ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES
U.F.D DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
LABORATOIRE D'ÉTUDES POLITIQUES
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES
TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUN (1884-1916) : UNE ANALYSE DE L'HISTOIRE
POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN :
ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
Thèse rédigée e et soutenue publiquement
en vue de l'obtention du Doctorat/Ph. D en Science Politique
Par :
Madame Winnie Patricia ETONDE NJAYOU
Titulaire d'un Master en Science Politique
Sous la codirection de :
Monsieur le Professeur Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP
Professeur Titulaire en Science Politique, Université de
Yaoundé 2
Monsieur le Professeur Serge Paulin AKONO EVANG
Maître de Conférences en Science Politique,
Université de Douala
Université de DoualaAnnée
académique 2022/2023
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
Année académique 2021/2022
AVERTISSEMENT
L'université de Doualan'entend ni approuver ni
désapprouver les positions prises ou les opinions émises dans le
cadre de cette thèse. Celles-ci doivent être
considérées comme propres à leurson auteure.
DEDICACE DÉDICACE
- A la mémoire de ma grand-mère MOUANJO LEA
MARTHE ROSINE
- A la mémoire de ma grand-mère WOULANE
MARGUERITE
- A la mémoire de mon grand-père SONGUE NGWA
TABLEY RODOLPHE
- A la mémoire de mon grand-père MOUNJOHOU
PIERRE
- A la mémoire de ma tante MABOA ODILE AUGUSTINE
- A ma mèreETONDE TABLEY EVA
- A mon père NJAYOU MOUNJOHOU
- A ma soeur NGOUGOURE NJAYOU SANDRA STÉPHANIE
- A ma tante EBOKOLO TABLEY SIMONE BEATRICE VICTORINE
REMERCIEMENTSREMERCIEMENTS
A l'Éternelnotre Dieu, Toi qui as bien voulu que ce
travail se réalise.
NotreMa profonde gratitude à l'endroitde Messieurs
lesProfesseurs Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP et Serges Paulin AKONO
EVANGpour l'intérêt constant qu'ils ont porté à
notre travail. Ils nous ont encadrés de façon stimulante et
rigoureuse. Ils nous ont raccourci bien des chemins par leurs directives et
leurs conseils. Ils ont toujours été là pour nous orienter
et nous encourager.
NosMes remerciements vont également à l'endroit
du corps enseignant de la faculté des sciences juridiques et politiques
pour les conseils, les enseignements et les encouragements : les Pprofesseurs
JeanNJOYA, AndréTCHOUPIE, GuillaumeDIBONGUEEKAMBI, AlbertMANDJACK,
Auguste NGUELIEUTOU, Bertrand ATEBA, Fred Jérémiey MEDOU NGOA,
Aristide MENGUELE MENYEGUE; les docteurs NGEUGANG TSANA, Steve Ghislain
ELOUNDOUN ETOGO, Sylvestre Nicker ABE MBARGA, Nicolas Junior YEBEGA NDJANA,
Cyril Joël ATEFOUNG KOUOH, Luc NYIMI BEKONO, Serge SOBZE.
NosMes remerciements vont également à l'endroit
de Messieurs DanielABWA, PamphileYOBE, NJITARINJOYA,NCHARE,ALIDOUNJIKAM
TOUNESSAH, Benjamin HOFFMANN, OUSMANE, etMmeNGOUNGOURE BILKISSOU pour leur
accueil et leur disponibilité lors des enquêtes sur le terrain.
Nous disonsJe dis également merci à nosmes
oncles, tantes, frères, soeurs et mères notamment M.& Mme
BABILA, M. & Mme ABOUNA, Mme Suzanne TIKI, Mme Yvonne NGOLE.
NosMesamis et condisciples : CynclairRomualDave ABA'A,
MarcelinABDELKERIM, LindaInèsABO'O NANGA BEKOLO, Julien ADO NGUEMA,
Junior ANDELA NDJOMO, Audrey Gaëlle YAKAN A NWATSOK, Michel Romain AWONO
MBALLA, Armel Sylvain BAHOKEN MIGNAMISSI, Beyir le Fils BEBOULE BEBOULE,
ÉricMorena BEGOUDE AGOUME, Fabrice BELLA MESSINA, Charles
Dieudonné BENELE, Pierre Monfred BOUMAN, Stéphane Guérin
DIMA NGABA, André Casimir DINKA NTAFA, Georges Christian EBANGA EBANGA,
Emmanuel EMIANG EMIANG, Santi Marina ENANGUE ZE, Diane Adriane ESSEBE.
Nous disonsJe dis merci à tous ceux que nous avonsj'ai
involontairement oubliés, à qui nous je demandonse de faire
preuve d'indulgence à notremon égard.
SIGLES, ACRONYMES ET
ABREVIATIONS
AEF : Afrique Équatoriale
Française
AIA : Association Internationale
Africaine
ANY : Archives Nationalesdu Cameroun
AOF : Afrique Occidentale Française
ARCAM : Assemblée
Représentativedu Cameroun
CEPER : Centre d'Édition et de
Production pour l'Enseignement et la Recherche
CERI : Centre de Recherches
Internationales
CIJ : Cour Internationale de Justice
CNRS : Centre National de la Recherche
Scientifique
CNRTL : Centre National de Ressources
Textuelles et Lexicales
CUSS : Centre Universitaire des Sciences
de la Santé
DIP : Droit International Public
FMSB :Facultéde Médecine
et des Sciences Biomédicales
GMBH: Gesellschaft mit beschrankler Haftung
(Société à responsabilité limitée)
GRIGPP : Indication
GéographiqueProtégéePoivrede Penja
HAPAG :HamburgAmerica Linie
IFAN :InstitutFrançais (puis
Fondamental) d'Afrique Noire
INTERPOL : Organisation internationale
de police criminelle
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique
et Technique d'Outre-Mer
PUF : Presses Universitairesde France
RCA : RépubliqueCentrafricaine
RDPC :RassemblementDémocratiquedu
Peuple Camerounais
SARL : Société à
ResponsabilitéLimitée
SDF : Social Democratic Front
SDN : Société des
Nations
SMEP : Société des
Missions Évangéliques de Paris
SPD : Parti des Socio-démocrates
en Allemagne
UNC : Union NationaleCamerounaise
UNDP : Union Nationale pour la
Démocratie et le Progrès
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
UPC : Union des Populations du
Cameroun
URSS : Union des
RépubliquesSocialistesSoviétiques.
RÉSUMÉ
De 1884 à 1916, les pouvoirs politiques traditionnels
BamounBamun et Douala ont été soumis à l'influence de
l'administration coloniale allemande. Cela s'est manifesté par la
restructuration profonde de leurs organisations politiques, économiques
et socioculturelles. Dans cette perspective, nous sommes allés plus loin
en démontrant que l'administration coloniale allemande a
également subi des mutations significatives du fait de leurs
échanges avec le Sultan NJOYA et les chefs Duala. Aussi, nous nous
sommes intéressés à ce phénomène
sociopolitique sous le thème : « L'administration
coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et
Bamoun : Analyse de l'histoire politique du Cameroun ».
L'intérêt de notre travail exige que l'on montre
au fur et à mesure le degré d'influence mutuelle entre les
administrateurs coloniaux allemands et les pouvoirs politiques traditionnels
Duala et BamounBamun. Ce travail propose d'analyser les dynamiques et les
logiques d'implantation et de domination que l'administration coloniale
allemande a eue sur ces deux entités politiques traditionnelles. Par
ailleurs, l'administration coloniale allemande a dû s'adapter aux
réalités locales des pouvoirs politiques traditionnels Duala et
Bamoun.
Pour illustrer ce travail, le recours à une double
approche méthodologique a été impératif :
l'approche historique nous permettra de retracer la période coloniale
allemande au Cameroun, mais aussi à travers la diachronie et la
synchronie, d'apprécier l'influence que la colonisation allemande a eue
sur les sociétés traditionnelles Duala et Bamoun. L'approche
comparative visera à mettre en évidence la manière dont
les colons allemands sont entrés en contact avec les chefferies
traditionnelles suscitées, et comment ces dernières ont
participé positivement ou négativement à l'expansion de
cette conquête. Ensuite, elle nous permettra de nous de se demander
où se trouve la pertinence d'une telle ouverture pour la transformation
et l'évolution de ces sociétés traditionnelles au fil du
temps. Enfin, de savoir si tous les acteurs de cette période coloniale
ont pu être mis en lumière ainsi que leurs rôles exacts.
C'est sur cette base que notre travail a été
construit en deux parties.La première partie est titrée :
« La domination de l'administration coloniale allemande sur les
pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamoun » et la
seconde partie quant à elle est intitulée :
« L'influence relative des pouvoirs politiques traditionnels
Duala et Bamoun sur l'administration coloniale allemande ».
Mots Clés : Administration
Coloniale Allemande, Pouvoirs Politiques Traditionnels Bamoun et Duala,
Histoire Politique.
ABSTRACT
From 1884 to 1916, the traditional powers Duala and Bamum were
subject to the influence of the German colonial administration. This was
manifested in the profound restructuring of their political, economic and
socio-cultural organizations. In this perspective, we went further by
demonstrating that the German colonial administration has also undergone
significant changes as a result of their exchanges with Sultan NJOYA and Duala
chiefs. We have also being interested in this socio-political phenomenon under
the theme:« The German colonial administration and the
traditional powers Duala and Bamum: Analysis of Cameroon's political
history ».
The interest of our work demands that the degree of mutual
influence between the German colonial administration and the traditional
political powers Duala and Bamum be gradually shown. This work proposes to
analyze the dynamics and the logics of implantation and domination that the
German colonial administration had on these two traditional political entities.
Moreover, this same German colonial administration had to adapt to the local
realities of the traditional Duala and Bamumpolitical powers.
To illustrate this work, a double methodological approach was
imperative: the historical approach allow us to retrace the German period in
Cameroon but also through diachrony and synchronicity, to appreciate the
influence that German colonization had on the traditional Duala and Bamum
societies.The comparative approach will aim to highlight the way in which the
German colonists came into contact with the traditional chieftaincies that were
created, and how the latter participated positively or negatively in the
expansion of this conquest. Second, it will allow us to ask where the relevance
of such an opening lies for the transformation and evolution of these
traditional societies over time. Finally, to know if all the actors of this
colonial period could be brought to light as well as their exact roles.
It is on this basis that our work was built in two parts.
The first part is entitled:« The domination of the German
colonial administration over the traditional political powers of Duala and
Bamum » and the second part is entitled:« The
relative influence of the traditional political powers of Bamunm and Duala on
the German colonial administration ».
Key Words:German colonial administration,
Bamunm and Duala Traditional Political Powers, Political History.
GLOSSAIRE
« Clannad » :
Le mot d'origine écossaise (de
« clannad » signifiant famille) et qui va déboucher
sur la création du mot « clan ».
« Court of
Equity » : Créée à la suite
d'un traité entre les Anglais et les chefs Duala à KamerunStadt
(ancienne appellation de la ville de Douala). Son but était de
« régler les éventuels conflits » qui
auraient pu naître entre les populations locales et les
commerçants britanniques dont le nombre ne cessait d'augmenter sur la
côte camerounaise en cette période. Elle fut instaurée
dès le 14 janvier 1856.
« Deutsche
Kolonialgesellschaft » :La Société
coloniale allemande a été fondée le 19 décembre
1887 par la fusion de l'Association coloniale allemande (Deutsche
Kolonialverein) et de la Société pour la colonisation allemande
(Gesellschaft fur Deutsche Kolonisation). Son siège était
à Berlin.
« Divide et impera » :
Le principe de « diviser pour régner »
qui est une stratégie visant à semer la discorde et à
opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à
user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des
concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance
que celui qui met en oeuvre la stratégie, et permet de régner sur
une population alors que cette dernière, si elle était unie,
aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question. La maxime
« divide et impera » est attribuée à
PhilippeIIde Macédoine.
« Fembem » :
Qui signifie les ruines de « Mbem » et
d'où provient le nom de Foumban.
« Foreign Office » :
Politique étrangère. C'est la politique
menée par un Etat vis-à-vis des pays étrangers. Une
politique étrangère a pour objectif de fixer les rapports avec
les autres États, notamment au niveau de coopération
internationale, commerciales, diplomatiques et militaires, etc., ou a
contrario, en décidant d'un refroidissement des relations. Le
Foreign Officeoriginal date de mars 1782 par l'union des bureaux des
secrétaires d'Etat pour les départements du Nord (Angleterre du
Nord, Écosse) et du Sud (Angleterre du Sud, Pays de Galles, Irlande),
chacun étant alors responsable des Affaires Étrangères et
domestiques dans leurs départements respectifs.
« Foreign & Commonwealth Office
(FCO) » :Le bureau des Affaires
Étrangères et du Commonwealth est le département
exécutif du gouvernement britannique chargé des Affaires
Étrangères, de la construction européenne et des relations
avec les pays membres du Commonwealth.
« Fon » :
C'estle chef suprême dans plusieurs
sociétés traditionnelles du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de
l'Ouest du Cameroun, notamment chez les Bali, les Tikar, les
Bamiléké et les BamounBamun des Grassfields. Il détient
l'autorité territoriale, civile et militaire.
« Hauptlingsbuch » :
Livret des chefs.
« Hauptlingstag » :
Jour des chefs.
« Indirect Rule » :
Régime de colonisation largement appliqué par la
Grande-Bretagne dans l'Empire britannique et en particulier dans les colonies
africaines et dans l'Empire britannique des Indes.
« Kaiserliche
Schutztruppe » : Armée de terre mise sur
pied le 30 octobre 1891 avec quelques 300 soldats recrutés à
Port-Saïd en Égypte par Kurt VON MORGEN, et dont le quartier
général était à Douala.
« Kolonialverein » :
Première association coloniale nationale allemande créée
en décembre 1882 à Frankfurt-am-Main. Le Verein s'occupait des
questions relatives à l'Afrique ; c'est lui qui organisa les
expéditions qui devaient aboutir à la conquête de
l'hinterland du Cameroun.
« KolonialwirtschaftlichesKomitee » :
Commission économique coloniale active de 1905 à
1940.
« Kom »(Nkom au
pluriel) : Les 07 (sept) compagnons et conseillers
intronisateurs du Roi en pays BamounBamun.
« Koumi » :
Encore appelé « Comey ». Ce sont
les redevances financières attribuées
aux chefs pendant la période coloniale allemande.
« Kuma » :
Course guerrière que font les BamounBamun, les armes
à la main.
« Kopfsteuer » :
Impôt par tête.
« Kru » :La
monnaie de troc dans les transactions commerciales, le `'Kroo'' (kru, croo ou
crew) sera aussi dévaluée systématiquement jusqu'à
sa suppression et son remplacement par le Markdu Reich. En effet, le kroo se
décomposait en 4 keg, 8 piggin, 16 bar et valait 20 marks en 1884.
« Lamido » :Les chefs
musulmans locaux dans la région de l'Adamaoua,et
« sultans » au Norddu Cameroun.
« Landschatskasse » :
Caisse locale.
« Mandu
Yenu » :Le trône royalBamounBamun, symbole
de la souveraineté BamounBamun traditionnelle, a été
reçu comme cadeau diplomatique du gouvernement impérial du
Kamerun au Kaiser GUILLAUMEII.
« Mbansié » :C'estla
société secrète ouverte aux seuls serviteurs du roi.
« Machtcaberschiedsgericht
» : Institution judiciaire pour intervenir dans les
affaires politiques locales, et pour manipuler les chefs traditionnels. Le
siège de cette institution se trouvait à Garoua.
« Miondo » :C'est une
spécialité « duala » traditionnelle
très populaire au Cameroun. Comme le foufou, c'est un produit
dérivé du manioc. Le Miondo accompagne beaucoup de
plats, mais trouve particulièrement sa place auprès du
« Ndolè ».
« Mpo'o » : Qu'ils
surnommèrent « Bakoko » qui est la forme
contractée de « Batoba Mukoko » qui signifie
« les gens du sable ».
« Mtar » :
Descendants des premiers occupants du pays Bansoh.
« Ndolè » :C'est le
nom camerounais de variétés alimentaires de
« Vernonia ». Il s'agit d'un plat préparé
à base d'une plante légumière dont les feuilles sont
consommées vertes, mais aussi dans une moindre mesure
séchées.
« Ngondo » :Fête traditionnelle et
rituelle des peuples côtiers camerounais. Elle réunit les peuples
« Sawa » de la région du Littoral (Douala) pendant
la première semaine du mois de décembre.
« Nguon » :
Fête traditionnelle BamounBamun
célébrée tous les deux ans et marquant la fin des
récoltes en pays BamounBamun. La première édition a vu le
jour en 1394, sur une initiative de NCHARE YEN, le fondateur de la dynastie
BamounBamun. En 1992, le Sultan, Sa Majesté IBRAHIM MBOMBO NJOYA
décida d'organiser ces cérémonies tous les deux ans. En
plus du côté officiel de ce rendez-vous, qui permet aux sujets
d'exprimer leurs doléances au Sultan, est organisé en
parallèle un comice agro-pastoral, afin de mettre en avant les produits
du terroir.
« Nguri » :C'estla
société secrète réservée aux princes et
rivale de la société secrète appelée
« Mbansié », ouverte aux seuls serviteurs du roi.
« Ngwerong » :
Notables chargés d'implémenter la politique et
d'appliquer la justice en pays Bansoh.
« Nji » :
Notables en pays BamounBamun.
« Nyinyi » :Le Dieu créateur des
chrétiens et des musulmans existe aussi chez les BamounBamun.C'est le
Nyinyi ou celui qui est partout, l'omniprésent.
Pa-rwm : Terme
générique qui désigne tous ces éléments et
ces êtres au service du mal. Le monde des Pa-rwm, dont le
singulier-neutre est nzwm, et la substantivation est le
rwm : ensemble d'éléments et êtres
généralement au service du mal. « Certains hommes,
inconsciemment, détiennent cette puissance du mal et nuisent alors aux
autres membres de la tribu. Un terme générique désigne
tous ces éléments et ces êtres au service du mal :
Pa-rwm dont le singulier-neutre est nzwm. Le rwm, esprit du mal qui les habite,
réside dans le ventre de la femme qui le transmet
héréditairement à sa descendance. Un homme peut être
nzwm sans le transmettre. LesPa-rwm sont les causes de presque toutes les
maladies et de tous les malheurs.On distingue, néanmoins, deux sortes de
Pa-rwm. Les premiers ne font souffrir que lorsqu'on enfreint les
règlements, la coutume ou lorsqu'on est en discorde avec
quelqu'un ».
« Pecking Order » :
Qui est l'expression anglophone usuelle abordant la structure du
pouvoir et la hiérarchisation des organisations sociales.
« Polizeitruppe » :
Police au service de l'administration coloniale allemande.
« Postcolonial studies »
(études postcoloniales) :Science sociale qui veut
amener à sortir du modèle colonial de la représentation de
l'Autre en déconstruisant les structures de pensée et les
logiques héritées de la domination coloniale ; en finir avec
cette domination sous toutes ses formes en donnant toute leur place à
ceux et celles que le discours colonial a exclus.
« Not-Kwete »:Signifie « Poursuis
pour atteindre ».Avant son exil à Yaoundé, le Roi NJOYA
avait essayé de mettre en pratique une nouvelle religion qu'il
dénommé Nwot-Kwete qui signifie « Poursuis
pour atteindre ».
NJOYA, en roi éclairé, entreprend en 1916 la
rédaction avec son écriture les préceptes et les
fondements d'une doctrine religieuse appelée « Poursuis
pour atteindre ». Il s'agit, commele relève
ClaudeTARDITS, « d'une religion de salut, principalement
inspirée par les prédications des marabouts, que l'on a parfois
qualifiée d'« Islam BamounBamun ». Poursuis
pour atteindre était lu dans la mosquée que le roi avait fait
bâtir dès 1916 et, évènement important, sa diffusion
était faite dans la langue du pays ».
« Nshilafsi » :
Serviteurs en pays Nsoh.
« Reichskolonialamt » :
Office Colonial de l'Empire.
« Risala » :Mot arabe signifiant
épitre sur les éléments du dogme et de la loi de l'islam
selon le rite malikite.De l'avis unanime des chefs religieux musulmans et des
orientalistes, c'est le texte fondateur de la méthodologie juridique
islamique.Il fut rédigé au dixième siècle
(quatrième de l'hégire) par Ibn-Abi-Zayd Al Quayrawani. C'est un
recueil de quarante-cinq (45) chapitres, qui débute par les
prescriptions de la foi, continue par la purification, la prière, puis
traite les éléments du dogme un à un. Son importance
réside dans les détails qu'elle apporte tout en restant
accessible au novice dans la pratique religieuse.
« Steuerarbeit » :
Travail d'impôt.
« So foa
mom » :Qui signifie l'égal du chef
BamounBamun, titre que portent encore aujourd'hui les fon Bandjoun ».
« Shupamen » :
Couramment connu sous le nom de langue BamounBamun.
« Tangué » :
Objet d'art des chefferies Sawa, communément utilisé comme mat de
beaupré des pirogues chez les Sawa. Le
« Tangué » de LOCK PRISO fut emporté à
la suite de l'expédition punitive de Max BUCHNER, infligée
à LOCK PRISO, chef de la communauté Duala de Hickory Town,
aujourd'hui Bonabéri.
« Treaty-making power »
(TMP) : Signifie le pouvoir de conclure des traités
en droit international.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N°
1:Référents Des Principaux Toponymes Liés Au
Mot « Duala »............... ...
III5
Tableau N°
2 :Structure Sociétale Des Duala.
86
Tableau N°
3:« CANTONS »,
« QUARTIERS » ET « FAMILLES » DUALA
(A)..........88
Tableau N° 4:Dynastie des
BELL. 92
Tableau N° 5:Dynastie des
AKWA
III6
Tableau N° 6:Le
Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonamole
119
Tableau N° 7 :Le
Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonebokolo.
120
Tableau N° 8:Le
Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonadibo
120
Tableau N° 9 :Dynastie
des BONÉBELA (DEÏDO)
120
Tableau N° 10
:Évolution et composition de la population de Douala
122
Tableau N° 11 :La
Dynastie Bamoun De Nchare Yen A Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo
Njoya..........................................................................................
154
Tableau N°
12 :Titres nobiliaires de la société
BamounBamun..........................................
144
Tableau N° 13 :Anna
WUHRMANN & Lydia MANGWELOUNE, 02 figures féminines
emblématiques du christianisme en terre
BamounBamun..................................................
164
Tableau N°
14:Nomenclature des monnaies depuis la côte du
Nigéria jusqu'à la côte
Espagnole................................................................................................288
Tableau N° 15:
Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914 (En Marks). 292
Tableau N° 16:
Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros) 292
Tableau N° 17:
Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA) 293
Tableau N° 18:
Situation du commerce au Cameroun de 1901 à 1902. 298
Tableau N° 19:
Situation du commerce au Cameroun de 1891 à 1900.
299
Ttableau N° 1: La Dynastie Bamoun De Nchare Yen A
Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya. 8584
Tableau N° 2 : Titres Nobiliaires De La
Société Bamoun 8786
Tableau N° 3: Anna Wuhrmann & Lydia Mangweloune, 02
Figures Féminines Emblématiques Du Christianisme En Terre Bamoun.
9594
Tableau N° 4: Référents Des Principaux
Toponymes Duala. 110109
Tableau N° 5: Structure sociétale des Duala.
111110
Tableau N° 6: « CANTONS »,
« QUARTIERS » ET « FAMILLES » DUALA (A)
114113
Tableau N° 7: Dynastie des BELL 118116
Tableau N° 8: Dynastie des AKWA 142140
Tableau N° 9: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le Foyer
Bonamole 145143
Tableau N° 10: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le
foyer Bonebokolo 146144
Tableau N° 11: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le
foyer Bonadibo 146144
Tableau N° 12 : Dynastie des BONÉBELA
(DEÏDO) 146144
Tableau N° 13: Évolution et composition de la
population de Douala 148146
Tableau N° 14: Nomenclature des monnaies depuis la
côte du Nigéria jusqu'à la côte Espagnole. 382376
Tableau N° 15: Les recettes produites par l'impôt de
capitation de 1908 à 1914 (En Marks). 386380
Tableau N° 16: Les recettes produites par l'impôt de
capitation de 1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros) 386380
Tableau N° 17: Les recettes produites par l'impôt de
capitation de 1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA) 387381
Tableau N° 18: Situation du commerce au Cameroun de 1901
à 1902. 392386
Tableau N° 19: Situation du commerce au Cameroun de 1891
à 1900 393387
LISTE DES FIGURES
Figure N° 1:Sur la
photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis, 2ème rang), Rudolf DOUALA MANGA
BELL (Dernier rang, au milieu).. 329
Figure N° 2:
Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant le costume
traditionnel BaliPhoto prise vers 1912 377
Figure N° 3:Anna WUHRMANN
assisse au milieu de ses élèves de l'école des filles de
Foumban................................................................................................
III
Figure N° 4:Photo prise
vers 1907 du Roi NJOYA et du Missionnaire GÖRING, en compagnie
de son fils, assis côte à
côte......................................................... 402
Figure N° 5:Photos prises
par le missionnaire GÖRING vers 1906-1912 qui oppose la première
église chrétienne et l'école du Roi NJOYA à
Foumban............................... 404
Figure N° 6 : Table
et chaire de l'église de Foumban (1940/1960)...........................
404
Figure N° 7 :Petit
tabouret royal, ru mfo. BamounBamun, Cameroun, province de l'Ouest. Bois,
perles de verre, étoffe/toile, cauris, plaques en
laiton.....................................................
III
Figure N° 8 : Le Roi
NJOYA présente le cadeau destiné à l'Empereur Allemand
GUILLAUME II, photographié par Johannes LEIMENSTOLL, en 1908 à
Buéa............
420
Figure N° 9:Le Roi NJOYA
avec son nouveau trône devant l'entrée de son palais,
photographié par Marie Pauline THORBECKE, en 1912 à
Foumban. 421
Figure N° 10 : El
Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre, photographié
par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich
III
Figure N° 11:Groupe de
figures en cuivre présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA
à l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban,
21ème siècle 425
Figure N° 12:Le Roi NJOYA
et le commerçant OLDENBURG, photo prise par Hélène
OLDENBURG, en 1912 à Foumban. 449
Figure N° 13 :Carte du
royaume Bamun « commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours
de 1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA
III60
Figure N° 1: Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant
le costume traditionnel Bali . 279276
Figure N° 2: Photo prise vers 1912 - Anna WUHRMANN assisse
au milieu de ses élèves de l'école des filles de Foumban
304300
Figure N° 3: Photo prise vers 1907 du Roi NJOYA et du
Missionnaire GÖRING, en compagnie de son fils, assis
côte à côte. 305301
Figure N° 4: Photos prises par le missionnaire GÖRING
vers 1906-1912 qui oppose la première église chrétienne et
l'école du Roi NJOYA à Foumban 307303
Figure N° 5: Table et chaire de l'église de Foumban
(1940/1960) 308303
Figure N° 6: Petit tabouret royal, ru mfo. Bamoun, Cameroun,
province de l'Ouest. Bois, perles de verre, étoffe/toile, cauris,
plaques en laiton. 323318
Figure N° 7: Le Roi NJOYA présente le cadeau
destiné à l'Empereur Allemand GUILLAUME II, photographié
par Johannes LEIMENSTOLL, en 1908 à Buéa .324319
Figure N° 8: Le Roi NJOYA avec son nouveau trône
devant l'entrée de son palais, photographié par Marie Pauline
THORBECKE, en 1912 à Foumban. 325320
Figure N° 9: El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son
ancêtre, photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à
Zurich. 328323
Figure N° 10: Groupe de figures en cuivre
présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à
l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban, 21e
siècle. 329324
Figure N° 11: Le Roi NJOYA et le commerçant
OLDENBURG, photo prise par Hélène OLDENBURG, en 1912 à
Foumban. 347342
Figure N° 12: Carte du royaume Bamoun
« commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours de
1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA. 358353
Figure N° 13: Sur la photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis,
2ème rang), Rudolf DOUALA MANGA BELL (Dernier rang, au milieu).
423417
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1: Protocole D'Entretien
III72
Annexe 2: Ébauche De La Carte De L'estuaire
Du Wouri Et Des Rivières Illustrant Douala Autour De 1850.
474
Annexe 3: Toponymie Des Territoires Littoraux
Duala
475
Annexe 4: Le Ngondo .
476
Annexe 5: Texte Préliminaire Du Traité
Du 10 Juillet 1884. 504
Annexe 6: Douala. Développement Des Quartiers
Africains. 507
Annexe 7: Douala. Développement Des Quartiers
Européens. 508
Annexe 8: Douala. Zone Européenne - Zone
Africaine. 509
Annexe 9: Douala. Projet D'urbanisme Allemand.
510
Annexe 10: Croquis Du Plan D'urbanisme Allemand.
Projet Définitif . 511
Annexe 11: Convention D'unidroit Sur Les Biens
Culturels Volés Ou Illicitement Exportés. 512
Annexe 12: Reproduction Du
« Tangue » De Kum'a Mbape Bell Et Exposée À
La Fondation Africavenir À Douala. 523
Annexe 13: Communiqué Nr. 4948/09 Du 26
Août 1909 Signé Par Le Chef De District Impérial Röhm,
Indiquant Que Désormais, L'administration Coloniale N'accepterait Plus
De Lettres Ou Textes En Duala, En Langues Camerounaises Ou En Anglais :
Seulement La Langue Du Colonisateur Allemand Sera Acceptée. Début
Du Déclin De L'articulation De Notre Pensée Enracinée Dans
Notre Culture. Source : Archives De La Chefferie Bonéko, Wouri.
524
Annexe 14: Lettre Écrite Par Le Chef De
Circonscription Royale Röhm, Interdisant Désormais Qu'une Lettre
Lui Soit Adressée En Une Autre Langue Que L'allemand. Source :
Archives De La Chefferie Bonéko, Wouri. 525
Annexe 15: Calendrier Agricole De Foumban En
1911. 526
Annexe 16 : Lettre Dans Laquelle Le Roi Bell
(Manga Ndumbe), Rend Hommage En Duala À L'allemand Scheve Pour Son
Engagement En Faveur Des Noirs.Source : Archives De La Fondation
Africavenir International, Douala-Bonabéri. 527
Annexe 17: Lettre De Duala Manga Bell Et Bruno
Mulobi, Rendant Hommage En Duala, À Berlin, À L'allemand Scheve,
En 1902. 528
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
III
PREMIÈRE
PARTIE :
LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET
BAMUN 71
CHAPITRE
I :
LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES
TERRITOIRES BAMOUNDUALA ET BAMUN
73
SECTION
I :
LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE
TERRITOIRE BAMOUNDUALA 73
SECTION
II :
LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE
TERRITOIRE BAMUN 140
CHAPITRE
II :
LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE
DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES
TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN
III756
SECTION
I :
DYNAMIQUES ET LOGIQUES
CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS
DUALA....................................................................................................................................
III75
SECTION
II :
DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE
COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN
III11
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
264
DEUXIÈME
PARTIE :
L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRS
POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUDUALA ET BAMUN SUR L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
III66
CHAPITRE
III :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS
DUALA
III8
SECTION I :LA
QUESTION DU "COUMI" OU SALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
III69
SECTION
II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA ET
DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
304
CHAPITRE
IV :L'ADAPTATION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE
BAMUN
III62
SECTION I :LES ACTES
REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
362
SECTION
II :LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA
414
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
III63
CONCLUSION GÉNÉRALE
464
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le Cameroun1(*), situé au fond du Golfe de Guinée, fut
d'abord visité par les Portugais au 15ème siècle, puis par
les Britanniques et les Allemands qui y amenèrent les premiers
missionnaires vers 1860. Devenu colonie allemande en 1884,il passa sous la
coupe de la Franceaudu lendemain de la Première Guerre Mondiale en 1919.
Pays de 475 650 Km² et de 25 millions d'habitants, le Cameroun
s'étend des rivages de l'Océan Atlantique aux confins du Sahel.
En 1911, les Français cèdent certains de leurs territoires
d'Afrique Équatoriale aux Allemands, que ces derniers baptisent
aussitôt « NeuKamerun ». Le territoire du
« Kamerun » va donc s'agrandir d'une partie du Congo
cédée par la France, appelé le « bec de
canard », car il donnait accès au fleuve Congo.
Pour IbrahimMOUICHE, le Cameroun situé
géographiquement à la charnière de l'Afrique occidentale,
centrale comme des ensembles sahélien et occidental, culturellement
à la jonction des mondes francophone et anglophone, aussi bien
chrétien que musulman. En ce sens, il est le carrefour des trois
importantes régions culturelles : la côte de Guinée
avec ses peuplades négritiques, le Soudan occidental avec les Peul et
les peuplades arabes, le Congo avec les peuples de langue bantoue.
L'extrême complexité ethnique est à l'image à celle
de l'Afrique2(*).
C'est essentiellement autour de l'estuaire
du Wouri que se déroulera le trafic le plus important. Les lieux de
traite sont restés facilement identifiables. Il y avait surtout les
villages qui se situaient le long de la côte autour de Victoria, puis les
villages Malimba, de l'estuairedu Wouri. Le gros du trafic se passait à
Douala et Bonabéri aux lieux dits Kamerun et HickoryTown. Sur les
côtesdu Cameroun comme partout en Afrique, la traite a été
un véritable commerce de troc. Les échanges étaient faits
au moyen de coquillages asiatiques qui servaient de monnaie, de pièces
de tissu, de barres de fer, objets manufacturés et de pacotille.Les
comptoirs du Cameroun étaient reliés aux autres comptoirs du
Sénégal, de Sierra-Léone, du Libéria, du Ghana, de
Côte-D'ivoire, du Nigéria. Au cours du 16ème
siècle, le trafic est surtout aux mains des Espagnols.
Mais à partir du 17ème siècle,
il devient l'affaire des Hollandais puis des Français et des Anglais. Le
monopole passe aux mains des Anglais au 18ème siècle.
C'est l'époque où s'organise le commerce triangulaire.
Les chefs côtiers ont joué un rôle
particulièrement important. Le RévérendPasteurMVENG
écrit : « Selon la coutume de l'époque, on
rassemblait les esclaves au passage des navires. Là où les chefs
servaient d'intermédiaires, la traite s'ouvrait par un
cérémonial minutieux : annonce de l'arrivée du
bateau, invitation du chef à bord, réception au village et
présentation des cadeaux, enfin, proclamation de l'ouverture de la
traite »3(*).
Les chefs côtiers étaient très friands des cadeaux
apportés par les marchands européens. Sur la côte du
Cameroun,on pouvait acheter des esclaves pour 8 ou 10 bracelets de cuivre.
Certains de ces bracelets, les « manilhas », ont
été conservés au musée de Douala. Le vin d'Espagne
et les cauris étaient très prisés...
Au 17ème siècle, on sait que les
Duala étaient partis de Pitti, sur la Dibamba pour venir habiter la zone
actuelle. Mais un fait caractéristique est que l'on ne voit pas ces
chefs pratiquer ce commerce au grand jour. Tout laisse croire qu'au cours du
16ème siècle, les Portugais retiraient des côtes
camerounaises une moyenne de 500 esclaves. On peut noter que les ressortissants
camerounais étaient peu aptes à la condition servile4(*).Le cas de l'esclavage touchait
au système de l'organisation sociale tout entière. Toutes les
tribus du Cameroun avaient des esclaves qu'on appelait par exemple,
« Mokomi » chez les Kpé de l'ex-Cameroun
britannique, « Mukom » chez les Duala,
« Nkol » chez les Bassa, « Olo-Etuga »
chez les Fang-Béti, « Yond » et autres, chez les
Banen5(*). L'ambition de
cette étude, intitulée « L'administration coloniale
allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun :
analyse de l'histoire politique du Cameroun », est de comprendre
que les sociétés Duala et BamounBamun ont
bénéficié de l'expertise et du savoir-faire de
l'administration coloniale allemande. Par ailleurs, il est également
question de voir que la colonisation allemande a permis de considérer
que le Cameroun était une zone à exploiter, et que les
populations allaient servir de main d'oeuvre à cette opération.
D'un point de vue pragmatique, les Allemands ont
créé de grandes plantations de produits d'exportation dont le
cacao, le café, l'huile de palme, etc. La signature des
différents traités permettait ou n'autorisait pas à
occulter la dimension brutale des méthodes employées pour
atteindre leurs objectifs. Et l'épisode des multiples révoltes
dans les plantations allant même jusqu'à la grève de
l'impôt, témoigne de ces tensions entre les Allemands et les
populations camerounaises.
Toutefois, l'administration coloniale allemande a
contribué au désenclavement du Cameroun à travers
l'exportation des produits cultivés.Il s'agit donc de voir de quelle
manière les chefs traditionnels, en particulier ceux Duala et
BamounBamun, ont participé et ont subi l'expansion de la conquête
allemande au Cameroun. Négliger cet aspect, c'est oublier que tous
les acteurs ont eu à mettre en lumière différents angles
et aspects de la colonisation aussi glorieux qu'obscurs.
Notre introduction générale porte sur la
construction de l'étude (I-) et les
considérations méthodologiques et opératoires
(II-).
I. CONSTRUCTION DE L'OBJET
D'ÉTUDE
D'après Pierre BOURDIEU, « construire un
objet scientifique, c'est, d'abord et avant tout, rompre avec le sens commun,
c'est-à-dire des représentations partagées par tous, qu'il
s'agisse des simples lieux communs de l'existence ordinaire ou des
représentations officielles, souvent inscrites dans des institutions,
donc à la fois dans l'objectivité des représentations
sociales et dans les cerveaux. Le préconstruit est
partout »6(*).L'objet scientifique est le fait à
observer, pour saisir et rendre visibles les aspects imperceptibles de sa
nature à l'oeil nu.
Cela suppose aussi dans une certaine mesure, soit de rompre
avec certains fondements anciens, soit encore de les revisiter pour en faire
une nouvelle structure. C'est dire autrement qu'il faut appréhender son
essence, situer son intérêt, définir ses limites et sa
forme, identifier ses problèmes et les solutions y afférentes,
pour mieux situer sa valeur. En effet, l'administration coloniale allemande a
assis sa domination sur les entités locales, notamment sur les pouvoirs
politiques traditionnels Duala et BamounBamunen appliquant le principe
« de diviser pour mieux régner ».
Dans ce cadre, on a plusieurs fois recensé
l'utilisation des antagonismes entre le Roi BELL et le Roi AKWA par les
autorités allemandes pour avoir la main mise sur le commerce et les
autres transactions commerciales. De plus, les chefs Duala se sont
opposés à la politique d'expropriation, soit en conduisant des
attaques armées, soit en adressant de nombreuses pétitions au
Parlement allemand. Ce qui conduira le 08 août 1914 à la pendaison
du Roi Rudolf DUALA MANGA BELL et de son secrétaire NGOSSO DIN. Au sein
du royaume BamounBamun, par contre, on assiste plutôt à une
politique plus conciliatrice. Le Roi NJOYA utilise la ruse, l'échange de
cadeaux, la création d'un syncrétisme religieux pour ne pas
perdre la main face aux Allemands.D'ailleurs, les guerriers BamounBamun
participeront à la conquête de leurs frères Bansoh,et
récupéreront par la même occasion, la tête
duRoiNSANGU.
Toutefois, il ne faut pas considérer que ces
adaptations n'ont été que le fait des pouvoirs locaux. A ce
titre, le pouvoir colonial allemand, a fait lui aussi, des compromis pour
asseoir sa suprématie.S'agissant de la politique foncière, les
autorités coloniales allemandes vont retarder à tout prix le
processus de réparation des dommages causés par l'expropriation
forcée des terrains du plateau Joss entre autres. La multiplication des
pétitions et des indemnisations financières en est un
témoignage flagrant. Mais la situation sera de plus en plus tendue,
d'autant que la bourgeoisie Duala, ayantétudié en Allemagne,
connait ses droits et les réclame avec véhémence. Ace
titre, Rudolf DUALA MANGA BELL mène les opérations de
résistance ; il est également soutenu par les autres chefs
malgré les tentatives de déstabilisation de cette union par les
Allemands, s'arroge même l'approbation d'une tranche de l'opinion
publique allemande notamment chez les sociaux-démocrates,
réputés proches des idées socialistes et du respect des
peuples dits opprimés. Cependant, il le paiera au prix de sa vie et cet
état de fait consacrera le problème foncier encore en vigueur, de
nos jours, sur le territoire « Duala ».
Concernant la chefferie BamounBamun, le pouvoir colonial
allemand se heurtera aux traditions séculaires telles que la polygamie
ou les pratiques animistes qui existent encore aujourd'hui, preuve qu'aucune
colonisation n'a pu totalement éliminer ces éléments dits
« rétrogrades ».Les missionnaires allemands seront
obligés de tolérer la polygamie tant que les futurs adeptes au
christianisme, acceptaient de se faire baptiser, ou d'amener les autres
profanesà accepter l'école occidentale, à détruire
leurs fétiches devant témoin par exemple. De plus, ils seront
surpris de l'intelligence, de l'audacedu Roi NJOYA. Un roi
« nègre », qui créé une
écriture, un système de cultures, une religion
syncrétique, une architecture mêlant des styles différents.
En d'autres termes, le Roi NJOYA remit en doute toutes les
conceptions racistes et hégémoniques des colonisateurs de quelque
bord qu'ils soient.LesAllemands reconnaitront son génie, son
organisation, et sa capacité à fédérer son peuple
autour de lui et de ses idéaux.
Ainsi, les institutions politiques africaines à savoir
les chefferies traditionnelles ont su se pérenniser et survivre face aux
bouleversements de la colonisation et de l'Etat moderne africain par le biais
d'un ensemble de transformations et d'adaptations. Elles font partie des
institutions de l'ère coloniale et postcoloniale et sont animées
aujourd'hui d'un dynamisme qui les intègre à la vie politique
nationale.
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET
C'est en 1884 que BISMARCKdécide d'engager une
politique d'expansion coloniale7(*). Mais déjà au début du mois
d'avril 1883, à l'occasion d'une convention signée le 28 juin
1882 et publiée en mars 1883 - par laquelle l'Angleterre et la France
garantissaient réciproquement des droits égaux à leurs
commerçants dans leurs possessions africaines - le Chancelier avait
demandé à son ministre des Affaires Étrangères, le
comte HATZFELD, de faire remettre aux magistrats des villes hanséatiques
une note les invitant à proposer des mesures pour favoriser l'expansion
du commerce allemand sur la côte occidentale d'Afrique.
Le 9 juillet 1883, le Sénat de Brême recommande
deux mesures essentielles : la conclusion de traités de commerce
avec les chefs indigènes ; la formation d'une escadre
chargée de visiter régulièrement les comptoirs allemands
pour faire impression sur les indigènes et pour les intimider. Il
n'était absolument pas question d'annexions territoriales8(*).
Quant à la Chambre de commerce de Hambourg,
présidée par le célèbre négociant Adolf
WOERMANN, qui avait des intérêts sur la côte occidentale
d'Afrique, elle adressa à BISMARCK, le 6 juillet 1883, un long et
intéressant mémoire9(*).Ce mémoire montrait la valeur des
établissements coloniaux que l'Allemagne pourrait fonder à
l'embouchure du Niger et dans la baie de Biafra10(*).
Par ailleurs, il s'opposait à la fondation des colonies
de peuplement, mais recommandait avec insistance l'acquisition de comptoirs et
de territoires d'exploitation comme très favorable aux
intérêts commerciaux de l'Allemagne. Ce mémoire plut
à BISMARCK que le Chancelier en accepta intégralement le
programme et le 22 décembre 1883, le comte HATZFELD par le biais de M.
WENTZEL, annonçait qu'un commissaire impérial allait être
désigné pour se rendre en Afrique et engager des
négociations avec des souverains indigènes dans
différentes parties de la côte occidentale.11(*)
Le gouvernement allemand envoya ainsi
GustaveNACHTIGAL12(*)
négocier la mise sous protectorat avec les chefs Duala. Deux
traités en ce sens furent signés avec des chefs de l'estuairedu
Wouri appelée« CameroonRiver » par les Britanniques. Ces
traités furent appelés traités Germano-Duala.Le premier de
ces traités qui date du 12 juillet 1884 marque la naissance
internationale du Cameroun moderne. Douala fut tout d'abord choisie pour
abriter la résidence des gouverneurs et le siège du gouvernorat,
de 1885 à 1901, puis ce fut le tour de Buéa, de 1901 à
1909, au climat plus frais et choisie par le Gouverneur VON PUTTKAMER.
L'éruption du Mont Cameroun qui eut lieu en 1908 mit
prématurément fin à ce choix. Ce fut de nouveau le retour
à Douala où les Allemands se heurtèrent cette fois-ci
à la révolte des Duala qui refusaient de se laisser expulser de
leurs terres. Des révoltes éclatèrent dans les plantations
et dans la région de Douala, allant même jusqu'à la
grève de l'impôt. Néanmoins, la maîtrise allemande ne
fut pas remise en cause par ces évènements.
En dehors de la période de la signature du
traité Germano-Duala, les Allemands rencontrèrent de la
résistance et des révoltes dans leur tentative de conquête
de l'arrière-pays du Cameroun. Les Allemands se firent aider dans cette
entreprise par certains chefs traditionnels dont les plus
célèbres furent le Fon GALEGA 1erde Bali, le Sultan
BamounBamunIbrahim NJOYA,et Charles ATANGANA qui fut plus tard nommé
« Oberhauptling » c'est-à-dire « chef
supérieur »des Yaoundé et Bane.Plusieurs
hypothèses ont été avancées pour expliquer la
relation entre ces deux phénomènes. D'une part, on a
assisté, à une politique de résistance à
l'égard de l'administration coloniale allemande de la part des peuples
Duala et Nsoh13(*), entre
autres. Cette théorie mise en exergue par les perspectives marxiste ou
nationaliste évoquait à juste titre de la résistance des
chefs contre le système d'oppression coloniale. Ici, la stratification
sociale qui renvoie à plusieurs processus sociaux de distinction, de
discrimination, d'affiliation, de « pecking
order »14(*),
tend à positionner les individus de façon hiérarchique,
dans une société ou une organisation sociale donnée, et
donne lieu à des inégalités sociales, en termes
d'accès et de répartition des ressources.
Le marxisme associe à cette vision de la stratification
de la société la notion historique de « lutte des
classes ». Pour KarlMARX et Friedrich ENGELS, l'histoire n'est qu'une
succession de lutte entre classe dominante et classe dominée. Ils
associent à la classe dominée le prolétariat et à
la classe dominante la bourgeoisie.Ils écrivent que les
prolétaires ne peuvent pas être assujettis à une patrie en
particulier et que les divisions étatiques, nationales et/ou culturelles
qui les opposent, sont de simples diversions en regard du conflit
central : la lutte des classes qui oppose le travail au capital dans le
cadre mondialisé du capitalisme15(*). Pour ces deux auteurs, la lutte des classes est un
moteur des transformations des sociétés et de l'histoire
moderne16(*). En effet,
bien que les Allemands, soutenus par les Bali, aient imposé leur
autorité sur la plupart des tribus des Grassfields de Bamenda par des
expéditions punitives et des campagnes militaires comme à Bafut,
les Nsoh s'opposèrent toujours à la domination coloniale
allemande.
LesAllemands reçurent l'aide des BamounBamun pour
vaincre les Nsoh et ils les écrasèrent en 1906 et leur
imposèrent des termes de la paix. Suivant cet accord pacifique, les Nsoh
se soumirent à l'autorité allemande, et, ensuite,
renvoyèrent le crâne du RoiNSANGUaux BamounBamun.Quant aux Duala,
la première opposition majeure survint en décembre 1884 avec d'un
côté le Roi BELL, qui avait soutenu l'annexion allemande et de
l'autre, les autres chefs et princes de Josstown et d'Hickorytown. Cette
hostilité provenait principalement du fait que les Allemands voulaient
procéder à l'expropriation des terrains, ce qui n'avait pas
été convenu entre les deux parties lors de la signature du
traité Germano-Duala du 12 juillet 1884.D'autre part, on a
également assisté à une politique de collaboration avec
l'administration allemande au Cameroun. Cette théorie de la
collaboration a été élaborée par RonaldROBINSON,
théorie selon laquelle les facteurs collaborationnistes17(*) ont largement contribué
à la domination des peuples colonisés.
ROBINSON pose le problème ainsi qu'il suit : «
Les notions anciennes se limitaient pour la plupart à expliquer la
genèse des nouveaux empires coloniaux en termes de circonstances en
Europe. La théorie du futur devra expliquer comment une poignée
de proconsuls européens ont réussi à manipuler les
sociétés polymorphes d'Afrique et d'Asie et comment des
élites nationalistes, finalement relativement petites, les ont
persuadés de partir »18(*).
Donald AnthonyLOW donne la même orientation à
l'interprétation de l'impérialisme colonial lorsqu'il pose la
question de savoir comment l'ordre colonial a pu être accepté
pendant si longtemps19(*).La recherche historique sur la colonisation allemande
au Cameroun connait indiscutablement un grand intérêt avec les
travaux de Karin HAUSEN20(*), AlbertWIRZet GotthilfWALZ21(*) mais elle semble
généralement effectuée dans une perspective plus ou moins
euro-centrique22(*).Les
travaux du professeur STOECKER23(*) et de ses collaborateurs donnent une autre
orientation à cette recherche, à savoir qu'il est indispensable,
non pas d'analyser le phénomène colonial en se
référant en majeure partie au colonisateur, mais plutôt
d'accorder une place importante au colonisé. La thèse de Patrice
MANDENG se situe dans le même cadre.
Nous orientons notre travail vers cette voie où le
colonisé, dans ce cas le chef, n'est plus seulement objet mais aussi
sujet dans le processus colonial. D'où une convergence entre la
théorie de ROBINSON et les études de STOECKER et de
MANDENG24(*). Il convient
donc de mettre un accent particulier sur les éléments locaux de
la domination coloniale. Il s'agit ici pour nous d'analyser les
éléments collaborationnistes locaux, indispensables au maintien
de l'ordre colonial et de faire ressortir la part de responsabilité
incombant à une certaine couche de la population
colonisée25(*).
Bien que les cas de coopération avec les chefs amis ne fussent pas
très nombreux, le Fon GALEGA 1erde Bali, CharlesATANGANAet le
Sultan NJOYA en font partie.Le RoiIbrahimNJOYA, qui avait entendu parler des
expéditions punitives et des campagnes de destruction contre les tribus
rebelles des Grassfields, accueillit les Allemands en 1902.
Il évita la guerre en négociant avec les
Allemands. Il ouvrit son pays aux innovations politiques et économiques
qu'ils proposaient pour ne pas être démis de son pouvoir.En 1906,
NJOYA apporta son soutien aux Allemands dans le conflit contre les Nsoh qui
refusaient de se soumettre à l'autorité de la station militaire
de Bamenda. L'expédition fut un succès et l'autorité
allemande s'imposa chez les Nsoh. En retour, NJOYA utilisa les Allemands pour
renforcer sa position, éliminer ses rivaux du lignage royal et de la
Cour.
L'objectif du pouvoir colonial était, entre autres, de
collaborer avec ces chefs pour mieux contrôler les populations, de
s'imposer comme unique autorité politique dans la colonie, et selon
René PHILOMBE, poète et écrivain camerounais26(*), les chefs furent
utilisés par ce qui a été appelé la
« sombre trinité », c'est-à-dire par
l'administrateur, le missionnaire et le commerçant ou planteur. En
même temps, l'on ne devrait pas occulter l'influence certaine, certes
relative de ces chefs sur l'administration coloniale allemande.
Tel est le bloc d'idées à partir duquel s'est
construit l'objet de cette étude. Ce qui impose le préalable de
la définition des concepts.
B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES
Parce que les mots ne transmettent pas toujours avec
exactitude l'état de conscience que nous vivons, le chercheur, doit,
suivant le conseil d'Émile DURKHEIM, définir les choses dont il
traite, afin que l'on sache exactement de quoi il est question27(*).Cet exercice permet
également d'empêcher à l'objet d'étude de fuir dans
tous les sens, gage de son opérationnalisation aisée.
La clarification des concepts n'est autre chose qu'un exercice
de conceptualisation. A ce sujet, RaymondQUIVYet LucVAN CAMPENHOUDT
écrivent ce qui suit :« La conceptualisation est plus
qu'une simple définition ou convention terminologique. Elle constitue
une construction abstraite qui vise à rendre compte du réel
» ...A cet effet, elle ne retient pas tous les aspects de la
réalité concernée, mais seulement ce qui exprime
l'essentiel du point de vue du chercheur. Il s'agit donc d'une
construction-sélection »28(*).
Émile DURKHEIM trouve qu'avant toute chose, il faut
s'accorder sur le sens à donner aux mots, aux concepts, ces derniers
étant très souvent polysémiques.C'est ainsi qu'il est
utile de procéder à une définition des termes clés
usités, afin de préciser les sens qui ne nous seront d'aucune
utilité et éviter tout malentendu qui pourrait naître d'une
quelconque interprétation contraire à l'orientation donnée
dans ce travail29(*).
Nous allons proposer la définition à certains
concepts clefs sans toutefois négliger les dérivés et mots
voisins qui les accompagnent : administration, pouvoirs politiques
traditionnels, histoire politique, afin que l'on sache exactement de quoi il
est question.
1. Le concept d'administration
Nous allons procéder à la définition du
mot « administration » et pour des besoins de
précision, nous allons aborder certains de ses éléments
connexes : gestion, management.
a) Administration coloniale
Le mot « administration » peut
revêtir deux sens différents. Si l'on s'attache à la
fonction de l'administration, suivant la définition fonctionnelle, le
mot désigne l'ensemble des activités dont le but est de
répondre aux besoins d'intérêt général de la
population30(*)tels qu'ils
sont définis à un moment donné par l'opinion publique et
le pouvoir politique. Il s'écrit alors avec un petit « a
».Mais, si on s'attache à son organisation, suivant la
définition organique, il désigne l'ensemble des personnes
morales31(*)et
physiques32(*) qui
accomplissent ces activités.
Le mot « administration » s'écrit
alors avec un grand « A ». Il existe là encore deux approches
: une conception large qui considère que les organismes privés
chargés d'une action administrative font partie de l'administration, et
une conception restreinte qui les exclut. Administrer revient à
gouverner, diriger, ordonner ou organiser.Il est important de souligner que
sous l'angle anthropologique ou sociologique, l'histoire du colonialisme
allemand est empreinte du fait que les colonies ne seront jamais des terres de
relégation de délinquants ou de criminels ou encore d'opposants
politiques comme ce fut le cas pour la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, les
colons allemands sont des migrants volontaires, pour la plupart des
employés et agents des sociétés coloniales, des
fonctionnaires impériaux ou des commerçants.
L'administration coloniale allemande était donc
volontariste et le mot « administration - ou administration publique
» peut être appréhendé comme l'ensemble des services
chargés d'assurer le fonctionnement d'un État, d'une
collectivité territoriale ou d'un service public, et qui sont
financés principalement par des prélèvements fiscaux
autorisés par le vote d'un budget,« corps des fonctionnaires
chargés collectivement de quelque partie de l'administration publique
».
L'administration coloniale allemande était
chargée d'appliquer la politique ou de mettre en oeuvre la colonisation
de la puissance colonisatrice sur la colonie. Elle a mis sur pied le
recrutement de la main d'oeuvre locale pour construire
« ses » infrastructures, déployer ses agents sur le
terrain tels que les missionnaires et les fonctionnaires, de diffuser la langue
allemande au détriment des langues locales, de transformer les
mentalités « sauvages » en mentalités
« soumises » au travers du christianisme et des
écoles confessionnelles, d'occulter les effets pervers de la
colonisation à travers la manipulation des Saintes Écritures. On
peut citer entre autres le travail forcé, les abus physiques et sexuels,
la diabolisation accrue des pratiques mystiques africaines, le pillage des
ressources, etc.
b) Gestion
Du latin « gestio », le concept de gestion
se réfère à l'action et à l'effet de gérer
ou d'administrer. Gérer, c'est prendre des mesures conduisant à
la réalisation d'une affaire ou d'un souhait quelconque. Le terme
« gestion » concerne donc l'ensemble des procédures
effectuées pour résoudre un problème ou réaliser un
projet33(*). La gestion
est également la direction ou l'administration d'une entreprise ou d'une
affaire.
Il existe plusieurs types de gestion. La gestion sociale,
à titre d'exemple, consiste à construire divers espaces
d'interaction sociale34(*). La gestion correspond, à l'origine, à
l'administration des organisations. Elle s'est développée dans
les années 1950 pour englober les questions de management et de
direction. La gestion renvoie à la conduite des organisations : c'est
l'action ou la manière de gérer, d'administrer, d'organiser
quelque chose. En somme, la gestion c'est l'ensemble des connaissances
permettant de conduire une entreprise. La gestion est également le
management de l'action collective.
Elle fait référence à un besoin de
répartir les tâches, de coordonner les individus d'une part et
d'autre part à une nécessité de gérer la contrainte
de temps, de gérer les ressources humaines, matérielles,
financières. En ce sens, la gestion se rapproche de
l'administration35(*).
c) Management
« Magnus - agere36(*) », c'est indissociablement la main et
l'action. L'usage actuel du français du terme
« management » est un emprunt direct au terme anglais
« management ». Cependant, l'Oxford English
Dictionary37(*) mentionne
que le verbe anglais « to manage » et le substantif
« management » signifient en équitation
« tenir en main les rênes d'un cheval ». Le cadre
étymologique permet de retracer les conceptions du management :
« Conduire d'une main de maître » ;
« Mettre la main à l'organisation » ;
« Tenir en main l'organisation » ; « Main
basse sur l'organisation » avec ses deux niveaux ; et son
paternalisme et son maternisme » ; « La
manipulation » ; « Les mains
reliées ».
Pour Maurice OBADIA, « la plupart des gens
pensent à tort, aidée en cela par une prononciation à
l'américaine, que le terme de management contient le
radical « man » (l'homme), lequel serait donc au
centre du management. Mais c'est plutôt du côté du radical
latin « manus » (la main), qu'il faut
regarder »38(*).SelonRaymondAlain THIETART,le management est
« un ensemble de connaissances et de façons de faire
permettant de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son
développement, et de la contrôler »39(*).Jean-LouisDELIGNY ajoute
d'ailleurs que « c'est un ensemble de connaissances et de
savoir-faire permettant d'assurer en permanence la maîtrise de la
stratégie, des structures et des forces sociales de l'organisation, en
cohérence avec sa culture »40(*).
En d'autres termes, le management est la mise en
oeuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre
ses objectifs. Il correspond à l'idée de gestion et de pilotage
appliquée à une entreprise ou une unité de celle-ci.
Lorsqu'il concerne l'entreprise tout entière, on peut
généralement l'assimiler à la fonction de
direction41(*). Le
management consiste à fixer des objectifs stratégiques et
opérationnels, choisir les moyens de les atteindre, mettre en oeuvre ces
moyens concernant la recherche d'efficience, contrôler la mise en oeuvre
et les résultats obtenus et assurer une régulation à
partir de ce contrôle, en matière de gouvernance.Il comprend une
dimension technique42(*)
et une dimension humaine43(*).
On voit bien que le management se rapproche aussi de
l'administration. De ce fait, il peut arriver d'employer les concepts de
gestion et de management au même titre que l'administration.
2. Le concept de pouvoirs politiques
traditionnels
Nous allons procéder à la définition de
l'expression « pouvoirs politiques traditionnels », et pour
des besoins de clarté, nous allons aborder des notions synonymes :
domination, autorité.
a) Pouvoirs politiques traditionnels
Le pouvoir est la capacité d'agir, de réaliser
un objectif ou d'obtenir un effet recherché. Robert DAHL44(*)définit le pouvoir comme
la capacité pour A (un ou plusieurs individus) d'obtenir de B (un ou
plusieurs individus) ce que B n'aurait pas fait sans l'intervention de A.
En d'autres termes, il s'agit d'un individu45(*) qui exerce un pouvoir sur un
autre individu, dans la mesure où il obtient de ce dernier des
comportements, des actions, voire des conceptions que celui-ci n'aurait pas eu
sans son intervention. Le pouvoir politique est un pouvoir qu'une personne ou
plusieurs personnes exercent dans une société. Il existe de
nombreuses manières d'exercer ce pouvoir, la plus évidente est
celle du chef politique officiel d'un État.
Les pouvoirs politiques ne sont pas limités aux chefs
d'État ou aux dirigeants, et l'étendue d'un pouvoir se traduit
par l'influence sociale que la ou les personnes peuvent avoir, et cette
influence peut être exercée officiellement ou non.
Dans l'histoire, le pouvoir politique a été
utilisé nuisiblement ou d'une manière insensée. Ceci se
produit, le plus souvent, quand trop de pouvoir est concentré dans trop
peu de mains, sans assez de place pour le débat politique, la critique
publique, ou d'autres formes de pressions correctives. Des exemples de tels
régimes sont le despotisme,la tyrannie, la dictature, etc.
Pour parer à de tels problèmes potentiels,
certaines personnes ont pensé et mis en pratique différentes
solutions, dont la plupart reposent sur le partage du pouvoir telles que les
démocraties, les limitations du pouvoir d'un individu ou d'un groupe,
l'augmentation des droits protecteurs individuels, la mise en place d'une
législation ou de chartes46(*).Selon le sociologue allemand MaxWEBER, le pouvoir est
« la capacité d'imposer sa volonté dans le cadre d'une
relation sociale, malgré les résistances éventuelles
»47(*).L'exercice du pouvoir implique de trouver des
personnes qui ont une disposition acquise à l'obéissance.
L'autorité est une forme de pouvoir mais ne doit pas être
confondue pour autant avec le pouvoir. L'autorité désigne la
capacité d'un individu à se faire respecter, en obtenant des
autres des actions conformes à sa volonté. L'autorité est
une qualité personnelle qui dans la relation à autrui permet
d'exercer sa mission dans le cadre d'un pouvoir
délégué.
La définition la plus utile, et la plus
célèbre, c'est celle qu'a énoncée MaxWEBER:
« Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence
légitime »48(*). La violence légitime, c'est la violence
qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire
nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'iln'y avait
pas de violence dite « légitime », n'importe qui
pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du
« chacun pour soi » règnerait. Par
« violence », il ne s'agit pas que d'agression physique,
mais aussi et surtout de violence symbolique. Le pouvoir politique permet de
distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les
citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui
exerce cette violence légitime, c'est-à-dire cette
possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les
règles et empiètent sur la liberté d'autrui.
Chez Thomas HOBBES49(*), la société organisée est une
nécessité pour échapper à un état de nature
qui n'engendre que la guerre et pour Jean-Jacques ROUSSEAU50(*), ce « contrat
social » est un compromis, une régulation entre l'aspect
fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée
comme fondamentalement bonne. Ici et là, il y'a l'idée de
domination.
Partant de là, on peut définir
« pouvoirs politiques traditionnels » comme celui
exercé au sein des systèmes politiques traditionnels
c'est-à-dire « ceux qui connaissent déjà un
certain degré de différenciation structurelle et qui ont
défini le stade de la culture politique de
sujétion ».La culture politique de sujétion est
considéré essentiellement comme une culture politique de
donner ; les membres du système politique n'ont presque pas
conscience de leurs droits c'est-à-dire des devoirs du système
à leur égard. Dans ce contexte, le pouvoir traditionnel renvoie
à l'ensemble de croyances qui confèrent à un individu, une
famille ou un clan, l'autorité nécessaire à commander un
groupe d'individus plus homogène et obtenir d'eux
l'obéissance51(*).
Le pouvoir traditionnel renvoie au bout du compte à ce
que MaxWEBER qualifie de domination traditionnelle dans la mesure où
« sa légitimité s'appuie, et qu'elle ainsi admise,
sur le caractère sacré des dispositions transmises par le temps
(existant depuis toujours) et des pouvoirs du chef ».Le
détenteur du pouvoir (ou divers détenteurs du pouvoir) est
déterminé en vertu d'une règle transmise. On lui
obéit en vertu de la dignité personnelle qui lui est
conférée par la tradition »52(*).
Par essence, le pouvoir politique, qu'il soit moderne ou
traditionnel est un bien public. Il ne s'agit pas simplement d'un
« bien parmi d'autres que poursuivent hommes et femmes ; en
tant que pouvoir d'Etat, c'est aussi le moyen de régulation de toutes
les recherches de biens, y compris le pouvoir lui-même ».
C'est pour cette raison qu'il s'exerce généralement suivant
des normes de la société concernée. Les fondements et la
légitimité du pouvoir sont consacrés par des
réalités concernées.
Il s'agit, pour reprendre l'expression de Simone GOYARD
FABRE, « de l'anthropologisation de la politique qui est d'abord
elle de ses sources. Le pouvoir coutumier a ses normes que dévoile la
coutume du pouvoir et la tradition, le système juridique et le
système foncier »53(*).
Le pouvoir politique traditionnel peut être
appréhendé suivant deux conceptions : la conception
classique et la conception ethnocentrique. La conception classique du pouvoir
traditionnel est suggérée par le courant maximaliste du pouvoir.
D'après cette conception, le pouvoir traditionnel ou mieux les aspects
traditionnels du pouvoir politique, peuvent être décelés
dans n'importe quelle société. Il est aussi vrai que les aspects
politiques du pouvoir sont décelés dans les
sociétés traditionnelles à pouvoir coutumier.
Dans la chefferie « PelendeNord », le
pouvoir est contrôlé par le « Kyamvu », le
grand chef coutumier et sa famille qui établissent leur autorité
sur les autres considérés comme des sujets. La politique
coloniale belge au Congo s'inscrivait dans la conception ethnocentrique. En
effet, l'autorité coloniale n'hésita pas de qualifier de
traditionnel, le pouvoir politique détenu par le chef de secteur alors
que ce dernier était une instance politique créée par
elle. En fait, aux termes de l'article 1 alinéa 2 du décret royal
du 05 décembre 1933, le secteur, bien que de création belge,
était une institution indigène. Aussi les populations
indigènes étaient-elles réparties en chefferies ou en
secteurs.
Par conséquent, l'article 1 alinéa 3 du
même décret royal présente l'expression
« autorités indigènes ».La personne du chef
coutumier est vouée à un véritable culte. Une sorte de
vénération dans la mesure où « il est le seul
vivant qui entre en légitimité en contact avec les
morts ».On prétend qu'il et l'homme qui décide de la
vie ou de la mort de ses sujets ; l'abondance de la production agricole
actuelle dépend de lui, généralement, implore les
ancêtres dont il est le représentant au milieu des vivants.Il est
l'incarnation du pouvoir, de l'autorité et de certaines fonctions
reconnues aux ancêtres54(*).La chefferie comme structure politico-administrative
est depuis l'époque coloniale, reconnue comme une structure
organisée selon la coutume. Si les chefs ont été
confirmés par le Gouverneur général ou en son nom dans
l'autorité qui leur est attribuée par la coutume55(*), le décret royal du 06
octobre 1904 note que la chefferie indigène reconnue constitue donc en
réalité un petit Etat dans l'Etat.
Mais ces entités coutumières ont perdu la
pureté de leur caractère traditionnel au contact avec le pouvoir
colonial qui les accepte, bon gré mal gré, et les a
intégrées dans la structure de l'Etat colonial qui se veut
« civilisateur », pourtant moderne. C'est le décret
du 03 juin 1906 sur les chefferies indigènes qui, aux termes de
l'article 1, élève la chefferie au statut d'entité
administrative étatique56(*).
Au Cameroun, l'autorité compétente peut classer
une chefferie traditionnelle du 1er ou 2ème
degré en raison de son importance économique et
démographique. Le Premier Ministre désigne les chefs du
1er degré. Le ministre de l'Administration Territoriale, ceux
de 2ème degré et le préfet, ceux de
3ème degré. Les chefs traditionnels sous
l'autorité du ministre de l'Administration Territoriale ont pour
rôle de seconder les autorités administratives.
Ils transmettent à la population les directives des
autorités compétentes, au maintien de l'ordre public et du
développement économique, social et culturel de leurs
unités de commandement. Ils recouvrent les impôts.
Conformément à la coutume et lorsque les lois et
règlements n'en disposent pas autrement,les chefs traditionnels
procèdent à des conciliations ou arbitrages entre leurs
administrés. Ils confirment leur rôle d'auxiliaires de la justice
et les dispensateurs de la justice coutumière. Le nouveau statut de la
chefferie complète l'intégration, par l'octroi d'avantages, de
garanties d'un régime disciplinaire, et en représente la
contrepartie57(*).Les
chefs traditionnels de 1er et de 2ème degré
ont droit à une allocation mensuelle fixe calculée sur la base de
l'importance numérique de la population agrémentée d'une
indemnité pour charge spéciale.
Les chefs peuvent prétendre comme par le passé
au paiement des remises sur l'impôt forfaitaire collecté par leurs
soins et à des primes d'efficacité octroyées par le
ministre de l'Administration Territoriale sur proposition des autorités
administratives. L'Etat assure au chef la protection contre les menaces,
outrages, violences, voies de fait, injures ou diffamation dont il est l'objet
en raison ou à l'occasion de ses fonctions. Il répare, dans ce
cas, le préjudice subi. Le statut nouveau octroie un régime
disciplinaire aux chefs. Ils peuvent faire l'objet en cas de faute dans
l'exercice de leurs fonctions, d'inefficacité, d'inertie ou d'exactions
à l'égard des populations, des sanctions suivantes : rappel
à l'ordre, avertissement, blâme simple, blâme, suspension de
la totalité d'allocation durant trois mois, destitution. Le chef doit
avant toute sanction, avoir été au préalable appelé
à donner des explications sur son comportement.
b) La domination
Le mot « domination » vient du latin
« dominare » qui veut dire exercer la souveraineté.
Dans son sens originel, le terme n'a ni connotation négative, ni
positive, cela dépend de la façon dont elle est exercée.
La domination implique cependant toujours une
hiérarchie des positions sociales : Dieu est défini en
théologie comme dominant le monde pour le bien de ce dernier, tandis que
les hommes le feraient pour leurs propres bénéfices, au
détriment des hommes. Il peut aussi s'agir d'une forme locutive pour
souligner l'importance d'un élément dans un environnement
donné, comme dans l'expression « la montagne domine la
plaine ».
Selon la conception contemporaine, la domination est
effectivement toujours légitimisée, aux vues des actions
sociales, elle ne se rapporte pas systématiquement à une
inégalité sociale.Par contre, en sciences sociales, la domination
est un processus qui engendre une situation dans laquelle une identité
sociale, c'est-à-dire en tant qu'individu ou en tant qu'institution, est
en position d'imposer son autorité.
Ce déséquilibre structurel n'est pas
systématiquement perçu comme étant inégalitaire,
mais ce sont à ceux-ci que les sciences sociales se sont le plus
intéressées.DepuisMaxWEBER,la domination est comprise comme
étant légitime, puisqu'elle repose sur la contingence d'actions
sociales qui lui donnent sa légitimité sociale58(*). Ainsi, le voleur en se
cachant de la police légitimise la domination du droit comme forme de
justice dans nos sociétés contemporaines. Pour MaxWEBER, on sait
que le charisme est ce rare privilège, accordé par la providence
à certains hommes d'Etat, qui leur permet d'exercer un commandement sur
leurs semblables au nom de leurs seules qualités personnelles.
Dans cette occurrence, précise GeorgesBURDEAU,
« le chef est à lui-même son propre principe de
légitimité. Il n'est plus seulement l'instrument du pouvoir
étatique, il est lui-même tout le pouvoir car il cesse d'en user
comme d'une compétence pour en disposer comme d'une
propriété. Sa légitimité ne s'apprécie plus
par rapport à une norme préétablie ; elle est un
absolu dont l'évidence s'inscrit dans ses qualités
personnelles »59(*).
Quant à KarlMARX, la domination est vue comme un
rapport de force inégalitaire, asymétrique mais non injuste du
point de vue du droit bourgeois, car l'extorsion de la plus-value se produit au
sein d'un contrat de travail60(*).Ce sont les différences et asymétries
de classes, de la place dans les rapports de production, qui déterminent
les inégalités sociales et politiques61(*).
En d'autres termes, la domination exprime un rapport entre
dominants et dominés, même sans coercition effective,
l'obéissance des dominés étant généralement
consentie dans la mesure où le pouvoir est considéré comme
légitime.62(*)
Les 03 types de domination politique établis par
MAXWEBERnous éclairent davantageà savoir la domination
traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle :
La domination traditionnelle : le chef
est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de
son lien avec l'au-delà. C'est une domination fondée sur la
tradition.
La domination charismatique, c'est le
« niveau 2 » du pouvoir politique. En raison de son
comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration
irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré
comme le chef naturel, spontanément plébiscité...Une
survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l'
« homme providentiel »63(*).Il s'agit d'une domination qui repose sur les
qualités exceptionnelles d'un individu.
La domination légale-rationnelle,
c'est une domination fondée sur les textes, les instruments juridiques,
le droit positif en vigueur dans un Etat.
Nous utilisons de façon interchangeable les concepts
pouvoir traditionnel et pouvoir coutumier, chef traditionnel et chef coutumier.
Il en va de même du concept d'autorité.
c) L'autorité
Le mot « autorité » vient du latin
« auctoritas » qui signifie le fait d'exercer une
volonté, de décider, de commander et d'être obéi, en
tant que garant reconnu pour la réussite de l'action entreprise. Selon
le contexte, il est traduit par autorité, garantie, dignité,
prestige, volonté, pouvoir64(*). Il est formé sur le radical (auct-)
issu du verbe « augere », qui signifie « faire
pousser », « faire grandir »,
« augmenter »65(*).
D'après le ProfesseurMichelHUMBERT66(*) : « La notion
d'auctoritas, essentielle en droit privé et en droit public romains, se
rattache, par sa racine, au même groupe que
« augere » (augmenter), « augure »
(celui qui accroît l'autorité d'un acte par l'examen favorable des
oiseaux), « augustus » (celui qui renforce par son charisme
[...celui qui est porteur de l'auctoritas]). L'auctoritas exprime
à son tour l'idée d'augmenter l'efficacité d'un acte
juridique ou d'un droit. [...]De même le Sénat, grâce
à son incomparable prestige, a la vertu d'augmenter la portée de
tout acte pour lequel il a donné son accord (son auctoritas). [...]
Aucune de ces décisions ne sera prise directement par le Sénat
(il n'en a pas le pouvoir). Mais tous ces projets, enrichis de l'auctoritas du
Sénat, sont assurés du succès. [...] Aucun acte
politiquement significatif n'est mis à exécution par un magistrat
sans l'accord (et la délibération) du Sénat.Au point que
tout se passe comme si l'inspirateur de la décision était le
Sénat, et l'exécutant, le magistrat. Telle est la force de
l'auctoritas : sans elle, pas d'action ; devant elle, pas d'inaction
».La notion d'autorité est ainsi définie dans un sens
juridique et social.
C'est son caractère nécessaire, voire
indispensable à la structure de toute société qui la rend
légitime pour le plus grand nombre et qui permet de
l'opposer« erga omnes »67(*). L'« autorité naturelle » peut se
dégager d'une personne.Sur le plan professionnel, par exemple, on
attribuera à une personne une autorité certaine si elle inspire,
à travers sa compétence et sa moralité, la confiance qui
permettra d'obtenir le meilleur de chacun et la bonne entente entre les
différents individus du groupe.
La philosophe et psychologue ArianeBILHERAN, dans son ouvrage
L'autorité, écrit : « D'après
Benveniste, « augere » consiste avant tout à poser un acte
créateur, fondateur, voire mythique, qui fait apparaître une chose
pour la première fois. Bien évidemment, dans la même racine
étymologique, l'auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s'en
donne le garant. Ce terme était particulièrement employé
pour les historiens, l'auteur étant la personne d'où
émerge une crédibilité de parole concernant
l'héritage et le passé ».
Elle définit alors l'autorité selon trois
fonctions : la fonction d'engendrement68(*),la fonction de conservation69(*) et la fonction de
différenciation70(*). Elle souligne que l'autorité s'inscrit dans
un rapport au temps, à l'héritage, et qu'elle est vouée,
dans son exercice, à disparaître : contrairement au pouvoir,
à la domination, à la contrainte, l'autorité vise
l'autonomie progressive de celui qui en bénéficie.
On peut distinguer plusieurs sources d'autorité parmi
lesquelles :
Autorité de pouvoirquiprovient des
règlements71(*).
Elle concerne la justice, la police, l'État...
Autorité de fonction qui provient des
structurations72(*). Elle
concerne l'entreprise, la famille, l'association...
Autorité de compétencequi
provient des savoirs, savoir-faire et savoir-être d'une personne ou d'un
organisme. Elle peut être reconnue à quiconque se situe dans une
démarche personnelle et positive d'amélioration aux points de
vue, attitudes, connaissances et compétences, ainsi qu'à quelque
organisme ayant fait preuve de prise en compte des besoins de la situation et
des personnes. On la qualifie parfois « d'autorité naturelle »
ou « charismatique », bien qu'elle tienne des éléments
cités.
Par ailleurs, MaxWEBER73(*)affirme que l'autorité est nécessaire au
pouvoir. Il montre que toute socialisation passe par une forme de domination,
soit une adhésion proche de la soumission volontaire qui dépend
des qualités que le dominé prête à celui qui le
commande. Pour durer, en effet, l'autorité est dans l'obligation de
faire naître et de renforcer une croyance en sa légitimité.
Ainsi, MaxWEBERconçoit l'autorité comme la chance de faire
triompher, au sein d'une relation sociale, sa propre volonté, même
contre la résistance des autres.
Dans cette perspective, la politique est l'ensemble des
conduites humaines qui comportent une domination de l'homme par l'homme.De
plus, Max WEBER affirme que la domination se rencontre dès lors qu'un
individu commande avec succès d'autres, ce qui suppose à la fois
la transmission d'un ordre et la rencontre d'une docilité, d'une
volonté d'obéissance : « l'action de celui qui
obéit se déroule, en substance, comme s'il avait fait du contenu
de l'ordre la maxime de sa conduite, et cela simplement de par le rapport
formel d'obéissance, sans considérer la valeur ou la non-valeur
de l'ordre »74(*).
Or, l'obéissance n'existe que parce que le donneur
d'ordre bénéficie d'une légitimité. Donc, pour
MaxWEBER, toute domination, c'est-à-dire toute obéissance,
s'explique de façon générale par une croyance au prestige
du ou des gouvernants75(*).In fine, l'autorité est le pouvoir de
commander, d'être obéi. Elle implique les notions de
légitimité, de commandement et d'obéissance, d'un autre
pouvoir qui impose l'autorité. La forme de la légitimité
peut varier selon les circonstances76(*).
Maintenant, nous abordons le concept d'histoire politique
(3-).
3. Le concept d'histoire politique
Il convient tout d'abord de préciser la notion
d'histoire, puis celle d'histoire politique. Par la suite, nous proposerons
d'établir la corrélation entre le concept d'histoire et le
concept de politique.
a) Histoire
L'histoire, souvent écrit avec la première
lettre majuscule, est à la fois l'étude et l'écriture des
faits et des événements passés quelles que soient leur
variété et leur complexité.
On désigne aussi couramment sous le terme
d'histoire77(*) le
passé lui-même, comme dans les leçons de
l'histoire.L'histoire est un récit écrit par lequel des hommes et
des femmes78(*)
s'efforcent de faire connaître les temps révolus79(*). Au cours des siècles,
les historiens ont façonné leurs méthodes ainsi que les
champs d'intervention, tout en réévaluant leurs sources, leur
origine et leur exploitation. La discipline universitaire d'étude et
écriture de l'histoire, y compris la critique des méthodes, est
l'historiographie. Elle s'appuie sur diverses sciences auxiliaires
complétant, selon les travaux menés, la compétence
générale de l'historien. Elle reste malgré tout une
construction humaine, inévitablement inscrite dans son époque,
susceptible d'être utilisée en dehors de son domaine, notamment
à des fins d'ordre politique80(*).
Antoine PROST dans Douze leçons sur l'histoire,
affirme que : « L'histoire, c'est ce que font les historiens
» et que « c'est en faisant de l'histoire qu'on devient historien
»81(*). Partant de
là, l'histoire est une discipline qui ne peut se transmettre de
façon complète et didactique, elle est un savoir-faire qui
s'acquiert de façon progressive, presque artisanalement. La
récurrence du vocabulaire artisanal dans les écrits des
historiens montre que le métier vient par l'apprentissage, la pratique,
l'accumulation et la maîtrise de compétences plus que par un
savoir scientifique exhaustif à apprendre. MarcBLOCH se définit
ainsi comme « un artisan, vieilli dans le métier »82(*).
FrançoisFURET parle d' « atelier »,
l'historien allemand WernerCONZE évoque une corporation avec ses
maîtres, ses compagnons et ses apprentis83(*). Ces formules paraissent contradictoires chez des
historiens qui, dans le même temps, affirment que l'histoire est une
science, dotée de règles de fonctionnement. Mais en fait, il
s'agit surtout de souligner que les règles de l'histoire
s'acquièrent de façon progressive, par la pratique, et qu'aucune
règle ne peut être appliquée automatiquement et sans une
réflexion aboutie.
Le champ lexical de l'artisanat, très fréquent
chez les historiens, exprime toute la complexité de
l'histoire.D'ailleurs, la formation de l'historien est en très grande
partie fondée sur deux axes : la connaissance de l'histoire en
général84(*)et sur des connaissances pratiques85(*).
b) Histoire Politique
L'histoire politique est l'une des principales branches de la
recherche en histoire. Elle traite des évènements politiques,
notamment de l'histoire des États, des idées, des mouvements et
des dirigeants à travers l'Histoire. Elle est généralement
structurée autour de l'État-nation. Elle est distincte mais
liée à d'autres domaines de l'histoire comme l'histoire sociale,
l'histoire économique et l'histoire militaire86(*).
Méprisée en France dans les années 1930
par l'école des Annales, elle connaît une nouvelle vigueur. Dans
un sens plus général, on adjoint à ce champ l'histoire
militaire, l'histoire administrative et l'histoire diplomatique. On peut dire
que l'histoire politique fut longtemps, avec l'histoire religieuse, l'unique
champ historique.
De la « Guerredu Péloponnèsede Thucydide
» au 5ème siècle av. J.-C., à
l'«Histoirede France » d'Ernest LAVISSE à la fin du
19ème siècle, les oeuvres d'historiens traitaient
principalement de faits politiques87(*). Avant le 20ème siècle, en
France, l'histoire était vue comme une succession
d'évènements et il ne pouvait y avoir aux yeux des historiens que
des évènements politiques.Les avènements et les
décès royaux, les victoires et les défaites militaires,
les décisions prises au sommet de l'État, l'action des grands
hommes88(*), les
interventions de l'Église suffisaient à expliquer
l'émergence et l'affirmation de la France.Au Moyen Âge et sous
l'Ancien Régime, cette histoire était souvent une histoire
officielle. Elle répondait à la commande d'un puissant.
Les rois, mais aussi les aristocrates, s'entouraient
d'historiographes chargés de glorifier leur règne et celui de
leurs ancêtres. Aussi, les faits présentés étaient
politiques. Cet angle de vue rendait d'ailleurs l'apprentissage de l'histoire
indispensable pour les princes.La lecture de« La Guerre des
Gaules » devait aiguiser leur sens stratégique.
« Les Vies de Plutarque » ou« de
Suétone » devaient fournir des modèles de conduite et
de vertu à l'apprenti-prince.
L'histoire politique avait donc cet avantage d'être
conseillère des gouvernants par les leçons de morale et de
politique qu'on pouvait en tirer89(*).L'histoire politique du Cameroun montre que le
Cameroun, comme tous les autres pays africains, a tout d'abord vécu
entre peuples locaux, puis s'est intégré peu à peu au
monde extérieur avec le commerce des esclaves. Ainsi, ReinhardtKOSELLECK
affirme « L'histoire est comme un champ d'expériences
passées »90(*).Car l'historien envisage la colonisation
à ses différentes époques en fonction de la
métropole. Il permet de saisir les changements survenus dans les
relations existant entre cette dernière et les territoires
dépendants, et il montre comment l'isolement des peuples
colonisés fut brisé par le jeu d'une histoire sur laquelle ils
n'avaient guère de prise.
Il décrit les systèmes administratifs et
économiques qui ont assuré la « paix
coloniale » et qui ont recherché la
rentabilité91(*) de
l'entreprise coloniale92(*). Par la suite, les contacts fréquents
vis-à-vis du monde occidental vont conduire au processus de
conquête, d'annexion du Cameroun, par plusieurs puissances
étrangères dont la France, l'Angleterre et l'Allemagne entre
autres. Il en résulte que le Cameroun est officiellement un pays
bilingue, anglais-français, ce qui, répétons-le, constitue
un exemple unique sur le continent africain. Un pays bilingue est en bonne
logique un pays au sein duquel deux langues sont parlées et comprises,
au moins par l'élite de cet Etat, sur toute l'étendue du
territoire et où la population93(*)est capable d'assimiler et de vivre dans le même
temps deux cultures différentes94(*). Nous sommes une mosaïque d'ethnies. Sur le plan
social, KarlMARX et LÉNINE pensent qu'une classe politique se compose,
en effet, d'hommes subissant des conditions matérielles analogues et
ayant conscience de la similitude de leurs situations95(*). Or, le sentiment de
conscience de classe n'est pas ressenti par la population camerounaise. De
fait, celle-ci conçoit encore les problèmes qui se posent
à elle en termes d'appartenance ethnique.
C'est ainsi que l'ouvrier Bamiléké se sentira
plus solidaire du patron Bamiléké que d'un ouvrier Ewondo ayant
les mêmes conditions matérielles de vie que lui.En outre,
l'intensité du sentiment de solidarité familiale, est un obstacle
à l'éclosion d'antagonismes sociaux.
A l'image de la famille africaine, la famille camerounaise est
foncièrement anti-individualiste. Ses membres se doivent une aide et une
protection mutuelles.Le cousin, même éloigné, réduit
au chômage, sera secouru par la collectivité familiale,dans le
même temps que l'étudiant boursier devra venir en aide à
ses parents frères ou ses soeurs dans le besoin96(*).
Le Cameroun est ainsi à l'image de l'Afrique
officielle, laquelle, nous dit un spécialiste, « est
souvent une Afrique honteuse, attachée à se renier, à
cacher ses problèmes, à les minimiser, à les
déformer... Le fait ethnique est traité comme une donnée,
« dépassée », morte, une curiosité
tout au plus exotique, folklorique, à usage d'amateurs
d'antiquités et souvent comme une tare, une menace, une tâche. On
se refuse à considérer qu'il évolue, se transforme,
acquiert des traits nouveaux et constitue un fait contemporain, au même
titre que toute autre donnée sociale et culturelle
actuelle »97(*).
La prééminence du facteur ethnique sur le
facteur idéologique apparaît clairement dans la vie politique
camerounaise au stade de l'engagement politique des citoyens98(*).Compte tenu de cet
élément sociologique fondamental qu'est le tribalisme, un homme
politique doit, pour atteindre ses fins, avoir de solides attaches
locales...Lorsque le régime était pluraliste99(*), la règle
impérative pour tout politicien, consistait à utiliser les
structures traditionnelles locales pour servir ses ambitions
personnelles100(*).
c) Corrélation entre histoire et
politique
L'histoire est au coeur de la mémoire collective d'un
peuple ou d'une nation : elle est un ensemble de références
à partir duquel se construit une grande partie de l'identité du
groupe social. Ce rôle en fait un enjeu politique considérable :
la maîtrise du discours sur le passé par le politique peut
être pour lui un moyen de faciliter des desseins de tout ordre.
De nombreuses études portant, notamment, sur la vision
de l'histoire transmise par les manuels scolaires, montrent cette
instrumentalisation du passé à des fins politiques101(*). L'appropriation politique
du passé peut prendre la forme de culte des « héros »
nationaux, modèles censés représenter plus ou moins ce qui
est attendu idéalement de chacun.Si l'instrumentalisation de l'histoire
est particulièrement visible dans les régimes totalitaires, qui
utilisent fortement l'histoire dans leur logique d'emprise sur le peuple.
C'est le cas de l'URSS102(*) qui pendant la Deuxième Guerre mondiale
reprend les symboles historiques et patriotiques russes à son compte,
elle est également présente occasionnellement dans des
régimes libres qui prennent comme point de référence des
« héros » de leur histoire pour accompagner un message
politique, de VERCINGÉTORIX sous NAPOLÉON III à Guy
MÔQUETA avec Nicolas SARKOZY en France103(*).
C. PRÉSENTATION DES
POUVOIRSPOLITIQUES TRADITIONNELS DUALAETBAMOUNBAMUN
Evans PRITCHARD et Meyer FORTES104(*), maitres de l'anthropologie
britannique proposèrent une nouvelle typologie : ils opposaient les
sociétés segmentaires acéphales, fondées sur le
lignage, aux sociétés plus ou moins complexes dotées
d'institutions politiques centrales ; ces dernières constituent
généralement des royaumes que les auteurs n'hésitent pas
à considérer comme des « Quasi-Etats »
(« State-Like »). Leur livre « Systèmes
politiques africains » est publié en 1940 par l'Oxford
University Press.
L'Ecole de Manchester, sous la houlette de Max GLUCKMAN,
montra que la « coutume » doit parfois affronter le
« conflit », comme le laisse entendre le titre d'un maitre
ouvrage qu'il a signé105(*). La rébellion (y) est vue comme un processus
permanent qui affecte de manière constante les relations
politiques106(*). En
effet, les rites attestent, de manière symbolique, à la fois de
ces conflits et de la volonté de maintenir tel quel l'ordre social.
Nous présenterons tour à tour les pouvoirs
politiques traditionnels Duala(1-) et
BamounBamun(2-).
1. Les chefferies Duala comme cas
d'analyse
La connaissance du groupe Duala, à cette
époque, a été rendue possible par des écrits de
G.A. ROBERTON, de RolandJACKSON, et de Beecroft HUTCHINSON, missionnaires
protestants, MERRICK, SAKER, FULLER et bien d'autres. Grâce à eux,
on sait que les Duala appartiennent au groupe Bantou dont l'ancêtre
était MBEDI.
Deux lignées se forment par la suite après
MBEDI. Il y eut la lignée de King BELL, constituée des clans de
Bonapriso, Bonabéri, Bonanjo ; puis la lignée de King AKWA,
avec les clans de Bonabela107(*) et de Bonaku108(*). LesAnglais découvrent les Duala avec leur
tête deux (02) chefs : King BELL et King AKWA. C'est donc autour de
ces deux (02) familles que gravite l'histoire de Douala au
19ème siècle jusqu'à l'implantation de la
colonisation.
La vie de cette société traditionnelle est
basée sur la famille qui est ici très large et la polygamie joue
encore un grand rôle. Ces populations vivent dans l'ensemble, de la
pêche et entrent dans le nouveau système du commerce avec
l'intérieur du pays109(*).Avant de signer le contrat avec les Allemands, les
rois et leurs suites se réunissent à l'exclusion de tout
Européen et préparent un protocole d'accord, qu'ils soumettront
à la signature du Consul allemand EmilSCHULZE, préalable pour la
signature de tout traité.
Dans le protocole d'accord, les Allemands doivent attester
qu'ils ne toucheront pas au monopole commercial des Camerounais, ni à
leurs terrains, qu'ils ne bousculeront pas leurs traditions et enfin que les
Camerounais n'ont pas besoin de protection, mais qu'ils souhaitent plutôt
une annexion pour bénéficier des bienfaits de la civilisation et
de la technique allemandes,en contrepartie d'un transfert de
souveraineté. EmilSCHULZE signera ce protocole d'accord le 12 juillet
1884110(*).
Par la suite, nous ferons une présentation du
RoyaumeBamounBamun ?
2. Le royaume BamounBamun comme cas
d'analyse
Le RoyaumeBamounBamun, situé dans les montagnes de
l'Ouest du Cameroun, a forgé son unité au cours des sept
siècles d'existence du royaume depuis la fin du 14ème
siècle. Le Roi des BamounBamun est de la dynastie de NCHARE YEN, venue
de Rifum111(*).
Les croyances religieuses en vigueur dans cette région
sont aujourd'hui l'islam, venu du nord, et le christianisme, venu du
sud.112(*)Avec une
superficie de 7700 km² environ et 820.000 habitants113(*), la région du
BamounBamun couvre plus de la moitié de l'actuelle région de
l'Ouest.
Le royaume est constitué d'un haut plateau114(*) à l'ouest,
surmonté de trois massifs alignés - Mbapit115(*), Nkogham et Mbam116(*) - et d'une plaine
encaissée au pied de la falaise à l'Est de Foumban ; cette
plaine longe la rive du Mbam jusqu'au point de confluence avec le Noun
près de Bafia.
Le pays est limitrophe du Royaumede La'djo et en est
séparé par le Noun117(*). L'actuel territoire des BamounBamun a
été unifié par les Tikar en plusieurs étapes. On
suppose que vers la fin du 14ème siècle, 200 à
300 personnes ont franchi le fleuve Noun à la suite du Prince NCHARE qui
soumit sept principautés avant de s'établir dans un premier temps
à Djimom. L'EtatBamounBamun y est proclamé et Djimom devient la
première capitale du royaume.Le pacte fondamental stipule que :
« L'EtatBamounBamunest né et NCHARE en est le roi. Il
désignera librement son héritier parmi ses fils ».
Les sept compagnons « Kom », cosignataires, sont les
conseillers intronisateurs du roi, chargés de garder la loi fondamentale
en l'état et de veiller à son application. Leur fonction est
héréditaire et ils sont autonomes. De Djimom, NCHARE soumet une
dizaine d'autres ethnies et établit sa nouvelle capitale à
Foumban après avoir vaincu les « Ba'Mben » qu'il
réinstalle dans un quartier de la ville.
L'étymologie du mot Foumban vient de deux mots de la
linguistique BamounBamun à savoir : le mot
« Fen » qui signifie « ruine » et le
terme « Mbe » qui veut dire « peuple qui vient
d'êtreruiné », transformé par les Allemands, pour
une meilleure linguistique, en « Foumban ». Le peuple
« Mbe », est donc le premier peuple que NCHARE YEN a
soumis.
De plus, le terme « BamounBamun » veut
dire « les gens qui marmonnent les mots » ou « Pa
Mon » à l'origine, donné par les autochtones de
Foumban, appelés « Njimon »118(*).En 1902, les BamounBamun,
voulurent prendre les armes contre les premiers visiteurs allemands ;
NJOYA, conscient de la faiblesse des siens face aux Européens, les
obligea à les accueillir pacifiquement et évita un bain de
sang.
Le souverain conçut une politique dans laquelle il se
donna le rôle d'intermédiaire indispensable entre les
autorités coloniales et son peuple : « Si les
tirailleurs, arrivent au marché et qu'ils prennent quelque chose, ou
qu'ils frappent, ne vous (BamounBamun) fâchez pas - leur dit-il,
laissez-moi l'affaire des Blancs »119(*).Il put, par la suite, tirer profit de ce
premier contact chaleureux : c'est ainsi qu'il récupéra,
lors du conflit Germano-Bansoh de 1906, le crâne de son père, le
RoiNSANGU.
A la suite de cette clarification conceptuelle, nous passons
en revue la délimitation du sujet ou le bornage de l'étude sur
l'objet de recherche.
D. DÉLIMITATION DU SUJETOU
BORNAGE DE L'ÉTUDE
Il est question dans la délimitation de tracer le
périmètre du sujet, de définir ses contours. Plus
précisément, il s'agit d'inscrire le sujet dans son triangle
spatio- temporel et scientifique.Délimiter le champ de recherche«
c'est le fait de calibrer le travail afin de ne pas courir le risque
d'être critique pour négligence»120(*).
Ainsi, il nous revient de délimiter notre travail dans
le temps et dans l'espace (1-), et de l'autre, de le
circonscrire dans le domaine du vaste champ de la science politique
(2-).
1. Cadre spatio-temporel de
l'étude
Terminus à quo
Dans la délimitation temporelle, notre étude se
situe entre 1884 et 1916. En effet, l'année 1884 représente le
début du protectorat allemand sur le Cameroun. Quant à
l'année 1916, il représente les prémices du déclin
de l'Allemagne et la perte progressive de ses colonies.
Le 24 avril 1884, soutenu par l'opinion publique, BISMARCK
proclame la souveraineté allemande sur la baie d'Angra Pequena, sur la
côte de l'actuelle Namibie. Les ethnies locales, Hereros et Hottentots,
seront soumises par la force. D'avril à novembre, des explorateurs
mandatés par Berlin proclament la souveraineté de l'Allemagne sur
le Sud-Ouest africain, le Togo,le Cameroun et l'Afrique orientale.Le 5, 11 et
12 juillet 1884 représentent l'établissement du protectorat
allemand au Togo et sur la côte du Cameroun. L'explorateur NACHTIGAL fait
signer aux chefs locaux des traités de protectorat. Enfin, le 15
novembre 1884 a eu lieu la Conférencede Berlin qui réunit 14 pays
et s'acheva le 23 février 1885. Et le mois de février 1916 marque
la date de départ de l'Allemagne du Cameroun.
Cette conférence fut essentiellement consacrée
aux questions africaines121(*). Elle réglementa, entre autres, la
colonisation sur le continent entre les différentes puissances
européennes, ainsi que la rivalité franco-belge au Congo.
Parmi les mesures prises, nous avons la Conférencede
Berlin :
1. prenait acte de l'existence de l'État
indépendant du Congo, avec comme souverain le roi des Belges,
LéopoldII ;
2. posait les principes qui devraient être
respectés à l'avenir pour la prise de possession de nouveaux
territoires : tout État assurant la prise de possession devrait
adresser une notification aux autres Puissances et effectuer une occupation
réelle ;
3. établissait la liberté du commerce dans
toute la zone que l'on appelait le « Bassin conventionnel du
Congo » et qui comprenait le littoral atlantique depuis l'embouchure
de la Lobé jusqu'à la rive sud de l'Ogooué, et, du
côté de l'Océan Indien, toute la zone comprise entre le
Zambèze au sud et la frontière méridionale de
l'Éthiopie, au nord122(*).
Le ChancelierBISMARCK réussira, donc, à faire
reconnaître et ratifier par la Conférence les acquisitions
réalisées par GustaveNACHTIGALet de favoriser l'entrée de
l'Allemagne en Afrique avec l'assentiment des autres puissances.Par ailleurs,
l'année 1916 représente les prémices du déclin de
l'Allemagne et de la perte progressive de ses colonies.
Tout d'abord, le Cameroun devient un front secondaire du
conflit d'août 1914, alors que la guerre de mouvement en Europe vient
juste de commencer. LesCamerounais y participent aux côtés des
Allemands et affrontent les puissances coloniales française, britannique
et belge. Si peu de combats ont lieu à Douala proprement dit, la
principale ville portuaire et ancienne capitale du Kamerun allemand123(*), sert tout au long du
conflit de base arrière aux Alliés qui y établissent leur
commandement et préparent leurs offensives sur les différents
fronts.Puis, le 1er janvier 1916 au Cameroun, les troupes
alliées entrent à Yaoundé, évacuée par les
Allemands. Le 15 février 1916, les troupes allemandes du Kamerun se
réfugient en territoire espagnol, au Rio Muni. A cette nouvelle, la
ville de Mora, qui résiste au nord, se rend le 18 février 1916.
Le Cameroun est occupé par les Alliés après une longue
résistance de plus de 16 mois.
Enfin, le 04 mars 1916, les Français et les
Britanniques se partagent la Colonie allemande du Kamerun. Cette situation se
matérialisera avec la fin de la Première Guerre Mondiale, la
défaite de l'Allemagne en 1918 et la signature du Traité de
Versailles en 1919.
Cet espace temporel nous servira de baromètre pour
l'analyse de l'histoire politique du Cameroun depuis 1884, sous le prisme des
rapports entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques
Duala et BamounBamun.
Terminus ad quem
En ce qui concerne les limites spatiales, il faut savoir
qu'entre 1884 et 1916, le Cameroun était sous domination allemande.
Après avoir échoué dans leurs tentatives de demande de
protectorat anglais, les chefs Duala se tournent vers les Allemands qui en la
personne de Gustave NACHTIGAL, va négocier la mise sous protectorat
allemande du Cameroun. Cela va aboutir à la signature du traité
Germano-Duala le 12 juillet 1884 et qui marqua la naissance internationale du
Cameroun moderne.
En 1901, l'Espagne accorda par ailleurs à l'Empire
allemand un droit de préemption sur l'île de Fernando-Pô,
située dans la baie de Douala. Le Cameroun, dont le territoire est
recouvert par d'importants forts, produira essentiellement du caoutchouc, de
l'huile, des noix de palme et du cacao auxquels viendra s'ajouter l'ivoire,
objet d'un vaste trafic en Afrique centrale.
L'Allemagne y maintint par ailleurs ses plus importants
effectifs militaires dans cette partie de son empire, en raison notamment de sa
position stratégique vis-à-vis des débouchés
commerciaux des régions centre-africaines. Il commandait en effet
l'accès aux possessions françaises, du Moyen-Congo, de
l'Oubangui-Chari et du Tchad et enfin, du Congo Belge.
2. Cadre matériel de
l'étude
C'est l'opération qui permet de
cerner le champ matériel d'investigation et qui peut s'entendre comme
« l'espace conceptuel et notionnel du
sujet»124(*).
C'est l'ensemble des matières qui intéressent le sujet. A cet
effet,il y a lieu de dire que cette présente étude a un
caractère transversal, car elle convoque les champs de l'anthropologie
politique et de la sociologie politique. SelonMadeleineGRAWITZ, la sociologie
politique serait le « produit d'une hybridation lorsque la
sociologie et la science politique seront à
égalité »125(*).
La colonisation a partout installé les conditions d'un
affaiblissement de peuples conquis ou rebelles et de la disparition de leur
culture. Les colons sont confrontés à la difficulté
d'imposer leur présence sur les terres nouvelles dont les richesses sont
convoitées.
Ainsi, leurs bonnes intentions, dites civilisatrices,
échouent et les colons sont rapidement amenés à affronter
les peuples autochtones. Lorsqu'une escalade dans la violence et la haine se
produit, l'exploitation des autochtones, leur déportation, leur
massacre, peuvent parfois préfigurer ou aboutir à des
exterminations intentionnelles. En Namibie, connue autrefois sous le nom de
Sud-Ouest Africain, eut lieu ce qu'on nomme communément le massacre des
Hereros. Les Hereros sont déportés par la puissance colonisatrice
allemande qui y établit les premiers camps de concentration.
Ainsi, LotharVON TROTHA écrit que « le
peuple Herero doit quitter le pays sinon, je le délogerai avec le
« groot Rohr » (grand canon). D'une population initiale de
90.000 Hereros, le recensement de 1911 en décompte 15.000. Les Namas,
peuple allié aux Hereros contre la puissance allemande, passent de
20.000 à 10.000. Au-delà de l'esclavage, la pacification, la
répression des révoltés et le travail forcé ont
fait régresser les populations sur le plan
démographique ».126(*)
Dans ce contexte, les pouvoirs politiques
traditionnels participent à la pérennisation des traditions et
coutumes face aux bouleversements de la colonisation et de l'Etat moderne
africain. Ils ont un impact considérable dans le jeu politique local et
national.
E. REVUE CRITIQUE DE
LALITTÉRATURE
Encore appelée « histoire
du problème », « fondement théorique de la
recherche », « analyse de source », ou
« recension critique des études et travaux
antérieurs », la revue de littérature est une phase au
cours de laquelle l'on fait le point et l'état actuel des connaissances
sur le sujet choisi par le chercheur127(*).
Il s'agit ici de recenser les travaux publiés non pas
dans l'optique d'une « gloutonnerie livresque »128(*), mais dans une perspective
de disposer des informations sur les études théoriques et
méthodologiques qui se situent dans le champ de la problématique
construite par le chercheur.Comme l'affirmait PierreN'DA, la revue de
littérature a donc l'avantage de permettre au chercheur
d'apprécier toutes les publications, de mieux percevoir son propre sujet
et d'en avoir une vision d `ensemble plus nette. Le but ici est de
découvrir les aspects qui ont déjà été
abordés et les aspects négligés ou tout simplement
ignorés129(*).
Aussi, le rôle est de dégager d'une part, les
thèmes majeurs identifiés chez les auteurs et d'autre part, de
relier ces thèmes aux différentes dimensions de la question de
recherche et à son contenu, global130(*). En d'autres termes, la revue de littérature
renvoie une sorte d'évaluation, qui permet de faire le point sur ce qui
a été dit, ou écrit sur le sujet.
Si les relations entre l'administration allemande et les
pouvoirs politiques Duala et BamounBamun durant la période de 1884
à 1916 ont aiguisé notre curiosité scientifique, c'est
avant tout parce qu'elles soulèvent depuis des années un
débat vif entre les acteurs de la société civile131(*)et qui se
révèle très complexe. Dans pareil contexte où la
passion semble prendre le pas sur la raison, toute tentative de trouver une
réponse scientifique à cette question paraît biaisée
dès le départ.
Mais au-delà de la passion, des chercheurs
d'obédiences disciplinaires diverses, se sont penchés aussi sur
cette question en essayant de dépasser les passions qui peuvent conduire
à des conclusions hâtives et triviales afin d'aboutir à une
explication scientifique.
Sont-ils parvenus véritablement à
s'émanciper de ces idées préconçues ou des
caractéristiques de leurs personnalités propres?Il est difficile
de répondre par l'affirmative au regard de ces études
réalisées par des chercheurs qui n'ont pas posé le
problème de la même manière et qui ne sont pas toujours
parvenus à des résultats identiques. En revanche, ce qu'il est
possible d'affirmer ici, c'est qu'il n'y a pas d'unanimité entre ces
derniers sur les répercussions de la colonisation allemande sur les
pouvoirs politiques Duala et BamounBamun de 1884 à 1916.
Selon Emile Durkheim, les faits sociaux sont l'objet
d'étude de la sociologie. Il s'agit de manières de faire qui
s'imposent aux individus et sont extérieurs à eux. Autrement dit,
ils correspondent à des éléments que la
société impose aux individus. Le choix de notre sujet s'est
porté sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun parce
qu'il est une continuité de notre travail entamé en Master
II-Recherche.
Ainsi, notre Directeur de Mémoire, Monsieur le
Professeur Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP nous as entretenus sur le
thème « Les chefferies traditionnelles entre tradition et
modernité au Cameroun : Le cas du Royaume
Bamoun ».
Notre mémoire traitait des transformations subies par
le Royaume Bamun tant du point de vue politique, économique et social
durant la période de la colonisation et celle de l'arrivée de la
démocratie en Afrique dans les années 1990. Il s'agissait de
proposer d'analyser les obstacles et les changements survenus dans le Royaume
Bamun et de montrer comment la société Bamun est devenue
prismatique c'est-à-dire qu'elle est tiraillée entre la tradition
et la modernité tout comme l'ensemble de la société
camerounaise.
C'est donc un travail d'approfondissement qui s'est
présenté à nous étant donné que le Royaume
Bamun est l'un des pouvoirs politiques traditionnels les plus fascinants du
21ème siècle. Par ailleurs, le choix des cantons
/chefferies Duala nous vient de leur proximité forte avec les Allemands
qui voulaient étendre leur influence sur le Golfe de Guinée,
essentiellement autourde l'estuaire du Wouri où se déroulera la
traite des esclaves. Nous avions pour ambition de mieux connaitre ces chefs,
leurs motivations, leurs habitudes de vie....
De plus, ce choix se justifie également par le fait que
ces deux entités politiques traditionnelles ont été les
premières à créer des liens approfondis avec les
colonisateurs allemands.
Pour l'essentiel, deux thèses semblent s'opposer sur
cette question : si certains auteurs pensent que l'administration allemande a
eu des répercussions positives sur les sociétés
traditionnelles Duala et BamounBamun en particulier, et sur la
société camerounaise en général ; d'autres, par
contre, pensent que l'on doit situer la colonisation allemande au même
titre que les autres conquêtes des autres puissances européennes
telles que la France, l'Angleterre, etc.
1. La thèse des
répercussions positives de la colonisation allemande
Pour les tenants de la première thèse,
l'administration allemande s'est illustrée par des oeuvres
significatives et majeures dont les traces sont encore visibles de nos jours :
Birgit PAPE-THOMA132(*)
évoque tout d'abord le fait que la carte du Cameroun133(*) est bien de manière
générale issue de tracés allemands.
Par ailleurs, selon Patrice NGANANG, au Cameroun tout comme au
Togo, l'Allemagne a pour réputation, « de soutenir les
gens de bonne volonté qui veulent que le Cameroun devienne vraiment ce
qu'il peut être »134(*).
Le travail de la Fondation FRIEDRICH EBERT démontre
à suffisance cet état d'esprit, surtout durant les années
de braise pendant la décennie 1990. C'est pourquoi certains Togolais
ainsi que des Camerounais « se vantent » d'avoir
hérité des soi-disant vertus allemandes comme la discipline ou
l'assurance.
Ce qui est à relativiser pour PatriceNGANANGqui parle
plutôt d'une volonté de remettre la France à la place
relative qui a été sienne dans l'histoire camerounaise que d'une
glorification de la colonisation allemande135(*).Des espaces en Allemagne ont été
également baptisés au nom de ses anciennes colonies au
début du XXème siècle pour commémorer
l'apogée de l'Empire allemand alors composé du sud-ouest
africain136(*), de
l'Afrique orientale allemande137(*) du Togo et du Cameroun.Nous notons par exemple
l'existence de la « rue du Kamerun »138(*) dans le quartier Wedding ou
encore la rue du Togo, la rue du Windhoek,ou encore la rue du
Zanzibar139(*).
La langue allemande est toujours enseignée dans les
lycées et collèges camerounais, et les centres culturels
GOETHEsont présents sur tout le territoire. Les étudiants sont
attirés par l'Allemagne par son expertise dans les « sciences
dures » : l'électromécanique,les
mathématiques, la technologie. Le savoir-faire allemand est
considéré comme plus fiable, plus robuste140(*).AlainFINKIELKRAUT141(*) qui abondrde dans le
même sens, écrit ce qui suit : « On enseigne
aujourd'hui dans les écoles l'histoire coloniale comme une histoire
uniquement négative.On n'enseigne plus que le projet colonial voulait
aussi éduquer, apporter la civilisation aux
sauvages »142(*) ...
En d'autres termes, la colonisation a permis
l'émergence d'une élite et la scolarisation des peuples. En plus,
au niveau sanitaire, on note un recul marquant du paludisme, de la malaria et
de nombreuses maladies tropicales. La médecine et l'accès aux
soins ne sont plus considérés comme un luxe, mais, certains
auteurs avancent que les initiatives de santé publique avaient pour but
d'enrayer la décroissance démographique et de conserver de ce
fait un réservoir de main d'oeuvre.
Ainsi, il est peut-être important de rappeler, par
exemple, que dans l'affaire BAKASSI qui a opposé le Cameroun et le
Nigéria à la CIJ143(*), l'État camerounais a
dépoussiéré, entre autres, un vieux traité de 1913
datant de l'époque allemande , pour faire valoir ce territoire riche en
pétrole comme faisant partie du territoire camerounais144(*). Sur place au Cameroun, la
propagande allemande, dans la partie aussi bien française que
britannique, fut placée sous la haute direction du « Deutscher
Kolonial Dienst »145(*) dont le siège était à
Nuremberg.
Il existait au Cameroun en 1936 un
« Landesgruppe », c'est-à-dire le Groupe des
représentants du Land, qui comprenait deux directions : une
direction politique s'occupant de la propagande, des mouvements et de la
situation individuelle des Allemands résidents146(*). Selon le bulletin de
renseignements N°1 du Commandement des forces de police du Cameroun
daté du 03 septembre 1936 à Yaoundé, la direction
politique aurait été assurée par le chef de
l'entreprise« Dekage » à Douala147(*). Quant à la direction
de la propagande, elle aurait été confiée à un
Allemand résidant au Cameroun dont le nom était connu des
autorités françaises,il s'agit de Théo BLEICH,
propriétaire de la plantation de bananes de Likomba, une localité
située entre Buéa et Tiko, la
« KamerunBannenGesellschaft »148(*). BLEICH était
assisté de deux adjoints également directeurs de plantations et
résidant au Cameroun britannique. La liaison entre l'ancienne
métropole et le Cameroun s'effectuait par des bateaux allemands qui
avaient tous à leur bord un « Politischer Letter »,
autrement dit, un guide politique.Il existait également au Cameroun une
association connue sous le nom de
« KamerunEingeborenenDeutschGesinntenVerein »149(*).
Selon le bulletin de renseignements de septembre 1936, cette
association ne semblait pas jouir d'un grand crédit auprès des
indigènes, mais le Gouverneur BONNECARRERE n'était pas de cet
avis, lui qui, dans un rapport au Ministre des Colonies, s'inquiétait
dès 1933 de l'ampleur prise par les activités de la
« Native Church » et signalait la découverte d'un
foyer d'agitation dans le sud de la circonscription de Nkongsamba, en
région Pongo150(*).
Or, l'association germanophile avait de nombreux amis dans la
mission de la « Native Baptist Church » dont les adeptes
avaient pour profession d'assurer, moyennant un salaire assez
conséquent, le chargement des bateaux bananiers allemands151(*). Avant de quitter le
Camerounà cause de la PremièreGuerreMondiale, les pasteurs
allemands avaient confié la direction de leur église à
leur homologue camerounais Lotin SAME152(*).Lotin SAME s'entoura d'un état-major de choc
comprenant des pasteurs, des chefs supérieurs, des employés de
maisons de commerce et des notables influents tels que NDOUE et EBELLE, deux
Duala qui avaient été condamnés à 18 mois de prison
ferme et à deux ans d'interdiction de séjour pour avoir notamment
prophétisé le retour des Allemands au Cameroun153(*). Les
évènements évoluant rapidement, Lotin SAME et ses
partisans s'organisèrent davantage au cours de plusieurs réunions
clandestines ; les participants à ces réunions recevaient de
la part des encadreurs allemands des instructions et indications sur la
manière dont la propagande anti-française allait être
conduite ; l'assistance était aussi tenue au courant de
l'évolution de la situation de crise en Europe ; des lettres en
provenance d'Allemagne étaient lues à leur intention ; en
retour, des membres du groupe adressaient des correspondancesà
HITLER154(*)...
Le mouvement de Lotin SAME connut une intense activité
pendant la période de grande crise en Europe et que l'administration
coloniale française finit par croiser les bras, non sans avoir
auparavant essayé de l'étouffer par diverses mesures :
affectation loin de Douala de fonctionnaires sympathisants du mouvement,
instructions données aux chefs des circonscriptions de Nkongsamba et de
Yabassi voisines d'interdire l'accès de leur territoire à Lotin
SAME et son principal lieutenant Jonnie EKWE, qui seuls pouvaient accorder le
sacrement à leurs adeptes, peines de prison prononcées contre
certains partisans les plus en vue comme EBOLO BILE, assesseur à la
Chambre d'homologation depuis de nombreuses années et qui, à ce
titre, jouissait d'une influence indéniable dans les milieux
Duala155(*) ;
celui-ci fut accusé de diffamation à l'égard d'un notable
Duala de religion protestante et de porter atteinte à l'ordre public.
Simultanément, l'administration travailla à
monter une partie des Duala contre Lotin SAME ; c'est ainsi qu'une
délégation « importante » de notables
conduits par leurs chefs alla voir le gouverneur pour réclamer la
fermeture d'un des quatre temples de la « Native Church »
à Douala dans l'intérêt de la
« tranquillité », car ce lieu était devenu un
« foyer d'agitation politique »156(*).Autre groupe germanophile,
le K.F.D.G.V.157(*)
était aussi connu sous le nom de Société des amisde
l'instruction. Tous ses adhérents étaient tenus de prêter
serment de fidélité à l'étranger158(*).
La répression de l'administration française
s'abattit sur le mouvement ; deux procès furent intentés
contre certains de ses membres159(*), l'un en 1934 et l'autre en 1941 ; à
l'issue du procès de 1941, le chef et principal animateur du groupe,
dont le nom nous est inconnu, fut condamné à mort et ses
principaux lieutenants, AKWAN et BASSI, condamnés chacun à dix
ans de travaux forcés160(*). La gravité des peines infligées
s'explique ici par l'évolution de la situation politique au Cameroun
depuis l'entrée en guerre.
Les mouvements organisés n'étaient pas seuls
à militer en faveur du retour des Allemands. LesCamerounais
formés à l'école allemande, qui avaient joui d'un certain
nombre de privilèges et les avaient perdus avec l'arrivée des
Français, partageaient le même sentiment. La troisième
catégorie de germanophiles comprenait ainsi des chefs indigènes,
des anciens combattants, des anciens gardiens de plantations et des anciens
domestiques, tous de la période de colonisation allemande.
Il faut y ajouter ceux des Camerounais qui haïssaient la
France simplement à cause des mauvais traitements que ses
représentants leur faisaient subir161(*). Il n'était pas rare de voir certains
éléments de cette catégorie, à l'instar de Jean
NYAP, chef du groupement de Ndogbessol162(*) écrire directement au Chancelier
HITLER163(*).
On peut donc reconnaître le fort impact dont est
crédité encore aujourd'hui le système de protectorat
allemand sur les populations camerounaises.Même les colons
françaisreconnurent,l'efficacité du système colonial
allemand, non sans nuances : « Nous ne pouvons tenir pour
nuls les résultats de l'activité allemande au Cameroun... Dans
l'ordre pratique, nous avons bénéficié de tout ce qui a
été fait pour l'ouverture du pays, l'apprivoisement de
l'indigène, la formation des auxiliaires »164(*).
Cet aspect de la colonisation allemande ne sera cependant pas
mis à l'actif des dirigeants du Protectorat, ce qui explique l'oubli
dans lequel on tint quelques hauts fonctionnaires allemands, pourtant
très en avance dans leur politique indigène :
« C'est moins aux grands chefs de la politique allemande,
précise l'auteur, que doit aller la gratitude de la civilisation qu'au
personnel d'exécution, chefs de poste, sous-officiers, agents de
culture165(*)et piqueurs
de route166(*).
Mis en présence d'indigènes qu'ils avaient
à éduquer, ces sous-ordres ont pu avoir quelquefois la main rude,
mais ils ont fait la bonne besogne. Ils ont fait preuve de
ténacité et de bon sens. Le pays a été bien
préparé et la pénétration a été
poussée aussi loin qu'il se pouvait. Mais cette besogne indispensable
est subalterne »167(*).
2. La thèse de la
négativité de la colonisation allemande
Pour les tenants de la seconde thèse, la colonisation
allemande possède elle aussi des côtés obscurs, des actes
manqués, des travers qui la positionnent au même titre que les
autres colonisations européennes :BirgitPAPE-THOMAaffirme que les
Allemands ne furent pas meilleurs colons que les autres Européens.Car le
travail forcé et les punitions cruelles faisaient partie de l'ordre du
jour168(*). KagniALEM
poursuit dans le même sens en évoquant la chicotte allemande au
Togo et les fameux cent coups de fouet, sur les fesses, dont le centième
était dédié au Kaiser, « Ein fur
Kaiser »169(*).PierretteHERZBERGER-FOFANA, Professeure à
l'Université d'Eurlangen-Nurnberg, explique que par nature :
« La colonisation vise à exploiter un pays pour en tirer
le maximum de ressources. Pour cette dernière, vu que la colonisation
allemande a été très dure en Tanzanie et en Namibie, cela
amène à penser qu'elle a été moindre au Cameroun
malgré le fait qu'il y ait moins d'archives sur le
Cameroun »170(*).Les sociétés en situation
coloniale sont fortement soumises aux contraintes de l'ambigüité et
de l'ambivalence. Il intervient un véritable effet de grossissement, et
le décalage entre les apparences de la réalité sociale et
cette réalité elle-même en est d'autant
accentuée...Les sociétés ne sont jamais ce qu'elles
paraissent être ou ce qu'elles prétendent être. Elles
doivent, en conséquence, être considérées à
deux (02) niveaux au moins : l'un, superficiel, présente les
structures « officielles » si l'on peut dire ; l'autre
profond, permet d'accéder aux rapports réels les plus
fondamentaux et aux pratiques révélatrices de la dynamique du
système social171(*).
La situation coloniale est définie ici comme la
domination imposée par une minorité étrangère,
« racialement » et culturellement différente, au nom
d'une supériorité raciale172(*)et culturelle dogmatiquement affirmée,
à une majorité autochtone matériellement
inférieure ; la mise en rapport de civilisations
hétérogènes : une civilisation à machinisme,
à économie puissante, à rythme rapide et d'origine
chrétienne s'imposant à des civilisations sans techniques
complexes, à économie retardée, à rythme lent et
radicalement « non chrétiennes » ; le
caractère antagoniste des relations intervenant entre les deux(02)
sociétés qui s'explique par le rôle d'instrument auquel est
condamnée la société dominée ...
...la nécessité pour maintenir la domination, de
recourir non seulement à la « force » mais encore
à un ensemble de pseudo-justifications et de comportements
stéréotypés, etc.173(*).Par ailleurs, le développement du chemin de
fer en Afrique est suspecté d'être à l'origine de la
diffusion primaire du VIH 1174(*)en Afrique
ÉquatorialeFrançaise175(*) dans les années 1910-1940.
De plus, l'attention accordée à la
société coloniale en tant que « minorité
dominante » est fructueuse. HenriLAURENTIE a de son
côté, dans une étude d'allure essentiellement politique,
définit la « colonie » comme :
« Un pays où une minorité européenne s'est
superposée à une majorité indigène de civilisation
et de comportements différents ; cette minorité
européenne agit sur les peuples autochtones avec une vigueur
disproportionnée au nombre ; elle est, si l'on veut,
extrêmement contagieuse et, de sa nature,
déformante »176(*).
Cette « minorité » active assied sa
domination sur une supériorité matérielle incontestable,
sur un état de droit établi à son avantage, sur un
système de justifications à fondement plus ou moins racial, et
pour certains auteurs, tel René MAUNIER, le fait colonial est d'abord un
« contact » de races.Elle est d'autant plus réactive
qu'elle est mieux enracinée et rebelle à la fusion, qu'elle se
sent menacée par la poussée démographique des
colonisés : ainsi, en Afrique du Sud où la population
blanche voit « dans sa situation un problème de
minorité, alors que les Noirs voient dans la leur un problème
colonial et de tutelle »177(*).
L'historienAndreasECKERT, Professeur à la
« HumboldtUniversity » à Berlin commente d'ailleurs
ceci : « Le plus grand symbole de la brutalité et de
la domination des colons allemands est bien RudolfDOUALA MANGA
BELL »178(*).Ce chef supérieur du clan des BELL s'est
opposé en 1910 au projet d'urbanisation dit « Gross
Duala » qui prévoyait l'expropriation des populations locales.
Il fut pendu le 08 août 1914, devenant un héros de la
résistance face au colon179(*).
« Les Églises n'ont pas levé le
petit doigt pour aider Rudolf Manga Bell », critique Bienvenue,
pasteur à Bafia, dans l'Ouest du Cameroun.
« L'expropriation des terres allait de soi pour les colons comme
pour les missionnaires ».
Églises et Etat, même combat ? L'Allemagne
ayant à la fois une tradition catholique et une tradition protestante,
les Églises se sont partagées le Cameroun en zones
d'évangélisation. « Les missionnaires catholiques
allemands se sont installés près d'Edéa et de Douala, et
les protestants sont allés plus dans les terres, dans l'Ouest du
pays », commente Bienvenue. Aujourd'hui encore,
l'ÉgliseÉvangélique du Cameroun180(*) entretient des relations
avec celle de Westphalie, en Allemagne.Au pays Bamiléké aussi,
certains se souviennent de la politique de répression des Allemands,
même si c'est maintenant de l'histoire ancienne181(*).
GermainMETANGMO, frère du chef, de NTSINGBEU, se
rappelle que les chefs Bamiléké n'étaient pas
appréciés par les colons, probablement perçus comme des
concurrents en matière d'autorité : « En tant
que chef, mon grand-père s'est opposé du pouvoir des Allemands,
il a été pendu sur la place publique. On raconte qu'avant son
exécution, il s'est blessé intentionnellement à la
tête avec une pierre, pour qu'on reconnaisse son crâne et qu'on
l'enterre plus tard selon le culte Bamiléké »182(*).
Et c'est peut-être AlbertMEMMIqui fait preuve de
l'analyse la plus objective : « Il n'y a pas de quoi se vanter :
si les colonisateurs construisaient des routes et des écoles, c'est
qu'ils en avaient besoin, non pour servir les
colonisés »183(*). Et le jugement des caractéristiques
morales par l'idéologie colonialiste vient étayer cette opinion.
Le Nègre, l'homme d'en face dans la situation
coloniale, devient alors, pour une raison inavouée mais claire, le
dépotoir de tous les défauts184(*).« La caractérisation et le
rôle du colonisé occupent une place de choix dans
l'idéologie colonisatrice ; caractérisation infidèle
au réel, incohérente en elle-même, mais nécessaire
et cohérente à l'intérieur de cette
idéologie »185(*), ajoute AlbertMEMMI.Le jugement est
péremptoire, souvent par ce qu'Albert MEMMI appelle « la
noyade dans le collectif péremptoire », le pluriel
« ils »186(*).La paresse des peuples colonisés est dite
légendaire et toujours connue et admise a priori187(*).On peut, à titre
d'exemple, lire ceci : « Les Bakweri, une bande de paresseux
», « la paresse abominable de toutes les tribus qui habitent le
sud-est du Cameroun »,« des tire-au-flanc duala, paresseux
et maladroits »188(*).
La goinfrerie n'est pas moins légendaire, et est
à chaque fois exagérée189(*) : « Un éléphant a
été tué : « Vous auriez un tableau
particulièrement caractéristique du Cameroun si vous aviez peint
les Noirs qui se disputaient et se battaient au moment du
dépeçage pour les lambeaux de chair saignante. Les plus heureux
avaient eu un morceau et les ramenaient sur la tête, de sorte que le sang
couvrait tout leur corps. Même si le cadavre était
déjà en voie de décomposition, les indigènes
arrachent de la viande pour la - comme ce sont des êtres humains, il
faudra bien dire - manger. Après ce repas ils restent couchés
comme le python et ne sortent peut-être que quelques jours plus tard de
leur sommeil digestif »190(*).
Pour imposer sa culture, le colonisateur passa par le biais de
deux processus que sont la scolarisation et l'évangélisation. Une
fois de plus, les chefs furent appelés à jouer un rôle
déterminant. On décelait chez maints chefs, surtout chez ceux de
la région côtière, un désir de mettre leur jeunesse
et très souvent leur progéniture à l'école du
colonisateur, ceci était manifeste chez les chefs Duala191(*). Exception faite des
écoles gouvernementales, l'administration laissa aux missionnaires,le
soin de procéder à l'endoctrinement et à la socialisation
des jeunes colonisés.
La création d'écoles s'avérait une
nécessité dans la mesure où le régime colonial
avait besoin d'un personnel subalterne, bon marché et passablement
« éduqué »192(*). Pour les missionnaires, la conversion d'un chef
représentait une « victoire » sur ce qu'ils
appelaient paganisme ; elle avait des chances d'en provoquer d'autres dans
la population193(*).Partant de là, Allen et BarbaraISAACMAN ont
certainement raison lorsqu'ils affirment que la collaboration tout comme la
résistance, était situationnelle194(*).Par ailleurs, pour les
Français, la colonisation allemande leur apparaissait, en
définitive, comme ayant été
« hésitante » et trop
« théorique ».SelonCHAVELAS, ce qui a
été fait pour l'« indigène » n'a
été « qu'oeuvre accessoire et a été
imposé par le souci de donner satisfaction à l'opinion allemande
et à certains éléments de l'opinion
locale »195(*). Et de conclure que« le
véritable but sans cesse poursuivi a été le
développement des grandes plantations ». Pour les
premiers administrateurs français, ainsi que, par tradition, pour ceux
qui leur succéderont, « il n'a pas fallu moins que la
guerre pour mettre fin à cette politique »196(*).
Cette partie consacrée aux répercussions
négatives de l'administration coloniale allemande est celle que nous
partageons. D'ailleurs, c'est donc dans ce sens que s'oriente ce travail,
c'est-à-dire de démontrer comment le pouvoir colonial allemand a
voulu s'imposer dans la colonie en usant soit de la brutalité, soit de
l'utilisation des chefs traditionnels dans son processus de conquête.
Ainsi présentée, l'administration coloniale allemande est
perçue comme vertueuse pour son oeuvre bienfaisante, mais aussi comme
une machine, une vaste entreprise de domination sur les différentes
structures politiques, économiques et socioculturelles existant dans la
colonie.C'est pourquoi ÉvaristeFOPOUSSIFOTSO considère la
chefferie traditionnelle comme l'un des rares pôles de résistance
des valeurs civilisationnelles africaines aux prétentions
hégémoniques de l'Occident telles que le colonisateur et ses
suppôts contemporains essaient de nous imposer.
Cela provient de la solidité de ses fondements
philosophiques et institutionnels, de sa proximité avec le peuple, de
son fonctionnement globalement en conformité avec les principes
élémentaires de la démocratie. Il faut dans la même
veine souligner l'importance donnée à la réflexion de
Georges BALANDIER197(*),
qui témoigne de la richesse autrefois soupçonnée et
maintenant reconnue des chefferies traditionnelles.
Le système politique traditionnel apparaît ainsi
comme affecté par les tensions et les conflits, comme toujours agissant
malgré les vicissitudes subies. Il oriente, pour une part et partout, la
vie politique moderne. Ses incidences peuvent aussi être saisies à
un autre niveau. Les responsables des nouvelles nations africaines n'ont pu
imposer, par contrainte et d'un coup, une philosophie et des organisations
politiques totalement étrangères ; en quelque sorte
importées.
Ils ont dû effectuer un travail d'adaptation et de
« traduction » en recourant à l'équipement
politique traditionnel.L'Etat postcolonial a reconduit sans solution de
continuité le régime d'émasculation de l'autorité
traditionnelle mis en place par la colonisation. La chefferie elle-même
en tant que collectivité humaine est tantôt diluée dans les
collectivités locales, tantôt assimilée aux
circonscriptions administratives existantes. Il en résulte donc un flou
vis-à-vis de son statut juridique et de sa position sur
l'échiquier politique national.
Il y a également l'ouvrage
d'ÉvaristeFOPOUSSIFOTSO,198(*) qui va dans le même sens puisque
juridiquement, les chefferies sont aujourd'hui une courroie de transmission
entre les autorités administratives et leurs communautés. Mais il
affirme aussi que nos chefferies sont affaiblies et dépassées par
les évolutions de la société, qu'elles sont
stériles face à « la nécessité de
bâtir un Etat moderne, démocratique et uni, et qu'elles n'offrent
plus à notre jeunesse de vrais rêves
d'avenir »199(*).
Claude-Hélène PERROT et
François-XavierFAUVELLE-AYMAR200(*)qui posent la problématique des rapports entre
deux modèles de régulation politique et sociale, à savoir
le modèle endogène c'est-à-dire traditionnel et le
modèle exogène, c'est-à-dire moderne imposé par les
autorités coloniales et postcoloniales. Ils ont également mis en
exergue les ambigüités de cette problématique, où
l'on perçoit certes une confrontation, mais avec des stratégies
d'adaptation, dans une dialectique de rapports qui oscillent de la
rivalité à la soumission en passant par l'instrumentalisation.
Celle-ci n'est pas toujours univoque, les rois et chefs africains ayant
su,à l'occasion, faire montre de capacités de manipulation.
Plusieurs contributions de cet ouvrage collectif ont
porté l'éclairage sur les années 1989-1991,
marquées par le « renouveau démocratique »
qui a permis le développement du multipartisme et du clientélisme
qui offrent une marge de manoeuvre aux chefs et rois intéressés
à jouer un rôle politique.
Le contexte démocratique, dans de nombreux cas, conduit
à la réhabilitation des structures traditionnelles qui,
paradoxalement, s'impliquent dans des projets de développement et de
modernisation.Le parti politique, obéit à cette exigence, au
point de n'exprimer parfois que des rapports de force entre groupes ethniques -
ainsi que le manifeste d'une façon presque caricaturale le
Congo-Léopoldville. Le personnage du leader se modèle souvent sur
les types d'autorité que recelait l'ordre ancien : celui du
souverain qui ordonne en accord avec les dieux et les ancêtres, celui du
prophète ou du messie qui annonce et provoque les temps nouveaux.
Enfin, lorsqu'il s'agit de vulgariser l'idéologie, de
diffuser les symboles à signification politique, d'organiser le rituel
de la « religion politique », la référence
à certains modèles traditionnels opère également.
Et cela, même dans les pays où les gouvernements ont
provoqué l'élimination ou l'abaissement des chefs de vieux style.
A cela, il faut y ajouter les fonctionnaires201(*) qui animent les associations
de ressortissants résidant en ville. Cette troisième force se
hisse parfois au premier plan, réussissant à éclipser les
personnages royaux, notamment en décidant de l'organisation des
fêtes traditionnelles : ainsi, en Zambie, l'association culturelle
« Kazanga », usurpe la vedette au moment du festival annuel
des « Nkoya » et tend à reléguer les chefs,
dont pourtant les ancêtres sont mis en vedette, au rang de personnages
folkloriques202(*).
C'est suite à tous ces manquements observés dans
l'ensemble que s'inscrit l'originalité de notre modeste travail qui
consiste, à partir de l'anthropologie et de la sociologie politique, de
mesurer d'une part, l'influence de l'administration coloniale allemande sur les
pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun. Etd'autre part, de
parler de l'adaptation du pouvoir colonial allemand aux gouvernances
traditionnelles Duala et BamounBamun. La sociologie est d'une aide
précieuse pour mieux comprendre et expliquer l'impact de la dimension
sociale sur les représentations203(*) et les comportements204(*)humains.
Émile DURKHEIM à propos de la sociologie use
d'un paradigme holistique205(*). Pour lui et ceux qui se réclament de son
héritage, la société est un « holon »,
un tout qui est supérieur à la somme de ses parties, elle
préexiste à l'individu et les individus sont gouvernés par
elle.
Dans ce cadre, la société englobe les individus
et la conscience individuelle n'est vue que comme un fragment de la conscience
collective. La sociologie politique, pour sa part, étudie les citoyens
dans leurs rapports avec l'Etat et ses institutions. Il s'agit, aussi, d'une
façon plus générale, d'analyser tout ce qui concerne et
fonde les relations de domination entre les personnes et les groupes humains.
La discipline répond ainsi aux rapports sociaux à
caractère politique, en particulier les idéologies et les forces
politiques tels que les partis.Selon ce point de vue, l'objet des recherches
sociologiques est le fait social, qu'il faut traiter comme une chose, sa cause
devant être cherchée dans des faits sociaux antérieurs.Le
fait social, qui fait l'objet d'une institutionnalisation, est extérieur
à l'individu et exerce une contrainte sur ce dernier. Les individus sont
donc encadrés dans des institutions, elles-mêmes
insérées dans des structures homologues les unes par rapport aux
autres.
La sociologie est alors la science des invariants
institutionnels dans lesquels se situent les phénomènes
observables. MarcelMAUSS imprimera une inflexion significative à cette
doctrine en arguant de la nécessité de décrire
complètement et dans leur totalité les formes dans lesquellesle
phénomène apparaît pour révéler leur secret.
Analyser le concret interdit de négliger la sensibilité au
vécu.
Plus récent mais certainement porteur, JeanBAECHLER a
développé un paradigme entre l'histoire et la sociologie, une
méthode qui reprend certains axes des études
« simmeliennes », et qui se pose sur les fondements des
critiques de la raison historique recensées par RaymondARON pour rendre
compte du devenir des phénomènes sociaux macroscopiques206(*).
Quant à l'anthropologie, c'est la branche des sciences
qui étudie l'être humain sous tous ses aspects, à la fois
physiques207(*)et
culturels208(*).Elle
tend à définir l'humanité en faisant une synthèse
des différentes sciences humaines et naturelles. Le terme
« anthropologie » vient de deux mots grecs,
« anthropos », qui signifie
« homme »209(*), et « logos », qui signifie
« parole, discours ».
Cette discipline vise particulièrement les faits
spécifiques à l'humain par rapport aux autres animaux210(*) : langages
articulés et figuratifs, rites funéraires, politiques ou
magiques, arts, religions, coutumes, parenté, habitats, techniques
corporelles, instrumentales, de mémorisation, de numération, de
représentations spatiales et temporelles, etc. Elle s'appuie notamment
sur l'étude comparative des différentes sociétés et
ethnies décrites par l'ethnologie, et envisage l'unicité de
l'esprit humain à travers la diversité culturelle.
Sans prétendre à l'exhaustivité et
à l'exclusivité, nous voulons orienter notre modeste analyse
à travers ces deux positions théoriques à savoir
l'anthropologie et la sociologie politique dans la mise en exergue de
l'influence variable, inégale existant entre l'administration coloniale
allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun. Ce qui
nous suggère la formulation de la problématique et des
hypothèses qui suit.
F. PROBLÉMATIQUE ET
HYPOTHÈSES
La problématique (1-)
précède les hypothèses (2-).
1.
ProblématiqueROBLÉMATIQUE
La problématique d'une recherche est l'approche ou la
perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ.Elle est une
manière d'interroger les phénomènes étudiés
en vue d'obtenir de nouvelles informations211(*). C'est en quelque sorte un écart ou un manque
à combler dans le domaine de la connaissance entre ce que nous savons et
ce que nous devrions ou désirons savoir sur le réel212(*).Partant de ces
considérations qui précèdent, la problématique
« devient » une étape-charnière de la recherche
située entre la rupture et la construction213(*). Car, c'est elle qui permet
de constater l'écart entre une situation de départ
insatisfaisante et une situation d'arrivée désirable214(*). Pour y parvenir, il faudra
dans un premier temps exploiter les lectures et faire le point sur les
différents aspects du problème qui y sont mis en évidence
afin de mieux méditer comme personne n'a encore médité sur
ce que tout le monde a devant les yeux215(*).
Il nous revient ainsi de construire une problématique
qui sied à notre travail de recherche. Ce qui a été fait
par la revue critique de littérature. La préoccupation des
relations de l'administration allemande avec les pouvoirs politiques
traditionnels Duala et BamounBamun durant la période de 1884 à
1916, tire ses origines des conséquences et des effets que la
colonisation allemande a engendrés sur le fonctionnement sociopolitique
de ces deux types de sociétés : l'une, BamounBamun,
centralisée autour d'un Roi/Sultan et l'autre, Duala, dont le pouvoir
est soumis à l'influence de plusieurs chefs qui gèrent les
différents cantons. C'était d'ailleurs le prince BELL qui faisait
office de « chef » coordonnateur, et qui présidait à
toutes les cérémonies officielles telles que le « Ngondo
».
Eu égard à ce qui précède, notre
question centrale est la suivante :
- Quelle est l'influence mutuelle entre l'administration
coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et
BamounBamun au regard de l'histoire politique du Cameroun ? En d'autres
termes, comment ces institutions ont eu un impact l'une sur l'autre ?
Autour de cette question centrale, s'ajoutent des questions
connexes à savoir :
- Comment s'est exercée la domination de
l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels
Duala et BamounBamun?
- Quelle est la part de l'influence des pouvoirs politiques
traditionnels Duala et BamounBamun sur l'administration coloniale
allemande ?
Consécutivement au travail de terrain, nous avons
formulé des hypothèses.
2. Hypothèses
Élément déterminant de
spécification de l'étude, au même titre que la
problématique, l'hypothèse est une proposition de réponse
à la question posée. Elle est nécessaire au sens où
l'indique ClaudeBERNARD : « Si l'on expérimentait
sans idées préconçues, on irait à
l'aventure ».Il donnait en effet de l'hypothèse la
définition suivante » ... une interprétation
anticipée et rationnelle des
phénomènes »216(*).Comme on le constate, il n'y a pas
d'observation sans formulation d'hypothèse de recherche, si sommaire
soit-elle. Et Claude BERNARD ajoute ceci : « Une observation
aveugle de la réalité n'est pas possible et, comme on l'a dit,
à ne pas savoir ce que l'on cherche, on risque de ne pas savoir ce que
l'on a trouvé »217(*).Ainsi, notre étude comporte une
macro-hypothèse et des micro-hypothèses.
Notre hypothèse principale ou macro-hypothèse
est la suivante :
-Il existe une influence variable, inégale entre
l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels
Duala et BamounBamun au regard de l'histoire politique du Cameroun.
Des hypothèses connexes ont été
agencées pour éclairer davantage l'hypothèse principale.
Elles sont construites autour de deux axes essentiels et représentent
chacune une réponse opératoire aux problématiques
secondaires sus énoncées :
1 - L'administration coloniale allemande a dominé les
pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun non seulement par
l'application du principe de l'Hinterland, mais aussi au regard des logiques et
dynamiques de domination qui donnent à voir le conflit et la
coopération.
2- Les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun
ont exercé une influence certes, mais relative sur l'administration
coloniale allemande du fait de l'adaptation de l'administration coloniale
allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun d'une part ;
et du pragmatisme de situation de cette administration coloniale allemande
à l'égard des chefs Duala, d'autre part.
G. INTÉRÊT DE
L'ÉTUDE
Dans toute recherche scientifique, le chercheur doit exprimer
la pertinence ou portée scientifique du sujet en indiquant en quoi ce
sujet s'inscrit dans les préoccupations scientifiques, en quoi ce sujet
contribuera à l'avancement des connaissances et en quoi le sujet est
original et d'actualité, surtout sous l'angle abordé218(*). Ainsi,
l'intérêt suppose de relever l'utilité de l'étude
dans un système de pensées et d'actions.
A cet effet, l'étude envisage de positionner au centre
d'un débat heuristique, la problématique de l'influence mutuelle
entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques
traditionnels BamounBamun et Duala au regard de l'histoire politique du
Cameroun.
Il revient de faire part de l'impact réciproque en
analysant les mécanismes d'adaptation des chefferies traditionnelles
Duala et BamounBamun au pouvoir colonial allemand d'une part, et d'autre part,
de l'administration coloniale allemande aux gouvernances traditionnelles Duala
et BamounBamun.
Si l'on s'accorde avec MaxWEBER que le « travail
scientifique est solidaire d'un progrès »219(*), notons également
à la suite d'Alfred GROSSER220(*) que les connaissances qui s'en dégagent sont
bien cumulatives. De ce fait, le but de toute production scientifique est de
confirmer l'utilité de la science (« recherche de la
vérité »)221(*) dans le développement social.
Il s'agit pour nous, dans la présente étude, de
nous inscrire dans la suite de nos devanciers en essayant d'approfondir les
études d'anthropologie politique.
Ainsi, le sujet portant sur « L'administration
allemande et les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala de 1884
à 1916, analyse de l'histoire politique du Cameroun »,
s'inscrit dans le champ disciplinaire de la science politique.
Notre étude, de manière générale,
envisage les liens étroits entre l'administration allemande et les
pouvoirs politiques traditionnels de 1884 à 1916. En d'autres termes, il
s'agit des faits marquants ayant jalonné cette collaboration ou
coopération et leur incidence dans l'histoire politique du Cameroun.
C'est donc une étude qui revêt à la fois un
intérêt tant heuristique que pragmatique.
D'un point de vue heuristique, nous pouvons dire que la
conquête allemande a été à double tranchant. Quel
est le nombre [supposé] exact des exécutions, des populations
soumises aux travaux forcés et au racket ?
La colonisation allemande a-t-elle eu un rôle positif ou
plutôt négatif sur l'évolution politique du Cameroun. En
quoi et dans quel [s] secteur [s] marquant [s] les sociétés
politiques traditionnelles BamounBamun et Duala ont-elles été
profondément marquées par l'administration allemande ?
C'est donc une analyse qui, en suivant le chemin ouvert par
des prédécesseurs, ouvre aussi de nouveaux horizons. Car elle
nous permet, en outre,de comprendre que les sociétés BamounBamun
et Duala ont bénéficié de l'expertise et du savoir-faire
de l'administration allemande.
Par ailleurs, il est également question de voir que la
colonisation allemande a permis de considérer que le Cameroun
était une zone à exploiter, et que les populations allaient
servir de main d'oeuvre à cette opération.Sur le terrain, les
Allemands ont créé de grandes plantations de produits
d'exportation.
La signature des différents traités permettait
ou n'autorisait pas à occulter la dimension répressive et brutale
des méthodes employées pour atteindre leurs objectifs.Et
l'épisode des multiples révoltes dans les plantations, allant
même, jusqu'à la grève de l'impôt témoigne de
ces tensions entre les Allemands et les populations camerounaises.
Toutefois, il faut reconnaître que les Allemands ont
désenclavé le Cameroun à travers l'évacuation des
produits cultivés. En effet, ces derniers construisirent des routes, des
ports,et surtout des chemins de fer. Ils mirent également en place les
premières infrastructures télégraphiques,
téléphoniques et radiotélégraphiques.
Il s'agit donc de voir de quelle manière les chefs
traditionnels, en particulier ceux BamounBamun et Duala, ont participé
et subi l'expansion de la conquête allemande au Cameroun. Négliger
cet aspect, c'est oublier que tous les acteurs ont eu à mettre en
lumière différents angles et aspects de la colonisation aussi
glorieux qu'obscurs.
Ces hypothèses ont été
vérifiées en fonction d'une orientation méthodologique
appropriée.
II.
CONSIDÉRATIONSMÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATOIRES
La théorie est un « ensemble
intégré de concepts et de sous concepts que l'on tente
habituellement d'utiliser pour mieux structurer l'explication de la
réalité »222(*). L'impératif d'expliquer la
réalité conditionne même la valeur scientifique de la
théorie.
Car, comme affirmait MichelBEAUD : « La
théorie ne peut se juger à sa seule cohérence interne,
mais par rapport à sa capacité à rendre compte du
réel »223(*).Cependant, toute théorie ne peut expliquer
qu'un volet seulement de la réalité sociale. Il faut
également recourir à la méthode.
En toute science, la première condition du
progrès c'est la méthode224(*). La méthode se trouve donc être
l'ensemble des opérations intellectuelles qu'une discipline met en
oeuvre pour démontrer, vérifier et établir les
vérités qu'elle poursuit225(*). Ainsi dans le processus de recherche en sciences
sociales, le chercheur doit toujours se comporter comme un chercheur de
pétrole.
C'est ainsi dire que de même que le chercheur de
pétrole mobilise des outils méthodologiques qui lui permettront
de parvenir à ses fins pétrolières, de même, le
chercheur devra en faire autant pour cerner son objet d'étude226(*). Ce faisant, dans la
perspective de notre travail, nous avons usé d'un syncrétisme
méthodologique qui prend en compte les méthodes d'analyse d'une
part (A-) et d'autre part, les techniques de collecte des
données (B-).
A. LES MÉTHODES D'ANALYSE
La méthode est une notion ambiguë qui renvoie
à plusieurs acceptions. MadeleineGRAWITZretient d'ailleurs trois sens.
Du point de vue philosophique, la méthode représente
« l'ensemble des opérations intellectuelles pour
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »227(*). Par rapport à
l'objet d'étude, elle devient une « façon
d'envisager ou d'organiser la recherche »228(*).
Enfin, elle désigne souvent une notion propre à
une discipline des sciences sociales229(*). Quel que soit le sens considéré, la
méthode demeure importante dans le processus de la recherche
scientifique. Elle « accroît la capacité explicative
du discours de la recherche scientifique en l'affinant davantage de
manière à lui donner plus de crédit ».230(*)
L'analyse des données obéit à une
démarche méthodologique précise. Dans cette étude,
trois méthodes sont employées. Nous avons entre autres, la
méthode historique (1-), la méthode comparative
(2-) et le constructivisme (3-).
1. La méthode
historique
L'approche culturaliste et historique est un courant de
l'anthropologie né aux États-Unis sous l'impulsion principale de
RuthBENEDICT, RalphLINTON, AbramKARDINER et CoraDUBOIS. Elle tente une
description de la société sous les points de vue conjugués
de l'anthropologie et de la psychanalyse.
Le culturalisme constitue un des courants qui a dominé
la sociologie américaine des années 1930 jusqu'aux années
1950. En empruntant la notion de culture aux anthropologues, il cherche
à rendre compte de l'intégration sociale.
S'appuyant sur l'observation des sociétés
archaïques,les culturalistes mettent en évidence l'influence
prépondérante de la culture et des habitudes culturelles
d'éducation sur la personnalité de base des individus.
L'approche culturaliste et historique231(*) nous permettra d'amorcer un
recueil chronologique sur l'histoire politique du Cameroun pendant la
période coloniale allemande. En effet, on se rend compte que les
relations existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs
politiques traditionnels BamounBamun et Duala ont donné lieu à
des situations complexes, ambiguës empreintes de méfiance, de
brutalité, de respect mutuel, et, surtout, d'alliances entre les
différents acteurs.
Quant au champ de la sociologie et de l'anthropologie
politiques dans lesquels nous nous situons, la méthode historique va
combler les lacunes des faits et des évènements en s'appuyant sur
un temps, peut-être artificiellement reconstruit, mais assurant une
continuité, et un fil conducteur pour notre étude232(*).
Cela est d'autant plus pertinent lorsqu'on sait avec Marcel
MAUSS et PaulFAUCONNET qu'on n'a pas besoin de connaître la date d'un
fait social pour s'en servir, pourvu que l'on connaisse ses
antécédents, ses concomitants, ses conséquents, en un mot
tout le cadre social233(*).
Dans le cadre de notre étude, la méthode
historique nous a permis de retracer la période coloniale allemande au
Cameroun, ainsi que les liens ayant existé entre l'administration
allemande et les différentes autorités traditionnelles qui ont eu
un impact sur l'évolution sociopolitique du Cameroun.
Cette approche a aidé, à travers la diachronie
et la synchronie, d'apprécier l'influence que la colonisation allemande
a eue sur les sociétés traditionnelles BamounBamun et Duala, et,
inversement, l'influence de ceux-ci sur celle-là. La synchronie et la
diachronie sont deux dimensions d'un même objet d'étude. La
première est son état à un moment donné du temps
tandis que la seconde intègre les évolutions de son état
dans le temps.
L'usage de la synchronie nous as permis de caler notre travail
sur une intervalle de temps allant de 1884 à 1916. En effet, en 1884,
les Duala signent avec les Allemands le traité du 12 juillet 1884. 18
ans plus tard, c'est-à-dire en 1902, les Allemands débarquent
à Foumban.
Cette différence d'une quinzaine d'années ne
nous as pas empêchés de montrer les similitudes au niveau de la
domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques
concernés.
Les faits synchroniques sont systématiques ; les
faits diachroniques sont particuliers, hétérogènes,
isolés, et en outre sont extérieurs au système. En effet,
du fait de la position privilégiée des chefs Duala sur l'estuaire
du Wouri, ils seront les premiers à prendre contact avec les
envahisseurs étrangers au détriment des autres peuples
présents à l'intérieur des terres. Nous supposons que les
pénibles conditions de voyage des occupants allemands ne leur ont pas
permis de vite explorer le territoire camerounais. Par ailleurs, la traite des
esclaves et les échanges commerciaux mobilisaient la plupart des troupes
au niveau des côtes et non à l'intérieur du pays.
Concernant la diachronie, elle peut apparaitre difficile
à émerger dansla mesure où nous sommes en face de deux
entités politiques traditionnelles aux structurations
différentes. Le Royaume Bamoun est structuré autour d'un
chef unique avec un pouvoir et une autorité affirmées sur ses
sujets. Par contre, revenir sur les cantons Duala (BELL, AKWA et DEIDO)
était un exercice difficile car il fallait prendre en compte les avis de
chaque chef ; il fallait toujours une collégialité pour la
prise de décision sous risque de tensions communautaires.
Cette dichotomie sera d'ailleurs antérieure à l'arrivée
des colonisateurs allemands.
2. La méthode
comparative
L'analyse comparative consiste à rechercher les
différences et les ressemblances existant entre les situations qui font
l'objet de la comparaison, en interprétant la signification de ces
ressemblances et de ces différences et en essayant de découvrir
à travers elle des régularités.
Émile DURKHEIM précisait le mécanisme
fondamental de la comparaison en ces termes :« Nous n'avons
qu'une matière de démontrer qu'entre deux faits il existe une
relation logique, un rapport de causalité par exemple, c'est de comparer
les cas où ils sont simultanément présents ou absents et
de rechercher si les variations qu'ils présentent dans ces
différentes combinaisons de circonstances témoignent que l'un
dépend de l'autre »234(*).
En effet, l'analyse comparative ne peut valablement être
utilisée que si les situations choisies pour la comparaison
présentent un certain degré d'analogie. La comparaison ayant pour
but de relever et d'étudier les ressemblances et les différences
existant entre les phénomènes comparés, ceci suppose qu'il
existe entre ces phénomènes des ressemblances : c'est l'analogie.
Mais si ces phénomènes ne sont pas totalement identiques, faute
de quoi la comparaison n'aurait plus aucun intérêt.
C'est dire que deux points de vue doivent être pris en
considération pour apprécier la validité d'une comparaison
et le degré d'analogie des faits comparés.D'une part, les faits
comparés doivent présenter une certaine analogie des structures
et d'autre part, ils doivent présenter une certaine analogie de
contexte.
En premier lieu, l'analogie des structures revêt deux
significations. Elle suppose que les phénomènes
étudiés ont une physionomie générale assez proche.
Ainsi, peut-on comparer la société traditionnelle BamounBamun
avec la société traditionnelle Duala, etc.
De plus, le degré de complexité des faits
comparés ne doit pas être trop éloigné. De la sorte,
on peut comparer les relations de l'administration coloniale allemande avec le
Roi BamounBamun et les chefs Duala, mais il sera beaucoup aléatoire de
comparer le fonctionnement de la société allemande avec le
Cameroun précolonial en raison de la complexité différente
de ces deux phénomènes. Dans la pratique, « cette
appréciation de l'analogie des structures n'est pas très facile
à réaliser du fait de la multiplicité des
éléments qui compose la structure des faits
sociaux »235(*).A cet égard, l'existence des typologies
solidement fondées peut faciliter le travail du comparatiste.
En second lieu, l'analogie de contexte doit être prise
en considération étant donné que les
phénomènes sociaux n'existent pas de manière
isolée. Ils sont intégrés dans un ensemble dont ils ne
sont pas séparables sans risque de dénaturation. En effet, pour
comprendreun phénomène social, il importe de ne pas
négliger le contexte dans lequel il se situe.
Ce contexte est envisageable à un double niveau.Le
contexte dimensionnel commande que le chercheur ne compare que deux
phénomènes sociaux appartenant à des ensembles sociaux de
dimension analogues. Il est dans ce sens évident que les
problèmes posés par l'administration d'un village de 350
habitants sont difficilement comparables avec ceux posés par une ville
de 150 000 habitants. Cependant, la difficulté réside ici sur la
précision du critère à partir duquel le chercheur attend
apprécier le contexte. Est-ce l'étendue du territoire ou alors le
volume de la population ?
Par ailleurs, l'on ne peut ignorer le contexte culturel des
faits comparés en entendant par-là l'ensemble des valeurs, des
croyances, des traditions, des moeurs, des institutions, etc., qui constituent
l'ensemble culturel, l'aire de civilisation dans lesquels s'insèrent les
faits comparés.De plus, deux types de comparaison sont mis à la
disposition du chercheur.
D'abord les comparaisons proches que nous utiliserons dans le
cadre de cette étude, portent sur des phénomènes
présentant un assez fortdegré d'analogie, tant par leur structure
que par le contexte dans lequel ils se situent. De fait, ce type de comparaison
vise avant tout à la précision : elle est minutieuse, scrupuleuse
et détaillée. En revanche, les comparaisons
éloignées se caractérisent par les libertés
qu'elles prennent avec l'exigence de l'analogie. Elles portent sur des
phénomènes de structures assez différentes, dont le
contexte dimensionnel et culturel peut être assez
éloigné236(*).
En rapport avec la présente étude, il y a
recours à des référentiels
prédéterminés237(*)pour pouvoir établir les points de
convergences et de divergences entre les pouvoirs politiques traditionnels
BamouDuala et Bamun.Une étude de leurs structures et notamment des
processus de transformation au fil des évènements majeurs de la
colonisation allemande au Cameroun permet de comprendre la situation.
D'abord, elle a aidé à mettre en évidence
la manière dont les colons allemands sont entrés en contact avec
les chefferies traditionnelles suscitées, et comment ces
dernières ont participé positivement ou négativement
à l'expansion de cette conquête.Ensuite, on peut se demander
où se trouve la pertinence d'une telle ouverture pour la transformation
et l'évolution de ces sociétés traditionnelles au fil du
temps.
Enfin, il s'est agi de poser la question de savoir si tous les
acteurs de cette période coloniale ont pu être mis en
lumière ainsi que leurs rôles exacts ? Qui plus est, la
comparaison amène à souligner une influence inégale, du
fait de la domination de l'administration coloniale allemande, mais une
influence relative des pouvoirs politiques traditionnels Duala et
BamounBamun.
L'administration coloniale allemande s'est
démarquée au niveau des infrastructures qui sont encore visibles
de nos jours. Il faut également ajouter que la chefferie BamounBamun a
été plutôt coopérative alors que les chefferies
Dualase sont plutôt opposées à celle-ci notamment à
cause de l'expropriation de leurs terrains.
3. Le constructivisme
Le constructivisme, théorie de l'apprentissage, a
été développé, entre autres, par PIAGET, dès
1923, face au behaviorisme qui, d'après lui, limitait trop
l'apprentissage à l'association stimulus-réponse et
considérait le sujet comme boîte noire. L'approche constructiviste
s'intéresse à l'activité du sujet pour se construire une
représentation de la réalité qui l'entoure238(*).
Le constructivisme part de l'idée que les
connaissances de chaque sujet ne sont pas spécialement une
« copie » de la réalité, mais un
modèle plus ou moins fidèle de celle-ci construit par lui au
cours du temps.
Le constructivisme s'attache à étudier les
mécanismes et processus permettant la construction de ce modèle
chez les sujets à partir d'éléments déjà
intégrés. On est donc à l'opposé d'une simple
approche « boîte noire »239(*). Plus largement, pour le
constructivisme, le développement progressif d'un organisme depuis sa
conception jusqu'à sa forme mure240(*) résulte de la construction d'organisations
relativement stables qui se succèdent dans le temps241(*).Le constructivisme se
décline en différents courants de pensée en fonction des
disciplines épistémologiques dont les sciences formelles, les
sciences exactes, ou encore,les sciences sociales auxquelles il s'applique.
En sociologie, le constructivisme social ou
socioconstructivisme, est une vision de la sociologie contemporaine
développée par Peter L. BERGER, sociologue et théologien
américain d'origine autrichienne, et Thomas LUCKMANN, sociologue
allemand dans leur livre The Social Construction of Reality242(*).
S'appuyant sur des arguments théorisés par
Émile DURKHEIM, cette approche considère que la
réalité sociale et les phénomènes sociaux sont
créés et institutionnalisés et s'intéresse à
la façon dont cette réalité est construite243(*).
ChezBERGER et LUCKMANN,la réalité est comprise
d'un point de vue subjectif plutôt qu'objectif, c'est-à-dire telle
que nous pouvons la percevoir plutôt que séparée de nos
perceptions244(*). C'est
pourquoi BorisCYRULNIK déclare : « Une institution
est structurée comme une personnalité, avec des murs et des
règlements qui matérialisent la pensée de ceux qui ont le
pouvoir »245(*).
Par ailleurs, AlfredSCHUTZ pense que l'action
sociale s'enracine au sein d'un environnement comportant un rapport à
autrui qui s'articule autour d'un axe temporel et d'un axe spatial. Ce dernier
remarque que le monde social est constitué d'acquis dont
l'intégration est implicite dans les actions et les
intentionnalités pratiques.Dans son quotidien, l'individu
acclimaté à une culture intègre un ensemble de savoirs et
savoir-faire qui aura le caractère d'allant de soi246(*), ces savoirs et savoir-faire
étant tenus pour acquis- jusqu'à ce qu'il y ait
altérité247(*).
Quant au constructivisme structuraliste encore appelé
interactionnisme stratégique, c'est une méthode
développée par PierreBOURDIEU, ErhardFRIEDBERG et Michel
CROZIER.Pour eux, les entités sociales sont des acteurs sociaux qui sont
en interaction dans un champ.Ce champ est semblable à un champ de forces
en physique où se choquent et s'entrechoquent les différents
acteurs en présence. Ici, l'acteur n'existe pas en dehors du
système qui définit sa liberté. De même, le
système n'existe que par l'acteur qui seul peut le porter et lui donner
vie248(*).
Ainsi, l'on parle d'interaction stratégique car de
même que le milieu impose à l'individu un répertoire de
disposition durable que BOURDIEU appelle habitus249(*), de même l'individu
à travers la marge de manoeuvre et de liberté qui lui est
offerte, va mouvoir des stratégies qui lui permettront non seulement de
satisfaire les exigences sociales, mais aussi de se satisfaire lui-même.
On assiste donc là à un double mouvement
d'intériorisation de l'extériorité et de
l'extériorisation de l'intériorité.Se ramenant à
notre étude, le constructivisme a produit des règles et
instruments juridiques tels que les traités et les arrêtés.
Par exemple, la loi du 19 juin 1895 ainsi que le règlement de police du
22 mai 1895 interdisaient notamment aux Duala de faire du commerce dans leurs
régions habituelles, leur retiraient leur main d'oeuvre, et la chasse
leur sera interdite par la suite. LesAllemands procéderont aussi
à une dévaluation de l'unité monétaire,le
« Kroo ». A cet effet,si avant 1884, le
« kroo » valait 20 marks, il sera réduit en 1885
à 12 marks et en 1891, à 10 marks.
Par un décret du 06 avril 1894, il sera
complètement aboli, et le mark allemand, deviendra l'unique monnaie du
territoire250(*). Par
contre, le traité du 12 juillet 1884 va consacrer la naissance du
Camerouninternational.Cela a produit des effets de réalité
à savoir les effets émergents et les effets pervers.
B. LESTECHNIQUESDE COLLECTE DES
DONNÉES
Bien qu'elle trouve ses origines et des développements
dans les sciences sociales telles que l'histoire et la sociologie, la collecte
des données n'est pas étrangère à la discipline de
la science politique.
Les techniques constituent « des moyens
d'aborder les problèmes, lorsque ceux-ci sont
précisés »251(*). Elles représentent des
« procédés limités, mettant en jeu des
éléments pratiques, concrets, adaptés à un but
pratique et défini »252(*).
Àcet effet, et pour ne pas nous démarquer de
cet avertissement de DavidEASTON, il nous a semblé porteur de mener nos
investigations sur plusieurs fronts. Pour cet auteur en réalité
: « Si nous nous trouvons à une trop grande distance, nous
ne pouvons voir que les grandes lignes, et cela n'a que peu
d'intérêt pour une recherche utile ; mais si nous restons trop
près, nous verrons les détails si nombreux et si confus que cela
ne vaudrait guère »253(*).Dans le cadre de notre travail, les techniques
sont les procédés qui nous ont permis de recueillir les
informations essentielles pour la compréhension de notre
étude.
En termes de collecte données, nous avons recouru
à la fois les techniques documentaires(1-) et les
techniques vivantes (2-).
1. Les techniques
documentaires
L'expression document est prise ici dans un sens large.
D'après Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE,il s'agit de « tout
élément, matériel ou immatériel, qui a un rapport
avec l'activité des hommes vivant en société et qui de ce
fait constitue indirectement une source d'informations sur les
phénomènes sociaux »254(*). Ainsi, il n'y a pas de contact immédiat
entre l'observateur et la réalité sociale dans l'observation
documentaire.
C'est dire que les documents se présentent au chercheur
à l'état brut et, pour en extraire les renseignements qui lui
seront utiles, celui-ci doit procéder à leur analyse, à
leur interprétation et dans certains cas à leur
réinterprétation255(*).
Ce qui est important pour le chercheur, c'est la
détection aussi bien de la signification évidente que la
signification implicite du document. Ce qui fait l'intérêt de
l'analyse du contenu des documents, dans sa dimension qualitative
valorisée ici à celle quantitative en fait aussi sa faiblesse.
En effet, l'analyse quantitative du contenu consiste à
étudier les documents en dénombrant les différents
éléments qui le constituent, en les classant, en chiffrant leur
fréquence, leur répétition. Si elle apparaît plus
objective que l'analyse qualitative, ses résultats sont aussi souvent
plus superficiels.
La finesse de l'analyse ici se paie par des risques de
subjectivité dans la mesure « où sa valeur
dépend en grande partie de la sureté de jugement de celui qui
procède à l'analyse »256(*).
La distinction de ce qui est important et de ce qui est
secondaire, de l'essentiel et de l'accessoire, donne lieu à des
jugements de la part du chercheur avec le risque que ceux-ci soient
influencés par sa subjectivité.Le document représente un
instrument fondamental de la recherche. Il « offre l'avantage
d'être un matériau objectif en ce sens qu'il soulève les
interprétations différentes, il est le même et ne change
pas »257(*).
Dans le même ordre d'idées, Jean-ClaudeCOMBESSIE
remarque ce qui suit :« Dans toute recherche, les sources
documentaires peuvent fournir à la fois des informations
complémentaires et d'une diversification des
éclairages »258(*).Ainsi, dans le cadre de notre étude,
nous avons utilisé les ouvrages généraux en sociologie
politique et en anthropologie politique à l'instar des ouvrages de
GeorgesBALANDIER, « Sens et puissance. Les dynamiques
sociales »259(*) ; de GuyHERMET et al., « Dictionnaire
de la science politique et des institutions politiques»260(*) ou encore de DavidEASTON,
« Analyse du système politique »261(*).
Pour ce qui est des documents officiels, nous avons mis
à notre actif, la constitution du 18 novembre 1996, le décret
N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies
traditionnelles, l'arrêté N°244 du 04 février 1933
fixant le statut des chefs indigènes.Ces documents nous ont
informés sur les dispositions normatives liées au statut des
chefferies traditionnelles et de donner un aperçu sur le rôle des
chefs traditionnels dans la vie politique nationale.
Les données de notre étude seront recueillies
dans des sources officielles afin de confirmer leur authenticité... Il
sera question pour nous de parcourir les ouvrages, les thèses, les
mémoires, les articles, et autres travaux scientifiques ayant un rapport
direct ou indirect sur l'objet de recherche, l'histoire politique du Cameroun,
la colonisation allemande, les chefferies traditionnelles, etc.Par ailleurs,
nous avons consulté les archives nationales du Cameroun à
Yaoundé,les archives du Palais Royal de Foumban.
Pour ce qui est des documents privés, nous avons
recueilli par exemple, les documentaires intitulés « La Grande
Guerre au Cameroun » du Lycée Dominique Savio à Douala
portant sur les entretiens de MM. Ananie BINDJI262(*), Albert François
DIKOUME263(*),
Jean-Jacques ANNAUD264(*). Valère EPEE265(*) ; l'article
rédigé par M.DJOKODUBOIS à propos du
« fonctionnement du pouvoir au sein de l'état
colonial : le cas du Cameroun sous domination allemande à
l'ère du GouverneurVON SODEN 1895-1891 »et disponible sur
le site de l'Institut allemand au Cameroun266(*) ;les films documentaires
« DeutscheKolonien. Eine DVD-Edition zur deutschen
Kolonialgeschichte »267(*) du producteur Peter HELLER.
C'est aussi le casde la série du cinéaste
camerounais Jean-PierreBEKOLO nommée « Our Wishes : A
Look on Colonial Africa », d'une durée de 26 minutes de 10
épisodes. « C'estun document que les chefs Duala ont
rédigé pour faire connaître aux Allemands leurs souhaits
alors qu'ils étaient en train de négocier le traité qui
confiait leur territoire à ces derniers. Mais ce document a
été ignoré par les Allemands et on connait la suite.
Au-delà de cette histoire, s'il y'a une constante dans les relations
entre l'Afrique et l'Occident, c'est que nos souhaits ne sont jamais pris en
compte. Vous avez compris l'esprit de tout le projet : il s'agit d'entrer
dans notre histoire pour en tirer des leçonsqui devraient nous servir
d'aujourd'hui »268(*).
De même, nous avons utiliséles journaux tels
que : le « Deutsches Kolonialblatt », pour
l'administration locale au Cameroun ; l'« Amtsblatt
Kolonialzeitung » pour la Société Coloniale
Allemande ou la « Koloniale Rundschau » ; Cameroon
Tribune, Le Journal du Cameroun ; les sites internet
www.peuplesawa.com,
www.dibambelasawa.com,
www.auletch.com, etc.,qui nous ont
fourni des informations importantes sur le vécu quotidien des
populations et des officiels, et du climat géopolitique de cette
époque.
Nous avons aussi pu entrer en possession des memoranda que
certaines autorités ont adressé à la haute
hiérarchie.
Toutefois, l'observation documentaire s'est
révélée à elle seule insuffisante pour permettre
d'appréhender notre sujet dans ses différents contours,
d'où le recours à une technique vivante.
2. Les techniques vivantes : les
entretiens
« Si la théorie aide à bien voir
et mieux comprendre un fait social, elle n'est utile que si elle s'appuie sur
un matériel empirique collecté parallèlement par le
chercheur dans un terrain circonscrit »269(*).
C'est sur la base de ce principe élémentaire de
la recherche fondamentale selon LESQUESNE270(*)que la deuxième étape de la collecte
des données s'est voulue beaucoup plus pratique. La technique de
l'entretien consiste« à provoquer une conversation
réglée entre un enquêté et un enquêteur muni
de consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien »271(*).Cette technique trouve
son fondement dans la nécessité de démontrer les
hypothèses que nous avons formulées. A cet effet, pour analyser
la question de l'administration allemande au Cameroun,il nous a fallu recourir
à l'entretien des acteurs de cette période et de l'époque
actuelle.
Nous avons eu des discussions fructueuses avec le Professeur
d'Université, Directeur des Affaires Académiques et de la
Coopération de l'Université de Yaoundé I, Pr. Daniel
ABWA ;le Secrétaire Général du
« Ngondo », M. Pamphile YOBE ; le Directeur Adjoint de
la Radio Communautaire du Noun, M. NJITARI NJOYA ; le Directeur des
Affaires Culturelles du Palais Royal de Foumban, M. NCHARE ; le Guide
conservateur du Musée depuis 2002, M. ALIDOUNJIKAM TOUNESSAH, un guide
touristique de la ville de Foumban, Mme NGOUNGOURE BILKISSOU ;
d'unvieillisseur d'objets d'art de la ville de Foumban, M. OUSMANE.
Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons
choisi le département du Noun et en particulier la ville de Foumban.
Nous avons également choisi les villes de Douala et de Yaoundé.
Foumban parce que c'est la ville où on localise le
peuple BamounBamun dans sa majorité et où se concentre les
richesses les plus visibles de ce peuple guerrier. Quant à Douala, c'est
un territoire qui concentre en son sein, les chefferies Duala riches en
histoire et qui ont fait basculer le Cameroun en pleine
modernité.ConcernantYaoundé, c'est le lieu où vivent les
intellectuels et certains hommes de culture qui ont côtoyé ces
deux peuples.Sans ignorer l'apport des sources audiovisuelles,272(*) cette démarche
à la fois théorique et pratique a permis d'opérer un
croisement des données issues des diverses sources exploitées.
L'usage de la démarche quantitative qui a
facilité le croisement, qui à son tour, a aidé non
seulement de pallier quelques lacunes des sources documentaires, mais surtout
d'êtreen phase avec le fait empirique et la réalité
matérielle du phénomène social qu'est la colonisation
allemande au Cameroun, surtout ses répercussions sur les chefferies
traditionnelles Duala et BamounBamun.
A la suite de ce travail de terrain, nous avons
définitivement arrêté les hypothèses qui font
l'objet de démonstration.
C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE
Pour tout travail de recherche, une bonne articulation des
idées est une valeur cardinale qui permet de présenter avec
précision les phénomènes étudiés. C'est
pourquoi partant des hypothèses de travail avancées et nous
fondant sur l'analyse des données collectées, notre raisonnement
s'est bâti sur deux principales parties, chacune articulée autour
de deux axes.
Concrètement ces deux principales parties se
déclinent sous les formulations suivantes:
PREMIÈREPARTIE : LA DOMINATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
SURLESPOUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUN
Elle rend compte d'une part du principe de l'hinterland et
l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les
territoires BamoDuala et Bamun(Chapitre I) et d'autre part,
des dynamiques et des logiques de domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et
Bamun(ChapitreII).
DEUXIÈMEPARTIE :L'INFLUENCE RELATIVE DES
POUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUNSURL'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE
A ce sujet, les analyses portent, tour à tour,sur le
pragmatisme de situation de l'administration coloniale allemande à
l'égard des chefs Duala (Chapitre III) et sur
l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance
traditionnelle BamounBamun(Chapitre IV).
PREMIÈRE PARTIE :
LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES
POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN
Dans le souci de sécuriser les frontières du
territoire qu'elle vient d'annexer au détriment de la Grande-Bretagne,
l'Allemagne doit convaincre les autres puissances impérialistes de sa
propriété sur le Cameroun.C'est à cette tâche
qu'elle s'attèle à la Conférencede Berlin,
convoquée pour éviter d'éventuels conflits entre les
puissances européennes dont les intérêts s'affrontent en
Afrique273(*). Puis,
elle a procédé à la délimitation des
frontières du Camerounavec les puissances européennes, qui lui
sont voisines. Avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne fixe la frontière
sud-ouest du Cameroun, de même qu'elle prolonge la frontière
occidentale entre le 27 juillet et le 2 août 1886 : « du point
terminal de la ligne primitive sur Calabar ou Cross-Rive, en diagonale,
jusqu'à la rive droite de la Bénoué à l'Est de Yola
», laissant cette ville dans la sphère britannique274(*).
Entre 1888 et 1894, toujours avec la
Grande-Bretagne, un traité est signé le 15 novembre 1893 à
Berlin. Celui-ci délimite la frontière occidentale du Cameroun,
de Yola au lac Tchad, laissant le massif des Mandara à l'Allemagne. Un
autre traité est signé à Londres entre l'Allemagne et le
Royaume-Uni, le 11 mars 1913. Celui-ci s'intitule : « Arrangement
entre le Royaume-Uni et l'Allemagne relatif au tracé de la
frontière entre le Nigéria et le Cameroun de Yola à la mer
et la réglementation de la navigation sur le fleuve Cross-River
». Il faut rappeler que c'est ce traité qui intègre la
péninsule de Bakassi dans le Cameroun allemand. De même qu'avec la
France, l'Allemagne signe des accords, le 25 décembre 1885 à
Berlin, les deux puissances coloniales délimitent les frontières
australes de leurs possessions. A travers cet accord, l'Allemagne renonce, au
profit de la France, à tous droits de souveraineté sur les
territoires au sud de la rivière Campo. En compensation, le gouvernement
français renonce, lui aussi, à tous droits de souveraineté
au nord de la rivière Campo. Un autre accord portant sur la
frontière orientale du Cameroun, est également signé
à Berlin, le 4 février 1894 et lui donne sa forme triangulaire.
Le 18 avril 1908, est signée à Berlin la troisième
convention entre la France et l'Allemagne.
Celle-ci concerne la frontière entre le
Congofrançais et le Cameroun allemand. Le 04 novembre 1911, une nouvelle
convention franco-allemande, modifie profondément le tracé des
frontières. A l'issue de l'incident d'Agadir au Maroc, la France
cède à l'Allemagne une partie de ces territoires de
l'AEF275(*) d'une
superficie de 275 360 km²276(*). Cette compensation territoriale est d'ailleurs
l'une des causes de la guerre au Cameroun. Le « Grand Cameroun » est
ainsi formé avec une superficie de 787 840 km².C'est sur ce
territoire que l'Allemagne va exercer sa domination.
Nous allons aborder dans le chapitre I, le principe de
l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale
allemande sur les territoires BamouDuala et Bamun(Chapitre
I).Le chapitre II, quant à lui, va rendre compte des dynamiques
et logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les
pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun(Chapitre II).
CHAPITRE I :
LE PRINCIPE DE L'HINTERLANDETL'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SURLESTERRITOIRESBAMOUNDUALA ET BAMUN
Ce chapitre a pour objectif de présenter le
principe de l'hinterland, donc l'implantation progressive de l'administration
coloniale allemande sur les territoires BamounDuala et Bamun. Ceci passe par la
mise en relief du principe de l'hinterland sur les territoires et les peuples
BamounDuala et Bamun. Cette présentation des stratégies
d'occupation du colonisateur allemand sur ces deux sphères territoriales
nous permettra d'apprécier, à leur juste valeur, les mutations
profondes consécutives à la domination coloniale et à la
tentative d'encadrement des pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et
Bamun.
Nous présenterons le principe de l'hinterland et
l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur le
territoire BamounDuala(Section I) et sur le territoire Bamun
(Section II).
.
SECTION I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLANDETL'IMPLANTATION
PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE DUALA
La politique coloniale au Cameroun et ailleurs était
basée sur le « Herrenvolk » ou la théorie de
la race supérieure. LesAllemands promurent cette théorie de telle
façon que tous les Camerounais quels qu'ils soient apprirent à
considérer leurs maîtres allemands comme des êtres
supérieurs. Lorsque les Allemands colonisèrent le Cameroun en
1884, Douala était dirigé par 02 rois et 02 princes qui
exerçaient leur autorité dans chacune de leur localité.Les
administrateurs coloniaux allemands débutèrent leur travail en
essayant d'unir les différents groupes ethniques de Douala en vue de
réduire le nombre de chefs dans cette localité.
Le 17 juillet 1885, VON SODEN présida une
réunion à Douala à laquelle participaient 14 chefs Duala.
Le point principal de la discussion fut l'union de tous les chefs Duala. Le but
poursuivi par VON SODEN tentait de réduire le nombre de chefs avec
lesquels il devait traiter mais le projet n'aboutit pas car ni le gouvernement
allemand ni les chefs ne le soutinrent.Au Cameroun, les Allemands
pratiquèrent le système d'administration coloniale que les
Britanniques appelèrent plus tard « Indirect
Rule »277(*),
mais avec des modifications. L'administration indirecte, appliquée par
les Allemands était utilisée de concert avec le principe du
« divide ut impera »278(*). Bien qu'au départ ce principe ne fut pas
envisagé par VON SODEN pour les Duala, il exploita néanmoins
à l'avantage des Allemands l'antagonisme persistant entre le roi Akwa et
le roi BELL. Ce point de vue a été exprimé par le neveu du
roi BELL, AlfredBELL, dans une lettre écrite depuis l'Allemagne à
son ami NDUMBEEYUNDI, installé à Douala. Dans sa correspondance,
AlfredBELL écrivit : « ... (Le GouverneurSoden) sait
que si Ndumbe (le RoiBell) et Dika (le RoiAkwa) vivaient en paix, les Allemands
n'auraient pas la possibilité de s'imposer sur les Duala. C'est pourquoi
il (Soden) ne se donne aucune peine pour faire régner la paix dans le
pays ».279(*)
Le principe du « diviser pour
régner » tel qu'il fut pratiqué par les Allemands
favorisa le RoiBell dans la mesure où les Allemands tentaient par tous
les moyens de minimiser la puissance et l'influence du roi AKWA. Afin de
souligner l'autorité allemande, l'administration coloniale
n'hésita pas à déporter les délinquants des cantons
BELL et AKWA.La politique allemande qui consistait à semer la division
entre les chefs locaux, ne fut pas seulement limitée aux Duala, mais
utilisée également chez d'autres peuples comme la chefferie
Bafut.
Nous nous intéresserons à l'origine du peuple
Duala et à l'organisation de sa structure sociale (Paragraphe
I), et les sanctions encourues en cas de désobéissance
des chefs Duala(ParagrapheII).
PARAGRAPHE
I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE SOCIALE
L'organisation politique et sociale se fondait sur la
parenté, puisque chaque communautése réclamait
généralement d'un ancêtre commun ; il en était de
même pour le peuple Duala.Tous les Duala avaient pour ancêtre
commun « EWALE », fils de MBEDI. C'est la déformation du nom
de l'ancêtre qui donna plus tard Duala.
Vraisemblablement jusqu'en 1810, les Duala étaient
tous sous l'autorité d'un chef unique, issu du lignage BELL ; l'Anglais
ROBERTSON de passage à Douala vers cette époque dit qu'un «
indigène » qui se fait appeler King BELL détient
l'autorité principale.King BELL était donc reconnu comme
étant le seul chef supérieur des Duala puisqu'il était
à l'époque le seul à porter le titre de « King
».
Mais dès 1814, KingBELL trouvait son pendant en la
personne de « Ngand'a Kwa du lignage Bonambela » ; ce
dernier, à la suite de dissensions au sein de la branche BELLqui
s'était en quelque sorte affaiblie, avait réussi à se
rendre indépendant et portait désormais le titre de « King
». Ce phénomène de segmentation, défini par LOMBARD
comme étant un système selon lequel les groupes familiaux
inférieurs se divisent pour former les uns vis-à-vis des
autres,des unités antagonistes, fut sans doute une
caractéristique de l'ethnie Duala.En effet, au sein des branches Bell et
Bonambela va se produire au milieu du 19ème siècle une nouvelle
scission, et les deux Kings devaient désormais compter avec les chefs de
leurs sous-lignages280(*).
La communauté villageoise était
constituée par des groupes patrilinéaires et représentait
une unité politique avec à sa tête le « sango a mboa
» qui signifie le père de la maison. La chefferie en tant
qu'institution coutumière était reconnue mais son organisation
était peu marquée. Le pouvoir était partagé entre
segments du groupe ethnique. Le chef de segment le plus ancien était
accepté comme chef de la communauté ; il jouissait certainement
d'un plus grand prestige mais n'était en fait qu'un « primus inter
pares ». Pour garantir la cohésion des différents segments,
il existait une institution appelée « Ngondo » qui
représentait l'ethnie dans sa totalité et qui allait
ainsi281(*)
au-delà de l'autorité détenue par les Kings et les chefs.
Créé vers le début du 19ème
siècle par King AKWA, le« Ngondo », cette assemblée du
peuple Duala, était convoqué chaque fois qu'un
évènement menaçait l'unité ethnique ou que l'ethnie
devait faire face à une menace extérieure. La présidence
du « Ngondo » revenait tour à tour aux chefs des deux
principales branches, c'est-à-dire aux deux Kings.
Cependant, l'autorité du « Ngondo » ne
semblait pas très importante face à celle de ces
derniers282(*). Du point
de vue économique, les Duala pratiquaient l'agriculture, la chasse,
l'artisanat et la pêche, activités qui leur permettaient de
couvrir leurs propres besoins ; mais très tôt,ils
s'orientèrent vers le commerce...
Les principaux produits du trafic étaient l'huile de
palme et l'ivoire ; ils étaient échangés contre les rames
à feu, la poudre, la verroterie .... Ils comprirent surtout après
leur installation définitive sur le fleuve Wouri qu'ils ne pouvaient pas
que vivre des produits de la pêche. Alors, ils conquirent de vastes
territoires dans l'Hinterland où ils installèrent leur plantation
car ils avaient besoin de matières premières pour leur propre
consommation et pour le commerce avec les Européens. Ils
possédèrent de vastes plantations dans le Nkam, le Mungo, la
Sanaga-Maritime et le Sud-Ouest. Le commerce d'esclaves aussi faisait partie de
leur principale activité économique et fut abolie au début
du 19ème siècle par les missionnaires anglais
notamment Alfred SAKER283(*).
En 1843, avec sa femme, Alfred SAKER est engagé comme
missionnaire par la Société missionnaire baptiste et prend un
bateau pour la Jamaïque, avant d'arriver à Port Clarence (Malabo)
sur Fernando Poo (île de Bioko, Guinée équatoriale) en
1844284(*). En 1845, il
rejoint Douala au Cameroun et y fonde une école285(*). En 1849, Alfred SAKER fonde
l'église baptiste Béthel286(*). Alfred SAKER fonde la ville de Victoria
(aujourd'hui Limbé) au Cameroun en 1858287(*). Dans ces actions
d'évangélisation, il traduit la Bible en langue Duala288(*). Un monument à sa
mémoire a été érigé à Limbé,
à l'occasion du centenaire de la ville (1858-1958).
Les lieux suivants portent son nom :
· A Limbé : Le Collège Baptiste Saker
et l'Église baptiste Alfred Saker.
· A Douala : Le Collège Alfred Saker
Deïdo et la Rue Alfred Saker à Douala.
Les Baptistes sont les premiers missionnaires
chrétiens à s'installer de façon permanente au Cameroun en
1843. En juillet 1884, ce territoire est sous la coupe de l'Allemagne. Les
premières manifestations de la compétition missionnaire sur le
terrain s'observent à Douala, dès le débarquement en 1890
de missionnaires allemands appartenant à la société des
prêtres Pallotins. À leur arrivée, les Baptistes et les
Bâlois ont déjà un grand nombre d'adeptes sur la côte
camerounaise, principalement à Douala et à Victoria289(*). Jesko VON PUTTKAMER, alors
gouverneur par intérim les accueille290(*). PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur
ZIMMERER...Il exprime sa joie de voir des missionnaires catholiques travailler
aussi, aux côtés du gouvernement allemand, à la «
mission civilisatrice » des peuples du Cameroun291(*). Il veut savoir où
les Pallotins auraient l'intention de commencer leur oeuvre d'apostolat.
Mgr VIETER lui répond que WOERMANN à Hamburg
leur avait conseillé Édéa292(*). En réalité,
le directeur de ladite compagnie commerciale avait fait valoir qu'aucune autre
mission n'était installée en ce lieu293(*). De plus, Édéa
est en communication, par le fleuve, avec Douala et peut être
considérée comme une porte d'accès facile vers
l'intérieur du pays. En fait, WOERMANN (protestant) avait l'intention
d'y ouvrir une factorerie et pensait que la présence des missionnaires
dans cette localité relativement peuplée attirerait une
clientèle autochtone importante294(*). Dans ses mémoires, Mgr VIETER lui-même
révèle que l'agent.... Mais, Jesko VON PUTTKAMER, partisan de la
politique religieuse de BISMARCK en matière de division du territoire en
zones d'influence confessionnelle295(*)296(*).
La principale raison réside dans le fait que les
Baptistes, les missionnaires de la Mission de Bâle et les
Presbytériens américains sont à l'oeuvre sur la côte
du Cameroun et ses environs, depuis quelques dizaines d'années. Les
Presbytériens sont au Sud ; tandis que les Baptistes et les Bâlois
occupent Douala, Sanaga, Victoria et ses environs. Il ne reste que la
région située au Nord de ce territoire. C'est donc celle-ci que
le gouverneur propose aux Pallotins297(*). Son intention est de partager le territoire
du Cameroun entre ces quatre sociétés missionnaires, afin
d'éviter les querelles religieuses.En réaction à cette
proposition, le Père WALTER fait vivement savoir au gouverneur que son
projet de partage du territoire en « zones d'influence confessionnelle
» est contre les décisions de la Diète298(*).
Du côté de la direction de la Mission de
Bâle, le pasteur BOHNER, ayant appris l'arrivée des Pallotins,
s'oppose à leur installation, aussi bien à Douala qu'à
Édéa299(*). Il la dénonce « comme un danger au
même titre que l'alcool »300(*). Dans la logique des Bâlois, la partie Nord du
littoral camerounais devrait demeurer la « chasse gardée » de
leur société missionnaire. BOHNER le signifie d'abord au
gouverneur, puis aux deux Pères, après sa démarche
infructueuse auprès de l'autorité allemande301(*). Mais les Pallotins opposent
une résistance tant à VON PUTTKAMER qu'au missionnaire
bâlois, dont l'intention commune est de partager le Cameroun entre
catholiques et protestants.
Mgr VIETER s'en explique :« Je voulais éviter
à tout prix un partage. J'aurais préféré rentrer en
Europe plutôt que d'accepter du gouvernement un petit coin du Cameroun
avec interdiction de pénétrer dans les territoires où
travaillaient les protestants »302(*). Le vicaire apostolique du Cameroun tient
à affirmer la catholicité de sa Mission. Il ne peut en être
autrement à ses yeux, car le droit de limiter, d'accroître ou de
diviser quelque territoire missionnaire catholique que ce soit n'appartient
qu'à Rome303(*)304(*).
Longeant la côte un peu plus au sud, ceux-ci remontent
le fleuve Sanaga et s'établissent, non loin de son embouchure, sur une
colline à laquelle ils donnent en 1890, le nom de « Marienberg
» ou Montagne de Marie305(*). C'est en fait à partir de là, qu'ils
essaiment d'abord à Édéa (1891), Kribi (1891), Engelberg
ou Bojongo (1894). Puis, ils prennent pied à Grand-Batanga (1900),
Yaoundé-Mvolyé (1901), Ikassa (1906), Einseideln ou Sasse (1907),
Victoria (1908), Ngovayang (1909), Dschang (1910), Ossing (1912), Minlaba
(1912), Deïdo (1913)306(*).
Les progrès sont plus rapides encore dès que,
avançant vers l'intérieur, ils sont en contact avec le groupe
« béti » de la région de
Yaoundé307(*)Néanmoins, c'est sur la côte et les
environs du mont Cameroun que les Pallotins allemands ont la plupart de leurs
Missions308(*). Il
faut attendre jusqu'en 1898 pour qu'ils puissent retourner à Douala et y
prendre pied. Ils ont désormais dans leur jeu plusieurs atouts.
L'Allemagne qui n'a que peu de colonies peut consacrer à ceux-ci des
moyens financiers et matériels capables de les développer
rapidement. La nouvelle congrégation missionnaire, selon Maurice
BRIAULT, « apparaît (donc) aux 27 millions de catholiques allemands
comme l'une des rares qui se situent nettement sous leur pavillon national
»309(*). Cette
donnée encourage leur générosité. Ensuite, les
autorités coloniales allemandes du Cameroun, se réglant sur
l'esprit de Berlin, ne se montrent à l'égard des Pères
Pallotins et leurs oeuvres, ni tracassiers, ni méfiants. Parfois
même, elles les encouragent ouvertement310(*).
Avec l'arrivée des missionnaires, les Duala traversent
une période de renouvellement culturel vu que ceux-ci abhorraient la
plupart des pratiques locales, y compris la nudité. Ajouté
à l'embarras qu'avait leurs épouses faces aux jeunes filles
nubiles se mouvant peu couvertes devant leurs époux, il ne fallut pas
longtemps pour qu'il soit inculqué aux femmes que seule une tenue
décente plaisait au Seigneur. C'est ainsi que celles-ci commencent
à se vêtir d'une couverture rugueuse qu'elles appelaient en leur
dialecte « kaba », une déformation du mot anglais « cover
». Ce grand sac avec des ouvertures pour la tête et les bras
fût le premier vêtement indigène, développé
sous l'influence des européens.
Ayant appris les arts ménagers et la couture de Helen
SAKER311(*), c'est au
début du 20ème siècle alors que la mode
victorienne battait son plein (grandes jupes sous des corsages à
même le corps) que les autochtones ont commencé à
créer, tailler et coudre leurs propres
« couvertures ».
