme le témoigne un planteur :

« Quand vous voyez les banderoles rouges qui indiquent le passage des équipes exploratrices de NEWCREST dans votre champ, vous êtes sûr de voir votre production baisser et finalement, vous perdez votre plantation ».

Cela nuit grandement aux activités agricoles de la population locale. Le site qui abrite la fosse satellite de Hiré Est aujourd'hui exploité par NEWCREST, était précédemment des sites d'orpaillage intense. Une analyse des échantillons de sols a été réalisée dans le cadre des études d'impact pour l'obtention des permis d'exploitation des fosses satellites de la mine. Elle indique que les sols de la ville de Hiré contiennent des quantités importantes d'arsenic, de mercure, de plomb, de cyanure, etc. Ces quantités sont suffisantes pour polluer le sol et les eaux souterraines de la région.

7.2 UNE BIODIVERSITE MENACEE

La sous-préfecture de Hiré par sa position géographique bénéficie d'une végétation de forêt dense humide. Cette végétation se regroupe en plusieurs types.

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7.2.1 Les forêts

Les forêts denses semi décidues sur terre ferme : ce sont des formations forestières dont les deux strates arborées supérieures (dominante et dominée) assurent un taux de couverture du sol supérieur à 75%. L'étage dominant atteint généralement 35-40 m de hauteur tandis que l'étage dominé atteint 25-30m de hauteur. Ces deux étages formant une voute forestière fermée faisant obstacle au rayonnement solaire en saison pluvieuse. Le sous-bois est très clair et permet une circulation aisée à l'intérieur de ce type de peuplement. Dans les zones concernées par l'exploitation de l'or, on retrouve trois variantes de ces forêts denses. Ce sont : les forêts denses semi décidues senso stricto, les forêts denses de montagnes et les forêts galeries. Chacune de ces variantes de forêt dense semi décidues sur terre ferme a des espèces caractéristiques qui lui sont propres.

Les forêts marécageuses regroupent les végétaux qui poussent sur des sols permanemment ou temporairement inondés. Ce sont des forêts dont les sols sont peu perméables du fait de la forte quantité d'argile. Dans ces sols hydromorphes, on rencontre des espèces caractéristiques telles que : les alstonia boonei, les raphias hookerie, les homalium letestui, etc.

Les végétaux aquatiques : ce sont des espèces végétales vivant dans les milieux aquatiques des zones humides du site du projet. Dans la zone d'étude, ces milieux sont constitués par les marres, les cours d'eau, les rivières et les bas-fonds inondés. Les espèces les plus présentes dans ces milieux à Hiré sont : les crinum jagus (amaryllidiceaea), les lemna paucicosta, etc.

Les forêts dégradées : ce sont des forêts qui résultent de la dégradation des écosystèmes forestiers provoqués par les activités humaines (exploitation forestière, coupe de bois et d'arbustes pour usage traditionnel, allumage de feux, etc...). Ce sont des forêts avec des trouées plus importantes qui s'avèrent être un espace favorable au développement des espèces héliophiles.

Les savanes guinéennes : ce sont des formations savanicoles caractérisées par une végétation herbacée constituée d'un tapis graminéen continu et dominé par la présence des palmiers-rôniers sur le site. Elles sont constituées d'une strate formée essentiellement de hautes graminées. Elles atteignent plus de 2 mètres et recouvrent totalement le sol. En arrière-plan on rencontre des arbres et des arbustes surtout les palmiers rôniers. En saison sèche cette végétation herbacée se dessèche. Elle est brûlée et il ne reste plus que quelques rejets de petits ligneux.

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7.2.3 Les zones de cultures

Les espaces occupés aujourd'hui par l'exploitation minière étaient majoritairement mis en culture. Dans ces zones, plusieurs faciès de végétation ont été rencontrées selon la densité de cultures, il est possible de distinguer des zones occupées par des cultures pérennes (café et cacao). On y trouve également des cultures vivrières. Les cacaoyères et les caféières occupent des superficies importantes tandis que les cultures vivrières, bien que répandues, sont de dimensions réduites. On rencontre tout de même quelques espèces de ligneux dans ces parcelles de cultures. Il s'agit, entre autres, de ceiba pentandra, de bombax buonopozense, de spondias mombin et de ricinodendron heudeulotii. La présence d'orangers, de manguiers, de papayers est aussi observée dans les plantations pérennes.

Les populations qui ont dû être déplacées, dans le cadre de l'exploitation de la mine de Hiré, possèdent toujours leurs exploitations agricoles dans les environs de la mine et particulièrement des espaces contaminés au cyanure. Il est fort à craindre que les sols des plantations d'où proviennent les denrées produites et commercialisées ne soient contaminés. (APDH, 2015).

Ces sols peuvent aussi être affectés en aval par des transports de sédiments contaminés en métaux générés par l'activité minière et ainsi, affecter des cultures (Liu et al, 2005) qui peuvent in fine, affecter l'alimentation de l'homme.

7.2.4 La menace de l'exploitation minière

La construction des diverses installations et infrastructures pour l'exploitation de l'or à Hiré entraine la transformation du milieu environnant. L'exercice de l'extraction minière passe par le dégagement des emprises, c'est-à-dire de tout ce qui se trouve sur la superficie à exploiter ou couverte par le permis minier ou la surface à traiter. Le dégagement des emprises passe donc par le débroussaillage, l'abattage, le dessouchage et l'évacuation des arbres du périmètre, puis le décapage des terres en végétation est réalisé. L'étendue des superficies consacrées à l'activité minière accroit l'importance de la destruction du couvert végétal qui a pour rôle d'assurer la protection et l'enrichissement du sol. Le couvert végétal contribue aussi au développement des micro-organismes du sol. Ainsi, une perte et un morcèlement des habitats disponibles pour la flore et la faune sont induits par ce dégagement du couvert végétal. Cela entraîne à terme, une souffrance des milieux biologiques et une diminution de leur diversité.

