Mémoire
Diplôme universitaire en Droit de
l'Environnement Année 2022/2023
Vers une victoire verte: l'impact du droit de
l'environnement sur les équipementiers textiles et
les fédérations sportives - Un marathon entre
conformité légale et leadership dans le
changement
Réalisé par Mélissa
LAMY
Sous la direction de Monsieur Carlos-Manuel Alves
Maître de conférences et membre du Centre de
droit européen et international à l'Université de
Bordeaux
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REMERCIEMENTS
Il est important que j'exprime en premier lieu ma
sincère reconnaissance à l'égard de l'ensemble des
enseignants engagés au sein du Diplôme Universitaire. Leurs
interventions ont non seulement enrichi mes connaissances, mais ont
également insufflé une nouvelle perspective à ma
quête de compréhension. Chaque cours fut pavée de
découvertes et de réflexions stimulantes.
Mes remerciements se teintent d'une gratitude plus personnelle
envers Monsieur Delzangles et Monsieur Zabalza, dont les encouragements, au
début mais plus particulièrement à la fin de
l'année académique, ont joué un rôle décisif
dans l'aboutissement de ce projet.
Je saisis l'occasion pour exprimer ma reconnaissance envers
Monsieur Alves, dont la patience et l'accompagnement précieux ont
contribué à la définition et à la structure de ce
mémoire.
Une mention spéciale est destinée aux
contributeurs de cette étude, Pierre et Joris, pour leur
générosité en m'accordant leur temps précieux ainsi
que le partage éclairé de leurs expériences
respectives.
Mes chaleureux remerciements s'étendent
également à mes «chères collègues de la
promotion 2022/2023», Edvina et Sophie. Leur soutien infaillible a
été un pilier essentiel.
Enfin, ma gratitude profonde s'adresse à mes proches,
qui ont toujours été mes fervents supporters. Leur foi en moi a
été une source constante de motivation et d'inspiration.
Cette formation continue a parfois incarné un
défi dans la conciliation entre ma vie professionnelle et personnelle
mais elle s'est révélée être une passionnante
quête intellectuelle. Je suis heureuse de l'avoir mené à
son terme et je suis convaincue qu'elle constituera un atout inestimable tant
pour mes activités professionnelles que pour mon épanouissement
et développement personnel.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS -- 2
SOMMAIRE -- 3
MÉTHODOLOGIE -- 4
INTRODUCTION -- 6
PARTIE 1. Naviguer sur le droit de l'environnement: cap sur la
responsabilité légale
environnementale des équipementiers textiles et des
fédérations sportives -- 14
A. L'équilibre juridique environnemental : Analyse des
contours et des paramètres de la
responsabilité légale générale --
14
B. Hisser les voiles de l'exécution de cette
responsabilité juridique environnementale:
manoeuvrer difficilement dans le pot au noir?-- 28
PARTIE 2. Surfer sur l'éclosion des Possibilités
: La Responsabilisation RSO comme Sprint
Vers la Durabilité ; l'Influence comme foils des
futures réglementations-- 48
A. Prendre la vague de l'innovation: La RSO, une
stratégie gagnante pour se démarquer
48
B. Dompter les vents légaux et entrer sur le terrain
de jeu juridique grâce à la normalisation
et au lobbying pour définir les nouvelles trajectoires
réglementaires-- 60
CONCLUSION -- 66
ANNEXES -- 69
SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS -- 77
SOURCES -- 79
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MÉTHODOLOGIE
Le présent mémoire de recherche vise à
sonder la dynamique complexe et interconnectée entre le droit de
l'environnement, les acteurs du secteur textile sportif et les
fédérations sportives. Fondé sur une expérience
personnelle intimement liée à la passion suscitée par ce
sujet, il aspire à fusionner mes acquis professionnels
préexistants avec les connaissances juridiques fraîchement
acquises au cours de cette année, dans le domaine environnemental.
La démarche déployée pour ériger
cette analyse s'est enorgueillie, tout au long de l'année
académique, de diverses actions :
* Conduction d'Entretiens:
Dans le but d'obtenir un panorama varié d'opinions et
de perspectives, deux entretiens ont été minutieusement
menés. Ces entretiens ont été orchestrés avec des
individus aux profils divergents allant d'un athlète de haut niveau
à un directeur général ayant précédemment
exercé en tant que responsable du service des sports au sein d'une
collectivité locale fortement engagée dans la promotion et le
développement des pratiques sportives sur son territoire, lequel est
notamment situé localement, en Gironde, sur l'agglomération de
Bordeaux. Parallèlement, j'ai entrepris plusieurs démarches
auprès de fédérations sportives, en utilisant divers
canaux de communication tels que les courriers électroniques et les
réseaux sociaux professionnels. Malheureusement, ces sollicitations
n'ont pas trouvé d'écho favorable de la part desdites
fédérations.
* Participation à des
Événements Sectoriels:
La participation active à des événements
sectoriels m'a offert une opportunité unique de m'immerger dans
l'écosystème de l'industrie en question. Cette immersion m'a
permis d'appréhender les enjeux, les défis majeurs et les projets
en cours qui colorent et structurent le panorama actuel de la
filière.
Mon expérience professionnelle prédominante dans
le secteur de la "Grande distribution" en France a naturellement orienté
le prisme de mon analyse. Cependant, afin d'incarner la polyphonie d'autres
perspectives pour garantir une
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analyse contextualisée et une vision
équilibrée, j'ai élargi le spectre de mon étude
pour englober d'autres acteurs, qu'ils soient nationaux ou internationaux.
Enfin, il importe de souligner que les opinions
exprimées au sein de ce mémoire sont intrinsèquement le
fruit de ma propre réflexion et n'engagent en aucun cas
l'Université de Bordeaux, ses enseignants, ni les parties prenantes qui
ont bien voulu me partager leur expérience.
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INTRODUCTION
Les 12 et 13 octobre 2022, j'ai participé au Surf
Summit, organisé à Hossegor par Eurosima, l'Association
européenne des industriels des sports de glisse, dont la mission vise
à soutenir le développement économique des entreprises du
domaine des sports de glisse, en Europe. Lors de cet événement,
j'ai assisté à une captivante présentation du chercheur et
climatologue, David Salas y Melia, responsable du Groupe de
météorologie de grande échelle et climat du CNRM au
CNRS.1 Ce dernier met en lumière, à l'instar du World
Weather Attribution Group dans ses études, l'impact significatif de nos
actions humaines et de nos modes de vie modernes sur l'environnement.
Des exemples concrets de manifestations climatiques
extrêmes ont été évoqués, tels que
l'été au Royaume-Uni en 2022, où des températures
dépassant les 40 degrés ont été enregistrées
pour la première fois. L'Inde et le Pakistan ont également
été confrontés à des canicules dépassant les
45 degrés, suivies d'inondations dans ces régions, tout comme au
Brésil.
D'autres régions du monde, comme Madagascar, font face
à des sécheresses récurrentes, avec 30% du territoire
présentant des risques d'incendies. De plus, la fonte des glaciers
menace de réduire de moitié la surface glaciaire et le niveau des
océans augmente de façon alarmante (+10% par rapport à
1973) en raison du réchauffement des eaux, causant une montée des
eaux et d'autres phénomènes tels que les canicules
océaniques, les rivières atmosphériques et les
cyclones2.
Monsieur Salas y Melia, spécialiste attentif à
ces phénomènes, a présenté plusieurs
scénarios d'évolution pour le futur. Le scénario le plus
optimiste prévoit une augmentation du niveau marin de +40 cm d'ici 2100,
tandis que le
1 Unité mixte de recherche
Météo-France / CNRS). Cette structure a pour principales missions
de mieux comprendre les mécanismes et impacts du changement climatique,
d'étudier la qualité de l'air, d'élaborer un
système de prévision saisonnière du climat et de produire
régulièrement des simulations du climat en support des rapports
du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat). David Salas y Mélia cherche principalement à mieux
comprendre et estimer les évolutions passées etfutures du climat
à travers l'utilisation de modèles. Plus particulièrement,
il s'intéresse au rôle et à l'évolution des glaces
terrestres et marines au sein du système climatique. À ce titre,
il a notamment créé et développé un modèle
représentant l'évolution de la banquise antarctique et arctique.
Il étudie également comment le changement climatique affecte les
masses de glaces continentales que sont les calottes du Groenland et de
l'Antarctique et quelle est leur contribution à la hausse du niveau des
mers.
2 Données issues de la
présentation de Monsieur David Salas y Melia lors du Surf
Summit.
plus sombre prédisait une croissance allant
jusqu'à +80 cm voire +1 m si la glace de l'Antarctique fondait.
Le 6e rapport du GIEC, publié en mars dernier
(2023)3 le rappelle également.
Il met en évidence une préoccupation alarmante :
les émissions humaines de gaz à effet de serre ont conduit
à un réchauffement climatique sans précédent, avec
une augmentation de la température de la surface terrestre de 1,1
°C depuis la période pré-industrielle. Peu importe les
scénarios envisagés, le GIEC prévoit que le
réchauffement atteindra 1,5 °C d'ici le début des
années 2030. Pour contenir cette hausse à 1,5 °C voire 2
°C, une action urgente est requise, impliquant une réduction
drastique des émissions de CO2 à zéro et une forte
réduction des autres émissions de gaz à effet de serre.
En parallèle, il confirme une aggravation des risques
associés au changement climatique, tels que les vagues de chaleur, les
précipitations extrêmes, les sécheresses et la fonte de la
cryosphère, ainsi que des changements comportementaux au sein de
diverses espèces. Comparé au 5e rapport d'évaluation de
2014, ces risques s'intensifient pour un même degré de
réchauffement. En conséquence, la gestion des risques, qu'ils
soient climatiques ou non, deviendra plus complexe et ardue, car ils tendront
à se multiplier et à s'aggraver.
Cependant, Monsieur Salas y Melia a conclu avec conviction que
nous disposons encore des moyens d'agir. Bien que nous ne puissions revenir en
arrière, et agir sur les dommages irréversibles
déjà engendrés, il nous a assuré que nous avions la
capacité d'atténuer ces phénomènes et de freiner
les conséquences néfastes du changement climatique. Toutefois,
cela nécessite des mesures draconiennes et un changement structurel de
nos pratiques afin d'influer effectivement sur notre destin collectif.
En parallèle, d'autres chercheurs4,
affiliés à l'INSERM et spécialisés dans le domaine
de la santé, notamment en ce qui concerne la pratique sportive,
soulignent l'importance cruciale du sport pour préserver notre
équilibre physique et mental. En effet, ils mettent en avant les vertus
curatives et préventives du sport vis-à-vis de certaines
pathologies. Leurs études et recherches approfondies aboutissent
à des conclusions allant jusqu'à préconiser
3
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20250_4pages-GIEC-2.pdf
4
https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-sport-est-bon-pour-la-sante-cest-prouve
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la prescription de l'activité physique dans les
parcours de soins de maladies comme le cancer, la dépression, les
maladies cardiovasculaires et le diabète.
Par ailleurs, de nombreuses entreprises, soucieuses du
bien-être et de la santé de leurs salariés, ont fait le
choix d'intégrer le sport au sein de leur structure. Si cette pratique
est courante aux États-Unis, où le sport occupe une place
prédominante dès les parcours universitaires, en France, elle est
plus récente. Cependant, elle présente de nombreuses vertus
bénéfiques pour les employés et l'entreprise
elle-même.
Cette mise en place du sport en entreprise peut prendre
différentes formes, allant des activités sportives
organisées par le comité d'entreprise aux compétitions
corporatives et extra-corporatives. Certaines:
- proposent des espaces «forme»
- font intervenir des sportifs de haut niveau lors de
séminaires, pour promouvoir la santé physique et morale de leurs
employés.
Si l'objectif premier de cette démarche est
d'améliorer la performance économique en mobilisant les
ressources humaines de manière plus efficace, les managers
considèrent, en outre, qu'il renforce des qualités utiles au
monde professionnel, telles que la combativité, la volonté, le
courage, la compétition, la loyauté, la responsabilité
mais aussi la cohésion d'équipe.
Il devient un outil facilitant la transition d'une logique
d'obéissance à une logique de responsabilisation dans le
management, instaurant une culture d'entreprise fondée sur des valeurs
partagées pour susciter un sentiment d'appartenance et d'adhésion
institutionnelle chez les salariés, renforçant ainsi leur
implication et leur satisfaction au travail.
Dans la sphère privée, les données de
l'INSEE et de l'INJEP5 mettent en évidence une augmentation
significative de la pratique sportive régulière en France au
cours des dernières années.
En effet, en 2020, deux personnes sur trois ont
déclaré pratiquer une activité physique ou sportive de
manière régulière. En 2022, ce chiffre a encore
augmenté, avec 60% des Français de 15 ans et plus pratiquant une
activité physique et sportive au moins une fois par semaine au cours des
12 derniers mois.
5
https://www.insee.fr/fr/statistiques/6535289?sommaire=6535307
et
https://injep.fr/publication/barometre-national-des-pratiques-sportives-2022/
Ces données sont encourageantes et témoignent de
l'engouement croissant pour l'activité physique, laquelle est devenue
une composante importante de notre mode de vie, indispensable à notre
bien-être physique et psychologique.
Cependant, il est essentiel de se questionner sur l'avenir de ces
pratiques.
Que deviendront-elles si notre environnement,
notre "terrain de jeux", est endommagé voire devient dangereux
?
Effectivement, le changement climatique, la dégradation
de l'environnement et la perte de biodiversité peuvent avoir un impact
considérable sur les espaces naturels, ou non, qui constituent nos
«terrains de sport». 6
Si nous prenons, les changements climatiques, la
médecine sportive a, par exemple, élaboré des tables pour
évaluer l'indice de chaleur et ainsi évaluer les risques
liés à la pratique d'une activité physique.
Ces tables, utilisées notamment par l'armée
française, prennent en compte non seulement la température, mais
également l'hygrométrie, c'est-à-dire le degré
d'humidité de l'air. Il n'y a pas de température seuil
définie, mais au-delà de 28 °C, le risque est
présent. De même, une hygrométrie élevée
augmente le risque, indépendamment de la température, car elle
rend plus difficile l'évaporation de la sueur, nécessaire pour
réguler la température du corps.
En outre, cette démocratisation du sport et la
multiplication des événements sportifs, qu'ils soient de grande
envergure ou plus modestes, ont indéniablement des impacts
écologiques non négligeables. Ces impacts peuvent varier en
6
https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2021-07/02072021_Rapport_Dereglement-climatique_le_monde_du_sport_a_plus
_2_et_4_degres_WWF%20France_4.pdf
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fonction de la taille, de la localisation, de la durée
de l'événement et des mesures de durabilité mises en
place7.
Parmi les impacts, on peut citer :
l les émissions de gaz à effet de serre : Les
Jeux olympiques d'été de 2016 à Rio de Janeiro ont
émis 3,6 millions de tonnes de CO2 principalement en raison des voyages
internationaux des athlètes et des spectateurs.8
l l'utilisation des ressources : La Coupe du monde au
Qatar en 2022 a utilisé en moyenne 10 000 litres d'eau par jour pour
chaque terrain de son stade, en s'appuyant sur le dessalement de l'eau
de mer pour la rendre potable, avec des coûts environnementaux importants
en termes de combustibles fossiles utilisés et d'impact sur le milieu
marin malgré l'utilisation d'un gazon «platinium»
nécessitant 25% à 30% moins d'arrosage.9
l l'aménagement du territoire : La construction du
stade olympique de Tokyo pour les Jeux olympiques d'été de 2020 a
entraîné la démolition de nombreux bâtiments
existants et la suppression d'espaces verts, affectant les
écosystèmes locaux.
Cette liste peut significativement être allongée
avec les pelouses des stades qui peuvent nécessiter l'utilisation de
pesticides et d'engrais chimiques, lors de la Coupe du monde de la FIFA 2014 au
Brésil pour lutter contre les infestations de moustiques par exemple ;
ou encore, la création colossal de déchets, les Jeux olympiques
de Londres en 2012 ont généré environ 3 500 tonnes de
déchets, dont seulement 29% ont été recyclés,
malgré les «efforts de durabilité déployés
lors de cet événement».
Et même quand la pratique semble,
intrinsèquement plus «green», l'impact reste lourd.
7
https://www.sportetcitoyennete.com/articles/evenements-sportifs-protection-de-lenvironnement#:~:text=Seules%20les%20tr
%C3%A8s%20grandes%20manifestations,leurs%20sites%20%C3%A0%20cette%20occasion.
8
https://www.wedemain.fr/respirer/jeux-olympiques-quel-est-l-impact-carbone-des-competitions/
9
https://thepressfree.com/10-000-litres-par-jour-pour-chaque-terrain-lenorme-impact-de-la-coupe-du-monde-du-qatar-sur-le
s-eaux-du-golfe-eau/ et
https://citizenpost.fr/ecologie-les-secrets-du-gazon-de-la-coupe-du-monde-au-qatar/
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Par conséquent, lors de l'édition 2020
du Vendée Globe, le navigateur Sébastien Destremau avait
calculé l'empreinte carbone de son projet. Le bilan s'était
élevé à 89 tonnes de CO2
émis.10
Outre les occurrences événementielles,
l'édification et la préservation des infrastructures, les
déplacements engendrent également une pollution
symptomatique.
D'autre part, quelle que soit la pratique sportive et le
niveau de l'athlète, débutant, expert, confirmé ou
professionnel, la mise à disposition d'équipements
adéquats est essentielle. Et cette pratique régulière
implique indirectement le renouvellement des équipements pour maintenir
un niveau de performance convenable et parfois même, assurer la
sécurité des utilisateurs.
Bien qu'il soit difficile de fournir des chiffres
précis sur la fréquence de remplacement raisonnable en raison des
évolutions constantes dans le monde du sport, il est indéniable
que certaines disciplines, comme la course à pied, exigent un changement
fréquent des chaussures de course. Les professionnels qui
s'entraînent et jouent régulièrement ont besoin de
remplacer leur équipement plus souvent que les amateurs. Enfin, d'autres
produits, tels que les chaussures de sport, les raquettes, les ballons, etc.,
peuvent avoir une usure plus prononcée et une durée de vie assez
limitée.