La coquetterie féminine fit le reste et peu à
peu elles mirent en pratique leur sens du goût et du style en
transformant le sac difforme original en un vêtement Duala authentique et
sophistiqué. Il est rapporté qu'au milieu des années 1940,
seules les femmes âgées portaient des
« kaba », non seulement en signe de maturité mais
aussi de prestige, car il fallait beaucoup d'argent pour se procurer autant de
tissu.
L'import du tissu était de plus en plus fréquent
avec les familles et les communautés faisant produire des tissus portant
l'emblème ou le totem familial en signe d'appartenance. Voilà
pourquoi le « kaba » des
« Bonamikengué » a des fourmis comme motif, celui
des « Bonadoumbé » a une houe et des feuilles de
manioc tandis que celui des « Akwa » porte les 20 villages
qui forment le canton.
Au fil des années donc, il eut une explosion des
barrières régionales, culturelles, linguistiques, sociales et
géographiques du « kaba » qui pourtant n'a pas
toujours eu la notoriété dont il jouit aujourd'hui.
En effet, les deux décennies qui ont suivi
l'indépendance étaient plutôt sombres pour le
« kaba » qui s'est vu relégué au fond des
placards, porté que pour les travaux ménagers, les enterrements
et les jeunes filles le trouvaient disgracieux et pour les
grand-mères.
Dans les années 1980, les tailleurs exerçant
dans les marchés renversent la tendance créant ainsi le
« mini-kaba ». Dans les années 1990, les stylistes
modélistes exploitent cette tendance lucrative. La camerounaise Ly DUMAS
étant la plus prisée car elle utilisait de merveilleux tissus
comme le « Ndop » et était la première
à exporter notre vêtement national. Autres créateurs de
renommée internationale tels que PACO RABANNE, Parfait BEHEN, Caroline
BARLA (et sa fameuse collection révolutionnaire de
« kaba » en jean sous le label
« Caramelle »), Rodrigue TCHATCHO et CHRISTALIX ont
été subjugués par l'originalité du
« kaba » qu'ils ont présenté sous plusieurs
modèles haute couture.
Un festival annuel « Lambo la tiki »
permet à des jeunes créateurs de relooker à chaque
édition le « kaba ngondo » classique le rendant
ainsi une tenue appropriée pour toutes les occasions ! Dans
« Le Paradis Tabou », Valère EPEE explique qu'il existe
plusieurs types de « kaba » à savoir : le
« kaba » de cérémonie
«mindènè», le « kaba »
élégant «mukuku» et le « kaba » de
maison « Misodi ». L'ensemble complet a emprunté des
accessoires à d'autres cultures:
l' « ébasi » européen, le
« jupon » Togolais et l'écharpe
« Igbo », jetée avec élégance sur
l'épaule gauche. Grâce à sa popularité, le
« kaba » est non seulement la tenue officielle du
« Ngondo » depuis les origines des assises traditionnelles
(d'où le nom « kaba ngondo »), mais il est
également devenu un costume national féminin, porté lors
de toutes sortes d'évènements.La « couverture » du
19ème siècle a fait du chemin ! Tout comme le
« Ndolè » et le « Makossa », le
« Kaba Ngondo » fait désormais partie de notre
patrimoine national312(*).
Sur le plan de la spiritualité, le peuple Duala est un
peuple animiste comme tous les peuples Bantou. Ils pratiquaient le culte des
« Miengu » au singulier ou « Jengu » au
pluriel qui sont des divinités aquatiques, à qui les Duala vouent
un culte afin qu'ils intercèdent pour eux auprès du
« NyambeWeke » ou le « Dieu
créateur » afin qu'il accorde sa
bénédiction.Chaque année,le 1er dimanche du
mois de décembre, les « Sawa »313(*) se réunissent
à Douala pour la messe de l'eau et l'immersion du vase sacré qui
est la dernière articulation du « Ngondo ».
Le « Ngondo » est l'Assemblée
traditionnelle du peuple Sawa. Autrefois, il jouait le rôle de
gouvernement car c'est lui qui gérait tous les conflits concernant le
peuple. Il y existe un certain nombre de sociétés secrètes
dont : le « Mingi »,
l'« Ekongolo », etc...
En conclusion, les Duala sont des animistes mais reconnaissent
l'existence d'un Dieu créateur appelé
« Nyambe »314(*).Partant de là, nous nous sommes
interrogés sur les origines du peuple
« Duala »(A-) et les différents
cantons qui le constituent (B-).
A. L'ORIGINE DU PEUPLE
« DUALA »
Le peuple Duala fait partie du grand groupe ethnique Bantou.
Partis de l'Égypte, ils longèrent le continent et
s'installèrent dans un premier temps dans l'ex-Zaïre et y fonde une
tribu appelée « Batoka » ; à la fin du
12ème siècle, une rixe éclata et le groupe se
divisa : une partie prit le large et remonta l'estuaire. Une autre partie
du groupe s'arrêta dans l'actuel Gabon et l'autre continua. L'histoire
légendaire nous dit qu'ils ont chaviré et ont
été accueillis à « Pitti » dans
le département de la Sanaga-Maritime, leur chef était
appelé MBEDIMBONGO.
Ils y rencontrèrent leurs frères arrivés
avant eux du nom de NGASSEMBONGOqui les accueillit et ils cohabitèrent
avec les « Mpo'o »315(*) . « Pitti » était un
grand marché où Mbedi et sa troupe fournissaient le
poisson316(*), les Bassa
et les Mpo'o apportèrent du gibier et les produits de l'agriculture.
Un jour, lors de l'expédition de pêche, deux
fils de MBEDI voyèrent dans le fleuve des peaux de bananes qui venaient
du haut et alors, ils y sont allés et rencontrèrent d'autres
clans Mpo'o et Bassa plus loin.Après la mort de MBEDI MBONGO, le groupe
conduit par EWALA MBEDI, fils cadet de MBEDI MBONGO, alla s'installer à
l'actuelle « Longasse » chez leur oncle NGASSE MBONGO.
Le problème d'espace se posa, alors les fils de
MBEDIMBONGO s'éparpillèrent et allèrent occuper des terres
dans l'actuel Littoral et y formèrent des clans autonomes. EWALE et son
grand frère JONGO allèrent s'installer dans l'actuel plateau Joss
et dans les zones de « Youpwe ». Ils y trouvèrent
les « Mpo'o » qui leur céda quelques terres car leur
mère était elle-même une « Mpo'o ».
Les livres d'histoires scolaires nous disent qu'il y eut une
guerre entre ces deux peuples mais cette version des faits est fausse car un
petit groupe de 10 à 20 personnes ne pouvait faire la guerre à
plus d'un millier de personnes. Les Duala ont entrepris une série
d'alliances et de mariages avec des filles « Mpo'o » et
Bassa.
Ils prirent le contrôle économique car ils
étaient d'excellents commerçants ; ils traitaient avec les
Européens depuis leur départ du Zaïre.Ils imposèrent
leur religion et leur culte. C'est ainsi qu'ils prirent le contrôle des
territoires et obligèrent les deux autres peuples à aller
chercher leur autonomie ailleurs317(*).
Partant de là, quelle est la signification du mot
« Duala » (1-) et quels sont les
toponymes lies au mot Duala(2-) ?
1. Que signifie le mot
« Duala » ?
Le mot « Duala » est la forme
contractée de « Doul'Ewala » qui signifie la rive ou
l'embouchure d'EWALA MBEDI318(*)319(*).
Pour le commun des habitants de Douala, le nom de cette cité est une
altération phonétique d'EWALÉ, nom de l'ancêtre
éponyme des Duala.
Cette version est contestée par EBÉLÉ
WEI qui, dans l'ouvrage « Paradis tabou, autopsie d'une culture
assassinée », professe que : « La ville de
Douala qui (...) porte officiellement son nom actuel depuis le décret
colonial allemand du 1er janvier 1901, le portait déjà
rituellement depuis 1578 par la grâce de son fondateur Ewalé quand
celui-ci installa son peuple au bord du Wuri (Wouri), en un lieu qu'ils baptisa
péremptoirement Madu M'Ewalé ou l'embouchure d'Ewalé
(situé entre l'estuaire et le plateau Joss, et plus tard étendu
vers l'Aqua Beach, aux alentours de Bonamouti). MaduM'Ewalé
progressivement simplifié en Madumalé, est la forme plurielle de
Dul'Ewalé, simplifiée en Duwalé qui par la
« faute » du génitif « A » de
Duwal'A Mbedi est devenu Duala.
Dès lors, l'on peut considérer comme une
anecdote ou un simple jeu de mots l'hypothèse situant
l'étymologie de Duala à l'exclamation « Dua,
Ala ! » (« Démarre, vas-y ! »)
qui n'a rien à voir avec le débarquement des fils d'Ewalé,
et encore moins avec le patronyme de l'ancêtre donné au site par
voie de baptême »320(*).
Par ailleurs, quels sont les toponymes liés au mot
« Duala » ?
2. Quels sont les toponymes liés
au mot « Duala » ?
Il existe plusieurs toponymes liés au mot
« Duala » dont les toponymes à signification
culturelle. Nous entendons par là les noms qui
« trahissent » l'origine des occupants du site et qui
découlent de la langue parlée par les habitants dudit lieu. Dans
l'ensemble, il s'agit surtout du cas des autochtones, les Duala et les Bassa
étant considérés comme les tous premiers occupants de
cette plaine, on trouve ainsi des toponymes à connotation
clanique : BONA pour les Duala, et LOG pour les Bassa321(*).
· Les noms commençant par
BONA
« Bona » en langue Duala signifie clan,
famille, descendant, dynastie. Ainsi, « Bonapriso »,
« Bonatéki », « Bonandoumbe »
désignent respectivement les clans de Priso, de Téki et de
Ndoumbe. Dans certains cas, le nom de l'ancêtre a subi un processus
d'apocope, ce explique qu'on ait « Bonadibong »,
« Bonangang », « Bonamounag » en lieu
et place de « Bonadibongue »,
« Bonagangue » et « Bonamouangue ». En
outre, le clan des « Bèllè » est devenu
« Bonabéri » au lieu de
« Bonabèllè ».Selon certains patriarches,
« Bonabéri » serait plutôt venu de
Bédi, tout comme certaines dynasties n'ont gardé que le nom de
l'ancêtre à l'instar de Deïdo, Akwa, Bali322(*).
· Les noms commençant par LOG ou
NDOG
La langue Bassa utilise LOG et NDOG qui sont d'ailleurs des
allomorphes pour désigner les descendants. Ainsi,
« Logbessou » signifie les descendants de Bossou et
Ndogbong, les fils de Bong. De la même manière, on a des quartiers
tels que « Logbaba », « Logpom »,
« Logbayangui », « Ndogkotti »,
« Ndogpassi », « Ndogbati »,
« Ndogsimbi ». L'ensemble de ces quartiers forme d'ailleurs
la zone qu'on appelle le canton Bassa de la ville.
Quant à la pléthore des territoires, elle est
simplement due au fait que les parents étaient
généralement polygames et avaient une famille nombreuse et
parfois belliqueuse qui devait à son tour agrandir le nombre des
descendants de l'ancêtre commun...
A côté de cela, nous avons aussi des quartiers
tels que « Bessengue » qui signifie terrain inoccupé
en duala et « Nkommondo » issu de « Nkon u
mondo » qui veut dire Nouveau terrain ou terre neuve en
Bassa323(*).Dans le
tableau ci-dessous, nous avons répertorié les principaux
toponymes liés au mot « Duala ».
Tableau N° 1
:Référents Des Principaux Toponymes Liés Au Mot
« Duala ».
Langue
|
Radical
|
Signification
|
Exemples
|
Duala
|
Bona ou Bo
|
Descendance de...
Famille de...
|
Bonanjo, Bonakou, Bojongo, Bonangang
|
|
Bé
|
Les... (Pluriel des mots commençant par é)
|
Bésséké, Béssengué
|
Basaa
|
Log ou Ndog
|
Descendance de...
Gens de...
|
Logbaba, Ndogsimbi, Ndokoti
|
|
Song
|
Tombe de...
|
Song-Mahop
|
|
So
|
Occupé par...
Découvert par...
|
Sodikombo, Sodiko
|
Bakoko
|
Ya
|
Descendance de...
Famille de...
|
Japoma
|
Source : J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ,
« Douala. Toponymie, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms », p. 240. Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Tableau N° 2 :
Structure Sociétale Des Duala.
Unité sociétale
|
Dénomination en duala
|
Exemple
|
Sous-ethnie raciale
|
Nyasoso
|
Bombédi
|
Tribu raciale
|
Tumba
|
Duala
|
Fratrie (Phratrie)
|
Dinyanga
|
Bonamouléké
|
Lignage maximal
|
Tumbalamba
|
Bonanguiyé
|
Gens totémiques
|
Diolambia
|
Bona nyaka a Benda
|
Lignage majeur
|
Tumbalamba
|
Bonakou
|
Foyer organique
|
Dio
|
Bongkwak
|
Lignage mineur
|
Ndambia
|
Bonagando
|
Foyer moléculaire
|
Diolambia
|
Bonéléké
|
Lignage nominal
|
Mboa
|
Bonadika
|
Famille étendue
|
Eboko
|
Bonadika
|
Famille polygine
|
Mwélé
|
Bonabékéné
|
Famille polygamique
|
Ndamawala
|
Famille Bétoté
|
Famille nucléaire
|
Masoso
|
Famille Prince Dika Akwa
|
Famille monogame
|
Ndampongo
|
//////////////
|
Ménage
|
Dikaba
|
/////////////
|
Source : Prince DIKA AKWA NYA BONAMBELLA, 1982.
J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et
cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection
Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la
section intitulée « Le choix des noms », p.
240. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Le peuple Duala possède plusieurs cantons que nous
aborderons dans la suite de notre travail.
B. LESDIFFÉRENTS CANTONSDU
PEUPLEDUALA324(*)
LesSawa sont un ensemble d'ethnies bantoues
composées de la majorité des ethnies autochtones du littoral
camerounais, ainsi que d'une partie des tribus de l'arrière - pays.
Ce qui englobe toutes les ethnies de langue
sawabantu325(*), les
ethnies de langue Manengouba326(*) certaines communautés Basaa, Yabassi et
Bakoko des environs de Douala, et d'autres populations bantoues plus anciennes
habitant cette région327(*).
Toutes ces populationsse reconnaissent comme appartenant
à un même groupe bien que les fondements culturels et historiques
de cette unité soient parfois assez nébuleux. C'est le
« duala » qui sert de langue véhiculaire, il est
parlé et compris dans toute la région, notamment grâce
à l'hégémonie locale que les Duala ont acquise dès
le XVIIème siècle à travers le commerce de produits
tropicaux et d'esclaves avec les Européens. LesSawa sont
concentrés principalement sur les régions du Littoral, une des
huit régions francophones du Camerounet de la région du Sud -
Ouest, une des régions anglophones du Cameroun.
Une petite partie des populations du groupe Sawa se trouve
dans la région du Sud du Cameroun et sur la côte atlantique de la
Guinée équatoriale notamment les Batanga et les Yassa. Pour le
reste, il existe une diaspora Sawa dans certaines villes européennes et
nord - américaines. Le « Ngondo » organisé
annuellement à Douala est la principale fête des Sawa.La musique
Makossa328(*), certaines
danses329(*) et les
tenues vestimentaires330(*) sont communes à l'ensembledes Sawa.Par
ailleurs, le peuple Duala est formé de deux cantons à savoir le
clan KUO et le clan NJO. Au sein de ces clans, on retrouve les BELL, AKWA et
DEÏDOqui se regroupent autour de cantons.
Ainsi, un clan331(*) est un ensemble de familles associées par une
parenté réelle ou fictive, fondée sur l'idée de
descendance d'un ancêtre commun, qui, lui-même, peut-être
réel, imaginaire ou mythologique. Ce mot d'origine
écossaise332(*) a
été choisi comme concept générique parles
ethnologues, pour désigner tous les systèmes politiques
fondés sur des familles élargies stables.Il est
l'équivalent du mot français « gente », du
latin « gens-gentis » qui désigne les familles
patriciennes de la Rome antique et des républiques italiennes, comme
celle de Gênes.Même si leur filiation exacte n'est pas connue, tous
les membres d'un clan connaissent cette origine qui prend un caractère
mythique. Des individus ou des familles étrangères peuvent
être adoptés par un clan qui leur donne ses ancêtres, on
parle alors d'affiliation ou d'agrégation.
Lorsque cet ancêtre est représenté
mythiquement ou symboliquement par un animal, les ethnologues parlent de
totémisme. Selon le pays, les clans peuvent être des regroupements
très formels, ayant une personnalité juridique, un patrimoine et
des institutions politiques qui varient d'une civilisation à l'autre, et
obéissant à des règles précises : chef,
conseils, assemblées, fêtes, coutumes, symboles, sanctions,
etc.
Généralement, l'appartenance à un clan
peut se traduire par des droits et des obligations de solidarité envers
les autres membres du groupe, en particulier l'assistance et la vengeance.
S'agissant des cantons, c'est un type de territoire
infra-étatique dont le statut varie fortement selon les États. Il
peut s'agir d'un Etat fédéré, comme en Suisse, d'une
collectivité locale, comme en Bosnie-Herzégovine, ou d'une simple
circonscription administrative, électorale ou judiciaire. Les
lexicographes donnent le mot comme d'origine provençale333(*)du latin
« canthus », qui viendrait lui-même du celtique,
comme le grec « kanthos »334(*)335(*).En
d'autres termes, c'est une portion limitée d'un territoire ou encore la
place assignée à quelque chose....On peut ajouter qu'ils ont
leurs propres compétences et disposent d'une large autonomie. Ils ont
chacun leur gouvernement avec à leur tête un chef qui nomme les
membres devant l'accompagner dans ses nombreuses tâches.
La plupart sont issus de sa famille ou de sa
communauté d'origine mais il peut également faire intervenir des
personnalités s'étant distinguées sur le plan local et
international et leur attribuer des titres de notabilité qui
contribueront au rayonnement du canton.
Tableau N° 3
:« CANTONS », « QUARTIERS » ET
« FAMILLES » DUALA (A)
CLANS
|
« CANTONS »
|
« QUARTIERS »
|
POPULATION
|
NOMBRE DE « FAMILLES »
(b)
|
KUO
|
AKWA
|
Bonéléké
|
1496
|
11
|
|
|
Bonadibong
|
806
|
5
|
|
|
Bonamikengué
|
1094
|
9
|
|
|
Bonebong
|
305
|
2
|
|
|
Bonalembé
|
518
|
6
|
|
|
Bonelang
|
246
|
1
|
|
|
Bonebwanja
|
181
|
3
|
|
|
Bonejang
|
492
|
5
|
|
|
Bonamouti
|
388
|
2
|
|
|
Bonabekombo
|
272
|
7
|
|
|
Bonébelankong
|
451
|
6
|
|
|
Bonamonkouri
|
420
|
5
|
|
|
Bonewonda
|
563
|
11
|
|
|
Bonamouang
|
497
|
4
|
|
|
Bonamoussadi
|
300
|
9
|
|
|
Bonangang
|
248
|
6
|
|
|
Bangue
|
87
|
3
|
|
|
Bonabejiké
|
41
|
2
|
|
|
Bonangando I
|
73
|
4
|
|
DEÏDO
|
Bonatené
|
1847
|
20
|
|
|
Bonantoné
|
725
|
7
|
|
|
Bonamoudourou
|
964
|
4
|
|
|
Bonateki
|
234
|
5
|
|
|
Bonajinge
|
454
|
4
|
|
|
Bonamouti
|
131
|
4
|
NJO
|
BELL
|
Bonanjo
|
1966
|
12
|
|
|
Bonapriso
|
1507
|
5
|
|
|
Bonadouma
|
528
|
4
|
|
|
Bonandoumé
|
340
|
7
|
|
|
Bodjongo
|
39
|
1
|
|
|
Ngombé
|
39
|
1
|
|
BONABERI (c)
|
Bonaberi
|
|
|
|
|
Bonamikano
|
|
|
|
|
Bonasama
|
|
|
|
|
Djebale I
|
|
|
|
|
Djebale II
|
|
|
|
|
Bonedale I
|
|
|
|
|
Bonedale II
|
|
|
|
|
Bonamatoumbé
|
|
|
|
|
Sodéko
|
|
|
|
|
|
|
|
(a) - Recensement administratif de 1954.
(b) - Il serait fastidieux d'en donner la liste.
(c) - Rappelons que Bonabéri ne fut pas
recensé336(*).
Source : R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET
HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours
du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut
d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 295-297.
Le peuple Duala se compose de 03 clans à savoir :
le cantonBELL(1-), le canton AKWA (2-) et le
cantonDEÏDO(3-).
1. Le canton Bell
La dynastie DOUALA BELL ou BÉBÉ BELL BONANJO
est une famille princière de Douala en Afrique centrale fondée en
1792. Elle est à la tête du clan Bell du peuple Duala et est
reconnue par les autorités de la Républiquedu Cameroun comme
chefferie traditionnelle de 1erdegré du CantonBELL.
En 1897, NDOUMBE BELL meurt. Lui succède le roi
AugusteMANGA NDUMBÈ, 5ème de la dynastie fondée en 1792.
Il régna de 1897 à 1908 sous le protectorat allemand. En 1908,
suite à la mort de son père, Rudolf DUALA MANGA BELL né en
1872 est intronisé Chef Supérieur du clan des BELL qui regroupe
les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbe, tous propriétaires et habitants
du plateau Joss à Douala. Condamné à mort, il sera pendu
le 08 août 1914 dans la cour du commissariat de police de Bonanjo. Devait
lui succéder Alexandre DOUALA MANGA BELL,fils né le 3
décembre 1897 à Douala et décédé le 19
septembre 1966 à Douala.
Députédu Cameroun de 1946 à 1958, il a
été membre de la première et de la seconde
AssembléeNationaleConstituante. Contrairement à ce qu'on croit,
Alexandre n'est pas monté sur le trône des BELL. Après son
cursus secondaire, il poursuit des études supérieures en
Allemagne, où il est surpris et bloqué par le
déclenchement de la guerre.
Revenu au Cameroun après la fin des hostilités,
il y retrouve la traditionnelle position prépondérante de sa
famille, dont il est le fils aîné.
Cependant, les difficultés concernant les
indemnités d'expropriation soulevées à l'encontre de
l'administration allemande se poursuivent avec l'administration
française, contre laquelle Alexandre DOUALA MANGA BELL est engagé
dans plusieurs procès... Son frère Eithel DOUALA MANGA BELL,
père du Prince RENÉ BELL refuse de prendre les rênes du
canton, c'est alors que le Prince Alexandre désigna son neveu le Prince
René MANGA BELL.
Le Prince René DOUALA MANGA BELL, né en 1927,
est monté au trône à Douala en 1966 après avoir
combattu au Vietnam dans l'armée française de 1950 à 1953
et collaboré à Paris à la RadioTélévision
Française, à « Présence Africaine »,
à « Éclair Journal » entre autres.Son
autorité morale est incontestable et il est respecté de tous les
cercles, du fait de sa droiture.
Le Prince René DOUALA MANGA BELL, grand
défenseur des plus faibles et de la communauté Sawa, dont il a
été l'un des derniers remparts, a incarné pendant
plusieurs années, le « Ngondo », puisqu'il en a
été président général plusieurs fois,
jusqu'en 2010337(*).
Comment la dynastie des Rois BELL a-t-il évolué
jusqu'à notre époque ?
· La chronologie de la dynastie des Rois
Bell
Quatre générations de rois BELL reposent dans
cette sépulture construite en 1936 : son promoteur, le Prince
Alexandre NDOUMB'A DOUALA y a transféré les dépouilles de
son père, Rudolf DOUALA MANGA BELL, de son grand-père
AugusteMANGA NDOUMBÈ, et de son bisaïeul, NDOUMB'A LOBE.
- Ndoumb'a Lobe (Roi de
1858-1897)
NDOUMB'A LOBE pacifie le pays Sawa et son influence
s'étend sur tout le Littoral, du Sud338(*) au Nord339(*). Il est cosignataire avec DIKA MPONDO AKWA, du
traité du 12 juillet 1884 qui institue le Protectorat allemand et
préserve leurs droits fonciers aux Duala. Sous son règne prend
fin le monopole Duala de commerce intermédiaire avec l'Hinterland.
- Auguste MangaNdoumbe (Roi de
1897-1908)
Son fils, Auguste MANGA BELL, grand bâtisseur,
développe une économie de chasse d'éléphants et de
plantation, et utilise les revenus du cacao, de l'huilede palme, du bois et de
l'ivoire pour faire de gros investissements immobiliers à Bonanjo.
Il constitue une des plus importantes fortunes jamais
amassées par un roi Duala.
- RudolfDoualaMangaBell (Roi de
1908-1914)
Rudolf DOUALA MANGA BELL consacre essentiellement son
règne à combattre le projet allemand d'urbanisme
« Gross Duala » qui préconise entre autres,
l'expropriation des indigènes de Bonanjo, d'Akwa, de Deïdo, pour
les expédier dans les quartiers de Neu-Bell, Neu-Akwa, Neu-Deïdo,
au-delà d'une « Freie Zone », bande de
démarcation entre Européens et indigènes, large d'un
kilomètre. Il perd ce combat et est pendu le 08 août 1914.
- Alexandre Ndoumb'aDouala (Roi de
1950-1966)
Son arrière-petit-fils, Alexandre NDOUMB'A DOUALA,
héritier tragique, rentre au Cameroun en 1919, après avoir
passé sa jeunesse en Allemagne, ce qui incite l'administration
française à le suspecter de germanophilie. Il passera plus de 30
ans à se battre pour accéder au trône. Il y parviendra en
1950, mais ne réussira jamais à rétablir la
totalité de ses droits.
En 1945, il est élu représentant du
Cameroun à l'AssembléeNationaleFrançaiseet devient l'un
des premiers députés africains. En 1958, il démissionne de
ses mandats politiques et se retire de la vie publique340(*).
Tableau N° 4 :
Dynastie des BELL.
Kings
|
Règne
|
Bell (Bélé Doo)
|
... -1792
|
Bell II (Bélé
Bélé)
|
1792-1848
|
Bell III (Lobé Bébé)
|
1848-1858
|
Bell IV (Ndumba Lobé)
|
1858-1897
|
Bell V (Auguste Ndumba Lobé)
|
1897-1908
|
Bell VI (Rudolf Duala Manga Bell)
|
1908- 08 août 1914
|
Bell VII (Richard Dina Manga)
|
1916-1927
|
Bell VIII (Theodore Loba Manga)
|
1927-1952
|
Bell IX (Alexandre Ndumba Duala)
|
1952-1962
|
Siège vacant
|
1962-1966
|
Bell IX, René Douala Manga
(1927-2012)
|
1966-6 novembre 2012
|
Jean-Yves Eboumbou Manga Bell (né en
1956)341(*)
|
16 décembre 2012 - en cours
|
Source : « Dynastie Douala Bell ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 20 janvier 2021.
Par la suite, nous parlerons du canton AKWA.
2. Le canton Akwa342(*)
La dynastie AKWA débute avec le chef NGAND'A KWA.
· Naissance de la dynastie Akwa - Ngand'a Kwa
(1801 - 1846)
Une fragile unité politique des Duala stricto sensu,
c'est-à-dire descendants des ancêtres EWALE et BOJONGO'A MBEDI,
s'était construite vers le milieu du XVIIIe siècle
autour du Patriarche DOO LA MAKONGO de la branche « Njo' a Mase
m'Ewale343(*)».
Il avait hérité de la fusion des familles Bassa
du plateau qui portera plus tard son nom et avait
été baptisé « King
George »344(*)
par les capitaines négriers anglais. Ces derniers lui assignaient donc
les fonctions d'une puissance politique chargée de garantir l'ordre et
la sécurité. Devenant un des principaux interlocuteurs politiques
du clan face aux traitants européens, « King
George » transformé en « King Joss » par
les autochtones disposait d'un revenu régulier qu'il pouvait
redistribuer parmi les aînés sociaux et consolider son leadership.
Les quatre autres personnalités influentes de cette
époque dont les noms figurent dans les livres de bord de navires comme
traitants étaient le chef KWAN EWONDE345(*) que les négriers anglais surnommaient
« PETER QUAN » ; le prince ANGWA346(*) de son vrai nom MUANGE
MA KU, fils de KU'A MAPOKA qui hérita du territoire du chef Bassa
EWUMA347(*) et fonda la
dynastie Angwa de Bonaku. Le chef MBIMBA'A MBELA alias « King
Mercer », fondateur de la principauté de
« Bimbia » chez les Isubu et son fils NGOMBE LA MBIMB'A
MBELA alias « Mbimbe Jack ». Les deux premiers étant
issus de la branche « Ngiy'a Mulobe m'Ewale ».
A la mort du « King Joss » en 1792, la
bataille de succession qui opposa son fils aîné NJOH A DOO que les
commerçants anglais appelaient « Prince Joss »
transformé en « Priso », à son frère
cadet BELE BA DOO anglicisé en « Bell » plongea la
grande chefferie de Bonanjo dans une incertitude totale.
En effet, le verdict en faveur du frère cadet suite
à l'arbitrage des capitaines de navires anglais appelés en
dernier recours par les notables les plus influents ne fit qu'aggraver leurs
dissensions. Il contribua logiquement à la naissance en 1795 de la
dynastie BELL fondée par BELE BA DOO qui succéda à son
père et se gratifia du titre de « King Bell »,
mais surtout renforça l'intransigeance des
« Bonapriso » qui résistaient opposés
à toute normalisation de la vie politique. Au cours de cette
année 1795, une révolution de palais éclatait à
Bonéwonda suite au décès du chef PETERQUAN.
Un jeune caïman à l'affut nommé NGAND'A
KWA348(*)
rétablira d'abord l'ordre à Bonakwan, le lignage régnant
chez les « Bonamulobe », et profitera ensuite de
l'affaiblissement du pouvoir des « Bonadoo » pour
mettre un terme au pouvoir absolu.
En effet, à la suite d'une stratégie bien
orchestrée par ses partisans de la branche « Mulobe
m'Ewale » dont il était le nouveau leader, le jeune NGAND'A
KWA contraignit en 1801 le King BELEBADOO au partage du pouvoir.
Pour la petite histoire, le schisme se produisit au cours
d'une assemblée ordinaire des chefs et notables Duala qui avait eu lieu
sur la grève caillouteuse de la pointe de Bonaberi « Dibo la
Senge ». NGANDO se leva, salua l'assemblée, s'approcha du King
BELEBADOO, et lui dit : « Sache qu'à partir de ce
jour, la mer qui s'étend devant nous appartient désormais
à tous les deux Ngando et Bele. »
Il reçut aussi dans l'ombre le soutien des capitaines
de navires négriers anglais pour qui toute scission du clan offrait de
meilleures opportunités d'affaires. Le principe étant de diviser
pour mieux commercer. Ayant divisé la famille, une dyarchie politique
s'installait de fait à la tête du vieux Cameroun dorénavant
scindé en Bell-Town et Akwa-Town.
Même si les deux monarques se disputaient la
prépondérance, la gestion des affaires communes reposait sur une
collaboration fraternelle. Pour cela, on procédait toujours avant chaque
séance à un rituel. C'était « l'Esa Mboa », une
cérémonie purificatrice ayant pour but d'écarter les
obstacles qui pourraient entraver la bonne marche du clan afin de faire
prédominer l'union et la compréhension. On assista alors à
l'avènement de la prodigieuse dynastie AKWA dont le rayonnement allait
fortement marquer l'histoire politico-économique du vieux et du
nouveauCameroun349(*).
Le second patriarche AKWA fut le Prince DIKONGUELANGANDO.
- Prince Dikongue La Ngando - King AkwaII(1847 -
1852)
Le document désignait DIKONGUE LA NGANDO alias «
Big Jim Akwa », comme successeur. Il était le fils
aîné de sa première épouse, la princesse NGEMOUNJOH,
surnommée « Lembe »350(*), originaire de la chefferie de Yabakalaki-Bakoko.
Ce dernier étant parti en expédition
commerciale, Alfred SAKER préféra attendre son retour. Durant
l'absence du prince DIKONGUEAKWA, certains de ses frères
assiégèrent le missionnaire pour rentrer en possession dudit
document.
Alfred SAKER ne céda point mais ne dut son salut
qu'à l'intervention d'un navire de guerre britannique grâce auquel
l'ordre fut rétabli. De retour de l'hinterland, le prince DIKONGUEAKWA
fut intronisé en janvier 1847.Il fut ensuite élevé
à la dignité de King AKWA II par le lieutenant de la Royal Navy,
commandant du vapeur « Rapid » en mission à la rivière
Cameroun, au nom de sa Majesté la Reine VICTORIA.
Mais en août 1851 lors d'une visite officielle du
premier consul britannique JohnBEECROFT à la rivière Cameroun,
les chefs et notables les plus influents de Bonaku s'adressèrent au
consul, lui demandant la destitution de leur King DIKONGUEAKWA.Le consul se
tint sur sa réserve mais exigea cependant un rapport écrit des
plaignants.
Ce ne fut qu'en mars de l'année suivante, lors du
séjour officiel du consul Beecroft qu'il reçut de ces derniers,
une plainte détaillée et signée par 27
personnalités. Ceux-ci motivèrent leurs démarches contre
le King AKWA par sa conduite irresponsable en affaire ainsi que par son
incapacité à apaiser aussi bien les différends parmi ses
parents comme entre les Bonaku et les gens de l'hinterland.
Se souciant de l'avenir de leur ville, ils proposèrent
au consul de le remplacer par son frère, le prince MPONDO MA NGANDO
alias « Jim AKWA », fils aîné de la seconde
épouse du roi, la princesse MUSONGO EDJANGE surnommée «
ELEKE », qui veut dire provocation, originaire de Bonasama-Doo.
Durant ce séjour, le Consul convoqua tous les chefs,
notables et subrécargues anglais à Bonaku dans une
assemblée au cours de laquelle la désignation de MPONDOAKWAfut un
plébiscite. Dans son rapport à sa hiérarchie au «
Foreign Office », le Consul ne manqua pas de mettre en relief qu'il avait
strictement suivi leurs instructions et participé à
l'élection sans contrarier les objectifs politiques des notables Akwa.
Signataire des accords Anglo-Duala du 17 décembre 1850 sur la
réglementation maritime, « Big » JimAKWA vit alors
son règne s'interrompre en 1852.
Le troisième chef de la dynastie fut le Prince
MPONDOMANGANDO.
- Prince Mpondo Ma Ngando- King Akwa III
(1852 - 1878)
Le prince Jim MPONDO AKWA est alors solennellement
reconnu troisième roi de la dynastie le 8 mars 1852 par le premier
consul impérial John BEECROFT pour les baies de Biafra et de
Bénin. Ce dernier lui remit ensuite son certificat de nomination au nom
de sa Majesté la Reine VICTORIA.
Il faut dire que dès 1849, la nomination du
métis antillais JOHN BEECROFT comme premier Consul Britannique agent de
sa Majesté pour les baies de Bénin et de Biafra avec
résidence à Fernando-Pô se justifiait par l'accroissement
de la coopération britannique dans les affaires intérieures.
Le système consulaire, outre son opposition à
toute influence directe sur la société, répondait au souci
de confier à la « Royal Navy » la protection du
commerce sur la côte et surtout de veiller à la suppression de la
traite des esclaves.Le Consul établissait des contacts
personnalisés avec les chefs, payait les indemnités
inhérentes aux traités et autres accords conclus et s'occupait de
la promotion et de la réglementation du commerce légal.
Même si son pouvoir était relativement restreint,
les Duala le sollicitaient de plus en plus pour son arbitrage dans leurs
conflits intérieurs. Mais cependant, la décision du consul
n'était observée que si elle ne contrariait pas leurs desseins
politiques. Par exemple, à la mort du vieux King BELL LOBE BEBE au
début de 1858, son fils désigné, le prince NDUMBE LOBE
alias « Honesty ou encore Bonny Bell » lui succéda.
Mais ce dernier encourut immédiatement la
disgrâce des commerçants européens en augmentant le
Koumi351(*)et en
tolérant le pillage par ses sujets, d'un magasin loué par un
Anglais.
Conséquence, le consul ThomasHUTCHINSONremit à
plus tard son acte de reconnaissance officielle. De surcroit, quand il apprit
que NDUMBE LOBE avait quitté le deuil de son père en sacrifiant
deux captifs, un conflit ouvert éclata entre
« Honesty » NDUMBE LOBE et le Consul. L'investiture de
NDUMBE LOBE étant suspendue, tous les traités durant cette
intervalle furent conjointement signés côté Bell par le
trio composé de ses grands oncles MBAPPE LEBE alias « PRISO BELL
», chef de Bonaberi, BULU LEBE alias « JOSS » et lui-même.
Pour le King MPONDOAKWA qui respectait les clauses
proscrivant les sacrifices humains contenus dans le traité qu'il avait
signé le 19 mai 1858, ce fut le signal pour passer à l'attaque.
En se vantant d'être à ce moment l'unique roi Duala reconnu par la
Reine d'Angleterre, il demanda la punition exemplaire de son jeune rival alors
que le consul préféra la négociation d'un nouveau
traité. Révoltés, le King Akwa et son cousin le chef
DeïdoEYUMEBELE alias « CHARLEY DIDO » refusèrent de
signer le nouveau traité et menacèrent de faire la guerre
à NDUMBE LOBE. King AKWA alla même jusqu'à provoquer le
consul en combat singulier, mais ce dernier renonça au dernier moment
sur les conseils d'un agent consulaire.
Toutefois, le consul qui avait les moyens de les contraindre
fit bombarder leurs villages respectifs par un vaisseau de guerre espagnol
qu'il avait appelé à sa rescousse, obligeant ainsi les deux chefs
à signer le nouveau traité. Mais n'étant pas
disposé à accepter cette humiliante défaite et afin de
prouver sa puissance et son indépendance, le KING AKWA fit aussi tuer
des captifs et se rendit coupable d'un certain nombre
d'irrégularité dans ses affaires avec les commerçants
européens. Ceux-ci en informèrent le consul qui procéda
tout de suite à sa destitution et à la nomination de son
frère le Prince ENDENENGANDO alias « DIDO AKWA ». Mais
malheureusement, la décision du consul resta lettre morte car les
notables de Bonaku s'opposèrent fermement à ce revirement
politique.
De la même manière quand M. LAUGHLAND, l'agent
consulaire qui assurait l'intérim après le décès en
milieu d'année 1860 du Consul HUTCHINSON, tenta de sa propre
autorité de remplacer le King MPONDOAKWA, il échoua lui aussi.
Il justifia son intervention par la politique antibritannique
du King AKWA alors que ce dernier ne se montrait hostile aux Anglais que quand
il se sentait moins bien traité que son homologue BELL.
En dépit du fait que les «Bonapriso » et les
« Bonaberi » aient été écartés du
commandement des « Bonadoo », le nouveau consul Richard BURTON,
gratifiait tout de même « PRISO BELL » du titre de King BELL
aux côtés de King AKWA le 13 décembre 1861 lors de la
signature du traité supprimant la pratique du meurtre par
représailles.
Mais dès 1862, ces rivalités entre cousins qui
devenaient de plus en plus incontrôlables obligèrent le Consul,
sous la pression continue des notables, à reconnaître
officiellement l'héritier du trône « HONESTY »
NDUMBE LOBE. Durant la dernière décennie de sa vie, le King
JimMPONDOAKWA, épris de paix et de justice, redoutait de plus en plus
les discussions passionnées. Raison pour laquelle il
préférait se faire représenter au Ngondo par ses
frères ENDENE NGANDO ou EDJENGELENGANDO alias « BLACK AKWA ».
Mais lors de sa dernière apparition à l'auguste
assemblée, il tint ces propos mémorables: «Une goutte
d'huile pénètrera un jour dans votre oeil, et vous n'arriverez
pas à vous en débarrasser ».C'est sur ces paroles
prophétiques qui annonçaient déjà les
évènements de 1884 que le vieux King se mit en retrait et rendit
l'âme en août 1878.
Prince DIKAMPONDO fut le 4ème Roi de cette
dynastie.
- Prince Dika Mpondo - King Akwa IV (1878 -
1907)
Son troisième fils DIKA MPONDO Timothy, appelé
« DIKA AKWA » ou encore « TIM AKWA », né de son
union avec la Princesse SIKA DIKA DIBONGUEde Bonadibong lui succéda.
Il est ici important de préciser que DIKAMPONDO ne
faisait pas partie du premier foyer « Bonélombo » de la Cour
de son père. L'aîné de ce foyer était le Prince KWA
MPONDO qui malheureusement mourut avant son père et le second fils, le
Prince ELAME MPONDO dût retourner à Bonapriso352(*) dans sa famille maternelle
« Bonabélone » parce que l'union entre son père et sa
mère n'avait pas été conforme à la coutume.
C'est d'ailleurs le fils de ce dernier, DOO ELAME JOSS, neveu
de DIKAMPONDO qui prendra le commandement des Bonapriso quelques temps
après. Dans le premier foyer, il ne restait plus que des enfants mineurs
qui,de part le statut de leurs mères, ne pouvaient pas
traditionnellement prétendre à la succession de leur père.
C'est pourquoi la couronne de Bonambela revint à DIKAMPONDO du
deuxième foyer qui, du vivant de son père déjà, le
représentait à certaines occasions.
DIKAMPONDO fut donc intronisé en novembre 1878, mais
dans sa quête d'autorité et d'influence, il se heurta au diktat
des deux frères de son père, les vieux princes ENDENENGANDO et
KINGUENGANDO alias « Joe Garner AKWA » qui ne tenaient pas à
lui concéder davantage de pouvoir.Finalement, ce conflit de
génération fut réglé au bout de trois années
de persévérance du jeune DIKA AKWA qui, avec le soutien du Consul
Edward HYDE HEWETT, put retenir lui-même aux Européens le
« Koumi », la taxe permettant de commercer, pour la
première fois, et se donner enfin du relief comme nouveau roi.
Le 27 novembre 1882, DIKA AKWA fut solennellement reconnu
comme « KING AKWA IV »par le Consul Impérial Edward HYDE
HEWETT pour les baies de Biafra et de Bénin qui lui remit son certificat
de nomination au nom de Sa Majesté la Reine VICTORIA du Royaume-Uni de
Grande Bretagne et d'Irlande, Impératrice des Indes.
En définitive, les règnes fastes et prestigieux
du fondateur de la dynastie NGAND'A KWA, de ses fils DIKONGUE LA NGANDO et
MPONDO MA NGANDO et une partie du règne de son petit-fils DIKA MPONDO
témoignent de cette période précoloniale où les
Européens et notamment les Britanniques ne purent entamer la puissance
des rois Duala malgré les multiples tentatives de manipulation.
Cependant cette période, qui à partir des
années 1870 voyait déjà la concurrence commerciale
s'écarter progressivement des règles traditionnelles et les
différences entre classes sociales se réduire substantiellement,
se termina par la conclusion sur le rivage du King AKWA, du traité qui
livra le Cameroun à la colonisation allemande le 12 juillet 1884. C'est
donc avec un King AKWA tout-puissant que s'ouvrait officiellement pour notre
Pays, la page coloniale de son histoire. En 1097, nous assisterons
à la destitution du King AKWADIKA MPONDO.
- Destitution du King Akwa Dika Mpondo
(1907)
Ainsi le 19 juin 1905, dans une pétition
adressée au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, les
chefs AKWA de Bonambela se plaignirent de façon détaillée
du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête
le gouverneur Jesko VON PUTTKAMER. Gravement mis en cause, PUTTKAMER et les
siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement
sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les
signataires de la pétition.
Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la
pétition parce qu'il purgeait une autre peine353(*), écopa de 9 ans
d'emprisonnement avec travaux forcés. La campagne de lobbying
menée au Reichstag par son fils aîné le Prince
héritier Ludwig MPONDO AKWA, résidant en Allemagne et mandataire
des Bonambela avec le concours des socio-démocrates354(*) et du Centre
Catholique355(*)contribuèrent à son annulation.Le
second procès qui se tint du 23 au 26 octobre 1906 devant le juge
indépendant STRACHLER qui avait la charge de le réviser condamna,
sous mise en compte d'une détention préventive de quatre mois, le
King AKWA DIKA MPONDO et le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et
les autres accusés à des peines inférieures. En dehors du
King DIKA MPONDO, des chefs MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE qui furent
emmenés à Kribi comme détenus politiques en janvier 1907
et transférés ensuite à Campo en résidence
surveillée, les 24 autres signataires de la pétition furent
emprisonnés à Douala.
L'administration coloniale destitua le King AKWA DIKA MPONDO
et le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant
faire preuve de meilleures dispositions à l'égard du maître
allemand. Les chefs FredMUANGEMUKURI et MPONDOEDJENGELE furent aussi
destitués et remplacés respectivement par PeterMUKURIMUANGE et
KWA ELAME. Au courant de l'administration catastrophique des fonctionnaires du
protectorat, le Secrétaire d'État aux Colonies Bernhard DERNBURG
révoqua Jesko VON PUTTKAMER de ses fonctions en mai 1907 et le
remplaça par Théodore SEITZ dont la mission fut de replacer les
camerounais au coeur du développement de la colonie tout en
préservant l'autorité des chefs.
SEITZ qui connaissait bien les Duala pour y avoir
été le premier chef de district de 1895 à 1899, promit
dès sa première réunion de transformer les
localités de Douala en municipalités avec une gestion minimum et
d'amnistier le King AKWA et ses chefs si ces derniers s'engageaient à ne
plus opposer de résistance au gouvernement colonial. Le King AKWA rejeta
cette proposition. Au bout du compte et sans avoir obtenu du King AKWA un
quelconque engagement, il libéra DIKA MPONDO et l'ensemble de ses chefs
et notables le 20 décembre 1907 après une année de
détention pour soi-disant bonne conduite alors que cela avait
été ordonné par la chancellerie à Berlin.
Par contre, il refusait catégoriquement de
rétablir le King DIKAMPONDO sur son trône et menaçait
d'exil quiconque s'opposerait encore à l'administration
coloniale. Lorsque la procédure d'expropriation fut
décidée en 1911, DIKAMPONDO prit aussitôt la tête de
l'opposition et s'employa à soulever le « Ngondo »
contre cette décision. L'agitation à laquelle le King AKWA se
livra et les correspondances de son fils LudwigMPONDOAKWA retrouvées
dans son Palais au cours d'une perquisition lui valurent en septembre 1911, une
condamnation à huit mois de prison.
Les courriers saisis contenaient de violentes attaques contre
le colonialisme allemand ; ils révélaient aussi le lien entre
MPONDOAKWA et la chute du gouverneur PUTTKAMER et ses relations avec des
parlementaires de Berlin à l'instar du centriste MathiasERZBERGER et du
socio-démocrate August BEBEL, deux des critiques les plus
réputés du régime colonial allemand. Mais afin que le
King AKWA ne perturbe le transfert des autochtones du plateau Joss qui
était imminent, on l'exila ensuite à Campo pendant plus de deux
ans où le début de la guerre en août 1914 le trouva. Durant
son exil, moult avantages parmi lesquels son rétablissement au
trône lui furent proposés par l'administration coloniale s'il
adhérait totalement à l'expropriation. Sa réponse fut bien
entendue « Non ».
Arrivé au Cameroun en juin 1911 pour la
concrétisation de ses projets, LudwigMPONDOAKWA fit vaciller toute
l'administration coloniale.
Il avait au plan économique, prévu une
organisation centralisée du commerce et de l'agriculture dans la
région du littoral. Politiquement, sa vision allait dans le sens d'une
gestion raisonnable des régimes coloniaux à travers l'implication
progressive des représentants africains dans les prises de
décision. Aussi, son idée d'un grand État Duala sur la
base de l'hégémonie précoloniale sur les ethnies voisines
et indépendantes vis-à-vis des Européens était
totalement avérée.
Le témoignage ci-dessous du chef du district de
Douala, HermannRÖHM qui filait ses faits et gestes présageait
déjà des difficultés auxquelles l'administration coloniale
allait être confrontée :« Mpondo était
comme le guide, le porte-étendard et le libérateur du peuple
Duala dans toutes les bouches. Son apparition enflamma Douala à tel
point que, comme une traînée de poudre, toutes les couches de la
population indigène furent entremêlées avec ses
idées et espérances révolutionnaires, politiques, sociales
et économiques même si elles dénotaient en partie d'une
certaine originalité. Son nom, sa personne, son apparence, ses
manières conscientes de soi face à ses gens, intrépides et
habiles vis-à-vis de l'autorité administrative, même si
aussi déférentes apparemment, ont entraîné tout le
monde dans le mouvement, une partie entraînée aveuglément
pour lui. ».
Finalement, l'ampleur que prirent ses
idées fédératrices le long de la côte
décidèrent les hauts fonctionnaires coloniaux à se
débarrasser de lui au plus vite. MPONDO AKWA est finalement
arrêté le 22 septembre 1911 et détenu au commissariat de
Bonanjo sur la base de fausses allégations faites vraisemblablement par
son frère, le chef régent DIBUSI AKWA selon lesquelles il aurait
ramené des armes afin de provoquer une rébellion et probablement
livrer le Cameroun aux Anglais. Accusé en plus de propagation de rumeurs
quant à l'expropriation, il fut au bout du compte condamné
à 10 mois et 3 semaines de travaux forcés.
En réalité, c'était le succès
lié aux adhésions massives et aux collectes d'argent
organisées par MPONDO AKWA au profit de la
« Société agro-commerciale Bonambela » qui
faisait peur. Il faut dire que la collecte s'étendait le long de
côte et se faisait très souvent au détriment du paiement de
l'impôt. Au vu du danger politique que représentait sa
réapparition à Douala,le nouveau gouverneur EBERMAIER proposa au
département colonial de l'exiler au moins pour une année, ce qui
fut approuvé. En août 1912, LudwigMPONDOAKWA fut
transféré à Banyo dans le nord du pays où il fut
maintenu en détention.
Mais après une tentative d'évasion en avril
1913, il fut rattrapé et condamné à 3 ans d'enchainement
en juin de la même année. On le déporta à
Ngaoundéré, loin de la frontière Nigériane et du
résident allemand de Banyo vraisemblablement acquis à sa cause,
pour y purger sa peine.La fin du mois de septembre 1911 sonnait comme une
victoire pour l'administration coloniale allemande qui venait d'atteindre un de
ses objectifs majeurs en mettant hors d'état de nuire le King
AKWADIKAMPONDO et son fils LudwigMPONDOAKWA, deux des trois grosses
personnalités Duala de cette époque capable de faire basculer le
projet allemand.
Raison pour laquelle les chefs Duala ne furent officiellement
informés du projet d'expropriation qu'au cours des deux assises
convoquées les 24 et 30 octobre 1911 par le gouvernement.
La troisième personnalité Duala était le
chef supérieur Rudolf DUALA MANGA BELL sur qui l'administration
coloniale avait misé pour faciliter le processus. Mais contrairement aux
attentes des autorités allemandes, le Prince RudolfDUALA MANGA BELL qui
avait pourtant bénéficié du même traitement de
faveur que son feu père, prit plutôt la tête de la
protestation Duala en s'opposant, en dépit du prix à payer,
à l'expropriation des terres ancestrales.Le feuilleton sous la houlette
du Prince DUALA MANGA BELL débuta le 30 novembre 1911, lorsque le
premier télégramme Duala arriva au Reichstag demandant
l'annulation de l'expropriation et se termina tragiquement le 08 août
1914 par sa pendaison.
En 1916, nous assisterons à la fin du protectorat
allemand qui sera précédé du retour au trône du King
AKWA.
- Retour au trône du King Akwa(1915) - Fin
du protectorat allemand (1916)
Les villes de Douala et de Bonabéri furent
libérées par les alliés franco-britanniques le 27
septembre 1914 avec la participation active des Duala356(*). L'une des toutes
premières mesures qui attira aux anglais, premiers administrateurs de la
ville, la sympathie des populations encore sous le choc des exécutions
sommaires du chef Rudolf DUALA MANGA BELL, d'Adolf NGOSSO DIN et de plusieurs
centaines de résistants le mois précédent, fut la
libération de tous les prisonniers politiques.
LesAnglais délivrèrent le prince Richard DIN
MANGA BELL enfermé comme otage avec son défunt frère
Rudolf, et au trône des BELL, ils procédèrent au
remplacement du défunt par un autre frère, le prince Henri LOBE
MANGA BELL. On assista en janvier 1915 au retour triomphal du King AKWA DIKA
MPONDO de Campo que le chef des forces alliées, le général
DOBELL rétablissait sur son trône à Akwa malgré
l'interdiction de séjour qui pesait encore administrativement sur
lui.
Le 08 janvier 1916, les allemands évacuaient
Yaoundé dans la précipitation et s'engouffraient dans le
territoire neutre de la Guinée Espagnole, pourchassés par le
corps expéditionnaire du Général anglais DOBELL et les
colonnes de l'AEF357(*).
Le 20 février 1916, la guerre était terminée au
Cameroun.
En mars 1916, la ville de Douala fut placée sous
administration française après le partage du territoire358(*) entre les deux principaux
alliés. Ce ne fut pas avec grand enthousiasme que les populations
accueillirent les français, car leur principale préoccupation
était la disposition de leur territoire tenu par les Allemands. Le 15
avril 1916, l'administration française recevait par le biais du
commissariat de la république, une lettre du King AKWA DIKA MPONDO dans
laquelle il rappelait sa position prépondérante lors de la
signature du traité du 12 juillet 1884 avec les Allemands et
prétendait de ce fait être le premier chef de Douala et par
conséquent du Cameroun.
Il était donc prêt à signer avec la
nation à qui on attribuera le Cameroun, un contrat similaire à
celui de 1884. Il est tout aussi vrai qu'après avoir
épluché les rapports allemands sur le King AKWA, l'administration
française n'avait plus qu'un un seul voeu : le renvoyer au trou.
C'est ainsi que dans la nuit du 27 au 28 avril 1916, il y eut un incident
à proximité de la résidence du King AKWA. En effet, un
policier français en patrouille avec quelques tirailleurs avait
rencontrésa maîtresse, une veuve nommée HannaDIPOKO, en
compagnie de son rival autochtone.
Le policier ordonna aux tirailleurs de corriger ce dernier qui
au cours de la bagarre, avait crié, ameutant les voisins. Assaillis par
la foule, les tirailleurs avaient été ligotés puis
frappés sous le regard complice d'un des fils du roi, le prince DIN
DIKA.
Lorsque les renforts arrivèrent à la hauteur de
la résidence royale, des coups de feu éclatèrent auxquels
les tirailleurs armés mais sans munitions, n'avaient pu riposter. Le 2
mai 1916, le tribunal de circonscription de Douala condamna le Prince DINDIKA
à trois ans d'emprisonnement.
Le chef de la circonscription de Douala demanda des sanctions
contre le King AKWA, soupçonné de subversion, pour
résistance par la force à un acte de l'autorité, alors
qu'il n'était au courant de rien. Par décision du
général commissaire du gouvernement JosephAYMERICH en date du 10
mai 1916, le King Timothy DIKA MPONDO AKWA fut renvoyé à Campo en
résidence surveillée avec un traitement correspondant à
son rang. Il partit le 12 mai à bord du bateau vapeur « le Haoussa
» et rendit l'âme le 6 décembre 1916 à 80 ans de suite
d'une affection rénale. Son corps fut ce même jour inhumé
selon la coutume par les chefs Batangas.
Après quelques réunions d'urgence dans la Cour
du Chef Adolf DIBUSI DIKA à Akwa, une délégation
s'embarquait sur le bateau vapeur « le Foullah » aux fins d'exhumer
le King et de ramener sa dépouille à Douala. Elle était
composée de deux frères du défunt, les princes NGANDO
MPONDO AKWA et MPONGE MPONDO AKWA, d'un notable de
Bonélèkè, le nommé EYUM JOHNSON et d'un notable de
Bonébong en la personne de SteirnbergKONEBWINDI. Le jour du
départ, les Princes KINGE DIKA et DIKADIKA, deux fils du défunt
remirent un paquet à EYUM JOHNSON et lui donnèrent des
instructions précises quant à son utilisation.
Après le rituel d'exhumation et les honneurs
militaires rendus par le détachement anglais basé à Campo,
la dépouille du roi fut mise dans un cercueil que l'on plaça
ensuite dans une chambre spéciale du « Foullah ».
Arrivée à Douala dans la nuit du 27 décembre 1916,
l'autorité administrative au vu de l'heure tardive ordonna que
l'enlèvement du cercueil ne se fasse que le lendemain matin. Dès
6 heures de ce 28 décembre, toute les populations de Bonambela, voire de
Douala descendirent au quai pour former le cortège qui devait
accompagner le King DIKAAKWA dans sa dernière demeure. Le premier
cercueil ayant été mis dans un cercueil beaucoup plus imposant
travaillé par EKULE EPO de Bonélèkè, le
cortège quitta le port pour rejoindre l'Église de
Béthel.
Après la prédication du
PasteurAlfredTONGODIBOUNDOU, le cortège funèbre reprit sa marche
à travers la ville, ponctuée d'arrêt dans les tombeaux
ancestraux et divers lieux mythiques pour finalement l'achever au lieu
désigné359(*) par le roi lui-même de son vivant pour
l'inhumation.
En 5ème lieu, nous assisterons au court
règne du Prince DINDIKAAKWA et cela aboutira à la régence
de DIBUSI AKWA.
- Prince DinDikaAkwa(1919 - 1921) - régence
de Dibusi Akwa
Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son
décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament
dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et
seulement si l'héritier présomptif, son fils aîné
Ludwig PaulHeinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins
pouvoirs et dont il n'avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus
en vie.La délégation envoyée en début
d'année 1917 à la recherche de LudwigMPONDOAKWA à Banyo,
puis à N'Gaoundéré ayant certifié qu'il
était vivant mais avait, selon une source allemande probablement
été transféré. Face à cette incertitude, il
fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de
la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en
qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort
entraînerait la restauration du trône de Bonambela.
Le King DIKAMPONDO décédé,
l'administration coloniale française reconduisait son fils
AdolfDIBUSIDIKA qui avait assuré l'intérim aussitôt
après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916.
Et c'est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assurer la
régence suite à la destitution de son père par
l'administration coloniale Allemande. Mais après deux années de
règne, le Chef SupérieurDIBUSIDIKA, qui soutenait
discrètement les associations d'obédience germanique qui
militaient pour le retour de l'Allemagne au Cameroun fut destitué pour
sa politique pro-Allemande.
Il faut dire qu'entre-temps, la capitulation de l'Allemagne
le 11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui
considéraient que le moment était venu pour eux d'être
indépendants. Ils étaient tous d'avis que le traité de
1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en
l'occurrence les Allemands, avait disparu. DIBUSI DIKA fut remplacé en
1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait
bénéficié d'une libération conditionnelle le 20
octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.
Songeant surtout politiquement aux Anglais qui
s'étaient montrés bienveillants à leur arrivée en
libérant plusieurs chefs et notables Douala, Sa Majesté DIN DIKA
AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de
revendication de l'autonomie du Cameroun dans laquelle les
pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir
eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de
mandataire au nom de la Société des Nations (SDN).
Il est finalement destitué et condamné le 3 mai
1921 à 18 mois d'emprisonnement et à 10 ans d'interdiction de
séjour à Douala pour son activisme anti-français.
Le Prince ErnestBETOTEDIKA AKWA prendra la relève
dès 1921.
- Prince ErnestBétoté Dika Akwa
(1921 - 1924)
Il est remplacé à la ChefferieSupérieure
par son jeune frère, le prince Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA. Ce
dernier prit immédiatement la tête de l'opposition. Mais
mêlé à une affaire de meurtre rituel à
Bonéwonda-Akwa en novembre 1921, il est inculpé par
l'administrateur français Yves-Marie NICOL, chef de la circonscription
de Douala qui ne le portait déjà pas dans son coeur à
cause de ses protestations contre les abus de ladite administration.
Le Chef Supérieur Ernest BÉTOTÉ DIKA
AKWA est finalement condamné le 3 juillet 1924 à 5 ans
d'emprisonnement par le tribunal de races de Douala avec résidence
obligatoire hors de la ville. C'est à Maroua qu'on l'envoya purger sa
peine.
Le 7ème monarque à régner
sera le Prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA.
- Prince ArnoldEbongue Dika Akwa (1924 -
1927)
Cet incident permit la désignation à la
Chefferie Supérieure en août 1924 du prince Arnold EBONGUE DIKA
AKWA, autre fils du King exerçant les fonctions de clerc
d'administration.
Dès 1925, le gouvernement français avait pris
une série d'initiatives destinées à modifier la
physionomie de la structure foncière de la ville. Cette opération
n'était en fait qu'une réactualisation du plan d'urbanisation
allemand qui ne tenait toujours pas compte des intérêts des
autochtones. En confirmant ces expropriations, le gouvernement rencontrait la
même résistance.
Le 20 octobre 1925, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE
DIKA AKWA au nom des Bonambela et son homologue Richard DIN MANGA BELL au nom
des BONADOO adressèrent une lettre de protestations au Gouverneur
MARCHAND en prévention du plan d'expulsion des populations du plateau
Joss et de celui d'Akwa dont on commençait déjà à
parler. La lettre resta sans réponse.
En 1926, sa Majesté Arnold EBONGUE DIKA AKWA prit
toutes dispositions utiles pour la renaissance du Ngondo en se rapprochant des
BELL. L'union des deux principaux clans fut scellée par le « Male
Manjo » ou communion du sang.
Cérémonie qui se déroula au
cimetière de Deïdo afin de s'assurer sous la foi du serment la
fidélité de tous les membres du « Ngondo ».
Le 18 août 1926, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE DIKA AKWA et ses
pairs de Douala demandèrent au Pasteur CharlesMAITRE de défendre
leurs intérêts contre le gouvernement.
Mais le 1er septembre 1926, le gouvernement fit publier au
journal officiel l'arrêté par lequel il décidait le
lotissement du plateau Joss. En réponse, le
« Ngondo » décida de l'envoi d'une
délégation à Paris, mais le retour en Europe du prince
Richard DIN MANGA BELL en fin d'année 1926, excédé par les
tracasseries des administrateurs coloniaux et la soudaine mort du prince Arnold
EBONGUE DIKA AKWA en novembre 1927 annulèrent sa concrétisation.
Arnold EBONGUE AKWA fut dès 1928 remplacé à la
ChefferieSupérieure par son jeune frère, le prince Hans NGAKA
DIKA AKWA.
Ensuite, la régence sera assurée par le Prince
Hans NGAKA DIKA AKWA.
- Prince HansNgakaDikaAkwa(1928 - 1931) -
Régent
Redoutable activiste, sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA
et ses pairs de Douala envoyèrent le 19 décembre 1929 une
pétition à la Société des Nations360(*) dans laquelle ils
condamnaient non seulement la gestion française, mais réclamaient
la fin de leur mandat et l'indépendance du Cameroun.Deux autres
requêtes dénonçant un certain nombre d'abus furent
acheminées les 18 mai et 19 juin 1931 à Genève par le
délégué en Europe des citoyens nègres camerounais,
le Martiniquais Vincent GANTY qui avait temporairement été
mandaté par les notables Duala pour se constituer intermédiaire
dans leurs relations politiques auprès de la Société Des
Nations ou de toute autre autorité en Europe.
Sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA fut finalement compris
dans l'information ouverte au début de l'année 1931 contre
VincentGANTY et consorts. Arrêté au cours de la même
année pour complot contre la sûreté de l'Etat,
HansNGAKAAKWA fut démis de ses fonctions.Ce qui permit au prince Ernest
BÉTOTÉ DIKA AKWA, désormais plus réceptif à
l'égard de l'administration Française depuis sa sortie de prison,
d'être de nouveau installé à la Chefferie Supérieure
pendant que son frère Hans NGAKA AKWA, se trouvait encore en
détention. En fait, Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA avait
bénéficié par arrêté en date du 2 avril 1927
d'une libération conditionnelle et d'une autorisation de
résidence à Douala.
L'année 1931 verra le retour sur le trône du
Prince Ernest BETOTE DIKA AKWA.
- Retour au trône du Prince
ErnestBétotéDikaAkwa(1931 - 1976)
Entretemps, les investigations menées conjointement
par l'Église et la famille confirmaient le décès en
août 1914 à Ngaoundéré, du prince héritier
LudwigPaulHeinrichMPONDOAKWA. En effet, il avait été
lâchement exécuté par des tirailleurs sur ordre du chef de
district, l'allemand TILLER, alors qu'il allait comme tous les soirs prendre
son bain dans le Mayo jouxtant sa prison. Les enfants de feu King DIKAMPONDO
entamèrent alors en 1934 des réunions dans le but de
préparer la cérémonie rituelle de clôture de la
période du deuil de leur père pour un retour à l'ordre
normal. Il fut aussi question d'assainir leurs dissensions et de
présenter officiellement le nouvel héritier du défunt.
Finalement, en dépit des tergiversations du Prince DIN DIKA AKWA, ces
concertations aboutirent au transfert des droits du feu King AKWA au Prince
Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA suivant un rite décrit au
protocole du 10 février 1935. Le document N°106 du 7 juin 1939 de
la chambre spéciale d'homologation du Cameroun qui reprend une partie
des dispositions testamentaires du défunt, précise :«
King Akwa étant décédé, ses prérogatives et
ses droits revinrent à son fils héritier Ludwig Mpondo Akwa. Que
le départ et la mort de ce dernier
amenèrent la dévolution de ses droits successoraux et
politiques à son jeune frère Din DikaAkwa. Mais il est
également acquis que le prince Din Dika Akwa a renoncé à
ses droits et que son jeune frère, le prince Bétoté Dika
Akwa, avec l'assistance de la famille régnante et des dignitaires de
Bonambela, a été investi des droits de son père et de ses
aïeux. » .
Le Prince ErnestNTONEEBONGUE AKWA prendra les rênes de
la dynastie AKWA dès 1976.
- Prince ErnestNtoneEbongueAkwa(1976 -
1998)
Sa Majesté Ernest NTONE EBONGUE AKWA accéda au
trône des Bonambela le 17 décembre 1976. Grand Commis de l'Etat,
disponible, sociable et à l'écoute de ses populations, NTONE
EBONGUE AKWA, parfois atterré devant l'adversité dont il fut
victime laisse néanmoins l'image d'un souverain qui sut incarner
à la fois tradition et modernité durant ses 22 ans de
règne.
Sa Majesté Ernest EBONGUE AKWA rendit l'âme le 9
juillet 1998 et fut solennellement enterré le dimanche 26 juillet 1998
au Mausolée King Akwa.Durant cet intervalle, la Chefferie
Supérieure fut dirigée par le prince Emmanuel DIKA NGAKA AKWA,
fils du feu Chef Hans NGAKA DIKA AKWA qui déjà du vivant de son
grand cousin, assurait parfois sa représentation personnelle.La
succession de sa Majesté Ernest NTONE EBONGUE AKWA fut entachée
de graves dissensions au sein de la famille régnante Bonadika, et,
partant, du canton tout entier sur l'interprétation du propos tenu par
le prince Charles David DIN DIKA AKWA, que la famille venait de
désigner, concernant son éventuel abdication au profit du prince
Emmanuel DIKA NGAKA AKWA.
Enfin, le roi actuel de la dynastie AKWA est le Prince
Charles David DIN DIKA AKWA qui règne depuis 1999.
- Prince CharlesDavidDin Dika
Akwa(1999-2020)
En fin de compte et après clarification de son propos,
Charles David DIN DIKA AKWA fut officiellement désigné le 23
avril 1999 au cours d'une tenue de palabre présidée par
l'autorité administrative locale où les Bonadika
confirmèrent leur choix.
Fils de Louis DIKA AKWA, autre fils du King Dika Mpondo, Sa
Majesté Charles David DIN DIKA AKWA en qui les espoirs des Bonambela
reposent aujourd'hui, jouit des qualités humaines et intellectuelles
nécessaires au bon fonctionnement du pouvoir traditionnel.
Banquier de profession, sobre et pondéré,
Charles David DIN DIKA AKWA est intronisé le 27 octobre 2001 au cours
d'une cérémonie haute en couleur sur les berges du Wouri à
laquelle prenait part l'élite traditionnelle locale et nationale, les
autorités de la République, ainsi qu'une délégation
de prestigieux monarques africains.
Garant des traditions ancestrales, le souverain actuel DIN
DIKA AKWA III se doit avec l'aide de l'Éternel Tout Puissant et des
siens, de réconcilier la grande maison Bonambela, d'engager un processus
de réformes au plan culturel et sportif à même de
répondre aux attentes d'une jeunesse en perte de vitesse, et enfin, de
restaurer l'image de cette communauté si fière et glorieuse,
ternie par les intérêts égoïstes des hommes.
En août 2021, le nouveau roi est désigné,
Sa Majesté Jean Paul NGANDO EBONGUE AKWA.
- Prince NgandoEbongueAkwaJean Pascal
Le Prince NGANDO EBONGUE Jean Pascal est né le 03
janvier 1963 à Douala. Marié, père de deux enfants, quatre
petits-enfants, il est chercheur en Histoire et Civilisation du Vieux
Cameroun.
Informaticien de formation, et promoteur de la
S.A.R.L.361(*)
« EA Group Services » spécialisée dans le
développement de logiciels spécifiques et standards de gestion.
Par ailleurs, il est agriculteur, producteur de « Poivrede
Penja » et membre fondateur du GroupementReprésentatifde
l'Indication GéographiqueProtégéePoivrede Penja362(*) (GRIPP).
Selon le journaliste et éditorialiste
ÉdouardKINGUE du journal « Le Messager » :
« Il a une bonne maîtrise de l'Histoire du Canton Akwa et
apporte sa contribution positive chaque fois qu'une décision
stratégique devait être prise à la
ChefferieSupérieure. Il a été pendant de nombreuses
années l'un des principaux dirigeants de l'équipe fanion du
Canton d'Akwa : le Caïman Club de Douala, dont il assura la
Présidence au cours de la saison 2003-2004. En outre, le Prince
NGANDOEBONGUEAKWAJeanPascal est chercheur en naturopathie, expert en
nutri-prévention, et Président d'honneur de « Ngand'a
Bolo », la pirogue de course des Bonambela-Akwa »363(*).
Puis, un coup de tonnerre survint : un nouveau
chef fut désigné en la personne de Louis DIN DIKA AKWA, le 15
mars 2022.
- PrinceLouisDin Dika Akwa
Issu de la prestigieuse famille
régnante Bonadika, descendant du roi martyr DIKAMPONDO364(*), le Prince Louis DIN DIKA
AKWA est un digne héritier de son père, le Roi DIN DIKA AKWA III,
décédé en décembre 2020365(*).
Deuxième fils du défunt roi, Sa Majesté,
Louis DIN DIKA AKWA est âgé de 42 ans. Né un 07
décembre366(*)
à Douala où il passe sa petite enfance, il effectue un cycle
secondaire à Bafoussam, la ville dans laquelle il obtient son
baccalauréat au lycée bilingue en 1998.
Il rejoint ensuite Yaoundé pour ses études
universitaires après avoir été brillamment reçu au
concours d'entrée à la Facultéde Médecine des
Sciences Biomédicales367(*), ancien CUSS368(*). Sa formation est sanctionnée par un
diplôme de médecine obtenu en 2005. Commence alors une brillante
carrière de médecin. A la sortie de l'école, le jeune
Prince est affecté à l'hôpital régional de
Limbé où il coordonne l »unité en charge des
malades atteints du VIH/Sida. Il y reste jusqu'en 2009. Face au besoin
grandissant de se perfectionner, il s'inscrit à l'Université
d'Etat de Liège en Belgique où il s'en va faire une
spécialisation en santé publique.
De retour au Cameroun en 2011, il est nommé
Médecin Chef du district de Limbé. Un an et quatre mois plus
tard, il monte en grade et devient le Chef de division de la brigade de
santé à la délégation régionale du
Ministère de la Santé du Littoral où il est notamment en
charge du suivi et de l'évaluation369(*).Marié et père de deux enfants, il
démarre une carrière à l'international en 2015.
Basé au Canada, à Edmonton, dans la province de l'Alberta, il
exerce comme médecin-consultant au sein de « Sabin Vaccine
Institute », un organisme de santé, partenaire de
l'OMS370(*) et de
l'UNICEF371(*).
Dès 2018, il travaille pour le gouvernement canadien
comme épidémiologiste au sein d'un programme de santé
publique à destination de plusieurs villes de l'Alberta. Très
proche de son père, celui-ci l'a discrètement et à l'abri
des regards, préparer à la succession.
C'est sans doute ce qui explique son calme, sa grande
détermination, son élégante capacité
d'écoute, son esprit méthodique ajouté à son sens
de l'organisation372(*).Ce renversement de situation nous conduit à
quelques observations. En effet, Sa Majesté Louis DIN DIKA AKWA a
été désigné par les chefs des vingt villages
Bonambela à l'issue de consultations présidées par le
préfet du Wouri, Benjamin MBOUTOU, ce 15 mars 2022, à la
Salle des Fêtes d'Akwa. Des chefs de village l'ont accompagné par
une cérémonie de bénédiction et d'invocation des
ancêtres à l'entrée de la chefferie373(*).
Dans le cadre de notre étude, la chefferie doit
être vue comme une entité politique et administrative sur un
territoire limité et qui est issue de la période coloniale.
Dans ce sens,elle doit être considérée en
tant qu'auxiliaire de l'administration coloniale mais aussi postcoloniale.
Inventé par les pouvoirs coloniaux pour qualifier
les formes d'organisation politique qu'ils ont trouvée sur place, le mot
« chefferie » est devenu un mot courant du langage
politico-administratif actuel374(*). Les transformations induites par l'administration
coloniale se traduisent par l'établissement de nouvelles relations
d'allégeance. Il s'agissait surtout de construire progressivement des
liens hiérarchiques entre chefferie et administration coloniale. L'une
des manifestations de ces relations est, pour le colonisateur, de s'arroger le
pouvoir de nommer les chefs, celui de créer les chefferies, et celui de
les classer375(*).Pour
MichelPROUZET, les autorités camerounaises vont donc essayer de
préserver les chefferies tout en essayant de les adapter à
l'évolution de la société à cause des services que
celles-ci pouvaient leur rendre376(*). L'autorité compétente peut classer
une chefferie traditionnelleau 1er au 2ème
degré en raison de son importance économique et
démographique.Les chefferies allogènes des villes disparaissent
au profit de la chefferie de quartier, de bloc ou de zones. Les chefs sont en
principe choisis au sein des familles appelées à exercer le
commandement traditionnel.Les candidats doivent non seulement remplir les
conditions d'aptitude physiqueet morale requises, mais autant que possible,
« savoir lire et écrire ». L'autorité
administrative procède en cas de vacance aux consultations
nécessaires en vue de la désignation d'un nouveau chef. Un soin
particulier est mis dans l'instruction du dossier de désignation. Le
préfet transmet par voie hiérarchique aux autorités
compétentes, le procès-verbal de consultation accompagné
d'un extrait de casier judiciaire du candidat, d'un acte de naissance ou d'un
jugement supplétif, d'un certificat médical d'aptitude physique
et d'un acte constatant la vacance377(*).
Partant de là, l'un des délégués
de Libreville rappelle avec force que « la crise
d'autorité » est liée au fait de la
dispersion378(*) qui a
détruit l'unité politique normale, le clan, et au fait que les
chefs sont uniquement des « créations
administratives »379(*). Ainsi, se trouve suggéré le
caractère artificiel des entités régionales
créées par l'administration et des
« autorités » imposées à celle-ci. Les
rapports ont, depuis longtemps, affirmé « qu'il y a loin des
chefs légaux aux chefs réels » : les premiers
« en raison de leur origine, n'ont en général
guère d'autorité sur leurs gens »380(*). Ils sont compromis en tant
que détenteurs d'un pouvoir établi de l'extérieur par la
société coloniale ; ils ne correspondent pas à un
élément existant dans l'ancienne organisation sociale - ce qui
accentue encore leur caractère
« imposé ».Dans le même temps, les leaders
véritables des villages se réservent les avantages de
l'opposition, plus ou moins voilée, et de la résistance aux
exigences administratives381(*).L'administration ne put organiser son commandement
ni sur une hiérarchie stable, ni sur une unité politique
précisément localisée. Elle a donc fixé des
divisions arbitraires382(*) et choisi les intermédiaires qui semblaient
le mieux à même de la servir.
Ces derniers, le plus souvent impopulaires, se sont
contentés d'exploiter à leur avantage une situation qui les a
compromis définitivement383(*) à moins qu'ils ne soient des
« hommes de paille » sacrifiés à
l'autorité coloniale ? 384(*) Il faut indiquer que la position du
« chef » a également été
faussée en raison du pouvoir judiciaire, appuyé sur
l'administration et sur une réglementation
« adaptée », qui lui a été
concédé. Il n'est qu'une autorité d'appel, un arbitre dont
une des parties espère un avantage sur la base d'un règlement
étranger à la coutume385(*).
Ce dualisme... est souvent cause de graves
déséquilibres : parce qu'il contribue à la
destruction de l'autorité dans une société peu
hiérarchisée et profondément bouleversée par la
situation coloniale ; parce qu'il partage les groupements en partisans de
la collaboration avec l'administration et
« résistants » à cette
dernière386(*) ; parce que le chef administratif, s'il a
personnalité et ambition, peut utiliser l'important appui
extérieur dont il bénéficie et s'imposer à
l'encontre des autorités réelles387(*).
.
Tableau N° 5
:Dynastie des AKWA
Kings
|
Règne
|
Akwa I (Ngando Akwa)
|
1814-1846
|
Akwa II (Dikongué ma Ngando)
|
1847-1852
|
Akwa III (Mpondo ma Ngando)
|
1852-1878
|
Akwa IV (Dika Mpondo)
|
1878-1907
|
Destitution du King Timothy Akwa Dika
Mpondo-Régence de Dibusi Akwa
|
1907-1914
|
Retour au trône du King Timothy Akwa Dika Mpondo
|
1915-1916
|
Renvoi du King Timothy Akwa Dika Mpondo à Campo
en résidence surveillée
|
12 Mai 1916
|
Mort du King Timothy Akwa Dika Mpondo
|
6 décembre 1916
|
Reconduction de la régence de Dibusi Akwa par
l'administration française
|
1916-1918
|
Destitution du régent Dibusi Akwa par
l'administration française et capitulation de l'Allemagne
|
1918-1918
|
Din Dika Akwa
|
1919-1921
|
Destitution de Din Dika Akwa et condamnation à
la prison
|
1921-1921
|
Dika Akwa II (Ernest Bétoté)
|
1921-1924
|
Arnold Ebongue Dika Akwa (régent)
|
1924-1927
|
Hans Ngaka Dika Akwa (régent)
|
1928-1931
|
Retour au trône du Prince Ernest
Bétoté Dika Akwa
|
1931-1976
|
Ernest NtoneEbongue Dika Akwa
|
1976-1998
|
Dika Akwa III (Charles David Din)
|
23 avril 1999-08 décembre 2020
|
Ngando Ebongue Akwa Jean Pascal
|
Août 2021- Mars 2022
|
Din Dika Akwa Louis
|
Mars 2022-
|
Source : Prince NGANDO EBONGUE AKWA,
« SUCCESSION DES ROIS et CHEFS SUPÉRIEURS AKWA »,
mai 2014. Article publié sur le site
www.Deïdobonebela.blog4ever.com
et consulté le 05 avril 2021.
En dernier lieu, nous évoquerons le
cantonDEÏDO.
3. Le cantonDeïdo
En ce qui concerne l'histoire des Deïdo comme celle des
autres communautés africaines,telle que souligné plus haut, elle
se repose sur l'oralité. En dehors de ce qui est tiré des notes
de voyages des Européens qui ont séjourné au Cameroun
à l'époque postcoloniale, ainsi que des documents administratifs,
les premiers écrits connus qui font allusion à l'origine des
Deïdo sont ceux d'IDUBWAN À BELE-BELE, de NGAKA AKWA, de
Léopold MOUMÉ-ETIA et du Prince DIKA AKWA NYA BONAMBELA.
Ces différents auteurs s'accordent sur le fait
qu'à l'époque où King JOSS DOO LA MAKONGO388(*) était le plus
puissant des chefs Duala, il eut une rixe au cours d'un marché
périodique dans la région du Mungo. Les Duala qui avaient le
contact direct avec les commerçants européens exerçaient
un monopole pressant sur leurs frères de l'intérieur qui
voulaient en découdre. La situation se transforma vite en une guerre
entre les Duala et les Abo. Les Duala, fortement armés par les
Européens, eurent le dessus et repartirent avec des prisonniers de
guerre.
Le règlement était que les vaincus paient une
rançon pour la libération de leurs hommes capturés. Pour
le cas-ci, il s'agissait d'une communauté Abo-Sud qui était
installée dans la région de Miang et Bwapaki.Cette
communauté était d'origine Barombi. Elle avait quitté
Buéa, avait traversé le Mungo, laissant un hameau à Mbonjo
avant de s'installer à cet endroit, mêlée aux Abo. Elle
avait pour chef de guerre EJOBÈ, fils d'EBELE EBONGE. Le Prince
EJOBÈ avait été fait prisonnier ainsi que son lieutenant
NJABÈ.
Pour les séparer, EJOBÈ était
confié à la famille BELL à Bonadouma, tandis que son
compère alla chez les Bonambela, à Bonakwane389(*). Ces deux prisonniers
étaient libres de tout mouvement sauf de sortie de territoire au risque
de subir la sentence de mort. C'est au cours de l'une de leurs
fréquentations réciproques qu'EJOBÈ, allant voir
NGABÈ, rencontra la princesse KANYA ÉPÉE KWANE et tomba
amoureux d'elle.Leur union donna lieu à la naissance d'un fils qu'on
appela EBELE, du nom du père EBONGÈ.
Puisque cette liaison entre une princesse et un prisonnier
de guerre n'était pas légitime, fut-il prince, l'enfant revenait
à la famille de sa mère. EBELE était né en 1755, le
même jour que SAME'DOO LA MAKONGO, alors que le Roi BELE BA DOO
était né en 1750 et le Roi NGANDO' AKWA était né en
1777. EBELE a grandi dans le canton BELL où il a commencé
à faire une grande famille.
Il quittera cette communauté à la suite d'un
malentendu et, pendant qu'il avait pris le chemin pour rentrer chez lui
à Bonakwane390(*), NGANDO'A KWA, déjà
« King » des Bonambela se proposa de l'accueillir sur son
territoire à Bonalembe, chose qu'il accepta. EBELEKANYA va multiplier le
nombre de ses épouses et de ses enfants à Akwa et c'est à
Akwa qu'il est mort et enterré dans la zone de l'assurance AXA. EBELE a
épousé sept femmes qui lui ont donné 22 fils auxquels
s'ajoutent deux autres fils nés de deux demoiselles de compagnie des
épouses. Soit un total de 24 fils.
Ce sont ses fils qui feront l'exode qui aboutit à
l'installation des DEÏDOsur leur site actuel où ils ont
été accueillis par le maître de ces lieux de
l'époque, le nommé « MBIME MOUKOKO », un
Bakoko dont la fille, NGONKINDA, était l'épouse du chef des
DEÏDO, le nommé « EBOULÈ EBELE ». Ainsi
peut se résumer l'histoire de l'origine des DEÏDO selon la version
la mieux partagée. Par ailleurs, dans la tradition africaine en
général et celle des Sawa en particulier, les noms des individus
sont liés aux phénomènes de la nature, ils sont
tantôt événementiels, tantôt considérés
comme la marque d'affection à un être cher dont le nom sera
donné par les parents à leur enfant en guise
d'homonymie391(*).
A ce facteur s'ajoutent les liens matrimoniaux qui
entraînent l'éparpillement des mêmes noms dans une certaine
sphère géographique donnée. Il y a enfin le
phénomène des plantations né de l'abolition de l'esclavage
et l'avènement du colonialisme. Puisque les premiers planteurs
étaient essentiellement les Duala, ils s'étaient partagés
les zones d'exploitation des terres agricoles. Les plantations des DEÏDO
étaient majoritairement dans le Nkam, ce qui a occasionné des
liens de mariage entre ces planteurs et les filles de cette région.Pour
ce qui est de la pirogue mythique de Deïdo, « EYUM'A
BOLO », contrairement à ce que dit EBELE TOBBO, elle a
été construite par ÉPÉE BILÈ à
Mabe-Matong, vers Njanga et non chez les Bandem à Yabassi.
L'autorisation de couper l'arbre transformé avait
été donnée à ÉPÉE BILÈ par le
chef de ce village qui s'appelait EKOKAMBOKA, témoignage qui nous vient
de Canaan ÉPÉE, fils du concerné392(*).
EYUM EBELE fut signataire de nombreux traités avec les
Européens, et plus particulièrement celui du 14 janvier 1856
établissant une Cour d'Équité à Douala : il
signait sous le patronyme de CHARLEY DIDO, nom que les commerçants
anglais lui attribuèrent. EYUMEBELE, soucieux de fonder un royaume
puissant qui devait devenir le troisième royaume de Douala, il laissa
une descendance nombreuse. L'histoire nous dit qu'il épousa 34 femmes et
en donna une, « BotaiNjanga », à son frère
NGANDOEBELA. Les 33 autres épouses lui donnèrent 72 enfants, 30
filles et 42 garçons. Il eut aussi de très nombreux
« enfants adoptifs »393(*).
A présent, sa descendance est classée en 3
foyers nommés. Le 1er foyer, Bonamole, du nom de sa
1ère épouse MOLE EKOLO NDONGO, une princesse
Bojongo ; le 2ème foyer, Bonebokolo, du nom de sa
2ème épouse, EBOKOLO'A SAME'A DOO de Bonassama ;
le 3ème foyer, Bonadibo, DIBO étant le surnom qu'il a
donné à sa JOMBE'A KUKU, originaire d'Abo-Nord. Les noms des
principales femmes d'EYUM EBELE furent respectivement : MOLE EKOLO,
EBOKOLO A SAME DOO, JOMBEKUKU.
Le classement des garçons d'EYUM ainsi qu'il
suit :
Tableau N° 6:Le
Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonamole
-EKUALA
|
-ESAKA
|
-EYANGO
|
-DIBOTI
|
-EKWANUTUDU
|
-EWONDE
|
-EKUME
|
-EYUM
|
-TOBO
|
-TANGA
|
-EPOKO
|
-EBELE
|
-BILE
|
-JOMBI
|
-EKWA-NUSADI
|
-MUANJO
|
-NJO
|
-MPEMBA
|
-MBAPE
|
|
Source : J.P. MEGOPE FOONDE,
« Douala : toponymes, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Tableau N° 7:Le
Classement Des Garçons d'EyumDans Le FoyerBonebokolo
-MUKOKO
|
-LEA
|
-DUME
|
-SILIKI
|
-MBONGE
|
-ELANGE
|
-NTONE
|
|
Source : J.P. MEGOPE FOONDE,
« Douala : toponymes, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait
du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Tableau N° 8:Le
Classement Des Garçons d'EyumDans Le Foyer Bonadibo
-KUO
|
-MBUMWA
|
-EPEYE
|
-MUDULU
|
-EÑAWE
|
-WUNDU
|
-DIKUME
|
-ELOKAN
|
-ÑAMBI
|
-NKWAN
|
-LOTIN
|
-NGAMBI
|
-MAMBINGO
|
-BILE
|
-NDOLO
|
-MUSIO
|
Source : J.P. MEGOPE FOONDE,
« Douala : toponymes, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Tableau N° 9
:Dynastie des BONÉBELA (DEÏDO)
Kings
|
Règnes
|
Ebélé
|
...
|
Eboulé Ebélé (Ned
Deïdo)
|
1794-1804
|
Deïdo I (Eyoum Ebelé Charley
Deïdo)
|
1804- 07 décembre 1876
|
Deïdo II (Ekwala Eyoum)
|
1876-1878
|
Deïdo III (Epeyé Ekwala Jim
Deïdo)
|
1878-1903
|
Deïdo IV (Ekwala Epeyé)
|
1903-1919
|
Deïdo V (Maurice Eboa Epéyé
Deïdo)
|
1919-1927
|
Deïdo VI (Frederick Henry Eitel Ekwala Essaka
Ekwala Deïdo)
|
1939-1977
|
Deïdo VIII (Gaston Claude-Emmanuel Essaka Ekwalla
Deïdo)
|
1977-....
|
Source : J.P. MEGOPE FOONDE,
« Douala : toponymes, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
Dans le second paragraphe, nous évoquerons la prise de
contact entre l'administration coloniale allemande et le peuple Duala.
PARAGRAPHE II :LA
PRISE DE CONTACT ENTREL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ETLE
PEUPLEDUALA394(*)
Le 09 avril 1884, BISMARCK informa le « Foreign
Office » que NACHTIGAL voyageait pour l'Afrique de l'Ouest afin de
« compléter les informations en possession du
Ministère des Affaires Étrangères Allemandes à
Berlin sur l'état du commerce allemand sur cette
côte... ». BISMARCK demanda au gouvernement britannique
d'assister Nachtigal partout où cela serait possible. De cette
manière, les Britanniques, sans le savoir, permirent à BISMARCK
d'annexer le territoire.
Ce dernier décida par la suite d'envoyer un nouvel
ordre à NACHTIGAL en lui donnant des instructions pour s'arroger la
côte entre Bimbia et CapeSaint John, afin d'y hisser le drapeau allemand
et de déclarer que les firmes allemandes avaient conclu des
traités avec les chefs.395(*)Alors que NACHTIGAL était en route pour
Douala, le représentant de la firme Woermann à Douala,
Édouard SCHMIDT, reçut une lettre confidentielle d'Adolf WOERMANN
à Hambourg lui demandant de travailler secrètement avec Johannes
VOSS, agent de la firme Jantzen et Thormählen à Douala, afin de
négocier un traité avec les chefs Duala. Dans cette
correspondance, Adolf WOERMANN donna des instructions à Schmidt en ces
termes :« Ce sera votre tâche de démontrer aux
RoisAkwaBell et à d'autres chefs les avantages qu'ils auront lorsqu'ils
seront sous la protection du roi d'Allemagne... Si vous préservez
clairement les choses à ces chefs, je n'ai aucun doute que votre
démarche sera couronnée de succès... Il me semble que la
principale difficulté est de déterminer les préparations
avant que les Anglais en aient une nation. En même temps que ces chefs
cèdent leur souveraineté, vous devez par tous les moyens
acquérir des terres étendues comme propriétés
privées, surtout celles qui sont appropriées pour la
création des plantations...Si bien que nous pouvons les rendre plus
tard. Vous devez naturellement acheter aussi moins cher que possible. On peut
acquérir la terre pour presque rien... ».
La « ville » principale et la plus
influente, Douala était placée sous l'autorité de deux
grandes familles Duala : AKWA et BELL. Le cantonAKWA était
dirigé par le RoiAKWA396(*)et JIM EKWALLA de Deïdo. Le canton BELL
était dirigé par le Roi BELL397(*) sur la rive gauche du Wouri et le Prince LOCK
PRISO398(*) sur la rive
droite à Hickorytown ou Bonabéri.
Dans les deux grandes familles, les princes de Deïdo et
de Bonabéri essayèrent d'affirmer leur indépendance
vis-à-vis du RoiAKWA et du Roi BELL.Dans le territoire
dénommé « Cameroun » avant la colonisation
allemande, aucun souverain ne pouvait revendiquer de fait une autorité
suprême sur toute la ville, et cet état ne facilita aucunement
l'action allemande ou anglaise.
Tableau N°
10 :Évolution et composition de la population de Douala
Année
|
|
1884
|
1914
|
1937
|
1947
|
1955
|
1967
|
1976
|
1986
|
2005
|
Pop. Tot. (x 1000)
|
|
5
|
20
|
42
|
60
|
120
|
230
|
458
|
1500
|
1907
|
Groupes ethniques (en %)
|
Duala
|
|
|
50
|
38
|
20
|
17
|
10
|
7
|
|
|
Basaa
|
|
|
15
|
16
|
18
|
23
|
20
|
18
|
|
|
Bamiléké
|
|
|
5
|
8
|
26
|
37
|
45
|
53
|
|
|
Béti
|
|
|
|
|
17
|
11
|
10
|
9
|
|
|
Reste du Cameroun
|
|
|
16
|
24
|
6
|
5
|
4
|
6
|
|
|
Étrangers africains
|
|
|
12
|
10
|
6
|
4
|
8
|
4
|
|
|
Européens
|
|
|
2
|
4
|
6
|
5
|
3
|
2
|
|
Source: H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons
1884-1916: A case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In S.
ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887. Buea
1968, p. 28.
Dans cette entreprise, la participation indéniable des
commerçants et des négociants allemands dans la prise de contact
avec les chefs Duala fut un gage de succès pour l'annexion du
pays(A-). Cela aboutira à la signature des
différents traités entre les commerçants allemands et les
chefs Duala(B-).
A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES
COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC
LES CHEFS DUALA
L'histoire de la colonie allemande du Cameroun commence avec
les contrats de protection que l'explorateur Gustave NACHTIGAL399(*), en sa qualité de
Commissaire de l'Empire allemand, avait conclu le 11 et 12 juillet 1884 avec
les différents Kings installés sur les rives de l'estuaire du
Wouri à Douala, suivi par le lever du drapeau allemand le 14 juillet
1884 et en final, avec la déclaration du Protectorat allemand.
C'est à partir de ces évènements qu'a
aussi commencé l'histoire de la soumission du pays et de son ouverture
progressive aux sociétés commerciales, tandis que les
frontières du protectorat allemand avec les colonies des territoires
voisins n'ont été délimitées qu'au cours des
années suivantes.
En 1911, dans le cadre d'un échange de territoire
entre la France et l'Allemagne, ce protectorat s'est encore élargi d'un
territoire à l'Est et au Sud, agrandissant ainsi la surface de
l'ensemble du Protectorat de plus de la moitié400(*), ce qui veut dire à
une étendue qui représentait 1, 3 fois la superficie de l'ancien
Empire allemand401(*).
La politique coloniale de l'Empire allemand a
été dirigée par l'Office Colonial de l'Empire402(*) à Berlin qui
n'était, dans ses débuts, qu'un Département Colonial au
sein du Ministère des Affaires Étrangères
placé cependant directement sous la direction du Chancelier de
l'Empire. Dès 1868, les intérêts économiques
allemands étaient représentés sur la côte
camerounaise par la firme WOERMANN de HAMBOURG.
Quelques années plus tard, la firme Jantzen
&Thormählen venait s'y ajouter et jusqu'en 1884, ces deux maisons de
commerce furent les seules à faire contrepoids aux commerçants
anglais présents depuis longtemps.Bien que numériquement plus
faibles, leur importance ne cessa de croitre aux dépends de celle des
Anglais et dans les dernières années avant l'annexion du
Cameroun, leur influence était prédominante. Cette forte position
était surtout due à la consolidation de leurs relations
commerciales avec les chefs Duala.RAMSAY affirme que le chiffre d'affaires des
deux firmes allemandes était égal à celui des sept maisons
de commerce britanniques. Le système de crédit ou « trust
» permettait d'ailleurs de saisir le comment de cette
prédominance.
Les engagements considérables des chefs Duala
vis-à-vis des firmes européennes les mettaient dans une situation
de dépendance403(*). Jusque-là,le poids des firmes allemandes
était presqu'exclusivement limité au secteur économique,
mais dès 1883, Édouard SCHMIDT, l'agent de WOERMANN, chercha
à le doubler d'une influence politique en signant de sa propre
initiative un traité avec les chefs Akwa, qui sans êtreun
traité de protectorat, lui permettait d'intervenir dans les affaires
politiques des Akwa404(*).Il s'agit surtout de trois firmes de Hambourg et de
Brême : C.Woermann en 1868 et Thormählen et
Jantzen qui fusionnent en 1875.
Pour l'heure, BISMARCK ne semble s'intéresser qu'au
commerce allemand, écartant toute ambition d'acquisition territoriale.
Aussi invite-t-il la France, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie qui ont des
intérêts analogues, à constituer un pacte de
neutralité entre les nations adonnées au commerce d'outre-mer. De
ce club, il écarte les Anglais, parce que, dit-il « leurs
principes exclusifs en matière coloniale les tiennent à
part ». Quelques jours plus tard, le 24 mai 1884, BISMARCK
précise sa pensée : « Si nous ne trouvons pas
justice outre-mer auprès de l'Angleterre, il nous faudra bien chercher
à entrer plus étroitement en contact avec les autres puissances
maritimes, y compris la France. A la longue, l'opinion publique allemande ne
supporterait pas l'exclusivisme et l'arrogance de
l'Angleterre »405(*).
La maison de commerce allemande Woermann avec à sa
tête Adolf et ÉdouardWOERMANN(1-) ainsi que celle
d'ÉdouardSCHMIDT(2-) auront un rôle majeur
à jouer dans la signature des traités Germano-Duala.
1. Adolf et Édouard Woermann - La
maison de commerce allemande Woermann
La Woermann-Linie est une compagnie maritime allemande
fondée à Hambourg en 1885. Elle est réputée
être en son temps l'une des plus importantes compagnies maritimes
d'Afrique. Ses activités prennent fin lors de la SecondeGuerre mondiale
en 1941.
L'origine de la compagnie maritime date de 1849, lors de
l'envoi d'un premier navire à voile de la maison de commerce Woermann en
Afrique occidentale.WOERMANN ouvre des liaisons maritimes sur les côtes
ouest-africaines dans les années 1870. La WoermannLinie ou Ligne
Woermann est fondée le 15 juin 1885 par AdolfWOERMANN. L'entreprise
assure alors un service de ligne de passagers et de fret vers les colonies
allemandes avec deux navires.
La flotte est renforcée lors de l'établissement
du protectorat du Sud-Ouest africain allemand à partir de 1884.
Après la mort d'Adolf WOERMANN en 1911, ÉdouardWOERMANN lui
succède. En 1916, il vend la « Woermann Linie » et
la « German East Africa Linie » à un consortium
composé de HAMBURG AMERICA LINIE, NORDDEUTSCHER LLOYD et HUGOSTINNES. Un
an après la prise du pouvoir par le parti nazi, la réorganisation
du transport maritime en 1934, conduit à la division des grands groupes
de transport maritime. HAPAG406(*)et NorddeutscheLloyd ont dû remettre leurs
parts de la ligne Woermann au ReichAllemand.En 1941, le Reich vend ces actions
au fabricant de cigarettes PhilippF.REEMTSMA, ils les cèdent à
l'armateur JohnT.ESSBERGER.
Après la guerre, ce dernier continue les lignes
africaines allemandes, mais pas la ligne Woermann407(*). Adolf WOERMANN avait
succédé à son père en 1880 comme président
de la firme C. Woermann ; fondée en 1837, cette firme commence ses
opérations commerciales en Afrique Occidentale dès 1849. On la
trouve, en 1868 au Cameroun où, par le concours qu'elle apporte à
la Cour d'Équité, elle collabore loyalement avec les anglais au
maintien de la paix sur la côte. En 1884, AdolfWOERMANN devient membre du
Reichstag sous l'étiquette du Parti National Libéral. Mais,
bientôt, l'accroissement du commerce colonial, le mouvement des affaires
et la crainte qu'il avait de voir les anglais prendre le Cameroun, mettent
WOERMANN sur la voie de l'occupation de ce Territoire par les allemands. Sa
plus grande fortune dans ce domaine, fut l'estime et l'admiration dont il
jouissait auprès de BISMARCK.
Il pouvait ainsi correspondre directement avec le Chancelier,
dédaignant les voies hiérarchiques pourtant très vivement
recommandées par le Gouvernement impérial.C'est donc en utilisant
le biais de ses rapports personnels avec lui, qu'il put amener BISMARCK
à adopter ses points de vue sur la nécessité de
protéger le commerce allemand au Cameroun et sur les problèmes
posés par le traité anglo-portugais touchant le fleuve Congo. En
faisant rédiger par son frère ÉdouardWOERMANN, puis signer
par les chefs Duala, des textes soigneusement préparés d'avance
et que NACHTIGAL n'avait plus en fait, qu'à rendre publics, WOERMANN
assura inévitablement le succès de la mission de ce dernier.
Par la suite, il sut si bien entourer les premiers
représentants du Gouvernement impérial au Cameroun
qu'après avoir mis ses bateaux à la disposition de NACHTIGAL
à son arrivée à Douala, il ne se priva pas du plaisir
d'offrir son comptoir comme résidence à BUCHNER, récemment
nommé gouverneur de la nouvelle colonie, en remplacement de Nachtigal
que d'autres missions appelaient ailleurs. Au Reichstag où il
siégea de 1884 à 1890, Adolf WOERMANN fut l'incarnation
même du colonialisme ; sa seule préoccupation était de
dégager ses affaires de tout frein législatif, étant
donné le grand nombre des membres du reichstag qui ne demandaient
qu'à voir toute tentative de colonisation sombrer dans un complet
échec.
La firme Woermann avait en effet de très gros
intérêts à sauvegarder en AfriqueOccidentale, en
AfriqueOrientale, en Nouvelle-Guinée et au Cameroun. Dans ce dernier
territoire, son plus grand désir était de voir ouvrir le plus
largement possible l'arrière-pays aux activités
commerciales ; aussi demanda-t-il que lui fut confié un monopole
commercial sur des régions déterminées.C'est dans ces
conditions que la maison Woermann fonda la première grande plantation de
la colonie, avant de devenir plus tard directeur dans d'autres plantations, et
participer aux activités de la « Gesellschaft
Sud-Kamerun » qui venait de recevoir de très grosses
concessions commerciales dans le Territoire. Le nombre des stations
commerciales appartenant à la firme Woermann s'était ainsi accru
et représentait en 1905, une trentaine d'unités.
Grâce aux crédits avantageux qu'elle accordait
très largement aux indigènes de Douala, la firme Woermann put
disposer de gros atouts contre les autres commerçants, les sommes
importantes que lui devait par ce biais la famille BELL lui donnèrent,
dit-on, l'occasion de patronner cette dernière et d'en faire
pratiquement un instrument à son service...
Parallèlement à ses autres activités, la
firme Woermann voyait le nombre de ses bateaux s'accroître très
vite, passant de 15 en 1896 à 35 en 1903. WOERMANN ne manqua pas de s'en
servir à des fins de propagande pour intéresser ceux qui
étaient encore hésitants, aux réalisations actuelles ou
simplement potentielles de la colonie ; en homme d'affaires averti, il
savait comment toucher les personnalités ou les organismes dont le
témoignage pouvait être décisif pour l'avenir du mouvement
colonial.
C'est en ce sens qu'il faut interpréter les conditions
très favorables qu'il consentait pour le transport des missionnaires se
rendant au Cameroun ou en revenant, de même le voyage gratuit qu'il
offrit au Cameroun en 1896 à neuf membres du Reichstag, enfin le
transport gratuit jusqu'à Hambourg du premier chargement du coton
récolté au Cameroun ; ce furent autant d'efforts pour
encourager ce qui se faisait sur place, et convaincre ceux des allemands qui
pouvaient encore en douter, que l'entreprise coloniale au Cameroun était
loin d'être un échec.
C'est dans le même esprit que, l'un des tout premiers,
il préconisa pour la colonie du Cameroun le rail comme moyen de
transport. Il devait devenir par la suite, membre du Consortium chargé
de financer la construction du premier chemin de fer du Territoire.
Mais, le monopole qui lui avait été
accordé sur une très grande concession en 1889 lui ayant
été retiré dès 1893, il ne se consacra plus
dès ce moment, qu'à celui qui lui fut reconnu en échange
sur la ramie408(*). Là, son esprit inventif sut
également s'affirmer ; il songea tout de suite aux
possibilités de mettre sur pied une machine pour travailler la fibre de
cette plante. WOERMANN donna jusqu'à mille marks à la
Société Coloniale pour contribuer à des recherches en ce
sens, alors que les autres hommes d'affaires n'y contribuaient que pour cinq,
dix, quinze et au maximum vingt marks ; il est vrai qu'en cas de
succès, c'est WOERMANN qui aurait retiré le plus grand
bénéfice de cette invention...Cet homme qui disait de
lui-même qu'il n'était bon que pour les affaires et nullement pour
autre chose, n'admettait guère d'ingérence dans ce domaine de la
part du Gouvernement ; il eut souvent l'occasion de développer
cette théorie, en particulier, lorsque le gouvernement local tenta
d'interdire la pratique des crédits jusque-là accordés aux
indigènes par les firmes.
Sa méthode avait toujours été de gagner
les autochtones par la douceur, même s'il fallait pour cela, faire du
tort aux autres commerçants ; son opposition à toute
idée de violence l'amena à demander, assez cyniquement
d'ailleurs, que l'on se servit des missionnaires pour briser l'hostilité
des indigènes à l'égard des blancs, au lieu de recourir
à la force. Pour lui, cette dernière méthode ne pouvait
apporter aux affaires que déboires et insuccès. Avec
l'arrivée sur la côte du Cameroun de commerçants toujours
plus nombreux, l'influence de WOERMANN déclina peu à peu ;
il était de moins en moins regardé comme seul interlocuteur en
matière de politique ou d'économie coloniale.
Quels que soient les reproches souvent formulés contre
lui par les autres commerçants, quels que soient même les torts
réels qu'il a pu, à certains moments, causer aux progrès
du commerce, AdolfWOERMANN n'en fut pas moins l'un des plus grands pionniers du
développement économique du Cameroun. Il laisse, en tout cas, le
souvenir d'un homme d'affaires dont les vues très larges dans le domaine
des activités coloniales ont certes mis en relief le sens aigu qu'il
avait de ses intérêts, mais qui, par bien d'autres
côtés, a démontré que la recherche de
l'intérêt personnel était compatible avec une politique de
paix, et une conception satisfaisante des rapports entre indigènes et
colonisateurs.
Mais, WOERMANN ne fut pas le seul à représenter
les intérêts coloniaux au Cameroun ;il y avait aussi, au
moment de l'occupation, la firme Jantzen und Thormählen. Jantzen comme
Thormählen furent d'abord agents de la firme Woermann au Cameroun ;
c'est avec leur concours que fut créée la première
plantation Woermann à Edéa. AdolfWOERMANN à Hambourg et
Lüderitz à Brême présidaient aux destinées des
grosses firmes commerciales. Le 06 juillet 1883, la chambre de commerce de
Hambourg présidée par le célèbre ADOLF WOERMANN
produisit sur les intérêts allemands en Afrique un mémoire
qui trouva un écho favorable en Allemagne409(*). Pour
accélérer les choses, le conseiller privé de BISMARCK,
à savoir Heinrich VON KUSSEROV, qui soutenait la propagande coloniale
allemande, adressa au chancelier, le 30 novembre 1883, deux rapports :
l'un sur les desiderata des milieux coloniaux et qui se fondait sur le
traité de paix conclu en mars 1883 à Douala par King BELL et King
AKWA avec le consul anglais de la place410(*), l'autre sur le plan d'urgence destiné
à « court - circuiter » les Anglais et à
établir un protectorat allemand sur le Cameroun.
VON KUSSEROV proposa donc dans ce second rapport d'envoyer
d'urgence un émissaire allemand pour négocier directement ce
protectorat avec les chefs locaux à Douala411(*). BISMARCK approuva cette
proposition et, sur ses instructions, Gustave NACHTIGAL, alors consul
général d'Allemagne à Tunis, s'embarqua à Lisbonne
le 1er juin 1884 à bord de la Möwe, accompagné de
Max BUCHNER, un grand explorateur de la région congolaise.
Il était notamment chargé de négocier des
arrangements qui permettraient à l'Allemagne de contrôler des
territoires acquis avant et après son arrivée, de hisser le
drapeau allemand, et de déclarer que les firmes allemandes avaient
passé des traités avec les chefs indigènes412(*). Des instructions
confidentielles furent ensuite envoyées aux commerçants allemands
à Douala pour qu'ils préparent l'arrivée de Gustave
NACHTIGAL. C'est ainsi qu'ils commencèrent à faire des
propositions aux chefs concernant l'acceptation du protectorat
allemand413(*).
La très active firme Woermannde Hambourg, se montra si
entreprenante qu'elle entra dans les bonnes grâces des chefs Duala dont
elle obtint en 1881, le droit d'établissement sur la côte ;
c'était la deuxième fois depuis le début du siècle,
qu'un commerçant européen bénéficiait d'un tel
privilège. Il faut dire que pour arriver à ses fins, la firme
Woermann, aidée par ses gros moyens, n'avait ménagé ni
dons en nature, ni même concurrence déloyale, toutes mesures
auxquellesles chefs de la côte ne pouvaient être insensibles. Ayant
donc acheté un terrain à Deïdo, elle y construisit une
factorerie, la première installée dans une localité de la
mouvance d'un chef Duala.
La grande arme employée par la firme Woermann fut le
système du crédit, dont les autres firmes
dénonçaient de plus en plus les abus, mais que WOERMANN soutenait
très farouchement ; cette firme avait donc pris de très gros
risques qui lui auraient sans aucun doute, causé des pertes
énormes si, au lieu des allemands, les anglais ou les français
avaient occupé le territoire du Cameroun en 1884414(*). Édouard SCHMIDT
était le commerçant à la tête de la maison de
commerce allemande Jantzen et Thormählen.
2. ÉdouardSchmidt - La maison de
commerce allemande Jantzen et Thormählen
Jantzen & Thormählen est une entreprise coloniale
allemande fondée à Hambourg en 1874 par WILHELMJANTZEN et
JOHANNTHORMÄHLEN.Elle exploite les ressources de la colonie du Kamerun
établie en 1884.Wilhelm JANTZEN et JohannTHORMÄHLEN ont
travaillé pendant plusieurs années pour WOERMANN-LINIE, JANTZEN
au Libéria et THORMÄHLEN au Cameroun.
En 1874, ils décident de fonder leur propre maison de
commerce à Hambourg et ouvrent une première succursale sur le
fleuve Wouri. La maison contrôle des factoreries sur les côtes
occidentales de l'Afrique à Grand Batanga, Campo, Bata, Eloby, Ogowe et
au Gabon. Ses principaux produits sont l'huile de palme et le palmiste. La
société est dissoute en 1907 après le retrait de
THORMÄHLEN. JANTZEN prend la succession en tant que CFW Jantzen Im-und
Export, jusqu'à sa mort en 1917415(*).
Édouard SCHMIDT et Johannes VOSS, représentants
respectifs des firmes Carl Woermann et Jantzen und Thormählen, qui
reçurent la lettre comportant les instructions le 20 juin 1884, n'eurent
pas la tâche facile en raison de la résistance de certains chefs
Duala à l'Anschluss, c'est-à-dire au rattachement de leur
territoire à l'Empire allemand. Le 12 juillet au matin, les chefs Duala
adressèrent à EmilSCHULZE un texte connu désormais sous le
titre de « Wunsche der Kamerun Leute »416(*) et insistèrent qu'il
fut inclus dans le traité Germano - Duala dont l'ébauche
était en préparation.
Dans ce texte, les chefs Duala affirmaient leur droit de
propriété exclusive dans l'estuaire du Wouri et leur monopole
commercial absolu dans l'arrière - pays. Poursuivant les pourparlers,
les commerçants allemands réussirent le 12 juillet 1884 à
signer le fameux traité par lequel les chefs Duala cédaient, sous
certaines réserves, leur territoire et tous leurs droits de
souveraineté à la maison Woermann.La cérémonie de
signature de cet acte se déroula dans la factorerie Woermann.
GustaveNACHTIGAL, l'envoyé de BISMARCK, n'eut plus qu'à
l'officialiser le lundi 14 juillet, en hissant, pour la première fois,
le drapeau allemand sur cette partie de la côte camerounaise qui devint
Kamerunstadt417(*).
Gustave NACHTIGAL devait accomplir le même geste
à King WILLIAMS TOWN418(*) le 21 juillet, à King PASSAL'S TOWN419(*) le 22 juillet, à
Small - Batanga le 23 juillet,à Plantation et à Kribi le 24
juillet, à Campo le 30 juillet, à Benita le 02 août,
à Awouni le 06 août, à Bapouko le 07 août et à
Hickorytown420(*) le 28
août421(*).
Il s'agit des localités dont les chefs avaient
déjà signé des traités avec les agents des maisons
CarlWoermann et Jantzen und Thormählen, traités par lesquels ces
chefs cédaient aux commerçants allemands tous les droits qu'ils
détenaient422(*).
JANTZEN et THORMÄHLEN s'intéressèrent aussi aux plantations
pour leur propre compte ; mais, ils n'y rencontrèrent que des
échecs. S'ils ne partagèrent pas toujours les idées de
Woermann sur la manière d'accorder des crédits aux
indigènes, ils furent au contraire, de son avais chaque fois qu'il
fallut envisager les moyens pratiques d'ouvrir l'arrière-pays à
un commerce sans intermédiaires.
Quoique de beaucoup moindre envergure que celles de WOERMANN,
les affaires de THORMÄHLEN prospéraient au fur et à mesure
du développement de la colonie. Quand fut fondé le Comité
économique ou « Kolonialwirtschaftliches Komitee »,
THORMÄHLEN en fut élu membre ; mais, à ce poste, il se
montra davantage partisan des méthodes de coercition ; il partait en
effet du principe que le Noir était paresseux et qu'il fallait
absolument adopter à son égard, une politique beaucoup plus
autoritaire, en vue de l'amener à travailler dans l'intérêt
du Blanc. Son discours au Congrès colonial en 1902 traduit très
nettement cette conception des rapports entre colonisés et
colonisateurs. Avant de quitter la côte camerounaise, GustaveNACHTIGAL
installa son compagnon MaxBUCHNER comme représentant civil de l'empereur
dans cette nouvelle acquisition423(*).
Par la suite, plusieurs traités seront signés
entre les commerçants allemands et les chefs Duala dont le plus
célèbre est celui du 12 juillet 1884.
B. LA SIGNATURE DE
DIFFÉRENTSTRAITÉSENTRELESCOMMERÇANTS ALLEMANDS ETLES CHEFS
DUALA
Un traité est un contrat conclu entre plusieurs sujets
de droit international public. L'accord écrit traduit l'expression des
volontés concordantes de ces sujets de droit en vue de produire des
effets juridiques contraignants, qui sont régis par le droit
international. Seuls peuvent conclure ces contrats ceux qui sont dotés
d'une personnalité morale de droit international et qui disposent du
treaty-making power (TMP).
Il s'agit le plus souvent des États, mais d'autres
personnes morales, comme certaines organisations internationales, peuvent en
conclure. Un exemple de traité de paix est le Traité des
Pyrénées. Deux importants textes signés le 12 juillet 1884
constituent le fondement juridique de l'occupation du Cameroun par les
Allemands. Le premier de ces textes détermine en fait les rapports entre
les indigènes et leurs nouveaux maîtres ; il s'attache en
particulier à souligner les points essentiels sur lesquels les
indigènes souhaitent avoir le maximum d'assurances.
Il s'agit en somme d'une sorte de loi fondamentale dont le
contenu tient à deux idées essentielles : l'engagement par
les allemands de respecter et de protéger le monopole que
détenaient les indigènes dans le commerce avec
l'arrière-pays ; le maintien du système de crédit
attaché à ce monopole et qui avait pour but de faciliter les
opérations commerciales aux indigènes. Pour le reste, les
Allemands avaient carte blanche pour prendre en main la direction du
pays424(*).
Quant au second texte, il est conçu sous forme de
traité. Les Duala s'y engagent, par l'intermédiaire de leurs
chefs, à accorder toute souveraineté aux allemands sur l'ensemble
du Territoire ; en retour, ils attendent des allemands des concessions sur
cinq points dont notamment, le respect des coutumes et le maintien du droit des
chefs à percevoir le « Koumi ». La suite de ce texte
rejoint dans les grandes lignes l'esprit du premier. Il insiste plus
spécialement sur la nécessité de laisser aux
indigènes toute liberté de poursuivre leur commerce
d'intermédiaires. Rappelons que les Duala tenaient
énormément à cette prérogative qui était
devenue pour eux une raison de vivre ; on a même pensé que de
ce fait,ils n'auraient accepté qu'avec d'extrêmes réserves
l'occupation anglaise, dont ils savaient d'avance qu'elle n'était pas
favorable au maintien de ce monopole.
L'insistance avec laquelle est soulignée cette exigence
dans le traité reflète nettement leur volonté de ne pas
transiger sur ce point. Voici un passage de leur déclaration :
« Notre souhait est (sic) que les hommes blancs n'aillent pas
commercer avec les Bushmen, rien à voir avec nos marchés. Ils
doivent rester ici dans cette rivière et ils nous font confiance, pour
que nous commercions avec nos Bushmen ».425(*)
Quelque explicite que ce soit ce texte, et bien que
les Allemands n'aient fait aucune réserve à son sujet, il n'en
fut pas moins une source de difficultés entre les deux parties426(*). Les premiers germes de ces
difficultés étaient apparus du jour où des explorateurs
purent pénétrer dans l'arrière-pays.
Dès 1850, BARTH avait pu s'engager dans les
régions du Nord-Cameroun, pour le compte de la « Royal
Geographical Society » de Londres ; son travail fut poursuivi en
1860 par ROHLFS et, de 1869 à 1873, par NACHTIGAL.Un peu plus tard, de
1882 à 1883, Flegel, qui était à la fois explorateur et
commerçant, pénétra dans l'Adamaoua par le Niger et la
Bénoué ; il fut à tel point impressionné par
les possibilités qu'offrait cette région, qu'il voulut y
organiser une société commerciale allemande427(*).
En premier lieu, nous nous sommes penchés sur l'accord
commercial du 30 janvier 1883 et la convention du 29 mars
1883(1-). Puis, en second lieu, nous nous intéresserons
aux traités du 11 et 12 juillet 1884 (2-).
1. Accord commercial du 30 janvier
1883& Convention de réconciliation du 29 mars 1883
L'accord Akwa-Woermann du 30 janvier 1883, est relatif
à la protection des biens et agents de la firme Woermann à
Akwa428(*).
Le 30 janvier 1883, un important accord commercial est
signé entre le Roi AKWA et le représentant de la maison Woermann
de Hambourg, précédant de très peu la venue de la mission
allemande conduite par le Dr.NACHTIGAL qui avait reçu la consigne du
Chancelier BISMARCK d'établir des « colonies de
commerce » dans nos régions429(*). Ce traité permettait aux Allemands de faire
du commerce dans son territoire.En second lieu, la convention de
réconciliation du 29 mars 1883 sera abordée. King BELL
était le chef de file du peuple Duala au sud du Cameroun pendant la
période où les Allemands ont établi leur colonie du
Kamerun.
Il a régné de 1858 à 1897. NDUMBÉ
LOBÉ BELL a succédé à son père LOBÉ
BEBE BELL en 1858, quand il était âgé d'environ vingt
ans.Entre 1872 et 1874, il y avait un conflit entre les factions AKWA et BELL,
sur une tentative de Bonapriso de séparer d'Akwa. King BELL a
été soutenu par Deïdo, qui était devenu
indépendant d'Akwa. Entre 1882 et 1883, avant l'annexion allemande, une
violente dispute a éclaté entre King BELLet trois de ses
frères, soutenus par Akwa et Bonabéri. Ces luttes étaient
nuisibles pour le commerce et l'expansion économique des BELL.
A la fin du 19ème siècle,
malgré que les Anglais soient les Européens les plus
présents au Cameroun, le pays devient une colonie allemande.Pour
éviter d'autres actes de rébellion comme il en a connu avec les
Bonabéri, King BELL demande la protection des Allemands afin de
renforcer son autorité et ses positions sur le commerce
intérieur430(*).
Et à ce titre, le
« Ngondo »apparaît comme la commémoration de
la réconciliation entre les Akwa et les Bell, mais aussi comme le point
de jonction des peuples côtiers qui ont en commun un certain nombre de
pratiques culturelles et sociales : port du pagne, consommation du
« Miondo » et du « Ndolè »,
pratique de la pêche, utilisation de la langue Duala comme langue de
communication431(*)...
Enfin, nous parlerons des traités du 11 et 12 juillet
1884.
2. Traités du 11 et du 12 juillet
1884
Le terme « Cameroon » est d'abord entendu
en 1884 pour désigner une ville que les Allemands traduiront en
« KamerunStadt » et baptiseront en 1901 pour l'appeler
Douala. Mais si à l'époque, on parlait de
« Cameroons Town », on parlait aussi de
« Cameroons - River »432(*), plus tard dénommé « Fleuve
Wouri », et même de « Country called
Cameroons ».
Un territoire donc essentiellement limité à la
Côte et aux dépendances des RoisDuala, qui exerçaient leur
souveraineté ou leur influence de Douala à Buéa et Mbanga
d'une part et des pays Bassade la Côte jusqu'à Yabassi d'autre
part. Nous retrouvons dans la ville même de
« Cameroons », quatre princes régnants issus de deux
(02) grandes familles Duala, BELLet AKWA.
En effet, le clan BELL est dirigé par King
BELL433(*) sur la rive
gauche du fleuve et par le Prince LOCK PRISO434(*) sur la rive droite à Hickorytown ou à
Bonabéri435(*).
Le clan AKWA est dirigé pour sa part par King AKWA436(*) et Jim EKWALLA de
DEÏDO.
Dans les deux camps, les princes de Bonabéri et de
Deïdo affirment leur indépendance vis-à-vis de King BELL et
de King AKWA. Le résultat est qu'à
« Cameroons », aucun souverain n'exerce
l'exclusivité du pouvoir sur l'ensemble de la ville ou du territoire
dépendant de tous ces potentats.
Chacun des rois et princes exerce son pouvoir sans partage sur
son « Town », car on parlera en effet de
« Bell-town », « Dido-town » et
d'« Hickory-town », tous à
« Cameroons », à Douala437(*).Le
« Ngondo » ou Assemblée traditionnelle du peuple
Duala, est antérieure à l'arrivée, en 1843, des premiers
missionnaires à Douala. Son année de création peut se
situer approximativement en 1830, soit une quinzaine d'années avant la
mort, en juillet 1845, de NGANDO A KWA, Roi des AKWA à l'époque.
Le « Ngondo » ou Assemblée traditionnelle du peuple
Duala, malgré son institution centralisatrice, ne parvint pas à
réunir les Duala en un seul bloc...
Chaque part gardait jalousement ses prérogatives de
souveraineté, même la « Court of
Equity »438(*)
instaurée dès le 14 janvier 1856 pour régler les litiges
avec les commerçants européens n'entachait aucunement ces
prérogatives439(*).(VoirAnnexe 4 : LE NGONDO).L'Annexe 4
présente l'historique, l'évolution et les activités
politiques du « Ngondo » avant et après l'occupation
allemande. Ce dernier relève les difficultés et les manquements
que cette illustre institution rencontre encore de nos jours pour
fédérer l'union et la force des peuples côtiers autour
d'objectifs communs tels que le développement, ou la valorisation de la
culture Sawa.
On constatera donc une absence de mouvement unificateur entre
les potentats Duala en particulier et les potentats africains en
général, ce qui conduira à la facilitation et à
l'accélération de la signature de différents
traités dont ceux du 11 et 12 juillet 1884.
Le traité du 11 juillet 1884 sera une esquisse au
traité final du 12 juillet 1884.
· Traité du 11 juillet
1884
Dans une note à GustaveNACHTIGAL que le Chancelier du
Reich FürstVON BISMARCK le délègue en Afrique comme
« Consul général et Commissaire pour la
CôteOuest-africaine », il est stipulé que les
traités doivent être signés entre les rois et princes
africains et les commerçants allemands afin d'éviter des
conditions exorbitantes de la part des Africains.
Le Reich reprendrait les traités immédiatement
après, sans avoir à négocier avec les potentats africains
qui auront déjà signé avec les maisons privées dans
le sens d'un transfert de souveraineté au Reich Allemand par personne
privée allemande interposée : « Votre
Excellence ne devra proclamer la souveraineté impériale sur les
régions concernées que si les chefs indigènes
procèdent à une reconnaissance contractuelle de celle-ci ou alors
si ces régions ont été préalablement acquises par
des citoyens de l'Empire. Les firmes allemandes intéressées ont
déjà obtenu quelques acquisitions contractuelles et peuvent donc
immédiatement placer les régions en question sous le protectorat
de Sa MajestéImpériale sous réserve des droits
établis de tiers »440(*).
BISMARCKdonne ces instructions deux (02) mois avant la
signature des traités dans la baie de Biafra et ce sur proposition
d'Adolf WOERMANN émises le 30 avril 1884441(*). Le Chancelier du Reich
conçoit donc parfaitement que des Traités soient signés
par des citoyens allemands en leur nom en vue de leur possession privée
et que ceux-ci placent ces possessions par la suite sous la protection du
Reich. Cela évitera au Reich de signer directement avec les royaumes et
principautés africains et lui épargnera des engagements
jugés exorbitants.
BISMARCK prévoit cependant que même la signature
des Traités entre les puissances africaines et les sujets du Reich doit
être attestée et légalisée par un
représentant attitré du Reich. Il désignera pour cela,
Emil SCHULZE, Consul allemand au Gabon : « Pour faciliter de
nouvelles acquisitions sollicitées par les intéressés
avant l'arrivée de Votre Excellence dans la Baie de Biafra et pour
éviter dans la mesure du possible qu'elles ne soient contestées
par des tiers,j'ai habilité le Consul impérial au Gabon M.
SCHULZE, qui est particulièrement averti de la situation sur cette
côte, à procéder à la législation officielle
de tels traités »442(*).
L'instruction de BISMARCK prévoit même les
termes du traité, surtout pour les traités
négociés, ce qui uniformisera sensiblement la plupart des textes
signés : « Lors de la signature des traités et
à l'occasion de leur proclamation on devra, conformément à
la présente note de M. WOERMANN, formuler clairement que nous respectons
les traités commerciaux et contrats signés auparavant entre les
indigènes et les autres nations ou leurs citoyens et maintiendrons de
toute façon dans les régions concernées la liberté
commerciale existante.En outre, conformément à la proposition du
paragraphe 6, on devra permettre aux chefs indigènes de continuer
à percevoir les taxes comme auparavant »443(*).
Le 10 juillet 1884, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et
SCHMIDT se rendirent à Bimbia où ils obtinrent des chefs de la
place la signature d'un traité préliminaire444(*).(« VoirAnnexe
5 : Texte préliminaire du 10 juillet 1884 »). L'Annexe
5laisse supposer que les commerçants allemands voulaient sans doute
s'assurer que les chefs Duala ne fassent pas marche arrière et qu'ils ne
se désistent pas au dernier moment. Ils voulaient aussi sans doute ne
pas être pris au dépourvu par les autres puissances
étrangères telles que l'Angleterre ou la France. Les
traités étaient donc une manière d'asseoir leur mainmise
de manière juridique sur le territoire camerounais.
Le traité du 12 juillet 1884, contrairement à
ce que l'on pense souvent, n'a pas été signé le 12
juillet. En effet, King DIDO nommé EKWALLA de DEÏDOsigne le
1er et légalise le Traité avec la partie allemande
dès le 11 juillet1884.A ce sujet, les King BELL445(*) et King AKWA446(*) signeront le 12 juillet 1884
deux traités identiques, mais séparés même si les
deux rois ont contresigné le traité de l'autre447(*). Si le texte du 11 juillet
1884 ne concernait que:« The country called Cameroons situated on
the Cameroons named King Dido Town with dependences »448(*). Celui du 12 juillet
1884englobera:« The country called Cameroons situated on the
Cameroons River, between the River Bimbia on the North side, the River Quaqua
on the South side and Up to 4° 10' North lat. »449(*)Sinon le contenu des
deux textes reste identique.
Il faut relever dans ce contexte l'existence d'un texte
pouvant être qualifié de Pré-Traité, d'Acte de
Reconnaissance ou d'Acte d'Engagement officiel de la part du
GouvernementAllemand. Ce premier traité n'avait pas l'assentiment de
tous les rois de l'époque450(*).Le traité du 12 juillet 1884 marquera la
naissance du Cameroun sur la scène internationale.
· Traité du 12 juillet
1884
Le point de départ de l'expansion coloniale allemande
fut certainement le télégramme adressé le 24 avril 1884
au consul allemand résidant au Cap451(*). D'après ce télégramme,
le commerçant de Brème, Lüderitz et des
établissements d'Angra Pequena452(*)pouvait se considérer comme étant sous
la protection de l'empire. L'envoi de ce télégramme inaugurait en
quelque sorte une ère nouvelle pour l'Allemagne, l'ère de la
conquête coloniale. Le Dr. NACHTIGAL, consul allemand à Tunis
depuis 1882, fut chargé le 19 mars 1884 d'une mission d'information sur
la côte ouest-africaine. Le premier souhait de la Chambre de commerce de
Hambourg venait de se réaliser.
Selon les directives données à NACHTIGAL, il
devait étudier le commerce allemand en territoire étranger et
signer des traités avec les chefs des territoires indépendants
pour garantir les droits de ces mêmes commerçants. Une
dépêche contenant des instructions plus précises lui fut
envoyée le 24 avril 1884, lui demandant expressément de
prendre en possession le territoire situé entre le delta du Niger
et le Gabon453(*).
AdolfWOERMANN pouvait en être satisfait. De même que ce dernier
joua un rôle décisif dans l'engagement colonial du chancelier, de
même son agent, Édouard SCHMIDTet celui de la firme Jantzen
&Thormählen, Johannes VOB prirent une part active et non moins
décisive dans l'acquisition effective du Cameroun. Dès le
06 mai 1884, WOERMANN envoya à son agent à Douala une lettre
contenant des instructions très précises.
Il le mettait au courant de la décision du
gouvernement impérial et lui demandait entre autres que lui et JOHANNES
VOB signent des traités avec les chefs AKWA, BELL, LOCK PRISO et DIDO,
dans lesquels ces derniers transféreraient la souveraineté de
leur pays à WOERMANN pour l'Empereur d'Allemagne454(*).Dès la
réception de ces instructions, les deux agents commencèrent
à négocier avec les chefs, tout en essayant de cacher au maximum
leurs intentions aux Anglais455(*). Ce n'était pas une mission facile, car si
King BELL et King AKWA étaient prêts à signer, l'attitude
hostile de leurs sujets ne les encourageait guère dans cette voie.
Le 09 juillet 1884 arrivèrent deux autres
négociateurs en l'occurrence le Consul SCHULZE venant du Gabon et
ÉdouardWOERMANN, le frère d'Adolf WOERMANN. Dès le
lendemain, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT se rendirent à
Bimbia où ils obtinrent des chefs de la place la signature d'un
traité préliminaire456(*). L'ordre fut donné au Consul HEWETTle 16 mai
1884 de faire des arrangements préliminaires sur la côte
camerounaise. Le capitaine MOORE arriva à Douala le 10 juillet pour
préparer les chefs à la venue du Consul HEWETT.
King BELL lui aurait dit que si les Anglais ne prenaient pas
possession de son pays, il le donnerait aux Allemands, cependant, il lui aurait
tout de même promis d'attendre encore une semaine l'arrivée du
Consul. C'est le bateau du capitaine MOORE que NACHTIGAL, BUCHNER et leurs
compagnons croisèrent le 11 juillet 1884.
La présence de ce bateau inspira chez les Allemands un
sentiment d'inquiétude qui ne dissipa que lorsqu'ils apprirent que rien
ne s'était passé entre ce bateau anglais et les chefs
Duala ; ils avaient peur d'être venus trop tard457(*). Pendant
qu'ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT obtenaient la signature des chefs
de Bimbia, JohannesVOB réussissait à faire signer le chef DIDO le
11 juillet 1884458(*).
L'arrivée de NACHTIGAL à bord du navire de
guerre « Möwe » décida sans doute King BELL et
King AKWA à signer le traité ; ils se sentirent certainement
plus sursavec un allié puissant à leur côté ou bien
ils eurent justement peur du navire de guerre. Avant de transférer leurs
droits de souveraineté aux firmes allemandes, ils tinrent à fixer
une liste de clauses qui lui furent garanties par la signature du Consul
SCHULZE.
Le 12 juillet 1884, Édouard SCHMIDT, Édouard
WOERMANN et VOSS représentant l'Allemagne, se retrouvèrent avec
les rois AKWA, BELL et leurs subordonnés à Douala et
signèrent le traité Germano-Duala.
Dans la suite de notre travail, nous nous intéresserons
au principe de l'hinterland et à l'implantation progressive de
l'administration coloniale allemande sur le territoire Bamun.
SECTION II : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE
TERRITOIRE BAMOUNBAMUN
Il convient ici de rappeler le principe459(*) retenu à Berlin :
toute puissance européenne installée sur une côte africaine
peut poursuivre sa progression à l'intérieur du pays
jusqu'à la rencontre d'une autre puissance coloniale(Voir Annexe
2 : Ébauche de la carte de l'estuaire du Wouri et des
rivières, illustrant Douala autour de 1850. VoirAnnexe 3 :
Toponymie des territoires littoraux Duala).
Les Annexes 2 & 3 montre les différents groupes
ethniques qui vivaient déjà dans l'estuaire du Wouri et qui
bénéficiaient des merveilles de la nature notamment la
pêche, la cueillette et le commerce avec les autres peuples autochtones
du fait de leur proximité avec les différents cours d'eau
jalonnant cette zone. On comprend dès lors l'attrait des puissances
occidentales à exploiter ce joyau naturel et peu inexploité.
Le royaume BamounBamun est situé dans la région
de l'Ouest, dont il constitue 80% du territoire. Sa création remonte au
14ème siècle, bien avant l'installation des comptoirs
européens. Il s'agit d'une société précoloniale
traditionnelle, donc conservatrice, qui possède sa propre
écriture460(*)et
sa propre organisation politique et économique. En effet, l'organisation
de la société est basée sur un système de castes.
En bas de l'échelle, figurent les « esclaves », à
l'origine le peuple des vaincus, condamnés à travailler sans
rémunération. Aujourd'hui, ce sont des hommes libres ayant
toutefois du mal à se départir de ce statut initial. Au milieu,
le peuple. En haut de l'échelle, la noblesse qui est
héréditaire. Elle est constituée de la dynastie royale y
compris des serviteurs du palais. Le pouvoir est exercé par le «
Mfon » ou roi, mais de manière collégiale. Sa succession est
assurée par l'hérédité. Le peuple lui doit
obéissance et respect. Il se charge des rapports de son peuple avec le
pouvoir central du pays, les arts et la culture, la vie au quotidien.
Au sein du royaume, le Sultan est tenu de pratiquer la
démocratie. Chaque année, il doit s'expliquer en public sur sa
gestion annuelle lors d'une fête spéciale, le festival de
«Nguon». L'exercice du pouvoir au sein du royaume est participatif.
Chaque secteur important de la vie quotidienne est confié à un
responsable nommé par le Sultan.Aujourd'hui, sur le plan
économique, les BamounBamun vivent de l'artisanat, du commerce et de
l'agriculture. D'ailleurs, Foumban, capitale du royaume, est
considérée comme un haut lieu de l'artisanat camerounais
grâce aux sculptures et au bronze réalisé dans de
nombreuses fonderies de la ville...
Le pays BamounBamun a aujourd'hui 7 687 km². C'est le
résultat des séquences d'acquisitions des territoires
effectuées par les différents souverains BamounBamun. La paix
coloniale stabilise les limites actuelles aux cours d'eau
« Noun » et son tributaire « Monoun »
à l'Ouest, le « Mbam » à l'Est et la
« Mapé » au Nord. Foumban est la capitale du pays
BamounBamun. Cette centralisation autour d'une ville461(*) a permis la survie de
Foumban. Sous le RoiMBOUOMBOUO, on dénombrait 30 000 habitants, dont la
moitié concentrée dans la ville462(*).
C'est pourquoi nous parlerons tout d'abord de l'origine du
peuple BamounBamun à travers son fondateur, NCHARE YEN
(Paragraphe I) et de la prise en contact entre
l'administration coloniale allemande et le peuple
BamounBamun(ParagrapheII).
PARAGRAPHE I :
L'ORIGINE DU PEUPLE BAMOUNBAMUN
Le royaume BamounBamun est fondé dès le
14ème siècle par une dynastie d'origine Tikar. Le
Roi MBWE-MBWE463(*)
repousse les chefs Bamiléké au-delà du Noun, puis
après avoir été battu vers 1800, par les Peuls du Banyo,
il entoure sa capitale, Foumban, de murailles et à l'aide de sa
cavalerie, parvient à repousser ces derniers.
Son apogée se situe au 20ème
siècle avec à sa tête le RoiNJOYA. Le roi est un souverain,
dont la succession est assurée par hérédité, qui
est écouté par le Chef de l'État du Cameroun. Le roi
actuel est le 19èmedescendant de cette dynastie
instaurée au 14ème siècle, sans doute l'une des plus
anciennes de toute l'Afrique. LesAllemands, premiers colonisateurs, n'avaient
rien touché à cette organisation traditionnelle et y ont
laissé un bon souvenir, alors que les colonisateurs français ont
forcé la main des autochtones en voulant y installer une organisation
à l'occidentale.
On s'y souvient, en particulier de la main lourde de
PierreMESSMER quand il eut à gérer au nom du gouvernement
français, les problèmes de l'Outre-mer. Le royaume BamounBamun
est l'équivalent d'un département français, avec 8.000
km² et un million d'habitants. Son véritable nom est
« Bamun » ou « BamounBamun », alors que
le colonisateur français avait cherché à le
débaptiser, lui donnant le nom de « Noun », qui est
celui du fleuve qui traverse la contrée.
Dans la suite de notre travail, nous parlerons du fondateur
du royaume BamounBamun, NCHARE YEN(A-) et des
différentes batailles ayant contribué à
l'établissement du royaume BamounBamun(B-).
A. NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME
BAMOUNBAMUN
A la fin du 14ème siècle, un prince Tikar,
NCHARE YEN, venu de Rifum, fonde le royaume BamounBamun en soumettant les
populations locales, les Mbem464(*). Mais au lieu d'imposer sa langue aux populations
vaincues, NCHARE YEN et ses compagnons adoptent plutôt le
« Shupamen », la langue des Mbem465(*).
NCHARE YEN a été le premier à diriger ce
peuple et lui laisser l'héritage culturel qui fait la fierté
depuis des siècles, de même que l'organisation traditionnelle dont
les fondements ont permis de résister à toutes les invasions
coloniales466(*).
Quelles sont les origines du jeune prince
Tikar(1-) ? Et quelles les dynasties issues de celles de
ses frères et soeurs (2-)?
1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune
prince Tikar
Né vers 1370 et décédé en 1418,
NCHARE YEN était le fondateur du royaume BamounBamun et l'un des quatre
rois qui sont principalement vénérés dans la religion
traditionnelle BamounBamun en raison de leurs réalisations dans la
société et dans la culture BamounBamun.
Selon l'un des anciens rois BamounBamun, SeidouNJIMOLUH
NJOYA, dans une interview de 1977, a décrit NCHARE YEN comme
étant un « homme petit, avait des membres courts, mais
était très courageux », et aussi
« adorait danser et boire du vin de palme (mais on disait) qu'il
était très charitable ».
La plupart de ce que l'on sait sur NCHARE YEN a
été transmis de sources à la fois historiques, religieuses
et culturelles dans la société BamounBamun, et en raison de
l'obscurité du sujet,il y a très peu de preuves pour
vérifier les affirmations faites à propos des
évènements de la vie de NCHARE YEN467(*). Dans cet autre
récit, l'auteur468(*) parle plutôt des oncles de NCHARE YEN et non
des frères de ce dernier avec qui il aurait traversé la
rivière....En l'an 1394, un jeune prince Tikar, en compagnie de deux de
ses oncles, MORUNTA et NGUONSO, quitta sa contrée à Rifum dans la
vallée du Mbam.
Les trois princes partirent de Mbankim à la recherche
d'un royaume qui leur appartiendrait. Lorsqu'ils atteignirent la rive du fleuve
Mapé, chacun décida d'empruntersa propre voie, MORUNTA et NGUONSO
allèrent fonder les royaumes de Nditam et de Bansoh respectivement.
Attiré par les riches terres des hauts plateaux qui
aujourd'hui sont connus sous le nom de département du Noun, NCHARE
traversa le fleuve avec 7 compagnons, à savoir : NJIMONSHARE,
NJIKUMNJUO, son demi-frère, NJANGA, un guerrier et en même temps
beau-frère de Nchare, un autre guerrier dénommé
également NJIANGA, NJIMANKA et NJI MONANKA, amis de NCHARE et
NJIAMFA, son neveu.
Ils se dirigèrent vers le village de Njimom
où NCHARE, fils de la princesse YEN renversa astucieusement le chef de
ce village et s'y installa comme chef. Au milieu des Nguon mystificateurs,
NCHARE YEN et ses sept compagnons s'assirent sous l'ombre de karité dans
le village de Njimom réfléchissant sur leur quête du
pouvoir.
C'est sous cet arbre assis sur sept pierres qu'ils
donnèrent naissance au concept du royaume BamounBamun. Le pacte
fondamental scellé sous l'arbre « Sép » au
lieu-dit « Samba Ngùo » stipule que :
« L'ÉtatBamounBamun est né et Nchare en est le roi.
Il désignera librement son héritier parmi ses fils. Les sept
compagnons Kom (Nkom au singulier), cosignataires sont les conseillers
intronisateurs de Roi, chargés de garder la loi fondamentale de
l'État et de veiller à son application. Leur fonction est
héréditaire et ils sont autonomes. Ils ont le privilège de
se donner la mort s'ils sont condamnés à la peine capitale par la
justice pour haute trahison par exemple »469(*).
Au fil du temps, NCHARE YEN se lia d'amitié avec
MFOMOKUP, chef du village voisin de Mokup. MFOMOKUP avait au sein de sa
chefferie une société secrète dénommée
« Nguon », qui assurait l'approvisionnement de son palais
en denrées, ainsi que la distribution équitable de la nourriture
dans toute la chefferie.
Chaque année pendant la période des
récoltes, les possesseurs du « Nguon » parcouraient
la chefferie pour s'assurer que les villageois apportaient leur récolte
au palais du chef MFOMOKUP qui redistribuait les produits de la récolte
à ses sujets, en s'assurant que chacun avait un peu de tout ce que
produisait la chefferie.
S'il y avait un surplus, l'excédent de la
récolte était conservé dans un grenier au palais pour
être consommé pendant la saison sèche ou au cours d'une
année de mauvaise récolte470(*).
Cela est le commencement de plusieurs dynasties qui existent
encore de nos jours à savoir les BamounBamun, les Bafia, les Bansoh.
2. La création de plusieurs
dynasties : les Bafia (Mounta), les Bansoh (Nguonso)
Avide de liberté, une famille s'enfuit d'Égypte
et progresse vers le sud. Sa descendance pour des besoins de survie s'installe
dans l'actuelle Adamaoua et fonde les Mboum qui émigrent vers la
vallée du Mbam.
Ils s'installent à Mbankim où ils soumettent
les populations autochtones. C'est de cette dynastie fondée par les
fugitifs que les Mboum nomment « Tikar »471(*) que sortiront bien plus tard
les fondateurs des BamounBamun, Bafia et Banso472(*). Cette version est
confirmée par les historiens, à l'exemple du Prince
DIKAAKWA.LesAllemands, pendant la traversée de la région du Mbam,
vont s'arrêter dans le haut-plateau de la région que nous appelons
aujourd'hui Bafia. Ne sachant pas comment désigner cette magnifique
région, ils vont demander à un indigène qui se trouvait
par-là, revenant d'une partie de chasse, « comment se
nomme cette localité ? »Le chasseur, qui ne
comprenait pas la question, pense plutôt que ses hôtes lui
demandent son nom :« ufino yamè yo lomo :
BofiaNkano », ce qui signifie « Je me nomme
BofiaNkano ». D'où le nom de Bafia attribué
à la localité473(*).
· Le peuple Bafia
Les Bafia sont une population bantoue d'Afrique centrale,
établie au Cameroun sur la rive droite du Mbam, à l'est des monts
Bapéi474(*).
Selon les sources et le contexte, on peut rencontrer plusieurs variantes :
Bafia, Bapea, Begpak, Bekpak, Fia, Kpa475(*). « Bekpak » est un
endonyme476(*), le nom
qu'ils se donnent à eux-mêmes.
Ils parlent le Bafia, une langue bantoue dont le nombre de
locuteurs au Cameroun était estimé à 60 000 en
1991477(*).Ce sont
essentiellement des cultivateurs, quoiqu'ils pratiquent aussi la chasse en
saison sèche.Leur territoire couvre une région de savane
équatoriale arrosée de petits affluents du Mbam et de la Sanaga
et entrecoupée d'îlots de forets peu denses. C'est une terre de
contacts entre la savane du Nord et la foret du Sud-Cameroun.
A l'origine, les Bafia étaient installés bien
plus au Nord. Ils ont été repoussés vers leur implantation
actuelle par l'expansion peule. Dans l'histoire du Cameroun, les chefs Bafia
les plus connus sont ABOUEMATCHOYI, NTANG GILBERT et BIDIASANGON478(*). Nous citerons
également le chef supérieur MACHIA ANONG
décédé à la Mecque479(*).
La rencontre fortuite avec un animal, serpent, oiseau, que le
clan considère comme un totem, constitue un signe qui annonce le bonheur
ou le malheur.
· Le Gam : les Bafia croient en la
puissance de l'araignée mygale appelée
« Gam », qui dans les séances de divination fait
connaître les dangers qui guettent l'individu et sa famille. De nos
jours, le culte du « Gam » tend à disparaître
faute d'initiateurs et d'initiés.
Ici, on retrouve un point de ressemblance avec la tradition
animiste en pays BamounBamun consistant à la consultation de
l'araignée mygale pour connaître des évènements
futurs, pour lutter contre les maladies et autres tourments mystiques.
· La Tortue : le
phénomène de la tortue est un problème tabou chez les
Bafia. La tortue est le symbole de la justice, de la paix et de bonheur. Le
grand respect que les Bafia attachent à celle-ci a
poussé les gens à dire que la tortue est un animal
fétiche que les Bafia ne touchent et ne voient même pas. Elle est
sacrée. C'est pourquoi elle est vénérée. Tout comme
les BamounBamun, les Bafia sont animistes, musulmans ou chrétiens. Les
Bafia étaient les adeptes des religions primitives traditionnelles.
Ces derniers sont majoritairement croyants, on y trouve
beaucoup plus de christianisme que d'islam480(*). Cette nouvelle religion s'épousa avec les
coutumes ancestrales des Bafia et gagna beaucoup d'âmes à partir
de la fin du XIXème siècle.
Par la suite, le christianisme a connu un progrès
remarquable par rapport à la religion musulmane, mais les
chrétiens Bafia après leur conversion restent encore liés
aux croyances traditionnelles481(*).
· Le peuple Nsoh (Bansoh)
Par contre, les Nsoh sont une population du grand groupe
ethnique Bamiléké d'Afrique centrale vivant au nord-ouest du
Cameroun. Ils sont considérés comme un sous-groupe des Tikar.
Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs variantes : Bansaw,
Banso, Bansso, Banzo, Lamnsok, Lamnso, Nko, Nsaw, Nsaws, Nsho, Nsos,
Nzo482(*). Ils parlent
le nso ou lamnso', une langue des Grassfields, dont le nombre de locuteurs
était estimé à 240 000 en 2005483(*). Le pidgin camerounais,
l'anglais, le limbum484(*) et l'oku485(*) sont également utilisés486(*).
Parti de là avec sa soeur NGON SO et son frère
FOMBAM, NCHARE YEN se sépara d'eux à la hauteur de la
rivière Mapé. Tandis que ses compagnons et lui traversaient ce
cours d'eau, NGON SO le remontait pour fonder plus tard le royaume
Bansoh487(*). Les
relations économiques et sociales entre les BamounBamun et les Nsoh
reposaient sur les échanges.
Le pays BamounBamun était un lieu de chasse,
d'élevage, de pêche et de production de diverses
denrées : mais, taro, igname, haricot, macabo, plantain, huile de
palme. Le pays Bansoh présentait des analogies en termes de
production488(*). Et
l'instauration de la frontière franco-britannique entre les BamounBamun
et les Nsoh en 1916 n'a pas réussi à entamer ces liens
séculaires.
Pour sauvegarder les rapports qui existaient, et qui existent
encore entre eux, les BamounBamunet les Nsoh recoururent donc aux rencontres au
niveau des marchés locaux et proches des frontières. Ce brassage
des biens ouvrait la voie à celui des personnes, car il favorisait des
alliances.
Les mariages interethniques, les manifestations culturelles et
les rites traditionnels furent aussi des techniques de résistance
à la division causée par la frontière franco-britannique
de 1916489(*).Dans les
deux royaumes, le monarque est respecté et vénéré.
Il est comme ailleurs en Afrique le « premier
magistrat ».491(*) Tout comme en pays BamounBamun, le monarque Bansoh
porte le titre de « Fon » ; viennent ensuite les
membres de la famille royale appelés « Wonto » pour
ceux allant jusqu'à la 4ème génération
ou « Duiy » à partir de la 5ème
génération patrilinéaire, à laquelle sont
incorporés les membres des clans importants492(*) appelés
« Vibai ».
Suivent les « Mtar », descendants des
premiers occupants du pays Bansoh qui prêtent allégeance et
servent de conseillers au « Fon », puis la classe des
« Ngwerong », notables chargés d'implémenter
la politique et d'appliquer la justice. Les chefs de village et les personnes
ennoblies par le roi portant le titre de « Fai » ou
« Shey ». Enfin, il y a les serviteurs ou
« Nshilafsi »493(*)494(*).
Jusqu'à la première décade du XXème siècle,
lesdits royaumes représentaient deux puissances militaires rivales
conditionnées par la recherche de l'espace vital dans l'environnement
mouvant de la période précoloniale, caractérisée
par les conquêtes de l'espace et la fondation des chefferies dans les
Grassfields.
Ce qui culmina aux guerres dans les années 1880 et en
1906495(*).Acquis
cependant à l'apaisement de son royaume et à la promotion des
rapports pacifiques avec ses voisins, le choix du Sultan NJOYA de vouloir se
retrouver dans la sphère anglaise était révélateur
de ce qu'il poursuivait l'« indirect rule », mais aussi de
ce qu'il lui était préférable de préserver
l'unité avec les peuples Tikar du plateau Bamenda.
Avec la stabilisation instaurée par les administrations
coloniales, l'affinité entre les structures politico-sociales des
royaumes BamounBamun et Bansoh les prédisposa non plus au conflit de
leadership, mais à une intelligence d'action et de dialogue
politique496(*). Le
siège du chef suprême du peuple Nsoh497(*) se trouve dans ce lieu qui
est le coeur de la vie sociale et culturelle de la ville de Kumbo.Il se compose
de plusieurs bâtiments traditionnels décorés de sculptures
sur bois, autour de deux (02) cours où le chef s'asseyait et recevait
son peuple ou ses conseillers.
Au milieu de la première se dresse une statue de NGON
SO, la première reine légendaire du peuple Nsoh. Autour du
palais, d'autres bâtiments traditionnels sont également
décorés de sculptures en bois. Ce sont les sièges des
sociétés sacrées chargées d'aider le chef dans sa
tâche : la société « Ngwerong » et
la société « Nggiri ». C'est une
mosquée qui a été construite à côté
d'eux, bien que la plupart des Nsoh soient chrétiens.Au cours des seize
dernières années,la « Mus' Art Gallery » a
été active dans la propagation du patrimoine culturel des Nsoh.
Le musée a été à l'avant-garde de la promotion de
l'art et de l'artisanat traditionnels des Nsoh. Elle possède une
collection de plus de 400 objets dont la plupart ont été
créés entre 1970 et 2000. Ces objets variés vont du
travail du bambou aux sculptures sur bois, de la vannerie à la
poterie.498(*)
Par la suite, nous étudierons les différentes
conquêtes ayant contribué à l'établissement du
royaume BamounBamun.
B. LES DIFFÉRENTES
CONQUÊTES AYANT CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU
ROYAUME BAMOUNBAMUN
La première conquête concerne celle du village
de Njimom(1-) où le peuple « Pa
Mbem » s'était établi et sera vaincu par NCHARE YEN qui
en adoptera la langue (2-).
1. La conquête du village de
Njimom (Victoire sur les Pa Mbem)
Le tableau polémologique BamounBamun indique une
histoire dominée par les grandes conquêtes499(*) qui culminent sous le
règne de MBOUOMBOUO ; conquêtes ayant permis la captation du
monopole militaire doublé d'un monopole fiscal socle de la constitution
d'un seul centre d'impulsion politique. Il va de soi que la mise en
évidence de ces deux monopoles constitue une entrée de choix, une
fenêtre d'opportunité explicative de la
« sociogenèse de l'État traditionnel
BamounBamun »500(*).
Autrement dit, s'il y a eu une analogie entre la guerre et la
construction de l'État501(*), celle-ci s'est consolidée et s'est
adaptée aux circonstances critiques moyennant de la part du jeune
souverain, ruse, tact, pondération et parfois des compromissions avec
une mobilité tactique que lui imposaient les circonstances. La politique
dure correspond à la mobilisation de ce que Joseph NYE appelle le
« hard power » avec une mobilisation conséquente des
ressources militaires, alors que la politique souple s'accommode du
« soft power » et même du « smart
power »502(*).
L'État traditionnel BamounBamun ne s'est mis en place
qu'au terme d'un processus historique particulier permettant la constitution
d'un espace politique autonome doté d'une fonction, d'une
légitimité et des moyens propres de son ancrage. La
définition qu'en donneMax WEBER est devenue proverbiale : il s'agit
d'une entreprise à caractère institutionnel lorsque et tant que
sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application
des règlements, le monopole de la contrainte physique
légitime503(*).
Ce n'est pas le lieu de quereller une définition que les
anthropologiques politistes tiendraient pour occidentalo-centrique504(*).Seule la question de la
monopolisation de la contrainte légitime nous retiendra.
Dans le contexte BamounBamun, il y a eu une
corrélation entre la guerre et la captation du double monopole de la
contrainte ; les relations politiques dans sa dynamique historique sont
définies à partir du phénomène guerrier dans la
mesure où celui-ci met à jour ce qui selon Carl SCHMITT constitue
le critère distinctif du politique505(*).
Cette conception belliciste du politique se matérialise
dans l'idée que « c'est dans la guerre que se trouve le
coeur des choses. C'est la nature de la guerre totale qui détermine la
nature et laforme de l'État total »506(*).
L'ouvrage Histoire et coutumes des Bamun conforte
cette périodisation, car entre NCHARE YEN et MBUEMBUE aucun fait d'armes
n'a été enregistré de la part des neuf rois
intermédiaires qui selon l'expression des rédacteurs de
l'histoire suscitée « ne firent rien, vivant sur ce que
les mains de Nchare avaient fait »507(*) ; comme les derniers rois mérovingiens,
ils ont préféré luxure, batailles fratricides et
révolutions du palais.508(*)
L'histoire lui attribue 18 rois soumis implantés de
façon quasi rectiligne de Rifum à Njimom puis de Njimom à
Foumban509(*). C'est la
problématique de la guerre et de la construction de l'État qui
constitue un horizon d'interprétation de l'appropriation du monopole de
la contrainte légitime.
La guerre est une situation d'exception et « est
souverain, écrit CarlSCHMITT, celui qui décide de la
situation exceptionnelle ....Celui qui décide en cas de conflit en quoi
consiste l'intérêt public et celui de l'État, la
sureté et l'ordre public, le salut public »510(*). Or, NCHARE YEN demeure
encore un empereur sans spectre, son pouvoir accuse une
légitimité indigente, il faut être roi pour
désamorcer la polyarchie que lui opposent ses compagnons511(*).
L'ouvrage du RoiNJOYA traduit par le pasteurHenriMARTIN
rapporte fortà propos les velléités d'insoumission de l'un
des conseillers du royaume en ces termes : « Nchare est un
enfant, ce n'est pas lui qui doit être Roi »512(*). La
« politique dure » s'étant instantanément
muée en « politique souple ». Ce passage de la
« politique comme concurrence guerrière »
à la « politique comme concurrence
pacifique » nous introduit commodément dans une
« para-constitutionnalité » fondatrice du royaume.
Il est alors convenu pour départager les deux rivaux qu'une
compétition olympique aurait lieu au petit matin.
Cet accord tient lieu de « Serment du jeu de
paume » : « ne jamais se séparer sans qu'un roi eut
été choisi ». NCHARE gagna la partie non en raison
de ses capacités physiques par ailleurs très limitées,
mais en raison de sa générosité somptueuse513(*). L'anthropologie nous
enseigne que la munificence et l'évergétisme sont des invariants
de la légitimation de tout pouvoir politique514(*). La position de NCHARE comme
roi constitue les fonds baptismaux de l'émergence d'un centre politique
et de la captation du monopole de la contrainte légitime.
D'un point de vue de sa fondation, l'État traditionnel
BamounBamun est le fruit d'un compromis historiquement établi par les
forces en présence qui ont consolidé « les
manières de faire » jusque-là diffuses515(*); l'usage de la contrainte et
du pouvoir répressif prend désormais la forme de la raison
objective. Cette nouvelle stature lui permettra de parvenir à Foumban en
balayant les dernières alluvions516(*). Sa profession de foi telle que nous la rapportent
les rédacteurs de l'Histoire est résolument impérialiste,
voire belliqueuse :« Je poserai les limites de mon royaume avec
du sang et du fer noir ».
Vu sur cet angle, CharlesTILLY considère que la guerre
et la construction de l'État opèrent dans « une
ambiance de crime organisé »517(*). Les guerres de conquête et les ralliements
lui ont certainement permis de grossir les effectifs d'une infanterie encore
embryonnaire. Il est difficile de recenser les stratégies et les
tactiques mobilisées par MBUEMBUE dans ces exploits militaires.
L'effort louable fourni par ClaudeTARDITS est demeuré
parcellaire518(*). Il a
utilisé la tactique napoléonienne du « carré
marchant » dans la mesure où les conquêtes se sont
faites exclusivement de la capitale519(*) vers les terminaisons territoriales actuelles. Et,
fin psychologue, il n'hésitait pas à se résoudre au corps
au corps. Il est le théoricien de la tactique de la défense
bicéphale inscrite dans les armoiries du royaume520(*). 521(*)
L'« Histoire et coutumes des
Bamun » lui attribue quarante-huit exploits militaires ; record
inégalé dans l'histoire. Il parachève la conquête du
monopole militaire par l'organisation de l'armée en trois corps
correspondant aux trois régions militaires de Njimom, Mayap et
Foumban.Il est plausible d'y voir la possibilité d'une
professionnalisation plus accrue si le temps colonial n'avait pas introduit une
césure brusque dans ce processus. Foumban devient le seul centre
d'impulsion politique et la circonvallation qui l'entoure constitue un marqueur
spatial et symbolique de sa centralité politique522(*).
Ces différentes conquêtes conduiront à la
naissance du royaume BamounBamun.
2. La naissance du royaume
BamounBamun
Le royaume BamounBamun, situé dans les montagnes de
l'Ouest du Cameroun, a forgé son unité au cours des sept
siècles d'existence du royaume depuis la fin du XIVe siècle. Le
roi des BamounBamun est de la dynastie de NCHARE YEN, venue de Rifum.
Les croyances religieuses en vigueur dans cette région
sont aujourd'hui l'islam, venu du nord, et le christianisme, venu du sud. Le
pays est limitrophe du royaume de La'djo et en est séparé par le
Noun. L'actuel territoire des BamounBamun a été unifié par
les Tikar en plusieurs étapes. On suppose que vers la fin du
XIVème siècle, 200 à 300 personnes ont franchi le fleuve
Noun à la suite du prince NCHARE qui soumit sept principautés
avant de s'établir dans un premier temps à Djimom.
L'ÉtatBamounBamun y est proclamé et Djimom
devient la première capitale du royaume. Le pacte fondamental stipule
que : « L'ÉtatBamounBamun est né et Nchare en est le
roi. Il désignera librement son héritier parmi ses
fils ». Les sept compagnons « Kom »,
cosignataires, sont les conseillers intronisateurs du roi, chargés de
garder la loi fondamentale en l'état et de veiller à son
application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes.
De Njimom, NCHARE soumet une dizaine d'autres ethnies et établit sa
nouvelle capitale à Foumban après y avoir vaincu les BaM'ben
qu'il réinstalle dans un quartier de la ville.
Le royaume a alors une dimension presque circulaire dont le
diamètre est de 30 km environ entre Djimom et Kundùm. La
population se situe autour de 25 000 personnes. Quand MBUOMBUOMANDÙ
devint le onzième monarque vers la fin du XVIIIème
siècle,il entreprend de grandes conquêtes aux frontières
naturelles du « Mbam », de la
« Mapè » et du « Noun ».Le
territoire est multiplié par quatre.
Le Sultan/Roi des BamounBamun est donc le personnage qui
concentre toutes les attentions et recommandations, et il est amené
à apporter le progrès et le développement de chaque
secteur de la vie du pays BamounBamun, et il ne peut accomplir ces tâches
sans l'aide de serviteurs et de collaborateurs qui le soutiennent et
exécutent ses ordres non sans apporter de réserves en cas de
transgression des lois et coutumes du royaume523(*).
Par la suite, nous établirons la dynastie du
RoyaumeBamounBamun depuis sa création, en 1394, jusqu'à nos
jours.
Tableau N° 11
:La Dynastie BamounBamun De Nchare Yen A Mouhammad-Nabil Mforifoum
Mbombo Njoya.
NOM
|
SEXE
|
DURÉE DU RÈGNE
|
1) NCHARE YEN
|
Homme
|
(1394-1418)
|
2) NGOUOPOU
|
Femme
|
(1418-1461)
|
3) MONJOU
|
Homme
|
(1461-1498)
|
4) MENGAP
|
Homme
|
(1498-1519)
|
5) NGOUH I
|
Homme
|
(1519-1544)
|
6) FIFEN
|
Homme
|
(1544-1568)
|
7) NGOUH II
|
Homme
|
(1568-1590)
|
8) NGAPNA
|
Homme
|
(1590-1629)
|
9) NGOULOURE
|
Homme
|
(1629-1672)
|
10) KOUOTOU
|
Homme
|
(1672-1757)
|
11) MBUEMBUE
|
Homme
|
(1757-1814)
|
12) GBETNKOM
|
Homme
|
(1814-1817)
|
13) MBIEKOUO
|
Homme
|
(1817-1818)
|
14) NGOUHOUO
|
Homme
|
(1818-1863)
|
15) NGOUNGOURE SHEFTON
|
Femme
|
(1863- 30 minutes)
|
16) NSANGU
|
Homme
|
(1863-1889)
|
17) NJOYA IBRAHIM
|
Homme
|
(1889-1933)
|
18) NJIMOLUH NJOYA SEIDOU
|
Homme
|
(1933-1992)
|
19) MBOMBO NJOYA IBRAHIM
|
Homme
|
(1992-2021)
|
20) MOUHAMMAD-NABIL MFORIFOUM MBOMBO NJOYA
|
Homme
|
(2021-
|
Source : « Royaume BamounBamun - ancien
pays (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 18 mars 2022.
Le Sultan/Roi des BamounBamun est l'acteur central de la
société BamounBamun qui se voit secondé, voire
accompagné par un ensemble de groupes ou de castes qui l'aident dans la
réalisation des objectifs et missions à lui assignés lors
de son accession au trône. Le tableau ci-dessous dresse la liste des
divers groupes qui composent le Palais ainsi que leurs rôles et
attributions respectifs de même que le processus de transmission de ces
derniers.
Ce tableau met en lumière les différents
groupes ou castes qui structuraient le palais, car de nos jours, on ne recense
plus d'esclaves, car ces derniers étaient autrefois des soldats faits
prisonniers, et affectés dans les cases des reines et des épouses
du roi, et ils portaient à leur poignet, un bracelet de soumission comme
cela était de coutume.
Mais toutes les autres castes existent encore, bien qu'elles
aient aussi subies des modifications avec des nominations et des fonctions
proches d'une administration moderne. On parlera de Ministre des Relations
Extérieures, de la Défense ou de l'Environnement entre
autres524(*).
Tableau N°
12 :Titres nobiliaires de la société
BamounBamun.
TITRES NOBILIAIRES
|
TRADUCTION LITTÉRALE
|
RÔLES OU FONCTIONS
|
NOMINATIONS ET SUCCESSIONS
|
MFON
|
Roi
|
Souverain
|
Charge héréditaire
|
KOM
|
Ministre (Cofondateur)
|
Conseillers intronisateurs
|
Nommé, puis héréditaire
|
NAFOM
|
Mère du roi ou reine-mère
|
Équilibre du pouvoir
|
Nommé
|
«NJI»NGBETGNI
|
«Nji» adjoint
|
Vice-roi
|
Héréditaire
|
POM MAFOM
|
Frère ou soeur
|
Utérin du roi
|
Héréditaire
|
«NJI» FON FON
|
«Nji» des rois
|
Premier ministre
|
Nommé
|
TITA NFON
|
Père du roi
|
?
|
Nommé
|
TITA NGU
|
Père du pays
|
Chef de la justice
|
Nommé
|
TUPANKA
|
Tête de Panka
|
Chef de l'armée royale
|
Héréditaire
|
KOM SHUT MSHUT
|
Compagnon (gardien du palais)
|
Conseiller du roi
|
Héréditaire
|
MANSHUT
|
Grand du palais
|
Personnalité du royaume
|
Nommé
|
MFONTUE
|
Roi soumis
|
Chefs vassaux
|
Héréditaire
|
SHUNSHUT
|
Gardien du palais
|
Divers services
|
Héréditaire
|
KPEN
|
Esclave
|
Serviteur
|
?
|
Source :Magazine Biennal d'informations
générales sur le peuple BamounBamun, « Nguon
Mag », Édition, décembre 2012.
Ensuite, nous parlerons de la prise de contact entre
l'administration coloniale allemande et le peuple BamounBamun.
PARAGRAPHE II : LA
PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE
PEUPLEBAMOUNBAMUN
NJOYA était à la dix-septième
année de son règne quand les Allemands, venant de Banyo,
arrivèrent à Foumban, capitale de son royaume, pour la
première fois, le 06 juillet 1902.Il s'agit du lieutenant de
l'administration coloniale allemande, du capitaine Hans VON RAMSAY,
fondé de pouvoir de la « Gesellschaft Nord-West
Kamerun », l'une des grandes sociétés
créées pour l'exploitation du Cameroun, et du commerçant
HABISCH, qu'accompagnaient 25 tirailleurs, 20 porteurs et 03 guides Haoussa...
En stratège prudent, le roi, qui était déjà au
courant de la présence et surtout des intentions des étrangers
blancs dans les localités voisines de son royaume, mit toutes les
chances de son côté pour éviter le pire. Il tenta
l'aventure de l'amitié : il alla à la rencontre des Allemands
à l'entrée de Foumban, les accueillit de la façon la plus
chaleureuse et les conduisit jusque dans son palais où il mit à
leur disposition des provisions plus que suffisantes.
Les militaires allemands le trouvèrent bien
disposé à leur égard : sa modestie, son air d'intelligence
et sa déférence les impressionnèrent favorablement.
C'était le point de départ des relations cordiales entre NJOYA et
les Allemands. L'officier allemand HIRTLER, qui commit, aux yeux de l'entourage
de NJOYA, un crime de lèse-majesté en marchant sur le tapis
d'apparat et en s'asseyant sur le trône du roi lors de son accueil au
palais, provoquant ainsi la colère de la foule, fut très
impressionné de la manière par laquelle NJOYA géra cette
situation. Connaissant l'humeur guerrière de son peuple, le roi eut
beaucoup de peine par des gestes, à empêcher ses hommes de tirer.
Sans doute sa dignité ou la vue de l'excitation générale
finit-elle par faire impression sur HIRTLER, qui dut changer de conduite.
Dès 1902, le lieutenant SANDROCK avait suggéré qu'au lieu
d'occuper par la force un royaume aussi bien géré, il fallait
plutôt chercher à en faire un centre commercial525(*). L'accueil chaleureux que
NJOYA réserva aux Allemands qui arrivèrent à Foumban les
amena à parler de lui en termes tout à fait cordiaux,
bénéfiques et pleins de promesses. Parmi les cadeaux qui
arrivaient à Berlin, quelques-uns émanaient du patrimoine royal
et culturel des BamounBamun. Il s'agit d'une longue pipe royale, d'une
épée pour chef avec une gaine brodée, et d'un trône
fait tout entier de perles enchâssées et d'incrustations de
bronze, qui se trouve actuellement au musée de Berlin. Le repose-pied
est en peau de lion perlée. Surmonté d'élégantes
statuettes, ce siège royal captive l'attention.
Toutefois, il ne faut pas être dupe de cette bonne
ambiance. En 1908, les commerçants allemands accusèrent NJOYA de
« Bamum » pour ses activités commerciales avec la
maison de commerce de la Mission de Bâle.
NJOYA dut se défendre d'avoir avec cette firme
mené une concurrence déloyale aux autres sociétés
commerciales. Les colonisateurs ne pouvaient tolérer une activité
économique des chefs susceptibles de leur faire concurrence, comme
l'illustre si bien le cas suivant. NJOYA s'intéressait aussi au
négoce. A Foumban, il ouvrit un magasin où l'on vendait entre
autres des produits importés par l'intermédiaire de la
société de commerce de la Mission de Bâle. Le colonisateur fit fermer ce magasin car
il faisait concurrence au commerce européen.526(*)
A ce titre, le rôle précurseur des missionnaires
allemands dans la prise de contact entre les deux entités est
cruciale(A-). Ce qui va conduire pour le RoiNJOYA à la
prise en compte de la supériorité des agents coloniaux allemands
(B-).
A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES
MISSIONNAIRES ALLEMANDS DANS L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME
BAMOUNBAMUN ET LES AUTORITÉS COLONIALES ALLEMANDES
La collaboration entre les missions chrétiennes et les
autorités coloniales en Afrique a bien été
soulignée par KofiASAREOPOKU : « L'instauration de la
domination coloniale aida considérablement l'oeuvre des missionnaires.
En premier lieu, administrateurs coloniaux et missionnaires partageaient la
même vision du monde et venaient de la même culture. En
deuxième lieu, l'administration coloniale était favorablement
disposée vis-à-vis du travail des missionnaires et subventionnait
souvent les écoles des missionnaires. En troisième lieu,
l'imposition du contrôle colonial sur chaque territoire assurait l'ordre
et la paix grâce auxquels les missionnaires pouvaient compter sur la
protection de l'administration...D'une manière générale,
on peut dire que les missions chrétiennes en Afrique étaient les
alliées et le complément de l'impérialisme
européen ; l'activité missionnaire faisait partie de la
progression ou de la pénétration de l'Occident dans le monde non
occidental ».527(*)
Freiherr VON SODEN, 1er gouverneur du Cameroun, et
la maison Woermann trouvèrent que la Mission de Bâle, branche
allemande dont le siège était à Stuttgart, était la
société la plus apte à prendre la relève de la
« Baptist Missionary Society ». Leur demande fut
appuyée par Friedrich FABRI, inspecteur de la « Rheinische
Missionsgesellschaft » qui ne cessait de déclarer que
l'idéal était que le missionnaire fut de la même
nationalité que le colonisateur. Carl PETERS, fondateur de la
« Gesellschaft fur Deutsche Kolonisation »528(*) appuya à son tour
cette démarche en ces termes : « Le missionnaire est,
de par sa vocation, plus que tout autre apte à remplir ce devoir.Il est
l'homme le plus susceptible de gagner la sympathie des indigènes et de
l'orienter vers ses frères blancs, les colons. De ce fait, il
prépare les indigènes à se mettre docilement au service de
la culture en marche... C'est pourquoi un appel est lancé à
toutes les sociétés missionnaires de notre patrie pour qu'elles
portent leurs pas et leurs activités vers les lieux où flotte
désormais le drapeau allemand ».529(*)
Le 30 juin 1885, le gouvernement allemand accorda à la
Mission de tous les droits et libertés nécessaires au bon
fonctionnement de son oeuvre au Cameroun. Il lui promit non seulement le
soutien du Reich, mais aussi celui du « SyndiKat fur
Westafrika » et des commerçants installés du
Cameroun.530(*)
Rappelons qu'à cette époque en Allemagne, la
« Kulturkampf » ou guerre de culture opposait le
protestantisme au catholicisme.
Accusé par WINDHORST, chef du parti catholique au
Reichstag, d'empêcher l'établissement d'une mission catholique au
Cameroun, BISMARCK répondit qu'aucune société missionnaire
catholique ne se présentait pour cette possession outre-mer.531(*)
Mais lorsqu'ils s'installèrent au Cameroun, les
catholiques prirent un certain avantage sur les protestants : dans leurs
écoles, ils mirent très tôt un accent sur l'enseignement de
la langue allemande satisfaisant ainsi l'administration coloniale dont le seul
souci était l'expansion de la civilisation germanique.
L'église devait aussi contribuer à
l'amélioration des conditions matérielles de ceux qu'elle
cherchait à transformer. Dans cette perspective,
l'évangélisation devenait synonyme d'éducation au sens le
plus large du terme.532(*)
Fort de son expérience en Côte d'or, la Mission
de Bâle qui prit la relève de la « Baptist Missionary
Society » considéra l'école comme instrument
très efficace d'évangélisation, comme moyen de lutter
contre la résistance des coutumes ancestrales et conséquemment
comme moyen le plus efficace de gagner les populations à
l'Évangile. C'est dans cette perspective qu'elle entreprit dès
1887 la réorganisation des écoles héritées de la
« Baptist Missionary Society », dans l'espoir d'en tirer
quelque chose.
En 1888 naquit la « NativeBaptistChurch »
issue de la « Baptist Missionary Society ». L'effort
scolaire de ces baptistes autochtones, aidés en cela par les baptistes
allemands de la Mission de Berlin auxquels ils firent appel ne fut pas
négligeable : 634 élèves dans 09 écoles en
1980. Ces écoles étaient disséminées principalement
dans la région de Douala et dans le reste de la côte camerounaise.
De 1888 à 1898, le nombre d'écoles passa de 02 à 133,
tandis que celui des élèves passait de 238 à 3278.
533(*) Au départ,
la case chapelle se confondait avec la première salle de classe de
l'école. La traduction de la Bible en langue Duala était
assurée par Eugen SCHULER de la Mission deBâle.
Les missionnaires catholiques, c'est-à-dire les
Pallotins, qui arrivèrent au Cameroun le 25 octobre 1890
adoptèrent presque la même formule que leurs collègues de
la Mission de Bâle : l'érection d'une station était
toujours suivie de l'ouverture d'une école.
Ils fondèrent leur première station à
Marienberg, qui signifie la colline de Marie, près d'Edéa, le 08
décembre 1890, sur une parcelle de terrain qu'ils achetèrent
à 1200 Marks au chef Toko, et y ouvrirent la première
école l'année suivante.534(*) Ils créèrent des écoles
satellites et des écoles de stations. Comparables aux écoles de
brousse de la Mission de Bâle, les catéchistes avaient pour but
principal d'initier les enfants au christianisme.
Pour les missionnaires Pallotins en effet, c'est la jeunesse
qui allait fonder l'Église du futur. Les jeunes devaient constituer le
ferment de l'évangélisation du Cameroun.535(*) Le succès fut tel
qu'au cours de l'année scolaire 1897/ 1898, le gouverneur JeskoVON
PUTTKAMER, après avoir établi la médiocrité des
écoles de l'administration, céda l'école publique de
Bonebela à la Mission de Bâle.536(*) La première solution fut l'organisation des
cours périodiques de recyclage. La seconde solution fut la
création en 1898, à Bonabéri du séminaire537(*)chargé de la formation
des moniteurs - catéchistes murs physiquement et spirituellement. En
1899, il fut transféré à Buéa. En
réalité, ce sont les meilleurs élèves des
écoles moyennes qui entraient au séminaire.
Ici encore, la répartition horaire donnait à
l'instruction religieuse une importance écrasante : 15 heures sur
26 par semaine. En 1913, les missionnaires Pallotins comptaient au Cameroun 94
prêtres, 36 frères, 29 soeurs, assistées de 223 enseignants
et catéchistes camerounais. En vingt-cinq ans
d'évangélisation538(*), ils avaient baptisé 54 458
néophytes, et laissé 24 545 catéchumènes,
29 259 écoliers, 300 écoles et 314 enseignants
indigènes.539(*)
A ce sujet, la place prépondérante du
missionnaire GÖRING dans l'établissement des relations avec le Roi
NJOYA est significative(1-). Cependant, cette relation
chaleureuse amène à une constatation amère : le
christianisme va s'opposer au pouvoir du Roi NJOYA (2-).
1. La place prépondérante
du missionnaire Göring dans l'établissement des relations avec le
Roi Njoya
De par sa configuration ethnographique, la région de
Foumban constitue une véritable zone de transition géographique,
culturelle et religieuse. Sa position, à la conjonction des cultures
soudano-musulmanes du Nord et des cultures bantoues du Sud forestier, lui
confère un statut particulier dans le dispositif de
l'évangélisation protestante540(*).
Jean-René BRUTSCH541(*), missionnaire de nationalité suisse en
service au Cameroun pour le compte de la SMEP542(*) de 1946 à 1960, a accumulé une
documentation considérable sur le pays BamounBamun543(*). En poste dans la
région de Foumban entre 1954 et 1957, il s'est intéressé
à l'introduction du christianisme dans ce royaume.
Il relève, d'après les notes datées de
1905 du pasteur Ferdinand ERNST de la Mission de Bâle, que c'est
« la présence, devant le palais, d'une mosquée
édifiée pour les Haoussa établis ici depuis quelques
années (qui) incita la mission à projeter sans tarder
l'érection d'une station à Foumban, afin de préserver les
BamounBamunde l'influence musulmane544(*) »545(*). En 1903, la Mission de Bâle
installée à Bali envoya en éclaireurs, pour un court
séjour à Foumban,les pasteursERNEST et LEIMBACHER. En 1906, le
pasteur LEIMBACHER revint, et fut bientôt suivi par le pasteur
GÖHRING qui installa définitivement, avec l'accord du roi, la
Mission de Bâle à Foumban. Par la suite, une école fut
ouverte.Dès le début, et durant tout son séjour en pays
BamounBamun, une grande amitié se développa entre le missionnaire
suisse et le roi autochtone. Une relation faite de cordialité et de
respect mutuel dont les sujets du roi gardèrent un bon souvenir.
Malgré tout, le missionnaire bâlois ne parvint jamais à
obtenir du roi la conversion escomptée546(*). Cela aboutira à la naissance
del'Églisede Foumban547(*).Le missionnaire suisse MartinGÖRING et son
épouse s'installèrent à Foumban le 10 avril 1906, sur le
vaste site de Njissé gracieusement offert par le roi et sur lequel il
renonça à tous ses droits et prétentions.
Ce soutien facilita énormément la
pénétration rapide du christianisme :«
Sitôt installés, les Göring organisèrent une oeuvre
scolaire. Le 25 juin déjà commença l'école des
garçons, avec 60 élèves, puis le 10 octobre l'école
des filles, avec 51 élèves. La « toute »
première église construite devant le palais, là où
s'élevait auparavant la mosquée, fut inaugurée à
Pentecôte 1907. Enfin, le jour de Noël, 1909 eurent lieu les
premiers baptêmes, au nombre de 80 ; puis le lendemain,
l'Église ainsi constituée célébra pour la
première fois la sainte cène »548(*).Le site choisi pour
l'Église de Foumban sera celui des collines de Njissé.
HenriNICOD549(*) en parle d'ailleurs, sous forme romancée,
dans « Mangweloune.La danseuse du RoiNjoya » :
« Non loin du palais, dominant le village de NJIMofen et celui des
servantes, se dressait la haute et aride colline de NJIssé. Le Mfon
l'offrit à ses nouveaux amis. Sans perdre de temps, les missionnaires
rassemblèrent les pieux, les nervures de palmiers, le chaume
nécessaire à la construction de maisons provisoires. Les cases
terminées, les deux artisans s'en allèrent pour laisser la place
à un prédicateur, le pasteur Ring, accompagné de sa femme.
Souvent, M. Ring se rendait au palais pour s'entretenir avec le Mfon et ses
conseillers. Seuls, les hommes étaient admis, mais Mahma, Wamben et le
roi lui-même enseignaient aux femmes et aux enfants les récits que
leur faisait le pasteur550(*). Avec l'aide du Mfon, une vaste hutte fut construite
sur la colline. Njoya, à la demande de M. Ring, ordonna à ses NJI
d'envoyer des enfants pour qu'ils fussent instruits.Les notables n'y mirent
cependant pas beaucoup de zèle. Préférant garder avec eux
leurs propres enfants, ils donnèrent des fils de serviteurs ou
d'esclaves pour tenter une expérience sans grande importance à
leurs yeux.Les mères de famille retenaient leurs petits à la
maison, craignant qu'il leur arrivât malheur sur la colline. On la disait
hantée par des vampires depuis que les Blancs s'y étaient
fixés. Ceux qui devaient pourtant s'y rendre étaient
frottés de poudre rouge pour les protéger des mauvais sorts.
Bientôt, soixante enfants gravirent chaque jour les pentes de la colline
pour aller s'instruire chez les Blancs. Prêchant d'exemple, le roi avait
donné six de ses propres fils. Des adultes aussi montaient à
Njissé pour y apprendre les récits bibliques. Les enseignements
du Christ plaisaient beaucoup au roi et aux conseillers du palais. Ils
exprimèrent le désir d'être baptisés. Mais ce
n'était pas facile. Le missionnaire disait qu'un homme ne peut
être baptisé que s'il connait la loi de Dieu, y soumet sa
vie551(*) ».
L'histoire révèle qu'en 1907, le roi
avait déjà envoyé 60 enfants à l'école. Le
25 décembre 1909, il y a 80 candidats au baptême, dont vingt-huit
(28) princesses, vingt-neuf (29) garçons, vingt-trois (23) filles.
Plusieurs autres baptêmes suivirent avec un nombre impressionnant de
filles. Les voix de femmes se font de plus en plus entendre. Nous pouvons citer
celle de l'emblématique Lydia MANGWELOUNE, la danseuse et
dulcinée du roi NJOYA.Cette danseuse jadis la favorite du roi, prend une
position ferme et défend sa nouvelle conviction religieuse, offensant le
roi par son refus de se plier à ses exigences. Il entraîne avec
elle beaucoup d'autres femmes qui résistent à la
répression du roi contre les chrétiens, parce qu'il sentait son
autorité menacée. Par la suite,le christianisme va se heurter au
pouvoir du RoiNJOYA qui va être ébranlé par les valeurs de
tolérance, d'égalité entre les hommes et les femmes,
d'amour et de compassion envers ses ennemis.
Tableau N° 13:
Anna WUHRMANN & Lydia MANGWELOUNE, 02 figures féminines
emblématiques du christianisme en terre BamounBamun.
Anna WUHRMANN
|
Lydia MANGWELOUNE
|
Missionnaire suisse, enseignante et grande photographe. Elle a
immortalisé par ses très nombreuses photos le pays BamounBamun et
l'époque du Roi NJOYA de 1911 à 1922. Née à
Marseille en 1881 de parents suisses, Anna WUHRMANN est élevée
par ses grands-parents en Suisse jusqu'à l'âge de 07 ans. Elle va
à l'école à Bâle, puis ensuite, elle poursuit ses
études dans un internat pour devenir enseignante. Elle commence sa
carrière en 1905 et postule pour la mission évangélique de
Bâle en 1910. La mission de Bâle remplaçait depuis 1886 la
Mission Baptiste de Londres, après la prise de Douala par l'Allemagne
à l'issue du Traité Germano-Duala de 1884.
En septembre 1911, elle est envoyée par la mission au
Cameroun, à l'époque sous protectorat allemand, où elle va
enseigner à l'école des filles de la mission de Foumban jusqu'en
1915. Pendant la guerre, elle est faite prisonnière par les Anglais
pendant plusieurs mois et une fois libérée, elle rentrera chez
elle en Suisse. Mais elle revient au Cameroun en 1920 avec la Mission
Évangélique de Paris et retourne enseigner auprès de ses
élèves de Foumban. Très proche de la communauté
BamounBamun, elle s'attache à changer les conditions personnelles et
sociales des femmes. Son talent missionnaire dépassait à certains
égards celui de ses collègues. Elle fut la première
représentante d'une nouvelle génération de missionnaires
qui se mit à respecter les coutumes africaines et à partager
leurs vues.
Passionnée par la photo, durant ses séjours au
pays BamounBamun, Anna WUHRMANN va prendre de très nombreux
clichés de la communauté BamounBamun, elle va ainsi immortaliser
toute une époque du pays BamounBamun et ainsi constituer de très
belles archives photographiques. Elle réalise de très nombreux
portraits des habitants de Foumban et des membres de la famille royale ;
dans ses portraits, Anna WUHRMANN se passe largement de poses
théâtrales, ses modèles sont rarement en contact visuel
avec la photographe.
En conséquence, les photos ont un caractère
factuel et le documentaire qu'elle complémente d'annotations. Parmi ses
très célèbres clichés, il y a celui de Lydia
MANGWELUNE qui a été publié pour la couverture du livre
d'Henri NICOD, « La danseuse du Roi »... Ainsi
que de très nombreux portraits du Roi Njoya. C'est d'ailleurs sous les
conseils de la missionnaire photographe que le roi achètera son premier
appareil photo. En 1922, elle quitte définitivement le Cameroun et
l'année suivante, se marie avec R. REIN, un professeur allemand. Elle
vit en Allemagne jusqu'à la mort de son mari en 1943 où elle
retourne vivre en Suisse. Anna WUHRMANN est décédée en
1971, elle a écrit de nombreux livres et manuscrits sur le Cameroun et
le pays BamounBamun. Entre autres, « Mein Bamunvolk im Grasland von
Kamerun » en 1925 et « Fumban, die Stadt auf dem Schutte -
Arbeit und Ernte im Missionsdienst in Kamerun » (Foumban, la ville
sur la gravats - Travail et Récolte en Service Missionnaire au Cameroun
en 1948).
|
Née en 1886 dans une grande famille noble du quartier
NJIyouom de Foumban, deuxième fille d'une fratrie de 17 enfants. Son
père NJI MOFEN était un noble exerçant les fonctions de
chef des serviteurs de No PEMBOURA, soeur de NGUNGURE, la mère du Roi
NSANGU, qui était le père du Roi NJOYA. Sa mère MANDU
était cousine du Roi NJOYA dans sa lignée paternelle.
Touchée par l'enseignement chrétien entendu à Foumban,
Lydia obtient du Roi NJOYA un changement de statut. Elle ne sera plus
désormais concubine royale, ni « danseuse du roi »,
mais donnée comme épouse de NJI WAMBEN, un noble au service du
roi. Lydia devient catéchumène. Elle prie, lit la Bible,
écoute avec une vive attention l'enseignement chrétien.Son
comportement change. En 1909, elle reçoit le baptême à
l'âge de 23 ans. C'est alors qu'elle prend officiellement le nom de
Lydia. Elle va rapidement en payer les conséquences sociales, dans un
monde BamounBamun où le christianisme est ultra-minoritaire. Victime des
brimades et des brutalités de son mari, elle perd une partie de son
statut social et souffre dans sa chair. Le départ des missionnaires
allemands en 1915 aggrave sa situation. Les récits biographiqueset
correspondances de l'époque insistent sur la persévérance
tenace de Lydia, qui impose peu à peu le respect autour d'elle par le
calme stoïque dont elle fait preuve devant les humiliations subies. Les
bouleversements géopolitiques engendrés par la Première
Guerre Mondiale conduisent la Mission de Paris à assurer le relais
protestant. Elle s'implante en pays BamounBamun.
Le pasteur français Elie ALLEGRET, après une
visite à Foumban en 1917, envoie un instituteur chargé de mettre
en place un conseil d'anciens. Lydia est appelée à siéger
au milieu du conseil. « Une femme siégeant au conseil des
hommes ! Et avec le même droit de vote ! Une femme, un
être si méprisé chez les païens ! C'était
inouï ! Mais ces chefs de la communauté avaient vu juste et
avaient fait un bon choix ».
Dans une société qui change et s'ouvre, Lydia,
restée sans enfant, va peu à peu infléchir les rapports de
force. Alors que l'islam s'implante aussi, elle incarne avec
détermination et constance un style de vie chrétien. Elle
développe un témoignage en paroles et en actes qui aboutit en fin
de compte à la conversion de nombreuses femmes, mais aussi de son mari.
Ancienne, catéchiste, évangéliste, Lydia prêche par
l'exemple. L'église a eu et continue d'avoir des anciennes, mais celle
dont nous parlons maintenant est une ancienne par excellence. Elle visite les
églises des quartiers et y donne de bons conseils aux
catéchistes, aux catéchumènes et aux chrétiens.
Elle sait consoler les frères affligés. Elle a nourri des enfants
orphelins qu'elle a acceptés volontairement. « Beaucoup de
femmes de catéchistes ont été éduquées par
elle », lit-on dans les archives de la SMEP. Respectée et
écoutée dans toute la région, elle devient peu à
peu une icône du christianisme BamounBamun, alors qu'elle apprend peu
à peu le français, langue des nouveaux colonisateurs. En 1931, la
région BamounBamun compte 31 postes de prédicateurs et 35 lieux
de culte. La progression du christianisme se poursuit, et Foumban compte
aujourd'hui une « MEGA CHURCH » -
« NDAAMBASSIE » - de 14 000 fidèles. Pour les
chrétiens de la région, Lydia est restée une
référence fondatrice. Au-delà de sa personne, elle
représente un idéal d'acculturation douce du christianisme au
début du XXème siècle, dans une société
polygame et multireligieuse marquée par la domination des hommes.
|
Source : « Royaume BamounBamun - Anna
Wuhrmann & Lydia Mangweloune », article publié sur le site
www.facebook.com et
consulté le 11 mars 2021.
2. Le christianisme face
au pouvoir du Roi Njoya
Le christianisme était devenu une menace pour la
souveraineté du monarque qui voyait son royaume fragilisé par la
monogamie et d'autres valeurs prônées par l'Évangile.En
plus, les cahiers du missionnaire allemand GÖRING ont
révélé la trahison des secrets du royaume aux
Blancs : « Un jour le sultan avait appris par son premier
fils Forifum que les chrétiens écrivaient L'histoire du pays
bamounBamun et aussi comment le feu sultan Mbuembue avait fait volé
« Vu-Ngou » grand pagne de 50 fadames pour la grande danse
coutumière Njà chez les Bansoqui écoutaient venus pour
vendre aux Rois, et aussi L'histoire de la guerre de Banso où mourut le
Sultan Nsangu avec tous ses frères même mère... Le Sultan
était très fâché quand il a appris que les
chrétiens parlaient et écrivent tout ce qui était mauvais
dans le pays, donnaient aux étrangers pour qu'ils puissent voir la base
des secrets du pays... (Sic)552(*) ».