Les milieux biologiques peuvent également souffrir d'une variation de leur environnement physique (Genivar, 2008). Dans cette situation, la vulnérabilité du sol est plus accrue face aux

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érosions (éoliennes et hydriques) et autres désagréments qu'ils pourraient subir. L'érosion hydrique est la plus probable dans la sous-préfecture de Hiré. Pendant les saisons de pluies, ce sont des quantités de pluie importantes qui tombent. Ce qui accroit les risques d'érosion hydrique. Cette forme d'érosion conduit au ravinement des sols et les rend très vulnérables. Une transformation du milieu écologique d'origine se fait observer, la végétation est détruite avec la perte de diverses espèces végétales, certaines terres agricoles adjacentes deviennent arides. Ces différentes pertes amenuisent les ressources des populations locales affectées avec pour conséquence notable la baisse de la production agricole, la précarisation des conditions de vie et les difficultés de satisfaction des besoins essentiels des familles.

La dégradation du couvert végétal entraine naturellement la perte de la diversité floristique et faunique. Puisqu'elle constitue l'espace de vie de plusieurs espèces.

7.2.5 Destruction des ressources fauniques et floristiques

D'une manière générale, la zone de Hiré a une diversité floristique considérée comme riche. L'accès à la terre à traiter nécessite que tout le couvert végétal soit dégagé. Pour des exploitations industrielles qui s'étendent sur des superficies importantes comme c'est le cas dans l'exploitation de l'or à Hiré, on assiste à la destruction de l'habitat naturel des plantes, des animaux et à la perturbation de l'écosystème air, sol et eau. Le cadre de vie naturel des espèces végétales et animales qui constitue le milieu biologique de Hiré étant partiellement détruit, cela renforce également la perte de cette diversité biologique déjà entamée par les activités anthropiques composées de jachères et de cultures (pérennes et vivrières).

Les périmètres occupés par l'exploitation minière sont des unités d'occupation du sol comprises entre forêt, cultures/jachères, sols nus/habitats et eau. Avec l'ouverture des pistes pour la prospection, l'explosion des montagnes, la mise en place de la galerie et les différentes installations de la mine, ce sont, outre les terres agricoles, des surfaces forestières qui sont réduites.

De par sa proximité à Hiré, soit 10 km des derniers campements de la sous-préfecture, la forêt classée de la Sangoué fait l'objet d'une invasion des orpailleurs. Leur présence dans cette forêt classée date du début des années 2000 mais connaît une plus grande importance depuis 2014. Cette affluence des orpailleurs dans la Sangoué depuis 2014, se justifie par le fait qu'ailleurs, notamment à Hiré et à Oumé, ils subissent des pressions énormes, alors que là ils sont installés clandestinement, à l'abri de tracaceseries quelconques. Avec la décision de rationalisation de l'orpaillage, les forces de l'ordre ont mené des opérations de répressions dans le but de fermer

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les sites d'orpaillage clandestin. L'orpaillage représente aujourd'hui, une réelle menace pour cette forêt.

L'activité d'orpaillage a également des répercussions sur le couvert végétal. Les sites d'orpaillage sont généralement des plantations ou des jachères qui sont détruits pour l'exercice de cette activité. Aussi, la coupe des arbres intervient-elle pour le soutènement des puits, la fabrication d'échelles permettant de descendre dans les puits, la mise en place des comptoirs et des habitations sur certains sites. Cette coupe se fait sur place et sans contrôle. Selon le chef du bureau des Eaux et Forêts de Hiré, aucun orpailleur ne détient d'autorisation de coupe. Le soutènement utilise en moyenne 15 bois (tronc d'arbre) pour un mètre. Un puits nécessiterait environ un chargement, soit environ 400 à 500 troncs d'arbres pour son soutènement (voir photo 26). Ce qui fait qu'on assiste à la destruction de la forêt dégradée ou savane arborée qui a fait place à la forêt dense ombrophile naturelle de la zone fortement dégradée par les activités agricoles et les aménagements urbains de la zone. Par ailleurs, cette destruction du couvert végétal favorise l'érosion et le lessivage du sol. L'installation des orpailleurs nécessite le défrichage, la coupe de bois et de pailles pour la construction de maisons ou d'hangars de fortune à usage d'habitation ou commercial. Cela entraine la raréfaction de certaines espèces et la disparition d'autres. La destruction de l'aire de nidification et des ressources alimentaires des oiseaux entraine un déplacement de ces populations. Le rejet dans la nature des eaux usées après lavage du minerai entraine la turbidité des cours d'eau puis la raréfaction, voire, la disparition des espèces aquatiques.

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Le bois sert de cale pour éviter les éboulements de terrain.

Auteur photo : YOBO, 2016

 

Photo 27: Le bois est coupé pour servir d'étaie dans les fosses

L'exploitation artisanale de l'or laisse un impact physique important dans la sous-préfecture de Hiré : fosses et trous creusés à ciel ouvert, galeries souterraines, tas de sables et déboisement. Cet impact physique influence négativement la qualité du sol et contribuent à la diminution de la densité et de la diversité biologique de Hiré.

7.3 LES RESSOURCES EN EAU MENACEES

L'exploitation des ressources minérales a un impact négatif sur la ressource en eau (de surface et souterraine) tant au niveau de la quantité qu'au niveau de la qualité. Ainsi, on note entre autres, la perturbation des réseaux hydrographiques et la perte de la biodiversité des milieux aquatiques. Cette exploitation entraîne également la dégradation de la qualité des eaux par les différents produits qui entrent dans le traitement du minerai.