Parmi les équipements élémentaires du
sportif, le textile, qu'il s'agisse d'habillement ou d'un composant de
matériel, occupe une place prédominante ; or, nous savons que le
textile est une industrie fortement polluante.
En 2019, l'arène du textile sportif
s'élevait à une part colossale de 40 % du paysage textile
français dans son ensemble11. Un pourcentage
imposant, amplifié par le constat que l'industrie textile, en son
entièreté, exhale annuellement, selon l'ADEME, plus de 4
milliards de tonnes de dioxyde de carbone, surpassant ainsi la somme des
émissions engendrées par les vols internationaux et le trafic
maritime, en une union paradoxale.12
10
https://ecolosport.fr/blog/2023/01/03/peut-on-gagner-le-vendee-globe-en-ayant-une-demarche-totalement-eco-responsable
/
11
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/vetements-sport-toujours-plus-dinnovations
12
https://librairie.ademe.fr/cadic/4367/lrdml_expo_affiche_a2_conception_version_def.pdf
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Les différentes phases inhérentes à
l'élaboration de nos vêtements assument la responsabilité
incontestable de cette empreinte écologique substantielle. Ils
orchestrent une utilisation conséquente d'eau et d'énergie, ainsi
qu'un emploi de produits et substances nocifs qui, si non soumis à un
traitement adéquat, se déversent dans les voies aquatiques,
altérant les sols, compromettant la qualité de l'eau et induisant
une altération des écosystèmes et, par voie de
conséquence, de la biodiversité.
Les répercussions se propagent, par ailleurs, à
la santé des travailleurs, engendrant un péril
supplémentaire.
Il serait cependant imprudent de circonscrire cette
problématique à la seule phase de fabrication, car l'usage
quotidien de ces habillements constitue également un puissant vecteur de
pollution. Illustration criante, toujours selon l'ADEME, 240 000 tonnes
de microparticules de matière plastique essaiment annuellement dans les
océans13. L'indigence écologique
réside en effet dans la surconsommation d'énergie
déployée pour la lessive, le séchage et le repassage de
ces tissus. Le processus de lessivage en lui-même libère des
microfibres, qui, une fois échappées, se propagent jusque dans
les sédiments des stations d'épuration ou migrent vers les
étendues océaniques. Les textiles de facture synthétique,
tels que le nylon, le polyester, l'acrylique ou l'élasthanne, instituent
la quatrième principale source d'émissions de microplastiques,
s'inscrivant en marge des abrasions de pneumatiques, de la poussière
urbaine et des marquages routiers.
Pourtant, tel que formulé par l'éminent
équipementier sportif Decathlon, "La pratique du sport requerra
toujours l'usage de produits; c'est pourquoi nous devons les concevoir en
limitant au maximum leur empreinte environnementale."14
L'interrogation inéluctable germe alors : le domaine
du droit de l'environnement entreprendra-t-il la métamorphose de
l'industrie textile sportive, l'astreignant à un nouvel ordonnancement ?
L'injonction juridique rafraîchira-t-elle la chevauchée de cette
industrie ? En quelles périls légaux s'enliseraient les
protagonistes exhibant une empreinte environnementale outre-mesure ? À
l'opposé, ces acteurs seraient-ils à même d'influencer
délibérément l'ossature
13
https://librairie.ademe.fr/cadic/4367/lrdml_expo_affiche_a2_conception_version_def.pdf
14 Webinaire de la société
Indigo du 17 mars 2023 «De l'éco-conception à
l'éco-innovation : l'exemple de Decathlon»
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normative en vigueur, insufflant à la création
des codes une brise de leur essence?
Les fédérations sportives, éminemment
enracinées au sein du tissu sportif, revendiquent également un
rôle déterminant à jouer au sein de
l'écosystème sportif. Incombe à ces institutions, par leur
pesante influence, une responsabilité légale majeure face
à ces écarts environnementaux?
Aussi, dans le stade complexe du commerce textile, le droit
de l'environnement agit en tant que facteur de révolution au sein des
échiquiers stratégiques des équipementiers textiles ainsi
que des fédérations sportives.
Pour s'aligner avec les impératifs
légaux, se dessine la question prégnante de savoir si ces acteurs
sont contraints d'ajuster leur jeu en réaction aux exigences
légales, ou s'ils peuvent, à l'inverse, endosser le rôle de
catalyseurs du changement, influençant l'élaboration des
nouvelles normes environnementales qui régiront leur domaine
d'activité.
L'architecture de ce mémoire s'articulera autour des
risques et des opportunités intrinsèquement liés à
cette conjoncture.
Dans un premier temps (Partie I), nous
analyserons le champ des responsabilités légales,
définissant les contours de ce terrain de jeu juridique
(Paragraphe A). Puis, l'analyse s'élargira à
l'arbitrage de cette responsabilité (Paragraphe B),
plongeant dans les méandres de sa mise en oeuvre, tout en sondant les
défis inhérents à son application.
Puis, les ombres de la responsabilité légale
céderont progressivement la place aux lumières de
l'opportunité. (Partie II).
La responsabilisation RSO (Responsabilité
Sociétale des Entreprises) émergera en tant que pivot de
transformation (Paragraphe A). Dans un contexte où la
RSO se révèle la voie pour devenir un outsider, aspirant à
la lucarne de l'excellence environnementale, nous scruterons les avenues
qu'elle déploie pour permettre aux acteurs de se démarquer et de
se hisser au sommet du jeu.
Enfin, nous ne pourrions ignorer le potentiel d'influence de
ces opérateurs et des fédérations dans la
redéfinition du droit de l'environnement. L'étude plongera ainsi
dans les eaux du pouvoir normatif, explorant comment ces acteurs majeurs
peuvent pénétrer le terrain juridique en oeuvrant pour influencer
les dispositions réglementaires futures. (Paragraphe
B).
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PARTIE 1. Naviguer sur le droit de
l'environnement: cap sur la responsabilité
légale
environnementale des équipementiers textiles et
des fédérations sportives
Nous lèverons l'ancre pour entreprendre une
exploration rigoureuse des éléments constitutifs de la
responsabilité légale environnementale qui gouverne les
équipementiers textiles sportifs et des fédérations
sportives (A). Néanmoins, il sera observé que lorsqu'il s'agit de
mettre en oeuvre et de réguler ces obligations, nous nous trouvons face
à une navigation incertaine, évoquant de manière similaire
la légendaire traversée du pot au noir (B).
A. L'équilibre juridique environnemental :
Analyse des contours et des paramètres de la responsabilité
légale générale
La symbiose entre droit de l'environnement, sport et textile
forme un océan juridique complexe. Nous prendrons la barre pour naviguer
globalement sur le berceau du droit de l'environnement, dans les eaux
internationales, européennes et nationales (françaises).
1/ L'horizon mondial : l'impact du droit international
D'un point de vue général, le droit
international, tout en s'efforçant d'amener une pluralité
d'États à coexister harmonieusement, assume la gouvernance des
relations entre ces entités souveraines, avec pour impératif
premier la préservation de leur souveraineté. Plutôt que de
la dépasser, le droit international a pour noble fonction de la
protéger. Aussi, la Charte de l'ONU, qui, en son article 2
§ 1, proclame que "L'Organisation est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de tous ses membres".
Qu'en est-il plus spécifiquement du droit
international de l'environnement?
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Ce domaine se caractérise par une structure
multidimensionnelle. En effet, il est façonné par quatre grandes
sources normatives:
- Les traités et conventions :
lesquels émergent en tant qu'édifices juridiques de la
coopération environnementale, exemplifiés par le Protocole de
Kyoto de 1997, qui a joué un rôle crucial dans la configuration du
droit international de l'environnement en reflétant les efforts
conjoints des États pour atténuer le changement climatique, avec
pour objectif principal la réduction des émissions de gaz
à effet de serre. De la même manière, la Convention de
Bâle de 1989, relative aux mouvements transfrontières de
déchets dangereux, et la Convention de Montego Bay de 1982,
dédiée au droit de la mer, témoignent de la
préoccupation partagée pour la préservation de la
diversité biologique. L'accord plus récent et
contraignant dit «Accords de Paris», adoptés lors de la COP 21
en 2015, dont la France est évidemment signataire et a
procédé à la ratification, incarne une pierre
angulaire de cette architecture, visant à maintenir la
température mondiale en deçà des niveaux
préindustriels. Il énonce des orientations à long terme en
vue de guider l'ensemble des nations. Ces orientations impliquent, en premier
lieu, une réduction substantielle des émissions mondiales de gaz
à effet de serre, avec pour objectif la limitation de
l'élévation de la température planétaire à 2
°C au cours du présent siècle, tout en maintenant une
volonté résolue de la contenir encore plus fermement à 1,5
°C. De manière itérative, il préconise la
réévaluation périodique, tous les cinq ans, des
engagements nationaux, permettant ainsi une adaptation continue en fonction des
avancées scientifiques et des évolutions du contexte climatique.
En outre, une composante cruciale de l'Accord réside dans la mise
à disposition de ressources financières substantielles en
direction des nations en développement. Cette allocation vise à
atténuer les répercussions des changements climatiques, à
renforcer leur résilience face à ces défis et à
accroître leur capacité d'adaptation aux effets induits par ces
transformations environnementales.
Sans aucun doute, il a marqué, en 2015, le
début d'une transition vers un monde à zéro
émission nette.
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La réalité sur la possibilité d'atteindre
cet objectif est aujourd'hui plus controversée. Nous
développerons ce point ultérieurement.
- La coutume internationale : elle
émerge comme une matrice évolutive, influencée par les
décisions juridiques. Des affaires notoires, telles que la Fonderie de
Trail (tribunal arbitral, 1941) et le Détroit de Corfou (Cour
internationale de Justice, 1949), ont contribué à la
façonner, établissant des nouvelles normes internationales dans
le domaine environnemental. De même, des cas tels que Lopez Ostra c/
Espagne (Cour européenne des Droits de l'Homme, 1994) et la question de
la licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires
(Cour internationale de Justice, 1996).
- Les résolutions normatives des organisations
internationales : lesquelles jouent un rôle central dans la
direction de l'action de préservation de l'environnement. Les textes
émanant de l'Union européenne. Des exemples pertinents comme la
directive 2009/33/CE du Parlement européen et du Conseil relative
à la promotion de véhicules de transport routier propres et
économes en énergie, ainsi que des décisions telles que la
décision de la Commission concernant les informations sur les
biocarburants et les bioliquides à soumettre par les opérateurs
économiques aux États membres. Parfois, des conférences
internationales, telles que la Déclaration de Stockholm de 1972, ont
catalysé la transformation de principes énoncés en normes
effectives, grâce à la volonté collective des
États.
- Les principes généraux du droit
international : le principe "pollueur-payeur" se positionne comme un
élément clé. Adopté par l'OCDE en 1972, il illustre
la responsabilité des acteurs impliqués dans des activités
potentiellement préjudiciables, ce principe reflète la
nécessité de réparer les conséquences nuisibles de
telles actions. Cependant, son application est entravée par une
multitude de défis non résolus, notamment l'attribution de la
responsabilité en cas de pollution d'un cours d'eau par un actif
polluant. Cette question soulève des interrogations concernant la
responsabilité de l'utilisateur, du fabricant, de l'État
autorisant l'utilisation ou de celui ne prenant pas les mesures
nécessaires pour remédier rapidement à la situation.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 17
En tant que signataire de conventions majeures telles que le
programme de développement durable à l'horizon 2030, comprenant
les 17 Objectifs de Développement Durable, l'accord de Paris sur le
climat, et le cadre de Sendai pour réduire les risques de catastrophes,
l'Union européenne joue un rôle central dans la construction
«du navire» juridique du droit international de l'environnement. Ceci
est renforcé par le fait que le droit communautaire, établi par
les traités européens, demeure un aspect du droit international
car les États membres n'ont pas abandonné leur
souveraineté, mais ont plutôt choisi de partager certaines
compétences avec les institutions européennes.
2/ Les marées européennes : la confluence
du droit européen
La réglementation environnementale s'érige en
une composante substantielle du corpus législatif européen, tant
de manière directe qu'indirecte, cette dernière découle en
grande partie des traités internationaux qui requièrent une
transposition au sein des législations nationales des
États-membres.
L'empreinte de la politique environnementale européenne
trouve en réalité ses racines lors du Conseil européen de
Paris de 1972, émergeant en réponse à la première
conférence des Nations unies sur l'environnement et posant les bases
d'une politique communautaire de l'environnement, ancrée dans la
préservation environnementale, la protection de la santé humaine
et l'usage rationnel des ressources naturelles.
Cette évolution s'épanouit à travers des
révisions successives des traités, à l'instar du
traité de Maastricht (1992), qui érige l'environnement en domaine
d'action officiel de l'Union européenne, instaure la procédure de
codécision et instigue le vote à la majorité
qualifiée au sein du Conseil.
Le traité d'Amsterdam (1999) solidifie l'obligation
d'intégrer la protection environnementale dans toutes les politiques
sectorielles, célébrant ainsi le développement durable
comme ligne directrice.
Enfin, le traité de Lisbonne (2009) confère une
nouvelle dimension, consacrant la «lutte contre le changement
climatique» comme objectif spécifique et conférant à
l'Union la personnalité juridique pour conclure des accords
internationaux.
Enfin, en décembre 2019, la Commission
européenne a lancé le pacte vert pour l'Europe. Celui-ci a pour
ambition de faire en sorte que les mesures
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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prises par l'UE visent à faire de l'Europe le
premier continent au monde neutre pour le climat.
Ce droit de l'environnement européen, axé sur
la résolution de problèmes environnementaux mondiaux et la
préservation holistique de la nature, se distingue par quatre principes
fondamentaux:
- le principe de précaution : lequel
est défini par le fait de prendre des mesures face à un risque
connu
- le principe de prévention : lequel
est défini par la réalisation d'actions en vue d'éviter un
risque soupçonné mais dont la gravité n'est pas
avérée scientifiquement.
Lors de l'épisode de l'encéphalopathie
spongiforme bovine par exemple, la CJUE avait estimé justifié les
mesures d'embargo prononcées par les Etats membres à l'encontre
de la viande bovine en provenance du Royaume-Uni.
- le principe de correction à la source.
Il s'agit ici «de supprimer une pollution directement à sa
source via des dispositions pour éviter un danger, via des mesures
correctives pour dépolluer ou réparer après un accident.
Cela préservera de toute évidence les écosystèmes
naturels et sera moins coûteux, car le coût de dépollution
plus le coût des externalités dépasse toujours le
coût de correction à la source. Par principe, il est aussi plus
facile de gérer un problème quand il est bien identifié et
localisé (une activité polluante pour l'eau dans une usine) que
lorsque qu'il faut en tirer les conséquences (gérer la
qualité de l'eau de toute une rivière)».15
Ainsi par exemple dans la jurisprudence « déchets
Wallons du 9 juillet 1992», la Wallonie avait défendu cet argument
auprès de la Cour du Luxembourg (CJUE) précisant qu'il
était préférable pour l'environnement de traiter, en
priorité les déchets produits sur son territoire, interdisant
donc l'importation de déchets d'autres États membres et d'autres
provinces belges. Il s'agissait d'une entrave à la libre circulation des
marchandises, objectif premier de la création de l'UE. Toutefois, la
Cour
15 définition issue de
https://direns.mines-paristech.fr/Sites/ISIGE/uved/risques/3.1.3/html/3_2.html
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 19
avait alors estimé que cette mesure était
justifiée, en l'espèce en raison de la nature particulière
de ces déchets.
- le principe du «pollueur-payeur :
principe économique issu de la théorie des
externalités d'Arthur Pigou. Les externalités étant des
effets du marché demeurant extérieur au processus
économique. Il conviendrait de les réintégrer dans ce
schéma financier en leur attribuant un prix.
Nous distinguons alors les externalités
négatives : paiement d'une taxe si notre activité pollue des
externalités positives : aides financières ou déductions
fiscales pour ceux qui à contrario exerce une activité dont
l'objectif est de respecter l'environnement, la culture de fibres bio par
exemple (principe du protecteur payé).
Dans la quête de paix et de sécurité,
l'édification de la CECA puis de la CEE et enfin de l'UE s'est
attelée à bâtir un espace économique commun
où la libre circulation des êtres, des biens et des capitaux
règne en maîtresse souveraine. Cependant, malgré cette
noble aspiration à l'harmonie, il est indéniable que le droit
environnemental européen, par moments, entrave cette suprématie
économique.
De ce fait, afin de remplir son office de gardienne de
l'environnement, les autorités judiciaires de l'UE ont dû
ériger des principes novateurs.
Ce faisant, dans l'arrêt des bouteilles danoises du 20
septembre 1988, la CJUE appose son sceau sur la théorie des
exigences impératives d'intérêt
général, légitimant ainsi des mesures de
préservation environnementale, même au détriment des
intérêts économiques. Précurseur de cette doctrine,
l'arrêt Cassis de 1979 jette les bases de cette exception au
marché commun, adoucie cependant par le filtre du principe de
proportionnalité, imposant que l'entrave économique soit
proportionnée aux périls environnementaux.
Par la suite, la Cour fondera ses résolutions en
faveur de la protection de l'environnement sur les fondements de
l'article 36 du TFUE «gardien» de la vie et de la
santé des êtres vivants, animaux, végétaux et
humains.
La Cour a longtemps appliqué de façon
alternative la théorie des exigences impératives
d'intérêt général ou l'article 36 du TFUE. Depuis
2009, elle opère une fusion en vue d'une protection environnementale
éminente.16
16 CJUE, arrêt affaire des Jet
skis suédois du 4 juin 2009
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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Le droit européen, sous l'égide de la CJUE,
confirme également l'avènement du principe d'effet
direct, un pilier de responsabilité juridique. Ainsi, les
normes communautaires se muent en droits et obligations, directement opposables
aux particuliers, éclairant le cheminement devant les tribunaux
nationaux, à condition que ses dispositions soient suffisamment claires,
précises et inconditionnelles. 17
Même si la transposition d'une directive en droit
interne reste une exigence, le principe d'invocabilité
prévaut dans le droit européen, évinçant
toute mesure contradictoire à une directive non encore
transposée, un principe de prudence énoncé dans
l'arrêt inter-environnement Wallonie (1997).