Le roi-sultan découvre en effet avec
stupéfaction et colère au lendemain du départ des
Bâlois, le contenu de révélations faites aux missionnaires
par ses sujets d'obédience chrétienne sur les coutumes du
pays : « C'est vous qui détournez les enfants de mon
pays pour les donner aux Blancs553(*) ?», se serait-il exclamé avant de
leur rappeler : « Ce (n'est) pas moi qui avait voulu que le
missionnaire monsieur Göring arrive dans mon pays ? Pourquoi mon pays
est dérangé par vous ? Pourquoi me (faites-) vous
honte ? Surtout devant les inconnus ! Ce n'est pas moi qui est votre
Dieu (sic) ainsi que (pour) tous les BamounBamun554(*) ? »
Par la suite, la tentative de NJOYA pour reconquérir
son hégémonie symbolique sur les chrétiens revêtit,
lors du départ des missionnaires Bâlois, les traits d'une campagne
de séduction. Le roi ouvrit des écoles et des commerces où
il employa des convertis, donnant ainsi des gages de sa capacité, sinon
à se substituer, au moins à compenser le vide créé
par la défection forcée des missionnaires.
Aux jeunes, il promit en mariage des filles issues des hauts
rangs de la société.Ce régime de faveur fut toutefois
tempéré par des sanctions physiques et des tortures morales
à l'encontre des « Gha Pkù tu » (mot
à mot « ceux à la tête dure »,
autrement dit « les têtus »), ainsi que furent
désignés les chrétiens, considérés comme
particulièrement récalcitrants et subversifs, du fait d'une
collaboration coupable avec les Blancs.
Le constat de l'existence de discours parallèles tenus
par les chrétiens, perçus comme une remise en cause de la
légitimité de son autorité, déchaina la fureur de
NJOYA.
Des perquisitions opérées aux domiciles des
chrétiens furent l'occasion de confiscation et de destruction publiques
de documents dont furent exemptées les Bibles555(*).
Des bastonnades suivies de déportations conduisirent
nombre de chrétiens à abjurer, souvent de façon
temporaire, parfois de façon définitive.Aussi énergique
que fut l'intervention de la SMEP556(*) et malgré la réaction
sévère de l'administration française qui, en guise de
représailles, destitua NJOYA en 1924 et l'exila en dehors de son royaume
en 1931, la majeure partie des chrétiens passés à l'islam
ne revinrent jamais dans les rangs du christianisme.
Plus que les sévices corporels, la violence de
l'imprécation lancée par le souverain à leur endroit
à la veille d'être déporté, dut à la fois
doucher l'enthousiasme et altérer la foi des convertis :
« Je marcherai sur vos tombeaux avant ma mort557(*) », leur
aurait-il jeté, avant d'ajouter, sentencieux :
« N'oubliez pas que c'est Dieu lui-même qui m'a
placé roi sur cette terre. Vos villages, vos maisons, vos familles,
seront détruites (...). Si je mourrai sans le faire, mon enfant le
fera558(*) ».
L'impact de cet anathème fut si grand que
lorsqu' Elie ALLÉGRET, aumônier militaire envoyé avec trois
autres coéquipiers par la SMEPen 1917 pour étudier les conditions
de la reprise du champ de mission du Cameroun, arriva au pays bamounBamun, la
florissante communauté chrétienne qu'avaient
édifiée les Bâlois se réduisait à une
douzaine de membres559(*) sur une communauté de 272 membres en
1914560(*).
Parmi ces rares fidèles se trouvaient
MoséYÉYAP561(*), cousin et premier contradicteur du Roi NJOYA.
Dans la suite de notre travail, nous aborderons la
thématique du Roi NJOYA et la prise en compte de la
« supériorité » des agents coloniaux
allemands.
B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE
LA « SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS
COLONIAUXALLEMANDS561(*)
La force allemande au Cameroun se trouvait sous la direction
du Colonel ZIMMERMANN et comptait 1.200 « Polizeitruppe »
dirigés par 30 officiers allemands et 1.550 soldats dirigés par
185 Allemands... Bien que le Colonel ZIMMERMANN se retirât en
GuinéeEspagnole. En 1915, les forces allemandes du Nord-Cameroun
refusèrent de capituler.
Après une attaque infructueuse contre la forteresse
allemande de Garoua, lancée par les Alliés en août 1914,
Garoua fut prise finalement en juin 1915. En février 1916,une
expédition anglaise menée par le Colonel CUNLIFFE contraignit les
forces allemandes de la Forteressede Mora à capituler. Son premier
représentant, installé comme on l'a vu par NACHTIGAL, envisage
une petite force militaire symbolique : dix à vingt officiers
secondés par trois à quatre cents hommes de troupe.
Quelle était la pratique de la
« guerre » selon l'administration coloniale
allemande et le savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux
artisans BamounBamun(1- )?
Par la suite, nous évoquerons l'imprégnation de
la culture européenne à la production artisanale
BamounBamun(2-).
1. La pratique de la
« guerre » selon l'administration coloniale allemande et le
savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux artisans BamounBamun
Ce n'est donc pas - et nous l'avons
déjà signalé plus haut - sans coup férir que les
Allemands vont envahir, traverser ou occuper l'intérieur du pays. Comme
le fait justement remarquer RUDIN561(*),« le soldat devrait
précéder ou du moins accompagner le
commerçant ». Ainsi, le 16 novembre 1891, les
autorités coloniales allemandes décident la création d'une
force de police, la « Polizeitruppe », composée
essentiellement d'Haoussas, de Dahoméens ramenés de leur pays et
engagés pour cinq ans. Il s'agit en fait d'esclaves arrachés
à leurs maîtres sur la côte du Bénin et qui
recouvrent leur liberté après cinq ans de service dans la police.
Mais, très vite, leur nombre s'avère insuffisant face à la
multiplicité des points de
« pacification ».
En outre, mal payés, mal nourris et humiliés par
la bastonnade publique infligée à leurs femmes, les policiers
dahoméens se révoltent contre leurs chefs562(*). La responsabilité de
cette révolte incombe à LEIST, remplaçant
intérimaire du gouverneur ZIMMERER en congé. Le scandale fait
tant de bruit dans les milieux coloniaux qu'un débat est ouvert au
Reichstag sur l'opportunité d'installer des troupes
régulières au Cameroun. La loi, adoptée le 9 juin 1895,
stipule que ces troupes dépendent de la marine et doivent coexister avec
les forces de police.Mais elles diffèrent de celles-ci par l'uniforme,
l'organisation et l'entraînement, toutes choses qui ne peuvent que
susciter de la rivalité entre les deux corps de troupes.
Malgré son inefficacité opérationnelle,
la police joue un rôle politique important. Elle permet de camoufler
l'aspect militaire de la colonisation et remplace l'armée dans les
régions "pacifiées". En 1914, l'ensemble des forces militaires et
de police se présente ainsi :1200 policiers sous les ordres de
trente Allemands, et 1550 militaires encadrés par 185 officiers. Cet
accroissement des forces de l'ordre s'explique par les difficultés
rencontrées dans la conquête de l'Adamaoua et l'activisme de la
société coloniale563(*). En 1906, c'est au tour des missionnaires allemands
de s'installer dans la région. Ils vont faire profiter les artisans
BamounBamun de leur savoir-faire dans les domaines de la menuiserie, de la
construction564(*).
NJOYA, dont le père, le roi NSANGU, avait
trouvé la mort au cours de l'une des nombreuses batailles qu'il menait
contre ses voisins, descendant d'une dynastie à l'histoire
mouvementée, agit très tôt en homme politique avisé.
Il comprit l'intérêt qu'il y avait à s'associer les faveurs
des Allemands des points de vue politique, militaire et économique afin
d'accroître la puissance du royaume BamounBamun, de le défendre
des attaques étrangères et surtout de rehausser son prestige
personnel.
LesAllemands furent très rapidement chez eux à
Foumban ; en échange de l'aide qu'ils lui apportaient, NJOYA
accéda à leur désir de fonder une mission protestante, un
templepuis une école. Il obtint des Allemands de nouvelles semences,
développa la culture du palmier à huile et du coton ce qui lui
permit d'intensifier la pratique du tissage et la production textile.
Certains traits de la culture européenne
imprégnèrent rapidement les productions BamounBamun :
frappé par l'architecture de la résidence du gouverneur, NJOYA
entreprit de construire à Foumban un palais au faste et au style
comparables.
2. L'imprégnation de la culture
européenne à la production artisanale BamounBamun
L'influence allemande se traduit essentiellement dans
l'architecture565(*),
les bâtiments édifiés par les germaniques ayant
été sauvegardés malgré les émeutes,
contrairement aux constructions françaises démolies les unes
après les autres.
L'organisationde l'État du Cameroun reste
calquée sur son modèle français.566(*) Si les contacts avec les
Peuls avaient entre autres apporté l'écriture ainsi que l'art du
tissage et de la broderie, les relations avec les Allemands
s'accompagnèrent elles aussi d'innovations techniques dont les
retombées se manifestèrent immédiatement dans les arts.
Les étrangers introduisirent la scie dont l'usage modifia sensiblement
l'architecture en permettantla fabrication de portes, fenêtres et
panneaux ornés de motifs « champlevés ».
Papier, encres et couleurs permirent le développement de la peinture et
du dessin. Le roi passait commande aux artisans pour enrichir et embellir son
palais ou honorer ses hôtes.
Foumban devint sous le règne de ce monarque un lieu
réputé de rassemblement d'artisans venus de toute la
région : les touristes européens, en souvenir de leur passage, y
achetaient des objets dont la production leur était déjà
destinée.
Foumban abrite maintenant un musée des Arts et
Traditions BamounBamun là où se tenait le Centre de l'Institut
français d'Afrique noire. Les artistes sont toujours nombreux à
Foumban. Ils exposent publiquement des oeuvres où les portraits de NJOYA
ont souvent la place d'honneur. Mais il faut toujours reconnaître que le
peuple BamounBamun a toujours été un précurseur dans le
savoir-faire technique et n'ont pas attendu la présence
étrangère pour briller.
L'auteur évoque également deux
personnalités artistiques qui doivent elles aussi leur existence et leur
reconnaissance à l'entreprise patrimoniale de NJOYA :
AdamouMFONSIÉ et IbrahimNJOYAdésormais célèbres en
pays BamounBamun et même au-delà. Le premier, descendant de
sculpteurs et de fondeurs, fut l'un de ces artisans au service du roi qui
contribuèrent à la construction de son nouveau palais, en dessina
les plans et en sculpta les portes et les fenêtres. Après la mort
du souverain, il exécuta pour le musée et la préfecture
des panneaux muraux à thème narratif567(*). Le second se fit
connaître à la fin des années 1920 pour ses dessins et
peintures dont l'ouvrage offre quelques reproductions.
Ses oeuvres partagent le caractère épique des
bas-reliefs de MFONSIÉ et annoncent une tradition picturale et murale
qui s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Les oeuvres de MFONSIÉ
et de NJOYA, au croisement de deux mondes, d'inspiration à la fois
africaine et européenne, ne manquent pas d'évoquer par leur style
le syncrétisme des ivoires « bini » ou
« sapi-portugais » du XVIème siècle. Elles
mériteraient à elles seules une étude que le livre incite
à poursuivre.
On retiendra des dessins de NJOYA les visages de souverains
vus de face et directement inspirés de ceux des masques aux grands yeux
en amande ourlés de paupières qui contrastent avec les profils de
certaines femmes, calqués sur ceux des silhouettes féminines aux
cheveux courts et profils grecs des images de journaux ou de publicité
des années 1920568(*).L'un des exemples les plus marquants de cette
hybridité artistique reste la case à passagers de Foumban.
Le plan de cette vaste demeure destinée à loger
les voyageurs est celui d'une maison coloniale avec véranda ceinturant
le bâtiment, munie d'un parapet, ombragée par des canisses ou des
nattes et accessible par un vieil escalier arrondi ; celui-ci est bordé
de rampes en briques avec têtes de départ décoratives en
poterie569(*).
Un espace que l'on pourrait presque qualifier de jardin
à la française s'étage devant l'« hôtel
» : au centre, un massif végétalisé entouré
d'une allée de graviers circulaire conduisant à l'escalier et des
plates-bandes sur les côtés. La réalisation est
entièrement constituée de matériaux locaux, sauf les
briques de l'escalier et avec les techniques de construction typiques de
l'architecture BamounBamun570(*).
CONCLUSION DU CHAPITRE
I
Ce chapitre qui s'achève avait l'ambition de retracer
les débuts de la colonisation allemande au Cameroun. Pour y parvenir,
nous avons relevé le principe de l'hinterland et l'implantation
progressive de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs
traditionnelsBamounDuala et Bamun.Concernant les chefs Duala, nous avons
établi la chronologie des différents cantons qui constituent sa
structure sociale à savoir le canton BELL, AKWA et DEÏDO.Dans ce
contexte,on ne peut nier la participation majeure des commerçants et des
négociants allemands dans la prise de contact avec les chefs Dualaqui va
aboutir à la signature de dizaines de traités dont le plus
célèbre est celui du 12 juillet 1884. Ce traité marquera
d'ailleurs l'entrée du Cameroun sur la scène internationale.A ce
stade, nous avons évoqué l'origine du peuple BamounBamun, qui
doit son création au jeune prince TikarNCHARE YEN ainsi que la naissance
deux autres dynasties à savoir le peuple Bafia et le peuple Bansoh. Par
la suite, le royaume BamounBamun va s'établir de manière durable
grâce aux différentes conquêtes établies dont celle
du village de Njimom. Partant de là, le Roi NJOYA, en tant que souverain
BamounBamun, accueillera les agents allemands en 1902, ce qui marquera les
premiers contacts de ce peuple avec les Européens. Les premiers agents
seront les soldats et les missionnaires qui établiront dans un premier
temps des relations cordiales voire chaleureuses avec le souverain. Et
l'exemple le plus illustratif est celui du missionnaire GÖRING et du Roi
NJOYA. Mais des dissensions ne tarderont pas à apparaître, et tout
particulièrement, dans le domaine de la religion ; les pratiques
religieuses chrétiennes seront sans cesse opposées aux pratiques
coutumières traditionnelles telles que la polygamie ou la peine de
mort.La remarque générale qui se dégage de ce chapitre est
que le principe de l'hinterland a permis à l'Allemagne à travers
la Conférence de Berlin de conquérir les terres africaines dont
le Cameroun. Les peuples autochtones dont les BamounBamun et les Duala ont vu
leur équilibre sociétal s'effriter mais cela ne les a pas
empêchés d'en tirer profit à un titre ou à un
autre.Chaque potentat africain sera à la recherche de son profit
personnel au détriment des autres, ce qui conduira à la
facilitation et l'asservissement de tous les pouvoirs locaux. Cette analyse
nous permettra dans la suite de notre travail, d'aborder les dynamiques et les
logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs
politiques traditionnels BamounDuala et Bamun.
CHAPITRE II :
LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE DOMINATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS
BAMOUNDUALA ET BAMUN
Ce chapitre se consacre à la présentation des
dynamiques et des logiques de domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun.
Pour cela, il débute par la logique conflictuelle des
relations entre les chefs Duala et les colonisateurs allemands. Par la suite,
il nous permet d'apprécier celle de la coopération entre le
SultanatBamounBamun et les agents coloniaux allemands.
Cette présentation des dynamiques et des logiques de
domination nous permettra d'apprécier, à leur juste valeur, les
transformations profondes consécutives à la domination coloniale
et aux tentatives d'encadrement des pouvoirs locaux. Donc, l'examen porte
successivement sur les dynamiques et logiques conflictuelles entre
l'administration coloniale allemande et les chefs Duala(Section
I), et sur les dynamiques et logiques conflictuelles entre
l'administration coloniale allemande et le SultanatBamounBamun(Section
II).
SECTION I : DYNAMIQUES ET LOGIQUESCONFLICTUELLES :
CAS DES CHEFS DUALA
La société est histoire. Elle est constamment
engagée dans un mouvement historique dans une transformation
d'elle-même, de ses membres, de son milieu, des autres
sociétés avec lesquelles elle est en rapport. Elle suscite, subit
ou accueille sans cesse des forces externes ou internes, qui modifient sa
nature, son orientation, sa destinée.
Que ce soit d'une manière brusque, lente ou
imperceptible, toute société connait chaque jour des changements
qui sont plus ou moins en harmonie avec son passé et suivent un destin
ou un projet plus ou moins explicite571(*).
L'accès au commerce et le stationnement des navires
marchands étaient par ailleurs subordonnés au paiement des chefs
côtiers d'une charge du nom de « Kumi » ou
« Comey ». Mais le plan des Malimba d'arrêter et de
tuer tous les commerçants allemands établis au bord du fleuve ne
réussit pas, ces derniers ayant pris la fuite pour regagner Douala.
Lorsque l'explorateur Kurt VON MORGEN arriva dans ce territoire hostile
quelques jours seulement après, il fut aussitôt pris pour cible
par les Malimba.
Le 18 janvier 1890, YAMBE, le chef supérieur des
Malimba débarqua subitement à la factorerie Woermann
accompagné d'un deuxième chef rebelle, avec deux grandes pirogues
de guerre remplies de guerriers dont la plupart sont armés de fusils
modernes à culasse... Dès que les guerriers Malimba descendirent
de leurs pirogues, VON MORGEN donna l'ordre à ses hommes de s'emparer
d'eux. Mais l'arrestation dégénéra en bataille parce que
les Malimba essayaient de se défendre.
Selon les indications de VON MORGEN, il y eut une trentaine de
morts dont le chef YAMBE, et de nombreux prisonniers dans le camp adverse. La
conséquence immédiate, la plus importante d'ailleurs, de
l'anéantissement de la révolte des Malimba, qui, nous l'avons
souligné, constituaient une barrière commerciale, fut la
liberté de commerce sur toute la Sanaga inférieure.
Cette liberté du commerce fut
matérialisée par la signature du traité entre le
gouverneur Eugen VON ZIMMERER venu de Douala pour la circonstance, et les
Bakoko représentés par leurs chefs qui achetaient les produits
aux Edéa pour les revendre aux Malimba. C'est ainsi que le cours
inférieur navigable de la Sanaga fut désormais ouvert au commerce
jusqu'aux chutes. Peu de temps après, il fut possible à WOERMANN
d'ouvrir une factorerie aux chutes mêmes où il pouvait acheter
l'ivoire moitié moins cher qu'à l'embouchure du fleuve. Issus du
grand Empire du Bornou, les Kanouri comptaient parmi les marchands et les
artisans les plus rompus du Soudan central.
Avec leurs caravanes d'ânes chargées d'articles,
ils sillonnaient les pistes de ces contrées du nord au sud, vendant les
produits du Sahel, à savoir le sel, le natron, les parfums, les perles
et les vêtements brodés, contre ceux de la savane, notamment les
peaux, la teinture rouge, la cola, l'ivoire, mais surtout les esclaves dont
l'Adamaoua était de loin le plus grand pourvoyeur de tout l'Empire peul.
Le comité économique colonial décida de se faire
renseigner par une mission spéciale, la Deutsche
Niger-Benue-Tsadsee-ExpÉdition. Celle-ci quitta Hambourg le 11
février 1902, avec pour objectif d'étudier les
procédés commerciaux en usage dans le Nigéria, de remonter
la Bénoué pour en analyser le transit, de séjourner un an
à Garoua et d'inventorier les ressources économiques de la Haute
Bénoué,du Logone et du Chari.
A la fin de l'expédition, FritzBAUER, le chef de
l'équipe, envoya à Berlinun volumineux rapport sur la valeur
économique de l'Adamaoua et du Bornou. On peut distinguer deux voies de
pénétration du commerce allemand dans l'hinterland nord du
Cameroun : la voie Niger-Bénoué navigable jusqu'à Garoua,
et la voie terrestre, c'est-à-dire à partir de la
côte.Dès qu'une personne était proclamée chef par
les autorités coloniales, il recevait des documents officiels, un
livret, 572(*)une canne,
des chapeaux, des drapeaux et des uniformes. Le
« Hauptlingsbuch » du chef contenait diverses informations
pour les administrateurs allemands comme le nom du chef et la distance
séparant son village de la station administrative la plus proche.
En vue de collaborer étroitement avec les chefs, un « jour des
chefs »573(*)fut
déclaré dans chaque district.
A Douala, par exemple, le « jour des chefs »
était le mercredi et le lieu des réunions, le plateau de Joss. Au
cours de telles réunions, les administrateurs allemands rappelaient aux
chefs leurs devoirs envers le régime. De leur côté, les
chefs rendaient compte aux administrateurs des évènements
survenus dans leurs régions respectives. Afin d'exécuter les
ordres de l'administration, les chefs s'appuyaient sur la « Polizeiwalt
», la police coloniale. Celle-ci était responsable du maintien de
l'ordre public et agissait comme une force coercitive sur la population. Les
autorités coloniales utilisèrent les «
Machtcaberschiedsgericht », une institution judiciaire pour intervenir
dans les affaires politiques locales, et pour manipuler les chefs
traditionnels.Le siège de cette institution se trouvait à
Garoua.
JacquesLOMBARD pense que l'étude de la position du chef
dans le régime colonial ne donne pas seulement à la recherche un
moyen d'élucider le fait politique traditionnel ; elle permet aussi
de mettre en valeur une des formes d'opposition les plus complexes à la
situation coloniale. Cette dernière a déterminé en effet
un ensemble de réactions issues du groupe colonisé, qui ont
varié selon les époques, selon la nature des
sociétés précoloniales, enfin selon la forme de tutelle
imposée par le colonisateur574(*). Pour lui en effet, la colonisation apparaît
avant tout comme une domination politique affectant en premier lieu le statut
des anciens dirigeants de la société colonisée575(*)576(*).Il suffisait de leur enlever le monopole du commerce
intermédiaire - monopole que les Duala s'étaient
réservés et qui leur avait été reconnu avant la
signature du traité de protectorat - pour les réduire à la
pauvreté et pour faire d'eux des autorités vidées d'une
importante partie de leur substance577(*)578(*).
Par la suite, nous étudierons la question
foncière liée à l'expropriation des terrains
(Paragraphe I) et des sanctions encourues en cas de
désobéissance des chefs Duala(ParagrapheII).
PARAGRAPHE I :LA
QUESTION FONCIÈREOUL'EXPROPRIATION DES TERRAINS
La propriété foncière579(*) est un type de
propriété qui concerne les biens immobiliers au sens juridique,
c'est-à-dire « qu'on ne peut déplacer », ce
qui inclut les terrains bâtis ou non bâtis, les bâtiments et
les meubles incorporés au bâti580(*).
Et à ce titre, un régime foncier581(*) est le régime
juridique ou coutumier qui définit les relations d'appartenance d'une
terre et ses ressources par rapport à un individu ou à un groupe.
Il détermine qui peut utiliser la terre, pour combien de temps et dans
quelles conditions.Leur usage peut être fondé tant sur des
lois et des politiques officielles que sur des coutumes informelles582(*).
Mais concernant les terrains des chefs Duala, peut-on parler
d'expropriation ou plutôt de confiscation583(*) voire de
dépossession584(*) ? En droit, l'expropriation585(*) est une opération
tendant à priver, contre son gré, un propriétaire foncier
de sa propriété. De nos jours, ce terme désigne le plus
souvent une expropriation pour cause d'utilité publique. Concernant la
confiscation, on peut la définir comme une sanction
décidée par une autorité qui s'approprie les biens d'une
personne ou d'une entreprise sans contrepartie. La confiscation se
différencie des autres formes de dépossession, comme
l'expropriation ou la saisie, par son objectif de sanction. Elle se
différencie aussi de l'amende qui doit être payée sous
forme d'une somme d'argent alors que la confiscation touche un ou plusieurs
biens particuliers.
Quant à la dépossession, c'est une action qui
consiste à priver quelqu'un d'un bien586(*)par un moyen coercitif, illégalement, ou
injustement. La dépossession peut également, dans une certaine
mesure être volontaire587(*)588(*).
De manière générale, la dépossession implique un
mode de transfert de propriété ou de valeur d'usage ou de
service, qui s'oppose au partage d'un bien commun, à l'échange,
au don ou à l'acquisition. La dépossession sous-entend que
l'on dépossède autrui ou une personne ou une entité en
particulier. Elle passe par l'appropriation d'un territoire, de ressources
naturelles, d'un bien, d'un service, d'une information589(*).
La dépossession peut concerner un patrimoine
immatériel tel que l'histoire ou la langue d'un groupe humain, ainsi
privé de ses racines, phénomène fréquent dans les
stratégies de conquêtes territoriales590(*) ou encore le patrimoine
alimentaire591(*), en
Afrique notamment592(*).
Au vu des précédentes définitions, on
peut dire qu'on remarque non seulement une expropriation des terrains mais
aussi une dépossession matérielle et
immatérielle593(*) qui concerne également le fait pour les
populations autochtones de perdre leurs racines, leurs traditions, leurs
coutumes.
En d'autres termes, les Duala ne perdaient pas seulement leurs
habitations mais aussi leurs habitudes culturelles, communautaires,
quotidiennes(A-) mais vont se voir placés dans des
quartiers dits indigènes tandis que les Européens seront
logés dans des quartiers dits blancs (B-).On assistera
donc aux revendications des chefs Duala suite au non-respect des clauses des
traités Germano-Duala(C-).
A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES
MISSIONNAIRES ET LES AGENTS COLONIAUX
Dans la suite de notre étude, nous
évoquerons les dispositions de l'administration coloniale allemande
concernant le plan d'expropriation de la ville de Douala(1-)
qui iront à l'encontre des droits inaliénables des chefs
Duala(2-).
Partant de là, l'opposition la plus vive à la
domination coloniale allemande au Cameroun vint des Duala. La résistance
Duala face au pouvoir colonial résida dans les causes suivantes :
1) LesAllemands éveillèrent
l'hostilité des duala en leur imposant plusieurs impôts parmi
lesquels : l'impôt de capitation de 1903 qui fut remplacé en
1908 par la taxe sur la hutte. L'impôt de capitation fut à nouveau
réintroduit en 1911.
2) Les Duala refusèrent d'être
utilisés en tant que porteurs.
3) LesAllemands abrogèrent le monopole
d'intermédiaire dont les Douala jouissaient depuis l'époque
anglaise.
4) La décision allemande de procéder
à l'expropriation des terrains duala. Cette décision
réunit l'ensemble des Duala contre l'administration coloniale
allemande.
Selon les Duala, le traité Germano-Duala de juillet
1884 ne conférait pas aux Allemands le droit exclusif de possession de
terrains. Toutefois, en 1888, VON SODEN fut désigné pour
déterminer les conditions dans lesquelles les Européens pouvaient
acquérir des terrains.
1. Les dispositions de l'administration
coloniale allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la
ville de Douala
En juin 1896, un DécretImpérialdéfinit
toutes les terres inoccupées comme appartenant à la Couronne. Les
Duala considérèrent cette démarche comme contraire au
traité Germano-Duala du 12 juillet 1884. En 1902, des commissions
foncières furent constituées pour déterminer les besoins
des autochtones en terrains et pour ériger des bornes entre les terrains
appartenant aux populations indigènes.
Cette mesure permit aux Allemands d'occuper tous les terrains
inoccupés, et provoqua la colère des populations indigènes
duala en décidant de dresser un plan pour l'expropriation de leurs
terres.
Le Gouverneur SEITZ fut soutenu dans son plan d'expropriation
par le chef du district de Douala, RÖHM. Selon le plan d'expropriation de
1910 :
1) Les Duala recevaient 40 Pfennigs par m² à
titre de compensation ;
2) L'administration coloniale deviendrait le
propriétaire des terres de Douala dans un délai de cinq
ans ;
3) En plus de la compensation (très mince) les
indigènes devaient aussi être dédommagés pour leurs
huttes ou pour leurs maisons ;
4) Les indigènes seraient réinstallés
hors de la ville de Douala à une certaine distance du fleuve Cameroun et
séparés des Européens par une bande de terre dans un rayon
d'un kilomètre ;
5) La ville serait réservée aux
Européens ;
6) La cohabitation entre les Européens et les
indigènes devait être supprimée594(*).
La décision d'exproprier les terres Duala s'appuyait
sur des motivations raciales, économiques et sanitaires. D'un point de
vue racial, les colonisateurs allemands soutenaient la
ségrégation. Ils craignaient que la cohabitation n'amène
les indigènes à demander l'égalité sociale et
politique.
Sur le plan économique, les autorités coloniales
allemandes voulaient empêcher les Dualade profiter de la vente de leurs
terrains par spéculation. En ce qui concernait les raisons de
santé, le médecin-chef de l'administration coloniale, le Dr.
ZIEMANN craignait que la cohabitation entre la population indigène et
les Européens fût préjudiciable aux derniers.
Selon lui, 72 % des indigènes souffraient de la
malaria. Le médecin-chef soutenait que seule l'expropriation des terres
duala et la réinstallation des indigènes dans un endroit plus
éloigné protégeraient les Européens du
fléau. Cependant, le monopole d'intermédiaire dont les Duala
jouissaient dans le commerce côtier ayant été brisé,
la plupart des indigènes avaient abandonné le commerce et
considéraient les terrains comme leur principale source d'existence.
Toute mesure d'expropriation risquait de conduire à la violence. En
dépit de l'opposition de nombreux Européens et de
sociétés missionnaires basées à Douala au plan
d'expropriation, l'administration coloniale refusa d'y surseoir.
En novembre 1911, les Duala envoyèrent une protestation
au Reichstag qui malheureusement n'aboutit à aucune réaction
favorable du Gouvernementallemand.
2. Les motifs d'opposition des chefs
Duala à l'expropriation de leurs terres : une atteinte à
leurs droits inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur
identité séculaire...
Ainsi, dans une autre lettre de protestation des chefs Duala
au Reichstag écrite en mars 1912, les chefs fondèrent leur refus
d'expropriation de leurs terrains sur les motifs suivants :
1) Ils trouvaient inadmissible d'abandonner leur
héritage précieux, légué par leurs ancêtres,
pour un prix ridiculement bas ;
2) Dans l'hypothèse d'une vente forcée, les
chefs pensaient que les autochtones devraient recevoir au moins deux fois le
prix proposé au lieu de 40 Pfennigs par m² ;
3) Les chefs soutenaient que l'administration coloniale
voulait les récompenser avec des terrains qui, au départ, leur
appartenaient pour leurs cultures. A cet égard, les chefs
prétendaient que les indigènes trouvaient difficile à
comprendre pourquoi et comment leurs terrains de culture hérités
de leurs ancêtres étaient devenus la propriété du
gouvernement ;
4) Les chefs indiquèrent qu'ils étaient
prêts à fournir de l'argent au trésor colonial comme ils
l'avaient fait auparavant. De plus, ils promettaient de satisfaire autant que
possible les demandes en terrain des entreprises privées après
négociation.
Les chefs terminèrent leur lettre de protestation en
demandant au Reichstag d'annuler le plan d'expropriation. Malgré ces
protestations, les autorités coloniales allemandes appliquèrent
l'Acte d'expropriation en janvier 1913. (Voir Annexes 6 & 7& 8qui
sont des croquis qui portent respectivement sur le développement des
quartiers africains, celui des quartiers européens et met en relief
côte à côte la zone européenne à la zone
africaine).Les Annexes 6& 7& 8montrent la détermination des
autorités coloniales allemandesà s'approprier la ville et
à bénéficier des espaces jugés praticables au
détriment des peuples autochtones Duala, sans tenir compte de leurs
habitudes sociales et culturelles. Leur seule préoccupation est de faire
de Douala, une ville économiquement viable et socialement accueillante
pour ses ressortissants, d'où la démarcation entre
« quartiers indigènes » et quartiers blancs.
D'après cet Acte :
1°903 hectares furent
expropriés ;
2° 37 hectares supplémentaires de terrains ne
furent pas expropriés. Ces terrains devaient toutefois être
exploités exclusivement par les allogènes ;
3° l'expropriation des terrains duala devait
être terminée dans un délai de cinq ans ;
4° les indigènes avaient reçu un
délai d'un mois, à partir de la date de modification
d'expropriation le 15 janvier 1913, pour introduire un dossier de
protestation.
A la suite de l'application de l'Acte, le Prince Rudolf DUALA
MANGA BELL, qui avait succédé à son père MANGA
NDUMBE, en qualité de roi du clan Bell en 1910, envoya une
pétition au Reichstag, pétition dans laquelle il protestait
contre cet acte. Pour les Duala, l'expropriation était une violation du
Traité Germano-Duala de juillet 1884.Jusqu'au traité
deVersailles, les Dualacontinuèrent contre le colonisateur la lutte
qu'ils avaient engagéeau moment de l'urbanisation de la ville.
Forts du succès qu'ils avaient obtenu auprès du
Reichstag avant la mort du chef BELL : la suspension provisoire des
travaux d'urbanisme, certainement encouragés par les sympathies que leur
témoignèrent de hauts fonctionnaires allemands, notamment le
gouverneur ThéodoreSEITZ entre autres.
Ils profitèrent vraisemblablement de la guerre, qui
leur apparaissait comme un chaos dans la société
européenne, pour en terminer, dans un dernier face à face, avec
une colonisation qui les bloquait de toutes parts595(*). D'une part, en
assouplissant l'administration par l'affectation de crédits globaux
à chaque district afin que ceux-ci en disposent librement suivant leurs
besoins.596(*)
Selon les autorités coloniales pourtant, le
traité Germano-Duala donnait au gouvernement « le droit de
gestion » qui atténuait l'effet de la clause stipulant que
« les terrains cultivés par nous et les emplacements sur
lesquels se trouvent des villages doivent rester les propriétés
des possesseurs actuels et de leurs descendants ». Bien que les
autorités coloniales allemandes refusèrent d'autoriser le voyage
d'une délégation de Duala en Allemagne pour présenter les
doléances des autochtones, NGOSSO DIN partit en secret en Allemagne.
On assista par la suite par l'administration coloniale
allemande à la démarcation entre quartiers
« indigènes » et quartiers blancs.
B. LA DÉMARCATIONENTRE QUARTIERS
« INDIGÈNES » ETQUARTIERS BLANCS
Pour justifier l'expropriation de 903 hectares au
bénéfice de 300 à 400 Européens, l'administration
s'appuya sur deux expertises médicales.
En effet, pour améliorer les conditions sanitaires des
Européens, on jugeait nécessaire d'éloigner d'eux la
population africaine. Il fallait créer une « ville
européenne » et une « ville africaine »,
c'est-à-dire une réserve, la deuxième étant
séparée de la première par une zone tampon d'un
kilomètre (1-). (Voir Annexes 9&10 portant
sur les croquis du plan d'urbanisme allemand).Les Annexes 9&10
témoignent de la volonté manifeste des autorités
coloniales allemandes à isoler les autochtones et de
bénéficier des meilleures terres en utilisant des arguments
sanitaires liés à l'hygiène de ces derniers. Il fallait
donc préserver les Européens du péril
« indigène ». Cette situation met également
en lumière le support d'une théorie raciste et
ségrégationniste de la part de l'administration coloniale
allemande (2-).
1. La création d'une zone
tampon
Les deux experts jugeaient que cette séparation
était indispensable si l'on ne voulait pas que les Africains contaminent
les colonisateurs avec la malaria : « Depuis 1900
déjà, rapporte le médecin colonial Dr. Ziemann, j'ai
expliqué dans plusieurs de mes rapports au gouvernement impérial
qu'en vue d'un assainissement rapide et relativement radical de Douala, on
devrait, vu la capacité de vol des anophèles vivant souvent dans
les cases des indigènes, maintenir une distance d'un kilomètre
entre ceux-ci et les Européens... Cet assainissement a
déjà été entamé à Victoria et
à Kribi.Il n'y a qu'à Douala que des difficultés, surtout
d'ordre financier, s'y opposent. Mais celles-ci peuvent et doivent être
surmontées si on veut atteindre le but fixé : faire de
Douala, principal centre de commerce et de communication du Cameroun, une ville
tropicale relativement saine pour les Européens, où il serait
possible de vivre sans quinine »597(*).
De plus, ces experts évoquèrent d'autres tracas
causés aux Européens par les coutumes et habitudes des
nègres qu'on ne pouvait pas combattre ou dont la suppression ne pouvait
pas être recommandable pour le bien-être et la santé des
Noirs.
Ils citèrent à titre d'exemple :
- le feu qui brûle constamment dans les
cases ;
- l'odeur des repas des nègres ;
- le tapage que font les nègres de temps en temps
pour se distraire ;
- leur manière de causer à
tue-tête ;
- l'odeur corporelle des nègres ;
- les informations précoces sur la vie sexuelle que
les enfants blancs reçoivent en côtoyant les enfants
noirs598(*).
Cette expropriation mettra en exergue le support d'une
théorie raciste et ségrégationniste de la part de
l'administration coloniale allemande tout au long de sa conquête du
territoire camerounais.
2. L'expropriation ou le support d'une
théorie raciste et ségrégationniste
Le caractère « scientifique » de
ces deux expertises n'enlevait rien à l'essence raciste du plan
« d'assainissement ». La science venait servir de support
au racisme599(*)600(*). Dans
l'introduction du deuxième tome des études sur le Cameroun
publiées par l'université Humboldt de Berlin sous la direction
d'Helmut STOECKER, ce dernier lui-même insiste sur le
développement en Allemagne, à partir de 1890, d'une
idéologie pangermaniste et raciste, dont l'un des interprètes fut
Siegfried PASSARGE, un des grands explorateurs du Cameroun.
Dans le dernier chapitre de son ouvrage intitulé
« Adamaoua. Bericht uber die ExpÉdition des Deutschen
Kamerun Komitees in den Jahren 1893/ 1894601(*)», celui-ci condamne en effet la politique
britannique qui tendait à former des élites africaines. LesNoirs
étaient, à son avis, incapables d'acquérir une culture
supérieure. Le but de leur éducation fondée sur les
châtiments corporels devait être de les rendre conscients de leur
infériorité. Une stricte ségrégation raciale
était, à son avis, la condition de l'avenir des Européens
en Afrique. Cette opinion est proche de celles d'un PaulROHRBACH aux yeux
duquel « l'idée que le Bantou aurait le droit de vivre et
de mourir à sa guise est absurde »602(*), de KarlsPETER603(*), des gouverneurs du
Sud-Ouest africain allemand.En 1911, 560 000 marks furent accordés
au budget du protectorat pour l' « assainissement » de la
ville de Douala604(*).
L'expropriation et la ségrégation raciale pouvaient dès
lors commencer. Les Duala protestèrent contre cette politique de
ségrégation raciale.Ils estimaient qu'une séparation
absolue entre Noir et Blanc était utopique dans la mesure où il
était impossible au Blanc de s'en sortir sous les tropiques sans la main
d'oeuvre du Noir :« ... Il y a une grande partie des
indigènes qui ne saurait être éloignée des logements
des Européens. Si la séparation avait vraiment pour but la
santé des Européens, il aurait été souhaitable
qu'après avoir exterminé les Noirs atteints, sans
exception605(*), en
particulier les femmes noires en contact avec les Européens, on
interdise l'accès des quartiers européens aux Noirs et
vice-versa. Ainsi, l'entreprise serait parfaite, sans faille...
Le principe de séparer le Noirdu Blanc ne peut pas
être strictement respecté, étant donné qu'environ un
millier d'indigènes contaminés devront nécessairement
être gardés au service des Européens malgré le
danger de contagion »606(*).
Citons, à cet égard, le gouverneur Karl
EBERMAIER, répondant aux chefs Duala qui lui demandent d'annuler
l'expropriation, cela, au cours de la réunion du 24 novembre
1912 : « Le Professeur Ziemann et de nombreux savants
et hommes intelligents du monde entier ont écrit des livres sur la
nécessité - aussi bien dans l'intérêt des
Européens que des indigènes - de séparer les quartiers des
Européens de ceux des indigènes...Vous écrivez dans votre
pétition que tant de gens seraient malades parce que vos maisons se
délabrent et que vous n'avez pas le droit de les réparer. Non,
ces maladies sont dues au fait que vous ne veillez pas à l'entretien et
à la propreté de vos propriétés... Les vols n'ont
pas cessé à Douala. Cet état de choses s'améliorera
dès qu'on exécutera l'expropriation... Vous devez vous
éloigner d'ici, vous retirer un peu... Beaucoup parmi vous veulent vous
faire croire que le gouvernement vous veut du mal. Je vous avertis,
n'écoutez pas la voix des trompeurs ; car la bouche dit autre chose
que ce que leur coeur pense. Croyez-moi, moi votre gouverneur : je ne veux
que votre bien et je veux que tout aille au mieux pour vous. Vos enfants seront
reconnaissants de ce qu'on vous a fait... L'Empereur, le Reichstag et le
Ministère des Colonies ont déjà
décidé ; je suis le gouverneur et je dois obéir. Vous
ne recevrez pas d'autre décision, tout a été bien
considéré. Croyez-moi, je veux plus que votre bien. Vos enfants
et vos petits-enfants me remercieront d'avoir rejeté votre
demande »607(*)608(*).
Il s'en suivra les revendications des chefs Duala suite au
non-respect des clauses des traités Germano-Duala.
C. LESREVENDICATIONS DES CHEFS DUALA
SUITE AU NON RESPECT DES CLAUSES DES TRAITÉSGERMANO-DUALA
Après le constat du non-respect des clauses des
traités Germano-Duala par l'administration coloniale allemande, les
chefs Duala vont se concerter et adresser des pétitions au
Département Colonial Allemand pour faire part de leur
mécontentement.
De l'anglais « petition » qui signifie
supplique, requête, venant du latin « petere » qui
veut dire demander, une pétition est une requête par écrit
adressée à une autorité quelconque par une personne ou un
groupe qui formule une demande, une plainte, un voeu ou expose une opinion. A
travers une mobilisation collective, la pétition a pour objectif de
sensibiliser l'opinion sur une situation ou un problème et de faire
pression sur les décideurs, qu'ils soient publics ou privés.
Son efficacité est attestée par le nombre de
signataires et son impact sur l'opinion publique609(*).Autrement dit, les
pétitions sont des écrits signés adressés aux
pouvoirs publics, qui expriment une opinion, une demande, une plainte, une
protestation, un voeu d'ordre particulier ou général...610(*). Et les Rois Duala en
adresseront plusieurs au département colonial
allemand(1-) et dans le sens d'une suite défavorable
à la prise en compte des intérêts des chefs Duala, une
guerre s'en suivra (2-).
1. Les pétitions des Rois Duala
adressées au département colonial allemand
La première pétition à notre
connaissance, est celle que King BELL adressa le 23 septembre 1888 au
département colonial. Le 04 novembre de la même année, le
gouverneur VON SODEN fut informé de la réception de cette
plainte611(*).
Le 19 février 1889, le Ministère des Affaires
Étrangères dont dépendait le Département Colonial
faisait de nouveau savoir à VON SODEN qu'une autre plainte de King BELL
était parvenue à Berlin ; cette deuxième plainte
datait du 15 novembre 1888612(*).
Selon VON SODEN, King BELL ignorait tout du contenu de ces
plaintes dont le véritable auteur ne serait que JosephBell, son neveu et
frère d'AlfredBELL613(*). Le 04 novembre 1888, le Département Colonial
demandait à VON SODEN si pour des raisons politiques, il fallait punir
sévèrement King BELL ou tout simplement le calmer614(*).
Apparemment, aucune sanction ne fut prise contre King BELL,
même si ces plaintes ne furent peut-être pas
étrangères au fait qu'au cours de l'année 1889 la
destitution de King BELL fut envisagée puis jugée
inopportune615(*).
L'existence de ces plaintes démontre que très tôt les chefs
manifestèrentleur opposition au pouvoir colonial. Le 29 octobre 1892,
c'était au tour de 19 chefs Duala de signer une pétition en
anglais formulée en 12 points qu'ils adressèrent au gouverneur
ZIMMERER au nom de tout le peuple Duala616(*)617(*).
Dans le point 07 de la pétition, les chefs Duala
s'attaquaient pour ainsi dire à l'essence même du système
colonial, dans la mesure où ils relevaient que dans ce système,
c'étaient l'arbitraire, l'injustice entre Noirs et Blancs qui
régnaient. Dans le point 08, ils accusaient l'administration de ne pas
se soucier de la vie des colonisés. La réponse du gouverneur
adressée le 18 novembre 1892 à King BELL était tout
à fait dilatoire...
Ainsi, en 1902, les deux chefs Duala, King BELL et King
AKWA se rendirent en Allemagne où ils firent connaître leurs
desiderata au Département Colonial618(*). Ce voyage ne fut peut-être pas un
échec total ; si King AKWA ne fut satisfait en aucun point, King
BELL obtint par contre l'autorisation de faire la chasse à
l'éléphant619(*).
Le 19 mai 1905, les chefs AKWA adressèrent une
pétition au Reichstag620(*). En 24 points, ils énuméraient les
injustices, les brutalités et l'arbitraire dont eux et leurs sujets
étaient l'objet de la part de l'administration : usage du fouet,
mauvais traitements, expropriation lors du tracé des routes dans leur
quartier, travaux forcés, charges fiscales et violations du
traité de protectorat.621(*)
Ils demandaient au Reichstag de mettre fin à leur
cauchemar et de rappeler le gouverneur VON PUTTKAMER et toute son
administration622(*).VON
PUTTKAMER et ses subordonnés, gravement mis en cause par les chefs AKWA,
leur intentèrent un procès en diffamation. Le 06 décembre
1905, après un procès sommaire, ils furent condamnés
à de lourdes peines de prison avec travaux forcés623(*)624(*).
La façon expéditive dont ils furent jugés
et condamnés prouve, s'il en était besoin, le bien-fondé
de leurs plaintes. Ce bien-fondé transparaît nettement des
débats de la Commission du budget du Parlement, qui exigea que les chefs
furent rejugés. Cela fut fait et les chefs virent leurs peines
considérablement réduites ; King AKWA qui avait
été condamné à 09 ans de prison vit sa peine
réduite à 18 mois. La conséquence immédiate de la
pétition des chefs Akwa fut le départ de VON PUTTKAMER.
La pétition pouvait être
considérée comme un succès625(*), même si la
décision des autorités de Berlin de rappeler le gouverneur ne
signifiait pas la fin des souffrances imposées par le colonisateur. Et
c'est dans ce contexte tendu qu'aboutira la guerre Duala en 1884.
2. La Guerre Duala, 1884
La 1ère opposition majeure à
l'administration coloniale allemande, la Guerre Duala, survint en
décembre 1884 entre d'une part le Roi BELL, qui avait soutenu l'annexion
allemande et d'autre part, les autres chefs et princes de Josstown et
d'Hickorytown.
Selon les Britanniques, la raison du déclenchement de
la Guerre Duala fut le meurtre d'un autochtone d'Hickorytown. Comme les
habitants d'Hickorytown et de Josstown appartenaient au même clan, ils
décidèrent d'attaquer Belltown. D'après la version
allemande, la guerre se déclencha en raison du refus du Roi BELL de
partager les résultats du traité Germano-Duala avec les autres
chefs et princes Duala.
Selon un autochtone Duala, Joshua TUNDI de l'Église
Baptiste Anglaise, la guerre trouva sa source à cause du Roi BELL qui
conserva pour lui tout seul les acquis du traité Germano-Duala, à
l'opposé du Roi AKWA, qui les partagea avec ses notables. Cette
démarche irrita les chefs de Josstown qui décidèrent de
signer un autre traité avec les Britanniques, afin de leur céder
le territoire de Josstown. De leur côté, les indigènes
d'Hickorytown ne voulaient pas non plus être soumis à
l'autorité allemande.Lorsque la guerre se déclencha, les
Allemands soutinrent le Roi BELL parce qu'il leur déclara :
« Si vous voulez gouverner ici, vous devez me maintenir comme
chef ».Les autochtones de Belltown alliés aux
autorités coloniales allemandes vainquirent aisément les
habitants de Josstown et d'Hickorytown.
Les maisons de ces quartiers furent détruites par
Belltown et de nombreux Duala trouvèrent la mort. Un Allemand fut
également tué. La paix put être restaurée lors de
l'arrestation du meurtrier de l'allemand. Ce dernier fut exécuté
plus tard par l'administration coloniale.LesAllemands accusèrent
rapidement les Britanniques d'avoir incité les autochtones de Josstown
et d'Hickorytown en raison de l'échec de leur annexion du Cameroun. A la
fin du mois d'août 1913, le secrétaire d'État aux
Colonies,Dr.WilhelmSOLF, arriva au Cameroun dans le cadre d'une tournée
d'information en Afrique de l'Ouest. Il invita pour le 11 septembre tous les
chefs Duala à une rencontre au cours de laquelleil s'adressa à
eux d'un ton plutôt menaçant, martelant que le processus
d'expropriation était irréversible626(*). En décembre 1913, la
décision d'expropriation fut mise en application sur le plateau Joss.
Les déguerpissements commencèrent. L'administration ordonna la
destruction des maisons de la cité du plateau Joss et le
déménagement.
Les fonctionnaires allemands constituèrent des
commandos escortés de policiers, de prisonniers, de forçats et
d'ouvriers étrangers qui rasèrent les vieilles maisons,
défrichèrent le terrain à New Bell et
érigèrent des cases en tôles ondulées ou en terre
battue dans lesquelles ils transportèrent les ustensiles de
cuisine627(*). Ils
construisirent au total 40 cases en tôles ondulées et 227 cases en
terre battue dont la moitié seulement avait en plus de la porte une
seconde ouverture.
Mais les Duala refusèrent d'aller à New Bell.
L'état piteux et primitif de ces cases n'attirait personne. Les Duala
dont les maisons étaient rasées préféraient habiter
tantôt chez ceux dont les maisons tenaient encore debout, tantôt
aller à leurs fermes vers le Moungo ou encore rester sur place et passer
la nuit à la belle étoile sur leurs terrains
dénudés628(*).
C'est ainsi que le 12 janvier 1914, trois navires de guerre
arrivèrent à Douala et débarquèrent 850 soldats qui
se joignirent aux deux noyaux actifs de la troupe coloniale et au
détachement de la police pour faire des manoeuvres, des exercices et de
la parade militaires.
Visiblement, le but d'une telle parade était sans doute
de faire savoir aux Duala ce qui leur adviendrait en cas de
non-obéissance à la décision allemande. Jusqu'en fin
janvier 1914, toutes les maisons de Bonanjo avaient été
rasées.
Bonapriso et Bonaduma ainsi qu'une partie du plateau de Bali
devaient être aplanis jusqu'en début mars629(*). Les Duala avaient
envoyé clandestinement en Allemagne NGOSSO DIN pour mieux coordonner
leurs actions avec celles de leurs amis allemands. Assisté par l'avocat
HALPERT et par HALSEN, ex-gouverneur adjoint du Cameroun qui s'opposait
à l'expropriation et n'hésitait pas depuis son retour en
Allemagne de se prononcer publiquement contre elle, NGOSSO DIN adressa une
pétition au Reichstag.
C'est auprès des membres socio-démocrates du
Parlement que cette pétition trouva le plus grand soutien. Elle
était si convaincante que la commission du budget du Reichstag
décida le 18 mars 1914 de ne pas accorder les moyens financiers
demandés par le Gouvernement pour l'exécution ultérieure
de l'expropriation avant qu'on n'ait vérifié les lourds reproches
contenus dans la pétition. Dès lors, le Gouvernement était
obligé d'interrompre l'expropriation.
En mai 1914, le Dr.WilhelmSOLF eut l'occasion de
défendre la politique de l'administration devant le Reichstag.Dans son
mémorandum, il consacra tous ses efforts au discrédit de la
position des Duala et de l'avocat social-démocrate HALPERT, et
prétendit avoir raison sur tous les points. Il réussit, avec
beaucoup d'habileté, et en donnant de faux renseignements, à
faire changer d'avis du Reichstag et à obtenir la reprise de
l'expropriation. Au cours de ces débats, le 09 mai 1914, un
télégramme arriva du Cameroun, envoyé par le gouverneur
EBERMAIER.
A en croire ce télégramme, il y avait au
Cameroun un risque de soulèvement dont l'instigateur ne serait autre que
DOUALA MANGA BELL, ce chef à qui les Duala avaient donné les
pleins pouvoirs pour défendre leurs intérêts. Le but
recherché par ce télégramme était de gagner le
reichstag à la politique raciste d'expropriation, et en même temps
de se débarrasser de DOUALA MANGA BELL.
Au cours du même mois de mai, DOUALA MANGA BELL fut
arrêté et accusé de haute trahison. NGOSSO DIN fut
également arrêté et renvoyé au Cameroun. Le 07
août 1914, les deux hommes furent jugés à huis
clos630(*), reconnus
coupables de haute trahison et exécutés le 08 août par
pendaison malgré les demandes de recours en grâce de
l'évêque catholique VIETER et des missionnaires bâlois et
baptistes. DOUALA MANGA BELL avait alors 41 ans. Mais l'expropriation ne put
aller jusqu'au bout à cause de la PremièreGuerreMondiale.
Dans la suite de notre travail, nous parlerons des sanctions
encourues par les chefs Duala en cas de désobéissance.
PARAGRAPHE II : LES
SANCTIONS ENCOURUES EN CASDE DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA
Lorsque les chefs AKWA rédigèrent leur
pétition de 1905, se plaignant justement de la violation de cette
clause, il faut voir que MaxBUCHNER se demanda plus tard dans son ouvrage
« AuroraColonialis » si l'on avait fait disparaître
convenablement ce document.Cette clause, reconnue ou niée par les colons
allemands était diamétralement opposée aux
intérêts de l'impérialisme colonial.
Et les négociateurs allemands ne pensèrent pas
un seul instant à respecter les clauses du traité, une fois
maîtres du pays. Seuls les chefs furent assez naïfs pour croire une
chose pareille, ils ne savaient pas que les Allemands jouaient avec des cartes
truquées. L'intention de tromper était évidente chez les
Allemands, ne serait-ce que parce que le système colonial en tant que
système de domination n'eut jamais toléré une limitation
de son expansion, et le rôle d'intermédiaires que se
réservaient les Duala en constituait une, et d'importance.Pour preuve,
nous n'avons qu'à nous reporter au mémorandum de WOERMANN. L'un
des motifs qui les poussèrent à demander au gouvernement
impérial de prendre possession du Cameroun était bien son
intention de faire ainsi supprimer ce monopole. WOERMANN prévoyait
même que d'éventuels conflits avec ces chefs n'atteindraient
guère de proportions graves, étant donné qu'il s'agissait
dans ce cas de « petits chefs »631(*). L'imposture ne faisait plus de doute. Le
campcolonialiste se montra unanime quant à la suppression du droit de
monopole c'est-à-dire quant à la violation flagrante des termes
du traité.
Pour le journaliste ZOLLER par exemple, la
préoccupation première d'un gouvernement colonial consisterait
à l'éliminer.Il n'y aurait pas de meilleur service rendu aux
intérêts mercantiles du système colonial. En signant le
traité avec les Allemands, les chefs Duala qu'Helmut STOECKER
caractérise de« bourgeoisie compradore », croyaient se servir
de l'alliance avec une puissance coloniale pour raffermir leur autorité
plutôt vacillante et maintenir leurs privilèges commerciaux ceci
à condition que leur monopole du commerce intermédiaire leur
fût garanti.
LesAllemands s'engagèrent entre autres à
garantir aux chefs la perception du droit de péage. Chaque chef
percevait ce péage ou « Comey »632(*) du commerçant
européen dont les magasins étaient installés sur son
territoire. Rappelons que ce droit avait été fixé
officiellement par le traité Duala-Anglais du 16 janvier 1856. En
échange de leur signature, les chefs Duala récurent des deux
maisons de commerce un « dash » ou cadeau, autrement dit les
Allemands n'obtinrent le traité qu'en achetant les chefs. Il ne semble
pas régner sur cette affaire de « dash » une clarté
totale.Les seuls chiffres disponibles sont ceux de MaxBUCHNER qui ne manque
d'ailleurs pas de relever quelques années plus tard le caractère
secret de cette affaire. Une chose reste pourtant certaine, les chefs Duala
furent achetés.
LOCK PRISO, dans sa lettre du 28 août 1884 à Max
BUCHNER, commissaire impérial par intérim, protestant contre le
fait que le drapeau allemand fut hissé sur son territoire, dit qu'on ne
les achète pas, sous-entendu comme on a acheté les BELL et les
AKWA. BUCHNERnota les pots-de-vin que les chefs reçurent des firmes
coloniales.
Ces différentes sommes ne leur furent pas payées
en argent liquide mais furent seulement portées à leur
crédit633(*).
Comme sanctions punitives orchestrées contre les chefs Duala, nous
aurons la destitution(A-), la déportation
(B-) et la mise à mort des chefs
rebelles(C-).
A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES
Concernant la destitution des chefs rebelles, on peut citer le
Roi AKWA DIKA MPONDO (1-), le Prince DIN DIKA AKWA et le Roi
RudolfDOUALA MANGA BELL (2-)qui font partie des cas les plus
significatifs.
1. La destitution du Roi Akwa Dika
Mpondo (1907)634(*)
Ainsi le 19 juin 1905, dans une pétition
adressée au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, les
chefs AKWA de Bonambela se plaignirent de façon détaillée
du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête
le gouverneur Jesko VON PUTTKAMER.
Gravement mis en cause, PUTTKAMER et les siens leur
intentèrent un procès en diffamation dont le jugement sommaire et
expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les signataires de la
pétition. Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la
pétition parce qu'il purgeait une autre peine635(*), écopa de 9 ans
d'emprisonnement avec travaux forcés.
La campagne de lobbying menée au Reichstag par son fils
aîné le Prince héritier LUDWIG MPONDO AKWA, résidant
en Allemagne et mandataire des Bonambela avec le concours des
socio-démocrates636(*) et du Centre Catholique637(*) contribuèrent
à son annulation. Le second procès qui se tint du 23
au 26 octobre 1906 devant le juge indépendant Strachler qui avait la
charge de le réviser condamna, sous mise en compte d'une
détention préventive de quatre mois, le King AKWA DIKA MPONDO et
le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés
à des peines inférieures. En dehors du King DIKA MPONDO, des
chefs MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE qui furent emmenés à
Kribi comme détenus politiques en janvier 1907 et
transférés ensuite à Campo en résidence
surveillée, les 24 autres signataires de la pétition furent
emprisonnés à Douala.
L'administration coloniale destitua le King AKWA DIKA MPONDO
et le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant
faire preuve de meilleures dispositions à l'égard du maître
allemand. Les chefsFredMUANGEMUKURI et MPONDOEDJENGELE furent aussi
destitués et remplacés respectivement par PeterMUKURIMUANGE et
KWA ELAME.
Au courant de l'administration catastrophique des
fonctionnaires du protectorat, le Secrétaire d'Etat aux Colonies
Bernhard DERNBURG révoqua Jesko VON PUTTKAMER de ses fonctions en mai
1907 et le remplaça par Théodore SEITZ dont la mission fut de
replacer les camerounais au coeur du développement de la colonie tout en
préservant l'autorité des chefs. SEITZ qui connaissait bien les
Duala pour y avoir été le premier chef de district de 1895
à 1899, promit dès sa première réunion de
transformer les localités de Douala en municipalités avec une
gestion minimum et d'amnistier le King AKWA et ses chefs si ces derniers
s'engageaient à ne plus opposer de résistance au gouvernement
colonial.
Le King AKWA rejeta cette proposition. Au bout du compte et
sans avoir obtenu du King AKWA un quelconque engagement, il libéra DIKA
MPONDO et l'ensemble de ses chefs et notables le 20 décembre 1907
après une année de détention pour soi-disant bonne
conduite alors que cela avait été ordonné par la
chancellerie à Berlin.
Par contre, il refusait catégoriquement de
rétablir le King DIKAMPONDO sur son trône et menaçait
d'exil quiconque s'opposerait encore à l'administration
coloniale.Lorsque la procédure d'expropriation fut décidée
en 1911, DIKAMPONDO prit aussitôt la tête de l'opposition et
s'employa à soulever le Ngondo contre cette décision. L'agitation
à laquelle le King AKWA se livra et les correspondances de son fils
LudwigMPONDOAKWA retrouvées dans son Palais au cours d'une perquisition
lui valurent en septembre 1911, une condamnation à huit mois de
prison.Les courriers saisis contenaient de violentes attaques contre le
colonialisme allemand; ils révélaient aussi le lien entre
MPONDOAKWA et la chute du gouverneur PUTTKAMER et ses relations avec des
parlementaires de Berlin à l'instar du centriste MathiasERZBERGER et du
socio-démocrate August BEBEL, deux des critiques les plus
réputés du régime colonial allemand.Mais afin que le King
AKWA ne perturbe le transfert des autochtones du plateau Joss qui était
imminent, on l'exila ensuite à Campo pendant plus de deux ans où
le début de la guerre en août 1914 le trouva. Durant son exil,
moult avantages parmi lesquels son rétablissement au trône lui
furent proposés par l'administration coloniale s'il adhérait
totalement à l'expropriation. Sa réponse fut bien entendue «
NON ». Arrivé au Cameroun en juin 1911 pour la
concrétisation de ses projets, LudwigMPONDOAKWA fit vaciller toute
l'administration coloniale. Il avait au plan économique, prévu
une organisation centralisée du commerce et de l'agriculture dans la
région du Littoral.Politiquement, sa vision allait dans le sens d'une
gestion raisonnable des régimes coloniaux à travers l'implication
progressive des représentants africains dans les prises de
décision. Aussi, son idée d'un grand Etat Duala sur la base de
l'hégémonie précoloniale sur les ethnies voisines et ne
dépendant pas des Européens était totalement
avérée.
Le témoignage ci-dessous du chef du district de Douala,
HermannRÖHM qui filait ses faits et gestes présageait
déjà des difficultés auxquelles l'administration coloniale
allait être confrontée : « Mpondo était
comme le guide, le porte-étendard et le libérateur du peuple
Duala dans toutes les bouches. Son apparition enflamma Douala à tel
point que, comme une traînée de poudre, toutes les couches de la
population indigène furent entremêlées avec ses
idées et espérances révolutionnaires, politiques, sociales
et économiques même si elles dénotaient en partie d'une
certaine originalité.
Son nom, sa personne, son apparence, ses manières
conscientes de soi face à ses gens, intrépides et habiles
vis-à-vis de l'autorité administrative, même si aussi
déférentes apparemment, ont entraîné tout le monde
dans le mouvement, une partie entraînée aveuglément pour
lui. »
Finalement, l'ampleur que prirent ses idées
fédératrices le long de la côte décidèrent
les hauts fonctionnaires coloniaux à se débarrasser de lui au
plus vite. MPONDO AKWA est finalement arrêté le 22 septembre 1911
et détenu au commissariat de Bonanjo sur la base de fausses
allégations faites vraisemblablement par son frère, le chef
régent DIBUSI DIKA selon lesquelles il aurait ramené des armes
afin de provoquer une rébellion et probablement livrer le Cameroun aux
Anglais.
Accusé en plus de propagation de rumeurs quant à
l'expropriation, il fut au bout du compte condamné à 10 mois et 3
semaines de travaux forcés. En réalité, c'était le
succès lié aux adhésions massives et aux collectes
d'argent organisées par MPONDO AKWA au profit de la
« Société agro-commerciale Bonambela » qui
faisait peur. Il faut dire que la collecte s'étendait le long de
côte et se faisait très souvent au détriment du paiement de
l'impôt.
Au vu du danger politique que représentait sa
réapparition à Douala, le nouveau gouverneur EBERMAIER proposa au
département colonial de l'exiler au moins pour une année, ce qui
fut approuvé. En août 1912,LudwigMPONDOAKWA fut
transféré à Banyo dans le nord du pays où il fut
maintenu en détention.Mais après une tentative d'évasion
en avril 1913, il fut rattrapé et condamné à 3 ans
d'enchainement en juin de la même année. On le déporta
à Ngaoundéré, loin de la frontière Nigériane
et du résidant allemand de Banyo vraisemblablement acquis à sa
cause, pour y purger sa peine.
La fin du mois de septembre 1911 sonnait comme une victoire
pour l'administration coloniale allemande qui venait d'atteindre un de ses
objectifs majeurs en mettant hors d'état de nuire le King AKWA DIKA
MPONDO et son fils Ludwig MPONDO AKWA, deux des trois grosses
personnalités Duala de cette époque capable de faire basculer le
projet allemand.Raison pour laquelle les chefs Duala ne furent officiellement
informés du projet d'expropriation qu'au cours des deux assises
convoquées les 24 et 30 octobre 1911 par le gouvernement.
La troisième personnalité Duala était le
chef supérieur Rudolf DUALA MANGA BELL sur qui l'administration
coloniale avait misé pour faciliter le processus.
Mais contrairement aux attentes des autorités
allemandes, le Prince RudolfDUALA MANGA BELL qui avait pourtant
bénéficié du même traitement de faveur que son feu
père, prit plutôt la tête de la protestation Duala en
s'opposant, en dépit du prix à payer, à l'expropriation
des terres ancestrales.Le feuilleton sous la houlette du Prince DUALA MANGA
BELL débuta le 30 novembre 1911, lorsque le premier
télégramme Duala arriva au Reichstag demandant l'annulation de
l'expropriation et se termina tragiquement le 08 août 1914 par sa
pendaison.
Le Prince DINDIKAAKWA et le Roi Rudolf DOUALA MANGA BELL
furent lui aussi destitués par l'administration coloniale allemande.
2. La destitution du Prince Din Dika
Akwa et du Roi Rudolf Douala Manga Bell638(*)
Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son
décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament
dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et
seulement si l'héritier présomptif, son fils aîné
Ludwig Paul Heinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins
pouvoirs et dont il n'avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus
en vie.
La délégation envoyée en début
d'année 1917 à la recherche de LudwigMPONDOAKWA à Banyo,
puis à N'Gaoundéré ayant certifié qu'il
était vivant mais avait, selon une source allemande probablement
été transféré. Face à cette incertitude, il
fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de
la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en
qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort
entraînerait la restauration du trône de Bonambela.
Le King DIKAMPONDO décédé,
l'administration coloniale française reconduisait son fils
AdolfDIBUSIDIKA qui avait assuré l'intérim aussitôt
après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916.
Et c'est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assuré la
régence suite à la destitution de son père par
l'administration coloniale allemande.
Mais après deux années de règne, le Chef
SupérieurDIBUSIDIKA, qui soutenait discrètement les associations
d'obédience germanique qui militaient pour le retour de l'Allemagne au
Cameroun fut destitué pour sa politique pro-allemande.
Il faut dire qu'entre-temps, la capitulation de l'Allemagne le
11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui
considéraient que le moment était venu pour eux d'être
indépendants. Ils étaient tous d'avis que le traité de
1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en
l'occurrence les Allemands, avait disparu. DIBUSI DIKA fut remplacé en
1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait
bénéficié d'une libération conditionnelle le 20
octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.
Songeant surtout politiquement aux Anglais qui
s'étaient montrés bienveillants à leur arrivée en
libérant plusieurs chefs et notables Duala, Sa Majesté DIN DIKA
AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de
revendication de l'autonomie du Cameroun dans laquelle les
pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir
eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de
mandataire au nom de la Société des Nations. Il est finalement
destitué et condamné le 3 mai 1921 à 18 mois
d'emprisonnement et à 10 ans d'interdiction de séjour à
Douala pour son activisme anti-français.
Ainsi, du fait de sa résistance active et soutenue face
à l'administration coloniale allemande, le Roi Rudolf DUALA MANGA BELL
fut destitué puis condamné à mort et exécuté
le 08 août 1914 avec son secrétaire NGOSO DIN. Le Roi Rudolf MANGA
BELL qui avait été destitué de ses fonctions dans
l'administration allemande et avait vu sa pension annuelle de 3.000 Marks
suspendue en août 1913, fut arrêté avec NGOSSSO DIN et
quelques autres chefs Dualapour trahison envers l'Allemagne.Rudolf DUALA MANGA
BELL fut accusé d'avoir demandé le soutien de l'Angleterre et
d'avoir cherché le ralliement d'autres chefs contre l'Allemagne. Martin
Paul SAMBA s'allia avec Rudolf DUALA MANGA BELL.
En vue de vaincre l'administration coloniale allemande, Martin
Paul SAMBA et Rudolf DUALA MANGA BELL se mirent d'accord afin de chercher des
appuis extérieurs. Il fut décidé que SAMBA contacterait
les Français pour l'assistance militaire alors que Rudolf DUALA MANGA
BELL prendrait attache avec les Anglais.639(*)La déportation peut avoir deux significations
à savoir le transfert et l'internement dans un camp de concentration
situé dans une région éloignée ou elle peut
être considérée comme une peine politique
perpétuelle, afflictive et infamante, exilant le condamné dans un
lieu déterminé.
Dans le cadre de notre étude, elle prend la seconde
signification dans la mesure où elle revêt le caractère
d'un bannissement, d'une obligation de quitter son habitat. Et plusieurs chefs
« rebelles » y seront contraints.
B. LA DÉPORTATION DES CHEFS
REBELLES
Le 1er chef Duala à être
déporté fut le RoiAKWA(1-), suivi par le chef
MANGABELL(2-).
1. La déportation du Roi
Akwa640(*)
En 1895, le Gouverneur allemand prend un décret
interdisant aux Duala de commercer à l'intérieur du pays, violant
ainsi le traité signé par les deux parties.
Après le non-respect des engagements contenus dans le
traité, King DIKA MPONDO AKWA, connu pour son caractère fort et
sa grandeur d'âme, a résisté au péril de sa vie pour
la préservation de la souveraineté du Cameroun, en combattant les
violations flagrantes du traité et l'état de colonisation dans
lequel son pays était insidieusement tombé.
De partenaire signant d'égal à égal avec
les Allemands, il devient leur pire ennemi. Il initia une mission des chefs
Duala en Allemagne en 1902 au cours de laquelle, il remit un mémorandum
au gouvernement allemand pour se plaindre du non-respect du traité, mais
aussi des nombreuses exactions commises par les autorités
administratives du territoire.
Il était secondé dans cette entreprise par son
fils, LudwigMPONDODIKA. Cette action eut un grand retentissement au Cameroun.
Une nouvelle pétition fut adressée en 1905 au Reichstag et
à la Chancellerie Impériale, dans laquelle les chefs AKWA de
Bonambela se plaignaient de façon détaillée du pouvoir
arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête le
Gouverneur Jesko VON PUTTKAMER. Gravement mis en cause, le Gouverneur et les
siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement
sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les
signataires de la pétition.
Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la
pétition parce qu'il purgeait une autre peine, écopa de 9 ans
d'emprisonnement avec travaux forcés. Grâce aux relations de son
fils aîné, le Prince héritier LudwigMPONDOAKWA,
résidant en Allemagne et mandataire des Bonambela contribuèrent
à son annulation.
Le second procès qui eut lieu du 23 au 26 octobre 1906
devant le juge indépendant STRACHLER condamna, sous mise en compte d'une
détention préventive de quatre mois, le King AKWA DIKA MPONDO et
le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés
à des peines inférieures.
Le King DIKAMPONDO et les chefs MUANGEMUKURI et MPONDO
EDJENGELE furent emmenés à Kribi comme détenus politiques
en janvier 1907 et transférés ensuite à Campo en
résidence surveillée. Les 24 autres signataires de la
pétition furent emprisonnés à Douala.
King AKWA DIKA MPONDO fut destitué par
l'administration coloniale qui le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un
autre de ses fils paraissant faire preuve de meilleures dispositions à
l'égard du maître allemand641(*). Il mourut en déportation en Guinée
espagnole et son fils Ludwig à Ngaoundéré.
Le Roi Rudolf DUALA MANGA BELL sera lui aussi
déporté par l'administration coloniale allemande.
2. La déportation du Roi Manga
Bell
MANGA BELL fut exilé au Togo de novembre 1888 à
janvier 1890 et MANGA BELL, frère de King AKWA fut condamné
à la déportation jusqu'en 1886, ceci après le
soulèvement de décembre 1884642(*).
Par ailleurs, avec l'emprisonnement de certains chefs, les
Allemands vont consolider leur ordre. Chez les Duala, des peines de
déportation prononcées contre certains de leurs membres influents
furent suspendues à des conditions expresses dont la principale
était la reconnaissance de l'autorité coloniale et la soumission
à cette même autorité643(*).
Une des conditions posées par le gouverneur VON SODEN
pour le retour de MANGA BELL de son exil du Togo était qu'il
s'engageât à exécuter tous les ordres du gouverneur et
à obtenir la même chose de ses sujets ; en outre, il devait
livrer à l'administration tous ceux qui ne voulaient pas se soumettre...
L'administration coloniale leur déléguait par ce
biais une partie de son pouvoir répressif qu'elle exerçait alors
indirectement ; ceci ne pouvait que contribuer au discrédit des
chefs face à leur peuple.Par les contestations, l'exploitation du
territoire du Cameroun n'était plus aisée.Il fallait donc la
restauration de l'ordre comme voulue par les Allemands644(*).
Et cette restauration passera par une mesure drastique qui
consistera à la mise à mort des chefs
« rebelles » et le chef Rudolf DOUALA MANGA BELL en sera
l'exemple le plus flagrant.
C. LA MISEÀ MORT DES CHEFS
« REBELLES » : LE CASPARTICULIERDU CHEF RUDOLFDOUALA
MANGA BELL645(*)
Avant de mourir, comme Jésus la croix, Rudolf DOUALA
MANGA BELL aurait lancé ces mots en allemand à ses
bourreaux : « C'est un innocent quevous pendez. C'est en
pure perte que vous m'exécutez. Maudits soient les Allemands ! Vous
ne posséderez jamais le Cameroun ».
D'après un article du Courrier international du 06
septembre 2019, MANGA BELL est mort la tête haute, et les colons ont
laissé sa dépouille suspendue à la potence trois jours
durant, en guise d'avertissement... Et comme l'avait prédit le
combattant de la liberté, l'Allemagne perdra la main sur le Cameroun04
ans plus tard, à la fin de la PremièreGuerre mondiale.
Ainsi, nous ferons un tableau des acteurs et des lieux majeurs
de cette situation(1-), sans oublier le déroulement des
faits c'est-à-dire la condamnation à mort d'Adolf NGOSSO DIN et
de Rudolf DOUALA MANGA BELL (2-).
1. Les acteurs et les lieux majeurs
Dans le cadre ce paragraphe, nous parlerons des acteurs
majeurs que sont : Adolf NGOSSO DIN, Rudolf DOUALA MANGA BELL et le lieu
où ils furent exécutés par l'administration coloniale
allemande : l'ancien commissariat de police de Douala.Nous parlerons du
cousin et secrétaire de Rudolf DOUALA MANGA BELL, Adolf NGOSSO DIN.
· AdolfNgosso Din
Adolf NGOSSO DIN est une figure de la résistance et du
nationalisme au Cameroun. Il fut le secrétaire du chef Duala Rudolf
DOUALA MANGA BELL. Accusés de haute trahison par les autorités
allemandes, ils furent tous deux pendus le 8 août 1914 dans l'ancien
commissariat de police de Douala. Cette date marque la naissance du
nationalisme camerounais646(*).
SelonValèreÉPÉE647(*), NGOSSO DIN était un
proche de Rudolf DOUALA MANGA BELL. C'était aussi son secrétaire.
Il a les fonctions liées à l'écriture : les actes
émis par le royaume -il les écrivait... ou toute autre
tâche liée à l'écriture. La veille de son
départ pour l'Allemagne, les femmes de son village natal ont
organisé une veillée funèbre factice au cours de laquelle
elles confectionnaient des « Miondo »648(*) vrais et
« faux »649(*). Cela a mis les Allemands dans une confusion totale
qui ont été obligés de le laisser passer et il
s'était déguisé en commerçant ouest-africain mais
il fut arrêté en Allemagne avec comme chef d'accusation
« Haute Trahison ».
Il ajoutera même que « Les Duala
étaient considérés par les Allemands non seulement comme
des hommes élégants mais aussi orgueilleux. Ils n'avaient pas
peur de regarder les Blancs droit dans les yeux. LesAllemands le leur
reprochaient avec véhémence. Les Duala avaient même
l'outrecuidance de courtiser leurs filles »650(*).Nous évoquerons
par la suite le cas de Rudolf DOUALA MANGA BELL.
· RudolfDoualaManga Bell
Rudolf DOUALA MANGA BELL, né en 1873 et mort le 8
août 1914 à Douala était le roi du clan BELL du peuple
Douala au Cameroun pendant la période coloniale allemande. Il
était le chef de la résistance contre l'expulsion des Duala de
leurs maisons ancestrales.
RudolfDOUALA MANGA BELL est né le 24 avril
1873651(*) dans la
région de Douala en tant que fils aîné du roi August MANGA
NDUMBE BELL (de) et petit-fils du roi NDUMBE LOBE BELL652(*), qui avait signé un
"traité de protection" avec l'Allemagne en 1884.En 1891,à
l'âge de 19 ans, après avoir fait son école primaire et une
partie du secondaire à Douala, DOUALA MANGA BELL est envoyé en
Allemagne pour y continuer ses études. Il séjourne pendant cinq
ans dans la famille Österle, à Aalen, comme enfant d'accueil.
Durant cette période, il apprend l'allemand et en est
influencé à vie. Il s'inscrit au lycée d'Aalen puis
à l'Université de Bonn où il apprend le droit. A 23 ans,
il a achevé ses études. En 1897, il revient au Cameroun pour
épouser, une jeune femme métisse, EmilyENGOMEDAYAS, de
père anglais. Son grand-père NDOUMBE LOBE meurt cette
année-là, et son père MANGA NDOUMBE devient le chef
supérieur des BELL, le 5ème de la dynastie.
Évoluant dans la cour royale où ses
études sont d'un apport précieux, il observe l'évolution
politique et le traitement souvent réservé aux
autorités traditionnelles lors de rencontres, ce qui ne le laisse pas
indifférent.En 1902, il repart en Allemagne où il rencontra
à Berlin le directeur du département des colonies du
Ministère des Affaires étrangères,
OscarWilhelmSTÜBEL. Il put ainsi comprendre la structure de
l'administration coloniale allemande, ce qui a par la suite été
utile.En 1905, il écrivit avec le roi AKWA Bonambela et 26 autres chefs
de peuple camerounais une lettre ouverte au Reichstag allemand.
Il se plaint de poursuites judiciaires intentées par le
gouverneur Jesko VON PUTTKAMER, d'expropriation, de démolition de
maisons non autorisées, de travaux forcés sans salaire,
d'arrestations arbitraires et de peines excessives, ainsi que de traitements
humiliants infligés aux dirigeants camerounais. Il demande sans
succès la révocation du gouverneur, qui quitte ses fonctions en
1907, à la fin de sa mission.
En 1908, suite à la mort de son père, Rudolf
DOUALA MANGA BELL est intronisé chef supérieur du clan des BELL
qui regroupe les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbé, tous
propriétaires et habitants du plateau Joss à Douala. Il est alors
âgé de 35 ans. Il prend les rênes du pouvoir traditionnel
juste au moment où les Allemands ont conçu un nouveau plan
d'urbanisation de la ville.
En 1910, Otto GLEIM devient le nouveau gouverneur du Cameroun.
Sous GLEIM, il est envisagé d'expulser les Duala de leur zone
résidentielle sur le fleuve Cameroun sans indemnisation adéquate,
de mettre le feu à leurs maisons au profit d'usines et de séparer
les zones résidentielles noires et blanches de Douala. Le projet,
baptisé « Gross Duala » prévoit de faire de
la ville, l'un des plus grands ports d'Afrique. De nouveaux
lotissements653(*)seront
aménagés à l'arrière du pays pour les autochtones
selon le nouveau plan d'urbanisation et ils seront séparés de la
ville européenne par un no man's land d'un kilomètre de
large.
Devenu entretemps roi, Rudolf DUALA MANGA BELL défend
son peuple en adressant des pétitions au gouvernement allemand et au
Reichstag. Devenu indésirable à Berlin, il envoie en 1912 son
secrétaire, Adolf NGOSSO DIN, en Allemagne pour contacter l'opposition
allemande et les missions chrétiennes, et faire appel à un avocat
de Berlin. L'Allemagne le soupçonne d'ailleurs d'avoir pris langue avec
ses beaux-frères anglais et les Français pour organiser la
résistance, et le relève de ses fonctions de chef
supérieur le 04 août 1913.
Cette mesure lui fait perdre juste sa pension annuelle de
3 000 Marks la monnaie allemande, mais son autorité traditionnelle
reste intacte, il ne renonce pas non plus à son opposition au projet
allemand. Il entre en contact avec d'autres chefs à l'intérieur
du pays, à qui il demande du soutien. Les chefs de Yabassi,
Yaoundé, Dschang, Banyo, Ngaoundéré, Bali, Baham et le Roi
des BamounBamun sont ainsi sollicités.
Mis au courant de la démarche, le Secrétaire
d'Etat allemand aux Colonies ordonne l'arrestation du chef des BELL. Lorsque le
Roi MANGA BELL est poursuivi sous l'occupation allemande, il se réfugie
à Baréhock chez son cousin et meilleur ami le RoiJosephEKANDJOUM,
qui lui aussi revendique les droits de son royaume et de son peuple du Moungo.
Les dépossessions s'arrêtent provisoirement à Douala, mais
reprennent quelques semaines plus tard. En revanche, la presse allemande fait
état d'une "demande d'aide" auprès de la France et de la
Grande-Bretagne, qui n'a toujours pas été prouvée.
En 1914, le Roi Rudolf MANGA BELL, qui reste fidèle
à l'Allemagne jusqu'à la fin, utilise des moyens pacifiques pour
exposer des griefs concrets, est condamné à la peine de mort par
pendaison pour haute trahison. Mais le 10 mai 1914, il est arrêté
à Douala et inculpé de haute trahison.
Son secrétaire NGOSSO DIN est aussi interpellé
05 jours plus tard en Allemagne et ramené au Cameroun, une chasse
à l'homme est également lancée contre les partisans de
Rudolf DOUALA MANGA BELL.
Leurs proches parents sont tous arrêtés en
juillet 1914. Un mois plus tard, il est exécuté avec son
secrétaire NGOSSO DIN le 8 août 1914 à Douala654(*). C'est avec émoi que
les habitants de la ville de Douala, assistent vers 17 heures à
l'exécution par pendaison de leur roi, et de son secrétaire
particulier. Loin d'intimider la population, cette exécution conduit les
Duala à lutter contre l'Allemagne et à soutenir la
Triple-Entente655(*).
En 2019, le court-métrage D'ADETOKUMBOH M'CORMACK,
The German King, relate les derniers jours du héros
national656(*). Rudolf
DOUALA MANGA BELL est commémoré comme martyr et héros de
la liberté, notamment par le clan BELL et l'ethnie douala. Dans les
années 1920, la popularité de MANGA BELL est toujours
présente, l'hymne patriotique: Tet'Ekombo (en français: le
Père de la nation657(*), ou le Père du pays) est composé
en 1929 par Martin LOBÉ BÉBÉ BELL658(*).
Le « Tet'Ekombo » est la
commémoration du martyr initiée depuis 1936 par Alexander BELL se
déroule chaque année sur les lieux du monument funéraire
Bell, le 8 août. La ville de Yaoundé, lui rend hommage en
baptisant un boulevard: Rudolf MANGA BELL.Reconnaissant tardivement ses torts,
Berlin prévoit de débaptiser, en 2019, la
« Nachtigalplatz » pour lui attribuer le nom de Rudolf
MANGA BELL et de son épouseEmily659(*).
De plus, nous ferons une présentation de l'île de Manoka.
· L'île de Manoka660(*)
Manoka est la plus grande ile du
Cameroun. Située à 35 minutes au large du petit port de
pêche de Youpwé, près de Douala, dans la région du
Littoral et le département du Wouri, elle constitue la sixième
commune d'arrondissement de la Communauté urbaine de Douala661(*) et a pour autochtones les
Malimba.
L'histoire raconte que l'île, qui s'appelait
Malendè à l'époque, aurait été
découverte par des religieux allemands qui s'y seraient
installés. Lors du décès de la soeur MONIKA, sa
dépouille aurait été inhumée non loin de l'actuel
emplacement de la brigade. En sa mémoire, les religieux auraient donc
baptisé l'île au nom de « Monika' ».
Après le départ des Allemands, les populations ont
transformé le nom de l'île en
« Manoka »662(*).
La légende dit que le vieux phare était une
ancienne prison. Il faut environ deux heures de pirogue à partir de
Youpwé pour y arriver. Ce fut la prison de DOUALA MANGA BELL. Ce vieil
édifice trône à l'une des rives de l'île, les
résistants à la pénétration européenne y
étaient enfermés. Cette île est magnifiquement
constituée de vastes plages de sable fin et blanc.
L'ancien commissariat de police de Douala fut le lieu de
l'exécution de Rudolf DOUALA MANGA BELL et de NGOSSO DIN.
· L'ancien commissariat de police de
Douala
L'ancien commissariat de Douala est un monument situé
dans le quartier administratif de Bonanjo663(*). Il a été construit en 1905. Le
bâtiment est aujourd'hui occupé par les services administratifs de
la Marine marchande664(*).
Le poste de police est le site où le Roi Rudolf DOUALA
MANGA BELL et son assistant Adolf NGOSSO DIN ont été
condamnés à mort et exécutés le 8 août
1914665(*). Le lieu de
sa mise à mort, à savoir l'enceinte du Commissariat de Police
relevé plus tôt est un lieu-mémoire de cette histoire de la
présence coloniale allemande au Cameroun.
A sa mort, il a d'abord été inhumé dans
un cimetière commun et banal pour son statut. En 1936, sa
dépouille a été transférée dans un caveau
familial, le monument funéraire des Rois BELL, où reposent trois
autres rois de la même dynastie, parmi lesquels l'un des signataires des
traités de protectorat666(*). On pourrait ajouter à cette
sépulture, le mausolée de NGOSSO DIN, Secrétaire
particulier du Chef DOUALA MANGA BELL667(*).
Dans la seconde partie, nous parlerons de la condamnation et
de la mise à mort d'Adolf NGOSO DIN et de Rudolf DOUALA MANGA BELL.
2. Le déroulement des
faits : la condamnation et la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de
RudolfDoualaManga Bell
Rudolf DOUALA MANGA BELL a abordé
séparément des chefs importants du Grassland par des
émissaires ou plusieurs agents de liaison, soit pour se renseigner sur
leur position, soit pour obtenir leur soutien. Les deux hommes ont
été condamnés à la suite de leur ferme opposition
au décret de juin 1910 du gouverneur EBERMAIER et ordonnant
l'expropriation et la réinstallation des indigènes de Joss,
Bonapriso, Akwa et Deïdo. LesAllemands ont décidé de saisir
la terre le long des rives de la rivière Wouri, violant ainsi la clause
de souveraineté qui laissait la terre aux indigènes comme
spécifié dans le traité signé le 12 juillet 1884
entre les rois Duala et les autorités allemandes. D'un autre
côté, une zone tampon d'un kilomètre ou « Zone Freie
» a été établie entre les Blancs et les Noirs. Des
sites de relogement ont ensuite été créés pour les
personnes déplacées : « NeuBell »,
« NeuAkwa » et « NeuDeïdo ».
De 1912 à 1914, à la demande du Conseil
vernaculaire « Ngondo », Rudolf DOUALA MANGA BELL et son
assistant ont appelé à une mobilisation générale au
Cameroun et en Allemagne afin de défendre leurs droits devant le
Reichstag, le parlement allemand.Néanmoins, les premières
expropriations ont commencé en décembre 1913.
En mai 1914, sous l'hypothèse d'un faux document qui
aurait été délivré par le roi BELL et
adressé au sultan NJOYA, qui aurait plaidé pour une alliance avec
l'Angleterre, les deux manifestants ont été capturés,
détenus dans ce commissariat, condamnés pour trahison et pendus
le 08 août 1914. Il ne reste que cette souche de l'arbre sur lequel ils
ont été pendus. La PremièreGuerre mondiale venait de
commencer en Europe.
Alors que des navires de guerre hostiles naviguaient vers le
Cameroun, les Allemands ont accéléré le procès afin
de faire face aux assauts attendus de l'ennemi. Dans le même temps, dans
le but de neutraliser une opposition interne croissante, 180 indigènes
ont été pendus peu après Rudolf DOUALA MANGA BELL et
NGOSSO DIN.
En septembre 1914, avec l'aide de piroguiers Duala, les
troupes françaises et anglaises pénètrent dans le chenal
bloquées par des navires détruits par les Allemands. En 2006, le
bâtiment est mis en valeur par une enseigne urbaine
réalisée par « Doual'art » et dessinée
par Sandrine DOLE ; l'enseigne présente une image historique du
bâtiment et une description de son histoire.
Par la suite, nous nous pencherons sur la mise en accusation
de Rudolf DOUALA MANGA BELL et de ses alliés.
· La mise en accusation de Rudolf Douala
Manga Bell et de ses alliés
Le 11 avril 1907, après un procès sommaire
présidé par VON KROSIG au poste de Yaoundé, cinq chefs
Ewondo dont ONAMBELENKU et MBALABEFOLO furent pendus pour haute trahison et
tentative de meurtre.
Il leur était reproché d'avoir
décidé, au cours d'une réunion clandestine, d'empoisonner
CharlesATANGANA dont ils étaient jaloux de l'ascension et de
préparer le massacre des Blancs du poste de Yaoundé.
Deux autres accusés s'en tirèrent avec cinq ans
de prison. Le jour suivant, c'est-à-dire le 12 avril, toujours à
Yaoundé, trois chefs Eton furent également pendus pour
l'assassinat du planteur allemand VOSS.668(*) Le député STORZ, à la
séance du 26 mars 1906, demanda par conséquent « qu'il
soit mis fin d'urgence dans nos colonies à ce système
d'arbitraire absolu et à cette absence
d'équité ».669(*)Six années après STORZ, en 1912, la
situation n'avait guère changé, et le député MULLER
lui emboitait le pas en ces termes : « Notre
procédure criminelle en est à un point où il faut
l'arrêter : elle laisse les indigènes absolument sans aucun
droit ».670(*)
C'est ainsi que le 10 mai 1914, le chef de la circonscription
de Douala, RÖHM convoqua Rudolf DOUALA MANGA BELL - à qui les Duala
avaient donné les pleins pouvoirs pour défendre leurs
intérêts - à un interrogatoire sur la dénonciation
du roi NJOYA et le garda en détention préventive, parce qu'il
était soupçonné d'être en contact avec les
Anglais.671(*) Le 12
mai, le secrétaire d'État aux Colonies, SOLF demanda au parquet
du tribunal de Berlin d'arrêter et de fouiller NGOSSO DIN. Le 15 mai,
NGOSSO DIN fut arrêté et jeté dans la maison d'arrêt
de Berlin. Neuf jours plus tard, il fut mis dans le bateau à destination
de Douala.
Le 07 août 1914, DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN furent
jugés à huis clos à Douala, reconnus coupables de
« haute trahison » et condamnés à mort.Le
Dr.HALPERTet d'autres avocats allemands qui s'étaient annoncés
comme défenseurs des accusés ne purent intervenir dans cette
procédure. Dans une correspondance adressée au secrétaire
d'État aux Colonies, SOLF, le 07 août, le Dr. HALPERT demanda
à ce que le procès soit reporté afin de lui permettre
d'être au Cameroun. SOLF lui répondit par la
négative672(*).
DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN furent exécutés le 08 août
par pendaison.673(*)
SelonAnanieRABIERBINDJI674(*), « RudolfDoualaMangaBell, à la
veille de sa pendaison, va demander une permission d'une heure pour voir une
dernière fois sa femme et ses enfants, sans toutefois les avertir qu'il
sera pendu le lendemain et leur fait croire qu'il sera libéré
deux jours plus tard. C'était un homme d'honneur car il est parti rendre
visite à sa famille sans être accompagné de soldats et
reviendra le soir même en prison ».
Le 14 août à Soppo, près de Buéa,
eut lieu la suite du procès. Cette fois, ce fut le tour d'autres
compagnons de lutte de DOUALA MANGA BELL. Ils avaient été
arrêtés le 21 juillet à Douala en qualité de
« parents, amis ou conseillers » de DOUALA MANGA BELL et
NGOSSO DIN. C'est l'administrateur adjoint VON KROSIG qui remplissait les
fonctions de juge ; il les condamna aux peines suivantes : prison
à vie pour TOKOTO ESOME ; dix ans de prison chacun pour MISSIPOWO
MULOBY, MASO EYANGO, EKANDE EPANYA, KWELE NDUMDE, KOFI ET NJALA ; huit ans
de prison pour LOBE MANGA PRISO ; cinq ans de prison pour Pasteur MODO DIN
et NJEMBELE EKWE.675(*)LesAllemands effectuèrent des perquisitions
chez lui et ses collaborateurs parmi lesquels MADOLA, EDANDEMBITA, ASSAKO NNA
MBA ENAM, et firent main basse sur les preuves irréfutables de ses
intentions : il s'agit du dépôt d'armes et de munitions.
Les accointances des Bulu et des Banoko avec la France
à qui l'Allemagne venait de déclarer la guerre le 03 août
1914 étaient désormais évidentes.Arrêtés le
1er août 1914 par Gunther VON HAGEN, administrateur en chef
d'Ebolowa et de Kribi, Martin Paul SAMBA et ses compagnons furent jugés
par un simulacre de tribunal militaire allemand et condamnés à
mort pour « haute trahison » envers l'Allemagne.
Le 08 août 1914, tandis que ses compagnons sont pendus,
Martin Paul SAMBA, considéré comme traitre, et pourtant
sous-officier de l'armée allemande est fusillé au champ de tir
militaire de Mendo'o près d'Ebolowa. PhilippeLABURTHE-TOBRA ajoute ce
qu'il suit : « C'est le colonialisme lui-même qui se
fusille lorsque les balles allemandes abattent Samba le
germanisé ».676(*)677(*)
C'est dans cette perspective que nous nous sommes
penchés sur les dynamiques et les logiques de coopération
existant entre les potentats Duala et BamounBamun et l'administration coloniale
allemande (Section II).
SECTION II : DYNAMIQUES ETLOGIQUESDE COOPÉRATION
DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN678(*)
Si dans la perspective marxiste ou nationaliste, il a
été souvent question et à juste titre de la
résistance des chefs contre le système d'oppression coloniale, il
a été d'une manière générale beaucoup moins
question de la collaboration de ces mêmes chefs...Notre travail s'oriente
donc vers une analyse critique de la collaboration des chefs avec le pouvoir
colonial.
Il importe de se demander comment le pouvoir colonial,
représenté par un personnel extrêmement réduit, a pu
se faire accepter comme autorité dans la colonie. Ainsi, il
apparaît sinon évident, du moins vraisemblable que
l'autorité européenne avait besoin de complicités, que
celles-ci fussent ou non souhaitées par la population. Et il est
d'autant plus vraisemblable que ces complicités ne pouvaient dans un
premier temps se trouver ailleurs que parmi les anciens tenants de
l'autorité.
Le but de notre travail est par conséquent, de montrer
que le rôle que la collaboration a joué dans la mise en place et
le maintien de l'édifice colonial. Ceci dans l'optique de la
théorie de collaboration élaborée par RonaldROBINSON,
théorie selon laquelle les facteurs collaborationnistes ont largement
contribué à la domination des peuples colonisés. ROBINSON
pose le problème ainsi:« The old nations for the most part were
restricted to explaining the genesis of new colonial empires in terms of
circumstances in Europ. The theory of future will have to explain how a handful
of European Pro-consuls managed to manipulate the polymorphic societies of,
Africa and Asia, and how, eventually, comparatively small, nationalist elites
persuaded them to leave »679(*).
D.A. LOW donne la même orientation à
l'interprétation de l'impérialisme colonial lorsqu'il pose la
question de savoir comment l'ordre colonial a pu être accepté
pendant si longtemps.La recherche historique sur la colonisation allemande au
Cameroun connait indiscutablement un grand intérêt avec les
travaux de Karin HAUSEN, AlbertWIRZ etGotthilfWALZmais elle semble
généralement effectuée dans une perspective plus ou moins
eurocentrique.
Les travaux du professeur STOECKER et de ses collaborateurs
donnent une autre orientation à cette recherche, à savoir qu'il
est indispensable, non pas d'analyser le phénomène colonial en se
référant en majeure partie au colonisateur, mais plutôt
d'accorder une place importante au colonisé. La thèse de Patrice
MANDENG se situe dans le même cadre680(*). Nous orientons notre travail vers cette voie
où le colonisé681(*) n'est plus seulement objet mais aussi et surtout
sujet dans le processus colonial. D'où une convergence entre la
théorie de ROBINSON et les études de STOECKER et de MANDENG. Il
convient donc de mettre un accent particulier sur les éléments
locaux de la domination coloniale.
En analysant ces éléments collaborationnistes
locaux, indispensables au maintien de l'ordre colonial, nous voulons contribuer
à faire ressortir la part de responsabilité incombant à
une certaine couche de la population colonisée682(*).
Nous essayerons alors de déterminer l'étendue de
la collaboration, en montrant dans quelle mesure et à quel niveau ils
ont servi d'instruments à la politique coloniale, en analysant
systématiquement leur rôle de collaborateurs, c'est-à-dire
les chefs dans les domaines politique, économique et culturel. A ce
titre, les traités Germano-Duala nous servent de matière de base
(Paragraphe I) et permet d'appréhender la
stratégie d'aide mutuelle entre l'administration coloniale allemande et
les BamounBamun lors des guerres de
conquête(ParagrapheII).
PARAGRAPHE I :
LESTRAITÉS GERMANO-DUALA
Le désir du ReichAllemand de construire ses propres
enclaves à l'étranger devait être orienté vers des
régions relativement peu attrayantes - c'est-à-dire des
régions du monde très pauvres ou très malsaines ou
très rebelles ou très inaccessibles. Étant donné
que la plupart des marchands britanniques dominaient parmi les
étrangers, le « contrat de protection » conclu en
1884 avec le représentant de la compagnie Woermann n'était
dû qu'à l'utilisation d'un consensus temporaire parmi les trois
principaux chefs de clan.
Le conflit entre King LOCK PRISO, opposant
véhément aux liens contractuels avec le Reich Allemand, et le
King BELL, l'ami des Allemands, a résulté en une lutte
armée en décembre 1884. Pour les Allemands, le contrôle des
terres semblait menacé, il n'était pas encore garanti par des
contrats internationaux lors de la conférence de Berlin.
Dans le « contrat de protection » de 1884,
les deux représentants allemands NACHTIGAL et BUCHNERavaient promis
à l'élite Duala que leurs privilèges ne changeraient pas.
C'était irréaliste, mais les Duala avaient une part
disproportionnée de postes administratifs par rapport aux autres
peuples.
Et certains responsables de la petite administration
coloniale recherchaient une relation amicale. Les chefs de l'administration se
sont efforcés de transmettre leurs décisions aux chefs Duala lors
de patientes négociations683(*).
Même dans l'aggravation dramatique du conflit foncier
dans la « ville principale » de Douala à partir de
1907, comme le souligne ManuelaBAUCHE dans sa thèse684(*).Le chef du clan BELL a fait
former son successeur en Allemagne, Rudolf DUALA MANGA BELL, et lui, à
son tour, son successeur, qui y est resté après
l'exécution de son père et la Grande Guerre, et - quand la France
et la Grande-Bretagne étaient prévisibles comme futures
« fiduciaires » par la Société des nations -
il a été membre d'un lobby pour garder la colonie avec l'Empire
allemand.
Partout, la tolérance envers des élites
autochtones est grande si on a besoin de leur soutien !685(*) Partant de là, les
traités Germano-Duala doivent être catégorisés pour
mieux appréhender leur complexité et déceler les
possibilités qui en découlent tant pour les chefs Dualaque pour
l'administration coloniale allemande(A-). Et ainsi
déterminer la portée juridique de ces différents
traités (B-).
A. LES CATÉGORIES DE
TRAITÉS
Le traité du 12 juillet 1884 entre les Duala et les
représentants des firmes allemandes au Cameroun n'était que l'un
des nombreux traités que les Allemands signèrent dans le
territoire entre 1883 et 1907.
La procédure suivante sera appliquée dans la
réalité aussi bien pour les contrats de vente que pour les
traités négociés :
a) Le gouvernement allemand s'entend avec les firmes
privées opérant dans la Baie de Biafra que les firmes allemandes
accèdent à des possessions privées au nom du Reich dans
les zones ci-après : Bimbia, Kamerun, Malimba, Small Batanga, Bota,
Benito686(*).
b) Le Contrat ou Traité est signé par la
partie publique camerounaise (Cameroun dans le sens large et
général) et par la partie privée allemande.
c) Le Contrat ou Traité est immédiatement
(le même jour en général) légalisé par la
partie publique allemande, généralement sur la même feuille
au bas des signatures. Si le texte du traité est le plus souvent
rédigé en anglais, celui de la légalisation est toujours
écrit en allemand.
d) Le Contrat ou Traité est repris par le Reich
pour son compte au nom de l'Empereur d'Allemagne et ceci par un texte en
allemand et signé entre les autorités publiques et
autorités privées allemandes exclusivement.
e) Le Représentant du Reich en présence des
rois et princes camerounais réunis pour la circonstance, procède
à la proclamation solennelle de la déclaration de la
souveraineté du Reich sur le territoire.
Cette proclamation solennelle est par la suite
matérialisée sur le terrain par le drapeau allemand qui est
hissé en présence de toutes les parties concernées et des
témoins687(*). Si
la proclamation solennelle a bien lieu en présence de toutes les
parties, l'acté écrit est signé exclusivement par les
Allemands688(*). En
fait, au cours de cette période, les Allemands conclurent environ 95
traités avec les populations camerounaises. Ces traités peuvent
être classés en trois catégories : les contrats de
vente, les traités négociés et les traités de paix
(1-).D'autre part, nous ferons une analyse
détaillée des Traités Germano-Duala
(2-).
1. Lescontrats de vente, les
traités négociés et les traités de paix
Les contrats de vente impliquaient la cession d'un territoire
sur lequel la souveraineté devait être exercée contre une
somme d'argent. Ils stipulaient souvent que la firme allemande achetant le
territoire recevait tous les droits de souveraineté, de
législation et d'administration dans ledit territoire.
Dans les contrats de vente, les chefs locaux
transféraient leur souveraineté aux Allemands. La
déclaration faite par le Consul Général en anglais et en
allemand comporte dans l'ensemble les éléments suivants :
sur la base du Contrat ou du Traité signé entre les firmes
allemandes et les autorités camerounaises, contrat ou traité
reconnu régulier et en fonction des pleins pouvoirs dont il jouit, le
Consul Général, plénipotentiaire de l'Empire, place le
territoire sous la souveraineté de Sa Majesté l'Empereur
d'Allemagne sous réserve :
- Des biens de Tiers ;
- De la liberté de commerce ;
- Des traités d'amitié et de commerce
signés antérieurement avec d'autres puissances ;
- Que les droits de douane (Kumi) continueront à
être versés aux autorités de la place ;
- Que les terres habitées et cultivées
resteront la possession de leurs propriétaires et de leurs
héritiers ;
- Que les moeurs locales soient respectées.
Les implications locales sont d'abord d'ordre politique. Par
le contrat, les princes de la place vendent leur souveraineté à
la partie allemande : « I... King Bell... have given up
today to Mr. Ed. Schmidt... all my rights I have on the Isle Nicol... I
acknowledge the receipt of seventy kroos as payment for this
Isle »689(*).Par l'intermédiaire des firmes
allemandes, le Reich supplantera donc l'autorité locale pour exercer sa
volonté. L'Etat allemand peut acquérir toute l'autorité
locale comme pour l'île Nicol ou pour tous les territoires du Cap St.
John690(*) ou alors
cette compétence est restrictive et ne s'étend pas sur les terres
habitées et cultivées691(*).Dans le domaine économique, on parle de tous
les contrats de droits de tiers, parfois seule réserve.
Mais dans certains contrats, les droits de percevoir les
frais de péage sont garantis pour les dirigeants locaux ainsi que la
liberté de commerce.Cela signifie en clair que aussi bien les autres
Camerounais, les Anglais ainsi que les Allemands, dans la lettre et l'esprit du
contrat vont continuer à payer, donc à reconnaître le droit
de souveraineté des dirigeants locaux aux lieux de péages
portuaires.
Parmi les 95 traités que les Allemands
signèrent au Cameroun entre 1883 et 1907, 08 étaient des contrats
de vente tels que : un contrat de vente signé avec Bimbia le 11
juillet 1884 entre Édouard WOERMANN, SCHMIDT et SCHULZE
représentant la firme Woermann, et le Roi WILLIAM ; un contrat de
vente sur l'île Nicol signé le 11 juillet 1884 entre King BELL et
SCHMIDT, sur Bapuko au Cap St. John entre les chefs et les rois et Auguste
LUBCKE au Cap St. John entre les chefs et les rois et Auguste LUBCKE
représentant la firme Woermann ; un autre sur Lubaly à Campo
et un dernier sur Medune.
Par la suite, nous évoquerons la problématique
des traités négociés et des traités de paix.
· Les traités
négociés
Les traités négociés étaient
généralement conclus par deux parties égales qui se
réservaient certains droits.
Le Traité final ne parle plus du monopole commercial
garanti aux Camerounais, ni du refus d'annexion à une puissance
européenne. Il contient cependant les points suivants :
1. Le territoire dénommé Cameroons est
géographiquement délimité ;
2. Les droits de souveraineté, de
législation et d'administration sont cédés aux firmes
privées allemandes ;
3. Des clauses restrictives réservent
positivement :
· Les droits des tiers ;
· La validité des traités
d'amitié et de commerce signés avec d'autres puissances
étrangères ;
· Le droit des Camerounais et de leurs
héritiers sur les terres cultivées et
habitées ;
· Le droit de douane au profit des
rois ;
· Le respect des coutumes camerounaises.
Ces 03 (trois) points avec les 05 (cinq) restrictions se
retrouvent dans presque tous les traités négociés dans le
corps même du texte, bien avant de figurer dans le document de
légalisation692(*).Par ailleurs, l'influence politique d'un premier
signataire camerounais peut entraîner la signature de potentats
indépendants.
Dans l'exemple des rois de « Ndoo » et de
« Bakundu », ceux-ci s'engageront directement
vis-à-vis de l'Empire allemand et non plus des commerçants
privés, en se référant à leurs liens tissés
avec King BELL : « We the undersigned kings and chiefs of
N'doo and Bakundu declare that in conformity with our political and commercial
friend King BELL of Kamerun ; we recognise the Sovereignity of the German
Empire over us and our Country »693(*)694(*).Dans ces cas, les réserves ne figurent
pas dans le corps du traité695(*).
Volontairement sur la base des négociations
préalables ayant abouti à des réserves stipulées
dans le contrat, les potentats du Cameroun cèdent leurs droits de
souveraineté, de législation et d'administration à la
partie allemande. Ils cessent ainsi d'être maîtres de jeu sur le
territoire. Ils concèdent la partie essentielle des attributs de pouvoir
au ReichAllemand et ne conservent que le droit de douane et un droit de
propriété sur les terres habitées et cultivées. Le
droit des tiers se référant en général au commerce
et à la liberté commerciale, les souverains camerounais perdent
par ces Traités le droit de négocier ultérieurement avec
d'autres partenaires696(*).
Les traités négociés entre les
commerçants allemands et les rois et chefs du Cameroun étaient
les suivants : Yoko à Benito River signé le 29 octobre
1883 ; le traité germano-douala signé le 12 juillet
1884 ; Jibarret et Sorroko signé le 15 juillet 1884 ; Small
Batanga le 18 juillet 1884 ; Malimba le 20 juillet 1884 ; Ndoo et
Bakindu le 05 novembre 1884 et Benita le 02 août 1884.En dernier lieu,
nous parlerons des traités de paix.
· Les traités de paix
Le dernier type de traité concernait les traités
de paix. Un traité de paix était normalement signé
après une victoire militaire et ses termes étaient plus ou moins
dictés par le vainqueur. LesTraités de paix sont tous
rédigés en allemand, au nom du ReichAllemand ou du gouvernement
impérial du Cameroun. Ils imposent la reconnaissance de la
souveraineté allemande et le Roi, Sultan ou Chef accepte de se soumettre
à l'autorité du Reich697(*). Contrairement aux Contrats de vente ou aux
Traités de cession négociés, les Traités de paix
signifient une victoire militaire allemande sur les différents royaumes
camerounais.
Les dirigeants locaux conservent une partie de pouvoir sur
leurs sujets puisque les Allemands n'abolissent pas le royaume ou la
principauté car ils installeront même de nouveaux chefs dociles
là où besoin est. Mais nos princes perdront cependant leur
souveraineté et leur autonomie d'action car ils se soumettront à
l'autorité allemande qui deviendra en 1907 l'autorité
réelle sur l'ensemble du territoire.Au niveau international, l'Allemagne
jouit de son autorité exclusive sur le Cameroun et partant de sa
puissance continentale en Europe, arrivera à agrandir ce territoire par
un accord avec la France le 04 novembre 1911698(*).
Il faut souligner que les Traités de Paix
n'interviennent en général que bien plus tard, après la
création de l'armée de terre en 1891 et qui dicteront les
conditions allemandes aux rois et princes camerounais vaincus par la force des
armes. Ils se soumettent sans conditions à l'autorité allemande
qui installe souverainement son autorité exclusive et confirme ainsi la
domination totale du Reich sur le Cameroun699(*).
L'armée coloniale allemande, la
« Schutztruppe », fut formée en 1891 pour conduire
les campagnes militaires allemandes au Cameroun jusqu'en 1916. Les
traités de paix signés entre 1884 et 1907 étaient de ceux
de : Kamerun-Hickorytown700(*) le 13 janvier 1885 ; Banyo le 07 mai
1899 ; Tibati le 07 juillet 1899 ; Ngaoundéré le 20
septembre 1901 et Saran Fellani le 05 janvier 1907. De tous les 95
traités, le traité germano-douala restait le plus significatif en
ayant une portée historique considérable pour le Cameroun.
Nous apporterons une analyse et des commentaires approfondies
des traités Germano-Duala.
2. Commentaires et Analyse Des
Traités Germano-Duala
Les Duala se plaignaient que leurs chefs aient
été traités comme les gens bien moins importants que les
chefs d'équipe des travailleurs venusdu Libéria701(*)... Ce mépris allait
plutôt contre les objectifs politiques et économiques du pouvoir
colonial qui avait besoin de la collaboration de cette catégorie sociale
privilégiée que constituaient les chefs. Certains furent
même condamnés d'avoir osé se plaindre.
Ces mauvais traitements702(*) ne constituaient pas une méthode pouvant
amener les chefs à une collaboration plus profitable au pouvoir
colonial703(*). Du fait
du déclin notoire de l'autorité traditionnelle chez les Duala, le
gouverneur SEITZ observa plus tard une « dissolution de
l'organisation ethnique » et put dire qu'à l'exception de
Rudolf DUALA MANGA BELL qui avait encore une certaine influence, l'unique
autorité à Douala était incarnée par le chef de la
circonscription, c'est-à-dire qu'elle était en fin de compte
détenue par l'administration allemande704(*).
Initié en 1909 par le chef de la circonscription de
Douala, VON RÖHM, et le chef du service médical colonial, Dr.
ZIEMANN, et approuvé par le gouverneur SEITZ et les autorités du
Reich, ce plan avait été voté par le Reichstag.705(*)706(*)
Ainsi, nous illustrerons l'analyse des traités
Germano-Duala au travers des conditions dans lesquelles ils ont
été signés et les implications de tous les acteurs
susmentionnés.
· L'analyse des traités
Germano-Duala
Pour le Prince KUM'ANDUMBEIII, il y eut environ 95
traités de transfert de souveraineté. Le premier traité de
transfert de souveraineté de la région « Cameroons » a
été signé par Jim EKWALLA, King DIDO, soit DEÏDO, le
11 juillet 1884. « Cameroons » désignait à
l'époque la sphère de souveraineté et d'influence des rois
Duala.
Les King BELL707(*) et King AKWA708(*) signeront le 12 juillet deux traités
identiques, mais séparés, même si les deux rois
contresignent le traité de l'autre.
On peut se poser la question de savoir quelles sont les
conditions dans lesquelles ont été signés les
traités Germano-Duala.
· Les conditions dans lesquelles ont
été signés les traités
Germano-Duala
Tous ces trois traités ont le même contenu, seuls
les noms des signataires camerounais changent, et le traité avec King
DIDO709(*) se limitait
à son seul petit territoire, tandis que les traités du 12 juillet
englobait tout le territoire sous influence des trois monarques.
D'autres traités consécutifs seront
signés par exemple le 15 juillet par les princes de JEBALLÉ et
SODIKO qui stipuleront qu'ils se trouvent sous l'autorité de King BELL.
A Bimbia, cependant, un autre traité fut déjà signé
le 11 juillet par les princes MONEY, QUAAN, CHONGOLO, etc.
Le transfert de souveraineté par ce contrat fut donc
soumis à des conditions limitant sévèrement le pouvoir des
partenaires européens. Ce qui est peu connu, c'est avant que les
traités en question ne furent signés, les rois du «
Cameroons » exigèrent un engagement écrit du Reich sur un
document distinct du traité et signé par le consul allemand
EmilSCHULZE, afin de s'assurer l'engagement futur du Reich pour le respect des
conditions stipulées par les rois camerounais.
Le commerçant Édouard WOERMANN, signataire du
traité et frère d'Adolf WOERMANN, directeur de la
société notait le 9 juillet 1884, donc trois jours avant la
signature officielle du traité :« Les deux rois BELL et AKWA
voudraient bien signer le traité, mais leurs puissants vassaux ne
veulent pas accepter et s'opposer véhément contre toute signature
de contrat avec les Allemands ». Dans une note au nouveau gouverneur
du « Kamerun » VON SODEN, l'assistant du Dr. NACHTIGAL et
chargé des affaires allemandes au Cameroun, le Dr. Max BUCHNER
écrira en juillet 1885 : « Notre acquisition (du Cameroun) a
engendré tellement de désagréments pour tous les rois et
chefs camerounais qu'ils aimeraient, s'ils le pouvaient, annuler ces
traités ».
A cause de toutes ces résistances, ces traités
ne sont pas signés sur terre ferme camerounaise, mais sur le bateau de
guerre allemand « Möwe ». LOCK PRISO710(*), qui régnait de
l'autre côté du fleuve à Bonabéri, fut le seul
potentat à refuser la signature du traité, le considérant
comme une escroquerie monnayée.King BELL711(*) rassura les Allemands en
disant que LOCK PRISO, faisant partie de sa famille, serait sous son
autorité, et que la signature de King BELL engageait aussi
Bonabéri.
Les Allemands ne pouvant pas acquérir « Cameroons
» sans l'autre côté du fleuve, Hickorytown,
procédèrent après maintes hésitations à la
cérémonie de hissage de drapeau allemand à Bonabéri
le 28 août 1884. LOCK PRISO réagit le même jour, en
adressant une lettre au consul allemand : « Je vous prie de
descendre ce drapeau, personne ne nous a achetés, vous vouliez nous
corrompre par beaucoup d'argent, nous avons refusé, je vous prie de nous
laisser notre liberté et de ne pas apporter du désordre chez nous
».
Comme les Allemands ne vont pas s'exécuter, le drapeau
allemand est descendu du mat et arraché. Un commerçant allemand
de la firme Woermann, PANTANIUS est assassiné en représailles par
le chef ELAME JOSS. La guerre éclate. LOCK PRISO a des alliés,
aussi bien chez les Bonapriso, Bonanjo que chez certains Akwa et Deïdo.
La pression est mise sur les commerçants allemands
pour qu'ils ne livrent plus d'armes à King BELL. Le 16 décembre
1884, les Bonapriso et Bonabéri mettent le feu à
Bonanjo712(*). Le
commerce import-export menacé de s'arrêter complètement. La
guerre n'est pas seulement entre les différentes parties duala, pro-ou
contre le traité, les Allemands sont directement impliqués.
Le 20 décembre, les bateaux de guerre allemands «
Bismarck » et « Olga » arrivent au secours et débarquent
331 soldats bien armés, sous la direction de l'amiral Knorr. Du 20 au 22
décembre, le « Olga » bombarde Bonabéri et brulent une
ville vidée de ses habitants. Le butin le plus précieux des
Allemands est la proue princière, le « tangue » de KUM'A
MBAPE, jusqu'aujourd'hui en otage au musée ethnographique de la ville de
Munich.Il a été volé par le médecin allemand en
1884 dans la maison du souverain local LOCK PRISO BELL. Son petit-fils,
Alexandre KUM'A NDUMBE III, essaie d'obtenir sa restitution713(*).Parlant du
« Tangue », il représente le prestige et la
puissance économique du groupement ou de la tribu Duala qui l'a
construit. C'est une grande oeuvre sculptée en bois.
Il est décoré de motifs
géométriques peints de couleurs vives et sculpté de formes
d'animaux. Monté à la proue, il est décoré
d'animaux héraldiques tels des félins, serpents, et de quelques
autres motifs dérivés des symbolismes locaux et
impériaux714(*).
Les chiffres ne sont pas peints.715(*)
Il est décrit par MaxBUCHNER ainsi qu'il
suit :« Ces sculptures sur bois sont l'une des nombreuses
activités inutiles ; la bagatelle qui occupe le Nègre. Le
meilleur de cet art sont les pièces d'ornement complexes qui sont
fixés à l'avant de la pirogue de course. Les motifs seront
principalement des formes européennes, mélangées avec des
formes d'animaux africains imaginées »716(*).
Le premier traité de soumission sera ainsi signé
le 13 janvier 1885717(*). C'est pourquoi nous nous tournerons vers la
qualité des signataires des traités Germano-Duala.
· La qualité des signataires des
traités Germano-Duala
Le 06 août 2004, les conférenciers718(*), autour de la table au
Palais de DIKA AKWA, accorderont tout au moins leurs violons sur ce qui, du
moins pour les signataires de ce traité, apparaissait comme une
nécessité.
Selon PRINCE KUM'A NDUMBÈ III, « Les
structures économiques et politiques de nos sociétés
traversaient des phases critiques face à la mondialisation du continent
africain qui a commencé avec l'esclavage et qui, au 19ème
siècle, assurait à l'Europe de la révolution industrielle
des avantages exorbitants face à l'Afrique et une
prépondérance certaine dans nos relations bilatérales.
D'autre part, plusieurs guerres internes ébranlaient l'autorité
des potentats de « Cameroons ».
Mais, quelles pouvaient être les conséquences
d'un traité signé d'un côté par des civilisés
(les Allemands) et de l'autre par des barbares (les Rois Duala) ? Nous
reprenons là les propos du Pr.MOUELLEKOMBI. Un traité
signé, dit-il encore, dans un contexte de rivalité.
Et NSAMÈ MBONGO de rappeler les idées
philosophiques développées en Allemagne à cette
époque. Si en Allemagne, la notion de supériorité de la
race aryenne était en vogue, sur les berges du Wouri, comme partout
ailleurs en Afrique, on n'entendait pas se contenter ou se complaire, dans une
attitude de faire-valoir. Le traité en préparation puis
signé se retrouve au centre d'une contestation et d'une
résistance véhémentes car pour le Pr.NSAMÈMBONGO,
« un traité n'est pas seulement un texte. Mais il est aussi
toutes les conséquences qui en découleront ».
Pour le Professeur agrégé de droit,
NarcisseMOUELLE KOMBI, « ce traité n'était pas unique en
son genre dans la région ». Il étonnera plus d'un, notamment
autour de la table quand il avancera qu'il s'agit plus d'un « document
interne » que d'un « document international » qui 120 ans
après, n'a pas encore livré tous ses mystères,
étant entendu, souligne-t-il, que « les normes et les formes
n'ont pas été bien comprises ».Les chancelleries
africaines du 19ème siècle d'autre part ne communiquaient plus
vraiment entre elles, et seront incapables de concevoir une stratégie
d'ensemble africaine ou même régionale, pouvant contrer la
nouvelle stratégie européenne sur notre continent.
Au Cameroun, il n'y aura aucune stratégie commune des
différents royaumes, il n'y aura pas une véritable communication
ou diplomatie de défense des intérêts africains face
à une Europe agressive. Les rois qui résisteront ne
bénéficieront pas d'une alliance globale de la résistance.
Ils se battront seuls face à une puissance
concertée des forces européennes contre l'Afrique et seront
souvent trahis par leurs propres frères voisins, au profit de
l'envahisseur européen, ceux-là comptant sur le pillage des biens
du frère pour s'enrichir davantage.Les différents accords et
traités signés avec les Anglais bien avant la colonisation, comme
celui du 08 juillet 1859 abolissant tous les sacrifices humains, en vue d'un
culte païen, ou de toutes autres cérémonies ou coutumes, ou
l'accord Anglo-Duala du 13 décembre 1861 interdisant la pratique du
meurtre par représailles sous peine de représailles militaires
anglaises indiquent déjà la fragilité institutionnelle des
rois de la côte qui ne soumettent pas ces réformes sur les us et
coutumes à leurs propres institutions internes, mais à des
règlements internationaux bilatéraux. Il en va de même des
traités sur l'interdiction du commerce des esclaves du 10 juin 1840, du
7 mai 1841, du 29 avril 1952, de la déclaration anglaise du 25 avril
1842 menaçant King BELL719(*) de violentes représailles ou des
conférences, accords ou traités sur le commerce, comme ceux du 17
décembre 1950, du 14 janvier 1856, etc.
Nous constatons ainsi que bien avant la colonisation
allemande, la juridiction du « Cameroons » était
déjà assez soumise aux lois et règlements
européens, parfois à travers la corruption des rois qui
encaissaient de fortes sommes ou marchandises de valeur avant de signer, ou
alors par la force de dissuasion des navires de guerre
européens.Désormais, seul l'Empereur d'Allemagne et ses
représentants dont le Chancelier du Reich, le Ministre des Colonies, le
Gouverneur au Cameroun, et les chefs de circonscription décidaient du
sort de notre pays en excluant les dignitaires africains de toute
décision politique, juridique, militaire ou économique.
Partant de là, nous assisterons à un blocus
économique de la part des puissances étrangères.
· Blocus économique de la part des
puissances étrangères
Pour les obliger à céder leur monopole, les
Allemands avec l'aide des Anglais vont organiser plusieurs blocus commerciaux,
dont le premier aura lieu contre les Deïdo le 12 septembre 1884.
Un autre blocus suivra en 1886 - cette fois-ci répondu
par un contre-blocus des Duala qui interdirent aux Européens même
l'approvisionnement en eau potable et en bois de cuisine.
En juillet 1899, douze sociétés allemandes et
anglaises lancent un nouveau blocus de six mois contre les
intermédiaires Duala. En 1900, les Européens ont enfin pu
établir 92 comptoirs à côté et à
l'intérieur du pays. Le gouverneur finira par interdire purement et
simplement tout commerce aux Duala par arrêté du 19 juin 1895.
Un autre arrêté de police du 22 mai 1895
interdisait aux Duala d'employer des ouvriers Wey, disponibles dans la
région. Les contrevenants étaient mis en prison.
LesEuropéens obligeront les Duala à servir dorénavant de
comptables et de vendeurs dans les comptoirs des blancs. La chasse qui
rapportait beaucoup grâce au commerce de l'ivoire sera aussi interdite
aux Duala par arrêté du 12 février 1890.
La monnaie de troc dans les transactions commerciales, le
« Kroo »720(*)sera aussi dévaluée
systématiquement jusqu'à sa suppression et son remplacement par
le Markdu Reich. En effet, le kroo se décomposait en 4 keg, 8 piggin, 16
bar et valait 20 marks en 1884.
Cette monnaie de troc exprimait les quantités de
marchandises à échanger contre d'autres. Ainsi, 100 kg de
palmistes, 10 gallons d'huile de palme ou 2 livresd'ivoire valent 1 kroo. Le
kroo fut vite dévalué à 12 Marks puis à 10 Marks,
avant d'être remplacé par le Mark par un décret du
gouverneur allemand du 6 avril 1894. Il en sera de même de la douane,
appelée « Kumi » à la côte camerounaise.
Il y avait quatre douanes qui rapportaient en 1885 à
leurs rois les sommes ci-après : 10.000 Marks pour King BELL721(*), 6.600 Marks à King
AKWA722(*), 3.000 Marks
à LOCK PRISO723(*)de Bonabéri et 2.200 Marks à Jim
ÉPÉE EKWALLA de Deïdo.
Ces douanes seront aussi progressivement supprimées et
il n'y aura plus qu'une douane allemande. La puissance économique des
Camerounais de la côte sera donc réduite à néant, et
ces Camerounais seront mis au service d'une nouvelle économie
dominée et orientée exclusivement vers la métropole
coloniale. N'oublions pas que le pont du Wouri ne fut construit que de 1952
à 1954 ! Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que le port
de Bonabéri perdit au fur et à mesure son importance pour
l'import-export !
Les Allemands vont cependant déclarer par «
Décret de Sa Majesté l'Empereur d'Allemagne du 15 juin 1896 sur
la création, l'acquisition et les donations ou ventes des terres de la
Couronne, ainsi que sur l'acquisition et les donations ou ventes des terrains
dans le protectorat du Cameroun » que les terres camerounaises
vacantes deviennent terres de la Couronne allemande, donc appartenant à
l'Allemagne, et seuls les fonctionnaires allemands, parfois secondés par
les missionnaire, statueront sur le caractère vacant des terres. Le
« Grundbuch », livre foncier, sera instauré et placé
sous la juridiction allemande pour préserver des droits de personnes
privées, européennes surtout, africaines dans certains cas.
L'Empereur signera par la suite un autre «
Décret de sa Majesté l'Empereur d'Allemagne du 14 février
1903 sur l'expropriation de la propriété foncière dans les
protectorats en Afrique et dans le Pacifique ».Le décret
d'application sera signé le 12 novembre 1903. Dix ans plus tard, le 15
janvier 1913 à 16h50, le Chef de circonscription publiera à
Douala un arrêté d'expropriation concernant 37 terrains entre
Bonanjo et Akwa d'une superficie totale de 6 ha 77 à 28 m²,
même les terrains de Rudolf DUALA MANGA BELL, roi des BELL, ne seront pas
épargnés. La réaction des rois Duala ne se fit pas
attendre.
Rappelant leur pétition du 8 mars 1912, ils
adresseront le même jour de la publication de l'arrêté
d'expropriation, donc le 15 janvier 1913, une requête en annulation de
cette mesure administrative au Parlement allemand, le Reichstag, pour abus de
pouvoir et violation de traité du 12 juillet 1884. Cette violation sera
reprise en détail dans leur lettre de protestation du 20 février
1913. LesAllemands, devenus maîtres absolus du territoire,
élimineront DOUALA MANGA BELL et son compagnon NGOSSO DIN par pendaison
le 8 août 1914.
Qu'en est-il de la portée juridique de ces
Traités Germano-Duala ?
B. LA PORTÉEJURIDIQUE DES TRAITÉS
GERMANO-DUALA
Pour Adamou NDAM NJOYA, par exemple, dans le Cameroun dans les
Relations Internationales, écrit que le Traité du 12 juillet 1884
n'est pas un traité entre États mais plutôt un accord entre
les firmes privées allemandes et les princes Duala.724(*)
Il indique qu'alors que le TraitéPréliminaire
était signé par un représentant du ReichAllemand, le
Traité Final fut signé uniquement par les firmes allemandes de
Douala bien que le Reich le reconnut plus tard. Une autre critique du
Traité Germano-Duala s'appuie sur le fait que l'accord final omettait
les clauses du TraitéPréliminaire, clauses par lesquelles les
rois et les chefs sauvegardaient leur monopole commercial.De plus, l'accord du
12 juillet 1884 ne fut pas ratifié par tous les souverains Duala.
Le Prince LOCKPRISO725(*) de Hickorytown726(*) refusa de le signer et organisa une
résistance farouche. Cette résistance aboutit à une guerre
ouverte contre les Allemands du 10 au 22 décembre 1884.Par cet accord,
les rois et les chefs Duala cédèrent leurs droits de
souveraineté, de législation et d'administration aux firmes
privées allemandes et finalement, au Reich.Ils conservèrent
uniquement leurs droits de prélever des impôts mais perdirent
leurs droits de négociations avec d'autres parties.
En réservant ce droit de prélever les
impôts et de conserver les terrains des villes et des villages
« comme propriété privée des
indigènes » alors qu'ils perdraient leur
souveraineté(1-), les Duala créèrent une
situation ambigüe qui devint plus tard source de
conflits(2-).
1. La signature du Traité du 12
juillet 1884 et la perte de la souveraineté des chefs Duala
Cet accord signifiait également non seulement la perte
éventuelle de l'avantage d'intermédiaire des Duala dans le
commerce entre les Européens et les Allemands bien qu'ils ne s'en
rendirent pas compte. Cette ambigüité devait aboutir finalement
à la tentative d'expropriation de leurs terres en 1912. Enfin, dans une
perspective internationale, l'Allemagne avait acquis une colonie sur la
côte de Guinée et participa à la conférence de
Berlin727(*) avec de
nouveaux atouts aux négociateurs.La littérature scientifique sur
l'époque coloniale allemande au Cameroun, prétend, à tort,
ne connaître de ce traité que la traduction allemande qui fut
publiée lors de l'affaire de l'expatriation des terres à Douala
en mai 1914, c'est-à-dire presqu'à la fin de la présence
allemande au Cameroun.
RUDIN dans son ouvrage Germans in the Cameroons728(*) affirme dans
l'appendice qu'il lui fut impossible de trouver le texte original en
anglais.
BRUTSCH dans les « Traités camerounais »
déclare ceci à propos du traité de protectorat :
« Nous ne pouvons donc en présenter ici que la traduction
officielle allemande donnée dans l'important mémoire du
Reichstag, publiée en 1914 pour justifier l'expropriation du plateau de
Joss à Douala »729(*).Le RévérendPasteurMVENG dans son
Histoiredu Cameroun730(*) affirme d'ailleurs la même chose.Dans son
ouvrage « « A travers le Cameroun du sud au
nord » paru en 1893,le lieutenant MORGEN731(*) en donne dans l'introduction
une traduction, ce qui prouve bien que l'original en anglais existait
effectivement et était accessible au public732(*).
La seconde remarque porte sur le fait que les chefs Duala ne
reçurent jamais de copie du traité. De nouveau le pasteur BRUTSCH
s'appuyant sur le contenu de la lettre d'un officier naval britannique, datant
du 26 juillet 1884 et publiée dans le « Blue
Book »733(*)
de 1885, affirme qu'à en croire cette lettre, « les Rois Akwa
et Bell n'en reçurent aucune copie »734(*).
AlbertWIRZ est du même avis lorsqu'il écrit :
« De manière significative, les Duala n'ont pas reçu une
copie du texte du traité »735(*). Notons que ces auteurs ne sont pas les seuls
à défendre cette thèse qui bien entendu s'appuie sur des
témoignages tout à fait plausibles.
MaxBUCHNER montre dans Kamerun736(*) comment les
traités étaient généralement faits ; selon lui,
pareil document était habituellement fait en deux exemplaires, dont l'un
était remis au chef africain737(*). Dans leur pétition, les chefs AKWA
demandaient au Reichstag d'exiger une copie du traité au
Département Colonial pour prendre connaissance des conditions qu'ils
avaient posées lors de sa signature et ils n'avaient pas joint à
la pétition une copie du traité...Ce point de la pétition
des chefs Akwa nous apporte un fait nouveau important : les Duala738(*) furent bien en possession
d'un exemplaire du traité. L'existence de celui-ci nous est pour ainsi
dire confirmée par la lettre de MPONDO AKWA adressée de Berlin le
22 février 1906 aux chefs AKWA.
Représentant les AKWA en Allemagne,il avait
réussi à avoir une copie du traité. Il la leur envoyait et
demandait de bien la conserver. Sa lettre nous donne en même temps une
idée des conditions dans lesquelles l'exemplaire des Duala aurait
disparu : « ...garde le contrat en sécurité afin qu'il
ne soit pas revendu(e), comme le premier »739(*). « L'exemplaire
des Duala aurait été vendu ? A qui ? Qui avait
intérêt à ce que pareil document n'existât pas
? »
En effet, si leur accord a produit des effets juridiques
au-delà du cadre national, ils méritent d'être
qualifiés de sujets de droit international et mieux encore, de sujets de
droit international dotés de la capacité contractuelle requise
à l'article 2 de la Convention de 1969.
On sait en effet que depuis les travaux de Thomas HOBBES,
lui-même précédé par Samuel VON PUFENDORF, la
qualité de sujets de droit international est limitée aux
États et à leurs représentants légaux740(*).
EmerDE VATTEL en livre un éloquent aperçu :
« LesNations traitent et communiquent entre elles par
l'intermédiaire de ministres publics dont il peut exister plusieurs
ordres et différentes espèces, mais qui possèdent tous ce
caractère essentiel (et) commun, d'être des représentants
d'une puissance étrangère »741(*).
Cette idée reprise par les contemporains se
présentait déjà sous la plume de CharlesSALOMON
:« La communauté internationale est formée d'un certain
nombre de personnes juridiques internationales (et cette qualité, ainsi
que les avantages qui en découlent, n'est reconnue qu'aux États)
qui seules peuvent être le sujet de rapports juridiques internationaux
»742(*).
Par sujets de droit international, il convient donc d'entendre
les États dont la capacité juridique est liée à la
personnalité de l'ONU743(*) et, par extension de ladite personnalité, les
organisations internationales. C'est pourquoi nous avons questionnés le
concept de « sujet de droit » par rapport aux chefs
Duala.
· Les chefs Duala : sujets de droit ou
non ?
Michel TROPER rappelle à ce propos qu'
« on appelle sujets de droit pour en faire découler des
droits, mais de savoir s'ils ont un droit pour affirmer ensuite qu'ils sont
sujets »744(*).Dans la même veine, la Cour
internationale de justice745(*)établit la corrélation entre la «
capacité d'agir et la personnalité internationale ». Le fait
d'avoir conclu un traité ne serait-il pas dès lors tributaire de
la qualité de sujet de droit ? Si tel est le cas, et ce fut le cas, les
deux parties au Traité de 1884 méritent d'être
regardées comme des sujets de droit, international de surcroit, du
moment où le droit qu'elles ont produit est tributaire « de la
souveraineté externe ».
Est sujet de droit, toute entité746(*) destinataire d'un ensemble
de prérogatives formulées par le droit positif. Par
transposition, on dira que sont sujets de DIP tous ceux qui ont une
habilitation, un droit, à agir au-delà de l'ordre juridique
national.
Ainsi, pourrait-on avancer qu'en reconnaissant que le
« Consul général en mission dans l'Afrique (....) a
négocié avec des chefs indépendants », BISMARCK,
un acteur déterminant de l'ordre westphalien, dévoilait la
personnalité internationale des chefs indigènes.L'idée de
chefs indépendants promeut une double identité de
souverains747(*)et de
peuple indépendant. Toute chose qui justifierait, selon François
DE VITORIA, l'idée d'État.
Or, la notion de peuple dont la qualification a suivi le droit
à l'indépendance fut évoqué à cette
époque pour désigner une contradiction interne à la
légalité coloniale. On parlait de peuples « sans droit
» ou de peuples « hors du droit » pour entreprendre la
dichotomie, qui sera entretenue dans le contexte onusien, entre « peuples
barbares » et « nations civilisées ». A la
différence de celles-ci, ceux-là ne pouvaient prétendre
à aucun droit et donc à la qualité de sujet de droit
international.
Cette conception suit la théorie
deJamesLORIMER748(*) qui
attribue la capacité juridique au prorata du développement
socio-économique. La formule consacrée est :« les
créatures non raisonnables ne peuvent avoir des droits ». Elle
a justifié l'idée de la colonisation, le droit à
posséder ou à déposséder au nom d'une
définition hellénique du principe de la mise en valeur749(*).
Le principe de la représentation qu'on verra dans les
prochains développements en sort dévalué : le
représentant légal750(*)et a-juridique.751(*)Il ressort en effet de l'étude d'Alfonso
MARTINEZ recommandé par Martinez COBO, le Rapporteur spécial des
Nations Unies sur la question autochtone, que les traités conclus entre
peuples autochtones et États relèvent du droit international.
Ainsi est-on fondé, en considération de la
capacité juridique des rois Bell et Akwa, de conclure que le
Traité de 1884 établit la personnalité juridique du peuple
au nom duquel ils ont agi.
Dans l'étude citée, Martinez COBO reconnait
d'une manière générale aux autochtones ou indigènes
d'hier la qualité de peuples au sens du droit international752(*). Une telle qualification
entretient en droit constitutionnel la psychose du droit à constituer un
État.
JeanNJOYA écrit d'ailleurs :« La peur du
séparatisme est une hantise rémanente dans les États
subsahariens où le constituant adopte très souvent une attitude
prudente à l'égard des notions anthropologiques jugées
éminemment sensibles »753(*). La solution de principe à l'ordre
régional africain va dans ce sens754(*).Pour ce qui est de la partie allemande, on
relèvera que la doctrine coloniale a « reconnu la
qualité des sujets de droit aux grandes compagnies à chartes
». Il s'agit là d'une qualification justifiée par la
capacité à commercer au-delà du cadre national.
Corrélativement, la qualification de sujets de droit
international justifie l'hypothèse d'un commerce juridique
international. Un commerce qui s'exerce, en l'espèce, à partir de
la capacité contractuelle. Les parties au Traité de 1884 sont
donc, non seulement des sujets de droit international, mais aussi et surtout
des sujets de droit international dotés de la capacité
contractuelle.En DIP755(*), il ne suffit pas d'être sujet de droit pour
signer un traité. Aux termes de la Convention de 1969, la
capacité contractuelle n'est reconnue qu'aux agents ou
représentants justifiant « des pleins pouvoirs
appropriés ». On l'a, de fait, souligné dans les
précédents développements : la capacité juridique
suit la qualité de sujet de droit, celle-ci étant
subordonnée à l'exercice d'une prérogative juridique. A
l'époque de l'établissement du Traité de 1884, cette
capacité était attachée à deux principes : la
représentation et la publicité.
L'idée de représentation se résume dans
cette formule de François DE VITORIA :« Le peuple ne peut pas
disposer de lui-même sans le consentement de ses princes (et) les princes
ne peuvent disposer de lui sans son consentement »756(*). Il s'agit là
d'une procédure rigide dont l'exigence est requise dans le processus de
la validation des traités ayant trait à la souveraineté.
Le rapport entre représentant et représenté fait de l'un
et de l'autre des titulaires partiels de la capacité juridique.
Le premier757(*) disposait de l'animus, la capacité
liée à l'attribut de souverain et le second du corpus, une
caractéristique essentielle à la définition de la
propriété foncière. L'animus et le corpus réalisent
une corrélation entre le représentant et le
représenté. En ce qui concerne le plébiscite, il
était requis spécifiquement pour les traités
d'annexion758(*).
L'idée est savamment résumée par Hugo
GROTIUS : « s'agissant des intérêts sociaux, les membres
doivent se soumettre à la majorité, parce qu'on doit
présumer qu'ils ont voulu l'existence d'un moyen de décider des
affaires ; or, il serait injuste que la minorité l'emportât ;
ainsi, d'après le droit naturel, l'opinion de la majorité a le
mêmeeffet que celle de l'ensemble
».Précisément,« (l) a souveraineté peut
aussi être aliéné par celui à qui elle appartient,
roi ou peuple. Mais, s'agissant d'une province, il faut, en outre le
consentement du peuple qui l'habite »759(*).
Ainsi, le traité du 12 juillet 1884 possède des
caractéristiques floues qui posent la question suivante : est-ce un
contrat à caractère privé ou public pour la partie
allemande et en avait-elle la légitimité ?
· Le Traité du 12 juillet 1884 :
Contrat à caractère privé ou à caractère
public pour la partie allemande ?
Le Traité de 1884 a été signé par
les rois accompagnés de témoins. Il s'agirait ainsi d'un
traité passé sous l'égide du principe de la
représentation et non du plébiscite, puisque l'exigence de la
majorité requise dans ce cas n'a pas été établie.
Il ne s'est donc agi d'un traité d'annexion. La présence de
ces acteurs justifie toutefois l'hypothèse d'une capacité
contractuelle, suivant l'impératif juridique760(*) qui l'a entretenue à
cette époque761(*).
Partant de l'idée que la qualité de sujet de
droit était reconnue aux compagnies à charte, la partie allemande
avait-elle aussi la capacité internationale. Pouvait-elle pour autant
établir un traité ?
L'affaire ne semble pas simple. En effet, une question a
consisté à se demander si Édouard SCHMIDT et JohannesVOSS
ont agi en tant que plénipotentiaires. La Weltpolitik762(*)de BISMARCK, qui exigeait une
neutralité des États sur le commerce outre-mer, l'entretient.
Le Doyen François-Xavier MBOME rapporte que l'homme
d'État a proposé, dans un pacte signé entre son pays, les
Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie, d'écarter la Grande-Bretagne du
commerce transatlantique du fait de son idéologie colonialiste763(*). Dans ce cas, le
Traité de 1884 était avant tout un accord commercial qui
étendait aux deux autres parties celui passé le 30 janvier 1883
par les seuls Édouard SCHMIDT et le roi AKWA.
Il ne pouvait précisément s'agir d'un
traité d'annexion qui promeut l'idée de colonialisme ; le plus
important étant que cet accord relève la capacité
juridique des firmes allemandes.Une « parade » a consisté
à associer le Consul GustaveNACHTIGAL, ou encore ÉDOUARDWOERMANN,
à l'entreprise en qualité de représentant de l'empire du
Reich.
Cette contradiction n'est-elle pas de nature à
renforcer le doute sur les intentions de la partie allemande au Cameroun n'a
jamais été établi, est consigné dans les
Mémoires du Reichstag comme signataire du Traité de 1884, au
détriment du Consul NACHTIGAL764(*).
Le moins qu'on puisse dire est que la supposée
présence de l'un comme celle de l'autre entend donner au document la
nature juridique d'un traité d'annexion, en vertu du principe de la
délégation d'exercice dont a parlé GeorgesBRY765(*). Mais cette intention ne
saurait être validée du moment où la procédure
usuelle n'a pas été établie : s'il y a eu bien
traité, du fait de l'entreprise des sujets de droit dotés «
de la capacitérequise », il ne s'agit toutefois pas d'un
traité d'annexion.Le droit des Traités est fondé sur le
principe de la libre volonté des sujets de droit international. Ce
principe se traduit par trois propriétés au moins : l'absence
d'une erreur, d'un dol ou de toute forme de contrainte. On y tire deux formules
: un consentement sans équivoque et un consentement non vicié.
Le traité est donc la forme juridique de la rencontre
de volontés, mais aussi l'histoire l'enseigne à propos des
traités signés entre vainqueurs et vaincus, un rapport de
force766(*).
En effet, ainsi que l'a écrit
Jean-MarcTRIGEAUD767(*),
la volonté « constitue le fondement de la convention ». En
cela, l'éthique égalitaire nécessité l'intervention
du législateur : on parle de « volonté légale »
par opposition à la « volonté contractuelle ». Si le
DIP768(*) a ainsi
limité l'expression de la volonté par des «
considérations élémentaires d'humanité », il
reste indifférent pour ce qui est du support de cette volonté.
Cette indifférence qui participe d'une méconnaissance du rapport
de force dans la formation du contrat en général, et en DIP
singulièrement, témoigne de l'état lacunaire du droit
positif des traités.
Un état lacunaire rattaché à une
conception de plus en plus marginale du DIP, et qui ne saurait dès lors
promouvoir l'éthique égalitaire769(*). Jean SALMON770(*) écrit de là que« le
système juridique relatif aux traités, tend à sacraliser
le traité (...) (quelles que soient) les conditions concrètes (de
son) élaboration ».
Cet idéalisme paraît être conçu pour
promouvoir la sécurité juridique. Il poursuit, écrit
l'auteur, « la stabilité des situations, le maintien des
traités quel qu'inégales qu'aient pu êtreles conditions
d'établissement de ces traités,quel qu'oppressif et injuste que
puisse être le contenu ». Et de conclure, la « forme
« traité », dans ce système, demeure le
véhicule de l'oppression, ou en tout cas il a vocation à
l'être (...) et rien n'est fait pour l'en empêcher »771(*). L'état du droit
positif des traités promeut dès lors la perspective de la «
vassalisation plus ou moins consentie » de la « volonté sous
contrainte » oud'« accords viciés772(*)
»développée par le doyen MauriceKAMTO773(*).
Cette perspective de lacune et d'injustice est même
entretenue dans les articles 34 à 38 de la Convention de 1969. En cela,
le traité est lui-même voué à l'échec
puisqu'en réponse à la rupture de l'éthique
égalitaire, violer le traité reste le seul moyen de recours.Jean
SALMON écrit d'ailleurs : « la force que représente
le maintien du droit, l'État qui est ou qui se croit victime de
l'injustice ne peut plus opposer que la violence (la violation du droit)
à la violence institutionnalisée »774(*). La question, du point
de vue du droit, est de savoir si la rupture de l'éthique
égalitaire peut entraîner la nullité du traité.
François DE VITORIA, écrit qu'un titre
concédé par un chef indigène est attaquable dès
lors que sont soulignées « l'ignorance du cédant, la
disproportion psychologique des co-contractants et la peur qui vicie le
consentement »775(*).De l'avisde l'auteur, le «
traité doit être exempt des vices qui entraîneraient la
nullité, l'erreur et la crainte ».
Le droit positif des traités reste quant à lui
indécis et en l'état, seul l'usage de la force armée et la
violation d'une norme impérative de droit international conduisent
à une telle nullité. Toutefois, il convient de le
reconnaître, cet idéalisme juridique ne va pas sans saper
l'éthique égalitaire entretenue par le principe de libre
consentement.
2. Le principe de libre
consentement : un principe difficilement acceptable au vu des
appréciations linguistiques et juridiques des chefs Duala
Deux aspects du consentement à être lié et
de la capacité à lier pourraient être relevés
à ce propos : le système d'énonciation776(*) et l'état de
nécessité dans lequel se trouvaient les rois BELL et AKWA.
D'une part, la volonté de la partie camerounaise
pourrait être considérée comme précaire 777(*) du fait de l'état de
nécessité du aux conditions d'insécurité qui
embarrassent les chefs de la rive droite du Wouri dès la fin des
années 1870. De l'avis du doyen François-Xavier MBOME, le
traité de 1884 sert avant tout « de bouclier militaire et
commercial aux chefs Douala contre leurs adversaires de Bonabéri
»778(*).
D'autre part, il convient en effet de le demander si le
vocabulaire utilisé dans la formulation des clauses du Traité de
1884 était à la portée des indigènes, notamment
lorsqu'il s'agit de rendre compte d'une rationalité exogène ? En
quelle langue le Traité de 1884 a-t-il été formulé
?
C'est la question de la langue du droit. D'apparence banale,
cette préoccupation n'a pourtant pas moins de conséquences sur
l'expression de la volonté des parties. Hugo GROTIUS écrit
à ce propos que « la volonté ne produit d'effets
juridiques qu'eu tant qu'elle se manifeste (...) d'une manière expresse
»779(*).
Il faut préciser que la version la plus
répandue du Traité de 1884 est celle traduite par le
pasteurJean-RenéBRUTSCH et publiée en allemand dans les
Mémoires du Reichstag en 1914. Or, la version originale,
mystérieusement disparue, serait en anglais, langue
étrangère aux deux parties780(*).
C'est la question du langage juridique qui oppose, en
l'espèce, deux rationalités : la raison internationale,
entretenue par les logiques de la légalité coloniale, et le
système coutumier.La solution viendrait de la règle
générale d'interprétation qui prend en compte le
préambule et l'élaboration du traité.
· La règle générale
d'interprétation du Traité : entre légalité
coloniale et système coutumier
Partant de là, il sera difficile d'admettre que le
Traité de 1884 poursuivait l'abandon de la souveraineté ainsi
qu'on l'entend en DIP781(*) aujourd'hui. Deux causes sont à mettre
à l'actif de cette conclusion : l'accord commercial passé en 1883
et le fait que la partie camerounaise prélevait, en tant
qu'entité souveraine, un impôt sur les activités
commerciales exercées sur le territoire objet de la convention. Le droit
des traités accorde peu d'intérêt au contenu des
conventions. Seuls sont exigés les impératifs de
licéité782(*).
La question principale est de savoir quel était l'objet
du traité en question. L'hypothèse la mieux promue consiste en
l'idée que le territoire et la souveraineté du Cameroun forment
l'objet du Traité de 1884.
En effet, si la partie camerounaise a entendu prélever
un impôt sur l'activité commerciale et protéger les accords
passés avec d'autres puissances dans ce domaine, c'est parce que le
Traité de 1884 est un accord commercial : « Nous abandonnons
totalement aujourd'hui nos droits concernant la souveraineté, la
législation et l'administration de notre territoire ». Les
principes qui gouvernent le droit à ce moment se rencontrent, on l'a vu
à l'introduction de cette étude, dans la théorie de la
conquête qui a justifié les différentes formes d'annexion
et d'expropriation régie par deux régimes juridiques. Le
Traité de 1884 en est un exemple. Son contenu, la nature des choses et
les rapports qu'elles enfantent, opposent le droit public au droit civil.
L'annexion est liée à l'abandon de la souveraineté et des
droits annexes. Elle fait partie des traités signés sous l'empire
du droit public. On parle de contrats des princes qui « appartiennent au
droit des gens et sont par lui interprétés, plutôt que par
le droit civil ». De tels contrats rentrent,
précisément, dans la catégorie d'« actes du roi
considéré comme roi » ; lesquels ne sauraient,
précise Hugo GROTIUS, être régis par « les lois
civiles ».
Il suit la conclusion que la souveraineté qui en
était le principal objet, doit être écartée du
régime des « res divini juris »783(*)parce que constitutive d'un
« extra commercium nostrum »784(*). Il apparaît donc,
ainsi que l'ont rapporté des auteurs comme MoniqueCHEMILLIER-GENDREAU,
qu'il était d'usage de distinguer la propriété de la
souveraineté. Cette distinction s'appliquait aux sujets de
droit785(*).
D'une part, on avait les peuples propriétaires des
terres et d'autre part, les nations « civilisées » seules
capables d'user des droits de souverain. On comprend qu'en cas de conflit,
les secondes l'emportent sur les premiers, les droits du souverain
englobant et dépassant, dans ce contexte, le droit à la
propriété. Il en ressort que les nations « civilisées
» ou considérées comme telles gardaient la latitude de jouir
des vertus de la propriété. La souveraineté a d'ailleurs
été considérée comme l'outil de l'oppresseur.
Certains auteurs appliquaient aux deux choses, la
souveraineté et le territoire, le même régime, partant de
l'idée que le droit de propriété fait partie
intégrante des droits de souverain. HugoGROTIUS rapporte : «
Depuis l'établissement de la propriété, il est de droit
naturel que les hommes puissent transférer à d'autres leurs
biens. La souveraineté peut aussi être aliénée par
celui à qui elle appartient »786(*). Les questions liées à la
souveraineté et au territoire se rencontrent, pourrait-on dire, dans le
régime de la propriété immobilière. Partant de
cette considération, l'on conclurait que la souveraineté pouvait
être régie par le droit civil, qu'elle pouvait faire l'objet d'une
acquisition787(*).
L'acquisition gouvernait, dans ce dernier cas, le droit des premiers occupants,
le « jus inventionis »... On dira donc qu'elle ne pouvait
régir la question de la souveraineté que l'on ne saurait
évoquer dans l'hypothèse des terres sans maîtres.
Ce mécanisme apporte la preuve que le territoire, tout
au moins, était classé dans la catégorie des choses
susceptibles de propriété. Monique CHEMILLIER-GENDREAU fait
remarquer en cela que les « sols et les personnes sont liés »
et que ce lien est établi à partir de la relation entre «
l'appropriation et la qualité de la personne de la personne appropriante
».
Le Traité de 1884 a été signé par
les promoteurs des compagnies à charte. Il ne pouvait dès lors
êtretotalement régi par le droit public. Encore que, même
dans ce cas, le régime de la souveraineté ne semble pas
entamé, du moment où les réserves formulées par la
partie camerounaise semblent récuser l'idée de transfert de
souveraineté, voire même d'une cession du territoire788(*).
Tel pourrait finalement être le qualificatif du
Traité de 1884, qui dit à la fois une chose et son contraire. Il
supposerait l'annexion du Cameroun dans toute sa splendeur, tout en indiquant,
avec précision, la référence « rationae
loci »789(*)
des compétences en jeu : le pays nommé Cameroun, situé le
long du fleuve Cameroun, entre les rivières Bimbia au nord et Kwakwa au
sud. La curiosité est grande. Elle l'est d'autant que la même
rhétorique a été utilisée dans un autre accord
passé avec les représentants du territoire dénommé
« small-batanga » six jours après le Traité
de 1884.
Il ressort en effet des témoignages que les dignitaires
locaux « espéraient pouvoir suivre sans dommage pour leur
société, l'évolution d'un commerce auquel ils
étaient fondamentalement liés ». La tension entretenue
par la confusion de la souverainetéà la propriété
s'est prolongée par l'importation du système TORRENS790(*).
Elle oppose aujourd'hui, en droit constitutionnel,
l'État et les collectivités coutumières à partir de
la question de savoir qui est le propriétaire des terres. La question a
divisé la doctrine. La solution semble toutefois ressortir d'une formule
chère à FrancisHAMON et Michel TROPER : l'État exerce sur
le territoire un droit réel institutionnel. Elle permet de concilier
l'article 10 de la Constitution de la République démocratique du
Congo et l'article 21 de la Charte africaine des droits de l'Homme et des
peuples, par exemple. On dira que l'État exerce la souveraineté
sur les ressources naturelles au nom de l'ensemble des composantes de la
nation, en tenant précisément compte de la
spécificité de certaines communautés.
Au Cameroun, depuis 1994, le législateur a
réglé la question de la propriété par l'institution
d'un droit foncier communautaire. La raison juridique du droit intemporel
laisse donc croire que, tel qu'il se présente, le Traité de 1884
visait autre chose que l'annexion du Cameroun. Il s'agissait pour nous d'un
accord commercial, ainsi qu'il ressort des réserves formulées par
la partie camerounaise.Des auteurs comme EngelbertMVENG, ont pourtant
défendu, sans grand écho, la thèse d'une «
colonisation commerciale »791(*).
La clause de réciprocité porte une valeur
éthique : c'est l'équilibre entre les parties qui poursuit
l'idée d'égalité et donc de justice relevée plus
haut. Elle constitue aujourd'hui la condition sine qua non de la
réalisation des contrats en droit public.La clause de
réciprocité a aussi une valeur pédagogique. Elle renseigne
sur la cause du contrat, le but poursuivi par les parties.
D'abord, pour ce qui est de la valeur pédagogique, il
suffit de se demander quel but les parties au Traité de 1884 voulaient
atteindre. La partie camerounaise s'engage à transférer, voire
à abandonner totalement, les « droits concernant la
souveraineté, la législation et l'administration » de son
territoire et en contrepartie, la partie allemande accepte, par sa signature,
de respecter les traités d'amitié et de commerce en vigueur qui
unissent la partie camerounaise à « d'autres gouvernements
étrangers », de respecter le droit de propriété
sur les terrains cultivés par les autochtones et de payer annuellement
et donc continuellement « les péages ».Notre position est
qu'il ne s'agissait pas d'un transfert de la souveraineté, mais d'un
accord commercial qui consolidait l'accord Akwa-Woermann relatif à la
protection des biens et agents de la FirmeWoermann sur le rivage de la ville
d'Akwa, signé un an plus tôt, le 30 janvier 1883.
Dans ce nouvel accord, la partie allemande n'offre quasiment
aucune contrepartie, sinon le paiement de l'impôt. Ensuite, l'objet de
contrat est valable dès lors que le lien de réciprocité
est respecté.Or, trois ans après l'entrée en vigueur du
Traité de 1884, les firmes allemandes entendent s'émanciper du
paiement du Koumi, l'impôt prélevé sur les activités
commerciales. L'on rapporte que « le Koumi fut payé pour la
dernière fois aux chefs par les commerçants européens le
1er avril 1887 ». Cet incident a une double conséquence : elle
illustre d'une part, ... le changement de circonstances et on est en droit de
dire qu'il s'est agi en 1884 d'un lien conventionnel portant sur les
activités commerciales792(*).
D'autre part, l'inobservation de la clause de
réciprocité marque la fin du lien juridique qui unit les deux
parties.
· La clause de réciprocité :
un manquement juridique de la partie allemande
Selon Hugo GROTIUS, « (u) n traité public
n'oblige une partie qu'autant que l'autre fournit les prestations qu'elle a
promises ». Cet acte est donc constitutif d'une violation de la convention
pouvant entraîner, conformément à l'article 62 de la
Convention de 1969, une nullité au nom de la clause « rebus
sic stantibus ». Cette clause relative au changement fondamental de
circonstances pourrait mieux être convoquée à la suite des
évènements. Enfin, la clause de réciprocité promeut
le rapport d'affaire ou la cause du contrat. Dans cette perspective, elle
entretient l'idée de fidélité et de bonne foi bien connue
chez les civilistes. La fidélité, écrit Jean-MarcTrigeaud,
c'est « le respect de la parole donnée »793(*).
Elle ne se confond pas à la bonne foi qui
s'apprécie à partir du régime des vices de consentement.
La première se rapporte à la « promesse juridique » et
la seconde à « la promesse morale ».On verra dans la
règle « pacta sunt servanda »794(*), le prolongement de la
première. Elle est aussi la plus évidente, la plus facile
à déterminer.
C'est pour cette raison qu'il est aisé d'établir
que la partie allemande n'a pas respecté sa promesse juridique qui
consistait à payer continuellement l'impôt relativement à
l'activité commerciale qu'elle exerçait en concurrence avec
d'autres puissances étrangères sur le long des rives de la ville
d'Akwa. En effet, par deux actes significatifs, l'administration allemande est
sortie des clauses du Traité de 1884.
D'une part, par un arrêté signé le 19 juin
1895, le gouverneur du Cameroun Jesko VON PUTTKAMER interdit aux autochtones
« d'exercer tout commerce sur la Sanaga, la voie fluviale qui ouvrait
l'accès aux pays Bassa et Yaoundé ».
Ces obligations795(*) entendaient, pour l'essentiel, laisser libre cours
au commerce européen sur les rives du Wouri conformément à
la deuxième réserve formulée par les autochtones afin de
protéger « les traités d'amitié et de commerce
qui ont été conclus avec d'autres gouvernements étrangers
». L'idée consistait à passer d'un accord commercial
à un traité d'annexion796(*).
D'autre part, et dans le même ordre d'idées, le
Reich promulgue, le 15 juin 1896, une ordonnance impériale instituant la
notion de terres vacantes et sans maîtres pour identifier les terrains
inoccupés. L'ordonnance de 1896 donne, et c'est le moins qu'on puisse
dire, un sens à la politique allemande de l'Hinterland. Elle ambitionne
surtout d'introduire le droit moderne dans la gestion des terres, disons dans
l'appréhension des titres de propriété. Par quels moyens
une société marquée par l'oralité pouvait-elle
« prouver » des droits aux membres d'une société dans
laquelle l'écrit constitue le moyen irréfutable de preuve ? Dans
la stricte tradition africaine, tentèrent d'expliquer les monarques
locaux, « toutes les terres d'une communauté appartiennent à
l'ensemble des individus, chacun n'ayant sur la parcelle qu'il occupe qu'un
droit d'usufruit. Ces terres sont généralement placées
sous la tutelle d'un chef et ne sont limitées que par les terres des
tribus voisines. Même temporairement inoccupées, elles ne
sauraient être considérées comme terres vacantes et sans
maîtres797(*).
Techniquement, l'on conteste la qualification de
« res nullius »798(*) dans ce cadre parce que les terres inoccupées
ne sont pas comparables à une ile déserte qui aurait
illustré, en droit romain, l'absence du droit de
propriété.
Alexandre-Dieudonné TJOUEN799(*) rapporte que,
malgréles oppositions des indigènes pour qui les terres
inoccupées sont peut-être vacantes mais appartiennent « aux
ancêtres et à leurs lignages », l'administration allemande
classe les terrains visés dans le domaine impérial : on parle
sans titre de terres de la Couronne800(*).
La souveraineté, disons plus modestement la
propriété foncière, passe de l'autochtone à
l'allochtone801(*) par
défaut de preuve du premier et sans le besoin de preuves pour le
second.En 1910, l'administration allemande exproprie, de force, les riverains
du plateau Joss.Les autochtones, dirigés par le chef Rudolf DOUALA MANGA
BELL, protestent courageusement contre cette mesure. Trois ans plus tard, MANGA
BELL est démis de ses fonctions puis pendu quatre jours plus
après en compagnie de son cousin NGOSSO DIN.
Voilà qui fait de l'année 1884 une
référence dans la conscience collective, un espace de
recueillement pour les peuples autochtones. Le texte de 1884 mérite-t-il
finalement le qualificatif de traité au sens moderne du terme ? La
réponse dépendra sans doute de la ligne méthodologique
qu'on y appliquera. OlivierJOUANJAN802(*)n'enseigne-t-il pas, non sans avoir utilement
rappelé que tout sujet est relatif, que le concept et la connaissance ne
sont pas dans l'expérience mais dans la faculté créatrice
?
Quid de la détermination du titre juridique
d'autochtone au Cameroun aux premières heures de la conquête du
territoire appelé « Cameroons » ?
· Le caractère juridique du Traité
du 12 juillet 1884 face au statut d'autochtonie des peuples conquis
Pour une part, le Traité de 1884 serait efficient pour
la détermination du titre juridique d'autochtone au Cameroun. Un statut
qu'on conteste aujourd'hui, aux peuples de la modernité, après la
colonisation, a emballé dans le « fagot » de la mixité
urbaine. Un statut pourtant établi depuis l'époque coloniale. En
effet, le Traité de 1884 tend à relever que les peuples
autochtones seraient de véritables sujets de droit et de droit
international précisément...
Hugo GROTIUS le rappelait : lorsqu'il s'agit de statuer sur
les intérêts de la société, la voix de la
majorité est requise. Cette question est entrée dans la
postérité. Il s'agit de manière serrée de
promouvoir le droit à l'autodétermination qui, souligne la
Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, oblige l'adoption de
l'une des formes d'administration suivantes : « auto-gouvernement,
gouvernement local, fédéralisme, confédéralisme
».
D'autre part, l'idée d'un traité imposait la
question de sa validité. Il était courant de distinguer
l'annexion de la cession et de l'occupation. Le traité d'annexion, on
l'a dit, était soumis à une procédure rigide803(*)...
L'annexion qui s'en est suivie rentre dans le cadre de
l'unilatéralisme, dans le cadre de la conquête pour reprendre
François DE VITORIA. La cession quant à elle pouvait être
envisagée, avec cette réserve que le Traité de 1884
impliquait l'aliénation de la souveraineté et le territoire. Or,
dans ce cas, la cession devait techniquement aboutir à l'annexion et,
pour cela, exigeaitla procédure décrite plus haut.
En effet, s'il était d'usage de confondre la
souveraineté aux droits de la propriété en application du
droit romain, l'on entretenait tout de même une distinction entre le
domaine royal804(*) et
le domaine des particuliers805(*).
Le paiement de l'impôt atteste, en tout état de
cause, de ce que le Traité de 1884 était un accord commercial...
Ce n'était pas un traité d'annexion, de cession ou d'occupation,
mais un accord commercial, un traité d'« attribution de
sphère d'influence » ; un traité dont le lien juridique a
été rompu en 1887 lorsque la partie allemande a cessé de
remplir son obligation. La suite n'est qu'un rapport de force.François
DE VITORIA écrit dans cette ligne qu'il ne suffit pas « de
prendre pour acquérir juridiquement »806(*). Les traits semblent
avoir été forcés dans le but de justifier l'idée
d'un traité d'annexion alors même qu'une qualification autre -
à l'exemple de la convention d'établissement commercial n'aurait
pas dispensé le Cameroun d'une annexion programmée807(*).
Ainsi, après avoir exposé la dynamique de
coopération entre l'administration coloniale allemande et les chefs
Duala qui concernait la présentation et l'analyse des trois
traités germano-duala, il nous revient d'examiner la stratégie
d'aide mutuelle entre l'administration coloniale allemande et les BamounBamun
lors des guerres de conquête.
PARAGRAPHEII : LA
STRATÉGIED'AIDEMUTUELLEENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALEALLEMANDE
ETLESBAMOUNBAMUNLORS DES GUERRES DE CONQUÊTE
Évoquer le contexte de la guerre des BamounBamun contre
les Nsoh, permet de mieux apprécier la coopération entre les
BamounBamun et l'administration coloniale allemande mais aussi de constater
à quel point, certains peuples autochtones ont lutté contre leurs
propres frères pour pouvoir conserver leurs intérêts et
étendre leur influence grâce au soutien de l'administration
coloniale allemande.
A ce sujet, le contexte de la guerre des BamounBamun contre
les Nsoh est fortrévélateur de cet état de
fait(A-) et l'aide du peuple BamounBamun dans le processus de
conquête des peuples rebelles par l'administration coloniale allemande en
est une bonne illustration(B-).
A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES
BAMOUNBAMUN CONTRE LES NSOH
Avec l'appui de FON GALEGA 1er, les Allemands
soumirent les royaumes « rebelles » des
Grassfields dont les Bafut contraints d'accepter l'autorité
allemande en 1900. La région de Bamenda placée sous leur
contrôle, les Allemands se déplacèrent vers le pays
BamounBamun où le RoiIBRAHIMNJOYA, qui avait entendu parler de leurs
expéditions punitives et de leurs campagnes de destruction contre les
tribus rebelles des Grassfields, les accueillit en 1902.
Le Roi NJOYA, en fin stratège, privilégia la
voie de la conciliation et décida de participer à la
conquête des Nsoh aux côtés des
Allemands(1-) et par cette stratégie, de
récupérer les restes du Roi NSANGU en terre Nsoh
(2-).
1. Le contexte général de
la société traditionnelle BamounBamun
L'Etat traditionnel BamounBamun ne s'est mis en place qu'au
terme d'un processus historique particulier permettant la constitution d'un
espace politique autonome doté d'une fonction, d'une
légitimité et des moyens propres de son ancrage.
La définition qu'en donneMaxWEBER est devenue
proverbiale : il s'agit d'une entreprise à caractère
institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec
succès, dans l'application des règlements, le monopole de la
contrainte physique légitime808(*). Ce n'est pas le lieu de quereller une
définition que les anthropologiques politistes tiendraient pour
occidentalo-centrique809(*). Seule la question de la monopolisation de la
contrainte légitime nous retiendra. Dans le contexte BamounBamun, il y a
eu une corrélation entre la guerre et la captation du double monopole de
la contrainte ; les relations politiques dans sa dynamique historique sont
définies à partir du phénomène guerrier dans la
mesure où celui-ci met à jour ce qui selon Carl SCHMITT constitue
le critère distinctif du politique810(*).
Cette conception belliciste du politique se matérialise
dans l'idée que "c'est dans la guerre que se trouve le coeur des
choses.C'est la nature de la guerre totale qui détermine la nature et la
forme de l'Etat total".811(*)
L'ouvrage Histoire et coutumes des Bamun conforte
cette périodisation, car entre NCHARE YEN et MBUEMBUE aucun fait d'armes
n'a été enregistré de la part des neuf rois
intermédiaires qui selon l'expression des rédacteurs de
l'histoire suscitée "ne firent rien, vivant sur ce que les mains de
NCHARE avaient fait" ; comme les derniers rois mérovingiens, ils
ont préféré luxure, batailles fratricides et
révolutions du palais812(*). Il faut y ajouter qu'au sein de la
société BamounBamun régnait un climat de
perpétuelle violence qui se manifestera tant à
« l'intérieur » qu'à
« l'extérieur ».
· Le climat sociopolitique en pays
BamounBamun : le syndrome d'une violence perpétuelle
Aucune limite ne restreignait la violence de l'aristocratie
guerrière BamounBamun. Au moment de l'intronisation de NJOYA, les
esclaves représentaient les deux tiers de la population du royaume.
Cette population était constituée par des captifs encore vivants
faits au XIXème siècle et dans toutes les premières
années du XXème siècle et leurs descendants.813(*)
Évoquant le statut de l'enclavement, ClaudeTARDITS
poursuit : « Il n'était, entre les mains de son
propriétaire, qu'un instrument de travail dont ce dernier disposait
à volonté. La coutume déjà citée
l'indique.Le travail du maître était prioritaire et l'esclave
devait accepter toutes les tâches qu'on leur assignait. Il demeurait
toujours inaliénable et L'histoire précise qu'un esclave ne
pouvait se racheter. Il pouvait être vendu au gré du maître
(...) et était censé suivre son maître dans la
tombe »814(*). La femme convaincue d'adultère
était tuée, l'homme qui avait convoité la femme du
roi était massacré, l'homme qui avait offensé le roi
était tué, le serviteur accompagnait son maître dans la
tombe, le décès du maître esclavagiste entraînait le
massacre des esclaves présumés coupables de sa mort,
l'étranger devait être tué. En mettant un terme aux guerres
endémiques du passé, l'intrusion de l'Allemagne dans l'espace
hégémonique BamounBamun commandait un changement de culture.
L'éminent historien de la guerre, l'anglais John
KEEGAN, soutient qu'une économie politique qui n'accorde plus de place
à la guerre exige une nouvelle culture des relations humaines
« étant donné que la plupart des cultures dont nous
avons connaissance ont été imprégnées d'esprit
guerrier, une telle mutation culturelle ne peut se faire qu'au moyen d'une
rupture avec le passé »815(*), écrit-il. Cette réflexion nous
incline à conclure à l'intelligence politique de NJOYA qui avait
compris que l'époque des conquêtes militaires était
échue et qu'avec les Blancs une nouvelle page de l'histoire avait
commencé. Qu'il ait anticipé cette évolution ne fait pas
l'ombre d'un doute, comme en témoigne le procès de GBENTKOM,
coupable de tentative de régicide816(*).
De plus, il faut rappeler que les Nsoh et les BamounBamun
sont des frères. En effet, NCHARE YEN est le frère de NGON NSO,
la fondatrice du royaume de Nsoh. NCHARE YEN était le fils d'un chef
Tikar inconnu, dont lui et sa soeur se sont séparés pour
établir leurs propres royaumes. Selon le livre Rock of God, qui
traite de l'histoire de Nsoh : « Nsoh et BamounBamun avaient
constamment chicané, et pour beaucoup, cela semblait être surtout
une rivalité fraternelle plutôt qu'un conflit inévitable.
Depuis que Nsoh a été fondé par la soeur (NGONNSO), le
frère (NCHARE-YEN, fondateur de BamounBamun) s'est toujours vu comme le
successeur du trône de Nsoh, selon la tradition Tikar qu'ils
connaissaient et respectaient tous les deux »817(*).
LesNsoh avaient d'ailleurs tué et conservé la
tête du RoiNSANGU après une bataille féroce contre les
BamounBamun. On notait donc une forte animosité entre les deux peuples
qui s'est cristallisée avec des actes atroces commis par les soldats
BamounBamun au cours de l'expédition Germano-BamounBamun.
Cette situation amena le capitaine GLAUNING à les
renvoyer chez eux en pays BamounBamun et à ne compter que sur ses
propres troupes.Mais cette situation nous amène à
considérer une autre forme de conquête dite
« passive » de l'administration coloniale allemande qui
consistera à « diviser pour mieux
régner ».
· La conquête
« passive » ou la mise en place du principe
« divide et impera » par l'administration coloniale
allemande
« Le meilleur moyen d'avoir les mains libres
pour gouverner, c'est de semer la discorde parmi ses opposants ».
Ce proverbe latin, souvent attribué au Sénat romain,
s'applique merveilleusement à l'administration coloniale
allemande818(*).
En politique et en sociologie, « diviser pour
régner » est une stratégie visant à semer la
discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les
affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de
réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont
moins de puissance que celui qui met en oeuvre la stratégie, et permet
de régner sur une population alors que cette dernière, si elle
était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en
question819(*).
La maxime « divide et impera » fut
attribuée à PhilippeIIDE MACÉDOINE820(*).En Asie par exemple,
l'administration coloniale française a opposé la population
cambodgienne à la population annamite et elle a tourné les
Annamites contre les Chinois821(*). De même, en Inde britannique, à la
suite de la révolte des Cipayes où musulmans et hindous se sont
alliés contre les Britanniques, le pouvoir colonial britannique a
attisé la haine de chaque communauté religieuse pour l'autre et
instrumentalisé tout conflit religieux. Lors de leur règne, les
Britanniques prirent le parti de la Ligue musulmane contre le Parti du
Congrès. Cela eut comme conséquence la partition de la colonie en
Inde et en Pakistan822(*)823(*).
Dans le cadre de l'administration coloniale allemande en
terre camerounaise, cela se manifesta surtout au sein de l'ethnie Duala
où l'antagonisme entre le King BELL et le King AKWA fut exploité
par l'autorité coloniale pour consolider sa propre position. Le jeune
Alfred BELL, neveu de King BELL, envoyé en formation en Allemagne,
a très bien perçu que l'intention du colonisateur consistait
à semer la dissension entre les Duala et particulièrement entre
ses chefs pour mieux se profiler.
En effet, dans une lettre du 26 septembre 1888 adressée
à son ami NDUMBE EYUNDI, Alfred BELL déclarait que la division
des Duala ne profitait qu'en définitive qu'au pouvoir colonial :
« ...Oui NDUMBE, moi-même je trouve pourquoi cet idiot de
gouverneur n'amène pas les Duala à s'entendre ; il sait que
si NDOUMBE (King BELL) et DIKA (King AKWA) vivaient en paix, les Allemands
n'auraient pas la possibilité de s'imposer, c'est pourquoi il ne se
donne aucune peine pour amener le pays à la
paix... »824(*).
Par ailleurs, SUNTZU dans son ouvrage « L'art de la
guerre » explique : « Celui qui était
passé maître dans l'art de la conquête déjouait les
plans de son ennemi, dont il disloquait les alliances. Il creusait des
fossés entre souverain et ministre, entre supérieurs et
inférieurs, entre chefs et subordonnés. Ses espions et ses agents
s'activaient partout, recueillant des informations, semant la discorde et
fomentant la subversion. L'ennemi était isolé et
démoralisé, sa volonté de résistance brisée.
Ainsi, sans combat, son armée était conquise, ses villes prises
et son gouvernement renversé... »825(*).
Nous pouvons avancer l'hypothèse de
l'utilisation des agents secrets qui fournissaient des informations
à chaque camp. SUNTZU renchérit à ce sujet :
« Une armée sans agents secrets est exactement comme un
homme sans yeux ni oreilles »826(*).
En d'autres termes, pour ce dernier, « tout
l'art de la guerre est basé sur la duperie »827(*).
En définitive, nous pouvons dire que
l'administration coloniale allemande a fait usage de deux stratégies de
guerre c'est-à-dire à la fois « active » et
« passive » au détriment des peuples autochtones.
Mais dans une certaine mesure, elle a permis au peuple BamounBamun de
récupérer le crâne du RoiNSANGU au cours de
l'expédition punitive contre les Nsoh.
2. Le recouvrement du crâne du RoiNsangu aux BamounBamun grâce
à l'administration coloniale allemande
L'expédition punitive allemande contre les Nsoh fut
menée par le capitaine GLAUNING, chef de la Station Militaire de
Bamenda.
Le Roi NJOYA équipa 200 soldats BamounBamun en soutien
à cette campagne punitive. LesNsoh opposèrent une
résistance ferme à la force conjointe Germano-BamounBamun. Au
cours du combat, des atrocités indescriptibles commises par les soldats
BamounBamun forcèrent le capitaine GLAUNING à les renvoyer chez
eux en pays BamounBamun. LesAllemands écrasèrent les Nsoh par la
suite en 1906 et leur imposèrent des termes de la paix.
Suivant cet accord pacifique, les Nsoh se soumirent à
l'autorité allemande et, ensuite, renvoyèrent le crâne du
RoiNSANGU aux BamounBamun. Mais que pouvait bien signifier cet acte pour le
prestige du royaume BamounBamun?
· La symbolique du crâne dans le
monde
Le crâne d'un défunt
est le symbole de la mort physique ; à ce propos, il est souvent
présenté entre deux tibias828(*)croisés en X formant la croix de
Saint-André...le crâne, par translation du microcosme au
macrocosme dans de nombreuses légendes européennes et asiatiques,
est le symbole de la voute du ciel. C'est ainsi que le crâne du
géant « YMIR », dans la mythologie nordique, devient
à sa mort, la voute céleste et dans la mythologie védique,
la voute céleste est formée du crâne de
« HARA », l'être primordial.
Chez les Aztèques, certains crânes furent
ornés de pierres précieuses et conservés comme
étant des éléments protecteurs ; en Afrique, dans le
même but, des crânes furent couverts par une couche d'argile puis
peints.
De plus, dans la peinture de l'époque baroque, la
nature morte associée à la présence d'un crâne
servait à illustrer la vanité829(*) alors le rôle du crâne dans ces
peintures est d'attirer l'attention de cette personne à sa propre future
mort830(*).
Dans la civilisation Maya en Amérique, qui trouve son
origine dès la préhistoire, la croyance en des dieux se
décompose en deux (02) catégories, selon une distinction binaire
entre le bien et le mal.
L'une est associée au jour et au ciel comprenant treize
(13) divinités et l'autre est liée au monde souterrain comptant
neuf (09) dieux appelés « les seigneurs de la nuit »
parmi lesquels nous retrouvons le dieu de la mort représenté par
un squelette au crâne terrifiant.
En Asie, nous retrouvons la symbolique du crâne dans le
bouddhisme et l'hindouisme à travers leur art religieux. En effet, la
représentation du seigneur de la mort chez les bouddhistes, nommé
YAMA, qui possède cinq (05) crânes autour de sa tête, telle
une couronne qui indique une victoire sur cinq (05) défauts : la
haine, la cupidité, l'orgueil, l'envie et l'ignorance. D'autre part,
dans la religion hindoue, KALI, la déesse de la mort est parée
d'un collier de crânes.
Dans la culture chrétienne, la fatalité morbide
du crâne est nuancée par la foi envers l'au-delà et d'une
vie après la mort. La conception biblique du crâne est
illustrée par le Golgotha aussi surnommé le « Mont du
crâne » où serait enterréADAM, son crâne et
ses tibias étant représentés au pied de la croix de
JÉSUS. Un arbre pourrait pousser sur ce crâne, un arbre de vie qui
permet de comparer JÉSUS à un ADAM renaissant831(*).
On observe le culte des têtes coupées, chez les
ligures et les celtes. Le culte des crânes est à rapprocher de
celui des ancêtres. Le crâne-trophée représente la
supériorité du chasseur sur l'animal, ou du guerrier sur son
ennemi. Retourné, il peut servir de coupe dans certains
rituels832(*). Qu'en
est-il du culte des crânes à l'Ouest-Cameroun ?
· Le culte des crânes à
l'Ouest-Cameroun
En Afrique, le culte du crâne
est considéré comme de la sorcellerie ou du diable. Tandis qu'au
Vatican ou à la Mecque, c'est la sainteté ou le Saint Esprit. De
nombreux peuples africains qui ont partagé un passé commun avec
l'Égypte antique, ont maintenu ce rite dans leurs moeurs833(*).
Le crâne est le sommet du squelette, le siège
anatomique du cerveau, donc de la pensée et pour certaines croyances
anciennes, il est le siège de l'âme et la force vitale du corps et
de l'esprit ; s'approprier le crâne de quelqu'un équivaut de
s'accaparer de son âme et de son énergie vitale et de ses effets
bienfaisants.
Le crâne n'est pas une relique commémorative qui
servirait à entretenir le souvenir d'un défunt mais le
« siège » d'un principe vivant, d'un disparu devenu
ancêtre et désormais, éternellement présent. Le
crâne, plus que la case, est le symbole de la présence des
ancêtres parmi les vivants. Le défunt qui revit est l'intercesseur
de la famille auprès des ancêtres et auprès de
Dieu834(*).
Au Cameroun, la divination des crânes humains est
pratiquée par les peuples de l'Ouest du Cameroun835(*) et une minorité dans
la partie septentrionale, les « Koma », chacun avec sa
particularité dans l'exercice de ce rite. Ce rite maintient le contact
avec leurs ancêtres836(*). En temps de guerre,les pratiques propitiatoires
consistaient en des rites, des prières de consécration et de
purification qui précédaient le départ en guerre. Chaque
guerrier faisait des sacrifices dans sa propre concession. Il était tenu
par-là de demander la force aux « crânes » de
ses ancêtres...On immolait les chèvres et les poules sur les
crânes des ancêtres en leur demandant la victoire837(*).
LesBamiléké tentent, par l'exhumation des
crânes de leurs défunts, de développer des relations
particulières avec les esprits de leurs morts, qu'ils exhortent parfois
dans la prière. Certains membres de la communauté
Bamiléké se réfèrent à la Bible pour
justifier ces funérailles durant lesquels les crânes des morts
sont exhumés.
En effet, explique TCHIDJO Joseph, héritier d'une
grande famille de la lignée des serviteurs du roi des Baham, dans les
Hauts-Plateaux : « Dans la Bible, Joseph, exilé en
Égypte, a recommandé que ses restes soient restitués
après sa mort, à Canaan, son pays
d'origine ».L'évêque de Bafoussam, Monseigneur
Dieudonné WATIO, qui a consacré de nombreux travaux, dont une
thèse de doctorat, au culte des morts dans l'Ouest du Cameroun, affirme
que Dieu a toujours existé chez les Bamiléké. Ces derniers
priaient même avant l'évangélisation du Cameroun, selon
Monseigneur WATIO.
Certains historiens affirment que les Bamiléké,
qui seraient descendus du Nil, gardaient leurs morts dans un cercueil en
bambou, avec des techniques facilitant la mutilation des corps au moment
souhaité, rapporte AlbertKAMTCHUN, un chercheur traditionnaliste de la
région.
Pour Monseigneur WATIO, les Bamiléké peuvent
respecter leurs traditions, parlerà leurs morts, sans pour autant les
considérer comme des médiateurs avec Dieu. A Bangou, certains
membres de la communauté sont apposés à l'exhumation des
crânes de leurs parents décédés. Ils ne croient pas
les défunts soient des médiateurs avec le Ciel.
D'autres, comme le roi des Bangou, MarcelTAYOU, contestent
mêmecertaines dispositions prêtées à l'Église
catholique en matière de funérailles : « Ce
sont là les coutumes des Occidentaux, qui disent à
l'Église qu'on ne doit pas exhumer les crânes des morts, alors
qu'ils exhument les restes de leurs proches sur lesquels ils font des
prières. Qu'est-ce-que c'est donc ? Le crâne ne fait-il pas
partie des ossements ? (...) Ce sont eux les Occidentaux qui disent, dans
leurs écrits, que les morts ne sont pas morts. Je lis la Bible et je
sais ce qu'il pense de l'esprit des morts ».Il fait partie de
ces traditionnalistes Bamiléké, qui comparent ainsi le respect
aux morts à la canonisation dans l'Église catholique, une
approche que récuse énergiquement Monseigneur WATIO, très
à cheval sur les valeurs chrétiennes : « Le
Saint est vénéré dans le monde entier, alors que
l'ancêtre n'est reconnu que sur le plan familial ou du
clan », renchérit-il838(*). Le culte des crânes se positionne donc comme
une manifestation de la résistance des coutumes africaines à
l'occidentalisation des moeurs et au dilemme des populations africaines de
« survivre » entre tradition et modernité.
Dans la suite de notre travail, nous parlerons de l'aide du
peuple BamounBamun dans le processus de conquête des peuples
« rebelles » par l'administration coloniale allemande.
B. L'AIDEDU PEUPLEBAMOUNBAMUNDANSLE
PROCESSUSDE CONQUÊTE DES PEUPLES « REBELLES » PAR
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Comme nous l'avons précédemment
évoqué, le Roi NJOYA équipa 200 soldats BamounBamun en
soutien à cette campagne punitive des Allemands contre le peuple
Nsoh.LesNsoh opposèrent une résistance ferme à la force
conjointe Germano-BamounBamun.Au cours du combat, les soldats BamounBamun ont
fait acte de cruauté, ce qui força le capitaine GLAUNING à
les renvoyer chez eux en pays BamounBamun.
Nous pouvons constater que le processus de conquête des
Nsoh a été du fait de la collaboration entre les BamounBamun et
l'administration coloniale allemande qui traduit le fruit d'une longue
tradition guerrière du peuple BamounBamun (1-)?
Et cet état de fait va déboucher sur une
collaboration entre le peuple BamounBamun et les soldats allemands pour dominer
le peuple Nsoh(2-).
1. Le peuple BamounBamun : un
peuple guerrier et conquérant au fil des siècles
Selon les rédacteurs de l'« Histoire et
coutumes des Bamun », la vision du Roi MBUEMBUE est résolument
impérialiste, voire belliqueuse : « Je poserai les limites
de mon royaume avec du sang et du fer noir ». Vu sur cet angle,
CharlesTILLY considère que la guerre et la construction de l'Etat
opèrent dans « une ambiance de crime
organisé ». Les guerres de conquête et les ralliements
lui ont certainement permis de grossir les effectifs d'une infanterie encore
embryonnaire.
Il est difficile de recenser les stratégies et les
tactiques mobilisées par MBUEMBUE dans ces exploits militaires. L'effort
louable fourni par ClaudeTARDITS est demeuré parcellaire. Il a dû
utiliser la tactique napoléonienne du « carré
marchant » dans la mesure où les conquêtes se sont
faites exclusivement de la capitale839(*) vers les terminaisons territoriales actuelles.
L'architecture la plus répandue à cet effet dans la région
fut le creusage des tranchées. Il s'agissait là de fossés
aux parois raides et parfois aménagées, constituant l'un des
éléments ou lignes de défense visant à gêner
et à ralentir l'approche des assaillants.Elles permettaient de renforcer
un site, une position dans une situation de guerre ou tout simplement
d'insécurité840(*).
Elles couvraient la formation des armées,
garantissaient leur repli éventuel et permettaient une économie
de force841(*).Et, fin
psychologue, il n'hésitait pas à se résoudre au corps au
corps. Il est le théoricien de la tactique de la défense
bicéphale inscrite dans les armoiries du royaume. L'
« Histoire et coutumes des Bamun » lui attribue
quarante-huit (48) exploits militaires ; record inégalé dans
l'histoire.
Il parachève la conquête du monopole militaire
par l'organisation de l'armée en trois corps correspondant aux trois
régions militaires de Njimom, Mayap et Foumban.
Il est plausible d'y voir la possibilité d'une
professionnalisation plus accrue si le temps colonial n'avait pas introduit une
césure brusque dans ce processus. Foumban devient le seul centre
d'impulsion politique et la circonvallation qui l'entoure constitue un marqueur
spatial et symbolique de sa centralité politique.
Les guerres d'expansion et de conquête notamment avec
son voisin Bamiléké en seront de parfaites illustrations.
· La captation militaire : les guerres
d'expansion en terre Bamiléké
Le pays Bamiléké est le produit de son propre
milieu et de ses dynamiques sociales et historiques
intrinsèques842(*). Selon la thèse du grand historien
camerounais Edwige MOHAMADOU reprise par Sili AKONOUMBO, « The
Baare-Chamba expansion (was) a crucial factor in the organization and the
recomposition of the Bamum and theBamileke political systems ».On a
donc à l'évidence un système qui s'est organisé
sous la forme d'un axe de résistance intérieur et de repli sur
soi autour des chefferies qui, beaucoup plus qu'auparavant, trouvaient le moyen
de s'unir et de se fédérer pour faire face à l'adversaire
commun843(*).
Dans le climat de relative sérénité
retrouvée, on vit arriver des étrangers d'autres espèces :
les colporteurs mixtes Haoussa - BamounBamun et le colon allemand. Ils
cheminent du nord vers le sud pour y vendre : des boeufs, des chevaux, du sel,
des perles, de la verrière, des produits exotiques, des textiles et des
métaux844(*)en
barre.
C'est à cette grande étape de l'histoire
Bamiléké qu'intervient la présence notoire du roi NJOYA
dans la région.
Parlant des BamounBamun, leur relation avec les
Bamiléké s'inscrit dans le sillage des guerres d'expansion et des
routes commerciales que les combattants ont ouvertes du Nord vers le Sud. En
effet, la pression des BamounBamun s'exerçant sur la bordure est du
plateau Bamiléké pendant toute la période
précoloniale : les Baleng, les Bandjoun, les Bangangté et les
Bangoulap furent presque constamment soumis à la pression des
BamounBamun surtout après la bravoure du roi MBWEMBWE qui poussa les
frontières de son royaume jusqu'au Noun.Ils ne furent cependant pas
toujours heureux dans leurs raids et souvent ils furent établis entre
certaines chefferies Bamiléké et le royaume BamounBamun. Sur le
plateau Bamiléké, les exemples des chefs NENGOU de Baleng et
KAMGA 1erde Bandjoun sont les plus connus. Fatigués des
soudaines escarmouches des BamounBamun sur leurs frontières est, ceux-ci
montèrent une expédition de représailles qui poursuivit
les BamounBamun jusque sous les murs de Foumban.C'est à la suite de
cette expédition telle que nous le fait remarquer NGOMSI : «
qu'un pacte de non-agression fut établi entre les Bandjoun et les
BamounBamun et que le Fon Bandjoun reçut le titre de So foa mom qui
signifie l'égal du chef BamounBamun, titre que portent encore
aujourd'hui les fon Bandjoun ».
En effet, les décideurs allemands ne voyaient pas la
mobilité des commerçants Haoussa dans la partie Suddu Cameroun
d'un bon oeil845(*).Cette mobilité empêchait la perception
de l'impôt de captation qui, lui-même, s'avérait
indispensable à l'établissement d'un budget prévisionnel
de la colonie846(*).
Un premier effort d'imposition fut esquissé en
1903847(*). Ses
déboires s'accompagnèrent d'une politique de
sédentarisation qui amena ces Haoussa à s'établir dans les
villes pour y céder des quartiers spécifiques : les fameux
« quartiers Haoussa ». Le 15 avril 1907, une ordonnance
introduisit l'impôt par maison ; une mesure visant à soutenir
des chantiers routiers et ferroviaires engagés dès la
première décennie du XXème siècle848(*).
Dès lors, migrer devenait périlleux, car
c'était s'exposer aux travaux forcés sur les chantiers
administratifs. Au niveau des chefferies Bamiléké, la
proximité entre les deux régions, l'antériorité des
relations BamounBamun-Bamiléké et l'ingéniosité du
nouveau roi faisait également de NJOYA l'ami de certains chefs
Bamiléké849(*).Le royaume BamounBamun a aussi mis en place une
guerre « fiscale » qui lui permettait d'assujettir les rois
vassaux et s'assurer de leur pleine volonté de coopérer.
· La captation fiscale : la question du
tribut ou la soumission à une autorité politique
centralisée
Dans le contexte BamounBamun, il y a une articulation entre la
fonction extractive et la fonction distributive qui tient aux raisons
anthropologiques : il existe en effet une inextricable liaison entre le tribut,
la corvée et la fête qui s'inscrit dans une totale
circularité qui révèle une « économie
d'affection » reposant sur « une politique d'affection
»850(*).
D'abord dans le droit de la guerre, la conquête d'une
tribu entraînait ipso facto sa dépendance et sa soumission ; et
l'hypothèse d'une élimination physique du roi soumis
revêtait le caractère d'une faible probabilité ; ce qui
grossissait le nombre de contribuables tributaires du palais...
Avec le système d'implantation continue des lignages,
le royaume comptait sous NJOYA plus de 700 chefs de lignage
installés.L'on comprend qu'en sus de 81 rois soumis, astreints à
la même obligation, l'administration fiscale se soit
considérablement étoffée. Cette dépendance fiscale
est aggravée par un dispositif anthropologique impliquant une
circulation matrimoniale et une parenté réelle ou fictive qui
l'aient unilinéairement le lignage minimal au lignage maximal.
Car le lignage et l'état se sont
développés dans une commune congruence ; le lignage offrant
à l'Etat les moyens d'une projection spatiale par incorporation. Ceci
tenait à un patronage politique des processus de fission et
d'accrétion qui ont permis à l'Etat d'asseoir sa dynamique sur un
socle lignager.
Bien plus, cette singularité du lignage en pays
BamounBamun avait partie liée avec le statut même du lignage : la
création du lignage était une prérogative du roi.
Contrairement aux autres sociétés de la montagne où les
lignages se formaient par segmentation continue, les 700 chefs de lignage
identifiés ont été installés par les souverains
avec un pouvoir conséquent de destitution. Ce qui leur permettait de
contrôler les fidélités et les allégeances
indispensables au consentement à l'impôt c'est-à-dire au
tribut.
Cette bifurcation anthropologique nous permet
d'appréhender aisément la corrélation entre l'Etat
BamounBamun, la société et cette fiscalité «
distributive ». La fiscalité « distributive » s'est
légitimée et s'est incorporée comme devoir à
travers une double représentation sociale du consentement au tribut.
En effet, les plus-values anthropologiques des connexions
administratives, parentales et festives entre le roi et la
périphérie font du tribut à la fois un «
impôt-échange »851(*) et un « impôt-contribution »
c'est-à-dire une « forme politique de consentement à
l'impôt où le contribuable juge légitime de financer les
institutions ». La connexion administrative entre le roi et le chef
de lignage était aggravée par une « circulation des femmes
» qui n'était que faiblement censitaire : le Roi épousant
très bas avec une propension polygynique affichée et attribuant
en retour les princesses aux chefs de lignage. Il en a résulté
une véritable « parentocratie gouvernante » ; la
parenté apparaît alors comme une relance sociale émulation
au consentement à l'impôt.La variable festive objective mieux les
dimensions d'échanges et contributives du tribut.
Pendant le « Nguon », une
occasionidéale était offerte aux BamounBamun pour s'acquitter de
leurs obligations via leurs chefs de lignage respectifs. Ils remettent au roi
du mais, du mil, de l'huile de palmé, du gibier et du poisson. Tout ce
butin versé au roi servait à alimenter les serviteurs et
hôtes du souverain et à sustenter la population en période
de disette. Le RoiNJOYA remonte le Nguon et l'obligation fiscale à la
fondation du royaume : « C'est NCHARE YEN qui a dit que c'était
le signe de payer la terre au propriétaire de cette terre à la
fin de chaque année », écrit-il.
Cette affirmation trop péremptoire est
atténuée par la fonction redistributive du roi : « il
partage les tributs entre les Pamom et les serviteurs ». Il est
difficile d'évaluer le volume des produits, mais l'on sait que les
nombreuses victoires de MBUEMBUE ont permis la constitution des grands domaines
ruraux élargissant ainsi l'assiette des redevances.
Le monopole fiscal se trouvait également
renforcé par la mise en place d'une administration parafiscale qui
partait du chef de lignage pour remonter hiérarchiquement vers le roi en
passant par les percepteurs régionaux. Ce qui importe plus que la
comptabilité précise qui peut être faite, c'est la fonction
politique du tribut. Cette redevance était symboliquement et
religieusement connoté et sa coïncidence avec le Nguon - rite de
propitiatoire -, révèle l'indémêlable liaison entre
les fonctions politiques, économiques et religieuses. Le tribut
permettait en effet au roi d'« assurer la régulation de
l'économie en palliant l'insuffisance des ressources lignagères
et en garantissant, par des actes politiques et religieux, la paix
intérieure qui dans l'esprit de la population, commandait la
prospérité du pays ».
Somme toute, la captation du capital militaire est
doublée de la captation du monopole fiscal dont la combinaison a permis
l'émergence d'un État fortet centralisé à
même de réclamer avec succès le « monopole de la
contrainte légitime »852(*).
Le peuple BamounBamun a donc aidé à la
conquête de ses voisins Nsoh du fait de la connaissance du terrain et des
manoeuvres guerrières de ces derniers. Ils appuieront les Allemands lors
de cette expédition punitive.
2. La bataille Germano-BamounBamun
contre les Nsoh
Fondée en 1887, la
« DeutscheKolonialgesellschaft » montait une intense
campagne en faveur de l'occupation de l'hinterland du Cameroun, et
s'était déclarée prête à financer la
pénétration jusqu'au lac Tchad. Elle était le prolongement
du « Kolonialverein », première association
coloniale nationale allemande créée en décembre 1882
à Frankfurt-am-Main.
Le « Kolonialverein » s'occupait des
questions relatives à l'Afrique ; c'est lui qui organisa les
expéditions qui devaient aboutir à la conquête de
l'hinterland du Cameroun. L'instrument indispensable de cette conquête
fut la « Kaiserliche Schutztruppe », une armée de
terre mise sur pied le 30 octobre 1891 avec quelques 300 soldats
recrutés à Port-Saïd en Égypte par Kurt VON MORGEN,
et dont le quartier général était à
Douala853(*)854(*).
C'est cette armée qui conduira les différentes
expéditions punitives dont celle en territoire Nsoh et cristallisera les
mouvements de résistance des peuples « rebelles ».
Elle nous permet également d'exposer la conception de la guerre chez les
Nsoh.
· La guerre chez les Nsoh
La guerre apparaît en effet comme l'antagonisme de deux
ou plusieurs sociétés globales, avec leurs mentalités et
leurs idéologies, mais aussi leurs techniques, leur art, celui de
l'organisation des armées, de la tactique et de la stratégie, de
l'emploi des outils et des machines de destruction et de la pratique des
combats.855(*)
GastonBOUTHOULa montré que la guerre est une forme de
la violence qui a pour caractéristique essentielle d'être
méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux
manières dont ils la mènent856(*).La guerre occupait chez les Nsoh une place
prépondérante, et les campagnes les plus importantes aux
XIXème et début XXème siècles furent celles de Noni
contre Din, Dom, Djottin, Lasin, Nbinon et Nkor, la guerre contre les
BamounBamun au cours de laquelle les Nsoh tuèrent le Roi NSANGU, et les
campagnes de Nsungli.S'agissant de la guerre contre les Allemands, les Nsoh
savaient déjà qu'elle était inévitable, et la
préparaient minutieusement857(*), notamment par des techniques magico-religieuses.
En effet, on rapporte que le Fon des Nsoh, SEMBUM II858(*) avait la capacité de
se transformer en serpent, en oiseau ou en caillou, ce qui lui permit
d'échapper aux Allemands859(*). Ces techniques ont permis aux combattants et aux
chefferies de se défendre.
La guerre, étant régie dans ces
sociétés par les valeurs mystico-religieuses, exigeait une
préparation rituelle et une mise en condition des combattants. Puisque
la guerre est un facteur de mort, il fallait être en accord avec les
ancêtres, afin de mourir en héros.
Dans le cas contraire, la mort était inutile
puisqu'elle n'était pas accueillie ou voulue par les ancêtres.
C'est ce qui explique pourquoi chaque guerrier était tenu de
« se préparer » spirituellement avant d'aller en
guerre, pour demander la force à ses ancêtres, ainsi que leur
protection860(*).
Malheureusement, toutes ces pratiques magico-religieuses n'assureront pas la
victoire au peuple Nsoh comme le décrit le déroulement de la
bataille ci-dessous.
· Le déroulement de la
bataille
LesAllemands comprirent eux-mêmes qu'il fallait bien se
préparer avant de lancer l'attaque contre Nsoh, qui eut finalement lieu
le 27 avril 1906.
Onze officiers allemands dont HansGLAUNING, VON WENCKSTERNet
KOLLNER, 190 soldats noirs de la Schutztruppe et 02 mitrailleuses, tels sont
les moyens que les conquérants mobilisèrent pour affronter les
Nsoh.861(*)862(*)
Le capitaine HansGLAUNING, chef de la station militaire de
Bamenda, accompagné de 90 soldats, occupa d'abord la localité de
Vekovi où il écrasa le bataillon de Mandjon qui s'y
trouvait. Les résistants firent bon usage du milieu naturel, par exemple
le fait de se dissimuler dans la foret, afin de ne pas être
aperçus par l'ennemi qui s'y connaissait peu ou pas du tout.Les
conquérants tentèrent plusieurs fois de les déloger, mais
sans succès.
Résolu à mettre définitivement un terme
à cette résistance des Nsoh, le capitaine GLAUNING
réorganisa ses troupes de façon à encercler laforet dans
laquelle les résistants étaient dissimulés, et
lança l'attaque le 09 mai.
Un échange de tirs bien nourris s'ensuivitet dura
jusqu'au 19 mai863(*).
Sur le bilan de cette « guerre de dix jours », les sources
divergent : « pour le capitaine GLAUNING, il y eut 30 morts
chez les résistants864(*). Pour FAAY TSENNGKAR, un informateur qui a
vécu les évènements et qui a été
interviewé en 1960 par P.M. KABERRY et E.M. CHILVER, les Nsoh ont perdu
1 000 hommes dans cette guerre »865(*).
A cela, il convient d'ajouter un nombre élevé de
blessés et de prisonniers de guerre. Le Fon des Nsoh, SEMBUMII866(*) fut lui-même
blessé, mais réussit à s'enfuir. Les traditions locales
rapportent que c'est sa capacité de se transformer en serpent, en oiseau
ou en caillou qui lui permit d'échapper aux Allemands867(*). Les conquérants
incendièrent son palais à Kumbo où ils installèrent
leur camp, et exigèrent qu'il vienne lui-même présenter sa
soumission. SEMBUMII, qui se considérait comme un grand chef de guerre,
voulut continuer à résister.
Mais sur conseil de ses proches collaborateurs parmi lesquels
NDZEENDZEV, il finit par se rendre aux Allemands, afin d'éviter que la
reine mère YAA WO FAA qui venait d'être capturée par les
conquérants ne fut tuée, ou encore pour éviter, à
l'instar d'ABUMBI, Fon de Bafut,le massacre de sa population par les
Allemands868(*)869(*).
C'est alors qu'il retourna dans son palais en ruine, et
travailla désormais, tout comme le Fon de Bafut, en étroite
collaboration avec les autorités de la station militaire de Bamenda.
CONCLUSION DU
CHAPITRE II
Au terme de ce chapitre portant sur les
dynamiques et les logiques de domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun. Nous
avons démontré que cette administration occidentale n'a pas
respecté les souhaits des chefs Duala en spoliant leurs terres
ancestrales et en les parquant dans des endroits peu propices à leur
épanouissement. Ainsi, on assistera à la démarcation entre
quartiers indigènes et quartiers blancs, d'où la création
d'une zone tampon qui sépare les deux races. Cette situation va faire
naître une pluie de revendications de la part des chefs Duala notamment
par le biais de pétitions. Par la suite, il s'en suivra des sanctions
à leur encontre : certains seront déportés, d'autres
destitués et plusieurs autres en paieront de leur vie à l'instar
de Rudolf DOUALA MANGA BELL. Toutefois, on observe des manifestations de
coopération de la part des chefs Dualapuisque ces derniers signeront des
traités de toutes sortes : des traités négociés,
des traités de paix, etc. A ce titre, nous nous sommes penchés
sur la portée juridique des traités Germano-Duala à savoir
la question de la perte de souveraineté des chefs Duala, celle du
caractère privé ou public du contrat pour la partie allemande, ou
encore, de savoir quel est le système juridique approprié pour
une interprétationexacte desdits traités. Il s'en suit un flou
juridique qui persiste à notre époque du fait de l'autochtonie et
de l'allogénie observées non seulement en territoire Duala mais
aussi sur l'ensemble du territoire national. Quant au peuple BamounBamun, la
stratégie de coopération s'est manifestée au niveau de la
participation à la conquête des Nsoh. En effet, du fait de
plusieurs siècles de conquête militaire et guerrière, les
BamounBamun disposaient d'une réputation très appuyée sur
le plan de la guerre. Ils se serviront de cette expérience, au cours de
cette expédition punitive contre les Nsoh,pour récupérer
les restesdu Roi NSANGU.Et maintenir une collaboration active avec les
Allemands. Cette situation a mis en exergue les logiques conflictuelles
existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques
traditionnels.
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
Cette première partie qui s'achève avait pour
modeste ambition de montrer que la domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun
était effective et était la résultante de la
Conférencede Berlin en 1885.Ainsi avons-nous décliné dans
un premier chapitreque le processus de conquêtepart du principe de
l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale
allemande sur les territoires Duala et Bamun.C'est pourquoi nous avons
évoqué les prémices de chaque société
traditionnelle BamounDuala et Bamun avant la pénétration
allemande. Au sein de la société BamounBamun, on observait un
système bien organisé et hiérarchisé avec à
sa tête un système de castes. Quant à la
société Duala, elle était subdivisée en trois
groupes principaux : les BELL, les AKWA et les DEÏDO. Nous avons entrepris
une chronologie de chaque dynastie Duala et de marquer les dissensions
existantes entre elles.
Et dans un second chapitre, nous avons montré que
l'administration coloniale allemande a exercé des dynamiques et des
logiques de domination sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et
Bamun. En effet, la société Duala oscillera entre logiques de
coopération et logiques de domination. Ainsi, les chefs Duala signeront
des traités de diverses catégories qui leur permettront de
bénéficier de retombées pécuniaires mais qui seront
également le signe flagrant de divisions au sein de ces groupes. Cet
état de fait conduira l'administration coloniale allemande à un
non-respect de la souveraineté des chefs Duala et à une atteinte
des droits inaliénables des populations autochtones Duala dans la mesure
où le plan d'expropriation du plateau Joss sera appliqué sans
l'assentiment des concernés. Par la suite, les chefs Duala exerceront
leur droit de revendiquer à travers des pétitions et des attaques
armées qui se solderont par la déportation, la destitution ou la
mise à mort des chefs récalcitrants.
Quant à la société BamounBamun, elle va
subir les affres du christianisme et une frange importante de la population va
remettre en question les habitudes païennes telles que la polygamie ou la
voyance. L'autorité du Roi NJOYA sera ébranlée par ces
valeurs occidentales de tolérance, d'égalité entre hommes
et femmes, d'amour et de compassion envers ses ennemis. Il fera preuve de
dureté envers les nouveaux convertis et fera tout pour imposer une
religion syncrétique qui alliera le christianisme, l'islam et les
pratiques culturelles traditionnelles. Par ailleurs, nous avons observé
l'imprégnation de la culture européenne à la production
artisanale BamounBamun notamment sur le plan architectural.
Les autorités coloniales allemandes se sont
imposées sans tenir compte des réalités
socioéconomiques et culturelles des pouvoirs locaux. En
conséquence, il en résultera de vives oppositionsde la part des
chefferies traditionnellesBamounDuala et Bamun. Il s'en suit un pragmatisme de
situation de l'administration coloniale allemande à l'égard des
chefs Duala à travers leurs perceptions respectives, les
appréciations sommaires faites sur la personnalité de chaque
monarque africain... Les manifestations de ces oppositions sont nombreuses :le
syncrétisme religieux du Roi NJOYA, la persistance de la polygamie en
pays BamounBamun, les pétitions et la recherche de la faveur de
l'opinion publique allemandepar les chefs Duala....Toutes ces propositions sont
l'objet du chapitre III avant que, nous ayons préalablement
analysé en profondeur l'adaptation de l'administration coloniale
allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun dans le chapitre
IV.
DEUXIÈME PARTIE :
L'INFLUENCE RELATIVE DES
POUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUNSURL'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE
Les navires européens naviguaient en permanence le
long de la côte à cause du commerce entre les embouchures du Niger
et du Congo. Beaucoup s'y sont amarrés spontanément, et pour un
court instant afin de stocker de la nourriture, du bois ou d'autres
nécessités. Les peuples qui vivaient près de la mer se
concentraient de plus en plus sur des sites de débarquement relativement
accessibles. Les agriculteurs, les pêcheurs et les chasseurs sont devenus
des fournisseurs de vivres.
Et le « commerce bloqué » fut
instauré. Favorisés par la jungle
« impraticable » et vastes étendues
« inhabitées », les peuples côtiers ne
permettent à personne de pénétrer de la côte vers
l'intérieur. Ils devinrent des intermédiaires870(*). Par exemple, si des balles
de caoutchouc brut doivent traverser les territoires de plusieurs peuples, un
« système de crédit » spécial est
convenu étape par étape avec les dirigeants respectifs, qui sont
récompensés par une part des bénéfices à la
fin. Étant donné que chaque partie a toujours des dettes avec
l'autre, ces contacts sont très stables. Sous la supervision des Duala,
non seulement des éléments essentiels à la survie comme
l'huile de palme et la cire sont échangés, mais aussi des
esclaves et de l'ivoire pour les Européens871(*).AuXVIIIème
siècle - entre 1750 et 1807 - la traite transatlantique des esclaves se
multiplie. Sa demande dépasse temporairement celle de l'ivoire.
Après tout, 42 000 individus ont été
exportés872(*)873(*).
La première partie du travail a permis de voir la
domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques
traditionnels BamounBamun et Duala. Il s'agit là d'un aspect des
influences entre celle-ci et ceux-ci.
Il y a maintenant lieu d'analyser la part de l'influence des
pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun sur l'administration
coloniale allemande. En réalité, quoique relative, cette
influence est perceptible. D'où son pragmatisme de situation à
l'égard des chefs Duala(Chapitre III) et l'adaptation
de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle
BamounBamun(Chapitre IV).
CHAPITRE III :
LE PRAGMATISME DE SITUATIONDE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE ÀL'ÉGARD DES CHEFS DUALA
Comme la plupart des États africains, le Cameroun a
subi dès la seconde moitié du XIXème
siècle la ruée européenne en Afrique à la
recherche des débouchés et des matières premières
pour soutenir les besoins naissants de l'industrie consécutifs à
la révolution industrielle et scientifique874(*).
Mais la présence européenne sur la côte
camerounaise peut être retracée depuis le XVème
siècle, lorsque les portugais875(*) découvraient Fernando-Pô et la
côte occidentale camerounaise et rebâtissaient le Wouri,
« Rio Dos Camaroes »ou rivière des
crevettes. Mais ce qu'il faut dire est que, sur le plan juridique l'acte
fondateur de la colonisation, et partant de l'Etat moderne du Cameroun, est
sans doute le Traité Germano-Duala du 12 juillet 1884, traité
signé entre les représentants des compagnies à charte
allemande876(*) et les
chefs Douala877(*). Par
la suite, le TraitéGermano-Duala sera ratifié par
GustaveNACHTIGAL878(*)
le 14 juillet 1884. Ce traité contenait une clause
générale879(*) par laquelle les chefs Duala abandonnent leurs
droits de souveraineté et de législation à la puissance
coloniale.
En effet, le traité servira, du moins pour les
Allemands,de prétexte pour la colonisation pacifique du Cameroun et les
allemands vont se fonder sur ladite clause pour introduire la
législation écrite sur le territoire objet de leur possession,
conformément à la volonté manifeste des chefs
Duala880(*).
Cette domination est corroborée par la
législation coloniale qui crée toujours sur le plan juridique une
discrimination se fondant sur la race. A chaque race son droit, d'où la
séparation des statuts, séparation au terme de laquelle les
populations autochtones restent soumises dans leurs rapports personnels
à la coutume locale et au régime discriminatoire de
l'indigénat et les ressortissants de la métropole quant à
eux sont régis par le droit métropolitain notamment le code civil
allemand ou français et par leur code pénal respectif881(*).
Après la perte de leur souveraineté et de leur
monopole commercial, les chefs Duala vont exiger le paiement d'un salaire par
l'administration coloniale allemande. Ce salaire communément
appelé « Koumi » était distribué en
fonction de l'influence et du prestige dont jouissait chaque chef à
l'instar du Chef SupérieurBELL qui fut le plus gratifié. Cette
situation amène à considérer la réelle
appréciation des chefs BELL, AKWA et DEÏDO vis-à-vis de
l'administration coloniale allemande.
C'est pourquoi nous nous sommes penchés sur la question
du « Koumi » versé par l'administration coloniale
allemande aux chefs Duala(Section I)et de la perception des
chefs BELL, AKWA et DEÏDO à l'égard de l'administration
coloniale allemande (Section II).
SECTION I :LA QUESTION DU
"COUMI" OUSALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
Derrière l'utilisation des chefs se cachait
également une considération d'ordre purement stratégique ;
en effet, le percepteur jouant un rôle mal vu des contribuables, il
valait mieux utiliser un africain qu'un européen. Ceci évitait du
colonisateur d'apparaître devant la population sous son véritable
visage d'exploiteur. Alors que l'impôt par maison n'était qu'en
test dans la circonscription de Johann - Albrechtshohe, sur les 3,5 Marks
encaissés par maison, les chefs avaient droit à 30 Pfennigs.
Selon le décret du 14 avril 1907882(*), chaque chef devait au
début de l'année fiscale communiquer à l'autorité
administrative oralement ou par écrit le nombre de contribuables
dépendant de son ressort ; ces indications étaient d'ailleurs
vérifiées par la suite. Les chefs devaient remettre l'argent
perçu à l'autorité coloniale au plus tard le 1er octobre
de chaque année.Ils étaient tenus d'indiquer en même temps
les noms de ceux de leurs sujets qui ne s'étaient pas acquittés
de leur impôt.
En 1909, le gouverneur SEITZ confirmait de façon
définitive la réglementation de la commission des chefs ; elle
demeurait la même que celle indiquée plus haut,
c'est-à-dire 10 % des sommes remises jusqu'au 1er octobre et 5 % pour
les sommes remises après cette date ...Le missionnaire GOEKKEL de la
Mission de Bale indique que dans la région de Yabassi, un chef pouvait
percevoir jusqu'à 30 000 Marks d'impôt. Il est vrai que la somme
encaissée variait d'une région à une autre.
L'administration avait prévu plusieurs mesures
permettant de contrôler les chefs. Ainsi, ils devaient remettre un ticket
à chaque contribuable qui payait son impôt. Au poste administratif
même, les rentrées d'argent pour les tickets remis aux chefs
étaient réunies en blocs de 50 et le chef n'était n'en
détachait un que lorsque l'argent était déjà
payé. Pour chaque chef, il y avait un registre indiquant le nombre de
tickets qu'il avait reçus et à la fin de l'année fiscale,
combien il avait retournés à l'administration883(*). Il faut souligner que
l'impôt, s'il était source de revenus pour les chefs et
l'administration, représentait certainement une lourde charge pour la
population.
Lorsque le moment était venu d'encaisser l'impôt,
les chefs envoyaient leurs serviteurs dans tous les coins du territoire,
ceux-ci se chargeaient de faire rentrer l'impôt. Certains chefs
n'hésitèrent pas à utiliser des organisations à
caractère militaire, ce qui laisse supposer que la perception ne se
déroulait pas toujours sans une contrainte884(*).
Dans la circulaire du 20 octobre 1908, le gouverneur
s'attendait plus ou moins déjà aux abus de la part des chefs...
Il est parfois rapporté que dans le Grassland, les chefs, au lieu de
prendre seulement 06 ou 04 Marks en auraient exigé 12 ou 08 et en
auraient encaissé directement la moitié en plus de leurs 10 ou 5
%.
Des familles auraient été obligées de
payer pour des parents défunts. Nous savons qu'en accord avec
l'arrêté N° 244 du 4 février 1933 fixant le statut des
chefs indigènes, leurs uniformes étaient également
fixés et bien décrits. Ainsi, on pouvait lire dans l'article 8
que : « L'uniforme des chefs indigènes est
fixé, sauf pour les régions musulmanes, ainsi qu'il suit :
Tunique longue en drap ou toile kaki avec poches fermées par sept
boutons. Col droit portant de chaque côté de la fermeture deux
écussons en drap rouge de six centimètres de hauteur comportant
un ou plusieurs galons horizontaux variant suivant le grade. Patte
d'épaule en drap rouge avec un ou plusieurs galons disposés
longitudinalement sur toute la longueur et variant suivant le grade. Pantalon
de drap ou toile kaki sans passepoil. Coiffure-casque de drap ou toile kaki du
modèle de la marine comportant au-dessus de la visière et sur un
bandereau de drap rouge, un galon de six centimètres de longueur variant
avec le grade885(*).
Les chefs étaient donc soumis de respecter toutes les
exigences de l'administration coloniale allemande notamment sur le plan
vestimentaire et financier, sous peine de sanction sévère comme
la bastonnade devant leurs sujets. Partant de cette introduction, on peut se
poser la question de savoir : combien percevaient les chefs
Duala ? (Paragraphe I) Et quelle monnaie
était utilisée à cette époque et pourquoi ?
(ParagrapheII)
PARAGRAPHE I :
COMBIENPERCEVAIENT LES CHEFS DUALA ?
La décision la plus importante prise par
l'administration coloniale allemande fut l'élimination des
intermédiaires « monopoleurs » Duala.
L'administration entra alors en action pour permettre au commerce de
pénétrer à l'intérieur en brisant le monopole des
côtiers. Un arrêté du 19 juin 1895 interdit aux Duala
d'exercer tout commerce sur la Sanaga886(*),la voie fluviale qui ouvrait l'accès aux pays
Bassa et Yaoundé. C'était les isoler du Centre-Cameroun. Ce fut
la première mesure impopulaire.
Elle sera ressentie durement par les Duala qui, plus tard,
feront valoir que la décision prise était en contradiction avec
les termes du traité de 1884, où il était bien
stipulé qu'ils conserveraient leurs droits déjà acquis
durant une longue période887(*).
C'est à ce niveau que la question des
rémunérations vit le jour pour compenser la perte de ce monopole
commercial des chefs Duala. STOCKHAUSEN parlait de l'octroi d'un salaire aux
chefs par l'administration. Il aurait souhaité voir que les chefs
devinrent un organe exécutif de l'administration, mais pendant toute la
colonisation allemande au Cameroun, il n'y eut pas de salaire de chefs à
proprement parler.
En d'autres termes, tout chef reconnu par l'administration ne
touchait pas forcément un traitement. Certains chefs Duala comme DUALA
MANGA BELL etEKWALLAÉPÉE888(*) recevaient annuellement un subside de
l'administration. Ils recevaient ce subside en remplacement du « Kumi
» que les commerçants payaient à leurs
prédécesseurs, ce subside se justifiait donc historiquement.
DUALA MANGA BELL touchait 3 000 Marks par an. CharlesATANGANA, en parlant de
lui-même écrit : « En qualité d'interprète
entre l'autorité européenne et la population indigène une
indemnité était accordée au chef supérieur de la
caisse de l'arbitrage indigène »889(*).
S'il faut parler de rétribution de chefs, c'est sans
doute uniquement de ces quelques cas isolés, notamment dans le cas des
chefs Duala (A-)et d'y observer la prééminence
du Roi BELL en termes de profits et engendrer des tensions entre ces
derniers (B-).
A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES
CHEFS DUALA
Le commerce change radicalement la société
Duala. Les marchandises européennes deviennent des symboles de statut et
certains dirigeants prennent des commerçants occidentaux et
missionnaires comme conseillers. On parle l'anglais
« Pidgin ». Une proportion élevée de Duala
devient riche. Le nouveau commerce crée des tensions avec les
démunis. La concurrence s'intensifie entre les groupes côtiers et
même entre les colonies apparentées.
Les Duala sont les premiers camerounais à
expérimenter l'agriculture de plantation890(*) avec la culture du cacao. Le
commerce très lucratif de traite, dans lequel ils détiennent un
rôle de monopole, a fait passer l'agriculture au second rang, au profit
du commerce. Ils sont ainsi devenus dépendants pour leur nourriture des
produits alimentaires importés, achetés aux
commerçantsblancs891(*).
Cette évolution ne concerne cependant que les
élites, constituées de chefs de clan et de leurs familles qui se
sont enrichis grâce à cette position d'intermédiaires
commerciaux892(*).Lorsqu'ils perdent leur position
d'intermédiaires commerciaux, les élites Duala se reconvertissent
dans la production du cacao. Grâce à l'influence qu'ils exercent
sur les peuples voisions, ils réussissent à approprier à
leur compte de vastes terres fertiles dans la vallée du Mungo où
ils installent leurs plantations. Avec ces nouvelles cultures, l'agriculture
devient un moyen d'accès à la richesse et non plus une
activité d'autoconsommation réservée essentiellement aux
femmes893(*). Ces
initiatives des Duala, sont encouragées par les commerçants
allemands qui souhaitent voir se développer une production autochtone
pouvant alimenter leur commerce. Ils sont également
intéressés par toute activité lucrative susceptible de
permettre aux colonisés de se procurer les produits qu'ils importent
d'Europe.
Les planteurs allemands justifient leur méfiance
vis-à-vis des entrepreneurs agricoles Dualapar l'incompétence des
africains à gérer ce type d'activités894(*). Les raisons de ces
protestations sont à rechercher dans les difficultés
d'accès à la main d'oeuvre, qui malgré les nombreuses
contraintes imposées par l'administration pour arriver à la
mobiliser, reste insuffisante pour les planteurs895(*). L'arrivée d'une
nouvelle catégorie de planteurs est donc perçue comme une
concurrence, d'autant plus que ces élites Duala ne rencontrent
pratiquement pas de problème de main d'oeuvre896(*).
La réussite des Duala dans les cultures d'exportation
dément de manière éloquente les préjugés
portés par le pouvoir colonial allemand sur l'incapacité des
africains à développer ces cultures.
Il change donc de perspective et envisage la mise en oeuvre
d'une politique en faveur d'une production africaine de cultures de rente,
appelée « volkskultur », permettant plus largement
aux paysans africains d'avoir accès à cette activité et
d'établir de petites exploitations familiales, sur les terres
collectives avec l'emploi d'une main d'oeuvre familiale. Le
déclenchement de la PremièreGuerre en 1914 ne permet pas à
cette politique de se déployer897(*).
Dans la suite de notre travail, nous évoquerons tout
d'abord les tensions qui existaient entre les chefs Duala dues à la
recherche effrénée du profit (1-)et le
positionnement stratégique vis-à-vis de l'administration
coloniale allemande(2-).
1. Les tensions entre les chefs Duala
engendrées par la concurrence économique898(*)
NDUMB'A LOBE de la lignée BELL se proclame Roi BELL au
XIXème siècle. Des chefs de sous-lignées rivales le
concurrencent rapidement, dont le roi autoproclamé AKWA899(*) en 1814, le Roi
DEÏDO900(*) de
Deïdo901(*) et le
Prince LOCK PRISO902(*)
de Bonabéri.
Les rivalités se sont également
déroulées « sportivement » sur le Wouri sous
forme de régates d'aviron de plus en plus fréquentes avec des
canoës de course spéciaux « Bolo Pa Pen » qui
portaient le « Tangué»903(*).
Et c'est à ce moment aussi que les Duala, toujours plus
nombreux à s'enrichir, échappèrent au contrôle des
chefs et que ces derniers, de plus en puissants grâce à la traite,
devinrent de très riches commerçants. Les premiers
entrèrent en compétition avec les seconds que leur surcroit de
pouvoir isolait, et l'enrichissement de tous - les esclaves compris -
atténua les différences traditionnelles tout en en accentuant de
nouvelles. Cette situation ne concernait pas seulement les
« Kings » et le « commun » dans son
ensemble.
Dans les lignages,il en était de même, ainsi que
dans les familles entre père et fils, aîné et
cadet... : ce qui explique la gravité de la crise que traversa,
deux décennies avant le protectorat, une société à
la fois fragile et forte par la somme d'équilibres dont elle
résultait904(*).
L'on sait que les Duala, lors du 1er
« Ngondo » qui eut lieu au début du
19ème siècle, se réunirent pour lutter contre
des populations de l'intérieur qui cherchaient à se passer de
leur intermédiaire. Par la suite, pendant la période allemande,
le « Ngondo » eut l'occasion d'intervenir. Dans les deux
cas, et plus tard il en fut de même, la
« résidence » passait à tour de rôle
entre les mains des chefs de lignages maximaux, qu'assistaient tous les autres
chefs des lignages restreints ainsi que le peuple et les responsables des
associations religieuses.
C'est d'ailleurs par le biais de ces confréries que les
autres tribus participaient aux réunions de l'assemblée du peuple
que l'on convoquait à chaque évènement menaçant
l'unité tribale, ou l'entente pluritribale, ou encore
l'originalité des uns et des autres devant l'étranger
colonisateur905(*).
Au milieu du XIXème siècle, les Britanniques
prennent la tête du commerce avec l'aristocratie commerciale. Au
même temps, la Couronne britannique oblige les commerçants
à mettre fin à l'esclavage dans le Golfede Guinée, et
après quelques décennies, au moins l'exportation peut être
supprimée. Déjà le 10 juin 1940 et le 7 mai 1841, les
Kings AKWA et BELL signent des contrats contre l'esclavage. En échange,
les Européens leur fournissent chaque année de l'alcool, des
armes, des textiles et d'autres produits. En outre, les rois interdisent les
pratiques que les Britanniques considèrent comme barbares, comme le
sacrifice de femmes à un chef après sa mort.LesBritanniques
veulent façonner le Duala selon leurs concepts de civilisation.Cela
signifie l'éducation pour l'apprentissage occidental et la conversion au
christianisme. Alfred SAKER ouvre une mission à Douala en 1845.
En 1875, de nombreuses missions et écoles existent
à Douala et dans d'autres lieux. Les classes inférieures, qui se
rebellent maintenant contre le patronage de l'élite Duala,
s'intéressent à l'égalité prêchée de
la mission. Cependant, tous les groupes sociaux espèrent des avantages
matériels grâce à l'éducation. L'élite des
Duala en profite le plus. Un niveau élevé
d'alphabétisation permet à la classe supérieure de
commerçants, de religieux et d'agriculteurs de se développer
davantage. Ce groupe se familiarise avec le droit et les conventions
européennes, ce qui leur a ensuite permis de défendre leurs
intérêts par le biais de pétitions, de procédures
judiciaires et de groupes d'intérêt.Avec la perte progressive du
monopole sur le commerce, la plupart des Duala retournent à
l'agriculture de subsistance ou à la pêche pour survivre. C'est
encore le cas aujourd'hui encore aux abords immédiats de la
métropole, par exemple sur l'île de Jébalé.
Comme nous l'avons dit précédemment, cette
situation tendue est la traduction manifeste de la stratégie des chefs
« indigènes » en général et des chefs
Duala en particulier à s'attirer la sympathie de l'administration
coloniale allemande et en tirer des avantages financiers et de prestige
social.
2. Le contact avec les Blancs ou un
privilège recherché par les chefs indigènes
Pour la majorité des chefs traditionnels
« indigènes », le sentiment de collaborer aux
côtés de l'hommeblanc ou pour le Blanc était un
privilège.
En effet, le contact et les échanges avec cet
administrateur étaient des occasions rares, c'est dire que cette
proximité était une opportunité qui n'était pas
accordée à n'importe quel autre frère, soeur ou fils du
village. C'est ainsi qu'il était important pour les chefs de maintenir
ce prestige et surtout d'être vus aux yeux de leur population comme
privilégiés et comme collaborateur indispensable par
l'administration coloniale.
La fonction de chef traditionnel au Cameroun permettait aussi
de collecteur d'impôt. Avec le travail forcé, la perception de
l'impôt faisait partie du train des obligations dont les populations
eurent à souffrir sous l'administration de la France mandataire. Ce
furent des tâches privilégiées des chefs
indigènes906(*).
Contrairement aux Allemands qui l'avaient institué dans le but
avoué de contraindre leurs sujets à investir leur force dans des
travaux d'intérêt public ou privé, les Français se
montrèrent plus déterminés par le souci de
l'autosuffisance économique d'un territoire dont ils n'avaient pas la
propriété pleine et entière907(*).Il convient de relever que
la perception de l'impôt et sa généralisation à
l'étendue du territoire fut une décision de l'autorité
allemande de 1908908(*).
Cependant, la splendeur qui en découle ici tient au fait que la
responsabilité d'être un intermédiaire du
« blanc » dans la perception de l'impôt relevait de
l'extraordinaire. C'était une marque de confiance qui n'était pas
accordée à n'importe quel Camerounais. Malgré le fait que
le percepteur apparemment ne sache pas qu'il était utilisé
à des fins quasi exploratrices, outre l'honneur de collecter
l'impôt, il y avait le sentiment de fierté de percevoir une
commission proportionnelle à ce qu'ils avaient collecté
auprès des populations.
Les intérêts personnels desdits chefs
étaient liés à ceux du colonisateur. Ces derniers misaient
sur leurs intéressements qui allaient les pousser à encaisser le
plus possible, afin d'augmenter leur propre part. Ainsi, dans l'exercice de
leur fonction, la motivation venait surtout du pourcentage qu'ils touchaient
après le versement de l'argent perçu à l'autorité
coloniale909(*).
C'est dire que la perception de l'impôt
représentait pour les chefs traditionnels, une source de revenus non
négligeable, nonobstant le fait que ce travail nécessitait
beaucoup d'efforts de la part des chefs, pour amener leurs sujets à s'en
acquitter910(*).
Partant de là, nous pouvons nous interroger sur la
constitution d'un patrimoine financier comme socle de division entre les chefs
Duala qui va se manifester par la prééminence du RoiBELL. Ce
dernier va bénéficier d'avantages financiers majeurs de la part
de l'administration coloniale allemande et subir des rivalités
féroces de la part des autres chefs Duala.
B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE
FINANCIER COMME SOCLE DE DIVISION ENTRELES CHEFS DUALA : LA
PRÉÉMINENCE DU ROI BELL
La collecte de l'impôt n'est pas totalement inconnue de
nos sociétés traditionnelles. De tous les temps,
l'autorité traditionnelle s'est toujours octroyé le droit
à une certaine redevance sur le revenu de ses sujets.
Dans la plupart des cas, cette redevance était due par
les éleveurs sur leur bétail et par les agriculteurs qui
exploitaient la terre coutumière. Mais le fait nouveau instauré
par la colonisation est non seulement la dépossession de la
collectivité villageoise de ce revenu, mais aussi la transformation en
argent de ce qui était dûe par les populations autochtones.
Dans toutes les hypothèses, le chef collecte
l'impôt et reçoit en retour un certain pourcentage à titre
de rémunération. Cette rémunération est par exemple
de 5 à 10% sous l'administration allemande911(*).
Depuis la signature du traité, certaines tensions au
sein de la communauté Duala n'avaient fait que s'aggraver. Ces tensions
s'articulaient sur le mécontentement de certains sous-chefs de King BELL
et de King AKWA qui s'estimaient lésés dans la répartition
du « Dash » que les firmes allemandes leur avaient
donné pour la signature du traité. C'est ce qui ressort des
témoignages des personnes ayant pris part plus ou moins directement
à l'affaire(1-). Cet état de fait est la
manifestation des rivalités féroces existant entre les chefs
Duala par rapport à la problématique
financière(2-).
1. La répartition du
« Dash » comme source de tensions entre le Roi Bell et les
autres chefs Duala
Hugo ZOLLER dans son analyse des évènements en
nota comme cause les querelles entre King BELL et ses sous-chefs, car King BELL
aurait conservé pour lui tout seul le
« Dash »912(*). Dans un entretien entre ZOLLER et le CONSUL HEWETT
en date du 29 décembre 1884, c'est-à-dire après la
répression des insurgés par l'amiral KNORR, le consul britannique
exprima la même opinion ... BUCHNER, tout en prenant King BELL sous sa
protection, fut obligé de reconnaître les faits reprochés
à King BELL, même s'il ne semblait pas y croire... Le
1er août, BUCHNER reçut une lettre de PARROT et de DUKE
AKWA datant du 21 juillet, dans laquelle ces derniers réclamaient leur
part du « Dash »913(*).
ShirleyARDENERnous livre les témoignages d'un
missionnaire anglais, d'un agent de WOERMANN et d'un Duala ; ils sont
unanimes sur le rôle que joua le partage ou plutôt le non-partage
du « Dash » dans les évènements graves
qu'allait vivre Douala914(*). King BELL par son attitude égoïste
portait ainsi une importante responsabilité dans ce qui allait se
passer. En effet, le King BELL devait en outre informer « tout navire
de Sa Majesté Britannique trouvant dans les parages au cas où un
bateau négrier arriverait dans le fleuve ».
Un « Dash » était prévu en
compensation : 60 fusils, 100 pièces de toile, deux barils de
poudre, du rhum, un uniforme écarlate avec épaulettes, un
sabre..., ceci par an et pendant cinq ans, sur présentation d'un
certificat attestant que tout s'était déroulé
conformément aux termes de l'accord915(*). C'étaient surtout les JOSS qui formaient le
centre de cette opposition contre King BELL, opposition essentiellement
motivée par une question d'argent.
LOCK PRISO de Hickory916(*)s'opposait à King BELL et aux Allemands pour
des raisons plus politiques que financières. Vis-à-vis de King
BELL, il avait toujours essayé d'affirmer son indépendance et
dans ce cas, il s'était absolument refusé à signer le
traité, montrant ainsi son opposition à la présence
allemande au Cameroun. Il n'avait pas manqué de souligner lui-même
son anglophilie917(*).
BUCHNER dira de LOCK PRISO qu'il est le « principal ennemi de la
colonisation allemande »918(*).
La coalition de ces deux parties contre King BELL prit tout de
suite un caractère antiallemand, bien que les JOSS aient tenu à
rassurer Édouard SCHMIDT le 30 octobre par écrit que leur guerre
n'était en aucun cas dirigé contre les Blancs919(*), puisqu'en fait ils avaient
signé pour les Allemands. SelonZOLLER, l'alliance des gens de Joss et de
Hickory n'était à l'origine dirigée que contre King BELL
et non contre les Allemands.920(*) Un autre facteur à ne pas sous-estimer fut
certainement le rôle attribué à tort ou à raison aux
commerçants et missionnaires anglais par les Allemands. L'influence
anglaise sur la place fit que les soupçons des Allemands se
portèrent tout de suite sur eux. Selon les rapports envoyés en
Allemagne, tous les désagréments n'étaient que l'oeuvre
des Anglais.
BUCHNER nous rapporte le cas de deux agents d'une firme
britannique, CapitaineTROTT et CapitaineEWART ; ils avaient voulu se rendre
justice eux -mêmes en arrêtant un de leurs débiteurs. Ce cas
fut politiquement exploité à Berlin.
Le témoignage du missionnaire anglais LEWIS montre que
les missionnaires anglais furent considérés comme « the
worst agitators against German ascendancy »921(*). Cette façon
insistante de mettre les Anglais en cause permettait de justifier une
intervention armée ; il fallait faire croire aux Allemands que les
Anglais étaient sur le point de renverser la situation en leur faveur
dans la nouvelle colonie. BUCHNER prétendit plus tard dans son ouvrage
« Aurora Colonialis » se repentir d'avoir accusé les Anglais
d'agitation et se justifia en disant qu'il ne pouvait interpréter tout
acte d'un britannique que comme incitation au soulèvement, puisque cela
n'aurait qu'été normal pour un « patriote »
anglais922(*).
Il est vrai que les navires britanniques croisant dans les
environs de Douala pouvaient êtreconsidérés comme une
provocation. Seulement ni SCHMIDT, ni VOB, ni BUCHNER n'étaient capables
de fournir la moindre preuve de la culpabilité des Anglais. La tension
entre King BELLet ses adversaires montait de plus en plus et sur les conseils
de BUCHNER, King BELL se réfugia à Boadibo dans le Mungo.La
coalition se préparait activement à la guerre et obtint
d'ÉdouardSCHMIDT la promesse de ne plus approvisionner King BELL en
armes et munitions. Nous pouvons nous représenter les
conséquences préjudiciables que ces activités eurent sur
le déroulement du commerce. La proposition du vice-consul BUCHAN du 02
décembre de faire venir King BELL du Mungo, même de force s'il en
était besoin, pour organiser une grande palabre au cours de laquelle il
serait tenté de mettre fin aux hostilités qui nuisaient au
commerce, fut rejetée par BUCHNER. Celui-ci croyait que pareille palabre
ne profiterait qu'aux Anglais qui auraient ainsi eu l'occasion de voir les
dessous de l'affaire du « Dash » que les Allemands tenaient
plutôt à garder secrets923(*).BUCHNER ne manifestait aucune intention de
régler cette situation par la négociation, et ce peut être
que par pure hypocrisie qu'il écrivit plus tard : « ... es
ware noch viel besser gewesen, wenn die ganze drohnende Schlacht uberhaupt
unterblieben ware. Durch einfaches Drohen und durch Palaver hatte man viel mehr
erreicht ».
BUCHNER refusa également l'intervention du navire de
guerre anglais « Frolic », non pas parce qu'il envisageait une
alternative pacifique, mais tout simplement pour des raisons de prestige ; lui
et ses compagnons924(*)
ne pouvaient accepter l'idée d'être sortis de l'impasse par les
Anglais.
Le 15 décembre, le quartier de King BELL fut
incendié par la coalition Joss-Hickory et selon le témoignage de
Buchner, seule la factorerie de Woermann tenue par PANTANIUS fut
épargnée contre paiement d'une rançon de 07 Krus. BUCHNER
se présente dans ses mémoires comme celui qui voulait limiter
l'intervention allemande aux Joss dont la défaite aurait
entraîné la soumission de LOCK PRISO et de ses
partisans.D'après le témoignage de l'agent de WOERMANN, SCHOLL,
King BELL aurait dit aux Allemands:« If you want to rule here you must
make me safe as chief »925(*).Le 18 décembre, les deux bâtiments
de l'escadre, sous les ordres du contre-amiral KNORR, étaient à
la barre à Douala ; il s'agissait du « Bismarck » et du «
Olga ». A bord du « Bismarck » eut lieu un conseil de guerre
auquel assistèrent entre autres BUCHNER, ÉDOUARD SCHMIDT et HUGO
ZOLLER. Ce furent ces derniers qui informèrent KNORR de la «
gravité » de la situation, sur ce, il fut décidé
d'administrer une « punition exemplaire » aux « rebelles ».
Dès le 20 décembre, cette décision fut
mise à exécution ; l'attaque fut d'abord portée contre
Hickory, puis vint le tour de Joss. Dès que les Joss virent ce qui se
passait à Hickory, ils allèrent se saisir de PANTANIUS, l'agent
responsable de la factorerie du quartier de King BELL. Selon les
témoignages de SCHOLL et de LEWIS, ils ne le firent que pour
empêcher que le même sort ne leur fût réservé
qu'aux gens de Hickory autrement dit, la vie de PANTANIUS serait sauve si les
Allemands ne les attaquaient pas. Mais dès que KALABAR JOSS, le
frère de leur chef ELAMI JOSS tomba sous les balles allemandes, ils ne
tardèrent pas à exécuter leur otage. Le 21
décembre, les Allemands continuèrent leur action en brulant le
quartier des Joss. Le 22, Hickory fut de nouveau la cible des Allemands, le
quartier fut soumis à un bombardement. King BELL et ses hommes prirent
part à ces actions punitives et profitèrent de l'occasion pour
s'adonner au pillage. Comme conséquence immédiate de cette
intervention armée, la Cour d'Équité fut supprimée
le 28 décembre par le CapitaineBENDEMANN, commandant du « Olga
». LesAnglais protestèrent en s'appuyant sur la décision du
Dr. NACHTIGAL de laisser subsister cette institution sous la présidence
d'un Allemand926(*).
LesAllemands...ne voulaient pas laisser passer cette occasion
inespérée de supprimer cette institution, témoin de
l'influence anglaise.BUCHNER ne signale que les pertes subies par les
colonisateurs. Selon BUCHNER, ces engagements ne firent que trois ou quatre
blessés dont un devait succomber plus tard. Du côté
camerounais, ce fut le silence, mais sans doute un silence qui en dit long
puisque JAECK dit que d'après le rapport militaire, il y eut 25 morts
parmi les autochtones, mais que ce chiffre devait être certainement plus
élevé.
MANGAAKWA qui s'était montré
particulièrement insatisfait de son « Dash » et avait
menacé King AKWA, fut bastonné et déporté au Togo.
LOCK PRISO et ses gens qui avaient déserté Hickory et
s'étaient réfugiés à l'intérieur,
manifestèrent leur intention de rentrer à Douala ; le 18 janvier
1885, BUCHNER alla les chercher en pays Abo. LOCK PRISO fut maintenu prisonnier
à bord du « Olga », les gens de Hickory et de Joss durent
signer un traité de paix dans lequel ils reconnaissaient
l'autorité des colonisateurs927(*). Ainsi, King BELL ne sortit pas
particulièrement grandi de ces évènements, les vaincus ne
furent pas placés sous son autorité.
Cela aboutira à la mise en place d'une procédure
d'égalité entre les différents chefs sur le plan
financier. Toutefois, le King BELL continuera d'exercer son monopole financier
du fait de son influence en tant que Chef Supérieur et de ses rapports
privilégiés avec les colonisateurs allemands.
Par ailleurs, cela traduira de manière explicite le
manque de cohésion et de solidarité entre les chefs Duala.
2. La problématique
financière comme manifestation des rivalités
« féroces » entre les chefs Duala
Partant de là, quatre (04)
rois règneront dans une seule ville. Le commerce export-import
étant la principale source de richesse, à côté de
l'agriculture et de la chasse sera leur monopole. Ils établiront quatre
douanes, sur les rives de ce qu'on appelle aujourd'hui Bonanjo, Akwa,
Deïdo et Bonabéri. C'est d'ailleurs ce qu'affirme
M.PamphileYOBE928(*),
qui dira : « Les chefs percevaient des droits de douane sur
les navires qui accostaient ».
Le Pr. Prince KUM'A NDUMBE III renchérira en
évoquant cet article : « ...Tout bateau
arrivant dans le fleuve pour y commencer payera au roi du quartier devant
lequel il veut jeter l'ancre, ou à son représentant, la valeur de
10 Krus d'origine par 100 tonnes de capacité du bateau... en outre,
ledit roi ou représentant devra fournir audit bateau un magasin
convenable, contre payement de 4 Krus »929(*).Il n'était pas
étonnant, conclut Rudolf ASMIS« que les revenus des chefs
supérieurs fussent à l'époque très importants, vu
leur double participation aux bénéfices : le
« Kumi » du bénéfice des Européens et
le pourcentage sur les affaires traitées par les Duala »,
d'autant que le « bénéfice d'un Duala pour un seul
voyage commercial dont la durée oscillait entre 06 mois et 01 an et demi
était déjà de l'ordre de 300 à 400
Krus »930(*).
Pareille extension du commerce permit aux
intermédiaires de réaliser d'énormes
bénéfices dont une partie aurait été convertie en
femmes ; il était fréquent qu'un commerçant ait entre
08 et 10 femmes ; un chef entre 15 et 20 et un
« King » plus de 60 épouses931(*). En 1885, juste au
début de la colonisation allemande, la douane rapporta à King
BELL932(*) 500 Kru
camerounais, soit 10.000 Marks allemands, à King AKWA933(*) 300 Kru camerounais, soit
6.000 Marks allemands, à King LOCK PRISO934(*) 150 Kru, soit 3.000 Marks
allemands, et à King DIDO935(*)110 Kru, soit 2.200 Marks allemands. Avec 1 Kru
camerounais ou 20 Marks allemands, on pouvait en 1885 s'acheter 4 sacs de sel
à 60,25 kg, avec 1 bar, soit 1,25 Mark allemand, on pouvait acheter 1
poulet ou une bouteille de bière étrangère de Hambourg.
Pour le commerce local et avec l'intérieur du pays, l'unité
monétaire était le « Nbom » avec une valeur
de : « 1 Nbom = 12 bar ».
Les prix des biens au marché étaient
strictement réglementés par écrit, en langue Duala, et il
existait un tribunal de commerce international géré en anglais et
duala par une « Cour d'Équité »
établie par la loi du 14 janvier 1856.
Avant la colonisation allemande, au moins 57
sociétés britanniques, 26 sociétés allemandes et 1
société franco-belge commerçaient à Douala,
exportant en 1880 un total de 800.000.000 kg d'huile de palme, 7.500 kg
d'ivoire, 8.000 tonnes de noix de palme, etc.
Concernant le traité Germano-Duala, le RoiBELL a
reçu 27 000 Marks pour la signature936(*) qui équivalent
aujourd'hui à environ 10 millions de FCFA. S'agissant de son salaire
mensuel, il touchait 3.000 Marks par an937(*). Cette somme équivaut de nos jours à
1.005.585 FCFA qu'il percevait chaque année. Si nous prenons pour
démarcation temporelle l'année 1909 qui marque la
réglementation définitive de la commission des chefs, jusqu'en
1916, on peut dire que le Roi BELL aurait empoché une somme de 7.039.095
millions de FCFA. Nous pourrions donc estimer la fortune personnelle du Roi
BELL à environ 18 millions de FCFA, ce qui en fait le chef Duala le plus
riche de son époque.
Ainsi, nous nous sommes posés la question de savoir
quelle monnaie était le plus souvent utilisée et
pourquoi ?
PARAGRAPHEII :
QUELLEMONNAIE ÉTAIT LE PLUS SOUVENTUTILISÉE ?
Avant l'occupation allemande, il avait également
existé une monnaie en papier ; c'étaient des bons au porteur, qui
pouvaient être remboursés par les « hulks » en
« kroo » ou, le plus souvent, en marchandises : fusils,
poudre, pagnes, etc. BUCHNER, qui avait été nommé
délégué du Gouvernement impérial à Douala
après le départ de NACHTIGAL, poursuivant cette tradition,
émit de tels bons en 1884938(*).
Pour PamphileYOBE939(*), « la monnaie utilisée à
cette époque était le Mark et avant l'utilisation de cette
monnaie, c'était le système de troc qui prévalait :
par exemple des défenses d'éléphants, de l'ivoire
étaient échangés contre des produits
manufacturés ».Après la Révolte de
décembre de la même année, ce fut la fin du système
de la monnaie de papier que l'on remplaça alors par des pièces en
métal. Enfin, une autre forme de monnaie eut cours à Douala :
la« monnaie-femme » ; en effet lorsqu'un débiteur était
insolvable, il pouvait être admis à céder une ou plusieurs
de ses femmes en remboursement de sa dette.
Il faut cependant dire que cette parité, très
officieuse, entre la femme et les biens matériels ne fut nullement
tolérée par Berlin, qui la jugea indécente et
inadmissible. Sur la côtedu Cameroun, les pièces de monnaie
restèrent longtemps inconnues ; en revanche, le tabac y
représentait, comme dans l'estuaire du Wouri, un moyen d'échange
très apprécié.
On a pu y relever les équivalences suivantes :
- 6 feuilles de tabac = 1 poule ;
-1 feuille de tabac = 2 oeufs.
En 1868, Adolf WOERMANN fonda le premier établissement
permanent dans l'estuaire du Wouri, en achetant un vieux voilier russe de 600
tonnes qu'il fit installer comme « Hulk » dans la
rivière. C'est alors que s'établit un système
monétaire assez particulier, à base de feuilles de tabac.
5 de ces feuilles valaient 1 « Head »,
tandis que 50 « Heads » correspondaient à 1
« Kroo » qui, à son tour équivalait à
1 livre d'or. Toutefois, cette monnaie n'était pas pratique ; une
feuille de tabac se desséchait en effet vite et pouvait facilement
perdre de sa valeur. Malgré cet inconvénient, les
indigènes semblent s'y être particulièrement
attachés, au point que les commerçants ne réussirent pas
à l'éliminer du circuit.
Par rapport au Mark, voici comment s'établissaient les
équivalences à partir de la feuille de tabac :
- 1 feuille de tabac = 8 pfenning;
- 1 head = 40 pfenning;
- 50 heads = 1 kroo = 20 marks d'or.
Dans les rapports commerciaux de la côte du Cameroun
avec l'arrière-pays, de nouvelles équivalences allaient
être prévues par l'arrêté du 10 octobre 1886 ;
d'après ce nouveau texte, un « kroo » valait 80
litres d'huile ou 160 kg de noix.
Ces équivalences existaient certes avant 1886 ; mais, elles avaient
désormais force de loi940(*).
Quelle pouvait être la raison d'utilisation de cette
monnaie(A-) ? Par la suite, nous évoquerons les
modifications des us et coutumes de la société Duala du fait de
l'introduction de la monnaie occidentale (B-).
A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE
MONNAIE
Il circulait au Cameroun des pièces d'argent d'origines
diverses. Les plus connues étaient les pièces britanniques,
allemandes et françaises répandues à la côte, et le
« thaler de Marie-Thérèse » en usage dans
l'hinterland. A côté de ces pièces d'origine
extérieure, il existait différentes espèces de
monnaies locales, dont les plus répandues étaient les cauris.
A ce sujet941(*), l'on note que : « ... vers 1830, 100
kilogrammes de noix de palme, par exemple, pesés très
approximativement dans un tonneau coupé, et comme bien l'on pense,
à l'avantage de l'agent européen, représentaient un kroo.
Mais, poursuit-il, la valeur du kroo varie encore avec la marchandise
présentée ; un kroo de rhum revient beaucoup moins cher au
commerçant qu'un kroo de marchandises manufacturées ».
La détérioration des termes de l'échange, comme on le
voit, remonte donc à la nuit des temps et ne prendre peut-être fin
qu'avec la consommation des siècles, au nom de la «
spécialisation internationale ».
Enfin, avec les détails donnés sur les cauris,
c'est une page précieuse de l'Histoire monétaire de notre pays
qui s'ouvre au lecteur qui apprend qu'en Adamaoua, « les cauris
étaient remplacés par une monnaie très originale,
consistant en une étroite boule de coton tissé : le gaback des
arabes du Tchad. Son unité était la coudée, et ses
multiples, le nanande, long d'environ 7, 50 m, et le dora qui valait 7 nanandes
».
Dans la Cross-River, selon JeanBARBOT, les indigènes
avaient des équivalences de toutes les denrées
commercialisées, par référence aux barres en cuivre. Une
barre de fer valait 4 barres de cuivre ; un esclave homme en valait 38 et
une femme 37 à 36942(*). Par rapport au XVIIème siècle, une
évolution s'était donc produite, qui aboutit à
l'établissement du lingot de cuivre comme unité monétaire
indépendante du bracelet qui en tenait lieu jusque-là. JEAN
BARBOT le signale d'ailleurs de manière expresse ; selon lui, le
lingot de fer ou de cuivre avait remplacé le bracelet aux environs de
1699 ; toutefois, la nouvelle unité coexistait avec l'ancienne,
mais cette dernière avait tellement perdu de sa valeur, qu'il fallait
désormais 40 bracelets pour obtenir un seul lingot de fer943(*).
A cette époque, ni JeanBARBOT, ni son frère
Jacques ne parlent plus des colliers et des bracelets que les indigènes
se fabriquaient avec du cuivre poli ; c'est que très probablement
ces sortes de parures étaient passées de mode.
Le tableau ci-contre, que nous empruntons au Pr.
Gwilliam IwanJONES, reproduit la nomenclature des monnaies qui avaient cours
depuis la côte du Nigéria jusqu'à la côte de
GuinéeEspagnole944(*).
Tableau N°
4:Nomenclature des monnaies depuis la côte du Nigéria
jusqu'à la côte Espagnole.
PÉRIODE
|
CÔTE DES ESCLAVES
|
DELTA OCCIDENTAL
|
DELTA ORIENTAL
|
CROSS-RIVER
|
Portugaise
1430-1560
|
Moyens d'échange :
Manillas (bracelets en laiton)
|
Moyens d'échange :
Manillas (bracelets en cuivre)
|
Moyens d'échange :
Manillas (bracelets en cuivre)
|
Moyens d'échange
Rien
|
1600-1650
(Dapper)
|
Monnaie locale :
Cauris (Boejies)
|
Monnaie locale :
Cauris (Boejies)
|
Monnaie locale :
Manillas (bracelets en cuivre gris)
|
Monnaie locale :
Baguette en cuivre
|
XVIIe au XVIIIe s.
(Barbot)
|
Monnaie indigène :
Cauris
|
Monnaie du commerce :
Barres de fer
|
Monnaie indigène :
Cauris
|
Monnaie du commerce :
Non mentionnée
|
Monnaie indigène :
Manillas
(anneau en cuivre)
|
Monnaie du commerce :
Barres de fer
|
Baguette en cuivre
|
XIIIe au XIXe s.
|
Cauris
|
Ounces et ackies (or)
|
Cauris
|
Unité d'évalua- tion :
Pawns
|
Manillas
|
Barres de fer
|
Baguette en cuivre
|
1850-1900
|
Aucune information
|
Aucune information
|
Monnaie locale :
Tonneau d'huile
Barres de fer et manillas
|
Baguette en cuivre945(*)
|
Source:G. I. JONES, « Native and Trade currencies
in Southern Nigeria during the Eighteenth and Nineteenth centuries »,
Revue Africa, vol. XXVIII, No 1, January 1958, p. 46. In Florent ETOGA
EILY, op.cit., p. 66.
Selon le Prince KUMANDUMBEIII, le Cameroun avait sa monnaie,
un « Kroo » qui valait 20 Marks en 1884. On retrouve dans
le texte de la conférence anglo-camerounaise du 17 décembre 1850,
l'utilisation de l'unité d'échange « Kroo »
utilisée sur la côte du Cameroun.
Mais le « Kroo » n'était que
l'unité monétaire des transactions avec les
Européens(1-).946(*) Ce qui favorisa l'introduction de l'impôt par
capitation (2-).
1. L'utilisation du Kroo dans les
échanges commerciaux de l'hinterland
Le « Kroo » destiné au commerce
international était divisé en des unités plus petites,
telles que : 1 Kroo = 4 Keg = 16 Bar = 20 Marks allemands = 100 Kg de
palmiste947(*). Avec 1
« Kroo », on pouvait en 1884 s'acheter 10 gallons d'huile
de palme, 2 livres d'ivoire, 16 ballots à 2 yards de « Common
Prints », 4 sacs de sel à 125 livres, 300 feuilles de
tabac.
Avec 1 « Keg », on pouvait s'acheter 50
livres de palmiste, avec 1 « Piggin », 5 bouteilles de rhum
ou 25 tubercules de manioc ; avec 1 « Bar », on
pouvait se procurer un poulet ou une bouteille de bière.
Pour les transactions commerciales à
l'intérieur du pays - puisque les commerçants de la côte
allaient chercher de la marchandise chez des producteurs ou d'autres
intermédiaires de l'Hinterland - l'unité
monétaire était le « Nbom » qui valait 12
« Bar », soit 50 Kg de palmistes. Ces prix ne
s'appliquaient pas aux Européens à la côte.
Ainsi :
- 100 Kg palmiste = 1 Kroo = 20 Marks.
- 25 Kg palmiste = 1 Keg = 5 Marks.
- 12,5 Kg palmiste = 1 Piggin = 2,5 Marks.
- 6,25 Kg palmiste = 1 Bar = 1,25 Marks.
L'une des tâches de l'administration coloniale
allemande, sera, d'une part, d'habituer l'autochtone à la circulation
monétaire et, d'autre part, de mettre hors circuit toute monnaie autre
que la monnaie allemande.
Dans ses directives économiques données aux
résidents du Nord, le gouverneur KarlEBERMAIER demanda d'« agir
rigoureusement pour qu'il n'y ait pas d'autres étalons de valeur que la
monnaie allemande dans le commerce, même sur les pluspetits
marchés et dans les centres administratifs les plus
éloignés »948(*). Il n'existait jusque-là qu'une monnaie
locale ; la monnaie proprement commerciale ne paraît pas en effet, avoir
eu cours à cette époque sur notre côte ; ce n'est que
beaucoup plus tard qu'on vit apparaître une unité
monétaire, la« manilla » qui était un bâtonnet en
fer ; 20 de ces bâtonnets devaient correspondre par la suite à un
« bar », unité monétaire très connue dans le
commerce de la côte africaine pendant tout le XIXème
siècle.
Mais la « manilla » ne réussit jamais en fait
à contrebalancer le système du troc, qui jouissait davantage de
la confiance des indigènes ; cependant, elle semble dans
l'arrière-pays, avoir laissé des traces profondes, puisque des
morceaux de fer forgés à son imitation furent longtemps
employés, notamment pour acquitter une partie de la dot, à
l'occasion des contrats de mariage949(*) .
A partir de 1908, l'utilisation de l'argent commença
à se généraliser : « A Garoua, la circulation de
la monnaie allemande a fait des progrès sérieux. Le
« Thaler de Marie-Thérèse » y a presque
complètement disparu. Il n'en est pas de même à
Ngaoundéré, mais la défense d'en introduire amènera
sans doute un changement dans cette situation ».La
généralisation du mark était due à l'introduction
de l'impôt, mais aussi au décret950(*) de 1907 stipulant le versement des salaires en
espèces. En septembre 1901, un impôt sur les chiens fut introduit
à Douala. Il avait pour objectif moins de remplir les caisses du
gouvernement que de débarrasser la ville des chiens appartenant aux
Camerounais. Il est vrai que jusqu'à cette date, les Camerounais
étaient touchés par les différentes taxes sur l'alcool, la
poudre et les autres produits importés. Le 16 mai 1903,le gouverneur VON
PUTTKAMERprenait un décret introduisant un impôt par
tête951(*) dans la
circonscription de Douala.
Étaient considérés comme contribuables,
tout homme adulte et capable de travailler ainsi que toute femme adulte,
célibataire et apte au travail. Le montant de l'impôt était
de 03 marks par an. Tous ceux qui payaient l'impôt recevaient du chef un
ticket.
Ceux qui par contre ne s'acquittaient pas de leurs obligations
fiscales devaient travailler pour l'autorité administrative en
remplacement. Ainsi, la relation entre l'impôt et le travail était
clairement établie ; était contribuable tout individu capable de
travailler, et à la place de l'argent, le travail était
accepté.
Cette opposition des Duala amena l'administration coloniale
à reconsidérer la forme d'impôt : au lieu de se baser sur
l'individu, elle s'en tint à un signe extérieur qu'était
la maison, et c'est ainsi que le 15 avril 1907 le décret introduisant
l'« impôt par maison »952(*) fut publié.
Il était en vigueur dans la circonscription de
Johann-Albrechtshohe-Hohe et dans celle de Douala où il
remplaçait le décret sur l'impôt par tête. Tout
propriétaire d'une maison était considéré comme
contribuable. Le montant de cet impôt était de 12 marks par maison
dans les villes et de 06 marks dans les zones rurales.
Mais ce décret se heurta aux protestations les plus
énergiques des populations Duala. Le 20 octobre 1908, le gouverneur
SEITZ signa un autre décret instaurant l'impôt par tête dans
presque toute la région du Sud-Cameroun. Tout homme adulte et apte au
travail était tenu de payer cet impôt à condition qu'il
n'existe pas déjà dans sa circonscription de résidence une
autre forme d'impôt.
Il avait le choix entre payer en argent ou effectuer un
« travail d'impôt »953(*) pour l'administration. Quiconque se dérobait
à ces obligations fiscales s'exposait à une amende allant
jusqu'à 150 marks ou à un emprisonnement avec travaux
forcés allant jusqu'à 03 mois.
Mais il s'en suivit une opposition sur cette forme
d'impôt de la part des populations Duala et l'apparition de l'impôt
de capitation.
2. L'introduction de l'impôt par
capitation
La capitation est un impôt qui a été
pratiqué dans la Rome antique et par l'administration byzantine et
surtout perse, ainsi qu'en France pendant l'Ancien Régime et dans les
empires coloniaux européens. Le terme dérive du latin
« capitatio »954(*).
Il s'agit d'un impôt par tête955(*). En effet, un impôt
par tête ou « impôt personnel au sens
strict »956(*), est un impôt dont le montant est identique
pour toutes les personnes. Il ne repose pas sur les biens ou sur les revenus,il
est dû au prix de l'existence de la personne. Les impôts par
tête ont joué un grand rôle dans le financement des
gouvernements jusqu'au XIXème siècle, et ils ont
été progressivement remplacés par des impôts
personnalisés.
Tableau N°
5:Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914(En Marks).
1908 :
|
100. 000 Marks
|
1909 :
|
300. 000 Marks
|
1910 :
|
562. 000 Marks
|
1911 :
|
900. 000 Marks
|
1912 :
|
1.245.000 Marks
|
1913 :
|
2.210.000 Marks
|
1914 :
|
2.800.000 Marks
|
Source:H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons, op.
cit., p. 343.
Tableau N°
6:Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros)
1908 :
|
51. 129 Euros
|
1909 :
|
153. 387 Euros
|
1910 :
|
287. 345 Euros
|
1911 :
|
460. 162 Euros
|
1912 :
|
636. 558 Euros
|
1913 :
|
1.129.954 Euros
|
1914 :
|
1.431.616 Euros
|
Source : Tableau réalisé par nous
à partir du tableau N° 15 issu de H. R. RUDIN, Germans in the
Cameroons, op. cit., p. 343.
Tableau N°
7:Les recettes produites par l'impôt de capitation de
1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA)
1908 :
|
33.538.537 XAF
|
1909 :
|
100.615.610 XAF
|
1910 :
|
188.468.589 XAF
|
1911 :
|
301.847.486 XAF
|
1912 :
|
417.556.061 XAF
|
1913 :
|
741.203.695 XAF
|
1914 :
|
939.081.652 XAF
|
Source : Tableau réalisé par nous
à partir du tableau N° 15 issu de H. R. RUDIN, Germans in the
Cameroons, op. cit., p. 343.
Nous avons converti ces recettes de l'impôt de
capitation de 1908 à 1914 du Mark à l'Euro, et de l'Euro au Franc
CFA : nous constatons un timide démarrage en 1908 qui va s'envoler
dès l'année suivante avec plus de 100.000 millions de FCFA
récoltés. De plus, à la veille de la guerre, cet
impôt aurait rapporté à l'Allemagne coloniale près
d'un milliard de francs CFA, une somme colossale à l'époque.
On peut donc concevoir que c'est avec beaucoup d'amertumeque
l'Allemagne a dû renoncer à ce paradis financier. Dans
l'hinterland septentrional du Cameroun, les militaires allemands
s'étaient mis à percevoir, dès leur arrivée, un
tribut de chaque chef.
Ce tribut était arbitrairement fixé et ne
correspondait pas du tout à la capacité de payer de certains
chefs. Dans l'ordonnance du 20 janvier 1909, le gouverneur SEITZ demanda aux
résidents d'exiger désormais des chefs traditionnels et de leurs
populations le paiement de tribut en argent c'est-à-dire en mark
allemand.Les taux étaient les suivants : 15 marks par homme adulte, 1
mark par tête de boeuf, de cheval, de mulet ou d'âne, 10 pfennigs
par mouton, chèvre ou porc. Ils furent progressivement augmentés
pour atteindre 5 marks par homme et 02 marks par femme en 1913957(*).
A cela s'ajoute la résistance des populations, faite de
dérobades et de distanciation : « Pendant les
opérations de recensement, rapporte le résident Schwartz, aucun
renseignement précis n'a été fourni par les
indigènes. Ils répondent invariablement ne rien posséder
du tout. Interrogés sur la provenance de nombreuses traces d'animaux,
ils répondent qu'elles proviennent d'animaux de villages voisins venus
s'abreuver à leurs puits ; naturellement dans le village ainsi mis en
cause, on obtient une réponse identique. Ils sont persuadés que
nous avons l'intention de prendre leurs biens ».Cette mesure permit
aux Allemands de tirer le maximum de profits de leur présence dans la
région : d'abord, acheter à vil prix la force de travail de
l'autochtone qui était obligé de l'accepter pour se procurer le
mark afin de payer son impôt, ensuite acheter également à
un prix dérisoire la marchandise de ce dernier.C'est l'ordonnance du 1er
octobre 1911 qui fixa le montant de l'impôt à percevoir par
habitant au Nord-Cameroun. Les taux étaient les suivants :
« 1, 5 mark par homme, 1 mark par femme, 1 mark par tête de
boeuf, de cheval, de mulet, de mouton, chèvre ou porc. Ces taux,
indépendants de toute évaluation de revenus, devaient être
augmentés progressivement pour atteindre 05 marks par homme et 02 marks
par femme »958(*).
Pour les encourager dans cette tâche qui allait une fois
de plus les mettre aux prises avec leurs habitants, l'on dut prévoir
quelques compensations : le Lamido ou le sultan allait recevoir 15% du montant
de l'impôt collecté, les dignitaires 5% et le chef de village 5%.
Le reste, 75% était réparti comme suit : 25% pour la
Landschatskasse (caisse locale) et 50% pour le Gouvernement. La
« Landschaftkasse » servait à la
rémunération du personnel autochtone de la résidence et
aux travaux d'entretien.
Quant aux groupes nomades comme les Arabes Choas et les
Mbororos, ils devaient payer leur impôt au Lamido ou au sultan du
territoire où ils se trouvaient à la période de la
collecte. C'est ainsi que les Peuls, les Mbororos et les Arabes Choas se mirent
à vendre leur bétail qui, autrefois était à peine
mangé ou vendu. Achetés par les marchands Haoussas, les boeufs
étaient désormais abattus et vendus dans les marchés
locaux - à Garoua, on abattait jusqu'à 08 boeufs par jour, - mais
surtout conduits vers le sud pour y ravitailler la population européenne
en viande fraiche. En effet, dès 1910, le gouverneur demanda
l'approbation du conseil du gouvernement pour porter l'impôt à 10
marks ; le décret correspondant fut publié le 22 février
1913. Ce texte stipulait qu'on pouvait exiger plus de 10 marks d'un
contribuable lorsqu'on estimait que son revenu annuel dépassait les 400
Marks. Selon le décret, une partie de l'impôt pouvait être
payée en argent, une autre changée en travail.
Si un contribuable n'était pas capable de s'acquitter
de l'impôt, il pouvait être loué à un employeur blanc
qui s'en chargerait. Ainsi, l'argument selon lequel l'impôt ne devait pas
créer une autre forme de travail forcé ne tenait plus ; tous ceux
qui ne pouvaient pas payer l'impôt étaient désormais
corvéables à merci. Pour trouver une solution au problème
de la main d'oeuvre dans les secteurs de l'économie coloniale,
l'administration en était arrivée là. Certains chefs
n'hésitèrent pas à utiliser des organisations à
caractère militaire, ce qui laisse supposer que la perception ne se
déroulait toujours pas sans contrainte.
Il attendait la saison des pluies qui transformait la
région en un vaste marécage à l'abri duquel la population
se sentait en sécurité959(*). A la vue du cortège dans la plaine,
ils960(*)réussissaient toujours à s'enfuir ou
à se cacher dans les montagnes difficilement accessibles par les agents
percepteurs, d'où ils décochaient quelques flèches ou
tendaient des embuscades. Les transactions s'effectuaient par
l'intermédiaire de cette monnaie. Son introduction en pays BamounBamun
et dans les régions voisines avait été favorisée
par le commerce des esclaves et de l'ivoire. Ce commerce était
principalement contrôlé par les Haoussa, qui venaient jusque dans
les frontières nord du Sultanat et s'étaient installés
dans les villages Tikar les plus proches. Leur lente pénétration
à l'intérieur du pays entraîna tout naturellement un
accroissement progressif des stocks de cauris.
Deux sortes de cauris étaient en circulation dans
l'Ouest du Cameroun : les « Molucca », de couleur
blanche, et les « Zanzibar » qui étaient bleus. Dans
le temps, les cauris blancs pénétrèrent sur le Calabar et
la Cross-River. Les cauris blancs furent dit-on, introduits en très
grande quantité par des commerçants Jukum ; du sud et du
nord de la Bénoué, puisque le moyen traditionnel d'échange
chez les Wukari dont les Jukum constituent une branche, était le fer de
houe et le paquet de sel ; il existait en effet un courant commercial
assez important, entre la région BamounBamun et les États
Foulbé, par l'intermédiaire des Haoussa.Dans tout le Cameroun, le
marché de Foumban était le plus important pour l'achat de ce
produit ; sa commercialisation rapportait l'équivalent de
1 000 à 1 500 marks par mois.Les mêmes Haoussa venaient
également chercher de l'ivoire en pays BamounBamun, pour le revendre
dans les contrées de l'Adamaoua où les Européens en
étaient de grands acquéreurs ; malheureusement pour les
indigènes, leurs produits étaient toujours cédés
contre des cauris.
Cet état de choses amènera plus tard de cruels
désenchantements, au moment où le Gouvernement impérial se
verra obligé de prononcer la suppression du cauris comme moyen
légal de transaction. On estimera entre 100 et 200 millions, le nombre
de cauris ainsi perdus, soit l'équivalent d'environ 500 000
marks961(*).
A côté du cauris, il circulait en petites
quantités, des « manilla » et des perles. Leur usage
s'était plus particulièrement développé
après que les Allemands avaient autorisé les Haoussa à
exercer librement le commerce à travers toute l'étendue du
territoire. Mais, cette monnaie ne fut en fait utilisée que pour le
paiement de la dot ou dans des règlements mineurs, notamment sur les
marchés des denrées vivrières.
Comme on peut le voir, l'activité commerciale dans
l'Ouest, et plus particulièrement en pays BamounBamun, présentait
un réel intérêt ; avec l'installation des firmes
européennes, cette activité ira s'accentuant, au point que plus
tard, la région occidentale du Cameroun fournira au commerce
d'intermédiaires, des agents fort capables, avant de produire, par la
suite, des commerçants considérés à juste titre
comme étant parmi les plus dynamiques du Cameroun962(*).
La nouvelle forme de circulation monétaire a eu des
répercussions non seulement sur le commerce mais également sur
les échanges sociopolitiques de la communauté Duala.
B. L'UTILISATIONDE LA
MONNAIEOCCIDENTALEOU LA MODIFICATION DES USETCOUTUMESDE LA
SOCIÉTÉ DUALA
Au stade du
« troc-marchand », calcul et crédit tenaient lieu de
monnaie. Des instruments dont la capacité de mesure était connue,
l'épaisseur de piles d'étoffe par exemple, étaient
employés pour réaliser les « termes de l'échange
» ...
En 1907, le gouvernement constatait à cette date,
c'est-à-dire deux décennies après la prise de possession
du Cameroun, que le commerce ne présentait pas de changement
fondamental : « le troc garde toujours sa
prépondérance, quoiqu'on aperçoive une haute augmentation
de la circulation monétaire. L'arrêté relatif au paiement
de la solde des indigènes en espèces, qui entrera en vigueur le
1er avril 1908 pour le district Sud, enlèvera de plus en plus
de régions au commerce par troc, pour les ouvrir à la circulation
monétaire. En même temps, l'affaiblissement du système du
trust se fera jour. Les commerçants ont reconnu depuis longtemps son
caractère nuisible, mais tout effort pour en finir s'est heurté
jusqu'à présent à la grande concurrence. C'est seulement
en 1910 qu'un procès était enregistré :
« l'augmentation des transactions, la nécessité de
payer les impôts en espèce, ainsi que l'interdiction du trust par
l'ordonnance relative au paiement en espèces des agents,
entraînaient partout une grande augmentation de la circulation
monétaire »963(*).
De plus, nous avons interprété la situation
commerciale du Protectorat allemand au Cameroun à partir de la fin des
années 1800(1-) et l'utilisation du nouveau
système monétaire va faire éclore de nouveaux rapports
sociaux au sein de la société indigène
(2-).
1. Interprétation de la situation
commerciale du Protectorat allemand au Cameroun
Le tableau suivant résume la situation du commerce de
1901 à 1912.
Tableau N° 8:
Situation du commerce au Cameroun de 1901 à 1902.
964(*)
|
IMPORTATION EN 1 000 MARKS
|
EXPORTATIONS EN 1 000 MARKS
|
COMMERCE TOTAL EN 1 000 MARKS
|
1901
|
9 397
|
6 264
|
15 661
|
1902
|
13 275
|
6 264
|
19 539
|
1903
|
9 425
|
7 139
|
16 564
|
1904
|
9 378
|
8 020
|
17 398
|
1905
|
13 467
|
9 315
|
22 782
|
1906
|
13 305
|
9 945
|
23 250
|
1907
|
17 296
|
19 866
|
37 162
|
1908
|
16 788
|
12 163
|
28 951
|
1909
|
17 722
|
15 448
|
33 170
|
1910
|
25 480
|
19324
|
44 804
|
1910
|
25 480
|
19324
|
44 804
|
1911
|
29 317
|
21 250
|
50 567
|
1911
|
29 317
|
21 250
|
50 567
|
1912
|
34 241
|
23 336
|
57 577
|
Source : F. ETOGA EILY, Surles chemins du
développement. Essai d'histoire des faits économiques du
Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et
d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 223-227.
Au cours de cette période, l'évolution des
activités commerciales accuse une très nette constance. Seules
les années 1903 et 1904 marquent une certaine régression par
rapport au niveau atteint en 1902. Il faut observer que cette baisse affecte
plus les importations que les exportations ; c'est qu'à cette
époque-là, le commerce au Cameroun était soumis à
de graves épreuves.En Allemagne même, l'hostilité du
Reichstag avait redoublé d'intensité et condamné toutes
les activités à un développement au ralenti.
Dans le même temps, commençaient les
affrontements les plus sanglants enregistrés dans l'intérieur du
pays entre noirs et blancs. A l'inverse, la situation connait un redressement
spectaculaire à partir de 1907 ; c'est qu'un changement
était intervenu au Reichstag et que DERNBURG, plus favorable aux
colonies, avait été nommé Ministre des Colonies,
dès décembre 1906.
Cette mutation explique l'accroissement de plus de 38 % que
connait le commerce total du Cameroun en 1907 par rapport à
l'année précédente. D'une manière
générale, les progrès réalisés depuis 1900
et plus particulièrement depuis 1907 par rapport à la
période antérieure sont très sensibles.Le tableau suivant
permettra de mieux s'en rendre compte.
Tableau N°
9:Situation du commerce au Cameroun de 1891 à 1900.
ANNÉES965(*)
|
EXPORTATIONS
|
IMPORTATIONS
|
COMMERCE TOTAL
|
1891
|
4,307
|
4,547
|
8,854
|
1892
|
4,264
|
4,471
|
8,735
|
1893
|
4,633
|
4,162
|
8,795
|
1894
|
4,435
|
6,497
|
10,932
|
1895
|
4,090
|
5,658
|
9,748
|
1896
|
3,961
|
5,359
|
9,320
|
1897
|
3,385
|
6,327
|
9,712
|
1898
|
4,602
|
9,297
|
13,899
|
1899
|
4,841
|
11,133
|
15,974
|
1900
|
5,886
|
14,245
|
20,131
|
Source : F. ETOGA EILY, Surles chemins du
développement. Essai d'histoire des faits économiques du
Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et
d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 223-227.
... Il faut bien noter qu'au cours de la période qui
va de 1896 à 1908, le Cameroun était parmi les colonies
allemandes, celle dont les exportations représentaient encore le montant
le plus élevé. Par la suite, cette situation devait
connaître un net changement ; car, en 1911, le Cameroun n'occupait
plus que le troisième rang parmi les quatre possessions allemandes
d'Afrique, pour les importations, les exportations et le commerce total.
Tout le commerce d'Allemagne avec ses colonies
représentait un chiffre global de 240 208 483 marks en
1911 ; le Cameroun y contribuait pour 50 586 000 marks, soit un
peu plus de 25 %. Mais, c'était la colonie qui recevait le moins de
subventions de la part de la métropole ; pendant plus de vingt ans,
de 1891 à 1912, le total des subventions accordées au Cameroun
n'a atteint que 71 144 000 marks, ce qui est très insuffisant.
La plus grande part du commerce du Cameroun se faisait avec
l'Allemagne. En 1912, sur 57 577 000 marks que représentait
l'ensemble du commerce du Protectorat, 47 millions revenaient au commerce avec
l'Allemagne ; les importations y figuraient pour 27,2 millions et les
exportations 19,8 millions.
L'Angleterre venait en seconde position avec un commerce
total de 8,5 millions répartis à raison de 5,5 millions à
l'importation et 3 millions à l'exportation. Avec les pays africains
voisins, le commerce du Cameroun représentait en 1912, que 917 000
marks pour l'importation ; il était en 1912, de 917 000 marks
pour l'importation, et de 181 000 marks pour l'exportation.
L'Amérique et la France comptaient respectivement 230 000 et
300 000 marks d'importation.
Il convient de signaler ici que la part du gouvernement dans
les importations était de 5,4 millions de marks ; mais les
matériaux d'une valeur de 500 000 marks destinés à la
construction du chemin de fer en 1912, n'ont pas été
importés pour le compte du gouvernement.Les produits importés
intéressaient notamment, l'agriculture, les productions animales, les
articles d'habillement, les machines et les véhicules, les armes et les
munitions, etc...966(*)
Par la suite, on assistera à l'apparition des rapports
sociaux due à l'introduction du nouveau système
monétaire.
2. L'utilisation du nouveau
système monétaire ou l'éclosion de nouveaux rapports
sociaux au sein de la société
« indigène »
Dans un article manuscrit intitulé
« Histoire de Difoum Ngango, le caïman du
Wouri », BEBE NJOH relate le différend qui opposait les
Wuri, voisins des Duala, aux Bodiman, riverains localisés au nord et
partant plus éloignés de la côte.
Dès le début de la traite, les échanges
s'organisèrent. Les Duala payaient aux Wurila caisse de palmiste 2,50
marks ; les Wuri se la procuraient à raison de 02 marks
auprès des Bodiman, ceux-ci l'obtenaient des Bassa producteurs pour 1,50
mark. Nous ignorons combien l'élément européen
l'achetait967(*).
L'on peut voir les prix, ou ce qui tient lieu de prix,
augmenter de l'intérieur vers la côte, quand il s'agit de produits
locaux et de la côte vers l'intérieur, quandil s'agit de produits
européens.
Deux facteurs interviennent dans cette variation :
1) La position géographique des groupes et la
possibilité de communiquer avec leurs voisins en direction de la
côte et des régions productrices ;
2) La situation politique des groupes en question, qui
peut nier ou renforcer le rôle qui découlerait de la position
géographique. Toute innovation apportée à l'ordre des
groupes « traitants », provoque des guerres entre lignages
et parfois entre tribus. Il est remarquable de constater qu'elles se terminent
très souvent sur l'initiative des oncles et neveux maternels qui
ramènent la paix et rétablissent la hiérarchie ou bien la
modifient.
3) Enfin, on peut penser que la pénétration
et la diffusion des produits européens a permis aux groupes forestiers,
déjà en interaction, de multiplier leurs relations, d'entrer dans
des rapports suivis et quasi-permanents, d'être directement ou
indirectement en contact avec des régions éloignées ;
régions côtières pour les populations du centre,
régions de l'intérieur pour celles du littoral.
Jusque-là, les conflits restent
extérieurs : guerres, arrêt du commerce...
Les conflits internes n'apparurent que plus tard, avec l'intensification du
trafic, lorsque fut compromise la structure des groupes lignagers et celle des
sociétés tribales engagées irréversiblement dans la
traite. Les partenaires en présence, aussi bien qu'autochtones
qu'européens, ressentirent alors le besoin d'une supra-organisation,
administrée par une puissance souveraine, étrangère au
contexte autochtone et au groupe cosmopolite de commerçants
fréquentant la côte et plus particulièrement
l'estuaire968(*).Ainsi,
le CapitaineJohnADAMSdonneun témoignage datant de 1786, donne une liste
des produits échangés dans la rivière
« Cameroon » et leur valeur.
Une tonne d'ivoire valant 240 livres sterling avait pour
équivalent en produits d'origine européenne :
« 15 tonnes de sel valant 15 livres, 17 barils de poudre à
fusil de 51 livres, 50 fusils dits « toxerproof »,10
cotonnades des Indes appelés « baft », 40 cotonnades
de Manchester appelées « chellos » valant 18 livres,
02 barils de brandy de 20 livres, 30 ustensiles de cuivre de 22 livres, des
perles, de la ferraille, de la quincaillerie, de la vaisselle pour une valeur
de 41 livres »969(*),ce qui correspond en pourcentage calculé
d'après la valeur et par catégorie de produits à :34%
d'armes et de poudre, 26% de verroterie, 25% de cotonnades, 8% d'alcool et 6%
de sel.
Avec ces mêmes marchandises plus encore 10 tonnes de
sel, on obtenait 20 tonnes d'huile de palme970(*).Les produits européens entrèrent dans
la comptabilité des « avoirs » de tous les Duala ou,
ce qui revient au même, dans la masse globale des
« biens » de la société. Néanmoins,
ils ne parvinrent jamais à jouer dans les relations le
mêmerôle que les objets traditionnels, car ils étaient
destinés davantage à l'enrichissement qu'au renforcement des
alliances. Pour preuve, dans les relations matrimoniales, jamais les
étoffes ou les ustensiles de cuisine d'origine industrielle ne
remplacèrent institutionnellement les « mbea toe »,
ces crevettes pêchées dans le Wouri une ou deux fois par
décennie, ni les barres de fer, monnaie employée dans certains
mariages.
L'histoire du commerce dans le Sud-Cameroun le montre fort
bien : l'évolution de l'activité commerciale se
caractérisa par l'élimination progressive de tout monopole, qu'il
soit l'affaire des chefs vis-à-vis de leurs sujets ou celle des Duala
dans leur ensemble vis-à-vis des autres peuples. A un tel processus
correspondit un individualisme mercantile croissant, en contradiction avec les
normes des sociétés locales et générateur d'un
déséquilibre entre biens en circulation et relations sociales
identifiées aux réseaux économiques. Il suffira de
surproduire un peu ou bien de produire en dehors de la communauté pour
acquérir, par l'échange, des biens que l'on introduira en
celle-ci sans pour autant les intégrer à l'ensemble
patrimonial971(*).Toutefois, l'ancien sens des échanges ne sera
pas oublié malgré l'expression mercantile qu'ils prirent.
Derrière le prix, la qualité de l'alliance était toujours
considérée.
ThéodoreSEITZ en donne un bel exemple :
« Franziska, la fille de MANGA BELL, rapporte-t-il,
répondit, un jour que je lui demandais pourquoi elle ne se mariait
pas : « personne ne peut me payer ici, je suis trop
chère ». Je fis la même expérience avec Emma
DEES, une métisse fille du capitaine d'un vaisseau de commerce. Elle
habitait la même case que ses frères et soeurs. Plus tard, elle
devint la femme de RudolfBELL. Un jour, le sous-officier ZAMPA, que le
capitaine Kurt MORGEN avait emmené quelque temps en Allemagne, vint me
voir et me prier de demander pour lui la main de la belle Emma. Il ne voulait
et ne pouvait pas payer les 6.000 marks qu'EMMA avait fixés
elle-même comme montant de la dot : il voulait conclure un mariage
européen. J'allai la voir et lui dis que ZAMPA était
sous-officier dans un régiment prussien et qu'il était
actuellement l'un des hommes les plus considérés à
Kamerun, mais rien n'y fit. La belle déclara qu'on ne pouvait l'avoir en
dessous de 6.000 marks et que ZAMPA était pour elle un
« niger » de brousse qu'elle ne prendrait
pas ».
Dans un premier temps, les biens relevant des deux
économies furent distinguées ; dans un second temps, le
primat de la marchandise européenne se manifesta dans les relations
traditionnelles : les biens alors se confondirent, les biens
« indigènes » furent valorisés comme les
marchandises européennes et celles-ci entrèrent dans les
relations traditionnelles ; en dernier lieu, valeur des biens et
« poids » des relations entrèrent dans un rapport
permettant à la monétarisation de se généraliser et
à la société d'absorber toutes les richesses venant de
l'extérieur, l'équilibre parfait devant aboutir au maintien de la
société à son niveau économique traditionnel
malgré l'accroissement prodigieux des biens.
Ce phénomène est visible surtout en ville,
où les individus, quels que soient leurs revenus, vivent
généralement toujours de la mêmefaçon ; leurs
charges sociales augmentent au fur et à mesure qu'ils s'enrichissent ou
qu'ils voient leurs revenus s'élargir972(*). Les biens perdant de leur
spécificité, tout s'échangera contre tout. Les vivres, les
objets, les femmes..., auront un dénominateur commun : l'argent...
la transmutation des biens locaux en marchandises eut pour effet
d'accélérer la rapidité des échanges.Alors qu'il
fallait auparavant un certain temps entre le don et la remise du
contre-don973(*), sous
l'emprise de la monnaie, le délai des opérations durera juste le
temps de « marchander », de conclure et d'échanger.
Jadis, durant la période de tractation, « temps
mort » de l'échange traditionnel, les alliances se nouaient et
se renforçaient. Ce n'était pas un marchandage, mais une
discussion, ou plutôt une série de discussions et de prises de
position.
Pendant toute la durée de la confrontation, toute la
vie sociale complexe de la parenté et de l'alliance, les deux
pôles des sociétés fondées sur la filiation, se
manifestait ainsi. Avec l'argent, elle tendit à se contracter et
à s'éteindre au moment de la libération instantanée
de la contre-prestation. On le constate dans les relations s'établissant
autour des vivres, des objets, des femmes et des services, « biens
grâce auxquels on se liait « clients » et parents.
Cependant une distance temporelle sépare souvent, dans
l'opération du nouvel échange, les actes de donner et de
recevoir ; au lieu d'interpréter et de ressentir cette distance
comme un fait structurel, on fit de cette situation, une
« dette », phénomène qui n'existait pas, tout
au moins de la mêmefaçon, avant l'introduction de la
monnaie974(*).
Ainsi, de même que la souveraineté
étrangère les mit entre parenthèses, l'économie
monétaire les fit entrer dans son domaine tout en s'assurant de leur
dépendance975(*).
Partant de là, dans la deuxième section de
notre travail, nous nous intéresserons à la perception des Rois
BELL, AKWA et DEÏDO à l'égard de l'administration coloniale
allemande.
SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA
ETDEÏDOÀL'ÉGARDDE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Le 1er fils de l'ancêtre Duala fut MAPOKA.
MAPOKA eut un fils nommé NJOH et un esclave qu'il considérait
comme son propre enfant : KOUO. A l'origine, dans
l'« eboko » de MAPOKA, les deux fils et leurs descendants
vivaient en paix, formant un puissant groupe : les Duala. Ce sont les
descendants de NJOH qui devinrent par la suite les BONADOO et ceux de KOUO, les
BONAKOUO, les deux clans de la tribu. A cette époque eut lieu
l'évènement le plus important de l'histoireDuala : la
rencontre avec les « blancs ». LesBOJONGO les
découvrirent les premiers. Un jour qu'ils allaient pêcher, ils
virent un bateau, « kata », qui se dirigeait vers la rive.
Ses occupants, des Européens, apercevant les pirogues, les
arrêtèrent, demandant aux pêcheurs de leur montrer les
villages. Mais à terre, les BOJONGO décidèrent de les tuer
malgré l'opposition des notables. Il fallut toute l'autorité de
DOUALA MBEDI pour les en empêcher. Cet incident valut aux Duala
l'avantage de recevoir les premiers Européens et de faire du trafic avec
eux.
Dès le début des échanges, les
navigateurs demandèrent à DOUALA MBEDI de leur confier un homme
pour qu'il apprenne le « portugais ». L'on désigna
MAPOKA. Quand le fils de DOUALA MBEDI après un séjour au Portugal
retourna chez les siens, il était apte à remplir la fonction de
premier intermédiaire entre les populations de l'intérieur et les
commerçants.
Ces derniers en vue de le reconnaître, lui remirent un
drapeau et une « attestation » indiquant qu'il était
« King ».Le drapeau fut planté sur le 1er
plateau, près du Palais de Justice actuel. Cependant, les BOJONGO
tentaient de rentrer dans le circuit des échanges.
Voyant qu'ils ne le pouvaient pas sans l'accord de MAPOKA, ils
protestèrent devant lui et lui rappelèrent qu'ils avaient
été les premiers à voir les étrangers. La
réponse qui leur fut faite est restée légendaire :
« Quand l'aigle (mbela) prend quelque chose, il ne le rend plus.
Dès lors, les Duala empruntèrent le nom de l'aigle et se
nommèrent les Bonambela ». LesBOJONGO
définitivement écartés, ainsi que les Bassa de la
côte, les Duala restaient seuls à traiter avec les
Européens976(*).Comme nous l'avons précédemment
constaté, l'entente entre Duala fut malheureusement de courte
durée ; les jalousies et les luttes intestines qui couvaient
jusque-là apparurent au grand jour.
Cela s'accentua davantage avec la révolte du chef AKWA
contre son frère BELL, dans les premières années du
XIXème siècle.C'est de ce temps que date, à la suite d'un
accord verbal entre intéressés, la délimitation des
régions assignées respectivement à chaque tribu, pour
l'exercice de son commerce. Le Wouri échut alors aux AKWA, tandis que
BELL et DEÏDO se partageaient le Mungo977(*).
Partant de là, on peut dire que les relations
étaient tendues non seulement entre les chefs Duala et les
autorités coloniales allemandes (Paragraphe I), ce qui
a conduit à la remise en question de la perception de l'administration
coloniale allemande par les chefs Duala(ParagrapheII).
PARAGRAPHE I : LES
RELATIONS CONFLICTUELLES ENTRE LES CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
LesBonadoo se diviseront en deux (02) grandes familles :
les BonaNjoh à gauche du fleuve Wouri en aval, les Bonaku (Akwa) et les
BonaEbele (Deïdo) tous restés à la rive gauche du fleuve
Wouri en amont.Les quatre (04) groupes conçus sont appelés
« MATUMBA » et sont dirigés par un
« MWANED'A BOSO ou KINE » qui signifie Roi.
Chaque Roi a plusieurs « BANEDI BA
MBUSA » qui ne peuvent s'appeler « KINE » mais
« MWANED'A MUNDIMA » c'est-à-dire chef de village
de... Les chefs des villages respectifs d'un Tumba sont indépendants
mais rendent compte à « MWANED'A BOSO ou KINE », en
cas de besoin ou pendant des assises périodiques convoquées par
le Roi.
Le Roi est le seul responsable administratif du canton
auprès de l'administration.Dans le village natif de « MWANED'A
BOSO », la famille régnante présente ou désigne
le « MWANED'A MUNDI » qui n'est pas du même foyer que
son « KINE ».En cas d'impossibilité, le Roi fait
cumul de fonction. Le « MWANED'A BOSO `KINE' » ou le
« MWANED'A TUMBA »978(*) est choisi ou désigné par les seuls
membres dignitaires des foyers de la famille régnante. Toute
ingérence des autres familles du village ou d'ailleurs est formellement
interdite.
Quant à « SANGO'A BOA »979(*) qui n'est pas le
« SANGO'A TUMBA »980(*), « MUTUD'A TUMBA » non
plus981(*), il est le
1er garçon du premier foyer quand ce dernier n'est pas
désigné chef, si oui le 1er garçon du
2ème foyer qui est « SANGO'A BOA » si non
le 1er garçon du 3ème foyer dans la
tradition Duala. Le « MUTUD'A TUMBA » est le membre le plus
vieux de tous les ressortissants de la famille régnante.
Dans cette organisation élargie et
libérée, strictement traditionnelle, l'obéissance, le
respect, la hiérarchie sont de rigueur. De son système pyramidal
tout part de « Masoso 'au Ngondo » : Assemblée
traditionnelle où se règlent tous les problèmes de MBOA
DOUALA, comme il s'agit de Douala ici, mais c'est précisément
NGOND'A SAWA982(*).
Il y a encore deux (02) siècles, on observait des
guerres sanglantes entre rois et entre Matumba983(*), les verdicts allaient
jusqu'aux pendaisons des rois ou aux extraditions à vie984(*). Les verdicts étaient
prononcés par le Ngondo, depuis sa cour suprême de justice. Les
débats duraient des jours entiers voire des semaines, des mois, des
années et les verdicts étaient sans appel.
Dans la suite de notre travail, nous examinerons les
relations de la dynastie BELL(A-), de la dynastie AKWA
(B-) et de la dynastie DEÏDO(C-) avec
l'administration coloniale allemande.
A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL
AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Au commencement du XIXème siècle, un seul chef
Duala, BELE BA DOO représentait encore la totalité des Duala
dans les négociations avec les Européens. Mais déjà
en 1814, le jeune NGAND'A NKWA arriva à se faire reconnaître
pour « roi » par les Européens, en s'attribuant le
droit de négocier avec les subrécargues985(*).
Désormais, les Duala étaient divisés en
deux (02) groupes antagonistes :
1° Le lignage des Bonadoo986(*) conduit par les
« rois » BELL de Bonanjo ;
2° Le lignage des Bonambela, à la tête
duquel se trouvaient les rois AKWA de Bonaku.
Cette dichotomie prit une importance fondamentale pour
l'histoire ultérieure des Duala. Or, on constate d'autres segmentations.
LesBonabéri se détachèrent sous leur chef
KUMMBAPE987(*) des
Bonanjo, et les Bonambela avec EYUMEBELE988(*) comme chef s'approprièrent l'autonomie des
Bonaku. Dès les années 50, les traités de commerce
tenaient compte de cette situation, et reconnaissaient la division de
l'autorité entre quatre (04) chefs.
Comme les deux « rois », les deux (02)
« chefs » avaient voix à la Cour
d'Équité et ils recevaient une partie de la coutume. Mais
malgré leurs ambitions, ils ne parvinrent pas à l'autonomie
totale, ni à être reconnus comme
« rois » ; ils demeuraient encore dans un certain
état de dépendance vis-à-vis de King BELL et de King
AKWA989(*).
CHARLEY DIDO, d'ailleurs, paya son ambition politique de sa
vie : s'étant engagé dans une guerre sanglante avec les
Bonambela, il fut condamné à mort par le Ngondo en
décembre 1876990(*). Il semble que souvent des chefs - faute d'une
autorité proportionnée aux exigences et accordée par le
droit coutumier - aient essayé d'établir un régime rigide.
King BELL, en particulier, passait pour despotique. Sa politique avait
cependant des effets contraires au but visé : en 1873, les
Bonapriso se détachèrent de lui et se placèrent sous la
protection de son rival King AKWA991(*). Celui-ci n'hésita pas à leur donner
un terrain pour s'y installer. Le conflit né de cette segmentation se
prolongea...aux simples rivalités entre les chefs s'ajouta la
confrontation des chefs avec leurs dépendants, les cadets sociaux ou les
« Youngmen »992(*).En 1871, le Consul avait observé
que:« The Kings are well disposed towards us, but it is almost
impossible for them to keep their savage subjects its subjection
(sic)! ».993(*)
En 1878, enfin, le Consul HOPKINS
rapporta:« There are too many Kings in the Cameroons River, and
they are too close together. They cannot keep their young men under control.
They have all told me they would be glad if His Majesty's Government would take
them under their protection, as they cannot rule their people
themselves »994(*).Les BONAMANGA sont la branche régnante
des BELL, Bonanjo, à Bali, à Douala. Les BONAMANGA sont une
composante importante des 12 foyers dits BonaMandona à Bali. Ils font
partie d'un groupe qu'on retrouve des deux (02) côtés du fleuve
Wouri à Douala : les Bonadoo. Les Bonadoo rassemblent
également les BonaPriso, BonaDoumbè, BonaBélone,
BonaBéri, BonaSama, Bonendalè, etc.En langue Duala, le mot
« Bona » est généralement rattaché
à un individu dont on se réclame :un patriarche, un homme ou
une femme.
Bonadoo signifie donc « Ceuxde DOO, les descendants
de DOO ». Le patriarche DOO-MAKONDO, né entre 1697 et 1702,
était le chef de tous les Duala, c'est-à-dire des descendants
d'EWALE MBEDI et ses deux (02) fils : « MASSÈ MA
EWALÈ » qui a produit la branche des BONADOO et
« MOULOBÈ MWA EWALLÈ » qui a produit la
branche des BONAMBELA - AKWA sous le règne de
« BELLÈ » à
Bonabéri(1-).
Partant de là, nous parlerons des rapports que les Rois
BELL ont entretenus avec l'administration coloniale allemande
(2-).
1. La scission entre
« BELL » et « BELLÈ »
Mais, plus tôt dans l'histoire de la tribu Duala, un
autre séisme avait déjà durement secoué la maison
du roi DOO-MAKONGO : son fils aîné, NJOH995(*), plus connu sous le nom de
PRISO'A DOO, fut écarté de la succession royale. On lui
préféra son jeune frère « BELLÈ BA
DOO ».
La colère et la réaction de PRISO furent si
violentes que « BELLÈ » n'eut la vie sauve qu'en
s'exilant loin du territoire familial du plateau Joss de Bonanjo. Il trouve
ainsi refuge de l'autrecôté du fleuve Wouri, à
Hickory-Town, dans un grand territoire qui encore aujourd'hui porte son
nom : BonaBellè, ou BonaBèdi, déformé
phonétiquement en Bonabéri. « BELLÈ »
y prospéra en compagnie d'un de ses frères,
« SAMÈDOOH », lui-même fondateur de BonaSama.
Cependant, dans la maison de DOO'A MAKONGO, à Bonanjo, les dissensions
entre les partisans des deux frères laissaient planer un doute quant
à la capacité du clan DOOH à se doter d'un chef
après le patriarche DOO-MAKONGO, sur le territoire de Bonanjo, PRISO
ayant été écarté,
« BELLÈ » s'étant réfugié loin
du palais.
Après d'interminables négociations dans le but
de faire revenir « BELLÈ » à Bonanjo pour
hériter du trône de son père,
« BELLÈ » refusa finalement d'opérer son
retour, préférant s'établir définitivement et
régner sur les DOO à partir de son nouveau territoire. Il proposa
à la famille un de ses 37 enfants pour perpétuer le trône
de son père de l'autre côté du fleuve.
« BEBEYBELLÈ », un de ses fils, fut
désigné pour succéder à son grand-père, un
héritage qui n'était pas complètement sans risque, tant
les tensions entre les BELL et les PRISO étaient encore vives. Mais DOO
LA MAKONGO avait désormais un successeur issu de Bèlè, car
son petit-fils « BEBEY » a réussi à pacifier
la famille et à établir ainsi un pont entre ceux de
Bonabelè996(*) et
ceux de son oncle.
Les autres branches de la famille, les BonaDoumbè, les
BonaBelonè, les BonaDouma, les BonaNgang, reconnurent la
légitimité et l'autorité de « BEBEY »
et se rangèrent tous derrière lui. Le royaume de DOO ne connut
donc pas de scission, grâce à la finesse politique du jeune
« BEBEY » et le sens élevé de
l'intérêt général des partisans de PRISO.
Ainsi fut scellée la paix retrouvée entre les
DOO et les DOO, dont EPEE D'OR chantait jadis les jolies mélodies de la
réconciliation en prenant comme un des symboles, le club de football
« Oryx de Douala » : « Doo-Doo a ma
bolè lata » = « Doo-Doo a retrouvé la
paix et l'unité ». De Bonabéri à Bali,
jusqu'à BonaPriso, un seul peuple :
BONADOO !« BELÈBELÈ » fut
rebaptisé en « BELE BELL » et devint ainsi le
véritable « King Bell » de l'ère moderne.
Pour bien distinguer des descendants de PRISO'A DOO de ceux
de « BELLÈ BA DOO », ces derniers furent
appelés « BonaMandona », du nom de la mère de
« BELLÈ BA DOO », celle de PRISO s'appelant
« ENDALLÈ ».« BEBEY BELL »
engendra le Prince BELL LOBÈ BEBE et ses frères et soeurs,
LOBEBEBE engendra le Prince BELL NDOUMBE LOBÈ et ses frères et
soeurs. MANGANDOUMBÈ engendra le Prince BELL RUDOLF DOUALA MANGA BELL et
ses frères et soeurs, DOUALA MANGA engendra NDOUMBÈ DOUALA MANGA
BELL et ses frères et soeurs.
Un drame familial ayant opposé NDOUMB'A DOUALA et son
fils unique JOSE EMMANUEL où ce dernier trouva la mort, NDOUMBÈ
désigna de son vivant, son successeur en la personne de son neveu, le
Prince RENÉ DOUALA MANGA BELL997(*), qui succéda à son oncle sur le
trône des BELL en 1966 jusqu'à sa disparition en 2012.Le cousin
germain du patriarche DOO MAKONGO, qui se prénommait NGANDO, issu de
Mulobè, mena une insurrection dans le but de s'émanciper de la
tutelle des BonaDoo : la tribu se retrouva désormais avec deux
chefs distincts, et deux clans, au sein du même peuple, puis
bientôt trois chefs, avec la prise de distance des fils
« EBÈLÈ »998(*), qui s'émancipent à leur tour de la
tutelle Akwa.Les Duala devaient imposer par la force leur
hégémonie et s'imposer une centralisation politique tribale que
les lignages craignaient pour leur indépendance...
En effet, le commerce qui les servit pendant un temps, les
desservit par la suite : aucun lignage ne parvint à se distinguer
des autres, et de l'entente interlignagère valable vis-à-vis de
l'extérieur n'émergea aucun pouvoir centralisé. De
là, l'affaiblissement du groupe « monopoleur »
devant ses partenaires locaux, lesquels, tout en restant sous l'influence des
Duala, n'attendaient que le moment de s'affranchir de leur tutelle
matérielle et occulte...
Mais les Duala déjà divisés ne firent
qu'étendre leurs dissensions à l'extérieur, dans cet
immense hinterland que les clans rivaux se partagèrent. Aussi, afin de
résoudre le problème insoluble posé par
l'interdépendance des lignages antagonistes, fractions dans l'obligation
de se fondre en une unité indécomposable face au pays, ils
crurent qu'avec l'appui de leurs échangistes occidentaux habituels, ils
retrouveraient la paix chez eux, mieux, ils assoiraient leur
hégémonie dans l'intérieur999(*).
2. LesRois BELL et l'administration
coloniale allemande
Les chefs étaient encouragés et ceux qui
paraissaient les meilleurs étaient aidés dans les luttes qui les
opposaient à leurs rivaux traditionnels. C'est ainsi que le King BELL,
à Douala, bénéficia pendant longtemps du soutien du
gouvernement allemand, lequel espérait peut-être réaliser
ce que les Duala ne purent jamais mener à bien : une sorte de
royauté côtière dont ils se seraient fait l'allié.
Mais l'expérience prouva pour de multiples raisons, entre autres
désaccords entre tous les Duala et leur volonté commune de ne pas
vouloir réellement et inconditionnellement coopérer, que pareil
système coupait non seulement le pouvoir colonial des populations mais
encore aggravait les querelles entre chefs.
A ce propos, un texte de 1919, relatif à
l'organisation allemande est très significatif : « La
politique allemande avait cherché à un moment donné,
à étendre à l'intérieur l'influence des familles
dominantes de Douala, principalement celle des BELL, tandis que
l'autorité des Akoua était combattue.En 1911, DIKA AKOUA, chef
d'Akoua fut déporté et toute la région passa sous
l'autorité de LOBE BELL. Mais les Allemands ne se
résignèrent pas à accorder à ce chef une
autorité complète.
Eux-mêmes en matière administrative et
fiscale, se tenaient en contact direct avec les groupements indigènes.
Des inspecteurs de police européens passaient périodiquement dans
les villages et contrôlaient l'exécution des ordres venus du Chef
de circonscription, quand, ils ne le faisaient pas exécuter
directement »1000(*).
Un passage de l'ouvrage de Théodore SEITZ,
dont les rapports avec les Duala furent on ne peut plus respectueux est
révélateur à ce sujet : « le travail
essentiel de l'administration, écrivait-il, consistait à
surveiller les chefs sur les territoires desquels s'étendait
l'administration. Il en résultait souvent des situations
désagréables parce que d'un côté, il fallait prendre
en considération les coutumes et points de vue des indigènes,
d'autre part, il était impossible d'admettre des délits trop
graves allant à l'encontre des notions européennes de droit et de
moralité.
Un tel cas s'est produit en 1896 alors que je
remplaçais le gouverneur en congé. Un Duala vint un
après-midi au Gouvernement et m'annonça que MANGA BELL faisait
dire que son père avait tué une de ses femmes dans un
accès de jalousie. Je me rendis immédiatement à la
« Place » du vieux King, elle était
complètement déserte. La fille préférée de
King BELL se trouvait près d'une case, une soeur de MANGA criait et
secouait, vivement la porte de la case.
A mes questions, elle répondit que son père
avait frappé à mort une femme dans la case. Tout de suite
après, la porte s'ouvrit et le vieux apparut, le corps tremblant
d'émotion. Dans la case était suspendue à un poteau une
femme morte. King BELL me déclara qu'il avait surpris la femme en
flagrant délit d'adultère, c'est pourquoi il l'avait tuée.
La situation était critique.D'uncôté, le vieux avait agi en
proie à une émotion « bien
compréhensible » (c'est nous qui le soulignons) et avec la
conscience de son droit, ce qui sans aucun doute, répondait à
l'ancienne coutume qui était surement encore reconnue par la plus grande
partie des Duala.
D'un autre côté, le Gouvernement ne pouvait
reconnaître à aucun chef se trouvant sous son administration, le
droit de vie et de mort ; il n'était pas non plus possible
d'ignorer simplement le fait, non seulement à cause de nos sentiments
mais aussi de la fraction chrétienne des Duala.Le lendemain, j'ai
convoqué au Gouvernement le vieux King et lui déclarais en
présence de son fils MANGA qu'en punition il serait exilé dans un
de ses villages du Mungo. En général, les Duala parurent d'accord
avec cette mesure...
Le vieux King BELL ne semblait pas en être
d'ailleurs très affecté. Lorsque vers Noël 1898, j'ai
été appelé à son lit de mort, il y était
étendu avec un sourire paisible et ironique sur sa brave figure de
despote. Ainsi a-t-il trépassé en pleine paix avec
lui-même »1001(*).
Dans la lignée des BELL, MANGA, le
« King » qui accueillit l'occupant allemand en 1884,
s'impose par sa fidélité aux colonisateurs,
fidélité de vassal et non de sujet : il
« conservera ses habitudes, ses croyances en même temps que
ses 221 femmes, favorisa les Missions et demeura dans les meilleurs termes avec
l'Administration allemande »1002(*).
En 1897, on rendra à ses obsèques les honneurs
militaires. MANGA BELL, son fils, élevé en Angleterre et chef de
1897 à 1908, accompagna les chefs AKWA en Allemagne pour protester
contre le gouvernement de VON PUTTKAMER : « Cependant, (il)
s'abstint, en Allemagne,de collaborer aux campagnes amorcées dans la
Presse par les chefs AKWA. Il fut reçu par le Kaiser, assista à
la revue d'automne, et resta jusqu'à son décès l'ami des
Allemands »1003(*).Rudolf DUALA MANGA BELL, qui lui succéda en
1908, reçut en Allemagne une éducation complète. C'est lui
qui s'opposa à l'expropriation acquérant auprès de la
population une « réputation extraordinaire » ...
« La légende veut qu'il ait refusé une somme de 300.000
marks que lui auraient affecté les Allemands pour acheter son
silence »1004(*). C'est après sa pendaison qu'AlexandreDOUALA
MANGA, son fils, qui poursuivait des études de médecine en
Allemagne et qui s'était engagé volontairement dans les hussards,
demanda à retourner à la vie civile... ».
Par la suite, nous évoquerons les relations entre la
dynastie AKWA et l'administration coloniale allemande.
B. LES RELATIONS DE LA
DYNASTIEAKWAAVECL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Selon le lexique des termes juridiques Dalloz1005(*), la colonisation est une
politique d'expansion politique et économique pratiquée à
partir du XVIème siècle par certains États à
l'égard de peuples moins développés, obligés
d'accepter les liens plus ou moins étroits de dépendance.La
colonisation véhicule un discours qui se construit sur le principe de la
négation de l'altérité aux populations soumises1006(*). De là, l'on peut
définir l'Etat colonial comme étant la structure
politico-administrative qui se charge de l'implémentation et de la mise
en oeuvre des ambitions coloniales de la métropole sur un territoire
donné.
Pour BernardDURAND,1007(*) la colonisation a fait du chef
« davantage un fonctionnaire que le représentant d'une
véritable autorité ». La perte du pouvoir
traditionnel se singularise pour ce qui est du régime allemand par
l'affaire dite des chefs AKWA,1008(*) qui furent condamnés à neuf, huit,
sept années de peine d'emprisonnement pour avoir osés envoyer une
pétition au Reichstag. A cet effet, la condamnation de DOUALA MANGA BELL
le 08 août 1914 est aussi assez révélatrice.Le
régime allemand est très répressif à l'encontre de
l'autorité traditionnelle. Ainsi par exemple, « le
capitaine KANNENBERG faisait battre à mort les chefs camerounais qui se
montraient rétifs à apprendre l'allemand »1009(*). Ce qui fait dire au
député ERZBERGER le 19 mai 1914 que « la
façon dont les indigènes sont traités en
conséquence de la loi actuelle est indigne du peuple et de l'empire
allemands »1010(*).
Mais dans l'ensemble, il est fortement décrié
aux fonctionnaires de la colonie, qu'ils soient blancs ou noirs, d'humilier le
chef devant ses sujets pour ne pas saper son autorité et par ricochet
l'autorité de l'Etat1011(*).
Dans le système français, un fait illustre bien
cette déliquescence de l'autorité traditionnelle. Il s'agit sans
nul doute de la destitution du Roi NJOYA1012(*) des BamounBamun. Il fut
dépossédé de tous ces titres en 1923, envoyé
à Mantoum à partir de 1924, avant d'être exilé en
1931 à Yaoundé où il meurt le 30 mai 1933.
Ainsi, nous parlerons dans un premier temps de la
structuration du clan Akwa (1-) et par la suite, nous
évoquerons la manière dont le clan Akwa a manifesté son
mécontentement à l'égard des colonisateurs allemands
(2-).
1. La structuration du clan Akwa
MOULOBE EWALE1013(*) eut deux (02) fils, l'aîné NGIYE et
NJE dont les enfants furent MUTIE, fondateur du clan Bonamuti et MAPOKA, dont
le fils KUO verra sa descendance se développer de façon
spectaculaire. Il lui reviendra la chefferie des Bonambela puisqu'EWONDE,
petit-fils de NGIYE ne put régner.
La royauté revenue à KUO, le clan de celui-ci
se développera au point de constituer une entité à part
dans le giron Bonambela sous l'appellation des Bonaku qui allaient devenir l'un
des plus grands clans des Duala.
Pour avoir eu plusieurs épouses, donc plusieurs
enfants, KUO verra ses fils à la tête de plusieurs lignages que
nous appellerons également clans :
- Les BONAMINKENGE par son fils MWANGE I.
- Les BONELANG par son petit-fils ELANGE DIKOTO V.
- LesBONEBONGet les BONANGANG par ses petits-fils
EBONGUEEKUKULAN et NGANGE.
Une mention spéciale revenant aux descendants de KWA
puisque ce lignage héritera de la royauté avec ces grands rois
AKWA : KWA KUO, NGANDO KWA, MPONDO NGANDO AKWA, DIKA MPONDO AKWA, tous du
même lignage et clan des BONELEKE. Le Roi NGANDO KWA eut en dehors de son
héritier MPONDONGANDO qui lui succédera, d'autres enfants tels
que DIKONGUENGANDO à la tête de Bonalembe et EDJENGUENGANDO
à la tête des Bonejang.
Il faudra rattacher tous les lignages de MUTIEKWANE et MAPOKA
sous la seule et unique appellation de Bonambela qui connaitra une
deuxième scission de sa descendance EWONDE avec l'émergence du
clan BoneBelè1014(*)1015(*). Le clan Akwa n'hésitera pas à
manifester son mécontentement face aux abus de la colonisation
allemande.
2. Le clan Akwa et les manifestations de
son mécontentement face aux autorités coloniales allemandes
Le fils du vieux chef d'Akwa, qui avait voyagé en
Allemagne où il portait le titre de Prince MPONDO AKWA se mit à
la tête des protestations. Il semblait avoir
bénéficié d'appuis importants dans la presse allemande et
dans divers milieux. Une pétition fut adressée au Reichstag...Ils
protestèrent contre la suppression de leur monopole commercial et
l'établissement de factoreries européennes à
l'intérieur.
Ils faisaient grief à l'administration de
châtiments corporels... La pétition ne semblait pas mériter
d'être retenue. Mais il y eut une erreur de procédure. La
Direction des colonies, à qui le Reichstag avait envoyé pour
enquête la réclamation, la transmit aux fonctionnaires qui
étaient en cause. Ceux-ci classèrent l'affaire et
exercèrent des poursuites contre les signataires qui furent
condamnés, incarcérés et enchaînés. L'affaire
rebondit et prit du développement ; les missionnaires et
les commerçants favorisèrent une campagne de presse. On fit grief
à VON PUTTKAMER du travail forcé, de la politique des grandes
plantations, du mépris de l'indigène, des grosses dépenses
effectuées à Buéa pour la construction du Palais du
Gouvernement... Le Reichstag se saisit de l'affaire et VON PUTTKAMER dut
être relevé de ses fonctions en mai 19071016(*).
Du côté AKWA, l'on prend aussi la peine de
décrire les personnalités de cette lignée de
chefs1017(*).
« Plus commerçants que les BELL, restés
principalement planteurs ou employés, tandis que les AKWA sont surtout
traitants, ils furent les premiers en relations plus intimes avec les
commerçants allemands... ».1018(*)
DIKA AKWA, le King AKWA, devait d'ailleurs signer en
1erle Traité de Protectorat, ce qui ne le retiendra pas de
s'opposer avant tout autre à l'administration allemande quand le
monopole commercial des Duala sera combattu, et de se rendre en Allemagne pour
protester. MPONDO DIKA, son fils qui l'accompagnait restera à Berlin
pendant quelque temps. Ainsi, « Les accusations des AKWA
trouvèrent écho dans certains milieux socialistes et catholiques.
MPONDO appartenait à la religion romaine. Le gouverneur VON PUTTKAMER
était particulièrement pris à parti et sa mise à la
retraite, survenue en 1908, laissa croire aux Duala qu'ils avaient obtenu son
départ »1019(*). Mais en 1911, le King AKWA sera
déporté à Campo ainsi que MPONDO DIKA à
Banya.Aussi, au moment de l'expropriation, « il n'y avait plus
à Akwa de personnages assez influents pour que l'autoritéde
l'administration risquât d'être mise en
échec »1020(*).
MPONDO DIKA AKWA devait être tué
à Ngaoundéré alors qu'il tentait de s'enfuir. Pendant le
condominium, MPONDO DIKA AKWA retrouvera le commandement que les
Français lui retireront en 1916. Déporté à nouveau
à Campo, on sait qu'il y mourut. A côté de BELL et d'AKWA,
les chefs de Deïdo et de Bonabéri paraissent secondaires1021(*).
En dernier lieu, nous nous intéresserons aux relations
de la dynastie DEÏDO avec l'administration coloniale allemande.
C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE
DEÏDO AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Le protectorat correspond donc au moment où
l'indigène fut retiré de sa société, celle-ci
étant mise à l'écart, et où le colon fut
mobilisé sur place, sa propre société étant
intégrée à la colonie, par opposition à la
période précoloniale, qui fut le moment où
émergèrent le « commerçant » africain
selon les normes occidentales et le pratiquant européen de la traite,
agissant souvent presque en Africain.
Quand les uns et les autres se rapprochèrent, il y eut
crise chez le « colonisateur », qui vit alors ses avantages
diminuer relativement, et chez le « colonisé », qui
ne put s'ouvrir entièrement à la compétition capitaliste
craignant de voir ses structures s'éclater1022(*).
D'après les lettres de ces missionnaires, il est dit
que « pour avoir part aux privilèges des adultes, un jeune
homme de bonne famille devait d'abord prouver sa valeur en tuant un ou
plusieurs individus. Après quoi, il fixait à la proue de sa
pirogue les têtes et les armes de ses victimes et paradait ainsi devant
les villages voisins »1023(*)... Mais ce qui intéressa surtout les
missionnaires, ce sont les croyances Duala, les sociétés
secrètes et quelques rites :« Ils rendaient surtout
un culte aux esprits de la rivière qu'ils appelaient
« Miengu » et dont les lamantins, les « Mammy
Wata » alors nombreux les incarnaient »1024(*).
BOUCHAUD dans son ouvrage déjà cité,
résume de la façon suivante les écrits des missionnaires
relatifs aux Duala : « Elles (les lettres) nous les
dépeignent comme une sorte d'aristocratie guerrière, dominant les
premiers habitants du pays au moyen de cruautés sauvages et
d'abrutissantes superstitions. Les Duala eux-mêmes se répartissent
en 03 classes sociales : les hommes libres, ceux nés de père
libre et de mère esclave, et les esclaves proprement dits formant
à eux seuls les 2/3 de la population totale, qu'on évaluait
à environ 30.000 personnes. Les esclaves se recrutaient principalement
parmi les prisonniers de guerre, les criminels, les indigents incapables de
payer leurs dettes et ceux qui, en temps de disette, se vendaient
eux-mêmes ou vendaient leurs enfants pour avoir à manger. Si la
condition de la plupart était misérable, il y en avait par contre
qui grâce à leur industrie, savaient prendre de l'ascendant sur
leurs maîtres et arrivaient à jouer un rôle important sinon
prépondérant dans les affaires de la tribu ».
Les autorités traditionnelles peuvent être
définies comme « tout individu ou groupe d'individus qui
détenaient et exerçaient le pouvoir politique avant la
conquête coloniale ainsi que les individus qui furent investis par cette
dernière de certaines compétences analogues à celles qui
étaient détenues par les gouvernants de la période
précoloniale à laquelle sont venus s'ajouter officiellement
certains éléments nouveaux en vertu de la volonté des
autorités coloniales ».1025(*)
Pour la suite de notre travail, nous
évoquerons le clan DEÏDO qui fut considéré comme le
3èmecampdes autorités traditionnelles
Duala(1-) et de revenir sur les liens qui ont lié cette
dynastie à l'administration coloniale allemande
(2-).
1. L'historique du clan Deïdo
L'ancêtre des BoneBelè que nous appellerons les
Deïdo est originaire du pays Abo. Il avait pour nom EJOBE. Il
aurait été capturé à Bansoa lors d'une
expédition par les gens du clan NJO.
Il fut recueilli par les Bonapriso où il se
révéla très habile artisan. Il parvint à s'enrichir
très rapidement en fabriquant des sièges en bois et des pirogues
qu'il échangeait contre des marchandises.Ne pouvant se marier dans son
clan d'adoption au prétexte qu'il était esclave, de par sa
fortune, il put épouser une princesse, KANYA EWONDE KWANE NJE. KANYA
était infirme donc inapte au travail, néanmoins EJOBE
l'épousa et eut un fils de cette union, nommé EBELE. A son tour,
il se révéla être un excellent lutteur se distinguant dans
toutes les joutes et tous les tournois de lutte entre les villages. Ce qui ne
manqua pas de lui valoir l'animosité de tout son clan d'adoption au
point qu'il dût quitter Bonapriso pour aller se réfugier dans le
village de sa famille maternelle dans le clan Bonewonda à Akwa-Nord.
C'est pendant qu'il remontait le Wouri que le Roi NGANDO KWA,
son cousin maternel, l'invita à s'établir dans son village
où sa descendance s'agrandit rapidement. A la mort d'EBELE, des troubles
commencèrent à opposer ses descendants aux autres AKWA. Le Roi
NGANDO KWA devant les tracasseries que vivaient ses neveux, les descendants
d'EBELE, et pour les soustraire aux provocations des siens, les autorisa
à aller s'établir dans l'emplacement que les Deïdo occupent
encore aujourd'hui. Et pour leur conférer considération et
dignité, il nomma EBULE, 1er fils d'EBELE, Prince DIDOAKWA.
Celui-ci ne règnera pas mais formera dès lors
son clan, les « Bonebele » ou
« Deïdo » ne relevant plus des Bonambela. Rappelons
qu'EBELE épousa en outre les Dames TEKI, TENE et NAMBEKE qu'il
répartit dans les deux foyers de ses premières épouses
JINJE et MULA.
Les descendants de ces cinq femmes formeront les cinq foyers
du lignage actuel des Deïdo à savoir :
- Les BONAJINJE
- LesBONANOUDOUDOU (MULA)
- LesBONATEKI
- LesBONATENE
- LesBONANTONE (NAMBEKE).
Comme pour les Bonadoo et les Bonambela/Bonaku, la chefferie
chez les Deïdo quittera le foyer Bonajinje1026(*) pour aller au
4ème foyer des Bonatene1027(*)sans qu'ici la succession se soit
opérée telle que traditionnellement par le droit
d'ainesse1028(*).
Dans la suite de notre travail, nous nous pencherons sur les
liens qui se sont tissés entre le clan Deïdo et l'administration
coloniale allemande.
2. Les liens entre le clan Deïdo et
l'administration coloniale allemande
Le clan DEÏDOest une division du clan AKWA. Le nom
aurait été emprunté à une corvette britannique
« HMS Dido » ; qui s'était échoué
auparavant. Pendant des siècles, les navires ne mouillèrent qu'au
milieu d'une rivière profonde.
Les marchandises étaient apportées au rivage
par des pirogues ou ramassées là-bas. Selon une étude
urbanistique de Douala1029(*), un jeune homme courageux de cette colonie avait
libéré l'ancre du « HMS Dido » et le
« Town » Deïdo avait retrouvé le droit de
négocier directement avec les Européens, droit retiré,
quand il était de l'Akwa.
En 1841, la corvette « HSM Dido » de la
« Royal Navy » pourrait s'être arrêtée
dans la baie de Douala en route vers l'Océan Indien.A la fin du
19ème siècle, Douala est en pleine effervescence
économique avec l'installation de nombreuses compagnies
européennes. A cette époque, l'un des partenaires commerciaux les
plus importants était King JIMEKWALLADEÏDO, influent et très
respecté. Grâce à ses relations avec les Allemands, il
réussit à envoyer son fils MoiseEKWALLA étudier en
Allemagne. C'est ainsi qu'en 1890 le jeune Prince MoiseEKWALLADEÏDO
débarque à l'âge de 14 ans sur le sol allemand. Il est pris
en charge par Heinrich DE JONG, le directeur de l'école Victoria
à Holthausen, et malgré son mal du pays notable, il suit
sérieusement ses études.
D'après l'histoire, il a de bons contacts avec ses
camarades et les enfants du quartier. Pendant l'hiver 1890, alors qu'il joue
avec ses camarades, il tomba accidentellement dans une fosse d'eau
glacée, le froid le rendra malade et il est pris d'une pneumonie.
Malgré tous les soins, il meurt le 1er mai 1891, à
l'âge de 15 ans. Son père le King Jim EKWALLA DEÏDO est venu
se recueillir sur sa tombe en 1902, soit 11 ans après l'inhumation de
son fils en terre allemande.
Dans le petit cimetière de Witthausbuch, une pierre
décorée de croix et de branches de palmiers, recouverte de
végétation a été découverte, sur laquelle
est gravée cette inscription encore à peine visible :
« Prince Equalla Deïdo, né le 27 avril 1876 à
Douala Cameroun, décédé le 1er mai 1891
à Holthausen ». La pierre tombale a été
cassée et remplacée par une réplique en 19891030(*).Ce dernier paragraphe peut
traduire plusieurs hypothèses.
En effet, cela peut amener à considérer
l'abandon de la part du père de ce jeune garçon mort en terre
étrangère mais aussi de la confiance placée entre les
mains des Allemands.De plus, nous nous penchons également sur le
probable cout exorbitant de rapatriement de la dépouille qui aurait
couté une fortune aux deux parties concernées.
Au regard de ce récit, la situation des chefs Duala
est perçue comme une volonté de reproduire le modèle
occidental par différents auteurs. En effet, tous les chefs Duala ont eu
recours à l'éducation occidentale pour leur progéniture.
Nous parlerons plutôt d'une adaptation au monde colonial et à ses
réalités. Car il faut le remarquer, les
« indigènes » se sont retrouvés au banc de la
modernité et l'école des « Blancs »
était l'un des meilleurs outils pour essayer de la maîtriser.
Néanmoins, ThéodoreSEITZ écrivait :
« A les fréquenter superficiellement (les Africains en
général, les Douala en particulier), on pouvait croire que ces
gens s'étaient dépouillés de l'Africain et essayaient de
mettre tout leur être en accord avec notre culture. Mais, souvent
à l'occasion d'une remarque secondaire, subitement l'Africain
authentique apparaissait avec des sentiments, des idées, tout
différents, et j'avais l'impression que ces gens-là menaient une
double vie. En fréquentant les Européens, ils essayèrent
de s'adapter à leur concept. Toutefois, quand ils étaient entre
eux, l'Africain reprenait son droit. Cela ne devait pas être de
l'hypocrisie et dans la plupart des cas, ce ne l'était pas.Les
indigènes trouvaient les peuples dont la culture primitive a
été écartée par une culture nouvelle et
étrangère.Un déchirement s'est produit alors dans tout le
peuple et dans chaque personnalité.On s'est souvent moqué de la
facilité et de la légèreté avec laquelle les
indigènes de la côte d'Afrique acceptaient les formes
extérieures de la civilisation occidentale et devenaient la caricature
des Européens.Ils y étaient soutenus par la connaissance qu'il
est impossible aux Européens de s'établir définitivement
et pendant des générations dans leur pays à cause du
climat. L'Européen fonctionnaire, officier, commerçant,
missionnaire, en effet, arrive et repart, alors que l'indigène reste
là »1031(*).
Nous pouvons dire que la chefferie DEÏDOcomme toutes les
autres cherchait à s'adapter aux différents volets de la
modernité non sans séquelles.
Nous nous attèlerons à la remise en question de
la perception de l'administration coloniale allemande par les chefs Duala.
PARAGRAPHE II : LA
REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR
LES CHEFS DUALA
L'histoire des chefs des régions côtières
du Cameroun est loin d'être reluisante. Dans une lettre que le
Consul Anglais HEWETT adressa aux chefs des régions
côtières du Cameroun en 1884, il qualifiait ceux de Douala en
particulier de « gros imbéciles ».
Plus grave, il les accusait, entre autres, de
s'être« vendus à l'Allemagne ».
Déçu, dira-t-on, de n'avoir pu décrocher, au profit de Sa
Majesté la Reine d'Angleterre, le petit joyau au fond du golfe de
Guinée. Mais déjà, en 1881, le missionnaire GeorgeGRENFELL
parlait d'eux comme « de pauvres gens incapables de se gouverner
eux-mêmes ».D'autres sources1032(*), les présentent
comme des affairistes et trafiquants, esprits oisifs rompus à des
habitudes sanguinaires et responsables du cortège de cruauté et
de la corruption qui conduiront finalement à la dissolution des
sociétés autochtones de l'époque.
En effet, du côtéde Bimbia, leur rapacité
était légendaire. Négriers pour leur propre compte, ils
« vendaient » les leurs à des négociants
européens contre du tabac, des miroirs, de l'alcool, et de la
quincaillerie et montrant d'ores et déjà des signes
d'asservissement volontaire et de lobotomie culturelle, certains se parent de
« noms d'oiseaux » - King WILLIAM, DICK MERCHANT, YELLOW
MONEY, DUKE ceci et DUKE cela1033(*).
En 1878, GRENFELL reprit la parole1034(*). De nouveau, il proposa
l'annexion du pays Duala par l'Angleterre. Il fit en outre savoir à ses
lecteurs que les chefs aînés et DIKAMPONDO étaient
entrés en conflit, parce que ce dernier réclamait plus
d'autorité et plus d'influence que les vieux chefs ne voulaient lui en
concéder. GeorgeGRENFELL prit aussi note du fait que depuis peu King
BELL recevait de chaque navire marchand mouillant à sa plage un droit
d'ancrage de 80 Kroo1035(*) par an1036(*),tandis que King AKWA devait se contenter de 60
« Crew », malgré une clientèle
prétendue plus nombreuse1037(*).
Les chefs Duala se plaignaient souvent que les
commerçants européens ne leur payaient pas les droits de
stationnement qu'une coutume constante avait consacrés sur la côte
; quant aux européens, ils se refusaient à observer cette coutume
dont les fondements leur paraissaient contestables, d'autant que n'importe quel
petit chef se croyait autorisé à réclamer aux firmes
basées dans le fleuve, des redevances souvent exorbitantes. Après
bien des tiraillements, la question fut tranchée par une
conférence connue sous le nom de Conférence Anglo-Duala du 17
décembre 1850 ; cette conférence rendit obligatoire le paiement
d'une redevance annuelle aux chefs locaux.
L'article 2 de ce texte précise notamment : «
tout bateau arrivant dans le fleuve pour y commercer, paiera le péage
usuel au roi ou chef sur le rivage duquel se trouve son entrepôt, et
aucun autre roi, chef ou commerçant, n'aura le droit sous aucun
prétexte, de réclamer un autre péage, impôt ou taxe
d'aucune sorte »... Dans ce texte apparaît pour la
première fois, la notion de « Comey » : déformation
probable en pidgin du terme anglais « income » qui veut
dire taxe. Les Allemands, plus tard, adopteront la graphie
« Kumi ».
Chaque vaisseau entrant dans l'estuaire, devait payer 10
kroos, environ 10 livres sterling, par cent tonnes, suivant le jaugeage
officiel du navire. Ces droits étaient payables au roi ou
« headman » du village, devant lequel le navire avait
choisi de jeter l'ancre. Ce tarif correspondait à celui pratiqué
en 1885, selon le tableau donné par BUCHNER. A cette date, il y avait 12
factoreries, appartenant à 8 firmes différentes dont 6 anglaises
et 2 allemandes. Les péages versés par ces firmes se
répartissaient de la façon suivante : « 500 kroos
à King Bell ; 300 à King Akwa ; 150 au Chef de Hickory, Lock
Priso ; 110 au Chef de Deïdo, JimEkwalla ».
Ainsi, cela mettait en exergue la question de la perception de
l'administration coloniale allemande par les chefs Duala(A-)
et la pertinence de cette perception par la suite (B-).
A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA
Les potentats Duala, pendant des siècles, ont
vécu dans l'opulence grâce à leur position
d'intermédiaires entre les peuples de l'arrière-pays et les
Européens ont séjourné sur les côtes pour des
raisons commerciales.
Cependant, leur commerce est entravé par les graves
dissensions en leur sein, engendrées par des rivalités
commerciales et familiales. Ce qui met en danger leur prospérité.
VON SODEN semble être l'homme providentiel à
même de trouver des solutions consensuelles à cette question.
Voilà pourquoi les chefs Duala plébiscitent sa démarche et
acceptent, sans réserve, le réaménagement de la justice,
la création du tribunal arbitral, les réserves émises sur
le droit de rétention et la suggestion de délibérer
eux-mêmes sur cette question et d'entreprendre des actions pour
libéraliser le commerce sur le delta du Wouri.
Enfin, il promet une tenue de palabre à Noël pour
sceller l'union de tous les chefs Dualaet libéraliser le commerce sur
tous les fleuves de la colonie1038(*). En se faisant le chantre de la paix et de
l'unité des peuples Duala et en liant cela à la libération
du commerce tous azimuts, VON SODEN a réussi peu à peu à
séduire les Duala par son ton très conciliant.
Du coup, ils ont négligé l'objectif principal,
la préservation du monopole et privilégié l'un des
objectifs secondaires, la réconciliation et la paix entre les Duala. En
aucun moment, les chefs Duala n'ont défendu le monopole qu'ils ont voulu
toujours conserver, même avant la colonisation allemande.
Par ailleurs, ils sont allés à cette rencontre
cruciale de toute évidence, sans préparation et en rangs
dispersés. Par conséquent, les actions de certains chefs visaient
d'autres actions que l'action principale et neutre lisait plutôt des
partenaires, qui n'étaient pas fondamentalement des adversaires.Les
problèmes liés au droit de rétention1039(*) étaient d'origines
diverses. Ils étaient tantôt en relation avec la remise en cause
du leadership de King BELL et de King AKWA1040(*), tantôt liés à la
défense de leurs sphères d'influence respectivement sur le Mungo
et le Kwakwa.
En plus, la cupidité de ces deux grands chefs en
rajoutait aux tensions relatives à la prise de possession du Cameroun
par les Allemands : certains sous-chefs n'avaient rien ou peu perçu
de la prime de signature1041(*) versée par les Allemands aux chefs Duala
lors de la signature du traité du 12 juillet 18841042(*).
D'autres en ont profité pour obtenir une reconnaissance
et revenir dans le jeu politique. C'est le cas de LOCK PRISO après sa
défiance à l'égard du régime colonial allemand.
Enfin, King BELL contrôlait une grande proportion des réseaux
commerciaux dans le Delta du Wouri grâce aux liens de mariage et
d'affaires. C'était le plus riche des commerçants
locaux1043(*). Il ne
lésinait pas par conséquent sur les moyens pour protéger
sa sphère d'influence.
LOCK PRISO n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer
son agressivité, lui qui partage le même fief commercial que King
BELL1044(*).En tant
que partisan irréductible de la présence allemande au Cameroun,
les autorités coloniales assuraient sa protection. Ce qui lui permit de
continuer ses activités, même pendant les périodes les plus
troubles. Voilà pourquoi il y avait une animosité unanime contre
King BELL ; d'autant plus que les Allemands contribuèrent à
polariser l'attention sur lui en le présentant comme le chef
suprême des Duala.
En dirigeant leurs actions les uns contre les autres,
plutôt que contre leur adversaire commun, les chefs Duala ont fait preuve
d'une grande faiblesse stratégique. Outre cela, ils ont fait
des sacrifices énormes en acceptant pratiquement toutes les
réformes proposées par VON SODEN. Ils lui ont ainsi permis de
marquer des points importants dans le jeu d'échecs qui les opposait aux
Allemands.C'était encore une erreur stratégique dans la mesure
où cela fragilisait fortement leur intérêt
réel1045(*).
Nous nous intéresserons aux dynamiques sociopolitiques
qui renvoient aux rapports d'autorité et aux mutations des
entités politiques traditionnelles que sont les chefferies
BELL(1-), AKWA (2-) et
DEÏDO(3-) face à l'administration coloniale
allemande.
1. La perception de la chefferie Bell au
sujet de l'administration coloniale allemande
La chefferie BELL manifestera des liens forts avec
l'administration coloniale allemandeet bénéficiera d'avantages
précieux notamment dans le domaine de l'éducation.En effet,
RUDOLF DOUALA MANGA BELL étudia le droit à l'Université de
Bonn. Il fut l'un des premiers intellectuels,
« évolués » de la période coloniale.
Toutefois, ce dernier va plutôt développer une
certaine animosité à l'encontre de l'envahisseur allemand lorsque
le projet d'expulsion du peuple Duala de ses terres sera mis en lumière.
Sa formation en droit sera un atout précieux dans cette lutte puisqu'il
rédigera la plupart des pétitions adressées au
Reichstag.
Ainsi, en 1890, à la suggestion du missionnaire
Éduard SCHEVE1046(*), un comité de mission pour le Cameroun fut
établi dans la congrégation baptiste de Berlin à
Béthel. Le but était de commencer le travail missionnaire dans ce
qui était alors une colonie allemande.
Lorsde la Conférence baptiste fédérale en
1891, SCHEVE a soumis la demande pour permettre l'envoi de missionnaires
païens.La demande fut acceptée. Quelques mois plus tard, August et
Anna STEFFENS ont été les premiers missionnaires baptistes
allemands à se rendre au Camerounle 10 novembre 1897.Après la
Première Guerre mondiale, le Cameroun devient officiellement la
propriété de la Société des Nations. La France et
la Grande-Bretagne se sont vu confier l'administration de la zone sous
mandat.
L'oeuvre missionnaire des baptistes allemands n'a
été possible que dans une mesure très limitée en
raison de ces conditions politiques modifiées. FriedrichWilhelmSIMOTEIT,
président de la Mission allemande du Cameroun, pouvait encore visiter
les stations missionnaires du Cameroun en 1930.
Avec le début du IIIème Reich, l'oeuvre
missionnaire est pratiquement abandonnée1047(*).En 1902, à Berlin,
une partie du clan BELL est reçue par le missionnaire SCHEVE.La
photographie ci-dessous témoigne de ce séjour. (Voir Annexe16
: Lettre dans laquelle le Roi BELL (MANGA NDUMBE), rend hommage en duala
à l'Allemand SCHEVE pour son engagement en faveur des Noirs&Annexe
17 :DUALA MANGA BELL et Bruno MULOBI, rendent hommage en duala, à
Berlin, à l'Allemand SCHEVE, en 1902).
On peut donc affirmer que le clan BELL avait des liens
étroits avec la classe religieuse baptiste et qui lui ouvrira les portes
de l'éducation.
Figure N° 1
:Sur la photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis, 2ème
rang), Rudolf DOUALA MANGA BELL (Dernier rang, au milieu).
Source : ARCHIVES DU CAMEROUN, « Black
Germany: The Making and Unmaking ofaDiaspora Community, 1884 - 1960.
Relié - 26 septembre 2013 ». Édition en Anglais de
Robbie Aitken (Auteur), Ève Rosenhaft (Auteur). Photo publiée le
06 juillet 2021 sur la page « Archives du Cameroun » et
consultée le 10 septembre 2021.
Selon Alfred BELL, le neveu du King BELL, la division des
Duala était une situation qui ne profitait qu'au système
colonial, et c'était pour cette raison que le gouverneur n'amenait pas
King BELL et King AKWA à s'entendre1048(*)...
Plus tard, la chefferie supérieure Duala fut
accordée à la famille BELL par le colonisateur. Cet octroi
était plutôt justifié par le dévouement de celle-ci
au système colonial que par une quelconque reconnaissance de l'ensemble
du peuple Duala1049(*).
La faveur du gouverneur ne fut en fait qu'une manoeuvre
habile pour s'attacher les services d'un chef. En effet, la libération
de MANGA AKWA était liée à une condition expresse :il
devait s'engager à devenir l'instrument du système colonial et
à le soutenir de façon inconditionnelle... Le gouverneur SODEN ne
resta pas les bras croisés face aux BELL. Le 07 novembre 1888, il
informait le chancelier BISMARCK du bannissement de MANGA BELL, le fils de King
BELL. Il lui était reproché d'avoir une mauvaise influence sur
son père, de pousser les autochtones contre le gouvernement et ses
institutions et de désobéir aux ordres du gouverneur1050(*).
Dans l'intérêt de « l'ordre
public »1051(*), MANGA BELL devait être éloigné
de la colonie pour un temps indéterminé. Cette décision du
gouverneur fut confirmée le 08 janvier 1889 par le Ministère des
Affaires Étrangères, et entretemps MANGA BELL se trouvait
déjà à Klein-Popo au Togo. La déportation de MANGA
BELL eut sur les Duala en général un effet que SODEN jugea
positif, puisque le 11 avril 1889, il songeait déjà à son
éventuel retour1052(*)1053(*). SODEN était d'avis que depuis la
déportation de MANGA BELL, King BELL et les autres chefs Duala
s'étaient comportés de façon relativement
irréprochable. En effet, il se déclarait prêt à
faire revenir MANGA BELL du Togo ; à certaines conditions bien
sûr.King BELL devait s'engager à témoigner vis-à-vis
du gouvernement d'un loyalisme absolu : notons que le 04 novembre 1889,
deux plaintes étaient parvenues au Ministère des Affaires
Étrangères à Berlin à son nom, ce qui devait le
rendre plus ou moins suspect aux yeux de VON SODEN. Si King BELL s'engageait
donc à se dévouer au pouvoir colonial, son fils pourrait rentrer
au début de l'année 1890 au Cameroun. VON SODEN n'hésita
donc pas à appliquer la politique de la carotte et du bâton.
Les conditions liées au retour de MANGABELL devaient
désormais faire de lui un collaborateur sans faille. Les deux
premières par exemple lui demandaient de s'installer dans son
territoire, d'y maintenir l'ordre et la paix, de soutenir son père de
toutes ses forces, d'exécuter les ordres du gouverneur tout en cherchant
à obtenir le même résultat de ses sujets et de livrer
à l'autorité allemande tous ceux qui ne soumettraient
pas1054(*) ;
c'étaient là des conditions vitales pour le pouvoir colonial.
En plus, une autre condition fut posée dans
l'intérêt des firmes commerciales. Lorsque MANGA BELL arriva au
Cameroun le 19 janvier 1890,lui et son père signèrent le
procès-verbal contenant toutes ces conditions1055(*).
L'administration coloniale pouvait désormais compter
sur eux. Mais avant cela, SODEN en était arrivé en 1889 à
considérer comme une éventualité la destitution de
KingBELL. Ceci devait être mis en rapport avec la lutte que menait le
pouvoir colonial pour anéantir le monopole du commerce
intermédiaire détenu par les Duala et les autres ethnies de la
côte. Toujours est-il que ceux qui plaidaient pour cette
éventualité1056(*), prévoyaient des conséquences
favorables tout aussi bien pour le commerce européen que pour le
changement social en général1057(*).
VON SODEN pensait même que cela aurait
été une erreur de procéder de cette façon,
étant donné que la dignité de chef ne reposait pas
uniquement sur l'appartenance à une famille, sur l'attachement à
une coutume historique, mais aussi et surtout sur la solvabilité ;
autrement dit, le chef se légitimait aussi par son pouvoir
économique1058(*).
Et selon VON SODEN, tel était le cas chez les
Duala...Pour le gouverneur, la solution adéquate
consistait à aménager une plantation et à installer une
factorerie dans le Mungo par exemple. Retirer à King BELL son pouvoir
économique, c'était lui retirer ce qui contribuait à le
rendre influent. Si nous en croyons une lettre d'AlfredBELL son oncle, les
rapports qui existaient entre lui et le gouverneur VON SODEN étaient au
beau fixe à son départ du Cameroun. Avant de quitter le Cameroun,
AlfredBELL pouvait être considéré comme le favori du
gouverneur... Le 27 juin 1887, le journal « Kolnische
Zeitung » annonçait son arrivée à
Hambourg ; il était alors âgé de 16 ans.
Le gouverneur avait signé avec une firme privée
un contrat pour sa formation ; il devait apprendre le métier de
mécanicien ou de menuisier1059(*). AlfredBELL ne semble pas être resté
bien longtemps dans la firme de Hambourg. Quelles sont les raisons qui
poussèrent les Allemands à le faire partir de Hambourg pour
Bremerhaven ? Selon le « NorddeutscherLlyod », son
nouvel employeur à Bremerhaven, il aurait été
« gâté » à Hambourg1060(*).
MaisAlfredBELL n'allait pas rester définitivement au
« NorddeutscherLlyod ». Ce second changement au lieu de
formation eut lieu à la demande expresse du gouverneur VON SODEN qui fit
intervenir le Département Colonial. VON SODEN avait montré des
doutes quant à la réussite de la formation d'AlfredBELL ; il
n'était visiblement pas satisfait de la surveillance exercée sur
le jeune garçon.
En réponse à deux lettres de VON SODEN, le
Ministre des Affaires Étrangères1061(*)lui faisait savoir le 08
janvier 1889 que des dispositions seraient prises pour mieux superviser
« l'éducation » d'Alfred BELL... Les raisons qui ont
poussé VON SODEN à entreprendre cette démarche devraient
être cherchées dans une lettre d'Alfred BELL du 26 septembre 1888
à son ami NDUMBE EYUNDI à Douala1062(*).
Son ami lui avait apparemment parlé d'une discussion
entre un pasteur baptiste Duala et le missionnaire MUNZ de la Mission de
Bâle. Le pasteur camerounais avait réagi d'une façon
très sure de lui, ce qui provoquait la joie d'Alfred BELL. De même
qu'Alfred BELL prend parti pour le pasteur noir qui dit ce qu'il pense au
missionnaire blanc, de même il prend la défense de son peuple
contre l'oppression coloniale. Sa position est clairement anticolonialiste. Une
telle conscience politique constituait une inconnue dans les prévisions
de V. SODEN. Le gouverneur voulait le ramener dans le « droit
chemin » plus conforme aux intérêts du pouvoir colonial
pour lesquels la conscience critique était une menace. Dans un rapport
adressé le 1er février 1889 à SODEN, le
« Norddeutscher Llyod » donnait quelques
éléments de réponse à cette question1063(*) ? Tout comme VON
SODEN, la firme trouvait qu'il fallait exercer un plus grand
contrôle sur le jeune BELL. Celui-ci ayant refusé d'habiter dans
une auberge, la firme n'avait rien trouvé de mieux que la demeure d'un
agent de police...
Dans le même rapport, la « Norddeutscher
Llyod » mentionnait la difficulté que constituait le
financement de la formation d'Alfred BELL ; il faisait appel à
d'autres firmes pour continuer cette formation... En effet, Alfred BELL avait
été mis en cause pour plaintes de King BELL du 23 septembre et du
15 novembre 18881064(*).
Dans une lettre du 23 décembre 1888 adressée au
Département Colonial, V. SODEN affirmait qu'Alfred BELL s'était
chargé de la transmission des plaintes et suggérait qu'il soit
éloigné de son milieu1065(*)1066(*). Dans un procès-verbal du 19 janvier 1890
fixant les conditions du retour de MANGA BELL de la déportation au Togo,
il était entre autres demander à King BELL et à MANGA BELL
de ne pas laisser Alfred BELL rentrer à Kamerun1067(*) sans une autorisation
spéciale du gouverneur... Les lettres d'Alfred BELL étaient
systématiquement saisies. Dans une lettre du 30 avril 1889 à son
oncle BEBE BELL, Alfred BELL se plaignait de ne plus recevoir de réponse
à ses lettres1068(*).
Un autre élément vient confirmer cette
volonté du pouvoir colonial d'isoler Alfred BELL. En effet, la lettre
d'Alfred BELL à NDUMBE EYUNDI datait du 26 septembre 1888 ;
dès le 31 octobre de la même année, King AKWA fut
amené à faire une déclaration sur l'honneur,
déclaration par laquelle il s'engageait à ne plus transmettre
à ses sujets les lettres émanant de la famille BELL1069(*). Malgré ces
tracasseries, AlfredBELL demeura sur sa position anticolonialiste. Par
l'intermédiaire de son oncle BEBE BELL, il demandait aux siens de lui
envoyer de l'argent1070(*).Ce qu'il envisageait de faire de cet argent nous
prouve que son attitude face au système colonial s'était
plutôt radicalisée. Son intention était de continuer
à lutter contre le pouvoir colonial et ainsi contribuer à
l'amélioration du sort des siens...
Pour soustraire Alfred BELL à l'influence
« néfaste » de ce milieu, les autorités
coloniales à Berlin avaient promis à VON SODEN de lui trouver une
autre place et de le faire quitter le « Norddeutscher
Llyod »1071(*). Le 19 mai 1889, c'était chose faite.
Le 25 mai, AlfredBELL écrivait de Berlin une lettre
à King BELL pour l'informer qu'il y poursuivait sa formation aux
ateliers de la direction des chemins de fer1072(*).Cette information fut transmise au gouverneur V.
SODEN le 29 mai1073(*)1074(*).
Le Ministère des Affaires Étrangères
l'informait en même temps que sa proposition de faire entrer AlfredBELL
aux chantiers navals n'était pas réalisable... Aux ateliers de la
direction des chemins de fer à Berlin, Alfred BELL ne risquait pas
d'entrer en contact avec les gens de l'opposition ; l'inspecteur des
chemins de fer GARBE, spécialement chargé de sa formation y
veillait. Dans le même rapport, Garbe louait les qualités
intellectuelles d'Alfred BELL... Alfred BELL cherchait - il à se
réconcilier avec le gouverneur SODEN lorsqu'il écrivait une
lettre le 09 septembre 1889 pour lui demander de transmettre une lettre
à ses parents ?
Le 30 décembre 1889, le département
colonial transmettait une lettre d'Alfred BELL adressée à King
BELL au gouverneur SODEN en lui demandant de remettre la lettre au destinataire
au cas où le contenu ne serait pas sujet d'inquiétude,
c'est-à-dire au cas où Alfred BELL ne se serait pas
exprimé contre l'administration coloniale et ne serait pas resté
sur sa position anticolonialiste.
Par une remarque marginale, VON SODEN autorisait la
transmission de la lettre à King BELL1075(*). Dans cette lettre
justement, AlfredBELL adoucissait considérablement sa position
vis-à-vis de celui qu'il appelait « Der dumme
Gouverneur ». Maintenant, il affirmait ne plus rien avoir contre
lui. Les autorités coloniales ne le laissèrent pas achever sa
formation qui, selon le « NorddeutscherLlyod »1076(*), aurait demandé
encore plusieurs années. Le 21 mai 1890, le Ministère des
Affaires Étrangères prit la décision de le faire rentrer
au Cameroun.1077(*) De
fait, le pouvoir politique de la société traditionnelle persiste
dans la situation coloniale. On retrouve généralement en place
les mêmes chefs et les mêmes organismes d'autorité. Mais le
pouvoir politique traditionnel est redéfini et
réorienté : ce n'est plus une autorité
déléguée servant d'intermédiaire entre la
population et l'autorité coloniale.
De nombreuses fonctions lui seront confiées : en
tant que sous-administrateur, on aura recours à lui pour transmettre et
faire exécuter les directives, recruter des personnels, obtenir des
renseignements. Il est investi d'une fonction de police à travers le
maintien de l'ordre parfois exécuté de la justice punitive ;
il est un agent de socialisation et d'intégration1078(*).
Dans la suite de notre travail, nous évoquerons la
perception de la chefferie Akwa au sujet de l'administration coloniale
allemande.
2. La perception de la chefferie Akwa au
sujet de l'administration coloniale allemande
En l'absence de structures traditionnelles,
les Allemands étaient guidés par la conviction selon
laquelle : « Les chefs et les sous-chefs sont les organes
par lesquels l'administration fait transmettre et exécuter à la
population ses ordonnances. Ils procurent les manoeuvres nécessaires,
surveillent des exécutions des travaux publics, veillent à ce que
les lois et ordonnances de police soient appliquées et perçoivent
les impôts, qui leur apportent un
bénéfice »1079(*).
De même, le commissaire du
district allemand de Dschang, le lieutenant RAUSCH remarquait en 1910
que : « Il est d'une importance décisive pour
l'administration qu'elle dispose des chefs surs, qui assurent le contact avec
la nombreuse population. Sans eux, il faudrait un appareil administratif
important et couteux qui ne fonctionnerait surement pas aussi bien que la
féodalité héréditaire des
indigènes »1080(*).
DIKA MPONDO AKWA est né en 1836 à Akwa-Douala de
l'union du King MPONDOMANGANDO1081(*) et de SIKE DIKA DIBONGE. Petit-fils de NGAND'A
AKWA1082(*), DIKA
MPONDO grandit au sein du foyer de sa grand-mère MUSONGO EJANGUE de
Bonassama, que l'on surnomme « Eleke » pour sa grâce.
Adolescent, DIKA MPONDO reçoit une éducation et
une initiation en adéquation avec les croyances et les pratiques
ancestrales de son peuple. Son énergie et sa créativité
sont très vite remarquées par son père qui l'emmène
fréquemment à bord des voiliers négriers avec les
européens. Il s'intègre dans les affaires commerciales de
l'époque, d'abord comme intermédiaire avec l'hinterland, puis
comme négociant direct auprès des firmes européennes.
DIKA MPONDO organise également sa famille autour de
sept foyers. Il a une nombreuse progéniture dont le Prince
Héritier Ludwig MPONDO DIKA AKWA, un autre martyr de la
résistance camerounaise. C'est en 1878, à la mort de son
père qu'il accède au trône des Akwa. Il est alors
âgé de 42 ans. Son ambition est de bâtir un puissant
ensemble territorial ancré dans la modernité mais puisant ses
racines dans les hautes valeurs traditionnelles et culturelles de son
peuple.Poursuivant l'action de ses prédécesseurs, il consolide le
royaume de Bonambela, ainsi que les relations ancestrales de celui-ci avec les
peuples de l'hinterland. Souverain visionnaire,il souhaite renforcer les
échanges commerciaux avec les partenaires européens et
accélérer le développement de son pays.
Dans cette optique, il signe en 1883, un accord commercial
d'une grande importance : l'Accord Akwa-Woermann. Cet accord stratégique
est l'acte préparatoire majeur du traité qui allait intervenir un
an plus tard. Le traité germano-camerounais du 12 juillet 1884 est
considéré par différents auteurs comme l'acte de
naissance, le point de départ de l'émergence du Cameroun au plan
international et surtout de la constitution progressive de la Nation
camerounaise. Des peuples qui, jusque-là étaient unis par des
liens fraternels, amicaux et commerciaux, le seront désormais par une
communauté de destin que plus rien n'ébranlera, et qui forgera
l'idée nationale camerounaise au fil des générations. DIKA
MPONDO AKWA est le principal signataire du traité pour la partie
camerounaise. Tous les autres signataires le seront en qualité de
témoins1083(*).
HarryRudolphRUDIN nous en a donné une description
à la fois détaillée et vivante dont nous tirons ici un
extrait :« En 1907, le peuple Akwa refusa de payer des impôts,
qu'il considérait simplement comme un ajout au grand nombre de griefs
qu'il avait déjà contre l'administration coloniale. Tout en
protestant contre leur incapacité à payer des impôts, ils
ont recueilli des fonds entre eux pour garder un représentant noir en
Allemagne pour plaider leur cause ici.
Les autorités allemandes ont déclaré
que les autochtones n'avaient pas le droit de s'imposer de cette
manière, car la fiscalité était un droit souverain
appartenant uniquement au gouvernement allemand, qui publiait les responsables
de l'imposition. Lors de longues conférences avec les indigènes
mécontents, le GouverneurSeitz a essayé de les persuader de
renoncer à leur opposition aux impôts. Les dirigeants des
grèves fiscales ont affirmé que le traité entre
l'Allemagne et les chefs de Douala en 1884 ne conférait à
l'Allemagne aucun droit à l'impôt. Le Gouverneur a essayé
de convaincre le peuple de la folie de son attitude...
Il menaçait les dirigeants de l'opposition d'exil
de la colonie s'ils continuaient à refuser de payer des impôts. La
saisie effective de certains chefs pour forcer les tribus délinquantes
de payer leurs impôts montre jusqu'où l'administration a
montré sa détermination à percevoir les impôts. A
cause de cette situation, Douala a été soumis à un
régime fiscal spécial pendant plusieurs années
»1084(*).
Au Cameroun, cette expérience de
« l'éducation » de jeunes colonisés en
métropole se limita presqu'exclusivement à l'ethnie
côtière des Duala1085(*). Ainsi, dans une lettre du 18 avril 1891
adressée au chancelier, le gouverneur du Cameroun demandait l'octroi
d'une aide financière, afin que l'interprète David METOM puisse
faire éduquer son fils TUBE en Allemagne1086(*).
La volonté du jeune MPONDOAKWA1087(*) de collaborer avec les
Allemands quel que soit le cas1088(*)1089(*), de supprimer la polygamie et l'esclavage, une fois
qu'il aura succédé à King AKWA, allait dans le sens que
souhaitait le pouvoir colonial.
Ce dernier insistait sur le fait que son éducation
devait se faire en fonction de sa position future1090(*). MANGA BELL par exemple
avait été « éduqué » en
Angleterre1091(*).
Le départ d'un élève provoquait
des frais considérables ; il fallait payer entre 1 000 et
5 000 Marks par an. Pour MPONDO AKWA, sa famille payait 1 000 Marks
par an et on exigeait 5 000 Marks pour TUBE, le fils de
DAVIDMETOM1092(*).
Ces élèves étaient le plus souvent
emmenés par des colons qui rentraient en Allemagne. En dehors
d'AlfredBELL1093(*),
de MPONDO AKWA1094(*)
et de DOUALA MANGA1095(*), il eut d'autres jeunes Camerounais en
Allemagne ; MPONDOAKWA arriva en Allemagne avec trois autres
garçons1096(*)1097(*). Du côté des
AKWA, une action fut entreprise qui devait contribuer à consolider
l'autorité coloniale. Le 18 mars 1886, une circulaire du gouverneur
suspendait la peine d'exil prononcé contre MANGA AKWA, le frère
de King AKWA, ceci d'autant plus qu'en janvier 1886, King AKWA, le chef MUKURI
et le secrétaire des Duala avaient présenté une
requête visant à obtenir le pardon du gouverneur pour MANGA
AKWA1098(*)1099(*). A ce propos, signalons
que MPONDOAKWA joua un rôle important dans la pétition des chefs
Akwa au Reichstag en 19051100(*). DOUALA MANGA BELL quant à lui, devint le
leader du peuple duala contre l'expropriation des terrains à Douala, il
paya de sa vie la lutte contre la spoliation coloniale1101(*).
Il est incontestable que la formation de jeunes
camerounais, lorsqu'elle atteignait un niveau relativement
élevé1102(*), était génératrice d'une
remise en cause du système colonial, surtout lorsque les jeunes
colonisés faisaient montre d'un esprit critique1103(*).
Un an après le départ de DUALA MANGA pour
l'Allemagne1104(*),
l'administration prit un décret faisant dépendre tout
départ de jeunes camerounais pour l'Europe de l'autorisation du
gouverneur1105(*) ; le 15 octobre 1910, un nouveau décret
venait renforcer les dispositions déjà existantes.1106(*)
Il est alors naïf et aberrant de faire abstraction d'une
telle conception dans la politique de scolarisation des Allemands au Cameroun
et de se mettre à louer le travail scolaire comme le fait ENGELBERT
MVENG1107(*)1108(*)... C'est ainsi qu'en
janvier 1885, une tragédie fut évitée d'extrême
justesse, à la suite d'une rixe ayant opposé un agent de la firme
Horsfall du nom de WALKER, à un certain NED AKWA ; l'intervention
du navire de guerre anglais « Antelope » fit éviter
le pire. Déjà en 1853, le Consul anglais John BEECROFT est
obligé de se rendre à Douala pour enquêter sur les voies de
fait qu'un habitant de Nigeery-Town1109(*) avait exercées sur la personne du
subrécargue Ellis. Il peut paraître surprenant qu'un incident
d'apparence aussi anodine ait pu nécessiter l'intervention d'une aussi
haute personnalité ; c'est que le climat des relations entre Douala
et Européens était plutôt explosif ; la moindre
inattention aurait pu entraîner les conséquences les plus
graves.
Une telle issue était d'autant plus à redouter
que les chefs Duala se montraient d'une extrême partialité, quand
un membre de leur famille était mis en cause, pour n'avoir pas
respecté ses engagements vis-à-vis d'un commerçant
européen, on les a souvent vus, dans ces cas, livrer des individus d'une
autre tribu, voire des esclaves domestiques, à la place de vrais
coupables. Il s'instaurait donc de jour en jour une atmosphère
d'anarchie dans laquelle personne ne pouvait trouver son compte. Le moment
était venu de recourir à d'autres solutions ; ce fut
l'oeuvre du premier traité commercial camerounais signé le 14
janvier 1856, entre le Consul anglaisHUTCHINSON et les représentants
autorisés de la tribu Duala.
Dans le 3ème volet de notre travail, nous
nous attèlerons sur la perception de la chefferie Deïdo au sujet de
l'administration coloniale allemande.
3. La perception des RoisDeïdo au
sujet de l'administration coloniale allemande1110(*)
EYUM EBELE CHARLEY DIDO accède au trône des
Bonambela en 1804 à la suite du décès de son frère
EBULÈ EBELE, il régna 72 ans. Son règne fut le plus long
de l'histoire des Deïdo et je ne pense pas qu'il y ait pareil dans tout le
Grand Sawa.
Le règne d'EYUM EBELE sera long, riche et
fructueux : sous sa direction éclairée, les Bonambela
occupèrent alors pacifiquement les territoires de Musoko en pays
Abo-Sud1111(*),
Ndogbele1112(*)
à Yabassi et surtout Njanga dans le Nkam.Il reste dans la mémoire
de certains « Nkamois » que les premiers à payer les
paysans pour leur travail dans les plantations étaient les Bonebela.
EYUM EBELE fut signataire de nombreux traités avec les Européens,
et plus particulièrement celui du 14 janvier 1856 établissant une
Cour d'Équité à Douala : il signait sous le patronyme
de CHARLEY DIDO, nom que les commerçants anglais lui
attribuèrent. EYUM EBELE, soucieux de fonder un royaume puissant qui
devait devenir le troisième royaume de Douala, il laissa une descendance
nombreuse. Condamné à mort par le « Ngondo »
pour s'être opposé à l'exécution de son neveu MUDULU
DIBOTI EBELA qui était accusé d'avoir tué son cousin
MUANJO'A MUDULU EBELA, il est fusillé le 7 décembre 1876
conformément aux dispositions de la loi dite
« Dibombè » instituée par le Ngondo.
Notre 1er Roi fit preuve de courage et de
témérité car il refuse de livrer son neveu au Ngondo et il
s'exprima ainsi : « Je ne peux pas accepter de perdre mon
oeil gauche et mon oeil droit le même jour ». Cette phrase
devint légendaire et déclencha une guerre qui opposa les Bonebela
à tous les Duala ; cette guerre durera 03 jours et eut pour
conséquence l'exil de la majeure partie du clan à Musoko. En se
sacrifiant, King EYUM EBELE CHARLY DIDO laisse à sa descendance
l'exemple d'un homme de paix et de courage, traits caractéristiques des
Deïdo aujourd'hui. C'est ainsi que l'Homme
« Deïdo » est connu comme quelqu'un qui ne se laissera
pas marcher sur les pieds, quelqu'un qui prônera toujours
l'excellence.
Aujourd'hui à Deïdo et dans tout le territoire
Sawa lorsque quelqu'un porte le nom d'EYUM, on lui donne le surnom de
« Tchallé » qui est la déformation de
« Charley » en souvenir du plus célèbre Roi
des Deïdo.
Trente-huit ans avant la pendaison du King BELL DUALA MANGA
NDUMBE BELL et de NGOSSO DIN, et de la déportation du King AKWA DIKA
MPONDO et de son exécution par les Allemands à Campo, King
DEÏDO EYUM EBELE CHARLEY DIDO fut le 1er martyr des Rois Duala
pour la sauvegarde des intérêts de son peuple1113(*).A travers les
premières lignes de notre exposé sur le clan DEÏDO, nous
observons que ce dernier a souvent été mis à
l'écart des négociations entre les autres chefs Duala et
l'administration coloniale allemande.Par la suite, nous essayons d'esquisser
quelques arguments à cette situation qui laissait à
désirer pour le clan Deïdo.
Ainsi, NDUMBÉ LOBÈ BELL ou King BELL1114(*) était un chef Duala
au Cameroun pendant la période où l'Empire allemand a
établi une colonie au Kamerun. Il était un politicien
astucieux et un brillant homme d'affaires1115(*). Le 12 juillet 1884, le roi NDUMBÉ
LOBÉ BELL et le roi AKWA signent un traité dans lequel ils
cèdent intégralement les droits souverains, la législation
et l'administration de leur pays aux cabinets C. WOERMAN et JANTZEN &
THORMÄHLEN, représentés par les marchands EDWARD SCHMIDT et
JOHANN VOSS1116(*).
Le traité comprend des conditions selon lesquelles les
contrats existants et les droits de propriété devaient être
maintenus, les coutumes existantes respectées et l'administration
allemande continuait de faire des paiements, ou taxes commerciales, aux rois
comme auparavant. Le Roi BELL a reçu 27 000 marks en échange de
la signature du traité, une somme très importante à
l'époque1117(*).
Dès le 17 juillet 1885, le gouverneur V. SODEN
présida une réunion à laquelle prirent part V. PUTTKAMER
en tant que rédacteur du procès-verbal et 14 chefs Duala venant
des différents quartiers.
Il y fut décidé qu'une importante palabre aurait
lieu à Noël et qu'au cours de cette palabre l'union de tous les
chefs de Kamerun1118(*) serait réalisée.Ce projet illustre
sans doute le souci du pouvoir colonial d'atteindre le plus de gens possible
par l'intermédiaire d'un seul chef, autrement dit, le gouverneur
semblait chercher à atteindre un certain degré d'homogénéité chez les Duala.
Le Traité Germano-Duala a été
signé le 12 juillet 1884 entre deux firmes commerciales allemandes et
les rois NDUMBÉ LOBÈ BELL et AKWA DIKA MPONDO de la côte
camerounaise. Plusieurs autres conventions, rapprochant les monarques de cette
contrée et les Européens, ont été passées
avant cette date...l'accord Akwa-Woermann du 30 janvier 1883 relatif à
la protection des biens et apports de la firme Woermann sur le rivage de la
ville d'Akwa.Donc, à travers ces témoignages, on observe que le
clan Deïdo est la plupart du temps exclu des négociations avec les
colonisateurs allemands ; il est marginalisé en tant que
« famille traditionnelle » au sein de la
société Duala.
Par famille traditionnelle, il faut entendre par là, la
désignation de la famille lignagère africaine1119(*). C'est-à-dire une
famille fondée sur un lien de solidarité fort, de type
mécanique, et le respect des valeurs traditionnelles.
Le recul de la famille traditionnelle se manifeste donc
logiquement par le recul du lien de solidarité, recul qui a pour
implication ou pour conséquence logique l'effritement de la famille
lignagère et l'établissement de la famille nucléaire de
type occidental.En outre, le droit colonial et notamment le droit civil
définira la famille comme étant l'ensemble constitué du
père, de la mère et des enfants.
C'est la naissance du ménage. C'est donc dès cet
instant que le lignage sera évincé par le ménage, car la
« famille lignagère par ses dimensions, par son
organisation, par son fonctionnement posait sur la vie de l'individu qui y
avait pourtant trouvé une sécurité et qui n'y trouve
qu'une série de devoirs, obstacles à son
épanouissement »1120(*).En effet dans la cosmogonie
négro-africaine, l'homme est la valeur suprême, valeur
située au-dessus de toutes les considérations matérielles.
Il vit dans un groupe solidairement lié au destin de ce groupe.
En retour, le groupe lui garantit une certaine sphère
de protection en termes de sécurité1121(*).Ce qui ne sera pas
toujours le cas entre les différentes chefferies Duala.
On va donc assister à une désolidarisation
envers le clan Deïdo de la part des chefs BELL et AKWA mais
également à une rivalité farouche entre les deux premiers.
La société Duala se verra profondément marquée par
cette « éruption » coloniale allemande.
Nous poursuivrons cette analyse en partageant d'autres
éléments qui renforcent cette perception de l'administration
coloniale allemande par les chefs Duala.
B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS1122(*) DUALA
L'on définit généralement
l'identité comme « un caractère permanent et
fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité, sa
singularité, qui le différencie des autres et permet qu'il se
reconnaisse comme tel »1123(*).
Il va sans dire qu'il y eut des deux du bien et du mal, et
qu'apostropher les Africains en faisant poser sur eux des
responsabilités qui ne sont pas les leurs est mal ressentie, autant
qu'accuser les Européens contemporains, de l'aveuglement et de la
sottise raciste de leurs ancêtres est anachronique et
déplacé1124(*).Il va même plus loin lorsqu'il écrit
que la formule « coloniser c'est exterminer » est
également une manifestation de la sottise contemporaine. Enfin, affirmer
que les Européens n'ont été capables de porter un regard
de voyeur sur des Africains enfermés dans des zoos humains est aussi
« sot »1125(*). Jean-FrançoisBAYARTquant à lui parle
d'une micro et d'une macro-stratégie, une forme d'assimilation
réciproque.
Après avoir dans un premier moment tenté de
combattre les autorités traditionnelles pour imposer un pouvoir central
devant de façon sure les intérêts de la métropole,
les autorités coloniales ont découvert la nécessité
de s'allier plutôt ces chefs traditionnels qui apparaissent alors comme
des relais indispensables.
Cette recherche de l'efficacité n'a pas
intéressé que les autorités coloniales ; les
dirigeants camerounais eux-mêmes ne procédèrent pas
autrement lorsqu'il fallait contourner le refus d'allégeance de tel ou
tel chef traditionnel.Ils se reposèrent sur les autorités
traditionnelles seules capables de contenir leurs populations dans un contexte
de troubles sanglants prenant l'allure de quasi-guerre civile dans certaines
régions1126(*).
Le colonisateur se construit un système de justifications qui constitue,
à toutes fins pratique et utile, ce qu'on pourrait appeler
l'idéologie colonisatrice. Il s'agit de l'ensemble des arguments par
lesquels le colonisateur explique sa position dans le pays colonisé, son
statut de supériorité et sa conduite à l'égard des
indigènes.
Cette idéologie s'est édifiée pour une
bonne part, sur la foi en la supériorité
héréditaire de la race blanche1127(*). On y trouve de nombreux
préjugés et stéréotypes : il est inutile
d'élever les salaires, car les indigènes ne sauraient que
gaspiller cet argent, comme il est aussi inutile de leur offrir un enseignement
trop avancé car ils n'ont pas l'intelligence et les aptitudes
nécessaires pour en bénéficier ; de toute
façon, les indigènes n'en demandant pas plus que ce qu'ils ont
maintenant, il ne sert à rien de provoquer des aspirations qui ne leur
apporteront qu'« insatisfaction et
frustrations »1128(*).NicolasMACHIAVEL dans « Le
Prince » écrivait déjà :
« qu'il n'y a rien de plus ordinaire et de plus naturel que le
désir de conquérir »1129(*). Alexis DE
TOCQUEVILLE soulignait quelque chose qui confirme l'essence politique du projet
colonial et restitue précisément la nature exacte de ce qu'est la
colonie : « un lieu et une occasion de prendre le pouvoir
hors de chez soi, de soumettre l'autre par passion du pouvoir de se constituer
en maître et possesseur non seulement de la nature, mais du monde et de
son contenu »1130(*).
Ainsi, le gouvernement de la cité coloniale est le
propre des étrangers, ceux qui investissent l'espace des autres et les
soumettent. HANNAH ARENDT rappelle que tout ce qui est hors de la
polis est méconnu, inconnu et ne suscite que peur et
méfiance1131(*).
C'est la face noire du politique, le lieu où
tout ce qui n'est pas admissible dans la cité est possible, devient
effectif et plus ou moins reconnu comme tel1132(*) ; d'où la violence coloniale. C'est
ainsi que les colonisateurs vont emprunter aux ethnologues le terme
d'« indigène » pour identifier et marquer cette
nouvelle espèce de barbares à l'intelligence et à
l'hygiène approximatives dont il faut nécessairement et d'urgence
assurer la prise en charge politique1133(*).
Ainsi, en premier lieu, nous nous attarderons sur le flou
juridique entourant la question foncière dans le traité de
1884(1-) et les termes de l'expropriation du plateau Joss
(2-). Cet état de fait mettra en évidence le
leadership de Rudolf DOUALA MANGA BELL dans le processus de résistance
anticoloniale(3-).
1. La pertinence de la perception des
chefs Duala vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le
flou juridique liée à la question foncière du
traité de 1884
Contrairement aux conventions
sus-énumérées, le Traité de 1884 situe nettement la
rupture de l'ordre primitif et le début de l'aventure du droit moderne
au Cameroun. En effet, l'année 1884 marque le début de la
conférence internationale de Berlin1134(*) qui aurait tracé les frontières
dupays et établi, selon François DE VITORIA, «
l'indépendance des peuplades barbares et (...) leur souveraineté
rudimentaire ».
Le Cameroun naît donc de quatre étapes : le
Traité de 1884, la possession allemande, la dépossession de
l'Allemagne et l'administration internationale. On dira que le
développement de l'ordre constitutionnel camerounais est
postérieur à 1960, année de son accession à
l'indépendance, et que sa souveraineté a été
déterminée par le Droit International Public. Dans cette
perspective, le Traité de 1884 sert de pendant au DIP. Il s'aligne sur
les variations sémantiques du droit des gens1135(*) en passant par le droit
international classique jusqu'au droit moderne formalisé au sortir de la
guerre de Trente ans1136(*).
On pourrait en raccourcir l'étude à partir d'un
double contexte contradictoire dont l'importance se mesure dans les
mécanismes d'édification du droit au Cameroun : la colonisation
et la décolonisation qui ont immédiatement
précédé l'autonomie constitutionnelle de ce qu'on pourrait
qualifier, dans la logique de l'ordre westphalien, d'entité non
civilisée. En cela, le Traité de 1884 s'intercale entre les
logiques du droit intemporel et les exigences de la modernité juridique.
Étudierle Traité de 1884 aujourd'hui, c'est, partant de
l'idée du droit intemporel, connaître du « droit historique
».
Aux termes de l'article 2-1 a de la Convention de Vienne sur
le droit des traités du 23 mai 1969 : « l'expression
`'traité'' s'entend d'un accord international conclu par écrit
entre États et régi par le droit international, qu'il soit
consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments
connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière
».
La justification du choix de la formation plutôt que de
l'application du Traité de 1884 est la qualité des acteurs et
notamment de la partie camerounaise dont le statut mérite d'être
réévalué à la faveur de l'adoption en 2007 de la
déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. On
comprend que l'étude envisage d'analyser les principes qui ont
gouverné le droit intemporel et leurs implications dans le droit
moderne.
Pour une part, au plan formel, en ce que le Traité de
1884 traite des questions liées à la
souveraineté1137(*) et à la propriété1138(*). Il relève les
principes de la « légalité coloniale ». Des auteurs
comme Hugo GROTIUS, l'un des pères fondateurs du DIP, en ont fait large
diffusion. La « théorie du droit de conquête » qu'on
découvre au même moment que « la seconde scolastique
espagnole » en est l'expression irréductible.
Au nombre des principes qu'elle entretient, on notera le
protectorat international, l'occupation effective, l'accession ou encore le
bail commercial. D'autre part, en conséquence, le rapport à la
souveraineté et au territoire prolonge l'influence du Traité de
1884 dans l'ordre juridique camerounais.
Le rapport à la souveraineté et tout au moins au
territoire illustre l'hypothèse d'un ordre constitutionnel holistique.
En cela, le Traité de 1884 sert de relais entre le DIP et le droit
constitutionnel. Certains auteurs ont, à partir de ce moment,
distingué le droit constitutionnel des nouveaux États. Le premier
est marqué par le recours au DIP justement.
Le professeur de droit public OlivierDE FROUVILLE
écrira dans cette artère que la promotion des libertés des
peuples et leur conciliation avec la souveraineté des États
colonisateurs procèdent d'une constitution substantielle.
Le rapport entre le droit intemporel et le DIP1139(*) moderne, voire le droit
constitutionnel, s'établit ici autour de la notion de peuple qui a
été mobilisée d'un contexte à l'autre : des peuples
acteurs du jus inter gentes aux États sujets du DIP classique et des
États aux peuples sujets du DIP moderne. Une étape à une
autre, une qualification à une autre : peuples « sans droit »
dans le droit intemporel, peuple titulaire du droit à
l'autodétermination en DIP moderne et peuple objet du droit
constitutionnel suivant le rapport au
« démos »1140(*)posé par les révolutionnaires. Le
Traité de 1884 présente dès lors deux points
d'actualité qui se recoupent. D'une part, il aborde les notions de
peuple, que le renouveau démocratique de 1990 a réinventé.
D'autre part, il présente la notion de territoire, qui en ressort
configuré du fait que la constitutionnalisation des peuples autochtones
en réactualisant la dialectique entre le territoire national et la
question des terres ancestrales. Le renouveau des droits des peuples
démontre, pourrait-on-dire, l'intérêt du sujet.
Dans le langage juridique, la notion de statut prend en compte
l'état et la capacité d'un sujet de droit. Étudier le
statut des acteurs du Traité de 1884 revient à analyser leur
personnalité juridique à partir de ces critères. Le
concept d'Etat se définit généralement à travers
deux approches1141(*),
une sociologique et l'autre juridique. Sociologiquement, l'Etat désigne
une communauté de personnes vivant sur un territoire soumis à un
gouvernement effectif. Juridiquement, l'Etat est une personne morale de droit
public autonome et souveraine.
Dire que l'Etat est une personne morale de droit public c'est
dire de manière indirecte et certaine que la personnalité de
l'Etat se distingue de celle des personnes physiques qui la compose.
L'Etat est une entité souveraine parce que sur son
territoire il n'a pas de concurrent, il détient la compétence de
la compétence et de ce fait, il n'a pour seule limite que le droit,
d'où la doctrine de l'Etat de droit1142(*). Et d'après la doctrine, « le
système juridique colonial se présente comme un système de
désacralisation du pouvoir qui vient heurter la société
traditionnelle »1143(*).
SAMBA THIAM dénonce par la suite le fait que le droit
positif africain soit resté tributaire des règles qui expriment
les valeurs1144(*) et
exhorte le législateur contemporain à prendre ses
responsabilités en prenant en compte les réalités
traditionnelles encore très visibles dans la société
africaine1145(*).Ainsi, pour ce qui est du système allemand,
tous les Allemands et tous les citoyens européens vivant au Cameroun
étaient exclus du champ d'application du droit coutumier et
placés sous l'emprise du droit allemand métropolitain1146(*) d'inspiration
romano-germanique.Ce schéma sera respectivement reproduit par les
Anglais et les Français entre 1916 et 1959. Le statut indigène
n'est pas univoque. Ainsi distingue-t-on le statut des collaborateurs
privilégiés ou assimilés de celui des indigènes
proprement dit. Les assimilés étaient issus pour ce qui est de la
France par exemple des départements d'outre-mer, ou des territoires du
Pacifique à l'instar de la Nouvelle Calédonie.
Mais pour l'essentiel, il était question des
commerçants asiatiques ou sud-américains qui détenaient
des comptoirs sur la côte camerounaise. En outre, certains
privilégiés, notamment les autochtones ayant fait preuve de
fidélité envers le colonisateur jouissait aussi de ce statut
atypique, ne fut que par reconnaissance des services rendus.
Ainsi, les assimilés étaient sous l'emprise de
la justice occidentale dont ils sont demeurés des justiciables pendant
la période coloniale.
C'est d'ailleurs ce qui distingue leur statut du statut
des populations autochtones, populations restées sous l'emprise de droit
traditionnel et de la justice locale1147(*).Parlant de la période allemande, deux (02)
textes majeurs constituent l'ossature de la législation foncière
allemande. Ce sont d'une part le décret du 15 juin 1896 sur la
création, la prise de possession et l'aliénation des terres au
Cameroun et d'autre part, le décret impérial du 21 novembre 1902
relatif au droit foncier dans les colonies allemandes1148(*).
Le décret du 15 juin 1896 se présente comme un
vestige de la loi du 17 avril 1886 relative à la situation juridique des
colonies allemandes. Cette loi énonçait déjà que
les terres sans maître faisaient partie intégrante du domaine de
la couronne.
C'est le décret du 21 novembre 1902 qui va instaurer
au Cameroun le régime d'inscription au livre foncier ou au
« GROUNDBOOK ». Le livre foncier avait été
ouvert à Douala dès 1903 et son ressort couvrait toute la
colonie. Ce décret fait une distinction entre les terrains
indigènes et les terrains détenus par les Allemands. Ainsi,
lorsqu'ils sont inscrits au livre foncier, les terrains indigènes sont
soumis au droit métropolitain en la matière.
Partant de là, nous nous sommes penchés sur les
termes de l'expropriation des populations Duala du plateau Joss et la mise en
lumière de la résistance des chefsDuala notamment celui de Rudolf
DOUALA MANGA BELL.
2. La pertinence de la perception des
chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : les termes
de l'expropriation du plateau Joss
Les terrains des non-indigènes sont régis par
des règles particulières, et en principe ces terrains ne peuvent
faire l'objet de conventions qu'entre les populations locales selon les
modalités librement consenties et l'arrêté du 27
décembre 1910 institue les registres des terres pour cette
catégorie1149(*).
Comme le souligne si bien un contemporain lorsqu'il note avec
emphase que dans les sociétés traditionnelles africaines,
« les rapports juridiques relatifs à la terre
s'établissent de groupe à groupe... la propriété
est collective ; la terre appartient au village ou à la famille,
étendue ou restreinte ; elle est exploitée en commun et elle
ne peut jamais être aliénée : le chef lui-même
n'est pas un propriétaire, mais un administrateur »1150(*). Et il est
notoirement établi que la vente immobilière est absente et que
c'est pendant la colonisation, sous l'impulsion de l'appropriation privative,
que l'on assiste à la vente des terres coutumières1151(*).
Partant de cette dialectique, le Gouvernement
précisait que : « les Duala se sont rendus compte
qu'ils doivent avec le temps céder progressivement leurs biens-fonds
situés sur le fleuve aux Européens, vu le besoin d'extension de
ces derniers, provoqué par l'accroissement du commerce. C'est
consciemment que le Chef Supérieur MANGA BELL, dont le quartier de
Bonanjo fut désigné en premier pour son emplacement favorable a
cédé sans faire de grosses difficultés des terrains aux
particuliers, et surtout au Gouvernement, lorsqu'il lui proposa des prix
appropriés. Les indigènes tenus au courant depuis longtemps, et
ce à plusieurs reprises par l'administration, qu'un transfert des
agglomérations indigènes sera un jour nécessaire, ont
demandé finalement l'année dernière, alors que leurs
biens-fonds s'émiettaient de plus en plus, que leur soient
indiquées de préférence non pas individuellement mais
globalement, les futurs emplacements destinés à leur
installation ; de même les habitants des autres quartiers de Douala
se sont eux aussi faits de l'idée que le transfert des habitations sera
rendu nécessaire, par la constante expansion des Européens. On
n'a donc pas à craindre que des difficultés surgissent,si on leur
accorde un dédommagement approprié »1152(*).
En 1911, l'administration locale de Douala assurait
que des « négociations avec les Duala sont
déjà en cours pour les obliger à céder leurs terres
au Gouvernement aux conditions susvisées ... ; dans le cas
où les crédits nécessaires seraient approuvés par
les corps législatifs ». Les crédits furent
approuvés pour l'exercice 1911. Mais le transfert fut retardé
pour divers motifs, entre autres, le retournement des Duala qui avaient
changé d'avis.
D'accord, au moment de la rédaction du mémoire,
pour la cession de l'espace nécessaire à l'extension de la ville
européenne contre une indemnité calculée sur la base de 40
et 0,6 pfenning le m², ils se rétractèrent, obligeant les
autorités locales à recourir à la procédure de
l'expropriation ; mesure désagréable et impopulaire tant au
Cameroun qu'en Allemagne.
RÖHM, qui resta immobilisé plus d'un an en
Allemagne, eut le temps de s'adresser aux chefs de lignages Duala le 2 et 30
octobre 1912 et de les informer qu'il avait pris la décision de
procéder à l'expropriation. Cet entretien est rapporté
dans la pétition des chefs Duala du 08 mars 1912 en ces termes :
« Lors de la passation de service, Son Excellence le Gouverneur
OTTO GLEIM convoqua les chefs à une réunion au cours de laquelle
il nous fit part des intentions du Gouvernement. Cette intervention a eu pour
objet, à peu près textuellement, les faits suivants : il est
projeté de transformer le village indigène de Douala en une
grande et belle ville comme c'est déjà le cas dans les autres
colonies.
Pour l'exécution de ce projet, il faut que les
indigènes cèdent leurs demeures habituelles, c'est-à-dire
l'ensemble de tous leurs biens-fonds habités, au Gouvernement par voie
de vente. Ensuite, il faudra qu'ils transfèrent leurs habitations
à l'endroit de leurs plantations éloignées à
environ une lieue et demie du fleuve. Durant la réunion, nous
refusâmes unanimement cette demande en expliquant que nous avions des
doutes quant à l'utilité de cette exécution. Après
de vains débats, lors d'une 2ème séance,
Monsieurle Gouverneur déclara que le Gouvernement entreprendra
l'expropriation ».
C'est après son départ que les chefs Duala
adressèrent le 09 novembre 1911 au Reichstag, un
télégramme sollicitant la suppression de l'expropriation :
« En raison de leur impuissance à pouvoir se
défendre, les chefs supérieurs de Douala prient respectueusement
au Bundesrat ou bien à Monsieur le Chancelier de prendre des mesures
pour l'annulation de l'expropriation de notre bien-fonds ainsi que pour celle
du refoulement du peuple Duala loin du fleuve, refoulement qui mettrait tout le
peuple dans l'impossibilité de subvenir à ses
besoins ». Quelques mois plus tard, juste avant
l'arrivée du Gouverneur EBERMAIER, le successeur d'Otto
GLEIM, les chefs Duala rédigèrent à l'intention de la
Diète la pétition du 08 mars 1912 dans laquelle, après
avoir rapporté les débats qui les mirent aux prises avec le
précédent gouverneur, ils donnaient quelques précisions
sur les desseins du gouvernement local connus seulement « par la
rumeur publique » : l'administration, écrivaient-ils,
déclarait qu'elle trouvait « immérité que
les indigènes encaissent la recette des ventes de terrains urbains, car
la plus grande partie de l'augmentation de leur valeur serait dûe
à l'effort accompli par le Gouvernement en construisant les rues et en
effectuant d'autres travaux.
C'est pour cela que la plus-value devait revenir de droit
au Trésor. Pour éviter les nombreuses palabres avec les
indigènes,le Gouvernement cherchait à acquérir tout le
bien-fonds autochtone à un prix minimum sans tenir compte de la
valorisation foncière ».
Les chefs manifestèrent leur opposition sur ce point,
informant les députés allemands que le gouvernement avait
déjà acheté des emplacements à Douala à
raison de 90 pfennigs le mètre carré. Des terrains
auraient même été vendus 03 marks à des
particuliers. Et les chefs Duala de préciser : « Le
Gouvernement croit pouvoir prouver que la déduction de la plus-value du
prix d'achat se justifie par le fait qu'elle est le produit du travail du
Gouvernement. Mais il omet complètement que la soi-disant revalorisation
est le résultat d'un travail impliquant et l'esprit du Blanc et la main
du Noir. C'est pourquoi nous avons un droit égal à celui du
Gouvernement sur cette plus-value. Puisqu'il semble difficile à ce
dernier de partager cet avis, notre accord quant à l'achat de nos terres
ne peut lui être donné vu la base du calcul des
prix ».
Ils réagirent aussi à propos de
l'ampleur d'une expropriation qui les obligerait à abandonner une terre
ancestrale. Ils invoquèrent à ce sujet leur situation
économique : « En 1895, après que le commerce
ait été interdit aux indigènes de la tribu duala et que
les plaintes portées par les firmes contre le commerce
intermédiaire aient contribué à limiter leurs
intérêts (suspension du système du trust), le feu
conseiller du Gouvernement, VON BRAUCHITSCH, s'est aperçu
et rendu compte que la prospérité des indigènes diminuait
considérablement avec le temps. Il a tout essayé pour y
remédier. C'est ainsi qu'il institua un conseil, appelé conseil
des chefs. Cette assemblée siégeait tous les trois mois et au
cours des réunions des recommandations étaient données en
vue de développer la culture et la pêche. Il introduisit aussi des
prix fixes pour le poisson et les denrées, car devant les
difficultés liées au commerce d'intermédiaire
déclinant, nous nous sommes orientés vers les plantations de
cacao, de caoutchouc, de kola... dans les zones inondées par nos
fleuves : le Mongo, le Dibombè, le Wouri, la Ndounga, la Dibamba,
et vers des entreprises de pêche plus importantes. Aujourd'hui, il n'y a
que 10 Duala qui font du commerce, encore trouve-t-on parmi eux des
gérants de factoreries de firmes européennes. La majorité
des Duala depuis plus de six ans ne s'occupe donc plus que de plantations et de
pêche ».
Et les chefs de conclure qu'il était
nécessaire, pour le développement de leurs nouvelles
activités économiques de garder leur habitat près du
fleuve : « De la future cité, il faut faire un voyage
en pirogue d'environ 03 heures par des criques étroites et
entourées de forets très marécageuses. Elles ne
possèdent pas de baignades ni d'embarcadères pour pirogues en
nombre suffisant.
De plus, les communications avec les plantations
situées à deux ou trois jours de marche seront
aggravées. Il n'y a pas de doute maintenant que nous serons
obligés de les abandonner et d'arrêter la pêche ».
La question du trajet pour se rendre aux
écoles et aux missions futaussi soulevée et la notion même
d'expropriation, qui parut aux chefs « très
incompréhensible », ironisée :
« Dès qu'un terrain nous est exproprié, nous avons
chaque fois l'impression qu'il nous est enlevé par la force... Ce mot
« expropriation » est un terme juridique allemand,
concluant en soi quand il est appliqué dans la métropole, mais
que nous ne comprendrons jamais ici ».1153(*)
Quant à l'aspect financier, il était
convenu :
1) Que le fisc avait un droit sur les
9/10ème de la plus-value résultant de la construction
du port et de la voie ferrée ;
2) Que l'acquisition des quartiers de Bell, d'Akwa et de
Deïdo devait se faire par contrat ou expropriation, après
délibération avec les propriétaires et les chefs de
lignage ;
3) Que les indemnités par affectation d'un autre
terrain et versées en espèces seraient calculées sans
tenir compte de la plus-value et réglées par
mensualités : 30% du moment du déménagement, 30%
pendant la construction, et le reste à la fin des travaux. Il
était précisé que le transfert se réaliserait petit
à petit : le plateau Bell, composé des quartiers de Bonanjo,
Bonapriso, Bonadouma et Bali, serait évacué en premier ;
Akwa et Deïdo ne seraient transférés que plus tard dans les
nouveaux lotissements et sur ordre de l'administration, selon les
besoins.
Au mois de novembre 1912, VON RÖHM, à qui
revenait la tâche de négocier avec les chefs Duala, revint
et dès le 02 décembre provoqua un débat qu'il relate dans
ses notes : « A mon arrivée à la colonie
le 14 novembre 1912, je fus convoqué à Buéa par Son
Excellence pour y discuter des questions d'Expropriation de Douala. Son
Excellence examina en détail l'exécution formelle et
matérielle de l'expropriation et du relogement des Duala et souligna
à cette occasion qu'un ajournement supplémentaire dans
l'acquisition des terrains serait dangereux.
Il fallait donc commencer sans hésiter, mais avec
calme, et accélérer la modification juridique de la
propriété foncière. Dès mon retour, je fus
chargé de tenir immédiatement une conférence avec les
Duala, de discuter avec eux encore une fois de toute la question de
l'expropriation et du relogement et de ne pas leur laisser de doute en ce qui
concerne le sérieux avec lequel le Gouvernement avait
décidé de faire aboutir le projet. En outre, au cas où il
me semblerait nécessaire qu'une réunion présidée
parSon Excellence dut avoir lieu, je devrais l'en informer par
télégramme ». Cette conférence eut lieu le
20 novembre 1912.
On ne pourrait continuer cet argumentaire sans évoquer
le rôle primordial du Roi Rudolf DOUALA MANGA BELL dans la poursuite de
ces revendications légitimes et indéniables du peuple Duala. On
assistera à une cohésion des différentes chefferies BELL,
AKWA et DEÏDO dans cette lutte acharnée contre les colonisateurs
allemands qui conduira malheureusement à la pendaison de DOUALA MANGA
BELL et de son secrétaire NGOSSO DIN le 08 août 1914.
3. La pertinence de la perception des
chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : Le
Leadership de Rudolf Douala Manga Bell dans le Processus de Résistance
Anti-Coloniale
LOCK PRISO BELL1154(*)1155(*) exerça son pouvoir pendant près de 70
ans1156(*)1157(*). Avec Elami
JOSS1158(*), il est
l'un des premiers résistants à l'occupation allemande des
territoires duala1159(*). Le médecin et explorateur MaxBUCHNER le
décrit comme étant une personne qui donneune
« impression favorable au premier regard. Il est imposant et bien
corpulent, avec des muscles énormes et une poitrine extraordinairement
large et puissante, un teint plutôt clair, une tête bien
posée sur une nuque de taureau et avec des traits réguliers et
fermes, il appartient à la meilleure des sortes et des plus
réussies de prince nègre »1160(*).
En réaction au geste du serviteur du Reich,
qui avait hissé haut le drapeau allemand plus tôt dans la
journée, LOCK PRISO, chef du canton Bèlè
Bèlè, Roi d'Hickory Town, aujourd'hui Bonabéri,
écrit une lettre en pidgin à Max BUCHNER - consul allemand - afin
de sauvegarder la souveraineté de son territoire. Par cet acte, il
refuse de signer le traité Germano-Duala du 12 juillet 18841161(*), ce qui sera l'un des
premiers actes de résistance anticolonialiste au Cameroun. Selon le
Prince KUM'ANDUMBEIII, petit-fils de LOCK PRISO, quand les Allemands sont
arrivés, ils lui ont offert de l'argent : « Tu peux
avoir de l'argent comme les autres. Ensuite, tu peux signer ».
Il a répondu : « Non ! Je ne veux pas de cet
argent et je ne signe pas non plus, parce que je veux rester
indépendant. Je ne vois pas pourquoi, je dois avoir un autre
souverain ».
Ensuite, les Allemands sont venus et ils ont hissé le
drapeau allemand à Bonabéri. Son grand-père
a alors écrit, ce qui est important pour nous, pas seulement une
mémoire orale : « Abaissez votre drapeau. Je ne veux
pas de votre argent, je ne le signerai pas, je veux rester
libre ! »1162(*)Sous son règne, Bonabéri est
bombardé en 18841163(*).
Des combattants, dont certains du peuple
« Abo » sont exécutés. Le temple de
Bonabéri, construit par JosephJACKSONFULLER est détruit. Le
« Tangué »1164(*), la proue princière de la pirogue de LOCK
PRISO1165(*), est
prise dans le palais1166(*) lors de la démonstration de force militaire
de 18841167(*) et
déposée depuis au Musée national d'Ethnologie de Munich
parmi 30 000 autres objets pillés1168(*). Une loi dite de la
protection du sang allemand conduit à la ségrégation avec
1 km de « no man's land », et à la création
du quartier « NeuBell » aujourd'hui « New
Bell ».
NDOUMB'A LOBE1169(*) pacifie le pays Sawa et son influence
s'étend sur tout le littoral, du Sud1170(*) au Nord1171(*). Il est cosignataire avec DIKA MPONDO AKWA, du
traité du 12 juillet 1884 qui institue le protectorat allemand et
préserve leurs droits fonciers aux Duala. Sous son règne, prend
fin le monopole Duala de commerce intermédiaire avec l'hinterland.
Son fils, AUGUSTE MANGA NDOUMBE,1172(*) grand bâtisseur,
développe une économie de chasse d'éléphants et de
plantations, et utilise les revenus du cacao, de l'huilede palme, du bois et de
l'ivoire pour faire de gros investissements immobiliers à Bonanjo. Il
constitue une des plus importantes fortunes jamais amassées par un roi
Duala.
Son petit-fils, RUDOLF DOUALA MANGA BELL1173(*), consacre essentiellement
son règne à combattre le projet allemand d'urbanisme
« Gross Duala » qui préconise, entre autres,
l'expropriation des indigènes de Bonanjo, d'Akwa, de Deïdo, pour
les expédier dans les quartiers de Neu-Bell, Neu-Akwa, Neu-Deïdo,
au-delà d'une « Freie Zone », bande de
démarcation entre Européens et indigènes, large d'un
kilomètre.
Il perd ce combat et est pendu le 08 août
19141174(*).Cette
rétrospective montre à suffisance que la chefferie BELL
malgré son statut d'« enfant chéri » et des
privilèges obtenus des autorités coloniales allemandes a toujours
fait preuve de résistance. Cela s'est encore plus accentué avec
le projet d'expropriation du plateau Joss qui a vu éclore le leadership
de RudolfDOUALA MANGA BELL.
Ainsi, la conférence du 20 novembre 1912 portant sur
les termes de l'expropriation du plateau Joss se termina par une critique de
MANGA BELL, représentant des intérêts Duala, qui accusa les
autorités allemandes de ne pas respecter les engagements pris en 1884
« envers les ancêtres des Duala ».
Pour clore le débat, l'on demanda aux chefs la liste
des habitants acceptant de céder leurs terrains et on les pria
d'informer les propriétaires, notables ou non, qu'ils pouvaient se
présenter seuls au commissaire de police qui enregistrait leur
accord ; procédé qui souleva d'autres critiques de la part
des chefs.
Mais cette tentative de division semée dans les
milieux Duala échoua. Le 24 novembre 1912, en présence du
gouverneur, les Duala affirmeront et prouveront qu'ils n'agiront pas les uns
sans les autres. Mieux, dans une pétition rédigée le
lendemain de la conférence du 20 novembre et adressée au pouvoir
central, ils accuseront nettement le gouvernement local et le colonat
européen de vouloir procéder à une vaste opération
de déguerpissement, afin d'exploiter à leur profit les terrains
expropriés alors qu'ils feraient mieux d'aider les indigènes
à améliorer leur production.
Le 07 décembre 1912, les chefs Duala, reprenant les
déclarations du Gouverneur, jugèrent que celui-ci et à
plus forte raison le chef de district n'étaient que des
exécutants ; aussi s'adressèrent-ils à ce dernier,
lui demandant, non sans ironie puisqu'il n'était qu'exécutant, de
bien vouloir représenter les intérêts Duala auprès
des instances supérieures de l'Empire allemand.
Ils insistèrent également sur le fait qu'au
temps de l'administrateur BRAUCHITSCH, « le principe de la force
n'était pas de règle dans l'administration mais celui de justice
et de salut pour les indigènes ». Le 09 décembre,
VON RÖHM leur remettait les plans représentant le terrain sur
lequel les chefs devaient faire un choix pour l'établissement des
nouveaux logements.
Le 16 décembre, ce plan lui était rendu, non
sans discussion et critique de la part de MANGA BELL, lequel voyant les projets
d'urbanisation prendre corps, n'hésita pas à accuser de nouveau
le gouvernement local d'avoir dénoncé les termes du traité
de 1884 et, à l'endroit de VON RÖHM, de manquer
d'objectivité, alors que les Duala jusque-là en avaient
eu1175(*) :
« Le jour même de la publication de la décision,
MANGA BELL, au nom de tous les Duala, adressait au Reichstag un
télégramme de protestation dans lequel il demandait que l'on
suspende l'avancement des travaux d'expropriation. Ce télégramme
ne parvint au Reichstag que le 20 janvier après avoir été
confisqué et relaxé. Des pétitions suivirent, toujours
adressées en Allemagne et prenant en partie le gouvernement local ce qui
amena le Reichstag dans sa séance du 27 juin 1913 à soumettre les
pétitions à l'examen du Chancelier ».
Parmi celles-ci, notons celle du 20 février
1913 qui nous paraît très intéressante, car les Duala y
reprennent leur propre histoire durant le Protectorat.
Après avoir dénoncé la validité de
la décision d'expropriation laquelle fut prise en violant le
traité de 1884, les chefs, revenant sur les limites de la
souveraineté allemande, entreprennent de critiquer le conseiller du
Gouvernement GERSTEMEYER pour son interprétation juridique de la
présence coloniale au Cameroun : « Ce fonctionnaire
écrivait que les Protectorats ne sont pas des protectorats au sens du
Droit international, parce que l'Empire allemand a acquis par occupation la
pleine souveraineté... Les conventions selon lesquelles certains droits
de souveraineté ont été laissés aux chefs, sont en
grande partie sans importance... C'est l'exemple du Cameroun dont les premiers
traités signés sont devenus caducs et sans
valeur »1176(*).
Cette pétition se termine sur une série de
plaintes dirigées contre l'administration et par une critique
sévère de l'urbanisation projetée :
« Nous commençons par nier le besoin de créer une
ville européenne et une ville purement indigène. La conception
selon laquelle ces deux aménagements sont nécessaires n'est
soutenue ni par les colons européens installés au Cameroun et
particulièrement à Douala, comme les commerçants, les
missionnaires...,le Gouvernement mis à part, plus
précisément une partie de ses fonctionnaires, ni par tous les
indigènes. En outre, l'assainissement de Douala n'exige pas une
séparation spatiale aussi vaste de ses quartiers... Aussi, les
indigènes qui ont essayé jusqu'à présent
d'exécuter autant que possible les ordonnances du Gouvernement sont
peinés de faire remarquer aux autorités que leur attitude a
toujours été purement objective et nullement troublée par
des préjugés personnels ou des répugnances... il leur est
tout aussi pénible de demander pour la première fois au
Gouvernement d'annuler un projet déjà établi par lui et
une décision déjà ratifiée ».
Les chefs Duala eurent alors recours en Allemagne
à l'avoué FLEMMING et à l'avocat HALPERT. Ceux-ci
profitant de l'envoi de pétitions Duala adressées les 19
août et 03 décembre 1913 au Chancelier de l'Empire, au Bureau
colonial et au Reichstag, rédigèrent un rapport dans lequel ils
déclarent le déguerpissement prêt à être
entrepris, illégal et juridiquement inadmissible :
« Les Duala, dans le traité de 1884, s'étaient
réservés une souveraineté sur le sol malgré le
transfert de leur souveraineté politique. Ils font aussi remarquer que
cette mesure enfreint la réglementation en usage relative aux
expropriations : il n'avait pas été prévu
d'exproprier des indigènes au profit d'allogènes.Ils contestent
également le caractère d'utilité publique que l'on
prêtait à l'entreprise, s'étonnent de l'étendue de
la surface à exproprier ; sur une surface de 900 ha l'installation
de 400 Européens leur paraissait absurde.
Sur ce point, le Gouvernement répliqua que sur les
900 hectares expropriés, 650 seraient utilisés pour la zone libre
exigée par l'hygiène tropicale ; d'autre part, qu'il fallait
penser à une population européenne à venir de plus de 2000
personnes. La critique des avocats, reprenant d'ailleurs les griefs Duala,
portait enfin sur la nécessité de séparer Blancs et Noirs
au nom de l'hygiène : en d'autres points de l'Afrique, les deux
communautés cohabitaient sans dommage pour les colonisateurs. Le
handicap que les Duala éprouveraient dans leurs activités
économiques, si on les refoulait vers l'intérieur, était
invoqué ».
Le Chancelier d'Empire, de son côté, fit savoir
qu'il ne pouvait accorder d'autre audience aux chefs Duala, et ce pour les
mêmes motifs. Ainsi, en mars 1913, près de 1000 personnes
habitaient donc dans le nouveau quartier de Bell, ou
« Neu-Bell », les anciennes habitations ayant
été détruites sur le plateau.
Celle de MANGA BELL n'y échappa pas, toutefois
celui-ci préféra, au lieu d'occuper la maison que
l'administration lui avait fait construire à
« Neu-Bell » ; se réfugier sur « les
hauteurs de Bali » qui était appelé, avant que les
quartiers Akwa et Deïdo, à être évacué de la
mêmefaçon que Joss.D'ailleurs, les Duala furent alors
accusés de vouloir toucher au détriment des
« Blancs » la plus-value que ces derniers avaient
donnée à Douala. En effet, MANGA BELL demanda,
« après l'offre de 25 pfennigs par mètre
carré formulée par le représentant du fisc, 25 marks
c'est-à-dire le centuple ».
Vraisemblablement excédée, l'administration qui
avait déjà suspendu de ses fonctions de Chef Supérieur
MANGA BELL, le 04 août 1913, commença d'incarcérer les
notables et autres personnalités qui obtinrent la suspension des travaux
d'urbanisme, victoire passagère que la population fêta
peut-être trop manifestement en avril devant le gouvernement local.
Le journal social-démocrate
« Vorwarts » caractérisa justement cela comme une
« vengeance contre les Douala ».1177(*)La presse bourgeoise
réactionnaire par contre renchérit : « Il est
très heureux que l'insubordonné nègre de BELL soit
déjà arrêté et qu'apparemment, on n'y aille pas de
main morte. Et cela est nécessaire si les blancs veulent maintenir leur
autorité là-bas... »,1178(*)pouvait-on lire dans les
« Leipziger Neueste Nachrichten ». Des perquisitions, des
saisies et d'autres arrestations suivirent. Le chef MFOMU de Bodiman fut
arrêté le 12 mai à Yabassi.1179(*)
Lemême jour, SOLF demanda au parquet du tribunal de
Berlin d'arrêter et de fouiller NGOSSO DIN1180(*). Le 14 mai,il donna
l'ordre au gouverneur de poursuivre le processus d'expropriation1181(*). Le 15 mai, NGOSSO DIN
fut arrêté et jeté dans la maison d'arrêt de Berlin,
ses écrits furent saisis1182(*).
Neuf jours plus tard, il fut mis à Hambourg dans le
bateau « Professeur Woermann » pour
« être livré au chef de district à Douala et
dans le respect des mesures de sécurité
nécessaires »1183(*).« L'instruction contre DOUALA MANGA et
ses compagnons pour haute trahison » tira en longueur. Des
preuves tangibles, hormis que DOUALA MANGA et ses compagnons avaient en
pensée évoqué l'idée d'une éventuelle
recherche arracher de faux aveux ni à DOUALA MANGA, ni à NGOSSO
DIN. Pour les fonctionnaires coloniaux, il était clair que par exemple
le chef d'accusation contre NGOSSO DIN, autant qu'on puisse parler de haute
trahison, ne se limitait qu'à des indices assez vagues1184(*).
Malgré cela, on entama finalement mi-septembre la
procédure principale pour laquelle le Dr.HALPERT et d'autres avocats
berlinois s'étaient annoncées comme défenseurs.
Avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914, les
choses s'accélèrent. Les autorités coloniales
allemandes arrêtent le leader Duala le 07 août 1914, pour haute
trahison, bien qu'il ait toujours usé de moyens pacifiques pour faire
valoir ses droits. Rudolf DOUALA MANGA BELL sera condamné à la
peine de mort par pendaison. L'exécution de la sentence aura lieu le 08
août 19141185(*).
Cette exécution traduit le « monstre
froid » qu'est l'Allemagne coloniale et illustre à suffisance
cette citation du GénéralDE GAULLE :
« LesÉtats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des
intérêts »1186(*).En définitive, cette exécution
ne tiédira pas les ardeurs du peuple Duala qui continuera la lutte
contre l'Allemagne coloniale. Le processus de l'indépendance du Cameroun
sera ainsi en marche.
CONCLUSIONDU CHAPITRE
III
Nous avons voulu par ce chapitre qui s'achève, apporter
des éléments de réponse au pragmatisme de situation de
l'administration coloniale allemande à l'égard des chefs Duala.
Cette situation a eu pour conséquence l'établissement d'un
salaire à ces chefs en compensation de la perte de leur monopole
commercial.En effet, la question de la fréquence, du montant, et de la
monnaie utilisée pour l'attribution de ce salaire nous interpelle. En
d'autres termes, combien gagnaient les chefs Duala et suivant quelle mesure
monétaire ? Les différences de traitement observées
entre les chefs entraînèrent de vives tensions et mettaient en
lumière le privilège recherché par les chefs
indigènes au contact des Blancs. Le Roi BELL fut le mieux loti et il
subit les assauts et les reproches des autres chefs, du fait de son immense
fortune personnelle. Les autorités coloniales allemandes
utilisèrent le principe de diviser pour mieux régner
pour asseoir son autorité, mais cela conforte le fait qu'elle avait du
mal à canaliser toutes les velléités
sécessionnistes. A ce sujet, cette situation traduit les tentatives de
l'administration coloniale allemande de s'adapter aux chefs Duala et de les
amadouer pour conquérir l'Hinterland et ses ressources.De plus,
l'introduction de la monnaie occidentale occasionnera la modification des us et
coutumes de la société Duala notamment dans la pratique de la
dot. Cependant, nous avons relevé des divisions qui existaient
déjà au sein de la société coutumière Duala
qui se structurait autour de plusieurs groupes rivaux. L'exemple le plus
illustratif est celui de la scission au sein du canton BELL.Par la suite, les
relations entre les chefs Duala et cette administration étrangère
seront examinées sous le prisme du mécontentement car les terres
coutumières seront spoliées et utilisées au profit de
l'Allemagne. La pertinence de cette spoliation sera marquée par le flou
juridique liée à la question foncière du traité de
1884, aux termes inexacts de l'expropriation du plateau Joss et du leadership
du chef DOUALA MANGA BELL dans le processus de résistance anticoloniale.
Les chefs Duala entameront des mouvements de résistance sur le plan
juridique qui aboutiront à l'exécution de NGOSSO DIN et de Rudolf
DOUALA MANGA BELL le 08 août 1914. On peut donc conclure en affirmant que
comme toute autre administration coloniale occidentale, l'Allemagne n'avait
aucune intention de respecter les traités et autres accords conclus avec
les chefs autochtones, et ont eux aussi employé soit la ruse, soit la
force pour arriver à leurs fins.
CHAPITRE IV :
L'ADAPTATIONDE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCETRADITIONNELLEBAMOUNBAMUN
Ce chapitre se consacre à la présentation de
l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance
traditionnelle BamounBamun. Pour cela, il débute par les actes rebelles
du souverain NJOYA vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.
Cela nous permet d'apprécier les objections du RoiNJOYA
face aux pratiques religieuses chrétiennes et les relations ambivalentes
entre ce dernier et le missionnaire GÖRING. Par la suite, la perception de
l'administration coloniale allemande par le Roi NJOYA est ainsi établie
et nous interpelle sur la mutuelle admiration malgré les soubresauts de
l'histoire du Cameroun.
Dans la première section, nous parlerons des actes
rebelles du souverain NJOYA (Section I) et de sa perception
personnelle vis-à-vis de l'administration coloniale allemande
(Section II).
SECTION I : LESACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA
VIS-À-VISDEL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
En 1902, les BamounBamun, voulurent prendre les armes contre
les premiers visiteurs allemands ; NJOYA, conscient de la faiblesse des
siens face aux Européens, les obligea à les accueillir
pacifiquement et évita un bain de sang. Le souverain conçut une
politique dans laquelle il se donna le rôle d'intermédiaire
indispensable entre les autorités coloniales et son peuple :
« Si les tirailleurs arrivent au marché et qu'ils prennent
quelque chose, ou qu'ils frappent, ne vous (BamounBamun) fâchez pas -
leur dit-il laissez-moi l'affaire des Blancs »1187(*).Il put, par la suite,
tirer profit de ce premier contact chaleureux : c'est ainsi qu'il
récupéra, lors du conflit Germano-Bansoh de 1906, le crâne
de son père, le RoiNSANGU.
La décision du monarque eut d'autres effets plus
fondamentaux : les Allemands, premiers maîtres du Cameroun
instituèrent un système indirect d'administration qui allait dans
le sens de ce que les BamounBamun pouvaient espérer.
Le Roi perdit une partie de ses prérogatives au profit
des autorités coloniales, mais il garda des pouvoirs assez
étendus pour continuer à gouverner le royaume. Le droit de vie et
de mort ne lui appartenait plus et il devenait un intermédiaire entre
son peuple et le colonisateur. Il fallut évidemment travailler en
collaboration étroite avec les nouveaux maîtres dans le domaine
économique mais la coopération fut fructueuse. La
stratégie politique du RoiNJOYA a suscité de nombreuses
controverses : certains Français pensent que ce chef africain
était un « tyranneau » et un instrument de la
politique allemande. A l'inverse, les Allemands l'ont pris pour un remarquable
chef, intelligent et entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles
pour son pays. AucunEuropéen ne semble avoir pensé qu'il voulait
d'abord préserver sa population.
Et pourtant, lorsque, au cours de la Première Guerre
Mondiale, il devint vraisemblablement évident que ses `'amis'' allemands
étaient en train de la perdre, il favorisa les troupes anglaises en leur
faisant indiquer une voie d'accès à sa capitale. L'occupation du
territoire BamounBamun par les Britanniques fut trop brève pour que
NJOYA adopte une attitude précise face à leur administration.
Toutefois, dans la mesure où les Anglais pratiquaient aussi la politique
de « l'indirect rule1188(*) » comme les Allemands, leur
coopération avec le souverain BamounBamun aurait pu être tout
aussi fructueuse. Par contre, l'administration directe appliquée par les
Français allait avoir des conséquences catastrophiques sur leurs
rapports avec le pouvoir traditionnel.
Les objections du RoiNJOYA face aux pratiques religieuses
chrétiennes(Paragraphe I) mettront en lumière
les relations ambivalentes existant entre le Roi NJOYA et le missionnaire
GÖRING (ParagrapheII).
PARAGRAPHE I : LES
OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES
Par ses excellentes relations avec la Mission, NJOYA aidait
effectivement à la diffusion de la culture européenne dans le
pays. L'accent missionnaire fut surtout porté sur l'école, mais
les hommes ayant passé l'âge scolaire reçurent des
leçons pour devenir maçons, menuisiers, charpentiers. Les filles
reçurent des formations d'aide-infirmières au dispensaire et de
monitrices dans l'enseignement de filles.
Au début de 1914, il n'y avait pas moins de cinq
missionnaires à Foumban. L'Église comptait 272 membres.600
élèves fréquentaient les écoles missionnaires, dont
265 dans les annexes en dehors de la ville de Foumban1189(*), où l'oeuvre
était en train de se répandre1190(*).
Sous l'influence de GÖRING, NJOYA imposa même
à son pays une réforme révolutionnaire : la semaine
de huit jours fut réduite à sept, pour éviter que, de
temps en temps, les jours de marché ne tombassent sur un dimanche. Sur
le plan civil, ils collaboraient également dans ce sens que les actes de
mariages des couples chrétiens étaient contresignés par
NJOYA1191(*). En
dépit d'un relâchement des moeurs parmi les chrétiens,
résultant surtout de la vie de débauche des Allemands, ce qui
obligea les missionnaires à en excommunier un certain nombre, la
communauté chrétienne était profondément
constituée à Foumban1192(*).NJOYA apporte au pouvoir politique sa note de
sacralité en bricolant efficacement la modernité religieuse. Il
est à la recherche du grand récit, l'espoir d'une religion
nouvelle qui mêle confusément l'appel du muezzin, la cloche de
l'Église et le roulement des tambours animistes. Ce syncrétisme
marque son entrée inaugurale dans la mondialisation ; le rejet de
l'autre est proscrit dans sa pensée politique, l'«
endogénéisation » des apports extérieurs est
potentialisée.
Il précise sa pensée dans un exposé de
motif qui masque des expressions politiques modernes : « Dieu est
capable d'écouter la prise de toutes les races humaines dans leurs
langues respectives sans qu'il y ait besoin de parler la langue d'autrefois ;
car c'est lui qui a créé tous les hommes, qui les a dotés
du pouvoir d'inviter leur langue (....).
Ceux qui avancent que Dieu ne put pas écouter celui
qui prie en sa langue nationale parce que c'est une langue d'esclave et parce
qu'il n'a pas prié dans la langue des gens libres sont des menteurs.
Dieu est le Maître de tout ce que les hommes voient de leurs yeux : cela
est bien vrai ».Devant le talent du Roi NJOYA, l'historien
JosephKI-ZERBO s'exclame en ces termes : « Vraiment, dans ce
haut pays bamounBamun où l'air a une subtilité et une douceur qui
invitent à la procréation intellectuelle, NJOYA a
déployé jusqu'au génie la palette de l'esprit
africain »1193(*).
C'est pourquoi le RoiNJOYA n'a pas voulu changer certaines
habitudes sociales telles que la polygamie au sein de son
royaume(A-). Il voulait également baptiser
lui-même ses sujets (B-) et ajouter du vin de palme
à l'eau bénite (C-).
A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES
NOMBREUSES ÉPOUSES
Dans toutes les chefferies de la région de l'Ouest, la
polygamie est la règle.Depuis l'époque du Sultan NCHARE YEN,
fondateur de la dynastie BamounBamun en 1394, chaque fois d'un roi est
intronisé, c'est à la famille NJI MONCHOU que revient l'honneur
d'ouvrir le bal des prétendantes.
A l'arrivée de MBOMBO NJOYA, la seule
célibataire du clan avait...03 ans. Qu'importe, il l'a reçue
comme épouse, vu qu'on ne refuse pas de s'unir une « NJI
MONCHOU » ; il l'a laissée dans sa famille et a subvenu
à ses besoins. Quand elle a atteint la majorité, MBOMBONJOYA a
marié sa jeune promise à l'un des siens à la cour,
l'essentiel étant qu'elle y demeure. D'autres jeunes femmes lui ont
été proposées par la suite, leurs candidatures
étant soumises à un comité spécial. Seules les
réponses positives du roi sont rendues publiques.
« Humilier les recalées ne présente aucun
intérêt », explique un conseiller du roi. Plusieurs
fois ministre, ambassadeur et monogame pendant la trentaine d'années qui
a précédé son accession au trône en 1992 ;
l'actuel Sultan des BamounBamun, Ibrahim MBOMBO NJOYA, a aujourd'hui huit
autres femmes, âgées de 35 à 55 ans. Et s'il pourvoit aux
besoins des autres épouses de son prédécesseur de
père - qui en avait vingt-quatre, - aucune d'entre elles ne lui a
été donnée en héritage. NJI NCHARE Oumarou, le
Directeur des Affaires Culturelles du Palais des RoisBamounBamun dira
d'ailleurs : « L'époque où l'on
récupérait les femmes de son père est révolue. Les
unions du Sultan sont souvent la suite logique d'histoires d'amour ».
De nos jours, à Foumban, les reines sont actives et
occupent des fonctions de premier plan dans la société
BamounBamun : elles sont désormais administratrices de
société, infirmières, chefs d'entreprise,
commerçantes...Toutefois, elles se doivent d'avoir une influence
discrète et s'effacer derrière le Roi1194(*).
La polygamie est donc avant tout la garantie d'un statut
privilégié au sein de la société
BamounBamun(1-). Ainsi, les missionnaires ont effectué
une adaptation à la pratique de la polygamie qui fera émerger le
concept d'hybridité (2-).
1. La polygamie ou le socle d'un statut
privilégié dans la société BamounBamun
La polygamie provient du grec
« polugamia » composé des mots
« polù » qui signifie
« beaucoup » et « gamos » qui signifie
« mariage ». Pour cette raison, le terme désigne un
régime matrimonial où un individu est lié, au même
moment, à plusieurs conjoints1195(*). On parle de polyandrie lorsqu'une femme
épouse plusieurs hommes et de polygynie lorsqu'inversement,un homme
épouse plusieurs femmes.
La polygamie est plus spécifiquement associée
à l'homme. L'autorisation de la polygamie dans un Etat n'entraîne
pas que celle-ci soit majoritairement pratiquée. Au sein des
sociétés majoritairement polygyniques, de 60 à 80% des
foyers sont monogames « de fait » (et non « de
droit »)1196(*). En sciences humaines, le terme
« polygamie » est souvent employé par abus de
langage pour désigner la polygynie.La polygamie est à distinguer
des mariages de groupes, forme de polyamour impliquant plusieurs partenaires de
chaque sexe, et de la bigamie, situation dans laquelle une personne contracte
plusieurs mariages séparément, sans avoir juridiquement obtenu la
dissolution du précédent ou sans que les deux conjoints soient au
courant de cette situation1197(*).De nombreux pays tolèrent la polygynie sans
l'encourager ouvertement.
C'est le cas non seulement de la quasi-totalité des
pays à forte population musulmane à l'exception de la Turquie
(interdiction en 1926)1198(*) et de la Tunisie (interdiction en 1957), mais
également de quelques pays africains majoritairement chrétiens
et/ou animistes.Les pays musulmans d'Asie centrale étaient soumis
à l'interdiction de la polygamie du fait de l'ère
soviétique. Aujourd'hui les pays d'Asie centrale ont interdit la
polygamie, même si elle y est encore tolérée et
pratiquée.
Des pays comme le Sénégal autorisent le mariage
civil polygame mais l'homme doit choisir avant de se marier s'il souhaite faire
un mariage monogame ou polygame et ne peut pas revenir sur sa décision
une fois qu'il a choisi1199(*).
Lorsqu'il aborde la question de la polygamie dans la
société traditionnelle Fang, GeorgesBALANDIER1200(*) montre qu'elle est le
signe principal et la condition de tout accroissement de richesse. Cette
richesse détermine en partie le niveau de statut social et permet
d'acquérir une sorte de pouvoir personnel dans une société
très peu hiérarchisée.
Quelles peuvent être les raisons de la polygamie en
terre africaine ?
· Les raisons de la polygamie en
Afrique
Pour expliquer la polygamie en Afrique, plusieurs
théories sont avancées. Elles sont d'ordre économique,
reproductif, politique. D'après NorbertOKOUMA, la tradition orale
africaine la situe dans les temps très anciens. On peut selon lui,
l'expliquer à travers les guerres entre tribus qui avaient pour
conséquences d'une part l'extermination des hommes en particulier. Les
survivants prenaient alors plusieurs épouses ou alors les vainqueurs
enlevaient les femmes de leurs adversaires et les ajoutaient à celles
qu'ils avaient déjà.
Sur le plan économique, les tentatives d'explication de
la polygamie sont basées sur une perception ruraliste des
sociétés africaines, dans le cadre d'un mode de production
particulier qui relève très souvent d'une économie de
subsistance faiblement mécanisée dans laquelle le rôle des
femmes comme productrices de produits vivriers est important.
Cette idée est défendue entre autres par Ester
BOSERUP1201(*) qui
considère que vu sous cet angle, pour l'homme, la polygamie est peu
couteuse et surtout rentable car la femme est une ouvrière ayant un
rôle important dans l'agriculture.
Sur le plan politique, l'attention est portée à
la cohérence interne du système matrimonial et d'une organisation
sociale où le pouvoir est aux mains des aînés. C'est ce que
montre ClaudeMEILLASSOUX1202(*). En effet, la polygamie est perçue comme le
moyen de préserver le pouvoir des aînés sur les cadets dans
les sociétés où l'accès des femmes est
contrôlé par les aînés.
Elle permet aussi selon DIOP ABDOULAYE BARA1203(*) de s'allier à
plusieurs groupes et confère ainsi à l'homme un avantage
socio-politique. Elle peut être aussi le moyen de concilier les
préférences du groupe en matière matrimoniale et les
préférences individuelles et sentimentales. On retrouve notamment
cet aspect dans l'étude réalisée par SylvieFAINZANG et
OdileJOURNET1204(*).En
effet, dans leur travail sur le mariage polygamique en Afrique et en France,
les auteurs montrent que la plupart des hommes prennent plusieurs femmes comme
épouses sous la pression familiale et communautaire.
La polygamie représente aussi pour certaines
catégories privilégiées, une manière d'exposer aux
yeux de tous sa réussite et son prestige social. C'est ce que souligne
RaymondMAYER lorsqu'il étudie l'histoire de la famille gabonaise :
« La polygamie est liée à une circulation des biens
de prestige associée à la circulation des
femmes »1205(*). Tout comme chez les
« Fang » du Gabon et les « TegeAlima »
du Togo, la polygamie fait partie des éléments essentiels de la
société et de la religion traditionnelle chez les BamounBamun.
Elle est signe de puissance, d'autorité et de richesse.
· L'acceptation de la pratique de la polygamie
par le Coran et la consolidation de l'islam au détriment du
christianisme
Lorsque l'Allemagne chercha à conquérir les
territoires en Afrique, elle occupa le territoire du Cameroun en 1884, et en
fit une colonie en 1902. Pendant la période coloniale, la région
de l'Adamaoua et la région du lac Tchad furent gouvernées
à l'aide d'une présence militaire forte et de lois simples.
Les chefs musulmans locaux, appelés
« Lamido » dans la région de l'Adamaoua, et
« sultans » au Nord du Cameroun, restèrent en place
bien que leur influence fut plus limitée qu'au XIXème
siècle. Leur légitimité ne reposait plus sur d'autres
autorités musulmanes africaines.
Les institutions politiques locales du territoire
restèrent en place, de même que les lois islamiques et les
coutumes indigènes. Contrairement au pouvoir britannique au Norddu
Nigéria, la colonie allemande n'imposa pas de taxes ni de
réformes de l'agriculture avant 1913.Le Cameroun devint une colonie
française à la fin de la Première Guerre mondiale,et les
réformes agraires purent avoir lieu1206(*).Officiellement, la pénétration de
l'islam en pays BamounBamun remonte à 1906, date de la conversion du Roi
NJOYA qui adopte alors le titre de Sultan. La majorité de la population
suit son roi mais l'islam populaire BamounBamun reste profondément
imprégné du vieux fond animiste. Les Haoussas ont
contribué, les premiers,à l'islamisation du Sud du fait de leur
mobilité et de leur activité commerçante1207(*).
Partant de là, le Coran, le livre sacré de
l'islam limite la polygamie, autorisée d'abord pour protéger la
veuve et l'orphelin.
· Le contexte de la polygamie dans le
Coran
Le Coran en prend acte dans la Sourate 4, Verset 3 :
« Si vous estimez que c'est mieux pour les orphelins, vous pouvez
épouser leurs mères - vous pouvez épouser deux, trois ou
quatre.Si vous craignez que vous ne deveniez injuste, alors vous vous
contenterez d'une seule ou de ce que vous avez déjà. De plus,
vous êtes ainsi plus en mesure d'éviter des difficultés
financières ».
Ce verset est devenu « primordial »
après la bataille d'Ubud, qui avait entraîné de fortes
pertes chez les musulmans. Les survivants auraient alors épousé
les veuves et pris en charge les orphelins, la polygamie étant alors une
espèce d'assistance sociale.
D'après les Hadiths1208(*), le Prophète lui-même eut une dizaine
de femmes. Seule Aïcha, épousée, selon la Tradition, quand
elle avait cinq ans, était vierge lors des épousailles, le
mariage étant consommé quatre ans plus tard. Les autres
étaient veuves ou divorcées, et pour la plupart, ces mariages
étaient pour lui un moyen de contracter des alliances.
En réalité, dans le Coran, la polygamie est un
constat de fait apparaissant en de nombreux versets traitant de la situation
matrimoniale des Arabes puisqu'elle a toujours été
pratiquée selon le consensus coutumier, comme du reste pour tous les
systèmes patriarcaux ancestraux. En affirmant que le Coran autorise la
polygamie, voire pour certains la rend obligatoire, tout en la limitant
à quatre coépouses, l'Islam l'a de fait inscrite dans le Droit
musulman1209(*).
Toutefois, il est particulièrement important de
souligner que la législation musulmane soumet la polygamie à des
conditions qui sont extrêmement strictes et
rigoureuses que tout homme désireux d'être polygame doit
respecter.
· Les restrictions de l'islam en matière
de polygamie
Premièrement, l'équité prescrite par le
Verset 3 de la Sourate 4 du Coran. Ce verset indique que l'équité
est une condition pour l'autorisation de la polygamie. Si l'on craint de ne pas
être équitable à l'égard des épouses en cas
de polygamie, on doit se contenter d'une seule épouse.
L'équité requise consiste à assurer le même
traitement à toutes les épouses concernant les dépenses,
l'habillement, la cohabitation et d'autres affaires matérielles que l'on
peut maîtriser. S'agissant de l'équité dans l'amour, on
n'est pas tenu de l'appliquer. On ne la lui demande pas parce qu'il n'est pas
capable. Le Verset 129 de la Sourate 4 le témoigne :
« Vous ne pourrez jamais être équitables entre vos
femmes, même si vous en êtes soucieux (...) ».
Deuxièmement, la capacité d'assurer la prise en
charge vitale des épouses. Le Verset 33 de la Sourate 4 affirme :
« Et que ceux qui n'ont pas de quoi se marier, cherchent à
rester chastes jusqu'à ce qu'Allah les enrichisse par Sa grâce
(...) ». Dans ce verset, Allah a donné l'ordre à
celui qui n'est pas en mesure de se marier de rester chaste.
L'incapacité de se marier peut être due à
l'empêchement de fournir une dot ou à l'impossibilité
d'assurer la prise en charge d'une épouse1210(*). Partant du principe
probablement que les hommes sont, par nature, infidèles, l'islamologue
MARSHALL HODGSON a défendu l'idée que l'islam protège,
grâce à la polygamie, toutes les femmes épousées ou
mères de la même manière, et en accorde les mêmes
droits aux enfants, alors que la société occidentale
chrétienne a tendance à ne protéger que l'unique femme
légitime et ses enfants, les autres étant souvent exclus des
droits sociaux et de la succession1211(*). Dans ce contexte, on peut dire que la religion
musulmane rejoint la tradition BamounBamun, de prendre soin de tous les
orphelins, veuves et autres personnes vulnérables, qu'ils soient de
notre famille ou non.En d'autres termes, on ne peut parler de
« famille nucléaire » sans passer pour un
égoïste et un ingrat, car nous sommes tous le fruit de sa famille,
mais aussi de sa communauté. Et la polygamie permet d'inclure cette
solidarité de manière pratique et durable au sein des
familles.
Cependant, avec l'implantation du christianisme, la monogamie
sera exigée des adeptes de la religion catholique. Autrement dit, ne
peut recevoir les sacrements ou ne peut devenir chrétien que celui qui
est marié ou se marier à une seule femme1212(*). En outre, le
chrétien ne peut avoir qu'une épouse.
· L'implantation du christianisme ou le
combat contre la polygamie en pays BamounBamun
En vain NJOYA avait discuté avec le missionnaire, lui
expliquant que, dans son pays, les coutumes étaient différentes.
Depuis toujours, les hommes qui pouvaient le faire se procuraient plusieurs
épouses. Personne ne comprendrait qu'un chef, un notable ou un riche
n'eut qu'une femme. M.GÖRING avait écouté avec patience les
objections du roi, mais il s'était montré intraitable sur la
question du mariage chrétien.
En face des exigences du missionnaire, une idée
était venue au Mfon. Pour satisfaire M.GÖRING, il avait
installé quelques grands NJI dans des cases de servantes du cheval.
Parmi eux se trouvaient WAMBEN et MAHMA. Chacun y vivait avec une seule
épouse, les autres étant restées dans leurs villages.
De hauts personnages gravirent un matin le raidillon qui
conduit aux maisons des missionnaires. C'étaient les grands NJI qui
allaient se faire inscrire comme catéchumènes.Chacun emmenait
avec lui une épouse dont le nom devait figurer à
côté du sien, pour satisfaire les exigences du missionnaire. Sans
doute M.GÖRING fut-il étonné d'entendre les NJI lui exposer
les raisons de leur démarche, mais il s'en réjouit aussi
grandement1213(*).
Avant de se séparer d'eux, M.GÖRING expliqua encore aux NJI qu'ils
devaient suivre régulièrement son enseignement s'ils voulaient
recevoir un jour le baptême... LesNJI ne mirent pas beaucoup
d'empressement à suivre les leçons de leur ami blanc.
Bientôt, ils s'en fatiguèrent.
Les exigences de M.GÖRING dépassaient les bornes.
Il s'obstinait à vouloir leur imposer une seule femme à laquelle
ils devaient une fidélité absolue. Comment un NJI pouvait-il
concevoir une telle déchéance sociale ? Et aussi une telle ruine
? C'était se rabaisser au rang du dernier habitant ou d'un esclave. Qui
remplacerait les femmes dans les nombreux et indispensables travaux de la
maison et des champs ? Comment aussi, auraient-ils de nombreux enfants ?
Décidément, M.GÖRING ne semblait pas comprendre
l'énormité de ses exigences. NJOYA discuta gravement cette
affaire avec ses conseillers. Malgré tout ce qu'elle apportait de bon,
la religion du Dieu des Blancs ne paraissait pas aller pour les hommes.
Il était plus facile de suivre les enseignements du
Coran et d'accepter les moeurs des Foulbés. Là, rien ne les
obligeait à abandonner leurs épouses ni leurs vieilles habitudes
de seigneurs privilégiées. Pour les femmes, c'était
différent1214(*).En effet, avec l'implantation du christianisme, on
constatait que les femmes étaient plus fidèles à leur
mari, elles obéissaient à leurs ordres et ne se plaignaient plus
ou presque. Elles observaient le voeu de soumission tel que le recommandait la
Sainte Bible. C'était un point très positif observé par
tous les hommes BamounBamun mariés à des femmes
chrétiennes. Même le Sultan NJOYA en fit l'heureux constat.
Mais ils ne renoncèrent pas pour autant à la
polygamie et de ce fait, les missionnaires ont été dans
l'obligation de s'adapter à la polygamie.
2. L'adaptation des missionnaires face
à la polygamie1215(*)
Les missionnaires reconnaissaient ainsi que l'abolition de la
polygamie pouvait engendrer des conséquences sociales négatives.
Plus important encore, le missionnaire GÖRING ne voyait aucune
différence entre la polygamie et le mariage dans le sens de la
monogamie, ce qui est révolutionnaire, venant d'un missionnaire :
« En tant que telle, la polygamie est contraire à la
loi... de Dieu et doit être abolie. Mais l'on doit aussi dire, d'autre
part, que l'indissolubilité du mariage est tout aussi clairement
enseignée par la parole de Dieu. Tout comme la monogamie, un mariage
polygamique ne doit pas, en tout état de cause, être aussi
facilement dissous. Je crois que nous ne pouvons vraiment pas demander à
un homme de répudier aussi simplement les femmes qui lui ont offert leur
innocence, n'ont jamais été infidèles et qui mènent
une bonne vie conjugale chrétienne. Les hommes qui n'ont jamais
été infidèles et qui traitent leurs femmes
chrétiennes comme des épouses et les laissent s'exprimer, doivent
sans autre forme de procès, être acceptés s'ils demandent
à être baptisés. (Je souhaite que ce point soit
débattu en profondeur et que nous en
délibérions.)1216(*) »
Nous ne comprenons pas pourquoi le missionnaire GÖRING
condamne la polygamie, qu'il dit être absolument contre la loi de Dieu et
veut cependant maintenir le mariage polygamique comme une union
agréée par Dieu.
· L'ambigüité du missionnaire
Göring face à la polygamie
Le missionnaire GÖRING qui au début de cet
exposé considérait la polygamie comme une immoralité et
surtout la place de la femme dans ces conditions comme un signe de la
culpabilité de l'homme, place maintenant polygamie et monogamie au
même niveau. GÖRING considère ainsi la polygamie, sinon
comme voulue par Dieu, du moins comme une forme de mariage acceptée par
Dieu. A y regarder de près, il apparaît qu'avec cette citation, le
missionnaire GÖRING pensait à une catégorie
particulière de polygames.
GÖRING pense en effet aux hommes qui considèrent
« leurs femmes chrétiennes comme des épouses et les
laissent s'exprimer ». Il devient ainsi clair que le
missionnaire GÖRING pense aux polygames qui n'empêchent pas à
leurs épouses d'aller à l'Église. De tels hommes
doivent même être autorisés à recevoir le
baptême, selon lui. La polygamie cesse ainsi d'être un
péché.
Le missionnaire GÖRING confronté sur le champ
missionnaire à un problème concret, cherche, sans toutefois
l'exprimer clairement, une solution qui est en réalité
opposée à la position officielle de la direction de la Mission de
Bâle. Plusieurs missionnaires ont, en réalité,
indirectement critiqué la position de la direction de la mission dans
leurs rapports sur cette question1217(*). Il s'agit ici d'un cas typique d'hybridité
selon PatriciaPURTSCHERT1218(*).
Madame PURTSCHERT s'est servie du concept d'hybridité
d'Homi K. BHABHA comme base pour décrire l'attitude contradictoire des
missionnaires de la Mission de Bâle sur le terrain.
· Le concept d'hybridité selon HomiK.
Bhabha
« L'un des caractères marquants du
discours colonial est sa dépendance au concept de
« fixité » dans la construction idéologique
de l'altérité ». Ces mots de l'un des
théoriciens les plus influents du courant intellectuel qu'on
désigne par le terme de « postcolonial studies »
1219(*) veut amener
à sortir du modèle colonial de la représentation de
l'Autre en déconstruisant les structures de pensée et les
logiques héritées de la domination coloniale ; en finir avec
cette domination sous toutes ses formes en donnant toute leur place à
ceux et celles que le discours colonial a exclus.
L'hybridité, pour BHABHA, consiste en un
« tiers espace » où se créent de nouvelles
formes identitaires, transculturelles, et où règne l'ambivalence
plutôt qu'une simple et constante opposition1220(*).Dans son livre majeur,
« The location of culture »1221(*), HomiB.BHABHA revient sur
ces divers concepts, tout en nous invitant à repenser les questions
d'identité, de diversité, d'appartenance nationale, ainsi que le
rapport à l'autre en vue de les dépasser, grâce au concept
d'hybridité culturelle. C'est un penseur du mouvement et du
« tiers-espace ».
Il cherche à construire une pensée de l'espace
tiers, comme pensée de l'émancipation, qui tourne le dos à
l'analyse des situations coloniales en termes d'exploitation et de domination
et aux oppositions réifiées et stériles entre centre et
périphérie, identité et altérité1222(*)1223(*).
Le phénomène de l'hybridité est devenu
fondamental dans la société contemporaine. Dans le cadre
identitaire, on a trop souvent voulu rapprocher le terme
« hybridité » d'un certain multiculturalisme
utopique proclamant la cohabitation idéale de cultures
différentes.
Le théoricien hispano-allemand AlfonsoDE TORO signifie
clairement qu'hybridation et multiculturalisme ne sont pas synonymes1224(*). Pour DE TORO :
« l'hybridité doit s'entendre comme la potentialité
de la différence assemblée avec une reconnaissance
réciproque dans un territoire ou dans une cartographie
énonciatrice commune qui doit toujours être
ré-habité(e) et cohabité(e) à nouveau.
C'est-à-dire que, dans un espace transculturel de communication, se
négocient, se re-codifient et se re-construisent autrui,
l'étrangeté et le propre, le connu et l'inconnu,
l'hétérogène et l'uniforme »1225(*).
L'hybridité est donc un processus permanent, un
phénomène qui aborde différents concepts tels que celui de
la « multiculturalité », bien entendu, mais
également d'autres idées liées à
« l'interculturalité », « le
nomadisme », « l'altérité »,
« la transversalité »,
« l'interaction », « le dialogue »,
« l'hétérogénéité »1226(*). L'un des exemples les
plus frappants en terre africaine est le phénomène de la
« croix chrétienne » appelée le
« nkagi » ... Le christianisme a été
à l'origine du fait du chef, l'une des preuves les plus concrètes
est celle de la survivance d'un usage longtemps maintenu au Bas-Congo :
celui de faire figurer le « nkagi »1227(*) parmi les insignes de la
chefferie et notamment en tant que symbole du pouvoir judiciaire.
Le « nkagi », entre les mains du chef,
empêchait le pays de « périr » ; il
était l'objet d'un sacrifice de vin de palme, chaque année, lors
de la cérémonie consacrée aux morts1228(*) ; il servait au
moment de prêter serment. Il y a là un important
phénomène d'assimilation contre lequel les missions modernes,
à la fin du 19ème siècle, ont voulu
réagir en détruisant les « nkagi »
considérés comme de véritables
« fétiches »1229(*).
D'après les rares observations laissées par les
premières des missions contemporaines, nous savons que « ce
sont les féticheurs et les magiciens qui se sont emparés des
objets cultuels » introduits par les anciens missionnaires. En 1911,
telle statuette de SAINT ANTOINE est la propriété d'un
« médecin » des femmes enceintes ; celle-ci
« la couchaient sur leur sein afin d'avoir, soit un garçon,
soit une fille ; puis offraient une poule pour obtenir la faveur
sollicitée »1230(*).
Les statues de saints - Antoine DE PADOUE, saint portugais
par excellence, François, Bonaventure et Jacques
l'Apôtre1231(*)
- ont dû être largement diffusées en raison du culte qui
leur fut rendu dans le royaume de Kongo1232(*).
Le P. VAN WING signale simplement en 1911, l'apparition dans
la région du Stanley Pool d'un « fétiche »
nommé « Dombasi »1233(*) et destiné à
la lutte « contre les maléfices »1234(*).
La photographie ci-dessous témoigne de cette
hybridité. Les missionnaires KELLER et G.SPELLENBERG arborent le costume
traditionnel du peuple Bali. Deux cas de figure peuvent se présenter.
Figure N° 2
:Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant le costume
traditionnel Bali1235(*).
Source : Photographie prise en 1902 de Walker GOTTLOB
disponible sur le site
www.archivfuehrer-kolonialzeit.de
et consulté le 06 avril 2021. Cette photographie se trouve
également aux Archives de la Mission de Bâle en Allemagne.
D'une part, ils essayent de se rapprocher de cette culture
« étrangère » et d'être acceptés
par cette communauté. Ils veulent être considérés
non plus comme des étrangers mais plutôt comme des membres bien
intégrés. C'est ce qui explique la critique d'un apologue de la
colonisation comme Siegfried PASSARGE contre les missions chrétiennes en
Afrique. Il trouve en effet que celles-ci ne marquent pas assez la
différence entre les blancs et les noirs.
Commentant une image où un Européen tend les
deux mains à un Nègre fier, il la trouve représentative du
manque de dignité des cercles missionnaires. RICHTOFEN a la même
attitude que lui1236(*).
A contrario, on peut se demander si ce n'est pas une
stratégie pour mieux duper les consciences de ceux qu'ils sont
censés évangéliser, leur faire croire qu'ils sont des
frères, qu'ils partagent les mêmes valeurs.
On peut donc en déduire qu'il y a eu une sorte
d'« hybridité » de la part des missionnaires
allemands engagés dans la lutte coloniale qui devaient annoncer
l'Évangile, porter les valeurs bibliques et même temps, faire
accepter les « oppresseurs » d'une manière
« civilisée ».
Dans la suite de notre travail, nous nous
intéresserons donc au phénomène d'hybridité des
missionnaires face à la polygamie.
· L'hybridité des missionnaires face
à la polygamie
Les missionnaires rapportent volontiers ce que le
Comité veut entendre, mais ils prennent une autre attitude sur le
terrain, sans pour autant contredire ouvertement la position officielle du
Comité1237(*).
Le Comité attachait du prix à ce que ses missionnaires sur le
terrain ne se laissent influencer par la culture locale.
L'échec d'une telle attitude a été
analysé dans l'exploitation théologique de la première
partie. Le constat est clair : les missionnaires semblent ici s'arranger
avec la polygamie ou les polygames, tant que ceux-ci n'interdisent pas à
leurs épouses de prendre part aux cultes et qu'eux-mêmes
soutiennent directement ou indirectement l'oeuvre
d'évangélisation. Il est intéressant de noter ici que les
missionnaires ne se posent pas seulement la question, mais que le débat
s'engage aussi quant à l'accès des polygames au baptême. Le
débat n'a malheureusement pas été consigné sur
procès-verbal, ce qui est anormal1238(*). Les sources montrent clairement que quelques-uns
ont baptisé ou au moins ont pris part au baptême des
polygames1239(*).
Le pasteur autochtone JohannesDEIBOL parle d'une famille qui
fit appel à lui pour baptiser un polygame malade. Le polygame lui confia
qu'il souhaitait que ses péchés lui soient pardonnés.
Il se rendit à son chevet avec le missionnaire STOLZ de
la Mission de Bâle : « Pour que tous les deux parlions
de son désir... L'obstacle c'était ses femmes, car il ne savait
comment s'en débarrasser... Il promit ainsi qu'au cas où il ne
meurt pas, il répudiera toutes ses femmes sauf une... Lorsque nous
vîmes que sa mort était imminente, nous le baptisâmes et lui
donnèrent le nom de Noé en présence de M. Spering et de
toute sa famille »1240(*).
Et cet état des choses s'est vu accentué par la
religion musulmane qui autorisait les hommes BamounBamun à avoir
plusieurs femmes. C'est pour cela que l'islam a pu se répandre aussi
vite et aussi bien en pays BamounBamun jusqu'à nos jours. D'ailleurs,
les BamounBamun jouent aujourd'hui un rôle important dans la diffusion de
l'islam, amplifié par leur proximité culturelle avec les autres
populations méridionales.
Par ailleurs, le Roi NJOYA voulait également imprimer
sa marque dans le processus du baptême chrétien.
B. LE ROINJOYAVOULAIT BAPTISER
LUI-MÊME SES SUJETS
Le baptême est une pratique religieuse
étrangère pratiquée par les missionnaires mais qui
existait déjà au sein des sociétés africaines. En
pays BamounBamun, on évoque des initiations tribales qui marquent le
passage du domaine profane au domaine sacré.
Bien entendu, il s'agit du même schéma parce
qu'il s'agit de détruire la personnalité ancienne pour
accéder à une personnalité nouvelle, supérieure,
donc d'une mort et d'une renaissance et les mêmes séquences
rituelles qui vont des rites de séparation1241(*) à des rites
d'agrégation1242(*), en passant par des rites de marge1243(*).Pour les initiations
religieuses, les rites de rupture avec le monde profane prennent la forme d'un
bain dans le marigot, de la destruction des anciens vêtements et du port
de vêtements nouveaux, etc., à la suite d'un appel de certains
dieux, cet appel pouvant prendre la forme d'un rêve, d'une maladie, de
troubles dans la vie familiale1244(*). La religion en tant qu' « ensemble
des croyances ou des dogmes et des pratiques cultuelles qui constituent les
rapports de l'homme avec la puissance divine ou les puissances
surnaturelles » est une donnée permanente qui va de pair
avec l'histoire de l'humanité.
Dans ce registre, L.V. THOMAS qui, en posant ce qu'on
pourrait appeler une anthropologie du rite, avançait les propos que
voici : « On ne saurait concevoir la religion (africaine)
sans rites pour diverses raisons. Tout d'abord parce que la religion pour
être vivante et active doit s'exprimer dans des comportements liturgiques
socialement codifiés, le plus souvent visibles par tous (sauf dans
quelques séquences particulières sacrées
réservées aux seuls initiés). Ainsi, le rite authentifie
la croyance en même temps qu'il l'entretient.
Ensuite, et cela est vrai en Afrique plus encore
qu'ailleurs, parce que le corps demeure l'instrument privilégié
qui médiatise le sacré dans sa dimension immanente ; par le
rite, le numineux devient particulièrement vécu corporel et le
négro-africain n'imagine pas de rites (du moins pour les plus
importants) sans certaines postures corporelles, sans rythmes ni danses. Enfin,
parce que le rite c'est le mythe qui fait chair : langage d'une
expérience émotionnelle le plus souvent collective attestant la
présence du numineux, le rite reste avant tout l'incarnation du
mythe »1245(*).
Ainsi, on pourrait affirmer que les sociétés
d'Afrique noire traditionnelle trouvent leur essence dans le rite car on se
rend compte qu'aucune activité de la vie sociale n'échappe
à l'emprise du rite1246(*).
C'est pourquoi nous avons voulu connaître la
signification du baptême et son importance dans la société
traditionnelle africaine (1-). Par ailleurs, nous nous sommes
interrogés sur la modification des habitudes sociales en pays
BamounBamun due à l'adoption des rites
chrétiens(2-).
1. La signification du baptême
Le mot « baptême » vient d'un verbe
grec, « baptizein », qui veut dire
« plonger ». On appelle donc ce sacrement par son rite
central : la plongée dans l'eau, signe d'un changement de vie
radical. CommeJésus à Pâques, et avec lui, le
baptisé plonge dans la mort pour renaître à une vie
nouvelle, la vie de Dieu1247(*).
Le baptême ou baptême d'eau est un rite ou un
sacrement symbolisant la nouvelle vie du croyant chrétien. Il est
partagé par la quasi-totalité des Églises
chrétiennes, étant donné son importance dans les textes
bibliques.
L'eau symbolise à la fois la mort par noyade des
baptisés dans leur ancienne vie caractérisée par le
péché, et leur nouvelle naissance dans une vie nouvelle et
éternelle1248(*). Pour le catholicisme et l'orthodoxie, le
baptême est le sacrement de la foi en Jésus-Christ par lequel le
chrétien est sauvé, purifié du péché, en
devenant enfant de Dieu.
La première signification est celle des eaux de la
mort. « L'eau est figure de la mort »1249(*), l'analogie la plus
importante est celledu Déluge. De même que l'eau du Déluge
a détruit le monde pécheur, de même l'eau du baptême
détruit l'homme pécheur. Une autre analogie est celle de la
traversée de la Mer Rouge : les eaux de la mer détruisirent
le Pharaon et ses troupes ; de même, l'eau du baptême
détruit les démons qui dominaient l'homme.
Une autre conception est voisine de celle-ci : pour la
cosmologie hébraïque, la Terre est placée sur les eaux
inférieures, qui sont les Enfers, le royaume de la mort. On peut
rapprocher de ce thème celui de l'eau purificatrice, bien qu'il soit
d'une autre origine.
L'eau du baptême signifiera alors la destruction de la
souillure originelle1250(*).La seconde ligne est celle des eaux de la vie. Elle
est en relation avec l'eau en tant qu'elle suscite et entretient la vie.
D'après la Genèse1251(*), les êtres vivants sont nés de l'eau.
Par ailleurs, selon SaintAmbroise, l'eau du baptême suscite une nouvelle
créature1252(*). L'eau du baptême est aussi comparée
aux fleuves du paradis1253(*), au bord desquels poussent des arbres de vie.
ÉZÉCHIEL montre dans les temps messianiques un
fleuve d'eau jaillissant du rocher du Temple et se répandant dans le
désert de Judas, où il fait pousser des arbres de vie, et dans la
Mer Morte, où il fait pulluler les poissons1254(*). Le Christ applique cette
prophétie au baptême1255(*). Dans cette perspective, l'eau est souvent
associée à l'Esprit : « nul, s'il n'est
créé à nouveau de l'eau et de l'Esprit, n'entrera dans le
Royaume »1256(*)1257(*).
Ainsi, nous nous sommes interrogés sur la
cérémonie du baptême dans la société
traditionnelle africaine.
· La cérémonie du baptême
dans la société traditionnelle africaine
La cérémonie de baptême d'un nouveau
bébé est l'un des plus importants rites de passage dans la vie.
Dans la société africaine traditionnelle, la
cérémonie de baptême annonce la naissance d'un
nouveau-né, introduit l'enfant dans sa famille élargie et dans la
communauté plus large, et surtout, il donne un nom à l'enfant.
Le nom donné à un bébé peut avoir
une influence durable sur leur personnalité et leur éducation.
Choisir le nom d'un enfant est une tâche importante pour les parents.Pour
l'art africain, la cérémonie de baptême est un rite
d'initiation qui sert d'accueil.
La plupart du temps, cette célébration se passe
avec un sacrifice de mouton, chèvre, vache, est nécessaire pour
satisfaire les ancêtres avec le sang de l'animal en même temps pour
nourrir les invités, cet évènement est plus ancien que
l'ère du Christ et toutes les autres religions.
La cérémonie commence avec la reconnaissance et
la divination des ancêtres, suivie du nom de
« donner » et de planter une plante vivante pour
représenter la vie et la survie. Les noms africains traditionnels ont
souvent des histoires uniques derrière eux. Depuis le jour ou l'heure de
la naissance du bébé jusqu'aux circonstances entourant la
naissance, plusieurs facteurs influencent les noms que les parents choisissent
pour leurs enfants. Quel que soit le groupe ethnique que vous regardez, les
noms locaux révèlent une mine d'informations sur le porteur.
Parmi plusieurs groupes ethniques, choisir des noms peut
être influencé par des circonstances positives ou négatives
dans lesquelles se trouve la famille au moment de la naissance d'un enfant.
Souvent, ces noms sont des phrases complètes. Par exemple, si l'enfant
est né un vendredi, le bébé peut être nommé
« adjuma » qui est un nom commun dans la tribu des
« Wolof ».
« Kiptanui » et
« Cheptanui » sont souvent donnés aux
bébés dont les mères ont pu avoir éprouvé
des difficultés extrêmes pendant l'accouchement parmi le groupe
ethnique de « KaleNJIn » au
Kenya.« Lindiwe » qui signifie « Nous avons
attendu » est un nom « Isizulu », souvent
donné à une petite fille après une longue lignée de
garçons. « Ayuji » qui veut dire
« né sur un tas d'ordures » est un nom
« haoussa » donné à un bébé
après ceux qui sont nés avant qu'il ne puisse survivre. On croit
que donner un nom « terrible » à l'enfant va tromper
les mauvais esprits en leur faisant croire que l'enfant n'est pas aimé
et, par conséquent, lui permettre de vivre.
L'enfant ne commence officiellement à exister que
lorsqu'il a été nommé dans le cadre de son rite de
passage, c'est-à-dire la cérémonie de
baptême1258(*).
En pays « Yoruba », la cérémonie de
baptême est appelée « Ikomo jade », qui
signifie « La sortie de l'enfant ». Elle se déroule
une semaine après la naissance, dans la maison du père. Le
bébé est présenté à l'assistance par sa
mère. Outre les discours d'accueil de l'enfant, on utilise de l'huilede
palme, du sel, de la noix de cola ou du miel et chacun de ces produits est
censé faciliter la vie future du bambin1259(*).
« Ayodele » qui veut dire « La
joie est revenue à la maison » est un nom unisexe pour un
bébé dont la naissance a apporté le bonheur à leurs
parents « Yoruba » au Nigéria.
« Adetokunbo » qui signifie « La
couronne/richesse est revenue à la maison » est un nom
« Yoruba » unisexe souvent donné à un enfant
né à l'étranger1260(*).
En pays BamounBamun, comme partout ailleurs, chaque individu
est désigné par un nom. C'est au père, chef de la famille,
qu'il appartient de choisir le nom de l'enfant qui vient de naître. Il
choisit un nom ayant déjà été porté par ses
ancêtres ou par les grands-parents.
L'enfant ne prend presque jamais le nom de son père,
car ce dernier doit toujours chercher à honorer la mémoire des
ascendants décédés1261(*).Le père peut aussi donner à l'enfant
le nom d'un ami décédé ou vivant, en témoignage de
leur amitié. Si l'ami est vivant, il reconnaitra cette intention en
offrant des présents au nouveau-né.
Lorsque le père géniteur d'un enfant qui vient
de naître a son propre père vivant, c'est à ce dernier que
revient l'honneur de choisir un nom pour le nouveau-né. A
côté du nom, le BamounBamun d'aujourd'hui porte un nom musulman
s'il est musulman, ou un prénom chrétien s'il est
chrétien.
Chez lesBamounBamun, c'est le prénom qui est le plus
employé. Si un individu porte le nom de GBENTKOM et le prénom
d'OUMAROU, on l'appellera presque toujours OUMAROU. Une autre habitude
très répandue consiste à désigner un individu par
son nom suivi de celui de sa mère. SiGBENTKOM a pour mère
MFÙT, parlant de lui, on dira GBENTKOMMFÙT.
Dans les familles musulmanes, le nom est attribué
à l'enfant le septième jour après sa naissance, au cours
d'une cérémonie. A la cérémonie de la prise de nom,
les parents, les voisins et les amis se réunissent. Tous ceux qui
arrivent font l'aumône à l'entrée de la maison.
Ils déposent dans une assiette de l'argent, des colas,
des noix de palmistes, etc.Ces aumônes seront distribuées aux
pauvres qui prieront Dieu pour lui demander de bénir le
nouveau-né. Le père de l'enfant fait égorger un
bélier pour célébrer la naissance de son enfant. L'imam,
le chef de la communauté musulmane ou son assistant récite une
prière à Dieu pour qu'il prenne sous sa protection celui qui va
recevoir son nom. Les réjouissances succèdent aux rites
religieux.
Partant de cette définition, on a assisté
à la modification des habitudes sociales en pays BamounBamun dûe
à l'adoption des rites chrétiens.
2. La modification des habitudes
sociales en pays BamounBamun dûe à l'adoption des rites
chrétiens
Le veau d'or réduit en poudre, que durent avaler les
Israélites, montrait aux hommes qu'ils ne doivent pas mettre leur
confiance dans les fétiches. C'est ce récit qui donna à
MANGWELOUNE le courage de refuser l'eau du "soldat" que WAMBEN obligeait ses
femmes de boire de temps en temps.
Le « soldat » était un morceau de
bois rougi à ses deux extrémités dont on faisait couler un
liquide qui avait la vertu de chasser les mauvais esprits. Ceux qui refusaient
de le boire tombaient sous la grave accusation d'être des
sorciers1262(*). Une
nouvelle communauté vivait maintenant dans la cité des Mfon. On y
voyait des hommes et des femmes, des nobles et des esclaves s'asseoir ensemble
sur les mêmes bancs, boire certains jours à une même coupe.
Sur le pays passait un esprit jusqu'alors inconnu, soufflant
comme un vent subtil, aussi bien au palais que dans la plus pauvre case. Les
chrétiens abandonnaient, le peuple ne savait trop pourquoi, les biens
les plus recherchés.
C'est ainsi que le prince POPUERE avait renié le
« Ngueri », dont il était le chef, laissé
quatre épouses pour n'en garder qu'une, abandonné à
d'autres des fillettes achetées par lui pour en faire plus tard ses
femmes.
POPUERE devait pourtant savoir qu'en faisant cela, il bafouait
les coutumes du pays, humiliait la famille royale. Même dans les harems
des grands NJI pénétrait une atmosphère jusque-là
ignorée. Les femmes chrétiennes accomplissaient plus
consciencieusement leur tâche, évitaient les querelles. Le soir,
elles se réunissaient souvent pour chanter. Voyant cela,
NJAPNDOUNKÉ1263(*) avait confié plusieurs fiancées du
Mfon à MmeGÖRING pour qu'elle leur enseignât les coutumes des
Blancs. Il est vrai que les NJI n'étaient pas toujours contents du
nouvel état de choses.
Si leurs épouses chrétiennes étaient
fidèles, elles désobéissaient aussi avec obstination quand
ils voulaient les obliger à consulter l'araignée, à boire
des médecines-fétiches données par le sorcier, à
offrir des sacrifices aux ancêtres.
Aussi n'était-il pas rare de voir l'une ou l'autre
d'entre elles, maltraitées, chercher refuge sur la colline de
Njissé1264(*).
NJOYA avait voulu créer une communauté à lui.
On affirmait même qu'il avait demandé au
missionnaire l'autorisation de baptiser lui-même ses gens avec du vin de
palme, en utilisant sa corne à boire. Maisle pasteur avait rejeté
sa demande.1265(*)
Le Roi NJOYA avait évoqué l'idée selon
laquelle le baptême des fidèles de l'Église du missionnaire
GÖRING devait se faire suivant les rites africains c'est-à-dire en
y incluant du vin de palme.
C. LE ROINJOYAVOULAIT AJOUTER DU VIN DE
PALMEÀL'EAU BÉNITE
Le « tchapalo » ou encore
« dolo » est une boisson obtenue à partir de la
fermentation du mil ou du sorgho rouge germé, puis cuit à l'eau.
Cette boisson est consommée au Mali, dans le nord de la Côte
d'Ivoire, en Guinée, au Burkina Faso et dans bien d'autres pays de
l'Afriquede l'Ouest. Les jeunes le consomment souvent et lui ont donné
le diminutif « Tchap » mais originellement c'est une
boisson bue durant des cérémonies traditionnelles. La fabrication
du « tchapalo » est réservée aux femmes de
plus de 40 ans qui ont été initiées. Le degré
alcoolique de cette bière tourne autour des 4 et 6 %.
Dans des pays tels que la République
Démocratique du Congo, on retrouve plusieurs saveurs de ces boissons
locales alcoolisées. Entre autres, le « lokoto »,
boisson à très forte teneur d'alcool provenant de la distillation
de grains de maïs fermenté, associé à du manioc et
bien d'autres ingrédients qui font sa particularité. Nous avons
également le « lunguila » qui est une variante de la
liqueur à base du jus de la canne à sucre et bien d'autres
boissons aussi fermentées les unes que les autres. Dans chaque
région de l'Afrique, vous aurez une boisson locale empreinte de
tradition. Ces différentes boissons sont consommées lors des
cérémonies particulières1266(*).
Nous avons par exemple le « Koutoukou »
appelé « gbele » en Côte d'Ivoire,
« akpeteshie » au Ghana et le
« sodabi » au Bénin1267(*). C'est une eau artisanale
obtenue grâce à la distillation de bourgeons de rônier, de
palmier à huile ou de raphia. Cette liqueur est très
consommée au Bénin. Traditionnellement, cet alcool africain a sa
place lors de cérémonies religieuses ou de grandes occasions
à célébrer1268(*).
Nous pouvons aussi parler du « Tedj1269(*) » en
Éthiopie. Il s'agit de l'hydromel, la plus ancienne des boissons du
monde. C'est une boisson obtenue par fermentation du miel avec de l'eau :
1 litre de miel pour 4 litres d'eau. La boisson obtenue est jaune
orangée, elle peut titrer de 8% jusqu'à 15% d'alcool dans les cas
les plus forts. L'hydromel est la boisson des sages, une boisson divine, la
boisson des sacrifices. Dans d'autres pays africains, on peut rajouter du
piment pour apporter de la force : c'est la boisson par excellence
à consommer après les combats.
Boisson sacrée, l'hydromel a toujours sa place dans
beaucoup de tribus au cours de rituels1270(*).Mais la boisson la plus appréciée
reste le vin de palme. Très populaire, le vin de palme est
consommé à travers tout le continent africain. Le vin de palme
est une boisson alcoolisée obtenue par fermentation naturelle de
sève de palmier. C'est une boisson traditionnelle dans la plupart des
régions tropicales. Au Cameroun, il porte plusieurs noms à
savoir : mimbo, matango, mbuh, sodébi (donnant l'odontol une
fois distillé)1271(*).
Ainsi, posons-nous les questions suivantes :
qu'est-ce-que le vin de palme et pourquoi le
consomme-t-on(1-) ? Et pourquoi le RoiNJOYA voulait
ajouter du vin de palme à l'eau bénite (2-)?
1. Origine et symbolique du vin de
palme
Le vin de palme est très répandu en Asiedu
Sud-Est, en Afriquedu Nord surtout dans les régions proches du Sahara
ainsi qu'en Afrique subsaharienne. La sève est extraite de
différentes espèces de palmiers : le palmier dattier au
Maghreb, le palmier à huile africain1272(*)et le rônier1273(*) en Afrique, le palmier
sucrier1274(*) ou le
palmier de Palmyre en Inde du Sud et en Asie du Sud-Est,le nypa1275(*) dans les zones de
marécages et les mangroves, le raphia1276(*), le cocotier1277(*) ailleurs. Le
« Jubaea chilensis » était utilisé au Chili
mais il est maintenant protégé.Lorsqu'il vient d'être
récolté, le jus est de couleur blanche et laiteuse, doux et
plutôt sucré. Au fil des heures, la fermentation s'accroît,
le vin produit devient pétillant, fort, parfois après, et prend
une teinte plus foncée. Par son goût et sa légère
effervescence, le vin de palme est plutôt proche d'un cidre que d'un
vin1278(*).A quels
enjeux la consommation du vin de palme est-elle liée ?
En Afrique, le vin de palme est souvent associé
à des cérémonies de mariage, des rites coutumiers ou
religieux. Ainsi dans certaines tribus, la dot exigée au futur
marié comprend des dames jeannes de vin de palme. Le vin de palme
symbolise l'union éternelle entre les époux1279(*). La mariée en
offrant un verre de vin de palme à son père scelle leur union
à tout jamais.
De manière générale, cette conception
traditionnelle de la boisson1280(*) est expliquée par le géographe
français Alain HUETZ DE LEMPS1281(*) : « Pour de nombreux groupes
ethniques d'Afrique Noire, la boisson est au centre de la convivialité
et des relations sociales et devient parfois l'élément central
des manifestations rituelles et des cérémonies
religieuses »1282(*).
Au cours des fêtes, le vin de palme est souvent
utilisé en ouverture. Il est répandu sur le sol et est
destiné aux ancêtres qui ne sont pas oubliés1283(*). Dans certains villages du
Cameroun, une certaine quantité de tout le vin exploité doit
encore être offerte au chef du village. De plus, le fait de partager du
vin avec « le patron » du village est
considéré comme un signe de fidélité et d'hommage.
D'ailleurs, la vie sociale tourne autour du kiosque à vin de palme, un
lieu qui jouit d'une popularité similaire aux salons de thé
européens1284(*). L'une des raisons pour lesquelles le vin de palme
est si populaire est l'importance de ses propriétés.
C'est une boisson non seulement particulière pour la
saveur qui la distingue mais aussi pour les bienfaits qu'elle apporte à
l'organisme et pour ses propriétés. Du point de vue des sels
minéraux, cette boisson est riche en fer et en potassium, deux
micronutriments pour une bonne santé.En raison de son profil
nutritionnel, il semblerait en mesure d'améliorer la santé
oculaire, au point que dans les villages où il est habituellement
consommé, on dit que les personnes âgées ont une vue
incroyablement précise.
La présence des sels minéraux est utile pour le
bon fonctionnement de certaines cellules de notre corps, tout en maintenant un
coeur sain, et est capable de contrôler l'hypertension artérielle.
Dans de nombreuses régions où le vin de palme est couramment
consommé, il est considéré comme un aphrodisiaque
très puissant, mais ses bienfaits pourraient aller plus loin : une
étude récente aurait montré que le vin de palme peut
protéger les personnes souffrant de dysfonction érectile et
d'impuissance dûe au diabète de type 2. Mais nous avons voulu
aller plus loin en nous interrogeant sur la symbolique du vin de palme.
Concernant la symbolique du vin de palme, nous nous sommes
penchés sur la célébration des morts qui requiert ce
précieux breuvage.Au Congo Brazzaville par exemple, le gardien de la
maison part chercher le « tsamba », le vin de palme, sert
un gobelet et va sur la tombe échanger avec eux, et leur verser un peu
de vin. Puis, il revient et commence à verser de petites lampées
à différents endroits de la maison où les ancêtres
ont l'habitude de siéger.Sur la terrasse, sur le pas dela porte, dans la
cuisine, à côté du feu, au pied de certaines chambres, mais
pas toutes, car il sait dans quelles chambres ils ont l'habitude de se
retrouver1285(*).
· Célébration de la fête des
morts en Guinée Bissau
Pour mieux illustrer ce phénomène, nous avons
évoqué en premier lieu la célébration de la
fête des morts en Guinée Bissau.Pour les
« Manjaku », peuple originaire de la Guinée Bissau,
« Kakaaw » est la fête des ancêtres et se
prépare toute l'année. Tous les six jours1286(*), tous les pères de
famille du village emmènent une bouteille de vin de palme1287(*) au sanctuaire du plus
grand dieu du village1288(*) pour une libation. Cela se fait pendant plusieurs
semaines. Après cela, ils décideront du jour où chacun
apportera un coq pour un sacrifice. A l'issue de ce sacrifice collectif, le
jour de la fête des morts sera fixé et les libations hebdomadaires
seront arrêtées.La fête est célébrée
généralement au mois de mai sur les pieux des ancêtres, le
sanctuaire qui leur est dédié. Dès le matin, les femmes
préparent l'offrande1289(*) du « kanukan », plat
composé de riz et de poisson séché. Après la
cuisson, on asperge le riz d'huile de palme. Avant de goûter au plat, il
faut d'abord l'offrir aux ancêtres. C'est au père de
famille1290(*) qu'il
revient d'officier en qualité de prêtre sur les pieux des
ancêtres.
Entouré de toute la famille, il fait une libation et
s'adresse aux esprits pour demander leur protection pour toute la famille.
Puis, il prend une poignée du riz de l'offrande et le dépose
à côté des pieux, geste par lequel il donne à manger
aux ancêtres. Suivent alors les réjouissances. On mange le riz de
l'offrande et on se partage le vin de la libation. Ces
célébrations se font dans chaque famille, car, dans chacune
d'elles, existe un sanctuaire dédié aux morts où chaque
pieu représente un ancêtre1291(*).
Par la suite, nous avons étudié le culte des
ancêtres chez les « TegeAlima » du Togo qui rendent
hommage à leurs morts à travers de nombreuses offrandes dont le
vin de palme.
· Le culte des ancêtres chez les
« TegeAlima » du Togo
Le culte est l'ensemble des cérémonies par
lesquelles les fidèles d'une religion déterminée rendent
hommage à Dieu et éventuellement aux Saints. Ici en pays
« Tege », l'hommage aux ancêtres est
caractérisé par les offrandes qui leur sont destinées.
Il assure la communion permanente avec les esprits ancestraux
et permet de maîtriser, de consolider les liens du clan dans le
système lignager. Cet hommage aux ancêtres est rendu dans
plusieurs domaines de la vie du « TegeAlima ». Il est rendu
par les vivants aux ancêtres défunts par des rites
appropriés et parfois par des sacrifices : libation,
dépôt de vin, des habits derrière les maisons ou sur les
tombes.
A ce propos, R. LUNEAU écrit :
« Presque partout en brousse africaine, on ne boit jamais de vin
de palme ou de bière de mil sans verser quelques gouttes à terre
pour les défunts, on évite de jeter de l'eau chaude sur le sol de
la case pour ne pas brûler les âmes des défunts
favorables1292(*) ».
Il convient de signaler que certains rites accomplis, comme
libations sont des symboles de solidarité, de communion, de souvenir, de
respect envers les aïeux, mais aussi un moyen de se procurer une fortune
auprès d'eux. L'oubli des ancêtres peut avoir des
conséquences néfastes dans la vie ordinaire du
« Tege ». Malheur, malchance, infécondité,
insuccès dans les affaires peuvent affecter l'oublieux. Chaque famille
ou clan a traditionnellement des personnes pour accomplir ces rites. Les
ancêtres peuvent, parfois, par le canal d'un
« voyant » du village nécessiter aux vivants ce dont
ils ont besoin.
La non-observation d'une telle demande ou d'offrir un tel
sacrifice peut entraîner des conséquences négatives. Et
l'on peut assister à des cas d'envoutement, de stérilité
ou de grandes épidémies qui s'abattent sur la contrée.
Certains auteurs ont vu dans ce culte, des analogies avec les dévotions
envers les saints. C'est ainsi que les ancêtres sont
considérés comme les « Saints de nos
familles »1293(*). Le Pape BENOÎT XVI a lui aussi
comparé ce culte des ancêtres au culte des Saints :
« L'ÉgliseCatholique, souligne le Pape Benoît XVI, a
beaucoup de choses en commun avec les religions traditionnelles africaines.
Disons que le culte des ancêtres trouve sa réponse dans la
communion des saints, dans le purgatoire. Les saints ne sont pas seulement
canonisés, ce sont tous nos morts1294(*) ».
Malheureusement, un constat général nous pousse
à dire avec conviction qu'avec l'évangélisation, certains
éléments de la religion traditionnelle ont disparu et
disparaissent petit à petit au profit de la nouvelle religion
catholique.
Sur ce, Jean-MichelELELAGHE écrit :
« Le christianisme se présente comme une machine
implacable pour la destruction de la religion traditionnelle et des assisses
philosophiques de la société (...). Dans les écoles, on
apprend aux jeunes à mépriser les pratiques sauvages de leurs
parents et de leurs ancêtres. L'administration et la mission conjuguent
leurs efforts pour la destruction des organisations politico-militaires et du
culte des ancêtres, les missionnaires sur leur terrain s'attaquent plus
spécialement à ce dernier1295(*) ».A ce propos, un théologien
africain, NKONGOL WA MBIYE affirme : « JésusChrist
est donc au-dessus de tous les esprits. Il est notre esprit (ancêtre)
à nous par ce que nous sommes (...) Le grand esprit (ancêtre)
reste toujours le Christ, l'enfant de Dieu mortet ressuscité. Il est le
premier né d'entre les morts1296(*) ».
En outre, les « nganga » ou
féticheurs de la religion traditionnelle sont de moins en moins
fréquents, ils ont perdu, pour ainsi dire leurs clientèles. Le
nouveau chrétien s'adresse à Jésus et trouve en lui les
grâces dont il a besoin. Il fréquente l'église et par
nécessité se confie au prêtre.Dans cette optique, certains
rites traditionnels comme les libations, le sacrifice de tels ou tels animaux
aux profits des anciens sont encore accomplis par une petite minorité
non chrétienne, mais de moins en moins1297(*).Le Roi NJOYA, en tant
qu'innovateur et visionnaire, n'entendait pas agir de manière
crédule vis-à-vis des habitudes des missionnaires. C'est pourquoi
nous nous sommes interrogés sur le fait qu'il voulait inclure du vin de
palme à l'eau bénite.
Pourquoi cette revendication de sa part ?
2. Pourquoi le RoiNjoya voulait ajouter
du vin de palme à l'eau bénite ?
En Afrique, la consommation du vin
de palme est presque toujours collective. Il peut s'agir des membres de sa
famille ; famille au sens large du terme1298(*). Ainsi, dans toutes les
cultures, « manger la même nourriture équivaut
à produire la même chair et le même sang, faisant ainsi de
nous des commensaux plus semblables et nous rapprochant l'un de l'autre (...).
Si manger un aliment nous change un peu en lui, alors le partage d'une
même nourriture nous fera davantage nous ressembler les uns aux
autres ».
Cela entraîne un moment de fraternité,
d'union1299(*).
D'après l'« Histoire et coutumes des BamounBamun », article
109 : « Lorsque la mère d'une femme rù shi (forme
spéciale de dot) meurt, son gendre doit aller aux lamentations avec une
chèvre vivante, il doit préparer le « pen »,
faire cuire une autre chèvre ; on tue ensuite un poulet, on
prépare du « pen », cela c'est pour « Nkut
Nyi », et une calebasse de vin pour « Nkum Shi »
et un coq pour « Mùntgu ». Puis le gendre, portant
« nkùete » et coiffé d'un
« njo », arrive dans la cour rapidement. S'il tombe, que la
chèvre s'échappe, que la terre souille son visage, que le panache
se retourne vers son dos et que son bâton se casse, il feint d'être
honteux et les gens rient beaucoup ». « Si la
belle-mère du roi meurt, on fait cuire une grande chèvre, on
prépare du « pen », on amène une
chèvre vivante, un coq et une calebasse de vin.
« Taafon » arrive avec « Mùnjemndù
pùte » ; les princes soufflent dans leurs cornes, les femmes
royales dansent.On donne un coq à « Taafon » et une
calebasse de vin ; puis on donne un coq et un bouc pour les princes qui jouent
et une calebasse de vin pour les femmes royales »1300(*). Le vin de palme
apparaît ici indispensable dans la célébration des
funérailles en pays BamounBamun et témoigne de sa
« noblesse » en tout temps et en tout lieu.
En outre, la consommation du vin de palme s'avère
aussi pour le touriste des retrouvailles avec un environnement qui n'a pas
encore été significativement transformé par l'homme. Il
est important de retenir que : « Dans les perceptions du
touriste, le lien est établi entre les cultures alimentaires et les
lieux : manger local à la consommation symbolique d'une terre,
d'une région, d'une province, de son climat, de son
paysage... ».1301(*)Vu dans ce sens, le touriste cherche ainsi à
entrer en communion avec cette nature, c'est-à-dire ces arbres, ces
rochers, ces herbes, ces animaux, etc. qu'il est difficile de voir dans son
environnement urbain habituel.
Aussi près de la nature, le touriste met à
profit son déplacement pour rétablir le lien avec la surnature,
donc avec ses ancêtres, les génies, les forces intangibles dont,
en contexte africain, on sait qu'ils ont aussi une influence dans la vie de
tous les jours.
C'est donc un moment où le touriste leur fait
comprendre, comme il le fait comprendre aux vivants d'ailleurs, qu'il n'a pas
oublié ses origines, qu'il se souvient d'eux et qu'ainsi ils ne doivent
pas l'oublier et lui donner des bénédictions1302(*).
D'ailleurs, il constitue également une offrande
précieuse lors de cérémonies d'hommage aux morts, mais est
aussi considéré comme le symbole de l'union éternelle
entre les époux.C'est donc à partir de ce constat que l'on peut
dire que le vin de palme a aussi une fonction salvatrice au même titre
que l'eau bénite. Et pour mieux illustrer ce fait, nous avons voulu
rappeler la signification de l'eau bénite.
· Signification de l'eau
bénite
L'eau bénite provient de la religion romaine, où
elle était employée par les pontifes1303(*). Elle est aussi
considérée comme cette eau qui a été bénie
par un prêtre, un évêque ou un diacre pour la
célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir
des objets, entre autres coutumes pieuses.Autrefois, on bénissait
également de l'eau à diverses occasions, en l'honneur de certains
saints. Ces eaux étaient censées apporter certaines protections.
Par exemple, on en bénissait en même temps que du
pain, du vin, et des fruits pour la fête de SAINT BLAISE, pour
protéger contre les maux de gorge ; en l'honneur de SAINT HUBERT,
on bénissait de l'eau, du sel et du pain pour se prémunir contre
la rage canine1304(*).
L'eau bénite est un sacramental, c'est-à-dire un
signe sacré, que l'Église catholique met à la disposition
des fidèles pour leur sanctification et leur protection et celle des
objets et des lieux qu'ils utilisent. Au même titre que les crucifix,
médailles, images pieuses, rosaires, cendres et rameaux, elle trouve sa
place dans le quotidien des chrétiens au point qu'elle apparaît
comme l'un des sacramentaux les plus employés1305(*).
Toutefois, il faut rappeler que l'eau bénite n'est pas
une potion magique car son efficacité lui vient de la passion et de la
résurrection du Christ et dépend des bonnes dispositions de
l'utilisateur : foi, humilité, espérance et charité,
qui mettent en relation directe avec Dieu.
Par ailleurs, l'usage de l'eau bénite n'a rien à
voir avec la consommation abusive à laquelle s'adonnent certains qui lui
prêtent des pouvoirs magiques et s'en servent surtout pour
« lutter contre » les démons, les maladies, les
influences néfastes...
Rien à voir non plus avec cette pratique des
« accros du bénitier », qui cuisinent ou se douchent
à l'eau bénite, pour éviter d'être
empoisonné, lutter contre les maladies ou les tentations, ou se purifier
après une mauvaise rencontre.
En outre, de par la vertu des prières de
l'Église, l'eau bénite attire, en toute occasion, le secours de
l'Esprit-Saint, pour le bien de l'âme et de notre corps. Elle efface les
péchés véniels, non point toutefois par sa propre
efficacité1306(*), comme les sacrements, mais par les sentiments de
contrition sincère que, fécondée et sanctifiée par
la bénédiction du prêtre, elle concourt à
faire naître dans nos âmes.Dans ce cas, d'ailleurs, l'usage de
l'eau bénite ne dispense pas du recours au sacrement de
réconciliation. Comme l'explique SAINT FRANÇOIS DE SALES,
« Quand on dit que la bénédiction de
l'évêque et l'eau bénite effacent les péchés
véniels, ce n'est pas en vertu de l'acte d'humilité que l'on fait
en le recevant, et en vertu du retour que nous faisons de notre esprit en
Dieu ».Autrement dit, l'usage de l'eau bénite doit
toujours être accompagné d'une foi sincère dans un acte
d'abandon total et confiant et total en Dieu, d'une prière et d'une
intention droite pour être efficace1307(*).
· Corrélation entre le vin de palme et
l'eau bénite
Partant de là, on peut établir une
corrélation entre le vin de palme et l'eau bénite dans la mesure
où ces deux « eaux » sont au service du surnaturel,
une sorte de création entre le divin et l'humain.Tout comme l'eau
bénite est une eau naturelle consacrée au service divin par un
rite de bénédiction1308(*),le vin de palme est une offrande faite aux
ancêtres.
On pourrait parler en ce cas d'une véritable
civilisation du palmier, tant cet arbre reste l'une des sources principales de
revenus, fournit des matériaux pour l'architecture et l'artisanat,
intervient1309(*) dans
toute manifestation solennelle ou sacrée de la vie sociale comme dans
les manifestations banales d'amitié et de coopération.
Le palmier est un arbre « mâle » et,
dans un certain sens, un arbre « noble » - arbre du chef
qui ordonne de planter et régit les palmeraies naturelles tenues des
ancêtres. La charge de tireur de vin de palme,
« musogi » n'exige pas seulement une sorte d'apprentissage,
elle requiert aussi la confiance du chef qui la contrôle ; c'est
encore ce dernier qui détient la
« caisse »1310(*), où sont accumulés les produits des
ventes de vin, et qui règle chaque année le partage de ces
sommes1311(*) entre
les hommes mariés de son lignage1312(*).
Sur la Cloche Royale de Guerre BamounBamun, qui sert à
appeler la population au combat et probablement à d'autres occasions,
est représenté un guerrier BamounBamun ; celui-ci tient la
corne avec laquelle le roi1313(*) offre le vin de palme à son peuple.
Appelé « mimbo », le vin de palme était
très apprécié par le Roi NJOYA et vu que l'Islam ne le lui
permettait pas d'en consommer, il eut l'idée de créer une
religion syncrétique, « Nuet-Kwete », qui lui
autorisait la consommation de cet élixir
alcoolisé, la pratique de la polygamie et le culte rendu aux
ancêtres à travers les libations faites à base de vin de
palme et/ou de raphia1314(*).
Et de ce point de vue, on peut dire que le RoiNJOYA montre que
les Africains sont également capables de bénir, de sanctifier, de
rendre sacré un lieu, une chose, une personne. Mais surtout qu'ils
continuent d'établir un lien avec le surnaturel, les génies et
autres forces intangibles de la nature. C'est une manière de ne pas
oublier ses origines, qu'il se souvient de ses ancêtres et qu'ainsi,
qu'ils ont besoin de leurs bénédictions. Il fait un contrepoids
à cette croyance occidentale selon laquelle l'homme blanc est le seul
à être en contact avec Dieu, à faire preuve de croyance.
D'ailleurs, l'usage du vin de palmeest conservé dans
les rites de « Nuot Kwote » parce que cette boisson a
toujours été utilisée dans le culte ancestral. Par
ailleurs, le vin de raphia était aussi utilisé lors du culte
d'allégeance à la cérémonie d'intronisation du
nouveau roi. Ici, le vin était versé dans les mains des membres
de sa famille et à tous les chefs qui doivent le boire.
L'Islam, devenu la religion de la majorité de la
population, interdisant la consommation du vin, le roi SeidouNJIMOLUH NJOYA
innova en serrant la main de tous ceux qui sont venus le
reconnaître1315(*). Ce n'est qu'en 1917-1918 que le monarque revint
définitivement à la religion musulmane et entreprit d'y amener
ses sujets parce qu'il avait compris que les autorités coloniales
françaises avaient décidé d'encourager le
développement du christianisme dans le royaume.
Concernant la suite de notre
travail, les relations entre le RoiNJOYA et le missionnaire GÖRING ont
été des plus paradoxales et nous avons examiné les points
de discorde entre les deux hommes.
PARAGRAPHE II : LES
RELATIONS AMBIVALENTESENTRELE ROI NJOYA ETLE MISSIONNAIREGÖRING
« En 1907, une revue missionnaire
publiée à Bâle diffuse la nouvelle qu'un jeune roi, NJOYA,
souverain d'un petit royaume montagnard du Cameroun dont les habitants
s'appellent les Bamum a inventé une écriture. L'État est
situé dans le massif montagneux qui termine l'ouest de la dorsale de
l'Adamawa. C'est l'un des nombreux royaumes qui occupent les plateaux couverts
des savanes boisées que les Allemands nomment le pays de la
prairie...Pendant des années, ce royaume a connu une existence presque
mythique dans l'esprit des Allemands »1316(*).
La facilité avec laquelle le christianisme s'introduit
en pays BamounBamun fut une expérience déconcertante, même
pour les envoyés de la Mission de Bâle. Malgré
l'antériorité de ses relations avec l'islam, dont les
ambassadeurs étaient assez bien introduits à la cour au moment de
l'arrivée des émissaires bâlois, c'est avec une grande
amabilité que le RoiNJOYA accepta l'introduction du christianisme dans
son royaume. Avec son accord, le missionnaire SuisseMartin GÖRING et son
épouse s'installèrent à Foumban le 10 avril 1906, sur le
vaste site de Njissé gracieusement offert par le roi et sur lequel il
renonça à tous ses droits et prétentions1317(*).
Ainsi, nous étudierons l'amitié entre le
RoiNJOYA et le missionnaire GÖRING (A-) qui se
dégradera progressivement à cause des nombreux désaccords
concernant la pratique de la foi chrétienne et la prise en compte de la
culture traditionnelle BamounBamun(B-).
A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET
LE MISSIONNAIRE GÖRING
Dès le début, et durant tout son séjour
en pays BamounBamun, une grande amitié se développa
entre le missionnaire Suisse et le roi autochtone. Une relation faite de
cordialité et de respect mutuel dont les sujets du roi gardèrent
un bon souvenir. Ainsi, JeanNJIMONYA, chrétien BamounBamun de la
première heure témoigne : « MonsieurGÖRING (...)
aidait à la construction de la première maison du Sultan. Il
était un grand ami du Sultan. Il le protégeait auprès de
l'administration et l'instrui(sai)t concernant la parole de Dieu. Si le roi
(...) finit par avoir la mort dans sa vieillesse, (c'est) grâce à
ce grand pionnier de l'Évangile1318(*) ».
Malgré tout, le missionnaire bâlois ne parvint jamais à obtenir du roi
la conversion escomptée. En effet, l'attachement et le respect que NJOYA
avait pour GÖRING, aussi sincères qu'ils aient été,
ne le convainquirent jamais de braver les prescriptions de la tradition qui lui
imposaient, en sa qualité de chef des BamounBamun, de prendre de
nombreuses épouses. La renonciation au trône de ses
ancêtres que lui aurait coûté l'adoption du régime
matrimonial monogamique prescrit par le christianisme, trop lourde à
supporter, l'en dissuada toujours1319(*).
Partant de là, nous dresserons une esquisse de portrait
du missionnaire GÖRING (1-), tout en mettant en
lumière l'accueil favorable du RoiNJOYA de la mission de Bâle en
pays BamounBamun(2-).
1. Le portrait du missionnaire
Göring : un pasteur au service de la mission de Bâle
La Mission de Bâle ou mission bâloise, de son nom
complet Société évangélique des missions de
Bâle1320(*), est
une société missionnaire protestante fondée en 1815, qui a
connu un développement très important dans plusieurs
régions du monde, notamment en Russie, Côte-de-L'or1321(*), Inde, Chine, Cameroun,
Bornéo, Nigéria, Amérique latine, Soudan...
Au Cameroun, en 1885, la Mission Bâloise reprit l'oeuvre
des missionnaires baptistes anglais. A cette occasion, quelques paroisses
baptistes se séparèrent de l'oeuvre pour former l'Église
baptiste indigène1322(*). Et le pasteur GÖRING fut l'un de ses plus
grands disciples.
Suivant la description d'Alexandra
LOUMPET-GALITZINE1323(*), le missionnaire Henri MartinGÖRING
était tout : professeur, prédicateur, cultivateur,
éleveur, constructeur. Il était issu de la mission de Bâle
qui faisait partie des missions protestantes classiques qui furent
fondées autour de 1800 pour répandre le christianisme en Afrique,
en Amérique latine et en Asie.
Il commença l'école en 1906 avec 60
garçons ; on envoya encore 1 missionnaire nommé
MathiasHOHNER. Il reçut lui aussi 60 garçons ; puis on
envoya une demoiselle sous le nom de Lydie LINK qui reçut elle aussi 60
jeunes filles. On voit alors une station missionnaire pleine d'animation. On
choisit des jeunes élèves pour internat. Chacun des missionnaires
possédait un cheval. EtM.GÖRING, missionnaire en chef, en avait 2
ou 3.
Le pasteur ne néglige aucun moyen pour gagner la
confiance du roi et du peuple, se lie d'amitié avec le Sultan NJOYA qui,
fortement influencé par sa prédication, « renonce
à la religion musulmane adoptée à la fin de la guerre
civile qui l'opposa à son premier ministre GBENTKOM NDOMBOUO entre
1894-1897 »1324(*). Non seulement le monarque favorisa la
scolarisation du pays, mais il suivit les prédications et assista
même aux services religieux. Des fragments de la Bible furent traduits en
langue BamounBamun, en utilisant l'écriture mise au point par le roi.
GÖRING fit d'ailleurs connaître l'écriture BamounBamun en
Europe.1325(*)Selon le
pasteur GÖRING, NJOYA pensait en homme intelligent qu'il pouvait y avoir
d'autres moyens que la force et la cruauté pour imposer son
autorité.
Et bien que dans son for intérieur, il ne
désirât pas que les Allemands prissent possession de son pays, il
s'approcha d'eux pour se familiariser avec leurs méthodes et prendre en
quelque sorte un peu de leur puissance, de leur savoir, de leurs
richesses1326(*).
Son rôle fut certainement déterminant mais
demeure mal connu, comme en témoigne Alexandra LOUMPET-GALITZINE dans un
de ses articles sur le royaume BamounBamun1327(*).
2. La mission de Bâle en pays
BamounBamun : l'accueil favorable du Roi Njoya
C'est avec enthousiasme que le RoiNJOYA offrit aux
missionnaires un large terrain au quartier Njissé pour y bâtir
l'école.Il instruit ses notables d'envoyer leurs enfants à
l'école européenne, comme l'a fait la GrandeRoyale des
Diallobés dans le roman de CHEIKH HAMIDOU KANE, « L'Aventure
ambiguë ».
Conscientde l'enjeu futur de l'école, NJOYA exhorte ses
sujets à être les premiers à surprendre les Blancs, de peur
qu'un esclave ne devance les princes pour un jour les commander :
« Écoutez ce que je veux vous dire, et je vous prie
d'exécuter. Une bonne nouvelle est apparue dans notre pays. Vous serez
étranger dans la chose, mais moi qui suis partout ayant une
compréhension profonde, je vous déclare que : Envoyez vos
propres enfants dans la chose apportée par les Blancs. La chose
dite : C'est l'école (...). La preuve est que je veux y envoyer mes
propres enfants. Après avoir terminé le parler, il a
appelé son premier-né Forifum Amadou Chef supérieur et
Maire de Mantoum-Manguiémbou, puis Nsangu, Mbombo, Fogham, Mouliem,
Njikam ; sa première née Ngutane Marguerite et puis
Christine, etc., et les plaça devant tous les peuples bamounBamun et
leur dit :prenez exemple sur moi et exécutez »
1328(*).
L'objectif des missionnaires allemands est la conversion des païens
par le biais de l'école et naturellement l'annonce de l'Évangile.
Le pasteurGÖRINGdit :« Notre méthode est basée sur
l'école, les oeuvres de charité et les visites à
domicile1329(*)».GÖRING fait un témoignage
impressionnant au sujet des premiers élèves que le Roi NJOYA lui
confie en 1906. Le RoiNJOYA lui a envoyé soixante gentils
garçons, puis suivent des filles. GÖRING dit :
« La construction d'un bâtiment permit d'ouvrir la
première école du pays, le 25 juin, avec 60 élèves.
C'est à MadameGöring que le roi confia l'éducation de 4
filles auxquelles se joignit entre plus tard 7 de ses propres filles. Il en a
en tout 87 enfants ! Quelque temps après, elle lui dit qu'elle
aimerait bien ouvrir une école de filles : le Roi approuva sur le
champ.
Le 30 octobre, elle débutait avec 51 jeunes
filles1330(*) ».Le roi avait ses propres filles,
et des servantes telles que YOUNÉNOU Marie, MVU Marthe, KOUCHA MENGWENE,
NJAPDUNKE Rachel, WUKO Rebecca, NJINE FOEBE1331(*).
Cette photographie ci-dessous prise dans Mandou Yenou
à la page 199 montre la classe de filles avec AnnaWURHMANN, leur
institutrice.
Figure N° 3
:Photo prise vers 1912 - Anna WUHRMANN assisse au milieu de ses
élèves de l'école des filles de Foumban
Source : CAMEROUN RÉTRO - PHOTOS DU
PASSÉ, « Anna Rein WUHRMANN (1881- 1971) ». Article
publié le 10 janvier 2020 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 03 mai 2021.
Figure N° 4 :
Photo prise vers 1907 du Roi NJOYA et du Missionnaire GÖRING,
en compagnie de son fils, assis côte à
côte1332(*).
Source : J. NJELE, « Le sultan NJOYA et le
missionnaire GÖRING », I&M- Bulletin n°33, Images
et Mémoires, p. 14. (Consultable en ligne sur le site internet
www.imagesetmemoires.com).
L'un des points de divergence entre les deux hommes
concernait la pratique de la religion chrétienne qui interdisait la
polygamie entre autres et partant de là, les divergences entre les deux
hommes se feront jour (B-).
B. LES DIVERGENCES
ENTRELESDEUXHOMMESAUSUJET DE LA PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE
La Première Guerre mondiale mit brutalement
fin à la période d'expansion de la Mission bâloise. La
guerre s'étendit en effet rapidement aux colonies, ce qui handicapa
considérablement le travail missionnaire. Puis le personnel allemand fut
soit interné par les autorités françaises ou britanniques,
soit mobilisé par l'Allemagne. A cela s'ajouta un appauvrissement
marqué de l'Europe qui rendit la recherche de fonds plus difficile.
Les années de guerre réduisirent pratiquement à
néant l'activité dans les champs de mission.
Entre les deux guerres, la politique d'expansion des nations
européennes dans les colonies n'avait pas beaucoup changé. La
reprise du travail dans les missions fut donc difficile. Cependant, la Mission
de Bâle réussit à revenir dans presque toutes ses zones de
mission sauf au Cameroun français, et à réaliser un
rétablissement étonnant de l'activité missionnaire.
Mais en raison de l'absence presque totale des missionnaires
pendant la guerre, les communautés locales avaient pris de plus
en plus conscience de leur force et de leur capacité d'autonomie. Des
églises locales avaient été formées, qui
incorporèrent l'apport des missionnaires à leur retour. Ainsi,
les missionnaires trouvèrent à leur retour à la fois de
nouvelles églises autochtones et des postes missionnaires étaient
en déshérence1333(*).
Contrairement au christianisme, en effet, la conversion
à l'islam, tout en lui en conservant la jouissance des privilèges
matrimoniaux s'attachant à ses fonctions religieuses traditionnelles,
lui conférait un titre de leader spirituel - sultan ! - gage d'emprise
symbolique certaine sur ses sujets. La tentative de NJOYA pour
reconquérir son hégémonie symbolique sur les
chrétiens revêtit, lors du départ des missionnaires
Bâlois, les traits d'une campagne de séduction. Le roi ouvrit des
écoles et des commerces où il employa des convertis, donnant
ainsi des gages de sa capacité, sinon à se substituer, au moins
à compenser le vide créé par la défection
forcée des missionnaires.
Toutefois, ce régime de faveur fut
tempéré par des sanctions physiques et des tortures morales
à l'encontre des GhaPkù tu (mot à mot « ceux
à la tête dure », autrement dit « les têtus
»), ainsi que furent désignés les chrétiens,
considérés comme particulièrement récalcitrants
et subversifs, du fait d'une collaboration coupable avec les Blancs.
Ordonnateur officiel du discours sur son royaume, le roi-sultan découvre
en effet avec stupéfaction et colère au lendemain du
départ des Bâlois, le contenu des révélations faites
aux missionnaires par ses sujets d'obédience chrétienne sur les
coutumes du pays1334(*).
C'est cette situation qui va être la suite logique
d'une série de tensions entre le RoiNJOYA et le missionnaire
Bâlois GÖRING en territoire BamounBamun, et qui cristallise le duel
opposant la tradition chrétienne et la tradition BamounBamun. Ainsi, le
RoiNJOYA, en tant que gardien des traditions (1-), la croyance
en Dieu en pays BamounBamun bien avant l'arrivée des Blancs et la
création d'une religion syncrétique alliant l'animisme, l'islam
et le christianisme (2-).
Figure N° 5 :
Photos prises par le missionnaire GÖRING vers 1906-1912 qui
oppose la première église chrétienne et l'école du
Roi NJOYA à Foumban
Source : Catalogue en ligne Bibliothèque du
Defap. Côte photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds
photographique BamounBamun/ Daniel Broussous (1910/1960). Vers 1906-1912 -
Clichés M. Göring. La Mission de Bâle.
Figure N° 6 :
Table et chaire de l'église de Foumban (1940/1960)
Source : Catalogue en ligne Bibliothèque du
Defap. Côte photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds
photographique BamounBamun/ Daniel Broussous (1910/1960).
Les 02 (deux) premières photos traduisent l'antagonisme
entre le christianisme et les coutumes traditionnelles en pays BamounBamun.On
ressent la volonté de chaque camp d'imposer sa doctrine aux habitants du
pays. Chaque camp dispose d'un templeet celui-ci du RoiNJOYA semble plus
imposant. Cela traduit son engagement à demeurer le
« maître du pays ».La 3èmephoto
témoigne de la cohabitation entre la culture BamounBamun et la culture
chrétienne notamment avec la présence de la croix et de la chaire
d'église ainsi que des objets d'art BamounBamun présents en
même lieu.
1. Le Roi Njoya, gardien des
traditions
Toutes les couches sociales, femmes et hommes sont
concernés puisque cette langue était destinée à
remplacer la langue « shu pa mben », empruntée par
les BamounBamun aux Mben, le peuple vaincu. La religion jouera un rôle de
facilitation dans l'acquisition de l'écriture. NJOYA n'avait cependant
pas renoncé à imposer la religion d'Allah à son peuple. Il
usait tantôt de la persuasion, tantôt de la force pour vaincre les
résistances. Aux jeunes hommes, il promettait de donner des filles de
NJI ou des princesses autant qu'ils en voudraient s'ils obéissaient
à ses ordres. Il organisait aussi de grandes réjouissances pour
le peuple.
On vit même un jour Lydia MANGWELOUNE1335(*) reprise par sa vieille
passion, danser l'impur « pandambo » avec d'autres femmes.
Cependant, Lydia MANGWELOUNE en éprouva de la honte. Impôts,
corvées, emprisonnements devaient décourager les
récalcitrants. Les fidèles passaient par des heures bien sombres.
Tous n'avaient pas la force de résister aux offres tentatrices du Mfon
ou de supporter la persécution. Il y eut des abandons. Reniant leur foi,
des hommes embrassèrent l'islam, retombèrent dans la polygamie.
Des femmes se soumirent à leurs maris pour avoir la paix1336(*).
Ces deux femmes ont oeuvré à la diffusion du
christianisme en pays BamounBamun et sont des pionnières dans la prise
en compte des droits des femmes, des enfants et des plus vulnérables
dans la société BamounBamun qui était fortement
inégalitaire et régit par la loi du plus fort, notamment à
travers la pratique de la peine de mort. Le christianisme a permis de chaque
individu de trouver une place à part entière et a
véhiculé les valeurs de pardon, de tolérance et
d'acceptation de l'autre, non seulement pour les locaux, mais aussi entre
Blancs et Noirs.
C'est pourquoi la tâche devenait toujours plus
difficile, car NJOYA avait composé une nouvelle doctrine qui
commençait par ces mots : « C'est ici le livre du roi
Njoya qui a choisi quelques paroles de Dieu dans le livre des Blancs et le
livre des maloums, les a mises ensemble pour inspirer la vraie crainte de
Dieu... ».
Le missionnaire GÖRING a donné le nom de NJOYA
à son second fils. Le nom donné à son fils montre le
degré d'amitié qu'il avait avec le sultan du royaume
BamounBamun... où il avait séjourné avant son
arrivée à Foumban en 1906. En effet, l'attachement et le respect
que NJOYA avait pour GÖRING, aussi sincères qu'ils aient
été, ne le convainquirent jamais de braver les prescriptions de
la tradition qui lui imposaient, en sa qualité de chef des
BamounBamun,de prendre de nombreuses épouses1337(*).
La renonciation au trône de ses ancêtres que lui
aurait couté l'adoption du régime matrimonial monogamique
prescrit par le christianisme, trop lourde à supporter, l'en dissuada
toujours. Aussi, lorsque survint la SMEP pour reprendre le champ de la mission
allemande dans la partie française du territoire camerounais, le Roi
NJOYA affichait déjà sa préférence pour la religion
musulmane.
C'est qu'entre l'arrivée des Français et le
départ des sympathiques Bâlois, était survenue la
PremièreGuerre mondiale et avec elle, aux dires de l'ancien
d'Église Jean-Carrière «NJI» :« Le
spectacle des nations chrétiennes s'entredéchirant aux yeux des
sauvages indigènes éberlués »1338(*). La conclusion qu'en
aurait tirée le roi, estime «NJI», est qu'une religion dont
les ouailles n'hésitaient pas à en venir aux mains n'était
pas un modèle de valeur à présenter à ses
sujets1339(*).
D'après la doctrine religieuse de NJOYA : « La
religion révélée par les Blancs et celle
révélée par les Malum sont les mêmes. Qu'un homme
croie en la religion des Blancs et observe toutes ses lois ou qu'il croie en la
religion révélée par les Malum et observe toutes ses lois,
c'est la même chose. Dieu est capable d'écouter la prière
de toutes les races humaines dans leurs langues respectives sans qu'il y ait
besoin de parler la langue d'autrefois, car c'est lui qui a créé
tous les hommes et qui les a dotés du pouvoir d'inventer leurs
langues ! Dieu écoute dans leurs langues respectives tous ceux qui
ont une bouche, car c'est lui-même qui leur a fait don de ces
langues ».1340(*)
Le Roi NJOYA semblait conscient de l'emprise politique de la
religion chrétienne qu'il avait senti lui échapper au fil de la
pénétration de la doctrine chrétienne.
Contrairement au christianisme, en effet, la conversion
à l'islam, tout en lui conservant la jouissance des privilèges
matrimoniaux s'attachant à ses fonctions régaliennes
traditionnelles, lui conférait un titre de leader spirituel -
sultan ! - gage d'emprise symbolique certaine sur ses sujets.NJOYA
régna de 1894 à 1933. Il succéda à son père
NSANGU en 1886 car il était encore trop jeune à la mort de son
père. Sa mère NJAPDOUNKÉ assura la régence. En
raison des crises internes dues à la succession, NJOYA se tourna vers
les Foulbé. Avec leur aide, il battit ses rivaux et devint le souverain
indiscuté des BamounBamun. En signe de gratitude à l'égard
des Foulbé, NJOYA accepta l'Islam.Il accueillit les Allemands en 1902.
En 1906, il permit à la Mission de Bâle de construire une
église à Njissé. Il utilisa les Allemands pour renforcer
sa position, éliminer ses rivaux du lignage royal et de la cour.
Il s'appuya aussi sur les Allemands pour venger l'assassinat
du Roi NSANGU par les Nsoh ainsi que pour retirer le crâne de Nsangu de
ce pays.Il collabora étroitement avec les Allemands, ce qui lui permit
de visiter la côte en 1908 où il futreçu par le Gouverneur
Théodore SEITZ à Buéa.
Lorsque les Allemands furent battus au Cameroun en 1916,
NJOYA les qualifia « les hommes des ténèbres... des
menteurs qui troublent les populations continuellement ».
Il favorisa une annexion de la région BamounBamun par les Anglais en
1916mais cette portion du territoire devint par la suite française. Tout
jeune souverain, avec les moyens de sa politique, NJOYA avait tôt
éprouvé la nécessité d'une forme de communication
et de pérennisation de son action. Il lui vint la création de
l'écriture avant l'avènement de l'Occident dans l'espace
BamounBamun. Cette écriture allait connaître son évolution
et donner naissance à une langue, le « Shu-mom »,
tout aussi prodigieuse que l'écriture.
Au contact de l'Occident, en l'occurrence les Allemands,
l'esprit curieux et inventif de NJOYA, s'intéressant à la bicoque
de l'administrateur allemand à Buéa, l'amena à engager son
peuple, sous sa direction, selon son plan, à réaliser un palais
à l'honneur de son peuple et par des BamounBamun formés dans les
écoles professionnelles créées par lui NJOYA et non des
écoles d'architecture d'Europe.
NJOYA voulut tirer profit de sa rencontre avec l'Occident, non
pas pour se contenter de consommer les produits des Occidentaux qu'il
appréciait par ailleurs, mais pour se donner le défi d'en faire
autant, voire de concurrencer positivement l'Autre1341(*), et de se protéger,
lui et son peuple, de l'aliénation, de la perte de sa
liberté1342(*).
La force de l'Autre venant de sa capacité à
produire le sens, à mettre à disposition les produits de sa
fabrication, les biens matériels et valeurs spirituelles, NJOYA crut au
génie de son peuple et à son génie propre pour se donner
le pouvoir d'être producteur de sens. Son approche de l'Autre, sa vision
de son environnement et l'idée qu'il se faisait de la grandeur de son
peuple, de sa propre liberté, tout cela l'incita à jouer le
mécène des Hommes qu'il éduqua à son génie
et qui devinrent à leur tour des génies bâtisseurs,
forgerons, tisserands, maçons, scribes...Sous NJOYA, la case ronde
BamounBamun devint la maison spacieuse rectangulaire plus commode à
l'expression de la vie. Et la qualité de la vie alla de pair avec de
nombreuses innovations artistiques : l'enrichissement de la musique BamounBamun
de plusieurs compositions en langue « Shumom »,
l'introduction de « l'algaita » d'origine
sahélienne.
L'émergence d'une classe de scribes, le
développement de métiers divers permettant à une frange
lettrée et professionnalisée de la population de vivre de ses
oeuvres, encouragea l'attente par les BamounBamun d'un niveau de civilisation
remarquable.
Les réformes multisectorielles révolutionneront
la sphère politique, l'agriculture et l'économie, l'art de vivre,
ainsi que la transformation et/ou l'urbanisation de la cité de
Foumban..., ce sont autant d'aspects civilisationnels à ajouter à
l'actif de NJOYA, inventeur d'un moulin à maïs, géographe,
géopolitiste qui réalisa une carte de son royaume. Il excella
dans le mécénat et l'encouragement par des prix d'excellence aux
artisans. Il transforma la médecine et la pharmacopée par souci
d'amélioration de la santé de son peuple, et ce faisant, il
introduisit une profonde réforme de mentalité, une
révolution dans la conception cosmique et cosmologique des BamounBamun.
En tant que gardien des traditions, le Roi NJOYA se devait de
limiter l'influence du christianisme et continuer d'asseoir son autorité
sur son peuple.
2. Le RoiNjoya ou l'existence de Dieu
dans la culture BamounBamun
Cette nouvelle vision du monde allait connaître son
apogée avec la rencontre d'autres conceptions, celle chrétienne
et musulmane.NJOYA sut gérer cette rencontre des religions dans son
royaume par la création d'une troisième voie, celle
syncrétique du « Nwet-Nkwète », en fait
véritable fondement métaphysique ayant pour corollaire l'adoption
d'attitude critique sans émerveillement autre que la curiosité
épistémologique pour un choix dicté par le souci de
sauvegarde de sa liberté et de l'autonomie de son peuple1343(*).
Sous son magistère, il dut gérer 6
moments-mutations survenus dans son royaume que sont :
1) l'entrée de l'islam (1894-1896),
2) l'entrée des premiers Européens
(6/7/1902),
3) l'entrée du christianisme réformé
(avant 1906),
4) l'administration coloniale allemande
(1903-1915),
5) l'administration britannique (1915-1916), et
6) l'administration française (à partir de
1916).
Et on notera même la croyance en Dieu en pays
BamounBamun qui va aboutir à la création d'une religion
syncrétique par le RoiNJOYA.1344(*)A ce sujet, NJOYA constatera que chez les
chrétiens et les Haoussas, il existe une telle dualité des
mondes. Le Dieu créateur des chrétiens et des musulmans existe
aussi chez les BamounBamun.C'est le Nyinyi ou celui qui est partout,
l'omniprésent. Mais ce Nyinyi n'empêche pas la croyance
aux esprits et autres forces de la nature :« Dans le monde
des BamounBamun, il existe un être suprême, créateur de tout
ce qui existe : Nyinyi ou celui qui est partout. C'est à ce Dieu
que toute personne en difficulté avec autrui remet le soin de sa
vengeance. La grenouille et le lézard, par exemple, sont des messagers
de bon augure qui annoncent la naissance dans la concession. Certains serpents
ou insectes présage des jours tristes. Plus forte est la croyance des
esprits. La persistance du mal à pour serviteurs les
éléments tels que la foudre qui détruit les cases et
terrasse les hommes, la tornade violente, le feu qui enveloppe parfois le
village dans la mort, la panthère qui emporté le bétail et
les hommes, la rivière rapide ou le lac aux eaux calmes, mais
traîtresses »1345(*).
Cette vision du monde tranche assurément avec le monde
des Pa-rwm, dont le singulier-neutre est nzwm, et la
substantivation est le rwm : ensemble d'éléments et
êtres généralement au service du mal. A cet effet,
« Certains hommes, inconsciemment, détiennent cette
puissance du mal et nuisent alors aux autres membres de la tribu. Un terme
générique désigne tous ces éléments et ces
êtres au service du mal : Pa-rwm dont le singulier-neutre est nzwm.
Le rwm, esprit du mal qui les habite, réside dans le ventre de la femme
qui le transmet héréditairement à sa descendance. Un homme
peut être nzwm sans le transmettre. LesPa-rwm sont les causes de presque
toutes les maladies et de tous les malheurs. On distingue, néanmoins,
deux sortes de Pa-rwm. Les premiers ne font souffrir que lorsqu'on enfreint les
règlements, la coutume ou lorsqu'on est en discorde avec
quelqu'un »1346(*)1347(*).
Avant son exil à Yaoundé, le Roi NJOYA avait
essayé de mettre en pratique une nouvelle religion qu'il
dénommé Nwot-Kwete qui signifie « Poursuis
pour atteindre ». NJOYA, en roi éclairé,
entreprend en 1916 la rédaction avec son écriture les
préceptes et les fondements d'une doctrine religieuse appelée
« Poursuis pour atteindre ».
Il s'agit, comme le relève ClaudeTARDITS,
« d'une religion de salut, principalement inspirée par les
prédications des marabouts, que l'on a parfois qualifiée
d'« Islam BamounBamun ». Poursuis pour atteindre
était lu dans la mosquée que le roi avait fait bâtir
dès 1916 et, évènement important, sa diffusion
était faite dans la langue du pays »1348(*).
Sa décision de propager cette religion dans la langue
BamounBamun participait du souci de NJOYA de ramener le discours divin à
la portée du croyant BamounBamun ordinaire. C'était, dira-t-on,
une forme d'inculturation. Voici ce que dit NJOYA à propos :
« Toutes les races humaines prient Dieu dans la langue de leur
pays et non dans la langue des temps anciens. Dieu entend parce que c'est lui
qui a créé tous les hommes, il leur a donné cette langue.
Tous ceux à qui Dieu a donné une bouche et Dieu les comprend
parce que Dieu leur a donné cette langue »1349(*).
Ici, on pouvait avoir plusieurs épouses, faire des
sacrifices aux crânes des ancêtres et consommer les produits des
offrandes. Ce qui permettait de continuer à vivre comme par le
passé mais avec de nouveaux vêtements... on voit souvent des
spectacles où les chrétiens au sortir des temples se dirigent
vers les domiciles des marabouts pour des consultations cabalistiques aux fins
de connaître ce que l'avenir leur réserve. La polygamie est aussi
hypocritement pratiquée par certains qui ont des domiciles où ils
logent leurs maîtresses - épouses.
L'alcool est consommé sous le boisseau par certains
mahométans et on se retrouve encore aujourd'hui en train de donner
raison à NJOYA qui très tôt avait compris qu'il faut un
Islam africain tout comme un christianisme africain1350(*).Autres détails non
superflus : aucune plante européenne ne fut introduite et
adoptée par les BamounBamun dans leur régime alimentaire ;
n'est-ce-pas une « dérivation » au sens de Pareto
WILFREDO, c'est-à-dire une irrationalité qui renforce
l'identité et l'authenticité du groupe !
Enfin, par rapport à ses retraites à Mantoum et
à son exil définitif à Yaoundé qui ont
inspiré la thèse de la capitulation, nous opposons un
« éloge à la fuite » : se
révolter dans les conditions dérivées ci-dessus c'est
courir à sa perte.Cela conduira le RoiNJOYA à mettre sur pied une
religion propre aux BamounBamun qui réunissait les coutumes animistes,
l'islam et le christianisme. Et cette situation traduira l'impuissance de
l'envoyé de la Mission Protestante de Bâle à imposer
totalement l'Évangile en pays BamounBamun.
Toutefois, les missionnaires ne purent convertir NJOYA, qui
possédait plusieurs centaines d'épouses qu'il n'était pas
question de renvoyer. Par ailleurs, il va de soi que les pratiques
traditionnelles ne furent pas plus abandonnées pendant les dix (10) ans
de présence de la Mission qu'elles ne l'avaient été
à la fin du 19ème siècle, après la
première diffusion de l'islam. On peut donc déduire que
malgré tous les efforts du pasteurMartinGÖRING, le christianisme ne
put prendre le pas sur la culture animiste et l'islam implantés en
territoire BamounBamun.Il faut d'ailleurs rappeler que la religion
syncrétique du RoiNJOYA a été un puissant catalyseur de
cette situation. En décembre 1915, les Allemands et la Mission
protestante de Bâle, présents dans le pays depuis le début
du siècle, quittaient le royaume. Les troupes anglaises s'installaient
à Foumban. Le départ de la Mission modifia alors la situation
religieuse compliquée, qui se développait dans le royaume depuis
près de vingt ans.
En effet, entre 1896 et 1898, était intervenue une
manière de conversion à l'islam. Celle-ci se produisit à
la suite d'une intervention des Peulsde Banyo sollicités par le jeune
NJOYA, qui venait de monter sur le trône, et se trouvait aux prises avec
une guerre civile. La « victoire du cheval » conduisit le
roi à demander aux Peuls islamisés l'envoi de marabouts.
Elle l'incita encore à élaborer une
écriture, ce qui fut fait quelque temps plus tard. Les marabouts
Haoussa introduisirent à la cour royale la pratique des prières
musulmaneset même celle du jeune. LesBamounBamun n'abandonnèrent
pas pour autant leurs propres rites.
En 1916, les marabouts n'avaient pas encore retrouvé
leur influence et les chrétiens étaient partis. Le roi NJOYA
profita de cette circonstance pour élaborer les préceptes d'une
religion en rédigeant un petit ouvrage dont le titre est en
français « Poursuis pour atteindre ». Il y avait
là, ramassés dans une trentaine de chapitres, les
éléments de ce que l'on pourrait appeler une religion nationale
inspirée par l'islam. Plusieurs passages reprennent, sans modifications
d'ailleurs, le texte de la Risala.
Les principes théologiques de la doctrine royale sont
les suivants :
1) L'unicité de Dieu est affirmée :
Dieu est inengendré, omniscient, ubiquiste et il a créé le
monde auquel il a donné ses lois.
2) La condition de l'homme est sanctionnée pendant
son existence terrestre, et il peut être puni par les malheurs et les
fléaux envoyés par Dieu ; elle est encore sanctionnée
après sa mort : le monde connait une fin, puis une
résurrection intervient, à la suite de quoi l'homme est
voué, toujours en fonction de sa conduite, à une
éternité de souffrances dans le feu ou une félicité
sans fin.
3) Les préceptes à respecter pour
éviter les malheurs sur cette terre et pour jouir du bonheur
éternel sont les lois de la société, voulues, nous l'avons
dit, par Dieu (Les règles énumérées par NJOYA sont
tout simplement celles de la morale traditionnelle BamounBamun). L'homme doit
encore pratiquer ce que le monarque appelle les « actes aimés
de Dieu », c'est-à-dire les rites dont la description remplit
les deux tiers de son ouvrage.
Les « actes aimés de Dieu »
concernent ici les prières que l'on doit accomplir cinq fois par jour,
celle du vendredi se faisant collectivement à la mosquée ;
les jeunes qui correspondent à ceux requis dans l'islam, le sacrifice du
mouton que l'on fait le 10ème jour du dernier mois de
l'année et enfin l'aumône. NJOYA fit à l'époque
reconstruire une mosquée où l'on enseignait la doctrine royale.
L'entreprise dura peu : elle s'étendit certainement sur une partie
ou sur la totalité de l'année 1916.1351(*)
L'impact de cet anathème fut si grand que lorsqu'Elie
ALLEGRET, aumônier militaire envoyé avec trois autres
coéquipiers par la Société des Missions
Évangéliques de Paris en 1917 pour étudier les conditions
de la reprise du champ de mission du Cameroun, arriva au pays BamounBamun, la
florissante communauté chrétienne qu'avaient
édifiée les Bâlois se réduisait à une
poignée de fidèles sur un ensemble de plus de 200 membres en
1914. Parmi ces rares fidèles se trouvaient Mosé YÉYAP,
cousin et premier contradicteur du RoiNJOYA, et JosuéMOUICHE, premier
Pasteur de l'Église BamounBamun1352(*).
Dans la seconde section, nous parlerons de l'opinion que le
RoiNJOYA avait vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.
SECTION II : LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA
« En 1908, NJOYA a offert le trône de son
père à GUILLAUMEII, qui l'a fait don au Museum fur Volkerkundede
Berlin. En échange, NJOYA a reçu un uniforme de la Garde
impériale allemande »1353(*).
Incontestablement l'un des plus grands trésors du
patrimoine camerounais est arrivé à Berlin en 1908. En effet, le
trône royal BamounBamun, appelé « Mandu
Yenu », symbole de la souveraineté BamounBamun traditionnelle,
a été reçu comme cadeau diplomatique du gouvernement
impérial du Kamerun au Kaiser GUILLAUME II.
Deux ans plus tôt, le directeur des musées de
Berlin avait demandé à un officier colonial de suggérer au
RoiNJOYA d'offrir son trône à l'explorateur allemand. L'heure
était alors à la course impérialiste à la
collection dans un contexte de concurrence internationale avec le musée
d'ethnographie du Trocadérode Paris et le « British
Museum » de Londres.
En échange d'un uniforme de cuirassier de la garde
impériale allemande, le Roi NJOYA céda le trône royal aux
Allemands. Ayant compris l'importance des enjeux de la mise en musée, le
Roi NJOYA créa vingt ans plus tard, un musée dans un palais afin
d'y conserver tous les symboles et insignes du pouvoir royal BamounBamun. La
possession d'un trône royal était alors un enjeu de prestige entre
les musées européens ; les Français étaient
déterminés à montrer aux Allemands qu'ils pouvaient
obtenir des Camerounais autant voire plus qu'eux.
Partant de là, quelles sont les marques de confiance
adressées par le RoiNJOYA à l'égard de l'administration
coloniale allemande (Paragraphe I)? Et à ce stade,
peut-on parler d'une remise en question de la perception de l'administration
coloniale allemande par le RoiNJOYA(Paragraphe II) ?
PARAGRAPHE I : LES
MARQUES DE CONFIANCEADRESSÉES PAR LE ROINJOYAÀL'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE
Après que NJIMOLUH NJOYA Seidou fut intronisé en
1933, les autorités françaises avaient chargé
l'explorateur français HenriLABOURET d'acquérir le trône
royal BamounBamun.
Ce qui fut fait en 1934 lors de la « Mission
Labouret » au cours de laquelle plus de 1500 objets provenant
essentiellement du pays BamounBamun et Bamiléké furent
ramenés en France, dépassant ainsi toutes les collections
ramenées par les autres Européens.
Le trône du RoiNJOYA fut exposé au
Trocadéro en mars 1935 mais ensuite ses éléments furent
dispersés au musée de l'Homme à Paris. Ce n'est qu'en 1987
à l'occasion de l'exposition organisée par le musée sur le
thème de l'art camerounais que le trône a été
reconstitué et exposé. Le trône royal a été
exposé en 2018 au Châteaude Versailles.
La France s'est engagée par le biais du
Président Emmanuel MACRON a restitué le trône au
Cameroun(« VoirAnnexe 11 : Convention d'UNIDROIT sur les biens
culturels volés ou illicitement exportés »). Cette
Convention, est un traité multilatéral qui règle la
restitution de biens culturels qui ont été volés,
exportés illicitement ou qui sont issus de fouilles illicites.
Elle vise à combler les principales faiblesses de la
Convention de l'UNESCO en 1970 concernant les mesures à prendre pour
interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de
propriétés illicites des biens culturels. La Convention
d'UNIDROIT a pour but de lutter contre le trafic illicite des biens culturels
en modifiant le comportement de l'acheteur, en l'obligeant à
vérifier la provenance licite de son achat.
Dans ce contexte, il en découle un flou dans la mesure
où selon le Chapitre II, article 4 alinéa 1 de cette Convention
stipule : « Le possesseur d'un bien culturel volé,
qui doit le restituer, ne pourra prétendre à une indemnité
équitable que s'il peut prouver avoir fait preuve de la diligence
requise au moment de l'achat et qu'il ne pouvait pas pu savoir ou n'aurait pas
pu savoir que le bien était volé »1354(*).
Pour évaluer l'origine licite de l'objet, les acteurs
du marché de l'art doivent faire des recherches de provenance et
utiliser notamment des bases de données internationales et
nationales consacrées à la protection des biens culturels.
Par exemple, la base de données d'INTERPOL1355(*) sur les oeuvres d'art
volées qui est accessible à tous. D'ailleurs, un Etat partie peut
demander au tribunal compétent d'un autre Etat contractant d'ordonner le
retour d'un bien culturel exporté illégalement de son territoire
si le déplacement du bien a causé un préjudice de l'une
des manières énumérées à l'article 5
alinéa 31356(*). A ce stade, on peut se poser la question de savoir
si l'Etat camerounais restituera ces biens pillés à chaque
communauté autochtone, de savoir qui supportera les frais de
conservation ; les moyens de formation et de recrutement du personnel
qualifié à cet effet. Ou encore s'il les placera dans des
musées nationaux pour engranger des profits, etc...
Plusieurs autres peuples camerounais ont engagé des
démarches similaires auprès de la France et d'autres pays
européens afin que leur soit restitué leur patrimoine, c'est le
cas par exemple du peuple Sawa qui demande la restitution du
« Tangue » de KUM'A MBAPE BELL, pris à
Bonabéri en 1884(« Voir Annexe 12 : Reproduction du
« Tangue » de KUM'A MBAPE BELL et exposée à
la Fondation AFRICAVENIR à Douala »). A ce titre, la
Bavière est disposée à rendre le pavillon royal de la
pirogue de ce souverain et résistant à la colonisation allemande.
La communauté Bèlè Bèlè et le public
intéressé ont récemment appris, lors d'une
conférence à la fondation AfricAvenir à Douala, que les
autorités allemandes se trouvent depuis peu dans de bonnes dispositions
pour remettre le « Tangué » à la famille de
ce souverain des Bèlè Bèlè, à
l'époque de l'invasion coloniale allemande au Cameroun.
Plus d'un siècle plus tard, le
ProfesseurKUM'ANDUMBEIII, petit-fils et successeur de LOCK PRISO, a entrepris
de faire rentrer dans le patrimoine familial le
« Tangué » de son illustre ancêtre1357(*).
Cette situation date de 2017 et se poursuit jusqu'à nos
jours. Elle traduit toute la complexité liée au retour de ces
objets sacrés, sans oublier la question des indemnités :
quel montant doit être attribué, à l'Etat-partie, aux
possesseurs légitimes ? Et pourquoi ?
Par ailleurs, le trône conservé à Berlin
est aujourd'hui particulièrement contesté. Pour
certains, le restituer reviendrait à écrire l'histoire à
l'envers, mais vu le contexte colonial et la réalité du pouvoir
de cette époque, peut-on vraiment parler d'un don ?
D'après certains historiens, une solution serait de
fabriquer une copie du trône et de restituer l'original au Cameroun, mais
une copie dans un musée berlinois ne résoudrait pas le
problème d'appartenance1358(*)...
L'échange de cadeaux entre les agents coloniaux
allemands et le RoiNJOYA ont eu pour vecteur de consolider ce que l'on
appellerait de nos jours, des relations diplomatiques entre deux
entités(A-). Ces échanges ont contribué
à la valorisation de la personnalité du RoiNJOYA par
l'administration coloniale allemande (B-).
A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES
AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS ET LE ROI NJOYA
Lors des actions violentes organisées par les troupes
allemandes contre les chefferies frontalières du BamounBamun, le
RoiNJOYA avait décidé de traiter les dominateurs coloniaux avec
diplomatie. L'une de ses stratégies consistait dans l'échange de
cadeaux, une pratique traditionnelle dans les Grassfields pour créer des
alliances entre le souverain du même rang.
Dans certaines cultures, l'échange de cadeaux symbolise
l'établissement d'une relation qui s'apparente au consentement.Le cadeau
permet à celui qui offre de manifester un sentiment au receveur, ce
sentiment pouvant être de l'amour, de l'amitié, de la sympathie,
etc., selon la distance qui sépare les acteurs de l'échange.
Et, le cadeau a aussi pour rôle de marquer le lien qui
unit les personnes entre elles. Le cadeau peut donc apparaître comme
« un signe du lien ». ErvingGOFFMAN utilise ce terme pour
définir « toutes ces indications à propos des
relations, c'est-à-dire à propos des liens qui unissent les
personnes, qu'elles impliquent des objets, des actes ou des
expressions »1359(*). Le cadeau a donc un rôle à deux
facettes dans la relation interpersonnelle. Il permet à la fois de
manifester un sentiment et de marquer un lien social. En offrant un cadeau, on
signale au receveur qu'on a des sentiments pour lui et que l'on tient à
conserver la relation qui nous unit.
Offrir des cadeaux peut donc être assimilé
à des « rites positifs qui affirment et confirment la
relation sociale qui unit l'offrant au récipiendaire, et manquer
à un rite positif est un affront »1360(*).Donc pour
définir l'acte d'offrir un cadeau, on peut utiliser le terme de GOFFMAN
d'« acte rituel positif interpersonnel ». D'ailleurs,
il précise que « les rituels interpersonnels sont, par
définition, des signes du lien, car, de toute façon, ils
attestent une relation »1361(*).
Lors de l'occupation allemande, le
GénéralHansGLAUNING s'est lié d'amitié pour le Roi
NJOYA. Il l'a aidé durant la guerre contre les Nsoh, et lui a permis de
récupérer la tête de son père dérobée
lors d'une bataille précédente. Pour le remercier, le Roi NJOYA
lui a donné des insignes de pouvoir dont ce tabouret royal en 1905.
Figure N° 7 :
Petit tabouret royal, ru mfo. BamounBamun, Cameroun, province de
l'Ouest. Bois, perles de verre, étoffe/toile, cauris, plaques en
laiton.
Source : R. LE FORESTIER, « LE TABOURET DU
ROI NJOYA, RU MFO ». Article publié dans Mobilier de style, le
06 novembre 2013. H : 5 cm ; D : 69, 5 cm. Anciennes collections
du roi Ibrahim Njoya, du capitaine Hans Glauning, d'Arthur Speyer et de Charles
Ratton. Genève, Musée Barbier-Mueller. Photo Studio Ferrazzini
Bouchet. Article consulté le 06 mars 2021. (Consultable sur le lien
www.dp_trones.pdf).
D'origine royale, ce tabouret est désigné sous
le nom de « ru mfo », associant les deux termes
« tabouret » et « roi ». L'utilisation
de perles précieuses importées, de plaques de laiton
repoussées1362(*), et enfin de cauris1363(*), indique que ce
siège était non seulement d'usage royal, mais qu'il appartenait
à un riche souverain à la tête d'un royaume
prospère. 3 à 4 tabourets semblables se trouvaient dans le Palais
à la fin du XIXème siècle. A la mort du
GénéralHansGLAUNING, ce siège de majesté a
été rapatrié à Berlin pour le Musée
ethnographique. Il réapparut sur le marché de l'art et est
passé entre les mains de plusieurs collectionneurs privés
jusqu'au rachat du trône par Jean-PaulBARBIER-MUELLER en 1985. Ce
tabouret fait aujourd'hui partie de la collection du Musée
Barbier-Mueller à Genève. Par ailleurs, le cadeau le plus
énigmatique fut le trône que le RoiNJOYA offrit aux
Allemands(1-) et qui fera l'objet d'une réappropriation
de la part du Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA (2-).
1. Le trône du souverain
Njoya1364(*)
Sur cette photo, le Roi NJOYA présente le trône
avec d'autres cadeaux pour l'anniversaire de l'Empereur GuillaumeII en 1908.
Figure N° 8 :
Le Roi NJOYA présente le cadeau destiné à
l'Empereur Allemand GUILLAUME II, photographié par Johannes LEIMENSTOLL,
en 1908 à Buéa.
Source : Courtesy Ethnologisches Museum,
Staatliche Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage
« DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012.
Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
Six ans après sa première expérience avec
la photographie, NJOYA avait bien mis en scène ce cliché :
le roi et ses serviteurs portent des uniformes militaires dans le style
allemand mais fabriqués à Foumban, honorant ainsi les nouvelles
forces politiques par le biais de l'appropriation créative.
La photo illustre bien le passage du trône du statut
d'objet rituel inaliénable et symbolique du royaume BamounBamun à
un cadeau diplomatique destiné à l'empereur allemand.
A l'origine, NJOYA avait l'intention de donner à l'Empereur
GUILLAUMEII une copie du trône de son père.
Mais comme cette copie n'a pas été prête
à temps, il a décidé de lui faire cadeau du trône
qu'il avait utilisé jusqu'à ce moment et de garder pour
lui-même la nouvelle version destinée aux étrangers...
Figure N° 9 :
Le Roi NJOYA avec son nouveau trône devant l'entrée de
son palais, photographié par Marie Pauline THORBECKE, en 1912 à
Foumban.
Source : Courtesy Historisches Fotoarchiv,
Rautenstrauch-Joest Museum, Kulturen der Welt, Cologne. Photo disponible dans
l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre
2012. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
Pendant ses premières
années au « Museum fur Volkerkunde »1365(*)de Berlin, le cadeau de
NJOYA était apprécié à la fois pour son importance
ethnographique et en tant que trophée colonial. Mais, du point de vue
esthétique, il était considéré comme un objet
« déplaisant » et « barbare ».
Toutefois, quand les artistes liés au mouvement
expressionniste, tel qu'Ernst LudwigKIRCHNER, EmilNDOLE et MaxPECHSTEIN ont
provoqué un changement dans la perception des artefacts africains,
letrône a acquis le statut d'oeuvre d'art.
En conséquence, à partir de la nouvelle
disposition de 1926, il a été présenté sur un
piédestal entouré par d'autres objets d'origine camerounaise. Ce
processus de muséalisation continue de nos jours. Depuis 2005, le
trône, dramatiquement illuminé, se trouve au coeur de la section
« Kunst aus Afrika »1366(*) de
l'« EthnologischesMuseum »1367(*)de Berlin.
La recherche récente ayant remis en question les normes
de l'ethnographie1368(*), le créateur du trône, le
« Nguot-artiste », «NJI»NKOME et ses
collègues sont désormais crédités dans les
expositions.
A la « Humboldt-Box »de Berlin, une
exposition dont l'auteur est la commissaire met en lumière la biographie
culturelle du trône et les changements de sa signification à
travers des perspectives multiples et en partie controversées depuis
2011.
Bien avant le début de la période coloniale, la
collection d'objets par les rois BamounBamun était déjà
considérée comme un indicateur de pouvoir, de richesse et de
réputation dans les Grassfieldsdu Cameroun1369(*). Cette improvisation
déclenchera beaucoup d'années plus tard un débat sur la
manipulation coloniale, la capacité d'initiative des Africains et de
l'authenticité des objets. Mais en réalité, les
BamounBamun n'avaient jamais considéré le nouveau trône
comme une copie puisqu'il a également été
légitimé par les rituels d'usage et par sa décoration
perlée. Dès le début du XXème siècle, la
demande en objets des musées ethnographiques est telle que
l'administration coloniale met en place une politique d'acquisition par
« don », achat ou capture et favorise la production de
pièces destinées à l'exportation. L'objet-trône fut
tôt convoité par les Allemands, et officiellement demandé
pour être offert à l'empereur GUILLAUMEII.1370(*)
Les réserves manifestes de la cour royale ouvrirent
d'âpres négociations qui aboutirent à un compromis :
une copie exacte du trône serait réalisée par les meilleurs
artisans du royaume et remise aux Allemands. L'administration coloniale se
servit cependant des délais et des retards, pressant le roi sans
relâche.Contraint et forcé, NJOYA dut
« donner » le trône de son père et rester avec
le nouveau - dans tous les cas, cette séparation est un
déchirement. Le souverain accompagna le trône jusqu'à
Buéa, siège du gouvernorat allemand.
Dans la perspective BamounBamun, le trône perd
progressivement de son essence à mesure qu'il s'éloigne du
palais, puis de l'espace clos de la ville pour entrer dans les campagnes.
Il commence à être pleuré lorsqu'il franchit le
fleuve-frontière du Noun. Dès lors en terre
étrangère, le trône est encore reconnu en pays dit
Bamiléké, et honoré pour ce qu'il est une
cosmogonie1371(*). A
l'arrivée sur le littoral côtier, il est devenu un cadeau,
témoin de la conquête et trophée scientifique pour les
Allemands.
Son départ par bateau vers l'Allemagne - au seuil
d'une eau immense qui stupéfia le souverain - signe la rupture
fondamentale, celle qui le dissocie définitivement du roi1372(*). En
échange du trône paternel et de sa reconnaissance de la puissance
européenne, NJOYA entend prendre part à une modernité
occidentale qui l'intéresse.
Cette volonté fut parfaitement comprise par les
Allemands.Le RoiNJOYA espérait également recevoir quelques biens
de prestige que lui enverraient ses voisins, armes ou chevaux. Il recevra
après une longue attente un gramophone de la taille d'une armoire et des
disques d'opéra, qui pourriront dans un débarras. Quelques mois
après sa visite du Gouverneur, les habits européens seront
interdits aux indigènes, fussent-ils rois. Dorénavant, aucune
confusion de temporalités ne sera plus permise.
Soucieux de contrôler sa propre représentation,
NJOYA fait exécuter son portrait en pied et en grand uniforme, à
l'image des portraits officiels de l'Empereur GUILLAUMEII, inaugurant une
tradition de dessins politiques.
Dans le milieu des années 20, ce portrait
modifié, sera inclus dans des représentations de la dynastie
BamounBamun, et le roi en habits européens représenté sur
son trône, sur le perron du palais, alors même que le
démantèlement du royaume par les Français le prive de
toute autorité et le contraint à résider dans ses
plantations1373(*).
La photo ci-dessous apparaît comme une sorte de
réappropriation du trône par l'actuel Sultan des BamounBamun,
IbrahimMBOMBONJOYA et relance la problématique de retour des oeuvres
d'art et des reliques des civilisations antiques africaines vers leur terre
d'origine.
2. Réappropriation
Figure N° 10 :
El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre,
photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich.
Source :Courtesy Rietberg Museum. Photo disponible
dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718,
novembre 2012. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
Cette photo montre l'actuel Sultan, Sa Majesté le
Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA pendant un vernissage au
« RietbergMuseum » de Zurich. A la demande des
journalistes, le Sultan avait pris place sur le trône de son
grand-père NSANGU.
Bien conscient de la transgression de l'étiquette
muséale européenne, le Sultan a profité de cette
opportunité pour faire un acte de réappropriation
spontané. Ici, le geste d'obéissance du serviteur ne se dirige
plus vers le maître, mais directement vers la caméra.Plus tard, le
Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA a souligné le rôle important du
trône comme messager de l'histoire du pays BamounBamun et de
créativité. Cette exposition met en exergue d'une certaine
façon l'inclusion de l'exercice de la politique à travers les
arts. Sur une photo datant de l'année 1912, le commerçant
autrichien RudolfOLDENBURG pose son pied sur le piédestal du
trône. NJOYA a dû empêcher ses fidèles de punir
Oldenburg pour cette désacralisation du trône puisqu'il s'agit
d'un symbole de pouvoir. Les critiques du colonialisme interprètent
cette scène également comme un affront.Cette scène prise
par un photographe de l'époque a été moulée en
bronze à Foumban dans le style typique de l'artisanat local.
Figure N°
11 :Groupe de figures en cuivre présenté par le
Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à l'Ethnologisches Museum, photo prise par
Michaela OBERHOFER, Foumban, 21ème siècle.
Source : Courtesy Ethnologisches Museum,
Staatliche Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage
« DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012.
Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
En 2009, le Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA a
présenté cet objet accompagné de la photo de 1912 à
l'EthnologischesMuseum. En se servant de la même stratégie que son
grand-père et notamment de l'échange des cadeaux, l'actuel
souverain des BamounBamun cherchait à rappeler les relations
particulières entre les Allemands et son peuple. Ce nouveau cadeau
devait renforcer l'engagement politique et culturel de l'Allemagne pour le
BamounBamun en évoquant en même temps l'ambivalente histoire du
trône de NJOYA1374(*).
De plus, le Roi NJOYA en tant qu'homme habile et rusé
sut également jouer de la photographie pour atteindre ses objectifs. A
cette époque, le Roi NJOYA utilisait la photographie à des fins
POLITIQUES : il n'était pas seulement conscient de la
manière dont il souhaitait être présenté, il faisait
aussi lui-même des expériences avec cette nouvelle technique.
L'ingénieux souverain s'intéressait aux
technologies modernes telles que la photographie pour s'en servir comme
instrument visuel au service de l'histoire et de la mémoire des aspects
qui occupent une place de très grande importance dans l'art royal du
BamounBamun.Mais la brève période du style militaire
européen s'est achevée en 1909 lorsque, NJOYA était de
plus en plus déçu par la politique coloniale allemande et a ainsi
renoué avec ses alliés islamiques.
Toutefois, la personnalité du RoiNJOYA fut
appréciée et même valorisée par ses amis
« allemands » qui à leurs yeux, était un
monarque visionnaire et qui se souciait du bien-être de son peuple.
B. LA VALORISATION DE LA
PERSONNALITÉDU ROI NJOYA PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
Le Prince NSANGU, père de NJOYA et
grand-père de NJIMOLUH SEIDOU NJOYA, restaura la
légitimité en devenant le 15ème roi de la dynastie car il
réussit à chasser du pouvoir le « Mfon »
NGOUWOUO qui était en réalité le chef des gardes du palais
et n'était donc pas de la lignée royale. Par sa mère
NJAPDUNKÉ, NJOYA descendait encore de NCHARE YEN. Cette épouse du
RoiNSANGU était en effet l'arrière-petite-fille du Roi NGOULOURE.
NJOYA, encore très jeune, succéda à son père qui
mourut dans la guerre contre les Bansoh, peu avant 1889. Pendant sa
minorité, sa mère « Na » NJAPDOUNKE assure la
régence, avec l'aide du grand serviteur GBENTKOMNDOMBOUO.
NJOYA dut acquérir une formation traditionnelle
analogue à celle de ses frères dans cette maison dite
« Ntapit » appelée la « Maison des
lionceaux » où les fils du souverain entraient à partir
du moment où ils étaient circoncis. Là, leurs
aînés leur servaient de précepteurs et leur enseignaient
les coutumes du pays et l'art d'y vivre.C'est ce qu'ils firent devant le roi
avant de commencer une course guerrière « Kuma » que
font les BamounBamun, les armes à la main.
Le RoiNSANGU, très satisfait, leur offrit des cadeaux
en récompense de leur bravoure. Ces princes furent ensuite
envoyés selon la coutume chez «NJI»KAM-MACHU pour apprendre
à fabriquer des balafons.NJOYA y eut encore l'occasion de se faire
remarquer : il fabriqua son instrument de musique, apprit à jouer
et devint l'instructeur de ses frères. Une dernière anecdote
rapportée cette fois dans l'histoire fait état d'un partage de
noix de cola effectué sur ordre de NSANGU en ces termes :
« Tu as si bien fait le partage des noix de cola, que désormais
c'est toi qui rempliras cette fonction auprès de tes
frères »1375(*).
C'est peu après, dans la société
secrète appelée « Nguri »,
réservée aux princes et rivale de la société
secrète appelée « Mbansié », ouverte
aux seuls serviteurs du roi, que l'on inculquait aux fils de monarque cet
« esprit de corps » qui s'exprimait dans leur
solidarité face à celle qui liait les serviteurs constituant la
noblesse de cour. D'après le traditionnaliste «
Nji» MFONDA, un jour, le Roi NSANGU dit à ses sept fils, dont
NJOYA, qu'il allait les envoyer à la guerre. Sans plus de
précision, il les fit emmener chez « Nji» MFOUAMBE
où ils furent circoncis. Comme ces enfants partirent armés comme
des guerriers, ils devaient rentrer triomphalement au palais.
Sur le chemin du retour, NJOYA dit à ses
frères : « Si à notre arrivée, le roi
nous demande des trophées, nous enlèverons nos vêtements
pour lui montrer le résultat de la circoncision ». NJOYA
n'était pas encore pubère quand il devint le 16ème Roi des
BamounBamun. Son père laissait un pays ébranlé par une
défaite militaire où périrent 1500 hommes sur le champ de
bataille dans un combat contre les Bansoh.
A partir vraisemblablement de 1896, NJOYA dut entreprendre
des réformes qui allaient transformer le royaume et susciter
l'intérêt et l'admiration des voyageurs africains ou
européens qui visitèrent la région (1-).
La personnalité du RoiNJOYA sera donc un atout de taille pour la
consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et
l'administration coloniale allemande(2-).
1. Njoya, un monarque novateur
LesBamounBamun connaissaient
évidemment le travail du fer, mais les forgerons de Foumban
transformaient les vielles pièces d'outillage qu'on leur remettait. Ils
fabriquaient ainsi les houes et les armes dont se servait la population.
NJOYA voulut que les BamounBamun sachent aussi fondre :
« Il fait installer à proximité du palais un haut
fourneau chauffé au charbon de bois où l'on traite des sables
ferrugineux de la région. Les forgerons de la ville qui fournissent au
palais l'armement dont il a besoin peuvent ainsi s'approvisionner sur
place...le haut fourneau fonctionne lorsqu'Ankermann y parvient en
1908 »1376(*).On pratiquait aussi la technique de la fonte
à la cire perdue, mais elle servait à fabriquer des objets rares
destinés au palais : ce fut NJOYA qui créa les grands
ateliers où il réunit de nombreux artisans et encouragea la
production. D'après le Sultan Seidou «NJI»MOLUH NJOYA, il a eu
d'autres audaces : « Quand son père vit les
boîtes de conserve que lui offrirent des amis allemands, il tenta
d'utiliser la même technique pour conserver les produits locaux.Il
ordonna à ses serviteurs de fabriquer des bottes par le
procédé de la fonte à la cire perdue. Ceux-ci lui
apportèrent les récipients, mais comme évidemment NJOYA
n'avait pas pensé à demander de conseils précis à
ses amis européens, il mit les aliments cuits et assaisonnés sans
aucune autre précaution dans les boîtes.Il ignorait tout de la
stérilisation et lorsque les conserves furent recouvertes quelques mois
plus tard, les aliments étaient gâtés ; ce fut bien un
échec, mais cette expérience mérite d'être
citée.Il n'hésita pas à faire fabriquer un canon avec
lequel il réussit à détruire quelques bananiers à
une centaine de mètres de distance. Il chargera le chef de
l'équipe des techniciens, MONLIPERNJIMONJAP, de faire un moulin à
maïs. Cette machine, qui n'avait rien à envier à ce que
présentaient à l'époque les Européens, se trouve
aujourd'hui au musée royal de Foumban ». NJOYA demanda au
mêmeMONLIPER«NJI»MONJAP de fabriquer une imprimerie.
Voici ce que TARDITS écrit à ce sujet :
« Le monarque avant de se lancer dans cette entreprise, aurait
sollicité vers 1913, les Allemands. Aucune réponse ne venant, il
demanda à un artisan de réfléchir à son projet. Ce
dernier réussit à fabriquer à la cire perdue dont les
BamounBamun connaissaient le procédé, les quelques quatre-vingts
caractères que comporte à l'époque l'alphabet. Il met
ensuite au point une presse ; elle est constituée d'un plateau sur
lequel on dispose les caractères, séparés par des
baguettes de bois pour marquer les interlignes ; le plateau monté
sur charnière, peut se rabattre sur le papier qui reçoit
l'impression. En 1920, l'imprimerie est prête mais NJOYA, harcelé
par l'administration française, fait dans sa fureur, fondre les
caractères ». Ce fut encore sous ce règne que les
BamounBamun apprirent des Haoussa à travailler le cuir, qu'ils
adoptèrent la technique du tissage à pédale et
commencèrent à teindre les tissus.
En définitive, le Roi NJOYA a mis en place des oeuvres
utiles pour son peuple et qui ont grandement contribué à la
célébration de sa personnalité par l'administration
coloniale allemande.
2. La personnalité du Roi
NJOYA : un atout de taille pour la consolidation des relations entre le
pouvoir traditionnel local et l'administration coloniale allemande
LesAllemands, premiers maîtres du Cameroun,
instituèrent un système indirect d'administration qui allait dans
le sens de ce que les BamounBamun pouvaient espérer. Le Roi NJOYA perdit
une partie de ses prérogatives au profit des autorités
coloniales, mais il garda des pouvoirs assez étendus pour continuer
à gouverner le royaume.
La correspondance du chef de bataillon MARTIN adressée
au commandant du corps d'occupation du Cameroun en est un fort
témoignage : « Nous sommes en présence d'un
potentat indigène qui a joué d'un pouvoir absolu sans
contrôle (...) ; j'ai engagé le lieutenant Prestât tout en
continuant à se montrer très ferme, très énergique
à l'égard de Njoya à se servir de lui, à le guider,
à en faire un auxiliaire sinon dévoué du moins
intéressé en lui laissant une autorité à
parenté sur les BamounBamun » 1377(*) .
De plus, le chef de subdivision français, M. RIPERT
ajouta : « NJOYA est un tyran noir, élevé dans
le sang, à l'orgueil démesuré, poursuivant des rêves
insensés, exécutant sommairement ses adversaires, obligeant
chaque famille à lui donner une fille en mariage. Il avait
accédé au pouvoir après que sa mère n'eut pas
hésité à supprimer tous ses
frères »1378(*). Cette description traduit à suffisance
un racisme fortprononcé à l'endroit du Roi NJOYA. A
l'inverse, les Allemands l'ont pris pour un remarquable chef, intelligent et
entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles pour son pays.
L'hommage que lui rend Carl EBERMAIER témoigne de cette
coopération : « Il fut le plus capable, le plus intelligent et
le plus loyal de tous les chefs du Kamerun que j'ai connus ; il amena la
prospérité dans son pays et développa l'agriculture,
l'artisanat et le commerce et fut pour tous un modèle ».
Par ailleurs, arrivé à Foumban le 13 avril
1903, voici ce que dit le lieutenant HIRTLER sur la personnalité du Roi
NJOYA : « L'autorité personnelle de cet homme, la situation
relativement grande qu'il occupe et sa manière de concevoir les choses
le placent très loin au-dessus des autres chefs de la région. Ses
qualités propres, dont la preuve réside dans les ressources qu'il
tire d'un pays étendu et peuplé, le font apparaître
à la fois à la propagande de la civilisation et au
développement du commerce. La réception et les soins que je
reçus de lui furent grandioses. Ce que j'ai vu me fit une impression de
bon ordre, qui est le meilleur témoignage de l'autorité sans
bornes dont jouit Njoya ».
En somme, la personnalité du Roi NJOYA à la
fois souple vis-à-vis des Allemands et entreprenante suivant les
différentes réformes qu'il a mis en place au sein de son royaume,
ont permis à son peuple de ne pas être soumis à la violence
physique directe et implacable des conquérants étrangers.
Cependant, cette « servitude
volontaire » peut être perçue comme le reflet du profil
psychologique complexe et tiraillé de ce monarque africain.Nous posons
l'hypothèse peut-être hérétique que NJOYA a
sacrifié à la « servitude volontaire »
stratégique pour circonvenir l'administration coloniale.Le greffage de
l'adjectif qualificatif « volontaire » au vocable « servitude
» apparaît d'ordinaire paradoxal ; mais cet oxymore offre un axe de
lecture tentant pour une sociologie de la docilité. En
réalité, c'est NJOYA qui délaisse sa liberté, et
non le colon qui la lui prend.
La sociologie d'Erving GOFFMAN nous permet de scruter les
interactions entre NJOYA et l'administration coloniale, interactions qui
s'objectivent dans les « figurations » préventives,
protectrices et réparatrices : tact, pondération,
évitement, accommodation, collaboration, compromission font partie d'un
registre de possibilités stratégiques à lui offertes par
les conjonctures. C'est dire que dans cette structure de jeu, il y a une
plasticité insoupçonnée qui ruine les lectures de
surface.
Au contact des Allemands, il s'illustre par une anticipation
rationnelle qui fait de lui une « collaboration mercenaire » :
« faisons la guerre aux Blancs - « Non répondit le Roi,
les Blancs sont mes amis ! » Ainsi, les Blancs s'installèrent au
pays des Noirs. Tous les rois qui ont voulu s'opposer aux Blancs ont
été vaincus ». Il s'agit d'une figuration
préventive qui révèle un leadership transformationnel qui
opère par l'alchimie de la diplomatie et de la pédagogie,
la « civilisation des moeurs politiques » d'un peuple pourtant
guerrier. Nous sommes là dans un cas limité de « jeu
à somme non nulle comparatif » où les deux protagonistes
gagnent.
Cette anticipation rationnelle du roi NJOYA permet aux parties
d'émettre des signaux dont les choix finissent par converger vers une
décision qui les arrange toutes. La prospérité
économique du royaume et l'administration « en
semi-liberté » en constituent la contrepartie. Était-il
totalement acquis à la cause allemande, TARDITS demeure nuancé
dans la mesure où il ne fit jamais appel aux Allemands comme le firent
la plupart des chefs indigènes. Au surplus, sa mobilité tactique
le porte à soutenir les Anglais en 1915 sans doute en raison d'une
évaluation réaliste des rapports de force. La deuxième
anticipation rationnelle a trait à ses rapports avec le christianisme.
Sa demande de baptêmes auprès du pasteurGÖRING apparaît
entre autres interprétations comme une sollicitation de façade,
une figuration protectrice qui masquent ses amitiés nostalgiques avec
les Fulani de Banyo.
En fait, les Allemands traitèrent NJOYA comme un
fonctionnaire allemand et gagnèrent son attachement en lui offrant
l'uniforme de lieutenant de la Garde Impériale Allemande. Le
respect que le Sultan NJOYA portait aux Allemands apparaissait dans la
réponse qu'il donna au Roi Rudolf DUALA MANGA BELL de Douala lorsque ce
dernier lui demanda son soutien dans l'opposition à l'expropriation des
terrains de Douala.
Répondant à la requête du Roi Rudolf
DUALA MANGA BELL, le Sultan NJOYA s'interrogea :
« LesAllemandssont mes pères, et lui (RudolfDUALA MANGA
BELL) est comme mon frère ; comment dès lors pourrais-je
entrer en guerre contre eux ? »1379(*)
A travers cette déclaration, nous nous questionnons sur
le soutien inexistant des autres chefs locaux à l'égard de la
lutte de Rudolf DOUALA MANGA BELL qui peut témoigner du manque de
solidarité et d'entraide qui prévaut toujours dans notre
société et entérine une fois de plus le principe de
« diviser pour mieux régner ».
C. LE SOUTIEN INEXISTANT DES AUTRES CHEFS LOCAUX A
L'EGARD DE LA LUTTE DE RUDOLF DOUALA MANGA BELL
On a dénoncé une mission chez FONJONGA, chef
Bali connu, mais on n'a pas pu le prouver1380(*). On a cependant trouvé des contacts avec le
chef TATA1381(*) de
Bagam et avec le chef NJOYA de Bamun. Par ces intermédiaires, les Duala
informaient le chef BAGAM de leurs actions et lui faisaient comprendre qu'ils
comptaient sur son soutien. Celui-ci n'était pas assez
téméraire pour oser et avoua ce qu'il savait quand on
l'interrogea1382(*).
L'un des souverains camerounais les plus importants que les émissaires
Duala rencontrèrent en avril 1914 fut le Sultan BamounBamun, NJOYA.
1. L'envoyé de Rudolf Douala Manga Bell au
Roi Njoya : Ndame.
L'envoyé des Duala auprès du Sultan NJOYA
était NDAME qui au nom de Rudolf MANGA BELL, demanda au Sultan NJOYA de
soutenir les Duala dans leur lutte contre les autorités coloniales
allemandes. L'émissaire NDAME arriva à Foumban le 26 avril 1914.
Il était BamounBamun de naissance et avait été
vendu à Bodiman et travaillait comme ouvrier depuis mars 1911. Il fut
pris en confiance par le tailleur EKANDENGONGI, un homme de BELL, et en accord
avec RUDOLF MANGA BELL, chargé de transmettre oralement un message au
chef NJOYA. NJOYA, un homme doué d'une intelligence diversifiée,
qui avait déjà obtenu des résultats extraordinaires sur le
plan économique et culturel, mais qui en matière de politique
pensait en premier lieu à son pouvoir personnel, l'écouta en
présence de ses conseillers.
NDAME dit : « Le temps pour lequel le
traité a été conclu avec les Allemands en 1884 est
révolu. MANGA veut aider les noirs à sortir du fossé dans
lequel ils sont tombés et à combler ce
fossé ». Il insista sur le fait que les autochtones ne
voulaient pas autoriser l'expropriation de leurs terres.
Par ailleurs, il présenta au Sultan NJOYA le fait que
Rudolf MANGA BELL souhaitait demander le soutien de l'Angleterre et
s'apprêtait à reconnaître la souveraineté de ce pays
au lieu de celle de l'Allemagne. NDAME termina son appel au Sultan NJOYA en lui
disant qu'en cas d'acceptation de la requête du roi Rudolf DUALA MANGA
BELL, il devait envoyer un émissaire à Douala. Il
déclare en effet : « Les Allemands sont injustes, ils
n'aiment pas les chefs des Noirs, mais les tourmentent et prennent beaucoup
d'argent aux Noirs... Les Anglais par contre n'agissent pas
ainsi. DOUALA MANGA a besoin du soutien des chefs en vue et si NJOYA est
d'accord, qu'il veuille envoyer un émissaire à
Douala »1383(*).
Le Sultan NJOYA rejeta la demande du Roi BELL et, entre autres
choses, il déclara : « LesAllemands sont mes
maîtres, qu'ils me fassent du bien ou du mal, je leur reste
fidèle... Moi, NJOYA, je sais que je si donne mon nom pour cette
affaire et que les Allemands l'apprennent, ils m'attraperont avec Manga et
Fonyonga et nous tueront, parce que nous aurons trahi l'Empereur
(allemand) ». Dans la soirée du 27 avril 1914, NJOYA
rendit visite avec ses huit conseillers au missionnaire bâlois GEPRAGS
à Foumban et, ému, il lui demanda conseil. Le missionnaire lui
conseilla de tout noter par écrit.
Le 28 avril de la même année, NJOYA donna les
notes au missionnaire GEPRAGS qui les remit aux autorités allemandes et
NDAME fut arrêté par ces dernières1384(*). Cette trahison aboutit
à l'arrestation de Rudolf MANGA BELL, NGOSSO DIN, EKANDENGONGI, MFOMU et
bien d'autres.
2. Un « soupçon de
trahison » enterré1385(*) ?
Tout débute en décembre 1913 avec
l'opération de « déguerpissement »
forcé. Le 12 janvier 1914, une troupe de 850 soldats débarque et
prend d'assaut la ville de Douala. Les chefs indigènes décident
alors d'envoyer NGOSSO DIN, secrétaire de MANGA BELL, en Allemagne de
manière illégale, afin qu'il plaide leur cause devant l'opinion
publique et le Reichstag pour arrêter l'expropriation. Il reçoit
l'aide du juriste Dr HALPERT et du journaliste HELMUT VON GERLACH.
Le travail de NGOSSO DIN porte finalement ses fruits, car le
18 mars 1914,la commission budgétaire du Reichstag décide,
à titre conservatoire, de ne pas accorder les moyens financiers
demandés par le gouverneur allemand. Parallèlement, Rudolf DOUALA
MANGA BELL s'efforce de persuader un maximum de tribus en dehors des Duala de
se mobiliser contre l'autorité coloniale. Il envoie des
émissaires aux chefs de l'Ouest, comme TETTANG de Bagam, et au sultan
NJOYA des Bamun à Foumban.
Il est important de noter que MANGA BELL avait la
nationalité allemande, avait étudié en Allemagne, son fils
y vivait, et lors de sa première rencontre avec NJOYA, huit ans avant
les événements de 1914, c'était dans le salon du
gouverneur allemand. À cette époque, NJOYA, en tant que Bamun,
n'était pas allemand, ne parlait pas la langue allemande et était
traduit en tout temps. Aucun de ses fils n'était allé en
Allemagne, mais un capitaine allemand avait péri à Bansoh lors
d'une guerre où les Bamun étaient alliés aux Allemands
pour récupérer le crâne du Roi NSANGU, père de
NJOYA. La signification d'un tel crâne pour NJOYA en tant que père
et Roi amène à se poser des questions sur la relation de force
entre les Allemands et NJOYA, ou entre MANGA BELL et NJOYA.
Il est également important de rappeler qu'au cours de
la visite de NJOYA à Buéa en 1906, les Bakwéri, qu'il a
également visités, revendiquaient leurs terres expropriées
par les Allemands et étaient réprimés par les soldats
commandés par Martin PAUL SAMBA, tandis que les jugements des
expropriations étaient rendus dans les tribunaux où MANGA BELL
était clerc.
Ainsi, il est nécessaire de se demander qui a trahi
qui. La trahison implique une trahison de confiance, de dissimulation et de
retournement contre son camp pour rejoindre celui de l'adversaire en
échange d'un privilège, d'une position ou d'une amnistie.En 1914,
NJOYA est roi des Bamun et entretient de bonnes relations cordiales avec les
Allemands, qui pratiquent le système de « Indirect
Rule » dans tout le Cameroun, qui n'est plus seulement un protectorat
mais une colonie allemande depuis plus de 25 ans. Il a intégré
les principes politiques des relations avec les colons, qui respectent son
pouvoir et l'ont d'ailleurs aidé à le consolider.
Pendant ce temps, MANGA BELL n'était plus fonctionnaire
allemand et avait succédé à son père en tant que
Roi en 1910. Ses relations avec les Allemands s'étaient
détériorées depuis qu'ils avaient déplacé la
capitale de Buéa à Douala à la suite du séisme, et
qu'ils avaient repris le projet d'expropriation pour agrandir Douala. C'est
à cette époque que MANGA BELL, conscient des tensions entre les
grandes puissances (France, Royaume-Uni et Allemagne), décide avec son
ami Martin PAUL SAMBA de lancer un soulèvement des rois camerounais.
Il écrit aux rois de Bali, Bana, Bagham et NJOYA
pour les inviter à se joindre à leur combat. Le messager
envoyé à NJOYA est NDAME, qui faisait partie de la
première promotion des Bamun envoyée à la mission de
Bâle à Bali en 1902 pour apprendre l'allemand et la
théologie protestante.
Pendant les dissensions entre NJOYA et MOSE YEYAP entre 1906
et 1908, NDAME était parti avec un évangéliste Duala qui
officiait à Foumban pour approfondir ses études à Douala.
Il est important de noter que NDAME était considéré comme
un renégat par le roi des Bamun avant son départ de Foumban, et
donc potentiellement un traître qui pourrait comploter contre lui ou
contre le royaume.
Maintenant, passons aux questions posées :
· Entre la visite de NJOYA à Douala et Buéa
en 1906, la rencontre entre NJOYA et MANGA BELL par l'intermédiaire du
gouverneur allemand, et l'accession de MANGA BELL au trône en 1910, les
deux rois ont-ils eu des accords politiques ?
· MANGA BELL trouvait-il plus respectueux d'envoyer un
messager pour une affaire aussi importante plutôt que de se
déplacer lui-même pour rendre visite à NJOYA, qui avait
visité son père roi en 1906 ? Et quel messager choisir ?
· Pourquoi MANGA BELL a-t-il choisi NDAME, un Bamun
considéré comme un renégat et travaillant comme homme
d'église, comme messager de confiance (sachant que les religieux
chrétiens étaient soumis aux colons) ?
· NJOYA était-il un roi jaloux de sa
royauté ou un souverain de MANGA BELL qui obéissait à son
injonction ? Avait-il le droit d'évaluer les chances de succès
d'une telle aventure ou les risques d'un piège ? Sachant qu'à
leur dernière rencontre, MANGA BELL était un fidèle
allemand, sujet de Sa Majesté l'empereur allemand. Et le porteur du
message, qui était un traître du palais.
Beaucoup parlent de politique et d'histoire sans vraiment
comprendre leur contexte, car « l'histoire est la matrice de la
politique ». Face à tous ces indices qui ressemblent de plus
en plus à un piège, NJOYA est tourmenté dans son
âme, ne sachant pas si MANGA BELL, qu'il a rencontré auparavant
comme allié des Allemands qui a étudié en Allemagne, ainsi
que son fils vivant en Allemagne, est sérieux dans sa rébellion
contre les Allemands ou s'il s'agit d'un piège orchestré par
MANGA BELL lui-même en collaboration avec les Allemands pour tester sa
loyauté. Malgré tous ces doutes, NJOYA s'abstient car il sait que
c'est dangereux d'en parler à quelqu'un. Mais malheureusement, son
interprète a déjà tout rapporté aux Allemands.
Immédiatement, les Allemands se rendent au palais pour
obtenir une déposition de NJOYA. NJOYA va refuser de le faire une
déposition car il sait qu'il passerait pour un traître aux yeux de
la nation. Les Allemands promettent à NJOYA de considérer son
peuple comme coupable s'il refuse de faire la déposition. Il faut un
bouc émissaire comme NJOYA, pour assumer le rôle du traître.
La situation échappe à son contrôle, indépendamment
de sa volonté, NJOYA est contraint de faire une déposition sur
tout ce qui a été dit entre lui et le messager traître,
sinon son peuple sera considéré comme l'ennemi des Allemands.
Nous savons tous ce que cela implique d'être un ennemi des colons
à cette époque.
Il doit faire un choix rapidement. Soit il fait une
déposition en espérant que la vie de son peuple soit
épargnée, soit il garde le silence et subit et son peuple subit
les conséquences. Les colons allemands savaient que mourir ne
lui faisait pas peur. Mais la vie de ses sujets en danger, oui. Après
mûre réflexion, il accepte de prendre la place du traître et
d'assumer la responsabilité d'avoir trahi la rébellion de Rudolf
DOUALA MANGA BELL et Martin PAUL SAMBA. Nous savons que NJOYA était un
roi soucieux de l'avenir de son peuple. Le lendemain,
MANGA BELL est pendu et Martin PAUL SAMBA est fusillé. Le contenu de la
déposition de NJOYA est dévoilé au grand jour par les
Allemands.
Tout le monde le traite de tous les noms sans savoir ce qui
s'est vraiment passé. Dès lors, ceux qui voyaient le signe du
« serpent à deux têtes » comme un signe de
bravoure et de fierté ont commencé à le voir comme un
signe de traîtrise. Dès lors il n'a plus jamais été
en bons termes avec les Allemands jusqu'à leur départ en 1916.
C'était le début de leur chute.
La véritable question est : qu'auriez-vous fait
à sa place ? Auriez-vous laissé périr votre peuple pour
une cause dont vous n'étiez pas sûr du bien-fondé, ou
auriez-vous fait la déposition et assumé le rôle du
traître ?1386(*)
Dans le second paragraphe, nous allons voulu aller plus loin.
Il s'agissait pour nous de parler de la remise en question de la perception de
l'administration coloniale allemande par le RoiNJOYA. En d'autres termes, si
celle-ci est fondée ou non ?
PARAGRAPHEII : LA
REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR
LE ROI NJOYA
A l'instigation du Secrétaire d'État Edward GREY
en février 1916 au cours d'une réunion interministérielle
à laquelle assistaient des fonctionnaires du « Foreign
Office », il fut décidé que la Grande-Bretagne
céderait le Cameroun à la France afin de ranimer son ardeur.
Par la suite, EdwardGREY demanda à Lancelot OLIPHANT d'informer le
diplomate français PICOT qui se trouvait à Londres à
l'époque, de la décision britannique.
Ainsi, deux hommes siégeant à Londres
dessinèrent arbitrairement des lignes sur la carte du Cameroun et
divisèrent le territoire en Cameroun Français et Britannique sans
aucune connaissance sur la population indigène concernée. Le
partage plaça certains Camerounais sous l'autorité
française malgré leur désir d'être dirigés
par les Britanniques. Ce fut le cas du Sultan NJOYA des BamounBamun qui demanda
au Roi d'Angleterre de prendre le contrôle de son royaume.
Le Sultan NJOYA adressera une lettre au Souverain
britannique1387(*)
pour lui faire part de ses intentions et traduit à travers cet acte de
l'ambigüité des relations entretenues entre son royaume et les
agents coloniaux allemands(A-).
A travers cet acte, nous nous posons la question de savoir si
la perception du Roi NJOYA à l'égard de l'administration
coloniale allemande était réellement fondée
(B-) ?
A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE EST-ELLE FONDÉE ?
Dans une lettre adressée au Souverain britannique et
écrite au début de l'année 1916, le Sultan NJOYA
déclarait : « Moi, Njoya, seizième Roi des
BamounBamun envoie mes humbles salutations au grand Roi d'Angleterre qui fait
fuir les hommes dangereux et met ceux qui sont gênants en prison.
Je remercie le Grand Roid'Angleterre d'envoyer ses soldats
forts pour libérer mon pays... Ils m'ont délivré des mains
des Allemands qui sont des hommes de l'obscurantisme qui n'ont pas de biens,
qui sont des menteurs, qui ennuient continuellement les populations.
J'ai rassemblé toutes mes populations et elles
souhaitent toutes appartenir au Roi d'Angleterre et à ses enfants et aux
enfants de ses enfants. Puisse-t-il les prendre dans ses mains et comme un
père prend ses enfants puisse-t-il leur montrer la sagesse et les aider
à leur enseigner à être des hommes forts comme les Anglais
eux-mêmes.
Il souhaite suivre le Roi d'Angleterre et être son
serviteur avec mon pays pour que ma terre soit rafraichie de rosée et
pour que les Allemands et toutes les choses sales puissent être
chassées. Tous mes sujets, tout mon peuple, nos hommes et nos femmes
âgées, mes hommes et mes filles, les faibles et les forts le
désirent.
J'ai une très petite chose dans mes mains que je
souhaite offrir humblement au Roi d'Angleterre. C'est la chaise sur laquelle
moi et mes pères nous nous sommes toujours assis et qui est ma force et
ma puissance. Il y a aussi les deux grandes défenses
d'éléphant qui sont à chacun de ses côtés. La
chaise et les défenses ne sont rien pour son AltesseRoyalele Roi
d'Angleterre mais c'est tout ce que j'ai.
J'accepte le drapeau anglais qui est hissé sur ma
ville. J'adresse mes remerciements ; je dis trois fois ma gratitude et
donne ma terre et tout ce que j'ai aux Anglais.
Njoya, 16ème Roi des
BamounBamun ».
Les propos durs du Sultan NJOYA à l'encontre des
Allemands dans sa lettre au Roi d'Angleterre apparaissaient en contradiction
avec l'admiration et le respect qu'il montrait à leur égard avant
l'occupation anglaise du pays BamounBamun. Cette contradiction est
peut-être due au fait que les Allemands ont privilégié
leurs intérêts notamment en ce qui concerne la langue allemande
qui fut imposée sur toute l'étendue du territoire national en
général et en pays BamounBamun en
particulier(1-) et ont ainsi muselé le Roi NJOYA et la
langue Shumom(2-).
1. La politique linguistique comme outil
d'appui à l'impérialisme allemand au Cameroun
Le BamounBamun, appartient au groupe de langues semi-bantou au
sein de la famille des langues négro-congolaises. Le Roi NJOYA a
créé des écoles de « Shumom » en 1896
et plus tard, 48 écoles furent créées sur tout le
territoire BamounBamun et aussi dans le Haut-Nkam, dans les Bamboutos et
à Bana, où il existait une inspection scolaire.
LesAllemands ont encouragé cette initiative mais pas
les Français qui verront en celles-ci un obstacle à leur
processus de colonisation car cela passait par les églises et les
écoles pour asseoir leur domination. « L'école du
Blanc » est donc restée vide.
La politique linguistique allemande, définie depuis par
la loi du 24 avril 1910, constitue une véritable déclaration de
guerre lancée aux langues locales. La langue allemande est
désormais le seul instrument de communication dans les écoles du
territoire. Cette attitude de l'administrateur colonial allemand ZECH confirme
cette position hostile aux langues locales : « Je ne peux
pas admettre que l'enseignement chrétien en langue locale soit dans
l'intérêt de la colonie... Avec l'étude de la langue et son
élévation au rang de la langue écrite, le sentiment
national des indigènes va sans doute s'éveiller, mais en aucun
cas un sentiment allemand ou de sympathie pour l'Allemagne, seulement l'opinion
illégitime, reposant sur une illusion et jusqu'à alors inconnues,
du sens de leur propre nation, de leur communiqué... Ceci n'est pas une
langue locale qui doit être le trait d'union entre les indigènes
et leurs responsables allemands ni entre les peuples de langues
différentes ; c'est l'Allemand1388(*). (Voir les Annexes 13 & 14 : ce sont des
correspondances qui interdisent désormais les correspondances en langue
anglaise, en langue duala ou toute autre langue camerounaise).
Partant de là, l'installation des musulmans et des
chrétiens à Foumban constitue également un
véritable goulot d'étranglement de la langue BamounBamun en ce
sens que les premiers, les musulmans, ont une seule langue sacrée,
l'arabe qui permet d'accéder à Dieu.En acceptant donc la foi
islamique,le croyant BamounBamun devait renoncer à sa propre langue, le
BamounBamun pour adopter la langue des autres, l'arabe. Le second groupe, les
missionnaires chrétiens bâlois sont plus zélés dans
un premier temps pour la marginalisation de la langue BamounBamun.
Depuis leur arrivée au Cameroun, les Bâlois ont
jeté leur dévolu sur deux langues, le
« duala » pour l'évangélisation des
côtes camerounaises et le « Bali » pour
l'évangélisation des Grasslands. Le missionnaire Ernst
VOLLBEHR, détaché de la région de Bali pour fonder la
station missionnaire de Foumban, « était d'avis que
l'apprentissage de la langue Bali pour les enfants bamounBamun dans
l'école missionnaire en création ne serait pas aussi difficile
que le haut allemand pour les enfants suisses »1389(*).
Même le linguiste CarlFriedrichMichaelMEINHOF,
consulté par l'Églisedonne un avis défavorable sur la
langue BamounBamun.1390(*)Mais, toutes ces barrières tant au niveau
externe qu'interne n'ont pas entamé le génie du Roi NJOYA
dont la plus belle expression demeure l'oeuvre linguistique1391(*).
Par la suite, on va assister progressivement au musellement du
Roi NJOYA et de la langue « Shumom ».
2. Le musellement du Roi Njoya et de la
langue « Shumom »
Une telle oeuvre ne lui attire pas seulement l'admiration mais
elle lui crée également un certain nombre d'ennuis. La
marginalisation de NJOYA du fait de son système d'écriture et de
sa langue commence avec les Allemands et atteint son paroxysme sous
l'administration coloniale française avec la déportation du
Sultan NJOYA à Yaoundé.
A partir du principe « diviser pour mieux
régner », les autorités allemandes ne peuvent
apprécier l'oeuvre linguistique de NJOYA en ce sens qu'elle heurte les
intérêts linguistiques allemands. Surpris par une telle prouesse
intellectuelle et artistique, les colons allemands trouvent une autre solution
qui consiste, à défaut de détruire ce chef-d'oeuvre
culturel, à transférer les meilleures valeurs culturelles de
NJOYA à Berlin.
Sous le fallacieux prétexte d'échanges de dons,
les plus précieux trésors BamounBamunse retrouvent au
musée de Berlin comme l'avoue ici le gouverneur
SEITZ : « Ces objets ont une valeur inestimable. C'est
pourquoi j'ai tenté de le protéger pour le musée de
Berlin, immédiatement, par l'intermédiaire du CapitaineRAMSAYde
l'existence du fauteuil royal après avoir pris connaissance que le
Capitaine CLAUNING était chargé des négociations. Le 27
février 1908, j'ai eu l'honneur d'exposer nos récentes
acquisitions à Sa Majesté l'Empereur notamment l'écriture
inventée, en lui annonçant que la petite banquette arrière
serait ajoutée au siège royal, dès que ce chef intelligent
et fidèle voudra reconnaître le soutien militaire que nous lui
avons apporté ».1392(*)
Contre les Français qui voulaient détruire son
autorité et s'en prendre directement au peuple BamounBamun, il s'est
redressé fièrement pour faire face à cette
adversité. Les autorités françaises n'eurent pour seul
recours que de la contraindre à l'exil. Ce fut l'occasion pour le peuple
BamounBamun de faire la preuve de son amour pour son souverain et n'eut
été la volonté de ce dernier de ne plus voir le sang
de son peuple verser pour lui, celui-ci aurait pris des armes pour
empêcher cet exil. Ce peuple le suit même dans son exil à
Yaoundé, amenant son « geôlier »
présumé à le considérer plus en souverain en visite
à Yaoundé qu'en un exilé dans cette ville.
Le Roi NJOYA a été soumis à une triple
domination extérieure : allemande, anglaise et française.
Comme un roseau, il a su plier quand l'adversité était forte et
rester fièrement debout jusqu'à rompre pour
l'intérêt de son peuple qui était menacé. Par cette
attitude, il a su tenir à distance Allemands et Anglais
protégeant de ce fait le peuple BamounBamun contre certaines rigueurs
coloniales.
Cette attitude politique du roseau du RoiNJOYA est un exemple
que les Africains doivent copier : savoir plier quand l'adversité
est forte, mais savoir rester ferme au point de rompre quand les
intérêts vitaux de l'Afrique sont en danger. Pour ce faire, il
faudrait en permanence faire la preuve de son amour pour son peuple et son pays
qui sauront rendre la pareille en cas d'adversité...
Suivant l'argumentaire qui vient d'être
énoncé, nous pouvons déduire que la perception du RoiNJOYA
à l'égard de l'administration coloniale allemande était
fondée et des arguments supplémentaires non négligeables
en font l'écho.
B. SIOUI, POURQUOI ?
La visite que le Roi NJOYA rendit en mars 1908 à
THEODOR SEITZ, gouverneur du Cameroun1393(*) basé à Buéa, capitale de la
colonie, constitue l'évènement charnière qui
influença grandement à l'avenir le comportement du monarque.
Composé de près de 200 personnes dont ses
meilleurs soldats et de nombreux sujets, le cortège s'ébranla aux
environs de 04 heures du matin avec, en tête, NJOYA, montant à
cheval, escorté par sa garde montée.1394(*) Après 08 jours de
marche, l'entrée du cortège royal dans la ville de Buéa
fut solennelle. Les plus belles armes, les plus riches vêtements, les
harnachements les plus brillants pour les chevaux composaient une
véritable féérie de couleurs. Le missionnaire GÖRING
servait d'interprète.1395(*)
Pendant ce temps, YUNYATOU, le griot
préféré du roi, mais aussi l'homme de confiance qui
était arrivé à Buéa quelques jours avant en
éclaireur pour recueillir le plus possible d'impressions et de
renseignements pouvant être utiles à NJOYA dans ses rapports avec
le gouverneur au cours de cette exceptionnelle rencontre, exécutait les
chants de louanges. A son tour, le gouverneur évoqua les
possibilités d'entente et de collaboration, sans omettre de souligner
avec force la grandeur de l'empire allemand.1396(*) Le programme de la visite
était loin d'être achevé : les deux parties
s'entendirent pour organiser des compétitions qui clôtureraient
des réjouissances consolidant l'amitié entre BamounBamun et
Allemands.
La première compétition fut le concours de tir
au fusil, donc une épreuve de l'adresse. Six hommes parmi les meilleurs
furent retenus dans chaque camp.
Les BamounBamun, dont le Roi NJOYA, très habile au
maniement du fusil, atteignirent tous la cible, contrairement aux officiers
allemands qui, assez maladroits, ne réalisèrent que de maigres
performances. La deuxième compétition fut le tir à la
corde, donc une épreuve de force. Deux équipes se
formèrent ; le jeu consistait à ne pas se laisser
entraîner au-delà de la ligne qui marquait entre elles une
séparation. Trois arbitres, dont un côté de chaque groupe
conçurent et, sur la ligne de séparation, l'arbitre principal,
veillaient au respect des règles du jeu. Cette fois-ci encore, les
BamounBamun sortirent vainqueurs.
Ces deux victoires des BamounBamun sur les Allemands
marquèrent le point de départ du refroidissement des relations
entre le roi NJOYA et le gouverneur du Cameroun, ThéodoreSEITZ. Le jour
suivant, dans une atmosphère un peu timide, les deux
procédèrent à l'échange des cadeaux. C'est à
cette occasion que NJOYA offrit au gouverneur, à l'intention de
l'Empereur GUILLAUMEII, le fameux trône
« MandouYenou », orgueil du peuple BamounBamun, le plus
beau des trésors royaux, fait tout entier de perles.
Il sera envoyé en Allemagne et placé au
Musée d'Ethnologie de Berlin où il continue, jusqu'à ce
jour, à attirer de nombreux touristes. A ce prestigieux cadeau
s'ajoutèrent d'énormes défenses d'éléphant,
des panneaux et des meubles sculptés, des poteries, des objets d'art en
bronze, en fer, anciens et nouveaux.
A son tour, Théodore SEITZ offrit à NJOYA non
pas la totalité des présents qu'il lui avait
réservées, parmi lesquels les armes et munitions annoncées
par YUN YATOU, mais seulement une tente de campagne, une tenue militaire, des
sacs de sel, quelques jolies assiettes et des gobelets de métal
marqués du signe impérial, et des parures pour les épouses
royales.1397(*)
C'est que, à la suite de la victoire nette et
éclatante que les soldats du Roi NJOYA remportèrent sur les
soldats allemands au cours des épreuves de tirs au fusil et à la
corde, le gouverneur, redoutant le monarque BamounBamun,
refusa de lui remettre les armes dont l'usage pourrait se
révéler, à l'avenir, dangereux pour le pouvoir colonial
allemand. Autrement dit, les démonstrations de force de NJOYA ont
provoqué, chez le gouverneur, un sentiment de profonde
circonspection.
Il faut d'ailleurs ajouter qu'en 1906, grâce aux
Allemands, NJOYA a pu récupérer le crâne de son père
NSANGU, gardé depuis des années comme trophée dans le
palais du roi des Bansoh à Kumbo. Le crâne du roi défunt
jouant un grand rôle dans le rituel BamounBamunde l'installation du roi,
cette légitimation de sa souveraineté avait été,
jusqu'à présent, refusée à NJOYA. On peut donc dire
que la stratégie politique de NJOYA vis-à-vis des Allemands a
été à la fois un succès et un échec.
En fin de compte, le Roi NJOYA apparaît comme un fin
stratège politique(1-) et a mis fin au mythe de
l'infériorité du Noir(2-).
1. Le Roi Njoya, un fin stratège politique
Un stratège est un membre du pouvoir exécutif
d'une cité grecque, qu'il soit élu ou coopté. Il est
utilisé en grec pour désigner un militaire général.
Dans le monde hellénistique et l'Empire byzantin, le terme a
également été utilisé pour décrire un
gouverneur militaire.
Dans la Grèce contemporaine1398(*), le stratège est un
général et a le rang d'officier le plus
élevé1399(*). Dans l'empire byzantin, à partir du
VIIème siècle, un stratège est le commandant d'un
thème et de son armée. Il est le détenteur des pouvoirs
civils et militaires au sein de cette province.
Le terme
« monostratège »1400(*) désigne un stratège qui a
autorité sur plusieurs thèmes1401(*). L'origine du mot vient du grec
« strategos »1402(*) qui a donné le latin
« stratagema »1403(*), ce qui fait de cette pratique l'art du
général. Son sens moderne est double, si l'on choisit de mettre
l'accent sur le savoir ou sur la méthode. La stratégie est
définie comme la science ou l'art de l'action humaine finalisée,
volontaire et difficile.
Finalisée c'est-à-dire tendu vers des buts
identifiés avec précision, volontaire dans la mesure où la
volonté de l'unité agissante représente une condition
fondamentale pour la réalisation de l'objectif ; difficile
c'est-à-dire que cette réalisation demande des efforts
substantiels pour surmonter les obstacles assez élevés pour
entretenir l'incertitude au moins pendant un certain temps1404(*).
La stratégie est au coeur de la praxéologie,
elle concerne tous les domaines de l'action en particulier la conduite des
organisations de toute nature. Elle est un art qui se conjugue avec d'autres
arts sociologiques tels que la guerre ou encore la politique...
· Politique et stratégie : deux
notions aux contenus complexes...
Le Général OLLION1405(*) distingue trois (03)
postulats qui permettent de mieux appréhender de façon claire les
notions de stratégie et de politique :
1°) La stratégie ne se confond pas avec la
politique, elle lui est étroitement subordonnée. Il importe
en premier lieu de situer la stratégie par rapport à la
politique. Pour faire apparaître ce qui les distingue, on peut dire que
la politique se réalise normalement par les voies de la diplomatie, de
l'économie, etc...
De telles activités sont adaptées à la
poursuite des objectifs nationaux, tant que ne surgissent pas d'obstacles
insurmontables pour chacune d'elles, ou une menace atteignant l'ensemble de la
vie nationale.
Mais si tel est le cas, il faut qu'une volonté unique
coordonne étroitement, dans une action de contrainte, tous les moyens,
de quelque nature qu'ils soient, qui peuvent aider à franchir l'obstacle
ou à supprimer la menace. On voit alors se manifester à
l'échelon le plus élevé de l'Etat une action de
stratégie générale qui donne naissance aux échelons
subordonnés, non seulement à une stratégie militaire, mais
aussi à des stratégies particulières1406(*), suivant une
hiérarchie qui est celle des responsabilités réellement
exercées.
Ainsi la stratégie générale
apparaît-elle, dans son essence, comme l'application de la politique avec
une intention de contrainte, face à une volonté adverse suscitant
obstacles ou menaces.
Il ne peut donc y avoir de stratégie authentique sans
qu'ait été préalable définit une politique, et il
ne subsiste pas le moindre doute sur la constante subordination de la
première à la seconde qui constitue sa raison d'être.
2°) Nécessaire coexistence de la
stratégie et de la politique
Le caractère total que peuvent revêtir les
conflits modernes conduit à concevoir une stratégie totale et,
partant, une politique totale dans laquelle cette stratégie puisse
trouver sa source.
Mais il faut souligner qu'une telle politique totale ne peut
exister, dans le monde occidental actuel, que pour inspirer une
stratégie totale lorsque celle-ci est rendue nécessaire par la
conjoncture ; hormis ce cas, il n'y a que la politique au sens
traditionnel du mot. Si en effet la politique d'un pays avait en
permanence le caractère d'une politique totale, appliquée par les
méthodes d'une stratégie totale, toutes les activités
intérieures et extérieures, publiques et privées devraient
être constamment et exclusivement ordonnées à cette
politique. L'organisationde l'Etat et celle de tous les groupes sociaux
devraient être conçues en fonction de ce but.
Dans le monde moderne, chaque pays entretient aisément
des relations avec tous les autres ; aucun n'est complètement
indifférent aux problèmes des autres et tous participent plus ou
moins au règlement des questions importantes.
De grands blocs rivaux se constituent auxquels il faut
participer pour bénéficier de leur puissance sans se laisser
absorber au point de perdre son indispensable et légitime autonomie.
Il n'est donc pas douteux que l'on doit toujours être
prêt à user soit de relations normales soit de procédures
de conflit et pouvoir orienter au même moment son action dans les voies
de la politique vis-à-vis des uns et de la contrainte stratégique
vis-à-vis des autres.
3°) Le problème du passage de la politique
à la stratégie
Comment, en effet, concevoir ce passage de la politique
à la stratégie pour qu'il puisse être à la fois
facile, rapide et réversible, c'est-à-dire capable de
répondre à la demande d'évènements qui,
aujourd'hui, modifient les situations dans de très courts
délais ?
Comment les moyens de la contrainte, c'est-à-dire de la
force et même parfois de la force armée, peuvent-ils être
toujours disponibles pour donner à cette manoeuvre une efficacité
suffisante ?
Comment enfin organiser ce changement de style d'action pour
qu'il soit réalisable au moment du besoin ?
La perspective stratégique impose de faire intervenir
aussi des volontés extérieures, éventuellement hostiles,
avec leurs répercussions possibles sur les objectifs nationaux. Il faut
donc obligatoirement entrer dans le monde des hypothèses, les classer,
en dégager les facteurs communs et voir en même temps les
principaux aléas d'une véritable manoeuvre et les moyens qu'ils
peuvent exiger. La pensée militaire, avec ses méthodes et son
expérience, peut être à cet égard une aide
précieuse, mais à cet égard seulement car elle n'est pas
en mesure d'embrasser l'ensemble du problème.
Les principales étapes de sa solution semblent en effet
pouvoir être décrites comme suit - atteindre le niveau de
réflexion voulu pour savoir toujours rapporter les aspects divers de
chaque activité à l'échelon des responsabilité
effectivement habilité pour en traiter - acquérir la
sûreté de jugement indispensable pour distinguer à coup sur
ce qui nécessite ou non l'usage de la contrainte - s'entraîner
à une sorte d'agilité d'esprit qui permet en toutes circonstances
d'organiser les moyens existants en vue d'un effort particulier.
Enfin, le problème n'a de chances d'être
résolu que si toutes les personnalités susceptibles de participer
aux grandes activités de l'Etat ont été amenées
à s'engager ensemble dans un tel travail de réflexion et de
formation1407(*).
Partant de là, le Sultan NJOYA, un vrai Africain, avait
le sens de donner et de partager. Mais est-ce que certains milieux
européens ne considéraient pas ses cadeaux comme calculés?
· Njoya ou la mise en place d'une
stratégie du don
Les relations du monarque BamounBamun avec les
Européens semblent être plus complexes. NJOYA a eu tour à
tour des relations avec les Allemands, les Anglais et les Français. J'ai
été frappé par la façon dont certains auteurs
africanistes comme CHRISTRAUD GEARY1408(*) ont intercepté le don du trône royal
fait au « Kaiser » allemand en 1908, ainsi que la promesse
de cadeau faite au roi anglais en 1915 et consignée dans un document
d'archives lorsque ces derniers occupèrent Foumban un court laps de
temps.
Il y voit des dons calculés. GEARY1409(*) semble présenter
NJOYA comme un calculateur, offrant le trône en signe de gratitude au
Kaiser allemand suite à l'attaque de 1906 contre ses voisins Bansoh et
la récupération d'une partie des restes de son
père1410(*)
gardée en trophée.
Un autre exemple de son "jeu" est donné avec une photo
prise avec un uniforme allemand, avec des épaulettes, une tenue
confectionnée par ses propres tailleurs. Sur le même registre,
GEARY écrit que lorsque les relations avec l'Allemagne devinrent
froides, en 1912, il sembla plus proche des Foulbé en arborant une tenue
musulmane. GEARY ne connaissant pas le sens du cadeau chez l'Africain dit aussi
que le Sultan était déçu du cadeau donné en retour
par le Kaiser : un appareil musical.
Une autre interrogation à mon avis pertinente est
l'interprétation des relations entre NJOYA et le marchand
RudolphOLDENBURG. Sur cette photographie, on le voit poser son pied sur le
trône royal sur lequel est assis NJOYA.
Figure N°
12 :Le Roi NJOYA et le commerçant OLDENBURG, photo prise
par Hélène OLDENBURG, en 1912 à Foumban.
Source : Courtesy Basel Mission Archives. Photo
disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN
2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndijkman.com
et consulté le 06 avril 2021.
A Berlin, un collègue allemand m'a dit que selon un
spécialiste, ce geste aurait fâché la garde
rapprochée du Sultan. « C'est ce dernier qui la dissuada
de ne pas le corriger. Pourquoi ? Est-ce un signe de manque de respect ou de
familiarité entre les deux hommes1411(*)» ? On peut déduire une forme
de mépris de la part du commerçant allemand qui ne voyait en
NJOYA qu'un nègre, qu'un indigène même s'il était un
monarque craint et respecté par ses sujets. On peut y voir
également un acte de provocation pour inciter NJOYA à se rebeller
contre l'administration coloniale allemande et ainsi justifier des actes
militaires contre ce souverain et son peuple.
Du côté du Roi NJOYA, on peut y percevoir la
volonté de ne pas froisser l'administration coloniale allemande et de
préserver à long terme son peuple. Cela montre la
subtilité du RoiNJOYA qui savait qu'il ne pouvait pas lutter contre ses
envahisseurs du moins par les armes mais plutôt par la ruse. Comme le
souligne HEGEL et FICHTE, la brutalité est la règle dans les
rapports entre les groupes.
On retrouve des idées similaires dans
« Jenseits von Gut und Bose »1412(*), NIETZSCHE écrit en
effet : « Ici, il faut aller au fond de la pensée et
se débarrasser de toute faiblesse sentimentale : la vie
elle-même est avant tout appropriation, blessure, victoire sur
l'étranger et le plus faible, oppression, violence, imposition de ses
propres normes, annexion et dans le meilleur des cas, exploitation (...).
L'exploitation n'est pas le fait d'une société corrompue et
imparfaite ou primitive. Elle fait partie de l'être de tout ce qui vit et
en est la fonction organique de base, elle est la conséquence de la
volonté de vivre »1413(*).
En d'autres termes, le Roi NJOYA voulut tirer profit de sa
rencontre avec l'Occident. Il avait cherché à s'approprier le
monde de l'Autre et le fondre dans le sien dans une alchimie qui allait donner
naissance à un nouvel être au confluent des cultures. Et
voilà NJOYA l'Africain acceptant son hybridité comme valeur de
civilisation par laquelle il conquiert le monde et s'y positionne positivement
en se dépouillant des scories, pour une synthèse intelligente des
valeurs1414(*).
Par ailleurs, grâce au RoiNJOYA et ses innombrables
oeuvres, on a assisté à la fin du mythe de
l'infériorité du Noir.
2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de
l'infériorité du Noir
L'idéologie coloniale développée par les
penseurs comme le Comte Joseph Arthur DE GOBINEAU1415(*), Friedrich
HEGEL1416(*), ou le
médecin colonial Ludwig KULZ considère le Noir comme un
être inférieur, un éternel attardé mental,
dénué de toute capacité intellectuelle :
« Pour rien au monde, soutient Ludwig KULZ, nous ne
devons considérer les indigènes comme nos frères, mais
comme notre enfant mineur »1417(*).
Les thèses attribuées à DE GOBINEAU sont
combinées à celles de DARWIN1418(*), aux résultats de la recherche
génétique pour élaborer une théorisation sur la
variation, la sélection, l'amélioration et la décadence
des groupes humains.
Il en résulte une conception moniste de la
société dans laquelle on s'applique à déceler des
lois biologiques naturelles1419(*). L'évolutionnisme avait
intégré dans sa théorie les principes darwiniens de la
sélection, de la survie du plus fort, de la disparition du plus faible
et de la lutte pour la vie.Comme l'écrit ZMARZLIK :
« Ce qui pouvait encore être considéré comme
la concurrence des individus afin d'obtenir le plus travailleur et le meilleur
sur le plan moral devenait maintenant un combat ardu pour s'affirmer,
pouraccroître sa puissance - et cette lutte ne se déroule plus
avant tout entre les individus mais entre les groupes : les groupes
sociaux d'intérêt, les peuples et les races »1420(*).
Durant la phase de la domination coloniale, le noir est
considéré comme un être destiné au travail manuel.
C'est la politique de la décapitation de l'indigène.Les
sociologues GUMPLOWICZ et RATZENHOFER avaient déjà essayé
de démontrer que tous les mouvements sociaux, religieux et politiques du
passé étaient d'origine raciale1421(*).
· Les théories racistes comme fondement de
la colonisation
Pour WOLTMANN, les nègres n'ont jamais
développé un système de concurrence individuelle, les
mongols ne l'ont fait que dans certains groupes de leur race. Seuls les peuples
germaniques ont érigé ce principe en loi fondamentale de la vie
sociale et permis ainsi le plus grand développement de la
culture1422(*). Par
ailleurs, seules les races germaniques ont développé selon lui ce
principe de concurrence individuelle, elles sont donc aptes à la
culture, les nègres ne le sont pas. C'est dans cette logique qu'il
défend la colonisation. Elle ne consiste pas comme chez les
évolutionnistes à apporter la civilisation aux nègres,
« il est illusoire de vouloir rendre les nègres,
« il est illusoire de vouloir rendre les nègres et les
indiens d'Amérique aptes à la civilisation »,
« les blancs seront toujours la race des seigneurs (Herrenrasse) dans
les colonies puisque la race nordique est le vecteur naturel de la civilisation
mondiale »1423(*).
Ce qui est intéressant donc, c'est que le principe de
la colonisation est vu comme un danger pour le colon qui
semble appréhender la concurrence du colonisé ainsi
recréé à son image.
Et c'est ainsi que le principe de concurrence et de
sélection, considéré au début comme mode naturel de
régulation de la société est abandonné au profit du
principe de la primauté naturelle d'une race appelée à
asservir d'autres. Ce revirement s'opère dans l'esprit d'une frange de
l'intelligentsia allemande à un moment où la classe moyenne
à laquelle appartient une bonne partie du
« Bildungsburgertum »1424(*) connait une crise grave qui menace sa survie en
tant que classe.
En effet, le développement du capitalisme a tendance
à la plonger dans la pauvreté en rendant caduques ses modes de
production.L'affirmation du principe racial est donc souvent une
réaction anticapitaliste petite bourgeoise visant à assurer la
survie de cette classe1425(*). FROBENIUS montre assez clairement dans son livre
« Auf dem Wege nach Atlantis » que le développement
de la thèse raciste par opposition à la thèse
civilisatrice était lié à la peur de voir le
colonisé utiliser les rames des Européens pour se retourner
contre ses derniers.
Critiquant la politique française en Afrique de
l'Ouest, il écrit : « La France veut éduquer
ces hommes noirs pour en faire des frères. Il s'agit là d'une
idée mauvaise et déprimante »1426(*).Le Noir était
aussi présenté comme étant cannibale, très
superstitieux, facilement influencé par la sorcellerie et la magie.
De sa religion animiste originelle, quand on ne niait pas purement et
simplement son existence, on ne retenait que les manifestations
extérieures, c'est-à-dire les amulettes, les fétiches et
les gris-gris.
Voici par exemple ce que rapporte Joy CHARNLEY dans un ouvrage
dont le titre Afriques imaginaires est révélateur de l'esprit qui
a régné en Occident du 19ème jusqu'au
début du 20ème siècle :
« Quelque peine que j'ai prise à chercher la moindre
apparence de religion parmi ces gens, je n'en ai jamais pu découvrir la
moindre trace, ou qu'ils eussent aucune connaissance de Dieu, l'Enfer, ou de
l'immortalité de l'âme...On n'y voit qu'une épouvantable
stupidité et brutalité en toutes leurs actions, en toute leur
vie »1427(*). En bref, les écrivains exotiques et
coloniaux dans leur grande majorité ont été incapables de
comprendre la complexité des diverses mythologies noires et ont tout
englobé sous le vocable simplificateur de superstitions1428(*).Les romanciers exotiques
et coloniaux ont parlé des Africains comme des êtres mineurs,
incapables de se gouverner et de gérer les ressources naturelles de
leurs pays étant donné leur mentalité prélogique.
En effet, selon FANOUDH-SIEFER, les monarques africains étaient
présentés de manière si grotesque que l'on est droit de se
demander comment de tels dirigeants ont pu se faire respecter de leurs sujets
au cours de la longue histoire de l'Afrique qui était d'ailleurs
niée.
Les rois étaient présentés comme
étant capables de vendre toute l'Afrique en échange de quelques
litres d'eau de vie1429(*).Le Roi NJOYA viendra battre en brèche toutes
ces théories racistes qui considéraient l'homme noir et surtout
africain comme incapable d'accomplir des prouesses dans des domaines
réservés aux « Blancs ».
· Le RoiNjoya ou l'effritement des
théories racistes
Pour le gouverneur VON PUTTKAMER, l'indigène est
important essentiellement pour le travail manuel, tandis que son homologue
HUBBE-SCHLEIDEN affirme de son côté que « L'Allemand
a sa tête pour penser, le noir a un crâne pour porter les
fardeaux »1430(*).C'est pour cela qu'en mettant sur pied un
système d'écriture propre, le Roi NJOYA battait en brèche
tous les préjugés avancés depuis la fin du Moyen Âge
qui font du nègre un être dénué de raison.
L'écriture royale1431(*), qui comptait au départ plus de 500 signes
à 80 caractères, assura une meilleure diffusion de
l'écriture et amena l'augmentation des textes rédigés en
écriture royale, qui était enseignée dans les
écoles. NJOYA institua un bureau d'état civil pour enregistrerles
naissances et les mariages.
Les jugements du tribunal royal étaient
également consignés par écrit. Le livre d'histoire, de
lois et de traditions des BamounBamun, qui compte plus de 1100 pages, est alors
rédigé au moyen de l'écriture royale. Sa réplique
se trouve au Pit-RiversMuseum d'Oxford1432(*).La réfutation de la théorie de la
« décapitation » de l'indigène est d'autant
plus cinglante qu'elle constitue un camouflet à la théorie de la
hiérarchie des races, cette théorie selon laquelle se fondait
l'attitude des Européens vis-à-vis des populations
indigènes.
Sans compter le développement des arts et de la culture
enregistré à son actif. Particulièrement attaché
à la culture BamounBamun, le roi réserva dès
l'achèvement de son palais, une partie de l'établissement au
musée royal actuel et favorisa l'essor des arts, des techniques et
l'épanouissement culturel.
Par ces faits d'armes, le Roi NJOYA a valorisé de
manière durable, l'héritage ancestral du peuple BamounBamun.
· Le Roi Njoya ou la valorisation de
l'héritage ancestral du peuple BamounBamun
L'importance de l'oeuvre du Roi NJOYA touche plusieurs
domaines dans la mesure où la possession de l'écriture,
instrument de communication capital, permet au Roi des BamounBamund'asseoir son
autorité politique, d'organiser méthodiquement les
activités économiques et commerciales, d'étendre son
influence socioculturelle au-delà des rives du Noun.
« Avec l'arrivée des colons, il a
trouvé une manière de communiquer sur son territoire avec cette
langue-là, comme les Allemands ne pouvaient pas la comprendre.
C'était une manière de communiquer avec son peuple comme avant
l'arrivée des colons »1433(*). C'est en 1895 qu'apparaît le
1er alphabet inventé par le Roi NJOYA. Il comptait alors 510
signes.
Avec le temps, l'alphabet « a ka u
ku » a évolué et sa dernière version, en
1930, ne comprenait plus que 70 signes1434(*).Au début, on l'écrivait dans
n'importe quel sens jusqu'à l'époque où le monarque
constata que les musulmans écrivaient l'arabe de droite à
gauche.Il interdit ce sens car il ne voulait pas paraître
influencé par des étrangers. On comptait enfin plus de mille
lettrés dans le royaume en 1933, dont quelques jeunes originaires des
États voisins.
Cette écriture, utilisée entre 1896 et 1930, a
servi à écrire de nombreux ouvrages, dont l'« Histoire
des lois et coutumes des BamounBamun », rédigé par le
RoiNJOYA lui-même. Des caractères d'imprimerie ont
même été créés pour les imprimer. La nouvelle
écriture n'était pas encore au point quand le RoiNjoya et ses
collaborateurs comprirent tous les avantages qu'ils pouvaient en tirer. Une
décision fut prise tôt au début du siècle de
rassembler les traditions historiques BamounBamun.
Le Roi NJOYA commença à noter quelques grandes
lignes de l'histoire de son peuple. Comme l'a écrit le pasteur Henri
MARTIN : « D'année en année, il (Njoya) augmenta sa
documentation, et il existe des fragments assez importants
rédigés par ses écrivains plusieurs années avant le
texte définitif »1435(*).Pour rédiger cet ouvrage, le monarque
interrogea de nombreux témoins qui étaient susceptibles, soit par
leur âge, soit par leurs fonctions, de bien connaître les
événements qu'ils relataient ou les traditions orales. Cet
ouvrage doit être signalé parce qu'il représente une
référence capitale pour tous les chercheurs qui
s'intéressent aux BamounBamun. Le texte définitif fut
rédigé en 1921, il comporte 202 chapitres et 547 pages. La copie
de l'ensemble du livre fut menée par divers rédacteurs.
Le volume est constitué de feuilles volantes
réunies dans une couverture de peau. Il est complet et soigneusement
conservé dans les archives du palais1436(*).
Il comprend trois parties :
La première va des origines jusqu'au
règne du dixième roi, Kouotou, au début du
XVIIème siècle. Cette période du passé BamounBamun
a été fortbien restituée à partir des
données de la mémoire collective. Pour effectuer ce travail, le
souverain a exploité les récits historiques, les chansons
diverses, les musiques des sociétés secrètes ;
l'équipe des rédacteurs del'Histoire » a utilisé
également les légendes, les proverbes, les noms, etc.
L'histoire du fondateur de l'Etat et de la dynastie est la
plus riche ; les neuf successeurs de NCHARE n'ont laissé que leurs noms
dans l'histoire dynastique. NJOYA et ses collaborateurs ont la modestie
d'avouer qu'ils savaient peu de choses de ces règnes monotones.
La deuxième partie de cet ouvrage couvre la
période de grande transformation qui commence avec le règne de
MBOUOMBOUO, le onzième roi. Le texte a bénéficié
des souvenirs des témoins oculaires auxquels le roi fit appel.
La troisième partie concerne le règne
de NJOYA et les textes utilisent les témoignages de ceux qui ont pris
part à l'histoire au début de notre siècle1437(*).
En dehors de ce texte, il existe de nombreux autres manuscrits
Shumom car l'équipe des rédacteurs dirigés par NJOYA
aborda un grand nombre de sujets. En 1950, DUGAST et JEFFREYS avaient
répertorié quatre-vingt-onze (91) ouvrages et documents
divers1438(*).
Aux alentours de 1915, environ 600 personnes l'employaient
quotidiennement notamment dans l'administration et elle était
enseignée dans une cinquantaine d'écoles du royaume
BamounBamun1439(*). Le
RoiNJOYA aurait choisi d'inventer son propre système d'écriture,
parce qu'il ne voulait pas utiliser l'alphabet arabe et que celui
utilisé par les Européens ne permettait pas de transcrire sa
langue.
Il a d'ailleurs aussi inventé une langue secrète
qui était réservée au roi et ses proches. Seuls quelques
textes ont été rédigés dans cette langue1440(*).Le philosophe allemand
HEGEL est resté célèbre dans l'histoire en ce sens que sa
pensée a été utilisée pour justifier l'entreprise
coloniale. Pour lui, parce que ne disposant pas de forme d'écriture,
l'Afrique est un continent sans histoire, sans culture ni civilisation.Dans son
cours de 1830, HEGEL déclara : « L'Afrique n'est pas
une partie historique du monde. Elle n'a pas de mouvements, de
développements à montrer,de mouvements historiques en
elle.C'est-à-dire que sa partie septentrionale appartient au monde
européen ou asiatique ; ce que nous entendons
précisément par l'Afrique est l'esprit ahistorique, l'esprit non
développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel
et qui doit être présenté ici seulement comme au seuil de
l'histoire du monde »1441(*).
Avec l'invention de l'écriture
« Shumom », le Roi NJOYA rédige un ouvrage d'un
intérêt historique révolutionnaire où il relate
l'histoire de son royaume, les migrations, les conquêtes, les guerres et
les différents règnes de ses prédécesseurs.
Les différents évènements historiques et
toutes les cultures du royaume sont maintenant sauvegardés,
codifiés ; bref, le passé de l'Afrique cesse, à
partir de l'écriture « Shumom », d'être un
mythe, mais il est plutôt accessible à tous ceux qui veulent le
connaître grâce à l'ingéniosité technique du
Roi NJOYA.
Du fait de son caractère visionnaire et avant-gardiste
de son auteur, le « Shumom » se verra marginalisé
voire méprisé tout d'abord par les agents coloniaux allemands
mais aussi par les conquérants français qui n'acceptent pas qu'un
« indigène », un « chef des
tropiques » puisse réaliser de telles prouesses.Après
la PremièreGuerreMondiale, l'écriture du RoiNJOYA finira par
disparaître du quotidien du royaume BamounBamun. L'administration
française interdira les langues camerounaises et l'usage de
l'écriture du RoiNJOYA en particulier1442(*). Par ailleurs, en 1912, le
Roi NJOYA, 17ème Roi des BamounBamun, ordonne que soit
dressée une cartographie de son royaume, puis de sa capitale
fortifiée, Foumban. Plusieurs campagnes de relevés sont
menées et les cartes annotées en écriture BamounBamun
inventée avant l'arrivée des Européens, est achevée
en 1920.
· La cartographie comme témoignage
précieux de la dextérité du Roi Njoya
Toute la cartographie fut effectuée par
IbrahimNJOYA1443(*),
le fils d'un demi-frère du père du Sultan NJOYA. NJOYA avait
aussi dessiné le calendrier agricole de Foumban en
1911(« VoirAnnexe15 : Calendrier agricole de Foumban en
1911).La carte établie par NJOYA1444(*)qui correspond à
l'Annexe 15, laisse percevoir une parfaite maîtrise de l'espace.
D'une part, les éléments du milieu
naturel1445(*)
correspondent à ce que les images satellites nous projettent
actuellement, d'autre part, la sémiologie graphique s'adresse sur une
représentation de l'espace en quatre points cardinaux à savoir le
levant, le couchant, la droite et la gauche du monde. Cette perception convoque
une lecture du territoire saturée par un ensemble de
préceptes1446(*).
Selon AlexandraLOUMPET-GALITZINE : « La
spécificité de la cartographie bamounBamun tient probablement
à ce que le politique est ici à la fois perçu en d'autres
termes et à des niveaux entremêlés, qu'il soit
destiné aux besoins intérieurs ou extérieurs.
L'extérieur, redéfini par les puissances coloniales,
apparaît au moins double, du rocher étranger (les
micro-États voisins) à l'étranger lointain, sinon des deux
à la fois, stratégie régionale utilisant les nouveaux
rapports de force. Les cartes du roi NJOYA représentent ainsi un nouvel
outil d'administration territoriale rapidement en concurrence avec
l'administration coloniale »1447(*).
La démarche de NJOYA s'inscrit dans une
perspective dynamique et pro- active pour un aménagement harmonieux et
stratégique du territoire. Le territoire apparaît à la fois
comme le support, mais aussi comme le lieu de l'ensemble des activités
engendrées par l'homme, résultat de l'ensemble des relations qui
permet aux différents groupes, acteurs, de faire valoir leurs
intérêts de l'espace1448(*).Les interactions entre les acteurs et le territoire
décrit par les niveaux d'échelles emboîtés
permettent de faire émerger des structures complexes, sortes
d'arrangements territoriaux.1449(*)
La notion de limite, qui se place à la base de tout
découpage territorial à visée défensive et ou
identifié, relève de la nature même du cerveau humain. A la
manière des animaux dominants qui délimitent et qui
défendent leur territoire, les institutions sociales marquent, bornent,
contrôlent celui des sociétés dont elles émanent.
Elles n'hésitent pas à l'impôt, par la
violence si nécessaire1450(*), à tous ceux qui contestent d'une
manière ou d'une autre la légitimité de son espace et de
ses frontières1451(*).Pour DI MÉO, le territoire témoigne
d'une appropriation délibérée, à la fois
économique, idéologique et politique de l'espace
géographique. Cette appropriation est le fait de groupes sociaux
localisés qui se donnent une représentation particulière
d'eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité, de leur
identité.
Le terme « territoire » signale d'abord un
mode de partage, de contrôle de l'espace terrestre garantissant la
spécificité de la permanence, de la puissance, les
ressources1452(*) et
la reproduction des entités sociales qui l'occupent. C'est sa dimension
politique ou géopolitique1453(*).La facette physique traite des configurations
territoriales, de l'aire d'extension, mais aussi des caractéristiques
physiques liées à la localisation. Cette facette intègre
les propriétés naturelles que LE BERRE Maryvonne subdivise en
potentialités, contraintes et les propriétés
matérielles1454(*). En fonction des potentialités du
territoire, les propriétés matérielles du
territoire s'expriment à travers une structure
spécifique1455(*). Le niveau fonctionnel physique fait la
différence entre l'espace fini1456(*)et l'espace convoité1457(*) sur les HautesTerres de
l'Ouest. Les mouvements de population irriguent cet espace de la citadelle vers
les marges traduisent aussi la spécificité et les
caractéristiques du milieu physique. Le territoire apparaît donc
à la fois comme le support mais aussi commele lieu de l'ensemble des
activités engendrées par l'homme, résultat de l'ensemble
des relations qui permettent aux divers groupes, acteurs, de faire valoir leurs
intérêts de l'espace1458(*).
C'est un espace vital terrestre, aérien ou aquatique
qu'un animal ou un groupe d'animaux défend comme étant sa
propriété exclusive.1459(*)
Figure N°
13 :Carte du royaume BamounBamun « commandée sur
ordre du Sultan NJOYA aux alentours de 1920 », réalisée
par Ibrahim NJOYA1460(*).
Source : L. 930 mm, I. 875 mm. Musée
d'ethnographie de Genève (MEG). Photographie de Jonathan WATTS. Voir A.
LOUMPET- GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume
BamounBamun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011.
In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de
civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan
Cameroun, septembre 2014, p. 114.
En définitive, le Roi NJOYA aura :
- Développé l'art et l'artisanat
- Inventé une écriture « A ka u
ku » vers 1896
- Créé une langue, le
« Shumom » en 1912
- Fabriqué un moulin à maïs
- Construit un splendide palais (1917-1921)
- Créé une religion syncrétiste, le
« Nuet-Kwete ».
Il a aussi publié de nombreux ouvrages :
- « Histoire et coutumes des
BamounBamun »
- « La rate et ses ratons »
- « La pharmacopée
BamounBamun ».
Il fut un génie, un visionnaire dans tous les sens du
terme et dans de nombreux domaines. C'est pourquoi il demeure dans les annales
comme l'un des plus grands monarques de l'Afrique en particulier et du monde en
général.
CONCLUSION DU CHAPITRE
IV
Nous avons voulu par ce chapitre qui
s'achève, apporter modestement des manifestations certaines de
l'adaptation de l'administration coloniale allemande aux réalités
de la société traditionnelle BamounBamun. En effet, le Roi NJOYA
s'est opposé aux pratiques religieuses chrétiennes et a entretenu
des relations ambivalentes avec le missionnaire GÖRING. Il s'est notamment
opposé à la polygamie qui était le socle d'un statut
privilégié dans la société BamounBamun. Par
ailleurs, le fait de l'acceptation de la polygamie par le Coran va consolider
la pratique de l'islam au détriment du christianisme en pays
BamounBamun. Du fait de cette prééminence, les
missionnaires allemands se verront obligés de s'adapter à la
polygamie et de maintenir cette institution indigène comme une union
agréée par Dieu. A ce titre, l'ambigüité du
missionnaire GÖRING est révélatrice de cette confusion. Nous
parlons à ce stade d'hybridité selon le concept d'Homi BHABHA. Ce
fait est aussi observé pour le Roi NJOYA qui souhaite baptiser ses
sujets suivant la culture traditionnelle BamounBamun en incluant du vin de
palme à la place de l'eau bénite. De plus, la perception de
l'administration coloniale allemande par le Roi NJOYA a également mis en
évidence une certaine ambivalence voire méfiance vis-à-vis
de cette dernière. Pour manifester son amitié, il a eu à
échanger des cadeaux avec les agents coloniaux allemands. Il y eut
d'ailleurs des marques d'admiration et de respect mutuels.Toutefois, le
RoiNJOYA a émis des jugements parfois contradictoires vis-à-vis
de ses amis allemands. Il avait aussi mis en place une stratégie du don,
pour obtenir les faveurs des Allemands et ne pas se heurter à leurs
représailles. Il se comportait en homme rusé et stratège.
C'est pourquoi nous nous sommes interrogés en posant
la question suivante : ces jugements étaient-ils faits
à l'emporte-pièce ou au contraire pouvaient-ils être
justifiés ? Nous répondrons par l'affirmative dans la mesure
où, bien qu'il fut très apprécié par ses amis
Allemands, le Roi NJOYA subit l'interdiction de la pratique de la langue
Shumom. De plus, il avait mis en place de grandes oeuvres comme la
pharmacopée, la cartographie, la fabrication de machines, la
création d'une religion syncrétique, la publication d'ouvrages ou
encore la construction d'un splendide palais. Il mettait ainsi en
déroute toutes les théories racistes et
ségrégationnistes de son temps. Comment un roi nègre
avait-il pu entreprendre de telles choses sans l'aide des Blancs ? Cette
question nous invite à l'observation du génie encore inconnu de
ce royaume d'Afrique Centrale.
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
Nous avons voulu par cette deuxième partie qui
s'achève, mettre en lumière l'influence relative des pouvoirs
politiques traditionnels BamounBamun et Duala sur l'administration coloniale
allemande. En effet, les chefs Duala se verront attribués un salaire
appelé Koumi par les autorités coloniales allemandes
pour compenser la perte de leur monopole commercial. Cette situation fera
remonter à la surface les tensions déjà existantes entre
les différents potentats Duala et de la prééminence de la
dynastie BELL, du fait de l'immense fortune engendrée et de sa plus
grande proximité avec le pouvoir allemande.Mais cette entente sera de
courte durée dès lors que la question foncière sera mise
sur la table. L'expropriation du plateau Joss va dévoiler les
véritables intentions des Allemands. La démarcation entre
quartiers indigènes et quartiers blancs va entériner cet
état d'esprit des chefs Duala. Il s'en suivra toute une série de
revendications conduite par le chefRudolf DOUALA MANGA BELL qui le paiera de sa
vie, et qui deviendra un martyr tombé pour la cause du peuple Duala.
Quant à l'Allemagne, elle s'est heurtée aux actes rebelles du
RoiNJOYA et a pris en compte les réalités socioculturelles de ce
territoire de l'Ouest du Cameroun. La pratique de la polygamie, de la
divination, de la peine de mort sera combattue avec beaucoup de
difficultés et verra le triomphe de la religion musulmane et de la
religion syncrétique créée par NJOYA. La perception de
cette administration occidentale est assez bonne par le Roi NJOYA qui
apprécie l'art de la guerre des Allemands et leurs techniques
avérées dans le domaine de l'architecture entre autres. Et cette
appréciation est réciproque puisque le souverain indigène
est apprécié pour son dynamisme, son sens des
responsabilités et son amour pour son peuple.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Cette thèse a présenté la dialectique
entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques
traditionnels Duala et BamounBamun dans l'écriture de l'histoire
politique du Cameroun. Le but principal était d'évaluer
l'influence mutuelle observée entre l'administration coloniale allemande
et ces deux (02) entités politiques traditionnelles.
Le 1er schéma d'influence porte sur
l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur le
territoire BamouDuala et Bamun. Concernant les chefs Duala, la dynamique
principale tournait autour de la participation des commerçants et
négociants allemands dans la conquête du territoire au travers de
la signature de différents traités dont le plus important est
celui du 12 juillet 1884 et qui va marquer la naissance du Cameroun
international. Cette emprise s'est le plus manifestée autour de la
question foncière qui va aboutir à la démarcation entre
quartiers « indigènes » et quartiers
« blancs ». Cette ségrégation va donner lieu
à des revendications de la part des chefs Duala qui vont soit être
destitués, soit déportés ou encore assassinés.En
pays BamounBamun, les missionnaires ont été les premiers à
créer le contact avec le royaume BamounBamun et cela a abouti à
une amitié fraternelle entre le missionnaire GÖRING et le Roi
NJOYA. Cela a été une aubaine pour le peuple BamounBamun qui a pu
bénéficier de la dextérité allemande sur le plan
militaire et dans le domaine des arts. Cette fraternité sera d'autant
plus renforcée du fait de l'aide apportée par les Allemands au
recouvrement du crâne du RoiNSANGU par les BamounBamun. De plus, le
peuple BamounBamun a participé aux guerres de conquête des autres
peuples locaux pour bénéficier de nombreux privilèges de
la part de la nouvelle administration.
Le 2ème schéma d'influence porte sur
l'adaptation faite par l'administration coloniale allemande vis-à-vis
des entités politiques traditionnelles BamounDuala et Bamun. En effet,
pour le contexte Duala, l'acquisition de certains droits douaniers et les
rivalités économiques engendrées par la redevance
salariale entre les chefs favorise l'éclosion d'une situation
explosive.Bien que bénéficiant d'avantages financiers
conséquents, les chefs Duala vont remettre en cause la suprématie
allemande, du fait de la politique d'expropriation sur le plateau Joss. Ils
engageront des pétitions, des attaques armées qui aboutiront le
08 août 1914 à la pendaison du Roi DOUALA MANGA BELL en compagnie
de son cousin et secrétaire NGOSSO DIN. Par contre, le Roi NJOYA a mis
en place un certain nombre de contre-pouvoirs à savoir une religion
syncrétique qui alliait à la fois les valeurs chrétiennes,
musulmanes et BamounBamun.
Il s'est également insurgé sur l'acte du
baptême qui selon lui, devait provenir de son pouvoir de guide spirituel
suprême du peuple BamounBamun et non de la culture occidentale. Il a
produit une écriture inédite appelée le
« Shumom » qui survit au temps et à l'espace. Il
aura d'ailleurs aux yeux du monde une image de stratège politique, de
bâtisseur et de visionnaire qui mettra fin au mythe de
l'infériorité du Noir.
Notre travail a subi de nombreux soubresauts et
difficultés à savoir le recoupage d'informations. En effet, nous
avons peu abordé la chefferie DEÏDO qui apparaît parfois
secondaire et peu intégrée dans la prise de contact avec les
étrangers occidentaux. De plus, nous avons occulté le rôle
des églises dans le processus colonial allemand en terre Duala. Nous
avons aussi observéà plusieurs reprises un certain flou
lié aux informations obtenues lors des entretiens et la capacité
à évaluer leur véracité. Il a donc fallu s'assurer
de leur fiabilité tout au long de notre parcours. Par ailleurs, nous
avons eu cette peur du plagiat qui ne nous a pas quittés.Notre analyse
s'est en effet illustrée sur des faits historiques déjà
maintes fois mentionnés par des auteurs, des universitaires et des
chercheurs de tout bord. C'est pourquoi nous avons voulu apporter une analyse
sous le prisme socio-anthropologique pour apporter une plus-value aux diverses
interprétations faites de cette période de l'histoire du
Cameroun.Il s'agit là d'une ressource politique historique qui aide,
dans une certaine mesure, à comprendre les rapports entre l'Etat
postcolonial et les chefferies traditionnelles Duala et BamounBamun.
Le 1er schéma d'analyse est celui des
rapports entre l'Etat postcolonial et les chefferies traditionnelles Duala. En
effet, le dilemme devant lequel se trouvait l'administrateur donnera lieu plus
tard à une double politique ; l'une
« pro-duala », l'autre
« pro-allogène ». Douala, divisée en 04
(quatre) cantons ou chefferies jusqu'en 1930, comprenait les cantons de Bell,
d'Akwa, de Deïdo et de Bonabéri, tous Duala et ayant à leur
tête des chefs supérieurs responsables des leurs et des
étrangers à la ville. Ensuite, elle en comporta 06 (six) :
les cantons susnommés auxquels on joignit la chefferie des
étrangers camerounais à la ville et celle des étrangers
africains non-camerounais.
En 1944, elle comptera 04 (quatre) chefferies autochtones, et
05 (cinq) chefferies allogènes, et la région, villes et environs,
en rassemblera 10 (dix) avec le canton originaire Bassa, de tout temps
indépendant vis-à-vis des Duala. Après
l'élévation au rang de chefferies des groupements
Bamiléké et Bakoko, New-Bell, devenait le quartier de l'avenir et
en même temps le point noir de la ville :
« L'administration disposant des textes domaniaux qui sont encore
en vigueur au Cameroun », écrivait le chef du bureau
domanial de la région du Wouri, ... « a
renoncé à appliquer l'article 1er du décret de
1938 relatif à la domanialité des terres vacantes et sans
maître ou inoccupées et inexploitées depuis plus de 10 ans
- ceci pour des raisons purement politiques. Or seule l'application de cet
article aurait permis de concilier les intérêts des Duala et des
étrangers - mais il est impossible de revenir à l'application
intégrale du décret de 1938. Un essai de délimitation des
cantons, entrepris depuis un an, n'a pas donné les résultats
escomptés. Le canton est une division administrative qui ne correspond
pas obligatoirement à une collectivité coutumière.Le
Haut-commissaire peut, par arrêté, définir les limites d'un
canton, mais ces limites ne sont pas toujours celles des terres
coutumièrement détenues par les ressortissants du canton
considéré. En particulier, un individu peut solliciter la
reconnaissance de ses droits fonciers sur une parcelle comprise à
l'intérieur des limites du canton voisin ». En tant
qu'autochtones, les Duala occupaient une place à part non seulement
vis-à-vis des étrangers africains à la ville, mais aussi
vis-à-vis des étrangers d'origine
« blanche ». Ils étaient chez eux et montraient que
c'était eux qui recevaient les autres, quel que soit le statut de ces
derniers. Les étrangers quant à eux, pouvaient considérer
la ville comme un lieu de passage, mais tôt ou tard, la plupart pensaient
s'y établir et occuper une autre position que celle
d'hébergé. LesBlancs s'ils étaient
étrangers n'étaient pour ainsi dire nulle part : ils
avaient créé la ville et le Territoire, aussi pour eux les
étrangers africains et les autochtones faisaient partie, en quelque
sorte, de leur réalisation. Les Duala se trouvaient donc compris entre
des étrangers dissemblables à tous points de vue : entre des
non-propriétaires bénéficiant d'un simple droit d'usage
toléré et d'autres non-propriétaires dispensateurs de tous
les droits, ceux qui existaient déjà compris. Dans la
spatialisation des peuples, les préfixes « Log, Ndog,
Bona », selon le regroupement ethno-identitaire, renvoient au
village, à la tribu, au clan ou à la
famille.« Log » correspond aux populations Bakoko,
identifiant les quartiers comme Logpom ou Logbaba. L'expression
« Ndog » détermine les populations « Mba
n'saa Wouri », d'où les quartiers comme Ndogkoti, Ndogsimbi,
Ndogbong. Le préfixe « Bona » fait
référence aux populations Duala situant les quartiers tels que
Bonapriso, Bonanjo, Bonamoussadi. Cette identification est fonction des
sédimentations issues de guerres tribales pour l'occupation des terres
et l'élargissement du clan.
Dans la cosmogonie Sawa, l'aîné des
garçons avait la possibilité, une fois adulte et marié, de
quitter la case paternelle pour fonder sa propre famille tout en gardant un
lien avec son clan d'origine, d'où la proximité entre ces
différents villages-quartiers. Le grand quartier New-Bell illustre ce
rapport entre autochtoneset allochtones. A l'aube de la
pénétration coloniale, il constitue un « no man's
land » entre les Sawa et les autres tribus.
Ce quartier représente un véritable microcosme
des populations allochtones avec des subdivisions comme New-Bell Mbam-Ewondo
(New-Bell terroir des Ewondo), New-Bell Bassa (New-Bell des Bassa), New-Bell
Bamiléké (New-Bell des Bamiléké), New-Bell Haoussa
(New-Bell des Haoussa). La valorisation identitaire tenant compte du
regroupement des peuplades donne également naissance à des
quartiers comme Bamenda, le camp Yabassi, le quartier Bafia.De même,
certains groupes ethniques catégorisent ces espaces en fonction de leur
attachement à ce « nouveau terroir »
désormais le leur. La juxtaposition des quartiers
« Nkolmintag » et « Nkololoumet la rue Njong
mebi », en langue Ewondo, en sont une illustration. A l'époque
coloniale, cette rue très insalubre était empruntée par
les populations Béti qui l'ont nommée ainsi. Loin de se fondre
dans l'agglomérat de l'urbanité, la ville se forme au travers des
poches de résistance, vestiges de la segmentation ethnique
caractérisant les populations. L'allégeance citoyenne des
populations se construit dans la capacité des autorités publiques
à permettre un mode de vie souterrain justifiant la construction sociale
d'une contre-hégémonie. L'acquiescement des
« dominés » aux valeurs de l'ordre social est dans
l'acceptation par l'autorité publique du volume discursif et des
symboliques déterminées par la logique populaire. Dans cet ordre,
la Rue de la joie abrite deux vestiges de l'histoire sociopolitique de Douala,
à savoir la chefferie DEÏDO et le 1er bureau de poste de
la ville, qui se trouvent au milieu de maisons closes, clubs de nuit,
restaurants et autres ventes-à-emporter. La ville est alors
« décrite comme un opérateur qui, sans gommer les
différences, articule au contraire dynamiquement de multiples
identités intermédiaires sous une appartenance
commune ». La ville existe dans cette
« capacité » des autorités traditionnelles
à accepter de manière évidente les mutations sociales qui
leur enlèvent le contrôle sur une bonne partie de leurs sujets,
à savoir les allochtones. Les chefs sont toutefois consultés pour
donner leur avis sur les litiges fonciers, du fait qu'ils sont censés
connaître l'occupation des sols : être
« apprécié comme autochtone » permet de
prétendre légitimement par des « droits
historiques » à la terre urbaine. D'ailleurs, au plus fort des
villes mortes en 1991, des voix se sont élevées parmi les
élites Sawa pour demander aux Bamiléké industriels et
commerçants possédant les grands immeubles de Douala de restaurer
les terres volées et de retourner chez eux.
Par ailleurs, l'ordre du discours sur les espaces devient une
valeur attachée à une symbolique politique, déterminant le
sens que les populations donnent à leurs actions ; le nom d'une rue
ou d'un quartier matérialisant son ancrage politique. Le quartier
MaképéMaturité, encore appelé Maképé
Opposant, détermine l'inclination des habitants de ce quartier pour la
contestation et induit une surveillance accrue de la part des autorités
publiques.
Dans le même ordre d'idées, le quartier Shell
New-Bell fait référence de manière explicite aux
populations Bassa proches de l'Union des populations du Cameroun (UPC).Ainsi,
l'UPC commence toujours sa campagne politique à Shell New-Bell, qui est
son point de ralliement. De même les populations Béti proches du
RDPC ne peuvent faire l'économie d'une réunion au quartier
New-Bell Mbam Ewondo ou au quartier Nyalla. Le Social Democratic Front, de son
côté, tient naturellement ses rassemblements à
Bonabéri, quartier majoritairement anglophone, ainsi qu'à
Bépanda An 2000 où les populations Bamilékés lui
sont favorables. Les noms de quartiers constituent de fait les fiefs
électoraux des acteurs politiques et déterminent l'ambivalente
identité des partis politiques camerounais.De manière naturelle,
l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), dont
le leader BELLO BOUBA MAIGARI est originaire du grand Nord, investit le
quartier New-Bell Haoussa.Par ailleurs, le RDPC dispose de DoualaII (Quartier
New-Bell) d'une règle non-écrite du contrôle politique,
à savoir : le siège de député pour les
Béti et le maire Bamiléké. A Douala V, les postes
politiques majeurs se répartissent entre les « Mba n'saa
Wouri » et les Bamiléké. Douala I reste un fief Duala
par-delà les clivages politiques, alors que Douala IV-Bonabéri se
dispute entre anglophones, Bamiléké et Duala.
En définitive, la ville, comme un champ social, lieu de
création et d'effervescence sociale et culturelle, met en lumière
les aspects adaptatifs et fonctionnels de ses activités, les
ressorts propres de sa croissance et de son pouvoir. Le territoire de la ville
de Douala a su absorber toutes ses différences pour constituer
aujourd'hui un « melting-pot » qui oppose et associe
tradition et modernité, autochtones et allochtones, indigènes et
civilisés, urbains et ruraux. Il en résulte une juxtaposition de
toutes les tendances cosmopolites du Cameroun, qui se manifeste le plus souvent
lors des échéances électorales.
Le 2èmeschéma d'analyse est celui des
rapports entre l'Etat postcolonial et le Royaume BamounBamun.Dans ce cadre on a
pu dégager, au-delà de l'existence de plusieurs formations
politiques dans le Noun, une perception différente du rapport à
l'autre, le frère, le parent ou le chef de famille, construite sur la
base de l'appartenance, de fait ou imaginaire, de l'autre à l'une des
deux grandes tendances politiques présentes dans la localité. En
effet, il existe deux grandes formations politiques qui se partagent les voix
électorales dans le Noun et animent les débats qui
déstructurent les liens familiaux : il s'agit du Rassemblement
démocratique du peuple camerounais (RDPC) - parti au pouvoir - et
l'Union démocratique du Cameroun (UDC) dont le leader charismatique,
à savoir Adamou NDAM NJOYA, est un fils de la cour royale.
Il y avait également des familles BamounBamun ayant un
ancrage politique rattaché à l'UPC, notamment la famille de
Félix-Roland MOUMIE qui, à l'époque des revendications
nationalistes des années 1960, était secrétaire
général de l'Union des populations du Cameroun (UPC). Au fil des
années, cette famille s'est ralliée à l'UDC.Cette
bipolarisation de la société BamounBamun va également
s'observer sur le plan religieux, avec la cohabitation de deux grands
mouvements religieux, l'islam d'un côté et le christianisme de
l'autre.
Dans l'imaginaire populaire local, le RDPC est
présenté comme étant le parti des chrétiens et des
élites urbaines, avec l'ensemble des fonctionnaires de l'administration
publique camerounaise, des intellectuels et d'autres hommes d'affaires, bref,
le parti qui rassemble tous ceux qui sont soucieux de leur carrière
professionnelle et de leurs activités économiques. Les
autorités traditionnelles se devaient dès lors, comme par le
passé, de poursuivre leur mission d'auxiliaire de l'administration en
contrôlant les opinions subversives qui pouvaient naître dans leur
circonscription de commandement. A côté, on trouve donc l'Union
démocratique du Cameroun (UDC), formation ayant une assise
régionale, perçue comme étant le parti des musulmans et
constituée par la masse rurale et l'ensemble des classes
défavorisées. L'histoire politique dans le pays BamounBamun
retient que c'est non seulement l'UDC qui est venue mettre un terme à
plus de quarante ans de contrôle de la municipalité par la
chefferie traditionnelle, mais aussi à cristallisé les tensions
entre les membres d'une même famille au nom de la politique. Le fait
majeur qui sous-tend ces antagonismes est que la légitimité
politique de l'actuel sultan (aujourd'hui décédé), Ibrahim
MBOMBO NJOYA, a été fragilisée par la perte des
élections municipales (RDPC) contre son cousin Adamou NDAM NJOYA, leader
de l'UDC. Pour notre informateur NJOYA, résidant à
Yaoundé : « On a longtemps vécu une situation
où la mairie était détenue par le palais... L'ancien Roi,
notamment le père de l'actuel, avait été pendant longtemps
maire de Foumban. Ce qui fait que l'autorité traditionnelle était
quelque peu confondue avec l'autorité municipale. En 1996 je pense,
l'UDC est venue ravir la vedette au RDPC, gagnant les élections
municipales. Ce qui dans les moeurs n'était pas imaginable. Cela a
créé une crise en ce sens que c'est le royaume, à travers
le Roi, qui avait la mainmise sur les terres ». Depuis lors,
l'autorité morale du monarque a été sérieusement
fragilisée, écartelée entre la réaffirmation de son
attachement au parti au pouvoir et la restructuration de son autorité
morale déconstruite par la démocratisation de la parole. Pour
Ibrahim, ingénieur, il est clair que :
« L'adhésion d'une bonne partie des BamounBamun à
l'UDC est quasiment comme une sanction que le royaume entretient avec les
populations sont remises en cause par le peuple.
Et le contexte politique vient créer un
prétexte avec ces liens de domination ». La fragilisation
des liens familiaux au sein des familles BamounBamun va donc se renforcer au
fil des années, au rythme de ce bicéphalisme de l'espace
politique, du jeu d'intérêts et du clientélisme politique.
Car, autant l'UDC a longtemps été présentée comme
le parti politique de la communauté BamounBamun, autant le parti au
pouvoir entend conserver sa position de parti leader qui laisse peu de chance
à ses adversaires politiques.
Or, les enjeux électoraux sont si importants pour les
élites du Noun, celles qui se reconnaissent comme militantes du parti au
pouvoir, qu'il ne serait pas judicieux de laisser le Noun à
l'opposition. Ce serait non seulement une perte de confiance vis-à-vis
du pouvoir en place, mais aussi une perte d'autorité des chefs de
familles devant les jeunes et leurs enfants. Pour MIMCHE, fils du terroir
rencontré lors d'un entretien approfondi, il est clair que :
« Le militantisme dans l'un ou l'autre parti traduit
l'appartenance à une catégorie sociale. Pendant longtemps, cela
était le cas et l'UDC est restée un parti d'expression des
catégories sociales un peu vulnérables, notamment les
agriculteurs, les paysans, les ménagères, etc. ».
Aziz NJOYA soutient à ce titre que : « Dans
toutes les familles il y a deux camps qui s'affrontent. Il y a le camp des
rdpécistes et il y a le camp des udcistes. Officiellement, ils ne vont
pas se revendiquer comme tels, mais dans leurs différents comportements,
on l'observe... Généralement lorsqu'il y a un
évènement dans la famille, lors des prises de parole, le RDPC
veut intervenir et l'UDC veut aussi intervenir. Ces interventions ne sont pas
à but funéraire ou religieux, c'est généralement
des interventions politiques. C'est des messages qu'on passe, des
sensibilisations qu'on fait. Et l'ordre dans la prise de parole est un
élément très important où quand untel a
parlé, l'autre ne doit plus parler. Et cela créé des
bagarres dans les familles »1460(*).Ainsi, une cérémonie familiale
devient un espace d'expression politique, ravivée par des tensions
latentes qui traduisent aussi bien la contestation du système politique
en place que des membres qui le représentent. Parfois même, il
existe des cas où des membres de la famille concernés par
l'évènement, mais appartenant à une autre chapelle
politique, cultivent une résistance, une réticence même
à demander ou à accepter des aides provenant des membres d'un
autre bord politique.Tout ou presque devient sujet à controverse,
même une simple causerie avec les « gens d'en-bas »
peut dégénérer en une véritable crise familiale.
ANNEXES
Annexe 1:
PROTOCOLED'ENTRETIEN
GUIDE D'ENTRETIEN
I-IDENTIFICATIONDE L'ENQUÊTE
1-Nom et prénom
Âge ou groupe d'âge
3-Sexe
4-Occupation professionnelle
5-Lieu de résidence
II-SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN
*Comment déterminer la création
des chefferies (la date de création) au Cameroun sachant que les
communications étaient orales ?
*Sur quoi se base-t-on pour déterminer
l'ancienneté d'une chefferie vu qu'on n'était pas encore en
contact avec l'Occident ?
*Quels sont les rapports des chefs traditionnels avec les
administrations postcoloniales ?
*Quelle est votre perception de l'administration coloniale
allemande ?
*Quel est l'impact de cette dialectique sur l'histoire
politique du Cameroun de nos jours ?
III-SURLES CHEFFERIES DUALA
* Quelle était la perception de
l'administration coloniale par les chefs Duala ?
* Quelle était la perception du Roi
Bell ?
* Quelle était la perception du
RoiAkwa ?
* Quelle était la perception du
RoiDeïdo ?
* Cette perception est-elle
pertinente ?
* A quoi renvoie la convention de
réconciliation du 29 mars 1883 ?
* A quoi renvoie l'accord commercial du 30
janvier 1883 ?
* Quelle monnaie était le plus souvent
utilisée ? Si oui, pourquoi ?
* Combien percevaient les chefs
Duala ?
* Quelle était la fréquence
salariale des chefs Duala ?
* Existe-t-il des photos des chefs
traditionnels Sawa avec des uniformes allemands ?
* Pourquoi les chefs Duala ne s'entendaient
pas entre eux ? (Rive droite/rive gauche)
* L'arrivée des étrangers non
Duala à Douala est-elle à l'origine de la diversité des
allégeances politiques ?
* Pourquoi Douala est perçue comme une
ville « rebelle » ?
IV - SUR LE ROYAUMEBAMOUNBAMUN
* Peut-on dire que le pouvoir politique
traditionnel BamounBamun a toujours collaboré avec le régime en
place ?
* D'où vient la tradition des arts et
de l'artisanat chez les BamounBamun ? Pourquoile Roi Njoya a-t-il
encouragé cela ? Quel était le but
recherché ?
* Quelle était la perception du Roi
Njoya à propos de l'administration coloniale allemande ?
* Comment était perçu le Roi
Njoya par l'administration coloniale allemande ?
* Y'a-t-il des ruines de l'ancienne
forteresse ou des traces des tranchées où il y a eu des combats
dans le passé ?
* Est-ce-que l'islam tel qu'il est
pratiqué aujourd'hui chez les BamounBamun est encore teinté de
croyances traditionnelles pré-islamisation ?
Annexe 2:
ÉBAUCHE DE LA CARTE DE L'ESTUAIRE DU WOURI ET DES
RIVIÈRES ILLUSTRANT DOUALA AUTOUR DE 1850.
Annexe 3:
TOPONYMIE DES TERRITOIRES LITTORAUX DUALA.
Annexe 4:
LE NGONDO.
LE NGONDO
Assemblée traditionnelle du peuple
Duala
Maurice DOUMBE - MOULONGO
ORIGINE DU NGONDO
Novembre 1949. Le Conseil de tutelle de
l'O.N.U. envoie au Cameroun sa toute première mission de visite.
Entrée au territoire par Mora le 12 novembre, cette mission en sort par
Douala, le 27 novembre 1949, emportant dans ses malles et valises près
d'une centaine de pétitions recueillies au cours de sa traversée
de notre vaste et beau pays. Au nombre de ces pétitions, il y eut celle
du Ngondo. Qu'est-ce-que le Ngondo ?
C'est l'assemblée traditionnelle du peuple duala. Son
existence est antérieure à l'arrivée, en 1843, des
premiers missionnaires à Douala. Son année de création
peut se situer approximativement en 1830, soit une quinzaine d'années
avant la mort, en juillet 1845, de Ngando a Kwa, roi des Akwa à
l'époque. A Douala, en effet, l'on accorde à celui-ci l'honneur
immédiat d'être le « père » du
Ngondo, et cela généralement.
Dans quelles circonstances fut fondée l'autre
organisation ? C'est ce que nous allons tenter d'établir.
Il y avait autrefois à Pongo, au Nord-Ouest de Douala,
un colosse qui passait pour titan et qui semait la terreur dans les
marchés périodiques. On l'appelait Malobè Elamè, ou
Malobè tout court. Malobè commettait toutes sortes d'abus et
d'exactions. Et ses principales victimes étaient les Duala
stricto sensu.
Dès que ce monstre apparaissait, le marché tout
entier entrait en effervescence. On entendait alors crier de toutes
parts : Malobè a o don ! Malobè a o don !
« Malobè est (là) au marché !
Malobè est (là) au marché ! »
(Sous-entendu : « Que chacun se tienne sur ses
gardes ! » « Sauve qui
peut ! »)
Les principaux dignitaires des quatre clans duala,
accompagnés de leurs notables, se réunirent afin de rechercher
ensemble une solution satisfaisante à cette affaire d'honneur. A tout
prix, il fallait réparer l'impardonnable offense.
Cette assemblée du peuple reçut le nom de
Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala
le cordon ombilical reliant encore le nouveau-né et sa mère,
après la délivrance (1). De cette image, les Duala
tirèrent l'idée du lien devant les unir dorénavant. Ainsi
le Ngondodevint le symbole de leur unité, la
concrétisation d'un front uni appelé à défendre
l'honneur du peuple, aussi bien à l'intérieur qu'à
l'étranger.
Le même jour, les Duala
délibérèrent pour choisir dans une proche banlieue du
pays, un Bakoko de Japoma, nommé Engomga, comme leur vengeur (à
gages) de l'outrage jusque-là subi aux marchés de Pongo, Engomga
était lui-même un colosse très fort, doublé d'un
sorcier. Les Duala provoquèrent entre lui et le titan de Pongo un duel
à coups de poings. Engomga eut raison de Malobè.
Il le maitrisa, l'envoya à fond de cale d'une grande
pirogue et le ligota solidement. Puis les Duala emmenèrent chez eux la
terreur des marchés de Pongo, et le livrèrent
aux...négriers. Pour toujours !
Mais la mémoire de Malobè reste
immortalisé dans les vers suivants d'une de ces innombrables
improvisations des troubadours du littoral camerounais :
Malobè a si wèli Engomga :
« Malobè n'a pas su résister à
Engomga ».
On entend encore ce refrain au cours de maintes
cérémonies traditionnelles des Camerounais de la côte,
à travers les captivants grelots des tambours-parleurs, notamment lors
des compétitions sportives sur le Wouri ainsi qu'à l'occasion de
la lutte duala, à l'heure incomparable, plus que solennelle, où
d'invincibles héros (2) font sur les cours poudreuses et
ensoleillées de décembre, l'exhibition de leur force comme de
leurs pagnes étincelants...
On le retrouve dans plus d'un conte des
habitants des rives du Wouri, du Mungo, d'Abô et de la Sanaga. Enfin, le
nom de Mabè est surtout demeuré célèbre dans les
circonstances suivantes : dans ces contrées, lorsque quelqu'un se trouve
en présence d'une épreuve ou d'une difficulté majeure, ou
devant un de ces multiples cas embarrassants de la vie, ou devant les
conséquences (fâcheuses) de ses propres actes, il est courant
d'entendre les autres le plaindre et lui dire, parfois avec quelque pointe
d'ironie : « Malobè a o don ». «
Malobè est là ! » (Prenez vos dispositions, faites tout pour
vous tirer d'affaire !).
Voilà pour l'historique de la création du
Ngondo, tel que nous l'ont fait quelques vieux Duala. Dans quelques
années, les hommes de cette génération ne seront plus de
ce monde. Or, notre conviction profonde est que de très nombreux Duala
de notre époque ne savaient pas jusqu'ici un seul mot de l'origine du
Ngondo. Ce Ngondo sacré qui,
hélas ! est devenu, de nos jours - par certains côtés
seulement, il est vrai - l'occasion par excellence de festivités
bachiques, de manifestations populaires truculentes, d'apparat grossier et
vulgaire. Hélas !
CHAPITRE II :
SES ACTIVITÉS JUDICIAIRES,
AUTREFOIS
Quoiqu'il en soit, de l'union des populations duala,
le Ngondo se fit la main vengeresse de leur humiliation
à Pongo. Puis il devint, très vite, l'organe qui devait
réprimer les meurtres suivant la loi du Talion : « Vie pour vie,
dent pour dent, oeil pour oeil... » Ceci, quel que soit le rang social de
leur auteur.
Ainsi en fut-il, en 1876, d'Eyum Ebelè, prince de
Deïdo qui, sur une sentence de ce tribunal du peuple, fut
décapité et mis en pièces sur un banc de sable du Wouri,
pendant la marée basse. Un des nombreux fils de Muduru Ebelè,
nommé Dikongué Ebelè, voulant contester à sa
manière un jugement rendu à ses torts et dépens dans un
litige interne entre frères, avait en effet mis le feu aux poudres dans
la maison où s'étaient réunis pour la circonstance les
membres du conseil de famille. Tous périrent dans cette lugubre
hécatombe. Le Ngondo, saisi de l'affaire, condamna
à mort le criminel.
Mais Eyum Ebelè marqua publiquement son opposition
à l'exécution de ce verdict afin, dans son esprit,
d'empêcher l'extermination du rameau de son frère Muduru. A cause
de cette opposition, c'est lui-même qui fut arrêté par le
Ngondo, jugé puis abattu et mutilé au lieu et
place du véritable assassin.
Ainsi en aurait-il été vers 1883 du roi
Ndumbè Lobè, dit King Bell, s'il n'y eut l'agissante
complicité d'Ed. Schmidt, agent à Douala de la firme
hambourgeoise C. Woermann, qui le protégeait discrètement. En
effet, King Bell avait été accusé devant le Ngondo, par
Sôpô Priso Ekambi, d'avoir comploté (3) avec ses hommes de
main le meurtre en haute mer (4) d'une grande figure de Bonapriso, Priso
Ekambi, alors que celui-ci revenait de ses fermes du Mungo, en pays Balong.
Juste la veille du jour où il devait être conduit à
l'atroce et suprême supplice, Ndumbè Lobè, parvint de nuit,
à gagner Bwadibô, sur la rive droite du fleuve. De là, il
atteignit aisément l'île de Bota, au large de Victoria, dans la
partie méridionale du pays. Farouche partisan de la présence
allemande au Cameroun (certes après l'échec cuisant de ses
multiples et pressantes démarches en ce sens auprès du
gouvernement de Sa Majesté Britannique, entre 1864 et 1881)5, il ne
retrouvera son trône et son royaume qu'avec le concours et l'appui de
l'amiral allemand Knorr (6), quelques jours seulement avant l'arrivée
des plénipotentiaires du Reich, venus parachever la négociation
des termes du protectorat de leur au Cameroun. Durant tout le temps de son exil
à Bota, le roi Ndumbè Lobè entretint une correspondance
assidue avec le gouvernement allemand, par l'intermédiaire de l'agent
Ed. Schmidt (7). L'histoire duala retient et admet dès lors, d'une
manière générale, que c'est en partie grâce à
la fuite du roi Bell devant l'arrêt de mort prononcé contre lui
par le Ngondo, que le Cameroun doit d'avoir été
protectorat allemand...
Aux dires de certains chroniqueurs duala, le retour au pays
du roi Bell se déroula pacifiquement sans que la canonnière
« Möwe » à bord duquel il se trouvait eût à
tirer le moindre coup de feu. Pour d'autres, le roi, désireux de se
venger de ses ennemis conjurés, incita ses « alliés »
allemands à user de représailles envers eux. L'amiral allemand
Knorr eut alors à briser une forte résistance armée de la
part de la coalition des Bonapriso et des Bonabéri qui prirent en otage
et tuèrent un Allemand du nom de Hammer... Et QUE LES Allemands ne
parvinrent à capturer Sôpô Priso Ekambi, le chef de
l'armée des confédérés, surnommé
Dimañ (8), qu'après qu'un traître leur eut
dévoilé son secret. Il avait suffit - mais il avait fallu -
raconte-t-on, centrer un obus vers l'astre du jour, pour pouvoir atteindre
Sôpô Priso Ekambi, alias Dimañ, car,
toujours selon la légende, c'était là son refuge
(mythologique) le rendant invisible et indomptable.
L'amiral Knorr fut chargé de protéger le roi
Bell contre les foudres du Ngondo jusqu'à la signature
des traités et plusieurs semaines encore après cette
formalité. L'administration en place fit le reste, pour assurer la
sécurité du roi tant qu'elle serait nécessaire, jusqu'au
bout...
Plus tard, le Ngondo déborda le cadre
duala « stricto sensu » et devint l'assemblée
traditionnelle de tous les côtiers du Cameroun. A présent, en est
membre naturel et de droit, tout natif de la région du littoral
camerounais.
L'administration allemande, sans le dissoudre officiellement,
mit néanmoins quelque peu le Ngondo sous
l'éteignoir, en restreignant ses activités, surtout judiciaires,
considérées alors comme contraires à la morale
chrétienne. En fait, depuis l'arrivée des Allemands dans le pays
jusqu'à ce jour, le Ngondo n'a plus rendu une seule
sentence de mort. A propos de ses autres attributions, les Allemands durent
raisonner ainsi : « Plus de Ngondo ! Pas de gouvernement
parallèle ou concurrent ! Pas d'Etat dans l'Etat ! Au reste, ces gens ne
nous ont-ils transmis la totalité de leurs
pouvoirs ? »
Et pourtant, c'est le Ngondo qui
s'était réuni sans désemparer, durant tout le mois de juin
et pendant toute la première moitié de juillet 1884, aux fins de
décider le peuple duala à accepter la présence allemande
en renonçant à la préférence - inflexible - de
certains de voir plutôt s'installer dans le pays une administration
britannique ! Encore que la Couronne britannique elle-même eût
déjà réservé une fin de non-recevoir
catégorique aux démarches réitérées de
quelques chefs duala implorant son protectorat sur le pays...
L'administration française, quant à elle, fit
preuve de bienveillance et de bon sens en autorisant en 1949 la renaissance
officielle du Ngondo, regardé comme un organe original
d'entretien et de conservation des traditions du peuple. A une seule condition
: c'est que ce mouvement ne puisse jamais avoir à sa tête qu'un
seul chef traditionnel du pays. Et pour cause. Vous comprenez bien que
c'était là l'une des exigences majeures de l'administration dite
indirecte. Grâce aux excellentes relations qui existaient alors entre M.
Raoul, chef de la région du Wouri à l'époque et le chef
supérieur E. Betoté Akwa, le « réveil » du
Ngondo s'en trouva facilité, d'autant que
c'était le tour de ce chef d'en recevoir la direction, en remplacement
du président sortant, le chef supérieur Lobè Bell. La
présidence du Ngondo est en effet tournante entre les
différents cantons duala tandis que les fonctions de secrétaire,
également rotatives, sont assumées par un responsable pris dans
un canton autre que celui dont est originaire le président en exercice.
Dans les faits, cependant, pure théorie que cela ! Les deux personnes du
président et du secrétaire du Ngondo demeurent
immuables depuis leur installation en 1949. Pourquoi cela ? A Douala on vous
répondra : « Ils conservent jusqu'ici la confiance du peuple
entier... ».
CHAPITRE III :
SES ACTIVITÉS POLITIQUES
AVANT
ET PENDANT L'OCCUPATION
ALLEMANDE
Assemblée traditionnelle ? A vrai dire, le
Ngondo n'avait nulle vocation à exercer des pouvoirs
politiques, législatifs ou diplomatiques quelconques. Son rôle
devait fondamentalement se borner, singulièrement avant sa mise en
veilleuse par les Allemands, à trancher en premier et dernier ressort,
sans appel, les graves affaires de pratiques de sorcellerie, de trahison du
peuple ou d'atteinte à l'union des Camerounais de la côte. A
l'origine, c'était une espèce de Cour Suprême en
matière criminelle exclusivement.
Mais son glissement vers la politique se fit de plus
en plus irrésistible au point de devenir inévitable. Ce lent
glissement prit corps à partir du moment où les Duala se mirent
à sentir l'amer goût des réalités coloniales.
Oui, à Douala, le peuple s'était
jusqu'ici accoutumé à une administration étrangère
par les consuls, c'est-à-dire apolitique par définition,
lâche, lointaine, très souple à volonté. Il avait
dès l'origine, et de très bonne foi, souhaité la
présence d'une autorité exercée du dehors, sans trop
savoir lui-même sur quel socle précis elle allait reposer. En
toute hypothèse, l'on imagine sans peine qu'il n'avait point
désiré l'avènement d'un pouvoir de type colonial pur.
Cette supposée restriction devait avoir eu pour dessein de lui garantir
une protection totale, effective, ainsi qu'une large dignité humaine
impliquant le respect sacré de l'individu quel qu'il soit.
Déchiré que lui-même était tous les jours par des
querelles intestines sanglantes, le peuple duala avait, sans aucun doute,
dû ressentir le besoin d'être départagé
équitablement par un arbitre provenant d'une autorité exempte
d'intrigues comme des procédés caractéristiques de la
souveraineté de type classique.
Par-dessus tout, il avait voulu et admis l'installation d'un
pouvoir étranger d'éthique chrétienne, agissant
d'après les préceptes du Christ sur l'égalité et la
fraternité entre les hommes, sur l'amour du prochain, la bonté,
et tout le reste... A preuve : les passages suivants extraits d'une lettre
commune adressée le 6 novembre 1881 à Sa Majesté la Reine
d'Angleterre, par les rois Akwa et Bell : « Nous avons appris que vous
êtes un bon chrétien... J'espère que vous prendrez ce sujet
en profonde considération et ferez tout ce que vous pourrez pour l'amour
de Dieu... Aussi pensons-nous que le mieux est de remettre ce pays à
vous, les Anglais, qui sans doute apporterez la paix, la civilisation
et le christianisme dans le pays... »
Certes, ce pouvoir ne fut pas anglais, comme ces
deux rois l'avaient initialement espéré. Mais il était
allemand. C'est dire qu'il était tout aussi chrétien. Le roi de
Prusse ne fut-il pas l'un des éminents fondateurs et principaux
signataires à Paris, le 26 septembre 1815, de la Sainte Alliance
inspirée à l'empereur Alexandre 1er par Madame de Krüdener
« au nom de la très sainte et invisible Trinité » ?
Qu'importe, au reste, que ce pouvoir fût allemand, anglais, espagnol,
italien, portugais, ou français, etc... ! De quelque puissance eût-il été l'émanation, cela
n'eût rien changé, strictement rien ni dans le « processus
traditionnel » ni dans la conjoncture...
Pensées ingénues, donc, illustrant
merveilleusement chez ces braves gens, une ignorance crasse de l'avenir ! On
était bien loin du compte !
L'innocent peuple Duala ne se doutait alors pas de
l'existence d'un système colonial conventionnel, homogène, mis au
point universellement : travail forcé, climat de terreur et
d'inquisition, justice expéditive, ségrégation raciale
éhontée, répression tyrannique, etc. Très
tôt, le mot « protectorat » apparut sous son vrai jour,
résonnant de ses plus purs accents, profilant partout le spectre hideux
du colonialisme parfait, que dis-je intégral. Protectorat ! Protectorat
! Ne fus-tu donc, après tout, dans ton contenu, qu'un vulgaire et cruel
euphémisme ? Qu'une illusion, combien naïve, qui avait germé
dans l'esprit d'un peuple désenchanté, à propos du
caractère prétendument philanthropique d'une administration
étrangère, quand bien même cette dernière serait
fondée sur les principes mitigés du protectorat ou de la tutelle
! Ah ! C'est étrange, comme l'histoire de la colonisation s'apparente et
se ressemble dans le temps et dans l'espace. A quelques nuances près, il
faut en convenir : même volonté d'asservissement, même
racisme impénitent, même avilissement de l'être humain, mais
aussi mêmes combats pour la liberté...
Ainsi furent amèrement déçues et
l'attente et l'espérance des Duala des années mil huit cent...
D'autant plus amèrement qu'à l'inverse de ce qui s'était
passé ici et ailleurs en Afrique, eux avaient réclamé,
voulu, favorisé, bousculé la venue des colonisateurs. Eux, au
moins, avaient tôt compris l'inutilité qu'il y avait à
résister, par la force ou n'importe comment, à l'implantation de
cette hydre à deux têtes (à deux têtes seulement :
l'une monstrueuse, l'autre magnanime) et qui avait nom : colonisation. Mais au
départ, cette sagacité ne leur faisait-elle pas marquer des
points ? Plus tard, cela les mettra d'autant à l'aise pour
dénoncer la satiété, urbi et orbi, les
méfaits, d'un mot tout le côté négatif de la
colonisation. C'est ainsi que ce peuple, depuis l'autel de son assemblée
traditionnelle, ne tardera pas à affirmer dans le pays sous occupation
étrangère comme le tout premier bastion de la réaction, de
la résistance et de la lutte anticolonialistes, disons par le fait
même du double aléa de la géographie et de l'histoire.
Cela, dès les premières années du protectorat allemand. Ce
qui, de bonne heure, ne lui vaudra guère pas que des amis, au cours de
son destin passé. Il s'en fallait de beaucoup.
Placé aux avant-postes au gré de la Providence,
peuple martyr parmi les plus martyrs, il lui en coûtera surtout bien de
sacrifices en vies humaines - et tant d'autres encore - qu'il ne nous revient
pas de décrire ici. Ce sera peut-être pour une autre fois, en une
autre et meilleure occasion. Dès avant la fin de la deuxième
décennie de la présence allemande, donc, rois, princes et peuple
réunies sous les auspices du Ngondo, furent unanimes
à considérer que, dans la pratique, l'administration protectrice
violait ouvertement, si l'on ose dire, le Traité du 12 juillet 1884,
lui-même négocié, comme on sait, du côté
duala, sous la direction de l'assemblée traditionnelle du peuple. Voici
quelques-uns des huit points du protocole d'accord dont était assorti ce
Traité célèbre et formulant des voeux précis de la
population duala :
« 4) - Notre terre cultivée ne doit pas
nous être arrachée parce que nous ne sommes pas capables d'acheter
et de vendre comme d'autres pays... »
« 6) - Nous continuerons à
élever nos bouledogues, cochons, chèvres, volailles, comme cela
se passe maintenant... »
Juillet 1902. Dix-huit ans après l'
« annexion », probablement même jour pour jour, le
Ngondo organise dans les quatre quartiers une souscription
populaire, à raison d'un demi-mark par personne adulte et valide. Le
produit de cette quête est destiné à couvrir les frais de
voyage et de séjour, en Allemagne, d'une importante
délégation ayant reçu mission d'exposer les
doléances du peuple et de remettre en mains propres, au roi de Prusse,
la toute première pétition duala. Cette délégation
comprend :
1 - du côté Bell : le chef
supérieur Manga Ndumbè et le notable Eyum'a
Njembèlè (9) ;
2 - du côté de Akwa : le chef
supérieur Dika Mpondo, son fils Mpondo Akwa, conseiller, et le notable
Mukudi Muanguè de Bonakuamuang ;
3 - du côté Deïdo : le chef
supérieur Epée Ekwalla et le notable Dikonguè Môni
de Bonamuduru.
A la dernière minute, le chef Kum a
M'bapê, de Bonaberi, avait fini par renoncer à ce long
déplacement. Les Akwa et les Deïdo quittèrent Douala en
septembre 1902, quelques jours après les délégués
de Bell qui les avaient devancés.
L'essentiel de la mission accompli, le gros de la
délégation s'empressa de rentrer au Cameroun, laissant seul
à demeure en Allemagne, Mpondo Akwa, mieux placé que quiconque
pour intéresser ses nombreux amis à la plainte du peuple duala et
prendre avec eux de fructueux contacts auprès de certains milieux
politiques favorables, au sein du Reichstag, à l'amélioration du
traitement des Noirs dans les colonies de l'Empire (10).
En 1902, tout le peuple réuni en
Ngondo décide par conséquent d'adresser des
prestations à ce sujet à l'Empereur Guillaume II lui-même,
sous forme de pétition. Le principal instigateur et meneur dans cette
affaire est Mpondo Akwa, fils aîné de Dika Mpondo Akwa, l'un des
principaux signataires du Traité du 12 juillet 1884. La pétition
stigmatisait avec force les exactions du représentant local du Reich, le
gouverneur général Von Puttkammer. En même temps, elle
exigeait une scrupuleuse application de l'esprit ayant présidé
à la conclusion des actes de 1884, savoir : une authentique protection
des indigènes au lieu d'une autorité de fer et de terreur...
Cette année 1902 précède de peu le
début des mesures d'expropriation qui seront décidées
à Douala par les Allemands, en mai 1906. Cela avait commencé par
le quartier de Bonabéri, sur la rive droite du Wouri. Ces mesures
ouvriront d'ailleurs la période du grave conflit Germano-Duala, laquelle
se terminera avec la fin effective de l'administration allemande à
Douala, le 28 septembre 1914.
A partir de 1902, donc, le climat s'était
déjà assombri dans les rapports entre Allemands et Duala. Les
Allemands, en effet, avaient été désagréablement
surpris de rencontrer auprès de leurs administrés, opposition et
résistance en série, bref obstruction systématique
à leurs moindres plans et projets, concernant la ville de Douala en
particulier. Sans doute, ne s'y attendaient-ils que fort peu, convaincus qu'ils
étaient d'avoir affaire à d'anciens pourvoyeurs d'esclaves,
faciles à corrompre et à manipuler, en tout cas ayant
prouvé autrefois leur extrême malléabilité.
Or, la réalité était froidement
tout autre. Car, nous l'avons vu, les Duala venaient de faire
l'expérience de vingt années d'administration anglaise, d'une
administration par des consuls, assortie d'une autorité ferme mais
paternelle et conciliante, ignorant abus et exactions, soucieuse avant tout de
mettre fin à la traite des esclaves.
La transition ayant été presque nulle,
l'épreuve de la toute première administration au vrai sens du
terme - qu'elle fût du reste allemande ou non - devait forcément
paraître très dure aux Duala. Ils la supportèrent, la mort
dans l'âme. Aux exigences des Allemands, ils se mirent en devoir
d'opposer des exigences. Ces raidissements réciproques de position
expliquent assez clairement aujourd'hui les « méthodes fortes
» qu'on reprocha aux Allemands, surtout vis-à-vis des Duala.
Or, c'est bien dans le Ngondo,
âme, foyer et levain de la résistance anticolonialiste, que le
peuple duala autrefois divisé à l'envie, puisa en ces
circonstances des plus graves de son histoire, toute la force de sa
cohésion et de son courage.
Mais revenons-en à la pétition du
Ngondo auprès du Reich. Elle chargeait lourdement et
plus particulièrement le représentant de l'Empire à Douala
pour le Cameroun et le Togo, le gouverneur général Von
Puttkammer. Sans épargner l'administrateur de la région de
Douala, à l'époque, Von Brauchitsch. Le gouverneur
général, lui, était le fils d'un ministre d'Etat du
chancelier Bismarck et neveu du ministre de la guerre Von Papen. C'est dire de
quelles puissantes protections il pouvait bénéficier.
L'examen de la plainte Duala dura environ trois ans. Retour de
l'exposition de Berlin de 1905, le gouverneur général Von
Puttkammer s'entendait rappeler sans délai en Allemagne où,
semble-t-il, il devait être admis d'office de ses fonctions. Le fait est
qu'il ne revint plus jamais au Cameroun. Comment s'étonner dès
lors que cet ancien gouverneur général en soit arrivé
à vouer aux Duala une haine mortelle, au point d'écrire au sujet
de ses ennemis déclarés : « ... qu'il aurait mieux valu les
exterminer ou les déporter lors de l'arrivée des Allemands mais
qu'il était maintenant hélas trop tard » (11). Très
curieusement, plusieurs dizaines de Duala seront déportés dans
les années 40, vers des régions lointaines du Cameroun au climat
et au régime alimentaire des plus inadaptés pour eux. Beaucoup y
mourront sans plus jamais revoir Douala. Pendant ces même années
40, indépendamment de multiples arrestations policières et de
nombreux cas d'emprisonnement de patriotes à Douala même, il y eut
la fusillade, à l'aube, devant la « poudrière » de la
ville, de Dikonguè Meetom, notable de Bonakouamouang.
Motif : « germanophilie ou intelligence avec l'ennemi
allemand ». C'était, cette fois, sous l'occupation
française. Hélas ! Von Puttkammer ne sera plus là,
peut-être même plus de ce monde, pour voir, ô paradoxe,
comment son vieux rêve devait se réaliser, fût-ce en partie,
mais alors pour des considérations... qu'il n'eût certainement
plus approuvées, parce que diamétralement opposées
à ses propres intérêts ! Pauvres Duala, inconstants et
insatiables ! Voire ! A moins que ce ne fut, ici encore, la même ancienne
allergie, le même « épidermisme » au même
colonialisme, seul le manteau ayant changé depuis 1916...
Pour ce qui est de l'administrateur en chef
Brauchitsch, conseiller du gouverneur général et chef de la
circonscription de Douala, il fut, nous raconte-t-on, condamné... au
paiement d'une amende de 1000 marks !
La pétition du Ngondo avait
porté !
Mais, comme le dit si bien une maxime duala :
Bakala na bakala ba si ma wutanê tamba.
Littéralement cela signifie : « Les Blancs ne s'ôtent pas le
chapeau entre eux » ; et au figuré : « Le Blanc marche
toujours sur les traces de ses prédécesseurs, il tient toujours
compte de leurs opinions, de leurs avis, de leurs appréciations sur les
hommes et les faits ; entre eux, les Blancs ne se déjugent pas, ne se
contrarient pas, même lorsqu'ils sont des ennemis avoués entre
eux, et cela dès qu'il s'agit d'affaires concernant les Noirs
».Ainsi, les successeurs de Von Puttkammer ne furent pas prêts
à oublier le grave affront qu'il avait essuyé et auquel
eux-mêmes pouvaient s'attendre, d'un moment à l'autre. Ils
tinrent, de plusieurs manières, à venger cet illustre enfant de
l'Empire.
En voici une, choisie au hasard parmi tant d'autres : Mpondo
Akwa, chef incontesté de la délégation de son pays en
1902, fut obligé de rester en Allemagne jusqu'en 1911, soit pour suivre
sur place les affaires de Douala, soit sur le conseil de ses amis allemands,
sociaux-démocrates pour la plupart. Semble-t-il, ces derniers l'avaient
adjuré de ne pas retourner immédiatement dans son pays, de
crainte d'être pris au filet. Dès son retour en 1911, on
s'empressa de tisser contre lui toute une histoire, dans les formes classiques.
Sur dénonciation calomnieuse savamment préméditée,
on l'accusa d'avoir tenu des propos anti-allemands. Une procédure
sommaire et expéditive le fit condamner à la déportation
à Banyo d'abord, à Ngaoundéré ensuite. La
déclaration de guerre le trouvera dans cette dernière ville en
1914, comme détenu politique.
Or, un jour d'août 1914, sous ombre qu'il
avait tenté de s'évader de sa cellule, des tirailleurs
reçurent l'ordre de tirer sur lui. Alors qu'en réalité,
Mpondo Akwa allait, comme d'ordinaire, c'est-à-dire sous bonne garde, se
baigner dans la rivière toute proche. Pendant des années,
l'autorité administrante le porta disparu et se refusa même
à révéler aux Duala le sort véritable qui fut le
sien. C'est bien plus tard, à la suite d'enquêtes et recherches
multiples menées par sa famille, que tout le monde fut enfin
péniblement convaincu de sa mort, dans les conditions plus que tragiques
qu'on connaît... Pour avoir, à l'exemple de son père, dit
« non » au régime abject du colonialisme ainsi qu'à ses
tenants !
1905. Le gouvernement allemand met au point
un plan d'urbanisme de la ville de Douala. Quelques années plus tard,
les Français retrouveront ce document et l'appelleront « plan
cadastral allemand », par ailleurs excellent et unique dans son genre au
Cameroun, du moins à l'époque. Pour le mettre à
exécution, l'administration locale doit procéder à des
expropriations en règle, pour cause d'utilité publique. La
première tranche de la procédure s'effectue en 1906, d'abord
à Bonabéri, sur la rive droite du fleuve, sans difficulté
(12).
Dès 1911, une entreprise identique est
envisagée pour les trois cantons de la rive gauche : Bell, Akwa et
Deïdo. Ici, le projet se heurte aux protestations les plus
énergiques de toute la population, contenues dans des pétitions
successives adressées jusqu'au Reichstag entre 1911 et 1912.
Malgré cela, les Allemands s'apprêtent à
faire déguerpir, dans un premier temps, le canton de Bonadôo, et,
au demeurant, le décret officiel paraît le 15 janvier 1913 pour
903 hectaresde terrains. Malheureusement, les indemnités
proposées à cet effet sont si minimes qu'elles exaspèrent
davantage encore les Duala et motivent de leur part une opposition
généralisée.
Une nouvelle fois, ceux-ci forment un front uni
autour du Ngondo. Ils désignent Duala Manga Bell comme
leur porte-parole et chef de la résistance. Le 8 mars 1912, Duala Manga
Bell envoie au Reichstag, au nom du peuple, une longue lettre de protestation,
mais aussi d'instantes prières. Auparavant, les Duala s'étaient
constitué deux avocats défenseurs, l'un à Hambourg,
l'autre à Berlin. Au fait, de quoi s'agissait-il ?D'éloigner
à 5 km au moins à l'intérieur du pays tous les villages
autochtones alors bâtis au voisinage immédiat du fleuve. De
transformer ensuite les lieux ainsi vidés en quartiers
résidentiels uniquement réservés aux Européens.
Ouvrons la parenthèse pour noter tout de
suite qu'en définitive, le déguisement des Africains du quartier
de Bonadôo, appelé encore Plateau Joss, ou Bonanjô, se
réalisera contre vents et marées 13. Ce quartier demeure,
à ce jour, le principal centre administratif de la ville et, jusqu'en
1959 au plus tôt, soit à la veille de l'indépendance du
Cameroun, il aura été en fait le quartier résidentiel des
seuls Européens et assimilés, à l'exclusion de toute
présence d'autochtones, apparaissant ainsi comme un exemple vivant,
incontestable, de ségrégation raciale. Il reste vrai dire que
l'essor très rapide de Douala rendra assez tôt ce quartier, en
réalité le plus beau et le plus calme de la ville, insuffisant
à l'habitat de tous les Européens. Force sera donc à bon
nombre d'entre eux de résider également dans les quartiers d'Akwa
(essentiellement commercial) et Deïdo, souvent à proximité
des indigènes.
Mais reprenons la trame du récit pour
préciser qu'à la vérité, le projet allemand cachait
secrètement des objectifs à peine voilés de
ségrégation raciale. En effet, des médecins
spécialisés avaient fait valoir auprès du Reichstag, le
Parlement allemand, qu'une promiscuité entre Noirs et Blancs
entraînerait fatalement, pour ces derniers, des risques graves de
contamination de la malaria et de bien d'autres affections dites tropicales.
Or, les Duala comptaient de nombreuses sympathies
dans toute l'Allemagne. Très tôt, des amis sûrs et bien
informés leur mirent la puce à l'oreille. L'indignation du peuple
fut complète et eut pour effet d'aviver sa réaction
catégorique à l'égard du projet. Dans leurs suppliques,
les Duala avaient tenu à démontrer comment ce serait pour eux une
question de vie ou de mort d'avoir à quitter la terre de leurs
ancêtres, sur laquelle eux-mêmes avaient grandi. Il est difficile
à quelqu'un d'autre de mesurer l'extrême douleur d'un homme
habitué, depuis l'enfance, à vivre au bord de l'eau, à
contempler le fleuve à toute heure, et qui, du jour au lendemain, se
voit condamné à se priver de tant de joies intenses,
difficilement explicables !
Face à ces scrupules et tant
d'appréhensions, l'administration allemande argumenta que les
ancêtres des Duala n'avaient pas toujours habité là ; que
les Duala avaient d'ailleurs coutume de rester plusieurs jours ou des semaines
entières dans leurs pêcheries ou dans leurs plantations ; qu'on
allait leur bâtir une belle ville moderne ; que quinze minutes de marche
pour arriver jusqu'au fleuve ne représenteraient tout de même pas
un énorme sacrifice...
Le moindre compromis était loin d'être
réalisé !
Le 4 août 1913, intervenait la destitution,
à titre temporaire, de Duala Manga Bell. Sa charge de chef administratif
rémunéré sur les fonds de l'Etat avait été
jugée incompatible avec son attitude hostile aux objectifs prioritaires
de ce même Etat (14).
L'affaire néanmoins reste au point mort et
n'avance pas assez.
Le 1er août 1914, éclate la
première guerre mondiale.
Entre-temps, le Ngondo avait
dépêché en Allemagne Ngoso Din, secrétaire de Duala
Manga, et l'avait chargé d'une « mission spéciale ».
Les Akwa diront par la suite de n'avoir pas été mis au courant de
cette « mission spéciale ». Ngoso Din, à son passage
à Bordeaux et à Paris, aurait pris des contacts
(mystérieux) avec certains milieux politiques français. Les
Allemands n'avaient pas tardé à être alerté et,
dès son arrivée sur le sol allemand, l'émissaire Duala
était arrêté.
A Douala même, la situation se complexifiait
irrémédiablement et l'évolution de l'affaire tournait au
tragique pour le chef de file de l'opposition. Celle-ci, en effet, avait connu,
de manière subite, des développements d'un nouveau genre, et
Duala Manga s'était vu accuser de haute trahison pour « entente
avec des puissances étrangères et instigation des chefs de
l'intérieur du pays à la haine et à la révolte
contre l'Allemagne ».
Le 7 août 1914, à 14 heures, Duala
Manga et Ngoso Din étaient exécutés par pendaison dans
l'enceinte du commissariat de police. Duala Manga Ndumbè a Lobè,
petit-fils de Ndumbè a Lobè a Bebe, celui-là fut
baptisé par tous les Duala le « père » du protectorat
allemand au Cameroun ! Y aura-t-il eu plus belle et plus ironie du sort ?
Mais sur ce drame historique, nous n'en dirons pas
plus, tel n'étant point - Dieu nous en garde ! - notre véritable
propos. Nous avons tenu tout simplement à évoquer quelques
péripéties, dans le contexte particulier du rôle de haut
niveau politique que le Ngondo a pu jouer dans un passé
pas très lointain. Sans, pour ainsi dire, en avoir lui-même eu
claire conscience. Ce faisant, il signait, de façon tout à fait
inattendue, l'acte de naissance du nationalisme camerounais, annonçant
alors la couleur par une voie absolument inédite.
En dernière analyse, de quelle manière
épiloguer sur tout ceci et que reste-t-il en substance à y
condamner maintenant que les petits-fils et les arrière-petits-fils des
Duala de l'époque sont devenus, quant à eux, capables de faire la
part exacte des choses entre d'un côté ce qu'ils savent
désormais des problèmes d'urbanisation des cités modernes
- gage de leur développement harmonieux et de leur indispensable
renommée - et d'un autre côté l'opposition aveugle,
systématique à toute mesure d'expropriation organisée et
soutenue jadis leurs honorables devanciers ? A notre opinion, tout le champ du
possible reste ouvert : celui de la réflexion et de la critique. Celui
de toutes sortes de spéculations juridiques ou doctrinales aussi.
Tout tient pour l'essentiel à une question de
forme procédurale. Déjà, autrefois, il y avait eu maints
Allemands de bonne foi, sans doute appartenant à l'aile progressiste de
l'Empire, qui n'avaient point hésité à flétrir
à toute force le caractère inhumain du plan d'expropriation, en
ce qu'à l'évidence, ce plan entendait essentiellement
empêcher toute cohabitation entre Blancs et Noirs.
N'empêche que des juristes avaient
estimé devoir échafauder diverses thèses en faveur du
principe même de la légitimité des expropriations
ordonnées pour cause d'utilité publique, basant alors cette
légitimité sur la pleine et entière souveraineté de
l'Etat allemand dans l'administration du pays, à la suite de la totale
abdication de leur propre autorité par les rois, chefs et notables
duala. Ils justifiaient ainsi les mesures entreprises, fondées, selon
eux, sur le strict droit européen.
Et certes, les rois et chefs de la contrée
avaient délibérément transféré à
l'Etat allemand tous leurs droits et prérogatives de
souveraineté, de législation et d'administration sur le
territoire. Il n'en demeure pas constant, pareillement, que le Traité du
12 juillet 1884 est explicite en son point 3 qui édicte que : « Les
terrains cultivés par nous, et les emplacements sur lesquels se trouvent
des villages, doivent rester la propriété des possesseurs actuels
et de leurs descendants ».
Et de leurs descendants !
Ce membre de phrase à lui seul suffisait
à exclure toute possibilité d'aliénation de terrains par
n'importe quelle personne ou puissance étrangère, pour quelque
motif fût-il, sauf acceptation préalable, librement
négociée, des détenteurs.
Dès lors, il était clair qu'aucune
mesure de déguerpissement des Africains 16, pour légale et
justifiable qu'elle ait pu apparaître sous le double aspect de
l'utilité publique et du droit occidental, ne pouvait ni ne devait
être décidée unilatéralement par la puissance de
protectorat (protectrice par essence), sans préalable consultation des
autochtones et, au besoin, intervention d'un protocole ou d'un addendum
à l'acte juridique du 12 juillet 1884. A la limite, les Duala consentant
collectivement à la mesure, le cas échéant, devenaient par
la suite seuls habiles en droit à déterminer à leur totale
volonté les conditions matérielles de l'indemnisation, en
réparation des dépossessions ordonnées.
Bien sûr, le régime de l'expropriation
dans l'ensemble des territoires allemands du continent africain avait
déjà fait l'objet d'une ordonnance impériale du 14
février 1903 prenant effet le 1er juin 1903 ; une décision de la
section coloniale en date du 9 avril 1906 en avait arrêté les
modalités pratiques d'application. Mais dans quelle mesure ces
différents textes étaient-ils valablement opposables aux Duala ?
Dans quelle mesure, au cas particulier des expropriations de Douala, se
conciliaient-ils tant avec les termes qu'avec l'esprit du point 3
sus-évoqué du Traité du 12 juillet 1884 ayant force des
actes diplomatiques ?
Dans ce grand litige Germano-Duala, qui avait tort,
qui avait raison ? Avouons notre propre embarras de pouvoir d'emblée
répondre à une aussi délicate question, en toute
objectivité. Avant d'essayer de nous y résoudre, un petit rappel
historique s'impose.
L'utilité publique invoquée en
l'occurrence par l'autorité administrante visait, en premier lieu, la
libre disposition par elle de terrains domaniaux nécessaires à
l'implantation de ses services, puis secondairement à la
résidence de ses principaux dirigeants et fonctionnaires - entendez
expatriés. N'est-ce pas là les préoccupations prioritaires
de toute puissance publique, qu'elle soit allemande ou non ? Elle reste,
aujourd'hui encore, celle de nos propres gouvernants africains.
A supposer même que l'expropriation du Plateau Joss ait
tendu, dès l'origine, à quelque lotissement digne de ce nom,
celui-ci ne pouvait qu'être assujetti aux règles courantes de tout
programme urbanistique élémentaire, soumettant tout le monde
à des normes précises et commune de construction. A ce prix, nos
cases en matériaux provisoires devaient se voir condamnées sans
ménagements dès la mise en jeu des mesures arrêtées,
lesquelles devaient rendre pratiquement impossible le moindre investissement de
la part des Africains. De ce fait, seules resteront intactes au quartier
Bonanjô, frappées du sceau du privilège, quelques rares
propriétés individuelles. Ce fut le cas des concessions, «
valablement bâties », de la famille royale (à
côté de l'immeuble du Palais de Justice), du très riche
propriétaire duala de ce temps-là, Mandessi Bell, du
regretté pasteur Modi Din et, naturellement, de la firme hambourgeoise
Woermann. Étant donné le très faible niveau
économique des Africains, il n'y eut aussi, maintenus à demeure,
que les quelques particuliers européens vivant dans leurs maisons de
style européen, c'est-à-dire construits en matériaux
définitifs.
La création du quartier Bali - destiné au
recasement des déguerpis de Bonanjô - suivit immédiatement
l'expropriation entreprise. On assistera à un processus à peu
près analogue en 1937, lorsque l'administration française
décidera d'importantes mesures de déguerpissement dans certaines
zones particulièrement en vue du quartier Akwa où, par bonheur,
une grande proportion de résidents autochtones étaient
déjà propriétaires de villas plus ou moins modernes
(pourvu qu'elles aient un toit de tôles et des murs en ciment) et
détenteur de titres fonciers authentiques, opposables aux tiers. Ce qui
explique la relative intensité des remous que provoqua cette
deuxième vague de déguerpissements collectifs. Mais, sans doute
aussi, le précédent allemand avait-il mieux aguerri les nouveaux
maîtres du pays. Pourquoi pas ?
Les Allemands avaient promis à leurs «
protégés » duala une belle ville, autrement plus avenante
que l'agreste cité antique de pêcheurs qu'ils trouvèrent
à leur arrivée sur les rivages du Wouri. Et ceci, au moins, ne
s'est guère démenti...
Tout cela rappelé et précisé,
une dernière question persiste néanmoins à l'esprit. Les
règlements relatifs à l'expropriation pour cause d'utilité
publique rendus en vigueur dans les possessions allemandes en Afrique,
étaient-ils identiques à ceux-là mêmes qui
étaient applicables sur les territoires du Reich ? Il y a, hélas
! Quelques raisons d'en douter ! Les règlements propres à
l'Afrique avaient, selon toute vraisemblance, été conçus
pour les Africains, à l'aune de leur « degré de civilisation
». Là résidait précisément la discrimination,
le point d'ancrage de cette discrimination qui a toujours été et
demeure jusqu'ici le responsable de tous nos maux, de tous nos malentendus.
Mais en posant au préalable comme postulat
que législation allemande en matière fut absolument une tant en
métropole que dans les colonies, et que cette législation n'a pas
évolué ou très peu - depuis 1903 (ce qui du reste est
simplement et proprement impensable), tentons maintenant de procéder au
moyen du parallèle, même sommaire :
1 -- Les règles générales
organisant les procédures d'expropriation le furent souverainement par
ordonnance impériale, en d'autres termes sans consultation
préalable des populations duala, comme celles-ci l'eussent
souhaité. Jusqu'à présent, un peu partout dans le monde,
cette prérogative est, à quelques variantes près, de
puissance publique, notamment par le biais des assemblées
parlementaires.
Sur ce premier point, la plainte du Ngondo
s'avère donc assez peu consistante, mis à part
l'élément établissant, dans l'espèce duala, qu'il y
aurait eu violation par les Allemands du point 3 du Traité du 12 juillet
1884 (cf. supra.).
2 -- Les règles et taux de l'indemnisation
font également partie intégrante des attributs, en soi
inaliénables et inattaquables, attachés à l'exercice de
toute souveraineté. Étant entendu que l'exception soulevée
au paragraphe précédent, au cas particulier des Duala, conserve
ici encore tout son poids pour ce qui est des conditions, apparemment
arbitraires, dans lesquelles les Allemands fixèrent le montant des
indemnités proposées aux victimes de l'expropriation, ces
victimes étant réputées propriétaires
légitimes indiscutables des terrains touchés, ceci en vertu d'un
acte, avons-nous déjà dit, de portée diplomatique, unique
charte devant gouverner tous les rapports entre Duala et Allemands.
3 -- Une fois décrétée la
déclaration d'utilité publique, préalable et
péremptoire, toute expropriation effective est communément
précédée de formalités rigoureuses, entre autres
d'une enquête publique et contradictoire présidée par le
représentant de l'Etat, en présence des personnes
concernées. Faculté est offerte à celle-ci d'élever
des contestations dans les formes appropriées, en principe sur la nature
et le montant des dédommagements ou compensations envisagés.
L'Administration est tenue d'enregistrer toutes contestations ou oppositions
reçues, de les instruire en commission composée de techniciens et
de personnalités politiques, et d'y réserver la suite convenable.
En principe, et très généralement, l'opportunité
même de l'expropriation pour cause d'utilité publique n'est ni
discutable ni négociable.
Mais les garanties ainsi aménagées
avant sa matérialisation définitive dans les circonstances
normales le furent-elles au profit des propriétaires coutumiers duala ?
Regrettablement, l'histoire donne à entendre qu'il n'en fut rien du
tout.Qu'en conclure, sinon que chacun en juge comme il l'entend, suivant sa
propre conscience !
Pour sa part, le Ngondo, y compris
tous ses martyrs et zélateurs, garde jalousement la certitude d'avoir
agi en cette époque célèbre pour la seule défense
du respect de la dignité de l'homme, surtout de l'homme noir, tant et si
souvent bafoué dans l'histoire de tous les temps de notre pauvre
humanité !
CHAPITRE IV :
LE ROLE POLITIQUE JOUE PAR LE NGONDO
AVANT L'INDÉPENDANCE DU CAMEROUN
Repris en 1949, le Ngondo fit école
puisqu'il semble avoir inspiré à travers le pays quantité
d'autres associations traditionnelles, par exemple : le Kumze
des Bamiléké, l'Association Amicale de la Sanaga-Maritime, la
Solidarité Babimbi, l'Association des Béti du Centre-Sud,
l'Association traditionnelle des Bulu-Fang (Efulameyông), etc.
Soulignons en passant qu'alors que le
Ngondo était mis officiellement en congé, son
esprit n'avait jamais cessé d'habiter son peuple. Il était mort
sans être mort. C'est ainsi qu'en 1929, tandis que l'indigénat -
tristement célèbre - faisait rage en Afrique, un petit groupe de
Duala de toutes origines eut le mâle courage d'adresser à la
Société des Nations, à Genève, une pétition
réclamant la fin du joug colonial par l'octroi immédiat de
l'indépendance au Cameroun placé sous mandat confié
à la France.
Mais en 1949, le Ngondo
s'était trouvé devant l'alternative de choisir entre deux
tendances : l'une qui souhaitait son affiliation au parti politique de l'Union
des Populations du Cameroun (U.P.C), et l'autre qui rejetait cette
obédience. C'est cette dernière tendance qui l'emporta. Selon
elle, le Ngondo devait rester dans les limites du
traditionalisme rigide et éviter justement de devenir politique, tout
virage de l'espèce risquant de le dévier de son caractère
propre ; risquant surtout de l'exposer aux aléas des multiples
mouvements politique de l'époque. Grâce à quoi le
Ngondo n'aura pas été dissout en 1955, comme ce
fut le sort de l'U.P.C. et de toutes ses filiales...
Malgré cette option fondamentale et, tout en
demeurant « traditionnel », le Ngondo des Duala
estima qu'il était, somme toute, comme au siècle passé, le
meilleur gardien de l'âme comme des idéologies du peuple. Soucieux
de ne pas s'arrêter en si bon chemin et voulant en cela cristalliser les
traditions séculaires - bien connues - de ce peuple, savoir : son vif
penchant pour l'indépendance, son amour ardent de la liberté, sa
passion pour les nécessaires changements et le progrès en
général, cette assemblée « apolitique » crut bon
de poser clairement à la Mission de visite des Nations Unies le
problème du devenir politique du Cameroun. C'était pour lui
l'occasion, combien alléchante et propice, de reprendre son cheval de
bataille.
Ses arguments étaient simples ; ils puisaient
dans la nature même des statuts successifs de notre pays.
D'abord protectorat allemand, ensuite pays sous
mandat de la Grande Bretagne, le Cameroun en effet, pouvait et devait se
prévaloir de bonne heure, de cette condition particulière, et ce
beaucoup plus aisément que les anciennes colonies au sens pur du terme.
Cette exceptionnelle position le prédestinait admirablement à une
plus rapide libération et sut, dans l'ensemble, forcer les
évolutions nécessaires en Afrique, ayant été, sans
conteste aucun, un puissant facteur d'accélération du mouvement
général d'indépendance dans le continent noir.
En effet, la Charte des Nations Unies signée
à San Francisco le 26 juin 1945 avait stipulé en son article 76,
paragraphe b, que les fins essentielles du régime de Tutelle
étaient, entre autres, de « favoriser le progrès politique,
économique et social des populations des territoires sous tutelle ainsi
que le développement de leur instruction ; favoriser également
leur évolution progressive vers la capacité à
s'administrer eux-mêmes dans l'indépendance, compte tenu des
conditions particulières à chaque territoire et à ses
populations, des aspirations librement exprimées des populations
intéressées, etc. ».
Tels furent les fondements sur lesquels
s'était étayée la motion du Ngondo remise
à la Mission de visite de l'O.N.U. en novembre 1949 et
enregistrée par cette dernière sous le n° T-TEP-S/56/4/31.
Les rédacteurs de cet important document avaient pris le plus grand soin
de ne pas en faire un quelconque réquisitoire contre l'autorité
administrante établie. Aussi s'abstint-il de ne contenir aucune attaque
directe contre la France. Malgré ces précautions et scrupules, la
pétition du Ngondo fut, dans les faits, jugée tendancieuse et
réactionnaire et comme l'expression, à peine surprenante, des
« prétentions exagérées des Duala ». Bien
sûr mieux : une certaine campagne de diversion orchestrée au nom
d'une certaine politique de division s'ingénia à
accréditer, aux yeux des autres Camerounais, que ce document ne
renfermait, en réalité, que des revendications
d'intérêt purement régional, concernant les droits
immobiliers des Duala, donc n'ayant le moindre rapport avec le destin
général du Cameroun.
Les dirigeants du Ngondo
s'avisèrent alors brusquement d'organiser la plus large diffusion
possible de leur pétition qui fut lue intégralement,
expliquée et commentée avec patience, trois journées
durant, à tous les Camerounais non-Duala des différents quartiers
de New-Bell 17 convoqués en plusieurs réunions populaires
à cet effet.
L'inflexible rigueur des critères ayant
présidé à la constitution du comité de
rédaction de la pétition du Ngondo ; les
conditions de travail, quasi mystiques, que s'imposèrent les membres de
ce comité ; l'hermétisme grégaire, proprement
maçonnique, qui entoura le style en même temps que le contenu du
manuscrit ; l'anxiété fébrile qui s'empara de certaines
personnalités autochtones et étrangères tantôt pour
accéder au secret de ce manuscrit tantôt à l'affût de
la remise au de la Mission de l'O.N.U. du document définitif ; les
manoeuvres et tractions en tous genres qui précédèrent
cette remise ; le nombre impressionnant des signataires de cette
pétition historique (un peu plus de huit cent !) ; les circonstances,
parfois cocasses, dans lesquelles furent recueillies sinon arrachées
certaines signatures ; les modalités de sa diffusion à Douala
même, puis à l'intérieur du pays et enfin auprès des
autorités de Paris : quel beau thème de dissertation et quelle
tendre aubaine de pages qui pourraient devenir célèbres dans
l'histoire du Cameroun ! Il suffirait que quelqu'un y avise et qu'il veuille
bien s'en charger...
La tê la miango, disent les Douala
eux-mêmes, kê di ma sala ! (Tout fait qui tombe
dans de l'histoire - ou de la narration du passé - perd beaucoup de
substance).
Or, vraiment, ces journées ont droit de
rester immortelles dans nos mémoires !
Nous avons déjà eu soin de mentionner
qu'au cours de son passage de deux semaines au Cameroun, la Mission de l'O.N.U.
avait collectionné un nombre extraordinaire de pétitions
émanant de presque toutes les régions du territoire. Il semble du
reste que le total des pétitions adressées par les Camerounais
à l'O.N.U. pendant la période comprise entre 1949 et 1957, en
chiffre par centaines sinon par milliers de tonnes. Affirme-t-on, avec beaucoup
de sérieux !
Hormis celle portant l'estampille officielle du
Ngondo, d'autres Duala avaient-ils remis à la Mission
ou adressé directement à New York des pétitions
individuelles ou collectives traitant de problème mineur, en
l'espèce ceux relatifs à des droits terriens ? En toute
honnêteté, il nous est difficile de le nier d'emblée, sans
examen préalable. Malheureusement, nous n'avons pu disposer d'aucun
moyen de vérification sur ce point.
Une chose reste évidente : c'est que la
Mission de l'O.N.U. de novembre 1949 crut devoir émettre
l'appréciation suivante en ce qui concerne la pétition du
Ngondo de l'époque : « Une autre
(pétition), celle du Ngondo, est plus explicite encore
à ce sujet. Elle critique les limitations de l'Assemblée
Représentative du Cameroun et déclare : « Qu'on ne voit pas
se manifester la tendance à lui attribuer des pouvoirs particuliers de
législation et de représentation qui seraient une première
étape vers le « self-government ». C'est seulement si on
accorde aux Camerounais des responsabilités plus larges que celles
actuellement laissées à l'Assemblée Représentative
du Cameroun que les habitants du territoire pourront acquérir
l'expérience législative nécessaire pour les
préparer à l'autonomie » (18).
Dès 1950, le Conseil de Tutelle recommandait
l'extension progressive des pouvoirs de l'ARCAM, notamment dans le domaine
législatif.
1954. Le Ngondo, las
d'attendre la suite réservée aux points les plus saillants
soulevés dans sa motion de 1949, désigne en son sein trois
délégués chargés de se rendre comme
pétitionnaires devant le Conseil de Tutelle des Nations Unies. Il
prévoit et assure lui-même les frais de voyage et de séjour
de la délégation composée de MM.
Bétôté Akwa, chef supérieur d'Akwa, président
du Ngondo ; Ekwalla Esaka, chef supérieur de
Deïdo, vice-président et Kinguè Jong, secrétaire
administratif de l'association.
Arrivée à Paris, ces trois
émissaires sont « interceptés » par les
autorités françaises. A la suite de quoi, ils prennent le chemin
de retour à Douala plutôt que la route pour le Palais de verre de
Manhattan.
Que s'était-il donc passé ? Le
gouvernement français les aurait dissuadés de
l'opportunité d'une démarche directe auprès de l'ONU,
promettant qu'il n'allait pas tarder à examiner avec le maximum de
bienveillance la requête du Ngondo, aux fins d'autonomie
puis d'indépendance du Cameroun. « Mieux vaut laver notre linge
sale en famille », se seraient-ils laissé dire...
A Douala toute la population concernée les
hua, les traita de « vendus » et de « traîtres »
à la solde des Français... Eux s'employèrent à
persuader le peuple du caractère solennel des promesses
françaises, allant précisément dans le sens des desiderata
du peuple tout entier.
1956. Les pourparlers bilatéraux
promis par la France ne s'annoncent toujours pas. Le Ngondo
commence à perdre patience. Finalement, il décide d'envoyer
à nouveau une délégation aux Nations Unies. Comme la
précédente, elle comprend trois membres : MM.
Bétôté Akwa, Kinguè Jong et Mbonde Loko. Ceux-ci
étaient porteurs d'une pétition assez laconique, rappelant
simplement celle de novembre 1949 ainsi que les intentions françaises
exprimées en 1954 et, jusque-là, non
concrétisées.
Devant le Conseil de Tutelle des Nations Unies,
donc, le Ngondo, par l'intermédiaire de ses
porte-parole, fit entendre sa voix au nom du Cameroun, pour sa modeste part, en
vue de l'obtention d'une autonomie interne immédiate suivie de
l'indépendance nationale dès que possible.
Revenus des États-Unis, les trois
délégués du Ngondo parviennent, cette
fois, à convaincre puis à calmer les masses duala, par la
diffusion d'enregistrements sur bandes magnétiques de toutes les
interventions devant l'Organisation internationale.
L'année d'auprès, soit en 1957, le Cameroun
devenait autonome. Cela, bien entendu, grâce à la conjonction des
forces et des moyens de toutes les couches agissantes du pays entier.
Ainsi le Ngondo duala peut,
aujourd'hui encore, se féliciter d'avoir apporté sa part de
contribution positive à l'avènement accéléré
de notre autonomie réclamée par elle dès 1929 et 1949 ! A
cet égard, il n'a fait, redisons-le, que reprendre ses traditions
d'autan marquées dès l'aube de la colonisation européenne
au Cameroun.
CHAPITRE V :
LE NGONDO, FÊTE TRADITIONNELLE DES
DUALA
12 juillet... En souvenir de cette
année mémorable où, en 1884, il scella avec les
envoyés diplomatiques allemands nos tout premiers liens, combien alors
timide, dans le cadre de la future et vaste coopération humaine à
l'échelle de la planète, le Ngondo organise le
12 juillet de chaque année depuis 1949, des festivités à
vrais dire fastueuses. C'est le Ngondo, la fête
traditionnelle du peuple duala. S'il est exact qu'en 1949 même, cette
fête eut lieu le 19 juin, c'était uniquement parce qu'il fallait
en anticiper le déroulement, pour permettre au président
(nouvellement entrant) de l'organisation, le chef supérieur E.
Bétôté Akwa, d'y participer avant de pouvoir effectuer un
voyage important en Europe.
De la solennité au profane, de
l'allégresse presque infantile de la méditation grave et contenue
: voilà les principaux traits qui, paradoxalement, caractérisent
de nos jours la fête traditionnelle des Duala.
La veille, un service religieux est organisé
indistinctement au temple du Centenaire ou à la cathédrale de
Bonadibông, et ce depuis la rénovation du Ngondo
en 1949.
Le lendemain matin, dès 5 heures, ses grands
dignitaires suivis de leur état-major et d'une foule imposante d'hommes
et de femmes, tous en tenus « traditionnelle » d'apparat, se dirigent
vers une plage du Wouri préalablement choisie selon les années et
les présages reçus des divinités du fleuve. C'est souvent
au pied du pont du Wouri, parfois dans la petite pêcherie du
Yupwè. Mais auparavant, ils auront parcouru toute la ville à
pied, pour rendre chaque année un hommage immortel à leurs deux
derniers souverains disparus. Ainsi vont-ils se recueillir pieusement et
déposer une gerbe de fleurs sur la tombe tour à tour : de Rudolph
Duala Manga, héros du peuple, à Bonanjô, et de King Akwa,
Dika Mpondo ma Ngando a Kwa. Dommage que les Deïdo n'ont pas
élevé de monument à la mémoire de leurs princes, ni
pour Ekwalla Epèe, ni pour Epèe Ekwalla et Eboa Epèe !
Voici les hommes. Tous vont pieds nus ; petites
toques de fibre de raphia noire sur la tête ; pagnes de velours ou de
soie chatoyante, porté serré autour des reins, avec un art d'y
faire des surplis et de laisser pendre de chaque côté deux pans,
dont seuls ces hommes possèdent le secret ; chemise blanche à
longues manches recouvrant l'ensellure du pagne, ou petits tricots collant au
buste ; foulards aux couleurs vives et ondoyantes, tantôt en
bandoulière sur l'épaule ou jetés nonchalamment en
écharpe sur le cou, un peu à l'image des maires de France ou de
chez nous ; chasse-mouche à la main. Il y en a qui sont torse nu, bustes
de toutes les gammes de noir, de brin, de nègre ou de brique cuite. Leur
pas est lent et majestueux. Leur masque grave. Ils marchent en silence, dans
l'ombre encore fantomatique de la nuit qui se meurt, sous un ciel blafard,
humide de ces pluies légendaires de la côte camerounaise, de ces
pluies qui sont la marque de nos laides journées de juillet, sombres et
brumeuses à fendre le coeur.
Les femmes portent le kaba ngondo.
Le kaba est une robe « maxi », d'une mode
typiquement duala, fort ancienne dans la région. C'est l'habit de tous
les jours des vieilles mamans de là-bas. Longues et très ample,
cette robe se fait en tissu imprimé de toutes teintes, aux motifs d'une
infinie variété. Le groupe des femmes s'avance, lui aussi, dans
ce même silence fait tout à la fois de mystère et de
ferveur.
Leurs pieds, également, sont nus ; un foulard de soie
ou de velours noué, également, autour des reins, comme dans le
musuka des pleureuses, les jours de deuil
(basasè kwedi).
Habituellement, très peu d'enfants assistent
à cette phase - qui se veut sublime - du cérémonial.
Parvenu au bord du fleuve, à l'emplacement
élu, tout ce monde foule fébrilement le sable mouillé de
la plage et tourne, avec humilité, ses regards vers les eaux sales,
glauques et palpitantes. Devant lui, à l'horizon, sur l'autre rive ou
sur les mille et un îlots qui hérissent de leurs fouillis
verdâtre le milieu du fleuve au Nord du pont, d'immenses champs de
palétuviers se profilent à perte de vue, dans un entrelacs de
racines aériennes ruisselantes de glu ou parées de minuscules
coquillages, plongeant dans l'onde noire de suif et de boue comme les
tentacules de pieuvres géantes. C'est la demeure divine des
miengu sacrés des Duala, génies craints et
vénérés de tous, sirènes ou naïades
dispensatrices de toutes leurs fortunes, bonnes ou mauvaises.
Puis, subitement, une voix de stentor
s'élève par-dessus la clameur sourde, tandis que les
palétuviers touffus en reprennent au loin l'écho, par saccades
tardives et émouvantes.
Le chef-président parle et demande le silence. Cela
annonce le commencement du rituel au son du ngoso (19), des
mikeñ (20) et des mbaka (21). D'abord,
c'est un solo immédiatement suivi d'un duo... Puis le choeur
enchaîne sur un rythme sourd, compact, majestueux, d'une incomparable
richesse d'harmonie et d'une beauté mélodieuse pour nous sans
pareille :
Ya, Malobè,
O! Malobè!
Ho!Ho!
Ya, Malobè,
O! Malobè!
Ho !
Ho !
Malobè a si wèli Engômga
Malobè n'a pu résister à Engômga;
Ya, Malobè e!O! Malobè!
(Cf. la transcription musicale en annexe).
Dans ce chant, les Duala à l'origine se
moquent de Malobè, autrefois leur terreur aux marchés de Pongo.
De ce Malobè qui se croyait invincible. Mais que la force
(supérieure) d'Engômga finit par mettre à genoux.
Aujourd'hui, c'est le chant du ralliement, l'hymne à l'union.
Après quoi vient l'esa, l'esa ya
mboa, la prière collective aux ancêtres disparus,
l'invocation solennelle des miengu. C'est encore le
male ma mboa : serment d'allégeance perpétuelle
au Ngondo, de fidélité au peuple tout entier
ainsi qu'à ses nobles idéaux d'union et de paix. Ni
traîtres ni parjures dans ses rangs ! Sinon le peuple veille sur tout et
sur tous, quels qu'ils soient. Souvenez-vous de la loi fondamentale du
Ngondo : « Vie pour vie, etc. ». Souvenez-vous de la
question d'honneur des Duala (qui se trouve à l'origine de sa
création), du prodige réalisé sur le titan Malobè,
grâce à l'entente et à l'union.
C'est bien ce que, d'une voix autoritaire, sentencieuse, les
yeux pleins de feu, dans des vers presque ésotériques, le
chef-officiant proclame plusieurs fois, et la foule tout entière avec
lui, dans une ferveur, dirait-on, cabalistique, car c'est proprement de
l'ancien duala :
Le chef : Ekwa muato !
La foule : O o !
Le chef : O tam !
La foule : Njôm !
Les paroles du serment duala ont été
quelque peu déformées avec le temps et altérations
multiples subies par la langue sous l'effet de phénomènes divers.
Il convient de reproduire le texte original de l'ancien duala :
E kwi ya muato : Ce qui est sorti des
entrailles de la femme : (tout être humain). O-o !: Oui ! (Entendu !).
O tam ! : (si) Tu attentes (jalouses, hais,
envies, ou trahis, etc.)
Njôm ! : Responsable (tu es ! avec
toutes les conséquences, sous-entendu.)
Aujourd'hui e kwi se dit en duala e
busi ; muato se dit : muto ; o tam est
l'abréviation de : o tam ñama (tu lui veux du
mal ; tu cherches sa perte, sa mort, son malheur, etc.).
Notons tout de suite, sans renvoi fastidieux, que
la plupart des Béti (dans le Centre-Sud du Cameroun) disent :
kwi (nsêñ) pour « sortir » ; que les
Pongo et les Mungo appellent toujours la femme muato et les
Wuri : muaro. (Il est connu que les populations de ces trois
dernières sous-tribus parlent du duala archaïque).
La prononciation actuelle de l'expression o
tam fait penser à : « Tu ramasses », ou « Tu
touches ». C'est proprement incorrect. Nos parlers étant des
langues à tons, il faut prononcer cette phrase de manière
à lui donner plutôt l'un des sens ci-dessus expliqués.
Tout ceci pour rappeler symboliquement à la
mémoire de tous le triste sort advenu à Malobè
qui avait osé attenter à la vie et à l'honneur
des Duala.
Mais à ce moment de la cérémonie du
serment, toute l'assistance entre dans un état de transe
trépidante, comme mue et possédé par le
Jengu. On se trémousse, on trottine (sur place !) ; des
milliers de bras gesticulent tels des manivelles, comme dans la danse des
malôkô, propre aux pas de lutte traditionnelle. Le
tout cadencé par le son cristallin des mikeñ et
des mbaka.
Par cette prière collective, le
Ngondo implore les miengu afin qu'ils
protègent et gardent son peuple bien-aimé, qu'ils le couvrent de
toutes les bénédictions, qu'ils le comblent de toutes les vertus
de la terre : force, sagesse, intelligence, richesse ; qu'ils lui apportent la
prospérité en tout, une plus grande fécondité des
femmes, des parties de pêche fructueuses, de bonnes récoltes,
l'union de tous dans la fraternité et l'amour du prochain, la paix dans
les foyers et sur l'ensemble du pays...
Que, du même coup, les miengu conjurent
et éloignent du peuple tous les maux d'ici bas : la mort, le deuil, la
stérilité des mères de famille, la pauvreté et la
misère, la haine et la désunion. Tout !
Mais dans tout ce rituel du Ngondo,
la minute la plus pathétique, la plus poignante, la plus subjugante,
celle qui accroche le plus l'attention, retient le curieux et intrigue la
profane, c'est, sans aucun doute, celle de la cérémonie
d'immersion du vase sacré dans les profondeurs du Wouri, autre demeure
mystique des génies peuplant le fleuve, les miengu.
C'est le siba,l'eloko.
Cet office remonte aux temps les plus reculés
de la société des Bonambôngô dont sont issus les
Duala lato sensu. C'est-à-dire avant même l'installation
définitive de membres de cette vieille souche bantoue sur le littoral
camerounais, il y a de cela un peu plus de 350 ans. La légende va
jusqu'à soutenir que c'est l'exceptionnelle qualité des
miengu de cette région qui, à la suite de
nombreuses prophéties reçues des dieux morts, inspira puis
détermina le départ de la famille Bonambôngô des
lointaines boucles du Congo (ou Zaïre ?) et de l'Oubangui, dans la
région des BâMuelè, pour les voisinages de
l'Atlantique...
Mais autrefois, le rite de l'immersion du vase dans
l'eau n'était point, comme c'est le cas de nos jours, un symbole
d'ordinaire réminiscence, la reconstitution évocatrices de faits
du passé, lesquels, force de le reconnaître, ont vécu quant
à leur authentique pureté.
En cette époque-là, un initié
plongeait jusqu'au fond des eaux, tenant dans ses mains un vase noir en terre
cuite, assez volumineux. Il y séjournait pendant un laps de temps
relativement long, environ une demi-heure. Lorsqu'il revenait à la
surface, on pouvait le voir sans la moindre goutte d'eau sur le corps ni sur
ses habits ; le vase lui-même revenait totalement sec mais avec, à
son fond, un dingômbô. Le
dingômbô, à Douala, est un crabe d'un brun
très foncé, à la carapace particulièrement dure et
aux pinces plus crochues, plus acérées et plus agressives que
chez le crabe ordinaire. Mais le dingômbô figure
surtout la fécondité : celle des mères de famille, du sol,
des parties de pêche sur le Wouri, toutes choses distinctives de la
prospérité dans l'esprit de ces gens.
Toujours en ces temps-là, les miengu
participaient manifestement à la fête.On voyait de
multiples bras, sortis de l'eau, remuer autour de la barque au bord de laquelle
montent le plongeur et trois autres initiés.
Sur le sol de la plage, on pouvait encore apercevoir
d'énormes quantités de poissons déposés par des
mains invisibles. En un mot, on sentait et percevait la présence des
miengu. Sans, bien entendu, les voir...
A cet instant merveilleux de l'immersion du vase
sacré, on entend fuser de la foule grouillant sur la berge, une litanie
psalmodiée en sourdine par un groupe de chanteurs, rares initiés
au langage des miengu que seuls ils savent parler, que seuls
ils entendent... Puis cette ouverture se termine par un magnifique crescendo.Le
retour du vase sur la terre ferme marque la fin des cérémonies de
communion du peuple avec ses dieux tutélaires.Au temps jadis, le centre
d'activité du Jengu (considéré ici comme
secte religieuse ou magique de toute la communauté duala) se trouvait
sur un rocher gigantesque qui s'élevait, tel un minaret, sur les rivages
du Wouri, à l'emplacement actuel du quartier de Bonamouti, dans le
canton d'Akwa. Les gens de Bonamouti passaient alors pour être les
principaux détenteurs et les plus grands dignitaires du Jengu et, par le
fait même, les plus purs éléments de la race. Car la
pratique du Jengu était, semble-t-il, de par la structure sociale duala,
incompatible avec des « origines impures » ou « incertaines
», bref étrangères à la nation.
Mais depuis l'arrivée des Européens,
le bruit « insolite et incommodant » de leurs chaloupes et de leurs
bateaux à vapeur a éloigné de Bonamouti le centre de la
confrérie, le transférant de cet endroit à l'île de
Jebalè, au large du Wouri. C'est dans un tourbillon situé au
Nord-Ouest de cette île, au lieu dit Tondo ou
Tonda Jebalè (confluent de trois bras du Wouri venant
le premier du pays Wuri, le deuxième de Dibombari et le troisième
de Bonendalè), qu'autrefois se déroulait le rite d'immersion du
vase sacré. Jusqu'à présent les gouffres et tourbillons
(betia) des fleuves et rivières se classent parmi les
lieux enchantés des régions de notre littoral, à
côté de certains monts, célèbres sous ce chapitre.
Aussi bien les principaux gardiens du Jengu des Duala se
retrouvent-ils à l'heure actuelle à
Jebalè. Et c'est à Jebalè que recrutent
les grands initiés : les plongeurs de l'eloko, les
chantres mystérieux du Jengu, les interlocuteurs
authentiques des miengu, les initiateurs éventuels aux
rites du Jengu, etc.
Les Malimba de la Sanaga-Maritime, les Batanga de
Kribi, les habitants de la région de Santa Carlos à
Dikabo (appellation duala de l'île de Fernando-Pô,
en Guinée Équatoriale) possèdent aussi leurs lieux
sacrés propres, destinés à la pratique du
Jengu. Ces lieux sont le delta de la Sanaga pour les Malimba,
les embouchures du Nyong, de la Lobè et de la Kienté
pour les Batanga lato sensu (Batanga,
Banôh et Bapuku réunis).
Dès la fin de la phrase spirituelle des
cérémonies, tous les assistants, les dignitaires du
Ngondo en tête, entreprennent à pied le tour des
principaux quartiers duala de la ville. Ensuite commence, la grande fête
populaire. Dans les plus petits recoins de la cité, hommes, femmes,
enfants de tous âge, habillés à la ngondo,
dansent, chantent, s'embrassent à l'envi, boivent et mangent jusque dans
les rues, à qui mieux mieux. Ce spectacle, extrêmement haut en
couleurs, mérite d'être vu !
Vers 11 heures, en présence des
autorités administratives locales, le bureau du Ngondo
offre vin d'honneur aux différentes personnalités de la
ville, étrangères ou camerounaises non-duala, représentant
tous les secteurs d'activité en place. A cette occasion, son
président prononce un important discours dans lequel il passe en revue
l'historique du Ngondo, ses idéaux et ses objectifs
essentiels, en insistant plus particulièrement sur la volonté de
collaboration de ses membres avec les pouvoirs publics, par une
communauté de pensée et d'action entre la puissance temporelle
d'une part et les forces spirituelles et traditionnelles de l'Assemblée
du peuple de l'autre.
ÉPILOGUE
Et aujourd'hui ?
1er janvier 1960. L'O.N.U. proclame
l'indépendance du Cameroun précédemment sous tutelle
assumée par la France. Devenu souverain sur les plans national et
international, le pays va désormais siéger au Palais de verre non
plus en pétitionnaire, mais en tant que membre à part
entière de l'Organisation internationale.
Avec de nombreux États du monde entier,
singulièrement avec ses maîtres d'autrefois : l'Angleterre,
l'Allemagne et la France, il traite désormais d'égal à
égal, par la conclusion de multiples Accords et Traités et par
l'ouverture réciproque de missions diplomatiques au niveau le plus
élevé.
Révolue, l'époque des interminables
suppliques des porte-parole traditionnels de la nation duala, hier à la
Reine Victoria d'Angleterre, le lendemain au Kaiser, en vue de l'annexion du
pays à telle ou telle puissance étrangère.
Finie aussi, celles des pétitions
tantôt au gouvernement du Reich tantôt au Palais de Manhattan.
Sur place, des gouvernants et des administrateurs
authentiquement camerounais ont pris la relève de leurs homologues
européens. Dans l'ensemble du pays, la liberté est
retrouvée ainsi qu'un bien plus grand respect de la dignité de
l'homme noir, sur son propre continent !
1er septembre 1961 -- 1er septembre 1966 -- 2
juin 1972 -- Il aura fallu d'un lustre pour que se fonde
définitivement un Etat camerounais rétabli, fût-il
hélas ! en partie, dans ses frontières d'avant 1914, recouvrant
de ce fait son unité territoriale et politique que devait
concrétiser, fort opportunément, la fusion en un seul parti
national des myriades d'organes et de mouvements jusqu'ici
caractéristiques de sa vie politique.
En effet, le 1er octobre 1961, est intervenue la
réunification des deux parties de l'ancien Cameroun, autrefois l'une
sous administration française et l'autre sous administration
anglaise.
Puis, le 1er septembre 1966, est née l'Union
Nationale Camerounaise, parti du peuple camerounais tout entier, ayant pour
visées majeures : la création puis la consolidation permanente
d'une véritable patrie camerounaise dans l'union de tous ses fils ;
l'entente entre ses diverses familles ethniques ou religieuses ; la
solidarité agissante ; la défense farouche de
l'intégrité du territoire.
Enfin, suprême couronnement, le Cameroun est,
depuis le 2 juin 1972, devenu un Etat unitaire sous la dénomination de
République Unie du Cameroun, mettant ainsi fin à ses institutions
fédérales qui ne garantissaient qu'assez imparfaitement et
l'unité de la patrie et l'intégrité de son territoire.
Tous autant d'objectifs qui s'accommodent et participent
des propres idéaux du Ngondo, constamment
proclamés et défendus dans le passé.
Le Ngondo, tout au long de son
histoire, ne s'était-il pas battu corps et âme pour la justice et
l'égalité absolues ; pour l'indépendance et la
liberté de tous les Camerounais, sans distinction d'origine ; pour le
respect de la dignité de l'être humain ; pour l'entente entre les
hommes de toutes races et de toutes origines ; pour l'amour du prochain ; pour
le dialogue en toutes circonstances (à partir des gouvernants et
administrateurs allemands) ; pour l'union qui fait force des nations et qui
permit à son propre peuple, jadis, de réduire au silence
l'impertinent et redoutable Malobè ; pour
l'élimination de tous les traîtres à la nation et de tous
les ennemis de celle-ci ; etc... ?
Les propres idéaux et objectifs du
Ngondo -- inséparables, supposons-nous, de ceux de
l'ensemble des Camerounais -- ne se trouvent-ils pas pleinement atteints depuis
1960, 1961 et 1972 ?
Tout, vraiment tout semble, depuis lors, avoir
répondu à ses plus profondes aspirations, à son attente la
plus exigeante.
A présent, que lui reste-t-il à
combattre, dans ces conditions nouvelles de l'histoire socio-politique du
Cameroun où toute lutte pour des causes essentielles déjà
gagnées, des conquêtes achevées, des victoires
remportées, devient inutile, sans objet ? Du moins, de notre point de
vue...
Tels sont quelques sujets de méditation et de
réflexion qu'aujourd'hui -- avec l'immense et affectueuse admiration que
nous leur vouons -- nous osons prendre sur nous de soumettre aux Duala, ces
authentiques frères. Et cela, à travers leur Assemblée
traditionnelle.
A notre sens, en effet, la mission politique du
Ngondo paraît bel et bien terminée. Il lui faut
maintenant descendre des grands desseins aux réalités.
Néanmoins, toujours selon nous, il resterait
à l'illustre Assemblée du glorieux et vaillant peuple duala, de
déployer ses énergies dans d'autres dimensions, d'appliquer son
initiative et son génie légendaire à transmettre puis
à développer au sein de ses générations montantes,
ces grandes et nobles valeurs humaines, ce riche patrimoine idéologique
qui furent autrefois la marque distinctive de leurs pères : audace et
endurance ; sens de l'entreprise et des affaires ; sens élevé de
la nation, de la démocratie, du devoir et de l'honneur ; nationalisme
virulent ; combativité et persévérance ; initiative
créative et constructive ; diplomatie active et courageuse ;
abnégation, sacrifice ; finesse intellectuelle ; sens de l'ordre et de
la méthode ; lucidité et minutie ; netteté, scrupule et
droiture ; tolérance et compréhension ; honnêteté
sans faille, dans tous les domaines ; respect de la chose d'autrui ;
générosité et hospitalité à nulles autres
pareilles. Que tant de vertus soient donc mises pleinement au service du
Cameroun en construction et en marche !
Que le Ngondo leur apprenne aussi,
à ces générations duala de demain, de ne point se couper
aveuglement des traditions de leurs ancêtres : leur langue, leurs danses,
leur musique, leurs contes, leur art de la pêche, et nous en passons,
comptent assurément parmi les plus valables qui puissent exister...
Nous sommes intimement acquis à l'idée
que rien en principe ne devrait pouvoir empêcher le
Ngondo d'organiser en son sein des tâches
spécifiques d'information parallèle, d'éducation
particulière, de formation complémentaire de son peuple, dans le
sillage, dans les limites tolérables et le respect scrupuleux de la
ligne-maîtresse du parti national de tous les Camerounais, de son
idéologie et de ses structures. Ce ne serait là, à nos
yeux, qu'un bénéfice adjuvant. Et nos institutions respectent
trop les traditions et tout ce qui y touche, pour que ceci puisse
apparaître telle une formule à l'emporte-pièce, inutile ou
malfaisante.
Que les Duala, par le truchement de leur
Ngondo, se rappellent donc ces quelques traits de la
philosophie de leurs devanciers :
Mudio a titi ekôn : « Il n'est pas
bon d'envier la « marée montante » de quelqu'un. A chaque jour
suffit sa peine ».
Mudio bebe bebe : « A chaque
marée son tour. Les marées montent et descendent alternativement.
Il en est de même de la destinée des hommes ou des peuples. Cela
va comme il plaît à Dieu ! ».
Mubènè lambo a titi mutu :
« Le possesseur d'un bien n'est jamais un petit enfant ». Je suis
jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend
point le nombre des années », écrivait déjà
Corneille au 17ème siècle. « Les souverains, si jeunes
soient-ils, ont toujours droit à la considération du peuple
entier ».
Et cette autre leçon encore, à tiers
d'une oeuvre célèbre d'une des grandes figures de leur histoire,
l'organiste, poète et compositeur, illustre s'il en fut, Lobè
Bebe Bell 22 :
Binyô makôm lo bi môngèlè mam
: « Vous tous, amis, connaissez mon rêve !
Na bana ba Kamerun bèsè : C'est
celui de tout Camerounais.
Embè sô nde, lo si
bôbisè : Persévérons, et luttons sans
cesse,
Akwanè pè, Loba a
mongwanè ! : Prions, et Dieu nous assistera !
Tô nja na timbisèlè
momènè ka Yuda : Celui qui se comportera comme Judas,
Su lao ja bè pè nde ka la Yuda
: Trouvera la même fin que Judas... »
Qu'ils se rappellent enfin cette lettre historique
au roi Bell en date du 12 janvier 1885 dans laquelle, le Foreign Office,
après avoir reproché à celui-ci de n'avoir pas eu la
patience d'attendre une semaine de plus (ce qui, selon le Foreign Office,
aurait permis l'installation des Anglais plutôt que celle des Allemands
dans la région) crut bon de lui dire que « le seul conseil que le
gouvernement de Sa Majesté paraît maintenant lui donner
était de rester loyal envers le pays sous le protectorat duquel il
s'était placé » (23).
Pour conclure, aucune des familles composantes de la
nation camerounaises n'étant, par la nature même des choses,
frappée du sceau ni de la prévention ni de l'exclusive, toutes,
sans exception et quelles qu'elles soient, doivent lutter résolument
contre tout relent sinon toute velléité d'égocentrisme ou
de repli sur soi même. Pour pouvoir bâtir une nation camerounaise
réellement forte et unie, il leur faut, à toutes ces familles
soeurs, déclencher ensemble, de part en part, la dynamique de leurs
nationalismes particuliers et mettre alors ceux-ci au service d'un patriotisme
plus élevé, plus noble, je veux dire plus large et plus
homogène. Et cela sans réticence ni calcul. Toutes n'ont-elles
pas un droit égal de prendre part aux agapes des dieux ?
C'était une bien modeste évocation de
l'histoire du Ngondo, survolée à grands traits.
Tout à dessein, elle se veut axée principalement sur l'analyse de
quelques vertus -- positives ou négatives selon le prisme du jugement de
chacun -- que cette Assemblée « traditionnelle » a pu
insuffler à un petit peuple du Cameroun, au fil des ans et de son
destin, tout au long de la période coloniale dans ce pays. Or, c'est
assez pour que certains, attentifs à ne manquer aucune occasion de tout
condamner comme à plaisir, se prennent à considérer notre
démarche comme une entreprise affichée de fabulation
apologétique. Non et non ! Nous avons au contraire entrepris,
au-delà de tout attrait pour quelque obscur passéisme, de
retracer, moyennant l'histoire de cette organisation, celle autrement plus
prenante sans doute, du fait colonial en Afrique, elle-même hélas
vue dans son unique zone d'ombre, alors que cette zone-là n'est point la
seule du tout ! Dieu veuille qu'un jour, il puisse nous être donné
de peindre à son tour l'autre face, celle-là faite de splendeur
et de munificence, que dis-je noble, généreuse,
éternelle.Et nous avons encore voulu, grâce à ce panorama
de l'histoire du Ngondo, souligner au passage l'apport tout
à fait déterminant de cette institution traditionnelle par
construction, de temps à autre étroitement clanique, à la
naissance et à la genèse du nationalisme camerounais.
Mais nous ne ferons point à l'immense
célébrité de l'altière Assemblée, ni
à l'amour-propre chatouilleux de ses fiers caciques, l'injure de
prétendre avoir, l'espace d'une brève esquisse,
épuisé le récit de leurs exploits communs. Loin s'en faut
!
Il reste tellement de choses à écrire sur le
Ngondo, que le présent témoignage n'est en somme
qu'une fort sommaire approche, simplement à même de frayer alors,
tout à fait opportunément croyons-nous, le chemin à
d'autres recherches et travaux que l'auteur souhaite beaucoup plus approfondis
sinon consistants, valables, véridiques.
Puissent nos compatriotes d'abord, nos anciens
maîtres ensuite, le reste du monde enfin, n'y percevoir en
définitive nullement un quelconque panégyrique des Duala. Mais
bien plutôt notre préoccupation exclusive de contribuer, à
notre mesure, à la prise en main du devoir presque sacré qui nous
échoit maintenant, à nous autres Africains, d'assumer directement
la charge de dire notre histoire. Mais surtout de la dire en totales conscience
et sérénité d'esprit. Sans crainte ni passion, ou
intéressée ou partisane.
FIN
NOTES
1 -- Dans l'ancien duala, le cordon ombilical non encore
sectionné s'appelait ngôndi. Avec l'évolution de la langue,
ce mot devint ngondo. A la longue, ce dernier terme subit une assez importante
altération tonétique ; le son bas des deux diphtongues devint
beaucoup plus haut dans le nom propre de chose désignant
l'assemblée et la rivière Bésèkè qui
sépare les cantons Bell et Akwa. C'est, en effet, dans l'embouchure de
ce cours d'eau que le Ngondo avait coutume de siéger aux heures de la
marée basse. Autrement dit, c'est le Ngondo, assemblée, qui donna
son nom au Ngondo, rivière.
2 -- En duala : ngum.
3 -- Selon certains chroniqueurs duala, c'est le roi en
personne qui perpétra ce crime odieux, avec le concours de ses hommes de
main. Question de haine ou de jalousie, dit-on, envers ce riche
propriétaire dont la notoriété était trop grande
pour plaire au souverain. Cette affaire provoqua une brouille profonde au sein
du clan des Bonadoô déjà ravagé par maintes
rivalités internes (rivalités non peut-être pas totalement
estompées à ce jour, entre d'une part la branche du fils
aîné, Priso -- ancêtre des Bonapriso -- et d'autre part la
branche cadette de Bonamandonè ou Bali, issue des Bonabéri, et
d'où devait sortir la dynastie communément appelée
Bell).
4 -- Ces actes de piraterie étaient
très fréquents autrefois dans les eaux de l'estuaire du Cameroun.
Les corsaires duala étaient des tueurs bien plutôt que des
brigands. Tous appartenaient à l'aristocratie du pays. Pour aller
opérer en mer, ils se faisaient accompagner par des « esclaves
». La condition sociale de ces derniers permettait de mieux les tenir en
secret. A la moindre indiscrétion, ils étaient sûrs d'y
passer eux-mêmes. En duala, ces actes de piraterie s'appellent dibanda,
et le bateau pirate : bôlô bwa dibanda.
5 -- Effectivement, dans une lettre datée du
1er mars 1882, le gouvernement du Royaume Uni avait signifié aux deux
principaux chefs duala, King Bell et King Akwa, son refus d'accéder
à leur demande conjointe de protectorat anglais sur le pays. Ce refus
avait été recommandé au comte Granville, ministre des
Affaires Étrangères, par le consul Hewett, en poste au Cameroun.
Celui-ci avait estimé que l'annexion de la région de Douala
présentait plus d'inconvénients que d'avantages.
Ce qui, du reste, s'avèrera non fondé plus tard,
puisque l'Angleterre entrera in extremis dans la course pour la prise de
Douala, usant, selon la version allemande sur ces évènements,
d'intrigues et de bousculades de dernière minute. Chacun sait qu'elle
perdra la partie au profit de l'Allemagne impériale.
Tant et si bien que le capitaine anglais Moore, (arrivant
à Douala à bord de la canonnière « Goshawk »)
envoyé spécial du même consul Hewett enfin pressé
sur la question par son gouvernement, finit par recevoir le surnom historique
de « Too late », ce qui signifie, dans sa propre langue : « Trop
tard » (cf. Pasteur J. R. Brutsch, « Les traités camerounais
» -- Bulletin de la Société d'Études Camerounaises --
Mémoires IFAN -- mars-juin 1955 n° 47-48).
6 -- L'amiral Knorr commandait l'escadrille
allemande affectée à la surveillance de la côte
ouest-africaine. C'est lui qui, sur les conseils d'Ed. Schmidt, alla rendre une
première visite au roi Bell en exil. Celui-ci lui remit une lettre
destinée au gouvernement allemand dans laquelle, d'u bout à
l'autre, il implorait la protection de ce dernier.
7 -- La plupart des lettres du roi à l'agent
allemand étaient cachées dans des morceaux de tronc de
bananier.
8 -- En vieux duala, le mot dimañ pourrait
signifier : qui passe comme l'éclair, comme l'ombre, rapidement, et qui,
de ce fait, glisse facilement entre les mains de l'adversaire ; l'indomptable,
l'insaisissable.
9 -- Au cours de ce voyage, Manga Ndumbè
laissera en Allemagne son petit-fils Ndumbè Duala, ainsi que ses jeunes
frères Dina Manga, Ekwè Manga et Lobè Manga, qui y feront
diverses études pendant plusieurs années. Epée Ekwala y
laissera également son fils Ebumbu.
10 -- Beaucoup d'Allemands eux-mêmes ne
manquaient aucune occasion pour condamner et flétrir avec
véhémence ce traitement.
11 -- Citation reproduite par R. Cornevin dans son
article « Du régime colonial à l'indépendance
nationale » (Le « Monde Diplomatique » de septembre 1971 --
Supplément consacré à la première décennie
de l'indépendance du Cameroun -- page 19).
12 -- Il s'agissait ici de mettre en chantier les
travaux de construction du premier chemin de fer camerounais, allant de Douala
au pied du mont Manengoumba. Une loi impériale du 4 mai 1906 avait
créé une société d'économie mixte à
cet effet, avec la participation des fonds du Reich. Par un autre acte du 13
juin 1906, le gouvernement impérial avait défini les
modalités d'attribution, à la société
concessionnaire, du domaine ainsi exproprié.
13 -- En exécution d'une ordonnance
impériale du 14 février 1903, entrée en vigueur le 1er
juin 1903, une décision en date du 9 avril 1903 de la Section Coloniale
en avait arrêté les modalités pratiques d'application.
14 -- Dès leur arrivée au Cameroun,
les Allemands décident de mettre désuétude les anciennes
dominations de « King » et de « roi » ; ceux-ci devinrent
des « chefs supérieurs » rémunérés par
l'Etat. Selon le Pasteur Brutsch citant Rudin, le chef Duala Manga touchait une
pension annuelle de 3.000 marks (cf. Rudin « Germains in the Cameroons
» -- New-Haven-1938).
15 -- Ngoso Din avait été
transféré en temps opportun de Berlin à Douala.
16 -- Les Duala n'étaient pas les seuls noirs
à habiter ce quartier de Bonandoô ; il y avait d'autres Africains,
originaires surtout de la côte occidentale du continent.
17 -- New-Bell : quartier populeux de Douala,
habité surtout par les allogènes et les étrangers au
Cameroun.
18 -- Extrait du rapport de la première Mission de
visite des Nations Unies dans le territoire sous Tutelle du Cameroun sous
administration française -- 1949, page 30. Précisions que le
rapport établissait une comparaison entre la motion de l'ARCAM et celle
du Ngondo.
19 -- ngoso : musique traditionnelle des populations
de la côte camerounaise.
20 -- mikeñ : au sing. mukeñ :
instrument de musique de ces mêmes populations ; espèce de
clochette à battant unique.
21 -- mbaka : en duala : claquettes sonores.
22 -- Ces vers sont extraits de l'hymne au roi R.
Duala Manga, mort pour la patrie, hymne écrit et composé en 1929,
par Lobè Bell (voir une étude consacrée par l'auteur
à cette importante oeuvre musicale - Revue ABBIA, n° 17-18
-juin-septembre 1967 - pages 187 et suivantes).
23 -- Correspondance citée par le Pasteur Brutsch et
extraite du « Blue Book » -- 1885 -- Inclosure in n° 80 - pages
86-87. Cf. « Les traités camerounais » par J. R. Brutsch
(Bulletin de la Société d'Études Camerounaise -- n°
47-48 - mars-juin 1955 page 38).
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Brutsch, Pasteur J. R. -- « Les
traités camerounais », in Bull. Soc. Études
Camerounaises, mars-juin 1955, n° 47-48.
Brutsch, Pasteur J. R. -- « Autour du
procès de Rudolph Duala Manga », in Bull. Soc.
Études Cam., mars 1956, n° 51.
Buchner, Max. -- « Aurora Colonialis
» (Brüchstücke eines Tagebuchs aus den ersten Beginn unserer
Kolonialpolitik, 1884-1885), München, 1914.
Rudin, H. -- « Germans in the Cameroons
», New-Haven, 1938.
Ruppel, Dr -- « Die Landesgesetzgebung
für das Schutzgebiet Kamerun.
Rapport annuel du gouvernement
français à l'Assemblée Générale des Nations
Unies sur l'administration du Cameroun sous Tutelle confiée à la
France, année 1950. -- Archives Nationales, Yaoundé.
Rapport de la première Mission de
visite des Nations Unies au Cameroun en 1949. -- Archives Nationales,
Yaoundé.
INFORMATEURS
Principaux informateurs : Albert Mpondo Dika,
Edinguèlè Muanguè Meetom, Modi a Bebe Bell, Mongwan a
Ndemba.
Autres informateurs : Ebosè
Etôkê, Guillaume Jemba, Gaston Kinguè Jong, Pasteur Paul
Mbendè, Thomas Mbôngô Mounoumé, Kunz Mukuri Kumba,
Hans Ngaka Akwa, J. Ngallè-Miano, Jean Ngando Ekwa, etc.
Note de l'auteur : Il convient de
préciser que le gouvernement allemand avait donné pleins pouvoirs
à ces commerçants et firmes bénéficiaires du
transfert de souveraineté et qu'en tout état de cause, il
s'était immédiatement substitué à ceux-ci dans les
formes juridiques classiques.
Maurice DOMBE MOULONGO est originaire de
Bwènè-Wouri, au Cameroun. Né en 1923, diplômé
de l'École Supérieur de Yaoundé, il appartient à la
Fonction Publique de son pays depuis un peu plus de 30 ans.
Après avoir occupé d'importantes fonctions de
responsabilité à l'époque de l'administration
française, notamment dans le commandement territorial, il a
été stagiaire à l'École Nationale de la France
d'Outre-Mer à Paris de 1958 à 1959. Administrateur Civil depuis
janvier 1961, ce haut fonctionnaire camerounais s'est vu confier de nombreux
postes dans différents départements ministériels.
Chercheur isolé et occasionnel, sa passion pour les études
historiques et ethno-sociologiques s'est affirmée dans plusieurs travaux
consacrés aux populations du Sud-Cameroun en général et
à celles de la côte en particulier.
Annexe 5:
TEXTE PRÉLIMINAIRE DU TRAITÉ DU 10 JUILLET
1884.
Le 10 juillet 1884, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et
SCHMIDT se rendirent à Bimbia où ils obtinrent des chefs de la
place la signature d'un traité préliminaire1460(*). En voici le
texte1461(*) :
Cameroons River, July 12 th. 1884.
Our wishes that white men should not go up and trade with
the Bushmen, nothing to do with our Markets, they must stay here in this River,
and then give us trust so that we will trade with our Bushmen.
We need no protection, we should like our country to annex
with the Government of any European power.
We need no alteration about our Marriages, we shall marry
as we are doing now.
Our cultivated ground must not be taken from us, for we
are not able to buy and sell as other country.
We shall keep Bullocks, Pigs, Goats, Fowls as it is nom
and also no duty on them.
No man shall take another man's wife by force or else a
heavy fine.
We need no fighting and beating without fault and no
imprisonment on paying the trusts without notice and no man shall be put to
Iron for the trust.
We are the chiefs of Cameroons.
Dies war ohne weiteren Text eingehandig
unterschrieben
The Imperial German Consul
Emil Schulze
Le Consul Hewett, chargé de négocier les
termes d'un traité de protectorat, dut constater son échec devant
le refus des chefs de renoncer à leur monopole du commerce
intermédiaire1462(*).1463(*)
Copie mise à disposition de la commission du budget
du Reichstag le 16 février 1906 pour son enquête sur la
pétition des chefs Akwa1464(*)1465(*).1466(*)
Abschrift.
We, the undersigned independent Kings and Chiefs of the
Country called Cameroons situated on the Cameroons-River, between the River
Bimbia on the North side, the River Qua-Qua on the South-Side and up to 4°
10/ North lat. have in a meeting held to-day in the German Factory on King
Aqua's Beach, voluntary concluded as follows :
We give this day our right of Sovereignity, the
Legislation and Management of this our Country entirely up to Mr.
Édouard Schmidt acting for the firm C. Woermann and Mr. Johannes VoB
acting for Mess. Jantzen &Thormählen, both in Hamburg, and for many
years trading in this River.
We have conveyed our rights of Sovereignity, the
Legislation and Management of this Country to the firms mentioned above under
the following reservations:
1. Under reservation of the rights of third
persons,
2. Reserving that all friendship and commercial treaties
made before with other foreign governments shall have full power,
3. That the land cultivated by us nom and the places the
towns are built on shall be the property of the present owners and their
successors,
4. That the coumie shall be paid annually as it has been
paid to the Kings and Chiefs before,
5. That during the first time of establishing an
administration here, our country fashions will be respected.
Cameroons the twelvth day of July one thousand eight
hundred and eight four.
Zeugen: gez. Ed. Woermann gez. Ed/ Schmidt. Gez. Joh. VoB.
Gez. O. Busch.
Gez. King Akwa + gez. King Bell+ his mark
- David Meetom + - John Angua + dto.
- EndeneAcqua + - Coffee Angua + -
- Black Acqua + - JimJoss + -
- MangaAcqua + - Malt Joss + -
- Joe Gamer Acqua + - David Joss + -
- ScottJost + - JaccoEsgr + -
- Big Jim Acqua + - London Bell + -
- LortonAcqua + - Barrow Peter + -
- Jug Acqua + - Clame Joss + -
- WilliamAcqua + - LookingglassBell + -
- NedAcqua +
Annexe 6:
DOUALA. DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS
AFRICAINS.
Annexe 7:
DOUALA. DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS
EUROPÉENS.
Annexe 8:
DOUALA. ZONE EUROPÉENNE - ZONE
AFRICAINE.
Annexe 9:
DOUALA. PROJET D'URBANISME ALLEMAND.
Annexe 10:
CROQUIS DU PLAN D'URBANISME ALLEMAND. PROJET
DÉFINITIF.
Annexe 11:
CONVENTION D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS
VOLÉS OU ILLICITEMENT EXPORTÉS.
Annexe 12:
REPRODUCTION DU « TANGUE » DE KUM'A
MBAPE BELL ET EXPOSÉE À LA FONDATION AFRICAVENIR À
DOUALA.
Annexe 13:
COMMUNIQUÉ NR. 4948/09 DU 26 AOÛT
1909 SIGNÉ PAR LE CHEF DE DISTRICT IMPÉRIAL RÖHM, INDIQUANT
QUE DÉSORMAIS, L'ADMINISTRATION COLONIALE N'ACCEPTERAIT PLUS DE LETTRES
OU TEXTES EN DUALA, EN LANGUES CAMEROUNAISES OU EN ANGLAIS : SEULEMENT LA
LANGUE DU COLONISATEUR ALLEMAND SERA ACCEPTÉE. DÉBUT DU
DÉCLIN DE L'ARTICULATION DE NOTRE PENSÉE ENRACINÉE DANS
NOTRE CULTURE.SOURCE : ARCHIVES DE LA CHEFFERIE BONÉKO,
WOURI.
Annexe 14:
LETTRE ÉCRITE PAR LE CHEF DE CIRCONSCRIPTION
ROYALE RÖHM, INTERDISANT DÉSORMAIS QU'UNE LETTRE LUI SOIT
ADRESSÉE EN UNE AUTRE LANGUE QUE L'ALLEMAND.SOURCE : ARCHIVES DE LA
CHEFFERIE BONÉKO, WOURI.
Annexe 15:
CALENDRIER AGRICOLE DE FOUMBAN EN 1911.
Annexe
16 :
LETTRE DANS LAQUELLE LE ROI BELL (MANGA NDUMBE), REND
HOMMAGE EN DUALA À L'ALLEMAND SCHEVE POUR SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DES
NOIRS.SOURCE : ARCHIVES DE LA FONDATION AFRICAVENIR INTERNATIONAL,
DOUALA-BONABÉRI.
Annexe 17:
LETTRE DE DUALA MANGA BELL ET BRUNO MULOBI, RENDANT
HOMMAGE EN DUALA, À BERLIN, À L'ALLEMAND SCHEVE, EN
1902.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
I-OUVRAGESMÉTHODOLOGIQUES ET
USUELS
ABBE NGOUANE, L'aperçu historique
du peuple Ngyemba, Bafoussam, 1983.
ABWA Daniel, Cameroun, Histoire d'un
nationalisme (1884-1961),Yaoundé, Éditions CLÉ,
2010.
ABWA Daniel, Commissaires et Hauts
Commissaires, Yaoundé, UCAC, 2000.
AHIDJO Ahmadou & BWELE Guillaume,
L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les
NouvellesÉditions Africaines, 1981.
ALBARELLO Luc & Al., Pratiques et
méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin,
1995.
AMALVI Christian, De l'art et la
manière d'accommoder les héros de l'histoire de France,
Paris, Albin Michel, 1988.
ANTA DIOP Cheikh, L'unité
culturelle de l'Afrique Noire, Paris, Éditions Présence
Africaine, 1982.
ARDENER Shirley, Eye-Witnesses to the
annexation of Cameroon (1883-1887), Buéa, Ministry of
Primary Education and West Cameroon Antiquities Commission (First Edition),
1968.
ASSIE Guy Roger & KOUASSI Roland Raoul,
Cours d'initiation à la méthodologie de recherche,
Abidjan, École de la chambre de commerce et d'industrie, 2008.
AUSTEN Ralph & DERRICK Jonathan,
Middlemen of the Cameroons Rivers. The Duala and their Hinterland, c.
1600-c.1960, Cambridge University Press, Août 2009.
AUSWARTIGES AMT. INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK
(GERMANY).
BAECHLER Jean, Esquisse d'une histoire
universelle, Paris, Fayard, 2002.
BAECHLER Jean, Nature et Histoire,
Paris, Hermann, 2014.
BALANDIERGeorges, Anthropologie
politique, Paris, Coll. Quadrige, P.U.F., 2013.
BALANDIER Georges, Sens et puissance. Les
dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971.
BALANDIER Georges, Sociologie actuelle de
l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Paris,
Quadrige/Presses Universitaires de France, 1982.
BAUCHE Manuela, Medizinund Herrschaft.
Malarizbekampfung in Kamerun, Ostarika und Ostfriesland (1890-1919),
Campus Verlag GmbH, 2018.
BEAUD Michel, L'art de la
thèse, Paris, La Découverte, 2001.
BERGER Peter & LUCKMANN Thomas, The
Social Construction of Reality. A treatise in the sociology of
knowledge,New York, Anchor, 1966.
BERNARD Claude, Introduction à
l'étude de la médecine expérimentale, Coll.
« Champs Classiques », Paris, Flammarion, 2013.
BETENE Pierre & MESSINA Jean-Paul,
L'enseignement catholique au Cameroun (1890-1990),
Yaoundé, Cameroun, Secrétariat permanent de l'enseignement
catholique au Cameroun, 1992.
BLANCHET Alain & GHIGLIONE Rodolphe &MASSONAT
Jean & TROGNON Alain, Les techniques d'enquête en
sciences sociales, Paris, Dunod, 1987.
BLANCHET Alain, L'entretien de recherche
dans les sciences sociales, Paris, Dunod, 1985.
BLOCH Marc, Apologie pour l'histoire ou
Métier d'historien, Coll. « Les classiques des sciences
sociales », Paris, Armand Colin, Publication de Lucien FEBVRE,
1949.
BOHNER Theodor, Ae Ntonga! Hallo Freund!
Unser Leben in Kamerun, Junge Generation, Berlin, 1935.
BOSERUP Ester, Évolution agraire
et pression démographique, Paris, Flammarion, 1970.
BOUILLET Marie-Nicolas & CHASSANG Alexis,
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie
(1842-1878),Paris, Librairie HACHETTE ET CIE, 1878.
BOUOPDA KAME Pierre, Histoire politique
du Cameroun au XXème siècle, Paris, L'Harmattan, 2016.
BOURDIEU Pierre, La Noblesse d'Etat.
Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Les Éditions de
Minuit, 1989.
BOURDIEU Pierre, Réponses,
Paris, Seuil, 1992.
BOUTHOUL Gaston, Le
phénomène-guerre, Paris, Payot, 1968.
BRACKNEY William, Historical Dictionary
of the Baptists, Rowman & Littlefield, USA, 2021.
BRUNSCHWIG Henri, L'expansion allemande
outre-mer du XVe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1957.
BRUNSCHWIG Henri, Le partage de l'Afrique
noire, Paris, Flammarion, 1971.
BRUTSCH Jean-René, Les
traités camerounais, Études Camerounaises, 47- 48, 1955.
BRY Georges, Cours
élémentaire de législation industrielle, Paris,
Larousse, 1912.
BUCHNER Max, Aurora Colonialis.
Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer
Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty & Loehle,
1914.
BUCHNER Max, Kamerun. Skizzen und
Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887.
BUCHNER Max, Deutsche
Kolonialzeitung, Chapitre 11, Frankfurt Am Main (Allemagne),
Université Goethe, 1885.
BURDEAU Georges, Droit constitutionnel et
Institutions politiques, Paris, LGDJ, 1972.
CALME Isabelle & HAMELIN Jordan & LAFONTAINE
Jean-Philippe & DUCROUX Sylvie & GERBAUD Fabien,
Introduction à la gestion (3ème
édition), Paris, Dunod, 2013.
CHEVRIER Jacques, La littérature
nègre, Paris, Étude (broché), 2003.
CHRÉTIEN Jean-Pierre & TRIAUD
Jean-Louis, Histoire d'Afrique, les enjeux de la
mémoire, Paris, Éditions KARTHALA, 1999.
CIBOIS Philippe, L'analyse des
données en sociologie, Paris, PUF, 1984.
CIBOIS Philippe, L'analyse
factorielle, Paris, PUF, 1983.
COLLOQUE INTERNATIONAL ROI NJOYA, LE ROI
NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance
africaine, Yaoundé, L'Harmattan Cameroun, 2014.
COMBESSIE Jean-Claude, La méthode
en sociologie(4ème édition), Paris, La
Découverte, 2007.
CORVISIER André, Dictionnaire
d'art et d'histoire militaires,Paris, PUF, Coll. « Grands
dictionnaires », 1988.
CROWDER Michael, West African resistance.
The military response to colonial occupation, London, Hutchinson, 1971.
CROWE Sybil Eyre, The Berlin West African
Conference, 1884-1885, London, Royaume-Uni, 1942.
CROZIER Michel & FRIEDBERG Erhard,
L'acteur et le système : Les contraintes de l'action
collective, Paris, Éditions du Seuil, 1977.
CYRULNIK Boris, Un merveilleux
malheur, 1999. Rééd. Odile Jacob, Coll.
« Poches », 2002.
DAHL Robert, Qui gouverne ?,
Paris, Armand Colin, 1971.
DARBELET Michel & IZARD Laurent & SCARAMUZZA
Michel, Notions fondamentales de management
(5ème édition), Paris, Éditions Foucher,
2006.
DAYAN Armand, Manuel de gestion,
Paris, Éllipses, 1999.
DE FABREQUES Muriel, Introduction
à la gestion (2ème édition), Paris,
Dalloz, 2012.
DE ROSNY Éric, Les yeux de ma
chèvre : sur les pas des maîtres de la nuit en pays douala
(Cameroun), Paris, Terre Humaine, PLON, 1981.
DE SARDAN Olivier, Les
sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves,
paysans), Paris, Éditions KARTHALA, 1984.
DE VITORIA François & AL., Les
fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014.
DELIGNY Jean-Louis& CARDON Jeanne-Marie,
L'Administration du futur : Culture et Stratégie (Management
des administrations publiques),Paris, Eyrolles, 1989.
DIOP Abdoulaye-Bara, La famille
Wolof : tradition et changement, Paris, Karthala, 1985.
DOMINIK Hans, Vom Atlantik bis zum
Tschadsee, Berlin, Mittler, 1908.
DONGMO Jean-Louis, Le dynamisme
bamiléké (Cameroun), vol. 1, Yaoundé, CEPER, 1981.
DURAND Jean-Pierre & WEIL Robert,
Sociologie contemporaine, Paris, Éditions Vigot, Coll.
« Essentiel », 1997.
DURKHEIM Émile, Les règles
de la méthode sociologique (1ère édition),
Paris, ALCAN, 1895.
DURKHEIM Émile, Fonctions
sociales et institutions, Paris, Minuit, 1975.
EASTON David, Analyse du système
politique, Paris, Armand Colin, 1974.
ELA Jean-Marc, La ville en Afrique
Noire, Paris, Karthala, 1983.
ELIAS Norbert, La dynamique de
l'Occident, Paris, AGORA, 2007.
ENGELS Friedrich, Le rôle de la
violence dans l'histoire, Paris, Éditions Sociales, 1976.
ESSONO NGUEMA
Jean-Marc, YAOUNDÉ : Une ville, une
histoire, Yaoundé, ÉDITIONS ASUZOA, 2016.
ETOGA EILY Florent, Sur les chemins du
développement. Essai d'histoire des faits économiques du
Cameroun,Centre d'édition et de production de manuels et
d'auxiliaires de l'enseignement, 1971.
FAINZANG Sylvie & JOURNET Odile, La
femme de mon mari. Anthropologie du mariage polygamique en Afrique et en
France, Paris, L'Harmattan, 1988.
FAVRET- SAADA Jeanne, Hobbes et le sujet
de droit, Paris, CNRS, 2010.
FERRO Marc, La colonisation
expliquée à tous,Paris, Éditions du Seuil, 2016.
FILON Auguste, De la méthode
historique, Paris, Hachette Livre, 1840.
FOGUI
Jean-Pierre, L'intégration politique au Cameroun,
Tome XLIX, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, 1990.
FONTENAILLE-N'DIAYE Élise, Blue
Book, Paris, Calmann-Lévy, 2015.
FOPOUSSI FOTSO Éric, Faut-il
brûler les chefferies traditionnelles ?,Yaoundé,
Éditions SOPECAM, 1991.
FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de la
recherche : de la conception à la réalisation, Paris,
Décarie, 1996.
FOUELLEFAK KANA Célestine Colette & NZESSE
Ladislas, Le patrimoine culturel africain : matériau
pour l'histoire, outil de développement, Paris, L'Harmattan,
2017.
GALHANO PEDRO ALVES João, The
artificial simulacrum world. The geopolitical elimination of communitary land
use and its effects on our present global condition, Eloquent Books, New
York, USA, 2009.
GHIGLIONE Rodolphe & MATALON Benjamin,
Les enquêtes sociologiques. Théories et pratiques, Paris,
Armand Colin,1998.
GLUCKMAN Max, Custom and Conflict in
Africa, Oxford, Blackwell, 1955.
GONIDEC Pierre François, Les
systèmes politiques africains : les nouvelles
démocraties(3ème édition), Paris, LGDJ,
Bibliothèque africaine et malgache, Tome 55, 1997.
GOUAFFO Albert, Wissens - Und
Kulturtransfer im Kolonialen Kontext: Das Beispiel Kamerun - Deutschland (1884
-1919), Saarbrücken, 2007.
GOULOMB Pierre, De la terre
à l'état : Éléments pour un cours de politique
agricole, ENGREF, INRA-ESR, Laboratoire d'Économie des
Transitions-Montpellier, Paris, 1994.
GRAWITZ Madeleine & LECA Jean,
Traité de science politique, Paris,
Presses Universitaires de France, 1985.
GRAWITZ Madeleine, Lexique des sciences
sociales (8ème édition), Paris, Dalloz, 2004.
GRAWITZ Madeleine, Méthodes des
sciences sociales (10ème édition), Paris, Dalloz,
1996.
GREBERT Fernand, Au Gabon (Afrique
équatoriale française),Paris, Éditions
(Broché), 1922.
GREBERT Fernand, Le Gabon de Fernand
GREBERT, 1913-1932, Paris, Relié-Illustré, 2003.
GROSSER Alfred, L'explication
politique, Paris, Presse de la FNSP, 1972.
GROTIUS Hugo, Le droit de la guerre et de
la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup,
1724.
GUMPLOWICZ Ludwig, Der Rassenkampf :
Soziologische Untersuchungen, Innsbruck, 1928.
HARNISCHFEGER Johannes, Demokratisierung
und Islamiches Recht. Der Scharia-Konflikt in Nigeria.
Étude portant sur les Britanniques et les Fulbé au
Nigéria !Campus Verlag GmbH, 31 mai 2006.
HATCHER CHILDRESS David, Pirates and the
Lost Templar Fleet: The Secret Naval War between the Knights Templar and the
Vatican, Kempton, Illinois, United States, Adventures Unlimited Press,
2003.
HAUSEN Karin, Deutsche Kolonialherrschaft
in Afrika. Wirtschaftsinteressen und Kolonialverwaltung in Kamerun wahrend der
deutschen Kolonialverrschaft, (1884-1914), Berlin, 1965.
HERMET Guy & AL., Dictionnaire de la
science politique et des institutions politiques (8ème
édition), Paris, Dunod, 2015.
HEUER Hans, Nachtigal : eine
Biographie, Berlin, 1937.
HEUSS & Al., Gustav Nachtigal
(1869-1969). Bad Godesberg, Ed. Inter Nations, 1969.
HOBBES Thomas, Éléments de
droit naturel et politique. Traduction de Delphine THIVET, Tome II des
OEuvres de HOBBES, Paris, Vrin, 2010.
HOBBES Thomas, Éléments de
loi, traduction d'Arnaud MILANESE, Paris, Allia, 2006.
HOBBES Thomas, Léviathan ou
Matière, forme et puissance de l'Etat chrétien et civil,
Montréal (Québec), Gallimard, 1651.
HUETZ DE LEMPS Alain, Boissons et
civilisations en Afrique, Presses Universitaires de Bordeaux, Grappes
& Millésimes, France, Pessac, 2001.
HUMBERT Michel, Institutions politiques
et sociales de l'antiquité, Paris, Dalloz, 2014.
INSTITUT FUR AUSLANDISCHES OFFENTLICHES RECHT
UND
ISAACMAN Allen & ISAACMAN Barbara,
Dams, Displacement, and the Delusion of Development: Cahora Bassa and Its
Legacies in Mozambique, 1965-2007, Ohio, Ohio University Press, United
States, 2013.
JOHNSON Samuel Désiré, La
formation d'une Église locale au Cameroun : le cas des
communautés baptistes au Cameroun (1841-1949), Paris,
Éditions KARTHALA, 2012.
JOHNSON, A Global Introduction to Baptist
Churches, Cambridge University Press, UK, 2010.
JOUANJAN Olivier, Construire
juridiquement l'État : épistémologique juridique et droit
de l'État - Science et techniques du droit constitutionnel, Notes
de cours, Académie de droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 2010.
KAMTO Maurice, La volonté de
l'État en droit international, recueil de cours, Académie de
droit international de La Haye, 2004.
KEEGAN Joseph, Histoire de la
guerre, Paris, Robert Laffont, 1993.
KETCHOUA Thomas, Les peuples de
l'Ouest-Cameroun en diaspora depuis 3000 ans, Yaoundé,
Éditeur T. Ketchoua, 1989.
KIIHNE, Imperialitische Eroberungspolitik
und anti-imperialitischer Volkswiderstand in Kamerun (1895-1902),
Humboldt-Universitat zu Berlin, 1975.
KI-ZERBO Joseph, Histoire de l'Afrique
noire, Paris, Hatier, 1978.
KNUTSON Knut, Swedish Ventures in
Cameroon, 1883-1923: Trade and Travel, People and Politics: The Memoir of Knut
Knutson with Supporting Material, Shirley Ardener, Series, Volume 4,
Cameroon Studies, 2004.
KOMIDOR NJIMOLUH Hamidou, Les
fonctions politiques de l'école au Cameroun (1916-1976),
Paris, L'Harmattan, 2010.
KOSELLECK Reinhart, Le futur
passé : contribution à la sémantique des temps
historiques (2ème édition), Paris,
Éditions de l'EHESS, 2016.
KPWANG Robert, Pouvoirstraditionnels et
notion de « chefferie » au Cameroun : de la
période coloniale à l'ère de la mondialisation dans les
sociétés de la grande zone forestière du Sud-Cameroun
(1850-2010), Tome I, Paris, L'Harmattan, 2010.
KUOH Christian-Tobie,
Montémoignage : Le Cameroun de l'indépendance
(1958-1970), Biographie, Paris, Karthala, 1990.
LACTANCE, Les institutions divines, Tome
II, Paris, Les Éditions du Cerf, 1987.
LE ROY Édouard, La terre de
l'autre. Une anthropologie des régimes d'appropriation
foncière, Paris, LGDJ : Lextenso éd., DL, 2011.
LESTRINGANT Jacques, Les pays de Guider
au Nord-Cameroun. Essai d'histoire régionale, Yaoundé,
Ronéotypé, 1964.
LO Ibrahima, Méthodologie de la
recherche en sciences sociales, Paris, PUF, 2013.
LOMBARD Jacques, Autorités
traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique noire. Le déclin
d'une aristocratie sous le régime colonial,Paris, Armand Colin,
1967.
LOOSE Hans-Dieter, Wilhelm Jantzen de la
Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker & Humblot, Berlin, 1974.
LORIMER Jean, Instituts du droit des
nations, 2 vol., Genève, 1883-1884.
LORIMER Jean, Studies National and
International, 1890. Rééd. Forgotten Books, 2018.
LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis, Introduction
aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat,
1986.
LOUMPET- GALITZINE Alexandra, Njoya et le
Royaume Bamun. Les chrétiens en pays Bamun : Les archives de la
Société des missions évangéliques de Paris
(1917-1937), Paris, Éditions KARTHALA, 2006.
LOW Donald Anthony, Essays in the study
of British imperialism, London, Royaume-Uni, 1973.
MABAMAM TIDJANI Abou, La chefferie et ses
transformations : de la chefferie coloniale à la chefferie
postcoloniale, Chapitre 3, Niamey, 25 novembre 2009.
MACE Gordon & PETRY François,
Guide d'élaboration d'un projet de recherche (4ème
édition), Louvain-la-Neuve (Belgique), Éditions De Boeck,
2010.
MACHIAVEL Nicolas, Le Prince,
Paris, Librairie Générale Française, 1983.
MADIBA ESSIBEN, Colonisation et
évangélisation en Afrique : l'héritage scolaire du
Cameroun (1885-1956), Brême/Francfort, Peter Lang, 1980.
MAINGUENEAU Daniel, Les livres
d'école de la République (1870 - 1914) : discours et
idéologie, Paris, Le Sycomore, 1979.
MALLARMÉ André & VATTEL
Emer, Les fondateurs du droit international, Paris,
Panthéon Assas, 2014.
MANDENG Pierre, Auswirkungen der
deutschen Kolonialherrschaft in Kamerun, Hamburg, 1973.
MARX Karl & ENGELS Friedrich,
Manifeste du Parti communiste, Les classiques des sciences sociales,
Université du Québec, 1848.
MARX Karl, Critique du programme de
Gothaet d'Erfurt (1875), Traduction française d'Émile
Bottigelli, 1949. Paris, Éditions sociales, Coll. « Classiques
du marxisme », 1972.
MASIONI Pat, Le Roi Njoya : un
génial inventeur, Cauris livres, Collection Lucy, 2015.
MATATEYOU Emmanuel, L'écriture du
Roi Njoya : une contribution de l'Afrique à la culture de la
modernité, Paris, L'Harmattan, 2015.
MATTELART Armand, Diversité
culturelle et mondialisation, Paris, La Découverte, 2007.
MAYER Raymond, Histoire de la famille
gabonaise, Libreville, Éditions du Luto, 2002.
MBASSA SOUTA Melvin, Au coeur des us et
coutumes des peuples Bafia, Paris, L'Harmattan, 2011.
MBOME François-Xavier, Histoire
des institutions et des faits sociaux du Cameroun, Yaoundé, Fasst
Program, 1998.
MBOMO SAMBA AZAN Madeleine, Martin Paul
Samba face à la pénétration allemande au Cameroun,
Paris, ABC, 1976.
MEILLASSOUX Claude, Femmes, greniers et
capitaux, Paris, Maspero, 1979.
MEMMI Albert, Portrait du
colonisé : précédé du portrait du
colonisateur, Montréal, L'Étincelle, 1972.
MESSINA Jean-Paul & MVENG Engelbert,
L'Église catholique au Cameroun : 100 ans
d'évangélisation, 1890-1990, Conférence
épiscopale du Cameroun, Sous-commission de l'histoire de
l'Église, 1990.
MESSINA Jean-Paul & VAN SLAGEREN Jaap,
Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos
jours, Paris/Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.
MICHEL Marc, Essai sur la colonisation
positive. Affrontements et accommodements en Afrique Noire (1830-1930),
Paris, Éd. PERRON, 2009.
MICHELS Stefanie, Imagined Power
contested. Germans and Africans in the Upper Cross River Area of
Cameroon (1887 - 1915), Munster, 2004.
MICHELS Stefanie, La politique de la
mémoire en Allemagne et au Cameroun - Accès du colloque
à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005.
MOKAM David, Les associations
régionales et le nationalisme camerounais (1945-1961),
Yaoundé, Département d'Histoire, Université de
Yaoundé I, 2006.
MVENG Engelbert, Histoire du
Cameroun,Yaoundé, Éditions Présence Africaine,
1963.
MVOUTSI KARANG Nicolas, L'histoire des
Vouté du Cameroun central, Yoko, Cameroun, 1985.
N'DA Pierre, Méthodologie et guide
pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en
Lettres, Arts et Sciences humaines et sociales : informations,
recommandations universitaires, techniques et pratiques actuelles,
Paris, L'Harmattan, 2007.
NCHOJI NKWI Paul & WARNIER Jean-Pierre,
Elements for a history of the Western Grassfields, Yaoundé,
Département de Sociologie, Université de Yaoundé
I, 1982.
NDAM NJOYA Adamou, Le Cameroun dans
les relations internationales, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence, 1976.
NDAM NJOYA
Adamou, Njoya :Réformateur du Royaume Bamun,
Paris, ABC, 1977.
NGOH Victor Julius, Cameroun 1884 -
1985 : Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990.
NGONGO Louis-Paul, Histoire Des
Institutions Et Des Faits Sociaux Du Cameroun, Tome I : 1884-1945,
Collection : Mondes en Devenir, Berger-Levrault, 1987.
NICOD Henri, Mangweloune. La
danseuse du Roi Njoya, Librairie Mollat Bordeaux, Paroles écrites,
2002.
NICOL Yves, La tribu des Bakoko.
Étude monographique d'Économie coloniale. Un stade
d'évolution d'une tribu noire au Cameroun, Paris : Larose,
1929.
NYAMNJOHFrancis, Regional Balance and
National Integration in Cameroon: Lessons Learned and the Uncertain Future,
African Books Collective, UK, 2011, p. 198.
NYE Joseph, Bound to lead: the changing
nature of American Power, New York, Basic books, 1991.
OLOUKPONA - YINNONAdjai-Paulin, ...
Notre place au soleil ou l'Afrique des pangermanistes, Paris,
L'Harmattan/Togo, Éditions Hoha, 1985.
OWONAAdalbert, La naissance du Cameroun
1884-1914, Paris, L'Harmattan, 1996.
PATZIG C. A., Die afrikanische Konferenz
und der Congostaat, Heidelberg, Allemagne, 1885.
PERROT Claude-Hélène &
FAUVELLE-AYMAR François-Xavier, Le retour des rois. Les
autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine,
Paris, Karthala, 2003.
PIAGET Jean-Luc, La construction du
réel chez l'enfant, Paris, Delachaux & Niestlé, 1937.
PIAGET Jean-Luc, La naissance de
l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux & Niestlé,
1936.
PICOCHE Jacqueline, Dictionnaire
étymologique du français, Paris, Dictionnaires Le Robert,
1994.
PLANE Jean-Michel, Management des
organisations, Paris, Dunod, 2003.
POTTIER Pierre, Introduction à la
gestion, Paris, Éditions Foucher, 2001.
PRINCE KUM'A NDUMBE III Alexandre, Das
Deutsche Kaiserreich in Kamerun. Wie Deutschland seine Kolonialmacht
aufbauen konnte (1840 - 1910), Douala, Éditions AFRICAVENIR,
Berlin : Éditions Exchange & Dialogue, 2008.
PRINCE KUM'A NDUMBE III Alexandre,
L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Douala,
Éditions AFRICAVENIR, 1986.
PRITCHARD Evans & FORTES Meyer,
Systèmes politiques africains, Oxford University
Press, 1940.
PRITCHARD Evans & FORTES Meyer,
Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.
PROST Antoine, Douze leçons sur
l'histoire, Paris, Seuil, Coll. « Points Histoire »,
1996.
PROUZET Michel, Le Cameroun, Paris,
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1974.
PURSCHEL Herbert, Die Kaiserliche
Schutztruppe fur Kamerun, Berlin, Junker und Dunnhaupt Verlag, 1936.
QUIVY Raymond & VAN CAMPENHOUDT Luc,
Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995.
RAMSAY George Daniel, the City of London
in International Politics at the Accession of Elizabeth Tudor, Totowa,
N.J.: Rowan and Littlefield, 1975.
RATZENHOFER, GrandriB der
Sociologie, Leipzig, 1907.
ROCHER Guy, Introduction à la
sociologie générale :L'action sociale, Montréal,
Bibliothèque Québécoise, 2012.
ROHRBACH Paul, Deutsche
Kolonlalherrschaft. Kulturpolitische Grundsâtze fur die Rassen- und
Missionsfragen, Berlin, 1909.
ROHRBACH Paul, Wie machen wir unsere
Kolonie Rentabel ? : Grundzuge Eines Wirtschaftsprogramms Für
Deutschlands Afrikanischen Kolonialbesitz, 2018.
ROUSSEAU Jean-Jacques, Du contrat social
ou Principes du droit politique, Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1762.
RUDIN Harry Rudolph, Germans in the
Cameroon (1884-1914). A Case Study in Modern Imperialism, New York,
Greenwood Press, 1968.
SALOMON Charles, L'occupation des
territoires sans maître : Étude de droit international,
Paris, A. Giard, 1889.
SCHATT Alain & LEWKOWICZ Jacques,
Introduction à la gestion d'entreprise, Caen, Éditions
EMS, 2007.
SCHMITT Carl, Théologie
politique, trad. J. L. Schlegel, Paris, Gallimard, 1988.
SCHMITT Carl, Théorie du
partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.
SEITZ Théodore, Vom Aufstieg und
Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Band 2, Karlsruhe, 1927.
SMOUTS Marie-Claude, Les nouvelles
relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presses de
Science Po, 1998.
SOW Ibrahim, Psychiatrie dynamique en
Afrique Noire, Paris, Payot, 1977.
STOECKER Helmut, Kamerun unter deutscher
Kolonialherrschaft II, 1968.
SUN TZU, L'art de la guerre,
Paris, Éditions Champs Flammarion, 2017.
TARDITS Claude, Le Roi Njoya :
l'image allemande et l'image française d'un roi, Editions PAIDEUMA,
Volume 36, 1990, pp. 303-317.
TARDITS Claude, Le Royaume Bamun,
Paris, Armand Colin, 1980.
TARDITS Claude, Njoya (C. 1875-1933) ou
les malheurs de l'intelligence chez un sultan Bamun, Les Africains, Tome
IX, 1978.
TEMGOUA Albert Pascal,Le Cameroun
à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014.
THIETART Raymond Alain, Méthodes
de recherche en management (4ème édition), Paris,
Dunod, 2014.
THOMAS Louis-Vincent & LUNEAU
René, La terre africaine et ses religions, Paris,
L'Harmattan, 2004.
TILLY Charles, Big Structures, Large
Processes, Huge Comparisons, New York, Russell Sage Foundation, 1984.
TJOUEN Alexandre-Dieudonné, Droits
domaniaux et techniques foncières en droit camerounais (étude
d'une réforme législative), Paris, Economica, 1982.
VAN SLAGERENJaap, Les origines de
l'Église évangélique du Cameroun : missions
européennes et christianisme autochtone, Brill Archive,
Netherlands, 1972.
VAN SLAGEREN Jaap, Les origines de
l'Église évangélique du Cameroun : missions
européennes et christianisme autochtone, Leiden, J. Brill, 1972.
VIDAL Daniel, Critique de la raison
mystique : Benoît de Camfield : possession et
dépossession au XVIIème siècle (Vol.1), France,
Éditions Jérôme Million, 1990.
VOLKERRECHT, Das Staatsarchiv :
Sammlung der offiziellen Aktenstucke zur Aussenpolitik Der Gegenwart, Volume
63, German Edition, Nabu Press, 2010.
VON MORGEN Kurt, A travers le Cameroun du
sud au nord. Voyages et explorations dans l'arrière-pays de 1989
à 1891. Traduction, présentation et bibliographie de
Philippe LABURTHE-TOBRA, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982.
VON PUFENDORF Samuel, Du droit de la
nature et des gens, ou Système général des principes les
plus importants de la morale, de la jurisprudence et de la politique, 2
volumes, Barbeyrac, Amsterdam, Schelte, 1706.
VON PUFENDORF Samuel, Les Devoirs de
l'homme et du citoyen, tels qu'ils sont prescrits par la loi naturelle
(1707),Caen, Réédition : Presses Universitaires de
Caen, 2002.
VON TROTHA WILHELM, Gegen Kirri und
Buchse in Deutsch-Sudwestafrika: vaterlandische Erzahlung von dem Kampfe in
Sudwest, Breslau: Goerlich, 1911.
WALZ Gerd, Die Entwicklung der
Strafrechtsprechung in Kamerun 1884 - 1914, Diss. Freiburg /Br., 1980.
WEBER Max, Économie et
société, Paris, Plon, 1995.
WEBER Max, Le Savant et le
Politique, Paris, Union Générale d'Éditions, 1963.
WIRZ Albert, Vom Sklavenhandel zum
Kolonialenhandel: Wirtschaftstraume und Wirtschaftsformen in Kamerun vor 1914,
Zurich, Atlantis, 1972.
WOLTMANN Ludwig, Politische
Anthropologie : Eine Untersuchung über den Einfluss der
Descendenztheorie auf die Lehere von der politischen Entwicklung der
Volker, Leipzig-Eisenach, 1903.
ALBARELLO Luc & Al., Pratiques et
méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin,
1995.
ASSIE Guy Roger & KOUASSI Roland Raoul,
Cours d'initiation à la méthodologie de recherche,
Abidjan, École de la chambre de commerce et d'industrie, 2008.
BEAUD Michel, L'art de la
thèse, Paris, La Découverte, 2001.
BLANCHET Alain & GHIGLIONE Rodolphe &MASSONAT
Jean & TROGNON Alain, Les techniques d'enquête en
sciences sociales, Paris, Dunod, 1987.
BLANCHET Alain, L'entretien de recherche
dans les sciences sociales, Paris, Dunod, 1985.
BOUILLET Marie-Nicolas & CHASSANG Alexis,
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie
(1842-1878),Paris, Librairie HACHETTE ET CIE, 1878.
CIBOIS Philippe, L'analyse des
données en sociologie, Paris, PUF, 1984.
COMBESSIE Jean-Claude, La méthode
en sociologie(4èmeédition), Paris, La
Découverte, 2007.
CORVISIER André, Dictionnaire
d'art et d'histoire militaires,Paris, PUF, Coll. « Grands
dictionnaires », 1988.
DURKHEIM Émile, Les règles
de la méthode sociologique (1ère édition),
Paris, ALCAN, 1895.
FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de la
recherche : de la conception à la réalisation, Paris,
Décarie, 1996.
GHIGLIONE Rodolphe & MATALON Benjamin,
Les enquêtes sociologiques. Théories et pratiques,Paris,
Armand Colin,1998.
GRAWITZ Madeleine & LECA Jean,
Traité de science politique,Paris,Presses Universitaires de
France, 1985.
GRAWITZ Madeleine, Lexique des sciences
sociales (8ème édition), Paris, Dalloz, 2004.
GRAWITZ Madeleine, Méthodes des
sciences sociales (10ème édition), Paris, Dalloz,
1996.
HERMET Guy & AL., Dictionnaire de la
science politique et des institutions politiques (8ème
édition), Paris, Dunod, 2015.
LO Ibrahima, Méthodologie de la
recherche en sciences sociales, Paris, PUF, 2013.
LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis, Introduction
aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat,
1986.
MACE Gordon & PETRY François,
Guide d'élaboration d'un projet de recherche (4ème
édition), Louvain-la-Neuve (Belgique), Éditions De Boeck,
2010.
N'DA Pierre, Méthodologie et guide
pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en
Lettres, Arts et Sciences humaines et sociales : informations,
recommandations universitaires, techniques et pratiques actuelles,
Paris, L'Harmattan, 2007.
PICOCHE Jacqueline, Dictionnaire
étymologique du français, Paris, Dictionnaires Le Robert,
1994.
QUIVY Raymond & VAN CAMPENHOUDT Luc,
Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995.
II-OUVRAGES GÉNÉRAUX
AMALVI Christian, De l'art et la
manière d'accommoder les héros de l'histoire de France,
Paris, Albin Michel, 1988.
ANTA DIOP Cheikh, L'unité
culturelle de l'Afrique Noire, Paris, Éditions Présence
Africaine, 1982.
BAECHLER Jean, Esquisse d'une histoire
universelle, Paris, Fayard, 2002.
BAECHLER Jean, Nature et Histoire,
Paris, Hermann, 2014.
BALANDIER Georges, Sens et puissance. Les
dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971.
BALANDIER Georges, Sociologie actuelle de
l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Paris,
Quadrige/Presses Universitaires de France, 1982.
BERGER Peter & LUCKMANN Thomas, The
Social Construction of Reality. A treatise in the sociology of
knowledge,New York, Anchor, 1966.
BERNARD Claude, Introduction à
l'étude de la médecine expérimentale, Coll.
« Champs Classiques », Paris, Flammarion, 2013.
BLOCH Marc, Apologie pour l'histoire ou
Métier d'historien, Coll. « Les classiques des sciences
sociales », Paris, Armand Colin, Publication de Lucien FEBVRE,
1949.
BOSERUP Ester, Évolution agraire
et pression démographique, Paris, Flammarion, 1970.
BOURDIEU Pierre, La Noblesse d'Etat.
Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Les Éditions de
Minuit, 1989.
BOURDIEU Pierre,
Réponses,Paris, Seuil, 1992.
BOUTHOUL Gaston, Le
phénomène-guerre, Paris, Payot, 1968.
BRUNSCHWIG Henri, L'expansion allemande
outre-mer du XVe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1957.
BRUNSCHWIG Henri, Le partage de l'Afrique
noire, Paris, Flammarion, 1971.
BRY Georges, Cours
élémentaire de législation industrielle, Paris,
Larose, 1912.
BUCHNER Max, Deutsche
Kolonialzeitung, Chapitre 11, Frankfurt Am Main (Allemagne),
Université Goethe,1885.
BURDEAU Georges, Droit constitutionnel et
Institutions politiques, Paris, LGDJ, 1972.
CALME Isabelle & HAMELIN Jordan & LAFONTAINE
Jean-Philippe & DUCROUX Sylvie & GERBAUD Fabien,
Introduction à la gestion (3ème
édition), Paris, Dunod, 2013.
CHEVRIER Jacques, La littérature
nègre,Paris, Étude (broché), 2003.
CHRÉTIEN Jean-Pierre & TRIAUD
Jean-Louis, Histoire d'Afrique, les enjeux de la
mémoire,Paris, Éditions KARTHALA, 1999.
CIBOIS Philippe, L'analyse
factorielle, Paris, PUF, 1983.
CROWDER Michael, West African resistance.
The military response to colonial occupation, London, Hutchinson, 1971.
CROWE Sybil Eyre, The Berlin West African
Conference, 1884-1885, London, Royaume-Uni, 1942.
CROZIER Michel & FRIEDBERG Erhard,
L'acteur et le système : Les contraintes de l'action
collective, Paris, Éditions du Seuil, 1977.
CYRULNIK Boris, Un merveilleux
malheur, 1999. Rééd. Odile Jacob, Coll.
« Poches », 2002.
DAHL Robert, Qui gouverne ?,
Paris, Armand Colin, 1971.
DARBELET Michel & IZARD Laurent & SCARAMUZZA
Michel, Notions fondamentales de management
(5ème édition), Paris, Éditions Foucher,
2006.
DAYAN Armand, Manuel de gestion,
Paris, Éllipses, 1999.
DE FABREQUES Muriel, Introduction
à la gestion (2ème édition), Paris,
Dalloz, 2012.
DE SARDAN Olivier, Les
sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves,
paysans), Paris, Éditions KARTHALA, 1984.
DE VITORIA François & AL., Les
fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014.
DELIGNY Jean-Louis& CARDON Jeanne-Marie,
L'Administration du futur : Culture et Stratégie (Management
des administrations publiques),Paris, Eyrolles, 1989.
DIOP Abdoulaye-Bara, La famille
Wolof : tradition et changement, Paris, Karthala, 1985.
DURAND Jean-Pierre & WEIL Robert,
Sociologie contemporaine, Paris, Éditions Vigot, Coll.
« Essentiel », 1997.
DURKHEIM Émile, Fonctions
sociales et institutions, Paris, Minuit, 1975.
EASTON David, Analyse du système
politique, Paris, Armand Colin, 1974.
ELA Jean-Marc, La ville en Afrique
Noire, Paris, Karthala, 1983.
ELIAS Norbert, La dynamique de
l'Occident, Paris, AGORA, 2007.
ENGELS Friedrich, Le rôle de la
violence dans l'histoire, Paris, Éditions Sociales, 1976.
FAINZANG Sylvie & JOURNET Odile, La
femme de mon mari. Anthropologie du mariage polygamique en Afrique et en
France, Paris, L'Harmattan, 1988.
FAVRET- SAADA Jeanne, Hobbes et le sujet
de droit, Paris, CNRS, 2010.
FERRO Marc, La colonisation
expliquée à tous,Paris, Éditions du Seuil, 2016.
FILON Auguste, De la méthode
historique, Paris, Hachette Livre, 1840.
FONTENAILLE-N'DIAYE Élise, Blue
Book, Paris, Calmann-Lévy, 2015.
FOUELLEFAK KANA Célestine Colette & NZESSE
Ladislas, Le patrimoine culturel africain : matériau
pour l'histoire, outil de développement, Paris, L'Harmattan,
2017.
GALHANO PEDRO ALVES João, The
artificial simulacrum world. The geopolitical elimination of communitary land
use and its effects on our present global condition, Eloquent Books, New
York, USA, 2009.
GONIDEC Pierre François, Les
systèmes politiques africains : les nouvelles
démocraties(3ème édition), Paris, LGDJ,
Bibliothèque africaine et malgache, Tome 55, 1997.
GOULOMB Pierre, De la terre
à l'état : Éléments pour un cours de politique
agricole, ENGREF, INRA-ESR, Laboratoire d'Économie des
Transitions-Montpellier, Paris, 1994.
GREBERT Fernand, Au Gabon (Afrique
équatoriale française),Paris, Éditions
(Broché), 1922.
GREBERT Fernand, Le Gabon de Fernand
GREBERT, 1913-1932, Paris, Relié-Illustré, 2003.
GROSSER Alfred, L'explication
politique, Paris, Presse de la FNSP, 1972.
GROTIUS Hugo, Le droit de la guerre et de
la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup,
1724.
GUMPLOWICZ Ludwig, Der Rassenkampf :
Soziologische Untersuchungen, Innsbruck, 1928.
HARNISCHFEGERJohannes, Demokratisierung
und Islamiches Recht. Der Scharia-Konflikt in Nigeria. Étude
portant sur les Britanniques et les Fulbé au Nigéria !Campus
Verlag GmbH, 31 mai 2006.
HATCHER CHILDRESS David, Pirates and the
Lost Templar Fleet: The Secret Naval War between the Knights Templar and the
Vatican, Kempton, Illinois, United States, Adventures Unlimited Press,
2003.
HOBBES Thomas, Éléments de
droit naturel et politique. Traduction de Delphine THIVET, Tome II des
OEuvres de HOBBES, Paris, Vrin, 2010.
HOBBES Thomas, Éléments de
loi, traduction d'Arnaud MILANESE, Paris, Allia, 2006.
HOBBES Thomas, Léviathan ou
Matière, forme et puissance de l'Etat chrétien et civil,
Montréal (Québec), Gallimard, 1651.
HUETZ DE LEMPS Alain, Boissons et
civilisations en Afrique, Presses Universitaires de Bordeaux, Grappes
& Millésimes, France, Pessac, 2001.
HUMBERT Michel, Institutions politiques
et sociales de l'antiquité, Paris, Dalloz, 2014.
ISAACMAN Allen & ISAACMAN Barbara,
Dams, Displacement, and the Delusion of Development: Cahora Bassa and Its
Legacies in Mozambique, 1965-2007,Ohio, Ohio University Press, United
States, 2013.
JOUANJAN Olivier, Construire
juridiquement l'État : épistémologique juridique et droit
de l'État - Science et techniques du droit constitutionnel, Notes
de cours, Académie de droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 2010.
KAMTO Maurice, La volonté de
l'État en droit international, recueil de cours, Académie de
droit international de La Haye, 2004.
KEEGAN Joseph, Histoire de la
guerre, Paris, Robert Laffont, 1993.
KI-ZERBO Joseph, Histoire de l'Afrique
noire, Paris, Hatier, 1978.
KOSELLECK Reinhart, Le futur
passé : contribution à la sémantique des temps
historiques (2ème édition), Paris, Éditions de l'EHESS, 2016.
LACTANCE, Les institutions divines, Tome
II, Paris, Les Éditions du Cerf, 1987.
LE ROY Édouard, La terre de
l'autre. Une anthropologie des régimes d'appropriation
foncière, Paris, LGDJ : Lextenso éd., DL, 2011.
LORIMER Jean, Instituts du droit des
nations, 2 vol., Genève, 1883-1884.
LORIMER Jean, Studies National and
International, 1890. Rééd. Forgotten Books, 2018.
LOW Donald Anthony, Essays in the study
of British imperialism, London, Royaume-Uni, 1973.
MABAMAM TIDJANI Abou, La chefferie et ses
transformations : de la chefferie coloniale à la chefferie
postcoloniale, Chapitre 3, Niamey, 25 novembre 2009.
MACHIAVEL Nicolas, Le Prince,
Paris, Librairie Générale Française, 1983.
MAINGUENEAU Daniel, Les livres
d'école de la République (1870 - 1914) : discours et
idéologie, Paris, Le Sycomore, 1979.
MALLARMÉ André & VATTEL
Emer, Les fondateurs du droit international, Paris,
Panthéon Assas, 2014.
MARX Karl & ENGELS Friedrich,
Manifeste du Parti communiste, Les classiques des sciences sociales,
Université du Québec, 1848.
MARX Karl, Critique du programme de
Gothaet d'Erfurt (1875), Traduction française d'Émile
Bottigelli, 1949. Paris, Éditions sociales, Coll. « Classiques
du marxisme », 1972.
MATTELART Armand, Diversité
culturelle et mondialisation, Paris, La Découverte, 2007.
MAYER Raymond, Histoire de la famille
gabonaise, Libreville, Éditions du Luto, 2002.
MEILLASSOUX Claude, Femmes, greniers et
capitaux, Paris, Maspero, 1979.
MEMMI Albert, Portrait du
colonisé : précédé du portrait du
colonisateur, Montréal, L'Étincelle, 1972.
MICHEL Marc, Essai sur la colonisation
positive. Affrontements et accommodements en Afrique Noire (1830-1930),
Paris, Éd. PERRON, 2009.
NYE Joseph, Bound to lead: the changing
nature of American Power, New York, Basic books, 1991.
PATZIG C. A., Die afrikanische Konferenz
und der Congostaat, Heidelberg, Allemagne, 1885.
PERROT Claude-Hélène &
FAUVELLE-AYMAR François-Xavier, Le retour des rois. Les
autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine,
Paris, Karthala, 2003.
PIAGET Jean-Luc, La construction du
réel chez l'enfant, Paris, Delachaux & Niestlé, 1937.
PIAGET Jean-Luc, La naissance de
l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux & Niestlé,
1936.
PLANE Jean-Michel, Management des
organisations, Paris, Dunod, 2003.
POTTIER Pierre, Introduction à la
gestion, Paris, Éditions Foucher, 2001.
PRITCHARD Evans & FORTES Meyer,
Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.
PROST Antoine, Douze leçons sur
l'histoire, Paris, Seuil, Coll. « Points Histoire »,
1996.
RAMSAY George Daniel, the City of London
in International Politics at the Accession of Elizabeth Tudor, Totowa,
N.J.: Rowan and Littlefield, 1975.
RATZENHOFER, GrandriB der
Sociologie, Leipzig, 1907.
ROCHER Guy, Introduction à la
sociologie générale :L'action sociale, Montréal,
Bibliothèque Québécoise, 2012.
ROUSSEAU Jean-Jacques, Du contrat social
ou Principes du droit politique, Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1762.
SALOMON Charles, L'occupation des
territoires sans maître : Étude de droit international,
Paris, A. Giard, 1889.
SCHATT Alain & LEWKOWICZ Jacques,
Introduction à la gestion d'entreprise, Caen, Éditions
EMS, 2007.
SCHMITT Carl, Théologie
politique, trad. J.L. Schlegel, Paris, Gallimard, 1988.
SCHMITT Carl, Théorie du
partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.
SMOUTS Marie-Claude, Les nouvelles
relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presses de
Science Po, 1998.
SOW Ibrahim, Psychiatrie dynamique en
Afrique Noire, Paris, Payot, 1977.
SUN TZU, L'art de la guerre,
Paris, Éditions Champs Flammarion, 2017.
THIETART Raymond Alain, Méthodes
de recherche en management (4ème édition), Paris,
Dunod, 2014.
THOMAS Louis-Vincent & LUNEAU
René, La terre africaine et ses religions, Paris,
L'Harmattan, 2004.
TILLY Charles, Big Structures, Large
Processes, Huge Comparisons, New York, Russell Sage Foundation, 1984.
VIDAL Daniel, Critique de la raison
mystique : Benoît de Camfield : possession et
dépossession au XVIIème siècle (Vol.1), France,
Éditions Jérôme Million, 1990.
VON PUFENDORF Samuel, Du droit de la
nature et des gens, ou Système général des principes les
plus importants de la morale, de la jurisprudence et de la politique, 2
volumes, Barbeyrac, Amsterdam, Schelte, 1706.
VON PUFENDORF Samuel, Les Devoirs de
l'homme et du citoyen, tels qu'ils sont prescrits par la loi naturelle
(1707),Caen, Réédition : Presses Universitaires de
Caen,2002.
VON TROTHA WILHELM, Gegen Kirri und
Buchse in Deutsch-Sudwestafrika: vaterlandische Erzahlung von dem Kampfe in
Sudwest, Breslau: Goerlich, 1911.
WEBER Max, Économie et
société, Paris, Plon, 1995.
WEBER Max, Le Savant et le
Politique, Paris, Union Générale d'Éditions, 1963.
WOLTMANN Ludwig, Politische
Anthropologie : Eine Untersuchung uber den Einfluss der Descendenztheorie
auf die Lehere von der politischen Entwicklung der Volker,
Leipzig-Eisenach, 1903.
III-OUVRAGES SPÉCIFIQUES
Abbé NGOUANE, L'aperçu
historique du peuple Ngyemba, Bafoussam, 1983.
ABWA Daniel, Cameroun, Histoire d'un
nationalisme (1884-1961),Yaoundé, Éditions CLÉ,
2010.
ABWA Daniel, Commissaires et Hauts
Commissaires, Yaoundé, UCAC, 2000.
AHIDJO Ahmadou & BWELE Guillaume,
L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les
NouvellesÉditions Africaines, 1981.
ARDENER Shirley, Eye-Witnesses to the
annexation of Cameroon (1883-1887), Buéa, Ministry of
Primary Education and West Cameroon Antiquities Commission (First
Édition), 1968.
AUSTEN Ralph & DERRICK Jonathan,
Middlemen of the Cameroons Rivers. The Duala and their Hinterland, c.
1600-c.1960, Cambridge University Press, Août 2009.
AUSWARTIGES AMT. INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK
(GERMANY). INSTITUT FUR AUSLANDISCHES OFFENTLICHES RECHT UND VOLKERRECHT,
Das Staatsarchiv : Sammlung der offiziellen Aktenstucke zur
Aussenpolitik Der Gegenwart, Volume 63, German Edition, Nabu Press,
2010.
BAUCHE Manuela, Medizinund Herrschaft.
Malarizbekampfung in Kamerun, Ostarika und Ostfriesland (1890-1919),
Campus Verlag GmbH, 2018.
BETENE Pierre & MESSINA Jean-Paul,
L'enseignement catholique au Cameroun (1890-1990),
Yaoundé, Cameroun, Secrétariat permanent de l'enseignement
catholique au Cameroun, 1992.
BOHNER Theodor, Ae Ntonga! Hallo Freund!
Unser Leben in Kamerun, Junge Generation, Berlin, 1935.
BOUOPDA KAME Pierre, Histoire politique
du Cameroun au XXème siècle,Paris, L'Harmattan, 2016.
BRUTSCH Jean-René, Les
traités camerounais, Études Camerounaises, 47- 48, 1955.
BUCHNER Max,
Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten
Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty&
Loehle, 1914.
BUCHNER Max, Kamerun. Skizzen und
Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887.
COLLOQUE INTERNATIONAL ROI NJOYA, LE ROI
NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance
africaine, Yaoundé, L'Harmattan Cameroun, 2014.
DE ROSNY Éric, Les yeux de ma
chèvre : sur les pas des maîtres de la nuit en pays douala
(Cameroun), Paris, Terre Humaine, PLON, 1981.
DOMINIK Hans, Vom Atlantik bis zum
Tschadsee, Berlin, Mittler, 1908.
DONGMO Jean-Louis, Le dynamisme
bamiléké (Cameroun), vol. 1, Yaoundé, CEPER, 1981.
ESSONO NGUEMA
Jean-Marc, YAOUNDÉ : Une ville, une
histoire, Yaoundé, ÉDITIONS ASUZOA, 2016.
ETOGA EILY Florent, Sur les chemins du
développement. Essai d'histoire des faits économiques du
Cameroun,Centre d'édition et de production de manuels et
d'auxiliaires de l'enseignement, 1971.
FOGUI
Jean-Pierre, L'intégration politique au Cameroun,
Tome XLIX, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, 1990.
FOPOUSSI FOTSO Éric, Faut-il
brûler les chefferies traditionnelles ?,Yaoundé,
Éditions SOPECAM, 1991.
GOUAFFO Albert, Wissens - Und
Kulturtransfer im Kolonialen Kontext: Das Beispiel Kamerun - Deutschland (1884
-1919), Saarbrücken, 2007.
HAUSEN Karin, Deutsche Kolonialherrschaft
in Afrika. Wirtschaftsinteressen und Kolonialverwaltung in Kamerun wahrend der
deutschen Kolonialverrschaft, (1884-1914), Berlin, 1965.
HEUER Hans, Nachtigal : eine
Biographie, Berlin, 1937.
HEUSS & Al., Gustav Nachtigal
(1869-1969). Bad Godesberg, Ed. Inter Nations, 1969.
JOHNSON Samuel Désiré, La
formation d'une Église locale au Cameroun : le cas des
communautés baptistes au Cameroun (1841-1949), Paris,
Éditions KARTHALA, 2012.
KETCHOUA Thomas, Les peuples de
l'Ouest-Cameroun en diaspora depuis 3000 ans, Yaoundé,
Éditeur T. Ketchoua, 1989.
KIIHNE, Imperialitische Eroberungspolitik
und anti-imperialitischer Volkswiderstand in Kamerun (1895-1902),
Humboldt-Universitat zu Berlin, 1975.
KNUTSON Knut, Swedish Ventures in
Cameroon, 1883-1923: Trade and Travel, People and Politics: The Memoir of Knut
Knutson with Supporting Material, Shirley Ardener, Series, Volume 4,
Cameroon Studies, 2004.
KOMIDOR NJIMOLUH Hamidou, Les
fonctions politiques de l'école au Cameroun (1916-1976),
Paris,L'Harmattan, 2010.
KPWANG Robert, Pouvoirstraditionnels et
notion de « chefferie » au Cameroun : de la
période coloniale à l'ère de la mondialisation dans les
sociétés de la grande zone forestière du Sud-Cameroun
(1850-2010), Tome I, Paris, L'Harmattan, 2010.
KUOH Christian-Tobie,
Montémoignage : Le Cameroun de l'indépendance
(1958-1970), Biographie, Paris, Karthala, 1990.
LESTRINGANT Jacques, Les pays de Guider
au Nord-Cameroun. Essai d'histoire régionale, Yaoundé,
Ronéotypé, 1964.
LOMBARD Jacques, Autorités
traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique noire. Le déclin
d'une aristocratie sous le régime colonial,Paris, Armand Colin,
1967.
LOOSE Hans-Dieter, Wilhelm Jantzen de la
Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker & Humblot, Berlin, 1974.
LOUMPET- GALITZINE Alexandra, Njoya et le
Royaume Bamoun. Les chrétiens en pays Bamoun : Les archives de la
Société des missions évangéliques de Paris
(1917-1937), Paris, ÉditionsKARTHALA, 2006.
MADIBA ESSIBEN, Colonisation et
évangélisation en Afrique : l'héritage scolaire du
Cameroun (1885-1956), Brême/Francfort, Peter Lang, 1980.
MANDENG Pierre, Auswirkungen der
deutschen Kolonialherrschaft in Kamerun, Hamburg, 1973.
MASIONI Pat, Le Roi Njoya : un
génial inventeur, Cauris livres, Collection Lucy, 2015.
MATATEYOU Emmanuel, L'écriture du
Roi Njoya : une contribution de l'Afrique à la culture de la
modernité, Paris, L'Harmattan, 2015.
MBASSA SOUTA Melvin, Au coeur des us et
coutumes des peuples Bafia, Paris, L'Harmattan, 2011.
MBOME François-Xavier, Histoire
des institutions et des faits sociaux du Cameroun, Yaoundé, Fasst
Program, 1998.
MBOMO SAMBA AZAN Madeleine, Martin Paul
Samba face à la pénétration allemande au Cameroun,
Paris, ABC, 1976.
MESSINA Jean-Paul & MVENG Engelbert,
L'Église catholique au Cameroun : 100 ans
d'évangélisation, 1890-1990, Conférence
épiscopale du Cameroun, Sous-commission de l'histoire de
l'Église, 1990.
MESSINA Jean-Paul & VAN SLAGEREN Jaap,
Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos
jours, Paris/Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.
MICHELS Stefanie, Imagined Power
contested. Germans and Africans in the Upper Cross River Area of
Cameroon (1887 - 1915), Munster, 2004.
MICHELS Stefanie, La politique de la
mémoire en Allemagne et au Cameroun - Accès du colloque
à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005.
MOKAM David, Les associations
régionales et le nationalisme camerounais
(1945-1961),Yaoundé, Département d'Histoire,
Université de Yaoundé I, 2006.
MVENG Engelbert, Histoire du
Cameroun,Yaoundé, Éditions Présence Africaine,
1963.
MVOUTSI KARANG Nicolas, L'histoire des
Vouté du Cameroun central, Yoko, Cameroun, 1985.
NCHOJI NKWI Paul & WARNIER Jean-Pierre,
Elements for a history of the Western Grassfields, Yaoundé,
Département de Sociologie, Université de Yaoundé
I, 1982.
NDAM NJOYA Adamou, Le Cameroun dans
les relations internationales, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence, 1976.
NDAM NJOYA
Adamou, Njoya:Réformateur du Royaume Bamoun,
Paris, ABC, 1977.
NGOH Victor Julius, Cameroun 1884 -
1985 : Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990.
NGONGO Louis-Paul, Histoire Des
Institutions Et Des Faits Sociaux Du Cameroun, Tome I : 1884-1945,
Collection : Mondes en Devenir, Berger-Levrault, 1987.
NICOD Henri, Mangweloune. La
danseuse du Roi Njoya, Librairie Mollat Bordeaux, Paroles écrites,
2002.
NICOL Yves, La tribu des Bakoko.
Étude monographique d'Économie coloniale. Un stade
d'évolution d'une tribu noire au Cameroun, Paris : Larose,
1929.
OLOUKPONA - YINNONAdjai-Paulin, ...
Notre place au soleil ou l'Afrique des pangermanistes, Paris,
L'Harmattan/Togo, Éditions Hoha, 1985.
OWONAAdalbert, La naissance du Cameroun
1884-1914, Paris, L'Harmattan, 1996.
PRINCE KUM'A NDUMBE III Alexandre, Das
Deutsche Kaiserreich in Kamerun. Wie Deutschland seine Kolonialmacht aufbauen
konnte (1840 - 1910), Douala, Éditions AFRICAVENIR, Berlin :
Éditions Exchange & Dialogue, 2008.
PRINCE KUM'A NDUMBE III Alexandre,
L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Douala,
Éditions AFRICAVENIR, 1986.
PROUZET Michel, Le Cameroun, Paris,
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1974.
PURSCHEL Herbert, Die Kaiserliche
Schutztruppe fur Kamerun, Berlin, Junker und Dunnhaupt Verlag, 1936.
ROHRBACH Paul, Deutsche
Kolonlalherrschaft. Kulturpolitische Grundsâtze fur die Rassen- und
Missionsfragen, Berlin, 1909.
ROHRBACH Paul, Wie machen wir unsere
Kolonie Rentabel ? : Grundzuge Eines Wirtschaftsprogramms Fur Deutschlands
Afrikanischen Kolonialbesitz, 2018.
RUDIN Harry Rudolph, Germans in the
Cameroon (1884-1914). A Case Study in Modern Imperialism, New York,
Greenwood Press, 1968.
SEITZ Théodore, Vom Aufstieg und
Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Band 2, Karlsruhe, 1927.
STOECKER Helmut, Kamerun unter deutscher
Kolonialherrschaft II, 1968.
TARDITS Claude, Le Royaume Bamoun,
Paris, Armand Colin, 1980.
TARDITS Claude, Njoya (C. 1875-1933) ou
les malheurs de l'intelligence chez un sultan bamoun, Les Africains, Tome
IX, 1978.
TEMGOUA Albert Pascal,Le Cameroun
à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014.
TJOUEN Alexandre-Dieudonné, Droits
domaniaux et techniques foncières en droit camerounais (étude
d'une réforme législative), Paris, Economica, 1982.
VAN SLAGEREN Jaap, Les origines de
l'Église évangélique du Cameroun : missions
européennes et christianisme autochtone, Leiden, J. Brill, 1972.
VON MORGEN Kurt, A travers le Cameroun du
sud au nord. Voyages et explorations dans l'arrière-pays de 1989
à 1891. Traduction, présentation et bibliographie de
Philippe LABURTHE-TOBRA, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982.
WALZ Gerd, Die Entwicklung der
Strafrechtsprechung in Kamerun 1884 - 1914, Diss. Freiburg /Br., 1980.
WIRZ Albert, Vom Sklavenhandel zum
Kolonialenhandel: Wirtschaftstraume und Wirtschaftsformen in Kamerun vor
1914,Zurich, Atlantis, 1972.
II-V-ARTICLESGÉNÉRAUX
« C'EST NOTRE HISTOIRE - TRAITÉ
GERMANO-DOUALA DE JUILLET 1884 : MARCHÉ DE DUPES OU BRADERIE DU
SIÈCLE ? LES CHEFS SAWA ONT-ILS ÉTÉ TROMPÉS
À L'INSU DE LEUR PLEIN GRÉ ? ». Article
publié sur le site
www.facebook.com. Consulté
le 11 février 2021.
« HISTOIRE : LES SAWA - LES ROIS BELL
». Article publié le 19 février 2019 sur le site
www.facebook.com. Consulté
le 23 septembre 2021.
« INTRODUCTION À LA GESTION -
QU'EST-CE-QUE LA GESTION ? - AUNEGE ». Article publié
sur le site
http://ressources.aunege.fr.
Consulté le 18 janvier 2021.
« MISSIONS FREUND », 1890, p. 47,
in R. STUMPF, La politique linguistique au Cameroun de 1884 à 1960.
Comparaison entre les administrations coloniales allemande, française et
britannique et du rôle joué par les sociétés
missionnaires, Berne- Frankfurt-am-Main et Las Vegas, 1979, p. 49.
« ACADÉMIE LASCOURS,
« le-royaume-bamounBamun-au-cameroun/ ». Article
publié sur le site
www.académie-lascours.fr/.
Consulté le 15 juillet 2021.
« ALFRED SCHUTZ, PHILOSOPHE DES SCIENCES
SOCIALES AUTRICHIEN ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 13 mai 2021.
« BAFIA ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 15 janvier 2021.
« BAPTÊME ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 22 mars 2022.
« BBC NEWS AFRIQUE,
« Cameroun : culte des crânes en pays
bamiléké - BBC News Afrique ». Article publié en
juillet 2016 sur le site
https://www.bbc.com.Consulté le
10 avril 2021.
« BEKOLO FILM PROJECTS,
« Comment en arrive-t-on au traité
Germano-Douala ? ». Article publié le 17 janvier 2005 sur
le site
https://www.bekolofilmprojects.blogspot.com/2005.
Consulté le 17 mars 2020.
« BLOG « LA CROIX
AFRICA », « Eau bénite :
Définition, usages et où en trouve-t-on ? ».
Article publié sur le site
www.africa-lacroix.com.
Consulté le 21 juin 2021.
« BLOG « LE PETITJOURNAL
ISTANBUL », « UNE SEULE FEMME AUTORISÉE -
Impasse pour les propriétaires polygames en Turquie ».
« BLOG « REGARDS
PROTESTANTS », « Cameroun - Photos du
passé. Foumban vers 1911. - L'histoire de Lydia Mengwelune (1886 -
1966), la danseuse du roi ». Article publié le 12 octobre 2019
sur le site
https://www.facebook.com.
Consulté le 17 juin 2021
« BLOG « DEÏDOBONAMBELA/PRINCENGANDOEBONGUEAKWAPH.DEFAP,
« Cameroun Rétro-Photos du passé ».
Article publié le 3 février 2020 sur le site
https://Deïdobebela.blog4ever.com.
Consulté le 18 juillet 2021.
« CAMEROON WEB,
« Kumbo ». Article publié sur le site
www.CameroonWeb.com.
Consulté le 12 juin 2021.
« CAMEROUN - PATRIMOINE HISTORIQUE : LE
TANGUÉ DE LOCK PRISO ATTENDU ». Article publié
le 22 juin 2016 sur le site
www.237online.com.
Consulté le 11 juin 2021.
« CAMEROUN RÉTRO-PHOTOS DU
PASSÉ, « Anna Rein WUHRMANN (1881-1971) ».
Article publié le 10 janvier 2020 sur le site
www.facebook.com. Consulté
le 24 mai 2021.
« CANTON/TYPE DE DIVISION ADMINISTRATIVE
D'UN PAYS ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 19 avril 2021.
« CAPITATION
(IMPÔT) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.Consulté
le 04 mars 2021.
« CENTRE DE DOCUMENTATION, DE RECHERCHE ET
D'INFORMATION DES PEUPLES AUTOCHTONES. Étude disponible sur le
site
www.cendoc.docip.org.
Consulté le 06 avril 2022.
« CLAN : ENSEMBLE DE FAMILLES
ASSOCIÉES PAR UNE PARENTÉ RÉELLE OU
FICTIVE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 19 mai 2021.
« COLONISATION ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 02 avril 2021.
« CONFISCATION ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 25 mars 2020.
« CONSTRUCTIVISME
(PSYCHOLOGIE) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 11 avril 2021.
« DÉFINITION DE
GESTION ». Article publié sur le site
www.lesdefinitions.fr.
Consulté le 11 mai 2021.
« DÉFINITION : MÉTONYMIE
N. F. ». Article publié sur le site
www.lettres.org. Consulté le
16 décembre 2020.
« DÉPOSSESSION ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 20 août 2021.
« DEUTSCHE MARK ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 26 janvier 2021.
« DIVISER POUR MIEUX RÉGNER - CONCEPT
POLITIQUE ET SOCIOLOGIQUE ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 03 mars 2021.
« DOMINATION - SITUATION DANS LAQUELLE UN
ÊTRE ET/OU UN GROUPE EST EN POSITION D'IMPOSER SES
IDÉES ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 26 août 2021.
« DROIT DE
RÉTENTION ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 06 septembre 2021.
« EAU BÉNITE ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 02 avril 2021.
« ENDONYMIE ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 03 mars 2021.
« EXPROPRIATION ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 16 février 2022.
« FOUMBAN EN BREF,
« FOUMBAN ». Article publié le 05 février
2011 sur le site
www.camerlex.com. Consulté
le 15 janvier 2021.
« HISTOIRE - ÉVÈNEMENTS
PASSÉS ET LEURS TRACES OU PUBLICATIONS, ÉTUDIÉS PAR
DIVERSES BRANCHES DES SCIENCES HUMAINES DE L'HISTOIRE ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 12 janvier 2021.
« HISTOIRE D'AFRIQUE,
« LE BAPTÊME ». Article publié le 30 avril
2018 sur le site
https://m.facebook.com.
Consulté le 04 Septembre 2021.
« HISTOIRE POLITIQUE ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 10 juin 2021.
« IMPÔT PAR TÊTE (IMPÔT
FIXE AVANTAGEUX POUR DE RICHES CONTRIBUABLES) ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 05 avril 2022.
« INTERPOL. ORGANISATION INTERNATIONALE DE
POLICE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 03 mai 2021.
« LA LUTTE DES CLASSES - TENSIONS DANS UNE
SOCIÉTÉ HIÉRARCHISÉE ET DIVISÉE EN CLASSES
SOCIALES ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 04 Septembre 2021.
« LOCK PRISO BELL - CHEF
SAWA ».Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.Consulté
le 05 avril 2022.
« MANAGEMENT - ACTIVITÉ POUR
COORDONNER DES ACTIONS DE PERSONNES ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 10 avril 2021.
« MANOKA, COMMUNE DU
CAMEROUN ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 12 juillet 2021.
« MÉTONYMIE. FIGURE DE
STYLE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 13 novembre 2021.
« MISSION BAPTISTE
EUROPÉENNE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 14 décembre 2021.
« MOSÉ
YÉYAP ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 16 février 2022.
« MUSÉUM D'HISTOIRE
SURNATURELLE, « Articles, Histoires et Contes ».
Article disponible sur le site
www.logs.surnateum.com.
Consulté le 30 juillet 2020.
« NCHARE YEN - NCHARE YEN
». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 23 décembre 2021.
« NDOL'A BALI/LA FRATERNITÉ DE BALI
(JE NDE NYAI SETO DIBANGA), « La fraternité Bali,
Tet'Ekombo (le père de la nation) » (archive). Article
disponible sur le site
www.ndol'a-bali.asso-web.com.
Consulté le 16 juin 2020.
« NDUMBE LOBE BELL ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 26 janvier 2021.
« ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR
L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE, « Le régime foncier
et le développement rural », 2003, chap. 3
(« Qu'est-ce-qu'un régime foncier ? »). FAO,
« Gouvernance foncière. Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture ». Article publié sur le site
www.fao.org. Consulté le 13 mai
2020.
« PEUPLE SAWA,
« Ngondo : Espoir d'une jeunesse
déracinée ». Article publié sur le site
www.peuplesawa.com, le 15
novembre 2016. Consulté le 12 mai 2021.
« PFENNIG ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 15 mars 2021.
« POLYGAMIE (SITUATION DANS LAQUELLE UN
INDIVIDU DISPOSE AU MÊME MOMENT DE PLUSIEURS
CONJOINTS) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 18 avril 2022.
« PROPRIÉTÉ
FONCIÈRE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 15 janvier 2021.
« RÉGIME
FONCIER ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 18 juillet 2021.
« ROUKAYATOU OFFICIEL,
« C'est Notre Histoire - L'autre Pillage du Cameroun : Vol de la
Mémoire et Guerre des Musées Européens). Archives
Musée Royal FOUMBAN Cameroun Rétro. Article publié le 06
février 2021 sur le site
https://www.facebook.com .
Consulté le 17 octobre 2021.
« ROYAUME BAMOUNBAMUN - ANCIEN
PAYS ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 10 septembre 2021.
« STRATÈGE : MEMBRE DU POUVOIR
EXÉCUTIF D'UNE CITÉ GRECQUE ».Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 10 octobre 2021.
« SYNECDOQUE - TERME
LITTÉRAIRE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 07 juillet 2021.
« TÊTE DE MORT - SYMBOLE QUI
REPRÉSENTE UN CRÂNE HUMAIN ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 11 juillet 2021.
« THE DREAMER, « ÎLE
DE MANOKA ». Article publié le 10 mai 2019 sur le site
https://thedreamer.cm/ile-de-manoka.
Consulté le 10 avril 2021.
« VIN DE PALME, BOISSON
ALCOOLISÉE ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 03 janvier 2021.
ADJETE KOUASSIGAN Guy, L'homme et la
terre, Droits fonciers coutumiers et droit de propriété en
Afrique occidentale, Paris, O. R. S. T. M., 1966, pp. 15-25.
AMOUGOU MBARGA Alphonse Bernard,
« A travers les dénominations des rues et quartiers de la
ville de Douala. La quotidienneté comme univers de sens », in
Anthropologie et Sociétés, Vol. 37, N°1, 2013, pp.
195-212.
ASARE OPOKU Kennedy, « La religion
en Afrique pendant l'époque coloniale », in A. BOAHEN (dir),
Histoire Générale de l'Afrique, vol. VII : L'Afrique
sous domination coloniale, 1880-1935, Paris, UNESCO/ NEA, 1987, pp.
566-567.
ASMIS Rudolf, « Der Handel der
Duala », Mitteilungen aus den Deutschen Schutzgebieten, XX
(2), 1907, pp. 85-90.
BAHATI NKINZINGABO Claude, « Pouvoir
coutumier et résistance à la décentralisation territoriale
en RDC : regard sur la chefferie de Kabare », diplôme de licence,
2016. Article publié le 26 juillet 2017 sur le site
https://www.africmemeoire.com.
Consulté le 23 février 2021.
BAILLY Pierric, « Conflits de
classes et changement social chez MARX ». Article disponible sur le
site
https://www.etudier.com.
Consulté le 25 janvier 2021.
BALANDIER Georges,
« Réflexions sur le fait politique : le cas des
sociétés africaines », in Cahiers internationaux de
sociologie, PUF, vol. 37, juillet-décembre 1964, pp. 23-50.
BAMOUN CULTURE, « Affaire de
Traitrise du Roi Njoya envers Duala Manga Bell ». Article
publié le 13 février 2020 sur le site
https://bamounculture.com/cats-may-have-attachment-styles-that-mirror-peoples/
et consulté le 20 décembre 2023.
BATAMAG Emmanuel, « Cameroun :
Qui était Dika Mpondo Akwa ? ». Article publié le
29 mai 2018 sur le site
www.NouvelAfrik.com .
Consulté le 25 janvier 2022.
BENAYOUN Maurice, « Vin de
palme », « 196 flavors-196 countries. A world of
Harvorz ». Article publié sur le site
http://www.196flavors.com/fr/nigeria.
Consulté le 15 avril 2021.
BENOÎT XVI, « L'observatoire
Romano du jeudi 19.3.2009 », Voyage apostolique du Pape
Benoît XVI au Cameroun et en Angola (17-23 mars 2009). Rencontre
avec les membres du conseil spécial pour l'Afrique du Synode des
Évêques. In NGANGA Louis-Praxistèle, « Les
croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme
(1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville,
Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013, p. 12.
BLANKENBURG
Janet, « Conférence sur l'histoire du Rotary Club
Hamburg Steiner (archive) », 2005. Article publié sur le site
https://www.rotary.org.
Consulté le 10 avril 2020.
BORDE Jorge, « Le problème
ethnique dans l'Union sud-africaine », in Les Cahiers
d'Outre-Mer, 1950, pp. 319-342.
BOT Dieudonné Martin Luther,
« Langue, origine et signification des toponymes de
Douala », Aba-N°0001, avril 2010, pp. 25-30.
BOUCHAUD Jean, « La côte du
Cameroun dans l'histoire et la cartographie. Des origines à l'annexion
allemande 1884 », Mémoires de l'IFAN, Centre du
Cameroun, n° 5, 1952, pp. 409-410.
BRIAULT Maurice, « La mission de
Douala avant et après la guerre », in Annales des
Pères du Saint-Esprit, janvier 1934, p. 27. Tiré de EYEZO'O
Salvador, « Politique coloniale, compétition missionnaire et
division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun
(1884-1922). Légende ou réalité ? » In
Histoire, Monde et Cultures Religieuses, 2014/3 (n°31), pp.
133-158.
BRUNSCHWIG Henri, « De la
résistance africaine à l'impérialisme
européen », in Peuples Noirs, Peuples Africains,
N° 9, 1979, pp. 69-80.
BRUTSCH Jean-René, « Les
traités camerounais », in Études
camerounaises, n°47- 48, mars-juin 1955, Institut français
d'Afrique noire, pp. 9-42.
CAZAUX GRANDPIERRE Chloé,
« Les alcools africains ». Article publié le 28
février 2017 sur le site
https://www.chloeandwines.fr.
Consulté le 15 mars 2021.
CHAUMONT Éric, «
Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M. A. Amir-Moezzi,
éd. Robert Laffont, 2007, pp. 677-679. Article publié sur le site
https://www.wikimonde.com.
Consulté le 14 juillet 2020.
CHAUVET Louis-Marie & DANIELOU Jean,
« Le symbolisme du baptême chrétien »,
Encyclopaedia Universalis (en ligne). Article publié sur le site
https://www.universalis.fr/encyclopedie/bapteme.
Consulté le 04 avril 2022.
CHAVELAS Victor, « Trente ans de
colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun,
Paris, 1928, pp 20 et suivantes. Tiré de EYEZO'O Salvador,
« Politique coloniale, compétition missionnaire et division du
territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922).
Légende ou réalité ? » In Histoire,
Monde et Cultures Religieuses, 2014/3 (n°31), pp. 133-158.
CHEMILLIER-GENDREAU Monique, « Les
différentes doctrines juridiques et la notion de peuple » in
Réalités du droit international contemporain, Reims,
Centre d'Études des Relations Internationales, 1974, pp. 150-153.
Article publié sur le site
https://wwww.canlii.org.
Consulté le 18 janvier 2021.
CHEVIT Bénédicte,
« Politique linguistique : un processus de
dépossession », Lescahiers de l'Orient,
3ème trimestre, 1994, 35, 142 f. In Elisa von JOEDEN-FORGEY,
« Mpundu Akwa : the case of the Prince from Cameroon ; the
newly discovered speech for the defense by Dr. M. Levi », LIT Verlag
Munster, 2002.
CHIMOUN Mosé, « La
contribution anglo-saxonne à la compréhension de
l'écriture bamounBamun : des signes du roi Njoya au manuel
didactique de Njoya Moungo », Éthiopiques, n°79,
Université de Leiden, 2ème semestre, 2007, pp.
137-147.
Claude PRUDHOMME, « Centralité
romaine et frontières missionnaires », in Mélanges de
l'École Française de Rome, Italie et Méditerranée,
Mefrim, t. 109, 1997-2, pp. 487-504.
COLLOGNAT Annie, « AUCTORITAS.
Autorité : un mot, une notion clé ». Article
publié le 08 décembre 2019 sur le site
https://eduscol.education.fr.
Consulté le 25 mars 2021.
CONVENTION D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS
VOLÉS OU ILLICITEMENT EXPORTÉS. Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 08 avril 2022.
COURS DE DROIT, « Le droit de
rétention : définition, condition, effets ».
Article publié sur le site
www.Cours-de-droit.net.
Consulté le 19 novembre 2021.
COURTESY ETHNOLOGISCHES MUSEUM, Staatliche
Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage
« DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012.
Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com.
Consulté le 14 novembre 2021.
COURTESY HISTORISCHES FOTOARCHIV,
Rautenstrauch-Joest Museum, Kulturen der Welt, Cologne. Photo disponible dans
l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre
2012. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com.
Consulté le 16 septembre 2021.
CRIBIER Henri, « l'Europe, le Congo
et la Conférence africaine de Berlin », Annales de
l'École Libre des Sciences Politiques, IV, 1889, pp. 487-514.
DE GAULLE Charles, « Extrait d'un
entretien au magazine Paris Match », le 09 décembre 1967.
Article publié en 2018 sur le site
www.miscellanees.me.
Consulté le 19 février 2021.
DE TORO Alfonso& BONN Charles (dir),
« La pensée hybride, culture des diasporas et culture
planétaire. Le Maghreb (Abdelkebir Khatibi - Assia
Djébar) », Hildesheim Zurich, New York, 2009, pp. 69-122.
DÉCOUVRIR LE CAMEROUN, « Vin
de palme ». Article publié sur le site
http://decouverte.cameroun.free.fr.
Consulté le 18 juin 2021.
DEMONT Paul, « Hannah ARENDT et la
philosophie politique grecque », Actes du 12ème
colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 19 et 20
octobre 2001, Publications de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 2002, pp. 21-41.
DIARTGONALE, JAMAN, ISSN 2213-7718,
novembre 2012, pp. 18-19. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com. Consulté
le 18 mai 2020.
DIBAMBE LA SAWA, « Les origines
égyptiennes des Douala (Publiées comme telles) ».
Article publié le 22 août 2021 sur le site
https://www.DibambeLaSawa.com.
Consulté le 16 mars 2020.
DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS LAROUSSE,
« Définitions : foncier - Dictionnaire de français
Larousse », Éditions Larousse. Article publié sur le
site
www.larousse.fr. Consulté le
16 mars 2020.
DICTIONNAIRE DES SYMBOLES, « Le
symbolisme du crâne ». Article publié le 02 août
2010 sur le site
https://www.dictionnairedessymboles.com.
Consulté le 10 mars 2021.
DIKE DELANCEY Mike & NEH MBUH Rebecca &
DELANCEY William, « Lock Priso Bell, chief », in
Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarerow Press,
2010, (4ème éd.), p. 311.Article publié sur le
site
https://fr.m.wikipédia.org.
Consulté le 08 mai 2021.
DIOCÈSE DE VERSAILLES, « A
l'origine du baptême ». Article publié sur le site
https://www.catholique78.fr.
Consulté le 23 décembre 2021.
DIPPOLD Michaela, « L'image du
Cameroun dans la littérature coloniale allemande », in
Cahiers d'Études africaines, Année 1973, 49, pp.
37-59.
DJOKO DUBOIS Jean-Pierre, « Le
fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial : le cas du
Cameroun sous domination allemande à l'ère du gouverneur Von
Soden 1885-1891 », Yaoundé, juillet 2018, pp. 10-11. Article
publié sur le site
www.goetheinstitut.de.
Consulté le 29 janvier 2021.
DOUANLA Fabrice, « Le NOUN :
un peuple islamisé », p.7. Article publié sur le site
https://lireenligne.net .
Consulté le 11 juillet 2020.
DR. ABBARA Aly, « Crâne
humain : symbole de la mort ». Article publié sur le
site
www.aly-barbara.com.
Consulté le 06 avril 2020.
DR. AL AJAMI, « Que dit vraiment le
Coran ? Penser et vivre son islamité à la lumière du
Coran ». Article publié le 26 janvier 2018 par le Dr. Al
Ajami, Docteur en médecine, Docteur en littérature et langue
arabes, Coranologue, Théologien, Spécialiste de
l'exégèse du Coran. Article publié sur le site
https://www.alajami.fr.
Consulté le 13 juin 2020.
DR. NJINJIASSE NJOYA(S.A.),
« ROYAUME BAMOUNBAMUN.COM », article publié
sur le site
http://www.royaumebamounBamun.com/fr/bnlog.Consulté
le 11 septembre 2021.
ELOUNDOU Eugène Désiré,
« Dangers of the Shumom writing to German colonial project and the
strategy to destroy it », South-South Journal of Culture and
Development, Vol. 7, n°2, December 2005, p.162.Article publié
sur le site
https://books.google.cm.
Consulté le 06 février 2021.
EN) ILIA XYPOLIA. « Divide et
Impera: Vertical and Horizontal Dimensions of British Imperialism ».
Critique: Journal of socialist theory, vol. 44, no. 3, pp. 221-231,
2016.
ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS V 12,
« Impôt (n.d.) ». Article publié sur le site
https://www.universalis.fr.
Consulté le 15 février 2020.
ENCYCLOPEDIE BRITANNICA, « Alfred
Saker »[archive], britannica.com, USA. Article consulté le 11
août 2018.
ENGOLO Danielle, « Le Royaume
BamounBamun, une monarchie au Cameroun ». Article publié sur
le site
www.ALBAYANE.mhtml.
Consulté le 28 mars 2020.
ESCOUBAS Éliane,
« Ascétisme stoïcien et ascétisme
épicurien », in Les Études philosophiques, 22
(2), 1967, pp. 163-172.
ESSOMBA Pascal-Blaise, « La
formation scolaire et les travaux des champs au Cameroun sous administration
allemande », in L. Marfaing and B. Reinward, Afrikanische Beziehung,
Netzwerke und Raume, Munster - Hamburg, LIT Verlag, 2001, p. 122. Article
publié sur le site
https://www.persee.fr.
Consulté le 18 juin 2021.
ETOA OYONO Georges, « Splendeurs et
problèmes des chefs traditionnels des territoires du centre-sud au
lendemain de la Grande Guerre », Revue Internationale des
Francophonies (En ligne), Mélanges de juillet 2018. Article mis en
ligne le 20 juillet 2018 sur le site
http://rifrancophonies.com/rfi/index.php.
Consulté le 12 septembre 2021.
EYEZOO Salvador, « L'expulsion des
missionnaires allemands au Cameroun pendant la première guerre mondiale
à travers la correspondance des Pères français Barreau et
Hermann », LA MISSION EST UN COMBAT, Mémoire
Spiritaine, n°21, premier semestre 2005, pp. 133-158.
EYOUM Jean-Pierre Félix & MICHELS Stefanie
& ZELLER Joachim, « Bonamanga. Eine kosmopolitische
Familiengeschichte », in « Mont Cameroun »
(archive). Revue africaine d'études interculturelles sur l'espace
germanophone, N°2, 2005, pp. 11-48.
EYOUM MADIBA Jacques, « Cameroun,
l'histoire des Douala : l'origine des Deïdo : « Que
Martin Ebele Tobbo veuille corriger son erreur »
Cameroon-Correspondance Eyoum Madiba Jacques, Généalogiste,
Expert de l'histoire des Sawa (World News Cameroun,
http://www.google.com,
amp/s/www.camer.be).Consulté le 14 Février 2021.
FANSO Verkijika & CHILVER Edwin Mellen,
« Nso and the Germans: The first encounters in contemporary documents
and in oral tradition », in B. Chem - Langhee and V. G. Fanso,
« Nso' and Its Neighbours: Readings in the Social History of the
Western Grassfields of Cameroon », pp. 100-114.Article publié sur
le site
https://condor.depaul.edu.
Consulté le 19 juin 2020.
FAYOL Henri, « Administration
industrielle et générale », in Bulletin de la
Société de l'Industrie minérale, 1916.
FRANCE - LANGE Marie, « Le choix
des langues enseignées au Togo : quels enjeux
politiques », in Cahiers de Sciences Humaines, n°3 - 4,
1991, pp. 477-495. Article publié sur le site
https://horizon.documentation.ird.fr.
Consulté le 13 juillet 2021.
FROMHOLD DE MARTENS Frédéric,
« La Conférence du Congo à Berlin et la politique
coloniale des États modernes », Revue de Droit
International et de Législation Comparée, XVIII, 1886, pp.
137-141. Article publié sur le site
http://heionline.org. Consulté
le 16 mars 2021.
GADMER Frédéric & GOLOUBINOFF
Véronique, « Du protectorat allemand au mandat
français. Le Cameroun en 1917-1918 », ECPAD - pôle des
archives - Fonds première guerre mondiale, décembre
2013, pp. 41-42.
GEARY Christaud, «Bamun Two-figures
Thrones: additional evidence », African Arts, vol. 16, 4,
1983, pp. 46-53.
GEARY Christaud, « Bamun Thrones
and Stools », African Arts, 14, 1981, pp. 32-43.
GÉNÉRAL OLLION,
« Politique et Stratégie (article) », In
POLITIQUE ÉTRANGÈRE, Centre d'Études de Politique
Étrangère, Paris, 54, rue de Varennes (Littré 21-55),
Année 1965, 30-6, pp. 479 - 485.
GOFFMANN Erving, « 2.2. Les
fonctions du cadeau ». Article tiré du site des thèses
de l'Université de Lyon 2, 1973 b, pp. 186-190. Article publié
sur le site
https://theses.univ-lyon2.fr.
Consulté le 20 mai 2020.
GOLLIEAU Catherine, « Ce que dit le
Coran : la polygamie ». Article publié sur le site
www.LePoint.fr. Consulté le
19 juin 2021.
GOMSU Joseph, « La Formation des
Camerounais en Allemagne pendant la période coloniale », in
Cahiers d'Allemagne et d'Études Germaniques, Vol. I, N° 2,
1985, Yaoundé, FLSH, Université de Yaoundé, 1985, p. 59.
Article publié sur le site
https://www.africabib.org.
Consulté le 04 Septembre 2021.
GOUAFFO Albert & TSOGANG FOSSI Richard,
« C'était... le Verdun camerounais » : Transfer
von Raumvorstellungen als Rekonstruktionstrategie des
Kolonialgedachtnisses, in NYEMB& YAOWA (Hg), « Praxis
interkultureller Germanistik. Aktuelle Tendenzen und Perspektiven im
postkolonialen Afrika », Hamburg : Verlag Dr. Kovack
2019, pp. 131-150. Consulté le 17 juillet 2021.
GOUELLAIN René, « DOUALA -
VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le
concours du CNRS(Centre National de la Recherche Scientifique), Paris,
Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 13-397.
GRENFELL George, « The Cameroons
District, West Africa », Proc. Royal Geogr. Soc., London, vol. 4,
1882, pp. 310-394. Article publié sur le site
https://www.abebooks.fr.
Consulté le 02 juin 2021.
GUIMDO DONGMO Bernard-Raymond,
Séminaire de théorie sur le sens et l'effectivité du
droit, in FOMBA TALA Joris Joël, « Lutte contre le
terrorisme et les droits de l'Homme en Afrique », Mémoire de
Maîtrise, pp. 20-25.
HALBING Augustin, « MANGA
BELL », in Stern von Afrika 1914 / 15, pp. 99-100.
HARTER Pierre, « Les courses de
pirogues coutumières chez les DUALA ou pembisan a myoloo
Duala », in Recherches et Études Camerounaises, 1960,
pp. 71- 91.
HENNEMANN Florian, « Werden und
Wirken eines Afrikamissionars. Erlebtes und Erschautes, Pallotiner Verlag,
Limburg an der Lahn », in Zentrales Archiv der Pallottiner,
1922, pp. 50-110. Article publié sur le site
https://www.amazon.de.
Consulté le 17 janvier 2021.
HEUERMANN Barbara Johanna, « Der
Schizophrene Schiffsschnabel: Biographie eines kolonialen objektes und diskurs
um seine ruckforderung im postkolonialen Munchen. Studen aus dem Munchner
Institut fur Ethnologie » - Working Papers and cultural
anthropology, Bd. 17, Munchen, 2015, pp. 72-88.
HUETZ DE LEMPS Alain, « Le vin de
palme en Guinée Conakry ». Article publié sur le site
https://guineeverdure.mondoblog.org.
Consulté le 16 avril 2021.
JAECK Hans-Pieter, « Die deutsche
Annexion ». In H. STOECKER (éd.), Kamerun unter deutscher
Kolonialherrschaft I, pp. 55-64. Article publié sur le site
https://www.jstor.org.
Consulté le 10 juillet 2020.
JONES Gwilliam Iwan, « Native and
Trade currencies in Southern Nigeria during the Eighteenth and Nineteenth
centuries », in Revue Africa, An economic history of
tropical Africa., vol. XXVII, 1958, S. 43-53 1, pp. 274-283.
JOURNAL ACTU CAMEROUN EN LIGNE,
« Art : Le « Tangué » du roi Lock
Priso en passe d'être rapatrié au Cameroun ». Article
publié le 07 avril 2019 sur le site
www.actucameroun.com.
Consulté le 10 avril 2021.
JOURNAL ACTU CAMEROUN EN LIGNE,
« Cameroun - Patrimoine historique : Le Tangué du
Lock Priso attendu ». Article publié sur le site
www.actucameroun.com.
Consulté le 10 juin 2021.
JOURNAL CAMEROUN INFO EN LIGNE,
« Les BamounBamun auront-ils leur province ? ».
Article publié sur le site
www.cameroun-info.net.
Consulté le 10 mars 2021.
JOURNAL DER SPIEGEL ONLINE, « Rudolph
Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun », Courrier
international, N° 1505, ý5 septembre 2019. Article
publié sur le site
https://www.courrierinternational.com.
Consulté le 16 novembre 2021.
JOURNAL RFI EN LIGNE, « Huile de
palme et noix de cola : les attributs du baptême Yoruba - La vie
ici ». Article publié le 01 avril 2019 sur le site
www.rfi.fr. Consulté le 18 avril
2021.
JUOMPAN-YAKAM Clarisse, « Cameroun
- African Queens : à la rencontre des reines des chefferies
traditionnelles ». Article publié le 31 août 2016 sur le
site du magazine
www.jeuneafrique.org.
Consulté le 13 janvier 2021.
KAMTO Maurice, « Pauvreté et
souveraineté dans l'ordre international contemporain » in
Mélanges offerts à Paul Isoart, Paris, Pedone, 1996, pp.
270-284. Article publié sur le site
https://www.academia.edu.
Consulté le 30 mai 2021.
KERCHACHE Jacques & PAUDRAT Jean-Louis, &
STEPHAN Lucien & STOULLIG-MARIN Françoise, « Cameroun
: Bamiléké, Bamum, Tikar », in L'Art africain,
Citadelles & Mazenod, Paris, 2008, (édition revue et
augmentée), p. 534. Article publié sur le site
https://www.soumbala.com.
Consulté le 16 mai 2021.
KINGUE Édouard,
« Portrait : Jean Yves Eboumbou, nouveau roi des
Bell » [archive]. Article publié dans le journal
« Le Messager » le 18 décembre 2012. Article
publié sur le site
https://lemessager.fr .
Consulté le 02 avril 2021.
KINGUE Édouard, « Canton
Akwa (Douala) : le Prince Ngando Ebongue Akwa Jean Pascal est nouveau
chef », article publié en août 2021 sur le site
www.ActuCameroun.com.
Consulté le 28 octobre 2021.
KINGUE Édouard, « Dynastie
Bélè Bélè : De Ndoumbe Lobè à
René Manga Bell (12.11.2012) ». Article publié sur le
site
www.peuplesawa.com et dans le
journal « Le Messager » du 09 novembre 2021.
Consulté le 29 janvier 2021.
KINGUEÉdouard, « Pagination
& Compilation : Brother Metusala Dikole »,
« PeupleSawa.Com.Douala-09 Nov. 2012.Le Messager ».
Article publié sur le site
https://www.peuplesawa.com .
Consulté le 14 juin 2021.
KUIPOU Roger, « Le culte des
crânes chez les Bamiléké de l'Ouest du
Cameroun », in COMMUNICATIONS 2015/2, n°97, pp.
93-105.
L'INTERNAUTE, « origine et signification du
proverbe (Diviser pour régner) ». Article publié sur le site
http://www.linternaute.fr.
Consulté le 13 avril 2020.
LA FLEUR CURIEUSE, « Le culte du
crâne en Afrique et aux Antilles ». Article publié sur
le site
www.lafleurcurieuse.com.
Consulté le 17 mai 2021.
LA VILLA MAASAI, « Notre
sélection des 10 meilleurs cocktails et alcools africains ».
Article publié le 14 février 2020 sur le site
www.villamaasai.fr.
Consulté le 17 mars 2020.
LABURTHE-TOLRA Philippe, « Martin
Paul Samba », in Hommes et destins, Académie des
sciences d'outre-mer, 1977, Tome II, vol. 2, pp. 643-644.
LACOSTE-DUJARDIN Camille, « La
Terre des Ancêtres ». Article publié le 07 juillet 2020,
mis à jour le 03 mars 2021 sur le site
http://panodyssey.com/fr/article/fr.
Consulté le 16 mars 2020.
LARMORCATEL 22, « La polygamie en
islam ». Article publié le 28 novembre 2012 sur le site
https://lamorcatel22.com .
Consulté le 10 mars 2021.
LAURENTIE Henri, « Notes sur une
philosophie de la politique coloniale française », in
Numéro spécial de Renaissances, oct. 1944. Article
publié sur le site
https://inatheque.hypotheses.org.
Consulté le 14 novembre 2021.
LEBERRE Maryvonne,
« Territoires ». Article publié dans l'ouvrage A.
BAILLY et Al., Encyclopédie de géographie, Paris,
Economica, 1992, pp. 15-200.
LE DROIT CRIMINEL, « res
nulius ». Article publié sur le site
https://ledroitcriminel.fr.
Consulté le 11 octobre 2020.
LE FIGARO.FR, « Colonialisme : l'Allemagne
reconnait avoir commis un génocide en Namibie », article mis
à jour le 28 mai 2021 sur le site
https://lefigaro.fr . Consulté
le 11 juin 2020.
LE FORESTIER Rémi, « LE
TABOURET DU ROI NJOYA, RU MFO ». Article publié dans
Mobilier de style le 06 novembre 2013 sur le site
https://www.classic-stores.fr.
Consulté le 11 novembre 2020.
LECLERC Cécile,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le
site
www.Slate.fr. Consulté le 15
novembre 2020.
LESQUENE Christian, « Comment penser
l'Union Européenne ? » in Les Nouvelles relations
internationales, 1998, chapitre 4, pp. 103-134.
LEWIN Kurt, « Le régime
allemand en Afrique », Publication du comité de l'Afrique
française, Paris, 1918, pp. 20-32.
LEXICO DICTIONARIES/ENGLISH,
« Manage/Definition of Manage by Oxford Dictionary on Lexico.com also
meaning of Manage ». Article consulté sur le site
https://www.wikipédia.fr.
Consulté le 23 juin 2020.
LIMA Stéphanie,
« L'émergence d'une toponymie plurielle au Mali »,
in L'espace politique (en ligne), 5/2008/2. Article mis en ligne le 18
décembre 2008 sur le site
https://journals.openÉdition.org.
Consulté le 15 mai 2020.
LION BLANC, « Le trône de
Njoya, le Sultan de Bamum ». Article publié le 23 juin 2020
sur le site
www.facebook.com. Consulté
le 23 janvier 2020.
LOOSE Hans Dieter, « Wilhelm
Jantzen de la Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker & Humboldt, Berlin
1974 ». Article publié sur le site
https://www.wikiwand.com.
Consulté le 05 juin 2021.
LOUMPET-GALITZINE Alexandra, « La
cartographie du Roi NJOYA (Royaume BamounBamun, Ouest Cameroun) »,
CFC, N°210 - Décembre 2011, pp. 180-187.
LOUMPET-GALITZINE Alexandra,
« Objets en exil ; Les temporalités parallèles du
trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) »,
Université de Yaoundé I, Actes du colloque international -
Temporalités de l'exil - Groupe de recherche -Poexil, p.5. Article
publié sur le site
https://academia.edu. Consulté
le 19 janvier 2021.
LYCÉE DOMINIQUE SAVIO,
« LyceepedagogieSavio. La Grande Guerre au Cameroun. Interview de M.
BINDJI ANANIE Rabier, Journaliste/Directeur de l'Information de la chaine
camerounaise Canal 2 International. Interviewé par : Paula Ewane,
Aude Tamokoue, Valérie Tambekou et Hugo Lecomte. Sous la supervision de
M. Mbangue Oumbuang, dramaturge ». Article publié sur le site
http://pedagogie.lyceesaviodouala.org.
Consulté le 13 avril 2021.
LYCÉE DOMINIQUE SAVIO,
« LyceepedagogieSavio. La Grande Guerre au Cameroun. Interview de M.
VALÈRE EPEE, Spécialiste de l'ethnie Duala. Interviewé
par : André Etame, Thania Ewane, Irène Otzman et Sissa
Bekombo ». Article publié sur le site
http://pedagogie.lyceesaviodouala.org.
Consulté le 1er juin 2021.
MAQUET Marcel, « Contribution à
l'étude des crucifix anciens indigènes du Bas-Congo », in
Arts et métiers indigènes dans la province de
Léopoldville, n°6, mars 1938.
MASOSO MA NYAMBE, « L'histoire du
Kaba Ngondo ». Article publié le 07 avril 2011 sur le site
https://masoso.unblog.fr et
consulté le 21 décembre 2023.
MAUSS Marcel&FAUCONNET Paul, «
La Sociologie, objet et méthode », article extrait de La
Grande Encyclopédie, 1901, p. 22. Article publié sur le site
https://www.psychanalyse.com.
Consulté le 12 mai 2021.
MAUSS Marcel, « Essai sur le
don : forme et raison de l'échange dans les sociétés
primitives », Année sociologique,
2ème série, 1923-1924. Article publié sur le
site
http://classiques.uqac.ca.
Consulté le 17 janvier 2020.
MEGOPÉ FOONDÉ Jean-Pierre,
« Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé,
Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du
2ème paragraphe de la section intitulée « Le
choix des noms », pp. 104-105. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 28 janvier 2021.
MGR VIETER, Chronique de la Mission
catholique du Cameroun, p. 4. In Salvador EYEZO'O, « Politique
coloniale, compétition missionnaire et division du territoire en zones
confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou
réalité ? » In HISTOIRE, MONDE ET CULTURES
RELIGIEUSES, 2014/3 (n° 31), pp. 133-158.
MICHELS Stefanie, « La politique de la
mémoire en Allemagne et au Cameroun » - Accès du
colloque à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005. Article
publié sur le site
https://www.lit-verlag.de.
Consulté le 10 mars 2021.
MIMCHE Honoré & ALAWADI Zelao,
« De la religion de l'autre : effervescence religieuse
et recomposition des liens socio-familiaux du Cameroun », in HARRAMI
N. & MELLITI, Visions du monde et modernité religieuse (regards
croisés), Paris, Éditions Publisud, pp. 333-344.
MONDO BLOG, « MondoChallenge :
en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme ».
Article publié sur
https://guineeverdure.mondoblog.org.
Consulté le 18 avril 2020.
MOSCONI Nicole, « Femmes et
savoir », Paris, L'Harmattan, Revue des sciences de
l'éducation, vol. 21, n°2, 1995.
MOUICHE Ibrahim, «Islam, mondialisation
et crise identitaire dans le royaume bamounBamun, Cameroun »,
Africa, 75 (3), 2005, consulté le 1er décembre 2011 sur
: telematica.politicas.unam.mx/biblioteca/archives/040105085, pp. 313-388.
MPESSA Aloys, « Le titre foncier devant
le juge administratif camerounais : les difficultés d'adaptation du
système Torrens au Cameroun », RGD 611, 2004, pp.
610-613.
MVENG Engelbert, L'Église
catholique au Cameroun 100 ans d'évangélisation. Album du
centenaire (1890-1990), Presso 24. Grafiche Dehoniane, p. 23.In Salvador
EYEZO'O, « Politique coloniale, compétition missionnaire et
division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun
(1884-1922). Légende ou réalité ? » In
HISTOIRE, MONDE ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n° 31), pp.
133-158.
NELEM Christian Bios, « Le pouvoir
traditionnel en contexte pluraliste au Cameroun : la déconstruction
des liens familiaux entre « frères » BamounBamun
à partir des clivages politiques », in Sociologies.
Article publié sur le site
http://journals.openÉdition.org/sociologie/8023.
Consulté le 16 mai 2022.
NELEM Christian Bios, « Pouvoir et
alternance politique en contexte démocratique : le cas du
Cameroun », Annales de la Faculté des Arts, Lettres et
Sciences Humaines, Université de Yaoundé I, vol. 1,
n°12, 2011, pp. 330-349.
NEOINDEPENDANCECANALBLOG, « Lock
Priso : Tous les messages sur Lock Priso - O Cameroun ! ».
Article publié sur le site
www.neoindependancecanalblog.com.
Consulté le 10 juin 2021.
NGANDO SANDJE Rodrigue, « Le
Traité germano-douala du 12 juillet 1884-Youtube » sur
www.youtube.com;
Wikipédia-Traité-germano-douala-Ngando Sandjè 2016, pp.
125-132.
NGO NLEND Nadeige, « Le
christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du
Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études
Théologiques et Religieuses, 2013/1, (Tome 88), pp. 73- 87.
NGON AULECTH Charly, « Pourquoi on
appelle les BamounBamun serpent à deux têtes ? » Article
publié 16 mai 2018 sur le site
https://www.auletch.com.
Consulté le 30 avril 2020.
NICOLAS Guy, « Crise de l'Etat et
affirmation ethnique en Afrique Noire contemporaine », Revue
Française de Science Politique, octobre 1972, p. 1017.
NIETZSCHE Friedrich, « Jenseits von
Gut und Bose », in Werke in Zwei Banden, Bl. II, éd.
Par IVO FRENZEL, Munchen, paragraphe 269, pp. 130-147.
NJELE Judith, « Le sultan Njoya et
le missionnaire Göring », I&M- Bulletin n°33,
Images et Mémoires, pp. 3-15. (Consultable en ligne sur le site
internet
www.imagesetmemoires.com).
Consulté le 26 avril 2022.
NJOYA & PEPUERE, « Histoire de
l'Église BamounBamun depuis 1905 par les missionnaires de
Bâle », récit local rapporté par
LOUMPET-GALITZINE Alexandra, Njoyaet le Royaume BamounBamun, Les
archives de la Société des Missions Évangéliques de
Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, pp. 18-19.
NJOYAJean, « États, peuples et
minorités en Afrique Sub-saharienne », 2011, 1 :3 Janus 2,
pp. 5-6.
NOUGOUM Michèle, « Le film
camerounais, The German King : une histoire africaine »
(archive), 22 juillet 2019. Article publié sur le site
https://lefilmcamerounais.com .
Consulté le 16 décembre 2021.
NSIESIE Tata, « Notes sur les
Christs et statues de l'Ancien Congo », in Brousse,
n°3, 1939. Article publié dans l'ouvrage de Balandier Georges,
Sociologie actuelle de l'Afrique noire, Quadrige/Presses Universitaires de
France, 1955, pp. 39-72.
NTONGA BOMBA Serge Vincent, « La voix du
koat », Archives Musée Royal FOUMBAN Cameroun Rétro,
sur le blog de « Roukayatou Officiel »: « C'est
Notre Histoire - L'autre Pillage du Cameroun : Vol de la Mémoire et
Guerre des Musées Européens ». Article publié le
06 février 2021 sur le site
https://www.facebook.com .
Consulté le 08 avril 2022.
NYE Joseph, « Soft Power: The means to
success in world politics. New-York » in Public Affairs,
2004.
NZAMBA NZAMBA Lionel, « La
stratégie politique », Université Mohammed V - Master
2009. Article publié sur le site
https://www.memoireonline.com.
Consulté le 16 janvier 2022.
OBADIA Maurice, « Type de
management et symbolique de la main », dans Quelle
économie voulons-nous ? Pour en finir avec le toujours plus...
(2003), Eyrolles, 2011, pp. 182-192.
OLSON James Stuart,
« Bafia », in the Peoples of Africa: An Ethnohistorical
Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1966, pp. 01-53.
OPOKU KOFI Asare, « La religion en
Afrique pendant l'époque coloniale », in Boahen A. (dir),
Histoire Générale de l'Afrique, vol. VII : L'Afrique sous
domination coloniale, 1880-1935, Paris, UNESCO/NEA, 1987, pp. 566-567.
OTYE ELOM Paul Ulrich, « La
consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un prétexte
touristique », Anthropology of food (Online), 13/2018.
Article publié sur le site
https://doi.org/10.4000/aof.8766
le 03 juillet 2018. Consulté le 18 octobre 2021.
PAPE-THOMA Birgit,
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne », article publié le 28 novembre
2007 sur le site
www.afrik.com. Consulté le 18
avril 2020.
PARE Isaac, « Les Allemands à
Foumban ». Article publié sur le site
www.vestiges-journal.info,
pp. 01-22.Consulté le 12 avril 2020.
PASSARGE Serge, « Aus siebenzig
Jahren. Eine Selbsbiographie », 1947, pp. 190-197. Article (non
publié) disponible à la bibliothèque de
l'Université de Hamburg.
PENDZEL Thomas & COULIBALY PARADIS
Juliette, « les ateliers-maîtrise d'oeuvre
urbaine-Synthèse Douala 2016 », p. 45. Article publié
sur le site
https://ateliers.org. Consulté
le 10 décembre 2021.
PETERS Carl, « Weitherzige
Kolonialpolitik », Berlin, Verlag von Hermann Walter, 1898.
PILON Patrick, « Processus de
dépossession et mise en forme de la question alimentaire
sénégalaise sous hégémonie
néolibérale », in La Faim par le marché :
aspects sénégalais de la mondialisation. Questions
contemporaines. Série Globalisation et Sciences Sociales, L'Harmattan,
2012, pp. 113-158.
POLLACK Wilhelm & MARCUS Eli & WESTHOFF
Friedrich, « King Bell oder die Münsteraner in Afrika.
Münster: Plattdeutsches Fastnachtspiel », Lit-Verlag
Munster, 1886. Article publié sur le site
https://www.wikipédia.fr.
Consulté le 23 mars 2021.
PONE Sadrack,
« Société - Vie quotidienne : Les mystères
du raphia dans la tradition Bamiléké ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr.
Consulté le 11 juin 2021.
POUNTOUGNIGNI NJUH Ludovic Boris, « Le
patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun
à l'épreuve de la frontière franco-britannique (1916-1961)
», p. 381. In Fouellefak Kana Célestine Colette & Nzesse
Ladislas,Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire,
outil de développement, L'Harmattan, pp. 263-281.
PRINCE ESSAKA ESSAKA EKWALA-ESSAKA,
« La perception des Rois Deïdo au sujet de l'administration
coloniale allemande ». Article publié sur le site
www.PeupleSawa.fr.
Consulté le 13 mars 2020.
PRINCE KUM'A NDUMBE III,
« Commémoration : Ce 12 juillet 1884 qui créa le
Cameroun (25.pdf) ». Article publié sur le site
https://.docplayer.fr.
Consulté le 11 mars 2021.
PRINCE KUM'A NDUMBE III,
« Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a Mbape
Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International », Article
publié sur le site
www.africavenir.org.
Consulté le 11 janvier 2020.
PRINCE KUM'A NDUMBE III, « Des voix
pour le souvenir », Episode 1, 10/08 /2016, Filmproduktionen
der Gerda Henkel Stiftung, La mémoire collective de l'Afrique,
Éditions AfricAvenir International.Article publié sur le
site
www.africavenir.org.
Consulté le 10 janvier 2020.
PRINCE KUM'A NDUMBE III,
« Résistance Anti-Coloniale Au Cameroun - AfricAvenir
International ». Article publié sur le site
www.africavenir.org.
Consulté le 25 mars 2020.
PRINCE NGANDO EBONGUE AKWA,
« Succession des ROIS et CHEFS SUPÉRIEURS AKWA »,
mai 2014. Article publié sur le site
www.Deïdobonebela.blog4ever.com.
Consulté le 03 avril 2021.
PROUZET Michel, « Le statut
juridique des chefferies traditionnelles au Ghana », Revue
française d'études politiques africaines, vol. 11, 1976, pp.
80-88.
PURTSCHERT Patricia, « Looking for
Traces of Hybridity: Basel Mission Reports and Queen Mother:
Philosophical remarks on the interpretation of a political
deed »,Journal of Literary Studies, 2002, pp. 284-294.
REGARD - Bibliothèque Chrétienne
Online, « ALFRED SAKER - 01 ». Article
publié en 2013 sur le site
http://www.regard.eu.org/Livres.7/Alfred.Saker
et consulté le 21 décembre 2023.
RICH Anthony, « Dictionnaire des
antiquités romaines et grecques », 1883,
3ème éd. Article disponible sur le site
www.mediterranees.net.
Consulté le 18 mars 2021.
RIVIÈRE Claude, « DOMINATION
», Encyclopædia Universalis [en ligne]. Article
publié sur le site
http://www.universalis.fr/encyclopédie/domination/.
Consulté le 15 janvier 2022.
ROBINSON Ronald, « Non-European
foundations of European imperialism. Sketch for a theory of
collaboration », in Studies in the theory of imperialism,
Ed. Roger Owen/ Bob Sutcliffe, 1972, pp. 110 - 118.
ROHRBACH Paul, « Wie machen wir
unsere Kolonie Rentabel? Grundzuge eines Wirtschaftsprogramme fur
Deutschlands afrikanischen Kolonialbesitz», Halle, Gebauer-Schwetschke
Druckerei, 1907, pp. 100-126.
RUGER Adolf, « Le Mouvement de
Résistance de Rudolf Manga Bell au Cameroun », in
Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne de la Colonisation
à la Coopération (1884-1896) : Le Cas du Cameroun,
Yaoundé, Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 148-149.
SAH Léonard,
« Activités allemandes et germanophilie au
Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire
d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133.
SALMON Jean, « Sécurité et
mouvement dans le droit des traités » dans
Réalités du droit international contemporain, Reims,
Centre d'Études des Relations Internationales, 1974, pp. 101-103.
Salvador EYEZO'O, « Politique
coloniale , compétition missionnaire et division du territoire en zones
confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou
réalité ? » In HISTOIRE, MONDE ET CULTURES
RELIGIEUSES, 2014/3 (n° 31), pp. 133-158.
SCHMITT Alfred, « Die Bamum
Schrift », in Evangelischer Heidenbote, LXXXème
année, N° 11, S&M - Bulletin n°3314, Fumban, 1907, p. 84.
Article publié sur le site Consulté le 17 juin 2020.
SCHWARZ Bernhard, « Kamerun
(1888) », p. 88, DKL, Tome II, pp. 690-693.
SEGARRA i Arnau Pilar,
« L'hybridité identitaire dans une littérature
émergente : l'écriture du « moi »
hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine
maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016. Article mis
en ligne le 01 juillet 2016 sur le site
http://journals.openÉdition.org/babel/4540.Consulté
le 19 septembre 2021.
STOECKER Helmut, « Drang nach
Afrika », Berlin, Akademie Verlag, 1977.
STOECKER Helmut, « Kamerun unter
deutscher Kolonialherrschaft I & II », Berlin, Rutten &
Loening, 1960, pp. 61-68.
SULTAN NJOYA Ibrahim, « Histoire et
coutumes des BamounBamun », Mémoires de l'IFAN,
série : Population N°5, 1952.
TARDITS Claude, « Histoire
singulière de l'art bamoum (Cameroun) », Paris,
Afredit-Maisonneuve & Larose, bibl., ill., cartes. Michèle
Coquet. Revue française d'Anthropologie. Éditions EHESS,
2004.
TARDITS Claude, « Réflexions
sur le sacrifice dans la religion traditionnelle des BamounBamun
(Cameroun) », Systèmes de pensée en Afrique
noire (En Línea), 4/1979. Article publié le 04 juin 2013 sur
le site
http://journals.openÉdition.org/span/435.
Consulté le 17 février 2020.
TCHAWA Paul, « Approche des
dynamiques territoriales des Hautes Terres de l'Ouest par le modèle de
la formation spatiale », in Annales de la faculté des
Arts, Lettres et Sciences Humaines, Volume 6, nouvelle série, 2007,
Premier semestre, pp. 159-188.
TCHOUTA Paul, « VOICI LE NOUVEAU
ROI AKWA » sur la page « Le TGV de l'info »,
article publié sur le site
www.facebook.com le 16 mars 2022.
Consulté le 22 mars 2022.
TILLY Charles, « La guerre et la
construction de l'Etat en tant que crime organisé » in
Politix, vol. 13, n° 49, pp. 97-111.
TRIGEAUD Jean-Marc, « Convention »,
1990, Archives de philosophie du droit, 13, pp. 10-14.
TROPER Michel, « La notion de peuple et
les catégories classiques du droit international », Paris,
Publications du CERI (Centre de recherches internationales), 1974, pp.
120- 137.
TSAPI Robert, « Figures :
Rudolph Duala Manga Bell, la résistance à
l'impérialisme », O.N.G., « UN MONDE
AVENIR », article publié le 12 décembre 2019 sur le
site
https://unmondeavenir.fr.
Consulté le 16 mars 2020.
TSAPI Robert, « Réflexions
journalistiques sur la société camerounaise » -
Figure : Nchare Yen, fondateur du royaume BamounBamun », 14
octobre 2021. Article disponible sur le site
www.rolandtsapi.com.
Consulté le 18 juin 2020.
TSENNGKAR Faay, cité par FANSO
Verkijika & CHILVER Edwin Mellen, « Nso and the
Germans », pp. 109-118.
VAN BINSBERGEN Wim, « Les chefs
royaux Nkoya et l'association culturelle Kazanga en Zambie. Résistance,
déclin ou folklorisation de la fonction du chef
traditionnel ? », In Claude-Hélène PERROT &
François-Xavier. FAUVELLE-AYMAR (éd.), Le retour des rois.
Les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine,
Paris, Karthala, 2003, pp. 489-510.
VAN SLAGEREN Jaap, « Les origines
de l'Église évangélique du Cameroun. Missions et
christianisme autochtone », In Revue française d'histoire
d'outre-mer, 1978, pp. 150-160.
VOLANT Éric, « Manjaku (Le
pays de) - le culte des ancêtres ». Article publié le
1er novembre 1930 et modifié le 29 juin 2012.
Encyclopédie sur la mort. La mort et la mort volontaire à travers
les pays et les âges, « Decite.fr »,
http://agora.qc.ca/thematiques.fr.
Sources : « La religion et les croyances du peuple
Manjaku »,
http://www.kandeer-manjaku.com/pages/croyances.htm.
Consulté le 15 mai 2020.
VON GRAEVE Detlev, « Les Douala ont
façonné l'histoire du Cameroun » - Article en version
française. 21 avril-juin 2020, version allemande. Traduction de l'auteur
le 2 juin 2020. Article publié sur le site
http://detlev.von.graeve.org.Consulté
le 11 février 2021.
VON JOEDEN-FORGEY Elisa, « Mpundu
Akwa: the case of the Prince from Cameroon-the newly discovered speech for the
defense » by Dr M Levi., LIT Verlag Münster,
Geschichte, Bd.44, 2002.
WIRZ Albert, « La
« Rivière de Cameroun » : commerce
pré-colonial et contrôle du pouvoir en société
lignagère », Revue française d'histoire
d'outre-mer, Année 1973/219, pp. 172-195.Consulté le 08
juillet 2021.
ZMARZLIK Hans-Günter,
« Sozaildarwinismus und Menschenwurde, ein zeitgeschichtliches
Problem », in Freiburger Dies Universitas, Bd 10 (1962/63),
p. 64.
2. THÈSES ETMÉMOIRES
· THÈSES
BERGMANN Gisèle, Quand la chair
s'y met ou quand la chair actualise le corps. Approche
phénoménologique de la rencontre entre civilisés et
non-civilisés dans la littérature coloniale de 1870 à
1914, Thèse pour le Doctorat en Linguistique, Université de
Beyrouth, 2000.
BOKAGNE Édouard, Christianisme et
croyances africaines, processus d'un antagonisme historique, Thèse
de Doctorat en Histoire, Université de Yaoundé I, 2010.
BOUNANG MFOUNGUE Cornélia, Le
mariage africain, entre tradition et modernité. Étude
socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise,
Thèse de Doctorat en Sociologie de l'Université
Paul-Valéry - Montpellier III, École Doctorale n°60
« Territoires, Temps, Sociétés et
Développement »,mai 2012.
CHATAP EKINDI Odile Chantal, Changements
et Ruptures dans le Mungo de 1911 à 1950, Thèse de Doctorat
d'Histoire, Université de Provence, 1992.
ELELAGHE Jean-Pierre, De
l' « aliénation » à l'
« authenticité » ?... Problématique
missionnaire et affrontements culturels au Gabon : l'exemple des
Fang, Thèse de 3ème Cycle en Théologie
catholique, Strasbourg, 1977.
ELOUNDOU Eugène Désiré,
Contribution des populations du Sud Cameroun à
l'hégémonie allemande (1884-1916), Thèse de Doctorat
De 3ème Cycle en Histoire, Université de
Yaoundé I, 1996.
EMOG Paul-Valentin, Les pays Banen et
Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation. Essai
d'étude historique, Thèse de Doctorat De
3ème Cycle en Histoire, Université de Yaoundé,
1987/1988.
ESSOMBA Pierre, Voies de communication et
espaces culturels au Cameroun sous domination allemande (1884-1916),
Thèse de Doctorat d'Etat en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2004/2005.
GHOMSI Emmanuel & PERSON
Yves, Les Bamiléké du Cameroun. Essai
d'étude historique des origines à 1920, Thèse de
Doctorat De 3ème Cycle en Histoire, Université de
Paris, 1972.
GOMSU Joseph, Colonisation et
Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels du Sud-Cameroun Pendant la
Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse de Doctorat
De 3ème Cycle en Histoire, Université de Metz,
Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken, Avril
1982.
KANGA Victor Jean-Claude, Le droit
coutumier Bamiléké au contact des droits européens.
Thèse de Doctorat en Droit, Faculté de droit, Université
de Paris, 1957.
KANGUELIEU TCHOUAKE Mesmin, La
région du Mungo sous régime français (1916-1960), essor
économique et social, Thèse de Doctorat De
3ème Cycle en Histoire, Université de Yaoundé,
1990.
KIMBA Idrissa, Guerres et
sociétés : les populations du Niger occidental au
XIXème et leurs réactions face à la colonisation,
1896-1906, Paris 7, Thèse de Doctorat De 3ème
Cycle en Histoire, Connaissance du Tiers-Monde, 1979.
MAMBI TUNGA Héritier, Pouvoir
traditionnel et pouvoir d'Etat en RDC : Esquisse d'une théorie
d'hybridation des pouvoirs politiques, Kinshasa, UNIKIN, Thèse de
Doctorat en Sciences Politiques, 2010.
NAMUHURO BAKURUMPAGI Victoria,
Déconstruction du mythe du nègre dans le roman francophone
noir, de Paul Hazoumé à Sony Lahou Tansi, Thèse de
Doctoraten Littérature francophone présentée et soutenue
le 14 mars 2007.
NDAMI Claude, Agricultures familiales et
dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du XIXème siècle aux
indépendances, Thèse de Doctorat en Histoire,
Université Sorbonne Paris Cité, 2018.
NJELE Judith, Les débuts du
christianisme et son évolution en pays bamounBamun au Cameroun : du
début du XXème siècle à 1960, Paris,
Thèse de Doctorat en Histoire, Université Paris Sorbonne,
2005.
NKOUM-ME NTSENY Louis-Marie, La
dualité culturelle dans la politique étrangère : une
étude comparée entre le Cameroun et le Canada, Thèse
de Doctorat en Relations Internationales, Université de Yaoundé
II-SOA-IRIC, 1997-1998.
SENE Amsata, Les structures
anthropologiques de l'imaginaire en Afrique Noire traditionnelle ou vers une
archétypologie des concepts de pratiques rituelles et de
représentations sociales, Thèse de Doctorat De
3ème Cycle en Sociologie, Université Pierre
Mendès France, UFR Sciences de l'Homme et de la Société,
Département de Sociologie, Centre de Sociologie des
Représentations et des Pratiques Culturelles, GDR Opus CNRS, 2004.
TCHINDA KENFO Joseph, Colonisation,
Quêtes Identitaires, Pratiques Élitistes et Dynamiques
Sociopolitiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIXe-XXe
siècle, Thèse pour le Doctorat en Histoire, DEA en Histoire,
Option : Histoire des Relations Internationales, 2016.
TEMGOUA Albert Pascal, Les
résistances à la pénétration allemande au Cameroun
(1884-1916), Thèse de Doctorat en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2005.
· MÉMOIRES
AMOUGOU Gérald Martial,
« L'utilité d'une coopération technique au Sud du
Sahara : Cas de la relation Cameroun-UNESCO », Mémoire de
DEA en Science Politique, Université de Yaoundé II-Soa, 2009.
BALLA ONDOULA, « La chefferie
traditionnelle face à l'émancipation politique du
Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Histoire, CHEOM,
1958-1959.
DONLEFACK Martin, « Islamisation et
mutations des peuples de la Menoua : de 1850 à 2005 »,
Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Dschang,
2009.
ETONDE Patricia, « Les chefferies
traditionnelles entre tradition et modernité : Le Cas du Royaume
BamounBamun », Mémoire de Maîtrise en Sciences
Politiques, 2014-2015.
FOMBA TALA Joris Joël, « Lutte
contre le terrorisme et droits de l'homme en Afrique »,
Mémoire de Maîtrise en Relations Internationales,
Université de Yaoundé II-SOA, 2013 - 2014.
MOUBEKE A MOUSSI Philémon,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de
Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.
MOUICHE Ibrahim, « Le pouvoir
traditionnel dans la vie politique moderne », Mémoire de
Maîtrise en Science Politique, Yaoundé, FDSE, 1988.
N'KAMGANG Robert, « Les chefferies
traditionnelles dans l'organisation administrative du Cameroun »,
Mémoire de Maîtrise en Science Politique, CHEOM, 1960.
NGANGA Louis Praxitèle,
« Les croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme
(1880-1960) », Mémoire de Maîtrise en Histoire,
Université Marien Ngouabi de Brazzaville, 2013.
NGUIMZANG Joël Albert,
« Foreke- Dschang : impact des interventions allemandes et
britanniques sur les institutions traditionnelles, 1900-1920 »,
Mémoire de Diplôme d'Études Approfondies en Histoire,
Université de Yaoundé I, 1978.
TAGNE KOMMEGNE Sandrine Carole,
« L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation
de l'Etat au Cameroun (1884-1914) », Mémoire de Diplôme
d'Études Approfondies en Science Politique, 2006, Université de
Yaoundé II-Soa, Cameroun.
ZOURMBA Ousmanou, « La conservation
et la valorisation des vestiges du protectorat allemand dans la ville de Douala
(Cameroun) », Mémoire de Maîtrise en Techniques,
Patrimoine, Territoires de l'industrie : Histoire, Valorisation,
Didactique, Erasmus Mundus, 2016/2017.
3. JOURNAUX ET MAGAZINES
- Cameroon Tribune, N° 9225-54-24 du jeudi 13 novembre
2008.
- Cameroon Tribune, N°9580/5781.
- Journal Actu Cameroun en ligne du 07 avril 2019.
- Journal Cameroun Info (en ligne).
- Journal Der Spiegel Online, Courrier international,
N° 1505, ý5 septembre 2019.
- Journal RFI en ligne du 1er avril 2019.
- Magazine Biennal d'informations générales sur
le peuple BamounBamun, « Nguon Mag », Édition,
décembre 2012.
- Revue Mulee Ngea :Compte-rendu de la conférence
générale tenue à Buéa du 28 au 29 mars 1936.
4. TEXTES, DECRETS, LOIS
- « Die ersten Hochzeiten in Bamum », in
H.B., 1912, p. 28. 3 Anna WUHRMANN, Frauenlos in Bamum », in E.M.M.,
1916, p. 364 f.
- A.N.Y., 1 AC 107 (2), Rapport sur les activités
antifrançaises des Douala, 1934. Gouverneur Bonnecarrère au
ministre des Colonies, rapport n° 9, (Intrigues antifrançaises), 3
févr. 1934.
- A.N.Y., APA 10124/C, Menace de mort contre Gouverneur
Général, espionnage, surveillance, Douala, 1939-1940.
- A.N.Y., APA 11224/F, Organisation militaire du Cameroun
britannique, s.d.
- A.N.Y., APA 11225/A, Menées antifrançaises,
doc. Cit. communication et correspondance adressées au
département, 1933-1937. Gouverneur BONNECARRERE au Ministre des
Colonies, n°120, Intrigues antifrançaises, 15 décembre
1933.
- A.N.Y., APA 11229/D, Manifestations anti-françaises
d'indigènes, juill. 1940, Police et santé, 441.
- A.N.Y., APA 11229/D, Manifestations anti-françaises
n°85, 10 oct. 1935.
- Abhandlungen des Hamburgischen Kolonialinstitut, C.
Atangana, « Jaunde-Texte », Band 24, Hamburg, 1919.
- Abtretung Urkunde Bell-Aqua, 12-7-1884 DZA - Potsdam 4447,
f. sq.
- Abtretung Urkunde Dido, 11-7-1884 DZA - Potsdam 4202, f.
9009.
- Abtretung Urkunde N'doo and Bacundu, 5.11.84, DZA - Potsdam
4204, f.192.
- ADD, APA, bulletin de notes n°179, Dschang, le 20
octobre 1951.
- ADD, APA, bulletin de notes n°179, Dschang, le 25
novembre 1952.
- ADD, APA, bulletin de notes, « Personnel
indigène de Dschang », Dschang, 1934.
- Amtsblatt fur das Schutzgebiet Kamerun 1908.
- ANC, FA 1/ 37, F. 107-108, cette lettre comme toutes les
autres fut saisie et traduite.
- ANC, FA 1/ 37, F. 121-123. Lettre du gouverneur au
chancelier du 11.4.1889.
- ANC, FA 1/ 37, F. 141-144.
- ANC, FA 1/ 37, F. 142.
- ANC, FA 1/ 37, F. 144.
- ANC, FA 1/ 37, F. 152-153, Procès-verbal du
19.1.1890.
- ANC, FA 1/ 37, F. 180-182.
- ANC, FA 1/ 37, F. 62-64, Traduction d'une lettre d'Alfred
BELL (Bremerhaven) à NDUMBE EYUNDI (Akwa) du 26.9.1888.
- ANC, FA 1/ 37, F. 65-66. Lettre du gouverneur au chancelier
du 7.11. 1888.
- ANC, FA 1/ 37, F. 88-91.
- ANC, FA 1/ 37, F.88.
- ANC, FA 1/ 93, (extrait) de Reichstagsverhandlungen, 1905 /
1906.
- ANC, FA 1/37, F. 103-104.
- ANC, FA 1/37, F. 107-108.
- ANC, FA 1/37, F. 157.
- ANC, FA 1/37, F. 158-159.
- ANC, FA 1/37, F. 165-166.
- ANC, FA 1/37, F. 210-218.
- ANC, FA 1/37, F. 78, F. 94.
- ANC, FA 1/37, F.22-226.
- ANC, FA 1/37, F.67.
- ANC, FA 1/37, F.77.
- ANC, FA 1/37, F.78.
- ANC, FA 1/37, F.79.
- ANC, FA 1/37, F.88-91.
- ANC, FA 1/37, F.94.
- ANC, FA 1/93, Petition der Akwa-Hauptlinge.
- ANC, FA 1-37, F. 62-64. Lettre d'Alfred BELL à NDUMBE
EYUNDI du 26 septembre 1888.
- ANC, FA 1-37, F. 68-71.
- ANC, FA 4/ 254, Untersuchung gegen Mpundo-Akiwa, F.
11-12.
- ANY FA 1/37, f. 4.
- ANY, FA 1/, f.2-7.
- ANY, FA 1/110.
- ANY, FA 1/37, F. 2-7.
- ANY, FA 1/37, f.4.
- ANY, FA 1/73, f.76.
- ANY, FA 1/73, ff.77.
- ANY, FA 1/73, ff.78.
- ANY, FA 1/74, f.8.
- ANY, FA 1/83, f.82. M. Midel, Fulbe und Deutsche in Adamua
(Nord-Kamerun), 1809-1913. Auswirkungen afrikanischer und kolonialer Eroberung.
Frankfurt-am-Main, Verlag Peter Lang, 1990, p. 131.
- ANY, FA 4/ 490, f. 49.
- ANY, FA 4/478, f.32.
- ANY, TA 23, « L'organisation politique des
indigènes et leur emploi dans l'administration et la juridiction du
protectorat du Cameroun ».
- Arch. CSSp. 2 JI.6, Rapport du P.J. Douvry au Ministre des
Colonies sur sa mission au Cameroun, décembre 1916.
- Arch. DEFAP, SMEP, Lettre de J. Bianquis au Ministre des
Colonies, Paris, 15 novembre 1916.
- Archiv des Deutschen Kolonialrechts.
- Article 1 du décret royal du 05 décembre
1933.
- Bl. 145: Mitteilung der Polizeibehorde Hamburg an das
Polizeiprasidum Berlin, 25.5.1914.
- Bl. 77: Telegramm des Polizeiprasidums Berlin an Solf,
15.5.1914.
- Bl. 78: Telegramm des Polizeiprasidums Berlin an Solf,
15.5.1914.
- Bl. 81: Telegramm Solfs an den Gouverneur in Buea,
14.5.1914.
- BMA, E.2.41, 1914, N. 19, E.2.42, 1914, N. 13.
- BMA, E-2.21, « Rapport annuel de Johannes
Deibol », 1906 (en langue douala, n°107, traduction allemande,
n°106.
- BMA, E-2.30, N°53.
- BMA, E-C. 28, Quartalbericht der Missionare 1908, du
missionnaire Stahl.
- Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4202, Band 1, 1884 - 1885,
ff 34 - 39, « Hissung der deutschen Flage in
Kamerun »
- Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4202, Band 1, 1884 - 1885,
ff 34 - 39, « Hissung der deutschen Flage in
Kamerun ».
- Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4447.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr. 3353, ff.9-11.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr. 4382, ff. 49-51.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr. 4428, ff. 280-284.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr. 447.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr.3353, ff.14-15.
- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr.4227: Verwaltung von
Kamerun, Band 2, ff.122-127.
- Catalogue en ligne Bibliothèque du Defap. Côte
photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds photographique BamounBamun/
Daniel Broussous (1910/1960).
- CE 1953.
- Cf. Allgemeine Missionsgesellschaft, 1886.
- Décret du 12 janvier 1938
- Décret du 20 octobre 1908.
- Décret du 21 juillet 1932.
- Deutsche Kolonialzeitung, 11, 1885.
- Deutsche Kolonialzeitung, 1886, 175 - 176.
- Deutsches Kolonialblatt, 1899, p. 843.
- Deutsches Kolonialblatt, 1899, pp. 476 & 846.
- Deutsches Kolonialblatt, 1902; F. Maywald, Die Erobere von
Kamerun.
- DZA - Postdam ; Deutsches Zentralarchiv -
Postdam.
- EMOG, 1987-1988, 26.
- EMOG, 1988, 241.
- ÉZÉCHIEL, XLVII, 2-11.
- F.O., 84/1401, p. 81-84, 88-92, 158-163;
- FA 1/37, 180-182.
- Fonds Brutsch, boîte S, document
dactylographié, daté de 1955, p. 9.
- GENESE I, 20.
- GENESE II, 10.
- GENESE II, 24.
- GENESE, I, 20.
- GENESE, II, 10.
- Ibid, 1912-A1914, Anlagen, Aktenstuck Nr. 1576, p. 4875.
- Ibid, Bl. 171 ff.: Aufzeichnung Jojas uber den Vortrag
Ndames. Fumban an 28.4.1914.
- Ibid, Bl. 175: Aussage des Missionars Geprags in Fumban am
29.4.1914.
- Ibid, Bl. 198 f.
- Ibid, Bl. 199 f: Aussage des Hauptlings Tata bei seiner
Vernehmung am 1.5.1914 in Bagam.
- Jahresbericht der Basler Mission, 1914, p.154, cité
par J. Van Slageren, pp. 106-107.
- Jahresbericht, 1906-1907.
- JEAN, III, 5.
- JEAN, VII, 38.
- JUGEMENT DE MPONDO AKWA, Cf. ANC, FA 1/454, F. 3-5 ;
Cf. Seitz, Th : « Vom Aufstieg und Niederbuch
II ».
- Lettre de Woermann à Bismarck du 30 avril 1884.
- Loi N°7/5C du 10 décembre 1960.
- Mission 1919-1920. Service de la Circonscription de
Douala.
- Missionary Herald du 1erAoût 1873, p.
153-156.
- Missionary Herald, 1er juin 1878, p. 152 et
suiv.
- P.R.O., F.O., 84/1343, p. 104-108.
- P.R.O., F.O., 84/1377, p. 137-145, 260-264;
- P.R.O., F.O., 84/1508, p. 207-210, p.416-422.
- Pétition des chefs Duala adressée au Reichstag
le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen des Reichstages, 1914, Anlagen,
Aktenstuck, Nr. 1575, p. 3349.
- Pétition des chefs Duala adressée au Reichstag
le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen des Reichstages, 1914, Anlagen, Akten
stuck Nr. 1575, p. 3349.
- Rapport de la subdivision de Lambaréné
(1er sem. 1939).
- Rapport de présentation au Conseil
représentatif du Projet de réforme des chefferies, 1948.
- RAPPORT, « Les conquêtes et les
résistances au Cameroun », 24 décembre 2013, p.9, lire
en ligne (PDF).
- Rapports politiques du Djouah (1er sem. 1938) et
du Woleu-Ntem (1er sem. 1937).
- RKA N. 4297, B/31.
- RKA Nr. 440 Bl. 196.
- RKA, Nr. 4430, Bl. 302: Bericht des Bezirksantmanns von
Duala Wienecke, 21.7.1914.
- S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements
n°1, Activités des Allemands sous mandat britannique, 73/5, 3
septembre 1936.
- S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements
n°1, doc.cit.
- Verhandlung des Reichstags, 1912-A1914, Anlagen, Aktenstuck,
Nr. 1576.
- Verhandlung des Reichstags, Stenographische Berichte,
1913.
- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlagen,
Aktenstuck, Nr. 1576, p. 3306: Gutachten des Rigierungsartzes Prof. Dr. Ziemann
vom 25.8.1910.
- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlagen, Nr. 1582,
p. 3291, Bericht uber die Versammlung von 24. November 1912 mit dem Gouverneur
Ebermaier.
- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, p. 3305.
- Verhandlungen des Reichstags, Anlagen, 1914, 305, document
1576, p. 3292.
- Von Bismarck an den Kaiserlichen General - Konsul Herrn Dr.
Nachtigal; Druck - Sachen des Reichstages 6. Legislatur - Periode, 1- Session
1884-85 Band 1, Berlin 1885, p. 29 sq.
5. SITES ÉLECTRONIQUES
http://classiques.uqac.ca. -
« Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans
les sociétés primitives ».
http://decouverte.cameroun.free.fr.
- « Vin de palme ».
http://detlev.von.graeve.org
- « Les Douala ont façonné l'histoire du
Cameroun » - Article en version française. 21 avril-juin 2020,
version allemande. Traduction de l'auteur le 2 juin 2020.
http://heionline.org. -
« La Conférence du Congo à Berlin et la politique
coloniale des États modernes ».
http://journals.openÉdition.org/babel/4540
- « L'hybridité identitaire dans une littérature
émergente : l'écriture du « moi »
hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine
maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016.
http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289
- « Les techniques de défense des chefferies
bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe
siècle », e-Phaistos (En ligne), VI-2, 2017/2018.
http://journals.openÉdition.org/span/435
- « Réflexions sur le sacrifice dans la religion
traditionnelle des BamounBamun (Cameroun) », Systèmes de
pensée en Afrique noire (En Línea), 4/1979.
http://panodyssey.com/fr/article/fr
- « La Terre des Ancêtres ».
http://ressources.aunege.fr -
« Introduction à la gestion - Qu'est-ce-que la gestion ?
- AUNEGE ».
http://rifrancophonies.com/rfi/index.php.
- « Splendeurs et problèmes des chefs traditionnels des
territoires du centre-sud au lendemain de la Grande Guerre »,
Revue Internationale des Francophonies (En ligne), Mélanges de
juillet 2018.
http://www.196flavors.com/fr/nigeria
- « Vin de Palme ».
http://www.linternaute.fr -
« origine et signification du proverbe « Diviser pour
régner ».
http://www.royaumebamounBamun.com/fr/bnlog
- « ROYAUME BAMOUNBAMUN.COM ».
https://.docplayer.fr -
« Commémoration : Ce 12 juillet 1884 qui créa le
Cameroun (25.pdf) ».
https://actucameroun.com -
« Art : Le « Tangué » du roi Lock
Priso en passe d'être rapatrié au Cameroun ».
https://ateliers.org -
« les ateliers-maîtrise d'oeuvre urbaine-Synthèse Douala
2016 ».
https://bu.univ-lyon2.fr -
« 2.2. Les fonctions du cadeau ».
https://doi.org/10.4000/aof.8766
- « La consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un
prétexte touristique », Anthropology of food
(Online), 13/2018.
https://eduscol.education.fr.
- « AUCTORITAS. Autorité : un mot, une notion
clé ».
https://guineeverdure.mondoblog.org
- « MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre
tradition et alcoolisme ».
https://horizon.documentation.ird.fr.
- « Le choix des langues enseignées au Togo : quels
enjeux politiques ».
https://ici.radio-canada.ca.-
« Inoussa PEMPEME ».
https://inatheque.hypotheses.org.
- « Notes sur une philosophie de la politique coloniale
française ».
https://journals.openÉdition.org.
- « L'émergence d'une toponymie plurielle au
Mali ».
https://ledroitcriminel.fr -
« res nulius ».
https://lefilmcamerounais.com -
« Le film camerounais, The German King: une histoire
africaine ».
https://thedreamer.cm/ile-de-manoka
- « ILE DE MANOKA » sur la page « The
Dreamer ».
https://unmondeavenir.org -
« Figures : Rudolf Duala Manga Bell, la résistance
à l'impérialisme ».
https://wikipédia.fr -
« Alfred Schutz, philosophe des sciences sociales
autrichien ».
https://www.abebooks.fr.,
« The Cameroons District, West Africa ».
https://www.académie-lascours.fr
- « le-royaume-bamounBamun-au-cameroun/ ».
https://www.Actu.Cameroun -
« Art : « Le Tangué » du roi Lock
Priso en passe d'être rapatrié au Cameroun ».
https://www.Actu.Cameroun -
« C'est Notre Histoire - L'autre Pillage du Cameroun : Vol de la
Mémoire et Guerre des Musées Européens). Archives
Musée Royal FOUMBAN Cameroun Rétro.
https://www.Actu.Cameroun -
« Cameroun - Patrimoine historique : Le Tangué du Lock
Priso attendu ».
https://www.africaavenir.org
- « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a Mbape
Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ».
https://www.africabib.org -
« La Formation des Camerounais en Allemagne pendant la période
coloniale ».
https://www.africa-lacroix.com
- « Eau bénite : Définition, usages et
où en trouve-t-on ? ».
https://www.africavenir.org -
« Résistance Anti-Coloniale Au Cameroun - AfricAvenir
International ».
https://www.africavenir.org&
https://www.exchange-dialogue.com
- « Le contexte historique dans lequel arrive
l'évangélisation à Cameroon Towns (Douala) ».
https://www.Afrik.com -
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne ».
https://www.ALBAYANE.mhtml -
« Le Royaume BamounBamun, une monarchie au Cameroun ».
https://www.aly-barbara.com -
« Que dit vraiment le Coran ? Penser et vivre son
islamité à la lumière du Coran ».
https://www.amazon.de. -
« Werden und Wirken eines Afrikamissionars. Erlebtes und Erschautes,
Pallotiner Verlag, Limburg an der Lahn ».
https://www.archivfuehrer-kolonialzeit.de-« Photographie
prise en 1902 de Walker GOTTLOB ».
https://www.auletch.com -
« Pourquoi on appelle les BamounBamun serpent à deux
têtes ? ».
https://www.bbc.com -
« Cameroun : culte des crânes en pays
bamiléké - BBC News Afrique ».
https://www.camerlex.com -
« FOUMBAN EN BREF ».
https://www.CameroonWeb.com -
« Kumbo ».
https://www.cameroun-info.net -
« Les BamounBamun auront-ils leur province ? ».
https://www.catholique78.fr -.
« A l'origine du baptême ».
https://www.cendoc.docip.org-« Centre
De Documentation, De Recherche Et D'information Des Peuples
Autochtones ».
https://www.cendoc.docip.org
- Étude disponible.
https://www.classic-stores.fr.
- « LE TABOURET DU ROI NJOYA, RU MFO ».
https://www.courrierinternational.com
- « Rudolph Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun »,
Courrier international, N° 1505, ý5 septembre 2019.
https://www.Cours-de-droit.net
- « Le droit de rétention : définition, condition,
effets ».
https://www.delphipages.live.com
- « James Lorimer ».
https://www.douala.africavenir.international.fr
-« Stratégies de survie des populations camerounaises dans une
économie mondialisée - du secteur informel au secteur
formel-Com ».
https://www.dp_trones.pdf -
« LE TABOURET DU ROI NJOYA, RU MFO ». Article publié
dans Mobilier de style, le 06 novembre 2013.
https://www.facebook.com -
« Cameroun Rétro - Photos du passé ».
https://www.facebook.com -
« Histoire : LES SAWA - Les Rois Bell ».
https://www.facebook.com -
« Le trône de Njoya, le Sultan de Bamum ».
https://www.facebook.com -
« VOICI LE NOUVEAU ROI AKWA » sur la page « Le
TGV de l'info ».
https://www.facebook.com,
« Cameroun - Photos du passé. Foumban vers 1911.
« L'histoire de Lydia Mengwelune (1886 - 1966), la danseuse du
roi ». Tiré du blog « Regards
protestants ».
https://www.fao.org-« Organisation
des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, « Le régime
foncier et le développement rural», Rome, 2003 (ISBN 92-5-204846-4
et 978-92-5-204846-6, OCLC 53854643, présentation en ligne, lire en
ligne), chap. 3 (« Qu'est-ce-qu'un régime
foncier »). FAO, « Gouvernance foncière.
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture ».
https://www.goetheinstitut.de -
« Le fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial :
le cas du Cameroun sous domination allemande à l'ère du
gouverneur Von Soden 1885-1891 », Yaoundé, juillet 2018.
https://www.goetheinstitut.de -
« Interview de Jean-Pierre BEKOLO, réalisée par
Mérinos LIATOU ».
https://www.imagesetmemoire.com
- « Le sultan Njoya et le missionnaire Göring », I
&M - Bulletin n°33, Images et Mémoires.
https://www.jeuneafrique.com
- « Cameroun - African Queens : à la rencontre des reines
des chefferies traditionnelles ».
https://www.jstor.org. -
« Die deutsche Annexion ».
https://www.lafleurcurieuse.com
- « Le culte du crâne en Afrique et aux Antilles ».
https://www.larousse.fr -
« Définitions : foncier - Dictionnaire de français
Larousse », Éditions Larousse.
https://www.latoupie.org - «
Définition: Constructivisme ».
https://www.latoupie.org -
« Définition de pétition ».
https://www.lesdefinitions.fr -
« Définition de gestion ».
https://www.lettres.org -
« Définition : Métonymie n. f. ».
https://www.lit-verlag.de. -
« La politique de la mémoire en Allemagne et au
Cameroun ».
https://www.logs.surnateum.com
- « Articles, Histoires et Contes ».
https://www.LyceepedagogieSavio.com-« Rabier
BINDJI ANANIE : Journaliste/Directeur de l'Information de la chaise
camerounaise Canal 2 International. Interviewé par : Paula EWANE, Aude
TAMOKOUE, Valérie TAMBEKOU et Hugo LECOMTE. Sous la supervision de M.
Mbangue Oumbuang, dramaturge. Lycée Français Dominique Savio,
article publié sur le site et disponible dans la rubrique
« La Grande Guerre au Cameroun ».
https://www.marjolijndjikman.com-« DIARTGONALE,
JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012 ».
https://www.mediterranees.net -
« Dictionnaire des Antiquités romaines et grecques »
(3ème édition), 1883.
https://www.memoireonline.com -
« L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation
de l'Etat au Cameroun (1884-1914) », Yaoundé II-Soa/Cameroun -
Diplôme d'Études Approfondies en Science Politique, 2006.
https://www.memoireonline.com -
« La stratégie politique », Université
Mohammed V - Master 2009.
https://www.miscellanees.me -
« Extrait d'un entretien au magazine Paris Match », le 09
décembre 1967.
https://www.ndola-bali.asso.web.fr
- « NDOL'A BALI, « La fraternité de Bali, Tet'Ekombo
(le père de la nation) » [archive].
https://www.peuplesawa.com -
« Histoire : LES SAWA - Les Rois Bell ».
https://www.peuplesawa.com -
« MANOKA, commune du Cameroun ».
https://www.peuplesawa.com -
« Ngondo : Espoir d'une jeunesse
déracinée ».
https://www.psychanalyse.com.
- « La Sociologie, objet et méthode ».
https://www.rfi.fr - « Huile
de palme et noix de cola : les attributs du baptême Yoruba - La vie
ici ».
https://www.rolandtsapi.com -
« Réflexions journalistiques sur la société
camerounaise » - Figure : Nchare Yen, fondateur du royaume
BamounBamun », 14 octobre 2021.
https://www.rotary.org.,« Conférence
sur l'histoire du Rotary Club Hamburg Steiner (archive) ».
https://www.Twitter.com -
« Ibrahim NJOYA, le scribe du Roi BamounBamun ».
https://www.universalis.fr/encyclopedie/bapteme
- « Le symbolisme du baptême chrétien »,
Encyclopaedia Universalis (en ligne).
https://www.vestiges-journal.info
- « Les Allemands à Foumban ».
https://www.villamaasai.fr -
« Notre sélection des 10 meilleurs cocktails et alcools
africains ».
https://www.wikipédia.fr -
« Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé,
Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du
2ème paragraphe de la section intitulée « Le
choix des noms ».
https://www.wikipédia.fr -
« Lock Priso Bell, chef Sawa ».
https://www.wikipédia.fr -
« Baptême ».
https://www.wikipédia.fr -
« Canton/type de division administrative d'un pays ».
https://www.wikipédia.fr -
« Capitation (Impôt) ».
https://www.wikipédia.fr -
« Clan : ensemble de familles associées par une
parenté réelle ou fictive ».
https://www.wikipédia.fr -
« Colonisation ».
https://www.wikipédia.fr -
« Confiscation ».
https://www.wikipédia.fr -
« Constructivisme (psychologie) ».
https://www.wikipédia.fr -
« Convention d'UNIDROIT sur les biens culturels volés ou
illicitement exportés ».
https://www.wikipédia.fr -
« Diviser pour mieux régner - concept politique et
sociologique ».
https://www.wikipédia.fr -
« Domination - situation dans laquelle un être et/ou un groupe
est en position d'imposer ses idées ».
https://www.wikipédia.fr -
« Droit de rétention ».
https://www.wikipédia.fr -
« Eau bénite ».
https://www.wikipédia.fr -
« Histoire - évènements passés et leurs traces
ou publications, étudiés par diverses branches des sciences
humaines de l'histoire ».
https://www.wikipédia.fr -
« Histoire politique ».
https://www.wikipédia.fr -
« Impôt par tête (Impôt fixe avantageux pour de
riches contribuables) ».
https://www.wikipédia.fr -
« Interpol. Organisation internationale de police ».
https://www.wikipédia.fr -
« La lutte des classes - tensions dans une société
hiérarchisée et divisée en classes sociales ».
https://www.wikipédia.fr -
« Le Traité germano-douala du 12 juillet 1884 ».
https://www.wikipédia.fr -
« Realpolitik ».
https://www.wikipédia.fr -
« Société - Vie quotidienne : Les mystères
du raphia dans la tradition Bamiléké ».
https://www.wikipédia.fr -
« Vin de palme - boisson alcoolisée ».
https://www.wikipédia.fr -
« Weltpolitik ».
https://www.wikipédia.fr -
Convention D'Unidroit Sur Les Biens Culturels Volés Ou Illicitement
Exportés.
https://www.wikipédia.fr -
« Nchare Yen - Nchare Yen ».
https://www.wikipédia.org
- « Bildungsburgertum (n.d.) ».
https://www.wikiwand.com. -
« Wilhelm Jantzen de la Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker &
Humboldt, Berlin 1974 ».
https://www.WorldNewsCameroun.fr
- « Cameroun, l'histoire des Douala : L'origine des
Deïdo : « Que Martin Ebele Tobbo veuille bien corriger son
erreur » : Cameroon. - Généalogiste ; Expert
de l'histoire des Sawa - 09 juillet 2018.
https://www.youtube.com -
« Le Traité germano-douala du 12 juillet
1884-Youtube ».
https://wwww.neoindependance.canalbolg.com
- « Lock Priso : Tous les messages sur Lock Priso - O
Cameroun ! ».
TABLE
DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT
I
DÉDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS
IV
RÉSUMÉ
VI
ABSTRACT
VII
GLOSSAIRE
VIII
LISTE DES TABLEAUX
XIII
LISTE DES FIGURES
XIV
LISTE DES ANNEXES
XV
SOMMAIRE
XVI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
I. CONSTRUCTION DE L'OBJET
D'ÉTUDE
3
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET
5
B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES
10
1. Le concept d'administration
11
a) Administration coloniale
11
b) Gestion.........
12
c) Management
13
2. Le concept de pouvoirs politiques
traditionnels
14
a) Pouvoirs politiques traditionnels
14
b) La domination
19
c)
L'autorité...............................................................................................
21
3. Le concept d'histoire
politique........................................................................23
a) Histoire.................
23
b) Histoire Politique
25
c) Corrélation entre histoire et
politique
27
C. PRÉSENTATION DES POUVOIRS
POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN
28
1. Les chefferies Duala comme cas
d'analyse
29
2. Le royaume BamounBamun comme cas
d'analyse 30
D. DÉLIMITATION DU SUJET OU BORNAGE
DE L'ÉTUDE
31
1. Cadre spatio-temporel de
l'étude
31
2. Cadre matériel de
l'étude
34
E. REVUE CRITIQUE DE LA
LITTÉRATURE
35
1. La thèse des répercussions
positives de la colonisation allemande
37
2. La thèse de la
négativité de la colonisation allemande
43
F. PROBLÉMATIQUE ET
HYPOTHÈSES
52
1. Problématique
52
2. Hypothèses
53
G. INTÉRÊT DE
L'ÉTUDE
54
II. CONSIDÉRATIONS
MÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATOIRES
56
A. LES MÉTHODES D'ANALYSE
57
1. La méthode historique
57
2. La méthode comparative
59
3. Le constructivisme 62
B. LA TECHNIQUE DE COLLECTE DES
DONNÉES
64
1. Les techniques documentaires
65
2. Les techniques vivantes : les
entretiens
68
C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE
69
PREMIÈRE PARTIE :
LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET
BAMUN 71
CHAPITRE I :
LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES
TERRITOIRES BAMOUNDUALA ET BAMUN
73
SECTION I : LE PRINCIPE DE
L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMOUNDUALA
73
PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA
STRUCTURE SOCIALE........
75
A.L'ORIGINE DU PEUPLE
« DUALA »
82
1.Que signifie le mot
« Duala » ?
83
2. Quels sont les toponymes liés au mot
« Duala » ?
84
B. LES DIFFÉRENTS CANTONS DU PEUPLE
DUALA 86
1. Le canton Bell 90
2. Le canton Akwa
92
3. Le canton Deïdo
117
PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE DUALA 121
A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES
COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC
LES CHEFS DUALA 123
1. Adolf et Édouard Woermann - La maison
de commerce allemande Woermann..... 125
2.Édouard Schmidt - La maison de commerce
allemande Jantzen et Thormählen 130
B. LA SIGNATURE DE DIFFÉRENTS
TRAITÉS ENTRE LES COMMERÇANTS ALLEMANDS ET LES CHEFS DUALA
132
1.
Accord commercial du 30 janvier 1883 & Convention
de réconciliation du 29 mars
1883....................................................................................................134
2. Traités du 11 et du 12 juillet 1884
135
SECTION II : LE PRINCIPE DE
L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMUN
140
PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE
BAMOUNBAMUN........................................................
142
A.NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME
BAMOUNBAMUN...............................................143
1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune prince
Tikar............................................
143
2. La création de plusieurs dynasties :
les Bafia (Mounta), les Bansoh (Nguonso)
145
B. LES DIFFÉRENTES CONQUÊTES AYANT
CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME BAMOUNBAMUN
149
1. La conquête du village de NJImom (Victoire
sur les Pa Mbem)
150
2. La naissance du royaume BamounBamun
153
PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE
BAMOUNBAMUN.....................................
157
A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES MISSIONNAIRES
ALLEMANDS DANS L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME BAMOUNBAMUN ET
LES AUTORITÉS COLONIALES
ALLEMANDES................................................
158
1. La place prépondérante du
missionnaire Göring dans l'établissement des relations avec le Roi
Njoya......
161
2. Le christianisme face au pouvoir du Roi
Njoya.................................................
167
B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE LA
« SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS COLONIAUX
ALLEMANDS....................................................................
169
1. La pratique de la « guerre »
selon l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires
allemands transmis aux artisans
BamounBamun.................................................................................................
170
2. L'imprégnation de la culture
européenne à la production artisanale
BamounBamun...............
171
CONCLUSION DU CHAPITRE I
174
CHAPITRE II :
LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE
DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES
TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN
175
SECTION I : DYNAMIQUES ET LOGIQUES
CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA
175
PARAGRAPHE I : LA QUESTION FONCIÈRE OU
L'EXPROPRIATION DES TERRAINS
178
A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES
MISSIONNAIRES ET LES AGENTS COLONIAUX
180
1. Les dispositions de l'administration
coloniale allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la
ville de Douala
181
2. Les motifs d'opposition des chefs Duala
à l'expropriation de leurs terres : une atteinte à leurs
droits inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur
identité séculaire...
182
B. LA DÉMARCATION ENTRE QUARTIERS
« INDIGÈNES » ET QUARTIERS BLANCS.........
184
1. La création d'une zone tampon
185
2. L'expropriation ou le support d'une
théorie raciste et ségrégationniste
186
C. LES REVENDICATIONS DES CHEFS DUALA SUITE
AU NON RESPECT DES CLAUSES DES TRAITÉS GERMANO-DUALA
187
1. Les pétitions des Rois Duala
adressées au département colonial allemand
188
2. La Guerre Duala, 1884
190
PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS ENCOURUES EN CAS
DE DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA
193
A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES
194
1. La destitution du Roi Akwa Dika Mpondo
(1907)
194
2. La destitution du Prince Din Dika Akwa et
du Roi Rudolf Douala Manga Bell
198
B. LA DÉPORTATION DES CHEFS
REBELLES 200
1. La déportation du Roi Akwa
200
2. La déportation du Roi Manga
Bell
201
C. LA MISE À MORT DES CHEFS
« REBELLES » : LE CAS PARTICULIER DU CHEF RUDOLF
DOUALA MANGA BELL 202
1. Les acteurs et les lieux majeurs
202
2. Le déroulement des faits : la
condamnation et la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de Rudolf Douala
Manga Bell 208
SECTION II : DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE
COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN
211
PARAGRAPHE I : LES TRAITÉS
GERMANO-DUALA
213
A. LES CATÉGORIES DE
TRAITÉS
214
1. Lescontrats de vente, les traités
négociés et les traités de paix
215
2. Commentaires et Analyse Des
Traités Germano-Duala
219
B. LA PORTÉE JURIDIQUE DES
TRAITÉS GERMANO-DUALA
226
1. La signature du Traité du 12
juillet 1884 et la perte de la souveraineté des chefs
Duala...........
227
2. Le principe de libre consentement :
un principe difficilement acceptable au vu des appréciations
linguistiques et juridiques des chefs Duala
236
PARAGRAPHE II : LA STRATÉGIE D'AIDE
MUTUELLE ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES BAMOUNBAMUN LORS DES
GUERRES DE CONQUÊTE
245
A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES BAMOUNBAMUN
CONTRE LES NSOH
245
1. Le contexte général de la
société traditionnelle BamounBamun
246
2. Le recouvrement du crâne du Roi
Nsangu aux BamounBamun grâce à l'administration coloniale
allemande
.............................................................................................
250
B. L'AIDE DU PEUPLE BAMOUNBAMUN DANS LE
PROCESSUS DE CONQUÊTE DES PEUPLES « REBELLES » PAR
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
254
1. Le peuple BamounBamun : un peuple
guerrier et conquérant au fil des siècles
254
2. La bataille Germano-BamounBamun contre
les Nsoh
259
CONCLUSION DU CHAPITRE II
263
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
264
DEUXIÈME
PARTIE :
L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRS
POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN SUR L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
266
CHAPITRE
III :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS
DUALA
268
SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OU
SALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
269
PARAGRAPHE I :COMBIEN PERCEVAIENT LES CHEFS
DUALA ?
271
A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES CHEFS
DUALA.....................................
272
1. Les tensions entre les chefs Duala
engendrées par la concurrence économique
274
2. Le contact avec les Blancs ou un
privilège recherché par les chefs indigènes
277
B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE FINANCIER COMME
SOCLE DE DIVISION ENTRE LES CHEFS DUALA : LA PRÉÉMINENCE DU ROI
BELL
278
1. La répartition du
« Dash » comme source de tensions entre le Roi Bell et les
autres chefs Duala...............................
279
2. La problématique financière comme
manifestation des rivalités « féroces » entre
les chefs Duala......
283
PARAGRAPHE II :QUELLE MONNAIE ÉTAIT LE
PLUS SOUVENT UTILISÉE ?
285
A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE MONNAIE
287
1. L'utilisation du Kroo dans les échanges
commerciaux de l'hinterland
289
2. L'introduction de l'impôt par capitation
291
B. L'UTILISATION DE LA MONNAIE OCCIDENTALE OU LA
MODIFICATION DES US ET COUTUMES DE LA SOCIÉTÉ DUALA
297
1. Interprétation de la situation
commerciale du Protectorat allemand au Cameroun
298
2. L'utilisation du nouveau système
monétaire ou l'éclosion de nouveaux rapports sociaux au sein de
la société « indigène »
300
SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS
BELL, AKWA ET DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE
304
PARAGRAPHE I :LES RELATIONS CONFLICTUELLES
ENTRE LES CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
306
A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL AVEC
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
307
1. La scission entre « BELL »
et « BELLÈ »
310
2. Les Rois BELL et l'administration coloniale
allemande
312
B. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE AKWA AVEC
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
314
1. La structuration du clan Akwa
316
2. Le clan Akwa et les manifestations de son
mécontentement face aux autorités coloniales allemandes
317
C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE DEÏDO AVEC L'ADMINISTRATION
COLONIALE
ALLEMANDE..........................................................................318
1.L'historique du clan Deïdo
.........................................................................
320
2.Les liens entre le clan Deïdo et
l'administration coloniale allemande.......................
321
PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA
PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA........
323
A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA
325
1. La perception de la chefferie Bell au sujet de
l'administration coloniale
allemande..........................................................................................................
327
2. La perception de la chefferie Akwa au sujet de
l'administration coloniale allemande
335
3.La perception des Rois Deïdo au sujet de
l'administration coloniale allemande...........
340
B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS
DUALA....................................................
343
1. La pertinence de la perception des chefs Duala
vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le flou
juridique liée à la question foncière du traité de
1884
345
2. La pertinence de la perception des chefs Duala
au sujet de l'administration coloniale allemande : les termes de
l'expropriation du plateau Joss
349
3.La pertinence de la perception des chefs Duala au
sujet de l'administration coloniale allemande : Le Leadership de
Rudolf Douala Manga Bell dans le Processus de Résistance Anti-Coloniale
...........................................................................................
354
CONCLUSION DU CHAPITRE III
361
CHAPITRE IV :L'ADAPTATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE
BAMOUNBAMUN ............
362
SECTION I :LES ACTES REBELLES DU
SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE...................................
362
PARAGRAPHE I :LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE
AUX PRATIQUES RELIGIEUSES
CHRÉTIENNES..................................................................
364
A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES
ÉPOUSES..................
365
1. La polygamie ou le socle d'un statut
privilégié dans la société BamounBamun
366
2. L'adaptation des missionnaires face à la
polygamie
373
B. LE ROI NJOYA VOULAIT BAPTISER LUI-MÊME SES
SUJETS
379
1. La signification du baptême............
381
2. La modification des habitudes sociales en pays
BamounBamun dûe à l'adoption des rites chrétiens..........
385
C. LE ROI NJOYA VOULAIT AJOUTER DU VIN DE PALME À L'EAU
BÉNITE.......386
1.Origine et symbolique du vin de
palme............................................................388
2. Pourquoi le Roi Njoya voulait ajouter du vin de palme à
l'eau bénite ?.............................392
PARAGRAPHE II :LES RELATIONS AMBIVALENTES ENTRE LE
ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE
GÖRING........................................................................
397
A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET LE
MISSIONNAIRE GÖRING
398
1. Le portrait du missionnaire Göring :
un pasteur au service de la mission de Bâle
398
2. La mission de Bâle en pays BamounBamun :
l'accueil favorable du Roi Njoya
400
B. LES DIVERGENCES ENTRE LES DEUX HOMMES AU SUJET
DE LA PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE 402
1. Le Roi Njoya, gardien des
traditions..............................................................
405
2. Le Roi Njoya ou l'existence de Dieu dans la
culture BamounBamun..................................409
SECTION II :LA PERCEPTION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI
NJOYA.........................................................414
PARAGRAPHE I :LES MARQUES DE CONFIANCE
ADRESSÉES PAR LE ROI NJOYA À L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE....................................
415
A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES AGENTS
COLONIAUX ALLEMANDS ET LE ROI
NJOYA.....................................................................................417
1. Le trône du souverain
Njoya.......................................................................
420
2. Réappropriation
424
B. LA VALORISATION DE LA PERSONNALITÉ DU ROI
NJOYA PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE.......................................
426
1. Njoya, un monarque
novateur.....................................................................
428
2. La personnalité du Roi NJOYA : un
atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir
traditionnel local et l'administration coloniale
allemande...........................
429
C. LE SOUTIEN INEXISTANT DES AUTRES CHEFS LOCAUX A L'EGARD DE LA
LUTTE DE RUDOLF DOUALA MANGA
BELL................................................432
1. L'envoyé de Rudolf Douala Manga Bell au Roi Njoya :
Ndame..............................432
2. Un "soupçon" de trahison enterré
?......................................................................................434
PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA
PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI
NJOYA............
437
A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE EST-ELLE
FONDÉE ?......................................................................................................
438
1. La politique linguistique comme outil d'appui
à l'impérialisme allemand au
Cameroun.............................................................................................
439
2. Le musellement du Roi Njoya et de la langue
« Shumom
440
B. SI OUI, POURQUOI ?
442
1. Le Roi Njoya, un fin stratège
politique............................................................
444
2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de
l'infériorité du Noir
450
CONCLUSION DU CHAPITRE IV
463
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
464
CONCLUSION GÉNÉRALE
465
ANNEXES
471
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
529
TABLE DES MATIÈRES
585
AVERTISSEMENT I
DÉDICACE II
REMERCIEMENTS III
SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS
IV
RÉSUMÉ VI
ABSTRACT VII
GLOSSAIRE VIII
LISTE DES TABLEAUX XIII
LISTE DES FIGURES XIV
LISTE DES ANNEXES XV
SOMMAIRE XVI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE 3
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET 5
B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES 10
1. Le concept d'administration 11
a) Administration coloniale 11
b) Gestion 12
c) Management 13
2. Le concept de pouvoirs politiques traditionnels 14
a) Pouvoirs politiques traditionnels 14
b) La domination 19
c) L'autorité 21
a) Histoire 2423
b) Histoire Politique 25
c) Corrélation entre histoire et politique 2827
C. PRÉSENTATION DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS
DUALA ET BAMOUN 28
1. Les chefferies Duala comme cas d'analyse 2928
2. Le royaume Bamoun comme cas d'analyse 3029
D. DÉLIMITATION DU SUJET OU BORNAGE DE L'ÉTUDE
31
1. Cadre spatio-temporel de l'étude 31
2. Cadre matériel de l'étude 3433
E. REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 3534
1. La thèse des répercussions positives de la
colonisation allemande 3736
2. La thèse de la négativité de la
colonisation allemande 42
F. PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES 50
1. ProblématiqueROBLÉMATIQUE 50
2. Hypothèses 51
G. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 5352
II. CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES ET
OPÉRATOIRES 5554
A. LES MÉTHODES D'ANALYSE 5655
1. La méthode historique 5655
2. La méthode comparative 5756
3. Le constructivisme 6059
B. LA TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNÉES 61
1. Les techniques documentaires 6362
2. Les techniques vivantes : les entretiens 6665
C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE 6766
PREMIÈRE PARTIE :LA DOMINATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS
BAMOUN ET DOUALA 6968
CHAPITRE I :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES
TERRITOIRES BAMOUN ET DUALA 70
SECTION I :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE
TERRITOIRE BAMOUN 70
PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE BAMOUN 72
A. NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME BAMOUN 72
1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune prince Tikar 7473
2. La création de plusieurs dynasties : les Bafia
(Mounta), les Bansoh (Nguonso)
...........................................................................................7574
B. LES DIFFÉRENTES CONQUÊTES AYANT
CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME BAMOUN 79
1. La conquête du village de Njimom (Victoire sur les Pa
Mbem) 79
2. La naissance du royaume Bamoun 82
PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION
COLONIALEALLEMANDE ET LE PEUPLE BAMOUN 8887
A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES MISSIONNAIRES ALLEMANDS DANS
L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME BAMOUN ET LES
AUTORITÉS COLONIALES ALLEMANDES 8988
1. La place prépondérante du missionnaire
Göring dans l'établissement des relations avec le Roi Njoya 91
2. Le christianisme face au pouvoir du Roi Njoya 9897
B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE LA
« SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS COLONIAUX
ALLEMANDS 10099
1. La pratique de la « guerre » selon
l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires
allemands transmis aux artisans Bamoun 10099
2. L'imprégnation de la culture européenne
à la production artisanale Bamoun............. 101
SECTION II :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET
L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE
TERRITOIRE DUALA 103
PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE
SOCIALE 104
A. L'ORIGINE DU PEUPLE « DUALA » 107106
1. Que signifie le mot « Duala » ?
108107
2. Quels sont les toponymes liés au mot
« Duala » ? 109108
B. LES DIFFÉRENTS CANTONS DU PEUPLE DUALA 112110
1. Le canton Bell 115114
2. Le canton Akwa 118117
3. Le canton Deïdo 143141
PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE DUALA 147145
A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES COMMERÇANTS ET
NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC LES CHEFS DUALA
149147
1. Adolf et Édouard Woermann - La maison de commerce
allemande Woermann 151149
2. Édouard Schmidt - La maison de commerce allemande
Jantzen et Thormählen............ 156154
B. LA SIGNATURE DE DIFFÉRENTS TRAITÉS ENTRE LES
COMMERÇANTS ALLEMANDS ET LES CHEFS DUALA 158156
1. Accord commercial du 30 janvier 1883 & Convention de
réconciliation du 29 mars 1883 160158
2. Traités du 11 et du 12 juillet 1884 161159
CONCLUSION DU CHAPITRE I 167165
CHAPITRE II :LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES
DE DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS
POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUN ET DUALA 168166
SECTION I :DYNAMIQUES ET LOGIQUES
CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA 169166
PARAGRAPHE I :LA QUESTION FONCIÈRE OU
L'EXPROPRIATION DES TERRAINS 172169
A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES MISSIONNAIRES ET LES
AGENTS COLONIAUX 174171
1. Les dispositions de l'administration coloniale
allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la ville de
Douala 174172
2. Les motifs d'opposition des chefs Duala à
l'expropriation de leurs terres : une atteinte à leurs droits
inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur
identité séculaire... 176173
B. LA DÉMARCATION ENTRE QUARTIERS
« INDIGÈNES » ET QUARTIERS BLANCS 178175
1. La création d'une zone tampon 178176
2.L'expropriation ou le support d'une théorie raciste
et ségrégationniste 179177
C. LES REVENDICATIONS DES CHEFS DUALA SUITE AU NON RESPECT
DES CLAUSES DES TRAITÉS GERMANO-DUALA 181178
1. Les pétitions des Rois Duala adressées au
département colonial allemand 182179
2. La Guerre Duala, 1884 184181
PARAGRAPHE II :LES SANCTIONS ENCOURUES EN CAS DE
DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA 186184
A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES 188185
1. La destitution du Roi Akwa Dika Mpondo (1907) 188185
2. La destitution du Prince Din Dika Akwa et du Roi Rudolf
Douala Manga Bell 192189
B. LA DÉPORTATION DES CHEFS REBELLES 193191
1. La déportation du Roi Akwa 194191
2. La déportation du Roi Manga Bell 195192
C. LA MISE À MORT DES CHEFS
« REBELLES » : LE CAS PARTICULIER DU CHEF RUDOLF
DOUALA MANGA BELL 196193
1. Les acteurs et les lieux majeurs 196193
2. Le déroulement des faits : la condamnation et
la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de Rudolf Douala Manga Bell 199
SECTION II :DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE
COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUN
204
PARAGRAPHE I :LES TRAITÉS GERMANO-DUALA 205
A. LES CATÉGORIES DE TRAITÉS 209206
1. Les contrats de vente, les traités
négociés et les traités de paix 211208
2. Commentaires et Analyse Des Traités Germano-Duala
215212
B. LA PORTÉE JURIDIQUE DES TRAITÉS
GERMANO-DUALA.... 222219
1. La signature du Traité du 12 juillet 1884 et la
perte de la souveraineté des chefs Duala 223220
2. Le principe de libre consentement : un principe
difficilement acceptable au vu des appréciations linguistiques et
juridiques des chefs Duala 232229
PARAGRAPHE II :LA STRATÉGIE D'AIDE MUTUELLE ENTRE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES BAMOUN LORS DES GUERRES DE
CONQUÊTE 240237
A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES BAMOUN CONTRE LES NSOH
241238
1. Le Contexte général de la
société traditionnelle Bamoun 241238
2. Le recouvrement du crâne du Roi Nsangou aux Bamoun
grâce à l'administration coloniale allemande 246242
B. L'AIDE DU PEUPLE BAMOUN DANS LE PROCESSUS DE CONQUÊTE
DES PEUPLES « REBELLES » PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE
ALLEMANDE 249246
1. Le peuple Bamoun : un peuple guerrier et
conquérant au fil des siècles 250247
2. La bataille Germano-Bamoun contre les Nsoh 255252
CONCLUSION DU CHAPITRE II 259256
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
260257
DEUXIÈME PARTIE :L'INFLUENCE RELATIVE
DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUN ET DUALA SUR L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE 262259
CHAPITRE III :L'ADAPTATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE
BAMOUN 264261
SECTION I : LES ACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA
VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 265261
PARAGRAPHE I : LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX
PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES 266263
A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES ÉPOUSES
267264
1. La polygamie ou le socle d'un statut
privilégié dans la société Bamoun 268265
2. L'adaptation des missionnaires face à la polygamie
275272
B. LE ROI NJOYA VOULAIT BAPTISER LUI-MÊME SES SUJETS
282278
1. La signification du baptême 284280
2. La modification des habitudes sociales en pays Bamoun
dûe à l'adoption des rites chrétiens 288284
C. LE ROI NJOYA VOULAIT AJOUTER DU VIN DE PALME À L'EAU
BÉNITE 289285
1. Origine et symbolique du vin de palme 291287
2. Pourquoi le Roi Njoya voulait ajouter du vin de palme
à l'eau bénite ? 295291
PARAGRAPHE II : LES RELATIONS AMBIVALENTES ENTRE LE ROI NJOYA
ET LE MISSIONNAIRE GÖRING 300296
A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE
GÖRING..........
...............................................................................................301297
1. Le portrait du missionnaire Göring : un pasteur
au service de la mission de Bâle
............................................................................................301297
2. La mission de Bâle en pays Bamoun : l'accueil
favorable du Roi Njoya 299
B. LES DIVERGENCES ENTRE LES DEUX HOMMES AU SUJET DE LA
PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE 301
1. Le Roi Njoya, gardien des traditions 304
2. Le Roi Njoya ou l'existence de Dieu dans la culture Bamoun
308
SECTION II :LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA 313
PARAGRAPHE I :LES MARQUES DE CONFIANCE ADRESSÉES
PAR LE ROI NJOYA À L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 314
A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES AGENTS COLONIAUX
ALLEMANDS ET LE ROI NJOYA 316
1. Le trône du souverain Njoya 319
2. Réappropriation 323
B. LA VALORISATION DE LA PERSONNALITÉ DU ROI NJOYA PAR
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 325
1. Njoya, un monarque
novateur....................................................................327
2.La personnalité du Roi NJOYA : un atout de
taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local
et l'administration coloniale allemande 328
PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA 331
A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
EST-ELLE FONDÉE ? 331
1. La politique linguistique comme outil d'appui à
l'impérialisme allemand au Cameroun 332
2. Le musellement du Roi Njoya et de la langue
« Shumom » 334
B. SI OUI, POURQUOI ? 335
1. Le Roi Njoya, un fin stratège politique 337
2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de
l'infériorité du Noir 343
CONCLUSION DU CHAPITRE III 355
CHAPITRE IV :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS DUALA
356
SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OU SALAIRE DES
CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
357
PARAGRAPHE I :COMBIEN PERCEVAIENT LES CHEFS DUALA ?
359
A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES CHEFS DUALA 366360
1. Les tensions entre les chefs Duala engendrées par la
concurrence économique 368362
2. Le contact avec les Blancs ou un privilège
recherché par les chefs indigènes............ 370365
B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE FINANCIER COMME SOCLE DE
DIVISION ENTRE LES CHEFS DUALA : LA PRÉÉMINENCE DU ROI BELL
372366
1. La répartition du « dash » comme
source de tensions entre le Roi Bell et les autres chefs Duala 373367
2. La problématique financière comme
manifestation des rivalités « féroces » entre
les chefs Duala 377371
PARAGRAPHE II :QUELLE MONNAIE ÉTAIT LE PLUS SOUVENT
UTILISÉE ? 379373
A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE MONNAIE 381375
1. L'utilisation du Kroo dans les échanges commerciaux
de l'hinterland 383377
2. L'introduction de l'impôt par capitation 385379
B. L'UTILISATION DE LA MONNAIE OCCIDENTALE OU LA MODIFICATION
DES US ET COUTUMES DE LA SOCIÉTÉ DUALA 391385
1. Interprétation de la situation commerciale du
Protectorat allemand au Cameroun 392386
2. L'utilisation du nouveau système monétaire ou
l'éclosion de nouveaux rapports sociaux au sein de la
société « indigène » 394388
SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA
ET DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE
398392
PARAGRAPHE I :LES RELATIONS CONFLICTUELLES ENTRE LES
CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 400394
A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL AVEC L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE 401395
1. La scission entre « BELL » et
« BELLÈ » 404398
2. Les Rois BELL et l'administration coloniale allemande
400
B. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE AKWA AVEC L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE 402
1. La structuration du clan Akwa 404
2. Le clan Akwa et les manifestations de son
mécontentement face aux autorités coloniales allemandes 405
C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE DEÏDO AVEC
L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 406
1. L'historique du clan Deïdo 408
2. Les liens entre le clan Deïdo et l'administration
coloniale allemande 409
PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE
L'ADMINISTRATIONCOLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA ..........411
A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR
LES CHEFS DUALA 420413
1. La perception de la chefferie Bell au sujet de
l'administration coloniale
allemande......................................................................................422415
2. La perception de la chefferie Akwa au sujet de
l'administration coloniale allemande 430423
3. La perception des Rois Deïdo au sujet de
l'administration coloniale allemande 435428
B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION
COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA 438431
1. La pertinence de la perception des chefs Duala
vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le flou
juridique liée à la question foncière du traité de
440433
2. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de
l'administration coloniale allemande : les termes de l'expropriation du
plateau Joss 445437
3. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de
l'administration coloniale allemande : Le Leadership de Rudolf Douala
Manga Bell dans le Processus de Résistance Anti-Coloniale 449442
CONCLUSION DU CHAPITRE IV 456449
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
457450
CONCLUSION GÉNÉRALE
458451
ANNEXES 465458
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
516
TABLE DES MATIÈRES 580571
* 1Les Portugais
découvrent le fleuve Wouri. L'abondance des crevettes (surtout
l'existence d'une variété rare de grosses crevettes
« béatoe » en langue locale) les amène
à baptiser ce fleuve « Rio Dos Camaroes »
(rivière des crevettes). Ce nom désigne ensuite le Littoral et
devient « Cameroun » en passant par « Rio Dos
Camaerones », « Cameroon River » et
« kamerun » .
* 2 I. MOUICHE,
« Le pouvoir traditionnel dans la vie politique moderne »,
Mémoire de Maîtrise en Science Politique, Yaoundé,
FDSE, 1988.
* 3 E. MVENG, Histoire du
Cameroun, Présence Africaine, 1963, p. 138. In A. AHIDJO & G.
BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les
Nouvelles Éditions Africaines, 1981, pp. 32-33.
* 4Ibid., pp.
32-33.
* 5Ibid., p. 35.
* 6 P. BOURDIEU, Paris,
Réponses, Seuil, 1992, p. 207.
* 7 Les raisons de cette
conversion de BISMARCK sont résumées dans H. BRUNSCHWIG, Le
partage de l'Afrique noire, Paris, Flammarion, 1971, pp. 151 - 153, qui
donne la bibliographie. Le fait décisif qui a motivé
« le revirement de 1884 » fut incontestablement le
mémoire que le conseiller intime de légation aux
AffairesÉtrangères, Henri DE KUSSEROW, adressa à BISMARCK
le 8 avril 1884. Le fonctionnaire allemand y développait l'idée
que, par le ballet des compagnies à charte, très en vogue dans
les possessions anglaises, l'Allemagne pouvait acquérir des colonies
sans que l'État ne se charge ni de leur administration ni de leur mise
en valeur. Cette idée plut tellement à BISMARCK que le Chancelier
décida de la mettre aussitôt en pratique. H. BRUNSCHWIG,
L'expansion allemande outre-mer du XVème siècle à nos
jours, Paris, PUF, 1957 ; « De la résistance
africaine à l'impérialisme européen »,
in Peuples Noirs, Peuples Africains, N° 9, 1979, pp.
69-80.
* 8 Cette note est
datée du 14 avril 1883. Elle fut remise aux autorités des villes
hanséatiques par M. DE ENTZEL, ambassadeur de presse à
Hambourg.AUSWARTIGES AMT. INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK (GERMANY). INSTITUT
FUR AUSLANDISCHES OFFENTLICHES RECHT UND VOLKERRECHT. Cf. Das Staatsarchiv:
Sammlung der offiellen Adenstucke zur Geschichte der Gegenwart, Volumes
42- 43, Leizpig, 1884, pp. 224-226.
* 9Ibid., pp. 226 -
243.
* 10 Cameroun.
* 11 AUSWARTIGES AMT.
INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK (GERMANY). INSTITUT FUR AUSLANDISCHES
OFFENTLICHES RECHT UND VOLKERRECHT, Das Staatsarchiv: Sammlung Der
Offiziellen Aktenstucke Zur Aussenpolitik Der Gegenwart, Volume 63,
Leizpig, 1884, p. 244.
* 12 Gustave NACHTIGAL
connaissait parfaitement l'Afrique. Il avait parcouru les régions du
Bornu, de l'Adamawa et du Tchad entre 1869 et 1874. Il avait
présidé le comité allemand de l'Association Internationale
Africaine et la Société de Géographie de Berlin. Il avait
été nommé Consul Général d'Allemagne
à Tunis en 1882, commissaire impérial pour l'Afrique occidentale
le 17 avril 1884. Il mourut en mer, le 20 avril 1885, au cours de son voyage de
retour. Cf. H. HEUER, Nachtigal: eine Biographie, Berlin, 1937; T.
HEUSS & al., G. NACHTIGAL, 1869 - 1969, Bad Godesberg, 1969.
* 13 Ou Bansoh.
* 14 Qui est l'expression
anglophone usuelle abordant la structure du pouvoir et la
hiérarchisation des organisations sociales.
* 15 K. MARX & F.
ENGELS, Manifeste du Parti communiste, 1848, Les classiques des
sciences sociales, Université du Québec, p. 35. Voir
« La lutte des classes - tensions dans une société
hiérarchisée et divisée en classes sociales (n.d.) ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 16 ENGELS précise
que cette formule se limite à « l'histoire
écrite ». Il ajoute : « En 1847, l'histoire de
l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire
écrite, la préhistoire, était à peu près
inconnue ». (Note d'ENGELS de 1888 au Manifeste du Parti communiste).
Voir « La lutte des classes - tensions dans une
société hiérarchisée et divisée en classes
sociales (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 17 R. ROBINSON & J.
GALLAGHER, « L'impérialisme du
libre-échange » in The Economic History Review, vol.
VI, n°1, 1953. Cet article constitue un essai révolutionnaire parmi
les théoriciens de l'expansion impériale et « est
réputé être l'article historique le plus cité jamais
publié ».
Parlant des facteurs collaborationnistes, nous pouvons citer
les chefs traditionnels.En effet,le colonisateur a consacré le statut
des chefs traditionnels par l'arrêté N°244 du 04
février 1933 qui classait les chefs en trois catégories
hiérarchisées : les chefs supérieurs, les chefs de
groupements, et les chefs de village (Voir B. BALLA ONDOULA, « La
chefferie traditionnelle face à l'émancipation politique du
Cameroun », Mémoire, CHEOM, 1958-1959). A la fois auxiliaires
de l'administration coloniale et représentants des populations, la
position des chefs demeure ambiguë. Par réalisme et par
nécessité bien comprise, le Cameroun indépendant fut
amené à conserver les chefferies, relais de l'administration.
C'était le meilleur palliatif à la sous-administration et le
président AHIDJO affirmait à cet effet :
« qu'indépendamment de leur aspect, de leurs
caractères sentimentaux, les chefferies constituaient encore aujourd'hui
et sans doute aussi pour demain, par l'encadrement des populations qu'elles
assurent, des moyens d'action de l'Etat pour l'instant irremplaçables.
Nos chefferies sont dans certains domaines des unités administratives
indispensables ». C'est ainsi que dans la loi N°7/5C du 10
décembre 1960, les pouvoirs publics les reconnurent de nouvelles
règles dans la nomination et dans l'exercice des pouvoirs des chefs
traditionnels. Les chefferies seront alors des institutions à part
entière de l'administration camerounaise, collectant les impôts,
officiant en matière d'état-civil, rendant justice,
représentant les populations auprès des autorités et
prêtant main forte à l'administration nationale nouvelle (Voir R.
N'KAMGANG, « Les chefferies traditionnelles dans l'organisation
administrative du Cameroun », Mémoire, CHEOM, 1960). In A.
AHIDJO & G. BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie
du Cameroun, Tome 2 : L'Histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles
Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.
* 18 R. ROBINSON,
« Non-European foundations of European imperialism. Sketch for a
theory of collaboration », in Studies in the theory of
imperialism, Ed. Roger Owen/ Bob Sutcliffe, 1972, p. 118. Extrait en
anglais traduit par nous en français: « The old notions
for the most part were restricted to explaining the genesis of new colonial
empires in terms of circumstances in Europ. The theory of future will have to
explain how a handful of European Proconsuls managed to manipulate the
polymorphic societies of Africa and Asia, and how, eventually, comparatively
small, nationalist elites persuaded them to leave ».
* 19 D. A. LOW, Essays
in the study of British imperialism, London, 1973, p. 8.
* 20 K. HAUSEN, Deutsche
Kolonialherrschaft in Afrika. Wirtschaftsinteressen und Kolonialverwaltung in
Kamerun wahrend der deutschen Kolonialverrschaft, (1884-1914), Berlin,
1965.
* 21 Le Dr. G. WALZ de
Freiburg / i. Br., « Die Entwicklung der Strafechtsprechung in
Kamerun 1884 - 1914 », 1980. Nous nous penchons sur sa connaissance
juridique de la question coloniale au Cameroun.
* 22 K. HAUSEN, Deutsche
Kolonialherrschaft in Afrika, Atlantis 1970 ; A. WIRZ, Vom
Sklavenhandel zum kolonialen Handel, Atlantis, 1972 ; G. WALZ,
Die Entwicklung der Strafrechtsprechung in Kamerun 1884 - 1914, Diss.
Freiburg /Br. 1980.
* 23 Le Professeur Helmut
STOECKER de l'Université Humboldt (Berlin-Est), éminent
spécialiste de la période allemande au Cameroun. H. STOECKER,
« Drang nach Afrika », Berlin, Akademie Verlag,
1977. H. STOECKER, « Kamerun unter deutscher
Kolonialherrschaft », Berlin, Rutten & Loening, 1960, p.
68.
H. STOECKER & H. MEHLS & E. MEHLS, « Die
Froberung des Nordorstens ». In STOECKER (éd.),
Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft II, 1968, pp. 55-98.
* 24 P. MANDENG,
Auswirkungen der deutschen Kolonialherrschaft in Kamerun, Hamburg,
1973.
* 25 J. GOMSU,
Colonisation et organisation sociale. Les chefs traditionnels du
Sud-Cameroun pendant la période coloniale allemande (1884-1914),
Thèse de Doctorat De 3ème cycle, Université de Metz,
Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 11
- 12 : (Nous ne livrons en aucun cas des arguments aux apologistes du
colonialisme, bien au contraire, ce que nous disons ne disculpe en rien les
colonisateurs).
* 26 Idem.
* 27 Plus qu'un rituel
heuristique, préciser le sens des concepts utilisés, contribue
à la circoncision et à la maîtrise de notre cadre
d'étude.
* 28 R. QUIVY & L. VAN
CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris,
1995.
* 29 E. DURKHEIM, Les
règles de la méthode sociologique (1ère
édition), Paris, 1895.
* 30Ordre public, bonne
marche des services publics...
* 31État,
collectivités territoriales, établissements publics...
* 32Fonctionnaires,
contractuels...
* 33 LesDEFINITIONS, «
Définition de gestion ». Article publié sur le site
www.lesdefinitions.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 34Idem.
* 35 AUNEGE, «
Introduction à la gestion - Qu'est-ce-que la gestion ? ».
Article consulté le 22 mars 2022 sur le site
http://ressources.aunege.fr.
- Voir également I. CALME, J. HAMELIN, J. F.
LAFONTAINE, S. DUCROUX, F. GERBAUD, Introduction à la gestion
(3ème édition), Dunod, 2013.
- M. DARBELET, L. IZARD, M. SCARAMUZZA, Notions
fondamentales de management (5ème édition),
Éditions Foucher, 2006.
- A. DAYAN, Manuel de gestion, Paris,Éllipses,
1999.
- M. DE FABREQUES, Introduction à la gestion
(2ème édition), Dalloz,2012.
- J. M. PLANE, Management des organisations, Dunod,
2003.
- P. POTTIER, Introduction à la gestion,
Éditions Foucher, 2001.
- A. SCHATT& J. LEWKOWICZ, Introduction à la
gestion d'entreprise,Éditions EMS, 2007.
* 36 Qui veut dire
« Agir ».
* 37 LEXICO DICTIONARIES /
ENGLISH, « Manage/Definition of Manage by Oxford Dictionary on
Lexico.com also meaning of Manage ». Article consulté le 20
octobre 2020 sur
www.wikipédia.fr.
* 38 M. OBADIA,
« Type de management et symbolique de la main », dans
Quelle économie voulons-nous ? Pour en finir avec le toujours
plus... (2003), Eyrolles, 2011, pp. 182-192.
* 39R. A. THIETART, Méthodes de recherche en
management (4ème édition), Dunod,
2014.
* 40J.-L. DELIGNY& J.-M.
CARDON, L'Administration du futur : Culture et Stratégie
(Management des administrations publiques),Eyrolles, 1989.
* 41H. FAYOL,
« Administration industrielle et générale »,
in Bulletin de la Société de l'Industrie
minérale, 1916. La « fonction administrative » d'Henri
FAYOL où il faut faire fonctionner le « corps
social » en lui donnant des directives et des tâches à
accomplir. Il faut également harmoniser, unir, relier les actes et les
efforts afin de faciliter le fonctionnement et le succès de
l'organisation.
* 42 Principalement
liée à la comptabilité analytique et aux méthodes
de contrôle de gestion visant à optimiser les ressources.
* 43 Liée à la
nécessité d'obtenir la motivation et la coopération des
membres composant l'organisation.
* 44 R. DAHL, Qui
gouverne ?, Paris, Armand Colin, 1971.
* 45Seul ou
représentant d'une organisation, d'un Etat...
* 46 Telle que celle des
droits de l'Homme.
* 47M. WEBER, Le Savant et
le Politique,Paris, Union Générale d'Éditions,
1963.
* 48 Idem.
* 49 T. HOBBES,
Léviathan ou Matière, forme et puissance de l'Etat
chrétien et civil, 1651.
* 50 J.-J. ROUSSEAU, Du
contrat social ou Principes du droit politique, 1762.
* 51 C. BAHATI NKINZINGABO,
« Pouvoir coutumier et résistance à la
décentralisation territoriale en RDC : regard sur la chefferie de Kabare
», diplôme de licence, 2016. Article publié le 26août
2017 sur le site
https://www.africmemeoire.com
et consulté le 29 mars 2022.
* 52 M. WEBER,
Économie et société, Paris, Plon, 1995.
* 53 H. MAMBI TUNGA,
Pouvoir traditionnel et pouvoir d'Etat en RDC : Esquisse d'une
théorie d'hybridation des pouvoirs politiques, UNIKIN, Thèse
de Doctorat en Sciences Politiques, 2010.
* 54 C. BAHATI NKINZINGABO,
« Pouvoir coutumier et résistance à la
décentralisation territoriale en RDC : regard sur la chefferie de Kabare
», diplôme de licence, 2016. Article publié le 26 août 2017 sur le site
https://www.africmemeoire.com
et consulté le 29 mars 2022.
* 55 Article 1 du
décret royal du 05 décembre 1933.
* 56 Idem.
* 57 A. AHMADOU AHIDJO &
G. BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun,
Tome Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles
Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.
* 58 M. WEBER,
Économie et société, Paris, Plon, 1995.
* 59 G. BURDEAU, Droit
constitutionnel et Institutions politiques, LGDJ, 1972, p. 33.
* 60 P. BAILLY,
« Conflits de classes et changement social chez
MARX » : « la force de travail a la
caractéristique de créer plus de travail que n'en
nécessite son entretien. La plus-value est cette valeur
supplémentaire produite par le salarié que le capitaliste
s'approprie gratuitement et légalement (il y a un contrat de travail qui
est passé entre eux) ». Voir « Domination -
situation dans laquelle un être et/ou un groupe est en position d'imposer
ses idées (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 61 K. MARX, Critique
du programme de Gotha, p. 39. « Au lieu de la vague formule
redondante qui termine le paragraphe : « éliminer toute
inégalité sociale et politique », il fallait
dire : avec la suppression des différences de classe
s'évanouit d'elle-même toute inégalité sociale et
politique résultant de ces différences ». Ibid.,
p. 13.
- Voir «Domination - situation dans laquelle un
être et/ou un groupe est en position d'imposer ses idées (n.d.)
». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 62 C. RIVIÈRE,
«DOMINATION», Encyclopædia Universalis [en ligne],
article publié sur le site
http://www.universalis.fr/encyclopédie/domination/
et consulté le 18 janvier 2019.
* 63 Ou de la femme, bien
entendu.
* 64 A. COLLOGNAT,
« AUCTORITAS. Autorité : un mot, une notion
clé », article publié le 08 décembre
2019 sur le site
https://eduscol.education.fr
et consulté le 14 mars 2022.
* 65 Idem.
* 66 M. HUMBERT,
Institutions politiques et sociales de l'antiquité, Paris,
Dalloz, 2014, p. 323.
* 67A condition bien
sûr, qu'elle soit régulière juridiquement.
* 68 Être à
l'origine de, être l'ascendant de.
* 69Se porter garant de
l'identité, au travers de la transmission, de la mémoire, du lien
passé/présent.
* 70 Projet.
* 71 Lois, décrets,
arrêtés, etc.
* 72 Hiérarchies,
organisations, structures, etc.
* 73 M. WEBER,
Économie et société, Paris, Plon, 1995.
* 74Idem.
* 75Idem.
* 76 M. HUMBERT,
Institutions politiques et sociales de l'antiquité, Paris,
Dalloz, 2014, p. 323.
* 77 La synecdoque est
une métonymie (figure de style qui, dans la langue, ou son usage,
utilise un mot pour associer une idée distincte mais qui lui est
associée. L'association d'idées sous-entendue est souvent
naturelle (partie/tout, contenant/contenu, cause/effet...), parfois symbolique
(ex. couronne/royauté) ou encore logique : l'artiste pour l'oeuvre,
la ville pour ses habitants, le lieu pour l'institution qui y est
installée, etc.) particulière pour laquelle la relation entre le
terme donné et le terme évoqué constitue une inclusion ou
une dépendance matérielle ou conceptuelle. Plus rarement, la
synecdoque est évoquée lors d'une
« Représentation abrégée d'un contour animal
permettant, par seulement quelques tracés, de le
reconnaître » - Archéologie. Grotte Chauvet, glossaire.
Voir«Définition : Métonymie (n. d.)». Article
publié sur le site
www.lettres.orget consulté
le 26 mars 2022. Voir «Métonymie. Figure de style (n.d.)
». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 26 mars 2022. Voir « Synecdoque - terme
littéraire (n. d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 26 mars 2022.
* 78 Les historiens et les
historiennes.
* 79 « Histoire -
évènements passés et leurs traces ou publications,
étudiés par diverses branches des sciences humaines de l'histoire
(n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2021.
* 80 Idem.
* 81 A. PROST, Douze
leçons sur l'histoire, Paris, Seuil, 1996, Coll. « Points
Histoire », p. 146.
* 82M. BLOCH, Apologie
pour l'histoire ou Métier d'historien, introduction, p. IX.
* 83 Cité par A.
PROST, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Seuil, 1996, Coll.
« Points Histoire », p. 146.
* 84Connaissances livresques
sur les faits du passé, maîtrise de l'historiographie.
* 85Méthodes
d'analyse des sources et d'écriture de l'histoire.
* 86« Histoire
politique (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 mars 2022.
* 87 Idem.
* 88 Parfois de femmes.
* 89 Idem.
* 90 R. KOSELLECK, Le
futur passé : contribution à la sémantique des temps
historiques (2ème édition), Paris,
Éditions de l'EHESS, 2016.
* 91 Pour la
métropole.
*
92G.BALANDIER,Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique
sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France,
1955, pp. 4-5.
* 93Ou à la rigueur
l'élite.
* 94 M. PROUZET, Le
Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés »,
1974, p. 61.
* 95 Karl MARX &
Vladimir LÉNINE cité par M. PROUZET, op. cit., p. 80.
* 96 M. PROUZET, Le
Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont
gouvernés », 1974, p. 80.
* 97 G. NICOLAS,
« Crise de l'Etat et affirmation ethnique en Afrique Noire
contemporaine », Revue Française de Science
Politique, 1972, p. 1017.
* 98 M. PROUZET, Le
Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés »,
1974, pp. 39-40.
* 99 Jusqu'en 1966.
* 100M. PROUZET, Le
Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés »,
1974, pp. 41- 42.
* 101 D. MAINGUENEAU,
Les livres d'école de la République (1870 - 1914) :
discours et idéologie, Paris, Le Sycomore,
1979.
* 102 URSS : Union des
Républiques Socialistes Soviétiques.
* 103 C. AMALVI, De
l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de
France, Paris, Albin Michel, 1988.
* 104 E. PRITCHARD & M.
FORTES, Systèmes politiques africains, Oxford, Oxford
University Press, 1940.
* 105 M. GLUCKMAN, Custom
and Conflict in Africa, Oxford, Blackwell, 1955.
* 106 G. BALANDIER,
Anthropologie politique, op.cit., p. 24.
* 107Deïdo.
* 108 Akwa.
* 109 A. AHIDJO & G.
BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles
Éditions Africaines, 1981, p. 35.
* 110 Ibid., pp. 48-50.
* 111 Mbankim.
* 112« Royaume
bamounBamun - ancien pays (n. d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 18 mars 2022.
* 113 JOURNAL CAMEROUN
INFO, « Les BamounBamun auront-ils leur province ? ».
Article publié sur le site
www.cameroun-info.net et
consulté le 18 mars 2022.
* 114700 mètres.
* 1151910 mètres.
* 1162200 mètres.
* 117 « Royaume
bamounBamun - ancien pays (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 18 mars 2022.
* 118 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et
modernité : le cas du Royaume BamounBamun »,
Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II,
2014-2015, p. 11.
* 119 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des BamounBamun »,
Mémoires de l'Institut français d'Afrique Noire (Centre du
Cameroun), série : Population N°5, 1952, p. 43.
* 120 B. R. GUIMDO DONGMO,
Séminaire de théorie sur le sens et l'effectivité du
droit. Cité par J. J. FOMBA TALA, « Lutte contre le
terrorisme et droits de l'homme en Afrique », Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé II-SOA, 2013- 2014, p.
4.
* 121 O. PATZIG, Die
afrikanische Konferenz und der Congostaat, Heidelberg, 1885.
F. FROMHOLD DE MARTENS, « La Conférence du
Congo à Berlin et la politique coloniale des États
modernes », Revue de Droit International et de Législation
Comparée, XVIII, 1886, pp. 137 sq. ; H. CRIBIER,
« l'Europe, le Congo et la Conférence africaine de
Berlin », Annales de l'École Libre des Sciences
Politiques, IV, 1889, pp. 487-514 ; S. E. CROWE, The Berlin West
African Conference, 1884-1885, London, 1942.
* 122 Cette liberté
commerciale impliquait la liberté de navigation pour les navires de
toute nationalité sur le Congo et ses affluents, l'entrée en
franchise dans tous ces territoires des marchandises importées et enfin
l'égalité de droit au point de vue économique et
commercial pour tous les Européens appelés à
s'établir dans ces territoires.
* 123 De 1884 à 1901
et de 1909 à 1910.
* 124 M. ONDOA, Cours
de méthodologie de la recherche, D.E.A, Droit Public Fondamental
2009-2010,2009-2010,p. 14.
* 125 M. GRAWITZ &
J. LECA, Traité de science politique, Presses Universitaires de
France, 1985.
* 126 W. VON TROTHA,
Gegen Kirri und Buchse in Deutsch-Sudwestafrika: vaterlandische Erzahlung
von dem Kampfe in Sudwest, Breslau: Goerlich, 1911. Voir également
LE FIGARO.FR, « Colonialisme: l'Allemagne reconnait avoir commis un
génocide en Namibie », article mis à jour le 28/05/2021 et
consulté le 05 mai 2022. Voir « Colonisation (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le mardi 07 novembre 2017.
* 127 P. N'DA,
Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de
la thèse de doctorat en Lettres, Arts et Sciences humaines et
sociales : informations, recommandations universitaires, techniques et
pratiques actuelles, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 109.
* 128 Pour R. QUIVY &
Luc VAN CAMPENHOUDT, la « gloutonnerie livresque » est une
attitude qui consiste à se bourrer le crâne d'une grande
quantité de livres et d'articles en espérant y trouver au
détour d'un paragraphe, la lumière qui permettra de
préciser enfin correctement et de manière satisfaisante
l'objectif du thème de travail que l'on souhaite effectuer. Voir R.
QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences
sociales, Dunod, Paris, 1995.
* 129 P. N'DA,
Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de
la thèse de doctorat en Lettres, Arts et Sciences humaines et
sociales : informations, recommandations universitaires, techniques et
pratiques actuelles, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 109.
* 130 G. R. ASSIE & R.
R. KOUASSI, Cours d'initiation à la méthodologie de
recherche, École de la chambre de commerce et d'industrie, Abidjan,
2008, p. 206.
* 131Think tanks, lobbies,
ONG, groupes d'intérêts et associations professionnelles, l'espace
public, les autres associations, les médias... et, l'État et la
classe politique.
* 132 B. PAPE-THOMA,
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre
2007 sur le site
www.afrik.com et consulté le
22 mars 2022. Birgit PAPE-THOMA est née à Hambourg en Allemagne.
Elle est journaliste et conseillère en communication et relations
publiques. Elle est également auteur de livres pour enfants et de courts
récits s'adressant à un public adulte. Elle a notamment
écrit un ouvrage sur L'Allemagne en collaboration avec Gaëlle
Dutter et publié aux éditions Grandir qui parle de la
découverte de l'Allemagne : son histoire, sa géographie, ses
habitants...
* 133 J. BOUCHAUD,
« La côte du Cameroun dans l'histoire et la cartographie. Des
origines à l'annexion allemande 1884 », Mémoires de
l'Institut Français d'Afrique Noire, Centre du Cameroun,
série: Population n° 5, 1952.
* 134 B. PAPE-THOMA,
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre
2007 sur le site
www.afrik.com et consulté le
22 mars 2022.
* 135 Idem.
* 136L'actuelle Namibie.
* 137Tanzanie, Burundi,
Rwanda.
* 138 Kamerun strasse.
* 139 B. PAPE-THOMA,
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre
2007 sur le site
www.afrik.com et consulté le
22 mars 2022.
* 140 C. LECLERC,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le
site :
www.Slate.fr et consulté le
mardi 26 février 2019.
* 141 Alain FINKIELKRAUT,
né le 30 juin 1949 à Paris, est un philosophe, écrivain,
essayiste et animateur de radio français.
* 142« Un pour le
Kaiser ».
* 143 Cour Internationale
de Justice.
* 144 C. LECLERC,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le
site :
www.Slate.fr et consulté le
mardi 26 février 2019.
* 145 Office colonial
allemand.
* 146 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 297.
* 147 S.H.A.T., Cameroun,
carton 61, Bulletin de renseignements n°1, Activités des
Allemands sous mandat britannique, 73/5, 3 septembre 1936. In Prince KUM'A
NDUMBE III, op. cit, p. 297.
* 148 A.N.Y., APA 11224/F,
Organisation militaire du Cameroun britannique, s.d. In PRINCE KUM'A NDUMBE
III, op. cit., p. 297.
* 149 L'Association des
indigènes camerounais germanophiles.
* 150 Les habitants de
Pongo portent le même nom. Cf. A.N.Y., APA 11225/A, Menées
antifrançaises, doc. Cit. Communication et correspondance
adressées au département, 1933-1937. Gouverneur
Bonnecarrère au Ministre des Colonies, n°120, Intrigues
antifrançaises, 15 décembre 1933. In KUM'A NDUMBE III, op. cit.,
p. 297.
* 151 S.H.A.T., Cameroun,
carton 61, Bulletin de renseignements n°1, doc.cit. In Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 297.
* 152 A.N.Y., APA 11225/A,
Menées antifrançaises... doc.cit. In Prince KUM'A NDUMBE III, op.
cit., p. 297.
* 153 A.N.Y., APA 10124/C,
Menace de mort contre Gouverneur Général, espionnage,
surveillance, Douala, 1939-1940. In L. I. SAH, « Activités
allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939) », Revue
Française d'Histoire d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp.
131-133.
* 154 S.H.A.T., Cameroun,
carton 61, Bulletin de renseignements n°1, doc. Cit. In Léonard I.
SAH, o. cit., pp. 131-133.
* 155 A.N.Y., 1 AC 107 (2),
Rapport sur les activités antifrançaises des Douala,
1934. Gouverneur Bonnecarrère au ministre des Colonies, rapport n°
9, (Intrigues antifrançaises), 3 févr. 1934. In
Léonard I. SAH, op. cit., pp. 131-133.
* 156 Idem. In L. I. SAH,
« Activités allemandes et germanophilie au
Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire
d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133.
* 157Kamerunen Farbringen
fur deutsche Gesinnung Verein - entendons les « Camerounais de
pensée allemande ».
* 158 A.N.Y., APA 11229/D,
Manifestations anti-françaises n°85, 10 oct. 1935. In
Léonard I. SAH, op. cit., pp. 131-133.
* 159Tous originaires de la
région côtière.
* 160 A. OWONA,
L'évolution du Cameroun de 1884 à 1970, cours
polycopié, Yaoundé, vol. 2, p. 32. In L. I. SAH, op. cit., pp.
131-133.
* 161Travaux forcés,
application du système de l'indigénat, etc.
* 162Région
d'Eséka.
* 163 L. I. SAH,
« Activités allemandes et germanophilie au
Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire
d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133. Une de ces lettres
est conçue et présentée de la manière
suivante :
« Expéditeur : Nyap Jean, chef de
groupement de Ndogbessol, par Eséka
Destinataire : Monsieur le Chancelier Hitler Adolph
et dominateur en Allemagne.
Monsieur, au Cameroun, beaucoup d'embuches vous sont
tendus par les français, Moi, votre fils que vous avez
délaissé ne puis m'empêcher de vous l'écrire :
je suis né sous votre empire et j'accuse actuellement 35 ou 36 ans. Je
vous le dis alors avec les larmes aux yeux, ce que les français font de
mauvais au Cameroun et solustinent (s'obstinent) de ne plus retourner en France
pour que vous veniez aussi vous installer au Cameroun jadis votre. Le mois
écoulé, tous les points, chemins de fer, gare Essondo et
Sodibanga furent gardés par des sentinelles et diverses équipes
pour vous attendre. Je vous l'avertissons gêne (sic) sans gêne?
Dans le sens: clairement, ouvertement?) pour que vous prudents et vainqueurs
pour que vous repreniez votre Cameroun longtemps abandonné. J'aime
beaucoup l'Allemagne. Je voudrai bien que vous reviviez (sic) (reveniez) les
ordures (sic) (ordres) des français sont différents des autres
(sic) (vôtres) quand j'était autrefois sous votre tutelle, je
n'étais ennuyé de la sorte comme je le suis à
présent. J'ai beaucoup besoin de vous écrire le plus souvent
possible, mais il n'y a pas la route. Prière de me renseigner comment
faire pour vous correspondre souvent. Je vous serais toujours très
reconnaissant et vous me direz comment faire pour vous apprendre le plus
souvent possible les nouvelles du Cameroun français maudit.
Veuillez agréer ? Monsieur mes salutations
vavorables (sic) (favorables).
Votre fils » - A.N.Y., APA 11229/D,
Manifestations anti-françaises d'indigènes,
juill. 1940, Police et santé 441.
* 164 V. CHAVELAS,
« Trente ans de colonisation allemande au Cameroun »,
Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA
- VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec
le concours du CNRS(Centre National de la Recherche Scientifique), Paris,
Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 183-185.
* 165
« Gaertner » ou agents de culture.
* 166
« Wegebauer » ou piqueurs de route.
* 167 V. CHAVELAS,
« Trente ans de colonisation allemande au Cameroun »,
Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA
- VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec
le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris,
Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 183-185.
* 168 B. PAPE-THOMA,
« Mystère, viol et dépossession : la colonisation
de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre
2007 sur le site
www.afrik.com et consulté le
22 mars 2022.
* 169 Idem. « Un
pour le Kaiser ».
* 170 C. LECLERC,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) », Article publié le 16 août 2015 sur le
site :
www.Slate.fr et consulté le
mardi 26 février 2019.
* 171 G. BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p.7, VII.
* 172 Ou ethnique.
* 173 Ibid., p. 35.
* 174 Virus du Sida.
* 175 AEF : Afrique
Équatoriale Française.
* 176 H. LAURENTIE,
« Notes sur une philosophie de la politique coloniale
française », in Numéro spécial de
Renaissances, oct. 1944. In G. BALANDIER, Sociologie actuelle de
l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses
Universitaires de France, 1955, pp. 15-18.
* 177 J. BORDE,
« Le problème ethnique dans l'Union sud-africaine »,
in Les Cahiers d'Outre-Mer, 1950, p. 320. In G.BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 15-18.
* 178 C. LECLERC,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le
site :
www.Slate.fr et consulté le
mardi 26 février 2019.
* 179 Idem.
* 180 EEC :
Église Évangélique du Cameroun.
* 181 C. LECLERC,
« l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent
oublié) », Article publié le 16 août 2015 sur le
site :
www.Slate.fr et consulté le
mardi 26 février 2019.
* 182 Idem.
* 183 Idem.
* 184 M. DIPPOLD,
« L'image du Cameroun dans la littérature coloniale
allemande », in Cahiers d'Études africaines, 1973,
49, pp. 37-59.
* 185 A. MEMMI,
Portrait du colonisé : précédé du portrait
du colonisateur, Paris, 1966, p. 126.
* 186 Ibid., p. 123.
* 187 M. DIPPOLD,
« L'image du Cameroun dans la littérature coloniale
allemande », in Cahiers d'Études africaines,
Année 1973, 49, p. 45.
* 188 Idem.
* 189 Idem.
* 190 Idem.
* 191 ANC, FA 1-37, F.
68-71. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la
colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du
Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 140-141.
* 192 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Yaoundé,
Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 140-141.
* 193 F. HENNEMANN,
« Werden und Wirken eines Afrikamissionars. Erlebtes und Erschautes,
Pallotiner Verlag, Limburg an der Lahn » 1922, inZentrales Archiv
der Pallottiner, p. 110, 180 pages. In Prince KUM'A NDUMBE III,
L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 142.
* 194 A. ISAACMAN & B.
ISAACMAN, Dams, Displacement, and the Delusion of Development, p. 56.
In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation
à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun),
Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 143.
* 195 V. CHAVELAS,
« Trente ans de colonisation allemande au Cameroun »,
Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA
- VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec
le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris,
Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, p. 186.
* 196 Idem.
* 197 G. BALANDIER,
« Réflexions sur le fait politique : le cas des
sociétés africaines », in Cahiers internationaux de
sociologie, PUF, vol. 37, juillet-décembre 1964, pp. 23-50.
* 198 E. FOPOUSSI FOTSO,
Faut-il brûler les chefferies
traditionnelles ?,Éditions SOPECAM, 1991.
* 199 Idem.
* 200 C.-H. PERROT &
F.-X. FAUVELLE-AYMAR, Le retour des rois. Les autorités
traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine, Paris, Karthala,
2003.
* 201Les cadres, comme on
dit en Côte d'Ivoire.
* 202 W. VAN BINSBERGEN,
« Les chefs royaux Nkoya et l'association culturelle Kazanga en
Zambie. Résistance, déclin ou folklorisation de la fonction du
chef traditionnel ? », In C.-H. PERROT & F.-X.
FAUVELLE-AYMAR (éd.), Le retour des rois. Les autorités
traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2003,
pp. 489-510.
* 203Façons de
penser.
* 204Façons
d'agir.
* 205Du grec
« holos » : qui forme un tout.
* 206 J. BAECHLER,
Nature et Histoire, Hermann, 2014.
J. BAECHLER, Esquisse d'une histoire universelle,
Fayard, 2002.
* 207Anatomiques,
morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.
* 208Socioreligieux,
psychologiques, géographiques, etc.
* 209 Au sens
générique.
* 210Faits anthropologiques
comme « homo » ou « anthropos ».
* 211 R. QUIVY & L. VAN
CAMPENHOUDT, Manuel de recherches en sciences sociales, 1995, pp.
85-86.
* 212 J. CHEVRIER, La
littérature nègre, Étude (broché), 2003, pp.
53-54.
* 213 F. FORTIN, Le
processus de la recherche : de la conception à la
réalisation, 1996, p. 51.
* 214 G. MACE & F.
PETRY, Guide d'élaboration d'un projet de recherche, 2000, p.
24.
* 215 R. QUIVY & L. VAN
CAMPENHOUDT, Manuel de recherches en sciences sociales, 1995, pp.
85-86.
* 216 C. BERNARD,
Introduction à l'étude de la médecine
expérimentale, 1865.
* 217Idem.
* 218 G. R. ASSIE & R.
R. KOUASSI, Cours d'initiation à la méthodologie de
recherche, École de la chambre de commerce et d'industrie, Abidjan,
2008, p. 20.
* 219 M. WEBER, Le savant
et le politique, Paris, Union Générale d'Éditions,
1963.
* 220 A. GROSSER,
L'explication politique, Paris, Presse de la FNSP, 1972.
* 221 G. M. AMOUGOU,
« L'utilité d'une coopération technique au Sud du
Sahara : Cas de la relation Cameroun-UNESCO », Mémoire de
DEA en Science Politique, Université de Yaoundé II, 2009, p.
184.
* 222 G. MACE & F.
PETRY, Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences
sociales, Les Presses de l'Université de Laval Québec, 2000,
p. 30.
* 223 M. BEAUD, L'art
de la thèse, Paris, La Découverte, 2001, p. 50.
* 224 A. FILON, De la
méthode historique, Hachette Livre, 1840, p. 1.
* 225I. LO,
Méthodologies de recherche en sciences sociales, Paris, PUF,
2013.
* 226 R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT,
Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 1995.
* 227 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales (10ème
édition), Paris, Dalloz, 1996, pp. 351-352.
* 228 Idem.
* 229 Idem.
* 230 G. HERMET et AL.,
Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques
(8ème édition), Paris, 2015, p. 174.
* 231 C. TILLY, Big
Structures, Large Processes, Huge Comparisons, New York, Russell Sage
Foundation, 1984.
* 232 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales (10ème
édition), Paris, Dalloz, 1996, p. 422.
* 233 M. MAUSS & P.
FAUCONNET, « La Sociologie, objet et méthode ». Article
extrait de La Grande Encyclopédie, 1901, p. 22.
* 234 E. DURKHEIM, Les
règles de la méthode sociologique (1ère
édition), Paris, ALCAN, 1895.
* 235 J.-L. LOUBET DEL
BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, 1986, p. 182.
* 236 Ce type de
comparaison est généralement appliqué dans les
études internationales. Sur le plan théorique, consulter avec
profit, M. DOGAN, D. PELASSY, 1980. La comparaison internationale en sociologie
politique, Paris, Librairies Techniques, pour une application au Cameroun. Lire
L.-M. NKOUM-ME NTSENY, La dualité culturelle dans la politique
étrangère : une étude comparée entre le Cameroun et
le Canada, Thèse de Doctorat en Relations internationales,
Université de Yaoundé II-SOA-IRIC, 1997-1998, pages 139 et
suivantes.
* 237 Nombre de structures
éducatives, sanitaires, commerciales et militaires financées par
l'Allemagne, nombre de résidents étrangers, nombre de
révoltes, nombre d'ouvrages, de recueils écrits, d'études
iconographiques faites.
* 238 J.-L. PIAGET, La
naissance de l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux et
Niestlé, 1936 ; La construction du réel chez
l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1937. Voir Wikipédia,
« Constructivisme (psychologie) (n. d.) ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 25 mars 2022.
* 239 Idem.
* 240 Ontogenèse.
* 241 LA TOUPIE, «
Définition : Constructivisme ». Article tiré du site
www.latoupie.org et
consulté le 25 mars 2022.
* 242 P. L. BERGER & T.
LUCKMANN, The Social Construction of Reality. A treatise in the sociology
of knowledge, Anchor, 1966.
* 243 LA TOUPIE, «
Définition: Constructivisme ». Article tiré du site
www.latoupie.org et
consulté le 25 mars 2022.
* 244 Sur ce point, leur
constructivisme social s'inspire de l'approche phénoménologique,
en particulier d'Alfred SCHUTZ qu'ils rapprochent du projet de la sociologie de
la connaissance.
* 245 B. CYRULNIK, Un
merveilleux malheur, 1999. Rééd. Odile Jacob, Coll.
« Poches », 2002. Voir LA TOUPIE (n.d.), article
tiré du site
www.latoupie.org et
consulté le 25 mars 2022.
* 246 Taken for granted.
* 247«Alfred Schutz,
philosophe des sciences sociales autrichien (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 25 mars 2022.
* 248M. CROZIER & E.
FRIEDBERG, L'acteur et le système: Les contraintes de l'action
collective, Paris, France, Éditions du Seuil, 1977, p. 1.
* 249 Pour Pierre BOURDIEU, l'habitus s'apparente
à une partie de la structure sociale, inconsciente à l'individu
et déterminé par les échanges entre les individus. Il
s'agit simplement d'un ensemble de structures structurées
prédisposé à fonctionner comme des structures
structurantes. Voir P. BOURDIEU, La Noblesse d'Etat. Grandes écoles
et esprit de corps, Les Éditions de Minuit, 1989 ; Voir M.
GRAWITZ, Lexique des sciences sociales (8ème
édition), Paris, Dalloz, 2004, p. 57.
* 250 A. AHIDJO & G.
BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'Histoire te l'Etat, Douala, Les Nouvelles
Éditions Africaines, p. 52.
* 251 M. GRAWITZ,
Méthodes des Sciences Sociales (10ème
édition), Paris, Dalloz, 1996, pp. 477-479.
* 252 J.-L. LOUBET DEL
BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, 1986, p. 22.
* 253 D. EASTON,
Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974, p.
2.
* 254 J.-L. LOUBET DEL
BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,
Toulouse, Privat, 1986, p. 102.
* 255 P. CIBOIS,
L'analyse factorielle, Paris, PUF, 1983, p. 128 et surtout du
même auteur, L'analyse des données en sociologie, Paris,
PUF, 1984, pp. 69-74.
* 256 J.-L. LOUBET DEL
BAYLE, op.cit., 1986, p. 112.
* 257 M. GRAWITZ,
Méthodes des Sciences Sociales (10ème
édition), Paris, Dalloz, 1996, p. 526.
* 258 J.-C.COMBESSIE,
La méthode en sociologie (4ème édition),
Paris, La Découverte, 2000, p. 14, 123 pages. Sans
document, aucune recherche n'est possible. Voir également L. ALBARELLO
et Al., Pratiques et méthodes de recherche en sciences
sociales, Paris, Armand Colin, 1995, p. 9.
* 259 G. BALANDIER,
Sens et puissance. Les dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971.
* 260 G. HERMET & Al.,
Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques,
Paris, 2015.
* 261 D. EASTON,
Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974.
* 262 Ananie BINDJI :
Journaliste/Directeur de l'Information de la chaine audiovisuelle camerounaise
Canal 2 International.
* 263 Albert
François DIKOUME : Historien, Spécialiste d'Histoire
Économique et Sociale. Ancien chef du département d'histoire de
l'Université de Douala.
* 264 Jean-Jacques
ANNAUD : Réalisateur du film « La victoire en
chantant », Novembre 2014.
* 265 Spécialiste de
l'ethnie Duala.
* 266
www.goetheinstitut.de
* 267
www.filmkraft.net
* 268 Interview de
Jean-Pierre BEKOLO, réalisée par Mérinos LIATOU,
disponible sur le site
www.goetheinstitut.de et
consultée le 29 mars 2022. La série « Our Wishes :
un regard sur l'Afrique coloniale » a été
réalisée en 2017.
* 269 C. LESQUENE,
« Comment penser l'Union Européenne? » In M.-C.
SMOUTS (dir), Les nouvelles relations internationales. Pratiques et
théories, Paris, Presses de Science Po, 1998, pp. 103-134.
* 270 Idem.