7.3.1 La réduction de la disponibilité en eau du fait de l'exploitation minière

La région de Hiré est située dans le bassin du fleuve Bandama, fleuve stratégique dans la région du centre de la Côte d'Ivoire. Il fournit de l'eau indispensable pour divers usages économiques ou environnementaux comme l'approvisionnement de barrages hydro-électriques. Il est également utile pour les ménages, pour l'agriculture et pour l'aquaculture. Le Bandama par ses

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affluents que sont le Tiéné, le Gogobro, le Gbro et le Vero traverse Hiré. La pluviométrie annuelle moyenne légèrement inférieure à 1200 mm alimente de nombreux petits cours d'eau qui se déversent dans le fleuve Bandama. Les eaux souterraines contribuent également à l'approvisionnement en eau du bassin hydrologique à travers les sources et les bas-fonds qui augmentent le volume d'eau et fournissent de l'humidité pour l'agriculture. Les plans d'eau encaissés dans les vallées sont importants malgré le réseau hydrographique peu dense de la région. On trouve à plusieurs endroits des vallées et des chaînes étroites qui serpentent le long du sol. Les rivières et les plans d'eau sont aussi abondants du fait de la fréquence et de l'importance des précipitations dans la zone (1200 mm/an). Des cours d'eau et bassins apparaissent également de manière intermittente dans la localité, avec des tailles qui varient selon les saisons. Elles augmentent de volume en saison des pluies et pendant les saisons sèches, se transforment en de petites poches d'eau. L'eau est souvent contaminée par les petites particules de métaux lourds qui, avec le temps, se détachent des résidus, se disséminent avec le vent, se déposent sur le sol et sur les lits des cours d'eau, et s'intègrent lentement aux tissus des organismes vivants dans les cours d'eaux. Aussi, l'exploitation à ciel ouvert majoritairement pratiquée à Hiré a-t-elle nécessité des déplacements de mottes de terres appelés mort terrain. L'enlèvement et la superposition de ceux-ci a modifié la topographie du sol formant par endroits des bassins versants qui ont modifié la répartition des eaux de surfaces et des eaux souterraines. On trouve des sources en nombre d'endroit dans chaque vallée, entretenant continuellement des sols humides tels que les bas-fonds. Ceux-ci, du fait de l'abondance d'eau et d'humidité qu'on leur connaît, sont souvent utilisés pour la riziculture, la maïsiculture et les cultures maraichères.

L'exploitation minière est une activité qui nécessite des quantités d'eaux importantes. NEWCREST a construit des barrages hydrauliques pour satisfaire le besoin en eau de la mine. La sous-préfecture est drainée par quatre bassins dont trois, le Gnouzalé, le Gnénessi et le Zéssié, sont des affluents du fleuve du Bandaman et le Lélébiaba qui est un affluent du Boubo. Ces quatre sous bassins constituent les principales sources d'alimentation en eau de surface du site minier. Les digues de fortune construites sur certains de ces sous bassins (Gnénessi) permettent l'approvisionnement en eaux brutes de l'usine de traitement et l'arrosage des voies d'accès à la mine d'or et des pistes à l'aide de camion-citerne. Deux barrages de retenue d'eau sont construits sur le sous bassin de Gnénessi (en amont et au centre) et couvrent respectivement les superficies de 1 172 464 m2 et 786 401 m2. Le troisième barrage est construit en amont du sous bassin de Lélébiaba et couvre une superficie de 1377 000 m2. Ces différents barrages

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facilitent l'utilisation de l'eau pour les diverses activités liées à l'exploitation de l'or (Bamba, 2012).

La compagnie minière a également réalisé plus d'une vingtaine de forages autour de Bonikro. Au moment des crues, les barrages déversent leurs eaux qui inondent les plantations voisines de la mine. Les eaux utilisées dans le traitement du minerai sont par la suite traitées et rejetées. Cette eau vient généralement de forages réalisés par la mine elle-même. En effet, les grandes quantités d'eau nécessaires à l'activité minière réduisent généralement la nappe phréatique du lieu et arrivent même à assécher les puits et les sources. Les activités de pompage de NEWCREST autour des fosses à ciel ouvert entrainent un affaissement localisé de l'eau contenu dans la nappe phréatique. Cet état de fait est avancé comme facteur explicatif des difficultés que connaît la population en matière d'approvisionnement en eau potable par les services de la SODECI. Les populations de Hiré connaissent de véritables difficultés d'approvisionnement en eau potable. Le service d'approvisionnement en eau potable assuré par la SODECI dans la commune de Hiré laisse à désirer, car celle-ci semble desservir les quartiers de façon alternée. C'est-à-dire que les ménages ont de l'eau courante à intervalle de deux à trois semaines. Pour les populations, le manque d'eau dans les forages de la SODECI est créé sinon aggravé par la présence des mines. La capacité d'approvisionnement en eau potable de la ville de Hiré par la SODECI est très limitée. Installé à Douaville un village de la sous-préfecture de Hiré situé à 8 km de la ville, les forages et l'usine de traitement de la SODECI sont en baisse de production. L'un des deux forages existants est complètement asséché et l'autre a vu sa production baisser de 30% avec un débit passant de 11m3/heure à 8m3/heure.

Les populations, pour pallier cette situation, se sont donc tournées en grande partie vers l'utilisation de l'eau souterraine à travers les puits. Cependant, l'eau dans ces puits baisse au fur et à mesure et s'assèchent par la suite, entretenant ce lien qu'établit la population entre l'activité minière et le manque d'eau. Cette assertion des populations est soutenue par Elaw (op. cit) quand il souligne que l'activité minière du fait des grandes quantités d'eau utilisées dans sa pratique, contribue généralement à la réduction des potentialités de la nappe phréatique du lieu et arrivent même à assécher des puits et des sources.