En dernier lieu, en vertu du principe de
subsidiarité environnementale, la Cour (CJUE), permet
l'application par des entreprises privées par exemple de mesures
entravant l'économie, mais en faveur de l'environnement, pour combler
les lacunes des États membres. 18
Dans cette symphonie judiciaire, la CEDH se pose
également en protectrice par ricochet. En invoquant les articles
2 (droit à la vie), 8 (droit à la vie privée), 6 (droit
à un procès équitable) et 13 (droit à un recours
effectif devant les instances nationales) de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'Homme de 1950 (entrée en vigueur en
1953), la Cour de Strasbourg exhorte les États membres à honorer
leurs engagements en matière de protection de l'environnement, une
mission tangible dans l'affaire Urgenda c. Pays-Bas (2019).
Bien que la lancée progressiste en faveur de la
protection environnementale sculpte un canevas juridique tourné vers
l'avenir, cette entreprise s'accompagne d'un engagement des grandes entreprises
et des ONG, cherchant à colmater les fossés environnementaux et
les distorsions de concurrence éventuelles nées d'une application
inégale de ce droit, un point que nous examinerons ultérieurement
au cours de cette étude. (II.B).
Face à ce panorama, on pourrait aisément croire
que les instances judiciaires au vue de leurs compétences
accompagnés des textes européens, règlements, directives,
que nous aborderons précisément prochainement (B), se posent
tels
17 CJUE, arrêt Van Gend en Loos du
5 février 1953
18 CJUE, arrêt des abeilles
danoises du 3 décembre 1998
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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des gardiens protecteurs, palliant les déficiences
étatiques et instituant un cadre juridique en vue de la protection de
notre aire de jeu, l'Environnement.
Par conséquent, une question persiste en filigrane :
quelle est la contribution de la France dans ce vaste océan
juridique?
3/ Le rivage national : l'effervescence portuaire du
droit français
L'histoire du droit de l'environnement en France s'est
façonnée par étapes, marquées par des jalons
significatifs qui ont peu à peu érigé les bases d'une
reconnaissance légale de la responsabilité environnementale des
acteurs, y compris ceux du secteur sportif et textile.
Les prémices du droit de l'environnement
français remontent à l'établissement de lois
emblématiques telles que la loi sur les Parcs nationaux de 1960 et la
loi sur l'eau de 1964.
L'instauration du ministère de l'Environnement en 1971
a ouvert les portes à une attention accrue envers les questions
environnementales. Cependant, ce n'était que le début d'un
parcours d'évolution constante, rythmé par des mutations
organisationnelles et budgétaires.
C'est à partir de la loi du 10 juillet 1976 sur la
protection de la nature que nous inaugurons une ère nouvelle pour la
législation environnementale française, jetant les bases d'un
droit spécifique à l'environnement. Cet acte traduit la
volonté du gouvernement français de préserver le
patrimoine naturel national, tandis qu'au niveau international, la France
s'engageait également dans des conventions pour la préservation
du patrimoine mondial.
La consécration constitutionnelle : La
Charte de l'Environnement comme garante des droits
écologiques
La consécration constitutionnelle du droit de
l'environnement est intervenue avec la charte de l'environnement,
insérée dans le corpus constitutionnel depuis le 1er mars 2005.
Ce texte, voulu par Jacques Chirac, a été conçu pour
créer une troisième génération de droits de
l'Homme, ajoutant une nouvelle dimension aux droits subjectifs et sociaux
déjà reconnus. Véritable innovation, son rayonnement
juridique demeure en partie floue même si cette dernière
érige en principes fondamentaux le principe de précaution et le
droit de jouir d'un
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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environnement préservé dans le respect
des équilibres écologiques. Cette démarche engage les
pouvoirs publics à instituer des mécanismes d'évaluation
des risques.
De plus, depuis 2010, grâce à la
question prioritaire de constitutionnalité tout justiciable a la
possibilité de contester devant le juge constitutionnel une disposition
législative qui porterait atteinte aux droits et libertés
garanties par la constitution dont la charte de l'environnement fait donc
partie.
Le Grenelle de l'environnement, symbolisé par les lois
"Grenelle 1"19 et "Grenelle 2"20, instaure une
étape décisive en fixant des objectifs majeurs pour la politique
environnementale française. D'autres textes tels que la loi
TEPCV21 et la loi sur le devoir de vigilance22
renforcent l'arsenal juridique, la création de nouveaux
«principes» comme l'interdiction de l'éco-blanchiment
consacrée notamment dans le code de la consommation23 depuis
la loi climat et résilience24, la création des REP
depuis la loi AGEC25, etc.. entre autres. L'analyse se concentrera
sur les textes ayant un impact significatif sur les secteurs sportif et
textile, spécialement dans la perspective de leur mise en oeuvre.
(B).
Naturellement, la conception et l'élaboration des
normes juridiques environnementales en France se trouvent
intrinsèquement influencées par le droit international de
l'environnement et le droit communautaire, comme précédemment
discuté.
Cependant, une question cruciale demeure à
explorer : quel est le statut de la reconnaissance d'une responsabilité
environnementale dans le cadre du droit français?
Dans le domaine du droit de l'environnement français,
un régime de responsabilité environnementale a été
incorporé dans le Code de l'environnement par le biais de la loi
n°2008-757 du 1er août 2008, également
19 Loi n° 2009-967 du 3 août
2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de
l'environnement
20 LOI n° 2010-788 du 12 juillet
2010 portant engagement national pour l'environnement
21 Loi n° 2015-992 du 17 août
2015 relative à la transition énergétique pour la
croissance verte
22 Loi n° 2017-399 du 27 mars 2017
relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des
entreprises donneuses d'ordre
23 Article L121-2 - Code de la
consommation
24 Loi n° 2021-1104 du 22
août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets
25 Loi n° 2020-105 du 10
février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à
l'économie circulaire
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connue sous le nom de "loi relative à la
responsabilité environnementale et à diverses dispositions
d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de
l'environnement."26
La célèbre affaire de l'Erika27 a
ouvert la voie à la reconnaissance du préjudice écologique
pur. Dès 2012, la Cour de cassation a établi la
possibilité de réparation de ce préjudice, qui
découle d'une atteinte à l'environnement.
L'article 31 du Code de procédure civile énonce
que "l'action est ouverte à tous ceux qui ont un
intérêt légitime au succès ou au rejet d'une
prétention". En d'autres termes, l'intérêt à
agir. L'article 1248 du Code civil établit que "l'action en
réparation du préjudice écologique est ouverte à
toute personne ayant qualité et intérêt à
agir", englobant l'État, l'Office français de la
biodiversité, les collectivités territoriales, les
établissements publics, et les associations agréées ou
établies depuis au moins cinq ans, oeuvrant pour la protection de la
nature et la préservation de l'environnement.
Cependant, le terrain environnemental insuffle une
complexité, car l'intérêt se forge souvent collectivement,
se détachant de la traditionnelle requête d'intérêt
individuel prévalant dans le droit positif. La loi du 18 novembre
201628, a ainsi introduit les actions de groupe environnementales,
permettant à plusieurs victimes de mandater une association pour
représenter leurs intérêts. Bien que saluée par la
doctrine, l'efficacité pratique de cette initiative reste
limitée, perspective que nous contournerons donc dans notre
présente étude.
Depuis 201629, un simple risque de
préjudice écologique peut donc suffire à engager la
responsabilité civile environnementale en vertu de l'article 1252 du
Code civil.
Notons que par principe, le préjudice
écologique est réparable en nature, idéalement par une
restauration à l'état initial avant le dommage, ou à
défaut, dans un état similaire. Si la restitution à
l'état initial n'est pas possible, une indemnisation financière
peut être envisagée, conformément à l'article 1249
du Code civil.
26 Cette loi constitue la transposition
de la directive 2004/35/CE datant du 21 avril 2004
27 Cour de cassation, criminelle,
Chambre criminelle, 25 septembre 2012, 10-82.938
28 Loi du 18 novembre 201 n°
2016-1547 de modernisation de la justice du XXIe siècle
29 Loi n° 2016-1087 du 8 août
2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des
paysages
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À noter toutefois, que nous avons connu une
évolution majeure, depuis la loi du 22 août
202130 avec la reconnaissance du délit
d'écocide.31 Par conséquent, la production
d'une pollution affectant à la fois les écosystèmes
physiques et biologiques, ainsi que l'abandon de déchets, sont
qualifiés d'écocide lorsque ces actes ont été
délibérément commis.
«Qui dit délit, dit infraction de droit
pénal».
Aussi, le champ du droit privé offre également
la possibilité d'engager la responsabilité pénale
environnementale en substitution d'une procédure civile.
Bien que le monopole de l'exercice des poursuites soit
détenu par le ministère public en France, les victimes ont la
possibilité de se porter parties civiles tout comme les associations
agréées de protection de l'environnement32 et les
personnes morales de droit public.33
Conformément à l'article 2 du Code de
procédure pénale, "tous ceux qui ont personnellement souffert
du dommage directement causé par l'infraction" peuvent engager une
action civile.
Cependant, il n'est pas garanti que le ministère
public engagera l'action en justice.
Mais, si l'affaire est instruite, l'article 3 du Code de
procédure pénale énonce que les parties civiles ont le
droit de requérir la réparation de "tous types de dommages, aussi
bien matériels que corporels ou moraux, qui découleront des faits
objets de la poursuite".
- Le préjudice matériel peut être
invoqué par une partie civile afin de solliciter la réparation
des frais engagés pour constater ou mettre un terme à une
pollution, par exemple.
- Le préjudice moral trouve sa place dans la
jurisprudence, autorisant les personnes morales, telles que les
Collectivités et les associations agréées, à
demander réparation. Dans un arrêt du 20 février
200134, la Chambre criminelle a admis l'existence d'un
préjudice moral résultant de l'atteinte
30 LoI n° 2021-1104 du 22
août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets
31 Inscrit dans le Code de
l'environnement, aux articles L231-1 et suivants
32 Article L141-1 du code de
l'environnement
33 Article L142-4 du code de
l'environnement
34 Cour de cassation, Chambre
criminelle. 20 février 2001, n°00-82.655
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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portée aux efforts déployés par des
associations de protection des ressources hydriques pour faire respecter les
réglementations en vigueur.
- Le préjudice écologique représente un
aspect essentiel. Au-delà des indemnisations traditionnelles
(matérielles, financières, morales), les victimes d'infractions
environnementales ont le droit de prétendre à la
réparation d'un préjudice écologique. La Cour de cassation
a défini ce concept dans l'affaire du naufrage de l'Erika35
comme étant "l'atteinte directe ou indirecte portée à
l'environnement et découlant de l'infraction."
La voie pénale, si elle est empruntée,
offre des avantages significatifs comparativement à la voie civile,
particulièrement en ce qui concerne les modes de preuve(s). En
droit pénal, l'accent est mis sur la quête de la
vérité, ce qui entraîne l'acceptation de preuves illicites
ou obtenues de manière déloyale, même si celles-ci peuvent
exposer ceux qui les présentent à des poursuites civiles
ultérieures fondées sur d'autres motifs, indépendamment de
l'action pénale initiale.
Cet aspect revêt une importance cruciale dans
notre situation actuelle, pouvant représenter un risque
considérable pour les équipementiers et les
fédérations.
Mais, en droit français, la responsabilité
pénale relative à l'environnement est souvent
considérée comme étant accessoire au droit
administratif. Cette qualification d'« accessoire » trouve
sa justification dans le fait que les sanctions pénales
présupposent la violation de normes administratives spéciales
prévues par le Code de l'environnement ou d'autres textes.
Prenons l'exemple d'une usine de teinture,
impression, apprêt, enduction, blanchiment et délavage de
matières textiles, laquelle est classée ICPE à cause de la
nature intrinsèquement risquée de ses activités pour
l'environnement, sous le régime
déclaratif.36
Des manquements à la procédure de
déclaration ICPE constituent ainsi une violation des règles de
police spéciales et l'exploitation devient irrégulière. En
conséquence, les autorités administratives ou la justice
administrative peuvent prononcer des sanctions à l'encontre de l'auteur
(amendes, suspensions d'activité, etc.) et ordonner des mesures de mise
en conformité.
35 Cour de cassation, criminelle,
Chambre criminelle, 25 septembre 2012, 10-82.938
36
https://aida.ineris.fr/reglementation/arretes-ministeriels-prescriptions-applicables-icpe-soumises-a-declaration
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 26
Peuvent également constituer un fondement à une
procédure ou une sanction administrative, des comportements de
résistance ou de non-collaboration avec les autorités
administratives, tels que le non-respect de directives, le manquement à
faciliter les contrôles, ou la réticence à transmettre des
documents.
exemple : Ne pas transmettre le dossier technique d'un
produit à la DGCCRF.
Le risque de sanctions est d'autant plus important pour nos
équipementiers que le cumul des sanctions pénales et
administratives est admis par le droit français en matière
environnementale. Néanmoins, dans une décision rendue le
3 décembre 2021 (Société Specitubes, n° 2021-953
QPC), le Conseil constitutionnel s'est prononcé en faveur de
l'application du principe de proportionnalité entre les
peines administratives et pénales. Par conséquent, l'amende
administrative est fixée à un montant maximal de 15 000 euros
conformément à l'article L.171-8 du code de l'environnement, et
les sanctions pénales applicables sont stipulées à
l'article L.173-1 du même code.
L'élément crucial mis en lumière par ces
textes, en outre le caractère cumulatif de ces sanctions, est qu'ils
permettent aux autorités de contrôle d'appliquer des mesures
immédiatement exécutoires sans nécessiter l'intervention
d'une juridiction judiciaire.
Aussi, en vertu de ces dispositions, le préfet est
habilité, suite à une mise en demeure, à prendre des
mesures telles que l'exécution forcée de travaux
spécifiques, la suspension ou la fermeture d'une exploitation, ainsi que
l'obligation pour l'exploitant de consigner une somme auprès d'un
comptable public pour garantir le montant des travaux.
Ces mesures administratives s'appliquent à
différents domaines, dont les installations classées, les
problématiques liées à l'eau, au bruit, à l'air,
aux déchets, aux produits chimiques. Les usines de confection
d'équipements sont des ICPE.
Enfin, par principe en droit de la consommation, il n'est pas
admis de tromper le consommateur. Aussi, le Code de la consommation
sanctionne les pratiques commerciales trompeuses, c'est-à-dire toute
pratique qui « repose sur des allégations, indications ou
présentations fausses ou de nature à induire en erreur et portant
sur l'un ou plusieurs des éléments [énumérés
par le texte] ». Parmi les éléments figurent les
caractéristiques essentielles du bien ou du
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 27
service, comprenant sa composition, ses qualités et
propriétés mais aussi son impact environnemental. De
même, une indication de nature à induire en erreur sur la
portée des engagements de l'annonceur, « notamment en
matière environnementale », est désormais susceptible
d'être qualifiée de trompeuse. 37
Toujours dans l'optique de dissiper les voiles de l'illusion,
la loi Climat38 élargit la portée de la notion
de pratique commerciale trompeuse pour englober le concept de «
greenwashing » ou éco-blanchiment en français, tout en
intensifiant les conséquences légales encourues. Lorsque
des informations objectivement erronées ou factuellement exactes mais de
nature à déformer la réalité sont liées
à l'impact environnemental d'un bien ou d'un service, ou à
l'étendue des engagements écologiques de l'annonceur, la pratique
trompeuse est constatée. Cette infraction, passible de deux ans
d'emprisonnement et d'une amende de 300 000 euros, peut atteindre 10 % du
chiffre d'affaires annuel ou 50 % des dépenses publicitaires
engagées. Dans certains cas, ce taux peut être majoré
à 80 % si les allégations concernent
l'environnement39. Ainsi, l'impact potentiel sur la
réputation causé par ces publicités vertes
mensongères se conjugue désormais avec une menace juridique
concrète, ce qui pourrait limiter l'abus de telles pratiques et
contribuer à une diffusion plus authentique de l'information
auprès du public. Ce dispositif légal offre, en effet, des
premières garanties pour une utilisation plus fiable et
réfléchie des allégations écologiques qui nous
entourent au quotidien.
Enfin, par son ordonnance en date du 20 septembre
202240, le Conseil d'État a établi que le droit de
chaque individu à jouir d'un environnement équilibré et
favorable à la santé est intrinsèquement une
"liberté fondamentale". Cette décision du pouvoir judiciaire
administratif élargit le champ d'action en permettant la mise en oeuvre
du référé-liberté41 pour la
préservation de l'environnement, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives
pour la protection de ces droits environnementaux.
37 Code de la consommation, articles L.
121-2 à L. 121-4
38 LoI n° 2021-1104 du 22
août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets
39 Article L.132-2 du Code de la
consommation
40 Conseil d'État, 2ème -
7ème chambres réunies, 20/09/2022, 451129
41 Le
référé-liberté créé par la loi
n° 2000-597 du 30 juin 2000 relative au référé devant
les juridictions administratives permet de mettre fin à une mesure
administrative qui serait de nature à porter une atteinte grave à
l'exercice d'une liberté fondamentale
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 28
L'ampleur de son influence sur la protection de
l'environnement restera à évaluer dans les années à
venir.
Ayant maintenant tracé les contours de la voie
législative environnementale dans laquelle évoluent les
équipementiers de textiles techniques sportifs et les
fédérations, il est effectivement temps d'embarquer pour explorer
leur mise en oeuvre.
B.Hisser les voiles de l'exécution de cette
responsabilité juridique environnementale : manoeuvrer difficilement
dans le pot au noir?
Dans un panorama où le contentieux en droit de
l'environnement s'édifie progressivement, les dernières
décennies ont été marquées par des avancées
juridiques significatives, à l'instar, en France, de la reconnaissance
du préjudice écologique et de l'émergence de l'action de
groupe environnementale.
Avant de plonger au coeur de leur responsabilité
légale, il est impératif de jeter un regard scrutateur sur la
nature juridique des entités qui captivent notre attention : les
entreprises, en particulier celles opérant dans le domaine des
équipements sportifs, et les fédérations sportives.