* 271 J.-P. DURAND &
Robert WEIL, Sociologie contemporaine, op. Cit., p. 308. Sur les
développements théoriques relatifs à cette technique de
recherche, consulter également, R. GHIGLIONE & B. MATALON, Les
enquêtes sociologiques. Théories et pratiques, op.cit., pp.
90-93 ; A. BLANCHET, L'entretien de recherche dans les sciences
sociales, Paris, Dunod, 1985; A. BLANCHET & R. GHIGLIONE & J.
MASSONAT & A. TROGNON, Les techniques d'enquête en sciences
sociales, Paris, Dunod, 1987, pp. 80-84.
* 272Radio,
Télévision, Internet, etc.,
* 273Notamment sur les
bassins du Congo et du Niger.
* 274 A. OWONA, La
naissance du Cameroun (1884 - 1914), Paris, L'Harmattan, 1996.
* 275 Afrique
Équatoriale Française.
* 276Le bassin de la Sangha
avec des points sur l'Oubangui (RCA actuelle), le Congo, ainsi qu'une bande du
Gabon.
* 277 Administration
indirecte.
* 278 Diviser pour
régner.
* 279 J. GOMSU,
« La Formation des Camerounais en Allemagne pendant la période
coloniale », in Cahiers d'Allemagne et d'Études
Germaniques, Vol. I, N°2, Yaoundé, FLSH, Université de
Yaoundé, 1985, p. 59.
* 280 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp.
55-56.
* 281 Du moins
théoriquement.
* 282 NDOL'A BALI,
« Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Bali/ Je Nde Nyai
Seto Dibanga/ ndola-bali.asso-web.com/27-le-peuple-duala (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.facebook.com et
consulté le 27 janvier 2021.
* 283Ibid., pp.
55-57.
* 284W. H. BRACKNEY,
Historical Dictionary of the Baptists, Rowman & Littlefield, USA,
2021, p. 525.
* 285F. B. NYAMNJOH,
Regional Balance and National Integration in Cameroon: Lessons Learned and
the Uncertain Future, African Books Collective, UK, 2011, p. 198.
* 286R. E. JOHNSON, A
Global Introduction to Baptist Churches, Cambridge University Press, UK,
2010, p. 200.
* 287ENCYCLOPEDIE BRITANNICA,
Alfred Saker [archive], britannica.com, USA, consulté le 11 aout
2018.
* 288J. VAN SLAGEREN, Les
origines de l'Église évangélique du Cameroun: missions
européennes et christianisme autochtone, Brill Archive,
Netherlands, 1972, p. 29.
* 289Mgr H. VIETER, «
Chronique de la Mission catholique du Cameroun 1890-1895 », transcrit par
H. SCHULTE, Limburg a.d.Lahn, 30 novembre 1955, p. 4. Voir S. EYEZO'O,
« Politique coloniale , compétition missionnaire et division
du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922).
Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE
ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158.
* 290Ibid., p. 13.
PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur ZIMMERER.
* 291Ibid.
* 292Ibid.
* 293Archives de la
Congrégation du Saint-Esprit (CSSP), 2J1.1a., P. BERGER, « Les
origines spiritaines des Missions Catholiques du Cameroun ».
* 294Ibid. Dans ses
mémoires, Mgr VIETER lui-même révèle que l'agent
principal de la firme Woermann partit avec ses confrères et lui, car il
devait ouvrir une succursale à Édéa. Cf. Treize
années de souvenirs au Cameroun 1890-1903, p. 10.
* 295 La position de BISMARCK
à cet effet était claire : « Il n'est pas bon, du
reste, que les missionnaires des différentes religions agissent
simultanément au même endroit ». En d'autres termes, les
catholiques ne peuvent s'établir au Cameroun, si les protestants de
Bâle y sont déjà ; à moins de s'installer dans
une autre zone. Arch. CSSp., Cameroun, 2J1.1a, Anonyme, « Parlement
allemand, les missionnaires dans les colonies allemandes »,
Le Monde, 29 novembre 1885.
* 296 Mgr H. VIETER,
Chronique de la Mission catholique du Cameroun, p. 4.
* 297Ibid.
* 298Ibid.
* 299Ibid.,p.14.
* 300 « Missions Freund
», 1890, p. 47, in R. STUMPF, La politique linguistique au Cameroun de
1884 à 1960. Comparaison entre les administrations coloniales allemande,
française et britannique et du rôle joué par les
sociétés missionnaires, Berne-Francfort-sur-le-Main et Las
Vegas, 1979, p. 49.
* 301Ibid.
* 302 Op. cit., p. 49.
* 303Ibid., p. 50.
Selon STUMPF, « ces deux contestations désapprouvent les
thèses de Hausen et de Hallden qui croient trouver dans le refus
Pallotin le complexe de concurrence qui aurait repoussé la proposition
de partage ». Cf. K. HAUSEN, « Deutshe Kolonialwirtschaft » in
Afrika, Zurich, Atlantis, 1970, p.233, in RPK, À propos du rôle de
la centralité romaine dans la régulation des frontières
missionnaires en contexte catholique, lire l'intéressant article de
Claude PRUDHOMME, « Centralité romaine et frontières
missionnaires », in Mélanges de l'École Française de
Rome, Italie et Méditerranée, Mefrim, t. 109, 1997-2, pp.
487-504.
* 304 On se souvient de la
triste expérience des Spiritains sur la côte camerounaise en
1885.
* 305 J. BOUCHAUD, « Les
débuts de l'évangélisation au Cameroun », Les
Missions catholiques, n° 11, mai 1952, p. 141.
* 306E. MVENG,
L'Église catholique au Cameroun 100 ans
d'évangélisation. Album du centenaire (1890-1990), Presso
24. Grafiche Dehoniane, p. 23.
* 307Le Père Maurice
BRIAULT tente d'expliquer la grande poussée des peuples de tout le
centre du Cameroun vers le catholicisme, par le fait que leurs chefs, «
humiliés des dédains des Douala et autres gens de la Côte
gagnés aux protestants » se sont jetés dans les bras des
missionnaires Pallotins. M. BRIAULT, « La Mission de Douala avant et
après la guerre », Annales des Pères du Saint-Esprit,
janvier 1934, p. 25.
* 308 J. BOUCHAUD, « Les
débuts de l'évangélisation au Cameroun », op. cit.,
p. 14.
* 309 M. BRIAULT, « La
Mission de Douala » op. cit., p. 25.
* 310S. EYEZO'O,
« Politique coloniale, compétition missionnaire et division du
territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922).
Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE
ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158.
* 311Epouse d'Alfred SAKER.Le
25 Février 1840, Alfred SAKER épousa Miss Helen JESSUP, qu'il
connaissait depuis l'enfance et qui, née dans l'Église Anglicane
avait, de son propre choix, adopté les doctrines baptistes. Elle
partageait donc les convictions de son mari et possédait, grâce
à son éducation et à sa consécration, les
qualités requises pour être sa compagne et sa collaboratrice.
Quelques mois avant ses fiançailles, elle avait offert ses services
à la Church Missionary Society pour être envoyée en terre
païenne. À cette époque, cela constituait un geste de foi
car la société n'avait jamais encore accepté de dame
célibataire pour ses champs de missions et, fidèle a sa
politique, mais ne voulant pas décourager l'initiative de Miss Jessup,
elle la prévint qu'il faudrait attendre que Dieu lui ouvre une
voie.Entre-temps, Alfred Saker en fit sa compagne et l'emmena à
Devonport, où il travaillait comme dessinateur dans un chantier
naval.Deux enfants vinrent combler le bonheur de ce jeune ménage
chrétien qui prospérait et avait gagné la haute estime de
tout son entourage. Voir REGARD - Bibliothèque Chrétienne Online,
« ALFRED SAKER - 01 ». Article publié en 2013 sur le
site
http://www.regard.eu.org/Livres.7/Alfred.Saker
et consulté le 21 décembre 2023.
* 312MASOSO MA NYAMBE,
« L'histoire du Kaba Ngondo ». Article publié le 07
avril 2011 sur le site
https://masoso.unblog.fr et
consulté le 21 décembre 2023.
* 313 Peuple qui occupe
l'espace allant de Campo à Mamfe.
* 314 NDOL'A BALI, «
Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de
Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.facebook.com et
consulté le 27 janvier 2021.
* 315 Qu'ils
surnommèrent « Bakoko » qui est la forme
contractée de « Batoba Mukoko » qui signifie
« les gens du sable » et les Bassa.
* 316 Ils étaient
des pêcheurs.
* 317NDOL'A BALI, « Le
peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de
Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.facebook.com et
consulté le 27 janvier 2021.
* 318 Ancêtre
éponyme des Duala.
* 319 Idem.
* 320 J.-P. MEGOPÉ
FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures »,
Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms », p. 104-105. Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
* 321 M. I. BOT,
« Langue, origine et signification des toponymes de
Douala », Aba-N°0001, 2010, p. 25.
* 322 Idem.
* 323Idem.
* 324
J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et
cultures », Éditions Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011.
Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée
« Le choix des noms ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fr et
consulté le 28 janvier 2021.
* 325 Guthrie A. 20, A. 30
et aussi dialectes Oroko A. 11.
* 326 Mbo, Bakaka,
Bakossi....
* 327 Les Balong, les
Bonkeng, les Bafavo, les Bankon....
* 328
Généralement chantée en Duala.
* 329 Essèwè,
bolobo...
* 330 Sanja, kaba...
* 331« Clan :
ensemble de familles associées par une parenté réelle ou
fictive (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 13 décembre 2021.
* 332 De
« clannad » signifiant famille.
* 333 Ancienne appellation
de l'Occitan.
* 334 J. PICOCHE,
Dictionnaire étymologique du français, Dictionnaires Le
Robert, 1994.
* 335
« Canton/type de division administrative d'un pays (n.d.) ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fret
consulté le 1er décembre 2021.
* 336 Idem.
* 337 E. KINGUE,
« Dynastie Bélè Bélè : De Ndoumbe
Lobè à René Manga Bell (12.11.2012) ». Article
publié sur le site
www.peuplesawa.com et dans le
journal « Le Messager » du 09 novembre 2021 et
consulté le 29 janvier 2021.
* 338 Ntem.
* 339 Mungo.
* 340 E. KINGUE,
« Dynastie Bélè Bélè : De Ndoumbe
Lobè à René Manga Bell (12.11.2012) ». Article
publié sur le site
www.peuplesawa.com et dans le
journal « Le Messager » du 09 novembre 2021 et
consulté le 29 janvier 2021.
* 341 E. KINGUE,
« Portrait: Jean Yves Eboumbou, nouveau roi des
Bell » [archive]. Article publié dans le journal Le
Messager le 18 décembre 2012 et consulté le 02 avril 2021.
* 342 Prince NGANDO EBONGUE
AKWA, « Succession des ROIS et CHEFS SUPÉRIEURS
AKWA », mai 2014. Article publié sur le site
www.Deïdobonebela.blog4ever.com
et consulté le 03 avril 2021. Le Prince NGANDO EBONGUE AKWA est un
chercheur indépendant en histoire & civilisation du vieux Cameroun.
* 343 Deux branches
principales constituent l'arbre généalogique d'Ewal'a Mbedi
(Duala) : la branche de NJOH'A MASE M'EWALE, d'où sortiront les Bell et
Bonabéri, et celle de NGIY'A MULOBE M'EWALE, d'où sortiront les
AKWA et les DEÏDO.
* 344 « KING GEORGE
» ce pseudonyme donné au patriarche DOO LA MAKONGO par les
négriers anglais était le nom dynastique du souverain Britannique
de cette époque, le Roi GEORGE III du Royaume-Uni. Il régna de
1760 à 1811 et mourut en 1820. Son fils aîné GEORGE IV fut
d'abord régent entre 1811 et 1820, puis régna ensuite de 1820
à 1830.
* 345 Les négriers
anglais avaient attribué à PETER QUAN (KWAN'EWONDE) le statut de
« King » pour ses initiatives appropriées à
l'égard des commerçants européens. D'après un
rapport de 1788 du navire Britannique Sarah qui sillonnait la côte
camerounaise à cette époque, Peter Quan prenait souvent des
mesures importantes comme celle obligeant tout navire en partance pour l'ouest
de l'inde et ayant jeté son encrage sur le Wuri à donner des
compensations (Kumi). Cf. R. AUSTEN, J. DERRICK, Middlemen of the Cameroons
Rivers. The Duala and their Hinterland, c. 1600-c.1960, Cambridge
University Press, Août 2009, 1999, pp. 37-38.
* 346 Dans une liste
révélatrice des paiements effectués par le navire
négrier Sarah en 1790, figure le King Doo la Makongo qui avait
été payé pour la vente de 40 esclaves et avait reçu
un « dash ou cadeau ». Figure aussi, le prince Angwa (Muange ma Ku)
qui avait été payé pour la vente de 50 esclaves et avait
reçu un dash plus important que celui de Doo la Makongo. Aussi, les
sujets de Muange avaient également perçu un dash
considérable. Cf. R. AUSTEN, J. DERRICK, Middlemen of the Cameroons
Rivers. The Duala and their Hinterland, c. 1600-c.1960, Cambridge
University Press, 1999, pp. 37-38.
* 347 « Bonewuma
», le village du chef Bassa EWUMA NKUL qui régnait sur l'ensemble
des familles Bassa du plateau de Bonaku (actuel plateau d'Akwa) se trouvait
à l'emplacement du quartier Bonalembe. L'héritier de ce
territoire, KU'A MAPOKA, naquit de l'union de NYAKE MBEND'EWUMA, petite fille
du chef Bassa et de MAPOKA MA NGIY'A MULOBE, l'arrière petit-fils
d'Ewale.
* 348 NGANDO AKWA est
né en 1764 de l'union du Prince KWA KUO de la dynastie Angwa de Bonaku
et de la Princesse MIONDE M'EWONDA KWAN de Bonewonda. Avant d'aller
défier le King BELE BA DOO, NGAND'A KWA prendra le commandement des
Bonaku en lieu et place de son cousin NTOKO`A MUANGE. Après le partage
du pouvoir central, il fédéra l'ensemble des BONAMULOBE qui
prirent par la suite le nom de BONAMBELA.
* 349 Le nouveau Cameroun
naît en 1884.
* 350 Qui veut dire
résistance.
* 351 Droit de
commercer.
* 352 Joss-Town.
* 353 Le 6 février
1905, le King AKWA fut condamné à cinq mois de prison avec
travaux forcés en dépit de l'accord formel qu'il avait conclu en
début d'année 1904 avec l'homme d'affaires Allemand MAX ESSER. La
convention stipulait que ce dernier lui verserait 500 Marks par source de
pétrole découvert, en dehors du prix de vente, dans toute sa zone
d'influence jusqu'en décembre 1904. Le problème est né du
fait que le chef du district VON BRAUCHITSCH voulait absolument attribuer
à MANGA BELL les droits de perception d'un quatrième puits qu'il
situait dans le territoire Bell alors que celui-ci se trouvait, à
l'instar des trois premiers, dans la zone Bassa (Logbaba) ou le King AKWA et
ses ascendants avaient une hégémonie précoloniale.
* 354 SPD :
socio-démocrates.
* 355 Zentrum Partei.
* 356 La plupart des Duala
avaient déserté la ville et s'étaient
réfugiés dans l'arrière-pays. De là-bas, ils
partirent avec leurs pirogues vers les bateaux anglais, prirent sur eux de les
guider à travers les eaux côtières nonobstant le coulage
par les allemands des bateaux de la « Woermann » pour barrer le
chenal. Ils leurs transmirent des informations sur les positions allemande et
leur assurèrent que la population était prête à leur
accorder toute aide pour l'expulsion des allemands. Certains demandèrent
même des armes et leur incorporation militaire. Les allemands savaient
que les Duala soutenaient les actions militaires alliés, raison pour
laquelle ils prirent des mesures militaires draconiennes pour assurer la
surveillance des populations et leur neutralisation. Cela fit des morts et,
beaucoup de morts. Une des rares indications chiffrées apparaissant dans
un rapport allemand est la pendaison de 180 Duala sur ordre du lieutenant von
Engelbrechten.
* 357 AEF : Afrique
Équatoriale Française.
* 358 Dans le partage du
Cameroun qui eut lieu en mars 1916, les Anglais obtinrent une bande verticale
nord-sud frontalière du Nigeria, représentant environ
1/5ème du pays. Tout le reste, soit les 4/5ème revinrent aux
Français ainsi que les zones cédées à l'Allemagne
en 1911. L'essentiel de l'organisation administrative allemande fut maintenue
et le général Aymérich occupa provisoirement le poste de
commissaire de la République jusqu'à la nomination en septembre
1916 de Lucien FOURNEAU, ex gouverneur du Moyen-Congo. Après la remise
de l'ensemble des zones administratives passant sous contrôle
Français, le général Anglais DOBELL quitta le Cameroun le
3 avril 1916.
* 359 Actuel Douala-bar.
* 360 SDN :
Société des Nations.
* 361 S.A.R.L. :
Société à Responsabilité Limitée.
* 362 GRIPP :
Groupement Représentatif de l'Indication Géographique
Protégée Poivre de Penja.
* 363 E. KINGUE,
« Canton Akwa (Douala) : le Prince Ngando Ebongue Akwa Jean
Pascal est nouveau chef ». Article publié en août 2021
sur le site
www.ActuCameroun.com et
consulté le 28 octobre 2021.
* 364 Mort en
déportation à Campo en 1916.
* 365 DIMBAMBE LA SAWA,
(n.d.). Article publié le 15 mars 2022 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 25 mars 2022.
* 366 Son père meurt
un 08 décembre, plus précisément en l'année
2020.
* 367 FMSB :
Faculté de Médecine des Sciences Biomédicales.
* 368 CUSS : Centre
Universitaire des Sciences de la Santé.
* 369 DIMBAMBE LA SAWA.
Article publié le 15 mars 2022 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 25 mars 2022.
* 370 OMS :
Organisation Mondiale de la Santé.
* 371 UNICEF : Fonds
des Nations Unies pour l'Enfance.
* 372 Idem.
* 373 P. TCHOUTA,
« VOICI LE NOUVEAU ROI AKWA » sur la page « Le
TGV de l'info ». Article publié sur le site
www.facebook.com le 16 mars 2022
et consulté le 04 avril 2022.
* 374 Pour Idrissa KIMBA,
« le terme chef -européen et péjoratif - est ambigu. Il
peut désigner aussi bien le souverain d'un Etat solidement
structuré que le petit notable qui règne sur un village. C'est
pour ne pas reconnaître aux souverains africains le titre de roi ou
empereur que le terme a été réservé exclusivement
au contexte africain ». Voir I. KIMBA, Lutte contre la
pauvreté au Niger : considérations ethnolinguistiques,
historiques et stratégies actuelles, Niamey, 2002, p. 20. Voir
également I. KIMBA, Guerres et sociétés : les
populations du Niger occidental au XIXème et leurs réactions face
à la colonisation, 1896-1906, Paris 7, Thèse
3ème Cycle, Connaissance du Tiers-Monde, 1979. Selon Olivier
DE SARDAN, le terme « chefferie » fut utilisé par
les premiers explorateurs et conquérants pour désigner les
institutions politiques qu'ils avaient trouvées sur place. Le terme fut
ensuite appliqué aux structures politiques nouvelles
édifiées par les occupants. Olivier DE SARDAN (1984) utilise la
notion de « chefferie administrative ». Voir O. DE SARDAN,
Les sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves,
paysans, Paris, Karthala, 1984, p. 213.
* 375 A. MABA TIDJANI,
La chefferie et ses transformations : de la chefferie coloniale
à la chefferie postcoloniale, Chapitre 3, 25 novembre 2009.
* 376 M. PROUZET,
« Le statut juridique des chefferies traditionnelles au
Ghana », Revue française d'études politiques
africaines, vol. 11, 1976, p. 88.
* 377 A. AHIDJO & G.
BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome
Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles
Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.
* 378 L'éclatement
des lignages et l'éparpillement n'ont cessé qu'à une
époque récente.
* 379 Le véritable
chef, c'est le chef de clan ».
* 380 Rapports politiques
du Djouah (1er sem. 1938) et du Woleu-Ntem (1er sem.
1937).
* 381 G. BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 201-202.
* 382 Cantons et terres.
* 383 Un rapport
d'inspection concernant les « plaintes » des Fang de Kango
(janv. 1937) évoque les « abus des chefs de canton »
en matière d'impôts, en fait de palabre et d'instruction des
divorces, de détournement des femmes mariées, et parle
« d'exactions commises ». Cf. aussi F. GREBERT, Au
Gabon (Afrique équatoriale française), Broché, 1922
&Le Gabon de Fernand GREBERT, 1913-1932,
Relié-Illustré, 2003.
* 384 Rapport de
présentation au Conseil représentatif du Projet de réforme
des chefferies, 1948. G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire.
Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de
France, 1955, p. 203.
* 385 Un rapport de la
subdivision de Lambaréné (1er sem. 1939). Voir G.
BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en
Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p.
203.
* 386 Fait noté par
un rapport officiel : « Il est à remarquer que dans les
villages, surtout chez les Fangs, il y a toujours deux clans : ceux qui
sont avec le chef, ceux qui sont contre le chef... Les jeunes gens
lettrés sont toujours contre les chefs, sauf naturellement si un
intérêt immédiat commande le contraire...).
* 387 G. BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 209.
* 388 1760-1792.
* 389 Akwa-Nord.
* 390 Actuel Bonawonda.
* 391 MBOMBO.
* 392 J. EYOUM MADIBA,
« Cameroun, l'histoire des Douala : L'origine des
Deïdo : « Que Martin Ebele Tobbo veuille bien corriger son
erreur » : Cameroon. - Généalogiste ; Expert
de l'histoire des Sawa - 09 juillet 2018. Article publié via le lien
www.WorldNewsCameroun.fr
et consulté le 28 janvier 2021.
* 393 Idem.
* 394 Par groupe «
Duala », nous entendons les descendants de ces ancêtres aventuriers
partit du bassin du Congo entre le XIIIème et le XIVème
siècle pour se fixer dans la partie orientale du Golfe de Guinée
appelée « Baie de Biafra ». Nous regroupons donc
autour de ce tronc commun, les lignages dont l'histoire et les traditions font
ressortir une parenté plus ou moins proche à savoir: les Duala
stricto sensu, les Jebalè, les Malimba, les Pongo-Songo, les Dibongo,
les Bodiman, les Ewodi, les Pongo, les Mongo, les Abo, les Kôlè,
les Longase, les Batanga, les Isubu, les Bakweri. Cité par Prince NGANDO
EBONGUE AKWA, « Succession des Rois et Chefs Supérieurs
Akwa ». Article publié sur le site
https://Deïdobonebela.blog4ever.com
en mai 2014 et consulté le 04 février 2021.
* 395 H. R.
RUDIN, Germans in the Cameroons 1884-1916: A case Study in Modern
Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In Shirley
ARDENER, Eye-Witnesses, op. cit., p. 22.
* 396 NGANDO MPONDO.
* 397 NDOUMB'A
LOBÉ.
* 398 KUM'A
MBAPÉ.
* 399 1834-1885.
* 400 NeuKamerun.
* 401 Voir E. MVENG,
Histoire du Cameroun, Paris, Présence Africaine, 1963.
- Prince KUM'A NDUMBE III (Éditeur), L'Afrique
et l'Allemagne de la Colonisation à la Coopération 1884 - 1986
(Le cas du Cameroun), Yaoundé,1986.
- A. OWONA, La naissance du Cameroun (1884 -
1914), Paris, 1996.
- S. MICHELS (Éditrice), Imagined Power contested.
Germans and Africans in the Upper Cross River Area of Cameroon (1887 -
1915), Munster, 2004.
- P. B. ESSOMBA, Voies de communication et espaces
culturels au Cameroun sous domination allemande (1884 - 1916),
Thèse de Doctorat d'État, Université de Yaoundé,
2004/ 2005.
- S. MICHELS (Éditrice), « La politique de la
mémoire en Allemagne et au Cameroun » - Accès du
colloque à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005.
- A. GOUAFFO, Wissens - Und Kulturtransfer im Kolonialen
Kontext: Das Beispiel Kamerun - Deutschland (1884 -1919),
Saarbrücken, 2007.
- Prince KUM'A NDUMBE III, Das Deutsche Kaiserreich in
Kamerun. Wie Deutschland seine Kolonialmacht aufbauen konnte (1840 -
1910), Berlin, 2008.
* 402 Reichskolonialamt ou
Office Colonial de l'Empire.
* 403 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916),
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De
Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982,
p. 72.
* 404 Ibid., pp. 72-73.
* 405 L.-P. NGONGO,
Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, TOME I :
1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault, 1984, pp.
16-18.
* 406 Hamburg America
Linie.
* 407 J. BLANKENBURG,
« Conférence sur l'histoire du Rotary Club Hamburg
Steintor », [archive], 2005.Article publié sur le site
https://www.rotary.org et
consulté le 10 avril 2020.
* 408 A cette
époque, la ramie était la fibre d'avenir, destinée
à révolutionner l'industrie textile. Le Comité
économique ordonna des études à ce sujet dans le
protectorat du Cameroun ; c'est à la suite de ces études que
Woermann obtint un monopole de 10 ans sur l'exploitation de la ramie.
* 409 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 15-18.
* 410 A. WIRZ, Vom
Sklavenhandel zum Kolonialenhandel: Wirtschaftsraume und Wirtschaftsformen in
Kamerun vor 1914, p. 51. Le texte de ce traité se trouve dans J.-R.
BRUTSCH, « Les traités camerounais », in
Études Camerounaises, 47 - 48, mars-juin 1955, p. 31.
* 411 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 4447 ; voir aussi A.P. OLOUKPONA - YINNON, ... Notre
place au soleil ou l'Afrique des pangermanistes, Paris, L'Harmattan&
Togo, Éditions Hoha, 1985, p. 47.
* 412 Homme calme et
pondéré, Gustave NACHTIGAL connaissait admirablement la
mentalité africaine qu'il avait pu étudier durant ses
explorations du Bornou et du Tchad.
* 413 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten
Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), Munchen, Piloty &
Loehle, 1914, pp. 118 - 119. M. BUCHNER, Deutsche
Kolonialzeitung, 11, 1885, pp. 343- 344.
* 414 F. ETOGA EILY,
Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production
de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, 1971, p. 102.
* 415 H.- D. LOOSE,
Wilhelm Jantzen de la Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker &
Humblot, Berlin, 1974.
* 416 « Les voeux
des populations du Cameroun ». Traduction faite par nous.
* 417 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 4202, Band 1, 1884 - 1885, ff 34 - 39, « Hissung der
deutschen Flage in Kamerun ». M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen und
Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887, p. 67.
* 418 Bimbia.
* 419 Malimba.
* 420 Bonabéri.
* 421 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 4447; Deutsche Kolonialzeitung, 1886, pp. 130, 175 - 176; M.
BUCHNER, Aurora Colonialis, op. cit., p. 68.
* 422 V. J. NGOH indique
dans Cameroun 1884 - 1985 : Cent ans d'histoire,
Yaoundé, CEPER, 1990, p. 27, qu'il s'agissait des « contrats
de vente » et des « traités
négociés ».
* 423 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 18 - 19.
* 424 F. ETOGA EILY,
Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production
de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, p. 151, 1971.
* 425Our wishes is
(sic) that white men should not go up and trade with Bushmen, nothing to do
with our markets; They must stay here in this river and they give us trust, so
that we will trade with our Bushmen ». Traduction faite par
nous.
* 426 Le Gouverneur VON
SODEN, dès 1886 déjà, devait donner à ce texte une
interprétation restrictive ; pour lui, le monopole reconnu aux
Douala n'était valable que dans leurs rapports avec les tribus qui
jusqu'en 1884 commerçaient avec eux. Ils étaient donc
éliminés des nouvelles zones qui devaient être
explorées par la suite ; mais, on verra que beaucoup plus tard,
rien ne subsistera plus en pratique, des termes du traité de 1884 (cf.
E. ZINTGRAFF, pp. 3-4 ; Dr G. MEINHARDT, Die Geldeschichte der ehemaligen
Deutschen Schuztgebiete, Heft 3 : Kamerun).
* 427 F. ETOGA EILY,
Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production
de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, p. 152, 1971.
* 428 R. NGANDO SANDJE,
« Le Traité germano-douala du 12 juillet 1884 », p.
132. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 12 janvier 2021.
* 429 C.-T. KUOH,
Montémoignage : Le Cameroun de l'indépendance
(1958-1970),Biographie, 1990, p. 15.
* 430« Cameroon
Rétro-Photos du passé (n.d.) ». Article publié sur le
site
www.facebook.com et
consulté le 08 février 2021.
* 431 PEUPLE SAWA,
« Ngondo : Espoir d'une jeunesse
déracinée ». Article publié sur le site
www.peuplesawa.com, le 15
novembre 2016 et consulté le 08 février 2021.
* 432 Kamerun Fluss.
* 433 NDUMB'A LOBE.
* 434 KUM'A MBAPE.
* 435 Bonabéri vient
de « Bona Belle ; les gens de Belle, soit les gens de
Bell ».
* 436 NGANDO MPONDO.
* 437 Prince KUM'A NDUMBE,
L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1896. Le cas du Cameroun, Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 44.
* 438 Cour
d'Équité.
* 439 Ibid, p. 45.
* 440 Von Bismarck an den
Kaiserlichen General - Konsul Herrn Dr. Nachtigal; Druck - Sachen des
Reichstages 6. Legislatur - Periode, 1- Session 1884-85, Band 1, Berlin 1885,
p. 29 sq.
* 441 Adolph Woermann an
den Herrn Reichskanzler Fursten Von Bismarck Durchlauchn Hamburg den 30 April
1884, ibid. p. 31 sq.
* 442 Ibid, p. 30.
* 443 Ibid, p. 30.
* 444 Ibid. p. 65. M.
BUCHNER, Aurora Colonialis, op. cit., p. 64.
* 445 NDUMB'A
LOBÉ.
* 446 DIKA MPONDO.
*
447 « C'est Notre Histoire-Traité
Germano-Douala de juillet 1884 : Marché de Dupes ou Braderie du
Siècle ? Les Chefs SAWA ont-ils été trompés
à l'insu de leur plein gré ? » Article publié
sur le site
www.facebook.com et
consulté le 27 janvier 2021.
* 448 Abtretung Urkunde
Dido, 11-7-1884 DZA - Potsdam 4202, f. 9009.
* 449 Abtretung Urkunde
Bell-Aqua, 12-7-1884 DZA - Potsdam 4447, f. sq.
* 450 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1896. Le Cas du Cameroun, Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 58.
* 451 H. BRUNSCHWIG,
« De la résistance africaine à l'impérialisme
européen », in Peuples Noirs, Peuples Africains,
N°9, 1979, p. 100 sq. Voir aussi H. BRUNSCHWIG, L'expansion allemande
outre-mer du XVe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1957.
* 452 Sud-Ouest
Africain.
* 453 S. ARDENER,
Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887, Buéa,
1968, pp.22-23; H. BRUNSCHWIG, « De la résistance
africaine à l'impérialisme européen », in
Peuples Noirs, Peuples Africains, N°9, 1979, p. 101; G.D. RAMSAY,
The City of London in International Politics at the Accession of Elizabeth
Tudor, Totowa, N.J.: Rowan and Littlefield, 1975, p. 176.
* 454 H. P. JAECK,
« Die deutsche Annexion ». In H. STOECKER (éd.),
Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft I, p. 64.
* 455 Ibid., p. 64.
* 456 Ibid. p. 65. M.
BUCHNER, Aurora Colonialis, p. 64.
* 457 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis, p. 63 sq : il note ceci à la page 64.
« Erst am folgenden Morgen des 12. Juli, als wir uns anschikten den
FluB noch weiter hinauf zu fahren, kam ein Lotse angerudert... und brachte die
Nachricht, es sei weiter nichts passiert, die Englander hatten an Bord der
`Goshawk' nur eine lange Besprechung gehabt, und die « Goshawk' sei
abgegangen, um den englischen Konsul zu holen, der in Bonny oder Benin sei. Wir
atmeten auf.'' Cf. JAECK H.- P., « Die deutsche Annexion ».
In H. STOECKER (éd.), Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft,
I, p.65; RAMSAY, The City of London in International Politics at the
Accession of Elizabeth Tudor, Totowa, N.J.: Rowan and Littlefield, 1975,
p. 177; S. ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887.
Buea 1968, p. 23.
* 458 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis, p.70.
* 459L.-P. NGONGO,
Histoire Des Institutions Et Des Faits Sociaux Du Cameroun, Tome I :
1884-1945, Collection : Mondes en Devenir, Berger-Levrault, 1987.
* 460 Exemple unique en
Afrique.
* 461 Bien que la
population de celle-ci, tout comme le style de construction, soit encore
largement rurale.
* 462 D. ENGOLO,
« Le Royaume BamounBamun, une monarchie au Cameroun ».
Article publié sur le site
www.ALBAYANE.mhtml et
consulté le 9 février 2021.
* 463 MBOUOMBOUO.
* 464 Voir C. TARDITS,
Le Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, p. 87. Le nom
Foumban dérive d'ailleurs de Fembem qui signifie les ruines de Mbem.
* 465 Ce fait n'est pas
propre aux Nsharens : dans l'Antiquité, les Romains, bien
que vainqueurs, adoptèrent la langue des Grecs ; les Foulbés
en firent la même chose au nord du Nigéria en adoptant la langue
des Haoussa qu'ils avaient vaincu. Le Shupamen est couramment connu sous le nom
de langue bamounBamun.
* 466 R. TSAPI,
« Réflexions journalistiques sur la société
camerounaise » - Figure : Nchare Yen, fondateur du royaume
BamounBamun », 14 octobre 2021. Article disponible sur le site
www.rolandtsapi.com et
consulté le 07 avril 2022.
* 467« Nchare
Yen - Nchare Yen (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 janvier 2021.
* 468 Interview de M.
OUSMANE, Vieillisseur d'objets d'art dans la ville de Foumban le 30 mars
2021.
* 469 SA. Dr. NJINJIASSE
NJOYA, « ROYAUME BAMOUNBAMUN.COM ». Article publié
sur le site
http://www.royaumebamounBamun.com/fr/bnlog
et consulté le 26 janvier 2021.
* 470Idem.
* 471 Qui signifie
« Errants ».
* 472 Interview de M.
OUSMANE, Vieillisseur d'objets d'art dans la ville de Foumban.
*
473 « Bafia (n. d.) ». Article publié sur
le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 15 février 2021.
* 474 Département du
Mbam, sous-préfecture Bafia.
* 475 RAMEAU, BnF (1).
* 476« Endonymie (n.
d.) ». L'endonymie est le fait, pour un nom, d'être employé
régulièrement et couramment par une population pour se
désigner elle-même ou l'endroit où elle vit sa propre
langue, ce nom est l'endonyme. Par extension, toute dénomination d'un
groupe d'individus dans sa propre langue, qu'elle corresponde ou non au nom
régulier, est un endonyme. Endonymie provient de
« endo- » (intérieur) et - nymie (nom) en grec.
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 15 février 2021.
* 477 (En) Fiche langue
(ksf) dans la base de données linguistique Ethnologue.
* 478 (En) J. S. OLSON,
« Bafia », in the Peoples of Africa: An Ethnohistorical
Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 53.
* 479 M. MBASSA
SOUTA, Au coeur des us et coutumes des peuples Bafia,
L'Harmattan, 2011.
* 480 Très
minoritaire dans la région.
* 481« Bafia
(peuple) (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 15 février 2021.
* 482 RAMEAU, BnF
(2) (n. d.) Article consulté le 18 juin 2021.
* 483 (En) Fiche langue
(Ins) dans la base de données linguistique Ethnologue.
* 484 (En) Fiche langue
(lmp) dans la base de données linguistique Ethnologue.
* 485 (En) Fiche langue
(oku) dans la base de données linguistique Ethnologue.
* 486« Nso (n.d.)
». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 15 février 2021.
* 487 L. B. POUNTOUGNIGNI
NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de
l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière
franco-britannique (1916-1961) », p. 381. In FOUELLEFAK KANA C. C.
& NZESSE L., Le patrimoine culturel africain :
matériau pour l'histoire, outil de développement,
L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.
* 488 Ibid, p. 383.
* 489 D. MOKAM, Les
associations régionales et le nationalisme camerounais (1945-1961),
2006, pp. 170-171. Voir aussi L. B. POUNTOUGNIGNI NJUH, « Le
patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun
à l'épreuve de la frontière franco-britannique
(1916-1961) », pp. 385-386. In FOUELLEFAK KANA C. C. & NZESSE L.,
Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire,
outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.
490 Ibid, p. 383.
* 491 C. Anta DIOP,
L'unité culturelle de l'Afrique Noire, 1982, p. 143.
* 492 Ndzendzef, Tankum et
Len.
* 493 P. NCHOJI NKWI &
J.-P. WARNIER, Elements for a history of the Western
Grassfields, 1982, pp. 137-140.
* 494 L. B. POUNTOUGNIGNI
NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de
l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière
franco-britannique (1916-1961) », pp. 387-388. In Rapport de
l'UNESCO, Le patrimoine culturel africain : matériau pour
l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp.
263-281.
* 495 P. NCHOJI NKWI &
J.-P. WARNIER, Elements for a history of the Western Grassfields,
1982, pp. 135-136, Cité par A. P. TEMGOUA, op.cit., 2014, pp. 99.
* 496 L. B. POUNTOUGNIGNI
NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de
l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière
franco-britannique (1916-1961) », p. 388. In FOUELLEFAK KANA C. C.
& NZESSE L., Le patrimoine culturel africain : matériau
pour l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp.
263-281.
* 497 Sehm Mbinglo I.
* 498 CAMEROON WEB, «
Kumbo » (n. d.). Article publié sur le site
www.CameroonWeb.com et
consulté le 26 août 2021.
* 499 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des Bamun », Mémoires de
l'IFAN, série : Population N°5, 1952, pp. 24-26.
* 500 N. ELIAS, La
dynamique de l'Occident, Paris, AGORA, 2007.
* 501 C. TILLY,
« La guerre et la construction de l'État en tant que crime
organisé », in Politix, vol. 13, N°49, pp.
97-111.
* 502 J. NYE, « Soft
Power: The means to success in world politics. New-York » in
Public Affairs, 2004; Voir aussi, J. NYE, «Bound to lead: the
changing nature of American Power », New York, Basic books,
1991.
* 503 M. WEBER,
Économie et société, Paris, Plon, 1995, p. 57.
* 504 E. PRITCHARD & M.
FORTES, Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.
* 505 C. SCHMITT,
Théorie du partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.
* 506 C. SCHMITT,
Notion du politique, trad. Steinhausen, Paris, Champs Flammarion,
1994, p. 270.
* 507 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN,
série : Population N° 5, 1952, pp. 24-26.
* 508 M.-N. BOUILLET &
A. CHASSANG (Dir), « Rois faînéants ».
Expression tirée de l'ouvrage Dictionnaire universel d'histoire
et degéographie, 1878.InColloque International Roi Njoya, LE
ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la
renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 89-91.
* 509 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des Bamun », Mémoire de
l'institut français d'Afrique Noire (centre du Cameroun) »,
série : Population N° 5, 1952, pp. 24-26.
* 510 C. SCHMITT,
Théologie politique, trad. J. L. Schlegel, Paris, Gallimard,
1988, p. 16.
* 511NJIKOUMJOUO par
exemple fut l'un de ses plus intrépides challengers.
* 512 Sultan I. NJOYA,
op.cit., p.23.
* 513 Voici quelques
fragments tirés de l'Histoire et coutumes des Bamun :
« Toi et ton frère vous courrez demain, celui qui de vous
deux courra le plus vite et arrivera à poser le premier son pied sur la
pierre sera Roi ». Ayant couru ensemble chacun avec ses
partisans, les gens de Nchare obstruèrent la voie à NJI Koumjouo
et permirent à Nchare d'arriver le premier. « Nchare
était charitable tandis que son frère était
égoïste » nous révèle
l'Histoire.
* 514 Voir surtout M.
MAUSS, « Essai sur le don : forme et raison de l'échange
dans les sociétés primitives », Année
sociologique, 2nde série, 1923-1924.
* 515 E. DURKHEIM,
Fonctions sociales et institutions, Paris, Minuit, 1975.
* 516 Les derniers rois
soumis résidaient respectivement à Folap, NJImom, Foyet, Mambouo,
Ka'ben, Mayap, Machu, Makoutam, etc.
* 517 C. TILLY,
« La guerre et la construction de l'État en tant que crime
organisé », in Politix, vol. 13, N° 49, 2000,
pp. 97 - 117.
* 518 C. TARDITS, Le
Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, pp. 151-152.
* 519 Foumban.
* 520 Interview de Mme
NGOUNGOURE BILKISSOU, guide touristique dans la ville de Foumban le 30 mars
2021.
* 521 C. NGON AULECTH,
« Pourquoi on appelle les BamounBamun serpent à deux
têtes ? » Le serpent à deux têtes, emblème
bamounBamun est créé pour célébrer le triomphe du
roi Mbuembue pour sa victoire sur les guerriers Pou et Mgbètnka, article
publié 16 mai 2018 sur le site
https://www.auletch.com et
consulté le 1er avril 2021. Des rumeurs malveillantes ont
accrédité l'idée que les BamounBamun sont
représentés par le symbole du serpent à deux têtes
parce qu'ils sont particulièrement faux et tiennent le double langage.
On ignore la source exacte de cette explication qui, sérieusement,
ternit l'image de marque du peuple bamounBamun. Il faut dire que certains
BamounBamun peuvent avoir contribué à répandre cette
explication fallacieuse du symbole du serpent bicéphale.
* 522 Voir Sultan
I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de
l'IFAN, série : Population N°5, 1952, p. 26.
* 523 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité
au Cameroun : Le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp.
74-76.
* 524 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité
au Cameroun : Le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp.
79-80.
* 525 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun,
2014, pp. 128-129.
* 526Ibid., p.
229.
* 527 K. ASARE OPOKU,
« La religion en Afrique pendant l'époque
coloniale », in A. BOAHEN (dir), Histoire Générale
de l'Afrique, vol. VII : L'Afrique sous domination coloniale,
1880-1935, Paris, UNESCO/ NEA, 1987, pp. 566-567. In A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands,L'Harmattan Cameroun,
2014, p. 214.
* 528 Société
pour la colonisation allemande.
* 529 Cf. Allgemeine
Missionsgesellschaft, 1886, p. 41.
* 530 MADIBA ESSIBEN,
Colonisation et évangélisation en Afrique :
l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort,
Peter LANG, 1980, p. 47. Fondé en 1884, le Syndikat fur Westafrika
regroupait les commerçants allemands ayant des intérêts
économiques en Afrique occidentale. Son président était
Adolf WOERMANN, in A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque
des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 215.
* 531 Ce n'est qu'en 1890
que les catholiques (les Pallotins) furent autorisés à
s'installer au Cameroun. Pour Jean Paul MESSINA, c'est le baptême du
jeune camerounais KWA MBANGE qui accéléra la décision
d'autoriser les missionnaires catholiques à s'installer au Cameroun.
J.-P. MESSINA & J. VAN SLAGEREN, Histoire du christianisme au Cameroun,
des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/
CLÉ, 2005, p. 135. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à
l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 126.
* 532 MADIBA ESSIBEN,
Colonisation et évangélisation en Afrique :
l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort,
Peter Lang, 1980, p. 20.
* 533 Ibid. p. 52.
* 534 J.-P. MESSINA &
J. VAN SLAGEREN, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines
à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/ CLÉ, 2005, p.
142. A partir de ce moment, les stations surgirent du sol les unes après
les autres : Kribi et Edéa en 1891, Engelbert (Bonjongo) en 1894,
Douala (Bonadobong) en 1898, Grand Batanga en 1900, Yaoundé
(Mvolyé) en 1901, Minlaba en 1912, Deïdo en 1913.
* 535 P. L. BETENE &
J.-P. MESSINA, « L'enseignement catholique au Cameroun,
1890-1990 », Publication du centenaire, Bologne, Grafiche
Dehoniane, 1992, p. 31. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à
l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 200-221.
* 536 MADIBA ESSIBEN,
Colonisation et évangélisation en Afrique :
l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort,
Peter Lang, 1980 », p. 61. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun
à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p.
222.
* 537 École des
auxiliaires ou encore École Normale.
* 538 1890-1915.
* 539 J.-P. MESSINA &
E. MVENG, L'Église catholique au Cameroun : 100 ans
d'évangélisation, 1890-1990, Conférence
épiscopale du Cameroun, Sous-Commission de l'histoire de
l'Église, 1990, p. 24.
* 540 N. NGO NLEND,
« Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun,
Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études
Théologiques et Religieuses, 2013/1, (Tome 88), pp. 73- 87.
* 541 1921-1974.
* 542 SMEP : La
Société des Missions Évangéliques de Paris.
* 543 A la mort de BRUTSCH,
sa documentation a été cédée au Défap par sa
famille où elle constitue désormais un fonds à part dit
« fonds Brutsch ». La valorisation scientifique de ce fonds
en vue d'une publication, a motivé la mise à disposition par le
Défap d'une bourse de recherche dont nous sommes la
bénéficiaire.
* 544 Fonds BRUTSCH,
boîte S, document dactylographié daté de 1955, p. 9.
* 545 Ibid.
* 546 Ibid.
* 547 Nadeige NGO NLEND est
doctorante en histoire inscrite en cotutelle internationale dans les
Universités de Yaoundé I au Cameroun et Paul-Valéry,
Montpellier III en France. Elle est par ailleurs assistante au
Département d'histoire de l'Université de Douala (Cameroun). La
réflexion qu'elle présente ici a été initialement
exposée le 15 novembre 2011, lors d'une conférence
organisée conjointement par le comité d'animation missionnaire et
les Églises réformées d'Alès (France). Cette
conférence s'inscrivait dans le cadre d'une semaine d'activités
consacrée à l'anniversaire des indépendances des
États et des Églises d'Afrique.
* 548 J.-R. BRUTSCH,
« Les traités camerounais », in Études
camerounaises, n°47- 48, mars-juin 1955, Institut français
d'Afrique noire, p. 10 ; N. NGO NLEND, « Le christianisme dans
les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et
aujourd'hui », in Études Théologiques et
Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73-87.
* 549 H.
NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles
écrites, 2002, p. 129.
* 550 Idem.
* 551 Idem.
* 552 N. MOSCONI,
« Femmes et savoir », Paris, L'Harmattan, Revue des
sciences de l'éducation, vol. 21, n°2, 1995. Cité par
A. NJOYA & P. PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun
depuis 1905 par les missionnaires de Bâle », récit local
rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume
BamounBamun, Les archives de la Société des Missions
Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, pp.
18-19.
* 553 A. NJOYA & P.
PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par
les missionnaires de Bâle », récit local
rapporté par A. LOUMPET- GALITZINE, Njoyaet le Royaume
BamounBamun, Les archives de la Société des Missions
Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p.
20.
* 554 Idem.
* 555 A. NJOYA & P.
PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par
les missionnaires de Bâle », récit local
rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume
BamounBamun, Les archives de la Société des Missions
Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p.
20.
* 556 SMEP:
Société des Missions Évangéliques de Paris.
* 557 A. NJOYA & P.
PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par
les missionnaires de Bâle », récit local
rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume
BamounBamun, Les archives de la Société des Missions
Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p.
22.
* 558 Idem.
* 559 Vingt-quatre, selon
J. VAN SLAGEREN, « Les origines de l'Église
évangélique du Cameroun. Missions et christianisme
autochtone », In Revue française d'histoire
d'outre-mer, 1978, p. 160.
* 560 Jahresbericht der
Basler Mission, 1914, p. 154, cité par J. VAN SLAGEREN, op. cit., p.
107.
* 561 H. R. RUDIN,
Germans in the Cameroon (1884-1914). A Case Study in Modern
Imperialism, Greenwood Press, New York, p. 192, 456 pages. Cité par
L.-P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du
Cameroun, TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en
devenir, Berger-Levrault, 1987, pp. 64-66.
* 562 En 1893.
* 563 L.-P.
NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun,
TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault,
1987, pp. 64-66.
* 564 P. MASIONI
(Illustrateur), Le Roi Njoya : un génial inventeur, Cauris
livres, Collection Lucy, 2015.
* 565 Interview de Mme
NGOUNGOURE BILKISSOU, guide touristique dans la ville de Foumban le 29 mars
2021.
* 566 ACADÉMIE
LASCOURS, «le-royaume-bamounBamun-au-cameroun/ ». Article
publié sur le site
www.académie-lascours.fr/
et consulté le mardi 07 novembre 2017.
* 567 Scène de
danse, retour de chasse, combats, rites royaux...
* 568 C. TARDITS,
« Histoire singulière de l'art bamoum (Cameroun) »,
Paris, Afredit-Maisonneuve & Larose, bibl., ill.,
cartes. Michèle Coquet. Revue française
d'Anthropologie. Éditions EHESS, 2004.
* 569 F. GADMER & V.
GOLOUBINOFF, « Du protectorat allemand au mandat français. Le
Cameroun en 1917-1918, ECPAD - pole des archives - Fonds première
guerre mondiale, décembre 2013, pp. 41-42.
Fig.37. Réf: SPA 225 H 7043. Foumban. Entrée de
la case aux passagers. 26 juin 1918. Négatif sur plaque de verre, 11 x
15 cm. ECPAD.
* 570 Toit constitué
de plusieurs cônes, couverture en chaume, frise d'animaux
stylisés, ici des lièvres et des antilopes.
* 571 G. ROCHER,
Introduction à la sociologie générale, Le
changement social, Montréal, Éditions HMH, 1968, p. 5.
Cité par J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes
identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans
les Bamboutos (Ouest Cameroun), XIXe -XXe siècle ,
Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire, DEA en Histoire, Option :
Histoire des relations internationales, 2016, p. 1.
* 572 Hauptlingsbuch.
* 573 Hauptlingstag.
* 574 J. LOMBARD,
Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en
Afrique noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime
colonial, Paris, Armand Colin, 1967, p. 16.
* 575 Ibid, p. 91.
* 576 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014,pp. 101-102.
* 577 J. LOMBARD,
Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique
noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime colonial,
Paris, Armand Colin, 1967, p. 108.
* 578 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, p. 102.
* 579
« Propriété foncière (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 février 2021.
* 580 DICTIONNAIRE DE
FRANÇAIS LAROUSSE, Éditions Larousse,
« Définitions : foncier ». Article publié sur
le site
www.larousse.fr et consulté
le 16 mai 2020.
· E. LE ROY, La terre de l'autre. Une
anthropologie des régimes d'appropriation foncière, Paris,
France : LGDJ : Lextenso éd., DL 2011.
· P. GOULOMB, De la terre à
l'état : Éléments pour un cours de politique
agricole, ENGREF, INRA-ESR Laboratoire d'Économie des Transitions
-Montpellier, France, 1994, 47 pages.
· A. GALHANO & J. PEDRO, The artificial
simulacrum world. The geopolitical elimination of communitary land use and its
effects on our present global condition, Eloquent Books - New York, USA -
2009, p.71.
* 581 « Régime
foncier (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 février 2021.
* 582 Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, « Le régime
foncier et le développement rural», Rome, 2003 (ISBN 92-5-204846-4
et 978-92-5-204846-6, OCLC 53854643, présentation en ligne, lire en
ligne), chap. 3 (« Qu'est-ce-qu'un régime
foncier »). FAO, « Gouvernance foncière.
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture », article publié sur le site
www.fao.orget consulté le 9
décembre 2019.
* 583 « Confiscation
(n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 février 2021.
* 584«
Dépossession (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 février 2021.
* 585« Expropriation
(n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 février 2021.
* 586 Bien privé,
bien public ou bien commun.
* 587 Chez certains
religieux et chez les ascètes et mystiques se dépossédant
de biens matériels dans le cadre d'un voeu de pauvreté par
exemple.
* 588 D.
VIDAL, Critique de la raison mystique : Benoit de Canfield :
possession et dépossession au XVIIe siècle, Vol.1,
Éditions Jérôme Million, 1990. E. ESCOUBAS,
« Ascétisme stoïcien et ascétisme
épicurien », in Les Études philosophiques, 22
(2), 1967, pp. 163-172.
* 589
Génétique dans le cas de l'appropriation du génome
d'espèces vivantes.
* 590 B. CHEVIT,
« Politique linguistique : un processus de
dépossession », in Les Cahiers de l'Orient,
3ème trimestre, 1994, 35, 142f.
* 591 Quand les cultures de
rente destinées à l'exportation remplacent les cultures
vivrières qui nourrissaient la population.
* 592 P. PILON, «
Processus de dépossession et mise en forme de la question alimentaire
sénégalaise sous hégémonie
néolibérale », in La Faim par le
marché : aspects sénégalais de la
mondialisation, L'Harmattan, 2012, pp. 113-158. Questions
contemporaines. Série Globalisation et Sciences Sociales.
* 593 Patrimoine
culturel.
* 594 A. RUGER,
« Le Mouvement de Résistance de Rudolf Manga Bell au
Cameroun », in Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne
de la Colonisation à la Coopération (1884-1896) : Le Cas du
Cameroun, 1986, pp. 148-149.
* 595 Il a
été dit, mais nous ne disposons d'aucun document le prouvant, que
sous le régime allemand des promesses relatives à leur
« émancipation », leur avaient été
faites. Cela est plausible, nous en trouvons presque confirmation dans les
projets de Théodore SEITZ, lequel, en 1910 se proposait d'ériger
une commune de plein exercice à Douala, prévoyant une gestion
autonome de la ville assurée par les Européens et les Africains.
« Je voulais, disait le Gouverneur, exploiter la nouvelle ressource
de 1910 ».
* 596 R. GOUELLAIN,
« DOUALA-VILLE ET HISTOIRE ». Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975, pp. 166-167 ;
* 597 Verhandlungen des
Reichstages, 1912-1914, Anlagen, Aktenstuck, Nr. 1576, p. 3306 : Gutachten
des Rigierungsartzes Prof. Dr. Ziemann vom 25.8.1910.
* 598 Ibid, p. 307.
* 599 J. GOMSU,
Colonisation et organisation sociale Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916),
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De
Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982,
p. 284.
* 600 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916),op.cit., p.
104.
* 601 Adamaoua. Rapport de
l'Expédition du Comité allemand pour le Cameroun au cours des
années 1893/ 1894.
* 602 P. ROHRBACH, Wie
machen wir unsere Kolonie Rentabel ? : Grundzuge Eines
Wirtschaftsprogramms Fur Deutschlands Afrikanischen Kolonialbesitz, 2018,
p. 126, 284 pages. Voir aussi P. ROHRBACH, Deutsche Kolonlalherrschaft.
Kulturpolitische Grundsâtze fur die Rassen- und Missionsfragen,
Berlin, 1909.
* 603 K. PETERS,
« Weitherzige Kolonialpolitik », Berlin, Verlag von
Hermann Walter, 1898.
* 604 Verhandlungen des
Reichstages, 1912-1914, p. 3305, in J. GOMSU, Colonisation et organisation
sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La
Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat
De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des
Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 284.
* 605 Y compris cuisiniers,
serviteurs, soldats, blanchisseurs, artisans, ouvriers, commis...
* 606 Pétition des
chefs Duala adressée au Reichstag le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen
des Reichstages, 1914, Anlagen, Akten stuck Nr. 1575, p. 3349.
* 607 Verhandlungen des
Reichstages, 1912-1914, Anlangen, Nr. 1582, p. 3291, Bericht uber die
Versammlung von 24. November 1912 mit dem Gouverneur Ebermaier.
* 608 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 105-106.
* 609 LA TOUPIE,
« Définition de pétition ». Article
publié sur le site
www.LaToupie.fr et consulté
le mercredi 25 août 2021.
* 610 CENTRE NATIONAL DE
RESSOURCES TEXTUELLES ET LEXICALES (CNRTL), « Définition d'une
pétition », article publié sur le site
https://www.cnrtl.fr et
consulté le mercredi 25 août 2021.
* 611 ANC, FA 1/ 37, F.
78.
* 612 ANC, FA 1/37, F.
94.
* 613 ANC, FA 1/ 37, F.
79.
* 614 ANC, FA 1/37, F.
78.
* 615 ANC, FA 1/37, F.
88-91.
* 616 ANC, FA 1/ 37, F.
210-218.
* 617 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916),
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De
Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982,
p. 280.
* 618 ANC, FA 1/37,
F.22-226.
* 619 Ibid., p. 200.
* 620 ANC, FA 1/ 93,
Petition der Akwa - Hauptlinge.
* 621 Suppression du
monopole du commerce intermédiaire.
* 622 Ibid. p. 13.
* 623 Ibid. p. 22.
* 624 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, pp.
281-282.
* 625 Jugement de MPONDO
AKWA, cf. ANC, FA 1/ 454, F. 3-5 ; cf. Théodore SEITZ, Vom
Aufstieg und Niederbruch II, p. 43.
* 626 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 4428, ff. 280-284.
* 627 A. RUGER,
« Le mouvement de résistance de Rudolf Douala Manga Bell au
Cameroun », in Prince KUM'A NDUMBE III, op.cit., p. 160.
* 628 Ibid, p. 163.
* 629 ANY, FA 4/ 490, f.
49.
* 630 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp.
107-109.
* 631Ibid., pp.
81-82.
* 632 Kumi.
* 633 Ibid., pp. 83-84.
* 634 Prince NGANDO EBONGUE
AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs
Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site
www.PeupleSawa.com et
consulté le 9 février 2021.
* 635 Le 6 février
1905, le King Akwa fut condamné à cinq mois de prison avec
travaux forcés en dépit de l'accord formel qu'il avait conclu en
début d'année 1904 avec l'homme d'affaires Allemand Max Esser. La
convention stipulait que ce dernier lui verserait 500 Mark par source de
pétrole découvert, en dehors du prix de vente, dans toute sa zone
d'influence jusqu'en décembre 1904. Le problème est né du
fait que le chef du district von Brauchitsch voulait absolument attribuer
à Manga Bell les droits de perception d'un quatrième puits qu'il
situait dans le territoire Bell alors que celui-ci se trouvait, à
l'instar des trois premiers, dans la zone Bassa (Logbaba) ou le King Akwa et
ses ascendants avaient une hégémonie précoloniale.
* 636 SPD :
socio-démocrates.
* 637 Zentrum Partei.
* 638 Prince NGANDO EBONGUE
AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs
Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site
www.PeupleSawa.com et
consulté le 9 février 2021.
* 639 M. MBONO SAMBA AZAN,
Martin Paul Samba face à la pénétration allemande au
Cameroun, Paris, ABC, 1976, pp. 79-92.
* 640 Prince NGANDO EBONGUE
AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs
Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site
www.PeupleSawa.com et
consulté le 9 février 2021.
* 641 Prince NGANDO EBONGUE
AKWA, « Cameroun Rétro-Photos du passé ».
Article publié sur le blog intitulé « Blog
Deïdo-Bonabela/PrinceNgandoEbongueAkwa ph. Defap » le 3
février 2020 et consulté le 09 février 2021.
* 642 J. GOMSU,
« La formation des camerounais en Allemagne pendant la période
coloniale », in Cahiers d'Allemagne te d'Études
Germaniques, Vol I, N°2, 1985, p. 129.
* 643 S. C. TAGNE KOMMEGNE,
« L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation
de l'Etat au Cameroun (1884-1914) », Yaoundé II-Soa/Cameroun -
Diplôme d'Études Approfondies en Science Politique, 2006. Document
publié sur le site
www.memoireonline.com et
consulté le 9 février 2021.
* 644Idem.
* 645 R. TSAPI,
« Figures : Rudolf Duala Manga Bell, la résistance
à l'impérialisme ». Article publié le 12
décembre 2019 sur le site de l'O.N.G. « UN MONDE
AVENIR »,
https://unmondeavenir.org et
consulté le 29 janvier 2021.
* 646 P. BOUOPDA KAME,
Histoire politique du Cameroun au XXe siècle, L'Harmattan,
2016, p. 29.
* 647 Spécialiste de
l'ethnie Duala. Interviewé par : Ambre ETAME, Thania EWANE, Irène
OTZMAN et Sissa BEKOMBO.
* 648 Bâtons de
manioc.
* 649 Faux parce qu'ils
contenaient des documents compromettants qui allaient aider NGOSSO DIN à
plaider la cause des Duala auprès du Reichstag.
* 650Ibid.
* 651 J.-M.
ESSONO, YAOUNDÉ : Une ville, une histoire,
Yaoundé, ÉDITIONS ASUZOA, 2016, p. 580.
* 652 King BELL.
* 653 New Bell, New Akwa,
New Deïdo.
* 654 JOURNAL DER SPIEGEL
ONLINE, « Rudolph Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun »,
Courrier international, N° 1505, ý5 septembre 2019.
Article publié sur le site
https://www.courrierinternational.com
et consulté le 16 novembre 2021.
* 655 J.-P. F. EYOUM &
S. MICHELS & J. ZELLER, « Bonamanga. Eine kosmopolitische
Familiengeschichte ». In « Mont Cameroun ».
Revue africaine d'études interculturelles sur l'espace
germanophone, No. 2, 2005, p. 11 - 48.
* 656 M. NOUGOUM,
« Le film camerounais, The German King : une histoire
africaine ». Article publié le 22 juillet 2019 sur le site
https://lefilmcamerounais.com
et consulté le 12 janvier 2021.
* 657 NDOL'A BALI,
« La fraternité de Bali, Tet'Ekombo (le père de la
nation) » [archive], article publié sur le site
www.ndola-bali.asso.web.fr
et consulté le 12 janvier 2021.
* 658 J.-P. CHRÉTIEN
& J.-L. TRIAUD, Histoire d'Afrique, les enjeux de la
mémoire, p. 482, Karthala, 1999.
* 659 JOURNAL DER SPIEGEL
ONLINE, « Rudolph Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun »,
Courrier international, N° 1505, ý 5 septembre 2019.
Article publié sur le site
https://www.courrierinternational.com
et consulté le 16 novembre 2021.
* 660 PEUPLE SAWA,
« MANOKA, commune du Cameroun ». Article publié sur
le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 18 mars 2021.
* 661 Douala VI.
* 662 THE DREAMER,
« ILE DE MANOKA ». Article publié le 10 mai 2019 sur
le site
https://thedreamer.cm/ile-de-manoka
et consulté le 18 mars 2021.
* 663 Ancien commissariat
de police (Bonanjo).
* 664 THE DREAMER,
« ILE DE MANOKA ». Article publié le 10 mai 2019 sur
le site
https://thedreamer.cm/ile-de-manoka
et consulté le 18 mars 2021.
* 665 R. AUSTEN &
J. DERRICK, « (En) Middlemen of the Cameroons Rivers: The Duala and
their Hinterland », in African Studies Series, Cambridge
University Press, 96, 1999.
* 666 Le Roi NDOUMB'A
LOBÉ.
* 667O. ZOURMBA,
« La conservation et la valorisation des vestiges du protectorat
allemand dans la ville de Douala (Cameroun) », Mémoire de
Maîtrise, 2016-2017, pp. 42-43.
* 668 Ibid, pp. 123-124.
* 669 Verhandlung des
Reichstags, Stenographische Berichte, 1913, p. 3511.
* 670 Ibid, 1912-A1914,
Anlagen, Aktenstuck Nr. 1576, p. 4875.
* 671 ANY, FA 4/ 478, f.
32.
* 672 Ibid, f. 32.
* 673 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 4227: Verwaltung von Kamerun, Band 2, ff. 122-127.
* 674 Rabier BINDJI ANANIE
: Journaliste/Directeur de l'Information de la chaise camerounaise Canal 2
International. Interviewé par : Paula EWANE, Aude TAMOKOUE,
Valérie TAMBEKOU et Hugo LECOMTE. Sous la supervision de M. Mbangue
Oumbuang, dramaturge. Lycée Français Dominique Savio, article
publié sur le site
www.LyceepedagogieSavio.com
et disponible dans la rubrique «La Grande Guerre au Cameroun ».
Article consulté le 05 mai 2021.
* 675 I. KALA LOBE,
Douala Manga Bell, héros de la résistance douala, Paris,
Collection Grandes Figures Africaines, Paris/ Dakar, NEA, 1977, p. 77. Voir
aussi A. P. TEMGOUA, LeCameroun à l'époque des Allemands
(1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 263-264.
* 676 P. LABURTHE-TOLRA,
Martin Paul Samba, p. 325.
* 677 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916),op. cit, p.
265.
* 678 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De
Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982,
pp. 9-10.
* 679 Idem.
* 680 Idem.
* 681 Dans ce cas le
chef.
* 682 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De
Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982,
pp. 11-12.
* 683 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1986 (Le Cas du Cameroun), Éditions
AFRICAVENIR, 1986.
* 684 M. BAUCHE,
« Medizin und Herrschaft », Campus 2018.
* 685 Voir J.
HARNISCHFEGER, Demokratisierung und Islamiches Recht. Der Scharia-Konflikt
in Nigeria, Campus Verlag GmbH, 31 mai 2006. Étude portant sur les
Britanniques et les Fulbe au Nigéria !
* 686 Lettre de Woermann
à Bismarck du 30 avril 1884, ibid, p. 31. Aufzeichnung uber eine
Unterredung des Reichskanzlers mit den Inhabern der im Biafragebiete
interessierten Firmen, ibid, p.50. In PRINCE KUM'A NDUMBE III,
L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1986 (Le cas du Cameroun),Éditions
AFRICAVENIR, 1986.
* 687 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions
AFRICAVENIR, 1986, pp. 47-49.
* 688 Ibid, pp. 51-55.
* 689 « Moi...
Roi Bell... abandonne aujourd'hui à M. Ed Schmidt... tous mes droits sur
l'île Nicol... Je reconnais avoir reçu un paiement de sept (07)
kroos en échange de la vente de cette île ».Traduction
faite par nous.
* 690 Bapuko.
* 691 Awuni Lubaly.
* 692 Ibid, p. 60.
* 693 Abtretung Urkunde
N'doo and Bacundu, 5.11.84, DZA - Potsdam 4204, f.192.
* 694 Traduction faite par
nous : « Nous soussignés Rois et Chefs de Ndo'o et de
Bakundu déclarons qu'en conformité avec notre ami politique et
commercial, le King Bell du Kamerun ; nous reconnaissons la
Souveraineté de l'Empire Allemand sur nous et notre
territoire ».
* 695 Prince KUM'A NDUMBE
III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération. 1884-1896 (Le Cas du Cameroun),Éditions
AFRICAVENIR, 1986, pp. 60-61.
* 696Ibid, p.
62.
* 697Ibid, p.
65.
* 698Ibid, p.
67.
* 699 DZA - Postdam;
Deutsches Zentralarchiv - Postdam; Ibid, pp. 67-68.
* 700 Bonabéri.
* 701 Kru.
* 702 Emprisonnement,
fouet, insultes.
* 703 J. LOMBARD,
Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique
noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime colonial,
Paris, Armand Colin, 1967, pp. 280-281.
* 704 T. SEITZ, Vom
Aufstieg und Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Band 2, Karlsruhe, 1927,
p. 45.
* 705 H. STOECKER,
Kamerun unter deutscher, Band 2, p. 220.
* 706 A. P.
TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 -
1916), L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 103-104.
* 707 NDUMB'A
LOBÉ.
* 708 DIKA MPONDO.
* 709DEÏDO.
* 710 KUM'A
MBAPÉ.
* 711 NDUMB'A
LOBÉ.
* 712 Territoire de King
BELL.
* 713 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Déclaration Solennelle sur Le Tangué De Kum'a
Mbape Bell (Lock Priso) » - AfricAvenir International, sur
www.africavenir.org. Voir
également « Lock Priso Bell, chef Sawa ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 13 janvier 2021.
* 714 Influence de la
colonisation allemande.
* 715 Ibid.
* 716 Ibid. Voir B. J.
HEUERMANN, « Der Schizophrene Schiffsschnabel : Biographie eines
kolonialen objektes und diskurs um seine ruckforderung im postkolonialen
Munchen. Studen aus dem Munchner Institut fur Ethnologie » -
Working Papers and cultural anthropology, Bd. 17, Munchen, 2015.
* 717 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Commémoration : Ce 12 juillet 1884 qui créa le
Cameroun (25.pdf) ». Article publié sur le site
https://.docplayer.fr et
consulté le 02 avril 2021.
* 718 Les professeurs
Narcisse MOUELLE KOMBI, agrégé de droit, NSAMÈ MBONGO,
sociologue et philosophe, KUM'A NDUMBÈ III, historien et politologue et
Martin NTONÈ, historien.
* 719 LOBE BEBE.
* 720 KRU, CROO ou CREW.
* 721 NDUMB'A LOBE.
* 722 DIKA MPONDO.
* 723 KUM'A MBAPE.
* 724 A. NDAM NJOYA, Le
Cameroun dans les relations internationales, Paris, Librairie
générale de droit et de jurisprudence, 1976, p. 55.
* 725 KUM'A MBAPE.
* 726 Bonabéri.
* 727 1884-1885.
* 728 H. R. RUDIN,
Germans in the Cameroons: A case study in modern imperialism
(1884-1916), New Haven, Yale University Press, 1938.
* 729 J.-R. BRUTSCH,
«Les Traités camerounais », in Études
camerounaises, N°47-48, mars-juin 1955, Institut français
d'Afrique noire.
* 730 E. MVENG,
Histoire du Cameroun, Paris, 1963.
* 731 Lt. C. VON MORGEN,
A travers le Cameroun du sud au nord. Voyages et explorations dans
l'arrière-pays de 1989 à 1891. Traduction,
présentation et bibliographie de Philippe LABURTHE-TOBRA, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1982.
* 732 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
85.
* 733 Dans ce livre
« Blue Book », Élise FONTENAILLE-N'DIAYE nous
raconte ce passé bien méconnu du rôle de l'Allemagne dans
le sud-ouest Africain, celle qui se nomme aujourd'hui la Namibie, devenue
dès les années 1884 une colonie allemande et qui fut le
théâtre d'un véritable génocide contre les Hereros
et les Namas. Il fut soustrait à la connaissance du public en 1926.
L'auteur y livre son point de vue africain, son point de vue personnel.
É. FONTENAILLE-N'DIAYE, Blue Book, Calmann-Lévy,
2015.
* 734 J.-R. BRUTSCH,
«Les Traités camerounais », in Études
camerounaises, N°47-48, mars-juin 1955, Institut français
d'Afrique noire.
* 735 A. WIRZ, Vom
Sklavenhandel zum Kolonialenhandel: Wirtschaftstraume und Wirtschaftsformen in
Kamerun vor 1914, 1972. Extrait original : « Eine Kopie
des Vertrags textes wurde den Duala bezeichnenderweise nicht
ausgehandigt ». Traduction faite par nous.
* 736 M. BUCHNER,
Kamerun. Skizzen und Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt ,
1887.
* 737 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
86.
* 738 Du moins les AKWA.
* 739 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 87.
Extrait original : « ... bewahrt den Vertrag gut auf, daB er
ja nicht wieder verkauft wurd (e), wie der erste ». Traduction faite
par nous.
* 740 T. HOBBES,
Éléments de droit naturel et politique. Traduction de
Delphine THIVET, Tome II des OEuvres de HOBBES, Paris, Vrin, 2010. Voir aussi
T. HOBBES, Éléments de loi, traduction d'Arnaud
MILANESE, Paris, Allia, 2006. Voir également J. SAADA, Hobbes et le
sujet de droit, Paris, CNRS, 2010. Voir S. VON PUFENDORF, Du droit de
la nature et des gens, ou Système général des principes
les plus importants de la morale, de la jurisprudence et de la politique, 2
volumes, 1706. Voir aussi S. VON PUFENDORF, Les Devoirs de l'homme et
du citoyen, tels qu'ils sont prescrits par la loi naturelle (1707),
Réédition : Presses Universitaires de Caen, Caen, 2002. In
R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet
1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre
juridique intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 138.
* 741 A. MALLARMÉ
& E. DE VATTEL, Les fondateurs du droit international, Paris,
Panthéon Assas, 2014, pp. 337-391. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016,
p. 138.
* 742 C. SALOMON,
L'occupation des territoires sans maître : Étude de droit
international, Paris, A. Giard, 1889, p. 5. In R. NGANDO SANDJE, op. cit.,
2016, p. 138.
* 743 ONU :
Organisation des Nations Unies.
* 744 M. TROPER, « La
notion de peuple et les catégories classiques du droit international
», Paris, Publications du CERI (Centre de recherches
internationales), 1974, p 137. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 139.
* 745 CIJ : Cour
Internationale de Justice.
* 746 Physique ou
morale.
* 747 Chefs
indépendants.
* 748 Dans la perspective
de James LORIMER, la reconnaissance doit être accordée à
des États et uniquement à des États, et non pas à
des peuples, des nationalités ou des « races » selon
la terminologie des juristes du 19ème siècle. Article
disponible sur le site
https://dice.univ.-amu.fr et
consulté le 06 avril 2022. Parmi les oeuvres majeures de LORIMER
figurent les Instituts de droit (1872), les Instituts du droit des
nations (2 vol., 1883-1884) et Studies National and International
(1890). Ses écrits sont caractérisés par la vigueur et par
des éclairs de perspicacité prophétique, en particulier
son projet de projet (1870) pour un « congrès permanent des
nations » et une cour internationale de justice. Article disponible
sur le site
www.delphipages.live.com
et consulté le 06 avril 2022.
* 749 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 139.
* 750 Un gouvernement
établi parle au nom d'un représentant.
* 751 Un peuple
juridiquement non-identifié.
* 752 Voir LE CENTRE DE
DOCUMENTATION, DE RECHERCHE ET D'INFORMATION DES PEUPLES AUTOCHTONES.
Étude disponible sur le site
www.cendoc.docip.org et
consulté le 06 avril 2022. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p.
140.
* 753 J. NJOYA, «
États, peuples et minorités en Afrique Sub-saharienne »,
2011, 1:3 Janus 2, pp 5-6. In R. NGANDO SANDJE, « Le
traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine
sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel »,
Revue québécoise de droit international, 2016, p. 141.
* 754 Idem.
* 755 Droit International
Public.
* 756 F. DE VITORIA &
AL., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon
Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala
du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats
dans l'ordre juridique intemporel », Revue
québécoise de droit international, 2016, p. 142.
* 757 Le prince.
* 758 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 143.
* 759 H. GROTIUS, Le
droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC,
Amsterdam, Pierre de Coup, 1724, p 223. Voir R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016,
p. 143.
* 760 Le principe de la
représentation.
* 761 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 143.
* 762 Weltpolitik :
traduit littéralement de l'allemand en politique mondiale - est le nom
de la doctrine diplomatique de l'Allemagne adoptée à la fin du
XIXème siècle sous l'impulsion de GUILLAUME II. Plus
revendicative voire vindicative, notamment en matière coloniale, elle
vient remplacer l'approche précédente, à savoir la
Realpolitik (traduit littéralement de l'allemand en politique
réaliste - désigne la politique étrangère
fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national)
incarnée par Otto VON BISMARCK, le « chancelier de
fer », remplacé en 1890 par Leo VON CAPRIVI par la
volonté autocrate de Guillaume. Voir les articles
« Weltpolitik » et « Realpolitik »
publiés sur le site
www.wikipédia.fr et
consultés le 02 avril 2022.
* 763 Idem.
* 764 Idem.
* 765 G. BRY, Cours
élémentaire de législation industrielle, Paris,
Larose, 1912. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 144.
* 766 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 145.
* 767 J.-M. TRIGEAUD,
« Convention », 1990, Archives de philosophie du droit 13,
p. 14. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 145.
* 768 Droit International
Public.
* 769 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 145.
* 770 J. SALMON, «
Sécurité et mouvement dans le droit des traités »
dans Réalités du droit international contemporain,
Reims, Centre d'Études des Relations Internationales, 1974, pp. 101-103.
In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 145.
* 771 Idem.
* 772 M. KAMTO, «
Pauvreté et souveraineté dans l'ordre international contemporain
» dans Mélanges offerts à Paul Isoart, Paris,
Pedone, 1996, p. 284. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité
germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation
des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue
québécoise de droit international, 2016, p. 146.
* 773 M. KAMTO, La
volonté de l'État en droit international, recueil de cours,
Académie de droit international de La Haye, 2004, RCADI 310, pp 226 et
s. 125. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 146.
* 774 Idem.
* 775 F. DE VICTORIA &
Al., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon
Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 146.
* 776 Facteur
linguistique.
* 777 Et donc, ni libre, ni
éclairée.
* 778 F.-X. MBOME,
Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun,
Yaoundé, Fasst Program, 1998, p. 15. L'histoire des institutions
renverrait dans ce cas à « l'ensemble des règles
imposées aux hommes sur un territoire déterminé par une
autorité supérieure, capable de commander avec une puissance
effective de domination et de contrainte irrésistible ». Voir R.
Carré de Malberg, Contribution à la théorie
générale de l'État : spécialement d'après
les données fournies par le droit constitutionnel français,
Paris, Dalloz, 2003, p 490. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 147.
* 779 H. GROTIUS, Le
droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC,
Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p.
148.
* 780 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 148.
* 781 Droit International
Public.
* 782
L'intérêt mutuel et de conformité au « jus
cogens ».
* 783 Choses de droit divin
(exemples : temples, autels, lieux consacrés aux dieux).
* 784 « Une chose
en dehors de commerce » est une doctrine du droit romain, tenant que
certaines choses ne peuvent pas faire l'objet de droits patrimoniaux, et ne
sont donc pas susceptibles de faire l'objet d'un commerce. Voir «
Res extra commercium, doctrine originaire du droit romain (n.d.) ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 05 avril 2021.
* 785 M.
CHEMILLIER-GENDREAU, « Les différentes doctrines juridiques et la
notion de peuple » in Réalités du droit international
contemporain, Reims, Centre d'Études des Relations Internationales,
1974, p.153. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 150.
* 786 H. GROTIUS, Le
droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC,
Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p.
150.
* 787 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 151.
* 788 Idem.
* 789 Compétence
territoriale.
* 790 A. MPESSA, « Le
titre foncier devant le juge administratif camerounais : les difficultés
d'adaptation du système Torrens au Cameroun », RGD 611,
2004, p. 613. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 153.
* 791 Idem.
* 792 Idem.
* 793 H. GROTIUS, Le
droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC,
Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p.
155.
* 794 « Pacta
sunt servanda » est une locution latine signifiant que les parties
sont désormais liées au contrat venant d'être conclu et
qu'à ce titre, elles ne sauraient déroger aux obligations issues
de cet accord.
* 795 Posées par la
partie camerounaise.
* 796 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 156.
* 797 Idem.
* 798 Le « res
nulius » est la chose qui n'appartient encore à personne, mais
qu'il est possible de s'approprier (par exemple des lapins de garenne, sous
réserve de la législation sur la chasse). A partir du moment
où elle a un propriétaire, elle devient « res
propria », et peut faire l'objet d'un vol. Voir LE DROIT CRIMINEL,
« res nulius ». Article publié sur le site
https://ledroitcriminel.fr et
consulté le 05 avril 2022.
* 799 A.-D. TJOUEN,
Droits domaniaux et techniques foncières en droit camerounais
(étude d'une réforme législative), Paris, Economica,
1982, p 29. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 157.
* 800 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 157.
* 801 Personne d'origine
étrangère.
* 802 O. JOUANJAN,
Construire juridiquement l'État : épistémologique
juridique et droit de l'État - Science et techniques du droit
constitutionnel, Notes de cours, Académie de droit constitutionnel,
2010, p. 10. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 158.
* 803 Avis des princes et
consultation du peuple.
* 804 Droit public.
* 805 Droit
privé.
* 806 F. DE VITORIA, &
AL., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon
Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 159.
* 807 R. NGANDO SANDJE,
« Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude
contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique
intemporel », Revue québécoise de droit
international, 2016, p. 159.
* 808 M. WEBER,
Économie et société, Paris, Plon, 1995, p. 57.
* 809 E. PRITCHARD & M.
FORTES, Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.
* 810 C. SCHMITT,
Théorie du partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.
* 811 C. SCHMITT,
Notion du politique, trad. Steinhausen, Paris, Champs Flammarion,
1994, p. 270.
* 812 Colloque
International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 89-91.
* 813 C. TARDITS, Le
Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, p. 524.
* 814 Ibid., pp.
524-525.
* 815 J. KEEGAN,
Histoire de la guerre, Paris, Robert Laffont, 1993, p. 88.
* 816 Colloque
International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
p. 124.
* 817« Nchare Yen -
Nchare Yen ». Article publié sur le site
www.wikipédia.com et
consulté le 22 janvier 2021.
* 818 L'INTERNAUTE, «
origine et signification du proverbe « Diviser pour régner
». Article publié sur le site
http://www.linternaute.fr et
consulté le 20 août 2021.
* 819 (EN) ILIA XYPOLIA,
« Divide et Impera: Vertical and Horizontal Dimensions of British
Imperialism ». Critique : Journal of socialist theory,
vol. 44, no. 3, 2016, pp. 221-231.
* 820 Roi de
Macédoine de la dynastie des Argéades qui règne entre 359
et 336. Il est le père d'Alexandre le Grand.
* 821 M. FERRO, La
colonisation expliquée à tous,Éditions du Seuil,
2016, chap. 7, pp. 143-144.
* 822 Ibid, p. 133.
* 823« Diviser pour
mieux régner - concept politique et sociologique (n.d.) ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 22 août 2021.
* 824 ANC, FA 1-37, F.
62-64. Lettre d'Alfred BELL à NDUMBE EYUNDI du 26 septembre 1888. In
Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation
à la coopération (1884-1896). Le Cas du
Cameroun,Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 126.
* 825 SUN
TZU, L'art de la guerre, Éditions Champs Flammarion, p.
68.
* 826 Ibid, p. 200.
* 827 Ibid, p.70.
* 828 L'un des deux os de
la jambe.
* 829 Défaut d'une
personne qui a une trop haute opinion d'elle-même.
* 830 DR. A. ABBARA,
« Crâne humain : symbole de la mort ». Article
publié sur le site
www.aly-barbara.com et
consulté le jeudi 19 août 2021.
* 831 D. HATCHER CHILDRESS,
Pirates and the Lost Templar Fleet: The Secret Naval War Between the
Knights Templar and the Vatican, Adventures Unlimited Press, 2003.Voir
« Tête de mort - symbole qui représente un crâne
humain (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le jeudi 19 août 2021.
* 832 DICTIONNAIRE DES
SYMBOLES, « Le symbolisme du crâne ». Article
publié le 02 août 2010 sur le site
https://dictionnairedessymboles.com
et consulté le jeudi 19 août 2021.
* 833 LA FLEUR CURIEUSE,
« Le culte du crâne en Afrique et aux Antilles ».
Article publié sur le site
www.lafleurcurieuse.com et
consulté le mardi 24 août 2021.
* 834 R. KUIPOU,
« Le culte des crânes chez les Bamiléké de
l'Ouest du Cameroun », in COMMUNICATIONS 2015/2, n°97,
pp. 93-105.
* 835 En l'occurrence les
Bamiléké et les BamounBamun.
* 836 Ibid.
* 837 N. LAVALLIÈRE
BETGA, « Les techniques de défense des chefferies
bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe
siècle », e-Phaistos (En ligne), VI-2, 2017/2018.
Article mis en ligne le 16 novembre 2018 sur le site
http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289
et consulté le 26 août 2021, p. 33.
* 838 JOURNAL BBC NEWS
AFRIQUE, « Cameroun : culte des crânes en pays
bamiléké - BBC News Afrique », article publié en
juillet 2016 sur le site
https://www.bbc.com et consulté
le 24 août 2021.
* 839 Foumban.
* 840 A. CORVISIER,
Dictionnaire d'art et d'histoire militaires,PUF, 1988, p. 322.
* 841 N. LAVALLIÈRE
BETGA, « Les techniques de défense des chefferies
bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe
siècle », p. 29. Article mis en ligne le 16 novembre 2018 sur
le site
http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289
et consulté le 26 août 2021.
* 842 M. DONLEFACK,
« Islamisation et mutations des peuples de la Menoua : de 1850
à 2005 », Mémoire de Maîtrise en
Histoire, Université de Dschang, 2009, p. 20. La remarque a
été faite à ce sujet par M. DONLEFACK :
« Les habitants d'une même chefferie ne forment pas une
même tribu (chez les Bamiléké), c'est une composition de
patrilignages de taille inégale qui n'ont pas tous un lien de
parenté ; c'est un sentiment national, vivement ressenti par tous
les membres, qui les unit ». Colloque International Roi Njoya,
LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la
renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 143-144.
* 843 Ibid., pp.
148-149.
* 844 Fer et cuivre.
* 845 Les migrants
musulmans dits « haoussa », commerçants,
orfèvres, tisserands et artisans constituaient, par leurs mouvements, un
obstacle majeur aussi bien au recensement des populations qu'au monopole du
commerce par les Européens au tournant du XIXème siècle.
Leur circuit commercial s'opérant entre le Kamerun allemand et le
Nigéria britannique ou encore les territoires français
de l'AEF et l'AOF. Leurs opérations commerciales détournaient le
commerce des intérêts allemands au profit des marchands
britanniques qui contrôlaient les grands marchés de Kano, Katsina,
Laria, Maiduguri et Yola ainsi que les marchés français du
Baguirmi et du Ouadaï. Leur mobilité gênait donc l'action
gouvernementale et constituait une entrave aux règles du jeu politique
et économique de l'Allemagne.
* 846 P. B. ESSOMBA,
« La formation scolaire et les travaux des champs au Cameroun sous
administration allemande », in L. MARFAING & B. REINWALD,
« Afrikanische Beziehung, Netzwerke undRaune »,
Munster-Hamburg, LIT Verlag, 2001, p. 122.
* 847 Selon Charles
ATANGANA, chef des Ewondo : « Ce n'est qu'en 1903 que
l'administration allemande a commencé à mettre un impôt
pour les indigènes de la circonscription de Yaoundé. En cette
occasion, on versa l'impôt en produits. A la deuxième année
on versa l'impôt en argent. Un désordre eut lieu dans cette
opération, car on ne savait pas combien chaque contribuable avait
à payer, qui devait se présenter au premier abord et à qui
on devait remettre l'impôt. Pour mettre fin à ce désarroi,
une commission de recensement et de l'élection de chefs reconnus
par l'autorité fut créée par l'administration
allemande ». VoirC. ATANGANA,
« Jaunde-Texte », in Abhandlungen des Hamburgischen
Kolonialinstitut, Band 24, Hamburg, 1919, p. 91.
* 848 E. D. ELOUNDOU,
Contribution des populations du Sud Cameroun à
l'hégémonie allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat
de 3ème Cycle, Université de Yaoundé 1, 1996, pp.
181-182.
* 849 Il faut noter
cependant que tous ces chefs ne voyaient pas d'un bon oeil la présence
de Njoya dans la région. En 1904, lors du passage des premiers
allemands dans la région en provenance de Foumban, l'une des raisons de
l'hostilité des Bazou et des Bamena à l'égard de ceux-ci
était la crainte que ces derniers, amis de Njoya et des BamounBamun, ne
soient venus pour délivrer les esclaves bamounBamun retenus dans la
région. Lire E. GHOMSI & Y. PERSON, Les Bamiléké
du Cameroun : essai d'étude historique des origins à 1920,
Thèse de 3ème cycle, Université Paris-Sorbonne,
Faculté des Lettres et sciences humaines, 1972, pp. 128-129.
* 850 Colloque
International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
p. 94.
* 851 C'est-à-dire
le prix à payer par le contribuable pour le bénéfice qu'il
reçoit de la collectivité. In Colloque International Roi Njoya,
LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la
renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 95-98.
* 852 Idem.
* 853 H. PURSCHEL, Die
Kaiserliche Schutztruppe fur Kamerun, Berlin, Junker und Dunnhaupt Verlag,
1936. La Schutztruppe était divisée en compagnies à la
tête desquelles se trouvaient quelques officiers et sous-officiers
allemands, l'essentiel de chaque compagnie étant constitué de
tirailleurs africains.
* 854 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, p. 53.
* 855 Ibid, p. 54.
* 856 G. BOUTHOUL,
« Le phénomène-guerre. Méthodes de la
polémologie. Morphologie des guerres. Leurs infrastructures (technique,
démographique, économique) », Paris, Payot, Tabl.
(Coll. Petite bibliothèque Payot, n°29), 1964,p. 44.
* 857 V. G. FANSO & E.
M. CHIILVER, « Nso and the Germans: The first encounters in
contemporary documents and in oral tradition », 2011. In BONGFEN
CHEM-LANGHEE & V. G. FANSO, Nso' and its neighbours. Readings in the
Social History of the Western Grassfields of Cameroon, Langaa PRCIG,
Cameroon, 2011, p. 114.
* 858 Ou SEM II.
* 859 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 3353, ff. 14-15.
* 860 N. LAVALLIÈRE
BETGA, « Les techniques de défense des chefferies
bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe
siècle », p. 33. Article mis en ligne le 16 novembre 2018
sur le site
http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289
et consulté le 26 août 2021.
* 861 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 3353, ff. 9-11.
* 862 A. P. TEMGOUA,
LeCameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916),
L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 96-97.
* 863 Ibid, f. 11.
* 864 Ibid.
* 865 F. TSENNGKAR,
cité par V. G. FANSO & E. M. CHILVER, Nso and the Germans: The
first encounters in contemporary documents and in oral tradition, 2011,
p.118.
* 866 Ou SEM II.
* 867 Bundersarchiv Berlin,
R 1001, Nr. 3353, ff. 14-15.
* 868 ANY, FA 1/ 110. Le
Fon des Nsoh eut également à payer une lourde indemnité de
guerre : 70 défenses d'ivoire, et de nombreux travailleurs pour
l'aménagement de la route de Nso à Banyo et de Nso à
Babesi. Il mourut en 1907, et fut remplacé par Mapiri qui ne
régna que trois ans, de 1907 à 1910.
* 869 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 98-99.
* 870 R. AUSTEN & J.
DERRICK, « (En) Middlemen of the Cameroons Rivers: The Duala and
their Hinterland », Cambridge University Press, African Studies
Series 96, 1999. Middlemen - Traduction.
* 871
« Banlieue » 166-167. Cité par R. AUSTEN & J.
DERRICK, op.cit., 1999.
* 872 D. E. VON GRAEVE,
« Les Douala ont façonné l'histoire du
Cameroun » - version française. 21 avril-juin 2020, version
allemande, traduction de l'auteur, 2 juin 2020. Article publié sur le
site
www.http://detlev.von.graeve.org
et consulté le 23 novembre 2020.
* 873 R. AUSTEN & J.
DERRICK, op. cit., p. 152.
* 874P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018,pp. 16-17.
* 875 En 1472, le
navigateur portugais FERNANDO PÔ découvre le fleuve Wouri et la
côte camerounaise.
* 876 Notamment MM.
Édouard SCHMIDT, agissant pour le compte de la firme C. Woermann, et
Johannes Voss, agissant pour le compte de la firme Jantzen et
Thormählen.
* 877 Les chefs Duala
représentés par le roi AKWA de son vrai nom DIKA MPONDO. La liste
complète comprend en outre parmi les signataires, O. BUSH, Endene AKWA,
Coffee ANGWA, John ANGWA, Manga AKWA, Scott JOST, Lorten AKWA, Ned AKWA. Et
parmi les témoins il faut citer : David MEATOM, Joh. VOSS, King
BELL, Joe GARNER AKWA, Big Jim AKWA, Jim JOSS, Matt JOSS, David JOSS, Jacco
ESQRE, London BELL, Borrow PETER, Elame JOSS, et Lookinggglas BELL. Voir
à cet effet Études camerounaises, n°47-48, mars -juin 1955,
pp. 36-37.
* 878 Gustave NACHTIGAL,
Consul de l'empire allemand à Tunis, prit officiellement possession du
Cameroun et hissa le drapeau allemand sur le plateau JOSS à Douala le 14
juillet 1884.
* 879 La clause
générale du traité Germano-Douala énonce en
substance que « nous abandonnons totalement aujourd'hui nos
droits concernant la souveraineté, la législation et
l'administration de notre territoire à MM. Édouard Schmidt,
agissant pour le compte de la firme C. Woermann, et Johannes Voss, agissant
pour le compte de la firme Jantzen et Thormählen ».
* 880 Selon qu'elle se lit
à travers la clause générale du traité.
* 881 P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018,p. 25.
* 882 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
207.
* 883 Ibid., p. 208.
* 884 Ibid., pp.
209-210.
* 885 J.-P. FOGUI,
L'intégration politique au Cameroun, Tome XLIX, Paris,
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1990, p. 355.
* 886 V. CHAZELAS,
« Trente ans de colonisation au Cameroun », Revue
Togo-Cameroun, Paris, 1928. Cité par R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec leconcours du CNRS (Centre National de la Recherche
Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme,
Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.
* 887 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975, p. 118.
* 888 Successeur de Jim
EKWALLA.
* 889 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p.
274.
* 890 O. C. EKINDI
CHATAP, Changements et Ruptures dans le Mungo de 1911 à
1950, Thèse de Doctorat d'Histoire, Université de Provence,
1992, pp. 59-60.
* 891 H. R. RUDIN,
Germans in the Cameroons (1884-1916) : A Case Study in Modern
Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 77.
* 892 C. NDAMI,
Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du
XIXème siècle aux indépendances, Thèse de
Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale
382 : Économies, Espaces, Sociétés,
Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales.
Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.
* 893 Ibid.
* 894 R. AUSTEN,
« The Metamorphoses of Middlemen: The Duala, Europeans and the
Cameroon Hinterland, Ca. - 1800 - CA. 1960 », The
International Journal of African Historical Studies, vol. 16, n° 1,
1983, pp. 1-24.
* 895 C. NDAMI,
Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du
XIXème siècle aux indépendances, Thèse De
Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale
382 : Économies, Espaces, Sociétés,
Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales.
Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.
* 896 Ibid, op. cit., p.
17.
* 897 C. NDAMI,
Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du
XIXème siècle aux indépendances, Thèse De
Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale
382 : Économies, Espaces, Sociétés,
Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales.
Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.
* 898 D. E. VON GRAEVE,
« Les Douala ont façonné l'histoire du
Cameroun » - Article en version française. 21
avril-juin 2020, version allemande. Traduction de l'auteur le 2 juin 2020.
Article publié sur le site
http://detlev.von.graeve.org
et consulté le mercredi 06 octobre 2021.
* 899 NGANDO MPONDO.
* 900 JIM EKWALLA.
* 901 Une faction AKWA.
* 902 KUM'A MBAPE.
* 903 P. HARTER,
« Les courses de pirogues coutumières chez les DUALA ou
pembisan a myoloo Duala », 1960, inRecherches et Études
Camerounaises, p. 71.
Les Sawa occupent le littoral camerounais et
s'étendent de Campo à Mamfé. La fête culturelle de
cette population est liée à l'eau. C'est pour cela qu'on les
appelle aussi le « peuple de l'eau - Tumba la Madiba ».
Parmi les manifestations culturelles les plus remarquables, il y a la course
des pirogues. Celle-ci est généralement liée au
« Ngondo », qui une fois l'an réunit toute la
communauté pour célébrer leur unité ainsi que la
mémoire retrace l'histoire d'un peuple de telle sorte qu'il n'y a pas de
« Ngondo » sans course de pirogue, il n'y a pas de pirogue
qui participe à cette course sans proue donc sans
« Tange ». S'il peut y avoir une course de pirogue sans
Ngondo, il n y a pas de Ngondo sans course de pirogue. Les pirogues de course
se distinguent de toutes les autres formes de pirogues par une proue ou
« Tange ». Si la sirène est le dénominateur
commun à tous, les « Tange » sont là pour
rappeler qu'il existe un lien intime des Sawa avec l'eau. Chaque clan se
distingue par ses motifs et ses couleurs qui évoquent celles de leur
bannière. Une pirogue de course qui peut généralement
mesurer jusqu'à 30 mètres contenir 80 pagayeurs, après la
construction, elle reste dans la foret 7 à 9 jours. Durant ce laps de
temps, à travers certains rituels, la pirogue change de statut.
« Chargée » par les forces invisibles, son destin
devient intimement lié à celui de son clan à travers son
« Tange ». Si durant cette course de pirogue, intervient la
force physique et la technique qui en sont l'aspect profane, l'aspect cultuel
s'exprime à travers les « Tange ». La course de
pirogue est donc un grand évènement culturel qui participe
à l'identité du Sawa. Cet objet hautement représentatif
prend dimension de symbole qui fait intervenir les notions de profane et de
sacré. Mais, déchiffrer un symbole induit une complexité
de réponses comme le fait remarquer DURANT G. : « L'on se
trouve devant une ambigüité fondamentale. Non seulement le symbole
a double sens, l'un concret, propre, l'autre allusif et
figuré ».
Un objet symbolique doit être reconnu et validé
par une communauté qui se retrouve à travers lui. Cet
objet devient alors patrimoine et peut prendre valeur symbolique. L'objet
apparaît même comme l'expression visuelle du monde qui nous
entoure, à l'instar de la parole, il traduit une certaine vision du
monde. Le « Tange » (Prononcé Tangué)
fait donc partie de ce corpus culturel qui n'a de résonance intime que
parmi les siens. Lorsqu'un Sawa parle de « Tange », il
s'agit d'un mot certes, qui ne rend pas compte de la totalité
signifiante de son contenu. Dans sa représentation symbolique, il va
au-delà du mot, au-delà de l'objet, pour la communauté
dont il est issu. Cet objet, ou sa représentation symbolique dans sa
résonance intime, reste implicitement lié aussi bien à
l'axe vertical qui est celui de l'axe ontologique et l'axe horizontal qui est
l'apport communautaire (Voir I. SOW,
Psychiatrie dynamique en Afrique Noire, Paris, Payot, 1977). La
combinaison des deux axes produit les éléments constitutifs de
l'identité. L'histoire d'un peuple tient par conséquent compte de
ces différents axes. C'est à dessein que nous avons ici l'exemple
du « Tange ». Si la pirogue et la pagaie sont le symbole
par excellence du peuple de l'eau, la proue donne à la pirogue son
aspect sacré. Chaque clan a son « Tange » avec des
symboles propres au clan. Le choix des formes et des couleurs qui le distingue
en même temps qui l'identifie. Tous les « Tange » ont
en même temps un dénominateur commun : la sirène, qui
rappelle cette appartenance commune au « peuple de
l'eau ».
Lorsqu'un clan se voit dans l'obligation d'être
privé de sa pirogue ou du « Tange » qui symbolisait
cette pirogue, il perd son honneur. Le « Tange »
apparaît par conséquent comme faisant partie intégrante de
l'identité, de la mémoire, de la culture donc de l'histoire des
Sawa. Selon la perception et l'appréhension que nous avons de l'objet,
il apporte sa contribution à la mémoire et donc à
l'Histoire d'un peuple au même titre que les récits qui viennent
enrichir l'Histoire. Voir l'article « Histoire, Mémoire et
Identité. L'apport des objets culturels à la construction de
l'histoire », Dr. Elisabeth MOUNDO, Ancienne Ambassadrice de
l'UNESCO, Anthropologue, Buéa, Cameroun, in Éditions
AFRICAVENIR. Voir également ses ouvrages « Enlevez-moi le
mental de ces Nègres-là !
Convertissez-les ! » & « Le Match des
Adieux », publiés aux Éditions AFRICAVENIR.
* 904 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
101-102.
* 905Ibid., p.
103.
* 906 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), 2014, p. 171.
Le Professeur TEMGOUA pense que c'est pour des raisons de personnel, de frais
et surtout d'efficacité, que l'administration coloniale eut recours aux
chefs traditionnels pour le recouvrement de l'impôt.
* 907 P.-V. EMOG, Les
pays Banen et Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation.
Essai d'étude historique, Thèse de Doctorat de
3ème cycle en histoire, Université de Yaoundé,
(1987-1988), p. 241.
* 908 Cf. Décret du
20 octobre 1908. Cet impôt avait d'abord été introduit dans
la seule ville de Douala par Décret du 1er juillet 1903.
Cité par P.-V. EMOG, Les pays Banen et Bafia de 1901 à
1945 : le poids de la colonisation. Essai d'étude historique,
Thèse de Doctorat De 3ème cycle en Histoire,
Université de Yaoundé, (1987-1988), p. 26.
* 909 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916),L'Harmattan
Cameroun, 2014, p. 174.
* 910 G. ETOA OYONO,
« Splendeurs et problèmes des chefs traditionnels des
territoires du centre-sud au lendemain de la Grande Guerre »,
Revue Internationale des Francophonies (En ligne), Mélanges de
juillet 2018. Article mis en ligne le 20 juillet 2018 et consulté le 16
décembre 2021 sur le site
http://rifrancophonies.com/rfi/index.php.
· Georges Etoa Oyono est un Camerounais né le 26
mars 1976 à Ngoazip I par Ebolowa. Diplômé
d'histoire-géographie de l'École normale supérieure de
Yaoundé en 2004 et de sociologie et de sciences politiques en 2008, il
soutient un Ph.D. en Histoire des relations internationales option Diplomatie
à l'Université de Yaoundé I en 2015. Enseignant vacataire
au Département de diplomatie de l'Institut des Relations Internationales
du Cameroun (IRIC), il est auteur de plusieurs publications scientifiques.
* 911 Cf. L.- P. NGONGO,
Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun (Tome I),
op. cit., p. 55. Cité par A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum
kolonialen, 1972, p. 52.
* 912 H. ZOLLER,
Forschungreisen in der deutschen Colonie Kamerun, tome 2, Berlin,
1885, 3 volumes, p. 171.
* 913Ibid.,
p.113.
* 914 S. G. ARDENER
(éditrice), Swedish Ventures in Cameroon, 1883-1923: Trade and
Travel, People and Politics: the Memoir of Knut Knutson with Supporting
Material, pp. 31-40.
* 915 Traité
Anglo-Duala du 07 mai 1841 pour l'abolition du trafic des esclaves. Cité
par R. GOUELLAIN : « DOUALA - VIE ET HISTOIRE »,
Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre
National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie,
Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975, p. 48.
* 916 Bonabéri.
* 917M.
BUCHNER, Aurora Colonialis.Brüchstücke eines Tagebuches aus
dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty
& Loehle, 1914, p. 123.
* 918M.
BUCHNER, Kamerun. Skizzen and Betrachtungen, Leipzig: Duncker
& Humboldt, p. 52.In J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale.
Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale
Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle,
Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines,
Saarbrücken,1982, pp. 91-92.
* 919 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis.Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten
Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty &
Loehle, 1914, p. 140 ; cf. H. ZOLLER, Forschungreisen in der
deutschen Colonie Kamerun, Berlin, 1885, 3 volumes, p. 171.
* 920 H. ZOLLER, op.cit.,
p. 171.
* 921 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 92.
« Les Anglais sont les pires ennemis à l'expansion
allemande ». Traduction faite par nous.
* 922 Ibid., pp. 92-93.
* 923 Ibid., pp. 93-94.
* 924 Compatriotes.
* 925 « Si vous
voulez gouvernez ici, vous devriez me maintenir en tant que chef ».
Traduction faite par nous.
* 926 Ibid., p. 95.
* 927 Ibid., p. 96.
* 928 Interview de M.
Pamphile YOBE, Secrétaire Général du Ngondo le 15 juillet
2021.
* 929 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Le contexte historique dans lequel arrive
l'évangélisation à Cameroon Towns (Douala) ».
Article publié sur les sites
www.africavenir.org&
www.exchange-dialogue.com,
Fondation (at) africavenir.org et consulté le 06 octobre 2021.
* 930 Cf. R. ASMIS,
« Der Handel der Duala » In MDS
2,Schutzgeb. Band 20, Heft 2, 1907, pp. 85-90. In J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982.
* 931 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
101-102.
* 932 NDOUMB'A LOBE.
* 933 DIKA MPONDO.
* 934 KUM'A MBAPE.
* 935 JIM EKWALLA.
* 936 Soit 13. 804
Euros.
* 937 Soit 1.533 Euros.
* 938 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Stratégies de survie des populations
camerounaises dans une économie mondialisée - du secteur informel
au secteur formel-Com ».Article publié le 12 août 2019
sur le site
www.douala.africavenir.international.fr
et consulté le 26 mai 2021.
* 939 Interview de M.
Pamphile YOBE, Secrétaire Général du Ngondo le 15 juillet
2021.
* 940 B. SCHWARZ,
« Kamerun (1888) », p. 88; DKL, t. II, p. 693.
* 941 F. ETOGA EILY,
Sur Les Chemins Du Développement. Essai D'histoire Des Faits
Économiques Du Cameroun,Centre d'Édition et de Production de
Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement, Yaoundé-Cameroun, 1971, p.
VII.
* 942 Jean BARBOT,
Journal d'un voyage en Guinée et à Cayenne, (1678-1679), pp.
383 et 465. Le Dr Gunther MEINHARDT retrouvera les mêmes
équivalences dans le système des échanges
pratiqué dans l'Ouest du Cameroun, ce qui tiendrait à
montrer la parenté du commerce de Calabar et celui pratiqué au
Cameroun, dans les Grassfields de l'Ouest.
* 943 Ibid., p. 460.
* 944 G. I. JONES,
« Native and Trade currencies in Southern Nigeria during the
Eighteenth and Nineteenth centuries », Revue Africa, vol.
XXVIII, No 1, January 1958, p. 46. In Florent ETOGA EILY, op.cit., p. 66.
* 945 Ibid., p. 67.
* 946 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Stratégies de survie des populations camerounaises dans
une économie mondialisée - du secteur informel au secteur
formel-Com ». Article publié le 12 août 2019 sur le site
https://www.africavenir.org
et consulté le 26 mai 2021.
* 947 Valeur 1884.
* 948 A. P. TEMGOUA, Le
Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 185 -186.
* 949 F. ETOGA EILY,
Sur Les Chemins Du Développement. Essai D'histoire Des Faits
Économiques Du Cameroun, op.cit., pp. 71-72.
* 950 Bargeld
Verordnung.
* 951 Kopfsteuer.
* 952 Huttentsteuer,
Wohnungsteuer.
* 953 Steuerarbeit.
* 954 Taxe par
tête.
* 955« Capitation
(Impôt) (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 04 mai 2021.
* 956 ENCYCLOPEDIA
UNIVERSALIS V 12. Terme employé dans« impôt »,
« Impôt par tête (Impôt fixe avantageux pour de riches
contribuables) (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 04 mai 2021.
* 957 A. P.
TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands
(1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 187 - 188.
* 958Ibid., p.
189.
* 959 Ibid., pp.
190-191.
* 960 Les Arabes, les
Mbororo et les Haoussa.
* 961 Plus que le
Gouvernement impérial, celui qui porta le coup le plus rude au cauris
comme base des transactions à l'Ouest du Cameroun, fut sans aucun doute
le Sultan Njoya ; il avait en effet compris que la meilleure
méthode de familiariser son peuple avec les pièces allemandes
exigeait l'affaiblissement de la monnaie jusque-là en vogue. En 1912, il
procéda à une dévaluation spectaculaire du cauris, qu'il
fit échanger contre des pièces allemandes au cours de 100 cauris
pour seulement 10 pfenning ; de sorte que pour se procurer la moindre
denrée, il fallait une quantité prodigieuse de ces coquillages.
Les montagnes de cauris ainsi amoncelées furent données, par les
soins du Sultan, aux peuples montagnards Banso et Babessi, contre des
chèvres et des moutons. Rien n'était donc perdu pour lui !
Dans le même temps, Njoya avait installé dans son palais un bureau
de change où l'on pouvait obtenir des pièces d'argent contre le
cuivre. La dévaluation à laquelle procéda ce prince
restera sans doute la seule réforme monétaire entreprise de son
propre gré, par un roi indigène des colonies allemandes. (Voir
M.-P. THORBECKE, Auf der Savane, 1914, p. 224-225). Ce fut donc un
phénomène isolé ; car, à la même
époque le chef de Ngambé se contentait des marchandises dans les
transactions, tandis que les Ndiki préféraient les cauris, les
bracelets, de la poudre comme moyens d'échange. Cité par Y.
NICOL, « La tribu des Bakoko », 1929, pp. 133-134.
* 962 F. ETOGA EILY,
Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production
de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971,
pp. 111-113.
* 963 Jahresbericht,
1906-1907. L'usage de la monnaie locale chassa aussi la monnaie locale qui
était utilisée auparavant, monnaie dont l'usage était
limité et presque sacralisé. Cité par R. GOUELLAIN :
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
148.
* 964 Les chiffres sont
empruntés aux différentes statistiques des Deutschen
Schutzgebieten pour chacune des années correspondantes.
* 965 En millions de
marks.
* 966 F. ETOGA EILY,
Surles chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production
de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971,
pp. 223-227.
* 967 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
36.
* 968 Ibid., p. 39.
* 969 J. BOUCHAUD,
« La côte du Cameroun dans l'histoire et la
cartographie », Mémoire, Institut Français
d'Afrique Noire, Centre Cameroun, Douala, n°5, p. 108. Cité
par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE »,
Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre
National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie,
Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975.
* 970 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
44-45.
* 971 Ibid., p. 149.
* 972Ibid., p.
150.
* 973 Dons et contre-dons
pouvaient aussi être fractionnés.
* 974Ibid., p.
151.
* 975Ibid., p.
152.
* 976 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
71.
* 977 F. ETOGA EILY,
Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production
de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, p.
93.
* 978 Chef du village.
* 979 Chef du foyer.
* 980 Chef de famille.
* 981 L'aîné
de la famille.
* 982 Littoral.
* 983 Villages.
* 984 Bila na ba Ngando na
Belle ; Bila ba Bona Ebele na Douala...
* 985 JACKSON,
« Journal », cité d'après J. BOUCHAUD, op.
cit., p. 119 et suiv., et J. M. FLAD, « Zur Geschichte der
Vergangenbeit », in Missionary Herald du 1er
juillet 1877.
* 986 Les Bonadoo en
résumé, regroupent donc, rive droite et rive gauche du fleuve
Wouri confondues :
- Les BonaNjo ou BonaMandona à Bali ;
- Les BonaPriso ;
- Les BonaBelonè ;
- Les BonaDouma (on y met aussi les BonaNgang, bien que
Ngangue fût un frère de Doo, donc oncle des BonaDoo) ;
- Les BonaBèle (Bèlè Bèlè
à Bonabèdi) ;
- Les Bon'Endalè ;
- Les BonaSama, mais aussi les branches Bojongo, et certains
groupes Bakoko alliés, etc.
Pour information, voici aussi les noms des 12 tribus dites
BonaMandona à Bali-Bonanjo :
- BonaLobabèdi ;
- BonaBebe (anciennement Njako na
ébélè) ;
- Bon'Ekambi ;
- Bon'Ewanè ;
- BonaNdoumbè ;
- BonaMandenguè ;
- BonaManga ;
- Bonéssoka ;
- Dikéti ;
- Dippah na Samè ;
- BonaNkolo (les BonNkolo seraient une partie des Bojongo
restés à Douala et faisant désormais partie
intégrante des foyers de Mandona. Les Bojongo sont les descendants d'
« Ekakanga », dit « Jongo, frère
aîné d'Ewalè (Duala) ».
* 987 LOCK PRISO.
* 988 CHARLEY DIDO.
* 989 J. M. FLAD,
« Zur Geschichte der Vergangenbeit », in
Missionary Herald du 1er juillet 1877, p. 45, dit qu'un
certain Ebule, fils de l'ancêtre éponyme de Bonebela, aurait
reçu le nom de King « Deïdo » parce qu'il avait
accueilli les missionnaires baptistes en 1845. Cf. aussi H. ZOLLER,
Forschungsreisen in der Colonie Kamerun, Berlin, 1885,
2ème partie, p. 5 et suiv.
* 990 Jakob Freidrich
HARTER, op. cit., p. 70 et suiv. Johann Martin FLAD, op. cit., p. 226,
inMissionary Herald du 1er juillet 1877, p. 146-159, et
Arch. Nat. Cam, n° 333, p. 40. Cité par Albert WIRZ, op. cit., p.
190.
* 991 Cf. les
différents rapports consulaires qui traitent de cette affaire :
P.R.O., F.O., 84/1377, p. 137-145, 260-264 ; F.O., 84/1401, p. 81-84,
88-92, 158-163 ; et Missionary Herald du 1er août 1873,
p. 153-156.
* 992 P.R.O., F.O.,
84/1508, p. 207-210, p. 416-422.
* 993 P.R.O., F.O.,
84/1343, p. 104-108. Cité par WIRZ A. : op. cit., p. 193.
* 994 P.R.O., F.O.,
84/1508, p. 416-422 ; cf. aussi Max BUCHNER, op. cit., p. 30, et ZOLLER,
op. cit., p. 5 passim. Cité par A. WIRZ, op. cit., p. 194.
* 995 Du nom de son
arrière-grand-père NJOH'A MASSÈ.
* 996 Bonabéri.
* 997 Le Prince Alexandre
NDOUMBÈ DOUALA est mort en 1966, mais son neveu René DOUALA BELL
ne lui succède qu'en 1967.
* 998DEÏDO.
* 999 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
145.
* 1000 Mission 1919-1920.
Service de la Circonscription de Douala. In René GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.
* 1001 T.
SEITZ, Vom Aufsting und Niederbruch deutscher Kolonialmacht,
Karlsruhe, 1929. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET
HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours
du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut
d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 143-144.
* 1002 Mission
d'inspection 1919-1920. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET
HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du
CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut
d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975.
* 1003Idem.
* 1004Idem.
* 1005 H. ROLAND,
Lexiquejuridique et expressions latines, Dalloz,
3ème édition, 2001, p. 109.
* 1006 D. ALLAND & S.
RIALS, Dictionnaire de la culture juridique, PUF, 2003, p. 231.
* 1007 B.
DURAND, Introduction historique au droit colonial, op.cit., p.
340. InP. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au
Cameroun : Approche comparative des régimes allemand,
français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en
Théories et Pluralismes juridiques, 2018, p. 41.
* 1008 Cf. E. LEWIN,
« Le régime allemand en Afrique », Publication
du comité de l'Afrique française, Paris, 1918, p. 32. In P.
MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au
Cameroun : Approche comparative des régimes allemand,
français et britannique », Mémoire de Maîtrise en
Théories et Pluralismes juridiques, 2018.
* 1009 Cf. H. BRUNSCHWIG,
L'expansion allemande outre-mer, du XVème siècle
jusqu'à nos jours, op. cit., p. 171. In P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018.
* 1010 E.
LEWIN, « Le régime allemand en
Afrique », Publication du comité de l'Afrique
française, Paris, 1918, op. cit., p. 31. Cité par P. MOUBEKE
A MOUSSI, op.cit., Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018.
* 1011P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique »,op. cit, 2018, p. 48.
* 1012 Cf. B. A.
NGANDO, La présence française au Cameroun (1916-1959),
colonisation ou mission civilisatrice, Paris, L'Harmattan, 2002, p. 142.
Cité par MOUBEKE A MOUSSI, op.cit., p. 42.
* 1013 DUALA.
* 1014Deïdo.
* 1015 A. MBEMBE,
« histoire-des-chefs-des-régions-côtières-du-cameroun ».
Article publié sur le page « Roukayatou officiel »
le 30 mai 2020 et consulté le mardi 28 septembre 2021.
* 1016 V. CHAZELAS, «
Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue
Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE
ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le
concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique),
Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot,
Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 126-127.
* 1017 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme,
Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 191.
* 1018 Mission
d'inspection 1919-1920. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE
ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le
concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris,
Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975.
* 1019Idem.
* 1020Idem.
* 1021 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
192.
* 1022 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
181.
* 1023 J. BOUCHAUD,
« La côte du Cameroun dans l'histoire et la
cartographie », Mémoire, Institut Français
d'Afrique Noire, Centre Cameroun, Douala, n°5, 1952, pp. 129-130. In
René GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE »,
Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre
National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie,
Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975.
* 1024Ibid., p.
130. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE »,
Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre
National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie,
Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro,
16ème, 1975, p. 47.
* 1025 P. F. GONIDEC,
Les systèmes politiques africains : les nouvelles
démocraties (3ème édition),
Bibliothèque africaine et malgache, Tome 55, 1997. In J.-P. PABANEL,
Les coups d'Etat militaires en Afrique noire, Paris, L'Harmattan,
1984.
* 1026 EBULE n'ayant pas
régné, ni sa succession.
* 1027 Famille
régnante jusqu'à ce jour.
* 1028 , « Les
origines égyptiennes des Douala (Publiées comme
telles) ». Article publié le 22 août 2021 sur le blog
« Dibambe La Sawa » et consulté le mardi 28
septembre 2021.
* 1029 T. PENDZEL & J.
COULIBALY PARADIS, « Les ateliers-maîtrise d'oeuvre
urbaine-Synthèse Douala 2016 », p. 45. Article
publié sur le site
https://ateliers.org et
consulté le 16 décembre 2020.
* 1030 CAMEROUN
RÉTRO - PHOTOS DU PASSÉ. Article publié le 24 août
2021 sur le site
www.facebook.com et
consulté le mardi 28 septembre 2021.
* 1031 T.
SEITZ, Vom Aufsting und Niederbruch deutscher Kolonialmacht,
Karlsruhe, 1929. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET
HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours
du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut
d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du
Trocadéro, 16ème, 1975, p. 180.
* 1032 Missionnaires
notamment.
* 1033 A. MBEMBE,
« histoire-des-chefs-des-régions-côtières-du-cameroun ».
Article publié sur la page « Roukayatou Officiel »
le 30 mai 2020 et consulté le mardi 28 septembre 2021.
* 1034 Missionary Herald,
1er juin 1878, p. 152 et suiv. Cf. aussi G. GRENFELL,
« The Cameroons District, West Africa », Proc. Royal Geogr.
Soc., London, vol. 4, 1882, p. 394.
* 1035 Crew.
* 1036 1 Crew était
l'équivalent d'un Livre Sterling en marchandises.
* 1037 A. WIRZ,
« La « Rivière de Cameroun » :
commerce pré-colonial et contrôle du pouvoir en
société lignagère », Revue française
d'histoire d'outre-mer, Année 1973/219, pp. 172-195.
* 1038 Cf. ANY, FA 1/37,
F. 2-7.
* 1039 Le droit de
rétention est un droit du créancier qui lui permet, en vertu de
la loi et de certaines circonstances, de retenir une chose mobilière
dont il a la possession de par le consentement du débiteur, et au besoin
de faire réaliser cette chose. C'est donc un droit de gage légal
portant sur une chose mobilière. (Cours-de-droit.net. - le droit de
rétention : définition, conditions, effets, consulté
le 29 janvier 2021). -Site Wikipédia. (Droit de rétention, dans
le Grand dictionnaire terminologique de l'OQLF). Selon le droit
français, en droit des biens, le droit de rétention est
codifié à l'article 2286 du Code civil depuis la loi du 23 mars
2006. Il peut se définir comme le droit donné à un
créancier de refuser la restitution d'un bien appartenant à un
débiteur jusqu'au complet paiement de sa créance. Voir «
Droit de rétention (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 29 janvier 2021.
Le droit de rétention s'analyse comme une
faculté offerte à un créancier détenteur d'un bien
de refuser de restituer ce bien tant que le débiteur ne l'aura pas
payé. Pour certains auteurs, ce droit serait une modalité
affectant l'obligation de délivrance pesant sur le
détenteur ; pour d'autres, on serait en présence d'une
simple garantie (on parle parfois de garantie indirecte) et pour d'autres
encore, ce droit est une véritable sureté. Il s'agit d'une
sureté archaïque, sans doute l'une des premières apparues
(idée de justice privée) et cet archaïsme en fait une des
suretés les plus intéressantes principalement dans
l'hypothèse où le débiteur est soumis à une
procédure collective car malgré cette procédure, le
créancier peut rester en possession de la chose tant qu'il n'a pas
reçu complet paiement. La position de la jurisprudence est simple qui
dénie au droit de rétention la qualité de sureté.
COURS DE DROIT, « le droit de rétention :
définition, conditions, effets ». Article publié sur le
lien
www.Cours-de-droit.fr et
consulté le 29 janvier 2021.
* 1040 Cf. M. BUCHNER,
Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten
Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty &
Loehle, 1914, p. 86.
* 1041 Dash.
* 1042 Cf. Archiv des
Deutschen Kolonialrechts, p. 159 ; M. BUCHNER, Aurora Colonialis,
op.cit., pp. 133 et 139.
* 1043 King BELL
était un homme très riche. Il avait reçu 14 000 Marks
de prime pour apposer sa signature sur le document du 12 juillet 1884. Il avait
90 femmes et ne reconnaissait pas le nombre de ses enfants. Cf. Th. BOHNER:
« Ae Ntonga! Hallo Freund! Unser Leben in Kamerun »,
Junge Generation, Berlin, 1935, p. 184.
* 1044 Cf. ANY, FA 1/37,
f. 4.
* 1045 J.-P. DJOKO DUBOIS,
« Le fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial : le
cas du Cameroun sous domination allemande à l'ère du gouverneur
Von Soden 1885-1891 », Yaoundé, 2018, pp. 10-11. Article
publié sur le site
www.goetheinstitut.de et
consulté le 29 janvier 2021.
* 1046 Éduard
SCHEVE, né le 25 mars 1836 à Volmarstein et mort le 10 janvier
1909 à Berlin était un prédicateur baptiste et est
considéré comme le fondateur de l'Église
Évangélique Libre Diakonie et de la mission externe.
* 1047« Mission
baptiste européenne (n.d.) ». Article publié sur le
site
www.wikipédia.fret
consulté le 06 janvier 2021.
* 1048 ANC, FA 1/ 37, F.
62- 64, Traduction d'une lettre d'Alfred BELL (Bremerhaven) à NDUMBE
EYUNDI (Akwa) du 26.9.1888.
* 1049 Voir le portrait de
King BELL par M. BUCHNER, Kamerun.Skizzen und Betrachtungen, Leipzig:
Duncker & Humboldt, 1887, p. 87 ; cf. P. HALBING,
« MANGA BELL », in Stern von Afrika 1914 /
15, p. 99-100 ; T. SEITZ, Vom Aufstieg und Niedrbuch, I, p.
16 ; Nous retrouvons une autre idée allant dans le sens de
l'unité des Duala en 1911, lorsqu'il fut question de l'expropriation des
terres. L'idée venait de Duala Manga à qui les Duala
donnèrent les pleins pouvoirs pour faire obstacle à
l'expropriation, cf. ANC, FA 4/ 254, Untersuchung gegen Mpundo-Akiwa, F.
11-12.
* 1050 ANC, FA 1/ 37, F.
65- 66. Lettre du gouverneur au chancelier du 7.11. 1888.
* 1051Idem.
* 1052 ANC, FA 1/ 37, F.
121-123. Lettre du gouverneur au chancelier du 11.4.1889.
* 1053 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 105-106.
* 1054 ANC, FA 1/ 37, F.
121-123.
* 1055 ANC, FA 1/ 37, F.
152-153, Procès-verbal du 19.1.1890.
* 1056 La destitution de
King BELL.
* 1057 ANC, FA 1/ 37,
F.88.
* 1058 ANC, FA 1/ 37, F.
88-91.
* 1059 RKA N. 4297, B/31,
d'après W. MEHNERT, Schulpolitik im Dienste der Kolonialherrschaft
des deutschen Imperialismus in Afrika 1884-1914, Leipzig, 1965, p. 125.
* 1060 ANC, FA 1/37, F.
103-104.
* 1061 Département
Colonial.
* 1062 ANC, FA 1/ 37, F.
62-64, Traduction de la lettre d'Alfred Bell à Ndumbe Eyundi du
28.9.1888. Voir J. GOMSU, Colonisation Et Organisation
Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période
Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème
Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences
Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 252.
* 1063 ANC, FA 1/37, F.
103-104.
* 1064 ANC, FA 1/37, F.
78, F. 94.
* 1065 ANC, FA 1/37, F.
79.
* 1066 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
254.
* 1067 Douala.
* 1068 ANC, FA 1/ 37, F.
107-108, cette lettre comme toutes les autres fut saisie et traduite.
* 1069 ANC, FA 1/37,
F.67/
* 1070 ANC, FA 1/37, F.
107-108.
* 1071 ANC, FA 1/37,
F.77.
* 1072 ANC, FA 1/37, F.
158-159.
* 1073 ANC, FA 1/37, F.
165-166.
* 1074 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
257.
* 1075 ANC, FA 1/37, F.
157.
* 1076 1.2.1889.
* 1077 W. WEHNERT,
Schulpolitik im Dienste der Kolonial herrschaft, p. 133.
* 1078 G. ROCHER,
L'action sociale, 1968, pp. 232-233, (système français).
In J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques
élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos
(Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat
Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations
internationales. Soutenue le 29 novembre 2016, p. 81.
* 1079 ANY, TA 23,
« L'organisation politique des indigènes et leur emploi dans
l'administration et la juridiction du protectorat du Cameroun ».
* 1080 Lieutenant RAUSCH,
cité par J.A. NGUIMZANG, « Foreke- Dschang : impact des
interventions allemandes et britanniques sur les institutions traditionnelles,
1900-1920 », Mémoire de DES en Histoire, Université de
Yaoundé, 1978, p. 42. Cité par J. TCHINDA
KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques
élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos
(Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat
Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations
internationales, 2016, pp. 84-85.
* 1081 Souverain des Akwa
de 1852 à 1878.
* 1082 Fondateur de la
dynastie des Akwa, qui régna de 1805 à 1846.
* 1083 E. BATAMAG,
« Cameroun : Qui était Dika Mpondo Akwa ? »
Article publié 29 mai 2018 sur le site « Le
NouvelAfrik.com » et consulté le 9 février 2012.
* 1084 Version
originale: « In 1907 the Akwa people refused to pay any taxes, which
they considered merely an addition to the large number of grievances they
already had against the colonial administration in the colony. While protesting
their inability to pay taxes, they raised funds among themselves to keep a
Negro representative in Germany to plead their cause here. German authorities
said that the natives had no right to tax themselves in this fashion, for
taxation was a sovereign right belonging only to the German right belonging
only to the German government, which published those responsible for levying
the assesment. In long conferences with discontented natives governor Seitz
tried to persuade them to give up their opposition to taxes. Leaders in the tax
strikes asserted that the treaty between Germany and the Duala chieftains in
1884 conferred on Germany no right to tax. The Governor tried his best to
convince the people of the folly of their attitude... He threatened leaders of
the opposition with exile from the colony if they continued their refusal to
pay taxes. The actual seizure of some chieftains to force deliquent tribesmen
to pay their taxes shows how far the administration went in its determination
to collect. Because of this opposition, Duala was under a special tax regime
for a number of years ». Traduction faite par nous. In H. R.
RUDIN, Germans in the Cameroons (1884-1916): A Case Study in Modern
Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, 456 pages.
* 1085 W. MEHNERT,
Schulpolitik im Dienste der Kolonialherrschaft des deutschen Imperialismus
in Afrika 1884-1914, Leipzig, 1965, p. 154.
* 1086 ANC, FA 1/ 37, F.
180-182.
* 1087 14 ans.
* 1088 « Unter
alles Umtanden ».
* 1089 ANC, FA 1/ 37, F.
144.
* 1090 « Mit
Rucksicht auf seine dereinstige Stellung ».
* 1091 Amtsblatt fur das
Schutzgebiet Kamerun 1908, p. 70; In M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen
and Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887, p. 49.
* 1092 ANC, FA 1/ 37, F.
141-144; FA 1/37, 180-182.
* 1093 Neveu de King
BELL.
* 1094 Fils d'AKWA.
* 1095 Fils de MANGA
BELL.
* 1096 ANC, FA 1/ 37, F.
142.
* 1097 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
250.
* 1098 ANC, FA 1/ 37, F.
25.
* 1099 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp.
104-105.
* 1100 ANC, FA 1/93.
* 1101 BMA, E.2.41, 1914,
N. 19, E.2.42, 1914, N. 13.
* 1102 Nous ne parlons pas
d'un niveau universitaire comme Engelbert Mveng qui croit, à tort, que
Duala Manga fit des études de droit à l'université de
Bonn, Mveng : op. cit. p. 333 ; Les Allemands ne donnèrent la
possibilité à aucun africain de poursuivre des études
supérieures, cf. lettre du Prof. Dr. Stoecker du 21.1.1981.
* 1103 J.
GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels
Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p.
261.
* 1104 1893.
* 1105 Verhandlungen des
Reichstags, Anlagen, 1914, 305, document 1576, p. 3292.
* 1106Ibid., p.
3279.
* 1107 E. MVENG, op. cit.,
p. 333 : « Cette rapide esquisse de l'oeuvre scolaire serait
incomplète si l'on oubliait les étudiants d'Allemagne. Cette
initiative fut certainement de celles qui font le plus honneur à
l'oeuvre de l'Allemagne au Cameroun, car elle montre que le colonisateur,
foncièrement n'était pas raciste et qu'il voulait donner à
la population le plus de chances possibles pour bâtir elle-même son
avenir ». L'impérialisme colonial ne trouverait pas
meilleur apologiste !
* 1108 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du
Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916).
Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz,
Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp.
262-263.
* 1109 Bonabéri.
*
1110Prince ESSAKA ESSAKA EKWALA-ESSAKA DEÏDO,
« La perception des Rois Deïdo au sujet de l'administration
coloniale allemande ». Article publié sur le site
www.peuplesawa.com et
consulté le 04 février 2021.
* 1111 Musoko mwa Eyum
Ebele.
* 1112 Qui signifie
Bonebela.
* 1113 Engelbert MVENG,
op., cit., p. 333.
* 1114 1839-27
décembre 1897.
* 1115 «
Ndumbe_Lobe_Bell (n. d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 avril 2021.
* 1116 (En) E. VON
JOEDEN-FORGEY, « Mpundu Akwa: the case of the Prince from
Cameroon-the newly discovered speech for the defense » by Dr M
Levi., LIT Verlag Münster, Geschichte, Bd.44, 2002. Voir
l'article « Ndumbe Lobe Bell » disponible sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 avril 2021.
* 1117 (De) W. POLLACK
& E. MARCUS & F. WESTHOFF, « King Bell oder die
Münsteraner in Afrika. Münster: Plattdeutsches
Fastnachtspiel », Lit-Verlag Munster, 1886. Voir l'article
« Ndumbe Lobe Bell » disponible sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 avril 2021.
* 1118 Douala.
* 1119 Cf. V. J.- C.
KANGA, Le droit coutumier Bamiléké au contact des droits
européens. Thèse de Doctorat, Faculté de droit,
Université de Paris, 1957, p. 144. Cité par B. A. NGANDO, op.
cit., p. 137. Cité par MOUBEKE A MOUSSI : « L'Etat
colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des
régimes allemand, français et
britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, pp. 87-88.
* 1120 S.
MELONE, La parenté et la terre dans la stratégie de
développement, op. cit., p. 73. Cité par MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018, pp. 87-88.
* 1121Ibid., pp.
87-88.
* 1122 Quant à la
notion de « chefferie », là aussi, la confusion
s'est installée. Ce mot revêt deux significations : c'est
alors la résidence du chef. Plus grand hameau du pays, il comprend le
palais royal et ses dépendances, les maisons des femmes, la maison pour
les réunions des sociétés secrètes, la forêt
sacrée, la place publique ou la place du marché. Par la suite, le
colonisateur a étendu le mot chefferie-résidence à
l'ensemble du territoire de commandement du chef, c'est-à-dire à
ce qu'on appelle improprement village. (Il faut dire que la
réalité que nous exposons ici ne fait pas l'unanimité dans
la mesure où la confusion s'installe entre palais et chefferie ; le
palais désignant la résidence ou la concession du chef alors que
la chefferie est le territoire sous son commandement). Cité par J.
TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques
élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos
(Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat
Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations
internationales, 2016, p. 15.
* 1123 DICTIONNAIRE
ENCYCLOPEDIQUE LAROUSSE cité par E. DUPOIRIER & H.-D.
SCHAJER, L'identité régionale, 2001, p. 331.
* 1124 M.
MICHEL, Essai sur la colonisation positive. Affrontements et
accommodements en Afrique noire (1830-1930), Paris, Ed. PERRON, 2009, p.
13.
* 1125Ibid., p.
14. Cité par J. TCHINDA KENFO, op. cit., p. 7.
* 1126 J. TCHINDA
KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques
élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos
(Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat
Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations
internationales, 2016, p. 24.
* 1127 A. MATTELART,
Diversité culturelle et mondialisation, Paris, La
Découverte, 2007, pp. 49-50.
* 1128 G. ROCHER,
Introduction à la sociologie, 1968, p. 229. In J. TCHINDA
KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes
et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIXe - XXe
siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en
Histoire. Option : Histoire des relations internationales, 2016, p. 71.
* 1129 N. MACHIAVEL,
Le Prince, Paris, Librairie Générale Française,
1983, p. 16.
* 1130 A. DE TOCQUEVILLE,
De la démocratie en Amérique, Paris, 1835. Cité
par A.-M. YINDA YINDA, La mémoire internationale,
2003, p. 27.
* 1131 P. DEMONT,
« Hannah ARENDT et la philosophie politique grecque »,
Actes du 12ème colloque de la Villa Kérylos à
Beaulieu-sur-Mer les 19 et 20 octobre 2001, Publications de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002. Voir A.-M.
YINDA YINDA, La mémoire internationale, 2003, pp.
31-32.
* 1132 Pour les
divergences relatives à la méthode coloniale appliquée par
la France te la Grande-Bretagne, lire V. DIMIER, « Enjeux
institutionnels autour d'une science politique des colonies en France et en
Grande-Bretagne, 1930-1950 », in Genèses, N° 37,
1999, pp. 70-92 ; H. DESCHAMPS, Les Méthodes et doctrine
coloniale de la France (du XVIème à nos jours), Paris,
Armand Colin, 1953 ; H. DESCHAMPS, Les Institutions politiques de
l'Afrique Noire, Paris PUF, 1970 ; W. B. COHEN, Français
et Africains. Les Noirs dans le regard des Blancs 1530-1880, Paris,
Gallimard, 1981, 409 P. ; M. MICHEL, Essai sur la colonisation
positive. Affrontements et accommodements en Afrique Noire (1830-1930),
Paris, Éditions Perrin, 2009.
* 1133 M. KANGUELIEU
TCHOUAKE, La région du Mungo sous régime français
(1916-1960). Essor économique et social. Thèse de Doctorat
De 3ème cycle en Histoire, Université de Yaoundé, 1990,
pp. 71-75.
* 1134 1884-1885.
* 1135 « Jus
intra gentes » et « jus inter gentes ».
* 1136 1648.
* 1137 Rudimentaire.
* 1138 Foncière.
* 1139 Droit International
Public.
* 1140 Pouvoir
constituant.
* 1141 Car a-t-on coutume
de dire que l'Etat est une idée et un fait.
* 1142 L'Etat de droit est
d'abord un Etat législateur, ensuite c'est un Etat soumis au droit, et
enfin c'est un Etat soumis au droit, et enfin c'est un Etat qui consacre une
sphère de protection certaine des droits subjectifs. Il est
définitive le cadre par excellence d'expression de la
convivialité citoyenne et de la pleine citoyenneté. Cité
par MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au
Cameroun : Approche comparative des régimes allemand,
français et britannique », Mémoire de Maîtrise en
Théories et Pluralismes juridiques, p. 19.
* 1143 SAMBA
THIAM, Introduction historique au droit en Afrique, L'Harmattan,
2011, p. 116, 202 pages. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI :
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018.
* 1144 Occidentales.
* 1145P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018, p. 34.
* 1146 Cf. H. BRUNSCHWIG,
L'expansionallemande outre-mer, du XVème siècle
jusqu'à nos jours, op. cit., p. 173. Cité par P. MOUBEKE A
MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018.
* 1147P. MOUBEKE A MOUSSI,
« L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018, pp. 59-60.
* 1148 Cf. J.- M. YAMA,
Régime foncier et domanialité publique au Cameroun,
Presses de l'UCAC, Éditions 2012, pp. 25-34. Cité par P. MOUBEKE
A MOUSSI, op. cit., 2018.
* 1149 P. MOUBEKE A
MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018, p. 108.
* 1150 Cf. G. ADJETE
KOUASSIGAN, L'homme et la terre, op. cit. Cité par P. MOUBEKE A
MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche
comparative des régimes allemand, français et
britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et
Pluralismes juridiques, 2018.
* 1151Ibid., p.
101.
* 1152 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p.
132.
* 1153 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
134-135.
* 1154 Aussi appelé
KUM'A MBAPE BELL.
* 1155 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a
Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article
publié sur le site
www.africavenir.org et
consulté le 25 mars 2020.
* 1156 1846-1916.
* 1157 M. DIKE DELANCEY
& R. NEH MBUH & M. W. DELANCEY, « Lock Priso Bell,
chief », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon,
Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 311.
* 1158 BEKOLO FILM
PROJECTS, « Comment en arrive-t-on au traité
Germano-Douala ? ». Article publié sur le site
http://bekolofilmprojects.blogspot.com
et consulté le 26 mars 2020.
* 1159 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Résistance Anti-Coloniale Au Cameroun - AfricAvenir
International ». Article publié sur le site
www.africavenir.org et
consulté le 25 mars 2020.
* 1160 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a
Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article
publié sur le site
www.africavenir.org et
consulté le 25 mars 2020.
* 1161
NEODINDEPENDANCE.CANALBLOG, « Sur les traces de Lock Priso - O
Cameroun ! ». Article publié le 04 septembre 2014 sur le
site
www.neodindependance.canalblog.comet
consulté le 25 mars 2020.
* 1162 PRINCE KUM'A NDUMBE
III, « Des voix pour le souvenir », Episode 1,
10/08 /2016, Filmproduktionen der Gerda Henkel Stiftung, La
mémoire collective de l'Afrique, Éditions AFRICAVENIR,
2016.
* 1163« Lock Priso
BELL - chef Sawa (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 16 décembre 2021.
* 1164 JOURNAL ACTU
CAMEROUN EN LIGNE, « Art : Le
« Tangué » du roi Lock Priso en passe d'être
rapatrié au Cameroun ». Article publié le 07 avril 2019
sur le site
https://actucameroun.com et
consulté le 25 mars 2020.
* 1165
NEOINDEPENDANCE.CANALBLOG, « Lock Priso : Tous les messages sur
Lock Priso - O Cameroun ! ». Article publié sur le site
www.neodindependance.canalblog.com
et consulté le 25 mars 2020.
* 1166 CAMEROON INFO,
« Cameroon-Info.Net : Art : Le
« Tangué » du roi Lock Priso en passe d'être
rapatrié au Cameroun ». Article publié sur le site
www.cameroon-info.net et
consulté le 25 mars 2020.
* 1167 237ONLINE.COM,
« Cameroun - Patrimoine historique : Le Tangué de Lock
Priso attendu ». Article publié le 22 juin 2016 sur le site
www.237online.com et
consulté le 25 mars 2020.
* 1168 Prince KUM'A NDUMBE
III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a
Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article
publié sur le site
www.africavenir.org,
consulté le 25 mars 2020.
* 1169 Roi de
1858-1897.
* 1170 Dans le Ntem.
* 1171 Dans le Mungo.
* 1172 Roi de
1897-1908.
* 1173 Roi de
1908-1914.
* 1174 PEUPLE SAWA,
« Histoire : LES SAWA - Les Rois Bell ». Article
publié le 19 février 2019 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 04 mai 2021.
* 1175 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
136-138.
* 1176Ibid., p.
139.
* 1177
« Vorwarts », 17.5.1914.
*
1178« Leipziger Neueste Nachrichten »,
12.5.1914, de commentaires analogues publiaient « Hamburger
Nachrichten », 15.5.1914 ; « Deutsche
Tageszeitung », 15.5.1914 ; « Deutsche
Kolonialzeitung », 16.5.1914.
* 1179 RKA Nr. 440 Bl.
196.
* 1180Ibid, Bl.
78.
* 1181Ibid, Bl.
81 Telegramm Solfs an den Gouverneur in Buea, 14.5.1914.
* 1182Ibid, Bl.
77: Telegramm des Polizeiprasidums Berlin an Solf, 15.5.1914.
* 1183Ibid, Bl.
145: Mitteilung der Polizeibehorde Hamburg an das Polizeiprasidum Berlin,
25.5.1914.
* 1184 RKA, Nr. 4430, Bl.
302: Bericht des Bezirksantmanns von Duala Wienecke, 21.7.1914.
* 1185 R. GOUELLAIN,
« DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête
réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de
l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp.
140-142.
* 1186 C. DE GAULLE,
« Extrait d'un entretien au magazine Paris Match », le 09
décembre 1967. Article publié en 2018 sur le site
www.miscellanees.me et
consulté le 04 novembre 2021.
* 1187 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN,
série : Population N° 5, 1952, p.43.
* 1188 Appelée
« administration indirecte » en français.
* 1189NJImom, Mayap,
Nkundul, Nkussam, Nkutaba et Nkutie.
* 1190 J.B.M. 1914, p.
156. In J. VAN SLAGEREN, op. cit., 1972, pp. 106-107.
* 1191 « Die
ersten Hochzeiten in Bamum », in H.B., 1912, p. 28. 3 Anna WUHRMANN,
« Frauenlos in Bamum », in E.M.M., 1916, p. 364 f.
In J. VAN SLAGEREN, op. cit., pp. 106-107.
* 1192 J. VAN SLAGEREN,
Les origines de l'Église évangélique du
Cameroun : missions européennes et christianisme autochtone,
Leiden. E. J. Brill. 1972, pp. 106-107.
* 1193 J. KI-ZERBO,
Histoire de l'Afrique noire, Paris, Hatier, 1978, p. 293.
* 1194 C. JUOMPAN-YAKAM,
« Cameroun - African Queens : à la rencontre des reines
des chefferies traditionnelles ». Article publié le 31
août 2016 sur le site du magazine
www.jeuneafrique.org et
consulté le 19 mai 2021.
* 1195« Polygamie
(situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs
conjoints) (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 août 2021.
* 1196 E. CHAUMONT, «
Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M.A. AMIR-MOEZZI
(dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. « Polygamie
(situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs
conjoints) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 août 2021.
* 1197 Distinction
effectuée dans la Circulaire n°2008/14 du 25 février 2008 de
Caisse nationale d'assurance vieillesse française - Bigamie et
polygamie. Voir E. CHAUMONT, «Polygamie », in Dictionnaire du
Coran, M.A. AMIR-MOEZZI (dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. Voir
Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de
plusieurs conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur
le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 août 2021.
* 1198 BLOG
« LEPETITJOURNAL ISTANBUL », « UNE SEULE FEMME
AUTORISÉE - Impasse pour les propriétaires polygames en
Turquie ». Article publié le 11 décembre 2013 sur le.
Article mis à jour le 08 février 2018 sur le site
https://.lepetitjournalistanbul.fr
et consulté le 06 septembre 2021.
* 1199 Polygamie
(situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs
conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 07 août 2021.
* 1200 G. BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale, 1955, p. 121. In C. BOUNANG MFOUNGUE, Le mariage
africain, entre tradition et modernité. Étude
socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise,
Thèse de Doctorat en Sociologie de l'Université
Paul-Valéry - Montpellier III, mai 2012, École Doctorale
n°60, « Territoires, Temps, Sociétés et
Développement », pp. 134-136.
* 1201 E.
BOSERUP, Évolution agraire et pression
démographique, Paris, Flammarion, 1970, 218 pages. In C. BOUNANG
MFOUNGUE, Le mariage africain, entre tradition et modernité.
Étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture
gabonaise, op. cit., pp. 134-136.
* 1202 C. MEILLASSOUX,
Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1979. In E. BOSERUP, op.
cit., pp. 134-136.
* 1203 A. DIOP BARA,
La famille Wolof : tradition et changement, Paris, Karthala,
1985. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.
* 1204 S. FAINZANG &
O. JOURNET, La femme de mon mari. Anthropologie du mariage polygamique en
Afrique et en France, Paris, L'Harmattan, 1988, 172 pages. In E. BOSERUP,
op. cit., pp. 134-136.
* 1205 R. MAYER,
Histoire de la famille gabonaise, Libreville, Éditions du Luto,
2002. In E. BOSERUP, op.cit., p. 180.
* 1206« BamounBamuns
- peuple d'Afrique central établi à l'ouest du Cameroun (n.d.)
». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 06 septembre 2021. Voir J. KERCHACHE, J.-L. PAUDRAT, L.
STEPHAN & F. STOULLIG-MARIN, « Cameroun : Bamiléké,
Bamum, Tikar », in L'Art africain, Citadelles & Mazenod,
Paris, 2008, (édition revue et augmentée), p. 534.
* 1207 F. DOUANLA,
« Le NOUN : un peuple islamisé », p.7. Article
publié sur le site
https://lireenligne.net et
consulté le 23 janvier 2021.
* 1208 Témoignages
sur la vie du Prophète Mahomet.
* 1209Dr. Al AJAMI
(Docteur en médecine, Docteur en littérature et langue arabes,
Coranologue, Théologien, Spécialiste de l'exégèse
du Coran), « Que dit vraiment le Coran ? Penser et vivre son
islamité à la lumière du Coran ». Article
publié le 26 janvier 2018 sur le site
https://www.alajami.fr et
consulté le 17 juin 2021.
* 1210 BLOG LARMORCATELL
22, « La polygamie en islam ». Article publié le 28
novembre 2012 sur le site
https://larmorcatell22.fr et
consulté le 17 juin 2021.
* 1211 C. GOLLIEAU,
« Ce que dit le Coran : la polygamie ». Article
publié sur le site
https://www.LePoint.fr, et
consulté le 17 juin 2021.
* 1212 L. P. NGANGA,
« Les croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme
(1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville,
Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013.
* 1213H. NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi
Njoya, Paroles écrites, 2002, pp. 130-131.
* 1214 Idem.
* 1215 S. D. JOHNSON,
La formation d'une Église locale au Cameroun : le cas des
communautés baptistes au Cameroun (1841-1949), Paris,
Éditions KARTHALA, 2012.
* 1216 Ibid, p. 13 s.
* 1217 BMA, E-c. 28,
« Quartalbericht der Missionare 1908 », du missionnaire
STAHL. Voir aussi BMA, E-2. 30, n° 53, p. 6 et 10. In P. PURTSCHERT, op.
cit., 2000.
* 1218 P.
PURTSCHERT, Looking for Traces of Hybridity: Basel Mission Reports and
Queen Mother. Philosophical remarks on the interpretation of a political
deed, Paper, University of Basel, 2000.
* 1219 Études
postcoloniales.
* 1220 Témoignages,
Journal fondé par le Dr. R. VERGÈS, « Tribune libre -
Homi K. Bhabha, les postcolonial studies et la notion de
l'hybridité ». Article publié le 18 juin 2011 et
consulté le 06 septembre 2021.
* 1221 H. K. BHABHA,
The Location of culture, London-New York, Routledge, 1994.
* 1222 M. CUILLERAI,
« L'irréconcilié : histoire critique aux marges de
l'amnistie », In Une histoire politique de l'amnistie,
Presses Universitaires de France, 2007.
* 1223 Témoignages,
Journal fondé par le Dr. R. VERGÈS ? « Tribune
libre - Homi K. Bhabha, les postcolonial studies et la notion de
l'hybridité ». Article publié le 18 juin 2011 et
consulté le 06 septembre 2021.
* 1224 P. A. i SEGARRA,
« L'hybridité identitaire dans une littérature
émergente : l'écriture du « moi »
hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine
maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016. Article mis
en ligne le 01 juillet 2016 sur le site
http://journals.openÉdition.org/babel/4540
et consulté le 06 septembre 2021.
* 1225 A. DE TORO,
« La pensée hybride, culture des diasporas et culture
planétaire. Le Maghreb (Abdelkebir Khatibi - Assia
Djébar) », p. 73. In P. A. I SEGARRA,
« L'hybridité identitaire dans une littérature
émergente : l'écriture du « moi »
hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine
maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016. Article mis en ligne
le 01 juillet 2016 et consulté le 06 septembre 2021 sur le site
http://journals.openÉdition.org/babel/4540.
* 1226 P. A. I SEGARRA,
« L'hybridité identitaire dans une littérature
émergente : l'écriture du « moi »
hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine
maghrébine », 2016, p. 33. Article mis en ligne le 01 juillet
2016 sur le site
http://journals.openÉdition.org/babel/4540
et consulté le 06 septembre 2021.
* 1227 La croix
chrétienne.
* 1228 Cf. T. NSIESIE,
« Notes sur les Christs et statues de l'Ancien Congo », in
Brousse, n°3, 1939. Surtout M. MAQUET, Contribution à
l'étude des crucifix anciens indigènes du Bas-Congo, in Arts
et métiers indigènes dans la province de
Léopoldville, n°6, mars 1938. In G. BALANDIER, Sociologie
actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale.
Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 50.
* 1229G. BALANDIER,
Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique
centrale. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 50.
* 1230 Cf. T. NSIESIE, op.
cit., p. 34. In G. BALANDIER, op. cit., pp. 51-52.
* 1231 Cf. O. DE
BOUVEIGNES, Saint Antoine & la pièce de vingt reis, in Brousse, 3-4,
1947, pp. 17-22 avec photographies de statues de St. Antoine en cuivre, plomb
et ivoire. In G. BALANDIER, op. cit., pp. 51-52.
* 1232 Cf. A. CAVAZZI,
Istorica descrizzione degli tre regni Congo, Angola e Matamba, Bologna, 1687,
(trad. Franc. De J.-B. LABAT « augmentée de plusieurs
relations portugaises »), Paris, 1732. In G. BALANDIER, op. cit., pp.
51-52.
* 1233 Don
Sébastien.
* 1234 Cf. A. CAVAZZI, op.
cit., p. 113. En 1705, cependant, une jeune Congolaise (Dona Béatrice)
s'identifia à Saint Antoine et fut à l'origine du 1er
syncrétisme congolais connu (Cf. Relations du Père Laurent DE
LUCQUES, 1700-1710). In G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique
noire. Dynamique sociale en Afrique centrale. Quadrige/Presses
Universitaires de France, 1955, pp. 51-52.
* 1235 Photographie prise
en 1902 de Walker GOTTLOB disponible sur le site
www.archivfuehrer-kolonialzeit.de
et consulté le 06 avril 2021. Cette photographie se trouve
également aux Archives de la Mission de Bâle en Allemagne.
* 1236 Cf. S. PASSARGE,
« Aus siebenzig Jahren. Eine Selbsbiographie », 1947, p.
197. Article (non publié) disponible à la bibliothèque de
l'Université de Hamburg et consulté le 15 juin 2021.
* 1237 Cf. note
suivante.
* 1238 Le compte-rendu de
la conférence missionnaire de Bonaku de 1900 ne contient malheureusement
aucun détail sur cette question. Toutes les autres questions
débattues sont rapportées de façon
détaillée. Nous pouvons par conséquent penser que les
missionnaires ne voulaient pas faire connaître leurs opinions
personnelles sur cette question, position qui était contraire à
celle du Comité.
* 1239 La revue Mulee
Ngea fait un compte-rendu de la conférence générale
tenue à Buéa du 28 au 29 mars 1936. D'après les
résolutions, les communautés pouvaient baptiser des polygames
malades qui promettaient de répudier leurs épouses et qui
participaient activement à la vie de la communauté (cf.
« Ndongamen'a m'boko mundene Buea 28-29 March 1936 », in
Mulee Ngea, 8e année, mai 1936, p. 23).
* 1240 BMA, E-2.21,
« Rapport annuel de Johannes DEIBOL », 1906 (en langue
duala, n° 107, traduction allemande, n° 106), pp. 328-330.
* 1241 Concernant les
rites de séparation, tout d'abord, l'enfant est séparé du
groupe des femmes. Élevé jusqu'ici par sa mère, on le lui
arrache souvent sous la forme d'un rapt violent. Les mères se lamentent,
comme si leur enfant était mort. Il s'agit bien en fait d'une mort
symbolique : le futur initié est censé avoir
été avalé par un monstre, qui le dégorgera ensuite,
ou tué par lui. La grotte où il est conduit est la bouche du
monstre ; la hutte où il sera initié dans la brousse
à l'apparence du monstre mythique (Nouvelle-Guinée). Cette
opération prend aussi la forme d'une purification : bains,
destruction des anciens vêtements, changement de nom. A la fin, l'enfant
renaitra. Chez les Kikuyu africains, la nouvelle naissance est marquée
par la mise en position de l'enfant entre les jambes de sa mère à
laquelle il est attaché par un boyau de mouton, symbolisant le cordon
ombilical. Dans une certaine mesure, les mutilations corporelles (circoncision,
arrachage de certaines dents, scarification, tatouage des signes tribaux)
constituent les marques apparentes de cet arrachement au monde des femmes pour
l'entrée dans celui des hommes.
* 1242 Selon les rites
d'agrégation, l'initiation a créé un nouvel être,
qu'il faut réintégrer dans la société, mais cette
fois avec son statut définitif d'adulte, susceptible de se marier. Les
rituels de sortie comprennent en gros deux séquences de
réapprentissage de la vie quotidienne. L'initié est censé
avoir tout oublié, il ne sait plus marcher, parler, rire. Il retourne au
village courbé, comme s'il ne savait avancer qu'à quatre pattes.
Il ne reconnait plus ses parents, sa maison. Il faut donc lui donner de
nouveau l'usage de ce qu'il a perdu. Mais ce retour chez les siens, avec un
statut supérieur, est aussi pour lui et pour ceux qui l'accueillent, une
fête, et cette fête se marque par des chants, des danses, des
processions solennelles.
* 1243 Les rites de marge
comportent l'apprentissage d'une langue liturgique, des chants, des danses, des
mythes du dieu ou du génie qui a appelé le néophyte et
dont celui-ci devient dès lors le médium, des tabous,
alimentaires et sexuels, comme aussi une manipulation du corps pour le rendre
perméable à l'incorporation d'un dieu ou d'un génie. Cette
manipulation du corps se fait par l'ingestion de drogues hallucinogènes
(comme celle de l' « iloga » dans le
« Bwiti » du Gabon, où les hallucinations
provoquées permettent aux initiés de monter dans le monde des
ancêtres et d'y recevoir un message), par des jeunes provocateurs de
visions (comme chez les Amérindiens de Californie) par des bains
d'herbes amenant des transes et suivis, au cours même de ces transes,
d'un bain de sang (comme en Afrique de l'Ouest).
* 1244 A.
SENE, Les structures anthropologiques de l'imaginaire en Afrique Noire
traditionnelle ou vers une archétypologie des concepts de pratiques
rituelles et de représentations sociales, Thèse de Doctorat
de Troisième Cycle, Université Pierre Mendès France, UFR
Sciences de l'Homme et de la Société, Département de
sociologie, Centre de Sociologie des Représentations et des Pratiques
Culturelles, GDR Opus CNRS, 2004, pp. 147-148.
* 1245 Ibid., pp.
234-235.
* 1246 Ibid., pp.
136-137.
* 1247DIOCÈSE DE
VERSAILLES, « A l'origine du baptême ». Article
publié sur le site
https://www.catholique78.fr et
consulté le 02 juin 2021.
* 1248
« Baptême - rite chrétien d'admission dans les
différentes églises chrétiennes, dans lesquelles l'eau est
utilisée (n.d.) ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 02 juin 2021.
* 1249 L.-M. CHAVET &
J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême
chrétien ». Article publié sur le site
https://www.universalis.fr et
consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur
LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du
Cerf, 9 septembre 1987.
* 1250 L.-M. CHAVET &
J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême
chrétien ». Article publié sur le site
https://www.universalis.fr et
consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur
LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du
Cerf, 9 septembre 1987.
* 1251 GENESE, I, 20.
* 1252 Sur les
Sacrements.
* 1253 GENESE, II, 10.
* 1254
ÉZÉCHIEL, XLVII, 2-11.
* 1255 JEAN, VII, 38.
* 1256 JEAN, III, 5.
* 1257 L.-M. CHAVET &
J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême
chrétien ». Article publié sur le site
https://www.universalis.fr et
consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur
LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du
Cerf, 9 septembre 1987.
* 1258 HISTOIRE D'AFRIQUE,
« LE BAPTÊME ». Article publié le 30 avril
2018 sur le site
https://m.facebook.com et
consulté le 20 juin 2021.
* 1259 JOURNAL RFI EN
LIGNE, « Huile de palme et noix de cola : les attributs du
baptême Yoruba - La vie ici ». Article publié le 01
avril 2019 sur le site
www.rfi.fr et consulté le 20 juin
2021.
* 1260 HISTOIRE D'AFRIQUE,
« LE BAPTÊME ». Article publié le 30 avril
2018 sur le site
https://m.facebook.com et
consulté le 20 juin 2021.
* 1261 M. MONGBET LAMARE,
La médecine BamounBamun. Étude d'anthropologie,
Yaoundé, Éditions LAMARO, 1975, pp. 20-21.
* 1262Ibid., p.
136.
* 1263 Mère du Roi
NJOYA.
* 1264Ibid., pp.
137-138.
* 1265Ibid., pp.
134-135.
* 1266 Mariage, dot,
naissance.
* 1267 D. E. YAO,
« Les boissons locales africaines...tour d'horizon ».
Article publié sur le site
https://www.afrik.com le 03 janvier
2017 et consulté le 04 septembre 2021.
* 1268 LA VILLA MAASAI,
« Notre sélection des 10 meilleurs cocktails et alcools
africains ». Article publié le 14 février 2020 sur le
site
www.villamaasai.fr et
consulté le 04 septembre 2021.
* 1269 T'adj.
* 1270 C. CAZAUX
GRANDPIERRE, « Les alcools africains ». Article
publié le 28 février 2017 sur le site
https://www.chloeandwines.fr
et consulté le 04 septembre 2021.
* 1271 Vin de palme -
boisson alcoolisée (n.d.). Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 03 mars 2021.
* 1272 Raphia vinifera.
* 1273 Borassus
aethiopium.
* 1274 Arenga pinnata.
* 1275 Nypa fructicans.
* 1276 Raphia vinifera.
* 1277 Cocos nucifera.
* 1278« Vin de palme
- boisson alcoolisée (n.d.). ». Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 03 mars 2021.
* 1279 S. PONE,
« Société - Vie quotidienne : Les mystères
du raphia dans la tradition Bamiléké ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 septembre 2021.
* 1280 De vigne ou de
palme.
* 1281 A. HUETZ DE LEMPS,
« Le vin de palme en Guinée Conakry ». Article
publié sur le site
https://guineeverdure.mondoblog.org
et consulté le 10 mars 2021.
* 1282 MONDO BLOG,
« MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre
tradition et alcoolisme ». Article publié sur
https://guineeverdure.mondoblog.org
et consulté le 03 mars 2021.
* 1283 DÉCOUVERTE
CAMEROUN, « Vin de palme ». Article publié sur le
site
http://decouverte.cameroun.free.fr
et consulté le 03 mars 2021.
* 1284 M. BENAYOUN,
« Vin de Palme ». Article publié sur le site
http://www.196flavors.com/fr/nigeria
et consulté le 04 mars 2021.
* 1285 C.
LACOSTE-DUJARDIN, « La Terre des Ancêtres ». Article
publié le 7 juillet 2020, mis à jour le 3 mars 2021 sur le site
https://panodyssey.com/fr/article/fr
et consulté le 03 mars 2021.
* 1286 Kanem.
* 1287 Ubolat.
* 1288 Mboos.
* 1289
« Paay ».
* 1290 « Ajug
kato ».
* 1291 E. VOLANT,
« Manjaku (Le Pays de) - Le culte des ancêtres » -
Encyclopédie sur la mort. La mort et la mort volontaire à travers
les pays et les âges ; « La religion et les croyances du
peuple des Manjaku ». Article publié sur les sites
http://agora.qc.ca/thematiques.fr
et
http://www.kandeer-manjaku.com/pages/croyances.htm.
Articles consultés le 03 mars 2021.
* 1292 L. V. THOMAS &
R. LUNEAU, La terre africaine et ses religions, Paris,
L'Harmattan, 2004, p. 104.
* 1293 BENOIT XVI,
« L'observation Romano du jeudi 19.3.2009 », Voyage au
Cameroun et en Angola, p. 12.
* 1294Idem.
* 1295 Cf. Genèse
2, 24.
* 1296 J. P. ELELAGHE,
De l' « aliénation » à l'
« authenticité » ?...problématique
missionnaire et affrontements culturels au Gabon : l'exemple des
Fang, Thèse de 3ème Cycle, Théologie
catholique, Strasbourg, 1977. Cité par l'Abbé BEAUDOIN.
* 1297 L. P. NGANGA,
« Les croyances traditionnelles des Tege Alima
(1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville -
Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013.
* 1298 Oncles et tantes,
cousins et cousines, neveux et nièces, grands-parents, amis et
connaissances.
* 1299 P. U. OTYE ELOM,
« La consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un
prétexte touristique », Anthropology of food
(Online), 13/2018. Article publié sur le site
https://doi.org/10.4000/aof.8766
le 03 juillet 2018 et consulté le 04 Septembre 2021.
* 1300 M. MONGBET LAMARE,
La médecine BamounBamun. Étude d'anthropologie,
Yaoundé, Éditions LAMARO, 1975, pp. 117-121.
* 1301 J.-P. POULAIN
(dir.) et Al., Dictionnaire des cultures alimentaires. Paris, Presses
Universitaires de France, 1027-1039, 2012, p. 1341.
* 1302 P. U. OTYE ELOM,
« La consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un
prétexte touristique », Anthropology of food (Online),
13/2018. Article publié sur le site :
https://doi.org/10.4000/aof.8766;
DOI :
https://doi.org/10.4000/aof.8766
le 03 juillet 2018 et consulté le 04 Septembre 2021.
* 1303 A. RICH,
« Dictionnaire des antiquités romaines et
grecques », 1883, 3ème éd. Article
disponible sur le site
www.mediterranees.net et
consulté le 13 septembre 2020.
* 1304 « Eau
bénite - l'eau qui a été bénie par un
prêtre, un évêque ou un diacre pour la
célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir
des objets, entre autres coutumes pieuses (n.d.) ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 06 mars 2021.
* 1305 LA CROIX
AFRICA,« Eau bénite : Définition, usages et
où en trouve-t-on ? ». Article publié sur le blog
et sur le site
www.africa-lacroix.com et
consulté le 04 septembre 2021.
* 1306 Nous insistons.
* 1307 Idem.
* 1308« Eau
bénite - l'eau qui a été bénie par un
prêtre, un évêque ou un diacre pour la
célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir
des objets, entre autres coutumes pieuses (n.d.) ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 06 mars 2021.
* 1309 Par le vin de
palme.
* 1310 « Mogussa
maba ».
* 1311 Dont une
moitié lui revient de droit.
* 1312 Cette
« caisse » étant considérée comme une
sorte de banque recevant le produit des ventes, mais ayant le pouvoir de
prêter : à l'occasion d'achats couteux, par exemple. In G.
BALANDIER, Sociologie de l'Afrique actuelle. Dynamique sociale en Afrique
noire. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 351.
* 1313 Mfon.
* 1314 MUSÉUM
D'HISTOIRE SURNATURELLE, « Articles, Histoires et Contes ».
Article disponible sur le site
www.logs.surnateum.com et
consulté le 08 avril 2022.
CAMERLEX, « FOUMBAN EN BREF ». Article
publié sur le site
www.camerlex.com, le 05
février 2011 et consulté le 08 avril 2022.
* 1315 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et
modernité : Le Cas du Royaume BamounBamun »,
Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II,
2014-2015, pp. 76-77.
* 1316 Ainsi parlait C.
TARDITS, Les Africains, Tome 9, p. 265.
* 1317 N. L. NGO NLEND,
«Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du
Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie,
Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88, pp.
73-87.
* 1318 A. LOUMPET-
GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : Les archives de la
Société des Missions Évangéliques de Paris,
1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, pp. 18-19.
* 1319 N. L. NGO NLEND,
«Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du
Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie,
Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88, pp.
73-87.
* 1320 En allemand :
Basler Mission ou Evangelische Missionsgesellschaft in Basel.
* 1321 Le Ghana actuel.
* 1322 Native Baptist
Church. Voir Wikipédia, « Mission de Bâle -
société missionnaire », article publié sur le
site
www.wikipédia.fr et
consulté le 11 mai 2021.
* 1323 A. LOUMPET-
GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : Les archives de la
Société des Missions Évangéliques de Paris,
1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 157.
* 1324 J. NJELE, Les
débuts du christianisme et son évolution en pays bamounBamun au
Cameroun : du début du XXème siècle à
1960, Thèse de Doctorat à l'Université de Paris
Sorbonne, Paris, 2005, p. 82.
* 1325 Missionnaire
GÖRING, 1907.
* 1326 Voir l'introduction
d'Histoire et coutumes des Bamun, traduction du pasteur Henri Martin,
page 9. In I. PARE, « Les Allemands à Foumban ».
Article publié sur le site
www.vestiges-journal.info.Consulté
le 06 mars 2021.
* 1327 A. LOUMPET-
GALITZINE, « La cartographie du Roi NJOYA (Royaume BamounBamun, Ouest
Cameroun) », CFC, N°210 - Décembre 2011, p.
187.
* 1328 A.
LOUMPET-GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : les archives de
la Société des missions évangéliques de Paris
(1917-1937), Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 140.
* 1329 A. SCHMITT,
« Die Bamum Schift », in Evangelischer
Heidenbote, LXXXème année, N° 11, Fumban, 1907, p. 84.
S&M -Bulletin n°3314. Voir J. NJELE, « Le sultan Njoya et le
missionnaire GÖRING », I&M- Bulletin n°33, Images
et Mémoires, p. 15. (Consultable en ligne sur le site internet
www.imagesetmemoires.com).
* 1330 C. GEARY & A.
NDAM NJOYA, Mandou Yenou, Germany, Trickster Veralg, 1985, p. 198.
* 1331Idem.
* 1332 J. NJELE,
« Le sultan NJOYA et le missionnaire GÖRING »,
I&M- Bulletin n°33, Images et Mémoires, p. 14.
(Consultable en ligne sur le site internet
www.imagesetmemoires.com).
* 1333« Mission
de Bâle - société
missionnaire », article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 11 mai 2021.
* 1334 N. L. NGO NLEND,
«Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du
Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie,
Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88,
pp. 73-87.
* 1335 BLOG « REGARDS
PROTESTANTS », «Cameroun - Photos du passé. Foumban vers
1911 - L'histoire de Lydia Mengwelune (1886 - 1966), la danseuse du
roi ». Article publié le 12 octobre 2019 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 03 mai 2021.
* 1336 H. NICOD,
Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles écrites, 2002,
pp. 161-163.
* 1337 Idem.
* 1338
Jean-Carrière NJI, né le 27 mai 1927, membre de l'Église
Évangélique de la région synodale du Noun (pays
BamounBamun), entretien du 9 juin 2010 avec l'auteur, à Foumban.
* 1339 N. NGO NLEND,
« Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun,
Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études
Théologiques et Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73- 87.
* 1340 Cité par C.
TARDITS, « Njoya (C. 1875-1933) ou les malheurs de l'intelligence
chez un sultan bamounBamun », Les Africains, Tome
IX, 1978, p. 286. Cité par A. P. TEMGOUA, op.cit., L'Harmattan
Cameroun, 2014, p. 247.
* 1341
L'Européen...
* 1342 Colloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 5-8.
* 1343Ibid., pp.
5-8.
* 1344 Les GÖRING
s'installent à Foumban le 10 avril 1906.
* 1345H. KOMIDOR NJIMOLUH,
Les fonctions politiques de l'école au Cameroun (1916 - 1976),
L'Harmattan, 2010, p. 35.
* 1346Ibid., pp. 35-36.
* 1347 Colloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, pp.
170-171.
* 1348Ibid., p.
241.
* 1349 A.
LOUMPET-GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : les archives de
la Société des missions évangéliques de Paris,
1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 124.
* 1350 Colloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, pp.
174-175.
* 1351 C. TARDITS,
« Réflexions sur le sacrifice dans la religion traditionnelle
des BamounBamun (Cameroun) », Systèmes de pensée en
Afrique noire (En Línea), 4/1979. Article publié le 04 juin
2013 sur le site
http://journals.openÉdition.org/span/435
et consulté le 07 septembre 2021.
* 1352N. NGO NLEND, « Le christianisme dans les
enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et
aujourd'hui », in Études Théologiques et
Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73- 87. En
effet, converti au christianisme au cours de la première vague
d'évangélisation, Mosé Yéyap fut scolarisé
à l'école de la mission dont il devint par la suite le moniteur.
Élève brillant, Mosé fut remarqué par
l'administration française, qui, en 1916, en fit son interprète
auprès de la circonscription de Foumban. Grace à cette fonction
prestigieuse, Mosé Yéyap put côtoyer l'administrateur
colonial de façon quasi intime, ce qui fit de lui un leader
charismatique au sein de la communauté chrétienne bamounBamun...
La réalité et la conscience de son
émancipation vis-à-vis du pouvoir traditionnel ressortent
notamment de la détermination avec laquelle il résista aux
tentatives du roi Njoya visant à circonvenir par des menaces, les
chrétiens demeurés fidèles à la mission
malgré le départ des Bâlois. En effet, sommé de
renoncer à la foi chrétienne, Yéyap répondit sans
détour au souverain : « Nous pouvons accepter tout ce que
notre roi nous dit, mais abandonner Jésus-Christ pour devenir musulman,
cela nous ne pourrions pas, et que dirions-nous à ceux qui à qui
nous avons annoncé l'Évangile lorsqu'ils apprendraient que nous
les premiers, avons rejeté l'Évangile? Nous ne pouvons pas
abandonner Jésus-Christ » - (Ibrahim MOUICHE, « Islam,
mondialisation et crise identitaire dans le royaume bamounBamun,
Cameroun », Africa, 75 (3), 2005, consulté le 1er
décembre 2011 sur :
telematica.politicas.unam.mx/biblioteca/archives/040105085, p. 388). Mais en
plus d'être le contradicteur des exigences spirituelles formulées
par le roi des BamounBamun, Mosé Yéyap se distingue en tant que
chef de file d'une champagne d'hostilité menée par les
chrétiens contre le pouvoir du roi Njoya. Une hostilité
alimentée par un sentiment d'humiliation ressenti suite à des
sévices corporels qui lui auraient été infligés sur
ordre du roi au motif d'adultère (Ibid., p. 395).
La défiance de Yéyap se traduisit notamment par
la caution qu'il apporta à la création de chefferies
administratives en vue de réduire l'hégémonie politique de
la dynastie bamounBamun dans la région de l'Ouest Cameroun. Face
à cette attitude, vue comme une compromission de mauvais aloi avec
l'autorité coloniale, nombre de ses coreligionnaires chrétiens le
soupçonnèrent de nourrir des ambitions politiques
inavouées derrière son opposition à Njoya. En
réaction, ils choisirent de soutenir le pouvoir du légitime
successeur de Njoya, le sultan NJImoluh Seidou, contre les menées des
chefs administratifs ayant la faveur de Yéyap... Le caractère
politique de l'opposition menée par Mosé Yéyap envers la
dynastie bamounBamun se trouve d'ailleurs confirmé par le retournement
spectaculaire observé dans l'attitude qu'il afficha, au lendemain de la
déposition de Njoya, envers les chefferies créées par la
colonisation. Alors qu'il avait ouvertement marqué son assentiment
à l'institution de ces chefferies administrative, Mosé
Yéyap se mua rapidement en contestataire de leurs pratiques au motif
que, « n'étant limités par aucune puissance
supérieure traditionnelle et manipulés par l'administration pour
faire rentrer l'impôt et pour lui fournir des travailleurs, (les chefs)
introduisirent un régime tout autant totalitaire » (Ibid).
Slageren précise par ailleurs que « ce fut Yéyap
alors, avec d'autres chrétiens évolués qui soutint le
pouvoir du nouveau sultan, Seidou, fils de Njoya » (Jaap Van
SLAGEREN, op. cit., p. 162). C'est dans ce même esprit que le Pasteur
Josué Muishe devait s'illustrer par son engagement aux
côtés de l'autorité traditionnelle en soutenant ouvertement
la candidature de ce même sultan aux élections de
l'assemblée constituante du Cameroun en mars 1946.
* 1353« Le
trône de Njoya, le Sultan de Bamum (n.d.) ». Article publié
le 23 juin 2020 sur le site
www.facebook.com et
consulté le 24 février 2021.
* 1354 CONVENTION
D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS VOLÉS OU ILLICITEMENT
EXPORTÉS. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 avril 2022.
* 1355 INTERPOL :
Organisation internationale de police criminelle, est une organisation
internationale créée le 07 septembre 1923 dans le but de
promouvoir la coopération policière internationale. Son
siège est situé à Lyon, en France. Voir
« Interpol. Organisation internationale de police (n.d.) ».
Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 avril 2022.
* 1356 CONVENTION
D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS VOLÉS OU ILLICITEMENT
EXPORTÉS. Article publié sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 avril 2022.
* 1357 JOURNAL ACTU
CAMEROUN EN LIGNE, « Cameroun - Patrimoine historique : Le
Tangué du Lock Priso attendu ». Article publié sur le
site
www.actucameroun.com et
consulté le 08 avril 2022.
* 1358 BLOG
« ROUKAYATOU OFFICIEL », « C'est Notre Histoire -
L'autre Pillage du Cameroun : Vol de la Mémoire et Guerre des
Musées Européens). Archives Musée Royal FOUMBAN Cameroun
Rétro. Article publié le 06 février 2021 et
consulté le 22 mars 2021.
* 1359 E. GOFFMANN, La
présentation de soi. La mise en scène de la vie quotidienne,
Paris, Éditions de Minuit, 1973, b, p. 186. Université de Lyon 2,
« 2.2. Les fonctions du cadeau ». Article tiré du
site des thèses de l'université de Lyon 2,
https://bu.univ-lyon2.fr et
consulté le 19 mai 2021.
* 1360 E. GOFFMAN, La
présentation de soi. La mise en scène de la vie quotidienne,
Paris, Éditions de Minuit, 1973, b, p. 73. Université de Lyon 2,
« 2.2. Les fonctions du cadeau ». Article tiré du
site des thèses de l'université de Lyon 2,
https://bu.univ-lyon2.fr et
consulté le 19 mai 2021.
* 1361 E. GOFFMAN, op.
cit., p. 191. Ibid. Université de Lyon 2, « 2.2. Les fonctions
du cadeau ». Article tiré du site des thèses de
l'université de Lyon 2,
https://bu.univ-lyon2.fr et
consulté le 19 mai 2021.
* 1362 Pour
réaliser les visages.
* 1363 Petits coquillages
blancs servant de monnaie d'échange.
*
1364DiARTgonale est une revue
trimestrielle panafricaine d'opinion, de formation et de réflexion sur
l'art. Une revue d'art contemporain basée au Cameroun dont le
but est d'accompagner le dynamisme de l'art contemporain africain et d'ouvrir
une nouvelle fenêtre sur l'histoire de l'art. Son approche transversale
de l'art et de la société lui procure une démarche
spécifique orientée par une gestion égalitariste de la
parole entre amateurs et professionnels de l'art. DiARTgonale est issue d'un
projet collectif dont un des objectifs était la démocratisation
de la consommation de l'art contemporain au Cameroun : DREAMERS - Les
rêveurs du Kamer. Ce collectif d'artistes né en 1998 à
Yaoundé s'était donné une durée de vie de quatre
ans. Période au cours de laquelle chaque membre devait, au
bénéfice de la force du collectif, s'imposer sur la scène
nationale/internationale et construire par la même occasion, un projet
individuel, iconoclaste et novateur en prélude à la disparition
programmée du groupe après la quatrième année.
Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
* 1365 Musée
d'Ethnologie.
* 1366 Art d'Afrique.
* 1367 Musée
Ethnologique.
* 1368 Tel que le principe
de « une tribu = un seul style » ou la notion de la
création collective.
* 1369
« DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012,
pp.18-19. Article disponible sur le site
https://www.marjolijndjikman.com
et consulté le 13 avril 2021.
* 1370 A. LOUMPET-GALITZINE,
« Objets en exil. Les temporalités parallèles du
trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) »,
Université de Yaoundé I - Actes du colloque international -
Temporalités de l'exil - Groupe de recherche - Poexil, p. 5.Article
publié sur le site
https://academia.edu et
consulté le 19 janvier 2021.
* 1371 Les signes
ontologiques sont circulaires, l'espace - représenté par le
repose-pied sur lequel veillent des guerriers - est perçu comme
rectangulaire. Le couple de jumeaux-serviteurs établit le lien avec les
ancêtres et garantit l'essence sacrée d'un roi au carrefour des
mondes. L'attitude des grands serviteurs - en partie les mêmes individus
dans les deux photographies - illustre parfaitement cette transformation. Bien
qu'ils se gardent de toucher franchement le trône, leur pose inhabituelle
suggère une demande du photographe européen qui impose un
changement de comportement...).
* 1372 A. LOUMPET- GALITZINE,
« Objets en exil ; Les temporalités parallèles du
trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) »,
Université de Yaoundé I - Actes du colloque international -
Temporalités de l'exil - Groupe de recherche - Poexil, pp. 6-7.Article
publié sur le site
https://academia.edu et
consulté le 19 janvier 2021.
* 1373Ibid., p.
8.
* 1374Ibid., p.
20.
* 1375 Sultan I. NJOYA,
« Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN,
série : Population N° 5, 1952, p. 65.
* 1376 C. TARDITS,
L'histoire singulière de l'art BamounBamun, 1972, p. 278. Voir
A. LOUMPET- GALITZINE, « Objets en exil ; Les
temporalités parallèles du trône du roi BamounBamun Njoya
(Ouest Cameroun) », Université de Yaoundé I - Actes du
colloque international - Temporalités de l'exil - Groupe de recherche -
Poexil.Article publié sur le site
https://academia.edu et
consulté le 19 janvier 2021.
* 1377Ibid., pp.
100-101.
* 1378 C.
TARDITS, Le Royaume BamounBamun, op. cit., p. 254.
* 1379 E.
MVENG, Histoire du Cameroun, Tome Premier,
Yaoundé : CEPER, 1984, p. 244.
* 1380Ibid, Bl.
198 f.
* 1381 Ou TETTANT.
* 1382Ibid, Bl.
199 f: Aussage des Hauptlings Tata bei seiner Vernehmung am 1.5.1914 in
Bagam.
* 1383Ibid, Bl.
171 ff.: Aufzeichnung Jojas uber den Vortrag NDAMEs. Fumban an 28.4.1914.
* 1384Ibid, Bl.
175 : Aussage des Missionars Geprags in Fumban am 29.4.1914.
* 1385BAMOUN CULTURE,
« Affaire de Traitrise dU Roi Njoya envers Duala Manga
Bell ». Article publié le 13 février 2020 sur le site
https://bamounculture.com/cats-may-have-attachment-styles-that-mirror-peoples/
et consulté le 20 décembre 2023.
* 1386Ibid.
* 1387 Jointe
ci-dessous.
* 1388 M. FRANCE-LANGE,
« Le choix des langues enseignées au Togo : quels enjeux
politiques », in Cahiers de Sciences Humaines, n° 3-4,
1991, p. 484.
* 1389 M. CHIMOUN,
« La contribution anglo-saxonne à la compréhension de
l'écriture bamounBamun : des signes du roi Njoya au manuel
didactique de Njoya Moungo », Éthiopiques, n°
79, 2ème semestre, 2007, p. 2.
* 1390 Celle-ci sera
sauvée par l'intervention du missionnaire Geprags qui considère
la langue bamounBamun comme unmoyen idéal
d'évangélisation et l'écriture du roi NJOYA comme un
instrument pour l'étude de la langue, de la culture et de l'histoire du
royaume. Voir M. CHIMOUN, « La contribution anglo-saxonne à la
compréhension de l'écriture bamounBamun : des signes du roi
Njoya au manuel didactique de Njoya Moungo »,
Éthiopiques, n° 79, 2ème semestre, 2007, p. 2.
* 1391 Colloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, p.
305.
* 1392 E. D. ELOUNDOU,
« The objects are of inestimable aesthetic value. This is why I
attempted to protect it for the museum of Berlin first immediately through the
intermediary of the captain Ramsay of the existence of the royal armchair after
having taken knowledge Captain Clauning was in charge of negotiations. February
27, 1908, whereas I had the honour of exhibition on our recent acquirements. To
show to this majesty the emperor, the writing invented by announcing to him
that to the small put back seat would be added to the clean royal seat as soon
as the intelligent faithful chief wants to put back in recognition of the
military's support that we have brought to him ». Traduction
faite par nous. « Dangers of the Shumom writing to German colonial
project and the strategy to destroy it », South-South Journal of
Culture and Development, Vol.7, n° 2, December 2005, p.162.
* 1393 Théodore
SEITZ fut gouverneur du Cameroun du 09 mai 1907 au 27 août 1910.
* 1394A. NDAM NJOYA,
Njoya, réformateur du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar,
NEA, p. 63. Cité par A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à
l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan
Cameroun, 2014, p. 130.
* 1395 ANY, FA 1/ 70,
Jahresbericht, 1908, f. 26 ; A. NDAM NJOYA, Njoya, réformateur
du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar, NEA, p. 70.
* 1396 ANY, FA 1/ 70, f.
28.
* 1397 A. NDAM NJOYA,
Njoya, réformateur du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar,
NEA, p. 83. Voir aussi A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque
des Allemands (1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp.
131-132.
* 1398 XIXème
siècle jusqu'à nos jours.
*
1399« Stratège : membre du pouvoir
exécutif d'une cité grecque ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 septembre 2021.
* 1400 Monostrategos,
« seul général ».
*
1401« Stratège : membre du pouvoir
exécutif d'une cité grecque ». Article publié
sur le site
www.wikipédia.fr et
consulté le 08 septembre 2021.
* 1402 Chef
d'armée.
* 1403 Ruse.
* 1404 L. NZAMBA NZAMBA,
« La stratégie politique », Université
Mohammed V - Master 2009. Article publié sur le site
https://www.memoireonline.com
et consulté le 09 septembre 2021.
* 1405 Docteur ès
lettres - Maître de conférences à la faculté libre
des lettres de Lyon, en 1908.
* 1406 Économiques,
diplomatiques, culturelles, etc.
* 1407 GENERAL OLLION,
« Politique et Stratégie (article) », In
POLITIQUE ÉTRANGÈRE, Centre d'Études de Politique
Étrangère, Paris, 54, rue de Varennes (Littré 21-55),
1965, 30-6, pp. 479-485.
* 1408 C. GEARY,
« Bamun Thrones and Stools », African Arts, 14,
1981, pp. 32-43.
* 1409Ibid.
* 1410 La tête de
son père.
* 1411 C. GEARY,
« BamunThrones and Stools », African Arts, 14,
1981, pp. 32-43.
C. GEARY, «Bamun Two-figures Thrones: additional
evidence », African Arts, volume 16, 4, 1983, pp. 46-53.
* 1412
« Par-delà le bien et le mal ».
* 1413 F. NIETZSCHE,
« Jenseits von Gut und Bose », in Werke in Zwei
Banden, Bl. II, éd. Par IVO FRENZEL, Munchen, paragraphe 269, p.
147.
* 1414 Colloque
International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation.
Précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun,2014,
p. 8.
* 1415 1816-1882.
* 1416 1770-1831.
* 1417 MADIBA
ESSIBEN, Le roi Njoya, l'écriture
« Shumom », p. 93. In E. MATATEYOU,
L'écriture du Roi Njoya : Une contribution à la culture
de la modernité, L' Harmattan, 2015.
* 1418 C. DARWIN, On the Origin of Species by
Means of Natural Selection, or The Preservation of Favoured Races in the
Struggle for Life.Traduit en français sous le titre L'origine
des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la
préservation des races favorisées dans la lutte pour la
survie, 1859.
* 1419 Colloque
International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation.
Précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
p. 8.
* 1420 H.-G. ZMARZLIK,
« Sozaildarwinismus und Menschenwurde, ein zeitgeschichtliches,
Problem », in Freiburger Dies Universitas, Bd 10 (1962/63),
p. 64.
* 1421 Cf. L. GUMPLOWICZ, Der
Rassenkampf : Soziologische Untersuchungen, Innsbruck, 1928, p. 295;
RATZENHOFER, GrandriB der Sociologie,
Leipzig, 1907, p. 165. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et
l'Allemagne. De la colonisation à la coopération : 1884-1986
(Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 195-196.
* 1422L. WOLTMANN,
Politische Anthropologie : Eine Untersuchung uber den Einfluss der
Descendenztheorie auf die Lehere von der politischen Entwicklung der
Volker, Leipzig-Eisenach, 1903, p. 297.
* 1423 Idem.
* 1424 Bourgeoisie de
gauche en Allemagne. C'est une classe influente de la société
appelée la classe moyenne éduquée ou les citoyens
éduqués (classe éduquée, aujourd'hui aussi
l'élite éduquée), qui considère et cultive
l'éducation humaniste, la littérature, la science et
l'implication dans l'Etat et la communauté comme très
importantes. Voir « Bildungsburgertum (n.d.) ». Article
publié sur le site
www.wikipédia.org et
consulté le 02 avril 2022.
* 1425 Voir l'analyse de
P. SCHMITT-EGNER, Kolonialismus und Faschismus : eine Studie z.
histor.u. begriffl. Genesis faschist. Bewusstseinsformen am dt.Beisp,
1975, p. 96.
* 1426 L. FROBENIUS,
Auf dem Wege nach Atlantis Berlin, 1911, p. 116. In Prince KUM'A
NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la
coopération : 1884-1896 (Le Cas du Cameroun),Éditions
AFRICAVENIR, 1986, p. 198.
* 1427 T. HERBERT
cité par J. CHARNLEY dans A. WYNCHANK & P.-J. SALAZAR, Afriques
imaginaires : regards réciproques et discours
littéraires : XVIIe-XXe siècle, Paris, L'Harmattan,
1995, p. 43.
* 1428 V. NAMURUHO
BAKURUMPAGI, Déconstruction du mythe du nègre dans le roman
francophone noir, de Paul Hazoumé à Sony Labou Tansi,
Thèse de Doctoraten Littérature francophone
présentée et soutenue le 14 mars 2007, p. 14.
* 1429Ibid., pp.
14-15.
* 1430Idem.
* 1431 Ou écriture
BamounBamun.
* 1432 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité
au Cameroun : le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, p. 87.
* 1433 Inoussa PEMPEME,
ingénieur en informatique, originaire du Cameroun, n'a jamais
oublié la devise d'Ibrahim NJOYA, roi du peuple BamounBamun, qui
stipulait qu'il fallait s'intégrer partout où l'on allait et
partager son savoir-faire avec autrui. Article publié le 23
février 2021 sur le site de la Radio-Canada, Le matin du nord,
https://ici.radio-canada.ca.
Article consulté le 02 avril 2021.
* 1434 E. MATATEYOU,
L'écriture du Roi Njoya : Une contribution à la culture
de la modernité, L'Harmattan, 2015.
* 1435 P. ETONDE,
« Les chefferies traditionnelles entre tradition et
modernité au Cameroun : Le cas du Royaume
BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de
Yaoundé II, 2014-2015, pp. 54-55.
* 1436Ibid., p.
55.
* 1437Idem.
* 1438 Lire I. DUGAST
& M.D.W. JEFFREYS, L'Écriture des BamounBamun, 1950,
pp. 100-106.
* 1439Idem.
* 1440Idem.
* 1441 G. W. F. HEGEL,
La Raison dans l'histoire, IV, 3, A, UGE, 1965. F. HEGEL,
Leçons sur la philosophie de l'histoire, 1837. L'ouvrage a
été publié de manière posthume, à partir de
ses propres manuscrits et de notes de cours prises par ses
élèves.
* 1442 E.
MATATEYOU, L'écriture du Roi Njoya : Une contribution
à la culture de la modernité, L' Harmattan, 2015.
* 1443 Ibrahim NJOYA, le
scribe du Roi BamounBamun. Premier « auteur » de bandes
dessinées à part entière d'Afrique, un artiste
exceptionnel pour son époque. Né aux alentours de 1890
à Foumban, il fréquenta l'école missionnaire protestante
et fut baptisé en 1910 du nom christianisé de Johannes YERIMA,
mais il revint à l'islam en 1916 et sera rebaptisé Ibrahim Njoya.
Article publié le 15 mars 2019 sur le site
www.Twitter.com et consulté
le 04 septembre 2021.
* 1444 Figure
ci-dessous.
* 1445 Cours d'eau,
reliefs.
* 1446Colloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 111-118.
* 1447 A.
LOUMPET-GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume
BamounBamun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011.
In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de
civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 111-118.
* 1448 G. DI MEO, Les
territoires du quotidien, Paris, L'Harmattan, 1996. InColloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 111-118.
* 1449 M. LEBERRE,
« Territoires ». In A. BAILLY et Al.,
Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992.
Cité dans Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA.
Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance
africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.
* 1450 A l'exemple des
guerres précoloniales sur l'actuel pays BamounBamun.
* 1451 LABORIT cité
par DI MEO, L'espace social, Lecture géographique des
sociétés, Armand Colin, 2005. In Colloque international Roi
Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
p. 111-118.
* 1452 Matérielles
et symboliques.
* 1453 G. DI MÉO,
Les territoires du quotidien, Paris, L'Harmattan, 1996. InColloque
international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de
civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 111-118.
* 1454 M. LEBERRE,
« Territoires ». In A. BAILLY et Al.,
Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992.
Cité dans Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA.
Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance
africaine, L'Harmattan Cameroun,2014, pp. 111-118.
* 1455 P. TCHAWA,
« Approche des dynamiques territoriales des Hautes Terres de l'Ouest
par le modèle de la formation spatiale », in Annales de la
faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, Volume 6, nouvelle
série, 2007, Premier semestre, pp. 159-188. InColloque international Roi
Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et
précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014,
pp. 111-118.
* 1456 Contraintes.
* 1457
Potentialités.
* 1458 G. DI MÉO,
1996. InColloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de
civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan
Cameroun, 2014, pp. 111-118.
* 1459 R. ARDREY, The
territorial imperative. A personal inquiry into the animals origins of property
and nations, New York, Altheneum, 1966. InColloque international Roi
Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur
de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.
* 1460 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis, p. 64. In J. GOMSU, Colonisation et
Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels du Sud-Cameroun Pendant la
Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse de Doctorat
De 3ème Cycle, Université de Metz, Faculté des
Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 76-78.
* 1461 M. BUCHNER,
Aurora Colonialis, p. 70. Cité par J. GOMSU, op.cit, pp.
81-82.
* 1462 H. P. JAECK,
« Die deutsche Annexion ». In Stoecker (éd.),
Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft I, p. 47. Cité par J.
GOMSU, op. cit., pp. 81-82.
* 1463 J. GOMSU,
Colonisation et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels du Sud-Cameroun
Pendant la Période Coloniale Allemande (1884-1916) ».
Thèse de Doctorat De 3ème Cycle, Université de
Metz, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982,
p. 79.
* 1464 ANC, FA 1/ 93,
(extrait) de Reichstagsverhandlungen, 1905 / 1906, p. 142.
* 1465 J. GOMSU,
Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun
Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De
Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des
Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 80.
* 1466 Idem.
|