Les enquêtes auprès des orpailleurs nous ont permis de nous rendre compte des quantités d'eau importantes qu'ils utilisent dans leur activité, surtout pendant le lavage à la batée. A l'aide des motos pompes, l'eau est acheminée des puits de fortunes creusés par les orpailleurs vers le site de lavage. Pour le lavage à la batée de 50 kg de poudre de minerai, les orpailleurs utilisent

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environ deux barriques d'eau qui représentent environ 400 litres d'eau. Lors du fonçage, les orpailleurs atteignent la nappe phréatique qui se situe en moyenne à 14-15 mètres de profondeur. Ils ont recours à des motopompes pour évacuer des quantités impressionnantes d'eau. Ces motopompes sur le site évacuent chacune plusieurs litres d'eau par jour, contribuant ainsi à diminuer le niveau de la nappe d'eau souterraine. Après le broyage du minerai dans les moulins de la ville, les laveuses extraient d'importantes quantités d'eau des puits pour assurer le lavage du minerai. Les activités lors des étapes de lavage et d'extraction de l'or par le mercure sont les plus consommatrices d'eaux. A titre d'exemple, il faut environ 200 litres d'eau pour le lavage d'une quantité de minerais contenue dans un sac de farine de 50 kg. Ce sont donc des quantités d'eau importantes qui sont utilisées au quotidien sur les différents sites d'orpaillage.

7.3.2 Détérioration de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines

Le risque que les produits chimiques, nuisibles pour la santé humaine utilisés (acide) pour casser la roche et extraire les minerais, s'infiltrent dans la nappe phréatique et infectent les sources d'eau potable et les rivières est devenu une réalité (CEDAC, 2009).

Les produits chimiques dangereux utilisés au cours des diverses étapes de traitement des métaux, tels que le cyanure, les acides concentrés et les composés alcalins, quoique censément contrôlés, se retrouvent souvent, d'une manière ou d'une autre, dans le système hydrologique. La modification et la contamination du cycle hydrologique ont des effets collatéraux très graves qui portent atteinte aux écosystèmes environnants et aux personnes. Ces atteintes sont particulièrement graves dans le cas des zones forestières, car elles abritent des espèces terrestres et aquatiques parfois exclusives.

Les activités des sociétés minières dans la sous-préfecture de Hiré contribuent comme dans la plupart des activités anthropiques, à la dégradation de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines. Cette dégradation intervient par deux principaux mécanismes que sont : le rejet des produits issus de l'étape de purification (au niveau du complexe industriel ou du parc à résidu) et le lessivage des surfaces exploitées (possible acidification des eaux et enrichissement en matières en suspension, sulfate et métaux lourds) aussi appelé drainage minier acide. Les eaux chargées de ces produits se retrouvent dans les plantations voisines comme le décrit un de nos interlocuteurs :

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« Mon champ est situé à 100 mètres de l'usine de la société NEWCREST. Les eaux polluées provenant du traitement des minerais stagnent durant plusieurs mois dans mon champ et ne me permettent pas de faire mes cultures ».

Aussi, les produits utilisés pour le traitement du minerai que sont les différents acides, le mercure et le cyanure, modifient-ils la composition de l'eau avec laquelle ils entrent en contact. Ils la rendent impropre à tout autre usage direct. Lorsque le cyanure de sodium (NaCN) réagit avec l'eau (H2O), il se décompose en donnant un gaz très inflammable et très toxique : l'acide cyanhydrique, également connu sous le nom de cyanure d'hydrogène (HCN), ainsi que de la soude caustique (NaOH) corrosive. Cette toxicité est telle que NEWCREST interdit de manger, de boire et de fumer à proximité de son lac à cyanure.

Il est vrai que de nombreuses dispositions sont prises par les sociétés minières en matière de respect des règles environnementales. Cependant, il ressort de nos entretiens avec les populations et particulièrement celles dont les plantations sont situées à proximité des sites occupés par la société minière, que la compagnie minière NEWCREST leur avait demandé de ne pas boire les eaux de source dans leurs champs.

Les éléments chimiques produits par l'orpaillage ont un effet très nocif sur les eaux (Carmouze, 2001). Cette nocivité est due aux techniques et aux produits utilisés pour l'extraction et le traitement du minerai. L'eau est polluée lorsqu'elle contient des substances susceptibles d'être nuisibles et dangereuses pour la santé ou désagréables ou lorsqu'elle a subi une altération dans sa couleur et/ou dans son odeur. Nous n'avons certes pas réalisé d'analyse de prélèvement pour savoir le degré de pollution causé par cette activité. Cependant, d'autres dégâts causés à l'eau sont visibles. L'eau utilisée pour le lavage de l'or est à la suite de son usage déversée directement dans la rivière qui passe tout juste à côté. Le drame, c'est que ce geste inconsidéré met en danger la vie des ressources halieutiques et même des vies humaines, car l'eau de cette rivière polluée par le fait de l'orpaillage, est souvent consommée par des paysans dans leurs champs.

Les règles environnementales étant parfois méconnues des orpailleurs, certains déversent directement l'eau chargée des produits toxiques utilisés pour le traitement de l'or tels que le mercure et le cyanure dans la nature (photos 27 et 28). Cette eau se retrouve par érosion dans

les eaux de surfaces et par infiltration dans les eaux souterraines.

 

On voit sur cette photo que le cyanure se retrouve dans la nature (traces jaunâtre dans le sable).

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 28: dépôt de cyanure sur le sol.

 

L'herbe est morte du faite de la présence du cyanure

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Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 29: végétation brulée par le cyanure

7.4 NUISANCES ATMOSPHERIQUES ET SONORES

L'activité minière produit de la pollution atmosphérique et sonore. Des enquêtes menées dans la région de Hiré, il ressort que les activités des usines minières qui y sont installées, produisent des nuisances sur les populations riveraines. Ces nuisances sont les substances chimiques volatiles, particules solides en suspension dans l'air (poussières) et nuisances sonores (explosions) parfois accompagnées de fortes vibrations.

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7.4.1 Pollution atmosphérique

On distingue différents types de nuisance visible à l'oeil nu selon la nature de la substance libérée dans l'air. Les plus fréquentes rencontrées sont :

- les produits chimiques qui s'évaporent dans l'air : le cyanure de sodium, le gasoil, l'essence, l'acide chlorhydrique et l'arsenic ;

- le ciment vrac utilisé en plein air à la préparation mécanique du minerai ;

- les poussières émises pendant les travaux d'extraction de la mine et le roulage des engins ;

- les fumées émises par les engins en circulation sur le chantier.

La poussière est la plus importante des nuisances sur les sites d'extraction. Le creusage du sol jusqu'à atteindre la roche mère nécessite le déplacement de morts terrain pendant lequel d'importantes quantités de poussières sont émises. Les immenses nuages de poussière qui en émanent le démontrent bien. La poussière provient également des pistes de roulage, lors des nombreux passages des camions du personnel et des camions transportant le minerai de la fosse de Hiré à la mine de Bonikro. Selon les populations, ces poussières sont plus importantes pendant la saison sèche et entre 17 et 18 heures.

Les populations dont les cultures se trouvent à proximité des sites d'extraction ou des pistes de roulage, déclarent que les amas de poussières sur les plantes ont pour conséquence de détruire les cultures. En effet, les poussières peuvent endommager les composantes du milieu naturel. Du point de vue climatique, les particules solides en suspension dans l'air peuvent disperser les rayons solaires et réduire la quantité de lumière solaire supposé arriver au sol. Cette réduction de la lumière solaire provoque en conséquence une baisse de la température dont les plantes ont également besoin pour la photosynthèse.

La fréquence des émissions de fumées par les engins en circulation sur le chantier ainsi que les machines utilisées, impactent également la qualité de l'air. Cela est dû par exemple à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre entraînée par l'utilisation de machinerie et de véhicules à moteur thermique ainsi que par la diminution de la couverture végétale. Cette dernière cause est également en partie responsable de l'augmentation des émissions de poussière. Le fait de dénuder un terrain favorise l'érosion éolienne, phénomène qui peut être très important étant donné les surfaces des terrains concernés. Le vent transporte des poussières issues de la halde à stérile, du parc à résidu et de la pile temporaire de minerai. En plus de

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l'action éolienne, il existe deux autres causes essentielles qui ont pour effet l'émission de poussière :

- les opérations sur le minerai ou les stériles (forage, dynamitage, concassage) et ; - le transport et la manipulation de minerai, de stériles et de résidus.

Ces quantités de poussière peuvent être nuisibles pour les êtres vivants que sont : l'homme, les animaux et les plantes.

Pour réduire un tant soit peu les émissions de poussières, la compagnie minière après plusieurs plaintes des populations avait entrepris l'arrosage des voies de passage des camions notamment celle qui relie la mine de Bonikro à la voie nationale en passant par les hameaux de Bonikro et Bandamakro. Mais cette mesure n'a pas été maintenue au-delà d'une période de courte durée.

L'importance présence de poussière est aussi remarquable sur les sites d'orpaillage. Plusieurs activités sont source de pollution de l'air particulièrement le broyage du minerai. La quantité de poussière produite par le fonçage étant moindre du fait de l'atteinte de la nappe phréatique par les engins fonceurs. On note également l'émission d'importants gaz, de fumées mais aussi de bruits (moulins, motopompes et moteurs). Les vapeurs de mercure pendant le brûlage de l'amalgame polluent également l'air. Quant aux odeurs, elles sont dues à la décomposition des déchets solides et liquides générés par les orpailleurs. Ces déchets sont rejetés dans la nature sans aucune mesure d'assainissement. La nuisance sonore résulte du pompage des eaux souterraines et des outils de fonçage des orpailleurs.

7.4.2. Les nuisances sonores et vibrations

Dans l'installation industrielle de la mine, les principales sources de nuisances sonores sont les engins lourds, les machines de l'atelier de concassage et le dynamitage des roches mères. Ces bruits assourdissants sont aussi causés par le trafic routier effectué le long des voies de communication pour le transport. Certains bruits dont ceux de l'atelier de concassage et des engins ont une faible nuisance par contre ceux liés au dynamitage des roches sont les plus intenses. Les explosions de roches sont aussi accompagnées de fortes vibrations de terrains et peuvent être entendues jusqu'à plusieurs kilomètres. Ces bruits s'amplifient les nuits et troublent le sommeil des populations riveraines qui disent ne pas s'accommoder à cette situation. Les vibrations induites par les explosions de roches sont tellement intenses qu'elles fissurent les murs des maisons dans les campements voisins comme Koutouklou-konankro et mettent ainsi en danger les personnes qui y vivent. Au quartier Baoulé, les explosions de dynamitage ont également fissurées les logements proches du site (voir photos 29 et 30). La

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proximité des logements du site d'extraction en accroit les répercussions sur les populations et les constructions. Selon les autorités de la mine les premières maisons sont situées à 500 mètres du site d'extraction tandis que la population dit être à moins de 100 mètres des installations de NEWCREST. Une visite sur les lieux nous permet de réaliser que la distance entre les premières habitations et la fosse de Hiré Est, est loin de valoir les 500 mètres avancés par la compagnie minière.

