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Exploitation aurifère et développement local dans la sous-préfecture de Hiré (Côte d'Ivoire)


par Judith YOBO-GNAHOUA
Université Felix Houphouet Boigny - Doctorat 2019
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY D'ABIDJAN-COCODY

Unité de Formation et de Recherche des Sciences de l'Homme et de la Société
Institut de Géographie Tropicale (I.G.T)

Année académique 2018-2019

 

Cote attribuée par la bibliothèque

Thèse de Géographie

Pour l'obtention du Grade de Docteur
Parcours :
Géographie Humaine et Économique

Sujet :

Exploitation aurifère et développement local dans la

sous-préfecture de Hiré

Présentée et soutenue publiquement par :

YOBO JUDITH épouse GNAHOUA

Président de Jury : Monsieur HAUHOUOT ASSEYPO CELESTIN PAUL, Professeur Titulaire de

Géographie, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan

Directeur de thèse : Monsieur NASSA DABIE DESIRE AXEL, Maître de Conférences de
Géographie, Université Félix Houphouët-Boigny Abidjan

Membre du jury : Monsieur TOH ALAIN, Maître de Conférences de Sociologie, Université Félix
Houphouët-Boigny, Abidjan

Membre du jury : Monsieur KOUAMELAN ALAIN NICAISE, Maître de Conférences de
Géologie, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan

Membre du jury : Madame COURET DOMINIQUE, Directrice de Recherches de Géographie,
UMR 245, CESSMA, IRD, Paris 7

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY D'ABIDJAN-COCODY

UFR DES SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ

DEPARTEMEMNT DE GÉOGRAPHIE

Année académique

2018-2019

THÈSE UNIQUE

Parcours : Géographie Humaine et Économique

Sujet :

Exploitation aurifère et développement local

dans la sous-préfecture de Hiré

Présentée et soutenue publiquement par :

YOBO JUDITH épouse GNAHOUA

Sous la direction de :

Monsieur NASSA DABIE DESIRE AXEL

Maître de Conférences

1

DÉDICACE

« Aussi Dieu seul fait la liaison et la communication des substances, et c'est par
lui que les phénomènes des uns se rencontrent et s'accordent avec ceux des
autres, et par conséquent qu'il y a de la réalité dans nos perceptions
».

Leibniz (1646-1716).

A mon père qui m'a inculqué le goût du travail et m'a poussé à aller

toujours plus loin,
A ma mère dont l'amour me donne des ailes,
A ma très chère Edwige, ma soeur, mon amie, mon modèle et mon guide,
A Pacôme et Eric, mes frères, mes amis,
Merci pour tout.

A mon époux et à ma Minerve dont l'amour et le soutien ont allégé ces années d'études.

2

SOMMAIRE

DÉDICACE 1

SOMMAIRE 2

AVANT-PROPOS 4

REMERCIEMENTS 5

SIGLES ET ABRÉVIATIONS 7

LISTE DES TABLEAUX 10

LISTE DES FIGURES 12

LISTES DES PHOTOS 14

I.INTRODUCTION GENERALE 15

II. REVUE DE LITTERATURE 18

III. PROBLEMATIQUE 33

IV. OBJECTIFS DE RECHERCHE 35

V. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 36

PREMIERE PARTIE : 62

LA DISTRIBUTION SPATIALE DES ACTIVITES AURIFERES DANS LA SOUS-

PREFECTURE DE HIRE 62

CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS 63

DE HIRE 63

CHAPITRE 2 : LA PRATIQUE DE L'EXPLOITATION MINIERE DANS L'ESPACE

LOCAL DE HIRE 85

CHAPITRE 3 : LA RECOMPOSITION DE L'ESPACE DE HIRÉ 102

DEUXIEME PARTIE : 121

UN ESPACE LOCAL EN PLEINE MUTATION SOCIO-ECONOMIQUE 121

CHAPITRE 4 : CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET DYNAMIQUE URBAINE À

HIRÉ 122
CHAPITRE 5 : LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA COMPAGNIE MINIÈRE

153
CHAPITRE 6 : LES MUTATIONS SOCIALES LIEES A L'EXPLOITATION DE L'OR

189

TROISIEME PARTIE : 197

CONFLITS ET COOPERATIONS ENTRE COMMUNAUTES ET COMPAGNIE

MINIERE DANS LA LOCALITE DE HIRE 197

3

CHAPITRE 7 : LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR

L'EXPLOITATION MINIÈRE 198

CHAPITRE 8 : RÉCESSION AGRICOLE DANS LE CANTON WATTA 228

CHAPITRE 9 : LES CONFLITS FONCIERS EXACERBÉS PAR L'EXPLOITATION DE

L'OR 249

CONCLUSION GÉNÉRALE 284

BIBLIOGRAPHIE 288

WEBOGRAPHIE 296

ANNEXES 299

TABLE DES MATIERES 300

4

AVANT-PROPOS

La vision présentée par l'État de Côte d'Ivoire à travers le Plan National de Développement (PND 2012-2015), fait du secteur minier un des éléments stratégiques du développement du pays. Cette décision est basée sur le potentiel minier ivoirien en la présence de plusieurs gisements de fer, de diamant, d'or, etc. A travers le PND, l'État réaffirme l'intérêt pour ce secteur qui, depuis la décennie 2000, se traduit par la multiplication des permis miniers. Cet intérêt pour les ressources minières intervient pour soutenir les apports au développement de l'agriculture pilier de l'économie ivoirienne depuis 1960 qui est en crise. Cette économie de plantation est bouleversée par les aléas du binôme café-cacao du fait de la chute des prix à l'international et par le vieillissement du verger. De nombreuses conséquences ont suivi ces difficultés dans l'agriculture ce qui a conduit l'État à explorer le secteur minier pour impulser un nouveau souffle au développement. Plus de vingt ans d'exploitation minière interrogent sur les mutations spatiales, socio-économiques et environnementales induites par l'exploitation minière et leur capacité à favoriser le développement. C'est ce que nous tentons d'observer dans la région de Hiré où s'est mise en place une importante activité d'exploitation de l'or.

5

REMERCIEMENTS

Pendant la réalisation de cette thèse, nous avons bénéficié de l'inestimable soutien de diverses personnes que nous voulons, à travers ces quelques lignes, remercier.

Nous remercions premièrement le docteur NASSA Dabié Désiré Axel, Maître de Conférences, notre Directeur de thèse. Nous lui sommes infiniment reconnaissant pour nous avoir initié à la recherche et inculqué le goût du travail bien fait, ce depuis l'année de maîtrise jusqu'à ce jour.

Nous tenons à remercier également le docteur DEMBELE Ousmane, Maître Assistant, qui a été au vrai sens du terme, un co-encadrant de l'ombre tout au long de cette aventure. Nous avons eu la chance de bénéficier de ses contributions diverses allant de conseils précieux et avisés aux appuis techniques qui ont permis d'aboutir à ce produit final.

Notre reconnaissance également à l'ensemble des membres du jury pour avoir accepté de participer à l'évaluation de cette thèse. De fait, nous remercions Monsieur HAUHOUOT Asseypo, Professeur Titulaire de Géographie, qui a accepté de présider ce jury de thèse. Nous avons eu la chance de bénéficier de ses contributions diverses au cours de notre formation académique. Nous remercions Madame Dominique COURET, Directrice de Recherches en Géographie pour sa lecture et ses commentaires enrichissants sur la thèse. Nous remercions Monsieur TOH Alain, Maître de Conférences de Sociologie qui a accepté d'instruire cette thèse pour la qualité de ses commentaires. Nous disons merci à Monsieur KOUAMELAN Alain Nicaise, Maître de Conférences de Géologie, pour sa lecture et pour avoir accepté de siéger dans ce jury.

Nos arguments de géographe ont été forgés auprès de grands maîtres de la géographie à l'Institut de Géographie Tropicale (IGT) de l'Université Félix Houphouët Boigny d'Abidjan. Nous profitons de cette thèse qui marque la fin de nos études universitaires, pour exprimer notre reconnaissance à tout le corps enseignant de l'Institut de Géographie Tropicale qui d'une manière ou d'une autre a contribué à nous donner ces arguments de géographes qui nous ont permis de mener ce travail à son terme. Nous voudrions en particulier dire un grand merci au Professeur BIKPO, Responsable de recherche de l'institut de géographie tropicale qui dans le secret est un modèle pour nous. Nous remercions également les Professeurs ALOKO-N'GUESSAN, ANOH Kouassi et HAUHOUOT Asseypo pour la formation qu'ils nous ont donné. Notre gratitude également aux docteurs ALLA Della, KASSI-DJODJO, KABLAN N'guessan et SERHAN Nasser, tous Maîtres de Conférences à l'IGT pour leurs conseils avisés. Merci au docteur LOBA Akou Don, Maître de Conférences pour son engagement personnel

depuis la licence jusqu'à ce jour dans notre formation. Merci aux docteurs KOUADIO Marylise de l'ENS, TAGRO-NASSA Josée, GUÉDÉ Marius, MEMEL Frédéric et TAMBOURA Awa pour leurs soutiens et leurs encouragements.

Nous remercions également toutes les personnalités rencontrées lors de nos enquêtes de terrain. Merci à M. N'GUESSAN, sous-directeur de la direction des mines, ainsi qu'à M. MÉGNONRON Silué de la même direction. Nous remercions également M. YÉO Soumaïla, directeur régional de l'agriculture de Divo, M. OKOU Agoh, directeur des mines dans la région du Lôh-djiboua, le directeur régional de l'urbanisme ainsi qu'à M. DJÉDJÉ Abou, chef de secteur ANADER de Divo, pour leur disponibilité à répondre à nos préoccupations. Nos remerciements s'adressent également au sous-préfet de Hiré, M. AHUI Roger, qui nous a reçus à chaque fois que nous en exprimions le besoin. Merci commandant, pour l'intérêt que vous avez accordé à notre sujet. Merci à M. GONÉDRÉ Bi Boh, chef de service administratif et à M. TÉ Auguste, chef du service technique de la mairie de Hiré. Merci aux responsables locaux des eaux et forêts, de l'ANADER et de l'agriculture.

Merci au président de la MUDH, Dr DAGO Célestin qui en dépit de ses nombreuses occupations professionnelles, trouvait du temps à nous consacrer. Merci également au président de la CSDPIB, M. GNAMINI Jérémie.

Nous remercions le docteur KOUASSI Kouadio Nicolas pour son aide lors de nos enquêtes à Hiré. Merci à M. BLÉ, président des orpailleurs de Hiré, aux différents chefs des villages et campements qui nous ont bien reçus, merci à toutes les populations qui ont accepté de nous accorder de leur précieux temps en répondant à nos questions et en nous accompagnant parfois dans leurs plantations. Merci à M. YAO Hubert pour sa disponibilité et sa générosité. Votre apport a été d'une grande utilité. Merci à notre tuteur à Hiré, M. GNAKPA Ahipo Hilaire et à sa petite famille qui nous a accueillis à bras ouverts.

Nous ne saurons terminer cette série de remerciements sans dire merci à nos amis étudiants. Merci à YEO Nahoua du CURAT, à nos amis ASSI Lordia, BONI Alika, ADOU Yao Timothée, KONAN Lydie, TONAN Sabine, ZUO Estelle, KONE Hobela et KOUASSI Apolinaire.

Merci à toutes ces personnes que nous ne pouvons citer nommément mais qui par une action ou un geste nous ont permis de réaliser ce travail. Merci infiniment.

6

.

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AGR : Activités Génératrices De Revenus

ANADER : Agence Nationale d'Appui au Développement Rural

ANDE : Agence Nationale De l'Environnement

APDH BIAO BM BNETD

CDCI CDL

CDLM CECAF CEI CERAP

: Actions Pour les Droits De L'homme

: Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale

: Banque Mondiale

: Bureau National d'Étude Technique et de Développement

: Compagnie de Distribution de Côte d'Ivoire

: Comité de Développement Local

: Comité de Développement Local Minier

: Cabinet d`Études de Conseil d`Audit et de Formation

: Commission Électorale Indépendante

: Centre de Recherche et d'Action pour la Paix

CETIF : Cabinet d'Experts pour l'assistance conseil en Topographie et Foncier

CGFR : Comité de Gestion Foncière Rurale

CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-Pollution

CIE : Compagnie Ivoirienne d'Électricité

CMA COOPEC CSDPIB CSU CVGFR DMDG EIES

: Christian Missionary Alliance

: Coopérative d'Épargne et de Crédit

: Cellule Stratégique pour la Défense et la Protection des Intérêts de Bouakako

: Centre de Santé Urbain

: Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale

: Direction des Mines Direction de la Géologie

: Étude d'Impact Environnemental et Social

IEPP : Inspection de l'Enseignement Primaire et Préscolaire

EPP FAO F CFA FHB GIZ GTZ

: École Primaire Publique

: Food & Agriculture Organisation

: Franc de la Communauté Financière Africaine

: Félix Houphouët Boigny

: Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

: Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

7

GPS : Global Positionnement System

ha : Hectare

H2O : l'eau

HCN : Cyanure d'Hydrogène

IDRM : Institute for Defence Resources Management (Canada)

IF : Institut Français

IFEF : Institution de Formation et d'Éducation Féminine

IGT : Institut de Géographie Tropicale

INS : Institut National de la Statistique

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

IST ITIE Km LGL MUPES NE NaCN NaOH NML NSIA NW

: Infections Sexuellement Transmissibles

: Initiative pour la Transparence dans l'Industrie Extractive

: Kilomètre

: Lihir Gold Limited

: Mutuelle pour la Promotion de l'Enseignement Secondaire

: Nord Est

: cyanure de sodium

: Hydroxyde de sodium

: Newcrest Mining Limited

: Nouvelle Société Interafricaine d'Assurance

: Nord West

8

MME : Ministère des Mines et de l'Energie

MUDH : Mutuelle pour le Développement de Hiré

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PDL : Plan de Développement Local

PDR : Plan de Relocalisation

PE : Permis d'Exploitation

PH PND PNIA

: Potentiel Hydrogène.

: Plan National de Développement

: Plan National d'Investissement Agricole

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PS PSD

: Professionnelles du Sexe

: Plan Stratégique de Développement

RCI : République de Côte d'Ivoire

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises

SAG SMIG SODECI SODEFEL SODEMI

: Semi Autogène

: Salaire Minimum Garanti

: Société de Distribution d'Eau de la Côte d'Ivoire

: Société d'État pour le Développement des Fruits et Légumes

: Société pour le Développement Minier de la Côte d'Ivoire

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UEMOA UICN

: Union Économique et Monétaire Ouest Africaine

9

: Union Internationale pour la Conservation de la Nature

10

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau 1 : tableau synoptique de l'étude 61

Tableau 2 : les différentes compagnies minières exploitants l'or en Côte d'Ivoire 64

Tableau 3 : répartition des orpailleurs selon la nationalité 93

Tableau 4 : origine socio professionnelle des orpailleurs 94

Tableau 5 : Matrice de confusion 2002 en pourcentage 107

Tableau 6 : Matrice de confusion 2016 en pourcentage 107

Tableau 7 : mode de calcul de l'indemnisation pour destruction de biens immobiliers 119

Tableau 8 : répartition de la population par origine des villages de Hiré 131

Tableau 9 : structure résumée de la population de Hiré en 2014 133

Tableau 10 : répartition de la population agricole de Hiré par culture selon le sexe en 2014 136 Tableau 11 : répartition de la population de la sous-préfecture de Hiré par localité en 1998 et

2014 141

Tableau 12 : Evolution de la population de la ville de Hiré de 1965 à 2014 141

Tableau 13 : Caractéristiques de l'habitat à Hiré 144

Tableau 14 : Classification des quartiers de la ville de Hiré selon la position et le standing 146

Tableau 15 : répartition des établissements primaires dans la ville de Hiré 148

Tableau 16 : quelques structures présentes dans la commune de Hiré 152

.Tableau 17 : récapitulatif des investissements de LGL à Hiré entre 2009 et 2010 154

Tableau 18 : récapitulatif de la réalisation des requêtes de Gogobro par les différents gérants de

la mine de Bonikro. 161
Tableau 19 : investissements de LGL en participation à la vie communautaire, entre 2009 et

2010 166

Tableau 20 : investissements de LGL en appui aux activités génératrices de revenus 167

Tableau 21 : investissements de LGL en infrastructures socio communautaires 167

Tableau 22 : les localités concernées par le CDLM de Hiré 169

Tableau 23 : récapitulatif des investissements sociaux majeurs réalisés par l'entreprise minière

NEWCREST 176
Tableau 24 : récapitulatif des projets prioritaires réalisés du partenariat NEWCREST-PNUD

178

Tableau 25 : récapitulatif des projets prioritaires exécutés sur la période 2012-2015 179

Tableau 26 : actions socio-économiques réalisées par le CDLM 2016 - 2017 182

11

Tableau 27 : inventaire des projets réalisés en 2017 par le CDLM de HIRE 183

Tableau 28 : les activités génératrices identifiées par les populations et le tandem NEWCREST-

PNUD 187

Tableau 29 : les causes des conflits entre parents et enfants liés à l'activité minière 191

Tableau 30 : répartition des conflits selon leur nature au sein de la population enquêtée 193

Tableau 31 : les quantités annuelles des produits chimiques utilisés par la société NEWCREST

dans le traitement du minerai dans la sous-préfecture de Hiré 201

Tableau 32 : superficies occupées par NEWCREST 229

Tableau 33 : origine socio professionnelle des orpailleurs 234

Tableau 34 : productions maraichères dans la sous-préfecture de Hiré- campagne SODEFEL

année 1991-1992. 238
Tableau 35: Production de riz et de maïs, dans la sous-préfecture de Hiré - campagne SODEFEL

année 1991-1992 240

Tableau 36 : récapitulatif des blocages communautaires en 2015 275

Tableau 37 : récapitulatif des engagements issus du protocole d'accord NML-Bouakako 280

Tableau 38 : protocole d'accord NEWCREST-Gogobro 281

12

LISTE DES FIGURES

Pages

Figure 1 : modèle de production du développement local 38

Figure 2 : position des localités dans l'espace local 45

Figure 3 : sites d'exploitation aurifère en Côte d'Ivoire en 2016 66

Figure 4: répartition des sites d'orpaillage 70

Figure 5 : évolution des orpailleurs présents sur le périmètre de NEWCREST à Hiré de 2010 à

2016 73
Figure 6 : évolution de l'occupation du périmètre de Hiré Est par les orpailleurs de 2010 à 2014

74

Figure 7 : Localisation des permis d'exploitation de NEWCREST Côte d'Ivoire 78

Figure 8 : Situation géographique des sites occupés par la compagnie minière 80

Figure 9 : Occupation du sol par le complexe minier à Bonikro 83

Figure 10 : Chaîne de production artisanale de l'or 87

Figure 11 : Occupation du sol de 2002 103

Figure 12 : Répartition dans l'occupation du sol en 2002, avant la mise en place de l'exploitation

minière industrielle 104

Figure 13 : Occupation du sol de 2016. 105

Figure 14: Répartition de l'occupation du sol en 2016, après la mise en place des sites

d'orpaillage et d'exploitation industrielle 105
Figure 15 : évolution globale des superficies par type d'occupation du sol entre 2002 et 2016.

106

Figure 16 : anciens et nouveaux sites des campements déplacés par la compagnie minière 110

Figure 17 : courbe d'évolution de la population de Hiré sous-préfecture selon les RGPH 1975

à 2014 127

Figure 18 : orpailleurs immigrés selon l'année d'arrivée 129

Figure 19 : répartition de la population de Hiré selon l'ethnie et la nationalité 130

Figure 20: répartition de la population étrangère enquêtée selon la nationalité 132

Figure 21 : pyramide des âges de la population de Hiré en 2014 134

Figure 22 : répartition de la population de la sous-préfecture de Hiré par branche d'activité135

Figure 23 : carte d'évolution de la population de Hiré entre 1998 et 2014 140

Figure 24: Évolution de l'emprise spatiale de la ville de Hiré 142

Figure 25: organisation spatiale de la ville de Hiré en 2016 145

13

Figure 26: répartition des types d'habitat dans la ville de Hiré 147

Figure 27 : Carte de la zone d'influence du CDLM de Hiré 170

Figure 28: carte d'identification des chefs de village et autres personnes influentes dans le watta

173

Figure 29 : carte NEWCREST synthétisant les zones touchées par l'inondation 219

Figure 30 : courbe d'évolution de la production agricole de 2006 à 2015 231

Figure 31: courbe d'évolution de la production en cultures vivrières de 2006 à 2015 239

Figure 32 : les mutations observées au sein de la population agricoleErreur ! Signet non défini.

Figure 33 : les fondamentaux de la sécurité alimentaire 247

Figure 34: mode d'accès à la terre par les allochtones 256

Figure 35 : évolution des périmètres du projet minier de Hiré entre 2009 et 2015 265

Figure 36 : zones interdites aux populations en perspective de la mise en exploitation minière

dites moratorium 1 et moratorium 2 267

Figure 37: les îlots urbains concernés par la mise en exploitation minière à Hiré 269

14

LISTES DES PHOTOS

Photo 1 : site d'orpaillage d'Assayé 68

Photo 2 : site du bas fond de Bouakako 71

Photo 3 : Vue aérienne de la mine de Bonikro 81

Photo 4 : le lavage simple 89

Photo 5: Instrument de lavage appelé « le wombiaré» 90

Photo 6 : Instrument de lavage appelé « pirogue » 91

Photo 7 : Aménagement pour le raffinage au cyanure 92

Photo 8 : Vue de haut du nouveau site de Bonikro 112

Photo 9 : le modèle de maison construits à Bonikro 112

Photo 10: Cuisine de fortune à Bonikro 113

Photo 11: Vue de haut du nouveau campement de Bandamakro 114

Photo 12: Modèle de maisons construites à Bandamakro 114

photo 13: Vue aérienne de Koutouklou- Konankro 116

Photo 14: ancien site de Koutouklou-Konankro 116

Photo 15: Modèle de logement construit à Koutouklou-Konankro 117

Photo 16: Hôtel de luxe de Hiré 149

Photo 17: La succursale bancaire BIAO-CI 150

Photo 18: station-service Essenci 150

Photo 19: un des super marchés de la ville de Hiré 151

Photo 20: le bâtiment de trois classes construit par NEWCREST 162

Photo 21: le logement de la sage-femme 162

Photo 22: le logement de la sage-femme 162

Photo 23: maternité de Gogobro 163

Photo 24: Marché de Gogobro 163

Photo 25: Site d'extraction aurifère industrielle de Hiré-Est 203

Photo 26 : site d'orpaillage avec absence de végétation 203

Photo 27: Le bois est coupé pour servir d'étaie dans les fosses 209

Photo 28: dépôt de cyanure sur le sol. 214

Photo 29: végétation brulée par le cyanure 214

Photo 30 : dégâts causés par les explosions de dynamitage au quartier Baoulé 217

Photo 31: des constructions à moins de 300m de la mine de Hiré 217

Photo 32: pancarte située près du lac à cyanure 221

Photo 33: pancarte signalant la présence de cyanure dans la zone 221

Photo 34 : les pieds malades du chef de Konankro 226

15

I.INTRODUCTION GENERALE

I.1. Justification du choix du sujet

La Côte d'Ivoire a choisi de faire de l'agriculture le pilier de son économie au lendemain de l'indépendance en 1960. Cette agriculture, composée de cultures pérennes et vivrières, s'est développée dans l'ensemble du pays. Elle contribue à elle seule à plus de 21% du PIB (plus de 11% pour l'agriculture vivrière et environ 10% pour l'agriculture d'exportation) et occupe désormais environs 2/3 de la population active (REEA, 2017). Cette agriculture est tributaire du binôme café-cacao auquel s'ajoutent la banane, l'ananas, le coton, l'huile de palme, le sucre, l'hévéa, l'anacarde, l'igname, le manioc, la banane plantain, le maïs, le riz, etc. Elle a pendant les trois premières décennies de l'indépendance permis à la Côte d'Ivoire de connaitre une forte croissance économique. Pendant ces décennies, le surplus tiré des recettes d'exportation a permis de financer les investissements dans les secteurs sociaux de base (santé, éducation) et dans les infrastructures économiques (routes, ports, aéroports, industries). Ces investissements ont lancé et soutenu la croissance qui, au début des années 1980, a atteint l'indice de 7%. Toutefois, la forte dépendance et la chute des prix des principales cultures pérennes et d'exportation que sont le café, le cacao, le palmier à huile vis-à-vis du marché international a entrainé une crise économique profonde et persistante. Dès lors, bien qu'accordant toujours un point d'honneur à l'agriculture, le gouvernement ivoirien a décidé de diversifier les bases économiques du pays en mettant en place différentes stratégies pour sa relance qui connait jusqu'à présent des balbutiements.

C'est dans ce contexte que le potentiel minier ivoirien découvert depuis les années 1950 va être valorisé. Les activités minières, à l'exception de l'exploitation des hydrocarbures, ne jouaient pas un rôle prépondérant dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Ce n'est qu'à partir de 1991, avec l'ouverture des mines d'Ity et de Tongon, que l'État a véritablement commencé à afficher une volonté de le mettre en valeur. Cette volonté de faire de l'activité minière un maillon essentiel de l'économie ivoirienne a connu une ascension depuis la première décennie des années 2000. Les différents gouvernements qui se sont succédé depuis lors mettent un accent particulier sur la politique de développement du secteur minier afin de le redynamiser. On assiste alors à un développement sans précédent des activités d'exploration et d'exploitation menées par de nombreuses compagnies minières en provenance de tous les continents.

16

Cette explosion de l'activité minière est tenue par les compagnies minières étrangères, attirées par la libéralisation du secteur à travers la mise en place de réformes institutionnelles et règlementaires ( modification du code minier de 1995) qui ont entre autres abouti à l'adoption du nouveau code minier de 2014 qui comporte des exemptions fiscales, le rapatriement des bénéfices, les faibles paiements de redevances, les régimes de compensation médiocres, la protection des entreprises étrangères en cas de litiges, des normes environnementales peu rigoureuses (Morgan, 2002; Segbor, 2014, cités par Awovi A. K. (2017) ).

Ce sont 171 permis d'exploration qui ont été octroyés et treize permis d'exploitation qui ont été signés (MME ; 2016). Une politique et un contexte réglementaire incitatifs ont été mis en place pour attirer les investisseurs nationaux et étrangers. Le nouveau code minier de 2014, conjugué aux efforts consentis par l'État pour répondre aux exigences de l'ITIE, montre une volonté ferme de l'État de faire du secteur minier un maillon essentiel dans la chaîne des ressources économiques du pays. De tous les minerais dont regorge le sous-sol ivoirien, l'or est le plus exploité. En effet, des douze permis d'exploitation en cours, l'or concentre à lui seul huit permis dont deux dans la seule sous-préfecture de Hiré.

L'ouverture des exploitations minières dans les localités dominées par l'agriculture apparait comme un élément nouveau dans leur paysage. Les localités et leurs populations subissent donc diverses mutations entrainées par l'activité minière. Cette étude doctorale intitulée "Exploitation aurifère et développement local dans la sous-préfecture de Hiré, au centre Sud de la Côte d'Ivoire", pose la question de la contribution de l'activité minière au développement local de Hiré.

I.2. Présentation de la zone d'étude

La sous-préfecture de Hiré a été créée par la loi n° 76-877 du 22 décembre 1976 portant création des sous-préfectures de Hiré-Watta et Zikisso. Située au sud de la Côte d'Ivoire, elle appartient à la région administrative du Lôh-Djiboua, avec pour chef-lieu de région Divo. La circonscription administrative couvre une superficie de 560 km2 et possède des frontières avec plusieurs autres sous-préfectures notamment celle d'Oumé au Nord, Didoko au Sud, Taabo et Zégo à l'Est et Zikisso à l'Ouest.

La sous-préfecture de Hiré comprenait deux cantons : le canton Watta et le canton Zégo ainsi que plus de 356 campements. Le canton Watta est composé de six villages : Zaroko, Bouakako,

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Gogobro, Kagbè, Douaville et Hiré village. Quant au canton de Zégo, il est composé de quatre villages : Zégo, Bokasso, Apparagra et Goudi. Notons cependant que le découpage administratif de 2011 a érigé Zégo en une sous-préfecture. Celle de Hiré comprend désormais au plan administratif le seul canton Watta avec plus de 200 campements. Cependant, dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons qu'aux cinq campements autour de l'usine minière de Bonikro que sont : Petit Bouaké, Chantier Konankro, Bonikro, Bandamakro et Koutouklou-Konankro. Hiré est aussi un chef-lieu de commune situé à 43 km de Divo, à 27 km d'Oumé et à environ 243 km d'Abidjan. La commune de Hiré existe depuis le 16 octobre 1985 et s'étend sur une superficie de 134 km2. Elle est composée de dix quartiers qui ont chacun des caractéristiques et une histoire particulière, mais Hiré Dida en est le village noyau.

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II. REVUE DE LITTERATURE

La revue de la littérature a consisté à explorer l'essentiel de la littérature portant sur l'activité minière dans le monde, en Afrique et singulièrement en Côte d'Ivoire. Le constat est que l'exploitation minière est une activité économique qui a intéressé les chercheurs de plusieurs disciplines comme les géographes, les sociologues, les géologues, les historiens, etc. Ces chercheurs ont, par ailleurs abordé ce sujet sous divers angles. Avec cette pluralité d'écrits sur l'activité minière, il est important de faire un état des lieux sur la question dans les limites du thème de recherche relatif au rapport entre exploitation minière et développement local. Les éléments suivants ont nous guider et nous ont permis de circonscrire la portée des termes charpentes de la problématique et d'exposer la méthode d'approche adoptée. En nous focalisant sur cette réflexion, nous regroupons les connaissances sur la contribution de l'activité minière au développement local en trois rubriques :

- la définition des concepts ;

- l'historique de l'activité minière, de son importance ;

- l'impact de l'activité minière sur le développement social, économique, environnemental et spatial des localités hôtes.

II.1. La définition des concepts

II.1.1. Les principes du développement local

Vers la fin des années 1950, Friedman et Stohr font émerger la théorie du développement endogène. C'est une approche volontariste axée sur un territoire restreint qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas vers le haut se basant principalement sur les ressources propres (endogènes).

Le concept de développement local est compris de la même façon tant dans sa portée géographique que dans ses domaines d'intervention. De ce fait, il convient de retenir que le développement local se définit à partir d'une base territoriale. Cette base territoriale est déterminée en s'appuyant sur le constat qu'il existe presque toujours un niveau d'organisation territoriale où s'établissent les relations entre d'une part le tissu social constitué par les communautés rurales et d'autre part les fonctions administratives primaires, les fonctions économiques et les services de « base » dans les centres et les villes d'encadrement de cette communauté. Le développement local suppose une pluralité de niveau d'action qui constitue

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l'une de ses caractéristiques essentielles ; et enfin il se fonde sur des notions de participation, de partenariat et de contractualisation.

C'est ainsi que Lazarev et Arab (2002) définissent le concept de développement local. Pour ces deux auteurs, les partenaires du développement local sont : le gouvernement local (partenaire institutionnel local), les communautés rurales, les organisations de la société civile (associations locales) et les entreprises privées de types modernes.

Teissernc (2000) présente le développement local comme un processus de changement capable de faire passer le territoire en tant que réalité économique, sociale institutionnelle d'un état à un autre ». Pour lui, le développement local consiste à appréhender le territoire dans sa globalité, à engager un processus de transformation qui touche à toutes ses composantes.

Selon Decoster D.P (2000), bien que les principes du développement local forment une méthodologie globale applicable à tout territoire, sa mise en oeuvre variera d'un lieu à l'autre et d'une période à l'autre en fonction des potentialités et des vulnérabilités locales et du moment d'activation. Ces principes sont : une approche globale, intégrée et transversale.

L'approche globale tient compte du contexte territorial dans lequel s'inscrit la zone en développement local. Chaque zone de développement local appartient à un développement territorial c'est-à-dire à un territoire élargi. Il convient d'éviter les redondances d'activités, leur expansion. Leur maintien nécessite un spectre de chalandise suffisant. Une concurrence d'activités identiques entre zones de développement voisines conduit à la faillite des concurrents. Il faut, au contraire, pour des activités nécessitant un territoire plus large, pouvoir compter sur la supra-communalité, dépasser les frontières des communes ; la démarche de développement local est intégrée car elle repose sur les potentialités et les vulnérabilités locales et s'adapte en fonction de ces éléments. Elle doit respecter les équilibres locaux entre les volets du développement pour ne pas en déstabiliser l'harmonie. L'approche est dite transversale car elle repose sur le principe d'un décloisonnement des secteurs d'activités. Chaque secteur public ou privé doit sortir de sa logique organisationnelle en colonne hiérarchisée.

Le développement local peut être compris comme un processus de création (production), de rétention (appropriation), et de redistribution (partage équitable) des richesses sur un territoire. Ce processus de développement s'articule autour de trois dimensions : l'espace, le temps et les acteurs. Il permet à la population du territoire concerné de résoudre progressivement ses problèmes et de réaliser ses ambitions dans les domaines économique, social, culturel, et

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environnemental par la participation active, individuelle et collective de l'ensemble des citoyens (MEDEV, 2006).

Le développement local est aussi l'ensemble des actions et initiatives concourant à l'amélioration durable des conditions de vie des populations organisées dans un espace géographique déterminé (MEDEV, 2005).

Le développement local se définit comme un processus dynamique dans lequel les acteurs organisés et mobilisés initient et mettent en oeuvre des actions sur leur espace donné en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie.

Le développement local est une dynamique locale fondée sur la mobilisation locale des ressources et du savoir-faire et met l'accent sur le développement des initiatives, le renforcement des solidarités intercommunautaires, la prise en compte des aspirations et des besoins de la population dans les domaines économique, social et culturel. Il permet un saut qualitatif des acteurs locaux dans l'exercice de leur rôle politique, économique, social et culturel, une capacité collective à définir une stratégie cohérente d'actions de développement et une organisation de la société civile.

Au total, le développement local implique une démarche partenariale associant autour de la collectivité territoriale, les différents acteurs locaux ainsi qu'un fort développement de la démocratie locale participative à côté de la démocratie représentative.

Le développement local dont il est question dans ce travail est le développement local minier c'est-à-dire que celui-ci est conçu et mis en oeuvre par la compagnie minière avec l'implication pleine et entière des populations dans le cadre des actions communautaires des sociétés minières.

II.1.2. L'exploitation minière

L'exploitation minière est une activité très ancienne d'extraction de minerais. Elle est pratiquée de façon artisanale depuis la nuit des temps et depuis le XIIIème siècle. La forme industrielle est également pratiquée (UICN/PACO, 2011) avec les progrès technologiques.

II.1.2.1. L'exploitation minière artisanale

L'exploitation minière artisanale se définit comme « toute opération qui consiste à extraire et concentrer des substances minérales et à en récupérer les produits marchands pour en disposer

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en utilisant des méthodes et procédés traditionnels ou manuels » (Nyembo, 2007). Cette définition se rapproche de cette autre définition selon laquelle, l'exploitation artisanale est synonyme de l'exploitation traditionnelle ou encore de l'orpaillage dans le cas de l'or. Le code minier ivoirien en son article premier définit l'exploitation traditionnelle ou artisanale comme toute exploitation dont les activités consistent à extraire et concentrer les substances minérales et à en récupérer les produits marchands par les méthodes, procédés manuels et traditionnels. L'exploitation artisanale, c'est aussi l'utilisation directe de l'énergie humaine dans l'extraction des minerais. Le terme orpaillage est souvent utilisé pour désigner l'exploitation traditionnelle ou artisanale de l'or. Pour certains, le terme orpaillage tire son origine étymologique du mot « harpailler » qui signifie en ancien français, saisir, attraper (Orru, 2004). Pour d'autre, il vient du mot paille, en référence à la paille que les chercheurs d'or d'antan plaçaient sous les riffles pour piéger l'or (Polidori ; 2001). Cette forme d'exploitation très ancienne est beaucoup pratiquée par de nombreuses personnes comme le montre Mazalto (2008). En effet, il donne l'exemple de la RDC où la Banque mondiale estime à dix millions le nombre de personnes, soit 16 % de la population, qui dépend de l'activité minière artisanale pour leur survie quotidienne. Le secteur artisanal générerait environ 90 % de la production minière totale exportée par la RDC (World Bank et International Développement, Association, 2007). Une bonne partie de l'activité minière du Congo est le fait d'exploitants artisanaux, ou « creuseurs », qui travaillent manuellement. En fait, le secteur minier artisanal a aidé à réduire la pauvreté par la création d'emplois pour une nombreuse main d'oeuvre inemployée ou sous employée, par l'effet multiplicateur de sa croissance, par la stabilité économique et sociale qui résulte de l'accès à l'infrastructure et par les avantages résultant de l'emploi des femmes. Cependant, les conditions de travail dans ce secteur sont extrêmement dangereuses. Généralement les creuseurs travaillent pieds nus, sans équipement de protection individuelle, dans des puits non étayés et non ventilés, en s'éclairant à la bougie.

II.1.2.2. L'exploitation minière industrielle

L'exploitation minière industrielle est définie comme l'exploitation minière par des moyens mécaniques qui permettent l'extraction de grandes quantités de minerais. L'industrie minière est l'ensemble des activités concernant la découverte et l'extraction de minéraux qui se trouvent sous la surface de la terre. Ces minéraux peuvent être métalliques (tels que l'or et le cuivre) ou non métalliques (tels que le charbon, l'amiante ou le gravier). Les métaux sont mélangés à beaucoup d'autres éléments mais parfois on en retrouve de grandes quantités concentrées dans une zone relativement petite, « le gisement », d'où l'on peut extraire un ou plusieurs métaux

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avec des bénéfices économiques. Les dimensions des mines peuvent être très variées, depuis les petites opérations d'exploitation produisant moins de 100 tonnes par jour jusqu'aux grandes mines qui déplacent des centaines de milliers de tonnes de minerais. L'activité minière est composée de deux étapes : la phase d'exploration et la phase d'exploitation.

La phase d'exploration consiste à rechercher les indices d'existence d'un minerai et d'en déterminer le degré de concentration afin d'évaluer la rentabilité de celui-ci en cas d'extraction. C'est un programme long et couteux. Les dépenses d'exploration sont engagées avant qu'il n'y ait le moindre revenu disponible. C'est pourquoi les États ont adopté des dispositions particulières régissant le traitement des dépenses d'exploration avant production aux fins de l'imposition future des bénéfices. Lorsque cette exploration donne des résultats concluants au sujet de la rentabilité du gisement découvert alors arrive la phase d'installation de la mine.

L'aménagement d'une mine demande beaucoup de capitaux et l'importation de nombreux équipements très divers de fournisseurs spécialisés. Plusieurs gouvernements tiennent compte de l'intensité capitalistique de cette industrie et offrent divers moyens d'accélérer le recouvrement des dépenses d'établissement une fois que la production a commencé. Lorsque les équipements doivent être importés, l'État offre souvent un mécanisme de franchise de droits de douane pendant l'établissement de la mine et la plupart des pays offre aussi un allègement de la TVA sur les achats d'équipements, en particulier si la production de la mine est destinée à l'exportation. Une fois l'installation de la mine achevée commence l'extraction du minerai. La phase d'exploitation ou phase de production est la phase au cours de laquelle les sociétés minières procèdent à l'extraction du minerai découvert. Cette extraction se fait selon divers procédés en fonction de la nature du minerai et des profondeurs d'enfouissement de celui-ci.

II.1.3 La méthode d'exploitation minière

La méthode d'exploitation utilisée pour extraire un minéral déterminé dépend de sa nature des dimensions et de la profondeur du gisement et des aspects économiques et financiers de l'opération en question.

La quête des placers a été un des aspects essentiels sinon le principal des diverses ruées vers l'or que connut le monde dans la seconde moitié du XIXème siècle. Les dragues tirent les sables aurifères des cours d'eau. On extrait par cette technique, le diamant, l'or et l'étain (Lerat, 1971).

Pour exploiter les charbons et les lignites enfouis sous quelques mètres ou quelques dizaines de mètres de terrains stériles, il est vite apparu très avantageux, dans le domaine économique, de

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procéder à une dénudation (strip-line) de l'horizon exploité de façon à pouvoir entreprendre l'attaque de la couche productrice avec des engins mécaniques (Gastou M, 2014). Dans ces types d'exploitation, des engins mécaniques d'allure aérienne, surnommés « sauterelles » rejettent les déblais à plusieurs dizaines de mètres du point d'extraction. L'évacuation de la production est assurée par des trains ou par des lourds camions ou par des convoyeurs roulants qui courent dans la tranchée.

La carrière est un paysage minier bien plus fréquent que le précédent. La quasi-totalité des matériaux de construction autres que les sables et les graviers est extraite dans les carrières. Sont aussi obtenus de cette façon des tonnages croissants de bauxites, de minerais de fer et de métaux non ferreux.

Pour atteindre les minerais solides enfouis profondément, l'homme creuse des mines. L'exploitation des ressources minières profondes marque moins sensiblement le paysage que l'extraction des richesses superficielles. L'exploitation souterraine n'est pas toujours totalement indépendante de l'extraction à ciel ouvert. Dans nombre de gisements, l'exploitation commencée à ciel ouvert est poursuivie sous terre. L'extraction en profondeur proprement dite est menée différemment selon la topographie et la profondeur de l'horizon producteur.

II.2. Historique et importance de l'exploitation minière II.2.1. Historique de l'exploitation minière

L'histoire de l'exploitation minière se perd dans la nuit des temps (Lerat, opc). Il y a des mines dans la plupart des pays et des régions du monde. L'exploitation minière était pratiquée sur tous les continents de façon traditionnelle et s'est développée différemment d'un continent à un autre selon les réalités de ceux-ci. Les activités minières sont toutefois de taille différente d'un continent à un autre et d'un pays à un autre.

L'Europe reste essentiellement productrice de combustibles solides. Dans la moitié du XVIIIème siècle, le potentiel charbonnier fut peu à peu valorisé. Le mouvement a débuté aux Royaume-Uni où la production, bien plus qu'ancienne, s'éleva de 2,5 millions de tonnes en 1700 à 10 millions de tonnes un siècle plus tard. Le développement industriel suscita aussi l'expansion d'activités minières plus anciennes et fut à l'origine de nouvelles créations. Au nombre de ceux-ci, on a l'extraction de la potasse, qui débuta en 1850. Le développement des mines de fer est contemporain à l'essor de la sidérurgie ; (Lerat, opc).

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Sans avoir connu une activité minière aussi précoce que l'Europe moyenne, l'Amérique latine est l'une des plus vieilles régions minières du monde. On y ouvre dès 1545 de grandes exploitations de minerai souvent polymétalliques mais renfermant tous les métaux précieux. Au XIXème siècle, les besoins des pays industriels ont stimulé la prospection et la mise en valeur de nouvelles richesses utilisables par l'industrie chimique puis par l'industrie métallurgique. Les nitrates de l'Atacama, alors boliviens et péruviens, étaient connus dès le XVIIIème siècle, mais leur exploitation ne fut entreprise que vers 1830 pour atteindre son apogée dans les dernières décennies du XIXème siècle et pratiquement cesser devant la concurrence des nitrates de synthèse en 1928. Aujourd'hui, l'Amérique et singulièrement l'Amérique Latine demeure une région minière essentielle.

Le Moyen Orient est une région riche en ressources naturelles, particulièrement en pétrole dont elle est la plus riche et sur laquelle elle a bâti sa fortune. Avec un pays comme l'Arabie Saoudite, plus grand pays de la région dont le secteur minier est le troisième pilier de l'économie.

Si l'Afrique est, à en croire l'anthropologie moderne, le berceau de l'humanité, l'Afrique est aussi le berceau de l'activité minière de l'homme. La plus ancienne mine jamais découverte par les archéologues est africaine, elle date de 43000 ans avant Jésus-Christ, et se trouve au Swaziland, sur le site d'une exploitation actuelle de minerai de fer (Yachir, 1987).

L'Afrique regorge de multiples ressources minières allant des matières premières minérales aux carrières. Les techniques d'extraction traditionnelles qui existaient avant le développement de l'industrialisation ont permis l'extraction des métaux précieux à des degrés très faibles. Ce qui a permis à l'Afrique de conserver son potentiel minier et d'être aujourd'hui courtisé par les sociétés minières transnationales.

Les pierres précieuses dont l'or ont une grande importance dans la société africaine. L'exploitation aurifère en Afrique subsaharienne est antérieure à la colonisation car à cette époque, l'or avait une valeur économique, sociale et religieuse.

En Afrique, cinq à six millions de personnes (20 millions dans le monde) pratiquent la «petite mine», souvent en complément de l'agriculture. Plusieurs substances s'y prêtent, des matériaux de construction aux pierres précieuses (diamant) et à l'or. Au Ghana, second producteur africain d'or, les revenus de l'orpaillage, qui sont injectés dans l'économie du pays, sont supérieurs à ceux générés par l'exploitation industrielle. L'activité minière participe directement aux économies locales rurales dans la mesure où elle constitue une source de revenus importants.

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L'exploitation minière industrielle est très couteuse. Elle est assurée en Afrique par des multinationales qui assurent l'essentiel de l'exploration et de l'exploitation. Les compagnies minières étrangères apportent en plus des capitaux, les technologies et les débouchés commerciaux.

II.2.2. Importance de l'exploitation minière dans l'économie

Pour un pays en développement, disposer des ressources naturelles abondantes peut être un avantage mais peut aussi compliquer la tâche aux autorités en matière d'élaboration et de mise en oeuvre de la politique de dépense et de la politique fiscale. Les autorités des pays riches en ressources font donc face à plusieurs problèmes au nombre desquelles figurent l'épuisement et le non renouvèlement des ressources et des exportations qui en dépendent. Selon Daniel et al (2013), les coûts des matières premières exportées sont imprévisibles et les autorités devraient évaluer le nombre d'années durant lesquelles les ressources produiront des recettes. La situation actuelle des ressources naturelles est proche de celle du XIXème siècle abordée par W.S. Jevons (1845-1882). Selon lui, dans le cas des ressources épuisables, la notion de rente peut renvoyer à deux réalités distinctes. La première concerne la question de l'épuisement physique absolue des ressources : un jour viendra où les gisements seront totalement vides ou presque. La deuxième réalité concerne le processus d'épuisement des ressources sans considérer le moment où les ressources disparaitront effectivement.

II.2.3. Comparaison mine-agriculture

Comme mentionné par Sachs et Warner (1995), le minerai et le pétrole ont une haute rente alors que l'agriculture génère, en général, une rente plus faible. À cela Bulte et al. (2005) viennent apporter une nuance puisque, selon eux, seules les ressources extractibles (mine, pétrole) en un seul point seraient corrélées négativement à la qualité des institutions. Les ressources dont la distribution sur le territoire est diffuse (forêt, agriculture) ne seraient pas corrélées avec la qualité des institutions. Cette dernière affirmation est contredite par Lucas (2009) qui montre que l'agriculture a un impact négatif sur la croissance, car les individus travaillant en agriculture sont dispersés, ce qui nuit au transfert de connaissances.

Par ailleurs, un lien étroit est établi entre les ressources naturelles et les différents conflits sociopolitiques que connait la plupart des pays riches en la matière. Collier et Hoeffler (2005) prétendent que la rente des ressources naturelles provoque une augmentation des probabilités de conflits violents. Ces auteurs étudient le lien entre ressources naturelles et guerre civile. Ils

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estiment que la basse croissance offre un coût d'opportunité bas aux rébellions contre les mauvaises institutions et les régimes non démocratiques que l'abondance en ressources naturelles favorise. Cette relation expliquerait donc le désir de rébellion de la population.

En étudiant le lien entre démocratie et ressources naturelles, Ross (2001) traite du cas des pays pétroliers et réalise que le pétrole est plus dommageable économiquement dans les pays pauvres que dans les pays riches. Collier et Hoeffler (opc), ainsi que Auty (2000) corroborent cette relation négative entre démocratie et ressources naturelles. En outre, ils affirment que la combinaison de la présence de la démocratie et de la rente associée aux ressources a significativement nuit à la croissance des pays.

II.3. Les impacts de l'exploitation minière

II.3.1. Les impacts économiques de l'exploitation minière

L'installation d'une industrie extractive est un évènement majeur avec des impacts locaux et régionaux considérables sur l'économie, l'environnement et l'occupation spatiale.

L'activité minière (IDRM, 2013) est un facteur clé de la croissance économique mondiale, capable de générer un impact positif à long terme sur les vies, les sociétés et les nations. Les activités minières sont réputées plus rémunératrices que l'élevage et l'agriculture (Indring'i et Bamuhiga, 1997). C'est pourquoi elles suscitent tant d'intérêt dans les localités où elles sont pratiquées. Cet intérêt est manifesté aussi bien par les populations que par les états.

Au niveau des populations, l'exploitation minière (industrielle et artisanale) est créatrice d'emplois directs comme indirects. En effet, l'ouverture d'une mine crée des possibilités importantes d'emploi supplémentaire avec possibilité de revenus plus élevés que la plupart sinon tous les autres emplois de la région. Elle favorise également la formation de la main-d'oeuvre locale avec un effet d'osmose sur l'ensemble de la population locale ; et des investissements dans l'infrastructure, les biens et services publics de base tels que l'eau, les transports et l'énergie (Kunanayagam, 2000). Les exploitations industrielles selon Itard (2000), génèrent au niveau national quelques milliers d'emplois salariés, ce qui est loin d'être négligeable. Ces emplois, généralement correctement rémunérés et en grande partie localisés hors des principales agglomérations, ont un impact social important. Il y a donc des retombées indirectes sur les localités environnant les exploitations : développement du commerce mais aussi augmentation de la population avec les effets induits (cultures, bois de feu, chasse, etc.).

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L'activité minière peut aussi stimuler le développement des régions déprimées, améliorer la qualification professionnelle et technique des autochtones, et constituer un noyau de développement économique.

Selon Itard (2011), au niveau national, les revenus créés par le gouvernement sont les impôts provenant des exploitations minières qui représentent souvent une partie substantielle du revenu fiscal du gouvernement. Une exploitation minière réussie peut être un catalyseur pour un afflux subséquent d'investissements privés dans un pays ou une région qui offre un contexte encourageant caractérisé par un cadre de réglementations fiables. De même, outre l'impact direct d'une exploitation minière sur l'emploi, il y a un potentiel important d'activités économiques secondaires et parallèles, en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui à leur tour créent des possibilités d'emploi pour les non mineurs des zones adjacentes. Bosson et Varon (1977) abordent dans le même sens quand ils affirment qu'un pays peut tirer des gains substantiels d'une industrie minière convenablement structurée et gérée. Le secteur minier peut apporter une contribution très importante des pays en développement en particulier comme c'est le cas pour quatre pays africains où le secteur compte pour plus de 30% du PIB. Pour Devey (1995), l'exploitation minière peut apporter une embellie économique comme c'est le cas en Mauritanie dont il cite l'exemple.

L'activité minière nourrit aussi les échanges extérieurs et procure un revenu supplémentaire sous la forme d'impôts et de redevances. A côté des redevances et des impôts que paient les sociétés minières, il y a également le fait que l'état soit généralement actionnaire dans les sociétés minières comme c'est le cas pour Bonikro.

Cependant, selon Frankel (2010), les ressources naturelles sont une manne pour le développement économique. En principe leur exploitation produit des recettes qui peuvent permettre de surmonter des obstacles auxquels se heurtent souvent les gouvernants des pays en développement qui tentent de reformer l'économie, de doper la croissance et de créer des emplois. Pourtant, au vue de l'expérience des pays riches en ressources minières comme la République Démocratie du Congo (RDC), il semble que cette richesse ne soit pas toujours une bénédiction, mais plutôt une malédiction. Car ceux-ci sont en proie à l'exode des capitaux.

II.3.2. Les impacts de l'exploitation minière sur l'environnement

L'exploitation minière, en dépit des retombées économiques prônées par les États, n'est pas sans conséquence sur l'environnement et son impact touche tous les aspects de celui-ci

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(Ricardo ; 2004). Les mines de minerais métallifères, en particulier de cuivre et d'or, atteignent des dimensions de nuisance particulièrement importantes en raison de la faible teneur des minerais exploités. L'industrie minière génère des quantités importantes de rejets solides et liquides qui peuvent constituer une source majeure de pollution sur l'environnement naturel mais aussi sur l'environnement humain Mengue (2011). Les impacts de l'exploitation minière industrielle sont normalement anticipés au travers des études d'impacts sur l'environnement généralisés dans tous les codes miniers. Cependant, ils peuvent avoir de graves atteintes sur l'environnement dans les cas suivants :

- disfonctionnement dans l'attribution du permis (permis attribué alors que l'étude d'impact aurait dû bloquer son attribution) ;

- une étude d'impact non réaliste (effets non minimisés) qui n'aurait pas dû recevoir son quitus environnemental ;

- non-respect par l'exploitation du plan de gestion environnemental et/ou défaut de contrôle des activités minières (Mazalto ; 2008).

L'exploitation minière implique souvent l'utilisation ou la production de substances dangereuses du fait de l'exploitation des déchets de la mine, du transport du matériel et du traitement de ce dernier. L'activité minière constitue un facteur de dégradation des forêts lorsqu'elle s'effectue dans les zones boisées. Dans l'étude menée par Riccardo (opc) dans le district de Wassa West au Ghana, il affirme que 60% des forêts humides ont été détruites par des opérations minières dans cette région. La mise en place d'une mine exige un certain nombre de travaux de la mine à l'extraction du minerai qui exigent l'élimination de la végétation et de la couche arable (Holz, 1987 ; Deshaie, 2009). Les activités associées à la préparation et au déblaiement des sites à traiter avant même le minage, contribuent à la destruction de la végétation et peuvent affecter la diversité biologique s'il se trouve dans le voisinage des zones écologiquement sensibles (Geffriaud et al ; 2006). Parlant du cas spécifique de la prospection, il souligne qu'elle entraîne le nettoyage de vastes aires de végétation pour faciliter la circulation de véhicules lourds transportant les installations de forage. Aussi, la construction de routes d'accès, soit pour amener les équipements lourds et les approvisionnements au site minier ou bien pour expédier les métaux et minerais traités peut-elle engendrer des impacts environnementaux substantiels. Le défrichement des terres pour la construction des sites et l'extraction des minéraux augmente le risque d'une érosion des sols et d'une sédimentation importante (Hund et al, 2013). Par l'élimination de la végétation et de la couche arable, le défrichement des terres pour la construction des sites et l'extraction des minéraux, les risques

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d'érosion des sols sont accrus. Des recherches entreprises dans le Kentucky ont montré que la production des sédiments des régions de mines à ciel ouvert peut atteindre 1000 fois celles de la forêt naturelle. Sur 4 ans, l'érosion naturelle moyen de talus de déblaies dans le Kentucky a été de 9500 tonnes par kilomètre carré alors qu'on l'estimait égale seulement à 8,8 tonnes par kilomètre carré sans forêt (Focus environnemental geology, 1976). L'étude menée par la Communauté Européenne (2000) montre que l'érosion peut provoquer le changement important de sédiments et tout polluant chimique l'accompagnant vers des plans d'eau proches surtout pendant des tempêtes sévères et de grandes périodes de fonte de neige. L'exploitation minière entraîne une dégradation des sols par le phénomène d'érosion et de sédimentation (PNUE, 2001 ; Hund et al. opc). En outre elle peut provoquer une contamination des sols. Cette analyse a également révélé que les opérations minières modifient régulièrement le paysage environnant en exposant des sols qui étaient précédemment intacts. Les déversements et fuites de matières dangereuses et les dépôts de poussière contaminés, fouettés par le vent peuvent conduire à la contamination des sols (Mineo Consortium, 2000). En plus du sol, elle impacte fortement le sous-sol et la nappe phréatique (Deshaie, 2009 et Baudelle, 1995). Par le drainage des acides et des contaminants de lixiviation, (Elaw, 2010) soutient que l'extraction des minerais métalliques (or, cuivre, etc) contribue à la pollution des eaux. En effet, lorsque des matériaux minés sont excavés, exposés à l'eau et à l'oxygène, des acides peuvent se former si les minéraux sulfurés de fer sont abondants et s'il y a une quantité insuffisante de matériau neutralisant pour contrebalancer la formation d'acide. L'acide à son tour, lessivera ou dissoudra les métaux et autres contaminants dans les matériaux minés et formera alors une solution acide à forte teneur en sulfate et riche en métal. Le drainage d'acide minier est considéré comme l'une des menaces les plus graves pour les ressources en eau. Une mine avec drainage d'acide minier a un impact dévastateur à long terme sur la vie aquatique, les cours d'eau et les ruisseaux, renchérit Earth works Fact Sheet, (2000). Cet organisme décrit cette situation comme étant irrémédiable. Il parle donc de pollution perpétuelle et l'exprime en ces termes : « même avec les technologies existantes, il est virtuellement impossible d'arrêter le drainage d'acide de mine une fois que la réaction a débuté ». Ainsi, Elaw (opc) souligne que les grandes quantités d'eau nécessaire à l'activité minière réduisent généralement les potentialités de la nappe phréatique du lieu et arrivent même à assécher des puits et des sources.

L'extraction minière du fait du prélèvement des eaux souterraines peut réduire ou même faire cesser l'écoulement des eaux de surface. Elle peut également contribuer à la dégradation de la qualité des eaux de surface, empêchant ainsi les usages bénéfices qui y sont associés (FEPS,

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2004). C'est le cas des mines dans le nord-est du Nevada qui ont pompé plus de 580 milliards de gallons d'eau de 1986 en 2001. Les produits chimiques dangereux tels le cyanure et l'acide sulfurique sont utilisés pour séparer le minéral du minerai. Les eaux chargées de ces produits peuvent par infiltration dans la sédimentation détruire l'habitat et la faune aquatique jusqu'à 90% (Jane et Bonner, 2009) entrainant ainsi un déclin des espèces (Hund et al, 2013). Ils attestent que les produits chimiques utilisés pendant l'exploitation du minerai affectent aussi l'environnement aquatique. Au centre et Sud-Est de la République Démocratique du Congo (RDC), des mineurs à petite échelle déversent des déchets dangereux directement dans les rivières et les lacs. A ces endroits des niveaux élevés de mercure et d'uranium ont été mesuré dans les résidus miniers. Les concentrations en métaux lourds toxiques tels que le calcium, le zinc et le plomb se sont avérées de 2 à 10 fois plus supérieures aux normes internationales. Toujours selon ces auteurs, dans la forêt d'Amazone, les petits mineurs utilisent le mercure de manière moins efficace que les exploitations industrielles relâchant environ 2,91 pound soit 1,32kg de mercure dans les cours d'eau pour chaque 2,2 pound, soit 1kg d'or produit. Cette contamination ou pollution des eaux rend invivable l'espace aquatique. Selon Jane et Bonner (opc), des études gouvernementales menées à la Nouvelle Orléans ont prouvé que des trainées des mines ont produit des taux de cuivre et de sédiments si haut que presque tous les poissons ont disparu des zones humides sur près de 144,9 km en aval de l'exploitation. Exprimant la même pensée, Hund et al (2013) affirment que les plus sérieux impacts directs de l'exploitation minière à grande échelle sur l'environnement concernent la diminution de la qualité de l'eau et la perte potentielle de l'habitat et des espèces aquatiques. Toujours dans l'ordre des impacts, Stella (2013) dans une étude réalisée sur l'impact des activités minières sur l'environnement, souligne que le Pérou qui regorge une grande partie des ressources mondiales en eau douce, souffre pourtant de stress hydrique du fait de l'activité minière. Pour lui, plus d'un tiers des habitants en milieu rural n'a pas accès à l'eau potable. Il conclut que l'activité d'extraction est très polluante avec l'usage du cyanure qui peut s'infiltrer jusqu'à la nappe phréatique et se retrouver dans les rivières. Pour terminer, il précise que très souvent, les problèmes liés au manque d'eau ou à sa contamination surgissent dans les zones où il y a une activité extractive.

II.3.3. La contribution de l'exploitation minière à la reconfiguration spatiale

L'exploitation minière comme toute activité économique a un effet structurant sur l'espace qui l'abrite. Comme dans la logique de localisation, les activités économiques sont soit poussées à l'agglomération, soit à la dispersion (Diallo L, 2009). Ainsi, les modalités spatiales d'implantation minière dans la zone d'exploitation et les relations avec l'environnement

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immédiat révèlent des caractéristiques d'enclave (Ferguson, 2005 ; Magrin, 2011). Cette configuration spatiale s'inscrit à la fois sur les territoires villageois et dans une zone d'intérêt cynégétique. Les mutations spatiales résultant des processus d'insertion minière réduisent les possibilités de développement des activités traditionnelles à l'échelle locale. De grandes superficies de terres sont cédées aux sociétés minières privant ainsi les populations locales d'espaces pour l'exercice de leurs activités. Les terres cédées sont généralement des terres laissées en jachère ou destinées à la production de cultures vivrières comme le riz, l'arachide, le fonio et les tubercules. Ces terres servent également pour le pâturage ou l'exploitation artisanale de l'or en particulier (COPAGEN, 2015). Les paysages subissent de réelles transformations, passant de paysages agricoles à des paysages miniers. Toutes choses qui sont à la base des grognements de protestation au sein de la population (Diallo, 2011).

Selon Diallo (opc.), en Afrique, notamment dans les régions marginalisées comme le Sénégal oriental, l'exploitation minière est avant tout perçue comme un moteur de développement économique. Les projets d'exploitation minière apporteraient le développement à des régions jusque-là mal intégrées à leurs territoires nationaux. Ils sont appréhendés suivant deux modèles spatiaux : « enclave » et « greffe ». La première lecture identifie la mine à l'échelle du milieu d'accueil comme un « corps étranger » entretenant des liens très faibles avec ce dernier. Alors que dans le cadre de la « greffe », les relations avec l'espace d'accueil sont fortes. Ces modèles spatiaux ne sont pas figés ; ils peuvent évoluer différemment en passant de l'enclave à la greffe et inversement en fonction du cycle de vie proposé par Van Vliet (1998).

En outre, l'orpaillage, de toutes les méthodes artisanales utilisées pour la récupération de minerais est la plus ancienne et celle qui a le moins varié (Nations Unies, 1973). En effet, les méthodes et les moyens utilisés dans l'orpaillage en Afrique noire sont véritablement néfastes et laissent des traces très marquées dans le paysage. Ce sont entre autres de grands cratères à ciel ouvert qui ne sont pas tous refermés après épuisement du minerai. En outre, les terres utilisées et les monceaux de terres qu'on voit un peu partout dans la commune participent à dégrader le paysage.

Conclusion de la revue de littérature

Au terme de cette revue de littérature, nous remarquons que la question de l'impact de l'exploitation minière a été beaucoup abordée notamment en ce qui concerne l'impact environnemental dans les pays d'Amérique Latine, en Europe et en Afrique précisément au Congo Kinshasa. Ces travaux ont pour la plupart privilégié l'influence de l'activité sur la

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destruction de la flore, de la faune et des équilibres naturels. Plusieurs écrits ont également porté sur l'aspect économique de l'activité minière privilégiant ainsi la rentabilité pécuniaire que génère cette activité. Quelques rares écrits ont porté sur le caractère urbanisant de l'activité.

Concernant la Côte d'Ivoire en général, nous constatons qu'il y a peu d'études sur la question. Les quelques études sur le thème portent sur l'exploitation minière artisanale, sur les manifestations des populations dans les villes d'extraction minière et sur l'impact environnemental des activités des industries extractives. A côté de ceux-ci, on trouve des documents officiels sur la réglementation et la gestion du secteur minier ivoirien.

Par ailleurs, la relation entre l'exploitation minière et le développement local n'a pas suffisamment retenu l'attention des chercheurs nationaux. Face à cette insuffisance d'écrits sur la question, nous voulons à travers cette étude apporter notre contribution à la connaissance des interrelations qui conduisent ou non l'activité minière au développement des localités hôtes.

L'importance de l'activité aurifère qui se déroule à Hiré et l'importance des acteurs qui y exercent en font un espace idéal de l'étude de la contribution de l'exploitation minière au développement local. Il s'agira à travers une étude des différentes incidences spatiales économiques, sociales et environnementales de connaitre la contribution de l'activité minière au développement de la sous-préfecture de Hiré.

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III. PROBLEMATIQUE

L'exploitation minière est une activité très ancienne qui a été au centre du processus d'industrialisation des pays du Nord. Aujourd'hui cette exploitation s'est déplacée vers les pays du Sud où elle a acquis une importance stratégique majeure. Dans ces pays notamment ceux de l'Afrique subsaharienne, l'exploitation minière connait depuis la décennie 2000 une expansion. En effet, l'épuisement des réserves dans les pays du Nord, ainsi que la forte demande en ressources minières des pays émergents a favorisé l'explosion de l'exploitation des ressources minières dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. La mise en valeur des richesses minières de certains de ces pays comme la Guinée a été encouragée par les institutions de Breton Woods. De toutes les ressources minières dont regorge le sous-sol des pays d'Afrique l'Ouest, l'or est le plus important. On y trouve même des réserves d'importance mondiale. La production d'or de l'UEMOA est passée de 57,6 tonnes en 2007 à 95,7 tonnes en 2011, soit une augmentation de 66,1%. Sur la période 2007-2011, elle représente en moyenne 3,1% de la production mondiale évaluée à 2.400 tonnes (BCEAO, 2013). Cette production est portée par les pays comme le Ghana et le Mali qui occupent respectivement le deuxième et le troisième rang à l'échelle continentale. Cependant, depuis 2008, la contribution de ces pays a relativement baissé au profit du Burkina et dans une moindre mesure, de la Côte d'Ivoire (Magrin and Perrier-Brusle ; 2009).

Le sous-sol ivoirien regorge d'importantes réserves de fer, de diamant et surtout d'or. Fort de cela, l'Etat à travers le Plan National de Développement (PND 2012-2015) fait du secteur minier un des éléments stratégiques de sa vision de développement. Cette décision vient accentuer l'intérêt pour le secteur qui depuis la décennie 2000 se traduit par la multiplication de permis miniers. Ce sont jusqu'en juin 2014, 108 permis de recherche dont 87 pour le minerai aurifère et 12 permis d'exploitation dont 08 pour l'or (DGMI 2014). Afin de créer un cadre institutionnel favorable à l'exploitation minière, plusieurs mesures ont été prises parmi lesquelles la révision en 2014 du code minier de 1995, l'adhésion à l'ITIE, etc. Cela a permis au chiffre d'affaires de l'exploitation minière de croitre de +24 % en 2015 à 479 milliards de F CFA (730 millions d'euros) en raison de la hausse de la production aurifère.

La sous-préfecture de Hiré concentre à elle seule deux permis d'exploitation minière industrielle et une exploitation artisanale en pleine expansion depuis l'ouverture de l'usine minière. La réalité de l'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré a comme toute activité économique des répercutions sur l'organisation spatiale et les habitudes socio-économiques

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dans les espaces qui les accueillent. La promotion de l'exploitation minière ainsi menée visait à stimuler le développement aussi bien au niveau des collectivités hôtes qu'au niveau national. Les espoirs portés par l'exploitation minière sont considérables. Vingt ans de mise en place des unités industrielles et artisanales d'exploitation de l'or dans la sous-préfecture de Hiré apportent un contenu de temps et d'espace pour y explorer leurs effets socio géographiques sur le développement local attendu. Aussi les révoltes répétées des populations à l'encontre de la compagnie minière et des orpailleurs sont-elles les signes d'un malaise de la population face aux acteurs miniers ou plus tôt les éléments d'un ajustement structurel à des changements profonds qui apportent le développement dans l'environnement local. Cela nous conduit à une question centrale.

Question centrale

Comment l'exploitation aurifère contribue-t-elle au développement de la sous-préfecture de Hiré ?

Questions secondaires

De cette question principale découlent les questions secondaires suivantes :

1. Quelle est la distribution spatiale de l'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré ?

2. Quels sont les impacts de l'activité minière sur le développement et l'environnement socio-économique de la sous-préfecture de Hiré ?

3. Comment l'entreprise minière et les communautés locales régulent-elles leurs rapports dans l'exploitation de la ressource aurifère ?

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IV. OBJECTIFS DE RECHERCHE

IV.1. Objectif général

Cette étude a pour objectif général de montrer la contribution des activités d'exploitation de l'or dans le développement local de la sous-préfecture de Hiré.

IV.2. Objectifs spécifiques

Nous avons décliné notre objectif principal en trois objectifs spécifiques qui sont :

1. Décrire la distribution spatiale des formes d'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré.

2. Identifier les changements introduits par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie.

3. Déterminer le mécanisme de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère.

Atteindre ces objectifs suppose l'élaboration de méthodes de recherche.