Une entreprise, en tant qu'entité de droit
privé, est une personne morale, tout comme une fédération
sportive. Les secondes, les fédérations, lesquelles ont
pour noble dessein d'orchestrer la pratique de diverses disciplines sportives,
fonctionnent en toute autonomie en tant qu'associations de type loi 1901,
officiellement déclarées en préfecture. Il est crucial de
noter que toutes les fédérations sportives doivent obtenir une
agréation de l'État pour être officiellement reconnues.
Néanmoins, un dilemme survient lorsque l'on aborde la
question des équipementiers, qui, surtout les plus renommés, se
déploient souvent à l'échelle internationale. Les grandes
marques d'équipements sportifs, telles que Nike, Oxbow, Patagonia,
Salomon, Helly Hansen etc.. sont généralement des
multinationales, ce qui ajoute une complexité aux questions de
responsabilité et de juridiction.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de
l'environnement - Université Bordeaux - 2022/2023 29
1/ L'exécution de leur responsabilité
juridique internationale
Les multinationales se forment couramment en
établissant des filiales distinctes de la
société-mère, dotées ou non de personnalité
juridique propre. La notion d'entreprise multinationale ou
transnationale, du point de vue juridique, reste toutefois délicate
à appréhender, car elle pourrait suggérer qu'une
société possède plusieurs nationalités, ce qui est
juridiquement incohérent. Au lieu de cela, une entreprise transnationale
est généralement perçue comme un réseau
d'entités nationales interdépendantes, chacune relevant du droit
de son propre pays.
Par ailleurs, le concept de "sujet de droit international" se
réfère à une entité qui possède des droits
et des devoirs en droit international et peut invoquer ces droits par des
réclamations internationales. Cela implique la capacité de
participer aux relations diplomatiques, de conclure des traités et de
présenter des réclamations internationales. Cependant, par
principe seuls les États sont des sujets de droit international.
Dans cette optique, une interrogation majeure se dessine :
les États, en qualité de régulateurs des activités
sur leur territoire, pourraient-ils être tenus responsables des
agissements des entreprises agissant sous leur juridiction? En d'autres termes,
peut-on imputer la responsabilité aux États pour ne pas avoir
suffisamment encadré les activités économiques des
multinationales dont les sociétés mères se trouvent sur
leur territoire, contribuant ainsi aux atteintes à l'environnement
souvent au-delà de leurs frontières?
L'exemple du secteur textile illustre de manière
concrète les enjeux environnementaux liés aux activités
des entreprises transnationales.
Par exemple, certains procédés industriels
classiques dans la fabrication de produits textiles sportifs, tels que les
vêtements imperméables42 et les
42 Selon l'ADEME, 20 % de la pollution
des eaux dans le monde serait due aux teintures du secteur textile, fragilisant
encore les écosystèmes aquatiques. Pour rendre les surfaces
imperméables et anti-tâches, ce sont des composés
perfluorés (PFC) qui sont privilégiés. Ces produits
chimiques, qui peuvent affecter les systèmes reproductif et endocrinien
des animaux, sont très volatiles. Lors d'une expédition en 2016,
nous les avons retrouvés dans les endroits les plus isolés de la
planète, en Patagonie ou dans les Alpes.
https://www.senat.fr/questions/base/2022/qSEQ220700619.html
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 30
combinaisons néoprènes, impliquent notamment
l'utilisation intensive de produits chimiques, accentuant les
préoccupations environnementales. Par conséquent, une
société mère d'équipement sportifpeut être
«à l'origine» (par l'intermédiaire de son fournisseur,
sous-traitant ou filiale) de pollution de l'eau en Asie, engendrés par
des systèmes de traitement des eaux usées insuffisants qui se
rejettent directement dans des cours d'eau.
Un aspect crucial concerne également la fin de vie de
ces produits, où une pratique courante consiste à les acheminer
vers des pays tels que le Ghana, le Chili contribuant à la
prolifération des décharges à ciel ouvert, des
«tentacules de vêtements envahissent même les plages»
contribuant à la détérioration de
l'écosystème océanique.43
Face à ces problématiques il s'agit
d'interroger les limites et les implications juridiques de la
responsabilité des acteurs économiques, ainsi que la
responsabilité des États hôtes dans le contrôle et la
régulation des activités des entreprises sur leur territoire.
Jusqu'à présent, la Cour internationale
de Justice (CIJ) n'a pas prononcé de condamnations à l'encontre
d'États pour les actions néfastes de leurs entreprises nationales
ou de leurs fédérations sur l'environnement d'autres
pays.
Le 2 février 201844, la CIJ avait rendu une
décision historique reconnaissant la responsabilité d'un
État pour les dommages environnementaux causés à un autre
État. Concrètement, elle a établi que les dommages
environnementaux donnent droit à une réparation, en plus des
coûts de restauration de l'environnement dégradé. Dans
cette affaire, le Nicaragua a été condamné à
indemniser le Costa Rica pour des dommages résultant de canaux
creusés sur un territoire costaricain engendrant notamment de la
déforestation. Cette décision établit une jurisprudence
pour les futurs litiges impliquant des demandes de réparation
environnementale et souligne la nécessité de réparation
pour les dommages environnementaux transfrontaliers.
Elle pourrait tout à fait être
transposée dans l'industrie du textile, très agricole
également quand bien la question de la transfrontalité est
plus
43 Documentaire «Sur le front -
Où finissent nos vêtements» d'Avril 2023
44 Case «Certain Activities Carried
Out by Nicaragua in the Border Area (Costa Rica v. Nicaragua)»,
Compensation, Judgment, I.C.J. n°113
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 31
délicate dans cette filière, les
entreprises étant souvent des acteurs occidentaux.
Néanmoins, certains États, dont la France,
ainsi que certaines de leurs entreprises, ont fait l'objet de nombreuses
«accusations journalistiques, citoyennes» dans des dossiers sensibles
tels que la gestion des déchets textiles au Ghana, la catastrophe du
Rana Plaza au Bangladesh ou encore la pollution de l'eau potable en
Afrique45 et en Asie, l'utilisation intensive de ressources
raréfiables telle que l'eau, la pollution générale
liée aux JO à Pékin, à la coupe du monde au Qatar
etc..
La CIJ, en tant que tribunal mondial, possède
une compétence limitée. Elle règle les différends
juridiques entre les États conformément au droit international
(compétence contentieuse) et fournit des avis consultatifs sur des
questions juridiques posées par les organes des Nations Unies et les
institutions spécialisées (compétence
consultative).
Le dernier avis consultatif demandé à la CIJ,
le 29 mars 2023 par l'Assemblée générale des Nations unies
(AGNU), porte sur les obligations des États en matière de climat
et d'environnement. Bien que les avis consultatifs n'aient pas la même
force contraignante que les décisions contentieuses, ils peuvent avoir
des implications significatives sur les principes de droit international
applicables aux relations entre les États et sur d'autres
procédures législatives nationales ou contentieux climatiques
régionaux et nationaux.
Il porte notamment sur les conséquences juridiques des
obligations des États en matière de changement climatique et
d'environnement, en prenant en compte la vulnérabilité
particulière des petits États insulaires en
développement.
Les résultats de cet avis pourraient
potentiellement bouleverser le système de responsabilité
générale en matière environnementale.
En parallèle, une partie de la doctrine quant à
elle poursuit ses travaux pour la reconnaissance du crime
d'écocide.46 Dès 1985, le "rapport Whitaker"
proposa
45
https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20230524IPR91913/le-parlement-veut-rendre-l-industrie-du-textile-et-de-l-habillement-plus-verte
46 Notion apparue après la guerre
du Viêt Nam, suite aux conséquences dévastatrices de
l'opération Ranch Handau, au cours de laquelle l'agent orange, un
puissant herbicide, fut déversé massivement.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 32
d'intégrer l'écocide en tant que crime autonome
aux côtés du génocide à la Commission des droits de
l'homme de l'ONU. La définition du terme a connu des évolutions
depuis. Les discussions ont porté sur la notion
d'intentionnalité. Pour certains juristes, il s'agit de la destruction
intentionnelle de l'écosystème mondial, tandis que d'autres
soutiennent que la responsabilité d'écocide devrait être de
nature objective, reposant sur les conséquences des actes plutôt
que sur l'intention.
Toutefois, malgré les avancées pour
définir et reconnaître l'écocide, des préoccupations
subsistent quant à la complexité de la mise en application d'une
loi et à son potentiel impact sur les États. Certains
experts, comme le juriste Laurent Neyret, auteur de "Des écocrimes
à l'écocide" 47estiment qu'un crime
d'écocide devrait englober des projets commis intentionnellement et
ayant une portée généralisée ou
systématique, ayant des conséquences nuisibles à la
planète et à l'environnement.
En attendant, au sein de l'industrie textile et sportive,
l'Union européenne (2/) et la France (3/) ont mis en place des
stratégies ambitieuses pour réguler ces activités,
reflétant une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux
et des efforts nécessaires pour y répondre de manière
efficace et responsable.
2/ La mise en oeuvre de leur responsabilité
juridique européenne
En mai 2016, la Commission a lancé l'examen de la mise
en oeuvre de la politique environnementale, un nouvel outil conçu pour
parvenir à une mise en oeuvre intégrale de la législation
environnementale de l'Union, qui va de pair avec son bilan de qualité
(programme pour une réglementation affûtée et performante
-- «REFIT») concernant les obligations de suivi et de rapport
découlant de la législation de l'Union en vigueur afin de la
rendre plus simple et moins coûteuse.
En 1990, l'Agence européenne pour l'environnement
(AEE), basée à Copenhague, avait déjà
été créée afin de soutenir le développement,
la mise en oeuvre et l'évaluation de la politique environnementale et
d'informer le grand public en la matière. En 2020, elle a publié
son 6e rapport concernant la situation et les perspectives de l'environnement
en Europe.
47 Bruylant, 2015
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 33
Depuis plus de 3 ans, au sein de l'Union Européenne,
nous assistons à une véritable volonté de prendre des
mesures en faveur de la protection environnementale dans divers domaines
d'activité à commencer par le textile, le sport n'y
échappent pas.
Cette démarche s'articule autour de plusieurs
réglementations majeures:
l Le règlement Disclosure (Sustainable Finance
Disclosure Regulation - (UE) 2019/2088) vise à renforcer la transparence
financière en obligeant les acteurs financiers à divulguer des
informations institutionnelles et relatives à leurs produits ainsi
qu'à leurs politiques générales.
l Le règlement Taxonomie (2020/852)
instaure un système de classification des activités
durables, établissant une nomenclature en fonction des objectifs
d'atténuation et d'adaptation au changement climatique.
l La directive CSRD (Corporate
Sustainability Reporting Directive - (EU) 2022/2464) publiée le 16
décembre 2022, entrant en vigueur le 1er janvier 2014 requiert des
entreprises européennes un reporting extra-financier
détaillé, incluant des informations environnementales fiables,
pour offrir une vision complète de leur durabilité.
Cette dernière modifie quatre textes européens
existants : la directive Comptable, la directive Transparence, la directive
Audit et le règlement Audit. Elle intègre des changements
notables comparés à la directive NFRD (Non Financial Reporting
Directive), de 2014 :
- Un champ d'application élargi, incluant notamment
toutes les sociétés cotées sur les marchés
réglementés européens, sauf les micro-entreprises.
- Des obligations de reporting renforcées et
standardisées, avec des informations détaillées sur les
questions sociales, environnementales et de gouvernance, basées sur le
principe de "double matérialité".
- Une localisation unique dans le rapport de gestion
dédiée au reporting de durabilité.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 34
- Un format électronique européen xHTML
obligatoire avec des balises pour la taxonomie digitale.
- Une vérification obligatoire par un commissaire aux
comptes ou un organisme tiers indépendant, avec une assurance
"modérée", évoluant potentiellement vers "raisonnable"
à partir de 2028. Les règles encadrant les missions des auditeurs
seront renforcées.
Contrairement à la directive NFRD, la nouvelle
approche est contraignante pour les entreprises assujetties.
L'autorégulation et la liberté en matière de
déclaration de performance extra-financière cèdent la
place à des normes standardisées, similaires aux rapports
financiers et comptables. Ces normes précises assurent une
équité de traitement entre les entreprises d'un même
secteur. La transition majeure réside dans le passage de la
déclaration libre et non vérifiée à l'application
de normes contraignantes et réglementées.
Bien que le texte exhorte les États à assurer
une mise en oeuvre effective des sanctions et des contrôles, une
uniformisation de ces mesures ne sera pas atteinte. Les sanctions pourront
revêtir diverses formes, notamment administratives, sous forme d'amendes,
et même inclure des interdictions d'accès aux marchés
publics. Cependant, il est regrettable de craindre que certains États ne
coopéreront pas pleinement en matière de sanctions et de
contrôles.
Néanmoins, si le texte est transposé de
manière adéquate, il est susceptible de démontrer son
efficacité et d'imposer des contraintes aux équipementiers qui
relèvent de son champ d'application. Ces acteurs sont déjà
en train de se préparer pour se conformer à ces dispositions
dès avant même la transposition officielle !
l La proposition de directive CSDDD
(Corporate Sustainability Due Diligence Directive) de février 2022,
actuellement à l'étude, élargirait le champ d'application
du devoir de vigilance à toutes les grandes entreprises
européennes ou opérant sur le territoire européen. Ainsi,
elle obligerait les entreprises européennes à divulguer des
informations sur les risques de durabilité identifiés ainsi que
sur les mesures entreprises pour les atténuer, y compris au sein de
leurs fournisseurs et prestataires.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 35
Cependant, le contexte actuel est complexe car il n'y a pas de
consensus à atteindre entre les organes européens (Conseil et
Commission). Il est donc possible que la version finale qui entrera en vigueur
diffère totalement du projet actuel.
l Le remplacement de la directive
2009/125/CE48 relative à l'écoconception.
L'actuelle directive sur l'écoconception a établi des
exigences en matière d'efficacité énergétique
couvrant 31 groupes de produits. Le nouveau règlement quant à
lui, dont une proposition a été soumise le 15 mai
202349, devrait élargir le champ d'application des exigences
fixées en matière de durabilité environnementale pour y
inclure presque tous les types de biens mis sur le marché de l'UE. Il
établit un "passeport numérique de produit" et fixe des
règles concernant la transparence sur la destruction des biens de
consommation invendus et l'interdiction de cette pratique pour certains de ces
biens.
l La proposition de directive «Green
Claims» relative à lutte contre l'éco blanchiment
(«greenwashing») du 22 mars 2023.50 Le texte vise à
encadrer les allégations environnementales utilisées par les
entreprises. Les allégations de "neutralité carbone" devraient
ainsi être interdites dans l'Union Européenne si elles ne sont pas
accompagnées de "preuves détaillées". Surtout, elles ne
pourront pas être "fondées uniquement sur la compensation des
émissions carbone". Il encadrerait aussi d'autres allégations
vagues et non fondées comme "produit vert", "biodégradable" ou
encore "écologique" venant précisément les définir
ainsi que leur utilisation.
Bien que le texte suscite encore des critiques et soit
perçu comme insuffisant en autorisant toujours la publicité pour
les combustibles fossiles en tant que produits durables, son adoption
marquerait néanmoins une avancée notable en termes de
transparence et d'éducation des consommateurs sur le marché.
Il répondrait à une nécessité
accrue compte tenu de la forte augmentation des cas de greenwashing
observés depuis 2012, comme en témoignent les
48
https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:285:0010:0035:fr:PDF
49
https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-9014-2023-INIT/fr/pdf
50
https://environment.ec.europa.eu/publications/proposal-directive-green-claims_en
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 36
informations présentées dans
l'annexe 1 (Bilan 2022 Ademe et ARPP) ainsi que les exemples
exposés dans l'annexe 2.
Des mesures moins rigoureuses du point de vue juridique, mais
établissant des normes sur le marché, ont également
été récemment mises en place, telles que la
stratégie textile51 ou le plan d'action pour
l'économie circulaire dit aussi paquet économie circulaire
européen.52
La Commission européenne a pris une mesure
significative en mars 2020 en adoptant le nouveau plan d'action pour
l'économie circulaire. S'inscrivant comme l'un des piliers centraux
du Pacte vert pour l'Europe, cette feuille de route ambitieuse trace la voie
vers une transition vers une économie circulaire, visant à
atténuer la pression sur les ressources naturelles et à
encourager des emplois et une croissance durables. Fondamental pour
réaliser l'objectif de neutralité carbone de l'UE d'ici 2050 et
pour contrer la perte de biodiversité, ce plan d'action préconise
une série d'initiatives qui couvrent l'ensemble du cycle de vie des
produits. En influençant leur conception, en faveur de processus
d'économie circulaire, en favorisant la consommation durable, et en
limitant la production de déchets tout en maximisant la
durabilité des ressources utilisées. L'UE et les autorités
nationales doivent d'ailleurs s'assurer que les politiques mises en place sont
efficaces et potentiellement d'identifier les meilleures pratiques.
En 2023, la Commission a révisé ce
cadre de suivi de l'économie circulaire, précédemment
adopté en 2018. La révision ajoute de nouveaux indicateurs
sur:
l'empreinte matérielle et la
productivité des ressources - pour surveiller l'efficacité
matérielle
l'empreinte de consommation - pour vérifier
si la consommation de l'UE s'inscrit dans les limites
planétaires.
Puis, le 30 mars 2022, cette dernière a enrichi et
entériné cette volonté de transformation structurelle du
marché européen en faveur de pratiques plus responsables en
adoptant la stratégie de l'Union européenne en faveur de
textiles durables et circulaires, englobant
l'intégralité du cycle de vie des produits textiles et proposant
des mesures pour transformer notre manière de produire et de consommer
ces articles. Cette initiative vise à mettre en oeuvre
51
https://environment.ec.europa.eu/publications/textiles-strategy_fr
52
https://environment.ec.europa.eu/strategy/circular-economy-action-plan_fr
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 37
les engagements énoncés dans le Pacte vert pour
l'Europe, le nouveau plan d'action pour l'économie circulaire et la
stratégie industrielle pour le secteur textile. Le premier juin 2023, le
Parlement a adopté des recommandations pour cette stratégie.
Le texte préconise une durabilité accrue des
produits textiles commercialisés au sein de l'UE, encourageant leur
facilité de réutilisation, de réparation et de recyclage.
Dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, la production doit
respecter non seulement les droits humains, sociaux et du travail, mais
également l'environnement et le bien-être animal. Les
députés européens aspirent à mettre fin
à la "fast fashion", ou mode éphémère, en
instaurant des mesures appropriées ; phénomènes pouvant
également être présents dans le domaine sportif, qui plus
est, depuis que le sportswear est devenu une mode53.
Parmi les mesures spécifiques à inclure dans la
future législation de l'UE, le Parlement insiste sur la
nécessité d'accroître l'information à disposition
des consommateurs pour faciliter des choix durables. Ils exigent l'interdiction
de la destruction des textiles invendus et retournés, ainsi que la mise
en place de règles claires pour combattre le "greenwashing" des
producteurs. Cette démarche comprend notamment les efforts en cours pour
sensibiliser les consommateurs à la transition verte et
réglementer les allégations environnementales.
En outre, les députés appellent à
l'instauration d'objectifs spécifiques distincts dans la future
révision de la directive-cadre relative aux déchets, concernant
la prévention, la collecte, la réutilisation et le recyclage des
déchets textiles. Ils pressent la Commission de lancer promptement
l'initiative visant à minimiser les rejets de microplastiques et de
microfibres dans l'environnement.
Toutefois, il convient de souligner que ces diverses
dispositions légales plus ou moins contraignantes, s'appliquant
majoritairement aux équipementiers plutôt qu'aux
fédérations exceptées pour celles liées à la
publicité, sont encore très récentes. Il est donc
difficile d'évaluer leur efficacité d'un point de vue juridique.
Cependant, elles exercent indéniablement une pression sur les
équipementiers du marché pour entreprendre des réformes
substantielles,
53 Le sportswear est un courant de mode
majeur désignant l'utilisation de vêtements de sport dans un usage
détourné
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 38
englobant l'ensemble de la chaîne de valeur
(cf annexes 3 et 4). Bien que les instances judiciaires
européennes n'aient pas encore émis de sanctions en vertu de ces
dispositions, elles fournissent néanmoins des fondements juridiques pour
l'élaboration de législations nationales lors de la transposition
de directives ou autres mesures.
Qu'en est-il de la mise en oeuvre de ces législations
nationales, notamment en France?
3/ La mise en oeuvre de leur responsabilité
juridique nationale française
Au mois de mai dernier, le Président de la
République a fait une demande audacieuse en faveur d'une pause dans
l'élaboration de stratégies et de législations
environnementales. Cela s'ajoute aux nombreux médias qui font
régulièrement écho au constat que "la France accuse un
retard par rapport à la moyenne européenne" en
matière de questions environnementales. Parallèlement, la France
est fréquemment pointée du doigt dans des affaires telles que
"l'Affaire du Siècle"54, les décisions "Amis de la
Terre"55 ou encore de Grande Synthe56, d'ailleurs la
déclaration du président est intervenue le lendemain du rappel
à l'ordre par le Conseil d'état quant aux mesures à
appliquer dans le cadre de cette affaire pour son inaction et le non-respect
des engagements qu'elle a pris, notamment les Accords de Paris.
Néanmoins, elle a également joué un
rôle d'inspiration et de précurseur dans certains domaines (devoir
de vigilance), ayant contribué à l'élaboration de
nouvelles directives et réglementations européennes (CSRD par
exemple). Et, de manière générale, la France transpose ces
textes au niveau national.
Voyons quel est le contexte judiciaire pour nos acteurs.
a. Le bilan GES
54 TA de Paris, décision du 14
octobre 2021, 4ème section - 1ère chambre, P.1°s 1904967,
1904968, 1904972, 1904976/4-1
55 Dernière décision
rendue par le CE le 17octobre 2022, 6ème - 5ème chambres
réunies, P.1° 428409
56 CE, décision du 10 mai 2023, 6
ème et 5ème chambres réunies, P.1° 467982
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 39
L'instauration de l'obligation de réaliser un bilan des
émissions de gaz à effet de serre (bilan GES) en France
émane de la loi Grenelle 2 de 201057, marquant une
étape majeure dans le cadre de l'engagement environnemental du pays.
Cette exigence s'applique à diverses catégories d'acteurs,
notamment les entreprises de plus de 500 salariés, les
établissements publics de plus de 250 salariés et les
collectivités locales de plus de 50 000 habitants, ainsi que les
services de l'État. Decathlon, Intersport, Salomon etc.. y sont par
exemple soumis.
Le contenu de ces bilans, dûment publiés tous
les trois ans (quatre ans pour les entreprises), doit être accessible en
ligne sur la plateforme BEGES site de l'Ademe depuis 2016. L'objectif
sous-jacent à cette mesure est d'inciter les organisations à
identifier et quantifier les sources d'émissions de gaz à effet
de serre inhérentes à leurs activités, tout en initiant
des réflexions sur les actions à entreprendre pour en
réduire l'impact.
Cependant, la réalité du terrain
révèle que cette obligation n'a pas rencontré le
succès escompté. En effet, une proportion significative, soit 65%
des 4 970 entités assujetties à cette démarche, n'a pas
respecté cette exigence en 2021, marquant une nette
détérioration par rapport aux 40% de non-conformité
observés en 2013. Les raisons de cette réticence varient, allant
de l'absence de sanctions significatives à la prédominance d'une
approche pédagogique dans les actions de contrôle de la part de
l'État58.
Et, pour ceux qui s'y conforment, la qualité des
bilans GES laisse parfois à désirer, notamment en raison de leur
imprécision. Il est intéressant de noter que la prise en compte
du "scope 3", autrement dit les émissions indirectes, était
initialement recommandée mais non imposée, compliquant davantage
la situation. Concrètement, en cas de non-conformité à
cette obligation, l'entreprise s'expose à une amende de 10 000 €,
montant pouvant s'élever à 20 000 € en cas de
récidive. Pourtant, cette sanction doit être prise au
sérieux, car elle témoigne de la gravité de l'infraction.
(En 2018, le montant de l'amende était fixé à 1500 €
mais il était tellement faible que peu se conformer à cette
obligation). (cf annexe 5 - Site Ademe et exemple
bilan)
Si l'accomplissement des devoirs légaux relatifs aux
bilans GES demeure en équilibre instable et que bon nombre
d'équipementiers tirent leur épingle du jeu,
57 Cf note de bas de page
n°20
58
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/03/24/l-echec-du-bilan-carbone-obligatoire-symbole-du-mepris-des-enj
eux-climatiques_6166785_4355770.html
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 40
la France détient une arme redoutable, susceptible de
marquer un précieux but dans la lucarne de l'engagement de la
responsabilité : le devoir de vigilance. Ce dernier sort clairement les
entreprises de leur zone de confort et les incite à amorcer une
transformation profonde.
Dans une perspective à venir, couplée aux
nouvelles exigences européennes, il pourrait bien devenir un engin de
glisse pour actionner réellement leur responsabilité.
b. Le devoir de vigilance
Contrairement aux normes courantes relatives à la
responsabilité des entreprises, lesquelles généralement
instaurent un simple devoir de divulgation et d'établissement de
rapports, la France a institué un régime d'une nature plus
contraignante59. Pour les grandes entreprises, ce régime peut
les exposer à des responsabilités tant pénales que civiles
pour les préjudices portés aux droits humains, sociaux et
environnementaux au sein de leur chaîne de valeur.
L'essence du devoir de vigilance réside dans
le principe juridique exigeant des grandes entreprises l'adoption de
mesures pour identifier, anticiper et atténuer les risques
inhérents aux droits humains, à l'environnement, ainsi
qu'à la santé et à la sécurité, tout au long
de leur chaîne de valeur. Il se détache par son
caractère exceptionnel, en repoussant les frontières de la
responsabilité légale : il transforme une obligation de
transparence en une obligation de mettre en pratique un plan de vigilance,
assorti d'actions tangibles et raisonnables. (cf annexe 6 : exemple
d'un plan de vigilance publié par Decathlon en 2023).
Si aucun cas de condamnations dans le domaine de l'industrie
textile du sport n'est à ma disposition en ce moment, il demeure
impératif de ne pas sous-estimer ce risque car c'est en vertu de
celui-ci que la condamnation du groupe Total a pu être prononcée
en 2021 pour négligence de son obligation de vigilance, en lien avec une
pollution émanant de la raffinerie de Donges en 200860.
Et, en 2020, le groupe de distribution français Carrefour a
également été traduit en justice pour non-respect de son
devoir de vigilance dans le contexte de la gestion de sa chaîne
d'approvisionnement en Colombie. Ces affaires ont mis en lumière la
responsabilité des entreprises, y compris leurs filiales et
fournisseurs, et ont illustré le caractère impératif du
devoir de
59 loi mentionnée note de bas de
page n°22
60
https://www.dalloz-actualite.fr/flash/devoir-de-vigilance-dans-main-du-tribunal-judiciaire-de-paris
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vigilance pour les entreprises, afin qu'elles assument
pleinement leurs responsabilités sociales.
c. La lutte contre le gaspillage et la promotion de
l'économie circulaire Bonne élève, afin de
respecter ses engagements de transposition du paquet économie circulaire
européen, le 11 février 2020, la promulgation de la "Loi
anti-gaspillage pour une économie circulaire" (AGEC) a marqué un
tournant, bénéficiant d'une adoption quasi-unanime
à l'Assemblée Nationale et au Sénat, soulignant
l'engagement important de la sphère politique.
Le texte est particulièrement dense et se focalisent sur
4 grands axes :
l La préservation des ressources.
l La mobilisation des acteurs économiques.
l L'information des consommateurs.
l L'amélioration de la collecte des déchets.
Bien que tous les secteurs soient touchés, la
filière textile est fortement impactée, et celle des articles de
sport plus largement, n'y échappe pas.
Quels sont donc les impacts majeurs?
-9 Logo Triman - autrement dit
'étiquette info-tri afin de guider les consommateurs sur le tri de leurs
vêtements à la fin du cycle de vie, obligatoire depuis 2021,
article 17 (cf annexe 7).
Cependant, ce logo est fortement controversé, en
effet, la Commission européenne a engagé une procédure
à l'encontre de la France concernant l'utilisation du logo Triman de la
loi AGEC, alléguant une entrave à la libre circulation des
marchandises.
-9 Le plastique à usage unique : Bien
que la mode ne soit pas directement visée, la loi annonce
déjà la fin du plastique jetable d'ici 2040. Dans le textile,
mais pour les articles de sport en général, le plastique
était largement utilisé pour les emballages.
Heureusement, de nombreuses entreprises du secteur avaient
déjà entrepris par anticipation et par conviction, des projets
ambitieux pour réduire leur usage du plastique, notamment dans leurs
emballages.
-9 Interdiction de détruire les invendus :
Selon l'article 35, depuis le 31 décembre 2021, les enseignes,
producteurs, distributeurs et plateformes en ligne sont tenus de donner ou
recycler leurs invendus. Pour encourager
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le don, l'obligation de régulariser la TVA sur les
invendus a été levée.
Affichage environnemental : l'article 15 de
la loi AGEC prévoyait le développement collaboratif avec l'ADEME
d'un affichage environnemental, cet article de la loi AGEC a été
abrogé mais repris par l'article 2 de la loi "Climat et
résilience61". Aussi, une expérimentation de
l'affichage environnemental dans le secteur des textiles d'habillement a eu
lieu et s'est achevée le 30 septembre 2022, des acteurs comme Decathlon
y ont participé. Son but était d'évaluer
différentes approches pour communiquer les performances
environnementales des produits textiles, en se basant sur une analyse du cycle
de vie. Les méthodes retenues ont désormais étaient
soumises à consultation, un décret d'application devrait
être publié d'ici la fin de l'année exposant les
différentes méthodes retenues et rendant l'affichage obligatoire.
La commission européenne s'est aussi intéressée au sujet
définissant la Product Environmental Footprint (PEF), une méthode
de calcul de l'empreinte environnementale d'un produit, celle-ci devait
être en 2022, elle est encore en suspens. (cf annexe 8 -
affichage environnemental des produits Decathlon).
Source:
Decathlon.fr
Affichage des caractéristiques du produit :
selon l'article 13 notamment de :
61 Loi n° 2021-1104 du 22
août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets
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- la traçabilité géographique, à
l'échelle du pays, des 3 étapes de fabrication suivantes : la
confection, la teinture et l'impression, le tissage et le tricotage.
- la présence de microplastiques : mention
«rejette des microfibres plastiques dans l'environnement lors du
lavage» lorsque plus de
50% en masse du produit est fait en fibres
synthétiques.
- la présence de ubstances dangereuses : sont
considérées dangereuses les substances dites SVHC (Substances of
Very High Concern) définies par l'article 59 du règlement
européen REACH n°1907/2006. 62
- L'incorporation de matière recyclée : mention
«produit comportant au moins [%] de matériaux
recyclés».
- Primes et pénalités : mention, au plus tard
trois mois après leur entrée en vigueur, des primes ou
pénalités reçues ou versées par la marque pour ce
produit en fonction de critères de performance environnementale.
Promotion des produits respectueux de
l'environnement : grâce à un système d'affichage,
un mécanisme de bonus/malus sur les contributions aux
éco-organismes des filières REP a été établi
(mise en oeuvre du principe pollueur-payeur). Cette mesure a d'abord
été mise en place sur le textile et les chaussures incluant
évidemment les chaussures de sport et les textiles à usage
sportif. Elle sera élargie en 2024 aux articles de sport et de loisirs
dans leur globalité. Le système des REP n'est pas nouveau en
France, ni pour le textile qui y est soumis depuis 2006 (d'où les
différentes bornes de collectes par exemple) mais la loi AGEC l'a
réformé en profondeur. Aujourd'hui, l'objectif n'est plus
seulement de traiter les déchets générés, mais
également de les prévenir. Le mécanisme est
également nouveau pour les articles de sports et loisirs (depuis
2022).
Pour s'acquitter de leurs obligations, les producteurs ont le
choix de mettre en place des structures collectives à but non lucratif,
appelées éco-organismes, ou de former leur propre système
individuel.
62 Ici, le décret et la FAQ de
janvier 2023 prévoient une période de tolérance jusqu'au
1er avril 2023, et proposent deux alternatives.
-> Soit la mention «Contient une substance
dangereuse» ou «contient une substance extrêmement
préoccupante» et les noms des dites substances, ceci au plus tard 6
mois après leur identification comme dangereuses et lorsque celles-ci
représentent au moins 0,1% en masse du produit.
-> Soit un lien internet direct vers l'application
Scan4Chem. C'est l'application qui se chargera alors de mettre à
disposition du consommateur l'information sur les substances
dangereuses.
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Re_Fashion est l'éco-organisme de la
filière textile, Ecologic est l'éco-organisme de la
filière sport.
Leurs rôles sont les suivants - exemple de Re_fashion
ci-dessous transposable à
Ecologic.
Un système d'éco-modulation a été
mis en place sur le textile:
Ce dernier a d'ailleurs fait débat. En effet, dans
une action intentée en 2017, l'éco-organisme Refashion a
contesté la modification du cahier des charges qui alourdit les charges
financières de l'éco-organisme en revalorisant les barèmes
de soutien aux acteurs de tri dans la filière textile, linge de maison
et chaussures relevant de la REP. Cette situation met en lumière la
question de savoir si le dispositif de la REP peut être qualifié
d'aide d'État selon le droit européen, une qualification qui
pourrait remettre en question le système dans son ensemble. Toutefois,
la Cour de justice de l'Union européenne sollicité par
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le juge français dans le cadre d'un renvoi
préjudiciel, a statué63 que le système de la
REP dans la filière textile ne constitue pas une aide d'État,
à condition que les subventions restent en contrôle privé
et n'empruntent pas la voie des ressources publiques (elle reste donc conforme
à l'article 107§1 du Traité). Il faudra désormais
attendre la décision du juge français pour être fixé
sur l'interprétation de cet éclairage donné par la CJUE
à travers . Mais cette affaire maintient l'attention sur la
complexité des filières REP.
Toutefois, si cette affaire vient apporter une nuance, la
dynamique initiale au profit de l'économie circulaire reste effective.
Le 20 avril 2023, Christophe Béchu et Bérangère Couillard
ont sollicité une accélération de la mise en oeuvre du
bonus réparation pour les articles textiles. De même, en juillet
2023, une annonce a confirmé qu'à partir d'octobre 2023, les
citoyens français auront la possibilité de
bénéficier d'une assistance financière pour la
réparation de leurs vêtements ou chaussures dit
«Bonus réparation». Ce soutien financier,
variant de 6 à 25 euros, s'inscrit toujours dans le cadre de la loi
Agec.
d. Climat, résilience et
écoblanchiment
Nous avons abordé cette loi à plusieurs
reprises tout au long de notre étude, il n'est pas nécessaire d'y
revenir.
En dernier lieu, il serait possible de citer la loi sur la
reconquête de la biodiversité du 8 août 2026 qui
prévoit un délit de mise en danger de l'environnement. Les
personnes ayant exposé l'environnement à un risque de
dégradation durable de la faune, de la flore ou de l'eau seront
passibles d'une amende de 250 000 € et de trois ans
d'emprisonnement.64
Un dispositif contraignant est en place, accompagné de
mesures répressives de nature civile, pénale et administrative,
visant tant l'entité morale (entreprise) que la personne physique du
dirigeant(cadre strict rigoureusement défini dans ce second
cas65). Néanmoins, il est manifeste que ce cadre
réglementaire demeure
63 21 octobre 2020 (affaire
C-556/19)
64 Article L.173-3-1 du Code de
l'environnement
65 Le droit pénal de
l'environnement recherche la responsabilité propre du dirigeant
au-delà de la responsabilité de la personne morale. Il incombe
personnellement au dirigeant de veiller au respect de la réglementation
et donc sa responsabilité peut être personnellement engagée
(Cass. crim., 28 févr. 1956, n° 53-02.879).
Le Code de l'environnement prévoit des peines
d'amendes: le fait est punissable dès lors que la
matérialité de l'infraction est constatée et des
délits avec des peines d'emprisonnement. En cas de faute d'imprudence,
de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de
sécurité prévue par la loi ou le règlement, il y a
délits'il est établi que l'auteur des faits n'a pas accompli les
diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de
ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du
pouvoir et des moyens dont il disposait.
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d'une récente instauration, d'où l'absence
actuelle de précédents judiciaires. Toutefois, cette situation
semble être sur le point de changer dans un futur proche.