 

Un mur de concession fissuré du fait des vibrations du sol lors des dynamitages.

Auteur photo : YOBO, 2017

 

Photo 30 : dégâts causés par les explosions de dynamitage au quartier Baoulé

 

Fosses satellite de la mine de Hiré Est situées à moins de 200m des d'habitations

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 31: des constructions à moins de 300m de la mine de Hiré

 

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7.5 LES DIFFERENTS ACCIDENTS ENVIRONNEMENTAUX A HIRE

L'opérationnalisation du projet aurifère de Bonikro a contribué à la transformation du milieu environnant. A l'instar de toutes les activités minières, celle de Bonikro a entrainé le défrichage total du sol, la modification radicale du paysage et le dérèglement total de l'écosystème, la destruction des nappes phréatiques ainsi que le déplacement des populations, etc. Cependant, à côté des incidences ordinaires qu'on connaît à l'activité, deux importants accidents dont les conséquences menacent gravement l'environnement sont survenus dans le cadre des activités de la compagnie minière.

7.5.1. La rupture des digues du cours d'eau

Dans le cadre de l'aménagement des terres du permis minier PE 032-2007, la compagnie minière exploitant la mine de Bonikro a interrompu l'écoulement naturel d'un cours d'eau situé au Sud de la fosse d'extraction de Bonikro et à l'Ouest de la verse à stérile. Cependant, en juillet 2008, cette interruption d'écoulement a occasionné une élévation du niveau d'eau en amont entrainant l'inondation progressive des terres alentours. Cette inondation a également entrainé le débordement du lac à cyanure dont les eaux se sont répandues dans les plantations et friches voisines. Cette inondation a entrainé la substitution des terres fermes en un lac (voir figure 29), dépossédant de façon brutale les populations de leurs plantations et de leurs parcelles. Bien que se situant sur l'étendue du permis minier, les terres touchées n'avaient pas été indemnisées par la compagnie minière. Suite à cet accident, la compagnie minière NEWCREST s'est résolue à compenser les populations touchées par l'inondation. Les négociations ont abouti au paiement de 227 523 103F CFA d'indemnité payé par NEWCREST à l'ensemble des personnes impactées.

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Figure 29 : carte NEWCREST synthétisant les zones touchées par l'inondation

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7.5.2 La rupture des tuyaux d'acheminement des eaux cyanurées

Le 18 mai 2016, suite à un feu de brousse les tuyaux d'évacuation des eaux usées issues du traitement du minerai, vers le bassin sédimentaire, ont brulé et se sont rompus, ce qui a entrainé le déversement des eaux cyanurées dans les plantations environnantes. Des poissons et des reptiles ont été trouvés morts près de certains cours d'eaux. Les populations de Koutouklou-Konankro, situées à moins de 500 mètres du lac à cyanure de NEWCREST, ont été les plus touchées. Ces populations ont vu leurs plantations envahies par les eaux cyanurées. L'infiltration des produits chimiques dans le sol et dans la nappe phréatique a pollué l'eau et l'a rendue impropre à l'agriculture et à la boisson. Or, l'indisponibilité du château d'eau conduit les populations à utiliser l'eau des sources et des rivières pour leurs besoins quotidiens. Les produits chimiques utilisés pour le traitement de l'or s'infiltrent dans la nappe phréatique et polluent ainsi l'eau utilisée par les cultures à proximité. Pourtant, le creusage et/ou l'utilisation des eaux de puits ou eaux souterraines dans ce campement est interdit. Les populations de ces campements ont au début des activités d'extension du lac à cyanure été approvisionné en eau par les citernes de la société NEWCREST. Puis la société minière a par la suite construit deux pompes hydrauliques villageoises. Hormis cette zone, l'eau est généralement propre à la consommation. Avec cet accident, les populations de Koutouklou-Konankro craignent la contamination de leur sol du cyanure contenu dans les eaux de traitement du minerai. Cette suspicion est confirmée par l'APDH, une ONG qui s'est donné pour vocation de protéger les droits de l'homme. L'APDH a effectué un test physico-chimique sur un prélèvement d'eau de surface effectué dans les plantations du chef de Koutouklou-Konankro, situé à moins de 500 mètres du lac à cyanure. Les résultats de ce test montrent que la valeur du cyanure de l'échantillon est supérieure aux spécifications de la norme ivoirienne NI 385 (voir annexe 4). Cet accident montre que le danger reste permanent pour ces populations, qui peuvent à tout moment être exposées aux eaux chargées de cyanure.

7.5.3 Les conflits dus aux accidents et problèmes environnementaux

Les conflits dus aux problèmes environnementaux opposant les communautés locales aux sociétés minières se sont multipliés et amplifiés à la suite de ces différents accidents. En effet, l'extraction et le traitement industriel de l'or posaient déjà de nombreux désagréments aux populations dont elles n'avaient de cesse de se plaindre. Quand arrive en 2008 l'accident de la rupture des digues du cours d'eau, avec le débordement du lac à cyanure dont les eaux se sont répandues dans les plantations et friches voisines, les populations crient leurs ras-le-bol. Ayant

connaissance de la toxicité des produits contenus dans l'eau du lac à cyanure du fait des pancartes situées à proximité (photos 31 et 32), et voir cette eau se retrouver dans les plantations desquelles elles tirent leurs subsistances, les populations se sont vues comme exposées à la mort. Dans cette situation, elles ont exigé de la compagnie minière qu'elle les dédommage toutes. La compagnie minière n'entendant pas les choses de cette oreille a voulu prendre en compte que les parcelles inondées sans tenir compte de la zone de rayonnement. Les victimes se distinguant par la gravité ou le degré d'invasion de leur terre. Les réactions qui s'en sont suivies ont été très vives.