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V. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

La méthodologie de recherche adoptée est évoquée sous deux angles. L'un est relatif aux moyens d'exécution des enquêtes et l'autre porte sur la manière dont les enquêtes ont été menées et les conditions dans lesquelles elles se sont déroulées.

V.1. Cadre théorique : le développement local et l'économie de l'or comme un système socio spatial

Cette étude a été conduite selon la théorie des systèmes qui a servi de cadre d'analyse. La théorie des systèmes est née des travaux de Ludwig Von Bertalanffy, qui en est le précurseur. Dans son ouvrage « General system theory » de 1925, il définit le système comme un complexe d'éléments en interaction. Cette théorie générale des systèmes regroupe les principes théoriques généraux qui permettent de décrire et comprendre le fonctionnement des systèmes ou des sous-systèmes, quels qu'ils soient. De cette définition de Von Bertalanffy, a découlé l'approche de Rosnay qui décrit le système comme un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d'un but.

Le Moine (1977), quant à lui définit le système comme un ensemble d'éléments en interaction tels que la modification de l'un d'eux entraîne la modification de tous les autres (cette modification porte bien sur les relations, et non pas sur les éléments). Dans le cadre de cette étude sur l'espace local comme système nous utilisons la définition de Rosnay qui décrit le système comme un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d'un but.

Il était donc question pour nous de savoir si l'organisation systémique mise en place dans la sous-préfecture de Hiré, autour de l'activité aurifère, est faite dans le but d'aboutir à un développement local.

Comme nous l'avons écrit plus haut, le développement local peut s'inscrire dans une approche d'analyse systémique ayant pour point de référence l'activité d'exploitation de l'or. Le concept de développement local a une portée géographique. Le développement local se définit à partir d'une base territoriale. Cette base territoriale dans le cadre de cette étude peut être le champ géographique des activités d'exploitation de l'or dans la région de Hiré. Cet espace géographique comprend la ville de Hiré, son espace rural et administratif commune et sous-préfecture et les populations qui y habitent et qui sont plus ou moins influencées par l'activité d'exploitation de l'or. Cet espace est pris comme le niveau d'organisation territoriale où

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s'établissent les relations entre d'une part le tissu social constitué par les communautés rurales urbaines et d'autre part les fonctions administratives primaires, les fonctions économiques liées à l'or ou influencées par son activité et les services de base et la qualité de la vie. L'analyse du développement local qui demande une pluralité de niveau d'action qui constitue l'une de ses caractéristiques essentielles se fonde sur des notions de participation, de partenariat et de contractualisation, de relation, d'impact, d'administration entre les activités d'exploitation de l'or et les différents éléments de la région. Nous voulons saisir alors la relation systémique entre les activités d'exploitation de l'or dans le processus de changement capable de faire passer le territoire de Hiré en tant que réalité économique, sociale institutionnelle d'un état à un autre.

Le développement local, est une approche systémique spatiale qui prend en compte la population, un territoire donné comme espace de vie de cette population et un ensemble d'activités économiques, politiques et sociales. Les relations complexes et encadrées dans cet espace sont faites de sorte que les activités économiques se mettent en adéquation avec l'amélioration de la qualité de la vie des populations dans le respect de leur environnement (figure 1).

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Figure 1 : modèle de production du développement local

Développement local

Social

Environnemental

Humain

Économique

Agriculture

 

Classification
sociale

 

Effectif de la
population

 

Diversité de la
biodiversité

 
 
 
 
 

Emploi à la
mine

Brassage
ethnique

Composante
ethnique

Pollution
atmosphérique

 
 
 
 

Orpaillage

Respect des us
et coutumes

Dégradation de la
qualité et de la
quantité de l'eau

 
 
 

Croissance
des activités
informelles

 

Cohésion
sociale

Santé des
populations

V. 2. Définition des variables de recherche

Les variables de l'étude sont les informations recherchées pour conduire ce travail. Elles ont été collectées en des endroits précis qui déterminent nos unités d'observations. Ces unités sont appréhendées à différentes échelles d'analyse. Ce sont des informations qualitatives et quantitatives collectées et qui permettent d'atteindre nos objectifs. Elles ont été scindées en trois grands groupes relativement aux objectifs de l'étude.

V.2.1. Variables descriptives de la structure spatiale des formes d'activité aurifère

Ces variables sont relatives à l'objectif 1 qui est de décrire la distribution spatiale des formes d'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré.

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Il s'agit de faire ressortir les informations qui nous permettent de localiser les sites d'exploitation aurifère. Elles prennent en compte les données relatives à la géologie de la localité et à l'historique de l'activité. En nous servant des cartes géologiques au 1/50 000ème de la Côte d'Ivoire et de la région, nous avons pu identifier les indices qui favorisent la richesse en or de cette zone. De plus, une description des différents types d'exploitation aurifère éclaire sur les incidences de ceux-ci le cadre de vie des populations.

Dans cette partie, trois grandes distinctions ont été faites ; il s'agit des variables relatives à la description de la localisation des sites d'extraction et de traitement aurifère, des variables descriptives de l'activité d'orpaillage et de celles descriptives de l'activité minière industrielle.

V.2.1.1. Variables descriptives de la localisation des sites d'extraction et de traitement aurifère

La description des sites d'extraction et d'exploitation aurifère passe par la connaissance des caractéristiques naturelles du milieu (topographie ; type de sol ; composition géologique) qui déterminent la localisation des indices du minerai et le choix des points de concentration. Le mode d'appropriation foncière des acteurs pour les différents types d'exploitation aurifère est déterminant pour la localisation des sites. On aura donc des variables qualitatives comme : l'achat, le don, le leg, la location, le gage, le planté-partagé, etc.

V.2.1.2. Variables descriptives de l'activité d'orpaillage

Pour la description de l'activité d'orpaillage, la localisation des sites est primordiale. Elles permettent d'identifier la logique d'installation de ces sites. Les procédés d'extraction, de traitement et de commercialisation sont également indispensables pour une meilleure connaissance de l'activité. Les procédés de stockage des débris et résidus issus de cette activité permet de distinguer l'orpaillage de l'activité industrielle.

La description du produit de l'orpaillage et la description de la contractualisation des sites d'orpaillage sont nécessaires pour mieux apprécier cette activité.

V.2.1.3. Variables descriptives de l'activité minière industrielle

Contrairement aux autres activités, les sites d'extraction minière ne résultent pas du choix stratégique d'une firme mais de la position du minerai. C'est la présence du minerai qui impose la construction de l'usine de traitement. Au niveau de l'exploitation minière industrielle les sites d'extraction sont contenus dans les permis d'exploitation accordés aux sociétés minières, les indicateurs se rapportant au site ont été sélectionnés.

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Il s'agit entre autres, des unités topographiques et géologiques constituant l'assiette des dits sites, du géo-référencement des sites d'extraction et des images satellitales de la localité à différentes dates. Cela a permis de localiser les zones d'exploitation industrielle. C'est dans ce sens que le niveau d'altitude, la morphologie et la composition géologique des sites ont été documentés.

Aussi, la description des caractéristiques des sites, du mode d'extraction et des procédés de filtration, est-elle nécessaire pour mieux décrire l'activité industrielle de l'or.

V.2.2 Variables relatives aux changements apportés par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie

Les variables sont relatives aux changements apportés par l'exploitation aurifère concernent les avantages socio-économiques de l'exploitation minière ainsi que celles relatives aux opportunités de développement. Elles ont permis d'apprécier la dynamique impulsée par l'activité minière et l'orpaillage au niveau socioéconomique du cadre de vie, des infrastructures et des équipements.

V.2.2.1 Variables descriptives de l'apport de l'activité de l'or en termes d'emplois et revenus

? Variables descriptives des emplois dans l'activité minière industrielle

Le nombre de postes offerts aux populations locales et la qualité de ceux-ci dans les mines industrielles permettent d'apprécier la contribution de l'exploitation industrielle de l'or à la réduction du taux de chômage des jeunes. L'évolution des employés locaux de la mine et leur classification selon l'âge et le sexe sont importants pour décrire la politique de l'entreprise en matière d'emploi de la population locale et en matière de la question de genre.

La masse salariale de ces employés est également importante car elle permet de mieux apprécier le poids de ces emplois et de leurs incidences sur le niveau de vie des populations. A l'intérieur de ces employés locaux, une répartition par ethnie et par village des employés a permis de connaitre l'incidence de la présence de la compagnie minière sur la réduction du chômage dans la sous-préfecture.

? Variables descriptives des emplois dans l'orpaillage

Pour l'étude de l'apport de l'activité de l'or en termes d'emplois et de revenus, les variables relatives à la description des emplois dans l'orpaillage sont d'une importance capitale. Ces variables portent sur le nombre de personnes employées par la section de l'orpaillage. Une

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répartition par nationalité, ethnie, sexe et âge des orpailleurs permettra de connaitre le genre et la tranche d'âge la plus concernée par l'orpaillage. La classification des types d'emploi dans l'activité ainsi que les revenus qui en découlent permettent également d'apprécier le poids économique de cette activité. Il a été, en outre, décidé de s'intéresser aux types d'investissement dans l'orpaillage.

V.2.2.2. Revenus des coopérants agricoles provenant des orpailleurs

L'effectif des agriculteurs en contrat avec les orpailleurs ainsi que les revenus des agriculteurs tirés de l'orpaillage sont importants dans l'appréciation des effets positifs induits de l'exploitation de l'or.

V.2.2.3 Variables des investissements locaux des employés miniers et des orpailleurs

Les différents investissements locaux des employés miniers et des orpailleurs sont importants dans la détermination et l'évaluation des effets positifs induits par l'exploitation de l'or. Ainsi ont été retenus comme variables, les types d'investissement selon le secteur (logement, commerce, les services, etc.), le montant de l'investissement selon le secteur, l'année de l'investissement selon le secteur, le nombre d'emploi induits par l'investissement et les revenus induits par les investissements par les employés.

V.2.2.4 Variables descriptives des activités économiques indirectes générés par l'extraction de l'or

L'activité minière et l'orpaillage sont des activités économiques dont la présence génère de nombreuses autres activités plus ou moins liées à elle. Les variables permettant d'évaluer ces activités sont difficiles à mesurer directement. Il est possible de les apprécier par l'intermédiaire de données sociodémographiques des activités comme l'évolution annuelle de la population dans la ville et l'évolution annuelle des types d'activités dans la ville.

V.2.2.5 Variables descriptives des équipements locaux générés par l'extraction minière

Les équipements et infrastructures dans une localité témoignent du niveau de développement de celle-ci et sont un indicateur déterminant de l'évaluation de l'espace. A ce propos, les indicateurs qu'il nous importe d'observer sont entre autres, les services administratifs, les établissements sanitaires et scolaires. Il s'agit de s'intéresser à leur typologie, leur fonction, leur année de construction. Il nous a semblé intéressant d'observé aussi les infrastructures routières,

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les réseaux de téléphonie, d'adduction en eau potable, d'électrification et d'assainissement. Nos enquêtes à ce sujet ont porté sur leur typologie, leur qualité et leurs caractéristiques. De même, la longueur de ces réseaux, le nombre, le taux de couverture et le nombre de ménages connectés ont été sélectionnés comme indicateurs.

Les données d'ordre démographique sont particulièrement importantes car elles permettent d'analyser les effets de l'exploitation minière sur la population. Aussi, avons-nous eu recours aux données des recensements de 1998 et de 2014. Les variables sélectionnées portent sur les différentes nationalités et ethnies présentent à Hiré, le milieu d'habitat, les différentes catégories socioprofessionnelles. A celles-ci s'ajoutent les effectifs de la population, le taux d'accroissement moyen annuel, le nombre et la taille des ménages, la répartition par âge, genre et nationalité ainsi que la densité de la population.

Pour l'étude des équipements locaux générés par l'extraction minière, les variables relatives aux équipements locaux financés directement et indirectement par l'activité de l'or, l'équipement local financé par les apports de l'activité de l'or à la mairie, l'équipement local financé par les apports de l'activité de l'or au Conseil Général et l'équipement local financé par les apports de l'activité de l'or à l'Etat ont été retenues.

V.2.3 Variables descriptives des effets négatifs de l'exploitation minière

Les variables relatives au non développement local minier et aux enjeux qui en découlent ont été retenues. Elles permettent d'apprécier les effets négatifs de l'activité de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Ceci à travers le niveau de dégradation environnemental de l'espace sous-préfectoral (couvert végétal, sol, eau, air) et de ses répercussions sur l'état de santé des populations de Hiré.

V.2.3.1 Variables descriptives des effets économiques négatifs des déguerpissements miniers sur les populations

Pour déterminer les effets négatifs de l'exploitation aurifère, ont été retenues les variables portant sur les pertes de plantations, la délocalisation des populations, la description de la sous-évaluation des indemnités de perte de plantation, la description de la sous-évaluation des indemnités de perte de sol, la description de la sous-évaluation des relocalisations de l'habitat et la description des sinistres durables pour les déguerpis des mines.

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V.2.3.2 Effets économiques négatifs des orpailleurs sur les sites

A travers l'évaluation et l'appréciation des effets des destructions physiques des espaces de plantation par les orpailleurs, il a été possible de déterminer les effets négatifs de l'orpaillage sur les sites qui l'abritent. A cela s'ajoutent les variables descriptives des effets négatifs de l'orpaillage sur les cultures des sites et les populations d'agriculteurs et de cultivateurs.

V.2.3.3. Variables descriptives des effets indésirables sur l'environnement

Les effets indésirables de l'exploitation de l'or peuvent être appréciés à travers les variables de la déstructuration des terroirs ruraux, les variables des conflits sociaux, les variables de la pollution au cyanure et au mercure ainsi que les variables des fuites financières hors zone.

V.3. Les unités d'observation

Les unités d'observation sont les endroits où nous avons recueilli les informations. Ce sont les campements, les villages, la ville, les quartiers de la ville, qui seront observés à différentes échelles.

V.3.1 Les sites d'exploitation industrielle de l'or

Il s'agit de la mine de Bonikro, du lac à cyanure et de la fosse satellite de Hiré et leurs environs. Pour la mise en exploitation, ces sites ont bénéficié d'un aménagement avec déplacement de localités, destruction de cultures, pose de barbelés pour dégager des passages sécurisés.

V.3.2 Les sites d'exploitation artisanale de l'or

Les lieux d'exercice de l'orpaillage clandestin sont généralement situés dans les plantations, dans les bas-fonds ou à la périphérie des sites d'exploitation industrielle. Ils sont des lieux d'une activité économique intense et subissent une réorganisation spatiale du fait de l'exercice de cette activité.

V.3.3 Les exploitations agricoles

Ce sont les lieux où les agriculteurs exercent leurs activités. Ils sont souvent situés à proximité des sites d'exploitation de l'or. Ils peuvent aussi être les lieux même de cette exploitation artisanale ou minière et par conséquent partiellement ou entièrement détruits.

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V.3.4 La ville de Hiré

La ville de Hiré abrite à la fois les populations qui subissent l'exploitation de l'or mais aussi les acteurs de nombreuses activités induites par cette production. La ville de Hiré est surtout le lieu où l'on observe divers impacts de l'activité aurifère. A cet effet les quartiers, les rues, les logements, les commerces, les équipements et infrastructures sont des éléments qui ont fait l'objet d'observation.

V.3.5 Les villages de la sous-préfecture

Le développement local se définit par des unités territoriales qui dans le cas de Hiré comprennent de nombreux villages et campements directement sous l'influence des activités d'exploitation de l'or. La figure 2 présente la localisation de ces établissements humains. Il s'agit de six villages fondés par les groupes autochtones des DIDAS WATTA : Gogobro ; Kagbè ; Zaroko ; Douaville ; Bouakako et Hiré village.

Ces villages représentent l'essentiel des implantations du groupe ethnique Dida qui se réclame comme les propriétaires coutumiers et les gestionnaires de l'espace sur lequel est exercée l'activité aurifère.

A côté de ces villages, des campements ont été retenus comme unité d'observation car ils se situent tous dans le périmètre de l'activité aurifère. Il s'agit des campements de :

- Bonikro

- Koutouklou konankro

- Bandamakro

- Chantier Konankro

- Petit-Bouaké.

Ces localités sont en grande partie fondées par des allogènes Baoulé le plus souvent agriculteurs

dont les sites habités et les plantations sont sérieusement impactées par les activités liées à

l'extraction de l'or.

A l'échelle la plus fine, l'unité d'observation est la concession à travers le ménage. A ce niveau il s'est agi d'observer les répercussions de l'activité minière sur la qualité et le mode de vie des populations par l'entremise des données relatives aux caractéristiques sociodémographiques. Cela nous a permis de cerner les modes de vie des acteurs de l'activité aurifère, les investissements et les réalités sociales de ces populations.

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Figure 2 : position des localités dans l'espace local

Source : BNETD, 2015

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V.4. Les acteurs cibles de l'étude

V.4.1 Les entreprises dans l'exploitation de l'or

Dans la région, il existe des entreprises minières et des orpailleurs. Nous avons focalisé notre attention sur :

- l'entreprise industrielle de NEWCREST

- les entreprises informelles d'orpaillage autorisées

- les entreprises informelles d'orpaillage clandestines

V.4.2 Les agriculteurs

Deux catégories d'exploitants agricoles sont présentes dans la région et subissent les effets de l'extraction de l'or. Le parcours de l'espace nous a permis d'identifier : les exploitants agricoles déguerpis des sites miniers, les exploitants agricoles associés aux entreprises d'orpailleurs, les orpailleurs déguerpis des sites miniers, les maraîchers et les cultivateurs

V.4.3. Les acteurs économiques urbains

Dans cette catégorie nous avons retenu comme cibles d'étude : les commerçants informels urbains, les commerçants formels, les artisans urbains et les commerçants de produits vivriers.

V.4.4. Les administrations et les pouvoirs institués de gestion du développement

Le développement local demande une administration et des organes gestionnaires de coordination. Dans le cadre de la zone de Hiré les organes existants sont les suivants : l'Administration sous préfectorale de Hiré ; l'Administration de la préfecture de Divo ; le conseil général de Divo ; la mairie de Hiré ; les chefs de quartiers ; les chefs de villages ; la mutuelle de développement de Hiré ; l'association des jeunes de Hiré ; l'association des femmes de Hiré.

Ces organes ont des rôles, des actions et des fonctions très importantes dans le monitoring des activités minières.

Le développement des activités d'or dans la sous-préfecture dépend des dispositions prises par nombre de structures du gouvernement central. Ce sont : l'Agence Nationale d'Appui au Développement Rural (ANADER), le Ministère de l'Agriculture, le Ministère de l'économie et des Finances, le Ministère du Plan, le Ministère de la Construction et de l'Urbanisme, le

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Ministère de l'environnement et ses structures notamment le Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL) et l'Agence Nationale de l'Environnement (ANDE).

Dans le cas du développement de Hiré, en relation avec l'activité minière, des organismes internationaux ont joué un rôle important. Il s'agit : du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de la Banque mondiale (BM).

Ces cibles d'étude ont fait l'objet de recherche de variables soigneusement définies. V.5. Méthodes de collecte des données

Dans le cadre de la réalisation de ce travail, et conformément à la démarche scientifique deux principales techniques ont été utilisées, à savoir la recherche documentaire et les enquêtes de terrain.

V.5. 1. La recherche documentaire

La recherche documentaire a consisté à la consultation d'ouvrages, de documents statistiques et cartographiques. Elle a constitué la première entrée de notre sujet et a été indispensable pour le cerner en faisant le point de toute la littérature y afférant. A cet effet, plusieurs types de documents ont été consultés dans les bibliothèques, institutions et structures spécialisées comme l'Institut de Géographie Tropical (IGT), l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l'Institut Français (IF), le Centre Ivoirien de Recherches Économiques et Sociales (CIRES), le Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix (CERAP). Des documents ont également été consultés à l'Institut National de la Statistique (INS), à l'ANDE, à la Direction Générale des Mines, au Bureau National d'Étude Technique et de Développement (BNETD), à la Sous-préfecture et à la Mairie de Hiré.

Dans l'ensemble, ces ouvrages, articles, rapports d'activités, consultés ont aidé à faire un état des connaissances sur le présent sujet. Ces connaissances concernent particulièrement les domaines de la géographie économique, de l'aménagement du territoire, du développement et des activités minières. Elles ont aussi aidé à connaitre les différentes théories qui se rapportent au sujet dans le cadre des fondements théoriques et conceptuels, indispensables à la géographie.

Les documents statistiques consultés comme, les recensements généraux de la population et de l'habitat (de 1988, 1998 et 2014), les informations relatives à la population et à la démographie, ont aidé à l'analyse sociodémographique et socioéconomique. Par ailleurs, certaines données statistiques obtenues à la direction des mines ont permis d'avoir des informations générales sur

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l'activité minière en Côte d'Ivoire. Ces informations sont relatives au cadastre minier, aux permis miniers en cours, aux sociétés minières qui exercent sur l'ensemble du territoire, etc.

Quant aux documents cartographiques, nous avons bénéficié d'une carte de localisation de la sous-préfecture de Hiré au 1/50 000. Cette carte a contribué à faciliter nos déplacements dans la sous-préfecture de Hiré. Nous avons également exploité la carte géologique de la Côte d'Ivoire au 1/1 000 000 dressée par la direction des mines et de la géologie et enfin celle de la zone d'étude dénommée degré carré de Gagnoa feuille 2. Ces cartes ont permis d'apprécier la structure géologique de la région de Divo et sa richesse. Le plan d'urbanisme directeur de Hiré établi en 1994 et consulté auprès du service technique de la mairie nous a permis d'apprécier la vitesse d'urbanisation de la ville et le niveau d'équipement de celle-ci. Les images satellitaires prises sur Google earth ont également fourni des informations relatives aux mutations survenues dans le mode d'occupation de l'espace. Elles ont en outre à travers une meilleure connaissance de la structure de la sous-préfecture ainsi que des différents paysages qui la composent, permis d'avoir une vue d'ensemble sur Hiré avec ses particularités. Ainsi l'on peut apprécier l'évolution de la tache urbaine dans le temps et les différents aménagements qui y ont lieu. Cette phase terminée, les conditions de recherche sur le terrain étaient donc réunies.

V.5.2. La pré-enquête

L'étude de terrain permettra d'apprécier la véracité des informations recueillies dans les ouvrages et services mais aussi de les compléter grâce aux données collectées sur le terrain. Il s'avère nécessaire de constituer des échantillons des populations avant de réaliser l'étude. La réalisation de cette thèse a fait appel à diverses méthodes de recherche au nombre desquelles, l'observation directe, l'inventaire, l'entretien, les focus group et les enquêtes par questionnaire.

De Juin à Aout 2010, une pré-enquête a eu lieu afin de confronter les informations tirées de nos différentes lectures aux réalités du terrain. Cette étape a contribué à une meilleure connaissance de notre espace d'étude. A cette occasion, nous avons visité les sites d'orpaillages et sillonné les différentes localités de notre zone d'étude. Les sites visités sont Chapelle, Assonguisso, Akissi-so, Agbalé et Assayé, qui à cette période étaient des sites d'orpaillage. En l'absence d'autorisation de la compagnie minière, la pré-enquête a consisté en la localisation des sites d'orpaillage, en la définition du mode d'acquisition des terres et du fonctionnement de l'activité, puis en l'identification et la classification des différents acteurs de ce secteur. Il s'est également agit au cours de cette pré-enquête d'observer les différents équipements et infrastructures dans la sous-préfecture.

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En somme, la pré-enquête a été l'occasion de nouer des contacts, de clarifier nos objectifs et de jauger les premières difficultés de terrain afin de prendre les dispositions pour un meilleur déroulement de l'enquête proprement dite.

V.5.3. L'observation directe du terrain

Elle s'est effectuée à travers plusieurs visites dans la sous-préfecture. A l'occasion de nombreux séjours à Hiré, plusieurs méthodes ont été utilisées pour collecter les informations. Ce sont entre autre : l'observation directe, les interviews, les focus-groupe et l'enquête par questionnaire auprès des populations.

L'observation directe constitue pour le géographe, une source d'acquisition de données. C'est un processus dynamique mettant en exergue une interaction entre la description et l'explication du fait spatial. Elle a été l'occasion de parcourir la sous-préfecture afin d'appréhender les réalités liées à l'activité aurifère et au développement dans la sous-préfecture de Hiré. Les entités observées sont l'organisation spatiale, les réalités socio-économiques des populations, les équipements et infrastructures dans la sous-préfecture. Cette observation s'est faite en tenant compte de nos différentes variables d'analyse.

Les différentes visites, de 2014 à 2017, ont permis d'explorer le terrain d'investigation dans l'optique de confronter les informations contenues dans la littérature et de poser les bases de l'argumentaire de notre problématique. A l'aide d'un appareil photographique numérique, des photos d'illustration ont été prises lors de nos visites sur le terrain.

V.5.4. Les entretiens semi directifs

Au cours de la collecte d'informations pour la rédaction de cette thèse, nous avons eu des interviews réalisées avec certaines autorités impliquées dans les mines et dans l'agriculture aussi bien au niveau de la sous-préfecture de Hiré, qu'au niveau régional et national. La maîtrise de tous les paramètres relatifs à l'activité minière et aux différentes mutations qu'elle entraîne, exige des échanges avec les responsables des services et des entreprises intervenant dans notre thématique tant au niveau national que local. Ces interviews ont été réalisées suivant des guides d'entretien faits de questions ouvertes spécifiques à chaque interlocuteur. Il s'agit des responsables et chefs de services ci-dessous : le sous-directeur des mines, avec qui nous avons échangé au sujet de l'activité minière en Côte d'Ivoire, l'historique de l'activité, le potentiel minier ivoirien et les conditions d'obtention d'un permis minier ; le directeur de la géologie, nous a instruit sur la composition géologique de la Côte d'Ivoire et particulièrement de la région

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du Lôh-djiboua à laquelle Hiré appartient. Avec le sous-directeur de l'ANDE, l'entretien a consisté à connaitre le rôle de l'agence, les dispositions prises par l'Etat pour veiller à la sécurité environnementale des populations locales, le directeur régional de l'agriculture avec qui nous avons échangé sur l'évolution de la production agricole dans la sous-préfecture de Hiré et sur la question des indemnisations. L'entretien avec le directeur régional des mines a porté sur l'activité minière à Hiré et dans la région. Il nous a instruits sur l'historique de cette activité, son évolution et l'importance des réserves aurifères de la zone. Nous avons aussi eu un entretien à la Direction régionale de la construction et de l'urbanisme qui a porté sur l'habitat, l'assainissement, l'évolution de l'espace urbanisé, le niveau de modernisation du chef-lieu de commune et de la sous-préfecture, les zones d'extension de Hiré. Avec le sous-préfet, nous nous sommes également entretenus sur les activités minières qui sont menées à Hiré. Il nous a permis de connaitre le nombre de jeunes employés ou en contrat à la mine et les actions menées au niveau local pour réprimer l'orpaillage clandestin. L'interview a aussi porté sur les rapports entre les populations et la compagnie minière. Avec les responsables locaux de l'agriculture, de l'ANADER et des eaux et forêts, les entretiens ont portés sur les données de production agricole, d'indemnisation et d'évolution du couvert forestier et de son rapport avec l'activité minière. Notre rencontre avec le président des orpailleurs de Hiré nous a instruits sur l'activité d'orpaillage. Avec lui, il a été question de mieux connaitre l'activité à travers les méthodes et techniques d'exploitation et de traitement du minerai, les méthodes d'accès à la terre. Il a été également question du caractère clandestin de l'activité et de l'impact environnemental de leur activité.

V.5.5. Les focus group

Les entrevues de groupe ont concerné les Chefs de village et leur notabilité, les membres des Comités villageois de gestion des conflits, les membres des Associations des éleveurs lors de la mission exploratoire dans les onze localités visitées. Ce sont des groupes de huit à dix personnes qui nous ont permis de comprendre la nature des relations que la mine entretient avec les populations. Cette enquête a également permis de comprendre la perception qu'ont les populations de l'activité minière, leurs attentes par rapport au développement, leurs stratégies de sécurisation des moyens d'existence et les raisons qui motivent certains propriétaires terriens à céder leurs plantations aux orpailleurs.

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V.5.6. Les relevés GPS

Lors de nos enquêtes de terrain, des relevés de données GPS ont été effectuées. Ces relevés ont permis de parcourir le trajet de piste de la sous-préfecture de Hiré. Des points amers de différentes végétations qui jonchent le sol ainsi que les types de cultures ont été pris avec un GPS (Système de Localisation Mondial) de type GARMIN MAP 62. Des photos ont été prises également pour montrer les différentes végétations qui peuplent la zone d'étude. Toutes ces données ont été utiles et indispensables dans la réalisation de notre carte d'occupation du sol.

Cette technique de relevés basée sur l'observation des signaux émis par les satellites est actuellement l'un des meilleurs moyens de levés topographiques. Il permet de déterminer la position tridimensionnelle (longitude, latitude et altitude) de tout point à la surface de la terre.

Sa simplicité d'utilisation, sa précision, son exactitude et sa fiabilité ont permis d'améliorer la qualité des levés topographiques et la mise en place d'un système d'information géographique des espaces à étudiés. Pour réaliser les levées, il s'est agi d'actionner le GPS déjà mis en marche, attendre que la précision minimale de plus ou moins 5 m s'affiche à l'écran avant d'enregistrer les coordonnées du site. Les données sont directement enregistrées dans la mémoire de l'appareil en même temps que l'on effectue le travail.

Une mission vérité terrain a été réalisée par la suite et a permis de reconnaitre et de décrire visuellement sur la base des parcelles sélectionnées sur l'image les éléments paysagers. Nous avons effectué aussi des relevés GPS représentatifs de chaque classe d'occupation du sol préalablement définies. Les résultats ainsi obtenus nous ont permis de comprendre les données satellitaires et les points de vérité terrain collectés pour la validation de la classification la plus récente (KOFFI, 2013).

V.5.7. L'acquisition des données satellitaires

La mobilisation de l'outil de télédétection, de statistique et de SIG a été importante pour la réalisation de cette thèse. Pour cerner l'impact de l'activité minière sur la végétation et les sols, les images de LANDSAT font l'objet de traitement par classification, ce qui permet une cartographie détaillée des changements d'occupation du sol. La mise en relation de ces changements, par méthodes statistiques et par SIG avec les données de statistiques agricoles, minières et de population, permet de comprendre les relations entre ces activités anthropiques et la nature des changements de l'état de surface.

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VI. Techniques de traitement des données

VI.1. Traitement et analyse des données qualitatives et quantitatives

Au cours des différents entretiens effectués dans cette étude, l'enregistrement a été proposé aux enquêtés. Il consiste à consigner les discours produits lors des entretiens sur un support audio. Plusieurs intérêts justifient l'enregistrement des entretiens.

Le premier intérêt d'avoir un enregistrement de l'entretien est lié au fait qu'il permet de dépasser les «impressions» que l'on a à l'issue de l'entretien, qui peuvent être fondées sur des détails qui ne correspondent pas forcement à l'essentiel. L'enregistrement permet de remédier à cette dimension émotionnelle des échanges. Ensuite, l'enregistrement permet de faire ressortir la parole exacte de l'enquêté ; contre l'interprétation immédiate qu'implique la prise de note.

L'ensemble des informations recueillies au cours des différents entretiens avec les cibles définies ont été analysées et confrontées. Les résultats sont présentés par des écrits. Aussi, des données recueillies ont été consignées dans des tableaux qui traduisent des réalités observées sur le terrain.

VI.2. Traitement et analyse des relevés GPS

Les coordonnées GPS relevées ont été transférées à l'aide du logiciel Arc Gis 10.21 afin d'en constituer une base de données sur Excel et de créer des Shape files (fichiers de formes) qui ont servi à la réalisation des cartes. Une fois les différents sites localisés, il s'est agi de les décrire (végétation rencontrée, plantation, types de cultures, types de sol).

À la fin de la collecte des données, ayant une idée précise des différents types d'occupation du sol, les informations obtenues ont été comparées aux descriptions passées pour en retenir celles qui reflètent mieux la réalité du terrain. En outre, des prises de vue photographiques ont été faites dans les différentes localités.

VI.3. Traitement et analyse des images satellites

La télédétection est aujourd'hui l'une des principales disciplines permettant de faire un suivi en temps réel de l'évolution du couvert végétal. Ce suivi permet de rendre compte des dynamiques paysagères et peut aider à la décision dans une perspective de gestion. Utiliser des données de télédétection suppose la mise en place d'une méthode appropriée qui permet d'avoir les résultats les plus pertinents possibles pour répondre à l'objectif visé (Tra bi, 2013). Le traitement des images satellites a consisté à appliquer les compositions colorées qui ont permis

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de discriminer les informations relatives au mode d'occupation du sol. A la suite de cela, la classification a été faite.

Le choix des images Landsat est motivé par le fait que de tous les satellites d'observation de la terre existant, seuls deux sont gratuits et facilement accessibles. Il s'agit des images des satellites français SPOT et américains Landsat. Pour cette étude, nous avons choisi de prendre des images des satellites Landsat, pour deux raisons. Le premier avantage est le libre accès des images Landsat. En effet, ces images sont disponibles gratuitement sur internet. Les images satellites sont téléchargées en format brut à partir du site Earth Explorer (<http://earthexplorer.usgs.gov/>) en téléchargement libre. Les images sont produites à partir des bandes spectrales du visible et de l'infrarouge des satellites Landsat-5, Landsat-7 (bandes 5-4-3) ou, depuis 2013, du Landsat-8 (bandes 6-5-4) qui ont une résolution de 30 mètres (MFFP, 2015).

Le second atout que présentent les satellites Landsat, c'est qu'ils utilisent jusqu'à 8 bandes spectrales pour Landsat 7 (sept bandes multi spectrales et une bande pour le panchromatique), alors que les satellites SPOT présentent au maximum 5 bandes spectrales (quatre bandes multi spectrales et une bande pour le panchromatique). Ainsi, les images données par Landsat ont apporté plus d'informations que celles des satellites SPOT. Ces informations sont révélées par l'utilisation de différentes combinaisons de canaux. À partir du Landsat 4, il est obtenu une meilleure résolution spatiale, une meilleure résolution radiométrique, des bandes spectrales plus étroites. Il n'a pas non plus quatre mais sept bandes spectrales avec plus de détecteurs par bandes. Tous les capteurs des différents satellites Landsat ont une fauchée de 185 km. Chaque scène fait 185 km sur 185 km (Lecuyer, 2012 ; Tra Bi, 2013 ; MFFP, 2015).

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? Prétraitement de l'image satellitaire Landsat ETM+ et Landsat Oli 8/Tirs

Les images LANDSAT ETM+ et OLI8/Tirs ont été déjà corrigées géométriquement, donc sont superposables l'une à l'autre et également avec les couches vectrices. Par conséquent, nous avons procédé directement à la correction radiométrique. Elle est essentielle vu qu'elle fait passer les valeurs de pixel de l'image en compte numérique en valeur de réflectance. Pour la réaliser, il faut ouvrir le logiciel de traitement ENVI. L'outil Radiometric calibration d'ENVI 5.1 permet de faire proprement la correction avec utilisation unique des bands multispectrales. La méthode de correction atmosphérique que nous avons utilisée est celle qui fait intervenir les paramètres du capteur, lors de la prise de vue appelée la méthode Flaash. Ainsi, l'outil FLAASH Athmospheric correction dans ENVI 5.1 permet d'afficher l'onglet d'intégration des paramètres d'entrer de la radiance de l'image (input radiance image) ; du ficher de sortie de la réflectance (output reflectance file) ; des fichiers de sortie directrices de la correction atmosphérique FLAASH (output directory FLAASH files) ; Le nom d'origine des fichiers FLAASH (rootname for flaash files,).

Ensuite, faire entrer les paramètres de date, de l'heure de la prise de vue puis l'altitude du satellite et la taille du pixel de l'image. Cette correction est importante dans la mesure où elle permet une visibilité meilleure que celle de l'image brute. Par ailleurs, cette étape permet de mieux enrichir la suite des traitements.

L'extraction de la zone d'étude sur les deux images est faite avec la même procédure pour les deux images. L'outil region of interest dans ENVI 5.1 permet d'extraire notre zone d'étude en forme rectangulaire. Ensuite, on extrait la zone d'étude à partir du fichier Shape qui circonscrit la zone étudiée. Pour ce qui nous concerne, il s'agit du fichier Shape files de la sous-préfecture de Hiré.

Les traitements d'images satellitaires sont multiples, nous avons fait appel à celles qui nous sont utiles pour obtenir l'information recherchée. Dans notre étude nous avons procédé à la composition colorée qui fait appelle à trois canaux. Il s'agit des bandes spectrales d'une image satellitaire. C'est une combinaison qui recherche l'information la mieux disposée à être interprétée selon l'information que l'on recherche. Selon Sarr, (2009), elle permet une meilleure discrimination entre les objets géographiques.

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Les sites d'entrainements de parcelle représentant tous les types d'occupation du sol sur la composition colorée des bandes 5-7-4 pour l'image Oli8 et 4-7-3 pour l'image ETM. Ces sites sont choisis en fonction de l'accessibilité et de leur répartition spatiale. Il est question d'avoir des points de contrôle des différents types d'occupation du sol.

- Pour la scène OLI8 :

En fonction des éléments qui constituent le paysage actuel de la sous-préfecture, et des points de contrôles qui nous ont permis de choisir les sites d'entrainement ainsi que les classes pour la classification supervisée : forêt, cultures pérennes, cultures vivrières, jachère sol nu, bâtis et site d'activités minières.

- Pour la scène ETM+ :

Les mêmes classes ont été choisies pour qu'une logique des classes soit respectée afin de faciliter la détection des changements. Seule la classe « sites d'activités minières » est absente vu qu'à cette date de l'image aucun site n'était installé.

Nous avons parcouru le trajet de piste de la sous-préfecture de Hiré au cours duquel on a pu prendre les points avec le GPS de différentes végétations qui jonchent le sol, ainsi que les types de cultures. Des photos ont été prises également pour montrer les différentes végétations qui peuplent la zone d'étude. Toutes ces données sont utiles, voire indispensables dans la réalisation de notre carte d'occupation du sol.

V' Classification, évaluation et validation

- Matrice de transition

- Filtrage de l'image classifiée

- Vectorisation et rédaction cartographique

V' Analyse de la dynamique de l'occupation du sol

Afin de caractériser au mieux la dynamique de l'occupation du sol et les modalités de transitions entre les différentes classes d'une année à l'autre, nous avons effectué une analyse qualitative et quantitative.

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A travers une comparaison post-classification, l'analyse quantitative des changements issus de la comparaison entre les pixels des classifications entre deux dates (Girard et Girade), 1999. Cette analyse s'est faite par le calcul du taux de changement global (Tg) et le taux moyen annuel d'expansion spatiale (Tc) couramment utilisé dans les études sur le changement d'occupation du sol (Hadjadi, 2011).

Tc = [(S2/S1)1/t -1] x 100 Où :

Tc = taux de changement (%)

S1 = superficie de la classe à la date t1

S2 = superficie de a classe à la date t1

S2 = superficie de la classe à la date t2 (t2 > t1)

L'analyse des valeurs du taux de changement montre que les valeurs positives indiquent une « progression » et les valeurs négatives une « régression ». Les valeurs proches de zéro indiquent que la classe est relativement « stable ».

VII. Les difficultés rencontrées

Le sujet de recherche porte sur l'exploitation aurifère, une activité très complexe qui tant dans sa pratique artisanale qu'industrielle est maintenue secrète. Nous avons dans le déroulement de nos enquêtes rencontrés plusieurs difficultés.

VII.1. Les obstacles liés à l'accès aux informations

La difficulté capitale est celle que nous avons eu à accéder aux informations sur la compagnie minière et ses activités. En effet, NEWCREST, compagnie minière exploitant les gisements de Hiré pendant le déroulement de nos enquêtes n'a pas accordé de suite favorable à nos courriers de demande d'autorisation de recherche. Ce refus est resté inchangé jusqu'à la fin de nos enquêtes. Pour contourner cet obstacle, nous avons obtenu de nos contacts à la compagnie les données exploitées dans ce travail ; la chose a toutefois ralenti notre progression.

Par ailleurs, les données chiffrées de la production agricole dans la sous-préfecture de Hiré ont été difficiles à avoir car ni la représentation de l'agriculture de Hiré ni la direction régionale de Divo n'ont été à même de nous fournir ces informations. Ce n'est que la direction de la zone de

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Divo de l'ANADER qui après plusieurs passages, nous a donné les chiffres utilisés dans cette thèse. Aussi faut-il souligner les risques que nous encourions sur les sites d'orpaillage. Ce sont entre autres les risques de tomber dans les fosses abandonnées ; ajouté à cela que les visites sur les sites de traitement au cyanure qui est un produit très toxique nous donnaient des sensations de brûlures à la peau.

VII.2. Les obstacles liés à l'administration du questionnaire aux acteurs

Il s'est agi, pour nous, de vaincre la réticence et d'établir un climat de confiance avec les acteurs enquêtés. Les enquêtes se sont déroulées dans un climat de colère et de lassitude lié à l'intérêt grandissant des étudiants et chercheurs pour la thématique de l'activité minière. Les populations de Hiré ont justifié leur réticence par le fait que plusieurs personnes viennent les voir, promettant d'intervenir auprès de la mine en leur faveur ou pour l'amélioration de leurs conditions de vie et rien n'est fait. Elles se disent donc fatiguées de passer des heures à répondre aux questions sans en voir les retombées. Seulement, une circulaire de la sous-préfecture annonçant notre passage a permis de préciser le caractère académique de nos enquêtes et de dégager tout obstacle. Cela nous a permis de réaliser des entretiens de groupes avec les différentes couches et composantes de la population.

L'enquête auprès des orpailleurs a été la plus difficile. Elle s'est déroulée après une opération musclée des forces de l'ordre qui a vu la destruction des sites d'orpaillage. Cette action a été menée dans le cadre de la rationalisation de l'activité d'orpaillage sur l'ensemble du territoire.

PLAN DE LA THESE

Cette thèse se compose de trois parties :

La première partie porte sur la distribution spatiale des formes d'activités aurifères dans la sous-préfecture de Hiré. Nous montrons le potentiel aurifère national et local et les différents permis miniers qui donnent droit à son exploitation. Nous mettons en évidence l'exercice de deux formes d'exploitation aurifère et leurs différents modes de mobilisation des terres. La forme industrielle de l'exploitation aurifère détient ses parcelles des différents permis miniers qui autorisent son exercice et la forme artisanale qui est une pratique quasiment liée à l'histoire de la région dont les acteurs accèdent à la terre par des accords conclus directement avec les

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propriétaires terriens. Cette partie se termine par la démonstration de l'emprise spatiale de l'activité aurifère.

La deuxième partie porte sur l'identification des changements introduits par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie. Elle comprend trois chapitres. Le premier chapitre, intitulé les mutations démographiques impulsées par l'or, analyse la dynamique démographique et socio-économique dans la sous-préfecture de Hiré depuis l'ouverture de l'activité aurifère. Elle démontre les changements observés au niveau de la population de Hiré tant dans son effectif, sa localisation, que dans ses perceptions en matière de catégorisation sociales. Le deuxième chapitre porte sur les investissements socio-économiques de la compagnie minière dans la sous-préfecture de Hiré. Il traite des actions posées par la compagnie minière en faveur des communautés locales, tant du point de vue des infrastructures et équipements que du point de vue du développement du capital humain. Le troisième chapitre quant à lui porte sur la contribution de l'exploitation minière aux changements socio-économiques à Hiré. Il montre que l'activité minière nuit gravement à l'environnement par les méthodes d'extraction et les produits utilisés dans le processus de traitement.

La troisième partie, à travers le titre « conflits et coopérations entre les communautés et la compagnie minière dans la localité de Hiré », la troisième partie traite du mécanisme de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère. Le premier chapitre traite de l'exploitation minière en relation à la dégradation de l'environnement. Dans ce chapitre, il est question de l'impact de l'activité minière sur les différentes composantes de l'environnement et sur la santé de la population. Le deuxième chapitre est intitulé : la récession agricole dans le canton Watta. Il traite des impacts de l'activité minière sur l'agriculture, tant au niveau de la disponibilité des sols et de la main d'oeuvre qu'au niveau de la quantité de production et de la qualité de production. Le troisième chapitre porte sur les conflits fonciers exacerbés par l'exploitation de l'or. Dans ce chapitre, il est question des conflits fonciers liés à l'exercice de l'activité minière, des acteurs de ces conflits et des mécanismes de résorption de ces conflits.

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Tableau 1 : tableau synoptique de l'étude

Questions de recherche

Objectifs de l'étude

Variables

Méthodologie

Articulation de la thèse

Quelle est la distribution

spatiale de l'activité

aurifère dans la sous-
préfecture de Hiré ?

Décrire la distribution
spatiale des formes
d'activités aurifère dans la
sous-préfecture de Hiré.

Variables descriptives de la structure spatiale des formes d'activité aurifère.

Revue de littérature
Observation directe
Entretien

La première partie porte sur la
distribution spatiale des différentes
formes d'exploitation aurifères dans
la sous-préfecture de Hiré.

Quels sont les impacts de

l'activité minière sur le

développement et

l'environnement socio-

économique de la sous- préfecture de Hiré ?

Identifier les changements
introduits par l'exploitation
de l'or en rapport avec le
cadre de vie.

Variables relatives aux changements apportés par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie.

Observation directe
- Enquêtes
- Entretien

La deuxième partie expose les
changements introduits par
l'exploitation de l'or en rapport
avec le cadre de vie.

3. Comment l'entreprise

minière et les

communautés locales

régulent-elles leurs

rapports dans l'exploitation de la ressource aurifère ?

Déterminer le mécanisme de régulation des rapports entre

l'entreprise minière et les

communautés locales dans
l'exploitation aurifère.

Variables des investissements locaux des employés miniers et des orpailleurs :

Observation directe
- Enquêtes
- Entretien

La troisième partie, porte sur les
conflits et coopérations entre
communautés et compagnie minière
dans la localité de Hiré

PREMIERE PARTIE :

LA DISTRIBUTION SPATIALE DES ACTIVITES AURIFERES
DANS LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE

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INTRODUCTION A LA PARTIE

Hiré est une sous-préfecture de la région aurifère Dida définie par Sonnendrucker, 1969. Les conditions géologiques de cette région y ont favorisé un potentiel minier riche et diversifié. Exploité de façon artisanale puis semi-industrielle avant l'indépendance, l'exploitation de l'or depuis 2008 se fait aussi bien sous forme industrielle que sous forme artisanale. L'activité minière dans sa pratique crée des empreintes spatiales. Aussi la distribution cartographique des sites d'exploitation et la description de la pratique de celle-ci sont-elles essentielles dans cette étude. Cette première partie s'attelle dans son chapitre 1 à exposer la distribution des sites d'exploitation. Le deuxième chapitre porte sur la pratique de l'activité minière. Il consiste à décrire les deux types d'exploitation aurifère qui ont cours à Hiré. Le troisième chapitre traite des modifications observables dans l'organisation spatiale de la sous-préfecture de Hiré du fait de l'activité aurifère.

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CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS

DE HIRE

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'exploitation aurifère qui avait été mise en veilleuse depuis les années 1960 dans la région de Hiré, connait une nouvelle dynamique. Depuis 2008 avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation industrielle. Les sites occupés par ces activités minières se localisent dans la sous-préfecture, le chef-lieu de sous-préfecture, dans les villages et campements de la sous-préfecture de Hiré.

1.1. HIRE : UNE RICHESSE GEOLOGIQUE ET HISTORIQUE 1.1.1. Une géologie favorable à la formation de minerai aurifère

Les données géologiques font état que deux tiers du territoire ivoirien sont couverts par des formations réputées riches en minerais. Cette minéralisation diversifiée est estimée à 2,740 milliards de tonnes de minerai de fer ; 298 millions de tonnes de minerai de nickel, 1,214 milliards de tonnes de de bauxite, 7,5 millions de tonnes de manganèse, 145 tonnes de colombo-tantalite, plus de 10 millions de carats de diamant et 600 tonnes d'or.

Géologiquement, la Côte d'Ivoire se situe dans le craton ouest africain, précisément dans la dorsale de Man (Bessoles, 1977). Elle est formée à 2,5% par un bassin sédimentaire côtier étroit d'âge Secondaire-Tertiaire et à 97,5% par un socle précambrien structuré entre 3450 et 1026 Ma (Potin et al, 2000).

Les formations précambriennes de la Côte d'Ivoire sont distribuées dans deux domaines d'âges différents, séparés par la faille de Sassandra (Bessoles, opc) : un domaine archéen à l'ouest ou domaine Kenema-Man structuré par les orogénèses léonienne (3500-2900 Ma) et libérienne (2900-2500Ma) et un domaine protézoïque à l'est ou domaine Baoulé-Mossi auquel appartient notre zone d'étude. La structuration de ce second domaine est encore sujette à discussion. Toutefois, pour certains auteurs comme (Tagini, 1971 ; Yacé, 1993), la structuration s'est faite au cours d'une unique orogénèse, l'Eburnéen (2500-1600 Ma), d'autres par contre (Lemoine, 1988) proposent une mise en place au cours de deux orogénèses, le Burkinien (2400-2150Ma) et l'Eburnéen (2120-1800 Ma).

64

Le domaine protérozoïque de la Côte d'Ivoire est caractérisé par une prédominance de roches felsiques et par un métamorphisme épi à mésozonal. Il se subdivise selon Papon (1973) en deux zones distinctes : la zone de type SASCA situé dans le Sud-Ouest du pays où les formations archéennes sont bien conservées et la zone de type géosynclinal, qui occupe le reste du domaine. Les formations de la seconde zone sont attribuées au biriméen (Arnould, 1961 ; Bonhomme, 1962). Elles se présentent sous forme de sillons sédimentaires et volcano-plutonique généralement orienté NE-SW et séparés par des granitoïdes orientés à équants. Les gisements aurifères ivoiriens (Tongon, Agbaou, Bonikro, Angovia, Afema, etc.) sont généralement situés dans le domaine protérozoïque. Quant au gisement aurifère de Ity, il est situé dans le sillon de Toulépleu-Ity d'âge Birimien (Feybesse et Milési, 1994 ; Feybess et al, 1990) en plein domaine archéen.

Les ressources aurifères de la Côte d'Ivoire sont à ce jour exploitées de façon industrielle par cinq différentes sociétés minières dispersées sur l'ensemble du territoire (voir tableau 2).

Tableau 2 : les différentes compagnies minières exploitants l'or en Côte d'Ivoire

N° Permis
d'exploitati
on

Société d'exploitation

Actionnaire principal

Localisation en Côte
d'Ivoire

26

Société des Mines
d'Ity (SMI)

La Mancha (France)

Ity- Zouan Hounien
(Danané)

32 et 44

LGL Mines SA!
NEWCREST-Hiré.CI

SA

NEWCREST Mining
Limited (Australie)

Bonikro - Hiré (Divo)

37

Agbaou GoId
Operations SA

Endeavour Mining
Limited (Canada)

Agbaou-Hiré (Divo)

34

Tongon Mines SA

Randgold Ressources
Limited (Afrique du Sud)

Tongon - M'Bengué
(Korhogo)

43

Afema Gold

Sodium! Teranga

Afema (Aboisso)

Source : Direction générale des mines, 2016

La production aurifère nationale est de plus en plus croissante et l'objectif de l'Etat est de faire passer son poids dans le PIB de 1% à 5% en 2020. Des cinq permis d'exploitation en cours en Côte d'Ivoire (figure 3), la sous-préfecture de Hiré concentre à elle seule deux permis d'exploitation.

Hiré est située dans une zone du précambrien moyen birimien avec faciès géosynclinaux éburnéens complexe volcano sédimentaires, schisteux, tuffacés ou indifférenciés. Cette sous-préfecture appartient à la région aurifère Dida ; située dans la partie méridionale de la ceinture orogénique des roches vertes de Fettékro encore appelée Oumé-Fettékro et compte trois gisements d'or à savoir Bonikro, Hiré et Agbaou.

Les sols sont de type ferralitique moyennement ou faiblement désaturés, remaniés, gravillonnais. Le Birimien de Hiré est fait de formations sédimentaires et volcano-sédimentaires intensément plissées et métamorphisées dans le faciès schiste vert pouvant localement atteindre la mésozone (Bonhomme, opc ; Sonnendrucker, opc). Il se compose de volcanites acides, neutres et basiques, d'arkoses, de schistes arkosiques, de conglomérats et de sédiments associés (Sonnendrucker, opc). D'importantes masses de granodiorites, de diorites quartziques et biotites instrument ces formations (Archambault, 1935 ; Chermettes, 1935). Cette région est constituée d'une large bande de roches vertes orientée NE et encadrée de granitoïdes récents. A cet ensemble est associée une phase unique de déformation progressive autour de 2100 Ma (Yacé, 1982) contribuant ainsi à la mise en place de plis serrés à tendance NNE et ayant subi un métamorphisme.

Les minéralisations aurifères dans cette région se présentent sous deux aspects :

- à Agbaou, l'or est au contact entre volcanites magiques et les volcano-sédiments (Houssou, opc) tandis qu'à ;

65

- Bonikro et Hiré, des plutons granitiques occupant ces contacts qui contrôlent l'or.

66

Figure 3 : sites d'exploitation aurifère en Côte d'Ivoire en 2016

Source : nos enquêtes, 2015

67

1.1.2. Historique de l'activité minière dans la sous-préfecture d'Hiré

L'exploitation artisanale de l'or est une activité très ancienne qui a été la première cause de migration à Hiré. En effet, dès 1920, des migrants originaires principalement du Centre et du Nord du pays (Baoulé et Dioula) ont accouru vers Hiré qui n'était alors qu'un petit village, à la recherche de l'or (Kouadio, 2008). Ces migrants venaient principalement des autres localités du pays où les réserves étaient épuisées, ainsi que des pays voisins. L'or amassé à cette époque servait à la fabrication de parures traditionnelles de valeur (les bagues en or, les chaînes en or, les bracelets en or, les boucles d'oreilles) qui étaient vendues sur le marché local et dans les localités environnantes. Ces orpailleurs avaient aussi des qualités de grands orfèvres. Les activités étaient structurées et réparties selon les spécialités. Pendant que certains cherchaient de l'or, d'autres restés au village s'occupaient de sa transformation en parures et d'autres encore s'occupaient de sa commercialisation.

Cependant, à la fin des années 1940, la dynamique de cette activité attire l'attention des Français du bureau minier colonial. Ceux-ci implantent donc à Hiré une exploitation semi-industrielle et interdisent puis mettent fin à toute activité d'exploitation artisanale de l'or. Les orpailleurs sont désormais des ouvriers à la solde des colons dans les sites d'exploitation. L'exploitation semi-industrielle réoriente l'activité économique des populations vers le binôme de cultures café-cacao qui faisaient son entrée dans la zone, la richesse du sol ayant facilité cette reconversion. Puis, après la fermeture de cette mine semi-industrielle, l'activité minière a été mise en veilleuse quoique pratiquée de façon clandestine par certains.

Cette exploitation aurifère connait toutefois depuis 2008 une nouvelle dynamique. En 1996, l'Etat de Côte d'Ivoire octroi un permis de recherche de l'or selon le décret n° 96-668 du 28 août 1996 dans la région d'Oumé-Divo. Ce permis de recherche a abouti à la découverte d'une mine économiquement exploitable qu'est la mine de Bonikro. Ainsi, depuis 2008, avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation industrielle qui occupent chacune des sites qui lui sont propres.

1.2. UN ESPACE LOCAL OCCUPE PAR LES ORPAILLEURS

Les sites d'orpaillage sont dispersés à travers la sous-préfecture (figure 4). Ce sont des sites qui sont abandonnés après épuisement du minerai puis de nouveaux sites sont conquis. Le caractère clandestin de l'activité ne permet pas de connaitre tous les sites de l'orpaillage. Ainsi avons-

68

nous visité huit sites que nous pouvons regrouper en deux catégories : les sites d'orpaillage disséminés dans les plantations et les sites d'orpaillages sur le permis miniers (Agbalé, Assonguisso, Akissi-so et Chapelle).

1.2.1. Des sites d'orpaillage dispersés dans des plantations et des jachères 1.2.1.1. Le site d'orpaillage d'Assayé ou Doum

Le site d'Assayé est situé à environ 400 m de la ville, dans l'extension Est (dans le sens Divo-Oumé) du quartier Assayè dont il porte le nom. L'extension de ce site menace d'ailleurs les dernières concessions qui se situent maintenant à environ 50 mètres des exploitations. Assayé est un site ou l'extraction de l'or se fait par creusement. Ce sont des sortes de puits à bord large allant à 30 mètres de profondeur (photo 1).

 

Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent fait environ 10 m de tranchée.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 1 : site d'orpaillage d'Assayé

 

Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent fait environ 10 m de tranchée, au fond elle est inondée.

Les types d'exploitation sur ce site sont le lavage à la batée, le lavage simple et la recherche de roches riches en or. Selon les acteurs interrogés, cela s'explique par la disponibilité de l'eau. Le site d'Assayé se situe dans sa grande partie dans un bas-fond. Cette caractéristique lui permet de contenir de l'eau en abondance sur une longue période d'environ neuf mois (d'avril à décembre). Lorsque le volume d'eau diminue ou tarie, les orpailleurs s'adonnent à la recherche de l'or à travers les roches.

69

1.2.1.2. Le site d'orpaillage de Djangobo

Il est situé à environ 02 km de la ville sur l'axe Hiré-Taabo. Ce site est également caractérisé par une exploitation à ciel ouvert. Les types d'exploitation en vigueur sont : le lavage simple et la recherche de roche contenant de l'or. Ce site d'orpaillage bien qu'en partie situé dans un bas-fond, ne contient pas autant d'eau que celui d'Assayé. C'est ce qui explique le fait que le lavage à la batée n'est pas pratiqué sur ce site. Car il faut préciser que le lavage à la batée nécessite beaucoup d'eau. En revanche, la recherche de roche est plus pratiquée sur ce site. C'est donc sur ce site qu'exerce la grande majorité des petits exploitants. Les petites mares construites par les exploitants leur permettent de pratiquer le lavage simple. Mais celui-ci s'arrête dès l'avancée de la sécheresse car ces petites mares tarissent.

1.2.1.3. Le site d'orpaillage sur la zone 1 du terroir de Bouakako

Il est situé à environ 7 km de la ville sur l'axe Hiré-Divo. Ce site est caractérisé par une exploitation souterraine. Les orpailleurs de ce site descendent dans des puits antérieurement creusés lors des premières extractions artisanales d'or à Hiré. La profondeur de ces puits peut atteindre parfois 20 à 25 mètres. Il existe des tunnels qui relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble constitue un réseau souterrain dense. L'une des particularités de ce site est sa richesse en or. Mais s'il est possible d'avoir un rendement élevé d'or sur ce site, sa fréquentation est redoutée par la plupart des orpailleurs. Vu le risque énorme d'accident (éboulement) que présente ce site, la majorité des orpailleurs refusent d'aller y travailler ; ce qui explique le fait que le site de Bouakako est peu peuplé. On peut estimer à environ 100 personnes, le nombre d'orpailleurs.

2444x9

248000

246000

211000

Legende

Points ASM laves au GPS

Limite de le ville

Ouerieers

lbia pnncpale ahanai

Leeds de loi et d ill

Faret nuée
- Cantate

Ses-Sonda

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102

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1400+0

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1 {

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} N 4

KKB.GIS I GES-COJ

None. Punie ASM Vile de Hoe_et pate 20011.0011

8

I

70

Figure 4: répartition des sites d'orpaillage

Ville de Fli ré

POINTS D'EXTRACTION ET DE TRAITEMENT DU MINERAI PAR LES ARTISANTS MINIERS

24404'. 245000 2I7CtC 248000

Source : NEWCREST, 2017

71

1.2.1.4. Les orpailleurs dans la zone 2 du terroir de Bouakako

Le site de Bouakako 2 est situé à environ 300 m de l'axe Divo- Hiré. C'est une palmeraie affectée par son propriétaire pour l'exercice de l'orpaillage. Ce site est exclusivement tenu par des femmes et des fillettes dont l'âge varie entre 11 et 45 ans. Elles creusent la terre déjà retournée pour la traiter par lavage simple (photo 2). Bien que n'ayant pas eu de réponse à cette question, nous pensons que ce site était anciennement tenu par des hommes. Les femmes sur le site n'ont que de petites dabas qu'elles utilisent pour retourner la terre, alors qu'on y voit de grands trous dans lesquelles sont emprisonnés d'importantes quantités d'eau provenant des pluies.

 

Site de Bouakako majoritairement exploité par les femmes.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 2 : site du bas fond de Bouakako

 

1.2.2. Les sites d'orpaillage sur les périmètres de la société minière

Les moyens de prospection dont disposent les orpailleurs étant peu performants, certaines prospections s'avèrent infructueuses. Ils se laissent parfois guider par les industriels, en suivant les points de forages réalisés par ces derniers. Les moyens dont disposent les industriels étant plus performants, les orpailleurs ont ainsi la certitude de l'existence de gisements importants sur ce site. Ce fut le cas pour la fosse de Hiré dont les forages avaient été réalisés depuis 2010. Le permis d'exploitation minière PE 44 accordé à la société minière NEWCREST a particulièrement fait l'objet d'invasions fréquentes et massives de la part des orpailleurs. La mine attendant la réalisation des équipements nécessaires à l'exploitation de cette fosse et du

72

fait de la crise post-électorale de 2010, n'a commencé ses travaux sur ce site qu'en décembre 2014.

1.2.2.1. Les sites d'Akissi-so

Le site d'Akissi-so dont la potentialité aurifère a été découvert depuis 1967 par Sonnendrucker, était lors de notre pré-enquête de 2014, essentiellement occupé par les orpailleurs. Aujourd'hui il est majoritairement occupé par la société NEWCREST dont il constitue l'une des fosses satellites. Situé à la lisière du quartier Baoulé dans la commune de Hiré, ce site continue d'abriter des orpailleurs. Toutefois, les espaces abandonnés par les anciens orpailleurs sont aujourd'hui revisités par des pléiades de femmes et des jeunes filles qui en poursuivent l'exploitation. Elles le font certes à des degrés moins importants que l'activité artisanale qui y était autrefois pratiquée par les hommes. Les femmes sont dispersées sur ces sites en de petits groupes.

1.2.2.2. Le site d'Assonguisso secteur 21 sur l'axe Hiré-Zégo

Ce site contrairement au site d'Akissi-so, est différent de celui autrefois exploité par les orpailleurs. Il n'est pas loin du périmètre de la mine mais se distingue nettement de celui-ci. Couvrant une superficie de 80 m2, ce site se trouve dans une plantation de cacao et de vivriers, il est détenu par le président des orpailleurs de la sous-préfecture de Hiré. C'est, le même président des orpailleurs qui exploitait une partie du site d'Assayé.

Par jour, ce sont entre 03 et 12 sacs de roches qui sont extraits du sous-sol qu'un total de 80 personnes fouillent dans les entrailles de la terre. C'est une équipe bien organisée qui y travaille sous le regard vigilant du chef de sécurité.

Le diagramme d'évolution de la présence des orpailleurs sur le périmètre de Hiré Est que présente la figure 4, montre qu'avant 2010, il y a une absence totale d'orpailleurs sur ce site. A partir de 2010, ils apparaissent puis on voit une nette évolution de leur présence entre 2010 et 2012. Entre 2012 et 2014, il y a une baisse drastique du nombre d'orpailleurs, qui continue jusqu'à atteindre 300 orpailleurs en 2016.

73

Figure 5 : évolution des orpailleurs présents sur le périmètre de NEWCREST à Hiré de 2010 à

2016

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

Année 2010 Année 2012 Année 2014 Année 2016

Source : NEWCREST, 2016

NEWCREST a obtenu le permis d'extraction du secteur de Hiré en 2010. La présence d'une réserve exploitable a donc été confirmée ; ce qui explique l'apparition des orpailleurs sur ce site à partir de cette date. Toutefois, la crainte éprouvée à s'introduire sur un site minier explique le nombre relativement faible des orpailleurs en 2010. En 2012, le nombre d'orpailleurs passe du simple au triple, encouragé par le silence et l'inertie presque totale des autorités minières et administratives. Cependant, en 2014, la compagnie NEWCREST a entrepris de libérer son périmètre de Hiré-Est de la présence des orpailleurs. Cette campagne a consisté à un dialogue menaçant les orpailleurs ; ce qui explique la baisse des orpailleurs que nous constatons entre 2014 et 2016. Cette évolution des orpailleurs sur le permis minier de Hiré-Est va de pair avec l'évolution des superficies occupées par ceux-ci, telle que décrite sur la carte ci-dessous. La figure 5 présente deux phases dans l'occupation du site aurifère de Hiré-Est. De 2010 à 2013, on observe une occupation progressive de ces sites par des orpailleurs. Cela commence timidement en 2010. Puis en 2011, on assiste à une explosion de l'activité avec des superficies occupées passant de 5,76 ha à 25,15 ha. Cette extension de l'activité continue jusqu'en 2013 où elle couvre 34,58 ha pour stagner en 2014 à 24,44 ha.

74

Figure 6 : évolution de l'occupation du périmètre de Hiré Est par les orpailleurs de 2010 à 2014

Source : NEWCREST, 2016

75

1.3. LES SITES DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR 1.3.1 Les conditions d'obtention d'un titre minier en Côte d'Ivoire

L'exploitation industrielle de l'or est conditionnée par l'obtention de permis miniers qui en autorisent l'exercice. Ainsi, en Côte d'Ivoire, l'Etat en tant que propriétaire exclusif des ressources minières et minérales du pays est le seul habilité à donner à un tiers l'autorisation d'exploration et d'exploitation. De ce fait, le titulaire du titre minier portant sur le gisement contenu dans le sous-sol ne pourra pas s'en revendiquer propriétaire. Son titre obtenu auprès de l'Etat sous sa casquette de propriétaire lui accordera cependant le droit d'effectuer ses activités de recherche ou d'exploitation de manière exclusive sur un périmètre donné et de mettre en oeuvre les prérogatives qui y seront attachées jusqu'à échéance. Le titre minier confère donc la légitimité de la mise en oeuvre d'une activité minière. La propriété des substances minières extraites du gisement revient au titulaire du titre. L'obtention d'un titre minier est soumise à un ensemble de conditions. Il y a deux catégories de titres miniers : le permis de recherche et le permis d'exploitation.

Le permis d'exploration ou de recherche est le premier titre minier. C'est un document (Art 18 Code minier) que l'Etat donne à une personne physique ou à une entreprise pour rechercher des produits du sous-sol. La demande du permis de recherche est adressée à l'administration des mines. Celle-ci analyse le dossier de demande aussi bien dans la forme que dans le fond et après validation effectue une visite de terrain pour la vérification de la conformité des plans fournis avec la réalité du terrain. Lorsque la visite sur le terrain est concluante, la demande de permis de recherche est transmise à la commission inter ministérielle des mines (CIM) pour analyse. En cas d'avis favorable, le dossier de demande de permis de recherche est transmis au ministre chargé des mines pour autorisation définitive. Le permis de recherche est valable pour trois ans à compter de la date du Décret qui l'institut. Il est renouvelable deux fois par périodes successives de deux ans.

Un renouvellement exceptionnel supplémentaire et unique peut toutefois être accordé après sept ans et pour une période n'excédant pas trois ans. Cela si l'intérêt des résultats obtenus et si l'ampleur des travaux de recherche et des investissements déjà engagés, ou à engager, sont jugés d'importance particulière par l'administration des Mines (code minier, 1995). C'est dans ces conditions que le permis de recherche n°105 a été attribué par le décret n° 96-668 du 28

76

août 1996 dans la région d'Oumé à la société EQUIGOLD Côte d'Ivoire SA pour la recherche de minerais aurifères.

1.3.2 Les titres miniers dans la sous-préfecture de Hiré

Trois titres miniers ont été signés pour l'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Ce sont : un permis de recherche et deux permis d'exploitation (voir figure 7). Le premier permis minier relatif à l'exploitation de l'or à Hiré est le permis de recherche N°105 acquis par EQUIGOLD en août 1996. Il autorise la compagnie minière à entreprendre des travaux de recherches aurifères. Ceux-ci ont été réalisés à partir d'indices, au moyen de travaux de surface et en profondeur, à l'aide de techniques géophysiques, géochimiques et géologiques avancées. La technique de sondage utilisée par EQUIGOLD a consisté à faire des layons sur plusieurs kilomètres sur toute l'étendue de la surface du permis d'exploration. Ces layons étaient espacés de 20 mètres.