En effet, les sociétés Adidas et New
Balance ont récemment été engagées dans une
procédure légale à l'initiative d'une plainte émise
par l'association Zero Waste France, alléguant des pratiques de
greenwashing. À ce stade, l'affaire est encore en cours d'examen. Est-il
possible que cette affaire aboutisse à une première
décision de principe, susceptible de jeter les bases d'une future
jurisprudence?
Le 2 juin 2023, la Commission Suisse pour la
Loyauté a reconnu que la FIFA s'est livrée à du
"greenwashing" en prétendant que la Coupe du Monde au Qatar était
neutre en carbone, ce qui est largement contesté. Bien que
cette décision n'ait pas de portée juridique contraignante, la
Commission jouit d'une renommée significative, ce qui implique que son
avis pourrait exercer une influence considérable sur les futures
décisions judiciaires en Suisse et au-delà, voire au niveau
international.
D'autres facteurs expliquent la présence
limitée de précédents judiciaires jusqu'à
présent. Cependant, les sanctions actuellement prononcées
demeurent peu nombreuses, en partie en raison des alternatives offertes par le
droit pénal, notamment la convention judiciaire
environnement.66 Cette convention, ayant une orientation
économique marquée, se matérialise sous la forme d'un
contrat conclu entre le parquet et le contrevenant environnemental, s'inspirant
des principes du droit de la consommation. Son objectif principal étant
de préserver la compétitivité des entreprises
françaises et de leur permettre de continuer à accéder
à des marchés publics et internationaux. En effet,
posséder un casier judiciaire peut entraîner l'exclusion de
certaines opportunités commerciales, d'où cette alternative.
Par ailleurs, dans le domaine du droit administratif, les
mesures favorisent souvent la remise en conformité lors des
contrôles, et les amendes ou les poursuites pénales restent des
mesures plus rares. Par exemple, parmi les 1 100 établissements
soumis à des contrôles en 2021 et 2022 concernant le greenwashing,
les enquêteurs de la DGCCRF ont émis 141
avertissements,
66 introduite par la loi n°
2020-1672 du 24 décembre 2020 relative au Parquet européen,
à la justice environnementale et à la justice pénale
spécialisée
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114 injonctions, et seulement 18 procès-verbaux
pénaux ou administratifs ont été
dressés67.
Actuellement, il semble évident que le risque le plus
pressant ne réside pas dans le domaine juridique, étant
donné que les procédures légales sont souvent sujettes
à des délais considérables, exigeant probablement un
délai de deux à trois ans avant l'émergence des
premières jurisprudences. En contraste, le risque réputationnel
du "Name and shame" opère à une vitesse
vertigineuse. Initié par des consommateurs, des associations ou
même des sportifs de haut niveau de mieux en mieux informés
grâce aux évolutions législatives récentes, cette
tendance s'intensifie, gagnant également en présence sur les
réseaux sociaux professionnels, tels que LinkedIn, où des alertes
sur le greenwashing abondent. Par exemple, le récent
incident médiatique lié au Paris Saint-Germain lors de leur
trajet Paris-Nantes en avion reste dans les mémoires.
Néanmoins, malgré ces considérations, de
nombreuses entreprises demeurent fidèles à leurs convictions,
pleinement conscientes des implications que ces questions suscitent pour le
terrain de jeu de leurs utilisateurs sportifs, ainsi que pour leur
bien-être mais aussi de la viabilité de leurs activités
économiques. Par conséquent, en plus de se conformer
rigoureusement aux nouvelles exigences visant à remodeler de
manière structurelle leurs modèles économiques et leurs
chaînes de valeur, ces entreprises n'hésitent pas à
entreprendre volontairement des initiatives environnementales plus ambitieuses,
tout en tentant activement d'influencer positivement le marché pour
accélérer l'adoption de normes aux exigences plus
élevées.
67 Bilan de la première grande
enquête de la DGCCRF sur l'écoblanchiment des produits
non-alimentaires et des services
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Partie 2. Surfer sur l'éclosion des
Possibilités : La
Responsabilisation RSO comme Sprint Vers la
Durabilité ; l'Influence comme foils des futures
réglementations.
Il s'agira à présent de se détourner des
eaux troubles pour embrasser la puissance des vagues de l'innovation, laquelle
peut trouver sa source dans la responsabilisation sociétale (A).
Enfin, comme disait Mark Twain « ils ne savaient pas que
c'était impossible, alors ils l'ont fait », il est également
possible pour ces acteurs de dompter les vents et les courants les plus
capricieux et d'influencer les flots juridiques futurs (B).
A. Prendre la vague de l'innovation : La RSO, une
stratégie gagnante pour se démarquer
La Responsabilité Sociale des Organisations (RSO),
émergeant de l'évolution de la Responsabilité Sociale des
Entreprises (RSE), représente un concept dont l'histoire remonte au
XVIIIe siècle ; laquelle a connu une transformation significative.
En effet, les prémisses de la RSO prennent racine dans
des événements historiques tels que le boycott par des
consommateurs anglais du sucre de canne des Caraïbes, produit grâce
à l'esclavage, et les premières lois régulant le travail
industriel au XIXe siècle en Europe. Cette maturation se poursuit
après la Première Guerre mondiale avec la création de
l'Organisation Internationale du Travail (OIT), qui avait pour objectif de
mettre en place des normes internationales du travail en faveur de la justice
sociale.
Le concept de responsabilité, tel que nous le
comprenons aujourd'hui, émerge aux États-Unis dans les
années 1950, grâce à l'ouvrage d'Howard Bowen, "Social
responsibility of the businessman," qui interroge la place de l'entreprise dans
la société par rapport à la liberté d'entreprendre.
Les années 1970 marquent une prise de conscience accrue de l'impact des
firmes multinationales,
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conduisant à des initiatives non contraignantes pour
encadrer leur action, telles que la création du Centre des Nations Unies
pour les Sociétés Transnationales en 1974 et l'adoption des
Principes Directeurs de l'OCDE en 1976.
La définition de la RSE se précise au
début des années 2000 grâce à la Commission
Européenne, qui la définira en 2001 comme un engagement
volontaire des entreprises dépassant les obligations juridiques pour
investir davantage dans le capital humain, l'environnement et les relations
avec les parties prenantes. La notion évolue en 2010 avec les travaux de
John Ruggie et le rapport "protect, respect, remedy" qui
mettent en avant les responsabilités conjointes de l'État, de
l'entreprise, et des citoyens. Cette approche conduit à l'adoption de
nouveaux textes en 2011, à la fois au niveau européen et mondial,
et élargit le concept en celui de "Responsabilité
Sociétale des Organisations" (RSO), incluant les aspects
environnementaux, éthiques, et les relations avec les parties prenantes.
Ainsi, la RSO est désormais une approche globale exigeant une attention
accrue aux conséquences des actions collectives sur l'environnement
social et naturel, et à leur contribution au bien-être. Cette
transformation reflète la prise de conscience croissante de
l'interconnexion entre les entreprises, la société et
l'environnement, mettant en lumière la nécessité d'une
gestion plus responsable et inclusive de toutes les formes d'organisations. Vue
sous un angle managérial, elle représente les modalités de
réponse de l'organisation aux interpellations sociétales, en
développant des stratégies, des dispositifs de management, de
conduite du changement, ainsi que des méthodes de pilotage, de
contrôle, d'évaluation, et de reddition.
Comme nous l'avons examiné précédemment,
la RSO est née d'une aspiration à dépasser les obligations
légales contraignantes. Malgré tout, actuellement en Europe, son
enracinement demeure grandement influencé par la "hard law",
c'est-à-dire les règles de droit obligatoires. Cependant, nous
les avons déjà examinées dans la première partie de
notre étude. Par conséquent, notre attention se portera
désormais sur les sources "informelles", telles que la soft law
incarnée par les normes et les labels (1/), l'influence et les attentes
des sportifs (2/).
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1/ Le rôle crucial des normes et des
labels.
Les normes, à 95% volontaires, deviennent obligatoires
lorsqu'elles sont citées dans un texte contraignant (règlement
européen par exemple). Initiées par les acteurs du marché,
elles représentent un cadre de référence visant à
fournir des directives et des prescriptions techniques ou qualitatives pour des
produits, services, ou pratiques, dans l'intérêt
général. En tant que cadre de référence, elle offre
donc des lignes directrices pour améliorer les pratiques et promouvoir
des comportements responsables. Elle résulte d'une co-production
consensuelle entre les professionnels et les utilisateurs engagés dans
son élaboration. Ce processus participatif garantit une norme pertinente
et adaptée aux besoins du secteur concerné. Il est important de
noter que l'adhésion à une norme volontaire est laissée
à la discrétion des organisations.68
Un label et notamment RSE est défini quant à
lui comme une attestation de garantie octroyée par une tierce partie,
qui caractérise la démarche RSE/RSO mise en oeuvre par une
entreprise, conformément aux lignes directrices de la norme ISO
26000.
La norme ISO 26000 incarne le premier
standard international en matière de RSE, proposant des directives
essentielles pour orienter et conduire une stratégie.
Édité en 2010 après cinq années de collaboration
impliquant 99 pays, ce document normatif majeur est le fruit d'un processus
exhaustif. En 2020, cette norme a fait l'objet d'une révision
significative pour demeurer en phase avec les évolutions contemporaines.
l'ISO 26000 s'adresse à tous ceux qui reconnaissent que l'adoption d'un
comportement socialement responsable et respectueux de l'environnement
constitue un pilier fondamental de la réussite. Elle sert
également de référence pour évaluer l'engagement
des organisations envers le développement durable et apprécier
leur performance globale en matière de RSO.
D'ailleurs, quelle est donc la différence entre
développement durable et RSO ? Il est essentiel de le
préciser.
«Selon l'ADEME, le développement durable est
« un mode de développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs. »
68 Définition de l'AFNOR :
https://www.afnor.org/normes/normes-definition/
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D'après les définitions des deux notions, on
remarque que ces deux concepts sont assez similaires. Néanmoins, on peut
dire que la RSO est une déclinaison du développement durable en
entreprise sur une base volontaire. Autrement dit, la RSO est l'application du
développement durable dans une entreprise.»69
a. L'encadrement des organisations
Les certifications et labels tels que B Corp, Lucie
26 000, et EcoVadis se dressent en piliers majeurs pour les
organisations. Leur reconnaissance repose sur la garantie qu'ils offrent
concernant le respect de l'environnement et de la santé à travers
l'intégralité du cycle d'activité d'une entreprise. Leur
obtention procure un avantage concurrentiel indéniable.
Cette «étiquette» facilite ainsi
l'acquisition de parts de marché. Les performances environnementales,
sociales, éthiques mises en avant dans les stratégies
commerciales et de communication s'érigent aussi en un facteur
décisif pour la distinction et la compétitivité. Celles-ci
sont également source de fierté pour les employés
contribuant à la diffusion de valeurs telles que la
sobriété, le respect des communautés, l'inclusion,
l'équité, la redistribution équitable de la valeur
économique créée etc.. Cela permet de fidéliser ses
collaborateurs et en outre de faciliter le recrutement.
Des recherches ont d'ailleurs montré que les
entreprises certifiées ISO 14001 constatent en moyenne une augmentation
de 16 % de la productivité de leurs salariés par rapport aux
sociétés non-certifiées.70
L'approche de la labellisation ou de la certification
environnementale permet à l'entreprise de se saisir concrètement
de son impact sociétal. Des aspects tels que la gestion des
consommations d'énergie, des fluides, des déchets et des
politiques d'achat se révèlent être autant de leviers pour
rationaliser les dépenses tout en améliorant la
sobriété environnementale par exemple. L'adoption d'un
système de management responsable, validé par un label ou une
certification, renforce la maîtrise des coûts et des risques, tout
en préparant l'entreprise aux évolutions de la
réglementation environnementale.
Le mouvement B Corp (ou B Corporation)
à l'origine du label B Corp est né en 2006 aux
Etats-Unis à l'initiative de trois entrepreneurs : Bart Houlahan, Jay
69
https://www.hellocarbo.com/blog/communaute/label-rse/
70
https://www.entreprises.cci-paris-idf.fr/web/transition-ecologique/valoriser-engagement/pourquoi-label-ou-certification-ec
ologique
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Coen Gilbert et Andrew Kassoy. Historiquement, il est le plus
ancien «ayant fait ses preuves.
Il se démarque en évaluant globalement les
performances sociales et environnementales d'une entreprise grâce
à l'évaluation B Impact. Celle-ci analyse l'impact des
activités et du modèle économique de l'entreprise sur les
employés, la communauté, l'environnement, les clients et la
gouvernance. La certification B Corp confirme le respect des normes les plus
rigoureuses en termes de performance vérifiée. Elle favorise
également la création d'un réseau d'entreprises
engagées, encourageant la collaboration, la convergence et les
échanges pour une progression collective, contribuant ainsi à la
transformation des marchés actuels.
Il s'inspire de la norme ISO 26 000 mais pas exclusivement,
il croise les exigences issues de cette norme avec les bonnes pratiques de ses
membres, les besoins des marchés, les analyses sectorielles,
scientifiques pour définir ses exigences et les améliorer
continuellement.
Rip Curl, Katmandou sont par exemple des
équipementiers labellisés B Corp.
Aujourd'hui 6 000 entreprises à travers le
monde sont labellisées dont une dizaine dans l'industrie du
sport.71
Dans la même veine, le label Lucie 26 000
largement inspiré de l'application de la norme ISO 26 000, il
s'inscrit dans une philosophie assez similaire à B Corp sans être
pour autant identique.
En parallèle, la certification EcoVadis
permet aux entreprises d'évaluer leur impact environnemental,
social et éthique, en conformité avec les grands principes de la
RSO.
Une certification se différencie de la labellisation.
Une certification, accréditée par l'État, atteste
de la conformité de l'entreprise à des normes spécifiques
émises par un organisme public tel qu'ISO. En revanche, un label est une
reconnaissance apposée par un acteur privé ou public, telle
qu'une association ou un syndicat professionnel.
Selon les chiffres de 2022, environ 750 multinationales,
représentant plus de 47 000 professionnels des achats et de la RSE, ont
choisi EcoVadis pour évaluer et surveiller leur base de fournisseurs
à l'échelle mondiale ou certains de leurs partenaires
commerciaux. À ce jour, la base de données d'EcoVadis compte
plus
71
https://www.filieresport.com/les-actualites/2023-03-13/rip-curl-entre-dans-le-club-des-certifies-b-corp
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de 90 000 entreprises évaluées, réparties
dans 175 pays et relevant de 200 secteurs d'activité.72
Enfin, nous pouvons également trouver sur le
marché des organisations accréditées norme ISO
14001, en tant que référence nationale, garantit que
l'entreprise a instauré un Système de Management Environnemental
(SME) dans une perspective d'amélioration continue.
Lorsqu'il s'agit d'adopter une approche globale RSO, il est
important de noter que plusieurs labels, certifications et
accréditations peuvent coexister au sein d'une même
structure.
En effet, ils se déclinent à
différentes échelles. Pour mieux comprendre cette
dynamique, abordons brièvement ceux inhérents aux produits et aux
services par exemple.
b. Garantir la qualité : labels et normes pour
des produits et services plus «verts»
Dans le domaine du développement des produits, plus
spécifiquement le textile sportif, plusieurs labels se distinguent en
termes de renommée et de fiabilité, parmi lesquels figurent GOTS,
GRS, RCS, OCS.73
l Global Organic Textile Standard (GOTS)
s'impose, par exemple, comme une référence pour les
fibres organiques, incorporant des critères à la fois
environnementaux et sociaux, et reposant sur une certification
indépendante de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement du
textile. Le label GOTS, valide pour une année, atteste qu'au moins 70%
du tissu est élaboré à partir de fibres naturelles issues
de l'agriculture biologique. Toutefois, les conditions de culture,
notamment celles du coton, ne sont pas toujours soumises à un
contrôle rigoureux.
l Global Recycled Standard (GRS) a
été élaborée pour répondre aux besoins des
entreprises désireuses de vérifier le contenu recyclé de
leurs produits, qu'ils soient finis ou intermédiaires, tout en
contrôlant les pratiques à dimension sociale, environnementale et
chimique responsables au sein de leur processus de production. Les objectifs de
la norme GRS englobent d'une part la détermination des exigences
72
https://support.ecovadis.com/hc/fr/articles/210459707-Qui-sont-les-clients-d-EcoVadis-
73 Liste non exhaustive
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garantissant la précision des déclarations
relatives au contenu recyclé et la qualité des conditions de
travail, et d'autre part la minimisation des impacts environnementaux et
chimiques. Cette norme s'applique aux entreprises opérant dans les
domaines de l'égrenage, de la filature, du tissage, du tricotage, de la
teinture, de l'impression et de la couture, et ce dans plus de 50 pays.
l Recycled Claim Standard (RCS), quant
à lui, permet la commercialisation de textiles élaborés
à partir de matières premières recyclées. Ce label
se caractérise par la garantie de la traçabilité des
matières premières recyclées, une communication
transparente par le biais de l'étiquetage, ainsi qu'un engagement des
parties prenantes.
l Organic Content Standard (OCS) permet
également d'assurer la traçabilité des textiles
biologiques dans le monde entier.
On retrouve aussi la certification Oeko-Tex,
proposée par une association allemande possédant 17
instituts de recherche en Europe et au Japon, il est nécessaire pour
certifier ses produits d'effectuer des tests sur les composants du produit en
vue de prouver leur non-nocivité.
Elle se décline ensuite en standards spécifiques
selon les typologies de produits concernées. On retrouve ainsi le
leather Standard by Oeko-Tex pour le cuir et le STeP by Oeko-Tex pour les
acteurs respectueux de l'environnement et de l'homme.
Ces labels, tels qu'ils soient, imposent le respect
rigoureux d'une liste de critères souvent exhaustives.
À titre illustratif, selon le standard RCS, pour
être certifiés, les produits doivent contenir au moins 5% de
matériaux recyclés.
Pour OCS, il y deux niveaux de certification : -
- OCS 100 exigeant plus de 95% de fibres biologiques
certifiées et moins de 5% de fibres additionnelles
- OCS blended, pour les produits composés d'un
mélange contenant plus de 5% de fibres biologiques
certifiées.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 55
Les produits commercialisés sous ces labels sont soumis
à des contrôles de conformité en accord avec les
cahiers des charges garantissant une assurance tout au long de la chaîne
jusqu'aux consommateurs.