 

Pancarte signalant le danger encouru dans cette zone.

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 32: pancarte située près du lac à cyanure

 

Pancarte portant différentes interdictions, signe de la toxicité du cyanure.

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Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 33: pancarte signalant la présence de cyanure dans la zone

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7.6 L'ACTIVITE MINIERE ET LES FAIBLESSES DANS L'OBSERVATION DES MESURES DE PROTECTION

Les différents effets pervers de l'activité minière sur l'environnement observés à Hiré le sont en dépit des règles environnementales établies par l'État en matière de protection de l'environnement. Ces règles en matière de protection de l'environnement concernent les textes législatifs et règlementaires ainsi que des textes internationaux en matière environnementale que l'État a ratifiée.

7.6.1 Les structures étatiques chargées de l'environnement

La constitution ivoirienne du 1er Août 2000 consacre, en son article 19, le droit de l'homme à un environnement sain. D'autres textes législatifs et réglementaires tels que le code minier, le code de l'environnement, le code de l'eau, etc. donnent des dispositions précises en la matière. Cependant, du point de vue règlementaire, le gouvernement ivoirien accorde des permis d'exploitation veille-t-il à travers des entités régulatrices notamment l'ANDE, le CIAPOL et la direction locale du Ministère de l'Industrie et des Mines à faire appliquer et respecter la loi minière et la protection de l'environnement ?

L'ANDE est un Établissement Public National (EPN) créé par le décret n°97-393 du 09 juillet 1997 et a pour mission l'exécution des projets et programmes environnementaux en Côte d'Ivoire. Le rôle de l'ANDE dans le cadre de l'exploitation minière est de mener les EIES qui permettent d'évaluer la faisabilité des projets miniers du point de vue environnemental.

Crée le 09 Octobre 1991, par décret N° 91-662 du 9 octobre 1991, le CIAPOL « Centre Ivoirien Antipollution » a pour rôle l'analyse systématique des eaux naturelles (marines, lagunaires, fluviales, souterraines et météoriques), des déchets (solides, liquides et gazeux) et des résidus. Il évalue également les pollutions et les nuisances puis est chargé de l'établissement d'un système de surveillance continue des milieux dénommés. Le CIAPOL assure également l'évaluation des pollutions et nuisances ainsi que la protection des milieux récepteurs.

7.6.2. Le débat autour de la présence de cyanure dans la nature à Hiré

Les différents accidents environnementaux qui ont eu lieu à Hiré relativement aux activités de NEWCREST, ainsi qu'à l'infertilité des terres non occupées par la mine, ont fait naitre chez les populations, la conviction de la présence de cyanure dans la nature. Cette suspicion confirmée par les résultats des analyses menées sur le prélèvement de la plantation du chef de Koutouklou-Konankro est cependant contestée par la compagnie minière. En effet, pour étayer ses propos,

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NEWCREST a fait recours au CIAPOL (Centre Ivoirien Anti-pollution) pour des analyses de prélèvement. Selon, les résultats de ces analyses, le prélèvement effectué ne contient pas de cyanure. Cette assertion est rejetée par les populations qui expliquent que le lac à cyanure est construit sur une source d'eau naturelle qui communique avec la nappe phréatique et les autres sources d'eau. Les aménagements qui permettent d'éviter cette infiltration n'ayant pas été réalisés, la population estime que l'eau dans un certain rayon du périmètre de sécurité de la zone minière est contaminée par les produits chimiques miniers.

Contrairement aux deux (2) relocalisations involontaires (Bonikro et Bandamakro), la relocalisation de Koutouklou-Konankro ou Konankro est dite volontaire, c'est-à-dire faite à la demande de la communauté. À la base, les populations de Konankro ont adressé plusieurs plaintes de relocalisation à la mine, portant sur des impacts sonores émanant nuitamment du site minier, la qualité de leur eau jugée polluée par le cyanure du parc à résidus de la mine. Plusieurs études ont ainsi été menées par la mine et les régulateurs, lesquels avaient jugé ces plaintes irrecevables au regard des résultats techniques récoltés dans le campement. Cependant, la décision de relocaliser Konankro a été prise par anticipation à un projet d'extension de la mine ce, après la décision d'opérer les gisements satellitaires de Hiré et Dougbafla. En effet, l'étude de faisabilité de ces projets avaient conduit l'industrie à réfléchir au transport du minerai de ces sites vers l'usine de Bonikro pour y être traité. Cet accroissement de la production aurait nécessité une augmentation de l'espace de traitement et amplifié les bruits des engins et des concasseurs ; ce qui viendrait rallonger la liste des revendications de Konankro.

7.7. LA SANTE DES POPULATIONS, FRAGILISEE PAR L'ACTIVITE MINIERE La santé est définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme : «un état de bien-être physique, mental et social et pas seulement comme l'absence de maladie ou d'infirmité». Aussi, les substances dangereuses et les déchets dans l'eau, dans l'air et dans le ciel peuvent-elles avoir des répercussions graves, négatives sur la santé publique.

7.7.1. Impact des nuisances sur la santé des mineurs

Les sociétés minières prennent de nombreuses dispositions sécuritaires pour préserver la santé de leurs employés. Celles-ci concernent les équipements de sécurité (les chaussures de sécurité, les casques, les gants, etc.), les mesures de sécurité aux quelles tout le personnel et même les visiteurs doivent se soumettre. De ce fait, les travailleurs dans le domaine aurifère sont protégés et peu exposés. Les quelques accidents qui peuvent survenir dans leur milieu sont des accidents mécaniques.