L'étude des différents prospects a permis de découvrir en 2000 la présence d'une large zone minéralisée. Entre 2001 et 2004, les travaux d'exploration ont une fois de plus confirmé la présence de gisements économiquement exploitables et établi une ressource indiquée et inférée de 25,1 millions de tonnes à 1,6 g par tonne d'or soit l'équivalent de 1 300 000 onces d'or. La qualité et la quantité des réserves minières du gisement découvert ainsi que les moyens techniques et commerciaux de son exploitation ont permis d'aboutir en novembre 2005 à la première étude de faisabilité.

A la suite de ces travaux de recherche et de l'étude de faisabilité qui a été positive, EQUIGOLD a obtenu en janvier 2007, le permis d'exploitation minière PE-32 qui dérive du permis de recherche N°105. Sur la base de ce permis la mine d'or de Bonikro a été développée. Parallèlement à l'exploitation de la mine de Bonikro, la société LGL a entrepris en 2008 des travaux d'exploration sur plusieurs cibles mineures potentielles de Dougbafla-Est, Dougbafla-Nord, Dougbafla-Centre, Hiré-Est, etc, situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de l'usine de Bonikro. Des résultats encourageants ont été enregistrés entre 2009 et 2012 sur les prospections de Hiré-Est et Dougbafla-Est. Les résultats satisfaisants obtenus de la prospection sur sites satellites ont conduit la compagnie NEWCREST, qui entre temps a succédé à LGL, à demander une Étude d'Impact Environnemental et Social (EIES) portant sur le projet de développement des fosses satellites aurifères.

77

L'approbation de cette EIES est une nécessité pour obtenir le permis d'exploiter. Depuis la phase d'exploration débutée en 1996 par EQUIGOLD CI jusqu'en 2015, ce sont au total trois études d'impact environnementales et sociales (EIES) et une révision qui ont été réalisées pour le compte de NEWCREST dans la sous-préfecture de Hiré. Ces EIES ont été réalisées par plusieurs cabinets privés intervenant dans les domaines de l'environnement et des études sociologiques. Ce sont entre autres : CECAF international, Channel research, BURGEAP COTE D'IVOIRE, Arc Ingénierie, etc. Ces EIES ont porté sur l'ouverture de la mine de Bonikro, l'extension du parc à cyanure l'ouverture de la fosse de Hiré.

Figure 7 : Localisation des permis d'exploitation de NEWCREST Côte d'Ivoire

78

Source : NEWCREST, 2015

79

Elles sont réalisées suivant l'orientation de l'Agence Nationale De l'Environnement (ANDE) à travers des termes de référence qui leur servent de guide. Les EIES sont validées par l'ANDE à la suite d'un examen technique du rapport final de celles-ci.

L'approbation de l'EIES a permis à la filiale ivoirienne de la société minière NEWCREST d'obtenir par le décret présidentiel N°2013-855 du 13 décembre 2013, deux permis d'exploitation sur les sites satellites pour alimenter la mine de Bonikro. Ainsi, le permis d'exploitation n°44 d'une superficie de 195 km2 (voir annexe 1) a été accordé pour le site de Hiré-Est et le permis n°45 d'une superficie de 280,1 km2 pour le site satellite de Dougbafla-Est dans la sous-préfecture d'Oumé. Dans la pratique, l'opération de Hiré-Est s'effectue depuis janvier 2015 sur quatre fosses (Agbalé, Akissi-so, Chapelle et Assondji-so) d'une capacité de trois millions de tonnes de minerai aurifère, exploitable pendant une durée d'environ 6 ans.

1.3.3. Les sites occupés par l'activité aurifère industrielle

Dans la sous-préfecture de Hiré, l'exploitation industrielle de l'or se déroule sur deux sites que sont : le site de Bonikro et le site de Hiré-Est (figure 8).

L'exploitation industrielle s'étend dans l'ensemble sur ces deux sites avec :

y' Bonikro: 1 062,38 hectares y' Gisement de Hiré: 832 hectares

Le site de Hiré est exclusivement un site d'extraction dont le minerai extrait est transporté vers le site de Bonikro qui abrite l'usine de traitement.

80

Figure 8 : Situation géographique des sites occupés par la compagnie minière NEWCREST

Source : nos enquêtes, 2016

81

1.3.3.1 Le site de Bonikro

Le site de Bonikro est le premier site d'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Il s'étend à son ouverture sur une superficie de 860 hectares que les installations de la compagnie minière occupent. Ce site abrite les différentes installations de l'usine de traitement de minerai (voir photo 3). Les activités sur le site de Bonikro ont été des activités d'extraction et de traitement ce qui fait qu'il comprend un ensemble complexe et complet d'installations industrielles notamment : la fosse de la mine à ciel ouvert ; l'équipement pour l'exhaure ; le site de stockage provisoire du minerai brut ; l'aire de stockage des stériles ; l'aire de stockage de la terre végétale ; les bâtiments administratifs et de service ; la station essence ; l'usine de filtration et le bassin de boue. La figure 8 en montre le détail de l'occupation du sol.

Un parc à résidu ou bassin de boue a été construit en 2007. Il s'étendait à sa construction sur 160 ha. Le parc à résidu est un lac artificiel créé pour le déversement des eaux usées, des eaux cyanurées provenant du traitement du minerai. Les dimensions du parc à cyanure ont été agrandies de 70 ha. Ce qui porte la dimension totale à 220 ha.

 

Cette photo présente les différentes installations de la mine de Bonikro.

Auteur photo : NEWCREST, 2015

Photo 3 : Vue aérienne de la mine de Bonikro

 

1.3.3.2 Le site de Hiré Est

La mine de Hiré-Est est une carrière sur laquelle les activités se limitent à l'extraction, au concassage et au stockage temporaire (à la carrière). La taille des aires de stockage varie entre

82

20 et 30 mètres de haut. Le minerai extrait dans cette carrière est transporté à la mine de Bonikro où les installations de l'usine existent. Une voie de transport du minerai vers l'usine de traitement de Bonikro a été aménagée à cet effet. Le transport du minerai de Hiré vers l'usine de Bonikro se fait par passage régulier de camion à intervalle de 10 minutes pendant la journée sauf aux heures de pointe (matin et soir). L'empreinte du projet de fosses satellites de Hiré a connu diverses variations au fil du processus et du temps.

Les quatre sites de la mine de Hiré sont Akissi-so (14 hectares), Agbalé (03 hectares), Chapelle (21 hectares) et Assondji-so (15 hectares).

Hormis les sites d'extraction et de traitement du minerai occupés pour l'exploitation industrielle de l'or, une cité des travailleurs de la mine est construite dans la ville de Hiré. Cette cité de 42 villas situées dans la ville de Hiré, est construite en dehors des permis miniers. Elle abrite uniquement les cadres de la compagnie minière. Il s'agit de luxueuses résidences comportant toutes les commodités et parée contre toutes les ruptures de services de la ville notamment en matière d'eau d'électricité et de sécurité. L'approvisionnement en nourriture de la cité est assuré directement d'Abidjan ou par importation de denrées alimentaires.

1.3.3.3. Le site de Dougbafla en pays Gouro

Le périmètre d'exploitation de la compagnie s'étend aussi hors des limites de la sous-préfecture dans la zone de Dougbafla-Est en pays Gouro. Les calculs de rentabilité économique réalisés par la compagnie lui ont permis de définir comme exploitable tout gisement à une distance de moins de 20 kilomètres de la base que représente l'usine se trouvant dans la sous-préfecture de Hiré. Cela a conduit à explorer et trouver un gisement à Dougbafla. L'ensemble des gisements à exploiter dans la région par la compagnie est estimé à 3 000 000 de tonnes de minerai aurifère sur six ans.

83

Figure 9 : Occupation du sol par le complexe minier à Bonikro

Source :NEWCREST, 2016

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Conclusion du chapitre 1

Hiré est une sous-préfecture qui jouit d'une richesse géologique marquée par la concentration dans son sous-sol d'indices aurifères. Cela justifie l'intensité de l'activité aurifère qui y a cours. Longtemps extrait de façon artisanale, l'or de Hiré connait depuis 2008 une exploitation industrielle qui a entrainé une explosion de l'orpaillage. Ces deux types d'exploitation sont menés simultanément chacun sur des périmètres différents et dispersés à travers la sous-préfecture. L'installation des orpailleurs clandestins se fait sans autorisation. Ceux-ci sont installés pêle-mêle guidé par la présence du minerai tandis que les sites occupés par les industriels sont définis par les permis miniers officiels. Cette divergence dans la logique d'installation annonce également une divergence dans la pratique de l'activité.

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CHAPITRE 2 : LA PRATIQUE DE L'EXPLOITATION MINIERE DANS L'ESPACE LOCAL DE HIRE

INTRODUCTION AU CHAPITRE

Depuis 2008, avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation industrielle. Ces deux formes d'exploitation ont des modes d'exercice, des outils et des techniques d'extraction et de traitement qui diffèrent les unes des autres. Aussi l'étude du profil de ses différents acteurs serait-elle intéressante.

2.1. LES FORMES DE L'EXPLOITATION ARTISANALE DE L'OR A HIRE

2.1.1 Le processus d'identification et de négociation des terres pour l'orpaillage 2.1.1.1 La recherche des sites d'exploitation pour l'orpaillage

La recherche des sites est la première étape dans l'exploitation artisanale de l'or. Les parcelles à exploiter sont sélectionnées selon que le site présente une végétation ou des roches familières à l'or. Il est généralement admis que l'or évolue selon un axe appelé filon. Lorsque l'or a été découvert en un point A, il suit l'axe de progression de ce filon. C'est donc sur cet axe que la végétation est observée ou sur d'anciens sites. Sur les sites d'exploitation alluvionnaire, l'or se révèle d'un lieu lors des grandes pluies. Certains orpailleurs professionnels utilisent des détecteurs de métaux d'or pour faciliter la recherche. Une fois le «gisement" trouvé, le propriétaire terrien est contacté pour que les négociations sur les conditions d'exploitation de son site soient conclues.

2.1.1.2. L'orpaillage et le contrat de concession avec les propriétaires terriens

Les orpailleurs pour l'exercice de leur activité concluent des accords avec les propriétaires terriens. Ces arrangements autour de la terre entre les orpailleurs et les propriétaires terriens, sont verbaux et se font dans la recherche des intérêts de chacune des deux parties. Les orpailleurs y voient l'opportunité de perpétrer leur activité tandis que les propriétaires terriens y voient l'occasion de se faire de l'argent facilement et rapidement.

Généralement, les terres occupées par les orpailleurs ne sont pas vendues mais louées à des propriétaires de ?trous?. Plusieurs types de contrats sont conclus entre les propriétaires terriens ou les propriétaires d'exploitations et les orpailleurs.

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Certains orpailleurs paient des terres en tickets avec les propriétaires. Ces tickets appelés tickets d'exploitation leur donne le droit d'accès au site. Le coût du ticket est fixé selon le type d'exploitation et selon le sexe de l'exploitant. Par conséquent, pour le lavage simple, les femmes paient 500 F CFA et les hommes 1000 F CFA par semaine. Ceux qui font le lavage à la batée payent 7 000 F CFA par semaine. Cependant ces montants ne sont pas homologués et peuvent varier d'un site à un autre. Sur l'un des sites d'Assayé situé dans une plantation de cacao, le propriétaire exige une somme de 5 000 F CFA par orpailleurs et par semaine.

Il y a également des cas de location de terre mensuelle de 30 000 à 50 000 F CFA et annuelle comprise entre 2 000 000 et 4 000 000 F CFA. Ces terres cédées sont généralement des terres cultivables, soit en production, soit en jachère. Les terres prisées par les orpailleurs sont généralement des bas-fonds car disent-ils que l'or se trouve dans le fond des vallées. Ce sont de grandes parcelles sur lesquelles l'extraction est faite soit à ciel ouvert soit de façon souterraine. Les propriétaires font des passages réguliers sur les sites pour s'assurer que tous ceux qui y exercent ont effectivement payés leurs tickets. Lorsque le propriétaire terrien surprend sur son terrain un contrevenant, celui-ci est sommé de payer son droit sous peine d'expulsion. Ce type de situation entraine souvent des conflits entre les propriétaires de terre et les orpailleurs qui aboutissent parfois à la fermeture temporaire des sites.

Le cas du site de Bouakako 2 est différent. Là, les acheteurs d'or se sont regroupés pour acheter le site d'exploitation aux autochtones. Le contrat d'achat monte à 3 millions de F CFA en espèce, des chaises en plastique et des bâches, plus des animaux à sacrifier. Dans tous les cas l'enjeu économique est tel que le non-respect des termes du contrat entraîne des conflits. A Bouakako, les Orpailleurs ne prennent pas le ticket d'exploitation. Cependant ils sont tenus de vendre leur production aux acheteurs propriétaires du site sous peine de se voir expulser. La différence est qu'à défaut de payer des tickets les orpailleurs vendent leur or à un prix forfaitaire de 7 500 F CFA le gramme au lieu de 8 500 ou 9.000 F CFA sur les autres sites.

Les propriétaires terriens sont constitués par les autochtones Dida et Baoulé. Ils sont les chefs et propriétaires de terre dans la localité. Ce sont eux qui mettent leur terre à la disposition des orpailleurs pour son exploitation. Plusieurs propriétaires terriens sollicitent eux-mêmes les orpailleurs afin que ceux-ci inspectent leur parcelle à la recherche d'indices aurifères dans le but de le leur céder.

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Sur certains sites d'orpaillage déjà abandonnés dans la zone d'étude comme celui d'Assayé, même après le passage des orpailleurs, les propriétaires terriens continuent d'obtenir des gains en prélevant de l'argent à tous ceux qui viennent l'exploiter à nouveau. Ces primes vont de 500 F CFA à 1 500 F CFA par jour et de 3 000F CFA à 5 000F CFA par semaine selon les voeux de l'exploitant (Kouadio, op.cit.). Selon le chef du village de Djangobo ; « l'or ne finit jamais sur un site mais c'est la baisse du rendement qui pousse les orpailleurs à abandonner le site. Il y a également des propriétaires terriens qui vendent définitivement leurs terres aux orpailleurs contre un intéressement sur l'or récolté.

2.1.2 Les différentes étapes dans la chaîne de production artisanale de l'or

L'exploitation artisanale de l'or se fait selon quatre étapes majeures qui constituent une chaîne de production établie par les orpailleurs (voir figure 10).

Figure 10 : Chaîne de production artisanale de l'or

Source : YOBO, 2016

Déblaiement du site

Creusage ou extraction

Lavage

Raffinage

La chaîne de production artisanale de l'or comprend les étapes suivantes : la phase de déblaiement, l'extraction, le lavage et le raffinage.

2.1.2.1 Le déblaiement du site

C'est la première étape menée par les orpailleurs sur le site à traiter. Elle intervient après que le site a été testé positif et que l'accord avec le propriétaire terrien a été scellé. Cette étape permet de dégager le site, de l'aérer afin de travailler sans être gêné par la végétation. Les sites sont généralement recouverts de cultures ou de végétation naturelle.

2.1.2.2. L'étape de l'extraction du minerai

L'extraction de l'or se fait selon deux pratiques liées à la nature du gisement. Il s'agit de l'exploitation alluvionnaire qui se déroule à ciel ouvert et de l'exploitation de filon qui se fait de façon souterraine.

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Une alluvion est un dépôt graniteux à sableux pouvant contenir des substances minérales laissées par un cours d'eau. L'exploitation alluvionnaire est la plus ancienne et la plus facile des méthodes d'extraction artisanale de l'or. Le minerai se trouvant à faible profondeur, c'est généralement dans les grandes vallées humides qu'elle se pratique. Elle occupe la majorité des acteurs du secteur artisanal de Hiré et se pratique sur les sites d'Assayé, Bouakako et sur l'axe Hiré-Taabo. Cet alluvionnement est facilité par le relief de la zone de Hiré. En effet, la région est composée de grands interfluves aux pentes raides souvent en forme de collines. Ces pentes et le niveau de pluie qui est élevé génèrent une forte érosion suivie d'un fort dépôt d'alluvions où l'or est entassé.

2.1.2.3 L'exploitation des filons

Un filon est une masse rocheuse qui se met en place dans un antre à la faveur d'une fracture (ou faille). Il peut représenter un gisement de substances minérales exploitables de façon souterraine dans les conditions économiques du moment. Son creusage nécessite une main d'oeuvre importante. Deux à trois personnes creusent la terre à l'aide d'outils comme les pioches, les pelles et les dabas. La terre creusée est amoncelée puis transportée jusqu'au point de lavage. Le minerai se trouve dans les roches plus profondes appelées "roche mère?. La profondeur des puits peut atteindre jusqu'à 20 à 25 mètres. Il existe des tunnels qui relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble constitue un réseau souterrain dense. Sur ces sites, les acteurs creuseurs sont uniquement des hommes parce que l'activité fait beaucoup appel à la force physique. Toutefois, le transport des roches est assuré par les femmes et les enfants. L'exploitation de ce type de gisement est redoutée par la plupart des orpailleurs à cause des risques énormes d'accidents par éboulement que présente ce mode d'extraction. Il nécessite un savoir-faire et une certaine technicité de la part des acteurs. Ce sont donc les orpailleurs de profession, généralement les non nationaux, qui s'y adonnent. Ces roches sont à la suite lavées et examinées minutieusement à l'oeil nu en vue de détecter à la surface des paillettes d'or. Les roches présentant les paillettes d'or sur leurs surfaces sont accumulées puis réduites en poudre dans de grandes broyeuses. La poudre ainsi obtenue est lavée selon les techniques ci-dessous décrites.

Le traitement de l'or se fait selon trois formes : le lavage simple, le lavage à la batée et le lavage au cyanure. Dans le cas de l'exploitation des filons, les roches extraites sont transportées en ville pour y être broyées dans les broyeurs.

? Le lavage à la batée

Le lavage à la batée consiste à séparer le gravier du sable fin par le procédé de lavage à l'aide d'une calebasse. Cette opération se fait dans un petit barrage construit par les orpailleurs eux-mêmes. C'est une technique utilisée dans l'exploitation alluvionnaire ou à ciel ouvert (voir photo 4). Il est assuré par les femmes et les jeunes filles car ne nécessitant pas beaucoup d'efforts physiques. C'est une méthode que les femmes maîtrisent bien car elle est la même que celle utilisée pour laver le riz et le séparer des grains de sables. Elles ont une connaissance pratique de cette méthode et cette activité leur est aisée. Les femmes travaillent soit individuellement soit avec quelques membres de leur famille. Le rendement est faible parce qu'elles ne peuvent pas traiter beaucoup de sable par cette méthode. Au cours de cette méthode, le mercure est utilisé pour retenir la poudre d'or au fond de la calebasse.

 

Le lavage simple est une activité spécialement dédiée aux femmes car elle s'apparente au lavage du riz.

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Auteur cliché : YOBO, 2015 Photo 4 : le lavage à la batée

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? Le lavage simple

Le lavage simple se fait par jet d'eau à l'aide d'un moteur (wombiaré en Moré) ou sur un instrument en bois en forme de pirogue appelé `'pirogue ou kourou en Malinké». Sur le « wombiaré », une moto pompe reliée à un puits antérieurement creusé, refoule l'eau vers la caisse (voir photo 5). Les fines particules d'or qu'elle contient sont recueillies sur le tapis du filtreur qui sera lavé à son tour, toutes les 30 à 60 minutes selon la richesse du sous-sol, dans une grande bassine d'eau. Par contre, sur le « kourou », le lavage se fait par des mouvements circulaires de la main de jet d'eau sur le sable (photo 6). Le gravier séparé du sable fin est récupéré à l'autre bout de la pirogue par deux personnes pour être jeté plus loin afin de permettre la circulation de l'eau. Le sable fin retenu sur les tamis de ces deux instruments sous forme de sédiment contenant les pépites d'or est recueilli progressivement par le propriétaire de l'unité de production pour le lavage final en fin de journée au mercure. C'est une activité très complexe qui nécessite l'intervention d'un minimum de trois personnes. La méthode de lavage simple a un avantage par rapport au lavage à la batée car elle permet de traiter beaucoup de sable et par conséquent de collecter plus d'or.

 

Cet instrument est connecté à une motopompe qui remonte l'eau vers la machine. Il est également équipé d'un tapis qui permet de retenir les pépites.

Auteur cliché : YOBO, 2015

 

Photo 5: Instrument de lavage appelé « le wombiaré»

 

La pirogue est un instrument traditionnel qui permet le lavage rapide du minerai. Le tapis, retient les pépites d'or contenues dans le sable.

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Auteur cliché : YOBO, 2015

Photo 6 : Instrument de lavage appelé « pirogue » 2.1.2.3 Le raffinage dans l'orpaillage

Le raffinage est l'étape définitive du traitement de l'or. Une fois le lavage à la batée terminée, les parties fines du minerai sont déposées dans un bol en fer puis on y ajoute du mercure. Le mercure en contact avec l'or réagit immédiatement pour former un amalgame. Cet amalgame est récupéré puis chauffé dans un four pour en extraire le mercure en évaporation ce qui laisse alors un résidu d'or. Bien que ce procédé soit largement répandu, la récupération de l'or par cette méthode n'excède pas 60% particulièrement pour les minerais à grains d'or très fins ou quand le minerai contient d'autres métaux qui réagissent avec le mercure.

Le sable supposé ne plus contenir de particules d'or après le lavage à la batée est alors vendu à une autre catégorie d'orpailleurs qui achète des monceaux de sable d'une hauteur d'environ 1.5 m à 400.000 FCFA pour aller les traiter, cette fois au cyanure. La photo 7 présente l'installation pour ce traitement après lequel le sable ne contient plus d'or. La récupération de l'or avec le cyanure semble plus efficace et est estimé à 90 voire 100% d'efficacité.

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Le lavage au cyanure est le lavage ultime du minerai pour en extraire l'or. Il est pratiqué par des orpailleurs spécialés et expérimentés car très dangeureux à cause du cyanure.

Auteur photo : YOBO, 2015

 

Photo 7 : Aménagement pour le raffinage au cyanure

2.1.3 Le profil sociodémographique des orpailleurs

2.1.3.1 Un orpaillage dominé par les acteurs masculins jeunes et de 30 ans

La répartition par sexe des orpailleurs de la zone d'étude donne 74% d'hommes contre 24% de femmes. Au regard de ces statistiques, on constate qu'il existe un déséquilibre important entre le nombre d'hommes et de femmes. En effet, sur les différents sites de la localité », l'essentiel des tâches est réalisé par les hommes. C'est une activité qui demande d'importants efforts physiques. Ce qui explique cette forte présence masculine.

Du point de vue de la répartition des orpailleurs selon l'âge, il faut signaler qu'on trouve en leur sein des personnes de tout âge qu'on peut regrouper en trois classes d'âges. La première classe est celle des 11-20 ans. Ils représentent 10% de l'effectif des orpailleurs enquêtés. C'est dans la tranche d'âge des 21-30 ans que l'on compte le plus grand nombre d'enquêtés, soit 54,4% des orpailleurs. Ceux de plus de 30 ans représentent 35,6%. On trouve dans cette tranche l'essentiel des chefs de sites ou de groupes. Sur l'ensemble des sites on constate une frange importante des moins de 21 ans. L'orpaillage étant une activité beaucoup physique, les personnes de cette catégorie en supportent mieux les difficultés.

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2.1.3.2 Des orpailleurs composés en grande partie d'étrangers

Les résultats des enquêtes montrent que 63% des orpailleurs sont de nationalité étrangère contre seulement 34% d'ivoiriens. La proportion d'étranger est composée à 44% de Burkinabé, à 9% de malien.

Les Guinéens et les Ghanéens représentent chacun 5% des enquêtés. La proportion importante des ressortissants de ces pays est liée au fait que l'orpaillage est également une activité en pleine expansion dans leurs pays d'origine.

Tableau 3 : répartition des orpailleurs selon la nationalité

Nationalité

Effectifs

Burkinabé

44%

Malienne

9%

Guinéenne

05%

Ghanéenne

05%

Ivoirienne

34%

Autres

3%

Source : nos enquêtes, 2015

La faible représentation des ivoiriens dans l'activité d'orpaillage repose dans le fait qu'ils ne s'y connaissent pas vraiment. Les plus nombreux sont les ressortissants du Nord car l'orpaillage est également pratiqué dans les localités de Korhogo et de Tortya, leur aire d'origine. On trouve également quelques Baoulé puis des Dida qui pratiquent l'orpaillage.

2.1.3.3 Répartition des orpailleurs selon l'origine socio-professionnelle

La ruée vers l'or suscitée par l'ouverture de la mine de Bonikro, a eu pour effet d'attirer de nombreuses personnes vers l'orpaillage. Nos entretiens avec les orpailleurs nous ont permis de réaliser que ceux-ci sont d'origine socioprofessionnelle diverse. Il y a des agriculteurs, des manoeuvres agricoles, des commerçants, des artisans, des élèves et des sans-emplois (tableau 4).

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Tableau 4 : origine socio professionnelle des orpailleurs

Origines socio-professionnelles

Effectif

Taux (en %)

Paysans

22

27,5

Ouvriers agricoles

16

20

Orpailleurs

20

25

Petits métiers

4

5

Commerçants

8

10

Sans emploi

4

5

Elèves et étudiants

6

7,5

Total

80

100

Source : nos enquêtes, 2015

2.1.3.4. Répartition des orpailleurs selon leur poids dans l'activité V' Les grands exploitants

Ils sont appelés grands exploitants du fait des moyens colossaux qu'ils injectent dans cette activité. Ce sont en effet des orpailleurs qui possèdent des facteurs de production et un fond de roulement plus ou moins élevé. Ce capital leur permet d'engager dans leur unité de production de la main d'oeuvre journalière comprise entre 10 et 12 personnes. Ces grands exploitants utilisent en général la méthode du lavage à la batée dans la recherche de l'or. La plupart sont des personnes ayant déjà exercé l'activité d'orpaillage, soit en tant qu'ouvrier, soit auprès de leurs parents. Cela leur vaut d'avoir un important fond de roulement, des moyens de production et des connaissances pratiques dans les différents processus de l'activité.

V' Les Petits exploitants

Leur effectif est difficile à estimer mais ils sont les plus nombreux. Les femmes constituent une proportion importante de cette catégorie d'orpailleurs. La quasi-totalité de ces exploitants n'a pas d'autorisation d'exploitation. Ils exploitent tous dans la clandestinité (illégalité). Dans l'incapacité de se procurer les moyens de production de masse, ils se contentent de creuser la terre à la recherche de pierres. Les "Petits" exploitants sont aussi ceux qui font le lavage simple à l'aide de calebasse dans les petits barrages qu'ils construisent.

V' Les ouvriers journaliers

Ce sont généralement des jeunes (filles et garçons) sans emploi ou en quête d'emploi à la mine et parfois des élèves. Ils s'adonnent à l'orpaillage pour avoir une certaine autonomie financière. Leurs prestations sur les sites d'orpaillage sont rémunérées à 1 500 F CFA/jour et à 2 000 F CFA, soit qu'ils travaillent une demie journée ou une journée entière. Leur travail consiste à

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creuser, transporter la terre excavée jusqu'au bassin où se fait le lavage et enfin à laver la terre. Les tâches des ouvriers sont souvent classifiées en fonction du genre. Les hommes sont affectés aux tâches qui nécessitent le plus de forces physiques. Ainsi, ils s'occupent du creusage et du lavage. Les femmes quant à elles s'occupent du transport de la terre creusée et du service d'eau pour le lavage.

2.2. L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR

2.2.1. Une succession de concessionnaires à l'oeuvre à Hiré

La mine de Bonikro a été administrée par une série de propriétaire à travers des opérations de fusions acquisitions telles que décrites ci-dessous.

EQUIGOLD CI, société minière de droit ivoirien créée en 1996. C'est seulement en 2002 que l'opérateur perçoit les prémices d'un gisement potentiellement exploitable sur le site de Bonikro. Les travaux d'exploration ont débuté en août 1996 avec un permis d'exploration couvrant 471,38 km2. Ils aboutissent en Novembre 2005 à la première étude de faisabilité concluant à l'existence d'un gisement économiquement exploitable.

En septembre 2006, EQUIGOLD-CI se mue en EQUIGOLD MINE. La structure de la nouvelle unité d'exploitation se met ainsi progressivement en place. La société Lgl-Eguigold Mines CI SA a donc signé une convention avec l'Etat de Côte d'Ivoire le 03 Mai 2007. Hormis le site de Bonikro, le groupe dispose de plusieurs permis de recherche couvrant une superficie totale de 10 000 km2. Le 11 juillet 2008 une nouvelle étape est franchie, EQUIGOLD MINE et LGL fusionnent pour générer la nouvelle structure juridique de l'exploitation de la mine d'or de Bonikro. LGL EQUIGOLD MINE CI est née avec un capital de 90 millions F CFA et la première mine ouvre en 2008 à Bonikro couvrant 107,9 km2.

LGL a créé 5 entités nationales en Côte d'Ivoire. Il s'agit entre autres de la :

- LGL Développement Côte d'Ivoire (LMCI) chargée de l'exploitation de la mine de

Bonikro ;

- LGL ressources CI (LRCI) chargée de l'exploitation ;

- LGL Holdings Côte d'Ivoire (LHCI) ;

- LGL Développement Côte d'Ivoire (LDCI) et ;

- LGL Exploration Côte d'Ivoire (LECI).

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NEWCREST Mining Limited (NEWCREST) est l'une des plus grandes sociétés minières d'or dans le monde en termes de capitalisation avec une source humaine d'environ 10 000 employés et sous-traitants. Son activité primaire est la production de l'or avec le cuivre comme produit secondaire. De façon concise la stratégie de NEWCREST est de développer des opérations de grande taille et de longue vie avec des techniques d'extractions d'or moins coûteuses. En se basant sur cette stratégie NEWCREST continue à étendre son portefeuille d'opportunité dans l'or dans le but de les convertir en mines opérationnelles. Les mines de NEWCREST sont situées en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Indonésie et en Côte d'Ivoire dans la région de Hiré. Depuis 2010, NEWCREST Mining Limited, compagnie d'or en Australie a fusionné avec LGL et a ainsi repris la mine de Bonikro. NEWCREST cherche à développer une entreprise en Afrique de l'Ouest avec des méthodes établies et durables. Elle a conservé les entités nationales établies par LGL en Côte d'Ivoire et listées ci-dessus tout en ajoutant deux nouvelles entités pour les fosses satellites de Hiré et Dougbafla Est. Il s'agit de :

- NEWCREST Hiré Côte d'Ivoire (NHCI)

- NEWCREST Dougbafla Côte d'Ivoire (NDCI)

NEWCREST possède 89% du capital de la société et la part restante est détenue par l'Etat de Côte d'Ivoire (10%) et par un actionnaire minoritaire (0,11%). Elle détient trois permis d'exploitations dans la sous-préfecture de Hiré dont les superficies cumulées font 522,72 km2.

2.2.2. Des terres d'exploitation concédées par l'Etat

Les sociétés d'exploitation minière établissent leur convention d'exploitation avec l'Etat qui est l'interlocuteur principal en ce qui concerne l'affectation des terres nécessaires à l'activité minière industrielle. Cette convention fixe les conditions spécifiques d'exploitation notamment les droits et obligations du titulaire de permis d'exploitation singulièrement pour l'occupation foncière. Toutefois, la propriété de droits coutumiers selon les décrets se rapportant au code foncier rural est reconnue aux communautés locales. De plus, le code minier de 2014 précise que « les mines constituent une propriété distincte de la propriété du sol. Elles appartiennent à l'État et constituent un domaine public particulier ». Les zones à l'intérieur desquelles l'exploitation artisanale est permise sont réservées ou déclassées par décret pris en conseil des ministres sur proposition du ministre chargé des mines.

Les terrains nécessaires à l'activité de prospection et d'exploitation des minerais sont mis à la disposition des personnes physiques et morales qui en détiennent les permis ou l'autorisation

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selon les modalités et les conditions établies par le décret d'autorisation. L'occupation de ces terres donne droit à l'occupant et au propriétaire foncier à une juste indemnisation. Les modalités de cette indemnisation sont fixées par décrets selon le cas. Cette indemnisation est faite à la suite d'un accord signé entre l'occupant légitime du sol, l'exploitant et l'administration des mines. Les terrains non réquisitionnés ne sont pas concernés sauf ceux qui subissent des dommages du fait de passages répétés d'engins qui causent des dommages et des désagréments. Ces passages à répétition donnent également droit à une juste indemnité négociée en présence des structures administratives compétentes.

2.2.3. Les différents cas de compensation

Selon le code minier de 1995 révisé en 2014, la compensation est payée dans les cas suivants :

- la compensation pour occupation de la parcelle (acquisition en numéraires de la valeur de la terre pour les propriétaires terriens) ;

- la compensation pour destruction de cultures (compensation en numéraires pour perte de revenu des exploitants agricoles) ;

- la compensation pour destruction de biens immobiliers (compensation en numéraires de la valeur des biens immeubles).

2.2.4. Les exigences de compensation de la Banque mondiale

(i) Concevoir les activités de réinstallation involontaire et de compensation en tant que programmes de développement durable fournissant suffisamment de ressources d'investissement pour que les personnes déplacées par le projet aient l'opportunité d'en partager les bénéfices.

(ii) Les personnes déplacées et recevant une compensation doivent être formellement consultées et avoir l'opportunité de participer à la planification et à la mise en oeuvre des programmes de réinstallation.

(iii) Les personnes déplacées doivent être assistées dans leurs efforts pour améliorer leurs moyens d'existence et leur niveau de vie, ou du moins les rétablir, en termes réels, à leur niveau d'avant le déplacement.

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2.2.5 La compensation pour occupation de parcelles

Les terres occupées par la société minière concernent aussi bien les terres du milieu urbain que celles du milieu rural. Ces terres sont régies selon leur localisation soit par le foncier rural soit par le foncier urbain.

L'activité minière industrielle à Hiré a démarré par la mine de Bonikro où les parcelles cédées sont des terres relevant exclusivement du domaine foncier rural. Le paiement de la purge des droits coutumiers à cette date était régi par le décret n°88-884 du 25 octobre 1996 portant réglementation de la purge des droits coutumiers.

Au début de ses activités, la société minière n'a pas voulu indemniser les propriétaires fonciers pour l'occupation de leurs terres, s'appuyant sur la loi du 20 Juillet 1990 qui stipule que «toutes les terres vacantes et sans maître» sont propriété de l'Etat. Pour la société minière, ce sont les cultures ou les installations sur la terre qui appartiennent aux populations. Après plusieurs négociations, la société minière a accédé à la demande des populations en indemnisant que les terres mises en valeur. Les parcelles non mises en valeur n'étant toujours pas indemnisées. Le montant pratiqué par la société minière était de 200 000 FCFA puis est passé à ce jour à 250 000F CFA.

La mine de NEWCREST à Hiré, située à la périphérie de la ville, comprend des terres qui relèvent du foncier rural et des terres qui relèvent du foncier urbain. Pour l'indemnisation de ces terres, la société a appliqué deux types de paiement. Pour les terres dites du domaine rural, elle a considéré les cultures dont ces terres étaient revêtues et appliqué le paiement de l'hectare à 200 000F CFA, soit 200 F CFA le mètre carré.

Les terres urbaines sont des terres villageoises qui ont été loties. Le lotissement est une opération dont l'objet est de diviser un terrain en lots. Il est effectué à l'initiative soit de la puissance publique, soit du chef de la famille propriétaire des terres. Une fois, qu'un chef de famille constate que ses terres sont en train d'être gagnées par l'évolution de la ville, il décide de faire la demande de lotissement à la mairie. La mairie exige que lui soit présenté un document signé par l'ensemble des membres de la famille, preuve du consentement de tous pour le lotissement. Une fois ce document signé, la mairie transmet le dossier à la sous-préfecture qui en prend acte et le retransmet à la mairie. Celle-ci prend attache avec un géomètre spécialiste qui procède au lotissement. Une fois le lotissement effectué, la terre entre dans le domaine du foncier urbain et dans le cadre d'une expropriation, elle est indemnisée en tant que telle. Le prix d'un lot étant fonction de la qualité du quartier, le dédommagement est fait en fonction des prix

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pratiqués dans le quartier concerné. Pour le quartier Baoulé, le prix du lot est de 150 000 F CFA.

2.2.6. La compensation pour destruction de cultures

L'occupation des terres par les bénéficiaires de titres miniers leur donne droit de couper le bois nécessaire à leur activité et d'utiliser les chutes d'eau libres, le tout à l'intérieur du périmètre défini dans le titre minier ou l'autorisation, sous réserve d'indemnisation ou de paiement des taxes ou redevances prévues par les lois ou règlements en vigueur.

L'indemnisation est prescrite par le code minier et le décret N°2014-397 du 25 juin 2014 déterminant les modalités d'application de la loi N°2014-138 du 24 mars portant code minier précise en son chapitre 2 les relations avec les occupants du sol. Ainsi, l'article 134 énonce que « l'indemnité au profit de l'occupant légitime du sol dont les terres sont devenues impropres à la culture est déterminée par la formule suivante :

[D=(R x 15) + (P x S) + r]N avec :

D = Dédommagement en francs CFA

R = Revenu annuel de la parcelle

N = Nombre d'année d'occupation

P = Prix moyen d'acquisition ou d'usufruit d'un hectare

S = Superficie en hectares

r = revenu obtenu des cultures associées payé en pied.

Le code minier ivoirien ne précise pas le prix moyen d'acquisition ou d'usufruit. Il est normalement fixé par décret.

L'indemnisation pour destruction de cultures est l'aboutissement d'un processus long et laborieux. Dans le cadre de ses activités, la société NEWCREST a eu à mener cet exercice pour les différents sites occupés. Ainsi l'indemnisation est effectuée suivant un processus et est relative au barème utilisé.

2.2.7. La compensation pour destruction de biens immobiliers

L'installation de la mine de Bonikro a nécessité le déplacement des populations des localités environnantes. Il s'agit des campements de Bonikro, Bandamakro et Koutouklou-Konankro. La relocalisation s'est effectuée par des procédés et des techniques différents les uns des autres et

100

de façon progressive. Ainsi, ces localités ont-été déplacées à différentes dates par les différents concessionnaires de la mine de Bonikro.

L'identification des personnes à indemniser et l'évaluation des montants à payer relèvent d'un long et lent processus qui s'opère selon les étapes ci-dessous présentées.

2.2.7.1. La délimitation globale de la zone concernée par les compensations

Il s'agit de marquer physiquement la zone à compenser par des bornes visibles. Les sommets de ces bornes doivent être rattachés au système de projection géographique utilisé en Côte d'Ivoire (UTM WGS 84) pour lui donner référentiel géographique à la zone de travail.

2.2.7.2. Le recensement des communautés et des personnes

Au vu de la délimitation de la zone du projet, toutes les personnes physiques ou morales ayant des intérêts sur l'espace délimité sont invitées à se faire recenser en tant que propriétaires terriens ou exploitants. Chaque exploitant devra être reconnu par son propriétaire terrien par la délivrance d'une attestation d'occupation.

2.2.7.3. La Délimitation des propriétés

Elle se fait avec l'ouverture des layons et levé GPS autour de chaque parcelle de propriétaire terriens et doit se faire en accord avec les voisins immédiats. Le résultat du levé GPS est consigné sur la fiche de levé GPS, l'inventaire et le comptage et la superficie est communiquée sur place au propriétaire terrien pour validation. La fiche est signée par l'agent de la structure qui exécute les travaux, par l'agent de l'agriculture et par un agent de la structure commanditaire des travaux.

2.2.7.4. Inventaire et comptage des plants

Cette phase est réalisée sous le contrôle du Ministère de l'Agriculture, en présence bien sûr de l'exploitant (voir annexe 2). La fiche d'inventaire et de comptage des cultures présentes est dûment renseignée et signée par l'agent de la structure qui exécute les travaux, par l'agent de l'agriculture et par un agent de la structure commanditaire des travaux, et soumise à la validation. Ici, il faut noter que le comptage se fait selon deux modes :

- par comptage de pieds des plants isolés sur la parcelle ;

- par densité (nombre de pieds par hectare). Ce mode est assujetti à une norme selon laquelle, doit être considéré en densité, tout champ ayant une superficie supérieure ou

101

égale à 0.3 hectare et respectant les normes agronomiques sur les spéculations emblavées.

Le traitement des données recueillies au GPS et des fiches d'inventaires permet de créer une base de données géographiques issue des données du levé GPS et une base de données relative aux parcelles. Ces deux bases de données sont reliées pour la réalisation d'un système d'information géographique qui permet de produire les fiches de paie ou évaluation. Aussi, le calcul des compensations se fait en conformité avec le barème consensuel de compensation en vigueur (annexe 3).

2.2.7.5. Le paiement des compensations

C'est la dernière étape. Le paiement se fait à la sous-préfecture de la localité, moyennant la photocopie de la pièce d'identité de l'exploitant ou du propriétaire terrien, d'une fiche de désistement. La fiche de paiement est ensuite signée par le propriétaire ou l'exploitant, le représentant de la structure commanditaire, le représentant de l'opérateur, le Sous-préfet de la localité. Notons cependant, qu'un mécanisme de gestion des réclamations reste à la portée des communautés.

Conclusion chapitre 2

L'exploitation de l'or dans la sous-préfecture de Hiré se déroule de façon artisanale et industrielle. Ces deux types d'exploitations ont des modes d'extraction et de traitement qui diffèrent l'un de l'autre. L'exploitation industrielle se fait à grande échelle avec des moyens importants et des engins performants qui contrastent des techniques artisanales. L'exploitation industrielle est assurée par une compagnie minière internationale d'origine australienne qui occupe les terres couvertes par les permis miniers obtenus de l'Etat en reversant à leurs propriétaires coutumiers des indemnités calculées sur la base des textes en vigueur. L'exploitation artisanale est quant à elle assurée par des particuliers d'origines ethniques et professionnelles diverses, qui obtiennent les terres exploitées par des arrangements directs avec les propriétaires terriens.

102

CHAPITRE 3 : LA RECOMPOSITION DE L'ESPACE DE HIRÉ

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'insertion de l'entreprise minière dans la sous-préfecture de Hiré et la redynamisation de l'orpaillage s'accompagnent de bouleversements majeurs. Il existe des différences énormes entre l'exploitation aurifère telle que menée depuis 2008 et celle qui se faisait précédemment et entre l'exploitation minière et l'agriculture, activité principale de la population jusqu'à un passé récent. En d'autres termes, ces deux types d'exploitation n'ont ni les mêmes moyens, ni les mêmes rapports à l'espace. Ceux déployés par les entreprises leur ont permis d'imposer rapidement leur puissance, aussi bien face à l'orpaillage que face à l'environnement d'accueil dans son ensemble (espaces et sociétés).

Ce chapitre tente de décrire et d'analyser les changements observés depuis l'insertion des mines dans la sous-préfecture et leurs rapports à l'espace et au territoire.

3.1. LES MUTATIONS DANS L'OCCUPATION DU SOL DE LA SOUS-PRÉFECTURE DE HIRÉ SUITE AUX ACTIVITÉS AURIFÈRES

L'exploitation minière par son installation et sa pratique quotidienne entraîne des mutations spatiales. Ces mutations s'observent en divers points. La végétation naturelle de Hiré bien qu'entamée par l'agriculture extensive qui y est pratiquée fait également les frais de l'activité minière. La dynamique de l'occupation du sol dans la sous-préfecture de Hiré est appréciée par les images satellites pour ce qui concerne la végétation et par observation pour ce qui concerne la distribution spatiale des localités.

3.1.1. Le suivi multi dates de l'occupation du sol

Par des images satellites, nous avons observé la sous-préfecture de Hiré à deux dates : 2002, c'est-à-dire avant la mise en place de l'exploitation industrielle ; et 2016, après l'ouverture de la mine de Hiré-Est. La composition colorée a été faite avec les images de LANDSAT ETM + et de LANDSAT OLI8/Tirs (Operationnal Land Imager (OLI)). Elle a permis de discriminer certains types d'occupation. Il s'agit de la forêt, de la jachère, du sol nu et de l'habitat puis des zones soumises à l'agriculture. Cette composition a permis de réaliser les cartes d'occupation du sol (figures 11et 12).

103

Figure 11 : Occupation du sol de 2002

104

Figure 12 : Répartition dans l'occupation du sol en 2002, avant la mise en place de l'exploitation minière industrielle

Source : Graphique issu de la classification de l'image ETM+ 2002

On observe que le sol de la sous-préfecture de Hiré en 2002 est dominé par les forêts qui occupent 133,93 km2 soit 34% du territoire sous-préfectoral. Les cultures vivrières occupent 83,18 km2, soit 21% de la superficie totale de Hiré. Elles représentent la deuxième classe d'occupation du sol dans la sous-préfecture. Les sols nus et les jachères occupent respectivement 64,02 km2 et 63,46 km2. Les cultures pérennes occupent quant à elles, 32,34 km2 et le bâti 19,04 km2.

En 2016, on constate un changement radical dans le paysage de Hiré (figures 13 et 14). On observe une forte perte de la végétation au profit du bâti et des surfaces correspondant à l'activité minière qui est une nouvelle forme d'occupation du sol dans la sous-préfecture.

105

Figure 13 : Occupation du sol de 2016.

Source : Graphique issu de la classification de l'image ETM+ 2016

Figure 14: Répartition de l'occupation du sol en 2016, après la mise en place des sites
d'orpaillage et d'exploitation industrielle

106

Le sol est occupé majoritairement par le bâti qui couvre 142,84 km2, soit 36,07% du territoire. Puis, viennent les cultures vivrières qui occupent 75,59 km2 soit 19,08%. On constate donc une baisse de 7,59 km2 par rapport à 2002. Les cultures pérennes quant à elles occupent 60,98 km2, suivies par les jachères 46,42 km2. Les forêts occupent désormais 36,46 km2, soit une baisse de 97,33 km2 entre 2002 et 2016. Les sites d'activité minière, inexistants en 2002, occupent 20,66 km2. Les sols nus connaissent également une baisse importante passant de 63,46 km2 en 2002 à 13,5 km2 en 2016.

Figure 15 : évolution globale des superficies par type d'occupation du sol entre 2002 et 2016.

Source : Graphique issu de la classification de l'image ETM+ 2002-2016

L'analyse de cette figure indique une forte diminution des superficies des forêts ; nous sommes passés de 33,89 % à 9,21% en 2016. Par contre, on note une baisse considérable de la Jachère de 16,16 % à 11,72 %. La proportion de sol nu a considérablement diminué en passant de 16,02% à 3,30%. Cela tient au fait de la forte croissance urbaine et démographique.

L'analyse qualitative et quantitative des classifications effectuées sur les images satellitaires de 2002 et 2016 a abouti à des classifications. Les tableaux 5 et 6 sont les matrices de confusion des classes issues des différentes classifications. Elles présentent des résultats conséquents et ont une corrélation nette avec les réalités spatio-temporelles de Hiré.

107

Tableau 5 : Matrice de confusion 2002 en pourcentage

Classes

Forêt

Culture P

CultureV

Jachère

Sol nu

Bâtis

Forêt

67,73

13,42

2,13

12,60

5,53

0,00

Culture P = Cultures pérennes

18,69

67,02

2,74

1,40

7,16

0,16

Culture V = Cultures vivrières

6,55

11,64

65,65

3,00

15,78

1,58

Jachère

4,04

6,38

18,24

75,80

21,09

1,49

Sol nu

2,92

1,46

11,25

5,80

40,41

7,54

Bâtis

0,07

0,07

0,00

1,40

10,04

89,23

Total

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

Précision Globale = (14895/21109) 70,5623% Kappa Coefficient = 0,62

Le Coefficient est compris entre 0,80 ? Kappa ? 0.61 ; ce qui montre un accord de forte précision.

La précision globale quant à elle est de 70,56%. Elle est due au faite que l'ensemble des classes, présente une bonne séparabilité des classes après la classification de l'image de 2002.

Tableau 6 : Matrice de confusion 2016 en pourcentage

Classes

Forêt

Culture p

Culture v

Jachère

Site d'act

Sol nu

Bâtis

Forêt

84,36

7,53

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

Culture p 1,32

40,29

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

Culture v

0,00

0,00

97,61

0,40

0,00

3,08

0,00

Jachère

0,00

0,76

0,00

99,60

0,00

0,00

0,00

Site d'act

0,34

0,00

0,00

0,00

81,41

0,69

0,00

Sol nu

0,48

1,00

2,39

0,00

0,80

96,23

0,60

Bâtis

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

99,40

Total

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

108

Abréviations des classes retenues : Culture p = Cultures pérennes ; Culture v = Cultures vivrières ; Sites d'act = Sites d'activités minières.

Précision Globale = (25235/30369) 83,0946% Kappa Coefficient = 0,80

La matrice de confusion donne une bonne classification de l'image. La précision globale de 83,0946 % issue de cette classification montre la bonne précision de séparabilité des classes. De même le coefficient de Kappa de 0,7957 voire 0,80. Car il est compris entre 0,80 ? Kappa ? 0,61 ? l'accord est donc fort.

Au final, l'étude de la dynamique de l'occupation du sol de la sous-préfecture de Hiré à partir des images satellitaires de 2002 et de 2016 montre une forte croissance urbaine et un impact considérable de l'activité aurifère sur les sols. Tous ces facteurs ont contribué à une forte perte de la végétation et à des étalements nocifs issus de l'activité d'extraction de l'or.

Les méthodes de la Télédétection montrent que l'étude de dynamique des paysages nous explique clairement l'existence des changements.

3.1.2 Les causes des mutations dans l'occupation du sol

Les mutations observées dans l'occupation du sol à Hiré sont liées à l'activité minière. Le mode d'exploitation aurifère qui se déroule à Hiré est l'exploitation à ciel ouvert qui est une activité consommatrice de grands espaces (Thune, 2011). Son emprise foncière a nécessité la destruction d'espaces agricoles (plantations et jachères) et le déplacement de localités, entrainant ainsi des mutations dans l'occupation du sol. Les espaces utilisés pour l'exploitation des mines de Bonikro et Hiré couvrent respectivement des superficies de 847,07 hectares (administration et clôture de sécurité comprises) et 640 hectares. Cette occupation du sol par l'exploitation industrielle de l'or donne à observer une substitution des espaces miniers aux espaces agricoles. Cette activité rimant avec croissance démographique, on observe également un étalement des espaces habités accentué par les déplacements des campements autour de la mine. A côté de ces mutations liées à l'activité industrielle, l'orpaillage artisanal entraine également des mutations dans l'occupation du sol. Les bas-fonds préalablement utilisés pour la riziculture et le maraîchage sont désormais des lieux d'orpaillage. L'exploitation artisanale

109

occupe également d'anciens espaces agricoles, contribuant ainsi à la régression dans l'occupation spatiale de celle-ci. Les mutations observées sont principalement :

- le développement de l'espace minier ;

- la relocalisation des planteurs vers d'autres espaces forestiers et des jachères ; - le planting de teck dans les jachères pour contrer les miniers ;

- Migration de cultures vivrières pour supporter la croissance démographique.

La croissance démographique rime avec l'augmentation des besoins en produits alimentaires. L'afflux de population vers Hiré observé depuis l'ouverture de l'activité aurifère entraine une augmentation de la population et une augmentation des besoins alimentaires de celle-ci. Cependant, cela contraste avec la production vivrière locale dont la tendance est baissière. Cette situation crée un problème d'approvisionnement alimentaire dans toute la sous-préfecture de Hiré. La production locale étant largement dépassée par la demande, on assiste à une migration des produits des cultures vivrières réalisées dans les localités environnantes vers Hiré. Cette migration permet de couvrir la demande locale en produits frais.

Le marché local se tient tous les jours mais connait une affluence particulière les mercredis et les dimanches. Les commerçants viennent de Hiré et des localités voisines pour vendre leurs produits composés essentiellement de vivres. Ce qui fait de Hiré un marché important dans la zone.

3.1.3 La Destruction des sites de plantation et des forêts par les orpailleurs

Les sites d'orpaillage se localisent pour la plupart dans les plantations et les forêts à l'abri des regards. La nature de l'activité est telle qu'elle se déroule en dégageant le couvert végétal qui recouvre le sol afin de le décaper, le creuser pour accéder aux minerais. Le fonçage est l'étape d'extraction artisanale qui permet de le faire. Les trous sont rectangulaires de dimensions variables 1,5x1 m et 3x2m, la profondeur varie entre 20 et 30 m, en fonction de la richesse du puits. Les troncs d'arbres sont utilisés pour les soutènements afin d'éviter des éboulements et consolider les parois des trous. Le soutènement utilise en moyenne 20 bois pour un mètre de profondeur. Un puits nécessiterait environ 400 à 500 troncs d'arbres pour son soutènement. Ce qui fait qu'on assiste à une déforestation de la zone immédiate des sites d'orpaillage. La coupe des arbres pour le soutènement des puits se fait sur place et sans contrôle, pourtant aucun orpailleur ne détient d'autorisation de coupe. Cela contribue à la destruction accélérée du couvert végétal. Lorsque les sites d'orpaillage sont des plantations ou des champs, il y a une destruction des cultures qui s'y trouvent.

110

3.2. LES AMÉLIORATIONS DE L'HABITAT DANS LE CADRE DES OPÉRATIONS DE DÉPLACEMENT ORGANISÉES PAR L'ENTREPRISE MINIÈRE

3.2.1 Les délocalisations des sites habités par la compagnie minière

L'installation et l'exercice de l'exploitation minière industrielle dans la sous-préfecture de Hiré et particulièrement pour le site de Bonikro a nécessité le déplacement des localités proches du site affecté par les activités de la mine (voir figure 16). Au départ cette opération concernait l'ensemble des cinq campements situés à proximité du site de la mine de Bonikro. Finalement, seuls trois d'entre eux ont bénéficié d'un recasement et cela à des dates différentes et par des procédés et des techniques à chaque fois différentes. Situés initialement à moins de 500 mètres du site minier de Bonikro, ces campements ont été déplacés pour occuper les sites actuels tels que présentés sur la carte ci-dessous.

Figure 16 : anciens et nouveaux sites des campements déplacés par la compagnie minière

Source : nos enquêtes, 2018

111

3.2.2. La relocalisation de Bonikro

Bonikro est le campement qui a donné son nom à la mine. C'est sur l'ancien site de Bonikro que la mine a été construite. La relocalisation de Bonikro a été effectuée aux premières heures de l'installation de la mine par la première société appelée EQUIGOLD. Créé en 1967 sur les terres de Gogobro par feu le chef Boni, le campement de Bonikro est peuplé de Baoulé originaire de Bouaké. Les populations du campement ont été informées de la nécessité de leur déplacement du fait des activités minières par l'ex-directeur général de la mine. De nombreuses promesses leur ont verbalement été faites par le directeur général afin de les inciter à partir. Il leur garantit qu'il veillerait personnellement à honorer ses engagements et à assurer leur bien-être une fois sur le nouveau site.

Pour la relocalisation de Bonikro, EQUIGOLD a proposé un site près du camp de la SODEFOR mais cela n'a pas été approuvé par la population. Le soin a donc été laissé à la population de Bonikro de choisir un site. C'est ainsi que la population a choisi le site actuel du campement à cinq kilomètres de l'ancien afin de se rapprocher de la voie bitumée (photos 8 et 9).

Auteur photo : Image google earth, 2017

Photo 8 : Vue de haut du nouveau site de Bonikro

Auteur photo : YOBO, 2016

Ce site est situé à 500 mètres de la route nationale qui relie Hiré à Oumé.

Ces maisons en dépit de leur beauté apparente ont été construites sans chainage et les murs sont perméables.

112

Photo 9 : le modèle de maison construites à Bonikro

113

 

Les maisons sur le nouveau site, ayant été construites sans cuisines, les populations en construisent en banco ou avec des matériaux de récupération comme sur la photo.

Auteur photo : YOBO, 2016

 

Photo 10: Cuisine de fortune à Bonikro

3.2.3 La relocalisation de Bandamakro

Le campement de Bandamakro a été créé en 1965 et s'étendait sur une superficie de 2 ha. Il a été le tout premier campement de la zone et c'est de là que sont partis les fondateurs de Bonikro et de Koutouklou-Konankro.

Le choix de son site actuel a été proposé par l'entreprise et accepté par la population ; ceci dans le souci de maintenir les rapports de voisinage. Les maisons construites par l'entreprise LGL nouvel exploitant de la mine l'ont été dans le strict respect de l'existant. Le nombre de pièces ainsi que les commodités ont été respectées. Contrairement à ce qui s'est fait à Bonikro, LGL a construit exactement pour chaque concession le même nombre de pièces que celui disponible sur l'ancien site. Chaque chef de famille a reçu une carte du futur campement avec la localisation précise de sa concession. Les populations n'ont donc pas fait de difficultés car elles étaient satisfaites des maisons qui leurs avaient été construites. Selon les populations, le seul point d'ombre est que les mesures d'accompagnements qui devaient suivre n'ont pas été menées. Ce sont au total 58 maisons qui ont été construites sur une superficie de 05 Ha pour une population totale de 300 habitants. (Voir les photos 11 et 12). On trouve également sur ce site des cuisines, des toilettes, de l'électricité et de l'eau à portée de main.

 

Le nouveau site de Bandamakro s'étend sur une superficie de 05 ha à proximité de celui de Bonikro.

Un prototype des maisons construites par la compagnie minière pour le relogement des

populations de
Bandamakro.

Auteur photo : Image google earth, 2017

Photo 11: Vue de haut du nouveau campement de Bandamakro

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 12: Modèle de maisons construites à Bandamakro

114

Les plantations des populations de Bandamakro se trouvent à proximité de l'ancien site. Certaines ont été occupées par la compagnie minière et les propriétaires ont été pour certains indemnisés et pour d'autres non. Les populations continuent de cultiver les plantations encore existantes bien que cela signifie désormais parcourir environ 4 km pour s'y rendre.

115

3.2.4 La relocalisation de Koutouklou-Konankro

Le choix de l'entreprise était de relocaliser Koutouklou-Konankro près des deux premiers campements déjà reconstruits par elle. Cependant, cela n'a pas été approuvé par la population qui a choisi le site actuel de la relocalisation. Ce choix de se localiser à 6 km de l'ancien site, s'explique par leur désir de s'éloigner au plus des effets indésirables des activités minières et de s'offrir un nouveau cadre de développement. Cette nouvelle position fait passer Koutouklou-Konankro d'un campement purement rural en un village péri urbain, ce qui lui permet de bénéficier de nombreux avantages économiques et sociaux induits par sa localisation (voir photos 13, 14 et 15). La société qui exploite l'or (NEWCREST) s'est engagée à assurer le relogement sur la nouvelle plateforme en suivant les principes internationaux en la matière qui exigent que la relocalisation et les compensations soient judicieuses, équitables et sécurisent durablement les populations déplacées. NEWCREST qui a succédé à LGL a élaboré dans cette optique, avec l'appui des cabinets d'expertise dont la société générale de surveillance (SGS), le cabinet BURGEAP, le cabinet DJESSAN, un inventaire du campement de Koutouklou-Konankro. La méthode de calcul des impenses, des compensations, des allocations des indemnisations ainsi que la confection d'un plan d'aménagement physique du nouveau site de résidence a été mise en place. Cette collaboration a permis d'aboutir en février 2014 au Plan De Relocation (PDR) de Koutouklou-Konankro déterminant les personnes éligibles et non éligibles, les compensations individuelles nominatives et la qualité des aménagements communautaires du nouveau campement. Cependant, après son premier accord en avril 2014 à propos du PDR, la population de Koutouklou-Konankro a régulièrement suspendu le calendrier des signatures établies, toutes les fois qu'elle a eu des doutes, ou des incompréhensions au sujet du PDR. Elle a ainsi eu recours au sous-préfet, par trois fois pour présenter des doléances et exprimer des griefs ou arrêter le processus.

116

 

Koutouklou-Konankro contrairement aux deux autres a été reconstruit en bordure de la route nationale à seulement 1 km de la ville de Hiré.

Auteur photo : Image google earth, 2017

 

Photo 13: Vue aérienne de Koutouklou- Konankro

 
 

Les maisons de l'ancien campement étaient essentiellement faites de Banco crépis au ciment.

Auteur photo : YOBO, 2016

 

Photo 14: ancien site de Koutouklou-Konankro

 

Les nouvelles maisons sont de type moderne dont la construction a tenu compte des critiques faites sur les premières relocalisations.

117

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 15: Modèle de logement construit à Koutouklou-Konankro 3.2.5. Les critères de compensation et leurs conséquences

La relocalisation des campements ayant été réalisée par différents concessionnaires successifs de la mine, les critères des compensations que nous abordons ici concernent uniquement ceux de Konankro. Pour la relocalisation du campement de Koutouklou-Konankro, la société minière NEWCREST en collaboration avec ses partenaires en la matière, a élaboré un certain nombre de critères. Ces critères d'éligibilité ont servi aux différents traitements à appliquer dans le cadre de la reconstruction et principalement à faire la distinction entre les maisons à reconstruire et celles qui ne seront pas reconstruites.

3.2.5.1. Eligibilité aux logements neufs de compensations

A été déclaré éligible à la compensation en un logement neuf toute personne disposant à la date du moratoire, d'un patrimoine comme : une maison habitable non occupée, une maison habitable et occupée ainsi que toutes les structures annexes à cette maison habitable et occupée : cuisines, toilettes, entrepôts, etc.).

3.2.5.2. Eligibilité aux compensations en cash

A été déclarée éligible en versement d'un cash toute personne disposant à la date du moratoire de structures immobilières non habitables rattachées aux maisons habitables (aires de séchage, entrepôts, abris de commerce, étables, débit de boissons.). Ces personnes sont indemnisées en cash pour perte d'un patrimoine non reproductible comme tel sur le nouveau site.

118

3.2.5.3. Eligibilité pour compensation d'activités économiques

Ont été déclarées éligibles les activités économiques exercées au sein du campement telles que commerce, élevage, service. Les personnes animant ses activités sont destinataires d'un versement en cash pour perte momentanée du revenu du fait du déplacement.

3.2.5.4. Eligibilité aux compensations : maison en ruine et ossature

Ont été déclarées non éligibles les constructions comme les ossatures faites de branchages commencés après l'annonce officielle de la relocalisation soit le 15 mars 2012. Ces cas sont nombreux et ont été interprétés comme des intentions frauduleuses délibérées de personnes qui, pensant que la société compenserait par une maison toutes formes de construction, ont monté rapidement des amorces de construction afin qu'elles soient prises en compte comme logement fini. Ont également été écartées des compensations toutes les maisons en ruine sans perspectives de mise en valeur qui, de ce fait, ne remplissent aucune fonction ni de logement ni d'entrepôt.

3.3. EVALUATION DES COMPENSATIONS PAR LA VALEUR VENALE DU PATRIMOINE ELIGIBLE

A partir de l'éligibilité établie, l'expertise a procédé à la détermination d'un critère qui permette l'évaluation objective et applicable à tous, des investissements de l'ancien campement. La valeur vénale des impenses a été retenue. Les experts ont pu ainsi produire une information individualisée des investissements précis réalisés par les populations. Par exemple pour une maison habitable, une cuisine, une douche, etc. ont été calculés : la surface bâtie en m2, le type, la qualité, les coûts des matériaux constitutifs, la valeur actuelle de la maison, de la cuisine, de l'aire de séchage voire des ruines. Cette valeur vénale a été pondérée par la valeur d'usage des locaux notamment la superficie et le nombre de pièces.

3.3.1. Définition de l'algorithme d'allocation des logements et des structures connexes

L'expertise a procédé à une stratification des valeurs vénales des logements et des structures connexes allant de la plus petite valeur à la plus grande. Il a été décidé la distribution suivante des compensations pour déterminer les ayants droit à un logement neuf (tableau 7).

119

Tableau 7 : mode de calcul de l'indemnisation pour destruction de biens immobiliers

Valeur vénale de l'ancien logement

Valeur de
compensation du
nouveau logement

Coefficient
multiplicateur

Qualité de la
maison neuve

de 100 000 à 423 890 F CFA

3 700 000 F CFA

37

M1+1

de 423 890 à 847 780 F CFA

4 400 000 F CFA

10,3

M2

de 847 780 à 1 271 670 F CFA

7 000 000 F CFA

8,2

M3

de 1 271 670 à 1 695 560 FCFA

9 000 000 F CFA

7,0

M4

plus de 1 695 560 F CFA

11 640 000 F CFA

6,7

M5

Source : NEWCREST, 2016

3.3.2. Majoration du type de maison selon la superficie

Les cases et les maisons du campement sont souvent réalisées en mode extensif selon les besoins avec peu d'investissement ce qui n'accroît pas la valeur vénale mais donne une valeur d'usage au local notamment par la multiplication de petites pièces de moins de 6m2. L'expertise a tenu compte de cette valeur d'usage. Ainsi, pour toutes les maisons dont l'ancienne superficie est supérieure à celle de la nouvelle maison attribuée selon l'algorithme, les experts ont consenti à affecter au bénéficiaire, le niveau immédiatement supérieur de maison de compensation ce qui le fait passer par exemple d'une maison de deux pièces (M2) à une maison de trois pièces (M3) alors que la prise en compte de la seule valeur vénale ne le permettait pas à priori.

Algorithme d'allocation de cash pour pertes de revenu commerciaux : toutes les activités de ce type ont été compensées en quadruple du nouveau régime de SMIG (4 x 60 000 F CFA) par commerce répertorié.

Conclusion du chapitre 3

L'activité minière a entrainé des modifications dans l'occupation du sol à Hiré. Le couvert végétal représenté par les forêts et les cultures vivrières et pérennes connaissent une régression au profit du bâti et des sites d'activité minière. Pour les besoins de son installation et de l'extension de ses activités, la compagnie minière qui exploite l'or dans la sous-préfecture de Hiré a déplacé des campements afin de les éloigner de ses activités. Ce déplacement de localité a modifié la configuration spatiale de la sous-préfecture tant du point de vue de la localisation que du type de construction.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La richesse géologique dont jouit la sous-préfecture de Hiré justifie l'intensité de l'activité aurifère qui y a cours. Extrait de façon artisanale depuis la période précoloniale, l'or de Hiré connait depuis 2008 une exploitation industrielle. Ce mode d'extraction y a entrainé une explosion de l'activité aurifère avec des sites d'exploitation dispersés à travers la sous-préfecture. Ces deux modes d'exploitation de l'or se distinguent aussi bien par leurs techniques d'extractions et de traitement que par les conditions d'accès à la terre. Tandis que les artisanaux conclus des arrangements de gré à gré avec les propriétaires terriens, les industriels accèdent à la terre par les permis miniers de l'Etat et le paiement aux impactés d'indemnités pour les dommages causés. L'activité aurifère à Hiré entraine une recomposition de l'espace modifiant l'occupation du sol à Hiré. On y constate une régression du couvert végétal au profit du bâti qui devient de plus en plus dense. Pour les besoins de son installation et de l'extension de ses activités, la compagnie minière qui exploite l'or dans la sous-préfecture de Hiré a déplacé des campements afin de les éloigner de ses activités. Ce déplacement de localité a modifié la configuration spatiale de la sous-préfecture tant du point de vue de la localisation que du type de construction.

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DEUXIEME PARTIE :

UN ESPACE LOCAL EN PLEINE MUTATION SOCIO-ECONOMIQUE

INTRODUCTON A LA PARTIE

L'exploitation de l'or dans la sous-préfecture de Hiré entraine comme toute activité des mutations diverses. Aussi est-il nécessaire de les connaitre. Le développement local est mené par plusieurs acteurs dont les agents économiques. L'entrée en jeu des exploitants aurifères apporte un dynamisme nouveau aux actions de développement entreprises dans la sous-préfecture. Les mutations socio-économiques liées à l'activité aurifère nous ont permis de mieux en saisir la portée. Cette deuxième partie se consacrera à les identifier, les décrire et les comprendre. Elle s'articule autour de trois chapitres.

Le premier chapitre traite de la dynamique démographique induite par l'arrivée massive de populations attirées par la manne que représente le minerai aurifère. Cette dynamique démographique a également une incidence spatiale qui se traduit par une concentration de la population dans le chef-lieu de sous-préfecture qu'est la commune de Hiré. Cela entraine un étalement de l'espace urbain en tout ce qui constitue la formation et la spatialisation socio démographique et fonctionnelle de la sous-préfecture de Hiré.

Le deuxième chapitre est consacré aux actions de développement de la compagnie minière dans la sous-préfecture de Hiré. Il montre l'évolution des actions de la compagnie dans ses rapports avec les communautés. Il traite également des mécanismes mis en place pour un développement local minier à Hiré. Il décrit les rôles des différents acteurs et les différents modèles de croissance mis en oeuvre dans le cadre du développement minier à Hiré.

Le troisième chapitre quant à lui porte sur les mutations sociales induites par l'exploitation de l'or. Il traite du changement des rapports sociaux au sein des familles et de la communauté.