La crise sanitaire de la Covid-19 a
accéléré la transformation numérique poussant les
distributeurs traditionnels à diversifier leurs modes de distribution et
accélérer leur commerce en ligne.
Certaines plateformes dites «place de marchés ou
marketplaces» spécialisées comme Colizey ont vu le jour.
Cependant, cette évolution n'est pas sans
conséquences pour l'environnement. Le numérique
représente actuellement entre 3 et 4 % des émissions mondiales
de gaz à effet de serre et 2,5 % de l'empreinte carbone nationale et
participe, par conséquent, à l'aggravation des défis
environnementaux.74S'ajoute à ça, la gestion de la
fin de vie des équipements numériques qui devient de plus en plus
complexe.
Face à ces problématiques environnementales,
certains labels se sont développés pour promouvoir le
numérique responsable. Le label NR (Numérique Responsable), par
exemple, encourage une démarche d'amélioration continue visant
à réduire l'empreinte écologique, économique et
sociale des technologies de l'information et de la communication (TIC). Il
offre des référentiels moins impactants pour les acteurs soucieux
de minimiser leur impact environnemental et favorise la réduction au
maximum de cet impact.
D'ailleurs, il est crucial de noter que toute
activité économique aura un certain impact environnemental,
cependant, la mesure de cet impact vise à en prendre conscience,
éviter les actions les plus nuisibles, le réduire au maximum et
à compenser l'impact résiduel (application de la logique ERC,
fondamentale en droit de l'environnement).
La démarche de s'engager dans des normes sectorielles
pour accroître la responsabilité au sein de leur stratégie
de développement de produits n'est pas exclusive aux seuls acteurs
économiques concepteurs d'équipements.. De fait, cette
orientation trouve également une application pertinente parmi les
organisateurs d'événements sportifs.
74 Source : https://label-nr.fr/
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c. Au coeur des événements : labels et
normes pour des événements plus responsables de
l'environnement
À l'aune du contexte actuel exigeant une transformation
structurelle de nos modes de vie, l'impératif d'incorporer des pratiques
écoresponsables dans le domaine sportif s'intensifie. Dans cette
perspective, certains labels émergent comme des vecteurs puissants de
stimulation de l'engagement écoresponsable au sein du secteur
sportif.
Le Label « Développement durable, le sport
s'engage ® », sous la houlette du CNOSF, représente
un jalon significatif dans la promotion de l'écoresponsabilité au
sein du secteur sportif français.
Lancé en 2009 suite à l'adoption de l'«
Agenda 21 du sport français » et de la « Charte du sport
français pour le développement durable », nous reviendrons
rapidement sur cette dernière, ce label atteste et met en valeur
l'engagement des organisateurs d'événements sportifs en faveur du
développement durable.
Il établit des critères environnementaux,
sociaux, économiques et éthiques pour garantir la mise en place
d'événements écoresponsables, solidaires et vertueux.
Il est assez unique et jouit d'une reconnaissance
indéniable au sein du secteur sportif français, symbolisant un
gage de confiance, de qualité et de sérieux. Son attrait
réside dans sa capacité à s'adapter à une
diversité d'événements, qu'ils soient locaux,
régionaux, nationaux ou internationaux, quelle que soit leur envergure.
Il accompagne les organisateurs dans la structuration de leurs actions
écoresponsables, encourageant un processus d'amélioration
continue d'une édition à l'autre, même en cas de changement
de lieu ou d'organisateur. Il leur offre ainsi une visibilité
précieuse tout en valorisant les efforts réalisés
auprès des parties prenantes, notamment le grand public, les
collectivités locales et les sponsors.
Depuis son lancement, ce sont près de 500
événements de toute taille qui ont été
labellisés. Au cours de ces 10 dernières années,
ces événements ont déjà permis de sensibiliser
près de 4 millions de personnes aux valeurs du sport et du
développement durable (700 000 compétiteurs, 315 000
spectateurs et 92 000 bénévoles)75. Le
DÉCASTAR qui a lieu chaque année à Talence, est
labellisé pour la deuxième fois, avec une
médaille d'argent pour la prochaine édition qui aura d'ailleurs
lieu les 23 et 24 septembre prochains - versus une
75
https://label-dd.franceolympique.com/#:~:text=Depuis%20son%20lancement%2C%20ce%20sont,CDOS%2DCROS%2DC
TOS).
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médaille de bronze en 2022, on note donc une
progression en une année seulement, preuve d'un label qui fait ses
preuves.
Parallèlement, le label Fair Play For
Planet, initié par Julien Pierre, ancien rugbyman international
et entrepreneur, représente un autre vecteur de changement dans le monde
du sport en faveur de l'environnement. En coopération avec l'ADEME, ce
label vise à améliorer le modèle économique des
entités sportives tout en préservant l'environnement et le
bien-être des individus. Il permet ainsi aux clubs, sites et
événements sportifs de mettre en oeuvre des actions
concrètes et quantifiables dans 18 catégories de
thématiques clés, grâce à un suivi sur-mesure tout
au long de la labellisation. Avec plus de 350 critères et trois
niveaux de labellisation, ce label encourage la démarche
d'amélioration continue.
L'Olympique Lyonnais est labellisé Fair
play avec un score de 77,22 points /100
Enfin, la norme ISO 20121:2012, axée
sur la gestion responsable des événements, offre un cadre
international pour la planification et la mise en oeuvre
d'événements durables. Conçue en collaboration avec des
parties prenantes clés parmi lesquelles des membres de l'équipe
chargée de la durabilité pour le Comité d'organisation des
Jeux olympiques et paralympiques de Londres76, elle permet
d'identifier, d'éliminer ou de réduire les impacts
négatifs potentiels des événements sur les plans social,
économique et environnemental. En favorisant une approche
systémique, par processus, pour gérer efficacement les
répercussions économiques, environnementales et
sociétales.
En mai 2014, par exemple, Roland-Garros est devenu
le premier événement sportiffrançais de dimension
internationale à être certifié ISO 20121.
Ces initiatives et ces standards démontrent
l'engagement croissant du secteur sportif à favoriser le
développement durable et à réduire son impact
environnemental. Elles apportent des solutions concrètes pour
transformer le terrain de jeu mondial du sport en un vecteur positif de
changement au service de la planète.
Cependant, il est crucial de reconnaître que la
pléthore de labels existants peut parfois créer une
confusion chez les consommateurs et donner lieu à des pratiques de
greenwashing, une pratique trompeuse où une
entreprise tente de
76 Mais ce sont au total plus de 30
pays et organismes en liaison qui ont participé à
l'élaboration de la norme, tous acteurs et experts de
l'événementiel pas exclusivement sportif
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se donner une image plus verte qu'elle ne l'est
réellement. Cette situation peut noyer le consommateur sous une
multitude de logos et de déclarations environnementales, rendant
difficile la distinction entre les véritables engagements et les simples
stratégies de marketing.
Si les acteurs, entreprises, fédérations, clubs
engagent parfois des actions RSO volontaires, ils sont parfois contraints de
les mettre en oeuvre non pas sous pression du cadre législatif mais sous
celle des utilisateurs eux-mêmes, autrement dit, les sportifs.
2/ L'impact des sportifs : une perspective dynamique
sur l'évolution de la RSO
En effet, fort est de constater que la place des
athlètes fût cette année encore et plus encore au coeur du
débat sur la RSO, exigeant des entreprises des niveaux d'engagement
plus élevés et plus conformes aux valeurs que ces derniers
défendent.
Les sportifs de haut niveau jouent un rôle de plus en
plus prépondérant en sensibilisant la société aux
enjeux environnementaux. Des athlètes de renom, tels que Nikola
Karabatic, Delphine Cascarino, Mathieu Bastareaud et Wendie Renard, se sont
engagés aux côtés de WWF en signant le Manifeste
#Pasledernier dans le cadre de la campagne éponyme. Cette
démarche vise à attirer l'attention sur la dégradation de
la biodiversité et à inciter à l'action.77
Nombreux sont désormais les sportifs, conscients de
l'impact des changements environnementaux sur leur mode de vie et leurs
passions, qui prennent des mesures au quotidien. Ils réduisent
leurs achats de produits neufs et leurs déchets, demandent aux sponsors
de ne pas les inonder de produits, de leur fournir juste ce qui est
nécessaire, interpellent les élus, réduisent leur
consommation de viande et de produits d'origine animale, privilégient
les modes de transport écologiques, soutiennent les productions locales
et saisonnières, et participent à des actions de
sensibilisation.
Certains athlètes vont même jusqu'à
refuser de participer à des compétitions en raison de leur impact
environnemental élevé, montrant ainsi que l'écologie
77
https://www.wwf.fr/pas-le-dernier
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devient une considération centrale, même dans le
monde du sport de haut niveau.
En septembre dernier, l'athlète
franco-britannique Andy Symonds a refusé de participer au championnat du
monde de trail, certaines courses ayant lieues en Thaïlande et aux quatre
coins du globe, en raison de l'impact C02 qu'allait engendrer ce
déplacement.78
Stan Thuret arrête la course au large pour
des raisons écologiques le 15 février 2023.
Romain Pilliard, skipper fondateur du projet
«Use it again» encourage à la participation aux
célèbres courses au large avec des bateaux «seconde
main» afin d'encourager l'économie circulaire dans la
filière.79
Ces athlètes éminents incarnent de
manière exemplaire la mutation en cours au sein de la communauté
sportive, induisant un appel pressant à la remise en question et
à l'action de tous les intervenants au sein de
l'écosystème, comprenant incontestablement les fabricants
d'équipements et les fédérations. L'absence de
transformation risquerait, en effet, de les cantonner à une position
marginale et dépassée.
Les labels, les certifications et les accréditations,
bien qu'importants, ne sont cependant pas les seuls moyens de mettre en oeuvre
des pratiques responsables. Ils fournissent un cadre essentiel pour guider les
organisations qui cherchent des directives claires pour leurs actions en
matière de RSE.
Néanmoins, l'engagement en faveur de la
responsabilité sociale et environnementale ne se limite pas à ces
seuls dispositifs. Chacun peut agir par conviction profonde, que ce soit
individuellement ou au sein de son organisation, en intégrant des
pratiques éthiques et responsables dans ses activités
quotidiennes.
B. Dompter les vents légaux et entrer sur le
terrain de jeu juridique grâce à la normalisation et au lobbying
pour définir les nouvelles trajectoires
réglementaires.
78
https://www.outside.fr/lathlete-andy-symonds-renonce-aux-championnats-du-monde-de-trail-mon-empreinte-carbone-est-d
eja-trop-lourde-cette-annee/
79
https://www.useitagain.earth/romain-pilliard/
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- Université Bordeaux - 2022/2023 60
De nos jours, les grandes entreprises jouent un rôle
prédominant dans la formation de la législation. Cette
implication se matérialise à travers leur participation active
dans les comités consultatifs, où elles travaillent de concert
avec des groupes d'intérêt tels que les ONG et les lobbies
industriels.
Ces instances ont pour mission de contribuer à
l'élaboration de livres verts et de livres blancs, des documents
clés qui guident l'action législative. Par exemple,
le livre blanc sur la responsabilité environnementale de février
200080 et le livre vert sur la responsabilité
sociétale des entreprises illustrent cette
démarche.81
Ces orientations générales servent ensuite de
base à la création de directives ou de règlements
européens voire de traités internationaux lesquels ont ensuite
différentes «forces légales» comme nous l'avons vu tout
au long de la première partie de cette étude.
Nous avons également pu constater
précédemment que les contraintes environnementales auxquelles
nous sommes aujourd'hui confrontées exercent une influence
considérable sur l'innovation technologique, ce qui se traduit par la
création de bureaux spécialisés, comme celui de
Séville, chargés de mettre à disposition des entreprises
les meilleures technologies pour résoudre des problèmes
environnementaux.82
En France, le réseau des chambres de commerce et
d'industrie s'assure de transmettre les informations précieuses et des
conseils avisés aux petites et moyennes entreprises sur les
évolutions des exigences environnementales. Lesquelles n'ont pas
toujours les moyens de payer des cabinets de veille sur ce sujet.
Grâce à cette organisation, le niveau
d'information tend à être harmonisé, permettant ensuite,
aux entreprises qui le souhaitent de participer activement aux
consultations publiques concernant les nouvelles réglementations
européennes et françaises.
Cette démarche leur permet, par conséquent,
d'élever le seuil des exigences lorsque celui-ci s'avère
insuffisant, tout en communiquant leur expérience concrète dans
la mise en oeuvre industrielle. Encourager ce type de pratique
80
https://www.senat.fr/ue/pac/E1414.html
81
https://www.senat.fr/ue/pac/E1776.html
82 MTD : meilleure technique disponible
créée par la directive européenne 2010/75
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revêt une importance cruciale pour garantir le
succès d'une réglementation, ainsi que son acceptabilité
au sein de l'industrie.
Pour illustrer l'importance d'une participation active au sein
des comités de normalisation, prenons l'exemple de Decathlon qui a
participé activement à la mise en place de l'éco-score
pour évaluer l'impact environnemental de ses produits textiles, faisant
de ce point un élément clé de son bilan extra
financier.
L'éco-score vise à évaluer de
manière exhaustive l'impact environnemental des produits, depuis la
sélection des matières premières jusqu'à la phase
de confection, en passant par l'utilisation de ressources. Son dessein
sous-jacent est double : promouvoir la transparence dans la chaîne de
production et encourager la commercialisation de produits véritablement
respectueux de l'environnement. Au-delà de la simple promotion de
l'éco-responsabilité, cette démarche aspire à
contrer le greenwashing qui sévit dans l'industrie, mettant ainsi fin
aux engagements environnementaux superficiels dépourvus d'actions
tangibles. Face à l'intérêt grandissant des consommateurs
pour des pratiques respectueuses de l'écologie, de nombreuses
entreprises ont, en effet, adopté une rhétorique environnementale
sans réelle portée. L'éco-score leur impose
désormais une obligation de preuve en matière
d'éco-responsabilité. Cette validation s'opère au moyen
d'une notation de A à E, évaluée selon la
méthodologie PEF (Product Environmental Footprint), reposant sur des
critères objectifs, vérifiables et fiables, englobant divers
paramètres tels que les émissions de gaz à effet de serre,
la dégradation de la biodiversité et la consommation de
ressources naturelles. Initiée par la Commission européenne,
cette méthodologie, jusqu'ici préconisée en tant que
recommandation, deviendra une obligation légale à compter du 1er
janvier 2024, en vertu de la loi Climat et Résilience de 2021, qui exige
"l'affichage de l'impact environnemental des biens et services" comme nous
l'avons vu précédemment.
Bien que l'obligation d'arborer un éco-score ne soit
pas encore en vigueur, certaines marques visionnaires, telles que
Lagoped ont, dès avril 2023, déjà publié
l'éco-score de leurs produits principalement grâce à ses
approvisionnements et à ses méthodes de production respectueuses
de l'environnement.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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Decathlon a aussi largement contribué à la
révision de la direction relative à
l'écoconception83comme en témoigne la mise sur le
marché de nouvelles gammes «Minimal Editions
Local» de la marque de trek Forclaz.
Ces derniers partagent aussi largement sur leur marché
leur vision quant à ces sujets permettant d'élever positivement
l'ensemble des fabricants et à participer à l'information des
consommateurs. L'ensemble de ces documents sont issus d'un webinaire,
accessible et pragmatique, qui était en accès libre pour toute
personne souhaitant y participer. (cf annexe 9, définition
de l'éco-innovation).
Par ailleurs, les acteurs économiques, en particulier
les entreprises, disposent de l'opportunité de s'adjoindre à des
fédérations d'entreprises et de s'engager dans
83 Directive 2009/125/CE du Parlement
européen et du Conseil du 21 octobre 2009 établissant un cadre
pour la fixation d'exigences en matière d'écoconception
applicables aux produits liés à l'énergie, actuellement en
refonte
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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des initiatives telles que le Club Sport et
Développement Durable (SDD). Ce club regroupe diverses
fédérations et ligues professionnelles engagées dans des
démarches de développement durable et se présente comme
une plateforme favorisant l'échange d'expertises, d'expériences
et d'outils en lien avec le développement durable au sein du secteur
sportif. Comptant près de 70 fédérations et 140 membres,
cette entité oeuvre à renforcer l'engagement des
fédérations sportives en matière de responsabilité
sociale et environnementale.
La fédération française
d'équitation par exemple participe à l'élaboration de la
stratégie nationale de transition écologique84. Elle
remonte ainsi l'ensemble des besoins, des attentes de ses licenciés, des
clubs et contribue activement à la transformation de sa
filière.
En outre, certains mouvements se créent, lesquels
pourront aussi s'exprimer lors des consultations et influencer positivement les
réglementations de demain en faveur de l'environnement.
C'est le cas de «En mode climat»
qui agit avec militantisme pour transformer la filière
textile.
En effet, comme mentionné pour maintenir le
réchauffement à moins de 1,5°C, le secteur textile
doit diviser ses émissions de gaz à effets de serre par trois
d'ici 2050. Or, les engagements pris aujourd'hui par les marques sont
largement insuffisants pour y parvenir.
«Pour y arriver, les marques, usines, ayant rejoint
le mouvement agissent collectivement pour faire en sorte de réduire le
volume de vêtements mis sur le marché, relocaliser la production
où l'énergie est moins carbonée, et favoriser le
réemploi des vêtements usagés. Toutefois, leur
réalité n'est pas si simple. Aujourd'hui lorsqu'ils s'engagent,
ils sont désavantagés. Quand ils relocalisent, les
vêtements deviennent bien plus chers que ceux fabriqués à
bas coût à l'autre bout du monde. Quand ils sortent du cycle
infernal des soldes et des promotions, les « prix cassés »
attirent les clients ailleurs. Quand ils ralentissent le rythme de leurs
collections afin de moins pousser à la consommation, d'autres marques
renouvellent les leurs toujours plus rapidement, leur prenant ainsi des parts
de marché. Il y a aujourd'hui un avantage économique pour les
marques qui produisent de manière irresponsable. Une « prime au
vice » qu'ils dénoncent collectivement. C'est
84
https://www.ffe.com/nature/presentation/strategie-nationale-de-transition-ecologique
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pourquoi ils utilisent leur pouvoir d'influence pour
pousser à la création de régulations qui obligent tous les
acteurs de leur secteur, eux y compris, à faire mieux.