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Les orpailleurs sont particulièrement plus exposés aux effets néfastes de leur activité, vu qu'ils n'utilisent pas de matériels de protection. C'est sans casques ni chaussures de sécurité et sans gants de protection qu'ils creusent et manipulent la terre et les produits toxiques utilisés pour le traitement du minerai. L'inhalation de poussières à longueur de journée les expose aux maladies respiratoires comme les bronchites, la tuberculose, etc. Le risque existe aussi d'ingestion d'eau et d'aliments contaminés, car préparés et vendus à proximité des sites d'orpaillage ou par les mains souillées, car portées à la bouche sans un bon lavage des mains.

Les orpailleurs utilisent généralement les produits comme le mercure élémentaire et le cyanure d'hydrogène pour amalgamer l'or. La toxicité des produits utilisés pour le traitement du minerai, les exposent à des intoxications sévères. Un orpailleur interrogé nous disait qu'il y a beaucoup de décès dans les rangs des ouvriers qui s'occupent de cette tâche.

7.7.2. Impact des nuisances sur la santé des populations riveraines

Le déséquilibre environnemental dû à la dégradation des sols, à la perte de la diversité biologique, à la dégradation de la qualité et de la quantité de l'eau ainsi que les différentes nuisances sonores et atmosphériques peuvent avoir des répercussions sur la santé des populations.

Une présence régulière et à long terme dans un environnement pollué par les poussières modifient la composition la composition de l'air. Aux dires des agents de santé de la commune de Hiré, les maladies respiratoires et les problèmes cutanées font parties des causes de consultations les plus importantes aux côtés du paludisme. Les particules qui aspirées, pénètrent les poumons, peuvent provoquer des maladies respiratoires telles que l'asthme, les bronchites et la pneumonie (Gowan, 1992). Un endroit poussiéreux et fermé peut-être dangereux aussi bien pour les agents mineurs que pour les populations riveraines. La circulation intense des véhicules entre la mine de Bonikro et la fosse de Hiré entraine une densification de la poussière surtout que la voie n'est pas bitumée. Il en résulte, d'après les différents interlocuteurs, des maladies respiratoires et une gêne pour les riverains. Ces nuages de poussières sont également présents au-dessus de la zone d'extraction. On aperçoit depuis la montagne qui abrite le village de Zaroko d'immenses nuages de poussière sur cette zone. L'impact des nuisances atmosphériques varie d'un individu à un autre selon plusieurs facteurs parmi lesquels l'âge est important. Les effets des poussières aspirées par les populations sur leur santé peuvent inclure le développement des maladies telles que la tuberculose, l'asthme, la bronchite chronique et les maladies gastro-intestinales.

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La compagnie minière pour amalgamer l'or fait usage de plusieurs produits dont le plus connu est le cyanure, un produit très dangereux pour l'homme et son environnement. Son usage par les sociétés minières se fait dans une prudence extrême et dans le respect strict des règles établies en la matière. Cependant, les populations craignent que ces eaux toxiques évacuées dans le lac à cyanure ou parc à résidu ne s'infiltrent à travers les eaux souterraines pour contaminer et altérer la qualité des sources d'eaux souterraines. Aussi, certains accidents comme la rupture des digues surviennent et le cyanure et les autres substances contenues dans le parc à résidu se retrouvent dans la nature. Les êtres vivants entrent ainsi en contact direct ou indirect avec le cyanure. Cela s'avère dangereux quand on sait que chez les êtres vivants, l'intoxication soit par inhalation, par ingestion ou par contact avec la peau peut entrainer un arrêt respiratoire suivi d'un collapsus cardio-vasculaire. Il est pourtant impossible de mesurer la teneur de cyanure dans l'air ou de connaître exactement le degré d'exposition des populations, car il n'y pas d'appareil pour cela. Toutefois, certaines personnes pourraient avoir des problèmes de santé si elles sont longuement et régulièrement exposées, car pour avoir visité un site de traitement au cyanure, nous avons-nous même ressentis des brûlures sur la peau. Les chefs des campements de Koutouklou-Konankro et de Bandamakro disent avoir vu une maladie dont ils ignorent le nom attaquer leurs pieds quand ils se sont rendus dans leurs champs envahis par les eaux cyanurées. C'est une sorte d'éruption cutanée avec changement de la coloration de la peau (photo 33), qui s'apparente aux lésions dues à l'empoisonnement à l'arsenic comme présente sur la photo. Ces deux pathologies ont une similitude dans la mesure où elles sont dues à des substances utilisées dans l'exploitation minière.

 

Cette maladie est due, selon le chef, à la présence du cyanure dans leurs plantations.

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Auteur photo : YOBO 2016

Photo 34 : les pieds malades du chef de Konankro

Le mercure est une des substances utilisées pour amalgamer le minerai aurifère. Il est généralement utilisé sous forme élémentaire ou métallique et provoque principalement des effets sur la santé lorsqu'il est inhalé sous forme de vapeur ou absorbé par les poumons. Les symptômes comprennent des tremblements, des changements d'émotions (sautes d'humeur, irritabilité, nervosité, timidité excessive), des changements neuro musculaires, des insomnies, des modifications neuromusculaires (des atrophies musculaires, spasmes), des maux de tête, des troubles des sensations, des modifications au niveau des réponses nerveuses et de mauvaises performances lors des tests de la fonction cognitive des niveaux d'exposition qu'il peut avoir des effets rénaux indésirables et entrainé une insuffisance respiratoire et des décès.

Les détonations qui ont lieu sur les sites miniers, mettent les populations riveraines dans une situation d'inconfort. Elles conduisent à des ébranlements instantanés du sol qui perturbent également les populations. Des études menées ont montré que des personnes exposées longuement à ce type de bruit peuvent contracter l'hypertension artérielle et l'ulcère (GOWAN, 1992). Les détonations effrayent et chassent les animaux de leurs habitats en les éloignant de la zone d'émission.

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