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CHAPITRE 4 : CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET DYNAMIQUE
URBAINE À HIRÉ

INTRODUCTION AU CHAPITRE

Ce chapitre est consacré à l'étude de la population et des réalités socio-économiques de Hiré, à ses différentes évolutions depuis le petit village de Hiré jusqu'au recensement de 2014. L'accent sera mis sur les différentes mutations observées au niveau de la population depuis l'ouverture de l'usine minière. Ces observations porteront aussi bien sur la démographie qualitative que quantitative de Hiré. Elles porteront sur les caractéristiques de cette population, sa répartition dans la sous-préfecture.

4.1 HISTORIQUE DE PEUPLEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE

4.1.1 Les villages Watta, une géographie motivée par les conflits

La sous-préfecture de Hiré est originellement peuplée de Dida du canton Watta. L'histoire des Dida en Côte d'Ivoire indique qu'ils font partie du groupe ethnique Krou. Ils sont répartis dans les départements de Divo, Lakota et Guitry. Cependant, selon certaines autorités villageoises, les ancêtres des Dida Mamini qu'on retrouve sur le petit massif montagneux entre Divo et Oumé seraient d'origine Akan. Ils seraient venus de l'Est et auraient participé au début du XVIIIème siècle à la migration baoulé et à la traversée miraculeuse de la Comoé.

Watta est le nom du canton qui regroupe cinq villages de Dida Mamini. C'est une déformation du mot dida « Watto » qui signifie « qui aime la guerre ». Les Dida Watta étaient des peuples guerriers et auraient occupés le petit massif montagneux afin de se mettre à l'abri des attaques surprises. L'histoire des Dida du canton Watta est parsemée de guerres qui auraient dicté leurs différents déplacements et leurs positions actuelles. La sous-préfecture de Hiré compte six villages Watta dont l'histoire de peuplement est quelque peu difficile à retracer. On trouve des imperfections dans le récit et des similitudes entre certains villages. Ceci à cause de la transformation des micros histoires sociales mais surtout à cause des rivalités autour de la chefferie de terre qui existent entre certains villages.

4.1.1.1. Hiré dida

Les Dida de Hiré se sont retrouvés dans la zone actuelle par des déplacements successifs suites à des guerres de voisinages. A leur arrivée dans la zone, ils se sont d'abord installés dans la région de Gbadi, localisée dans les montagnes, au-dessus de la cité de la mine de Bonikro actuel. Ils étaient conduits par le chef Gbadjè. Selon le chef et ses notables : « leur premier nom est «

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gbadjèdou » qui signifie le village de Gbadjè, fondateur de Hiré-Dida. Le village de Gbadjèdou a été créé entre le 15 ème et le 16 ème siècle ». C'est en les nommant par leur situation géographique que progressivement Gbadjédou a été oublié au profit de Hiré. En effet, ils étaient installés près d'un jeune arbre appelé « yi » en dida et dont le pluriel est « yirè ». C'est l'administrateur qui a écrit Hiré. Cependant, ils ont dû partir de là pour cause de guerre et ont trouvé refuge à Bouakako avec les ressortissants duquel ils ont des liens de famille. Ils y sont restés pendant plus de trois ans. Puis, pour des difficultés de cohabitations, ils sont retournés sur leur ancien site. Sakpè, neveu des habitants de Bouakako, refusa d'y retourner et une nouvelle terre leur fut offerte sur le site actuel de la Mairie. Dès lors, les descendants de Sakpè devinrent les fils de la terre (maître de terre). Le chef actuel de Hiré est un descendant direct de Gbadjè, premier occupant de Hiré (côté quartier Baoulé), propriété de Bouakako. Il existe 4 grandes familles à Hiré : la famille Koua, la famille Zriga, la famille Gbohouri et la famille Sakpè (neveu de Hiré). Hiré est à cheval entre deux villages (Kagbé et Bouakako).

4.1.1.2. Bouakako

L'histoire de Bouakako est difficile à retracer. La difficulté réside dans la divergence des points de vue relatifs aux différents sites occupés par la famille fondatrice du village et à l'histoire de l'installation des baoulé dans le village. Cependant, ils sont unanimes sur le fait que la première famille installée sur le site de Bouakako est la famille Douzoua. Ils occupaient par le passé le site qui abrite l'école du village. Ils sont donc les fondateurs du village et par conséquent ils sont les chefs de terre.

Avec les guerres de voisinage, une partie de la famille se détacha pour fonder deux autres familles que sont la famille Agbalé et la famille Zabregouan. Ceux de Hirégouan sont allés vers Hiré actuel. Ils n'ont donc pas une autonomie vis-à-vis des gens de Bouakako. Ces familles ont été rejointes plus tard par une famille Baoulé qui est représentée par la famille Akan.

Les personnes interrogées à Bouakako au sujet de l'histoire de la création du village commencent par préciser que les terres cultivables sont éloignées du village et nombreuses sont celles qui sont touchées par la mine et l'exploration actuelle. Les terres de Bouakako selon nos différents interlocuteurs, vont très loin jusqu'à la limite de Taabo, Oumé et Zégo.

4.1.1.3. Gogobro et Kagbé : deux villages, une histoire

Gogobro et Kagbé ne formaient à l'origine qu'un seul village. Le premier site des villages unis de Gogobro et Kagbè a été découvert par des chasseurs. Les Dida, vaillant peuple chasseur,

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sous la conduite du vieux Gogo, partirent de Pépéhiri et repassèrent le fleuve Bandama, fonçant vers les grandes forêts vierges, côté Oumé, où ils se perdirent dans une zone très reculée. Les guides du groupe disent en patois : "Amono" qui veut dire ; « nous sommes perdus ». De commun accord, ils bâtirent là une nouvelle résidence qui porte le nom du vieux Gogo (Gogobré) qui veut dire ; « chez Gogo » qui devient Gogobro par le système colonial ». Cependant, des querelles incessantes de voisinage vont amener les populations actuelles de Kagbé à partir à la recherche de nouvelles terres cultivables et retrouver la paix sociale. Dans le cas spécifique de Gogobro et Kagbè, le conflit opposait deux frères à propos d'une femme, un problème d'adultère. Suite à ces querelles, une fraction du village est partie. Cette frange de la population s'est installée sur un « point le plus élevé » ; « pente » appelé en dida : « wakagb ». La colline s'appelle « kagbèwatta ». D'où le nom Kagbé qui veut dire « village situé sur la colline ». Cependant, le village a dû se déplacer sur son site actuel qui est moins élevé. Selon nos interlocuteurs, ce site a été découvert avant la colonisation par un chasseur. Il a découvert à cet endroit un cours d'eau qui pouvait alimenter les villageois. C'est ainsi que du haut de leur colline, les habitants de Kagbè sont descendus pour vivre auprès de ce cours d'eau, sachant que depuis bien longtemps l'accès à l'eau est très difficile dans la région. Kagbè proclame son autonomie vis-à-vis de Gogobro. Le village de Kagbè affirme faire limite avec Gabia, Bouakako, Hiré et Diégonéfla et compte une vingtaine de campements.

4.1.1.4. Zaroko

Zaroko est un village démographiquement très important. Son histoire est difficile à retracer du fait que deux familles y revendiquent la chefferie de terre. Pourtant, c'est le chef de terre qui en tant que descendant du fondateur détient l'histoire du village. Cependant, cette rivalité autour de la chefferie des terres est récente. Elle est née de la compétition pour le bénéfice du dédommagement de la compagnie minière pour l'exploitation de l'or

4.1.1.5. Douaville

Douaville était un campement créé par un détachement de la population de Zaroko. Ces populations fuyaient les guerres de voisinage à Zaroko et ont trouvés refuge sur le site actuel de Douaville. Anciennement connu sous le nom de 9 km, ce campement est devenu un village avec l'installation d'importantes populations migrantes. Le fondateur de ce village est « Doua Félix » dont le village porte le nom. Sur le plan politique, ce village dépendrait de Zaroko.

125

4.1.2. La migration Baoulé à Hiré

Les Baoulés font partie du grand groupe Akan. Installés dans le centre de la Côte d'Ivoire, ils sont repartis en plusieurs sous-groupes. Toutefois, avec l'introduction des produits d'exportations, les Baoulés ont migré vers les zones forestières. Contrairement à cette raison générale de la migration des Baoulés vers les zones forestières, les Baoulés de Hiré, y ont accouru pour chercher l'or. Ils ont donc été les premiers orpailleurs de la zone de Hiré. Les premiers Baoulés venus à Hiré provenaient des cités où l'on extrayait anciennement l'or comme Toumodi, Sakassou et Kokumbo. Ils ont été installés sur les terres de Bouakako. La proximité d'avec les Baoulé a beaucoup influencé culturellement les Dida watta. Ils ont adopté le tambour parleur (drum) qui serait d'origine Baoulé. Aussi, leur langue, le dida tel que parlé par les Watta serait-il le produit d'un brassage entre le dida et le baoulé. C'est de là qu'est née le brassage et les nombreux noms akan que portent les Dida de Hiré. Peu de temps après, un conflit éclata entre Baoulé autour du vin de palme. La violence de ce conflit fit peur aux autochtones Dida qui décidèrent de leur trouver un espace où ils pourraient habiter afin de retrouver leur quiétude. C'est ainsi qu'ils furent installés sur le site actuel de Hiré-Baoulé (quartier Baoulé) pour créer leur campement. Là, ils ont continué à exploiter le métal jaune. L'or amassé par ces derniers servait à la fabrication de parures traditionnelles de valeur (bagues, chaînes, bracelets, boucles d'oreilles). Aussi ces orpailleurs avaient-ils des qualités d'orfèvres. Les activités étaient structurées tandis que certains cherchaient l'or, d'autres au village s'occupaient de le transformer en parures et d'autres encore s'occupaient de sa commercialisation sur le marché local et dans les localités environnantes. Chaque année, ils venaient voir leur tuteur pour leur témoigner leur reconnaissance avec des cadeaux.

Cependant, les colons du bureau minier s'étant aperçus de la richesse en or de la localité, s'y sont installés en 1940 pour mener une exploitation de type semi-industrielle, et interdirent ainsi l'orpaillage. Cette interdiction de l'orpaillage, combiné à la rareté de l'or et aux risques d'accidents liés à cette activité, entraine la réorientation des populations vers l'agriculture et particulièrement vers le café et le cacao.

Aux Baoulé, s'ajoutent les Maliens et les Burkinabés venus avec le bureau minier. Ils se sont tous reconvertis en agriculteurs incités par la richesse et la fertilité du sol (Kouassi ; 2009), tout en faisant de l'orpaillage une activité de soudure. Cette ruée massive vers l'agriculture va contribuer à faire de Hiré une zone de grande production cacaoyère (Léonard et Vimard ; 2005). La croissance économique que vont connaitre les nouveaux agriculteurs va provoquer

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l'intensification des flux migratoires et la mutation des rapports autour de la terre et du statut de celle-ci. Suite au slogan du premier président de la république Félix Houphouët-Boigny qui a pris `force de loi' : la terre appartient à celui qui la met en valeur, (Chauveau 2000), des colonies importantes de Baoulé se sont déportées à Hiré.

Vers la fin des années 1960, un autre groupe de Baoulé s'est installé sur une partie de la forêt classée de la Sangoué et a créé plusieurs campements dont Bandamakro, Bonikro, Chantier konankro, Koutouklou-Konankro et Petit Bouaké. Selon le chef de village de Gogobro, cette partie de leur terre était dans le périmètre de la forêt classée, et leur était interdit. Tout contrevenant à cette interdiction était amandé et passible de poursuites judiciaires. Cependant, en 1968, des chasseurs s'y sont aventurés et ont découverts qu'il y avait de nouvelles plantations. C'est ainsi qu'ils ont approchés les Gouro de Gabia, leurs voisins immédiats, pour leur demander si les plantations leur appartenaient ou s'ils avaient installé des gens dans la forêt classée, et ceux-ci ont répondu que non. Selon les Baoulés, ils auraient été installés par un Dida de Gogobro nommé Dabié qui ne leur auraient exigé aucun montant et n'avait pas précisé les termes du contrat vu que c'était une forêt classée. Pour les Dida par contre, tandis que cette forêt est considérée comme classée, propriété exclusive de l'Etat, et que les autochtones Dida sont interdit de cultiver et de chasser dans cette forêt sous peine d'amende ou de poursuites judiciaires, les Baoulé sont autorisés à y travailler. Les revendications de la propriété de la zone par les villageois Dida de Gogobro occasionnèrent vers la moitié des années 1970 un conflit entre les habitants de Gogobro et les Baoulé installés dans la forêt classée. Ce conflit selon le chef de Gogobro provoqua l'arrestation d'une trentaine d'autochtones et la bastonnade de plusieurs d'entre eux.

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4.2. EVOLUTION DE LA POPULATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE

4.2.1 Une croissance démographique accélérée par la redécouverte de l'or et l'arrivée massive d'orpailleurs

60000

Nombre d'habitants

50000 40000 30000 20000

 

Populations

10000

0

1975 1988 1998 2014

Année de recensement

Source : INS, 2016

Figure 17 : courbe d'évolution de la population de Hiré sous-préfecture selon les RGPH 1975 à 2014

La sous-préfecture de Hiré connait depuis le premier recensement de 1975 jusqu'au recensement de 2014 une croissance démographique avec un taux d'accroissement positif.

L'allure générale de la courbe montre une population en croissance continue. Cette croissance peut être subdivisée en trois phases : la phase de 1975-1988, la phase de 1988 à 1998 puis la phase de 1998 à 2014. Ces trois phases correspondent à trois étapes de peuplement de la sous-préfecture de Hiré. La croissance démographique étant liée à une forte natalité ou à une forte migration, la croissance démographique observée à Hiré est de tout temps liée à l'importance des mouvements migratoires.

La première phase de 1975-1988 s'explique par la migration du groupe de Baoulé arrivé dans la sous-préfecture à la recherche de terres fertiles pour la création de plantations de cacao et de café. Cette importante migration Baoulé dans la zone a été déterminante dans le flux migratoire qu'a connu le petit village d'Hiré Watta, à l'instar de toutes les zones pionnières de la culture

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du cacao (RUF, 1995). En effet, l'essor de la culture de cacao que Ruf a appelé « booms du cacao », a contribué fortement à la dynamique démographique des zones forestières de la Côte d'Ivoire. Ces différents modes de migration ont permis au petit village de Hiré-watta de s'agrandir et de connaître une dynamique démographique remarquable. Ce phénomène est à l'origine de son érection en circonscription administrative (sous-préfecture) en 1977, puis en commune rurale en 1985.

La phase de 1988-1998 s'inscrit dans la même dynamique de migration agricole. Toutefois l'explosion démographique observée entre 1998 et 2014 s'explique par l'ouverture de l'exploitation aurifère industrielle de Bonikro. Depuis 2007, avec la construction de la mine d'or de Bonikro, la commune de Hiré fait face à une nouvelle vague de flux migratoire (Kouadio, 2016). Il s'agit d'une part, d'employés de la mine, venus d'autres régions du pays et aussi de pays étrangers notamment le Ghana; et d'autre part, d'orpailleurs venus d'autres régions du pays et surtout des pays voisins (du Burkina Faso notamment). La croissance de la population s'explique par un taux de migration assez important dont le flux varie. La densité de la population de Hiré selon le RGPH 2014 est de 127 habitants/km2. La sous-préfecture de Hiré compte 9 376 ménages dont la taille moyenne est de 5,4 personnes.

Cet excédent des estimations s'explique par l'ouverture de l'exploitation aurifère qui a attiré à Hiré de nombreuses populations venues profiter des opportunités économiques offertes par l'activité aurifère.

L'orpaillage, bien qu'intimement lié à l'histoire de Hiré, connait depuis l'ouverture de l'usine aurifère de Bonikro une nouvelle dynamique. L'intensité de l'activité s'accroit, favorisée par les importantes vagues de migrants venus majoritairement pour l'orpaillage comme le témoigne le graphique ci-dessous (Figure 18).

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Figure 18 : orpailleurs immigrés selon l'année d'arrivée

Source : NEWCREST, 2015

Cette figure est le résultat d'une enquête sur les orpailleurs menés par NEWCREST en partenariat avec le cabinet Channel. Elle présente la courbe des orpailleurs immigrés selon l'année d'arrivée à Hiré. Les orpailleurs interrogés sont tous arrivés à partir de 2005. Cependant, le flux d'arrivée a évolué dans le temps. La figure présente un graphique en courbe ascendante qui montre une croissance continue du nombre d'orpailleurs immigrés au fil du temps. Cette courbe peut être analysée en trois phases. De 2005 à 2007, faible arrivée d'orpailleurs à Hiré, allant de 8 à 21 orpailleurs sur les deux années. De 2007 à 2011, ce sont entre 21 et 219 orpailleurs qui sont arrivés chaque année. Puis en 2012, les chiffres explosent avec 1037 orpailleurs arrivés dans la sous-préfecture. Cette explosion est corrélée à la découverte des nouveaux gisements de la zone de Hiré.

L'exercice de l'orpaillage nécessitant une grande maitrise des techniques d'extraction et de traitement, ce sont généralement ceux qui ont déjà exercé cette activité qui s'y adonnent. Ceux qui se sont rués vers Hiré du fait de l'opportunité que représente l'exploitation aurifère sont de nationalités diverses.

4.2.2. Une population diversifiée

La sous-préfecture de Hiré dispose d'un fond de peuplement dont l'hétérogénéité est très ancienne. Elle s'explique par les différents flux migratoires. Selon le RGPH 2014, la population

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totale de Hiré est de 50 357 habitants composés d'autochtones Dida et d'allochtones (ivoiriens et non-ivoiriens). Les autochtones représentent seulement 23,70% de la population de Hiré. Les Dida sont en minorité dans la sous-préfecture de Hiré et vivent majoritairement dans les villages.

La population allochtone à Hiré est dominée par les Baoulé qui représentent à eux seuls 20,21% de la population totale de Hiré. La population enquêtée est composée à 23,70% de Dida, à 22,09% de Baoulé, à 20,21% des autres ivoiriens et à 34% d'étrangers (Figure 19).

Figure 19 : répartition de la population de Hiré selon l'ethnie et la nationalité

Source : RGPH, 2014

35%

10%

11%

24%

20%

Dida

Baoulé

Ivoiriens du Nord Autres ivoiriens Etrangers

La répartition de la population de Hiré selon l'ethnie et la nationalité, sur la base du recensement général de la population (RGPH, 2014), est une population diversifiée composée d'autochtones Dida et d'allochtones.

4.2.2.1. Les Dida Watta, une population autochtone minoritaire sur ses propres terres

Les autochtones Dida représentent seulement 23,70%, soit un quart de la population de Hiré. Ils sont en minorité dans la sous-préfecture de Hiré et vivent majoritairement dans les villages. Une étude détaillée de la population des six villages de la sous-préfecture par origine montre une ascension des allochtones sur les autochtones. Cette ascendance des allochtones se ressent plus au niveau de la ville qu'au niveau des villages. Dans la ville de Hiré dont un des quartiers

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Hiré-dida est un village, la population autochtone n'y représente que 7,87% de la population totale (tableau 8).

Tableau 8 : répartition de la population par origine des villages de Hiré

Localités

Nombre d'habitants

Populations autochtones

Populations allogènes

Bouakako

1 233

642

591

Douaville

2 780

831

1 949

Gogobro

4 355

2 280

2 075

Hiré

31 960

2 514

29 446

Kagbè

8 560

4 876

3 684

Zaroko

1 469

792

677

Total

50 357

11 935

38 322

Source : INS, 2014

4.2.2.2. Une population allochtone majoritaire et diversifiée

La population allochtone à Hiré est composée des allochtones ivoiriens et des allochtones étrangers. Les allochtones ivoiriens sont composés majoritairement de Baoulé. Ils représentent à eux seuls 20,21% de la population totale de Hiré, suivis des ivoiriens du Nord 11,35 %. Ils peuvent être pratiquement considérés comme la deuxième ethnie de Hiré. Les allochtones non ivoiriens représentent quant à eux 34,60 % de la population totale de Hiré. C'est le plus grand poids démographique de Hiré. C'est un groupe hétérogène composé de nationalités différentes La population allochtone constitue une frange importante de la population de Hiré.

La diversité ethnique et de nationalité est liée à l'historique de peuplement de la sous-préfecture de Hiré. En effet, Hiré s'est peuplée par l'arrivée successive de populations. D'abord, les Dida, peuple autochtone ont été les premiers à s'installer puis, à leur suite, il y a eu les Baoulé arrivés depuis 1920. La dynamique agricole de cette zone dans les années 1960-1970 a attiré à Hiré des populations venant des autres régions de la Côte d'Ivoire et des pays voisins. La diversité démographique est très ancienne à Hiré mais la proportion d'étrangers y était faible (RGPH 1988). L'importante présence d'étrangers à Hiré que nous constatons aujourd'hui (34%) s'explique par l'ouverture de l'exploitation industrielle de l'or et le redémarrage de l'orpaillage clandestin. En effet, à cette occasion, des vagues de populations sont venues s'installer à Hiré. Ces installations sont motivées soit par la recherche d'un emploi à la mine industrielle soit par l'orpaillage ou les autres opportunités économiques liées à l'activité aurifère. Cet afflux de population est marqué par la croissance de la population étrangère avec une prédominance de trois nationalités que sont les burkinabés, les maliens et les guinéens (Figure 20). Ils représentent 84% de la population étrangère de Hiré.

132

Figure 20: répartition de la population étrangère enquêtée selon la nationalité

Source : enquête de terrain, 2015

Les étrangers enquêtés se sont installés à Hiré à des dates très diverses. Cependant, plus de 60% sont là depuis 2007-2008, année d'ouverture de l'exploitation minière industrielle. Ces personnes viennent à 80% d'autres localités aurifères ivoiriennes où les gisements sont épuisés. Leur arrivée à Hiré a été motivée par l'information de la découverte de l'or dans ladite localité. Seulement 20% ont eu l'information depuis leur pays d'origine. La population étrangère à Hiré est composée à 58% d'hommes contre 36% de femmes. Orpailleurs clandestins pour la plupart, ils sont engagés dans un parcours de la sous-région ouest africaine à la recherche de riches zones aurifères. L'orpaillage est une activité très ancienne dans les pays voisins comme le Burkina, la Guinée et le Mali. Ce qui explique la présence d'une importante colonie de ressortissants de ces pays dans la sous-préfecture de Hiré. On les retrouve également à la mine industrielle et dans les petits métiers et commerce de la ville.

4.2.3 Une population majoritairement jeune

La structure démographique de Hiré en 2014 présente une pyramide dont l'allure générale est triangulaire, la base large et le sommet effilé. Cette forme de la pyramide est caractéristique des populations à forte proportion de jeunes. La pyramide des âges présente la répartition de la population d'un espace selon l'âge et le sexe. Cette répartition est à la fois le résultat et le moteur

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des dynamismes démographiques découlant du jeu subtil de la natalité, de la mortalité et du solde migratoire (Loba, 2008).

La structure par âge de la population présente l'allure classique de celle d'une population jeune, en croissance rapide, avec une base large, une diminution rapide des effectifs dans les classes immédiatement supérieures, liée à une mortalité encore élevée. L'étude de la structure par âge de la population de la sous-préfecture de Hiré est caractérisée par une proportion importante de jeunes dont l'âge est inférieur ou égale à dix-neuf ans. Ils représentent 58,9% de la population totale de Hiré. C'est une population très jeune due à un taux de natalité relativement élevé. On note également une proportion importante d'adultes dont l'âge varie entre 20 et 59 ans qui représente 39,5% de la population totale. La frange des personnes âgées de plus de 60 ans représente seulement 1,6% de la population. Le nombre important de la jeunesse représente un atout non négligeable dans le rayonnement économique que connait cette localité. En effet, la jeunesse constitue une main d'oeuvre assez importante dans l'agriculture et l'orpaillage qui sont les activités traditionnelles des populations de Hiré.

Tableau 9 : structure résumée de la population de Hiré en 2014

Tranche d'âge

Population

Pourcentage (%)

Moins de 15 ans

22 068

43,82

15-64 ans

27 057

53,73

65 ans et +

1 232

2,45

Total

50 357

100

Source : INS, 2016

La structure résumée de la population de Hiré permet de la classer en trois grands groupes. La frange des moins de 15 ans qui représente 43%, la frange des 15-64 ans et celle des plus de 65 ans. La tranche la plus importante de la population est celle dont l'âge varie entre 15 et 64 ans. Cette tranche d'âge regroupe les adolescents et les adultes. Elle comprend la totalité de la population active et son importance est en partie liée à l'arrivée des migrants actifs qui se situent dans cette tranche d'âge.

4.2.4. Une population à dominante masculine

La répartition de la population de Hiré selon le sexe (voir pyramide) montre qu'il y a 54,8% d'hommes et 46,2% de femmes soit un ratio de 107,5 hommes pour 100 femmes (RGPH, 2014).

134

Il y a donc plus d'hommes que de femmes dans la sous-préfecture de Hiré. Cette dominance masculine s'explique par l'arrivée massive d'hommes à la recherche d'emploi ou venus pour l'orpaillage. Les migrants viennent généralement à la recherche de ressources financières seuls sans femmes et sans enfants. L'étude de la répartition de la population masculine dans les villages de la sous-préfecture de Hiré présente un taux de masculinité inférieur à 100. Soit 96,7 à Bouakako et 95,7% à Gogobro. La prédominance des femmes dans les entités villageoises s'explique par le fait que les hommes en âge de travailler ont généralement tendance à migrer vers les villes de Hiré et/ou d'Abidjan à la recherche d'un emploi, d'où l'importance du nombre de femmes dans les villages contrairement à la ville.

Figure 21 : pyramide des âges de la population de Hiré en 2014

Source : RGPH, 2014

135

4.3 LA STRUCTURE DE LA POPULATION DE HIRE

Sur une population de 50 357 habitants que compte Hiré, seulement 17 158 personnes ont déclaré leur activité. Soit, 34,07% de la population totale dont l'activité est précisée.

4.3.1 La répartition de la population selon l'activité

Ces activités sont diverses et concernent l'agriculture, les mines, l'industrie, le commerce, les bâtiments et les travaux publics, etc. 45,46% de cette population exerce dans le secteur agricole, soit près de la moitié de la population ayant déclaré son activité. Ensuite, viennent les services, le commerce et l'industrie qui occupent respectivement 31%, 13% et 8% de la population déclarée (Figure 22).

Figure 22 : répartition de la population de la sous-préfecture de Hiré par branche d'activité

Source : INS, 2014

Selon le diagramme ci-dessus, l'agriculture est l'activité principale de la population de Hiré. Cette agriculture est diversifiée et repartie en sous-branche d'activité (voir tableau ci-dessous).

136

Tableau 10 : répartition de la population agricole de Hiré par culture selon le sexe en 2014

Branches d'activité

Sexe

Total

Masculin

Féminin

Cultures de céréales

150

10

160

Cultures de féculents

78

13

91

Culture fruitière

22

5

27

Culture des légumes

19

10

29

Cultures des condiments

33

6

39

Productions agricoles diverses

2 484

502

2 986

Production de café, cacao et autres

2 952

539

3 491

Production de bananes d'exportation et d'ananas

24

5

29

Production d'oléagineux

2

2

4

Total

5 764

1 092

6 856

Source : INS, 2014

Ce tableau montre la répartition de la population agricole de Hiré par culture selon le sexe en 2014. Plus de la moitié de la population agricole, soit 3 491 s'adonnent à la production de café, cacao, et autres. Ce sont les hommes qui s'adonnent le plus à ces cultures. La proportion de femmes pratiquant le café, le cacao, et autres cultures pérennes représente 1/7 des acteurs de cette branche d'activité. De façon générale les hommes sont plus nombreux dans le secteur agricole. Ils représentent 84,7% de la population agricole pour seulement 15,3% de femme.

Cependant, le nombre élevé de réponses en "activité non spécifiée" traduit l'existence d'une activité difficilement descriptible et donc certainement en partie clandestine.

4.3.2. Une population en pleine reconversion professionnelle

L'agriculture a été de tout temps l'activité économique dominante à Hiré. Elle est à la base du peuplement de toute la sous-préfecture. A côté de cette activité économique prédominante, il existe d'autres activités dont le dynamisme est resté longtemps dépendant de l'agriculture. Il s'agit de l'artisanat, du commerce et d'autres activités non agricoles. Les petits métiers de l'artisanat sont aussi pratiqués à Hiré. Il s'agit de la couture, la coiffure, la mécanique auto, vélo, moto etc. Le commerce de vivriers, de vêtements et autres produits cosmétiques se pratique dans l'unique marché de la ville. Cependant, depuis l'ouverture de la mine les

137

populations agricoles de Hiré sont confrontées à d'énormes difficultés qui les contraignent à se détourner de leur activité de base. L'exploitation minière à ciel ouvert est une activité consommatrice de grands espaces (Thune, 2011). Son emprise foncière à Hiré avec la mine de Bonikro et la fosse satellite de Hiré-Est, est une réalité. Ce sont 847,07 hectares qu'occupe la mine de Bonikro et 640 hectares que couvre la fosse de Hiré-est. Ces surfaces abritaient initialement des activités économiques des populations riveraines, en majorité des plantations agricoles. Ce sont environ 150 propriétaires terriens à Bonikro et plus de 1 000 exploitants qui ont été expropriés et indemnisés. Cette occupation du sol par les activités minières, crée des contraintes économiques énormes pour ces paysans. Ils se retrouvent dans l'obligation de trouver de nouvelles terres pour continuer d'exercer l'agriculture, alors que cette ressource est rare. Avec l'expropriation, les paysans sont obligés de trouver de nouveaux moyens de subsistances, aussi cherchent-ils à se reconvertir dans des activités diverses. Ne répondant pas aux critères de recrutement à la mine, du fait de leur manque de qualification ou de l'inadéquation de leur formation aux métiers de la mine, l'artisanat minier se présente comme la meilleure alternative de reconversion.

En effet, l'orpaillage offre de meilleures possibilités pour la création d'emplois par rapport à la mine industrielle. Ce choix se justifie également par son avantage économique par rapport à l'agriculture en termes de revenu plus élevé et plus immédiat. La pratique de l'orpaillage permet à certains anciens ouvriers agricoles de s'installer à leur propre compte en tant qu'orpailleur. Le salaire journalier d'un ouvrier orpailleur (2 000-3 000 F CFA) est de loin plus avantageux que le salaire d'un ouvrier agricole (1 000-1 500 F CFA). L'orpaillage se présente comme une opportunité économique que la morosité de leur activité initiale, pousse les paysans à pratiquer, soit temporairement, soit de façon indéterminée. Son attraction est telle qu'on trouve dans le rang des orpailleurs, des paysans, des commerçants, des hommes de métiers d'origines diverses. Cependant, les commerçants et les paysans sont les plus nombreux avec respectivement 22,5% et 20,7%. Ils sont suivis par les artisans ou «hommes de métiers» avec 15,1% et les élèves 10,9%. Au début de l'orpaillage, c'était surtout les allogènes qui se consacraient à cette activité car ils étaient les seuls à connaitre ce métier. Mais progressivement les populations locales Dida, Baoulé et Malinké s'y sont mis. Aujourd'hui 50% d'orpailleurs sont des nationaux et même originaires de Hiré (Dida et Baoulé). La présidence des orpailleurs de Hiré est assurée par un Dida de Hiré. Les revenus tirés de cette activité au vue du niveau de vie de ses acteurs, attire de nombreux jeunes. D'autant plus que les sommes perçues par les orpailleurs ne sont en rien comparables aux revenus tirés de l'agriculture et des autres activités locales. Il ressort de

138

nos enquêtes de terrain que 75% des ouvriers sont payés par les chefs de site ou de groupes de façon journalière en fonction des tâches à eux confiées. Les ressources tirées de cette activité sont en majorité directement investies dans la sous-préfecture, même si certains rapatrient leur gain dans leurs localités d'origines. Nombreux sont les orpailleurs qui investissent dans l'immobilier à Hiré. Avec la présence des travailleurs de la mine et la nécessité pour eux de se loger, la demande de logement est de plus en plus forte à Hiré.

A côté de ceux qui exercent l'orpaillage comme activité, il y a les paysans qui mettent leurs parcelles en location aux orpailleurs. Cela soit du fait de la baisse de leurs productions soit du fait du vieillissement du verger ou de sa proximité à un site d'extraction aurifère. Ces paysans dédient ainsi les terres agricoles à l'orpaillage.

La diversité des emplois dans les mines et le caractère clandestin de l'orpaillage expliquent le fait que les populations aient eu du mal à nommer la branche d'activité dans laquelle ils tentent de se reconvertir. L'importance des revenus tirés de l'exploitation de l'or conjugué aux difficultés du secteur agricole à Hiré provoque une grande mutation sociale.

4.4. HIRE, UNE URBANISATION BOOSTEE PAR L'EXPLOITATION MINIERE

4.4.1. Une concentration démographique dans la ville de Hiré

Le rythme d'urbanisation de la ville de Hiré dans les années 1990 a connu quelques problèmes liés à l'approvisionnement en eau. Cependant, l'occupation des zones loties se faisait de manière régulière avec un taux d'urbanisation de 1,2%. La densité de l'espace était d'environ 102 habitants/ha pour une consommation d'espace de 150 m2 par habitant. La qualité de l'habitat était relativement bonne. Dans les quartiers anciens comme les quartiers Dioula, Baoulé, Dida et Gnakankro, les constructions sont en grande partie en Banco crépis de ciment. Par contre, dans les nouveaux quartiers résidentiels Assayé et Plateau, elles sont de meilleures qualités.

L'ouverture de la mine de Bonikro en 2007 a entrainé des vagues de populations venant de tout le pays et même des pays voisins. Cet afflux de population se dirige pour la plupart vers la ville de Hiré. L'estimation en 2010 de la population totale de la sous-préfecture de Hiré, sur la base des données du recensement de 1998 et d'une croissance démographique annuelle moyenne de 3%, permet de chiffrer celle-ci à 48 231 habitants, dont 25 580 habitants pour la ville de Hiré. Soit, un peu plus de la moitié de la population de la sous-préfecture en 2010, vivait en ville. A partir des recensements de 1998 et 2014, la croissance démographique est plus accentuée dans

139

la ville de Hiré. Cette population a pratiquement doublé entre les deux recensements (voir tableau 11).

La figure 23 montre la dynamique démographique entre les recensements de 1998 et 2014. A vue d'oeil, l'importance de la croissance démographique dans la ville de Hiré est perceptible.

Derruau (1998) nous rappelle que la population citadine varie par accroissement naturel et par migration. Cependant, c'est surtout par excédent d'immigration que la population d'une ville augmente car la croissance industrielle et commerciale y multiplie la création d'emplois.

140

Figure 23 : carte d'évolution de la population de Hiré entre 1998 et 2014

Source : nos enquêtes, 2016

141

L'afflux de population dans la ville de Hiré se justifie par les opportunités d'emploi et d'affaires qu'elle offre à la mine dans l'orpaillage et dans les activités connexes. En effet, Hiré ville est le lieu de résidence de la plupart des travailleurs de NEWCREST car elle offre des possibilités de logement plus importantes que les villages. C'est dans la ville de Hiré que la cité dortoir des cadres de la mine a été édifiée. Les sites d'orpaillages se concentrent à la périphérie de la ville de Hiré. On observe un mouvement pendulaire journalier des orpailleurs de la ville de Hiré vers les différents sites comme c'est le cas des femmes du site de Bouakako.

Tableau 11 : répartition de la population de la sous-préfecture de Hiré par localité en 1998 et

2014

 

Nombre d'habitants selon l'année

Localités

1998

2014

Bouakako

1272

1233

Douaville

1811

2780

Gogobro

3452

4355

Hiré

17941

31960

Kagbè

7945

8560

Zaroko

1407

1469

Source : INS, 2014

Le tableau montre l'évolution de la population de la sous-préfecture de Hiré selon la localité. On observe une concentration de la population dans la ville de Hiré depuis 1998. La ville de Hiré abrite près de deux tiers de la population sous-préfectorale de Hiré. A la suite de la ville, les villages démographiquement importants sont Kagbè et Gogobro. Le tableau ci-dessous présente l'évolution de la population de la ville de Hiré depuis le recensement de 1965 jusqu'à celui de 2014.

Tableau 12 : Evolution de la population de la ville de Hiré de 1965 à 2014

Années

1965

1975

1980

1988

1993

2010

2014

Effectifs

4 500

10 000

13 700

14 551

16 704

25 580

31 960

(Source : INS, 2014, RGPH et estimations)

Ce tableau présente l'effectif de la population urbaine de Hiré à différentes dates. Il ressort de son analyse que cette population connait de façon globale une croissance. Toutefois, trois phases sont à distinguer dans cette croissance. De 1965 à 1975, la population urbaine de Hiré double, passant de 4 500 habitants à 10 000 habitants. Cette croissance se justifie par l'arrivée massive d'allogènes venus pour la pratique de l'économie de plantation. Entre 1975 et 1993, la

142

population croit timidement passant en 18 ans de 10 000 habitants à 16 704 habitants. Puis entre 1993 et 2014, la population passe de 16 704 à 31 960 habitants. Cette croissance est stimulée par l'exploitation aurifère qui a attiré dans la ville de Hiré de nombreuses personnes venues aussi bien des localités de la sous-préfecture que d'ailleurs.

4.4.2 La dynamique spatiale de la ville de Hiré

La croissance démographique observée dans la ville de Hiré s'accompagne d'une croissance spatiale de celle-ci (voir figure 24). Le besoin de logements de ces populations a entrainé l'étalement de la ville. Selon Pages (1980), la généralisation de la maison individuelle sur des parcelles de quelques centaines de mètres carrés aboutit à une extension en surface considérable de l'espace urbanisé. Cette dynamique spatiale de la ville de Hiré traduit surtout l'étalement des zones périphériques, avec une multiplication et une concentration du bâti dans les quartiers enclavés. Cependant, l'extension du quartier Baoulé est quelque peu freiné par la fosse satellite de Hiré située à quelques encablures de celui-ci.

Figure 24: Évolution de l'emprise spatiale de la ville de Hiré

1854

2000

1800

1420

1600

Superficies (ha)

1400

1165

1200

820

1000

800

600

400

200

0

1983 1990 2000 2017

Années

Superficies...

Source : service technique de la mairie de Hiré 2017

L'emprise spatiale de la ville de Hiré connait une évolution générale de 1983 à 2017. La superficie de la ville de Hiré est passée de 820 ha à 1 165 ha entre 1983 et 1990. De 1990 à 2000, la superficie de Hiré passe de 1 165 ha à 1 420 et de 1 420 à 1 854 ha entre 2000 et 2017.

La faible extension de la ville dans la décennie 1990-2000 se justifie par les problèmes liés à l'approvisionnement en eau de celle-ci. Jusqu'en 1992, la ville de Hiré ne disposait pas d'un système d'approvisionnement en eau potable. Cependant, l'occupation des zones loties s'est fait de manière régulière avec un taux d'urbanisation de 1,2%. Avec l'ouverture de la mine,

143

cette croissance urbaine s'est vue booster par l'installation dans la ville de Hiré de l'essentiel des migrants et des paysans en exode rural.

La dynamique spatiale à Hiré s'observe également au niveau des constructions de logement pour les populations des hameaux déplacés par la mine. Ce sont en effet, des habitations de type moderne totalement différentes de celles qui étaient sur les anciens sites. Les hameaux de Bonikro, Bandamakro et Koutouklou-Konankro sont les localités qui ont bénéficié de ces habitats. Même si les populations se plaignent de certaines incorrections, elles reconnaissent pour beaucoup que ces constructions sont de type moderne et de qualité. Le nouveau site de Koutouklou-Konankro est situé à environ 100 mètre de la ville de Hiré, cela en fait un presque village urbain ce qui contribue à son attractivité.

La loi de l'offre et de la demande aidant, l'immobilier est devenue le principal secteur d'investissement des populations. La croissance démographique observée à Hiré a fortement contribué à l'extension de la ville avec des constructions de plus en plus modernes.

Le quartier d'habitat résidentiel (haut et moyen standing) est situé dans le secteur Sud-Est de la ville. Il est en quelque sorte la cité administrative de la ville car il abrite l'essentiel des services administratifs publics comme : le trésor, la Compagnie Ivoirienne d'Électricité (CIE), l'Institution de Formation et d'Education Féminine (IFEF), la mairie, la sous-préfecture. Les quartiers d'habitat évolutif et les quartiers d'habitat péri-urbain sont dispersés dans le reste de l'agglomération urbaine.

4.4.3 Des constructions de plus en plus améliorées

Outre l'étalement de la ville, la croissance urbaine de Hiré se traduit également par la modernisation des constructions. L'augmentation des demandes en logement du personnel de la mine, des orpailleurs et des autres migrants à Hiré, a entrainé une prolifération des constructions. Les exigences des nouveaux demandeurs ont également contribué à l'amélioration des constructions.

Tandis que dans les quartiers anciens comme Djoulabougou, Baoulé, Dida et Gnakankro, les constructions sont en grande partie en Banco crépis de ciment, dans les nouveaux quartiers résidentiels, Assayé et Plateau, elles sont de meilleure qualité et généralement en parpaing et bâties sur des parcelles de 300 à 600 m2.

144

Tableau 13 : Caractéristiques de l'habitat à Hiré

Matériaux de
couverture

Proportions (%)

Parpaing

42

Banco amélioré

10

Banco simple

7

Couverture tôle

39

Couverture papaux

2

Source : nos enquêtes de terrain, 2017

On trouve de plus en plus de maisons qui offrent toutes les commodités. Les nouvelles maisons ont des sols revêtus de carreaux, avec des cours et des toilettes individuelles. Les anciennes constructions ont également été remises au goût du jour. Les cours communes sont plus spacieuses avec des toits plus hauts. Cela a une incidence sur les prix pratiqués qui ont connu une véritable explosion. Les maisons d'une pièce communément appelée « entrer-coucher », étaient louées à 10 000-12 000 F CFA. Aujourd'hui, la tendance est plus à la construction de studios dont les prix varient entre 20 000 et 25 000 F CFA. Les deux pièces sont passées de 20 000-25 000 F CFA à 30 000-35 000 F CFA voire même 40 000 F CFA. La modernisation de l'habitat s'est accompagnée de l'installation de plusieurs équipements collectifs.

4.4.4. Typologie des espaces habités

La typologie des espaces habités permet d'établir une différenciation des quartiers (figure 25). La ville de Hiré compte dix quartiers comme présenté sur la figure 26 : le résidentiel, Hiré Dida, Hiré Baoulé, Gnankankro, Dioulabougou, Plateau, Assayé 1 et Assayé 2.

145

Figure 25: organisation spatiale de la ville de Hiré en 2016

Le quartier d'habitat résidentiel (haut et moyen standing) est situé dans le secteur Sud-Est de la ville. Il est en quelque sorte la cité administrative de la ville car il abrite l'essentiel des services administratifs publics comme : le trésor, la Compagnie d'Electricité Ivoirienne (CEI), l'Institution de Formation et d'Education Féminine (IFEF), la mairie, la sous-préfecture. Les quartiers d'habitat évolutif et les quartiers d'habitat péri-urbain sont dispersés dans le reste de l'agglomération urbaine.

146

Tableau 14 : Classification des quartiers de la ville de Hiré selon la position et le standing

Quartiers

Standing

Position dans la ville

Centrale Plateau

Evolutif

Périphérique

Djoulabougou

Economique

Centrique

Hiré Baoulé

Evolutif

Périphérique

Commerce

Economique

Centrique

Gnakankro

Economique

Centrique

Gnakankro extension

Evolutif

Périphérique

Assayè 1

Evolutif

Périphérique

Assayè 2

Evolutif

Périphérique

Hiré Dida

Evolutif

Périphérique

Résidentiel

Haut standing

Périphérique

Source : nos enquêtes, 2016

La population de la ville de Hiré est inégalement répartie suivant l'espace et la typologie des quartiers. Le quartier Hiré-dida était un village Dida créé par les populations de Gogobro fuyant les guerres de voisinage. Le quartier Baoulé est celui qui a abrité les premiers migrants Baoulé à Hiré, installés ici par les populations de Bouakako. Au fur et à mesure des flux migratoires à cause de l'importance économique de la ville, les autres quartiers ont été créés jusqu'à obtenir la configuration actuelle.

La densité de l'espace est de 127 habitants/km2 pour une consommation d'espace de 150 m2/habitants.

En effet, du point de vue de la localisation, 53,04% de la population se concentrent au niveau de la couronne centrale contre 46,96% à la périphérie.

Cette situation s'explique par le fait que le centre étant le noyau de la ville, il a bénéficié des premiers équipements et constructions. Cela a favorisé une forte concentration humaine en ce lieu. La périphérie étant une zone d'extension, elle abrite les nouvelles constructions occupées généralement par les allogènes nouvellement installés à Hiré.

147

Figure 26: répartition des types d'habitat dans la ville de Hiré

Source : INS, 2014

Selon le RGPH de 2014, à Hiré plus deux logements sur cinq sont une concession (47%) connue sous le vocable de "cour commune". La villa moderne n'occupe que la troisième place, avec 10%, après les maisons simples 32%.

Il nous a été donné de constater au cours de nos enquêtes de terrain de constater que quel que soit la typologie de quartiers, la concession et la maison simple demeurent les deux types de construction prédominants. Nous avons trois ménages sur six dans les concessions et deux ménages sur six dans les maisons simples. Les maisons en bande et les cases traditionnelles accueillent très peu de ménages. Les villas modernes sont plus présentes dans le quartier résidentiel et dans certains quartiers péri-urbains.

4.4.5. Le niveau de services et d'équipement de la ville de Hiré

Depuis l'ouverture de l'activité minière industrielle à Hiré, on observe un déploiement des services administratifs publics et privés. Avant l'arrivée de la mine, la sous-préfecture de Hiré jouissait d'une faible représentation des structures administratives. Depuis lors, divers services administratifs s'y sont installés. La dynamique économique que connait la ville de Hiré depuis l'ouverture de la mine a attiré les structures financières comme la BIAO. On trouve également à Hiré un bureau de la COOPEC. Les équipements se définissent comme des espaces réservés

148

ou concédés à des fonctions d'intérêt public. Ces équipements et infrastructures qui contribuent au bon fonctionnement de la ville Hiré sont de nature diverse.

4.4.5.1 Les Infrastructures de base

Hiré est traversée par la route nationale qui part d'Abidjan, traverse Divo et Hiré puis se prolonge vers Oumé et Gagnoa. Les voies à l'intérieur de la ville ne sont pas bitumées. Hiré est doté de l'éclairage public qui éclaire la ville et ses quartiers. Les six villages de la sous-préfecture sont aussi fournis en électricité. Du point de vue de l'eau courante, la SODECI de Hiré éprouve d'énormes difficultés à approvisionner les ménages de la ville si bien qu'il y a des coupures intempestives d'eau qui peuvent durer des mois. Cette situation explique d'ailleurs le recours des populations à l'eau de puits dans la plupart des ménages de la ville.

4.4.5.2. Les équipements scolaires et éducatifs

La ville de Hiré abrite une inspection de l'enseignement primaire et préscolaire (IEPP) créées pour surveiller l'appareillage éducatif composé d'écoles publiques et privées reparties dans différents quartiers.

Tableau 15 : répartition des établissements primaires dans la ville de Hiré

Quartiers

Dénominations des écoles

Statut

Nombres
d'écoles

Nombre de classes

Dida

Groupe scolaire Dida

Public

4

24

Commerce

EPV Catholique

Privé

1

7

Gnakankro

Groupe scolaire Gnakankro

Public

6

31

Assayé

Groupe scolaire Assayé

Privé

4

18

Groupe scolaire Stade

Public

4

19

Plateau

Groupe scolaire centrale

Public

4

24

Résidentiel

Ecole Méthodiste

Privé

1

6

Total

24

129

Source : Inspection de l'enseignement primaire, 2015

Le collège municipal a été agrandi puis transformé en lycée municipal du fait de l'importance de l'effectif et de la nécessité d'un lycée dans la ville. Les collèges privés Amitié et MUPES permettent à la ville de compter trois établissements secondaires.

4.4.5.3. Les équipements socio-culturels

Au niveau des équipements socio-culturels, Hiré dispose d'un espace communautaire construit par la compagnie minière, d'un terrain municipal, d'un institut de formation et d'éducation féminine et d'une salle des fêtes à l'intérieur de la mairie.

149

Au niveau des équipements religieux, Hiré dispose d'une grande mosquée située au marché de la ville et de plusieurs petites mosquées dissimulées dans la ville. On trouve aussi à Hiré, une mission Catholique, une mission Protestante Méthodiste et deux temples des Assemblées de Dieu. Plusieurs temples aux appellations diverses sont répandus à travers la ville (Baptiste oeuvre et missions, Christianisme céleste, Eglise Unie de Pentecôtes, CMA, etc...).

4.4.5.4. Les équipements hôteliers

En matière d'équipement hôtelier, la ville de Hiré n'est pas très nantie. Cependant, on y trouve quelques hôtels de standing acceptable dont le plus prestigieux est l'hôtel « Gold Hotel » que présente la photo ci-dessous. Ces établissements satisfont la demande qui n'est pas très élevée en la matière du fait de la distance pas trop importante (45 km) qui sépare Hiré de Divo. Les potentiels clients préfèrent souvent passer la nuit à Divo qui offre des possibilités plus commodes.

 

GOLD HOTEL, un des prestigieux hôtels de Hiré.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 16: Hôtel de luxe de Hiré

 

4.4.5.5. Les équipements économiques

Hiré dispose d'un équipement économique public, le trésor, et de deux équipements économiques privés que sont la NSIA Banque et la COOPEC. LA BIAO devenue la NSIA Banque. Depuis 2016, une agence remplace le guichet automatique d'autrefois (photo 17).

 

Une agence de la BIAO nouvellement (NSIA) ouverte en 2015.

150

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 17: La succursale bancaire BIAO-CI

Du fait de la dynamique économique que connait le secteur du transport, des stations-services ont ouvert dans la sous-préfecture de Hiré. Sur les quatre stations existantes, deux sont encore en service (voir photo 18).

 

Le supermarché CDCI est situé dans le quartier résidentiel de la ville de Hiré, zone de grande consommation de ce type de produit.

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 18: station-service Essenci

 

151

Les besoins des produits manufacturés des travailleurs et agents des services publics et privés sont satisfaits par les grandes boutiques, mini-market et supermarchés de la ville. Le plus important d'entre eux est le supermarché CDCI que présente la photo ci-dessous.

 

La station ESSENCI située sur la route nationale reliant Hiré à Oumé.

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 19: un des super marchés de la ville de Hiré

 

4.4.5.6. Les équipements de sécurité

Hiré est dotée d'une brigade de gendarmerie et d'un commissariat de police. Ces services sont chargés de la sécurité des personnes et des biens dans toute la sous-préfecture. Avec la croissance démographique et l'activité de l'or notamment de l'orpaillage, Hiré connait une ascendance de l'insécurité et des infractions diverses comme les vols, les viols, les assassinats, etc. Aussi la présence de ces services est-elle d'une utilité capitale afin d'assurer aux populations un cadre de vie paisible. Des renforts viennent parfois de Divo, chef-lieu de département et de région quand le besoin se fait sentir.

4.4.5.7. Les équipements administratifs

La ville de Hiré dispose de plusieurs services publics. On y trouve la sous-préfecture, la mairie, un bureau de la direction régionale de l'agriculture, un bureau de L'ANADER, un bureau des eaux et forêts en raison de la forêt classée de la Sangoué. On trouve également à Hiré un bureau de la CET.

152

L'administration publique est très bien représentée dans la ville de Hiré. Ce sont des services dont la présence est antérieure à l'exploitation industrielle de l'or. Toutefois, la dynamique économique que connait Hiré depuis le début de cette activité y a favorisé l'accroissement des capacités des services existants et l'ouverture de nouveaux services (tableau 16).

Tableau 16 : quelques structures présentes dans la commune de Hiré

Structures

Quartiers

Services

Responsables

Date

d'installation

Economie et des finances

Résidentiel

Trésor public

Directeur

2004

Sécurité intérieure
et décentralisation

Sous-préfecture

Sous-préfet

1977

Mairie

Maire

1985

Commissariat de
police

Commissaire

2005

Dida

Brigade de
gendarmerie

Commandant de
brigade

 

Education nationale

Assayé 1

IEPP

Inspecteur

1998

Agriculture et
développement durable

Dida

Antenne de
l'agriculture

Directeur

1992

Eaux et forêt

Dida

Compagnie

Chef de
compagnie

1953

Source : IEPP, 2016

Conclusion du chapitre 4

La générosité de l'espace naturel de Hiré et le déplacement de la boucle du binôme café-cacao de l'Est vers le Sud-ouest (région de Divo) a été la raison de la deuxième vague de migration vers Hiré dans les années 1970. Cependant, le profil démographique de la sous-préfecture de Hiré subit une nouvelle mutation avec la redécouverte de l'or qui a abouti à l'ouverture de la mine d'or de Bonikro. L'exploitation minière a accéléré la croissance démographique de Hiré. Cette croissance se caractérise par la jeunesse et la diversité d'origine des populations. Cela s'explique par l'afflux des jeunes attirés par la perspective des emplois ouverts à la mine et des revenus issus de l'orpaillage

153

CHAPITRE 5 : LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA
COMPAGNIE MINIÈRE

L'activité minière et particulièrement l'exploitation industrielle de l'or, à travers les investissements miniers, conduit à des actions visant à contribuer au développement communautaire. Les investissements menés par les compagnies minières dans la sous-préfecture de Hiré ont porté sur la réalisation d'infrastructures, d'équipements et sur des actions sociales.

Dans ce chapitre, il s'agit de connaitre les fondements fonctionnels et institutionnels des actions des compagnies minières en faveur des communautés locales. Il s'agit également de faire l'état des lieux des réalisations des compagnies minières dans la sous-préfecture de Hiré.

5.1. LES ACTIONS SANS PLAN DE DEVELOPPEMENT

5.1.1. La responsabilité sociale et les fonds destinés aux populations par EQUIGOL et LGL

Les différentes compagnies minières qui se sont succédées à l'exploitation des mines d'or de Hiré, ont, en l'absence d'un cadre légal prédéfini de l'aide au développement local, mené leur action vis à vis des populations sur la base de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). La RSE est le cadre de précaution sociale imposé par la Banque mondiale aux États dans le cadre des prêts qu'ils contractent avec les fonds internationaux et qui s'imposent donc aussi à ces États dans le cadre des contrats de concessions d'exploitation qu'ils passent avec des entreprises internationales pour la mise en valeur des ressources du territoire national dont ils assurent la gestion "au profit des peuples qu'ils abritent". La RSE recommande ainsi aux États et aux entreprises minières de réinvestir une partie de leurs profits dans des projets de développement durable ayant un fort impact social et environnemental de façon à pallier les préjudices faits aux populations locales. Pour cela, elle préconise aux États d'inclure dans le code minier la réalisation d'une Enquête d'Impact Environnemental et Social (EIES) et la livraison des différents rapports et documents qui l'accompagnent parmi les critères nécessaires pour l'obtention de la concession d'exploitation, au même titre que la présentation d'un plan de réhabilitation environnemental du site après son exploitation. En Côte d'ivoire, cette recommandation a été incluse dans le code minier. Ces EIES sont à réaliser suivant l'orientation de l'Agence Nationale de l'environnement (ANDE) à travers des termes de référence qui leur servent de guide. Elles sont validées par l'ANDE à la suite d'un examen technique du rapport final de celles-ci. La Société minière de droit australien EQUIGOLD déclare ainsi "avoir investi

50 milliards de francs CFA avant la sortie de son premier lingot d'or de la mine de Bonikro". Elle avait aussi mis sur pied un fonds de développement communautaire en 2005, estimé à 100 millions de francs CFA (152 440 euros) par an. C'est dans ce contexte qu'un certain nombre d'actions en faveur des populations de Hiré ont été menées.

Depuis la phase d'exploration débutée en 1996 par EQUIGOLD CI jusqu'en 2015, ce sont au total trois études d'impact environnementales et sociales (EIES) et une révision d'EIES qui ont été réalisées pour le compte de NEWCREST dans la sous-préfecture de Hiré. Elles ont été réalisées par plusieurs cabinets privés intervenant dans les domaines de l'environnement et des études sociologiques. Ce sont entre autres : CECAF international, Channel research, BURGEAP COTE D'IVOIRE et Arc Ingénierie. Ces EIES ont porté successivement sur l'ouverture de la mine de Bonikro, l'extension du bassin à cyanure, l'ouverture de la fosse de Hiré.

5.1.2 Méthode d'intervention de la compagnie par l'approche du jeu des doléances et des promesses

Au début, au-delà de la réalisation de l'EIES, la compagnie n'avait aucun plan cohérent d'actions concrètes. L'État ivoirien n'avait pas non plus de stratégie rationnelle pour le développement local. Il a donc laissé le soin à l'entreprise concessionnaire d'aborder les populations "pour que celles-ci disent ce qu'elles voudraient que la mine fasse pour elles". EQUIGOLD et LGL ont débuté par une démarche d'actions philanthropiques au profit des populations. La construction d'infrastructures à usage communautaire a été menée de manière sporadique et selon le bon vouloir de la compagnie minière ainsi que les pressions et colères des populations. La compagnie minière a entrepris de tenir des rencontres avec les populations au cours desquelles les doléances étaient formulées. Cela a entrainé la réalisation de projets non hiérarchisés et non prioritaires, ne répondant pas aux besoins communs les plus essentiels pour les populations. Par la suite, EQUIGOLD et LGL ont organisé des réunions où les communautés ont mieux exprimé leurs besoins collectifs. Les actions réalisées par LGL entre 2009 et 2010 résultent de cette nouvelle démarche (voir tableau 17)

154

.

155

Tableau 17 : récapitulatif des investissements de LGL à Hiré entre 2009 et 2010 I/ Investissements de LGL en participation à la vie communautaire

Zone

Localités

Nature de l'investissement

Montant FCFA)

Hiré

Bouakako/Gogobro/Douaville/ Kagbè/Zaroko/Hiré village

12 bâches de 64m28m et 1200 chaises malaga

18.822.000

Gogobro

Appui matériel et financier aux

obsèques du patriarche

1.000.000

Communauté musulmane/Hiré

Don de sucre

200.000

Collège municipal

Don de 80 tables bancs

700.000

Hiré FC

Appui financier au club de football pour la saison 2009-2010

27.000.000

5 campements autour de la mine

Organisation d'un arbre de noël en

décembre 2008+ autres petites
activités

1.831.350

Jeunesse communale de Hiré

Don d'équipements sportifs (ballons, poteaux de but)

269.000

Centre de santé urbain de Hiré

Don de médicaments

337.840

Total Hiré

50.160.190

Oumé

Gnanoufla/Gabia/Doka/Gotta Baoulé

7 bâches de 64 m2 et 1200 chaises malaga

10.979.500

Communauté musulmane

Don de sacs de sucre

100.000

Dougbafla

Don de médicaments de première

nécessité et don d'équipements
sportif

2.800.000

Centre de production de la petite enfance

Don de jouets participation à leur arbre de noël 2008-2009

376.000

Hôpital général

Don de moustiquaires imprégnés + 4.000.000 offert par LGL pour autres besoins de ces structures

6.300.000

Total Oumé

20.555.500

Hiré et Oumé

15 villages (Hiré-Oumé +

campements)

Don (vivres) pour les enfants des villages en vue l'organisation de la fête de Noel 2009

1.275.000

15 villages

Etudes Marp Financées par la

compagnie pour l'identification des besoins des populations

45.000.000

Total Hiré et Oumé

46.275.000

TOTAL I

116.990.690

156

II/ Investissements de LGL en appui aux activités génératrices de revenus

Région

Localités

Nature de l'appui

Cout (F CFA)

Hiré

Bonikro/Bandamakro/ Konankro/chantier Konankro/Petit Bouaké

1 broyeuse multifonctionnelle et un abri + formation des bénéficiaires

27.777.500

Total II

27.777.500

III/ Investissements de LGL en infrastructures socio communautaires

Région

Localités

Nature de l'appui

Coût (F CFA)

Hiré

Gogobro

Construction de Maternité,

maison de la sage-femme, foyer des jeunes, 4 classes et 1 marché ouvert

138.000.000

Gogobro

Installation de l'automatisme du château d'eau

2.500.000

Hiré ville

Construction de la grille de

protection du stade et des
vestiaires (appui au Hiré FC)

30.350.000

Hiré ville

Reprofilage voirie

7.000.000

Bonikro

Construction et équipement

d'une cantine scolaire à l'école primaire

9.120.000

Bandamakro/Konankro/Chanti er-konankro/Petit Bouaké

Entretien voie d'accès aux

campements (trois fois/an)

10.454.400

Petit Bouaké/Konankro-

chantier

Construction de pompe

hydraulique villageoise

25.823.000

Total III

223.247.400

TOTAL GENERAL

368.015.590

Source : NEWCREST, 2016

157

5.2. PRESENTATION DU PROJET MINIER AUX DIFFENTES COMMUNAUTES

5.2.1. La prise de connaissance par l'entreprise de l'architecture socio-spatiale autour de l'exploitation de l'or

A leur arrivée à Hiré, les premières actions des sociétés minières, EQUIGOL puis LGL ont été consacrées à la prise de contact avec les autorités administratives. Celles-ci déjà informées de leur arrivée par voie de circulaire les ont accueillis et introduits auprès des populations. C'est avec le préfet et le sous-préfet que les sociétés minières ont pu identifier et connaitre les différentes populations avec qui elles avaient à échanger.

A son arrivée, la compagnie minière EQUIGOL a pris attache avec les populations qui étaient les premières touchées par les effets de leur activité. Différentes rencontres ont eu lieu à cet effet entre les responsables traditionnels (chef de village, chef de campements, chefs des communautés ethnique) et les responsables de la mine. Les informations sur l'opportunité de leur présence et les avantages pour la population ont été mises en avant. Le quitus de la population étant indispensable à l'activité minière aurifère, la compagnie minière a convenu avec elle des conditions de l'extraction. L'or est désigné comme un métal au caractère mystique dont l'extraction nécessite des cérémonies de libations et autres pratiques cultuelles, primordiales à son exploitation. Les conditions de ces libations exprimées, EQUIGOLD s'est empressé de faire face aux charges y afférant.

Les différentes rencontres se sont multipliées entre la société minière et les populations avec des promesses diverses soutenues par les autorités administratives présentes. Ces rencontres se sont multipliées et la mine a demandé aux populations de lui adresser leurs doléances. L'adresse de ces doléances a donné lieu à des rencontres à l'intérieur des communautés.

Cette approche de la compagnie minière s'est faite dans le souci d'établir une proximité avec les communautés. Cependant, la compagnie minière présente ses actions en faveur des communautés locales non pas comme des droits pour les populations mais comme des actions de charité et de générosité.

Les actions en faveur des communautés ne sont pas présentées comme une obligation pour la compagnie minière car le code minier de 1995 en vigueur jusqu'en 2014, ne comportait aucune prescription formelle en la matière.

158

5.2.2. Les rencontres intracommunautaires sur le projet minier

La nécessité pour les communautés de soumettre à la mine leurs doléances a donné lieu à des rencontres au sein des localités afin de la formulation de leurs doléances. Ainsi, les différents villages et campements ont-ils organisé des rencontres qui ont été des tribunes pour débattre des besoins de ces communautés et de leur hiérarchisation par priorité.

5.2.3. Une question de préséance autour des investissements de la compagnie minière

L'identification des villages propriétaires terriens des sites occupés par la mine, a fait naître des conflits inter-villages qui ont opposé pour le site de Bonikro, les villages de Hiré, Bouakako, Gogobro, Kagbè et Gabia, un village de la sous-préfecture d'Oumé. Ces villages revendiquent tous la propriété des terres de la mine de Bonikro. Cependant après des pourparlers, le village de Gogobro a été reconnu comme village hôte de la mine de Bonikro. Pourtant, les actions sociales menées par la mine, ont donné lieu à une autre forme de litige : celle de la préséance. Au nom de son titre de propriétaire coutumier des terres qui accueillent l'usine de la mine de Bonikro, Gogobro estime que la société minière devrait entreprendre plus d'actions sociales pour elle. Gogobro se positionne donc comme devant être le premier bénéficiaire de ces avantages contrairement aux autres villages Watta. La question de préséance intervient également au sujet des campements autour de la mine. Les Watta sont tous unanimes sur le fait que les campements autour de la mine ne devraient pas bénéficier des actions de développement. Bonikro, Bouakako, Koutouklou-konankro, Petit Bouaké et Chantier Konankro sont des campements d'allogènes Baoulés. Ceux-ci n'étant pas dans leur aire géographique, les populations de Gogobro estiment qu'elles ne devraient recevoir de la mine les avantages liés à leur déplacement et rien d'autres. Cette approche déplu aux populations des campements et cela a créé des tensions entre les Dida et les Baoulé de ces campements. Les Dida, peuple autochtone, estiment que ce sont eux qui perdent leur terre et que les Baoulé pourront retourner chez eux retrouver leur terre alors qu'eux l'auront perdus définitivement. Cependant, les populations des campements estiment que Gogobro en tant propriétaire terrien devrait les réunir pour parler d'une même voix plutôt que de vouloir canaliser seule l'ensemble des investissements.

159

5.3. LES DOLEANCES SOUMISES A LA COMPAGNIE MINIERE

5.3.1. Un exemple du processus de formulation de doléances : Gogobro

Les premières rencontres entre la mine et les populations de Hiré ont lieu en 2004. La compagnie venait de détecter les prémices d'un gisement potentiellement exploitable. Le directeur général de la compagnie EQUIGOLD a organisé en présence des autorités administratives, des réunions avec les communautés locales afin de les préparer à l'exploitation prochaine des richesses de leur sous-sol. La compagnie a alors approché les six villages et les groupes locaux à qui elle a demandé ce qu'ils souhaitent pour le développement en échange de leur autorisation d'exploiter l'or dans la zone. C'est à cette occasion que, face aux doléances des populations, le président directeur général a pris l'engagement verbal de veiller à la réalisation de toutes ces demandes une fois les travaux de construction terminés et les travaux d'exploitation démarrés. Ces doléances portaient pour l'essentiel sur la question de l'emploi des jeunes et les équipements pour l'amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, ignorants tous des activités minières industrielles et des dégâts qu'elles pourraient causées, les premières doléances des populations ont portées sur des choses de petites valeurs aux répercussions sociales faibles et non durable comme des chaises et des bâches.

Gogobro, est le village hôte car propriétaire coutumier des terres occupées par la mine de Bonikro. Des négociations ont par la suite été menées exclusivement avec celui-ci. La première rencontre avec le président directeur général de la mine a eu lieu le 08 Septembre 2004 à 11 h à la salle de mariage de la mairie de Hiré. Cette rencontre entre la notabilité de Gogobro et le directeur général d'EQUIGOLD s'est tenue en présence du sous-préfet et du premier adjoint au maire de Hiré. L'ordre du jour de la réunion était l'appréciation des doléances posées par les villageois de Gogobro. La notabilité à l'occasion de cette rencontre, a formulé les doléances suivantes :

Construction d'un marché ; Dotation en 300 chaises +2 bâches ; Construction du logement de la sage-femme ; Extension du lotissement du village ; Construction d'un château d'eau ; Dotation d'une broyeuse de manioc ; Equipement en matériel agricole ; Construction d'un foyer des jeunes ; Réhabilitation de la route Douaville-Gogobro-Hiré et enfin la réhabilitation des bâtiments de l'école. Toutes ces doléances ont eu un écho favorable à l'exception du projet d'extension du lotissement du village que le directeur général a cependant promis de soumettre au conseil d'administration.