- Réduire le volume de vêtements neufs
- Relocaliser l'industrie
- Réparer et
réemployer»85
D'autres mouvements collectifs impacteront sûrement les
nouveaux cadres réglementaires applicables aux filières du
textile et du sport comme la Charte des 15 engagements
éco-responsables de WWF et du Ministère chargé des
sports.
Cette charte, dédiée aux
événements nationaux et internationaux qui affichent un niveau
d'engagement écoresponsable rigoureux, se positionne comme un vecteur
essentiel de promotion de pratiques durables.
La France, en tant qu'hôte de plusieurs Grands
Événements Sportifs Internationaux (GESI) majeurs, dont les
Championnats du Monde de Ski Alpin 2023, la Coupe du Monde de Rugby à XV
2023, et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, s'est
retrouvée confrontée à l'urgence du
dérèglement climatique. Dans ce contexte, le Ministère des
Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a entrepris de développer
une méthodologie commune et une stratégie fiable pour
l'évaluation de l'impact des GESI organisés en
France. En 2022, le cabinet indépendant UTOPIES a
réalisé un benchmark international des méthodologies
existantes, mettant en évidence la nécessité de concevoir
des études d'impact de long terme, encore trop peu
développées. Ces études se sont souvent limitées
à l'empreinte carbone, la gestion des déchets, la consommation
d'eau et d'énergie, négligeant des indicateurs cruciaux tels que
le taux de déchets recyclés, les modes de transport, les
énergies renouvelables, la compensation des émissions de CO2, ou
encore l'impact sur la biodiversité, le numérique et
l'énergie, l'influence des sponsors ou de la publicité, ainsi que
l'héritage des événements.
Cet effort vers une évaluation plus complète et
transparente s'exprime également par l'élaboration d'un outil
universel de mesure de l'empreinte carbone, exemplifié par le
Comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) de
Paris 2024. Le COJO a non seulement réalisé un
85
https://www.enmodeclimat.fr/qui-sommes-nous
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bilan carbone a posteriori de l'événement, mais
a innové en élaborant un budget carbone prévisionnel,
permettant d'optimiser les actions de réduction des émissions. En
collaboration avec le CNOSF et le Ministère des Sports, le COJO a
également conçu l'outil "Coach Climat Évènements",
destiné à devenir une référence universelle dans la
mesure de l'empreinte carbone. Cet outil recense divers postes
d'émissions, de la restauration à l'hébergement, des
déplacements aux infrastructures, du matériel sportif à la
logistique, de la gestion des déchets au numérique.
L'héritage de cette méthodologie novatrice devrait
s'avérer précieux pour les organisateurs de GESI dans les
années à venir, contribuant ainsi à un engagement plus
solide envers la durabilité environnementale au sein de l'industrie
sportive internationale.
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CONCLUSION
En conclusion, cette recherche a exploré
l'évolution significative du cadre réglementaire environnemental
dans les secteurs du textile et du sport. Alors que la législation
actuelle représente un premier pas vers une régulation plus
stricte, il est indéniable que des changements structurels majeurs sont
à prévoir dans un avenir proche. La potentialité de
l'émergence de nouvelles jurisprudences devrait intensifier encore
davantage le cadre légal de ces domaines.
Cependant, il est essentiel de reconnaître que
malgré un encadrement juridique en perpétuelle évolution,
le degré de contrainte actuel ne peut encore être qualifié
de pleinement contraignant. Il reste déplorable de constater quelques
incohérences telles que la contestation du logo "Triman" français
par la Commission européenne, ou encore la loi 3DS qui tend par
application (cf jurisprudence Vingrau) relative à l'atténuation
de la responsabilité sans faute des propriétaires et
gestionnaires d'espaces naturels, de manière indirecte, par ricochet
donc, à minimiser les possibles effets positifs sur
l'environnement.86
Heureusement, l'intervention d'autres acteurs, comparables
à des coéquipiers dynamiques, génère une nouvelle
dynamique. Ils opèrent une influence considérable sur les
marchés du textile et du sport, telle une équipe qui motive
à agir en harmonie pour atteindre des objectifs communs. Ainsi, les
marchés prennent progressivement conscience de leur environnement et
s'engagent positivement pour préserver leur "terrain de jeu" commun.
En effet, cette étude a clairement
révélé l'accroissement de l'importance de la
Responsabilité Sociale des Organisations, ainsi que des interactions
entre les divers acteurs d'un même écosystème, comme le
monde du sport, et entre des écosystèmes qui se croisent,
à l'instar du secteur du textile et de celui du sport. Cette dynamique
s'étend de l'utilisateur au législateur, remettant en question
les codes historiques établis.
Comme tout sportif connaît la nécessité de
continuer à s'entraîner pour atteindre de nouveaux sommets, il
serait avisé de poursuivre ce travail de recherche au fil
86
https://www.jurisportiva.fr/articles/lattenuation-de-la-responsabilite-sans-faute-des-proprietaires-et-gestionnaires-despace
s-naturels/
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des années à venir. Il est indéniable que
les prochains temps apporteront des ajustements significatifs, mettre en
exergue ces évolutions pourrait être intéressant.
En dépit des perceptions trop largement
répandues selon lesquelles les entreprises ne font souvent que le strict
minimum requis par la loi, une transformation de leur modèle
économique est possible. Cela demande de la persévérance
et de l'engagement. Reconnaître l'impératif
d'accélérer l'action pour préserver l'équilibre de
notre "terrain de jeu" naturel conduit à des décisions
éclairées.
Et, un grand nombre d'entreprises l'ont bien compris
et agissent en conséquence, chacune avec son propre niveau de
maturité, similaire aux niveaux de compétence variés d'une
équipe sportive.
Ces actions collectives créent une émulation
positive et exercent une influence significative sur le marché. Qu'ils
soient sportifs ou marques, qu'ils possèdent une longue histoire ou
soient des nouveaux venus audacieux sur le marché, tous contribuent
à un changement positif.
Depuis l'introduction de la loi Pacte87en France,
par exemple, les entreprises désireuses de s'engager activement peuvent
obtenir la qualité de société à mission, un statut
qui leur permet de définir une raison d'être qui intègre la
prise en compte des impacts sociaux, sociétaux et environnementaux au
sein de leurs activités. L'inscription dans leurs statuts traduit un
engagement fort, car ce sont les fondements mêmes d'une entreprise,
allant au-delà de simples labels ou certifications. C'est l'inscrire
dans son ADN.
À l'issue de l'année 2022, le registre
comptabilisait un total de 1008 sociétés enregistrées
à mission.88
Mon intime conviction repose sur la sincérité de
l'engagement de la vaste majorité d'entre elles, dépassant ainsi
les contours du simple aspect marketing. En cela, certains pourraient me
qualifier de naïve, alors que d'autres préféreront voir en
moi une optimiste intrépide.
87 Loi n° 2019-486 du 22 mai 2019
relative à la croissance et la transformation des entreprises
88
https://data.ladn.eu/blog/startup/startup-1000-societes-mission-franchi/#:~:text=La%20Communaut%C3%A9%20des%20
Entreprises%20%C3%A0,ont%20%C3%A9t%C3%A9%20recens%C3%A9es%20fin%202022.
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
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Tel un joueur choisissant son équipe, j'ai fait le
choix de m'aligner aux côtés de personnalités telles
qu'Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, qui a pris la
décision de léguer son entreprise, valorisée à
hauteur de trois milliards de dollars, à la protection de
l'environnement, lui conférant ainsi une immunité face à
toute tentative de vente ou de cession. De même, des marques
récentes, à l'instar d'Ogarun, se sont
engagées activement dans la création de vêtements de sport
éco-responsables, spécifiquement conçus pour les pratiques
sportives en extérieur. Leur crédo réside dans la
conception de vêtements en laine mérinos, réputés
pour leurs propriétés thermorégulatrices exceptionnelles,
le tout réalisé en France à partir de matières
naturelles, contribuant ainsi à des vêtements compostables et
renouvelables.
Par ailleurs, à l'image des équipes de
football renommées telles que la Juventus, Liverpool et Rennes,
qui privilégient les voyages en train, ou encore des Jeux
Olympiques de Paris, qui promettent, théoriquement, une empreinte
environnementale réduite.
Ces initiatives confirment que l'engagement pour la protection
de l'environnement transcende les domaines, les frontières et qu'il est
d'élan général.
Certes, le modèle à ériger et à
perfectionner est encore en gestation, et bien que ces exemples, dont la liste
pourrait s'allonger considérablement, demeurent actuellement
minoritaires, ils s'annoncent comme les précurseurs de la norme de
demain, motivés par la conviction ou la survie de leur activité
économique, de leur pratique sportive.
Ce qui apparaît actuellement comme une exception qui
vient confirmer la règle est en passe de devenir la nouvelle norme qui
guidera les règles du jeu de demain.
Pour terminer, je m'appuierai sur ces
«dictons», en écho à la légende
amérindienne du Colibri, chère à Pierre Rabhi : chacun de
nous peut apporter sa pierre à l'édifice de la protection
environnementale, à son niveau, et c'est dans cette alliance que se
forge une puissance collective. Aussi longtemps que la vie perdure, l'espoir
demeure, et les seuls trophées à remporter sont la
capacité de continuer à vivre en harmonie et en équilibre,
en suivant les passions qui nous animent.
ANNEXES
Mélissa LAMY - Mémoire DU droit de l'environnement
- Université Bordeaux - 2022/2023 69
ANNEXE 1 :
ANNEXE 2 : EXEMPLES DE GREENSWAHING
Dans le secteur de l'habillement, les matières sont
parfois qualifiées d'"éco-responsables" comme pour le
publi-communiqué de la marque BONPRIX ou bien encore pour les maillots
de la marque SANTINI.
La collection de LA SPORTIVA est aussi qualifiée
d'éco-responsable. ETAM également "s'engage pour une mode
responsable".
SANTINI LA SPORTIVA
Presse Presse
Juin 2022 Juin 2022
'ETAM
Web video
Juin 2022
BONPRIX
Presse
Septembre 2022
Réponse de l'annonceur
"Vous aviez attiré l'attention de notre
société en janvier dernier à l'occasion d'une
première publicité contrevenante. Nous avions alors
vérifié les règles applicables en matière
d'allégation environnementale et effectué les rappels
nécessaires dans l'entreprise afin de sécuriser les
communications ultérieures.
La publicité dont vous nous joignez ici une copie a
été préparée et éditée avant la
réception de votre premier courrier. Nous vous confirmons avoir
intégré l'enjeu relatif à la communication des
publicités présentant des allégations
environnementales."
4
Réponse de l'annonceur :
"Nous prenons note de votre intervention et de vos
recommandations."
"Nous veillerons ainsi dans nos futures communications
à respecter stn'ctement le cadre des recommandations ARPP
Développement Durable, ceci afin de garantir ta transparence de nos
engagement vis-à-vis des consommateurs finaux."
·
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SPORT ETIC
Presse
Octobre 2022
"Éco-responsable", "100% éco-responsable"
sont des formulations globalisantes, imprécises.
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source: Bilan 2022 «Publicité et environnement»
de l'ADEME et l'ARPP
ANNEXE 3 : DEFINITION ECO-CONCEPTION
source : Webinaire proposé par Re_fashion le 07/02/2023 :
le B.A.B.A de l'écoconception
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ANNEXE 4 : EXEMPLE D'ANALYSE DE CYCLE DE VIE DANS
LE
CADRE D'UNE DÉMARCHE
D'ECOCONCEPTION
source : Webinaire proposé par Re_fashion le 07/02/2023 :
le B.A.B.A de l'écoconception
ANNEXE 5 : SITE BILAN GES ADEME (1/) - EXEMPLE
SALOMON
(2/)
1/
2/ Exemple bilan publié par SALOMON
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Source : Site Ademe Bilan GES consultation
ANNEXE 6 : EXEMPLE D'UN PLAN DE VIGILANCE -
DECATHLON
source et version intégral du plan de vigilance:
https://engagements.decathlon.fr/les-rapports-developpement-durable-decathlon-annuels
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ANNEXE 7 : LOGO TRIMAN
source: Re_fashion
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ANNEXE 8 : AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL DES
PRODUITS DECATHLON - APPLICATION LOIS AGEC & CLIMAT ET
RÉSILIENCE
Source:
Decathlon.fr
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ANNEXE 9 : DEFINITION ECO-INNOVATION
Source: De l'éco-conception à
l'éco-innovation : l'exemple de Decathlon - Marc Peyregne, Leader
éco-conception Decathlon, Maria Schools, Indigo
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SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
CNRS : Centre national de la recherche scientifique
INSERM : Institut national de la santé et de la
recherche médicale
INSEE : Institut national de la statistique et des
études économiques
INJEP : Institut national de la jeunesse et de
l'éducation populaire
GIEC: Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat
ADEME : Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie
UE : Union Européenne
CECA : Communauté européenne du charbon et de
l'acier
CEE : Communauté économique européenne
CJUE : Cour de justice de l'Union Européenne
TFUE : Traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne
CEDH : Cour européenne des droits de l'Homme
DGCCRF : Direction générale de la Concurrence,
de la Consommation et de la
Répression des fraudes
ARPP : Autorité de régulation professionnelle de
la publicité
ICPE : Installation classée protection de
l'environnement
TEPCV : Loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte
REP : Responsabilité élargie du producteur
AGEC : La loi anti-gaspillage pour une économie
circulaire
ONG : Organisation non gouvernementale
CIJ : Cour internationale de justice
JO : Jeux Olympiques
AGNU : Assemblée générale des Nations
unies
GES : Gaz à effet de serre
RSO : Responsabilité sociétale des
organisations
RSE : La responsabilité sociétale des
entreprises
GESI : Grands événements sportifs
internationaux
ISO : Organisation internationale de normalisation
GOTS : Global organic textile standard
GRS : Global recycled standard
RCS : Recycled claim standard
OCS : Organic content standard
TIC : Technologies de l'information et de la communication
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ERC : Éviter, réduire, compenser
CNOSF : Comité national olympique et sportif
français
MTD : Meilleure technique disponible
SDD : Club Sport et Développement Durable
COJO : Comité d'organisation des Jeux Olympiques et
Paralympiques
SME : Système de management environnemental
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SOURCES
Ouvrages généraux:
- Code du sport
- Code de l'environnement - Code de la consommation
Ouvrages spécifiques:
- Un nouveau droit pour la Terre : Pour en finir avec
l'écocide - Valérie Cabanes - Éditions Points
- Octobre 2021
- L'éthique en matière sportive
- Lionel Miniato et Delphine Gardes - Presse de
l'Université Toulouse Capitole - Lextenso Éditions - 2016
Contenus Académiques:
Une majorité des cours dispensés dans le cadre du
DU Droit de l'environnement à l'université de Bordeaux promotion
2022/2023
Rapports:
(liens cliquables sur chaque intitulé pour
accéder directement aux documents
sources)
Revue du CNRS #14
Rapport relatif au dérèglement climatique WWF,
2021
Bilan textile - ADEME
Avis sur la RSO du Avis du Conseil économique, social et
environnemental,
2019
Etude d'impact pour les JO 2024
6e rapport du GIEC du 19 mars 2023
Bilan 2022 publicité et environnement de l'Ademe et
l'ARPP
Decathlon note méthodologique relative à
l'affichage environnemental
Rapport du ministère de la transition écologique et
de la cohésion des territoires
sur le nouveau cahier des charges de la filière REP
textile du 28 septembre 2022
Bilan de la première grande enquête de la DGCCRF sur
l'écoblanchiment des
produits non-alimentaires et des services
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Textes législatifs:
Loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de
vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses
d'ordre
Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à
la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire
Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre
le dérèglement climatique et renforcement de la résilience
face à ses effets
Textes réglementaires :
Directive européenne 2009/125 - établissant un
cadre pour la fixation
d'exigences en matière d'écoconception applicables
aux produits liés à l'énergie
Directive européenne 2022/2464 - en ce qui concerne la
publication
d'informations en matière de durabilité par les
entreprises
Règlement 2019/2088 sur l'établissement d'un cadre
visant à favoriser les
investissements durables et modifiant le règlement
Proposition de directive 2019/1937 sur le devoir de vigilance des
entreprises en
matière de durabilité et modifiant la directive
Proposition de directive 2023/0085 relative à la
justification et à la
communication des allégations environnementales explicites
(directive sur les
allégations écologiques)
Proposition de règlement du Parlement européen et
du Conseil établissant
un cadre pour la fixation d'exigences en matière
d'écoconception
applicables aux produits durables et abrogeant la directive
2009/125/CE
- Orientation générale
Stratégie de l'UE pour des textiles durables et
circulaires adoptée par la
Commission européenne le 30 mars 2022
Plan d'action économie circulaire
Sites internet :
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf
https://agirpourlatransition.ademe.fr
https://www.dalloz-actualite.fr
https://eur-lex.europa.eu
https://www.icj-cij.org/fr
https://www.sports.gouv.fr
https://treaties.un.org
https://www.ipcc.ch
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https://bilans-ges.ademe.fr
Événements:
Surf Summit 12 et 13 octobre 2022 - Eurosima -
Hossegor
Conférences:
«Droits de l'Homme, climat : le sport s'en
foot» - réalisé par Madame Carole Gomez ainsi que
Messieurs Carlos-Manuel Alve et Franck Latty, 2023.
Webinaires :
De l'éco-conception à
l'éco-innovation : l'exemple de Decathlon - Marc Peyregne,
Leader éco-conception Decathlon, Maria Schools, Indigo, 2023. Refashion
webinaire, 2023.
Documentaires:
Sur le front: où finissent nos vêtements?
- produit par Winter Productions, France Télévisions
- Hugo Clément, 2023.
Échanges/Interviews:
Pierre Leroy - Navigateur / Météorologue - Gagnant
de la mini-transat en proto 2021(Teamwork)
Joris Cheyrou - Directeur général adjoint de la
ville de Talence
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