160

Les doléances de Gogobro ainsi exprimées concernent les chaises et les bâches. Cependant, avant même le début de l'exploitation du gisement, EQUIGOLD fusionne avec LGL et change de directeur général. Les promesses faites par l'ancien directeur général restent en suspens. A l'installation de la nouvelle direction, les populations de Gogobro ont par courrier informé la nouvelle direction de la mine des promesses qui leur ont été faites par l'ancien directeur général. Cependant, du fait du caractère non formel de ces engagements, la direction de LGL a refusé de les satisfaire. Ce refus a provoqué chez les populations un véritable mécontentement qui s'est traduit par des mouvements de blocus et de sit-in sur les voies d'accès à la mine. Cette situation a perduré jusqu'à ce que LGL accepte de relancer le débat avec les populations. Le 26 janvier 2010, une réunion a donc lieu avec les populations de Gogobro. Cette réunion a porté sur l'état d'avancement de l'exécution du protocole d'accord de 2004 entre la société minière et le dit village. Il en est ressorti que certaines doléances ont été entièrement réalisées tandis que d'autres étaient en cours de réalisation. Cette rencontre, a été l'occasion pour Gogobro d'exprimer de nouvelles doléances en insistant sur l'exécution des premières dont la réalisation tarde à se faire. Après cette rencontre, dans la même année, la mine est reprise par NEWCREST une société minière australienne. Les populations sont encore dans l'attente de la réalisation de ces promesses tout en menant quelques actions pour ne pas se faire oublier de la société minière. Suite aux différents mouvements de protestations (les sit-in, les blocus et les barrages des voies d'accès à la mine) dont l'intensité s'est de plus en plus accrue, les nouvelles autorités de la mine ont décidé de rencontrer les autorités traditionnelles de Gogobro. Ainsi, le 12 Septembre 2015, à l'hôtel GOLD de Hiré, s'est tenu une rencontre entre les autorités de Gogobro et le cabinet Guessan, consultant de NEWCREST. Cette rencontre a porté sur la révision et la mise à jour des accords consensuels de 2004 et sur les dispositions consensuelles. Ainsi les doléances exprimées depuis 2004, ont été progressivement exécutées jusqu'en 2015, où avec les populations de Bouakako propriétaire foncier de la mine de Hiré, un accord a été signé pour que le reste des doléances de Gogobro soit réalisées (voir tableau 18).

161

Tableau 18 : récapitulatif de la réalisation des requêtes de Gogobro par les différents gérants de
la mine de Bonikro.

DOLEANCES

REPONSES DES SOCIETES
MINIERES

Equigold

LGL

NEWCREST

Dotation en 300 chaises +2 bâches

Démarrée

 

Achevée

Construction d'un marché

 
 

Achevée

Construction du logement de la sage-femme

 
 

Achevée

Extension du lotissement du village

 
 

Achevée

Construction d'un château d'eau

 
 
 

Dotation d'une broyeuse de manioc

Achevée

 
 

Équipement en matériel agricole

 
 
 

Construction d'un foyer des jeunes

 
 

Achevée

Réhabilitation de la route Douaville-Gogobro-Hiré

 
 
 

Réhabilitation des bâtiments de l'école

 
 

Achevée

Source : nos enquêtes, 2016

Le tableau ci-dessus traduit l'évolution des rapports entre la compagnie minière et le village propriétaire terrien de la mine de Bonikro. Les doléances du village de Gogobro exprimées depuis 2004 ont connu un début d'exécution puis une fois installée la compagnie minière n'a plus accordé d'intérêt à ces doléances. Celles-ci sont restées sans suite jusqu'à la révolte des villageois.

A l'arrivée de NEWCREST à la tête de la mine, les choses ont connu une nette amélioration qui a permis la réalisation des équipements demandés (voir photos 20 et 21).

 

Newcrest avec la

construction de ce bâtiment accroit la capacité de cet établissement.

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 20: le bâtiment de trois classes construit par NEWCREST

 

Le logement de la sage-femme de Gogobro

construit par la

compagnie minière
NEWCREST.

162

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 22: le logement de la sage-femme

 

Maternité du village de Gogobro, construit par NEWCREST.

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 23: maternité de Gogobro

 

Hangar construit par
NEWCREST, servant
de marché à Gogobro.

163

Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 24: Marché de Gogobro

164

5.3.2 Les doléances des villages Watta : surenchère ou prise de conscience !

Les doléances des villages Watta ont au fil du temps connu des évolutions. Au départ, ignorants tous des capacités financières de la compagnie minière, les demandes des populations ont porté sur des choses minimes telles que des chaises et des bâches. Cependant, au fil du temps, avec les informations qu'elles ont eu par leurs cadres, les populations ont commencé à être de plus en plus exigeantes avec la compagnie minière. Les demandes ne portaient plus sur des choses courantes et peu coûteuses mais sur des équipements réels à effet durable comme des écoles ou des salles de classe pour augmenter les capacités des écoles existantes, des centres de santé, des systèmes hydrauliques villageoises, etc.

5.3.3 Les doléances des campements autour de la mine

Les cinq campements autour de la mine que sont Bandamakro, Bonikro, Petit Bouaké, Chantier Konankro et Koutouklou-Konankro, selon l'EIES de la mine de Bonikro devaient être relocalisés. Pourtant depuis lors, Petit bouaké et Chantier konankro sont dans l'attente d'une relocalisation qui semble ne plus être à l'ordre du jour. Cette demande est la requête première de ces localités. Outre la demande de relocalisation, les campements autour de la mine ont adressé un certain nombre de doléances à la mine. Du fait de leur statut de populations directement impactées par les activités de la mine ou sa proximité, ces habitants de campements estiment être en droit de recevoir de la part de la mine des investissements. Leurs doléances portent sur l'amélioration des conditions de vie et des indemnisations. Concernant l'amélioration de leurs conditions de vie, les populations de ces campements demandent que le dispensaire construit à Bonikro soit équipé de sorte qu'elles ne soient plus obligées de se rendre en ville pour les soins de première nécessité. Elles demandent également que la mine réalise pour elles des projets de développement social.

Les populations des campements déplacés demandent aussi que la mine leur paie des indemnités car elles ont été déplacées sans mesure d'accompagnement. Elles estiment que la compagnie minière a profité de leur ignorance de l'époque et elles demandent réparation de ce fait.

5.3.4 Les doléances de l'administration publique locale

La mairie de Hiré revendique son droit de première autorité décentralisée. De ce fait, elle estime que les autorités de la mine l'ont outrepassé en demandant directement aux communautés leur besoin sans passer par elle. Toutefois, la mairie a sollicité le soutien de la compagnie minière

165

pour l'aider dans les actions de développement local. De par son statut d'administration décentralisée, la mairie doit mener des actions d'intérêt local, promouvoir l'initiative privée, encourager les acteurs locaux à la prise de responsabilité et faciliter la participation des populations. C'est dans ce cadre que la mairie accompagne désormais la compagnie dans ses actions de développement local. Les doléances de la mairie à la compagnie minière portent sur des projets de développement tels que l'équipement de l'hôpital ; la transformation du collège en lycée ; le financement du budget de la mairie ainsi que du matériel de bureau.

La préfecture de Divo et la sous-préfecture de Hiré en tant qu'administration déconcentrée sont le relais de l'État auprès de la compagnie minière. Dans ce contexte, ces structures de l'administration accompagnent les responsables de la compagnie minière dans leurs rapports avec les populations. Les quelques doléances qu'elles ont adressées à la mine ont porté sur des équipements en matériels de bureau (chaises, tables, ordinateurs, etc.).

5.4. CONTRIBUTION DE LA COMPAGNIE MINIERE A LA REALISATION D'INFRASTRUCTURES ET D'EQUIPEMENTS

Les tableaux 19, 20 et 21, ci-dessous retracent les réalisations de la société minière sur l'ensemble des localités impactées par ses activités sur la période 2009-2010. On constate que les investissements à Hiré sont plus importants que ceux d'Oumé. Cela s'explique par le fait que la sous-préfecture de Hiré est plus impactée par l'activité aurifère et que les infrastructures de la mine sont sur son territoire. Les investissements de la société minière s'organisent en trois points essentiels : la participation à la vie communautaire, l'appui aux activités génératrices de revenus et les infrastructures sociocommunautaires. Les investissements les plus colossaux s'observent au niveau des infrastructures communautaires et s'élèvent à 223 247 400 F CFA. A ce niveau, on observe que le village de Gogobro, propriétaire coutumier des terres qui abritent la mine de Bonikro concentre à lui seul 140 500 000 F CFA d'investissement. Soit un peu plus de la moitié des investissements globaux réalisés dans ce secteur.

166

Tableau 19 : investissements de LGL en participation à la vie communautaire, entre 2009 et

2010

Zone

Localités

Nature de l'investissement

Montant FCFA)

Hiré

Bouakako/Gogobro/Douaville/ Kagbè/Zaroko/Hiré village

12 bâches de 64m28m et 1200 chaises malaga

18 822 000

Gogobro

Appui matériel et financier aux obsèques du patriarche

1 000 000

Communauté musulmane/Hiré

Don de sucre

200 000

Collège municipal

Don de 80 tables bancs

700 000

Hiré FC

Appui financier au club de football pour la saison 2009-2010

27 000 000

5 campements autour de la mine

Organisation d'un arbre de noël en décembre 2008+ autres petites activités

1 831 350

Jeunesse communale de Hiré

Don d'équipements sportifs (ballons,

poteaux de but)

269 000

Centre de santé urbain de Hiré

Don de médicaments

337 840

Total Hiré

50 160 190

Oumé

Gnanoufla/Gabia/Doka/Gotta Baoulé

7 bâches de 64 m2 et 1200 chaises malaga

10 979 500

Communauté musulmane

Don de sacs de sucre

100 000

Dougbafla

Don de médicaments de première

nécessité et don d'équipements sportif

2 800 000

Centre de production de la petite enfance

Don de jouets participation à leur arbre de noël 2008-2009

376 000

Hôpital général

Don de moustiquaires imprégnés + 4 000 000 offert par LGL pour autres besoins de ces structures

6 300 000

Total Oumé

20 555 500

Hiré et

Oumé

15 villages

(Hiré-Oumé + campements)

Don (vivres) pour les enfants des villages en vue l'organisation de la fête de Noel 2009

1 275 000

15 villages

(Hiré-Oumé + campements)

Etudes Marp Financées par la compagnie

pour l'identification des besoins des
populations

45 000 000

Total Hiré et Oumé

46 275 000

TOTAL I

116 990 690

Source : NEWCREST, 2016

167

Tableau 20 : investissements de LGL en appui aux activités génératrices de revenus

Région

Localités

Nature de l'appui

Cout (F CFA)

Hiré

Bonikro/Bandamakro/ Konankro/chantier konankro/Petit Bouaké

1 broyeuse multifonctionnelle et

un abri + formation des
bénéficiaires

27 777 500

Total II

27 777 500

Source : NEWCREST, 2016

Tableau 21 : investissements de LGL en infrastructures socio communautaires

Région

Localités

Nature de l'appui

Coût (F CFA)

Hiré

Gogobro

Construction de Maternité,

maison de la sage-femme, foyer

des jeunes, 4 classes et 1
marché ouvert

138 000 000

Gogobro

Installation de l'automatisme

du château d'eau

2 500 000

Hiré ville

Construction de la grille de

protection du stade et des
vestiaires (appui au Hiré FC)

30 350 000

Hiré ville

Reprofilage voirie

7 000 000

Bonikro

Construction et équipement

d'une cantine scolaire à l'école primaire

9 120 000

Bandamakro/Konankro/
Chantier-konankro/Petit
Bouaké

Entretien voie d'accès aux

campements (trois fois/an)

10 454 400

Petit Bouaké/Konankro-
chantier

Construction de pompe

hydraulique villageoise

25 823 000

Total III

223 247 400

TOTAL GENERAL I et II et III

368 015 590

Source : NEWCREST, 2016

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces investissements sont très faibles. Les populations les considèrent ainsi et expriment leur mécontentement en ce qui concerne l'approche de la mine. Elles font valoir qu'il s'agit d'une approche coloniale de "petits cadeaux faits aux noirs incultes pour mieux les exploiter". Il en résulte une crispation des rapports avec la mine. Tous les villageois sont d'accord pour dire que l'or rapporte gros sans qu'elles en soient les

168

bénéficiaires locaux "quand même se sont leurs terres qui le produit". Ces faibles retombés en développement se conjuguent avec les impacts négatifs des dépossessions foncières. Des rivalités existent entre les différents villages à propos de la propriété foncière coutumière des terres qui abritent l'exploitation industrielle de l'or. Tous ces mécontentements ne rendent pas le climat social paisible. Certains villages estiment que la mine leur doit beaucoup et fait peu, d'autres s'opposent aux arguments des premiers. En somme le mode opératoire par cadeau n'est satisfaisant pour personne et les populations se sentent peu à peu de plus en plus abusées par la société minière Au bout de trois ans, le gouvernement prend la décision de proposer le cadre organique d'un plan de Développement Local Minier.

5.5. LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT LOCAL SUR FONDS MINIERS

Il est prescrit par l'article 125 du code minier la mise en place par l'Administration pour chaque unité locale d'exploitation minière, d'un comité de développement local. Ce comité est chargé de la mise en oeuvre des projets de développement économique et social pour les communautés locales. Ce comité est l'organe par lequel une utilisation efficace des fonds et des mesures d'assistance technique et de renforcement des capacités peuvent être mise en oeuvre par le titulaire du permis d'exploitation.

5.5.1 La création d'un Comité de Développement minier de Hiré

L'arrêté interministériel n°640/MIM/MEMIS du 22 décembre 2015 crée le Comité de Développement Local Minier (CDLM) de la mine d'or de Hiré dans le département de Divo et précise ses attributions, son organisation et son fonctionnement conformément à l'article n°131 du décret n°2014-397 du 25 juin 2014.

Le CDLM de Hiré a pour mission de gérer le plan de développement local minier élaboré par la compagnie minière NEWCREST en concertation avec les communautés riveraines et les autorités administratives territoriales et locales. Ce plan est destiné aux communautés des villages identifiés comme « localités affectées » par l'activité minière de la sous-préfecture de Hiré tel que conclue par les différentes Études d'Impact Environnemental et Social. Il couvre les domaines suivants :

- le développement d'infrastructures et d'équipement de base ;

- le développement des services sociaux de base et du cadre de vie ; - la promotion de l'emploi ;

- le développement de l'économie locale ;

169

- le développement du capital humain.

Les missions dévolues au CDLM de Hiré concernent également la mise en oeuvre, le suivi de l'exécution des projets, la gestion du fonds de développement local, l'exécution et le suivi des dépenses.

Installé officiellement le 25 Janvier 2016 en présence des autorités locales, le CDLM de Hiré est dédié aux communautés des 16 localités identifiées comme impactées (voir tableau 22).

Tableau 22 : les localités concernées par le CDLM de Hiré

1. La commune de Hiré

9. Petit Bouaké

2. Hiré village

10. Bandamakro

3. Bouakako

11. Chantier-Konankro

4. Gogobro

12. Koutouklou-Konankro

5. Zaroko

13. Carrière

6. Kagbè

14. N'driyaokro

7. Douaville

15. N'guessankro

8. Bonikro

16. Yaokouassikro

Source : CDLM de Hiré, 2015

La zone d'influence du CDLM de Hiré va au-delà de la sous-préfecture de Hiré comme le montre la figure 27. Il est composé des représentants suivants : le préfet du département de Divo, président ; le président du conseil régional du LOH-DJIBOUA, vice-président ; le directeur régional de l'industrie et des mines de DIVO ou son représentant, secrétaire ; le sous-préfet d'Oumé ; le député d'Oumé sous-préfecture ; le député de Divo sous-préfecture ; le maire de Hiré ; le chef de chaque village ou son représentant ; une représentante des femmes de chaque village ; un représentant des jeunes de chaque village ; un représentant de la compagnie minière exploitante.

Figure 27 : Carte de la zone d'influence du CDLM de Hiré

Conception : YOBO, 2016

170

171

La composition du CDLM telle que constituée enregistre des modifications par rapport au Comité de Développement Local (CDL) précédemment constitué qui ne comprenait pas les localités de la sous-préfecture de Oumé impactées par l'activité minière à Hiré. Aux localités existantes dans la version précédente s'ajoutent donc les localités de Carrière, N'driyaokro, N'guessankro et Yaokouassikro qui sont considérées comme impactées par la route d'acheminent du minerai de la commune de Hiré à la mine de Bonikro.

5.5.2 L'implication des mutuelles et associations dans la gestion du développement local

Deux associations mènent des actions en faveur des populations auprès de la société minière : la Mutuelle pour le Développement de Hiré (MUDH) et la Cellule Stratégique pour la Défense et la Protection des Intérêts de Bouakako (CSDPIB). La succession de différends entre la société minière et les populations a changé l'image que celles-ci avaient de la mine. Appréhendée au début de ses activités comme une aubaine, une opportunité, la mine est désormais considérée comme une mafia financière. Celle d'une société capitaliste venue essentiellement pour amasser les richesses et non comme un partenaire du développement local. Le président de la CSDPIB l'exprime clairement quand il dit :

« Les sociétés minières, c'est une sorte de mafia financière, vorace, qui dans les rapports avec les novices n'a pas de pitié. Elles viennent faire miroiter des choses aux populations et au moment où elles sont dans leur position attentive, elles ont déjà fini et vous n'avez qu'à constater ».

Ainsi, voyant leurs parents subir le dictat de ces sociétés minières, certains cadres originaires de ces localités directement touchées par les activités minières se sentent-ils interpellés et poussés à intervenir en tant que "fils" de la communauté. Ils s'érigent alors en éveilleurs de conscience soit à titre individuel soit en créant un collectif.

5.5.2.1 Les revendications de la MUDH

La MUDH est une association des cadres pour mener des actions en faveur du développement de Hiré. Née depuis 2010, les actions de la mutuelle ont généralement été dans ce sens. Cependant, selon le président de la mutuelle, il serait inconcevable que les cadres restent silencieux face aux injustices faites par la société minière aux populations. C'est dans ce contexte que la MUDH a commencé à intervenir et à mener des actions à l'encontre de la mine. Aussi la MUDH estime-t-elle que les populations qui jouissent des droits fonciers coutumiers

172

et celles qui vivent sur les terres où l'exploitation minière se déroule, sont exclues du partage des bénéfices de la répartition ou la redistribution juste et équitable des retombées de cette exploitation minière. Ainsi, la MUDH s'est depuis 2015, engagée dans la lutte pour préparer l'avenir des populations locales après l'exploitation minière. Elle envoie des courriers de protestations à la société et accompagne les populations dans leurs actions sur le terrain.

5.5.2.2 La reconnaissance par la société minière des représentants des communautés villageoises

La MUDH et la CSDPIB apparaissent ainsi reconnues comme des représentants influents des communautés villageoises. La carte dénommée "Carte d'identification des chefs de village et autres personnes influentes dans le Watta" fait partie de la documentation fournit par le cabinet d'expertise KKB-GIS SD en décembre 2014 (Figure 28). On y voit représenté la MUDH et la CSDPIB et les ministres originaires de la région.

Cette reconnaissance se traduit par l'association de ces groupements et personnalités à l'identification des besoins des populations et à la mise en oeuvre des actions communautaires de la compagnie minière. Cette association permet à la compagnie minière d'avoir en face des personnes ressources capables de prendre des décisions et de servir d'interlocuteurs avisés auprès des populations.

Les différents villages de la sous-préfecture et particulièrement les villages propriétaires terriens sont représentés sur cette carte. Pour le village de Gogobro, en plus du chef du village YAO Kodjo Wréga Guillaume, on trouve le président de la MUDH, le Dr DAGO, puis le ministre Paul Yao N'DRE. Pour Bouakako, village hôte de la mine de Hiré, on trouve en plus du chef N'GUESSAN Koffi Emmanuel, le ministre Joseph DJABLE et GNAMINI Jérémie, président du CSDPIB.

173

Figure 28: carte d'identification des chefs de village et autres personnes influentes dans le watta

Source : NEWCREST, 2017

174

5.6. LE ROLE DES AUTORITES DECENTRALISEES DE LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE

L'administration décentralisée est assurée dans le cadre des collectivités territoriales que sont les régions et les communes.

5.6.1. Le Conseil Régional de Divo

Le conseil régional a été institué par l'article 36 de l'ordonnance n°2011-262 du 28 septembre 2011 d'orientation sur l'organisation générale de l'administration territoriale de l'État par la région et la commune. C'est une collectivité territoriale ou une entité administrative dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il a pour mission, dans la limite des compétences qui lui sont expressément dévolues, d'organiser la vie collective et la participation des populations à la gestion des affaires locales, de promouvoir et réaliser le développement local, de moderniser le monde rural, d'améliorer le cadre de vie, de gérer les terroirs et l'environnement.

Le conseil régional du Lôh-djiboua couvre toute la région de Lôh-djiboua composée des départements de Divo, Guitry et Lakota et couvre les communes de Hiré et Didoko. Il est administré par le président du conseil régional, assisté par 5 vice-présidents. Il a pour mission d'organiser et réaliser le développement de la région qu'il couvre. Le conseil régional du Lôh-djiboua dont le siège est à Divo, chef-lieu de région s'étend sur une superficie de 10 650 km2 avec une population de 729 169 habitants.

5.6.2. Le conseil municipal de Hiré

La commune de Hiré qui s'étend sur une superficie de 1854 ha, compte au RGPH 2014 une population de 31 960 habitants. Elle est administrée par un conseil municipal, à la tête se trouve le maire qui en est l'administrateur principal. Le maire est aidé dans ses tâches par des adjoints. Le conseil municipal émane de la population communale. Il est élu pour un mandat de cinq ans. C'est une structure technique de gestion communautaire décentralisée de l'Etat qui finance la réalisation de certaines infrastructures sociales et économiques (centre de santé, marché, foyer de jeunes, voirie, etc.) dans la commune de Hiré.

5.6.3 La compagnie minière installée à Hiré

Depuis 2010, NEWCREST est la compagnie minière qui exploite les gisements aurifères de la sous-préfecture de Hiré. Newcrest Mining Limited (NEWCREST), société d'origine

175

australienne est l'une des plus grandes sociétés minières d'or dans le monde en termes de capitalisation, avec environ 10 000 employés et sous-traitants. Son activité primaire est la production de l'or avec le cuivre comme produit secondaire. De façon concise la stratégie de NEWCREST consiste à développer des opérations de grandes tailles et de longue vie avec des techniques d'extractions d'or moins coûteuses. En se basant sur cette stratégie NEWCREST continue à étendre son portefeuille d'opportunité dans l'or dans le but de les convertir en mines opérationnelles. Les mines de NEWCREST sont situées en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Indonésie et en Côte d'Ivoire dans la région de Hiré.

Les activités de NEWCREST en Côte d'Ivoire sont axées autour de trois points que sont :

- l'exploration qui représente l'étape la plus importante. Elle consiste en la recherche et la découverte de substance utile en quantité suffisante et économiquement exploitable avec profit pour la compagnie minière ;

- l'exploitation qui consiste à l'extraction du minerai du sous-sol en utilisant des excavatrices et des camions bennes pour le transport du minerai. Cette opération est précédée du dynamitage des roches, lorsque l'on atteint les roches les plus dures ;

- le traitement du minerai qui consiste à concasser les roches pour ensuite récupérer l'or à l'aide de la technique de lixiviation en cuves, qui nécessite l'usage du cyanure et du charbon actif pour capter l'or.

5.6.4. La création d'un fonds de développement local minier

Pour faire opérer ce comité minier, un fonds de développement lui a été affecté. Les ressources du CDLM de la mine d'or de Hiré proviennent du « Fonds de Développement Local » constitué par la société conformément à l'article 129 du décret n°2014-397 du 25 Juin 2014. Ce fonds est alimenté, chaque année, par un prélèvement de 0,5% sur le chiffre d'affaires de la société d'exploitation NEWCREST. Ces ressources doivent être logées dans un compte ouvert au nom du CDLM de la mine d'or de Hiré dans les livres d'un établissement bancaire en Côte d'Ivoire. Ce compte est alimenté par la société minière par virement bancaire à la fin du mois suivant chaque trimestre.

Malgré la disponibilité de neuf cent quatre-vingt-quatre million sept cent cinquante-neuf mille cent quatre francs (984 759 104 FCFA), cumul des fonds (2015-2017), il faut noter que le CDLM de Hiré n'avait pas commencé la mise en oeuvre des projets avant la deuxième moitié de 2018 en dépit de la rencontre du 20 avril 2018 portant adoption du projet de budget

176

prévisionnel de l'exercice 2018. Désormais aplani, ce retard s'explique par des divergences de vue entre les potentiels bénéficiaires dans la mise en place du bureau exécutif. Des appels d'offre sont en cours d'élaboration pour l'exécution des projets retenus dans l'ensemble des 16 localités impactées dont la ville de Hiré.

Tableau 23 : récapitulatif des investissements sociaux majeurs réalisés par l'entreprise minière

NEWCREST

Unité : F CFA

Années

Total

2015

2016

2017

Contribution de la
mine au CDLM

148.534.778

334.393.664

501.830.662

984.759.104

Source : NEWCREST, 2018

5.6.5 La mise en place d'un document de Plan de Développement local

La compagnie minière embarrassée par ses propres tâtonnements et ceux des populations a décidé de prendre les devants des choses et de produire une action rationnelle afin d'organiser ses actions en faveur du développement de la sous-préfecture de Hiré. Ainsi, l'entreprise minière NEWCREST en partenariat avec le PNUD, a de concert avec les populations locales, décidé d'élaborer un plan de développement local (PDL). L'élaboration du PDL de Hiré s'est inscrite dans une approche participative fondée sur des principes directeurs du diagnostic participatif et de l'approche de planification et de gestion axée sur des résultats. Elle a vu la participation des acteurs institutionnels comme les autorités administratives, les élus locaux (le maire, les conseillers municipaux, les services techniques de l'agriculture, des mines, de l'ANADER, les ONG locales, etc.) ; puis celle de la population locale.

Ce plan de développement local a été synthétisé autour de trois axes d'interventions que sont :

- axe1 : développement des infrastructures sociales de base et du cadre de vie ;

- axe2 : développement de l'économie locale et;

- axe3 : développement du capital humain incluant le genre, le VIH/SIDA, les droits de l'homme.

Le coût total de la mise en oeuvre du PDL sur les trois années est estimé à 2 521 587 000 F CFA. Ce montant couvre aussi bien la mise en oeuvre des différents axes d'intervention que les charges liées à la coordination générale de ses actions. Le PDL élaboré et mis en oeuvre par

177

NEWCREST selon le programme triennal 2012-2015 résulte de la seule initiative de la compagnie minière. Cette initiative est formalisée par le code minier de 2014 en son article 124.

Un dispositif institutionnel a été mis sur pied pour assurer la mise en oeuvre du PDL. Il comprend deux comités : le comité de pilotage qui est l'instance de décision et le comité de développement local qui est chargé de la coordination et du suivi de la mise en oeuvre des actions de développement sur le terrain. D'abord prévu pour être un programme triennal (20122015), le PDL a été formalisé dans le code minier de 2014.

5.7. LA COOPERATION NEWCREST PNUD POUR LE PLAN STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT ET LE PDL DE HIRE DE 2012 A 2015

Le milieu local manque d'organes véritables de coordination du développement local. La nouvelle institution du CDLM en 2012 étant loin d'être opérationnelle. Toutefois, devant l'urgence de faire face de manière rationnelle aux demandes des populations, la compagnie a pris les devants en sollicitant le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour lui produire deux outils importants que sont : le Plan Stratégique de Développement Local (PSDL) et le PDL

Le PDL pour la période 2012-2015 comprend 91 projets pour un montant de 2,5 milliards de FCFA. Seulement 16 projets ont été jugés prioritaires et 11 d'entre eux sont en réalisation pour un montant de 1 854.206 USD (834392.7 F CFA). Le tableau ci-dessous présente l'ensemble des projets prioritaires retenus dans le cadre du CDLM de Hiré pour la période 2013-2014. Ces projets d'un coût total de 455 820 303 F CFA portent sur des activités en faveur des différents groupes cibles (jeunes, femmes, élèves) d'une part et au bénéfice de l'ensemble de la population d'autre part. Ils portent essentiellement sur des activités agricoles (culture et élevage) et sur des équipements éducatifs et sanitaires dans la sous-préfecture.

178

Tableau 24 : récapitulatif des projets prioritaires réalisés du partenariat NEWCREST-PNUD

Projet/action

Année

Coût (F

CFA)

Bénéficiaires directs

Résultats obtenus

1

Ferme porcine (1 porc) pour les jeunes de Hiré village

2013

33.125.000

140 jeunes

des 6 villages Watta

Maitrise des

techniques d'élevage

2

Ferme porcine (1 porc) pour les jeunes de Kagbè

2013

33.125.001

Maitrise des

techniques d'élevage

3

Ferme avicole (2000 poules

pondeuses) pour les jeunes de
Douaville

2013

18.876.800

Maitrise des

techniques d'élevage

4

Ferme avicole (2000 poules

pondeuses) pour les jeunes de
Bouakako

2013

18.876.800

Maitrise des

techniques d'élevage

5

Ferme avicole (2000 poules

pondeuses) pour les jeunes de Zaroko

2014

18.876.800

Maitrise des

techniques d'élevage

6

Ferme avicole (2000 poules

pondeuses) pour les jeunes de
Gogobro

2013

18.876.800

Maitrise des

techniques d'élevage

7

Création de 50 ha de plantation d'hévéa pour 50 jeunes de Hiré

2014

10.000.000

50 jeunes de Hiré

38 jeunes installés

8

Mise en place de 3 ha de pépinière d'hévéa pour 45 jeunes

2014

9.000.000

45 jeunes de Hiré

15 jeunes de Kagbè installés

9

Aménagement de bas-fond pour les

populations de Bandamakro et
Bonikro

2015

25.000.000

Bandamakro et Bonikro

Moyen de

subsistances crées

10

Micro-crédit pour 54 personnes de Hiré

2015

15.000.000

54 personnes

54 emplois crées

11

Insertion socioéconomique des

femmes ex-orpailleurs de Hiré

2015

26.892.000

97 femmes

97 ex-orpailleurs

installés

12

Centre de santé pour la population de la sous-préfecture de Hiré

2015

53.873.718

sous-

préfecture

Centre de santé

construit

13

Réhabilitation et équipement de

l'IFEF pour 65 apprenants de Hiré

2015

35.500.000

65

apprenants

IFEF réhabilité et

équipé

14

Construction d'un bâtiment de trois classes pour le lycée Municipal

2014

31.894.885

élèves

Collège érigé en lycée

15

Radio communautaire pour la sous- préfecture de Hiré

2014

31.830.000

sous-

préfecture

6 emplois créés

16

Plantation de 5000 arbres d'ombrage dans la sous-préfecture

2015

5.600.000

populations

Plants distribués et

plantés

17

Appui à la réparation de la benne de ramassage d'ordure

2015

825.000

mairie

Dispositif de la mairie amélioré

18

Collecte des ordures ménagères pour la commune de Hiré

2014

68.647.500

populations

31 emplois

temporaires créés

Source : NEWCREST, 2017

179

5.7.1 Les réalisations de NEWCREST sur la base du PDL

Les projets exécutés dans le cadre du PDL sur la période 2013-2015 sont récapitulés dans le tableau ci-après :

Tableau 25 : récapitulatif des projets prioritaires exécutés sur la période 2012-2015

Types de projets

Natures des activités

Infrastructures

Construction d'un bâtiment pour les classes de première du Lycée municipal

Construction d'un Centre de Santé urbain

Projet d'équipement de l'IFEF de Hiré

Environnement

Lutte contre l'orpaillage, les feux de brousse et les dégâts des animaux

Plantation d'arbres d'ombrage dans les

villages délocalisés

Assainissement de la ville de Hiré

Informatique et
communication

Installation d'une radio communale

Source : NEWCREST, 2017

Ces projets portent sur les trois axes d'actions retenus dans le cadre du PDL. Les projets d'infrastructures socio-éducatives et de formation concernent :

- la construction d'un bâtiment de 3 classes du lycée municipal de Hiré ;

- la réhabilitation et l'équipement de l'Institution de Formation et d'Éducation Féminine (IFEF) de Hiré et ;

- le projet de construction et d'équipement d'un centre de formation professionnelle à Hiré.

La construction d'un bâtiment de 3 classes du lycée municipal de Hiré, augmentant ainsi la capacité d'accueil à 180 élèves supplémentaires. En plus de la construction du bâtiment de 3 salles de classes, le laboratoire de sciences a été réhabilité (ce qui facilite les travaux pratiques pour environ 455 élèves), et le Comité de gestion de l'établissement a bénéficié d'un renforcement de ses capacités de gestion et d'entretien du patrimoine de l'établissement.

La réhabilitation et l'équipement de l'Institution de Formation et d'Éducation Féminine (IFEF) de Hiré. Les travaux de construction étaient certes très avancés mais ils étaient encore loin

180

d'être achevés. A terme, ce projet contribuera à accroitre la capacité d'accueil des auditrices et à améliorer les conditions matérielles de leur formation. Selon le chef du chantier, la livraison du bâtiment était prévue pour la fin de l'année 2016.

Le projet de construction et d'équipement d'un centre de formation professionnelle à Hiré n'était qu'au stade de l'évaluation du coût estimé à 330 millions. Jusqu'en 2016, aucune décision de construction du centre n'avait été prise de façon définitive.

Concernant la question environnementale, deux projets "à forte composante environnementale" avaient été retenus au titre des projets prioritaires. Il s'agit : du projet de protection de l'environnement par la plantation de 5 000 arbres d'ombrage dans les villages délocalisés autour de la Mine et du projet de gestion des ordures ménagères de la ville de Hiré.

5.7.1.1. Le projet de protection de l'environnement par la plantation de 5 000 arbres d'ombrage dans les villages délocalisés autour de la Mine.

Bien que les plants aient été livrés tardivement, les arbres ont été plantés dans les sites indiqués et selon le plan convenu avec la mairie. Cependant, faute d'entretien, plusieurs arbres plantés n'ont pas survécu aux intempéries et n'ont pas été remplacés. Passé au CDL, ce projet doit être repris et renforcé en raison du rôle important qu'il peut jouer dans la qualité de vie des populations dans la sous-préfecture.

5.7.1.2. Le projet de gestion des ordures ménagères de la ville de Hiré.

Ce projet est avec le centre de santé urbain l'un des projets qui devraient impacter positivement la qualité de vie des populations de la ville de Hiré en dépit des menaces environnementales que fait peser l'exploitation minière sur la ville. Ce projet, au-delà de la sensibilisation s'appuie sur quatre activités techniques, à savoir : le nettoyage général de la ville et le curage des caniveaux ; la construction et l'exploitation de centres de pré-collecte des ordures ; la construction de centre de groupage des ordures et la construction d'une décharge publique pour l'enfouissement et le traitement des ordures.

Pour la réalisation de ce projet d'assainissement de la ville, un accord a été conclu entre NEWCREST et la Mairie de Hiré pour la collecte régulière des ordures. A cet effet, les services techniques de la Mairie ont été dotés d'un tracteur multifonction et d'une brigade de salubrité de 30 jeunes (dont 12 filles) a été installée en octobre 2013. Ce dispositif a permis de porter la capacité d'enlèvement d'ordures de 4 à plus de 10 tonnes par jour et de curer plus de 12 km de caniveaux. Après deux années de fonctionnement satisfaisant du dispositif d'enlèvement des

181

ordures ménagères qui a permis de donner une fière allure à la ville, la gestion du système a été transférée à la Mairie. Cependant, depuis la fin du partenariat avec NEWCREST, les difficultés s'accumulent dans le système de collecte, essentiellement du fait de fréquentes pannes enregistrées sur le tracteur pour causes d'utilisations inappropriées et de manque de moyens financiers pour payer les primes d'intéressement des équipes engagées dans la collecte d'ordures.

Du point de vue de l'informatique et de la communication, le projet retenu dans le cadre du PDL était la mise en place d'une radio communale.

A l'instar des villes et communes de Côte d'Ivoire, la ville de Hiré s'est vue dotée, depuis le 25 avril 2014, d'une radio communale dite radio WATTA FM, émettant sur 95.8Mhz. La radio s'autofinance grâce aux ressources collectées pour les annonces, reportages et autres partenariats conclus pour des actions de sensibilisation. A la fin des actions de l'exercice 2014, les organes statutaires de la radio ont été mis en place. Il s'agit du conseil d'administration et de la direction exécutive permettant d'assurer une meilleure gestion de la Radio.

5.7.2. Les réalisations pilotées par le CDLM

Depuis sa mise en place en Janvier 2016, le CDLM de Hiré a permis la réalisation d'un certain nombre de projets. Le CDLM a permis d'achever les projets du PDL en cours de réalisation lors de son installation. Il a en outre permis au niveau des infrastructures routières la fermeture des nids de poule sur la route nationale dont le bitumage est très dégradé. Dans la même année 2017, le CDLM a permis le reprofilage de 17 km de route. Pour 2017, le tableau 25 récapitule les actions socio-économiques réalisées par le CDLM entre 2016 et 2017 et le tableau 26 fait l'inventaire de tous les projets réalisés.

182

Tableau 26 : actions socio-économiques réalisées par le CDLM 2016 - 2017

Actions socio-économiques

Bénéficiaires

Montant en F CFA

Appui aux associations

Femmes et IFEF

1

000

000

Appui à l'insertion des orpailleurs vulnérables

Mairie

26

003

600

Appui aux obsèques du défunt maire

Mairie

1

000

000

Appui à l'organisation des

compétitions sportives

Mairie

1

990

000

dons de matériels de salubrités

Mairie

4

353

000

Embauche de Jeunes

Jeunesse communale

1

000

000

Don d'un ordinateur de bureau

Jeunesse communale

22

000

000

Appui aux activités pour la

promotion de la cohésion sociale

les différentes
communautés de la ville

38

846

600

Source : NEWCREST, 2016

Le tableau ci-dessus présente les actions socio-économiques du CDLM de Hiré entre 2016 et 2017. Ces actions d'un montant total de 96 193 200 F CFA, portent sur des actions en faveur des différentes couches de la société (femmes, jeunes, etc.). Ces actions visent majoritairement à favoriser l'autonomisation économique des populations dans la quête d'un mieux-être de celles-ci.

Le tableau ci-dessous est quant à lui un récapitulatif des projets réalisés en 2017 par le CDLM de Hiré. Ce sont 711 557 240 F CFA qui ont été investis dans différentes rubriques en faveur des différentes communautés de la sous-préfecture de Hiré. Les montants les plus importants ont été investis à Hiré ville 371 833 737 F CFA, à Gogobro 90 280 425 F CFA et à Bouakako 87 530 591 F CFA.

183

Tableau 27 : inventaire des projets réalisés en 2017 par le CDLM de HIRE

Rubrique

Activités/Actions de la mine

Montant

1

Financement
d'activités
socio-

culturelles

Contribution à la journée d'excellence au sous-préfet d'Oumé

200.000

2

Organisation de l'arbre de Noel 2017 au profit de 1200 élèves - EPP Hiré stade

2.610.000

3

Contribution aux activités socio-culturelles de fin d'années des 5 campements riverains

1.000.000

4

Contribution à la finale du tournoi de la cohésion sociale dans les 5 campements riverains

200.000

5

Contribution à l'organisation des activités socio-

500.000

6

Contribution à l'organisation de la fête nationale de l'indépendance (Hiré, Divo et Oumé

1.500.000

7

Appui à la mairie de Hiré pour l'organisation de l'arbre de Noel des enfants de Hiré

500.000

8

Appui à la Radio Téné pour l'organisation de l'arbre de noël des enfants handicapés (centre social d'Oumé)

500.000

9

Organisation du tournoi de football pour la cohésion sociale à Hiré

3.563.000

Sous total en CFA

10.573.300

1

donation
communautaire

Don d'ordinateurs portables aux jeunes promoteurs à l'inspection primaire de Hiré

2.150.000

2

Don de pneus à la police nationale de Hiré

1.008.831

3

Remise de 4 véhicules 4x4 à la gendarmerie et à la police nationale de Hiré et Oumé

66.615.125

4

Don de 150 chaises à la jeunesse communale de Hiré

1.800.000

Sous total en CFA

71.573.956

1

Projets du
protocole avec
Gogobro

Projet de l'eau à Gogobro phase 1, réhabilitation du forage et des installations

41.122.000

2

Réhabilitation de l'EPP Gogobro (04 bâtiments, 01 cantine et 01 bloc de toilette)

39.594.025

3

Livraison 200 chaises à Gogobro

2.520.000

4

Fourniture d'une machine broyeuse de manioc, 1 bâche et un abri pour broyeuse

7.044.400

Sous total en CFA

90.280.425

1

Projets du
protocole avec
Bouakako

Construction de trois logements pour enseignants à Bouakako

39.779.300

2

Réhabilitation d'un bâtiment de trois classes à l'EPP Bouakako

13.959.046

3

Ferme porcine à Bouakako

33.792.245

Sous total en CFA

87.530.591

1

Projets réalisés
à Hiré ville

Extension du réseau électrique dans le quartier Gnakankro à Hiré

14.659.750

2

Renforcement de la production d'eau à Hiré (phase 1)

192.885.287

3

Réalisation des travaux complémentaires au centre de santé de Hiré

30.690.009

4

Réhabilitation du lycée Municipal de Hiré

11.821.939

5

Etude de faisabilité du programme de formation pour les jeunes de Hiré

22.125.000

6

ofilage de voies communautaires

78.451.271

7

Projet de ferme porcine pour huit jeunes de Hiré

21.200.481

Sous total en CFA

371.833.737

1

Autres projets
et appui
communautaire

Réhabilitation de l'EPP N'guessankankro

20.889.540

2

projet pilote de production de riz dans le bas-fond de Bonikro et Bandamakro

11.503.491

3

Appui pour l'installation d'Akaffou Gédéon pour le commerce de poissons congelés

8.975.000

4

Projet de cultures maraichères au profit de 30 femmes à Dougbafla Est

38.397.200

Sous total en CFA

79.765.231

TOTAL GENERAL (en CFA)

711.557.240

184

5.8. LES OPPORTUNITES D'EMPLOI OFFERTES PAR LA COMPAGNIE MINIERE

Les emplois offerts par la compagnie minière sont majoritairement des emplois qualifiés qui requièrent des profils précis dans les emplois industriels et techniques que la plupart des demandeurs locaux d'emplois n'ont pas. Les recrutements pour ces emplois se font par appel d'offre national ou international. Les emplois non qualifiés sont offerts en contrat de un à six mois. La contrainte qui existe pour la compagnie minière d'employer prioritairement les populations locales est traduite par les communautés de Hiré comme une obligation d'employer des ressortissants de Hiré. Cependant, selon les autorités de la mine, cette appellation de "population locale" correspond l'ensemble des ivoiriens.

Le nombre de jeunes locaux employés à la mine est insignifiant comparé au nombre de demandes qu'ils lui ont adressées. Ce qui explique que les jeunes de Hiré font de la question de l'emploi dans les mines locales leurs revendications prioritaires. Pour remédier au problème de qualification, les jeunes souhaitent que les formations proposées par la compagnie minière portent sur les métiers spécifiques de la mine afin que les opportunités d'emplois dans les activités minières de "chez eux" leur soient profitables en priorité. Leur focalisation sur ce fait est motivée par leur perception du potentiel minier ivoirien en général et sur les perspectives de son développement en Côte d'Ivoire et dans le Löh-Djiboua. En effet, les jeunes de Hiré disent avec assurance qu'au cours des prochaines décennies, l'avenir de la Côte d'Ivoire ne reposera pas seulement sur l'agriculture mais également sur l'exploitation minière. L'on murmure avec insistance que toute la région de Hiré est riche de plusieurs gisements aurifères, aussi bien dans le périmètre de recherche concédé à NEWCREST qu'en dehors du périmètre, comme c'est le cas avec l'exploitation de la mine d'or d'Agbaou par Andeavour, dans la sous-préfecture de Didoko.

La présence de la compagnie minière dans la sous-préfecture de Hiré est une opportunité pour la localité car même si elle ne parvient pas à employer massivement des personnes issues du local, elle parvient tout de même à employer quelques jeunes locaux. Ces emplois offerts par la mine permettent aux bénéficiaires d'avoir une autonomie financière et de pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Aussi de par sa présence, la compagnie minière investie-t-elle dans les actions de développement en faveur des communautés locales.

185

5.8.1. Les emplois à la compagnie minière

L'installation de la compagnie minière contrairement aux attentes des populations et aux annonces des autorités administratives n'a pas été un réel facteur de création d'emplois directs à la mine. Les arguments avancés sont que les emplois qualifiés dans le secteur minier, comme dans toute autre activité à grande échelle, sont pourvus par appel à candidature à l'échelle nationale ou même internationale. Les populations locales ayant un profil qui ne correspond pas à celui demandé, ne parviennent donc que très rarement à y avoir accès. A cet effet, dans l'optique d'assurer une transparence dans la création d'emplois locaux dit emploi «local-local», NEWCREST met en place en 2016, un comité local d'emploi en vue d'établir une transparence dans la question de l'emploi des jeunes. Dans le souci de créer un cadre participatif et inclusif, le comité est composé des parties prenantes du secteur minier que sont : les riverains, les élus locaux, les ONG, les services d'État et l'opérateur minier. Ce mécanisme s'applique à NEWCREST et à ses sous-traitants (pour l'ensemble des travaux d'exploitation et exploration) aussi bien pour les embauches de main d'oeuvre qualifiée et non qualifiée que pour les journaliers communément appelés «casuals».

Ces emplois sont offerts suivant les catégories ci-après :

- emploi permanent ;

- contrat à durée déterminée (de 3 à 24 mois maximum) pour un projet particulier ; - emploi temporaire (durée maximale d'emploi 3 mois);

- stage de perfectionnement.

Pour faciliter leur accès équitable, les offres d'emplois sont affichées sur les panneaux d'affichage dans les différentes localités impactées par le projet minier. Les différentes candidatures sont étudiées par le sous-préfet et les chefs de village afin de vérifier leur provenance ensuite, les dossiers suivent leur circuit normal à la mine avant de revenir après validation aux mains du sous-préfet et des responsables communautaires.

La mise en place d'une stratégie de l'information sur l'emploi local a permis une transparence au niveau des recrutements réalisés à la mine et de connaitre les ressortissants de la localité qui postulent et qui sont recrutés à la mine. Cependant, le nombre pléthorique des demandes et l'incapacité pour la mine de toutes leur accorder une suite favorable a poussé NEWCREST et le comité de rédaction du PDL à réfléchir à d'autres possibilités d'activités génératrices de revenus afin d'aider la jeunesse de Hiré à se prendre en charge.

186

5.8.2 Les formations qualifiantes financées par la compagnie minière

Dans le cadre du développement du capital humain, la compagnie minière NEWCREST a financé des formations qualifiantes en faveur des jeunes afin de leur permettre d'acquérir un savoir-faire qui leur permettrait d'embrasser une profession. Pour ce faire, des filières porteuses d'emplois ont été identifiées. De ces filières, des métiers à fort taux d'employabilité ont été sélectionnés par ordre de priorité afin d'offrir de nouvelles opportunités d'insertion aux jeunes (filles et garçons de 18 à 35 ans) susceptibles de contribuer à améliorer durablement leurs conditions de vie.

Les formations qualifiantes pour environ 1500 jeunes ont une visée professionnelle plus immédiate et ne débouchent pas sur un diplôme ou un titre. Elles permettent d'obtenir une attestation de stage en fin de formation ou un « certificat d'aptitude » lié au milieu professionnel. Il s'agit de lui faire acquérir les compétences nécessaires à la pratique du métier par l'utilisation des équipements techniques, des ressources matérielles et des outils de communication. La compagnie minière à travers ce programme de formation qualifiante offre aux jeunes de la sous-préfecture de Hiré l'opportunité d'avoir un profil professionnel afin d'être compétitif sur le marché de l'emploi.

Les formations sont souvent de courte durée. Elles excèdent rarement un an et sont suivies d'un stage. Les stages de fin de formation sont sanctionnés d'une attestation de fin de formation ou d'un « certificat d'aptitude ».

5.8.3 Les activités génératrices de revenus financées par NEWCREST

La deuxième phase de solution proposée par NEWCREST est celle des activités génératrices de revenus (AGR). Cette option des AGR est une convention de partenariat NEWCREST-PNUD dont la mise en oeuvre a débuté en 2011. La compagnie minière ne pouvant satisfaire les attentes de la jeunesse de Hiré en les employant tous, a opté pour cette solution afin de répondre un tant soit peu aux attentes de la jeunesse locale. Les projets d'activités génératrices de revenus sont toutefois des réponses locales aux attentes des jeunes car hormis les projets d'élevage, tous les autres résultent du Plan Stratégique de Développement (PSD) et du Plan de développement local (PDL). Ce sont des projets qui ont été identifiés par les populations comme étant faciles à mettre en oeuvre pour une jeunesse non qualifiée, d'autant plus que ce sont des activités rurales. Ces projets ont également été identifiés comme des activités très rentables et/ou bénéfiques pour la communauté (voir tableau 28).

187

Les activités identifiées portent sur les activités agricoles, d'élevage et de commerce qui sont des activités auxquelles les populations sont habituées car faisant partir de leur quotidien. Elles ont été identifiées comme activités à financer car la maitrise de ces activités amoindries les risques d'échecs. La réalisation de ces projets permettrait également de satisfaire la demande locale en matière de protéine animale et de relancer la production agricole. De façon spécifique, ce sont :

- 4 fermes d'élevages avicoles (2000 poules pondeuses chacune),

- 2 élevages de porcs charcutiers dotés de 12 truies et 1 verrat chacun, - 1 exploitation rizicole de 15 ha,

- 1 hectare de pépinière d'hévéa et de 38 ha de plantation d'hévéa.

Tableau 28 : les activités génératrices identifiées par les populations et le tandem NEWCREST-

PNUD

Secteurs d'activités

Activités

Cultures non vivrières

Création de plantations villageoises d'hévéa et de palmier à huile

Cultures vivrières

Exploitation de 17 ha de bas-fond en riziculture irriguée

Élevages

Élevages de poules pondeuses

Élevages de porcs charcutiers

Commerce

Développement du petit commerce (vivriers, articles manufacturés, etc.)

Source : NEWCREST, 2016

188

Ces projets ont été élaborés dans le cadre du renforcement des capacités de productions agricoles des jeunes en leur apportant un appui à l'accès aux marchés pour une meilleure valorisation des produits agricoles, animaux et/ou transformés. A termes, ces projets devaient constituer des réponses locales fortes aux préoccupations des jeunes de la sous-préfecture en matière d'emplois et d'autonomisation économique de la jeunesse.

Conclusion du chapitre 5

Les actions de la compagnie minière en faveur des populations de Hiré ont connu des mutations diverses depuis le démarrage de l'exploitation industrielle de l'or. En l'absence d'un cadre institutionnel formel, ces actions ont été faites au coup par coup, guidées par la RSE commune à toutes les compagnies minières. Elles ont connu plusieurs mutations au fil du temps puis avec l'initiative du plan triennal de développement local 2012-2015, ces actions ont connu un début de formalisation. Élaboré en partenariat avec le PNUD, ce plan de développement a permis la réalisation de plusieurs projets en faveur des communautés locales, puis est intervenu la formalisation des actions communautaires par le code minier de 2014.

Les actions en faveur des populations portent sur la création d'emploi, la contribution à l'amélioration des conditions de vie et la réalisation d'équipements et d'infrastructures.

189

CHAPITRE 6 : LES MUTATIONS SOCIALES LIEES A
L'EXPLOITATION DE L'OR

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'exploitation minière, outre ses répercussions démographiques et économiques, a également des incidences sociales dans la sous-préfecture de Hiré. Ces incidences sont diverses et feront l'objet de ce chapitre. Ce sixième chapitre tente d'abord de décrire les nouveaux comportements observés au sein de la cellule familiale puis ceux observés au sein de la communauté. Il analysera les problèmes sociaux liés aux rapports entre les acteurs de l'exploitation minière et les populations.

6.1. L'AGGRAVATION DES INEGALITES SOCIALES 6.1.1. La classe paysanne dans l'indigence

L'agriculture, facteur des premières vagues de migrations vers Hiré, qui a permis aux producteurs de connaitre un prestige économique ainsi que toutes les activités qui se greffaient à elle, connaît depuis l'arrivée de la mine une période de stagnation. Le pouvoir économique avant l'ouverture de la mine industrielle était tenu par les grands producteurs de café et de cacao. Le poids de la production était un critère capital dans la classification sociale des paysans. Celui qui fait régulièrement un bon tonnage de ces cultures phares était considéré comme riche. La superficie de l'exploitation agricole, la qualité de la culture, le volume de la main d'oeuvre mobilisée et le volume de production sont autant de critères de classification sociale des paysans. Cependant, l'ouverture de la mine industrielle a bouleversé cette stratification sociale. Les paysans ayant perdus du fait de l'exploitation minière leur terre, leur production, leur pouvoir économique, le critère de classement social a changé.

6.1.2 L'émergence d'une nouvelle élite sociale à Hiré

Avec l'ouverture de l'exploitation minière, deux nouveaux facteurs de catégorisation sociale valorisante sont apparus dans la sous-préfecture. Ce sont : l'indemnisation et les revenus issus du travail de mineur.

6.1.2.1 Les indemnisés de NEWCREST

La société minière NEWCREST pour l'exercice de ses activités occupe des terres pour lesquelles elles payent des indemnités aux populations. Si les ressources minières appartiennent à l'État qui en autorise l'exploitation, les terres appartiennent aux populations. Les indemnités sont versées en dédommagement soit de l'occupation de parcelles, la destruction de cultures

190

et/ou pour la destruction de l'habitat. Le montant des indemnités perçues par certaines personnes en a atteint des centaines de millions et fonde l'image très valorisante que la population se fait des personnes bénéficiaires de ces indemnités.

En effet, la perte de sa parcelle ou de sa plantation n'est plus perçue par les populations comme un malheur mais comme une chance. Toutes les populations aspirent à voir leurs parcelles touchées par les activités de l'entreprise minière à tel enseigne que lorsque NEWCREST occupe juste une portion de la parcelle qu'elle dédommage, les populations préfèrent qu'elle récupère toute la parcelle afin de bénéficier d'une meilleure indemnité.

6.1.2.2. Les mineurs de Hiré

? Les employés de NEWCREST.

L'appropriation populaire de métiers de la mine s'observe autour de la construction d'un imaginaire populaire des métiers qui découle de l'activité minière. L'embauche par NEWCREST crée un nouveau type de travailleurs plus qualifiés qui cristallise les nouvelles perceptions car ces ouvriers s'inscrivent dans des rapports sociaux en termes de « classe bourgeoise », par opposition à la « classe prolétaire ». Les investissements miniers favorisent l'apparition d'une nouvelle classe moyenne, relativement aisée, principalement composée de cadres du secteur privé et de fournisseurs, sous-traitants, consultants, etc. Diplômés de l'enseignement supérieur, ces derniers développent un style de vie marqué par la construction des villas et autres grandes concessions de prestiges. La classe prolétaire des employés de la mine est composée des employés non qualifiés qui exercent les petits métiers. Issus généralement de la localité ils résident majoritairement dans la ville. Leur niveau de vie est décrit comme étant supérieur à celui des autres habitants. En outre, le niveau de gratification des salaires de ces travailleurs est perçu comme intéressant. Dans les maquis, bistrots ou restaurants locaux et autres lieux de détente de la ville, leur niveau de consommation est des plus élevés. Ils possèdent des engins de locomotion et cela contribue à entretenir cette image de prestige et de réussite. Cependant, la compagnie minière ne pouvant employer tout le monde, une autre activité aussi financièrement intéressante et qui attire un plus grand nombre est l'orpaillage.

191

? Les orpailleurs

Les orpailleurs sont aussi présents dans la ville de Hiré. L'orpaillage est une activité très ancienne à Hiré dont la pratique avait cessé depuis un siècle pour refaire surface en 2007 à l'occasion de l'installation de l'usine minière de Bonikro. L'orpaillage est aujourd'hui de loin l'activité économique phare dans la sous-préfecture de Hiré. Perçue comme une activité lucrative, l'orpaillage draine du monde. Selon le recensement des orpailleurs effectué en 2010 par NEWCREST, ce sont environ 3 000 personnes qui exercent cette activité sur les sites dispersés à travers la sous-préfecture. Les sites les plus prisés sont ceux de la compagnie minière, notamment le périmètre de la fosse satellite de Hiré avant son exploitation par la compagnie minière.

6.2 LES PERTURBATIONS AU SEIN DE LA CELLULE FAMILIALE 6.2.1 Les conflits entre parents et enfants

Des conflits éclatent entre parents et enfants dans la sous-préfecture de Hiré au sujet de l'exploitation minière. Ces conflits sont essentiellement dus au refus des parents de laisser leur progéniture s'adonner à l'exploitation artisanale de l'or. Ce refus est motivé selon Kouadio (2008) par plusieurs raisons qui nous ont servi de base pour l'enquête auprès des populations (voir tableau 29).

Tableau 29 : les causes des conflits entre parents et enfants liés à l'activité minière

Causes de conflits

Proportion (en %)

Insoumission

19

Déscolarisation

26

Les dangers de l'orpaillage

40

Raisons religieuses

12

Autres

3

Source : Nos enquêtes, 2016

Selon les données collectées, 40% des enquêtés pensent que le refus des parents de laisser leurs enfants s'adonner à l'orpaillage est motivé par les dangers que présentent cette activité. Le second motif avancé est celui de la déscolarisation. La plupart des enfants qui exercent l'orpaillage comme activité de vacances manquent les cours pour aller pratiquer l'orpaillage ou abandonnent totalement l'école. Cela s'explique par l'habitude qu'ils prennent d'avoir de

192

l'argent. L'insoumission des enfants avec 19% représente la troisième raison des conflits entre parents et enfants. L'insoumission est une situation à la laquelle tout parent est confronté vis à vis de ses enfants surtout lorsque ceux-ci atteignent l'âge de l'adolescence. Cependant, la situation dans la sous-préfecture de Hiré est exacerbée par l'exploitation minière. Les enfants généralement utilisés dans le groupe domestique pour exercer des activités agricoles du fait du manque de main d'oeuvre extérieure refusent désormais de le faire. Ils s'adonnent plutôt à l'orpaillage soit à titre personnel soit en tant qu'ouvrier journalier pour le compte d'un particulier ce qui provoque des conflits entre eux et leurs parents. Ils sont ainsi détournés, du fait de l'activité d'exploitation artisanale, du contrôle parental. Ces derniers ne vont plus aider les parents dans les champs et ne participent plus aux activités économiques de la famille. Ils préfèrent exercer l'orpaillage où les travaux bien que plus difficiles, sont rémunérés. L'opinion cultuelle de l'or lui confère un caractère sacré qui est perçu par certains comme une malédiction rattachée à ce métal. Sur la base de cette perception, certains parents interdisent à leurs enfants de s'adonner à l'exploitation artisanale de l'or. D'autres raisons non explicites sont également avancées. Ces conflits se manifestent par des querelles. Les enfants sont parfois victimes de sévices et certains vont jusqu'à quitter le domicile familial.

6.2.2 Les conflits d'autorité entre mari et femme

Les conflits entre mari et femme au sujet de l'activité minière surviennent lorsque la femme s'intéresse au travail de l'or. Les femmes constituent 18% des orpailleurs enquêtés. Initialement la femme s'occupe des travaux domestiques (repas, ménage...) mais dans le milieu rural, elle est devenue une main d'oeuvre nécessaire pour le chef de ménage du fait de la raréfaction de la main d'oeuvre extérieure. Dans ce contexte, son nouveau statut lui confère en plus des activités domestiques, l'entretien des cultures vivrières et pérennes. Elle aide ainsi son mari à l'entretien des plantations et à l'entretien de la famille à travers les cultures vivrières utilisées pour la consommation et pour la commercialisation. Avec la crise dans l'agriculture qui s'accentue de plus en plus, les chefs de familles n'arrivent plus à pourvoir aux besoins de leurs femmes. Celles-ci se tournent donc vers l'orpaillage qui se présente comme une opportunité économique et un palliatif dans la sous-préfecture. Les femmes dans l'orpaillage s'adonnent au lavage et sont rémunérées de façon journalière. Elles se détournent ainsi de l'autorité de leurs époux en allant plus les aider dans les champs et exercent l'orpaillage à leur propre compte. Leurs tâches domestiques ne sont plus bien assurées. Cette attitude des femmes est perçue par les maris comme une défiance de leur autorité de chef de famille. Cela génère des conflits de natures diverses (voir tableau ci-dessous).

193

Tableau 30 : répartition des conflits selon leur nature au sein de la population enquêtée

Nature des conflits

Proportion (en %)

Privations

12,82

Interdiction à la pratique

38,46

Répudiation ou séparation de la famille

12,82

Reproches

32,05

Autres

3,84

Source : Donnée d'enquête, 2008

La chute du pouvoir d'achat des paysans et l'augmentation de celui des mineurs perturbe également les relations entre mari et femme. En effet, avec le prestige économique dont ils bénéficient, certains mineurs courtisent les femmes des paysans en les couvrant de présents et de gestes auxquels leurs maris ne peuvent prétendent. Ces derniers ne peuvent pas rester indifférents et cela crée des conflits qui débouchent parfois sur des séparations.

6.3. L'EMERGENCE DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS SOCIAUX

A la faveur de l'expansion de l'activité minière dans la sous-préfecture de Hiré, de nouveaux comportements sociaux ont fait surface tels que la consommation abusive d'alcool et la propagation du VIH/SIDA.

6.3.1. La consommation abusive de l'alcool

Les acteurs de l'activité minière ou du moins les mineurs résidents dans la ville de Hiré sont pour la plupart des jeunes vivants seuls ou loin de leurs ménages. Dans une ville comme Hiré, longtemps ville agricole, les seuls espaces de loisirs de la population sont les bars, buvettes et bistrots de la place. Des espaces de loisirs plus prestigieux se trouvent dans les chefs-lieux de départements voisins que sont Divo et Oumé. Les niveaux de revenus tirés de l'activité aurifère procurent à ses acteurs un pouvoir d'achat qu'ils expriment souvent à travers de fortes consommations d'alcool qui crée en eux une addiction. La consommation abusive d'alcool est perçue par ces personnes comme signe de jeunesse, de modernisme et d'aisance financière. Cette tendance donne souvent lieu à des dérives. Il est fréquent de voir des jeunes orpailleurs dont l'activité n'est régie par aucun code d'éthique, déambuler ivres dans les rues. Ils s'adonnent à des compétitions dans la consommation de l'alcool qui se terminent parfois par des bagarres. Ce sont des comportements nouveaux dans cet espace habituellement paisible ou les populations sont habituées à vivre en convivialité.

194

6.3.2 La dépravation des moeurs

Une autre menace et non des moindres se signale à Hiré. A l'exemple des villes minières, la ville de Hiré a attiré de nombreuses professionnelles du sexe. En effet, la présence d'une activité minière dans une localité est généralement interprétée comme la présence et la circulation d'une manne financière à gagner. Ce qui augmente les risques liés aux infections sexuellement transmissibles (IST) et au sida. A Hiré, nous n'avons pas réalisé un recensement de celles-ci mais selon les populations, il y en a dans tous les quartiers. A ces professionnelles du sexe (PS) s'ajoute la vulnérabilité des jeunes filles de la localité. Issues généralement de familles démunies, les jeunes filles de la ville de Hiré sont vulnérables face à l'argent et au pouvoir de certains mineurs. Par ailleurs, les filles commerçantes le jour se transforment en prostituées de luxe la nuit. Lorsque la production est bonne, les orpailleurs peuvent donner facilement de grosses sommes et avec l'alcool et la drogue, celles-ci peuvent avoir des rapports sexuels non protégés avec ces derniers. Aussi, ces rapports sexuels se déroulent parfois dans les champs et sur les sites d'orpaillage, ce qui est formellement interdit dans la culture locale et signifié aux orpailleurs par les propriétaires des terres qu'ils occupent.

6.3.3 L'apport de croyances nouvelles

Depuis le début de l'exploitation minière à Hiré, sur les sites d'orpaillage ou à proximité, les populations disent constater l'apparition et la multiplication de nouveaux fétiches venus d'ailleurs. Ces nouvelles croyances sont singulièrement le fait des orpailleurs et se traduisent par l'exécution de certains rites et sacrifices. En effet, ces nouvelles pratiques constatées dans la sous-préfecture de Hiré sont le fait d'orpailleurs allogènes d'origine malienne, guinéenne et burkinabé. Ces pratiques nouvelles dans la sous-préfecture de Hiré, vont jusqu'au sacrifice humain qui, aux dires des populations, rendraient les sites d'orpaillage plus productifs. Ainsi, les décès tragiques constatés dans la localité depuis le début de l'orpaillage leur est-il imputé.

195

Conclusion du chapitre 6

L'activité minière à Hiré induit différentes mutations socio-économiques dans la sous-préfecture. Du fait de cette activité, les populations locales dont les activités sont perturbées mettent en place un ensemble de stratégies pour s'adapter à cette nouvelle réalité. Les cultivateurs optent pour de nouvelles cultures agricoles et tentent de se repositionner économiquement en voulant tirer un meilleur profit de l'exploitation aurifère. D'autres par contre, les jeunes en particulier optent pour des emplois à la mine ou à défaut pour l'orpaillage. Toutes ces choses fragilisent le tissu social car les nombreux déséquilibres sociaux liés à l'exploitation minière se ressentent aussi bien au sein des familles qu'au sein des communautés. Toutefois, de nouvelles opportunités économiques liées à l'activité aurifère s'offrent à la population locale car l'exploitation de l'or non seulement procure un revenu relativement consistant mais aussi occasionne une rentabilité rapide Cette atmosphère de l'activité minière donne également libre cours à des vices de tous genres (alcoolisme, prostitution, etc.)

196

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

L'activité minière dans la sous-préfecture de Hiré a fait d'elle un pôle d'attraction des populations de divers horizons et d'origines variées. Cette ruée de population est dominée par des jeunes venus pour saisir l'opportunité économique que représente cette activité soit en travaillant pour la compagnie minière soit en s'adonnant à l'orpaillage qui fait appel à une main d'oeuvre importante. L'étude du profil démographique de la sous-préfecture de Hiré donne de constater la forte proportion de jeune. On constate aussi que cette population majoritairement agricole se tourne de plus en plus vers l'activité aurifère notamment vers l'orpaillage. La concentration démographique dans la ville de Hiré entraine un étalement de celle-ci avec une concentration du bâtit dont la qualité s'améliore de plus en plus. Les services et les commerces dans la ville connaissent également une croissance. La compagnie minière dans le cadre de ses activités entreprend dans la sous-préfecture des activités en faveur des communautés locales. Ce sont généralement des équipements sanitaires, éducatifs, sportifs etc. Elle contribue aussi par le financement de projet et de formation au développement du capital humain. Aussi assiste-t-on à une recomposition sociale. L'élite sociale agricole est remplacée par l'élite sociale issue soit des acteurs de l'activité minière, soit des indemnisés de la compagnie minière. Vu le montant important que perçoivent certains paysans au titre du dédommagement, ceux-ci sont perçus comme des riches car ils accèdent ainsi à des sommes jamais espérées. A cela s'ajoutent de nouveaux comportements sociaux à Hiré. On assiste à des problèmes familiaux entre conjoints et entre parents et enfants du fait de l'activité minière.

A travers cette deuxième partie, l'objectif qui consiste à identifier les changements introduits par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie à Hiré est atteint.

TROISIEME PARTIE :

CONFLITS ET COOPERATIONS ENTRE COMMUNAUTES
ET COMPAGNIE MINIERE DANS LA LOCALITE DE HIRE

197

INTRODUCTION A LA PARTIE

A côté des apports de l'activité minière qui peuvent être considérés comme favorisant le développement de la sous-préfecture de Hiré, d'autres incidences de cette activité apparaissent comme un frein à ce développement. Cette troisième partie composée de trois chapitres s'intéresse aux effets négatifs de l'exploitation de l'or. Le premier chapitre porte sur les incidences environnementales de l'activité minière. Cette analyse s'est faite sur l'ensemble des composantes de l'environnement que sont le sol, l'eau et l'air. Ce chapitre traite également des répercutions de ces incidences environnementales sur la santé des populations. Le deuxième chapitre traite de la récession agricole dans la sous-préfecture de Hiré. Ce chapitre permet d'aborder la question de l'agriculture, principale source de revenu des populations locales. Celle-ci est mise à mal du fait de l'activité aurifère qui est la nouvelle attraction des populations. Le troisième chapitre, quant à lui aborde la question des problèmes fonciers exacerbés par l'activité minière, les différents protagonistes et les mécanismes de règlements de ces conflits.

198

CHAPITRE 7 : LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR
L'EXPLOITATION MINIÈRE

INTRODUCTION AU CHAPITRE

L'exploitation minière a des impacts négatifs sur l'environnement dus aussi bien aux techniques d'extractions qu'aux produits utilisés pour le traitement du minerai. Ces impacts négatifs de l'exploitation minière industrielle et/ou artisanale touchent les différentes composantes de l'environnement que sont l'eau, le sol et l'air et la biodiversité (Ouédraogo 2006). Ils peuvent constituer des menaces sur la santé et la vie des populations.

La sous-préfecture de Hiré est ainsi soumise aux fortes pressions de l'activité aurifère qui met à mal toutes les composantes de l'environnement et influence le bien-être des populations. Pour une meilleure évaluation de ces impacts environnementaux, il est nécessaire de décrire comment l'activité de la compagnie minière NEWCREST et des orpailleurs aurifères agit sur les sols, l'eau, l'atmosphère et la santé.

7.1. DES SOLS DE CULTURES DEGRADES PAR L'ACTIVITE

7.1.1. Outils et techniques d'extraction

La compagnie minière installée dans la sous-préfecture de Hiré y exerce une exploitation minière conventionnelle à ciel ouvert utilisant des camions et des excavatrices. L'exploitation à ciel ouvert est effectuée sur la base d'une production tous les jours de la semaine. Des techniques standard de forage et de tir à l'explosif sont utilisées dans les roches dures, avec le creusage libre dans les endroits meubles.

Les outils utilisés dans l'exploitation minière industrielle sont de grands véhicules et de grandes machines communes à toutes les sociétés intervenantes dans ce secteur. Ce sont généralement des véhicules à la pointe de la technologie intervenant dans l'extraction et le transport de la roche. Cela inclue des véhicules légers de type bâché 4x4 pour le transport du personnel, des bulldozers, des scrapers, des graders, des excavatrices, des pelleteuses. Les foreuses sont utilisées pour l'échantillonnage géologique. L'équipement pour l'abattage à l'explosif incluant des foreuses, des véhicules de transport, et des accessoires connexes (détonateurs, etc.). A ceux-là s'ajoutent les camions de transport du minerai, et les camions de services utilisés pour la fourniture en carburant et en huile, pour la maintenance et l'arrosage des routes pour la suppression de la poussière. Tous ces véhicules sont maintenus en parfait état de

fonctionnement selon les pratiques en la matière et la réglementation nationale par les départements mobiles de NEWCREST.

Les étapes de l'extraction minière à ciel ouvert sont les suivantes :

- délimitation géographique et physique de la zone de la fosse en laissant une zone tampon intacte ;

- décapage de la zone de la fosse par bulldozer, scraper et grader, incluant le stockage de la terre végétale pour une future réhabilitation du site ;

- décapage de la couche de terre oxydée minéralisée (si disponible) par bulldozer et ; - excavatrice incluant le triage de cette matière selon les critères suivants ;

o terre oxydée à haute teneur aurifère stockée sur le ROM pad, la zone de stockage avant le transport et le traitement direct du minerai à l'usine.

o terre oxydée à basse teneur aurifère stockée sur le site de stockage de minerai à basse teneur pour son transport et traitement direct à l'usine selon les besoins de celle-ci.

o stériles stockés dans les versants à stériles

Une fois la roche dure atteinte, le minerai est extrait selon la méthodologie suivante :

- forage de confirmation de présence de minerai et modélisation de la structure par l'équipe de géologues et ;

- dislocation de la roche par tirs d'explosifs.

Il convient de noter que l'abattage à l'explosif est réalisé conformément aux réglementations nationales.

L'enlèvement de la roche par excavatrices et pelleteuses se fait selon les critères suivants :

- Minerai à haute teneur aurifère, stockée sur le ROM pad, la zone de stockage du minerai avant son transport et traitement direct à l'usine ;

- minerai à basse teneur aurifère stockée sur le site de stockage de minerai à basse teneur pour son transport et traitement direct à l'usine en fin de vie de la mine selon les besoins de l'usine ;

- stériles stockés dans les verses à stériles.

Du point de vue physique, les composantes requises par l'opération purement minière incluent ainsi :

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- les fosses d'extractions à ciel ouvert ;

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- les zones de stockages à moyen terme de minerais à haute teneur ; - les zones de stockages de minerai à basse teneur ;

- les zones de stockage à moyen terme de roches stériles et ;

- la flotte des véhicules pour l'extraction et le transport de la roche.

7.1.2. Les méthodes et techniques de traitement industriel du minerai

A partir des deux carrières, les bennes de 10 tonnes transportent le minerai à l'usine de traitement. Selon le schéma de fonctionnement de l'usine (ANDE, 2006), le minerai est classé dans différentes piles de stockage selon la propriété physique et la teneur aurifère. A partir des piles de stockage, le minerai est accumulé et transféré dans une benne de concasseur primaire couplé à un concasseur secondaire. Les concasseurs réduisent le tout venant en fragment de 700 mm à moins de 50 mm qui sont transportés par convoyeur vers une pile stockage du minerai concassé puis vers le broyeur semi autogène (SAG). Afin d'enlever le PH en prévision de la cyanuration, la chaux hydratée est ajoutée à partir d'un silo directement sur le convoyeur d'alimentation du broyeur SAG. La décharge du broyeur passe dans un tamis cylindrique (trommel). Le matériel refusé au trommel est reconduit par un convoyeur de recyclage vers le concasseur et/ou la trémie d'alimentation du broyeur. Les pulpes à la sortie du circuit de broyage sont collectées dans une cuve de distribution puis pompées vers une batterie de cyclone. La surverse des cyclones forme le produit final du circuit de broyage et contient 80% de particules inférieures à 106 um. La pulpe rentre dans le circuit de lixiviation au niveau de la première cuve où est ajoutée une solution de cyanure de sodium. L'or va alors se dissoudre et former un complexe avec le cyanure présent en solution. Du charbon actif, régénéré ou frais, est évacué vers l'amont d'une autre cuve à contre-courant du débit de la pulpe. L'or est libéré du charbon actif chargé à l'aide d'une solution chaude constituée d'hydroxyde de sodium et de cyanure de sodium. Cet éluât chaud circule dans la colonne qui fonctionne sous pression (350KPa) et à une température d'environ 100°C. A la sortie de la colonne, la liqueur mère passe dans une cellule d'électrolyse où l'or est déposé sur des cathodes à laine d'acier. Au cours de l'année 2015, selon la direction générale des mines et de la géologie (DGMG), la production nationale d'or brut est de 23,5 tonnes. La part de NEWCREST est 1,6 Tonne, soit 6,80% de la production nationale.

7.1.3 Les produits chimiques dans le traitement industriel du minerai

Les différents procédés de traitement de l'or nécessitent l'usage de produits dangereux. Ceux utilisés par la compagnie NEWCREST mining sont indiqués dans le tableau ci-dessous.

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L'étude d'impact environnementale et sociale menée par l'entreprise avec l'appui du cabinet CECAF et l'ANDE en 2006, atteste l'utilisation des produits chimiques dans l'exploitation des carrières et le traitement des minerais. L'analyse du tableau montre que la chaux est utilisée à hauteur de 1200 Tonnes. Le cyanure de sodium est le deuxième en matière de quantité le plus utilisé dans le traitement de minerai. 1100 tonnes de cyanure de sodium sont utilisées chaque année par NEWCREST Hiré. Ce produit est très efficace pour récupérer l'or à 95%. Le charbon actif, la soude caustique, l'acide chlorécologique, sont respectivement utilisés à 10,80 tonnes et 180 tonnes annuellement. Quant à l'hypochlorite de calcium, la consommation est infime. Il est utile pour la décontamination des sites en cas de pollution accidentelle. En plus de ces produits chimiques, les explosifs de fortes détonations sont utilisés tous les jours dans les carrières à ciel pour fragmenter les granites.

L'ensemble de cette technologie a un impact considérable sur le relief local et les autres composants de l'environnement.

Tableau 31 : les quantités annuelles des produits chimiques utilisés par la société NEWCREST
dans le traitement du minerai dans la sous-préfecture de Hiré

Produits

Chaux

Cyanure
de sodium

Acide chloré-
écologique

Soude
caustique

Charbon
actif

Hypo-
chlorite

Consommation annuelle (T)

1200

1100

180

80

10

Négligeable

Source : ANDE, 2006

7.1.4 La modification du relief local

La topographie de la sous-préfecture de Hiré s'est vue modifiée depuis le démarrage des activités d'extraction minière. En effet, Les minerais aurifères sont enfouis sous une couche de sol ordinaire ou de roches (appelée `morts terrains' ou `déchets de roche') qui sont déplacées ou creusées afin de permettre l'accès au dépôt de minerai. Pour l'extraction industrielle de l'or, la quantité de morts terrains générés est énorme du fait de l'étendue des superficies à traiter. Ces déchets volumineux sont habituellement déposés sur place, soit en tas sur la surface soit comme remblai dans les carrières. Le sable extrait des profondeurs de la terre est généralement de couleur rougeâtre et/ou noirâtre. Ce sont des terres stériles car elles ne contiennent aucune substance pouvant permettre le développement des cultures et n'enrichissent guère les sols qui les reçoivent. Lorsque ces terres sont accumulées, elles forment des collines artificielles qui modifient la topographie de la zone. Les transformations apportées au paysage par l'exploitation minière à ciel ouvert sont caractérisées par Gardner (2001) comme modifiant de façon radicale le paysage et déréglant totalement l'écosystème. Les dépressions créent par les

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aires de lixiviation ou l'enlèvement des morts terrains, deviennent de véritables pièges à eau. Sur les anciens sites d'orpaillages, ces dépressions ne sont pas refermées rendant dangereux le passage sur ceux-ci. Cette situation entraine l'abandon par les propriétaires fonciers de ces espaces, même après la fin de l'activité sur le site.

La modification de la topographie est sans aucun doute l'impact le plus visible de l'exploitation minière. Ce sont de grandes excavations aux versants raides dominées par des terrils tabulaires (Calugaru, 2006), qui apparaissent, sur lesquels le vent soulève des nuages de poussière. La formation de ces reliefs engendre des facteurs de géo-risques sur les sites car les versants de ces collines sont instables et susceptibles de s'ébouler. Les éboulements pourraient être conditionnés par la précipitation, les pentes des reliefs, la porosité et la faiblesse des roches. La sous-préfecture de Hiré en compte plusieurs sur les deux sites d'extraction de NEWCREST : Hiré et Bonikro. Ces collines viennent augmenter le nombre de collines dans la sous-préfecture, lui donnant un paysage d'exception.

7.1.5. Les atteintes au sol

Le sol se définit comme le support de la vie terrestre et l'interface entre l'homme et la nature. Zone d'échange entre la biosphère et la lithosphère, le sol est un milieu vivant, complexe et sensible aux contraintes environnementales. Il est le support des plantes cultivées ou non. Les activités humaines et singulièrement l'exploitation minière en modifient la structure.

Le sol se caractérise par sa structure et par sa texture. L'étude pédologique de Hiré met en évidence sept profils de sols appartenant à trois groupes (plinthosol, ferralsol, Gley sol) qui ont été définis suivant le système taxonomique de la FAO. La structure du sol correspond à la façon dont les argiles, la matière organique et l'humus sont enchevêtrés dans le sol. Elle peut être modifiée par les actions anthropiques, contrairement à la texture, qui elle ne peut être modifiée par les actions de l'homme. En présence de sels minéraux et de matières organiques, les argiles forment des complexes argilo-humiques. L'humus se trouve quant à lui principalement dans la couche supérieure du sol créée et entretenue par la décomposition de la matière organique fraîche de la litière. Cette décomposition s'effectue par des bactéries, des champignons, des protozoaires (microfaune du sol). C'est l'ensemble de ces composantes qui confère au sol sa fertilité et le rend propice à l'agriculture. Lorsque le sol pour les activités extractives est retourné, les couches souterraines sont mélangées aux couches supérieures et rend cette partie du sol infertile. On constate, comme dans la plupart des cas, que la végétation a du mal à reprendre ses droits sur les anciens sites d'orpaillage, encore plus difficile est d'y pratiquer une

agriculture (voir photo 24 et 25). La dégradation du couvert végétal entraîne une forte érosion et, à terme, une stérilisation irréversible des sols par disparition de l'horizon humifère. Cette disparition de l'horizon humifère agit directement sur la flore et indirectement sur les sols. Le cumul de tous ces impacts accentue la gravité des dégâts environnementaux causés par l'activité minière.

 

La fosse d'extraction de NEWCREST à Hiré-Est avec absence totale de végétation sur les montagnes de terres stériles

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 25: Site d'extraction aurifère industrielle de Hiré-Est

 

Site d'orpaillage abandonné depuis 2014 avec destruction de la végétation

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Auteur photo : YOBO, 2016

Photo 26 : site d'orpaillage avec absence de végétation

Les sols des sites d'extraction minière subissent les effets pervers de cette activité. Ces effets sont la pollution et la dégradation de la qualité des sols induits par les produits utilisés pour l'extraction et le traitement du minerai des activités minières. De bonnes terres agricoles en sont retournées par grattage, creusage et par installation d'aires de traitement du minerai pouvant augmenter la charge solide lors du ruissellement sur le sous bassin versant.

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L'utilisation des produits chimiques pendant l'exploitation de l'or entraine l'appauvrissement du sol ce qui affecte également la végétation. L'assèchement de certains herbacés est constaté suite à l'utilisation des produits chimiques.

L'activité minière à Hiré s'inscrit dans un environnement aux potentialités agricoles prouvées. Cependant, l'impact de cette activité tant dans sa forme aussi bien industrielle qu'artisanale, a un impact négatif sur les terres cultivables dont la durée peut être qualifiée de permanente. La perte de ces terres a un impact sur la production agropastorale. La pression foncière exercée dans la zone par les compagnies minières et les orpailleurs est forte et il sera par conséquent difficile de remplacer ces terres. Le décapage des terres végétales par fonçage des puits et par grattage a un impact très important, car il augmentera le compactage et se soldera par la perte de nutriments et de structure des sols. En raison des différents aménagements réalisés sur la terre végétale, comme la construction d'usines, d'habitat et l'occupation des aires de traitement, le sol n'est pas disponible pour l'agriculture

. Aussi, les terres encore dédiées à l'agriculture perdent-elles leur fertilité comme le témoigne un planteur :

« Quand vous voyez les banderoles rouges qui indiquent le passage des équipes exploratrices de NEWCREST dans votre champ, vous êtes sûr de voir votre production baisser et finalement, vous perdez votre plantation ».

Cela nuit grandement aux activités agricoles de la population locale. Le site qui abrite la fosse satellite de Hiré Est aujourd'hui exploité par NEWCREST, était précédemment des sites d'orpaillage intense. Une analyse des échantillons de sols a été réalisée dans le cadre des études d'impact pour l'obtention des permis d'exploitation des fosses satellites de la mine. Elle indique que les sols de la ville de Hiré contiennent des quantités importantes d'arsenic, de mercure, de plomb, de cyanure, etc. Ces quantités sont suffisantes pour polluer le sol et les eaux souterraines de la région.

7.2 UNE BIODIVERSITE MENACEE

La sous-préfecture de Hiré par sa position géographique bénéficie d'une végétation de forêt dense humide. Cette végétation se regroupe en plusieurs types.

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7.2.1 Les forêts

Les forêts denses semi décidues sur terre ferme : ce sont des formations forestières dont les deux strates arborées supérieures (dominante et dominée) assurent un taux de couverture du sol supérieur à 75%. L'étage dominant atteint généralement 35-40 m de hauteur tandis que l'étage dominé atteint 25-30m de hauteur. Ces deux étages formant une voute forestière fermée faisant obstacle au rayonnement solaire en saison pluvieuse. Le sous-bois est très clair et permet une circulation aisée à l'intérieur de ce type de peuplement. Dans les zones concernées par l'exploitation de l'or, on retrouve trois variantes de ces forêts denses. Ce sont : les forêts denses semi décidues senso stricto, les forêts denses de montagnes et les forêts galeries. Chacune de ces variantes de forêt dense semi décidues sur terre ferme a des espèces caractéristiques qui lui sont propres.

Les forêts marécageuses regroupent les végétaux qui poussent sur des sols permanemment ou temporairement inondés. Ce sont des forêts dont les sols sont peu perméables du fait de la forte quantité d'argile. Dans ces sols hydromorphes, on rencontre des espèces caractéristiques telles que : les alstonia boonei, les raphias hookerie, les homalium letestui, etc.

Les végétaux aquatiques : ce sont des espèces végétales vivant dans les milieux aquatiques des zones humides du site du projet. Dans la zone d'étude, ces milieux sont constitués par les marres, les cours d'eau, les rivières et les bas-fonds inondés. Les espèces les plus présentes dans ces milieux à Hiré sont : les crinum jagus (amaryllidiceaea), les lemna paucicosta, etc.

Les forêts dégradées : ce sont des forêts qui résultent de la dégradation des écosystèmes forestiers provoqués par les activités humaines (exploitation forestière, coupe de bois et d'arbustes pour usage traditionnel, allumage de feux, etc...). Ce sont des forêts avec des trouées plus importantes qui s'avèrent être un espace favorable au développement des espèces héliophiles.

Les savanes guinéennes : ce sont des formations savanicoles caractérisées par une végétation herbacée constituée d'un tapis graminéen continu et dominé par la présence des palmiers-rôniers sur le site. Elles sont constituées d'une strate formée essentiellement de hautes graminées. Elles atteignent plus de 2 mètres et recouvrent totalement le sol. En arrière-plan on rencontre des arbres et des arbustes surtout les palmiers rôniers. En saison sèche cette végétation herbacée se dessèche. Elle est brûlée et il ne reste plus que quelques rejets de petits ligneux.

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7.2.3 Les zones de cultures

Les espaces occupés aujourd'hui par l'exploitation minière étaient majoritairement mis en culture. Dans ces zones, plusieurs faciès de végétation ont été rencontrées selon la densité de cultures, il est possible de distinguer des zones occupées par des cultures pérennes (café et cacao). On y trouve également des cultures vivrières. Les cacaoyères et les caféières occupent des superficies importantes tandis que les cultures vivrières, bien que répandues, sont de dimensions réduites. On rencontre tout de même quelques espèces de ligneux dans ces parcelles de cultures. Il s'agit, entre autres, de ceiba pentandra, de bombax buonopozense, de spondias mombin et de ricinodendron heudeulotii. La présence d'orangers, de manguiers, de papayers est aussi observée dans les plantations pérennes.

Les populations qui ont dû être déplacées, dans le cadre de l'exploitation de la mine de Hiré, possèdent toujours leurs exploitations agricoles dans les environs de la mine et particulièrement des espaces contaminés au cyanure. Il est fort à craindre que les sols des plantations d'où proviennent les denrées produites et commercialisées ne soient contaminés. (APDH, 2015).

Ces sols peuvent aussi être affectés en aval par des transports de sédiments contaminés en métaux générés par l'activité minière et ainsi, affecter des cultures (Liu et al, 2005) qui peuvent in fine, affecter l'alimentation de l'homme.

7.2.4 La menace de l'exploitation minière

La construction des diverses installations et infrastructures pour l'exploitation de l'or à Hiré entraine la transformation du milieu environnant. L'exercice de l'extraction minière passe par le dégagement des emprises, c'est-à-dire de tout ce qui se trouve sur la superficie à exploiter ou couverte par le permis minier ou la surface à traiter. Le dégagement des emprises passe donc par le débroussaillage, l'abattage, le dessouchage et l'évacuation des arbres du périmètre, puis le décapage des terres en végétation est réalisé. L'étendue des superficies consacrées à l'activité minière accroit l'importance de la destruction du couvert végétal qui a pour rôle d'assurer la protection et l'enrichissement du sol. Le couvert végétal contribue aussi au développement des micro-organismes du sol. Ainsi, une perte et un morcèlement des habitats disponibles pour la flore et la faune sont induits par ce dégagement du couvert végétal. Cela entraîne à terme, une souffrance des milieux biologiques et une diminution de leur diversité.

Les milieux biologiques peuvent également souffrir d'une variation de leur environnement physique (Genivar, 2008). Dans cette situation, la vulnérabilité du sol est plus accrue face aux

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érosions (éoliennes et hydriques) et autres désagréments qu'ils pourraient subir. L'érosion hydrique est la plus probable dans la sous-préfecture de Hiré. Pendant les saisons de pluies, ce sont des quantités de pluie importantes qui tombent. Ce qui accroit les risques d'érosion hydrique. Cette forme d'érosion conduit au ravinement des sols et les rend très vulnérables. Une transformation du milieu écologique d'origine se fait observer, la végétation est détruite avec la perte de diverses espèces végétales, certaines terres agricoles adjacentes deviennent arides. Ces différentes pertes amenuisent les ressources des populations locales affectées avec pour conséquence notable la baisse de la production agricole, la précarisation des conditions de vie et les difficultés de satisfaction des besoins essentiels des familles.

La dégradation du couvert végétal entraine naturellement la perte de la diversité floristique et faunique. Puisqu'elle constitue l'espace de vie de plusieurs espèces.

7.2.5 Destruction des ressources fauniques et floristiques

D'une manière générale, la zone de Hiré a une diversité floristique considérée comme riche. L'accès à la terre à traiter nécessite que tout le couvert végétal soit dégagé. Pour des exploitations industrielles qui s'étendent sur des superficies importantes comme c'est le cas dans l'exploitation de l'or à Hiré, on assiste à la destruction de l'habitat naturel des plantes, des animaux et à la perturbation de l'écosystème air, sol et eau. Le cadre de vie naturel des espèces végétales et animales qui constitue le milieu biologique de Hiré étant partiellement détruit, cela renforce également la perte de cette diversité biologique déjà entamée par les activités anthropiques composées de jachères et de cultures (pérennes et vivrières).

Les périmètres occupés par l'exploitation minière sont des unités d'occupation du sol comprises entre forêt, cultures/jachères, sols nus/habitats et eau. Avec l'ouverture des pistes pour la prospection, l'explosion des montagnes, la mise en place de la galerie et les différentes installations de la mine, ce sont, outre les terres agricoles, des surfaces forestières qui sont réduites.

De par sa proximité à Hiré, soit 10 km des derniers campements de la sous-préfecture, la forêt classée de la Sangoué fait l'objet d'une invasion des orpailleurs. Leur présence dans cette forêt classée date du début des années 2000 mais connaît une plus grande importance depuis 2014. Cette affluence des orpailleurs dans la Sangoué depuis 2014, se justifie par le fait qu'ailleurs, notamment à Hiré et à Oumé, ils subissent des pressions énormes, alors que là ils sont installés clandestinement, à l'abri de tracaceseries quelconques. Avec la décision de rationalisation de l'orpaillage, les forces de l'ordre ont mené des opérations de répressions dans le but de fermer

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les sites d'orpaillage clandestin. L'orpaillage représente aujourd'hui, une réelle menace pour cette forêt.

L'activité d'orpaillage a également des répercussions sur le couvert végétal. Les sites d'orpaillage sont généralement des plantations ou des jachères qui sont détruits pour l'exercice de cette activité. Aussi, la coupe des arbres intervient-elle pour le soutènement des puits, la fabrication d'échelles permettant de descendre dans les puits, la mise en place des comptoirs et des habitations sur certains sites. Cette coupe se fait sur place et sans contrôle. Selon le chef du bureau des Eaux et Forêts de Hiré, aucun orpailleur ne détient d'autorisation de coupe. Le soutènement utilise en moyenne 15 bois (tronc d'arbre) pour un mètre. Un puits nécessiterait environ un chargement, soit environ 400 à 500 troncs d'arbres pour son soutènement (voir photo 26). Ce qui fait qu'on assiste à la destruction de la forêt dégradée ou savane arborée qui a fait place à la forêt dense ombrophile naturelle de la zone fortement dégradée par les activités agricoles et les aménagements urbains de la zone. Par ailleurs, cette destruction du couvert végétal favorise l'érosion et le lessivage du sol. L'installation des orpailleurs nécessite le défrichage, la coupe de bois et de pailles pour la construction de maisons ou d'hangars de fortune à usage d'habitation ou commercial. Cela entraine la raréfaction de certaines espèces et la disparition d'autres. La destruction de l'aire de nidification et des ressources alimentaires des oiseaux entraine un déplacement de ces populations. Le rejet dans la nature des eaux usées après lavage du minerai entraine la turbidité des cours d'eau puis la raréfaction, voire, la disparition des espèces aquatiques.

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Le bois sert de cale pour éviter les éboulements de terrain.

Auteur photo : YOBO, 2016

 

Photo 27: Le bois est coupé pour servir d'étaie dans les fosses

L'exploitation artisanale de l'or laisse un impact physique important dans la sous-préfecture de Hiré : fosses et trous creusés à ciel ouvert, galeries souterraines, tas de sables et déboisement. Cet impact physique influence négativement la qualité du sol et contribuent à la diminution de la densité et de la diversité biologique de Hiré.

7.3 LES RESSOURCES EN EAU MENACEES

L'exploitation des ressources minérales a un impact négatif sur la ressource en eau (de surface et souterraine) tant au niveau de la quantité qu'au niveau de la qualité. Ainsi, on note entre autres, la perturbation des réseaux hydrographiques et la perte de la biodiversité des milieux aquatiques. Cette exploitation entraîne également la dégradation de la qualité des eaux par les différents produits qui entrent dans le traitement du minerai.

7.3.1 La réduction de la disponibilité en eau du fait de l'exploitation minière

La région de Hiré est située dans le bassin du fleuve Bandama, fleuve stratégique dans la région du centre de la Côte d'Ivoire. Il fournit de l'eau indispensable pour divers usages économiques ou environnementaux comme l'approvisionnement de barrages hydro-électriques. Il est également utile pour les ménages, pour l'agriculture et pour l'aquaculture. Le Bandama par ses

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affluents que sont le Tiéné, le Gogobro, le Gbro et le Vero traverse Hiré. La pluviométrie annuelle moyenne légèrement inférieure à 1200 mm alimente de nombreux petits cours d'eau qui se déversent dans le fleuve Bandama. Les eaux souterraines contribuent également à l'approvisionnement en eau du bassin hydrologique à travers les sources et les bas-fonds qui augmentent le volume d'eau et fournissent de l'humidité pour l'agriculture. Les plans d'eau encaissés dans les vallées sont importants malgré le réseau hydrographique peu dense de la région. On trouve à plusieurs endroits des vallées et des chaînes étroites qui serpentent le long du sol. Les rivières et les plans d'eau sont aussi abondants du fait de la fréquence et de l'importance des précipitations dans la zone (1200 mm/an). Des cours d'eau et bassins apparaissent également de manière intermittente dans la localité, avec des tailles qui varient selon les saisons. Elles augmentent de volume en saison des pluies et pendant les saisons sèches, se transforment en de petites poches d'eau. L'eau est souvent contaminée par les petites particules de métaux lourds qui, avec le temps, se détachent des résidus, se disséminent avec le vent, se déposent sur le sol et sur les lits des cours d'eau, et s'intègrent lentement aux tissus des organismes vivants dans les cours d'eaux. Aussi, l'exploitation à ciel ouvert majoritairement pratiquée à Hiré a-t-elle nécessité des déplacements de mottes de terres appelés mort terrain. L'enlèvement et la superposition de ceux-ci a modifié la topographie du sol formant par endroits des bassins versants qui ont modifié la répartition des eaux de surfaces et des eaux souterraines. On trouve des sources en nombre d'endroit dans chaque vallée, entretenant continuellement des sols humides tels que les bas-fonds. Ceux-ci, du fait de l'abondance d'eau et d'humidité qu'on leur connaît, sont souvent utilisés pour la riziculture, la maïsiculture et les cultures maraichères.

L'exploitation minière est une activité qui nécessite des quantités d'eaux importantes. NEWCREST a construit des barrages hydrauliques pour satisfaire le besoin en eau de la mine. La sous-préfecture est drainée par quatre bassins dont trois, le Gnouzalé, le Gnénessi et le Zéssié, sont des affluents du fleuve du Bandaman et le Lélébiaba qui est un affluent du Boubo. Ces quatre sous bassins constituent les principales sources d'alimentation en eau de surface du site minier. Les digues de fortune construites sur certains de ces sous bassins (Gnénessi) permettent l'approvisionnement en eaux brutes de l'usine de traitement et l'arrosage des voies d'accès à la mine d'or et des pistes à l'aide de camion-citerne. Deux barrages de retenue d'eau sont construits sur le sous bassin de Gnénessi (en amont et au centre) et couvrent respectivement les superficies de 1 172 464 m2 et 786 401 m2. Le troisième barrage est construit en amont du sous bassin de Lélébiaba et couvre une superficie de 1377 000 m2. Ces différents barrages

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facilitent l'utilisation de l'eau pour les diverses activités liées à l'exploitation de l'or (Bamba, 2012).

La compagnie minière a également réalisé plus d'une vingtaine de forages autour de Bonikro. Au moment des crues, les barrages déversent leurs eaux qui inondent les plantations voisines de la mine. Les eaux utilisées dans le traitement du minerai sont par la suite traitées et rejetées. Cette eau vient généralement de forages réalisés par la mine elle-même. En effet, les grandes quantités d'eau nécessaires à l'activité minière réduisent généralement la nappe phréatique du lieu et arrivent même à assécher les puits et les sources. Les activités de pompage de NEWCREST autour des fosses à ciel ouvert entrainent un affaissement localisé de l'eau contenu dans la nappe phréatique. Cet état de fait est avancé comme facteur explicatif des difficultés que connaît la population en matière d'approvisionnement en eau potable par les services de la SODECI. Les populations de Hiré connaissent de véritables difficultés d'approvisionnement en eau potable. Le service d'approvisionnement en eau potable assuré par la SODECI dans la commune de Hiré laisse à désirer, car celle-ci semble desservir les quartiers de façon alternée. C'est-à-dire que les ménages ont de l'eau courante à intervalle de deux à trois semaines. Pour les populations, le manque d'eau dans les forages de la SODECI est créé sinon aggravé par la présence des mines. La capacité d'approvisionnement en eau potable de la ville de Hiré par la SODECI est très limitée. Installé à Douaville un village de la sous-préfecture de Hiré situé à 8 km de la ville, les forages et l'usine de traitement de la SODECI sont en baisse de production. L'un des deux forages existants est complètement asséché et l'autre a vu sa production baisser de 30% avec un débit passant de 11m3/heure à 8m3/heure.

Les populations, pour pallier cette situation, se sont donc tournées en grande partie vers l'utilisation de l'eau souterraine à travers les puits. Cependant, l'eau dans ces puits baisse au fur et à mesure et s'assèchent par la suite, entretenant ce lien qu'établit la population entre l'activité minière et le manque d'eau. Cette assertion des populations est soutenue par Elaw (op. cit) quand il souligne que l'activité minière du fait des grandes quantités d'eau utilisées dans sa pratique, contribue généralement à la réduction des potentialités de la nappe phréatique du lieu et arrivent même à assécher des puits et des sources.

Les enquêtes auprès des orpailleurs nous ont permis de nous rendre compte des quantités d'eau importantes qu'ils utilisent dans leur activité, surtout pendant le lavage à la batée. A l'aide des motos pompes, l'eau est acheminée des puits de fortunes creusés par les orpailleurs vers le site de lavage. Pour le lavage à la batée de 50 kg de poudre de minerai, les orpailleurs utilisent

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environ deux barriques d'eau qui représentent environ 400 litres d'eau. Lors du fonçage, les orpailleurs atteignent la nappe phréatique qui se situe en moyenne à 14-15 mètres de profondeur. Ils ont recours à des motopompes pour évacuer des quantités impressionnantes d'eau. Ces motopompes sur le site évacuent chacune plusieurs litres d'eau par jour, contribuant ainsi à diminuer le niveau de la nappe d'eau souterraine. Après le broyage du minerai dans les moulins de la ville, les laveuses extraient d'importantes quantités d'eau des puits pour assurer le lavage du minerai. Les activités lors des étapes de lavage et d'extraction de l'or par le mercure sont les plus consommatrices d'eaux. A titre d'exemple, il faut environ 200 litres d'eau pour le lavage d'une quantité de minerais contenue dans un sac de farine de 50 kg. Ce sont donc des quantités d'eau importantes qui sont utilisées au quotidien sur les différents sites d'orpaillage.

7.3.2 Détérioration de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines

Le risque que les produits chimiques, nuisibles pour la santé humaine utilisés (acide) pour casser la roche et extraire les minerais, s'infiltrent dans la nappe phréatique et infectent les sources d'eau potable et les rivières est devenu une réalité (CEDAC, 2009).

Les produits chimiques dangereux utilisés au cours des diverses étapes de traitement des métaux, tels que le cyanure, les acides concentrés et les composés alcalins, quoique censément contrôlés, se retrouvent souvent, d'une manière ou d'une autre, dans le système hydrologique. La modification et la contamination du cycle hydrologique ont des effets collatéraux très graves qui portent atteinte aux écosystèmes environnants et aux personnes. Ces atteintes sont particulièrement graves dans le cas des zones forestières, car elles abritent des espèces terrestres et aquatiques parfois exclusives.

Les activités des sociétés minières dans la sous-préfecture de Hiré contribuent comme dans la plupart des activités anthropiques, à la dégradation de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines. Cette dégradation intervient par deux principaux mécanismes que sont : le rejet des produits issus de l'étape de purification (au niveau du complexe industriel ou du parc à résidu) et le lessivage des surfaces exploitées (possible acidification des eaux et enrichissement en matières en suspension, sulfate et métaux lourds) aussi appelé drainage minier acide. Les eaux chargées de ces produits se retrouvent dans les plantations voisines comme le décrit un de nos interlocuteurs :

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« Mon champ est situé à 100 mètres de l'usine de la société NEWCREST. Les eaux polluées provenant du traitement des minerais stagnent durant plusieurs mois dans mon champ et ne me permettent pas de faire mes cultures ».

Aussi, les produits utilisés pour le traitement du minerai que sont les différents acides, le mercure et le cyanure, modifient-ils la composition de l'eau avec laquelle ils entrent en contact. Ils la rendent impropre à tout autre usage direct. Lorsque le cyanure de sodium (NaCN) réagit avec l'eau (H2O), il se décompose en donnant un gaz très inflammable et très toxique : l'acide cyanhydrique, également connu sous le nom de cyanure d'hydrogène (HCN), ainsi que de la soude caustique (NaOH) corrosive. Cette toxicité est telle que NEWCREST interdit de manger, de boire et de fumer à proximité de son lac à cyanure.

Il est vrai que de nombreuses dispositions sont prises par les sociétés minières en matière de respect des règles environnementales. Cependant, il ressort de nos entretiens avec les populations et particulièrement celles dont les plantations sont situées à proximité des sites occupés par la société minière, que la compagnie minière NEWCREST leur avait demandé de ne pas boire les eaux de source dans leurs champs.

Les éléments chimiques produits par l'orpaillage ont un effet très nocif sur les eaux (Carmouze, 2001). Cette nocivité est due aux techniques et aux produits utilisés pour l'extraction et le traitement du minerai. L'eau est polluée lorsqu'elle contient des substances susceptibles d'être nuisibles et dangereuses pour la santé ou désagréables ou lorsqu'elle a subi une altération dans sa couleur et/ou dans son odeur. Nous n'avons certes pas réalisé d'analyse de prélèvement pour savoir le degré de pollution causé par cette activité. Cependant, d'autres dégâts causés à l'eau sont visibles. L'eau utilisée pour le lavage de l'or est à la suite de son usage déversée directement dans la rivière qui passe tout juste à côté. Le drame, c'est que ce geste inconsidéré met en danger la vie des ressources halieutiques et même des vies humaines, car l'eau de cette rivière polluée par le fait de l'orpaillage, est souvent consommée par des paysans dans leurs champs.

Les règles environnementales étant parfois méconnues des orpailleurs, certains déversent directement l'eau chargée des produits toxiques utilisés pour le traitement de l'or tels que le mercure et le cyanure dans la nature (photos 27 et 28). Cette eau se retrouve par érosion dans

les eaux de surfaces et par infiltration dans les eaux souterraines.

 

On voit sur cette photo que le cyanure se retrouve dans la nature (traces jaunâtre dans le sable).

Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 28: dépôt de cyanure sur le sol.

 

L'herbe est morte du faite de la présence du cyanure

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Auteur photo : YOBO, 2015

Photo 29: végétation brulée par le cyanure

7.4 NUISANCES ATMOSPHERIQUES ET SONORES

L'activité minière produit de la pollution atmosphérique et sonore. Des enquêtes menées dans la région de Hiré, il ressort que les activités des usines minières qui y sont installées, produisent des nuisances sur les populations riveraines. Ces nuisances sont les substances chimiques volatiles, particules solides en suspension dans l'air (poussières) et nuisances sonores (explosions) parfois accompagnées de fortes vibrations.

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7.4.1 Pollution atmosphérique

On distingue différents types de nuisance visible à l'oeil nu selon la nature de la substance libérée dans l'air. Les plus fréquentes rencontrées sont :

- les produits chimiques qui s'évaporent dans l'air : le cyanure de sodium, le gasoil, l'essence, l'acide chlorhydrique et l'arsenic ;

- le ciment vrac utilisé en plein air à la préparation mécanique du minerai ;

- les poussières émises pendant les travaux d'extraction de la mine et le roulage des engins ;

- les fumées émises par les engins en circulation sur le chantier.

La poussière est la plus importante des nuisances sur les sites d'extraction. Le creusage du sol jusqu'à atteindre la roche mère nécessite le déplacement de morts terrain pendant lequel d'importantes quantités de poussières sont émises. Les immenses nuages de poussière qui en émanent le démontrent bien. La poussière provient également des pistes de roulage, lors des nombreux passages des camions du personnel et des camions transportant le minerai de la fosse de Hiré à la mine de Bonikro. Selon les populations, ces poussières sont plus importantes pendant la saison sèche et entre 17 et 18 heures.

Les populations dont les cultures se trouvent à proximité des sites d'extraction ou des pistes de roulage, déclarent que les amas de poussières sur les plantes ont pour conséquence de détruire les cultures. En effet, les poussières peuvent endommager les composantes du milieu naturel. Du point de vue climatique, les particules solides en suspension dans l'air peuvent disperser les rayons solaires et réduire la quantité de lumière solaire supposé arriver au sol. Cette réduction de la lumière solaire provoque en conséquence une baisse de la température dont les plantes ont également besoin pour la photosynthèse.

La fréquence des émissions de fumées par les engins en circulation sur le chantier ainsi que les machines utilisées, impactent également la qualité de l'air. Cela est dû par exemple à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre entraînée par l'utilisation de machinerie et de véhicules à moteur thermique ainsi que par la diminution de la couverture végétale. Cette dernière cause est également en partie responsable de l'augmentation des émissions de poussière. Le fait de dénuder un terrain favorise l'érosion éolienne, phénomène qui peut être très important étant donné les surfaces des terrains concernés. Le vent transporte des poussières issues de la halde à stérile, du parc à résidu et de la pile temporaire de minerai. En plus de

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l'action éolienne, il existe deux autres causes essentielles qui ont pour effet l'émission de poussière :

- les opérations sur le minerai ou les stériles (forage, dynamitage, concassage) et ; - le transport et la manipulation de minerai, de stériles et de résidus.

Ces quantités de poussière peuvent être nuisibles pour les êtres vivants que sont : l'homme, les animaux et les plantes.

Pour réduire un tant soit peu les émissions de poussières, la compagnie minière après plusieurs plaintes des populations avait entrepris l'arrosage des voies de passage des camions notamment celle qui relie la mine de Bonikro à la voie nationale en passant par les hameaux de Bonikro et Bandamakro. Mais cette mesure n'a pas été maintenue au-delà d'une période de courte durée.

L'importance présence de poussière est aussi remarquable sur les sites d'orpaillage. Plusieurs activités sont source de pollution de l'air particulièrement le broyage du minerai. La quantité de poussière produite par le fonçage étant moindre du fait de l'atteinte de la nappe phréatique par les engins fonceurs. On note également l'émission d'importants gaz, de fumées mais aussi de bruits (moulins, motopompes et moteurs). Les vapeurs de mercure pendant le brûlage de l'amalgame polluent également l'air. Quant aux odeurs, elles sont dues à la décomposition des déchets solides et liquides générés par les orpailleurs. Ces déchets sont rejetés dans la nature sans aucune mesure d'assainissement. La nuisance sonore résulte du pompage des eaux souterraines et des outils de fonçage des orpailleurs.

7.4.2. Les nuisances sonores et vibrations

Dans l'installation industrielle de la mine, les principales sources de nuisances sonores sont les engins lourds, les machines de l'atelier de concassage et le dynamitage des roches mères. Ces bruits assourdissants sont aussi causés par le trafic routier effectué le long des voies de communication pour le transport. Certains bruits dont ceux de l'atelier de concassage et des engins ont une faible nuisance par contre ceux liés au dynamitage des roches sont les plus intenses. Les explosions de roches sont aussi accompagnées de fortes vibrations de terrains et peuvent être entendues jusqu'à plusieurs kilomètres. Ces bruits s'amplifient les nuits et troublent le sommeil des populations riveraines qui disent ne pas s'accommoder à cette situation. Les vibrations induites par les explosions de roches sont tellement intenses qu'elles fissurent les murs des maisons dans les campements voisins comme Koutouklou-konankro et mettent ainsi en danger les personnes qui y vivent. Au quartier Baoulé, les explosions de dynamitage ont également fissurées les logements proches du site (voir photos 29 et 30). La

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proximité des logements du site d'extraction en accroit les répercussions sur les populations et les constructions. Selon les autorités de la mine les premières maisons sont situées à 500 mètres du site d'extraction tandis que la population dit être à moins de 100 mètres des installations de NEWCREST. Une visite sur les lieux nous permet de réaliser que la distance entre les premières habitations et la fosse de Hiré Est, est loin de valoir les 500 mètres avancés par la compagnie minière.

 

Un mur de concession fissuré du fait des vibrations du sol lors des dynamitages.

Auteur photo : YOBO, 2017

 

Photo 30 : dégâts causés par les explosions de dynamitage au quartier Baoulé

 

Fosses satellite de la mine de Hiré Est situées à moins de 200m des d'habitations

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 31: des constructions à moins de 300m de la mine de Hiré

 

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7.5 LES DIFFERENTS ACCIDENTS ENVIRONNEMENTAUX A HIRE

L'opérationnalisation du projet aurifère de Bonikro a contribué à la transformation du milieu environnant. A l'instar de toutes les activités minières, celle de Bonikro a entrainé le défrichage total du sol, la modification radicale du paysage et le dérèglement total de l'écosystème, la destruction des nappes phréatiques ainsi que le déplacement des populations, etc. Cependant, à côté des incidences ordinaires qu'on connaît à l'activité, deux importants accidents dont les conséquences menacent gravement l'environnement sont survenus dans le cadre des activités de la compagnie minière.

7.5.1. La rupture des digues du cours d'eau

Dans le cadre de l'aménagement des terres du permis minier PE 032-2007, la compagnie minière exploitant la mine de Bonikro a interrompu l'écoulement naturel d'un cours d'eau situé au Sud de la fosse d'extraction de Bonikro et à l'Ouest de la verse à stérile. Cependant, en juillet 2008, cette interruption d'écoulement a occasionné une élévation du niveau d'eau en amont entrainant l'inondation progressive des terres alentours. Cette inondation a également entrainé le débordement du lac à cyanure dont les eaux se sont répandues dans les plantations et friches voisines. Cette inondation a entrainé la substitution des terres fermes en un lac (voir figure 29), dépossédant de façon brutale les populations de leurs plantations et de leurs parcelles. Bien que se situant sur l'étendue du permis minier, les terres touchées n'avaient pas été indemnisées par la compagnie minière. Suite à cet accident, la compagnie minière NEWCREST s'est résolue à compenser les populations touchées par l'inondation. Les négociations ont abouti au paiement de 227 523 103F CFA d'indemnité payé par NEWCREST à l'ensemble des personnes impactées.

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Figure 29 : carte NEWCREST synthétisant les zones touchées par l'inondation

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7.5.2 La rupture des tuyaux d'acheminement des eaux cyanurées

Le 18 mai 2016, suite à un feu de brousse les tuyaux d'évacuation des eaux usées issues du traitement du minerai, vers le bassin sédimentaire, ont brulé et se sont rompus, ce qui a entrainé le déversement des eaux cyanurées dans les plantations environnantes. Des poissons et des reptiles ont été trouvés morts près de certains cours d'eaux. Les populations de Koutouklou-Konankro, situées à moins de 500 mètres du lac à cyanure de NEWCREST, ont été les plus touchées. Ces populations ont vu leurs plantations envahies par les eaux cyanurées. L'infiltration des produits chimiques dans le sol et dans la nappe phréatique a pollué l'eau et l'a rendue impropre à l'agriculture et à la boisson. Or, l'indisponibilité du château d'eau conduit les populations à utiliser l'eau des sources et des rivières pour leurs besoins quotidiens. Les produits chimiques utilisés pour le traitement de l'or s'infiltrent dans la nappe phréatique et polluent ainsi l'eau utilisée par les cultures à proximité. Pourtant, le creusage et/ou l'utilisation des eaux de puits ou eaux souterraines dans ce campement est interdit. Les populations de ces campements ont au début des activités d'extension du lac à cyanure été approvisionné en eau par les citernes de la société NEWCREST. Puis la société minière a par la suite construit deux pompes hydrauliques villageoises. Hormis cette zone, l'eau est généralement propre à la consommation. Avec cet accident, les populations de Koutouklou-Konankro craignent la contamination de leur sol du cyanure contenu dans les eaux de traitement du minerai. Cette suspicion est confirmée par l'APDH, une ONG qui s'est donné pour vocation de protéger les droits de l'homme. L'APDH a effectué un test physico-chimique sur un prélèvement d'eau de surface effectué dans les plantations du chef de Koutouklou-Konankro, situé à moins de 500 mètres du lac à cyanure. Les résultats de ce test montrent que la valeur du cyanure de l'échantillon est supérieure aux spécifications de la norme ivoirienne NI 385 (voir annexe 4). Cet accident montre que le danger reste permanent pour ces populations, qui peuvent à tout moment être exposées aux eaux chargées de cyanure.

7.5.3 Les conflits dus aux accidents et problèmes environnementaux

Les conflits dus aux problèmes environnementaux opposant les communautés locales aux sociétés minières se sont multipliés et amplifiés à la suite de ces différents accidents. En effet, l'extraction et le traitement industriel de l'or posaient déjà de nombreux désagréments aux populations dont elles n'avaient de cesse de se plaindre. Quand arrive en 2008 l'accident de la rupture des digues du cours d'eau, avec le débordement du lac à cyanure dont les eaux se sont répandues dans les plantations et friches voisines, les populations crient leurs ras-le-bol. Ayant

connaissance de la toxicité des produits contenus dans l'eau du lac à cyanure du fait des pancartes situées à proximité (photos 31 et 32), et voir cette eau se retrouver dans les plantations desquelles elles tirent leurs subsistances, les populations se sont vues comme exposées à la mort. Dans cette situation, elles ont exigé de la compagnie minière qu'elle les dédommage toutes. La compagnie minière n'entendant pas les choses de cette oreille a voulu prendre en compte que les parcelles inondées sans tenir compte de la zone de rayonnement. Les victimes se distinguant par la gravité ou le degré d'invasion de leur terre. Les réactions qui s'en sont suivies ont été très vives.

 

Pancarte signalant le danger encouru dans cette zone.

Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 32: pancarte située près du lac à cyanure

 

Pancarte portant différentes interdictions, signe de la toxicité du cyanure.

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Auteur photo : YOBO, 2017

Photo 33: pancarte signalant la présence de cyanure dans la zone

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7.6 L'ACTIVITE MINIERE ET LES FAIBLESSES DANS L'OBSERVATION DES MESURES DE PROTECTION

Les différents effets pervers de l'activité minière sur l'environnement observés à Hiré le sont en dépit des règles environnementales établies par l'État en matière de protection de l'environnement. Ces règles en matière de protection de l'environnement concernent les textes législatifs et règlementaires ainsi que des textes internationaux en matière environnementale que l'État a ratifiée.

7.6.1 Les structures étatiques chargées de l'environnement

La constitution ivoirienne du 1er Août 2000 consacre, en son article 19, le droit de l'homme à un environnement sain. D'autres textes législatifs et réglementaires tels que le code minier, le code de l'environnement, le code de l'eau, etc. donnent des dispositions précises en la matière. Cependant, du point de vue règlementaire, le gouvernement ivoirien accorde des permis d'exploitation veille-t-il à travers des entités régulatrices notamment l'ANDE, le CIAPOL et la direction locale du Ministère de l'Industrie et des Mines à faire appliquer et respecter la loi minière et la protection de l'environnement ?

L'ANDE est un Établissement Public National (EPN) créé par le décret n°97-393 du 09 juillet 1997 et a pour mission l'exécution des projets et programmes environnementaux en Côte d'Ivoire. Le rôle de l'ANDE dans le cadre de l'exploitation minière est de mener les EIES qui permettent d'évaluer la faisabilité des projets miniers du point de vue environnemental.

Crée le 09 Octobre 1991, par décret N° 91-662 du 9 octobre 1991, le CIAPOL « Centre Ivoirien Antipollution » a pour rôle l'analyse systématique des eaux naturelles (marines, lagunaires, fluviales, souterraines et météoriques), des déchets (solides, liquides et gazeux) et des résidus. Il évalue également les pollutions et les nuisances puis est chargé de l'établissement d'un système de surveillance continue des milieux dénommés. Le CIAPOL assure également l'évaluation des pollutions et nuisances ainsi que la protection des milieux récepteurs.

7.6.2. Le débat autour de la présence de cyanure dans la nature à Hiré

Les différents accidents environnementaux qui ont eu lieu à Hiré relativement aux activités de NEWCREST, ainsi qu'à l'infertilité des terres non occupées par la mine, ont fait naitre chez les populations, la conviction de la présence de cyanure dans la nature. Cette suspicion confirmée par les résultats des analyses menées sur le prélèvement de la plantation du chef de Koutouklou-Konankro est cependant contestée par la compagnie minière. En effet, pour étayer ses propos,

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NEWCREST a fait recours au CIAPOL (Centre Ivoirien Anti-pollution) pour des analyses de prélèvement. Selon, les résultats de ces analyses, le prélèvement effectué ne contient pas de cyanure. Cette assertion est rejetée par les populations qui expliquent que le lac à cyanure est construit sur une source d'eau naturelle qui communique avec la nappe phréatique et les autres sources d'eau. Les aménagements qui permettent d'éviter cette infiltration n'ayant pas été réalisés, la population estime que l'eau dans un certain rayon du périmètre de sécurité de la zone minière est contaminée par les produits chimiques miniers.

Contrairement aux deux (2) relocalisations involontaires (Bonikro et Bandamakro), la relocalisation de Koutouklou-Konankro ou Konankro est dite volontaire, c'est-à-dire faite à la demande de la communauté. À la base, les populations de Konankro ont adressé plusieurs plaintes de relocalisation à la mine, portant sur des impacts sonores émanant nuitamment du site minier, la qualité de leur eau jugée polluée par le cyanure du parc à résidus de la mine. Plusieurs études ont ainsi été menées par la mine et les régulateurs, lesquels avaient jugé ces plaintes irrecevables au regard des résultats techniques récoltés dans le campement. Cependant, la décision de relocaliser Konankro a été prise par anticipation à un projet d'extension de la mine ce, après la décision d'opérer les gisements satellitaires de Hiré et Dougbafla. En effet, l'étude de faisabilité de ces projets avaient conduit l'industrie à réfléchir au transport du minerai de ces sites vers l'usine de Bonikro pour y être traité. Cet accroissement de la production aurait nécessité une augmentation de l'espace de traitement et amplifié les bruits des engins et des concasseurs ; ce qui viendrait rallonger la liste des revendications de Konankro.

7.7. LA SANTE DES POPULATIONS, FRAGILISEE PAR L'ACTIVITE MINIERE La santé est définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme : «un état de bien-être physique, mental et social et pas seulement comme l'absence de maladie ou d'infirmité». Aussi, les substances dangereuses et les déchets dans l'eau, dans l'air et dans le ciel peuvent-elles avoir des répercussions graves, négatives sur la santé publique.

7.7.1. Impact des nuisances sur la santé des mineurs

Les sociétés minières prennent de nombreuses dispositions sécuritaires pour préserver la santé de leurs employés. Celles-ci concernent les équipements de sécurité (les chaussures de sécurité, les casques, les gants, etc.), les mesures de sécurité aux quelles tout le personnel et même les visiteurs doivent se soumettre. De ce fait, les travailleurs dans le domaine aurifère sont protégés et peu exposés. Les quelques accidents qui peuvent survenir dans leur milieu sont des accidents mécaniques.

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Les orpailleurs sont particulièrement plus exposés aux effets néfastes de leur activité, vu qu'ils n'utilisent pas de matériels de protection. C'est sans casques ni chaussures de sécurité et sans gants de protection qu'ils creusent et manipulent la terre et les produits toxiques utilisés pour le traitement du minerai. L'inhalation de poussières à longueur de journée les expose aux maladies respiratoires comme les bronchites, la tuberculose, etc. Le risque existe aussi d'ingestion d'eau et d'aliments contaminés, car préparés et vendus à proximité des sites d'orpaillage ou par les mains souillées, car portées à la bouche sans un bon lavage des mains.

Les orpailleurs utilisent généralement les produits comme le mercure élémentaire et le cyanure d'hydrogène pour amalgamer l'or. La toxicité des produits utilisés pour le traitement du minerai, les exposent à des intoxications sévères. Un orpailleur interrogé nous disait qu'il y a beaucoup de décès dans les rangs des ouvriers qui s'occupent de cette tâche.

7.7.2. Impact des nuisances sur la santé des populations riveraines

Le déséquilibre environnemental dû à la dégradation des sols, à la perte de la diversité biologique, à la dégradation de la qualité et de la quantité de l'eau ainsi que les différentes nuisances sonores et atmosphériques peuvent avoir des répercussions sur la santé des populations.

Une présence régulière et à long terme dans un environnement pollué par les poussières modifient la composition la composition de l'air. Aux dires des agents de santé de la commune de Hiré, les maladies respiratoires et les problèmes cutanées font parties des causes de consultations les plus importantes aux côtés du paludisme. Les particules qui aspirées, pénètrent les poumons, peuvent provoquer des maladies respiratoires telles que l'asthme, les bronchites et la pneumonie (Gowan, 1992). Un endroit poussiéreux et fermé peut-être dangereux aussi bien pour les agents mineurs que pour les populations riveraines. La circulation intense des véhicules entre la mine de Bonikro et la fosse de Hiré entraine une densification de la poussière surtout que la voie n'est pas bitumée. Il en résulte, d'après les différents interlocuteurs, des maladies respiratoires et une gêne pour les riverains. Ces nuages de poussières sont également présents au-dessus de la zone d'extraction. On aperçoit depuis la montagne qui abrite le village de Zaroko d'immenses nuages de poussière sur cette zone. L'impact des nuisances atmosphériques varie d'un individu à un autre selon plusieurs facteurs parmi lesquels l'âge est important. Les effets des poussières aspirées par les populations sur leur santé peuvent inclure le développement des maladies telles que la tuberculose, l'asthme, la bronchite chronique et les maladies gastro-intestinales.

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La compagnie minière pour amalgamer l'or fait usage de plusieurs produits dont le plus connu est le cyanure, un produit très dangereux pour l'homme et son environnement. Son usage par les sociétés minières se fait dans une prudence extrême et dans le respect strict des règles établies en la matière. Cependant, les populations craignent que ces eaux toxiques évacuées dans le lac à cyanure ou parc à résidu ne s'infiltrent à travers les eaux souterraines pour contaminer et altérer la qualité des sources d'eaux souterraines. Aussi, certains accidents comme la rupture des digues surviennent et le cyanure et les autres substances contenues dans le parc à résidu se retrouvent dans la nature. Les êtres vivants entrent ainsi en contact direct ou indirect avec le cyanure. Cela s'avère dangereux quand on sait que chez les êtres vivants, l'intoxication soit par inhalation, par ingestion ou par contact avec la peau peut entrainer un arrêt respiratoire suivi d'un collapsus cardio-vasculaire. Il est pourtant impossible de mesurer la teneur de cyanure dans l'air ou de connaître exactement le degré d'exposition des populations, car il n'y pas d'appareil pour cela. Toutefois, certaines personnes pourraient avoir des problèmes de santé si elles sont longuement et régulièrement exposées, car pour avoir visité un site de traitement au cyanure, nous avons-nous même ressentis des brûlures sur la peau. Les chefs des campements de Koutouklou-Konankro et de Bandamakro disent avoir vu une maladie dont ils ignorent le nom attaquer leurs pieds quand ils se sont rendus dans leurs champs envahis par les eaux cyanurées. C'est une sorte d'éruption cutanée avec changement de la coloration de la peau (photo 33), qui s'apparente aux lésions dues à l'empoisonnement à l'arsenic comme présente sur la photo. Ces deux pathologies ont une similitude dans la mesure où elles sont dues à des substances utilisées dans l'exploitation minière.

 

Cette maladie est due, selon le chef, à la présence du cyanure dans leurs plantations.

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Auteur photo : YOBO 2016

Photo 34 : les pieds malades du chef de Konankro

Le mercure est une des substances utilisées pour amalgamer le minerai aurifère. Il est généralement utilisé sous forme élémentaire ou métallique et provoque principalement des effets sur la santé lorsqu'il est inhalé sous forme de vapeur ou absorbé par les poumons. Les symptômes comprennent des tremblements, des changements d'émotions (sautes d'humeur, irritabilité, nervosité, timidité excessive), des changements neuro musculaires, des insomnies, des modifications neuromusculaires (des atrophies musculaires, spasmes), des maux de tête, des troubles des sensations, des modifications au niveau des réponses nerveuses et de mauvaises performances lors des tests de la fonction cognitive des niveaux d'exposition qu'il peut avoir des effets rénaux indésirables et entrainé une insuffisance respiratoire et des décès.

Les détonations qui ont lieu sur les sites miniers, mettent les populations riveraines dans une situation d'inconfort. Elles conduisent à des ébranlements instantanés du sol qui perturbent également les populations. Des études menées ont montré que des personnes exposées longuement à ce type de bruit peuvent contracter l'hypertension artérielle et l'ulcère (GOWAN, 1992). Les détonations effrayent et chassent les animaux de leurs habitats en les éloignant de la zone d'émission.

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Conclusion du chapitre 7

L'exploitation minière aurifère industrielle et artisanale qui se déroule à Hiré contribue fortement à la modification de l'environnement et du cadre de vie des populations. Les stériles liés à la méthode d'extraction à ciel ouvert s'accumulent et forment des montagnes artificielles qui perturbent l'écoulement naturel des eaux de pluies. L'importance des quantités d'eau utilisées ainsi que leur rejet dans la nature entraine une baisse de la quantité et de la qualité des eaux de souterraines et de surfaces. L'exercice de l'exploitation minière nécessite la destruction du couvert végétal qui recouvre la terre à traiter et ainsi le cadre de vie de la faune et de la flore qu'elle abrite. Les différentes nuisances sonores et atmosphériques troublent la quiétude des populations et leur bien.

L'activité aurifère industrielle et artisanale agit négativement sur les différents éléments de l'environnement et affecte ainsi les populations de Hiré par des maladies diverses.

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CHAPITRE 8 : RÉCESSION AGRICOLE DANS LE CANTON WATTA

INTRODUCTION AU CHAPITRE

Depuis l'introduction des cultures du café et du cacao dans sa région, Hiré est devenue une zone de forte production agricole. Cette production agricole concerne aussi bien les cultures pérennes que les cultures vivrières et maraichères avec en pointe les cultures du café-cacao. L'agriculture était alors l'activité principale de la population de Hiré. L'exploitation minière dans sa mise en oeuvre occupe majoritairement des espaces dédiés à l'agriculture. Elle perturbe ainsi l'activité agricole tant dans sa forme industrielle que dans sa forme artisanale. L'attraction de l'activité aurifère sur les populations locales entraine la ruée des populations vers ce nouveau secteur réputé plus rémunérateur que l'agriculture.

Notre objectif dans le présent chapitre est de montrer les différentes incidences de l'exploitation minière sur l'agriculture, activité principale des populations locales.

8.1 UNE ACTIVITE AGRICOLE CONTRARIEE PAR L'EXPLOITATION DE L'OR

8.1.1 Des terres agricoles prises par la mine

Avant l'arrivée de la société minière, l'agriculture occupait la grande majorité des habitants de la sous-préfecture de Hiré. L'agriculture, à l'instar de toutes les localités de la Côte d'Ivoire, est la première source de devises des populations de Hiré. Cependant, avec l'ouverture de l'exploitation minière industrielle, celle-ci connait une régression. En effet, avec la mise en oeuvre du permis de recherche, premier titre minier accordé à la société EQUIGOLD, ce sont de nombreux forages qui ont été réalisés par la société minière.

La réalisation de ces forages s'est faite par le creusement des bandes de largeur maximum de 10 mètres, avec des trous verticaux. Ces forages sont effectués dans des champs, sur des terrains qui peuvent être en friche, en culture mais tout cela dans les zones, dans les périmètres couverts par le permis de recherche.

Cela ne détruit certes pas d'un trait des plantations, mais la destruction par endroits de plusieurs plantations entraîne la réduction des surfaces cultivables et de la production agricole. L'exploitation industrielle de l'or à Hiré est réalisée selon deux permis d'exploitation. Un permis d'exploitation dans le chef-lieu et un autre dans la localité de Bonikro. Les permis d'exploitation minière PE 032 et PE 044 attribués à la société minière NEWCREST s'étendent respectivement sur 860 ha et 772 ha. Le total des terres occupées selon les permis miniers par

229

la mine est de 1632ha. Les terres concernées par ces permis se trouvent dans des zones très fertiles, autrefois couvertes par de grandes plantations. En 2002, il n'y avait pas encore d'exploitation industrielle de l'or à Hiré mais seulement l'exploitation artisanale. La phase d'exploitation de la mine de Bonikro a commencé en 2008 et couvrait 860 ha. Aujourd'hui, en plus de la fosse de Bonikro, NEWCREST exploite depuis 2014, la fosse de Hiré qui s'étend sur une superficie de 772 ha (voir tableau 30). Ces terres étaient avant l'exploitation minière couvertes par des plantations de cacao et de café. Ces plantations ont été rasées pour la construction des installations de la mine. Il y a les périmètres cédés pour les installations de la mine qui sont en dehors du permis minier. L'ouverture des différentes voies entre la fosse satellite de Hiré et l'usine minière de Bonikro a occasionné la destruction de plantations et le déplacement des activités économiques qui se déroulaient sur ce périmètre.

A côté des terres effectivement occupées par l'exploitation minière industrielle, il y a les terres autour des périmètres miniers. Ces terres sont interdites à toute activité tout au long de la durée de vie de la mine. La présence de la mine d'or de Bonikro, a donc entrainé la délocalisation de certains campements et la destruction ou l'abandon de plusieurs dizaines d'hectares de plantations de café et de cacao. Autre effet, avec la délocalisation de ces campements, certaines plantations sont désormais d'accès difficile du fait de la distance et les agriculteurs ont tendance à les abandonner. Les produits agricoles qui faisaient jadis la fierté de cette région, sont en baisse de production. Plusieurs plantations sont détruites ou abandonnées, au profit de l'extraction de l'or. Les quelques plantations qui ont eu la chance de survivre, connaissent une baisse de la productivité.

Tableau 32 : superficies occupées par NEWCREST

Permis d'exploitation

Superficie en ha

Zone concernée

PE032

860

Bonikro

PE044

772

Hiré

PE045

006

Dougbafla

Source : NEWCREST, 2015

L'occupation des territoires par les sociétés minières va croissant. La phase d'exploitation de la mine de Bonikro a commencé en 2008 et couvrait 860 ha. Aujourd'hui, en plus de la fosse de Bonikro, NEWCREST exploite depuis 2014 la fosse de Hiré qui s'étend sur une superficie de 772 ha. Cette occupation massive des terres contribue à réduire les superficies autrefois consacrées à l'agriculture. Ces terres désormais dédiées à l'exploitation minière sont ainsi

230

déduites des terres agricoles. Les espaces qui autrefois servaient pour les activités agricoles sont interdits d'accès aux populations. Pourtant, l'activité agricole pratiquée dans la sous-préfecture de Hiré est une agriculture itinérante sur brûlis avec la pratique de jachère. Pour les populations, cela entraîne la réduction des terres cultivables, et de ce fait, la diminution drastique des revenus de subsistance.

8.1.2 L'éloignement des sites de relocalisation des champs

La proximité des campements de Bonikro, Bandamakro et de Koutouklou-Konankro de la mine de Bonikro, a nécessité leur relocalisation sur de nouveaux sites. Les sites de relocalisation ont été choisis par les populations elles même. Cependant, la relocalisation portant seulement sur les habitations, les populations ont été éloignés de leurs plantations. Les distances séparant leurs habitations de leurs plantations vont désormais jusqu'à 10 km. La société minière a commis un mini car « Massa » pour les accompagner quotidiennement au champ mais cela n'est pas de leur goût et ne leur permet pas de rallier toutes leurs plantations. Cela a entrainé le fait que plusieurs personnes délaissent leur plantation ou ne les entretiennent plus convenablement.

Une autre difficulté d'accès aux exploitations agricoles, est l'ouverture des voies de liaison entre la mine de Bonikro et la fosse satellite de Hiré. Le tracé de ces voies a enclavé les zones de cultures situées dans cette zone. En effet, ces voies sont bordées par des grilles qui ont pour but de sécuriser le passage sur ces voies du fait de la vitesse et de la fréquence de passage des véhicules de la société minière. Cela, certes, avec quelques ouvertures et des vigiles afin de permettre et de faciliter la traversée des populations. Cependant, le tracé de ces voies a entrainé la destruction de plantations et d'autres activités qui s'exerçaient sur ces terres. La société minière a retenu certaines parcelles pour le dédommagement et en a rejeté d'autres. Pourtant, les populations dont les portions de terres n'ont pu être retenu pour le dédommagement ne peuvent plus avoir accès à leurs plantations. Ces dernières sont infranchissables compte tenu des barbelés de fer installés par l'entreprise ou encore parce que ces espaces font l'objet d'une quelconque appropriation par l'entreprise.

8.1.3 L'exploitation de l'or : une menace grave sur l'activité agricole à Hiré.

Selon 80% des personnes enquêtées, il y a une baisse de la production agricole. Cette opinion est démontrée par les données recueillies auprès de l'ANADER (figure 30). Cette figure montre que la production agricole de Hiré est en baisse depuis 2006, année du démarrage des travaux de construction de l'usine minière de Bonikro. L'allure générale de cette courbe montre une

231

baisse globale de la production agricole. Cette courbe d'évolution de la production agricole peut être analysée selon trois phases. De 2006 à 2010, il y a une chute de la production due à l'ouverture de la mine industrielle. Cette baisse semble se stabiliser entre 2010 et 2011 pour reprendre sa chute jusqu'en 2015. La relative stabilité de la production agricole entre 2010 et 2011 s'explique par la non conquête de nouvelles terres par les industriels miniers. Quant à la baisse de production observée entre 2011 et 2015, elle est liée à la zone de moratoire qui a finalement donné naissance à l'ouverture de la fosse satellite de Hiré.

Figure 30 : courbe d'évolution de la production agricole de 2006 à 2015

8000

7000

6000

Productions(T)

5000

4000

3000

9000

2000

1000

0

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Années

Source : ANADER, 2016

La baisse de la production agricole est d'autant plus importante qu'elle concerne non seulement les pertes de production des plantations détruites pour l'exploitation minière, mais aussi les plantations qui existent dans les périmètres autour des sites miniers.

8.1.4. La destruction des plantations et des champs par les orpailleurs

Aux terres agricoles occupées par la société minière, s'ajoutent les superficies occupées par les orpailleurs. L'orpaillage est certes une activité liée à l'histoire de Hiré, mais avec l'ouverture de la mine de Bonikro, elle connait une ascension véritable. Les superficies occupées par l'orpaillage sont difficiles à évaluer. Toutefois, le nombre des sites nous permet de dire que les superficies occupées par les orpailleurs ne sont pas insignifiantes. Le choix des sites à exploiter se fait à la suite des prospections qui consistent au creusage de petites galeries disséminées par

232

endroit. Ces prospections se font généralement dans les bas-fonds et dans les plantations. Lorsque la prospection est concluante, durant la phase de fonçage, des puits sont creusés pour extraire le minerai. La terre arable est retournée et les granites et l'argile sont ressortis et entassés près des puits, formant de petites collines. Après épuisement d'un site, les orpailleurs ne reconstituent pas le sol et laissent les plantations parsemées de grands trous béants, qui la rendent difficilement parcourable.

Les minerais aurifères sont enfouis sous une couche de sol ordinaire ou de roches appelée `morts terrains' ou `déchets de roche' qui sont déplacées afin de permettre l'accès au dépôt de minerai. Sur les sites d'orpaillages occupés par les hommes, la profondeur des trous atteint au moins 30 mètres. La quantité de `morts terrains' générée est importante. Les `morts terrains' sont souvent entassés non loin des trous à traiter. Ils modifient ainsi avec la topographie sur les terrains qu'ils occupent et rendent ainsi l'accès difficile à ces plantations. Ces sables issus des profondeurs de la terre sont généralement de couleur rougeâtre et/ou noirâtre. Ce sont des terres stériles qui ne contiennent aucune substance pouvant permettre le développement des plants et des cultures. Ces terres stériles n'engraissent guère les sols qui les reçoivent. Elles contribuent plutôt à appauvrir ces sols et à les rendent impropres à l'agriculture. L'impact de l'orpaillage sur les terres cultivables est un impact négatif direct dont la durée peut être qualifiée de permanente (Bamba O. et al 2013). Après l'extraction, les fosses ne sont pas systématiquement recouvertes et lorsque la végétation commence à les recouvrir il devient difficile voire, impossible de les distinguer. La profondeur de ces fosses allant jusqu'à 30 mètres, ils constituent en cas de pluies de véritables pièges, à eau. Ces dépressions rendent dangereux le passage sur ces sites et contraignent parfois les propriétaires de ces parcelles à les abandonner après le départ des orpailleurs.

8.2 LA BAISSE DE LA POPULATION AGRICOLE 8.2.1 Des paysans à la recherche de terre d'accueil

L'occupation massive des terres agricoles par les activités minières, pousse certains planteurs au départ, à la recherche de nouvelles terres agricoles. Hiré qui était une région à forte production agricole est devenue une région à fort potentiel minier. Ce changement qui se matérialise par une occupation massive des terres agricoles par l'activité minière, pousse certains planteurs à la migration. Les départs massifs sont surtout constatés dans les campements impactés par l'exploitation minière. Les populations de ces campements sont généralement des allochtones Baoulés qui, n'étant pas dans leur aire géographique, ont la

233

facilité de partir. Elles ne se sentent pas obligées de subir les désagréments liés à cette situation. En réalité, la situation est telle qu'il est désormais difficile d'avoir des terres pour l'exercice de l'agriculture pérenne. L'offre étant inférieure à la demande, les propriétaires terriens encore disposés à céder leurs terres pour l'agriculture pérenne, le font à des coûts très élevés. Toute chose qui pousse certains agriculteurs à aller vers des zones aux réserves foncières importantes.

Des enquêtes auprès des populations, il ressort qu'un grand nombre des planteurs partis de Hiré se sont installés dans les départements d'Oumé et de Gagnoa. Le choix de ces départements se justifie par le fait qu'ils ont les mêmes potentialités agricoles que Hiré.

8.2.2 Des agriculteurs convertis en exploitants d'or

L'ouverture des usines minières était considérée comme une aubaine pour les populations locales qui ont fondé en elle beaucoup d'espoir. La réputation de l'activité minière au sujet de sa grande rentabilité a poussé de nombreux jeunes agriculteurs à postuler pour des emplois dans ces sociétés. C'est ainsi que les jeunes dont le niveau d'étude correspondait aux exigences de ces sociétés ont pu y trouver des emplois permanents et/ou temporaires. Cependant, ce sont généralement des emplois temporaires dont les chiffres varient constamment. Une chose demeure, c'est que les populations autochtones se plaignent de ne pas être suffisamment employées dans les mines. Elles disent que la question de qualification est un prétexte pour justifier le fait que la compagnie minière n'emploie pas les populations locales et que même pour les emplois non qualifiés, les agents de la compagnie minière préfèrent faire appel à leurs parents et connaissances. Tout ceci au mépris des accords signés avec les autorités villageoises avant l'installation de la mine. Ce mécontentement, les populations locales l'ont plusieurs fois exprimé verbalement, mais également par des actions. Elles ont barré à plus de cinq reprises les accès des sites miniers aux travailleurs.

La ruée vers l'or s'est présentée comme une solution face au problème de l'emploi des jeunes exacerbé par la décennie de crise qu'a connu la Côte d'Ivoire. Il y a eu un certain laisser faire qui a favorisé la prolifération des sites d'orpaillage en l'absence de toute règlementation en la matière.

L'orpaillage qui est une activité ancienne à Hiré a connu une explosion en parallèle de la mise en exploitation industrielle en 2006. La ruée vers l'or, suscitée par l'ouverture de la mine de Bonikro, a eu pour effet d'attirer de nombreuses personnes vers l'orpaillage. Nos entretiens avec les orpailleurs nous ont permis de réaliser que ceux-ci sont d'origines

234

socioprofessionnelles diverses. Il y a des agriculteurs, des manoeuvres agricoles, des commerçants, des artisans, des élèves et des sans-emplois.

Le tableau 33 montre que 27,5% des orpailleurs rencontrés sont des anciens orpailleurs. Les ouvriers agricoles représentent 17,5% des orpailleurs interrogés. 28,75% d'entre eux sont des anciens paysans, 3,75% d'entre eux sont d'anciens commerçants. Les hommes de métiers et les sans-emplois représentent chacun 8,75% des orpailleurs. Les élèves et étudiants qui exercent l'orpaillage représentent 5% des orpailleurs.

Tableau 33 : origine socio professionnelle des orpailleurs

Origine socioprofessionnelle

Effectif

Taux (%)

Orpailleurs

22

27,5

Ouvriers agricole

14

17,5

Paysans

23

28,75

Commerçants

03

3,75

Homme de métiers

07

8,75

Elève/Etudiants

04

5

Sans emplois

07

8,75

Total

80

100

Source : Nos enquêtes, 2015

L'analyse de ce tableau montre que l'orpaillage à Hiré est majoritairement mené par d'anciens paysans. Ils représentent 28,75% de la population d'orpailleurs enquêtés. Les ouvriers agricoles représentent également 17,5% des orpailleurs. Ces deux composantes (paysans et ouvriers agricoles) sont des acteurs clés de l'agriculture. La proportion d'orpailleurs qu'ils représentent (46,25%) montre que de nombreux paysans se détournent de l'agriculture pour s'adonner à l'orpaillage. Cela se ressent dans les chiffres du RGPH 2014 qui montrent une baisse importante de la population agricole entre 1998 et 2014. En 1998, la population agricole représentait 45,6% de la population de Hiré tandis qu'en 2014, elle ne représente que 13,61% de la population totale. Ce sont en réalité de nombreux agriculteurs qui ont abandonné leurs plantations pour des raisons diverses liées à l'activité aurifère.

Plusieurs raisons sont à l'origine de l'intérêt des populations pour l'orpaillage. Au niveau culturel, l'orpaillage est une activité liée à l'histoire de Hiré. Jadis pratiquée par les baoulés puis par les allogènes, l'orpaillage à Hiré est aujourd'hui majoritairement aux mains des ivoiriens. Au niveau social, il faut noter que le chômage de la jeunesse est un grand facteur de l'intérêt de

235

cette frange de la population pour cette activité. Elle permet en outre aux personnes démunies qui n'ont pas de terre pour pratiquer l'agriculture de trouver en elle une source de revenu.

Attirés par la renommée selon laquelle l'orpaillage est plus rentable que l'agriculture, de nombreux planteurs ont abandonné les plantations pour se tourner vers l'orpaillage. Cette activité renommée pour être plus rentable que l'agriculture, a attiré une frange importante de la population agricole. Ils disent que la rentabilité de l'orpaillage n'est pas une fable mais une réalité. Là où au niveau de l'agriculture il fallait attendre au moins trois mois pour pouvoir avoir un revenu, dans l'orpaillage, la rentabilité est rapide. Sur tous les sites de la localité, les orpailleurs obtiennent ou vendent l'or après deux à trois jours d'exercice. C'est ce qui attire les populations à s'adonner à cette activité. Selon un chef de groupe rencontré sur le site de « djangobo », le fait d'avoir en un temps record de l'or, de le vendre, et par conséquent avoir de l'argent, est une raison de leur choix pour cette activité. Pour lui, l'orpaillage est une activité à rentabilité rapide. C'est la principale raison qui a poussé les populations et particulièrement, celles de Hiré, à s'adonner à cette activité.

Cette désertion des bras valides du secteur agricole, entraîne avec les superficies massives dédiées à l'exploitation de l'or, la baisse des terres agricoles. Les superficies qu'occupaient les plantations ont baissées à Hiré au fil du temps. Cette baisse se traduit aussi bien par la baisse du nombre d'exploitation, que par la baisse des superficies par exploitation.

8.3. DES PERTES DE PRODUCTIONS AGRICOLES 8.3.1 Baisse de la production des cultures pérennes

L'occupation massive des terres agricoles par les activités minières contribue énormément à la perte des terres agricoles. Cela entraîne des pertes de productions importantes, surtout qu'à Hiré comme partout ailleurs en Côte d'Ivoire, l'agriculture est plutôt extensive. Dans l'histoire économique de Hiré, il n'y a jamais eu de compétition entre activités minières et agriculture. Les deux ont toujours fonctionné en binôme complémentaire : l'orpaillage n'était pratiqué qu'en saison sèche, la saison des pluies était réservée à l'agriculture. Cependant aujourd'hui, avec l'exploitation industrielle, l'activité de l'or est devenue une activité permanente.

Un jeune planteur qui obtient par exemple un contrat de six mois dans les mines est sûr de gagner plus que ce que pourrait lui rapporter la vente des produits agricoles. De plus, il a la certitude d'obtenir son salaire à la fin du mois, alors que les activités agricoles sont soumises à de nombreux aléas (climat, attaques des parasites, etc.), qui ne permettent pas de garantir la

236

production. Ainsi, un fort taux d'abandon de l'agriculture a été constaté. Cet abandon est plus perceptible dans certains villages et campements proches des centres miniers. En effet, ils ont cédés de nombreuses parcelles pour l'exploitation minière et les nuisances environnementales y sont plus prononcées. Cette perte de main d'oeuvre agricole a également des répercutions sur la production agricole. Elle contribue à la baisse de production sur les parcelles encore exploitables. Les pertes de production agricole se constatent aussi bien au niveau des cultures pérennes que des cultures vivrières.

Les cultures pérennes à Hiré étaient dominées par les cultures du café et du cacao. Les cultures de palmier à huile et de l'hévéa, sont également présentent à Hiré mais dans des proportions moindres. Cependant, il ressort de nos entretiens avec les populations riveraines impactées que la majorité des terres cédées pour l'exploitation minière industrielle était occupée par les plantations de cacao avec un peu de café.

8.3.2.1 Du cacaoyer vieillissant à moins de 450 kg par ha

Introduite en Côte d'Ivoire au début des années 1888 par les colonisateurs français Verdier et Bretignierds, le cacao occupe une place de choix dans l'économie ivoirienne. En effet, le cacao représente près de 10% du PIB et 40% des exportations, soit 789 milliards de FCFA de recette en 1998. La Côte d'Ivoire en est le premier producteur depuis des décennies. Le café, lui a fait son entrée en Côte d'Ivoire, vingt ans après son binôme et a entrainé une migration importante dans le pays.

Hiré, à l'instar des localités du sud-ouest ivoirien, est une zone de grande production de café-cacao. Hiré a même été avec toute la région de Divo, la deuxième boucle du cacao. Cette spéculation a fait la renommée de la zone et est à la base de l'aise économique qu'y ont connue de nombreux agriculteurs. Le café et le cacao occupaient l'essentiel des plantations de cultures pérennes. Cependant, le gisement aurifère exploitable découvert par EQUIGOLD se trouve sous des terres essentiellement couvertes par des plantations de café-cacao. Du fait de l'activité des orpailleurs et de la société minière et du manque d'intérêt des paysans pour les plantations, celles-ci ne sont plus entretenues. Leur rendement atteint par l'âge ont considérablement baissé au point d'atteindre la moyenne de 450 kg par ha voire moins.

237

8.3.2.2 Le palmier à huile et l'hévéa au secours des paysans

Introduite à Hiré en 2006, la culture du palmier à huile est devenue la troisième culture pérenne de la zone. C'est à partir de 2008 que les premières palmerais à Hiré entrent en production. De 2009 à 2011, la production connait une relative croissance puis un boom entre 2011 et 2012. Cette explosion de croissance se stabilise et atteint en 2015 une production estimée à 2 351 tonnes. La périodicité mensuelle de la récolte des graines a été la raison majeure de son adoption par les populations car elle leur permet d'avoir des ressources en attendant les périodes de traites cacaoyères et caféières. On remarque, cependant, une légère baisse des superficies consacrée à cette culture. Cette baisse est en partie liée à la destruction de certaines palmeraies se trouvant sur les périmètres cédés aux sociétés minières.

Le palmier à huile a connu un tel succès du fait qu'il requiert peu de travail par rapport à la main d'oeuvre qui se fait de plus en plus rare dans la région. Cela a donc constitué un avantage pour cette culture contrairement à d'autres plantes qui demandent un renouvèlement annuel de la plantation. De plus, la précocité de son entrée en production (3 ans) et l'étalement de celle-ci sur toute l'année justifie la croissance rapide des superficies à elle destinée. Il y a également le multi-usage de cette culture dont les fruits (régimes de graines) qui servent pour le repas (en sauce), pour faire de l'huile de palme, puis quand il ne produit plus, le palmier est abattu pour en extrait du vin de palme localement appelé « bandji » dont une autre boisson dérivée est le « koutoukou ».

Hiré connait une expansion de l'hévéaculture. La durée de croissance entre le plantage et la saignée variant entre cinq et six ans, les premières saignées sont effectuées en 2011 où nous avons les premiers chiffres de production. Cette culture connaît une véritable explosion à Hiré à partir de 2006 où elle apparait dans les statistiques de l'ANADER. L'adoption de l'hévéa est en quelque sorte un palliatif pour les planteurs. La culture de l'hévéa est une sorte de réponse à la crise des prix des cultures du café et du cacao sur le marché international. En effet, entre 1978 et 1986, les cours du cacao chutent de 40% sur le marché international. En 1986, les cours du café et du cacao rechutent à nouveau spectaculairement, plongeant ainsi le pays dans la récession et les planteurs dans le dénuement total. Face à cette situation les paysans perdent petit à petit foi dans la production du café, et à un degré moindre dans celle du cacao. Pour ce qui est de la production de latex, alors que les prix croissaient de façon continue de 2001 à 2010,

238

ils sont en chute libre depuis 2011 : de 1300 F CFA le kg en 2010 on est aujourd'hui tombé à 300 F CFA.

8.3.2 Une production vivrière en perte de vitesse

Les planteurs de Hiré s'étaient autrefois tournés vers les cultures vivrières et maraichères pour faire face à une première crise agricole qui a secoué le pays tout entier dans les années 1980. Cette crise économique faisait suite à la baisse des prix sur le marché international des cultures d'exportations que sont le café et le cacao. Le choix des cultures vivrières était nourrie par la volonté de produire pour satisfaire, non seulement les besoins alimentaires de la population locale, mais aussi pour vendre le surplus afin d'avoir de l'argent liquide pour assouvir d'autres besoins. Ceci a permis d'atteindre des niveaux de production importants qui ont value à Hiré d'être appelé le grenier de la région de Divo.

L'option de la production vivrière s'explique par le temps de production qui est relativement court et par la présence de nombreux bas-fonds humides propices à la culture du maraicher et du riz. Le maïs met entre 2 et 4 mois pour entrer en production ; le riz a une durée de maturation qui varie entre 3 et 6 mois. La durée de production des légumes varie selon la spéculation entre deux et douze mois. Comme le montre le tableau 34, Hiré est une zone favorable à la production de diverses spéculations.

Tableau 34 : productions maraichères dans la sous-préfecture de Hiré- campagne SODEFEL

année 1991-1992.

Culture

Nombre de paysans

Production (en tonnes)

Tomate

1

5

N'diowa

2

10.5

Gombo

21

57.7

Choux

55

327

Échalote

97

305.5

Concombre

2

15

Courgette

8

22.5

Poivron

4

4.2

Aubergine

6

26.2

Total

196

773.4

Source : GTZ ; Novembre 1995

239

Cependant, depuis l'ouverture de l'exploitation industrielle de l'or, il y a une baisse de la production vivrière (voir figure 31). Contrairement à la baisse de la production des cultures pérennes, celle de la production vivrière est due principalement à la perte de la main d'oeuvre agricole. L'exploitation minière et en particulier l'orpaillage attire la main d'oeuvre agricole du fait de l'importance des ressources économiques qu'elle génère. De nombreux agriculteurs (exploitants et aide agricole) se sont désintéressés de l'activité. Il prétexte la rapidité de gain dans l'orpaillage. En effet, tandis que pour les cultures vivrières il faut attendre au moins trois mois après de grands efforts physiques avant de vendre la production et avoir de l'argent, dans l'orpaillage, le gain est quotidien et important.

Cet état de fait explique la baisse du nombre d'exploitation des différentes cultures vivrières de 2006 à 2015 pour les différentes cultures vivrières.

Figure 31: courbe d'évolution de la production en cultures vivrières de 2006 à 2015

Source : ANADER, 2015

En général, les Dida destinent de petites parcelles à la production de vivriers qui suffisent à peine pour l'alimentation familiale. Ce sont donc les allogènes ivoiriens et non ivoiriens à qui les Dida ont alloué leurs terres, qui produisent du vivrier destiné à la commercialisation. Les cultures vivrières étaient dominées par le riz et le maïs dont les productions pour la campagne 1991-1992 sont présentées dans le tableau ci-dessous. Les cultures vivrières sont généralement cultivées en intercalation aux cultures pérennes et en association sur la même parcelle. Les combinaisons fréquemment rencontrées dans les champs sont le maïs combiné au riz ou le maïs

240

combiné au manioc. L'association du riz au maïs se fait sur des parcelles situées dans les bas-fonds.

Tableau 35: Production de riz et de maïs, dans la sous-préfecture de Hiré - campagne SODEFEL année 1991-1992

 

Riz pluvial

Riz irrigué

Maïs

Nombre de
plantations

132

50

67

Superficie (en Ha)

212

28

78

Production (Kg)

147 132

19 250

66 350

Source : GTZ Novembre, 1995

La riziculture se fait selon deux techniques : la riziculture pluviale et la riziculture irriguée. Selon le tableau ci-dessus, c'est la riziculture pluviale qui est plus pratiquée par rapport à la riziculture irriguée. Le nombre de champs de riz pluvial est de 132, alors que le nombre de champs de riz irrigué est de 50. Les plantations de maïs sont au nombre de 67.

Les 132 plantations de riz pluvial s'étendent sur une superficie de 212 ha et ont produit pour la campagne 1991-1992, 147 132 Kg. Tandis que les champs de riz irrigués s'étendent sur une superficie de 28 ha seulement et ont donné une production de 19 250 Kg. Quant à la production de maïs, elle a atteint 66 350 Kg sur une superficie totale de 78 ha.

La région produisait donc fortement du riz dans les années 1990. Actuellement seules les cultures de maïs, de bananes plantains, de manioc, de piment, de taro et les légumes et condiments tels que l'aubergine, le gombo, la tomate, le piment, etc., sont encore présentes à Hiré. Ces légumes ont un cycle de germination qui va de 25 jours à 3 mois. Ils sont cultivés sur de petites superficies et sont souvent destinés à alimenter le marché de la ville Hiré. Les quantités de production autrefois importantes sont en baisse. Avec la croissance démographique exponentielle que connait Hiré, la production vivrière locale déjà en perte de vitesse du fait de la baisse des superficies et de la main d'oeuvre, est insuffisante pour couvrir les besoins en produits vivriers de la population.

Le vivrier est majoritairement produit par les femmes. Selon le rapport de l'UNESCO sur la participation des femmes à la vie publique (version 2002), 60 à 80% de la production alimentaire en Côte d'Ivoire est assurée par des femmes. Elles occupent donc une place prépondérante dans l'agriculture vivrière. Elles font la collecte, le stockage, le transport, la conservation, la transformation, la distribution et la commercialisation de ces produits vivriers. Cependant, à Hiré, depuis l'ouverture des mines et l'orpaillage massif, il y a une forte

241

colonisation des bas-fonds par les orpailleurs. Anciennement utilisés pour la culture du riz et du maraicher, ceux-ci sont aujourd'hui prisés par les orpailleurs. Aussi une frange importante de femme s'est-elle tournée vers l'orpaillage et les autres activités commerciales qui se sont greffées au travail de l'or.

De nos entretiens, il est ressorti de façon régulière de la part des femmes qui exercent dans le vivrier que l'exploitation de l'or est plus rentable que la production de maïs, de riz ou de légumes. Cela dit, à défaut d'abandonner totalement la culture du vivrier, qui par la force du temps et des circonstances est devenue une habitude et une nécessité, 40 % de ces femmes consacrent désormais plus de temps aux autres activités (commerces et orpaillage). Par conséquent, elles diminuent leur activité de production vivrière. Cela se constate par la diminution considérable des surfaces cultivées. Les bas-fonds et les terres qui se situent au bord des voies reliant les différents villages à la sous-préfecture qui autrefois étaient exploitées pour la culture de vivriers sont abandonnés.

L'exploitation artisanale de l'or demande beaucoup de temps et d'attention au niveau de toutes ses étapes. C'est ainsi que la recherche du métal jaune, par exemple, demande que les artisans miniers creusent minutieusement afin d'atteindre le minerai ou la roche mère. C'est pourquoi, plusieurs artisans miniers se sentent contraints d'abandonner l'agriculture pour ne se consacrer qu'à l'orpaillage, car ne trouvant plus du temps pour les activités agricoles (32 % des enquêtés adoptent cette attitude). Pour ceux qui n'ont pas abandonné totalement les champs, ils y vont une ou deux fois dans la semaine. Le reste des jours de la semaine sont consacrés à la recherche de l'or.

8.4 LA BAISSE DE LA PRODUCTION AGRICOLE, ENTRE AVANTAGES ET INCONVENIENTS

8.4.1 La paupérisation de la population agricole

L'exploitation minière à grande échelle comme pratiquée à Hiré, entraîne la raréfaction des terres cultivables pour les populations riveraines et le surpeuplement de ladite sous-préfecture. Ce sont des afflux d'artisans miniers et le retour des populations locales à la recherche d'emplois à la mine. Cette forte démographie contribue à la réduction des moyens de subsistance des communautés locales agricoles. La réforme du secteur agricole ivoirien, grâce à la mise en place du Programme National d'Investissement Agricole (PNIA), a réussi à augmenter de façon significative, entre 2011 et 2014, la production de cultures vivrières et de riz, respectivement de 12 à 16 millions de tonnes, soit une hausse de 33%, et de 550.000 tonnes

242

à 1.343.000 tonnes. Cependant, le besoin en production d'aliments de base et d'exportation actuelle en Côte d'Ivoire ne suit toujours pas le rythme de l'accroissement démographique qui est de l'ordre de 9% par an depuis 2012.

La population agricole constituait plus de 88,37% de la population générale de Hiré (RGPH, 1998). L'agriculture était donc l'activité principale et la source de revenu de l'essentiel de la population de Hiré. Cette activité, aujourd'hui mise à mal par l'exploitation aurifère à travers ses différentes incidences sur elle, entraine la baisse, voir même la perte des sources de revenu des populations. Les agriculteurs longtemps considérés comme les plus nantis de la sous-préfecture de Hiré ont de ce fait perdu leur pouvoir financier. L'embellie économique connue par les agriculteurs de Hiré n'est plus qu'un vieux souvenir, ceux qui détenaient le pouvoir économique ont aujourd'hui beaucoup perdu de leur pouvoir d'achat. La terre, ressource essentielle à leur travail est aujourd'hui largement aux mains de la société minière NEWCREST. Celle-ci a soustrait de grandes parcelles agricoles en les occupant pour l'exercice de ses activités. L'installation de la mine a créé trois catégories d'agriculteurs à Hiré. On distingue d'une part ceux dont les plantations ont été occupées puis indemnisées par la mine, ceux dont les plantations se trouvent à proximité des sites miniers et qui ne sont pas indemnisés tandis que leurs productions connaissent du fait de l'exploitation minière une baisse drastique. Enfin, ceux dont les plantations ne sont pas menacées par l'activité minière aurifère. Les deux premières catégories de planteurs sont les plus touchées par l'activité minière. Cependant, certains agriculteurs de la troisième catégorie sont aussi en difficulté par ce que les accès à leurs plantations sont devenus difficiles. Pour la sécurisation de l'acheminement du minerai, la société minière a posé des barbelés tout le long du passage de ses véhicules entre les sites de Hiré et de Bonikro.

Les paysans dont les plantations ont été détruites et les parcelles occupées par la mine perçoivent des indemnités pour les dommages subis. Toutefois, l'indemnisation n'est pas toujours synonyme d'un débouché pérenne. Les personnes indemnisées ne sont pas accompagnées dans la gestion des indemnisations qu'elles perçoivent. Il est donc fréquent de voir des planteurs après avoir dilapidé leurs indemnités, se retrouver sans source de revenus, ayant dès lors abandonné toute activité rémunératrice. Les populations agricoles réagissent différemment face aux différents impacts de l'exploitation minière (voir figure 32).

243

Figure 32 : les mutations observées au sein de la population agricole

Situation des paysans vis-à-vis des installations de la mine

Plantations situées
près des installations
de la mine

Plantations
détruites pour
l'exploitation
industrielle de l'or

Achat de matériels d'apport d'intrants

Exploitation de terres nouvelles

Abandon de l'agriculture

Réaction des paysans face à la présence de la mine

Reconversion en d'autres activités

Emigration

Source : Inspiré de THUNE 2011 et adapté selon nos enquêtes de terrain de 2015

244

Selon la figure 32, les planteurs les plus touchés par l'exploitation minière réagissent de la même manière. Soit ils vont à la recherche de nouvelles terres agricoles à Hiré, soit ils abandonnent l'agriculture en se convertissant en d'autres activités ou en migrant vers d'autres localités. Puis, il y a les agriculteurs dont les plantations sont en baisse de production, qui optent pour l'achat de nouveaux outils et l'apport d'intrants sur les mêmes parcelles.

8.4.2 La baisse de la production vivrière locale, un prétexte pour la surenchère des prix sur le marché urbain

La destruction de cultures au profit de l'exploitation de l'or a dépossédé bon nombre de paysans de leur source de revenu. Parmi eux, certains ont choisi de partir sous d'autres cieux, d'autres par contre sont restés à Hiré. Au nombre de ceux-ci, il y en a qui ont décidé de poursuivre dans l'agriculture en louant des parcelles. Cependant, du fait du nombre croissant de demandeurs, les coûts de location de parcelles ont grimpé. La location d'un hectare de terre pour les cultures vivrières et maraichères s'élève à 100 000 F CFA. La forte demande de parcelles à louer pour l'agriculture incite les propriétaires fonciers à monter les enchères. Pourtant, avant l'exploitation industrielle de l'or, la location de parcelles concernait plus les terres de bas-fond et les jachères et pour servir à la production du vivrier : riz, maïs, tomate, chou, carotte, etc. L'arrangement portait sur le don d'une partie de la récolte au propriétaire terrien ; environ 2 à 3 sacs pour le riz ou des volumes équivalents pour les autres cultures. Il en était de même pour le café et le cacao. Puis le paiement en numéraire est intervenu au niveau des cultures pérennes et s'est généralisé. Au départ les prix de location variaient selon l'importance de la culture. Pour les cultures vivrières les prix variaient généralement entre 20 000 et 30 000 F CFA l'hectare.

L'augmentation des coûts de location ajoutée aux autres charges inhérentes à l'agriculture, contribue à augmenter les coûts de productions. Cela a entrainé une baisse significative de la production locale qui a influencé les coûts des denrées alimentaires. Les coûts de productions rehaussés combinés à une production raréfiée font que les prix des denrées sur le marché connaissent une hausse ressentie par les populations consommatrices.

Cette situation semble être une aubaine pour les paysans des localités voisines qui accourent commercialiser leurs productions à Hiré. En effet, la croissance démographique observée à Hiré constitue un marché de consommation très important. Même s'il est vrai que les travailleurs expatriés achètent leurs produits de consommation à l'extérieur du pays ou dans les grandes surfaces (super et hyper marchés), les petits travailleurs qui sont les plus nombreux

245

s'approvisionnent sur le marché local. En plus d'eux, il y a les orpailleurs et ceux qui ont été attirés par l'or qui constituent un marché important avec un supposé pouvoir d'achat consistant.

8.4.3 La menace de l'insécurité alimentaire

Les potentialités physiques (climat, sol) dont bénéficie la sous-préfecture de Hiré, y favorise la production agricole. Elle était avant l'ouverture de l'exploitation minière industrielle, une zone de grande production agricole et un centre de négoce des produits agricoles. Cette agriculture extensive est cependant mise à mal depuis l'ouverture de l'exploitation industrielle de l'or. En effet, d'importantes superficies occupées autrefois par l'agriculture sont aujourd'hui occupées pour l'exploitation de l'or. Par exemple, les bas-fonds autrefois réservés à la culture des céréales comme le riz, le maïs, etc., sont aujourd'hui occupés pour l'orpaillage. L'activité minière constitue une entrave à l'agriculture, du fait de la réduction des terres agricoles qu'elle entraine. Cela, conjugué à la baisse de la main d'oeuvre agricole, entraîne une baisse de la production agricole. En plus, l'agriculture telle que pratiquée à Hiré n'est pas mécanisée donc fortement dépendante de la main d'oeuvre. Les nombreux abandons (reconversion et émigration) d'agriculteurs ont vidés le secteur de ses principaux acteurs. Parmi les personnes qui s'adonnent encore à l'agriculture, il y a celles qui en font une activité secondaire et qui y consacrent peu de temps. Tout cela entraine une baisse de la production agricole tant au niveau des cultures pérennes que des cultures vivrières.

La baisse de la production agricole expose les populations de Hiré au risque de l'insécurité alimentaire. Selon la FAO (2011), la sécurité alimentaire est assurée « (...) quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires, pour leur permettre de mener une vie active et saine »

Aussi, la menace qui guette les populations de Hiré est-elle réelle dans la mesure où la baisse de la production se traduit aussi bien en baisse de quantité que de qualité des vivres produits à Hiré.

En effet, de nombreuses parcelles à proximité des sites aurifères continuent d'être exploitées pour la production du vivrier. Quand on sait que des produits chimiques toxiques sont utilisés sur ces sites et pourraient, par infiltration dans le sol ou par érosion, contaminer les cultures qui y sont produites.

246

L'occupation des terres par l'exploitation minière entraine la réduction des espaces ou des terres cultivables, et par ricochet, la diminution drastique des revenus de subsistance. Cette mutation a provoqué une transformation bouleversante des modes de vie des ménages qui, depuis des années, dépendent de l'agriculture. La baisse de la quantité de production entraine d'une part la paupérisation de la population agricole donc le manque de ressources financières pour acheter la quantité et la qualité nécessaire à l'alimentation. D'autre part, elle entraine un problème de disponibilité des cultures vivrières. La quantité de production dans le vivrier est surtout liée à la baisse de la main d'oeuvre, notamment, à la baisse de la main d'oeuvre féminine. De nombreuses femmes qui s'adonnaient autrefois à la culture de maraichers et de vivriers se sont orientées vers l'activité minière (l'orpaillage). La femme paysanne étant considérée en milieu rural comme intervenant principal dans l'agriculture. L'accès à la nourriture dans ces conditions devient de plus en plus difficile pour les familles rurales n'ayant pas d'autres sources de revenus. La menace de la faim est réelle car les familles doivent acheter tout ce qu'elles veulent consommer.

Aujourd'hui la production vivrière et maraichère est en baisse. Produites principalement pour l'autoconsommation, les cultures vivrières et maraichères constituent la base alimentaire des ménages ruraux. Les quantités produites suffisent à peine pour les familles. Les produits vivriers locaux ou venants d'ailleurs sont commercialisés à des prix jugés élevés par les populations rurales, financièrement faibles. L'accès aux vivres par achat devient aussi difficile. L'on comprend dès lors que leur effondrement constitue une menace permanente pour les fondamentaux de la sécurité alimentaire dans la sous-préfecture et même de la région de Hiré (figure 33).

Aussi, les produits agricoles constituaient la principale source de revenu de la population de Hiré. Les ressources tirées de l'agriculture permettaient aux ménages de faire face économiquement aux besoins alimentaires des familles. La perte de ressource entraine la paupérisation des agriculteurs qui elle entraine inévitablement l'insécurité alimentaire. Pour les familles modestes, une fois les dépenses de premières nécessités déduites (énergie, habits et autres), il ne reste pas suffisamment de ressources pour satisfaire les autres besoins de la famille.

247

Figure 32 : les fondamentaux de la sécurité alimentaire

Aliments issus de

la cueillette et de la chasse d'animaux sauvages

La production
familiale

Achats dans les
marchés et les
magasins

Accès Disponibilité Qualité

Les aliments
acheminés dans la
zone au moyen de
mécanismes de
marché

Les vivres stockés par les

commerçants dans

Sécurité alimentaire

Les aliments
produits dans la
zone

La composition des aliments

L'utilisation qui en est faite

Source : GTZ, Novembre 1995

La sécurité alimentaire est définie par trois facteurs essentiels que sont : la disponibilité de la nourriture ; l'accessibilité de la nourriture et la qualité de la nourriture.

La disponibilité de la nourriture au niveau local signifie que la nourriture est physiquement disponible parce qu'elle a été produite, traitée, importée ou transportée. Par exemple la nourriture dans la sous-préfecture ou la région, est disponible car elle peut être trouvée sur des marchés, parce qu'elle est produite dans des champs. L'accessibilité de la nourriture est la façon dont les gens peuvent obtenir la nourriture disponible. En ville, cette accessibilité est garantie lorsque les ménages disposent des ressources financières. La façon dont chaque individu se procure les aliments nécessaires à un régime équilibré dépend des revenus du ménage où il se trouve, de la répartition de ces revenus au sein de la famille et du prix des denrées. L'utilisation de la nourriture dépend de la qualité des aliments, de leur stockage et de leur préparation.

248

Conclusion du chapitre 8

Les parcelles occupées pour l'exploitation minière sont des terres de cultures ou des jachères. Du fait de l'importance de l'emprise de l'industrie minière sur ces parcelles, il y a une réduction des terres agricoles. Dans le cadre de l'exploitation industrielle, les terres agricoles sont totalement décapées et définitivement acquises avec de vastes superficies. L'orpaillage, bien que se déroulant sur des parcelles dont les superficies varient entre 2 et 5 ha, leur nombre et leur progression à chaque épuisement de site en multiplie les incidences sur l'agriculture. L'activité minière influence diversement l'agriculture. Certes, l'occupation des terres agricoles entraine une baisse des superficies cultivées, mais également la baisse de la production agricole tant au niveau des cultures pérennes que des cultures vivrières. La main d'oeuvre agricole est aussi affectée par l'activité minière. De nombreux agriculteurs ont perdu leurs terres cédées à la société minière et du fait de la baisse de productions liées à l'activité, les autres se sont résolus à se reconvertir ou ont opté pour le départ vers d'autres localités. L'exploitation aurifère constitue également une menace sur la sécurité alimentaire des populations de Hiré, tant du point de vue de sa qualité qu'en termes de quantité. On constate aussi une perte des moyens de subsistances en provenance de l'agriculture pour les populations.

249

CHAPITRE 9 : LES CONFLITS FONCIERS EXACERBÉS PAR
L'EXPLOITATION DE L'OR

INTRODUCTION AU CHAPITRE

Au nombre des problèmes que posent la redécouverte de l'or dans la sous-préfecture de Hiré, figurent ceux de l'accès aux terres cultivables et d'habitation, les tensions entre villages autour de limites de terroir, entrainant ainsi la résurgence de la récession foncière due à la rareté des terres ressentis depuis les années 1980.

En effet, la situation géographique de la sous-préfecture est d'abord une contrainte pour les paysans. La ville est entourée de collines et de montagnes qui ne favorisent pas assez son expansion et l'activité agricole. Avant la nouvelle vague de l'exploitation de l'or, la rareté des terres communautaires et familiales était au coeur des conflits fonciers locaux. L'exploitation de l'or s'est donc superposée aux tensions foncières existantes tout en les complexifiant.

9.1 LES DESACCORDS SUR LES INDEMNITES 9.1.1 Les indemnisations selon l'Etat

L'Etat autorise les détenteurs d'une concession minière à payer des indemnités aux personnes sinistrées par des déplacements, des destructions pour raison d'utilité publique. L'indemnisation est prescrite par le code minier et le décret N°2014-397 du 25 juin 2014 déterminant les modalités d'application de la loi N°2014-138 du 24 mars portant code minier précise en son chapitre 2 les relations avec les occupants du sol. Ainsi, l'article 134 énonce que « l'indemnité au profit de l'occupant légitime du sol dont les terres sont devenues impropres à la culture est déterminée par la formule suivante :

[D=(R x 15) + (P x S) + r]N

Avec

D=Dédommagement en francs CFA

R=Revenu annuel de la parcelle

N=Nombre d'années d'occupation

P=Prix moyen d'acquisition ou d'usufruit d'un hectare

S=Superficie en hectare

r=revenu obtenu des cultures associées payé en pied.

15=le nombre d'années d'exploitation que va durer la mine.

250

Le code minier ivoirien ne précise pas le prix moyen d'acquisition ou d'usufruit. Il est normalement fixé par décret.

La puissance publique précise également ce point : « les mines constituent une propriété distincte de la propriété du sol. Elles appartiennent à l'Etat et constituent un domaine public particulier...». Cela veut dire en clair que les populations présentent sur les terroirs villageois peuvent être soit propriétaires coutumiers du sol, soit propriétaire de l'usage du sol et de ce qu'elles y ont planté mais elles ne sont en aucun cas propriétaires du sous-sol.

La gestion des droits de propriété et d'usage des terres en Côte d'Ivoire relève du droit coutumier et de la Loi 98-750 du 23 décembre 1998. La sous-préfecture de Hiré n'échappe pas à cette réalité et les deux modes de gestion y ont cours. Les terres en Côte d'Ivoire sont divisées en deux grandes catégories : celles qui appartiennent aux particuliers détenant un titre de propriété, et celles qui appartiennent à l'Etat de façon déclarée auxquelles il faut ajouter toutes les terres vacantes et sans maître. Pour la gestion de son domaine, l'Etat a mis en place un ensemble de dispositions juridiques contenues dans le régime domanial. Ce régime divise le domaine de l'Etat en deux parties : le domaine public de l'Etat, et le domaine privé de l'Etat. On distingue donc le domaine privé de l'État en zone rurale gérée par le Ministre chargé de l'Agriculture ; le domaine privé de l'État en zone urbaine gérée par le Ministre chargé de la Construction et de l'Urbanisme.

Jusqu'au 7 mars 2006, son emprise était estimée à 25 millions d'hectares sur lesquels seulement 1 à 2 % faisaient l'objet d'un titre d'occupation ou d'un titre de propriété délivré par l'Administration. Il s'agit de l'arrêté de concession provisoire sous réserve des droits des tiers, l'arrêté de concession pure et simple, l'arrêté de concession définitive et le bail emphytéotique. Tous ces titres étaient délivrés traditionnellement par le ministre en charge de l'agriculture.

Le point de friction entre les populations dont les terres sont occupées par la mine vient des divergences de points de vue entre les propriétaires coutumiers, les occupants locaux et la mine agissant sous le couvert de l'État.

9.1.2 Les indemnités selon les populations

Les désaccords exprimés portent sur les barèmes appliqués pour les cultures aussi bien vivrières que pérennes. La non prise en compte des propriétaires fonciers a également été motif de conflits.

251

9.1.2.1 Le refus des barèmes des indemnités portant sur les cultures vivrières.

Chaque culture selon sa nature est concernée : manioc, maïs, igname, riz, banane. Les populations jugent que les taux fixés par le ministère de l'agriculture en ce qui concerne chacun de ces plants sont dérisoires. Elles font part de leur indignation et interprète cela comme un profond manque de respect des fonctionnaires de l'État qui fixent ces taux dont ils ne peuvent que savoir qu'ils vont provoquer la famine et le découragement dans le monde paysan. Elles demandent à ce sujet le relèvement des taux aux conditions réelles du marché local du vivrier.

9.1.2.2 Le refus des taux d'indemnisation des plantations de café et de cacao.

Le café et le cacao sont les cultures pérennes qui faisaient jadis la fierté de la région agricole de Hiré. Tout le périmètre exploité par la société, était jusqu'à un passé récent, occupé par de grandes plantations de cacao et de café. C'est à partir de 2006, avec l'installation de la mine qui a nécessité l'accaparement des terres de cultures et la destruction des plantations, que de nombreux planteurs ont perdus leurs sources de revenus. Les planteurs de café et de cacao considérés comme les hommes forts de cette cité, sont les plus grandes victimes.

La base du dédommagement à eux proposé par la compagnie minière n'a pas été approuvée. En effet, les cultures de café et de cacao sont des cultures pérennes dont la production dure selon la variété entre 15 et 30 ans. Le niveau de l'indemnisation de la compagnie minière est basé sur le barème d'indemnisation des cultures d 1972 actualisé en 1995. Les populations ont bruyamment protesté contre ces agissements de la compagnie minière. Toutes les voies conduisant à la mine d'or ont été bloquées par les planteurs en colère qui exigeaient que le calcul de l'indemnisation soit revu à la hausse.

9.1.2.3 La non prise en compte de l'indemnisation du sol

Les populations constatent avec stupeur que la compagnie n'indemnise pas le sol. Les actes d'indemnisation qu'elle pose concernent des personnes disposant d'un titre foncier, ou d'une concession provisoire. Toutes les autres terres sont censées être sans maître. Les populations font valoir que cette interprétation n'est pas valable car elles sont les propriétaires coutumiers de la terre et à ce titre elles ont droit à une indemnisation conséquente pour la perte de leur patrimoine d'espace ou de territoire.

252

9.1.2.4 Le scandale des jachères

En Côte d'Ivoire, il est dit par l'Administration que les terres vacantes appartiennent à l'État. Dans le cadre des indemnisations lorsque la compagnie minière rencontre des jachères, elle ne les compte pas dans ses calculs. À vouloir le faire, elle ne saurait même pas par rapport à quelle catégorie décrite dans les textes elle devrait les compter. Pour elle, les jachères sont des espaces vides. Comme la loi foncière précise que le sol n'est pas indemnisé, la compagnie ne tient ni compte des jachères, ni du sol. Dans les cas de Bonikro, la compagnie n'a pas indemnisé les jachères. Alors quand les populations ont pressenti l'arrivée de la compagnie sur les 1 000 ha de la zone Hiré, elles ont tenté de négocier la prise en compte de l'indemnisation des jachères. Cependant, cela s'est avéré vain. Alors, elles se sont résolues à une tactique qui consiste à planter rapidement n'importe quoi qui peut avoir de la valeur sur leur terre. Cela a conduit au choix du teck.

Le teck est une culture arborescente, un bois à forte valeur ajoutée. Il convient aux climats tropicaux et présente une résistance remarquable dans les conditions extrêmes d'exploitation. Il résiste même aux feux de brousse. En très peu de temps, la périphérie de Hiré s'est couverte de teck, des arbres plantés de nuit et de jour par les propriétaires fonciers au grand dam de la compagnie et des usagers courants du sol. Le teck est ainsi appelé à Hiré "culture opportuniste". Maintenant que ces tecks remplacent les jachères, les populations ont exigé que la mine indemnise les jachères au prix le plus fort de sa valeur soit 20 000 FCFA par plant.

9.2 LA CLARIFICATION DES AYANTS DROITS : PROPRIETAIRES COUTUMIERS, ALLOGENES ET USAGERS DU SOL

9.2.1 La géographie des maîtres coutumiers du sol dans la région de Hiré

9.2.1.1 Bouakako et Hiré, deux villages autochtones en conflit autour de la propriété coutumière du sol des gisements dans la ville de Hiré

La première famille à s'installer sur les terres de Bouakako est la famille Douzoua. Elle occupait par le passé le site qui abrite l'école du village. Les membres de la famille Douzoua sont donc les fondateurs du village et par conséquent, ils sont les chefs de terre. Avec les guerres de voisinage, une partie de la famille se détacha pour fonder deux autres familles que sont la famille Agbalé et la famille Zabregouan. Ceux de Hirégouan sont allés vers Hiré actuel. Ils n'ont donc pas une autonomie vis-à-vis des gens de Bouakako. Ces familles ont été rejointes plus tard par une famille Baoulé qui est représentée par la famille Akan.

253

Les personnes interrogées à Bouakako au sujet de l'histoire de la création du village commencent par préciser que les terres cultivables sont éloignées du village et nombreuses sont celles qui sont touchées par la mine et l'exploration actuelle. Les terres de Bouakako vont très loin, jusqu'à la limite de Taabo, Oumé et Zégo, disent-elles.

Le conflit entre Bouakako et Hiré village, porte sur la propriété de la partie de Hiré qui abrite la mairie. Bien que situé dans la ville de Hiré, tout le côté à droite de la voie bitumée est à Bouakako et le côté gauche est à Hiré. Cependant, bien que le sachant, le chef de village de Hiré est celui qui reçoit de l'argent lors des immatriculations de lots dans la zone.

La Cellule Stratégique pour la Défense et la Protection des Intérêts de Bouakako (CSDPIB) a été créée en 2014 avec la collaboration des jeunes cadres et intellectuels dudit village pour assoir des échanges équitables avec la société minière. Cette cellule a entrepris en six mois la formation de la jeunesse et de la notabilité pour les instruire sur comment gérer les relations avec la société minière. La CSDPIB se positionne désormais comme le porte-voix du village de Bouakako dans ses rapports avec la compagnie minière. En tant propriétaire du site de la mine de Hiré Est, la communauté de Bouakako par la CSDPIB, s'octroie le droit de définir les conditions et les modalités d'exploitation des ressources aurifères de leur terre.

Les premières incompréhensions entre Bouakako et NEWCREST portaient sur la question de la libation qui traduit la reconnaissance des autorités villageoises comme autorité morale établie sur l'ensemble des terres du dit-village. Il est vrai que les parcelles occupées appartiennent à des individus, à des familles mais leur propriété est liée à leur appartenance au village. Les autorités minières ne l'entendant pas de cette oreille ont au début de leur activité sur le site de Hiré composé exclusivement avec les propriétaires terriens en faisant fi de la tradition et donc des autorités villageoises. Cet état de fait a eu pour conséquence d'irriter la population dudit village qui s'est vue ignorée. La population de Bouakako a donc à travers la CSDPIB, manifesté son mécontentement par des actions.

La CSDPIB a compilé l'ensemble de ses revendications dans un document appelé « livre blanc de Bouakako » afin de donner selon le responsable, une orientation aux actions de développement que doit mener la société minière à Bouakako village hôte de la mine de Hiré.

9.2.1.2 Gogobro et Kagbè : propriétaires coutumiers du sol de Bonikro

Gogobro et Kagbè n'étaient à l'origine qu'un seul village. Cependant, des querelles incessantes de voisinage vont amener les populations actuelles de Kagbè à partir à la recherche de nouvelles

254

terres cultivables et retrouver la paix sociale. Ceux qui sont venus à Kagbè étaient moins nombreux que ceux qui sont restés à Gogobro. D'après le chef de Gogobro, après cette scission, il n'y avait jamais eu de problème de terre entre les deux villages. Il affirme que les gens de Gogobro venaient demander la terre à ceux de Kagbè parce qu'ils n'en avaient pas assez chez eux et ils la leur donnaient parce qu'ils se considèrent comme des frères. Kagbè proclame toujours son autonomie vis-à-vis de Gogobro. Il affirme qu'ils font limite avec Gabia, Bouakako, Hiré et Diégonéfla et compterait une vingtaine de campements.

Depuis l'ouverture de la mine de Bonikro, un litige foncier oppose Kagbè à Gogobro au sujet de la propriété des terres de Bonikro. Selon les populations de Kagbè, les terres de Bonikro leur appartiennent et ils réclament d'être reconnu en tant que propriétaire terrien et de recevoir les privilèges liés à ce rang.

9.2.1.3 Zaroko : une communauté Dida réclamant sa part des retombées minières

Zaroko est un village démographiquement très important. Son histoire est difficile à retracer du fait que deux familles y revendiquent la chefferie de terre. Pourtant, c'est le chef de terre qui, en tant que descendant du fondateur, détient l'histoire du village. Cependant, cette rivalité autour de la chefferie des terres est récente. Elle est née de la compétition pour le bénéfice du dédommagement de LGL pour l'exploitation de la mine.

En définitive, les Dida de Hiré ont accédé à la terre par trois modes : l'installation, l'occupation, les guerres de conquête. Depuis lors, la terre est considérée comme une propriété ancestrale dont les générations actuelles héritent de l'usufruit. La découverte de l'or dans le terroir ainsi que l'économie de plantation, ont attiré dans la région de nombreuses populations allogènes. Pour les installer, les populations autochtones ont été poussées à quelque peu transgresser les droits coutumiers locaux.

9.2.1.5 Douaville, un village Watta en marge de l'exploitation aurifère

Les terres de Douaville ne sont pas touchées par l'exploitation aurifère qui a lieu dans la sous-préfecture de Hiré. Ce village est donc en marge des conflits de propriété territoriale bien qu'étant installé sur les terres de Zaroko.

9.2.2 Les allogènes exploitants non propriétaires de sol

Chez les Dida de Hiré, la terre est considérée comme l'âme qui leur permettrait d'exister
socialement et économiquement. Elle est un outil de production, une source d'enrichissement,

255

une identité sociale, une valeur culturelle léguée par les ancêtres. La terre appartient à la famille, au clan et a une forte représentation sociale de par la richesse qu'elle constitue. Les premiers responsables terriens au sein de la communauté sont les chefs de terres. Ils sont les garants des bonnes relations entre les populations et leurs ancêtres et réalisent les divers rites et rituels en la matière. Les terres du terroir sont reparties entre les familles des différents villages. Elles sont administrées pour le compte de chaque famille par le chef de famille. Les délimitations entre les terres familiales sont généralement des éléments naturels tels que les arbres, les rivières etc. Autrefois, la famille entière créait une plantation que gérait le chef de famille. Lorsqu'un membre d'une famille voulait créer son propre champ ou sa propre plantation, il devait avoir l'autorisation du chef de famille et lui seul pouvait octroyer une portion de terre à un quelconque étranger à la famille. Cependant, la vente anarchique et illicite de terre occasionnée par l'exploitation minière (industrielle et artisanale) a mis un terme à cette façon de gérer les terres.

Les terres sont cédées par tous et à tous sans recours aux chefs de terre et de familles. Ces contrats de location sont verbaux ou écrits avec beaucoup de flou au point qu'il arrive même que le cédant et l'acquéreur ne s'accordent pas sur l'objet cédé. Alors que le cédant se défend de n'avoir transféré qu'un simple droit d'usage du sol et non le sol lui-même, l'acquéreur estime avoir acquis la propriété.

Les allochtones de la sous-préfecture de Hiré pour leur installation accèdent à la terre par divers moyens comme le don, le troc, l'échange, l'héritage, l'achat (contre vin et récolte) et autres arrangements. Ainsi, les statistiques ci-dessous indiquent la proportion des différents modes d'accès à la terre ou l'installation des allochtones.

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Figure 33: mode d'accès à la terre par les allochtones

19%

7%

3%

10%

32%

29%

Achat Don Echange Héritage Troc Autres

Source : nos enquêtes, 2017

La figure ci-dessus présente la proportion des différents modes d'accès à la terre dans la sous-préfecture de Hiré. Le mode d'accès le plus courant est le don car 32% des personnes enquêtées ont ainsi obtenues leurs terres. L'achat et l'héritage constitue respectivement 29% et 19% des modes d'accès à la terre. Les allochtones accèdent également à la terre par troc, par échanges et par d'autres moyens.

La plupart des terres occupées par les allogènes dans la sous-préfecture de Hiré leur ont été cédées par don moyennant des vins et récoltes dont la quantité reste au choix de l'exploitant. Selon la tradition, les Dida offraient aux immigrants des portions de terres pour leur permettre de s'installer et lesquels en échange offraient des cadeaux et dons aux tuteurs Dida. Cependant avec l'augmentation du nombre de migrants Baoulé et Dioula à la recherche de terre cultivable associé à l'essor des plantations de café et cacao dans les années 1970, la terre a eu une double valeur aux yeux des Dida notamment comme un héritage sacré légué de génération en génération et un facteur déterminant de richesse. Ainsi, la configuration de l'usage des terres s'est considérablement modifiée chez les Dida qui ont ainsi cessé de céder gratuitement la terre pour réclamer des redevances de la part des migrants. C'est de la sorte que d'autres modes d'accès se sont développés notamment l'achat sans preuve tangible ou avec des écrits non notariés, par troc très souvent avec les dettes funéraires ou scolaires, par échange soit avec un matériel roulant et sous d'autres formes, soit verbalement soit par des écrits transactionnels.

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Le conflit des conceptions équivoque entre acteurs locaux sur le terrain des parcelles à indemniser au sujet de qui est propriétaire et qui est locataire s'atténue avec la clarification de certaines notions. Après plus de trois années de confusions, les éclairages suivants sont apparus. Il existe à Hiré l'ensemble suivant des types d'acteurs susceptibles de se réclamer propriétaires:

- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida de Bouakako pour les sites de

gisement de Hiré,

- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida de Gogobro pour les gisements de

Bonikro,

- les propriétaires coutumiers du sol autochtones de Kagbé pour les gisements de Bonikro

en litige de souveraineté avec les villageois de Gogobro,

- les propriétaires coutumiers du sol autochtone de Hiré village ayant procuration du

village de Bouakako sur les terres du site de la ville de Hiré,

- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida du terroir de Zaroko,

- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida du terroir de Douaville,

- Les allogènes Baoulé et autres ivoiriens propriétaires de leurs impenses et locataires sur

les terres des Dida quels que soit leurs arguments à se déclarer propriétaire foncier par

achat ou par omission,

- Les non ivoiriens propriétaires de leurs impenses et locataires sur les terres des Dida

quels que soit leurs arguments à se déclarer propriétaire foncier par achat ou par

omission,

- Les étrangers ayant un titre de propriété,

- Les ivoiriens non Dida ayant un titre de propriété,

- Les attributaires de lots urbains dans la ville de Hiré.

- 109 propriétés coutumières,

- 115 parcelles de propriété coutumières,

- 2 467 parcelles d'exploitants,

- 99 propriétaires coutumiers de la terre,

- 1 352 exploitants cultivant 2 467 parcelles.

9.2.2.1 La difficulté d'identification des propriétaires terriens et des exploitants

La difficulté majeure au niveau des indemnisations est liée à l'identification des propriétés des terres et des exploitants. Cette difficulté vient principalement de la compréhension des droits coutumiers de propriété et d'usage à plusieurs niveaux qui affectent Hiré comme c'est

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généralement le cas en milieu rural. Les droits coutumiers à Hiré sont cédés sous diverses formes. La société Dida est patrilinéaire et l'héritage au sein de cette société se transmet de père en fils. Surtout la cession des terres, car, elle est considérée comme un bien familial qui ne doit pas sortir de ce cercle. C'est ce qui explique le fait que la cession se fait parfois d'oncle à neveu. Quand l'oncle n'a pas eu de fils ou estime que ses fils ne peuvent user de sa terre, il la cède à ses neveux. Les femmes étant appelées à partir fonder des familles ailleurs, n'ont généralement pas droit à la terre. Elle la transmettrait sinon à ses enfants donc à une autre famille. Cependant, la réalité est tout autre. On trouve des femmes qui possèdent des terres et même qui en héritent. Les Dida Watta considèrent la terre comme « l'essence » de sa société. Au-delà d'être un instrument de production, la terre est pour les populations autochtones de Hiré, l'expression de leur existence sociale et économique.

Les chefs de terre sont responsables, au sein de la communauté, de l'attribution des terres et de la réalisation des diverses cérémonies qui aident à maintenir de bonnes relations entre la population et leurs ancêtres. Toutefois, du fait de l'économie de plantation puis de l'orpaillage aujourd'hui, les droits coutumiers ont été diversement cédés à des tiers en contrepartie d'un arrangement précis. Ces cessions se sont faites parfois à l'insu des chefs de familles ou des autres membres de la famille, soit verbalement, soit par écrits non notariés. Avec la question des indemnisations, certaines cessions sont remises en cause et posent un véritable problème quant à l'identification des propriétaires des terres et des propriétaires des cultures. Ce problème oppose généralement les communautés autochtones aux communautés allogènes et est motivé par la logique de contrôle et de sécurisation des droits sur le foncier (Babo, 2008 ; Dozon, 1997).

Les terres déjà vendues aux autres ethnies sont désormais réclamées par d'autres Dida de la même famille. Leur argument est que la terre appartenant à une famille, elle ne peut être vendue qu'avec l'accord de toute la famille. Cet état de fait engrange une série de tensions entre les différentes communautés à Hiré. Dans certains cas, les transferts de terres aux migrants étaient conditionnés par la seule production des cultures de subsistance. Ces arrangements n'étaient pas toujours respectés par les migrants qui profitaient pour planter le cacao et le café. Pour les migrants planter les cultures pérennes leur donnerait une certaine garantie aux droits sur les terres exploitées en référence au discours de feu le Président de la République FHB « la terre appartient à celui qui la met en valeur » (Chauveau ; opc). Cette déclaration a occasionné chez les migrants une multitude de comportements opportunistes dans leur course à l'appropriation foncière en zone forestière ivoirienne.

Dans d'autres cas, les contrats de cession sont conclus soit verbalement soit par écrits non

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notariés. Cependant, il arrive que le cédant et l'acquéreur ne s'accordent pas sur l'objet cédé. Parfois, les clauses des contrats sont mal comprises par un des acteurs. Il arrive par exemple que le propriétaire estime n'avoir cédé que le droit d'usage tandis que l'acquéreur estime avoir acquis la propriété foncière.

Cette difficulté à bien identifier et distinguer les propriétaires des parcelles et des cultures, oppose la communauté à la société minière. Cela se traduit par les plaintes des populations à propos des erreurs récurrentes à ce sujet. Des personnes se plaignent de ce que leurs plantations ne sont pas indemnisées alors que pour NEWCREST elles le sont. Le paiement des indemnités étant conditionné par la présentation de documents prouvant soit la propriété de la parcelle, soit la propriété des cultures, lorsqu'une personne présente tous ces papiers, la mine ne peut que la reconnaitre. En réalité certaines personnes se revendiquent propriétaire d'un bien alors qu'elles ne le sont pas. Dans ce cas la mine ne pouvant payer deux personnes pour la même parcelle, le vrai propriétaire se retrouve perdant. Ces situations se produisent généralement entre personnes d'une même famille, entre vendeurs et acquéreurs ou entre voisins de parcelles. Pour ce qui concerne les litiges entre voisins de parcelles ils opposent généralement les autochtones entre eux. Toutefois, les limites entres les terres des différentes familles comme les limites entre villages ne sont matérialisées que par des éléments de la nature tels que les cours d'eau, les arbres, etc. Certains éléments physiques qui servent de limites arrivent à disparaitre et il devient difficile surtout pour les jeunes héritiers de connaitre les limites de leurs parcelles. Cependant, il n'est pas à écarter que ce type d'erreur est parfois volontaire. Certaines personnes pour bénéficier des indemnités, profitent de l'ignorance de leurs voisins et empiètent sur les parcelles des autres.

Pour mettre fin aux conflits portant sur qui a droit à être indemnisé ou non, la compagnie minière s'est proposée d'adopter les conclusions de la classification des populations. Les propriétaires coutumiers du sol prétendent à une indemnisation sur le sol comme si le sol était vendu indépendamment de tout ce qu'il porte. Ils interdisent le versement de cette indemnisation pour perte de sol à tous les non autochtones y compris à ceux des autochtones Dida dont le sol concerné n'est pas une partie de leur terroir. Ainsi sont seulement bénéficiaires des indemnités attendues de la zone de Hiré Est les Dida de Bouakako. Il en est de même pour la zone de la mine de Bonikro dont les Dida de Gogobro se réclament propriétaires.

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Pour ce qui relève des indemnités compensatoires des cultures, les non Dida les perçoivent quand ils sont locataires de la terre avec ou sans contrat. Les Dida les perçoivent aussi quand ils exploitent directement les parcelles dont ils sont propriétaires.

Au début de l'exploration et de l'exploitation de la mine de Bonikro la société EQUIGOLD s'était appuyée sur les textes de l'État pour ne pas payer les propriétaires coutumiers du sol. Les Dida de Gogobro propriétaires en avaient été particulièrement mécontentés au point d'en vouloir à la mine. Ceux-ci exigeaient réparation. Lors de nouvelles extensions de la surface à exploiter les villageois de Gogobro ont fait savoir à la mine que rien ne se feraient sans la prise en compte de leur statut de propriétaires fonciers. Ce fut l'occasion de faire un inventaire du périmètre à l'effet que les propriétaires soient identifiés ainsi que les locataires. Pour faire la police de cet inventaire, les jeunes de Gogobro en appui à leur chef du village sont intervenus afin d'éviter toute reconnaissance de propriété foncière coutumière à des Baoulés et des Burkinabés qui présentaient des attestations d'achat de terres payées aux Dida. Après bien des réunions au village sous la férule des jeunes, les allogènes qui font valoir leur statut de propriétaire ont consenti à verser 20% de leur indemnité de compensation, soit 250 000 F CFA à l'hectare à la chefferie du village pour être reconnus comme propriétaires coutumiers.

Par la voix du chef du village, les Dida ont qualifié cette proposition d'injure grave à leur dignité et à leur bon sens en déclarant qu'il appartient au propriétaire coutumier de faire le partage et non le contraire. Les négociations ont trainé près de six mois sans solution avant que le sous-préfet soit saisi par la compagnie minière très lasse des atermoiements préjudiciables des villageois. Le 31 mai 2016, l'administrateur après avoir réécouter les parties en conflit tranche : il suit les arguments de la chefferie de Gogobro en affectant 75% des indemnités aux Dida, 25 % aux allogènes propriétaires-locataires. Ainsi, sur 5 651 450 F CFA d'indemnités pour cause de perte du sol, les villageois de Gogobro ont perçu 4 238 588 F CFA et les allogènes 1 412 862 FCFA. Une fois ce partage fait, il est apparu une nouvelle cause de dissension au sein du village. Les jeunes se posant en sauveurs de la chefferie réclament une bonne part des compensations allouée au village. Le sous-préfet y répond en leur affectant un quart de la part de la somme dédiée au village mais les jeunes exigent les trois quarts. Là apparaissent sur le champ des négociations, les conflits d'intérêt et de posture entre jeunes et adultes.

9.2.3. Les problèmes intergénérationnels

Les problèmes intergénérationnels se posent aussi bien au sein des familles qu'au sein de la communauté.

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Au sein des familles, ils opposent les ainés, chefs de famille aux plus jeunes. Les jeunes se plaignent de la gestion de l'héritage par les ainés après le décès du père. Les jeunes estiment que la gestion familiale des terres n'est pas la bonne. Ils justifient leur position par le fait que les plantations qui appartiennent à toute une famille sont vendues à l'insu de certains membres de la famille. Ils estiment qu'il y a une gestion opaque des terres par les ainés qui ne contribue pas à assurer leur lendemain. Cela les emmène à vendre à leur tour des parcelles. Lorsque des plantations familiales sont indemnisées par la mine, les jeunes se plaignent de la répartition de l'indemnité qui est faite par leurs ainés. Ils estiment devoir recevoir plus et ces questions sont à la base de plusieurs conflits au sein d'une même famille.

L'autre forme de conflits inter générationnels est ceux qui opposent les jeunes aux leaders communautaires ou aux cadres. Les conflits qui les opposent portent sur la divergence de point de vue dans la gestion des conflits entre villages et les villages et la compagnie minière. Pour ce qui concerne les conflits entre villages, les jeunes rejettent parfois les solutions préconisées par les autorités coutumières. C'est le cas pour le conflit foncier entre Bouakako et Hiré pour lequel l'ensemble des chefs du canton, venu aidé au règlement du litige avaient proposés et acquis que les terres de la commune soient considérées désormais comme appartenant à Hiré. Cependant, la jeunesse de Bouakako remit en cause cet acquis et s'est opposé à son application car disent-ils, leur village a cédé trop de terres à Hiré.

Pour ce qui concerne les conflits avec la société minière, les jeunes estiment qu'il ne faut pas utiliser la délicatesse. Pour eux, seuls aboutissent les méthodes drastiques comme les blocages des routes et des travaux de la compagnie ainsi que le saccage des biens de la société minière.

9.2.4. La manifestation des conflits entre les communautés locales

Les conflits entre les communautés portent généralement sur les questions de limites de territoires. Ces conflits opposent les villages de Hiré et au village de Bouakako, le village de Gogobro à celui de Kagbè. Ces litiges se manifestent par des bagarres, des pratiques mystiques, des malédictions, de fétichisme etc.

Les privilèges accordés aux villages propriétaires terriens des sites occupés par la mine a fait renaitre la question des limites entre les villages de la sous-préfecture de Hiré. Des six villages que compte la sous-préfecture de Hiré, les conflits inter-villages en opposent quatre. Il s'agit de Hiré village, Bouakako, Gogobro et Kagbè, mais aussi Gabia, un village de la sous-préfecture d'Oumé. Ces villages revendiquent tous la propriété sur les terres qui accueillent les

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installations de la mine d'or de Bonikro. Les terres sont délimitées par des éléments naturels représentés par des arbres, des rivières etc. Le canton Watta fait frontière au Nord avec le village Gabia et sur l'axe Hiré-Oumé des campements de Hiré et de Gabia sont voisins. Ces quatre villages partagent tous une limite avec Gabia.

Selon l'histoire de l'installation des Dida Watta, les villages Bouakako, Douaville, Gogobro, Hiré, Kagbè et Zaroko, étaient tous situés sur les collines. Cependant, pour des raisons diverses, Hiré et Kagbè sont descendus pour occuper les sites sur lesquels ils sont aujourd'hui. Les populations du village de Hiré avaient voulu partir plus loin, mais les habitants de Bouakako leur ont céder les terres qu'elles occupent. Le côté Est de la commune de Hiré est donc bâti sur les terres de Bouakako, et le côté Ouest après la mairie appartient à Hiré village. L'ouverture par NEWCREST de la fosse satellite de Hiré, donne lieu à des litiges entre les deux villages.

Les villages de Gogobro et de Kagbè partagent également une limite dont l'emplacement est sujet de disputes. Les limites entre les terroirs sont des limites naturelles dont la connaissance est transmise de génération en génération.

Ces conflits de limites de territoires se manifestent par des bagarres, des pratiques mystiques, des malédictions, de fétichisme etc. Cependant, ces villages suivant le conseil de la MUDH, ont entrepris la délimitation par le Cabinet d'Experts pour l'assistance conseil en Topographie et Foncier (CETIF) des différents terroirs villageois de Hiré.

9.3. LES SITES IMPACTES ET NON IMPACTES : LE DIALOGUE DE MAUVAISE FOI A PROPOS DES INDEMNISATIONS

Les mésententes entre la compagnie minière et les populations proviennent d'une autre source qui est le statut d'impactés ou de non impactés par les activités minières. C'est un sujet d'une extrême intensité. Au début les agents de la mine confortés par l'autorité de l'État font irruption dans les terroirs des villageois et dans leur cadre de vie quotidienne. C'est lors de ces rencontres que les agents de la compagnie minière informent la population de ce qu'ils vont occuper les terres, les champs et les plantations appartenant aux villageois. Cette décision est mal vécue par les populations qui finissent par s'en tenir à la force dont dispose la mine pour s'établir. En retour, les injonctions faites par la mine aux populations de ne plus utiliser les zones impactées sont accompagnées de promesses de versement d'indemnités. Dans le cours des rapports entre population et mines, il arrive que la compagnie ne veuille plus payer des indemnités pour des sites occupés, ou que les villageois considèrent comme occupé du fait de leur lecture des impacts de l'activité minière. Les parties rentrent alors dans une confusion conflictuelle.

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9.3.1 Le cas du campement de Konankro

Bien que l'EIES qui a précédé les travaux d'exploitation de la mine de Bonikro ait relevé la nécessité de déplacer les cinq campements autour de la mine, la société minière n'avait pas prévu le déplacement de Koutouklou-Konankro. Ce campement est habité par des Baoulés installés près de la mine de Bonikro. Situé à 1,17 km de l'usine de traitement, le campement de Koutouklou-Konankro subissait les effets négatifs de sa proximité à la mine. Les populations font état des bruits, des tremblements de terres, des poussières qui dérangent leur vie au quotidien. Le campement était envahi par la poussière excessive mélangée à des produits très toxiques. Les eaux usées issues du traitement et celles du service du lavage automobile envahissaient les plantations des habitants de ce village. Elles font cas du manque d'eau dans les puits, des maladies diverses (diarrhées, boutons, d'enflure de membres, de vomissement), ainsi que des décès fréquents et incompréhensibles. La Compagnie, quant à elle, déclare et prouve par ses experts que chez les populations de ce campement il y a surtout la recherche de faits justificatifs dans le but de se faire prendre en compte comme impactées. S'engage alors une longue campagne d'information et de désinformation mutuelle qui dure quatre ans. Les villageois ont mené une lutte contre la compagnie pour que le dommage qu'ils subissent leur soit compensé par une relocalisation. Cela a fini par ce faire avec le déplacement du campement sur la route de Hiré à l'entrée de la ville.

9.3.2 Absence de conflit dans le cas du campement de Bandamakro

C'est près de ce campement que l'entreprise minière a construit son lac à résidu. Les populations ont vécu trois années durant près de ce lac avant d'être déplacées. C'est donc en 2009 que la mine a effectué l'évaluation des maisons de Bandamakro et le déplacement s'est finalement effectué en 2010. Pour ce déplacement, il n'y a pas eu de conflit avec la compagnie minière. La proximité de l'ancien site de Bandamakro du bassin de boue exposait les populations de ce campement en danger. Les inscriptions qu'on lit sur les pancartes apposées par la compagnie mine autour de ce lac artificiel montrent que les responsables de la compagnie minière sont bien conscients de la menace qu'il représente.

9.3.3 Conflit autour de la zone dite du moratoire, de Hiré Est et des zones impactées

En 2009, la compagnie constate la fin prochaine de l'exploitation du gisement situé sur le terroir de Gogobro dans la zone de Bonikro. Elle engage des activités d'exploration fructueuses en trouvant trois gisements d'or dans la périphérie urbaine de Hiré Est. Par mesure de précaution

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elle émet une déclaration de servitude visant à créer un statut de zone interdite aux populations en perspective d'une exploitation minière. Toutes les autorités administratives de la ville sont mobilisées pour dire aux populations usagers de la périphérie, qu'il leur est désormais interdit d'activité pérennes de lotissement, de construction dans la zone. La compagnie dispose ainsi d'un moratoire le 31 juillet 2009. En un trait de plume sur la carte de Hiré une frontière est tracée au-delà de laquelle une surface de 1 069 ha est interdite à tout usage. La compagnie entend faire sur cet espace une EIES à l'effet de déterminer la conduite à tenir. Le temps passe. La mise à défend qui devait durer un an (2010) s'enlise dans la période électorale hautement dangereuse où l'administration fonctionne peu dans un climat de peur pour l'entreprise minière installée en zone politiquement sensible.

9.3.3 Les incertitudes dans la définition des périmètres miniers

En 2012, après la crise postélectorale, la société réduit l'emprise de son projet de 1069 à 882 hectares. En affinant d'avantage sa zone d'intervention potentielle, la compagnie parvient en 2013, à estimer qu'elle n'a plus besoin que de 546 hectares, puis de 440 hectares en 2014, pour finalement retenir en 2015 une emprise estimée à environ 640 hectares (figure 35).

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Figure 34 : évolution des périmètres du projet minier de Hiré entre 2009 et 2015

Source : NEWCREST, 2016

Le projet d'exploitation du gisement d'or de Hiré intervient dans un environnement très particulier. En effet les populations comprennent que la venue de la mine sur l'espace de Hiré préfigure tous les événements qui ont eu lieu dans la zone de Bonikro. Elles se sont préparées au fait que l'entreprise va leur causer des dommages mais qu'elles pourront tirer un profit de sa capacité à les indemniser. Les populations savent que la compagnie a obligation à le faire mais qu'elle résistera et cherchera à minimiser les montants. En plus la mise en défend préventive dans la zone de Hiré a pris du temps. Au lieu de l'année prévue pour mettre en place l'emprise de la mine, quatre ans sont passés. Les populations ont attendu, mais aussi longuement réfléchi sur l'impact du moratoire et ce que cela leur crée comme désagrément d'attente de l'indemnisation.

La zone du moratoire qu'avait dégagée la mine est à l'origine de nombreux désaccords entre les populations et la mine. Les révisions constantes des superficies prises en compte et réellement occupées par la mine (voir figure 36) a entrainé des mécontentements chez les populations. Alors que toutes formes de mises en valeur étaient interdites sur les parcelles concernées, la mine après des années d'attente a retenu certaines parcelles et en a rejeté d'autres.

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Pourtant, les populations dont les portions de terre n'ont pu être retenues, ont pour certaines perdu leurs cultures pour avoir cessé leur entretien, ou parce qu'elles ne peuvent plus avoir accès à leurs parcelles compte tenu des barbelés installés par l'entreprise. Les communautés profitent pour mettre sur la table de nombreuses revendications qui résument leur confrontation avec la mine.

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Figure 35 : zones interdites aux populations en perspective de la mise en exploitation minière
dites moratorium 1 et moratorium 2

Source : NEWCREST, 2016

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Ainsi pour elles, si la compagnie a défini une zone de servitude de 1 069 ha obligeant les populations à subir des dommages, il faut qu'elle la respecte en dédommageant tous ceux qui sont dans ce périmètre. Il n'est pas question de dire comme la compagnie le présente que seulement ceux concernés par les 640 ha finalement occupés seront pris en compte.

Une mobilisation générale s'est faite dans le cadre d'une confrontation entre les communautés pour déterminer qui est propriétaire de l'emprise et qui en est locataire.

La question du dédommagement de la propriété du sol a été sévèrement posée par les autochtones Dida notamment par le village de Bouakako. Des querelles fratricides ont opposé les communautés autochtones quant à déterminer qui sont les propriétaires coutumiers du sol qui prétendent aux indemnisations. Les questions d'identification et de reconnaissance des non Dida comme propriétaires coutumiers sont aussi revenues en permanence sur le devant de la scène. Tout le problème de la redéfinition des indemnités de purge à la hausse est revenu en surface, attisé par toutes les communautés qui accusent la mine de ne pas payer, de payer moins et de payer tard. La proximité de la ville fait que l'emprise du projet s'étend sur des lotissements, sur des maisons construites et en construction, sur des projets de vie. Tous les acteurs réclament des indemnités de réinstallation, exigent des relogements juteux et demandent la prise en compte de la surface du moratoire de 2009 qui est de 1 069 ha laquelle s'étend sur plusieurs lots (figure 37), soit 2 615 lots qu'ils comptent contre 2 251 lots comptés par la compagnie qui ne veut pas les prendre tous en compte.

Le temps du moratoire ayant été trop long, les populations exigent en 2014 la prise en compte de tous leurs investissements survenus depuis sur le terrain. A cela la compagnie, munie de documents, de photos géo-référencées, oppose que les populations n'ont pas respecté le moratoire ou qu'elles ne disposent ni de lettres d'attribution, ni de permis de construire les cases dont elles réclament indemnisation.

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Figure 36: les îlots urbains concernés par la mise en exploitation minière à Hiré

Source : NEWCREST, 2016

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Il est survenu l'épineuse question des terres vacantes, notamment des jachères. Tirant la leçon du passé récent des cultures seulement indemnisées dans l'opération, de Bonikro, les populations se mettent en alerte. Elles posent la question du pourquoi la mine se refuse à indemniser les jachères alors que ce qui lui est très utile est la terre, support des jachères qui représente près de 50% des terres à occuper. Voyant que la mine éviterait le sujet ou se défendrait très bien sur la question, les populations ont décidé de mettre en valeur au sens des indemnités toutes les jachères. Pour ce faire, elles ont réfléchi à la méthode la plus efficace pour le faire. Les actions ont porté sur le planting de teck, produit à haute valeur d'indemnités pouvant être planté sur tous les sols le plus rapidement possible. Les acteurs de cette opération ont été très servis par le temps d'enlisement du moratoire, ce qui leur a permis de planter près de 200 ha de teck en plantations sauvages qui a rendu indirectement ces jachères éligibles à l'indemnisation.

La question des retombées financières et sociales positives de la mine de Hiré a été posée aussi bien par les résidents de Hiré que par les propriétaires coutumiers du sol et tout l'ensemble des autres communautés vivant dans l'environnement local. Le nouveau gisement de Hiré à exploiter repose, sur le fond et sur la forme, toute la question de l'évaluation des impacts et des indemnités posées par le précédent de Bonikro. Un facteur est venu aggraver ces revendications : la compagnie certainement contrainte par le temps et les échéances de la concession d'exploitation s'est mise en situation de quasi exploitation du site en pleine tourmente dans la négociation des indemnités. Ceci a généré beaucoup d'incompréhension et des résistances individuelles multiples qu'il a fallu ensuite résoudre au cas par cas pour régler l'ensemble des problèmes posés.

Face à ces agissements de la société et à son refus de réagir favorablement aux revendications socio-économiques des agriculteurs et des personnes qui exercent un droit coutumier sur ces parcelles de terre, les populations ont eu de vives réactions. Par exemple, les femmes du quartier baoulé ont initié un blocus du site d'exploitation minière de la ville de Hiré afin de contraindre la mine à prendre en compte leurs revendications.

9.4. LES MECONTENTEMENTS ISSUS DES RELOCALISATIONS 9.4.1 Les mécontents des relogements de Bonikro

Pendant la construction, le chantier étant interdit à toute personne étrangère, il n'a pas été possible pour les populations de visiter les maisons qui allaient bientôt les accueillir. Les

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populations ont découvert les maisons le jour de leur installation en mars 2008. Les mesures d'accompagnement qui devaient suivre et qui étaient essentiellement constituées de compensation financière n'ont pas été apporté jusqu'à la fin de l'installation de la mine et ce jusqu'au départ D'EQUIGOLD. Les populations de Bonikro ont donc informé la compagnie minière LGL qui a repris les actifs d'EQUIGOLD de ce fait, mais le repreneur n'a pas accordé de suite à cela jusqu'à aujourd'hui.

En outre les populations de Bonikro n'ont reçu aucun document relatif à la propriété des maisons et des terres sur lesquelles est bâti le nouveau campement de Bonikro. Les maisons construites par EQUIGOLD pour les populations de Bonikro présentent plusieurs imperfections. D'abord, le campement a été construit sans cuisines, ce qui a emmené chaque ménage à se bâtir une cuisine de fortune. Les murs des maisons construites sont sans chaînage, c'est-à-dire sans poteaux en béton pour cadrer et soutenir les murs, au point qu'elles sont déjà toutes fissurées. Elles présentent également des problèmes d'étanchéité quand il pleut, l'eau s'y infiltre et passe d'une pièce à une autre causant des désagréments. Il est courant que les populations se retrouvent dans l'eau pendant leur sommeil. Surtout, le nombre de pièces par maison a été réduit par rapport aux maisons démolies, dans le cadre du projet. Le nouveau campement a été organisé sans ménager une réserve foncière par famille autorisant la construction ultérieure d'extensions. De ce fait, les populations ne peuvent pas construire de nouveaux bâtiments et sont obligées de dormir à plusieurs dans les chambres comme le décrit le chef de Bonikro :

« Ils nous ont délocalisés ici, sans nous accorder un centimètre d'espace de plus. Conséquence, nous ne pouvons pas construire d'autres bâtiments. Nous sommes obligés de dormir à plusieurs dans chaque pièce. Nous n'avons plus d'intimité dans nos foyers ».

Au sujet des infrastructures, les maisons du campement de Bonikro bénéficient de l'adduction à l'eau potable et du branchement au réseau électrique. Par ailleurs l'éclairage public du nouveau village est en place. L'ancien site était lui doté d'une école de trois classes et trois logements d'instituteurs, d'une église, d'un foyer de jeunes. Sur le nouveau site, la mine a construit les mêmes choses à l'exception de l'école, qui y compte désormais six classes. Un dispensaire est également construit, mais il demeure à ce jour non fonctionnel puisque non équipé.

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Avant la relocalisation, l'un des accords était que la société EQUIGOLD dédommage toutes les plantations. Cependant, elle a incité les populations à partir en leur assurant que les plantations seraient indemnisées progressivement. Toutefois, après trois ans, il s'est avéré que sur les 33 familles que comptait le campement, les terres de 09 familles n'ont pu être indemnisées par la société alors que les paysans ne peuvent plus les exploiter. Face à cette réalité, les populations ont posé le problème de l'accessibilité de leurs plantations, puisqu'elles sont désormais à environ 07 à 09 km du campement. Suite à cette demande, la société a mis à la disposition de la population un bus qui a assuré pendant une année leur transport, de Bonikro à leurs plantations. Puis après, cette première année, un véhicule loué en ville par la compagnie minière assure jusqu'à présent ce déplacement.

9.4.2 Les points de revendication des populations de Koutouklou- Konankro

Les principaux points de critique des populations portent sur le nombre de pièces et sur la reconstruction de toutes les maisons. Cette question du nombre de pièces a été la plus soulevée par les populations. Celles-ci ont constaté la différence dans le nombre de pièces entre la maison neuve et l'ancienne maison. Selon leur calcul, il manque en moyenne une pièce à chacune des maisons de compensation. Dans la logique des populations, l'entreprise minière devrait construire le même nombre de pièces recensés par maison sur l'ancien site. L'ensemble de la communauté a exigé que le PDR reproduise intégralement toutes les constructions telles que figurant sur l'inventaire photographique de 2012. Le chef de Konankro a insisté sur cela au point d'en faire un motif de blocage et de boycott des signatures en mai 2014. Suite à cette plainte des populations et dans un souci de transparence, un comité de suivi et d'évaluation des travaux de construction du nouveau campement, composé des jeunes dudit campement a été installé. Toutefois, la société minière explique les constats des populations par le fait que le relogement ne se fait pas par le remplacement d'une pièce par une autre pièce. Selon NEWCREST, l'attribution d'une maison se fait selon la valeur vénale de la maison détruite. Elle relève que le standard de relogement le plus proche admis par le ministère de la construction et de l'urbanisme est une maison urbaine valant dix fois la valeur vénale de la case initiale. Concernant les revendications sur la reconstruction intégrale de toutes les constructions de l'ancien site, NEWCREST, déclare qu'il y a eu une équivoque dans le message d'annonce des compensations. Les populations disent avoir entendu que la société reproduirait toutes les constructions. Ces incompréhensions ont persisté au point que ce comité démissionne. Malgré les échanges entre la mine et la population, des insatisfactions ont toujours subsisté au point que le déménagement sur le nouveau site prévu pour le 1er mai 2017 s'est effectué que pour une

273

fraction des familles. Une partie de la population a aménagé avec le chef dans le nouveau quartier désormais urbain et l'autre partie est restée sur l'ancien site. Cette dernière était celle qui réclamait des mesures d'accompagnement pour le déplacement et se plaignait le plus des défauts de qualité des maisons qui leur étaient attribuées. Cependant, du fait de l'indifférence de NEWCREST face à leur requête, ces populations se sont résolues en août 2017 à rejoindre le nouveau campement de Bonikro.

9.5. LES RECOURS A LA VIOLENCE PAR LES DIFFERENTES PARTIES PRENANTES

Les différends qui opposent les communautés locales à la compagnie minière ont provoqués au fil du temps diverses manifestations de contestation. D'abord, les premiers mécontentements des populations étaient exprimés à la compagnie minière à travers des courriers. Les chefs de villages ou de communautés adressaient directement ou par le biais d'autorités administratives comme le sous-préfet, le maire, etc., des courriers aux autorités de la mine afin de leur exprimer leurs mécontentements ou leurs requêtes. Les réponses à ces courriers leurs étaient transmises par le même moyen ou faisaient l'objet de rencontres, quand cela le nécessitait. Puis au fil du temps, les populations ont trouvé qu'elles n'avaient pas de suites favorables à leurs demandes ou que la compagnie minière les évitait. Elles ont donc opté pour des mesures plus drastiques qui contraindraient la compagnie minière à considérer leurs plaintes. Ces mesures sont les blocages de routes et de travaux de la compagnie, le saccage des biens de l'industrie minière, les poursuites judiciaires, des menaces de mort à l'encontre du personnel minier etc.

La compagnie minière, pour faire face à ces différents agissements qui troublent ses activités, utilise également la force en recourant aux agents de l'ordre et de sécurité publique (police et gendarmerie). Ceux-ci interviennent pour libérer les routes entre carrières et usine, l'accès aux sites et ainsi, restaurer l'ordre.

Les personnes qui bloquent les accès à la mine et qui recourent à la violence sont souvent les jeunes en tant que porte-étendards de leurs communautés villageoise respectives et ayant en arrière-plan le soutien de leurs chefferies, ce sont principalement :

- les groupes communautaires impactés migrants allogènes et étrangers, et ;

- les groupes réclamant des bénéfices en investissements locaux d'infrastructure et de formation de ressources humaines pour leur village ou pour la ville.

274

Ils sont soutenus par l'expression démocratique des libertés d'action officiellement instituées, tels que les avocats et les huissiers, les discours des organisations internationales sur le respect des populations, la presse locale d'opposition. Le tableau suivant fait l'inventaire des blocages communautaires entre août 2014 et décembre 2015 et de leur traitement. On observe ainsi que sur cette période, ce sont 30 mouvements de protestations qui ont été menés par les populations. Les raisons de ces blocages varient mais tournent généralement autour de la question des indemnisations. Pour les disperser, les autorités minières et administratives sollicitent les interventions répétées de la police, voire de la force armée. Cependant, elles ne sont pas la règle. Ces différends se soldent majoritairement par la médiation entre les communautés et la compagnie pour traiter des problèmes qui les opposent.

275

Tableau 36 : récapitulatif des blocages communautaires en 2015

DATE DE
BLOCAGE

ZONE DE
BLOCAGE

PROTESTATAIRES

RAISONS DE BLOCAGE

DUREE ET LEVEE DU BLOCAGE

1

16-janv-15

Site de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes de Bouakako

Demande d'emplois pour les jeunes

Une demi-journée, intervention de la police

2

19-janv-15

Site de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Allégation de destruction de parcelles non reconnues

Une demi-journée, intervention de la police

3

26-janv-15

Site de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Allégation de destruction de parcelles non reconnues

Une demi-journée, intervention de la police

4

27-janv-15

Site de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Demande d'emploi et non satisfaction des compensations

Une journée, négociation avec et représentants et NEWCREST

5

14 au 18 février

2015

Site de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Non satisfaction des compensations et paiement des hectares

5 jours et nuits, 17 février 2015, visite de NEWCREST au ministre des mines

6

19-févr-15

Camp du personnel à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Non satisfaction des compensations et paiement des hectares

Réunion publique avec le préfet, la direction des Mines et les autorités

7

17-mars-15

Piste du camp du personnel à Hiré

Un plaignant

Allégation de non-paiement de compensation de 100°000 F CFA

Une demi-journée, reconnaissance d'avoir reçu le montant la semaine

8

24-mars-15

Route de chapelle à Hiré

Famille Anga

Non satisfaction des montants de paiement

Une journée, négociation avec les représentants et NEWCREST

9

27-mars-15

Route de chapelle à Hiré

un groupe de jeunes se réclamant des impactés

Non satisfaction des compensations, paiement des parcelles non retenues

Une journée, négociation avec les autorités

10

31-mai-15

Ligne électrique Akissi-so

Jeunesse de Gnankakro

Demande de compensation ou emploi à la mine

Une journée négociation avec les plaignants

11

04-juin-15

Route de convoyage

Famille Koffi

Demande de compensation d'une parcelle familiale

Une demi-soirée, reconnaissance de compensation à un membre de la famille

12

05-juin-15

Site d'Akissi-so

Un groupe de jeunes de Bouakako

Demande de la réalisation de la cérémonie de libation

Une journée, négociation avec les autorités

13

11-juin-15

Ligne électrique Akissi-so

Jeunesse de Gnankakro

Demande de compensation d'une parcelle ou emploi à la mine

Une journée, négociation avec les plaignants

14

29-juin-15

Site de construction du centre de santé de Hiré

Un groupe de jeunes

Protestation contre la construction d'un CSU dans une ville minière

Manifestation suspendue pour des échanges avec les parties

15

30-juin-15

Ligne électrique Akissi-so

Un plaignant

Allégation de non-paiement de compensation de parcelle

Une demi-journée, reconnaissance d'avoir perçu la compensation dans la semaine

16

03-juil-15

Tous les accès au site de Bonikro

La jeunesse de Konankro

Récusation de l'entreprise SUISSE construction par Konankro

Une journée, négociation avec les autorités

17

07-juil-15

Site d'Assondji-so

Un plaignant

Réclamation de la

compensation de sa parcelle

Une demi-journée, visite de constats avec levé de points GPS

18

08 au 11 août 2015

Tous les sites du projet de Hiré

La jeunesse de Bouakako

Tentative de contournement de la cérémonie de libation

4 jours et nuits, échec des négociations, intervention de la gendarmerie de Divo

19

01 septembre au 21 octobre 2015

Tous les sites du projet de Hiré

Une centaine de femmes âgées et de jeunes

Non satisfaction des compensations, emploi jeune et paiement des 772

52 jours et nuits, négociation avec le gouvernement et les plaignants

20

05-oct-15

Route de convoyage

La jeunesse de Gogobro

Emploi jeune, arrêt des travaux du TSF, réalisation des engagements

Une demi-journée, négociation sur le site de la gendarmerie

21

14 au 17 décembre

2015

Tous les sites du projet de Hiré

La jeunesse de Bouakako

Emploi des jeunes à la mine et prise en compte du livre Blanc de Bouakako

4 jours et nuits, échec de négociation, intervention de la police et gendarmerie

Source : nos enquêtes, 2016

276

9.6. LA GESTION DES CONFLITS PAR LA NEGOCIATION

Les conflits fonciers liés à l'activité minière sont réglés soit par les organes traditionnels soit par les organes modernes. Les organes traditionnels de règlements de conflits concernent tout le système coutumier, à savoir la chefferie familiale et le tribunal villageois. Pour ce qui concerne les organes de règlement moderne de conflits, il comprend les autorités administratives locales, le tribunal moderne, le comité de gestion des doléances foncières et agraires, et le mécanisme de gestion des doléances communautaires de la compagnie NEWCREST.

9.6.1. L'arbitrage des organes coutumiers de règlement des conflits

Le règlement des conflits selon l'organisation coutumière est à trois échelles. Quand il s'agit d'un conflit au sein de la famille, le premier recours est le chef de famille. Celui-ci réunit toute la famille et avec elle, entend les belligérants et essaie de trouver un accord afin d'apaiser leur différend.

Lorsque la famille n'a pas pu régler le litige ou pour les litiges qui opposent des membres de plusieurs familles d'un même groupe ethnique, le règlement se fait par les sous-comités ethniques. La plupart des groupes ethniques présents à Hiré ont des sous-comités ethniques (Baoulé, Malinké, Burkinabè, etc.). Ces sous-comités ethniques fonctionnent comme des tribunaux coutumiers pour le règlement des conflits.

Les comités de chef de village interviennent, quant à eux, pour le règlement des conflits intercommunautaires ou inter-villages. Pour le canton Watta, il s'agit du comité des six chefs des six villages Watta (Bouakako, Douaville, Gogobro, Hiré, Kagbè, Zaroko).

9.6.1.1. Le Comité de Gestion Foncière Rurale (CGFR)

Créé par Arrêté préfectoral, le Comité de Gestion Foncière Rurale (CGFR) est présidé par le Sous-préfet et comprend douze (12) membres : six (6) chefs de service en rapport avec le foncier et six (6) représentants des communautés rurales des villages et des autorités coutumières désignées sur proposition des populations pour une durée de trois ans. Il est l'organe de Gestion foncière rurale et valide à cet effet les enquêtes officielles de constats des droits fonciers coutumiers après approbation des comités villageois et est obligatoirement informé de l'établissement des certificats fonciers et des actes de gestion.

277

9.6.1.2. Le Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale (CVGFR)

Le Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale est créé par décision du Sous-préfet, sur proposition de dix (10) à vingt (20) membres des populations villageoises. Renouvelable tous les trois ans, il est l'organe de reconnaissance des droits du demandeur et chargé aussi d'aplanir les divergences survenues durant les enquêtes foncières. Enfin, il supervise l'enquête officielle, délivre l'attestation d'approbation de l'enquête et le constat d'existence continue et paisible des droits coutumiers. Cependant, le faible pourcentage des terres détenues avec les titres de propriétés légaux fait que les terres rurales sont presque entièrement gérées en marge de la loi officielle. La sous-préfecture de Hiré n'échappe à la sombre réalité de l'inapplicabilité de la loi foncière.

Cela créé des problèmes aux administrateurs et aux tribunaux pour résoudre les conflits de propriété de terres, car de nombreuses transactions ont été faites sans document ayant valeur juridique.

9.6.2. La gestion assurée par l'administration publique

Les organes modernes de règlement de conflits sont : les autorités administratives locales, la préfecture de Divo), le tribunal de justice (Divo, Abidjan), le comité de gestion des doléances foncières et agraires et le mécanisme de gestion des doléances de NEWCREST.

Les autorités administratives locales que sont la mairie et la sous-préfecture jouent un rôle capital dans le règlement des conflits entre les communautés locales et la compagnie minière. Elles interviennent régulièrement dans la recherche de solution aux tensions entre les parties notamment dans la gestion des réclamations sur la compensation des terres et cultures.

Pour le règlement des conflits entre les populations et la mine, le recours au tribunal (de Divo ou d'Abidjan) est récurrent. Parfois comme premier recours, parfois après avoir épuisé sans suite favorable les autres voies de recours. Les raisons principales pour lesquelles les populations ont recours au tribunal sont les cas de réclamation sur les modes de compensation de bien ou tout autre dommage résultant des activités de la compagnie minière. La compagnie minière a également recouru au tribunal de Divo pour une plainte contre le président de la MUDH pour avoir mené avec les jeunes de Gogobro des actions destructrices sur leurs installations en janvier 2017.

278

9.6.3. La gestion mise en place à l'initiative de la compagnie minière privée

Un comité de gestion de doléances agraires et foncières a été mis en place au niveau de la mine. La récurrence des conflits entre les communautés et la société minière a amené les autorités de la mine à prendre un certain nombre de disposition pour son règlement. Depuis le début de la phase d'exploitation de la fosse satellite de Hiré, la question des droits à l'indemnisation est source de conflits. Les réclamations et oppositions sur le paiement des indemnités perturbent le processus de compensation des cultures et des terres. C'est dans ce cadre que malgré l'existence de toutes les structures mentionnées plus haut, le préfet de région d'alors a proposé et obtenu la mise en place en Février 2015 du Comité de gestion des doléances agraires et foncières. Ce comité a été mis en place pour traiter les réclamations sur les compensations du projet minier de NEWCREST à Hiré. Il est composé comme suit :

- sous-préfet de Hiré, (président du comité);

- directeur régional de l'Industrie et des Mines de Divo (secrétaire du comité);

- directeur régional de la Construction et de l'Urbanisme (spécialiste foncière);

- directeur régional de l'Agriculture (membre et spécialiste agraire);

- 1er Adjoint au maire de Hiré (membre et représentant communal);

- chef de Hiré village (membre et représentant de la chefferie Watta);

- quatre représentants des impactés (propriétaires terriens et exploitants);

- trois représentants du département des affaires sociales de la compagnie minière et ;

- consultant de la compagnie minière chargée de l'expertise foncière et agraire.

Le comité siège une fois par semaine à la sous-préfecture pour traiter les réclamations sur les compensations du projet minier de Hiré et relayer aux parties prenantes (les propriétaires terriens et exploitants impactés) les informations sur l'évolution dans le traitement de leurs plaintes pour éviter tout blocage des travaux de la compagnie sur le terrain. Ce comité a traité à ce jour 944 réclamations sur un millier de doléances reçues.

9.6.4. Nouveaux protocoles et nouvelles promesses de la mine

9.6.4.1. Pour le village de Bouakako propriétaire du sol sur le site du gisement de Hiré

Pour apaiser les tensions dans le secteur de la mine de Hiré, la compagnie a décidé de prendre en compte toutes les nouvelles donnes de sa situation dans les rapports communautaires. Elle reconnaît la propriété foncière du village de Bouakako sur sa zone d'installation à Hiré Est. Elle prend aussi en compte toutes les nouvelles forces sociales configurées par ce village pour venir

279

en discussion, notamment la Cellule Stratégique de Défense et Protection des intérêts de Bouakako (CSDPIB). Elle a été créée à l'initiative des intellectuels, des cadres et des hommes politiques originaires du village, et constitue la faîtière de toutes les organisations communautaires de base des Dida de Bouakako. Elle se présente comme très critique des retombées déplorables de l'activité minière mais se montre coopérative avec la mine sur la base d'un protocole d'accord de permis d'exploiter contre obligation à investir dans le développement de la localité, signé le 3 juin 2016 à Bouakako. Le tableau 37 fait un récapitulatif des engagements issus du protocole d'accord NML-Bouakako.

280

Tableau 37 : récapitulatif des engagements issus du protocole d'accord NML-Bouakako

Points discutés

Engagements pris

1

Emplois jeunes

Renforcement des capacités des jeunes de Hiré par la formation à différents métiers afin de leur donner des qualifications.

2

Activités

agropastorales

NEWCREST s'engage à financer entièrement et hors CDLM des projets agricoles porteurs et viables sur les terres.

Bouakako prendra l'initiative de proposer des projets agricoles viables sur ses propres terres en vue de leur financement par la mine.

3

Constructions d'infrastructures

Lotissement du

village

Bouakako soumettra une requête de projet de lotissement dont la faisabilité sera évaluée par la mine.

NEWCREST ne prendra de décision finale qu'au regard du projet final soumis par Bouakako

Construction de 9

logements d'enseignants

NEWCREST ne peut satisfaire entièrement à la requête de 9 logements d'enseignant. En revanche, elle s'engage à construire quelques logements dont le nombre sera communiqué après une évaluation financière

Dotation en aire de jeux

Bouakako proposera un espace propice pour la réalisation de l'aire de jeux à l'appréciation des deux parties.

NEWCREST réalisera l'aire de jeu à la seule condition que l'espace désigné par le village y soit propice.

Reprofilage des

deux (02) voies
d'accès du village

NEWCREST assurera le reprofilage deux fois par an de la voie principale qui mène à Bouakako à partir de la voie nationale (Divo - Hiré), avec des rigoles pour l'écoulement des eaux de pluie.

4

Étapes vers la

reprise de

l'Exploration à

Miré Est

Barème de

compensation des

cultures

NEWCREST et Bouakako solliciteront concurremment par écrit l'avis formel des ministères concernés (agriculture et eaux et forêts) pour requérir respectivement arbitrage et clarification.

Plaintes résiduelles

sur la compensation de Hiré

Bouakako transmettra à NEWCREST une liste exhaustive des cas de contestations non encore satisfaites dans le cadre des compensations. NEWCREST fournira à Bouakako, un tableau du statut de chacun des cas

Récusation du

Cabinet Djessan

Pour les évaluations et compensations agraires, NEWCREST désignera un nouveau géomètre responsable des travaux, en collaboration avec les agents du ministère de l'agriculture.

Comité de suivi

Un comité conjoint composé des représentants de la communauté et des membres de l'équipe d'exploration de NEWCREST sera désigné pour le suivi des travaux relatifs aux compensations à Hiré-Est.

Traitement des

réclamations

communautaires à
Hiré Est

A la demande écrite de Bouakako, NEWCREST s'engage à saisir le préfet et le sous-préfet pour que la chefferie de Bouakako puisse arbitrer et trancher les réclamations ou arbitrage éventuels sur les terres de Hiré-Est

Fiche d'inventaire

des impactés

NEWCREST délivrera les fiches de comptage de cultures à tous les impactés avant la phase de paiement.

Emplois spéciaux

Création de 30 positions permanentes d'emplois non qualifiés chez NEWCREST et 5 autres postes auprès des sous-traitants au profit de Bouakako et Gogobro, et priorisation des emplois aux propriétaires de terre

Travaux

d'exploration à Hiré

Démarrage des travaux préliminaires de l'exploration le 7 Juin 2016 par l'inventaire des cultures

5

Voie de déviation communautaire

Chapelle/ Akissi-so

NEWCREST envisagera des mesures d'atténuation d'impact au profit des communautés impactées par la modification de la voie d'accès aux plantations (traitement des points d'eau, aménagement de la voie, etc.)

Source : NEWCREST, 2016

281

9.6.4.2. Pour les propriétaires du sol du village de Gogobro

Le village de Gogobro n'a pas du tout été content de l'ignorance faite par les différentes sociétés minières (EQUIGOLD LDL puis NEWCREST) de son statut de propriétaire du territoire de la mine de Bonikro. Il a observé plusieurs points de non prise en compte par les compagnies en conséquence de cette ignorance coupable. Les cadres de ce village ont dénoncé l'exploitation sans limite de leur terre et décrié la présence de la mine tout en l'acceptant de peur des représailles du gouvernement central d'Abidjan. Les blocages répétés par leurs jeunes leur ont permis d'obtenir raison et d'amener la mine à la discussion et à un protocole d'accord. Ce protocole signé le 9 mai 2017 (tableau 38), impose à la société de régler le passif envers le village depuis la création de la mine et d'entreprendre des actions de développement.

Tableau 38 : protocole d'accord NEWCREST-Gogobro

Points discutés

Engagements pris

1

2

Emplois spéciaux

Création de 30 positions permanentes d'emplois non qualifiés au sein
de NEWCREST et 5 autres postes auprès de ses sous-traitants au
profit de Bouakako et Gogobro

Adduction en eau dans les ménages

NEWCREST s'engage à réparer ou remplacer la pompe du forage
actuel qui alimente le village de Gogobro pour améliorer le
remplissage du château d'eau du village.

3

Extension du lotissement
du village

NEWCREST s'engage à étendre le lotissement du village de
Gogobro. Le nouveau lotissement portera sur 300 lots.

Mettre en place un comité technique pour le projet qui sera composé
de NEWCREST, Gogobro et le cabinet Djessan

4

Autres infrastructures et
équipements

NEWCREST s'engage à fournir une bâche (8 m x 6 m) et 200 chaises à la communauté de Gogobro

NEWCREST s'engage à fournir une broyeuse aux femmes de la
communauté de Gogobro

NEWCREST s'engage à faire le reprofilage deux (2) fois par an de
l'axe Hiré - Gogobro - Douaville

Évaluation et réhabilitation des quatre (4) bâtiments de l'école
primaire au standard du bâtiment construit par LGL Mines en 2010.

Source : NEWCREST, 2017

282

9.6.4.3. Nouveau protocole et nouvelles promesses de la mine pour la communauté de Hiré

Le 3 octobre 2017, la communauté de Hiré a signé un protocole d'accord avec la compagnie dans lequel celle-ci s'engage à :

- la construction de six (6) bornes fontaines dans les zones d'influences du projet ; - la réhabilitation d'un bâtiment au sein de l'école primaire publique d'Akissi-so ; - le reprofilage de dix (10) kilomètres de voies à Hiré, priorisant les routes d'Akissi-so; - et l'électrification de 600 à 1000 mètres dans la zone du projet d'expansion.

Ces protocoles montrent l'entente autour des projets dont l'objectif est d'améliorer les conditions de vie et de revenus des populations locales et sont en cela l'expression des besoins de ces populations. Ces projets dont la durée de vie se prolonge dans le temps montrent l'apprentissage et le degré de maturité finale de la population dans la formulation de ces besoins au fur et à mesure des échanges avec la compagnie minière.

Conclusion du chapitre 9

L'acquisition massive des terres pour l'exploitation minière et singulièrement pour l'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré, y a exacerbé les conflits fonciers. Les causes de ces conflits sont multiples et portent, entre autres, sur les désaccords sur les indemnités, la difficulté de clarification des ayants droit, (propriétaires coutumiers, allogènes et usagers du sol). Ils portent également sur la distinction des sites impactés et non impactés qui donne lieu à un dialogue de mauvaise foi à propos des indemnités

L'activité minière industrielle a nécessité de déplacer les campements autour de la mine de Bonikro. Toutefois, les conditions de relocalisation de ces campements ont créé des discordes entre les populations et les exploitants miniers notamment avec la société minière. Ces points de discorde donnent lieu à des frictions. Aussi différents organes ont-ils été mis en place pour le règlement de ces conflits. Parallèlement, les conflits entre la population et la société minière ont donné naissance à des initiatives locales à travers la formation de groupes de défense des droits de la population locale.

283

CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE

L'agriculture constitue le principal pilier de l'économie ivoirienne. C'est un secteur qui emploie et nourrit la grande partie de la population notamment celle se trouvant dans la sous-préfecture de Hiré. Les populations tirent l'essentiel de leurs sources de revenus du travail de la terre, qui du fait du vieillissement du verger connait déjà une baisse. Cependant, l'ouverture de l'exploitation minière aggrave cette situation. De nombreux jeunes exerçant dans l'agriculture se détournent de cette activité pour se tourner vers les métiers de l'or. Cela entraine une baisse de la production. Les terres agricoles se font de plus en plus rares car elles sont cédées pour l'activité aurifère. Cela contribue à une paupérisation des populations agricoles qui optent pour une reconversion sur place ou la migration à la recherche de terres favorables à l'agriculture. L'exploitation minière entraine également une dégradation de toutes les composantes de l'environnement (l'eau, le sol et l'air), ce qui affecte non seulement la production agricole mais également la santé des populations. L'importance des superficies dédiées à l'exploitation de l'or et la question du dédommagement des propriétaires et exploitants de la terre fait ressurgir la question liée au foncier. Des litiges intra et inter familiaux, inter villages et inter communautaires explosent autour de la question. Les enjeux liés à leur contrôle témoignent du caractère extrêmement sensible de la question foncière dans l'organisation de la société paysanne. C'est pourquoi, des mécanismes coutumiers et légaux de gestion de ces conflits sont mis en place.

Cette troisième partie permet ainsi d'atteindre le troisième objectif de cette thèse à savoir : déterminer le mécanisme de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère.

284

CONCLUSION GÉNÉRALE

Cette thèse a consisté à déterminer à travers ses différentes incidences, la contribution de l'activité aurifère au développement dans la sous-préfecture de Hiré. Son but était de contribuer à l'apport de connaissances géographiques sur l'activité minière en général, ainsi que sur les incidences spatiales, démographiques, socio-économiques et environnementales de l'exploitation minière de type aurifère qui se déroule à Hiré et sa capacité à y impulser le développement. L'enjeu de cette thèse s'inscrit dans la particularité du contexte de l'exploitation aurifère dans la sous-préfecture de Hiré, car elle intervient dans une importante zone de production agricole où l'importance à la fois culturelle, sociale et économique de la terre lui accorde un caractère sacré.

Il s'est agi pour nous de voir si l'exploitation minière à travers ses différentes incidences permet à la sous-préfecture de Hiré de connaître un développement local ou si, au contraire, cette nouvelle activité implique une fragilisation des acquis, une aggravation des problèmes du système de production agricole et une dégradation du tissu social local. Cette conclusion revient sur les différents apports de la thèse, par rapport aux trois questions spécifiques déclinant le questionnement général qui vient d'être rappelé.

Quelle est la reconfiguration spatiale induite par l'activité minière dans la sous-préfecture de Hiré? L'ouverture de l'exploitation aurifère dans la sous-préfecture de Hiré a entrainé un réaménagement dans son organisation spatiale. Bien que sous forme artisanale l'activité ne soit pas nouvelle à Hiré, elle connaît depuis l'ouverture de l'exploitation industrielle, une nouvelle dynamique. Cela se traduit par une prolifération des sites d'orpaillage dispersés à travers la sous-préfecture. En effet, la délivrance des permis miniers et la distribution spatiale de ceux-ci, couplés aux sites d'orpaillage à profusion, on est face à un premier niveau de changement spatial. Le deuxième niveau de changement est que ces sites d'exploitation aurifère se substituent à des activités préexistantes qui pour la plupart sont des activités agricoles. Aussi, le relief a-t-il été modifié du fait de l'exercice même de cette activité aurifère. Par les pratiques de creusage et d'entreposage, de nouvelles formes de relief apparaissent composées de cuvettes et de collines artificielles. Il y a également la délocalisation de trois campements autour de la mine sur de nouveaux sites entièrement construits par la compagnie minière. Cette relocalisation a également entrainé une reconfiguration spatiale avec transformation du type d'habitat.

285

Quels sont les différents changements introduits par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie à Hiré ?

Dans la sous-préfecture de Hiré, l'activité aurifère est un facteur de croissance démographique née de l'attractivité qu'elle entraîne. Les mouvements migratoires orientés majoritairement vers la ville de Hiré contribuent à agrandir le marché de consommation local. On assiste à une multiplication de logements modernes avec extension de la ville. L'activité minière entraine en outre, l'essor des activités commerciales et la diversité des services dans la sous-préfecture. Elle favorise l'émergence d'une nouvelle élite sociale et contribue, à défaut d'employer toute la jeunesse en quête d'emploi, au développement humain à travers le financement des projets et des formations qualifiantes. De ce point de vue, le projet minier doit être perçu comme un catalyseur de croissance des activités économiques dans les localités hôtes.

Quels sont les mécanismes de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère ?

L'étude des mécanismes de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère à Hiré revient à montrer la nature des rapports qui se développent entre les acteurs de l'activité aurifère et les communautés locales. D'une part, elle contribue à l'aggravation de la fragilisation des systèmes agricoles. Car, dans un contexte où la population essentiellement agricole, connaît une baisse de ressource due principalement au vieillissement du verger, l'activité minière se présente comme une opportunité. Les jeunes se détournent de l'agriculture dans l'espoir de trouver des emplois, qui offrent la garantie de gains financiers plus rapides et plus importants. Ce désintérêt pour l'agriculture se traduit par l'augmentation des cas d'abandon du travail de la terre. Les activités minières exercent également une influence négative sur l'agriculture à l'échelle locale, à travers la récupération d'une partie des terres des paysans, comme l'exigent les besoins des opérations minières. Cela contribue à réduire les superficies cultivées. La pollution concourt aussi à cette diminution des quantités de production tout en influençant les différentes composantes de l'environnement que sont l'air, l'eau et le sol qui sont essentielles pour l'activité. A travers la pression foncière qu'elle contribue à accentuer, l'exploitation minière ravive les conflits fonciers préexistants et en crée d'autres. Ces conflits sont de tous ordres. Au sein de la communauté on assiste à des conflits intra familiaux, inter villages et intercommunautaires. Outre ces conflits, il y a ceux qui opposent les populations à la compagnie minière. Ce sont des conflits qui portent généralement sur le dédommagement. Ces conflits ont donné naissance à

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des groupes qui s'apparentent à des syndicats et qui prennent position en faveur des populations. Ces conflits vont jusqu'à entrainer des procédures judiciaires. Cependant, des mécanismes de règlement de ces conflits ont été mis en place pour une meilleure gestion de ceux-ci.

Nous pensons que les ressources minières comme toutes les activités économiques apportent des mutations diverses positives et négatives aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle locale. Quant à la capacité de cette activité à produire le développement minier local, elle réside dans la somme de ses incidences sur ses différentes composantes que sont : l'économique, le social, l'environnement et l'humain. La croissance démographique, l'augmentation du pouvoir d'achat, le développement des activités commerciales et celui des services, sont les effets positifs de l'activité minière. Ces avantages qu'apporte l'activité aurifère à la sous-préfecture de Hiré, lui permettent de connaître un rayonnement dans la région du Lôh-djiboua et au-delà. Toutefois, ces effets positifs sont entravés par la contribution de l'exploitation minière à l'aggravation de la fragilisation des systèmes agricoles. Dans un contexte de baisse de la production agricole due au vieillissement du verger, les paysans ont tendance à négliger leurs campagnes agricoles dans l'espoir de trouver des emplois qui offrent la garantie de gains financiers plus rapides et plus importants. Le constat est que le travail agricole est délaissé par de nombreux bras valides à la recherche de revenus réguliers plus consistants. L'importance des superficies autrefois utilisées pour l'agriculture et désormais dédiées à l'exploitation aurifère réduit de façon drastique les terres agricoles et par ricochet, les productions agricoles. A travers la pollution du sol et des eaux entrainées par l'activité aurifère, les terres épargnées dans l'occupation sont impropres à l'agriculture ou les produits qui en sont tirés nuisent à la santé des populations.

Une autre influence négative est celle de la pression foncière exercée par l'activité minière. Elle fait ressurgir les conflits fonciers à travers la remise en cause des accords passés antérieurement entre communautés, entre villages et entre individus du fait de la question des indemnisations.

Les emplois dans la compagnie minière et chez ses sous-traitants sont pourvus à l'échelle nationale et internationale. La présence de NEWCREST ne permet donc pas de résoudre durablement le problème de l'emploi des populations de Hiré. Les formations qualifiantes offertes et financées par la compagnie minière ne rencontrent pas vraiment l'adhésion des populations car celles-ci sont focalisées sur les emplois salariés. Ainsi, les avantages qu'apportent l'exploitation de l'or dans la sous-préfecture de Hiré sont moindres comparés aux

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effets pervers qu'elle engendre. Les efforts de développement local entrepris par la compagnie minière à travers l'élaboration et la mise en oeuvre du PDL s'en trouvent annulés.

Cette thèse permet de mettre en lumière le poids des différents impacts de l'exploitation minière sur la sous-préfecture de Hiré. Elle permet de comprendre que le non développement local minier de Hiré n'est pas que le fait de l'insuffisance ou de l'impertinence des actions communautaires. Mais il est aussi lié aux influences négatives de l'activité sur l'agriculture, l'environnement et le foncier. Ces effets pervers étant indissociables de cette activité, toutes les actions de développement communautaires ne peuvent permettre d'atteindre le développement local tant espéré.

Le développement local minier à Hiré est contrarié parce qu'il n'y a pas de cohérence entre les différents objectifs des acteurs (dans leur quête de développement). Il y a une sorte de confrontation entre les objectifs de développement et les actions posées par les acteurs en présence. Les différents éléments du système inter agissent les uns avec les autres.

Aussi pensons-nous que les effets pervers de l'activité minière pourraient être atténués afin de permettre aux communautés locales de tirer parti de la richesse de leur sous-sol. C'est le lieu de s'interroger sur les études d'impact environnementales menées avant la signature des permis d'exploitation. Sont-elles menées de façon transparente ? Ne permettent-elles pas de déterminer au préalable ces incidences sur les communautés locales et notamment, dans les zones agricoles ? L'exploitation minière dans les localités agricoles est-elle opportune ? Comment intégrer les de façon efficace les communautés locales dans l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes de développement local ?

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299

ANNEXES

300

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE 2

AVANT-PROPOS 4

REMERCIEMENTS 5

SIGLES ET ABRÉVIATIONS 7

LISTE DES TABLEAUX 10

LISTE DES FIGURES 12

LISTES DES PHOTOS 14

I.INTRODUCTION GENERALE 15

I.1. Justification du choix du sujet 15

I.2. Présentation de la zone d'étude 16

II. REVUE DE LITTERATURE 18

II.1. La définition des concepts 18

II.1.1. Les principes du développement local 18

II.1.2. L'exploitation minière 20

II.1.2.1. L'exploitation minière artisanale 20

II.1.2.2. L'exploitation minière industrielle 21

II.1.3 La méthode d'exploitation minière 22

II.2. Historique et importance de l'exploitation minière 23

II.2.1. Historique de l'exploitation minière 23

II.2.2. Importance de l'exploitation minière dans l'économie 25

II.2.3. Comparaison mine-agriculture 25

II.3. Les impacts de l'exploitation minière 26

II.3.1. Les impacts économiques de l'exploitation minière 26

II.3.2. Les impacts de l'exploitation minière sur l'environnement 27

II.3.3. La contribution de l'exploitation minière à la reconfiguration spatiale 30

Conclusion de la revue de littérature 31

III. PROBLEMATIQUE 33

IV. OBJECTIFS DE RECHERCHE 35

IV.1. Objectif général 35

IV.2. Objectifs spécifiques 35

V. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 36

301

V.1. Cadre théorique : le développement local et l'économie de l'or comme un système socio

spatial 36

V. 2. Définition des variables de recherche 38

V.2.1. Variables descriptives de la structure spatiale des formes d'activité aurifère 38

V.2.1.1. Variables descriptives de la localisation des sites d'extraction et de traitement

aurifère 39

V.2.1.2. Variables descriptives de l'activité d'orpaillage 39

V.2.1.3. Variables descriptives de l'activité minière industrielle 39

V.2.2 Variables relatives aux changements apportés par l'exploitation de l'or en rapport avec

le cadre de vie 40
V.2.2.1 Variables descriptives de l'apport de l'activité de l'or en termes d'emplois et revenus

40

V.2.2.2. Revenus des coopérants agricoles provenant des orpailleurs 41

V.2.2.3 Variables des investissements locaux des employés miniers et des orpailleurs 41

V.2.2.4 Variables descriptives des activités économiques indirectes générés par l'extraction de

l'or 41

V.2.2.5 Variables descriptives des équipements locaux générés par l'extraction minière 41

V.2.3 Variables descriptives des effets négatifs de l'exploitation minière 42

V.2.3.1 Variables descriptives des effets économiques négatifs des déguerpissements miniers

sur les populations 42

V.2.3.2 Effets économiques négatifs des orpailleurs sur les sites 43

V.2.3.3. Variables descriptives des effets indésirables sur l'environnement 43

V.3. Les unités d'observation 43

V.3.1 Les sites d'exploitation industrielle de l'or 43

V.3.2 Les sites d'exploitation artisanale de l'or 43

V.3.3 Les exploitations agricoles 43

V.3.4 La ville de Hiré 44

V.3.5 Les villages de la sous-préfecture 44

V.4. Les acteurs cibles de l'étude 46

V.4.1 Les entreprises dans l'exploitation de l'or 46

V.4.2 Les agriculteurs 46

V.4.3. Les acteurs économiques urbains 46

V.4.4. Les administrations et les pouvoirs institués de gestion du développement 46

V.5. Méthodes de collecte des données 47

302

V.5. 1. La recherche documentaire 47

V.5.2. La préenquête 48

V.5.3. L'observation directe du terrain 49

V.5.4. Les entretiens semi directifs 49

V.5.5. Les focus group 50

V.5.6. Les relevés GPS 51

V.5.7. L'acquisition des données satellitaires 51

VI. Techniques de traitement des données 52

VI.1. Traitement et analyse des données qualitatives et quantitatives 52

VI.2. Traitement et analyse des relevés GPS 52

VI.3. Traitement et analyse des images satellites 52

VII. Les difficultés rencontrées 56

VII.1. Les obstacles liés à l'accès aux informations 56

VII.2. Les obstacles liés à l'administration du questionnaire aux acteurs 57

PREMIERE PARTIE : LA DISTRIBUTION SPATIALE DES ACTIVITES

AURIFERES DANS LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE 62

INTRODUCTION A LA PARTIE 62

CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS DE HIRE 63

INTRODUCTION AU CHAPITRE 63

1.1. HIRE : UNE RICHESSE GEOLOGIQUE ET HISTORIQUE 63

1.1.1. Une géologie favorable à la formation de minerai aurifère 63

1.1.2. Historique de l'activité minière dans la sous-préfecture d'Hiré 67

1.2. UN ESPACE LOCAL OCCUPE PAR LES ORPAILLEURS 67

1.2.1. Des sites d'orpaillage dispersés dans des plantations et des jachères 68

1.2.1.1. Le site d'orpaillage d'Assayé ou Doum 68

1.2.1.2. Le site d'orpaillage de Djangobo 69

1.2.1.3. Le site d'orpaillage sur la zone 1 du terroir de Bouakako 69

1.2.1.4. Les orpailleurs dans la zone 2 du terroir de Bouakako 71

1.2.2. Les sites d'orpaillage sur les périmètres de la société minière 71

1.2.2.1. Les sites d'Akissi-so 72

1.2.2.2. Le site d'Assonguisso secteur 21 sur l'axe Hiré-Zégo 72

1.3. LES SITES DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR 75

1.3.1 Les conditions d'obtention d'un titre minier en Côte d'Ivoire 75

1.3.2 Les titres miniers dans la sous-préfecture de Hiré 76

303

1.3.3. Les sites occupés par l'activité aurifère industrielle 79

1.3.3.1 Le site de Bonikro 81

1.3.3.2 Le site de Hiré Est 81

1.3.3.3. Le site de Dougbafla en pays Gouro 82

Conclusion du chapitre 1 84

CHAPITRE 2 : LA PRATIQUE DE L'EXPLOITATION MINIERE DANS L'ESPACE

LOCAL DE HIRE 85

INTRODUCTION AU CHAPITRE 85

2.1. LES FORMES DE L'EXPLOITATION ARTISANALE DE L'OR A HIRE 85

2.1.1 Le processus d'identification et de négociation des terres pour l'orpaillage 85

2.1.1.1 La recherche des sites d'exploitation pour l'orpaillage 85

2.1.1.2. L'orpaillage et le contrat de concession avec les propriétaires terriens 85

2.1.2 Les différentes étapes dans la chaîne de production artisanale de l'or 87

2.1.2.1 Le déblaiement du site 87

2.1.2.2. L'étape de l'extraction du minerai 87

2.1.2.3 L'exploitation des filons 88

2.1.2.3 Le raffinage dans l'orpaillage 91

2.1.3 Le profil sociodémographique des orpailleurs 92

2.1.3.1 Un orpaillage dominé par les acteurs masculins jeunes et de 30 ans 92

2.1.3.2 Des orpailleurs composés en grande partie d'étrangers 93

2.1.3.3 Répartition des orpailleurs selon l'origine socio-professionnelle 93

2.1.3.4. Répartition des orpailleurs selon leur poids dans l'activité 94

2.2. L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR 95

2.2.1. Une succession de concessionnaires à l'oeuvre à Hiré 95

2.2.2. Des terres d'exploitation concédées par l'Etat 96

2.2.3. Les différents cas de compensation 97

2.2.4. Les exigences de compensation de la Banque mondiale 97

2.2.5 La compensation pour occupation de parcelles 98

2.2.6. La compensation pour destruction de cultures 99

2.2.7. La compensation pour destruction de biens immobiliers 99

2.2.7.1. La délimitation globale de la zone concernée par les compensations 100

2.2.7.2. Le recensement des communautés et des personnes 100

2.2.7.3. La Délimitation des propriétés 100

2.2.7.4. Inventaire et comptage des plants 100

304

2.2.7.5. Le paiement des compensations 101

Conclusion chapitre 2 101

CHAPITRE 3 : LA RECOMPOSITION DE L'ESPACE DE HIRÉ 102

INTRODUCTION AU CHAPITRE 102

3.1. LES MUTATIONS DANS L'OCCUPATION DU SOL DE LA SOUS-PRÉFECTURE

DE HIRÉ SUITE AUX ACTIVITÉS AURIFÈRES 102

3.1.1. Le suivi multi dates de l'occupation du sol 102

3.1.2 Les causes des mutations dans l'occupation du sol 108

3.1.3 La Destruction des sites de plantation et des forêts par les orpailleurs 109

3.2. LES AMÉLIORATIONS DE L'HABITAT DANS LE CADRE DES OPÉRATIONS DE

DÉPLACEMENT ORGANISÉES PAR L'ENTREPRISE MINIÈRE 110

3.2.1 Les délocalisations des sites habités par la compagnie minière 110

3.2.2. La relocalisation de Bonikro 111

3.2.3 La relocalisation de Bandamakro 113

3.2.4 La relocalisation de Koutouklou-Konankro 115

3.2.5. Les critères de compensation et leurs conséquences 117

3.2.5.1. Eligibilité aux logements neufs de compensations 117

3.2.5.2. Eligibilité aux compensations en cash 117

3.2.5.3. Eligibilité pour compensation d'activités économiques 118

3.2.5.4. Eligibilité aux compensations : maison en ruine et ossature 118

3.3. EVALUATION DES COMPENSATIONS PAR LA VALEUR VENALE DU

PATRIMOINE ELIGIBLE 118

3.3.1. Définition de l'algorithme d'allocation des logements et des structures connexes 118

3.3.2. Majoration du type de maison selon la superficie 119

Conclusion du chapitre 3 119

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 120

DEUXIEME PARTIE : UN ESPACE LOCAL EN PLEINE MUTATION SOCIO

ECONOMIQUE 121

INTRODUCTON A LA PARTIE 121

CHAPITRE 4 : CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET DYNAMIQUE URBAINE À

HIRÉ 122

INTRODUCTION AU CHAPITRE 122

4.1 HISTORIQUE DE PEUPLEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE 122

4.1.1 Les villages Watta, une géographie motivée par les conflits 122

305

4.1.1.1. Hiré dida 122

4.1.1.2. Bouakako 123

4.1.1.3. Gogobro et Kagbé : deux villages, une histoire 123

4.1.1.4. Zaroko 124

4.1.1.5. Douaville 124

4.1.2. La migration Baoulé à Hiré 125

4.2. EVOLUTION DE LA POPULATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE HIRE 127

4.2.1 Une croissance démographique accélérée par la redécouverte de l'or et l'arrivée massive

d'orpailleurs 127

4.2.2. Une population diversifiée 129

4.2.2.1. Les Dida Watta, une population autochtone minoritaire sur ses propres terres 130

4.2.2.2. Une population allochtone majoritaire et diversifiée 131

4.2.3 Une population majoritairement jeune 132

4.2.4. Une population à dominante masculine 133

4.3 LA STRUCTURE DE LA POPULATION DE HIRE 135

4.3.1 La répartition de la population selon l'activité 135

4.3.2. Une population en pleine reconversion professionnelle 136

4.4. HIRE, UNE URBANISATION BOOSTEE PAR L'EXPLOITATION MINIERE 138

4.4.1. Une concentration démographique dans la ville de Hiré 138

4.4.2 La dynamique spatiale de la ville de Hiré 142

4.4.3 Des constructions de plus en plus améliorées 143

4.4.4. Typologie des espaces habités 144

4.4.5. Le niveau de services et d'équipement de la ville de Hiré 147

4.4.5.1 Les Infrastructures de base 148

4.4.5.2. Les équipements scolaires et éducatifs 148

4.4.5.3. Les équipements socio-culturels 148

4.4.5.4. Les équipements hôteliers 149

4.4.5.5. Les équipements économiques 150

4.4.5.6. Les équipements de sécurité 151

4.4.5.7. Les équipements administratifs 151

Conclusion du chapitre 4 152

CHAPITRE 5 : LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA OMPAGNIE

MINIÈRE 153

5.1. LES ACTIONS SANS PLAN DE DEVELOPPEMENT 153

306

5.1.1. La responsabilité sociale et les fonds destinés aux populations par EQUIGOL et LGL

153
5.1.2 Méthode d'intervention de la compagnie par l'approche du jeu des doléances et des

promesses 154

5.2. PRESENTATION DU PROJET MINIER AUX DIFFENTES COMMUNAUTES 157

5.2.1. La prise de connaissance par l'entreprise de l'architecture socio-spatiale autour de

l'exploitation de l'or 157

5.2.2. Les rencontres intracommunautaires sur le projet minier 158

5.2.3. Une question de préséance autour des investissements de la compagnie minière 158

5.3. LES DOLEANCES SOUMISES A LA COMPAGNIE MINIERE 159

5.3.1. Un exemple du processus de formulation de doléances : Gogobro 159

5.3.2 Les doléances des villages Watta : surenchère ou prise de conscience ! 164

5.3.3 Les doléances des campements autour de la mine 164

5.3.4 Les doléances de l'administration publique locale 164

5.4. CONTRIBUTION DE LA COMPAGNIE MINIERE A LA REALISATION

D'INFRASTRUCTURES ET D'EQUIPEMENTS 165

5.5. LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT LOCAL SUR FONDS MINIERS 168

5.5.1 La création d'un Comité de Développement minier de Hiré 168

5.5.2 L'implication des mutuelles et associations dans la gestion du développement local 171

5.5.2.1 Les revendications de la MUDH 171

5.5.2.2 La reconnaissance par la société minière des représentants des communautés

villageoises 172
5.6. LE ROLE DES AUTORITES DECENTRALISEES DE LA SOUS-PREFECTURE DE

HIRE 174

5.6.1. Le Conseil Régional de Divo 174

5.6.2. Le conseil municipal de Hiré 174

5.6.3 La compagnie minière installée à Hiré 174

5.6.4. La création d'un fonds de développement local minier 175

5.6.5 La mise en place d'un document de Plan de Développement local 176

5.7. LA COOPERATION NEWCREST PNUD POUR LE PLAN STRATEGIQUE DE

DEVELOPPEMENT ET LE PDL DE HIRE DE 2012 A 2015 177

5.7.1 Les réalisations de NEWCREST sur la base du PDL 179

5.7.1.1. Le projet de protection de l'environnement par la plantation de 5 000 arbres

d'ombrage dans les villages délocalisés autour de la Mine 180

307

5.7.1.2. Le projet de gestion des ordures ménagères de la ville de Hiré. 180

5.7.2. Les réalisations pilotées par le CDLM 181

5.8. LES OPPORTUNITES D'EMPLOI OFFERTES PAR LA COMPAGNIE MINIERE 184

5.8.1. Les emplois à la compagnie minière 185

5.8.2 Les formations qualifiantes financées par la compagnie minière 186

5.8.3 Les activités génératrices de revenus financées par NEWCREST 186

Conclusion du chapitre 5 188

CHAPITRE 6 : LES MUTATIONS SOCIALES LIEES A L'EXPLOITATION DE L'OR

189

INTRODUCTION AU CHAPITRE 189

6.1. L'AGGRAVATION DES INEGALITES SOCIALES 189

6.1.1. La classe paysanne dans l'indigence 189

6.1.2 L'émergence d'une nouvelle élite sociale à Hiré 189

6.1.2.1 Les indemnisés de NEWCREST 189

6.1.2.2. Les mineurs de Hiré 190

6.2 LES PERTURBATIONS AU SEIN DE LA CELLULE FAMILIALE 191

6.2.1 Les conflits entre parents et enfants 191

6.2.2 Les conflits d'autorité entre mari et femme 192

6.3. L'EMERGENCE DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS SOCIAUX 193

6.3.1. La consommation abusive de l'alcool 193

6.3.2 La dépravation des moeurs 194

6.3.3 L'apport de croyances nouvelles 194

Conclusion du chapitre 6 195

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 195

TROISIEME PARTIE : CONFLITS ET COOPERATIONS ENTRE

COMMUNAUTES ET COMPAGNIE MINIERE DANS LA LOCALITE DE HIRE 197

INTRODUCTION A LA PARTIE 197

CHAPITRE 7 : LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT PAR

L'EXPLOITATION MINIÈRE 198

INTRODUCTION AU CHAPITRE 198

7.1. DES SOLS DE CULTURES DEGRADES PAR L'ACTIVITE 198

7.1.1. Outils et techniques d'extraction 198

7.1.2. Les méthodes et techniques de traitement industriel du minerai 200

7.1.3 Les produits chimiques dans le traitement industriel du minerai 200

308

7.1.4 La modification du relief local 201

7.1.5. Les atteintes au sol 202

7.2 UNE BIODIVERSITE MENACEE 204

7.2.1 Les forêts 205

7.2.3 Les zones de cultures 206

7.2.4 La menace de l'exploitation minière 206

7.2.5 Destruction des ressources fauniques et floristiques 207

7.3 LES RESSOURCES EN EAU MENACEES 209

7.3.1 La réduction de la disponibilité en eau du fait de l'exploitation minière 209

7.3.2 Détérioration de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines 212

7.4 NUISANCES ATMOSPHERIQUES ET SONORES 214

7.4.1 Pollution atmosphérique 215

7.4.2. Les nuisances sonores et vibrations 216

7.5 LES DIFFERENTS ACCIDENTS ENVIRONNEMENTAUX A HIRE 218

7.5.1. La rupture des digues du cours d'eau 218

7.5.2 La rupture des tuyaux d'acheminement des eaux cyanurées 220

7.5.3 Les conflits dus aux accidents et problèmes environnementaux 220

7.6 L'ACTIVITE MINIERE ET LES FAIBLESSES DANS L'OBSERVATION DES

MESURES DE PROTECTION 222

7.6.1 Les structures étatiques chargées de l'environnement 222

7.6.2. Le débat autour de la présence de cyanure dans la nature à Hiré 222

7.7. LA SANTE DES POPULATIONS, FRAGILISEE PAR L'ACTIVITE MINIERE 223

7.7.1. Impact des nuisances sur la santé des mineurs 223

7.7.2. Impact des nuisances sur la santé des populations riveraines 224

Conclusion du chapitre 7 227

CHAPITRE 8 : RÉCESSION AGRICOLE DANS LE CANTON WATTA 228

INTRODUCTION AU CHAPITRE 228

8.1 UNE ACTIVITE AGRICOLE CONTRARIEE PAR L'EXPLOITATION DE L'OR 228

8.1.1 Des terres agricoles prises par la mine 228

8.1.2 L'éloignement des sites de relocalisation des champs 230

8.1.3 L'exploitation de l'or : une menace grave sur l'activité agricole à Hiré. 230

8.1.4. La destruction des plantations et des champs par les orpailleurs 231

8.2 LA BAISSE DE LA POPULATION AGRICOLE 232

8.2.1 Des paysans à la recherche de terre d'accueil 232

309

8.2.2 Des agriculteurs convertis en exploitants d'or 233

8.3. DES PERTES DE PRODUCTIONS AGRICOLES 235

8.3.1 Baisse de la production des cultures pérennes 235

8.3.2.1 Du cacaoyer vieillissant à moins de 450 kg par ha 236

8.3.2.2 Le palmier à huile et l'hévéa au secours des paysans 237

8.3.2 Une production vivrière en perte de vitesse 238

8.4 LA BAISSE DE LA PRODUCTION AGRICOLE, ENTRE AVANTAGES ET

INCONVENIENTS 241

8.4.1 La paupérisation de la population agricole 241

8.4.2 La baisse de la production vivrière locale, un prétexte pour la surenchère des prix sur le

marché urbain 244

8.4.3 La menace de l'insécurité alimentaire 245

Conclusion du chapitre 8 248

CHAPITRE 9 : LES CONFLITS FONCIERS EXACERBÉS PAR L'EXPLOITATION

DE L'OR 249

INTRODUCTION AU CHAPITRE 249

9.1 LES DESACCORDS SUR LES INDEMNITES 249

9.1.1 Les indemnisations selon l'Etat 249

9.1.2 Les indemnités selon les populations 250

9.1.2.1 Le refus des barèmes des indemnités portant sur les cultures vivrières. 251

9.1.2.2 Le refus des taux d'indemnisation des plantations de café et de cacao. 251

9.1.2.3 La non prise en compte de l'indemnisation du sol 251

9.1.2.4 Le scandale des jachères 252

9.2 LA CLARIFICATION DES AYANTS DROITS : PROPRIETAIRES COUTUMIERS,

ALLOGENES ET USAGERS DU SOL 252

9.2.1 La géographie des maîtres coutumiers du sol dans la région de Hiré 252

9.2.1.1 Bouakako et Hiré, deux villages autochtones en conflit autour de la propriété

coutumière du sol des gisements dans la ville de Hiré 252

9.2.1.2 Gogobro et Kagbè : propriétaires coutumiers du sol de Bonikro 253

9.2.1.3 Zaroko : une communauté Dida réclamant sa part des retombées minières 254

9.2.1.5 Douaville, un village Watta en marge de l'exploitation aurifère 254

9.2.2 Les allogènes exploitants non propriétaires de sol 254

9.2.2.1 La difficulté d'identification des propriétaires terriens et des exploitants 257

9.2.3. Les problèmes intergénérationnels 260

310

9.2.4. La manifestation des conflits entre les communautés locales 261

9.3. LES SITES IMPACTES ET NON IMPACTES : LE DIALOGUE DE MAUVAISE FOI

A PROPOS DES INDEMNISATIONS 262

9.3.1 Le cas du campement de Konankro 263

9.3.2 Absence de conflit dans le cas du campement de Bandamakro 263

9.3.3 Conflit autour de la zone dite du moratoire, de Hiré Est et des zones impactées 263

9.3.3 Les incertitudes dans la définition des périmètres miniers 264

9.4. LES MECONTENTEMENTS ISSUS DES RELOCALISATIONS 270

9.4.1 Les mécontents des relogements de Bonikro 270

9.4.2 Les points de revendication des populations de Koutouklou- Konankro 272

9.5. LES RECOURS A LA VIOLENCE PAR LES DIFFERENTES PARTIES PRENANTES

273

9.6. LA GESTION DES CONFLITS PAR LA NEGOCIATION 276

9.6.1. L'arbitrage des organes coutumiers de règlement des conflits 276

9.6.1.1. Le Comité de Gestion Foncière Rurale (CGFR) 276

9.6.1.2. Le Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale (CVGFR) 277

9.6.2. La gestion assurée par l'administration publique 277

9.6.3. La gestion mise en place à l'initiative de la compagnie minière privée 278

9.6.4. Nouveaux protocoles et nouvelles promesses de la mine 278

9.6.4.1. Pour le village de Bouakako propriétaire du sol sur le site du gisement de Hiré 278

9.6.4.2. Pour les propriétaires du sol du village de Gogobro 281

9.6.4.3. Nouveau protocole et nouvelles promesses de la mine pour la communauté de Hiré

282

Conclusion du chapitre 9 282

CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE 283

CONCLUSION GÉNÉRALE 284

BIBLIOGRAPHIE Erreur ! Signet non défini.

WEBOGRAPHIE Erreur ! Signet non défini.

ANNEXES 299

TABLE DES MATIERES 300






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme