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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

Disponible en mode multipage

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ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES

U.F.D DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE

LABORATOIRE D'ÉTUDES POLITIQUES

L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUN (1884-1916) : UNE ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN : ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN : ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN : ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

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L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN : ANALYSE DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

Thèse rédigée e et soutenue publiquement en vue de l'obtention du Doctorat/Ph. D en Science Politique

Par :

Madame Winnie Patricia ETONDE NJAYOU

Titulaire d'un Master en Science Politique

Sous la codirection de :

Monsieur le Professeur Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP Professeur Titulaire en Science Politique, Université de Yaoundé 2

Monsieur le Professeur Serge Paulin AKONO EVANG Maître de Conférences en Science Politique, Université de Douala

Université de DoualaAnnée académique 2022/2023

Année académique 2021/2022

Année académique 2021/2022

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AVERTISSEMENT

L'université de Doualan'entend ni approuver ni désapprouver les positions prises ou les opinions émises dans le cadre de cette thèse. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leurson auteure.

DEDICACE DÉDICACE

- A la mémoire de ma grand-mère MOUANJO LEA MARTHE ROSINE

- A la mémoire de ma grand-mère WOULANE MARGUERITE

- A la mémoire de mon grand-père SONGUE NGWA TABLEY RODOLPHE

- A la mémoire de mon grand-père MOUNJOHOU PIERRE

- A la mémoire de ma tante MABOA ODILE AUGUSTINE

- A ma mèreETONDE TABLEY EVA

- A mon père NJAYOU MOUNJOHOU

- A ma soeur NGOUGOURE NJAYOU SANDRA STÉPHANIE

- A ma tante EBOKOLO TABLEY SIMONE BEATRICE VICTORINE

REMERCIEMENTSREMERCIEMENTS

A l'Éternelnotre Dieu, Toi qui as bien voulu que ce travail se réalise.

NotreMa profonde gratitude à l'endroitde Messieurs lesProfesseurs Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP et Serges Paulin AKONO EVANGpour l'intérêt constant qu'ils ont porté à notre travail. Ils nous ont encadrés de façon stimulante et rigoureuse. Ils nous ont raccourci bien des chemins par leurs directives et leurs conseils. Ils ont toujours été là pour nous orienter et nous encourager.

NosMes remerciements vont également à l'endroit du corps enseignant de la faculté des sciences juridiques et politiques pour les conseils, les enseignements et les encouragements : les Pprofesseurs JeanNJOYA, AndréTCHOUPIE, GuillaumeDIBONGUEEKAMBI, AlbertMANDJACK, Auguste NGUELIEUTOU, Bertrand ATEBA, Fred Jérémiey MEDOU NGOA, Aristide MENGUELE MENYEGUE; les docteurs NGEUGANG TSANA, Steve Ghislain ELOUNDOUN ETOGO, Sylvestre Nicker ABE MBARGA, Nicolas Junior YEBEGA NDJANA, Cyril Joël ATEFOUNG KOUOH, Luc NYIMI BEKONO, Serge SOBZE.

NosMes remerciements vont également à l'endroit de Messieurs DanielABWA, PamphileYOBE, NJITARINJOYA,NCHARE,ALIDOUNJIKAM TOUNESSAH, Benjamin HOFFMANN, OUSMANE, etMmeNGOUNGOURE BILKISSOU pour leur accueil et leur disponibilité lors des enquêtes sur le terrain.

Nous disonsJe dis également merci à nosmes oncles, tantes, frères, soeurs et mères notamment M.& Mme BABILA, M. & Mme ABOUNA, Mme Suzanne TIKI, Mme Yvonne NGOLE.

NosMesamis et condisciples : CynclairRomualDave ABA'A, MarcelinABDELKERIM, LindaInèsABO'O NANGA BEKOLO, Julien ADO NGUEMA, Junior ANDELA NDJOMO, Audrey Gaëlle YAKAN A NWATSOK, Michel Romain AWONO MBALLA, Armel Sylvain BAHOKEN MIGNAMISSI, Beyir le Fils BEBOULE BEBOULE, ÉricMorena BEGOUDE AGOUME, Fabrice BELLA MESSINA, Charles Dieudonné BENELE, Pierre Monfred BOUMAN, Stéphane Guérin DIMA NGABA, André Casimir DINKA NTAFA, Georges Christian EBANGA EBANGA, Emmanuel EMIANG EMIANG, Santi Marina ENANGUE ZE, Diane Adriane ESSEBE.

Nous disonsJe dis merci à tous ceux que nous avonsj'ai involontairement oubliés, à qui nous je demandonse de faire preuve d'indulgence à notremon égard.

SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS

AEF : Afrique Équatoriale Française

AIA : Association Internationale Africaine

ANY : Archives Nationalesdu Cameroun

AOF : Afrique Occidentale Française

ARCAM : Assemblée Représentativedu Cameroun

CEPER : Centre d'Édition et de Production pour l'Enseignement et la Recherche

CERI : Centre de Recherches Internationales

CIJ : Cour Internationale de Justice

CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

CNRTL : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales

CUSS : Centre Universitaire des Sciences de la Santé

DIP : Droit International Public

FMSB :Facultéde Médecine et des Sciences Biomédicales

GMBH: Gesellschaft mit beschrankler Haftung (Société à responsabilité limitée)

GRIGPP : Indication GéographiqueProtégéePoivrede Penja

HAPAG :HamburgAmerica Linie

IFAN :InstitutFrançais (puis Fondamental) d'Afrique Noire

INTERPOL : Organisation internationale de police criminelle

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer

PUF : Presses Universitairesde France

RCA : RépubliqueCentrafricaine

RDPC :RassemblementDémocratiquedu Peuple Camerounais

SARL : Société à ResponsabilitéLimitée

SDF : Social Democratic Front

SDN : Société des Nations

SMEP : Société des Missions Évangéliques de Paris

SPD : Parti des Socio-démocrates en Allemagne

UNC : Union NationaleCamerounaise

UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

UPC : Union des Populations du Cameroun

URSS : Union des RépubliquesSocialistesSoviétiques.

RÉSUMÉ

De 1884 à 1916, les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Douala ont été soumis à l'influence de l'administration coloniale allemande. Cela s'est manifesté par la restructuration profonde de leurs organisations politiques, économiques et socioculturelles. Dans cette perspective, nous sommes allés plus loin en démontrant que l'administration coloniale allemande a également subi des mutations significatives du fait de leurs échanges avec le Sultan NJOYA et les chefs Duala. Aussi, nous nous sommes intéressés à ce phénomène sociopolitique sous le thème : « L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamoun : Analyse de l'histoire politique du Cameroun ».

L'intérêt de notre travail exige que l'on montre au fur et à mesure le degré d'influence mutuelle entre les administrateurs coloniaux allemands et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun. Ce travail propose d'analyser les dynamiques et les logiques d'implantation et de domination que l'administration coloniale allemande a eue sur ces deux entités politiques traditionnelles. Par ailleurs, l'administration coloniale allemande a dû s'adapter aux réalités locales des pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamoun.

Pour illustrer ce travail, le recours à une double approche méthodologique a été impératif : l'approche historique nous permettra de retracer la période coloniale allemande au Cameroun, mais aussi à travers la diachronie et la synchronie, d'apprécier l'influence que la colonisation allemande a eue sur les sociétés traditionnelles Duala et Bamoun. L'approche comparative visera à mettre en évidence la manière dont les colons allemands sont entrés en contact avec les chefferies traditionnelles suscitées, et comment ces dernières ont participé positivement ou négativement à l'expansion de cette conquête. Ensuite, elle nous permettra de nous de se demander où se trouve la pertinence d'une telle ouverture pour la transformation et l'évolution de ces sociétés traditionnelles au fil du temps. Enfin, de savoir si tous les acteurs de cette période coloniale ont pu être mis en lumière ainsi que leurs rôles exacts.

C'est sur cette base que notre travail a été construit en deux parties.La première partie est titrée : « La domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamoun » et la seconde partie quant à elle est intitulée : « L'influence relative des pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamoun sur l'administration coloniale allemande ».

Mots Clés : Administration Coloniale Allemande, Pouvoirs Politiques Traditionnels Bamoun et Duala, Histoire Politique.

ABSTRACT

From 1884 to 1916, the traditional powers Duala and Bamum were subject to the influence of the German colonial administration. This was manifested in the profound restructuring of their political, economic and socio-cultural organizations. In this perspective, we went further by demonstrating that the German colonial administration has also undergone significant changes as a result of their exchanges with Sultan NJOYA and Duala chiefs. We have also being interested in this socio-political phenomenon under the theme:« The German colonial administration and the traditional powers Duala and Bamum: Analysis of Cameroon's political history ».

The interest of our work demands that the degree of mutual influence between the German colonial administration and the traditional political powers Duala and Bamum be gradually shown. This work proposes to analyze the dynamics and the logics of implantation and domination that the German colonial administration had on these two traditional political entities. Moreover, this same German colonial administration had to adapt to the local realities of the traditional Duala and Bamumpolitical powers.

To illustrate this work, a double methodological approach was imperative: the historical approach allow us to retrace the German period in Cameroon but also through diachrony and synchronicity, to appreciate the influence that German colonization had on the traditional Duala and Bamum societies.The comparative approach will aim to highlight the way in which the German colonists came into contact with the traditional chieftaincies that were created, and how the latter participated positively or negatively in the expansion of this conquest. Second, it will allow us to ask where the relevance of such an opening lies for the transformation and evolution of these traditional societies over time. Finally, to know if all the actors of this colonial period could be brought to light as well as their exact roles.

It is on this basis that our work was built in two parts. The first part is entitled:« The domination of the German colonial administration over the traditional political powers of Duala and Bamum » and the second part is entitled:« The relative influence of the traditional political powers of Bamunm and Duala on the German colonial administration ».

Key Words:German colonial administration, Bamunm and Duala Traditional Political Powers, Political History.

GLOSSAIRE

« Clannad » : Le mot d'origine écossaise (de « clannad » signifiant famille) et qui va déboucher sur la création du mot « clan ».

« Court of Equity » : Créée à la suite d'un traité entre les Anglais et les chefs Duala à KamerunStadt (ancienne appellation de la ville de Douala). Son but était de « régler les éventuels conflits » qui auraient pu naître entre les populations locales et les commerçants britanniques dont le nombre ne cessait d'augmenter sur la côte camerounaise en cette période. Elle fut instaurée dès le 14 janvier 1856.

« Deutsche Kolonialgesellschaft » :La Société coloniale allemande a été fondée le 19 décembre 1887 par la fusion de l'Association coloniale allemande (Deutsche Kolonialverein) et de la Société pour la colonisation allemande (Gesellschaft fur Deutsche Kolonisation). Son siège était à Berlin.

« Divide et impera » : Le principe de « diviser pour régner » qui est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en oeuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question. La maxime « divide et impera » est attribuée à PhilippeIIde Macédoine.

« Fembem » : Qui signifie les ruines de « Mbem » et d'où provient le nom de Foumban.

« Foreign Office » : Politique étrangère. C'est la politique menée par un Etat vis-à-vis des pays étrangers. Une politique étrangère a pour objectif de fixer les rapports avec les autres États, notamment au niveau de coopération internationale, commerciales, diplomatiques et militaires, etc., ou a contrario, en décidant d'un refroidissement des relations. Le Foreign Officeoriginal date de mars 1782 par l'union des bureaux des secrétaires d'Etat pour les départements du Nord (Angleterre du Nord, Écosse) et du Sud (Angleterre du Sud, Pays de Galles, Irlande), chacun étant alors responsable des Affaires Étrangères et domestiques dans leurs départements respectifs.

« Foreign & Commonwealth Office (FCO) » :Le bureau des Affaires Étrangères et du Commonwealth est le département exécutif du gouvernement britannique chargé des Affaires Étrangères, de la construction européenne et des relations avec les pays membres du Commonwealth.

« Fon » : C'estle chef suprême dans plusieurs sociétés traditionnelles du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Ouest du Cameroun, notamment chez les Bali, les Tikar, les Bamiléké et les BamounBamun des Grassfields. Il détient l'autorité territoriale, civile et militaire.

« Hauptlingsbuch » : Livret des chefs.

« Hauptlingstag » : Jour des chefs.

« Indirect Rule » : Régime de colonisation largement appliqué par la Grande-Bretagne dans l'Empire britannique et en particulier dans les colonies africaines et dans l'Empire britannique des Indes.

« Kaiserliche Schutztruppe » : Armée de terre mise sur pied le 30 octobre 1891 avec quelques 300 soldats recrutés à Port-Saïd en Égypte par Kurt VON MORGEN, et dont le quartier général était à Douala.

« Kolonialverein » : Première association coloniale nationale allemande créée en décembre 1882 à Frankfurt-am-Main. Le Verein s'occupait des questions relatives à l'Afrique ; c'est lui qui organisa les expéditions qui devaient aboutir à la conquête de l'hinterland du Cameroun.

« KolonialwirtschaftlichesKomitee » : Commission économique coloniale active de 1905 à 1940.

« Kom »(Nkom au pluriel) : Les 07 (sept) compagnons et conseillers intronisateurs du Roi en pays BamounBamun.

« Koumi » : Encore appelé « Comey ». Ce sont les redevances financières attribuées aux chefs pendant la période coloniale allemande.

« Kuma » : Course guerrière que font les BamounBamun, les armes à la main.

« Kopfsteuer » : Impôt par tête.

« Kru » :La monnaie de troc dans les transactions commerciales, le `'Kroo'' (kru, croo ou crew) sera aussi dévaluée systématiquement jusqu'à sa suppression et son remplacement par le Markdu Reich. En effet, le kroo se décomposait en 4 keg, 8 piggin, 16 bar et valait 20 marks en 1884.

« Lamido » :Les chefs musulmans locaux dans la région de l'Adamaoua,et « sultans » au Norddu Cameroun.

« Landschatskasse » : Caisse locale.

« Mandu Yenu » :Le trône royalBamounBamun, symbole de la souveraineté BamounBamun traditionnelle, a été reçu comme cadeau diplomatique du gouvernement impérial du Kamerun au Kaiser GUILLAUMEII.

« Mbansié » :C'estla société secrète ouverte aux seuls serviteurs du roi.

« Machtcaberschiedsgericht » : Institution judiciaire pour intervenir dans les affaires politiques locales, et pour manipuler les chefs traditionnels. Le siège de cette institution se trouvait à Garoua.

« Miondo » :C'est une spécialité « duala » traditionnelle très populaire au Cameroun. Comme le foufou, c'est un produit dérivé du manioc. Le Miondo accompagne beaucoup de plats, mais trouve particulièrement sa place auprès du « Ndolè ».

« Mpo'o » : Qu'ils surnommèrent « Bakoko » qui est la forme contractée de « Batoba Mukoko » qui signifie « les gens du sable ».

« Mtar » : Descendants des premiers occupants du pays Bansoh.

« Ndolè » :C'est le nom camerounais de variétés alimentaires de « Vernonia ». Il s'agit d'un plat préparé à base d'une plante légumière dont les feuilles sont consommées vertes, mais aussi dans une moindre mesure séchées.

« Ngondo » :Fête traditionnelle et rituelle des peuples côtiers camerounais. Elle réunit les peuples « Sawa » de la région du Littoral (Douala) pendant la première semaine du mois de décembre.

« Nguon » : Fête traditionnelle BamounBamun célébrée tous les deux ans et marquant la fin des récoltes en pays BamounBamun. La première édition a vu le jour en 1394, sur une initiative de NCHARE YEN, le fondateur de la dynastie BamounBamun. En 1992, le Sultan, Sa Majesté IBRAHIM MBOMBO NJOYA décida d'organiser ces cérémonies tous les deux ans. En plus du côté officiel de ce rendez-vous, qui permet aux sujets d'exprimer leurs doléances au Sultan, est organisé en parallèle un comice agro-pastoral, afin de mettre en avant les produits du terroir.

« Nguri » :C'estla société secrète réservée aux princes et rivale de la société secrète appelée « Mbansié », ouverte aux seuls serviteurs du roi.

« Ngwerong » : Notables chargés d'implémenter la politique et d'appliquer la justice en pays Bansoh.

« Nji » : Notables en pays BamounBamun.

« Nyinyi » :Le Dieu créateur des chrétiens et des musulmans existe aussi chez les BamounBamun.C'est le Nyinyi ou celui qui est partout, l'omniprésent.

Pa-rwm : Terme générique qui désigne tous ces éléments et ces êtres au service du mal. Le monde des Pa-rwm, dont le singulier-neutre est nzwm, et la substantivation est le rwm : ensemble d'éléments et êtres généralement au service du mal. « Certains hommes, inconsciemment, détiennent cette puissance du mal et nuisent alors aux autres membres de la tribu. Un terme générique désigne tous ces éléments et ces êtres au service du mal : Pa-rwm dont le singulier-neutre est nzwm. Le rwm, esprit du mal qui les habite, réside dans le ventre de la femme qui le transmet héréditairement à sa descendance. Un homme peut être nzwm sans le transmettre. LesPa-rwm sont les causes de presque toutes les maladies et de tous les malheurs.On distingue, néanmoins, deux sortes de Pa-rwm. Les premiers ne font souffrir que lorsqu'on enfreint les règlements, la coutume ou lorsqu'on est en discorde avec quelqu'un ».

« Pecking Order » : Qui est l'expression anglophone usuelle abordant la structure du pouvoir et la hiérarchisation des organisations sociales.

« Polizeitruppe » : Police au service de l'administration coloniale allemande.

« Postcolonial studies » (études postcoloniales) :Science sociale qui veut amener à sortir du modèle colonial de la représentation de l'Autre en déconstruisant les structures de pensée et les logiques héritées de la domination coloniale ; en finir avec cette domination sous toutes ses formes en donnant toute leur place à ceux et celles que le discours colonial a exclus.

« Not-Kwete »:Signifie « Poursuis pour atteindre ».Avant son exil à Yaoundé, le Roi NJOYA avait essayé de mettre en pratique une nouvelle religion qu'il dénommé Nwot-Kwete qui signifie « Poursuis pour atteindre ».

NJOYA, en roi éclairé, entreprend en 1916 la rédaction avec son écriture les préceptes et les fondements d'une doctrine religieuse appelée « Poursuis pour atteindre ». Il s'agit, commele relève ClaudeTARDITS, « d'une religion de salut, principalement inspirée par les prédications des marabouts, que l'on a parfois qualifiée d'« Islam BamounBamun ». Poursuis pour atteindre était lu dans la mosquée que le roi avait fait bâtir dès 1916 et, évènement important, sa diffusion était faite dans la langue du pays ».

« Nshilafsi » : Serviteurs en pays Nsoh.

« Reichskolonialamt » : Office Colonial de l'Empire.

« Risala » :Mot arabe signifiant épitre sur les éléments du dogme et de la loi de l'islam selon le rite malikite.De l'avis unanime des chefs religieux musulmans et des orientalistes, c'est le texte fondateur de la méthodologie juridique islamique.Il fut rédigé au dixième siècle (quatrième de l'hégire) par Ibn-Abi-Zayd Al Quayrawani. C'est un recueil de quarante-cinq (45) chapitres, qui débute par les prescriptions de la foi, continue par la purification, la prière, puis traite les éléments du dogme un à un. Son importance réside dans les détails qu'elle apporte tout en restant accessible au novice dans la pratique religieuse.

« Steuerarbeit » : Travail d'impôt.

« So foa mom » :Qui signifie l'égal du chef BamounBamun, titre que portent encore aujourd'hui les fon Bandjoun ».

« Shupamen » : Couramment connu sous le nom de langue BamounBamun.

« Tangué » : Objet d'art des chefferies Sawa, communément utilisé comme mat de beaupré des pirogues chez les Sawa. Le « Tangué » de LOCK PRISO fut emporté à la suite de l'expédition punitive de Max BUCHNER, infligée à LOCK PRISO, chef de la communauté Duala de Hickory Town, aujourd'hui Bonabéri.

« Treaty-making power » (TMP) : Signifie le pouvoir de conclure des traités en droit international.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau N° 1:Référents Des Principaux Toponymes Liés Au Mot « Duala »............... ... III5

Tableau N° 2 :Structure Sociétale Des Duala. 86

Tableau N° 3:« CANTONS », « QUARTIERS » ET « FAMILLES » DUALA (A)..........88

Tableau N° 4:Dynastie des BELL. 92

Tableau N° 5:Dynastie des AKWA III6

Tableau N° 6:Le Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonamole 119

Tableau N° 7 :Le Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonebokolo. 120

Tableau N° 8:Le Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonadibo 120

Tableau N° 9 :Dynastie des BONÉBELA (DEÏDO) 120

Tableau N° 10 :Évolution et composition de la population de Douala 122

Tableau N° 11 :La Dynastie Bamoun De Nchare Yen A Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya.......................................................................................... 154

Tableau N° 12 :Titres nobiliaires de la société BamounBamun.......................................... 144

Tableau N° 13 :Anna WUHRMANN & Lydia MANGWELOUNE, 02 figures féminines emblématiques du christianisme en terre BamounBamun.................................................. 164

Tableau N° 14:Nomenclature des monnaies depuis la côte du Nigéria jusqu'à la côte Espagnole................................................................................................288

Tableau N° 15: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (En Marks). 292

Tableau N° 16: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros) 292

Tableau N° 17: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA) 293

Tableau N° 18: Situation du commerce au Cameroun de 1901 à 1902. 298

Tableau N° 19: Situation du commerce au Cameroun de 1891 à 1900. 299

Ttableau N° 1: La Dynastie Bamoun De Nchare Yen A Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya. 8584

Tableau N° 2 : Titres Nobiliaires De La Société Bamoun 8786

Tableau N° 3: Anna Wuhrmann & Lydia Mangweloune, 02 Figures Féminines Emblématiques Du Christianisme En Terre Bamoun. 9594

Tableau N° 4: Référents Des Principaux Toponymes Duala. 110109

Tableau N° 5: Structure sociétale des Duala. 111110

Tableau N° 6: « CANTONS », « QUARTIERS » ET « FAMILLES » DUALA (A) 114113

Tableau N° 7: Dynastie des BELL 118116

Tableau N° 8: Dynastie des AKWA 142140

Tableau N° 9: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le Foyer Bonamole 145143

Tableau N° 10: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le foyer Bonebokolo 146144

Tableau N° 11: Le Classement Des Garcons d'Eyum Dans Le foyer Bonadibo 146144

Tableau N° 12 : Dynastie des BONÉBELA (DEÏDO) 146144

Tableau N° 13: Évolution et composition de la population de Douala 148146

Tableau N° 14: Nomenclature des monnaies depuis la côte du Nigéria jusqu'à la côte Espagnole. 382376

Tableau N° 15: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (En Marks). 386380

Tableau N° 16: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros) 386380

Tableau N° 17: Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA) 387381

Tableau N° 18: Situation du commerce au Cameroun de 1901 à 1902. 392386

Tableau N° 19: Situation du commerce au Cameroun de 1891 à 1900 393387

LISTE DES FIGURES

Figure N° 1:Sur la photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis, 2ème rang), Rudolf DOUALA MANGA BELL (Dernier rang, au milieu).. 329

Figure N° 2: Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant le costume traditionnel BaliPhoto prise vers 1912 377

Figure N° 3:Anna WUHRMANN assisse au milieu de ses élèves de l'école des filles de Foumban................................................................................................ III

Figure N° 4:Photo prise vers 1907 du Roi NJOYA et du Missionnaire GÖRING, en compagnie de son fils, assis côte à côte......................................................... 402

Figure N° 5:Photos prises par le missionnaire GÖRING vers 1906-1912 qui oppose la première église chrétienne et l'école du Roi NJOYA à Foumban............................... 404

Figure N° 6 : Table et chaire de l'église de Foumban (1940/1960)........................... 404

Figure N° 7 :Petit tabouret royal, ru mfo. BamounBamun, Cameroun, province de l'Ouest. Bois, perles de verre, étoffe/toile, cauris, plaques en laiton..................................................... III

Figure N° 8 : Le Roi NJOYA présente le cadeau destiné à l'Empereur Allemand GUILLAUME II, photographié par Johannes LEIMENSTOLL, en 1908 à Buéa............ 420

Figure N° 9:Le Roi NJOYA avec son nouveau trône devant l'entrée de son palais, photographié par Marie Pauline THORBECKE, en 1912 à Foumban. 421

Figure N° 10 : El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre, photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich III

Figure N° 11:Groupe de figures en cuivre présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban, 21ème siècle 425

Figure N° 12:Le Roi NJOYA et le commerçant OLDENBURG, photo prise par Hélène OLDENBURG, en 1912 à Foumban. 449

Figure N° 13 :Carte du royaume Bamun « commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours de 1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA III60

Figure N° 1: Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant le costume traditionnel Bali . 279276

Figure N° 2: Photo prise vers 1912 - Anna WUHRMANN assisse au milieu de ses élèves de l'école des filles de Foumban 304300

Figure N° 3: Photo prise vers 1907 du Roi NJOYA et du Missionnaire GÖRING, en compagnie de son fils, assis côte à côte. 305301

Figure N° 4: Photos prises par le missionnaire GÖRING vers 1906-1912 qui oppose la première église chrétienne et l'école du Roi NJOYA à Foumban 307303

Figure N° 5: Table et chaire de l'église de Foumban (1940/1960) 308303

Figure N° 6: Petit tabouret royal, ru mfo. Bamoun, Cameroun, province de l'Ouest. Bois, perles de verre, étoffe/toile, cauris, plaques en laiton. 323318

Figure N° 7: Le Roi NJOYA présente le cadeau destiné à l'Empereur Allemand GUILLAUME II, photographié par Johannes LEIMENSTOLL, en 1908 à Buéa .324319

Figure N° 8: Le Roi NJOYA avec son nouveau trône devant l'entrée de son palais, photographié par Marie Pauline THORBECKE, en 1912 à Foumban. 325320

Figure N° 9: El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre, photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich. 328323

Figure N° 10: Groupe de figures en cuivre présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban, 21e siècle. 329324

Figure N° 11: Le Roi NJOYA et le commerçant OLDENBURG, photo prise par Hélène OLDENBURG, en 1912 à Foumban. 347342

Figure N° 12: Carte du royaume Bamoun « commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours de 1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA. 358353

Figure N° 13: Sur la photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis, 2ème rang), Rudolf DOUALA MANGA BELL (Dernier rang, au milieu). 423417

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1: Protocole D'Entretien III72

Annexe 2: Ébauche De La Carte De L'estuaire Du Wouri Et Des Rivières Illustrant Douala Autour De 1850. 474

Annexe 3: Toponymie Des Territoires Littoraux Duala 475

Annexe 4: Le Ngondo . 476

Annexe 5: Texte Préliminaire Du Traité Du 10 Juillet 1884. 504

Annexe 6: Douala. Développement Des Quartiers Africains. 507

Annexe 7: Douala. Développement Des Quartiers Européens. 508

Annexe 8: Douala. Zone Européenne - Zone Africaine. 509

Annexe 9: Douala. Projet D'urbanisme Allemand. 510

Annexe 10: Croquis Du Plan D'urbanisme Allemand. Projet Définitif . 511

Annexe 11: Convention D'unidroit Sur Les Biens Culturels Volés Ou Illicitement Exportés. 512

Annexe 12: Reproduction Du « Tangue » De Kum'a Mbape Bell Et Exposée À La Fondation Africavenir À Douala. 523

Annexe 13: Communiqué Nr. 4948/09 Du 26 Août 1909 Signé Par Le Chef De District Impérial Röhm, Indiquant Que Désormais, L'administration Coloniale N'accepterait Plus De Lettres Ou Textes En Duala, En Langues Camerounaises Ou En Anglais : Seulement La Langue Du Colonisateur Allemand Sera Acceptée. Début Du Déclin De L'articulation De Notre Pensée Enracinée Dans Notre Culture. Source : Archives De La Chefferie Bonéko, Wouri. 524

Annexe 14: Lettre Écrite Par Le Chef De Circonscription Royale Röhm, Interdisant Désormais Qu'une Lettre Lui Soit Adressée En Une Autre Langue Que L'allemand. Source : Archives De La Chefferie Bonéko, Wouri. 525

Annexe 15: Calendrier Agricole De Foumban En 1911. 526

Annexe 16 : Lettre Dans Laquelle Le Roi Bell (Manga Ndumbe), Rend Hommage En Duala À L'allemand Scheve Pour Son Engagement En Faveur Des Noirs.Source : Archives De La Fondation Africavenir International, Douala-Bonabéri. 527

Annexe 17: Lettre De Duala Manga Bell Et Bruno Mulobi, Rendant Hommage En Duala, À Berlin, À L'allemand Scheve, En 1902. 528

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE III

PREMIÈRE PARTIE : LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN 71

CHAPITRE I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES TERRITOIRES BAMOUNDUALA ET BAMUN 73

SECTION I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMOUNDUALA 73

SECTION II : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMUN 140

CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN III756

SECTION I : DYNAMIQUES ET LOGIQUES CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA.................................................................................................................................... III75

SECTION II : DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN III11

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 264

DEUXIÈME PARTIE : L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUDUALA ET BAMUN SUR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE III66

CHAPITRE III :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS DUALA III8

SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OU SALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE III69

SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA ET DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 304

CHAPITRE IV :L'ADAPTATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE BAMUN III62

SECTION I :LES ACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 362

SECTION II :LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA 414

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE III63

CONCLUSION GÉNÉRALE 464

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le Cameroun1(*), situé au fond du Golfe de Guinée, fut d'abord visité par les Portugais au 15ème siècle, puis par les Britanniques et les Allemands qui y amenèrent les premiers missionnaires vers 1860. Devenu colonie allemande en 1884,il passa sous la coupe de la Franceaudu lendemain de la Première Guerre Mondiale en 1919. Pays de 475 650 Km² et de 25 millions d'habitants, le Cameroun s'étend des rivages de l'Océan Atlantique aux confins du Sahel. En 1911, les Français cèdent certains de leurs territoires d'Afrique Équatoriale aux Allemands, que ces derniers baptisent aussitôt « NeuKamerun ». Le territoire du « Kamerun » va donc s'agrandir d'une partie du Congo cédée par la France, appelé le « bec de canard », car il donnait accès au fleuve Congo.

Pour IbrahimMOUICHE, le Cameroun situé géographiquement à la charnière de l'Afrique occidentale, centrale comme des ensembles sahélien et occidental, culturellement à la jonction des mondes francophone et anglophone, aussi bien chrétien que musulman. En ce sens, il est le carrefour des trois importantes régions culturelles : la côte de Guinée avec ses peuplades négritiques, le Soudan occidental avec les Peul et les peuplades arabes, le Congo avec les peuples de langue bantoue. L'extrême complexité ethnique est à l'image à celle de l'Afrique2(*).

C'est essentiellement autour de l'estuaire du Wouri que se déroulera le trafic le plus important. Les lieux de traite sont restés facilement identifiables. Il y avait surtout les villages qui se situaient le long de la côte autour de Victoria, puis les villages Malimba, de l'estuairedu Wouri. Le gros du trafic se passait à Douala et Bonabéri aux lieux dits Kamerun et HickoryTown. Sur les côtesdu Cameroun comme partout en Afrique, la traite a été un véritable commerce de troc. Les échanges étaient faits au moyen de coquillages asiatiques qui servaient de monnaie, de pièces de tissu, de barres de fer, objets manufacturés et de pacotille.Les comptoirs du Cameroun étaient reliés aux autres comptoirs du Sénégal, de Sierra-Léone, du Libéria, du Ghana, de Côte-D'ivoire, du Nigéria. Au cours du 16ème siècle, le trafic est surtout aux mains des Espagnols.

Mais à partir du 17ème siècle, il devient l'affaire des Hollandais puis des Français et des Anglais. Le monopole passe aux mains des Anglais au 18ème siècle. C'est l'époque où s'organise le commerce triangulaire.

Les chefs côtiers ont joué un rôle particulièrement important. Le RévérendPasteurMVENG écrit : « Selon la coutume de l'époque, on rassemblait les esclaves au passage des navires. Là où les chefs servaient d'intermédiaires, la traite s'ouvrait par un cérémonial minutieux : annonce de l'arrivée du bateau, invitation du chef à bord, réception au village et présentation des cadeaux, enfin, proclamation de l'ouverture de la traite »3(*). Les chefs côtiers étaient très friands des cadeaux apportés par les marchands européens. Sur la côte du Cameroun,on pouvait acheter des esclaves pour 8 ou 10 bracelets de cuivre. Certains de ces bracelets, les « manilhas », ont été conservés au musée de Douala. Le vin d'Espagne et les cauris étaient très prisés...

Au 17ème siècle, on sait que les Duala étaient partis de Pitti, sur la Dibamba pour venir habiter la zone actuelle. Mais un fait caractéristique est que l'on ne voit pas ces chefs pratiquer ce commerce au grand jour. Tout laisse croire qu'au cours du 16ème siècle, les Portugais retiraient des côtes camerounaises une moyenne de 500 esclaves. On peut noter que les ressortissants camerounais étaient peu aptes à la condition servile4(*).Le cas de l'esclavage touchait au système de l'organisation sociale tout entière. Toutes les tribus du Cameroun avaient des esclaves qu'on appelait par exemple, « Mokomi » chez les Kpé de l'ex-Cameroun britannique, « Mukom » chez les Duala, « Nkol » chez les Bassa, « Olo-Etuga » chez les Fang-Béti, « Yond » et autres, chez les Banen5(*). L'ambition de cette étude, intitulée « L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun : analyse de l'histoire politique du Cameroun », est de comprendre que les sociétés Duala et BamounBamun ont bénéficié de l'expertise et du savoir-faire de l'administration coloniale allemande. Par ailleurs, il est également question de voir que la colonisation allemande a permis de considérer que le Cameroun était une zone à exploiter, et que les populations allaient servir de main d'oeuvre à cette opération.

D'un point de vue pragmatique, les Allemands ont créé de grandes plantations de produits d'exportation dont le cacao, le café, l'huile de palme, etc. La signature des différents traités permettait ou n'autorisait pas à occulter la dimension brutale des méthodes employées pour atteindre leurs objectifs. Et l'épisode des multiples révoltes dans les plantations allant même jusqu'à la grève de l'impôt, témoigne de ces tensions entre les Allemands et les populations camerounaises.

Toutefois, l'administration coloniale allemande a contribué au désenclavement du Cameroun à travers l'exportation des produits cultivés.Il s'agit donc de voir de quelle manière les chefs traditionnels, en particulier ceux Duala et BamounBamun, ont participé et ont subi l'expansion de la conquête allemande au Cameroun. Négliger cet aspect, c'est oublier que tous les acteurs ont eu à mettre en lumière différents angles et aspects de la colonisation aussi glorieux qu'obscurs.

Notre introduction générale porte sur la construction de l'étude (I-) et les considérations méthodologiques et opératoires (II-).

I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE

D'après Pierre BOURDIEU, « construire un objet scientifique, c'est, d'abord et avant tout, rompre avec le sens commun, c'est-à-dire des représentations partagées par tous, qu'il s'agisse des simples lieux communs de l'existence ordinaire ou des représentations officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois dans l'objectivité des représentations sociales et dans les cerveaux. Le préconstruit est partout »6(*).L'objet scientifique est le fait à observer, pour saisir et rendre visibles les aspects imperceptibles de sa nature à l'oeil nu.

Cela suppose aussi dans une certaine mesure, soit de rompre avec certains fondements anciens, soit encore de les revisiter pour en faire une nouvelle structure. C'est dire autrement qu'il faut appréhender son essence, situer son intérêt, définir ses limites et sa forme, identifier ses problèmes et les solutions y afférentes, pour mieux situer sa valeur. En effet, l'administration coloniale allemande a assis sa domination sur les entités locales, notamment sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamunen appliquant le principe « de diviser pour mieux régner ».

Dans ce cadre, on a plusieurs fois recensé l'utilisation des antagonismes entre le Roi BELL et le Roi AKWA par les autorités allemandes pour avoir la main mise sur le commerce et les autres transactions commerciales. De plus, les chefs Duala se sont opposés à la politique d'expropriation, soit en conduisant des attaques armées, soit en adressant de nombreuses pétitions au Parlement allemand. Ce qui conduira le 08 août 1914 à la pendaison du Roi Rudolf DUALA MANGA BELL et de son secrétaire NGOSSO DIN. Au sein du royaume BamounBamun, par contre, on assiste plutôt à une politique plus conciliatrice. Le Roi NJOYA utilise la ruse, l'échange de cadeaux, la création d'un syncrétisme religieux pour ne pas perdre la main face aux Allemands.D'ailleurs, les guerriers BamounBamun participeront à la conquête de leurs frères Bansoh,et récupéreront par la même occasion, la tête duRoiNSANGU.

Toutefois, il ne faut pas considérer que ces adaptations n'ont été que le fait des pouvoirs locaux. A ce titre, le pouvoir colonial allemand, a fait lui aussi, des compromis pour asseoir sa suprématie.S'agissant de la politique foncière, les autorités coloniales allemandes vont retarder à tout prix le processus de réparation des dommages causés par l'expropriation forcée des terrains du plateau Joss entre autres. La multiplication des pétitions et des indemnisations financières en est un témoignage flagrant. Mais la situation sera de plus en plus tendue, d'autant que la bourgeoisie Duala, ayantétudié en Allemagne, connait ses droits et les réclame avec véhémence. Ace titre, Rudolf DUALA MANGA BELL mène les opérations de résistance ; il est également soutenu par les autres chefs malgré les tentatives de déstabilisation de cette union par les Allemands, s'arroge même l'approbation d'une tranche de l'opinion publique allemande notamment chez les sociaux-démocrates, réputés proches des idées socialistes et du respect des peuples dits opprimés. Cependant, il le paiera au prix de sa vie et cet état de fait consacrera le problème foncier encore en vigueur, de nos jours, sur le territoire « Duala ».

Concernant la chefferie BamounBamun, le pouvoir colonial allemand se heurtera aux traditions séculaires telles que la polygamie ou les pratiques animistes qui existent encore aujourd'hui, preuve qu'aucune colonisation n'a pu totalement éliminer ces éléments dits « rétrogrades ».Les missionnaires allemands seront obligés de tolérer la polygamie tant que les futurs adeptes au christianisme, acceptaient de se faire baptiser, ou d'amener les autres profanesà accepter l'école occidentale, à détruire leurs fétiches devant témoin par exemple. De plus, ils seront surpris de l'intelligence, de l'audacedu Roi NJOYA. Un roi « nègre », qui créé une écriture, un système de cultures, une religion syncrétique, une architecture mêlant des styles différents.

En d'autres termes, le Roi NJOYA remit en doute toutes les conceptions racistes et hégémoniques des colonisateurs de quelque bord qu'ils soient.LesAllemands reconnaitront son génie, son organisation, et sa capacité à fédérer son peuple autour de lui et de ses idéaux.

Ainsi, les institutions politiques africaines à savoir les chefferies traditionnelles ont su se pérenniser et survivre face aux bouleversements de la colonisation et de l'Etat moderne africain par le biais d'un ensemble de transformations et d'adaptations. Elles font partie des institutions de l'ère coloniale et postcoloniale et sont animées aujourd'hui d'un dynamisme qui les intègre à la vie politique nationale.

A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET

C'est en 1884 que BISMARCKdécide d'engager une politique d'expansion coloniale7(*). Mais déjà au début du mois d'avril 1883, à l'occasion d'une convention signée le 28 juin 1882 et publiée en mars 1883 - par laquelle l'Angleterre et la France garantissaient réciproquement des droits égaux à leurs commerçants dans leurs possessions africaines - le Chancelier avait demandé à son ministre des Affaires Étrangères, le comte HATZFELD, de faire remettre aux magistrats des villes hanséatiques une note les invitant à proposer des mesures pour favoriser l'expansion du commerce allemand sur la côte occidentale d'Afrique.

Le 9 juillet 1883, le Sénat de Brême recommande deux mesures essentielles : la conclusion de traités de commerce avec les chefs indigènes ; la formation d'une escadre chargée de visiter régulièrement les comptoirs allemands pour faire impression sur les indigènes et pour les intimider. Il n'était absolument pas question d'annexions territoriales8(*).

Quant à la Chambre de commerce de Hambourg, présidée par le célèbre négociant Adolf WOERMANN, qui avait des intérêts sur la côte occidentale d'Afrique, elle adressa à BISMARCK, le 6 juillet 1883, un long et intéressant mémoire9(*).Ce mémoire montrait la valeur des établissements coloniaux que l'Allemagne pourrait fonder à l'embouchure du Niger et dans la baie de Biafra10(*).

Par ailleurs, il s'opposait à la fondation des colonies de peuplement, mais recommandait avec insistance l'acquisition de comptoirs et de territoires d'exploitation comme très favorable aux intérêts commerciaux de l'Allemagne. Ce mémoire plut à BISMARCK que le Chancelier en accepta intégralement le programme et le 22 décembre 1883, le comte HATZFELD par le biais de M. WENTZEL, annonçait qu'un commissaire impérial allait être désigné pour se rendre en Afrique et engager des négociations avec des souverains indigènes dans différentes parties de la côte occidentale.11(*)

Le gouvernement allemand envoya ainsi GustaveNACHTIGAL12(*) négocier la mise sous protectorat avec les chefs Duala. Deux traités en ce sens furent signés avec des chefs de l'estuairedu Wouri appelée« CameroonRiver » par les Britanniques. Ces traités furent appelés traités Germano-Duala.Le premier de ces traités qui date du 12 juillet 1884 marque la naissance internationale du Cameroun moderne. Douala fut tout d'abord choisie pour abriter la résidence des gouverneurs et le siège du gouvernorat, de 1885 à 1901, puis ce fut le tour de Buéa, de 1901 à 1909, au climat plus frais et choisie par le Gouverneur VON PUTTKAMER. L'éruption du Mont Cameroun qui eut lieu en 1908 mit prématurément fin à ce choix. Ce fut de nouveau le retour à Douala où les Allemands se heurtèrent cette fois-ci à la révolte des Duala qui refusaient de se laisser expulser de leurs terres. Des révoltes éclatèrent dans les plantations et dans la région de Douala, allant même jusqu'à la grève de l'impôt. Néanmoins, la maîtrise allemande ne fut pas remise en cause par ces évènements.

En dehors de la période de la signature du traité Germano-Duala, les Allemands rencontrèrent de la résistance et des révoltes dans leur tentative de conquête de l'arrière-pays du Cameroun. Les Allemands se firent aider dans cette entreprise par certains chefs traditionnels dont les plus célèbres furent le Fon GALEGA 1erde Bali, le Sultan BamounBamunIbrahim NJOYA,et Charles ATANGANA qui fut plus tard nommé « Oberhauptling » c'est-à-dire « chef supérieur »des Yaoundé et Bane.Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la relation entre ces deux phénomènes. D'une part, on a assisté, à une politique de résistance à l'égard de l'administration coloniale allemande de la part des peuples Duala et Nsoh13(*), entre autres. Cette théorie mise en exergue par les perspectives marxiste ou nationaliste évoquait à juste titre de la résistance des chefs contre le système d'oppression coloniale. Ici, la stratification sociale qui renvoie à plusieurs processus sociaux de distinction, de discrimination, d'affiliation, de « pecking order »14(*), tend à positionner les individus de façon hiérarchique, dans une société ou une organisation sociale donnée, et donne lieu à des inégalités sociales, en termes d'accès et de répartition des ressources.

Le marxisme associe à cette vision de la stratification de la société la notion historique de « lutte des classes ». Pour KarlMARX et Friedrich ENGELS, l'histoire n'est qu'une succession de lutte entre classe dominante et classe dominée. Ils associent à la classe dominée le prolétariat et à la classe dominante la bourgeoisie.Ils écrivent que les prolétaires ne peuvent pas être assujettis à une patrie en particulier et que les divisions étatiques, nationales et/ou culturelles qui les opposent, sont de simples diversions en regard du conflit central : la lutte des classes qui oppose le travail au capital dans le cadre mondialisé du capitalisme15(*). Pour ces deux auteurs, la lutte des classes est un moteur des transformations des sociétés et de l'histoire moderne16(*). En effet, bien que les Allemands, soutenus par les Bali, aient imposé leur autorité sur la plupart des tribus des Grassfields de Bamenda par des expéditions punitives et des campagnes militaires comme à Bafut, les Nsoh s'opposèrent toujours à la domination coloniale allemande.

LesAllemands reçurent l'aide des BamounBamun pour vaincre les Nsoh et ils les écrasèrent en 1906 et leur imposèrent des termes de la paix. Suivant cet accord pacifique, les Nsoh se soumirent à l'autorité allemande, et, ensuite, renvoyèrent le crâne du RoiNSANGUaux BamounBamun.Quant aux Duala, la première opposition majeure survint en décembre 1884 avec d'un côté le Roi BELL, qui avait soutenu l'annexion allemande et de l'autre, les autres chefs et princes de Josstown et d'Hickorytown. Cette hostilité provenait principalement du fait que les Allemands voulaient procéder à l'expropriation des terrains, ce qui n'avait pas été convenu entre les deux parties lors de la signature du traité Germano-Duala du 12 juillet 1884.D'autre part, on a également assisté à une politique de collaboration avec l'administration allemande au Cameroun. Cette théorie de la collaboration a été élaborée par RonaldROBINSON, théorie selon laquelle les facteurs collaborationnistes17(*) ont largement contribué à la domination des peuples colonisés.

ROBINSON pose le problème ainsi qu'il suit : « Les notions anciennes se limitaient pour la plupart à expliquer la genèse des nouveaux empires coloniaux en termes de circonstances en Europe. La théorie du futur devra expliquer comment une poignée de proconsuls européens ont réussi à manipuler les sociétés polymorphes d'Afrique et d'Asie et comment des élites nationalistes, finalement relativement petites, les ont persuadés de partir »18(*).

Donald AnthonyLOW donne la même orientation à l'interprétation de l'impérialisme colonial lorsqu'il pose la question de savoir comment l'ordre colonial a pu être accepté pendant si longtemps19(*).La recherche historique sur la colonisation allemande au Cameroun connait indiscutablement un grand intérêt avec les travaux de Karin HAUSEN20(*), AlbertWIRZet GotthilfWALZ21(*) mais elle semble généralement effectuée dans une perspective plus ou moins euro-centrique22(*).Les travaux du professeur STOECKER23(*) et de ses collaborateurs donnent une autre orientation à cette recherche, à savoir qu'il est indispensable, non pas d'analyser le phénomène colonial en se référant en majeure partie au colonisateur, mais plutôt d'accorder une place importante au colonisé. La thèse de Patrice MANDENG se situe dans le même cadre.

Nous orientons notre travail vers cette voie où le colonisé, dans ce cas le chef, n'est plus seulement objet mais aussi sujet dans le processus colonial. D'où une convergence entre la théorie de ROBINSON et les études de STOECKER et de MANDENG24(*). Il convient donc de mettre un accent particulier sur les éléments locaux de la domination coloniale. Il s'agit ici pour nous d'analyser les éléments collaborationnistes locaux, indispensables au maintien de l'ordre colonial et de faire ressortir la part de responsabilité incombant à une certaine couche de la population colonisée25(*). Bien que les cas de coopération avec les chefs amis ne fussent pas très nombreux, le Fon GALEGA 1erde Bali, CharlesATANGANAet le Sultan NJOYA en font partie.Le RoiIbrahimNJOYA, qui avait entendu parler des expéditions punitives et des campagnes de destruction contre les tribus rebelles des Grassfields, accueillit les Allemands en 1902.

Il évita la guerre en négociant avec les Allemands. Il ouvrit son pays aux innovations politiques et économiques qu'ils proposaient pour ne pas être démis de son pouvoir.En 1906, NJOYA apporta son soutien aux Allemands dans le conflit contre les Nsoh qui refusaient de se soumettre à l'autorité de la station militaire de Bamenda. L'expédition fut un succès et l'autorité allemande s'imposa chez les Nsoh. En retour, NJOYA utilisa les Allemands pour renforcer sa position, éliminer ses rivaux du lignage royal et de la Cour.

L'objectif du pouvoir colonial était, entre autres, de collaborer avec ces chefs pour mieux contrôler les populations, de s'imposer comme unique autorité politique dans la colonie, et selon René PHILOMBE, poète et écrivain camerounais26(*), les chefs furent utilisés par ce qui a été appelé la « sombre trinité », c'est-à-dire par l'administrateur, le missionnaire et le commerçant ou planteur. En même temps, l'on ne devrait pas occulter l'influence certaine, certes relative de ces chefs sur l'administration coloniale allemande.

Tel est le bloc d'idées à partir duquel s'est construit l'objet de cette étude. Ce qui impose le préalable de la définition des concepts.

B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES

Parce que les mots ne transmettent pas toujours avec exactitude l'état de conscience que nous vivons, le chercheur, doit, suivant le conseil d'Émile DURKHEIM, définir les choses dont il traite, afin que l'on sache exactement de quoi il est question27(*).Cet exercice permet également d'empêcher à l'objet d'étude de fuir dans tous les sens, gage de son opérationnalisation aisée.

La clarification des concepts n'est autre chose qu'un exercice de conceptualisation. A ce sujet, RaymondQUIVYet LucVAN CAMPENHOUDT écrivent ce qui suit :« La conceptualisation est plus qu'une simple définition ou convention terminologique. Elle constitue une construction abstraite qui vise à rendre compte du réel » ...A cet effet, elle ne retient pas tous les aspects de la réalité concernée, mais seulement ce qui exprime l'essentiel du point de vue du chercheur. Il s'agit donc d'une construction-sélection »28(*).

Émile DURKHEIM trouve qu'avant toute chose, il faut s'accorder sur le sens à donner aux mots, aux concepts, ces derniers étant très souvent polysémiques.C'est ainsi qu'il est utile de procéder à une définition des termes clés usités, afin de préciser les sens qui ne nous seront d'aucune utilité et éviter tout malentendu qui pourrait naître d'une quelconque interprétation contraire à l'orientation donnée dans ce travail29(*).

Nous allons proposer la définition à certains concepts clefs sans toutefois négliger les dérivés et mots voisins qui les accompagnent : administration, pouvoirs politiques traditionnels, histoire politique, afin que l'on sache exactement de quoi il est question.

1. Le concept d'administration

Nous allons procéder à la définition du mot « administration » et pour des besoins de précision, nous allons aborder certains de ses éléments connexes : gestion, management.

a) Administration coloniale

Le mot « administration » peut revêtir deux sens différents. Si l'on s'attache à la fonction de l'administration, suivant la définition fonctionnelle, le mot désigne l'ensemble des activités dont le but est de répondre aux besoins d'intérêt général de la population30(*)tels qu'ils sont définis à un moment donné par l'opinion publique et le pouvoir politique. Il s'écrit alors avec un petit « a ».Mais, si on s'attache à son organisation, suivant la définition organique, il désigne l'ensemble des personnes morales31(*)et physiques32(*) qui accomplissent ces activités.

Le mot « administration » s'écrit alors avec un grand « A ». Il existe là encore deux approches : une conception large qui considère que les organismes privés chargés d'une action administrative font partie de l'administration, et une conception restreinte qui les exclut. Administrer revient à gouverner, diriger, ordonner ou organiser.Il est important de souligner que sous l'angle anthropologique ou sociologique, l'histoire du colonialisme allemand est empreinte du fait que les colonies ne seront jamais des terres de relégation de délinquants ou de criminels ou encore d'opposants politiques comme ce fut le cas pour la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, les colons allemands sont des migrants volontaires, pour la plupart des employés et agents des sociétés coloniales, des fonctionnaires impériaux ou des commerçants.

L'administration coloniale allemande était donc volontariste et le mot « administration - ou administration publique » peut être appréhendé comme l'ensemble des services chargés d'assurer le fonctionnement d'un État, d'une collectivité territoriale ou d'un service public, et qui sont financés principalement par des prélèvements fiscaux autorisés par le vote d'un budget,« corps des fonctionnaires chargés collectivement de quelque partie de l'administration publique ».

L'administration coloniale allemande était chargée d'appliquer la politique ou de mettre en oeuvre la colonisation de la puissance colonisatrice sur la colonie. Elle a mis sur pied le recrutement de la main d'oeuvre locale pour construire « ses » infrastructures, déployer ses agents sur le terrain tels que les missionnaires et les fonctionnaires, de diffuser la langue allemande au détriment des langues locales, de transformer les mentalités « sauvages » en mentalités « soumises » au travers du christianisme et des écoles confessionnelles, d'occulter les effets pervers de la colonisation à travers la manipulation des Saintes Écritures. On peut citer entre autres le travail forcé, les abus physiques et sexuels, la diabolisation accrue des pratiques mystiques africaines, le pillage des ressources, etc.

b) Gestion

Du latin « gestio », le concept de gestion se réfère à l'action et à l'effet de gérer ou d'administrer. Gérer, c'est prendre des mesures conduisant à la réalisation d'une affaire ou d'un souhait quelconque. Le terme « gestion » concerne donc l'ensemble des procédures effectuées pour résoudre un problème ou réaliser un projet33(*). La gestion est également la direction ou l'administration d'une entreprise ou d'une affaire.

Il existe plusieurs types de gestion. La gestion sociale, à titre d'exemple, consiste à construire divers espaces d'interaction sociale34(*). La gestion correspond, à l'origine, à l'administration des organisations. Elle s'est développée dans les années 1950 pour englober les questions de management et de direction. La gestion renvoie à la conduite des organisations : c'est l'action ou la manière de gérer, d'administrer, d'organiser quelque chose. En somme, la gestion c'est l'ensemble des connaissances permettant de conduire une entreprise. La gestion est également le management de l'action collective.

Elle fait référence à un besoin de répartir les tâches, de coordonner les individus d'une part et d'autre part à une nécessité de gérer la contrainte de temps, de gérer les ressources humaines, matérielles, financières. En ce sens, la gestion se rapproche de l'administration35(*).

c) Management

« Magnus - agere36(*) », c'est indissociablement la main et l'action. L'usage actuel du français du terme « management » est un emprunt direct au terme anglais « management ». Cependant, l'Oxford English Dictionary37(*) mentionne que le verbe anglais « to manage » et le substantif « management » signifient en équitation « tenir en main les rênes d'un cheval ». Le cadre étymologique permet de retracer les conceptions du management : « Conduire d'une main de maître » ; « Mettre la main à l'organisation » ; « Tenir en main l'organisation » ; « Main basse sur l'organisation » avec ses deux niveaux ; et son paternalisme et son maternisme » ; « La manipulation » ; « Les mains reliées ».

Pour Maurice OBADIA, « la plupart des gens pensent à tort, aidée en cela par une prononciation à l'américaine, que le terme de management contient le radical « man » (l'homme), lequel serait donc au centre du management. Mais c'est plutôt du côté du radical latin « manus » (la main), qu'il faut regarder »38(*).SelonRaymondAlain THIETART,le management est « un ensemble de connaissances et de façons de faire permettant de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, et de la contrôler »39(*).Jean-LouisDELIGNY ajoute d'ailleurs que « c'est un ensemble de connaissances et de savoir-faire permettant d'assurer en permanence la maîtrise de la stratégie, des structures et des forces sociales de l'organisation, en cohérence avec sa culture »40(*).

En d'autres termes, le management est la mise en oeuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs. Il correspond à l'idée de gestion et de pilotage appliquée à une entreprise ou une unité de celle-ci. Lorsqu'il concerne l'entreprise tout entière, on peut généralement l'assimiler à la fonction de direction41(*). Le management consiste à fixer des objectifs stratégiques et opérationnels, choisir les moyens de les atteindre, mettre en oeuvre ces moyens concernant la recherche d'efficience, contrôler la mise en oeuvre et les résultats obtenus et assurer une régulation à partir de ce contrôle, en matière de gouvernance.Il comprend une dimension technique42(*) et une dimension humaine43(*).

On voit bien que le management se rapproche aussi de l'administration. De ce fait, il peut arriver d'employer les concepts de gestion et de management au même titre que l'administration.

2. Le concept de pouvoirs politiques traditionnels

Nous allons procéder à la définition de l'expression « pouvoirs politiques traditionnels », et pour des besoins de clarté, nous allons aborder des notions synonymes : domination, autorité.

a) Pouvoirs politiques traditionnels

Le pouvoir est la capacité d'agir, de réaliser un objectif ou d'obtenir un effet recherché. Robert DAHL44(*)définit le pouvoir comme la capacité pour A (un ou plusieurs individus) d'obtenir de B (un ou plusieurs individus) ce que B n'aurait pas fait sans l'intervention de A.

En d'autres termes, il s'agit d'un individu45(*) qui exerce un pouvoir sur un autre individu, dans la mesure où il obtient de ce dernier des comportements, des actions, voire des conceptions que celui-ci n'aurait pas eu sans son intervention. Le pouvoir politique est un pouvoir qu'une personne ou plusieurs personnes exercent dans une société. Il existe de nombreuses manières d'exercer ce pouvoir, la plus évidente est celle du chef politique officiel d'un État.

Les pouvoirs politiques ne sont pas limités aux chefs d'État ou aux dirigeants, et l'étendue d'un pouvoir se traduit par l'influence sociale que la ou les personnes peuvent avoir, et cette influence peut être exercée officiellement ou non.

Dans l'histoire, le pouvoir politique a été utilisé nuisiblement ou d'une manière insensée. Ceci se produit, le plus souvent, quand trop de pouvoir est concentré dans trop peu de mains, sans assez de place pour le débat politique, la critique publique, ou d'autres formes de pressions correctives. Des exemples de tels régimes sont le despotisme,la tyrannie, la dictature, etc.

Pour parer à de tels problèmes potentiels, certaines personnes ont pensé et mis en pratique différentes solutions, dont la plupart reposent sur le partage du pouvoir telles que les démocraties, les limitations du pouvoir d'un individu ou d'un groupe, l'augmentation des droits protecteurs individuels, la mise en place d'une législation ou de chartes46(*).Selon le sociologue allemand MaxWEBER, le pouvoir est « la capacité d'imposer sa volonté dans le cadre d'une relation sociale, malgré les résistances éventuelles »47(*).L'exercice du pouvoir implique de trouver des personnes qui ont une disposition acquise à l'obéissance. L'autorité est une forme de pouvoir mais ne doit pas être confondue pour autant avec le pouvoir. L'autorité désigne la capacité d'un individu à se faire respecter, en obtenant des autres des actions conformes à sa volonté. L'autorité est une qualité personnelle qui dans la relation à autrui permet d'exercer sa mission dans le cadre d'un pouvoir délégué.

La définition la plus utile, et la plus célèbre, c'est celle qu'a énoncée MaxWEBER: « Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime »48(*). La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'iln'y avait pas de violence dite « légitime », n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du « chacun pour soi » règnerait. Par « violence », il ne s'agit pas que d'agression physique, mais aussi et surtout de violence symbolique. Le pouvoir politique permet de distribuer plus ou moins équitablement les droits et devoirs entre les citoyens. Et cela passe par l'acceptation collective d'une autorité qui exerce cette violence légitime, c'est-à-dire cette possibilité de fixer des limites à ceux qui dépassent les règles et empiètent sur la liberté d'autrui.

Chez Thomas HOBBES49(*), la société organisée est une nécessité pour échapper à un état de nature qui n'engendre que la guerre et pour Jean-Jacques ROUSSEAU50(*), ce « contrat social » est un compromis, une régulation entre l'aspect fondamentalement social de l'Homme et sa nature qui, ici, est pensée comme fondamentalement bonne. Ici et là, il y'a l'idée de domination.

Partant de là, on peut définir « pouvoirs politiques traditionnels » comme celui exercé au sein des systèmes politiques traditionnels c'est-à-dire « ceux qui connaissent déjà un certain degré de différenciation structurelle et qui ont défini le stade de la culture politique de sujétion ».La culture politique de sujétion est considéré essentiellement comme une culture politique de donner ; les membres du système politique n'ont presque pas conscience de leurs droits c'est-à-dire des devoirs du système à leur égard. Dans ce contexte, le pouvoir traditionnel renvoie à l'ensemble de croyances qui confèrent à un individu, une famille ou un clan, l'autorité nécessaire à commander un groupe d'individus plus homogène et obtenir d'eux l'obéissance51(*).

Le pouvoir traditionnel renvoie au bout du compte à ce que MaxWEBER qualifie de domination traditionnelle dans la mesure où « sa légitimité s'appuie, et qu'elle ainsi admise, sur le caractère sacré des dispositions transmises par le temps (existant depuis toujours) et des pouvoirs du chef ».Le détenteur du pouvoir (ou divers détenteurs du pouvoir) est déterminé en vertu d'une règle transmise. On lui obéit en vertu de la dignité personnelle qui lui est conférée par la tradition »52(*).

Par essence, le pouvoir politique, qu'il soit moderne ou traditionnel est un bien public. Il ne s'agit pas simplement d'un « bien parmi d'autres que poursuivent hommes et femmes ; en tant que pouvoir d'Etat, c'est aussi le moyen de régulation de toutes les recherches de biens, y compris le pouvoir lui-même ». C'est pour cette raison qu'il s'exerce généralement suivant des normes de la société concernée. Les fondements et la légitimité du pouvoir sont consacrés par des réalités concernées.

Il s'agit, pour reprendre l'expression de Simone GOYARD FABRE, « de l'anthropologisation de la politique qui est d'abord elle de ses sources. Le pouvoir coutumier a ses normes que dévoile la coutume du pouvoir et la tradition, le système juridique et le système foncier »53(*).

Le pouvoir politique traditionnel peut être appréhendé suivant deux conceptions : la conception classique et la conception ethnocentrique. La conception classique du pouvoir traditionnel est suggérée par le courant maximaliste du pouvoir. D'après cette conception, le pouvoir traditionnel ou mieux les aspects traditionnels du pouvoir politique, peuvent être décelés dans n'importe quelle société. Il est aussi vrai que les aspects politiques du pouvoir sont décelés dans les sociétés traditionnelles à pouvoir coutumier.

Dans la chefferie « PelendeNord », le pouvoir est contrôlé par le « Kyamvu », le grand chef coutumier et sa famille qui établissent leur autorité sur les autres considérés comme des sujets. La politique coloniale belge au Congo s'inscrivait dans la conception ethnocentrique. En effet, l'autorité coloniale n'hésita pas de qualifier de traditionnel, le pouvoir politique détenu par le chef de secteur alors que ce dernier était une instance politique créée par elle. En fait, aux termes de l'article 1 alinéa 2 du décret royal du 05 décembre 1933, le secteur, bien que de création belge, était une institution indigène. Aussi les populations indigènes étaient-elles réparties en chefferies ou en secteurs.

Par conséquent, l'article 1 alinéa 3 du même décret royal présente l'expression « autorités indigènes ».La personne du chef coutumier est vouée à un véritable culte. Une sorte de vénération dans la mesure où « il est le seul vivant qui entre en légitimité en contact avec les morts ».On prétend qu'il et l'homme qui décide de la vie ou de la mort de ses sujets ; l'abondance de la production agricole actuelle dépend de lui, généralement, implore les ancêtres dont il est le représentant au milieu des vivants.Il est l'incarnation du pouvoir, de l'autorité et de certaines fonctions reconnues aux ancêtres54(*).La chefferie comme structure politico-administrative est depuis l'époque coloniale, reconnue comme une structure organisée selon la coutume. Si les chefs ont été confirmés par le Gouverneur général ou en son nom dans l'autorité qui leur est attribuée par la coutume55(*), le décret royal du 06 octobre 1904 note que la chefferie indigène reconnue constitue donc en réalité un petit Etat dans l'Etat.

Mais ces entités coutumières ont perdu la pureté de leur caractère traditionnel au contact avec le pouvoir colonial qui les accepte, bon gré mal gré, et les a intégrées dans la structure de l'Etat colonial qui se veut « civilisateur », pourtant moderne. C'est le décret du 03 juin 1906 sur les chefferies indigènes qui, aux termes de l'article 1, élève la chefferie au statut d'entité administrative étatique56(*).

Au Cameroun, l'autorité compétente peut classer une chefferie traditionnelle du 1er ou 2ème degré en raison de son importance économique et démographique. Le Premier Ministre désigne les chefs du 1er degré. Le ministre de l'Administration Territoriale, ceux de 2ème degré et le préfet, ceux de 3ème degré. Les chefs traditionnels sous l'autorité du ministre de l'Administration Territoriale ont pour rôle de seconder les autorités administratives.

Ils transmettent à la population les directives des autorités compétentes, au maintien de l'ordre public et du développement économique, social et culturel de leurs unités de commandement. Ils recouvrent les impôts. Conformément à la coutume et lorsque les lois et règlements n'en disposent pas autrement,les chefs traditionnels procèdent à des conciliations ou arbitrages entre leurs administrés. Ils confirment leur rôle d'auxiliaires de la justice et les dispensateurs de la justice coutumière. Le nouveau statut de la chefferie complète l'intégration, par l'octroi d'avantages, de garanties d'un régime disciplinaire, et en représente la contrepartie57(*).Les chefs traditionnels de 1er et de 2ème degré ont droit à une allocation mensuelle fixe calculée sur la base de l'importance numérique de la population agrémentée d'une indemnité pour charge spéciale.

Les chefs peuvent prétendre comme par le passé au paiement des remises sur l'impôt forfaitaire collecté par leurs soins et à des primes d'efficacité octroyées par le ministre de l'Administration Territoriale sur proposition des autorités administratives. L'Etat assure au chef la protection contre les menaces, outrages, violences, voies de fait, injures ou diffamation dont il est l'objet en raison ou à l'occasion de ses fonctions. Il répare, dans ce cas, le préjudice subi. Le statut nouveau octroie un régime disciplinaire aux chefs. Ils peuvent faire l'objet en cas de faute dans l'exercice de leurs fonctions, d'inefficacité, d'inertie ou d'exactions à l'égard des populations, des sanctions suivantes : rappel à l'ordre, avertissement, blâme simple, blâme, suspension de la totalité d'allocation durant trois mois, destitution. Le chef doit avant toute sanction, avoir été au préalable appelé à donner des explications sur son comportement.

b) La domination

Le mot « domination » vient du latin « dominare » qui veut dire exercer la souveraineté. Dans son sens originel, le terme n'a ni connotation négative, ni positive, cela dépend de la façon dont elle est exercée.

La domination implique cependant toujours une hiérarchie des positions sociales : Dieu est défini en théologie comme dominant le monde pour le bien de ce dernier, tandis que les hommes le feraient pour leurs propres bénéfices, au détriment des hommes. Il peut aussi s'agir d'une forme locutive pour souligner l'importance d'un élément dans un environnement donné, comme dans l'expression « la montagne domine la plaine ».

Selon la conception contemporaine, la domination est effectivement toujours légitimisée, aux vues des actions sociales, elle ne se rapporte pas systématiquement à une inégalité sociale.Par contre, en sciences sociales, la domination est un processus qui engendre une situation dans laquelle une identité sociale, c'est-à-dire en tant qu'individu ou en tant qu'institution, est en position d'imposer son autorité.

Ce déséquilibre structurel n'est pas systématiquement perçu comme étant inégalitaire, mais ce sont à ceux-ci que les sciences sociales se sont le plus intéressées.DepuisMaxWEBER,la domination est comprise comme étant légitime, puisqu'elle repose sur la contingence d'actions sociales qui lui donnent sa légitimité sociale58(*). Ainsi, le voleur en se cachant de la police légitimise la domination du droit comme forme de justice dans nos sociétés contemporaines. Pour MaxWEBER, on sait que le charisme est ce rare privilège, accordé par la providence à certains hommes d'Etat, qui leur permet d'exercer un commandement sur leurs semblables au nom de leurs seules qualités personnelles.

Dans cette occurrence, précise GeorgesBURDEAU, « le chef est à lui-même son propre principe de légitimité. Il n'est plus seulement l'instrument du pouvoir étatique, il est lui-même tout le pouvoir car il cesse d'en user comme d'une compétence pour en disposer comme d'une propriété. Sa légitimité ne s'apprécie plus par rapport à une norme préétablie ; elle est un absolu dont l'évidence s'inscrit dans ses qualités personnelles »59(*).

Quant à KarlMARX, la domination est vue comme un rapport de force inégalitaire, asymétrique mais non injuste du point de vue du droit bourgeois, car l'extorsion de la plus-value se produit au sein d'un contrat de travail60(*).Ce sont les différences et asymétries de classes, de la place dans les rapports de production, qui déterminent les inégalités sociales et politiques61(*).

En d'autres termes, la domination exprime un rapport entre dominants et dominés, même sans coercition effective, l'obéissance des dominés étant généralement consentie dans la mesure où le pouvoir est considéré comme légitime.62(*)

Les 03 types de domination politique établis par MAXWEBERnous éclairent davantageà savoir la domination traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle :

La domination traditionnelle : le chef est chef en raison de ses ascendances divines, de ses pouvoirs mystiques, de son lien avec l'au-delà. C'est une domination fondée sur la tradition.

La domination charismatique, c'est le « niveau 2 » du pouvoir politique. En raison de son comportement héroïque, de son charisme, de l'admiration irrationnelle qu'un être suscite, celui-ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plébiscité...Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de l' « homme providentiel »63(*).Il s'agit d'une domination qui repose sur les qualités exceptionnelles d'un individu.

La domination légale-rationnelle, c'est une domination fondée sur les textes, les instruments juridiques, le droit positif en vigueur dans un Etat.

Nous utilisons de façon interchangeable les concepts pouvoir traditionnel et pouvoir coutumier, chef traditionnel et chef coutumier. Il en va de même du concept d'autorité.

c) L'autorité

Le mot « autorité » vient du latin « auctoritas » qui signifie le fait d'exercer une volonté, de décider, de commander et d'être obéi, en tant que garant reconnu pour la réussite de l'action entreprise. Selon le contexte, il est traduit par autorité, garantie, dignité, prestige, volonté, pouvoir64(*). Il est formé sur le radical (auct-)  issu du verbe « augere », qui signifie « faire pousser », « faire grandir », « augmenter »65(*).

D'après le ProfesseurMichelHUMBERT66(*) : « La notion d'auctoritas, essentielle en droit privé et en droit public romains, se rattache, par sa racine, au même groupe que « augere » (augmenter), « augure » (celui qui accroît l'autorité d'un acte par l'examen favorable des oiseaux), « augustus » (celui qui renforce par son charisme [...celui qui est porteur de l'auctoritas]). L'auctoritas exprime à son tour l'idée d'augmenter l'efficacité d'un acte juridique ou d'un droit. [...]De même le Sénat, grâce à son incomparable prestige, a la vertu d'augmenter la portée de tout acte pour lequel il a donné son accord (son auctoritas). [...] Aucune de ces décisions ne sera prise directement par le Sénat (il n'en a pas le pouvoir). Mais tous ces projets, enrichis de l'auctoritas du Sénat, sont assurés du succès. [...] Aucun acte politiquement significatif n'est mis à exécution par un magistrat sans l'accord (et la délibération) du Sénat.Au point que tout se passe comme si l'inspirateur de la décision était le Sénat, et l'exécutant, le magistrat. Telle est la force de l'auctoritas : sans elle, pas d'action ; devant elle, pas d'inaction ».La notion d'autorité est ainsi définie dans un sens juridique et social.

C'est son caractère nécessaire, voire indispensable à la structure de toute société qui la rend légitime pour le plus grand nombre et qui permet de l'opposer« erga omnes »67(*). L'« autorité naturelle » peut se dégager d'une personne.Sur le plan professionnel, par exemple, on attribuera à une personne une autorité certaine si elle inspire, à travers sa compétence et sa moralité, la confiance qui permettra d'obtenir le meilleur de chacun et la bonne entente entre les différents individus du groupe.

La philosophe et psychologue ArianeBILHERAN, dans son ouvrage L'autorité, écrit : « D'après Benveniste, « augere » consiste avant tout à poser un acte créateur, fondateur, voire mythique, qui fait apparaître une chose pour la première fois. Bien évidemment, dans la même racine étymologique, l'auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s'en donne le garant. Ce terme était particulièrement employé pour les historiens, l'auteur étant la personne d'où émerge une crédibilité de parole concernant l'héritage et le passé ».

Elle définit alors l'autorité selon trois fonctions : la fonction d'engendrement68(*),la fonction de conservation69(*) et la fonction de différenciation70(*). Elle souligne que l'autorité s'inscrit dans un rapport au temps, à l'héritage, et qu'elle est vouée, dans son exercice, à disparaître : contrairement au pouvoir, à la domination, à la contrainte, l'autorité vise l'autonomie progressive de celui qui en bénéficie.

On peut distinguer plusieurs sources d'autorité parmi lesquelles :

Autorité de pouvoirquiprovient des règlements71(*). Elle concerne la justice, la police, l'État...

Autorité de fonction qui provient des structurations72(*). Elle concerne l'entreprise, la famille, l'association...

Autorité de compétencequi provient des savoirs, savoir-faire et savoir-être d'une personne ou d'un organisme. Elle peut être reconnue à quiconque se situe dans une démarche personnelle et positive d'amélioration aux points de vue, attitudes, connaissances et compétences, ainsi qu'à quelque organisme ayant fait preuve de prise en compte des besoins de la situation et des personnes. On la qualifie parfois « d'autorité naturelle » ou « charismatique », bien qu'elle tienne des éléments cités.

Par ailleurs, MaxWEBER73(*)affirme que l'autorité est nécessaire au pouvoir. Il montre que toute socialisation passe par une forme de domination, soit une adhésion proche de la soumission volontaire qui dépend des qualités que le dominé prête à celui qui le commande. Pour durer, en effet, l'autorité est dans l'obligation de faire naître et de renforcer une croyance en sa légitimité. Ainsi, MaxWEBERconçoit l'autorité comme la chance de faire triompher, au sein d'une relation sociale, sa propre volonté, même contre la résistance des autres.

Dans cette perspective, la politique est l'ensemble des conduites humaines qui comportent une domination de l'homme par l'homme.De plus, Max WEBER affirme que la domination se rencontre dès lors qu'un individu commande avec succès d'autres, ce qui suppose à la fois la transmission d'un ordre et la rencontre d'une docilité, d'une volonté d'obéissance : « l'action de celui qui obéit se déroule, en substance, comme s'il avait fait du contenu de l'ordre la maxime de sa conduite, et cela simplement de par le rapport formel d'obéissance, sans considérer la valeur ou la non-valeur de l'ordre »74(*).

Or, l'obéissance n'existe que parce que le donneur d'ordre bénéficie d'une légitimité. Donc, pour MaxWEBER, toute domination, c'est-à-dire toute obéissance, s'explique de façon générale par une croyance au prestige du ou des gouvernants75(*).In fine, l'autorité est le pouvoir de commander, d'être obéi. Elle implique les notions de légitimité, de commandement et d'obéissance, d'un autre pouvoir qui impose l'autorité. La forme de la légitimité peut varier selon les circonstances76(*).

Maintenant, nous abordons le concept d'histoire politique (3-).

3. Le concept d'histoire politique

Il convient tout d'abord de préciser la notion d'histoire, puis celle d'histoire politique. Par la suite, nous proposerons d'établir la corrélation entre le concept d'histoire et le concept de politique.

a) Histoire

L'histoire, souvent écrit avec la première lettre majuscule, est à la fois l'étude et l'écriture des faits et des événements passés quelles que soient leur variété et leur complexité.

On désigne aussi couramment sous le terme d'histoire77(*) le passé lui-même, comme dans les leçons de l'histoire.L'histoire est un récit écrit par lequel des hommes et des femmes78(*) s'efforcent de faire connaître les temps révolus79(*). Au cours des siècles, les historiens ont façonné leurs méthodes ainsi que les champs d'intervention, tout en réévaluant leurs sources, leur origine et leur exploitation. La discipline universitaire d'étude et écriture de l'histoire, y compris la critique des méthodes, est l'historiographie. Elle s'appuie sur diverses sciences auxiliaires complétant, selon les travaux menés, la compétence générale de l'historien. Elle reste malgré tout une construction humaine, inévitablement inscrite dans son époque, susceptible d'être utilisée en dehors de son domaine, notamment à des fins d'ordre politique80(*).

Antoine PROST dans Douze leçons sur l'histoire, affirme que : « L'histoire, c'est ce que font les historiens » et que « c'est en faisant de l'histoire qu'on devient historien »81(*). Partant de là, l'histoire est une discipline qui ne peut se transmettre de façon complète et didactique, elle est un savoir-faire qui s'acquiert de façon progressive, presque artisanalement. La récurrence du vocabulaire artisanal dans les écrits des historiens montre que le métier vient par l'apprentissage, la pratique, l'accumulation et la maîtrise de compétences plus que par un savoir scientifique exhaustif à apprendre. MarcBLOCH se définit ainsi comme « un artisan, vieilli dans le métier »82(*).

FrançoisFURET parle d' « atelier », l'historien allemand WernerCONZE évoque une corporation avec ses maîtres, ses compagnons et ses apprentis83(*). Ces formules paraissent contradictoires chez des historiens qui, dans le même temps, affirment que l'histoire est une science, dotée de règles de fonctionnement. Mais en fait, il s'agit surtout de souligner que les règles de l'histoire s'acquièrent de façon progressive, par la pratique, et qu'aucune règle ne peut être appliquée automatiquement et sans une réflexion aboutie.

Le champ lexical de l'artisanat, très fréquent chez les historiens, exprime toute la complexité de l'histoire.D'ailleurs, la formation de l'historien est en très grande partie fondée sur deux axes : la connaissance de l'histoire en général84(*)et sur des connaissances pratiques85(*).

b) Histoire Politique

L'histoire politique est l'une des principales branches de la recherche en histoire. Elle traite des évènements politiques, notamment de l'histoire des États, des idées, des mouvements et des dirigeants à travers l'Histoire. Elle est généralement structurée autour de l'État-nation. Elle est distincte mais liée à d'autres domaines de l'histoire comme l'histoire sociale, l'histoire économique et l'histoire militaire86(*).

Méprisée en France dans les années 1930 par l'école des Annales, elle connaît une nouvelle vigueur. Dans un sens plus général, on adjoint à ce champ l'histoire militaire, l'histoire administrative et l'histoire diplomatique. On peut dire que l'histoire politique fut longtemps, avec l'histoire religieuse, l'unique champ historique.

De la « Guerredu Péloponnèsede Thucydide » au 5ème siècle av. J.-C., à l'«Histoirede France » d'Ernest LAVISSE à la fin du 19ème siècle, les oeuvres d'historiens traitaient principalement de faits politiques87(*). Avant le 20ème siècle, en France, l'histoire était vue comme une succession d'évènements et il ne pouvait y avoir aux yeux des historiens que des évènements politiques.Les avènements et les décès royaux, les victoires et les défaites militaires, les décisions prises au sommet de l'État, l'action des grands hommes88(*), les interventions de l'Église suffisaient à expliquer l'émergence et l'affirmation de la France.Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, cette histoire était souvent une histoire officielle. Elle répondait à la commande d'un puissant.

Les rois, mais aussi les aristocrates, s'entouraient d'historiographes chargés de glorifier leur règne et celui de leurs ancêtres. Aussi, les faits présentés étaient politiques. Cet angle de vue rendait d'ailleurs l'apprentissage de l'histoire indispensable pour les princes.La lecture de« La Guerre des Gaules » devait aiguiser leur sens stratégique. « Les Vies de Plutarque » ou« de Suétone » devaient fournir des modèles de conduite et de vertu à l'apprenti-prince.

L'histoire politique avait donc cet avantage d'être conseillère des gouvernants par les leçons de morale et de politique qu'on pouvait en tirer89(*).L'histoire politique du Cameroun montre que le Cameroun, comme tous les autres pays africains, a tout d'abord vécu entre peuples locaux, puis s'est intégré peu à peu au monde extérieur avec le commerce des esclaves. Ainsi, ReinhardtKOSELLECK affirme « L'histoire est comme un champ d'expériences passées »90(*).Car l'historien envisage la colonisation à ses différentes époques en fonction de la métropole. Il permet de saisir les changements survenus dans les relations existant entre cette dernière et les territoires dépendants, et il montre comment l'isolement des peuples colonisés fut brisé par le jeu d'une histoire sur laquelle ils n'avaient guère de prise.

Il décrit les systèmes administratifs et économiques qui ont assuré la « paix coloniale » et qui ont recherché la rentabilité91(*) de l'entreprise coloniale92(*). Par la suite, les contacts fréquents vis-à-vis du monde occidental vont conduire au processus de conquête, d'annexion du Cameroun, par plusieurs puissances étrangères dont la France, l'Angleterre et l'Allemagne entre autres. Il en résulte que le Cameroun est officiellement un pays bilingue, anglais-français, ce qui, répétons-le, constitue un exemple unique sur le continent africain. Un pays bilingue est en bonne logique un pays au sein duquel deux langues sont parlées et comprises, au moins par l'élite de cet Etat, sur toute l'étendue du territoire et où la population93(*)est capable d'assimiler et de vivre dans le même temps deux cultures différentes94(*). Nous sommes une mosaïque d'ethnies. Sur le plan social, KarlMARX et LÉNINE pensent qu'une classe politique se compose, en effet, d'hommes subissant des conditions matérielles analogues et ayant conscience de la similitude de leurs situations95(*). Or, le sentiment de conscience de classe n'est pas ressenti par la population camerounaise. De fait, celle-ci conçoit encore les problèmes qui se posent à elle en termes d'appartenance ethnique.

C'est ainsi que l'ouvrier Bamiléké se sentira plus solidaire du patron Bamiléké que d'un ouvrier Ewondo ayant les mêmes conditions matérielles de vie que lui.En outre, l'intensité du sentiment de solidarité familiale, est un obstacle à l'éclosion d'antagonismes sociaux.

A l'image de la famille africaine, la famille camerounaise est foncièrement anti-individualiste. Ses membres se doivent une aide et une protection mutuelles.Le cousin, même éloigné, réduit au chômage, sera secouru par la collectivité familiale,dans le même temps que l'étudiant boursier devra venir en aide à ses parents frères ou ses soeurs dans le besoin96(*).

Le Cameroun est ainsi à l'image de l'Afrique officielle, laquelle, nous dit un spécialiste, « est souvent une Afrique honteuse, attachée à se renier, à cacher ses problèmes, à les minimiser, à les déformer... Le fait ethnique est traité comme une donnée, « dépassée », morte, une curiosité tout au plus exotique, folklorique, à usage d'amateurs d'antiquités et souvent comme une tare, une menace, une tâche. On se refuse à considérer qu'il évolue, se transforme, acquiert des traits nouveaux et constitue un fait contemporain, au même titre que toute autre donnée sociale et culturelle actuelle »97(*).

La prééminence du facteur ethnique sur le facteur idéologique apparaît clairement dans la vie politique camerounaise au stade de l'engagement politique des citoyens98(*).Compte tenu de cet élément sociologique fondamental qu'est le tribalisme, un homme politique doit, pour atteindre ses fins, avoir de solides attaches locales...Lorsque le régime était pluraliste99(*), la règle impérative pour tout politicien, consistait à utiliser les structures traditionnelles locales pour servir ses ambitions personnelles100(*).

c) Corrélation entre histoire et politique

L'histoire est au coeur de la mémoire collective d'un peuple ou d'une nation : elle est un ensemble de références à partir duquel se construit une grande partie de l'identité du groupe social. Ce rôle en fait un enjeu politique considérable : la maîtrise du discours sur le passé par le politique peut être pour lui un moyen de faciliter des desseins de tout ordre.

De nombreuses études portant, notamment, sur la vision de l'histoire transmise par les manuels scolaires, montrent cette instrumentalisation du passé à des fins politiques101(*). L'appropriation politique du passé peut prendre la forme de culte des « héros » nationaux, modèles censés représenter plus ou moins ce qui est attendu idéalement de chacun.Si l'instrumentalisation de l'histoire est particulièrement visible dans les régimes totalitaires, qui utilisent fortement l'histoire dans leur logique d'emprise sur le peuple.

C'est le cas de l'URSS102(*) qui pendant la Deuxième Guerre mondiale reprend les symboles historiques et patriotiques russes à son compte, elle est également présente occasionnellement dans des régimes libres qui prennent comme point de référence des « héros » de leur histoire pour accompagner un message politique, de VERCINGÉTORIX sous NAPOLÉON III à Guy MÔQUETA avec Nicolas SARKOZY en France103(*).

C. PRÉSENTATION DES POUVOIRSPOLITIQUES TRADITIONNELS DUALAETBAMOUNBAMUN

Evans PRITCHARD et Meyer FORTES104(*), maitres de l'anthropologie britannique proposèrent une nouvelle typologie : ils opposaient les sociétés segmentaires acéphales, fondées sur le lignage, aux sociétés plus ou moins complexes dotées d'institutions politiques centrales ; ces dernières constituent généralement des royaumes que les auteurs n'hésitent pas à considérer comme des « Quasi-Etats » (« State-Like »). Leur livre « Systèmes politiques africains » est publié en 1940 par l'Oxford University Press.

L'Ecole de Manchester, sous la houlette de Max GLUCKMAN, montra que la « coutume » doit parfois affronter le « conflit », comme le laisse entendre le titre d'un maitre ouvrage qu'il a signé105(*). La rébellion (y) est vue comme un processus permanent qui affecte de manière constante les relations politiques106(*). En effet, les rites attestent, de manière symbolique, à la fois de ces conflits et de la volonté de maintenir tel quel l'ordre social.

Nous présenterons tour à tour les pouvoirs politiques traditionnels Duala(1-) et BamounBamun(2-).

1. Les chefferies Duala comme cas d'analyse

La connaissance du groupe Duala, à cette époque, a été rendue possible par des écrits de G.A. ROBERTON, de RolandJACKSON, et de Beecroft HUTCHINSON, missionnaires protestants, MERRICK, SAKER, FULLER et bien d'autres. Grâce à eux, on sait que les Duala appartiennent au groupe Bantou dont l'ancêtre était MBEDI.

Deux lignées se forment par la suite après MBEDI. Il y eut la lignée de King BELL, constituée des clans de Bonapriso, Bonabéri, Bonanjo ; puis la lignée de King AKWA, avec les clans de Bonabela107(*) et de Bonaku108(*). LesAnglais découvrent les Duala avec leur tête deux (02) chefs : King BELL et King AKWA. C'est donc autour de ces deux (02) familles que gravite l'histoire de Douala au 19ème siècle jusqu'à l'implantation de la colonisation.

La vie de cette société traditionnelle est basée sur la famille qui est ici très large et la polygamie joue encore un grand rôle. Ces populations vivent dans l'ensemble, de la pêche et entrent dans le nouveau système du commerce avec l'intérieur du pays109(*).Avant de signer le contrat avec les Allemands, les rois et leurs suites se réunissent à l'exclusion de tout Européen et préparent un protocole d'accord, qu'ils soumettront à la signature du Consul allemand EmilSCHULZE, préalable pour la signature de tout traité.

Dans le protocole d'accord, les Allemands doivent attester qu'ils ne toucheront pas au monopole commercial des Camerounais, ni à leurs terrains, qu'ils ne bousculeront pas leurs traditions et enfin que les Camerounais n'ont pas besoin de protection, mais qu'ils souhaitent plutôt une annexion pour bénéficier des bienfaits de la civilisation et de la technique allemandes,en contrepartie d'un transfert de souveraineté. EmilSCHULZE signera ce protocole d'accord le 12 juillet 1884110(*).

Par la suite, nous ferons une présentation du RoyaumeBamounBamun ?

2. Le royaume BamounBamun comme cas d'analyse

Le RoyaumeBamounBamun, situé dans les montagnes de l'Ouest du Cameroun, a forgé son unité au cours des sept siècles d'existence du royaume depuis la fin du 14ème siècle. Le Roi des BamounBamun est de la dynastie de NCHARE YEN, venue de Rifum111(*).

Les croyances religieuses en vigueur dans cette région sont aujourd'hui l'islam, venu du nord, et le christianisme, venu du sud.112(*)Avec une superficie de 7700 km² environ et 820.000 habitants113(*), la région du BamounBamun couvre plus de la moitié de l'actuelle région de l'Ouest.

Le royaume est constitué d'un haut plateau114(*) à l'ouest, surmonté de trois massifs alignés - Mbapit115(*), Nkogham et Mbam116(*) - et d'une plaine encaissée au pied de la falaise à l'Est de Foumban ; cette plaine longe la rive du Mbam jusqu'au point de confluence avec le Noun près de Bafia.

Le pays est limitrophe du Royaumede La'djo et en est séparé par le Noun117(*). L'actuel territoire des BamounBamun a été unifié par les Tikar en plusieurs étapes. On suppose que vers la fin du 14ème siècle, 200 à 300 personnes ont franchi le fleuve Noun à la suite du Prince NCHARE qui soumit sept principautés avant de s'établir dans un premier temps à Djimom. L'EtatBamounBamun y est proclamé et Djimom devient la première capitale du royaume.Le pacte fondamental stipule que : « L'EtatBamounBamunest né et NCHARE en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils ». Les sept compagnons « Kom », cosignataires, sont les conseillers intronisateurs du roi, chargés de garder la loi fondamentale en l'état et de veiller à son application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes. De Djimom, NCHARE soumet une dizaine d'autres ethnies et établit sa nouvelle capitale à Foumban après avoir vaincu les « Ba'Mben » qu'il réinstalle dans un quartier de la ville.

L'étymologie du mot Foumban vient de deux mots de la linguistique BamounBamun à savoir : le mot « Fen » qui signifie « ruine » et le terme « Mbe » qui veut dire « peuple qui vient d'êtreruiné », transformé par les Allemands, pour une meilleure linguistique, en « Foumban ». Le peuple « Mbe », est donc le premier peuple que NCHARE YEN a soumis.

De plus, le terme « BamounBamun » veut dire « les gens qui marmonnent les mots » ou « Pa Mon » à l'origine, donné par les autochtones de Foumban, appelés « Njimon »118(*).En 1902, les BamounBamun, voulurent prendre les armes contre les premiers visiteurs allemands ; NJOYA, conscient de la faiblesse des siens face aux Européens, les obligea à les accueillir pacifiquement et évita un bain de sang.

Le souverain conçut une politique dans laquelle il se donna le rôle d'intermédiaire indispensable entre les autorités coloniales et son peuple : « Si les tirailleurs, arrivent au marché et qu'ils prennent quelque chose, ou qu'ils frappent, ne vous (BamounBamun) fâchez pas - leur dit-il, laissez-moi l'affaire des Blancs »119(*).Il put, par la suite, tirer profit de ce premier contact chaleureux : c'est ainsi qu'il récupéra, lors du conflit Germano-Bansoh de 1906, le crâne de son père, le RoiNSANGU.

A la suite de cette clarification conceptuelle, nous passons en revue la délimitation du sujet ou le bornage de l'étude sur l'objet de recherche.

D. DÉLIMITATION DU SUJETOU BORNAGE DE L'ÉTUDE

Il est question dans la délimitation de tracer le périmètre du sujet, de définir ses contours. Plus précisément, il s'agit d'inscrire le sujet dans son triangle spatio- temporel et scientifique.Délimiter le champ de recherche« c'est le fait de calibrer le travail afin de ne pas courir le risque d'être critique pour négligence»120(*).

Ainsi, il nous revient de délimiter notre travail dans le temps et dans l'espace (1-), et de l'autre, de le circonscrire dans le domaine du vaste champ de la science politique (2-).

1. Cadre spatio-temporel de l'étude

Terminus à quo

Dans la délimitation temporelle, notre étude se situe entre 1884 et 1916. En effet, l'année 1884 représente le début du protectorat allemand sur le Cameroun. Quant à l'année 1916, il représente les prémices du déclin de l'Allemagne et la perte progressive de ses colonies.

Le 24 avril 1884, soutenu par l'opinion publique, BISMARCK proclame la souveraineté allemande sur la baie d'Angra Pequena, sur la côte de l'actuelle Namibie. Les ethnies locales, Hereros et Hottentots, seront soumises par la force. D'avril à novembre, des explorateurs mandatés par Berlin proclament la souveraineté de l'Allemagne sur le Sud-Ouest africain, le Togo,le Cameroun et l'Afrique orientale.Le 5, 11 et 12 juillet 1884 représentent l'établissement du protectorat allemand au Togo et sur la côte du Cameroun. L'explorateur NACHTIGAL fait signer aux chefs locaux des traités de protectorat. Enfin, le 15 novembre 1884 a eu lieu la Conférencede Berlin qui réunit 14 pays et s'acheva le 23 février 1885. Et le mois de février 1916 marque la date de départ de l'Allemagne du Cameroun.

Cette conférence fut essentiellement consacrée aux questions africaines121(*). Elle réglementa, entre autres, la colonisation sur le continent entre les différentes puissances européennes, ainsi que la rivalité franco-belge au Congo.

Parmi les mesures prises, nous avons la Conférencede Berlin :

1. prenait acte de l'existence de l'État indépendant du Congo, avec comme souverain le roi des Belges, LéopoldII ;

2. posait les principes qui devraient être respectés à l'avenir pour la prise de possession de nouveaux territoires : tout État assurant la prise de possession devrait adresser une notification aux autres Puissances et effectuer une occupation réelle ;

3. établissait la liberté du commerce dans toute la zone que l'on appelait le « Bassin conventionnel du Congo » et qui comprenait le littoral atlantique depuis l'embouchure de la Lobé jusqu'à la rive sud de l'Ogooué, et, du côté de l'Océan Indien, toute la zone comprise entre le Zambèze au sud et la frontière méridionale de l'Éthiopie, au nord122(*).

Le ChancelierBISMARCK réussira, donc, à faire reconnaître et ratifier par la Conférence les acquisitions réalisées par GustaveNACHTIGALet de favoriser l'entrée de l'Allemagne en Afrique avec l'assentiment des autres puissances.Par ailleurs, l'année 1916 représente les prémices du déclin de l'Allemagne et de la perte progressive de ses colonies.

Tout d'abord, le Cameroun devient un front secondaire du conflit d'août 1914, alors que la guerre de mouvement en Europe vient juste de commencer. LesCamerounais y participent aux côtés des Allemands et affrontent les puissances coloniales française, britannique et belge. Si peu de combats ont lieu à Douala proprement dit, la principale ville portuaire et ancienne capitale du Kamerun allemand123(*), sert tout au long du conflit de base arrière aux Alliés qui y établissent leur commandement et préparent leurs offensives sur les différents fronts.Puis, le 1er janvier 1916 au Cameroun, les troupes alliées entrent à Yaoundé, évacuée par les Allemands. Le 15 février 1916, les troupes allemandes du Kamerun se réfugient en territoire espagnol, au Rio Muni. A cette nouvelle, la ville de Mora, qui résiste au nord, se rend le 18 février 1916. Le Cameroun est occupé par les Alliés après une longue résistance de plus de 16 mois.

Enfin, le 04 mars 1916, les Français et les Britanniques se partagent la Colonie allemande du Kamerun. Cette situation se matérialisera avec la fin de la Première Guerre Mondiale, la défaite de l'Allemagne en 1918 et la signature du Traité de Versailles en 1919.

Cet espace temporel nous servira de baromètre pour l'analyse de l'histoire politique du Cameroun depuis 1884, sous le prisme des rapports entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques Duala et BamounBamun.

Terminus ad quem

En ce qui concerne les limites spatiales, il faut savoir qu'entre 1884 et 1916, le Cameroun était sous domination allemande. Après avoir échoué dans leurs tentatives de demande de protectorat anglais, les chefs Duala se tournent vers les Allemands qui en la personne de Gustave NACHTIGAL, va négocier la mise sous protectorat allemande du Cameroun. Cela va aboutir à la signature du traité Germano-Duala le 12 juillet 1884 et qui marqua la naissance internationale du Cameroun moderne.

En 1901, l'Espagne accorda par ailleurs à l'Empire allemand un droit de préemption sur l'île de Fernando-Pô, située dans la baie de Douala. Le Cameroun, dont le territoire est recouvert par d'importants forts, produira essentiellement du caoutchouc, de l'huile, des noix de palme et du cacao auxquels viendra s'ajouter l'ivoire, objet d'un vaste trafic en Afrique centrale.

L'Allemagne y maintint par ailleurs ses plus importants effectifs militaires dans cette partie de son empire, en raison notamment de sa position stratégique vis-à-vis des débouchés commerciaux des régions centre-africaines. Il commandait en effet l'accès aux possessions françaises, du Moyen-Congo, de l'Oubangui-Chari et du Tchad et enfin, du Congo Belge.

2. Cadre matériel de l'étude

C'est l'opération qui permet de cerner le champ matériel d'investigation et qui peut s'entendre comme « l'espace conceptuel et notionnel du sujet»124(*). C'est l'ensemble des matières qui intéressent le sujet. A cet effet,il y a lieu de dire que cette présente étude a un caractère transversal, car elle convoque les champs de l'anthropologie politique et de la sociologie politique. SelonMadeleineGRAWITZ, la sociologie politique serait le « produit d'une hybridation lorsque la sociologie et la science politique seront à égalité »125(*).

La colonisation a partout installé les conditions d'un affaiblissement de peuples conquis ou rebelles et de la disparition de leur culture. Les colons sont confrontés à la difficulté d'imposer leur présence sur les terres nouvelles dont les richesses sont convoitées.

Ainsi, leurs bonnes intentions, dites civilisatrices, échouent et les colons sont rapidement amenés à affronter les peuples autochtones. Lorsqu'une escalade dans la violence et la haine se produit, l'exploitation des autochtones, leur déportation, leur massacre, peuvent parfois préfigurer ou aboutir à des exterminations intentionnelles. En Namibie, connue autrefois sous le nom de Sud-Ouest Africain, eut lieu ce qu'on nomme communément le massacre des Hereros. Les Hereros sont déportés par la puissance colonisatrice allemande qui y établit les premiers camps de concentration.

Ainsi, LotharVON TROTHA écrit que « le peuple Herero doit quitter le pays sinon, je le délogerai avec le « groot Rohr » (grand canon). D'une population initiale de 90.000 Hereros, le recensement de 1911 en décompte 15.000. Les Namas, peuple allié aux Hereros contre la puissance allemande, passent de 20.000 à 10.000. Au-delà de l'esclavage, la pacification, la répression des révoltés et le travail forcé ont fait régresser les populations sur le plan démographique ».126(*)

Dans ce contexte, les pouvoirs politiques traditionnels participent à la pérennisation des traditions et coutumes face aux bouleversements de la colonisation et de l'Etat moderne africain. Ils ont un impact considérable dans le jeu politique local et national.

E. REVUE CRITIQUE DE LALITTÉRATURE

Encore appelée « histoire du problème », « fondement théorique de la recherche », « analyse de source », ou « recension critique des études et travaux antérieurs », la revue de littérature est une phase au cours de laquelle l'on fait le point et l'état actuel des connaissances sur le sujet choisi par le chercheur127(*).

Il s'agit ici de recenser les travaux publiés non pas dans l'optique d'une « gloutonnerie livresque »128(*), mais dans une perspective de disposer des informations sur les études théoriques et méthodologiques qui se situent dans le champ de la problématique construite par le chercheur.Comme l'affirmait PierreN'DA, la revue de littérature a donc l'avantage de permettre au chercheur d'apprécier toutes les publications, de mieux percevoir son propre sujet et d'en avoir une vision d `ensemble plus nette. Le but ici est de découvrir les aspects qui ont déjà été abordés et les aspects négligés ou tout simplement ignorés129(*).

Aussi, le rôle est de dégager d'une part, les thèmes majeurs identifiés chez les auteurs et d'autre part, de relier ces thèmes aux différentes dimensions de la question de recherche et à son contenu, global130(*). En d'autres termes, la revue de littérature renvoie une sorte d'évaluation, qui permet de faire le point sur ce qui a été dit, ou écrit sur le sujet.

Si les relations entre l'administration allemande et les pouvoirs politiques Duala et BamounBamun durant la période de 1884 à 1916 ont aiguisé notre curiosité scientifique, c'est avant tout parce qu'elles soulèvent depuis des années un débat vif entre les acteurs de la société civile131(*)et qui se révèle très complexe. Dans pareil contexte où la passion semble prendre le pas sur la raison, toute tentative de trouver une réponse scientifique à cette question paraît biaisée dès le départ.

Mais au-delà de la passion, des chercheurs d'obédiences disciplinaires diverses, se sont penchés aussi sur cette question en essayant de dépasser les passions qui peuvent conduire à des conclusions hâtives et triviales afin d'aboutir à une explication scientifique.

Sont-ils parvenus véritablement à s'émanciper de ces idées préconçues ou des caractéristiques de leurs personnalités propres?Il est difficile de répondre par l'affirmative au regard de ces études réalisées par des chercheurs qui n'ont pas posé le problème de la même manière et qui ne sont pas toujours parvenus à des résultats identiques. En revanche, ce qu'il est possible d'affirmer ici, c'est qu'il n'y a pas d'unanimité entre ces derniers sur les répercussions de la colonisation allemande sur les pouvoirs politiques Duala et BamounBamun de 1884 à 1916.

Selon Emile Durkheim, les faits sociaux sont l'objet d'étude de la sociologie. Il s'agit de manières de faire qui s'imposent aux individus et sont extérieurs à eux. Autrement dit, ils correspondent à des éléments que la société impose aux individus. Le choix de notre sujet s'est porté sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun parce qu'il est une continuité de notre travail entamé en Master II-Recherche.

Ainsi, notre Directeur de Mémoire, Monsieur le Professeur Célestin KAPTCHOUANG TCHEJIP nous as entretenus sur le thème « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : Le cas du Royaume Bamoun ».

Notre mémoire traitait des transformations subies par le Royaume Bamun tant du point de vue politique, économique et social durant la période de la colonisation et celle de l'arrivée de la démocratie en Afrique dans les années 1990. Il s'agissait de proposer d'analyser les obstacles et les changements survenus dans le Royaume Bamun et de montrer comment la société Bamun est devenue prismatique c'est-à-dire qu'elle est tiraillée entre la tradition et la modernité tout comme l'ensemble de la société camerounaise.

C'est donc un travail d'approfondissement qui s'est présenté à nous étant donné que le Royaume Bamun est l'un des pouvoirs politiques traditionnels les plus fascinants du 21ème siècle. Par ailleurs, le choix des cantons /chefferies Duala nous vient de leur proximité forte avec les Allemands qui voulaient étendre leur influence sur le Golfe de Guinée, essentiellement autourde l'estuaire du Wouri où se déroulera la traite des esclaves. Nous avions pour ambition de mieux connaitre ces chefs, leurs motivations, leurs habitudes de vie....

De plus, ce choix se justifie également par le fait que ces deux entités politiques traditionnelles ont été les premières à créer des liens approfondis avec les colonisateurs allemands.

Pour l'essentiel, deux thèses semblent s'opposer sur cette question : si certains auteurs pensent que l'administration allemande a eu des répercussions positives sur les sociétés traditionnelles Duala et BamounBamun en particulier, et sur la société camerounaise en général ; d'autres, par contre, pensent que l'on doit situer la colonisation allemande au même titre que les autres conquêtes des autres puissances européennes telles que la France, l'Angleterre, etc.

1. La thèse des répercussions positives de la colonisation allemande

Pour les tenants de la première thèse, l'administration allemande s'est illustrée par des oeuvres significatives et majeures dont les traces sont encore visibles de nos jours : Birgit PAPE-THOMA132(*) évoque tout d'abord le fait que la carte du Cameroun133(*) est bien de manière générale issue de tracés allemands.

Par ailleurs, selon Patrice NGANANG, au Cameroun tout comme au Togo, l'Allemagne a pour réputation, « de soutenir les gens de bonne volonté qui veulent que le Cameroun devienne vraiment ce qu'il peut être »134(*).

Le travail de la Fondation FRIEDRICH EBERT démontre à suffisance cet état d'esprit, surtout durant les années de braise pendant la décennie 1990. C'est pourquoi certains Togolais ainsi que des Camerounais « se vantent » d'avoir hérité des soi-disant vertus allemandes comme la discipline ou l'assurance.

Ce qui est à relativiser pour PatriceNGANANGqui parle plutôt d'une volonté de remettre la France à la place relative qui a été sienne dans l'histoire camerounaise que d'une glorification de la colonisation allemande135(*).Des espaces en Allemagne ont été également baptisés au nom de ses anciennes colonies au début du XXème siècle pour commémorer l'apogée de l'Empire allemand alors composé du sud-ouest africain136(*), de l'Afrique orientale allemande137(*) du Togo et du Cameroun.Nous notons par exemple l'existence de la « rue du Kamerun »138(*) dans le quartier Wedding ou encore la rue du Togo, la rue du Windhoek,ou encore la rue du Zanzibar139(*).

La langue allemande est toujours enseignée dans les lycées et collèges camerounais, et les centres culturels GOETHEsont présents sur tout le territoire. Les étudiants sont attirés par l'Allemagne par son expertise dans les « sciences dures » : l'électromécanique,les mathématiques, la technologie. Le savoir-faire allemand est considéré comme plus fiable, plus robuste140(*).AlainFINKIELKRAUT141(*) qui abondrde dans le même sens, écrit ce qui suit : « On enseigne aujourd'hui dans les écoles l'histoire coloniale comme une histoire uniquement négative.On n'enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages »142(*) ...

En d'autres termes, la colonisation a permis l'émergence d'une élite et la scolarisation des peuples. En plus, au niveau sanitaire, on note un recul marquant du paludisme, de la malaria et de nombreuses maladies tropicales. La médecine et l'accès aux soins ne sont plus considérés comme un luxe, mais, certains auteurs avancent que les initiatives de santé publique avaient pour but d'enrayer la décroissance démographique et de conserver de ce fait un réservoir de main d'oeuvre.

Ainsi, il est peut-être important de rappeler, par exemple, que dans l'affaire BAKASSI qui a opposé le Cameroun et le Nigéria à la CIJ143(*), l'État camerounais a dépoussiéré, entre autres, un vieux traité de 1913 datant de l'époque allemande , pour faire valoir ce territoire riche en pétrole comme faisant partie du territoire camerounais144(*). Sur place au Cameroun, la propagande allemande, dans la partie aussi bien française que britannique, fut placée sous la haute direction du « Deutscher Kolonial Dienst »145(*) dont le siège était à Nuremberg.

Il existait au Cameroun en 1936 un « Landesgruppe », c'est-à-dire le Groupe des représentants du Land, qui comprenait deux directions : une direction politique s'occupant de la propagande, des mouvements et de la situation individuelle des Allemands résidents146(*). Selon le bulletin de renseignements N°1 du Commandement des forces de police du Cameroun daté du 03 septembre 1936 à Yaoundé, la direction politique aurait été assurée par le chef de l'entreprise« Dekage » à Douala147(*). Quant à la direction de la propagande, elle aurait été confiée à un Allemand résidant au Cameroun dont le nom était connu des autorités françaises,il s'agit de Théo BLEICH, propriétaire de la plantation de bananes de Likomba, une localité située entre Buéa et Tiko, la « KamerunBannenGesellschaft »148(*). BLEICH était assisté de deux adjoints également directeurs de plantations et résidant au Cameroun britannique. La liaison entre l'ancienne métropole et le Cameroun s'effectuait par des bateaux allemands qui avaient tous à leur bord un « Politischer Letter », autrement dit, un guide politique.Il existait également au Cameroun une association connue sous le nom de « KamerunEingeborenenDeutschGesinntenVerein »149(*).

Selon le bulletin de renseignements de septembre 1936, cette association ne semblait pas jouir d'un grand crédit auprès des indigènes, mais le Gouverneur BONNECARRERE n'était pas de cet avis, lui qui, dans un rapport au Ministre des Colonies, s'inquiétait dès 1933 de l'ampleur prise par les activités de la « Native Church » et signalait la découverte d'un foyer d'agitation dans le sud de la circonscription de Nkongsamba, en région Pongo150(*).

Or, l'association germanophile avait de nombreux amis dans la mission de la « Native Baptist Church » dont les adeptes avaient pour profession d'assurer, moyennant un salaire assez conséquent, le chargement des bateaux bananiers allemands151(*). Avant de quitter le Camerounà cause de la PremièreGuerreMondiale, les pasteurs allemands avaient confié la direction de leur église à leur homologue camerounais Lotin SAME152(*).Lotin SAME s'entoura d'un état-major de choc comprenant des pasteurs, des chefs supérieurs, des employés de maisons de commerce et des notables influents tels que NDOUE et EBELLE, deux Duala qui avaient été condamnés à 18 mois de prison ferme et à deux ans d'interdiction de séjour pour avoir notamment prophétisé le retour des Allemands au Cameroun153(*). Les évènements évoluant rapidement, Lotin SAME et ses partisans s'organisèrent davantage au cours de plusieurs réunions clandestines ; les participants à ces réunions recevaient de la part des encadreurs allemands des instructions et indications sur la manière dont la propagande anti-française allait être conduite ; l'assistance était aussi tenue au courant de l'évolution de la situation de crise en Europe ; des lettres en provenance d'Allemagne étaient lues à leur intention ; en retour, des membres du groupe adressaient des correspondancesà HITLER154(*)...

Le mouvement de Lotin SAME connut une intense activité pendant la période de grande crise en Europe et que l'administration coloniale française finit par croiser les bras, non sans avoir auparavant essayé de l'étouffer par diverses mesures : affectation loin de Douala de fonctionnaires sympathisants du mouvement, instructions données aux chefs des circonscriptions de Nkongsamba et de Yabassi voisines d'interdire l'accès de leur territoire à Lotin SAME et son principal lieutenant Jonnie EKWE, qui seuls pouvaient accorder le sacrement à leurs adeptes, peines de prison prononcées contre certains partisans les plus en vue comme EBOLO BILE, assesseur à la Chambre d'homologation depuis de nombreuses années et qui, à ce titre, jouissait d'une influence indéniable dans les milieux Duala155(*) ; celui-ci fut accusé de diffamation à l'égard d'un notable Duala de religion protestante et de porter atteinte à l'ordre public.

Simultanément, l'administration travailla à monter une partie des Duala contre Lotin SAME ; c'est ainsi qu'une délégation « importante » de notables conduits par leurs chefs alla voir le gouverneur pour réclamer la fermeture d'un des quatre temples de la « Native Church » à Douala dans l'intérêt de la « tranquillité », car ce lieu était devenu un « foyer d'agitation politique »156(*).Autre groupe germanophile, le K.F.D.G.V.157(*) était aussi connu sous le nom de Société des amisde l'instruction. Tous ses adhérents étaient tenus de prêter serment de fidélité à l'étranger158(*).

La répression de l'administration française s'abattit sur le mouvement ; deux procès furent intentés contre certains de ses membres159(*), l'un en 1934 et l'autre en 1941 ; à l'issue du procès de 1941, le chef et principal animateur du groupe, dont le nom nous est inconnu, fut condamné à mort et ses principaux lieutenants, AKWAN et BASSI, condamnés chacun à dix ans de travaux forcés160(*). La gravité des peines infligées s'explique ici par l'évolution de la situation politique au Cameroun depuis l'entrée en guerre.

Les mouvements organisés n'étaient pas seuls à militer en faveur du retour des Allemands. LesCamerounais formés à l'école allemande, qui avaient joui d'un certain nombre de privilèges et les avaient perdus avec l'arrivée des Français, partageaient le même sentiment. La troisième catégorie de germanophiles comprenait ainsi des chefs indigènes, des anciens combattants, des anciens gardiens de plantations et des anciens domestiques, tous de la période de colonisation allemande.

Il faut y ajouter ceux des Camerounais qui haïssaient la France simplement à cause des mauvais traitements que ses représentants leur faisaient subir161(*). Il n'était pas rare de voir certains éléments de cette catégorie, à l'instar de Jean NYAP, chef du groupement de Ndogbessol162(*) écrire directement au Chancelier HITLER163(*).

On peut donc reconnaître le fort impact dont est crédité encore aujourd'hui le système de protectorat allemand sur les populations camerounaises.Même les colons françaisreconnurent,l'efficacité du système colonial allemand, non sans nuances : « Nous ne pouvons tenir pour nuls les résultats de l'activité allemande au Cameroun... Dans l'ordre pratique, nous avons bénéficié de tout ce qui a été fait pour l'ouverture du pays, l'apprivoisement de l'indigène, la formation des auxiliaires »164(*).

Cet aspect de la colonisation allemande ne sera cependant pas mis à l'actif des dirigeants du Protectorat, ce qui explique l'oubli dans lequel on tint quelques hauts fonctionnaires allemands, pourtant très en avance dans leur politique indigène : « C'est moins aux grands chefs de la politique allemande, précise l'auteur, que doit aller la gratitude de la civilisation qu'au personnel d'exécution, chefs de poste, sous-officiers, agents de culture165(*)et piqueurs de route166(*).

Mis en présence d'indigènes qu'ils avaient à éduquer, ces sous-ordres ont pu avoir quelquefois la main rude, mais ils ont fait la bonne besogne. Ils ont fait preuve de ténacité et de bon sens. Le pays a été bien préparé et la pénétration a été poussée aussi loin qu'il se pouvait. Mais cette besogne indispensable est subalterne »167(*).

2. La thèse de la négativité de la colonisation allemande

Pour les tenants de la seconde thèse, la colonisation allemande possède elle aussi des côtés obscurs, des actes manqués, des travers qui la positionnent au même titre que les autres colonisations européennes :BirgitPAPE-THOMAaffirme que les Allemands ne furent pas meilleurs colons que les autres Européens.Car le travail forcé et les punitions cruelles faisaient partie de l'ordre du jour168(*). KagniALEM poursuit dans le même sens en évoquant la chicotte allemande au Togo et les fameux cent coups de fouet, sur les fesses, dont le centième était dédié au Kaiser, « Ein fur Kaiser »169(*).PierretteHERZBERGER-FOFANA, Professeure à l'Université d'Eurlangen-Nurnberg, explique que par nature : « La colonisation vise à exploiter un pays pour en tirer le maximum de ressources. Pour cette dernière, vu que la colonisation allemande a été très dure en Tanzanie et en Namibie, cela amène à penser qu'elle a été moindre au Cameroun malgré le fait qu'il y ait moins d'archives sur le Cameroun »170(*).Les sociétés en situation coloniale sont fortement soumises aux contraintes de l'ambigüité et de l'ambivalence. Il intervient un véritable effet de grossissement, et le décalage entre les apparences de la réalité sociale et cette réalité elle-même en est d'autant accentuée...Les sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent être ou ce qu'elles prétendent être. Elles doivent, en conséquence, être considérées à deux (02) niveaux au moins : l'un, superficiel, présente les structures « officielles » si l'on peut dire ; l'autre profond, permet d'accéder aux rapports réels les plus fondamentaux et aux pratiques révélatrices de la dynamique du système social171(*).

La situation coloniale est définie ici comme la domination imposée par une minorité étrangère, « racialement » et culturellement différente, au nom d'une supériorité raciale172(*)et culturelle dogmatiquement affirmée, à une majorité autochtone matériellement inférieure ; la mise en rapport de civilisations hétérogènes : une civilisation à machinisme, à économie puissante, à rythme rapide et d'origine chrétienne s'imposant à des civilisations sans techniques complexes, à économie retardée, à rythme lent et radicalement « non chrétiennes » ; le caractère antagoniste des relations intervenant entre les deux(02) sociétés qui s'explique par le rôle d'instrument auquel est condamnée la société dominée ...

...la nécessité pour maintenir la domination, de recourir non seulement à la « force » mais encore à un ensemble de pseudo-justifications et de comportements stéréotypés, etc.173(*).Par ailleurs, le développement du chemin de fer en Afrique est suspecté d'être à l'origine de la diffusion primaire du VIH 1174(*)en Afrique ÉquatorialeFrançaise175(*) dans les années 1910-1940.

De plus, l'attention accordée à la société coloniale en tant que « minorité dominante » est fructueuse. HenriLAURENTIE a de son côté, dans une étude d'allure essentiellement politique, définit la « colonie » comme : « Un pays où une minorité européenne s'est superposée à une majorité indigène de civilisation et de comportements différents ; cette minorité européenne agit sur les peuples autochtones avec une vigueur disproportionnée au nombre ; elle est, si l'on veut, extrêmement contagieuse et, de sa nature, déformante »176(*).

Cette « minorité » active assied sa domination sur une supériorité matérielle incontestable, sur un état de droit établi à son avantage, sur un système de justifications à fondement plus ou moins racial, et pour certains auteurs, tel René MAUNIER, le fait colonial est d'abord un « contact » de races.Elle est d'autant plus réactive qu'elle est mieux enracinée et rebelle à la fusion, qu'elle se sent menacée par la poussée démographique des colonisés : ainsi, en Afrique du Sud où la population blanche voit « dans sa situation un problème de minorité, alors que les Noirs voient dans la leur un problème colonial et de tutelle »177(*).

L'historienAndreasECKERT, Professeur à la « HumboldtUniversity » à Berlin commente d'ailleurs ceci : « Le plus grand symbole de la brutalité et de la domination des colons allemands est bien RudolfDOUALA MANGA BELL »178(*).Ce chef supérieur du clan des BELL s'est opposé en 1910 au projet d'urbanisation dit « Gross Duala » qui prévoyait l'expropriation des populations locales. Il fut pendu le 08 août 1914, devenant un héros de la résistance face au colon179(*).

« Les Églises n'ont pas levé le petit doigt pour aider Rudolf Manga Bell », critique Bienvenue, pasteur à Bafia, dans l'Ouest du Cameroun. « L'expropriation des terres allait de soi pour les colons comme pour les missionnaires ».

Églises et Etat, même combat ? L'Allemagne ayant à la fois une tradition catholique et une tradition protestante, les Églises se sont partagées le Cameroun en zones d'évangélisation. « Les missionnaires catholiques allemands se sont installés près d'Edéa et de Douala, et les protestants sont allés plus dans les terres, dans l'Ouest du pays », commente Bienvenue. Aujourd'hui encore, l'ÉgliseÉvangélique du Cameroun180(*) entretient des relations avec celle de Westphalie, en Allemagne.Au pays Bamiléké aussi, certains se souviennent de la politique de répression des Allemands, même si c'est maintenant de l'histoire ancienne181(*).

GermainMETANGMO, frère du chef, de NTSINGBEU, se rappelle que les chefs Bamiléké n'étaient pas appréciés par les colons, probablement perçus comme des concurrents en matière d'autorité : « En tant que chef, mon grand-père s'est opposé du pouvoir des Allemands, il a été pendu sur la place publique. On raconte qu'avant son exécution, il s'est blessé intentionnellement à la tête avec une pierre, pour qu'on reconnaisse son crâne et qu'on l'enterre plus tard selon le culte Bamiléké »182(*).

Et c'est peut-être AlbertMEMMIqui fait preuve de l'analyse la plus objective : « Il n'y a pas de quoi se vanter : si les colonisateurs construisaient des routes et des écoles, c'est qu'ils en avaient besoin, non pour servir les colonisés »183(*). Et le jugement des caractéristiques morales par l'idéologie colonialiste vient étayer cette opinion.

Le Nègre, l'homme d'en face dans la situation coloniale, devient alors, pour une raison inavouée mais claire, le dépotoir de tous les défauts184(*).« La caractérisation et le rôle du colonisé occupent une place de choix dans l'idéologie colonisatrice ; caractérisation infidèle au réel, incohérente en elle-même, mais nécessaire et cohérente à l'intérieur de cette idéologie »185(*), ajoute AlbertMEMMI.Le jugement est péremptoire, souvent par ce qu'Albert MEMMI appelle « la noyade dans le collectif péremptoire », le pluriel « ils »186(*).La paresse des peuples colonisés est dite légendaire et toujours connue et admise a priori187(*).On peut, à titre d'exemple, lire ceci : « Les Bakweri, une bande de paresseux », « la paresse abominable de toutes les tribus qui habitent le sud-est du Cameroun »,« des tire-au-flanc duala, paresseux et maladroits »188(*).

La goinfrerie n'est pas moins légendaire, et est à chaque fois exagérée189(*) : « Un éléphant a été tué : « Vous auriez un tableau particulièrement caractéristique du Cameroun si vous aviez peint les Noirs qui se disputaient et se battaient au moment du dépeçage pour les lambeaux de chair saignante. Les plus heureux avaient eu un morceau et les ramenaient sur la tête, de sorte que le sang couvrait tout leur corps. Même si le cadavre était déjà en voie de décomposition, les indigènes arrachent de la viande pour la - comme ce sont des êtres humains, il faudra bien dire - manger. Après ce repas ils restent couchés comme le python et ne sortent peut-être que quelques jours plus tard de leur sommeil digestif »190(*).

Pour imposer sa culture, le colonisateur passa par le biais de deux processus que sont la scolarisation et l'évangélisation. Une fois de plus, les chefs furent appelés à jouer un rôle déterminant. On décelait chez maints chefs, surtout chez ceux de la région côtière, un désir de mettre leur jeunesse et très souvent leur progéniture à l'école du colonisateur, ceci était manifeste chez les chefs Duala191(*). Exception faite des écoles gouvernementales, l'administration laissa aux missionnaires,le soin de procéder à l'endoctrinement et à la socialisation des jeunes colonisés.

La création d'écoles s'avérait une nécessité dans la mesure où le régime colonial avait besoin d'un personnel subalterne, bon marché et passablement « éduqué »192(*). Pour les missionnaires, la conversion d'un chef représentait une « victoire » sur ce qu'ils appelaient paganisme ; elle avait des chances d'en provoquer d'autres dans la population193(*).Partant de là, Allen et BarbaraISAACMAN ont certainement raison lorsqu'ils affirment que la collaboration tout comme la résistance, était situationnelle194(*).Par ailleurs, pour les Français, la colonisation allemande leur apparaissait, en définitive, comme ayant été « hésitante » et trop « théorique ».SelonCHAVELAS, ce qui a été fait pour l'« indigène » n'a été « qu'oeuvre accessoire et a été imposé par le souci de donner satisfaction à l'opinion allemande et à certains éléments de l'opinion locale »195(*). Et de conclure que« le véritable but sans cesse poursuivi a été le développement des grandes plantations ». Pour les premiers administrateurs français, ainsi que, par tradition, pour ceux qui leur succéderont, « il n'a pas fallu moins que la guerre pour mettre fin à cette politique »196(*).

Cette partie consacrée aux répercussions négatives de l'administration coloniale allemande est celle que nous partageons. D'ailleurs, c'est donc dans ce sens que s'oriente ce travail, c'est-à-dire de démontrer comment le pouvoir colonial allemand a voulu s'imposer dans la colonie en usant soit de la brutalité, soit de l'utilisation des chefs traditionnels dans son processus de conquête. Ainsi présentée, l'administration coloniale allemande est perçue comme vertueuse pour son oeuvre bienfaisante, mais aussi comme une machine, une vaste entreprise de domination sur les différentes structures politiques, économiques et socioculturelles existant dans la colonie.C'est pourquoi ÉvaristeFOPOUSSIFOTSO considère la chefferie traditionnelle comme l'un des rares pôles de résistance des valeurs civilisationnelles africaines aux prétentions hégémoniques de l'Occident telles que le colonisateur et ses suppôts contemporains essaient de nous imposer.

Cela provient de la solidité de ses fondements philosophiques et institutionnels, de sa proximité avec le peuple, de son fonctionnement globalement en conformité avec les principes élémentaires de la démocratie. Il faut dans la même veine souligner l'importance donnée à la réflexion de Georges BALANDIER197(*), qui témoigne de la richesse autrefois soupçonnée et maintenant reconnue des chefferies traditionnelles.

Le système politique traditionnel apparaît ainsi comme affecté par les tensions et les conflits, comme toujours agissant malgré les vicissitudes subies. Il oriente, pour une part et partout, la vie politique moderne. Ses incidences peuvent aussi être saisies à un autre niveau. Les responsables des nouvelles nations africaines n'ont pu imposer, par contrainte et d'un coup, une philosophie et des organisations politiques totalement étrangères ; en quelque sorte importées.

Ils ont dû effectuer un travail d'adaptation et de « traduction » en recourant à l'équipement politique traditionnel.L'Etat postcolonial a reconduit sans solution de continuité le régime d'émasculation de l'autorité traditionnelle mis en place par la colonisation. La chefferie elle-même en tant que collectivité humaine est tantôt diluée dans les collectivités locales, tantôt assimilée aux circonscriptions administratives existantes. Il en résulte donc un flou vis-à-vis de son statut juridique et de sa position sur l'échiquier politique national.

Il y a également l'ouvrage d'ÉvaristeFOPOUSSIFOTSO,198(*) qui va dans le même sens puisque juridiquement, les chefferies sont aujourd'hui une courroie de transmission entre les autorités administratives et leurs communautés. Mais il affirme aussi que nos chefferies sont affaiblies et dépassées par les évolutions de la société, qu'elles sont stériles face à « la nécessité de bâtir un Etat moderne, démocratique et uni, et qu'elles n'offrent plus à notre jeunesse de vrais rêves d'avenir »199(*).

Claude-Hélène PERROT et François-XavierFAUVELLE-AYMAR200(*)qui posent la problématique des rapports entre deux modèles de régulation politique et sociale, à savoir le modèle endogène c'est-à-dire traditionnel et le modèle exogène, c'est-à-dire moderne imposé par les autorités coloniales et postcoloniales. Ils ont également mis en exergue les ambigüités de cette problématique, où l'on perçoit certes une confrontation, mais avec des stratégies d'adaptation, dans une dialectique de rapports qui oscillent de la rivalité à la soumission en passant par l'instrumentalisation. Celle-ci n'est pas toujours univoque, les rois et chefs africains ayant su,à l'occasion, faire montre de capacités de manipulation.

Plusieurs contributions de cet ouvrage collectif ont porté l'éclairage sur les années 1989-1991, marquées par le « renouveau démocratique » qui a permis le développement du multipartisme et du clientélisme qui offrent une marge de manoeuvre aux chefs et rois intéressés à jouer un rôle politique.

Le contexte démocratique, dans de nombreux cas, conduit à la réhabilitation des structures traditionnelles qui, paradoxalement, s'impliquent dans des projets de développement et de modernisation.Le parti politique, obéit à cette exigence, au point de n'exprimer parfois que des rapports de force entre groupes ethniques - ainsi que le manifeste d'une façon presque caricaturale le Congo-Léopoldville. Le personnage du leader se modèle souvent sur les types d'autorité que recelait l'ordre ancien : celui du souverain qui ordonne en accord avec les dieux et les ancêtres, celui du prophète ou du messie qui annonce et provoque les temps nouveaux.

Enfin, lorsqu'il s'agit de vulgariser l'idéologie, de diffuser les symboles à signification politique, d'organiser le rituel de la « religion politique », la référence à certains modèles traditionnels opère également. Et cela, même dans les pays où les gouvernements ont provoqué l'élimination ou l'abaissement des chefs de vieux style.

A cela, il faut y ajouter les fonctionnaires201(*) qui animent les associations de ressortissants résidant en ville. Cette troisième force se hisse parfois au premier plan, réussissant à éclipser les personnages royaux, notamment en décidant de l'organisation des fêtes traditionnelles : ainsi, en Zambie, l'association culturelle « Kazanga », usurpe la vedette au moment du festival annuel des « Nkoya » et tend à reléguer les chefs, dont pourtant les ancêtres sont mis en vedette, au rang de personnages folkloriques202(*).

C'est suite à tous ces manquements observés dans l'ensemble que s'inscrit l'originalité de notre modeste travail qui consiste, à partir de l'anthropologie et de la sociologie politique, de mesurer d'une part, l'influence de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun. Etd'autre part, de parler de l'adaptation du pouvoir colonial allemand aux gouvernances traditionnelles Duala et BamounBamun. La sociologie est d'une aide précieuse pour mieux comprendre et expliquer l'impact de la dimension sociale sur les représentations203(*) et les comportements204(*)humains.

Émile DURKHEIM à propos de la sociologie use d'un paradigme holistique205(*). Pour lui et ceux qui se réclament de son héritage, la société est un « holon », un tout qui est supérieur à la somme de ses parties, elle préexiste à l'individu et les individus sont gouvernés par elle.

Dans ce cadre, la société englobe les individus et la conscience individuelle n'est vue que comme un fragment de la conscience collective. La sociologie politique, pour sa part, étudie les citoyens dans leurs rapports avec l'Etat et ses institutions. Il s'agit, aussi, d'une façon plus générale, d'analyser tout ce qui concerne et fonde les relations de domination entre les personnes et les groupes humains. La discipline répond ainsi aux rapports sociaux à caractère politique, en particulier les idéologies et les forces politiques tels que les partis.Selon ce point de vue, l'objet des recherches sociologiques est le fait social, qu'il faut traiter comme une chose, sa cause devant être cherchée dans des faits sociaux antérieurs.Le fait social, qui fait l'objet d'une institutionnalisation, est extérieur à l'individu et exerce une contrainte sur ce dernier. Les individus sont donc encadrés dans des institutions, elles-mêmes insérées dans des structures homologues les unes par rapport aux autres.

La sociologie est alors la science des invariants institutionnels dans lesquels se situent les phénomènes observables. MarcelMAUSS imprimera une inflexion significative à cette doctrine en arguant de la nécessité de décrire complètement et dans leur totalité les formes dans lesquellesle phénomène apparaît pour révéler leur secret. Analyser le concret interdit de négliger la sensibilité au vécu.

Plus récent mais certainement porteur, JeanBAECHLER a développé un paradigme entre l'histoire et la sociologie, une méthode qui reprend certains axes des études « simmeliennes », et qui se pose sur les fondements des critiques de la raison historique recensées par RaymondARON pour rendre compte du devenir des phénomènes sociaux macroscopiques206(*).

Quant à l'anthropologie, c'est la branche des sciences qui étudie l'être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques207(*)et culturels208(*).Elle tend à définir l'humanité en faisant une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles. Le terme « anthropologie » vient de deux mots grecs, « anthropos », qui signifie « homme »209(*), et « logos », qui signifie « parole, discours ».

Cette discipline vise particulièrement les faits spécifiques à l'humain par rapport aux autres animaux210(*) : langages articulés et figuratifs, rites funéraires, politiques ou magiques, arts, religions, coutumes, parenté, habitats, techniques corporelles, instrumentales, de mémorisation, de numération, de représentations spatiales et temporelles, etc. Elle s'appuie notamment sur l'étude comparative des différentes sociétés et ethnies décrites par l'ethnologie, et envisage l'unicité de l'esprit humain à travers la diversité culturelle.

Sans prétendre à l'exhaustivité et à l'exclusivité, nous voulons orienter notre modeste analyse à travers ces deux positions théoriques à savoir l'anthropologie et la sociologie politique dans la mise en exergue de l'influence variable, inégale existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun. Ce qui nous suggère la formulation de la problématique et des hypothèses qui suit.

F. PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES

La problématique (1-) précède les hypothèses (2-).

1. ProblématiqueROBLÉMATIQUE

La problématique d'une recherche est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ.Elle est une manière d'interroger les phénomènes étudiés en vue d'obtenir de nouvelles informations211(*). C'est en quelque sorte un écart ou un manque à combler dans le domaine de la connaissance entre ce que nous savons et ce que nous devrions ou désirons savoir sur le réel212(*).Partant de ces considérations qui précèdent, la problématique « devient » une étape-charnière de la recherche située entre la rupture et la construction213(*). Car, c'est elle qui permet de constater l'écart entre une situation de départ insatisfaisante et une situation d'arrivée désirable214(*). Pour y parvenir, il faudra dans un premier temps exploiter les lectures et faire le point sur les différents aspects du problème qui y sont mis en évidence afin de mieux méditer comme personne n'a encore médité sur ce que tout le monde a devant les yeux215(*).

Il nous revient ainsi de construire une problématique qui sied à notre travail de recherche. Ce qui a été fait par la revue critique de littérature. La préoccupation des relations de l'administration allemande avec les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun durant la période de 1884 à 1916, tire ses origines des conséquences et des effets que la colonisation allemande a engendrés sur le fonctionnement sociopolitique de ces deux types de sociétés : l'une, BamounBamun, centralisée autour d'un Roi/Sultan et l'autre, Duala, dont le pouvoir est soumis à l'influence de plusieurs chefs qui gèrent les différents cantons. C'était d'ailleurs le prince BELL qui faisait office de « chef » coordonnateur, et qui présidait à toutes les cérémonies officielles telles que le « Ngondo ».

Eu égard à ce qui précède, notre question centrale est la suivante :

- Quelle est l'influence mutuelle entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun au regard de l'histoire politique du Cameroun ? En d'autres termes, comment ces institutions ont eu un impact l'une sur l'autre ?

Autour de cette question centrale, s'ajoutent des questions connexes à savoir :

- Comment s'est exercée la domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun?

- Quelle est la part de l'influence des pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun sur l'administration coloniale allemande ?

Consécutivement au travail de terrain, nous avons formulé des hypothèses.

2. Hypothèses 

Élément déterminant de spécification de l'étude, au même titre que la problématique, l'hypothèse est une proposition de réponse à la question posée. Elle est nécessaire au sens où l'indique ClaudeBERNARD : « Si l'on expérimentait sans idées préconçues, on irait à l'aventure ».Il donnait en effet de l'hypothèse la définition suivante » ... une interprétation anticipée et rationnelle des phénomènes »216(*).Comme on le constate, il n'y a pas d'observation sans formulation d'hypothèse de recherche, si sommaire soit-elle. Et Claude BERNARD ajoute ceci : « Une observation aveugle de la réalité n'est pas possible et, comme on l'a dit, à ne pas savoir ce que l'on cherche, on risque de ne pas savoir ce que l'on a trouvé »217(*).Ainsi, notre étude comporte une macro-hypothèse et des micro-hypothèses.

Notre hypothèse principale ou macro-hypothèse est la suivante :

-Il existe une influence variable, inégale entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun au regard de l'histoire politique du Cameroun.

Des hypothèses connexes ont été agencées pour éclairer davantage l'hypothèse principale. Elles sont construites autour de deux axes essentiels et représentent chacune une réponse opératoire aux problématiques secondaires sus énoncées :

1 - L'administration coloniale allemande a dominé les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun non seulement par l'application du principe de l'Hinterland, mais aussi au regard des logiques et dynamiques de domination qui donnent à voir le conflit et la coopération.

2- Les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun ont exercé une influence certes, mais relative sur l'administration coloniale allemande du fait de l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun d'une part ; et du pragmatisme de situation de cette administration coloniale allemande à l'égard des chefs Duala, d'autre part.

G. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

Dans toute recherche scientifique, le chercheur doit exprimer la pertinence ou portée scientifique du sujet en indiquant en quoi ce sujet s'inscrit dans les préoccupations scientifiques, en quoi ce sujet contribuera à l'avancement des connaissances et en quoi le sujet est original et d'actualité, surtout sous l'angle abordé218(*). Ainsi, l'intérêt suppose de relever l'utilité de l'étude dans un système de pensées et d'actions.

A cet effet, l'étude envisage de positionner au centre d'un débat heuristique, la problématique de l'influence mutuelle entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala au regard de l'histoire politique du Cameroun.

Il revient de faire part de l'impact réciproque en analysant les mécanismes d'adaptation des chefferies traditionnelles Duala et BamounBamun au pouvoir colonial allemand d'une part, et d'autre part, de l'administration coloniale allemande aux gouvernances traditionnelles Duala et BamounBamun.

Si l'on s'accorde avec MaxWEBER que le « travail scientifique est solidaire d'un progrès »219(*), notons également à la suite d'Alfred GROSSER220(*) que les connaissances qui s'en dégagent sont bien cumulatives. De ce fait, le but de toute production scientifique est de confirmer l'utilité de la science (« recherche de la vérité »)221(*) dans le développement social.

Il s'agit pour nous, dans la présente étude, de nous inscrire dans la suite de nos devanciers en essayant d'approfondir les études d'anthropologie politique.

Ainsi, le sujet portant sur « L'administration allemande et les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala de 1884 à 1916, analyse de l'histoire politique du Cameroun », s'inscrit dans le champ disciplinaire de la science politique.

Notre étude, de manière générale, envisage les liens étroits entre l'administration allemande et les pouvoirs politiques traditionnels de 1884 à 1916. En d'autres termes, il s'agit des faits marquants ayant jalonné cette collaboration ou coopération et leur incidence dans l'histoire politique du Cameroun. C'est donc une étude qui revêt à la fois un intérêt tant heuristique que pragmatique.

D'un point de vue heuristique, nous pouvons dire que la conquête allemande a été à double tranchant. Quel est le nombre [supposé] exact des exécutions, des populations soumises aux travaux forcés et au racket ?

La colonisation allemande a-t-elle eu un rôle positif ou plutôt négatif sur l'évolution politique du Cameroun. En quoi et dans quel [s] secteur [s] marquant [s] les sociétés politiques traditionnelles BamounBamun et Duala ont-elles été profondément marquées par l'administration allemande ?

C'est donc une analyse qui, en suivant le chemin ouvert par des prédécesseurs, ouvre aussi de nouveaux horizons. Car elle nous permet, en outre,de comprendre que les sociétés BamounBamun et Duala ont bénéficié de l'expertise et du savoir-faire de l'administration allemande.

Par ailleurs, il est également question de voir que la colonisation allemande a permis de considérer que le Cameroun était une zone à exploiter, et que les populations allaient servir de main d'oeuvre à cette opération.Sur le terrain, les Allemands ont créé de grandes plantations de produits d'exportation.

La signature des différents traités permettait ou n'autorisait pas à occulter la dimension répressive et brutale des méthodes employées pour atteindre leurs objectifs.Et l'épisode des multiples révoltes dans les plantations, allant même, jusqu'à la grève de l'impôt témoigne de ces tensions entre les Allemands et les populations camerounaises.

Toutefois, il faut reconnaître que les Allemands ont désenclavé le Cameroun à travers l'évacuation des produits cultivés. En effet, ces derniers construisirent des routes, des ports,et surtout des chemins de fer. Ils mirent également en place les premières infrastructures télégraphiques, téléphoniques et radiotélégraphiques.

Il s'agit donc de voir de quelle manière les chefs traditionnels, en particulier ceux BamounBamun et Duala, ont participé et subi l'expansion de la conquête allemande au Cameroun. Négliger cet aspect, c'est oublier que tous les acteurs ont eu à mettre en lumière différents angles et aspects de la colonisation aussi glorieux qu'obscurs.

Ces hypothèses ont été vérifiées en fonction d'une orientation méthodologique appropriée.

II. CONSIDÉRATIONSMÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATOIRES

La théorie est un « ensemble intégré de concepts et de sous concepts que l'on tente habituellement d'utiliser pour mieux structurer l'explication de la réalité »222(*). L'impératif d'expliquer la réalité conditionne même la valeur scientifique de la théorie.

Car, comme affirmait MichelBEAUD : « La théorie ne peut se juger à sa seule cohérence interne, mais par rapport à sa capacité à rendre compte du réel »223(*).Cependant, toute théorie ne peut expliquer qu'un volet seulement de la réalité sociale. Il faut également recourir à la méthode.

En toute science, la première condition du progrès c'est la méthode224(*). La méthode se trouve donc être l'ensemble des opérations intellectuelles qu'une discipline met en oeuvre pour démontrer, vérifier et établir les vérités qu'elle poursuit225(*). Ainsi dans le processus de recherche en sciences sociales, le chercheur doit toujours se comporter comme un chercheur de pétrole.

C'est ainsi dire que de même que le chercheur de pétrole mobilise des outils méthodologiques qui lui permettront de parvenir à ses fins pétrolières, de même, le chercheur devra en faire autant pour cerner son objet d'étude226(*). Ce faisant, dans la perspective de notre travail, nous avons usé d'un syncrétisme méthodologique qui prend en compte les méthodes d'analyse d'une part (A-) et d'autre part, les techniques de collecte des données (B-).

A. LES MÉTHODES D'ANALYSE

La méthode est une notion ambiguë qui renvoie à plusieurs acceptions. MadeleineGRAWITZretient d'ailleurs trois sens. Du point de vue philosophique, la méthode représente « l'ensemble des opérations intellectuelles pour lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »227(*). Par rapport à l'objet d'étude, elle devient une « façon d'envisager ou d'organiser la recherche »228(*).

Enfin, elle désigne souvent une notion propre à une discipline des sciences sociales229(*). Quel que soit le sens considéré, la méthode demeure importante dans le processus de la recherche scientifique. Elle « accroît la capacité explicative du discours de la recherche scientifique en l'affinant davantage de manière à lui donner plus de crédit ».230(*)

L'analyse des données obéit à une démarche méthodologique précise. Dans cette étude, trois méthodes sont employées. Nous avons entre autres, la méthode historique (1-), la méthode comparative (2-) et le constructivisme (3-).

1. La méthode historique 

L'approche culturaliste et historique est un courant de l'anthropologie né aux États-Unis sous l'impulsion principale de RuthBENEDICT, RalphLINTON, AbramKARDINER et CoraDUBOIS. Elle tente une description de la société sous les points de vue conjugués de l'anthropologie et de la psychanalyse.

Le culturalisme constitue un des courants qui a dominé la sociologie américaine des années 1930 jusqu'aux années 1950. En empruntant la notion de culture aux anthropologues, il cherche à rendre compte de l'intégration sociale.

S'appuyant sur l'observation des sociétés archaïques,les culturalistes mettent en évidence l'influence prépondérante de la culture et des habitudes culturelles d'éducation sur la personnalité de base des individus.

L'approche culturaliste et historique231(*) nous permettra d'amorcer un recueil chronologique sur l'histoire politique du Cameroun pendant la période coloniale allemande. En effet, on se rend compte que les relations existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala ont donné lieu à des situations complexes, ambiguës empreintes de méfiance, de brutalité, de respect mutuel, et, surtout, d'alliances entre les différents acteurs.

Quant au champ de la sociologie et de l'anthropologie politiques dans lesquels nous nous situons, la méthode historique va combler les lacunes des faits et des évènements en s'appuyant sur un temps, peut-être artificiellement reconstruit, mais assurant une continuité, et un fil conducteur pour notre étude232(*).

Cela est d'autant plus pertinent lorsqu'on sait avec Marcel MAUSS et PaulFAUCONNET qu'on n'a pas besoin de connaître la date d'un fait social pour s'en servir, pourvu que l'on connaisse ses antécédents, ses concomitants, ses conséquents, en un mot tout le cadre social233(*).

Dans le cadre de notre étude, la méthode historique nous a permis de retracer la période coloniale allemande au Cameroun, ainsi que les liens ayant existé entre l'administration allemande et les différentes autorités traditionnelles qui ont eu un impact sur l'évolution sociopolitique du Cameroun.

Cette approche a aidé, à travers la diachronie et la synchronie, d'apprécier l'influence que la colonisation allemande a eue sur les sociétés traditionnelles BamounBamun et Duala, et, inversement, l'influence de ceux-ci sur celle-là. La synchronie et la diachronie sont deux dimensions d'un même objet d'étude. La première est son état à un moment donné du temps tandis que la seconde intègre les évolutions de son état dans le temps.

L'usage de la synchronie nous as permis de caler notre travail sur une intervalle de temps allant de 1884 à 1916. En effet, en 1884, les Duala signent avec les Allemands le traité du 12 juillet 1884. 18 ans plus tard, c'est-à-dire en 1902, les Allemands débarquent à Foumban.

Cette différence d'une quinzaine d'années ne nous as pas empêchés de montrer les similitudes au niveau de la domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques concernés.

Les faits synchroniques sont systématiques ; les faits diachroniques sont particuliers, hétérogènes, isolés, et en outre sont extérieurs au système. En effet, du fait de la position privilégiée des chefs Duala sur l'estuaire du Wouri, ils seront les premiers à prendre contact avec les envahisseurs étrangers au détriment des autres peuples présents à l'intérieur des terres. Nous supposons que les pénibles conditions de voyage des occupants allemands ne leur ont pas permis de vite explorer le territoire camerounais. Par ailleurs, la traite des esclaves et les échanges commerciaux mobilisaient la plupart des troupes au niveau des côtes et non à l'intérieur du pays.

Concernant la diachronie, elle peut apparaitre difficile à émerger dansla mesure où nous sommes en face de deux entités politiques traditionnelles aux structurations différentes. Le Royaume Bamoun est structuré autour d'un chef unique avec un pouvoir et une autorité affirmées sur ses sujets. Par contre, revenir sur les cantons Duala (BELL, AKWA et DEIDO) était un exercice difficile car il fallait prendre en compte les avis de chaque chef ; il fallait toujours une collégialité pour la prise de décision sous risque de tensions communautaires. Cette dichotomie sera d'ailleurs antérieure à l'arrivée des colonisateurs allemands.

2. La méthode comparative 

L'analyse comparative consiste à rechercher les différences et les ressemblances existant entre les situations qui font l'objet de la comparaison, en interprétant la signification de ces ressemblances et de ces différences et en essayant de découvrir à travers elle des régularités.

Émile DURKHEIM précisait le mécanisme fondamental de la comparaison en ces termes :« Nous n'avons qu'une matière de démontrer qu'entre deux faits il existe une relation logique, un rapport de causalité par exemple, c'est de comparer les cas où ils sont simultanément présents ou absents et de rechercher si les variations qu'ils présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l'un dépend de l'autre »234(*).

En effet, l'analyse comparative ne peut valablement être utilisée que si les situations choisies pour la comparaison présentent un certain degré d'analogie. La comparaison ayant pour but de relever et d'étudier les ressemblances et les différences existant entre les phénomènes comparés, ceci suppose qu'il existe entre ces phénomènes des ressemblances : c'est l'analogie. Mais si ces phénomènes ne sont pas totalement identiques, faute de quoi la comparaison n'aurait plus aucun intérêt.

C'est dire que deux points de vue doivent être pris en considération pour apprécier la validité d'une comparaison et le degré d'analogie des faits comparés.D'une part, les faits comparés doivent présenter une certaine analogie des structures et d'autre part, ils doivent présenter une certaine analogie de contexte.

En premier lieu, l'analogie des structures revêt deux significations. Elle suppose que les phénomènes étudiés ont une physionomie générale assez proche. Ainsi, peut-on comparer la société traditionnelle BamounBamun avec la société traditionnelle Duala, etc.

De plus, le degré de complexité des faits comparés ne doit pas être trop éloigné. De la sorte, on peut comparer les relations de l'administration coloniale allemande avec le Roi BamounBamun et les chefs Duala, mais il sera beaucoup aléatoire de comparer le fonctionnement de la société allemande avec le Cameroun précolonial en raison de la complexité différente de ces deux phénomènes. Dans la pratique, « cette appréciation de l'analogie des structures n'est pas très facile à réaliser du fait de la multiplicité des éléments qui compose la structure des faits sociaux »235(*).A cet égard, l'existence des typologies solidement fondées peut faciliter le travail du comparatiste.

En second lieu, l'analogie de contexte doit être prise en considération étant donné que les phénomènes sociaux n'existent pas de manière isolée. Ils sont intégrés dans un ensemble dont ils ne sont pas séparables sans risque de dénaturation. En effet, pour comprendreun phénomène social, il importe de ne pas négliger le contexte dans lequel il se situe.

Ce contexte est envisageable à un double niveau.Le contexte dimensionnel commande que le chercheur ne compare que deux phénomènes sociaux appartenant à des ensembles sociaux de dimension analogues. Il est dans ce sens évident que les problèmes posés par l'administration d'un village de 350 habitants sont difficilement comparables avec ceux posés par une ville de 150 000 habitants. Cependant, la difficulté réside ici sur la précision du critère à partir duquel le chercheur attend apprécier le contexte. Est-ce l'étendue du territoire ou alors le volume de la population ?

Par ailleurs, l'on ne peut ignorer le contexte culturel des faits comparés en entendant par-là l'ensemble des valeurs, des croyances, des traditions, des moeurs, des institutions, etc., qui constituent l'ensemble culturel, l'aire de civilisation dans lesquels s'insèrent les faits comparés.De plus, deux types de comparaison sont mis à la disposition du chercheur.

D'abord les comparaisons proches que nous utiliserons dans le cadre de cette étude, portent sur des phénomènes présentant un assez fortdegré d'analogie, tant par leur structure que par le contexte dans lequel ils se situent. De fait, ce type de comparaison vise avant tout à la précision : elle est minutieuse, scrupuleuse et détaillée. En revanche, les comparaisons éloignées se caractérisent par les libertés qu'elles prennent avec l'exigence de l'analogie. Elles portent sur des phénomènes de structures assez différentes, dont le contexte dimensionnel et culturel peut être assez éloigné236(*).

En rapport avec la présente étude, il y a recours à des référentiels prédéterminés237(*)pour pouvoir établir les points de convergences et de divergences entre les pouvoirs politiques traditionnels BamouDuala et Bamun.Une étude de leurs structures et notamment des processus de transformation au fil des évènements majeurs de la colonisation allemande au Cameroun permet de comprendre la situation.

D'abord, elle a aidé à mettre en évidence la manière dont les colons allemands sont entrés en contact avec les chefferies traditionnelles suscitées, et comment ces dernières ont participé positivement ou négativement à l'expansion de cette conquête.Ensuite, on peut se demander où se trouve la pertinence d'une telle ouverture pour la transformation et l'évolution de ces sociétés traditionnelles au fil du temps.

Enfin, il s'est agi de poser la question de savoir si tous les acteurs de cette période coloniale ont pu être mis en lumière ainsi que leurs rôles exacts ? Qui plus est, la comparaison amène à souligner une influence inégale, du fait de la domination de l'administration coloniale allemande, mais une influence relative des pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun.

L'administration coloniale allemande s'est démarquée au niveau des infrastructures qui sont encore visibles de nos jours. Il faut également ajouter que la chefferie BamounBamun a été plutôt coopérative alors que les chefferies Dualase sont plutôt opposées à celle-ci notamment à cause de l'expropriation de leurs terrains.

3. Le constructivisme

Le constructivisme, théorie de l'apprentissage, a été développé, entre autres, par PIAGET, dès 1923, face au behaviorisme qui, d'après lui, limitait trop l'apprentissage à l'association stimulus-réponse et considérait le sujet comme boîte noire. L'approche constructiviste s'intéresse à l'activité du sujet pour se construire une représentation de la réalité qui l'entoure238(*).

Le constructivisme part de l'idée que les connaissances de chaque sujet ne sont pas spécialement une « copie » de la réalité, mais un modèle plus ou moins fidèle de celle-ci construit par lui au cours du temps.

Le constructivisme s'attache à étudier les mécanismes et processus permettant la construction de ce modèle chez les sujets à partir d'éléments déjà intégrés. On est donc à l'opposé d'une simple approche « boîte noire »239(*). Plus largement, pour le constructivisme, le développement progressif d'un organisme depuis sa conception jusqu'à sa forme mure240(*) résulte de la construction d'organisations relativement stables qui se succèdent dans le temps241(*).Le constructivisme se décline en différents courants de pensée en fonction des disciplines épistémologiques dont les sciences formelles, les sciences exactes, ou encore,les sciences sociales auxquelles il s'applique.

En sociologie, le constructivisme social ou socioconstructivisme, est une vision de la sociologie contemporaine développée par Peter L. BERGER, sociologue et théologien américain d'origine autrichienne, et Thomas LUCKMANN, sociologue allemand dans leur livre The Social Construction of Reality242(*).

S'appuyant sur des arguments théorisés par Émile DURKHEIM, cette approche considère que la réalité sociale et les phénomènes sociaux sont créés et institutionnalisés et s'intéresse à la façon dont cette réalité est construite243(*).

ChezBERGER et LUCKMANN,la réalité est comprise d'un point de vue subjectif plutôt qu'objectif, c'est-à-dire telle que nous pouvons la percevoir plutôt que séparée de nos perceptions244(*). C'est pourquoi BorisCYRULNIK déclare : « Une institution est structurée comme une personnalité, avec des murs et des règlements qui matérialisent la pensée de ceux qui ont le pouvoir »245(*).

Par ailleurs, AlfredSCHUTZ pense que l'action sociale s'enracine au sein d'un environnement comportant un rapport à autrui qui s'articule autour d'un axe temporel et d'un axe spatial. Ce dernier remarque que le monde social est constitué d'acquis dont l'intégration est implicite dans les actions et les intentionnalités pratiques.Dans son quotidien, l'individu acclimaté à une culture intègre un ensemble de savoirs et savoir-faire qui aura le caractère d'allant de soi246(*), ces savoirs et savoir-faire étant tenus pour acquis- jusqu'à ce qu'il y ait altérité247(*).

Quant au constructivisme structuraliste encore appelé interactionnisme stratégique, c'est une méthode développée par PierreBOURDIEU, ErhardFRIEDBERG et Michel CROZIER.Pour eux, les entités sociales sont des acteurs sociaux qui sont en interaction dans un champ.Ce champ est semblable à un champ de forces en physique où se choquent et s'entrechoquent les différents acteurs en présence. Ici, l'acteur n'existe pas en dehors du système qui définit sa liberté. De même, le système n'existe que par l'acteur qui seul peut le porter et lui donner vie248(*).

Ainsi, l'on parle d'interaction stratégique car de même que le milieu impose à l'individu un répertoire de disposition durable que BOURDIEU appelle habitus249(*), de même l'individu à travers la marge de manoeuvre et de liberté qui lui est offerte, va mouvoir des stratégies qui lui permettront non seulement de satisfaire les exigences sociales, mais aussi de se satisfaire lui-même.

On assiste donc là à un double mouvement d'intériorisation de l'extériorité et de l'extériorisation de l'intériorité.Se ramenant à notre étude, le constructivisme a produit des règles et instruments juridiques tels que les traités et les arrêtés. Par exemple, la loi du 19 juin 1895 ainsi que le règlement de police du 22 mai 1895 interdisaient notamment aux Duala de faire du commerce dans leurs régions habituelles, leur retiraient leur main d'oeuvre, et la chasse leur sera interdite par la suite. LesAllemands procéderont aussi à une dévaluation de l'unité monétaire,le « Kroo ». A cet effet,si avant 1884, le « kroo » valait 20 marks, il sera réduit en 1885 à 12 marks et en 1891, à 10 marks.

Par un décret du 06 avril 1894, il sera complètement aboli, et le mark allemand, deviendra l'unique monnaie du territoire250(*). Par contre, le traité du 12 juillet 1884 va consacrer la naissance du Camerouninternational.Cela a produit des effets de réalité à savoir les effets émergents et les effets pervers.

B. LESTECHNIQUESDE COLLECTE DES DONNÉES

Bien qu'elle trouve ses origines et des développements dans les sciences sociales telles que l'histoire et la sociologie, la collecte des données n'est pas étrangère à la discipline de la science politique.

Les techniques constituent « des moyens d'aborder les problèmes, lorsque ceux-ci sont précisés »251(*). Elles représentent des « procédés limités, mettant en jeu des éléments pratiques, concrets, adaptés à un but pratique et défini »252(*).

Àcet effet, et pour ne pas nous démarquer de cet avertissement de DavidEASTON, il nous a semblé porteur de mener nos investigations sur plusieurs fronts. Pour cet auteur en réalité : « Si nous nous trouvons à une trop grande distance, nous ne pouvons voir que les grandes lignes, et cela n'a que peu d'intérêt pour une recherche utile ; mais si nous restons trop près, nous verrons les détails si nombreux et si confus que cela ne vaudrait guère »253(*).Dans le cadre de notre travail, les techniques sont les procédés qui nous ont permis de recueillir les informations essentielles pour la compréhension de notre étude.

En termes de collecte données, nous avons recouru à la fois les techniques documentaires(1-) et les techniques vivantes (2-).

1. Les techniques documentaires 

L'expression document est prise ici dans un sens large. D'après Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE,il s'agit de « tout élément, matériel ou immatériel, qui a un rapport avec l'activité des hommes vivant en société et qui de ce fait constitue indirectement une source d'informations sur les phénomènes sociaux »254(*). Ainsi, il n'y a pas de contact immédiat entre l'observateur et la réalité sociale dans l'observation documentaire.

C'est dire que les documents se présentent au chercheur à l'état brut et, pour en extraire les renseignements qui lui seront utiles, celui-ci doit procéder à leur analyse, à leur interprétation et dans certains cas à leur réinterprétation255(*).

Ce qui est important pour le chercheur, c'est la détection aussi bien de la signification évidente que la signification implicite du document. Ce qui fait l'intérêt de l'analyse du contenu des documents, dans sa dimension qualitative valorisée ici à celle quantitative en fait aussi sa faiblesse.

En effet, l'analyse quantitative du contenu consiste à étudier les documents en dénombrant les différents éléments qui le constituent, en les classant, en chiffrant leur fréquence, leur répétition. Si elle apparaît plus objective que l'analyse qualitative, ses résultats sont aussi souvent plus superficiels.

La finesse de l'analyse ici se paie par des risques de subjectivité dans la mesure « où sa valeur dépend en grande partie de la sureté de jugement de celui qui procède à l'analyse »256(*).

La distinction de ce qui est important et de ce qui est secondaire, de l'essentiel et de l'accessoire, donne lieu à des jugements de la part du chercheur avec le risque que ceux-ci soient influencés par sa subjectivité.Le document représente un instrument fondamental de la recherche. Il « offre l'avantage d'être un matériau objectif en ce sens qu'il soulève les interprétations différentes, il est le même et ne change pas »257(*).

Dans le même ordre d'idées, Jean-ClaudeCOMBESSIE remarque ce qui suit :« Dans toute recherche, les sources documentaires peuvent fournir à la fois des informations complémentaires et d'une diversification des éclairages »258(*).Ainsi, dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé les ouvrages généraux en sociologie politique et en anthropologie politique à l'instar des ouvrages de GeorgesBALANDIER, « Sens et puissance. Les dynamiques sociales »259(*) ; de GuyHERMET et al., « Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques»260(*) ou encore de DavidEASTON, « Analyse du système politique »261(*).

Pour ce qui est des documents officiels, nous avons mis à notre actif, la constitution du 18 novembre 1996, le décret N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles, l'arrêté N°244 du 04 février 1933 fixant le statut des chefs indigènes.Ces documents nous ont informés sur les dispositions normatives liées au statut des chefferies traditionnelles et de donner un aperçu sur le rôle des chefs traditionnels dans la vie politique nationale.

Les données de notre étude seront recueillies dans des sources officielles afin de confirmer leur authenticité... Il sera question pour nous de parcourir les ouvrages, les thèses, les mémoires, les articles, et autres travaux scientifiques ayant un rapport direct ou indirect sur l'objet de recherche, l'histoire politique du Cameroun, la colonisation allemande, les chefferies traditionnelles, etc.Par ailleurs, nous avons consulté les archives nationales du Cameroun à Yaoundé,les archives du Palais Royal de Foumban.

Pour ce qui est des documents privés, nous avons recueilli par exemple, les documentaires intitulés « La Grande Guerre au Cameroun » du Lycée Dominique Savio à Douala portant sur les entretiens de MM. Ananie BINDJI262(*), Albert François DIKOUME263(*), Jean-Jacques ANNAUD264(*). Valère EPEE265(*) ; l'article rédigé par M.DJOKODUBOIS à propos du « fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial : le cas du Cameroun sous domination allemande à l'ère du GouverneurVON SODEN 1895-1891 »et disponible sur le site de l'Institut allemand au Cameroun266(*) ;les films documentaires « DeutscheKolonien. Eine DVD-Edition zur deutschen Kolonialgeschichte »267(*) du producteur Peter HELLER.

C'est aussi le casde la série du cinéaste camerounais Jean-PierreBEKOLO nommée « Our Wishes : A Look on Colonial Africa », d'une durée de 26 minutes de 10 épisodes. « C'estun document que les chefs Duala ont rédigé pour faire connaître aux Allemands leurs souhaits alors qu'ils étaient en train de négocier le traité qui confiait leur territoire à ces derniers. Mais ce document a été ignoré par les Allemands et on connait la suite. Au-delà de cette histoire, s'il y'a une constante dans les relations entre l'Afrique et l'Occident, c'est que nos souhaits ne sont jamais pris en compte. Vous avez compris l'esprit de tout le projet : il s'agit d'entrer dans notre histoire pour en tirer des leçonsqui devraient nous servir d'aujourd'hui »268(*).

De même, nous avons utiliséles journaux tels que : le « Deutsches Kolonialblatt », pour l'administration locale au Cameroun ; l'« Amtsblatt Kolonialzeitung » pour la Société Coloniale Allemande ou la « Koloniale Rundschau » ; Cameroon Tribune, Le Journal du Cameroun ; les sites internet www.peuplesawa.com, www.dibambelasawa.com, www.auletch.com, etc.,qui nous ont fourni des informations importantes sur le vécu quotidien des populations et des officiels, et du climat géopolitique de cette époque.

Nous avons aussi pu entrer en possession des memoranda que certaines autorités ont adressé à la haute hiérarchie.

Toutefois, l'observation documentaire s'est révélée à elle seule insuffisante pour permettre d'appréhender notre sujet dans ses différents contours, d'où le recours à une technique vivante.

2. Les techniques vivantes : les entretiens

« Si la théorie aide à bien voir et mieux comprendre un fait social, elle n'est utile que si elle s'appuie sur un matériel empirique collecté parallèlement par le chercheur dans un terrain circonscrit »269(*).

C'est sur la base de ce principe élémentaire de la recherche fondamentale selon LESQUESNE270(*)que la deuxième étape de la collecte des données s'est voulue beaucoup plus pratique. La technique de l'entretien consiste« à provoquer une conversation réglée entre un enquêté et un enquêteur muni de consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien »271(*).Cette technique trouve son fondement dans la nécessité de démontrer les hypothèses que nous avons formulées. A cet effet, pour analyser la question de l'administration allemande au Cameroun,il nous a fallu recourir à l'entretien des acteurs de cette période et de l'époque actuelle.

Nous avons eu des discussions fructueuses avec le Professeur d'Université, Directeur des Affaires Académiques et de la Coopération de l'Université de Yaoundé I, Pr. Daniel ABWA ;le Secrétaire Général du « Ngondo », M. Pamphile YOBE ; le Directeur Adjoint de la Radio Communautaire du Noun, M. NJITARI NJOYA ; le Directeur des Affaires Culturelles du Palais Royal de Foumban, M. NCHARE ; le Guide conservateur du Musée depuis 2002, M. ALIDOUNJIKAM TOUNESSAH, un guide touristique de la ville de Foumban, Mme NGOUNGOURE BILKISSOU ; d'unvieillisseur d'objets d'art de la ville de Foumban, M. OUSMANE.

Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons choisi le département du Noun et en particulier la ville de Foumban. Nous avons également choisi les villes de Douala et de Yaoundé.

Foumban parce que c'est la ville où on localise le peuple BamounBamun dans sa majorité et où se concentre les richesses les plus visibles de ce peuple guerrier. Quant à Douala, c'est un territoire qui concentre en son sein, les chefferies Duala riches en histoire et qui ont fait basculer le Cameroun en pleine modernité.ConcernantYaoundé, c'est le lieu où vivent les intellectuels et certains hommes de culture qui ont côtoyé ces deux peuples.Sans ignorer l'apport des sources audiovisuelles,272(*) cette démarche à la fois théorique et pratique a permis d'opérer un croisement des données issues des diverses sources exploitées.

L'usage de la démarche quantitative qui a facilité le croisement, qui à son tour, a aidé non seulement de pallier quelques lacunes des sources documentaires, mais surtout d'êtreen phase avec le fait empirique et la réalité matérielle du phénomène social qu'est la colonisation allemande au Cameroun, surtout ses répercussions sur les chefferies traditionnelles Duala et BamounBamun.

A la suite de ce travail de terrain, nous avons définitivement arrêté les hypothèses qui font l'objet de démonstration.

C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE

Pour tout travail de recherche, une bonne articulation des idées est une valeur cardinale qui permet de présenter avec précision les phénomènes étudiés. C'est pourquoi partant des hypothèses de travail avancées et nous fondant sur l'analyse des données collectées, notre raisonnement s'est bâti sur deux principales parties, chacune articulée autour de deux axes.

Concrètement ces deux principales parties se déclinent sous les formulations suivantes:

PREMIÈREPARTIE : LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SURLESPOUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUN

Elle rend compte d'une part du principe de l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les territoires BamoDuala et Bamun(Chapitre I) et d'autre part, des dynamiques et des logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun(ChapitreII).

DEUXIÈMEPARTIE :L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUNSURL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

A ce sujet, les analyses portent, tour à tour,sur le pragmatisme de situation de l'administration coloniale allemande à l'égard des chefs Duala (Chapitre III) et sur l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun(Chapitre IV).

PREMIÈRE PARTIE :

LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN

Dans le souci de sécuriser les frontières du territoire qu'elle vient d'annexer au détriment de la Grande-Bretagne, l'Allemagne doit convaincre les autres puissances impérialistes de sa propriété sur le Cameroun.C'est à cette tâche qu'elle s'attèle à la Conférencede Berlin, convoquée pour éviter d'éventuels conflits entre les puissances européennes dont les intérêts s'affrontent en Afrique273(*). Puis, elle a procédé à la délimitation des frontières du Camerounavec les puissances européennes, qui lui sont voisines. Avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne fixe la frontière sud-ouest du Cameroun, de même qu'elle prolonge la frontière occidentale entre le 27 juillet et le 2 août 1886 : « du point terminal de la ligne primitive sur Calabar ou Cross-Rive, en diagonale, jusqu'à la rive droite de la Bénoué à l'Est de Yola », laissant cette ville dans la sphère britannique274(*).

Entre 1888 et 1894, toujours avec la Grande-Bretagne, un traité est signé le 15 novembre 1893 à Berlin. Celui-ci délimite la frontière occidentale du Cameroun, de Yola au lac Tchad, laissant le massif des Mandara à l'Allemagne. Un autre traité est signé à Londres entre l'Allemagne et le Royaume-Uni, le 11 mars 1913. Celui-ci s'intitule : « Arrangement entre le Royaume-Uni et l'Allemagne relatif au tracé de la frontière entre le Nigéria et le Cameroun de Yola à la mer et la réglementation de la navigation sur le fleuve Cross-River ». Il faut rappeler que c'est ce traité qui intègre la péninsule de Bakassi dans le Cameroun allemand. De même qu'avec la France, l'Allemagne signe des accords, le 25 décembre 1885 à Berlin, les deux puissances coloniales délimitent les frontières australes de leurs possessions. A travers cet accord, l'Allemagne renonce, au profit de la France, à tous droits de souveraineté sur les territoires au sud de la rivière Campo. En compensation, le gouvernement français renonce, lui aussi, à tous droits de souveraineté au nord de la rivière Campo. Un autre accord portant sur la frontière orientale du Cameroun, est également signé à Berlin, le 4 février 1894 et lui donne sa forme triangulaire. Le 18 avril 1908, est signée à Berlin la troisième convention entre la France et l'Allemagne.

Celle-ci concerne la frontière entre le Congofrançais et le Cameroun allemand. Le 04 novembre 1911, une nouvelle convention franco-allemande, modifie profondément le tracé des frontières. A l'issue de l'incident d'Agadir au Maroc, la France cède à l'Allemagne une partie de ces territoires de l'AEF275(*) d'une superficie de 275 360 km²276(*). Cette compensation territoriale est d'ailleurs l'une des causes de la guerre au Cameroun. Le « Grand Cameroun » est ainsi formé avec une superficie de 787 840 km².C'est sur ce territoire que l'Allemagne va exercer sa domination.

Nous allons aborder dans le chapitre I, le principe de l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les territoires BamouDuala et Bamun(Chapitre I).Le chapitre II, quant à lui, va rendre compte des dynamiques et logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun(Chapitre II).

CHAPITRE I :

LE PRINCIPE DE L'HINTERLANDETL'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SURLESTERRITOIRESBAMOUNDUALA ET BAMUN

Ce chapitre a pour objectif de présenter le principe de l'hinterland, donc l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les territoires BamounDuala et Bamun. Ceci passe par la mise en relief du principe de l'hinterland sur les territoires et les peuples BamounDuala et Bamun. Cette présentation des stratégies d'occupation du colonisateur allemand sur ces deux sphères territoriales nous permettra d'apprécier, à leur juste valeur, les mutations profondes consécutives à la domination coloniale et à la tentative d'encadrement des pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun.

Nous présenterons le principe de l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur le territoire BamounDuala(Section I) et sur le territoire Bamun (Section II).

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SECTION I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLANDETL'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE DUALA

La politique coloniale au Cameroun et ailleurs était basée sur le « Herrenvolk » ou la théorie de la race supérieure. LesAllemands promurent cette théorie de telle façon que tous les Camerounais quels qu'ils soient apprirent à considérer leurs maîtres allemands comme des êtres supérieurs. Lorsque les Allemands colonisèrent le Cameroun en 1884, Douala était dirigé par 02 rois et 02 princes qui exerçaient leur autorité dans chacune de leur localité.Les administrateurs coloniaux allemands débutèrent leur travail en essayant d'unir les différents groupes ethniques de Douala en vue de réduire le nombre de chefs dans cette localité.

Le 17 juillet 1885, VON SODEN présida une réunion à Douala à laquelle participaient 14 chefs Duala. Le point principal de la discussion fut l'union de tous les chefs Duala. Le but poursuivi par VON SODEN tentait de réduire le nombre de chefs avec lesquels il devait traiter mais le projet n'aboutit pas car ni le gouvernement allemand ni les chefs ne le soutinrent.Au Cameroun, les Allemands pratiquèrent le système d'administration coloniale que les Britanniques appelèrent plus tard « Indirect Rule »277(*), mais avec des modifications. L'administration indirecte, appliquée par les Allemands était utilisée de concert avec le principe du « divide ut impera »278(*). Bien qu'au départ ce principe ne fut pas envisagé par VON SODEN pour les Duala, il exploita néanmoins à l'avantage des Allemands l'antagonisme persistant entre le roi Akwa et le roi BELL. Ce point de vue a été exprimé par le neveu du roi BELL, AlfredBELL, dans une lettre écrite depuis l'Allemagne à son ami NDUMBEEYUNDI, installé à Douala. Dans sa correspondance, AlfredBELL écrivit : « ... (Le GouverneurSoden) sait que si Ndumbe (le RoiBell) et Dika (le RoiAkwa) vivaient en paix, les Allemands n'auraient pas la possibilité de s'imposer sur les Duala. C'est pourquoi il (Soden) ne se donne aucune peine pour faire régner la paix dans le pays ».279(*)

Le principe du « diviser pour régner » tel qu'il fut pratiqué par les Allemands favorisa le RoiBell dans la mesure où les Allemands tentaient par tous les moyens de minimiser la puissance et l'influence du roi AKWA. Afin de souligner l'autorité allemande, l'administration coloniale n'hésita pas à déporter les délinquants des cantons BELL et AKWA.La politique allemande qui consistait à semer la division entre les chefs locaux, ne fut pas seulement limitée aux Duala, mais utilisée également chez d'autres peuples comme la chefferie Bafut.

Nous nous intéresserons à l'origine du peuple Duala et à l'organisation de sa structure sociale (Paragraphe I), et les sanctions encourues en cas de désobéissance des chefs Duala(ParagrapheII).

PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE SOCIALE

L'organisation politique et sociale se fondait sur la parenté, puisque chaque communautése réclamait généralement d'un ancêtre commun ; il en était de même pour le peuple Duala.Tous les Duala avaient pour ancêtre commun « EWALE », fils de MBEDI. C'est la déformation du nom de l'ancêtre qui donna plus tard Duala.

Vraisemblablement jusqu'en 1810, les Duala étaient tous sous l'autorité d'un chef unique, issu du lignage BELL ; l'Anglais ROBERTSON de passage à Douala vers cette époque dit qu'un « indigène » qui se fait appeler King BELL détient l'autorité principale.King BELL était donc reconnu comme étant le seul chef supérieur des Duala puisqu'il était à l'époque le seul à porter le titre de « King ».

Mais dès 1814, KingBELL trouvait son pendant en la personne de « Ngand'a Kwa du lignage Bonambela » ; ce dernier, à la suite de dissensions au sein de la branche BELLqui s'était en quelque sorte affaiblie, avait réussi à se rendre indépendant et portait désormais le titre de « King ». Ce phénomène de segmentation, défini par LOMBARD comme étant un système selon lequel les groupes familiaux inférieurs se divisent pour former les uns vis-à-vis des autres,des unités antagonistes, fut sans doute une caractéristique de l'ethnie Duala.En effet, au sein des branches Bell et Bonambela va se produire au milieu du 19ème siècle une nouvelle scission, et les deux Kings devaient désormais compter avec les chefs de leurs sous-lignages280(*).

La communauté villageoise était constituée par des groupes patrilinéaires et représentait une unité politique avec à sa tête le « sango a mboa » qui signifie le père de la maison. La chefferie en tant qu'institution coutumière était reconnue mais son organisation était peu marquée. Le pouvoir était partagé entre segments du groupe ethnique. Le chef de segment le plus ancien était accepté comme chef de la communauté ; il jouissait certainement d'un plus grand prestige mais n'était en fait qu'un « primus inter pares ». Pour garantir la cohésion des différents segments, il existait une institution appelée « Ngondo » qui représentait l'ethnie dans sa totalité et qui allait ainsi281(*) au-delà de l'autorité détenue par les Kings et les chefs.

Créé vers le début du 19ème siècle par King AKWA, le« Ngondo », cette assemblée du peuple Duala, était convoqué chaque fois qu'un évènement menaçait l'unité ethnique ou que l'ethnie devait faire face à une menace extérieure. La présidence du « Ngondo » revenait tour à tour aux chefs des deux principales branches, c'est-à-dire aux deux Kings.

Cependant, l'autorité du « Ngondo » ne semblait pas très importante face à celle de ces derniers282(*). Du point de vue économique, les Duala pratiquaient l'agriculture, la chasse, l'artisanat et la pêche, activités qui leur permettaient de couvrir leurs propres besoins ; mais très tôt,ils s'orientèrent vers le commerce...

Les principaux produits du trafic étaient l'huile de palme et l'ivoire ; ils étaient échangés contre les rames à feu, la poudre, la verroterie .... Ils comprirent surtout après leur installation définitive sur le fleuve Wouri qu'ils ne pouvaient pas que vivre des produits de la pêche. Alors, ils conquirent de vastes territoires dans l'Hinterland où ils installèrent leur plantation car ils avaient besoin de matières premières pour leur propre consommation et pour le commerce avec les Européens. Ils possédèrent de vastes plantations dans le Nkam, le Mungo, la Sanaga-Maritime et le Sud-Ouest. Le commerce d'esclaves aussi faisait partie de leur principale activité économique et fut abolie au début du 19ème siècle par les missionnaires anglais notamment Alfred SAKER283(*).

En 1843, avec sa femme, Alfred SAKER est engagé comme missionnaire par la Société missionnaire baptiste et prend un bateau pour la Jamaïque, avant d'arriver à Port Clarence (Malabo) sur Fernando Poo (île de Bioko, Guinée équatoriale) en 1844284(*). En 1845, il rejoint Douala au Cameroun et y fonde une école285(*). En 1849, Alfred SAKER fonde l'église baptiste Béthel286(*). Alfred SAKER fonde la ville de Victoria (aujourd'hui Limbé) au Cameroun en 1858287(*). Dans ces actions d'évangélisation, il traduit la Bible en langue Duala288(*). Un monument à sa mémoire a été érigé à Limbé, à l'occasion du centenaire de la ville (1858-1958).

Les lieux suivants portent son nom :

· A Limbé : Le Collège Baptiste Saker et l'Église baptiste Alfred Saker.

· A Douala : Le Collège Alfred Saker Deïdo et la Rue Alfred Saker à Douala.

Les Baptistes sont les premiers missionnaires chrétiens à s'installer de façon permanente au Cameroun en 1843. En juillet 1884, ce territoire est sous la coupe de l'Allemagne. Les premières manifestations de la compétition missionnaire sur le terrain s'observent à Douala, dès le débarquement en 1890 de missionnaires allemands appartenant à la société des prêtres Pallotins. À leur arrivée, les Baptistes et les Bâlois ont déjà un grand nombre d'adeptes sur la côte camerounaise, principalement à Douala et à Victoria289(*). Jesko VON PUTTKAMER, alors gouverneur par intérim les accueille290(*). PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur ZIMMERER...Il exprime sa joie de voir des missionnaires catholiques travailler aussi, aux côtés du gouvernement allemand, à la « mission civilisatrice » des peuples du Cameroun291(*). Il veut savoir où les Pallotins auraient l'intention de commencer leur oeuvre d'apostolat.

Mgr VIETER lui répond que WOERMANN à Hamburg leur avait conseillé Édéa292(*). En réalité, le directeur de ladite compagnie commerciale avait fait valoir qu'aucune autre mission n'était installée en ce lieu293(*). De plus, Édéa est en communication, par le fleuve, avec Douala et peut être considérée comme une porte d'accès facile vers l'intérieur du pays. En fait, WOERMANN (protestant) avait l'intention d'y ouvrir une factorerie et pensait que la présence des missionnaires dans cette localité relativement peuplée attirerait une clientèle autochtone importante294(*). Dans ses mémoires, Mgr VIETER lui-même révèle que l'agent.... Mais, Jesko VON PUTTKAMER, partisan de la politique religieuse de BISMARCK en matière de division du territoire en zones d'influence confessionnelle295(*)296(*).

La principale raison réside dans le fait que les Baptistes, les missionnaires de la Mission de Bâle et les Presbytériens américains sont à l'oeuvre sur la côte du Cameroun et ses environs, depuis quelques dizaines d'années. Les Presbytériens sont au Sud ; tandis que les Baptistes et les Bâlois occupent Douala, Sanaga, Victoria et ses environs. Il ne reste que la région située au Nord de ce territoire. C'est donc celle-ci que le gouverneur propose aux Pallotins297(*). Son intention est de partager le territoire du Cameroun entre ces quatre sociétés missionnaires, afin d'éviter les querelles religieuses.En réaction à cette proposition, le Père WALTER fait vivement savoir au gouverneur que son projet de partage du territoire en « zones d'influence confessionnelle » est contre les décisions de la Diète298(*).

Du côté de la direction de la Mission de Bâle, le pasteur BOHNER, ayant appris l'arrivée des Pallotins, s'oppose à leur installation, aussi bien à Douala qu'à Édéa299(*). Il la dénonce « comme un danger au même titre que l'alcool »300(*). Dans la logique des Bâlois, la partie Nord du littoral camerounais devrait demeurer la « chasse gardée » de leur société missionnaire. BOHNER le signifie d'abord au gouverneur, puis aux deux Pères, après sa démarche infructueuse auprès de l'autorité allemande301(*). Mais les Pallotins opposent une résistance tant à VON PUTTKAMER qu'au missionnaire bâlois, dont l'intention commune est de partager le Cameroun entre catholiques et protestants.

Mgr VIETER s'en explique :« Je voulais éviter à tout prix un partage. J'aurais préféré rentrer en Europe plutôt que d'accepter du gouvernement un petit coin du Cameroun avec interdiction de pénétrer dans les territoires où travaillaient les protestants »302(*). Le vicaire apostolique du Cameroun tient à affirmer la catholicité de sa Mission. Il ne peut en être autrement à ses yeux, car le droit de limiter, d'accroître ou de diviser quelque territoire missionnaire catholique que ce soit n'appartient qu'à Rome303(*)304(*).

Longeant la côte un peu plus au sud, ceux-ci remontent le fleuve Sanaga et s'établissent, non loin de son embouchure, sur une colline à laquelle ils donnent en 1890, le nom de « Marienberg » ou Montagne de Marie305(*). C'est en fait à partir de là, qu'ils essaiment d'abord à Édéa (1891), Kribi (1891), Engelberg ou Bojongo (1894). Puis, ils prennent pied à Grand-Batanga (1900), Yaoundé-Mvolyé (1901), Ikassa (1906), Einseideln ou Sasse (1907), Victoria (1908), Ngovayang (1909), Dschang (1910), Ossing (1912), Minlaba (1912), Deïdo (1913)306(*).

Les progrès sont plus rapides encore dès que, avançant vers l'intérieur, ils sont en contact avec le groupe « béti » de la région de Yaoundé307(*)Néanmoins, c'est sur la côte et les environs du mont Cameroun que les Pallotins allemands ont la plupart de leurs Missions308(*). Il faut attendre jusqu'en 1898 pour qu'ils puissent retourner à Douala et y prendre pied. Ils ont désormais dans leur jeu plusieurs atouts. L'Allemagne qui n'a que peu de colonies peut consacrer à ceux-ci des moyens financiers et matériels capables de les développer rapidement. La nouvelle congrégation missionnaire, selon Maurice BRIAULT, « apparaît (donc) aux 27 millions de catholiques allemands comme l'une des rares qui se situent nettement sous leur pavillon national »309(*). Cette donnée encourage leur générosité. Ensuite, les autorités coloniales allemandes du Cameroun, se réglant sur l'esprit de Berlin, ne se montrent à l'égard des Pères Pallotins et leurs oeuvres, ni tracassiers, ni méfiants. Parfois même, elles les encouragent ouvertement310(*).

Avec l'arrivée des missionnaires, les Duala traversent une période de renouvellement culturel vu que ceux-ci abhorraient la plupart des pratiques locales, y compris la nudité. Ajouté à l'embarras qu'avait leurs épouses faces aux jeunes filles nubiles se mouvant peu couvertes devant leurs époux, il ne fallut pas longtemps pour qu'il soit inculqué aux femmes que seule une tenue décente plaisait au Seigneur. C'est ainsi que celles-ci commencent à se vêtir d'une couverture rugueuse qu'elles appelaient en leur dialecte « kaba », une déformation du mot anglais « cover ». Ce grand sac avec des ouvertures pour la tête et les bras fût le premier vêtement indigène, développé sous l'influence des européens.

Ayant appris les arts ménagers et la couture de Helen SAKER311(*), c'est au début du 20ème siècle alors que la mode victorienne battait son plein (grandes jupes sous des corsages à même le corps) que les autochtones ont commencé à créer, tailler et coudre leurs propres « couvertures ».

La coquetterie féminine fit le reste et peu à peu elles mirent en pratique leur sens du goût et du style en transformant le sac difforme original en un vêtement Duala authentique et sophistiqué. Il est rapporté qu'au milieu des années 1940, seules les femmes âgées portaient des « kaba », non seulement en signe de maturité mais aussi de prestige, car il fallait beaucoup d'argent pour se procurer autant de tissu.

L'import du tissu était de plus en plus fréquent avec les familles et les communautés faisant produire des tissus portant l'emblème ou le totem familial en signe d'appartenance. Voilà pourquoi le « kaba » des « Bonamikengué » a des fourmis comme motif, celui des « Bonadoumbé » a une houe et des feuilles de manioc tandis que celui des « Akwa » porte les 20 villages qui forment le canton.

Au fil des années donc, il eut une explosion des barrières régionales, culturelles, linguistiques, sociales et géographiques du « kaba » qui pourtant n'a pas toujours eu la notoriété dont il jouit aujourd'hui.

En effet, les deux décennies qui ont suivi l'indépendance étaient plutôt sombres pour le « kaba » qui s'est vu relégué au fond des placards, porté que pour les travaux ménagers, les enterrements et les jeunes filles le trouvaient disgracieux et pour les grand-mères.

Dans les années 1980, les tailleurs exerçant dans les marchés renversent la tendance créant ainsi le « mini-kaba ». Dans les années 1990, les stylistes modélistes exploitent cette tendance lucrative. La camerounaise Ly DUMAS étant la plus prisée car elle utilisait de merveilleux tissus comme le « Ndop » et était la première à exporter notre vêtement national. Autres créateurs de renommée internationale tels que PACO RABANNE, Parfait BEHEN, Caroline BARLA (et sa fameuse collection révolutionnaire de « kaba » en jean sous le label « Caramelle »), Rodrigue TCHATCHO et CHRISTALIX ont été subjugués par l'originalité du « kaba » qu'ils ont présenté sous plusieurs modèles haute couture.

Un festival annuel « Lambo la tiki » permet à des jeunes créateurs de relooker à chaque édition le « kaba ngondo » classique le rendant ainsi une tenue appropriée pour toutes les occasions ! Dans « Le Paradis Tabou », Valère EPEE explique qu'il existe plusieurs types de « kaba » à savoir : le « kaba » de cérémonie «mindènè», le « kaba » élégant «mukuku» et le « kaba » de maison « Misodi ». L'ensemble complet a emprunté des accessoires à d'autres cultures: l' « ébasi » européen, le « jupon » Togolais et l'écharpe « Igbo », jetée avec élégance sur l'épaule gauche. Grâce à sa popularité, le « kaba » est non seulement la tenue officielle du « Ngondo » depuis les origines des assises traditionnelles (d'où le nom « kaba ngondo »), mais il est également devenu un costume national féminin, porté lors de toutes sortes d'évènements.La « couverture » du 19ème siècle a fait du chemin ! Tout comme le « Ndolè » et le « Makossa », le « Kaba Ngondo » fait désormais partie de notre patrimoine national312(*).

Sur le plan de la spiritualité, le peuple Duala est un peuple animiste comme tous les peuples Bantou. Ils pratiquaient le culte des « Miengu » au singulier ou « Jengu » au pluriel qui sont des divinités aquatiques, à qui les Duala vouent un culte afin qu'ils intercèdent pour eux auprès du « NyambeWeke » ou le « Dieu créateur » afin qu'il accorde sa bénédiction.Chaque année,le 1er dimanche du mois de décembre, les « Sawa »313(*) se réunissent à Douala pour la messe de l'eau et l'immersion du vase sacré qui est la dernière articulation du « Ngondo ».

Le « Ngondo » est l'Assemblée traditionnelle du peuple Sawa. Autrefois, il jouait le rôle de gouvernement car c'est lui qui gérait tous les conflits concernant le peuple. Il y existe un certain nombre de sociétés secrètes dont : le « Mingi », l'« Ekongolo », etc...

En conclusion, les Duala sont des animistes mais reconnaissent l'existence d'un Dieu créateur appelé « Nyambe »314(*).Partant de là, nous nous sommes interrogés sur les origines du peuple « Duala »(A-) et les différents cantons qui le constituent (B-).

A. L'ORIGINE DU PEUPLE « DUALA »

Le peuple Duala fait partie du grand groupe ethnique Bantou. Partis de l'Égypte, ils longèrent le continent et s'installèrent dans un premier temps dans l'ex-Zaïre et y fonde une tribu appelée « Batoka » ; à la fin du 12ème siècle, une rixe éclata et le groupe se divisa : une partie prit le large et remonta l'estuaire. Une autre partie du groupe s'arrêta dans l'actuel Gabon et l'autre continua. L'histoire légendaire nous dit qu'ils ont chaviré et ont été accueillis à « Pitti » dans le département de la Sanaga-Maritime, leur chef était appelé MBEDIMBONGO.

Ils y rencontrèrent leurs frères arrivés avant eux du nom de NGASSEMBONGOqui les accueillit et ils cohabitèrent avec les « Mpo'o »315(*) . « Pitti » était un grand marché où Mbedi et sa troupe fournissaient le poisson316(*), les Bassa et les Mpo'o apportèrent du gibier et les produits de l'agriculture.

Un jour, lors de l'expédition de pêche, deux fils de MBEDI voyèrent dans le fleuve des peaux de bananes qui venaient du haut et alors, ils y sont allés et rencontrèrent d'autres clans Mpo'o et Bassa plus loin.Après la mort de MBEDI MBONGO, le groupe conduit par EWALA MBEDI, fils cadet de MBEDI MBONGO, alla s'installer à l'actuelle « Longasse » chez leur oncle NGASSE MBONGO.

Le problème d'espace se posa, alors les fils de MBEDIMBONGO s'éparpillèrent et allèrent occuper des terres dans l'actuel Littoral et y formèrent des clans autonomes. EWALE et son grand frère JONGO allèrent s'installer dans l'actuel plateau Joss et dans les zones de « Youpwe ». Ils y trouvèrent les « Mpo'o » qui leur céda quelques terres car leur mère était elle-même une « Mpo'o ».

Les livres d'histoires scolaires nous disent qu'il y eut une guerre entre ces deux peuples mais cette version des faits est fausse car un petit groupe de 10 à 20 personnes ne pouvait faire la guerre à plus d'un millier de personnes. Les Duala ont entrepris une série d'alliances et de mariages avec des filles « Mpo'o » et Bassa.

Ils prirent le contrôle économique car ils étaient d'excellents commerçants ; ils traitaient avec les Européens depuis leur départ du Zaïre.Ils imposèrent leur religion et leur culte. C'est ainsi qu'ils prirent le contrôle des territoires et obligèrent les deux autres peuples à aller chercher leur autonomie ailleurs317(*).

Partant de là, quelle est la signification du mot « Duala » (1-) et quels sont les toponymes lies au mot Duala(2-) ?

1. Que signifie le mot « Duala » ?

Le mot « Duala » est la forme contractée de « Doul'Ewala » qui signifie la rive ou l'embouchure d'EWALA MBEDI318(*)319(*). Pour le commun des habitants de Douala, le nom de cette cité est une altération phonétique d'EWALÉ, nom de l'ancêtre éponyme des Duala.

Cette version est contestée par EBÉLÉ WEI qui, dans l'ouvrage « Paradis tabou, autopsie d'une culture assassinée », professe que : « La ville de Douala qui (...) porte officiellement son nom actuel depuis le décret colonial allemand du 1er janvier 1901, le portait déjà rituellement depuis 1578 par la grâce de son fondateur Ewalé quand celui-ci installa son peuple au bord du Wuri (Wouri), en un lieu qu'ils baptisa péremptoirement Madu M'Ewalé ou l'embouchure d'Ewalé (situé entre l'estuaire et le plateau Joss, et plus tard étendu vers l'Aqua Beach, aux alentours de Bonamouti). MaduM'Ewalé progressivement simplifié en Madumalé, est la forme plurielle de Dul'Ewalé, simplifiée en Duwalé qui par la « faute » du génitif « A » de Duwal'A Mbedi est devenu Duala.

Dès lors, l'on peut considérer comme une anecdote ou un simple jeu de mots l'hypothèse situant l'étymologie de Duala à l'exclamation « Dua, Ala ! » (« Démarre, vas-y ! ») qui n'a rien à voir avec le débarquement des fils d'Ewalé, et encore moins avec le patronyme de l'ancêtre donné au site par voie de baptême »320(*).

Par ailleurs, quels sont les toponymes liés au mot « Duala » ?

2. Quels sont les toponymes liés au mot « Duala » ?

Il existe plusieurs toponymes liés au mot « Duala » dont les toponymes à signification culturelle. Nous entendons par là les noms qui « trahissent » l'origine des occupants du site et qui découlent de la langue parlée par les habitants dudit lieu. Dans l'ensemble, il s'agit surtout du cas des autochtones, les Duala et les Bassa étant considérés comme les tous premiers occupants de cette plaine, on trouve ainsi des toponymes à connotation clanique : BONA pour les Duala, et LOG pour les Bassa321(*).

· Les noms commençant par BONA

« Bona » en langue Duala signifie clan, famille, descendant, dynastie. Ainsi, « Bonapriso », « Bonatéki », « Bonandoumbe » désignent respectivement les clans de Priso, de Téki et de Ndoumbe. Dans certains cas, le nom de l'ancêtre a subi un processus d'apocope, ce explique qu'on ait « Bonadibong », « Bonangang », « Bonamounag » en lieu et place de « Bonadibongue », « Bonagangue » et « Bonamouangue ». En outre, le clan des « Bèllè » est devenu « Bonabéri » au lieu de « Bonabèllè ».Selon certains patriarches, « Bonabéri » serait plutôt venu de Bédi, tout comme certaines dynasties n'ont gardé que le nom de l'ancêtre à l'instar de Deïdo, Akwa, Bali322(*).

· Les noms commençant par LOG ou NDOG

La langue Bassa utilise LOG et NDOG qui sont d'ailleurs des allomorphes pour désigner les descendants. Ainsi, « Logbessou » signifie les descendants de Bossou et Ndogbong, les fils de Bong. De la même manière, on a des quartiers tels que « Logbaba », « Logpom », « Logbayangui », « Ndogkotti », « Ndogpassi », « Ndogbati », « Ndogsimbi ». L'ensemble de ces quartiers forme d'ailleurs la zone qu'on appelle le canton Bassa de la ville.

Quant à la pléthore des territoires, elle est simplement due au fait que les parents étaient généralement polygames et avaient une famille nombreuse et parfois belliqueuse qui devait à son tour agrandir le nombre des descendants de l'ancêtre commun...

A côté de cela, nous avons aussi des quartiers tels que « Bessengue » qui signifie terrain inoccupé en duala et « Nkommondo » issu de « Nkon u mondo » qui veut dire Nouveau terrain ou terre neuve en Bassa323(*).Dans le tableau ci-dessous, nous avons répertorié les principaux toponymes liés au mot « Duala ».

Tableau N° 1 :Référents Des Principaux Toponymes Liés Au Mot « Duala ».

Langue

Radical

Signification

Exemples

Duala

Bona ou Bo

Descendance de...

Famille de...

Bonanjo, Bonakou, Bojongo, Bonangang

 

Les... (Pluriel des mots commençant par é)

Bésséké, Béssengué

Basaa

Log ou Ndog

Descendance de...

Gens de...

Logbaba, Ndogsimbi, Ndokoti

 

Song

Tombe de...

Song-Mahop

 

So

Occupé par...

Découvert par...

Sodikombo, Sodiko

Bakoko

Ya

Descendance de...

Famille de...

Japoma

Source : J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms », p. 240. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Tableau N° 2 : Structure Sociétale Des Duala.

Unité sociétale

Dénomination en duala

Exemple

Sous-ethnie raciale

Nyasoso

Bombédi

Tribu raciale

Tumba

Duala

Fratrie (Phratrie)

Dinyanga

Bonamouléké

Lignage maximal

Tumbalamba

Bonanguiyé

Gens totémiques

Diolambia

Bona nyaka a Benda

Lignage majeur

Tumbalamba

Bonakou

Foyer organique

Dio

Bongkwak

Lignage mineur

Ndambia

Bonagando

Foyer moléculaire

Diolambia

Bonéléké

Lignage nominal

Mboa

Bonadika

Famille étendue

Eboko

Bonadika

Famille polygine

Mwélé

Bonabékéné

Famille polygamique

Ndamawala

Famille Bétoté

Famille nucléaire

Masoso

Famille Prince Dika Akwa

Famille monogame

Ndampongo

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Ménage

Dikaba

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Source : Prince DIKA AKWA NYA BONAMBELLA, 1982. J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms », p. 240. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Le peuple Duala possède plusieurs cantons que nous aborderons dans la suite de notre travail.

B. LESDIFFÉRENTS CANTONSDU PEUPLEDUALA324(*)

LesSawa sont un ensemble d'ethnies bantoues composées de la majorité des ethnies autochtones du littoral camerounais, ainsi que d'une partie des tribus de l'arrière - pays.

Ce qui englobe toutes les ethnies de langue sawabantu325(*), les ethnies de langue Manengouba326(*) certaines communautés Basaa, Yabassi et Bakoko des environs de Douala, et d'autres populations bantoues plus anciennes habitant cette région327(*).

Toutes ces populationsse reconnaissent comme appartenant à un même groupe bien que les fondements culturels et historiques de cette unité soient parfois assez nébuleux. C'est le « duala » qui sert de langue véhiculaire, il est parlé et compris dans toute la région, notamment grâce à l'hégémonie locale que les Duala ont acquise dès le XVIIème siècle à travers le commerce de produits tropicaux et d'esclaves avec les Européens. LesSawa sont concentrés principalement sur les régions du Littoral, une des huit régions francophones du Camerounet de la région du Sud - Ouest, une des régions anglophones du Cameroun.

Une petite partie des populations du groupe Sawa se trouve dans la région du Sud du Cameroun et sur la côte atlantique de la Guinée équatoriale notamment les Batanga et les Yassa. Pour le reste, il existe une diaspora Sawa dans certaines villes européennes et nord - américaines. Le « Ngondo » organisé annuellement à Douala est la principale fête des Sawa.La musique Makossa328(*), certaines danses329(*) et les tenues vestimentaires330(*) sont communes à l'ensembledes Sawa.Par ailleurs, le peuple Duala est formé de deux cantons à savoir le clan KUO et le clan NJO. Au sein de ces clans, on retrouve les BELL, AKWA et DEÏDOqui se regroupent autour de cantons.

Ainsi, un clan331(*) est un ensemble de familles associées par une parenté réelle ou fictive, fondée sur l'idée de descendance d'un ancêtre commun, qui, lui-même, peut-être réel, imaginaire ou mythologique. Ce mot d'origine écossaise332(*) a été choisi comme concept générique parles ethnologues, pour désigner tous les systèmes politiques fondés sur des familles élargies stables.Il est l'équivalent du mot français « gente », du latin « gens-gentis » qui désigne les familles patriciennes de la Rome antique et des républiques italiennes, comme celle de Gênes.Même si leur filiation exacte n'est pas connue, tous les membres d'un clan connaissent cette origine qui prend un caractère mythique. Des individus ou des familles étrangères peuvent être adoptés par un clan qui leur donne ses ancêtres, on parle alors d'affiliation ou d'agrégation.

Lorsque cet ancêtre est représenté mythiquement ou symboliquement par un animal, les ethnologues parlent de totémisme. Selon le pays, les clans peuvent être des regroupements très formels, ayant une personnalité juridique, un patrimoine et des institutions politiques qui varient d'une civilisation à l'autre, et obéissant à des règles précises : chef, conseils, assemblées, fêtes, coutumes, symboles, sanctions, etc.

Généralement, l'appartenance à un clan peut se traduire par des droits et des obligations de solidarité envers les autres membres du groupe, en particulier l'assistance et la vengeance.

S'agissant des cantons, c'est un type de territoire infra-étatique dont le statut varie fortement selon les États. Il peut s'agir d'un Etat fédéré, comme en Suisse, d'une collectivité locale, comme en Bosnie-Herzégovine, ou d'une simple circonscription administrative, électorale ou judiciaire. Les lexicographes donnent le mot comme d'origine provençale333(*)du latin « canthus », qui viendrait lui-même du celtique, comme le grec « kanthos »334(*)335(*).En d'autres termes, c'est une portion limitée d'un territoire ou encore la place assignée à quelque chose....On peut ajouter qu'ils ont leurs propres compétences et disposent d'une large autonomie. Ils ont chacun leur gouvernement avec à leur tête un chef qui nomme les membres devant l'accompagner dans ses nombreuses tâches.

La plupart sont issus de sa famille ou de sa communauté d'origine mais il peut également faire intervenir des personnalités s'étant distinguées sur le plan local et international et leur attribuer des titres de notabilité qui contribueront au rayonnement du canton.

Tableau N° 3 :« CANTONS », « QUARTIERS » ET « FAMILLES » DUALA (A)

CLANS

« CANTONS »

« QUARTIERS »

POPULATION

NOMBRE DE « FAMILLES » (b)

KUO

AKWA

Bonéléké

1496

11

 
 

Bonadibong

806

5

 
 

Bonamikengué

1094

9

 
 

Bonebong

305

2

 
 

Bonalembé

518

6

 
 

Bonelang

246

1

 
 

Bonebwanja

181

3

 
 

Bonejang

492

5

 
 

Bonamouti

388

2

 
 

Bonabekombo

272

7

 
 

Bonébelankong

451

6

 
 

Bonamonkouri

420

5

 
 

Bonewonda

563

11

 
 

Bonamouang

497

4

 
 

Bonamoussadi

300

9

 
 

Bonangang

248

6

 
 

Bangue

87

3

 
 

Bonabejiké

41

2

 
 

Bonangando I

73

4

 

DEÏDO

Bonatené

1847

20

 
 

Bonantoné

725

7

 
 

Bonamoudourou

964

4

 
 

Bonateki

234

5

 
 

Bonajinge

454

4

 
 

Bonamouti

131

4

NJO

BELL

Bonanjo

1966

12

 
 

Bonapriso

1507

5

 
 

Bonadouma

528

4

 
 

Bonandoumé

340

7

 
 

Bodjongo

39

1

 
 

Ngombé

39

1

 

BONABERI (c)

Bonaberi

 
 
 
 

Bonamikano

 
 
 
 

Bonasama

 
 
 
 

Djebale I

 
 
 
 

Djebale II

 
 
 
 

Bonedale I

 
 
 
 

Bonedale II

 
 
 
 

Bonamatoumbé

 
 
 
 

Sodéko

 
 
 
 
 
 
 

(a) - Recensement administratif de 1954.

(b) - Il serait fastidieux d'en donner la liste.

(c) - Rappelons que Bonabéri ne fut pas recensé336(*).

Source : R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 295-297.

Le peuple Duala se compose de 03 clans à savoir : le cantonBELL(1-), le canton AKWA (2-) et le cantonDEÏDO(3-).

1. Le canton Bell

La dynastie DOUALA BELL ou BÉBÉ BELL BONANJO est une famille princière de Douala en Afrique centrale fondée en 1792. Elle est à la tête du clan Bell du peuple Duala et est reconnue par les autorités de la Républiquedu Cameroun comme chefferie traditionnelle de 1erdegré du CantonBELL.

En 1897, NDOUMBE BELL meurt. Lui succède le roi AugusteMANGA NDUMBÈ, 5ème de la dynastie fondée en 1792. Il régna de 1897 à 1908 sous le protectorat allemand. En 1908, suite à la mort de son père, Rudolf DUALA MANGA BELL né en 1872 est intronisé Chef Supérieur du clan des BELL qui regroupe les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbe, tous propriétaires et habitants du plateau Joss à Douala. Condamné à mort, il sera pendu le 08 août 1914 dans la cour du commissariat de police de Bonanjo. Devait lui succéder Alexandre DOUALA MANGA BELL,fils né le 3 décembre 1897 à Douala et décédé le 19 septembre 1966 à Douala.

Députédu Cameroun de 1946 à 1958, il a été membre de la première et de la seconde AssembléeNationaleConstituante. Contrairement à ce qu'on croit, Alexandre n'est pas monté sur le trône des BELL. Après son cursus secondaire, il poursuit des études supérieures en Allemagne, où il est surpris et bloqué par le déclenchement de la guerre.

Revenu au Cameroun après la fin des hostilités, il y retrouve la traditionnelle position prépondérante de sa famille, dont il est le fils aîné.

Cependant, les difficultés concernant les indemnités d'expropriation soulevées à l'encontre de l'administration allemande se poursuivent avec l'administration française, contre laquelle Alexandre DOUALA MANGA BELL est engagé dans plusieurs procès... Son frère Eithel DOUALA MANGA BELL, père du Prince RENÉ BELL refuse de prendre les rênes du canton, c'est alors que le Prince Alexandre désigna son neveu le Prince René MANGA BELL.

Le Prince René DOUALA MANGA BELL, né en 1927, est monté au trône à Douala en 1966 après avoir combattu au Vietnam dans l'armée française de 1950 à 1953 et collaboré à Paris à la RadioTélévision Française, à « Présence Africaine », à « Éclair Journal » entre autres.Son autorité morale est incontestable et il est respecté de tous les cercles, du fait de sa droiture.

Le Prince René DOUALA MANGA BELL, grand défenseur des plus faibles et de la communauté Sawa, dont il a été l'un des derniers remparts, a incarné pendant plusieurs années, le « Ngondo », puisqu'il en a été président général plusieurs fois, jusqu'en 2010337(*).

Comment la dynastie des Rois BELL a-t-il évolué jusqu'à notre époque ?

· La chronologie de la dynastie des Rois Bell

Quatre générations de rois BELL reposent dans cette sépulture construite en 1936 : son promoteur, le Prince Alexandre NDOUMB'A DOUALA y a transféré les dépouilles de son père, Rudolf DOUALA MANGA BELL, de son grand-père AugusteMANGA NDOUMBÈ, et de son bisaïeul, NDOUMB'A LOBE.

- Ndoumb'a Lobe (Roi de 1858-1897)

NDOUMB'A LOBE pacifie le pays Sawa et son influence s'étend sur tout le Littoral, du Sud338(*) au Nord339(*). Il est cosignataire avec DIKA MPONDO AKWA, du traité du 12 juillet 1884 qui institue le Protectorat allemand et préserve leurs droits fonciers aux Duala. Sous son règne prend fin le monopole Duala de commerce intermédiaire avec l'Hinterland.

- Auguste MangaNdoumbe (Roi de 1897-1908)

Son fils, Auguste MANGA BELL, grand bâtisseur, développe une économie de chasse d'éléphants et de plantation, et utilise les revenus du cacao, de l'huilede palme, du bois et de l'ivoire pour faire de gros investissements immobiliers à Bonanjo.

Il constitue une des plus importantes fortunes jamais amassées par un roi Duala.

- RudolfDoualaMangaBell (Roi de 1908-1914)

Rudolf DOUALA MANGA BELL consacre essentiellement son règne à combattre le projet allemand d'urbanisme « Gross Duala » qui préconise entre autres, l'expropriation des indigènes de Bonanjo, d'Akwa, de Deïdo, pour les expédier dans les quartiers de Neu-Bell, Neu-Akwa, Neu-Deïdo, au-delà d'une « Freie Zone », bande de démarcation entre Européens et indigènes, large d'un kilomètre. Il perd ce combat et est pendu le 08 août 1914.

- Alexandre Ndoumb'aDouala (Roi de 1950-1966)

Son arrière-petit-fils, Alexandre NDOUMB'A DOUALA, héritier tragique, rentre au Cameroun en 1919, après avoir passé sa jeunesse en Allemagne, ce qui incite l'administration française à le suspecter de germanophilie. Il passera plus de 30 ans à se battre pour accéder au trône. Il y parviendra en 1950, mais ne réussira jamais à rétablir la totalité de ses droits.

En 1945, il est élu représentant du Cameroun à l'AssembléeNationaleFrançaiseet devient l'un des premiers députés africains. En 1958, il démissionne de ses mandats politiques et se retire de la vie publique340(*).

Tableau N° 4 : Dynastie des BELL.

Kings

Règne

Bell (Bélé Doo)

... -1792

Bell II (Bélé Bélé)

1792-1848

Bell III (Lobé Bébé)

1848-1858

Bell IV (Ndumba Lobé)

1858-1897

Bell V (Auguste Ndumba Lobé)

1897-1908

Bell VI (Rudolf Duala Manga Bell)

1908- 08 août 1914

Bell VII (Richard Dina Manga)

1916-1927

Bell VIII (Theodore Loba Manga)

1927-1952

Bell IX (Alexandre Ndumba Duala)

1952-1962

Siège vacant

1962-1966

Bell IX, René Douala Manga (1927-2012)

1966-6 novembre 2012

Jean-Yves Eboumbou Manga Bell (né en 1956)341(*)

16 décembre 2012 - en cours

Source : « Dynastie Douala Bell ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 20 janvier 2021.

Par la suite, nous parlerons du canton AKWA.

2. Le canton Akwa342(*)

La dynastie AKWA débute avec le chef NGAND'A KWA.

· Naissance de la dynastie Akwa - Ngand'a Kwa (1801 - 1846)

Une fragile unité politique des Duala stricto sensu, c'est-à-dire descendants des ancêtres EWALE et BOJONGO'A MBEDI, s'était construite vers le milieu du XVIIIe siècle autour du Patriarche DOO LA MAKONGO de la branche « Njo' a Mase m'Ewale343(*)».

Il avait hérité de la fusion des familles Bassa du plateau qui portera plus tard son nom et avait été baptisé « King George »344(*) par les capitaines négriers anglais. Ces derniers lui assignaient donc les fonctions d'une puissance politique chargée de garantir l'ordre et la sécurité. Devenant un des principaux interlocuteurs politiques du clan face aux traitants européens, « King George » transformé en « King Joss » par les autochtones disposait d'un revenu régulier qu'il pouvait redistribuer parmi les aînés sociaux et consolider son leadership.

Les quatre autres personnalités influentes de cette époque dont les noms figurent dans les livres de bord de navires comme traitants étaient le chef KWAN EWONDE345(*) que les négriers anglais surnommaient « PETER QUAN » ; le prince ANGWA346(*) de son vrai nom MUANGE MA KU, fils de KU'A MAPOKA qui hérita du territoire du chef Bassa EWUMA347(*) et fonda la dynastie Angwa de Bonaku. Le chef MBIMBA'A MBELA alias « King Mercer », fondateur de la principauté de « Bimbia » chez les Isubu et son fils NGOMBE LA MBIMB'A MBELA alias « Mbimbe Jack ». Les deux premiers étant issus de la branche « Ngiy'a Mulobe m'Ewale ».

A la mort du « King Joss » en 1792, la bataille de succession qui opposa son fils aîné NJOH A DOO que les commerçants anglais appelaient « Prince Joss » transformé en « Priso », à son frère cadet BELE BA DOO anglicisé en « Bell » plongea la grande chefferie de Bonanjo dans une incertitude totale.

En effet, le verdict en faveur du frère cadet suite à l'arbitrage des capitaines de navires anglais appelés en dernier recours par les notables les plus influents ne fit qu'aggraver leurs dissensions. Il contribua logiquement à la naissance en 1795 de la dynastie BELL fondée par BELE BA DOO qui succéda à son père et se gratifia du titre de « King Bell », mais surtout renforça l'intransigeance des « Bonapriso » qui résistaient opposés à toute normalisation de la vie politique. Au cours de cette année 1795, une révolution de palais éclatait à Bonéwonda suite au décès du chef PETERQUAN.

Un jeune caïman à l'affut nommé NGAND'A KWA348(*) rétablira d'abord l'ordre à Bonakwan, le lignage régnant chez les « Bonamulobe », et profitera ensuite de l'affaiblissement du pouvoir des « Bonadoo » pour mettre un terme au pouvoir absolu.

En effet, à la suite d'une stratégie bien orchestrée par ses partisans de la branche « Mulobe m'Ewale » dont il était le nouveau leader, le jeune NGAND'A KWA contraignit en 1801 le King BELEBADOO au partage du pouvoir.

Pour la petite histoire, le schisme se produisit au cours d'une assemblée ordinaire des chefs et notables Duala qui avait eu lieu sur la grève caillouteuse de la pointe de Bonaberi « Dibo la Senge ». NGANDO se leva, salua l'assemblée, s'approcha du King BELEBADOO, et lui dit : « Sache qu'à partir de ce jour, la mer qui s'étend devant nous appartient désormais à tous les deux Ngando et Bele. »

Il reçut aussi dans l'ombre le soutien des capitaines de navires négriers anglais pour qui toute scission du clan offrait de meilleures opportunités d'affaires. Le principe étant de diviser pour mieux commercer. Ayant divisé la famille, une dyarchie politique s'installait de fait à la tête du vieux Cameroun dorénavant scindé en Bell-Town et Akwa-Town.

Même si les deux monarques se disputaient la prépondérance, la gestion des affaires communes reposait sur une collaboration fraternelle. Pour cela, on procédait toujours avant chaque séance à un rituel. C'était « l'Esa Mboa », une cérémonie purificatrice ayant pour but d'écarter les obstacles qui pourraient entraver la bonne marche du clan afin de faire prédominer l'union et la compréhension. On assista alors à l'avènement de la prodigieuse dynastie AKWA dont le rayonnement allait fortement marquer l'histoire politico-économique du vieux et du nouveauCameroun349(*).

Le second patriarche AKWA fut le Prince DIKONGUELANGANDO.

- Prince Dikongue La Ngando - King AkwaII(1847 - 1852)

Le document désignait DIKONGUE LA NGANDO alias « Big Jim Akwa », comme successeur. Il était le fils aîné de sa première épouse, la princesse NGEMOUNJOH, surnommée « Lembe »350(*), originaire de la chefferie de Yabakalaki-Bakoko.

Ce dernier étant parti en expédition commerciale, Alfred SAKER préféra attendre son retour. Durant l'absence du prince DIKONGUEAKWA, certains de ses frères assiégèrent le missionnaire pour rentrer en possession dudit document.

Alfred SAKER ne céda point mais ne dut son salut qu'à l'intervention d'un navire de guerre britannique grâce auquel l'ordre fut rétabli. De retour de l'hinterland, le prince DIKONGUEAKWA fut intronisé en janvier 1847.Il fut ensuite élevé à la dignité de King AKWA II par le lieutenant de la Royal Navy, commandant du vapeur « Rapid » en mission à la rivière Cameroun, au nom de sa Majesté la Reine VICTORIA.

Mais en août 1851 lors d'une visite officielle du premier consul britannique JohnBEECROFT à la rivière Cameroun, les chefs et notables les plus influents de Bonaku s'adressèrent au consul, lui demandant la destitution de leur King DIKONGUEAKWA.Le consul se tint sur sa réserve mais exigea cependant un rapport écrit des plaignants.

Ce ne fut qu'en mars de l'année suivante, lors du séjour officiel du consul Beecroft qu'il reçut de ces derniers, une plainte détaillée et signée par 27 personnalités. Ceux-ci motivèrent leurs démarches contre le King AKWA par sa conduite irresponsable en affaire ainsi que par son incapacité à apaiser aussi bien les différends parmi ses parents comme entre les Bonaku et les gens de l'hinterland.

Se souciant de l'avenir de leur ville, ils proposèrent au consul de le remplacer par son frère, le prince MPONDO MA NGANDO alias « Jim AKWA », fils aîné de la seconde épouse du roi, la princesse MUSONGO EDJANGE surnommée « ELEKE », qui veut dire provocation, originaire de Bonasama-Doo.

Durant ce séjour, le Consul convoqua tous les chefs, notables et subrécargues anglais à Bonaku dans une assemblée au cours de laquelle la désignation de MPONDOAKWAfut un plébiscite. Dans son rapport à sa hiérarchie au « Foreign Office », le Consul ne manqua pas de mettre en relief qu'il avait strictement suivi leurs instructions et participé à l'élection sans contrarier les objectifs politiques des notables Akwa. Signataire des accords Anglo-Duala du 17 décembre 1850 sur la réglementation maritime, « Big » JimAKWA vit alors son règne s'interrompre en 1852.

Le troisième chef de la dynastie fut le Prince MPONDOMANGANDO.

-  Prince Mpondo Ma Ngando- King Akwa III (1852 - 1878)

Le prince Jim  MPONDO AKWA est alors solennellement reconnu troisième roi de la dynastie le 8 mars 1852 par le premier consul impérial John BEECROFT pour les baies de Biafra et de Bénin. Ce dernier lui remit ensuite son certificat de nomination au nom de sa Majesté la Reine VICTORIA.

Il faut dire que dès 1849, la nomination du métis antillais JOHN BEECROFT comme premier Consul Britannique agent de sa Majesté pour les baies de Bénin et de Biafra avec résidence à Fernando-Pô se justifiait par l'accroissement de la coopération britannique dans les affaires intérieures.

Le système consulaire, outre son opposition à toute influence directe sur la société, répondait au souci de confier à la « Royal Navy » la protection du commerce sur la côte et surtout de veiller à la suppression de la traite des esclaves.Le Consul établissait des contacts personnalisés avec les chefs, payait les indemnités inhérentes aux traités et autres accords conclus et s'occupait de la promotion et de la réglementation du commerce légal.

Même si son pouvoir était relativement restreint, les Duala le sollicitaient de plus en plus pour son arbitrage dans leurs conflits intérieurs. Mais cependant, la décision du consul n'était observée que si elle ne contrariait pas leurs desseins politiques.  Par exemple, à la mort du vieux King BELL LOBE BEBE au début de 1858, son fils désigné, le prince NDUMBE LOBE alias « Honesty ou encore Bonny Bell » lui succéda.

Mais ce dernier encourut immédiatement la disgrâce des commerçants européens en augmentant le Koumi351(*)et en tolérant le pillage par ses sujets, d'un magasin loué par un Anglais.

Conséquence, le consul ThomasHUTCHINSONremit à plus tard son acte de reconnaissance officielle. De surcroit, quand il apprit que NDUMBE LOBE avait quitté le deuil de son père en sacrifiant deux captifs, un conflit ouvert éclata entre « Honesty » NDUMBE LOBE et le Consul. L'investiture de NDUMBE LOBE étant suspendue, tous les traités durant cette intervalle furent conjointement signés côté Bell par le trio composé de ses grands oncles MBAPPE LEBE alias « PRISO BELL », chef de Bonaberi, BULU LEBE alias « JOSS » et lui-même.

Pour le King MPONDOAKWA qui respectait les clauses proscrivant les sacrifices humains contenus dans le traité qu'il avait signé le 19 mai 1858, ce fut le signal pour passer à l'attaque. En se vantant d'être à ce moment l'unique roi Duala reconnu par la Reine d'Angleterre, il demanda la punition exemplaire de son jeune rival alors que le consul préféra la négociation d'un nouveau traité. Révoltés, le King Akwa et son cousin le chef DeïdoEYUMEBELE alias « CHARLEY DIDO » refusèrent de signer le nouveau traité et menacèrent de faire la guerre à NDUMBE LOBE. King AKWA alla même jusqu'à provoquer le consul en combat singulier, mais ce dernier renonça au dernier moment sur les conseils d'un agent consulaire.

Toutefois, le consul qui avait les moyens de les contraindre fit bombarder leurs villages respectifs par un vaisseau de guerre espagnol qu'il avait appelé à sa rescousse, obligeant ainsi les deux chefs à signer le nouveau traité. Mais n'étant pas disposé à accepter cette humiliante défaite et afin de prouver sa puissance et son indépendance, le KING AKWA fit aussi tuer des captifs et se rendit coupable d'un certain nombre d'irrégularité dans ses affaires avec les commerçants européens. Ceux-ci en informèrent le consul qui procéda tout de suite à sa destitution et à la nomination de son frère le Prince ENDENENGANDO alias « DIDO AKWA ». Mais malheureusement, la décision du consul resta lettre morte car les notables de Bonaku s'opposèrent fermement à ce revirement politique.  

De la même manière quand M. LAUGHLAND, l'agent consulaire qui assurait l'intérim après le décès en milieu d'année 1860 du Consul HUTCHINSON, tenta de sa propre autorité de remplacer le King MPONDOAKWA, il échoua lui aussi.

Il justifia son intervention par la politique antibritannique du King AKWA alors que ce dernier ne se montrait hostile aux Anglais que quand il se sentait moins bien traité que son homologue BELL.

En dépit du fait que les «Bonapriso » et les « Bonaberi » aient été écartés du commandement des « Bonadoo », le nouveau consul Richard BURTON, gratifiait tout de même « PRISO BELL » du titre de King BELL aux côtés de King AKWA le 13 décembre 1861 lors de la signature du traité supprimant la pratique du meurtre par représailles.

Mais dès 1862, ces rivalités entre cousins qui devenaient de plus en plus incontrôlables obligèrent le Consul, sous la pression continue des notables, à reconnaître officiellement l'héritier du trône « HONESTY » NDUMBE LOBE. Durant la dernière décennie de sa vie, le King JimMPONDOAKWA, épris de paix et de justice, redoutait de plus en plus les discussions passionnées. Raison pour laquelle il préférait se faire représenter au Ngondo par ses frères ENDENE NGANDO ou EDJENGELENGANDO alias « BLACK AKWA ».

Mais lors de sa dernière apparition à l'auguste assemblée, il tint ces propos mémorables: «Une goutte d'huile pénètrera un jour dans votre oeil, et vous n'arriverez pas à vous en débarrasser ».C'est sur ces paroles prophétiques qui annonçaient déjà les évènements de 1884 que le vieux King se mit en retrait et rendit l'âme en août 1878.

Prince DIKAMPONDO fut le 4ème Roi de cette dynastie.

- Prince Dika Mpondo - King Akwa IV (1878 - 1907)

Son troisième fils DIKA MPONDO Timothy, appelé « DIKA AKWA » ou encore « TIM AKWA », né de son union avec la Princesse SIKA DIKA DIBONGUEde Bonadibong lui succéda.

Il est ici important de préciser que DIKAMPONDO ne faisait pas partie du premier foyer « Bonélombo » de la Cour de son père. L'aîné de ce foyer était le Prince KWA MPONDO qui malheureusement mourut avant son père et le second fils, le Prince ELAME MPONDO dût retourner à Bonapriso352(*) dans sa famille maternelle « Bonabélone » parce que l'union entre son père et sa mère n'avait pas été conforme à la coutume.

C'est d'ailleurs le fils de ce dernier, DOO ELAME JOSS, neveu de DIKAMPONDO qui prendra le commandement des Bonapriso quelques temps après. Dans le premier foyer, il ne restait plus que des enfants mineurs qui,de part le statut de leurs mères, ne pouvaient pas traditionnellement prétendre à la succession de leur père. C'est pourquoi la couronne de Bonambela revint à DIKAMPONDO du deuxième foyer qui, du vivant de son père déjà, le représentait à certaines occasions.

DIKAMPONDO fut donc intronisé en novembre 1878, mais dans sa quête d'autorité et d'influence, il se heurta au diktat des deux frères de son père, les vieux princes ENDENENGANDO et KINGUENGANDO alias « Joe Garner AKWA » qui ne tenaient pas à lui concéder davantage de pouvoir.Finalement, ce conflit de génération fut réglé au bout de trois années de persévérance du jeune DIKA AKWA qui, avec le soutien du Consul Edward HYDE HEWETT, put retenir lui-même aux Européens le « Koumi », la taxe permettant de commercer, pour la première fois, et se donner enfin du relief comme nouveau roi.

Le 27 novembre 1882, DIKA AKWA fut solennellement reconnu comme « KING AKWA IV »par le Consul Impérial Edward HYDE HEWETT pour les baies de Biafra et de Bénin qui lui remit son certificat de nomination au nom de Sa Majesté la Reine VICTORIA du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande, Impératrice des Indes.

En définitive, les règnes fastes et prestigieux du fondateur de la dynastie NGAND'A KWA, de ses fils DIKONGUE LA NGANDO et MPONDO MA NGANDO et une partie du règne de son petit-fils DIKA MPONDO témoignent de cette période précoloniale où les Européens et notamment les Britanniques ne purent entamer la puissance des rois Duala malgré les multiples tentatives de manipulation.

Cependant cette période, qui à partir des années 1870 voyait déjà la concurrence commerciale s'écarter progressivement des règles traditionnelles et les différences entre classes sociales se réduire substantiellement, se termina par la conclusion sur le rivage du King AKWA, du traité qui livra le Cameroun à la colonisation allemande le 12 juillet 1884. C'est donc avec un King AKWA tout-puissant que s'ouvrait officiellement pour notre Pays, la page coloniale de son histoire. En 1097, nous assisterons à la destitution du King AKWADIKA MPONDO.

- Destitution du King Akwa Dika Mpondo (1907)

Ainsi le 19 juin 1905, dans une pétition adressée au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, les chefs AKWA de Bonambela se plaignirent de façon détaillée du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête le gouverneur Jesko VON PUTTKAMER. Gravement mis en cause, PUTTKAMER et les siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les signataires de la pétition.

Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la pétition parce qu'il purgeait une autre peine353(*), écopa de 9 ans d'emprisonnement avec travaux forcés. La campagne de lobbying menée au Reichstag par son fils aîné le Prince héritier Ludwig MPONDO AKWA, résidant en Allemagne et mandataire des Bonambela avec le concours des socio-démocrates354(*) et du Centre Catholique355(*)contribuèrent à son annulation.Le second procès qui se tint du 23 au 26 octobre 1906 devant le juge indépendant STRACHLER qui avait la charge de le réviser condamna, sous mise en compte d'une détention préventive de quatre mois, le King AKWA DIKA MPONDO et le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés à des peines inférieures. En dehors du King DIKA MPONDO, des chefs MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE qui furent emmenés à Kribi comme détenus politiques en janvier 1907 et transférés ensuite à Campo en résidence surveillée, les 24 autres signataires de la pétition furent emprisonnés à Douala.

L'administration coloniale destitua le King AKWA DIKA MPONDO et le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant faire preuve de meilleures dispositions à l'égard du maître allemand. Les chefs FredMUANGEMUKURI et MPONDOEDJENGELE furent aussi destitués et remplacés respectivement par PeterMUKURIMUANGE et KWA ELAME. Au courant de l'administration catastrophique des fonctionnaires du protectorat, le Secrétaire d'État aux Colonies Bernhard DERNBURG révoqua Jesko VON PUTTKAMER de ses fonctions en mai 1907 et le remplaça par Théodore SEITZ dont la mission fut de replacer les camerounais au coeur du développement de la colonie tout en préservant l'autorité des chefs.

SEITZ qui connaissait bien les Duala pour y avoir été le premier chef de district de 1895 à 1899, promit dès sa première réunion de transformer les localités de Douala en municipalités avec une gestion minimum et d'amnistier le King AKWA et ses chefs si ces derniers s'engageaient à ne plus opposer de résistance au gouvernement colonial. Le King AKWA rejeta cette proposition. Au bout du compte et sans avoir obtenu du King AKWA un quelconque engagement, il libéra DIKA MPONDO et l'ensemble de ses chefs et notables le 20 décembre 1907 après une année de détention pour soi-disant bonne conduite alors que cela avait été ordonné par la chancellerie à Berlin.

Par contre, il refusait catégoriquement de rétablir le King DIKAMPONDO sur son trône et menaçait d'exil quiconque s'opposerait encore à l'administration coloniale. Lorsque la procédure d'expropriation fut décidée en 1911, DIKAMPONDO prit aussitôt la tête de l'opposition et s'employa à soulever le « Ngondo » contre cette décision. L'agitation à laquelle le King AKWA se livra et les correspondances de son fils LudwigMPONDOAKWA retrouvées dans son Palais au cours d'une perquisition lui valurent en septembre 1911, une condamnation à huit mois de prison.

Les courriers saisis contenaient de violentes attaques contre le colonialisme allemand ; ils révélaient aussi le lien entre MPONDOAKWA et la chute du gouverneur PUTTKAMER et ses relations avec des parlementaires de Berlin à l'instar du centriste MathiasERZBERGER et du socio-démocrate August BEBEL, deux des critiques les plus réputés du régime colonial allemand. Mais afin que le King AKWA ne perturbe le transfert des autochtones du plateau Joss qui était imminent, on l'exila ensuite à Campo pendant plus de deux ans où le début de la guerre en août 1914 le trouva. Durant son exil, moult avantages parmi lesquels son rétablissement au trône lui furent proposés par l'administration coloniale s'il adhérait totalement à l'expropriation. Sa réponse fut bien entendue « Non ».

Arrivé au Cameroun en juin 1911 pour la concrétisation de ses projets, LudwigMPONDOAKWA fit vaciller toute l'administration coloniale.

Il avait au plan économique, prévu une organisation centralisée du commerce et de l'agriculture dans la région du littoral. Politiquement, sa vision allait dans le sens d'une gestion raisonnable des régimes coloniaux à travers l'implication progressive des représentants africains dans les prises de décision. Aussi, son idée d'un grand État Duala sur la base de l'hégémonie précoloniale sur les ethnies voisines et indépendantes vis-à-vis des Européens était totalement avérée.

Le témoignage ci-dessous du chef du district de Douala, HermannRÖHM qui filait ses faits et gestes présageait déjà des difficultés auxquelles l'administration coloniale allait être confrontée :« Mpondo était comme le guide, le porte-étendard et le libérateur du peuple Duala dans toutes les bouches. Son apparition enflamma Douala à tel point que, comme une traînée de poudre, toutes les couches de la population indigène furent entremêlées avec ses idées et espérances révolutionnaires, politiques, sociales et économiques même si elles dénotaient en partie d'une certaine originalité. Son nom, sa personne, son apparence, ses manières conscientes de soi face à ses gens, intrépides et habiles vis-à-vis de l'autorité administrative, même si aussi déférentes apparemment, ont entraîné tout le monde dans le mouvement, une partie entraînée aveuglément pour lui. ».

  Finalement, l'ampleur que prirent ses idées fédératrices le long de la côte décidèrent les hauts fonctionnaires coloniaux à se débarrasser de lui au plus vite. MPONDO AKWA est finalement arrêté le 22 septembre 1911 et détenu au commissariat de Bonanjo sur la base de fausses allégations faites vraisemblablement par son frère, le chef régent DIBUSI AKWA selon lesquelles il aurait ramené des armes afin de provoquer une rébellion et probablement livrer le Cameroun aux Anglais. Accusé en plus de propagation de rumeurs quant à l'expropriation, il fut au bout du compte condamné à 10 mois et 3 semaines de travaux forcés.

En réalité, c'était le succès lié aux adhésions massives et aux collectes d'argent organisées par MPONDO AKWA au profit de la « Société agro-commerciale Bonambela » qui faisait peur. Il faut dire que la collecte s'étendait le long de côte et se faisait très souvent au détriment du paiement de l'impôt. Au vu du danger politique que représentait sa réapparition à Douala,le nouveau gouverneur EBERMAIER proposa au département colonial de l'exiler au moins pour une année, ce qui fut approuvé. En août 1912, LudwigMPONDOAKWA fut transféré à Banyo dans le nord du pays où il fut maintenu en détention.

Mais après une tentative d'évasion en avril 1913, il fut rattrapé et condamné à 3 ans d'enchainement en juin de la même année. On le déporta à Ngaoundéré, loin de la frontière Nigériane et du résident allemand de Banyo vraisemblablement acquis à sa cause, pour y purger sa peine.La fin du mois de septembre 1911 sonnait comme une victoire pour l'administration coloniale allemande qui venait d'atteindre un de ses objectifs majeurs en mettant hors d'état de nuire le King AKWADIKAMPONDO et son fils LudwigMPONDOAKWA, deux des trois grosses personnalités Duala de cette époque capable de faire basculer le projet allemand.

Raison pour laquelle les chefs Duala ne furent officiellement informés du projet d'expropriation qu'au cours des deux assises convoquées les 24 et 30 octobre 1911 par le gouvernement.

La troisième personnalité Duala était le chef supérieur Rudolf DUALA MANGA BELL sur qui l'administration coloniale avait misé pour faciliter le processus. Mais contrairement aux attentes des autorités allemandes, le Prince RudolfDUALA MANGA BELL qui avait pourtant bénéficié du même traitement de faveur que son feu père, prit plutôt la tête de la protestation Duala en s'opposant, en dépit du prix à payer, à l'expropriation des terres ancestrales.Le feuilleton sous la houlette du Prince DUALA MANGA BELL débuta le 30 novembre 1911, lorsque le premier télégramme Duala arriva au Reichstag demandant l'annulation de l'expropriation et se termina tragiquement le 08 août 1914 par sa pendaison.

En 1916, nous assisterons à la fin du protectorat allemand qui sera précédé du retour au trône du King AKWA.

- Retour au trône du King Akwa(1915) - Fin du protectorat allemand (1916)

  Les villes de Douala et de Bonabéri furent libérées par les alliés franco-britanniques le 27 septembre 1914 avec la participation active des Duala356(*). L'une des toutes premières mesures qui attira aux anglais, premiers administrateurs de la ville, la sympathie des populations encore sous le choc des exécutions sommaires du chef Rudolf DUALA MANGA BELL, d'Adolf NGOSSO DIN et de plusieurs centaines de résistants le mois précédent, fut la libération de tous les prisonniers politiques.

LesAnglais délivrèrent le prince Richard DIN MANGA BELL enfermé comme otage avec son défunt frère Rudolf, et au trône des BELL, ils procédèrent au remplacement du défunt par un autre frère, le prince Henri LOBE MANGA BELL. On assista en janvier 1915 au retour triomphal du King AKWA DIKA MPONDO de Campo que le chef des forces alliées, le général DOBELL rétablissait sur son trône à Akwa malgré l'interdiction de séjour qui pesait encore administrativement sur lui.

Le 08 janvier 1916, les allemands évacuaient Yaoundé dans la précipitation et s'engouffraient dans le territoire neutre de la Guinée Espagnole, pourchassés par le corps expéditionnaire du Général anglais DOBELL et les colonnes de l'AEF357(*). Le 20 février 1916, la guerre était terminée au Cameroun.

En mars 1916, la ville de Douala fut placée sous administration française après le partage du territoire358(*) entre les deux principaux alliés. Ce ne fut pas avec grand enthousiasme que les populations accueillirent les français, car leur principale préoccupation était la disposition de leur territoire tenu par les Allemands. Le 15 avril 1916, l'administration française recevait par le biais du commissariat de la république, une lettre du King AKWA DIKA MPONDO dans laquelle il rappelait sa position prépondérante lors de la signature du traité du 12 juillet 1884 avec les Allemands et prétendait de ce fait être le premier chef de Douala et par conséquent du Cameroun.

Il était donc prêt à signer avec la nation à qui on attribuera le Cameroun, un contrat similaire à celui de 1884. Il est tout aussi vrai qu'après avoir épluché les rapports allemands sur le King AKWA, l'administration française n'avait plus qu'un un seul voeu : le renvoyer au trou. C'est ainsi que dans la nuit du 27 au 28 avril 1916, il y eut un incident à proximité de la résidence du King AKWA. En effet, un policier français en patrouille avec quelques tirailleurs avait rencontrésa maîtresse, une veuve nommée HannaDIPOKO, en compagnie de son rival autochtone.

Le policier ordonna aux tirailleurs de corriger ce dernier qui au cours de la bagarre, avait crié, ameutant les voisins. Assaillis par la foule, les tirailleurs avaient été ligotés puis frappés sous le regard complice d'un des fils du roi, le prince DIN DIKA.

Lorsque les renforts arrivèrent à la hauteur de la résidence royale, des coups de feu éclatèrent auxquels les tirailleurs armés mais sans munitions, n'avaient pu riposter. Le 2 mai 1916, le tribunal de circonscription de Douala condamna le Prince DINDIKA à trois ans d'emprisonnement.

Le chef de la circonscription de Douala demanda des sanctions contre le King AKWA, soupçonné de subversion, pour résistance par la force à un acte de l'autorité, alors qu'il n'était au courant de rien. Par décision du général commissaire du gouvernement JosephAYMERICH en date du 10 mai 1916, le King Timothy DIKA MPONDO AKWA fut renvoyé à Campo en résidence surveillée avec un traitement correspondant à son rang. Il partit le 12 mai à bord du bateau vapeur « le Haoussa » et rendit l'âme le 6 décembre 1916 à 80 ans de suite d'une affection rénale. Son corps fut ce même jour inhumé selon la coutume par les chefs Batangas.

Après quelques réunions d'urgence dans la Cour du Chef Adolf DIBUSI DIKA à Akwa, une délégation s'embarquait sur le bateau vapeur « le Foullah » aux fins d'exhumer le King et de ramener sa dépouille à Douala. Elle était composée de deux frères du défunt, les princes NGANDO MPONDO AKWA et MPONGE MPONDO AKWA, d'un notable de Bonélèkè, le nommé EYUM JOHNSON et d'un notable de Bonébong en la personne de SteirnbergKONEBWINDI. Le jour du départ, les Princes KINGE DIKA et DIKADIKA, deux fils du défunt remirent un paquet à EYUM JOHNSON et lui donnèrent des instructions précises quant à son utilisation.

Après le rituel d'exhumation et les honneurs militaires rendus par le détachement anglais basé à Campo, la dépouille du roi fut mise dans un cercueil que l'on plaça ensuite dans une chambre spéciale du « Foullah ». Arrivée à Douala dans la nuit du 27 décembre 1916, l'autorité administrative au vu de l'heure tardive ordonna que l'enlèvement du cercueil ne se fasse que le lendemain matin. Dès 6 heures de ce 28 décembre, toute les populations de Bonambela, voire de Douala descendirent au quai pour former le cortège qui devait accompagner le King DIKAAKWA dans sa dernière demeure. Le premier cercueil ayant été mis dans un cercueil beaucoup plus imposant travaillé par EKULE EPO de Bonélèkè, le cortège quitta le port pour rejoindre l'Église de Béthel.

Après la prédication du PasteurAlfredTONGODIBOUNDOU, le cortège funèbre reprit sa marche à travers la ville, ponctuée d'arrêt dans les tombeaux ancestraux et divers lieux mythiques pour finalement l'achever au lieu désigné359(*) par le roi lui-même de son vivant pour l'inhumation.

En 5ème lieu, nous assisterons au court règne du Prince DINDIKAAKWA et cela aboutira à la régence de DIBUSI AKWA.

- Prince DinDikaAkwa(1919 - 1921) - régence de Dibusi Akwa

Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et seulement si l'héritier présomptif, son fils aîné Ludwig PaulHeinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins pouvoirs et dont il n'avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus en vie.La délégation envoyée en début d'année 1917 à la recherche de LudwigMPONDOAKWA à Banyo, puis à N'Gaoundéré ayant certifié qu'il était vivant mais avait, selon une source allemande probablement été transféré. Face à cette incertitude, il fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort entraînerait la restauration du trône de Bonambela.

Le King DIKAMPONDO décédé, l'administration coloniale française reconduisait son fils AdolfDIBUSIDIKA qui avait assuré l'intérim aussitôt après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916. Et c'est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assurer la régence suite à la destitution de son père par l'administration coloniale Allemande. Mais après deux années de règne, le Chef SupérieurDIBUSIDIKA, qui soutenait discrètement les associations d'obédience germanique qui militaient pour le retour de l'Allemagne au Cameroun fut destitué pour sa politique pro-Allemande.

Il faut dire qu'entre-temps, la capitulation de l'Allemagne le 11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui considéraient que le moment était venu pour eux d'être indépendants. Ils étaient tous d'avis que le traité de 1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en l'occurrence les Allemands, avait disparu. DIBUSI DIKA fut remplacé en 1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait bénéficié d'une libération conditionnelle le 20 octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.

Songeant surtout politiquement aux Anglais qui s'étaient montrés bienveillants à leur arrivée en libérant plusieurs chefs et notables Douala, Sa Majesté DIN DIKA AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de revendication de l'autonomie du Cameroun dans laquelle les pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de mandataire au nom de la Société des Nations (SDN).

Il est finalement destitué et condamné le 3 mai 1921 à 18 mois d'emprisonnement et à 10 ans d'interdiction de séjour à Douala pour son activisme anti-français.

Le Prince ErnestBETOTEDIKA AKWA prendra la relève dès 1921.

- Prince ErnestBétoté Dika Akwa (1921 - 1924)

Il est remplacé à la ChefferieSupérieure par son jeune frère, le prince Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA. Ce dernier prit immédiatement la tête de l'opposition. Mais mêlé à une affaire de meurtre rituel à Bonéwonda-Akwa en novembre 1921, il est inculpé par l'administrateur français Yves-Marie NICOL, chef de la circonscription de Douala qui ne le portait déjà pas dans son coeur à cause de ses protestations contre les abus de ladite administration.

Le Chef Supérieur Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA est finalement condamné le 3 juillet 1924 à 5 ans d'emprisonnement par le tribunal de races de Douala avec résidence obligatoire hors de la ville. C'est à Maroua qu'on l'envoya purger sa peine.

Le 7ème monarque à régner sera le Prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA.

- Prince ArnoldEbongue Dika Akwa (1924 - 1927)

Cet incident permit la désignation à la Chefferie Supérieure en août 1924 du prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA, autre fils du King exerçant les fonctions de clerc d'administration.

Dès 1925, le gouvernement français avait pris une série d'initiatives destinées à modifier la physionomie de la structure foncière de la ville. Cette opération n'était en fait qu'une réactualisation du plan d'urbanisation allemand qui ne tenait toujours pas compte des intérêts des autochtones. En confirmant ces expropriations, le gouvernement rencontrait la même résistance.

Le 20 octobre 1925, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE DIKA AKWA au nom des Bonambela et son homologue Richard DIN MANGA BELL au nom des BONADOO adressèrent une lettre de protestations au Gouverneur MARCHAND en prévention du plan d'expulsion des populations du plateau Joss et de celui d'Akwa dont on commençait déjà à parler. La lettre resta sans réponse.

En 1926, sa Majesté Arnold EBONGUE DIKA AKWA prit toutes dispositions utiles pour la renaissance du Ngondo en se rapprochant des BELL. L'union des deux principaux clans fut scellée par le « Male Manjo » ou communion du sang.

Cérémonie qui se déroula au cimetière de Deïdo afin de s'assurer sous la foi du serment la fidélité de tous les membres du « Ngondo ». Le 18 août 1926, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE DIKA AKWA et ses pairs de Douala demandèrent au Pasteur CharlesMAITRE de défendre leurs intérêts contre le gouvernement.

Mais le 1er septembre 1926, le gouvernement fit publier au journal officiel l'arrêté par lequel il décidait le lotissement du plateau Joss. En réponse, le « Ngondo » décida de l'envoi d'une délégation à Paris, mais le retour en Europe du prince Richard DIN MANGA BELL en fin d'année 1926, excédé par les tracasseries des administrateurs coloniaux et la soudaine mort du prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA en novembre 1927 annulèrent sa concrétisation. Arnold EBONGUE AKWA fut dès 1928 remplacé à la ChefferieSupérieure par son jeune frère, le prince Hans NGAKA DIKA AKWA.

Ensuite, la régence sera assurée par le Prince Hans NGAKA DIKA AKWA.

- Prince HansNgakaDikaAkwa(1928 - 1931) - Régent

Redoutable activiste, sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA et ses pairs de Douala envoyèrent le 19 décembre 1929 une pétition à la Société des Nations360(*) dans laquelle ils condamnaient non seulement la gestion française, mais réclamaient la fin de leur mandat et l'indépendance du Cameroun.Deux autres requêtes dénonçant un certain nombre d'abus furent acheminées les 18 mai et 19 juin 1931 à Genève par le délégué en Europe des citoyens nègres camerounais, le Martiniquais Vincent GANTY qui avait temporairement été mandaté par les notables Duala pour se constituer intermédiaire dans leurs relations politiques auprès de la Société Des Nations ou de toute autre autorité en Europe.

Sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA fut finalement compris dans l'information ouverte au début de l'année 1931 contre VincentGANTY et consorts. Arrêté au cours de la même année pour complot contre la sûreté de l'Etat, HansNGAKAAKWA fut démis de ses fonctions.Ce qui permit au prince Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA, désormais plus réceptif à l'égard de l'administration Française depuis sa sortie de prison, d'être de nouveau installé à la Chefferie Supérieure pendant que son frère Hans NGAKA AKWA, se trouvait encore en détention. En fait, Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA avait bénéficié par arrêté en date du 2 avril 1927 d'une libération conditionnelle et d'une autorisation de résidence à Douala. 

L'année 1931 verra le retour sur le trône du Prince Ernest BETOTE DIKA AKWA.

- Retour au trône du Prince ErnestBétotéDikaAkwa(1931 - 1976)

Entretemps, les investigations menées conjointement par l'Église et la famille confirmaient le décès en août 1914 à Ngaoundéré, du prince héritier LudwigPaulHeinrichMPONDOAKWA. En effet, il avait été lâchement exécuté par des tirailleurs sur ordre du chef de district, l'allemand TILLER, alors qu'il allait comme tous les soirs prendre son bain dans le Mayo jouxtant sa prison. Les enfants de feu King DIKAMPONDO entamèrent alors en 1934 des réunions dans le but de préparer la cérémonie rituelle de clôture de la période du deuil de leur père pour un retour à l'ordre normal. Il fut aussi question d'assainir leurs dissensions et de présenter officiellement le nouvel héritier du défunt. Finalement, en dépit des tergiversations du Prince DIN DIKA AKWA, ces concertations aboutirent au transfert des droits du feu King AKWA au Prince Ernest BÉTOTÉ DIKA AKWA suivant un rite décrit au protocole du 10 février 1935. Le document N°106 du 7 juin 1939 de la chambre spéciale d'homologation du Cameroun qui reprend une partie des dispositions testamentaires du défunt, précise :« King Akwa étant décédé, ses prérogatives et ses droits revinrent à son fils héritier Ludwig Mpondo Akwa. Que le départ et la mort de ce dernier amenèrent la dévolution de ses droits successoraux et politiques à son jeune frère Din DikaAkwa. Mais il est également acquis que le prince Din Dika Akwa a renoncé à ses droits et que son jeune frère, le prince Bétoté Dika Akwa, avec l'assistance de la famille régnante et des dignitaires de Bonambela, a été investi des droits de son père et de ses aïeux. » .

Le Prince ErnestNTONEEBONGUE AKWA prendra les rênes de la dynastie AKWA dès 1976.

- Prince ErnestNtoneEbongueAkwa(1976 - 1998)

Sa Majesté Ernest NTONE EBONGUE AKWA accéda au trône des Bonambela le 17 décembre 1976. Grand Commis de l'Etat, disponible, sociable et à l'écoute de ses populations, NTONE EBONGUE AKWA, parfois atterré devant l'adversité dont il fut victime laisse néanmoins l'image d'un souverain qui sut incarner à la fois tradition et modernité durant ses 22 ans de règne.

Sa Majesté Ernest EBONGUE AKWA rendit l'âme le 9 juillet 1998 et fut solennellement enterré le dimanche 26 juillet 1998 au Mausolée King Akwa.Durant cet intervalle, la Chefferie Supérieure fut dirigée par le prince Emmanuel DIKA NGAKA AKWA, fils du feu Chef Hans NGAKA DIKA AKWA qui déjà du vivant de son grand cousin, assurait parfois sa représentation personnelle.La succession de sa Majesté Ernest NTONE EBONGUE AKWA fut entachée de graves dissensions au sein de la famille régnante Bonadika, et, partant, du canton tout entier sur l'interprétation du propos tenu par le prince Charles David DIN DIKA AKWA, que la famille venait de désigner, concernant son éventuel abdication au profit du prince Emmanuel DIKA NGAKA AKWA.

Enfin, le roi actuel de la dynastie AKWA est le Prince Charles David DIN DIKA AKWA qui règne depuis 1999.

-  Prince CharlesDavidDin Dika Akwa(1999-2020)

En fin de compte et après clarification de son propos, Charles David DIN DIKA AKWA fut officiellement désigné le 23 avril 1999 au cours d'une tenue de palabre présidée par l'autorité administrative locale où les Bonadika confirmèrent leur choix.

Fils de Louis DIKA AKWA, autre fils du King Dika Mpondo, Sa Majesté Charles David DIN DIKA AKWA en qui les espoirs des Bonambela reposent aujourd'hui, jouit des qualités humaines et intellectuelles nécessaires au bon fonctionnement du pouvoir traditionnel.

Banquier de profession, sobre et pondéré, Charles David DIN DIKA AKWA est intronisé le 27 octobre 2001 au cours d'une cérémonie haute en couleur sur les berges du Wouri à laquelle prenait part l'élite traditionnelle locale et nationale, les autorités de la République, ainsi qu'une délégation de prestigieux monarques africains.

Garant des traditions ancestrales, le souverain actuel DIN DIKA AKWA III se doit avec l'aide de l'Éternel Tout Puissant et des siens, de réconcilier la grande maison Bonambela, d'engager un processus de réformes au plan culturel et sportif à même de répondre aux attentes d'une jeunesse en perte de vitesse, et enfin, de restaurer l'image de cette communauté si fière et glorieuse, ternie par les intérêts égoïstes des hommes.

En août 2021, le nouveau roi est désigné, Sa Majesté Jean Paul NGANDO EBONGUE AKWA.

- Prince NgandoEbongueAkwaJean Pascal

Le Prince NGANDO EBONGUE Jean Pascal est né le 03 janvier 1963 à Douala. Marié, père de deux enfants, quatre petits-enfants, il est chercheur en Histoire et Civilisation du Vieux Cameroun.

Informaticien de formation, et promoteur de la S.A.R.L.361(*) « EA Group Services » spécialisée dans le développement de logiciels spécifiques et standards de gestion. Par ailleurs, il est agriculteur, producteur de « Poivrede Penja » et membre fondateur du GroupementReprésentatifde l'Indication GéographiqueProtégéePoivrede Penja362(*) (GRIPP).

Selon le journaliste et éditorialiste ÉdouardKINGUE du journal « Le Messager » : « Il a une bonne maîtrise de l'Histoire du Canton Akwa et apporte sa contribution positive chaque fois qu'une décision stratégique devait être prise à la ChefferieSupérieure. Il a été pendant de nombreuses années l'un des principaux dirigeants de l'équipe fanion du Canton d'Akwa : le Caïman Club de Douala, dont il assura la Présidence au cours de la saison 2003-2004. En outre, le Prince NGANDOEBONGUEAKWAJeanPascal est chercheur en naturopathie, expert en nutri-prévention, et Président d'honneur de « Ngand'a Bolo », la pirogue de course des Bonambela-Akwa »363(*).

Puis, un coup de tonnerre survint : un nouveau chef fut désigné en la personne de Louis DIN DIKA AKWA, le 15 mars 2022.

- PrinceLouisDin Dika Akwa

Issu de la prestigieuse famille régnante Bonadika, descendant du roi martyr DIKAMPONDO364(*), le Prince Louis DIN DIKA AKWA est un digne héritier de son père, le Roi DIN DIKA AKWA III, décédé en décembre 2020365(*).

Deuxième fils du défunt roi, Sa Majesté, Louis DIN DIKA AKWA est âgé de 42 ans. Né un 07 décembre366(*) à Douala où il passe sa petite enfance, il effectue un cycle secondaire à Bafoussam, la ville dans laquelle il obtient son baccalauréat au lycée bilingue en 1998.

Il rejoint ensuite Yaoundé pour ses études universitaires après avoir été brillamment reçu au concours d'entrée à la Facultéde Médecine des Sciences Biomédicales367(*), ancien CUSS368(*). Sa formation est sanctionnée par un diplôme de médecine obtenu en 2005. Commence alors une brillante carrière de médecin. A la sortie de l'école, le jeune Prince est affecté à l'hôpital régional de Limbé où il coordonne l »unité en charge des malades atteints du VIH/Sida. Il y reste jusqu'en 2009. Face au besoin grandissant de se perfectionner, il s'inscrit à l'Université d'Etat de Liège en Belgique où il s'en va faire une spécialisation en santé publique.

De retour au Cameroun en 2011, il est nommé Médecin Chef du district de Limbé. Un an et quatre mois plus tard, il monte en grade et devient le Chef de division de la brigade de santé à la délégation régionale du Ministère de la Santé du Littoral où il est notamment en charge du suivi et de l'évaluation369(*).Marié et père de deux enfants, il démarre une carrière à l'international en 2015. Basé au Canada, à Edmonton, dans la province de l'Alberta, il exerce comme médecin-consultant au sein de « Sabin Vaccine Institute », un organisme de santé, partenaire de l'OMS370(*) et de l'UNICEF371(*).

Dès 2018, il travaille pour le gouvernement canadien comme épidémiologiste au sein d'un programme de santé publique à destination de plusieurs villes de l'Alberta. Très proche de son père, celui-ci l'a discrètement et à l'abri des regards, préparer à la succession.

C'est sans doute ce qui explique son calme, sa grande détermination, son élégante capacité d'écoute, son esprit méthodique ajouté à son sens de l'organisation372(*).Ce renversement de situation nous conduit à quelques observations. En effet, Sa Majesté Louis DIN DIKA AKWA a été désigné par les chefs des vingt villages Bonambela à l'issue de consultations présidées par le préfet du Wouri, Benjamin MBOUTOU, ce 15 mars 2022, à la Salle des Fêtes d'Akwa. Des chefs de village l'ont accompagné par une cérémonie de bénédiction et d'invocation des ancêtres à l'entrée de la chefferie373(*).

Dans le cadre de notre étude, la chefferie doit être vue comme une entité politique et administrative sur un territoire limité et qui est issue de la période coloniale.

Dans ce sens,elle doit être considérée en tant qu'auxiliaire de l'administration coloniale mais aussi postcoloniale.

Inventé par les pouvoirs coloniaux pour qualifier les formes d'organisation politique qu'ils ont trouvée sur place, le mot « chefferie » est devenu un mot courant du langage politico-administratif actuel374(*). Les transformations induites par l'administration coloniale se traduisent par l'établissement de nouvelles relations d'allégeance. Il s'agissait surtout de construire progressivement des liens hiérarchiques entre chefferie et administration coloniale. L'une des manifestations de ces relations est, pour le colonisateur, de s'arroger le pouvoir de nommer les chefs, celui de créer les chefferies, et celui de les classer375(*).Pour MichelPROUZET, les autorités camerounaises vont donc essayer de préserver les chefferies tout en essayant de les adapter à l'évolution de la société à cause des services que celles-ci pouvaient leur rendre376(*). L'autorité compétente peut classer une chefferie traditionnelleau 1er au 2ème degré en raison de son importance économique et démographique.Les chefferies allogènes des villes disparaissent au profit de la chefferie de quartier, de bloc ou de zones. Les chefs sont en principe choisis au sein des familles appelées à exercer le commandement traditionnel.Les candidats doivent non seulement remplir les conditions d'aptitude physiqueet morale requises, mais autant que possible, « savoir lire et écrire ». L'autorité administrative procède en cas de vacance aux consultations nécessaires en vue de la désignation d'un nouveau chef. Un soin particulier est mis dans l'instruction du dossier de désignation. Le préfet transmet par voie hiérarchique aux autorités compétentes, le procès-verbal de consultation accompagné d'un extrait de casier judiciaire du candidat, d'un acte de naissance ou d'un jugement supplétif, d'un certificat médical d'aptitude physique et d'un acte constatant la vacance377(*).

Partant de là, l'un des délégués de Libreville rappelle avec force que « la crise d'autorité » est liée au fait de la dispersion378(*) qui a détruit l'unité politique normale, le clan, et au fait que les chefs sont uniquement des « créations administratives »379(*). Ainsi, se trouve suggéré le caractère artificiel des entités régionales créées par l'administration et des « autorités » imposées à celle-ci. Les rapports ont, depuis longtemps, affirmé « qu'il y a loin des chefs légaux aux chefs réels » : les premiers « en raison de leur origine, n'ont en général guère d'autorité sur leurs gens »380(*). Ils sont compromis en tant que détenteurs d'un pouvoir établi de l'extérieur par la société coloniale ; ils ne correspondent pas à un élément existant dans l'ancienne organisation sociale - ce qui accentue encore leur caractère « imposé ».Dans le même temps, les leaders véritables des villages se réservent les avantages de l'opposition, plus ou moins voilée, et de la résistance aux exigences administratives381(*).L'administration ne put organiser son commandement ni sur une hiérarchie stable, ni sur une unité politique précisément localisée. Elle a donc fixé des divisions arbitraires382(*) et choisi les intermédiaires qui semblaient le mieux à même de la servir.

Ces derniers, le plus souvent impopulaires, se sont contentés d'exploiter à leur avantage une situation qui les a compromis définitivement383(*) à moins qu'ils ne soient des « hommes de paille » sacrifiés à l'autorité coloniale ? 384(*) Il faut indiquer que la position du « chef » a également été faussée en raison du pouvoir judiciaire, appuyé sur l'administration et sur une réglementation « adaptée », qui lui a été concédé. Il n'est qu'une autorité d'appel, un arbitre dont une des parties espère un avantage sur la base d'un règlement étranger à la coutume385(*).

Ce dualisme... est souvent cause de graves déséquilibres : parce qu'il contribue à la destruction de l'autorité dans une société peu hiérarchisée et profondément bouleversée par la situation coloniale ; parce qu'il partage les groupements en partisans de la collaboration avec l'administration et « résistants » à cette dernière386(*) ; parce que le chef administratif, s'il a personnalité et ambition, peut utiliser l'important appui extérieur dont il bénéficie et s'imposer à l'encontre des autorités réelles387(*).

.

Tableau N° 5 :Dynastie des AKWA

Kings

Règne

Akwa I (Ngando Akwa)

1814-1846

Akwa II (Dikongué ma Ngando)

1847-1852

Akwa III (Mpondo ma Ngando)

1852-1878

Akwa IV (Dika Mpondo)

1878-1907

Destitution du King Timothy Akwa Dika Mpondo-Régence de Dibusi Akwa

1907-1914

Retour au trône du King Timothy Akwa Dika Mpondo

1915-1916

Renvoi du King Timothy Akwa Dika Mpondo à Campo en résidence surveillée

12 Mai 1916

Mort du King Timothy Akwa Dika Mpondo

6 décembre 1916

Reconduction de la régence de Dibusi Akwa par l'administration française

1916-1918

Destitution du régent Dibusi Akwa par l'administration française et capitulation de l'Allemagne

1918-1918

Din Dika Akwa

1919-1921

Destitution de Din Dika Akwa et condamnation à la prison

1921-1921

Dika Akwa II (Ernest Bétoté)

1921-1924

Arnold Ebongue Dika Akwa (régent)

1924-1927

Hans Ngaka Dika Akwa (régent)

1928-1931

Retour au trône du Prince Ernest Bétoté Dika Akwa

1931-1976

Ernest NtoneEbongue Dika Akwa

1976-1998

Dika Akwa III (Charles David Din)

23 avril 1999-08 décembre 2020

Ngando Ebongue Akwa Jean Pascal

Août 2021- Mars 2022

Din Dika Akwa Louis

Mars 2022-

Source : Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « SUCCESSION DES ROIS et CHEFS SUPÉRIEURS AKWA », mai 2014. Article publié sur le site www.Deïdobonebela.blog4ever.com et consulté le 05 avril 2021.

En dernier lieu, nous évoquerons le cantonDEÏDO.

3. Le cantonDeïdo

En ce qui concerne l'histoire des Deïdo comme celle des autres communautés africaines,telle que souligné plus haut, elle se repose sur l'oralité. En dehors de ce qui est tiré des notes de voyages des Européens qui ont séjourné au Cameroun à l'époque postcoloniale, ainsi que des documents administratifs, les premiers écrits connus qui font allusion à l'origine des Deïdo sont ceux d'IDUBWAN À BELE-BELE, de NGAKA AKWA, de Léopold MOUMÉ-ETIA et du Prince DIKA AKWA NYA BONAMBELA.

Ces différents auteurs s'accordent sur le fait qu'à l'époque où King JOSS DOO LA MAKONGO388(*) était le plus puissant des chefs Duala, il eut une rixe au cours d'un marché périodique dans la région du Mungo. Les Duala qui avaient le contact direct avec les commerçants européens exerçaient un monopole pressant sur leurs frères de l'intérieur qui voulaient en découdre. La situation se transforma vite en une guerre entre les Duala et les Abo. Les Duala, fortement armés par les Européens, eurent le dessus et repartirent avec des prisonniers de guerre.

Le règlement était que les vaincus paient une rançon pour la libération de leurs hommes capturés. Pour le cas-ci, il s'agissait d'une communauté Abo-Sud qui était installée dans la région de Miang et Bwapaki.Cette communauté était d'origine Barombi. Elle avait quitté Buéa, avait traversé le Mungo, laissant un hameau à Mbonjo avant de s'installer à cet endroit, mêlée aux Abo. Elle avait pour chef de guerre EJOBÈ, fils d'EBELE EBONGE. Le Prince EJOBÈ avait été fait prisonnier ainsi que son lieutenant NJABÈ.

Pour les séparer, EJOBÈ était confié à la famille BELL à Bonadouma, tandis que son compère alla chez les Bonambela, à Bonakwane389(*). Ces deux prisonniers étaient libres de tout mouvement sauf de sortie de territoire au risque de subir la sentence de mort. C'est au cours de l'une de leurs fréquentations réciproques qu'EJOBÈ, allant voir NGABÈ, rencontra la princesse KANYA ÉPÉE KWANE et tomba amoureux d'elle.Leur union donna lieu à la naissance d'un fils qu'on appela EBELE, du nom du père EBONGÈ.

Puisque cette liaison entre une princesse et un prisonnier de guerre n'était pas légitime, fut-il prince, l'enfant revenait à la famille de sa mère. EBELE était né en 1755, le même jour que SAME'DOO LA MAKONGO, alors que le Roi BELE BA DOO était né en 1750 et le Roi NGANDO' AKWA était né en 1777. EBELE a grandi dans le canton BELL où il a commencé à faire une grande famille.

Il quittera cette communauté à la suite d'un malentendu et, pendant qu'il avait pris le chemin pour rentrer chez lui à Bonakwane390(*), NGANDO'A KWA, déjà « King » des Bonambela se proposa de l'accueillir sur son territoire à Bonalembe, chose qu'il accepta. EBELEKANYA va multiplier le nombre de ses épouses et de ses enfants à Akwa et c'est à Akwa qu'il est mort et enterré dans la zone de l'assurance AXA. EBELE a épousé sept femmes qui lui ont donné 22 fils auxquels s'ajoutent deux autres fils nés de deux demoiselles de compagnie des épouses. Soit un total de 24 fils.

Ce sont ses fils qui feront l'exode qui aboutit à l'installation des DEÏDOsur leur site actuel où ils ont été accueillis par le maître de ces lieux de l'époque, le nommé « MBIME MOUKOKO », un Bakoko dont la fille, NGONKINDA, était l'épouse du chef des DEÏDO, le nommé « EBOULÈ EBELE ». Ainsi peut se résumer l'histoire de l'origine des DEÏDO selon la version la mieux partagée. Par ailleurs, dans la tradition africaine en général et celle des Sawa en particulier, les noms des individus sont liés aux phénomènes de la nature, ils sont tantôt événementiels, tantôt considérés comme la marque d'affection à un être cher dont le nom sera donné par les parents à leur enfant en guise d'homonymie391(*).

A ce facteur s'ajoutent les liens matrimoniaux qui entraînent l'éparpillement des mêmes noms dans une certaine sphère géographique donnée. Il y a enfin le phénomène des plantations né de l'abolition de l'esclavage et l'avènement du colonialisme. Puisque les premiers planteurs étaient essentiellement les Duala, ils s'étaient partagés les zones d'exploitation des terres agricoles. Les plantations des DEÏDO étaient majoritairement dans le Nkam, ce qui a occasionné des liens de mariage entre ces planteurs et les filles de cette région.Pour ce qui est de la pirogue mythique de Deïdo, « EYUM'A BOLO », contrairement à ce que dit EBELE TOBBO, elle a été construite par ÉPÉE BILÈ à Mabe-Matong, vers Njanga et non chez les Bandem à Yabassi.

L'autorisation de couper l'arbre transformé avait été donnée à ÉPÉE BILÈ par le chef de ce village qui s'appelait EKOKAMBOKA, témoignage qui nous vient de Canaan ÉPÉE, fils du concerné392(*).

EYUM EBELE fut signataire de nombreux traités avec les Européens, et plus particulièrement celui du 14 janvier 1856 établissant une Cour d'Équité à Douala : il signait sous le patronyme de CHARLEY DIDO, nom que les commerçants anglais lui attribuèrent. EYUMEBELE, soucieux de fonder un royaume puissant qui devait devenir le troisième royaume de Douala, il laissa une descendance nombreuse. L'histoire nous dit qu'il épousa 34 femmes et en donna une, « BotaiNjanga », à son frère NGANDOEBELA. Les 33 autres épouses lui donnèrent 72 enfants, 30 filles et 42 garçons. Il eut aussi de très nombreux « enfants adoptifs »393(*).

A présent, sa descendance est classée en 3 foyers nommés. Le 1er foyer, Bonamole, du nom de sa 1ère épouse MOLE EKOLO NDONGO, une princesse Bojongo ; le 2ème foyer, Bonebokolo, du nom de sa 2ème épouse, EBOKOLO'A SAME'A DOO de Bonassama ; le 3ème foyer, Bonadibo, DIBO étant le surnom qu'il a donné à sa JOMBE'A KUKU, originaire d'Abo-Nord. Les noms des principales femmes d'EYUM EBELE furent respectivement : MOLE EKOLO, EBOKOLO A SAME DOO, JOMBEKUKU.

Le classement des garçons d'EYUM ainsi qu'il suit :

Tableau N° 6:Le Classement Des Garçons d'Eyum Dans Le Foyer Bonamole

-EKUALA

-ESAKA

-EYANGO

-DIBOTI

-EKWANUTUDU

-EWONDE

-EKUME

-EYUM

-TOBO

-TANGA

-EPOKO

-EBELE

-BILE

-JOMBI

-EKWA-NUSADI

-MUANJO

-NJO

-MPEMBA

-MBAPE

 

Source : J.P. MEGOPE FOONDE, « Douala : toponymes, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Tableau N° 7:Le Classement Des Garçons d'EyumDans Le FoyerBonebokolo

-MUKOKO

-LEA

-DUME

-SILIKI

-MBONGE

-ELANGE

-NTONE

 

Source : J.P. MEGOPE FOONDE, « Douala : toponymes, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Tableau N° 8:Le Classement Des Garçons d'EyumDans Le Foyer Bonadibo

-KUO

-MBUMWA

-EPEYE

-MUDULU

-EÑAWE

-WUNDU

-DIKUME

-ELOKAN

-ÑAMBI

-NKWAN

-LOTIN

-NGAMBI

-MAMBINGO

-BILE

-NDOLO

-MUSIO

Source : J.P. MEGOPE FOONDE, « Douala : toponymes, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Tableau N° 9 :Dynastie des BONÉBELA (DEÏDO)

Kings

Règnes

Ebélé

...

Eboulé Ebélé (Ned Deïdo)

1794-1804

Deïdo I (Eyoum Ebelé Charley Deïdo)

1804- 07 décembre 1876

Deïdo II (Ekwala Eyoum)

1876-1878

Deïdo III (Epeyé Ekwala Jim Deïdo)

1878-1903

Deïdo IV (Ekwala Epeyé)

1903-1919

Deïdo V (Maurice Eboa Epéyé Deïdo)

1919-1927

Deïdo VI (Frederick Henry Eitel Ekwala Essaka Ekwala Deïdo)

1939-1977

Deïdo VIII (Gaston Claude-Emmanuel Essaka Ekwalla Deïdo)

1977-....

Source : J.P. MEGOPE FOONDE, « Douala : toponymes, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

Dans le second paragraphe, nous évoquerons la prise de contact entre l'administration coloniale allemande et le peuple Duala.

PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTREL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ETLE PEUPLEDUALA394(*)

Le 09 avril 1884, BISMARCK informa le « Foreign Office » que NACHTIGAL voyageait pour l'Afrique de l'Ouest afin de « compléter les informations en possession du Ministère des Affaires Étrangères Allemandes à Berlin sur l'état du commerce allemand sur cette côte... ». BISMARCK demanda au gouvernement britannique d'assister Nachtigal partout où cela serait possible. De cette manière, les Britanniques, sans le savoir, permirent à BISMARCK d'annexer le territoire.

Ce dernier décida par la suite d'envoyer un nouvel ordre à NACHTIGAL en lui donnant des instructions pour s'arroger la côte entre Bimbia et CapeSaint John, afin d'y hisser le drapeau allemand et de déclarer que les firmes allemandes avaient conclu des traités avec les chefs.395(*)Alors que NACHTIGAL était en route pour Douala, le représentant de la firme Woermann à Douala, Édouard SCHMIDT, reçut une lettre confidentielle d'Adolf WOERMANN à Hambourg lui demandant de travailler secrètement avec Johannes VOSS, agent de la firme Jantzen et Thormählen à Douala, afin de négocier un traité avec les chefs Duala. Dans cette correspondance, Adolf WOERMANN donna des instructions à Schmidt en ces termes :« Ce sera votre tâche de démontrer aux RoisAkwaBell et à d'autres chefs les avantages qu'ils auront lorsqu'ils seront sous la protection du roi d'Allemagne... Si vous préservez clairement les choses à ces chefs, je n'ai aucun doute que votre démarche sera couronnée de succès... Il me semble que la principale difficulté est de déterminer les préparations avant que les Anglais en aient une nation. En même temps que ces chefs cèdent leur souveraineté, vous devez par tous les moyens acquérir des terres étendues comme propriétés privées, surtout celles qui sont appropriées pour la création des plantations...Si bien que nous pouvons les rendre plus tard. Vous devez naturellement acheter aussi moins cher que possible. On peut acquérir la terre pour presque rien... ».

La « ville » principale et la plus influente, Douala était placée sous l'autorité de deux grandes familles Duala : AKWA et BELL. Le cantonAKWA était dirigé par le RoiAKWA396(*)et JIM EKWALLA de Deïdo. Le canton BELL était dirigé par le Roi BELL397(*) sur la rive gauche du Wouri et le Prince LOCK PRISO398(*) sur la rive droite à Hickorytown ou Bonabéri.

Dans les deux grandes familles, les princes de Deïdo et de Bonabéri essayèrent d'affirmer leur indépendance vis-à-vis du RoiAKWA et du Roi BELL.Dans le territoire dénommé « Cameroun » avant la colonisation allemande, aucun souverain ne pouvait revendiquer de fait une autorité suprême sur toute la ville, et cet état ne facilita aucunement l'action allemande ou anglaise.

Tableau N° 10 :Évolution et composition de la population de Douala

Année

 

1884

1914

1937

1947

1955

1967

1976

1986

2005

Pop. Tot. (x 1000)

 

5

20

42

60

120

230

458

1500

1907

Groupes ethniques (en %)

Duala

 
 

50

38

20

17

10

7

 
 

Basaa

 
 

15

16

18

23

20

18

 
 

Bamiléké

 
 

5

8

26

37

45

53

 
 

Béti

 
 
 
 

17

11

10

9

 
 

Reste du Cameroun

 
 

16

24

6

5

4

6

 
 

Étrangers africains

 
 

12

10

6

4

8

4

 
 

Européens

 
 

2

4

6

5

3

2

 

Source: H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons 1884-1916: A case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In S. ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887. Buea 1968, p. 28.

Dans cette entreprise, la participation indéniable des commerçants et des négociants allemands dans la prise de contact avec les chefs Duala fut un gage de succès pour l'annexion du pays(A-). Cela aboutira à la signature des différents traités entre les commerçants allemands et les chefs Duala(B-).

A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC LES CHEFS DUALA

L'histoire de la colonie allemande du Cameroun commence avec les contrats de protection que l'explorateur Gustave NACHTIGAL399(*), en sa qualité de Commissaire de l'Empire allemand, avait conclu le 11 et 12 juillet 1884 avec les différents Kings installés sur les rives de l'estuaire du Wouri à Douala, suivi par le lever du drapeau allemand le 14 juillet 1884 et en final, avec la déclaration du Protectorat allemand.

C'est à partir de ces évènements qu'a aussi commencé l'histoire de la soumission du pays et de son ouverture progressive aux sociétés commerciales, tandis que les frontières du protectorat allemand avec les colonies des territoires voisins n'ont été délimitées qu'au cours des années suivantes.

En 1911, dans le cadre d'un échange de territoire entre la France et l'Allemagne, ce protectorat s'est encore élargi d'un territoire à l'Est et au Sud, agrandissant ainsi la surface de l'ensemble du Protectorat de plus de la moitié400(*), ce qui veut dire à une étendue qui représentait 1, 3 fois la superficie de l'ancien Empire allemand401(*).

La politique coloniale de l'Empire allemand a été dirigée par l'Office Colonial de l'Empire402(*) à Berlin qui n'était, dans ses débuts, qu'un Département Colonial au sein du Ministère des Affaires Étrangères placé cependant directement sous la direction du Chancelier de l'Empire. Dès 1868, les intérêts économiques allemands étaient représentés sur la côte camerounaise par la firme WOERMANN de HAMBOURG.

Quelques années plus tard, la firme Jantzen &Thormählen venait s'y ajouter et jusqu'en 1884, ces deux maisons de commerce furent les seules à faire contrepoids aux commerçants anglais présents depuis longtemps.Bien que numériquement plus faibles, leur importance ne cessa de croitre aux dépends de celle des Anglais et dans les dernières années avant l'annexion du Cameroun, leur influence était prédominante. Cette forte position était surtout due à la consolidation de leurs relations commerciales avec les chefs Duala.RAMSAY affirme que le chiffre d'affaires des deux firmes allemandes était égal à celui des sept maisons de commerce britanniques. Le système de crédit ou « trust » permettait d'ailleurs de saisir le comment de cette prédominance.

Les engagements considérables des chefs Duala vis-à-vis des firmes européennes les mettaient dans une situation de dépendance403(*). Jusque-là,le poids des firmes allemandes était presqu'exclusivement limité au secteur économique, mais dès 1883, Édouard SCHMIDT, l'agent de WOERMANN, chercha à le doubler d'une influence politique en signant de sa propre initiative un traité avec les chefs Akwa, qui sans êtreun traité de protectorat, lui permettait d'intervenir dans les affaires politiques des Akwa404(*).Il s'agit surtout de trois firmes de Hambourg et de Brême : C.Woermann en 1868 et Thormählen et Jantzen qui fusionnent en 1875.

Pour l'heure, BISMARCK ne semble s'intéresser qu'au commerce allemand, écartant toute ambition d'acquisition territoriale. Aussi invite-t-il la France, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie qui ont des intérêts analogues, à constituer un pacte de neutralité entre les nations adonnées au commerce d'outre-mer. De ce club, il écarte les Anglais, parce que, dit-il « leurs principes exclusifs en matière coloniale les tiennent à part ». Quelques jours plus tard, le 24 mai 1884, BISMARCK précise sa pensée : « Si nous ne trouvons pas justice outre-mer auprès de l'Angleterre, il nous faudra bien chercher à entrer plus étroitement en contact avec les autres puissances maritimes, y compris la France. A la longue, l'opinion publique allemande ne supporterait pas l'exclusivisme et l'arrogance de l'Angleterre »405(*).

La maison de commerce allemande Woermann avec à sa tête Adolf et ÉdouardWOERMANN(1-) ainsi que celle d'ÉdouardSCHMIDT(2-) auront un rôle majeur à jouer dans la signature des traités Germano-Duala.

1. Adolf et Édouard Woermann - La maison de commerce allemande Woermann

La Woermann-Linie est une compagnie maritime allemande fondée à Hambourg en 1885. Elle est réputée être en son temps l'une des plus importantes compagnies maritimes d'Afrique. Ses activités prennent fin lors de la SecondeGuerre mondiale en 1941.

L'origine de la compagnie maritime date de 1849, lors de l'envoi d'un premier navire à voile de la maison de commerce Woermann en Afrique occidentale.WOERMANN ouvre des liaisons maritimes sur les côtes ouest-africaines dans les années 1870. La WoermannLinie ou Ligne Woermann est fondée le 15 juin 1885 par AdolfWOERMANN. L'entreprise assure alors un service de ligne de passagers et de fret vers les colonies allemandes avec deux navires.

La flotte est renforcée lors de l'établissement du protectorat du Sud-Ouest africain allemand à partir de 1884. Après la mort d'Adolf WOERMANN en 1911, ÉdouardWOERMANN lui succède. En 1916, il vend la « Woermann Linie » et la « German East Africa Linie » à un consortium composé de HAMBURG AMERICA LINIE, NORDDEUTSCHER LLOYD et HUGOSTINNES. Un an après la prise du pouvoir par le parti nazi, la réorganisation du transport maritime en 1934, conduit à la division des grands groupes de transport maritime. HAPAG406(*)et NorddeutscheLloyd ont dû remettre leurs parts de la ligne Woermann au ReichAllemand.En 1941, le Reich vend ces actions au fabricant de cigarettes PhilippF.REEMTSMA, ils les cèdent à l'armateur JohnT.ESSBERGER.

Après la guerre, ce dernier continue les lignes africaines allemandes, mais pas la ligne Woermann407(*). Adolf WOERMANN avait succédé à son père en 1880 comme président de la firme C. Woermann ; fondée en 1837, cette firme commence ses opérations commerciales en Afrique Occidentale dès 1849. On la trouve, en 1868 au Cameroun où, par le concours qu'elle apporte à la Cour d'Équité, elle collabore loyalement avec les anglais au maintien de la paix sur la côte. En 1884, AdolfWOERMANN devient membre du Reichstag sous l'étiquette du Parti National Libéral. Mais, bientôt, l'accroissement du commerce colonial, le mouvement des affaires et la crainte qu'il avait de voir les anglais prendre le Cameroun, mettent WOERMANN sur la voie de l'occupation de ce Territoire par les allemands. Sa plus grande fortune dans ce domaine, fut l'estime et l'admiration dont il jouissait auprès de BISMARCK.

Il pouvait ainsi correspondre directement avec le Chancelier, dédaignant les voies hiérarchiques pourtant très vivement recommandées par le Gouvernement impérial.C'est donc en utilisant le biais de ses rapports personnels avec lui, qu'il put amener BISMARCK à adopter ses points de vue sur la nécessité de protéger le commerce allemand au Cameroun et sur les problèmes posés par le traité anglo-portugais touchant le fleuve Congo. En faisant rédiger par son frère ÉdouardWOERMANN, puis signer par les chefs Duala, des textes soigneusement préparés d'avance et que NACHTIGAL n'avait plus en fait, qu'à rendre publics, WOERMANN assura inévitablement le succès de la mission de ce dernier.

Par la suite, il sut si bien entourer les premiers représentants du Gouvernement impérial au Cameroun qu'après avoir mis ses bateaux à la disposition de NACHTIGAL à son arrivée à Douala, il ne se priva pas du plaisir d'offrir son comptoir comme résidence à BUCHNER, récemment nommé gouverneur de la nouvelle colonie, en remplacement de Nachtigal que d'autres missions appelaient ailleurs. Au Reichstag où il siégea de 1884 à 1890, Adolf WOERMANN fut l'incarnation même du colonialisme ; sa seule préoccupation était de dégager ses affaires de tout frein législatif, étant donné le grand nombre des membres du reichstag qui ne demandaient qu'à voir toute tentative de colonisation sombrer dans un complet échec.

La firme Woermann avait en effet de très gros intérêts à sauvegarder en AfriqueOccidentale, en AfriqueOrientale, en Nouvelle-Guinée et au Cameroun. Dans ce dernier territoire, son plus grand désir était de voir ouvrir le plus largement possible l'arrière-pays aux activités commerciales ; aussi demanda-t-il que lui fut confié un monopole commercial sur des régions déterminées.C'est dans ces conditions que la maison Woermann fonda la première grande plantation de la colonie, avant de devenir plus tard directeur dans d'autres plantations, et participer aux activités de la « Gesellschaft Sud-Kamerun » qui venait de recevoir de très grosses concessions commerciales dans le Territoire. Le nombre des stations commerciales appartenant à la firme Woermann s'était ainsi accru et représentait en 1905, une trentaine d'unités.

Grâce aux crédits avantageux qu'elle accordait très largement aux indigènes de Douala, la firme Woermann put disposer de gros atouts contre les autres commerçants, les sommes importantes que lui devait par ce biais la famille BELL lui donnèrent, dit-on, l'occasion de patronner cette dernière et d'en faire pratiquement un instrument à son service...

Parallèlement à ses autres activités, la firme Woermann voyait le nombre de ses bateaux s'accroître très vite, passant de 15 en 1896 à 35 en 1903. WOERMANN ne manqua pas de s'en servir à des fins de propagande pour intéresser ceux qui étaient encore hésitants, aux réalisations actuelles ou simplement potentielles de la colonie ; en homme d'affaires averti, il savait comment toucher les personnalités ou les organismes dont le témoignage pouvait être décisif pour l'avenir du mouvement colonial.

C'est en ce sens qu'il faut interpréter les conditions très favorables qu'il consentait pour le transport des missionnaires se rendant au Cameroun ou en revenant, de même le voyage gratuit qu'il offrit au Cameroun en 1896 à neuf membres du Reichstag, enfin le transport gratuit jusqu'à Hambourg du premier chargement du coton récolté au Cameroun ; ce furent autant d'efforts pour encourager ce qui se faisait sur place, et convaincre ceux des allemands qui pouvaient encore en douter, que l'entreprise coloniale au Cameroun était loin d'être un échec.

C'est dans le même esprit que, l'un des tout premiers, il préconisa pour la colonie du Cameroun le rail comme moyen de transport. Il devait devenir par la suite, membre du Consortium chargé de financer la construction du premier chemin de fer du Territoire.

Mais, le monopole qui lui avait été accordé sur une très grande concession en 1889 lui ayant été retiré dès 1893, il ne se consacra plus dès ce moment, qu'à celui qui lui fut reconnu en échange sur la ramie408(*). Là, son esprit inventif sut également s'affirmer ; il songea tout de suite aux possibilités de mettre sur pied une machine pour travailler la fibre de cette plante. WOERMANN donna jusqu'à mille marks à la Société Coloniale pour contribuer à des recherches en ce sens, alors que les autres hommes d'affaires n'y contribuaient que pour cinq, dix, quinze et au maximum vingt marks ; il est vrai qu'en cas de succès, c'est WOERMANN qui aurait retiré le plus grand bénéfice de cette invention...Cet homme qui disait de lui-même qu'il n'était bon que pour les affaires et nullement pour autre chose, n'admettait guère d'ingérence dans ce domaine de la part du Gouvernement ; il eut souvent l'occasion de développer cette théorie, en particulier, lorsque le gouvernement local tenta d'interdire la pratique des crédits jusque-là accordés aux indigènes par les firmes.

Sa méthode avait toujours été de gagner les autochtones par la douceur, même s'il fallait pour cela, faire du tort aux autres commerçants ; son opposition à toute idée de violence l'amena à demander, assez cyniquement d'ailleurs, que l'on se servit des missionnaires pour briser l'hostilité des indigènes à l'égard des blancs, au lieu de recourir à la force. Pour lui, cette dernière méthode ne pouvait apporter aux affaires que déboires et insuccès. Avec l'arrivée sur la côte du Cameroun de commerçants toujours plus nombreux, l'influence de WOERMANN déclina peu à peu ; il était de moins en moins regardé comme seul interlocuteur en matière de politique ou d'économie coloniale.

Quels que soient les reproches souvent formulés contre lui par les autres commerçants, quels que soient même les torts réels qu'il a pu, à certains moments, causer aux progrès du commerce, AdolfWOERMANN n'en fut pas moins l'un des plus grands pionniers du développement économique du Cameroun. Il laisse, en tout cas, le souvenir d'un homme d'affaires dont les vues très larges dans le domaine des activités coloniales ont certes mis en relief le sens aigu qu'il avait de ses intérêts, mais qui, par bien d'autres côtés, a démontré que la recherche de l'intérêt personnel était compatible avec une politique de paix, et une conception satisfaisante des rapports entre indigènes et colonisateurs.

Mais, WOERMANN ne fut pas le seul à représenter les intérêts coloniaux au Cameroun ;il y avait aussi, au moment de l'occupation, la firme Jantzen und Thormählen. Jantzen comme Thormählen furent d'abord agents de la firme Woermann au Cameroun ; c'est avec leur concours que fut créée la première plantation Woermann à Edéa. AdolfWOERMANN à Hambourg et Lüderitz à Brême présidaient aux destinées des grosses firmes commerciales. Le 06 juillet 1883, la chambre de commerce de Hambourg présidée par le célèbre ADOLF WOERMANN produisit sur les intérêts allemands en Afrique un mémoire qui trouva un écho favorable en Allemagne409(*). Pour accélérer les choses, le conseiller privé de BISMARCK, à savoir Heinrich VON KUSSEROV, qui soutenait la propagande coloniale allemande, adressa au chancelier, le 30 novembre 1883, deux rapports : l'un sur les desiderata des milieux coloniaux et qui se fondait sur le traité de paix conclu en mars 1883 à Douala par King BELL et King AKWA avec le consul anglais de la place410(*), l'autre sur le plan d'urgence destiné à « court - circuiter » les Anglais et à établir un protectorat allemand sur le Cameroun.

VON KUSSEROV proposa donc dans ce second rapport d'envoyer d'urgence un émissaire allemand pour négocier directement ce protectorat avec les chefs locaux à Douala411(*). BISMARCK approuva cette proposition et, sur ses instructions, Gustave NACHTIGAL, alors consul général d'Allemagne à Tunis, s'embarqua à Lisbonne le 1er juin 1884 à bord de la Möwe, accompagné de Max BUCHNER, un grand explorateur de la région congolaise.

Il était notamment chargé de négocier des arrangements qui permettraient à l'Allemagne de contrôler des territoires acquis avant et après son arrivée, de hisser le drapeau allemand, et de déclarer que les firmes allemandes avaient passé des traités avec les chefs indigènes412(*). Des instructions confidentielles furent ensuite envoyées aux commerçants allemands à Douala pour qu'ils préparent l'arrivée de Gustave NACHTIGAL. C'est ainsi qu'ils commencèrent à faire des propositions aux chefs concernant l'acceptation du protectorat allemand413(*).

La très active firme Woermannde Hambourg, se montra si entreprenante qu'elle entra dans les bonnes grâces des chefs Duala dont elle obtint en 1881, le droit d'établissement sur la côte ; c'était la deuxième fois depuis le début du siècle, qu'un commerçant européen bénéficiait d'un tel privilège. Il faut dire que pour arriver à ses fins, la firme Woermann, aidée par ses gros moyens, n'avait ménagé ni dons en nature, ni même concurrence déloyale, toutes mesures auxquellesles chefs de la côte ne pouvaient être insensibles. Ayant donc acheté un terrain à Deïdo, elle y construisit une factorerie, la première installée dans une localité de la mouvance d'un chef Duala.

La grande arme employée par la firme Woermann fut le système du crédit, dont les autres firmes dénonçaient de plus en plus les abus, mais que WOERMANN soutenait très farouchement ; cette firme avait donc pris de très gros risques qui lui auraient sans aucun doute, causé des pertes énormes si, au lieu des allemands, les anglais ou les français avaient occupé le territoire du Cameroun en 1884414(*). Édouard SCHMIDT était le commerçant à la tête de la maison de commerce allemande Jantzen et Thormählen.

2. ÉdouardSchmidt - La maison de commerce allemande Jantzen et Thormählen

Jantzen & Thormählen est une entreprise coloniale allemande fondée à Hambourg en 1874 par WILHELMJANTZEN et JOHANNTHORMÄHLEN.Elle exploite les ressources de la colonie du Kamerun établie en 1884.Wilhelm JANTZEN et JohannTHORMÄHLEN ont travaillé pendant plusieurs années pour WOERMANN-LINIE, JANTZEN au Libéria et THORMÄHLEN au Cameroun.

En 1874, ils décident de fonder leur propre maison de commerce à Hambourg et ouvrent une première succursale sur le fleuve Wouri. La maison contrôle des factoreries sur les côtes occidentales de l'Afrique à Grand Batanga, Campo, Bata, Eloby, Ogowe et au Gabon. Ses principaux produits sont l'huile de palme et le palmiste. La société est dissoute en 1907 après le retrait de THORMÄHLEN. JANTZEN prend la succession en tant que CFW Jantzen Im-und Export, jusqu'à sa mort en 1917415(*).

Édouard SCHMIDT et Johannes VOSS, représentants respectifs des firmes Carl Woermann et Jantzen und Thormählen, qui reçurent la lettre comportant les instructions le 20 juin 1884, n'eurent pas la tâche facile en raison de la résistance de certains chefs Duala à l'Anschluss, c'est-à-dire au rattachement de leur territoire à l'Empire allemand. Le 12 juillet au matin, les chefs Duala adressèrent à EmilSCHULZE un texte connu désormais sous le titre de « Wunsche der Kamerun Leute »416(*) et insistèrent qu'il fut inclus dans le traité Germano - Duala dont l'ébauche était en préparation.

Dans ce texte, les chefs Duala affirmaient leur droit de propriété exclusive dans l'estuaire du Wouri et leur monopole commercial absolu dans l'arrière - pays. Poursuivant les pourparlers, les commerçants allemands réussirent le 12 juillet 1884 à signer le fameux traité par lequel les chefs Duala cédaient, sous certaines réserves, leur territoire et tous leurs droits de souveraineté à la maison Woermann.La cérémonie de signature de cet acte se déroula dans la factorerie Woermann. GustaveNACHTIGAL, l'envoyé de BISMARCK, n'eut plus qu'à l'officialiser le lundi 14 juillet, en hissant, pour la première fois, le drapeau allemand sur cette partie de la côte camerounaise qui devint Kamerunstadt417(*).

Gustave NACHTIGAL devait accomplir le même geste à King WILLIAMS TOWN418(*) le 21 juillet, à King PASSAL'S TOWN419(*) le 22 juillet, à Small - Batanga le 23 juillet,à Plantation et à Kribi le 24 juillet, à Campo le 30 juillet, à Benita le 02 août, à Awouni le 06 août, à Bapouko le 07 août et à Hickorytown420(*) le 28 août421(*).

Il s'agit des localités dont les chefs avaient déjà signé des traités avec les agents des maisons CarlWoermann et Jantzen und Thormählen, traités par lesquels ces chefs cédaient aux commerçants allemands tous les droits qu'ils détenaient422(*). JANTZEN et THORMÄHLEN s'intéressèrent aussi aux plantations pour leur propre compte ; mais, ils n'y rencontrèrent que des échecs. S'ils ne partagèrent pas toujours les idées de Woermann sur la manière d'accorder des crédits aux indigènes, ils furent au contraire, de son avais chaque fois qu'il fallut envisager les moyens pratiques d'ouvrir l'arrière-pays à un commerce sans intermédiaires.

Quoique de beaucoup moindre envergure que celles de WOERMANN, les affaires de THORMÄHLEN prospéraient au fur et à mesure du développement de la colonie. Quand fut fondé le Comité économique ou « Kolonialwirtschaftliches Komitee », THORMÄHLEN en fut élu membre ; mais, à ce poste, il se montra davantage partisan des méthodes de coercition ; il partait en effet du principe que le Noir était paresseux et qu'il fallait absolument adopter à son égard, une politique beaucoup plus autoritaire, en vue de l'amener à travailler dans l'intérêt du Blanc. Son discours au Congrès colonial en 1902 traduit très nettement cette conception des rapports entre colonisés et colonisateurs. Avant de quitter la côte camerounaise, GustaveNACHTIGAL installa son compagnon MaxBUCHNER comme représentant civil de l'empereur dans cette nouvelle acquisition423(*).

Par la suite, plusieurs traités seront signés entre les commerçants allemands et les chefs Duala dont le plus célèbre est celui du 12 juillet 1884.

B. LA SIGNATURE DE DIFFÉRENTSTRAITÉSENTRELESCOMMERÇANTS ALLEMANDS ETLES CHEFS DUALA

Un traité est un contrat conclu entre plusieurs sujets de droit international public. L'accord écrit traduit l'expression des volontés concordantes de ces sujets de droit en vue de produire des effets juridiques contraignants, qui sont régis par le droit international. Seuls peuvent conclure ces contrats ceux qui sont dotés d'une personnalité morale de droit international et qui disposent du treaty-making power (TMP).

Il s'agit le plus souvent des États, mais d'autres personnes morales, comme certaines organisations internationales, peuvent en conclure. Un exemple de traité de paix est le Traité des Pyrénées. Deux importants textes signés le 12 juillet 1884 constituent le fondement juridique de l'occupation du Cameroun par les Allemands. Le premier de ces textes détermine en fait les rapports entre les indigènes et leurs nouveaux maîtres ; il s'attache en particulier à souligner les points essentiels sur lesquels les indigènes souhaitent avoir le maximum d'assurances.

Il s'agit en somme d'une sorte de loi fondamentale dont le contenu tient à deux idées essentielles : l'engagement par les allemands de respecter et de protéger le monopole que détenaient les indigènes dans le commerce avec l'arrière-pays ; le maintien du système de crédit attaché à ce monopole et qui avait pour but de faciliter les opérations commerciales aux indigènes. Pour le reste, les Allemands avaient carte blanche pour prendre en main la direction du pays424(*).

Quant au second texte, il est conçu sous forme de traité. Les Duala s'y engagent, par l'intermédiaire de leurs chefs, à accorder toute souveraineté aux allemands sur l'ensemble du Territoire ; en retour, ils attendent des allemands des concessions sur cinq points dont notamment, le respect des coutumes et le maintien du droit des chefs à percevoir le « Koumi ». La suite de ce texte rejoint dans les grandes lignes l'esprit du premier. Il insiste plus spécialement sur la nécessité de laisser aux indigènes toute liberté de poursuivre leur commerce d'intermédiaires. Rappelons que les Duala tenaient énormément à cette prérogative qui était devenue pour eux une raison de vivre ; on a même pensé que de ce fait,ils n'auraient accepté qu'avec d'extrêmes réserves l'occupation anglaise, dont ils savaient d'avance qu'elle n'était pas favorable au maintien de ce monopole.

L'insistance avec laquelle est soulignée cette exigence dans le traité reflète nettement leur volonté de ne pas transiger sur ce point. Voici un passage de leur déclaration : « Notre souhait est (sic) que les hommes blancs n'aillent pas commercer avec les Bushmen, rien à voir avec nos marchés. Ils doivent rester ici dans cette rivière et ils nous font confiance, pour que nous commercions avec nos Bushmen ».425(*)

Quelque explicite que ce soit ce texte, et bien que les Allemands n'aient fait aucune réserve à son sujet, il n'en fut pas moins une source de difficultés entre les deux parties426(*). Les premiers germes de ces difficultés étaient apparus du jour où des explorateurs purent pénétrer dans l'arrière-pays.

Dès 1850, BARTH avait pu s'engager dans les régions du Nord-Cameroun, pour le compte de la « Royal Geographical Society » de Londres ; son travail fut poursuivi en 1860 par ROHLFS et, de 1869 à 1873, par NACHTIGAL.Un peu plus tard, de 1882 à 1883, Flegel, qui était à la fois explorateur et commerçant, pénétra dans l'Adamaoua par le Niger et la Bénoué ; il fut à tel point impressionné par les possibilités qu'offrait cette région, qu'il voulut y organiser une société commerciale allemande427(*).

En premier lieu, nous nous sommes penchés sur l'accord commercial du 30 janvier 1883 et la convention du 29 mars 1883(1-). Puis, en second lieu, nous nous intéresserons aux traités du 11 et 12 juillet 1884 (2-).

1. Accord commercial du 30 janvier 1883& Convention de réconciliation du 29 mars 1883

L'accord Akwa-Woermann du 30 janvier 1883, est relatif à la protection des biens et agents de la firme Woermann à Akwa428(*).

Le 30 janvier 1883, un important accord commercial est signé entre le Roi AKWA et le représentant de la maison Woermann de Hambourg, précédant de très peu la venue de la mission allemande conduite par le Dr.NACHTIGAL qui avait reçu la consigne du Chancelier BISMARCK d'établir des « colonies de commerce » dans nos régions429(*). Ce traité permettait aux Allemands de faire du commerce dans son territoire.En second lieu, la convention de réconciliation du 29 mars 1883 sera abordée. King BELL était le chef de file du peuple Duala au sud du Cameroun pendant la période où les Allemands ont établi leur colonie du Kamerun.

Il a régné de 1858 à 1897. NDUMBÉ LOBÉ BELL a succédé à son père LOBÉ BEBE BELL en 1858, quand il était âgé d'environ vingt ans.Entre 1872 et 1874, il y avait un conflit entre les factions AKWA et BELL, sur une tentative de Bonapriso de séparer d'Akwa. King BELL a été soutenu par Deïdo, qui était devenu indépendant d'Akwa. Entre 1882 et 1883, avant l'annexion allemande, une violente dispute a éclaté entre King BELLet trois de ses frères, soutenus par Akwa et Bonabéri. Ces luttes étaient nuisibles pour le commerce et l'expansion économique des BELL.

A la fin du 19ème siècle, malgré que les Anglais soient les Européens les plus présents au Cameroun, le pays devient une colonie allemande.Pour éviter d'autres actes de rébellion comme il en a connu avec les Bonabéri, King BELL demande la protection des Allemands afin de renforcer son autorité et ses positions sur le commerce intérieur430(*).

Et à ce titre, le « Ngondo »apparaît comme la commémoration de la réconciliation entre les Akwa et les Bell, mais aussi comme le point de jonction des peuples côtiers qui ont en commun un certain nombre de pratiques culturelles et sociales : port du pagne, consommation du « Miondo » et du « Ndolè », pratique de la pêche, utilisation de la langue Duala comme langue de communication431(*)...

Enfin, nous parlerons des traités du 11 et 12 juillet 1884.

2. Traités du 11 et du 12 juillet 1884

Le terme « Cameroon » est d'abord entendu en 1884 pour désigner une ville que les Allemands traduiront en « KamerunStadt » et baptiseront en 1901 pour l'appeler Douala. Mais si à l'époque, on parlait de « Cameroons Town », on parlait aussi de « Cameroons - River »432(*), plus tard dénommé « Fleuve Wouri », et même de « Country called Cameroons ».

Un territoire donc essentiellement limité à la Côte et aux dépendances des RoisDuala, qui exerçaient leur souveraineté ou leur influence de Douala à Buéa et Mbanga d'une part et des pays Bassade la Côte jusqu'à Yabassi d'autre part. Nous retrouvons dans la ville même de « Cameroons », quatre princes régnants issus de deux (02) grandes familles Duala, BELLet AKWA.

En effet, le clan BELL est dirigé par King BELL433(*) sur la rive gauche du fleuve et par le Prince LOCK PRISO434(*) sur la rive droite à Hickorytown ou à Bonabéri435(*). Le clan AKWA est dirigé pour sa part par King AKWA436(*) et Jim EKWALLA de DEÏDO.

Dans les deux camps, les princes de Bonabéri et de Deïdo affirment leur indépendance vis-à-vis de King BELL et de King AKWA. Le résultat est qu'à « Cameroons », aucun souverain n'exerce l'exclusivité du pouvoir sur l'ensemble de la ville ou du territoire dépendant de tous ces potentats.

Chacun des rois et princes exerce son pouvoir sans partage sur son « Town », car on parlera en effet de « Bell-town », « Dido-town » et d'« Hickory-town », tous à « Cameroons », à Douala437(*).Le « Ngondo » ou Assemblée traditionnelle du peuple Duala, est antérieure à l'arrivée, en 1843, des premiers missionnaires à Douala. Son année de création peut se situer approximativement en 1830, soit une quinzaine d'années avant la mort, en juillet 1845, de NGANDO A KWA, Roi des AKWA à l'époque. Le « Ngondo » ou Assemblée traditionnelle du peuple Duala, malgré son institution centralisatrice, ne parvint pas à réunir les Duala en un seul bloc...

Chaque part gardait jalousement ses prérogatives de souveraineté, même la « Court of Equity »438(*) instaurée dès le 14 janvier 1856 pour régler les litiges avec les commerçants européens n'entachait aucunement ces prérogatives439(*).(VoirAnnexe 4 : LE NGONDO).L'Annexe 4 présente l'historique, l'évolution et les activités politiques du « Ngondo » avant et après l'occupation allemande. Ce dernier relève les difficultés et les manquements que cette illustre institution rencontre encore de nos jours pour fédérer l'union et la force des peuples côtiers autour d'objectifs communs tels que le développement, ou la valorisation de la culture Sawa.

On constatera donc une absence de mouvement unificateur entre les potentats Duala en particulier et les potentats africains en général, ce qui conduira à la facilitation et à l'accélération de la signature de différents traités dont ceux du 11 et 12 juillet 1884.

Le traité du 11 juillet 1884 sera une esquisse au traité final du 12 juillet 1884.

· Traité du 11 juillet 1884

Dans une note à GustaveNACHTIGAL que le Chancelier du Reich FürstVON BISMARCK le délègue en Afrique comme « Consul général et Commissaire pour la CôteOuest-africaine », il est stipulé que les traités doivent être signés entre les rois et princes africains et les commerçants allemands afin d'éviter des conditions exorbitantes de la part des Africains.

Le Reich reprendrait les traités immédiatement après, sans avoir à négocier avec les potentats africains qui auront déjà signé avec les maisons privées dans le sens d'un transfert de souveraineté au Reich Allemand par personne privée allemande interposée : « Votre Excellence ne devra proclamer la souveraineté impériale sur les régions concernées que si les chefs indigènes procèdent à une reconnaissance contractuelle de celle-ci ou alors si ces régions ont été préalablement acquises par des citoyens de l'Empire. Les firmes allemandes intéressées ont déjà obtenu quelques acquisitions contractuelles et peuvent donc immédiatement placer les régions en question sous le protectorat de Sa MajestéImpériale sous réserve des droits établis de tiers »440(*).

BISMARCKdonne ces instructions deux (02) mois avant la signature des traités dans la baie de Biafra et ce sur proposition d'Adolf WOERMANN émises le 30 avril 1884441(*). Le Chancelier du Reich conçoit donc parfaitement que des Traités soient signés par des citoyens allemands en leur nom en vue de leur possession privée et que ceux-ci placent ces possessions par la suite sous la protection du Reich. Cela évitera au Reich de signer directement avec les royaumes et principautés africains et lui épargnera des engagements jugés exorbitants.

BISMARCK prévoit cependant que même la signature des Traités entre les puissances africaines et les sujets du Reich doit être attestée et légalisée par un représentant attitré du Reich. Il désignera pour cela, Emil SCHULZE, Consul allemand au Gabon : « Pour faciliter de nouvelles acquisitions sollicitées par les intéressés avant l'arrivée de Votre Excellence dans la Baie de Biafra et pour éviter dans la mesure du possible qu'elles ne soient contestées par des tiers,j'ai habilité le Consul impérial au Gabon M. SCHULZE, qui est particulièrement averti de la situation sur cette côte, à procéder à la législation officielle de tels traités »442(*).

L'instruction de BISMARCK prévoit même les termes du traité, surtout pour les traités négociés, ce qui uniformisera sensiblement la plupart des textes signés : « Lors de la signature des traités et à l'occasion de leur proclamation on devra, conformément à la présente note de M. WOERMANN, formuler clairement que nous respectons les traités commerciaux et contrats signés auparavant entre les indigènes et les autres nations ou leurs citoyens et maintiendrons de toute façon dans les régions concernées la liberté commerciale existante.En outre, conformément à la proposition du paragraphe 6, on devra permettre aux chefs indigènes de continuer à percevoir les taxes comme auparavant »443(*).

Le 10 juillet 1884, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT se rendirent à Bimbia où ils obtinrent des chefs de la place la signature d'un traité préliminaire444(*).(« VoirAnnexe 5 : Texte préliminaire du 10 juillet 1884 »). L'Annexe 5laisse supposer que les commerçants allemands voulaient sans doute s'assurer que les chefs Duala ne fassent pas marche arrière et qu'ils ne se désistent pas au dernier moment. Ils voulaient aussi sans doute ne pas être pris au dépourvu par les autres puissances étrangères telles que l'Angleterre ou la France. Les traités étaient donc une manière d'asseoir leur mainmise de manière juridique sur le territoire camerounais.

Le traité du 12 juillet 1884, contrairement à ce que l'on pense souvent, n'a pas été signé le 12 juillet. En effet, King DIDO nommé EKWALLA de DEÏDOsigne le 1er et légalise le Traité avec la partie allemande dès le 11 juillet1884.A ce sujet, les King BELL445(*) et King AKWA446(*) signeront le 12 juillet 1884 deux traités identiques, mais séparés même si les deux rois ont contresigné le traité de l'autre447(*). Si le texte du 11 juillet 1884 ne concernait que:« The country called Cameroons situated on the Cameroons named King Dido Town with dependences »448(*). Celui du 12 juillet 1884englobera:« The country called Cameroons situated on the Cameroons River, between the River Bimbia on the North side, the River Quaqua on the South side and Up to 4° 10' North lat. »449(*)Sinon le contenu des deux textes reste identique.

Il faut relever dans ce contexte l'existence d'un texte pouvant être qualifié de Pré-Traité, d'Acte de Reconnaissance ou d'Acte d'Engagement officiel de la part du GouvernementAllemand. Ce premier traité n'avait pas l'assentiment de tous les rois de l'époque450(*).Le traité du 12 juillet 1884 marquera la naissance du Cameroun sur la scène internationale.

· Traité du 12 juillet 1884

Le point de départ de l'expansion coloniale allemande fut certainement le télégramme adressé le 24 avril 1884 au consul allemand résidant au Cap451(*). D'après ce télégramme, le commerçant de Brème, Lüderitz et des établissements d'Angra Pequena452(*)pouvait se considérer comme étant sous la protection de l'empire. L'envoi de ce télégramme inaugurait en quelque sorte une ère nouvelle pour l'Allemagne, l'ère de la conquête coloniale. Le Dr. NACHTIGAL, consul allemand à Tunis depuis 1882, fut chargé le 19 mars 1884 d'une mission d'information sur la côte ouest-africaine. Le premier souhait de la Chambre de commerce de Hambourg venait de se réaliser.

Selon les directives données à NACHTIGAL, il devait étudier le commerce allemand en territoire étranger et signer des traités avec les chefs des territoires indépendants pour garantir les droits de ces mêmes commerçants. Une dépêche contenant des instructions plus précises lui fut envoyée le 24 avril 1884, lui demandant expressément de prendre en possession le territoire situé entre le delta du Niger et le Gabon453(*). AdolfWOERMANN pouvait en être satisfait. De même que ce dernier joua un rôle décisif dans l'engagement colonial du chancelier, de même son agent, Édouard SCHMIDTet celui de la firme Jantzen &Thormählen, Johannes VOB prirent une part active et non moins décisive dans l'acquisition effective du Cameroun. Dès le 06 mai 1884, WOERMANN envoya à son agent à Douala une lettre contenant des instructions très précises.

Il le mettait au courant de la décision du gouvernement impérial et lui demandait entre autres que lui et JOHANNES VOB signent des traités avec les chefs AKWA, BELL, LOCK PRISO et DIDO, dans lesquels ces derniers transféreraient la souveraineté de leur pays à WOERMANN pour l'Empereur d'Allemagne454(*).Dès la réception de ces instructions, les deux agents commencèrent à négocier avec les chefs, tout en essayant de cacher au maximum leurs intentions aux Anglais455(*). Ce n'était pas une mission facile, car si King BELL et King AKWA étaient prêts à signer, l'attitude hostile de leurs sujets ne les encourageait guère dans cette voie.

Le 09 juillet 1884 arrivèrent deux autres négociateurs en l'occurrence le Consul SCHULZE venant du Gabon et ÉdouardWOERMANN, le frère d'Adolf WOERMANN. Dès le lendemain, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT se rendirent à Bimbia où ils obtinrent des chefs de la place la signature d'un traité préliminaire456(*). L'ordre fut donné au Consul HEWETTle 16 mai 1884 de faire des arrangements préliminaires sur la côte camerounaise. Le capitaine MOORE arriva à Douala le 10 juillet pour préparer les chefs à la venue du Consul HEWETT.

King BELL lui aurait dit que si les Anglais ne prenaient pas possession de son pays, il le donnerait aux Allemands, cependant, il lui aurait tout de même promis d'attendre encore une semaine l'arrivée du Consul. C'est le bateau du capitaine MOORE que NACHTIGAL, BUCHNER et leurs compagnons croisèrent le 11 juillet 1884.

La présence de ce bateau inspira chez les Allemands un sentiment d'inquiétude qui ne dissipa que lorsqu'ils apprirent que rien ne s'était passé entre ce bateau anglais et les chefs Duala ; ils avaient peur d'être venus trop tard457(*). Pendant qu'ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT obtenaient la signature des chefs de Bimbia, JohannesVOB réussissait à faire signer le chef DIDO le 11 juillet 1884458(*).

L'arrivée de NACHTIGAL à bord du navire de guerre « Möwe » décida sans doute King BELL et King AKWA à signer le traité ; ils se sentirent certainement plus sursavec un allié puissant à leur côté ou bien ils eurent justement peur du navire de guerre. Avant de transférer leurs droits de souveraineté aux firmes allemandes, ils tinrent à fixer une liste de clauses qui lui furent garanties par la signature du Consul SCHULZE.

Le 12 juillet 1884, Édouard SCHMIDT, Édouard WOERMANN et VOSS représentant l'Allemagne, se retrouvèrent avec les rois AKWA, BELL et leurs subordonnés à Douala et signèrent le traité Germano-Duala.

Dans la suite de notre travail, nous nous intéresserons au principe de l'hinterland et à l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur le territoire Bamun.

SECTION II : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMOUNBAMUN

Il convient ici de rappeler le principe459(*) retenu à Berlin : toute puissance européenne installée sur une côte africaine peut poursuivre sa progression à l'intérieur du pays jusqu'à la rencontre d'une autre puissance coloniale(Voir Annexe 2 : Ébauche de la carte de l'estuaire du Wouri et des rivières, illustrant Douala autour de 1850. VoirAnnexe 3 : Toponymie des territoires littoraux Duala).

Les Annexes 2 & 3 montre les différents groupes ethniques qui vivaient déjà dans l'estuaire du Wouri et qui bénéficiaient des merveilles de la nature notamment la pêche, la cueillette et le commerce avec les autres peuples autochtones du fait de leur proximité avec les différents cours d'eau jalonnant cette zone. On comprend dès lors l'attrait des puissances occidentales à exploiter ce joyau naturel et peu inexploité.

Le royaume BamounBamun est situé dans la région de l'Ouest, dont il constitue 80% du territoire. Sa création remonte au 14ème siècle, bien avant l'installation des comptoirs européens. Il s'agit d'une société précoloniale traditionnelle, donc conservatrice, qui possède sa propre écriture460(*)et sa propre organisation politique et économique. En effet, l'organisation de la société est basée sur un système de castes. En bas de l'échelle, figurent les « esclaves », à l'origine le peuple des vaincus, condamnés à travailler sans rémunération. Aujourd'hui, ce sont des hommes libres ayant toutefois du mal à se départir de ce statut initial. Au milieu, le peuple. En haut de l'échelle, la noblesse qui est héréditaire. Elle est constituée de la dynastie royale y compris des serviteurs du palais. Le pouvoir est exercé par le « Mfon » ou roi, mais de manière collégiale. Sa succession est assurée par l'hérédité. Le peuple lui doit obéissance et respect. Il se charge des rapports de son peuple avec le pouvoir central du pays, les arts et la culture, la vie au quotidien.

Au sein du royaume, le Sultan est tenu de pratiquer la démocratie. Chaque année, il doit s'expliquer en public sur sa gestion annuelle lors d'une fête spéciale, le festival de «Nguon». L'exercice du pouvoir au sein du royaume est participatif. Chaque secteur important de la vie quotidienne est confié à un responsable nommé par le Sultan.Aujourd'hui, sur le plan économique, les BamounBamun vivent de l'artisanat, du commerce et de l'agriculture. D'ailleurs, Foumban, capitale du royaume, est considérée comme un haut lieu de l'artisanat camerounais grâce aux sculptures et au bronze réalisé dans de nombreuses fonderies de la ville...

Le pays BamounBamun a aujourd'hui 7 687 km². C'est le résultat des séquences d'acquisitions des territoires effectuées par les différents souverains BamounBamun. La paix coloniale stabilise les limites actuelles aux cours d'eau « Noun » et son tributaire « Monoun » à l'Ouest, le « Mbam » à l'Est et la « Mapé » au Nord. Foumban est la capitale du pays BamounBamun. Cette centralisation autour d'une ville461(*) a permis la survie de Foumban. Sous le RoiMBOUOMBOUO, on dénombrait 30 000 habitants, dont la moitié concentrée dans la ville462(*).

C'est pourquoi nous parlerons tout d'abord de l'origine du peuple BamounBamun à travers son fondateur, NCHARE YEN (Paragraphe I) et de la prise en contact entre l'administration coloniale allemande et le peuple BamounBamun(ParagrapheII).

PARAGRAPHE I : L'ORIGINE DU PEUPLE BAMOUNBAMUN

Le royaume BamounBamun est fondé dès le 14ème siècle par une dynastie d'origine Tikar. Le Roi MBWE-MBWE463(*) repousse les chefs Bamiléké au-delà du Noun, puis après avoir été battu vers 1800, par les Peuls du Banyo, il entoure sa capitale, Foumban, de murailles et à l'aide de sa cavalerie, parvient à repousser ces derniers.

  Son apogée se situe au 20ème siècle avec à sa tête le RoiNJOYA. Le roi est un souverain, dont la succession est assurée par hérédité, qui est écouté par le Chef de l'État du Cameroun. Le roi actuel est le 19èmedescendant de cette dynastie instaurée au 14ème siècle, sans doute l'une des plus anciennes de toute l'Afrique. LesAllemands, premiers colonisateurs, n'avaient rien touché à cette organisation traditionnelle et y ont laissé un bon souvenir, alors que les colonisateurs français ont forcé la main des autochtones en voulant y installer une organisation à l'occidentale.

On s'y souvient, en particulier de la main lourde de PierreMESSMER quand il eut à gérer au nom du gouvernement français, les problèmes de l'Outre-mer. Le royaume BamounBamun est l'équivalent d'un département français, avec 8.000 km² et un million d'habitants. Son véritable nom est « Bamun » ou « BamounBamun », alors que le colonisateur français avait cherché à le débaptiser, lui donnant le nom de « Noun », qui est celui du fleuve qui traverse la contrée.

Dans la suite de notre travail, nous parlerons du fondateur du royaume BamounBamun, NCHARE YEN(A-) et des différentes batailles ayant contribué à l'établissement du royaume BamounBamun(B-).

A. NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME BAMOUNBAMUN

A la fin du 14ème siècle, un prince Tikar, NCHARE YEN, venu de Rifum, fonde le royaume BamounBamun en soumettant les populations locales, les Mbem464(*). Mais au lieu d'imposer sa langue aux populations vaincues, NCHARE YEN et ses compagnons adoptent plutôt le « Shupamen », la langue des Mbem465(*).

NCHARE YEN a été le premier à diriger ce peuple et lui laisser l'héritage culturel qui fait la fierté depuis des siècles, de même que l'organisation traditionnelle dont les fondements ont permis de résister à toutes les invasions coloniales466(*).

Quelles sont les origines du jeune prince Tikar(1-) ? Et quelles les dynasties issues de celles de ses frères et soeurs (2-)?

1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune prince Tikar

Né vers 1370 et décédé en 1418, NCHARE YEN était le fondateur du royaume BamounBamun et l'un des quatre rois qui sont principalement vénérés dans la religion traditionnelle BamounBamun en raison de leurs réalisations dans la société et dans la culture BamounBamun.

Selon l'un des anciens rois BamounBamun, SeidouNJIMOLUH NJOYA, dans une interview de 1977, a décrit NCHARE YEN comme étant un « homme petit, avait des membres courts, mais était très courageux », et aussi « adorait danser et boire du vin de palme (mais on disait) qu'il était très charitable ».

La plupart de ce que l'on sait sur NCHARE YEN a été transmis de sources à la fois historiques, religieuses et culturelles dans la société BamounBamun, et en raison de l'obscurité du sujet,il y a très peu de preuves pour vérifier les affirmations faites à propos des évènements de la vie de NCHARE YEN467(*). Dans cet autre récit, l'auteur468(*) parle plutôt des oncles de NCHARE YEN et non des frères de ce dernier avec qui il aurait traversé la rivière....En l'an 1394, un jeune prince Tikar, en compagnie de deux de ses oncles, MORUNTA et NGUONSO, quitta sa contrée à Rifum dans la vallée du Mbam.

Les trois princes partirent de Mbankim à la recherche d'un royaume qui leur appartiendrait. Lorsqu'ils atteignirent la rive du fleuve Mapé, chacun décida d'empruntersa propre voie, MORUNTA et NGUONSO allèrent fonder les royaumes de Nditam et de Bansoh respectivement.

Attiré par les riches terres des hauts plateaux qui aujourd'hui sont connus sous le nom de département du Noun, NCHARE traversa le fleuve avec 7 compagnons, à savoir : NJIMONSHARE, NJIKUMNJUO, son demi-frère, NJANGA, un guerrier et en même temps beau-frère de Nchare, un autre guerrier dénommé également NJIANGA, NJIMANKA et NJI MONANKA, amis de NCHARE et NJIAMFA, son neveu.

 Ils se dirigèrent vers le village de Njimom où NCHARE, fils de la princesse YEN renversa astucieusement le chef de ce village et s'y installa comme chef. Au milieu des Nguon mystificateurs, NCHARE YEN et ses sept compagnons s'assirent sous l'ombre de karité dans le village de Njimom réfléchissant sur leur quête du pouvoir.

C'est sous cet arbre assis sur sept pierres qu'ils donnèrent naissance au concept du royaume BamounBamun. Le pacte fondamental scellé sous l'arbre « Sép » au lieu-dit « Samba Ngùo » stipule que : « L'ÉtatBamounBamun est né et Nchare en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils. Les sept compagnons Kom (Nkom au singulier), cosignataires sont les conseillers intronisateurs de Roi, chargés de garder la loi fondamentale de l'État et de veiller à son application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes. Ils ont le privilège de se donner la mort s'ils sont condamnés à la peine capitale par la justice pour haute trahison par exemple »469(*).

Au fil du temps, NCHARE YEN se lia d'amitié avec MFOMOKUP, chef du village voisin de Mokup. MFOMOKUP avait au sein de sa chefferie une société secrète dénommée « Nguon », qui assurait l'approvisionnement de son palais en denrées, ainsi que la distribution équitable de la nourriture dans toute la chefferie.

Chaque année pendant la période des récoltes, les possesseurs du « Nguon » parcouraient la chefferie pour s'assurer que les villageois apportaient leur récolte au palais du chef MFOMOKUP qui redistribuait les produits de la récolte à ses sujets, en s'assurant que chacun avait un peu de tout ce que produisait la chefferie.

S'il y avait un surplus, l'excédent de la récolte était conservé dans un grenier au palais pour être consommé pendant la saison sèche ou au cours d'une année de mauvaise récolte470(*).

Cela est le commencement de plusieurs dynasties qui existent encore de nos jours à savoir les BamounBamun, les Bafia, les Bansoh.

2. La création de plusieurs dynasties : les Bafia (Mounta), les Bansoh (Nguonso)

Avide de liberté, une famille s'enfuit d'Égypte et progresse vers le sud. Sa descendance pour des besoins de survie s'installe dans l'actuelle Adamaoua et fonde les Mboum qui émigrent vers la vallée du Mbam.

Ils s'installent à Mbankim où ils soumettent les populations autochtones. C'est de cette dynastie fondée par les fugitifs que les Mboum nomment « Tikar »471(*) que sortiront bien plus tard les fondateurs des BamounBamun, Bafia et Banso472(*). Cette version est confirmée par les historiens, à l'exemple du Prince DIKAAKWA.LesAllemands, pendant la traversée de la région du Mbam, vont s'arrêter dans le haut-plateau de la région que nous appelons aujourd'hui Bafia. Ne sachant pas comment désigner cette magnifique région, ils vont demander à un indigène qui se trouvait par-là, revenant d'une partie de chasse, « comment se nomme cette localité ? »Le chasseur, qui ne comprenait pas la question, pense plutôt que ses hôtes lui demandent son nom :« ufino yamè yo lomo : BofiaNkano », ce qui signifie « Je me nomme BofiaNkano ». D'où le nom de Bafia attribué à la localité473(*).

· Le peuple Bafia

Les Bafia sont une population bantoue d'Afrique centrale, établie au Cameroun sur la rive droite du Mbam, à l'est des monts Bapéi474(*). Selon les sources et le contexte, on peut rencontrer plusieurs variantes : Bafia, Bapea, Begpak, Bekpak, Fia, Kpa475(*). « Bekpak » est un endonyme476(*), le nom qu'ils se donnent à eux-mêmes.

Ils parlent le Bafia, une langue bantoue dont le nombre de locuteurs au Cameroun était estimé à 60 000 en 1991477(*).Ce sont essentiellement des cultivateurs, quoiqu'ils pratiquent aussi la chasse en saison sèche.Leur territoire couvre une région de savane équatoriale arrosée de petits affluents du Mbam et de la Sanaga et entrecoupée d'îlots de forets peu denses. C'est une terre de contacts entre la savane du Nord et la foret du Sud-Cameroun.

A l'origine, les Bafia étaient installés bien plus au Nord. Ils ont été repoussés vers leur implantation actuelle par l'expansion peule. Dans l'histoire du Cameroun, les chefs Bafia les plus connus sont ABOUEMATCHOYI, NTANG GILBERT et BIDIASANGON478(*). Nous citerons également le chef supérieur MACHIA ANONG décédé à la Mecque479(*).

La rencontre fortuite avec un animal, serpent, oiseau, que le clan considère comme un totem, constitue un signe qui annonce le bonheur ou le malheur.

· Le Gam : les Bafia croient en la puissance de l'araignée mygale appelée « Gam », qui dans les séances de divination fait connaître les dangers qui guettent l'individu et sa famille. De nos jours, le culte du « Gam » tend à disparaître faute d'initiateurs et d'initiés.

Ici, on retrouve un point de ressemblance avec la tradition animiste en pays BamounBamun consistant à la consultation de l'araignée mygale pour connaître des évènements futurs, pour lutter contre les maladies et autres tourments mystiques.

· La Tortue : le phénomène de la tortue est un problème tabou chez les Bafia. La tortue est le symbole de la justice, de la paix et de bonheur. Le grand respect que les Bafia attachent à celle-ci a poussé les gens à dire que la tortue est un animal fétiche que les Bafia ne touchent et ne voient même pas. Elle est sacrée. C'est pourquoi elle est vénérée. Tout comme les BamounBamun, les Bafia sont animistes, musulmans ou chrétiens. Les Bafia étaient les adeptes des religions primitives traditionnelles.

Ces derniers sont majoritairement croyants, on y trouve beaucoup plus de christianisme que d'islam480(*). Cette nouvelle religion s'épousa avec les coutumes ancestrales des Bafia et gagna beaucoup d'âmes à partir de la fin du XIXème siècle.

Par la suite, le christianisme a connu un progrès remarquable par rapport à la religion musulmane, mais les chrétiens Bafia après leur conversion restent encore liés aux croyances traditionnelles481(*).

· Le peuple Nsoh (Bansoh)

Par contre, les Nsoh sont une population du grand groupe ethnique Bamiléké d'Afrique centrale vivant au nord-ouest du Cameroun. Ils sont considérés comme un sous-groupe des Tikar. Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs variantes : Bansaw, Banso, Bansso, Banzo, Lamnsok, Lamnso, Nko, Nsaw, Nsaws, Nsho, Nsos, Nzo482(*). Ils parlent le nso ou lamnso', une langue des Grassfields, dont le nombre de locuteurs était estimé à 240 000 en 2005483(*). Le pidgin camerounais, l'anglais, le limbum484(*) et l'oku485(*) sont également utilisés486(*).

Parti de là avec sa soeur NGON SO et son frère FOMBAM, NCHARE YEN se sépara d'eux à la hauteur de la rivière Mapé. Tandis que ses compagnons et lui traversaient ce cours d'eau, NGON SO le remontait pour fonder plus tard le royaume Bansoh487(*). Les relations économiques et sociales entre les BamounBamun et les Nsoh reposaient sur les échanges.

Le pays BamounBamun était un lieu de chasse, d'élevage, de pêche et de production de diverses denrées : mais, taro, igname, haricot, macabo, plantain, huile de palme. Le pays Bansoh présentait des analogies en termes de production488(*). Et l'instauration de la frontière franco-britannique entre les BamounBamun et les Nsoh en 1916 n'a pas réussi à entamer ces liens séculaires.

Pour sauvegarder les rapports qui existaient, et qui existent encore entre eux, les BamounBamunet les Nsoh recoururent donc aux rencontres au niveau des marchés locaux et proches des frontières. Ce brassage des biens ouvrait la voie à celui des personnes, car il favorisait des alliances.

Les mariages interethniques, les manifestations culturelles et les rites traditionnels furent aussi des techniques de résistance à la division causée par la frontière franco-britannique de 1916489(*).Dans les deux royaumes, le monarque est respecté et vénéré. Il est comme ailleurs en Afrique le « premier magistrat ».491(*) Tout comme en pays BamounBamun, le monarque Bansoh porte le titre de « Fon » ; viennent ensuite les membres de la famille royale appelés « Wonto » pour ceux allant jusqu'à la 4ème génération ou « Duiy » à partir de la 5ème génération patrilinéaire, à laquelle sont incorporés les membres des clans importants492(*) appelés « Vibai ».

Suivent les « Mtar », descendants des premiers occupants du pays Bansoh qui prêtent allégeance et servent de conseillers au « Fon », puis la classe des « Ngwerong », notables chargés d'implémenter la politique et d'appliquer la justice. Les chefs de village et les personnes ennoblies par le roi portant le titre de « Fai » ou « Shey ». Enfin, il y a les serviteurs ou « Nshilafsi »493(*)494(*). Jusqu'à la première décade du XXème siècle, lesdits royaumes représentaient deux puissances militaires rivales conditionnées par la recherche de l'espace vital dans l'environnement mouvant de la période précoloniale, caractérisée par les conquêtes de l'espace et la fondation des chefferies dans les Grassfields.

Ce qui culmina aux guerres dans les années 1880 et en 1906495(*).Acquis cependant à l'apaisement de son royaume et à la promotion des rapports pacifiques avec ses voisins, le choix du Sultan NJOYA de vouloir se retrouver dans la sphère anglaise était révélateur de ce qu'il poursuivait l'« indirect rule », mais aussi de ce qu'il lui était préférable de préserver l'unité avec les peuples Tikar du plateau Bamenda.

Avec la stabilisation instaurée par les administrations coloniales, l'affinité entre les structures politico-sociales des royaumes BamounBamun et Bansoh les prédisposa non plus au conflit de leadership, mais à une intelligence d'action et de dialogue politique496(*). Le siège du chef suprême du peuple Nsoh497(*) se trouve dans ce lieu qui est le coeur de la vie sociale et culturelle de la ville de Kumbo.Il se compose de plusieurs bâtiments traditionnels décorés de sculptures sur bois, autour de deux (02) cours où le chef s'asseyait et recevait son peuple ou ses conseillers.

Au milieu de la première se dresse une statue de NGON SO, la première reine légendaire du peuple Nsoh. Autour du palais, d'autres bâtiments traditionnels sont également décorés de sculptures en bois. Ce sont les sièges des sociétés sacrées chargées d'aider le chef dans sa tâche : la société « Ngwerong » et la société « Nggiri ». C'est une mosquée qui a été construite à côté d'eux, bien que la plupart des Nsoh soient chrétiens.Au cours des seize dernières années,la « Mus' Art Gallery » a été active dans la propagation du patrimoine culturel des Nsoh. Le musée a été à l'avant-garde de la promotion de l'art et de l'artisanat traditionnels des Nsoh. Elle possède une collection de plus de 400 objets dont la plupart ont été créés entre 1970 et 2000. Ces objets variés vont du travail du bambou aux sculptures sur bois, de la vannerie à la poterie.498(*)

Par la suite, nous étudierons les différentes conquêtes ayant contribué à l'établissement du royaume BamounBamun.

B. LES DIFFÉRENTES CONQUÊTES AYANT CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME BAMOUNBAMUN

La première conquête concerne celle du village de Njimom(1-) où le peuple « Pa Mbem » s'était établi et sera vaincu par NCHARE YEN qui en adoptera la langue (2-).

1. La conquête du village de Njimom (Victoire sur les Pa Mbem)

Le tableau polémologique BamounBamun indique une histoire dominée par les grandes conquêtes499(*) qui culminent sous le règne de MBOUOMBOUO ; conquêtes ayant permis la captation du monopole militaire doublé d'un monopole fiscal socle de la constitution d'un seul centre d'impulsion politique. Il va de soi que la mise en évidence de ces deux monopoles constitue une entrée de choix, une fenêtre d'opportunité explicative de la « sociogenèse de l'État traditionnel BamounBamun »500(*).

Autrement dit, s'il y a eu une analogie entre la guerre et la construction de l'État501(*), celle-ci s'est consolidée et s'est adaptée aux circonstances critiques moyennant de la part du jeune souverain, ruse, tact, pondération et parfois des compromissions avec une mobilité tactique que lui imposaient les circonstances. La politique dure correspond à la mobilisation de ce que Joseph NYE appelle le « hard power » avec une mobilisation conséquente des ressources militaires, alors que la politique souple s'accommode du « soft power » et même du « smart power »502(*).

L'État traditionnel BamounBamun ne s'est mis en place qu'au terme d'un processus historique particulier permettant la constitution d'un espace politique autonome doté d'une fonction, d'une légitimité et des moyens propres de son ancrage. La définition qu'en donneMax WEBER est devenue proverbiale : il s'agit d'une entreprise à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime503(*). Ce n'est pas le lieu de quereller une définition que les anthropologiques politistes tiendraient pour occidentalo-centrique504(*).Seule la question de la monopolisation de la contrainte légitime nous retiendra.

Dans le contexte BamounBamun, il y a eu une corrélation entre la guerre et la captation du double monopole de la contrainte ; les relations politiques dans sa dynamique historique sont définies à partir du phénomène guerrier dans la mesure où celui-ci met à jour ce qui selon Carl SCHMITT constitue le critère distinctif du politique505(*).

Cette conception belliciste du politique se matérialise dans l'idée que « c'est dans la guerre que se trouve le coeur des choses. C'est la nature de la guerre totale qui détermine la nature et laforme de l'État total »506(*).

L'ouvrage Histoire et coutumes des Bamun conforte cette périodisation, car entre NCHARE YEN et MBUEMBUE aucun fait d'armes n'a été enregistré de la part des neuf rois intermédiaires qui selon l'expression des rédacteurs de l'histoire suscitée « ne firent rien, vivant sur ce que les mains de Nchare avaient fait »507(*) ; comme les derniers rois mérovingiens, ils ont préféré luxure, batailles fratricides et révolutions du palais.508(*)

L'histoire lui attribue 18 rois soumis implantés de façon quasi rectiligne de Rifum à Njimom puis de Njimom à Foumban509(*). C'est la problématique de la guerre et de la construction de l'État qui constitue un horizon d'interprétation de l'appropriation du monopole de la contrainte légitime.

La guerre est une situation d'exception et « est souverain, écrit CarlSCHMITT, celui qui décide de la situation exceptionnelle ....Celui qui décide en cas de conflit en quoi consiste l'intérêt public et celui de l'État, la sureté et l'ordre public, le salut public »510(*). Or, NCHARE YEN demeure encore un empereur sans spectre, son pouvoir accuse une légitimité indigente, il faut être roi pour désamorcer la polyarchie que lui opposent ses compagnons511(*).

L'ouvrage du RoiNJOYA traduit par le pasteurHenriMARTIN rapporte fortà propos les velléités d'insoumission de l'un des conseillers du royaume en ces termes : « Nchare est un enfant, ce n'est pas lui qui doit être Roi »512(*). La « politique dure » s'étant instantanément muée en « politique souple ». Ce passage de la « politique comme concurrence guerrière » à la « politique comme concurrence pacifique » nous introduit commodément dans une « para-constitutionnalité » fondatrice du royaume. Il est alors convenu pour départager les deux rivaux qu'une compétition olympique aurait lieu au petit matin.

Cet accord tient lieu de « Serment du jeu de paume » : « ne jamais se séparer sans qu'un roi eut été choisi ». NCHARE gagna la partie non en raison de ses capacités physiques par ailleurs très limitées, mais en raison de sa générosité somptueuse513(*). L'anthropologie nous enseigne que la munificence et l'évergétisme sont des invariants de la légitimation de tout pouvoir politique514(*). La position de NCHARE comme roi constitue les fonds baptismaux de l'émergence d'un centre politique et de la captation du monopole de la contrainte légitime.

D'un point de vue de sa fondation, l'État traditionnel BamounBamun est le fruit d'un compromis historiquement établi par les forces en présence qui ont consolidé « les manières de faire » jusque-là diffuses515(*); l'usage de la contrainte et du pouvoir répressif prend désormais la forme de la raison objective. Cette nouvelle stature lui permettra de parvenir à Foumban en balayant les dernières alluvions516(*). Sa profession de foi telle que nous la rapportent les rédacteurs de l'Histoire est résolument impérialiste, voire belliqueuse :« Je poserai les limites de mon royaume avec du sang et du fer noir ».

Vu sur cet angle, CharlesTILLY considère que la guerre et la construction de l'État opèrent dans « une ambiance de crime organisé »517(*). Les guerres de conquête et les ralliements lui ont certainement permis de grossir les effectifs d'une infanterie encore embryonnaire. Il est difficile de recenser les stratégies et les tactiques mobilisées par MBUEMBUE dans ces exploits militaires.

L'effort louable fourni par ClaudeTARDITS est demeuré parcellaire518(*). Il a utilisé la tactique napoléonienne du « carré marchant » dans la mesure où les conquêtes se sont faites exclusivement de la capitale519(*) vers les terminaisons territoriales actuelles. Et, fin psychologue, il n'hésitait pas à se résoudre au corps au corps. Il est le théoricien de la tactique de la défense bicéphale inscrite dans les armoiries du royaume520(*). 521(*)

L'« Histoire et coutumes des Bamun » lui attribue quarante-huit exploits militaires ; record inégalé dans l'histoire. Il parachève la conquête du monopole militaire par l'organisation de l'armée en trois corps correspondant aux trois régions militaires de Njimom, Mayap et Foumban.Il est plausible d'y voir la possibilité d'une professionnalisation plus accrue si le temps colonial n'avait pas introduit une césure brusque dans ce processus. Foumban devient le seul centre d'impulsion politique et la circonvallation qui l'entoure constitue un marqueur spatial et symbolique de sa centralité politique522(*).

Ces différentes conquêtes conduiront à la naissance du royaume BamounBamun.

2. La naissance du royaume BamounBamun

Le royaume BamounBamun, situé dans les montagnes de l'Ouest du Cameroun, a forgé son unité au cours des sept siècles d'existence du royaume depuis la fin du XIVe siècle. Le roi des BamounBamun est de la dynastie de NCHARE YEN, venue de Rifum.

Les croyances religieuses en vigueur dans cette région sont aujourd'hui l'islam, venu du nord, et le christianisme, venu du sud. Le pays est limitrophe du royaume de La'djo et en est séparé par le Noun. L'actuel territoire des BamounBamun a été unifié par les Tikar en plusieurs étapes. On suppose que vers la fin du XIVème siècle, 200 à 300 personnes ont franchi le fleuve Noun à la suite du prince NCHARE qui soumit sept principautés avant de s'établir dans un premier temps à Djimom.

L'ÉtatBamounBamun y est proclamé et Djimom devient la première capitale du royaume. Le pacte fondamental stipule que : « L'ÉtatBamounBamun est né et Nchare en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils ». Les sept compagnons « Kom », cosignataires, sont les conseillers intronisateurs du roi, chargés de garder la loi fondamentale en l'état et de veiller à son application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes. De Njimom, NCHARE soumet une dizaine d'autres ethnies et établit sa nouvelle capitale à Foumban après y avoir vaincu les BaM'ben qu'il réinstalle dans un quartier de la ville.

Le royaume a alors une dimension presque circulaire dont le diamètre est de 30 km environ entre Djimom et Kundùm. La population se situe autour de 25 000 personnes. Quand MBUOMBUOMANDÙ devint le onzième monarque vers la fin du XVIIIème siècle,il entreprend de grandes conquêtes aux frontières naturelles du « Mbam », de la « Mapè » et du « Noun ».Le territoire est multiplié par quatre.

Le Sultan/Roi des BamounBamun est donc le personnage qui concentre toutes les attentions et recommandations, et il est amené à apporter le progrès et le développement de chaque secteur de la vie du pays BamounBamun, et il ne peut accomplir ces tâches sans l'aide de serviteurs et de collaborateurs qui le soutiennent et exécutent ses ordres non sans apporter de réserves en cas de transgression des lois et coutumes du royaume523(*).

Par la suite, nous établirons la dynastie du RoyaumeBamounBamun depuis sa création, en 1394, jusqu'à nos jours.

Tableau N° 11 :La Dynastie BamounBamun De Nchare Yen A Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya.

NOM

SEXE

DURÉE DU RÈGNE

1) NCHARE YEN

Homme

(1394-1418)

2) NGOUOPOU

Femme

(1418-1461)

3) MONJOU

Homme

(1461-1498)

4) MENGAP

Homme

(1498-1519)

5) NGOUH I

Homme

(1519-1544)

6) FIFEN

Homme

(1544-1568)

7) NGOUH II

Homme

(1568-1590)

8) NGAPNA

Homme

(1590-1629)

9) NGOULOURE

Homme

(1629-1672)

10) KOUOTOU

Homme

(1672-1757)

11) MBUEMBUE

Homme

(1757-1814)

12) GBETNKOM

Homme

(1814-1817)

13) MBIEKOUO

Homme

(1817-1818)

14) NGOUHOUO

Homme

(1818-1863)

15) NGOUNGOURE SHEFTON

Femme

(1863- 30 minutes)

16) NSANGU

Homme

(1863-1889)

17) NJOYA IBRAHIM

Homme

(1889-1933)

18) NJIMOLUH NJOYA SEIDOU

Homme

(1933-1992)

19) MBOMBO NJOYA IBRAHIM

Homme

(1992-2021)

20) MOUHAMMAD-NABIL MFORIFOUM MBOMBO NJOYA

Homme

(2021-

Source : « Royaume BamounBamun - ancien pays (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 18 mars 2022.

Le Sultan/Roi des BamounBamun est l'acteur central de la société BamounBamun qui se voit secondé, voire accompagné par un ensemble de groupes ou de castes qui l'aident dans la réalisation des objectifs et missions à lui assignés lors de son accession au trône. Le tableau ci-dessous dresse la liste des divers groupes qui composent le Palais ainsi que leurs rôles et attributions respectifs de même que le processus de transmission de ces derniers.

Ce tableau met en lumière les différents groupes ou castes qui structuraient le palais, car de nos jours, on ne recense plus d'esclaves, car ces derniers étaient autrefois des soldats faits prisonniers, et affectés dans les cases des reines et des épouses du roi, et ils portaient à leur poignet, un bracelet de soumission comme cela était de coutume.

Mais toutes les autres castes existent encore, bien qu'elles aient aussi subies des modifications avec des nominations et des fonctions proches d'une administration moderne. On parlera de Ministre des Relations Extérieures, de la Défense ou de l'Environnement entre autres524(*).

Tableau N° 12 :Titres nobiliaires de la société BamounBamun.

TITRES NOBILIAIRES

TRADUCTION LITTÉRALE

RÔLES OU FONCTIONS

NOMINATIONS ET SUCCESSIONS

MFON

Roi

Souverain

Charge héréditaire

KOM

Ministre (Cofondateur)

Conseillers intronisateurs

Nommé, puis héréditaire

NAFOM

Mère du roi ou reine-mère

Équilibre du pouvoir

Nommé

«NJI»NGBETGNI

«Nji» adjoint

Vice-roi

Héréditaire

POM MAFOM

Frère ou soeur

Utérin du roi

Héréditaire

«NJI» FON FON

«Nji» des rois

Premier ministre

Nommé

TITA NFON

Père du roi

?

Nommé

TITA NGU

Père du pays

Chef de la justice

Nommé

TUPANKA

Tête de Panka

Chef de l'armée royale

Héréditaire

KOM SHUT MSHUT

Compagnon (gardien du palais)

Conseiller du roi

Héréditaire

MANSHUT

Grand du palais

Personnalité du royaume

Nommé

MFONTUE

Roi soumis

Chefs vassaux

Héréditaire

SHUNSHUT

Gardien du palais

Divers services

Héréditaire

KPEN

Esclave

Serviteur

?

Source :Magazine Biennal d'informations générales sur le peuple BamounBamun, « Nguon Mag », Édition, décembre 2012.

Ensuite, nous parlerons de la prise de contact entre l'administration coloniale allemande et le peuple BamounBamun.

PARAGRAPHE II : LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLEBAMOUNBAMUN

NJOYA était à la dix-septième année de son règne quand les Allemands, venant de Banyo, arrivèrent à Foumban, capitale de son royaume, pour la première fois, le 06 juillet 1902.Il s'agit du lieutenant de l'administration coloniale allemande, du capitaine Hans VON RAMSAY, fondé de pouvoir de la « Gesellschaft Nord-West Kamerun », l'une des grandes sociétés créées pour l'exploitation du Cameroun, et du commerçant HABISCH, qu'accompagnaient 25 tirailleurs, 20 porteurs et 03 guides Haoussa... En stratège prudent, le roi, qui était déjà au courant de la présence et surtout des intentions des étrangers blancs dans les localités voisines de son royaume, mit toutes les chances de son côté pour éviter le pire. Il tenta l'aventure de l'amitié : il alla à la rencontre des Allemands à l'entrée de Foumban, les accueillit de la façon la plus chaleureuse et les conduisit jusque dans son palais où il mit à leur disposition des provisions plus que suffisantes.

Les militaires allemands le trouvèrent bien disposé à leur égard : sa modestie, son air d'intelligence et sa déférence les impressionnèrent favorablement. C'était le point de départ des relations cordiales entre NJOYA et les Allemands. L'officier allemand HIRTLER, qui commit, aux yeux de l'entourage de NJOYA, un crime de lèse-majesté en marchant sur le tapis d'apparat et en s'asseyant sur le trône du roi lors de son accueil au palais, provoquant ainsi la colère de la foule, fut très impressionné de la manière par laquelle NJOYA géra cette situation. Connaissant l'humeur guerrière de son peuple, le roi eut beaucoup de peine par des gestes, à empêcher ses hommes de tirer. Sans doute sa dignité ou la vue de l'excitation générale finit-elle par faire impression sur HIRTLER, qui dut changer de conduite. Dès 1902, le lieutenant SANDROCK avait suggéré qu'au lieu d'occuper par la force un royaume aussi bien géré, il fallait plutôt chercher à en faire un centre commercial525(*). L'accueil chaleureux que NJOYA réserva aux Allemands qui arrivèrent à Foumban les amena à parler de lui en termes tout à fait cordiaux, bénéfiques et pleins de promesses. Parmi les cadeaux qui arrivaient à Berlin, quelques-uns émanaient du patrimoine royal et culturel des BamounBamun. Il s'agit d'une longue pipe royale, d'une épée pour chef avec une gaine brodée, et d'un trône fait tout entier de perles enchâssées et d'incrustations de bronze, qui se trouve actuellement au musée de Berlin. Le repose-pied est en peau de lion perlée. Surmonté d'élégantes statuettes, ce siège royal captive l'attention.

Toutefois, il ne faut pas être dupe de cette bonne ambiance. En 1908, les commerçants allemands accusèrent NJOYA de « Bamum » pour ses activités commerciales avec la maison de commerce de la Mission de Bâle.

NJOYA dut se défendre d'avoir avec cette firme mené une concurrence déloyale aux autres sociétés commerciales. Les colonisateurs ne pouvaient tolérer une activité économique des chefs susceptibles de leur faire concurrence, comme l'illustre si bien le cas suivant. NJOYA s'intéressait aussi au négoce. A Foumban, il ouvrit un magasin où l'on vendait entre autres des produits importés par l'intermédiaire de la société de commerce de la Mission de Bâle. Le colonisateur fit fermer ce magasin car il faisait concurrence au commerce européen.526(*)

A ce titre, le rôle précurseur des missionnaires allemands dans la prise de contact entre les deux entités est cruciale(A-). Ce qui va conduire pour le RoiNJOYA à la prise en compte de la supériorité des agents coloniaux allemands (B-).

A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES MISSIONNAIRES ALLEMANDS DANS L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME BAMOUNBAMUN ET LES AUTORITÉS COLONIALES ALLEMANDES

La collaboration entre les missions chrétiennes et les autorités coloniales en Afrique a bien été soulignée par KofiASAREOPOKU : « L'instauration de la domination coloniale aida considérablement l'oeuvre des missionnaires. En premier lieu, administrateurs coloniaux et missionnaires partageaient la même vision du monde et venaient de la même culture. En deuxième lieu, l'administration coloniale était favorablement disposée vis-à-vis du travail des missionnaires et subventionnait souvent les écoles des missionnaires. En troisième lieu, l'imposition du contrôle colonial sur chaque territoire assurait l'ordre et la paix grâce auxquels les missionnaires pouvaient compter sur la protection de l'administration...D'une manière générale, on peut dire que les missions chrétiennes en Afrique étaient les alliées et le complément de l'impérialisme européen ; l'activité missionnaire faisait partie de la progression ou de la pénétration de l'Occident dans le monde non occidental ».527(*)

Freiherr VON SODEN, 1er gouverneur du Cameroun, et la maison Woermann trouvèrent que la Mission de Bâle, branche allemande dont le siège était à Stuttgart, était la société la plus apte à prendre la relève de la « Baptist Missionary Society ». Leur demande fut appuyée par Friedrich FABRI, inspecteur de la « Rheinische Missionsgesellschaft » qui ne cessait de déclarer que l'idéal était que le missionnaire fut de la même nationalité que le colonisateur. Carl PETERS, fondateur de la « Gesellschaft fur Deutsche Kolonisation »528(*) appuya à son tour cette démarche en ces termes : « Le missionnaire est, de par sa vocation, plus que tout autre apte à remplir ce devoir.Il est l'homme le plus susceptible de gagner la sympathie des indigènes et de l'orienter vers ses frères blancs, les colons. De ce fait, il prépare les indigènes à se mettre docilement au service de la culture en marche... C'est pourquoi un appel est lancé à toutes les sociétés missionnaires de notre patrie pour qu'elles portent leurs pas et leurs activités vers les lieux où flotte désormais le drapeau allemand ».529(*)

Le 30 juin 1885, le gouvernement allemand accorda à la Mission de tous les droits et libertés nécessaires au bon fonctionnement de son oeuvre au Cameroun. Il lui promit non seulement le soutien du Reich, mais aussi celui du « SyndiKat fur Westafrika » et des commerçants installés du Cameroun.530(*) Rappelons qu'à cette époque en Allemagne, la « Kulturkampf » ou guerre de culture opposait le protestantisme au catholicisme.

Accusé par WINDHORST, chef du parti catholique au Reichstag, d'empêcher l'établissement d'une mission catholique au Cameroun, BISMARCK répondit qu'aucune société missionnaire catholique ne se présentait pour cette possession outre-mer.531(*)

Mais lorsqu'ils s'installèrent au Cameroun, les catholiques prirent un certain avantage sur les protestants : dans leurs écoles, ils mirent très tôt un accent sur l'enseignement de la langue allemande satisfaisant ainsi l'administration coloniale dont le seul souci était l'expansion de la civilisation germanique.

L'église devait aussi contribuer à l'amélioration des conditions matérielles de ceux qu'elle cherchait à transformer. Dans cette perspective, l'évangélisation devenait synonyme d'éducation au sens le plus large du terme.532(*)

Fort de son expérience en Côte d'or, la Mission de Bâle qui prit la relève de la « Baptist Missionary Society » considéra l'école comme instrument très efficace d'évangélisation, comme moyen de lutter contre la résistance des coutumes ancestrales et conséquemment comme moyen le plus efficace de gagner les populations à l'Évangile. C'est dans cette perspective qu'elle entreprit dès 1887 la réorganisation des écoles héritées de la « Baptist Missionary Society », dans l'espoir d'en tirer quelque chose.

En 1888 naquit la « NativeBaptistChurch » issue de la « Baptist Missionary Society ». L'effort scolaire de ces baptistes autochtones, aidés en cela par les baptistes allemands de la Mission de Berlin auxquels ils firent appel ne fut pas négligeable : 634 élèves dans 09 écoles en 1980. Ces écoles étaient disséminées principalement dans la région de Douala et dans le reste de la côte camerounaise. De 1888 à 1898, le nombre d'écoles passa de 02 à 133, tandis que celui des élèves passait de 238 à 3278. 533(*) Au départ, la case chapelle se confondait avec la première salle de classe de l'école. La traduction de la Bible en langue Duala était assurée par Eugen SCHULER de la Mission deBâle.

Les missionnaires catholiques, c'est-à-dire les Pallotins, qui arrivèrent au Cameroun le 25 octobre 1890 adoptèrent presque la même formule que leurs collègues de la Mission de Bâle : l'érection d'une station était toujours suivie de l'ouverture d'une école.

Ils fondèrent leur première station à Marienberg, qui signifie la colline de Marie, près d'Edéa, le 08 décembre 1890, sur une parcelle de terrain qu'ils achetèrent à 1200 Marks au chef Toko, et y ouvrirent la première école l'année suivante.534(*) Ils créèrent des écoles satellites et des écoles de stations. Comparables aux écoles de brousse de la Mission de Bâle, les catéchistes avaient pour but principal d'initier les enfants au christianisme.

Pour les missionnaires Pallotins en effet, c'est la jeunesse qui allait fonder l'Église du futur. Les jeunes devaient constituer le ferment de l'évangélisation du Cameroun.535(*) Le succès fut tel qu'au cours de l'année scolaire 1897/ 1898, le gouverneur JeskoVON PUTTKAMER, après avoir établi la médiocrité des écoles de l'administration, céda l'école publique de Bonebela à la Mission de Bâle.536(*) La première solution fut l'organisation des cours périodiques de recyclage. La seconde solution fut la création en 1898, à Bonabéri du séminaire537(*)chargé de la formation des moniteurs - catéchistes murs physiquement et spirituellement. En 1899, il fut transféré à Buéa. En réalité, ce sont les meilleurs élèves des écoles moyennes qui entraient au séminaire.

Ici encore, la répartition horaire donnait à l'instruction religieuse une importance écrasante : 15 heures sur 26 par semaine. En 1913, les missionnaires Pallotins comptaient au Cameroun 94 prêtres, 36 frères, 29 soeurs, assistées de 223 enseignants et catéchistes camerounais. En vingt-cinq ans d'évangélisation538(*), ils avaient baptisé 54 458 néophytes, et laissé 24 545 catéchumènes, 29 259 écoliers, 300 écoles et 314 enseignants indigènes.539(*)

A ce sujet, la place prépondérante du missionnaire GÖRING dans l'établissement des relations avec le Roi NJOYA est significative(1-). Cependant, cette relation chaleureuse amène à une constatation amère : le christianisme va s'opposer au pouvoir du Roi NJOYA (2-).

1. La place prépondérante du missionnaire Göring dans l'établissement des relations avec le Roi Njoya

De par sa configuration ethnographique, la région de Foumban constitue une véritable zone de transition géographique, culturelle et religieuse. Sa position, à la conjonction des cultures soudano-musulmanes du Nord et des cultures bantoues du Sud forestier, lui confère un statut particulier dans le dispositif de l'évangélisation protestante540(*).

Jean-René BRUTSCH541(*), missionnaire de nationalité suisse en service au Cameroun pour le compte de la SMEP542(*) de 1946 à 1960, a accumulé une documentation considérable sur le pays BamounBamun543(*). En poste dans la région de Foumban entre 1954 et 1957, il s'est intéressé à l'introduction du christianisme dans ce royaume.

Il relève, d'après les notes datées de 1905 du pasteur Ferdinand ERNST de la Mission de Bâle, que c'est « la présence, devant le palais, d'une mosquée édifiée pour les Haoussa établis ici depuis quelques années (qui) incita la mission à projeter sans tarder l'érection d'une station à Foumban, afin de préserver les BamounBamunde l'influence musulmane544(*) »545(*). En 1903, la Mission de Bâle installée à Bali envoya en éclaireurs, pour un court séjour à Foumban,les pasteursERNEST et LEIMBACHER. En 1906, le pasteur LEIMBACHER revint, et fut bientôt suivi par le pasteur GÖHRING qui installa définitivement, avec l'accord du roi, la Mission de Bâle à Foumban. Par la suite, une école fut ouverte.Dès le début, et durant tout son séjour en pays BamounBamun, une grande amitié se développa entre le missionnaire suisse et le roi autochtone. Une relation faite de cordialité et de respect mutuel dont les sujets du roi gardèrent un bon souvenir. Malgré tout, le missionnaire bâlois ne parvint jamais à obtenir du roi la conversion escomptée546(*). Cela aboutira à la naissance del'Églisede Foumban547(*).Le missionnaire suisse MartinGÖRING et son épouse s'installèrent à Foumban le 10 avril 1906, sur le vaste site de Njissé gracieusement offert par le roi et sur lequel il renonça à tous ses droits et prétentions.

Ce soutien facilita énormément la pénétration rapide du christianisme :«  Sitôt installés, les Göring organisèrent une oeuvre scolaire. Le 25 juin déjà commença l'école des garçons, avec 60 élèves, puis le 10 octobre l'école des filles, avec 51 élèves. La « toute » première église construite devant le palais, là où s'élevait auparavant la mosquée, fut inaugurée à Pentecôte 1907. Enfin, le jour de Noël, 1909 eurent lieu les premiers baptêmes, au nombre de 80 ; puis le lendemain, l'Église ainsi constituée célébra pour la première fois la sainte cène »548(*).Le site choisi pour l'Église de Foumban sera celui des collines de Njissé.

HenriNICOD549(*) en parle d'ailleurs, sous forme romancée, dans « Mangweloune.La danseuse du RoiNjoya » : « Non loin du palais, dominant le village de NJIMofen et celui des servantes, se dressait la haute et aride colline de NJIssé. Le Mfon l'offrit à ses nouveaux amis. Sans perdre de temps, les missionnaires rassemblèrent les pieux, les nervures de palmiers, le chaume nécessaire à la construction de maisons provisoires. Les cases terminées, les deux artisans s'en allèrent pour laisser la place à un prédicateur, le pasteur Ring, accompagné de sa femme. Souvent, M. Ring se rendait au palais pour s'entretenir avec le Mfon et ses conseillers. Seuls, les hommes étaient admis, mais Mahma, Wamben et le roi lui-même enseignaient aux femmes et aux enfants les récits que leur faisait le pasteur550(*). Avec l'aide du Mfon, une vaste hutte fut construite sur la colline. Njoya, à la demande de M. Ring, ordonna à ses NJI d'envoyer des enfants pour qu'ils fussent instruits.Les notables n'y mirent cependant pas beaucoup de zèle. Préférant garder avec eux leurs propres enfants, ils donnèrent des fils de serviteurs ou d'esclaves pour tenter une expérience sans grande importance à leurs yeux.Les mères de famille retenaient leurs petits à la maison, craignant qu'il leur arrivât malheur sur la colline. On la disait hantée par des vampires depuis que les Blancs s'y étaient fixés. Ceux qui devaient pourtant s'y rendre étaient frottés de poudre rouge pour les protéger des mauvais sorts. Bientôt, soixante enfants gravirent chaque jour les pentes de la colline pour aller s'instruire chez les Blancs. Prêchant d'exemple, le roi avait donné six de ses propres fils. Des adultes aussi montaient à Njissé pour y apprendre les récits bibliques. Les enseignements du Christ plaisaient beaucoup au roi et aux conseillers du palais. Ils exprimèrent le désir d'être baptisés. Mais ce n'était pas facile. Le missionnaire disait qu'un homme ne peut être baptisé que s'il connait la loi de Dieu, y soumet sa vie551(*) ».

L'histoire révèle qu'en 1907, le roi avait déjà envoyé 60 enfants à l'école. Le 25 décembre 1909, il y a 80 candidats au baptême, dont vingt-huit (28) princesses, vingt-neuf (29) garçons, vingt-trois (23) filles. Plusieurs autres baptêmes suivirent avec un nombre impressionnant de filles. Les voix de femmes se font de plus en plus entendre. Nous pouvons citer celle de l'emblématique Lydia MANGWELOUNE, la danseuse et dulcinée du roi NJOYA.Cette danseuse jadis la favorite du roi, prend une position ferme et défend sa nouvelle conviction religieuse, offensant le roi par son refus de se plier à ses exigences. Il entraîne avec elle beaucoup d'autres femmes qui résistent à la répression du roi contre les chrétiens, parce qu'il sentait son autorité menacée. Par la suite,le christianisme va se heurter au pouvoir du RoiNJOYA qui va être ébranlé par les valeurs de tolérance, d'égalité entre les hommes et les femmes, d'amour et de compassion envers ses ennemis.

Tableau N° 13: Anna WUHRMANN & Lydia MANGWELOUNE, 02 figures féminines emblématiques du christianisme en terre BamounBamun.

Anna WUHRMANN

Lydia MANGWELOUNE

Missionnaire suisse, enseignante et grande photographe. Elle a immortalisé par ses très nombreuses photos le pays BamounBamun et l'époque du Roi NJOYA de 1911 à 1922. Née à Marseille en 1881 de parents suisses, Anna WUHRMANN est élevée par ses grands-parents en Suisse jusqu'à l'âge de 07 ans. Elle va à l'école à Bâle, puis ensuite, elle poursuit ses études dans un internat pour devenir enseignante. Elle commence sa carrière en 1905 et postule pour la mission évangélique de Bâle en 1910. La mission de Bâle remplaçait depuis 1886 la Mission Baptiste de Londres, après la prise de Douala par l'Allemagne à l'issue du Traité Germano-Duala de 1884.

En septembre 1911, elle est envoyée par la mission au Cameroun, à l'époque sous protectorat allemand, où elle va enseigner à l'école des filles de la mission de Foumban jusqu'en 1915. Pendant la guerre, elle est faite prisonnière par les Anglais pendant plusieurs mois et une fois libérée, elle rentrera chez elle en Suisse. Mais elle revient au Cameroun en 1920 avec la Mission Évangélique de Paris et retourne enseigner auprès de ses élèves de Foumban. Très proche de la communauté BamounBamun, elle s'attache à changer les conditions personnelles et sociales des femmes. Son talent missionnaire dépassait à certains égards celui de ses collègues. Elle fut la première représentante d'une nouvelle génération de missionnaires qui se mit à respecter les coutumes africaines et à partager leurs vues.

Passionnée par la photo, durant ses séjours au pays BamounBamun, Anna WUHRMANN va prendre de très nombreux clichés de la communauté BamounBamun, elle va ainsi immortaliser toute une époque du pays BamounBamun et ainsi constituer de très belles archives photographiques. Elle réalise de très nombreux portraits des habitants de Foumban et des membres de la famille royale ; dans ses portraits, Anna WUHRMANN se passe largement de poses théâtrales, ses modèles sont rarement en contact visuel avec la photographe.

En conséquence, les photos ont un caractère factuel et le documentaire qu'elle complémente d'annotations. Parmi ses très célèbres clichés, il y a celui de Lydia MANGWELUNE qui a été publié pour la couverture du livre d'Henri NICOD, « La danseuse du Roi »... Ainsi que de très nombreux portraits du Roi Njoya. C'est d'ailleurs sous les conseils de la missionnaire photographe que le roi achètera son premier appareil photo. En 1922, elle quitte définitivement le Cameroun et l'année suivante, se marie avec R. REIN, un professeur allemand. Elle vit en Allemagne jusqu'à la mort de son mari en 1943 où elle retourne vivre en Suisse. Anna WUHRMANN est décédée en 1971, elle a écrit de nombreux livres et manuscrits sur le Cameroun et le pays BamounBamun. Entre autres, « Mein Bamunvolk im Grasland von Kamerun » en 1925 et « Fumban, die Stadt auf dem Schutte - Arbeit und Ernte im Missionsdienst in Kamerun » (Foumban, la ville sur la gravats - Travail et Récolte en Service Missionnaire au Cameroun en 1948).

Née en 1886 dans une grande famille noble du quartier NJIyouom de Foumban, deuxième fille d'une fratrie de 17 enfants. Son père NJI MOFEN était un noble exerçant les fonctions de chef des serviteurs de No PEMBOURA, soeur de NGUNGURE, la mère du Roi NSANGU, qui était le père du Roi NJOYA. Sa mère MANDU était cousine du Roi NJOYA dans sa lignée paternelle. Touchée par l'enseignement chrétien entendu à Foumban, Lydia obtient du Roi NJOYA un changement de statut. Elle ne sera plus désormais concubine royale, ni « danseuse du roi », mais donnée comme épouse de NJI WAMBEN, un noble au service du roi. Lydia devient catéchumène. Elle prie, lit la Bible, écoute avec une vive attention l'enseignement chrétien.Son comportement change. En 1909, elle reçoit le baptême à l'âge de 23 ans. C'est alors qu'elle prend officiellement le nom de Lydia. Elle va rapidement en payer les conséquences sociales, dans un monde BamounBamun où le christianisme est ultra-minoritaire. Victime des brimades et des brutalités de son mari, elle perd une partie de son statut social et souffre dans sa chair. Le départ des missionnaires allemands en 1915 aggrave sa situation. Les récits biographiqueset correspondances de l'époque insistent sur la persévérance tenace de Lydia, qui impose peu à peu le respect autour d'elle par le calme stoïque dont elle fait preuve devant les humiliations subies. Les bouleversements géopolitiques engendrés par la Première Guerre Mondiale conduisent la Mission de Paris à assurer le relais protestant. Elle s'implante en pays BamounBamun.

Le pasteur français Elie ALLEGRET, après une visite à Foumban en 1917, envoie un instituteur chargé de mettre en place un conseil d'anciens. Lydia est appelée à siéger au milieu du conseil. « Une femme siégeant au conseil des hommes ! Et avec le même droit de vote ! Une femme, un être si méprisé chez les païens ! C'était inouï ! Mais ces chefs de la communauté avaient vu juste et avaient fait un bon choix ».

Dans une société qui change et s'ouvre, Lydia, restée sans enfant, va peu à peu infléchir les rapports de force. Alors que l'islam s'implante aussi, elle incarne avec détermination et constance un style de vie chrétien. Elle développe un témoignage en paroles et en actes qui aboutit en fin de compte à la conversion de nombreuses femmes, mais aussi de son mari. Ancienne, catéchiste, évangéliste, Lydia prêche par l'exemple. L'église a eu et continue d'avoir des anciennes, mais celle dont nous parlons maintenant est une ancienne par excellence. Elle visite les églises des quartiers et y donne de bons conseils aux catéchistes, aux catéchumènes et aux chrétiens. Elle sait consoler les frères affligés. Elle a nourri des enfants orphelins qu'elle a acceptés volontairement. « Beaucoup de femmes de catéchistes ont été éduquées par elle », lit-on dans les archives de la SMEP. Respectée et écoutée dans toute la région, elle devient peu à peu une icône du christianisme BamounBamun, alors qu'elle apprend peu à peu le français, langue des nouveaux colonisateurs. En 1931, la région BamounBamun compte 31 postes de prédicateurs et 35 lieux de culte. La progression du christianisme se poursuit, et Foumban compte aujourd'hui une « MEGA CHURCH » - « NDAAMBASSIE » - de 14 000 fidèles. Pour les chrétiens de la région, Lydia est restée une référence fondatrice. Au-delà de sa personne, elle représente un idéal d'acculturation douce du christianisme au début du XXème siècle, dans une société polygame et multireligieuse marquée par la domination des hommes.

Source : « Royaume BamounBamun - Anna Wuhrmann & Lydia Mangweloune », article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 11 mars 2021.

2. Le christianisme face au pouvoir du Roi Njoya

Le christianisme était devenu une menace pour la souveraineté du monarque qui voyait son royaume fragilisé par la monogamie et d'autres valeurs prônées par l'Évangile.En plus, les cahiers du missionnaire allemand GÖRING ont révélé la trahison des secrets du royaume aux Blancs : « Un jour le sultan avait appris par son premier fils Forifum que les chrétiens écrivaient L'histoire du pays bamounBamun et aussi comment le feu sultan Mbuembue avait fait volé « Vu-Ngou » grand pagne de 50 fadames pour la grande danse coutumière Njà chez les Bansoqui écoutaient venus pour vendre aux Rois, et aussi L'histoire de la guerre de Banso où mourut le Sultan Nsangu avec tous ses frères même mère... Le Sultan était très fâché quand il a appris que les chrétiens parlaient et écrivent tout ce qui était mauvais dans le pays, donnaient aux étrangers pour qu'ils puissent voir la base des secrets du pays... (Sic)552(*) ».

Le roi-sultan découvre en effet avec stupéfaction et colère au lendemain du départ des Bâlois, le contenu de révélations faites aux missionnaires par ses sujets d'obédience chrétienne sur les coutumes du pays : « C'est vous qui détournez les enfants de mon pays pour les donner aux Blancs553(*) ?», se serait-il exclamé avant de leur rappeler : « Ce (n'est) pas moi qui avait voulu que le missionnaire monsieur Göring arrive dans mon pays ? Pourquoi mon pays est dérangé par vous ? Pourquoi me (faites-) vous honte ? Surtout devant les inconnus ! Ce n'est pas moi qui est votre Dieu (sic) ainsi que (pour) tous les BamounBamun554(*) ? »

Par la suite, la tentative de NJOYA pour reconquérir son hégémonie symbolique sur les chrétiens revêtit, lors du départ des missionnaires Bâlois, les traits d'une campagne de séduction. Le roi ouvrit des écoles et des commerces où il employa des convertis, donnant ainsi des gages de sa capacité, sinon à se substituer, au moins à compenser le vide créé par la défection forcée des missionnaires.

Aux jeunes, il promit en mariage des filles issues des hauts rangs de la société.Ce régime de faveur fut toutefois tempéré par des sanctions physiques et des tortures morales à l'encontre des « Gha Pkù tu » (mot à mot « ceux à la tête dure », autrement dit « les têtus »), ainsi que furent désignés les chrétiens, considérés comme particulièrement récalcitrants et subversifs, du fait d'une collaboration coupable avec les Blancs.

Le constat de l'existence de discours parallèles tenus par les chrétiens, perçus comme une remise en cause de la légitimité de son autorité, déchaina la fureur de NJOYA.

Des perquisitions opérées aux domiciles des chrétiens furent l'occasion de confiscation et de destruction publiques de documents dont furent exemptées les Bibles555(*).

Des bastonnades suivies de déportations conduisirent nombre de chrétiens à abjurer, souvent de façon temporaire, parfois de façon définitive.Aussi énergique que fut l'intervention de la SMEP556(*) et malgré la réaction sévère de l'administration française qui, en guise de représailles, destitua NJOYA en 1924 et l'exila en dehors de son royaume en 1931, la majeure partie des chrétiens passés à l'islam ne revinrent jamais dans les rangs du christianisme.

Plus que les sévices corporels, la violence de l'imprécation lancée par le souverain à leur endroit à la veille d'être déporté, dut à la fois doucher l'enthousiasme et altérer la foi des convertis : « Je marcherai sur vos tombeaux avant ma mort557(*) », leur aurait-il jeté, avant d'ajouter, sentencieux : « N'oubliez pas que c'est Dieu lui-même qui m'a placé roi sur cette terre. Vos villages, vos maisons, vos familles, seront détruites (...). Si je mourrai sans le faire, mon enfant le fera558(*) ».

L'impact de cet anathème fut si grand que lorsqu' Elie ALLÉGRET, aumônier militaire envoyé avec trois autres coéquipiers par la SMEPen 1917 pour étudier les conditions de la reprise du champ de mission du Cameroun, arriva au pays bamounBamun, la florissante communauté chrétienne qu'avaient édifiée les Bâlois se réduisait à une douzaine de membres559(*) sur une communauté de 272 membres en 1914560(*).

Parmi ces rares fidèles se trouvaient MoséYÉYAP561(*), cousin et premier contradicteur du Roi NJOYA.

Dans la suite de notre travail, nous aborderons la thématique du Roi NJOYA et la prise en compte de la « supériorité » des agents coloniaux allemands.

B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE LA « SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS COLONIAUXALLEMANDS561(*)

La force allemande au Cameroun se trouvait sous la direction du Colonel ZIMMERMANN et comptait 1.200 « Polizeitruppe » dirigés par 30 officiers allemands et 1.550 soldats dirigés par 185 Allemands... Bien que le Colonel ZIMMERMANN se retirât en GuinéeEspagnole. En 1915, les forces allemandes du Nord-Cameroun refusèrent de capituler.

Après une attaque infructueuse contre la forteresse allemande de Garoua, lancée par les Alliés en août 1914, Garoua fut prise finalement en juin 1915. En février 1916,une expédition anglaise menée par le Colonel CUNLIFFE contraignit les forces allemandes de la Forteressede Mora à capituler. Son premier représentant, installé comme on l'a vu par NACHTIGAL, envisage une petite force militaire symbolique : dix à vingt officiers secondés par trois à quatre cents hommes de troupe.

Quelle était la pratique de la « guerre » selon l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux artisans BamounBamun(1- )?

Par la suite, nous évoquerons l'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale BamounBamun(2-).

1. La pratique de la « guerre » selon l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux artisans BamounBamun

Ce n'est donc pas - et nous l'avons déjà signalé plus haut - sans coup férir que les Allemands vont envahir, traverser ou occuper l'intérieur du pays. Comme le fait justement remarquer RUDIN561(*),« le soldat devrait précéder ou du moins accompagner le commerçant ». Ainsi, le 16 novembre 1891, les autorités coloniales allemandes décident la création d'une force de police, la « Polizeitruppe », composée essentiellement d'Haoussas, de Dahoméens ramenés de leur pays et engagés pour cinq ans. Il s'agit en fait d'esclaves arrachés à leurs maîtres sur la côte du Bénin et qui recouvrent leur liberté après cinq ans de service dans la police. Mais, très vite, leur nombre s'avère insuffisant face à la multiplicité des points de « pacification ».

En outre, mal payés, mal nourris et humiliés par la bastonnade publique infligée à leurs femmes, les policiers dahoméens se révoltent contre leurs chefs562(*). La responsabilité de cette révolte incombe à LEIST, remplaçant intérimaire du gouverneur ZIMMERER en congé. Le scandale fait tant de bruit dans les milieux coloniaux qu'un débat est ouvert au Reichstag sur l'opportunité d'installer des troupes régulières au Cameroun. La loi, adoptée le 9 juin 1895, stipule que ces troupes dépendent de la marine et doivent coexister avec les forces de police.Mais elles diffèrent de celles-ci par l'uniforme, l'organisation et l'entraînement, toutes choses qui ne peuvent que susciter de la rivalité entre les deux corps de troupes.

Malgré son inefficacité opérationnelle, la police joue un rôle politique important. Elle permet de camoufler l'aspect militaire de la colonisation et remplace l'armée dans les régions "pacifiées". En 1914, l'ensemble des forces militaires et de police se présente ainsi :1200 policiers sous les ordres de trente Allemands, et 1550 militaires encadrés par 185 officiers. Cet accroissement des forces de l'ordre s'explique par les difficultés rencontrées dans la conquête de l'Adamaoua et l'activisme de la société coloniale563(*). En 1906, c'est au tour des missionnaires allemands de s'installer dans la région. Ils vont faire profiter les artisans BamounBamun de leur savoir-faire dans les domaines de la menuiserie, de la construction564(*).

NJOYA, dont le père, le roi NSANGU, avait trouvé la mort au cours de l'une des nombreuses batailles qu'il menait contre ses voisins, descendant d'une dynastie à l'histoire mouvementée, agit très tôt en homme politique avisé. Il comprit l'intérêt qu'il y avait à s'associer les faveurs des Allemands des points de vue politique, militaire et économique afin d'accroître la puissance du royaume BamounBamun, de le défendre des attaques étrangères et surtout de rehausser son prestige personnel.

LesAllemands furent très rapidement chez eux à Foumban ; en échange de l'aide qu'ils lui apportaient, NJOYA accéda à leur désir de fonder une mission protestante, un templepuis une école. Il obtint des Allemands de nouvelles semences, développa la culture du palmier à huile et du coton ce qui lui permit d'intensifier la pratique du tissage et la production textile.

Certains traits de la culture européenne imprégnèrent rapidement les productions BamounBamun : frappé par l'architecture de la résidence du gouverneur, NJOYA entreprit de construire à Foumban un palais au faste et au style comparables.

2. L'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale BamounBamun

L'influence allemande se traduit essentiellement dans l'architecture565(*), les bâtiments édifiés par les germaniques ayant été sauvegardés malgré les émeutes, contrairement aux constructions françaises démolies les unes après les autres.

L'organisationde l'État du Cameroun reste calquée sur son modèle français.566(*) Si les contacts avec les Peuls avaient entre autres apporté l'écriture ainsi que l'art du tissage et de la broderie, les relations avec les Allemands s'accompagnèrent elles aussi d'innovations techniques dont les retombées se manifestèrent immédiatement dans les arts. Les étrangers introduisirent la scie dont l'usage modifia sensiblement l'architecture en permettantla fabrication de portes, fenêtres et panneaux ornés de motifs « champlevés ». Papier, encres et couleurs permirent le développement de la peinture et du dessin. Le roi passait commande aux artisans pour enrichir et embellir son palais ou honorer ses hôtes.

Foumban devint sous le règne de ce monarque un lieu réputé de rassemblement d'artisans venus de toute la région : les touristes européens, en souvenir de leur passage, y achetaient des objets dont la production leur était déjà destinée.

Foumban abrite maintenant un musée des Arts et Traditions BamounBamun là où se tenait le Centre de l'Institut français d'Afrique noire. Les artistes sont toujours nombreux à Foumban. Ils exposent publiquement des oeuvres où les portraits de NJOYA ont souvent la place d'honneur. Mais il faut toujours reconnaître que le peuple BamounBamun a toujours été un précurseur dans le savoir-faire technique et n'ont pas attendu la présence étrangère pour briller.

L'auteur évoque également deux personnalités artistiques qui doivent elles aussi leur existence et leur reconnaissance à l'entreprise patrimoniale de NJOYA : AdamouMFONSIÉ et IbrahimNJOYAdésormais célèbres en pays BamounBamun et même au-delà. Le premier, descendant de sculpteurs et de fondeurs, fut l'un de ces artisans au service du roi qui contribuèrent à la construction de son nouveau palais, en dessina les plans et en sculpta les portes et les fenêtres. Après la mort du souverain, il exécuta pour le musée et la préfecture des panneaux muraux à thème narratif567(*). Le second se fit connaître à la fin des années 1920 pour ses dessins et peintures dont l'ouvrage offre quelques reproductions.

Ses oeuvres partagent le caractère épique des bas-reliefs de MFONSIÉ et annoncent une tradition picturale et murale qui s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Les oeuvres de MFONSIÉ et de NJOYA, au croisement de deux mondes, d'inspiration à la fois africaine et européenne, ne manquent pas d'évoquer par leur style le syncrétisme des ivoires « bini » ou « sapi-portugais » du XVIème siècle. Elles mériteraient à elles seules une étude que le livre incite à poursuivre.

On retiendra des dessins de NJOYA les visages de souverains vus de face et directement inspirés de ceux des masques aux grands yeux en amande ourlés de paupières qui contrastent avec les profils de certaines femmes, calqués sur ceux des silhouettes féminines aux cheveux courts et profils grecs des images de journaux ou de publicité des années 1920568(*).L'un des exemples les plus marquants de cette hybridité artistique reste la case à passagers de Foumban.

Le plan de cette vaste demeure destinée à loger les voyageurs est celui d'une maison coloniale avec véranda ceinturant le bâtiment, munie d'un parapet, ombragée par des canisses ou des nattes et accessible par un vieil escalier arrondi ; celui-ci est bordé de rampes en briques avec têtes de départ décoratives en poterie569(*).

Un espace que l'on pourrait presque qualifier de jardin à la française s'étage devant l'« hôtel » : au centre, un massif végétalisé entouré d'une allée de graviers circulaire conduisant à l'escalier et des plates-bandes sur les côtés. La réalisation est entièrement constituée de matériaux locaux, sauf les briques de l'escalier et avec les techniques de construction typiques de l'architecture BamounBamun570(*).

CONCLUSION DU CHAPITRE I

Ce chapitre qui s'achève avait l'ambition de retracer les débuts de la colonisation allemande au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons relevé le principe de l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs traditionnelsBamounDuala et Bamun.Concernant les chefs Duala, nous avons établi la chronologie des différents cantons qui constituent sa structure sociale à savoir le canton BELL, AKWA et DEÏDO.Dans ce contexte,on ne peut nier la participation majeure des commerçants et des négociants allemands dans la prise de contact avec les chefs Dualaqui va aboutir à la signature de dizaines de traités dont le plus célèbre est celui du 12 juillet 1884. Ce traité marquera d'ailleurs l'entrée du Cameroun sur la scène internationale.A ce stade, nous avons évoqué l'origine du peuple BamounBamun, qui doit son création au jeune prince TikarNCHARE YEN ainsi que la naissance deux autres dynasties à savoir le peuple Bafia et le peuple Bansoh. Par la suite, le royaume BamounBamun va s'établir de manière durable grâce aux différentes conquêtes établies dont celle du village de Njimom. Partant de là, le Roi NJOYA, en tant que souverain BamounBamun, accueillera les agents allemands en 1902, ce qui marquera les premiers contacts de ce peuple avec les Européens. Les premiers agents seront les soldats et les missionnaires qui établiront dans un premier temps des relations cordiales voire chaleureuses avec le souverain. Et l'exemple le plus illustratif est celui du missionnaire GÖRING et du Roi NJOYA. Mais des dissensions ne tarderont pas à apparaître, et tout particulièrement, dans le domaine de la religion ; les pratiques religieuses chrétiennes seront sans cesse opposées aux pratiques coutumières traditionnelles telles que la polygamie ou la peine de mort.La remarque générale qui se dégage de ce chapitre est que le principe de l'hinterland a permis à l'Allemagne à travers la Conférence de Berlin de conquérir les terres africaines dont le Cameroun. Les peuples autochtones dont les BamounBamun et les Duala ont vu leur équilibre sociétal s'effriter mais cela ne les a pas empêchés d'en tirer profit à un titre ou à un autre.Chaque potentat africain sera à la recherche de son profit personnel au détriment des autres, ce qui conduira à la facilitation et l'asservissement de tous les pouvoirs locaux. Cette analyse nous permettra dans la suite de notre travail, d'aborder les dynamiques et les logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun.

CHAPITRE II :

LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN

Ce chapitre se consacre à la présentation des dynamiques et des logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun.

Pour cela, il débute par la logique conflictuelle des relations entre les chefs Duala et les colonisateurs allemands. Par la suite, il nous permet d'apprécier celle de la coopération entre le SultanatBamounBamun et les agents coloniaux allemands.

Cette présentation des dynamiques et des logiques de domination nous permettra d'apprécier, à leur juste valeur, les transformations profondes consécutives à la domination coloniale et aux tentatives d'encadrement des pouvoirs locaux. Donc, l'examen porte successivement sur les dynamiques et logiques conflictuelles entre l'administration coloniale allemande et les chefs Duala(Section I), et sur les dynamiques et logiques conflictuelles entre l'administration coloniale allemande et le SultanatBamounBamun(Section II).

SECTION I : DYNAMIQUES ET LOGIQUESCONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA

La société est histoire. Elle est constamment engagée dans un mouvement historique dans une transformation d'elle-même, de ses membres, de son milieu, des autres sociétés avec lesquelles elle est en rapport. Elle suscite, subit ou accueille sans cesse des forces externes ou internes, qui modifient sa nature, son orientation, sa destinée.

Que ce soit d'une manière brusque, lente ou imperceptible, toute société connait chaque jour des changements qui sont plus ou moins en harmonie avec son passé et suivent un destin ou un projet plus ou moins explicite571(*).

L'accès au commerce et le stationnement des navires marchands étaient par ailleurs subordonnés au paiement des chefs côtiers d'une charge du nom de « Kumi » ou « Comey ». Mais le plan des Malimba d'arrêter et de tuer tous les commerçants allemands établis au bord du fleuve ne réussit pas, ces derniers ayant pris la fuite pour regagner Douala. Lorsque l'explorateur Kurt VON MORGEN arriva dans ce territoire hostile quelques jours seulement après, il fut aussitôt pris pour cible par les Malimba.

Le 18 janvier 1890, YAMBE, le chef supérieur des Malimba débarqua subitement à la factorerie Woermann accompagné d'un deuxième chef rebelle, avec deux grandes pirogues de guerre remplies de guerriers dont la plupart sont armés de fusils modernes à culasse... Dès que les guerriers Malimba descendirent de leurs pirogues, VON MORGEN donna l'ordre à ses hommes de s'emparer d'eux. Mais l'arrestation dégénéra en bataille parce que les Malimba essayaient de se défendre.

Selon les indications de VON MORGEN, il y eut une trentaine de morts dont le chef YAMBE, et de nombreux prisonniers dans le camp adverse. La conséquence immédiate, la plus importante d'ailleurs, de l'anéantissement de la révolte des Malimba, qui, nous l'avons souligné, constituaient une barrière commerciale, fut la liberté de commerce sur toute la Sanaga inférieure.

Cette liberté du commerce fut matérialisée par la signature du traité entre le gouverneur Eugen VON ZIMMERER venu de Douala pour la circonstance, et les Bakoko représentés par leurs chefs qui achetaient les produits aux Edéa pour les revendre aux Malimba. C'est ainsi que le cours inférieur navigable de la Sanaga fut désormais ouvert au commerce jusqu'aux chutes. Peu de temps après, il fut possible à WOERMANN d'ouvrir une factorerie aux chutes mêmes où il pouvait acheter l'ivoire moitié moins cher qu'à l'embouchure du fleuve. Issus du grand Empire du Bornou, les Kanouri comptaient parmi les marchands et les artisans les plus rompus du Soudan central.

Avec leurs caravanes d'ânes chargées d'articles, ils sillonnaient les pistes de ces contrées du nord au sud, vendant les produits du Sahel, à savoir le sel, le natron, les parfums, les perles et les vêtements brodés, contre ceux de la savane, notamment les peaux, la teinture rouge, la cola, l'ivoire, mais surtout les esclaves dont l'Adamaoua était de loin le plus grand pourvoyeur de tout l'Empire peul. Le comité économique colonial décida de se faire renseigner par une mission spéciale, la Deutsche Niger-Benue-Tsadsee-ExpÉdition. Celle-ci quitta Hambourg le 11 février 1902, avec pour objectif d'étudier les procédés commerciaux en usage dans le Nigéria, de remonter la Bénoué pour en analyser le transit, de séjourner un an à Garoua et d'inventorier les ressources économiques de la Haute Bénoué,du Logone et du Chari.

A la fin de l'expédition, FritzBAUER, le chef de l'équipe, envoya à Berlinun volumineux rapport sur la valeur économique de l'Adamaoua et du Bornou. On peut distinguer deux voies de pénétration du commerce allemand dans l'hinterland nord du Cameroun : la voie Niger-Bénoué navigable jusqu'à Garoua, et la voie terrestre, c'est-à-dire à partir de la côte.Dès qu'une personne était proclamée chef par les autorités coloniales, il recevait des documents officiels, un livret, 572(*)une canne, des chapeaux, des drapeaux et des uniformes. Le « Hauptlingsbuch » du chef contenait diverses informations pour les administrateurs allemands comme le nom du chef et la distance séparant son village de la station administrative la plus proche.  En vue de collaborer étroitement avec les chefs, un « jour des chefs »573(*)fut déclaré dans chaque district.

A Douala, par exemple, le « jour des chefs » était le mercredi et le lieu des réunions, le plateau de Joss. Au cours de telles réunions, les administrateurs allemands rappelaient aux chefs leurs devoirs envers le régime. De leur côté, les chefs rendaient compte aux administrateurs des évènements survenus dans leurs régions respectives. Afin d'exécuter les ordres de l'administration, les chefs s'appuyaient sur la « Polizeiwalt », la police coloniale. Celle-ci était responsable du maintien de l'ordre public et agissait comme une force coercitive sur la population. Les autorités coloniales utilisèrent les « Machtcaberschiedsgericht », une institution judiciaire pour intervenir dans les affaires politiques locales, et pour manipuler les chefs traditionnels.Le siège de cette institution se trouvait à Garoua.

JacquesLOMBARD pense que l'étude de la position du chef dans le régime colonial ne donne pas seulement à la recherche un moyen d'élucider le fait politique traditionnel ; elle permet aussi de mettre en valeur une des formes d'opposition les plus complexes à la situation coloniale. Cette dernière a déterminé en effet un ensemble de réactions issues du groupe colonisé, qui ont varié selon les époques, selon la nature des sociétés précoloniales, enfin selon la forme de tutelle imposée par le colonisateur574(*). Pour lui en effet, la colonisation apparaît avant tout comme une domination politique affectant en premier lieu le statut des anciens dirigeants de la société colonisée575(*)576(*).Il suffisait de leur enlever le monopole du commerce intermédiaire - monopole que les Duala s'étaient réservés et qui leur avait été reconnu avant la signature du traité de protectorat - pour les réduire à la pauvreté et pour faire d'eux des autorités vidées d'une importante partie de leur substance577(*)578(*).

Par la suite, nous étudierons la question foncière liée à l'expropriation des terrains (Paragraphe I) et des sanctions encourues en cas de désobéissance des chefs Duala(ParagrapheII).

PARAGRAPHE I :LA QUESTION FONCIÈREOUL'EXPROPRIATION DES TERRAINS

La propriété foncière579(*) est un type de propriété qui concerne les biens immobiliers au sens juridique, c'est-à-dire « qu'on ne peut déplacer », ce qui inclut les terrains bâtis ou non bâtis, les bâtiments et les meubles incorporés au bâti580(*).

Et à ce titre, un régime foncier581(*) est le régime juridique ou coutumier qui définit les relations d'appartenance d'une terre et ses ressources par rapport à un individu ou à un groupe. Il détermine qui peut utiliser la terre, pour combien de temps et dans quelles conditions.Leur usage peut être fondé tant sur des lois et des politiques officielles que sur des coutumes informelles582(*).

Mais concernant les terrains des chefs Duala, peut-on parler d'expropriation ou plutôt de confiscation583(*) voire de dépossession584(*) ? En droit, l'expropriation585(*) est une opération tendant à priver, contre son gré, un propriétaire foncier de sa propriété. De nos jours, ce terme désigne le plus souvent une expropriation pour cause d'utilité publique. Concernant la confiscation, on peut la définir comme une sanction décidée par une autorité qui s'approprie les biens d'une personne ou d'une entreprise sans contrepartie. La confiscation se différencie des autres formes de dépossession, comme l'expropriation ou la saisie, par son objectif de sanction. Elle se différencie aussi de l'amende qui doit être payée sous forme d'une somme d'argent alors que la confiscation touche un ou plusieurs biens particuliers.

Quant à la dépossession, c'est une action qui consiste à priver quelqu'un d'un bien586(*)par un moyen coercitif, illégalement, ou injustement. La dépossession peut également, dans une certaine mesure être volontaire587(*)588(*). De manière générale, la dépossession implique un mode de transfert de propriété ou de valeur d'usage ou de service, qui s'oppose au partage d'un bien commun, à l'échange, au don ou à l'acquisition. La dépossession sous-entend que l'on dépossède autrui ou une personne ou une entité en particulier. Elle passe par l'appropriation d'un territoire, de ressources naturelles, d'un bien, d'un service, d'une information589(*).

La dépossession peut concerner un patrimoine immatériel tel que l'histoire ou la langue d'un groupe humain, ainsi privé de ses racines, phénomène fréquent dans les stratégies de conquêtes territoriales590(*) ou encore le patrimoine alimentaire591(*), en Afrique notamment592(*).

Au vu des précédentes définitions, on peut dire qu'on remarque non seulement une expropriation des terrains mais aussi une dépossession matérielle et immatérielle593(*) qui concerne également le fait pour les populations autochtones de perdre leurs racines, leurs traditions, leurs coutumes.

En d'autres termes, les Duala ne perdaient pas seulement leurs habitations mais aussi leurs habitudes culturelles, communautaires, quotidiennes(A-) mais vont se voir placés dans des quartiers dits indigènes tandis que les Européens seront logés dans des quartiers dits blancs (B-).On assistera donc aux revendications des chefs Duala suite au non-respect des clauses des traités Germano-Duala(C-).

A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES MISSIONNAIRES ET LES AGENTS COLONIAUX

Dans la suite de notre étude, nous évoquerons les dispositions de l'administration coloniale allemande concernant le plan d'expropriation de la ville de Douala(1-) qui iront à l'encontre des droits inaliénables des chefs Duala(2-).

Partant de là, l'opposition la plus vive à la domination coloniale allemande au Cameroun vint des Duala. La résistance Duala face au pouvoir colonial résida dans les causes suivantes :

1) LesAllemands éveillèrent l'hostilité des duala en leur imposant plusieurs impôts parmi lesquels : l'impôt de capitation de 1903 qui fut remplacé en 1908 par la taxe sur la hutte. L'impôt de capitation fut à nouveau réintroduit en 1911.

2) Les Duala refusèrent d'être utilisés en tant que porteurs.

3) LesAllemands abrogèrent le monopole d'intermédiaire dont les Douala jouissaient depuis l'époque anglaise.

4) La décision allemande de procéder à l'expropriation des terrains duala. Cette décision réunit l'ensemble des Duala contre l'administration coloniale allemande.

Selon les Duala, le traité Germano-Duala de juillet 1884 ne conférait pas aux Allemands le droit exclusif de possession de terrains. Toutefois, en 1888, VON SODEN fut désigné pour déterminer les conditions dans lesquelles les Européens pouvaient acquérir des terrains.

1. Les dispositions de l'administration coloniale allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la ville de Douala

En juin 1896, un DécretImpérialdéfinit toutes les terres inoccupées comme appartenant à la Couronne. Les Duala considérèrent cette démarche comme contraire au traité Germano-Duala du 12 juillet 1884. En 1902, des commissions foncières furent constituées pour déterminer les besoins des autochtones en terrains et pour ériger des bornes entre les terrains appartenant aux populations indigènes.

Cette mesure permit aux Allemands d'occuper tous les terrains inoccupés, et provoqua la colère des populations indigènes duala en décidant de dresser un plan pour l'expropriation de leurs terres.

Le Gouverneur SEITZ fut soutenu dans son plan d'expropriation par le chef du district de Douala, RÖHM. Selon le plan d'expropriation de 1910 :

1) Les Duala recevaient 40 Pfennigs par m² à titre de compensation ;

2) L'administration coloniale deviendrait le propriétaire des terres de Douala dans un délai de cinq ans ;

3) En plus de la compensation (très mince) les indigènes devaient aussi être dédommagés pour leurs huttes ou pour leurs maisons ;

4) Les indigènes seraient réinstallés hors de la ville de Douala à une certaine distance du fleuve Cameroun et séparés des Européens par une bande de terre dans un rayon d'un kilomètre ;

5) La ville serait réservée aux Européens ;

6) La cohabitation entre les Européens et les indigènes devait être supprimée594(*).

La décision d'exproprier les terres Duala s'appuyait sur des motivations raciales, économiques et sanitaires. D'un point de vue racial, les colonisateurs allemands soutenaient la ségrégation. Ils craignaient que la cohabitation n'amène les indigènes à demander l'égalité sociale et politique.

Sur le plan économique, les autorités coloniales allemandes voulaient empêcher les Dualade profiter de la vente de leurs terrains par spéculation. En ce qui concernait les raisons de santé, le médecin-chef de l'administration coloniale, le Dr. ZIEMANN craignait que la cohabitation entre la population indigène et les Européens fût préjudiciable aux derniers.

Selon lui, 72 % des indigènes souffraient de la malaria. Le médecin-chef soutenait que seule l'expropriation des terres duala et la réinstallation des indigènes dans un endroit plus éloigné protégeraient les Européens du fléau. Cependant, le monopole d'intermédiaire dont les Duala jouissaient dans le commerce côtier ayant été brisé, la plupart des indigènes avaient abandonné le commerce et considéraient les terrains comme leur principale source d'existence. Toute mesure d'expropriation risquait de conduire à la violence. En dépit de l'opposition de nombreux Européens et de sociétés missionnaires basées à Douala au plan d'expropriation, l'administration coloniale refusa d'y surseoir.

En novembre 1911, les Duala envoyèrent une protestation au Reichstag qui malheureusement n'aboutit à aucune réaction favorable du Gouvernementallemand.

2. Les motifs d'opposition des chefs Duala à l'expropriation de leurs terres : une atteinte à leurs droits inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur identité séculaire...

Ainsi, dans une autre lettre de protestation des chefs Duala au Reichstag écrite en mars 1912, les chefs fondèrent leur refus d'expropriation de leurs terrains sur les motifs suivants :

1) Ils trouvaient inadmissible d'abandonner leur héritage précieux, légué par leurs ancêtres, pour un prix ridiculement bas ;

2) Dans l'hypothèse d'une vente forcée, les chefs pensaient que les autochtones devraient recevoir au moins deux fois le prix proposé au lieu de 40 Pfennigs par m² ;

3) Les chefs soutenaient que l'administration coloniale voulait les récompenser avec des terrains qui, au départ, leur appartenaient pour leurs cultures. A cet égard, les chefs prétendaient que les indigènes trouvaient difficile à comprendre pourquoi et comment leurs terrains de culture hérités de leurs ancêtres étaient devenus la propriété du gouvernement ;

4) Les chefs indiquèrent qu'ils étaient prêts à fournir de l'argent au trésor colonial comme ils l'avaient fait auparavant. De plus, ils promettaient de satisfaire autant que possible les demandes en terrain des entreprises privées après négociation.

Les chefs terminèrent leur lettre de protestation en demandant au Reichstag d'annuler le plan d'expropriation. Malgré ces protestations, les autorités coloniales allemandes appliquèrent l'Acte d'expropriation en janvier 1913. (Voir Annexes 6 & 7& 8qui sont des croquis qui portent respectivement sur le développement des quartiers africains, celui des quartiers européens et met en relief côte à côte la zone européenne à la zone africaine).Les Annexes 6& 7& 8montrent la détermination des autorités coloniales allemandesà s'approprier la ville et à bénéficier des espaces jugés praticables au détriment des peuples autochtones Duala, sans tenir compte de leurs habitudes sociales et culturelles. Leur seule préoccupation est de faire de Douala, une ville économiquement viable et socialement accueillante pour ses ressortissants, d'où la démarcation entre « quartiers indigènes » et quartiers blancs.

D'après cet Acte :

1°903 hectares furent expropriés ;

2° 37 hectares supplémentaires de terrains ne furent pas expropriés. Ces terrains devaient toutefois être exploités exclusivement par les allogènes ;

3° l'expropriation des terrains duala devait être terminée dans un délai de cinq ans ;

4° les indigènes avaient reçu un délai d'un mois, à partir de la date de modification d'expropriation le 15 janvier 1913, pour introduire un dossier de protestation.

A la suite de l'application de l'Acte, le Prince Rudolf DUALA MANGA BELL, qui avait succédé à son père MANGA NDUMBE, en qualité de roi du clan Bell en 1910, envoya une pétition au Reichstag, pétition dans laquelle il protestait contre cet acte. Pour les Duala, l'expropriation était une violation du Traité Germano-Duala de juillet 1884.Jusqu'au traité deVersailles, les Dualacontinuèrent contre le colonisateur la lutte qu'ils avaient engagéeau moment de l'urbanisation de la ville.

Forts du succès qu'ils avaient obtenu auprès du Reichstag avant la mort du chef BELL : la suspension provisoire des travaux d'urbanisme, certainement encouragés par les sympathies que leur témoignèrent de hauts fonctionnaires allemands, notamment le gouverneur ThéodoreSEITZ entre autres.

Ils profitèrent vraisemblablement de la guerre, qui leur apparaissait comme un chaos dans la société européenne, pour en terminer, dans un dernier face à face, avec une colonisation qui les bloquait de toutes parts595(*). D'une part, en assouplissant l'administration par l'affectation de crédits globaux à chaque district afin que ceux-ci en disposent librement suivant leurs besoins.596(*)

Selon les autorités coloniales pourtant, le traité Germano-Duala donnait au gouvernement « le droit de gestion » qui atténuait l'effet de la clause stipulant que « les terrains cultivés par nous et les emplacements sur lesquels se trouvent des villages doivent rester les propriétés des possesseurs actuels et de leurs descendants ». Bien que les autorités coloniales allemandes refusèrent d'autoriser le voyage d'une délégation de Duala en Allemagne pour présenter les doléances des autochtones, NGOSSO DIN partit en secret en Allemagne.

On assista par la suite par l'administration coloniale allemande à la démarcation entre quartiers « indigènes » et quartiers blancs.

B. LA DÉMARCATIONENTRE QUARTIERS « INDIGÈNES » ETQUARTIERS BLANCS

Pour justifier l'expropriation de 903 hectares au bénéfice de 300 à 400 Européens, l'administration s'appuya sur deux expertises médicales.

En effet, pour améliorer les conditions sanitaires des Européens, on jugeait nécessaire d'éloigner d'eux la population africaine. Il fallait créer une « ville européenne » et une « ville africaine », c'est-à-dire une réserve, la deuxième étant séparée de la première par une zone tampon d'un kilomètre (1-). (Voir Annexes 9&10 portant sur les croquis du plan d'urbanisme allemand).Les Annexes 9&10 témoignent de la volonté manifeste des autorités coloniales allemandes à isoler les autochtones et de bénéficier des meilleures terres en utilisant des arguments sanitaires liés à l'hygiène de ces derniers. Il fallait donc préserver les Européens du péril « indigène ». Cette situation met également en lumière le support d'une théorie raciste et ségrégationniste de la part de l'administration coloniale allemande (2-).

1. La création d'une zone tampon

Les deux experts jugeaient que cette séparation était indispensable si l'on ne voulait pas que les Africains contaminent les colonisateurs avec la malaria : « Depuis 1900 déjà, rapporte le médecin colonial Dr. Ziemann, j'ai expliqué dans plusieurs de mes rapports au gouvernement impérial qu'en vue d'un assainissement rapide et relativement radical de Douala, on devrait, vu la capacité de vol des anophèles vivant souvent dans les cases des indigènes, maintenir une distance d'un kilomètre entre ceux-ci et les Européens... Cet assainissement a déjà été entamé à Victoria et à Kribi.Il n'y a qu'à Douala que des difficultés, surtout d'ordre financier, s'y opposent. Mais celles-ci peuvent et doivent être surmontées si on veut atteindre le but fixé : faire de Douala, principal centre de commerce et de communication du Cameroun, une ville tropicale relativement saine pour les Européens, où il serait possible de vivre sans quinine »597(*).

De plus, ces experts évoquèrent d'autres tracas causés aux Européens par les coutumes et habitudes des nègres qu'on ne pouvait pas combattre ou dont la suppression ne pouvait pas être recommandable pour le bien-être et la santé des Noirs.

Ils citèrent à titre d'exemple :

- le feu qui brûle constamment dans les cases ;

- l'odeur des repas des nègres ;

- le tapage que font les nègres de temps en temps pour se distraire ;

- leur manière de causer à tue-tête ;

- l'odeur corporelle des nègres ;

- les informations précoces sur la vie sexuelle que les enfants blancs reçoivent en côtoyant les enfants noirs598(*).

Cette expropriation mettra en exergue le support d'une théorie raciste et ségrégationniste de la part de l'administration coloniale allemande tout au long de sa conquête du territoire camerounais.

2. L'expropriation ou le support d'une théorie raciste et ségrégationniste

Le caractère « scientifique » de ces deux expertises n'enlevait rien à l'essence raciste du plan « d'assainissement ». La science venait servir de support au racisme599(*)600(*). Dans l'introduction du deuxième tome des études sur le Cameroun publiées par l'université Humboldt de Berlin sous la direction d'Helmut STOECKER, ce dernier lui-même insiste sur le développement en Allemagne, à partir de 1890, d'une idéologie pangermaniste et raciste, dont l'un des interprètes fut Siegfried PASSARGE, un des grands explorateurs du Cameroun.

Dans le dernier chapitre de son ouvrage intitulé « Adamaoua. Bericht uber die ExpÉdition des Deutschen Kamerun Komitees in den Jahren 1893/ 1894601(*)», celui-ci condamne en effet la politique britannique qui tendait à former des élites africaines. LesNoirs étaient, à son avis, incapables d'acquérir une culture supérieure. Le but de leur éducation fondée sur les châtiments corporels devait être de les rendre conscients de leur infériorité. Une stricte ségrégation raciale était, à son avis, la condition de l'avenir des Européens en Afrique. Cette opinion est proche de celles d'un PaulROHRBACH aux yeux duquel « l'idée que le Bantou aurait le droit de vivre et de mourir à sa guise est absurde »602(*), de KarlsPETER603(*), des gouverneurs du Sud-Ouest africain allemand.En 1911, 560 000 marks furent accordés au budget du protectorat pour l' « assainissement » de la ville de Douala604(*). L'expropriation et la ségrégation raciale pouvaient dès lors commencer. Les Duala protestèrent contre cette politique de ségrégation raciale.Ils estimaient qu'une séparation absolue entre Noir et Blanc était utopique dans la mesure où il était impossible au Blanc de s'en sortir sous les tropiques sans la main d'oeuvre du Noir :« ... Il y a une grande partie des indigènes qui ne saurait être éloignée des logements des Européens. Si la séparation avait vraiment pour but la santé des Européens, il aurait été souhaitable qu'après avoir exterminé les Noirs atteints, sans exception605(*), en particulier les femmes noires en contact avec les Européens, on interdise l'accès des quartiers européens aux Noirs et vice-versa. Ainsi, l'entreprise serait parfaite, sans faille...

Le principe de séparer le Noirdu Blanc ne peut pas être strictement respecté, étant donné qu'environ un millier d'indigènes contaminés devront nécessairement être gardés au service des Européens malgré le danger de contagion »606(*).

Citons, à cet égard, le gouverneur Karl EBERMAIER, répondant aux chefs Duala qui lui demandent d'annuler l'expropriation, cela, au cours de la réunion du 24 novembre 1912 : « Le Professeur Ziemann et de nombreux savants et hommes intelligents du monde entier ont écrit des livres sur la nécessité - aussi bien dans l'intérêt des Européens que des indigènes - de séparer les quartiers des Européens de ceux des indigènes...Vous écrivez dans votre pétition que tant de gens seraient malades parce que vos maisons se délabrent et que vous n'avez pas le droit de les réparer. Non, ces maladies sont dues au fait que vous ne veillez pas à l'entretien et à la propreté de vos propriétés... Les vols n'ont pas cessé à Douala. Cet état de choses s'améliorera dès qu'on exécutera l'expropriation... Vous devez vous éloigner d'ici, vous retirer un peu... Beaucoup parmi vous veulent vous faire croire que le gouvernement vous veut du mal. Je vous avertis, n'écoutez pas la voix des trompeurs ; car la bouche dit autre chose que ce que leur coeur pense. Croyez-moi, moi votre gouverneur : je ne veux que votre bien et je veux que tout aille au mieux pour vous. Vos enfants seront reconnaissants de ce qu'on vous a fait... L'Empereur, le Reichstag et le Ministère des Colonies ont déjà décidé ; je suis le gouverneur et je dois obéir. Vous ne recevrez pas d'autre décision, tout a été bien considéré. Croyez-moi, je veux plus que votre bien. Vos enfants et vos petits-enfants me remercieront d'avoir rejeté votre demande »607(*)608(*).

Il s'en suivra les revendications des chefs Duala suite au non-respect des clauses des traités Germano-Duala.

C. LESREVENDICATIONS DES CHEFS DUALA SUITE AU NON RESPECT DES CLAUSES DES TRAITÉSGERMANO-DUALA

Après le constat du non-respect des clauses des traités Germano-Duala par l'administration coloniale allemande, les chefs Duala vont se concerter et adresser des pétitions au Département Colonial Allemand pour faire part de leur mécontentement.

De l'anglais « petition » qui signifie supplique, requête, venant du latin « petere » qui veut dire demander, une pétition est une requête par écrit adressée à une autorité quelconque par une personne ou un groupe qui formule une demande, une plainte, un voeu ou expose une opinion. A travers une mobilisation collective, la pétition a pour objectif de sensibiliser l'opinion sur une situation ou un problème et de faire pression sur les décideurs, qu'ils soient publics ou privés.

Son efficacité est attestée par le nombre de signataires et son impact sur l'opinion publique609(*).Autrement dit, les pétitions sont des écrits signés adressés aux pouvoirs publics, qui expriment une opinion, une demande, une plainte, une protestation, un voeu d'ordre particulier ou général...610(*). Et les Rois Duala en adresseront plusieurs au département colonial allemand(1-) et dans le sens d'une suite défavorable à la prise en compte des intérêts des chefs Duala, une guerre s'en suivra (2-).

1. Les pétitions des Rois Duala adressées au département colonial allemand

La première pétition à notre connaissance, est celle que King BELL adressa le 23 septembre 1888 au département colonial. Le 04 novembre de la même année, le gouverneur VON SODEN fut informé de la réception de cette plainte611(*).

Le 19 février 1889, le Ministère des Affaires Étrangères dont dépendait le Département Colonial faisait de nouveau savoir à VON SODEN qu'une autre plainte de King BELL était parvenue à Berlin ; cette deuxième plainte datait du 15 novembre 1888612(*).

Selon VON SODEN, King BELL ignorait tout du contenu de ces plaintes dont le véritable auteur ne serait que JosephBell, son neveu et frère d'AlfredBELL613(*). Le 04 novembre 1888, le Département Colonial demandait à VON SODEN si pour des raisons politiques, il fallait punir sévèrement King BELL ou tout simplement le calmer614(*).

Apparemment, aucune sanction ne fut prise contre King BELL, même si ces plaintes ne furent peut-être pas étrangères au fait qu'au cours de l'année 1889 la destitution de King BELL fut envisagée puis jugée inopportune615(*). L'existence de ces plaintes démontre que très tôt les chefs manifestèrentleur opposition au pouvoir colonial. Le 29 octobre 1892, c'était au tour de 19 chefs Duala de signer une pétition en anglais formulée en 12 points qu'ils adressèrent au gouverneur ZIMMERER au nom de tout le peuple Duala616(*)617(*).

Dans le point 07 de la pétition, les chefs Duala s'attaquaient pour ainsi dire à l'essence même du système colonial, dans la mesure où ils relevaient que dans ce système, c'étaient l'arbitraire, l'injustice entre Noirs et Blancs qui régnaient. Dans le point 08, ils accusaient l'administration de ne pas se soucier de la vie des colonisés. La réponse du gouverneur adressée le 18 novembre 1892 à King BELL était tout à fait dilatoire...

Ainsi, en 1902, les deux chefs Duala, King BELL et King AKWA se rendirent en Allemagne où ils firent connaître leurs desiderata au Département Colonial618(*). Ce voyage ne fut peut-être pas un échec total ; si King AKWA ne fut satisfait en aucun point, King BELL obtint par contre l'autorisation de faire la chasse à l'éléphant619(*).

Le 19 mai 1905, les chefs AKWA adressèrent une pétition au Reichstag620(*). En 24 points, ils énuméraient les injustices, les brutalités et l'arbitraire dont eux et leurs sujets étaient l'objet de la part de l'administration : usage du fouet, mauvais traitements, expropriation lors du tracé des routes dans leur quartier, travaux forcés, charges fiscales et violations du traité de protectorat.621(*)

Ils demandaient au Reichstag de mettre fin à leur cauchemar et de rappeler le gouverneur VON PUTTKAMER et toute son administration622(*).VON PUTTKAMER et ses subordonnés, gravement mis en cause par les chefs AKWA, leur intentèrent un procès en diffamation. Le 06 décembre 1905, après un procès sommaire, ils furent condamnés à de lourdes peines de prison avec travaux forcés623(*)624(*).

La façon expéditive dont ils furent jugés et condamnés prouve, s'il en était besoin, le bien-fondé de leurs plaintes. Ce bien-fondé transparaît nettement des débats de la Commission du budget du Parlement, qui exigea que les chefs furent rejugés. Cela fut fait et les chefs virent leurs peines considérablement réduites ; King AKWA qui avait été condamné à 09 ans de prison vit sa peine réduite à 18 mois. La conséquence immédiate de la pétition des chefs Akwa fut le départ de VON PUTTKAMER.

La pétition pouvait être considérée comme un succès625(*), même si la décision des autorités de Berlin de rappeler le gouverneur ne signifiait pas la fin des souffrances imposées par le colonisateur. Et c'est dans ce contexte tendu qu'aboutira la guerre Duala en 1884.

2. La Guerre Duala, 1884

La 1ère opposition majeure à l'administration coloniale allemande, la Guerre Duala, survint en décembre 1884 entre d'une part le Roi BELL, qui avait soutenu l'annexion allemande et d'autre part, les autres chefs et princes de Josstown et d'Hickorytown.

Selon les Britanniques, la raison du déclenchement de la Guerre Duala fut le meurtre d'un autochtone d'Hickorytown. Comme les habitants d'Hickorytown et de Josstown appartenaient au même clan, ils décidèrent d'attaquer Belltown. D'après la version allemande, la guerre se déclencha en raison du refus du Roi BELL de partager les résultats du traité Germano-Duala avec les autres chefs et princes Duala.

Selon un autochtone Duala, Joshua TUNDI de l'Église Baptiste Anglaise, la guerre trouva sa source à cause du Roi BELL qui conserva pour lui tout seul les acquis du traité Germano-Duala, à l'opposé du Roi AKWA, qui les partagea avec ses notables. Cette démarche irrita les chefs de Josstown qui décidèrent de signer un autre traité avec les Britanniques, afin de leur céder le territoire de Josstown. De leur côté, les indigènes d'Hickorytown ne voulaient pas non plus être soumis à l'autorité allemande.Lorsque la guerre se déclencha, les Allemands soutinrent le Roi BELL parce qu'il leur déclara : « Si vous voulez gouverner ici, vous devez me maintenir comme chef ».Les autochtones de Belltown alliés aux autorités coloniales allemandes vainquirent aisément les habitants de Josstown et d'Hickorytown.

Les maisons de ces quartiers furent détruites par Belltown et de nombreux Duala trouvèrent la mort. Un Allemand fut également tué. La paix put être restaurée lors de l'arrestation du meurtrier de l'allemand. Ce dernier fut exécuté plus tard par l'administration coloniale.LesAllemands accusèrent rapidement les Britanniques d'avoir incité les autochtones de Josstown et d'Hickorytown en raison de l'échec de leur annexion du Cameroun. A la fin du mois d'août 1913, le secrétaire d'État aux Colonies,Dr.WilhelmSOLF, arriva au Cameroun dans le cadre d'une tournée d'information en Afrique de l'Ouest. Il invita pour le 11 septembre tous les chefs Duala à une rencontre au cours de laquelleil s'adressa à eux d'un ton plutôt menaçant, martelant que le processus d'expropriation était irréversible626(*). En décembre 1913, la décision d'expropriation fut mise en application sur le plateau Joss. Les déguerpissements commencèrent. L'administration ordonna la destruction des maisons de la cité du plateau Joss et le déménagement.

Les fonctionnaires allemands constituèrent des commandos escortés de policiers, de prisonniers, de forçats et d'ouvriers étrangers qui rasèrent les vieilles maisons, défrichèrent le terrain à New Bell et érigèrent des cases en tôles ondulées ou en terre battue dans lesquelles ils transportèrent les ustensiles de cuisine627(*). Ils construisirent au total 40 cases en tôles ondulées et 227 cases en terre battue dont la moitié seulement avait en plus de la porte une seconde ouverture.

Mais les Duala refusèrent d'aller à New Bell. L'état piteux et primitif de ces cases n'attirait personne. Les Duala dont les maisons étaient rasées préféraient habiter tantôt chez ceux dont les maisons tenaient encore debout, tantôt aller à leurs fermes vers le Moungo ou encore rester sur place et passer la nuit à la belle étoile sur leurs terrains dénudés628(*).

C'est ainsi que le 12 janvier 1914, trois navires de guerre arrivèrent à Douala et débarquèrent 850 soldats qui se joignirent aux deux noyaux actifs de la troupe coloniale et au détachement de la police pour faire des manoeuvres, des exercices et de la parade militaires.

Visiblement, le but d'une telle parade était sans doute de faire savoir aux Duala ce qui leur adviendrait en cas de non-obéissance à la décision allemande. Jusqu'en fin janvier 1914, toutes les maisons de Bonanjo avaient été rasées.

Bonapriso et Bonaduma ainsi qu'une partie du plateau de Bali devaient être aplanis jusqu'en début mars629(*). Les Duala avaient envoyé clandestinement en Allemagne NGOSSO DIN pour mieux coordonner leurs actions avec celles de leurs amis allemands. Assisté par l'avocat HALPERT et par HALSEN, ex-gouverneur adjoint du Cameroun qui s'opposait à l'expropriation et n'hésitait pas depuis son retour en Allemagne de se prononcer publiquement contre elle, NGOSSO DIN adressa une pétition au Reichstag.

C'est auprès des membres socio-démocrates du Parlement que cette pétition trouva le plus grand soutien. Elle était si convaincante que la commission du budget du Reichstag décida le 18 mars 1914 de ne pas accorder les moyens financiers demandés par le Gouvernement pour l'exécution ultérieure de l'expropriation avant qu'on n'ait vérifié les lourds reproches contenus dans la pétition. Dès lors, le Gouvernement était obligé d'interrompre l'expropriation.

En mai 1914, le Dr.WilhelmSOLF eut l'occasion de défendre la politique de l'administration devant le Reichstag.Dans son mémorandum, il consacra tous ses efforts au discrédit de la position des Duala et de l'avocat social-démocrate HALPERT, et prétendit avoir raison sur tous les points. Il réussit, avec beaucoup d'habileté, et en donnant de faux renseignements, à faire changer d'avis du Reichstag et à obtenir la reprise de l'expropriation. Au cours de ces débats, le 09 mai 1914, un télégramme arriva du Cameroun, envoyé par le gouverneur EBERMAIER.

A en croire ce télégramme, il y avait au Cameroun un risque de soulèvement dont l'instigateur ne serait autre que DOUALA MANGA BELL, ce chef à qui les Duala avaient donné les pleins pouvoirs pour défendre leurs intérêts. Le but recherché par ce télégramme était de gagner le reichstag à la politique raciste d'expropriation, et en même temps de se débarrasser de DOUALA MANGA BELL.

Au cours du même mois de mai, DOUALA MANGA BELL fut arrêté et accusé de haute trahison. NGOSSO DIN fut également arrêté et renvoyé au Cameroun. Le 07 août 1914, les deux hommes furent jugés à huis clos630(*), reconnus coupables de haute trahison et exécutés le 08 août par pendaison malgré les demandes de recours en grâce de l'évêque catholique VIETER et des missionnaires bâlois et baptistes. DOUALA MANGA BELL avait alors 41 ans. Mais l'expropriation ne put aller jusqu'au bout à cause de la PremièreGuerreMondiale.

Dans la suite de notre travail, nous parlerons des sanctions encourues par les chefs Duala en cas de désobéissance.

PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS ENCOURUES EN CASDE DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA

Lorsque les chefs AKWA rédigèrent leur pétition de 1905, se plaignant justement de la violation de cette clause, il faut voir que MaxBUCHNER se demanda plus tard dans son ouvrage « AuroraColonialis » si l'on avait fait disparaître convenablement ce document.Cette clause, reconnue ou niée par les colons allemands était diamétralement opposée aux intérêts de l'impérialisme colonial.

Et les négociateurs allemands ne pensèrent pas un seul instant à respecter les clauses du traité, une fois maîtres du pays. Seuls les chefs furent assez naïfs pour croire une chose pareille, ils ne savaient pas que les Allemands jouaient avec des cartes truquées. L'intention de tromper était évidente chez les Allemands, ne serait-ce que parce que le système colonial en tant que système de domination n'eut jamais toléré une limitation de son expansion, et le rôle d'intermédiaires que se réservaient les Duala en constituait une, et d'importance.Pour preuve, nous n'avons qu'à nous reporter au mémorandum de WOERMANN. L'un des motifs qui les poussèrent à demander au gouvernement impérial de prendre possession du Cameroun était bien son intention de faire ainsi supprimer ce monopole. WOERMANN prévoyait même que d'éventuels conflits avec ces chefs n'atteindraient guère de proportions graves, étant donné qu'il s'agissait dans ce cas de « petits chefs »631(*). L'imposture ne faisait plus de doute. Le campcolonialiste se montra unanime quant à la suppression du droit de monopole c'est-à-dire quant à la violation flagrante des termes du traité.

Pour le journaliste ZOLLER par exemple, la préoccupation première d'un gouvernement colonial consisterait à l'éliminer.Il n'y aurait pas de meilleur service rendu aux intérêts mercantiles du système colonial. En signant le traité avec les Allemands, les chefs Duala qu'Helmut STOECKER caractérise de« bourgeoisie compradore », croyaient se servir de l'alliance avec une puissance coloniale pour raffermir leur autorité plutôt vacillante et maintenir leurs privilèges commerciaux ceci à condition que leur monopole du commerce intermédiaire leur fût garanti.

LesAllemands s'engagèrent entre autres à garantir aux chefs la perception du droit de péage. Chaque chef percevait ce péage ou « Comey »632(*) du commerçant européen dont les magasins étaient installés sur son territoire. Rappelons que ce droit avait été fixé officiellement par le traité Duala-Anglais du 16 janvier 1856. En échange de leur signature, les chefs Duala récurent des deux maisons de commerce un « dash » ou cadeau, autrement dit les Allemands n'obtinrent le traité qu'en achetant les chefs. Il ne semble pas régner sur cette affaire de « dash » une clarté totale.Les seuls chiffres disponibles sont ceux de MaxBUCHNER qui ne manque d'ailleurs pas de relever quelques années plus tard le caractère secret de cette affaire. Une chose reste pourtant certaine, les chefs Duala furent achetés.

LOCK PRISO, dans sa lettre du 28 août 1884 à Max BUCHNER, commissaire impérial par intérim, protestant contre le fait que le drapeau allemand fut hissé sur son territoire, dit qu'on ne les achète pas, sous-entendu comme on a acheté les BELL et les AKWA. BUCHNERnota les pots-de-vin que les chefs reçurent des firmes coloniales.

Ces différentes sommes ne leur furent pas payées en argent liquide mais furent seulement portées à leur crédit633(*). Comme sanctions punitives orchestrées contre les chefs Duala, nous aurons la destitution(A-), la déportation (B-) et la mise à mort des chefs rebelles(C-).

A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES

Concernant la destitution des chefs rebelles, on peut citer le Roi AKWA DIKA MPONDO (1-), le Prince DIN DIKA AKWA et le Roi RudolfDOUALA MANGA BELL (2-)qui font partie des cas les plus significatifs.

1. La destitution du Roi Akwa Dika Mpondo (1907)634(*)

Ainsi le 19 juin 1905, dans une pétition adressée au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, les chefs AKWA de Bonambela se plaignirent de façon détaillée du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête le gouverneur Jesko VON PUTTKAMER.

Gravement mis en cause, PUTTKAMER et les siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les signataires de la pétition. Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la pétition parce qu'il purgeait une autre peine635(*), écopa de 9 ans d'emprisonnement avec travaux forcés.

La campagne de lobbying menée au Reichstag par son fils aîné le Prince héritier LUDWIG MPONDO AKWA, résidant en Allemagne et mandataire des Bonambela avec le concours des socio-démocrates636(*) et du Centre Catholique637(*) contribuèrent à son annulation. Le second procès qui se tint du 23 au 26 octobre 1906 devant le juge indépendant Strachler qui avait la charge de le réviser condamna, sous mise en compte d'une détention préventive de quatre mois, le King AKWA DIKA MPONDO et le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés à des peines inférieures. En dehors du King DIKA MPONDO, des chefs MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE qui furent emmenés à Kribi comme détenus politiques en janvier 1907 et transférés ensuite à Campo en résidence surveillée, les 24 autres signataires de la pétition furent emprisonnés à Douala.

L'administration coloniale destitua le King AKWA DIKA MPONDO et le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant faire preuve de meilleures dispositions à l'égard du maître allemand. Les chefsFredMUANGEMUKURI et MPONDOEDJENGELE furent aussi destitués et remplacés respectivement par PeterMUKURIMUANGE et KWA ELAME.

Au courant de l'administration catastrophique des fonctionnaires du protectorat, le Secrétaire d'Etat aux Colonies Bernhard DERNBURG révoqua Jesko VON PUTTKAMER de ses fonctions en mai 1907 et le remplaça par Théodore SEITZ dont la mission fut de replacer les camerounais au coeur du développement de la colonie tout en préservant l'autorité des chefs. SEITZ qui connaissait bien les Duala pour y avoir été le premier chef de district de 1895 à 1899, promit dès sa première réunion de transformer les localités de Douala en municipalités avec une gestion minimum et d'amnistier le King AKWA et ses chefs si ces derniers s'engageaient à ne plus opposer de résistance au gouvernement colonial.

Le King AKWA rejeta cette proposition. Au bout du compte et sans avoir obtenu du King AKWA un quelconque engagement, il libéra DIKA MPONDO et l'ensemble de ses chefs et notables le 20 décembre 1907 après une année de détention pour soi-disant bonne conduite alors que cela avait été ordonné par la chancellerie à Berlin.

Par contre, il refusait catégoriquement de rétablir le King DIKAMPONDO sur son trône et menaçait d'exil quiconque s'opposerait encore à l'administration coloniale.Lorsque la procédure d'expropriation fut décidée en 1911, DIKAMPONDO prit aussitôt la tête de l'opposition et s'employa à soulever le Ngondo contre cette décision. L'agitation à laquelle le King AKWA se livra et les correspondances de son fils LudwigMPONDOAKWA retrouvées dans son Palais au cours d'une perquisition lui valurent en septembre 1911, une condamnation à huit mois de prison.Les courriers saisis contenaient de violentes attaques contre le colonialisme allemand; ils révélaient aussi le lien entre MPONDOAKWA et la chute du gouverneur PUTTKAMER et ses relations avec des parlementaires de Berlin à l'instar du centriste MathiasERZBERGER et du socio-démocrate August BEBEL, deux des critiques les plus réputés du régime colonial allemand.Mais afin que le King AKWA ne perturbe le transfert des autochtones du plateau Joss qui était imminent, on l'exila ensuite à Campo pendant plus de deux ans où le début de la guerre en août 1914 le trouva. Durant son exil, moult avantages parmi lesquels son rétablissement au trône lui furent proposés par l'administration coloniale s'il adhérait totalement à l'expropriation. Sa réponse fut bien entendue « NON ». Arrivé au Cameroun en juin 1911 pour la concrétisation de ses projets, LudwigMPONDOAKWA fit vaciller toute l'administration coloniale. Il avait au plan économique, prévu une organisation centralisée du commerce et de l'agriculture dans la région du Littoral.Politiquement, sa vision allait dans le sens d'une gestion raisonnable des régimes coloniaux à travers l'implication progressive des représentants africains dans les prises de décision. Aussi, son idée d'un grand Etat Duala sur la base de l'hégémonie précoloniale sur les ethnies voisines et ne dépendant pas des Européens était totalement avérée.

Le témoignage ci-dessous du chef du district de Douala, HermannRÖHM qui filait ses faits et gestes présageait déjà des difficultés auxquelles l'administration coloniale allait être confrontée : «  Mpondo était comme le guide, le porte-étendard et le libérateur du peuple Duala dans toutes les bouches. Son apparition enflamma Douala à tel point que, comme une traînée de poudre, toutes les couches de la population indigène furent entremêlées avec ses idées et espérances révolutionnaires, politiques, sociales et économiques même si elles dénotaient en partie d'une certaine originalité.

Son nom, sa personne, son apparence, ses manières conscientes de soi face à ses gens, intrépides et habiles vis-à-vis de l'autorité administrative, même si aussi déférentes apparemment, ont entraîné tout le monde dans le mouvement, une partie entraînée aveuglément pour lui. »

Finalement, l'ampleur que prirent ses idées fédératrices le long de la côte décidèrent les hauts fonctionnaires coloniaux à se débarrasser de lui au plus vite. MPONDO AKWA est finalement arrêté le 22 septembre 1911 et détenu au commissariat de Bonanjo sur la base de fausses allégations faites vraisemblablement par son frère, le chef régent DIBUSI DIKA selon lesquelles il aurait ramené des armes afin de provoquer une rébellion et probablement livrer le Cameroun aux Anglais.

Accusé en plus de propagation de rumeurs quant à l'expropriation, il fut au bout du compte condamné à 10 mois et 3 semaines de travaux forcés. En réalité, c'était le succès lié aux adhésions massives et aux collectes d'argent organisées par MPONDO AKWA au profit de la « Société agro-commerciale Bonambela » qui faisait peur. Il faut dire que la collecte s'étendait le long de côte et se faisait très souvent au détriment du paiement de l'impôt.

Au vu du danger politique que représentait sa réapparition à Douala, le nouveau gouverneur EBERMAIER proposa au département colonial de l'exiler au moins pour une année, ce qui fut approuvé. En août 1912,LudwigMPONDOAKWA fut transféré à Banyo dans le nord du pays où il fut maintenu en détention.Mais après une tentative d'évasion en avril 1913, il fut rattrapé et condamné à 3 ans d'enchainement en juin de la même année. On le déporta à Ngaoundéré, loin de la frontière Nigériane et du résidant allemand de Banyo vraisemblablement acquis à sa cause, pour y purger sa peine.

La fin du mois de septembre 1911 sonnait comme une victoire pour l'administration coloniale allemande qui venait d'atteindre un de ses objectifs majeurs en mettant hors d'état de nuire le King AKWA DIKA MPONDO et son fils Ludwig MPONDO AKWA, deux des trois grosses personnalités Duala de cette époque capable de faire basculer le projet allemand.Raison pour laquelle les chefs Duala ne furent officiellement informés du projet d'expropriation qu'au cours des deux assises convoquées les 24 et 30 octobre 1911 par le gouvernement.

La troisième personnalité Duala était le chef supérieur Rudolf DUALA MANGA BELL sur qui l'administration coloniale avait misé pour faciliter le processus.

Mais contrairement aux attentes des autorités allemandes, le Prince RudolfDUALA MANGA BELL qui avait pourtant bénéficié du même traitement de faveur que son feu père, prit plutôt la tête de la protestation Duala en s'opposant, en dépit du prix à payer, à l'expropriation des terres ancestrales.Le feuilleton sous la houlette du Prince DUALA MANGA BELL débuta le 30 novembre 1911, lorsque le premier télégramme Duala arriva au Reichstag demandant l'annulation de l'expropriation et se termina tragiquement le 08 août 1914 par sa pendaison.

Le Prince DINDIKAAKWA et le Roi Rudolf DOUALA MANGA BELL furent lui aussi destitués par l'administration coloniale allemande.

2. La destitution du Prince Din Dika Akwa et du Roi Rudolf Douala Manga Bell638(*)

Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et seulement si l'héritier présomptif, son fils aîné Ludwig Paul Heinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins pouvoirs et dont il n'avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus en vie.

La délégation envoyée en début d'année 1917 à la recherche de LudwigMPONDOAKWA à Banyo, puis à N'Gaoundéré ayant certifié qu'il était vivant mais avait, selon une source allemande probablement été transféré. Face à cette incertitude, il fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort entraînerait la restauration du trône de Bonambela. 

Le King DIKAMPONDO décédé, l'administration coloniale française reconduisait son fils AdolfDIBUSIDIKA qui avait assuré l'intérim aussitôt après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916. Et c'est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assuré la régence suite à la destitution de son père par l'administration coloniale allemande.

Mais après deux années de règne, le Chef SupérieurDIBUSIDIKA, qui soutenait discrètement les associations d'obédience germanique qui militaient pour le retour de l'Allemagne au Cameroun fut destitué pour sa politique pro-allemande.

Il faut dire qu'entre-temps, la capitulation de l'Allemagne le 11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui considéraient que le moment était venu pour eux d'être indépendants. Ils étaient tous d'avis que le traité de 1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en l'occurrence les Allemands, avait disparu. DIBUSI DIKA fut remplacé en 1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait bénéficié d'une libération conditionnelle le 20 octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.

Songeant surtout politiquement aux Anglais qui s'étaient montrés bienveillants à leur arrivée en libérant plusieurs chefs et notables Duala, Sa Majesté DIN DIKA AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de revendication de l'autonomie du Cameroun dans laquelle les pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de mandataire au nom de la Société des Nations. Il est finalement destitué et condamné le 3 mai 1921 à 18 mois d'emprisonnement et à 10 ans d'interdiction de séjour à Douala pour son activisme anti-français.

Ainsi, du fait de sa résistance active et soutenue face à l'administration coloniale allemande, le Roi Rudolf DUALA MANGA BELL fut destitué puis condamné à mort et exécuté le 08 août 1914 avec son secrétaire NGOSO DIN. Le Roi Rudolf MANGA BELL qui avait été destitué de ses fonctions dans l'administration allemande et avait vu sa pension annuelle de 3.000 Marks suspendue en août 1913, fut arrêté avec NGOSSSO DIN et quelques autres chefs Dualapour trahison envers l'Allemagne.Rudolf DUALA MANGA BELL fut accusé d'avoir demandé le soutien de l'Angleterre et d'avoir cherché le ralliement d'autres chefs contre l'Allemagne. Martin Paul SAMBA s'allia avec Rudolf DUALA MANGA BELL.

En vue de vaincre l'administration coloniale allemande, Martin Paul SAMBA et Rudolf DUALA MANGA BELL se mirent d'accord afin de chercher des appuis extérieurs. Il fut décidé que SAMBA contacterait les Français pour l'assistance militaire alors que Rudolf DUALA MANGA BELL prendrait attache avec les Anglais.639(*)La déportation peut avoir deux significations à savoir le transfert et l'internement dans un camp de concentration situé dans une région éloignée ou elle peut être considérée comme une peine politique perpétuelle, afflictive et infamante, exilant le condamné dans un lieu déterminé.

Dans le cadre de notre étude, elle prend la seconde signification dans la mesure où elle revêt le caractère d'un bannissement, d'une obligation de quitter son habitat. Et plusieurs chefs « rebelles » y seront contraints.

B. LA DÉPORTATION DES CHEFS REBELLES

Le 1er chef Duala à être déporté fut le RoiAKWA(1-), suivi par le chef MANGABELL(2-).

1. La déportation du Roi Akwa640(*)

En 1895, le Gouverneur allemand prend un décret interdisant aux Duala de commercer à l'intérieur du pays, violant ainsi le traité signé par les deux parties.

Après le non-respect des engagements contenus dans le traité, King DIKA MPONDO AKWA, connu pour son caractère fort et sa grandeur d'âme, a résisté au péril de sa vie pour la préservation de la souveraineté du Cameroun, en combattant les violations flagrantes du traité et l'état de colonisation dans lequel son pays était insidieusement tombé.

De partenaire signant d'égal à égal avec les Allemands, il devient leur pire ennemi. Il initia une mission des chefs Duala en Allemagne en 1902 au cours de laquelle, il remit un mémorandum au gouvernement allemand pour se plaindre du non-respect du traité, mais aussi des nombreuses exactions commises par les autorités administratives du territoire.

Il était secondé dans cette entreprise par son fils, LudwigMPONDODIKA. Cette action eut un grand retentissement au Cameroun. Une nouvelle pétition fut adressée en 1905 au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, dans laquelle les chefs AKWA de Bonambela se plaignaient de façon détaillée du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête le Gouverneur Jesko VON PUTTKAMER. Gravement mis en cause, le Gouverneur et les siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les signataires de la pétition.

Le King DIKAMPONDO bien que n'ayant pas signé la pétition parce qu'il purgeait une autre peine, écopa de 9 ans d'emprisonnement avec travaux forcés. Grâce aux relations de son fils aîné, le Prince héritier LudwigMPONDOAKWA, résidant en Allemagne et mandataire des Bonambela contribuèrent à son annulation.

Le second procès qui eut lieu du 23 au 26 octobre 1906 devant le juge indépendant STRACHLER condamna, sous mise en compte d'une détention préventive de quatre mois, le King AKWA DIKA MPONDO et le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés à des peines inférieures.

Le King DIKAMPONDO et les chefs MUANGEMUKURI et MPONDO EDJENGELE furent emmenés à Kribi comme détenus politiques en janvier 1907 et transférés ensuite à Campo en résidence surveillée. Les 24 autres signataires de la pétition furent emprisonnés à Douala.

King AKWA DIKA MPONDO fut destitué par l'administration coloniale qui le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant faire preuve de meilleures dispositions à l'égard du maître allemand641(*). Il mourut en déportation en Guinée espagnole et son fils Ludwig à Ngaoundéré.

Le Roi Rudolf DUALA MANGA BELL sera lui aussi déporté par l'administration coloniale allemande.

2. La déportation du Roi Manga Bell

MANGA BELL fut exilé au Togo de novembre 1888 à janvier 1890 et MANGA BELL, frère de King AKWA fut condamné à la déportation jusqu'en 1886, ceci après le soulèvement de décembre 1884642(*).

Par ailleurs, avec l'emprisonnement de certains chefs, les Allemands vont consolider leur ordre. Chez les Duala, des peines de déportation prononcées contre certains de leurs membres influents furent suspendues à des conditions expresses dont la principale était la reconnaissance de l'autorité coloniale et la soumission à cette même autorité643(*).

Une des conditions posées par le gouverneur VON SODEN pour le retour de MANGA BELL de son exil du Togo était qu'il s'engageât à exécuter tous les ordres du gouverneur et à obtenir la même chose de ses sujets ; en outre, il devait livrer à l'administration tous ceux qui ne voulaient pas se soumettre...

L'administration coloniale leur déléguait par ce biais une partie de son pouvoir répressif qu'elle exerçait alors indirectement ; ceci ne pouvait que contribuer au discrédit des chefs face à leur peuple.Par les contestations, l'exploitation du territoire du Cameroun n'était plus aisée.Il fallait donc la restauration de l'ordre comme voulue par les Allemands644(*).

Et cette restauration passera par une mesure drastique qui consistera à la mise à mort des chefs « rebelles » et le chef Rudolf DOUALA MANGA BELL en sera l'exemple le plus flagrant.

C. LA MISEÀ MORT DES CHEFS « REBELLES » : LE CASPARTICULIERDU CHEF RUDOLFDOUALA MANGA BELL645(*)

Avant de mourir, comme Jésus la croix, Rudolf DOUALA MANGA BELL aurait lancé ces mots en allemand  à ses bourreaux : « C'est un innocent quevous pendez. C'est en pure perte que vous m'exécutez. Maudits soient les Allemands ! Vous ne posséderez jamais le Cameroun ».

D'après un article du Courrier international du 06 septembre 2019, MANGA BELL est mort la tête haute, et les colons ont laissé sa dépouille suspendue à la potence trois jours durant, en guise d'avertissement... Et comme l'avait prédit le combattant de la liberté, l'Allemagne perdra la main sur le Cameroun04 ans plus tard, à la fin de la PremièreGuerre mondiale.

Ainsi, nous ferons un tableau des acteurs et des lieux majeurs de cette situation(1-), sans oublier le déroulement des faits c'est-à-dire la condamnation à mort d'Adolf NGOSSO DIN et de Rudolf DOUALA MANGA BELL (2-).

1. Les acteurs et les lieux majeurs

Dans le cadre ce paragraphe, nous parlerons des acteurs majeurs que sont : Adolf NGOSSO DIN, Rudolf DOUALA MANGA BELL et le lieu où ils furent exécutés par l'administration coloniale allemande : l'ancien commissariat de police de Douala.Nous parlerons du cousin et secrétaire de Rudolf DOUALA MANGA BELL, Adolf NGOSSO DIN.

· AdolfNgosso Din

Adolf NGOSSO DIN est une figure de la résistance et du nationalisme au Cameroun. Il fut le secrétaire du chef Duala Rudolf DOUALA MANGA BELL. Accusés de haute trahison par les autorités allemandes, ils furent tous deux pendus le 8 août 1914 dans l'ancien commissariat de police de Douala. Cette date marque la naissance du nationalisme camerounais646(*).

SelonValèreÉPÉE647(*), NGOSSO DIN était un proche de Rudolf DOUALA MANGA BELL. C'était aussi son secrétaire. Il a les fonctions liées à l'écriture : les actes émis par le royaume -il les écrivait... ou toute autre tâche liée à l'écriture. La veille de son départ pour l'Allemagne, les femmes de son village natal ont organisé une veillée funèbre factice au cours de laquelle elles confectionnaient des « Miondo »648(*) vrais et « faux »649(*). Cela a mis les Allemands dans une confusion totale qui ont été obligés de le laisser passer et il s'était déguisé en commerçant ouest-africain mais il fut arrêté en Allemagne avec comme chef d'accusation « Haute Trahison ».

Il ajoutera même que « Les Duala étaient considérés par les Allemands non seulement comme des hommes élégants mais aussi orgueilleux. Ils n'avaient pas peur de regarder les Blancs droit dans les yeux. LesAllemands le leur reprochaient avec véhémence. Les Duala avaient même l'outrecuidance de courtiser leurs filles »650(*).Nous évoquerons par la suite le cas de Rudolf DOUALA MANGA BELL.

· RudolfDoualaManga Bell

Rudolf DOUALA MANGA BELL, né en 1873 et mort le 8 août 1914 à Douala était le roi du clan BELL du peuple Douala au Cameroun pendant la période coloniale allemande. Il était le chef de la résistance contre l'expulsion des Duala de leurs maisons ancestrales.

RudolfDOUALA MANGA BELL est né le 24 avril 1873651(*) dans la région de Douala en tant que fils aîné du roi August MANGA NDUMBE BELL (de) et petit-fils du roi NDUMBE LOBE BELL652(*), qui avait signé un "traité de protection" avec l'Allemagne en 1884.En 1891,à l'âge de 19 ans, après avoir fait son école primaire et une partie du secondaire à Douala, DOUALA MANGA BELL est envoyé en Allemagne pour y continuer ses études. Il séjourne pendant cinq ans dans la famille Österle, à Aalen, comme enfant d'accueil.

Durant cette période, il apprend l'allemand et en est influencé à vie. Il s'inscrit au lycée d'Aalen puis à l'Université de Bonn où il apprend le droit. A 23 ans, il a achevé ses études. En 1897, il revient au Cameroun pour épouser, une jeune femme métisse, EmilyENGOMEDAYAS, de père anglais. Son grand-père NDOUMBE LOBE meurt cette année-là, et son père MANGA NDOUMBE devient le chef supérieur des BELL, le 5ème de la dynastie.

Évoluant dans la cour royale où ses études sont d'un apport précieux, il observe l'évolution politique et le traitement souvent réservé aux autorités traditionnelles lors de rencontres, ce qui ne le laisse pas indifférent.En 1902, il repart en Allemagne où il rencontra à Berlin le directeur du département des colonies du Ministère des Affaires étrangères, OscarWilhelmSTÜBEL. Il put ainsi comprendre la structure de l'administration coloniale allemande, ce qui a par la suite été utile.En 1905, il écrivit avec le roi AKWA Bonambela et 26 autres chefs de peuple camerounais une lettre ouverte au Reichstag allemand.

Il se plaint de poursuites judiciaires intentées par le gouverneur Jesko VON PUTTKAMER, d'expropriation, de démolition de maisons non autorisées, de travaux forcés sans salaire, d'arrestations arbitraires et de peines excessives, ainsi que de traitements humiliants infligés aux dirigeants camerounais. Il demande sans succès la révocation du gouverneur, qui quitte ses fonctions en 1907, à la fin de sa mission.

En 1908, suite à la mort de son père, Rudolf DOUALA MANGA BELL est intronisé chef supérieur du clan des BELL qui regroupe les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbé, tous propriétaires et habitants du plateau Joss à Douala. Il est alors âgé de 35 ans. Il prend les rênes du pouvoir traditionnel juste au moment où les Allemands ont conçu un nouveau plan d'urbanisation de la ville.

En 1910, Otto GLEIM devient le nouveau gouverneur du Cameroun. Sous GLEIM, il est envisagé d'expulser les Duala de leur zone résidentielle sur le fleuve Cameroun sans indemnisation adéquate, de mettre le feu à leurs maisons au profit d'usines et de séparer les zones résidentielles noires et blanches de Douala. Le projet, baptisé « Gross Duala » prévoit de faire de la ville, l'un des plus grands ports d'Afrique. De nouveaux lotissements653(*)seront aménagés à l'arrière du pays pour les autochtones selon le nouveau plan d'urbanisation et ils seront séparés de la ville européenne par un no man's land d'un kilomètre de large.

Devenu entretemps roi, Rudolf DUALA MANGA BELL défend son peuple en adressant des pétitions au gouvernement allemand et au Reichstag. Devenu indésirable à Berlin, il envoie en 1912 son secrétaire, Adolf NGOSSO DIN, en Allemagne pour contacter l'opposition allemande et les missions chrétiennes, et faire appel à un avocat de Berlin. L'Allemagne le soupçonne d'ailleurs d'avoir pris langue avec ses beaux-frères anglais et les Français pour organiser la résistance, et le relève de ses fonctions de chef supérieur le 04 août 1913.

Cette mesure lui fait perdre juste sa pension annuelle de 3 000 Marks la monnaie allemande, mais son autorité traditionnelle reste intacte, il ne renonce pas non plus à son opposition au projet allemand. Il entre en contact avec d'autres chefs à l'intérieur du pays, à qui il demande du soutien. Les chefs de Yabassi, Yaoundé, Dschang, Banyo, Ngaoundéré, Bali, Baham et le Roi des BamounBamun sont ainsi sollicités.

Mis au courant de la démarche, le Secrétaire d'Etat allemand aux Colonies ordonne l'arrestation du chef des BELL. Lorsque le Roi MANGA BELL est poursuivi sous l'occupation allemande, il se réfugie à Baréhock chez son cousin et meilleur ami le RoiJosephEKANDJOUM, qui lui aussi revendique les droits de son royaume et de son peuple du Moungo. Les dépossessions s'arrêtent provisoirement à Douala, mais reprennent quelques semaines plus tard. En revanche, la presse allemande fait état d'une "demande d'aide" auprès de la France et de la Grande-Bretagne, qui n'a toujours pas été prouvée.

En 1914, le Roi Rudolf MANGA BELL, qui reste fidèle à l'Allemagne jusqu'à la fin, utilise des moyens pacifiques pour exposer des griefs concrets, est condamné à la peine de mort par pendaison pour haute trahison. Mais le 10 mai 1914, il est arrêté à Douala et inculpé de haute trahison.

Son secrétaire NGOSSO DIN est aussi interpellé 05 jours plus tard en Allemagne et ramené au Cameroun, une chasse à l'homme est également lancée contre les partisans de Rudolf DOUALA MANGA BELL.

Leurs proches parents sont tous arrêtés en juillet 1914. Un mois plus tard, il est exécuté avec son secrétaire NGOSSO DIN le 8 août 1914 à Douala654(*). C'est avec émoi que les habitants de la ville de Douala, assistent vers 17 heures à l'exécution par pendaison de leur roi, et de son secrétaire particulier. Loin d'intimider la population, cette exécution conduit les Duala à lutter contre l'Allemagne et à soutenir la Triple-Entente655(*).

En 2019, le court-métrage D'ADETOKUMBOH M'CORMACK, The German King, relate les derniers jours du héros national656(*). Rudolf DOUALA MANGA BELL est commémoré comme martyr et héros de la liberté, notamment par le clan BELL et l'ethnie douala. Dans les années 1920, la popularité de MANGA BELL est toujours présente, l'hymne patriotique: Tet'Ekombo (en français: le Père de la nation657(*), ou le Père du pays) est composé en 1929 par Martin LOBÉ BÉBÉ BELL658(*).

Le « Tet'Ekombo » est la commémoration du martyr initiée depuis 1936 par Alexander BELL se déroule chaque année sur les lieux du monument funéraire Bell, le 8 août. La ville de Yaoundé, lui rend hommage en baptisant un boulevard: Rudolf MANGA BELL.Reconnaissant tardivement ses torts, Berlin prévoit de débaptiser, en 2019, la « Nachtigalplatz » pour lui attribuer le nom de Rudolf MANGA BELL et de son épouseEmily659(*).

De plus, nous ferons une présentation de l'île de Manoka.

· L'île de Manoka660(*)

Manoka est la plus grande ile du Cameroun. Située à 35 minutes au large du petit port de pêche de Youpwé, près de Douala, dans la région du Littoral et le département du Wouri, elle constitue la sixième commune d'arrondissement de la Communauté urbaine de Douala661(*) et a pour autochtones les Malimba.

L'histoire raconte que l'île, qui s'appelait Malendè à l'époque, aurait été découverte par des religieux allemands qui s'y seraient installés. Lors du décès de la soeur MONIKA, sa dépouille aurait été inhumée non loin de l'actuel emplacement de la brigade. En sa mémoire, les religieux auraient donc baptisé l'île au nom de « Monika' ». Après le départ des Allemands, les populations ont transformé le nom de l'île en « Manoka »662(*).

La légende dit que le vieux phare était une ancienne prison. Il faut environ deux heures de pirogue à partir de Youpwé pour y arriver. Ce fut la prison de DOUALA MANGA BELL. Ce vieil édifice trône à l'une des rives de l'île, les résistants à la pénétration européenne y étaient enfermés. Cette île est magnifiquement constituée de vastes plages de sable fin et blanc.

L'ancien commissariat de police de Douala fut le lieu de l'exécution de Rudolf DOUALA MANGA BELL et de NGOSSO DIN.

· L'ancien commissariat de police de Douala

L'ancien commissariat de Douala est un monument situé dans le quartier administratif de Bonanjo663(*). Il a été construit en 1905. Le bâtiment est aujourd'hui occupé par les services administratifs de la Marine marchande664(*).

Le poste de police est le site où le Roi Rudolf DOUALA MANGA BELL et son assistant Adolf NGOSSO DIN ont été condamnés à mort et exécutés le 8 août 1914665(*). Le lieu de sa mise à mort, à savoir l'enceinte du Commissariat de Police relevé plus tôt est un lieu-mémoire de cette histoire de la présence coloniale allemande au Cameroun.

A sa mort, il a d'abord été inhumé dans un cimetière commun et banal pour son statut. En 1936, sa dépouille a été transférée dans un caveau familial, le monument funéraire des Rois BELL, où reposent trois autres rois de la même dynastie, parmi lesquels l'un des signataires des traités de protectorat666(*). On pourrait ajouter à cette sépulture, le mausolée de NGOSSO DIN, Secrétaire particulier du Chef DOUALA MANGA BELL667(*).

Dans la seconde partie, nous parlerons de la condamnation et de la mise à mort d'Adolf NGOSO DIN et de Rudolf DOUALA MANGA BELL.

2. Le déroulement des faits : la condamnation et la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de RudolfDoualaManga Bell

Rudolf DOUALA MANGA BELL a abordé séparément des chefs importants du Grassland par des émissaires ou plusieurs agents de liaison, soit pour se renseigner sur leur position, soit pour obtenir leur soutien. Les deux hommes ont été condamnés à la suite de leur ferme opposition au décret de juin 1910 du gouverneur EBERMAIER et ordonnant l'expropriation et la réinstallation des indigènes de Joss, Bonapriso, Akwa et Deïdo. LesAllemands ont décidé de saisir la terre le long des rives de la rivière Wouri, violant ainsi la clause de souveraineté qui laissait la terre aux indigènes comme spécifié dans le traité signé le 12 juillet 1884 entre les rois Duala et les autorités allemandes. D'un autre côté, une zone tampon d'un kilomètre ou « Zone Freie » a été établie entre les Blancs et les Noirs. Des sites de relogement ont ensuite été créés pour les personnes déplacées : « NeuBell », « NeuAkwa » et « NeuDeïdo ».

De 1912 à 1914, à la demande du Conseil vernaculaire « Ngondo », Rudolf DOUALA MANGA BELL et son assistant ont appelé à une mobilisation générale au Cameroun et en Allemagne afin de défendre leurs droits devant le Reichstag, le parlement allemand.Néanmoins, les premières expropriations ont commencé en décembre 1913.

En mai 1914, sous l'hypothèse d'un faux document qui aurait été délivré par le roi BELL et adressé au sultan NJOYA, qui aurait plaidé pour une alliance avec l'Angleterre, les deux manifestants ont été capturés, détenus dans ce commissariat, condamnés pour trahison et pendus le 08 août 1914. Il ne reste que cette souche de l'arbre sur lequel ils ont été pendus. La PremièreGuerre mondiale venait de commencer en Europe.

Alors que des navires de guerre hostiles naviguaient vers le Cameroun, les Allemands ont accéléré le procès afin de faire face aux assauts attendus de l'ennemi. Dans le même temps, dans le but de neutraliser une opposition interne croissante, 180 indigènes ont été pendus peu après Rudolf DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN.

En septembre 1914, avec l'aide de piroguiers Duala, les troupes françaises et anglaises pénètrent dans le chenal bloquées par des navires détruits par les Allemands. En 2006, le bâtiment est mis en valeur par une enseigne urbaine réalisée par « Doual'art » et dessinée par Sandrine DOLE ; l'enseigne présente une image historique du bâtiment et une description de son histoire.

Par la suite, nous nous pencherons sur la mise en accusation de Rudolf DOUALA MANGA BELL et de ses alliés.

· La mise en accusation de Rudolf Douala Manga Bell et de ses alliés

Le 11 avril 1907, après un procès sommaire présidé par VON KROSIG au poste de Yaoundé, cinq chefs Ewondo dont ONAMBELENKU et MBALABEFOLO furent pendus pour haute trahison et tentative de meurtre.

Il leur était reproché d'avoir décidé, au cours d'une réunion clandestine, d'empoisonner CharlesATANGANA dont ils étaient jaloux de l'ascension et de préparer le massacre des Blancs du poste de Yaoundé.

Deux autres accusés s'en tirèrent avec cinq ans de prison. Le jour suivant, c'est-à-dire le 12 avril, toujours à Yaoundé, trois chefs Eton furent également pendus pour l'assassinat du planteur allemand VOSS.668(*) Le député STORZ, à la séance du 26 mars 1906, demanda par conséquent « qu'il soit mis fin d'urgence dans nos colonies à ce système d'arbitraire absolu et à cette absence d'équité ».669(*)Six années après STORZ, en 1912, la situation n'avait guère changé, et le député MULLER lui emboitait le pas en ces termes : « Notre procédure criminelle en est à un point où il faut l'arrêter : elle laisse les indigènes absolument sans aucun droit ».670(*)

C'est ainsi que le 10 mai 1914, le chef de la circonscription de Douala, RÖHM convoqua Rudolf DOUALA MANGA BELL - à qui les Duala avaient donné les pleins pouvoirs pour défendre leurs intérêts - à un interrogatoire sur la dénonciation du roi NJOYA et le garda en détention préventive, parce qu'il était soupçonné d'être en contact avec les Anglais.671(*) Le 12 mai, le secrétaire d'État aux Colonies, SOLF demanda au parquet du tribunal de Berlin d'arrêter et de fouiller NGOSSO DIN. Le 15 mai, NGOSSO DIN fut arrêté et jeté dans la maison d'arrêt de Berlin. Neuf jours plus tard, il fut mis dans le bateau à destination de Douala.

Le 07 août 1914, DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN furent jugés à huis clos à Douala, reconnus coupables de « haute trahison » et condamnés à mort.Le Dr.HALPERTet d'autres avocats allemands qui s'étaient annoncés comme défenseurs des accusés ne purent intervenir dans cette procédure. Dans une correspondance adressée au secrétaire d'État aux Colonies, SOLF, le 07 août, le Dr. HALPERT demanda à ce que le procès soit reporté afin de lui permettre d'être au Cameroun. SOLF lui répondit par la négative672(*). DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN furent exécutés le 08 août par pendaison.673(*)

SelonAnanieRABIERBINDJI674(*), « RudolfDoualaMangaBell, à la veille de sa pendaison, va demander une permission d'une heure pour voir une dernière fois sa femme et ses enfants, sans toutefois les avertir qu'il sera pendu le lendemain et leur fait croire qu'il sera libéré deux jours plus tard. C'était un homme d'honneur car il est parti rendre visite à sa famille sans être accompagné de soldats et reviendra le soir même en prison ».

Le 14 août à Soppo, près de Buéa, eut lieu la suite du procès. Cette fois, ce fut le tour d'autres compagnons de lutte de DOUALA MANGA BELL. Ils avaient été arrêtés le 21 juillet à Douala en qualité de « parents, amis ou conseillers » de DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN. C'est l'administrateur adjoint VON KROSIG qui remplissait les fonctions de juge ; il les condamna aux peines suivantes : prison à vie pour TOKOTO ESOME ; dix ans de prison chacun pour MISSIPOWO MULOBY, MASO EYANGO, EKANDE EPANYA, KWELE NDUMDE, KOFI ET NJALA ; huit ans de prison pour LOBE MANGA PRISO ; cinq ans de prison pour Pasteur MODO DIN et NJEMBELE EKWE.675(*)LesAllemands effectuèrent des perquisitions chez lui et ses collaborateurs parmi lesquels MADOLA, EDANDEMBITA, ASSAKO NNA MBA ENAM, et firent main basse sur les preuves irréfutables de ses intentions : il s'agit du dépôt d'armes et de munitions.

Les accointances des Bulu et des Banoko avec la France à qui l'Allemagne venait de déclarer la guerre le 03 août 1914 étaient désormais évidentes.Arrêtés le 1er août 1914 par Gunther VON HAGEN, administrateur en chef d'Ebolowa et de Kribi, Martin Paul SAMBA et ses compagnons furent jugés par un simulacre de tribunal militaire allemand et condamnés à mort pour « haute trahison » envers l'Allemagne.

Le 08 août 1914, tandis que ses compagnons sont pendus, Martin Paul SAMBA, considéré comme traitre, et pourtant sous-officier de l'armée allemande est fusillé au champ de tir militaire de Mendo'o près d'Ebolowa. PhilippeLABURTHE-TOBRA ajoute ce qu'il suit : « C'est le colonialisme lui-même qui se fusille lorsque les balles allemandes abattent Samba le germanisé ».676(*)677(*)

C'est dans cette perspective que nous nous sommes penchés sur les dynamiques et les logiques de coopération existant entre les potentats Duala et BamounBamun et l'administration coloniale allemande (Section II).

SECTION II : DYNAMIQUES ETLOGIQUESDE COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN678(*)

Si dans la perspective marxiste ou nationaliste, il a été souvent question et à juste titre de la résistance des chefs contre le système d'oppression coloniale, il a été d'une manière générale beaucoup moins question de la collaboration de ces mêmes chefs...Notre travail s'oriente donc vers une analyse critique de la collaboration des chefs avec le pouvoir colonial.

Il importe de se demander comment le pouvoir colonial, représenté par un personnel extrêmement réduit, a pu se faire accepter comme autorité dans la colonie. Ainsi, il apparaît sinon évident, du moins vraisemblable que l'autorité européenne avait besoin de complicités, que celles-ci fussent ou non souhaitées par la population. Et il est d'autant plus vraisemblable que ces complicités ne pouvaient dans un premier temps se trouver ailleurs que parmi les anciens tenants de l'autorité.

Le but de notre travail est par conséquent, de montrer que le rôle que la collaboration a joué dans la mise en place et le maintien de l'édifice colonial. Ceci dans l'optique de la théorie de collaboration élaborée par RonaldROBINSON, théorie selon laquelle les facteurs collaborationnistes ont largement contribué à la domination des peuples colonisés. ROBINSON pose le problème ainsi:« The old nations for the most part were restricted to explaining the genesis of new colonial empires in terms of circumstances in Europ. The theory of future will have to explain how a handful of European Pro-consuls managed to manipulate the polymorphic societies of, Africa and Asia, and how, eventually, comparatively small, nationalist elites persuaded them to leave »679(*).

D.A. LOW donne la même orientation à l'interprétation de l'impérialisme colonial lorsqu'il pose la question de savoir comment l'ordre colonial a pu être accepté pendant si longtemps.La recherche historique sur la colonisation allemande au Cameroun connait indiscutablement un grand intérêt avec les travaux de Karin HAUSEN, AlbertWIRZ etGotthilfWALZmais elle semble généralement effectuée dans une perspective plus ou moins eurocentrique.

Les travaux du professeur STOECKER et de ses collaborateurs donnent une autre orientation à cette recherche, à savoir qu'il est indispensable, non pas d'analyser le phénomène colonial en se référant en majeure partie au colonisateur, mais plutôt d'accorder une place importante au colonisé. La thèse de Patrice MANDENG se situe dans le même cadre680(*). Nous orientons notre travail vers cette voie où le colonisé681(*) n'est plus seulement objet mais aussi et surtout sujet dans le processus colonial. D'où une convergence entre la théorie de ROBINSON et les études de STOECKER et de MANDENG. Il convient donc de mettre un accent particulier sur les éléments locaux de la domination coloniale.

En analysant ces éléments collaborationnistes locaux, indispensables au maintien de l'ordre colonial, nous voulons contribuer à faire ressortir la part de responsabilité incombant à une certaine couche de la population colonisée682(*).

Nous essayerons alors de déterminer l'étendue de la collaboration, en montrant dans quelle mesure et à quel niveau ils ont servi d'instruments à la politique coloniale, en analysant systématiquement leur rôle de collaborateurs, c'est-à-dire les chefs dans les domaines politique, économique et culturel. A ce titre, les traités Germano-Duala nous servent de matière de base (Paragraphe I) et permet d'appréhender la stratégie d'aide mutuelle entre l'administration coloniale allemande et les BamounBamun lors des guerres de conquête(ParagrapheII).

PARAGRAPHE I : LESTRAITÉS GERMANO-DUALA

Le désir du ReichAllemand de construire ses propres enclaves à l'étranger devait être orienté vers des régions relativement peu attrayantes - c'est-à-dire des régions du monde très pauvres ou très malsaines ou très rebelles ou très inaccessibles. Étant donné que la plupart des marchands britanniques dominaient parmi les étrangers, le « contrat de protection » conclu en 1884 avec le représentant de la compagnie Woermann n'était dû qu'à l'utilisation d'un consensus temporaire parmi les trois principaux chefs de clan.

Le conflit entre King LOCK PRISO, opposant véhément aux liens contractuels avec le Reich Allemand, et le  King BELL, l'ami des Allemands, a résulté en une lutte armée en décembre 1884. Pour les Allemands, le contrôle des terres semblait menacé, il n'était pas encore garanti par des contrats internationaux lors de la conférence de Berlin.

Dans le « contrat de protection » de 1884, les deux représentants allemands NACHTIGAL et BUCHNERavaient promis à l'élite Duala que leurs privilèges ne changeraient pas. C'était irréaliste, mais les Duala avaient une part disproportionnée de postes administratifs par rapport aux autres peuples.

Et certains responsables de la petite administration coloniale recherchaient une relation amicale. Les chefs de l'administration se sont efforcés de transmettre leurs décisions aux chefs Duala lors de patientes négociations683(*).

Même dans l'aggravation dramatique du conflit foncier dans la « ville principale » de Douala à partir de 1907, comme le souligne ManuelaBAUCHE dans sa thèse684(*).Le chef du clan BELL a fait former son successeur en Allemagne, Rudolf DUALA MANGA BELL, et lui, à son tour, son successeur, qui y est resté après l'exécution de son père et la Grande Guerre, et - quand la France et la Grande-Bretagne étaient prévisibles comme futures « fiduciaires » par la Société des nations - il a été membre d'un lobby pour garder la colonie avec l'Empire allemand.

Partout, la tolérance envers des élites autochtones est grande si on a besoin de leur soutien !685(*) Partant de là, les traités Germano-Duala doivent être catégorisés pour mieux appréhender leur complexité et déceler les possibilités qui en découlent tant pour les chefs Dualaque pour l'administration coloniale allemande(A-). Et ainsi déterminer la portée juridique de ces différents traités (B-).

A. LES CATÉGORIES DE TRAITÉS

Le traité du 12 juillet 1884 entre les Duala et les représentants des firmes allemandes au Cameroun n'était que l'un des nombreux traités que les Allemands signèrent dans le territoire entre 1883 et 1907.

La procédure suivante sera appliquée dans la réalité aussi bien pour les contrats de vente que pour les traités négociés :

a) Le gouvernement allemand s'entend avec les firmes privées opérant dans la Baie de Biafra que les firmes allemandes accèdent à des possessions privées au nom du Reich dans les zones ci-après : Bimbia, Kamerun, Malimba, Small Batanga, Bota, Benito686(*).

b) Le Contrat ou Traité est signé par la partie publique camerounaise (Cameroun dans le sens large et général) et par la partie privée allemande.

c) Le Contrat ou Traité est immédiatement (le même jour en général) légalisé par la partie publique allemande, généralement sur la même feuille au bas des signatures. Si le texte du traité est le plus souvent rédigé en anglais, celui de la légalisation est toujours écrit en allemand.

d) Le Contrat ou Traité est repris par le Reich pour son compte au nom de l'Empereur d'Allemagne et ceci par un texte en allemand et signé entre les autorités publiques et autorités privées allemandes exclusivement.

e) Le Représentant du Reich en présence des rois et princes camerounais réunis pour la circonstance, procède à la proclamation solennelle de la déclaration de la souveraineté du Reich sur le territoire.

Cette proclamation solennelle est par la suite matérialisée sur le terrain par le drapeau allemand qui est hissé en présence de toutes les parties concernées et des témoins687(*). Si la proclamation solennelle a bien lieu en présence de toutes les parties, l'acté écrit est signé exclusivement par les Allemands688(*). En fait, au cours de cette période, les Allemands conclurent environ 95 traités avec les populations camerounaises. Ces traités peuvent être classés en trois catégories : les contrats de vente, les traités négociés et les traités de paix (1-).D'autre part, nous ferons une analyse détaillée des Traités Germano-Duala (2-).

1. Lescontrats de vente, les traités négociés et les traités de paix

Les contrats de vente impliquaient la cession d'un territoire sur lequel la souveraineté devait être exercée contre une somme d'argent. Ils stipulaient souvent que la firme allemande achetant le territoire recevait tous les droits de souveraineté, de législation et d'administration dans ledit territoire.

Dans les contrats de vente, les chefs locaux transféraient leur souveraineté aux Allemands. La déclaration faite par le Consul Général en anglais et en allemand comporte dans l'ensemble les éléments suivants : sur la base du Contrat ou du Traité signé entre les firmes allemandes et les autorités camerounaises, contrat ou traité reconnu régulier et en fonction des pleins pouvoirs dont il jouit, le Consul Général, plénipotentiaire de l'Empire, place le territoire sous la souveraineté de Sa Majesté l'Empereur d'Allemagne sous réserve :

- Des biens de Tiers ;

- De la liberté de commerce ;

- Des traités d'amitié et de commerce signés antérieurement avec d'autres puissances ;

- Que les droits de douane (Kumi) continueront à être versés aux autorités de la place ;

- Que les terres habitées et cultivées resteront la possession de leurs propriétaires et de leurs héritiers ;

- Que les moeurs locales soient respectées.

Les implications locales sont d'abord d'ordre politique. Par le contrat, les princes de la place vendent leur souveraineté à la partie allemande : « I... King Bell... have given up today to Mr. Ed. Schmidt... all my rights I have on the Isle Nicol... I acknowledge the receipt of seventy kroos as payment for this Isle »689(*).Par l'intermédiaire des firmes allemandes, le Reich supplantera donc l'autorité locale pour exercer sa volonté. L'Etat allemand peut acquérir toute l'autorité locale comme pour l'île Nicol ou pour tous les territoires du Cap St. John690(*) ou alors cette compétence est restrictive et ne s'étend pas sur les terres habitées et cultivées691(*).Dans le domaine économique, on parle de tous les contrats de droits de tiers, parfois seule réserve.

Mais dans certains contrats, les droits de percevoir les frais de péage sont garantis pour les dirigeants locaux ainsi que la liberté de commerce.Cela signifie en clair que aussi bien les autres Camerounais, les Anglais ainsi que les Allemands, dans la lettre et l'esprit du contrat vont continuer à payer, donc à reconnaître le droit de souveraineté des dirigeants locaux aux lieux de péages portuaires.

Parmi les 95 traités que les Allemands signèrent au Cameroun entre 1883 et 1907, 08 étaient des contrats de vente tels que : un contrat de vente signé avec Bimbia le 11 juillet 1884 entre Édouard WOERMANN, SCHMIDT et SCHULZE représentant la firme Woermann, et le Roi WILLIAM ; un contrat de vente sur l'île Nicol signé le 11 juillet 1884 entre King BELL et SCHMIDT, sur Bapuko au Cap St. John entre les chefs et les rois et Auguste LUBCKE au Cap St. John entre les chefs et les rois et Auguste LUBCKE représentant la firme Woermann ; un autre sur Lubaly à Campo et un dernier sur Medune.

Par la suite, nous évoquerons la problématique des traités négociés et des traités de paix.

· Les traités négociés

Les traités négociés étaient généralement conclus par deux parties égales qui se réservaient certains droits.

Le Traité final ne parle plus du monopole commercial garanti aux Camerounais, ni du refus d'annexion à une puissance européenne. Il contient cependant les points suivants :

1. Le territoire dénommé Cameroons est géographiquement délimité ;

2. Les droits de souveraineté, de législation et d'administration sont cédés aux firmes privées allemandes ;

3. Des clauses restrictives réservent positivement :

· Les droits des tiers ;

· La validité des traités d'amitié et de commerce signés avec d'autres puissances étrangères ;

· Le droit des Camerounais et de leurs héritiers sur les terres cultivées et habitées ;

· Le droit de douane au profit des rois ;

· Le respect des coutumes camerounaises.

Ces 03 (trois) points avec les 05 (cinq) restrictions se retrouvent dans presque tous les traités négociés dans le corps même du texte, bien avant de figurer dans le document de légalisation692(*).Par ailleurs, l'influence politique d'un premier signataire camerounais peut entraîner la signature de potentats indépendants.

Dans l'exemple des rois de « Ndoo » et de « Bakundu », ceux-ci s'engageront directement vis-à-vis de l'Empire allemand et non plus des commerçants privés, en se référant à leurs liens tissés avec King BELL : « We the undersigned kings and chiefs of N'doo and Bakundu declare that in conformity with our political and commercial friend King BELL of Kamerun ; we recognise the Sovereignity of the German Empire over us and our Country »693(*)694(*).Dans ces cas, les réserves ne figurent pas dans le corps du traité695(*).

Volontairement sur la base des négociations préalables ayant abouti à des réserves stipulées dans le contrat, les potentats du Cameroun cèdent leurs droits de souveraineté, de législation et d'administration à la partie allemande. Ils cessent ainsi d'être maîtres de jeu sur le territoire. Ils concèdent la partie essentielle des attributs de pouvoir au ReichAllemand et ne conservent que le droit de douane et un droit de propriété sur les terres habitées et cultivées. Le droit des tiers se référant en général au commerce et à la liberté commerciale, les souverains camerounais perdent par ces Traités le droit de négocier ultérieurement avec d'autres partenaires696(*).

Les traités négociés entre les commerçants allemands et les rois et chefs du Cameroun étaient les suivants : Yoko à Benito River signé le 29 octobre 1883 ; le traité germano-douala signé le 12 juillet 1884 ; Jibarret et Sorroko signé le 15 juillet 1884 ; Small Batanga le 18 juillet 1884 ; Malimba le 20 juillet 1884 ; Ndoo et Bakindu le 05 novembre 1884 et Benita le 02 août 1884.En dernier lieu, nous parlerons des traités de paix.

· Les traités de paix

Le dernier type de traité concernait les traités de paix. Un traité de paix était normalement signé après une victoire militaire et ses termes étaient plus ou moins dictés par le vainqueur. LesTraités de paix sont tous rédigés en allemand, au nom du ReichAllemand ou du gouvernement impérial du Cameroun. Ils imposent la reconnaissance de la souveraineté allemande et le Roi, Sultan ou Chef accepte de se soumettre à l'autorité du Reich697(*). Contrairement aux Contrats de vente ou aux Traités de cession négociés, les Traités de paix signifient une victoire militaire allemande sur les différents royaumes camerounais.

Les dirigeants locaux conservent une partie de pouvoir sur leurs sujets puisque les Allemands n'abolissent pas le royaume ou la principauté car ils installeront même de nouveaux chefs dociles là où besoin est. Mais nos princes perdront cependant leur souveraineté et leur autonomie d'action car ils se soumettront à l'autorité allemande qui deviendra en 1907 l'autorité réelle sur l'ensemble du territoire.Au niveau international, l'Allemagne jouit de son autorité exclusive sur le Cameroun et partant de sa puissance continentale en Europe, arrivera à agrandir ce territoire par un accord avec la France le 04 novembre 1911698(*).

Il faut souligner que les Traités de Paix n'interviennent en général que bien plus tard, après la création de l'armée de terre en 1891 et qui dicteront les conditions allemandes aux rois et princes camerounais vaincus par la force des armes. Ils se soumettent sans conditions à l'autorité allemande qui installe souverainement son autorité exclusive et confirme ainsi la domination totale du Reich sur le Cameroun699(*).

L'armée coloniale allemande, la « Schutztruppe », fut formée en 1891 pour conduire les campagnes militaires allemandes au Cameroun jusqu'en 1916. Les traités de paix signés entre 1884 et 1907 étaient de ceux de : Kamerun-Hickorytown700(*) le 13 janvier 1885 ; Banyo le 07 mai 1899 ; Tibati le 07 juillet 1899 ; Ngaoundéré le 20 septembre 1901 et Saran Fellani le 05 janvier 1907. De tous les 95 traités, le traité germano-douala restait le plus significatif en ayant une portée historique considérable pour le Cameroun.

Nous apporterons une analyse et des commentaires approfondies des traités Germano-Duala.

2. Commentaires et Analyse Des Traités Germano-Duala

Les Duala se plaignaient que leurs chefs aient été traités comme les gens bien moins importants que les chefs d'équipe des travailleurs venusdu Libéria701(*)... Ce mépris allait plutôt contre les objectifs politiques et économiques du pouvoir colonial qui avait besoin de la collaboration de cette catégorie sociale privilégiée que constituaient les chefs. Certains furent même condamnés d'avoir osé se plaindre.

Ces mauvais traitements702(*) ne constituaient pas une méthode pouvant amener les chefs à une collaboration plus profitable au pouvoir colonial703(*). Du fait du déclin notoire de l'autorité traditionnelle chez les Duala, le gouverneur SEITZ observa plus tard une « dissolution de l'organisation ethnique » et put dire qu'à l'exception de Rudolf DUALA MANGA BELL qui avait encore une certaine influence, l'unique autorité à Douala était incarnée par le chef de la circonscription, c'est-à-dire qu'elle était en fin de compte détenue par l'administration allemande704(*).

Initié en 1909 par le chef de la circonscription de Douala, VON RÖHM, et le chef du service médical colonial, Dr. ZIEMANN, et approuvé par le gouverneur SEITZ et les autorités du Reich, ce plan avait été voté par le Reichstag.705(*)706(*)

Ainsi, nous illustrerons l'analyse des traités Germano-Duala au travers des conditions dans lesquelles ils ont été signés et les implications de tous les acteurs susmentionnés.

· L'analyse des traités Germano-Duala

Pour le Prince KUM'ANDUMBEIII, il y eut environ 95 traités de transfert de souveraineté. Le premier traité de transfert de souveraineté de la région « Cameroons » a été signé par Jim EKWALLA, King DIDO, soit DEÏDO, le 11 juillet 1884. « Cameroons » désignait à l'époque la sphère de souveraineté et d'influence des rois Duala.

Les King BELL707(*) et King AKWA708(*) signeront le 12 juillet deux traités identiques, mais séparés, même si les deux rois contresignent le traité de l'autre.

On peut se poser la question de savoir quelles sont les conditions dans lesquelles ont été signés les traités Germano-Duala.

· Les conditions dans lesquelles ont été signés les traités Germano-Duala

Tous ces trois traités ont le même contenu, seuls les noms des signataires camerounais changent, et le traité avec King DIDO709(*) se limitait à son seul petit territoire, tandis que les traités du 12 juillet englobait tout le territoire sous influence des trois monarques.

D'autres traités consécutifs seront signés par exemple le 15 juillet par les princes de JEBALLÉ et SODIKO qui stipuleront qu'ils se trouvent sous l'autorité de King BELL. A Bimbia, cependant, un autre traité fut déjà signé le 11 juillet par les princes MONEY, QUAAN, CHONGOLO, etc.

Le transfert de souveraineté par ce contrat fut donc soumis à des conditions limitant sévèrement le pouvoir des partenaires européens. Ce qui est peu connu, c'est avant que les traités en question ne furent signés, les rois du « Cameroons » exigèrent un engagement écrit du Reich sur un document distinct du traité et signé par le consul allemand EmilSCHULZE, afin de s'assurer l'engagement futur du Reich pour le respect des conditions stipulées par les rois camerounais.

Le commerçant Édouard WOERMANN, signataire du traité et frère d'Adolf WOERMANN, directeur de la société notait le 9 juillet 1884, donc trois jours avant la signature officielle du traité :« Les deux rois BELL et AKWA voudraient bien signer le traité, mais leurs puissants vassaux ne veulent pas accepter et s'opposer véhément contre toute signature de contrat avec les Allemands ». Dans une note au nouveau gouverneur du « Kamerun » VON SODEN, l'assistant du Dr. NACHTIGAL et chargé des affaires allemandes au Cameroun, le Dr. Max BUCHNER écrira en juillet 1885 : « Notre acquisition (du Cameroun) a engendré tellement de désagréments pour tous les rois et chefs camerounais qu'ils aimeraient, s'ils le pouvaient, annuler ces traités ».

A cause de toutes ces résistances, ces traités ne sont pas signés sur terre ferme camerounaise, mais sur le bateau de guerre allemand « Möwe ». LOCK PRISO710(*), qui régnait de l'autre côté du fleuve à Bonabéri, fut le seul potentat à refuser la signature du traité, le considérant comme une escroquerie monnayée.King BELL711(*) rassura les Allemands en disant que LOCK PRISO, faisant partie de sa famille, serait sous son autorité, et que la signature de King BELL engageait aussi Bonabéri.

Les Allemands ne pouvant pas acquérir « Cameroons » sans l'autre côté du fleuve, Hickorytown, procédèrent après maintes hésitations à la cérémonie de hissage de drapeau allemand à Bonabéri le 28 août 1884. LOCK PRISO réagit le même jour, en adressant une lettre au consul allemand : « Je vous prie de descendre ce drapeau, personne ne nous a achetés, vous vouliez nous corrompre par beaucoup d'argent, nous avons refusé, je vous prie de nous laisser notre liberté et de ne pas apporter du désordre chez nous ».

Comme les Allemands ne vont pas s'exécuter, le drapeau allemand est descendu du mat et arraché. Un commerçant allemand de la firme Woermann, PANTANIUS est assassiné en représailles par le chef ELAME JOSS. La guerre éclate. LOCK PRISO a des alliés, aussi bien chez les Bonapriso, Bonanjo que chez certains Akwa et Deïdo.

La pression est mise sur les commerçants allemands pour qu'ils ne livrent plus d'armes à King BELL. Le 16 décembre 1884, les Bonapriso et Bonabéri mettent le feu à Bonanjo712(*). Le commerce import-export menacé de s'arrêter complètement. La guerre n'est pas seulement entre les différentes parties duala, pro-ou contre le traité, les Allemands sont directement impliqués.

Le 20 décembre, les bateaux de guerre allemands « Bismarck » et « Olga » arrivent au secours et débarquent 331 soldats bien armés, sous la direction de l'amiral Knorr. Du 20 au 22 décembre, le « Olga » bombarde Bonabéri et brulent une ville vidée de ses habitants. Le butin le plus précieux des Allemands est la proue princière, le « tangue » de KUM'A MBAPE, jusqu'aujourd'hui en otage au musée ethnographique de la ville de Munich.Il a été volé par le médecin allemand en 1884 dans la maison du souverain local LOCK PRISO BELL. Son petit-fils, Alexandre KUM'A NDUMBE III, essaie d'obtenir sa restitution713(*).Parlant du « Tangue », il représente le prestige et la puissance économique du groupement ou de la tribu Duala qui l'a construit. C'est une grande oeuvre sculptée en bois.

Il est décoré de motifs géométriques peints de couleurs vives et sculpté de formes d'animaux. Monté à la proue, il est décoré d'animaux héraldiques tels des félins, serpents, et de quelques autres motifs dérivés des symbolismes locaux et impériaux714(*). Les chiffres ne sont pas peints.715(*)

Il est décrit par MaxBUCHNER ainsi qu'il suit :« Ces sculptures sur bois sont l'une des nombreuses activités inutiles ; la bagatelle qui occupe le Nègre. Le meilleur de cet art sont les pièces d'ornement complexes qui sont fixés à l'avant de la pirogue de course. Les motifs seront principalement des formes européennes, mélangées avec des formes d'animaux africains imaginées »716(*).

Le premier traité de soumission sera ainsi signé le 13 janvier 1885717(*). C'est pourquoi nous nous tournerons vers la qualité des signataires des traités Germano-Duala.

· La qualité des signataires des traités Germano-Duala

Le 06 août 2004, les conférenciers718(*), autour de la table au Palais de DIKA AKWA, accorderont tout au moins leurs violons sur ce qui, du moins pour les signataires de ce traité, apparaissait comme une nécessité.

Selon PRINCE KUM'A NDUMBÈ III, « Les structures économiques et politiques de nos sociétés traversaient des phases critiques face à la mondialisation du continent africain qui a commencé avec l'esclavage et qui, au 19ème siècle, assurait à l'Europe de la révolution industrielle des avantages exorbitants face à l'Afrique et une prépondérance certaine dans nos relations bilatérales. D'autre part, plusieurs guerres internes ébranlaient l'autorité des potentats de « Cameroons ».

Mais, quelles pouvaient être les conséquences d'un traité signé d'un côté par des civilisés (les Allemands) et de l'autre par des barbares (les Rois Duala) ? Nous reprenons là les propos du Pr.MOUELLEKOMBI. Un traité signé, dit-il encore, dans un contexte de rivalité.

Et NSAMÈ MBONGO de rappeler les idées philosophiques développées en Allemagne à cette époque. Si en Allemagne, la notion de supériorité de la race aryenne était en vogue, sur les berges du Wouri, comme partout ailleurs en Afrique, on n'entendait pas se contenter ou se complaire, dans une attitude de faire-valoir. Le traité en préparation puis signé se retrouve au centre d'une contestation et d'une résistance véhémentes car pour le Pr.NSAMÈMBONGO, « un traité n'est pas seulement un texte. Mais il est aussi toutes les conséquences qui en découleront ».

Pour le Professeur agrégé de droit, NarcisseMOUELLE KOMBI, « ce traité n'était pas unique en son genre dans la région ». Il étonnera plus d'un, notamment autour de la table quand il avancera qu'il s'agit plus d'un « document interne » que d'un « document international » qui 120 ans après, n'a pas encore livré tous ses mystères, étant entendu, souligne-t-il, que « les normes et les formes n'ont pas été bien comprises ».Les chancelleries africaines du 19ème siècle d'autre part ne communiquaient plus vraiment entre elles, et seront incapables de concevoir une stratégie d'ensemble africaine ou même régionale, pouvant contrer la nouvelle stratégie européenne sur notre continent.

Au Cameroun, il n'y aura aucune stratégie commune des différents royaumes, il n'y aura pas une véritable communication ou diplomatie de défense des intérêts africains face à une Europe agressive. Les rois qui résisteront ne bénéficieront pas d'une alliance globale de la résistance.

Ils se battront seuls face à une puissance concertée des forces européennes contre l'Afrique et seront souvent trahis par leurs propres frères voisins, au profit de l'envahisseur européen, ceux-là comptant sur le pillage des biens du frère pour s'enrichir davantage.Les différents accords et traités signés avec les Anglais bien avant la colonisation, comme celui du 08 juillet 1859 abolissant tous les sacrifices humains, en vue d'un culte païen, ou de toutes autres cérémonies ou coutumes, ou l'accord Anglo-Duala du 13 décembre 1861 interdisant la pratique du meurtre par représailles sous peine de représailles militaires anglaises indiquent déjà la fragilité institutionnelle des rois de la côte qui ne soumettent pas ces réformes sur les us et coutumes à leurs propres institutions internes, mais à des règlements internationaux bilatéraux. Il en va de même des traités sur l'interdiction du commerce des esclaves du 10 juin 1840, du 7 mai 1841, du 29 avril 1952, de la déclaration anglaise du 25 avril 1842 menaçant King BELL719(*) de violentes représailles ou des conférences, accords ou traités sur le commerce, comme ceux du 17 décembre 1950, du 14 janvier 1856, etc.

Nous constatons ainsi que bien avant la colonisation allemande, la juridiction du « Cameroons » était déjà assez soumise aux lois et règlements européens, parfois à travers la corruption des rois qui encaissaient de fortes sommes ou marchandises de valeur avant de signer, ou alors par la force de dissuasion des navires de guerre européens.Désormais, seul l'Empereur d'Allemagne et ses représentants dont le Chancelier du Reich, le Ministre des Colonies, le Gouverneur au Cameroun, et les chefs de circonscription décidaient du sort de notre pays en excluant les dignitaires africains de toute décision politique, juridique, militaire ou économique.

Partant de là, nous assisterons à un blocus économique de la part des puissances étrangères.

· Blocus économique de la part des puissances étrangères

Pour les obliger à céder leur monopole, les Allemands avec l'aide des Anglais vont organiser plusieurs blocus commerciaux, dont le premier aura lieu contre les Deïdo le 12 septembre 1884.

Un autre blocus suivra en 1886 - cette fois-ci répondu par un contre-blocus des Duala qui interdirent aux Européens même l'approvisionnement en eau potable et en bois de cuisine.

En juillet 1899, douze sociétés allemandes et anglaises lancent un nouveau blocus de six mois contre les intermédiaires Duala. En 1900, les Européens ont enfin pu établir 92 comptoirs à côté et à l'intérieur du pays. Le gouverneur finira par interdire purement et simplement tout commerce aux Duala par arrêté du 19 juin 1895.

Un autre arrêté de police du 22 mai 1895 interdisait aux Duala d'employer des ouvriers Wey, disponibles dans la région. Les contrevenants étaient mis en prison. LesEuropéens obligeront les Duala à servir dorénavant de comptables et de vendeurs dans les comptoirs des blancs. La chasse qui rapportait beaucoup grâce au commerce de l'ivoire sera aussi interdite aux Duala par arrêté du 12 février 1890.

La monnaie de troc dans les transactions commerciales, le « Kroo »720(*)sera aussi dévaluée systématiquement jusqu'à sa suppression et son remplacement par le Markdu Reich. En effet, le kroo se décomposait en 4 keg, 8 piggin, 16 bar et valait 20 marks en 1884.

Cette monnaie de troc exprimait les quantités de marchandises à échanger contre d'autres. Ainsi, 100 kg de palmistes, 10 gallons d'huile de palme ou 2 livresd'ivoire valent 1 kroo. Le kroo fut vite dévalué à 12 Marks puis à 10 Marks, avant d'être remplacé par le Mark par un décret du gouverneur allemand du 6 avril 1894. Il en sera de même de la douane, appelée « Kumi » à la côte camerounaise.

Il y avait quatre douanes qui rapportaient en 1885 à leurs rois les sommes ci-après : 10.000 Marks pour King BELL721(*), 6.600 Marks à King AKWA722(*), 3.000 Marks à LOCK PRISO723(*)de Bonabéri et 2.200 Marks à Jim ÉPÉE EKWALLA de Deïdo.

Ces douanes seront aussi progressivement supprimées et il n'y aura plus qu'une douane allemande. La puissance économique des Camerounais de la côte sera donc réduite à néant, et ces Camerounais seront mis au service d'une nouvelle économie dominée et orientée exclusivement vers la métropole coloniale. N'oublions pas que le pont du Wouri ne fut construit que de 1952 à 1954 ! Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que le port de Bonabéri perdit au fur et à mesure son importance pour l'import-export !

Les Allemands vont cependant déclarer par « Décret de Sa Majesté l'Empereur d'Allemagne du 15 juin 1896 sur la création, l'acquisition et les donations ou ventes des terres de la Couronne, ainsi que sur l'acquisition et les donations ou ventes des terrains dans le protectorat du Cameroun » que les terres camerounaises vacantes deviennent terres de la Couronne allemande, donc appartenant à l'Allemagne, et seuls les fonctionnaires allemands, parfois secondés par les missionnaire, statueront sur le caractère vacant des terres. Le « Grundbuch », livre foncier, sera instauré et placé sous la juridiction allemande pour préserver des droits de personnes privées, européennes surtout, africaines dans certains cas.

L'Empereur signera par la suite un autre « Décret de sa Majesté l'Empereur d'Allemagne du 14 février 1903 sur l'expropriation de la propriété foncière dans les protectorats en Afrique et dans le Pacifique ».Le décret d'application sera signé le 12 novembre 1903. Dix ans plus tard, le 15 janvier 1913 à 16h50, le Chef de circonscription publiera à Douala un arrêté d'expropriation concernant 37 terrains entre Bonanjo et Akwa d'une superficie totale de 6 ha 77 à 28 m², même les terrains de Rudolf DUALA MANGA BELL, roi des BELL, ne seront pas épargnés. La réaction des rois Duala ne se fit pas attendre.

Rappelant leur pétition du 8 mars 1912, ils adresseront le même jour de la publication de l'arrêté d'expropriation, donc le 15 janvier 1913, une requête en annulation de cette mesure administrative au Parlement allemand, le Reichstag, pour abus de pouvoir et violation de traité du 12 juillet 1884. Cette violation sera reprise en détail dans leur lettre de protestation du 20 février 1913. LesAllemands, devenus maîtres absolus du territoire, élimineront DOUALA MANGA BELL et son compagnon NGOSSO DIN par pendaison le 8 août 1914.

Qu'en est-il de la portée juridique de ces Traités Germano-Duala ?

B. LA PORTÉEJURIDIQUE DES TRAITÉS GERMANO-DUALA

Pour Adamou NDAM NJOYA, par exemple, dans le Cameroun dans les Relations Internationales, écrit que le Traité du 12 juillet 1884 n'est pas un traité entre États mais plutôt un accord entre les firmes privées allemandes et les princes Duala.724(*)

Il indique qu'alors que le TraitéPréliminaire était signé par un représentant du ReichAllemand, le Traité Final fut signé uniquement par les firmes allemandes de Douala bien que le Reich le reconnut plus tard. Une autre critique du Traité Germano-Duala s'appuie sur le fait que l'accord final omettait les clauses du TraitéPréliminaire, clauses par lesquelles les rois et les chefs sauvegardaient leur monopole commercial.De plus, l'accord du 12 juillet 1884 ne fut pas ratifié par tous les souverains Duala.

Le Prince LOCKPRISO725(*) de Hickorytown726(*) refusa de le signer et organisa une résistance farouche. Cette résistance aboutit à une guerre ouverte contre les Allemands du 10 au 22 décembre 1884.Par cet accord, les rois et les chefs Duala cédèrent leurs droits de souveraineté, de législation et d'administration aux firmes privées allemandes et finalement, au Reich.Ils conservèrent uniquement leurs droits de prélever des impôts mais perdirent leurs droits de négociations avec d'autres parties.

En réservant ce droit de prélever les impôts et de conserver les terrains des villes et des villages « comme propriété privée des indigènes » alors qu'ils perdraient leur souveraineté(1-), les Duala créèrent une situation ambigüe qui devint plus tard source de conflits(2-).

1. La signature du Traité du 12 juillet 1884 et la perte de la souveraineté des chefs Duala

Cet accord signifiait également non seulement la perte éventuelle de l'avantage d'intermédiaire des Duala dans le commerce entre les Européens et les Allemands bien qu'ils ne s'en rendirent pas compte. Cette ambigüité devait aboutir finalement à la tentative d'expropriation de leurs terres en 1912. Enfin, dans une perspective internationale, l'Allemagne avait acquis une colonie sur la côte de Guinée et participa à la conférence de Berlin727(*) avec de nouveaux atouts aux négociateurs.La littérature scientifique sur l'époque coloniale allemande au Cameroun, prétend, à tort, ne connaître de ce traité que la traduction allemande qui fut publiée lors de l'affaire de l'expatriation des terres à Douala en mai 1914, c'est-à-dire presqu'à la fin de la présence allemande au Cameroun.

RUDIN dans son ouvrage Germans in the Cameroons728(*) affirme dans l'appendice qu'il lui fut impossible de trouver le texte original en anglais.

BRUTSCH dans les « Traités camerounais » déclare ceci à propos du traité de protectorat : « Nous ne pouvons donc en présenter ici que la traduction officielle allemande donnée dans l'important mémoire du Reichstag, publiée en 1914 pour justifier l'expropriation du plateau de Joss à Douala »729(*).Le RévérendPasteurMVENG dans son Histoiredu Cameroun730(*) affirme d'ailleurs la même chose.Dans son ouvrage « « A travers le Cameroun du sud au nord » paru en 1893,le lieutenant MORGEN731(*) en donne dans l'introduction une traduction, ce qui prouve bien que l'original en anglais existait effectivement et était accessible au public732(*).

La seconde remarque porte sur le fait que les chefs Duala ne reçurent jamais de copie du traité. De nouveau le pasteur BRUTSCH s'appuyant sur le contenu de la lettre d'un officier naval britannique, datant du 26 juillet 1884 et publiée dans le « Blue Book »733(*) de 1885, affirme qu'à en croire cette lettre, « les Rois Akwa et Bell n'en reçurent aucune copie »734(*).

AlbertWIRZ est du même avis lorsqu'il écrit : « De manière significative, les Duala n'ont pas reçu une copie du texte du traité »735(*). Notons que ces auteurs ne sont pas les seuls à défendre cette thèse qui bien entendu s'appuie sur des témoignages tout à fait plausibles.

MaxBUCHNER montre dans Kamerun736(*) comment les traités étaient généralement faits ; selon lui, pareil document était habituellement fait en deux exemplaires, dont l'un était remis au chef africain737(*). Dans leur pétition, les chefs AKWA demandaient au Reichstag d'exiger une copie du traité au Département Colonial pour prendre connaissance des conditions qu'ils avaient posées lors de sa signature et ils n'avaient pas joint à la pétition une copie du traité...Ce point de la pétition des chefs Akwa nous apporte un fait nouveau important : les Duala738(*) furent bien en possession d'un exemplaire du traité. L'existence de celui-ci nous est pour ainsi dire confirmée par la lettre de MPONDO AKWA adressée de Berlin le 22 février 1906 aux chefs AKWA.

Représentant les AKWA en Allemagne,il avait réussi à avoir une copie du traité. Il la leur envoyait et demandait de bien la conserver. Sa lettre nous donne en même temps une idée des conditions dans lesquelles l'exemplaire des Duala aurait disparu : « ...garde le contrat en sécurité afin qu'il ne soit pas revendu(e), comme le premier »739(*). « L'exemplaire des Duala aurait été vendu ? A qui ? Qui avait intérêt à ce que pareil document n'existât pas ? »

En effet, si leur accord a produit des effets juridiques au-delà du cadre national, ils méritent d'être qualifiés de sujets de droit international et mieux encore, de sujets de droit international dotés de la capacité contractuelle requise à l'article 2 de la Convention de 1969.

On sait en effet que depuis les travaux de Thomas HOBBES, lui-même précédé par Samuel VON PUFENDORF, la qualité de sujets de droit international est limitée aux États et à leurs représentants légaux740(*).

EmerDE VATTEL en livre un éloquent aperçu : « LesNations traitent et communiquent entre elles par l'intermédiaire de ministres publics dont il peut exister plusieurs ordres et différentes espèces, mais qui possèdent tous ce caractère essentiel (et) commun, d'être des représentants d'une puissance étrangère »741(*).

Cette idée reprise par les contemporains se présentait déjà sous la plume de CharlesSALOMON :« La communauté internationale est formée d'un certain nombre de personnes juridiques internationales (et cette qualité, ainsi que les avantages qui en découlent, n'est reconnue qu'aux États) qui seules peuvent être le sujet de rapports juridiques internationaux »742(*).

Par sujets de droit international, il convient donc d'entendre les États dont la capacité juridique est liée à la personnalité de l'ONU743(*) et, par extension de ladite personnalité, les organisations internationales. C'est pourquoi nous avons questionnés le concept de « sujet de droit » par rapport aux chefs Duala.

· Les chefs Duala : sujets de droit ou non ?

Michel TROPER rappelle à ce propos qu' « on appelle sujets de droit pour en faire découler des droits, mais de savoir s'ils ont un droit pour affirmer ensuite qu'ils sont sujets »744(*).Dans la même veine, la Cour internationale de justice745(*)établit la corrélation entre la « capacité d'agir et la personnalité internationale ». Le fait d'avoir conclu un traité ne serait-il pas dès lors tributaire de la qualité de sujet de droit ? Si tel est le cas, et ce fut le cas, les deux parties au Traité de 1884 méritent d'être regardées comme des sujets de droit, international de surcroit, du moment où le droit qu'elles ont produit est tributaire « de la souveraineté externe ».

Est sujet de droit, toute entité746(*) destinataire d'un ensemble de prérogatives formulées par le droit positif. Par transposition, on dira que sont sujets de DIP tous ceux qui ont une habilitation, un droit, à agir au-delà de l'ordre juridique national.

Ainsi, pourrait-on avancer qu'en reconnaissant que le « Consul général en mission dans l'Afrique (....) a négocié avec des chefs indépendants », BISMARCK, un acteur déterminant de l'ordre westphalien, dévoilait la personnalité internationale des chefs indigènes.L'idée de chefs indépendants promeut une double identité de souverains747(*)et de peuple indépendant. Toute chose qui justifierait, selon François DE VITORIA, l'idée d'État.

Or, la notion de peuple dont la qualification a suivi le droit à l'indépendance fut évoqué à cette époque pour désigner une contradiction interne à la légalité coloniale. On parlait de peuples « sans droit » ou de peuples « hors du droit » pour entreprendre la dichotomie, qui sera entretenue dans le contexte onusien, entre « peuples barbares » et « nations civilisées ». A la différence de celles-ci, ceux-là ne pouvaient prétendre à aucun droit et donc à la qualité de sujet de droit international.

Cette conception suit la théorie deJamesLORIMER748(*) qui attribue la capacité juridique au prorata du développement socio-économique. La formule consacrée est :« les créatures non raisonnables ne peuvent avoir des droits ». Elle a justifié l'idée de la colonisation, le droit à posséder ou à déposséder au nom d'une définition hellénique du principe de la mise en valeur749(*).

Le principe de la représentation qu'on verra dans les prochains développements en sort dévalué : le représentant légal750(*)et a-juridique.751(*)Il ressort en effet de l'étude d'Alfonso MARTINEZ recommandé par Martinez COBO, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la question autochtone, que les traités conclus entre peuples autochtones et États relèvent du droit international.

Ainsi est-on fondé, en considération de la capacité juridique des rois Bell et Akwa, de conclure que le Traité de 1884 établit la personnalité juridique du peuple au nom duquel ils ont agi.

Dans l'étude citée, Martinez COBO reconnait d'une manière générale aux autochtones ou indigènes d'hier la qualité de peuples au sens du droit international752(*). Une telle qualification entretient en droit constitutionnel la psychose du droit à constituer un État.

JeanNJOYA écrit d'ailleurs :« La peur du séparatisme est une hantise rémanente dans les États subsahariens où le constituant adopte très souvent une attitude prudente à l'égard des notions anthropologiques jugées éminemment sensibles »753(*). La solution de principe à l'ordre régional africain va dans ce sens754(*).Pour ce qui est de la partie allemande, on relèvera que la doctrine coloniale a « reconnu la qualité des sujets de droit aux grandes compagnies à chartes ». Il s'agit là d'une qualification justifiée par la capacité à commercer au-delà du cadre national.

Corrélativement, la qualification de sujets de droit international justifie l'hypothèse d'un commerce juridique international. Un commerce qui s'exerce, en l'espèce, à partir de la capacité contractuelle. Les parties au Traité de 1884 sont donc, non seulement des sujets de droit international, mais aussi et surtout des sujets de droit international dotés de la capacité contractuelle.En DIP755(*), il ne suffit pas d'être sujet de droit pour signer un traité. Aux termes de la Convention de 1969, la capacité contractuelle n'est reconnue qu'aux agents ou représentants justifiant « des pleins pouvoirs appropriés ». On l'a, de fait, souligné dans les précédents développements : la capacité juridique suit la qualité de sujet de droit, celle-ci étant subordonnée à l'exercice d'une prérogative juridique. A l'époque de l'établissement du Traité de 1884, cette capacité était attachée à deux principes : la représentation et la publicité.

L'idée de représentation se résume dans cette formule de François DE VITORIA :« Le peuple ne peut pas disposer de lui-même sans le consentement de ses princes (et) les princes ne peuvent disposer de lui sans son consentement »756(*). Il s'agit là d'une procédure rigide dont l'exigence est requise dans le processus de la validation des traités ayant trait à la souveraineté. Le rapport entre représentant et représenté fait de l'un et de l'autre des titulaires partiels de la capacité juridique.

Le premier757(*) disposait de l'animus, la capacité liée à l'attribut de souverain et le second du corpus, une caractéristique essentielle à la définition de la propriété foncière. L'animus et le corpus réalisent une corrélation entre le représentant et le représenté. En ce qui concerne le plébiscite, il était requis spécifiquement pour les traités d'annexion758(*).

L'idée est savamment résumée par Hugo GROTIUS : « s'agissant des intérêts sociaux, les membres doivent se soumettre à la majorité, parce qu'on doit présumer qu'ils ont voulu l'existence d'un moyen de décider des affaires ; or, il serait injuste que la minorité l'emportât ; ainsi, d'après le droit naturel, l'opinion de la majorité a le mêmeeffet que celle de l'ensemble ».Précisément,« (l) a souveraineté peut aussi être aliéné par celui à qui elle appartient, roi ou peuple. Mais, s'agissant d'une province, il faut, en outre le consentement du peuple qui l'habite »759(*).

Ainsi, le traité du 12 juillet 1884 possède des caractéristiques floues qui posent la question suivante : est-ce un contrat à caractère privé ou public pour la partie allemande et en avait-elle la légitimité ?

· Le Traité du 12 juillet 1884 : Contrat à caractère privé ou à caractère public pour la partie allemande ?

Le Traité de 1884 a été signé par les rois accompagnés de témoins. Il s'agirait ainsi d'un traité passé sous l'égide du principe de la représentation et non du plébiscite, puisque l'exigence de la majorité requise dans ce cas n'a pas été établie. Il ne s'est donc agi d'un traité d'annexion.
La présence de ces acteurs justifie toutefois l'hypothèse d'une capacité contractuelle, suivant l'impératif juridique760(*) qui l'a entretenue à cette époque761(*).

Partant de l'idée que la qualité de sujet de droit était reconnue aux compagnies à charte, la partie allemande avait-elle aussi la capacité internationale. Pouvait-elle pour autant établir un traité ?

L'affaire ne semble pas simple. En effet, une question a consisté à se demander si Édouard SCHMIDT et JohannesVOSS ont agi en tant que plénipotentiaires. La Weltpolitik762(*)de BISMARCK, qui exigeait une neutralité des États sur le commerce outre-mer, l'entretient.

Le Doyen François-Xavier MBOME rapporte que l'homme d'État a proposé, dans un pacte signé entre son pays, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie, d'écarter la Grande-Bretagne du commerce transatlantique du fait de son idéologie colonialiste763(*). Dans ce cas, le Traité de 1884 était avant tout un accord commercial qui étendait aux deux autres parties celui passé le 30 janvier 1883 par les seuls Édouard SCHMIDT et le roi AKWA.

Il ne pouvait précisément s'agir d'un traité d'annexion qui promeut l'idée de colonialisme ; le plus important étant que cet accord relève la capacité juridique des firmes allemandes.Une « parade » a consisté à associer le Consul GustaveNACHTIGAL, ou encore ÉDOUARDWOERMANN, à l'entreprise en qualité de représentant de l'empire du Reich.

Cette contradiction n'est-elle pas de nature à renforcer le doute sur les intentions de la partie allemande au Cameroun n'a jamais été établi, est consigné dans les Mémoires du Reichstag comme signataire du Traité de 1884, au détriment du Consul NACHTIGAL764(*).

Le moins qu'on puisse dire est que la supposée présence de l'un comme celle de l'autre entend donner au document la nature juridique d'un traité d'annexion, en vertu du principe de la délégation d'exercice dont a parlé GeorgesBRY765(*). Mais cette intention ne saurait être validée du moment où la procédure usuelle n'a pas été établie : s'il y a eu bien traité, du fait de l'entreprise des sujets de droit dotés « de la capacitérequise », il ne s'agit toutefois pas d'un traité d'annexion.Le droit des Traités est fondé sur le principe de la libre volonté des sujets de droit international. Ce principe se traduit par trois propriétés au moins : l'absence d'une erreur, d'un dol ou de toute forme de contrainte. On y tire deux formules : un consentement sans équivoque et un consentement non vicié.

Le traité est donc la forme juridique de la rencontre de volontés, mais aussi l'histoire l'enseigne à propos des traités signés entre vainqueurs et vaincus, un rapport de force766(*).

En effet, ainsi que l'a écrit Jean-MarcTRIGEAUD767(*), la volonté « constitue le fondement de la convention ». En cela, l'éthique égalitaire nécessité l'intervention du législateur : on parle de « volonté légale » par opposition à la « volonté contractuelle ». Si le DIP768(*) a ainsi limité l'expression de la volonté par des « considérations élémentaires d'humanité », il reste indifférent pour ce qui est du support de cette volonté. Cette indifférence qui participe d'une méconnaissance du rapport de force dans la formation du contrat en général, et en DIP singulièrement, témoigne de l'état lacunaire du droit positif des traités.

Un état lacunaire rattaché à une conception de plus en plus marginale du DIP, et qui ne saurait dès lors promouvoir l'éthique égalitaire769(*). Jean SALMON770(*) écrit de là que« le système juridique relatif aux traités, tend à sacraliser le traité (...) (quelles que soient) les conditions concrètes (de son) élaboration ».

Cet idéalisme paraît être conçu pour promouvoir la sécurité juridique. Il poursuit, écrit l'auteur, « la stabilité des situations, le maintien des traités quel qu'inégales qu'aient pu êtreles conditions d'établissement de ces traités,quel qu'oppressif et injuste que puisse être le contenu ». Et de conclure, la « forme « traité », dans ce système, demeure le véhicule de l'oppression, ou en tout cas il a vocation à l'être (...) et rien n'est fait pour l'en empêcher »771(*). L'état du droit positif des traités promeut dès lors la perspective de la « vassalisation plus ou moins consentie » de la « volonté sous contrainte » oud'« accords viciés772(*) »développée par le doyen MauriceKAMTO773(*).

Cette perspective de lacune et d'injustice est même entretenue dans les articles 34 à 38 de la Convention de 1969. En cela, le traité est lui-même voué à l'échec puisqu'en réponse à la rupture de l'éthique égalitaire, violer le traité reste le seul moyen de recours.Jean SALMON écrit d'ailleurs : « la force que représente le maintien du droit, l'État qui est ou qui se croit victime de l'injustice ne peut plus opposer que la violence (la violation du droit) à la violence institutionnalisée »774(*). La question, du point de vue du droit, est de savoir si la rupture de l'éthique égalitaire peut entraîner la nullité du traité.

François DE VITORIA, écrit qu'un titre concédé par un chef indigène est attaquable dès lors que sont soulignées « l'ignorance du cédant, la disproportion psychologique des co-contractants et la peur qui vicie le consentement »775(*).De l'avisde l'auteur, le « traité doit être exempt des vices qui entraîneraient la nullité, l'erreur et la crainte ».

Le droit positif des traités reste quant à lui indécis et en l'état, seul l'usage de la force armée et la violation d'une norme impérative de droit international conduisent à une telle nullité. Toutefois, il convient de le reconnaître, cet idéalisme juridique ne va pas sans saper l'éthique égalitaire entretenue par le principe de libre consentement.

2. Le principe de libre consentement : un principe difficilement acceptable au vu des appréciations linguistiques et juridiques des chefs Duala

Deux aspects du consentement à être lié et de la capacité à lier pourraient être relevés à ce propos : le système d'énonciation776(*) et l'état de nécessité dans lequel se trouvaient les rois BELL et AKWA.

D'une part, la volonté de la partie camerounaise pourrait être considérée comme précaire 777(*) du fait de l'état de nécessité du aux conditions d'insécurité qui embarrassent les chefs de la rive droite du Wouri dès la fin des années 1870. De l'avis du doyen François-Xavier MBOME, le traité de 1884 sert avant tout « de bouclier militaire et commercial aux chefs Douala contre leurs adversaires de Bonabéri »778(*).

D'autre part, il convient en effet de le demander si le vocabulaire utilisé dans la formulation des clauses du Traité de 1884 était à la portée des indigènes, notamment lorsqu'il s'agit de rendre compte d'une rationalité exogène ? En quelle langue le Traité de 1884 a-t-il été formulé ?

C'est la question de la langue du droit. D'apparence banale, cette préoccupation n'a pourtant pas moins de conséquences sur l'expression de la volonté des parties. Hugo GROTIUS écrit à ce propos que « la volonté ne produit d'effets juridiques qu'eu tant qu'elle se manifeste (...) d'une manière expresse »779(*).

Il faut préciser que la version la plus répandue du Traité de 1884 est celle traduite par le pasteurJean-RenéBRUTSCH et publiée en allemand dans les Mémoires du Reichstag en 1914. Or, la version originale, mystérieusement disparue, serait en anglais, langue étrangère aux deux parties780(*).

C'est la question du langage juridique qui oppose, en l'espèce, deux rationalités : la raison internationale, entretenue par les logiques de la légalité coloniale, et le système coutumier.La solution viendrait de la règle générale d'interprétation qui prend en compte le préambule et l'élaboration du traité.

· La règle générale d'interprétation du Traité : entre légalité coloniale et système coutumier

Partant de là, il sera difficile d'admettre que le Traité de 1884 poursuivait l'abandon de la souveraineté ainsi qu'on l'entend en DIP781(*) aujourd'hui. Deux causes sont à mettre à l'actif de cette conclusion : l'accord commercial passé en 1883 et le fait que la partie camerounaise prélevait, en tant qu'entité souveraine, un impôt sur les activités commerciales exercées sur le territoire objet de la convention. Le droit des traités accorde peu d'intérêt au contenu des conventions. Seuls sont exigés les impératifs de licéité782(*).

La question principale est de savoir quel était l'objet du traité en question. L'hypothèse la mieux promue consiste en l'idée que le territoire et la souveraineté du Cameroun forment l'objet du Traité de 1884.

En effet, si la partie camerounaise a entendu prélever un impôt sur l'activité commerciale et protéger les accords passés avec d'autres puissances dans ce domaine, c'est parce que le Traité de 1884 est un accord commercial : « Nous abandonnons totalement aujourd'hui nos droits concernant la souveraineté, la législation et l'administration de notre territoire ». Les principes qui gouvernent le droit à ce moment se rencontrent, on l'a vu à l'introduction de cette étude, dans la théorie de la conquête qui a justifié les différentes formes d'annexion et d'expropriation régie par deux régimes juridiques. Le Traité de 1884 en est un exemple. Son contenu, la nature des choses et les rapports qu'elles enfantent, opposent le droit public au droit civil. L'annexion est liée à l'abandon de la souveraineté et des droits annexes. Elle fait partie des traités signés sous l'empire du droit public. On parle de contrats des princes qui « appartiennent au droit des gens et sont par lui interprétés, plutôt que par le droit civil ». De tels contrats rentrent, précisément, dans la catégorie d'« actes du roi considéré comme roi » ; lesquels ne sauraient, précise Hugo GROTIUS, être régis par « les lois civiles ».

Il suit la conclusion que la souveraineté qui en était le principal objet, doit être écartée du régime des « res divini juris »783(*)parce que constitutive d'un « extra commercium nostrum »784(*). Il apparaît donc, ainsi que l'ont rapporté des auteurs comme MoniqueCHEMILLIER-GENDREAU, qu'il était d'usage de distinguer la propriété de la souveraineté. Cette distinction s'appliquait aux sujets de droit785(*).

D'une part, on avait les peuples propriétaires des terres et d'autre part, les nations « civilisées » seules capables d'user des droits de souverain. On comprend qu'en cas de conflit, les secondes l'emportent sur les premiers, les droits du souverain englobant et dépassant, dans ce contexte, le droit à la propriété. Il en ressort que les nations « civilisées » ou considérées comme telles gardaient la latitude de jouir des vertus de la propriété. La souveraineté a d'ailleurs été considérée comme l'outil de l'oppresseur.

Certains auteurs appliquaient aux deux choses, la souveraineté et le territoire, le même régime, partant de l'idée que le droit de propriété fait partie intégrante des droits de souverain. HugoGROTIUS rapporte : « Depuis l'établissement de la propriété, il est de droit naturel que les hommes puissent transférer à d'autres leurs biens. La souveraineté peut aussi être aliénée par celui à qui elle appartient »786(*). Les questions liées à la souveraineté et au territoire se rencontrent, pourrait-on dire, dans le régime de la propriété immobilière. Partant de cette considération, l'on conclurait que la souveraineté pouvait être régie par le droit civil, qu'elle pouvait faire l'objet d'une acquisition787(*). L'acquisition gouvernait, dans ce dernier cas, le droit des premiers occupants, le « jus inventionis »... On dira donc qu'elle ne pouvait régir la question de la souveraineté que l'on ne saurait évoquer dans l'hypothèse des terres sans maîtres.

Ce mécanisme apporte la preuve que le territoire, tout au moins, était classé dans la catégorie des choses susceptibles de propriété. Monique CHEMILLIER-GENDREAU fait remarquer en cela que les « sols et les personnes sont liés » et que ce lien est établi à partir de la relation entre « l'appropriation et la qualité de la personne de la personne appropriante ».

Le Traité de 1884 a été signé par les promoteurs des compagnies à charte. Il ne pouvait dès lors êtretotalement régi par le droit public. Encore que, même dans ce cas, le régime de la souveraineté ne semble pas entamé, du moment où les réserves formulées par la partie camerounaise semblent récuser l'idée de transfert de souveraineté, voire même d'une cession du territoire788(*).

Tel pourrait finalement être le qualificatif du Traité de 1884, qui dit à la fois une chose et son contraire. Il supposerait l'annexion du Cameroun dans toute sa splendeur, tout en indiquant, avec précision, la référence « rationae loci »789(*) des compétences en jeu : le pays nommé Cameroun, situé le long du fleuve Cameroun, entre les rivières Bimbia au nord et Kwakwa au sud. La curiosité est grande. Elle l'est d'autant que la même rhétorique a été utilisée dans un autre accord passé avec les représentants du territoire dénommé « small-batanga » six jours après le Traité de 1884.

Il ressort en effet des témoignages que les dignitaires locaux « espéraient pouvoir suivre sans dommage pour leur société, l'évolution d'un commerce auquel ils étaient fondamentalement liés ». La tension entretenue par la confusion de la souverainetéà la propriété s'est prolongée par l'importation du système TORRENS790(*).

Elle oppose aujourd'hui, en droit constitutionnel, l'État et les collectivités coutumières à partir de la question de savoir qui est le propriétaire des terres. La question a divisé la doctrine. La solution semble toutefois ressortir d'une formule chère à FrancisHAMON et Michel TROPER : l'État exerce sur le territoire un droit réel institutionnel. Elle permet de concilier l'article 10 de la Constitution de la République démocratique du Congo et l'article 21 de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, par exemple. On dira que l'État exerce la souveraineté sur les ressources naturelles au nom de l'ensemble des composantes de la nation, en tenant précisément compte de la spécificité de certaines communautés.

Au Cameroun, depuis 1994, le législateur a réglé la question de la propriété par l'institution d'un droit foncier communautaire. La raison juridique du droit intemporel laisse donc croire que, tel qu'il se présente, le Traité de 1884 visait autre chose que l'annexion du Cameroun. Il s'agissait pour nous d'un accord commercial, ainsi qu'il ressort des réserves formulées par la partie camerounaise.Des auteurs comme EngelbertMVENG, ont pourtant défendu, sans grand écho, la thèse d'une « colonisation commerciale »791(*).

La clause de réciprocité porte une valeur éthique : c'est l'équilibre entre les parties qui poursuit l'idée d'égalité et donc de justice relevée plus haut. Elle constitue aujourd'hui la condition sine qua non de la réalisation des contrats en droit public.La clause de réciprocité a aussi une valeur pédagogique. Elle renseigne sur la cause du contrat, le but poursuivi par les parties.

D'abord, pour ce qui est de la valeur pédagogique, il suffit de se demander quel but les parties au Traité de 1884 voulaient atteindre. La partie camerounaise s'engage à transférer, voire à abandonner totalement, les « droits concernant la souveraineté, la législation et l'administration » de son territoire et en contrepartie, la partie allemande accepte, par sa signature, de respecter les traités d'amitié et de commerce en vigueur qui unissent la partie camerounaise à « d'autres gouvernements étrangers », de respecter le droit de propriété sur les terrains cultivés par les autochtones et de payer annuellement et donc continuellement « les péages ».Notre position est qu'il ne s'agissait pas d'un transfert de la souveraineté, mais d'un accord commercial qui consolidait l'accord Akwa-Woermann relatif à la protection des biens et agents de la FirmeWoermann sur le rivage de la ville d'Akwa, signé un an plus tôt, le 30 janvier 1883.

Dans ce nouvel accord, la partie allemande n'offre quasiment aucune contrepartie, sinon le paiement de l'impôt. Ensuite, l'objet de contrat est valable dès lors que le lien de réciprocité est respecté.Or, trois ans après l'entrée en vigueur du Traité de 1884, les firmes allemandes entendent s'émanciper du paiement du Koumi, l'impôt prélevé sur les activités commerciales. L'on rapporte que « le Koumi fut payé pour la dernière fois aux chefs par les commerçants européens le 1er avril 1887 ». Cet incident a une double conséquence : elle illustre d'une part, ... le changement de circonstances et on est en droit de dire qu'il s'est agi en 1884 d'un lien conventionnel portant sur les activités commerciales792(*).

D'autre part, l'inobservation de la clause de réciprocité marque la fin du lien juridique qui unit les deux parties.

· La clause de réciprocité : un manquement juridique de la partie allemande

Selon Hugo GROTIUS, « (u) n traité public n'oblige une partie qu'autant que l'autre fournit les prestations qu'elle a promises ». Cet acte est donc constitutif d'une violation de la convention pouvant entraîner, conformément à l'article 62 de la Convention de 1969, une nullité au nom de la clause « rebus sic stantibus ». Cette clause relative au changement fondamental de circonstances pourrait mieux être convoquée à la suite des évènements. Enfin, la clause de réciprocité promeut le rapport d'affaire ou la cause du contrat. Dans cette perspective, elle entretient l'idée de fidélité et de bonne foi bien connue chez les civilistes. La fidélité, écrit Jean-MarcTrigeaud, c'est « le respect de la parole donnée »793(*).

Elle ne se confond pas à la bonne foi qui s'apprécie à partir du régime des vices de consentement. La première se rapporte à la « promesse juridique » et la seconde à « la promesse morale ».On verra dans la règle « pacta sunt servanda »794(*), le prolongement de la première. Elle est aussi la plus évidente, la plus facile à déterminer.

C'est pour cette raison qu'il est aisé d'établir que la partie allemande n'a pas respecté sa promesse juridique qui consistait à payer continuellement l'impôt relativement à l'activité commerciale qu'elle exerçait en concurrence avec d'autres puissances étrangères sur le long des rives de la ville d'Akwa. En effet, par deux actes significatifs, l'administration allemande est sortie des clauses du Traité de 1884.

D'une part, par un arrêté signé le 19 juin 1895, le gouverneur du Cameroun Jesko VON PUTTKAMER interdit aux autochtones « d'exercer tout commerce sur la Sanaga, la voie fluviale qui ouvrait l'accès aux pays Bassa et Yaoundé ».

Ces obligations795(*) entendaient, pour l'essentiel, laisser libre cours au commerce européen sur les rives du Wouri conformément à la deuxième réserve formulée par les autochtones afin de protéger « les traités d'amitié et de commerce qui ont été conclus avec d'autres gouvernements étrangers ». L'idée consistait à passer d'un accord commercial à un traité d'annexion796(*).

D'autre part, et dans le même ordre d'idées, le Reich promulgue, le 15 juin 1896, une ordonnance impériale instituant la notion de terres vacantes et sans maîtres pour identifier les terrains inoccupés. L'ordonnance de 1896 donne, et c'est le moins qu'on puisse dire, un sens à la politique allemande de l'Hinterland. Elle ambitionne surtout d'introduire le droit moderne dans la gestion des terres, disons dans l'appréhension des titres de propriété. Par quels moyens une société marquée par l'oralité pouvait-elle « prouver » des droits aux membres d'une société dans laquelle l'écrit constitue le moyen irréfutable de preuve ? Dans la stricte tradition africaine, tentèrent d'expliquer les monarques locaux, « toutes les terres d'une communauté appartiennent à l'ensemble des individus, chacun n'ayant sur la parcelle qu'il occupe qu'un droit d'usufruit. Ces terres sont généralement placées sous la tutelle d'un chef et ne sont limitées que par les terres des tribus voisines. Même temporairement inoccupées, elles ne sauraient être considérées comme terres vacantes et sans maîtres797(*).

Techniquement, l'on conteste la qualification de « res nullius »798(*) dans ce cadre parce que les terres inoccupées ne sont pas comparables à une ile déserte qui aurait illustré, en droit romain, l'absence du droit de propriété.

Alexandre-Dieudonné TJOUEN799(*) rapporte que, malgréles oppositions des indigènes pour qui les terres inoccupées sont peut-être vacantes mais appartiennent « aux ancêtres et à leurs lignages », l'administration allemande classe les terrains visés dans le domaine impérial : on parle sans titre de terres de la Couronne800(*).

La souveraineté, disons plus modestement la propriété foncière, passe de l'autochtone à l'allochtone801(*) par défaut de preuve du premier et sans le besoin de preuves pour le second.En 1910, l'administration allemande exproprie, de force, les riverains du plateau Joss.Les autochtones, dirigés par le chef Rudolf DOUALA MANGA BELL, protestent courageusement contre cette mesure. Trois ans plus tard, MANGA BELL est démis de ses fonctions puis pendu quatre jours plus après en compagnie de son cousin NGOSSO DIN.

Voilà qui fait de l'année 1884 une référence dans la conscience collective, un espace de recueillement pour les peuples autochtones. Le texte de 1884 mérite-t-il finalement le qualificatif de traité au sens moderne du terme ? La réponse dépendra sans doute de la ligne méthodologique qu'on y appliquera. OlivierJOUANJAN802(*)n'enseigne-t-il pas, non sans avoir utilement rappelé que tout sujet est relatif, que le concept et la connaissance ne sont pas dans l'expérience mais dans la faculté créatrice ?

Quid de la détermination du titre juridique d'autochtone au Cameroun aux premières heures de la conquête du territoire appelé « Cameroons » ?

· Le caractère juridique du Traité du 12 juillet 1884 face au statut d'autochtonie des peuples conquis

Pour une part, le Traité de 1884 serait efficient pour la détermination du titre juridique d'autochtone au Cameroun. Un statut qu'on conteste aujourd'hui, aux peuples de la modernité, après la colonisation, a emballé dans le « fagot » de la mixité urbaine. Un statut pourtant établi depuis l'époque coloniale. En effet, le Traité de 1884 tend à relever que les peuples autochtones seraient de véritables sujets de droit et de droit international précisément...

Hugo GROTIUS le rappelait : lorsqu'il s'agit de statuer sur les intérêts de la société, la voix de la majorité est requise. Cette question est entrée dans la postérité. Il s'agit de manière serrée de promouvoir le droit à l'autodétermination qui, souligne la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, oblige l'adoption de l'une des formes d'administration suivantes : « auto-gouvernement, gouvernement local, fédéralisme, confédéralisme ».

D'autre part, l'idée d'un traité imposait la question de sa validité. Il était courant de distinguer l'annexion de la cession et de l'occupation. Le traité d'annexion, on l'a dit, était soumis à une procédure rigide803(*)...

L'annexion qui s'en est suivie rentre dans le cadre de l'unilatéralisme, dans le cadre de la conquête pour reprendre François DE VITORIA. La cession quant à elle pouvait être envisagée, avec cette réserve que le Traité de 1884 impliquait l'aliénation de la souveraineté et le territoire. Or, dans ce cas, la cession devait techniquement aboutir à l'annexion et, pour cela, exigeaitla procédure décrite plus haut.

En effet, s'il était d'usage de confondre la souveraineté aux droits de la propriété en application du droit romain, l'on entretenait tout de même une distinction entre le domaine royal804(*) et le domaine des particuliers805(*).

Le paiement de l'impôt atteste, en tout état de cause, de ce que le Traité de 1884 était un accord commercial... Ce n'était pas un traité d'annexion, de cession ou d'occupation, mais un accord commercial, un traité d'« attribution de sphère d'influence » ; un traité dont le lien juridique a été rompu en 1887 lorsque la partie allemande a cessé de remplir son obligation. La suite n'est qu'un rapport de force.François DE VITORIA écrit dans cette ligne qu'il ne suffit pas « de prendre pour acquérir juridiquement »806(*). Les traits semblent avoir été forcés dans le but de justifier l'idée d'un traité d'annexion alors même qu'une qualification autre - à l'exemple de la convention d'établissement commercial n'aurait pas dispensé le Cameroun d'une annexion programmée807(*).

Ainsi, après avoir exposé la dynamique de coopération entre l'administration coloniale allemande et les chefs Duala qui concernait la présentation et l'analyse des trois traités germano-duala, il nous revient d'examiner la stratégie d'aide mutuelle entre l'administration coloniale allemande et les BamounBamun lors des guerres de conquête.

PARAGRAPHEII : LA STRATÉGIED'AIDEMUTUELLEENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALEALLEMANDE ETLESBAMOUNBAMUNLORS DES GUERRES DE CONQUÊTE

Évoquer le contexte de la guerre des BamounBamun contre les Nsoh, permet de mieux apprécier la coopération entre les BamounBamun et l'administration coloniale allemande mais aussi de constater à quel point, certains peuples autochtones ont lutté contre leurs propres frères pour pouvoir conserver leurs intérêts et étendre leur influence grâce au soutien de l'administration coloniale allemande.

A ce sujet, le contexte de la guerre des BamounBamun contre les Nsoh est fortrévélateur de cet état de fait(A-) et l'aide du peuple BamounBamun dans le processus de conquête des peuples rebelles par l'administration coloniale allemande en est une bonne illustration(B-).

A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES BAMOUNBAMUN CONTRE LES NSOH

Avec l'appui de FON GALEGA 1er, les Allemands soumirent les royaumes « rebelles » des Grassfields dont les Bafut contraints d'accepter l'autorité allemande en 1900. La région de Bamenda placée sous leur contrôle, les Allemands se déplacèrent vers le pays BamounBamun où le RoiIBRAHIMNJOYA, qui avait entendu parler de leurs expéditions punitives et de leurs campagnes de destruction contre les tribus rebelles des Grassfields, les accueillit en 1902.

Le Roi NJOYA, en fin stratège, privilégia la voie de la conciliation et décida de participer à la conquête des Nsoh aux côtés des Allemands(1-) et par cette stratégie, de récupérer les restes du Roi NSANGU en terre Nsoh (2-).

1. Le contexte général de la société traditionnelle BamounBamun

L'Etat traditionnel BamounBamun ne s'est mis en place qu'au terme d'un processus historique particulier permettant la constitution d'un espace politique autonome doté d'une fonction, d'une légitimité et des moyens propres de son ancrage.

La définition qu'en donneMaxWEBER est devenue proverbiale : il s'agit d'une entreprise à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime808(*). Ce n'est pas le lieu de quereller une définition que les anthropologiques politistes tiendraient pour occidentalo-centrique809(*). Seule la question de la monopolisation de la contrainte légitime nous retiendra. Dans le contexte BamounBamun, il y a eu une corrélation entre la guerre et la captation du double monopole de la contrainte ; les relations politiques dans sa dynamique historique sont définies à partir du phénomène guerrier dans la mesure où celui-ci met à jour ce qui selon Carl SCHMITT constitue le critère distinctif du politique810(*).

Cette conception belliciste du politique se matérialise dans l'idée que "c'est dans la guerre que se trouve le coeur des choses.C'est la nature de la guerre totale qui détermine la nature et la forme de l'Etat total".811(*)

L'ouvrage Histoire et coutumes des Bamun conforte cette périodisation, car entre NCHARE YEN et MBUEMBUE aucun fait d'armes n'a été enregistré de la part des neuf rois intermédiaires qui selon l'expression des rédacteurs de l'histoire suscitée "ne firent rien, vivant sur ce que les mains de NCHARE avaient fait" ; comme les derniers rois mérovingiens, ils ont préféré luxure, batailles fratricides et révolutions du palais812(*). Il faut y ajouter qu'au sein de la société BamounBamun régnait un climat de perpétuelle violence qui se manifestera tant à « l'intérieur » qu'à « l'extérieur ».

· Le climat sociopolitique en pays BamounBamun : le syndrome d'une violence perpétuelle

Aucune limite ne restreignait la violence de l'aristocratie guerrière BamounBamun. Au moment de l'intronisation de NJOYA, les esclaves représentaient les deux tiers de la population du royaume. Cette population était constituée par des captifs encore vivants faits au XIXème siècle et dans toutes les premières années du XXème siècle et leurs descendants.813(*)

Évoquant le statut de l'enclavement, ClaudeTARDITS poursuit : « Il n'était, entre les mains de son propriétaire, qu'un instrument de travail dont ce dernier disposait à volonté. La coutume déjà citée l'indique.Le travail du maître était prioritaire et l'esclave devait accepter toutes les tâches qu'on leur assignait. Il demeurait toujours inaliénable et L'histoire précise qu'un esclave ne pouvait se racheter. Il pouvait être vendu au gré du maître (...) et était censé suivre son maître dans la tombe »814(*). La femme convaincue d'adultère était tuée, l'homme qui avait convoité la femme du roi était massacré, l'homme qui avait offensé le roi était tué, le serviteur accompagnait son maître dans la tombe, le décès du maître esclavagiste entraînait le massacre des esclaves présumés coupables de sa mort, l'étranger devait être tué. En mettant un terme aux guerres endémiques du passé, l'intrusion de l'Allemagne dans l'espace hégémonique BamounBamun commandait un changement de culture.

L'éminent historien de la guerre, l'anglais John KEEGAN, soutient qu'une économie politique qui n'accorde plus de place à la guerre exige une nouvelle culture des relations humaines « étant donné que la plupart des cultures dont nous avons connaissance ont été imprégnées d'esprit guerrier, une telle mutation culturelle ne peut se faire qu'au moyen d'une rupture avec le passé »815(*), écrit-il. Cette réflexion nous incline à conclure à l'intelligence politique de NJOYA qui avait compris que l'époque des conquêtes militaires était échue et qu'avec les Blancs une nouvelle page de l'histoire avait commencé. Qu'il ait anticipé cette évolution ne fait pas l'ombre d'un doute, comme en témoigne le procès de GBENTKOM, coupable de tentative de régicide816(*).

De plus, il faut rappeler que les Nsoh et les BamounBamun sont des frères. En effet, NCHARE YEN est le frère de NGON NSO, la fondatrice du royaume de Nsoh. NCHARE YEN était le fils d'un chef Tikar inconnu, dont lui et sa soeur se sont séparés pour établir leurs propres royaumes. Selon le livre Rock of God, qui traite de l'histoire de Nsoh : « Nsoh et BamounBamun avaient constamment chicané, et pour beaucoup, cela semblait être surtout une rivalité fraternelle plutôt qu'un conflit inévitable. Depuis que Nsoh a été fondé par la soeur (NGONNSO), le frère (NCHARE-YEN, fondateur de BamounBamun) s'est toujours vu comme le successeur du trône de Nsoh, selon la tradition Tikar qu'ils connaissaient et respectaient tous les deux »817(*).

LesNsoh avaient d'ailleurs tué et conservé la tête du RoiNSANGU après une bataille féroce contre les BamounBamun. On notait donc une forte animosité entre les deux peuples qui s'est cristallisée avec des actes atroces commis par les soldats BamounBamun au cours de l'expédition Germano-BamounBamun.

Cette situation amena le capitaine GLAUNING à les renvoyer chez eux en pays BamounBamun et à ne compter que sur ses propres troupes.Mais cette situation nous amène à considérer une autre forme de conquête dite « passive » de l'administration coloniale allemande qui consistera à « diviser pour mieux régner ».

· La conquête « passive » ou la mise en place du principe « divide et impera » par l'administration coloniale allemande

« Le meilleur moyen d'avoir les mains libres pour gouverner, c'est de semer la discorde parmi ses opposants ». Ce proverbe latin, souvent attribué au Sénat romain, s'applique merveilleusement à l'administration coloniale allemande818(*).

En politique et en sociologie, « diviser pour régner » est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en oeuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question819(*).

La maxime « divide et impera » fut attribuée à PhilippeIIDE MACÉDOINE820(*).En Asie par exemple, l'administration coloniale française a opposé la population cambodgienne à la population annamite et elle a tourné les Annamites contre les Chinois821(*). De même, en Inde britannique, à la suite de la révolte des Cipayes où musulmans et hindous se sont alliés contre les Britanniques, le pouvoir colonial britannique a attisé la haine de chaque communauté religieuse pour l'autre et instrumentalisé tout conflit religieux. Lors de leur règne, les Britanniques prirent le parti de la Ligue musulmane contre le Parti du Congrès. Cela eut comme conséquence la partition de la colonie en Inde et en Pakistan822(*)823(*).

Dans le cadre de l'administration coloniale allemande en terre camerounaise, cela se manifesta surtout au sein de l'ethnie Duala où l'antagonisme entre le King BELL et le King AKWA fut exploité par l'autorité coloniale pour consolider sa propre position. Le jeune Alfred BELL, neveu de King BELL, envoyé en formation en Allemagne, a très bien perçu que l'intention du colonisateur consistait à semer la dissension entre les Duala et particulièrement entre ses chefs pour mieux se profiler.

En effet, dans une lettre du 26 septembre 1888 adressée à son ami NDUMBE EYUNDI, Alfred BELL déclarait que la division des Duala ne profitait qu'en définitive qu'au pouvoir colonial : « ...Oui NDUMBE, moi-même je trouve pourquoi cet idiot de gouverneur n'amène pas les Duala à s'entendre ; il sait que si NDOUMBE (King BELL) et DIKA (King AKWA) vivaient en paix, les Allemands n'auraient pas la possibilité de s'imposer, c'est pourquoi il ne se donne aucune peine pour amener le pays à la paix... »824(*).

Par ailleurs, SUNTZU dans son ouvrage « L'art de la guerre » explique : « Celui qui était passé maître dans l'art de la conquête déjouait les plans de son ennemi, dont il disloquait les alliances. Il creusait des fossés entre souverain et ministre, entre supérieurs et inférieurs, entre chefs et subordonnés. Ses espions et ses agents s'activaient partout, recueillant des informations, semant la discorde et fomentant la subversion. L'ennemi était isolé et démoralisé, sa volonté de résistance brisée. Ainsi, sans combat, son armée était conquise, ses villes prises et son gouvernement renversé... »825(*).

Nous pouvons avancer l'hypothèse de l'utilisation des agents secrets qui fournissaient des informations à chaque camp. SUNTZU renchérit à ce sujet : « Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles »826(*).

En d'autres termes, pour ce dernier, « tout l'art de la guerre est basé sur la duperie »827(*).

En définitive, nous pouvons dire que l'administration coloniale allemande a fait usage de deux stratégies de guerre c'est-à-dire à la fois « active » et « passive » au détriment des peuples autochtones. Mais dans une certaine mesure, elle a permis au peuple BamounBamun de récupérer le crâne du RoiNSANGU au cours de l'expédition punitive contre les Nsoh.

2. Le recouvrement du crâne du RoiNsangu aux BamounBamun grâce à l'administration coloniale allemande

L'expédition punitive allemande contre les Nsoh fut menée par le capitaine GLAUNING, chef de la Station Militaire de Bamenda.

Le Roi NJOYA équipa 200 soldats BamounBamun en soutien à cette campagne punitive. LesNsoh opposèrent une résistance ferme à la force conjointe Germano-BamounBamun. Au cours du combat, des atrocités indescriptibles commises par les soldats BamounBamun forcèrent le capitaine GLAUNING à les renvoyer chez eux en pays BamounBamun. LesAllemands écrasèrent les Nsoh par la suite en 1906 et leur imposèrent des termes de la paix.

Suivant cet accord pacifique, les Nsoh se soumirent à l'autorité allemande et, ensuite, renvoyèrent le crâne du RoiNSANGU aux BamounBamun. Mais que pouvait bien signifier cet acte pour le prestige du royaume BamounBamun?

· La symbolique du crâne dans le monde

Le crâne d'un défunt est le symbole de la mort physique ; à ce propos, il est souvent présenté entre deux tibias828(*)croisés en X formant la croix de Saint-André...le crâne, par translation du microcosme au macrocosme dans de nombreuses légendes européennes et asiatiques, est le symbole de la voute du ciel. C'est ainsi que le crâne du géant « YMIR », dans la mythologie nordique, devient à sa mort, la voute céleste et dans la mythologie védique, la voute céleste est formée du crâne de « HARA », l'être primordial.

Chez les Aztèques, certains crânes furent ornés de pierres précieuses et conservés comme étant des éléments protecteurs ; en Afrique, dans le même but, des crânes furent couverts par une couche d'argile puis peints.

De plus, dans la peinture de l'époque baroque, la nature morte associée à la présence d'un crâne servait à illustrer la vanité829(*) alors le rôle du crâne dans ces peintures est d'attirer l'attention de cette personne à sa propre future mort830(*).

Dans la civilisation Maya en Amérique, qui trouve son origine dès la préhistoire, la croyance en des dieux se décompose en deux (02) catégories, selon une distinction binaire entre le bien et le mal.

L'une est associée au jour et au ciel comprenant treize (13) divinités et l'autre est liée au monde souterrain comptant neuf (09) dieux appelés « les seigneurs de la nuit » parmi lesquels nous retrouvons le dieu de la mort représenté par un squelette au crâne terrifiant.

En Asie, nous retrouvons la symbolique du crâne dans le bouddhisme et l'hindouisme à travers leur art religieux. En effet, la représentation du seigneur de la mort chez les bouddhistes, nommé YAMA, qui possède cinq (05) crânes autour de sa tête, telle une couronne qui indique une victoire sur cinq (05) défauts : la haine, la cupidité, l'orgueil, l'envie et l'ignorance. D'autre part, dans la religion hindoue, KALI, la déesse de la mort est parée d'un collier de crânes.

Dans la culture chrétienne, la fatalité morbide du crâne est nuancée par la foi envers l'au-delà et d'une vie après la mort. La conception biblique du crâne est illustrée par le Golgotha aussi surnommé le « Mont du crâne » où serait enterréADAM, son crâne et ses tibias étant représentés au pied de la croix de JÉSUS. Un arbre pourrait pousser sur ce crâne, un arbre de vie qui permet de comparer JÉSUS à un ADAM renaissant831(*).

On observe le culte des têtes coupées, chez les ligures et les celtes. Le culte des crânes est à rapprocher de celui des ancêtres. Le crâne-trophée représente la supériorité du chasseur sur l'animal, ou du guerrier sur son ennemi. Retourné, il peut servir de coupe dans certains rituels832(*). Qu'en est-il du culte des crânes à l'Ouest-Cameroun ?

· Le culte des crânes à l'Ouest-Cameroun

En Afrique, le culte du crâne est considéré comme de la sorcellerie ou du diable. Tandis qu'au Vatican ou à la Mecque, c'est la sainteté ou le Saint Esprit. De nombreux peuples africains qui ont partagé un passé commun avec l'Égypte antique, ont maintenu ce rite dans leurs moeurs833(*).

Le crâne est le sommet du squelette, le siège anatomique du cerveau, donc de la pensée et pour certaines croyances anciennes, il est le siège de l'âme et la force vitale du corps et de l'esprit ; s'approprier le crâne de quelqu'un équivaut de s'accaparer de son âme et de son énergie vitale et de ses effets bienfaisants.

Le crâne n'est pas une relique commémorative qui servirait à entretenir le souvenir d'un défunt mais le « siège » d'un principe vivant, d'un disparu devenu ancêtre et désormais, éternellement présent. Le crâne, plus que la case, est le symbole de la présence des ancêtres parmi les vivants. Le défunt qui revit est l'intercesseur de la famille auprès des ancêtres et auprès de Dieu834(*).

Au Cameroun, la divination des crânes humains est pratiquée par les peuples de l'Ouest du Cameroun835(*) et une minorité dans la partie septentrionale, les « Koma », chacun avec sa particularité dans l'exercice de ce rite. Ce rite maintient le contact avec leurs ancêtres836(*). En temps de guerre,les pratiques propitiatoires consistaient en des rites, des prières de consécration et de purification qui précédaient le départ en guerre. Chaque guerrier faisait des sacrifices dans sa propre concession. Il était tenu par-là de demander la force aux « crânes » de ses ancêtres...On immolait les chèvres et les poules sur les crânes des ancêtres en leur demandant la victoire837(*).

LesBamiléké tentent, par l'exhumation des crânes de leurs défunts, de développer des relations particulières avec les esprits de leurs morts, qu'ils exhortent parfois dans la prière. Certains membres de la communauté Bamiléké se réfèrent à la Bible pour justifier ces funérailles durant lesquels les crânes des morts sont exhumés.

En effet, explique TCHIDJO Joseph, héritier d'une grande famille de la lignée des serviteurs du roi des Baham, dans les Hauts-Plateaux : « Dans la Bible, Joseph, exilé en Égypte, a recommandé que ses restes soient restitués après sa mort, à Canaan, son pays d'origine ».L'évêque de Bafoussam, Monseigneur Dieudonné WATIO, qui a consacré de nombreux travaux, dont une thèse de doctorat, au culte des morts dans l'Ouest du Cameroun, affirme que Dieu a toujours existé chez les Bamiléké. Ces derniers priaient même avant l'évangélisation du Cameroun, selon Monseigneur WATIO.

Certains historiens affirment que les Bamiléké, qui seraient descendus du Nil, gardaient leurs morts dans un cercueil en bambou, avec des techniques facilitant la mutilation des corps au moment souhaité, rapporte AlbertKAMTCHUN, un chercheur traditionnaliste de la région.

Pour Monseigneur WATIO, les Bamiléké peuvent respecter leurs traditions, parlerà leurs morts, sans pour autant les considérer comme des médiateurs avec Dieu. A Bangou, certains membres de la communauté sont apposés à l'exhumation des crânes de leurs parents décédés. Ils ne croient pas les défunts soient des médiateurs avec le Ciel.

D'autres, comme le roi des Bangou, MarcelTAYOU, contestent mêmecertaines dispositions prêtées à l'Église catholique en matière de funérailles : « Ce sont là les coutumes des Occidentaux, qui disent à l'Église qu'on ne doit pas exhumer les crânes des morts, alors qu'ils exhument les restes de leurs proches sur lesquels ils font des prières. Qu'est-ce-que c'est donc ? Le crâne ne fait-il pas partie des ossements ? (...) Ce sont eux les Occidentaux qui disent, dans leurs écrits, que les morts ne sont pas morts. Je lis la Bible et je sais ce qu'il pense de l'esprit des morts ».Il fait partie de ces traditionnalistes Bamiléké, qui comparent ainsi le respect aux morts à la canonisation dans l'Église catholique, une approche que récuse énergiquement Monseigneur WATIO, très à cheval sur les valeurs chrétiennes : « Le Saint est vénéré dans le monde entier, alors que l'ancêtre n'est reconnu que sur le plan familial ou du clan », renchérit-il838(*). Le culte des crânes se positionne donc comme une manifestation de la résistance des coutumes africaines à l'occidentalisation des moeurs et au dilemme des populations africaines de « survivre » entre tradition et modernité.

Dans la suite de notre travail, nous parlerons de l'aide du peuple BamounBamun dans le processus de conquête des peuples « rebelles » par l'administration coloniale allemande.

B. L'AIDEDU PEUPLEBAMOUNBAMUNDANSLE PROCESSUSDE CONQUÊTE DES PEUPLES « REBELLES » PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 

Comme nous l'avons précédemment évoqué, le Roi NJOYA équipa 200 soldats BamounBamun en soutien à cette campagne punitive des Allemands contre le peuple Nsoh.LesNsoh opposèrent une résistance ferme à la force conjointe Germano-BamounBamun.Au cours du combat, les soldats BamounBamun ont fait acte de cruauté, ce qui força le capitaine GLAUNING à les renvoyer chez eux en pays BamounBamun.

Nous pouvons constater que le processus de conquête des Nsoh a été du fait de la collaboration entre les BamounBamun et l'administration coloniale allemande qui traduit le fruit d'une longue tradition guerrière du peuple BamounBamun (1-)?

Et cet état de fait va déboucher sur une collaboration entre le peuple BamounBamun et les soldats allemands pour dominer le peuple Nsoh(2-).

1. Le peuple BamounBamun : un peuple guerrier et conquérant au fil des siècles

Selon les rédacteurs de l'« Histoire et coutumes des Bamun », la vision du Roi MBUEMBUE est résolument impérialiste, voire belliqueuse : « Je poserai les limites de mon royaume avec du sang et du fer noir ». Vu sur cet angle, CharlesTILLY considère que la guerre et la construction de l'Etat opèrent dans « une ambiance de crime organisé ». Les guerres de conquête et les ralliements lui ont certainement permis de grossir les effectifs d'une infanterie encore embryonnaire.

Il est difficile de recenser les stratégies et les tactiques mobilisées par MBUEMBUE dans ces exploits militaires. L'effort louable fourni par ClaudeTARDITS est demeuré parcellaire. Il a dû utiliser la tactique napoléonienne du « carré marchant » dans la mesure où les conquêtes se sont faites exclusivement de la capitale839(*) vers les terminaisons territoriales actuelles. L'architecture la plus répandue à cet effet dans la région fut le creusage des tranchées. Il s'agissait là de fossés aux parois raides et parfois aménagées, constituant l'un des éléments ou lignes de défense visant à gêner et à ralentir l'approche des assaillants.Elles permettaient de renforcer un site, une position dans une situation de guerre ou tout simplement d'insécurité840(*).

Elles couvraient la formation des armées, garantissaient leur repli éventuel et permettaient une économie de force841(*).Et, fin psychologue, il n'hésitait pas à se résoudre au corps au corps. Il est le théoricien de la tactique de la défense bicéphale inscrite dans les armoiries du royaume. L' « Histoire et coutumes des Bamun » lui attribue quarante-huit (48) exploits militaires ; record inégalé dans l'histoire.

Il parachève la conquête du monopole militaire par l'organisation de l'armée en trois corps correspondant aux trois régions militaires de Njimom, Mayap et Foumban.

Il est plausible d'y voir la possibilité d'une professionnalisation plus accrue si le temps colonial n'avait pas introduit une césure brusque dans ce processus. Foumban devient le seul centre d'impulsion politique et la circonvallation qui l'entoure constitue un marqueur spatial et symbolique de sa centralité politique.

Les guerres d'expansion et de conquête notamment avec son voisin Bamiléké en seront de parfaites illustrations.

· La captation militaire : les guerres d'expansion en terre Bamiléké

Le pays Bamiléké est le produit de son propre milieu et de ses dynamiques sociales et historiques intrinsèques842(*). Selon la thèse du grand historien camerounais Edwige MOHAMADOU reprise par Sili AKONOUMBO, « The Baare-Chamba expansion (was) a crucial factor in the organization and the recomposition of the Bamum and theBamileke political systems ».On a donc à l'évidence un système qui s'est organisé sous la forme d'un axe de résistance intérieur et de repli sur soi autour des chefferies qui, beaucoup plus qu'auparavant, trouvaient le moyen de s'unir et de se fédérer pour faire face à l'adversaire commun843(*).

Dans le climat de relative sérénité retrouvée, on vit arriver des étrangers d'autres espèces : les colporteurs mixtes Haoussa - BamounBamun et le colon allemand. Ils cheminent du nord vers le sud pour y vendre : des boeufs, des chevaux, du sel, des perles, de la verrière, des produits exotiques, des textiles et des métaux844(*)en barre.

C'est à cette grande étape de l'histoire Bamiléké qu'intervient la présence notoire du roi NJOYA dans la région.

Parlant des BamounBamun, leur relation avec les Bamiléké s'inscrit dans le sillage des guerres d'expansion et des routes commerciales que les combattants ont ouvertes du Nord vers le Sud. En effet, la pression des BamounBamun s'exerçant sur la bordure est du plateau Bamiléké pendant toute la période précoloniale : les Baleng, les Bandjoun, les Bangangté et les Bangoulap furent presque constamment soumis à la pression des BamounBamun surtout après la bravoure du roi MBWEMBWE qui poussa les frontières de son royaume jusqu'au Noun.Ils ne furent cependant pas toujours heureux dans leurs raids et souvent ils furent établis entre certaines chefferies Bamiléké et le royaume BamounBamun. Sur le plateau Bamiléké, les exemples des chefs NENGOU de Baleng et KAMGA 1erde Bandjoun sont les plus connus. Fatigués des soudaines escarmouches des BamounBamun sur leurs frontières est, ceux-ci montèrent une expédition de représailles qui poursuivit les BamounBamun jusque sous les murs de Foumban.C'est à la suite de cette expédition telle que nous le fait remarquer NGOMSI : « qu'un pacte de non-agression fut établi entre les Bandjoun et les BamounBamun et que le Fon Bandjoun reçut le titre de So foa mom qui signifie l'égal du chef BamounBamun, titre que portent encore aujourd'hui les fon Bandjoun ».

En effet, les décideurs allemands ne voyaient pas la mobilité des commerçants Haoussa dans la partie Suddu Cameroun d'un bon oeil845(*).Cette mobilité empêchait la perception de l'impôt de captation qui, lui-même, s'avérait indispensable à l'établissement d'un budget prévisionnel de la colonie846(*).

Un premier effort d'imposition fut esquissé en 1903847(*). Ses déboires s'accompagnèrent d'une politique de sédentarisation qui amena ces Haoussa à s'établir dans les villes pour y céder des quartiers spécifiques : les fameux « quartiers Haoussa ». Le 15 avril 1907, une ordonnance introduisit l'impôt par maison ; une mesure visant à soutenir des chantiers routiers et ferroviaires engagés dès la première décennie du XXème siècle848(*).

Dès lors, migrer devenait périlleux, car c'était s'exposer aux travaux forcés sur les chantiers administratifs. Au niveau des chefferies Bamiléké, la proximité entre les deux régions, l'antériorité des relations BamounBamun-Bamiléké et l'ingéniosité du nouveau roi faisait également de NJOYA l'ami de certains chefs Bamiléké849(*).Le royaume BamounBamun a aussi mis en place une guerre « fiscale » qui lui permettait d'assujettir les rois vassaux et s'assurer de leur pleine volonté de coopérer.

· La captation fiscale : la question du tribut ou la soumission à une autorité politique centralisée

Dans le contexte BamounBamun, il y a une articulation entre la fonction extractive et la fonction distributive qui tient aux raisons anthropologiques : il existe en effet une inextricable liaison entre le tribut, la corvée et la fête qui s'inscrit dans une totale circularité qui révèle une « économie d'affection » reposant sur « une politique d'affection »850(*).

D'abord dans le droit de la guerre, la conquête d'une tribu entraînait ipso facto sa dépendance et sa soumission ; et l'hypothèse d'une élimination physique du roi soumis revêtait le caractère d'une faible probabilité ; ce qui grossissait le nombre de contribuables tributaires du palais...

Avec le système d'implantation continue des lignages, le royaume comptait sous NJOYA plus de 700 chefs de lignage installés.L'on comprend qu'en sus de 81 rois soumis, astreints à la même obligation, l'administration fiscale se soit considérablement étoffée. Cette dépendance fiscale est aggravée par un dispositif anthropologique impliquant une circulation matrimoniale et une parenté réelle ou fictive qui l'aient unilinéairement le lignage minimal au lignage maximal.

Car le lignage et l'état se sont développés dans une commune congruence ; le lignage offrant à l'Etat les moyens d'une projection spatiale par incorporation. Ceci tenait à un patronage politique des processus de fission et d'accrétion qui ont permis à l'Etat d'asseoir sa dynamique sur un socle lignager.

Bien plus, cette singularité du lignage en pays BamounBamun avait partie liée avec le statut même du lignage : la création du lignage était une prérogative du roi. Contrairement aux autres sociétés de la montagne où les lignages se formaient par segmentation continue, les 700 chefs de lignage identifiés ont été installés par les souverains avec un pouvoir conséquent de destitution. Ce qui leur permettait de contrôler les fidélités et les allégeances indispensables au consentement à l'impôt c'est-à-dire au tribut.

Cette bifurcation anthropologique nous permet d'appréhender aisément la corrélation entre l'Etat BamounBamun, la société et cette fiscalité « distributive ». La fiscalité « distributive » s'est légitimée et s'est incorporée comme devoir à travers une double représentation sociale du consentement au tribut.

En effet, les plus-values anthropologiques des connexions administratives, parentales et festives entre le roi et la périphérie font du tribut à la fois un « impôt-échange »851(*) et un « impôt-contribution » c'est-à-dire une « forme politique de consentement à l'impôt où le contribuable juge légitime de financer les institutions ». La connexion administrative entre le roi et le chef de lignage était aggravée par une « circulation des femmes » qui n'était que faiblement censitaire : le Roi épousant très bas avec une propension polygynique affichée et attribuant en retour les princesses aux chefs de lignage. Il en a résulté une véritable « parentocratie gouvernante » ; la parenté apparaît alors comme une relance sociale émulation au consentement à l'impôt.La variable festive objective mieux les dimensions d'échanges et contributives du tribut.

Pendant le « Nguon », une occasionidéale était offerte aux BamounBamun pour s'acquitter de leurs obligations via leurs chefs de lignage respectifs. Ils remettent au roi du mais, du mil, de l'huile de palmé, du gibier et du poisson. Tout ce butin versé au roi servait à alimenter les serviteurs et hôtes du souverain et à sustenter la population en période de disette. Le RoiNJOYA remonte le Nguon et l'obligation fiscale à la fondation du royaume : « C'est NCHARE YEN qui a dit que c'était le signe de payer la terre au propriétaire de cette terre à la fin de chaque année », écrit-il.

Cette affirmation trop péremptoire est atténuée par la fonction redistributive du roi : « il partage les tributs entre les Pamom et les serviteurs ». Il est difficile d'évaluer le volume des produits, mais l'on sait que les nombreuses victoires de MBUEMBUE ont permis la constitution des grands domaines ruraux élargissant ainsi l'assiette des redevances.

Le monopole fiscal se trouvait également renforcé par la mise en place d'une administration parafiscale qui partait du chef de lignage pour remonter hiérarchiquement vers le roi en passant par les percepteurs régionaux. Ce qui importe plus que la comptabilité précise qui peut être faite, c'est la fonction politique du tribut. Cette redevance était symboliquement et religieusement connoté et sa coïncidence avec le Nguon - rite de propitiatoire -, révèle l'indémêlable liaison entre les fonctions politiques, économiques et religieuses. Le tribut permettait en effet au roi d'« assurer la régulation de l'économie en palliant l'insuffisance des ressources lignagères et en garantissant, par des actes politiques et religieux, la paix intérieure qui dans l'esprit de la population, commandait la prospérité du pays ».

Somme toute, la captation du capital militaire est doublée de la captation du monopole fiscal dont la combinaison a permis l'émergence d'un État fortet centralisé à même de réclamer avec succès le « monopole de la contrainte légitime »852(*).

Le peuple BamounBamun a donc aidé à la conquête de ses voisins Nsoh du fait de la connaissance du terrain et des manoeuvres guerrières de ces derniers. Ils appuieront les Allemands lors de cette expédition punitive.

2. La bataille Germano-BamounBamun contre les Nsoh

Fondée en 1887, la « DeutscheKolonialgesellschaft » montait une intense campagne en faveur de l'occupation de l'hinterland du Cameroun, et s'était déclarée prête à financer la pénétration jusqu'au lac Tchad. Elle était le prolongement du « Kolonialverein », première association coloniale nationale allemande créée en décembre 1882 à Frankfurt-am-Main.

Le « Kolonialverein » s'occupait des questions relatives à l'Afrique ; c'est lui qui organisa les expéditions qui devaient aboutir à la conquête de l'hinterland du Cameroun. L'instrument indispensable de cette conquête fut la « Kaiserliche Schutztruppe », une armée de terre mise sur pied le 30 octobre 1891 avec quelques 300 soldats recrutés à Port-Saïd en Égypte par Kurt VON MORGEN, et dont le quartier général était à Douala853(*)854(*).

C'est cette armée qui conduira les différentes expéditions punitives dont celle en territoire Nsoh et cristallisera les mouvements de résistance des peuples « rebelles ». Elle nous permet également d'exposer la conception de la guerre chez les Nsoh.

· La guerre chez les Nsoh

La guerre apparaît en effet comme l'antagonisme de deux ou plusieurs sociétés globales, avec leurs mentalités et leurs idéologies, mais aussi leurs techniques, leur art, celui de l'organisation des armées, de la tactique et de la stratégie, de l'emploi des outils et des machines de destruction et de la pratique des combats.855(*)

GastonBOUTHOULa montré que la guerre est une forme de la violence qui a pour caractéristique essentielle d'être méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux manières dont ils la mènent856(*).La guerre occupait chez les Nsoh une place prépondérante, et les campagnes les plus importantes aux XIXème et début XXème siècles furent celles de Noni contre Din, Dom, Djottin, Lasin, Nbinon et Nkor, la guerre contre les BamounBamun au cours de laquelle les Nsoh tuèrent le Roi NSANGU, et les campagnes de Nsungli.S'agissant de la guerre contre les Allemands, les Nsoh savaient déjà qu'elle était inévitable, et la préparaient minutieusement857(*), notamment par des techniques magico-religieuses.

En effet, on rapporte que le Fon des Nsoh, SEMBUM II858(*) avait la capacité de se transformer en serpent, en oiseau ou en caillou, ce qui lui permit d'échapper aux Allemands859(*). Ces techniques ont permis aux combattants et aux chefferies de se défendre.

La guerre, étant régie dans ces sociétés par les valeurs mystico-religieuses, exigeait une préparation rituelle et une mise en condition des combattants. Puisque la guerre est un facteur de mort, il fallait être en accord avec les ancêtres, afin de mourir en héros.

Dans le cas contraire, la mort était inutile puisqu'elle n'était pas accueillie ou voulue par les ancêtres. C'est ce qui explique pourquoi chaque guerrier était tenu de « se préparer » spirituellement avant d'aller en guerre, pour demander la force à ses ancêtres, ainsi que leur protection860(*). Malheureusement, toutes ces pratiques magico-religieuses n'assureront pas la victoire au peuple Nsoh comme le décrit le déroulement de la bataille ci-dessous.

· Le déroulement de la bataille

LesAllemands comprirent eux-mêmes qu'il fallait bien se préparer avant de lancer l'attaque contre Nsoh, qui eut finalement lieu le 27 avril 1906.

Onze officiers allemands dont HansGLAUNING, VON WENCKSTERNet KOLLNER, 190 soldats noirs de la Schutztruppe et 02 mitrailleuses, tels sont les moyens que les conquérants mobilisèrent pour affronter les Nsoh.861(*)862(*)

Le capitaine HansGLAUNING, chef de la station militaire de Bamenda, accompagné de 90 soldats, occupa d'abord la localité de Vekovi où il écrasa le bataillon de Mandjon qui s'y trouvait. Les résistants firent bon usage du milieu naturel, par exemple le fait de se dissimuler dans la foret, afin de ne pas être aperçus par l'ennemi qui s'y connaissait peu ou pas du tout.Les conquérants tentèrent plusieurs fois de les déloger, mais sans succès.

Résolu à mettre définitivement un terme à cette résistance des Nsoh, le capitaine GLAUNING réorganisa ses troupes de façon à encercler laforet dans laquelle les résistants étaient dissimulés, et lança l'attaque le 09 mai.

Un échange de tirs bien nourris s'ensuivitet dura jusqu'au 19 mai863(*). Sur le bilan de cette « guerre de dix jours », les sources divergent : « pour le capitaine GLAUNING, il y eut 30 morts chez les résistants864(*). Pour FAAY TSENNGKAR, un informateur qui a vécu les évènements et qui a été interviewé en 1960 par P.M. KABERRY et E.M. CHILVER, les Nsoh ont perdu 1 000 hommes dans cette guerre »865(*).

A cela, il convient d'ajouter un nombre élevé de blessés et de prisonniers de guerre. Le Fon des Nsoh, SEMBUMII866(*) fut lui-même blessé, mais réussit à s'enfuir. Les traditions locales rapportent que c'est sa capacité de se transformer en serpent, en oiseau ou en caillou qui lui permit d'échapper aux Allemands867(*). Les conquérants incendièrent son palais à Kumbo où ils installèrent leur camp, et exigèrent qu'il vienne lui-même présenter sa soumission. SEMBUMII, qui se considérait comme un grand chef de guerre, voulut continuer à résister.

Mais sur conseil de ses proches collaborateurs parmi lesquels NDZEENDZEV, il finit par se rendre aux Allemands, afin d'éviter que la reine mère YAA WO FAA qui venait d'être capturée par les conquérants ne fut tuée, ou encore pour éviter, à l'instar d'ABUMBI, Fon de Bafut,le massacre de sa population par les Allemands868(*)869(*).

C'est alors qu'il retourna dans son palais en ruine, et travailla désormais, tout comme le Fon de Bafut, en étroite collaboration avec les autorités de la station militaire de Bamenda.

CONCLUSION DU CHAPITRE II

Au terme de ce chapitre portant sur les dynamiques et les logiques de domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun. Nous avons démontré que cette administration occidentale n'a pas respecté les souhaits des chefs Duala en spoliant leurs terres ancestrales et en les parquant dans des endroits peu propices à leur épanouissement. Ainsi, on assistera à la démarcation entre quartiers indigènes et quartiers blancs, d'où la création d'une zone tampon qui sépare les deux races. Cette situation va faire naître une pluie de revendications de la part des chefs Duala notamment par le biais de pétitions. Par la suite, il s'en suivra des sanctions à leur encontre : certains seront déportés, d'autres destitués et plusieurs autres en paieront de leur vie à l'instar de Rudolf DOUALA MANGA BELL. Toutefois, on observe des manifestations de coopération de la part des chefs Dualapuisque ces derniers signeront des traités de toutes sortes : des traités négociés, des traités de paix, etc. A ce titre, nous nous sommes penchés sur la portée juridique des traités Germano-Duala à savoir la question de la perte de souveraineté des chefs Duala, celle du caractère privé ou public du contrat pour la partie allemande, ou encore, de savoir quel est le système juridique approprié pour une interprétationexacte desdits traités. Il s'en suit un flou juridique qui persiste à notre époque du fait de l'autochtonie et de l'allogénie observées non seulement en territoire Duala mais aussi sur l'ensemble du territoire national. Quant au peuple BamounBamun, la stratégie de coopération s'est manifestée au niveau de la participation à la conquête des Nsoh. En effet, du fait de plusieurs siècles de conquête militaire et guerrière, les BamounBamun disposaient d'une réputation très appuyée sur le plan de la guerre. Ils se serviront de cette expérience, au cours de cette expédition punitive contre les Nsoh,pour récupérer les restesdu Roi NSANGU.Et maintenir une collaboration active avec les Allemands. Cette situation a mis en exergue les logiques conflictuelles existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

Cette première partie qui s'achève avait pour modeste ambition de montrer que la domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun était effective et était la résultante de la Conférencede Berlin en 1885.Ainsi avons-nous décliné dans un premier chapitreque le processus de conquêtepart du principe de l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur les territoires Duala et Bamun.C'est pourquoi nous avons évoqué les prémices de chaque société traditionnelle BamounDuala et Bamun avant la pénétration allemande. Au sein de la société BamounBamun, on observait un système bien organisé et hiérarchisé avec à sa tête un système de castes. Quant à la société Duala, elle était subdivisée en trois groupes principaux : les BELL, les AKWA et les DEÏDO. Nous avons entrepris une chronologie de chaque dynastie Duala et de marquer les dissensions existantes entre elles.

Et dans un second chapitre, nous avons montré que l'administration coloniale allemande a exercé des dynamiques et des logiques de domination sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun. En effet, la société Duala oscillera entre logiques de coopération et logiques de domination. Ainsi, les chefs Duala signeront des traités de diverses catégories qui leur permettront de bénéficier de retombées pécuniaires mais qui seront également le signe flagrant de divisions au sein de ces groupes. Cet état de fait conduira l'administration coloniale allemande à un non-respect de la souveraineté des chefs Duala et à une atteinte des droits inaliénables des populations autochtones Duala dans la mesure où le plan d'expropriation du plateau Joss sera appliqué sans l'assentiment des concernés. Par la suite, les chefs Duala exerceront leur droit de revendiquer à travers des pétitions et des attaques armées qui se solderont par la déportation, la destitution ou la mise à mort des chefs récalcitrants.

Quant à la société BamounBamun, elle va subir les affres du christianisme et une frange importante de la population va remettre en question les habitudes païennes telles que la polygamie ou la voyance. L'autorité du Roi NJOYA sera ébranlée par ces valeurs occidentales de tolérance, d'égalité entre hommes et femmes, d'amour et de compassion envers ses ennemis. Il fera preuve de dureté envers les nouveaux convertis et fera tout pour imposer une religion syncrétique qui alliera le christianisme, l'islam et les pratiques culturelles traditionnelles. Par ailleurs, nous avons observé l'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale BamounBamun notamment sur le plan architectural.

Les autorités coloniales allemandes se sont imposées sans tenir compte des réalités socioéconomiques et culturelles des pouvoirs locaux. En conséquence, il en résultera de vives oppositionsde la part des chefferies traditionnellesBamounDuala et Bamun. Il s'en suit un pragmatisme de situation de l'administration coloniale allemande à l'égard des chefs Duala à travers leurs perceptions respectives, les appréciations sommaires faites sur la personnalité de chaque monarque africain... Les manifestations de ces oppositions sont nombreuses :le syncrétisme religieux du Roi NJOYA, la persistance de la polygamie en pays BamounBamun, les pétitions et la recherche de la faveur de l'opinion publique allemandepar les chefs Duala....Toutes ces propositions sont l'objet du chapitre III avant que, nous ayons préalablement analysé en profondeur l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun dans le chapitre IV.

DEUXIÈME PARTIE :

L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRSPOLITIQUESTRADITIONNELSBAMOUNDUALA ET BAMUNSURL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Les navires européens naviguaient en permanence le long de la côte à cause du commerce entre les embouchures du Niger et du Congo. Beaucoup s'y sont amarrés spontanément, et pour un court instant afin de stocker de la nourriture, du bois ou d'autres nécessités. Les peuples qui vivaient près de la mer se concentraient de plus en plus sur des sites de débarquement relativement accessibles. Les agriculteurs, les pêcheurs et les chasseurs sont devenus des fournisseurs de vivres.

Et le « commerce bloqué » fut instauré. Favorisés par la jungle « impraticable » et vastes étendues « inhabitées », les peuples côtiers ne permettent à personne de pénétrer de la côte vers l'intérieur. Ils devinrent des intermédiaires870(*). Par exemple, si des balles de caoutchouc brut doivent traverser les territoires de plusieurs peuples, un « système de crédit » spécial est convenu étape par étape avec les dirigeants respectifs, qui sont récompensés par une part des bénéfices à la fin. Étant donné que chaque partie a toujours des dettes avec l'autre, ces contacts sont très stables. Sous la supervision des Duala, non seulement des éléments essentiels à la survie comme l'huile de palme et la cire sont échangés, mais aussi des esclaves et de l'ivoire pour les Européens871(*).AuXVIIIème siècle - entre 1750 et 1807 - la traite transatlantique des esclaves se multiplie. Sa demande dépasse temporairement celle de l'ivoire. Après tout, 42 000 individus ont été exportés872(*)873(*).

La première partie du travail a permis de voir la domination de l'administration coloniale allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala. Il s'agit là d'un aspect des influences entre celle-ci et ceux-ci.

Il y a maintenant lieu d'analyser la part de l'influence des pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun sur l'administration coloniale allemande. En réalité, quoique relative, cette influence est perceptible. D'où son pragmatisme de situation à l'égard des chefs Duala(Chapitre III) et l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun(Chapitre IV).

CHAPITRE III :

LE PRAGMATISME DE SITUATIONDE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ÀL'ÉGARD DES CHEFS DUALA

Comme la plupart des États africains, le Cameroun a subi dès la seconde moitié du XIXème siècle la ruée européenne en Afrique à la recherche des débouchés et des matières premières pour soutenir les besoins naissants de l'industrie consécutifs à la révolution industrielle et scientifique874(*).

Mais la présence européenne sur la côte camerounaise peut être retracée depuis le XVème siècle, lorsque les portugais875(*) découvraient Fernando-Pô et la côte occidentale camerounaise et rebâtissaient le Wouri, « Rio Dos Camaroes »ou rivière des crevettes. Mais ce qu'il faut dire est que, sur le plan juridique l'acte fondateur de la colonisation, et partant de l'Etat moderne du Cameroun, est sans doute le Traité Germano-Duala du 12 juillet 1884, traité signé entre les représentants des compagnies à charte allemande876(*) et les chefs Douala877(*). Par la suite, le TraitéGermano-Duala sera ratifié par GustaveNACHTIGAL878(*) le 14 juillet 1884. Ce traité contenait une clause générale879(*) par laquelle les chefs Duala abandonnent leurs droits de souveraineté et de législation à la puissance coloniale.

En effet, le traité servira, du moins pour les Allemands,de prétexte pour la colonisation pacifique du Cameroun et les allemands vont se fonder sur ladite clause pour introduire la législation écrite sur le territoire objet de leur possession, conformément à la volonté manifeste des chefs Duala880(*).

Cette domination est corroborée par la législation coloniale qui crée toujours sur le plan juridique une discrimination se fondant sur la race. A chaque race son droit, d'où la séparation des statuts, séparation au terme de laquelle les populations autochtones restent soumises dans leurs rapports personnels à la coutume locale et au régime discriminatoire de l'indigénat et les ressortissants de la métropole quant à eux sont régis par le droit métropolitain notamment le code civil allemand ou français et par leur code pénal respectif881(*).

Après la perte de leur souveraineté et de leur monopole commercial, les chefs Duala vont exiger le paiement d'un salaire par l'administration coloniale allemande. Ce salaire communément appelé « Koumi » était distribué en fonction de l'influence et du prestige dont jouissait chaque chef à l'instar du Chef SupérieurBELL qui fut le plus gratifié. Cette situation amène à considérer la réelle appréciation des chefs BELL, AKWA et DEÏDO vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.

C'est pourquoi nous nous sommes penchés sur la question du « Koumi » versé par l'administration coloniale allemande aux chefs Duala(Section I)et de la perception des chefs BELL, AKWA et DEÏDO à l'égard de l'administration coloniale allemande (Section II).

SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OUSALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Derrière l'utilisation des chefs se cachait également une considération d'ordre purement stratégique ; en effet, le percepteur jouant un rôle mal vu des contribuables, il valait mieux utiliser un africain qu'un européen. Ceci évitait du colonisateur d'apparaître devant la population sous son véritable visage d'exploiteur. Alors que l'impôt par maison n'était qu'en test dans la circonscription de Johann - Albrechtshohe, sur les 3,5 Marks encaissés par maison, les chefs avaient droit à 30 Pfennigs.

Selon le décret du 14 avril 1907882(*), chaque chef devait au début de l'année fiscale communiquer à l'autorité administrative oralement ou par écrit le nombre de contribuables dépendant de son ressort ; ces indications étaient d'ailleurs vérifiées par la suite. Les chefs devaient remettre l'argent perçu à l'autorité coloniale au plus tard le 1er octobre de chaque année.Ils étaient tenus d'indiquer en même temps les noms de ceux de leurs sujets qui ne s'étaient pas acquittés de leur impôt.

En 1909, le gouverneur SEITZ confirmait de façon définitive la réglementation de la commission des chefs ; elle demeurait la même que celle indiquée plus haut, c'est-à-dire 10 % des sommes remises jusqu'au 1er octobre et 5 % pour les sommes remises après cette date ...Le missionnaire GOEKKEL de la Mission de Bale indique que dans la région de Yabassi, un chef pouvait percevoir jusqu'à 30 000 Marks d'impôt. Il est vrai que la somme encaissée variait d'une région à une autre.

L'administration avait prévu plusieurs mesures permettant de contrôler les chefs. Ainsi, ils devaient remettre un ticket à chaque contribuable qui payait son impôt. Au poste administratif même, les rentrées d'argent pour les tickets remis aux chefs étaient réunies en blocs de 50 et le chef n'était n'en détachait un que lorsque l'argent était déjà payé. Pour chaque chef, il y avait un registre indiquant le nombre de tickets qu'il avait reçus et à la fin de l'année fiscale, combien il avait retournés à l'administration883(*). Il faut souligner que l'impôt, s'il était source de revenus pour les chefs et l'administration, représentait certainement une lourde charge pour la population.

Lorsque le moment était venu d'encaisser l'impôt, les chefs envoyaient leurs serviteurs dans tous les coins du territoire, ceux-ci se chargeaient de faire rentrer l'impôt. Certains chefs n'hésitèrent pas à utiliser des organisations à caractère militaire, ce qui laisse supposer que la perception ne se déroulait pas toujours sans une contrainte884(*).

Dans la circulaire du 20 octobre 1908, le gouverneur s'attendait plus ou moins déjà aux abus de la part des chefs... Il est parfois rapporté que dans le Grassland, les chefs, au lieu de prendre seulement 06 ou 04 Marks en auraient exigé 12 ou 08 et en auraient encaissé directement la moitié en plus de leurs 10 ou 5 %.

Des familles auraient été obligées de payer pour des parents défunts. Nous savons qu'en accord avec l'arrêté N° 244 du 4 février 1933 fixant le statut des chefs indigènes, leurs uniformes étaient également fixés et bien décrits. Ainsi, on pouvait lire dans l'article 8 que : « L'uniforme des chefs indigènes est fixé, sauf pour les régions musulmanes, ainsi qu'il suit : Tunique longue en drap ou toile kaki avec poches fermées par sept boutons. Col droit portant de chaque côté de la fermeture deux écussons en drap rouge de six centimètres de hauteur comportant un ou plusieurs galons horizontaux variant suivant le grade. Patte d'épaule en drap rouge avec un ou plusieurs galons disposés longitudinalement sur toute la longueur et variant suivant le grade. Pantalon de drap ou toile kaki sans passepoil. Coiffure-casque de drap ou toile kaki du modèle de la marine comportant au-dessus de la visière et sur un bandereau de drap rouge, un galon de six centimètres de longueur variant avec le grade885(*).

Les chefs étaient donc soumis de respecter toutes les exigences de l'administration coloniale allemande notamment sur le plan vestimentaire et financier, sous peine de sanction sévère comme la bastonnade devant leurs sujets. Partant de cette introduction, on peut se poser la question de savoir : combien percevaient les chefs Duala ? (Paragraphe I) Et quelle monnaie était utilisée à cette époque et pourquoi ? (ParagrapheII)

PARAGRAPHE I : COMBIENPERCEVAIENT LES CHEFS DUALA ?

La décision la plus importante prise par l'administration coloniale allemande fut l'élimination des intermédiaires « monopoleurs » Duala. L'administration entra alors en action pour permettre au commerce de pénétrer à l'intérieur en brisant le monopole des côtiers. Un arrêté du 19 juin 1895 interdit aux Duala d'exercer tout commerce sur la Sanaga886(*),la voie fluviale qui ouvrait l'accès aux pays Bassa et Yaoundé. C'était les isoler du Centre-Cameroun. Ce fut la première mesure impopulaire.

Elle sera ressentie durement par les Duala qui, plus tard, feront valoir que la décision prise était en contradiction avec les termes du traité de 1884, où il était bien stipulé qu'ils conserveraient leurs droits déjà acquis durant une longue période887(*).

C'est à ce niveau que la question des rémunérations vit le jour pour compenser la perte de ce monopole commercial des chefs Duala. STOCKHAUSEN parlait de l'octroi d'un salaire aux chefs par l'administration. Il aurait souhaité voir que les chefs devinrent un organe exécutif de l'administration, mais pendant toute la colonisation allemande au Cameroun, il n'y eut pas de salaire de chefs à proprement parler.

En d'autres termes, tout chef reconnu par l'administration ne touchait pas forcément un traitement. Certains chefs Duala comme DUALA MANGA BELL etEKWALLAÉPÉE888(*) recevaient annuellement un subside de l'administration. Ils recevaient ce subside en remplacement du « Kumi » que les commerçants payaient à leurs prédécesseurs, ce subside se justifiait donc historiquement. DUALA MANGA BELL touchait 3 000 Marks par an. CharlesATANGANA, en parlant de lui-même écrit : « En qualité d'interprète entre l'autorité européenne et la population indigène une indemnité était accordée au chef supérieur de la caisse de l'arbitrage indigène »889(*).

S'il faut parler de rétribution de chefs, c'est sans doute uniquement de ces quelques cas isolés, notamment dans le cas des chefs Duala (A-)et d'y observer la prééminence du Roi BELL en termes de profits et engendrer des tensions entre ces derniers (B-).

A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES CHEFS DUALA

Le commerce change radicalement la société Duala. Les marchandises européennes deviennent des symboles de statut et certains dirigeants prennent des commerçants occidentaux et missionnaires comme conseillers. On parle l'anglais « Pidgin ». Une proportion élevée de Duala devient riche. Le nouveau commerce crée des tensions avec les démunis. La concurrence s'intensifie entre les groupes côtiers et même entre les colonies apparentées.

Les Duala sont les premiers camerounais à expérimenter l'agriculture de plantation890(*) avec la culture du cacao. Le commerce très lucratif de traite, dans lequel ils détiennent un rôle de monopole, a fait passer l'agriculture au second rang, au profit du commerce. Ils sont ainsi devenus dépendants pour leur nourriture des produits alimentaires importés, achetés aux commerçantsblancs891(*).

Cette évolution ne concerne cependant que les élites, constituées de chefs de clan et de leurs familles qui se sont enrichis grâce à cette position d'intermédiaires commerciaux892(*).Lorsqu'ils perdent leur position d'intermédiaires commerciaux, les élites Duala se reconvertissent dans la production du cacao. Grâce à l'influence qu'ils exercent sur les peuples voisions, ils réussissent à approprier à leur compte de vastes terres fertiles dans la vallée du Mungo où ils installent leurs plantations. Avec ces nouvelles cultures, l'agriculture devient un moyen d'accès à la richesse et non plus une activité d'autoconsommation réservée essentiellement aux femmes893(*). Ces initiatives des Duala, sont encouragées par les commerçants allemands qui souhaitent voir se développer une production autochtone pouvant alimenter leur commerce. Ils sont également intéressés par toute activité lucrative susceptible de permettre aux colonisés de se procurer les produits qu'ils importent d'Europe.

Les planteurs allemands justifient leur méfiance vis-à-vis des entrepreneurs agricoles Dualapar l'incompétence des africains à gérer ce type d'activités894(*). Les raisons de ces protestations sont à rechercher dans les difficultés d'accès à la main d'oeuvre, qui malgré les nombreuses contraintes imposées par l'administration pour arriver à la mobiliser, reste insuffisante pour les planteurs895(*). L'arrivée d'une nouvelle catégorie de planteurs est donc perçue comme une concurrence, d'autant plus que ces élites Duala ne rencontrent pratiquement pas de problème de main d'oeuvre896(*).

La réussite des Duala dans les cultures d'exportation dément de manière éloquente les préjugés portés par le pouvoir colonial allemand sur l'incapacité des africains à développer ces cultures.

Il change donc de perspective et envisage la mise en oeuvre d'une politique en faveur d'une production africaine de cultures de rente, appelée « volkskultur », permettant plus largement aux paysans africains d'avoir accès à cette activité et d'établir de petites exploitations familiales, sur les terres collectives avec l'emploi d'une main d'oeuvre familiale. Le déclenchement de la PremièreGuerre en 1914 ne permet pas à cette politique de se déployer897(*).

Dans la suite de notre travail, nous évoquerons tout d'abord les tensions qui existaient entre les chefs Duala dues à la recherche effrénée du profit (1-)et le positionnement stratégique vis-à-vis de l'administration coloniale allemande(2-).

1. Les tensions entre les chefs Duala engendrées par la concurrence économique898(*)

NDUMB'A LOBE de la lignée BELL se proclame Roi BELL au XIXème siècle. Des chefs de sous-lignées rivales le concurrencent rapidement, dont le roi autoproclamé AKWA899(*) en 1814, le Roi DEÏDO900(*) de Deïdo901(*) et le Prince LOCK PRISO902(*) de Bonabéri.

Les rivalités se sont également déroulées « sportivement » sur le Wouri sous forme de régates d'aviron de plus en plus fréquentes avec des canoës de course spéciaux « Bolo Pa Pen » qui portaient le « Tangué»903(*).

Et c'est à ce moment aussi que les Duala, toujours plus nombreux à s'enrichir, échappèrent au contrôle des chefs et que ces derniers, de plus en puissants grâce à la traite, devinrent de très riches commerçants. Les premiers entrèrent en compétition avec les seconds que leur surcroit de pouvoir isolait, et l'enrichissement de tous - les esclaves compris - atténua les différences traditionnelles tout en en accentuant de nouvelles. Cette situation ne concernait pas seulement les « Kings » et le « commun » dans son ensemble.

Dans les lignages,il en était de même, ainsi que dans les familles entre père et fils, aîné et cadet... : ce qui explique la gravité de la crise que traversa, deux décennies avant le protectorat, une société à la fois fragile et forte par la somme d'équilibres dont elle résultait904(*).

L'on sait que les Duala, lors du 1er « Ngondo » qui eut lieu au début du 19ème siècle, se réunirent pour lutter contre des populations de l'intérieur qui cherchaient à se passer de leur intermédiaire. Par la suite, pendant la période allemande, le « Ngondo » eut l'occasion d'intervenir. Dans les deux cas, et plus tard il en fut de même, la « résidence » passait à tour de rôle entre les mains des chefs de lignages maximaux, qu'assistaient tous les autres chefs des lignages restreints ainsi que le peuple et les responsables des associations religieuses.

C'est d'ailleurs par le biais de ces confréries que les autres tribus participaient aux réunions de l'assemblée du peuple que l'on convoquait à chaque évènement menaçant l'unité tribale, ou l'entente pluritribale, ou encore l'originalité des uns et des autres devant l'étranger colonisateur905(*).

Au milieu du XIXème siècle, les Britanniques prennent la tête du commerce avec l'aristocratie commerciale. Au même temps, la Couronne britannique oblige les commerçants à mettre fin à l'esclavage dans le Golfede Guinée, et après quelques décennies, au moins l'exportation peut être supprimée. Déjà le 10 juin 1940 et le 7 mai 1841, les Kings AKWA et BELL signent des contrats contre l'esclavage. En échange, les Européens leur fournissent chaque année de l'alcool, des armes, des textiles et d'autres produits. En outre, les rois interdisent les pratiques que les Britanniques considèrent comme barbares, comme le sacrifice de femmes à un chef après sa mort.LesBritanniques veulent façonner le Duala selon leurs concepts de civilisation.Cela signifie l'éducation pour l'apprentissage occidental et la conversion au christianisme. Alfred SAKER ouvre une mission à Douala en 1845.

En 1875, de nombreuses missions et écoles existent à Douala et dans d'autres lieux. Les classes inférieures, qui se rebellent maintenant contre le patronage de l'élite Duala, s'intéressent à l'égalité prêchée de la mission. Cependant, tous les groupes sociaux espèrent des avantages matériels grâce à l'éducation. L'élite des Duala en profite le plus. Un niveau élevé d'alphabétisation permet à la classe supérieure de commerçants, de religieux et d'agriculteurs de se développer davantage. Ce groupe se familiarise avec le droit et les conventions européennes, ce qui leur a ensuite permis de défendre leurs intérêts par le biais de pétitions, de procédures judiciaires et de groupes d'intérêt.Avec la perte progressive du monopole sur le commerce, la plupart des Duala retournent à l'agriculture de subsistance ou à la pêche pour survivre. C'est encore le cas aujourd'hui encore aux abords immédiats de la métropole, par exemple sur l'île de Jébalé.

Comme nous l'avons dit précédemment, cette situation tendue est la traduction manifeste de la stratégie des chefs « indigènes » en général et des chefs Duala en particulier à s'attirer la sympathie de l'administration coloniale allemande et en tirer des avantages financiers et de prestige social.

2. Le contact avec les Blancs ou un privilège recherché par les chefs indigènes

Pour la majorité des chefs traditionnels « indigènes », le sentiment de collaborer aux côtés de l'hommeblanc ou pour le Blanc était un privilège.

En effet, le contact et les échanges avec cet administrateur étaient des occasions rares, c'est dire que cette proximité était une opportunité qui n'était pas accordée à n'importe quel autre frère, soeur ou fils du village. C'est ainsi qu'il était important pour les chefs de maintenir ce prestige et surtout d'être vus aux yeux de leur population comme privilégiés et comme collaborateur indispensable par l'administration coloniale.

La fonction de chef traditionnel au Cameroun permettait aussi de collecteur d'impôt. Avec le travail forcé, la perception de l'impôt faisait partie du train des obligations dont les populations eurent à souffrir sous l'administration de la France mandataire. Ce furent des tâches privilégiées des chefs indigènes906(*). Contrairement aux Allemands qui l'avaient institué dans le but avoué de contraindre leurs sujets à investir leur force dans des travaux d'intérêt public ou privé, les Français se montrèrent plus déterminés par le souci de l'autosuffisance économique d'un territoire dont ils n'avaient pas la propriété pleine et entière907(*).Il convient de relever que la perception de l'impôt et sa généralisation à l'étendue du territoire fut une décision de l'autorité allemande de 1908908(*). Cependant, la splendeur qui en découle ici tient au fait que la responsabilité d'être un intermédiaire du « blanc » dans la perception de l'impôt relevait de l'extraordinaire. C'était une marque de confiance qui n'était pas accordée à n'importe quel Camerounais. Malgré le fait que le percepteur apparemment ne sache pas qu'il était utilisé à des fins quasi exploratrices, outre l'honneur de collecter l'impôt, il y avait le sentiment de fierté de percevoir une commission proportionnelle à ce qu'ils avaient collecté auprès des populations.

Les intérêts personnels desdits chefs étaient liés à ceux du colonisateur. Ces derniers misaient sur leurs intéressements qui allaient les pousser à encaisser le plus possible, afin d'augmenter leur propre part. Ainsi, dans l'exercice de leur fonction, la motivation venait surtout du pourcentage qu'ils touchaient après le versement de l'argent perçu à l'autorité coloniale909(*).

C'est dire que la perception de l'impôt représentait pour les chefs traditionnels, une source de revenus non négligeable, nonobstant le fait que ce travail nécessitait beaucoup d'efforts de la part des chefs, pour amener leurs sujets à s'en acquitter910(*).

Partant de là, nous pouvons nous interroger sur la constitution d'un patrimoine financier comme socle de division entre les chefs Duala qui va se manifester par la prééminence du RoiBELL. Ce dernier va bénéficier d'avantages financiers majeurs de la part de l'administration coloniale allemande et subir des rivalités féroces de la part des autres chefs Duala.

B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE FINANCIER COMME SOCLE DE DIVISION ENTRELES CHEFS DUALA : LA PRÉÉMINENCE DU ROI BELL

La collecte de l'impôt n'est pas totalement inconnue de nos sociétés traditionnelles. De tous les temps, l'autorité traditionnelle s'est toujours octroyé le droit à une certaine redevance sur le revenu de ses sujets.

Dans la plupart des cas, cette redevance était due par les éleveurs sur leur bétail et par les agriculteurs qui exploitaient la terre coutumière. Mais le fait nouveau instauré par la colonisation est non seulement la dépossession de la collectivité villageoise de ce revenu, mais aussi la transformation en argent de ce qui était dûe par les populations autochtones.

Dans toutes les hypothèses, le chef collecte l'impôt et reçoit en retour un certain pourcentage à titre de rémunération. Cette rémunération est par exemple de 5 à 10% sous l'administration allemande911(*).

Depuis la signature du traité, certaines tensions au sein de la communauté Duala n'avaient fait que s'aggraver. Ces tensions s'articulaient sur le mécontentement de certains sous-chefs de King BELL et de King AKWA qui s'estimaient lésés dans la répartition du « Dash » que les firmes allemandes leur avaient donné pour la signature du traité. C'est ce qui ressort des témoignages des personnes ayant pris part plus ou moins directement à l'affaire(1-). Cet état de fait est la manifestation des rivalités féroces existant entre les chefs Duala par rapport à la problématique financière(2-).

1. La répartition du « Dash » comme source de tensions entre le Roi Bell et les autres chefs Duala

Hugo ZOLLER dans son analyse des évènements en nota comme cause les querelles entre King BELL et ses sous-chefs, car King BELL aurait conservé pour lui tout seul le « Dash »912(*). Dans un entretien entre ZOLLER et le CONSUL HEWETT en date du 29 décembre 1884, c'est-à-dire après la répression des insurgés par l'amiral KNORR, le consul britannique exprima la même opinion ... BUCHNER, tout en prenant King BELL sous sa protection, fut obligé de reconnaître les faits reprochés à King BELL, même s'il ne semblait pas y croire... Le 1er août, BUCHNER reçut une lettre de PARROT et de DUKE AKWA datant du 21 juillet, dans laquelle ces derniers réclamaient leur part du « Dash »913(*).

ShirleyARDENERnous livre les témoignages d'un missionnaire anglais, d'un agent de WOERMANN et d'un Duala ; ils sont unanimes sur le rôle que joua le partage ou plutôt le non-partage du « Dash » dans les évènements graves qu'allait vivre Douala914(*). King BELL par son attitude égoïste portait ainsi une importante responsabilité dans ce qui allait se passer. En effet, le King BELL devait en outre informer « tout navire de Sa Majesté Britannique trouvant dans les parages au cas où un bateau négrier arriverait dans le fleuve ».

Un « Dash » était prévu en compensation : 60 fusils, 100 pièces de toile, deux barils de poudre, du rhum, un uniforme écarlate avec épaulettes, un sabre..., ceci par an et pendant cinq ans, sur présentation d'un certificat attestant que tout s'était déroulé conformément aux termes de l'accord915(*). C'étaient surtout les JOSS qui formaient le centre de cette opposition contre King BELL, opposition essentiellement motivée par une question d'argent.

LOCK PRISO de Hickory916(*)s'opposait à King BELL et aux Allemands pour des raisons plus politiques que financières. Vis-à-vis de King BELL, il avait toujours essayé d'affirmer son indépendance et dans ce cas, il s'était absolument refusé à signer le traité, montrant ainsi son opposition à la présence allemande au Cameroun. Il n'avait pas manqué de souligner lui-même son anglophilie917(*). BUCHNER dira de LOCK PRISO qu'il est le « principal ennemi de la colonisation allemande »918(*).

La coalition de ces deux parties contre King BELL prit tout de suite un caractère antiallemand, bien que les JOSS aient tenu à rassurer Édouard SCHMIDT le 30 octobre par écrit que leur guerre n'était en aucun cas dirigé contre les Blancs919(*), puisqu'en fait ils avaient signé pour les Allemands. SelonZOLLER, l'alliance des gens de Joss et de Hickory n'était à l'origine dirigée que contre King BELL et non contre les Allemands.920(*) Un autre facteur à ne pas sous-estimer fut certainement le rôle attribué à tort ou à raison aux commerçants et missionnaires anglais par les Allemands. L'influence anglaise sur la place fit que les soupçons des Allemands se portèrent tout de suite sur eux. Selon les rapports envoyés en Allemagne, tous les désagréments n'étaient que l'oeuvre des Anglais.

BUCHNER nous rapporte le cas de deux agents d'une firme britannique, CapitaineTROTT et CapitaineEWART ; ils avaient voulu se rendre justice eux -mêmes en arrêtant un de leurs débiteurs. Ce cas fut politiquement exploité à Berlin.

Le témoignage du missionnaire anglais LEWIS montre que les missionnaires anglais furent considérés comme « the worst agitators against German ascendancy »921(*). Cette façon insistante de mettre les Anglais en cause permettait de justifier une intervention armée ; il fallait faire croire aux Allemands que les Anglais étaient sur le point de renverser la situation en leur faveur dans la nouvelle colonie. BUCHNER prétendit plus tard dans son ouvrage « Aurora Colonialis » se repentir d'avoir accusé les Anglais d'agitation et se justifia en disant qu'il ne pouvait interpréter tout acte d'un britannique que comme incitation au soulèvement, puisque cela n'aurait qu'été normal pour un « patriote » anglais922(*).

Il est vrai que les navires britanniques croisant dans les environs de Douala pouvaient êtreconsidérés comme une provocation. Seulement ni SCHMIDT, ni VOB, ni BUCHNER n'étaient capables de fournir la moindre preuve de la culpabilité des Anglais. La tension entre King BELLet ses adversaires montait de plus en plus et sur les conseils de BUCHNER, King BELL se réfugia à Boadibo dans le Mungo.La coalition se préparait activement à la guerre et obtint d'ÉdouardSCHMIDT la promesse de ne plus approvisionner King BELL en armes et munitions. Nous pouvons nous représenter les conséquences préjudiciables que ces activités eurent sur le déroulement du commerce. La proposition du vice-consul BUCHAN du 02 décembre de faire venir King BELL du Mungo, même de force s'il en était besoin, pour organiser une grande palabre au cours de laquelle il serait tenté de mettre fin aux hostilités qui nuisaient au commerce, fut rejetée par BUCHNER. Celui-ci croyait que pareille palabre ne profiterait qu'aux Anglais qui auraient ainsi eu l'occasion de voir les dessous de l'affaire du « Dash » que les Allemands tenaient plutôt à garder secrets923(*).BUCHNER ne manifestait aucune intention de régler cette situation par la négociation, et ce peut être que par pure hypocrisie qu'il écrivit plus tard : « ... es ware noch viel besser gewesen, wenn die ganze drohnende Schlacht uberhaupt unterblieben ware. Durch einfaches Drohen und durch Palaver hatte man viel mehr erreicht ».

BUCHNER refusa également l'intervention du navire de guerre anglais « Frolic », non pas parce qu'il envisageait une alternative pacifique, mais tout simplement pour des raisons de prestige ; lui et ses compagnons924(*) ne pouvaient accepter l'idée d'être sortis de l'impasse par les Anglais.

Le 15 décembre, le quartier de King BELL fut incendié par la coalition Joss-Hickory et selon le témoignage de Buchner, seule la factorerie de Woermann tenue par PANTANIUS fut épargnée contre paiement d'une rançon de 07 Krus. BUCHNER se présente dans ses mémoires comme celui qui voulait limiter l'intervention allemande aux Joss dont la défaite aurait entraîné la soumission de LOCK PRISO et de ses partisans.D'après le témoignage de l'agent de WOERMANN, SCHOLL, King BELL aurait dit aux Allemands:« If you want to rule here you must make me safe as chief »925(*).Le 18 décembre, les deux bâtiments de l'escadre, sous les ordres du contre-amiral KNORR, étaient à la barre à Douala ; il s'agissait du « Bismarck » et du « Olga ». A bord du « Bismarck » eut lieu un conseil de guerre auquel assistèrent entre autres BUCHNER, ÉDOUARD SCHMIDT et HUGO ZOLLER. Ce furent ces derniers qui informèrent KNORR de la « gravité » de la situation, sur ce, il fut décidé d'administrer une « punition exemplaire » aux « rebelles ».

Dès le 20 décembre, cette décision fut mise à exécution ; l'attaque fut d'abord portée contre Hickory, puis vint le tour de Joss. Dès que les Joss virent ce qui se passait à Hickory, ils allèrent se saisir de PANTANIUS, l'agent responsable de la factorerie du quartier de King BELL. Selon les témoignages de SCHOLL et de LEWIS, ils ne le firent que pour empêcher que le même sort ne leur fût réservé qu'aux gens de Hickory autrement dit, la vie de PANTANIUS serait sauve si les Allemands ne les attaquaient pas. Mais dès que KALABAR JOSS, le frère de leur chef ELAMI JOSS tomba sous les balles allemandes, ils ne tardèrent pas à exécuter leur otage. Le 21 décembre, les Allemands continuèrent leur action en brulant le quartier des Joss. Le 22, Hickory fut de nouveau la cible des Allemands, le quartier fut soumis à un bombardement. King BELL et ses hommes prirent part à ces actions punitives et profitèrent de l'occasion pour s'adonner au pillage. Comme conséquence immédiate de cette intervention armée, la Cour d'Équité fut supprimée le 28 décembre par le CapitaineBENDEMANN, commandant du « Olga ». LesAnglais protestèrent en s'appuyant sur la décision du Dr. NACHTIGAL de laisser subsister cette institution sous la présidence d'un Allemand926(*).

LesAllemands...ne voulaient pas laisser passer cette occasion inespérée de supprimer cette institution, témoin de l'influence anglaise.BUCHNER ne signale que les pertes subies par les colonisateurs. Selon BUCHNER, ces engagements ne firent que trois ou quatre blessés dont un devait succomber plus tard. Du côté camerounais, ce fut le silence, mais sans doute un silence qui en dit long puisque JAECK dit que d'après le rapport militaire, il y eut 25 morts parmi les autochtones, mais que ce chiffre devait être certainement plus élevé.

MANGAAKWA qui s'était montré particulièrement insatisfait de son « Dash » et avait menacé King AKWA, fut bastonné et déporté au Togo. LOCK PRISO et ses gens qui avaient déserté Hickory et s'étaient réfugiés à l'intérieur, manifestèrent leur intention de rentrer à Douala ; le 18 janvier 1885, BUCHNER alla les chercher en pays Abo. LOCK PRISO fut maintenu prisonnier à bord du « Olga », les gens de Hickory et de Joss durent signer un traité de paix dans lequel ils reconnaissaient l'autorité des colonisateurs927(*). Ainsi, King BELL ne sortit pas particulièrement grandi de ces évènements, les vaincus ne furent pas placés sous son autorité.

Cela aboutira à la mise en place d'une procédure d'égalité entre les différents chefs sur le plan financier. Toutefois, le King BELL continuera d'exercer son monopole financier du fait de son influence en tant que Chef Supérieur et de ses rapports privilégiés avec les colonisateurs allemands.

Par ailleurs, cela traduira de manière explicite le manque de cohésion et de solidarité entre les chefs Duala.

2. La problématique financière comme manifestation des rivalités « féroces » entre les chefs Duala

Partant de là, quatre (04) rois règneront dans une seule ville. Le commerce export-import étant la principale source de richesse, à côté de l'agriculture et de la chasse sera leur monopole. Ils établiront quatre douanes, sur les rives de ce qu'on appelle aujourd'hui Bonanjo, Akwa, Deïdo et Bonabéri. C'est d'ailleurs ce qu'affirme M.PamphileYOBE928(*), qui dira : « Les chefs percevaient des droits de douane sur les navires qui accostaient ».

Le Pr. Prince KUM'A NDUMBE III renchérira en évoquant cet article : « ...Tout bateau arrivant dans le fleuve pour y commencer payera au roi du quartier devant lequel il veut jeter l'ancre, ou à son représentant, la valeur de 10 Krus d'origine par 100 tonnes de capacité du bateau... en outre, ledit roi ou représentant devra fournir audit bateau un magasin convenable, contre payement de 4 Krus »929(*).Il n'était pas étonnant, conclut Rudolf ASMIS« que les revenus des chefs supérieurs fussent à l'époque très importants, vu leur double participation aux bénéfices : le « Kumi » du bénéfice des Européens et le pourcentage sur les affaires traitées par les Duala », d'autant que le « bénéfice d'un Duala pour un seul voyage commercial dont la durée oscillait entre 06 mois et 01 an et demi était déjà de l'ordre de 300 à 400 Krus »930(*).

Pareille extension du commerce permit aux intermédiaires de réaliser d'énormes bénéfices dont une partie aurait été convertie en femmes ; il était fréquent qu'un commerçant ait entre 08 et 10 femmes ; un chef entre 15 et 20 et un « King » plus de 60 épouses931(*). En 1885, juste au début de la colonisation allemande, la douane rapporta à King BELL932(*) 500 Kru camerounais, soit 10.000 Marks allemands, à King AKWA933(*) 300 Kru camerounais, soit 6.000 Marks allemands, à King LOCK PRISO934(*) 150 Kru, soit 3.000 Marks allemands, et à King DIDO935(*)110 Kru, soit 2.200 Marks allemands. Avec 1 Kru camerounais ou 20 Marks allemands, on pouvait en 1885 s'acheter 4 sacs de sel à 60,25 kg, avec 1 bar, soit 1,25 Mark allemand, on pouvait acheter 1 poulet ou une bouteille de bière étrangère de Hambourg. Pour le commerce local et avec l'intérieur du pays, l'unité monétaire était le « Nbom » avec une valeur de : « 1 Nbom = 12 bar ».

Les prix des biens au marché étaient strictement réglementés par écrit, en langue Duala, et il existait un tribunal de commerce international géré en anglais et duala par une « Cour d'Équité » établie par la loi du 14 janvier 1856.

Avant la colonisation allemande, au moins 57 sociétés britanniques, 26 sociétés allemandes et 1 société franco-belge commerçaient à Douala, exportant en 1880 un total de 800.000.000 kg d'huile de palme, 7.500 kg d'ivoire, 8.000 tonnes de noix de palme, etc.

Concernant le traité Germano-Duala, le RoiBELL a reçu 27 000 Marks pour la signature936(*) qui équivalent aujourd'hui à environ 10 millions de FCFA. S'agissant de son salaire mensuel, il touchait 3.000 Marks par an937(*). Cette somme équivaut de nos jours à 1.005.585 FCFA qu'il percevait chaque année. Si nous prenons pour démarcation temporelle l'année 1909 qui marque la réglementation définitive de la commission des chefs, jusqu'en 1916, on peut dire que le Roi BELL aurait empoché une somme de 7.039.095 millions de FCFA. Nous pourrions donc estimer la fortune personnelle du Roi BELL à environ 18 millions de FCFA, ce qui en fait le chef Duala le plus riche de son époque.

Ainsi, nous nous sommes posés la question de savoir quelle monnaie était le plus souvent utilisée et pourquoi ?

PARAGRAPHEII : QUELLEMONNAIE ÉTAIT LE PLUS SOUVENTUTILISÉE ?

Avant l'occupation allemande, il avait également existé une monnaie en papier ; c'étaient des bons au porteur, qui pouvaient être remboursés par les « hulks » en « kroo » ou, le plus souvent, en marchandises : fusils, poudre, pagnes, etc. BUCHNER, qui avait été nommé délégué du Gouvernement impérial à Douala après le départ de NACHTIGAL, poursuivant cette tradition, émit de tels bons en 1884938(*).

Pour PamphileYOBE939(*), « la monnaie utilisée à cette époque était le Mark et avant l'utilisation de cette monnaie, c'était le système de troc qui prévalait : par exemple des défenses d'éléphants, de l'ivoire étaient échangés contre des produits manufacturés ».Après la Révolte de décembre de la même année, ce fut la fin du système de la monnaie de papier que l'on remplaça alors par des pièces en métal. Enfin, une autre forme de monnaie eut cours à Douala : la« monnaie-femme » ; en effet lorsqu'un débiteur était insolvable, il pouvait être admis à céder une ou plusieurs de ses femmes en remboursement de sa dette.

Il faut cependant dire que cette parité, très officieuse, entre la femme et les biens matériels ne fut nullement tolérée par Berlin, qui la jugea indécente et inadmissible. Sur la côtedu Cameroun, les pièces de monnaie restèrent longtemps inconnues ; en revanche, le tabac y représentait, comme dans l'estuaire du Wouri, un moyen d'échange très apprécié.

On a pu y relever les équivalences suivantes :

- 6 feuilles de tabac = 1 poule ;

-1 feuille de tabac = 2 oeufs.

En 1868, Adolf WOERMANN fonda le premier établissement permanent dans l'estuaire du Wouri, en achetant un vieux voilier russe de 600 tonnes qu'il fit installer comme « Hulk » dans la rivière. C'est alors que s'établit un système monétaire assez particulier, à base de feuilles de tabac.

5 de ces feuilles valaient 1 « Head », tandis que 50 « Heads » correspondaient à 1 « Kroo » qui, à son tour équivalait à 1 livre d'or. Toutefois, cette monnaie n'était pas pratique ; une feuille de tabac se desséchait en effet vite et pouvait facilement perdre de sa valeur. Malgré cet inconvénient, les indigènes semblent s'y être particulièrement attachés, au point que les commerçants ne réussirent pas à l'éliminer du circuit.

Par rapport au Mark, voici comment s'établissaient les équivalences à partir de la feuille de tabac :

- 1 feuille de tabac = 8 pfenning;

- 1 head = 40 pfenning;

- 50 heads = 1 kroo = 20 marks d'or.

Dans les rapports commerciaux de la côte du Cameroun avec l'arrière-pays, de nouvelles équivalences allaient être prévues par l'arrêté du 10 octobre 1886 ; d'après ce nouveau texte, un « kroo » valait 80 litres d'huile ou 160 kg de noix. Ces équivalences existaient certes avant 1886 ; mais, elles avaient désormais force de loi940(*).

Quelle pouvait être la raison d'utilisation de cette monnaie(A-) ? Par la suite, nous évoquerons les modifications des us et coutumes de la société Duala du fait de l'introduction de la monnaie occidentale (B-).

A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE MONNAIE

Il circulait au Cameroun des pièces d'argent d'origines diverses. Les plus connues étaient les pièces britanniques, allemandes et françaises répandues à la côte, et le « thaler de Marie-Thérèse » en usage dans l'hinterland. A côté de ces pièces d'origine extérieure, il existait différentes espèces de monnaies locales, dont les plus répandues étaient les cauris.

A ce sujet941(*), l'on note que : « ... vers 1830, 100 kilogrammes de noix de palme, par exemple, pesés très approximativement dans un tonneau coupé, et comme bien l'on pense, à l'avantage de l'agent européen, représentaient un kroo. Mais, poursuit-il, la valeur du kroo varie encore avec la marchandise présentée ; un kroo de rhum revient beaucoup moins cher au commerçant qu'un kroo de marchandises manufacturées ». La détérioration des termes de l'échange, comme on le voit, remonte donc à la nuit des temps et ne prendre peut-être fin qu'avec la consommation des siècles, au nom de la « spécialisation internationale ».

Enfin, avec les détails donnés sur les cauris, c'est une page précieuse de l'Histoire monétaire de notre pays qui s'ouvre au lecteur qui apprend qu'en Adamaoua, « les cauris étaient remplacés par une monnaie très originale, consistant en une étroite boule de coton tissé : le gaback des arabes du Tchad. Son unité était la coudée, et ses multiples, le nanande, long d'environ 7, 50 m, et le dora qui valait 7 nanandes ».

Dans la Cross-River, selon JeanBARBOT, les indigènes avaient des équivalences de toutes les denrées commercialisées, par référence aux barres en cuivre. Une barre de fer valait 4 barres de cuivre ; un esclave homme en valait 38 et une femme 37 à 36942(*). Par rapport au XVIIème siècle, une évolution s'était donc produite, qui aboutit à l'établissement du lingot de cuivre comme unité monétaire indépendante du bracelet qui en tenait lieu jusque-là. JEAN BARBOT le signale d'ailleurs de manière expresse ; selon lui, le lingot de fer ou de cuivre avait remplacé le bracelet aux environs de 1699 ; toutefois, la nouvelle unité coexistait avec l'ancienne, mais cette dernière avait tellement perdu de sa valeur, qu'il fallait désormais 40 bracelets pour obtenir un seul lingot de fer943(*).

A cette époque, ni JeanBARBOT, ni son frère Jacques ne parlent plus des colliers et des bracelets que les indigènes se fabriquaient avec du cuivre poli ; c'est que très probablement ces sortes de parures étaient passées de mode.

Le tableau ci-contre, que nous empruntons au Pr. Gwilliam IwanJONES, reproduit la nomenclature des monnaies qui avaient cours depuis la côte du Nigéria jusqu'à la côte de GuinéeEspagnole944(*).

Tableau N° 4:Nomenclature des monnaies depuis la côte du Nigéria jusqu'à la côte Espagnole.

PÉRIODE

CÔTE DES ESCLAVES

DELTA OCCIDENTAL

DELTA ORIENTAL

CROSS-RIVER

Portugaise

1430-1560

Moyens d'échange :

Manillas (bracelets en laiton)

Moyens d'échange :

Manillas (bracelets en cuivre)

Moyens d'échange :

Manillas (bracelets en cuivre)

Moyens d'échange

Rien

1600-1650

(Dapper)

Monnaie locale :

Cauris (Boejies)

Monnaie locale :

Cauris (Boejies)

Monnaie locale :

Manillas (bracelets en cuivre gris)

Monnaie locale :

Baguette en cuivre

XVIIe au XVIIIe s.

(Barbot)

Monnaie indigène :

Cauris

Monnaie du commerce :

Barres de fer

Monnaie indigène :

Cauris

Monnaie du commerce :

Non mentionnée

Monnaie indigène :

Manillas

(anneau en cuivre)

Monnaie du commerce :

Barres de fer

Baguette en cuivre

XIIIe au XIXe s.

Cauris

Ounces et ackies (or)

Cauris

Unité d'évalua- tion :

Pawns

Manillas

Barres de fer

Baguette en cuivre

1850-1900

Aucune information

Aucune information

Monnaie locale :

Tonneau d'huile

Barres de fer et manillas

Baguette en cuivre945(*)

Source:G. I. JONES, « Native and Trade currencies in Southern Nigeria during the Eighteenth and Nineteenth centuries », Revue Africa, vol. XXVIII, No 1, January 1958, p. 46. In Florent ETOGA EILY, op.cit., p. 66.

Selon le Prince KUMANDUMBEIII, le Cameroun avait sa monnaie, un « Kroo » qui valait 20 Marks en 1884. On retrouve dans le texte de la conférence anglo-camerounaise du 17 décembre 1850, l'utilisation de l'unité d'échange « Kroo » utilisée sur la côte du Cameroun.

Mais le « Kroo » n'était que l'unité monétaire des transactions avec les Européens(1-).946(*) Ce qui favorisa l'introduction de l'impôt par capitation (2-).

1. L'utilisation du Kroo dans les échanges commerciaux de l'hinterland

Le « Kroo » destiné au commerce international était divisé en des unités plus petites, telles que : 1 Kroo = 4 Keg = 16 Bar = 20 Marks allemands = 100 Kg de palmiste947(*). Avec 1 « Kroo », on pouvait en 1884 s'acheter 10 gallons d'huile de palme, 2 livres d'ivoire, 16 ballots à 2 yards de « Common Prints », 4 sacs de sel à 125 livres, 300 feuilles de tabac.

Avec 1 « Keg », on pouvait s'acheter 50 livres de palmiste, avec 1 « Piggin », 5 bouteilles de rhum ou 25 tubercules de manioc ; avec 1 « Bar », on pouvait se procurer un poulet ou une bouteille de bière.

Pour les transactions commerciales à l'intérieur du pays - puisque les commerçants de la côte allaient chercher de la marchandise chez des producteurs ou d'autres intermédiaires de l'Hinterland - l'unité monétaire était le « Nbom » qui valait 12 « Bar », soit 50 Kg de palmistes. Ces prix ne s'appliquaient pas aux Européens à la côte.

Ainsi :

- 100 Kg palmiste = 1 Kroo = 20 Marks.

- 25 Kg palmiste = 1 Keg = 5 Marks.

- 12,5 Kg palmiste = 1 Piggin = 2,5 Marks.

- 6,25 Kg palmiste = 1 Bar = 1,25 Marks.

L'une des tâches de l'administration coloniale allemande, sera, d'une part, d'habituer l'autochtone à la circulation monétaire et, d'autre part, de mettre hors circuit toute monnaie autre que la monnaie allemande.

Dans ses directives économiques données aux résidents du Nord, le gouverneur KarlEBERMAIER demanda d'« agir rigoureusement pour qu'il n'y ait pas d'autres étalons de valeur que la monnaie allemande dans le commerce, même sur les pluspetits marchés et dans les centres administratifs les plus éloignés »948(*). Il n'existait jusque-là qu'une monnaie locale ; la monnaie proprement commerciale ne paraît pas en effet, avoir eu cours à cette époque sur notre côte ; ce n'est que beaucoup plus tard qu'on vit apparaître une unité monétaire, la« manilla » qui était un bâtonnet en fer ; 20 de ces bâtonnets devaient correspondre par la suite à un « bar », unité monétaire très connue dans le commerce de la côte africaine pendant tout le XIXème siècle.

Mais la « manilla » ne réussit jamais en fait à contrebalancer le système du troc, qui jouissait davantage de la confiance des indigènes ; cependant, elle semble dans l'arrière-pays, avoir laissé des traces profondes, puisque des morceaux de fer forgés à son imitation furent longtemps employés, notamment pour acquitter une partie de la dot, à l'occasion des contrats de mariage949(*) .

A partir de 1908, l'utilisation de l'argent commença à se généraliser : « A Garoua, la circulation de la monnaie allemande a fait des progrès sérieux. Le « Thaler de Marie-Thérèse » y a presque complètement disparu. Il n'en est pas de même à Ngaoundéré, mais la défense d'en introduire amènera sans doute un changement dans cette situation ».La généralisation du mark était due à l'introduction de l'impôt, mais aussi au décret950(*) de 1907 stipulant le versement des salaires en espèces. En septembre 1901, un impôt sur les chiens fut introduit à Douala. Il avait pour objectif moins de remplir les caisses du gouvernement que de débarrasser la ville des chiens appartenant aux Camerounais. Il est vrai que jusqu'à cette date, les Camerounais étaient touchés par les différentes taxes sur l'alcool, la poudre et les autres produits importés. Le 16 mai 1903,le gouverneur VON PUTTKAMERprenait un décret introduisant un impôt par tête951(*) dans la circonscription de Douala.

Étaient considérés comme contribuables, tout homme adulte et capable de travailler ainsi que toute femme adulte, célibataire et apte au travail. Le montant de l'impôt était de 03 marks par an. Tous ceux qui payaient l'impôt recevaient du chef un ticket.

Ceux qui par contre ne s'acquittaient pas de leurs obligations fiscales devaient travailler pour l'autorité administrative en remplacement. Ainsi, la relation entre l'impôt et le travail était clairement établie ; était contribuable tout individu capable de travailler, et à la place de l'argent, le travail était accepté.

Cette opposition des Duala amena l'administration coloniale à reconsidérer la forme d'impôt : au lieu de se baser sur l'individu, elle s'en tint à un signe extérieur qu'était la maison, et c'est ainsi que le 15 avril 1907 le décret introduisant l'« impôt par maison »952(*) fut publié.

Il était en vigueur dans la circonscription de Johann-Albrechtshohe-Hohe et dans celle de Douala où il remplaçait le décret sur l'impôt par tête. Tout propriétaire d'une maison était considéré comme contribuable. Le montant de cet impôt était de 12 marks par maison dans les villes et de 06 marks dans les zones rurales.

Mais ce décret se heurta aux protestations les plus énergiques des populations Duala. Le 20 octobre 1908, le gouverneur SEITZ signa un autre décret instaurant l'impôt par tête dans presque toute la région du Sud-Cameroun. Tout homme adulte et apte au travail était tenu de payer cet impôt à condition qu'il n'existe pas déjà dans sa circonscription de résidence une autre forme d'impôt.

Il avait le choix entre payer en argent ou effectuer un « travail d'impôt »953(*) pour l'administration. Quiconque se dérobait à ces obligations fiscales s'exposait à une amende allant jusqu'à 150 marks ou à un emprisonnement avec travaux forcés allant jusqu'à 03 mois.

Mais il s'en suivit une opposition sur cette forme d'impôt de la part des populations Duala et l'apparition de l'impôt de capitation.

2. L'introduction de l'impôt par capitation

La capitation est un impôt qui a été pratiqué dans la Rome antique et par l'administration byzantine et surtout perse, ainsi qu'en France pendant l'Ancien Régime et dans les empires coloniaux européens. Le terme dérive du latin « capitatio »954(*).

Il s'agit d'un impôt par tête955(*). En effet, un impôt par tête ou « impôt personnel au sens strict »956(*), est un impôt dont le montant est identique pour toutes les personnes. Il ne repose pas sur les biens ou sur les revenus,il est dû au prix de l'existence de la personne. Les impôts par tête ont joué un grand rôle dans le financement des gouvernements jusqu'au XIXème siècle, et ils ont été progressivement remplacés par des impôts personnalisés.

Tableau N° 5:Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914(En Marks).

1908 :

100. 000 Marks

1909 :

300. 000 Marks

1910 :

562. 000 Marks

1911 :

900. 000 Marks

1912 :

1.245.000 Marks

1913 :

2.210.000 Marks

1914 :

2.800.000 Marks

Source:H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons, op. cit., p. 343.

Tableau N° 6:Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (Du Deutsche Mark en Euros)

1908 :

51. 129 Euros

1909 :

153. 387 Euros

1910 :

287. 345 Euros

1911 :

460. 162 Euros

1912 :

636. 558 Euros

1913 :

1.129.954 Euros

1914 :

1.431.616 Euros

Source : Tableau réalisé par nous à partir du tableau N° 15 issu de H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons, op. cit., p. 343.

Tableau N° 7:Les recettes produites par l'impôt de capitation de 1908 à 1914 (De l'Euro en Franc CFA)

1908 :

33.538.537 XAF

1909 :

100.615.610 XAF

1910 :

188.468.589 XAF

1911 :

301.847.486 XAF

1912 :

417.556.061 XAF

1913 :

741.203.695 XAF

1914 :

939.081.652 XAF

Source : Tableau réalisé par nous à partir du tableau N° 15 issu de H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons, op. cit., p. 343.

Nous avons converti ces recettes de l'impôt de capitation de 1908 à 1914 du Mark à l'Euro, et de l'Euro au Franc CFA : nous constatons un timide démarrage en 1908 qui va s'envoler dès l'année suivante avec plus de 100.000 millions de FCFA récoltés. De plus, à la veille de la guerre, cet impôt aurait rapporté à l'Allemagne coloniale près d'un milliard de francs CFA, une somme colossale à l'époque.

On peut donc concevoir que c'est avec beaucoup d'amertumeque l'Allemagne a dû renoncer à ce paradis financier. Dans l'hinterland septentrional du Cameroun, les militaires allemands s'étaient mis à percevoir, dès leur arrivée, un tribut de chaque chef.

Ce tribut était arbitrairement fixé et ne correspondait pas du tout à la capacité de payer de certains chefs. Dans l'ordonnance du 20 janvier 1909, le gouverneur SEITZ demanda aux résidents d'exiger désormais des chefs traditionnels et de leurs populations le paiement de tribut en argent c'est-à-dire en mark allemand.Les taux étaient les suivants : 15 marks par homme adulte, 1 mark par tête de boeuf, de cheval, de mulet ou d'âne, 10 pfennigs par mouton, chèvre ou porc. Ils furent progressivement augmentés pour atteindre 5 marks par homme et 02 marks par femme en 1913957(*).

A cela s'ajoute la résistance des populations, faite de dérobades et de distanciation : « Pendant les opérations de recensement, rapporte le résident Schwartz, aucun renseignement précis n'a été fourni par les indigènes. Ils répondent invariablement ne rien posséder du tout. Interrogés sur la provenance de nombreuses traces d'animaux, ils répondent qu'elles proviennent d'animaux de villages voisins venus s'abreuver à leurs puits ; naturellement dans le village ainsi mis en cause, on obtient une réponse identique. Ils sont persuadés que nous avons l'intention de prendre leurs biens ».Cette mesure permit aux Allemands de tirer le maximum de profits de leur présence dans la région : d'abord, acheter à vil prix la force de travail de l'autochtone qui était obligé de l'accepter pour se procurer le mark afin de payer son impôt, ensuite acheter également à un prix dérisoire la marchandise de ce dernier.C'est l'ordonnance du 1er octobre 1911 qui fixa le montant de l'impôt à percevoir par habitant au Nord-Cameroun. Les taux étaient les suivants : « 1, 5 mark par homme, 1 mark par femme, 1 mark par tête de boeuf, de cheval, de mulet, de mouton, chèvre ou porc. Ces taux, indépendants de toute évaluation de revenus, devaient être augmentés progressivement pour atteindre 05 marks par homme et 02 marks par femme »958(*).

Pour les encourager dans cette tâche qui allait une fois de plus les mettre aux prises avec leurs habitants, l'on dut prévoir quelques compensations : le Lamido ou le sultan allait recevoir 15% du montant de l'impôt collecté, les dignitaires 5% et le chef de village 5%. Le reste, 75% était réparti comme suit : 25% pour la Landschatskasse (caisse locale) et 50% pour le Gouvernement. La « Landschaftkasse » servait à la rémunération du personnel autochtone de la résidence et aux travaux d'entretien.

Quant aux groupes nomades comme les Arabes Choas et les Mbororos, ils devaient payer leur impôt au Lamido ou au sultan du territoire où ils se trouvaient à la période de la collecte. C'est ainsi que les Peuls, les Mbororos et les Arabes Choas se mirent à vendre leur bétail qui, autrefois était à peine mangé ou vendu. Achetés par les marchands Haoussas, les boeufs étaient désormais abattus et vendus dans les marchés locaux - à Garoua, on abattait jusqu'à 08 boeufs par jour, - mais surtout conduits vers le sud pour y ravitailler la population européenne en viande fraiche. En effet, dès 1910, le gouverneur demanda l'approbation du conseil du gouvernement pour porter l'impôt à 10 marks ; le décret correspondant fut publié le 22 février 1913. Ce texte stipulait qu'on pouvait exiger plus de 10 marks d'un contribuable lorsqu'on estimait que son revenu annuel dépassait les 400 Marks. Selon le décret, une partie de l'impôt pouvait être payée en argent, une autre changée en travail.

Si un contribuable n'était pas capable de s'acquitter de l'impôt, il pouvait être loué à un employeur blanc qui s'en chargerait. Ainsi, l'argument selon lequel l'impôt ne devait pas créer une autre forme de travail forcé ne tenait plus ; tous ceux qui ne pouvaient pas payer l'impôt étaient désormais corvéables à merci. Pour trouver une solution au problème de la main d'oeuvre dans les secteurs de l'économie coloniale, l'administration en était arrivée là. Certains chefs n'hésitèrent pas à utiliser des organisations à caractère militaire, ce qui laisse supposer que la perception ne se déroulait toujours pas sans contrainte.

Il attendait la saison des pluies qui transformait la région en un vaste marécage à l'abri duquel la population se sentait en sécurité959(*). A la vue du cortège dans la plaine, ils960(*)réussissaient toujours à s'enfuir ou à se cacher dans les montagnes difficilement accessibles par les agents percepteurs, d'où ils décochaient quelques flèches ou tendaient des embuscades. Les transactions s'effectuaient par l'intermédiaire de cette monnaie. Son introduction en pays BamounBamun et dans les régions voisines avait été favorisée par le commerce des esclaves et de l'ivoire. Ce commerce était principalement contrôlé par les Haoussa, qui venaient jusque dans les frontières nord du Sultanat et s'étaient installés dans les villages Tikar les plus proches. Leur lente pénétration à l'intérieur du pays entraîna tout naturellement un accroissement progressif des stocks de cauris.

Deux sortes de cauris étaient en circulation dans l'Ouest du Cameroun : les « Molucca », de couleur blanche, et les « Zanzibar » qui étaient bleus. Dans le temps, les cauris blancs pénétrèrent sur le Calabar et la Cross-River. Les cauris blancs furent dit-on, introduits en très grande quantité par des commerçants Jukum ; du sud et du nord de la Bénoué, puisque le moyen traditionnel d'échange chez les Wukari dont les Jukum constituent une branche, était le fer de houe et le paquet de sel ; il existait en effet un courant commercial assez important, entre la région BamounBamun et les États Foulbé, par l'intermédiaire des Haoussa.Dans tout le Cameroun, le marché de Foumban était le plus important pour l'achat de ce produit ; sa commercialisation rapportait l'équivalent de 1 000 à 1 500 marks par mois.Les mêmes Haoussa venaient également chercher de l'ivoire en pays BamounBamun, pour le revendre dans les contrées de l'Adamaoua où les Européens en étaient de grands acquéreurs ; malheureusement pour les indigènes, leurs produits étaient toujours cédés contre des cauris.

Cet état de choses amènera plus tard de cruels désenchantements, au moment où le Gouvernement impérial se verra obligé de prononcer la suppression du cauris comme moyen légal de transaction. On estimera entre 100 et 200 millions, le nombre de cauris ainsi perdus, soit l'équivalent d'environ 500 000 marks961(*).

A côté du cauris, il circulait en petites quantités, des « manilla » et des perles. Leur usage s'était plus particulièrement développé après que les Allemands avaient autorisé les Haoussa à exercer librement le commerce à travers toute l'étendue du territoire. Mais, cette monnaie ne fut en fait utilisée que pour le paiement de la dot ou dans des règlements mineurs, notamment sur les marchés des denrées vivrières.

Comme on peut le voir, l'activité commerciale dans l'Ouest, et plus particulièrement en pays BamounBamun, présentait un réel intérêt ; avec l'installation des firmes européennes, cette activité ira s'accentuant, au point que plus tard, la région occidentale du Cameroun fournira au commerce d'intermédiaires, des agents fort capables, avant de produire, par la suite, des commerçants considérés à juste titre comme étant parmi les plus dynamiques du Cameroun962(*).

La nouvelle forme de circulation monétaire a eu des répercussions non seulement sur le commerce mais également sur les échanges sociopolitiques de la communauté Duala.

B. L'UTILISATIONDE LA MONNAIEOCCIDENTALEOU LA MODIFICATION DES USETCOUTUMESDE LA SOCIÉTÉ DUALA

Au stade du « troc-marchand », calcul et crédit tenaient lieu de monnaie. Des instruments dont la capacité de mesure était connue, l'épaisseur de piles d'étoffe par exemple, étaient employés pour réaliser les « termes de l'échange » ...

En 1907, le gouvernement constatait à cette date, c'est-à-dire deux décennies après la prise de possession du Cameroun, que le commerce ne présentait pas de changement fondamental : « le troc garde toujours sa prépondérance, quoiqu'on aperçoive une haute augmentation de la circulation monétaire. L'arrêté relatif au paiement de la solde des indigènes en espèces, qui entrera en vigueur le 1er avril 1908 pour le district Sud, enlèvera de plus en plus de régions au commerce par troc, pour les ouvrir à la circulation monétaire. En même temps, l'affaiblissement du système du trust se fera jour. Les commerçants ont reconnu depuis longtemps son caractère nuisible, mais tout effort pour en finir s'est heurté jusqu'à présent à la grande concurrence. C'est seulement en 1910 qu'un procès était enregistré : « l'augmentation des transactions, la nécessité de payer les impôts en espèce, ainsi que l'interdiction du trust par l'ordonnance relative au paiement en espèces des agents, entraînaient partout une grande augmentation de la circulation monétaire »963(*).

De plus, nous avons interprété la situation commerciale du Protectorat allemand au Cameroun à partir de la fin des années 1800(1-) et l'utilisation du nouveau système monétaire va faire éclore de nouveaux rapports sociaux au sein de la société indigène (2-).

1. Interprétation de la situation commerciale du Protectorat allemand au Cameroun

Le tableau suivant résume la situation du commerce de 1901 à 1912.

Tableau N° 8: Situation du commerce au Cameroun de 1901 à 1902.

964(*)

IMPORTATION EN 1 000 MARKS

EXPORTATIONS EN 1 000 MARKS

COMMERCE TOTAL EN 1 000 MARKS

1901

9 397

6 264

15 661

1902

13 275

6 264

19 539

1903

9 425

7 139

16 564

1904

9 378

8 020

17 398

1905

13 467

9 315

22 782

1906

13 305

9 945

23 250

1907

17 296

19 866

37 162

1908

16 788

12 163

28 951

1909

17 722

15 448

33 170

1910

25 480

19324

44 804

1910

25 480

19324

44 804

1911

29 317

21 250

50 567

1911

29 317

21 250

50 567

1912

34 241

23 336

57 577

Source : F. ETOGA EILY, Surles chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 223-227.

Au cours de cette période, l'évolution des activités commerciales accuse une très nette constance. Seules les années 1903 et 1904 marquent une certaine régression par rapport au niveau atteint en 1902. Il faut observer que cette baisse affecte plus les importations que les exportations ; c'est qu'à cette époque-là, le commerce au Cameroun était soumis à de graves épreuves.En Allemagne même, l'hostilité du Reichstag avait redoublé d'intensité et condamné toutes les activités à un développement au ralenti.

Dans le même temps, commençaient les affrontements les plus sanglants enregistrés dans l'intérieur du pays entre noirs et blancs. A l'inverse, la situation connait un redressement spectaculaire à partir de 1907 ; c'est qu'un changement était intervenu au Reichstag et que DERNBURG, plus favorable aux colonies, avait été nommé Ministre des Colonies, dès décembre 1906.

Cette mutation explique l'accroissement de plus de 38 % que connait le commerce total du Cameroun en 1907 par rapport à l'année précédente. D'une manière générale, les progrès réalisés depuis 1900 et plus particulièrement depuis 1907 par rapport à la période antérieure sont très sensibles.Le tableau suivant permettra de mieux s'en rendre compte.

Tableau N° 9:Situation du commerce au Cameroun de 1891 à 1900.

ANNÉES965(*)

EXPORTATIONS

IMPORTATIONS

COMMERCE TOTAL

1891

4,307

4,547

8,854

1892

4,264

4,471

8,735

1893

4,633

4,162

8,795

1894

4,435

6,497

10,932

1895

4,090

5,658

9,748

1896

3,961

5,359

9,320

1897

3,385

6,327

9,712

1898

4,602

9,297

13,899

1899

4,841

11,133

15,974

1900

5,886

14,245

20,131

Source : F. ETOGA EILY, Surles chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 223-227.

... Il faut bien noter qu'au cours de la période qui va de 1896 à 1908, le Cameroun était parmi les colonies allemandes, celle dont les exportations représentaient encore le montant le plus élevé. Par la suite, cette situation devait connaître un net changement ; car, en 1911, le Cameroun n'occupait plus que le troisième rang parmi les quatre possessions allemandes d'Afrique, pour les importations, les exportations et le commerce total.

Tout le commerce d'Allemagne avec ses colonies représentait un chiffre global de 240 208 483 marks en 1911 ; le Cameroun y contribuait pour 50 586 000 marks, soit un peu plus de 25 %. Mais, c'était la colonie qui recevait le moins de subventions de la part de la métropole ; pendant plus de vingt ans, de 1891 à 1912, le total des subventions accordées au Cameroun n'a atteint que 71 144 000 marks, ce qui est très insuffisant.

La plus grande part du commerce du Cameroun se faisait avec l'Allemagne. En 1912, sur 57 577 000 marks que représentait l'ensemble du commerce du Protectorat, 47 millions revenaient au commerce avec l'Allemagne ; les importations y figuraient pour 27,2 millions et les exportations 19,8 millions.

L'Angleterre venait en seconde position avec un commerce total de 8,5 millions répartis à raison de 5,5 millions à l'importation et 3 millions à l'exportation. Avec les pays africains voisins, le commerce du Cameroun représentait en 1912, que 917 000 marks pour l'importation ; il était en 1912, de 917 000 marks pour l'importation, et de 181 000 marks pour l'exportation. L'Amérique et la France comptaient respectivement 230 000 et 300 000 marks d'importation.

Il convient de signaler ici que la part du gouvernement dans les importations était de 5,4 millions de marks ; mais les matériaux d'une valeur de 500 000 marks destinés à la construction du chemin de fer en 1912, n'ont pas été importés pour le compte du gouvernement.Les produits importés intéressaient notamment, l'agriculture, les productions animales, les articles d'habillement, les machines et les véhicules, les armes et les munitions, etc...966(*)

Par la suite, on assistera à l'apparition des rapports sociaux due à l'introduction du nouveau système monétaire.

2. L'utilisation du nouveau système monétaire ou l'éclosion de nouveaux rapports sociaux au sein de la société « indigène »

Dans un article manuscrit intitulé « Histoire de Difoum Ngango, le caïman du Wouri », BEBE NJOH relate le différend qui opposait les Wuri, voisins des Duala, aux Bodiman, riverains localisés au nord et partant plus éloignés de la côte.

Dès le début de la traite, les échanges s'organisèrent. Les Duala payaient aux Wurila caisse de palmiste 2,50 marks ; les Wuri se la procuraient à raison de 02 marks auprès des Bodiman, ceux-ci l'obtenaient des Bassa producteurs pour 1,50 mark. Nous ignorons combien l'élément européen l'achetait967(*).

L'on peut voir les prix, ou ce qui tient lieu de prix, augmenter de l'intérieur vers la côte, quand il s'agit de produits locaux et de la côte vers l'intérieur, quandil s'agit de produits européens.

Deux facteurs interviennent dans cette variation :

1) La position géographique des groupes et la possibilité de communiquer avec leurs voisins en direction de la côte et des régions productrices ;

2) La situation politique des groupes en question, qui peut nier ou renforcer le rôle qui découlerait de la position géographique. Toute innovation apportée à l'ordre des groupes « traitants », provoque des guerres entre lignages et parfois entre tribus. Il est remarquable de constater qu'elles se terminent très souvent sur l'initiative des oncles et neveux maternels qui ramènent la paix et rétablissent la hiérarchie ou bien la modifient.

3) Enfin, on peut penser que la pénétration et la diffusion des produits européens a permis aux groupes forestiers, déjà en interaction, de multiplier leurs relations, d'entrer dans des rapports suivis et quasi-permanents, d'être directement ou indirectement en contact avec des régions éloignées ; régions côtières pour les populations du centre, régions de l'intérieur pour celles du littoral.

Jusque-là, les conflits restent extérieurs : guerres, arrêt du commerce... Les conflits internes n'apparurent que plus tard, avec l'intensification du trafic, lorsque fut compromise la structure des groupes lignagers et celle des sociétés tribales engagées irréversiblement dans la traite. Les partenaires en présence, aussi bien qu'autochtones qu'européens, ressentirent alors le besoin d'une supra-organisation, administrée par une puissance souveraine, étrangère au contexte autochtone et au groupe cosmopolite de commerçants fréquentant la côte et plus particulièrement l'estuaire968(*).Ainsi, le CapitaineJohnADAMSdonneun témoignage datant de 1786, donne une liste des produits échangés dans la rivière « Cameroon » et leur valeur.

Une tonne d'ivoire valant 240 livres sterling avait pour équivalent en produits d'origine européenne : « 15 tonnes de sel valant 15 livres, 17 barils de poudre à fusil de 51 livres, 50 fusils dits « toxerproof »,10 cotonnades des Indes appelés « baft », 40 cotonnades de Manchester appelées « chellos » valant 18 livres, 02 barils de brandy de 20 livres, 30 ustensiles de cuivre de 22 livres, des perles, de la ferraille, de la quincaillerie, de la vaisselle pour une valeur de 41 livres »969(*),ce qui correspond en pourcentage calculé d'après la valeur et par catégorie de produits à :34% d'armes et de poudre, 26% de verroterie, 25% de cotonnades, 8% d'alcool et 6% de sel.

Avec ces mêmes marchandises plus encore 10 tonnes de sel, on obtenait 20 tonnes d'huile de palme970(*).Les produits européens entrèrent dans la comptabilité des « avoirs » de tous les Duala ou, ce qui revient au même, dans la masse globale des « biens » de la société. Néanmoins, ils ne parvinrent jamais à jouer dans les relations le mêmerôle que les objets traditionnels, car ils étaient destinés davantage à l'enrichissement qu'au renforcement des alliances. Pour preuve, dans les relations matrimoniales, jamais les étoffes ou les ustensiles de cuisine d'origine industrielle ne remplacèrent institutionnellement les « mbea toe », ces crevettes pêchées dans le Wouri une ou deux fois par décennie, ni les barres de fer, monnaie employée dans certains mariages.

L'histoire du commerce dans le Sud-Cameroun le montre fort bien : l'évolution de l'activité commerciale se caractérisa par l'élimination progressive de tout monopole, qu'il soit l'affaire des chefs vis-à-vis de leurs sujets ou celle des Duala dans leur ensemble vis-à-vis des autres peuples. A un tel processus correspondit un individualisme mercantile croissant, en contradiction avec les normes des sociétés locales et générateur d'un déséquilibre entre biens en circulation et relations sociales identifiées aux réseaux économiques. Il suffira de surproduire un peu ou bien de produire en dehors de la communauté pour acquérir, par l'échange, des biens que l'on introduira en celle-ci sans pour autant les intégrer à l'ensemble patrimonial971(*).Toutefois, l'ancien sens des échanges ne sera pas oublié malgré l'expression mercantile qu'ils prirent. Derrière le prix, la qualité de l'alliance était toujours considérée.

ThéodoreSEITZ en donne un bel exemple : « Franziska, la fille de MANGA BELL, rapporte-t-il, répondit, un jour que je lui demandais pourquoi elle ne se mariait pas : « personne ne peut me payer ici, je suis trop chère ». Je fis la même expérience avec Emma DEES, une métisse fille du capitaine d'un vaisseau de commerce. Elle habitait la même case que ses frères et soeurs. Plus tard, elle devint la femme de RudolfBELL. Un jour, le sous-officier ZAMPA, que le capitaine Kurt MORGEN avait emmené quelque temps en Allemagne, vint me voir et me prier de demander pour lui la main de la belle Emma. Il ne voulait et ne pouvait pas payer les 6.000 marks qu'EMMA avait fixés elle-même comme montant de la dot : il voulait conclure un mariage européen. J'allai la voir et lui dis que ZAMPA était sous-officier dans un régiment prussien et qu'il était actuellement l'un des hommes les plus considérés à Kamerun, mais rien n'y fit. La belle déclara qu'on ne pouvait l'avoir en dessous de 6.000 marks et que ZAMPA était pour elle un « niger » de brousse qu'elle ne prendrait pas ».

Dans un premier temps, les biens relevant des deux économies furent distinguées ; dans un second temps, le primat de la marchandise européenne se manifesta dans les relations traditionnelles : les biens alors se confondirent, les biens « indigènes » furent valorisés comme les marchandises européennes et celles-ci entrèrent dans les relations traditionnelles ; en dernier lieu, valeur des biens et « poids » des relations entrèrent dans un rapport permettant à la monétarisation de se généraliser et à la société d'absorber toutes les richesses venant de l'extérieur, l'équilibre parfait devant aboutir au maintien de la société à son niveau économique traditionnel malgré l'accroissement prodigieux des biens.

Ce phénomène est visible surtout en ville, où les individus, quels que soient leurs revenus, vivent généralement toujours de la mêmefaçon ; leurs charges sociales augmentent au fur et à mesure qu'ils s'enrichissent ou qu'ils voient leurs revenus s'élargir972(*). Les biens perdant de leur spécificité, tout s'échangera contre tout. Les vivres, les objets, les femmes..., auront un dénominateur commun : l'argent... la transmutation des biens locaux en marchandises eut pour effet d'accélérer la rapidité des échanges.Alors qu'il fallait auparavant un certain temps entre le don et la remise du contre-don973(*), sous l'emprise de la monnaie, le délai des opérations durera juste le temps de « marchander », de conclure et d'échanger. Jadis, durant la période de tractation, « temps mort » de l'échange traditionnel, les alliances se nouaient et se renforçaient. Ce n'était pas un marchandage, mais une discussion, ou plutôt une série de discussions et de prises de position.

Pendant toute la durée de la confrontation, toute la vie sociale complexe de la parenté et de l'alliance, les deux pôles des sociétés fondées sur la filiation, se manifestait ainsi. Avec l'argent, elle tendit à se contracter et à s'éteindre au moment de la libération instantanée de la contre-prestation. On le constate dans les relations s'établissant autour des vivres, des objets, des femmes et des services, « biens grâce auxquels on se liait « clients » et parents.

Cependant une distance temporelle sépare souvent, dans l'opération du nouvel échange, les actes de donner et de recevoir ; au lieu d'interpréter et de ressentir cette distance comme un fait structurel, on fit de cette situation, une « dette », phénomène qui n'existait pas, tout au moins de la mêmefaçon, avant l'introduction de la monnaie974(*).

Ainsi, de même que la souveraineté étrangère les mit entre parenthèses, l'économie monétaire les fit entrer dans son domaine tout en s'assurant de leur dépendance975(*).

Partant de là, dans la deuxième section de notre travail, nous nous intéresserons à la perception des Rois BELL, AKWA et DEÏDO à l'égard de l'administration coloniale allemande.

SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA ETDEÏDOÀL'ÉGARDDE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Le 1er fils de l'ancêtre Duala fut MAPOKA. MAPOKA eut un fils nommé NJOH et un esclave qu'il considérait comme son propre enfant : KOUO. A l'origine, dans l'« eboko » de MAPOKA, les deux fils et leurs descendants vivaient en paix, formant un puissant groupe : les Duala. Ce sont les descendants de NJOH qui devinrent par la suite les BONADOO et ceux de KOUO, les BONAKOUO, les deux clans de la tribu. A cette époque eut lieu l'évènement le plus important de l'histoireDuala : la rencontre avec les « blancs ». LesBOJONGO les découvrirent les premiers. Un jour qu'ils allaient pêcher, ils virent un bateau, « kata », qui se dirigeait vers la rive. Ses occupants, des Européens, apercevant les pirogues, les arrêtèrent, demandant aux pêcheurs de leur montrer les villages. Mais à terre, les BOJONGO décidèrent de les tuer malgré l'opposition des notables. Il fallut toute l'autorité de DOUALA MBEDI pour les en empêcher. Cet incident valut aux Duala l'avantage de recevoir les premiers Européens et de faire du trafic avec eux.

Dès le début des échanges, les navigateurs demandèrent à DOUALA MBEDI de leur confier un homme pour qu'il apprenne le « portugais ». L'on désigna MAPOKA. Quand le fils de DOUALA MBEDI après un séjour au Portugal retourna chez les siens, il était apte à remplir la fonction de premier intermédiaire entre les populations de l'intérieur et les commerçants.

Ces derniers en vue de le reconnaître, lui remirent un drapeau et une « attestation » indiquant qu'il était « King ».Le drapeau fut planté sur le 1er plateau, près du Palais de Justice actuel. Cependant, les BOJONGO tentaient de rentrer dans le circuit des échanges.

Voyant qu'ils ne le pouvaient pas sans l'accord de MAPOKA, ils protestèrent devant lui et lui rappelèrent qu'ils avaient été les premiers à voir les étrangers. La réponse qui leur fut faite est restée légendaire : « Quand l'aigle (mbela) prend quelque chose, il ne le rend plus. Dès lors, les Duala empruntèrent le nom de l'aigle et se nommèrent les Bonambela ». LesBOJONGO définitivement écartés, ainsi que les Bassa de la côte, les Duala restaient seuls à traiter avec les Européens976(*).Comme nous l'avons précédemment constaté, l'entente entre Duala fut malheureusement de courte durée ; les jalousies et les luttes intestines qui couvaient jusque-là apparurent au grand jour.

Cela s'accentua davantage avec la révolte du chef AKWA contre son frère BELL, dans les premières années du XIXème siècle.C'est de ce temps que date, à la suite d'un accord verbal entre intéressés, la délimitation des régions assignées respectivement à chaque tribu, pour l'exercice de son commerce. Le Wouri échut alors aux AKWA, tandis que BELL et DEÏDO se partageaient le Mungo977(*).

Partant de là, on peut dire que les relations étaient tendues non seulement entre les chefs Duala et les autorités coloniales allemandes (Paragraphe I), ce qui a conduit à la remise en question de la perception de l'administration coloniale allemande par les chefs Duala(ParagrapheII).

PARAGRAPHE I : LES RELATIONS CONFLICTUELLES ENTRE LES CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

LesBonadoo se diviseront en deux (02) grandes familles : les BonaNjoh à gauche du fleuve Wouri en aval, les Bonaku (Akwa) et les BonaEbele (Deïdo) tous restés à la rive gauche du fleuve Wouri en amont.Les quatre (04) groupes conçus sont appelés « MATUMBA » et sont dirigés par un « MWANED'A BOSO ou KINE » qui signifie Roi.

Chaque Roi a plusieurs « BANEDI BA MBUSA » qui ne peuvent s'appeler « KINE » mais « MWANED'A MUNDIMA » c'est-à-dire chef de village de... Les chefs des villages respectifs d'un Tumba sont indépendants mais rendent compte à « MWANED'A BOSO ou KINE », en cas de besoin ou pendant des assises périodiques convoquées par le Roi.

Le Roi est le seul responsable administratif du canton auprès de l'administration.Dans le village natif de « MWANED'A BOSO », la famille régnante présente ou désigne le « MWANED'A MUNDI » qui n'est pas du même foyer que son « KINE ».En cas d'impossibilité, le Roi fait cumul de fonction. Le « MWANED'A BOSO `KINE' » ou le « MWANED'A TUMBA »978(*) est choisi ou désigné par les seuls membres dignitaires des foyers de la famille régnante. Toute ingérence des autres familles du village ou d'ailleurs est formellement interdite.

Quant à « SANGO'A BOA »979(*) qui n'est pas le « SANGO'A TUMBA »980(*), « MUTUD'A TUMBA » non plus981(*), il est le 1er garçon du premier foyer quand ce dernier n'est pas désigné chef, si oui le 1er garçon du 2ème foyer qui est « SANGO'A BOA » si non le 1er garçon du 3ème foyer dans la tradition Duala. Le « MUTUD'A TUMBA » est le membre le plus vieux de tous les ressortissants de la famille régnante.

Dans cette organisation élargie et libérée, strictement traditionnelle, l'obéissance, le respect, la hiérarchie sont de rigueur. De son système pyramidal tout part de « Masoso 'au Ngondo » : Assemblée traditionnelle où se règlent tous les problèmes de MBOA DOUALA, comme il s'agit de Douala ici, mais c'est précisément NGOND'A SAWA982(*).

Il y a encore deux (02) siècles, on observait des guerres sanglantes entre rois et entre Matumba983(*), les verdicts allaient jusqu'aux pendaisons des rois ou aux extraditions à vie984(*). Les verdicts étaient prononcés par le Ngondo, depuis sa cour suprême de justice. Les débats duraient des jours entiers voire des semaines, des mois, des années et les verdicts étaient sans appel.

Dans la suite de notre travail, nous examinerons les relations de la dynastie BELL(A-), de la dynastie AKWA (B-) et de la dynastie DEÏDO(C-) avec l'administration coloniale allemande.

A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Au commencement du XIXème siècle, un seul chef Duala, BELE BA DOO représentait encore la totalité des Duala dans les négociations avec les Européens. Mais déjà en 1814, le jeune NGAND'A NKWA arriva à se faire reconnaître pour « roi » par les Européens, en s'attribuant le droit de négocier avec les subrécargues985(*).

Désormais, les Duala étaient divisés en deux (02) groupes antagonistes :

1° Le lignage des Bonadoo986(*) conduit par les « rois » BELL de Bonanjo ;

2° Le lignage des Bonambela, à la tête duquel se trouvaient les rois AKWA de Bonaku.

Cette dichotomie prit une importance fondamentale pour l'histoire ultérieure des Duala. Or, on constate d'autres segmentations. LesBonabéri se détachèrent sous leur chef KUMMBAPE987(*) des Bonanjo, et les Bonambela avec EYUMEBELE988(*) comme chef s'approprièrent l'autonomie des Bonaku. Dès les années 50, les traités de commerce tenaient compte de cette situation, et reconnaissaient la division de l'autorité entre quatre (04) chefs.

Comme les deux « rois », les deux (02) « chefs » avaient voix à la Cour d'Équité et ils recevaient une partie de la coutume. Mais malgré leurs ambitions, ils ne parvinrent pas à l'autonomie totale, ni à être reconnus comme « rois » ; ils demeuraient encore dans un certain état de dépendance vis-à-vis de King BELL et de King AKWA989(*).

CHARLEY DIDO, d'ailleurs, paya son ambition politique de sa vie : s'étant engagé dans une guerre sanglante avec les Bonambela, il fut condamné à mort par le Ngondo en décembre 1876990(*). Il semble que souvent des chefs - faute d'une autorité proportionnée aux exigences et accordée par le droit coutumier - aient essayé d'établir un régime rigide. King BELL, en particulier, passait pour despotique. Sa politique avait cependant des effets contraires au but visé : en 1873, les Bonapriso se détachèrent de lui et se placèrent sous la protection de son rival King AKWA991(*). Celui-ci n'hésita pas à leur donner un terrain pour s'y installer. Le conflit né de cette segmentation se prolongea...aux simples rivalités entre les chefs s'ajouta la confrontation des chefs avec leurs dépendants, les cadets sociaux ou les « Youngmen »992(*).En 1871, le Consul avait observé que:« The Kings are well disposed towards us, but it is almost impossible for them to keep their savage subjects its subjection (sic)! ».993(*)

En 1878, enfin, le Consul HOPKINS rapporta:« There are too many Kings in the Cameroons River, and they are too close together. They cannot keep their young men under control. They have all told me they would be glad if His Majesty's Government would take them under their protection, as they cannot rule their people themselves »994(*).Les BONAMANGA sont la branche régnante des BELL, Bonanjo, à Bali, à Douala. Les BONAMANGA sont une composante importante des 12 foyers dits BonaMandona à Bali. Ils font partie d'un groupe qu'on retrouve des deux (02) côtés du fleuve Wouri à Douala : les Bonadoo. Les Bonadoo rassemblent également les BonaPriso, BonaDoumbè, BonaBélone, BonaBéri, BonaSama, Bonendalè, etc.En langue Duala, le mot « Bona » est généralement rattaché à un individu dont on se réclame :un patriarche, un homme ou une femme.

Bonadoo signifie donc « Ceuxde DOO, les descendants de DOO ». Le patriarche DOO-MAKONDO, né entre 1697 et 1702, était le chef de tous les Duala, c'est-à-dire des descendants d'EWALE MBEDI et ses deux (02) fils : « MASSÈ MA EWALÈ » qui a produit la branche des BONADOO et « MOULOBÈ MWA EWALLÈ » qui a produit la branche des BONAMBELA - AKWA sous le règne de « BELLÈ » à Bonabéri(1-).

Partant de là, nous parlerons des rapports que les Rois BELL ont entretenus avec l'administration coloniale allemande (2-).

1. La scission entre « BELL » et « BELLÈ »

Mais, plus tôt dans l'histoire de la tribu Duala, un autre séisme avait déjà durement secoué la maison du roi DOO-MAKONGO : son fils aîné, NJOH995(*), plus connu sous le nom de PRISO'A DOO, fut écarté de la succession royale. On lui préféra son jeune frère « BELLÈ BA DOO ».

La colère et la réaction de PRISO furent si violentes que « BELLÈ » n'eut la vie sauve qu'en s'exilant loin du territoire familial du plateau Joss de Bonanjo. Il trouve ainsi refuge de l'autrecôté du fleuve Wouri, à Hickory-Town, dans un grand territoire qui encore aujourd'hui porte son nom : BonaBellè, ou BonaBèdi, déformé phonétiquement en Bonabéri. « BELLÈ » y prospéra en compagnie d'un de ses frères, « SAMÈDOOH », lui-même fondateur de BonaSama. Cependant, dans la maison de DOO'A MAKONGO, à Bonanjo, les dissensions entre les partisans des deux frères laissaient planer un doute quant à la capacité du clan DOOH à se doter d'un chef après le patriarche DOO-MAKONGO, sur le territoire de Bonanjo, PRISO ayant été écarté, « BELLÈ » s'étant réfugié loin du palais.

Après d'interminables négociations dans le but de faire revenir « BELLÈ » à Bonanjo pour hériter du trône de son père, « BELLÈ » refusa finalement d'opérer son retour, préférant s'établir définitivement et régner sur les DOO à partir de son nouveau territoire. Il proposa à la famille un de ses 37 enfants pour perpétuer le trône de son père de l'autre côté du fleuve. « BEBEYBELLÈ », un de ses fils, fut désigné pour succéder à son grand-père, un héritage qui n'était pas complètement sans risque, tant les tensions entre les BELL et les PRISO étaient encore vives. Mais DOO LA MAKONGO avait désormais un successeur issu de Bèlè, car son petit-fils « BEBEY » a réussi à pacifier la famille et à établir ainsi un pont entre ceux de Bonabelè996(*) et ceux de son oncle.

Les autres branches de la famille, les BonaDoumbè, les BonaBelonè, les BonaDouma, les BonaNgang, reconnurent la légitimité et l'autorité de « BEBEY » et se rangèrent tous derrière lui. Le royaume de DOO ne connut donc pas de scission, grâce à la finesse politique du jeune « BEBEY » et le sens élevé de l'intérêt général des partisans de PRISO.

Ainsi fut scellée la paix retrouvée entre les DOO et les DOO, dont EPEE D'OR chantait jadis les jolies mélodies de la réconciliation en prenant comme un des symboles, le club de football « Oryx de Douala » : « Doo-Doo a ma bolè lata » = « Doo-Doo a retrouvé la paix et l'unité ». De Bonabéri à Bali, jusqu'à BonaPriso, un seul peuple : BONADOO !« BELÈBELÈ » fut rebaptisé en « BELE BELL » et devint ainsi le véritable « King Bell » de l'ère moderne.

Pour bien distinguer des descendants de PRISO'A DOO de ceux de « BELLÈ BA DOO », ces derniers furent appelés « BonaMandona », du nom de la mère de « BELLÈ BA DOO », celle de PRISO s'appelant « ENDALLÈ ».« BEBEY BELL » engendra le Prince BELL LOBÈ BEBE et ses frères et soeurs, LOBEBEBE engendra le Prince BELL NDOUMBE LOBÈ et ses frères et soeurs. MANGANDOUMBÈ engendra le Prince BELL RUDOLF DOUALA MANGA BELL et ses frères et soeurs, DOUALA MANGA engendra NDOUMBÈ DOUALA MANGA BELL et ses frères et soeurs.

Un drame familial ayant opposé NDOUMB'A DOUALA et son fils unique JOSE EMMANUEL où ce dernier trouva la mort, NDOUMBÈ désigna de son vivant, son successeur en la personne de son neveu, le Prince RENÉ DOUALA MANGA BELL997(*), qui succéda à son oncle sur le trône des BELL en 1966 jusqu'à sa disparition en 2012.Le cousin germain du patriarche DOO MAKONGO, qui se prénommait NGANDO, issu de Mulobè, mena une insurrection dans le but de s'émanciper de la tutelle des BonaDoo : la tribu se retrouva désormais avec deux chefs distincts, et deux clans, au sein du même peuple, puis bientôt trois chefs, avec la prise de distance des fils « EBÈLÈ »998(*), qui s'émancipent à leur tour de la tutelle Akwa.Les Duala devaient imposer par la force leur hégémonie et s'imposer une centralisation politique tribale que les lignages craignaient pour leur indépendance...

En effet, le commerce qui les servit pendant un temps, les desservit par la suite : aucun lignage ne parvint à se distinguer des autres, et de l'entente interlignagère valable vis-à-vis de l'extérieur n'émergea aucun pouvoir centralisé. De là, l'affaiblissement du groupe « monopoleur » devant ses partenaires locaux, lesquels, tout en restant sous l'influence des Duala, n'attendaient que le moment de s'affranchir de leur tutelle matérielle et occulte...

Mais les Duala déjà divisés ne firent qu'étendre leurs dissensions à l'extérieur, dans cet immense hinterland que les clans rivaux se partagèrent. Aussi, afin de résoudre le problème insoluble posé par l'interdépendance des lignages antagonistes, fractions dans l'obligation de se fondre en une unité indécomposable face au pays, ils crurent qu'avec l'appui de leurs échangistes occidentaux habituels, ils retrouveraient la paix chez eux, mieux, ils assoiraient leur hégémonie dans l'intérieur999(*).

2. LesRois BELL et l'administration coloniale allemande

Les chefs étaient encouragés et ceux qui paraissaient les meilleurs étaient aidés dans les luttes qui les opposaient à leurs rivaux traditionnels. C'est ainsi que le King BELL, à Douala, bénéficia pendant longtemps du soutien du gouvernement allemand, lequel espérait peut-être réaliser ce que les Duala ne purent jamais mener à bien : une sorte de royauté côtière dont ils se seraient fait l'allié. Mais l'expérience prouva pour de multiples raisons, entre autres désaccords entre tous les Duala et leur volonté commune de ne pas vouloir réellement et inconditionnellement coopérer, que pareil système coupait non seulement le pouvoir colonial des populations mais encore aggravait les querelles entre chefs.

A ce propos, un texte de 1919, relatif à l'organisation allemande est très significatif : « La politique allemande avait cherché à un moment donné, à étendre à l'intérieur l'influence des familles dominantes de Douala, principalement celle des BELL, tandis que l'autorité des Akoua était combattue.En 1911, DIKA AKOUA, chef d'Akoua fut déporté et toute la région passa sous l'autorité de LOBE BELL. Mais les Allemands ne se résignèrent pas à accorder à ce chef une autorité complète.

Eux-mêmes en matière administrative et fiscale, se tenaient en contact direct avec les groupements indigènes. Des inspecteurs de police européens passaient périodiquement dans les villages et contrôlaient l'exécution des ordres venus du Chef de circonscription, quand, ils ne le faisaient pas exécuter directement »1000(*).

Un passage de l'ouvrage de Théodore SEITZ, dont les rapports avec les Duala furent on ne peut plus respectueux est révélateur à ce sujet : « le travail essentiel de l'administration, écrivait-il, consistait à surveiller les chefs sur les territoires desquels s'étendait l'administration. Il en résultait souvent des situations désagréables parce que d'un côté, il fallait prendre en considération les coutumes et points de vue des indigènes, d'autre part, il était impossible d'admettre des délits trop graves allant à l'encontre des notions européennes de droit et de moralité.

Un tel cas s'est produit en 1896 alors que je remplaçais le gouverneur en congé. Un Duala vint un après-midi au Gouvernement et m'annonça que MANGA BELL faisait dire que son père avait tué une de ses femmes dans un accès de jalousie. Je me rendis immédiatement à la « Place » du vieux King, elle était complètement déserte. La fille préférée de King BELL se trouvait près d'une case, une soeur de MANGA criait et secouait, vivement la porte de la case.

A mes questions, elle répondit que son père avait frappé à mort une femme dans la case. Tout de suite après, la porte s'ouvrit et le vieux apparut, le corps tremblant d'émotion. Dans la case était suspendue à un poteau une femme morte. King BELL me déclara qu'il avait surpris la femme en flagrant délit d'adultère, c'est pourquoi il l'avait tuée. La situation était critique.D'uncôté, le vieux avait agi en proie à une émotion « bien compréhensible » (c'est nous qui le soulignons) et avec la conscience de son droit, ce qui sans aucun doute, répondait à l'ancienne coutume qui était surement encore reconnue par la plus grande partie des Duala.

D'un autre côté, le Gouvernement ne pouvait reconnaître à aucun chef se trouvant sous son administration, le droit de vie et de mort ; il n'était pas non plus possible d'ignorer simplement le fait, non seulement à cause de nos sentiments mais aussi de la fraction chrétienne des Duala.Le lendemain, j'ai convoqué au Gouvernement le vieux King et lui déclarais en présence de son fils MANGA qu'en punition il serait exilé dans un de ses villages du Mungo. En général, les Duala parurent d'accord avec cette mesure...

Le vieux King BELL ne semblait pas en être d'ailleurs très affecté. Lorsque vers Noël 1898, j'ai été appelé à son lit de mort, il y était étendu avec un sourire paisible et ironique sur sa brave figure de despote. Ainsi a-t-il trépassé en pleine paix avec lui-même »1001(*).

Dans la lignée des BELL, MANGA, le « King » qui accueillit l'occupant allemand en 1884, s'impose par sa fidélité aux colonisateurs, fidélité de vassal et non de sujet : il « conservera ses habitudes, ses croyances en même temps que ses 221 femmes, favorisa les Missions et demeura dans les meilleurs termes avec l'Administration allemande »1002(*).

En 1897, on rendra à ses obsèques les honneurs militaires. MANGA BELL, son fils, élevé en Angleterre et chef de 1897 à 1908, accompagna les chefs AKWA en Allemagne pour protester contre le gouvernement de VON PUTTKAMER : « Cependant, (il) s'abstint, en Allemagne,de collaborer aux campagnes amorcées dans la Presse par les chefs AKWA. Il fut reçu par le Kaiser, assista à la revue d'automne, et resta jusqu'à son décès l'ami des Allemands »1003(*).Rudolf DUALA MANGA BELL, qui lui succéda en 1908, reçut en Allemagne une éducation complète. C'est lui qui s'opposa à l'expropriation acquérant auprès de la population une « réputation extraordinaire » ... « La légende veut qu'il ait refusé une somme de 300.000 marks que lui auraient affecté les Allemands pour acheter son silence »1004(*). C'est après sa pendaison qu'AlexandreDOUALA MANGA, son fils, qui poursuivait des études de médecine en Allemagne et qui s'était engagé volontairement dans les hussards, demanda à retourner à la vie civile... ».

Par la suite, nous évoquerons les relations entre la dynastie AKWA et l'administration coloniale allemande.

B. LES RELATIONS DE LA DYNASTIEAKWAAVECL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Selon le lexique des termes juridiques Dalloz1005(*), la colonisation est une politique d'expansion politique et économique pratiquée à partir du XVIème siècle par certains États à l'égard de peuples moins développés, obligés d'accepter les liens plus ou moins étroits de dépendance.La colonisation véhicule un discours qui se construit sur le principe de la négation de l'altérité aux populations soumises1006(*). De là, l'on peut définir l'Etat colonial comme étant la structure politico-administrative qui se charge de l'implémentation et de la mise en oeuvre des ambitions coloniales de la métropole sur un territoire donné.

Pour BernardDURAND,1007(*) la colonisation a fait du chef « davantage un fonctionnaire que le représentant d'une véritable autorité ». La perte du pouvoir traditionnel se singularise pour ce qui est du régime allemand par l'affaire dite des chefs AKWA,1008(*) qui furent condamnés à neuf, huit, sept années de peine d'emprisonnement pour avoir osés envoyer une pétition au Reichstag. A cet effet, la condamnation de DOUALA MANGA BELL le 08 août 1914 est aussi assez révélatrice.Le régime allemand est très répressif à l'encontre de l'autorité traditionnelle. Ainsi par exemple, « le capitaine KANNENBERG faisait battre à mort les chefs camerounais qui se montraient rétifs à apprendre l'allemand »1009(*). Ce qui fait dire au député ERZBERGER le 19 mai 1914 que « la façon dont les indigènes sont traités en conséquence de la loi actuelle est indigne du peuple et de l'empire allemands »1010(*).

Mais dans l'ensemble, il est fortement décrié aux fonctionnaires de la colonie, qu'ils soient blancs ou noirs, d'humilier le chef devant ses sujets pour ne pas saper son autorité et par ricochet l'autorité de l'Etat1011(*).

Dans le système français, un fait illustre bien cette déliquescence de l'autorité traditionnelle. Il s'agit sans nul doute de la destitution du Roi NJOYA1012(*) des BamounBamun. Il fut dépossédé de tous ces titres en 1923, envoyé à Mantoum à partir de 1924, avant d'être exilé en 1931 à Yaoundé où il meurt le 30 mai 1933.

Ainsi, nous parlerons dans un premier temps de la structuration du clan Akwa (1-) et par la suite, nous évoquerons la manière dont le clan Akwa a manifesté son mécontentement à l'égard des colonisateurs allemands (2-).

1. La structuration du clan Akwa

MOULOBE EWALE1013(*) eut deux (02) fils, l'aîné NGIYE et NJE dont les enfants furent MUTIE, fondateur du clan Bonamuti et MAPOKA, dont le fils KUO verra sa descendance se développer de façon spectaculaire. Il lui reviendra la chefferie des Bonambela puisqu'EWONDE, petit-fils de NGIYE ne put régner.

La royauté revenue à KUO, le clan de celui-ci se développera au point de constituer une entité à part dans le giron Bonambela sous l'appellation des Bonaku qui allaient devenir l'un des plus grands clans des Duala.

Pour avoir eu plusieurs épouses, donc plusieurs enfants, KUO verra ses fils à la tête de plusieurs lignages que nous appellerons également clans :

- Les BONAMINKENGE par son fils MWANGE I.

- Les BONELANG par son petit-fils ELANGE DIKOTO V.

- LesBONEBONGet les BONANGANG par ses petits-fils EBONGUEEKUKULAN et NGANGE.

Une mention spéciale revenant aux descendants de KWA puisque ce lignage héritera de la royauté avec ces grands rois AKWA : KWA KUO, NGANDO KWA, MPONDO NGANDO AKWA, DIKA MPONDO AKWA, tous du même lignage et clan des BONELEKE. Le Roi NGANDO KWA eut en dehors de son héritier MPONDONGANDO qui lui succédera, d'autres enfants tels que DIKONGUENGANDO à la tête de Bonalembe et EDJENGUENGANDO à la tête des Bonejang.

Il faudra rattacher tous les lignages de MUTIEKWANE et MAPOKA sous la seule et unique appellation de Bonambela qui connaitra une deuxième scission de sa descendance EWONDE avec l'émergence du clan BoneBelè1014(*)1015(*). Le clan Akwa n'hésitera pas à manifester son mécontentement face aux abus de la colonisation allemande.

2. Le clan Akwa et les manifestations de son mécontentement face aux autorités coloniales allemandes

Le fils du vieux chef d'Akwa, qui avait voyagé en Allemagne où il portait le titre de Prince MPONDO AKWA se mit à la tête des protestations. Il semblait avoir bénéficié d'appuis importants dans la presse allemande et dans divers milieux. Une pétition fut adressée au Reichstag...Ils protestèrent contre la suppression de leur monopole commercial et l'établissement de factoreries européennes à l'intérieur.

Ils faisaient grief à l'administration de châtiments corporels... La pétition ne semblait pas mériter d'être retenue. Mais il y eut une erreur de procédure. La Direction des colonies, à qui le Reichstag avait envoyé pour enquête la réclamation, la transmit aux fonctionnaires qui étaient en cause. Ceux-ci classèrent l'affaire et exercèrent des poursuites contre les signataires qui furent condamnés, incarcérés et enchaînés. L'affaire rebondit et prit du développement ; les missionnaires et les commerçants favorisèrent une campagne de presse. On fit grief à VON PUTTKAMER du travail forcé, de la politique des grandes plantations, du mépris de l'indigène, des grosses dépenses effectuées à Buéa pour la construction du Palais du Gouvernement... Le Reichstag se saisit de l'affaire et VON PUTTKAMER dut être relevé de ses fonctions en mai 19071016(*).

Du côté AKWA, l'on prend aussi la peine de décrire les personnalités de cette lignée de chefs1017(*). « Plus commerçants que les BELL, restés principalement planteurs ou employés, tandis que les AKWA sont surtout traitants, ils furent les premiers en relations plus intimes avec les commerçants allemands... ».1018(*)

DIKA AKWA, le King AKWA, devait d'ailleurs signer en 1erle Traité de Protectorat, ce qui ne le retiendra pas de s'opposer avant tout autre à l'administration allemande quand le monopole commercial des Duala sera combattu, et de se rendre en Allemagne pour protester. MPONDO DIKA, son fils qui l'accompagnait restera à Berlin pendant quelque temps. Ainsi, « Les accusations des AKWA trouvèrent écho dans certains milieux socialistes et catholiques. MPONDO appartenait à la religion romaine. Le gouverneur VON PUTTKAMER était particulièrement pris à parti et sa mise à la retraite, survenue en 1908, laissa croire aux Duala qu'ils avaient obtenu son départ »1019(*). Mais en 1911, le King AKWA sera déporté à Campo ainsi que MPONDO DIKA à Banya.Aussi, au moment de l'expropriation, « il n'y avait plus à Akwa de personnages assez influents pour que l'autoritéde l'administration risquât d'être mise en échec »1020(*).

MPONDO DIKA AKWA devait être tué à Ngaoundéré alors qu'il tentait de s'enfuir. Pendant le condominium, MPONDO DIKA AKWA retrouvera le commandement que les Français lui retireront en 1916. Déporté à nouveau à Campo, on sait qu'il y mourut. A côté de BELL et d'AKWA, les chefs de Deïdo et de Bonabéri paraissent secondaires1021(*).

En dernier lieu, nous nous intéresserons aux relations de la dynastie DEÏDO avec l'administration coloniale allemande.

C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE DEÏDO AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Le protectorat correspond donc au moment où l'indigène fut retiré de sa société, celle-ci étant mise à l'écart, et où le colon fut mobilisé sur place, sa propre société étant intégrée à la colonie, par opposition à la période précoloniale, qui fut le moment où émergèrent le « commerçant » africain selon les normes occidentales et le pratiquant européen de la traite, agissant souvent presque en Africain.

Quand les uns et les autres se rapprochèrent, il y eut crise chez le « colonisateur », qui vit alors ses avantages diminuer relativement, et chez le « colonisé », qui ne put s'ouvrir entièrement à la compétition capitaliste craignant de voir ses structures s'éclater1022(*).

D'après les lettres de ces missionnaires, il est dit que « pour avoir part aux privilèges des adultes, un jeune homme de bonne famille devait d'abord prouver sa valeur en tuant un ou plusieurs individus. Après quoi, il fixait à la proue de sa pirogue les têtes et les armes de ses victimes et paradait ainsi devant les villages voisins »1023(*)... Mais ce qui intéressa surtout les missionnaires, ce sont les croyances Duala, les sociétés secrètes et quelques rites :« Ils rendaient surtout un culte aux esprits de la rivière qu'ils appelaient « Miengu » et dont les lamantins, les « Mammy Wata » alors nombreux les incarnaient »1024(*).

BOUCHAUD dans son ouvrage déjà cité, résume de la façon suivante les écrits des missionnaires relatifs aux Duala : « Elles (les lettres) nous les dépeignent comme une sorte d'aristocratie guerrière, dominant les premiers habitants du pays au moyen de cruautés sauvages et d'abrutissantes superstitions. Les Duala eux-mêmes se répartissent en 03 classes sociales : les hommes libres, ceux nés de père libre et de mère esclave, et les esclaves proprement dits formant à eux seuls les 2/3 de la population totale, qu'on évaluait à environ 30.000 personnes. Les esclaves se recrutaient principalement parmi les prisonniers de guerre, les criminels, les indigents incapables de payer leurs dettes et ceux qui, en temps de disette, se vendaient eux-mêmes ou vendaient leurs enfants pour avoir à manger. Si la condition de la plupart était misérable, il y en avait par contre qui grâce à leur industrie, savaient prendre de l'ascendant sur leurs maîtres et arrivaient à jouer un rôle important sinon prépondérant dans les affaires de la tribu ».

Les autorités traditionnelles peuvent être définies comme « tout individu ou groupe d'individus qui détenaient et exerçaient le pouvoir politique avant la conquête coloniale ainsi que les individus qui furent investis par cette dernière de certaines compétences analogues à celles qui étaient détenues par les gouvernants de la période précoloniale à laquelle sont venus s'ajouter officiellement certains éléments nouveaux en vertu de la volonté des autorités coloniales ».1025(*)

Pour la suite de notre travail, nous évoquerons le clan DEÏDO qui fut considéré comme le 3èmecampdes autorités traditionnelles Duala(1-) et de revenir sur les liens qui ont lié cette dynastie à l'administration coloniale allemande (2-).

1. L'historique du clan Deïdo

L'ancêtre des BoneBelè que nous appellerons les Deïdo est originaire du pays Abo. Il avait pour nom EJOBE. Il aurait été capturé à Bansoa lors d'une expédition par les gens du clan NJO.

Il fut recueilli par les Bonapriso où il se révéla très habile artisan. Il parvint à s'enrichir très rapidement en fabriquant des sièges en bois et des pirogues qu'il échangeait contre des marchandises.Ne pouvant se marier dans son clan d'adoption au prétexte qu'il était esclave, de par sa fortune, il put épouser une princesse, KANYA EWONDE KWANE NJE. KANYA était infirme donc inapte au travail, néanmoins EJOBE l'épousa et eut un fils de cette union, nommé EBELE. A son tour, il se révéla être un excellent lutteur se distinguant dans toutes les joutes et tous les tournois de lutte entre les villages. Ce qui ne manqua pas de lui valoir l'animosité de tout son clan d'adoption au point qu'il dût quitter Bonapriso pour aller se réfugier dans le village de sa famille maternelle dans le clan Bonewonda à Akwa-Nord.

C'est pendant qu'il remontait le Wouri que le Roi NGANDO KWA, son cousin maternel, l'invita à s'établir dans son village où sa descendance s'agrandit rapidement. A la mort d'EBELE, des troubles commencèrent à opposer ses descendants aux autres AKWA. Le Roi NGANDO KWA devant les tracasseries que vivaient ses neveux, les descendants d'EBELE, et pour les soustraire aux provocations des siens, les autorisa à aller s'établir dans l'emplacement que les Deïdo occupent encore aujourd'hui. Et pour leur conférer considération et dignité, il nomma EBULE, 1er fils d'EBELE, Prince DIDOAKWA.

Celui-ci ne règnera pas mais formera dès lors son clan, les « Bonebele » ou « Deïdo » ne relevant plus des Bonambela. Rappelons qu'EBELE épousa en outre les Dames TEKI, TENE et NAMBEKE qu'il répartit dans les deux foyers de ses premières épouses JINJE et MULA.

Les descendants de ces cinq femmes formeront les cinq foyers du lignage actuel des Deïdo à savoir :

- Les BONAJINJE

- LesBONANOUDOUDOU (MULA)

- LesBONATEKI

- LesBONATENE

- LesBONANTONE (NAMBEKE).

Comme pour les Bonadoo et les Bonambela/Bonaku, la chefferie chez les Deïdo quittera le foyer Bonajinje1026(*) pour aller au 4ème foyer des Bonatene1027(*)sans qu'ici la succession se soit opérée telle que traditionnellement par le droit d'ainesse1028(*).

Dans la suite de notre travail, nous nous pencherons sur les liens qui se sont tissés entre le clan Deïdo et l'administration coloniale allemande.

2. Les liens entre le clan Deïdo et l'administration coloniale allemande

Le clan DEÏDOest une division du clan AKWA. Le nom aurait été emprunté à une corvette britannique « HMS Dido » ; qui s'était échoué auparavant. Pendant des siècles, les navires ne mouillèrent qu'au milieu d'une rivière profonde.

Les marchandises étaient apportées au rivage par des pirogues ou ramassées là-bas. Selon une étude urbanistique de Douala1029(*), un jeune homme courageux de cette colonie avait libéré l'ancre du « HMS Dido » et le « Town » Deïdo avait retrouvé le droit de négocier directement avec les Européens, droit retiré, quand il était de l'Akwa.

En 1841, la corvette « HSM Dido » de la « Royal Navy » pourrait s'être arrêtée dans la baie de Douala en route vers l'Océan Indien.A la fin du 19ème siècle, Douala est en pleine effervescence économique avec l'installation de nombreuses compagnies européennes. A cette époque, l'un des partenaires commerciaux les plus importants était King JIMEKWALLADEÏDO, influent et très respecté. Grâce à ses relations avec les Allemands, il réussit à envoyer son fils MoiseEKWALLA étudier en Allemagne. C'est ainsi qu'en 1890 le jeune Prince MoiseEKWALLADEÏDO débarque à l'âge de 14 ans sur le sol allemand. Il est pris en charge par Heinrich DE JONG, le directeur de l'école Victoria à Holthausen, et malgré son mal du pays notable, il suit sérieusement ses études.

D'après l'histoire, il a de bons contacts avec ses camarades et les enfants du quartier. Pendant l'hiver 1890, alors qu'il joue avec ses camarades, il tomba accidentellement dans une fosse d'eau glacée, le froid le rendra malade et il est pris d'une pneumonie. Malgré tous les soins, il meurt le 1er mai 1891, à l'âge de 15 ans. Son père le King Jim EKWALLA DEÏDO est venu se recueillir sur sa tombe en 1902, soit 11 ans après l'inhumation de son fils en terre allemande.

Dans le petit cimetière de Witthausbuch, une pierre décorée de croix et de branches de palmiers, recouverte de végétation a été découverte, sur laquelle est gravée cette inscription encore à peine visible : « Prince Equalla Deïdo, né le 27 avril 1876 à Douala Cameroun, décédé le 1er mai 1891 à Holthausen ». La pierre tombale a été cassée et remplacée par une réplique en 19891030(*).Ce dernier paragraphe peut traduire plusieurs hypothèses.

En effet, cela peut amener à considérer l'abandon de la part du père de ce jeune garçon mort en terre étrangère mais aussi de la confiance placée entre les mains des Allemands.De plus, nous nous penchons également sur le probable cout exorbitant de rapatriement de la dépouille qui aurait couté une fortune aux deux parties concernées.

Au regard de ce récit, la situation des chefs Duala est perçue comme une volonté de reproduire le modèle occidental par différents auteurs. En effet, tous les chefs Duala ont eu recours à l'éducation occidentale pour leur progéniture. Nous parlerons plutôt d'une adaptation au monde colonial et à ses réalités. Car il faut le remarquer, les « indigènes » se sont retrouvés au banc de la modernité et l'école des « Blancs » était l'un des meilleurs outils pour essayer de la maîtriser.

Néanmoins, ThéodoreSEITZ écrivait : « A les fréquenter superficiellement (les Africains en général, les Douala en particulier), on pouvait croire que ces gens s'étaient dépouillés de l'Africain et essayaient de mettre tout leur être en accord avec notre culture. Mais, souvent à l'occasion d'une remarque secondaire, subitement l'Africain authentique apparaissait avec des sentiments, des idées, tout différents, et j'avais l'impression que ces gens-là menaient une double vie. En fréquentant les Européens, ils essayèrent de s'adapter à leur concept. Toutefois, quand ils étaient entre eux, l'Africain reprenait son droit. Cela ne devait pas être de l'hypocrisie et dans la plupart des cas, ce ne l'était pas.Les indigènes trouvaient les peuples dont la culture primitive a été écartée par une culture nouvelle et étrangère.Un déchirement s'est produit alors dans tout le peuple et dans chaque personnalité.On s'est souvent moqué de la facilité et de la légèreté avec laquelle les indigènes de la côte d'Afrique acceptaient les formes extérieures de la civilisation occidentale et devenaient la caricature des Européens.Ils y étaient soutenus par la connaissance qu'il est impossible aux Européens de s'établir définitivement et pendant des générations dans leur pays à cause du climat. L'Européen fonctionnaire, officier, commerçant, missionnaire, en effet, arrive et repart, alors que l'indigène reste là »1031(*).

Nous pouvons dire que la chefferie DEÏDOcomme toutes les autres cherchait à s'adapter aux différents volets de la modernité non sans séquelles.

Nous nous attèlerons à la remise en question de la perception de l'administration coloniale allemande par les chefs Duala.

PARAGRAPHE II : LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA

L'histoire des chefs des régions côtières du Cameroun est loin d'être reluisante. Dans une lettre que le Consul Anglais HEWETT adressa aux chefs des régions côtières du Cameroun en 1884, il qualifiait ceux de Douala en particulier de « gros imbéciles ».

Plus grave, il les accusait, entre autres, de s'être« vendus à l'Allemagne ». Déçu, dira-t-on, de n'avoir pu décrocher, au profit de Sa Majesté la Reine d'Angleterre, le petit joyau au fond du golfe de Guinée. Mais déjà, en 1881, le missionnaire GeorgeGRENFELL parlait d'eux comme « de pauvres gens incapables de se gouverner eux-mêmes ».D'autres sources1032(*), les présentent comme des affairistes et trafiquants, esprits oisifs rompus à des habitudes sanguinaires et responsables du cortège de cruauté et de la corruption qui conduiront finalement à la dissolution des sociétés autochtones de l'époque.

En effet, du côtéde Bimbia, leur rapacité était légendaire. Négriers pour leur propre compte, ils « vendaient » les leurs à des négociants européens contre du tabac, des miroirs, de l'alcool, et de la quincaillerie et montrant d'ores et déjà des signes d'asservissement volontaire et de lobotomie culturelle, certains se parent de « noms d'oiseaux » - King WILLIAM, DICK MERCHANT, YELLOW MONEY, DUKE ceci et DUKE cela1033(*).

En 1878, GRENFELL reprit la parole1034(*). De nouveau, il proposa l'annexion du pays Duala par l'Angleterre. Il fit en outre savoir à ses lecteurs que les chefs aînés et DIKAMPONDO étaient entrés en conflit, parce que ce dernier réclamait plus d'autorité et plus d'influence que les vieux chefs ne voulaient lui en concéder. GeorgeGRENFELL prit aussi note du fait que depuis peu King BELL recevait de chaque navire marchand mouillant à sa plage un droit d'ancrage de 80 Kroo1035(*) par an1036(*),tandis que King AKWA devait se contenter de 60 « Crew », malgré une clientèle prétendue plus nombreuse1037(*).

Les chefs Duala se plaignaient souvent que les commerçants européens ne leur payaient pas les droits de stationnement qu'une coutume constante avait consacrés sur la côte ; quant aux européens, ils se refusaient à observer cette coutume dont les fondements leur paraissaient contestables, d'autant que n'importe quel petit chef se croyait autorisé à réclamer aux firmes basées dans le fleuve, des redevances souvent exorbitantes. Après bien des tiraillements, la question fut tranchée par une conférence connue sous le nom de Conférence Anglo-Duala du 17 décembre 1850 ; cette conférence rendit obligatoire le paiement d'une redevance annuelle aux chefs locaux.

L'article 2 de ce texte précise notamment : « tout bateau arrivant dans le fleuve pour y commercer, paiera le péage usuel au roi ou chef sur le rivage duquel se trouve son entrepôt, et aucun autre roi, chef ou commerçant, n'aura le droit sous aucun prétexte, de réclamer un autre péage, impôt ou taxe d'aucune sorte »... Dans ce texte apparaît pour la première fois, la notion de « Comey » : déformation probable en pidgin du terme anglais « income » qui veut dire taxe. Les Allemands, plus tard, adopteront la graphie « Kumi ».

Chaque vaisseau entrant dans l'estuaire, devait payer 10 kroos, environ 10 livres sterling, par cent tonnes, suivant le jaugeage officiel du navire. Ces droits étaient payables au roi ou « headman » du village, devant lequel le navire avait choisi de jeter l'ancre. Ce tarif correspondait à celui pratiqué en 1885, selon le tableau donné par BUCHNER. A cette date, il y avait 12 factoreries, appartenant à 8 firmes différentes dont 6 anglaises et 2 allemandes. Les péages versés par ces firmes se répartissaient de la façon suivante : « 500 kroos à King Bell ; 300 à King Akwa ; 150 au Chef de Hickory, Lock Priso ; 110 au Chef de Deïdo, JimEkwalla ».

Ainsi, cela mettait en exergue la question de la perception de l'administration coloniale allemande par les chefs Duala(A-) et la pertinence de cette perception par la suite (B-).

A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA

Les potentats Duala, pendant des siècles, ont vécu dans l'opulence grâce à leur position d'intermédiaires entre les peuples de l'arrière-pays et les Européens ont séjourné sur les côtes pour des raisons commerciales.

Cependant, leur commerce est entravé par les graves dissensions en leur sein, engendrées par des rivalités commerciales et familiales. Ce qui met en danger leur prospérité.

VON SODEN semble être l'homme providentiel à même de trouver des solutions consensuelles à cette question. Voilà pourquoi les chefs Duala plébiscitent sa démarche et acceptent, sans réserve, le réaménagement de la justice, la création du tribunal arbitral, les réserves émises sur le droit de rétention et la suggestion de délibérer eux-mêmes sur cette question et d'entreprendre des actions pour libéraliser le commerce sur le delta du Wouri.

Enfin, il promet une tenue de palabre à Noël pour sceller l'union de tous les chefs Dualaet libéraliser le commerce sur tous les fleuves de la colonie1038(*). En se faisant le chantre de la paix et de l'unité des peuples Duala et en liant cela à la libération du commerce tous azimuts, VON SODEN a réussi peu à peu à séduire les Duala par son ton très conciliant.

Du coup, ils ont négligé l'objectif principal, la préservation du monopole et privilégié l'un des objectifs secondaires, la réconciliation et la paix entre les Duala. En aucun moment, les chefs Duala n'ont défendu le monopole qu'ils ont voulu toujours conserver, même avant la colonisation allemande.

Par ailleurs, ils sont allés à cette rencontre cruciale de toute évidence, sans préparation et en rangs dispersés. Par conséquent, les actions de certains chefs visaient d'autres actions que l'action principale et neutre lisait plutôt des partenaires, qui n'étaient pas fondamentalement des adversaires.Les problèmes liés au droit de rétention1039(*) étaient d'origines diverses. Ils étaient tantôt en relation avec la remise en cause du leadership de King BELL et de King AKWA1040(*), tantôt liés à la défense de leurs sphères d'influence respectivement sur le Mungo et le Kwakwa.

En plus, la cupidité de ces deux grands chefs en rajoutait aux tensions relatives à la prise de possession du Cameroun par les Allemands : certains sous-chefs n'avaient rien ou peu perçu de la prime de signature1041(*) versée par les Allemands aux chefs Duala lors de la signature du traité du 12 juillet 18841042(*).

D'autres en ont profité pour obtenir une reconnaissance et revenir dans le jeu politique. C'est le cas de LOCK PRISO après sa défiance à l'égard du régime colonial allemand. Enfin, King BELL contrôlait une grande proportion des réseaux commerciaux dans le Delta du Wouri grâce aux liens de mariage et d'affaires. C'était le plus riche des commerçants locaux1043(*). Il ne lésinait pas par conséquent sur les moyens pour protéger sa sphère d'influence.

LOCK PRISO n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer son agressivité, lui qui partage le même fief commercial que King BELL1044(*).En tant que partisan irréductible de la présence allemande au Cameroun, les autorités coloniales assuraient sa protection. Ce qui lui permit de continuer ses activités, même pendant les périodes les plus troubles. Voilà pourquoi il y avait une animosité unanime contre King BELL ; d'autant plus que les Allemands contribuèrent à polariser l'attention sur lui en le présentant comme le chef suprême des Duala.

En dirigeant leurs actions les uns contre les autres, plutôt que contre leur adversaire commun, les chefs Duala ont fait preuve d'une grande faiblesse stratégique. Outre cela, ils ont fait des sacrifices énormes en acceptant pratiquement toutes les réformes proposées par VON SODEN. Ils lui ont ainsi permis de marquer des points importants dans le jeu d'échecs qui les opposait aux Allemands.C'était encore une erreur stratégique dans la mesure où cela fragilisait fortement leur intérêt réel1045(*).

Nous nous intéresserons aux dynamiques sociopolitiques qui renvoient aux rapports d'autorité et aux mutations des entités politiques traditionnelles que sont les chefferies BELL(1-), AKWA (2-) et DEÏDO(3-) face à l'administration coloniale allemande.

1. La perception de la chefferie Bell au sujet de l'administration coloniale allemande

La chefferie BELL manifestera des liens forts avec l'administration coloniale allemandeet bénéficiera d'avantages précieux notamment dans le domaine de l'éducation.En effet, RUDOLF DOUALA MANGA BELL étudia le droit à l'Université de Bonn. Il fut l'un des premiers intellectuels, « évolués » de la période coloniale.

Toutefois, ce dernier va plutôt développer une certaine animosité à l'encontre de l'envahisseur allemand lorsque le projet d'expulsion du peuple Duala de ses terres sera mis en lumière. Sa formation en droit sera un atout précieux dans cette lutte puisqu'il rédigera la plupart des pétitions adressées au Reichstag.

Ainsi, en 1890, à la suggestion du missionnaire Éduard SCHEVE1046(*), un comité de mission pour le Cameroun fut établi dans la congrégation baptiste de Berlin à Béthel. Le but était de commencer le travail missionnaire dans ce qui était alors une colonie allemande.

Lorsde la Conférence baptiste fédérale en 1891, SCHEVE a soumis la demande pour permettre l'envoi de missionnaires païens.La demande fut acceptée. Quelques mois plus tard, August et Anna STEFFENS ont été les premiers missionnaires baptistes allemands à se rendre au Camerounle 10 novembre 1897.Après la Première Guerre mondiale, le Cameroun devient officiellement la propriété de la Société des Nations. La France et la Grande-Bretagne se sont vu confier l'administration de la zone sous mandat.

L'oeuvre missionnaire des baptistes allemands n'a été possible que dans une mesure très limitée en raison de ces conditions politiques modifiées. FriedrichWilhelmSIMOTEIT, président de la Mission allemande du Cameroun, pouvait encore visiter les stations missionnaires du Cameroun en 1930.

Avec le début du IIIème Reich, l'oeuvre missionnaire est pratiquement abandonnée1047(*).En 1902, à Berlin, une partie du clan BELL est reçue par le missionnaire SCHEVE.La photographie ci-dessous témoigne de ce séjour. (Voir Annexe16 : Lettre dans laquelle le Roi BELL (MANGA NDUMBE), rend hommage en duala à l'Allemand SCHEVE pour son engagement en faveur des Noirs&Annexe 17 :DUALA MANGA BELL et Bruno MULOBI, rendent hommage en duala, à Berlin, à l'Allemand SCHEVE, en 1902).

On peut donc affirmer que le clan BELL avait des liens étroits avec la classe religieuse baptiste et qui lui ouvrira les portes de l'éducation.

Figure N° 1 :Sur la photo, le Roi Auguste NDUMBE (Assis, 2ème rang), Rudolf DOUALA MANGA BELL (Dernier rang, au milieu).

Source : ARCHIVES DU CAMEROUN, « Black Germany: The Making and Unmaking ofaDiaspora Community, 1884 - 1960. Relié - 26 septembre 2013 ». Édition en Anglais de Robbie Aitken (Auteur), Ève Rosenhaft (Auteur). Photo publiée le 06 juillet 2021 sur la page « Archives du Cameroun » et consultée le 10 septembre 2021.

Selon Alfred BELL, le neveu du King BELL, la division des Duala était une situation qui ne profitait qu'au système colonial, et c'était pour cette raison que le gouverneur n'amenait pas King BELL et King AKWA à s'entendre1048(*)...

Plus tard, la chefferie supérieure Duala fut accordée à la famille BELL par le colonisateur. Cet octroi était plutôt justifié par le dévouement de celle-ci au système colonial que par une quelconque reconnaissance de l'ensemble du peuple Duala1049(*).

La faveur du gouverneur ne fut en fait qu'une manoeuvre habile pour s'attacher les services d'un chef. En effet, la libération de MANGA AKWA était liée à une condition expresse :il devait s'engager à devenir l'instrument du système colonial et à le soutenir de façon inconditionnelle... Le gouverneur SODEN ne resta pas les bras croisés face aux BELL. Le 07 novembre 1888, il informait le chancelier BISMARCK du bannissement de MANGA BELL, le fils de King BELL. Il lui était reproché d'avoir une mauvaise influence sur son père, de pousser les autochtones contre le gouvernement et ses institutions et de désobéir aux ordres du gouverneur1050(*).

Dans l'intérêt de « l'ordre public »1051(*), MANGA BELL devait être éloigné de la colonie pour un temps indéterminé. Cette décision du gouverneur fut confirmée le 08 janvier 1889 par le Ministère des Affaires Étrangères, et entretemps MANGA BELL se trouvait déjà à Klein-Popo au Togo. La déportation de MANGA BELL eut sur les Duala en général un effet que SODEN jugea positif, puisque le 11 avril 1889, il songeait déjà à son éventuel retour1052(*)1053(*). SODEN était d'avis que depuis la déportation de MANGA BELL, King BELL et les autres chefs Duala s'étaient comportés de façon relativement irréprochable. En effet, il se déclarait prêt à faire revenir MANGA BELL du Togo ; à certaines conditions bien sûr.King BELL devait s'engager à témoigner vis-à-vis du gouvernement d'un loyalisme absolu : notons que le 04 novembre 1889, deux plaintes étaient parvenues au Ministère des Affaires Étrangères à Berlin à son nom, ce qui devait le rendre plus ou moins suspect aux yeux de VON SODEN. Si King BELL s'engageait donc à se dévouer au pouvoir colonial, son fils pourrait rentrer au début de l'année 1890 au Cameroun. VON SODEN n'hésita donc pas à appliquer la politique de la carotte et du bâton.

Les conditions liées au retour de MANGABELL devaient désormais faire de lui un collaborateur sans faille. Les deux premières par exemple lui demandaient de s'installer dans son territoire, d'y maintenir l'ordre et la paix, de soutenir son père de toutes ses forces, d'exécuter les ordres du gouverneur tout en cherchant à obtenir le même résultat de ses sujets et de livrer à l'autorité allemande tous ceux qui ne soumettraient pas1054(*) ; c'étaient là des conditions vitales pour le pouvoir colonial.

En plus, une autre condition fut posée dans l'intérêt des firmes commerciales. Lorsque MANGA BELL arriva au Cameroun le 19 janvier 1890,lui et son père signèrent le procès-verbal contenant toutes ces conditions1055(*).

L'administration coloniale pouvait désormais compter sur eux. Mais avant cela, SODEN en était arrivé en 1889 à considérer comme une éventualité la destitution de KingBELL. Ceci devait être mis en rapport avec la lutte que menait le pouvoir colonial pour anéantir le monopole du commerce intermédiaire détenu par les Duala et les autres ethnies de la côte. Toujours est-il que ceux qui plaidaient pour cette éventualité1056(*), prévoyaient des conséquences favorables tout aussi bien pour le commerce européen que pour le changement social en général1057(*).

VON SODEN pensait même que cela aurait été une erreur de procéder de cette façon, étant donné que la dignité de chef ne reposait pas uniquement sur l'appartenance à une famille, sur l'attachement à une coutume historique, mais aussi et surtout sur la solvabilité ; autrement dit, le chef se légitimait aussi par son pouvoir économique1058(*).

Et selon VON SODEN, tel était le cas chez les Duala...Pour le gouverneur, la solution adéquate consistait à aménager une plantation et à installer une factorerie dans le Mungo par exemple. Retirer à King BELL son pouvoir économique, c'était lui retirer ce qui contribuait à le rendre influent. Si nous en croyons une lettre d'AlfredBELL son oncle, les rapports qui existaient entre lui et le gouverneur VON SODEN étaient au beau fixe à son départ du Cameroun. Avant de quitter le Cameroun, AlfredBELL pouvait être considéré comme le favori du gouverneur... Le 27 juin 1887, le journal « Kolnische Zeitung » annonçait son arrivée à Hambourg ; il était alors âgé de 16 ans.

Le gouverneur avait signé avec une firme privée un contrat pour sa formation ; il devait apprendre le métier de mécanicien ou de menuisier1059(*). AlfredBELL ne semble pas être resté bien longtemps dans la firme de Hambourg. Quelles sont les raisons qui poussèrent les Allemands à le faire partir de Hambourg pour Bremerhaven ? Selon le « NorddeutscherLlyod », son nouvel employeur à Bremerhaven, il aurait été « gâté » à Hambourg1060(*).

MaisAlfredBELL n'allait pas rester définitivement au « NorddeutscherLlyod ». Ce second changement au lieu de formation eut lieu à la demande expresse du gouverneur VON SODEN qui fit intervenir le Département Colonial. VON SODEN avait montré des doutes quant à la réussite de la formation d'AlfredBELL ; il n'était visiblement pas satisfait de la surveillance exercée sur le jeune garçon.

En réponse à deux lettres de VON SODEN, le Ministre des Affaires Étrangères1061(*)lui faisait savoir le 08 janvier 1889 que des dispositions seraient prises pour mieux superviser « l'éducation » d'Alfred BELL... Les raisons qui ont poussé VON SODEN à entreprendre cette démarche devraient être cherchées dans une lettre d'Alfred BELL du 26 septembre 1888 à son ami NDUMBE EYUNDI à Douala1062(*).

Son ami lui avait apparemment parlé d'une discussion entre un pasteur baptiste Duala et le missionnaire MUNZ de la Mission de Bâle. Le pasteur camerounais avait réagi d'une façon très sure de lui, ce qui provoquait la joie d'Alfred BELL. De même qu'Alfred BELL prend parti pour le pasteur noir qui dit ce qu'il pense au missionnaire blanc, de même il prend la défense de son peuple contre l'oppression coloniale. Sa position est clairement anticolonialiste. Une telle conscience politique constituait une inconnue dans les prévisions de V. SODEN. Le gouverneur voulait le ramener dans le « droit chemin » plus conforme aux intérêts du pouvoir colonial pour lesquels la conscience critique était une menace. Dans un rapport adressé le 1er février 1889 à SODEN, le « Norddeutscher Llyod » donnait quelques éléments de réponse à cette question1063(*) ? Tout comme VON SODEN, la firme trouvait qu'il fallait exercer un plus grand contrôle sur le jeune BELL. Celui-ci ayant refusé d'habiter dans une auberge, la firme n'avait rien trouvé de mieux que la demeure d'un agent de police...

Dans le même rapport, la « Norddeutscher Llyod » mentionnait la difficulté que constituait le financement de la formation d'Alfred BELL ; il faisait appel à d'autres firmes pour continuer cette formation... En effet, Alfred BELL avait été mis en cause pour plaintes de King BELL du 23 septembre et du 15 novembre 18881064(*).

Dans une lettre du 23 décembre 1888 adressée au Département Colonial, V. SODEN affirmait qu'Alfred BELL s'était chargé de la transmission des plaintes et suggérait qu'il soit éloigné de son milieu1065(*)1066(*). Dans un procès-verbal du 19 janvier 1890 fixant les conditions du retour de MANGA BELL de la déportation au Togo, il était entre autres demander à King BELL et à MANGA BELL de ne pas laisser Alfred BELL rentrer à Kamerun1067(*) sans une autorisation spéciale du gouverneur... Les lettres d'Alfred BELL étaient systématiquement saisies. Dans une lettre du 30 avril 1889 à son oncle BEBE BELL, Alfred BELL se plaignait de ne plus recevoir de réponse à ses lettres1068(*).

Un autre élément vient confirmer cette volonté du pouvoir colonial d'isoler Alfred BELL. En effet, la lettre d'Alfred BELL à NDUMBE EYUNDI datait du 26 septembre 1888 ; dès le 31 octobre de la même année, King AKWA fut amené à faire une déclaration sur l'honneur, déclaration par laquelle il s'engageait à ne plus transmettre à ses sujets les lettres émanant de la famille BELL1069(*). Malgré ces tracasseries, AlfredBELL demeura sur sa position anticolonialiste. Par l'intermédiaire de son oncle BEBE BELL, il demandait aux siens de lui envoyer de l'argent1070(*).Ce qu'il envisageait de faire de cet argent nous prouve que son attitude face au système colonial s'était plutôt radicalisée. Son intention était de continuer à lutter contre le pouvoir colonial et ainsi contribuer à l'amélioration du sort des siens...

Pour soustraire Alfred BELL à l'influence « néfaste » de ce milieu, les autorités coloniales à Berlin avaient promis à VON SODEN de lui trouver une autre place et de le faire quitter le « Norddeutscher Llyod »1071(*). Le 19 mai 1889, c'était chose faite.

Le 25 mai, AlfredBELL écrivait de Berlin une lettre à King BELL pour l'informer qu'il y poursuivait sa formation aux ateliers de la direction des chemins de fer1072(*).Cette information fut transmise au gouverneur V. SODEN le 29 mai1073(*)1074(*).

Le Ministère des Affaires Étrangères l'informait en même temps que sa proposition de faire entrer AlfredBELL aux chantiers navals n'était pas réalisable... Aux ateliers de la direction des chemins de fer à Berlin, Alfred BELL ne risquait pas d'entrer en contact avec les gens de l'opposition ; l'inspecteur des chemins de fer GARBE, spécialement chargé de sa formation y veillait. Dans le même rapport, Garbe louait les qualités intellectuelles d'Alfred BELL... Alfred BELL cherchait - il à se réconcilier avec le gouverneur SODEN lorsqu'il écrivait une lettre le 09 septembre 1889 pour lui demander de transmettre une lettre à ses parents ?

Le 30 décembre 1889, le département colonial transmettait une lettre d'Alfred BELL adressée à King BELL au gouverneur SODEN en lui demandant de remettre la lettre au destinataire au cas où le contenu ne serait pas sujet d'inquiétude, c'est-à-dire au cas où Alfred BELL ne se serait pas exprimé contre l'administration coloniale et ne serait pas resté sur sa position anticolonialiste.

Par une remarque marginale, VON SODEN autorisait la transmission de la lettre à King BELL1075(*). Dans cette lettre justement, AlfredBELL adoucissait considérablement sa position vis-à-vis de celui qu'il appelait « Der dumme Gouverneur ». Maintenant, il affirmait ne plus rien avoir contre lui. Les autorités coloniales ne le laissèrent pas achever sa formation qui, selon le « NorddeutscherLlyod »1076(*), aurait demandé encore plusieurs années. Le 21 mai 1890, le Ministère des Affaires Étrangères prit la décision de le faire rentrer au Cameroun.1077(*) De fait, le pouvoir politique de la société traditionnelle persiste dans la situation coloniale. On retrouve généralement en place les mêmes chefs et les mêmes organismes d'autorité. Mais le pouvoir politique traditionnel est redéfini et réorienté : ce n'est plus une autorité déléguée servant d'intermédiaire entre la population et l'autorité coloniale.

De nombreuses fonctions lui seront confiées : en tant que sous-administrateur, on aura recours à lui pour transmettre et faire exécuter les directives, recruter des personnels, obtenir des renseignements. Il est investi d'une fonction de police à travers le maintien de l'ordre parfois exécuté de la justice punitive ; il est un agent de socialisation et d'intégration1078(*).

Dans la suite de notre travail, nous évoquerons la perception de la chefferie Akwa au sujet de l'administration coloniale allemande.

2. La perception de la chefferie Akwa au sujet de l'administration coloniale allemande

En l'absence de structures traditionnelles, les Allemands étaient guidés par la conviction selon laquelle : « Les chefs et les sous-chefs sont les organes par lesquels l'administration fait transmettre et exécuter à la population ses ordonnances. Ils procurent les manoeuvres nécessaires, surveillent des exécutions des travaux publics, veillent à ce que les lois et ordonnances de police soient appliquées et perçoivent les impôts, qui leur apportent un bénéfice »1079(*).

De même, le commissaire du district allemand de Dschang, le lieutenant RAUSCH remarquait en 1910 que : « Il est d'une importance décisive pour l'administration qu'elle dispose des chefs surs, qui assurent le contact avec la nombreuse population. Sans eux, il faudrait un appareil administratif important et couteux qui ne fonctionnerait surement pas aussi bien que la féodalité héréditaire des indigènes »1080(*).

DIKA MPONDO AKWA est né en 1836 à Akwa-Douala de l'union du King MPONDOMANGANDO1081(*) et de SIKE DIKA DIBONGE. Petit-fils de NGAND'A AKWA1082(*), DIKA MPONDO grandit au sein du foyer de sa grand-mère MUSONGO EJANGUE de Bonassama, que l'on surnomme « Eleke » pour sa grâce.

Adolescent, DIKA MPONDO reçoit une éducation et une initiation en adéquation avec les croyances et les pratiques ancestrales de son peuple. Son énergie et sa créativité sont très vite remarquées par son père qui l'emmène fréquemment à bord des voiliers négriers avec les européens. Il s'intègre dans les affaires commerciales de l'époque, d'abord comme intermédiaire avec l'hinterland, puis comme négociant direct auprès des firmes européennes.

DIKA MPONDO organise également sa famille autour de sept foyers. Il a une nombreuse progéniture dont le Prince Héritier Ludwig MPONDO DIKA AKWA, un autre martyr de la résistance camerounaise. C'est en 1878, à la mort de son père qu'il accède au trône des Akwa. Il est alors âgé de 42 ans. Son ambition est de bâtir un puissant ensemble territorial ancré dans la modernité mais puisant ses racines dans les hautes valeurs traditionnelles et culturelles de son peuple.Poursuivant l'action de ses prédécesseurs, il consolide le royaume de Bonambela, ainsi que les relations ancestrales de celui-ci avec les peuples de l'hinterland. Souverain visionnaire,il souhaite renforcer les échanges commerciaux avec les partenaires européens et accélérer le développement de son pays.

Dans cette optique, il signe en 1883, un accord commercial d'une grande importance : l'Accord Akwa-Woermann. Cet accord stratégique est l'acte préparatoire majeur du traité qui allait intervenir un an plus tard. Le traité germano-camerounais du 12 juillet 1884 est considéré par différents auteurs comme l'acte de naissance, le point de départ de l'émergence du Cameroun au plan international et surtout de la constitution progressive de la Nation camerounaise. Des peuples qui, jusque-là étaient unis par des liens fraternels, amicaux et commerciaux, le seront désormais par une communauté de destin que plus rien n'ébranlera, et qui forgera l'idée nationale camerounaise au fil des générations. DIKA MPONDO AKWA est le principal signataire du traité pour la partie camerounaise. Tous les autres signataires le seront en qualité de témoins1083(*).

HarryRudolphRUDIN nous en a donné une description à la fois détaillée et vivante dont nous tirons ici un extrait :« En 1907, le peuple Akwa refusa de payer des impôts, qu'il considérait simplement comme un ajout au grand nombre de griefs qu'il avait déjà contre l'administration coloniale. Tout en protestant contre leur incapacité à payer des impôts, ils ont recueilli des fonds entre eux pour garder un représentant noir en Allemagne pour plaider leur cause ici.

Les autorités allemandes ont déclaré que les autochtones n'avaient pas le droit de s'imposer de cette manière, car la fiscalité était un droit souverain appartenant uniquement au gouvernement allemand, qui publiait les responsables de l'imposition. Lors de longues conférences avec les indigènes mécontents, le GouverneurSeitz a essayé de les persuader de renoncer à leur opposition aux impôts. Les dirigeants des grèves fiscales ont affirmé que le traité entre l'Allemagne et les chefs de Douala en 1884 ne conférait à l'Allemagne aucun droit à l'impôt. Le Gouverneur a essayé de convaincre le peuple de la folie de son attitude...

Il menaçait les dirigeants de l'opposition d'exil de la colonie s'ils continuaient à refuser de payer des impôts. La saisie effective de certains chefs pour forcer les tribus délinquantes de payer leurs impôts montre jusqu'où l'administration a montré sa détermination à percevoir les impôts. A cause de cette situation, Douala a été soumis à un régime fiscal spécial pendant plusieurs années »1084(*).

Au Cameroun, cette expérience de « l'éducation » de jeunes colonisés en métropole se limita presqu'exclusivement à l'ethnie côtière des Duala1085(*). Ainsi, dans une lettre du 18 avril 1891 adressée au chancelier, le gouverneur du Cameroun demandait l'octroi d'une aide financière, afin que l'interprète David METOM puisse faire éduquer son fils TUBE en Allemagne1086(*).

La volonté du jeune MPONDOAKWA1087(*) de collaborer avec les Allemands quel que soit le cas1088(*)1089(*), de supprimer la polygamie et l'esclavage, une fois qu'il aura succédé à King AKWA, allait dans le sens que souhaitait le pouvoir colonial.

Ce dernier insistait sur le fait que son éducation devait se faire en fonction de sa position future1090(*). MANGA BELL par exemple avait été « éduqué » en Angleterre1091(*).

Le départ d'un élève provoquait des frais considérables ; il fallait payer entre 1 000 et 5 000 Marks par an. Pour MPONDO AKWA, sa famille payait 1 000 Marks par an et on exigeait 5 000 Marks pour TUBE, le fils de DAVIDMETOM1092(*).

Ces élèves étaient le plus souvent emmenés par des colons qui rentraient en Allemagne. En dehors d'AlfredBELL1093(*), de MPONDO AKWA1094(*) et de DOUALA MANGA1095(*), il eut d'autres jeunes Camerounais en Allemagne ; MPONDOAKWA arriva en Allemagne avec trois autres garçons1096(*)1097(*). Du côté des AKWA, une action fut entreprise qui devait contribuer à consolider l'autorité coloniale. Le 18 mars 1886, une circulaire du gouverneur suspendait la peine d'exil prononcé contre MANGA AKWA, le frère de King AKWA, ceci d'autant plus qu'en janvier 1886, King AKWA, le chef MUKURI et le secrétaire des Duala avaient présenté une requête visant à obtenir le pardon du gouverneur pour MANGA AKWA1098(*)1099(*). A ce propos, signalons que MPONDOAKWA joua un rôle important dans la pétition des chefs Akwa au Reichstag en 19051100(*). DOUALA MANGA BELL quant à lui, devint le leader du peuple duala contre l'expropriation des terrains à Douala, il paya de sa vie la lutte contre la spoliation coloniale1101(*).

Il est incontestable que la formation de jeunes camerounais, lorsqu'elle atteignait un niveau relativement élevé1102(*), était génératrice d'une remise en cause du système colonial, surtout lorsque les jeunes colonisés faisaient montre d'un esprit critique1103(*).

Un an après le départ de DUALA MANGA pour l'Allemagne1104(*), l'administration prit un décret faisant dépendre tout départ de jeunes camerounais pour l'Europe de l'autorisation du gouverneur1105(*) ; le 15 octobre 1910, un nouveau décret venait renforcer les dispositions déjà existantes.1106(*)

Il est alors naïf et aberrant de faire abstraction d'une telle conception dans la politique de scolarisation des Allemands au Cameroun et de se mettre à louer le travail scolaire comme le fait ENGELBERT MVENG1107(*)1108(*)... C'est ainsi qu'en janvier 1885, une tragédie fut évitée d'extrême justesse, à la suite d'une rixe ayant opposé un agent de la firme Horsfall du nom de WALKER, à un certain NED AKWA ; l'intervention du navire de guerre anglais « Antelope » fit éviter le pire. Déjà en 1853, le Consul anglais John BEECROFT est obligé de se rendre à Douala pour enquêter sur les voies de fait qu'un habitant de Nigeery-Town1109(*) avait exercées sur la personne du subrécargue Ellis. Il peut paraître surprenant qu'un incident d'apparence aussi anodine ait pu nécessiter l'intervention d'une aussi haute personnalité ; c'est que le climat des relations entre Douala et Européens était plutôt explosif ; la moindre inattention aurait pu entraîner les conséquences les plus graves.

Une telle issue était d'autant plus à redouter que les chefs Duala se montraient d'une extrême partialité, quand un membre de leur famille était mis en cause, pour n'avoir pas respecté ses engagements vis-à-vis d'un commerçant européen, on les a souvent vus, dans ces cas, livrer des individus d'une autre tribu, voire des esclaves domestiques, à la place de vrais coupables. Il s'instaurait donc de jour en jour une atmosphère d'anarchie dans laquelle personne ne pouvait trouver son compte. Le moment était venu de recourir à d'autres solutions ; ce fut l'oeuvre du premier traité commercial camerounais signé le 14 janvier 1856, entre le Consul anglaisHUTCHINSON et les représentants autorisés de la tribu Duala.

Dans le 3ème volet de notre travail, nous nous attèlerons sur la perception de la chefferie Deïdo au sujet de l'administration coloniale allemande.

3. La perception des RoisDeïdo au sujet de l'administration coloniale allemande1110(*)

EYUM EBELE CHARLEY DIDO accède au trône des Bonambela en 1804 à la suite du décès de son frère EBULÈ EBELE, il régna 72 ans. Son règne fut le plus long de l'histoire des Deïdo et je ne pense pas qu'il y ait pareil dans tout le Grand Sawa.

Le règne d'EYUM EBELE sera long, riche et fructueux : sous sa direction éclairée, les Bonambela occupèrent alors pacifiquement les territoires de Musoko en pays Abo-Sud1111(*), Ndogbele1112(*) à Yabassi et surtout Njanga dans le Nkam.Il reste dans la mémoire de certains « Nkamois » que les premiers à payer les paysans pour leur travail dans les plantations étaient les Bonebela. EYUM EBELE fut signataire de nombreux traités avec les Européens, et plus particulièrement celui du 14 janvier 1856 établissant une Cour d'Équité à Douala : il signait sous le patronyme de CHARLEY DIDO, nom que les commerçants anglais lui attribuèrent. EYUM EBELE, soucieux de fonder un royaume puissant qui devait devenir le troisième royaume de Douala, il laissa une descendance nombreuse. Condamné à mort par le « Ngondo » pour s'être opposé à l'exécution de son neveu MUDULU DIBOTI EBELA qui était accusé d'avoir tué son cousin MUANJO'A MUDULU EBELA, il est fusillé le 7 décembre 1876 conformément aux dispositions de la loi dite « Dibombè » instituée par le Ngondo.

Notre 1er Roi fit preuve de courage et de témérité car il refuse de livrer son neveu au Ngondo et il s'exprima ainsi : « Je ne peux pas accepter de perdre mon oeil gauche et mon oeil droit le même jour ». Cette phrase devint légendaire et déclencha une guerre qui opposa les Bonebela à tous les Duala ; cette guerre durera 03 jours et eut pour conséquence l'exil de la majeure partie du clan à Musoko. En se sacrifiant, King EYUM EBELE CHARLY DIDO laisse à sa descendance l'exemple d'un homme de paix et de courage, traits caractéristiques des Deïdo aujourd'hui. C'est ainsi que l'Homme « Deïdo » est connu comme quelqu'un qui ne se laissera pas marcher sur les pieds, quelqu'un qui prônera toujours l'excellence.

Aujourd'hui à Deïdo et dans tout le territoire Sawa lorsque quelqu'un porte le nom d'EYUM, on lui donne le surnom de « Tchallé » qui est la déformation de « Charley » en souvenir du plus célèbre Roi des Deïdo.

Trente-huit ans avant la pendaison du King BELL DUALA MANGA NDUMBE BELL et de NGOSSO DIN, et de la déportation du King AKWA DIKA MPONDO et de son exécution par les Allemands à Campo, King DEÏDO EYUM EBELE CHARLEY DIDO fut le 1er martyr des Rois Duala pour la sauvegarde des intérêts de son peuple1113(*).A travers les premières lignes de notre exposé sur le clan DEÏDO, nous observons que ce dernier a souvent été mis à l'écart des négociations entre les autres chefs Duala et l'administration coloniale allemande.Par la suite, nous essayons d'esquisser quelques arguments à cette situation qui laissait à désirer pour le clan Deïdo.

Ainsi, NDUMBÉ LOBÈ BELL ou King BELL1114(*) était un chef Duala au Cameroun pendant la période où l'Empire allemand a établi une colonie au Kamerun. Il était un politicien astucieux et un brillant homme d'affaires1115(*). Le 12 juillet 1884, le roi NDUMBÉ LOBÉ BELL et le roi AKWA signent un traité dans lequel ils cèdent intégralement les droits souverains, la législation et l'administration de leur pays aux cabinets C. WOERMAN et JANTZEN & THORMÄHLEN, représentés par les marchands EDWARD SCHMIDT et JOHANN VOSS1116(*).

Le traité comprend des conditions selon lesquelles les contrats existants et les droits de propriété devaient être maintenus, les coutumes existantes respectées et l'administration allemande continuait de faire des paiements, ou taxes commerciales, aux rois comme auparavant. Le Roi BELL a reçu 27 000 marks en échange de la signature du traité, une somme très importante à l'époque1117(*).

Dès le 17 juillet 1885, le gouverneur V. SODEN présida une réunion à laquelle prirent part V. PUTTKAMER en tant que rédacteur du procès-verbal et 14 chefs Duala venant des différents quartiers.

Il y fut décidé qu'une importante palabre aurait lieu à Noël et qu'au cours de cette palabre l'union de tous les chefs de Kamerun1118(*) serait réalisée.Ce projet illustre sans doute le souci du pouvoir colonial d'atteindre le plus de gens possible par l'intermédiaire d'un seul chef, autrement dit, le gouverneur semblait chercher à atteindre un certain degré d'homogénéité chez les Duala.

Le Traité Germano-Duala a été signé le 12 juillet 1884 entre deux firmes commerciales allemandes et les rois NDUMBÉ LOBÈ BELL et AKWA DIKA MPONDO de la côte camerounaise. Plusieurs autres conventions, rapprochant les monarques de cette contrée et les Européens, ont été passées avant cette date...l'accord Akwa-Woermann du 30 janvier 1883 relatif à la protection des biens et apports de la firme Woermann sur le rivage de la ville d'Akwa.Donc, à travers ces témoignages, on observe que le clan Deïdo est la plupart du temps exclu des négociations avec les colonisateurs allemands ; il est marginalisé en tant que « famille traditionnelle » au sein de la société Duala.

Par famille traditionnelle, il faut entendre par là, la désignation de la famille lignagère africaine1119(*). C'est-à-dire une famille fondée sur un lien de solidarité fort, de type mécanique, et le respect des valeurs traditionnelles.

Le recul de la famille traditionnelle se manifeste donc logiquement par le recul du lien de solidarité, recul qui a pour implication ou pour conséquence logique l'effritement de la famille lignagère et l'établissement de la famille nucléaire de type occidental.En outre, le droit colonial et notamment le droit civil définira la famille comme étant l'ensemble constitué du père, de la mère et des enfants.

C'est la naissance du ménage. C'est donc dès cet instant que le lignage sera évincé par le ménage, car la « famille lignagère par ses dimensions, par son organisation, par son fonctionnement posait sur la vie de l'individu qui y avait pourtant trouvé une sécurité et qui n'y trouve qu'une série de devoirs, obstacles à son épanouissement »1120(*).En effet dans la cosmogonie négro-africaine, l'homme est la valeur suprême, valeur située au-dessus de toutes les considérations matérielles. Il vit dans un groupe solidairement lié au destin de ce groupe.

En retour, le groupe lui garantit une certaine sphère de protection en termes de sécurité1121(*).Ce qui ne sera pas toujours le cas entre les différentes chefferies Duala.

On va donc assister à une désolidarisation envers le clan Deïdo de la part des chefs BELL et AKWA mais également à une rivalité farouche entre les deux premiers. La société Duala se verra profondément marquée par cette « éruption » coloniale allemande.

Nous poursuivrons cette analyse en partageant d'autres éléments qui renforcent cette perception de l'administration coloniale allemande par les chefs Duala.

B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS1122(*) DUALA

L'on définit généralement l'identité comme « un caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité, sa singularité, qui le différencie des autres et permet qu'il se reconnaisse comme tel »1123(*).

Il va sans dire qu'il y eut des deux du bien et du mal, et qu'apostropher les Africains en faisant poser sur eux des responsabilités qui ne sont pas les leurs est mal ressentie, autant qu'accuser les Européens contemporains, de l'aveuglement et de la sottise raciste de leurs ancêtres est anachronique et déplacé1124(*).Il va même plus loin lorsqu'il écrit que la formule « coloniser c'est exterminer » est également une manifestation de la sottise contemporaine. Enfin, affirmer que les Européens n'ont été capables de porter un regard de voyeur sur des Africains enfermés dans des zoos humains est aussi « sot »1125(*). Jean-FrançoisBAYARTquant à lui parle d'une micro et d'une macro-stratégie, une forme d'assimilation réciproque.

Après avoir dans un premier moment tenté de combattre les autorités traditionnelles pour imposer un pouvoir central devant de façon sure les intérêts de la métropole, les autorités coloniales ont découvert la nécessité de s'allier plutôt ces chefs traditionnels qui apparaissent alors comme des relais indispensables.

Cette recherche de l'efficacité n'a pas intéressé que les autorités coloniales ; les dirigeants camerounais eux-mêmes ne procédèrent pas autrement lorsqu'il fallait contourner le refus d'allégeance de tel ou tel chef traditionnel.Ils se reposèrent sur les autorités traditionnelles seules capables de contenir leurs populations dans un contexte de troubles sanglants prenant l'allure de quasi-guerre civile dans certaines régions1126(*). Le colonisateur se construit un système de justifications qui constitue, à toutes fins pratique et utile, ce qu'on pourrait appeler l'idéologie colonisatrice. Il s'agit de l'ensemble des arguments par lesquels le colonisateur explique sa position dans le pays colonisé, son statut de supériorité et sa conduite à l'égard des indigènes.

Cette idéologie s'est édifiée pour une bonne part, sur la foi en la supériorité héréditaire de la race blanche1127(*). On y trouve de nombreux préjugés et stéréotypes : il est inutile d'élever les salaires, car les indigènes ne sauraient que gaspiller cet argent, comme il est aussi inutile de leur offrir un enseignement trop avancé car ils n'ont pas l'intelligence et les aptitudes nécessaires pour en bénéficier ; de toute façon, les indigènes n'en demandant pas plus que ce qu'ils ont maintenant, il ne sert à rien de provoquer des aspirations qui ne leur apporteront qu'« insatisfaction et frustrations »1128(*).NicolasMACHIAVEL dans « Le Prince » écrivait déjà : « qu'il n'y a rien de plus ordinaire et de plus naturel que le désir de conquérir »1129(*). Alexis DE TOCQUEVILLE soulignait quelque chose qui confirme l'essence politique du projet colonial et restitue précisément la nature exacte de ce qu'est la colonie : « un lieu et une occasion de prendre le pouvoir hors de chez soi, de soumettre l'autre par passion du pouvoir de se constituer en maître et possesseur non seulement de la nature, mais du monde et de son contenu »1130(*).

Ainsi, le gouvernement de la cité coloniale est le propre des étrangers, ceux qui investissent l'espace des autres et les soumettent. HANNAH ARENDT rappelle que tout ce qui est hors de la polis est méconnu, inconnu et ne suscite que peur et méfiance1131(*).

C'est la face noire du politique, le lieu où tout ce qui n'est pas admissible dans la cité est possible, devient effectif et plus ou moins reconnu comme tel1132(*) ; d'où la violence coloniale. C'est ainsi que les colonisateurs vont emprunter aux ethnologues le terme d'« indigène » pour identifier et marquer cette nouvelle espèce de barbares à l'intelligence et à l'hygiène approximatives dont il faut nécessairement et d'urgence assurer la prise en charge politique1133(*).

Ainsi, en premier lieu, nous nous attarderons sur le flou juridique entourant la question foncière dans le traité de 1884(1-) et les termes de l'expropriation du plateau Joss (2-). Cet état de fait mettra en évidence le leadership de Rudolf DOUALA MANGA BELL dans le processus de résistance anticoloniale(3-).

1. La pertinence de la perception des chefs Duala vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le flou juridique liée à la question foncière du traité de 1884

Contrairement aux conventions sus-énumérées, le Traité de 1884 situe nettement la rupture de l'ordre primitif et le début de l'aventure du droit moderne au Cameroun. En effet, l'année 1884 marque le début de la conférence internationale de Berlin1134(*) qui aurait tracé les frontières dupays et établi, selon François DE VITORIA, « l'indépendance des peuplades barbares et (...) leur souveraineté rudimentaire ».

Le Cameroun naît donc de quatre étapes : le Traité de 1884, la possession allemande, la dépossession de l'Allemagne et l'administration internationale. On dira que le développement de l'ordre constitutionnel camerounais est postérieur à 1960, année de son accession à l'indépendance, et que sa souveraineté a été déterminée par le Droit International Public. Dans cette perspective, le Traité de 1884 sert de pendant au DIP. Il s'aligne sur les variations sémantiques du droit des gens1135(*) en passant par le droit international classique jusqu'au droit moderne formalisé au sortir de la guerre de Trente ans1136(*).

On pourrait en raccourcir l'étude à partir d'un double contexte contradictoire dont l'importance se mesure dans les mécanismes d'édification du droit au Cameroun : la colonisation et la décolonisation qui ont immédiatement précédé l'autonomie constitutionnelle de ce qu'on pourrait qualifier, dans la logique de l'ordre westphalien, d'entité non civilisée. En cela, le Traité de 1884 s'intercale entre les logiques du droit intemporel et les exigences de la modernité juridique. Étudierle Traité de 1884 aujourd'hui, c'est, partant de l'idée du droit intemporel, connaître du « droit historique ».

Aux termes de l'article 2-1 a de la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969 : « l'expression `'traité'' s'entend d'un accord international conclu par écrit entre États et régi par le droit international, qu'il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière ».

La justification du choix de la formation plutôt que de l'application du Traité de 1884 est la qualité des acteurs et notamment de la partie camerounaise dont le statut mérite d'être réévalué à la faveur de l'adoption en 2007 de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. On comprend que l'étude envisage d'analyser les principes qui ont gouverné le droit intemporel et leurs implications dans le droit moderne.

Pour une part, au plan formel, en ce que le Traité de 1884 traite des questions liées à la souveraineté1137(*) et à la propriété1138(*). Il relève les principes de la « légalité coloniale ». Des auteurs comme Hugo GROTIUS, l'un des pères fondateurs du DIP, en ont fait large diffusion. La « théorie du droit de conquête » qu'on découvre au même moment que « la seconde scolastique espagnole » en est l'expression irréductible.

Au nombre des principes qu'elle entretient, on notera le protectorat international, l'occupation effective, l'accession ou encore le bail commercial. D'autre part, en conséquence, le rapport à la souveraineté et au territoire prolonge l'influence du Traité de 1884 dans l'ordre juridique camerounais.

Le rapport à la souveraineté et tout au moins au territoire illustre l'hypothèse d'un ordre constitutionnel holistique. En cela, le Traité de 1884 sert de relais entre le DIP et le droit constitutionnel. Certains auteurs ont, à partir de ce moment, distingué le droit constitutionnel des nouveaux États. Le premier est marqué par le recours au DIP justement.

Le professeur de droit public OlivierDE FROUVILLE écrira dans cette artère que la promotion des libertés des peuples et leur conciliation avec la souveraineté des États colonisateurs procèdent d'une constitution substantielle.

Le rapport entre le droit intemporel et le DIP1139(*) moderne, voire le droit constitutionnel, s'établit ici autour de la notion de peuple qui a été mobilisée d'un contexte à l'autre : des peuples acteurs du jus inter gentes aux États sujets du DIP classique et des États aux peuples sujets du DIP moderne. Une étape à une autre, une qualification à une autre : peuples « sans droit » dans le droit intemporel, peuple titulaire du droit à l'autodétermination en DIP moderne et peuple objet du droit constitutionnel suivant le rapport au « démos »1140(*)posé par les révolutionnaires. Le Traité de 1884 présente dès lors deux points d'actualité qui se recoupent. D'une part, il aborde les notions de peuple, que le renouveau démocratique de 1990 a réinventé. D'autre part, il présente la notion de territoire, qui en ressort configuré du fait que la constitutionnalisation des peuples autochtones en réactualisant la dialectique entre le territoire national et la question des terres ancestrales. Le renouveau des droits des peuples démontre, pourrait-on-dire, l'intérêt du sujet.

Dans le langage juridique, la notion de statut prend en compte l'état et la capacité d'un sujet de droit. Étudier le statut des acteurs du Traité de 1884 revient à analyser leur personnalité juridique à partir de ces critères. Le concept d'Etat se définit généralement à travers deux approches1141(*), une sociologique et l'autre juridique. Sociologiquement, l'Etat désigne une communauté de personnes vivant sur un territoire soumis à un gouvernement effectif. Juridiquement, l'Etat est une personne morale de droit public autonome et souveraine.

Dire que l'Etat est une personne morale de droit public c'est dire de manière indirecte et certaine que la personnalité de l'Etat se distingue de celle des personnes physiques qui la compose.

L'Etat est une entité souveraine parce que sur son territoire il n'a pas de concurrent, il détient la compétence de la compétence et de ce fait, il n'a pour seule limite que le droit, d'où la doctrine de l'Etat de droit1142(*). Et d'après la doctrine, « le système juridique colonial se présente comme un système de désacralisation du pouvoir qui vient heurter la société traditionnelle »1143(*).

SAMBA THIAM dénonce par la suite le fait que le droit positif africain soit resté tributaire des règles qui expriment les valeurs1144(*) et exhorte le législateur contemporain à prendre ses responsabilités en prenant en compte les réalités traditionnelles encore très visibles dans la société africaine1145(*).Ainsi, pour ce qui est du système allemand, tous les Allemands et tous les citoyens européens vivant au Cameroun étaient exclus du champ d'application du droit coutumier et placés sous l'emprise du droit allemand métropolitain1146(*) d'inspiration romano-germanique.Ce schéma sera respectivement reproduit par les Anglais et les Français entre 1916 et 1959. Le statut indigène n'est pas univoque. Ainsi distingue-t-on le statut des collaborateurs privilégiés ou assimilés de celui des indigènes proprement dit. Les assimilés étaient issus pour ce qui est de la France par exemple des départements d'outre-mer, ou des territoires du Pacifique à l'instar de la Nouvelle Calédonie.

Mais pour l'essentiel, il était question des commerçants asiatiques ou sud-américains qui détenaient des comptoirs sur la côte camerounaise. En outre, certains privilégiés, notamment les autochtones ayant fait preuve de fidélité envers le colonisateur jouissait aussi de ce statut atypique, ne fut que par reconnaissance des services rendus.

Ainsi, les assimilés étaient sous l'emprise de la justice occidentale dont ils sont demeurés des justiciables pendant la période coloniale.

C'est d'ailleurs ce qui distingue leur statut du statut des populations autochtones, populations restées sous l'emprise de droit traditionnel et de la justice locale1147(*).Parlant de la période allemande, deux (02) textes majeurs constituent l'ossature de la législation foncière allemande. Ce sont d'une part le décret du 15 juin 1896 sur la création, la prise de possession et l'aliénation des terres au Cameroun et d'autre part, le décret impérial du 21 novembre 1902 relatif au droit foncier dans les colonies allemandes1148(*).

Le décret du 15 juin 1896 se présente comme un vestige de la loi du 17 avril 1886 relative à la situation juridique des colonies allemandes. Cette loi énonçait déjà que les terres sans maître faisaient partie intégrante du domaine de la couronne.

C'est le décret du 21 novembre 1902 qui va instaurer au Cameroun le régime d'inscription au livre foncier ou au « GROUNDBOOK ». Le livre foncier avait été ouvert à Douala dès 1903 et son ressort couvrait toute la colonie. Ce décret fait une distinction entre les terrains indigènes et les terrains détenus par les Allemands. Ainsi, lorsqu'ils sont inscrits au livre foncier, les terrains indigènes sont soumis au droit métropolitain en la matière.

Partant de là, nous nous sommes penchés sur les termes de l'expropriation des populations Duala du plateau Joss et la mise en lumière de la résistance des chefsDuala notamment celui de Rudolf DOUALA MANGA BELL.

2. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : les termes de l'expropriation du plateau Joss

Les terrains des non-indigènes sont régis par des règles particulières, et en principe ces terrains ne peuvent faire l'objet de conventions qu'entre les populations locales selon les modalités librement consenties et l'arrêté du 27 décembre 1910 institue les registres des terres pour cette catégorie1149(*).

Comme le souligne si bien un contemporain lorsqu'il note avec emphase que dans les sociétés traditionnelles africaines, « les rapports juridiques relatifs à la terre s'établissent de groupe à groupe... la propriété est collective ; la terre appartient au village ou à la famille, étendue ou restreinte ; elle est exploitée en commun et elle ne peut jamais être aliénée : le chef lui-même n'est pas un propriétaire, mais un administrateur »1150(*). Et il est notoirement établi que la vente immobilière est absente et que c'est pendant la colonisation, sous l'impulsion de l'appropriation privative, que l'on assiste à la vente des terres coutumières1151(*).

Partant de cette dialectique, le Gouvernement précisait que : « les Duala se sont rendus compte qu'ils doivent avec le temps céder progressivement leurs biens-fonds situés sur le fleuve aux Européens, vu le besoin d'extension de ces derniers, provoqué par l'accroissement du commerce. C'est consciemment que le Chef Supérieur MANGA BELL, dont le quartier de Bonanjo fut désigné en premier pour son emplacement favorable a cédé sans faire de grosses difficultés des terrains aux particuliers, et surtout au Gouvernement, lorsqu'il lui proposa des prix appropriés. Les indigènes tenus au courant depuis longtemps, et ce à plusieurs reprises par l'administration, qu'un transfert des agglomérations indigènes sera un jour nécessaire, ont demandé finalement l'année dernière, alors que leurs biens-fonds s'émiettaient de plus en plus, que leur soient indiquées de préférence non pas individuellement mais globalement, les futurs emplacements destinés à leur installation ; de même les habitants des autres quartiers de Douala se sont eux aussi faits de l'idée que le transfert des habitations sera rendu nécessaire, par la constante expansion des Européens. On n'a donc pas à craindre que des difficultés surgissent,si on leur accorde un dédommagement approprié »1152(*).

En 1911, l'administration locale de Douala assurait que des « négociations avec les Duala sont déjà en cours pour les obliger à céder leurs terres au Gouvernement aux conditions susvisées ... ; dans le cas où les crédits nécessaires seraient approuvés par les corps législatifs ». Les crédits furent approuvés pour l'exercice 1911. Mais le transfert fut retardé pour divers motifs, entre autres, le retournement des Duala qui avaient changé d'avis.

D'accord, au moment de la rédaction du mémoire, pour la cession de l'espace nécessaire à l'extension de la ville européenne contre une indemnité calculée sur la base de 40 et 0,6 pfenning le m², ils se rétractèrent, obligeant les autorités locales à recourir à la procédure de l'expropriation ; mesure désagréable et impopulaire tant au Cameroun qu'en Allemagne.

RÖHM, qui resta immobilisé plus d'un an en Allemagne, eut le temps de s'adresser aux chefs de lignages Duala le 2 et 30 octobre 1912 et de les informer qu'il avait pris la décision de procéder à l'expropriation. Cet entretien est rapporté dans la pétition des chefs Duala du 08 mars 1912 en ces termes : « Lors de la passation de service, Son Excellence le Gouverneur OTTO GLEIM convoqua les chefs à une réunion au cours de laquelle il nous fit part des intentions du Gouvernement. Cette intervention a eu pour objet, à peu près textuellement, les faits suivants : il est projeté de transformer le village indigène de Douala en une grande et belle ville comme c'est déjà le cas dans les autres colonies.

Pour l'exécution de ce projet, il faut que les indigènes cèdent leurs demeures habituelles, c'est-à-dire l'ensemble de tous leurs biens-fonds habités, au Gouvernement par voie de vente. Ensuite, il faudra qu'ils transfèrent leurs habitations à l'endroit de leurs plantations éloignées à environ une lieue et demie du fleuve. Durant la réunion, nous refusâmes unanimement cette demande en expliquant que nous avions des doutes quant à l'utilité de cette exécution. Après de vains débats, lors d'une 2ème séance, Monsieurle Gouverneur déclara que le Gouvernement entreprendra l'expropriation ».

C'est après son départ que les chefs Duala adressèrent le 09 novembre 1911 au Reichstag, un télégramme sollicitant la suppression de l'expropriation : « En raison de leur impuissance à pouvoir se défendre, les chefs supérieurs de Douala prient respectueusement au Bundesrat ou bien à Monsieur le Chancelier de prendre des mesures pour l'annulation de l'expropriation de notre bien-fonds ainsi que pour celle du refoulement du peuple Duala loin du fleuve, refoulement qui mettrait tout le peuple dans l'impossibilité de subvenir à ses besoins ».  Quelques mois plus tard, juste avant l'arrivée du Gouverneur EBERMAIER, le successeur d'Otto GLEIM, les chefs Duala rédigèrent à l'intention de la Diète la pétition du 08 mars 1912 dans laquelle, après avoir rapporté les débats qui les mirent aux prises avec le précédent gouverneur, ils donnaient quelques précisions sur les desseins du gouvernement local connus seulement « par la rumeur publique » : l'administration, écrivaient-ils, déclarait qu'elle trouvait « immérité que les indigènes encaissent la recette des ventes de terrains urbains, car la plus grande partie de l'augmentation de leur valeur serait dûe à l'effort accompli par le Gouvernement en construisant les rues et en effectuant d'autres travaux.

C'est pour cela que la plus-value devait revenir de droit au Trésor. Pour éviter les nombreuses palabres avec les indigènes,le Gouvernement cherchait à acquérir tout le bien-fonds autochtone à un prix minimum sans tenir compte de la valorisation foncière ».

Les chefs manifestèrent leur opposition sur ce point, informant les députés allemands que le gouvernement avait déjà acheté des emplacements à Douala à raison de 90 pfennigs le mètre carré. Des terrains auraient même été vendus 03 marks à des particuliers. Et les chefs Duala de préciser : « Le Gouvernement croit pouvoir prouver que la déduction de la plus-value du prix d'achat se justifie par le fait qu'elle est le produit du travail du Gouvernement. Mais il omet complètement que la soi-disant revalorisation est le résultat d'un travail impliquant et l'esprit du Blanc et la main du Noir. C'est pourquoi nous avons un droit égal à celui du Gouvernement sur cette plus-value. Puisqu'il semble difficile à ce dernier de partager cet avis, notre accord quant à l'achat de nos terres ne peut lui être donné vu la base du calcul des prix ».

Ils réagirent aussi à propos de l'ampleur d'une expropriation qui les obligerait à abandonner une terre ancestrale. Ils invoquèrent à ce sujet leur situation économique : « En 1895, après que le commerce ait été interdit aux indigènes de la tribu duala et que les plaintes portées par les firmes contre le commerce intermédiaire aient contribué à limiter leurs intérêts (suspension du système du trust), le feu conseiller du Gouvernement, VON BRAUCHITSCH, s'est aperçu et rendu compte que la prospérité des indigènes diminuait considérablement avec le temps. Il a tout essayé pour y remédier. C'est ainsi qu'il institua un conseil, appelé conseil des chefs. Cette assemblée siégeait tous les trois mois et au cours des réunions des recommandations étaient données en vue de développer la culture et la pêche. Il introduisit aussi des prix fixes pour le poisson et les denrées, car devant les difficultés liées au commerce d'intermédiaire déclinant, nous nous sommes orientés vers les plantations de cacao, de caoutchouc, de kola... dans les zones inondées par nos fleuves : le Mongo, le Dibombè, le Wouri, la Ndounga, la Dibamba, et vers des entreprises de pêche plus importantes. Aujourd'hui, il n'y a que 10 Duala qui font du commerce, encore trouve-t-on parmi eux des gérants de factoreries de firmes européennes. La majorité des Duala depuis plus de six ans ne s'occupe donc plus que de plantations et de pêche ».

Et les chefs de conclure qu'il était nécessaire, pour le développement de leurs nouvelles activités économiques de garder leur habitat près du fleuve : « De la future cité, il faut faire un voyage en pirogue d'environ 03 heures par des criques étroites et entourées de forets très marécageuses. Elles ne possèdent pas de baignades ni d'embarcadères pour pirogues en nombre suffisant.

De plus, les communications avec les plantations situées à deux ou trois jours de marche seront aggravées. Il n'y a pas de doute maintenant que nous serons obligés de les abandonner et d'arrêter la pêche ».

La question du trajet pour se rendre aux écoles et aux missions futaussi soulevée et la notion même d'expropriation, qui parut aux chefs « très incompréhensible », ironisée : « Dès qu'un terrain nous est exproprié, nous avons chaque fois l'impression qu'il nous est enlevé par la force... Ce mot « expropriation » est un terme juridique allemand, concluant en soi quand il est appliqué dans la métropole, mais que nous ne comprendrons jamais ici ».1153(*)

Quant à l'aspect financier, il était convenu :

1) Que le fisc avait un droit sur les 9/10ème de la plus-value résultant de la construction du port et de la voie ferrée ;

2) Que l'acquisition des quartiers de Bell, d'Akwa et de Deïdo devait se faire par contrat ou expropriation, après délibération avec les propriétaires et les chefs de lignage ;

3) Que les indemnités par affectation d'un autre terrain et versées en espèces seraient calculées sans tenir compte de la plus-value et réglées par mensualités : 30% du moment du déménagement, 30% pendant la construction, et le reste à la fin des travaux. Il était précisé que le transfert se réaliserait petit à petit : le plateau Bell, composé des quartiers de Bonanjo, Bonapriso, Bonadouma et Bali, serait évacué en premier ; Akwa et Deïdo ne seraient transférés que plus tard dans les nouveaux lotissements et sur ordre de l'administration, selon les besoins.

Au mois de novembre 1912, VON RÖHM, à qui revenait la tâche de négocier avec les chefs Duala, revint et dès le 02 décembre provoqua un débat qu'il relate dans ses notes : « A mon arrivée à la colonie le 14 novembre 1912, je fus convoqué à Buéa par Son Excellence pour y discuter des questions d'Expropriation de Douala. Son Excellence examina en détail l'exécution formelle et matérielle de l'expropriation et du relogement des Duala et souligna à cette occasion qu'un ajournement supplémentaire dans l'acquisition des terrains serait dangereux.

Il fallait donc commencer sans hésiter, mais avec calme, et accélérer la modification juridique de la propriété foncière. Dès mon retour, je fus chargé de tenir immédiatement une conférence avec les Duala, de discuter avec eux encore une fois de toute la question de l'expropriation et du relogement et de ne pas leur laisser de doute en ce qui concerne le sérieux avec lequel le Gouvernement avait décidé de faire aboutir le projet. En outre, au cas où il me semblerait nécessaire qu'une réunion présidée parSon Excellence dut avoir lieu, je devrais l'en informer par télégramme ». Cette conférence eut lieu le 20 novembre 1912.

On ne pourrait continuer cet argumentaire sans évoquer le rôle primordial du Roi Rudolf DOUALA MANGA BELL dans la poursuite de ces revendications légitimes et indéniables du peuple Duala. On assistera à une cohésion des différentes chefferies BELL, AKWA et DEÏDO dans cette lutte acharnée contre les colonisateurs allemands qui conduira malheureusement à la pendaison de DOUALA MANGA BELL et de son secrétaire NGOSSO DIN le 08 août 1914.

3. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : Le Leadership de Rudolf Douala Manga Bell dans le Processus de Résistance Anti-Coloniale

LOCK PRISO BELL1154(*)1155(*) exerça son pouvoir pendant près de 70 ans1156(*)1157(*). Avec Elami JOSS1158(*), il est l'un des premiers résistants à l'occupation allemande des territoires duala1159(*). Le médecin et explorateur MaxBUCHNER le décrit comme étant une personne qui donneune « impression favorable au premier regard. Il est imposant et bien corpulent, avec des muscles énormes et une poitrine extraordinairement large et puissante, un teint plutôt clair, une tête bien posée sur une nuque de taureau et avec des traits réguliers et fermes, il appartient à la meilleure des sortes et des plus réussies de prince nègre »1160(*).

En réaction au geste du serviteur du Reich, qui avait hissé haut le drapeau allemand plus tôt dans la journée, LOCK PRISO, chef du canton Bèlè Bèlè, Roi d'Hickory Town, aujourd'hui Bonabéri, écrit une lettre en pidgin à Max BUCHNER - consul allemand - afin de sauvegarder la souveraineté de son territoire. Par cet acte, il refuse de signer le traité Germano-Duala du 12 juillet 18841161(*), ce qui sera l'un des premiers actes de résistance anticolonialiste au Cameroun. Selon le Prince KUM'ANDUMBEIII, petit-fils de LOCK PRISO, quand les Allemands sont arrivés, ils lui ont offert de l'argent : « Tu peux avoir de l'argent comme les autres. Ensuite, tu peux signer ». Il a répondu : « Non ! Je ne veux pas de cet argent et je ne signe pas non plus, parce que je veux rester indépendant. Je ne vois pas pourquoi, je dois avoir un autre souverain ».

Ensuite, les Allemands sont venus et ils ont hissé le drapeau allemand à Bonabéri. Son grand-père a alors écrit, ce qui est important pour nous, pas seulement une mémoire orale : « Abaissez votre drapeau. Je ne veux pas de votre argent, je ne le signerai pas, je veux rester libre ! »1162(*)Sous son règne, Bonabéri est bombardé en 18841163(*).

Des combattants, dont certains du peuple « Abo » sont exécutés. Le temple de Bonabéri, construit par JosephJACKSONFULLER est détruit. Le « Tangué »1164(*), la proue princière de la pirogue de LOCK PRISO1165(*), est prise dans le palais1166(*) lors de la démonstration de force militaire de 18841167(*) et déposée depuis au Musée national d'Ethnologie de Munich parmi 30 000 autres objets pillés1168(*). Une loi dite de la protection du sang allemand conduit à la ségrégation avec 1 km de « no man's land », et à la création du quartier « NeuBell » aujourd'hui « New Bell ».

NDOUMB'A LOBE1169(*) pacifie le pays Sawa et son influence s'étend sur tout le littoral, du Sud1170(*) au Nord1171(*). Il est cosignataire avec DIKA MPONDO AKWA, du traité du 12 juillet 1884 qui institue le protectorat allemand et préserve leurs droits fonciers aux Duala. Sous son règne, prend fin le monopole Duala de commerce intermédiaire avec l'hinterland.

Son fils, AUGUSTE MANGA NDOUMBE,1172(*) grand bâtisseur, développe une économie de chasse d'éléphants et de plantations, et utilise les revenus du cacao, de l'huilede palme, du bois et de l'ivoire pour faire de gros investissements immobiliers à Bonanjo. Il constitue une des plus importantes fortunes jamais amassées par un roi Duala.

Son petit-fils, RUDOLF DOUALA MANGA BELL1173(*), consacre essentiellement son règne à combattre le projet allemand d'urbanisme « Gross Duala » qui préconise, entre autres, l'expropriation des indigènes de Bonanjo, d'Akwa, de Deïdo, pour les expédier dans les quartiers de Neu-Bell, Neu-Akwa, Neu-Deïdo, au-delà d'une « Freie Zone », bande de démarcation entre Européens et indigènes, large d'un kilomètre.

Il perd ce combat et est pendu le 08 août 19141174(*).Cette rétrospective montre à suffisance que la chefferie BELL malgré son statut d'« enfant chéri » et des privilèges obtenus des autorités coloniales allemandes a toujours fait preuve de résistance. Cela s'est encore plus accentué avec le projet d'expropriation du plateau Joss qui a vu éclore le leadership de RudolfDOUALA MANGA BELL.

Ainsi, la conférence du 20 novembre 1912 portant sur les termes de l'expropriation du plateau Joss se termina par une critique de MANGA BELL, représentant des intérêts Duala, qui accusa les autorités allemandes de ne pas respecter les engagements pris en 1884 « envers les ancêtres des Duala ».

Pour clore le débat, l'on demanda aux chefs la liste des habitants acceptant de céder leurs terrains et on les pria d'informer les propriétaires, notables ou non, qu'ils pouvaient se présenter seuls au commissaire de police qui enregistrait leur accord ; procédé qui souleva d'autres critiques de la part des chefs.

Mais cette tentative de division semée dans les milieux Duala échoua. Le 24 novembre 1912, en présence du gouverneur, les Duala affirmeront et prouveront qu'ils n'agiront pas les uns sans les autres. Mieux, dans une pétition rédigée le lendemain de la conférence du 20 novembre et adressée au pouvoir central, ils accuseront nettement le gouvernement local et le colonat européen de vouloir procéder à une vaste opération de déguerpissement, afin d'exploiter à leur profit les terrains expropriés alors qu'ils feraient mieux d'aider les indigènes à améliorer leur production.

Le 07 décembre 1912, les chefs Duala, reprenant les déclarations du Gouverneur, jugèrent que celui-ci et à plus forte raison le chef de district n'étaient que des exécutants ; aussi s'adressèrent-ils à ce dernier, lui demandant, non sans ironie puisqu'il n'était qu'exécutant, de bien vouloir représenter les intérêts Duala auprès des instances supérieures de l'Empire allemand.

Ils insistèrent également sur le fait qu'au temps de l'administrateur BRAUCHITSCH, « le principe de la force n'était pas de règle dans l'administration mais celui de justice et de salut pour les indigènes ». Le 09 décembre, VON RÖHM leur remettait les plans représentant le terrain sur lequel les chefs devaient faire un choix pour l'établissement des nouveaux logements.

Le 16 décembre, ce plan lui était rendu, non sans discussion et critique de la part de MANGA BELL, lequel voyant les projets d'urbanisation prendre corps, n'hésita pas à accuser de nouveau le gouvernement local d'avoir dénoncé les termes du traité de 1884 et, à l'endroit de VON RÖHM, de manquer d'objectivité, alors que les Duala jusque-là en avaient eu1175(*) : « Le jour même de la publication de la décision, MANGA BELL, au nom de tous les Duala, adressait au Reichstag un télégramme de protestation dans lequel il demandait que l'on suspende l'avancement des travaux d'expropriation. Ce télégramme ne parvint au Reichstag que le 20 janvier après avoir été confisqué et relaxé. Des pétitions suivirent, toujours adressées en Allemagne et prenant en partie le gouvernement local ce qui amena le Reichstag dans sa séance du 27 juin 1913 à soumettre les pétitions à l'examen du Chancelier ».

Parmi celles-ci, notons celle du 20 février 1913 qui nous paraît très intéressante, car les Duala y reprennent leur propre histoire durant le Protectorat.

Après avoir dénoncé la validité de la décision d'expropriation laquelle fut prise en violant le traité de 1884, les chefs, revenant sur les limites de la souveraineté allemande, entreprennent de critiquer le conseiller du Gouvernement GERSTEMEYER pour son interprétation juridique de la présence coloniale au Cameroun : « Ce fonctionnaire écrivait que les Protectorats ne sont pas des protectorats au sens du Droit international, parce que l'Empire allemand a acquis par occupation la pleine souveraineté... Les conventions selon lesquelles certains droits de souveraineté ont été laissés aux chefs, sont en grande partie sans importance... C'est l'exemple du Cameroun dont les premiers traités signés sont devenus caducs et sans valeur »1176(*).

Cette pétition se termine sur une série de plaintes dirigées contre l'administration et par une critique sévère de l'urbanisation projetée : « Nous commençons par nier le besoin de créer une ville européenne et une ville purement indigène. La conception selon laquelle ces deux aménagements sont nécessaires n'est soutenue ni par les colons européens installés au Cameroun et particulièrement à Douala, comme les commerçants, les missionnaires...,le Gouvernement mis à part, plus précisément une partie de ses fonctionnaires, ni par tous les indigènes. En outre, l'assainissement de Douala n'exige pas une séparation spatiale aussi vaste de ses quartiers... Aussi, les indigènes qui ont essayé jusqu'à présent d'exécuter autant que possible les ordonnances du Gouvernement sont peinés de faire remarquer aux autorités que leur attitude a toujours été purement objective et nullement troublée par des préjugés personnels ou des répugnances... il leur est tout aussi pénible de demander pour la première fois au Gouvernement d'annuler un projet déjà établi par lui et une décision déjà ratifiée ».

Les chefs Duala eurent alors recours en Allemagne à l'avoué FLEMMING et à l'avocat HALPERT. Ceux-ci profitant de l'envoi de pétitions Duala adressées les 19 août et 03 décembre 1913 au Chancelier de l'Empire, au Bureau colonial et au Reichstag, rédigèrent un rapport dans lequel ils déclarent le déguerpissement prêt à être entrepris, illégal et juridiquement inadmissible : « Les Duala, dans le traité de 1884, s'étaient réservés une souveraineté sur le sol malgré le transfert de leur souveraineté politique. Ils font aussi remarquer que cette mesure enfreint la réglementation en usage relative aux expropriations : il n'avait pas été prévu d'exproprier des indigènes au profit d'allogènes.Ils contestent également le caractère d'utilité publique que l'on prêtait à l'entreprise, s'étonnent de l'étendue de la surface à exproprier ; sur une surface de 900 ha l'installation de 400 Européens leur paraissait absurde.

Sur ce point, le Gouvernement répliqua que sur les 900 hectares expropriés, 650 seraient utilisés pour la zone libre exigée par l'hygiène tropicale ; d'autre part, qu'il fallait penser à une population européenne à venir de plus de 2000 personnes. La critique des avocats, reprenant d'ailleurs les griefs Duala, portait enfin sur la nécessité de séparer Blancs et Noirs au nom de l'hygiène : en d'autres points de l'Afrique, les deux communautés cohabitaient sans dommage pour les colonisateurs. Le handicap que les Duala éprouveraient dans leurs activités économiques, si on les refoulait vers l'intérieur, était invoqué ».

Le Chancelier d'Empire, de son côté, fit savoir qu'il ne pouvait accorder d'autre audience aux chefs Duala, et ce pour les mêmes motifs. Ainsi, en mars 1913, près de 1000 personnes habitaient donc dans le nouveau quartier de Bell, ou « Neu-Bell », les anciennes habitations ayant été détruites sur le plateau.

Celle de MANGA BELL n'y échappa pas, toutefois celui-ci préféra, au lieu d'occuper la maison que l'administration lui avait fait construire à « Neu-Bell » ; se réfugier sur « les hauteurs de Bali » qui était appelé, avant que les quartiers Akwa et Deïdo, à être évacué de la mêmefaçon que Joss.D'ailleurs, les Duala furent alors accusés de vouloir toucher au détriment des « Blancs » la plus-value que ces derniers avaient donnée à Douala. En effet, MANGA BELL demanda, « après l'offre de 25 pfennigs par mètre carré formulée par le représentant du fisc, 25 marks c'est-à-dire le centuple ».

Vraisemblablement excédée, l'administration qui avait déjà suspendu de ses fonctions de Chef Supérieur MANGA BELL, le 04 août 1913, commença d'incarcérer les notables et autres personnalités qui obtinrent la suspension des travaux d'urbanisme, victoire passagère que la population fêta peut-être trop manifestement en avril devant le gouvernement local.

Le journal social-démocrate « Vorwarts » caractérisa justement cela comme une « vengeance contre les Douala ».1177(*)La presse bourgeoise réactionnaire par contre renchérit : « Il est très heureux que l'insubordonné nègre de BELL soit déjà arrêté et qu'apparemment, on n'y aille pas de main morte. Et cela est nécessaire si les blancs veulent maintenir leur autorité là-bas... »,1178(*)pouvait-on lire dans les « Leipziger Neueste Nachrichten ». Des perquisitions, des saisies et d'autres arrestations suivirent. Le chef MFOMU de Bodiman fut arrêté le 12 mai à Yabassi.1179(*)

Lemême jour, SOLF demanda au parquet du tribunal de Berlin d'arrêter et de fouiller NGOSSO DIN1180(*). Le 14 mai,il donna l'ordre au gouverneur de poursuivre le processus d'expropriation1181(*). Le 15 mai, NGOSSO DIN fut arrêté et jeté dans la maison d'arrêt de Berlin, ses écrits furent saisis1182(*)

Neuf jours plus tard, il fut mis à Hambourg dans le bateau « Professeur Woermann » pour « être livré au chef de district à Douala et dans le respect des mesures de sécurité nécessaires »1183(*).« L'instruction contre DOUALA MANGA et ses compagnons pour haute trahison » tira en longueur. Des preuves tangibles, hormis que DOUALA MANGA et ses compagnons avaient en pensée évoqué l'idée d'une éventuelle recherche arracher de faux aveux ni à DOUALA MANGA, ni à NGOSSO DIN. Pour les fonctionnaires coloniaux, il était clair que par exemple le chef d'accusation contre NGOSSO DIN, autant qu'on puisse parler de haute trahison, ne se limitait qu'à des indices assez vagues1184(*).

Malgré cela, on entama finalement mi-septembre la procédure principale pour laquelle le Dr.HALPERT et d'autres avocats berlinois s'étaient annoncées comme défenseurs. Avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914, les choses s'accélèrent. Les autorités coloniales allemandes arrêtent le leader Duala le 07 août 1914, pour haute trahison, bien qu'il ait toujours usé de moyens pacifiques pour faire valoir ses droits. Rudolf DOUALA MANGA BELL sera condamné à la peine de mort par pendaison. L'exécution de la sentence aura lieu le 08 août 19141185(*).

Cette exécution traduit le « monstre froid » qu'est l'Allemagne coloniale et illustre à suffisance cette citation du GénéralDE GAULLE : « LesÉtats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts »1186(*).En définitive, cette exécution ne tiédira pas les ardeurs du peuple Duala qui continuera la lutte contre l'Allemagne coloniale. Le processus de l'indépendance du Cameroun sera ainsi en marche.

CONCLUSIONDU CHAPITRE III

Nous avons voulu par ce chapitre qui s'achève, apporter des éléments de réponse au pragmatisme de situation de l'administration coloniale allemande à l'égard des chefs Duala. Cette situation a eu pour conséquence l'établissement d'un salaire à ces chefs en compensation de la perte de leur monopole commercial.En effet, la question de la fréquence, du montant, et de la monnaie utilisée pour l'attribution de ce salaire nous interpelle. En d'autres termes, combien gagnaient les chefs Duala et suivant quelle mesure monétaire ? Les différences de traitement observées entre les chefs entraînèrent de vives tensions et mettaient en lumière le privilège recherché par les chefs indigènes au contact des Blancs. Le Roi BELL fut le mieux loti et il subit les assauts et les reproches des autres chefs, du fait de son immense fortune personnelle. Les autorités coloniales allemandes utilisèrent le principe de diviser pour mieux régner pour asseoir son autorité, mais cela conforte le fait qu'elle avait du mal à canaliser toutes les velléités sécessionnistes. A ce sujet, cette situation traduit les tentatives de l'administration coloniale allemande de s'adapter aux chefs Duala et de les amadouer pour conquérir l'Hinterland et ses ressources.De plus, l'introduction de la monnaie occidentale occasionnera la modification des us et coutumes de la société Duala notamment dans la pratique de la dot. Cependant, nous avons relevé des divisions qui existaient déjà au sein de la société coutumière Duala qui se structurait autour de plusieurs groupes rivaux. L'exemple le plus illustratif est celui de la scission au sein du canton BELL.Par la suite, les relations entre les chefs Duala et cette administration étrangère seront examinées sous le prisme du mécontentement car les terres coutumières seront spoliées et utilisées au profit de l'Allemagne. La pertinence de cette spoliation sera marquée par le flou juridique liée à la question foncière du traité de 1884, aux termes inexacts de l'expropriation du plateau Joss et du leadership du chef DOUALA MANGA BELL dans le processus de résistance anticoloniale. Les chefs Duala entameront des mouvements de résistance sur le plan juridique qui aboutiront à l'exécution de NGOSSO DIN et de Rudolf DOUALA MANGA BELL le 08 août 1914. On peut donc conclure en affirmant que comme toute autre administration coloniale occidentale, l'Allemagne n'avait aucune intention de respecter les traités et autres accords conclus avec les chefs autochtones, et ont eux aussi employé soit la ruse, soit la force pour arriver à leurs fins.

CHAPITRE IV :

L'ADAPTATIONDE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCETRADITIONNELLEBAMOUNBAMUN

Ce chapitre se consacre à la présentation de l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun. Pour cela, il débute par les actes rebelles du souverain NJOYA vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.

Cela nous permet d'apprécier les objections du RoiNJOYA face aux pratiques religieuses chrétiennes et les relations ambivalentes entre ce dernier et le missionnaire GÖRING. Par la suite, la perception de l'administration coloniale allemande par le Roi NJOYA est ainsi établie et nous interpelle sur la mutuelle admiration malgré les soubresauts de l'histoire du Cameroun.

Dans la première section, nous parlerons des actes rebelles du souverain NJOYA (Section I) et de sa perception personnelle vis-à-vis de l'administration coloniale allemande (Section II).

SECTION I : LESACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VISDEL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

En 1902, les BamounBamun, voulurent prendre les armes contre les premiers visiteurs allemands ; NJOYA, conscient de la faiblesse des siens face aux Européens, les obligea à les accueillir pacifiquement et évita un bain de sang. Le souverain conçut une politique dans laquelle il se donna le rôle d'intermédiaire indispensable entre les autorités coloniales et son peuple : « Si les tirailleurs arrivent au marché et qu'ils prennent quelque chose, ou qu'ils frappent, ne vous (BamounBamun) fâchez pas - leur dit-il laissez-moi l'affaire des Blancs »1187(*).Il put, par la suite, tirer profit de ce premier contact chaleureux : c'est ainsi qu'il récupéra, lors du conflit Germano-Bansoh de 1906, le crâne de son père, le RoiNSANGU.

La décision du monarque eut d'autres effets plus fondamentaux : les Allemands, premiers maîtres du Cameroun instituèrent un système indirect d'administration qui allait dans le sens de ce que les BamounBamun pouvaient espérer.

Le Roi perdit une partie de ses prérogatives au profit des autorités coloniales, mais il garda des pouvoirs assez étendus pour continuer à gouverner le royaume. Le droit de vie et de mort ne lui appartenait plus et il devenait un intermédiaire entre son peuple et le colonisateur. Il fallut évidemment travailler en collaboration étroite avec les nouveaux maîtres dans le domaine économique mais la coopération fut fructueuse. La stratégie politique du RoiNJOYA a suscité de nombreuses controverses : certains Français pensent que ce chef africain était un « tyranneau » et un instrument de la politique allemande. A l'inverse, les Allemands l'ont pris pour un remarquable chef, intelligent et entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles pour son pays. AucunEuropéen ne semble avoir pensé qu'il voulait d'abord préserver sa population.

Et pourtant, lorsque, au cours de la Première Guerre Mondiale, il devint vraisemblablement évident que ses `'amis'' allemands étaient en train de la perdre, il favorisa les troupes anglaises en leur faisant indiquer une voie d'accès à sa capitale. L'occupation du territoire BamounBamun par les Britanniques fut trop brève pour que NJOYA adopte une attitude précise face à leur administration. Toutefois, dans la mesure où les Anglais pratiquaient aussi la politique de « l'indirect rule1188(*) » comme les Allemands, leur coopération avec le souverain BamounBamun aurait pu être tout aussi fructueuse. Par contre, l'administration directe appliquée par les Français allait avoir des conséquences catastrophiques sur leurs rapports avec le pouvoir traditionnel.

Les objections du RoiNJOYA face aux pratiques religieuses chrétiennes(Paragraphe I) mettront en lumière les relations ambivalentes existant entre le Roi NJOYA et le missionnaire GÖRING (ParagrapheII).

PARAGRAPHE I : LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES

Par ses excellentes relations avec la Mission, NJOYA aidait effectivement à la diffusion de la culture européenne dans le pays. L'accent missionnaire fut surtout porté sur l'école, mais les hommes ayant passé l'âge scolaire reçurent des leçons pour devenir maçons, menuisiers, charpentiers. Les filles reçurent des formations d'aide-infirmières au dispensaire et de monitrices dans l'enseignement de filles.

Au début de 1914, il n'y avait pas moins de cinq missionnaires à Foumban. L'Église comptait 272 membres.600 élèves fréquentaient les écoles missionnaires, dont 265 dans les annexes en dehors de la ville de Foumban1189(*), où l'oeuvre était en train de se répandre1190(*).

Sous l'influence de GÖRING, NJOYA imposa même à son pays une réforme révolutionnaire : la semaine de huit jours fut réduite à sept, pour éviter que, de temps en temps, les jours de marché ne tombassent sur un dimanche. Sur le plan civil, ils collaboraient également dans ce sens que les actes de mariages des couples chrétiens étaient contresignés par NJOYA1191(*). En dépit d'un relâchement des moeurs parmi les chrétiens, résultant surtout de la vie de débauche des Allemands, ce qui obligea les missionnaires à en excommunier un certain nombre, la communauté chrétienne était profondément constituée à Foumban1192(*).NJOYA apporte au pouvoir politique sa note de sacralité en bricolant efficacement la modernité religieuse. Il est à la recherche du grand récit, l'espoir d'une religion nouvelle qui mêle confusément l'appel du muezzin, la cloche de l'Église et le roulement des tambours animistes. Ce syncrétisme marque son entrée inaugurale dans la mondialisation ; le rejet de l'autre est proscrit dans sa pensée politique, l'« endogénéisation » des apports extérieurs est potentialisée.

Il précise sa pensée dans un exposé de motif qui masque des expressions politiques modernes : « Dieu est capable d'écouter la prise de toutes les races humaines dans leurs langues respectives sans qu'il y ait besoin de parler la langue d'autrefois ; car c'est lui qui a créé tous les hommes, qui les a dotés du pouvoir d'inviter leur langue (....).

Ceux qui avancent que Dieu ne put pas écouter celui qui prie en sa langue nationale parce que c'est une langue d'esclave et parce qu'il n'a pas prié dans la langue des gens libres sont des menteurs. Dieu est le Maître de tout ce que les hommes voient de leurs yeux : cela est bien vrai ».Devant le talent du Roi NJOYA, l'historien JosephKI-ZERBO s'exclame en ces termes : « Vraiment, dans ce haut pays bamounBamun où l'air a une subtilité et une douceur qui invitent à la procréation intellectuelle, NJOYA a déployé jusqu'au génie la palette de l'esprit africain »1193(*).

C'est pourquoi le RoiNJOYA n'a pas voulu changer certaines habitudes sociales telles que la polygamie au sein de son royaume(A-). Il voulait également baptiser lui-même ses sujets (B-) et ajouter du vin de palme à l'eau bénite (C-).

A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES ÉPOUSES

Dans toutes les chefferies de la région de l'Ouest, la polygamie est la règle.Depuis l'époque du Sultan NCHARE YEN, fondateur de la dynastie BamounBamun en 1394, chaque fois d'un roi est intronisé, c'est à la famille NJI MONCHOU que revient l'honneur d'ouvrir le bal des prétendantes.

A l'arrivée de MBOMBO NJOYA, la seule célibataire du clan avait...03 ans. Qu'importe, il l'a reçue comme épouse, vu qu'on ne refuse pas de s'unir une « NJI MONCHOU » ; il l'a laissée dans sa famille et a subvenu à ses besoins. Quand elle a atteint la majorité, MBOMBONJOYA a marié sa jeune promise à l'un des siens à la cour, l'essentiel étant qu'elle y demeure. D'autres jeunes femmes lui ont été proposées par la suite, leurs candidatures étant soumises à un comité spécial. Seules les réponses positives du roi sont rendues publiques. « Humilier les recalées ne présente aucun intérêt », explique un conseiller du roi. Plusieurs fois ministre, ambassadeur et monogame pendant la trentaine d'années qui a précédé son accession au trône en 1992 ; l'actuel Sultan des BamounBamun, Ibrahim MBOMBO NJOYA, a aujourd'hui huit autres femmes, âgées de 35 à 55 ans. Et s'il pourvoit aux besoins des autres épouses de son prédécesseur de père - qui en avait vingt-quatre, - aucune d'entre elles ne lui a été donnée en héritage. NJI NCHARE Oumarou, le Directeur des Affaires Culturelles du Palais des RoisBamounBamun dira d'ailleurs : « L'époque où l'on récupérait les femmes de son père est révolue. Les unions du Sultan sont souvent la suite logique d'histoires d'amour ».

De nos jours, à Foumban, les reines sont actives et occupent des fonctions de premier plan dans la société BamounBamun : elles sont désormais administratrices de société, infirmières, chefs d'entreprise, commerçantes...Toutefois, elles se doivent d'avoir une influence discrète et s'effacer derrière le Roi1194(*).

La polygamie est donc avant tout la garantie d'un statut privilégié au sein de la société BamounBamun(1-). Ainsi, les missionnaires ont effectué une adaptation à la pratique de la polygamie qui fera émerger le concept d'hybridité (2-).

1. La polygamie ou le socle d'un statut privilégié dans la société BamounBamun

La polygamie provient du grec « polugamia » composé des mots « polù » qui signifie « beaucoup » et « gamos » qui signifie « mariage ». Pour cette raison, le terme désigne un régime matrimonial où un individu est lié, au même moment, à plusieurs conjoints1195(*). On parle de polyandrie lorsqu'une femme épouse plusieurs hommes et de polygynie lorsqu'inversement,un homme épouse plusieurs femmes.

La polygamie est plus spécifiquement associée à l'homme. L'autorisation de la polygamie dans un Etat n'entraîne pas que celle-ci soit majoritairement pratiquée. Au sein des sociétés majoritairement polygyniques, de 60 à 80% des foyers sont monogames « de fait » (et non « de droit »)1196(*). En sciences humaines, le terme « polygamie » est souvent employé par abus de langage pour désigner la polygynie.La polygamie est à distinguer des mariages de groupes, forme de polyamour impliquant plusieurs partenaires de chaque sexe, et de la bigamie, situation dans laquelle une personne contracte plusieurs mariages séparément, sans avoir juridiquement obtenu la dissolution du précédent ou sans que les deux conjoints soient au courant de cette situation1197(*).De nombreux pays tolèrent la polygynie sans l'encourager ouvertement.

C'est le cas non seulement de la quasi-totalité des pays à forte population musulmane à l'exception de la Turquie (interdiction en 1926)1198(*) et de la Tunisie (interdiction en 1957), mais également de quelques pays africains majoritairement chrétiens et/ou animistes.Les pays musulmans d'Asie centrale étaient soumis à l'interdiction de la polygamie du fait de l'ère soviétique. Aujourd'hui les pays d'Asie centrale ont interdit la polygamie, même si elle y est encore tolérée et pratiquée.

Des pays comme le Sénégal autorisent le mariage civil polygame mais l'homme doit choisir avant de se marier s'il souhaite faire un mariage monogame ou polygame et ne peut pas revenir sur sa décision une fois qu'il a choisi1199(*).

Lorsqu'il aborde la question de la polygamie dans la société traditionnelle Fang, GeorgesBALANDIER1200(*) montre qu'elle est le signe principal et la condition de tout accroissement de richesse. Cette richesse détermine en partie le niveau de statut social et permet d'acquérir une sorte de pouvoir personnel dans une société très peu hiérarchisée.

Quelles peuvent être les raisons de la polygamie en terre africaine ?

· Les raisons de la polygamie en Afrique

Pour expliquer la polygamie en Afrique, plusieurs théories sont avancées. Elles sont d'ordre économique, reproductif, politique. D'après NorbertOKOUMA, la tradition orale africaine la situe dans les temps très anciens. On peut selon lui, l'expliquer à travers les guerres entre tribus qui avaient pour conséquences d'une part l'extermination des hommes en particulier. Les survivants prenaient alors plusieurs épouses ou alors les vainqueurs enlevaient les femmes de leurs adversaires et les ajoutaient à celles qu'ils avaient déjà.

Sur le plan économique, les tentatives d'explication de la polygamie sont basées sur une perception ruraliste des sociétés africaines, dans le cadre d'un mode de production particulier qui relève très souvent d'une économie de subsistance faiblement mécanisée dans laquelle le rôle des femmes comme productrices de produits vivriers est important.

Cette idée est défendue entre autres par Ester BOSERUP1201(*) qui considère que vu sous cet angle, pour l'homme, la polygamie est peu couteuse et surtout rentable car la femme est une ouvrière ayant un rôle important dans l'agriculture.

Sur le plan politique, l'attention est portée à la cohérence interne du système matrimonial et d'une organisation sociale où le pouvoir est aux mains des aînés. C'est ce que montre ClaudeMEILLASSOUX1202(*). En effet, la polygamie est perçue comme le moyen de préserver le pouvoir des aînés sur les cadets dans les sociétés où l'accès des femmes est contrôlé par les aînés.

Elle permet aussi selon DIOP ABDOULAYE BARA1203(*) de s'allier à plusieurs groupes et confère ainsi à l'homme un avantage socio-politique. Elle peut être aussi le moyen de concilier les préférences du groupe en matière matrimoniale et les préférences individuelles et sentimentales. On retrouve notamment cet aspect dans l'étude réalisée par SylvieFAINZANG et OdileJOURNET1204(*).En effet, dans leur travail sur le mariage polygamique en Afrique et en France, les auteurs montrent que la plupart des hommes prennent plusieurs femmes comme épouses sous la pression familiale et communautaire.

La polygamie représente aussi pour certaines catégories privilégiées, une manière d'exposer aux yeux de tous sa réussite et son prestige social. C'est ce que souligne RaymondMAYER lorsqu'il étudie l'histoire de la famille gabonaise : « La polygamie est liée à une circulation des biens de prestige associée à la circulation des femmes »1205(*). Tout comme chez les « Fang » du Gabon et les « TegeAlima » du Togo, la polygamie fait partie des éléments essentiels de la société et de la religion traditionnelle chez les BamounBamun. Elle est signe de puissance, d'autorité et de richesse.

· L'acceptation de la pratique de la polygamie par le Coran et la consolidation de l'islam au détriment du christianisme

Lorsque l'Allemagne chercha à conquérir les territoires en Afrique, elle occupa le territoire du Cameroun en 1884, et en fit une colonie en 1902. Pendant la période coloniale, la région de l'Adamaoua et la région du lac Tchad furent gouvernées à l'aide d'une présence militaire forte et de lois simples.

Les chefs musulmans locaux, appelés « Lamido » dans la région de l'Adamaoua, et « sultans » au Nord du Cameroun, restèrent en place bien que leur influence fut plus limitée qu'au XIXème siècle. Leur légitimité ne reposait plus sur d'autres autorités musulmanes africaines.

Les institutions politiques locales du territoire restèrent en place, de même que les lois islamiques et les coutumes indigènes. Contrairement au pouvoir britannique au Norddu Nigéria, la colonie allemande n'imposa pas de taxes ni de réformes de l'agriculture avant 1913.Le Cameroun devint une colonie française à la fin de la Première Guerre mondiale,et les réformes agraires purent avoir lieu1206(*).Officiellement, la pénétration de l'islam en pays BamounBamun remonte à 1906, date de la conversion du Roi NJOYA qui adopte alors le titre de Sultan. La majorité de la population suit son roi mais l'islam populaire BamounBamun reste profondément imprégné du vieux fond animiste. Les Haoussas ont contribué, les premiers,à l'islamisation du Sud du fait de leur mobilité et de leur activité commerçante1207(*).

Partant de là, le Coran, le livre sacré de l'islam limite la polygamie, autorisée d'abord pour protéger la veuve et l'orphelin. 

· Le contexte de la polygamie dans le Coran

Le Coran en prend acte dans la Sourate 4, Verset 3 : « Si vous estimez que c'est mieux pour les orphelins, vous pouvez épouser leurs mères - vous pouvez épouser deux, trois ou quatre.Si vous craignez que vous ne deveniez injuste, alors vous vous contenterez d'une seule ou de ce que vous avez déjà. De plus, vous êtes ainsi plus en mesure d'éviter des difficultés financières ».

Ce verset est devenu « primordial » après la bataille d'Ubud, qui avait entraîné de fortes pertes chez les musulmans. Les survivants auraient alors épousé les veuves et pris en charge les orphelins, la polygamie étant alors une espèce d'assistance sociale.

D'après les Hadiths1208(*), le Prophète lui-même eut une dizaine de femmes. Seule Aïcha, épousée, selon la Tradition, quand elle avait cinq ans, était vierge lors des épousailles, le mariage étant consommé quatre ans plus tard. Les autres étaient veuves ou divorcées, et pour la plupart, ces mariages étaient pour lui un moyen de contracter des alliances.

En réalité, dans le Coran, la polygamie est un constat de fait apparaissant en de nombreux versets traitant de la situation matrimoniale des Arabes puisqu'elle a toujours été pratiquée selon le consensus coutumier, comme du reste pour tous les systèmes patriarcaux ancestraux. En affirmant que le Coran autorise la polygamie, voire pour certains la rend obligatoire, tout en la limitant à quatre coépouses, l'Islam l'a de fait inscrite dans le Droit musulman1209(*).

Toutefois, il est particulièrement important de souligner que la législation musulmane soumet la polygamie à des conditions qui sont extrêmement strictes et rigoureuses que tout homme désireux d'être polygame doit respecter.

· Les restrictions de l'islam en matière de polygamie

Premièrement, l'équité prescrite par le Verset 3 de la Sourate 4 du Coran. Ce verset indique que l'équité est une condition pour l'autorisation de la polygamie. Si l'on craint de ne pas être équitable à l'égard des épouses en cas de polygamie, on doit se contenter d'une seule épouse. L'équité requise consiste à assurer le même traitement à toutes les épouses concernant les dépenses, l'habillement, la cohabitation et d'autres affaires matérielles que l'on peut maîtriser. S'agissant de l'équité dans l'amour, on n'est pas tenu de l'appliquer. On ne la lui demande pas parce qu'il n'est pas capable. Le Verset 129 de la Sourate 4 le témoigne : « Vous ne pourrez jamais être équitables entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux (...) ».

Deuxièmement, la capacité d'assurer la prise en charge vitale des épouses. Le Verset 33 de la Sourate 4 affirme : « Et que ceux qui n'ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu'à ce qu'Allah les enrichisse par Sa grâce (...) ». Dans ce verset, Allah a donné l'ordre à celui qui n'est pas en mesure de se marier de rester chaste.

L'incapacité de se marier peut être due à l'empêchement de fournir une dot ou à l'impossibilité d'assurer la prise en charge d'une épouse1210(*). Partant du principe probablement que les hommes sont, par nature, infidèles, l'islamologue MARSHALL HODGSON a défendu l'idée que l'islam protège, grâce à la polygamie, toutes les femmes épousées ou mères de la même manière, et en accorde les mêmes droits aux enfants, alors que la société occidentale chrétienne a tendance à ne protéger que l'unique femme légitime et ses enfants, les autres étant souvent exclus des droits sociaux et de la succession1211(*). Dans ce contexte, on peut dire que la religion musulmane rejoint la tradition BamounBamun, de prendre soin de tous les orphelins, veuves et autres personnes vulnérables, qu'ils soient de notre famille ou non.En d'autres termes, on ne peut parler de « famille nucléaire » sans passer pour un égoïste et un ingrat, car nous sommes tous le fruit de sa famille, mais aussi de sa communauté. Et la polygamie permet d'inclure cette solidarité de manière pratique et durable au sein des familles.

Cependant, avec l'implantation du christianisme, la monogamie sera exigée des adeptes de la religion catholique. Autrement dit, ne peut recevoir les sacrements ou ne peut devenir chrétien que celui qui est marié ou se marier à une seule femme1212(*). En outre, le chrétien ne peut avoir qu'une épouse.

· L'implantation du christianisme ou le combat contre la polygamie en pays BamounBamun

En vain NJOYA avait discuté avec le missionnaire, lui expliquant que, dans son pays, les coutumes étaient différentes. Depuis toujours, les hommes qui pouvaient le faire se procuraient plusieurs épouses. Personne ne comprendrait qu'un chef, un notable ou un riche n'eut qu'une femme. M.GÖRING avait écouté avec patience les objections du roi, mais il s'était montré intraitable sur la question du mariage chrétien.

En face des exigences du missionnaire, une idée était venue au Mfon. Pour satisfaire M.GÖRING, il avait installé quelques grands NJI dans des cases de servantes du cheval. Parmi eux se trouvaient WAMBEN et MAHMA. Chacun y vivait avec une seule épouse, les autres étant restées dans leurs villages.

De hauts personnages gravirent un matin le raidillon qui conduit aux maisons des missionnaires. C'étaient les grands NJI qui allaient se faire inscrire comme catéchumènes.Chacun emmenait avec lui une épouse dont le nom devait figurer à côté du sien, pour satisfaire les exigences du missionnaire. Sans doute M.GÖRING fut-il étonné d'entendre les NJI lui exposer les raisons de leur démarche, mais il s'en réjouit aussi grandement1213(*). Avant de se séparer d'eux, M.GÖRING expliqua encore aux NJI qu'ils devaient suivre régulièrement son enseignement s'ils voulaient recevoir un jour le baptême... LesNJI ne mirent pas beaucoup d'empressement à suivre les leçons de leur ami blanc. Bientôt, ils s'en fatiguèrent.

Les exigences de M.GÖRING dépassaient les bornes. Il s'obstinait à vouloir leur imposer une seule femme à laquelle ils devaient une fidélité absolue. Comment un NJI pouvait-il concevoir une telle déchéance sociale ? Et aussi une telle ruine ? C'était se rabaisser au rang du dernier habitant ou d'un esclave. Qui remplacerait les femmes dans les nombreux et indispensables travaux de la maison et des champs ? Comment aussi, auraient-ils de nombreux enfants ? Décidément, M.GÖRING ne semblait pas comprendre l'énormité de ses exigences. NJOYA discuta gravement cette affaire avec ses conseillers. Malgré tout ce qu'elle apportait de bon, la religion du Dieu des Blancs ne paraissait pas aller pour les hommes.

Il était plus facile de suivre les enseignements du Coran et d'accepter les moeurs des Foulbés. Là, rien ne les obligeait à abandonner leurs épouses ni leurs vieilles habitudes de seigneurs privilégiées. Pour les femmes, c'était différent1214(*).En effet, avec l'implantation du christianisme, on constatait que les femmes étaient plus fidèles à leur mari, elles obéissaient à leurs ordres et ne se plaignaient plus ou presque. Elles observaient le voeu de soumission tel que le recommandait la Sainte Bible. C'était un point très positif observé par tous les hommes BamounBamun mariés à des femmes chrétiennes. Même le Sultan NJOYA en fit l'heureux constat.

Mais ils ne renoncèrent pas pour autant à la polygamie et de ce fait, les missionnaires ont été dans l'obligation de s'adapter à la polygamie.

2. L'adaptation des missionnaires face à la polygamie1215(*)

Les missionnaires reconnaissaient ainsi que l'abolition de la polygamie pouvait engendrer des conséquences sociales négatives. Plus important encore, le missionnaire GÖRING ne voyait aucune différence entre la polygamie et le mariage dans le sens de la monogamie, ce qui est révolutionnaire, venant d'un missionnaire : « En tant que telle, la polygamie est contraire à la loi... de Dieu et doit être abolie. Mais l'on doit aussi dire, d'autre part, que l'indissolubilité du mariage est tout aussi clairement enseignée par la parole de Dieu. Tout comme la monogamie, un mariage polygamique ne doit pas, en tout état de cause, être aussi facilement dissous. Je crois que nous ne pouvons vraiment pas demander à un homme de répudier aussi simplement les femmes qui lui ont offert leur innocence, n'ont jamais été infidèles et qui mènent une bonne vie conjugale chrétienne. Les hommes qui n'ont jamais été infidèles et qui traitent leurs femmes chrétiennes comme des épouses et les laissent s'exprimer, doivent sans autre forme de procès, être acceptés s'ils demandent à être baptisés. (Je souhaite que ce point soit débattu en profondeur et que nous en délibérions.)1216(*) »

Nous ne comprenons pas pourquoi le missionnaire GÖRING condamne la polygamie, qu'il dit être absolument contre la loi de Dieu et veut cependant maintenir le mariage polygamique comme une union agréée par Dieu.

· L'ambigüité du missionnaire Göring face à la polygamie

Le missionnaire GÖRING qui au début de cet exposé considérait la polygamie comme une immoralité et surtout la place de la femme dans ces conditions comme un signe de la culpabilité de l'homme, place maintenant polygamie et monogamie au même niveau. GÖRING considère ainsi la polygamie, sinon comme voulue par Dieu, du moins comme une forme de mariage acceptée par Dieu. A y regarder de près, il apparaît qu'avec cette citation, le missionnaire GÖRING pensait à une catégorie particulière de polygames.

GÖRING pense en effet aux hommes qui considèrent « leurs femmes chrétiennes comme des épouses et les laissent s'exprimer ». Il devient ainsi clair que le missionnaire GÖRING pense aux polygames qui n'empêchent pas à leurs épouses d'aller à l'Église. De tels hommes doivent même être autorisés à recevoir le baptême, selon lui. La polygamie cesse ainsi d'être un péché.

Le missionnaire GÖRING confronté sur le champ missionnaire à un problème concret, cherche, sans toutefois l'exprimer clairement, une solution qui est en réalité opposée à la position officielle de la direction de la Mission de Bâle. Plusieurs missionnaires ont, en réalité, indirectement critiqué la position de la direction de la mission dans leurs rapports sur cette question1217(*). Il s'agit ici d'un cas typique d'hybridité selon PatriciaPURTSCHERT1218(*).

Madame PURTSCHERT s'est servie du concept d'hybridité d'Homi K. BHABHA comme base pour décrire l'attitude contradictoire des missionnaires de la Mission de Bâle sur le terrain.

· Le concept d'hybridité selon HomiK. Bhabha

« L'un des caractères marquants du discours colonial est sa dépendance au concept de « fixité » dans la construction idéologique de l'altérité ». Ces mots de l'un des théoriciens les plus influents du courant intellectuel qu'on désigne par le terme de « postcolonial studies » 1219(*) veut amener à sortir du modèle colonial de la représentation de l'Autre en déconstruisant les structures de pensée et les logiques héritées de la domination coloniale ; en finir avec cette domination sous toutes ses formes en donnant toute leur place à ceux et celles que le discours colonial a exclus.

L'hybridité, pour BHABHA, consiste en un « tiers espace » où se créent de nouvelles formes identitaires, transculturelles, et où règne l'ambivalence plutôt qu'une simple et constante opposition1220(*).Dans son livre majeur, « The location of culture »1221(*), HomiB.BHABHA revient sur ces divers concepts, tout en nous invitant à repenser les questions d'identité, de diversité, d'appartenance nationale, ainsi que le rapport à l'autre en vue de les dépasser, grâce au concept d'hybridité culturelle. C'est un penseur du mouvement et du « tiers-espace ».

Il cherche à construire une pensée de l'espace tiers, comme pensée de l'émancipation, qui tourne le dos à l'analyse des situations coloniales en termes d'exploitation et de domination et aux oppositions réifiées et stériles entre centre et périphérie, identité et altérité1222(*)1223(*).

Le phénomène de l'hybridité est devenu fondamental dans la société contemporaine. Dans le cadre identitaire, on a trop souvent voulu rapprocher le terme « hybridité » d'un certain multiculturalisme utopique proclamant la cohabitation idéale de cultures différentes.

Le théoricien hispano-allemand AlfonsoDE TORO signifie clairement qu'hybridation et multiculturalisme ne sont pas synonymes1224(*). Pour DE TORO : « l'hybridité doit s'entendre comme la potentialité de la différence assemblée avec une reconnaissance réciproque dans un territoire ou dans une cartographie énonciatrice commune qui doit toujours être ré-habité(e) et cohabité(e) à nouveau. C'est-à-dire que, dans un espace transculturel de communication, se négocient, se re-codifient et se re-construisent autrui, l'étrangeté et le propre, le connu et l'inconnu, l'hétérogène et l'uniforme »1225(*).

L'hybridité est donc un processus permanent, un phénomène qui aborde différents concepts tels que celui de la « multiculturalité », bien entendu, mais également d'autres idées liées à « l'interculturalité », « le nomadisme », « l'altérité », « la transversalité », « l'interaction », « le dialogue », « l'hétérogénéité »1226(*). L'un des exemples les plus frappants en terre africaine est le phénomène de la « croix chrétienne » appelée le « nkagi » ... Le christianisme a été à l'origine du fait du chef, l'une des preuves les plus concrètes est celle de la survivance d'un usage longtemps maintenu au Bas-Congo : celui de faire figurer le « nkagi »1227(*) parmi les insignes de la chefferie et notamment en tant que symbole du pouvoir judiciaire.

Le « nkagi », entre les mains du chef, empêchait le pays de « périr » ; il était l'objet d'un sacrifice de vin de palme, chaque année, lors de la cérémonie consacrée aux morts1228(*) ; il servait au moment de prêter serment. Il y a là un important phénomène d'assimilation contre lequel les missions modernes, à la fin du 19ème siècle, ont voulu réagir en détruisant les « nkagi » considérés comme de véritables « fétiches »1229(*).

D'après les rares observations laissées par les premières des missions contemporaines, nous savons que « ce sont les féticheurs et les magiciens qui se sont emparés des objets cultuels » introduits par les anciens missionnaires. En 1911, telle statuette de SAINT ANTOINE est la propriété d'un « médecin » des femmes enceintes ; celle-ci « la couchaient sur leur sein afin d'avoir, soit un garçon, soit une fille ; puis offraient une poule pour obtenir la faveur sollicitée »1230(*).

Les statues de saints - Antoine DE PADOUE, saint portugais par excellence, François, Bonaventure et Jacques l'Apôtre1231(*) - ont dû être largement diffusées en raison du culte qui leur fut rendu dans le royaume de Kongo1232(*).

Le P. VAN WING signale simplement en 1911, l'apparition dans la région du Stanley Pool d'un « fétiche » nommé « Dombasi »1233(*) et destiné à la lutte « contre les maléfices »1234(*).

La photographie ci-dessous témoigne de cette hybridité. Les missionnaires KELLER et G.SPELLENBERG arborent le costume traditionnel du peuple Bali. Deux cas de figure peuvent se présenter.

Figure N° 2 :Missionnaires KELLER et G. SPELLENBERG arborant le costume traditionnel Bali1235(*).

Source : Photographie prise en 1902 de Walker GOTTLOB disponible sur le site www.archivfuehrer-kolonialzeit.de et consulté le 06 avril 2021. Cette photographie se trouve également aux Archives de la Mission de Bâle en Allemagne.

D'une part, ils essayent de se rapprocher de cette culture « étrangère » et d'être acceptés par cette communauté. Ils veulent être considérés non plus comme des étrangers mais plutôt comme des membres bien intégrés. C'est ce qui explique la critique d'un apologue de la colonisation comme Siegfried PASSARGE contre les missions chrétiennes en Afrique. Il trouve en effet que celles-ci ne marquent pas assez la différence entre les blancs et les noirs.

Commentant une image où un Européen tend les deux mains à un Nègre fier, il la trouve représentative du manque de dignité des cercles missionnaires. RICHTOFEN a la même attitude que lui1236(*).

A contrario, on peut se demander si ce n'est pas une stratégie pour mieux duper les consciences de ceux qu'ils sont censés évangéliser, leur faire croire qu'ils sont des frères, qu'ils partagent les mêmes valeurs.

On peut donc en déduire qu'il y a eu une sorte d'« hybridité » de la part des missionnaires allemands engagés dans la lutte coloniale qui devaient annoncer l'Évangile, porter les valeurs bibliques et même temps, faire accepter les « oppresseurs » d'une manière « civilisée ».

Dans la suite de notre travail, nous nous intéresserons donc au phénomène d'hybridité des missionnaires face à la polygamie.

· L'hybridité des missionnaires face à la polygamie

Les missionnaires rapportent volontiers ce que le Comité veut entendre, mais ils prennent une autre attitude sur le terrain, sans pour autant contredire ouvertement la position officielle du Comité1237(*). Le Comité attachait du prix à ce que ses missionnaires sur le terrain ne se laissent influencer par la culture locale.

L'échec d'une telle attitude a été analysé dans l'exploitation théologique de la première partie. Le constat est clair : les missionnaires semblent ici s'arranger avec la polygamie ou les polygames, tant que ceux-ci n'interdisent pas à leurs épouses de prendre part aux cultes et qu'eux-mêmes soutiennent directement ou indirectement l'oeuvre d'évangélisation. Il est intéressant de noter ici que les missionnaires ne se posent pas seulement la question, mais que le débat s'engage aussi quant à l'accès des polygames au baptême. Le débat n'a malheureusement pas été consigné sur procès-verbal, ce qui est anormal1238(*). Les sources montrent clairement que quelques-uns ont baptisé ou au moins ont pris part au baptême des polygames1239(*).

Le pasteur autochtone JohannesDEIBOL parle d'une famille qui fit appel à lui pour baptiser un polygame malade. Le polygame lui confia qu'il souhaitait que ses péchés lui soient pardonnés.

Il se rendit à son chevet avec le missionnaire STOLZ de la Mission de Bâle : « Pour que tous les deux parlions de son désir... L'obstacle c'était ses femmes, car il ne savait comment s'en débarrasser... Il promit ainsi qu'au cas où il ne meurt pas, il répudiera toutes ses femmes sauf une... Lorsque nous vîmes que sa mort était imminente, nous le baptisâmes et lui donnèrent le nom de Noé en présence de M. Spering et de toute sa famille »1240(*).

Et cet état des choses s'est vu accentué par la religion musulmane qui autorisait les hommes BamounBamun à avoir plusieurs femmes. C'est pour cela que l'islam a pu se répandre aussi vite et aussi bien en pays BamounBamun jusqu'à nos jours. D'ailleurs, les BamounBamun jouent aujourd'hui un rôle important dans la diffusion de l'islam, amplifié par leur proximité culturelle avec les autres populations méridionales.

Par ailleurs, le Roi NJOYA voulait également imprimer sa marque dans le processus du baptême chrétien.

B. LE ROINJOYAVOULAIT BAPTISER LUI-MÊME SES SUJETS

Le baptême est une pratique religieuse étrangère pratiquée par les missionnaires mais qui existait déjà au sein des sociétés africaines. En pays BamounBamun, on évoque des initiations tribales qui marquent le passage du domaine profane au domaine sacré.

Bien entendu, il s'agit du même schéma parce qu'il s'agit de détruire la personnalité ancienne pour accéder à une personnalité nouvelle, supérieure, donc d'une mort et d'une renaissance et les mêmes séquences rituelles qui vont des rites de séparation1241(*) à des rites d'agrégation1242(*), en passant par des rites de marge1243(*).Pour les initiations religieuses, les rites de rupture avec le monde profane prennent la forme d'un bain dans le marigot, de la destruction des anciens vêtements et du port de vêtements nouveaux, etc., à la suite d'un appel de certains dieux, cet appel pouvant prendre la forme d'un rêve, d'une maladie, de troubles dans la vie familiale1244(*). La religion en tant qu' « ensemble des croyances ou des dogmes et des pratiques cultuelles qui constituent les rapports de l'homme avec la puissance divine ou les puissances surnaturelles » est une donnée permanente qui va de pair avec l'histoire de l'humanité.

Dans ce registre, L.V. THOMAS qui, en posant ce qu'on pourrait appeler une anthropologie du rite, avançait les propos que voici : « On ne saurait concevoir la religion (africaine) sans rites pour diverses raisons. Tout d'abord parce que la religion pour être vivante et active doit s'exprimer dans des comportements liturgiques socialement codifiés, le plus souvent visibles par tous (sauf dans quelques séquences particulières sacrées réservées aux seuls initiés). Ainsi, le rite authentifie la croyance en même temps qu'il l'entretient.

Ensuite, et cela est vrai en Afrique plus encore qu'ailleurs, parce que le corps demeure l'instrument privilégié qui médiatise le sacré dans sa dimension immanente ; par le rite, le numineux devient particulièrement vécu corporel et le négro-africain n'imagine pas de rites (du moins pour les plus importants) sans certaines postures corporelles, sans rythmes ni danses. Enfin, parce que le rite c'est le mythe qui fait chair : langage d'une expérience émotionnelle le plus souvent collective attestant la présence du numineux, le rite reste avant tout l'incarnation du mythe »1245(*).

Ainsi, on pourrait affirmer que les sociétés d'Afrique noire traditionnelle trouvent leur essence dans le rite car on se rend compte qu'aucune activité de la vie sociale n'échappe à l'emprise du rite1246(*).

C'est pourquoi nous avons voulu connaître la signification du baptême et son importance dans la société traditionnelle africaine (1-). Par ailleurs, nous nous sommes interrogés sur la modification des habitudes sociales en pays BamounBamun due à l'adoption des rites chrétiens(2-).

1. La signification du baptême

Le mot « baptême » vient d'un verbe grec, « baptizein », qui veut dire « plonger ». On appelle donc ce sacrement par son rite central : la plongée dans l'eau, signe d'un changement de vie radical. CommeJésus à Pâques, et avec lui, le baptisé plonge dans la mort pour renaître à une vie nouvelle, la vie de Dieu1247(*).

Le baptême ou baptême d'eau est un rite ou un sacrement symbolisant la nouvelle vie du croyant chrétien. Il est partagé par la quasi-totalité des Églises chrétiennes, étant donné son importance dans les textes bibliques.

L'eau symbolise à la fois la mort par noyade des baptisés dans leur ancienne vie caractérisée par le péché, et leur nouvelle naissance dans une vie nouvelle et éternelle1248(*). Pour le catholicisme et l'orthodoxie, le baptême est le sacrement de la foi en Jésus-Christ par lequel le chrétien est sauvé, purifié du péché, en devenant enfant de Dieu.

La première signification est celle des eaux de la mort. « L'eau est figure de la mort »1249(*), l'analogie la plus importante est celledu Déluge. De même que l'eau du Déluge a détruit le monde pécheur, de même l'eau du baptême détruit l'homme pécheur. Une autre analogie est celle de la traversée de la Mer Rouge : les eaux de la mer détruisirent le Pharaon et ses troupes ; de même, l'eau du baptême détruit les démons qui dominaient l'homme.

Une autre conception est voisine de celle-ci : pour la cosmologie hébraïque, la Terre est placée sur les eaux inférieures, qui sont les Enfers, le royaume de la mort. On peut rapprocher de ce thème celui de l'eau purificatrice, bien qu'il soit d'une autre origine.

L'eau du baptême signifiera alors la destruction de la souillure originelle1250(*).La seconde ligne est celle des eaux de la vie. Elle est en relation avec l'eau en tant qu'elle suscite et entretient la vie. D'après la Genèse1251(*), les êtres vivants sont nés de l'eau. Par ailleurs, selon SaintAmbroise, l'eau du baptême suscite une nouvelle créature1252(*). L'eau du baptême est aussi comparée aux fleuves du paradis1253(*), au bord desquels poussent des arbres de vie.

ÉZÉCHIEL montre dans les temps messianiques un fleuve d'eau jaillissant du rocher du Temple et se répandant dans le désert de Judas, où il fait pousser des arbres de vie, et dans la Mer Morte, où il fait pulluler les poissons1254(*). Le Christ applique cette prophétie au baptême1255(*). Dans cette perspective, l'eau est souvent associée à l'Esprit : « nul, s'il n'est créé à nouveau de l'eau et de l'Esprit, n'entrera dans le Royaume »1256(*)1257(*).

Ainsi, nous nous sommes interrogés sur la cérémonie du baptême dans la société traditionnelle africaine.

· La cérémonie du baptême dans la société traditionnelle africaine

La cérémonie de baptême d'un nouveau bébé est l'un des plus importants rites de passage dans la vie. Dans la société africaine traditionnelle, la cérémonie de baptême annonce la naissance d'un nouveau-né, introduit l'enfant dans sa famille élargie et dans la communauté plus large, et surtout, il donne un nom à l'enfant.

Le nom donné à un bébé peut avoir une influence durable sur leur personnalité et leur éducation. Choisir le nom d'un enfant est une tâche importante pour les parents.Pour l'art africain, la cérémonie de baptême est un rite d'initiation qui sert d'accueil.

La plupart du temps, cette célébration se passe avec un sacrifice de mouton, chèvre, vache, est nécessaire pour satisfaire les ancêtres avec le sang de l'animal en même temps pour nourrir les invités, cet évènement est plus ancien que l'ère du Christ et toutes les autres religions.

La cérémonie commence avec la reconnaissance et la divination des ancêtres, suivie du nom de « donner » et de planter une plante vivante pour représenter la vie et la survie. Les noms africains traditionnels ont souvent des histoires uniques derrière eux. Depuis le jour ou l'heure de la naissance du bébé jusqu'aux circonstances entourant la naissance, plusieurs facteurs influencent les noms que les parents choisissent pour leurs enfants. Quel que soit le groupe ethnique que vous regardez, les noms locaux révèlent une mine d'informations sur le porteur.

Parmi plusieurs groupes ethniques, choisir des noms peut être influencé par des circonstances positives ou négatives dans lesquelles se trouve la famille au moment de la naissance d'un enfant. Souvent, ces noms sont des phrases complètes. Par exemple, si l'enfant est né un vendredi, le bébé peut être nommé « adjuma » qui est un nom commun dans la tribu des « Wolof ».

« Kiptanui » et « Cheptanui » sont souvent donnés aux bébés dont les mères ont pu avoir éprouvé des difficultés extrêmes pendant l'accouchement parmi le groupe ethnique de « KaleNJIn » au Kenya.« Lindiwe » qui signifie « Nous avons attendu » est un nom « Isizulu », souvent donné à une petite fille après une longue lignée de garçons. « Ayuji » qui veut dire « né sur un tas d'ordures » est un nom « haoussa » donné à un bébé après ceux qui sont nés avant qu'il ne puisse survivre. On croit que donner un nom « terrible » à l'enfant va tromper les mauvais esprits en leur faisant croire que l'enfant n'est pas aimé et, par conséquent, lui permettre de vivre.

L'enfant ne commence officiellement à exister que lorsqu'il a été nommé dans le cadre de son rite de passage, c'est-à-dire la cérémonie de baptême1258(*). En pays « Yoruba », la cérémonie de baptême est appelée « Ikomo jade », qui signifie « La sortie de l'enfant ». Elle se déroule une semaine après la naissance, dans la maison du père. Le bébé est présenté à l'assistance par sa mère. Outre les discours d'accueil de l'enfant, on utilise de l'huilede palme, du sel, de la noix de cola ou du miel et chacun de ces produits est censé faciliter la vie future du bambin1259(*).

« Ayodele » qui veut dire « La joie est revenue à la maison » est un nom unisexe pour un bébé dont la naissance a apporté le bonheur à leurs parents « Yoruba » au Nigéria. « Adetokunbo » qui signifie « La couronne/richesse est revenue à la maison » est un nom « Yoruba » unisexe souvent donné à un enfant né à l'étranger1260(*).

En pays BamounBamun, comme partout ailleurs, chaque individu est désigné par un nom. C'est au père, chef de la famille, qu'il appartient de choisir le nom de l'enfant qui vient de naître. Il choisit un nom ayant déjà été porté par ses ancêtres ou par les grands-parents.

L'enfant ne prend presque jamais le nom de son père, car ce dernier doit toujours chercher à honorer la mémoire des ascendants décédés1261(*).Le père peut aussi donner à l'enfant le nom d'un ami décédé ou vivant, en témoignage de leur amitié. Si l'ami est vivant, il reconnaitra cette intention en offrant des présents au nouveau-né.

Lorsque le père géniteur d'un enfant qui vient de naître a son propre père vivant, c'est à ce dernier que revient l'honneur de choisir un nom pour le nouveau-né. A côté du nom, le BamounBamun d'aujourd'hui porte un nom musulman s'il est musulman, ou un prénom chrétien s'il est chrétien.

Chez lesBamounBamun, c'est le prénom qui est le plus employé. Si un individu porte le nom de GBENTKOM et le prénom d'OUMAROU, on l'appellera presque toujours OUMAROU. Une autre habitude très répandue consiste à désigner un individu par son nom suivi de celui de sa mère. SiGBENTKOM a pour mère MFÙT, parlant de lui, on dira GBENTKOMMFÙT.

Dans les familles musulmanes, le nom est attribué à l'enfant le septième jour après sa naissance, au cours d'une cérémonie. A la cérémonie de la prise de nom, les parents, les voisins et les amis se réunissent. Tous ceux qui arrivent font l'aumône à l'entrée de la maison.

Ils déposent dans une assiette de l'argent, des colas, des noix de palmistes, etc.Ces aumônes seront distribuées aux pauvres qui prieront Dieu pour lui demander de bénir le nouveau-né. Le père de l'enfant fait égorger un bélier pour célébrer la naissance de son enfant. L'imam, le chef de la communauté musulmane ou son assistant récite une prière à Dieu pour qu'il prenne sous sa protection celui qui va recevoir son nom. Les réjouissances succèdent aux rites religieux.

Partant de cette définition, on a assisté à la modification des habitudes sociales en pays BamounBamun dûe à l'adoption des rites chrétiens.

2. La modification des habitudes sociales en pays BamounBamun dûe à l'adoption des rites chrétiens

Le veau d'or réduit en poudre, que durent avaler les Israélites, montrait aux hommes qu'ils ne doivent pas mettre leur confiance dans les fétiches. C'est ce récit qui donna à MANGWELOUNE le courage de refuser l'eau du "soldat" que WAMBEN obligeait ses femmes de boire de temps en temps.

Le « soldat » était un morceau de bois rougi à ses deux extrémités dont on faisait couler un liquide qui avait la vertu de chasser les mauvais esprits. Ceux qui refusaient de le boire tombaient sous la grave accusation d'être des sorciers1262(*). Une nouvelle communauté vivait maintenant dans la cité des Mfon. On y voyait des hommes et des femmes, des nobles et des esclaves s'asseoir ensemble sur les mêmes bancs, boire certains jours à une même coupe.

Sur le pays passait un esprit jusqu'alors inconnu, soufflant comme un vent subtil, aussi bien au palais que dans la plus pauvre case. Les chrétiens abandonnaient, le peuple ne savait trop pourquoi, les biens les plus recherchés.

C'est ainsi que le prince POPUERE avait renié le « Ngueri », dont il était le chef, laissé quatre épouses pour n'en garder qu'une, abandonné à d'autres des fillettes achetées par lui pour en faire plus tard ses femmes.

POPUERE devait pourtant savoir qu'en faisant cela, il bafouait les coutumes du pays, humiliait la famille royale. Même dans les harems des grands NJI pénétrait une atmosphère jusque-là ignorée. Les femmes chrétiennes accomplissaient plus consciencieusement leur tâche, évitaient les querelles. Le soir, elles se réunissaient souvent pour chanter. Voyant cela, NJAPNDOUNKÉ1263(*) avait confié plusieurs fiancées du Mfon à MmeGÖRING pour qu'elle leur enseignât les coutumes des Blancs. Il est vrai que les NJI n'étaient pas toujours contents du nouvel état de choses.

Si leurs épouses chrétiennes étaient fidèles, elles désobéissaient aussi avec obstination quand ils voulaient les obliger à consulter l'araignée, à boire des médecines-fétiches données par le sorcier, à offrir des sacrifices aux ancêtres.

Aussi n'était-il pas rare de voir l'une ou l'autre d'entre elles, maltraitées, chercher refuge sur la colline de Njissé1264(*). NJOYA avait voulu créer une communauté à lui.

On affirmait même qu'il avait demandé au missionnaire l'autorisation de baptiser lui-même ses gens avec du vin de palme, en utilisant sa corne à boire. Maisle pasteur avait rejeté sa demande.1265(*)

Le Roi NJOYA avait évoqué l'idée selon laquelle le baptême des fidèles de l'Église du missionnaire GÖRING devait se faire suivant les rites africains c'est-à-dire en y incluant du vin de palme.

C. LE ROINJOYAVOULAIT AJOUTER DU VIN DE PALMEÀL'EAU BÉNITE

Le « tchapalo » ou encore « dolo » est une boisson obtenue à partir de la fermentation du mil ou du sorgho rouge germé, puis cuit à l'eau. Cette boisson est consommée au Mali, dans le nord de la Côte d'Ivoire, en Guinée, au Burkina Faso et dans bien d'autres pays de l'Afriquede l'Ouest. Les jeunes le consomment souvent et lui ont donné le diminutif « Tchap » mais originellement c'est une boisson bue durant des cérémonies traditionnelles. La fabrication du « tchapalo » est réservée aux femmes de plus de 40 ans qui ont été initiées. Le degré alcoolique de cette bière tourne autour des 4 et 6 %.

Dans des pays tels que la République Démocratique du Congo, on retrouve plusieurs saveurs de ces boissons locales alcoolisées. Entre autres, le « lokoto », boisson à très forte teneur d'alcool provenant de la distillation de grains de maïs fermenté, associé à du manioc et bien d'autres ingrédients qui font sa particularité. Nous avons également le « lunguila » qui est une variante de la liqueur à base du jus de la canne à sucre et bien d'autres boissons aussi fermentées les unes que les autres. Dans chaque région de l'Afrique, vous aurez une boisson locale empreinte de tradition. Ces différentes boissons sont consommées lors des cérémonies particulières1266(*).

Nous avons par exemple le « Koutoukou » appelé « gbele » en Côte d'Ivoire, « akpeteshie » au Ghana et le « sodabi » au Bénin1267(*). C'est une eau artisanale obtenue grâce à la distillation de bourgeons de rônier, de palmier à huile ou de raphia. Cette liqueur est très consommée au Bénin. Traditionnellement, cet alcool africain a sa place lors de cérémonies religieuses ou de grandes occasions à célébrer1268(*).

Nous pouvons aussi parler du « Tedj1269(*) » en Éthiopie. Il s'agit de l'hydromel, la plus ancienne des boissons du monde. C'est une boisson obtenue par fermentation du miel avec de l'eau : 1 litre de miel pour 4 litres d'eau. La boisson obtenue est jaune orangée, elle peut titrer de 8% jusqu'à 15% d'alcool dans les cas les plus forts. L'hydromel est la boisson des sages, une boisson divine, la boisson des sacrifices. Dans d'autres pays africains, on peut rajouter du piment pour apporter de la force : c'est la boisson par excellence à consommer après les combats.

Boisson sacrée, l'hydromel a toujours sa place dans beaucoup de tribus au cours de rituels1270(*).Mais la boisson la plus appréciée reste le vin de palme. Très populaire, le vin de palme est consommé à travers tout le continent africain. Le vin de palme est une boisson alcoolisée obtenue par fermentation naturelle de sève de palmier. C'est une boisson traditionnelle dans la plupart des régions tropicales. Au Cameroun, il porte plusieurs noms à savoir : mimbo, matango, mbuh, sodébi (donnant l'odontol une fois distillé)1271(*).

Ainsi, posons-nous les questions suivantes : qu'est-ce-que le vin de palme et pourquoi le consomme-t-on(1-) ? Et pourquoi le RoiNJOYA voulait ajouter du vin de palme à l'eau bénite (2-)?

1. Origine et symbolique du vin de palme

Le vin de palme est très répandu en Asiedu Sud-Est, en Afriquedu Nord surtout dans les régions proches du Sahara ainsi qu'en Afrique subsaharienne. La sève est extraite de différentes espèces de palmiers : le palmier dattier au Maghreb, le palmier à huile africain1272(*)et le rônier1273(*) en Afrique, le palmier sucrier1274(*) ou le palmier de Palmyre en Inde du Sud et en Asie du Sud-Est,le nypa1275(*) dans les zones de marécages et les mangroves, le raphia1276(*), le cocotier1277(*) ailleurs. Le « Jubaea chilensis » était utilisé au Chili mais il est maintenant protégé.Lorsqu'il vient d'être récolté, le jus est de couleur blanche et laiteuse, doux et plutôt sucré. Au fil des heures, la fermentation s'accroît, le vin produit devient pétillant, fort, parfois après, et prend une teinte plus foncée. Par son goût et sa légère effervescence, le vin de palme est plutôt proche d'un cidre que d'un vin1278(*).A quels enjeux la consommation du vin de palme est-elle liée ?

En Afrique, le vin de palme est souvent associé à des cérémonies de mariage, des rites coutumiers ou religieux. Ainsi dans certaines tribus, la dot exigée au futur marié comprend des dames jeannes de vin de palme. Le vin de palme symbolise l'union éternelle entre les époux1279(*). La mariée en offrant un verre de vin de palme à son père scelle leur union à tout jamais.

De manière générale, cette conception traditionnelle de la boisson1280(*) est expliquée par le géographe français Alain HUETZ DE LEMPS1281(*) : « Pour de nombreux groupes ethniques d'Afrique Noire, la boisson est au centre de la convivialité et des relations sociales et devient parfois l'élément central des manifestations rituelles et des cérémonies religieuses »1282(*).

Au cours des fêtes, le vin de palme est souvent utilisé en ouverture. Il est répandu sur le sol et est destiné aux ancêtres qui ne sont pas oubliés1283(*). Dans certains villages du Cameroun, une certaine quantité de tout le vin exploité doit encore être offerte au chef du village. De plus, le fait de partager du vin avec « le patron » du village est considéré comme un signe de fidélité et d'hommage. D'ailleurs, la vie sociale tourne autour du kiosque à vin de palme, un lieu qui jouit d'une popularité similaire aux salons de thé européens1284(*). L'une des raisons pour lesquelles le vin de palme est si populaire est l'importance de ses propriétés.

C'est une boisson non seulement particulière pour la saveur qui la distingue mais aussi pour les bienfaits qu'elle apporte à l'organisme et pour ses propriétés. Du point de vue des sels minéraux, cette boisson est riche en fer et en potassium, deux micronutriments pour une bonne santé.En raison de son profil nutritionnel, il semblerait en mesure d'améliorer la santé oculaire, au point que dans les villages où il est habituellement consommé, on dit que les personnes âgées ont une vue incroyablement précise.

La présence des sels minéraux est utile pour le bon fonctionnement de certaines cellules de notre corps, tout en maintenant un coeur sain, et est capable de contrôler l'hypertension artérielle. Dans de nombreuses régions où le vin de palme est couramment consommé, il est considéré comme un aphrodisiaque très puissant, mais ses bienfaits pourraient aller plus loin : une étude récente aurait montré que le vin de palme peut protéger les personnes souffrant de dysfonction érectile et d'impuissance dûe au diabète de type 2. Mais nous avons voulu aller plus loin en nous interrogeant sur la symbolique du vin de palme.

Concernant la symbolique du vin de palme, nous nous sommes penchés sur la célébration des morts qui requiert ce précieux breuvage.Au Congo Brazzaville par exemple, le gardien de la maison part chercher le « tsamba », le vin de palme, sert un gobelet et va sur la tombe échanger avec eux, et leur verser un peu de vin. Puis, il revient et commence à verser de petites lampées à différents endroits de la maison où les ancêtres ont l'habitude de siéger.Sur la terrasse, sur le pas dela porte, dans la cuisine, à côté du feu, au pied de certaines chambres, mais pas toutes, car il sait dans quelles chambres ils ont l'habitude de se retrouver1285(*).

· Célébration de la fête des morts en Guinée Bissau

Pour mieux illustrer ce phénomène, nous avons évoqué en premier lieu la célébration de la fête des morts en Guinée Bissau.Pour les « Manjaku », peuple originaire de la Guinée Bissau, « Kakaaw » est la fête des ancêtres et se prépare toute l'année. Tous les six jours1286(*), tous les pères de famille du village emmènent une bouteille de vin de palme1287(*) au sanctuaire du plus grand dieu du village1288(*) pour une libation. Cela se fait pendant plusieurs semaines. Après cela, ils décideront du jour où chacun apportera un coq pour un sacrifice. A l'issue de ce sacrifice collectif, le jour de la fête des morts sera fixé et les libations hebdomadaires seront arrêtées.La fête est célébrée généralement au mois de mai sur les pieux des ancêtres, le sanctuaire qui leur est dédié. Dès le matin, les femmes préparent l'offrande1289(*) du « kanukan », plat composé de riz et de poisson séché. Après la cuisson, on asperge le riz d'huile de palme. Avant de goûter au plat, il faut d'abord l'offrir aux ancêtres. C'est au père de famille1290(*) qu'il revient d'officier en qualité de prêtre sur les pieux des ancêtres.

Entouré de toute la famille, il fait une libation et s'adresse aux esprits pour demander leur protection pour toute la famille. Puis, il prend une poignée du riz de l'offrande et le dépose à côté des pieux, geste par lequel il donne à manger aux ancêtres. Suivent alors les réjouissances. On mange le riz de l'offrande et on se partage le vin de la libation. Ces célébrations se font dans chaque famille, car, dans chacune d'elles, existe un sanctuaire dédié aux morts où chaque pieu représente un ancêtre1291(*).

Par la suite, nous avons étudié le culte des ancêtres chez les « TegeAlima » du Togo qui rendent hommage à leurs morts à travers de nombreuses offrandes dont le vin de palme.

· Le culte des ancêtres chez les « TegeAlima » du Togo

Le culte est l'ensemble des cérémonies par lesquelles les fidèles d'une religion déterminée rendent hommage à Dieu et éventuellement aux Saints. Ici en pays « Tege », l'hommage aux ancêtres est caractérisé par les offrandes qui leur sont destinées.

Il assure la communion permanente avec les esprits ancestraux et permet de maîtriser, de consolider les liens du clan dans le système lignager. Cet hommage aux ancêtres est rendu dans plusieurs domaines de la vie du « TegeAlima ». Il est rendu par les vivants aux ancêtres défunts par des rites appropriés et parfois par des sacrifices : libation, dépôt de vin, des habits derrière les maisons ou sur les tombes.

A ce propos, R. LUNEAU écrit : « Presque partout en brousse africaine, on ne boit jamais de vin de palme ou de bière de mil sans verser quelques gouttes à terre pour les défunts, on évite de jeter de l'eau chaude sur le sol de la case pour ne pas brûler les âmes des défunts favorables1292(*) ».

Il convient de signaler que certains rites accomplis, comme libations sont des symboles de solidarité, de communion, de souvenir, de respect envers les aïeux, mais aussi un moyen de se procurer une fortune auprès d'eux. L'oubli des ancêtres peut avoir des conséquences néfastes dans la vie ordinaire du « Tege ». Malheur, malchance, infécondité, insuccès dans les affaires peuvent affecter l'oublieux. Chaque famille ou clan a traditionnellement des personnes pour accomplir ces rites. Les ancêtres peuvent, parfois, par le canal d'un « voyant » du village nécessiter aux vivants ce dont ils ont besoin.

La non-observation d'une telle demande ou d'offrir un tel sacrifice peut entraîner des conséquences négatives. Et l'on peut assister à des cas d'envoutement, de stérilité ou de grandes épidémies qui s'abattent sur la contrée. Certains auteurs ont vu dans ce culte, des analogies avec les dévotions envers les saints. C'est ainsi que les ancêtres sont considérés comme les « Saints de nos familles »1293(*). Le Pape BENOÎT XVI a lui aussi comparé ce culte des ancêtres au culte des Saints : « L'ÉgliseCatholique, souligne le Pape Benoît XVI, a beaucoup de choses en commun avec les religions traditionnelles africaines. Disons que le culte des ancêtres trouve sa réponse dans la communion des saints, dans le purgatoire. Les saints ne sont pas seulement canonisés, ce sont tous nos morts1294(*) ».

Malheureusement, un constat général nous pousse à dire avec conviction qu'avec l'évangélisation, certains éléments de la religion traditionnelle ont disparu et disparaissent petit à petit au profit de la nouvelle religion catholique.

Sur ce, Jean-MichelELELAGHE écrit : « Le christianisme se présente comme une machine implacable pour la destruction de la religion traditionnelle et des assisses philosophiques de la société (...). Dans les écoles, on apprend aux jeunes à mépriser les pratiques sauvages de leurs parents et de leurs ancêtres. L'administration et la mission conjuguent leurs efforts pour la destruction des organisations politico-militaires et du culte des ancêtres, les missionnaires sur leur terrain s'attaquent plus spécialement à ce dernier1295(*) ».A ce propos, un théologien africain, NKONGOL WA MBIYE affirme : « JésusChrist est donc au-dessus de tous les esprits. Il est notre esprit (ancêtre) à nous par ce que nous sommes (...) Le grand esprit (ancêtre) reste toujours le Christ, l'enfant de Dieu mortet ressuscité. Il est le premier né d'entre les morts1296(*) ».

En outre, les « nganga » ou féticheurs de la religion traditionnelle sont de moins en moins fréquents, ils ont perdu, pour ainsi dire leurs clientèles. Le nouveau chrétien s'adresse à Jésus et trouve en lui les grâces dont il a besoin. Il fréquente l'église et par nécessité se confie au prêtre.Dans cette optique, certains rites traditionnels comme les libations, le sacrifice de tels ou tels animaux aux profits des anciens sont encore accomplis par une petite minorité non chrétienne, mais de moins en moins1297(*).Le Roi NJOYA, en tant qu'innovateur et visionnaire, n'entendait pas agir de manière crédule vis-à-vis des habitudes des missionnaires. C'est pourquoi nous nous sommes interrogés sur le fait qu'il voulait inclure du vin de palme à l'eau bénite.

Pourquoi cette revendication de sa part ?

2. Pourquoi le RoiNjoya voulait ajouter du vin de palme à l'eau bénite ?

En Afrique, la consommation du vin de palme est presque toujours collective. Il peut s'agir des membres de sa famille ; famille au sens large du terme1298(*). Ainsi, dans toutes les cultures, « manger la même nourriture équivaut à produire la même chair et le même sang, faisant ainsi de nous des commensaux plus semblables et nous rapprochant l'un de l'autre (...). Si manger un aliment nous change un peu en lui, alors le partage d'une même nourriture nous fera davantage nous ressembler les uns aux autres ».

Cela entraîne un moment de fraternité, d'union1299(*). D'après l'« Histoire et coutumes des BamounBamun », article 109 : « Lorsque la mère d'une femme rù shi (forme spéciale de dot) meurt, son gendre doit aller aux lamentations avec une chèvre vivante, il doit préparer le « pen », faire cuire une autre chèvre ; on tue ensuite un poulet, on prépare du « pen », cela c'est pour « Nkut Nyi », et une calebasse de vin pour « Nkum Shi » et un coq pour « Mùntgu ». Puis le gendre, portant « nkùete » et coiffé d'un « njo », arrive dans la cour rapidement. S'il tombe, que la chèvre s'échappe, que la terre souille son visage, que le panache se retourne vers son dos et que son bâton se casse, il feint d'être honteux et les gens rient beaucoup ». « Si la belle-mère du roi meurt, on fait cuire une grande chèvre, on prépare du « pen », on amène une chèvre vivante, un coq et une calebasse de vin. « Taafon » arrive avec « Mùnjemndù pùte » ; les princes soufflent dans leurs cornes, les femmes royales dansent.On donne un coq à « Taafon » et une calebasse de vin ; puis on donne un coq et un bouc pour les princes qui jouent et une calebasse de vin pour les femmes royales »1300(*). Le vin de palme apparaît ici indispensable dans la célébration des funérailles en pays BamounBamun et témoigne de sa « noblesse » en tout temps et en tout lieu.

En outre, la consommation du vin de palme s'avère aussi pour le touriste des retrouvailles avec un environnement qui n'a pas encore été significativement transformé par l'homme. Il est important de retenir que : « Dans les perceptions du touriste, le lien est établi entre les cultures alimentaires et les lieux : manger local à la consommation symbolique d'une terre, d'une région, d'une province, de son climat, de son paysage... ».1301(*)Vu dans ce sens, le touriste cherche ainsi à entrer en communion avec cette nature, c'est-à-dire ces arbres, ces rochers, ces herbes, ces animaux, etc. qu'il est difficile de voir dans son environnement urbain habituel.

Aussi près de la nature, le touriste met à profit son déplacement pour rétablir le lien avec la surnature, donc avec ses ancêtres, les génies, les forces intangibles dont, en contexte africain, on sait qu'ils ont aussi une influence dans la vie de tous les jours.

C'est donc un moment où le touriste leur fait comprendre, comme il le fait comprendre aux vivants d'ailleurs, qu'il n'a pas oublié ses origines, qu'il se souvient d'eux et qu'ainsi ils ne doivent pas l'oublier et lui donner des bénédictions1302(*).

D'ailleurs, il constitue également une offrande précieuse lors de cérémonies d'hommage aux morts, mais est aussi considéré comme le symbole de l'union éternelle entre les époux.C'est donc à partir de ce constat que l'on peut dire que le vin de palme a aussi une fonction salvatrice au même titre que l'eau bénite. Et pour mieux illustrer ce fait, nous avons voulu rappeler la signification de l'eau bénite.

· Signification de l'eau bénite

L'eau bénite provient de la religion romaine, où elle était employée par les pontifes1303(*). Elle est aussi considérée comme cette eau qui a été bénie par un prêtre, un évêque ou un diacre pour la célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir des objets, entre autres coutumes pieuses.Autrefois, on bénissait également de l'eau à diverses occasions, en l'honneur de certains saints. Ces eaux étaient censées apporter certaines protections.

Par exemple, on en bénissait en même temps que du pain, du vin, et des fruits pour la fête de SAINT BLAISE, pour protéger contre les maux de gorge ; en l'honneur de SAINT HUBERT, on bénissait de l'eau, du sel et du pain pour se prémunir contre la rage canine1304(*).

L'eau bénite est un sacramental, c'est-à-dire un signe sacré, que l'Église catholique met à la disposition des fidèles pour leur sanctification et leur protection et celle des objets et des lieux qu'ils utilisent. Au même titre que les crucifix, médailles, images pieuses, rosaires, cendres et rameaux, elle trouve sa place dans le quotidien des chrétiens au point qu'elle apparaît comme l'un des sacramentaux les plus employés1305(*).

Toutefois, il faut rappeler que l'eau bénite n'est pas une potion magique car son efficacité lui vient de la passion et de la résurrection du Christ et dépend des bonnes dispositions de l'utilisateur : foi, humilité, espérance et charité, qui mettent en relation directe avec Dieu.

Par ailleurs, l'usage de l'eau bénite n'a rien à voir avec la consommation abusive à laquelle s'adonnent certains qui lui prêtent des pouvoirs magiques et s'en servent surtout pour « lutter contre » les démons, les maladies, les influences néfastes...

Rien à voir non plus avec cette pratique des « accros du bénitier », qui cuisinent ou se douchent à l'eau bénite, pour éviter d'être empoisonné, lutter contre les maladies ou les tentations, ou se purifier après une mauvaise rencontre.

En outre, de par la vertu des prières de l'Église, l'eau bénite attire, en toute occasion, le secours de l'Esprit-Saint, pour le bien de l'âme et de notre corps. Elle efface les péchés véniels, non point toutefois par sa propre efficacité1306(*), comme les sacrements, mais par les sentiments de contrition sincère que, fécondée et sanctifiée par la bénédiction du prêtre, elle concourt à faire naître dans nos âmes.Dans ce cas, d'ailleurs, l'usage de l'eau bénite ne dispense pas du recours au sacrement de réconciliation. Comme l'explique SAINT FRANÇOIS DE SALES, « Quand on dit que la bénédiction de l'évêque et l'eau bénite effacent les péchés véniels, ce n'est pas en vertu de l'acte d'humilité que l'on fait en le recevant, et en vertu du retour que nous faisons de notre esprit en Dieu ».Autrement dit, l'usage de l'eau bénite doit toujours être accompagné d'une foi sincère dans un acte d'abandon total et confiant et total en Dieu, d'une prière et d'une intention droite pour être efficace1307(*).

· Corrélation entre le vin de palme et l'eau bénite

Partant de là, on peut établir une corrélation entre le vin de palme et l'eau bénite dans la mesure où ces deux « eaux » sont au service du surnaturel, une sorte de création entre le divin et l'humain.Tout comme l'eau bénite est une eau naturelle consacrée au service divin par un rite de bénédiction1308(*),le vin de palme est une offrande faite aux ancêtres.

On pourrait parler en ce cas d'une véritable civilisation du palmier, tant cet arbre reste l'une des sources principales de revenus, fournit des matériaux pour l'architecture et l'artisanat, intervient1309(*) dans toute manifestation solennelle ou sacrée de la vie sociale comme dans les manifestations banales d'amitié et de coopération.

Le palmier est un arbre « mâle » et, dans un certain sens, un arbre « noble » - arbre du chef qui ordonne de planter et régit les palmeraies naturelles tenues des ancêtres. La charge de tireur de vin de palme, « musogi » n'exige pas seulement une sorte d'apprentissage, elle requiert aussi la confiance du chef qui la contrôle ; c'est encore ce dernier qui détient la « caisse »1310(*), où sont accumulés les produits des ventes de vin, et qui règle chaque année le partage de ces sommes1311(*) entre les hommes mariés de son lignage1312(*).

Sur la Cloche Royale de Guerre BamounBamun, qui sert à appeler la population au combat et probablement à d'autres occasions, est représenté un guerrier BamounBamun ; celui-ci tient la corne avec laquelle le roi1313(*) offre le vin de palme à son peuple. Appelé « mimbo », le vin de palme était très apprécié par le Roi NJOYA et vu que l'Islam ne le lui permettait pas d'en consommer, il eut l'idée de créer une religion syncrétique, « Nuet-Kwete », qui lui autorisait la consommation de cet élixir alcoolisé, la pratique de la polygamie et le culte rendu aux ancêtres à travers les libations faites à base de vin de palme et/ou de raphia1314(*).

Et de ce point de vue, on peut dire que le RoiNJOYA montre que les Africains sont également capables de bénir, de sanctifier, de rendre sacré un lieu, une chose, une personne. Mais surtout qu'ils continuent d'établir un lien avec le surnaturel, les génies et autres forces intangibles de la nature. C'est une manière de ne pas oublier ses origines, qu'il se souvient de ses ancêtres et qu'ainsi, qu'ils ont besoin de leurs bénédictions. Il fait un contrepoids à cette croyance occidentale selon laquelle l'homme blanc est le seul à être en contact avec Dieu, à faire preuve de croyance.

D'ailleurs, l'usage du vin de palmeest conservé dans les rites de « Nuot Kwote » parce que cette boisson a toujours été utilisée dans le culte ancestral. Par ailleurs, le vin de raphia était aussi utilisé lors du culte d'allégeance à la cérémonie d'intronisation du nouveau roi. Ici, le vin était versé dans les mains des membres de sa famille et à tous les chefs qui doivent le boire.

L'Islam, devenu la religion de la majorité de la population, interdisant la consommation du vin, le roi SeidouNJIMOLUH NJOYA innova en serrant la main de tous ceux qui sont venus le reconnaître1315(*). Ce n'est qu'en 1917-1918 que le monarque revint définitivement à la religion musulmane et entreprit d'y amener ses sujets parce qu'il avait compris que les autorités coloniales françaises avaient décidé d'encourager le développement du christianisme dans le royaume.

Concernant la suite de notre travail, les relations entre le RoiNJOYA et le missionnaire GÖRING ont été des plus paradoxales et nous avons examiné les points de discorde entre les deux hommes.

PARAGRAPHE II : LES RELATIONS AMBIVALENTESENTRELE ROI NJOYA ETLE MISSIONNAIREGÖRING

« En 1907, une revue missionnaire publiée à Bâle diffuse la nouvelle qu'un jeune roi, NJOYA, souverain d'un petit royaume montagnard du Cameroun dont les habitants s'appellent les Bamum a inventé une écriture. L'État est situé dans le massif montagneux qui termine l'ouest de la dorsale de l'Adamawa. C'est l'un des nombreux royaumes qui occupent les plateaux couverts des savanes boisées que les Allemands nomment le pays de la prairie...Pendant des années, ce royaume a connu une existence presque mythique dans l'esprit des Allemands »1316(*).

La facilité avec laquelle le christianisme s'introduit en pays BamounBamun fut une expérience déconcertante, même pour les envoyés de la Mission de Bâle. Malgré l'antériorité de ses relations avec l'islam, dont les ambassadeurs étaient assez bien introduits à la cour au moment de l'arrivée des émissaires bâlois, c'est avec une grande amabilité que le RoiNJOYA accepta l'introduction du christianisme dans son royaume. Avec son accord, le missionnaire SuisseMartin GÖRING et son épouse s'installèrent à Foumban le 10 avril 1906, sur le vaste site de Njissé gracieusement offert par le roi et sur lequel il renonça à tous ses droits et prétentions1317(*).

Ainsi, nous étudierons l'amitié entre le RoiNJOYA et le missionnaire GÖRING (A-) qui se dégradera progressivement à cause des nombreux désaccords concernant la pratique de la foi chrétienne et la prise en compte de la culture traditionnelle BamounBamun(B-).

A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE GÖRING

Dès le début, et durant tout son séjour en pays BamounBamun, une grande amitié se développa entre le missionnaire Suisse et le roi autochtone. Une relation faite de cordialité et de respect mutuel dont les sujets du roi gardèrent un bon souvenir. Ainsi, JeanNJIMONYA, chrétien BamounBamun de la première heure témoigne : « MonsieurGÖRING (...) aidait à la construction de la première maison du Sultan. Il était un grand ami du Sultan. Il le protégeait auprès de l'administration et l'instrui(sai)t concernant la parole de Dieu. Si le roi (...) finit par avoir la mort dans sa vieillesse, (c'est) grâce à ce grand pionnier de l'Évangile1318(*) ».

Malgré tout, le missionnaire bâlois ne parvint jamais à obtenir du roi la conversion escomptée. En effet, l'attachement et le respect que NJOYA avait pour GÖRING, aussi sincères qu'ils aient été, ne le convainquirent jamais de braver les prescriptions de la tradition qui lui imposaient, en sa qualité de chef des BamounBamun, de prendre de nombreuses épouses. La renonciation au trône de ses ancêtres que lui aurait coûté l'adoption du régime matrimonial monogamique prescrit par le christianisme, trop lourde à supporter, l'en dissuada toujours1319(*).

Partant de là, nous dresserons une esquisse de portrait du missionnaire GÖRING (1-), tout en mettant en lumière l'accueil favorable du RoiNJOYA de la mission de Bâle en pays BamounBamun(2-).

1. Le portrait du missionnaire Göring : un pasteur au service de la mission de Bâle

La Mission de Bâle ou mission bâloise, de son nom complet Société évangélique des missions de Bâle1320(*), est une société missionnaire protestante fondée en 1815, qui a connu un développement très important dans plusieurs régions du monde, notamment en Russie, Côte-de-L'or1321(*), Inde, Chine, Cameroun, Bornéo, Nigéria, Amérique latine, Soudan...

Au Cameroun, en 1885, la Mission Bâloise reprit l'oeuvre des missionnaires baptistes anglais. A cette occasion, quelques paroisses baptistes se séparèrent de l'oeuvre pour former l'Église baptiste indigène1322(*). Et le pasteur GÖRING fut l'un de ses plus grands disciples.

Suivant la description d'Alexandra LOUMPET-GALITZINE1323(*), le missionnaire Henri MartinGÖRING était tout : professeur, prédicateur, cultivateur, éleveur, constructeur. Il était issu de la mission de Bâle qui faisait partie des missions protestantes classiques qui furent fondées autour de 1800 pour répandre le christianisme en Afrique, en Amérique latine et en Asie.

Il commença l'école en 1906 avec 60 garçons ; on envoya encore 1 missionnaire nommé MathiasHOHNER. Il reçut lui aussi 60 garçons ; puis on envoya une demoiselle sous le nom de Lydie LINK qui reçut elle aussi 60 jeunes filles. On voit alors une station missionnaire pleine d'animation. On choisit des jeunes élèves pour internat. Chacun des missionnaires possédait un cheval. EtM.GÖRING, missionnaire en chef, en avait 2 ou 3.

Le pasteur ne néglige aucun moyen pour gagner la confiance du roi et du peuple, se lie d'amitié avec le Sultan NJOYA qui, fortement influencé par sa prédication, « renonce à la religion musulmane adoptée à la fin de la guerre civile qui l'opposa à son premier ministre GBENTKOM NDOMBOUO entre 1894-1897 »1324(*). Non seulement le monarque favorisa la scolarisation du pays, mais il suivit les prédications et assista même aux services religieux. Des fragments de la Bible furent traduits en langue BamounBamun, en utilisant l'écriture mise au point par le roi. GÖRING fit d'ailleurs connaître l'écriture BamounBamun en Europe.1325(*)Selon le pasteur GÖRING, NJOYA pensait en homme intelligent qu'il pouvait y avoir d'autres moyens que la force et la cruauté pour imposer son autorité.

Et bien que dans son for intérieur, il ne désirât pas que les Allemands prissent possession de son pays, il s'approcha d'eux pour se familiariser avec leurs méthodes et prendre en quelque sorte un peu de leur puissance, de leur savoir, de leurs richesses1326(*).

Son rôle fut certainement déterminant mais demeure mal connu, comme en témoigne Alexandra LOUMPET-GALITZINE dans un de ses articles sur le royaume BamounBamun1327(*).

2. La mission de Bâle en pays BamounBamun : l'accueil favorable du Roi Njoya

C'est avec enthousiasme que le RoiNJOYA offrit aux missionnaires un large terrain au quartier Njissé pour y bâtir l'école.Il instruit ses notables d'envoyer leurs enfants à l'école européenne, comme l'a fait la GrandeRoyale des Diallobés dans le roman de CHEIKH HAMIDOU KANE, « L'Aventure ambiguë ».

Conscientde l'enjeu futur de l'école, NJOYA exhorte ses sujets à être les premiers à surprendre les Blancs, de peur qu'un esclave ne devance les princes pour un jour les commander : « Écoutez ce que je veux vous dire, et je vous prie d'exécuter. Une bonne nouvelle est apparue dans notre pays. Vous serez étranger dans la chose, mais moi qui suis partout ayant une compréhension profonde, je vous déclare que : Envoyez vos propres enfants dans la chose apportée par les Blancs. La chose dite : C'est l'école (...). La preuve est que je veux y envoyer mes propres enfants. Après avoir terminé le parler, il a appelé son premier-né Forifum Amadou Chef supérieur et Maire de Mantoum-Manguiémbou, puis Nsangu, Mbombo, Fogham, Mouliem, Njikam ; sa première née Ngutane Marguerite et puis Christine, etc., et les plaça devant tous les peuples bamounBamun et leur dit :prenez exemple sur moi et exécutez » 1328(*). L'objectif des missionnaires allemands est la conversion des païens par le biais de l'école et naturellement l'annonce de l'Évangile. Le pasteurGÖRINGdit :« Notre méthode est basée sur l'école, les oeuvres de charité et les visites à domicile1329(*)».GÖRING fait un témoignage impressionnant au sujet des premiers élèves que le Roi NJOYA lui confie en 1906. Le RoiNJOYA lui a envoyé soixante gentils garçons, puis suivent des filles. GÖRING dit : « La construction d'un bâtiment permit d'ouvrir la première école du pays, le 25 juin, avec 60 élèves. C'est à MadameGöring que le roi confia l'éducation de 4 filles auxquelles se joignit entre plus tard 7 de ses propres filles. Il en a en tout 87 enfants ! Quelque temps après, elle lui dit qu'elle aimerait bien ouvrir une école de filles : le Roi approuva sur le champ.

Le 30 octobre, elle débutait avec 51 jeunes filles1330(*) ».Le roi avait ses propres filles, et des servantes telles que YOUNÉNOU Marie, MVU Marthe, KOUCHA MENGWENE, NJAPDUNKE Rachel, WUKO Rebecca, NJINE FOEBE1331(*).

Cette photographie ci-dessous prise dans Mandou Yenou à la page 199 montre la classe de filles avec AnnaWURHMANN, leur institutrice.

Figure N° 3 :Photo prise vers 1912 - Anna WUHRMANN assisse au milieu de ses élèves de l'école des filles de Foumban

Source : CAMEROUN RÉTRO - PHOTOS DU PASSÉ, « Anna Rein WUHRMANN (1881- 1971) ». Article publié le 10 janvier 2020 sur le site www.facebook.com et consulté le 03 mai 2021.

Figure N° 4 : Photo prise vers 1907 du Roi NJOYA et du Missionnaire GÖRING, en compagnie de son fils, assis côte à côte1332(*).

Source : J. NJELE, « Le sultan NJOYA et le missionnaire GÖRING », I&M- Bulletin n°33, Images et Mémoires, p. 14. (Consultable en ligne sur le site internet www.imagesetmemoires.com).

L'un des points de divergence entre les deux hommes concernait la pratique de la religion chrétienne qui interdisait la polygamie entre autres et partant de là, les divergences entre les deux hommes se feront jour (B-).

B. LES DIVERGENCES ENTRELESDEUXHOMMESAUSUJET DE LA PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE

La Première Guerre mondiale mit brutalement fin à la période d'expansion de la Mission bâloise. La guerre s'étendit en effet rapidement aux colonies, ce qui handicapa considérablement le travail missionnaire. Puis le personnel allemand fut soit interné par les autorités françaises ou britanniques, soit mobilisé par l'Allemagne. A cela s'ajouta un appauvrissement marqué de l'Europe qui rendit la recherche de fonds plus difficile. Les années de guerre réduisirent pratiquement à néant l'activité dans les champs de mission.

Entre les deux guerres, la politique d'expansion des nations européennes dans les colonies n'avait pas beaucoup changé. La reprise du travail dans les missions fut donc difficile. Cependant, la Mission de Bâle réussit à revenir dans presque toutes ses zones de mission sauf au Cameroun français, et à réaliser un rétablissement étonnant de l'activité missionnaire.

Mais en raison de l'absence presque totale des missionnaires pendant la guerre, les communautés locales avaient pris de plus en plus conscience de leur force et de leur capacité d'autonomie. Des églises locales avaient été formées, qui incorporèrent l'apport des missionnaires à leur retour. Ainsi, les missionnaires trouvèrent à leur retour à la fois de nouvelles églises autochtones et des postes missionnaires étaient en déshérence1333(*).

Contrairement au christianisme, en effet, la conversion à l'islam, tout en lui en conservant la jouissance des privilèges matrimoniaux s'attachant à ses fonctions religieuses traditionnelles, lui conférait un titre de leader spirituel - sultan ! - gage d'emprise symbolique certaine sur ses sujets. La tentative de NJOYA pour reconquérir son hégémonie symbolique sur les chrétiens revêtit, lors du départ des missionnaires Bâlois, les traits d'une campagne de séduction. Le roi ouvrit des écoles et des commerces où il employa des convertis, donnant ainsi des gages de sa capacité, sinon à se substituer, au moins à compenser le vide créé par la défection forcée des missionnaires.

Toutefois, ce régime de faveur fut tempéré par des sanctions physiques et des tortures morales à l'encontre des GhaPkù tu (mot à mot « ceux à la tête dure », autrement dit « les têtus »), ainsi que furent désignés les chrétiens, considérés comme particulièrement récalcitrants et subversifs, du fait d'une collaboration coupable avec les Blancs. Ordonnateur officiel du discours sur son royaume, le roi-sultan découvre en effet avec stupéfaction et colère au lendemain du départ des Bâlois, le contenu des révélations faites aux missionnaires par ses sujets d'obédience chrétienne sur les coutumes du pays1334(*).

C'est cette situation qui va être la suite logique d'une série de tensions entre le RoiNJOYA et le missionnaire Bâlois GÖRING en territoire BamounBamun, et qui cristallise le duel opposant la tradition chrétienne et la tradition BamounBamun. Ainsi, le RoiNJOYA, en tant que gardien des traditions (1-), la croyance en Dieu en pays BamounBamun bien avant l'arrivée des Blancs et la création d'une religion syncrétique alliant l'animisme, l'islam et le christianisme (2-).

Figure N° 5 : Photos prises par le missionnaire GÖRING vers 1906-1912 qui oppose la première église chrétienne et l'école du Roi NJOYA à Foumban

Source : Catalogue en ligne Bibliothèque du Defap. Côte photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds photographique BamounBamun/ Daniel Broussous (1910/1960). Vers 1906-1912 - Clichés M. Göring. La Mission de Bâle.

Figure N° 6 : Table et chaire de l'église de Foumban (1940/1960)

Source : Catalogue en ligne Bibliothèque du Defap. Côte photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds photographique BamounBamun/ Daniel Broussous (1910/1960).

Les 02 (deux) premières photos traduisent l'antagonisme entre le christianisme et les coutumes traditionnelles en pays BamounBamun.On ressent la volonté de chaque camp d'imposer sa doctrine aux habitants du pays. Chaque camp dispose d'un templeet celui-ci du RoiNJOYA semble plus imposant. Cela traduit son engagement à demeurer le « maître du pays ».La 3èmephoto témoigne de la cohabitation entre la culture BamounBamun et la culture chrétienne notamment avec la présence de la croix et de la chaire d'église ainsi que des objets d'art BamounBamun présents en même lieu.

1. Le Roi Njoya, gardien des traditions

Toutes les couches sociales, femmes et hommes sont concernés puisque cette langue était destinée à remplacer la langue « shu pa mben », empruntée par les BamounBamun aux Mben, le peuple vaincu. La religion jouera un rôle de facilitation dans l'acquisition de l'écriture. NJOYA n'avait cependant pas renoncé à imposer la religion d'Allah à son peuple. Il usait tantôt de la persuasion, tantôt de la force pour vaincre les résistances. Aux jeunes hommes, il promettait de donner des filles de NJI ou des princesses autant qu'ils en voudraient s'ils obéissaient à ses ordres. Il organisait aussi de grandes réjouissances pour le peuple.

On vit même un jour Lydia MANGWELOUNE1335(*) reprise par sa vieille passion, danser l'impur « pandambo » avec d'autres femmes. Cependant, Lydia MANGWELOUNE en éprouva de la honte. Impôts, corvées, emprisonnements devaient décourager les récalcitrants. Les fidèles passaient par des heures bien sombres. Tous n'avaient pas la force de résister aux offres tentatrices du Mfon ou de supporter la persécution. Il y eut des abandons. Reniant leur foi, des hommes embrassèrent l'islam, retombèrent dans la polygamie. Des femmes se soumirent à leurs maris pour avoir la paix1336(*).

Ces deux femmes ont oeuvré à la diffusion du christianisme en pays BamounBamun et sont des pionnières dans la prise en compte des droits des femmes, des enfants et des plus vulnérables dans la société BamounBamun qui était fortement inégalitaire et régit par la loi du plus fort, notamment à travers la pratique de la peine de mort. Le christianisme a permis de chaque individu de trouver une place à part entière et a véhiculé les valeurs de pardon, de tolérance et d'acceptation de l'autre, non seulement pour les locaux, mais aussi entre Blancs et Noirs.

C'est pourquoi la tâche devenait toujours plus difficile, car NJOYA avait composé une nouvelle doctrine qui commençait par ces mots : « C'est ici le livre du roi Njoya qui a choisi quelques paroles de Dieu dans le livre des Blancs et le livre des maloums, les a mises ensemble pour inspirer la vraie crainte de Dieu... ».

Le missionnaire GÖRING a donné le nom de NJOYA à son second fils. Le nom donné à son fils montre le degré d'amitié qu'il avait avec le sultan du royaume BamounBamun... où il avait séjourné avant son arrivée à Foumban en 1906. En effet, l'attachement et le respect que NJOYA avait pour GÖRING, aussi sincères qu'ils aient été, ne le convainquirent jamais de braver les prescriptions de la tradition qui lui imposaient, en sa qualité de chef des BamounBamun,de prendre de nombreuses épouses1337(*).

La renonciation au trône de ses ancêtres que lui aurait couté l'adoption du régime matrimonial monogamique prescrit par le christianisme, trop lourde à supporter, l'en dissuada toujours. Aussi, lorsque survint la SMEP pour reprendre le champ de la mission allemande dans la partie française du territoire camerounais, le Roi NJOYA affichait déjà sa préférence pour la religion musulmane.

C'est qu'entre l'arrivée des Français et le départ des sympathiques Bâlois, était survenue la PremièreGuerre mondiale et avec elle, aux dires de l'ancien d'Église Jean-Carrière «NJI» :« Le spectacle des nations chrétiennes s'entredéchirant aux yeux des sauvages indigènes éberlués »1338(*). La conclusion qu'en aurait tirée le roi, estime «NJI», est qu'une religion dont les ouailles n'hésitaient pas à en venir aux mains n'était pas un modèle de valeur à présenter à ses sujets1339(*). D'après la doctrine religieuse de NJOYA : « La religion révélée par les Blancs et celle révélée par les Malum sont les mêmes. Qu'un homme croie en la religion des Blancs et observe toutes ses lois ou qu'il croie en la religion révélée par les Malum et observe toutes ses lois, c'est la même chose. Dieu est capable d'écouter la prière de toutes les races humaines dans leurs langues respectives sans qu'il y ait besoin de parler la langue d'autrefois, car c'est lui qui a créé tous les hommes et qui les a dotés du pouvoir d'inventer leurs langues ! Dieu écoute dans leurs langues respectives tous ceux qui ont une bouche, car c'est lui-même qui leur a fait don de ces langues ».1340(*)

Le Roi NJOYA semblait conscient de l'emprise politique de la religion chrétienne qu'il avait senti lui échapper au fil de la pénétration de la doctrine chrétienne.

Contrairement au christianisme, en effet, la conversion à l'islam, tout en lui conservant la jouissance des privilèges matrimoniaux s'attachant à ses fonctions régaliennes traditionnelles, lui conférait un titre de leader spirituel - sultan ! - gage d'emprise symbolique certaine sur ses sujets.NJOYA régna de 1894 à 1933. Il succéda à son père NSANGU en 1886 car il était encore trop jeune à la mort de son père. Sa mère NJAPDOUNKÉ assura la régence. En raison des crises internes dues à la succession, NJOYA se tourna vers les Foulbé. Avec leur aide, il battit ses rivaux et devint le souverain indiscuté des BamounBamun. En signe de gratitude à l'égard des Foulbé, NJOYA accepta l'Islam.Il accueillit les Allemands en 1902. En 1906, il permit à la Mission de Bâle de construire une église à Njissé. Il utilisa les Allemands pour renforcer sa position, éliminer ses rivaux du lignage royal et de la cour.

Il s'appuya aussi sur les Allemands pour venger l'assassinat du Roi NSANGU par les Nsoh ainsi que pour retirer le crâne de Nsangu de ce pays.Il collabora étroitement avec les Allemands, ce qui lui permit de visiter la côte en 1908 où il futreçu par le Gouverneur Théodore SEITZ à Buéa.

Lorsque les Allemands furent battus au Cameroun en 1916, NJOYA les qualifia « les hommes des ténèbres... des menteurs qui troublent les populations continuellement ». Il favorisa une annexion de la région BamounBamun par les Anglais en 1916mais cette portion du territoire devint par la suite française. Tout jeune souverain, avec les moyens de sa politique, NJOYA avait tôt éprouvé la nécessité d'une forme de communication et de pérennisation de son action. Il lui vint la création de l'écriture avant l'avènement de l'Occident dans l'espace BamounBamun. Cette écriture allait connaître son évolution et donner naissance à une langue, le « Shu-mom », tout aussi prodigieuse que l'écriture.

Au contact de l'Occident, en l'occurrence les Allemands, l'esprit curieux et inventif de NJOYA, s'intéressant à la bicoque de l'administrateur allemand à Buéa, l'amena à engager son peuple, sous sa direction, selon son plan, à réaliser un palais à l'honneur de son peuple et par des BamounBamun formés dans les écoles professionnelles créées par lui NJOYA et non des écoles d'architecture d'Europe.

NJOYA voulut tirer profit de sa rencontre avec l'Occident, non pas pour se contenter de consommer les produits des Occidentaux qu'il appréciait par ailleurs, mais pour se donner le défi d'en faire autant, voire de concurrencer positivement l'Autre1341(*), et de se protéger, lui et son peuple, de l'aliénation, de la perte de sa liberté1342(*).

La force de l'Autre venant de sa capacité à produire le sens, à mettre à disposition les produits de sa fabrication, les biens matériels et valeurs spirituelles, NJOYA crut au génie de son peuple et à son génie propre pour se donner le pouvoir d'être producteur de sens. Son approche de l'Autre, sa vision de son environnement et l'idée qu'il se faisait de la grandeur de son peuple, de sa propre liberté, tout cela l'incita à jouer le mécène des Hommes qu'il éduqua à son génie et qui devinrent à leur tour des génies bâtisseurs, forgerons, tisserands, maçons, scribes...Sous NJOYA, la case ronde BamounBamun devint la maison spacieuse rectangulaire plus commode à l'expression de la vie. Et la qualité de la vie alla de pair avec de nombreuses innovations artistiques : l'enrichissement de la musique BamounBamun de plusieurs compositions en langue « Shumom », l'introduction de « l'algaita » d'origine sahélienne.

L'émergence d'une classe de scribes, le développement de métiers divers permettant à une frange lettrée et professionnalisée de la population de vivre de ses oeuvres, encouragea l'attente par les BamounBamun d'un niveau de civilisation remarquable.

Les réformes multisectorielles révolutionneront la sphère politique, l'agriculture et l'économie, l'art de vivre, ainsi que la transformation et/ou l'urbanisation de la cité de Foumban..., ce sont autant d'aspects civilisationnels à ajouter à l'actif de NJOYA, inventeur d'un moulin à maïs, géographe, géopolitiste qui réalisa une carte de son royaume. Il excella dans le mécénat et l'encouragement par des prix d'excellence aux artisans. Il transforma la médecine et la pharmacopée par souci d'amélioration de la santé de son peuple, et ce faisant, il introduisit une profonde réforme de mentalité, une révolution dans la conception cosmique et cosmologique des BamounBamun.

En tant que gardien des traditions, le Roi NJOYA se devait de limiter l'influence du christianisme et continuer d'asseoir son autorité sur son peuple.

2. Le RoiNjoya ou l'existence de Dieu dans la culture BamounBamun

Cette nouvelle vision du monde allait connaître son apogée avec la rencontre d'autres conceptions, celle chrétienne et musulmane.NJOYA sut gérer cette rencontre des religions dans son royaume par la création d'une troisième voie, celle syncrétique du « Nwet-Nkwète », en fait véritable fondement métaphysique ayant pour corollaire l'adoption d'attitude critique sans émerveillement autre que la curiosité épistémologique pour un choix dicté par le souci de sauvegarde de sa liberté et de l'autonomie de son peuple1343(*).

Sous son magistère, il dut gérer 6 moments-mutations survenus dans son royaume que sont :

1) l'entrée de l'islam (1894-1896),

2) l'entrée des premiers Européens (6/7/1902),

3) l'entrée du christianisme réformé (avant 1906),

4) l'administration coloniale allemande (1903-1915),

5) l'administration britannique (1915-1916), et

6) l'administration française (à partir de 1916).

Et on notera même la croyance en Dieu en pays BamounBamun qui va aboutir à la création d'une religion syncrétique par le RoiNJOYA.1344(*)A ce sujet, NJOYA constatera que chez les chrétiens et les Haoussas, il existe une telle dualité des mondes. Le Dieu créateur des chrétiens et des musulmans existe aussi chez les BamounBamun.C'est le Nyinyi ou celui qui est partout, l'omniprésent. Mais ce Nyinyi n'empêche pas la croyance aux esprits et autres forces de la nature :« Dans le monde des BamounBamun, il existe un être suprême, créateur de tout ce qui existe : Nyinyi ou celui qui est partout. C'est à ce Dieu que toute personne en difficulté avec autrui remet le soin de sa vengeance. La grenouille et le lézard, par exemple, sont des messagers de bon augure qui annoncent la naissance dans la concession. Certains serpents ou insectes présage des jours tristes. Plus forte est la croyance des esprits. La persistance du mal à pour serviteurs les éléments tels que la foudre qui détruit les cases et terrasse les hommes, la tornade violente, le feu qui enveloppe parfois le village dans la mort, la panthère qui emporté le bétail et les hommes, la rivière rapide ou le lac aux eaux calmes, mais traîtresses »1345(*).

Cette vision du monde tranche assurément avec le monde des Pa-rwm, dont le singulier-neutre est nzwm, et la substantivation est le rwm : ensemble d'éléments et êtres généralement au service du mal. A cet effet, « Certains hommes, inconsciemment, détiennent cette puissance du mal et nuisent alors aux autres membres de la tribu. Un terme générique désigne tous ces éléments et ces êtres au service du mal : Pa-rwm dont le singulier-neutre est nzwm. Le rwm, esprit du mal qui les habite, réside dans le ventre de la femme qui le transmet héréditairement à sa descendance. Un homme peut être nzwm sans le transmettre. LesPa-rwm sont les causes de presque toutes les maladies et de tous les malheurs. On distingue, néanmoins, deux sortes de Pa-rwm. Les premiers ne font souffrir que lorsqu'on enfreint les règlements, la coutume ou lorsqu'on est en discorde avec quelqu'un »1346(*)1347(*).

Avant son exil à Yaoundé, le Roi NJOYA avait essayé de mettre en pratique une nouvelle religion qu'il dénommé Nwot-Kwete qui signifie « Poursuis pour atteindre ». NJOYA, en roi éclairé, entreprend en 1916 la rédaction avec son écriture les préceptes et les fondements d'une doctrine religieuse appelée « Poursuis pour atteindre ».

Il s'agit, comme le relève ClaudeTARDITS, « d'une religion de salut, principalement inspirée par les prédications des marabouts, que l'on a parfois qualifiée d'« Islam BamounBamun ». Poursuis pour atteindre était lu dans la mosquée que le roi avait fait bâtir dès 1916 et, évènement important, sa diffusion était faite dans la langue du pays »1348(*).

Sa décision de propager cette religion dans la langue BamounBamun participait du souci de NJOYA de ramener le discours divin à la portée du croyant BamounBamun ordinaire. C'était, dira-t-on, une forme d'inculturation. Voici ce que dit NJOYA à propos : « Toutes les races humaines prient Dieu dans la langue de leur pays et non dans la langue des temps anciens. Dieu entend parce que c'est lui qui a créé tous les hommes, il leur a donné cette langue. Tous ceux à qui Dieu a donné une bouche et Dieu les comprend parce que Dieu leur a donné cette langue »1349(*).

Ici, on pouvait avoir plusieurs épouses, faire des sacrifices aux crânes des ancêtres et consommer les produits des offrandes. Ce qui permettait de continuer à vivre comme par le passé mais avec de nouveaux vêtements... on voit souvent des spectacles où les chrétiens au sortir des temples se dirigent vers les domiciles des marabouts pour des consultations cabalistiques aux fins de connaître ce que l'avenir leur réserve. La polygamie est aussi hypocritement pratiquée par certains qui ont des domiciles où ils logent leurs maîtresses - épouses.

L'alcool est consommé sous le boisseau par certains mahométans et on se retrouve encore aujourd'hui en train de donner raison à NJOYA qui très tôt avait compris qu'il faut un Islam africain tout comme un christianisme africain1350(*).Autres détails non superflus : aucune plante européenne ne fut introduite et adoptée par les BamounBamun dans leur régime alimentaire ; n'est-ce-pas une « dérivation » au sens de Pareto WILFREDO, c'est-à-dire une irrationalité qui renforce l'identité et l'authenticité du groupe !

Enfin, par rapport à ses retraites à Mantoum et à son exil définitif à Yaoundé qui ont inspiré la thèse de la capitulation, nous opposons un « éloge à la fuite » : se révolter dans les conditions dérivées ci-dessus c'est courir à sa perte.Cela conduira le RoiNJOYA à mettre sur pied une religion propre aux BamounBamun qui réunissait les coutumes animistes, l'islam et le christianisme. Et cette situation traduira l'impuissance de l'envoyé de la Mission Protestante de Bâle à imposer totalement l'Évangile en pays BamounBamun.

Toutefois, les missionnaires ne purent convertir NJOYA, qui possédait plusieurs centaines d'épouses qu'il n'était pas question de renvoyer. Par ailleurs, il va de soi que les pratiques traditionnelles ne furent pas plus abandonnées pendant les dix (10) ans de présence de la Mission qu'elles ne l'avaient été à la fin du 19ème siècle, après la première diffusion de l'islam. On peut donc déduire que malgré tous les efforts du pasteurMartinGÖRING, le christianisme ne put prendre le pas sur la culture animiste et l'islam implantés en territoire BamounBamun.Il faut d'ailleurs rappeler que la religion syncrétique du RoiNJOYA a été un puissant catalyseur de cette situation. En décembre 1915, les Allemands et la Mission protestante de Bâle, présents dans le pays depuis le début du siècle, quittaient le royaume. Les troupes anglaises s'installaient à Foumban. Le départ de la Mission modifia alors la situation religieuse compliquée, qui se développait dans le royaume depuis près de vingt ans.

En effet, entre 1896 et 1898, était intervenue une manière de conversion à l'islam. Celle-ci se produisit à la suite d'une intervention des Peulsde Banyo sollicités par le jeune NJOYA, qui venait de monter sur le trône, et se trouvait aux prises avec une guerre civile. La « victoire du cheval » conduisit le roi à demander aux Peuls islamisés l'envoi de marabouts.

Elle l'incita encore à élaborer une écriture, ce qui fut fait quelque temps plus tard. Les marabouts Haoussa introduisirent à la cour royale la pratique des prières musulmaneset même celle du jeune. LesBamounBamun n'abandonnèrent pas pour autant leurs propres rites.

En 1916, les marabouts n'avaient pas encore retrouvé leur influence et les chrétiens étaient partis. Le roi NJOYA profita de cette circonstance pour élaborer les préceptes d'une religion en rédigeant un petit ouvrage dont le titre est en français « Poursuis pour atteindre ». Il y avait là, ramassés dans une trentaine de chapitres, les éléments de ce que l'on pourrait appeler une religion nationale inspirée par l'islam. Plusieurs passages reprennent, sans modifications d'ailleurs, le texte de la Risala.

Les principes théologiques de la doctrine royale sont les suivants :

1) L'unicité de Dieu est affirmée : Dieu est inengendré, omniscient, ubiquiste et il a créé le monde auquel il a donné ses lois.

2) La condition de l'homme est sanctionnée pendant son existence terrestre, et il peut être puni par les malheurs et les fléaux envoyés par Dieu ; elle est encore sanctionnée après sa mort : le monde connait une fin, puis une résurrection intervient, à la suite de quoi l'homme est voué, toujours en fonction de sa conduite, à une éternité de souffrances dans le feu ou une félicité sans fin.

3) Les préceptes à respecter pour éviter les malheurs sur cette terre et pour jouir du bonheur éternel sont les lois de la société, voulues, nous l'avons dit, par Dieu (Les règles énumérées par NJOYA sont tout simplement celles de la morale traditionnelle BamounBamun). L'homme doit encore pratiquer ce que le monarque appelle les « actes aimés de Dieu », c'est-à-dire les rites dont la description remplit les deux tiers de son ouvrage.

Les « actes aimés de Dieu » concernent ici les prières que l'on doit accomplir cinq fois par jour, celle du vendredi se faisant collectivement à la mosquée ; les jeunes qui correspondent à ceux requis dans l'islam, le sacrifice du mouton que l'on fait le 10ème jour du dernier mois de l'année et enfin l'aumône. NJOYA fit à l'époque reconstruire une mosquée où l'on enseignait la doctrine royale. L'entreprise dura peu : elle s'étendit certainement sur une partie ou sur la totalité de l'année 1916.1351(*)

L'impact de cet anathème fut si grand que lorsqu'Elie ALLEGRET, aumônier militaire envoyé avec trois autres coéquipiers par la Société des Missions Évangéliques de Paris en 1917 pour étudier les conditions de la reprise du champ de mission du Cameroun, arriva au pays BamounBamun, la florissante communauté chrétienne qu'avaient édifiée les Bâlois se réduisait à une poignée de fidèles sur un ensemble de plus de 200 membres en 1914. Parmi ces rares fidèles se trouvaient Mosé YÉYAP, cousin et premier contradicteur du RoiNJOYA, et JosuéMOUICHE, premier Pasteur de l'Église BamounBamun1352(*).

Dans la seconde section, nous parlerons de l'opinion que le RoiNJOYA avait vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.

SECTION II : LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA

« En 1908, NJOYA a offert le trône de son père à GUILLAUMEII, qui l'a fait don au Museum fur Volkerkundede Berlin. En échange, NJOYA a reçu un uniforme de la Garde impériale allemande »1353(*).

Incontestablement l'un des plus grands trésors du patrimoine camerounais est arrivé à Berlin en 1908. En effet, le trône royal BamounBamun, appelé « Mandu Yenu », symbole de la souveraineté BamounBamun traditionnelle, a été reçu comme cadeau diplomatique du gouvernement impérial du Kamerun au Kaiser GUILLAUME II.

Deux ans plus tôt, le directeur des musées de Berlin avait demandé à un officier colonial de suggérer au RoiNJOYA d'offrir son trône à l'explorateur allemand. L'heure était alors à la course impérialiste à la collection dans un contexte de concurrence internationale avec le musée d'ethnographie du Trocadérode Paris et le « British Museum » de Londres.

En échange d'un uniforme de cuirassier de la garde impériale allemande, le Roi NJOYA céda le trône royal aux Allemands. Ayant compris l'importance des enjeux de la mise en musée, le Roi NJOYA créa vingt ans plus tard, un musée dans un palais afin d'y conserver tous les symboles et insignes du pouvoir royal BamounBamun. La possession d'un trône royal était alors un enjeu de prestige entre les musées européens ; les Français étaient déterminés à montrer aux Allemands qu'ils pouvaient obtenir des Camerounais autant voire plus qu'eux.

Partant de là, quelles sont les marques de confiance adressées par le RoiNJOYA à l'égard de l'administration coloniale allemande (Paragraphe I)? Et à ce stade, peut-on parler d'une remise en question de la perception de l'administration coloniale allemande par le RoiNJOYA(Paragraphe II) ?

PARAGRAPHE I : LES MARQUES DE CONFIANCEADRESSÉES PAR LE ROINJOYAÀL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Après que NJIMOLUH NJOYA Seidou fut intronisé en 1933, les autorités françaises avaient chargé l'explorateur français HenriLABOURET d'acquérir le trône royal BamounBamun.

Ce qui fut fait en 1934 lors de la « Mission Labouret » au cours de laquelle plus de 1500 objets provenant essentiellement du pays BamounBamun et Bamiléké furent ramenés en France, dépassant ainsi toutes les collections ramenées par les autres Européens.

Le trône du RoiNJOYA fut exposé au Trocadéro en mars 1935 mais ensuite ses éléments furent dispersés au musée de l'Homme à Paris. Ce n'est qu'en 1987 à l'occasion de l'exposition organisée par le musée sur le thème de l'art camerounais que le trône a été reconstitué et exposé. Le trône royal a été exposé en 2018 au Châteaude Versailles.

La France s'est engagée par le biais du Président Emmanuel MACRON a restitué le trône au Cameroun(« VoirAnnexe 11 : Convention d'UNIDROIT sur les biens culturels volés ou illicitement exportés »). Cette Convention, est un traité multilatéral qui règle la restitution de biens culturels qui ont été volés, exportés illicitement ou qui sont issus de fouilles illicites.

Elle vise à combler les principales faiblesses de la Convention de l'UNESCO en 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriétés illicites des biens culturels. La Convention d'UNIDROIT a pour but de lutter contre le trafic illicite des biens culturels en modifiant le comportement de l'acheteur, en l'obligeant à vérifier la provenance licite de son achat.

Dans ce contexte, il en découle un flou dans la mesure où selon le Chapitre II, article 4 alinéa 1 de cette Convention stipule : « Le possesseur d'un bien culturel volé, qui doit le restituer, ne pourra prétendre à une indemnité équitable que s'il peut prouver avoir fait preuve de la diligence requise au moment de l'achat et qu'il ne pouvait pas pu savoir ou n'aurait pas pu savoir que le bien était volé »1354(*).

Pour évaluer l'origine licite de l'objet, les acteurs du marché de l'art doivent faire des recherches de provenance et utiliser notamment des bases de données internationales et nationales consacrées à la protection des biens culturels.

Par exemple, la base de données d'INTERPOL1355(*) sur les oeuvres d'art volées qui est accessible à tous. D'ailleurs, un Etat partie peut demander au tribunal compétent d'un autre Etat contractant d'ordonner le retour d'un bien culturel exporté illégalement de son territoire si le déplacement du bien a causé un préjudice de l'une des manières énumérées à l'article 5 alinéa 31356(*). A ce stade, on peut se poser la question de savoir si l'Etat camerounais restituera ces biens pillés à chaque communauté autochtone, de savoir qui supportera les frais de conservation ; les moyens de formation et de recrutement du personnel qualifié à cet effet. Ou encore s'il les placera dans des musées nationaux pour engranger des profits, etc...

Plusieurs autres peuples camerounais ont engagé des démarches similaires auprès de la France et d'autres pays européens afin que leur soit restitué leur patrimoine, c'est le cas par exemple du peuple Sawa qui demande la restitution du « Tangue » de KUM'A MBAPE BELL, pris à Bonabéri en 1884(« Voir Annexe 12 : Reproduction du « Tangue » de KUM'A MBAPE BELL et exposée à la Fondation AFRICAVENIR à Douala »). A ce titre, la Bavière est disposée à rendre le pavillon royal de la pirogue de ce souverain et résistant à la colonisation allemande. La communauté Bèlè Bèlè et le public intéressé ont récemment appris, lors d'une conférence à la fondation AfricAvenir à Douala, que les autorités allemandes se trouvent depuis peu dans de bonnes dispositions pour remettre le « Tangué » à la famille de ce souverain des Bèlè Bèlè, à l'époque de l'invasion coloniale allemande au Cameroun.

Plus d'un siècle plus tard, le ProfesseurKUM'ANDUMBEIII, petit-fils et successeur de LOCK PRISO, a entrepris de faire rentrer dans le patrimoine familial le « Tangué » de son illustre ancêtre1357(*).

Cette situation date de 2017 et se poursuit jusqu'à nos jours. Elle traduit toute la complexité liée au retour de ces objets sacrés, sans oublier la question des indemnités : quel montant doit être attribué, à l'Etat-partie, aux possesseurs légitimes ? Et pourquoi ?

Par ailleurs, le trône conservé à Berlin est aujourd'hui particulièrement contesté. Pour certains, le restituer reviendrait à écrire l'histoire à l'envers, mais vu le contexte colonial et la réalité du pouvoir de cette époque, peut-on vraiment parler d'un don ?

D'après certains historiens, une solution serait de fabriquer une copie du trône et de restituer l'original au Cameroun, mais une copie dans un musée berlinois ne résoudrait pas le problème d'appartenance1358(*)...

L'échange de cadeaux entre les agents coloniaux allemands et le RoiNJOYA ont eu pour vecteur de consolider ce que l'on appellerait de nos jours, des relations diplomatiques entre deux entités(A-). Ces échanges ont contribué à la valorisation de la personnalité du RoiNJOYA par l'administration coloniale allemande (B-).

A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS ET LE ROI NJOYA

Lors des actions violentes organisées par les troupes allemandes contre les chefferies frontalières du BamounBamun, le RoiNJOYA avait décidé de traiter les dominateurs coloniaux avec diplomatie. L'une de ses stratégies consistait dans l'échange de cadeaux, une pratique traditionnelle dans les Grassfields pour créer des alliances entre le souverain du même rang.

Dans certaines cultures, l'échange de cadeaux symbolise l'établissement d'une relation qui s'apparente au consentement.Le cadeau permet à celui qui offre de manifester un sentiment au receveur, ce sentiment pouvant être de l'amour, de l'amitié, de la sympathie, etc., selon la distance qui sépare les acteurs de l'échange.

Et, le cadeau a aussi pour rôle de marquer le lien qui unit les personnes entre elles. Le cadeau peut donc apparaître comme « un signe du lien ». ErvingGOFFMAN utilise ce terme pour définir « toutes ces indications à propos des relations, c'est-à-dire à propos des liens qui unissent les personnes, qu'elles impliquent des objets, des actes ou des expressions »1359(*). Le cadeau a donc un rôle à deux facettes dans la relation interpersonnelle. Il permet à la fois de manifester un sentiment et de marquer un lien social. En offrant un cadeau, on signale au receveur qu'on a des sentiments pour lui et que l'on tient à conserver la relation qui nous unit.

Offrir des cadeaux peut donc être assimilé à des « rites positifs qui affirment et confirment la relation sociale qui unit l'offrant au récipiendaire, et manquer à un rite positif est un affront »1360(*).Donc pour définir l'acte d'offrir un cadeau, on peut utiliser le terme de GOFFMAN d'« acte rituel positif interpersonnel ». D'ailleurs, il précise que « les rituels interpersonnels sont, par définition, des signes du lien, car, de toute façon, ils attestent une relation »1361(*).

Lors de l'occupation allemande, le GénéralHansGLAUNING s'est lié d'amitié pour le Roi NJOYA. Il l'a aidé durant la guerre contre les Nsoh, et lui a permis de récupérer la tête de son père dérobée lors d'une bataille précédente. Pour le remercier, le Roi NJOYA lui a donné des insignes de pouvoir dont ce tabouret royal en 1905.

Figure N° 7 : Petit tabouret royal, ru mfo. BamounBamun, Cameroun, province de l'Ouest. Bois, perles de verre, étoffe/toile, cauris, plaques en laiton.

Source : R. LE FORESTIER, « LE TABOURET DU ROI NJOYA, RU MFO ». Article publié dans Mobilier de style, le 06 novembre 2013. H : 5 cm ; D : 69, 5 cm. Anciennes collections du roi Ibrahim Njoya, du capitaine Hans Glauning, d'Arthur Speyer et de Charles Ratton. Genève, Musée Barbier-Mueller. Photo Studio Ferrazzini Bouchet. Article consulté le 06 mars 2021. (Consultable sur le lien www.dp_trones.pdf).

D'origine royale, ce tabouret est désigné sous le nom de « ru mfo », associant les deux termes « tabouret » et « roi ». L'utilisation de perles précieuses importées, de plaques de laiton repoussées1362(*), et enfin de cauris1363(*), indique que ce siège était non seulement d'usage royal, mais qu'il appartenait à un riche souverain à la tête d'un royaume prospère. 3 à 4 tabourets semblables se trouvaient dans le Palais à la fin du XIXème siècle. A la mort du GénéralHansGLAUNING, ce siège de majesté a été rapatrié à Berlin pour le Musée ethnographique. Il réapparut sur le marché de l'art et est passé entre les mains de plusieurs collectionneurs privés jusqu'au rachat du trône par Jean-PaulBARBIER-MUELLER en 1985. Ce tabouret fait aujourd'hui partie de la collection du Musée Barbier-Mueller à Genève. Par ailleurs, le cadeau le plus énigmatique fut le trône que le RoiNJOYA offrit aux Allemands(1-) et qui fera l'objet d'une réappropriation de la part du Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA (2-).

1. Le trône du souverain Njoya1364(*)

Sur cette photo, le Roi NJOYA présente le trône avec d'autres cadeaux pour l'anniversaire de l'Empereur GuillaumeII en 1908.

Figure N° 8 : Le Roi NJOYA présente le cadeau destiné à l'Empereur Allemand GUILLAUME II, photographié par Johannes LEIMENSTOLL, en 1908 à Buéa.

Source : Courtesy Ethnologisches Museum, Staatliche Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

Six ans après sa première expérience avec la photographie, NJOYA avait bien mis en scène ce cliché : le roi et ses serviteurs portent des uniformes militaires dans le style allemand mais fabriqués à Foumban, honorant ainsi les nouvelles forces politiques par le biais de l'appropriation créative.

La photo illustre bien le passage du trône du statut d'objet rituel inaliénable et symbolique du royaume BamounBamun à un cadeau diplomatique destiné à l'empereur allemand. A l'origine, NJOYA avait l'intention de donner à l'Empereur GUILLAUMEII une copie du trône de son père.

Mais comme cette copie n'a pas été prête à temps, il a décidé de lui faire cadeau du trône qu'il avait utilisé jusqu'à ce moment et de garder pour lui-même la nouvelle version destinée aux étrangers...

Figure N° 9 : Le Roi NJOYA avec son nouveau trône devant l'entrée de son palais, photographié par Marie Pauline THORBECKE, en 1912 à Foumban.

Source : Courtesy Historisches Fotoarchiv, Rautenstrauch-Joest Museum, Kulturen der Welt, Cologne. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

Pendant ses premières années au « Museum fur Volkerkunde »1365(*)de Berlin, le cadeau de NJOYA était apprécié à la fois pour son importance ethnographique et en tant que trophée colonial. Mais, du point de vue esthétique, il était considéré comme un objet « déplaisant » et « barbare ».

Toutefois, quand les artistes liés au mouvement expressionniste, tel qu'Ernst LudwigKIRCHNER, EmilNDOLE et MaxPECHSTEIN ont provoqué un changement dans la perception des artefacts africains, letrône a acquis le statut d'oeuvre d'art.

En conséquence, à partir de la nouvelle disposition de 1926, il a été présenté sur un piédestal entouré par d'autres objets d'origine camerounaise. Ce processus de muséalisation continue de nos jours. Depuis 2005, le trône, dramatiquement illuminé, se trouve au coeur de la section « Kunst aus Afrika »1366(*) de l'« EthnologischesMuseum »1367(*)de Berlin.

La recherche récente ayant remis en question les normes de l'ethnographie1368(*), le créateur du trône, le « Nguot-artiste », «NJI»NKOME et ses collègues sont désormais crédités dans les expositions.

A la « Humboldt-Box »de Berlin, une exposition dont l'auteur est la commissaire met en lumière la biographie culturelle du trône et les changements de sa signification à travers des perspectives multiples et en partie controversées depuis 2011.

Bien avant le début de la période coloniale, la collection d'objets par les rois BamounBamun était déjà considérée comme un indicateur de pouvoir, de richesse et de réputation dans les Grassfieldsdu Cameroun1369(*). Cette improvisation déclenchera beaucoup d'années plus tard un débat sur la manipulation coloniale, la capacité d'initiative des Africains et de l'authenticité des objets. Mais en réalité, les BamounBamun n'avaient jamais considéré le nouveau trône comme une copie puisqu'il a également été légitimé par les rituels d'usage et par sa décoration perlée. Dès le début du XXème siècle, la demande en objets des musées ethnographiques est telle que l'administration coloniale met en place une politique d'acquisition par « don », achat ou capture et favorise la production de pièces destinées à l'exportation. L'objet-trône fut tôt convoité par les Allemands, et officiellement demandé pour être offert à l'empereur GUILLAUMEII.1370(*)

Les réserves manifestes de la cour royale ouvrirent d'âpres négociations qui aboutirent à un compromis : une copie exacte du trône serait réalisée par les meilleurs artisans du royaume et remise aux Allemands. L'administration coloniale se servit cependant des délais et des retards, pressant le roi sans relâche.Contraint et forcé, NJOYA dut « donner » le trône de son père et rester avec le nouveau - dans tous les cas, cette séparation est un déchirement. Le souverain accompagna le trône jusqu'à Buéa, siège du gouvernorat allemand.

Dans la perspective BamounBamun, le trône perd progressivement de son essence à mesure qu'il s'éloigne du palais, puis de l'espace clos de la ville pour entrer dans les campagnes. Il commence à être pleuré lorsqu'il franchit le fleuve-frontière du Noun. Dès lors en terre étrangère, le trône est encore reconnu en pays dit Bamiléké, et honoré pour ce qu'il est une cosmogonie1371(*). A l'arrivée sur le littoral côtier, il est devenu un cadeau, témoin de la conquête et trophée scientifique pour les Allemands.

Son départ par bateau vers l'Allemagne - au seuil d'une eau immense qui stupéfia le souverain - signe la rupture fondamentale, celle qui le dissocie définitivement du roi1372(*). En échange du trône paternel et de sa reconnaissance de la puissance européenne, NJOYA entend prendre part à une modernité occidentale qui l'intéresse.

Cette volonté fut parfaitement comprise par les Allemands.Le RoiNJOYA espérait également recevoir quelques biens de prestige que lui enverraient ses voisins, armes ou chevaux. Il recevra après une longue attente un gramophone de la taille d'une armoire et des disques d'opéra, qui pourriront dans un débarras. Quelques mois après sa visite du Gouverneur, les habits européens seront interdits aux indigènes, fussent-ils rois. Dorénavant, aucune confusion de temporalités ne sera plus permise.

Soucieux de contrôler sa propre représentation, NJOYA fait exécuter son portrait en pied et en grand uniforme, à l'image des portraits officiels de l'Empereur GUILLAUMEII, inaugurant une tradition de dessins politiques.

Dans le milieu des années 20, ce portrait modifié, sera inclus dans des représentations de la dynastie BamounBamun, et le roi en habits européens représenté sur son trône, sur le perron du palais, alors même que le démantèlement du royaume par les Français le prive de toute autorité et le contraint à résider dans ses plantations1373(*).

La photo ci-dessous apparaît comme une sorte de réappropriation du trône par l'actuel Sultan des BamounBamun, IbrahimMBOMBONJOYA et relance la problématique de retour des oeuvres d'art et des reliques des civilisations antiques africaines vers leur terre d'origine.

2. Réappropriation

Figure N° 10 : El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre, photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich.

Source :Courtesy Rietberg Museum. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

Cette photo montre l'actuel Sultan, Sa Majesté le Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA pendant un vernissage au « RietbergMuseum » de Zurich. A la demande des journalistes, le Sultan avait pris place sur le trône de son grand-père NSANGU.

Bien conscient de la transgression de l'étiquette muséale européenne, le Sultan a profité de cette opportunité pour faire un acte de réappropriation spontané. Ici, le geste d'obéissance du serviteur ne se dirige plus vers le maître, mais directement vers la caméra.Plus tard, le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA a souligné le rôle important du trône comme messager de l'histoire du pays BamounBamun et de créativité. Cette exposition met en exergue d'une certaine façon l'inclusion de l'exercice de la politique à travers les arts. Sur une photo datant de l'année 1912, le commerçant autrichien RudolfOLDENBURG pose son pied sur le piédestal du trône. NJOYA a dû empêcher ses fidèles de punir Oldenburg pour cette désacralisation du trône puisqu'il s'agit d'un symbole de pouvoir. Les critiques du colonialisme interprètent cette scène également comme un affront.Cette scène prise par un photographe de l'époque a été moulée en bronze à Foumban dans le style typique de l'artisanat local.

Figure N° 11 :Groupe de figures en cuivre présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban, 21ème siècle.

Source : Courtesy Ethnologisches Museum, Staatliche Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

En 2009, le Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA a présenté cet objet accompagné de la photo de 1912 à l'EthnologischesMuseum. En se servant de la même stratégie que son grand-père et notamment de l'échange des cadeaux, l'actuel souverain des BamounBamun cherchait à rappeler les relations particulières entre les Allemands et son peuple. Ce nouveau cadeau devait renforcer l'engagement politique et culturel de l'Allemagne pour le BamounBamun en évoquant en même temps l'ambivalente histoire du trône de NJOYA1374(*).

De plus, le Roi NJOYA en tant qu'homme habile et rusé sut également jouer de la photographie pour atteindre ses objectifs. A cette époque, le Roi NJOYA utilisait la photographie à des fins POLITIQUES : il n'était pas seulement conscient de la manière dont il souhaitait être présenté, il faisait aussi lui-même des expériences avec cette nouvelle technique.

L'ingénieux souverain s'intéressait aux technologies modernes telles que la photographie pour s'en servir comme instrument visuel au service de l'histoire et de la mémoire des aspects qui occupent une place de très grande importance dans l'art royal du BamounBamun.Mais la brève période du style militaire européen s'est achevée en 1909 lorsque, NJOYA était de plus en plus déçu par la politique coloniale allemande et a ainsi renoué avec ses alliés islamiques.

Toutefois, la personnalité du RoiNJOYA fut appréciée et même valorisée par ses amis « allemands » qui à leurs yeux, était un monarque visionnaire et qui se souciait du bien-être de son peuple.

B. LA VALORISATION DE LA PERSONNALITÉDU ROI NJOYA PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

Le Prince NSANGU, père de NJOYA et grand-père de NJIMOLUH SEIDOU NJOYA, restaura la légitimité en devenant le 15ème roi de la dynastie car il réussit à chasser du pouvoir le « Mfon » NGOUWOUO qui était en réalité le chef des gardes du palais et n'était donc pas de la lignée royale. Par sa mère NJAPDUNKÉ, NJOYA descendait encore de NCHARE YEN. Cette épouse du RoiNSANGU était en effet l'arrière-petite-fille du Roi NGOULOURE. NJOYA, encore très jeune, succéda à son père qui mourut dans la guerre contre les Bansoh, peu avant 1889. Pendant sa minorité, sa mère « Na » NJAPDOUNKE assure la régence, avec l'aide du grand serviteur GBENTKOMNDOMBOUO.

NJOYA dut acquérir une formation traditionnelle analogue à celle de ses frères dans cette maison dite « Ntapit » appelée la « Maison des lionceaux » où les fils du souverain entraient à partir du moment où ils étaient circoncis. Là, leurs aînés leur servaient de précepteurs et leur enseignaient les coutumes du pays et l'art d'y vivre.C'est ce qu'ils firent devant le roi avant de commencer une course guerrière « Kuma » que font les BamounBamun, les armes à la main.

Le RoiNSANGU, très satisfait, leur offrit des cadeaux en récompense de leur bravoure. Ces princes furent ensuite envoyés selon la coutume chez «NJI»KAM-MACHU pour apprendre à fabriquer des balafons.NJOYA y eut encore l'occasion de se faire remarquer : il fabriqua son instrument de musique, apprit à jouer et devint l'instructeur de ses frères. Une dernière anecdote rapportée cette fois dans l'histoire fait état d'un partage de noix de cola effectué sur ordre de NSANGU en ces termes : « Tu as si bien fait le partage des noix de cola, que désormais c'est toi qui rempliras cette fonction auprès de tes frères »1375(*).

C'est peu après, dans la société secrète appelée « Nguri », réservée aux princes et rivale de la société secrète appelée « Mbansié », ouverte aux seuls serviteurs du roi, que l'on inculquait aux fils de monarque cet « esprit de corps » qui s'exprimait dans leur solidarité face à celle qui liait les serviteurs constituant la noblesse de cour. D'après le traditionnaliste « Nji» MFONDA, un jour, le Roi NSANGU dit à ses sept fils, dont NJOYA, qu'il allait les envoyer à la guerre. Sans plus de précision, il les fit emmener chez « Nji» MFOUAMBE où ils furent circoncis. Comme ces enfants partirent armés comme des guerriers, ils devaient rentrer triomphalement au palais.

Sur le chemin du retour, NJOYA dit à ses frères : « Si à notre arrivée, le roi nous demande des trophées, nous enlèverons nos vêtements pour lui montrer le résultat de la circoncision ». NJOYA n'était pas encore pubère quand il devint le 16ème Roi des BamounBamun. Son père laissait un pays ébranlé par une défaite militaire où périrent 1500 hommes sur le champ de bataille dans un combat contre les Bansoh.

A partir vraisemblablement de 1896, NJOYA dut entreprendre des réformes qui allaient transformer le royaume et susciter l'intérêt et l'admiration des voyageurs africains ou européens qui visitèrent la région (1-). La personnalité du RoiNJOYA sera donc un atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et l'administration coloniale allemande(2-).

1. Njoya, un monarque novateur

LesBamounBamun connaissaient évidemment le travail du fer, mais les forgerons de Foumban transformaient les vielles pièces d'outillage qu'on leur remettait. Ils fabriquaient ainsi les houes et les armes dont se servait la population.

NJOYA voulut que les BamounBamun sachent aussi fondre : « Il fait installer à proximité du palais un haut fourneau chauffé au charbon de bois où l'on traite des sables ferrugineux de la région. Les forgerons de la ville qui fournissent au palais l'armement dont il a besoin peuvent ainsi s'approvisionner sur place...le haut fourneau fonctionne lorsqu'Ankermann y parvient en 1908 »1376(*).On pratiquait aussi la technique de la fonte à la cire perdue, mais elle servait à fabriquer des objets rares destinés au palais : ce fut NJOYA qui créa les grands ateliers où il réunit de nombreux artisans et encouragea la production. D'après le Sultan Seidou «NJI»MOLUH NJOYA, il a eu d'autres audaces : « Quand son père vit les boîtes de conserve que lui offrirent des amis allemands, il tenta d'utiliser la même technique pour conserver les produits locaux.Il ordonna à ses serviteurs de fabriquer des bottes par le procédé de la fonte à la cire perdue. Ceux-ci lui apportèrent les récipients, mais comme évidemment NJOYA n'avait pas pensé à demander de conseils précis à ses amis européens, il mit les aliments cuits et assaisonnés sans aucune autre précaution dans les boîtes.Il ignorait tout de la stérilisation et lorsque les conserves furent recouvertes quelques mois plus tard, les aliments étaient gâtés ; ce fut bien un échec, mais cette expérience mérite d'être citée.Il n'hésita pas à faire fabriquer un canon avec lequel il réussit à détruire quelques bananiers à une centaine de mètres de distance. Il chargera le chef de l'équipe des techniciens, MONLIPERNJIMONJAP, de faire un moulin à maïs. Cette machine, qui n'avait rien à envier à ce que présentaient à l'époque les Européens, se trouve aujourd'hui au musée royal de Foumban ». NJOYA demanda au mêmeMONLIPER«NJI»MONJAP de fabriquer une imprimerie.

Voici ce que TARDITS écrit à ce sujet : « Le monarque avant de se lancer dans cette entreprise, aurait sollicité vers 1913, les Allemands. Aucune réponse ne venant, il demanda à un artisan de réfléchir à son projet. Ce dernier réussit à fabriquer à la cire perdue dont les BamounBamun connaissaient le procédé, les quelques quatre-vingts caractères que comporte à l'époque l'alphabet. Il met ensuite au point une presse ; elle est constituée d'un plateau sur lequel on dispose les caractères, séparés par des baguettes de bois pour marquer les interlignes ; le plateau monté sur charnière, peut se rabattre sur le papier qui reçoit l'impression. En 1920, l'imprimerie est prête mais NJOYA, harcelé par l'administration française, fait dans sa fureur, fondre les caractères ». Ce fut encore sous ce règne que les BamounBamun apprirent des Haoussa à travailler le cuir, qu'ils adoptèrent la technique du tissage à pédale et commencèrent à teindre les tissus.

En définitive, le Roi NJOYA a mis en place des oeuvres utiles pour son peuple et qui ont grandement contribué à la célébration de sa personnalité par l'administration coloniale allemande.

2. La personnalité du Roi NJOYA : un atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et l'administration coloniale allemande

LesAllemands, premiers maîtres du Cameroun, instituèrent un système indirect d'administration qui allait dans le sens de ce que les BamounBamun pouvaient espérer. Le Roi NJOYA perdit une partie de ses prérogatives au profit des autorités coloniales, mais il garda des pouvoirs assez étendus pour continuer à gouverner le royaume.

La correspondance du chef de bataillon MARTIN adressée au commandant du corps d'occupation du Cameroun en est un fort témoignage : « Nous sommes en présence d'un potentat indigène qui a joué d'un pouvoir absolu sans contrôle (...) ; j'ai engagé le lieutenant Prestât tout en continuant à se montrer très ferme, très énergique à l'égard de Njoya à se servir de lui, à le guider, à en faire un auxiliaire sinon dévoué du moins intéressé en lui laissant une autorité à parenté sur les BamounBamun » 1377(*) .

De plus, le chef de subdivision français, M. RIPERT ajouta : « NJOYA est un tyran noir, élevé dans le sang, à l'orgueil démesuré, poursuivant des rêves insensés, exécutant sommairement ses adversaires, obligeant chaque famille à lui donner une fille en mariage. Il avait accédé au pouvoir après que sa mère n'eut pas hésité à supprimer tous ses frères »1378(*). Cette description traduit à suffisance un racisme fortprononcé à l'endroit du Roi NJOYA. A l'inverse, les Allemands l'ont pris pour un remarquable chef, intelligent et entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles pour son pays. L'hommage que lui rend Carl EBERMAIER témoigne de cette coopération : « Il fut le plus capable, le plus intelligent et le plus loyal de tous les chefs du Kamerun que j'ai connus ; il amena la prospérité dans son pays et développa l'agriculture, l'artisanat et le commerce et fut pour tous un modèle ».

Par ailleurs, arrivé à Foumban le 13 avril 1903, voici ce que dit le lieutenant HIRTLER sur la personnalité du Roi NJOYA : « L'autorité personnelle de cet homme, la situation relativement grande qu'il occupe et sa manière de concevoir les choses le placent très loin au-dessus des autres chefs de la région. Ses qualités propres, dont la preuve réside dans les ressources qu'il tire d'un pays étendu et peuplé, le font apparaître à la fois à la propagande de la civilisation et au développement du commerce. La réception et les soins que je reçus de lui furent grandioses. Ce que j'ai vu me fit une impression de bon ordre, qui est le meilleur témoignage de l'autorité sans bornes dont jouit Njoya ».

En somme, la personnalité du Roi NJOYA à la fois souple vis-à-vis des Allemands et entreprenante suivant les différentes réformes qu'il a mis en place au sein de son royaume, ont permis à son peuple de ne pas être soumis à la violence physique directe et implacable des conquérants étrangers.

Cependant, cette « servitude volontaire » peut être perçue comme le reflet du profil psychologique complexe et tiraillé de ce monarque africain.Nous posons l'hypothèse peut-être hérétique que NJOYA a sacrifié à la « servitude volontaire » stratégique pour circonvenir l'administration coloniale.Le greffage de l'adjectif qualificatif « volontaire » au vocable « servitude » apparaît d'ordinaire paradoxal ; mais cet oxymore offre un axe de lecture tentant pour une sociologie de la docilité. En réalité, c'est NJOYA qui délaisse sa liberté, et non le colon qui la lui prend.

La sociologie d'Erving GOFFMAN nous permet de scruter les interactions entre NJOYA et l'administration coloniale, interactions qui s'objectivent dans les « figurations » préventives, protectrices et réparatrices : tact, pondération, évitement, accommodation, collaboration, compromission font partie d'un registre de possibilités stratégiques à lui offertes par les conjonctures. C'est dire que dans cette structure de jeu, il y a une plasticité insoupçonnée qui ruine les lectures de surface.

Au contact des Allemands, il s'illustre par une anticipation rationnelle qui fait de lui une « collaboration mercenaire » : « faisons la guerre aux Blancs - « Non répondit le Roi, les Blancs sont mes amis ! » Ainsi, les Blancs s'installèrent au pays des Noirs. Tous les rois qui ont voulu s'opposer aux Blancs ont été vaincus ». Il s'agit d'une figuration préventive qui révèle un leadership transformationnel qui opère par l'alchimie de la diplomatie et de la pédagogie, la « civilisation des moeurs politiques » d'un peuple pourtant guerrier. Nous sommes là dans un cas limité de « jeu à somme non nulle comparatif » où les deux protagonistes gagnent.

Cette anticipation rationnelle du roi NJOYA permet aux parties d'émettre des signaux dont les choix finissent par converger vers une décision qui les arrange toutes. La prospérité économique du royaume et l'administration « en semi-liberté » en constituent la contrepartie. Était-il totalement acquis à la cause allemande, TARDITS demeure nuancé dans la mesure où il ne fit jamais appel aux Allemands comme le firent la plupart des chefs indigènes. Au surplus, sa mobilité tactique le porte à soutenir les Anglais en 1915 sans doute en raison d'une évaluation réaliste des rapports de force. La deuxième anticipation rationnelle a trait à ses rapports avec le christianisme. Sa demande de baptêmes auprès du pasteurGÖRING apparaît entre autres interprétations comme une sollicitation de façade, une figuration protectrice qui masquent ses amitiés nostalgiques avec les Fulani de Banyo.

En fait, les Allemands traitèrent NJOYA comme un fonctionnaire allemand et gagnèrent son attachement en lui offrant l'uniforme de lieutenant de la Garde Impériale Allemande. Le respect que le Sultan NJOYA portait aux Allemands apparaissait dans la réponse qu'il donna au Roi Rudolf DUALA MANGA BELL de Douala lorsque ce dernier lui demanda son soutien dans l'opposition à l'expropriation des terrains de Douala.

Répondant à la requête du Roi Rudolf DUALA MANGA BELL, le Sultan NJOYA s'interrogea : « LesAllemandssont mes pères, et lui (RudolfDUALA MANGA BELL) est comme mon frère ; comment dès lors pourrais-je entrer en guerre contre eux ? »1379(*)

A travers cette déclaration, nous nous questionnons sur le soutien inexistant des autres chefs locaux à l'égard de la lutte de Rudolf DOUALA MANGA BELL qui peut témoigner du manque de solidarité et d'entraide qui prévaut toujours dans notre société et entérine une fois de plus le principe de « diviser pour mieux régner ».

C. LE SOUTIEN INEXISTANT DES AUTRES CHEFS LOCAUX A L'EGARD DE LA LUTTE DE RUDOLF DOUALA MANGA BELL

On a dénoncé une mission chez FONJONGA, chef Bali connu, mais on n'a pas pu le prouver1380(*). On a cependant trouvé des contacts avec le chef TATA1381(*) de Bagam et avec le chef NJOYA de Bamun. Par ces intermédiaires, les Duala informaient le chef BAGAM de leurs actions et lui faisaient comprendre qu'ils comptaient sur son soutien. Celui-ci n'était pas assez téméraire pour oser et avoua ce qu'il savait quand on l'interrogea1382(*). L'un des souverains camerounais les plus importants que les émissaires Duala rencontrèrent en avril 1914 fut le Sultan BamounBamun, NJOYA.

1. L'envoyé de Rudolf Douala Manga Bell au Roi Njoya : Ndame.

L'envoyé des Duala auprès du Sultan NJOYA était NDAME qui au nom de Rudolf MANGA BELL, demanda au Sultan NJOYA de soutenir les Duala dans leur lutte contre les autorités coloniales allemandes. L'émissaire NDAME arriva à Foumban le 26 avril 1914. Il était BamounBamun de naissance et avait été vendu à Bodiman et travaillait comme ouvrier depuis mars 1911. Il fut pris en confiance par le tailleur EKANDENGONGI, un homme de BELL, et en accord avec RUDOLF MANGA BELL, chargé de transmettre oralement un message au chef NJOYA. NJOYA, un homme doué d'une intelligence diversifiée, qui avait déjà obtenu des résultats extraordinaires sur le plan économique et culturel, mais qui en matière de politique pensait en premier lieu à son pouvoir personnel, l'écouta en présence de ses conseillers.

NDAME dit : « Le temps pour lequel le traité a été conclu avec les Allemands en 1884 est révolu. MANGA veut aider les noirs à sortir du fossé dans lequel ils sont tombés et à combler ce fossé ». Il insista sur le fait que les autochtones ne voulaient pas autoriser l'expropriation de leurs terres.

Par ailleurs, il présenta au Sultan NJOYA le fait que Rudolf MANGA BELL souhaitait demander le soutien de l'Angleterre et s'apprêtait à reconnaître la souveraineté de ce pays au lieu de celle de l'Allemagne. NDAME termina son appel au Sultan NJOYA en lui disant qu'en cas d'acceptation de la requête du roi Rudolf DUALA MANGA BELL, il devait envoyer un émissaire à Douala. Il déclare en effet : « Les Allemands sont injustes, ils n'aiment pas les chefs des Noirs, mais les tourmentent et prennent beaucoup d'argent aux Noirs... Les Anglais par contre n'agissent pas ainsi. DOUALA MANGA a besoin du soutien des chefs en vue et si NJOYA est d'accord, qu'il veuille envoyer un émissaire à Douala »1383(*).

Le Sultan NJOYA rejeta la demande du Roi BELL et, entre autres choses, il déclara : « LesAllemands sont mes maîtres, qu'ils me fassent du bien ou du mal, je leur reste fidèle... Moi, NJOYA, je sais que je si donne mon nom pour cette affaire et que les Allemands l'apprennent, ils m'attraperont avec Manga et Fonyonga et nous tueront, parce que nous aurons trahi l'Empereur (allemand) ». Dans la soirée du 27 avril 1914, NJOYA rendit visite avec ses huit conseillers au missionnaire bâlois GEPRAGS à Foumban et, ému, il lui demanda conseil. Le missionnaire lui conseilla de tout noter par écrit.

Le 28 avril de la même année, NJOYA donna les notes au missionnaire GEPRAGS qui les remit aux autorités allemandes et NDAME fut arrêté par ces dernières1384(*). Cette trahison aboutit à l'arrestation de Rudolf MANGA BELL, NGOSSO DIN, EKANDENGONGI, MFOMU et bien d'autres.

2. Un « soupçon de trahison » enterré1385(*) ?

Tout débute en décembre 1913 avec l'opération de « déguerpissement » forcé. Le 12 janvier 1914, une troupe de 850 soldats débarque et prend d'assaut la ville de Douala. Les chefs indigènes décident alors d'envoyer NGOSSO DIN, secrétaire de MANGA BELL, en Allemagne de manière illégale, afin qu'il plaide leur cause devant l'opinion publique et le Reichstag pour arrêter l'expropriation. Il reçoit l'aide du juriste Dr HALPERT et du journaliste HELMUT VON GERLACH.

Le travail de NGOSSO DIN porte finalement ses fruits, car le 18 mars 1914,la commission budgétaire du Reichstag décide, à titre conservatoire, de ne pas accorder les moyens financiers demandés par le gouverneur allemand. Parallèlement, Rudolf DOUALA MANGA BELL s'efforce de persuader un maximum de tribus en dehors des Duala de se mobiliser contre l'autorité coloniale. Il envoie des émissaires aux chefs de l'Ouest, comme TETTANG de Bagam, et au sultan NJOYA des Bamun à Foumban.

Il est important de noter que MANGA BELL avait la nationalité allemande, avait étudié en Allemagne, son fils y vivait, et lors de sa première rencontre avec NJOYA, huit ans avant les événements de 1914, c'était dans le salon du gouverneur allemand. À cette époque, NJOYA, en tant que Bamun, n'était pas allemand, ne parlait pas la langue allemande et était traduit en tout temps. Aucun de ses fils n'était allé en Allemagne, mais un capitaine allemand avait péri à Bansoh lors d'une guerre où les Bamun étaient alliés aux Allemands pour récupérer le crâne du Roi NSANGU, père de NJOYA. La signification d'un tel crâne pour NJOYA en tant que père et Roi amène à se poser des questions sur la relation de force entre les Allemands et NJOYA, ou entre MANGA BELL et NJOYA.

Il est également important de rappeler qu'au cours de la visite de NJOYA à Buéa en 1906, les Bakwéri, qu'il a également visités, revendiquaient leurs terres expropriées par les Allemands et étaient réprimés par les soldats commandés par Martin PAUL SAMBA, tandis que les jugements des expropriations étaient rendus dans les tribunaux où MANGA BELL était clerc.

Ainsi, il est nécessaire de se demander qui a trahi qui. La trahison implique une trahison de confiance, de dissimulation et de retournement contre son camp pour rejoindre celui de l'adversaire en échange d'un privilège, d'une position ou d'une amnistie.En 1914, NJOYA est roi des Bamun et entretient de bonnes relations cordiales avec les Allemands, qui pratiquent le système de « Indirect Rule » dans tout le Cameroun, qui n'est plus seulement un protectorat mais une colonie allemande depuis plus de 25 ans. Il a intégré les principes politiques des relations avec les colons, qui respectent son pouvoir et l'ont d'ailleurs aidé à le consolider.

Pendant ce temps, MANGA BELL n'était plus fonctionnaire allemand et avait succédé à son père en tant que Roi en 1910. Ses relations avec les Allemands s'étaient détériorées depuis qu'ils avaient déplacé la capitale de Buéa à Douala à la suite du séisme, et qu'ils avaient repris le projet d'expropriation pour agrandir Douala. C'est à cette époque que MANGA BELL, conscient des tensions entre les grandes puissances (France, Royaume-Uni et Allemagne), décide avec son ami Martin PAUL SAMBA de lancer un soulèvement des rois camerounais.

Il écrit aux rois de Bali, Bana, Bagham et NJOYA pour les inviter à se joindre à leur combat. Le messager envoyé à NJOYA est NDAME, qui faisait partie de la première promotion des Bamun envoyée à la mission de Bâle à Bali en 1902 pour apprendre l'allemand et la théologie protestante.

Pendant les dissensions entre NJOYA et MOSE YEYAP entre 1906 et 1908, NDAME était parti avec un évangéliste Duala qui officiait à Foumban pour approfondir ses études à Douala. Il est important de noter que NDAME était considéré comme un renégat par le roi des Bamun avant son départ de Foumban, et donc potentiellement un traître qui pourrait comploter contre lui ou contre le royaume.

Maintenant, passons aux questions posées :

· Entre la visite de NJOYA à Douala et Buéa en 1906, la rencontre entre NJOYA et MANGA BELL par l'intermédiaire du gouverneur allemand, et l'accession de MANGA BELL au trône en 1910, les deux rois ont-ils eu des accords politiques ?

· MANGA BELL trouvait-il plus respectueux d'envoyer un messager pour une affaire aussi importante plutôt que de se déplacer lui-même pour rendre visite à NJOYA, qui avait visité son père roi en 1906 ? Et quel messager choisir ?

· Pourquoi MANGA BELL a-t-il choisi NDAME, un Bamun considéré comme un renégat et travaillant comme homme d'église, comme messager de confiance (sachant que les religieux chrétiens étaient soumis aux colons) ?

· NJOYA était-il un roi jaloux de sa royauté ou un souverain de MANGA BELL qui obéissait à son injonction ? Avait-il le droit d'évaluer les chances de succès d'une telle aventure ou les risques d'un piège ? Sachant qu'à leur dernière rencontre, MANGA BELL était un fidèle allemand, sujet de Sa Majesté l'empereur allemand. Et le porteur du message, qui était un traître du palais.

Beaucoup parlent de politique et d'histoire sans vraiment comprendre leur contexte, car « l'histoire est la matrice de la politique ». Face à tous ces indices qui ressemblent de plus en plus à un piège, NJOYA est tourmenté dans son âme, ne sachant pas si MANGA BELL, qu'il a rencontré auparavant comme allié des Allemands qui a étudié en Allemagne, ainsi que son fils vivant en Allemagne, est sérieux dans sa rébellion contre les Allemands ou s'il s'agit d'un piège orchestré par MANGA BELL lui-même en collaboration avec les Allemands pour tester sa loyauté. Malgré tous ces doutes, NJOYA s'abstient car il sait que c'est dangereux d'en parler à quelqu'un. Mais malheureusement, son interprète a déjà tout rapporté aux Allemands.

Immédiatement, les Allemands se rendent au palais pour obtenir une déposition de NJOYA. NJOYA va refuser de le faire une déposition car il sait qu'il passerait pour un traître aux yeux de la nation. Les Allemands promettent à NJOYA de considérer son peuple comme coupable s'il refuse de faire la déposition. Il faut un bouc émissaire comme NJOYA, pour assumer le rôle du traître. La situation échappe à son contrôle, indépendamment de sa volonté, NJOYA est contraint de faire une déposition sur tout ce qui a été dit entre lui et le messager traître, sinon son peuple sera considéré comme l'ennemi des Allemands. Nous savons tous ce que cela implique d'être un ennemi des colons à cette époque.

Il doit faire un choix rapidement. Soit il fait une déposition en espérant que la vie de son peuple soit épargnée, soit il garde le silence et subit et son peuple subit les conséquences. Les colons allemands savaient que mourir ne lui faisait pas peur. Mais la vie de ses sujets en danger, oui. Après mûre réflexion, il accepte de prendre la place du traître et d'assumer la responsabilité d'avoir trahi la rébellion de Rudolf DOUALA MANGA BELL et Martin PAUL SAMBA. Nous savons que NJOYA était un roi soucieux de l'avenir de son peuple. Le lendemain, MANGA BELL est pendu et Martin PAUL SAMBA est fusillé. Le contenu de la déposition de NJOYA est dévoilé au grand jour par les Allemands.

Tout le monde le traite de tous les noms sans savoir ce qui s'est vraiment passé. Dès lors, ceux qui voyaient le signe du « serpent à deux têtes » comme un signe de bravoure et de fierté ont commencé à le voir comme un signe de traîtrise. Dès lors il n'a plus jamais été en bons termes avec les Allemands jusqu'à leur départ en 1916. C'était le début de leur chute.

La véritable question est : qu'auriez-vous fait à sa place ? Auriez-vous laissé périr votre peuple pour une cause dont vous n'étiez pas sûr du bien-fondé, ou auriez-vous fait la déposition et assumé le rôle du traître ?1386(*)

Dans le second paragraphe, nous allons voulu aller plus loin. Il s'agissait pour nous de parler de la remise en question de la perception de l'administration coloniale allemande par le RoiNJOYA. En d'autres termes, si celle-ci est fondée ou non ?

PARAGRAPHEII : LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA

A l'instigation du Secrétaire d'État Edward GREY en février 1916 au cours d'une réunion interministérielle à laquelle assistaient des fonctionnaires du « Foreign Office », il fut décidé que la Grande-Bretagne céderait le Cameroun à la France afin de ranimer son ardeur. Par la suite, EdwardGREY demanda à Lancelot OLIPHANT d'informer le diplomate français PICOT qui se trouvait à Londres à l'époque, de la décision britannique.

Ainsi, deux hommes siégeant à Londres dessinèrent arbitrairement des lignes sur la carte du Cameroun et divisèrent le territoire en Cameroun Français et Britannique sans aucune connaissance sur la population indigène concernée. Le partage plaça certains Camerounais sous l'autorité française malgré leur désir d'être dirigés par les Britanniques. Ce fut le cas du Sultan NJOYA des BamounBamun qui demanda au Roi d'Angleterre de prendre le contrôle de son royaume.

Le Sultan NJOYA adressera une lettre au Souverain britannique1387(*) pour lui faire part de ses intentions et traduit à travers cet acte de l'ambigüité des relations entretenues entre son royaume et les agents coloniaux allemands(A-).

A travers cet acte, nous nous posons la question de savoir si la perception du Roi NJOYA à l'égard de l'administration coloniale allemande était réellement fondée (B-) ?

A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE EST-ELLE FONDÉE ?

Dans une lettre adressée au Souverain britannique et écrite au début de l'année 1916, le Sultan NJOYA déclarait : « Moi, Njoya, seizième Roi des BamounBamun envoie mes humbles salutations au grand Roi d'Angleterre qui fait fuir les hommes dangereux et met ceux qui sont gênants en prison.

Je remercie le Grand Roid'Angleterre d'envoyer ses soldats forts pour libérer mon pays... Ils m'ont délivré des mains des Allemands qui sont des hommes de l'obscurantisme qui n'ont pas de biens, qui sont des menteurs, qui ennuient continuellement les populations.

J'ai rassemblé toutes mes populations et elles souhaitent toutes appartenir au Roi d'Angleterre et à ses enfants et aux enfants de ses enfants. Puisse-t-il les prendre dans ses mains et comme un père prend ses enfants puisse-t-il leur montrer la sagesse et les aider à leur enseigner à être des hommes forts comme les Anglais eux-mêmes.

Il souhaite suivre le Roi d'Angleterre et être son serviteur avec mon pays pour que ma terre soit rafraichie de rosée et pour que les Allemands et toutes les choses sales puissent être chassées. Tous mes sujets, tout mon peuple, nos hommes et nos femmes âgées, mes hommes et mes filles, les faibles et les forts le désirent.

J'ai une très petite chose dans mes mains que je souhaite offrir humblement au Roi d'Angleterre. C'est la chaise sur laquelle moi et mes pères nous nous sommes toujours assis et qui est ma force et ma puissance. Il y a aussi les deux grandes défenses d'éléphant qui sont à chacun de ses côtés. La chaise et les défenses ne sont rien pour son AltesseRoyalele Roi d'Angleterre mais c'est tout ce que j'ai.

J'accepte le drapeau anglais qui est hissé sur ma ville. J'adresse mes remerciements ; je dis trois fois ma gratitude et donne ma terre et tout ce que j'ai aux Anglais.

Njoya, 16ème Roi des BamounBamun ».

Les propos durs du Sultan NJOYA à l'encontre des Allemands dans sa lettre au Roi d'Angleterre apparaissaient en contradiction avec l'admiration et le respect qu'il montrait à leur égard avant l'occupation anglaise du pays BamounBamun. Cette contradiction est peut-être due au fait que les Allemands ont privilégié leurs intérêts notamment en ce qui concerne la langue allemande qui fut imposée sur toute l'étendue du territoire national en général et en pays BamounBamun en particulier(1-) et ont ainsi muselé le Roi NJOYA et la langue Shumom(2-).

1. La politique linguistique comme outil d'appui à l'impérialisme allemand au Cameroun

Le BamounBamun, appartient au groupe de langues semi-bantou au sein de la famille des langues négro-congolaises. Le Roi NJOYA a créé des écoles de « Shumom » en 1896 et plus tard, 48 écoles furent créées sur tout le territoire BamounBamun et aussi dans le Haut-Nkam, dans les Bamboutos et à Bana, où il existait une inspection scolaire.

LesAllemands ont encouragé cette initiative mais pas les Français qui verront en celles-ci un obstacle à leur processus de colonisation car cela passait par les églises et les écoles pour asseoir leur domination. « L'école du Blanc » est donc restée vide.

La politique linguistique allemande, définie depuis par la loi du 24 avril 1910, constitue une véritable déclaration de guerre lancée aux langues locales. La langue allemande est désormais le seul instrument de communication dans les écoles du territoire. Cette attitude de l'administrateur colonial allemand ZECH confirme cette position hostile aux langues locales : « Je ne peux pas admettre que l'enseignement chrétien en langue locale soit dans l'intérêt de la colonie... Avec l'étude de la langue et son élévation au rang de la langue écrite, le sentiment national des indigènes va sans doute s'éveiller, mais en aucun cas un sentiment allemand ou de sympathie pour l'Allemagne, seulement l'opinion illégitime, reposant sur une illusion et jusqu'à alors inconnues, du sens de leur propre nation, de leur communiqué... Ceci n'est pas une langue locale qui doit être le trait d'union entre les indigènes et leurs responsables allemands ni entre les peuples de langues différentes ; c'est l'Allemand1388(*). (Voir les Annexes 13 & 14 : ce sont des correspondances qui interdisent désormais les correspondances en langue anglaise, en langue duala ou toute autre langue camerounaise).

Partant de là, l'installation des musulmans et des chrétiens à Foumban constitue également un véritable goulot d'étranglement de la langue BamounBamun en ce sens que les premiers, les musulmans, ont une seule langue sacrée, l'arabe qui permet d'accéder à Dieu.En acceptant donc la foi islamique,le croyant BamounBamun devait renoncer à sa propre langue, le BamounBamun pour adopter la langue des autres, l'arabe. Le second groupe, les missionnaires chrétiens bâlois sont plus zélés dans un premier temps pour la marginalisation de la langue BamounBamun.

Depuis leur arrivée au Cameroun, les Bâlois ont jeté leur dévolu sur deux langues, le « duala » pour l'évangélisation des côtes camerounaises et le « Bali » pour l'évangélisation des Grasslands. Le missionnaire Ernst VOLLBEHR, détaché de la région de Bali pour fonder la station missionnaire de Foumban, « était d'avis que l'apprentissage de la langue Bali pour les enfants bamounBamun dans l'école missionnaire en création ne serait pas aussi difficile que le haut allemand pour les enfants suisses »1389(*).

Même le linguiste CarlFriedrichMichaelMEINHOF, consulté par l'Églisedonne un avis défavorable sur la langue BamounBamun.1390(*)Mais, toutes ces barrières tant au niveau externe qu'interne n'ont pas entamé le génie du Roi NJOYA dont la plus belle expression demeure l'oeuvre linguistique1391(*).

Par la suite, on va assister progressivement au musellement du Roi NJOYA et de la langue « Shumom ».

2. Le musellement du Roi Njoya et de la langue « Shumom »

Une telle oeuvre ne lui attire pas seulement l'admiration mais elle lui crée également un certain nombre d'ennuis. La marginalisation de NJOYA du fait de son système d'écriture et de sa langue commence avec les Allemands et atteint son paroxysme sous l'administration coloniale française avec la déportation du Sultan NJOYA à Yaoundé.

A partir du principe « diviser pour mieux régner », les autorités allemandes ne peuvent apprécier l'oeuvre linguistique de NJOYA en ce sens qu'elle heurte les intérêts linguistiques allemands. Surpris par une telle prouesse intellectuelle et artistique, les colons allemands trouvent une autre solution qui consiste, à défaut de détruire ce chef-d'oeuvre culturel, à transférer les meilleures valeurs culturelles de NJOYA à Berlin.

Sous le fallacieux prétexte d'échanges de dons, les plus précieux trésors BamounBamunse retrouvent au musée de Berlin comme l'avoue ici le gouverneur SEITZ : « Ces objets ont une valeur inestimable. C'est pourquoi j'ai tenté de le protéger pour le musée de Berlin, immédiatement, par l'intermédiaire du CapitaineRAMSAYde l'existence du fauteuil royal après avoir pris connaissance que le Capitaine CLAUNING était chargé des négociations. Le 27 février 1908, j'ai eu l'honneur d'exposer nos récentes acquisitions à Sa Majesté l'Empereur notamment l'écriture inventée, en lui annonçant que la petite banquette arrière serait ajoutée au siège royal, dès que ce chef intelligent et fidèle voudra reconnaître le soutien militaire que nous lui avons apporté ».1392(*)

Contre les Français qui voulaient détruire son autorité et s'en prendre directement au peuple BamounBamun, il s'est redressé fièrement pour faire face à cette adversité. Les autorités françaises n'eurent pour seul recours que de la contraindre à l'exil. Ce fut l'occasion pour le peuple BamounBamun de faire la preuve de son amour pour son souverain et n'eut été la volonté de ce dernier de ne plus voir le sang de son peuple verser pour lui, celui-ci aurait pris des armes pour empêcher cet exil. Ce peuple le suit même dans son exil à Yaoundé, amenant son « geôlier » présumé à le considérer plus en souverain en visite à Yaoundé qu'en un exilé dans cette ville.

Le Roi NJOYA a été soumis à une triple domination extérieure : allemande, anglaise et française. Comme un roseau, il a su plier quand l'adversité était forte et rester fièrement debout jusqu'à rompre pour l'intérêt de son peuple qui était menacé. Par cette attitude, il a su tenir à distance Allemands et Anglais protégeant de ce fait le peuple BamounBamun contre certaines rigueurs coloniales.

Cette attitude politique du roseau du RoiNJOYA est un exemple que les Africains doivent copier : savoir plier quand l'adversité est forte, mais savoir rester ferme au point de rompre quand les intérêts vitaux de l'Afrique sont en danger. Pour ce faire, il faudrait en permanence faire la preuve de son amour pour son peuple et son pays qui sauront rendre la pareille en cas d'adversité...

Suivant l'argumentaire qui vient d'être énoncé, nous pouvons déduire que la perception du RoiNJOYA à l'égard de l'administration coloniale allemande était fondée et des arguments supplémentaires non négligeables en font l'écho.

B. SIOUI, POURQUOI ?

La visite que le Roi NJOYA rendit en mars 1908 à THEODOR SEITZ, gouverneur du Cameroun1393(*) basé à Buéa, capitale de la colonie, constitue l'évènement charnière qui influença grandement à l'avenir le comportement du monarque.

Composé de près de 200 personnes dont ses meilleurs soldats et de nombreux sujets, le cortège s'ébranla aux environs de 04 heures du matin avec, en tête, NJOYA, montant à cheval, escorté par sa garde montée.1394(*) Après 08 jours de marche, l'entrée du cortège royal dans la ville de Buéa fut solennelle. Les plus belles armes, les plus riches vêtements, les harnachements les plus brillants pour les chevaux composaient une véritable féérie de couleurs. Le missionnaire GÖRING servait d'interprète.1395(*)

Pendant ce temps, YUNYATOU, le griot préféré du roi, mais aussi l'homme de confiance qui était arrivé à Buéa quelques jours avant en éclaireur pour recueillir le plus possible d'impressions et de renseignements pouvant être utiles à NJOYA dans ses rapports avec le gouverneur au cours de cette exceptionnelle rencontre, exécutait les chants de louanges. A son tour, le gouverneur évoqua les possibilités d'entente et de collaboration, sans omettre de souligner avec force la grandeur de l'empire allemand.1396(*) Le programme de la visite était loin d'être achevé : les deux parties s'entendirent pour organiser des compétitions qui clôtureraient des réjouissances consolidant l'amitié entre BamounBamun et Allemands.

La première compétition fut le concours de tir au fusil, donc une épreuve de l'adresse. Six hommes parmi les meilleurs furent retenus dans chaque camp.

Les BamounBamun, dont le Roi NJOYA, très habile au maniement du fusil, atteignirent tous la cible, contrairement aux officiers allemands qui, assez maladroits, ne réalisèrent que de maigres performances. La deuxième compétition fut le tir à la corde, donc une épreuve de force. Deux équipes se formèrent ; le jeu consistait à ne pas se laisser entraîner au-delà de la ligne qui marquait entre elles une séparation. Trois arbitres, dont un côté de chaque groupe conçurent et, sur la ligne de séparation, l'arbitre principal, veillaient au respect des règles du jeu. Cette fois-ci encore, les BamounBamun sortirent vainqueurs.

Ces deux victoires des BamounBamun sur les Allemands marquèrent le point de départ du refroidissement des relations entre le roi NJOYA et le gouverneur du Cameroun, ThéodoreSEITZ. Le jour suivant, dans une atmosphère un peu timide, les deux procédèrent à l'échange des cadeaux. C'est à cette occasion que NJOYA offrit au gouverneur, à l'intention de l'Empereur GUILLAUMEII, le fameux trône « MandouYenou », orgueil du peuple BamounBamun, le plus beau des trésors royaux, fait tout entier de perles.

Il sera envoyé en Allemagne et placé au Musée d'Ethnologie de Berlin où il continue, jusqu'à ce jour, à attirer de nombreux touristes. A ce prestigieux cadeau s'ajoutèrent d'énormes défenses d'éléphant, des panneaux et des meubles sculptés, des poteries, des objets d'art en bronze, en fer, anciens et nouveaux. 

A son tour, Théodore SEITZ offrit à NJOYA non pas la totalité des présents qu'il lui avait réservées, parmi lesquels les armes et munitions annoncées par YUN YATOU, mais seulement une tente de campagne, une tenue militaire, des sacs de sel, quelques jolies assiettes et des gobelets de métal marqués du signe impérial, et des parures pour les épouses royales.1397(*)

C'est que, à la suite de la victoire nette et éclatante que les soldats du Roi NJOYA remportèrent sur les soldats allemands au cours des épreuves de tirs au fusil et à la corde, le gouverneur, redoutant le monarque BamounBamun, refusa de lui remettre les armes dont l'usage pourrait se révéler, à l'avenir, dangereux pour le pouvoir colonial allemand. Autrement dit, les démonstrations de force de NJOYA ont provoqué, chez le gouverneur, un sentiment de profonde circonspection.

Il faut d'ailleurs ajouter qu'en 1906, grâce aux Allemands, NJOYA a pu récupérer le crâne de son père NSANGU, gardé depuis des années comme trophée dans le palais du roi des Bansoh à Kumbo. Le crâne du roi défunt jouant un grand rôle dans le rituel BamounBamunde l'installation du roi, cette légitimation de sa souveraineté avait été, jusqu'à présent, refusée à NJOYA. On peut donc dire que la stratégie politique de NJOYA vis-à-vis des Allemands a été à la fois un succès et un échec.

En fin de compte, le Roi NJOYA apparaît comme un fin stratège politique(1-) et a mis fin au mythe de l'infériorité du Noir(2-).

1. Le Roi Njoya, un fin stratège politique

Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d'une cité grecque, qu'il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l'Empire byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire.

Dans la Grèce contemporaine1398(*), le stratège est un général et a le rang d'officier le plus élevé1399(*). Dans l'empire byzantin, à partir du VIIème siècle, un stratège est le commandant d'un thème et de son armée. Il est le détenteur des pouvoirs civils et militaires au sein de cette province.

Le terme « monostratège »1400(*) désigne un stratège qui a autorité sur plusieurs thèmes1401(*). L'origine du mot vient du grec « strategos »1402(*) qui a donné le latin « stratagema »1403(*), ce qui fait de cette pratique l'art du général. Son sens moderne est double, si l'on choisit de mettre l'accent sur le savoir ou sur la méthode. La stratégie est définie comme la science ou l'art de l'action humaine finalisée, volontaire et difficile.

Finalisée c'est-à-dire tendu vers des buts identifiés avec précision, volontaire dans la mesure où la volonté de l'unité agissante représente une condition fondamentale pour la réalisation de l'objectif ; difficile c'est-à-dire que cette réalisation demande des efforts substantiels pour surmonter les obstacles assez élevés pour entretenir l'incertitude au moins pendant un certain temps1404(*).

La stratégie est au coeur de la praxéologie, elle concerne tous les domaines de l'action en particulier la conduite des organisations de toute nature. Elle est un art qui se conjugue avec d'autres arts sociologiques tels que la guerre ou encore la politique...

· Politique et stratégie : deux notions aux contenus complexes...

Le Général OLLION1405(*) distingue trois (03) postulats qui permettent de mieux appréhender de façon claire les notions de stratégie et de politique :

1°) La stratégie ne se confond pas avec la politique, elle lui est étroitement subordonnée. Il importe en premier lieu de situer la stratégie par rapport à la politique. Pour faire apparaître ce qui les distingue, on peut dire que la politique se réalise normalement par les voies de la diplomatie, de l'économie, etc...

De telles activités sont adaptées à la poursuite des objectifs nationaux, tant que ne surgissent pas d'obstacles insurmontables pour chacune d'elles, ou une menace atteignant l'ensemble de la vie nationale.

Mais si tel est le cas, il faut qu'une volonté unique coordonne étroitement, dans une action de contrainte, tous les moyens, de quelque nature qu'ils soient, qui peuvent aider à franchir l'obstacle ou à supprimer la menace. On voit alors se manifester à l'échelon le plus élevé de l'Etat une action de stratégie générale qui donne naissance aux échelons subordonnés, non seulement à une stratégie militaire, mais aussi à des stratégies particulières1406(*), suivant une hiérarchie qui est celle des responsabilités réellement exercées.

Ainsi la stratégie générale apparaît-elle, dans son essence, comme l'application de la politique avec une intention de contrainte, face à une volonté adverse suscitant obstacles ou menaces.

Il ne peut donc y avoir de stratégie authentique sans qu'ait été préalable définit une politique, et il ne subsiste pas le moindre doute sur la constante subordination de la première à la seconde qui constitue sa raison d'être.

2°) Nécessaire coexistence de la stratégie et de la politique

Le caractère total que peuvent revêtir les conflits modernes conduit à concevoir une stratégie totale et, partant, une politique totale dans laquelle cette stratégie puisse trouver sa source.

Mais il faut souligner qu'une telle politique totale ne peut exister, dans le monde occidental actuel, que pour inspirer une stratégie totale lorsque celle-ci est rendue nécessaire par la conjoncture ; hormis ce cas, il n'y a que la politique au sens traditionnel du mot. Si en effet la politique d'un pays avait en permanence le caractère d'une politique totale, appliquée par les méthodes d'une stratégie totale, toutes les activités intérieures et extérieures, publiques et privées devraient être constamment et exclusivement ordonnées à cette politique. L'organisationde l'Etat et celle de tous les groupes sociaux devraient être conçues en fonction de ce but.

Dans le monde moderne, chaque pays entretient aisément des relations avec tous les autres ; aucun n'est complètement indifférent aux problèmes des autres et tous participent plus ou moins au règlement des questions importantes.

De grands blocs rivaux se constituent auxquels il faut participer pour bénéficier de leur puissance sans se laisser absorber au point de perdre son indispensable et légitime autonomie.

Il n'est donc pas douteux que l'on doit toujours être prêt à user soit de relations normales soit de procédures de conflit et pouvoir orienter au même moment son action dans les voies de la politique vis-à-vis des uns et de la contrainte stratégique vis-à-vis des autres.

3°) Le problème du passage de la politique à la stratégie

Comment, en effet, concevoir ce passage de la politique à la stratégie pour qu'il puisse être à la fois facile, rapide et réversible, c'est-à-dire capable de répondre à la demande d'évènements qui, aujourd'hui, modifient les situations dans de très courts délais ?

Comment les moyens de la contrainte, c'est-à-dire de la force et même parfois de la force armée, peuvent-ils être toujours disponibles pour donner à cette manoeuvre une efficacité suffisante ?

Comment enfin organiser ce changement de style d'action pour qu'il soit réalisable au moment du besoin ?

La perspective stratégique impose de faire intervenir aussi des volontés extérieures, éventuellement hostiles, avec leurs répercussions possibles sur les objectifs nationaux. Il faut donc obligatoirement entrer dans le monde des hypothèses, les classer, en dégager les facteurs communs et voir en même temps les principaux aléas d'une véritable manoeuvre et les moyens qu'ils peuvent exiger. La pensée militaire, avec ses méthodes et son expérience, peut être à cet égard une aide précieuse, mais à cet égard seulement car elle n'est pas en mesure d'embrasser l'ensemble du problème.

Les principales étapes de sa solution semblent en effet pouvoir être décrites comme suit - atteindre le niveau de réflexion voulu pour savoir toujours rapporter les aspects divers de chaque activité à l'échelon des responsabilité effectivement habilité pour en traiter - acquérir la sûreté de jugement indispensable pour distinguer à coup sur ce qui nécessite ou non l'usage de la contrainte - s'entraîner à une sorte d'agilité d'esprit qui permet en toutes circonstances d'organiser les moyens existants en vue d'un effort particulier.

Enfin, le problème n'a de chances d'être résolu que si toutes les personnalités susceptibles de participer aux grandes activités de l'Etat ont été amenées à s'engager ensemble dans un tel travail de réflexion et de formation1407(*).

Partant de là, le Sultan NJOYA, un vrai Africain, avait le sens de donner et de partager. Mais est-ce que certains milieux européens ne considéraient pas ses cadeaux comme calculés?

· Njoya ou la mise en place d'une stratégie du don

Les relations du monarque BamounBamun avec les Européens semblent être plus complexes. NJOYA a eu tour à tour des relations avec les Allemands, les Anglais et les Français. J'ai été frappé par la façon dont certains auteurs africanistes comme CHRISTRAUD GEARY1408(*) ont intercepté le don du trône royal fait au « Kaiser » allemand en 1908, ainsi que la promesse de cadeau faite au roi anglais en 1915 et consignée dans un document d'archives lorsque ces derniers occupèrent Foumban un court laps de temps.

Il y voit des dons calculés. GEARY1409(*) semble présenter NJOYA comme un calculateur, offrant le trône en signe de gratitude au Kaiser allemand suite à l'attaque de 1906 contre ses voisins Bansoh et la récupération d'une partie des restes de son père1410(*) gardée en trophée.

Un autre exemple de son "jeu" est donné avec une photo prise avec un uniforme allemand, avec des épaulettes, une tenue confectionnée par ses propres tailleurs. Sur le même registre, GEARY écrit que lorsque les relations avec l'Allemagne devinrent froides, en 1912, il sembla plus proche des Foulbé en arborant une tenue musulmane. GEARY ne connaissant pas le sens du cadeau chez l'Africain dit aussi que le Sultan était déçu du cadeau donné en retour par le Kaiser : un appareil musical.

Une autre interrogation à mon avis pertinente est l'interprétation des relations entre NJOYA et le marchand RudolphOLDENBURG. Sur cette photographie, on le voit poser son pied sur le trône royal sur lequel est assis NJOYA.

Figure N° 12 :Le Roi NJOYA et le commerçant OLDENBURG, photo prise par Hélène OLDENBURG, en 1912 à Foumban.

Source : Courtesy Basel Mission Archives. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndijkman.com et consulté le 06 avril 2021.

A Berlin, un collègue allemand m'a dit que selon un spécialiste, ce geste aurait fâché la garde rapprochée du Sultan. « C'est ce dernier qui la dissuada de ne pas le corriger. Pourquoi ? Est-ce un signe de manque de respect ou de familiarité entre les deux hommes1411(*)» ? On peut déduire une forme de mépris de la part du commerçant allemand qui ne voyait en NJOYA qu'un nègre, qu'un indigène même s'il était un monarque craint et respecté par ses sujets. On peut y voir également un acte de provocation pour inciter NJOYA à se rebeller contre l'administration coloniale allemande et ainsi justifier des actes militaires contre ce souverain et son peuple.

Du côté du Roi NJOYA, on peut y percevoir la volonté de ne pas froisser l'administration coloniale allemande et de préserver à long terme son peuple. Cela montre la subtilité du RoiNJOYA qui savait qu'il ne pouvait pas lutter contre ses envahisseurs du moins par les armes mais plutôt par la ruse. Comme le souligne HEGEL et FICHTE, la brutalité est la règle dans les rapports entre les groupes.

On retrouve des idées similaires dans « Jenseits von Gut und Bose »1412(*), NIETZSCHE écrit en effet : « Ici, il faut aller au fond de la pensée et se débarrasser de toute faiblesse sentimentale : la vie elle-même est avant tout appropriation, blessure, victoire sur l'étranger et le plus faible, oppression, violence, imposition de ses propres normes, annexion et dans le meilleur des cas, exploitation (...). L'exploitation n'est pas le fait d'une société corrompue et imparfaite ou primitive. Elle fait partie de l'être de tout ce qui vit et en est la fonction organique de base, elle est la conséquence de la volonté de vivre »1413(*).

En d'autres termes, le Roi NJOYA voulut tirer profit de sa rencontre avec l'Occident. Il avait cherché à s'approprier le monde de l'Autre et le fondre dans le sien dans une alchimie qui allait donner naissance à un nouvel être au confluent des cultures. Et voilà NJOYA l'Africain acceptant son hybridité comme valeur de civilisation par laquelle il conquiert le monde et s'y positionne positivement en se dépouillant des scories, pour une synthèse intelligente des valeurs1414(*).

Par ailleurs, grâce au RoiNJOYA et ses innombrables oeuvres, on a assisté à la fin du mythe de l'infériorité du Noir.

2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de l'infériorité du Noir

L'idéologie coloniale développée par les penseurs comme le Comte Joseph Arthur DE GOBINEAU1415(*), Friedrich HEGEL1416(*), ou le médecin colonial Ludwig KULZ considère le Noir comme un être inférieur, un éternel attardé mental, dénué de toute capacité intellectuelle : « Pour rien au monde, soutient Ludwig KULZ, nous ne devons considérer les indigènes comme nos frères, mais comme notre enfant mineur »1417(*).

Les thèses attribuées à DE GOBINEAU sont combinées à celles de DARWIN1418(*), aux résultats de la recherche génétique pour élaborer une théorisation sur la variation, la sélection, l'amélioration et la décadence des groupes humains.

Il en résulte une conception moniste de la société dans laquelle on s'applique à déceler des lois biologiques naturelles1419(*). L'évolutionnisme avait intégré dans sa théorie les principes darwiniens de la sélection, de la survie du plus fort, de la disparition du plus faible et de la lutte pour la vie.Comme l'écrit ZMARZLIK : « Ce qui pouvait encore être considéré comme la concurrence des individus afin d'obtenir le plus travailleur et le meilleur sur le plan moral devenait maintenant un combat ardu pour s'affirmer, pouraccroître sa puissance - et cette lutte ne se déroule plus avant tout entre les individus mais entre les groupes : les groupes sociaux d'intérêt, les peuples et les races »1420(*).

Durant la phase de la domination coloniale, le noir est considéré comme un être destiné au travail manuel. C'est la politique de la décapitation de l'indigène.Les sociologues GUMPLOWICZ et RATZENHOFER avaient déjà essayé de démontrer que tous les mouvements sociaux, religieux et politiques du passé étaient d'origine raciale1421(*).

· Les théories racistes comme fondement de la colonisation

Pour WOLTMANN, les nègres n'ont jamais développé un système de concurrence individuelle, les mongols ne l'ont fait que dans certains groupes de leur race. Seuls les peuples germaniques ont érigé ce principe en loi fondamentale de la vie sociale et permis ainsi le plus grand développement de la culture1422(*). Par ailleurs, seules les races germaniques ont développé selon lui ce principe de concurrence individuelle, elles sont donc aptes à la culture, les nègres ne le sont pas. C'est dans cette logique qu'il défend la colonisation. Elle ne consiste pas comme chez les évolutionnistes à apporter la civilisation aux nègres, « il est illusoire de vouloir rendre les nègres, « il est illusoire de vouloir rendre les nègres et les indiens d'Amérique aptes à la civilisation », « les blancs seront toujours la race des seigneurs (Herrenrasse) dans les colonies puisque la race nordique est le vecteur naturel de la civilisation mondiale »1423(*).

Ce qui est intéressant donc, c'est que le principe de la colonisation est vu comme un danger pour le colon qui semble appréhender la concurrence du colonisé ainsi recréé à son image.

Et c'est ainsi que le principe de concurrence et de sélection, considéré au début comme mode naturel de régulation de la société est abandonné au profit du principe de la primauté naturelle d'une race appelée à asservir d'autres. Ce revirement s'opère dans l'esprit d'une frange de l'intelligentsia allemande à un moment où la classe moyenne à laquelle appartient une bonne partie du « Bildungsburgertum »1424(*) connait une crise grave qui menace sa survie en tant que classe.

En effet, le développement du capitalisme a tendance à la plonger dans la pauvreté en rendant caduques ses modes de production.L'affirmation du principe racial est donc souvent une réaction anticapitaliste petite bourgeoise visant à assurer la survie de cette classe1425(*). FROBENIUS montre assez clairement dans son livre « Auf dem Wege nach Atlantis » que le développement de la thèse raciste par opposition à la thèse civilisatrice était lié à la peur de voir le colonisé utiliser les rames des Européens pour se retourner contre ses derniers.

Critiquant la politique française en Afrique de l'Ouest, il écrit : « La France veut éduquer ces hommes noirs pour en faire des frères. Il s'agit là d'une idée mauvaise et déprimante »1426(*).Le Noir était aussi présenté comme étant cannibale, très superstitieux, facilement influencé par la sorcellerie et la magie. De sa religion animiste originelle, quand on ne niait pas purement et simplement son existence, on ne retenait que les manifestations extérieures, c'est-à-dire les amulettes, les fétiches et les gris-gris.

Voici par exemple ce que rapporte Joy CHARNLEY dans un ouvrage dont le titre Afriques imaginaires est révélateur de l'esprit qui a régné en Occident du 19ème jusqu'au début du 20ème siècle : « Quelque peine que j'ai prise à chercher la moindre apparence de religion parmi ces gens, je n'en ai jamais pu découvrir la moindre trace, ou qu'ils eussent aucune connaissance de Dieu, l'Enfer, ou de l'immortalité de l'âme...On n'y voit qu'une épouvantable stupidité et brutalité en toutes leurs actions, en toute leur vie »1427(*). En bref, les écrivains exotiques et coloniaux dans leur grande majorité ont été incapables de comprendre la complexité des diverses mythologies noires et ont tout englobé sous le vocable simplificateur de superstitions1428(*).Les romanciers exotiques et coloniaux ont parlé des Africains comme des êtres mineurs, incapables de se gouverner et de gérer les ressources naturelles de leurs pays étant donné leur mentalité prélogique. En effet, selon FANOUDH-SIEFER, les monarques africains étaient présentés de manière si grotesque que l'on est droit de se demander comment de tels dirigeants ont pu se faire respecter de leurs sujets au cours de la longue histoire de l'Afrique qui était d'ailleurs niée.

Les rois étaient présentés comme étant capables de vendre toute l'Afrique en échange de quelques litres d'eau de vie1429(*).Le Roi NJOYA viendra battre en brèche toutes ces théories racistes qui considéraient l'homme noir et surtout africain comme incapable d'accomplir des prouesses dans des domaines réservés aux « Blancs ».

· Le RoiNjoya ou l'effritement des théories racistes

Pour le gouverneur VON PUTTKAMER, l'indigène est important essentiellement pour le travail manuel, tandis que son homologue HUBBE-SCHLEIDEN affirme de son côté que « L'Allemand a sa tête pour penser, le noir a un crâne pour porter les fardeaux »1430(*).C'est pour cela qu'en mettant sur pied un système d'écriture propre, le Roi NJOYA battait en brèche tous les préjugés avancés depuis la fin du Moyen Âge qui font du nègre un être dénué de raison.

L'écriture royale1431(*), qui comptait au départ plus de 500 signes à 80 caractères, assura une meilleure diffusion de l'écriture et amena l'augmentation des textes rédigés en écriture royale, qui était enseignée dans les écoles. NJOYA institua un bureau d'état civil pour enregistrerles naissances et les mariages.

Les jugements du tribunal royal étaient également consignés par écrit. Le livre d'histoire, de lois et de traditions des BamounBamun, qui compte plus de 1100 pages, est alors rédigé au moyen de l'écriture royale. Sa réplique se trouve au Pit-RiversMuseum d'Oxford1432(*).La réfutation de la théorie de la « décapitation » de l'indigène est d'autant plus cinglante qu'elle constitue un camouflet à la théorie de la hiérarchie des races, cette théorie selon laquelle se fondait l'attitude des Européens vis-à-vis des populations indigènes.

Sans compter le développement des arts et de la culture enregistré à son actif. Particulièrement attaché à la culture BamounBamun, le roi réserva dès l'achèvement de son palais, une partie de l'établissement au musée royal actuel et favorisa l'essor des arts, des techniques et l'épanouissement culturel.

Par ces faits d'armes, le Roi NJOYA a valorisé de manière durable, l'héritage ancestral du peuple BamounBamun.

· Le Roi Njoya ou la valorisation de l'héritage ancestral du peuple BamounBamun

L'importance de l'oeuvre du Roi NJOYA touche plusieurs domaines dans la mesure où la possession de l'écriture, instrument de communication capital, permet au Roi des BamounBamund'asseoir son autorité politique, d'organiser méthodiquement les activités économiques et commerciales, d'étendre son influence socioculturelle au-delà des rives du Noun.

« Avec l'arrivée des colons, il a trouvé une manière de communiquer sur son territoire avec cette langue-là, comme les Allemands ne pouvaient pas la comprendre. C'était une manière de communiquer avec son peuple comme avant l'arrivée des colons »1433(*). C'est en 1895 qu'apparaît le 1er alphabet inventé par le Roi NJOYA. Il comptait alors 510 signes. 

Avec le temps, l'alphabet « a ka u ku » a évolué et sa dernière version, en 1930, ne comprenait plus que 70 signes1434(*).Au début, on l'écrivait dans n'importe quel sens jusqu'à l'époque où le monarque constata que les musulmans écrivaient l'arabe de droite à gauche.Il interdit ce sens car il ne voulait pas paraître influencé par des étrangers. On comptait enfin plus de mille lettrés dans le royaume en 1933, dont quelques jeunes originaires des États voisins.

Cette écriture, utilisée entre 1896 et 1930, a servi à écrire de nombreux ouvrages, dont l'« Histoire des lois et coutumes des BamounBamun », rédigé par le RoiNJOYA lui-même. Des caractères d'imprimerie ont même été créés pour les imprimer. La nouvelle écriture n'était pas encore au point quand le RoiNjoya et ses collaborateurs comprirent tous les avantages qu'ils pouvaient en tirer. Une décision fut prise tôt au début du siècle de rassembler les traditions historiques BamounBamun.

Le Roi NJOYA commença à noter quelques grandes lignes de l'histoire de son peuple. Comme l'a écrit le pasteur Henri MARTIN : « D'année en année, il (Njoya) augmenta sa documentation, et il existe des fragments assez importants rédigés par ses écrivains plusieurs années avant le texte définitif »1435(*).Pour rédiger cet ouvrage, le monarque interrogea de nombreux témoins qui étaient susceptibles, soit par leur âge, soit par leurs fonctions, de bien connaître les événements qu'ils relataient ou les traditions orales. Cet ouvrage doit être signalé parce qu'il représente une référence capitale pour tous les chercheurs qui s'intéressent aux BamounBamun. Le texte définitif fut rédigé en 1921, il comporte 202 chapitres et 547 pages. La copie de l'ensemble du livre fut menée par divers rédacteurs.

Le volume est constitué de feuilles volantes réunies dans une couverture de peau. Il est complet et soigneusement conservé dans les archives du palais1436(*).

Il comprend trois parties :

La première va des origines jusqu'au règne du dixième roi, Kouotou, au début du XVIIème siècle. Cette période du passé BamounBamun a été fortbien restituée à partir des données de la mémoire collective. Pour effectuer ce travail, le souverain a exploité les récits historiques, les chansons diverses, les musiques des sociétés secrètes ; l'équipe des rédacteurs del'Histoire » a utilisé également les légendes, les proverbes, les noms, etc.

L'histoire du fondateur de l'Etat et de la dynastie est la plus riche ; les neuf successeurs de NCHARE n'ont laissé que leurs noms dans l'histoire dynastique. NJOYA et ses collaborateurs ont la modestie d'avouer qu'ils savaient peu de choses de ces règnes monotones.

La deuxième partie de cet ouvrage couvre la période de grande transformation qui commence avec le règne de MBOUOMBOUO, le onzième roi. Le texte a bénéficié des souvenirs des témoins oculaires auxquels le roi fit appel.

La troisième partie concerne le règne de NJOYA et les textes utilisent les témoignages de ceux qui ont pris part à l'histoire au début de notre siècle1437(*).

En dehors de ce texte, il existe de nombreux autres manuscrits Shumom car l'équipe des rédacteurs dirigés par NJOYA aborda un grand nombre de sujets. En 1950, DUGAST et JEFFREYS avaient répertorié quatre-vingt-onze (91) ouvrages et documents divers1438(*).

Aux alentours de 1915, environ 600 personnes l'employaient quotidiennement notamment dans l'administration et elle était enseignée dans une cinquantaine d'écoles du royaume BamounBamun1439(*). Le RoiNJOYA aurait choisi d'inventer son propre système d'écriture, parce qu'il ne voulait pas utiliser l'alphabet arabe et que celui utilisé par les Européens ne permettait pas de transcrire sa langue.

Il a d'ailleurs aussi inventé une langue secrète qui était réservée au roi et ses proches. Seuls quelques textes ont été rédigés dans cette langue1440(*).Le philosophe allemand HEGEL est resté célèbre dans l'histoire en ce sens que sa pensée a été utilisée pour justifier l'entreprise coloniale. Pour lui, parce que ne disposant pas de forme d'écriture, l'Afrique est un continent sans histoire, sans culture ni civilisation.Dans son cours de 1830, HEGEL déclara : « L'Afrique n'est pas une partie historique du monde. Elle n'a pas de mouvements, de développements à montrer,de mouvements historiques en elle.C'est-à-dire que sa partie septentrionale appartient au monde européen ou asiatique ; ce que nous entendons précisément par l'Afrique est l'esprit ahistorique, l'esprit non développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel et qui doit être présenté ici seulement comme au seuil de l'histoire du monde »1441(*).

Avec l'invention de l'écriture « Shumom », le Roi NJOYA rédige un ouvrage d'un intérêt historique révolutionnaire où il relate l'histoire de son royaume, les migrations, les conquêtes, les guerres et les différents règnes de ses prédécesseurs.

Les différents évènements historiques et toutes les cultures du royaume sont maintenant sauvegardés, codifiés ; bref, le passé de l'Afrique cesse, à partir de l'écriture « Shumom », d'être un mythe, mais il est plutôt accessible à tous ceux qui veulent le connaître grâce à l'ingéniosité technique du Roi NJOYA.

Du fait de son caractère visionnaire et avant-gardiste de son auteur, le « Shumom » se verra marginalisé voire méprisé tout d'abord par les agents coloniaux allemands mais aussi par les conquérants français qui n'acceptent pas qu'un « indigène », un « chef des tropiques » puisse réaliser de telles prouesses.Après la PremièreGuerreMondiale, l'écriture du RoiNJOYA finira par disparaître du quotidien du royaume BamounBamun. L'administration française interdira les langues camerounaises et l'usage de l'écriture du RoiNJOYA en particulier1442(*). Par ailleurs, en 1912, le Roi NJOYA, 17ème Roi des BamounBamun, ordonne que soit dressée une cartographie de son royaume, puis de sa capitale fortifiée, Foumban. Plusieurs campagnes de relevés sont menées et les cartes annotées en écriture BamounBamun inventée avant l'arrivée des Européens, est achevée en 1920.

· La cartographie comme témoignage précieux de la dextérité du Roi Njoya

Toute la cartographie fut effectuée par IbrahimNJOYA1443(*), le fils d'un demi-frère du père du Sultan NJOYA. NJOYA avait aussi dessiné le calendrier agricole de Foumban en 1911(« VoirAnnexe15 : Calendrier agricole de Foumban en 1911).La carte établie par NJOYA1444(*)qui correspond à l'Annexe 15, laisse percevoir une parfaite maîtrise de l'espace.

D'une part, les éléments du milieu naturel1445(*) correspondent à ce que les images satellites nous projettent actuellement, d'autre part, la sémiologie graphique s'adresse sur une représentation de l'espace en quatre points cardinaux à savoir le levant, le couchant, la droite et la gauche du monde. Cette perception convoque une lecture du territoire saturée par un ensemble de préceptes1446(*).

Selon AlexandraLOUMPET-GALITZINE : « La spécificité de la cartographie bamounBamun tient probablement à ce que le politique est ici à la fois perçu en d'autres termes et à des niveaux entremêlés, qu'il soit destiné aux besoins intérieurs ou extérieurs. L'extérieur, redéfini par les puissances coloniales, apparaît au moins double, du rocher étranger (les micro-États voisins) à l'étranger lointain, sinon des deux à la fois, stratégie régionale utilisant les nouveaux rapports de force. Les cartes du roi NJOYA représentent ainsi un nouvel outil d'administration territoriale rapidement en concurrence avec l'administration coloniale »1447(*).

La démarche de NJOYA s'inscrit dans une perspective dynamique et pro- active pour un aménagement harmonieux et stratégique du territoire. Le territoire apparaît à la fois comme le support, mais aussi comme le lieu de l'ensemble des activités engendrées par l'homme, résultat de l'ensemble des relations qui permet aux différents groupes, acteurs, de faire valoir leurs intérêts de l'espace1448(*).Les interactions entre les acteurs et le territoire décrit par les niveaux d'échelles emboîtés permettent de faire émerger des structures complexes, sortes d'arrangements territoriaux.1449(*)

La notion de limite, qui se place à la base de tout découpage territorial à visée défensive et ou identifié, relève de la nature même du cerveau humain. A la manière des animaux dominants qui délimitent et qui défendent leur territoire, les institutions sociales marquent, bornent, contrôlent celui des sociétés dont elles émanent.

Elles n'hésitent pas à l'impôt, par la violence si nécessaire1450(*), à tous ceux qui contestent d'une manière ou d'une autre la légitimité de son espace et de ses frontières1451(*).Pour DI MÉO, le territoire témoigne d'une appropriation délibérée, à la fois économique, idéologique et politique de l'espace géographique. Cette appropriation est le fait de groupes sociaux localisés qui se donnent une représentation particulière d'eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité, de leur identité.

Le terme « territoire » signale d'abord un mode de partage, de contrôle de l'espace terrestre garantissant la spécificité de la permanence, de la puissance, les ressources1452(*) et la reproduction des entités sociales qui l'occupent. C'est sa dimension politique ou géopolitique1453(*).La facette physique traite des configurations territoriales, de l'aire d'extension, mais aussi des caractéristiques physiques liées à la localisation. Cette facette intègre les propriétés naturelles que LE BERRE Maryvonne subdivise en potentialités, contraintes et les propriétés matérielles1454(*). En fonction des potentialités du territoire, les propriétés matérielles du territoire s'expriment à travers une structure spécifique1455(*). Le niveau fonctionnel physique fait la différence entre l'espace fini1456(*)et l'espace convoité1457(*) sur les HautesTerres de l'Ouest. Les mouvements de population irriguent cet espace de la citadelle vers les marges traduisent aussi la spécificité et les caractéristiques du milieu physique. Le territoire apparaît donc à la fois comme le support mais aussi commele lieu de l'ensemble des activités engendrées par l'homme, résultat de l'ensemble des relations qui permettent aux divers groupes, acteurs, de faire valoir leurs intérêts de l'espace1458(*).

C'est un espace vital terrestre, aérien ou aquatique qu'un animal ou un groupe d'animaux défend comme étant sa propriété exclusive.1459(*)

Figure N° 13 :Carte du royaume BamounBamun « commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours de 1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA1460(*).

Source : L. 930 mm, I. 875 mm. Musée d'ethnographie de Genève (MEG). Photographie de Jonathan WATTS. Voir A. LOUMPET- GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume BamounBamun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011. In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, septembre 2014, p. 114.

En définitive, le Roi NJOYA aura :

- Développé l'art et l'artisanat

- Inventé une écriture « A ka u ku » vers 1896

- Créé une langue, le « Shumom » en 1912

- Fabriqué un moulin à maïs

- Construit un splendide palais (1917-1921)

- Créé une religion syncrétiste, le « Nuet-Kwete ».


Il a aussi publié de nombreux ouvrages :

- « Histoire et coutumes des BamounBamun »

- « La rate et ses ratons »

- « La pharmacopée BamounBamun ».

Il fut un génie, un visionnaire dans tous les sens du terme et dans de nombreux domaines. C'est pourquoi il demeure dans les annales comme l'un des plus grands monarques de l'Afrique en particulier et du monde en général.

CONCLUSION DU CHAPITRE IV

Nous avons voulu par ce chapitre qui s'achève, apporter modestement des manifestations certaines de l'adaptation de l'administration coloniale allemande aux réalités de la société traditionnelle BamounBamun. En effet, le Roi NJOYA s'est opposé aux pratiques religieuses chrétiennes et a entretenu des relations ambivalentes avec le missionnaire GÖRING. Il s'est notamment opposé à la polygamie qui était le socle d'un statut privilégié dans la société BamounBamun. Par ailleurs, le fait de l'acceptation de la polygamie par le Coran va consolider la pratique de l'islam au détriment du christianisme en pays BamounBamun. Du fait de cette prééminence, les missionnaires allemands se verront obligés de s'adapter à la polygamie et de maintenir cette institution indigène comme une union agréée par Dieu. A ce titre, l'ambigüité du missionnaire GÖRING est révélatrice de cette confusion. Nous parlons à ce stade d'hybridité selon le concept d'Homi BHABHA. Ce fait est aussi observé pour le Roi NJOYA qui souhaite baptiser ses sujets suivant la culture traditionnelle BamounBamun en incluant du vin de palme à la place de l'eau bénite. De plus, la perception de l'administration coloniale allemande par le Roi NJOYA a également mis en évidence une certaine ambivalence voire méfiance vis-à-vis de cette dernière. Pour manifester son amitié, il a eu à échanger des cadeaux avec les agents coloniaux allemands. Il y eut d'ailleurs des marques d'admiration et de respect mutuels.Toutefois, le RoiNJOYA a émis des jugements parfois contradictoires vis-à-vis de ses amis allemands. Il avait aussi mis en place une stratégie du don, pour obtenir les faveurs des Allemands et ne pas se heurter à leurs représailles. Il se comportait en homme rusé et stratège.

C'est pourquoi nous nous sommes interrogés en posant la question suivante : ces jugements étaient-ils faits à l'emporte-pièce ou au contraire pouvaient-ils être justifiés ? Nous répondrons par l'affirmative dans la mesure où, bien qu'il fut très apprécié par ses amis Allemands, le Roi NJOYA subit l'interdiction de la pratique de la langue Shumom. De plus, il avait mis en place de grandes oeuvres comme la pharmacopée, la cartographie, la fabrication de machines, la création d'une religion syncrétique, la publication d'ouvrages ou encore la construction d'un splendide palais. Il mettait ainsi en déroute toutes les théories racistes et ségrégationnistes de son temps. Comment un roi nègre avait-il pu entreprendre de telles choses sans l'aide des Blancs ? Cette question nous invite à l'observation du génie encore inconnu de ce royaume d'Afrique Centrale.

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE

Nous avons voulu par cette deuxième partie qui s'achève, mettre en lumière l'influence relative des pouvoirs politiques traditionnels BamounBamun et Duala sur l'administration coloniale allemande. En effet, les chefs Duala se verront attribués un salaire appelé Koumi par les autorités coloniales allemandes pour compenser la perte de leur monopole commercial. Cette situation fera remonter à la surface les tensions déjà existantes entre les différents potentats Duala et de la prééminence de la dynastie BELL, du fait de l'immense fortune engendrée et de sa plus grande proximité avec le pouvoir allemande.Mais cette entente sera de courte durée dès lors que la question foncière sera mise sur la table. L'expropriation du plateau Joss va dévoiler les véritables intentions des Allemands. La démarcation entre quartiers indigènes et quartiers blancs va entériner cet état d'esprit des chefs Duala. Il s'en suivra toute une série de revendications conduite par le chefRudolf DOUALA MANGA BELL qui le paiera de sa vie, et qui deviendra un martyr tombé pour la cause du peuple Duala. Quant à l'Allemagne, elle s'est heurtée aux actes rebelles du RoiNJOYA et a pris en compte les réalités socioculturelles de ce territoire de l'Ouest du Cameroun. La pratique de la polygamie, de la divination, de la peine de mort sera combattue avec beaucoup de difficultés et verra le triomphe de la religion musulmane et de la religion syncrétique créée par NJOYA. La perception de cette administration occidentale est assez bonne par le Roi NJOYA qui apprécie l'art de la guerre des Allemands et leurs techniques avérées dans le domaine de l'architecture entre autres. Et cette appréciation est réciproque puisque le souverain indigène est apprécié pour son dynamisme, son sens des responsabilités et son amour pour son peuple.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Cette thèse a présenté la dialectique entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et BamounBamun dans l'écriture de l'histoire politique du Cameroun. Le but principal était d'évaluer l'influence mutuelle observée entre l'administration coloniale allemande et ces deux (02) entités politiques traditionnelles.

Le 1er schéma d'influence porte sur l'implantation progressive de l'administration coloniale allemande sur le territoire BamouDuala et Bamun. Concernant les chefs Duala, la dynamique principale tournait autour de la participation des commerçants et négociants allemands dans la conquête du territoire au travers de la signature de différents traités dont le plus important est celui du 12 juillet 1884 et qui va marquer la naissance du Cameroun international. Cette emprise s'est le plus manifestée autour de la question foncière qui va aboutir à la démarcation entre quartiers « indigènes » et quartiers « blancs ». Cette ségrégation va donner lieu à des revendications de la part des chefs Duala qui vont soit être destitués, soit déportés ou encore assassinés.En pays BamounBamun, les missionnaires ont été les premiers à créer le contact avec le royaume BamounBamun et cela a abouti à une amitié fraternelle entre le missionnaire GÖRING et le Roi NJOYA. Cela a été une aubaine pour le peuple BamounBamun qui a pu bénéficier de la dextérité allemande sur le plan militaire et dans le domaine des arts. Cette fraternité sera d'autant plus renforcée du fait de l'aide apportée par les Allemands au recouvrement du crâne du RoiNSANGU par les BamounBamun. De plus, le peuple BamounBamun a participé aux guerres de conquête des autres peuples locaux pour bénéficier de nombreux privilèges de la part de la nouvelle administration.

Le 2ème schéma d'influence porte sur l'adaptation faite par l'administration coloniale allemande vis-à-vis des entités politiques traditionnelles BamounDuala et Bamun. En effet, pour le contexte Duala, l'acquisition de certains droits douaniers et les rivalités économiques engendrées par la redevance salariale entre les chefs favorise l'éclosion d'une situation explosive.Bien que bénéficiant d'avantages financiers conséquents, les chefs Duala vont remettre en cause la suprématie allemande, du fait de la politique d'expropriation sur le plateau Joss. Ils engageront des pétitions, des attaques armées qui aboutiront le 08 août 1914 à la pendaison du Roi DOUALA MANGA BELL en compagnie de son cousin et secrétaire NGOSSO DIN. Par contre, le Roi NJOYA a mis en place un certain nombre de contre-pouvoirs à savoir une religion syncrétique qui alliait à la fois les valeurs chrétiennes, musulmanes et BamounBamun.

Il s'est également insurgé sur l'acte du baptême qui selon lui, devait provenir de son pouvoir de guide spirituel suprême du peuple BamounBamun et non de la culture occidentale. Il a produit une écriture inédite appelée le « Shumom » qui survit au temps et à l'espace. Il aura d'ailleurs aux yeux du monde une image de stratège politique, de bâtisseur et de visionnaire qui mettra fin au mythe de l'infériorité du Noir.

Notre travail a subi de nombreux soubresauts et difficultés à savoir le recoupage d'informations. En effet, nous avons peu abordé la chefferie DEÏDO qui apparaît parfois secondaire et peu intégrée dans la prise de contact avec les étrangers occidentaux. De plus, nous avons occulté le rôle des églises dans le processus colonial allemand en terre Duala. Nous avons aussi observéà plusieurs reprises un certain flou lié aux informations obtenues lors des entretiens et la capacité à évaluer leur véracité. Il a donc fallu s'assurer de leur fiabilité tout au long de notre parcours. Par ailleurs, nous avons eu cette peur du plagiat qui ne nous a pas quittés.Notre analyse s'est en effet illustrée sur des faits historiques déjà maintes fois mentionnés par des auteurs, des universitaires et des chercheurs de tout bord. C'est pourquoi nous avons voulu apporter une analyse sous le prisme socio-anthropologique pour apporter une plus-value aux diverses interprétations faites de cette période de l'histoire du Cameroun.Il s'agit là d'une ressource politique historique qui aide, dans une certaine mesure, à comprendre les rapports entre l'Etat postcolonial et les chefferies traditionnelles Duala et BamounBamun.

Le 1er schéma d'analyse est celui des rapports entre l'Etat postcolonial et les chefferies traditionnelles Duala. En effet, le dilemme devant lequel se trouvait l'administrateur donnera lieu plus tard à une double politique ; l'une « pro-duala », l'autre « pro-allogène ». Douala, divisée en 04 (quatre) cantons ou chefferies jusqu'en 1930, comprenait les cantons de Bell, d'Akwa, de Deïdo et de Bonabéri, tous Duala et ayant à leur tête des chefs supérieurs responsables des leurs et des étrangers à la ville. Ensuite, elle en comporta 06 (six) : les cantons susnommés auxquels on joignit la chefferie des étrangers camerounais à la ville et celle des étrangers africains non-camerounais.

En 1944, elle comptera 04 (quatre) chefferies autochtones, et 05 (cinq) chefferies allogènes, et la région, villes et environs, en rassemblera 10 (dix) avec le canton originaire Bassa, de tout temps indépendant vis-à-vis des Duala. Après l'élévation au rang de chefferies des groupements Bamiléké et Bakoko, New-Bell, devenait le quartier de l'avenir et en même temps le point noir de la ville : « L'administration disposant des textes domaniaux qui sont encore en vigueur au Cameroun », écrivait le chef du bureau domanial de la région du Wouri, ... « a renoncé à appliquer l'article 1er du décret de 1938 relatif à la domanialité des terres vacantes et sans maître ou inoccupées et inexploitées depuis plus de 10 ans - ceci pour des raisons purement politiques. Or seule l'application de cet article aurait permis de concilier les intérêts des Duala et des étrangers - mais il est impossible de revenir à l'application intégrale du décret de 1938. Un essai de délimitation des cantons, entrepris depuis un an, n'a pas donné les résultats escomptés. Le canton est une division administrative qui ne correspond pas obligatoirement à une collectivité coutumière.Le Haut-commissaire peut, par arrêté, définir les limites d'un canton, mais ces limites ne sont pas toujours celles des terres coutumièrement détenues par les ressortissants du canton considéré. En particulier, un individu peut solliciter la reconnaissance de ses droits fonciers sur une parcelle comprise à l'intérieur des limites du canton voisin ». En tant qu'autochtones, les Duala occupaient une place à part non seulement vis-à-vis des étrangers africains à la ville, mais aussi vis-à-vis des étrangers d'origine « blanche ». Ils étaient chez eux et montraient que c'était eux qui recevaient les autres, quel que soit le statut de ces derniers. Les étrangers quant à eux, pouvaient considérer la ville comme un lieu de passage, mais tôt ou tard, la plupart pensaient s'y établir et occuper une autre position que celle d'hébergé. LesBlancs s'ils étaient étrangers n'étaient pour ainsi dire nulle part : ils avaient créé la ville et le Territoire, aussi pour eux les étrangers africains et les autochtones faisaient partie, en quelque sorte, de leur réalisation. Les Duala se trouvaient donc compris entre des étrangers dissemblables à tous points de vue : entre des non-propriétaires bénéficiant d'un simple droit d'usage toléré et d'autres non-propriétaires dispensateurs de tous les droits, ceux qui existaient déjà compris. Dans la spatialisation des peuples, les préfixes « Log, Ndog, Bona », selon le regroupement ethno-identitaire, renvoient au village, à la tribu, au clan ou à la famille.« Log » correspond aux populations Bakoko, identifiant les quartiers comme Logpom ou Logbaba. L'expression « Ndog » détermine les populations « Mba n'saa Wouri », d'où les quartiers comme Ndogkoti, Ndogsimbi, Ndogbong. Le préfixe « Bona » fait référence aux populations Duala situant les quartiers tels que Bonapriso, Bonanjo, Bonamoussadi. Cette identification est fonction des sédimentations issues de guerres tribales pour l'occupation des terres et l'élargissement du clan.

Dans la cosmogonie Sawa, l'aîné des garçons avait la possibilité, une fois adulte et marié, de quitter la case paternelle pour fonder sa propre famille tout en gardant un lien avec son clan d'origine, d'où la proximité entre ces différents villages-quartiers. Le grand quartier New-Bell illustre ce rapport entre autochtoneset allochtones. A l'aube de la pénétration coloniale, il constitue un « no man's land » entre les Sawa et les autres tribus.

Ce quartier représente un véritable microcosme des populations allochtones avec des subdivisions comme New-Bell Mbam-Ewondo (New-Bell terroir des Ewondo), New-Bell Bassa (New-Bell des Bassa), New-Bell Bamiléké (New-Bell des Bamiléké), New-Bell Haoussa (New-Bell des Haoussa). La valorisation identitaire tenant compte du regroupement des peuplades donne également naissance à des quartiers comme Bamenda, le camp Yabassi, le quartier Bafia.De même, certains groupes ethniques catégorisent ces espaces en fonction de leur attachement à ce « nouveau terroir » désormais le leur. La juxtaposition des quartiers « Nkolmintag » et « Nkololoumet la rue Njong mebi », en langue Ewondo, en sont une illustration. A l'époque coloniale, cette rue très insalubre était empruntée par les populations Béti qui l'ont nommée ainsi. Loin de se fondre dans l'agglomérat de l'urbanité, la ville se forme au travers des poches de résistance, vestiges de la segmentation ethnique caractérisant les populations. L'allégeance citoyenne des populations se construit dans la capacité des autorités publiques à permettre un mode de vie souterrain justifiant la construction sociale d'une contre-hégémonie. L'acquiescement des « dominés » aux valeurs de l'ordre social est dans l'acceptation par l'autorité publique du volume discursif et des symboliques déterminées par la logique populaire. Dans cet ordre, la Rue de la joie abrite deux vestiges de l'histoire sociopolitique de Douala, à savoir la chefferie DEÏDO et le 1er bureau de poste de la ville, qui se trouvent au milieu de maisons closes, clubs de nuit, restaurants et autres ventes-à-emporter. La ville est alors « décrite comme un opérateur qui, sans gommer les différences, articule au contraire dynamiquement de multiples identités intermédiaires sous une appartenance commune ». La ville existe dans cette « capacité » des autorités traditionnelles à accepter de manière évidente les mutations sociales qui leur enlèvent le contrôle sur une bonne partie de leurs sujets, à savoir les allochtones. Les chefs sont toutefois consultés pour donner leur avis sur les litiges fonciers, du fait qu'ils sont censés connaître l'occupation des sols : être « apprécié comme autochtone » permet de prétendre légitimement par des « droits historiques » à la terre urbaine. D'ailleurs, au plus fort des villes mortes en 1991, des voix se sont élevées parmi les élites Sawa pour demander aux Bamiléké industriels et commerçants possédant les grands immeubles de Douala de restaurer les terres volées et de retourner chez eux.

Par ailleurs, l'ordre du discours sur les espaces devient une valeur attachée à une symbolique politique, déterminant le sens que les populations donnent à leurs actions ; le nom d'une rue ou d'un quartier matérialisant son ancrage politique. Le quartier MaképéMaturité, encore appelé Maképé Opposant, détermine l'inclination des habitants de ce quartier pour la contestation et induit une surveillance accrue de la part des autorités publiques.

Dans le même ordre d'idées, le quartier Shell New-Bell fait référence de manière explicite aux populations Bassa proches de l'Union des populations du Cameroun (UPC).Ainsi, l'UPC commence toujours sa campagne politique à Shell New-Bell, qui est son point de ralliement. De même les populations Béti proches du RDPC ne peuvent faire l'économie d'une réunion au quartier New-Bell Mbam Ewondo ou au quartier Nyalla. Le Social Democratic Front, de son côté, tient naturellement ses rassemblements à Bonabéri, quartier majoritairement anglophone, ainsi qu'à Bépanda An 2000 où les populations Bamilékés lui sont favorables. Les noms de quartiers constituent de fait les fiefs électoraux des acteurs politiques et déterminent l'ambivalente identité des partis politiques camerounais.De manière naturelle, l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), dont le leader BELLO BOUBA MAIGARI est originaire du grand Nord, investit le quartier New-Bell Haoussa.Par ailleurs, le RDPC dispose de DoualaII (Quartier New-Bell) d'une règle non-écrite du contrôle politique, à savoir : le siège de député pour les Béti et le maire Bamiléké. A Douala V, les postes politiques majeurs se répartissent entre les « Mba n'saa Wouri » et les Bamiléké. Douala I reste un fief Duala par-delà les clivages politiques, alors que Douala IV-Bonabéri se dispute entre anglophones, Bamiléké et Duala.

En définitive, la ville, comme un champ social, lieu de création et d'effervescence sociale et culturelle, met en lumière les aspects adaptatifs et fonctionnels de ses activités, les ressorts propres de sa croissance et de son pouvoir. Le territoire de la ville de Douala a su absorber toutes ses différences pour constituer aujourd'hui un « melting-pot » qui oppose et associe tradition et modernité, autochtones et allochtones, indigènes et civilisés, urbains et ruraux. Il en résulte une juxtaposition de toutes les tendances cosmopolites du Cameroun, qui se manifeste le plus souvent lors des échéances électorales.

Le 2èmeschéma d'analyse est celui des rapports entre l'Etat postcolonial et le Royaume BamounBamun.Dans ce cadre on a pu dégager, au-delà de l'existence de plusieurs formations politiques dans le Noun, une perception différente du rapport à l'autre, le frère, le parent ou le chef de famille, construite sur la base de l'appartenance, de fait ou imaginaire, de l'autre à l'une des deux grandes tendances politiques présentes dans la localité. En effet, il existe deux grandes formations politiques qui se partagent les voix électorales dans le Noun et animent les débats qui déstructurent les liens familiaux : il s'agit du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) - parti au pouvoir - et l'Union démocratique du Cameroun (UDC) dont le leader charismatique, à savoir Adamou NDAM NJOYA, est un fils de la cour royale.

Il y avait également des familles BamounBamun ayant un ancrage politique rattaché à l'UPC, notamment la famille de Félix-Roland MOUMIE qui, à l'époque des revendications nationalistes des années 1960, était secrétaire général de l'Union des populations du Cameroun (UPC). Au fil des années, cette famille s'est ralliée à l'UDC.Cette bipolarisation de la société BamounBamun va également s'observer sur le plan religieux, avec la cohabitation de deux grands mouvements religieux, l'islam d'un côté et le christianisme de l'autre.

Dans l'imaginaire populaire local, le RDPC est présenté comme étant le parti des chrétiens et des élites urbaines, avec l'ensemble des fonctionnaires de l'administration publique camerounaise, des intellectuels et d'autres hommes d'affaires, bref, le parti qui rassemble tous ceux qui sont soucieux de leur carrière professionnelle et de leurs activités économiques. Les autorités traditionnelles se devaient dès lors, comme par le passé, de poursuivre leur mission d'auxiliaire de l'administration en contrôlant les opinions subversives qui pouvaient naître dans leur circonscription de commandement. A côté, on trouve donc l'Union démocratique du Cameroun (UDC), formation ayant une assise régionale, perçue comme étant le parti des musulmans et constituée par la masse rurale et l'ensemble des classes défavorisées. L'histoire politique dans le pays BamounBamun retient que c'est non seulement l'UDC qui est venue mettre un terme à plus de quarante ans de contrôle de la municipalité par la chefferie traditionnelle, mais aussi à cristallisé les tensions entre les membres d'une même famille au nom de la politique. Le fait majeur qui sous-tend ces antagonismes est que la légitimité politique de l'actuel sultan (aujourd'hui décédé), Ibrahim MBOMBO NJOYA, a été fragilisée par la perte des élections municipales (RDPC) contre son cousin Adamou NDAM NJOYA, leader de l'UDC. Pour notre informateur NJOYA, résidant à Yaoundé : « On a longtemps vécu une situation où la mairie était détenue par le palais... L'ancien Roi, notamment le père de l'actuel, avait été pendant longtemps maire de Foumban. Ce qui fait que l'autorité traditionnelle était quelque peu confondue avec l'autorité municipale. En 1996 je pense, l'UDC est venue ravir la vedette au RDPC, gagnant les élections municipales. Ce qui dans les moeurs n'était pas imaginable. Cela a créé une crise en ce sens que c'est le royaume, à travers le Roi, qui avait la mainmise sur les terres ». Depuis lors, l'autorité morale du monarque a été sérieusement fragilisée, écartelée entre la réaffirmation de son attachement au parti au pouvoir et la restructuration de son autorité morale déconstruite par la démocratisation de la parole. Pour Ibrahim, ingénieur, il est clair que : « L'adhésion d'une bonne partie des BamounBamun à l'UDC est quasiment comme une sanction que le royaume entretient avec les populations sont remises en cause par le peuple.

Et le contexte politique vient créer un prétexte avec ces liens de domination ». La fragilisation des liens familiaux au sein des familles BamounBamun va donc se renforcer au fil des années, au rythme de ce bicéphalisme de l'espace politique, du jeu d'intérêts et du clientélisme politique. Car, autant l'UDC a longtemps été présentée comme le parti politique de la communauté BamounBamun, autant le parti au pouvoir entend conserver sa position de parti leader qui laisse peu de chance à ses adversaires politiques.

Or, les enjeux électoraux sont si importants pour les élites du Noun, celles qui se reconnaissent comme militantes du parti au pouvoir, qu'il ne serait pas judicieux de laisser le Noun à l'opposition. Ce serait non seulement une perte de confiance vis-à-vis du pouvoir en place, mais aussi une perte d'autorité des chefs de familles devant les jeunes et leurs enfants. Pour MIMCHE, fils du terroir rencontré lors d'un entretien approfondi, il est clair que : « Le militantisme dans l'un ou l'autre parti traduit l'appartenance à une catégorie sociale. Pendant longtemps, cela était le cas et l'UDC est restée un parti d'expression des catégories sociales un peu vulnérables, notamment les agriculteurs, les paysans, les ménagères, etc. ». Aziz NJOYA soutient à ce titre que : « Dans toutes les familles il y a deux camps qui s'affrontent. Il y a le camp des rdpécistes et il y a le camp des udcistes. Officiellement, ils ne vont pas se revendiquer comme tels, mais dans leurs différents comportements, on l'observe... Généralement lorsqu'il y a un évènement dans la famille, lors des prises de parole, le RDPC veut intervenir et l'UDC veut aussi intervenir. Ces interventions ne sont pas à but funéraire ou religieux, c'est généralement des interventions politiques. C'est des messages qu'on passe, des sensibilisations qu'on fait. Et l'ordre dans la prise de parole est un élément très important où quand untel a parlé, l'autre ne doit plus parler. Et cela créé des bagarres dans les familles »1460(*).Ainsi, une cérémonie familiale devient un espace d'expression politique, ravivée par des tensions latentes qui traduisent aussi bien la contestation du système politique en place que des membres qui le représentent. Parfois même, il existe des cas où des membres de la famille concernés par l'évènement, mais appartenant à une autre chapelle politique, cultivent une résistance, une réticence même à demander ou à accepter des aides provenant des membres d'un autre bord politique.Tout ou presque devient sujet à controverse, même une simple causerie avec les « gens d'en-bas » peut dégénérer en une véritable crise familiale.

ANNEXES

Annexe 1:

PROTOCOLED'ENTRETIEN

GUIDE D'ENTRETIEN

I-IDENTIFICATIONDE L'ENQUÊTE

1-Nom et prénom

Âge ou groupe d'âge

3-Sexe

4-Occupation professionnelle

5-Lieu de résidence

II-SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU CAMEROUN

*Comment déterminer la création des chefferies (la date de création) au Cameroun sachant que les communications étaient orales ?

*Sur quoi se base-t-on pour déterminer l'ancienneté d'une chefferie vu qu'on n'était pas encore en contact avec l'Occident ?

*Quels sont les rapports des chefs traditionnels avec les administrations postcoloniales ?

*Quelle est votre perception de l'administration coloniale allemande ?

*Quel est l'impact de cette dialectique sur l'histoire politique du Cameroun de nos jours ?

III-SURLES CHEFFERIES DUALA

* Quelle était la perception de l'administration coloniale par les chefs Duala ?

* Quelle était la perception du Roi Bell ?

* Quelle était la perception du RoiAkwa ?

* Quelle était la perception du RoiDeïdo ?

* Cette perception est-elle pertinente ?

* A quoi renvoie la convention de réconciliation du 29 mars 1883 ?

* A quoi renvoie l'accord commercial du 30 janvier 1883 ?

* Quelle monnaie était le plus souvent utilisée ? Si oui, pourquoi ?

* Combien percevaient les chefs Duala ?

* Quelle était la fréquence salariale des chefs Duala ?

* Existe-t-il des photos des chefs traditionnels Sawa avec des uniformes allemands ?

* Pourquoi les chefs Duala ne s'entendaient pas entre eux ? (Rive droite/rive gauche)

* L'arrivée des étrangers non Duala à Douala est-elle à l'origine de la diversité des allégeances politiques ?

* Pourquoi Douala est perçue comme une ville « rebelle » ?

IV - SUR LE ROYAUMEBAMOUNBAMUN

* Peut-on dire que le pouvoir politique traditionnel BamounBamun a toujours collaboré avec le régime en place ?

* D'où vient la tradition des arts et de l'artisanat chez les BamounBamun ? Pourquoile Roi Njoya a-t-il encouragé cela ? Quel était le but recherché ?

* Quelle était la perception du Roi Njoya à propos de l'administration coloniale allemande ?

* Comment était perçu le Roi Njoya par l'administration coloniale allemande ?

* Y'a-t-il des ruines de l'ancienne forteresse ou des traces des tranchées où il y a eu des combats dans le passé ?

* Est-ce-que l'islam tel qu'il est pratiqué aujourd'hui chez les BamounBamun est encore teinté de croyances traditionnelles pré-islamisation ?

Annexe 2:

ÉBAUCHE DE LA CARTE DE L'ESTUAIRE DU WOURI ET DES RIVIÈRES ILLUSTRANT DOUALA AUTOUR DE 1850.

Annexe 3:

TOPONYMIE DES TERRITOIRES LITTORAUX DUALA.

Annexe 4:

LE NGONDO.

LE NGONDO

Assemblée traditionnelle du peuple Duala

Maurice DOUMBE - MOULONGO

ORIGINE DU NGONDO

Novembre 1949. Le Conseil de tutelle de l'O.N.U. envoie au Cameroun sa toute première mission de visite. Entrée au territoire par Mora le 12 novembre, cette mission en sort par Douala, le 27 novembre 1949, emportant dans ses malles et valises près d'une centaine de pétitions recueillies au cours de sa traversée de notre vaste et beau pays. Au nombre de ces pétitions, il y eut celle du Ngondo. Qu'est-ce-que le Ngondo ?

C'est l'assemblée traditionnelle du peuple duala. Son existence est antérieure à l'arrivée, en 1843, des premiers missionnaires à Douala. Son année de création peut se situer approximativement en 1830, soit une quinzaine d'années avant la mort, en juillet 1845, de Ngando a Kwa, roi des Akwa à l'époque. A Douala, en effet, l'on accorde à celui-ci l'honneur immédiat d'être le « père » du Ngondo, et cela généralement.

Dans quelles circonstances fut fondée l'autre organisation ? C'est ce que nous allons tenter d'établir.

Il y avait autrefois à Pongo, au Nord-Ouest de Douala, un colosse qui passait pour titan et qui semait la terreur dans les marchés périodiques. On l'appelait Malobè Elamè, ou Malobè tout court. Malobè commettait toutes sortes d'abus et d'exactions. Et ses principales victimes étaient les Duala stricto sensu.

Dès que ce monstre apparaissait, le marché tout entier entrait en effervescence. On entendait alors crier de toutes parts : Malobè a o don ! Malobè a o don ! « Malobè est (là) au marché ! Malobè est (là) au marché ! » (Sous-entendu : « Que chacun se tienne sur ses gardes ! » « Sauve qui peut ! »)

Les principaux dignitaires des quatre clans duala, accompagnés de leurs notables, se réunirent afin de rechercher ensemble une solution satisfaisante à cette affaire d'honneur. A tout prix, il fallait réparer l'impardonnable offense.

Cette assemblée du peuple reçut le nom de Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau-né et sa mère, après la délivrance (1). De cette image, les Duala tirèrent l'idée du lien devant les unir dorénavant. Ainsi le Ngondodevint le symbole de leur unité, la concrétisation d'un front uni appelé à défendre l'honneur du peuple, aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger.

Le même jour, les Duala délibérèrent pour choisir dans une proche banlieue du pays, un Bakoko de Japoma, nommé Engomga, comme leur vengeur (à gages) de l'outrage jusque-là subi aux marchés de Pongo, Engomga était lui-même un colosse très fort, doublé d'un sorcier. Les Duala provoquèrent entre lui et le titan de Pongo un duel à coups de poings. Engomga eut raison de Malobè.

Il le maitrisa, l'envoya à fond de cale d'une grande pirogue et le ligota solidement. Puis les Duala emmenèrent chez eux la terreur des marchés de Pongo, et le livrèrent aux...négriers. Pour toujours !

Mais la mémoire de Malobè reste immortalisé dans les vers suivants d'une de ces innombrables improvisations des troubadours du littoral camerounais : Malobè a si wèli Engomga : « Malobè n'a pas su résister à Engomga ».

On entend encore ce refrain au cours de maintes cérémonies traditionnelles des Camerounais de la côte, à travers les captivants grelots des tambours-parleurs, notamment lors des compétitions sportives sur le Wouri ainsi qu'à l'occasion de la lutte duala, à l'heure incomparable, plus que solennelle, où d'invincibles héros (2) font sur les cours poudreuses et ensoleillées de décembre, l'exhibition de leur force comme de leurs pagnes étincelants...

On le retrouve dans plus d'un conte des habitants des rives du Wouri, du Mungo, d'Abô et de la Sanaga. Enfin, le nom de Mabè est surtout demeuré célèbre dans les circonstances suivantes : dans ces contrées, lorsque quelqu'un se trouve en présence d'une épreuve ou d'une difficulté majeure, ou devant un de ces multiples cas embarrassants de la vie, ou devant les conséquences (fâcheuses) de ses propres actes, il est courant d'entendre les autres le plaindre et lui dire, parfois avec quelque pointe d'ironie : « Malobè a o don ». « Malobè est là ! » (Prenez vos dispositions, faites tout pour vous tirer d'affaire !).

Voilà pour l'historique de la création du Ngondo, tel que nous l'ont fait quelques vieux Duala. Dans quelques années, les hommes de cette génération ne seront plus de ce monde. Or, notre conviction profonde est que de très nombreux Duala de notre époque ne savaient pas jusqu'ici un seul mot de l'origine du Ngondo. Ce Ngondo sacré qui, hélas ! est devenu, de nos jours - par certains côtés seulement, il est vrai - l'occasion par excellence de festivités bachiques, de manifestations populaires truculentes, d'apparat grossier et vulgaire. Hélas !

CHAPITRE II :

SES ACTIVITÉS JUDICIAIRES,

AUTREFOIS

Quoiqu'il en soit, de l'union des populations duala, le Ngondo se fit la main vengeresse de leur humiliation à Pongo. Puis il devint, très vite, l'organe qui devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion : « Vie pour vie, dent pour dent, oeil pour oeil... » Ceci, quel que soit le rang social de leur auteur.

Ainsi en fut-il, en 1876, d'Eyum Ebelè, prince de Deïdo qui, sur une sentence de ce tribunal du peuple, fut décapité et mis en pièces sur un banc de sable du Wouri, pendant la marée basse. Un des nombreux fils de Muduru Ebelè, nommé Dikongué Ebelè, voulant contester à sa manière un jugement rendu à ses torts et dépens dans un litige interne entre frères, avait en effet mis le feu aux poudres dans la maison où s'étaient réunis pour la circonstance les membres du conseil de famille. Tous périrent dans cette lugubre hécatombe. Le Ngondo, saisi de l'affaire, condamna à mort le criminel.

Mais Eyum Ebelè marqua publiquement son opposition à l'exécution de ce verdict afin, dans son esprit, d'empêcher l'extermination du rameau de son frère Muduru. A cause de cette opposition, c'est lui-même qui fut arrêté par le Ngondo, jugé puis abattu et mutilé au lieu et place du véritable assassin.

Ainsi en aurait-il été vers 1883 du roi Ndumbè Lobè, dit King Bell, s'il n'y eut l'agissante complicité d'Ed. Schmidt, agent à Douala de la firme hambourgeoise C. Woermann, qui le protégeait discrètement. En effet, King Bell avait été accusé devant le Ngondo, par Sôpô Priso Ekambi, d'avoir comploté (3) avec ses hommes de main le meurtre en haute mer (4) d'une grande figure de Bonapriso, Priso Ekambi, alors que celui-ci revenait de ses fermes du Mungo, en pays Balong. Juste la veille du jour où il devait être conduit à l'atroce et suprême supplice, Ndumbè Lobè, parvint de nuit, à gagner Bwadibô, sur la rive droite du fleuve. De là, il atteignit aisément l'île de Bota, au large de Victoria, dans la partie méridionale du pays. Farouche partisan de la présence allemande au Cameroun (certes après l'échec cuisant de ses multiples et pressantes démarches en ce sens auprès du gouvernement de Sa Majesté Britannique, entre 1864 et 1881)5, il ne retrouvera son trône et son royaume qu'avec le concours et l'appui de l'amiral allemand Knorr (6), quelques jours seulement avant l'arrivée des plénipotentiaires du Reich, venus parachever la négociation des termes du protectorat de leur au Cameroun. Durant tout le temps de son exil à Bota, le roi Ndumbè Lobè entretint une correspondance assidue avec le gouvernement allemand, par l'intermédiaire de l'agent Ed. Schmidt (7). L'histoire duala retient et admet dès lors, d'une manière générale, que c'est en partie grâce à la fuite du roi Bell devant l'arrêt de mort prononcé contre lui par le Ngondo, que le Cameroun doit d'avoir été protectorat allemand...

Aux dires de certains chroniqueurs duala, le retour au pays du roi Bell se déroula pacifiquement sans que la canonnière « Möwe » à bord duquel il se trouvait eût à tirer le moindre coup de feu. Pour d'autres, le roi, désireux de se venger de ses ennemis conjurés, incita ses « alliés » allemands à user de représailles envers eux. L'amiral allemand Knorr eut alors à briser une forte résistance armée de la part de la coalition des Bonapriso et des Bonabéri qui prirent en otage et tuèrent un Allemand du nom de Hammer... Et QUE LES Allemands ne parvinrent à capturer Sôpô Priso Ekambi, le chef de l'armée des confédérés, surnommé Dimañ (8), qu'après qu'un traître leur eut dévoilé son secret. Il avait suffit - mais il avait fallu - raconte-t-on, centrer un obus vers l'astre du jour, pour pouvoir atteindre Sôpô Priso Ekambi, alias Dimañ, car, toujours selon la légende, c'était là son refuge (mythologique) le rendant invisible et indomptable.

L'amiral Knorr fut chargé de protéger le roi Bell contre les foudres du Ngondo jusqu'à la signature des traités et plusieurs semaines encore après cette formalité. L'administration en place fit le reste, pour assurer la sécurité du roi tant qu'elle serait nécessaire, jusqu'au bout...

Plus tard, le Ngondo déborda le cadre duala « stricto sensu » et devint l'assemblée traditionnelle de tous les côtiers du Cameroun. A présent, en est membre naturel et de droit, tout natif de la région du littoral camerounais.

L'administration allemande, sans le dissoudre officiellement, mit néanmoins quelque peu le Ngondo sous l'éteignoir, en restreignant ses activités, surtout judiciaires, considérées alors comme contraires à la morale chrétienne. En fait, depuis l'arrivée des Allemands dans le pays jusqu'à ce jour, le Ngondo n'a plus rendu une seule sentence de mort. A propos de ses autres attributions, les Allemands durent raisonner ainsi : « Plus de Ngondo ! Pas de gouvernement parallèle ou concurrent ! Pas d'Etat dans l'Etat ! Au reste, ces gens ne nous ont-ils transmis la totalité de leurs pouvoirs ? »

Et pourtant, c'est le Ngondo qui s'était réuni sans désemparer, durant tout le mois de juin et pendant toute la première moitié de juillet 1884, aux fins de décider le peuple duala à accepter la présence allemande en renonçant à la préférence - inflexible - de certains de voir plutôt s'installer dans le pays une administration britannique ! Encore que la Couronne britannique elle-même eût déjà réservé une fin de non-recevoir catégorique aux démarches réitérées de quelques chefs duala implorant son protectorat sur le pays...

L'administration française, quant à elle, fit preuve de bienveillance et de bon sens en autorisant en 1949 la renaissance officielle du Ngondo, regardé comme un organe original d'entretien et de conservation des traditions du peuple. A une seule condition : c'est que ce mouvement ne puisse jamais avoir à sa tête qu'un seul chef traditionnel du pays. Et pour cause. Vous comprenez bien que c'était là l'une des exigences majeures de l'administration dite indirecte. Grâce aux excellentes relations qui existaient alors entre M. Raoul, chef de la région du Wouri à l'époque et le chef supérieur E. Betoté Akwa, le « réveil » du Ngondo s'en trouva facilité, d'autant que c'était le tour de ce chef d'en recevoir la direction, en remplacement du président sortant, le chef supérieur Lobè Bell. La présidence du Ngondo est en effet tournante entre les différents cantons duala tandis que les fonctions de secrétaire, également rotatives, sont assumées par un responsable pris dans un canton autre que celui dont est originaire le président en exercice. Dans les faits, cependant, pure théorie que cela ! Les deux personnes du président et du secrétaire du Ngondo demeurent immuables depuis leur installation en 1949. Pourquoi cela ? A Douala on vous répondra : « Ils conservent jusqu'ici la confiance du peuple entier... ».

CHAPITRE III :

SES ACTIVITÉS POLITIQUES AVANT

ET PENDANT L'OCCUPATION ALLEMANDE

Assemblée traditionnelle ? A vrai dire, le Ngondo n'avait nulle vocation à exercer des pouvoirs politiques, législatifs ou diplomatiques quelconques. Son rôle devait fondamentalement se borner, singulièrement avant sa mise en veilleuse par les Allemands, à trancher en premier et dernier ressort, sans appel, les graves affaires de pratiques de sorcellerie, de trahison du peuple ou d'atteinte à l'union des Camerounais de la côte. A l'origine, c'était une espèce de Cour Suprême en matière criminelle exclusivement.

Mais son glissement vers la politique se fit de plus en plus irrésistible au point de devenir inévitable. Ce lent glissement prit corps à partir du moment où les Duala se mirent à sentir l'amer goût des réalités coloniales.

Oui, à Douala, le peuple s'était jusqu'ici accoutumé à une administration étrangère par les consuls, c'est-à-dire apolitique par définition, lâche, lointaine, très souple à volonté. Il avait dès l'origine, et de très bonne foi, souhaité la présence d'une autorité exercée du dehors, sans trop savoir lui-même sur quel socle précis elle allait reposer. En toute hypothèse, l'on imagine sans peine qu'il n'avait point désiré l'avènement d'un pouvoir de type colonial pur. Cette supposée restriction devait avoir eu pour dessein de lui garantir une protection totale, effective, ainsi qu'une large dignité humaine impliquant le respect sacré de l'individu quel qu'il soit. Déchiré que lui-même était tous les jours par des querelles intestines sanglantes, le peuple duala avait, sans aucun doute, dû ressentir le besoin d'être départagé équitablement par un arbitre provenant d'une autorité exempte d'intrigues comme des procédés caractéristiques de la souveraineté de type classique.

Par-dessus tout, il avait voulu et admis l'installation d'un pouvoir étranger d'éthique chrétienne, agissant d'après les préceptes du Christ sur l'égalité et la fraternité entre les hommes, sur l'amour du prochain, la bonté, et tout le reste... A preuve : les passages suivants extraits d'une lettre commune adressée le 6 novembre 1881 à Sa Majesté la Reine d'Angleterre, par les rois Akwa et Bell : « Nous avons appris que vous êtes un bon chrétien... J'espère que vous prendrez ce sujet en profonde considération et ferez tout ce que vous pourrez pour l'amour de Dieu... Aussi pensons-nous que le mieux est de remettre ce pays à vous, les Anglais, qui sans doute apporterez la paix, la civilisation et le christianisme dans le pays... »

Certes, ce pouvoir ne fut pas anglais, comme ces deux rois l'avaient initialement espéré. Mais il était allemand. C'est dire qu'il était tout aussi chrétien. Le roi de Prusse ne fut-il pas l'un des éminents fondateurs et principaux signataires à Paris, le 26 septembre 1815, de la Sainte Alliance inspirée à l'empereur Alexandre 1er par Madame de Krüdener « au nom de la très sainte et invisible Trinité » ? Qu'importe, au reste, que ce pouvoir fût allemand, anglais, espagnol, italien, portugais, ou français, etc... ! De quelque puissance eût-il été l'émanation, cela n'eût rien changé, strictement rien ni dans le « processus traditionnel » ni dans la conjoncture...

Pensées ingénues, donc, illustrant merveilleusement chez ces braves gens, une ignorance crasse de l'avenir ! On était bien loin du compte !

L'innocent peuple Duala ne se doutait alors pas de l'existence d'un système colonial conventionnel, homogène, mis au point universellement : travail forcé, climat de terreur et d'inquisition, justice expéditive, ségrégation raciale éhontée, répression tyrannique, etc. Très tôt, le mot « protectorat » apparut sous son vrai jour, résonnant de ses plus purs accents, profilant partout le spectre hideux du colonialisme parfait, que dis-je intégral. Protectorat ! Protectorat ! Ne fus-tu donc, après tout, dans ton contenu, qu'un vulgaire et cruel euphémisme ? Qu'une illusion, combien naïve, qui avait germé dans l'esprit d'un peuple désenchanté, à propos du caractère prétendument philanthropique d'une administration étrangère, quand bien même cette dernière serait fondée sur les principes mitigés du protectorat ou de la tutelle ! Ah ! C'est étrange, comme l'histoire de la colonisation s'apparente et se ressemble dans le temps et dans l'espace. A quelques nuances près, il faut en convenir : même volonté d'asservissement, même racisme impénitent, même avilissement de l'être humain, mais aussi mêmes combats pour la liberté...

Ainsi furent amèrement déçues et l'attente et l'espérance des Duala des années mil huit cent... D'autant plus amèrement qu'à l'inverse de ce qui s'était passé ici et ailleurs en Afrique, eux avaient réclamé, voulu, favorisé, bousculé la venue des colonisateurs. Eux, au moins, avaient tôt compris l'inutilité qu'il y avait à résister, par la force ou n'importe comment, à l'implantation de cette hydre à deux têtes (à deux têtes seulement : l'une monstrueuse, l'autre magnanime) et qui avait nom : colonisation. Mais au départ, cette sagacité ne leur faisait-elle pas marquer des points ? Plus tard, cela les mettra d'autant à l'aise pour dénoncer la satiété, urbi et orbi, les méfaits, d'un mot tout le côté négatif de la colonisation. C'est ainsi que ce peuple, depuis l'autel de son assemblée traditionnelle, ne tardera pas à affirmer dans le pays sous occupation étrangère comme le tout premier bastion de la réaction, de la résistance et de la lutte anticolonialistes, disons par le fait même du double aléa de la géographie et de l'histoire. Cela, dès les premières années du protectorat allemand. Ce qui, de bonne heure, ne lui vaudra guère pas que des amis, au cours de son destin passé. Il s'en fallait de beaucoup.

Placé aux avant-postes au gré de la Providence, peuple martyr parmi les plus martyrs, il lui en coûtera surtout bien de sacrifices en vies humaines - et tant d'autres encore - qu'il ne nous revient pas de décrire ici. Ce sera peut-être pour une autre fois, en une autre et meilleure occasion. Dès avant la fin de la deuxième décennie de la présence allemande, donc, rois, princes et peuple réunies sous les auspices du Ngondo, furent unanimes à considérer que, dans la pratique, l'administration protectrice violait ouvertement, si l'on ose dire, le Traité du 12 juillet 1884, lui-même négocié, comme on sait, du côté duala, sous la direction de l'assemblée traditionnelle du peuple. Voici quelques-uns des huit points du protocole d'accord dont était assorti ce Traité célèbre et formulant des voeux précis de la population duala :

« 4) - Notre terre cultivée ne doit pas nous être arrachée parce que nous ne sommes pas capables d'acheter et de vendre comme d'autres pays... »

« 6) - Nous continuerons à élever nos bouledogues, cochons, chèvres, volailles, comme cela se passe maintenant... »

Juillet 1902. Dix-huit ans après l' « annexion », probablement même jour pour jour, le Ngondo organise dans les quatre quartiers une souscription populaire, à raison d'un demi-mark par personne adulte et valide. Le produit de cette quête est destiné à couvrir les frais de voyage et de séjour, en Allemagne, d'une importante délégation ayant reçu mission d'exposer les doléances du peuple et de remettre en mains propres, au roi de Prusse, la toute première pétition duala. Cette délégation comprend :

1 - du côté Bell : le chef supérieur Manga Ndumbè et le notable Eyum'a Njembèlè (9) ;

2 - du côté de Akwa : le chef supérieur Dika Mpondo, son fils Mpondo Akwa, conseiller, et le notable Mukudi Muanguè de Bonakuamuang ;

3 - du côté Deïdo : le chef supérieur Epée Ekwalla et le notable Dikonguè Môni de Bonamuduru.

A la dernière minute, le chef Kum a M'bapê, de Bonaberi, avait fini par renoncer à ce long déplacement. Les Akwa et les Deïdo quittèrent Douala en septembre 1902, quelques jours après les délégués de Bell qui les avaient devancés.

L'essentiel de la mission accompli, le gros de la délégation s'empressa de rentrer au Cameroun, laissant seul à demeure en Allemagne, Mpondo Akwa, mieux placé que quiconque pour intéresser ses nombreux amis à la plainte du peuple duala et prendre avec eux de fructueux contacts auprès de certains milieux politiques favorables, au sein du Reichstag, à l'amélioration du traitement des Noirs dans les colonies de l'Empire (10).

En 1902, tout le peuple réuni en Ngondo décide par conséquent d'adresser des prestations à ce sujet à l'Empereur Guillaume II lui-même, sous forme de pétition. Le principal instigateur et meneur dans cette affaire est Mpondo Akwa, fils aîné de Dika Mpondo Akwa, l'un des principaux signataires du Traité du 12 juillet 1884. La pétition stigmatisait avec force les exactions du représentant local du Reich, le gouverneur général Von Puttkammer. En même temps, elle exigeait une scrupuleuse application de l'esprit ayant présidé à la conclusion des actes de 1884, savoir : une authentique protection des indigènes au lieu d'une autorité de fer et de terreur...

Cette année 1902 précède de peu le début des mesures d'expropriation qui seront décidées à Douala par les Allemands, en mai 1906. Cela avait commencé par le quartier de Bonabéri, sur la rive droite du Wouri. Ces mesures ouvriront d'ailleurs la période du grave conflit Germano-Duala, laquelle se terminera avec la fin effective de l'administration allemande à Douala, le 28 septembre 1914.

A partir de 1902, donc, le climat s'était déjà assombri dans les rapports entre Allemands et Duala. Les Allemands, en effet, avaient été désagréablement surpris de rencontrer auprès de leurs administrés, opposition et résistance en série, bref obstruction systématique à leurs moindres plans et projets, concernant la ville de Douala en particulier. Sans doute, ne s'y attendaient-ils que fort peu, convaincus qu'ils étaient d'avoir affaire à d'anciens pourvoyeurs d'esclaves, faciles à corrompre et à manipuler, en tout cas ayant prouvé autrefois leur extrême malléabilité.

Or, la réalité était froidement tout autre. Car, nous l'avons vu, les Duala venaient de faire l'expérience de vingt années d'administration anglaise, d'une administration par des consuls, assortie d'une autorité ferme mais paternelle et conciliante, ignorant abus et exactions, soucieuse avant tout de mettre fin à la traite des esclaves.

La transition ayant été presque nulle, l'épreuve de la toute première administration au vrai sens du terme - qu'elle fût du reste allemande ou non - devait forcément paraître très dure aux Duala. Ils la supportèrent, la mort dans l'âme. Aux exigences des Allemands, ils se mirent en devoir d'opposer des exigences. Ces raidissements réciproques de position expliquent assez clairement aujourd'hui les « méthodes fortes » qu'on reprocha aux Allemands, surtout vis-à-vis des Duala.

Or, c'est bien dans le Ngondo, âme, foyer et levain de la résistance anticolonialiste, que le peuple duala autrefois divisé à l'envie, puisa en ces circonstances des plus graves de son histoire, toute la force de sa cohésion et de son courage.

Mais revenons-en à la pétition du Ngondo auprès du Reich. Elle chargeait lourdement et plus particulièrement le représentant de l'Empire à Douala pour le Cameroun et le Togo, le gouverneur général Von Puttkammer. Sans épargner l'administrateur de la région de Douala, à l'époque, Von Brauchitsch. Le gouverneur général, lui, était le fils d'un ministre d'Etat du chancelier Bismarck et neveu du ministre de la guerre Von Papen. C'est dire de quelles puissantes protections il pouvait bénéficier.

L'examen de la plainte Duala dura environ trois ans. Retour de l'exposition de Berlin de 1905, le gouverneur général Von Puttkammer s'entendait rappeler sans délai en Allemagne où, semble-t-il, il devait être admis d'office de ses fonctions. Le fait est qu'il ne revint plus jamais au Cameroun. Comment s'étonner dès lors que cet ancien gouverneur général en soit arrivé à vouer aux Duala une haine mortelle, au point d'écrire au sujet de ses ennemis déclarés : « ... qu'il aurait mieux valu les exterminer ou les déporter lors de l'arrivée des Allemands mais qu'il était maintenant hélas trop tard » (11). Très curieusement, plusieurs dizaines de Duala seront déportés dans les années 40, vers des régions lointaines du Cameroun au climat et au régime alimentaire des plus inadaptés pour eux. Beaucoup y mourront sans plus jamais revoir Douala. Pendant ces même années 40, indépendamment de multiples arrestations policières et de nombreux cas d'emprisonnement de patriotes à Douala même, il y eut la fusillade, à l'aube, devant la « poudrière » de la ville, de Dikonguè Meetom, notable de Bonakouamouang.

Motif : « germanophilie ou intelligence avec l'ennemi allemand ». C'était, cette fois, sous l'occupation française. Hélas ! Von Puttkammer ne sera plus là, peut-être même plus de ce monde, pour voir, ô paradoxe, comment son vieux rêve devait se réaliser, fût-ce en partie, mais alors pour des considérations... qu'il n'eût certainement plus approuvées, parce que diamétralement opposées à ses propres intérêts ! Pauvres Duala, inconstants et insatiables ! Voire ! A moins que ce ne fut, ici encore, la même ancienne allergie, le même « épidermisme » au même colonialisme, seul le manteau ayant changé depuis 1916...

Pour ce qui est de l'administrateur en chef Brauchitsch, conseiller du gouverneur général et chef de la circonscription de Douala, il fut, nous raconte-t-on, condamné... au paiement d'une amende de 1000 marks !

La pétition du Ngondo avait porté !

Mais, comme le dit si bien une maxime duala : Bakala na bakala ba si ma wutanê tamba. Littéralement cela signifie : « Les Blancs ne s'ôtent pas le chapeau entre eux » ; et au figuré : « Le Blanc marche toujours sur les traces de ses prédécesseurs, il tient toujours compte de leurs opinions, de leurs avis, de leurs appréciations sur les hommes et les faits ; entre eux, les Blancs ne se déjugent pas, ne se contrarient pas, même lorsqu'ils sont des ennemis avoués entre eux, et cela dès qu'il s'agit d'affaires concernant les Noirs ».Ainsi, les successeurs de Von Puttkammer ne furent pas prêts à oublier le grave affront qu'il avait essuyé et auquel eux-mêmes pouvaient s'attendre, d'un moment à l'autre. Ils tinrent, de plusieurs manières, à venger cet illustre enfant de l'Empire.

En voici une, choisie au hasard parmi tant d'autres : Mpondo Akwa, chef incontesté de la délégation de son pays en 1902, fut obligé de rester en Allemagne jusqu'en 1911, soit pour suivre sur place les affaires de Douala, soit sur le conseil de ses amis allemands, sociaux-démocrates pour la plupart. Semble-t-il, ces derniers l'avaient adjuré de ne pas retourner immédiatement dans son pays, de crainte d'être pris au filet. Dès son retour en 1911, on s'empressa de tisser contre lui toute une histoire, dans les formes classiques. Sur dénonciation calomnieuse savamment préméditée, on l'accusa d'avoir tenu des propos anti-allemands. Une procédure sommaire et expéditive le fit condamner à la déportation à Banyo d'abord, à Ngaoundéré ensuite. La déclaration de guerre le trouvera dans cette dernière ville en 1914, comme détenu politique.

Or, un jour d'août 1914, sous ombre qu'il avait tenté de s'évader de sa cellule, des tirailleurs reçurent l'ordre de tirer sur lui. Alors qu'en réalité, Mpondo Akwa allait, comme d'ordinaire, c'est-à-dire sous bonne garde, se baigner dans la rivière toute proche. Pendant des années, l'autorité administrante le porta disparu et se refusa même à révéler aux Duala le sort véritable qui fut le sien. C'est bien plus tard, à la suite d'enquêtes et recherches multiples menées par sa famille, que tout le monde fut enfin péniblement convaincu de sa mort, dans les conditions plus que tragiques qu'on connaît... Pour avoir, à l'exemple de son père, dit « non » au régime abject du colonialisme ainsi qu'à ses tenants !

1905. Le gouvernement allemand met au point un plan d'urbanisme de la ville de Douala. Quelques années plus tard, les Français retrouveront ce document et l'appelleront « plan cadastral allemand », par ailleurs excellent et unique dans son genre au Cameroun, du moins à l'époque. Pour le mettre à exécution, l'administration locale doit procéder à des expropriations en règle, pour cause d'utilité publique. La première tranche de la procédure s'effectue en 1906, d'abord à Bonabéri, sur la rive droite du fleuve, sans difficulté (12).

Dès 1911, une entreprise identique est envisagée pour les trois cantons de la rive gauche : Bell, Akwa et Deïdo. Ici, le projet se heurte aux protestations les plus énergiques de toute la population, contenues dans des pétitions successives adressées jusqu'au Reichstag entre 1911 et 1912.

Malgré cela, les Allemands s'apprêtent à faire déguerpir, dans un premier temps, le canton de Bonadôo, et, au demeurant, le décret officiel paraît le 15 janvier 1913 pour 903 hectaresde terrains. Malheureusement, les indemnités proposées à cet effet sont si minimes qu'elles exaspèrent davantage encore les Duala et motivent de leur part une opposition généralisée.

Une nouvelle fois, ceux-ci forment un front uni autour du Ngondo. Ils désignent Duala Manga Bell comme leur porte-parole et chef de la résistance. Le 8 mars 1912, Duala Manga Bell envoie au Reichstag, au nom du peuple, une longue lettre de protestation, mais aussi d'instantes prières. Auparavant, les Duala s'étaient constitué deux avocats défenseurs, l'un à Hambourg, l'autre à Berlin. Au fait, de quoi s'agissait-il ?D'éloigner à 5 km au moins à l'intérieur du pays tous les villages autochtones alors bâtis au voisinage immédiat du fleuve. De transformer ensuite les lieux ainsi vidés en quartiers résidentiels uniquement réservés aux Européens.

Ouvrons la parenthèse pour noter tout de suite qu'en définitive, le déguisement des Africains du quartier de Bonadôo, appelé encore Plateau Joss, ou Bonanjô, se réalisera contre vents et marées 13. Ce quartier demeure, à ce jour, le principal centre administratif de la ville et, jusqu'en 1959 au plus tôt, soit à la veille de l'indépendance du Cameroun, il aura été en fait le quartier résidentiel des seuls Européens et assimilés, à l'exclusion de toute présence d'autochtones, apparaissant ainsi comme un exemple vivant, incontestable, de ségrégation raciale. Il reste vrai dire que l'essor très rapide de Douala rendra assez tôt ce quartier, en réalité le plus beau et le plus calme de la ville, insuffisant à l'habitat de tous les Européens. Force sera donc à bon nombre d'entre eux de résider également dans les quartiers d'Akwa (essentiellement commercial) et Deïdo, souvent à proximité des indigènes.

Mais reprenons la trame du récit pour préciser qu'à la vérité, le projet allemand cachait secrètement des objectifs à peine voilés de ségrégation raciale. En effet, des médecins spécialisés avaient fait valoir auprès du Reichstag, le Parlement allemand, qu'une promiscuité entre Noirs et Blancs entraînerait fatalement, pour ces derniers, des risques graves de contamination de la malaria et de bien d'autres affections dites tropicales.

Or, les Duala comptaient de nombreuses sympathies dans toute l'Allemagne. Très tôt, des amis sûrs et bien informés leur mirent la puce à l'oreille. L'indignation du peuple fut complète et eut pour effet d'aviver sa réaction catégorique à l'égard du projet. Dans leurs suppliques, les Duala avaient tenu à démontrer comment ce serait pour eux une question de vie ou de mort d'avoir à quitter la terre de leurs ancêtres, sur laquelle eux-mêmes avaient grandi. Il est difficile à quelqu'un d'autre de mesurer l'extrême douleur d'un homme habitué, depuis l'enfance, à vivre au bord de l'eau, à contempler le fleuve à toute heure, et qui, du jour au lendemain, se voit condamné à se priver de tant de joies intenses, difficilement explicables !

Face à ces scrupules et tant d'appréhensions, l'administration allemande argumenta que les ancêtres des Duala n'avaient pas toujours habité là ; que les Duala avaient d'ailleurs coutume de rester plusieurs jours ou des semaines entières dans leurs pêcheries ou dans leurs plantations ; qu'on allait leur bâtir une belle ville moderne ; que quinze minutes de marche pour arriver jusqu'au fleuve ne représenteraient tout de même pas un énorme sacrifice...

Le moindre compromis était loin d'être réalisé !

Le 4 août 1913, intervenait la destitution, à titre temporaire, de Duala Manga Bell. Sa charge de chef administratif rémunéré sur les fonds de l'Etat avait été jugée incompatible avec son attitude hostile aux objectifs prioritaires de ce même Etat (14).

L'affaire néanmoins reste au point mort et n'avance pas assez.

Le 1er août 1914, éclate la première guerre mondiale.

Entre-temps, le Ngondo avait dépêché en Allemagne Ngoso Din, secrétaire de Duala Manga, et l'avait chargé d'une « mission spéciale ». Les Akwa diront par la suite de n'avoir pas été mis au courant de cette « mission spéciale ». Ngoso Din, à son passage à Bordeaux et à Paris, aurait pris des contacts (mystérieux) avec certains milieux politiques français. Les Allemands n'avaient pas tardé à être alerté et, dès son arrivée sur le sol allemand, l'émissaire Duala était arrêté.

A Douala même, la situation se complexifiait irrémédiablement et l'évolution de l'affaire tournait au tragique pour le chef de file de l'opposition. Celle-ci, en effet, avait connu, de manière subite, des développements d'un nouveau genre, et Duala Manga s'était vu accuser de haute trahison pour « entente avec des puissances étrangères et instigation des chefs de l'intérieur du pays à la haine et à la révolte contre l'Allemagne ».

Le 7 août 1914, à 14 heures, Duala Manga et Ngoso Din étaient exécutés par pendaison dans l'enceinte du commissariat de police. Duala Manga Ndumbè a Lobè, petit-fils de Ndumbè a Lobè a Bebe, celui-là fut baptisé par tous les Duala le « père » du protectorat allemand au Cameroun ! Y aura-t-il eu plus belle et plus ironie du sort ?

Mais sur ce drame historique, nous n'en dirons pas plus, tel n'étant point - Dieu nous en garde ! - notre véritable propos. Nous avons tenu tout simplement à évoquer quelques péripéties, dans le contexte particulier du rôle de haut niveau politique que le Ngondo a pu jouer dans un passé pas très lointain. Sans, pour ainsi dire, en avoir lui-même eu claire conscience. Ce faisant, il signait, de façon tout à fait inattendue, l'acte de naissance du nationalisme camerounais, annonçant alors la couleur par une voie absolument inédite.

En dernière analyse, de quelle manière épiloguer sur tout ceci et que reste-t-il en substance à y condamner maintenant que les petits-fils et les arrière-petits-fils des Duala de l'époque sont devenus, quant à eux, capables de faire la part exacte des choses entre d'un côté ce qu'ils savent désormais des problèmes d'urbanisation des cités modernes - gage de leur développement harmonieux et de leur indispensable renommée - et d'un autre côté l'opposition aveugle, systématique à toute mesure d'expropriation organisée et soutenue jadis leurs honorables devanciers ? A notre opinion, tout le champ du possible reste ouvert : celui de la réflexion et de la critique. Celui de toutes sortes de spéculations juridiques ou doctrinales aussi.

Tout tient pour l'essentiel à une question de forme procédurale. Déjà, autrefois, il y avait eu maints Allemands de bonne foi, sans doute appartenant à l'aile progressiste de l'Empire, qui n'avaient point hésité à flétrir à toute force le caractère inhumain du plan d'expropriation, en ce qu'à l'évidence, ce plan entendait essentiellement empêcher toute cohabitation entre Blancs et Noirs.

N'empêche que des juristes avaient estimé devoir échafauder diverses thèses en faveur du principe même de la légitimité des expropriations ordonnées pour cause d'utilité publique, basant alors cette légitimité sur la pleine et entière souveraineté de l'Etat allemand dans l'administration du pays, à la suite de la totale abdication de leur propre autorité par les rois, chefs et notables duala. Ils justifiaient ainsi les mesures entreprises, fondées, selon eux, sur le strict droit européen.

Et certes, les rois et chefs de la contrée avaient délibérément transféré à l'Etat allemand tous leurs droits et prérogatives de souveraineté, de législation et d'administration sur le territoire. Il n'en demeure pas constant, pareillement, que le Traité du 12 juillet 1884 est explicite en son point 3 qui édicte que : « Les terrains cultivés par nous, et les emplacements sur lesquels se trouvent des villages, doivent rester la propriété des possesseurs actuels et de leurs descendants ».

Et de leurs descendants !

Ce membre de phrase à lui seul suffisait à exclure toute possibilité d'aliénation de terrains par n'importe quelle personne ou puissance étrangère, pour quelque motif fût-il, sauf acceptation préalable, librement négociée, des détenteurs.

Dès lors, il était clair qu'aucune mesure de déguerpissement des Africains 16, pour légale et justifiable qu'elle ait pu apparaître sous le double aspect de l'utilité publique et du droit occidental, ne pouvait ni ne devait être décidée unilatéralement par la puissance de protectorat (protectrice par essence), sans préalable consultation des autochtones et, au besoin, intervention d'un protocole ou d'un addendum à l'acte juridique du 12 juillet 1884. A la limite, les Duala consentant collectivement à la mesure, le cas échéant, devenaient par la suite seuls habiles en droit à déterminer à leur totale volonté les conditions matérielles de l'indemnisation, en réparation des dépossessions ordonnées.

Bien sûr, le régime de l'expropriation dans l'ensemble des territoires allemands du continent africain avait déjà fait l'objet d'une ordonnance impériale du 14 février 1903 prenant effet le 1er juin 1903 ; une décision de la section coloniale en date du 9 avril 1906 en avait arrêté les modalités pratiques d'application. Mais dans quelle mesure ces différents textes étaient-ils valablement opposables aux Duala ? Dans quelle mesure, au cas particulier des expropriations de Douala, se conciliaient-ils tant avec les termes qu'avec l'esprit du point 3 sus-évoqué du Traité du 12 juillet 1884 ayant force des actes diplomatiques ?

Dans ce grand litige Germano-Duala, qui avait tort, qui avait raison ? Avouons notre propre embarras de pouvoir d'emblée répondre à une aussi délicate question, en toute objectivité. Avant d'essayer de nous y résoudre, un petit rappel historique s'impose.

L'utilité publique invoquée en l'occurrence par l'autorité administrante visait, en premier lieu, la libre disposition par elle de terrains domaniaux nécessaires à l'implantation de ses services, puis secondairement à la résidence de ses principaux dirigeants et fonctionnaires - entendez expatriés. N'est-ce pas là les préoccupations prioritaires de toute puissance publique, qu'elle soit allemande ou non ? Elle reste, aujourd'hui encore, celle de nos propres gouvernants africains.

A supposer même que l'expropriation du Plateau Joss ait tendu, dès l'origine, à quelque lotissement digne de ce nom, celui-ci ne pouvait qu'être assujetti aux règles courantes de tout programme urbanistique élémentaire, soumettant tout le monde à des normes précises et commune de construction. A ce prix, nos cases en matériaux provisoires devaient se voir condamnées sans ménagements dès la mise en jeu des mesures arrêtées, lesquelles devaient rendre pratiquement impossible le moindre investissement de la part des Africains. De ce fait, seules resteront intactes au quartier Bonanjô, frappées du sceau du privilège, quelques rares propriétés individuelles. Ce fut le cas des concessions, « valablement bâties », de la famille royale (à côté de l'immeuble du Palais de Justice), du très riche propriétaire duala de ce temps-là, Mandessi Bell, du regretté pasteur Modi Din et, naturellement, de la firme hambourgeoise Woermann. Étant donné le très faible niveau économique des Africains, il n'y eut aussi, maintenus à demeure, que les quelques particuliers européens vivant dans leurs maisons de style européen, c'est-à-dire construits en matériaux définitifs.

La création du quartier Bali - destiné au recasement des déguerpis de Bonanjô - suivit immédiatement l'expropriation entreprise. On assistera à un processus à peu près analogue en 1937, lorsque l'administration française décidera d'importantes mesures de déguerpissement dans certaines zones particulièrement en vue du quartier Akwa où, par bonheur, une grande proportion de résidents autochtones étaient déjà propriétaires de villas plus ou moins modernes (pourvu qu'elles aient un toit de tôles et des murs en ciment) et détenteur de titres fonciers authentiques, opposables aux tiers. Ce qui explique la relative intensité des remous que provoqua cette deuxième vague de déguerpissements collectifs. Mais, sans doute aussi, le précédent allemand avait-il mieux aguerri les nouveaux maîtres du pays. Pourquoi pas ?

Les Allemands avaient promis à leurs « protégés » duala une belle ville, autrement plus avenante que l'agreste cité antique de pêcheurs qu'ils trouvèrent à leur arrivée sur les rivages du Wouri. Et ceci, au moins, ne s'est guère démenti...

Tout cela rappelé et précisé, une dernière question persiste néanmoins à l'esprit. Les règlements relatifs à l'expropriation pour cause d'utilité publique rendus en vigueur dans les possessions allemandes en Afrique, étaient-ils identiques à ceux-là mêmes qui étaient applicables sur les territoires du Reich ? Il y a, hélas ! Quelques raisons d'en douter ! Les règlements propres à l'Afrique avaient, selon toute vraisemblance, été conçus pour les Africains, à l'aune de leur « degré de civilisation ». Là résidait précisément la discrimination, le point d'ancrage de cette discrimination qui a toujours été et demeure jusqu'ici le responsable de tous nos maux, de tous nos malentendus.

Mais en posant au préalable comme postulat que législation allemande en matière fut absolument une tant en métropole que dans les colonies, et que cette législation n'a pas évolué ou très peu - depuis 1903 (ce qui du reste est simplement et proprement impensable), tentons maintenant de procéder au moyen du parallèle, même sommaire :

1 -- Les règles générales organisant les procédures d'expropriation le furent souverainement par ordonnance impériale, en d'autres termes sans consultation préalable des populations duala, comme celles-ci l'eussent souhaité. Jusqu'à présent, un peu partout dans le monde, cette prérogative est, à quelques variantes près, de puissance publique, notamment par le biais des assemblées parlementaires.

Sur ce premier point, la plainte du Ngondo s'avère donc assez peu consistante, mis à part l'élément établissant, dans l'espèce duala, qu'il y aurait eu violation par les Allemands du point 3 du Traité du 12 juillet 1884 (cf. supra.).

2 -- Les règles et taux de l'indemnisation font également partie intégrante des attributs, en soi inaliénables et inattaquables, attachés à l'exercice de toute souveraineté. Étant entendu que l'exception soulevée au paragraphe précédent, au cas particulier des Duala, conserve ici encore tout son poids pour ce qui est des conditions, apparemment arbitraires, dans lesquelles les Allemands fixèrent le montant des indemnités proposées aux victimes de l'expropriation, ces victimes étant réputées propriétaires légitimes indiscutables des terrains touchés, ceci en vertu d'un acte, avons-nous déjà dit, de portée diplomatique, unique charte devant gouverner tous les rapports entre Duala et Allemands.

3 -- Une fois décrétée la déclaration d'utilité publique, préalable et péremptoire, toute expropriation effective est communément précédée de formalités rigoureuses, entre autres d'une enquête publique et contradictoire présidée par le représentant de l'Etat, en présence des personnes concernées. Faculté est offerte à celle-ci d'élever des contestations dans les formes appropriées, en principe sur la nature et le montant des dédommagements ou compensations envisagés. L'Administration est tenue d'enregistrer toutes contestations ou oppositions reçues, de les instruire en commission composée de techniciens et de personnalités politiques, et d'y réserver la suite convenable. En principe, et très généralement, l'opportunité même de l'expropriation pour cause d'utilité publique n'est ni discutable ni négociable.

Mais les garanties ainsi aménagées avant sa matérialisation définitive dans les circonstances normales le furent-elles au profit des propriétaires coutumiers duala ? Regrettablement, l'histoire donne à entendre qu'il n'en fut rien du tout.Qu'en conclure, sinon que chacun en juge comme il l'entend, suivant sa propre conscience !

Pour sa part, le Ngondo, y compris tous ses martyrs et zélateurs, garde jalousement la certitude d'avoir agi en cette époque célèbre pour la seule défense du respect de la dignité de l'homme, surtout de l'homme noir, tant et si souvent bafoué dans l'histoire de tous les temps de notre pauvre humanité !

CHAPITRE IV :

LE ROLE POLITIQUE JOUE PAR LE NGONDO

AVANT L'INDÉPENDANCE DU CAMEROUN

Repris en 1949, le Ngondo fit école puisqu'il semble avoir inspiré à travers le pays quantité d'autres associations traditionnelles, par exemple : le Kumze des Bamiléké, l'Association Amicale de la Sanaga-Maritime, la Solidarité Babimbi, l'Association des Béti du Centre-Sud, l'Association traditionnelle des Bulu-Fang (Efulameyông), etc.

Soulignons en passant qu'alors que le Ngondo était mis officiellement en congé, son esprit n'avait jamais cessé d'habiter son peuple. Il était mort sans être mort. C'est ainsi qu'en 1929, tandis que l'indigénat - tristement célèbre - faisait rage en Afrique, un petit groupe de Duala de toutes origines eut le mâle courage d'adresser à la Société des Nations, à Genève, une pétition réclamant la fin du joug colonial par l'octroi immédiat de l'indépendance au Cameroun placé sous mandat confié à la France.

Mais en 1949, le Ngondo s'était trouvé devant l'alternative de choisir entre deux tendances : l'une qui souhaitait son affiliation au parti politique de l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C), et l'autre qui rejetait cette obédience. C'est cette dernière tendance qui l'emporta. Selon elle, le Ngondo devait rester dans les limites du traditionalisme rigide et éviter justement de devenir politique, tout virage de l'espèce risquant de le dévier de son caractère propre ; risquant surtout de l'exposer aux aléas des multiples mouvements politique de l'époque. Grâce à quoi le Ngondo n'aura pas été dissout en 1955, comme ce fut le sort de l'U.P.C. et de toutes ses filiales...

Malgré cette option fondamentale et, tout en demeurant « traditionnel », le Ngondo des Duala estima qu'il était, somme toute, comme au siècle passé, le meilleur gardien de l'âme comme des idéologies du peuple. Soucieux de ne pas s'arrêter en si bon chemin et voulant en cela cristalliser les traditions séculaires - bien connues - de ce peuple, savoir : son vif penchant pour l'indépendance, son amour ardent de la liberté, sa passion pour les nécessaires changements et le progrès en général, cette assemblée « apolitique » crut bon de poser clairement à la Mission de visite des Nations Unies le problème du devenir politique du Cameroun. C'était pour lui l'occasion, combien alléchante et propice, de reprendre son cheval de bataille.

Ses arguments étaient simples ; ils puisaient dans la nature même des statuts successifs de notre pays.

D'abord protectorat allemand, ensuite pays sous mandat de la Grande Bretagne, le Cameroun en effet, pouvait et devait se prévaloir de bonne heure, de cette condition particulière, et ce beaucoup plus aisément que les anciennes colonies au sens pur du terme. Cette exceptionnelle position le prédestinait admirablement à une plus rapide libération et sut, dans l'ensemble, forcer les évolutions nécessaires en Afrique, ayant été, sans conteste aucun, un puissant facteur d'accélération du mouvement général d'indépendance dans le continent noir.

En effet, la Charte des Nations Unies signée à San Francisco le 26 juin 1945 avait stipulé en son article 76, paragraphe b, que les fins essentielles du régime de Tutelle étaient, entre autres, de « favoriser le progrès politique, économique et social des populations des territoires sous tutelle ainsi que le développement de leur instruction ; favoriser également leur évolution progressive vers la capacité à s'administrer eux-mêmes dans l'indépendance, compte tenu des conditions particulières à chaque territoire et à ses populations, des aspirations librement exprimées des populations intéressées, etc. ».

Tels furent les fondements sur lesquels s'était étayée la motion du Ngondo remise à la Mission de visite de l'O.N.U. en novembre 1949 et enregistrée par cette dernière sous le n° T-TEP-S/56/4/31. Les rédacteurs de cet important document avaient pris le plus grand soin de ne pas en faire un quelconque réquisitoire contre l'autorité administrante établie. Aussi s'abstint-il de ne contenir aucune attaque directe contre la France. Malgré ces précautions et scrupules, la pétition du Ngondo fut, dans les faits, jugée tendancieuse et réactionnaire et comme l'expression, à peine surprenante, des « prétentions exagérées des Duala ». Bien sûr mieux : une certaine campagne de diversion orchestrée au nom d'une certaine politique de division s'ingénia à accréditer, aux yeux des autres Camerounais, que ce document ne renfermait, en réalité, que des revendications d'intérêt purement régional, concernant les droits immobiliers des Duala, donc n'ayant le moindre rapport avec le destin général du Cameroun.

Les dirigeants du Ngondo s'avisèrent alors brusquement d'organiser la plus large diffusion possible de leur pétition qui fut lue intégralement, expliquée et commentée avec patience, trois journées durant, à tous les Camerounais non-Duala des différents quartiers de New-Bell 17 convoqués en plusieurs réunions populaires à cet effet.

L'inflexible rigueur des critères ayant présidé à la constitution du comité de rédaction de la pétition du Ngondo ; les conditions de travail, quasi mystiques, que s'imposèrent les membres de ce comité ; l'hermétisme grégaire, proprement maçonnique, qui entoura le style en même temps que le contenu du manuscrit ; l'anxiété fébrile qui s'empara de certaines personnalités autochtones et étrangères tantôt pour accéder au secret de ce manuscrit tantôt à l'affût de la remise au de la Mission de l'O.N.U. du document définitif ; les manoeuvres et tractions en tous genres qui précédèrent cette remise ; le nombre impressionnant des signataires de cette pétition historique (un peu plus de huit cent !) ; les circonstances, parfois cocasses, dans lesquelles furent recueillies sinon arrachées certaines signatures ; les modalités de sa diffusion à Douala même, puis à l'intérieur du pays et enfin auprès des autorités de Paris : quel beau thème de dissertation et quelle tendre aubaine de pages qui pourraient devenir célèbres dans l'histoire du Cameroun ! Il suffirait que quelqu'un y avise et qu'il veuille bien s'en charger...

La tê la miango, disent les Douala eux-mêmes, kê di ma sala ! (Tout fait qui tombe dans de l'histoire - ou de la narration du passé - perd beaucoup de substance).

Or, vraiment, ces journées ont droit de rester immortelles dans nos mémoires !

Nous avons déjà eu soin de mentionner qu'au cours de son passage de deux semaines au Cameroun, la Mission de l'O.N.U. avait collectionné un nombre extraordinaire de pétitions émanant de presque toutes les régions du territoire. Il semble du reste que le total des pétitions adressées par les Camerounais à l'O.N.U. pendant la période comprise entre 1949 et 1957, en chiffre par centaines sinon par milliers de tonnes. Affirme-t-on, avec beaucoup de sérieux !

Hormis celle portant l'estampille officielle du Ngondo, d'autres Duala avaient-ils remis à la Mission ou adressé directement à New York des pétitions individuelles ou collectives traitant de problème mineur, en l'espèce ceux relatifs à des droits terriens ? En toute honnêteté, il nous est difficile de le nier d'emblée, sans examen préalable. Malheureusement, nous n'avons pu disposer d'aucun moyen de vérification sur ce point.

Une chose reste évidente : c'est que la Mission de l'O.N.U. de novembre 1949 crut devoir émettre l'appréciation suivante en ce qui concerne la pétition du Ngondo de l'époque : « Une autre (pétition), celle du Ngondo, est plus explicite encore à ce sujet. Elle critique les limitations de l'Assemblée Représentative du Cameroun et déclare : « Qu'on ne voit pas se manifester la tendance à lui attribuer des pouvoirs particuliers de législation et de représentation qui seraient une première étape vers le « self-government ». C'est seulement si on accorde aux Camerounais des responsabilités plus larges que celles actuellement laissées à l'Assemblée Représentative du Cameroun que les habitants du territoire pourront acquérir l'expérience législative nécessaire pour les préparer à l'autonomie » (18).

Dès 1950, le Conseil de Tutelle recommandait l'extension progressive des pouvoirs de l'ARCAM, notamment dans le domaine législatif.

1954. Le Ngondo, las d'attendre la suite réservée aux points les plus saillants soulevés dans sa motion de 1949, désigne en son sein trois délégués chargés de se rendre comme pétitionnaires devant le Conseil de Tutelle des Nations Unies. Il prévoit et assure lui-même les frais de voyage et de séjour de la délégation composée de MM. Bétôté Akwa, chef supérieur d'Akwa, président du Ngondo ; Ekwalla Esaka, chef supérieur de Deïdo, vice-président et Kinguè Jong, secrétaire administratif de l'association.

Arrivée à Paris, ces trois émissaires sont « interceptés » par les autorités françaises. A la suite de quoi, ils prennent le chemin de retour à Douala plutôt que la route pour le Palais de verre de Manhattan.

Que s'était-il donc passé ? Le gouvernement français les aurait dissuadés de l'opportunité d'une démarche directe auprès de l'ONU, promettant qu'il n'allait pas tarder à examiner avec le maximum de bienveillance la requête du Ngondo, aux fins d'autonomie puis d'indépendance du Cameroun. « Mieux vaut laver notre linge sale en famille », se seraient-ils laissé dire...

A Douala toute la population concernée les hua, les traita de « vendus » et de « traîtres » à la solde des Français... Eux s'employèrent à persuader le peuple du caractère solennel des promesses françaises, allant précisément dans le sens des desiderata du peuple tout entier.

1956. Les pourparlers bilatéraux promis par la France ne s'annoncent toujours pas. Le Ngondo commence à perdre patience. Finalement, il décide d'envoyer à nouveau une délégation aux Nations Unies. Comme la précédente, elle comprend trois membres : MM. Bétôté Akwa, Kinguè Jong et Mbonde Loko. Ceux-ci étaient porteurs d'une pétition assez laconique, rappelant simplement celle de novembre 1949 ainsi que les intentions françaises exprimées en 1954 et, jusque-là, non concrétisées.

Devant le Conseil de Tutelle des Nations Unies, donc, le Ngondo, par l'intermédiaire de ses porte-parole, fit entendre sa voix au nom du Cameroun, pour sa modeste part, en vue de l'obtention d'une autonomie interne immédiate suivie de l'indépendance nationale dès que possible.

Revenus des États-Unis, les trois délégués du Ngondo parviennent, cette fois, à convaincre puis à calmer les masses duala, par la diffusion d'enregistrements sur bandes magnétiques de toutes les interventions devant l'Organisation internationale.

L'année d'auprès, soit en 1957, le Cameroun devenait autonome. Cela, bien entendu, grâce à la conjonction des forces et des moyens de toutes les couches agissantes du pays entier.

Ainsi le Ngondo duala peut, aujourd'hui encore, se féliciter d'avoir apporté sa part de contribution positive à l'avènement accéléré de notre autonomie réclamée par elle dès 1929 et 1949 ! A cet égard, il n'a fait, redisons-le, que reprendre ses traditions d'autan marquées dès l'aube de la colonisation européenne au Cameroun.

CHAPITRE V :

LE NGONDO, FÊTE TRADITIONNELLE DES DUALA

12 juillet... En souvenir de cette année mémorable où, en 1884, il scella avec les envoyés diplomatiques allemands nos tout premiers liens, combien alors timide, dans le cadre de la future et vaste coopération humaine à l'échelle de la planète, le Ngondo organise le 12 juillet de chaque année depuis 1949, des festivités à vrais dire fastueuses. C'est le Ngondo, la fête traditionnelle du peuple duala. S'il est exact qu'en 1949 même, cette fête eut lieu le 19 juin, c'était uniquement parce qu'il fallait en anticiper le déroulement, pour permettre au président (nouvellement entrant) de l'organisation, le chef supérieur E. Bétôté Akwa, d'y participer avant de pouvoir effectuer un voyage important en Europe.

De la solennité au profane, de l'allégresse presque infantile de la méditation grave et contenue : voilà les principaux traits qui, paradoxalement, caractérisent de nos jours la fête traditionnelle des Duala.

La veille, un service religieux est organisé indistinctement au temple du Centenaire ou à la cathédrale de Bonadibông, et ce depuis la rénovation du Ngondo en 1949.

Le lendemain matin, dès 5 heures, ses grands dignitaires suivis de leur état-major et d'une foule imposante d'hommes et de femmes, tous en tenus « traditionnelle » d'apparat, se dirigent vers une plage du Wouri préalablement choisie selon les années et les présages reçus des divinités du fleuve. C'est souvent au pied du pont du Wouri, parfois dans la petite pêcherie du Yupwè. Mais auparavant, ils auront parcouru toute la ville à pied, pour rendre chaque année un hommage immortel à leurs deux derniers souverains disparus. Ainsi vont-ils se recueillir pieusement et déposer une gerbe de fleurs sur la tombe tour à tour : de Rudolph Duala Manga, héros du peuple, à Bonanjô, et de King Akwa, Dika Mpondo ma Ngando a Kwa. Dommage que les Deïdo n'ont pas élevé de monument à la mémoire de leurs princes, ni pour Ekwalla Epèe, ni pour Epèe Ekwalla et Eboa Epèe !

Voici les hommes. Tous vont pieds nus ; petites toques de fibre de raphia noire sur la tête ; pagnes de velours ou de soie chatoyante, porté serré autour des reins, avec un art d'y faire des surplis et de laisser pendre de chaque côté deux pans, dont seuls ces hommes possèdent le secret ; chemise blanche à longues manches recouvrant l'ensellure du pagne, ou petits tricots collant au buste ; foulards aux couleurs vives et ondoyantes, tantôt en bandoulière sur l'épaule ou jetés nonchalamment en écharpe sur le cou, un peu à l'image des maires de France ou de chez nous ; chasse-mouche à la main. Il y en a qui sont torse nu, bustes de toutes les gammes de noir, de brin, de nègre ou de brique cuite. Leur pas est lent et majestueux. Leur masque grave. Ils marchent en silence, dans l'ombre encore fantomatique de la nuit qui se meurt, sous un ciel blafard, humide de ces pluies légendaires de la côte camerounaise, de ces pluies qui sont la marque de nos laides journées de juillet, sombres et brumeuses à fendre le coeur.

Les femmes portent le kaba ngondo. Le kaba est une robe « maxi », d'une mode typiquement duala, fort ancienne dans la région. C'est l'habit de tous les jours des vieilles mamans de là-bas. Longues et très ample, cette robe se fait en tissu imprimé de toutes teintes, aux motifs d'une infinie variété. Le groupe des femmes s'avance, lui aussi, dans ce même silence fait tout à la fois de mystère et de ferveur.

Leurs pieds, également, sont nus ; un foulard de soie ou de velours noué, également, autour des reins, comme dans le musuka des pleureuses, les jours de deuil (basasè kwedi).

Habituellement, très peu d'enfants assistent à cette phase - qui se veut sublime - du cérémonial.

Parvenu au bord du fleuve, à l'emplacement élu, tout ce monde foule fébrilement le sable mouillé de la plage et tourne, avec humilité, ses regards vers les eaux sales, glauques et palpitantes. Devant lui, à l'horizon, sur l'autre rive ou sur les mille et un îlots qui hérissent de leurs fouillis verdâtre le milieu du fleuve au Nord du pont, d'immenses champs de palétuviers se profilent à perte de vue, dans un entrelacs de racines aériennes ruisselantes de glu ou parées de minuscules coquillages, plongeant dans l'onde noire de suif et de boue comme les tentacules de pieuvres géantes. C'est la demeure divine des miengu sacrés des Duala, génies craints et vénérés de tous, sirènes ou naïades dispensatrices de toutes leurs fortunes, bonnes ou mauvaises.

Puis, subitement, une voix de stentor s'élève par-dessus la clameur sourde, tandis que les palétuviers touffus en reprennent au loin l'écho, par saccades tardives et émouvantes.

Le chef-président parle et demande le silence. Cela annonce le commencement du rituel au son du ngoso (19), des mikeñ (20) et des mbaka (21). D'abord, c'est un solo immédiatement suivi d'un duo... Puis le choeur enchaîne sur un rythme sourd, compact, majestueux, d'une incomparable richesse d'harmonie et d'une beauté mélodieuse pour nous sans pareille :

Ya, Malobè, O! Malobè!

Ho!Ho!

Ya, Malobè, O! Malobè!

Ho ! Ho !

Malobè a si wèli Engômga Malobè n'a pu résister à Engômga;

Ya, Malobè e!O! Malobè!

(Cf. la transcription musicale en annexe).

Dans ce chant, les Duala à l'origine se moquent de Malobè, autrefois leur terreur aux marchés de Pongo. De ce Malobè qui se croyait invincible. Mais que la force (supérieure) d'Engômga finit par mettre à genoux. Aujourd'hui, c'est le chant du ralliement, l'hymne à l'union.

Après quoi vient l'esa, l'esa ya mboa, la prière collective aux ancêtres disparus, l'invocation solennelle des miengu. C'est encore le male ma mboa : serment d'allégeance perpétuelle au Ngondo, de fidélité au peuple tout entier ainsi qu'à ses nobles idéaux d'union et de paix. Ni traîtres ni parjures dans ses rangs ! Sinon le peuple veille sur tout et sur tous, quels qu'ils soient. Souvenez-vous de la loi fondamentale du Ngondo : « Vie pour vie, etc. ». Souvenez-vous de la question d'honneur des Duala (qui se trouve à l'origine de sa création), du prodige réalisé sur le titan Malobè, grâce à l'entente et à l'union.

C'est bien ce que, d'une voix autoritaire, sentencieuse, les yeux pleins de feu, dans des vers presque ésotériques, le chef-officiant proclame plusieurs fois, et la foule tout entière avec lui, dans une ferveur, dirait-on, cabalistique, car c'est proprement de l'ancien duala :

Le chef : Ekwa muato !

La foule : O o !

Le chef : O tam !

La foule : Njôm !

Les paroles du serment duala ont été quelque peu déformées avec le temps et altérations multiples subies par la langue sous l'effet de phénomènes divers. Il convient de reproduire le texte original de l'ancien duala :

E kwi ya muato : Ce qui est sorti des entrailles de la femme : (tout être humain). O-o !: Oui ! (Entendu !).

O tam ! : (si) Tu attentes (jalouses, hais, envies, ou trahis, etc.)

Njôm ! : Responsable (tu es ! avec toutes les conséquences, sous-entendu.)

Aujourd'hui e kwi se dit en duala e busi ; muato se dit : muto ; o tam est l'abréviation de : o tam ñama (tu lui veux du mal ; tu cherches sa perte, sa mort, son malheur, etc.).

Notons tout de suite, sans renvoi fastidieux, que la plupart des Béti (dans le Centre-Sud du Cameroun) disent : kwi (nsêñ) pour « sortir » ; que les Pongo et les Mungo appellent toujours la femme muato et les Wuri : muaro. (Il est connu que les populations de ces trois dernières sous-tribus parlent du duala archaïque).

La prononciation actuelle de l'expression o tam fait penser à : « Tu ramasses », ou « Tu touches ». C'est proprement incorrect. Nos parlers étant des langues à tons, il faut prononcer cette phrase de manière à lui donner plutôt l'un des sens ci-dessus expliqués.

Tout ceci pour rappeler symboliquement à la mémoire de tous le triste sort advenu à Malobè qui avait osé attenter à la vie et à l'honneur des Duala.

Mais à ce moment de la cérémonie du serment, toute l'assistance entre dans un état de transe trépidante, comme mue et possédé par le Jengu. On se trémousse, on trottine (sur place !) ; des milliers de bras gesticulent tels des manivelles, comme dans la danse des malôkô, propre aux pas de lutte traditionnelle. Le tout cadencé par le son cristallin des mikeñ et des mbaka.

Par cette prière collective, le Ngondo implore les miengu afin qu'ils protègent et gardent son peuple bien-aimé, qu'ils le couvrent de toutes les bénédictions, qu'ils le comblent de toutes les vertus de la terre : force, sagesse, intelligence, richesse ; qu'ils lui apportent la prospérité en tout, une plus grande fécondité des femmes, des parties de pêche fructueuses, de bonnes récoltes, l'union de tous dans la fraternité et l'amour du prochain, la paix dans les foyers et sur l'ensemble du pays...

Que, du même coup, les miengu conjurent et éloignent du peuple tous les maux d'ici bas : la mort, le deuil, la stérilité des mères de famille, la pauvreté et la misère, la haine et la désunion. Tout !

Mais dans tout ce rituel du Ngondo, la minute la plus pathétique, la plus poignante, la plus subjugante, celle qui accroche le plus l'attention, retient le curieux et intrigue la profane, c'est, sans aucun doute, celle de la cérémonie d'immersion du vase sacré dans les profondeurs du Wouri, autre demeure mystique des génies peuplant le fleuve, les miengu. C'est le siba,l'eloko.

Cet office remonte aux temps les plus reculés de la société des Bonambôngô dont sont issus les Duala lato sensu. C'est-à-dire avant même l'installation définitive de membres de cette vieille souche bantoue sur le littoral camerounais, il y a de cela un peu plus de 350 ans. La légende va jusqu'à soutenir que c'est l'exceptionnelle qualité des miengu de cette région qui, à la suite de nombreuses prophéties reçues des dieux morts, inspira puis détermina le départ de la famille Bonambôngô des lointaines boucles du Congo (ou Zaïre ?) et de l'Oubangui, dans la région des BâMuelè, pour les voisinages de l'Atlantique...

Mais autrefois, le rite de l'immersion du vase dans l'eau n'était point, comme c'est le cas de nos jours, un symbole d'ordinaire réminiscence, la reconstitution évocatrices de faits du passé, lesquels, force de le reconnaître, ont vécu quant à leur authentique pureté.

En cette époque-là, un initié plongeait jusqu'au fond des eaux, tenant dans ses mains un vase noir en terre cuite, assez volumineux. Il y séjournait pendant un laps de temps relativement long, environ une demi-heure. Lorsqu'il revenait à la surface, on pouvait le voir sans la moindre goutte d'eau sur le corps ni sur ses habits ; le vase lui-même revenait totalement sec mais avec, à son fond, un dingômbô. Le dingômbô, à Douala, est un crabe d'un brun très foncé, à la carapace particulièrement dure et aux pinces plus crochues, plus acérées et plus agressives que chez le crabe ordinaire. Mais le dingômbô figure surtout la fécondité : celle des mères de famille, du sol, des parties de pêche sur le Wouri, toutes choses distinctives de la prospérité dans l'esprit de ces gens.

Toujours en ces temps-là, les miengu participaient manifestement à la fête.On voyait de multiples bras, sortis de l'eau, remuer autour de la barque au bord de laquelle montent le plongeur et trois autres initiés.

Sur le sol de la plage, on pouvait encore apercevoir d'énormes quantités de poissons déposés par des mains invisibles. En un mot, on sentait et percevait la présence des miengu. Sans, bien entendu, les voir...

A cet instant merveilleux de l'immersion du vase sacré, on entend fuser de la foule grouillant sur la berge, une litanie psalmodiée en sourdine par un groupe de chanteurs, rares initiés au langage des miengu que seuls ils savent parler, que seuls ils entendent... Puis cette ouverture se termine par un magnifique crescendo.Le retour du vase sur la terre ferme marque la fin des cérémonies de communion du peuple avec ses dieux tutélaires.Au temps jadis, le centre d'activité du Jengu (considéré ici comme secte religieuse ou magique de toute la communauté duala) se trouvait sur un rocher gigantesque qui s'élevait, tel un minaret, sur les rivages du Wouri, à l'emplacement actuel du quartier de Bonamouti, dans le canton d'Akwa. Les gens de Bonamouti passaient alors pour être les principaux détenteurs et les plus grands dignitaires du Jengu et, par le fait même, les plus purs éléments de la race. Car la pratique du Jengu était, semble-t-il, de par la structure sociale duala, incompatible avec des « origines impures » ou « incertaines », bref étrangères à la nation.

Mais depuis l'arrivée des Européens, le bruit « insolite et incommodant » de leurs chaloupes et de leurs bateaux à vapeur a éloigné de Bonamouti le centre de la confrérie, le transférant de cet endroit à l'île de Jebalè, au large du Wouri. C'est dans un tourbillon situé au Nord-Ouest de cette île, au lieu dit Tondo ou Tonda Jebalè (confluent de trois bras du Wouri venant le premier du pays Wuri, le deuxième de Dibombari et le troisième de Bonendalè), qu'autrefois se déroulait le rite d'immersion du vase sacré. Jusqu'à présent les gouffres et tourbillons (betia) des fleuves et rivières se classent parmi les lieux enchantés des régions de notre littoral, à côté de certains monts, célèbres sous ce chapitre. Aussi bien les principaux gardiens du Jengu des Duala se retrouvent-ils à l'heure actuelle à Jebalè. Et c'est à Jebalè que recrutent les grands initiés : les plongeurs de l'eloko, les chantres mystérieux du Jengu, les interlocuteurs authentiques des miengu, les initiateurs éventuels aux rites du Jengu, etc.

Les Malimba de la Sanaga-Maritime, les Batanga de Kribi, les habitants de la région de Santa Carlos à Dikabo (appellation duala de l'île de Fernando-Pô, en Guinée Équatoriale) possèdent aussi leurs lieux sacrés propres, destinés à la pratique du Jengu. Ces lieux sont le delta de la Sanaga pour les Malimba, les embouchures du Nyong, de la Lobè et de la Kienté pour les Batanga lato sensu (Batanga, Banôh et Bapuku réunis).

Dès la fin de la phrase spirituelle des cérémonies, tous les assistants, les dignitaires du Ngondo en tête, entreprennent à pied le tour des principaux quartiers duala de la ville. Ensuite commence, la grande fête populaire. Dans les plus petits recoins de la cité, hommes, femmes, enfants de tous âge, habillés à la ngondo, dansent, chantent, s'embrassent à l'envi, boivent et mangent jusque dans les rues, à qui mieux mieux. Ce spectacle, extrêmement haut en couleurs, mérite d'être vu !

Vers 11 heures, en présence des autorités administratives locales, le bureau du Ngondo offre vin d'honneur aux différentes personnalités de la ville, étrangères ou camerounaises non-duala, représentant tous les secteurs d'activité en place. A cette occasion, son président prononce un important discours dans lequel il passe en revue l'historique du Ngondo, ses idéaux et ses objectifs essentiels, en insistant plus particulièrement sur la volonté de collaboration de ses membres avec les pouvoirs publics, par une communauté de pensée et d'action entre la puissance temporelle d'une part et les forces spirituelles et traditionnelles de l'Assemblée du peuple de l'autre.

ÉPILOGUE

Et aujourd'hui ?

1er janvier 1960. L'O.N.U. proclame l'indépendance du Cameroun précédemment sous tutelle assumée par la France. Devenu souverain sur les plans national et international, le pays va désormais siéger au Palais de verre non plus en pétitionnaire, mais en tant que membre à part entière de l'Organisation internationale.

Avec de nombreux États du monde entier, singulièrement avec ses maîtres d'autrefois : l'Angleterre, l'Allemagne et la France, il traite désormais d'égal à égal, par la conclusion de multiples Accords et Traités et par l'ouverture réciproque de missions diplomatiques au niveau le plus élevé.

Révolue, l'époque des interminables suppliques des porte-parole traditionnels de la nation duala, hier à la Reine Victoria d'Angleterre, le lendemain au Kaiser, en vue de l'annexion du pays à telle ou telle puissance étrangère.

Finie aussi, celles des pétitions tantôt au gouvernement du Reich tantôt au Palais de Manhattan.

Sur place, des gouvernants et des administrateurs authentiquement camerounais ont pris la relève de leurs homologues européens. Dans l'ensemble du pays, la liberté est retrouvée ainsi qu'un bien plus grand respect de la dignité de l'homme noir, sur son propre continent !

1er septembre 1961 -- 1er septembre 1966 -- 2 juin 1972 -- Il aura fallu d'un lustre pour que se fonde définitivement un Etat camerounais rétabli, fût-il hélas ! en partie, dans ses frontières d'avant 1914, recouvrant de ce fait son unité territoriale et politique que devait concrétiser, fort opportunément, la fusion en un seul parti national des myriades d'organes et de mouvements jusqu'ici caractéristiques de sa vie politique.

En effet, le 1er octobre 1961, est intervenue la réunification des deux parties de l'ancien Cameroun, autrefois l'une sous administration française et l'autre sous administration anglaise.

Puis, le 1er septembre 1966, est née l'Union Nationale Camerounaise, parti du peuple camerounais tout entier, ayant pour visées majeures : la création puis la consolidation permanente d'une véritable patrie camerounaise dans l'union de tous ses fils ; l'entente entre ses diverses familles ethniques ou religieuses ; la solidarité agissante ; la défense farouche de l'intégrité du territoire.

Enfin, suprême couronnement, le Cameroun est, depuis le 2 juin 1972, devenu un Etat unitaire sous la dénomination de République Unie du Cameroun, mettant ainsi fin à ses institutions fédérales qui ne garantissaient qu'assez imparfaitement et l'unité de la patrie et l'intégrité de son territoire.

Tous autant d'objectifs qui s'accommodent et participent des propres idéaux du Ngondo, constamment proclamés et défendus dans le passé.

Le Ngondo, tout au long de son histoire, ne s'était-il pas battu corps et âme pour la justice et l'égalité absolues ; pour l'indépendance et la liberté de tous les Camerounais, sans distinction d'origine ; pour le respect de la dignité de l'être humain ; pour l'entente entre les hommes de toutes races et de toutes origines ; pour l'amour du prochain ; pour le dialogue en toutes circonstances (à partir des gouvernants et administrateurs allemands) ; pour l'union qui fait force des nations et qui permit à son propre peuple, jadis, de réduire au silence l'impertinent et redoutable Malobè ; pour l'élimination de tous les traîtres à la nation et de tous les ennemis de celle-ci ; etc... ?

Les propres idéaux et objectifs du Ngondo -- inséparables, supposons-nous, de ceux de l'ensemble des Camerounais -- ne se trouvent-ils pas pleinement atteints depuis 1960, 1961 et 1972 ?

Tout, vraiment tout semble, depuis lors, avoir répondu à ses plus profondes aspirations, à son attente la plus exigeante.

A présent, que lui reste-t-il à combattre, dans ces conditions nouvelles de l'histoire socio-politique du Cameroun où toute lutte pour des causes essentielles déjà gagnées, des conquêtes achevées, des victoires remportées, devient inutile, sans objet ? Du moins, de notre point de vue...

Tels sont quelques sujets de méditation et de réflexion qu'aujourd'hui -- avec l'immense et affectueuse admiration que nous leur vouons -- nous osons prendre sur nous de soumettre aux Duala, ces authentiques frères. Et cela, à travers leur Assemblée traditionnelle.

A notre sens, en effet, la mission politique du Ngondo paraît bel et bien terminée. Il lui faut maintenant descendre des grands desseins aux réalités.

Néanmoins, toujours selon nous, il resterait à l'illustre Assemblée du glorieux et vaillant peuple duala, de déployer ses énergies dans d'autres dimensions, d'appliquer son initiative et son génie légendaire à transmettre puis à développer au sein de ses générations montantes, ces grandes et nobles valeurs humaines, ce riche patrimoine idéologique qui furent autrefois la marque distinctive de leurs pères : audace et endurance ; sens de l'entreprise et des affaires ; sens élevé de la nation, de la démocratie, du devoir et de l'honneur ; nationalisme virulent ; combativité et persévérance ; initiative créative et constructive ; diplomatie active et courageuse ; abnégation, sacrifice ; finesse intellectuelle ; sens de l'ordre et de la méthode ; lucidité et minutie ; netteté, scrupule et droiture ; tolérance et compréhension ; honnêteté sans faille, dans tous les domaines ; respect de la chose d'autrui ; générosité et hospitalité à nulles autres pareilles. Que tant de vertus soient donc mises pleinement au service du Cameroun en construction et en marche !

Que le Ngondo leur apprenne aussi, à ces générations duala de demain, de ne point se couper aveuglement des traditions de leurs ancêtres : leur langue, leurs danses, leur musique, leurs contes, leur art de la pêche, et nous en passons, comptent assurément parmi les plus valables qui puissent exister...

Nous sommes intimement acquis à l'idée que rien en principe ne devrait pouvoir empêcher le Ngondo d'organiser en son sein des tâches spécifiques d'information parallèle, d'éducation particulière, de formation complémentaire de son peuple, dans le sillage, dans les limites tolérables et le respect scrupuleux de la ligne-maîtresse du parti national de tous les Camerounais, de son idéologie et de ses structures. Ce ne serait là, à nos yeux, qu'un bénéfice adjuvant. Et nos institutions respectent trop les traditions et tout ce qui y touche, pour que ceci puisse apparaître telle une formule à l'emporte-pièce, inutile ou malfaisante.

Que les Duala, par le truchement de leur Ngondo, se rappellent donc ces quelques traits de la philosophie de leurs devanciers :

Mudio a titi ekôn : « Il n'est pas bon d'envier la « marée montante » de quelqu'un. A chaque jour suffit sa peine ».

Mudio bebe bebe : « A chaque marée son tour. Les marées montent et descendent alternativement. Il en est de même de la destinée des hommes ou des peuples. Cela va comme il plaît à Dieu ! ».

Mubènè lambo a titi mutu : « Le possesseur d'un bien n'est jamais un petit enfant ». Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années », écrivait déjà Corneille au 17ème siècle. « Les souverains, si jeunes soient-ils, ont toujours droit à la considération du peuple entier ».

Et cette autre leçon encore, à tiers d'une oeuvre célèbre d'une des grandes figures de leur histoire, l'organiste, poète et compositeur, illustre s'il en fut, Lobè Bebe Bell 22 :

Binyô makôm lo bi môngèlè mam : « Vous tous, amis, connaissez mon rêve !

Na bana ba Kamerun bèsè : C'est celui de tout Camerounais.

Embè sô nde, lo si bôbisè : Persévérons, et luttons sans cesse,

Akwanè pè, Loba a mongwanè ! : Prions, et Dieu nous assistera !

Tô nja na timbisèlè momènè ka Yuda : Celui qui se comportera comme Judas,

Su lao ja bè pè nde ka la Yuda : Trouvera la même fin que Judas... »

Qu'ils se rappellent enfin cette lettre historique au roi Bell en date du 12 janvier 1885 dans laquelle, le Foreign Office, après avoir reproché à celui-ci de n'avoir pas eu la patience d'attendre une semaine de plus (ce qui, selon le Foreign Office, aurait permis l'installation des Anglais plutôt que celle des Allemands dans la région) crut bon de lui dire que « le seul conseil que le gouvernement de Sa Majesté paraît maintenant lui donner était de rester loyal envers le pays sous le protectorat duquel il s'était placé » (23).

Pour conclure, aucune des familles composantes de la nation camerounaises n'étant, par la nature même des choses, frappée du sceau ni de la prévention ni de l'exclusive, toutes, sans exception et quelles qu'elles soient, doivent lutter résolument contre tout relent sinon toute velléité d'égocentrisme ou de repli sur soi même. Pour pouvoir bâtir une nation camerounaise réellement forte et unie, il leur faut, à toutes ces familles soeurs, déclencher ensemble, de part en part, la dynamique de leurs nationalismes particuliers et mettre alors ceux-ci au service d'un patriotisme plus élevé, plus noble, je veux dire plus large et plus homogène. Et cela sans réticence ni calcul. Toutes n'ont-elles pas un droit égal de prendre part aux agapes des dieux ?

C'était une bien modeste évocation de l'histoire du Ngondo, survolée à grands traits. Tout à dessein, elle se veut axée principalement sur l'analyse de quelques vertus -- positives ou négatives selon le prisme du jugement de chacun -- que cette Assemblée « traditionnelle » a pu insuffler à un petit peuple du Cameroun, au fil des ans et de son destin, tout au long de la période coloniale dans ce pays. Or, c'est assez pour que certains, attentifs à ne manquer aucune occasion de tout condamner comme à plaisir, se prennent à considérer notre démarche comme une entreprise affichée de fabulation apologétique. Non et non ! Nous avons au contraire entrepris, au-delà de tout attrait pour quelque obscur passéisme, de retracer, moyennant l'histoire de cette organisation, celle autrement plus prenante sans doute, du fait colonial en Afrique, elle-même hélas vue dans son unique zone d'ombre, alors que cette zone-là n'est point la seule du tout ! Dieu veuille qu'un jour, il puisse nous être donné de peindre à son tour l'autre face, celle-là faite de splendeur et de munificence, que dis-je noble, généreuse, éternelle.Et nous avons encore voulu, grâce à ce panorama de l'histoire du Ngondo, souligner au passage l'apport tout à fait déterminant de cette institution traditionnelle par construction, de temps à autre étroitement clanique, à la naissance et à la genèse du nationalisme camerounais.

Mais nous ne ferons point à l'immense célébrité de l'altière Assemblée, ni à l'amour-propre chatouilleux de ses fiers caciques, l'injure de prétendre avoir, l'espace d'une brève esquisse, épuisé le récit de leurs exploits communs. Loin s'en faut !

Il reste tellement de choses à écrire sur le Ngondo, que le présent témoignage n'est en somme qu'une fort sommaire approche, simplement à même de frayer alors, tout à fait opportunément croyons-nous, le chemin à d'autres recherches et travaux que l'auteur souhaite beaucoup plus approfondis sinon consistants, valables, véridiques.

Puissent nos compatriotes d'abord, nos anciens maîtres ensuite, le reste du monde enfin, n'y percevoir en définitive nullement un quelconque panégyrique des Duala. Mais bien plutôt notre préoccupation exclusive de contribuer, à notre mesure, à la prise en main du devoir presque sacré qui nous échoit maintenant, à nous autres Africains, d'assumer directement la charge de dire notre histoire. Mais surtout de la dire en totales conscience et sérénité d'esprit. Sans crainte ni passion, ou intéressée ou partisane.

FIN

NOTES

1 -- Dans l'ancien duala, le cordon ombilical non encore sectionné s'appelait ngôndi. Avec l'évolution de la langue, ce mot devint ngondo. A la longue, ce dernier terme subit une assez importante altération tonétique ; le son bas des deux diphtongues devint beaucoup plus haut dans le nom propre de chose désignant l'assemblée et la rivière Bésèkè qui sépare les cantons Bell et Akwa. C'est, en effet, dans l'embouchure de ce cours d'eau que le Ngondo avait coutume de siéger aux heures de la marée basse. Autrement dit, c'est le Ngondo, assemblée, qui donna son nom au Ngondo, rivière.

2 -- En duala : ngum.

3 -- Selon certains chroniqueurs duala, c'est le roi en personne qui perpétra ce crime odieux, avec le concours de ses hommes de main. Question de haine ou de jalousie, dit-on, envers ce riche propriétaire dont la notoriété était trop grande pour plaire au souverain. Cette affaire provoqua une brouille profonde au sein du clan des Bonadoô déjà ravagé par maintes rivalités internes (rivalités non peut-être pas totalement estompées à ce jour, entre d'une part la branche du fils aîné, Priso -- ancêtre des Bonapriso -- et d'autre part la branche cadette de Bonamandonè ou Bali, issue des Bonabéri, et d'où devait sortir la dynastie communément appelée Bell).

4 -- Ces actes de piraterie étaient très fréquents autrefois dans les eaux de l'estuaire du Cameroun. Les corsaires duala étaient des tueurs bien plutôt que des brigands. Tous appartenaient à l'aristocratie du pays. Pour aller opérer en mer, ils se faisaient accompagner par des « esclaves ». La condition sociale de ces derniers permettait de mieux les tenir en secret. A la moindre indiscrétion, ils étaient sûrs d'y passer eux-mêmes. En duala, ces actes de piraterie s'appellent dibanda, et le bateau pirate : bôlô bwa dibanda.

5 -- Effectivement, dans une lettre datée du 1er mars 1882, le gouvernement du Royaume Uni avait signifié aux deux principaux chefs duala, King Bell et King Akwa, son refus d'accéder à leur demande conjointe de protectorat anglais sur le pays. Ce refus avait été recommandé au comte Granville, ministre des Affaires Étrangères, par le consul Hewett, en poste au Cameroun. Celui-ci avait estimé que l'annexion de la région de Douala présentait plus d'inconvénients que d'avantages.

Ce qui, du reste, s'avèrera non fondé plus tard, puisque l'Angleterre entrera in extremis dans la course pour la prise de Douala, usant, selon la version allemande sur ces évènements, d'intrigues et de bousculades de dernière minute. Chacun sait qu'elle perdra la partie au profit de l'Allemagne impériale.

Tant et si bien que le capitaine anglais Moore, (arrivant à Douala à bord de la canonnière « Goshawk ») envoyé spécial du même consul Hewett enfin pressé sur la question par son gouvernement, finit par recevoir le surnom historique de « Too late », ce qui signifie, dans sa propre langue : « Trop tard » (cf. Pasteur J. R. Brutsch, « Les traités camerounais » -- Bulletin de la Société d'Études Camerounaises -- Mémoires IFAN -- mars-juin 1955 n° 47-48).

6 -- L'amiral Knorr commandait l'escadrille allemande affectée à la surveillance de la côte ouest-africaine. C'est lui qui, sur les conseils d'Ed. Schmidt, alla rendre une première visite au roi Bell en exil. Celui-ci lui remit une lettre destinée au gouvernement allemand dans laquelle, d'u bout à l'autre, il implorait la protection de ce dernier.

7 -- La plupart des lettres du roi à l'agent allemand étaient cachées dans des morceaux de tronc de bananier.

8 -- En vieux duala, le mot dimañ pourrait signifier : qui passe comme l'éclair, comme l'ombre, rapidement, et qui, de ce fait, glisse facilement entre les mains de l'adversaire ; l'indomptable, l'insaisissable.

9 -- Au cours de ce voyage, Manga Ndumbè laissera en Allemagne son petit-fils Ndumbè Duala, ainsi que ses jeunes frères Dina Manga, Ekwè Manga et Lobè Manga, qui y feront diverses études pendant plusieurs années. Epée Ekwala y laissera également son fils Ebumbu.

10 -- Beaucoup d'Allemands eux-mêmes ne manquaient aucune occasion pour condamner et flétrir avec véhémence ce traitement.

11 -- Citation reproduite par R. Cornevin dans son article « Du régime colonial à l'indépendance nationale » (Le « Monde Diplomatique » de septembre 1971 -- Supplément consacré à la première décennie de l'indépendance du Cameroun -- page 19).

12 -- Il s'agissait ici de mettre en chantier les travaux de construction du premier chemin de fer camerounais, allant de Douala au pied du mont Manengoumba. Une loi impériale du 4 mai 1906 avait créé une société d'économie mixte à cet effet, avec la participation des fonds du Reich. Par un autre acte du 13 juin 1906, le gouvernement impérial avait défini les modalités d'attribution, à la société concessionnaire, du domaine ainsi exproprié.

13 -- En exécution d'une ordonnance impériale du 14 février 1903, entrée en vigueur le 1er juin 1903, une décision en date du 9 avril 1903 de la Section Coloniale en avait arrêté les modalités pratiques d'application.

14 -- Dès leur arrivée au Cameroun, les Allemands décident de mettre désuétude les anciennes dominations de « King » et de « roi » ; ceux-ci devinrent des « chefs supérieurs » rémunérés par l'Etat. Selon le Pasteur Brutsch citant Rudin, le chef Duala Manga touchait une pension annuelle de 3.000 marks (cf. Rudin « Germains in the Cameroons » -- New-Haven-1938).

15 -- Ngoso Din avait été transféré en temps opportun de Berlin à Douala.

16 -- Les Duala n'étaient pas les seuls noirs à habiter ce quartier de Bonandoô ; il y avait d'autres Africains, originaires surtout de la côte occidentale du continent.

17 -- New-Bell : quartier populeux de Douala, habité surtout par les allogènes et les étrangers au Cameroun.

18 -- Extrait du rapport de la première Mission de visite des Nations Unies dans le territoire sous Tutelle du Cameroun sous administration française -- 1949, page 30. Précisions que le rapport établissait une comparaison entre la motion de l'ARCAM et celle du Ngondo.

19 -- ngoso : musique traditionnelle des populations de la côte camerounaise.

20 -- mikeñ : au sing. mukeñ : instrument de musique de ces mêmes populations ; espèce de clochette à battant unique.

21 -- mbaka : en duala : claquettes sonores.

22 -- Ces vers sont extraits de l'hymne au roi R. Duala Manga, mort pour la patrie, hymne écrit et composé en 1929, par Lobè Bell (voir une étude consacrée par l'auteur à cette importante oeuvre musicale - Revue ABBIA, n° 17-18 -juin-septembre 1967 - pages 187 et suivantes).

23 -- Correspondance citée par le Pasteur Brutsch et extraite du « Blue Book » -- 1885 -- Inclosure in n° 80 - pages 86-87. Cf. « Les traités camerounais » par J. R. Brutsch (Bulletin de la Société d'Études Camerounaise -- n° 47-48 - mars-juin 1955 page 38).

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Rapport de la première Mission de visite des Nations Unies au Cameroun en 1949. -- Archives Nationales, Yaoundé.

INFORMATEURS

Principaux informateurs : Albert Mpondo Dika, Edinguèlè Muanguè Meetom, Modi a Bebe Bell, Mongwan a Ndemba.

Autres informateurs : Ebosè Etôkê, Guillaume Jemba, Gaston Kinguè Jong, Pasteur Paul Mbendè, Thomas Mbôngô Mounoumé, Kunz Mukuri Kumba, Hans Ngaka Akwa, J. Ngallè-Miano, Jean Ngando Ekwa, etc.

Note de l'auteur : Il convient de préciser que le gouvernement allemand avait donné pleins pouvoirs à ces commerçants et firmes bénéficiaires du transfert de souveraineté et qu'en tout état de cause, il s'était immédiatement substitué à ceux-ci dans les formes juridiques classiques.

Maurice DOMBE MOULONGO est originaire de Bwènè-Wouri, au Cameroun. Né en 1923, diplômé de l'École Supérieur de Yaoundé, il appartient à la Fonction Publique de son pays depuis un peu plus de 30 ans.

Après avoir occupé d'importantes fonctions de responsabilité à l'époque de l'administration française, notamment dans le commandement territorial, il a été stagiaire à l'École Nationale de la France d'Outre-Mer à Paris de 1958 à 1959. Administrateur Civil depuis janvier 1961, ce haut fonctionnaire camerounais s'est vu confier de nombreux postes dans différents départements ministériels. Chercheur isolé et occasionnel, sa passion pour les études historiques et ethno-sociologiques s'est affirmée dans plusieurs travaux consacrés aux populations du Sud-Cameroun en général et à celles de la côte en particulier.

Annexe 5:

TEXTE PRÉLIMINAIRE DU TRAITÉ DU 10 JUILLET 1884.

Le 10 juillet 1884, ÉdouardWOERMANN, SCHULZE et SCHMIDT se rendirent à Bimbia où ils obtinrent des chefs de la place la signature d'un traité préliminaire1460(*). En voici le texte1461(*) :

Cameroons River, July 12 th. 1884.

Our wishes that white men should not go up and trade with the Bushmen, nothing to do with our Markets, they must stay here in this River, and then give us trust so that we will trade with our Bushmen.

We need no protection, we should like our country to annex with the Government of any European power.

We need no alteration about our Marriages, we shall marry as we are doing now.

Our cultivated ground must not be taken from us, for we are not able to buy and sell as other country.

We shall keep Bullocks, Pigs, Goats, Fowls as it is nom and also no duty on them.

No man shall take another man's wife by force or else a heavy fine.

We need no fighting and beating without fault and no imprisonment on paying the trusts without notice and no man shall be put to Iron for the trust.

We are the chiefs of Cameroons.

Dies war ohne weiteren Text eingehandig unterschrieben

The Imperial German Consul

Emil Schulze

Le Consul Hewett, chargé de négocier les termes d'un traité de protectorat, dut constater son échec devant le refus des chefs de renoncer à leur monopole du commerce intermédiaire1462(*).1463(*)

Copie mise à disposition de la commission du budget du Reichstag le 16 février 1906 pour son enquête sur la pétition des chefs Akwa1464(*)1465(*).1466(*)

Abschrift.

We, the undersigned independent Kings and Chiefs of the Country called Cameroons situated on the Cameroons-River, between the River Bimbia on the North side, the River Qua-Qua on the South-Side and up to 4° 10/ North lat. have in a meeting held to-day in the German Factory on King Aqua's Beach, voluntary concluded as follows :

We give this day our right of Sovereignity, the Legislation and Management of this our Country entirely up to Mr. Édouard Schmidt acting for the firm C. Woermann and Mr. Johannes VoB acting for Mess. Jantzen &Thormählen, both in Hamburg, and for many years trading in this River.

We have conveyed our rights of Sovereignity, the Legislation and Management of this Country to the firms mentioned above under the following reservations:

1. Under reservation of the rights of third persons,

2. Reserving that all friendship and commercial treaties made before with other foreign governments shall have full power,

3. That the land cultivated by us nom and the places the towns are built on shall be the property of the present owners and their successors,

4. That the coumie shall be paid annually as it has been paid to the Kings and Chiefs before,

5. That during the first time of establishing an administration here, our country fashions will be respected.

Cameroons the twelvth day of July one thousand eight hundred and eight four.

Zeugen: gez. Ed. Woermann gez. Ed/ Schmidt. Gez. Joh. VoB. Gez. O. Busch.

Gez. King Akwa + gez. King Bell+ his mark

- David Meetom + - John Angua + dto.

- EndeneAcqua + - Coffee Angua + -

- Black Acqua + - JimJoss + -

- MangaAcqua + - Malt Joss + -

- Joe Gamer Acqua + - David Joss + -

- ScottJost + - JaccoEsgr + -

- Big Jim Acqua + - London Bell + -

- LortonAcqua + - Barrow Peter + -

- Jug Acqua + - Clame Joss + -

- WilliamAcqua + - LookingglassBell + -

- NedAcqua +

Annexe 6:

DOUALA. DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS AFRICAINS.

Annexe 7:

DOUALA. DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS EUROPÉENS.

Annexe 8:

DOUALA. ZONE EUROPÉENNE - ZONE AFRICAINE.

Annexe 9:

DOUALA. PROJET D'URBANISME ALLEMAND.

Annexe 10:

CROQUIS DU PLAN D'URBANISME ALLEMAND. PROJET DÉFINITIF.

Annexe 11:

CONVENTION D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS VOLÉS OU ILLICITEMENT EXPORTÉS.

Annexe 12:

REPRODUCTION DU « TANGUE » DE KUM'A MBAPE BELL ET EXPOSÉE À LA FONDATION AFRICAVENIR À DOUALA.

Annexe 13:

COMMUNIQUÉ NR. 4948/09 DU 26 AOÛT 1909 SIGNÉ PAR LE CHEF DE DISTRICT IMPÉRIAL RÖHM, INDIQUANT QUE DÉSORMAIS, L'ADMINISTRATION COLONIALE N'ACCEPTERAIT PLUS DE LETTRES OU TEXTES EN DUALA, EN LANGUES CAMEROUNAISES OU EN ANGLAIS : SEULEMENT LA LANGUE DU COLONISATEUR ALLEMAND SERA ACCEPTÉE. DÉBUT DU DÉCLIN DE L'ARTICULATION DE NOTRE PENSÉE ENRACINÉE DANS NOTRE CULTURE.SOURCE : ARCHIVES DE LA CHEFFERIE BONÉKO, WOURI.

Annexe 14:

LETTRE ÉCRITE PAR LE CHEF DE CIRCONSCRIPTION ROYALE RÖHM, INTERDISANT DÉSORMAIS QU'UNE LETTRE LUI SOIT ADRESSÉE EN UNE AUTRE LANGUE QUE L'ALLEMAND.SOURCE : ARCHIVES DE LA CHEFFERIE BONÉKO, WOURI.

Annexe 15:

CALENDRIER AGRICOLE DE FOUMBAN EN 1911.

Annexe 16 :

LETTRE DANS LAQUELLE LE ROI BELL (MANGA NDUMBE), REND HOMMAGE EN DUALA À L'ALLEMAND SCHEVE POUR SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DES NOIRS.SOURCE : ARCHIVES DE LA FONDATION AFRICAVENIR INTERNATIONAL, DOUALA-BONABÉRI.

Annexe 17:

LETTRE DE DUALA MANGA BELL ET BRUNO MULOBI, RENDANT HOMMAGE EN DUALA, À BERLIN, À L'ALLEMAND SCHEVE, EN 1902.

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- Journal RFI en ligne du 1er avril 2019.

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- Revue Mulee Ngea :Compte-rendu de la conférence générale tenue à Buéa du 28 au 29 mars 1936.

4. TEXTES, DECRETS, LOIS

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- A.N.Y., APA 11229/D, Manifestations anti-françaises n°85, 10 oct. 1935.

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- Abtretung Urkunde Bell-Aqua, 12-7-1884 DZA - Potsdam 4447, f. sq.

- Abtretung Urkunde Dido, 11-7-1884 DZA - Potsdam 4202, f. 9009.

- Abtretung Urkunde N'doo and Bacundu, 5.11.84, DZA - Potsdam 4204, f.192.

- ADD, APA, bulletin de notes n°179, Dschang, le 20 octobre 1951.

- ADD, APA, bulletin de notes n°179, Dschang, le 25 novembre 1952.

- ADD, APA, bulletin de notes, « Personnel indigène de Dschang », Dschang, 1934.

- Amtsblatt fur das Schutzgebiet Kamerun 1908. 

- ANC, FA 1/ 37, F. 107-108, cette lettre comme toutes les autres fut saisie et traduite.

- ANC, FA 1/ 37, F. 121-123. Lettre du gouverneur au chancelier du 11.4.1889.

- ANC, FA 1/ 37, F. 141-144.

- ANC, FA 1/ 37, F. 142.

- ANC, FA 1/ 37, F. 144.

- ANC, FA 1/ 37, F. 152-153, Procès-verbal du 19.1.1890.

- ANC, FA 1/ 37, F. 180-182.

- ANC, FA 1/ 37, F. 62-64, Traduction d'une lettre d'Alfred BELL (Bremerhaven) à NDUMBE EYUNDI (Akwa) du 26.9.1888.

- ANC, FA 1/ 37, F. 65-66. Lettre du gouverneur au chancelier du 7.11. 1888.

- ANC, FA 1/ 37, F. 88-91.

- ANC, FA 1/ 37, F.88.

- ANC, FA 1/ 93, (extrait) de Reichstagsverhandlungen, 1905 / 1906.

- ANC, FA 1/37, F. 103-104.

- ANC, FA 1/37, F. 107-108.

- ANC, FA 1/37, F. 157.

- ANC, FA 1/37, F. 158-159.

- ANC, FA 1/37, F. 165-166.

- ANC, FA 1/37, F. 210-218.

- ANC, FA 1/37, F. 78, F. 94.

- ANC, FA 1/37, F.22-226.

- ANC, FA 1/37, F.67.

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- ANC, FA 1/37, F.94.

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- ANC, FA 1-37, F. 62-64. Lettre d'Alfred BELL à NDUMBE EYUNDI du 26 septembre 1888.

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- Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4202, Band 1, 1884 - 1885, ff 34 - 39, « Hissung der deutschen Flage in Kamerun » 

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- Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4447.

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- Bundersarchiv Berlin, R.1001, Nr. 447.

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- Catalogue en ligne Bibliothèque du Defap. Côte photo : CM. P. FGB-FB172 fait partie de Fonds photographique BamounBamun/ Daniel Broussous (1910/1960).

- CE 1953.

- Cf. Allgemeine Missionsgesellschaft, 1886.

- Décret du 12 janvier 1938

- Décret du 20 octobre 1908.

- Décret du 21 juillet 1932.

- Deutsche Kolonialzeitung, 11, 1885.

- Deutsche Kolonialzeitung, 1886, 175 - 176.

- Deutsches Kolonialblatt, 1899, p. 843.

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- GENESE I, 20.

- GENESE II, 10.

- GENESE II, 24.

- GENESE, I, 20.

- GENESE, II, 10.

- Ibid, 1912-A1914, Anlagen, Aktenstuck Nr. 1576, p. 4875.

- Ibid, Bl. 171 ff.: Aufzeichnung Jojas uber den Vortrag Ndames. Fumban an 28.4.1914.

- Ibid, Bl. 175: Aussage des Missionars Geprags in Fumban am 29.4.1914.

- Ibid, Bl. 198 f.

- Ibid, Bl. 199 f: Aussage des Hauptlings Tata bei seiner Vernehmung am 1.5.1914 in Bagam.

- Jahresbericht der Basler Mission, 1914, p.154, cité par J. Van Slageren, pp. 106-107.

- Jahresbericht, 1906-1907.

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- Pétition des chefs Duala adressée au Reichstag le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen des Reichstages, 1914, Anlagen, Aktenstuck, Nr. 1575, p. 3349.

- Pétition des chefs Duala adressée au Reichstag le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen des Reichstages, 1914, Anlagen, Akten stuck Nr. 1575, p. 3349.

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- S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°1, doc.cit.

- Verhandlung des Reichstags, 1912-A1914, Anlagen, Aktenstuck, Nr. 1576.

- Verhandlung des Reichstags, Stenographische Berichte, 1913.

- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlagen, Aktenstuck, Nr. 1576, p. 3306: Gutachten des Rigierungsartzes Prof. Dr. Ziemann vom 25.8.1910.

- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlagen, Nr. 1582, p. 3291, Bericht uber die Versammlung von 24. November 1912 mit dem Gouverneur Ebermaier.

- Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, p. 3305.

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https://www.wikipédia.fr - « Histoire - évènements passés et leurs traces ou publications, étudiés par diverses branches des sciences humaines de l'histoire ».

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https://www.youtube.com - « Le Traité germano-douala du 12 juillet 1884-Youtube ».

https://wwww.neoindependance.canalbolg.com - « Lock Priso : Tous les messages sur Lock Priso - O Cameroun ! ».

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT I

DÉDICACE II

REMERCIEMENTS III

SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS IV

RÉSUMÉ VI

ABSTRACT VII

GLOSSAIRE VIII

LISTE DES TABLEAUX XIII

LISTE DES FIGURES XIV

LISTE DES ANNEXES XV

SOMMAIRE XVI

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE 3

A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET 5

B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES 10

1. Le concept d'administration 11

a) Administration coloniale 11

b) Gestion......... 12

c) Management 13

2. Le concept de pouvoirs politiques traditionnels 14

a) Pouvoirs politiques traditionnels 14

b) La domination 19

c) L'autorité............................................................................................... 21

3. Le concept d'histoire politique........................................................................23

a) Histoire................. 23

b) Histoire Politique 25

c) Corrélation entre histoire et politique 27

C. PRÉSENTATION DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUNBAMUN 28

1. Les chefferies Duala comme cas d'analyse 29

2. Le royaume BamounBamun comme cas d'analyse 30

D. DÉLIMITATION DU SUJET OU BORNAGE DE L'ÉTUDE 31

1. Cadre spatio-temporel de l'étude 31

2. Cadre matériel de l'étude 34

E. REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 35

1. La thèse des répercussions positives de la colonisation allemande 37

2. La thèse de la négativité de la colonisation allemande 43

F. PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES 52

1. Problématique 52

2. Hypothèses 53

G. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 54

II. CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATOIRES 56

A. LES MÉTHODES D'ANALYSE 57

1. La méthode historique 57

2. La méthode comparative 59

3. Le constructivisme 62

B. LA TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNÉES 64

1. Les techniques documentaires 65

2. Les techniques vivantes : les entretiens 68

C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE 69

PREMIÈRE PARTIE : LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN 71

CHAPITRE I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES TERRITOIRES BAMOUNDUALA ET BAMUN 73

SECTION I : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMOUNDUALA 73

PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE SOCIALE........ 75

A.L'ORIGINE DU PEUPLE « DUALA » 82

1.Que signifie le mot « Duala » ? 83

2. Quels sont les toponymes liés au mot « Duala » ? 84

B. LES DIFFÉRENTS CANTONS DU PEUPLE DUALA 86

1. Le canton Bell 90

2. Le canton Akwa 92

3. Le canton Deïdo 117

PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE DUALA 121

A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC LES CHEFS DUALA 123

1. Adolf et Édouard Woermann - La maison de commerce allemande Woermann..... 125

2.Édouard Schmidt - La maison de commerce allemande Jantzen et Thormählen 130

B. LA SIGNATURE DE DIFFÉRENTS TRAITÉS ENTRE LES COMMERÇANTS ALLEMANDS ET LES CHEFS DUALA 132

1. Accord commercial du 30 janvier 1883 & Convention de réconciliation du 29 mars 1883....................................................................................................134

2. Traités du 11 et du 12 juillet 1884 135

SECTION II : LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMUN 140

PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE BAMOUNBAMUN........................................................ 142

A.NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME BAMOUNBAMUN...............................................143

1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune prince Tikar............................................ 143

2. La création de plusieurs dynasties : les Bafia (Mounta), les Bansoh (Nguonso) 145

B. LES DIFFÉRENTES CONQUÊTES AYANT CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME BAMOUNBAMUN 149

1. La conquête du village de NJImom (Victoire sur les Pa Mbem) 150

2. La naissance du royaume BamounBamun 153

PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE BAMOUNBAMUN..................................... 157

A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES MISSIONNAIRES ALLEMANDS DANS L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME BAMOUNBAMUN ET LES AUTORITÉS COLONIALES ALLEMANDES................................................ 158

1. La place prépondérante du missionnaire Göring dans l'établissement des relations avec le Roi Njoya...... 161

2. Le christianisme face au pouvoir du Roi Njoya................................................. 167

B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE LA « SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS.................................................................... 169

1. La pratique de la « guerre » selon l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux artisans BamounBamun................................................................................................. 170

2. L'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale BamounBamun............... 171

CONCLUSION DU CHAPITRE I 174

CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN 175

SECTION I : DYNAMIQUES ET LOGIQUES CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA 175

PARAGRAPHE I : LA QUESTION FONCIÈRE OU L'EXPROPRIATION DES TERRAINS 178

A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES MISSIONNAIRES ET LES AGENTS COLONIAUX 180

1. Les dispositions de l'administration coloniale allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la ville de Douala 181

2. Les motifs d'opposition des chefs Duala à l'expropriation de leurs terres : une atteinte à leurs droits inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur identité séculaire... 182

B. LA DÉMARCATION ENTRE QUARTIERS « INDIGÈNES » ET QUARTIERS BLANCS......... 184

1. La création d'une zone tampon 185

2. L'expropriation ou le support d'une théorie raciste et ségrégationniste 186

C. LES REVENDICATIONS DES CHEFS DUALA SUITE AU NON RESPECT DES CLAUSES DES TRAITÉS GERMANO-DUALA 187

1. Les pétitions des Rois Duala adressées au département colonial allemand 188

2. La Guerre Duala, 1884 190

PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS ENCOURUES EN CAS DE DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA 193

A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES 194

1. La destitution du Roi Akwa Dika Mpondo (1907) 194

2. La destitution du Prince Din Dika Akwa et du Roi Rudolf Douala Manga Bell 198

B. LA DÉPORTATION DES CHEFS REBELLES 200

1. La déportation du Roi Akwa 200

2. La déportation du Roi Manga Bell 201

C. LA MISE À MORT DES CHEFS « REBELLES » : LE CAS PARTICULIER DU CHEF RUDOLF DOUALA MANGA BELL 202

1. Les acteurs et les lieux majeurs 202

2. Le déroulement des faits : la condamnation et la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de Rudolf Douala Manga Bell 208

SECTION II : DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUNBAMUN 211

PARAGRAPHE I : LES TRAITÉS GERMANO-DUALA 213

A. LES CATÉGORIES DE TRAITÉS 214

1. Lescontrats de vente, les traités négociés et les traités de paix 215

2. Commentaires et Analyse Des Traités Germano-Duala 219

B. LA PORTÉE JURIDIQUE DES TRAITÉS GERMANO-DUALA 226

1. La signature du Traité du 12 juillet 1884 et la perte de la souveraineté des chefs Duala........... 227

2. Le principe de libre consentement : un principe difficilement acceptable au vu des appréciations linguistiques et juridiques des chefs Duala 236

PARAGRAPHE II : LA STRATÉGIE D'AIDE MUTUELLE ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES BAMOUNBAMUN LORS DES GUERRES DE CONQUÊTE 245

A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES BAMOUNBAMUN CONTRE LES NSOH 245

1. Le contexte général de la société traditionnelle BamounBamun 246

2. Le recouvrement du crâne du Roi Nsangu aux BamounBamun grâce à l'administration coloniale allemande ............................................................................................. 250

B. L'AIDE DU PEUPLE BAMOUNBAMUN DANS LE PROCESSUS DE CONQUÊTE DES PEUPLES « REBELLES » PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 254

1. Le peuple BamounBamun : un peuple guerrier et conquérant au fil des siècles 254

2. La bataille Germano-BamounBamun contre les Nsoh 259

CONCLUSION DU CHAPITRE II 263

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 264

DEUXIÈME PARTIE : L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUNDUALA ET BAMUN SUR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 266

CHAPITRE III :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS DUALA 268

SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OU SALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 269

PARAGRAPHE I :COMBIEN PERCEVAIENT LES CHEFS DUALA ? 271

A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES CHEFS DUALA..................................... 272

1. Les tensions entre les chefs Duala engendrées par la concurrence économique 274

2. Le contact avec les Blancs ou un privilège recherché par les chefs indigènes 277

B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE FINANCIER COMME SOCLE DE DIVISION ENTRE LES CHEFS DUALA : LA PRÉÉMINENCE DU ROI BELL 278

1. La répartition du « Dash » comme source de tensions entre le Roi Bell et les autres chefs Duala............................... 279

2. La problématique financière comme manifestation des rivalités « féroces » entre les chefs Duala...... 283

PARAGRAPHE II :QUELLE MONNAIE ÉTAIT LE PLUS SOUVENT UTILISÉE ? 285

A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE MONNAIE 287

1. L'utilisation du Kroo dans les échanges commerciaux de l'hinterland 289

2. L'introduction de l'impôt par capitation 291

B. L'UTILISATION DE LA MONNAIE OCCIDENTALE OU LA MODIFICATION DES US ET COUTUMES DE LA SOCIÉTÉ DUALA 297

1. Interprétation de la situation commerciale du Protectorat allemand au Cameroun 298

2. L'utilisation du nouveau système monétaire ou l'éclosion de nouveaux rapports sociaux au sein de la société « indigène » 300

SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA ET DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 304

PARAGRAPHE I :LES RELATIONS CONFLICTUELLES ENTRE LES CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 306

A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 307

1. La scission entre « BELL » et « BELLÈ » 310

2. Les Rois BELL et l'administration coloniale allemande 312

B. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE AKWA AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 314

1. La structuration du clan Akwa 316

2. Le clan Akwa et les manifestations de son mécontentement face aux autorités coloniales allemandes 317

C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE DEÏDO AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE..........................................................................318 1.L'historique du clan Deïdo ......................................................................... 320

2.Les liens entre le clan Deïdo et l'administration coloniale allemande....................... 321

PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA........ 323

A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA 325

1. La perception de la chefferie Bell au sujet de l'administration coloniale allemande.......................................................................................................... 327

2. La perception de la chefferie Akwa au sujet de l'administration coloniale allemande 335

3.La perception des Rois Deïdo au sujet de l'administration coloniale allemande........... 340

B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA.................................................... 343

1. La pertinence de la perception des chefs Duala vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le flou juridique liée à la question foncière du traité de 1884 345

2. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : les termes de l'expropriation du plateau Joss 349

3.La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : Le Leadership de Rudolf Douala Manga Bell dans le Processus de Résistance Anti-Coloniale ........................................................................................... 354

CONCLUSION DU CHAPITRE III 361

CHAPITRE IV :L'ADAPTATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE BAMOUNBAMUN ............ 362

SECTION I :LES ACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE................................... 362

PARAGRAPHE I :LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES.................................................................. 364

A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES ÉPOUSES.................. 365

1. La polygamie ou le socle d'un statut privilégié dans la société BamounBamun 366

2. L'adaptation des missionnaires face à la polygamie 373

B. LE ROI NJOYA VOULAIT BAPTISER LUI-MÊME SES SUJETS 379

1. La signification du baptême............ 381

2. La modification des habitudes sociales en pays BamounBamun dûe à l'adoption des rites chrétiens.......... 385

C. LE ROI NJOYA VOULAIT AJOUTER DU VIN DE PALME À L'EAU BÉNITE.......386

1.Origine et symbolique du vin de palme............................................................388

2. Pourquoi le Roi Njoya voulait ajouter du vin de palme à l'eau bénite ?.............................392

PARAGRAPHE II :LES RELATIONS AMBIVALENTES ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE GÖRING........................................................................ 397

A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE GÖRING 398

1. Le portrait du missionnaire Göring : un pasteur au service de la mission de Bâle 398

2. La mission de Bâle en pays BamounBamun : l'accueil favorable du Roi Njoya 400

B. LES DIVERGENCES ENTRE LES DEUX HOMMES AU SUJET DE LA PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE 402

1. Le Roi Njoya, gardien des traditions.............................................................. 405

2. Le Roi Njoya ou l'existence de Dieu dans la culture BamounBamun..................................409

SECTION II :LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA.........................................................414

PARAGRAPHE I :LES MARQUES DE CONFIANCE ADRESSÉES PAR LE ROI NJOYA À L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE.................................... 415

A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS ET LE ROI NJOYA.....................................................................................417

1. Le trône du souverain Njoya....................................................................... 420

2. Réappropriation 424

B. LA VALORISATION DE LA PERSONNALITÉ DU ROI NJOYA PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE....................................... 426

1. Njoya, un monarque novateur..................................................................... 428

2. La personnalité du Roi NJOYA : un atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et l'administration coloniale allemande........................... 429

C. LE SOUTIEN INEXISTANT DES AUTRES CHEFS LOCAUX A L'EGARD DE LA LUTTE DE RUDOLF DOUALA MANGA BELL................................................432

1. L'envoyé de Rudolf Douala Manga Bell au Roi Njoya : Ndame..............................432

2. Un "soupçon" de trahison enterré ?......................................................................................434

PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA............ 437

A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE EST-ELLE FONDÉE ?...................................................................................................... 438

1. La politique linguistique comme outil d'appui à l'impérialisme allemand au Cameroun............................................................................................. 439

2. Le musellement du Roi Njoya et de la langue « Shumom  440

B. SI OUI, POURQUOI ? 442

1. Le Roi Njoya, un fin stratège politique............................................................ 444

2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de l'infériorité du Noir 450

CONCLUSION DU CHAPITRE IV 463

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE 464

CONCLUSION GÉNÉRALE 465

ANNEXES 471

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 529

TABLE DES MATIÈRES 585

AVERTISSEMENT I

DÉDICACE II

REMERCIEMENTS III

SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS IV

RÉSUMÉ VI

ABSTRACT VII

GLOSSAIRE VIII

LISTE DES TABLEAUX XIII

LISTE DES FIGURES XIV

LISTE DES ANNEXES XV

SOMMAIRE XVI

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE 3

A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET 5

B. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES 10

1. Le concept d'administration 11

a) Administration coloniale 11

b) Gestion 12

c) Management 13

2. Le concept de pouvoirs politiques traditionnels 14

a) Pouvoirs politiques traditionnels 14

b) La domination 19

c) L'autorité 21

a) Histoire 2423

b) Histoire Politique 25

c) Corrélation entre histoire et politique 2827

C. PRÉSENTATION DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS DUALA ET BAMOUN 28

1. Les chefferies Duala comme cas d'analyse 2928

2. Le royaume Bamoun comme cas d'analyse 3029

D. DÉLIMITATION DU SUJET OU BORNAGE DE L'ÉTUDE 31

1. Cadre spatio-temporel de l'étude 31

2. Cadre matériel de l'étude 3433

E. REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 3534

1. La thèse des répercussions positives de la colonisation allemande 3736

2. La thèse de la négativité de la colonisation allemande 42

F. PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES 50

1. ProblématiqueROBLÉMATIQUE 50

2. Hypothèses 51

G. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 5352

II. CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES ET OPÉRATOIRES 5554

A. LES MÉTHODES D'ANALYSE 5655

1. La méthode historique 5655

2. La méthode comparative 5756

3. Le constructivisme 6059

B. LA TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNÉES 61

1. Les techniques documentaires 6362

2. Les techniques vivantes : les entretiens 6665

C. ARTICULATIONS DE L'ÉTUDE 6766

PREMIÈRE PARTIE :LA DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUN ET DOUALA 6968

CHAPITRE I :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES TERRITOIRES BAMOUN ET DUALA 70

SECTION I :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE BAMOUN 70

PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE BAMOUN 72

A. NCHARE YEN OU LE FONDATEUR DU ROYAUME BAMOUN 72

1. Nchare Yen ou les origines d'un jeune prince Tikar 7473

2. La création de plusieurs dynasties : les Bafia (Mounta), les Bansoh (Nguonso) ...........................................................................................7574

B. LES DIFFÉRENTES CONQUÊTES AYANT CONTRIBUÉ À L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME BAMOUN 79

1. La conquête du village de Njimom (Victoire sur les Pa Mbem) 79

2. La naissance du royaume Bamoun 82

PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALEALLEMANDE ET LE PEUPLE BAMOUN 8887

A. LE ROLE PRÉCURSEUR DES MISSIONNAIRES ALLEMANDS DANS L'ÉTABLISSEMENT DES LIENS ENTRE LE ROYAUME BAMOUN ET LES AUTORITÉS COLONIALES ALLEMANDES 8988

1. La place prépondérante du missionnaire Göring dans l'établissement des relations avec le Roi Njoya 91

2. Le christianisme face au pouvoir du Roi Njoya 9897

B. LE ROI NJOYA ET LA PRISE EN COMPTE DE LA « SUPÉRIORITÉ » DES AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS 10099

1. La pratique de la « guerre » selon l'administration coloniale allemande et le savoir-faire des missionnaires allemands transmis aux artisans Bamoun 10099

2. L'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale Bamoun............. 101

SECTION II :LE PRINCIPE DE L'HINTERLAND ET L'IMPLANTATION PROGRESSIVE DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LE TERRITOIRE DUALA 103

PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE SOCIALE 104

A. L'ORIGINE DU PEUPLE « DUALA » 107106

1. Que signifie le mot « Duala » ? 108107

2. Quels sont les toponymes liés au mot « Duala » ? 109108

B. LES DIFFÉRENTS CANTONS DU PEUPLE DUALA 112110

1. Le canton Bell 115114

2. Le canton Akwa 118117

3. Le canton Deïdo 143141

PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LE PEUPLE DUALA 147145

A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC LES CHEFS DUALA 149147

1. Adolf et Édouard Woermann - La maison de commerce allemande Woermann 151149

2. Édouard Schmidt - La maison de commerce allemande Jantzen et Thormählen............ 156154

B. LA SIGNATURE DE DIFFÉRENTS TRAITÉS ENTRE LES COMMERÇANTS ALLEMANDS ET LES CHEFS DUALA 158156

1. Accord commercial du 30 janvier 1883 & Convention de réconciliation du 29 mars 1883 160158

2. Traités du 11 et du 12 juillet 1884 161159

CONCLUSION DU CHAPITRE I 167165

CHAPITRE II :LES DYNAMIQUES ET LES LOGIQUES DE DOMINATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE SUR LES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUN ET DUALA 168166

SECTION I :DYNAMIQUES ET LOGIQUES CONFLICTUELLES : CAS DES CHEFS DUALA 169166

PARAGRAPHE I :LA QUESTION FONCIÈRE OU L'EXPROPRIATION DES TERRAINS 172169

A. LES TERRAINS OCCUPÉS PAR LES MISSIONNAIRES ET LES AGENTS COLONIAUX 174171

1. Les dispositions de l'administration coloniale allemande : les contours pratiques du plan d'expropriation de la ville de Douala 174172

2. Les motifs d'opposition des chefs Duala à l'expropriation de leurs terres : une atteinte à leurs droits inaliénables, à leurs us et coutumes, à leur identité séculaire... 176173

B. LA DÉMARCATION ENTRE QUARTIERS « INDIGÈNES » ET QUARTIERS BLANCS 178175

1. La création d'une zone tampon 178176

2.L'expropriation ou le support d'une théorie raciste et ségrégationniste 179177

C. LES REVENDICATIONS DES CHEFS DUALA SUITE AU NON RESPECT DES CLAUSES DES TRAITÉS GERMANO-DUALA 181178

1. Les pétitions des Rois Duala adressées au département colonial allemand 182179

2. La Guerre Duala, 1884 184181

PARAGRAPHE II :LES SANCTIONS ENCOURUES EN CAS DE DÉSOBÉISSANCE DES CHEFS DUALA 186184

A. LA DESTITUTION DES CHEFS REBELLES 188185

1. La destitution du Roi Akwa Dika Mpondo (1907) 188185

2. La destitution du Prince Din Dika Akwa et du Roi Rudolf Douala Manga Bell 192189

B. LA DÉPORTATION DES CHEFS REBELLES 193191

1. La déportation du Roi Akwa 194191

2. La déportation du Roi Manga Bell 195192

C. LA MISE À MORT DES CHEFS « REBELLES » : LE CAS PARTICULIER DU CHEF RUDOLF DOUALA MANGA BELL 196193

1. Les acteurs et les lieux majeurs 196193

2. Le déroulement des faits : la condamnation et la mise à mort d'Adolf Ngosso Din et de Rudolf Douala Manga Bell 199

SECTION II :DYNAMIQUES ET LOGIQUES DE COOPÉRATION DE LA PART DES CHEFS DUALA ET DU SULTAN BAMOUN 204

PARAGRAPHE I :LES TRAITÉS GERMANO-DUALA 205

A. LES CATÉGORIES DE TRAITÉS 209206

1. Les contrats de vente, les traités négociés et les traités de paix 211208

2. Commentaires et Analyse Des Traités Germano-Duala 215212

B. LA PORTÉE JURIDIQUE DES TRAITÉS GERMANO-DUALA.... 222219

1. La signature du Traité du 12 juillet 1884 et la perte de la souveraineté des chefs Duala 223220

2. Le principe de libre consentement : un principe difficilement acceptable au vu des appréciations linguistiques et juridiques des chefs Duala 232229

PARAGRAPHE II :LA STRATÉGIE D'AIDE MUTUELLE ENTRE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ET LES BAMOUN LORS DES GUERRES DE CONQUÊTE 240237

A. LE CONTEXTE DE LA GUERRE DES BAMOUN CONTRE LES NSOH 241238

1. Le Contexte général de la société traditionnelle Bamoun 241238

2. Le recouvrement du crâne du Roi Nsangou aux Bamoun grâce à l'administration coloniale allemande 246242

B. L'AIDE DU PEUPLE BAMOUN DANS LE PROCESSUS DE CONQUÊTE DES PEUPLES « REBELLES » PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 249246

1. Le peuple Bamoun : un peuple guerrier et conquérant au fil des siècles 250247

2. La bataille Germano-Bamoun contre les Nsoh 255252

CONCLUSION DU CHAPITRE II 259256

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 260257

DEUXIÈME PARTIE :L'INFLUENCE RELATIVE DES POUVOIRS POLITIQUES TRADITIONNELS BAMOUN ET DUALA SUR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 262259

CHAPITRE III :L'ADAPTATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCE TRADITIONNELLE BAMOUN 264261

SECTION I : LES ACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VIS DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 265261

PARAGRAPHE I : LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES 266263

A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES ÉPOUSES 267264

1. La polygamie ou le socle d'un statut privilégié dans la société Bamoun 268265

2. L'adaptation des missionnaires face à la polygamie 275272

B. LE ROI NJOYA VOULAIT BAPTISER LUI-MÊME SES SUJETS 282278

1. La signification du baptême 284280

2. La modification des habitudes sociales en pays Bamoun dûe à l'adoption des rites chrétiens 288284

C. LE ROI NJOYA VOULAIT AJOUTER DU VIN DE PALME À L'EAU BÉNITE 289285

1. Origine et symbolique du vin de palme 291287

2. Pourquoi le Roi Njoya voulait ajouter du vin de palme à l'eau bénite ? 295291

PARAGRAPHE II : LES RELATIONS AMBIVALENTES ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE GÖRING 300296

A. L'AMITIÉ ENTRE LE ROI NJOYA ET LE MISSIONNAIRE GÖRING.......... ...............................................................................................301297

1. Le portrait du missionnaire Göring : un pasteur au service de la mission de Bâle ............................................................................................301297

2. La mission de Bâle en pays Bamoun : l'accueil favorable du Roi Njoya 299

B. LES DIVERGENCES ENTRE LES DEUX HOMMES AU SUJET DE LA PRATIQUE DE LA RELIGION CHRÉTIENNE 301

1. Le Roi Njoya, gardien des traditions 304

2. Le Roi Njoya ou l'existence de Dieu dans la culture Bamoun 308

SECTION II :LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA 313

PARAGRAPHE I :LES MARQUES DE CONFIANCE ADRESSÉES PAR LE ROI NJOYA À L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 314

A. L'ÉCHANGE DE CADEAUX ENTRE LES AGENTS COLONIAUX ALLEMANDS ET LE ROI NJOYA 316

1. Le trône du souverain Njoya 319

2. Réappropriation 323

B. LA VALORISATION DE LA PERSONNALITÉ DU ROI NJOYA PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 325

1. Njoya, un monarque novateur....................................................................327

2.La personnalité du Roi NJOYA : un atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et l'administration coloniale allemande 328

PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LE ROI NJOYA 331

A. CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE EST-ELLE FONDÉE ? 331

1. La politique linguistique comme outil d'appui à l'impérialisme allemand au Cameroun 332

2. Le musellement du Roi Njoya et de la langue « Shumom » 334

B. SI OUI, POURQUOI ? 335

1. Le Roi Njoya, un fin stratège politique 337

2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de l'infériorité du Noir 343

CONCLUSION DU CHAPITRE III 355

CHAPITRE IV :LE PRAGMATISME DE SITUATION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À L'ÉGARD DES CHEFS DUALA 356

SECTION I :LA QUESTION DU "COUMI" OU SALAIRE DES CHEFS DUALA VERSÉ PAR L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 357

PARAGRAPHE I :COMBIEN PERCEVAIENT LES CHEFS DUALA ? 359

A. LA FRÉQUENCE SALARIALE DES CHEFS DUALA 366360

1. Les tensions entre les chefs Duala engendrées par la concurrence économique 368362

2. Le contact avec les Blancs ou un privilège recherché par les chefs indigènes............ 370365

B. LA CONSTITUTION D'UN PATRIMOINE FINANCIER COMME SOCLE DE DIVISION ENTRE LES CHEFS DUALA : LA PRÉÉMINENCE DU ROI BELL 372366

1. La répartition du « dash » comme source de tensions entre le Roi Bell et les autres chefs Duala 373367

2. La problématique financière comme manifestation des rivalités « féroces » entre les chefs Duala 377371

PARAGRAPHE II :QUELLE MONNAIE ÉTAIT LE PLUS SOUVENT UTILISÉE ? 379373

A. LA RAISON D'UTILISATION DE CETTE MONNAIE 381375

1. L'utilisation du Kroo dans les échanges commerciaux de l'hinterland 383377

2. L'introduction de l'impôt par capitation 385379

B. L'UTILISATION DE LA MONNAIE OCCIDENTALE OU LA MODIFICATION DES US ET COUTUMES DE LA SOCIÉTÉ DUALA 391385

1. Interprétation de la situation commerciale du Protectorat allemand au Cameroun 392386

2. L'utilisation du nouveau système monétaire ou l'éclosion de nouveaux rapports sociaux au sein de la société « indigène » 394388

SECTION II :LA PERCEPTION DES CHEFS BELL, AKWA ET DEÏDO À L'ÉGARD DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 398392

PARAGRAPHE I :LES RELATIONS CONFLICTUELLES ENTRE LES CHEFS DUALA ET L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 400394

A. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE BELL AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 401395

1. La scission entre « BELL » et « BELLÈ » 404398

2. Les Rois BELL et l'administration coloniale allemande 400

B. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE AKWA AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 402

1. La structuration du clan Akwa 404

2. Le clan Akwa et les manifestations de son mécontentement face aux autorités coloniales allemandes 405

C. LES RELATIONS DE LA DYNASTIE DEÏDO AVEC L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE 406

1. L'historique du clan Deïdo 408

2. Les liens entre le clan Deïdo et l'administration coloniale allemande 409

PARAGRAPHE II :LA REMISE EN QUESTION DE LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATIONCOLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA ..........411

A. LA PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA 420413

1. La perception de la chefferie Bell au sujet de l'administration coloniale allemande......................................................................................422415

2. La perception de la chefferie Akwa au sujet de l'administration coloniale allemande 430423

3. La perception des Rois Deïdo au sujet de l'administration coloniale allemande 435428

B. LA PERTINENCE DE CETTE PERCEPTION DE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE PAR LES CHEFS DUALA 438431

1. La pertinence de la perception des chefs Duala vis-à-vis de l'administration coloniale allemande : le flou juridique liée à la question foncière du traité de 440433

2. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : les termes de l'expropriation du plateau Joss 445437

3. La pertinence de la perception des chefs Duala au sujet de l'administration coloniale allemande : Le Leadership de Rudolf Douala Manga Bell dans le Processus de Résistance Anti-Coloniale 449442

CONCLUSION DU CHAPITRE IV 456449

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE 457450

CONCLUSION GÉNÉRALE 458451

ANNEXES 465458

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 516

TABLE DES MATIÈRES 580571

* 1Les Portugais découvrent le fleuve Wouri. L'abondance des crevettes (surtout l'existence d'une variété rare de grosses crevettes « béatoe » en langue locale) les amène à baptiser ce fleuve « Rio Dos Camaroes » (rivière des crevettes). Ce nom désigne ensuite le Littoral et devient « Cameroun » en passant par « Rio Dos Camaerones », « Cameroon River » et « kamerun » .

* 2 I. MOUICHE, « Le pouvoir traditionnel dans la vie politique moderne », Mémoire de Maîtrise en Science Politique, Yaoundé, FDSE, 1988.

* 3 E. MVENG, Histoire du Cameroun, Présence Africaine, 1963, p. 138. In A. AHIDJO & G. BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981, pp. 32-33.

* 4Ibid., pp. 32-33.

* 5Ibid., p. 35.

* 6 P. BOURDIEU, Paris, Réponses, Seuil, 1992, p. 207.

* 7 Les raisons de cette conversion de BISMARCK sont résumées dans H. BRUNSCHWIG, Le partage de l'Afrique noire, Paris, Flammarion, 1971, pp. 151 - 153, qui donne la bibliographie. Le fait décisif qui a motivé « le revirement de 1884 » fut incontestablement le mémoire que le conseiller intime de légation aux AffairesÉtrangères, Henri DE KUSSEROW, adressa à BISMARCK le 8 avril 1884. Le fonctionnaire allemand y développait l'idée que, par le ballet des compagnies à charte, très en vogue dans les possessions anglaises, l'Allemagne pouvait acquérir des colonies sans que l'État ne se charge ni de leur administration ni de leur mise en valeur. Cette idée plut tellement à BISMARCK que le Chancelier décida de la mettre aussitôt en pratique. H. BRUNSCHWIG, L'expansion allemande outre-mer du XVème siècle à nos jours, Paris, PUF, 1957 ; « De la résistance africaine à l'impérialisme européen », in Peuples Noirs, Peuples Africains, N° 9, 1979, pp. 69-80.

* 8 Cette note est datée du 14 avril 1883. Elle fut remise aux autorités des villes hanséatiques par M. DE ENTZEL, ambassadeur de presse à Hambourg.AUSWARTIGES AMT. INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK (GERMANY). INSTITUT FUR AUSLANDISCHES OFFENTLICHES RECHT UND VOLKERRECHT. Cf. Das Staatsarchiv: Sammlung der offiellen Adenstucke zur Geschichte der Gegenwart, Volumes 42- 43, Leizpig, 1884, pp. 224-226.

* 9Ibid., pp. 226 - 243.

* 10 Cameroun.

* 11 AUSWARTIGES AMT. INSTITUT FUR AUSWARTIGE POLITIK (GERMANY). INSTITUT FUR AUSLANDISCHES OFFENTLICHES RECHT UND VOLKERRECHT, Das Staatsarchiv: Sammlung Der Offiziellen Aktenstucke Zur Aussenpolitik Der Gegenwart, Volume 63, Leizpig, 1884, p. 244.

* 12 Gustave NACHTIGAL connaissait parfaitement l'Afrique. Il avait parcouru les régions du Bornu, de l'Adamawa et du Tchad entre 1869 et 1874. Il avait présidé le comité allemand de l'Association Internationale Africaine et la Société de Géographie de Berlin. Il avait été nommé Consul Général d'Allemagne à Tunis en 1882, commissaire impérial pour l'Afrique occidentale le 17 avril 1884. Il mourut en mer, le 20 avril 1885, au cours de son voyage de retour. Cf. H. HEUER, Nachtigal: eine Biographie, Berlin, 1937; T. HEUSS & al., G. NACHTIGAL, 1869 - 1969, Bad Godesberg, 1969.

* 13 Ou Bansoh.

* 14 Qui est l'expression anglophone usuelle abordant la structure du pouvoir et la hiérarchisation des organisations sociales.

* 15 K. MARX & F. ENGELS, Manifeste du Parti communiste, 1848, Les classiques des sciences sociales, Université du Québec, p. 35. Voir « La lutte des classes - tensions dans une société hiérarchisée et divisée en classes sociales (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 16 ENGELS précise que cette formule se limite à « l'histoire écrite ». Il ajoute : « En 1847, l'histoire de l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue ». (Note d'ENGELS de 1888 au Manifeste du Parti communiste). Voir « La lutte des classes - tensions dans une société hiérarchisée et divisée en classes sociales (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 17 R. ROBINSON & J. GALLAGHER, « L'impérialisme du libre-échange » in The Economic History Review, vol. VI, n°1, 1953. Cet article constitue un essai révolutionnaire parmi les théoriciens de l'expansion impériale et « est réputé être l'article historique le plus cité jamais publié ».

Parlant des facteurs collaborationnistes, nous pouvons citer les chefs traditionnels.En effet,le colonisateur a consacré le statut des chefs traditionnels par l'arrêté N°244 du 04 février 1933 qui classait les chefs en trois catégories hiérarchisées : les chefs supérieurs, les chefs de groupements, et les chefs de village (Voir B. BALLA ONDOULA, « La chefferie traditionnelle face à l'émancipation politique du Cameroun », Mémoire, CHEOM, 1958-1959). A la fois auxiliaires de l'administration coloniale et représentants des populations, la position des chefs demeure ambiguë. Par réalisme et par nécessité bien comprise, le Cameroun indépendant fut amené à conserver les chefferies, relais de l'administration. C'était le meilleur palliatif à la sous-administration et le président AHIDJO affirmait à cet effet : « qu'indépendamment de leur aspect, de leurs caractères sentimentaux, les chefferies constituaient encore aujourd'hui et sans doute aussi pour demain, par l'encadrement des populations qu'elles assurent, des moyens d'action de l'Etat pour l'instant irremplaçables. Nos chefferies sont dans certains domaines des unités administratives indispensables ». C'est ainsi que dans la loi N°7/5C du 10 décembre 1960, les pouvoirs publics les reconnurent de nouvelles règles dans la nomination et dans l'exercice des pouvoirs des chefs traditionnels. Les chefferies seront alors des institutions à part entière de l'administration camerounaise, collectant les impôts, officiant en matière d'état-civil, rendant justice, représentant les populations auprès des autorités et prêtant main forte à l'administration nationale nouvelle (Voir R. N'KAMGANG, « Les chefferies traditionnelles dans l'organisation administrative du Cameroun », Mémoire, CHEOM, 1960). In A. AHIDJO & G. BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome 2 : L'Histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.

* 18 R. ROBINSON, « Non-European foundations of European imperialism. Sketch for a theory of collaboration », in Studies in the theory of imperialism, Ed. Roger Owen/ Bob Sutcliffe, 1972, p. 118. Extrait en anglais traduit par nous en français: « The old notions for the most part were restricted to explaining the genesis of new colonial empires in terms of circumstances in Europ. The theory of future will have to explain how a handful of European Proconsuls managed to manipulate the polymorphic societies of Africa and Asia, and how, eventually, comparatively small, nationalist elites persuaded them to leave ».

* 19 D. A. LOW, Essays in the study of British imperialism, London, 1973, p. 8.

* 20 K. HAUSEN, Deutsche Kolonialherrschaft in Afrika. Wirtschaftsinteressen und Kolonialverwaltung in Kamerun wahrend der deutschen Kolonialverrschaft, (1884-1914), Berlin, 1965.

* 21 Le Dr. G. WALZ de Freiburg / i. Br., « Die Entwicklung der Strafechtsprechung in Kamerun 1884 - 1914 », 1980. Nous nous penchons sur sa connaissance juridique de la question coloniale au Cameroun.

* 22 K. HAUSEN, Deutsche Kolonialherrschaft in Afrika, Atlantis 1970 ; A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum kolonialen Handel, Atlantis, 1972 ; G. WALZ, Die Entwicklung der Strafrechtsprechung in Kamerun 1884 - 1914, Diss. Freiburg /Br. 1980.

* 23 Le Professeur Helmut STOECKER de l'Université Humboldt (Berlin-Est), éminent spécialiste de la période allemande au Cameroun. H. STOECKER, « Drang nach Afrika », Berlin, Akademie Verlag, 1977. H. STOECKER, « Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft », Berlin, Rutten & Loening, 1960, p. 68.

H. STOECKER & H. MEHLS & E. MEHLS, « Die Froberung des Nordorstens ». In STOECKER (éd.), Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft II, 1968, pp. 55-98.

* 24 P. MANDENG, Auswirkungen der deutschen Kolonialherrschaft in Kamerun, Hamburg, 1973.

* 25 J. GOMSU, Colonisation et organisation sociale. Les chefs traditionnels du Sud-Cameroun pendant la période coloniale allemande (1884-1914), Thèse de Doctorat De 3ème cycle, Université de Metz, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 11 - 12 : (Nous ne livrons en aucun cas des arguments aux apologistes du colonialisme, bien au contraire, ce que nous disons ne disculpe en rien les colonisateurs).

* 26 Idem.

* 27 Plus qu'un rituel heuristique, préciser le sens des concepts utilisés, contribue à la circoncision et à la maîtrise de notre cadre d'étude.

* 28 R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 1995.

* 29 E. DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique (1ère édition), Paris, 1895.

* 30Ordre public, bonne marche des services publics...

* 31État, collectivités territoriales, établissements publics...

* 32Fonctionnaires, contractuels...

* 33 LesDEFINITIONS, « Définition de gestion ». Article publié sur le site www.lesdefinitions.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 34Idem.

* 35 AUNEGE, « Introduction à la gestion - Qu'est-ce-que la gestion ? ». Article consulté le 22 mars 2022 sur le site http://ressources.aunege.fr.

- Voir également I. CALME, J. HAMELIN, J. F. LAFONTAINE, S. DUCROUX, F. GERBAUD, Introduction à la gestion (3ème édition), Dunod, 2013.

- M. DARBELET, L. IZARD, M. SCARAMUZZA, Notions fondamentales de management (5ème édition), Éditions Foucher, 2006.

- A. DAYAN, Manuel de gestion, Paris,Éllipses, 1999.

- M. DE FABREQUES, Introduction à la gestion (2ème édition), Dalloz,2012.

- J. M. PLANE, Management des organisations, Dunod, 2003.

- P. POTTIER, Introduction à la gestion, Éditions Foucher, 2001.

- A. SCHATT& J. LEWKOWICZ, Introduction à la gestion d'entreprise,Éditions EMS, 2007.

* 36 Qui veut dire « Agir ».

* 37 LEXICO DICTIONARIES / ENGLISH, « Manage/Definition of Manage by Oxford Dictionary on Lexico.com also meaning of Manage ». Article consulté le 20 octobre 2020 sur www.wikipédia.fr.

* 38 M. OBADIA, « Type de management et symbolique de la main », dans Quelle économie voulons-nous ? Pour en finir avec le toujours plus... (2003), Eyrolles, 2011, pp. 182-192.

* 39R. A. THIETART, Méthodes de recherche en management (4ème édition), Dunod, 2014.

* 40J.-L. DELIGNY& J.-M. CARDON, L'Administration du futur : Culture et Stratégie (Management des administrations publiques),Eyrolles, 1989.

* 41H. FAYOL, « Administration industrielle et générale », in Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 1916. La « fonction administrative » d'Henri FAYOL où il faut faire fonctionner le « corps social » en lui donnant des directives et des tâches à accomplir. Il faut également harmoniser, unir, relier les actes et les efforts afin de faciliter le fonctionnement et le succès de l'organisation.

* 42 Principalement liée à la comptabilité analytique et aux méthodes de contrôle de gestion visant à optimiser les ressources.

* 43 Liée à la nécessité d'obtenir la motivation et la coopération des membres composant l'organisation.

* 44 R. DAHL, Qui gouverne ?, Paris, Armand Colin, 1971.

* 45Seul ou représentant d'une organisation, d'un Etat...

* 46 Telle que celle des droits de l'Homme.

* 47M. WEBER, Le Savant et le Politique,Paris, Union Générale d'Éditions, 1963.

* 48 Idem.

* 49 T. HOBBES, Léviathan ou Matière, forme et puissance de l'Etat chrétien et civil, 1651.

* 50 J.-J. ROUSSEAU, Du contrat social ou Principes du droit politique, 1762.

* 51 C. BAHATI NKINZINGABO, « Pouvoir coutumier et résistance à la décentralisation territoriale en RDC : regard sur la chefferie de Kabare », diplôme de licence, 2016. Article publié le 26août 2017 sur le site https://www.africmemeoire.com et consulté le 29 mars 2022.

* 52 M. WEBER, Économie et société, Paris, Plon, 1995.

* 53 H. MAMBI TUNGA, Pouvoir traditionnel et pouvoir d'Etat en RDC : Esquisse d'une théorie d'hybridation des pouvoirs politiques, UNIKIN, Thèse de Doctorat en Sciences Politiques, 2010.

* 54 C. BAHATI NKINZINGABO, « Pouvoir coutumier et résistance à la décentralisation territoriale en RDC : regard sur la chefferie de Kabare », diplôme de licence, 2016. Article publié le 26 août 2017 sur le site https://www.africmemeoire.com et consulté le 29 mars 2022.

* 55 Article 1 du décret royal du 05 décembre 1933.

* 56 Idem.

* 57 A. AHMADOU AHIDJO & G. BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.

* 58 M. WEBER, Économie et société, Paris, Plon, 1995.

* 59 G. BURDEAU, Droit constitutionnel et Institutions politiques, LGDJ, 1972, p. 33.

* 60 P. BAILLY, « Conflits de classes et changement social chez MARX » : « la force de travail a la caractéristique de créer plus de travail que n'en nécessite son entretien. La plus-value est cette valeur supplémentaire produite par le salarié que le capitaliste s'approprie gratuitement et légalement (il y a un contrat de travail qui est passé entre eux) ». Voir « Domination - situation dans laquelle un être et/ou un groupe est en position d'imposer ses idées (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 61 K. MARX, Critique du programme de Gotha, p. 39. « Au lieu de la vague formule redondante qui termine le paragraphe : « éliminer toute inégalité sociale et politique », il fallait dire : avec la suppression des différences de classe s'évanouit d'elle-même toute inégalité sociale et politique résultant de ces différences ». Ibid., p. 13.

- Voir «Domination - situation dans laquelle un être et/ou un groupe est en position d'imposer ses idées (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 62 C. RIVIÈRE, «DOMINATION», Encyclopædia Universalis [en ligne], article publié sur le site http://www.universalis.fr/encyclopédie/domination/ et consulté le 18 janvier 2019.

* 63 Ou de la femme, bien entendu.

* 64 A. COLLOGNAT, « AUCTORITAS. Autorité : un mot, une notion clé », article publié le 08 décembre 2019 sur le site https://eduscol.education.fr et consulté le 14 mars 2022.

* 65 Idem.

* 66 M. HUMBERT, Institutions politiques et sociales de l'antiquité, Paris, Dalloz, 2014, p. 323.

* 67A condition bien sûr, qu'elle soit régulière juridiquement.

* 68 Être à l'origine de, être l'ascendant de.

* 69Se porter garant de l'identité, au travers de la transmission, de la mémoire, du lien passé/présent.

* 70 Projet.

* 71 Lois, décrets, arrêtés, etc.

* 72 Hiérarchies, organisations, structures, etc.

* 73 M. WEBER, Économie et société, Paris, Plon, 1995.

* 74Idem.

* 75Idem.

* 76 M. HUMBERT, Institutions politiques et sociales de l'antiquité, Paris, Dalloz, 2014, p. 323.

* 77 La synecdoque est une métonymie (figure de style qui, dans la langue, ou son usage, utilise un mot pour associer une idée distincte mais qui lui est associée. L'association d'idées sous-entendue est souvent naturelle (partie/tout, contenant/contenu, cause/effet...), parfois symbolique (ex. couronne/royauté) ou encore logique : l'artiste pour l'oeuvre, la ville pour ses habitants, le lieu pour l'institution qui y est installée, etc.) particulière pour laquelle la relation entre le terme donné et le terme évoqué constitue une inclusion ou une dépendance matérielle ou conceptuelle. Plus rarement, la synecdoque est évoquée lors d'une « Représentation abrégée d'un contour animal permettant, par seulement quelques tracés, de le reconnaître » - Archéologie. Grotte Chauvet, glossaire. Voir«Définition : Métonymie (n. d.)». Article publié  sur le site www.lettres.orget consulté le 26 mars 2022. Voir «Métonymie. Figure de style (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 26 mars 2022. Voir « Synecdoque - terme littéraire (n. d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 26 mars 2022.

* 78 Les historiens et les historiennes.

* 79 « Histoire - évènements passés et leurs traces ou publications, étudiés par diverses branches des sciences humaines de l'histoire (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2021.

* 80 Idem.

* 81 A. PROST, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Seuil, 1996, Coll. « Points Histoire », p. 146.

* 82M. BLOCH, Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien, introduction, p. IX.

* 83 Cité par A. PROST, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Seuil, 1996, Coll. « Points Histoire », p. 146.

* 84Connaissances livresques sur les faits du passé, maîtrise de l'historiographie.

* 85Méthodes d'analyse des sources et d'écriture de l'histoire.

* 86« Histoire politique (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 mars 2022.

* 87 Idem.

* 88 Parfois de femmes.

* 89 Idem.

* 90 R. KOSELLECK, Le futur passé : contribution à la sémantique des temps historiques (2ème édition), Paris, Éditions de l'EHESS, 2016.

* 91 Pour la métropole.

* 92G.BALANDIER,Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 4-5.

* 93Ou à la rigueur l'élite.

* 94 M. PROUZET, Le Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés », 1974, p. 61.

* 95 Karl MARX & Vladimir LÉNINE cité par M. PROUZET, op. cit., p. 80.

* 96 M. PROUZET, Le Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés », 1974, p. 80.

* 97 G. NICOLAS, « Crise de l'Etat et affirmation ethnique en Afrique Noire contemporaine », Revue Française de Science Politique, 1972, p. 1017.

* 98 M. PROUZET, Le Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés », 1974, pp. 39-40.

* 99 Jusqu'en 1966.

* 100M. PROUZET, Le Cameroun, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Coll. « Comment ils sont gouvernés », 1974, pp. 41- 42.

* 101 D. MAINGUENEAU, Les livres d'école de la République (1870 - 1914) : discours et idéologie, Paris, Le Sycomore, 1979.

* 102 URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

* 103 C. AMALVI, De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France, Paris, Albin Michel, 1988.

* 104 E. PRITCHARD & M. FORTES, Systèmes politiques africains, Oxford, Oxford University Press, 1940.

* 105 M. GLUCKMAN, Custom and Conflict in Africa, Oxford, Blackwell, 1955.

* 106 G. BALANDIER, Anthropologie politique, op.cit., p. 24.

* 107Deïdo.

* 108 Akwa.

* 109 A. AHIDJO & G. BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981, p. 35.

* 110 Ibid., pp. 48-50.

* 111 Mbankim.

* 112« Royaume bamounBamun - ancien pays (n. d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 18 mars 2022.

* 113 JOURNAL CAMEROUN INFO, « Les BamounBamun auront-ils leur province ? ». Article publié sur le site www.cameroun-info.net et consulté le 18 mars 2022.

* 114700 mètres.

* 1151910 mètres.

* 1162200 mètres.

* 117 « Royaume bamounBamun - ancien pays (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 18 mars 2022.

* 118 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité : le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, p. 11.

* 119 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des BamounBamun », Mémoires de l'Institut français d'Afrique Noire (Centre du Cameroun), série : Population N°5, 1952, p. 43.

* 120 B. R. GUIMDO DONGMO, Séminaire de théorie sur le sens et l'effectivité du droit. Cité par J. J. FOMBA TALA, « Lutte contre le terrorisme et droits de l'homme en Afrique », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II-SOA, 2013- 2014, p. 4.

* 121 O. PATZIG, Die afrikanische Konferenz und der Congostaat, Heidelberg, 1885.

F. FROMHOLD DE MARTENS, « La Conférence du Congo à Berlin et la politique coloniale des États modernes », Revue de Droit International et de Législation Comparée, XVIII, 1886, pp. 137 sq. ; H. CRIBIER, « l'Europe, le Congo et la Conférence africaine de Berlin », Annales de l'École Libre des Sciences Politiques, IV, 1889, pp. 487-514 ; S. E. CROWE, The Berlin West African Conference, 1884-1885, London, 1942.

* 122 Cette liberté commerciale impliquait la liberté de navigation pour les navires de toute nationalité sur le Congo et ses affluents, l'entrée en franchise dans tous ces territoires des marchandises importées et enfin l'égalité de droit au point de vue économique et commercial pour tous les Européens appelés à s'établir dans ces territoires.

* 123 De 1884 à 1901 et de 1909 à 1910.

* 124 M. ONDOA, Cours de méthodologie de la recherche, D.E.A, Droit Public Fondamental 2009-2010,2009-2010,p. 14.

* 125 M. GRAWITZ & J. LECA, Traité de science politique, Presses Universitaires de France, 1985.

* 126 W. VON TROTHA, Gegen Kirri und Buchse in Deutsch-Sudwestafrika: vaterlandische Erzahlung von dem Kampfe in Sudwest, Breslau: Goerlich, 1911. Voir également LE FIGARO.FR, « Colonialisme: l'Allemagne reconnait avoir commis un génocide en Namibie », article mis à jour le 28/05/2021 et consulté le 05 mai 2022. Voir « Colonisation (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le mardi 07 novembre 2017.

* 127 P. N'DA, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en Lettres, Arts et Sciences humaines et sociales : informations, recommandations universitaires, techniques et pratiques actuelles, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 109.

* 128 Pour R. QUIVY & Luc VAN CAMPENHOUDT, la « gloutonnerie livresque » est une attitude qui consiste à se bourrer le crâne d'une grande quantité de livres et d'articles en espérant y trouver au détour d'un paragraphe, la lumière qui permettra de préciser enfin correctement et de manière satisfaisante l'objectif du thème de travail que l'on souhaite effectuer. Voir R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 1995.

* 129 P. N'DA, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en Lettres, Arts et Sciences humaines et sociales : informations, recommandations universitaires, techniques et pratiques actuelles, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 109.

* 130 G. R. ASSIE & R. R. KOUASSI, Cours d'initiation à la méthodologie de recherche, École de la chambre de commerce et d'industrie, Abidjan, 2008, p. 206.

* 131Think tanks, lobbies, ONG, groupes d'intérêts et associations professionnelles, l'espace public, les autres associations, les médias... et, l'État et la classe politique.

* 132 B. PAPE-THOMA, « Mystère, viol et dépossession : la colonisation de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre 2007 sur le site www.afrik.com et consulté le 22 mars 2022. Birgit PAPE-THOMA est née à Hambourg en Allemagne. Elle est journaliste et conseillère en communication et relations publiques. Elle est également auteur de livres pour enfants et de courts récits s'adressant à un public adulte. Elle a notamment écrit un ouvrage sur L'Allemagne en collaboration avec Gaëlle Dutter et publié aux éditions Grandir qui parle de la découverte de l'Allemagne : son histoire, sa géographie, ses habitants...

* 133 J. BOUCHAUD, « La côte du Cameroun dans l'histoire et la cartographie. Des origines à l'annexion allemande 1884 », Mémoires de l'Institut Français d'Afrique Noire, Centre du Cameroun, série: Population n° 5, 1952.

* 134 B. PAPE-THOMA, « Mystère, viol et dépossession : la colonisation de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre 2007 sur le site www.afrik.com et consulté le 22 mars 2022.

* 135 Idem.

* 136L'actuelle Namibie.

* 137Tanzanie, Burundi, Rwanda.

* 138 Kamerun strasse.

* 139 B. PAPE-THOMA, « Mystère, viol et dépossession : la colonisation de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre 2007 sur le site www.afrik.com et consulté le 22 mars 2022.

* 140 C. LECLERC, « l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le site : www.Slate.fr et consulté le mardi 26 février 2019.

* 141 Alain FINKIELKRAUT, né le 30 juin 1949 à Paris, est un philosophe, écrivain, essayiste et animateur de radio français.

* 142« Un pour le Kaiser ».

* 143 Cour Internationale de Justice.

* 144 C. LECLERC, « l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le site : www.Slate.fr et consulté le mardi 26 février 2019.

* 145 Office colonial allemand.

* 146 Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 297.

* 147 S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°1, Activités des Allemands sous mandat britannique, 73/5, 3 septembre 1936. In Prince KUM'A NDUMBE III, op. cit, p. 297.

* 148 A.N.Y., APA 11224/F, Organisation militaire du Cameroun britannique, s.d. In PRINCE KUM'A NDUMBE III, op. cit., p. 297.

* 149 L'Association des indigènes camerounais germanophiles.

* 150 Les habitants de Pongo portent le même nom. Cf. A.N.Y., APA 11225/A, Menées antifrançaises, doc. Cit. Communication et correspondance adressées au département, 1933-1937. Gouverneur Bonnecarrère au Ministre des Colonies, n°120, Intrigues antifrançaises, 15 décembre 1933. In KUM'A NDUMBE III, op. cit., p. 297.

* 151 S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°1, doc.cit. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 297.

* 152 A.N.Y., APA 11225/A, Menées antifrançaises... doc.cit. In Prince KUM'A NDUMBE III, op. cit., p. 297.

* 153 A.N.Y., APA 10124/C, Menace de mort contre Gouverneur Général, espionnage, surveillance, Douala, 1939-1940. In L. I. SAH, « Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133.

* 154 S.H.A.T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°1, doc. Cit. In Léonard I. SAH, o. cit., pp. 131-133.

* 155 A.N.Y., 1 AC 107 (2), Rapport sur les activités antifrançaises des Douala, 1934. Gouverneur Bonnecarrère au ministre des Colonies, rapport n° 9, (Intrigues antifrançaises), 3 févr. 1934. In Léonard I. SAH, op. cit., pp. 131-133.

* 156 Idem. In L. I. SAH, « Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133.

* 157Kamerunen Farbringen fur deutsche Gesinnung Verein - entendons les « Camerounais de pensée allemande ».

* 158 A.N.Y., APA 11229/D, Manifestations anti-françaises n°85, 10 oct. 1935. In Léonard I. SAH, op. cit., pp. 131-133.

* 159Tous originaires de la région côtière.

* 160 A. OWONA, L'évolution du Cameroun de 1884 à 1970, cours polycopié, Yaoundé, vol. 2, p. 32. In L. I. SAH, op. cit., pp. 131-133.

* 161Travaux forcés, application du système de l'indigénat, etc.

* 162Région d'Eséka.

* 163 L. I. SAH, « Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Histoire d'Outre-mer, t. LXIX (1982), n°255, pp. 131-133. Une de ces lettres est conçue et présentée de la manière suivante :

« Expéditeur : Nyap Jean, chef de groupement de Ndogbessol, par Eséka

Destinataire : Monsieur le Chancelier Hitler Adolph et dominateur en Allemagne.

Monsieur, au Cameroun, beaucoup d'embuches vous sont tendus par les français, Moi, votre fils que vous avez délaissé ne puis m'empêcher de vous l'écrire : je suis né sous votre empire et j'accuse actuellement 35 ou 36 ans. Je vous le dis alors avec les larmes aux yeux, ce que les français font de mauvais au Cameroun et solustinent (s'obstinent) de ne plus retourner en France pour que vous veniez aussi vous installer au Cameroun jadis votre. Le mois écoulé, tous les points, chemins de fer, gare Essondo et Sodibanga furent gardés par des sentinelles et diverses équipes pour vous attendre. Je vous l'avertissons gêne (sic) sans gêne? Dans le sens: clairement, ouvertement?) pour que vous prudents et vainqueurs pour que vous repreniez votre Cameroun longtemps abandonné. J'aime beaucoup l'Allemagne. Je voudrai bien que vous reviviez (sic) (reveniez) les ordures (sic) (ordres) des français sont différents des autres (sic) (vôtres) quand j'était autrefois sous votre tutelle, je n'étais ennuyé de la sorte comme je le suis à présent. J'ai beaucoup besoin de vous écrire le plus souvent possible, mais il n'y a pas la route. Prière de me renseigner comment faire pour vous correspondre souvent. Je vous serais toujours très reconnaissant et vous me direz comment faire pour vous apprendre le plus souvent possible les nouvelles du Cameroun français maudit.

Veuillez agréer ? Monsieur mes salutations vavorables (sic) (favorables).

Votre fils » - A.N.Y., APA 11229/D, Manifestations anti-françaises d'indigènes, juill. 1940, Police et santé 441.

* 164 V. CHAVELAS, « Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS(Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 183-185.

* 165 « Gaertner » ou agents de culture.

* 166 « Wegebauer » ou piqueurs de route.

* 167 V. CHAVELAS, « Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 183-185.

* 168 B. PAPE-THOMA, « Mystère, viol et dépossession : la colonisation de l'Afrique par l'Allemagne ». Article publié le 28 novembre 2007 sur le site www.afrik.com et consulté le 22 mars 2022.

* 169 Idem. « Un pour le Kaiser ».

* 170 C. LECLERC, « l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent oublié) », Article publié le 16 août 2015 sur le site : www.Slate.fr et consulté le mardi 26 février 2019.

* 171 G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p.7, VII.

* 172 Ou ethnique.

* 173 Ibid., p. 35.

* 174 Virus du Sida.

* 175 AEF : Afrique Équatoriale Française.

* 176 H. LAURENTIE, « Notes sur une philosophie de la politique coloniale française », in Numéro spécial de Renaissances, oct. 1944. In G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 15-18.

* 177 J. BORDE, « Le problème ethnique dans l'Union sud-africaine », in Les Cahiers d'Outre-Mer, 1950, p. 320. In G.BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique Noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 15-18.

* 178 C. LECLERC, « l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent oublié) ». Article publié le 16 août 2015 sur le site : www.Slate.fr et consulté le mardi 26 février 2019.

* 179 Idem.

* 180 EEC : Église Évangélique du Cameroun.

* 181 C. LECLERC, « l'Allemagne aussi a un passé colonial (trop souvent oublié) », Article publié le 16 août 2015 sur le site : www.Slate.fr et consulté le mardi 26 février 2019.

* 182 Idem.

* 183 Idem.

* 184 M. DIPPOLD, « L'image du Cameroun dans la littérature coloniale allemande », in Cahiers d'Études africaines, 1973, 49, pp. 37-59.

* 185 A. MEMMI, Portrait du colonisé : précédé du portrait du colonisateur, Paris, 1966, p. 126.

* 186 Ibid., p. 123.

* 187 M. DIPPOLD, « L'image du Cameroun dans la littérature coloniale allemande », in Cahiers d'Études africaines, Année 1973, 49, p. 45.

* 188 Idem.

* 189 Idem.

* 190 Idem.

* 191 ANC, FA 1-37, F. 68-71. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 140-141.

* 192 Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Yaoundé, Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 140-141.

* 193 F. HENNEMANN, « Werden und Wirken eines Afrikamissionars. Erlebtes und Erschautes, Pallotiner Verlag, Limburg an der Lahn » 1922, inZentrales Archiv der Pallottiner, p. 110, 180 pages. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 142.

* 194 A. ISAACMAN & B. ISAACMAN, Dams, Displacement, and the Delusion of Development, p. 56. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération, 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 143.

* 195 V. CHAVELAS, « Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VILLE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 186.

* 196 Idem.

* 197 G. BALANDIER, « Réflexions sur le fait politique : le cas des sociétés africaines », in Cahiers internationaux de sociologie, PUF, vol. 37, juillet-décembre 1964, pp. 23-50.

* 198 E. FOPOUSSI FOTSO, Faut-il brûler les chefferies traditionnelles ?,Éditions SOPECAM, 1991.

* 199 Idem.

* 200 C.-H. PERROT & F.-X. FAUVELLE-AYMAR, Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2003.

* 201Les cadres, comme on dit en Côte d'Ivoire.

* 202 W. VAN BINSBERGEN, « Les chefs royaux Nkoya et l'association culturelle Kazanga en Zambie. Résistance, déclin ou folklorisation de la fonction du chef traditionnel ? », In C.-H. PERROT & F.-X. FAUVELLE-AYMAR (éd.), Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l'Etat en Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2003, pp. 489-510.

* 203Façons de penser.

* 204Façons d'agir.

* 205Du grec « holos » : qui forme un tout.

* 206 J. BAECHLER, Nature et Histoire, Hermann, 2014.

J. BAECHLER, Esquisse d'une histoire universelle, Fayard, 2002.

* 207Anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.

* 208Socioreligieux, psychologiques, géographiques, etc.

* 209 Au sens générique.

* 210Faits anthropologiques comme « homo » ou « anthropos ».

* 211 R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherches en sciences sociales, 1995, pp. 85-86.

* 212 J. CHEVRIER, La littérature nègre, Étude (broché), 2003, pp. 53-54.

* 213 F. FORTIN, Le processus de la recherche : de la conception à la réalisation, 1996, p. 51.

* 214 G. MACE & F. PETRY, Guide d'élaboration d'un projet de recherche, 2000, p. 24.

* 215 R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherches en sciences sociales, 1995, pp. 85-86.

* 216 C. BERNARD, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.

* 217Idem.

* 218 G. R. ASSIE & R. R. KOUASSI, Cours d'initiation à la méthodologie de recherche, École de la chambre de commerce et d'industrie, Abidjan, 2008, p. 20.

* 219 M. WEBER, Le savant et le politique, Paris, Union Générale d'Éditions, 1963.

* 220 A. GROSSER, L'explication politique, Paris, Presse de la FNSP, 1972.

* 221 G. M. AMOUGOU, « L'utilité d'une coopération technique au Sud du Sahara : Cas de la relation Cameroun-UNESCO », Mémoire de DEA en Science Politique, Université de Yaoundé II, 2009, p. 184.

* 222 G. MACE & F. PETRY, Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, Les Presses de l'Université de Laval Québec, 2000, p. 30.

* 223 M. BEAUD, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 2001, p. 50.

* 224 A. FILON, De la méthode historique, Hachette Livre, 1840, p. 1.

* 225I. LO, Méthodologies de recherche en sciences sociales, Paris, PUF, 2013.

* 226 R. QUIVY & L. VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 1995.

* 227 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, pp. 351-352.

* 228 Idem.

* 229 Idem.

* 230 G. HERMET et AL., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques (8ème édition), Paris, 2015, p. 174.

* 231 C. TILLY, Big Structures, Large Processes, Huge Comparisons, New York, Russell Sage Foundation, 1984.

* 232 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, p. 422.

* 233 M. MAUSS & P. FAUCONNET, « La Sociologie, objet et méthode ». Article extrait de La Grande Encyclopédie, 1901, p. 22.

* 234 E. DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique (1ère édition), Paris, ALCAN, 1895.

* 235 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, 1986, p. 182.

* 236 Ce type de comparaison est généralement appliqué dans les études internationales. Sur le plan théorique, consulter avec profit, M. DOGAN, D. PELASSY, 1980. La comparaison internationale en sociologie politique, Paris, Librairies Techniques, pour une application au Cameroun. Lire L.-M. NKOUM-ME NTSENY, La dualité culturelle dans la politique étrangère : une étude comparée entre le Cameroun et le Canada, Thèse de Doctorat en Relations internationales, Université de Yaoundé II-SOA-IRIC, 1997-1998, pages 139 et suivantes.

* 237 Nombre de structures éducatives, sanitaires, commerciales et militaires financées par l'Allemagne, nombre de résidents étrangers, nombre de révoltes, nombre d'ouvrages, de recueils écrits, d'études iconographiques faites.

* 238 J.-L. PIAGET, La naissance de l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1936 ; La construction du réel chez l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1937. Voir Wikipédia, « Constructivisme (psychologie) (n. d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 25 mars 2022.

* 239 Idem.

* 240 Ontogenèse.

* 241 LA TOUPIE, « Définition : Constructivisme ». Article tiré du site www.latoupie.org et consulté le 25 mars 2022.

* 242 P. L. BERGER & T. LUCKMANN, The Social Construction of Reality. A treatise in the sociology of knowledge, Anchor, 1966.

* 243 LA TOUPIE, « Définition: Constructivisme ». Article tiré du site www.latoupie.org et consulté le 25 mars 2022.

* 244 Sur ce point, leur constructivisme social s'inspire de l'approche phénoménologique, en particulier d'Alfred SCHUTZ qu'ils rapprochent du projet de la sociologie de la connaissance.

* 245 B. CYRULNIK, Un merveilleux malheur, 1999. Rééd. Odile Jacob, Coll. « Poches », 2002. Voir LA TOUPIE (n.d.), article tiré du site www.latoupie.org et consulté le 25 mars 2022.

* 246 Taken for granted.

* 247«Alfred Schutz, philosophe des sciences sociales autrichien (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 25 mars 2022.

* 248M. CROZIER & E. FRIEDBERG, L'acteur et le système: Les contraintes de l'action collective, Paris, France, Éditions du Seuil, 1977, p. 1.

* 249 Pour Pierre BOURDIEU, l'habitus s'apparente à une partie de la structure sociale, inconsciente à l'individu et déterminé par les échanges entre les individus. Il s'agit simplement d'un ensemble de structures structurées prédisposé à fonctionner comme des structures structurantes. Voir P. BOURDIEU, La Noblesse d'Etat. Grandes écoles et esprit de corps, Les Éditions de Minuit, 1989 ; Voir M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales (8ème édition), Paris, Dalloz, 2004, p. 57.

* 250 A. AHIDJO & G. BWELE, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome Deuxième : L'Histoire te l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, p. 52.

* 251 M. GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, pp. 477-479.

* 252 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, 1986, p. 22.

* 253 D. EASTON, Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974, p. 2.

* 254 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat, 1986, p. 102.

* 255 P. CIBOIS, L'analyse factorielle, Paris, PUF, 1983, p. 128 et surtout du même auteur, L'analyse des données en sociologie, Paris, PUF, 1984, pp. 69-74.

* 256 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, op.cit., 1986, p. 112.

* 257 M. GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, p. 526.

* 258 J.-C.COMBESSIE, La méthode en sociologie (4ème édition), Paris, La Découverte, 2000, p. 14, 123 pages. Sans document, aucune recherche n'est possible. Voir également L. ALBARELLO et Al., Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin, 1995, p. 9.

* 259 G. BALANDIER, Sens et puissance. Les dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971.

* 260 G. HERMET & Al., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Paris, 2015.

* 261 D. EASTON, Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974.

* 262 Ananie BINDJI : Journaliste/Directeur de l'Information de la chaine audiovisuelle camerounaise Canal 2 International.

* 263 Albert François DIKOUME : Historien, Spécialiste d'Histoire Économique et Sociale. Ancien chef du département d'histoire de l'Université de Douala.

* 264 Jean-Jacques ANNAUD : Réalisateur du film « La victoire en chantant », Novembre 2014.

* 265 Spécialiste de l'ethnie Duala.

* 266 www.goetheinstitut.de

* 267 www.filmkraft.net

* 268 Interview de Jean-Pierre BEKOLO, réalisée par Mérinos LIATOU, disponible sur le site www.goetheinstitut.de et consultée le 29 mars 2022. La série « Our Wishes : un regard sur l'Afrique coloniale » a été réalisée en 2017.

* 269 C. LESQUENE, « Comment penser l'Union Européenne? » In M.-C. SMOUTS (dir), Les nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presses de Science Po, 1998, pp. 103-134.

* 270 Idem.

* 271 J.-P. DURAND & Robert WEIL, Sociologie contemporaine, op. Cit., p. 308. Sur les développements théoriques relatifs à cette technique de recherche, consulter également, R. GHIGLIONE & B. MATALON, Les enquêtes sociologiques. Théories et pratiques, op.cit., pp. 90-93 ; A. BLANCHET, L'entretien de recherche dans les sciences sociales, Paris, Dunod, 1985; A. BLANCHET & R. GHIGLIONE & J. MASSONAT & A. TROGNON, Les techniques d'enquête en sciences sociales, Paris, Dunod, 1987, pp. 80-84.

* 272Radio, Télévision, Internet, etc.,

* 273Notamment sur les bassins du Congo et du Niger.

* 274 A. OWONA, La naissance du Cameroun (1884 - 1914), Paris, L'Harmattan, 1996.

* 275 Afrique Équatoriale Française.

* 276Le bassin de la Sangha avec des points sur l'Oubangui (RCA actuelle), le Congo, ainsi qu'une bande du Gabon.

* 277 Administration indirecte.

* 278 Diviser pour régner.

* 279 J. GOMSU, « La Formation des Camerounais en Allemagne pendant la période coloniale », in Cahiers d'Allemagne et d'Études Germaniques, Vol. I, N°2, Yaoundé, FLSH, Université de Yaoundé, 1985, p. 59.

* 280 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 55-56.

* 281 Du moins théoriquement.

* 282 NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Bali/ Je Nde Nyai Seto Dibanga/ ndola-bali.asso-web.com/27-le-peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 283Ibid., pp. 55-57.

* 284W. H. BRACKNEY, Historical Dictionary of the Baptists, Rowman & Littlefield, USA, 2021, p. 525.

* 285F. B. NYAMNJOH, Regional Balance and National Integration in Cameroon: Lessons Learned and the Uncertain Future, African Books Collective, UK, 2011, p. 198.

* 286R. E. JOHNSON, A Global Introduction to Baptist Churches, Cambridge University Press, UK, 2010, p. 200.

* 287ENCYCLOPEDIE BRITANNICA, Alfred Saker [archive], britannica.com, USA, consulté le 11 aout 2018.

* 288J. VAN SLAGEREN, Les origines de l'Église évangélique du Cameroun: missions européennes et christianisme autochtone, Brill Archive, Netherlands, 1972, p. 29.

* 289Mgr H. VIETER, « Chronique de la Mission catholique du Cameroun 1890-1895 », transcrit par H. SCHULTE, Limburg a.d.Lahn, 30 novembre 1955, p. 4. Voir S. EYEZO'O, « Politique coloniale , compétition missionnaire et division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158. 

* 290Ibid., p. 13. PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur ZIMMERER.

* 291Ibid.

* 292Ibid.

* 293Archives de la Congrégation du Saint-Esprit (CSSP), 2J1.1a., P. BERGER, « Les origines spiritaines des Missions Catholiques du Cameroun ».

* 294Ibid. Dans ses mémoires, Mgr VIETER lui-même révèle que l'agent principal de la firme Woermann partit avec ses confrères et lui, car il devait ouvrir une succursale à Édéa. Cf. Treize années de souvenirs au Cameroun 1890-1903, p. 10.

* 295 La position de BISMARCK à cet effet était claire : « Il n'est pas bon, du reste, que les missionnaires des différentes religions agissent simultanément au même endroit ». En d'autres termes, les catholiques ne peuvent s'établir au Cameroun, si les protestants de Bâle y sont déjà ; à moins de s'installer dans une autre zone. Arch. CSSp., Cameroun, 2J1.1a, Anonyme, « Parlement allemand, les missionnaires dans les colonies allemandes », 

Le Monde, 29 novembre 1885.

* 296 Mgr H. VIETER, Chronique de la Mission catholique du Cameroun, p. 4.

* 297Ibid.

* 298Ibid.

* 299Ibid.,p.14.

* 300 « Missions Freund », 1890, p. 47, in R. STUMPF, La politique linguistique au Cameroun de 1884 à 1960. Comparaison entre les administrations coloniales allemande, française et britannique et du rôle joué par les sociétés missionnaires, Berne-Francfort-sur-le-Main et Las Vegas, 1979, p. 49.

* 301Ibid.

* 302 Op. cit., p. 49.

* 303Ibid., p. 50. Selon STUMPF, « ces deux contestations désapprouvent les thèses de Hausen et de Hallden qui croient trouver dans le refus Pallotin le complexe de concurrence qui aurait repoussé la proposition de partage ». Cf. K. HAUSEN, « Deutshe Kolonialwirtschaft » in Afrika, Zurich, Atlantis, 1970, p.233, in RPK, À propos du rôle de la centralité romaine dans la régulation des frontières missionnaires en contexte catholique, lire l'intéressant article de Claude PRUDHOMME, « Centralité romaine et frontières missionnaires », in Mélanges de l'École Française de Rome, Italie et Méditerranée, Mefrim, t. 109, 1997-2, pp. 487-504.

* 304 On se souvient de la triste expérience des Spiritains sur la côte camerounaise en 1885.

* 305 J. BOUCHAUD, « Les débuts de l'évangélisation au Cameroun », Les Missions catholiques, n° 11, mai 1952, p. 141.

* 306E. MVENG, L'Église catholique au Cameroun 100 ans d'évangélisation. Album du centenaire (1890-1990), Presso 24. Grafiche Dehoniane, p. 23.

* 307Le Père Maurice BRIAULT tente d'expliquer la grande poussée des peuples de tout le centre du Cameroun vers le catholicisme, par le fait que leurs chefs, « humiliés des dédains des Douala et autres gens de la Côte gagnés aux protestants » se sont jetés dans les bras des missionnaires Pallotins. M. BRIAULT, « La Mission de Douala avant et après la guerre », Annales des Pères du Saint-Esprit, janvier 1934, p. 25.

* 308 J. BOUCHAUD, « Les débuts de l'évangélisation au Cameroun », op. cit., p. 14.

* 309 M. BRIAULT, « La Mission de Douala » op. cit., p. 25.

* 310S. EYEZO'O, « Politique coloniale, compétition missionnaire et division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158. 

* 311Epouse d'Alfred SAKER.Le 25 Février 1840, Alfred SAKER épousa Miss Helen JESSUP, qu'il connaissait depuis l'enfance et qui, née dans l'Église Anglicane avait, de son propre choix, adopté les doctrines baptistes. Elle partageait donc les convictions de son mari et possédait, grâce à son éducation et à sa consécration, les qualités requises pour être sa compagne et sa collaboratrice. Quelques mois avant ses fiançailles, elle avait offert ses services à la Church Missionary Society pour être envoyée en terre païenne. À cette époque, cela constituait un geste de foi car la société n'avait jamais encore accepté de dame célibataire pour ses champs de missions et, fidèle a sa politique, mais ne voulant pas décourager l'initiative de Miss Jessup, elle la prévint qu'il faudrait attendre que Dieu lui ouvre une voie.Entre-temps, Alfred Saker en fit sa compagne et l'emmena à Devonport, où il travaillait comme dessinateur dans un chantier naval.Deux enfants vinrent combler le bonheur de ce jeune ménage chrétien qui prospérait et avait gagné la haute estime de tout son entourage. Voir REGARD - Bibliothèque Chrétienne Online, « ALFRED SAKER - 01 ». Article publié en 2013 sur le site http://www.regard.eu.org/Livres.7/Alfred.Saker et consulté le 21 décembre 2023.

* 312MASOSO MA NYAMBE, « L'histoire du Kaba Ngondo ». Article publié le 07 avril 2011 sur le site https://masoso.unblog.fr et consulté le 21 décembre 2023.

* 313 Peuple qui occupe l'espace allant de Campo à Mamfe.

* 314 NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 315 Qu'ils surnommèrent « Bakoko » qui est la forme contractée de « Batoba Mukoko » qui signifie « les gens du sable » et les Bassa.

* 316 Ils étaient des pêcheurs.

* 317NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 318 Ancêtre éponyme des Duala.

* 319 Idem.

* 320 J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms », p. 104-105. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

* 321 M. I. BOT, « Langue, origine et signification des toponymes de Douala », Aba-N°0001, 2010, p. 25.

* 322 Idem.

* 323Idem.

* 324 J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures », Éditions Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

* 325 Guthrie A. 20, A. 30 et aussi dialectes Oroko A. 11.

* 326 Mbo, Bakaka, Bakossi....

* 327 Les Balong, les Bonkeng, les Bafavo, les Bankon....

* 328 Généralement chantée en Duala.

* 329 Essèwè, bolobo...

* 330 Sanja, kaba...

* 331« Clan : ensemble de familles associées par une parenté réelle ou fictive (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 13 décembre 2021.

* 332 De « clannad » signifiant famille.

* 333 Ancienne appellation de l'Occitan.

* 334 J. PICOCHE, Dictionnaire étymologique du français, Dictionnaires Le Robert, 1994.

* 335 « Canton/type de division administrative d'un pays (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fret consulté le 1er décembre 2021.

* 336 Idem.

* 337 E. KINGUE, « Dynastie Bélè Bélè : De Ndoumbe Lobè à René Manga Bell (12.11.2012) ». Article publié sur le site www.peuplesawa.com et dans le journal « Le Messager » du 09 novembre 2021 et consulté le 29 janvier 2021.

* 338 Ntem.

* 339 Mungo.

* 340 E. KINGUE, « Dynastie Bélè Bélè : De Ndoumbe Lobè à René Manga Bell (12.11.2012) ». Article publié sur le site www.peuplesawa.com et dans le journal « Le Messager » du 09 novembre 2021 et consulté le 29 janvier 2021.

* 341 E. KINGUE, « Portrait: Jean Yves Eboumbou, nouveau roi des Bell » [archive]. Article publié dans le journal Le Messager le 18 décembre 2012 et consulté le 02 avril 2021.

* 342 Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des ROIS et CHEFS SUPÉRIEURS AKWA », mai 2014. Article publié sur le site www.Deïdobonebela.blog4ever.com et consulté le 03 avril 2021. Le Prince NGANDO EBONGUE AKWA est un chercheur indépendant en histoire & civilisation du vieux Cameroun.

* 343 Deux branches principales constituent l'arbre généalogique d'Ewal'a Mbedi (Duala) : la branche de NJOH'A MASE M'EWALE, d'où sortiront les Bell et Bonabéri, et celle de NGIY'A MULOBE M'EWALE, d'où sortiront les AKWA et les DEÏDO.

* 344 « KING GEORGE » ce pseudonyme donné au patriarche DOO LA MAKONGO par les négriers anglais était le nom dynastique du souverain Britannique de cette époque, le Roi GEORGE III du Royaume-Uni. Il régna de 1760 à 1811 et mourut en 1820. Son fils aîné GEORGE IV fut d'abord régent entre 1811 et 1820, puis régna ensuite de 1820 à 1830.

* 345 Les négriers anglais avaient attribué à PETER QUAN (KWAN'EWONDE) le statut de « King » pour ses initiatives appropriées à l'égard des commerçants européens. D'après un rapport de 1788 du navire Britannique Sarah qui sillonnait la côte camerounaise à cette époque, Peter Quan prenait souvent des mesures importantes comme celle obligeant tout navire en partance pour l'ouest de l'inde et ayant jeté son encrage sur le Wuri à donner des compensations (Kumi). Cf. R. AUSTEN, J. DERRICK, Middlemen of the Cameroons Rivers. The Duala and their Hinterland, c. 1600-c.1960, Cambridge University Press, Août 2009, 1999, pp. 37-38.

* 346 Dans une liste révélatrice des paiements effectués par le navire négrier Sarah en 1790, figure le King Doo la Makongo qui avait été payé pour la vente de 40 esclaves et avait reçu un « dash ou cadeau ». Figure aussi, le prince Angwa (Muange ma Ku) qui avait été payé pour la vente de 50 esclaves et avait reçu un dash plus important que celui de Doo la Makongo. Aussi, les sujets de Muange avaient également perçu un dash considérable. Cf. R. AUSTEN, J. DERRICK, Middlemen of the Cameroons Rivers. The Duala and their Hinterland, c. 1600-c.1960, Cambridge University Press, 1999, pp. 37-38.

* 347 « Bonewuma », le village du chef Bassa EWUMA NKUL qui régnait sur l'ensemble des familles Bassa du plateau de Bonaku (actuel plateau d'Akwa) se trouvait à l'emplacement du quartier Bonalembe. L'héritier de ce territoire, KU'A MAPOKA, naquit de l'union de NYAKE MBEND'EWUMA, petite fille du chef Bassa et de MAPOKA MA NGIY'A MULOBE, l'arrière petit-fils d'Ewale.

* 348 NGANDO AKWA est né en 1764 de l'union du Prince KWA KUO de la dynastie Angwa de Bonaku et de la Princesse MIONDE M'EWONDA KWAN de Bonewonda. Avant d'aller défier le King BELE BA DOO, NGAND'A KWA prendra le commandement des Bonaku en lieu et place de son cousin NTOKO`A MUANGE. Après le partage du pouvoir central, il fédéra l'ensemble des BONAMULOBE qui prirent par la suite le nom de BONAMBELA.

* 349 Le nouveau Cameroun naît en 1884.

* 350 Qui veut dire résistance.

* 351 Droit de commercer.

* 352 Joss-Town.

* 353 Le 6 février 1905, le King AKWA fut condamné à cinq mois de prison avec travaux forcés en dépit de l'accord formel qu'il avait conclu en début d'année 1904 avec l'homme d'affaires Allemand MAX ESSER. La convention stipulait que ce dernier lui verserait 500 Marks par source de pétrole découvert, en dehors du prix de vente, dans toute sa zone d'influence jusqu'en décembre 1904. Le problème est né du fait que le chef du district VON BRAUCHITSCH voulait absolument attribuer à MANGA BELL les droits de perception d'un quatrième puits qu'il situait dans le territoire Bell alors que celui-ci se trouvait, à l'instar des trois premiers, dans la zone Bassa (Logbaba) ou le King AKWA et ses ascendants avaient une hégémonie précoloniale.

* 354 SPD : socio-démocrates.

* 355 Zentrum Partei.

* 356 La plupart des Duala avaient déserté la ville et s'étaient réfugiés dans l'arrière-pays. De là-bas, ils partirent avec leurs pirogues vers les bateaux anglais, prirent sur eux de les guider à travers les eaux côtières nonobstant le coulage par les allemands des bateaux de la « Woermann » pour barrer le chenal. Ils leurs transmirent des informations sur les positions allemande et leur assurèrent que la population était prête à leur accorder toute aide pour l'expulsion des allemands. Certains demandèrent même des armes et leur incorporation militaire. Les allemands savaient que les Duala soutenaient les actions militaires alliés, raison pour laquelle ils prirent des mesures militaires draconiennes pour assurer la surveillance des populations et leur neutralisation. Cela fit des morts et, beaucoup de morts. Une des rares indications chiffrées apparaissant dans un rapport allemand est la pendaison de 180 Duala sur ordre du lieutenant von Engelbrechten.

* 357 AEF : Afrique Équatoriale Française.

* 358 Dans le partage du Cameroun qui eut lieu en mars 1916, les Anglais obtinrent une bande verticale nord-sud frontalière du Nigeria, représentant environ 1/5ème du pays. Tout le reste, soit les 4/5ème revinrent aux Français ainsi que les zones cédées à l'Allemagne en 1911. L'essentiel de l'organisation administrative allemande fut maintenue et le général Aymérich occupa provisoirement le poste de commissaire de la République jusqu'à la nomination en septembre 1916 de Lucien FOURNEAU, ex gouverneur du Moyen-Congo. Après la remise de l'ensemble des zones administratives passant sous contrôle Français, le général Anglais DOBELL quitta le Cameroun le 3 avril 1916.

* 359 Actuel Douala-bar.

* 360 SDN : Société des Nations.

* 361 S.A.R.L. : Société à Responsabilité Limitée.

* 362 GRIPP : Groupement Représentatif de l'Indication Géographique Protégée Poivre de Penja.

* 363 E. KINGUE, « Canton Akwa (Douala) : le Prince Ngando Ebongue Akwa Jean Pascal est nouveau chef ». Article publié en août 2021 sur le site www.ActuCameroun.com et consulté le 28 octobre 2021.

* 364 Mort en déportation à Campo en 1916.

* 365 DIMBAMBE LA SAWA, (n.d.). Article publié le 15 mars 2022 sur le site www.facebook.com et consulté le 25 mars 2022.

* 366 Son père meurt un 08 décembre, plus précisément en l'année 2020.

* 367 FMSB : Faculté de Médecine des Sciences Biomédicales.

* 368 CUSS : Centre Universitaire des Sciences de la Santé.

* 369 DIMBAMBE LA SAWA. Article publié le 15 mars 2022 sur le site www.facebook.com et consulté le 25 mars 2022.

* 370 OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

* 371 UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance.

* 372 Idem.

* 373 P. TCHOUTA, « VOICI LE NOUVEAU ROI AKWA » sur la page « Le TGV de l'info ». Article publié sur le site www.facebook.com le 16 mars 2022 et consulté le 04 avril 2022.

* 374 Pour Idrissa KIMBA, « le terme chef -européen et péjoratif - est ambigu. Il peut désigner aussi bien le souverain d'un Etat solidement structuré que le petit notable qui règne sur un village. C'est pour ne pas reconnaître aux souverains africains le titre de roi ou empereur que le terme a été réservé exclusivement au contexte africain ». Voir I. KIMBA, Lutte contre la pauvreté au Niger : considérations ethnolinguistiques, historiques et stratégies actuelles, Niamey, 2002, p. 20. Voir également I. KIMBA, Guerres et sociétés : les populations du Niger occidental au XIXème et leurs réactions face à la colonisation, 1896-1906, Paris 7, Thèse 3ème Cycle, Connaissance du Tiers-Monde, 1979. Selon Olivier DE SARDAN, le terme « chefferie » fut utilisé par les premiers explorateurs et conquérants pour désigner les institutions politiques qu'ils avaient trouvées sur place. Le terme fut ensuite appliqué aux structures politiques nouvelles édifiées par les occupants. Olivier DE SARDAN (1984) utilise la notion de « chefferie administrative ». Voir O. DE SARDAN, Les sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves, paysans, Paris, Karthala, 1984, p. 213.

* 375 A. MABA TIDJANI, La chefferie et ses transformations : de la chefferie coloniale à la chefferie postcoloniale, Chapitre 3, 25 novembre 2009.

* 376 M. PROUZET, « Le statut juridique des chefferies traditionnelles au Ghana », Revue française d'études politiques africaines, vol. 11, 1976, p. 88.

* 377 A. AHIDJO & G. BWELE, L'encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Tome Deuxième : L'histoire et l'Etat, Douala, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981, pp. 197-198.

* 378 L'éclatement des lignages et l'éparpillement n'ont cessé qu'à une époque récente.

* 379 Le véritable chef, c'est le chef de clan ».

* 380 Rapports politiques du Djouah (1er sem. 1938) et du Woleu-Ntem (1er sem. 1937).

* 381 G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 201-202.

* 382 Cantons et terres.

* 383 Un rapport d'inspection concernant les « plaintes » des Fang de Kango (janv. 1937) évoque les « abus des chefs de canton » en matière d'impôts, en fait de palabre et d'instruction des divorces, de détournement des femmes mariées, et parle « d'exactions commises ». Cf. aussi F. GREBERT, Au Gabon (Afrique équatoriale française), Broché, 1922 &Le Gabon de Fernand GREBERT, 1913-1932, Relié-Illustré, 2003.

* 384 Rapport de présentation au Conseil représentatif du Projet de réforme des chefferies, 1948. G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 203.

* 385 Un rapport de la subdivision de Lambaréné (1er sem. 1939). Voir G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 203.

* 386 Fait noté par un rapport officiel : « Il est à remarquer que dans les villages, surtout chez les Fangs, il y a toujours deux clans : ceux qui sont avec le chef, ceux qui sont contre le chef... Les jeunes gens lettrés sont toujours contre les chefs, sauf naturellement si un intérêt immédiat commande le contraire...).

* 387 G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 209.

* 388 1760-1792.

* 389 Akwa-Nord.

* 390 Actuel Bonawonda.

* 391 MBOMBO.

* 392 J. EYOUM MADIBA, « Cameroun, l'histoire des Douala : L'origine des Deïdo : « Que Martin Ebele Tobbo veuille bien corriger son erreur » : Cameroon. - Généalogiste ; Expert de l'histoire des Sawa - 09 juillet 2018. Article publié via le lien www.WorldNewsCameroun.fr et consulté le 28 janvier 2021.

* 393 Idem.

* 394 Par groupe « Duala », nous entendons les descendants de ces ancêtres aventuriers partit du bassin du Congo entre le XIIIème et le XIVème siècle pour se fixer dans la partie orientale du Golfe de Guinée appelée « Baie de Biafra ». Nous regroupons donc autour de ce tronc commun, les lignages dont l'histoire et les traditions font ressortir une parenté plus ou moins proche à savoir: les Duala stricto sensu, les Jebalè, les Malimba, les Pongo-Songo, les Dibongo, les Bodiman, les Ewodi, les Pongo, les Mongo, les Abo, les Kôlè, les Longase, les Batanga, les Isubu, les Bakweri. Cité par Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des Rois et Chefs Supérieurs Akwa ». Article publié sur le site https://Deïdobonebela.blog4ever.com en mai 2014 et consulté le 04 février 2021.

* 395 H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons 1884-1916: A case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In Shirley ARDENER, Eye-Witnesses, op. cit., p. 22.

* 396 NGANDO MPONDO.

* 397 NDOUMB'A LOBÉ.

* 398 KUM'A MBAPÉ.

* 399 1834-1885.

* 400 NeuKamerun.

* 401 Voir E. MVENG, Histoire du Cameroun, Paris, Présence Africaine, 1963.

- Prince KUM'A NDUMBE III (Éditeur), L'Afrique et l'Allemagne de la Colonisation à la Coopération 1884 - 1986 (Le cas du Cameroun), Yaoundé,1986.

- A. OWONA, La naissance du Cameroun (1884 - 1914), Paris, 1996.

- S. MICHELS (Éditrice), Imagined Power contested. Germans and Africans in the Upper Cross River Area of Cameroon (1887 - 1915), Munster, 2004.

- P. B. ESSOMBA, Voies de communication et espaces culturels au Cameroun sous domination allemande (1884 - 1916), Thèse de Doctorat d'État, Université de Yaoundé, 2004/ 2005.

- S. MICHELS (Éditrice), « La politique de la mémoire en Allemagne et au Cameroun » - Accès du colloque à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005.

- A. GOUAFFO, Wissens - Und Kulturtransfer im Kolonialen Kontext: Das Beispiel Kamerun - Deutschland (1884 -1919), Saarbrücken, 2007.

- Prince KUM'A NDUMBE III, Das Deutsche Kaiserreich in Kamerun. Wie Deutschland seine Kolonialmacht aufbauen konnte (1840 - 1910), Berlin, 2008.

* 402 Reichskolonialamt ou Office Colonial de l'Empire.

* 403 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 72.

* 404 Ibid., pp. 72-73.

* 405 L.-P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault, 1984, pp. 16-18.

* 406 Hamburg America Linie.

* 407 J. BLANKENBURG, « Conférence sur l'histoire du Rotary Club Hamburg Steintor », [archive], 2005.Article publié sur le site https://www.rotary.org et consulté le 10 avril 2020.

* 408 A cette époque, la ramie était la fibre d'avenir, destinée à révolutionner l'industrie textile. Le Comité économique ordonna des études à ce sujet dans le protectorat du Cameroun ; c'est à la suite de ces études que Woermann obtint un monopole de 10 ans sur l'exploitation de la ramie.

* 409 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 15-18.

* 410 A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum Kolonialenhandel: Wirtschaftsraume und Wirtschaftsformen in Kamerun vor 1914, p. 51. Le texte de ce traité se trouve dans J.-R. BRUTSCH, « Les traités camerounais », in Études Camerounaises, 47 - 48, mars-juin 1955, p. 31.

* 411 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4447 ; voir aussi A.P. OLOUKPONA - YINNON, ... Notre place au soleil ou l'Afrique des pangermanistes, Paris, L'Harmattan& Togo, Éditions Hoha, 1985, p. 47.

* 412 Homme calme et pondéré, Gustave NACHTIGAL connaissait admirablement la mentalité africaine qu'il avait pu étudier durant ses explorations du Bornou et du Tchad.

* 413 M. BUCHNER, Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), Munchen, Piloty & Loehle, 1914, pp. 118 - 119. M. BUCHNER, Deutsche Kolonialzeitung, 11, 1885, pp. 343- 344.

* 414 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, 1971, p. 102.

* 415 H.- D. LOOSE, Wilhelm Jantzen de la Neue Deutsche Biographie (NDB), Duncker & Humblot, Berlin, 1974.

* 416 « Les voeux des populations du Cameroun ». Traduction faite par nous.

* 417 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4202, Band 1, 1884 - 1885, ff 34 - 39, « Hissung der deutschen Flage in Kamerun ». M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen und Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887, p. 67.

* 418 Bimbia.

* 419 Malimba.

* 420 Bonabéri.

* 421 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4447; Deutsche Kolonialzeitung, 1886, pp. 130, 175 - 176; M. BUCHNER, Aurora Colonialis, op. cit., p. 68.

* 422 V. J. NGOH indique dans Cameroun 1884 - 1985 : Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, p. 27, qu'il s'agissait des « contrats de vente » et des « traités négociés ».

* 423 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 18 - 19.

* 424 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, p. 151, 1971.

* 425Our wishes is (sic) that white men should not go up and trade with Bushmen, nothing to do with our markets; They must stay here in this river and they give us trust, so that we will trade with our Bushmen ». Traduction faite par nous.

* 426 Le Gouverneur VON SODEN, dès 1886 déjà, devait donner à ce texte une interprétation restrictive ; pour lui, le monopole reconnu aux Douala n'était valable que dans leurs rapports avec les tribus qui jusqu'en 1884 commerçaient avec eux. Ils étaient donc éliminés des nouvelles zones qui devaient être explorées par la suite ; mais, on verra que beaucoup plus tard, rien ne subsistera plus en pratique, des termes du traité de 1884 (cf. E. ZINTGRAFF, pp. 3-4 ; Dr G. MEINHARDT, Die Geldeschichte der ehemaligen Deutschen Schuztgebiete, Heft 3 : Kamerun).

* 427 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, p. 152, 1971.

* 428 R. NGANDO SANDJE, « Le Traité germano-douala du 12 juillet 1884 », p. 132. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 12 janvier 2021.

* 429 C.-T. KUOH, Montémoignage : Le Cameroun de l'indépendance (1958-1970),Biographie, 1990, p. 15.

* 430« Cameroon Rétro-Photos du passé (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 08 février 2021.

* 431 PEUPLE SAWA, « Ngondo : Espoir d'une jeunesse déracinée ». Article publié sur le site www.peuplesawa.com, le 15 novembre 2016 et consulté le 08 février 2021.

* 432 Kamerun Fluss.

* 433 NDUMB'A LOBE.

* 434 KUM'A MBAPE.

* 435 Bonabéri vient de « Bona Belle ; les gens de Belle, soit les gens de Bell ».

* 436 NGANDO MPONDO.

* 437 Prince KUM'A NDUMBE, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1896. Le cas du Cameroun, Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 44.

* 438 Cour d'Équité.

* 439 Ibid, p. 45.

* 440 Von Bismarck an den Kaiserlichen General - Konsul Herrn Dr. Nachtigal; Druck - Sachen des Reichstages 6. Legislatur - Periode, 1- Session 1884-85, Band 1, Berlin 1885, p. 29 sq.

* 441 Adolph Woermann an den Herrn Reichskanzler Fursten Von Bismarck Durchlauchn Hamburg den 30 April 1884, ibid. p. 31 sq.

* 442 Ibid, p. 30.

* 443 Ibid, p. 30.

* 444 Ibid. p. 65. M. BUCHNER, Aurora Colonialis, op. cit., p. 64.

* 445 NDUMB'A LOBÉ.

* 446 DIKA MPONDO.

* 447 « C'est Notre Histoire-Traité Germano-Douala de juillet 1884 : Marché de Dupes ou Braderie du Siècle ? Les Chefs SAWA ont-ils été trompés à l'insu de leur plein gré ? » Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 448 Abtretung Urkunde Dido, 11-7-1884 DZA - Potsdam 4202, f. 9009.

* 449 Abtretung Urkunde Bell-Aqua, 12-7-1884 DZA - Potsdam 4447, f. sq.

* 450 Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1896. Le Cas du Cameroun, Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 58.

* 451 H. BRUNSCHWIG, « De la résistance africaine à l'impérialisme européen », in Peuples Noirs, Peuples Africains, N°9, 1979, p. 100 sq. Voir aussi H. BRUNSCHWIG, L'expansion allemande outre-mer du XVe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1957.

* 452 Sud-Ouest Africain.

* 453 S. ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887, Buéa, 1968, pp.22-23; H. BRUNSCHWIG, « De la résistance africaine à l'impérialisme européen », in Peuples Noirs, Peuples Africains, N°9, 1979, p. 101; G.D. RAMSAY, The City of London in International Politics at the Accession of Elizabeth Tudor, Totowa, N.J.: Rowan and Littlefield, 1975, p. 176.

* 454 H. P. JAECK, « Die deutsche Annexion ». In H. STOECKER (éd.), Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft I, p. 64.

* 455 Ibid., p. 64.

* 456 Ibid. p. 65. M. BUCHNER, Aurora Colonialis, p. 64.

* 457 M. BUCHNER, Aurora Colonialis, p. 63 sq : il note ceci à la page 64. « Erst am folgenden Morgen des 12. Juli, als wir uns anschikten den FluB noch weiter hinauf zu fahren, kam ein Lotse angerudert... und brachte die Nachricht, es sei weiter nichts passiert, die Englander hatten an Bord der `Goshawk' nur eine lange Besprechung gehabt, und die « Goshawk' sei abgegangen, um den englischen Konsul zu holen, der in Bonny oder Benin sei. Wir atmeten auf.'' Cf. JAECK H.- P., « Die deutsche Annexion ». In H. STOECKER (éd.), Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft, I, p.65; RAMSAY, The City of London in International Politics at the Accession of Elizabeth Tudor, Totowa, N.J.: Rowan and Littlefield, 1975, p. 177; S. ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887. Buea 1968, p. 23.

* 458 M. BUCHNER, Aurora Colonialis, p.70.

* 459L.-P. NGONGO, Histoire Des Institutions Et Des Faits Sociaux Du Cameroun, Tome I : 1884-1945, Collection : Mondes en Devenir, Berger-Levrault, 1987.

* 460 Exemple unique en Afrique.

* 461 Bien que la population de celle-ci, tout comme le style de construction, soit encore largement rurale.

* 462 D. ENGOLO, « Le Royaume BamounBamun, une monarchie au Cameroun ». Article publié sur le site www.ALBAYANE.mhtml et consulté le 9 février 2021.

* 463 MBOUOMBOUO.

* 464 Voir C. TARDITS, Le Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, p. 87. Le nom Foumban dérive d'ailleurs de Fembem qui signifie les ruines de Mbem.

* 465 Ce fait n'est pas propre aux Nsharens : dans l'Antiquité, les Romains, bien que vainqueurs, adoptèrent la langue des Grecs ; les Foulbés en firent la même chose au nord du Nigéria en adoptant la langue des Haoussa qu'ils avaient vaincu. Le Shupamen est couramment connu sous le nom de langue bamounBamun.

* 466 R. TSAPI, « Réflexions journalistiques sur la société camerounaise » - Figure : Nchare Yen, fondateur du royaume BamounBamun », 14 octobre 2021. Article disponible sur le site www.rolandtsapi.com et consulté le 07 avril 2022.

* 467« Nchare Yen - Nchare Yen (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 janvier 2021.

* 468 Interview de M. OUSMANE, Vieillisseur d'objets d'art dans la ville de Foumban le 30 mars 2021.

* 469 SA. Dr. NJINJIASSE NJOYA, « ROYAUME BAMOUNBAMUN.COM ». Article publié sur le site http://www.royaumebamounBamun.com/fr/bnlog  et consulté le 26 janvier 2021.

* 470Idem.

* 471 Qui signifie « Errants ».

* 472 Interview de M. OUSMANE, Vieillisseur d'objets d'art dans la ville de Foumban.

* 473 « Bafia (n. d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 15 février 2021.

* 474 Département du Mbam, sous-préfecture Bafia.

* 475 RAMEAU, BnF (1).

* 476« Endonymie (n. d.) ». L'endonymie est le fait, pour un nom, d'être employé régulièrement et couramment par une population pour se désigner elle-même ou l'endroit où elle vit sa propre langue, ce nom est l'endonyme. Par extension, toute dénomination d'un groupe d'individus dans sa propre langue, qu'elle corresponde ou non au nom régulier, est un endonyme. Endonymie provient de « endo- » (intérieur) et - nymie (nom) en grec. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 15 février 2021.

* 477 (En) Fiche langue (ksf) dans la base de données linguistique Ethnologue.

* 478 (En) J. S. OLSON, « Bafia », in the Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 53.

* 479 M. MBASSA SOUTA, Au coeur des us et coutumes des peuples Bafia, L'Harmattan, 2011.

* 480 Très minoritaire dans la région.

* 481« Bafia (peuple) (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 15 février 2021.

* 482 RAMEAU, BnF (2) (n. d.) Article consulté le 18 juin 2021.

* 483 (En) Fiche langue (Ins) dans la base de données linguistique Ethnologue.

* 484 (En) Fiche langue (lmp) dans la base de données linguistique Ethnologue.

* 485 (En) Fiche langue (oku) dans la base de données linguistique Ethnologue.

* 486« Nso (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 15 février 2021.

* 487 L. B. POUNTOUGNIGNI NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière franco-britannique (1916-1961) », p. 381. In FOUELLEFAK KANA C. C. & NZESSE L., Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.

* 488 Ibid, p. 383.

* 489 D. MOKAM, Les associations régionales et le nationalisme camerounais (1945-1961), 2006, pp. 170-171. Voir aussi L. B. POUNTOUGNIGNI NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière franco-britannique (1916-1961) », pp. 385-386. In FOUELLEFAK KANA C. C. & NZESSE L., Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.

490 Ibid, p. 383.

* 491 C. Anta DIOP, L'unité culturelle de l'Afrique Noire, 1982, p. 143.

* 492 Ndzendzef, Tankum et Len.

* 493 P. NCHOJI NKWI & J.-P. WARNIER, Elements for a history of the Western Grassfields, 1982, pp. 137-140.

* 494 L. B. POUNTOUGNIGNI NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière franco-britannique (1916-1961) », pp. 387-388. In Rapport de l'UNESCO, Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.

* 495 P. NCHOJI NKWI & J.-P. WARNIER, Elements for a history of the Western Grassfields, 1982, pp. 135-136, Cité par A. P. TEMGOUA, op.cit., 2014, pp. 99.

* 496 L. B. POUNTOUGNIGNI NJUH, « Le patrimoine socio-culturel des BamounBamun et des Banso de l'Ouest-Cameroun à l'épreuve de la frontière franco-britannique (1916-1961) », p. 388. In FOUELLEFAK KANA C. C. & NZESSE L., Le patrimoine culturel africain : matériau pour l'histoire, outil de développement, L'Harmattan, 2017, pp. 263-281.

* 497 Sehm Mbinglo I.

* 498 CAMEROON WEB, « Kumbo » (n. d.). Article publié sur le site www.CameroonWeb.com et consulté le 26 août 2021.

* 499 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun », Mémoires de l'IFAN, série : Population N°5, 1952, pp. 24-26.

* 500 N. ELIAS, La dynamique de l'Occident, Paris, AGORA, 2007.

* 501 C. TILLY, « La guerre et la construction de l'État en tant que crime organisé », in Politix, vol. 13, N°49, pp. 97-111.

* 502 J. NYE, « Soft Power: The means to success in world politics. New-York » in Public Affairs, 2004; Voir aussi, J. NYE, «Bound to lead: the changing nature of American Power », New York, Basic books, 1991.

* 503 M. WEBER, Économie et société, Paris, Plon, 1995, p. 57.

* 504 E. PRITCHARD & M. FORTES, Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.

* 505 C. SCHMITT, Théorie du partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.

* 506 C. SCHMITT, Notion du politique, trad. Steinhausen, Paris, Champs Flammarion, 1994, p. 270.

* 507 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN, série : Population N° 5, 1952, pp. 24-26.

* 508 M.-N. BOUILLET & A. CHASSANG (Dir), « Rois faînéants ». Expression tirée de l'ouvrage Dictionnaire universel d'histoire et degéographie, 1878.InColloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 89-91.

* 509 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun », Mémoire de l'institut français d'Afrique Noire (centre du Cameroun) », série : Population N° 5, 1952, pp. 24-26.

* 510 C. SCHMITT, Théologie politique, trad. J. L. Schlegel, Paris, Gallimard, 1988, p. 16.

* 511NJIKOUMJOUO par exemple fut l'un de ses plus intrépides challengers.

* 512 Sultan I. NJOYA, op.cit., p.23.

* 513 Voici quelques fragments tirés de l'Histoire et coutumes des Bamun : « Toi et ton frère vous courrez demain, celui qui de vous deux courra le plus vite et arrivera à poser le premier son pied sur la pierre sera Roi ». Ayant couru ensemble chacun avec ses partisans, les gens de Nchare obstruèrent la voie à NJI Koumjouo et permirent à Nchare d'arriver le premier. « Nchare était charitable tandis que son frère était égoïste » nous révèle l'Histoire.

* 514 Voir surtout M. MAUSS, « Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans les sociétés primitives », Année sociologique, 2nde série, 1923-1924.

* 515 E. DURKHEIM, Fonctions sociales et institutions, Paris, Minuit, 1975.

* 516 Les derniers rois soumis résidaient respectivement à Folap, NJImom, Foyet, Mambouo, Ka'ben, Mayap, Machu, Makoutam, etc. 

* 517 C. TILLY, « La guerre et la construction de l'État en tant que crime organisé », in Politix, vol. 13, N° 49, 2000, pp. 97 - 117.

* 518 C. TARDITS, Le Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, pp. 151-152.

* 519 Foumban.

* 520 Interview de Mme NGOUNGOURE BILKISSOU, guide touristique dans la ville de Foumban le 30 mars 2021.

* 521 C. NGON AULECTH, « Pourquoi on appelle les BamounBamun serpent à deux têtes ? » Le serpent à deux têtes, emblème bamounBamun est créé pour célébrer le triomphe du roi Mbuembue pour sa victoire sur les guerriers Pou et Mgbètnka, article publié 16 mai 2018 sur le site https://www.auletch.com et consulté le 1er avril 2021. Des rumeurs malveillantes ont accrédité l'idée que les BamounBamun sont représentés par le symbole du serpent à deux têtes parce qu'ils sont particulièrement faux et tiennent le double langage. On ignore la source exacte de cette explication qui, sérieusement, ternit l'image de marque du peuple bamounBamun. Il faut dire que certains BamounBamun peuvent avoir contribué à répandre cette explication fallacieuse du symbole du serpent bicéphale.

* 522 Voir Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN, série : Population N°5, 1952, p. 26.

* 523 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : Le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp. 74-76.

* 524 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : Le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp. 79-80.

* 525 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 128-129.

* 526Ibid., p. 229.

* 527 K. ASARE OPOKU, « La religion en Afrique pendant l'époque coloniale », in A. BOAHEN (dir), Histoire Générale de l'Afrique, vol. VII : L'Afrique sous domination coloniale, 1880-1935, Paris, UNESCO/ NEA, 1987, pp. 566-567. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands,L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 214.

* 528 Société pour la colonisation allemande.

* 529 Cf. Allgemeine Missionsgesellschaft, 1886, p. 41.

* 530 MADIBA ESSIBEN, Colonisation et évangélisation en Afrique : l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort, Peter LANG, 1980, p. 47. Fondé en 1884, le Syndikat fur Westafrika regroupait les commerçants allemands ayant des intérêts économiques en Afrique occidentale. Son président était Adolf WOERMANN, in A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 215.

* 531 Ce n'est qu'en 1890 que les catholiques (les Pallotins) furent autorisés à s'installer au Cameroun. Pour Jean Paul MESSINA, c'est le baptême du jeune camerounais KWA MBANGE qui accéléra la décision d'autoriser les missionnaires catholiques à s'installer au Cameroun. J.-P. MESSINA & J. VAN SLAGEREN, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/ CLÉ, 2005, p. 135. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 126.

* 532 MADIBA ESSIBEN, Colonisation et évangélisation en Afrique : l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort, Peter Lang, 1980, p. 20.

* 533 Ibid. p. 52.

* 534 J.-P. MESSINA & J. VAN SLAGEREN, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/ CLÉ, 2005, p. 142. A partir de ce moment, les stations surgirent du sol les unes après les autres : Kribi et Edéa en 1891, Engelbert (Bonjongo) en 1894, Douala (Bonadobong) en 1898, Grand Batanga en 1900, Yaoundé (Mvolyé) en 1901, Minlaba en 1912, Deïdo en 1913.

* 535 P. L. BETENE & J.-P. MESSINA, « L'enseignement catholique au Cameroun, 1890-1990 », Publication du centenaire, Bologne, Grafiche Dehoniane, 1992, p. 31. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 200-221.

* 536 MADIBA ESSIBEN, Colonisation et évangélisation en Afrique : l'héritage scolaire du Cameroun (1885-1956), Berne / Francfort, Peter Lang, 1980 », p. 61. In A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 222.

* 537 École des auxiliaires ou encore École Normale.

* 538 1890-1915.

* 539 J.-P. MESSINA & E. MVENG, L'Église catholique au Cameroun : 100 ans d'évangélisation, 1890-1990, Conférence épiscopale du Cameroun, Sous-Commission de l'histoire de l'Église, 1990, p. 24.

* 540 N. NGO NLEND, « Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études Théologiques et Religieuses, 2013/1, (Tome 88), pp. 73- 87.

* 541 1921-1974.

* 542 SMEP : La Société des Missions Évangéliques de Paris.

* 543 A la mort de BRUTSCH, sa documentation a été cédée au Défap par sa famille où elle constitue désormais un fonds à part dit « fonds Brutsch ». La valorisation scientifique de ce fonds en vue d'une publication, a motivé la mise à disposition par le Défap d'une bourse de recherche dont nous sommes la bénéficiaire.

* 544 Fonds BRUTSCH, boîte S, document dactylographié daté de 1955, p. 9.

* 545 Ibid.

* 546 Ibid.

* 547 Nadeige NGO NLEND est doctorante en histoire inscrite en cotutelle internationale dans les Universités de Yaoundé I au Cameroun et Paul-Valéry, Montpellier III en France. Elle est par ailleurs assistante au Département d'histoire de l'Université de Douala (Cameroun). La réflexion qu'elle présente ici a été initialement exposée le 15 novembre 2011, lors d'une conférence organisée conjointement par le comité d'animation missionnaire et les Églises réformées d'Alès (France). Cette conférence s'inscrivait dans le cadre d'une semaine d'activités consacrée à l'anniversaire des indépendances des États et des Églises d'Afrique.

* 548 J.-R. BRUTSCH, « Les traités camerounais », in Études camerounaises, n°47- 48, mars-juin 1955, Institut français d'Afrique noire, p. 10 ; N. NGO NLEND, « Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études Théologiques et Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73-87.

* 549 H. NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles écrites, 2002, p. 129.

* 550 Idem.

* 551 Idem.

* 552 N. MOSCONI, « Femmes et savoir », Paris, L'Harmattan, Revue des sciences de l'éducation, vol. 21, n°2, 1995. Cité par A. NJOYA & P. PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par les missionnaires de Bâle », récit local rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume BamounBamun, Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, pp. 18-19.

* 553 A. NJOYA & P. PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par les missionnaires de Bâle », récit local rapporté par A. LOUMPET- GALITZINE, Njoyaet le Royaume BamounBamun, Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p. 20.

* 554 Idem.

* 555 A. NJOYA & P. PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par les missionnaires de Bâle », récit local rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume BamounBamun, Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p. 20.

* 556 SMEP: Société des Missions Évangéliques de Paris.

* 557 A. NJOYA & P. PEPUERE, « Histoire de l'Église BamounBamun depuis 1905 par les missionnaires de Bâle », récit local rapporté par A. LOUMPET-GALITZINE, Njoyaet le Royaume BamounBamun, Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala, 2006, p. 22.

* 558 Idem.

* 559 Vingt-quatre, selon J. VAN SLAGEREN, « Les origines de l'Église évangélique du Cameroun. Missions et christianisme autochtone », In Revue française d'histoire d'outre-mer, 1978, p. 160.

* 560 Jahresbericht der Basler Mission, 1914, p. 154, cité par J. VAN SLAGEREN, op. cit., p. 107.

* 561 H. R. RUDIN, Germans in the Cameroon (1884-1914). A Case Study in Modern Imperialism, Greenwood Press, New York, p. 192, 456 pages. Cité par L.-P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault, 1987, pp. 64-66.

* 562 En 1893.

* 563 L.-P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault, 1987, pp. 64-66.

* 564 P. MASIONI (Illustrateur), Le Roi Njoya : un génial inventeur, Cauris livres, Collection Lucy, 2015.

* 565 Interview de Mme NGOUNGOURE BILKISSOU, guide touristique dans la ville de Foumban le 29 mars 2021.

* 566 ACADÉMIE LASCOURS, «le-royaume-bamounBamun-au-cameroun/ ». Article publié sur le site www.académie-lascours.fr/ et consulté le mardi 07 novembre 2017.

* 567 Scène de danse, retour de chasse, combats, rites royaux...

* 568 C. TARDITS, « Histoire singulière de l'art bamoum (Cameroun) », Paris, Afredit-Maisonneuve & Larose, bibl., ill., cartes. Michèle Coquet. Revue française d'Anthropologie. Éditions EHESS, 2004.

* 569 F. GADMER & V. GOLOUBINOFF, « Du protectorat allemand au mandat français. Le Cameroun en 1917-1918, ECPAD - pole des archives - Fonds première guerre mondiale, décembre 2013, pp. 41-42.

Fig.37. Réf: SPA 225 H 7043. Foumban. Entrée de la case aux passagers. 26 juin 1918. Négatif sur plaque de verre, 11 x 15 cm. ECPAD.

* 570 Toit constitué de plusieurs cônes, couverture en chaume, frise d'animaux stylisés, ici des lièvres et des antilopes.

* 571 G. ROCHER, Introduction à la sociologie générale, Le changement social, Montréal, Éditions HMH, 1968, p. 5. Cité par J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest Cameroun), XIXe -XXe siècle , Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire, DEA en Histoire, Option : Histoire des relations internationales, 2016, p. 1.

* 572 Hauptlingsbuch.

* 573 Hauptlingstag.

* 574 J. LOMBARD,  Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime colonial, Paris, Armand Colin, 1967, p. 16.

* 575 Ibid, p. 91.

* 576 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014,pp. 101-102.

* 577 J. LOMBARD, Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime colonial, Paris, Armand Colin, 1967, p. 108.

* 578 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 102.

* 579 « Propriété foncière (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 février 2021.

* 580 DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS LAROUSSE, Éditions Larousse, « Définitions : foncier ». Article publié sur le site www.larousse.fr et consulté le 16 mai 2020.

· E. LE ROY, La terre de l'autre. Une anthropologie des régimes d'appropriation foncière, Paris, France : LGDJ : Lextenso éd., DL 2011.

· P. GOULOMB, De la terre à l'état : Éléments pour un cours de politique agricole, ENGREF, INRA-ESR Laboratoire d'Économie des Transitions -Montpellier, France, 1994, 47 pages.

· A. GALHANO & J. PEDRO, The artificial simulacrum world. The geopolitical elimination of communitary land use and its effects on our present global condition, Eloquent Books - New York, USA - 2009, p.71.

* 581 « Régime foncier (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 février 2021.

* 582 Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, « Le régime foncier et le développement rural», Rome, 2003 (ISBN 92-5-204846-4 et 978-92-5-204846-6, OCLC 53854643, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 3 (« Qu'est-ce-qu'un régime foncier »). FAO, « Gouvernance foncière. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture », article publié sur le site www.fao.orget consulté le 9 décembre 2019.

* 583 « Confiscation (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 février 2021.

* 584« Dépossession (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 février 2021.

* 585« Expropriation (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 février 2021.

* 586 Bien privé, bien public ou bien commun.

* 587 Chez certains religieux et chez les ascètes et mystiques se dépossédant de biens matériels dans le cadre d'un voeu de pauvreté par exemple.

* 588 D. VIDAL, Critique de la raison mystique : Benoit de Canfield : possession et dépossession au XVIIe siècle, Vol.1, Éditions Jérôme Million, 1990. E. ESCOUBAS, « Ascétisme stoïcien et ascétisme épicurien », in Les Études philosophiques, 22 (2), 1967, pp. 163-172.

* 589 Génétique dans le cas de l'appropriation du génome d'espèces vivantes.

* 590 B. CHEVIT, « Politique linguistique : un processus de dépossession », in Les Cahiers de l'Orient, 3ème trimestre, 1994, 35, 142f.

* 591 Quand les cultures de rente destinées à l'exportation remplacent les cultures vivrières qui nourrissaient la population.

* 592 P. PILON, « Processus de dépossession et mise en forme de la question alimentaire sénégalaise sous hégémonie néolibérale », in La Faim par le marché : aspects sénégalais de la mondialisation, L'Harmattan, 2012, pp. 113-158. Questions contemporaines. Série Globalisation et Sciences Sociales.

* 593 Patrimoine culturel.

* 594 A. RUGER, « Le Mouvement de Résistance de Rudolf Manga Bell au Cameroun », in Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne de la Colonisation à la Coopération (1884-1896) : Le Cas du Cameroun, 1986, pp. 148-149.

* 595 Il a été dit, mais nous ne disposons d'aucun document le prouvant, que sous le régime allemand des promesses relatives à leur « émancipation », leur avaient été faites. Cela est plausible, nous en trouvons presque confirmation dans les projets de Théodore SEITZ, lequel, en 1910 se proposait d'ériger une commune de plein exercice à Douala, prévoyant une gestion autonome de la ville assurée par les Européens et les Africains. « Je voulais, disait le Gouverneur, exploiter la nouvelle ressource de 1910 ».

* 596 R. GOUELLAIN, « DOUALA-VILLE ET HISTOIRE ». Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 166-167 ;

* 597 Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlagen, Aktenstuck, Nr. 1576, p. 3306 : Gutachten des Rigierungsartzes Prof. Dr. Ziemann vom 25.8.1910.

* 598 Ibid, p. 307.

* 599 J. GOMSU, Colonisation et organisation sociale Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 284.

* 600 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916),op.cit., p. 104.

* 601 Adamaoua. Rapport de l'Expédition du Comité allemand pour le Cameroun au cours des années 1893/ 1894.

* 602 P. ROHRBACH, Wie machen wir unsere Kolonie Rentabel ? : Grundzuge Eines Wirtschaftsprogramms Fur Deutschlands Afrikanischen Kolonialbesitz, 2018, p. 126, 284 pages. Voir aussi P. ROHRBACH, Deutsche Kolonlalherrschaft. Kulturpolitische Grundsâtze fur die Rassen- und Missionsfragen, Berlin, 1909.

* 603 K. PETERS, « Weitherzige Kolonialpolitik », Berlin, Verlag von Hermann Walter, 1898.

* 604 Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, p. 3305, in J. GOMSU, Colonisation et organisation sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 284.

* 605 Y compris cuisiniers, serviteurs, soldats, blanchisseurs, artisans, ouvriers, commis...

* 606 Pétition des chefs Duala adressée au Reichstag le 15 janvier 1913. Cf. Verhandlungen des Reichstages, 1914, Anlagen, Akten stuck Nr. 1575, p. 3349.

* 607 Verhandlungen des Reichstages, 1912-1914, Anlangen, Nr. 1582, p. 3291, Bericht uber die Versammlung von 24. November 1912 mit dem Gouverneur Ebermaier.

* 608 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 105-106.

* 609 LA TOUPIE, « Définition de pétition ». Article publié sur le site www.LaToupie.fr et consulté le mercredi 25 août 2021.

* 610 CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES TEXTUELLES ET LEXICALES (CNRTL), « Définition d'une pétition », article publié sur le site https://www.cnrtl.fr et consulté le mercredi 25 août 2021.

* 611 ANC, FA 1/ 37, F. 78.

* 612 ANC, FA 1/37, F. 94.

* 613 ANC, FA 1/ 37, F. 79.

* 614 ANC, FA 1/37, F. 78.

* 615 ANC, FA 1/37, F. 88-91.

* 616 ANC, FA 1/ 37, F. 210-218.

* 617 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 280.

* 618 ANC, FA 1/37, F.22-226.

* 619 Ibid., p. 200.

* 620 ANC, FA 1/ 93, Petition der Akwa - Hauptlinge.

* 621 Suppression du monopole du commerce intermédiaire.

* 622 Ibid. p. 13.

* 623 Ibid. p. 22.

* 624 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, pp. 281-282.

* 625 Jugement de MPONDO AKWA, cf. ANC, FA 1/ 454, F. 3-5 ; cf. Théodore SEITZ, Vom Aufstieg und Niederbruch II, p. 43.

* 626 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4428, ff. 280-284.

* 627 A. RUGER, « Le mouvement de résistance de Rudolf Douala Manga Bell au Cameroun », in Prince KUM'A NDUMBE III, op.cit., p. 160.

* 628 Ibid, p. 163.

* 629 ANY, FA 4/ 490, f. 49.

* 630 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 107-109.

* 631Ibid., pp. 81-82.

* 632 Kumi.

* 633 Ibid., pp. 83-84.

* 634 Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site www.PeupleSawa.com et consulté le 9 février 2021.

* 635 Le 6 février 1905, le King Akwa fut condamné à cinq mois de prison avec travaux forcés en dépit de l'accord formel qu'il avait conclu en début d'année 1904 avec l'homme d'affaires Allemand Max Esser. La convention stipulait que ce dernier lui verserait 500 Mark par source de pétrole découvert, en dehors du prix de vente, dans toute sa zone d'influence jusqu'en décembre 1904. Le problème est né du fait que le chef du district von Brauchitsch voulait absolument attribuer à Manga Bell les droits de perception d'un quatrième puits qu'il situait dans le territoire Bell alors que celui-ci se trouvait, à l'instar des trois premiers, dans la zone Bassa (Logbaba) ou le King Akwa et ses ascendants avaient une hégémonie précoloniale.

* 636 SPD : socio-démocrates.

* 637 Zentrum Partei.

* 638 Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site www.PeupleSawa.com et consulté le 9 février 2021.

* 639 M. MBONO SAMBA AZAN, Martin Paul Samba face à la pénétration allemande au Cameroun, Paris, ABC, 1976, pp. 79-92.

* 640 Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des rois et chefs supérieurs Akwa ». Article publié en mai 2014 sur le site www.PeupleSawa.com et consulté le 9 février 2021.

* 641 Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Cameroun Rétro-Photos du passé ». Article publié sur le blog intitulé « Blog Deïdo-Bonabela/PrinceNgandoEbongueAkwa ph. Defap » le 3 février 2020 et consulté le 09 février 2021.

* 642 J. GOMSU, « La formation des camerounais en Allemagne pendant la période coloniale », in Cahiers d'Allemagne te d'Études Germaniques, Vol I, N°2, 1985, p. 129.

* 643 S. C. TAGNE KOMMEGNE, « L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de l'Etat au Cameroun (1884-1914) », Yaoundé II-Soa/Cameroun - Diplôme d'Études Approfondies en Science Politique, 2006. Document publié sur le site www.memoireonline.com et consulté le 9 février 2021.

* 644Idem.

* 645 R. TSAPI, « Figures : Rudolf Duala Manga Bell, la résistance à l'impérialisme ». Article publié le 12 décembre 2019 sur le site de l'O.N.G. « UN MONDE AVENIR », https://unmondeavenir.org et consulté le 29 janvier 2021. 

* 646 P. BOUOPDA KAME, Histoire politique du Cameroun au XXe siècle, L'Harmattan, 2016, p. 29.

* 647 Spécialiste de l'ethnie Duala. Interviewé par : Ambre ETAME, Thania EWANE, Irène OTZMAN et Sissa BEKOMBO.

* 648 Bâtons de manioc.

* 649 Faux parce qu'ils contenaient des documents compromettants qui allaient aider NGOSSO DIN à plaider la cause des Duala auprès du Reichstag.

* 650Ibid.

* 651 J.-M. ESSONO, YAOUNDÉ : Une ville, une histoire, Yaoundé, ÉDITIONS ASUZOA, 2016, p. 580.

* 652 King BELL.

* 653 New Bell, New Akwa, New Deïdo.

* 654 JOURNAL DER SPIEGEL ONLINE, « Rudolph Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun », Courrier international, N° 1505, ý5 septembre 2019. Article publié sur le site https://www.courrierinternational.com et consulté le 16 novembre 2021.

* 655 J.-P. F. EYOUM & S. MICHELS & J. ZELLER, « Bonamanga. Eine kosmopolitische Familiengeschichte ». In « Mont Cameroun ». Revue africaine d'études interculturelles sur l'espace germanophone, No. 2, 2005, p. 11 - 48.

* 656 M. NOUGOUM, « Le film camerounais, The German King : une histoire africaine ». Article publié le 22 juillet 2019 sur le site https://lefilmcamerounais.com et consulté le 12 janvier 2021.

* 657 NDOL'A BALI, « La fraternité de Bali, Tet'Ekombo (le père de la nation) » [archive], article publié sur le site www.ndola-bali.asso.web.fr et consulté le 12 janvier 2021.

* 658 J.-P. CHRÉTIEN & J.-L. TRIAUD, Histoire d'Afrique, les enjeux de la mémoire, p. 482, Karthala, 1999.

* 659 JOURNAL DER SPIEGEL ONLINE, « Rudolph Manga Bell, l'autre mémoire du Cameroun », Courrier international, N° 1505, ý 5 septembre 2019. Article publié sur le site https://www.courrierinternational.com et consulté le 16 novembre 2021.

* 660 PEUPLE SAWA, « MANOKA, commune du Cameroun ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 18 mars 2021.

* 661 Douala VI.

* 662 THE DREAMER, « ILE DE MANOKA ». Article publié le 10 mai 2019 sur le site https://thedreamer.cm/ile-de-manoka et consulté le 18 mars 2021.

* 663 Ancien commissariat de police (Bonanjo).

* 664 THE DREAMER, « ILE DE MANOKA ». Article publié le 10 mai 2019 sur le site https://thedreamer.cm/ile-de-manoka et consulté le 18 mars 2021.

* 665  R. AUSTEN & J. DERRICK, « (En) Middlemen of the Cameroons Rivers: The Duala and their Hinterland », in African Studies Series, Cambridge University Press, 96, 1999.

* 666 Le Roi NDOUMB'A LOBÉ.

* 667O. ZOURMBA, « La conservation et la valorisation des vestiges du protectorat allemand dans la ville de Douala (Cameroun) », Mémoire de Maîtrise, 2016-2017, pp. 42-43.

* 668 Ibid, pp. 123-124.

* 669 Verhandlung des Reichstags, Stenographische Berichte, 1913, p. 3511.

* 670 Ibid, 1912-A1914, Anlagen, Aktenstuck Nr. 1576, p. 4875.

* 671 ANY, FA 4/ 478, f. 32.

* 672 Ibid, f. 32.

* 673 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4227: Verwaltung von Kamerun, Band 2, ff. 122-127.

* 674 Rabier BINDJI ANANIE : Journaliste/Directeur de l'Information de la chaise camerounaise Canal 2 International. Interviewé par : Paula EWANE, Aude TAMOKOUE, Valérie TAMBEKOU et Hugo LECOMTE. Sous la supervision de M. Mbangue Oumbuang, dramaturge. Lycée Français Dominique Savio, article publié sur le site www.LyceepedagogieSavio.com et disponible dans la rubrique «La Grande Guerre au Cameroun ». Article consulté le 05 mai 2021.

* 675 I. KALA LOBE, Douala Manga Bell, héros de la résistance douala, Paris, Collection Grandes Figures Africaines, Paris/ Dakar, NEA, 1977, p. 77. Voir aussi A. P. TEMGOUA, LeCameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 263-264.

* 676 P. LABURTHE-TOLRA, Martin Paul Samba, p. 325.

* 677 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916),op. cit, p. 265.

* 678 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 9-10.

* 679 Idem.

* 680 Idem.

* 681 Dans ce cas le chef.

* 682 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, pp. 11-12.

* 683 Prince KUM'A NDUMBE III,  L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1986 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986.

* 684 M. BAUCHE, « Medizin und Herrschaft », Campus 2018.

* 685 Voir J. HARNISCHFEGER, Demokratisierung und Islamiches Recht. Der Scharia-Konflikt in Nigeria, Campus Verlag GmbH, 31 mai 2006. Étude portant sur les Britanniques et les Fulbe au Nigéria !

* 686 Lettre de Woermann à Bismarck du 30 avril 1884, ibid, p. 31. Aufzeichnung uber eine Unterredung des Reichskanzlers mit den Inhabern der im Biafragebiete interessierten Firmen, ibid, p.50. In PRINCE KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1986 (Le cas du Cameroun),Éditions AFRICAVENIR, 1986.

* 687 Prince KUM'A NDUMBE III,  L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1896 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 47-49.

* 688 Ibid, pp. 51-55.

* 689 « Moi... Roi Bell... abandonne aujourd'hui à M. Ed Schmidt... tous mes droits sur l'île Nicol... Je reconnais avoir reçu un paiement de sept (07) kroos en échange de la vente de cette île ».Traduction faite par nous.

* 690 Bapuko.

* 691 Awuni Lubaly.

* 692 Ibid, p. 60.

* 693 Abtretung Urkunde N'doo and Bacundu, 5.11.84, DZA - Potsdam 4204, f.192.

* 694 Traduction faite par nous : « Nous soussignés Rois et Chefs de Ndo'o et de Bakundu déclarons qu'en conformité avec notre ami politique et commercial, le King Bell du Kamerun ; nous reconnaissons la Souveraineté de l'Empire Allemand sur nous et notre territoire ».

* 695 Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération. 1884-1896 (Le Cas du Cameroun),Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 60-61.

* 696Ibid, p. 62.

* 697Ibid, p. 65.

* 698Ibid, p. 67.

* 699 DZA - Postdam; Deutsches Zentralarchiv - Postdam; Ibid, pp. 67-68.

* 700 Bonabéri.

* 701 Kru.

* 702 Emprisonnement, fouet, insultes.

* 703 J. LOMBARD, Autorités traditionnelles et pouvoirs européens en Afrique noire. Le déclin d'une aristocratie sous le régime colonial, Paris, Armand Colin, 1967, pp. 280-281.

* 704 T. SEITZ, Vom Aufstieg und Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Band 2, Karlsruhe, 1927, p. 45.

* 705 H. STOECKER, Kamerun unter deutscher, Band 2, p. 220.

* 706 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014,

pp. 103-104.

* 707 NDUMB'A LOBÉ.

* 708 DIKA MPONDO.

* 709DEÏDO.

* 710 KUM'A MBAPÉ.

* 711 NDUMB'A LOBÉ.

* 712 Territoire de King BELL.

* 713 Prince KUM'A NDUMBE III, « Déclaration Solennelle sur Le Tangué De Kum'a Mbape Bell (Lock Priso) » - AfricAvenir International, sur www.africavenir.org. Voir également « Lock Priso Bell, chef Sawa ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 13 janvier 2021.

* 714 Influence de la colonisation allemande.

* 715 Ibid.

* 716 Ibid. Voir B. J. HEUERMANN, « Der Schizophrene Schiffsschnabel : Biographie eines kolonialen objektes und diskurs um seine ruckforderung im postkolonialen Munchen. Studen aus dem Munchner Institut fur Ethnologie » - Working Papers and cultural anthropology, Bd. 17, Munchen, 2015.

* 717 Prince KUM'A NDUMBE III, « Commémoration : Ce 12 juillet 1884 qui créa le Cameroun (25.pdf) ». Article publié sur le site https://.docplayer.fr et consulté le 02 avril 2021.

* 718 Les professeurs Narcisse MOUELLE KOMBI, agrégé de droit, NSAMÈ MBONGO, sociologue et philosophe, KUM'A NDUMBÈ III, historien et politologue et Martin NTONÈ, historien.

* 719 LOBE BEBE.

* 720 KRU, CROO ou CREW.

* 721 NDUMB'A LOBE.

* 722 DIKA MPONDO.

* 723 KUM'A MBAPE.

* 724 A. NDAM NJOYA, Le Cameroun dans les relations internationales, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1976, p. 55.

* 725 KUM'A MBAPE.

* 726 Bonabéri.

* 727 1884-1885.

* 728 H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons: A case study in modern imperialism (1884-1916), New Haven, Yale University Press, 1938.

* 729 J.-R. BRUTSCH, «Les Traités camerounais », in Études camerounaises, N°47-48, mars-juin 1955, Institut français d'Afrique noire.

* 730 E. MVENG, Histoire du Cameroun, Paris, 1963.

* 731 Lt. C. VON MORGEN, A travers le Cameroun du sud au nord. Voyages et explorations dans l'arrière-pays de 1989 à 1891. Traduction, présentation et bibliographie de Philippe LABURTHE-TOBRA, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982.

* 732 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 85.

* 733 Dans ce livre « Blue Book », Élise FONTENAILLE-N'DIAYE nous raconte ce passé bien méconnu du rôle de l'Allemagne dans le sud-ouest Africain, celle qui se nomme aujourd'hui la Namibie, devenue dès les années 1884 une colonie allemande et qui fut le théâtre d'un véritable génocide contre les Hereros et les Namas. Il fut soustrait à la connaissance du public en 1926. L'auteur y livre son point de vue africain, son point de vue personnel. É. FONTENAILLE-N'DIAYE, Blue Book, Calmann-Lévy, 2015.

* 734 J.-R. BRUTSCH, «Les Traités camerounais », in Études camerounaises, N°47-48, mars-juin 1955, Institut français d'Afrique noire.

* 735 A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum Kolonialenhandel: Wirtschaftstraume und Wirtschaftsformen in Kamerun vor 1914, 1972. Extrait original : « Eine Kopie des Vertrags textes wurde den Duala bezeichnenderweise nicht ausgehandigt ». Traduction faite par nous.

* 736 M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen und Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt , 1887.

* 737 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 86.

* 738 Du moins les AKWA.

* 739 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 87. Extrait original : « ... bewahrt den Vertrag gut auf, daB er ja nicht wieder verkauft wurd (e), wie der erste ». Traduction faite par nous.

* 740 T. HOBBES, Éléments de droit naturel et politique. Traduction de Delphine THIVET, Tome II des OEuvres de HOBBES, Paris, Vrin, 2010. Voir aussi T. HOBBES, Éléments de loi, traduction d'Arnaud MILANESE, Paris, Allia, 2006. Voir également J. SAADA, Hobbes et le sujet de droit, Paris, CNRS, 2010. Voir S. VON PUFENDORF, Du droit de la nature et des gens, ou Système général des principes les plus importants de la morale, de la jurisprudence et de la politique, 2 volumes, 1706. Voir aussi S. VON PUFENDORF, Les Devoirs de l'homme et du citoyen, tels qu'ils sont prescrits par la loi naturelle (1707), Réédition : Presses Universitaires de Caen, Caen, 2002. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 138.

* 741 A. MALLARMÉ & E. DE VATTEL, Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014, pp. 337-391. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 138.

* 742 C. SALOMON, L'occupation des territoires sans maître : Étude de droit international, Paris, A. Giard, 1889, p. 5. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 138.

* 743 ONU : Organisation des Nations Unies.

* 744 M. TROPER, « La notion de peuple et les catégories classiques du droit international », Paris, Publications du CERI (Centre de recherches internationales), 1974, p 137. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 139.

* 745 CIJ : Cour Internationale de Justice.

* 746 Physique ou morale.

* 747 Chefs indépendants.

* 748 Dans la perspective de James LORIMER, la reconnaissance doit être accordée à des États et uniquement à des États, et non pas à des peuples, des nationalités ou des « races » selon la terminologie des juristes du 19ème siècle. Article disponible sur le site https://dice.univ.-amu.fr et consulté le 06 avril 2022. Parmi les oeuvres majeures de LORIMER figurent les Instituts de droit (1872), les Instituts du droit des nations (2 vol., 1883-1884) et Studies National and International (1890). Ses écrits sont caractérisés par la vigueur et par des éclairs de perspicacité prophétique, en particulier son projet de projet (1870) pour un « congrès permanent des nations » et une cour internationale de justice. Article disponible sur le site www.delphipages.live.com et consulté le 06 avril 2022.

* 749 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 139.

* 750 Un gouvernement établi parle au nom d'un représentant.

* 751 Un peuple juridiquement non-identifié.

* 752 Voir LE CENTRE DE DOCUMENTATION, DE RECHERCHE ET D'INFORMATION DES PEUPLES AUTOCHTONES. Étude disponible sur le site www.cendoc.docip.org et consulté le 06 avril 2022. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 140.

* 753 J. NJOYA, « États, peuples et minorités en Afrique Sub-saharienne », 2011, 1:3 Janus 2, pp 5-6. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 141.

* 754 Idem.

* 755 Droit International Public.

* 756 F. DE VITORIA & AL., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 142.

* 757 Le prince.

* 758 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 143.

* 759 H. GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup, 1724, p 223. Voir R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 143.

* 760 Le principe de la représentation.

* 761 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 143.

* 762 Weltpolitik : traduit littéralement de l'allemand en politique mondiale - est le nom de la doctrine diplomatique de l'Allemagne adoptée à la fin du XIXème siècle sous l'impulsion de GUILLAUME II. Plus revendicative voire vindicative, notamment en matière coloniale, elle vient remplacer l'approche précédente, à savoir la Realpolitik (traduit littéralement de l'allemand en politique réaliste - désigne la politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national) incarnée par Otto VON BISMARCK, le « chancelier de fer », remplacé en 1890 par Leo VON CAPRIVI par la volonté autocrate de Guillaume. Voir les articles « Weltpolitik » et « Realpolitik » publiés sur le site www.wikipédia.fr et consultés le 02 avril 2022.

* 763 Idem.

* 764 Idem.

* 765 G. BRY, Cours élémentaire de législation industrielle, Paris, Larose, 1912. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 144.

* 766 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 145.

* 767 J.-M. TRIGEAUD, « Convention », 1990, Archives de philosophie du droit 13, p. 14. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 145.

* 768 Droit International Public.

* 769 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 145.

* 770 J. SALMON, « Sécurité et mouvement dans le droit des traités » dans Réalités du droit international contemporain, Reims, Centre d'Études des Relations Internationales, 1974, pp. 101-103. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 145.

* 771 Idem.

* 772 M. KAMTO, « Pauvreté et souveraineté dans l'ordre international contemporain » dans Mélanges offerts à Paul Isoart, Paris, Pedone, 1996, p. 284. In R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 146.

* 773 M. KAMTO, La volonté de l'État en droit international, recueil de cours, Académie de droit international de La Haye, 2004, RCADI 310, pp 226 et s. 125. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 146.

* 774 Idem.

* 775 F. DE VICTORIA & Al., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 146.

* 776 Facteur linguistique.

* 777 Et donc, ni libre, ni éclairée.

* 778 F.-X. MBOME, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, Yaoundé, Fasst Program, 1998, p. 15. L'histoire des institutions renverrait dans ce cas à « l'ensemble des règles imposées aux hommes sur un territoire déterminé par une autorité supérieure, capable de commander avec une puissance effective de domination et de contrainte irrésistible ». Voir R. Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l'État : spécialement d'après les données fournies par le droit constitutionnel français, Paris, Dalloz, 2003, p 490. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 147.

* 779 H. GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 148.

* 780 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 148.

* 781 Droit International Public.

* 782 L'intérêt mutuel et de conformité au « jus cogens ».

* 783 Choses de droit divin (exemples : temples, autels, lieux consacrés aux dieux).

* 784 « Une chose en dehors de commerce » est une doctrine du droit romain, tenant que certaines choses ne peuvent pas faire l'objet de droits patrimoniaux, et ne sont donc pas susceptibles de faire l'objet d'un commerce. Voir  « Res extra commercium, doctrine originaire du droit romain (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 05 avril 2021.

* 785 M. CHEMILLIER-GENDREAU, « Les différentes doctrines juridiques et la notion de peuple » in Réalités du droit international contemporain, Reims, Centre d'Études des Relations Internationales, 1974, p.153. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 150.

* 786 H. GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 150.

* 787 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 151.

* 788 Idem.

* 789 Compétence territoriale.

* 790 A. MPESSA, « Le titre foncier devant le juge administratif camerounais : les difficultés d'adaptation du système Torrens au Cameroun », RGD 611, 2004, p. 613. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., p. 153.

* 791 Idem.

* 792 Idem.

* 793 H. GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix, Tome 2, traduit par Jean BARBEYRAC, Amsterdam, Pierre de Coup, 1724. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 155.

* 794 « Pacta sunt servanda » est une locution latine signifiant que les parties sont désormais liées au contrat venant d'être conclu et qu'à ce titre, elles ne sauraient déroger aux obligations issues de cet accord.

* 795 Posées par la partie camerounaise.

* 796 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 156.

* 797 Idem.

* 798 Le « res nulius » est la chose qui n'appartient encore à personne, mais qu'il est possible de s'approprier (par exemple des lapins de garenne, sous réserve de la législation sur la chasse). A partir du moment où elle a un propriétaire, elle devient « res propria », et peut faire l'objet d'un vol. Voir LE DROIT CRIMINEL, « res nulius ». Article publié sur le site https://ledroitcriminel.fr et consulté le 05 avril 2022.

* 799 A.-D. TJOUEN, Droits domaniaux et techniques foncières en droit camerounais (étude d'une réforme législative), Paris, Economica, 1982, p 29. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 157.

* 800 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 157.

* 801 Personne d'origine étrangère.

* 802 O. JOUANJAN, Construire juridiquement l'État : épistémologique juridique et droit de l'État - Science et techniques du droit constitutionnel, Notes de cours, Académie de droit constitutionnel, 2010, p. 10. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 158.

* 803 Avis des princes et consultation du peuple.

* 804 Droit public.

* 805 Droit privé.

* 806 F. DE VITORIA, & AL., Les fondateurs du droit international, Paris, Panthéon Assas, 2014. In R. NGANDO SANDJE, op. cit., 2016, p. 159.

* 807 R. NGANDO SANDJE, « Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l'ordre juridique intemporel », Revue québécoise de droit international, 2016, p. 159.

* 808 M. WEBER, Économie et société, Paris, Plon, 1995, p. 57.

* 809 E. PRITCHARD & M. FORTES, Systèmes politiques africains, Paris, PUF, 1964.

* 810 C. SCHMITT, Théorie du partisan, Paris, Calmann-Lévy, 1972.

* 811 C. SCHMITT, Notion du politique, trad. Steinhausen, Paris, Champs Flammarion, 1994, p. 270.

* 812 Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 89-91.

* 813 C. TARDITS, Le Royaume BamounBamun, Paris, Armand Colin, 1980, p. 524.

* 814 Ibid., pp. 524-525.

* 815 J. KEEGAN, Histoire de la guerre, Paris, Robert Laffont, 1993, p. 88.

* 816 Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 124.

* 817« Nchare Yen - Nchare Yen ». Article publié sur le site www.wikipédia.com et consulté le 22 janvier 2021.

* 818 L'INTERNAUTE, « origine et signification du proverbe « Diviser pour régner ». Article publié sur le site http://www.linternaute.fr et consulté le 20 août 2021.

* 819 (EN) ILIA XYPOLIA, « Divide et Impera: Vertical and Horizontal Dimensions of British Imperialism ». Critique : Journal of socialist theory, vol. 44, no. 3, 2016, pp. 221-231.

* 820 Roi de Macédoine de la dynastie des Argéades qui règne entre 359 et 336. Il est le père d'Alexandre le Grand.

* 821 M. FERRO, La colonisation expliquée à tous,Éditions du Seuil, 2016, chap. 7, pp. 143-144.

* 822 Ibid, p. 133.

* 823« Diviser pour mieux régner - concept politique et sociologique (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 22 août 2021.

* 824 ANC, FA 1-37, F. 62-64. Lettre d'Alfred BELL à NDUMBE EYUNDI du 26 septembre 1888. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération (1884-1896). Le Cas du Cameroun,Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 126.

* 825 SUN TZU, L'art de la guerre, Éditions Champs Flammarion, p. 68.

* 826 Ibid, p. 200.

* 827 Ibid, p.70.

* 828 L'un des deux os de la jambe.

* 829 Défaut d'une personne qui a une trop haute opinion d'elle-même.

* 830 DR. A. ABBARA, « Crâne humain : symbole de la mort ». Article publié sur le site www.aly-barbara.com et consulté le jeudi 19 août 2021.

* 831 D. HATCHER CHILDRESS, Pirates and the Lost Templar Fleet: The Secret Naval War Between the Knights Templar and the Vatican, Adventures Unlimited Press, 2003.Voir « Tête de mort - symbole qui représente un crâne humain (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le jeudi 19 août 2021.

* 832 DICTIONNAIRE DES SYMBOLES, « Le symbolisme du crâne ». Article publié le 02 août 2010 sur le site https://dictionnairedessymboles.com et consulté le jeudi 19 août 2021.

* 833 LA FLEUR CURIEUSE, « Le culte du crâne en Afrique et aux Antilles ». Article publié sur le site www.lafleurcurieuse.com et consulté le mardi 24 août 2021.

* 834 R. KUIPOU, « Le culte des crânes chez les Bamiléké de l'Ouest du Cameroun », in COMMUNICATIONS 2015/2, n°97, pp. 93-105.

* 835 En l'occurrence les Bamiléké et les BamounBamun.

* 836 Ibid.

* 837 N. LAVALLIÈRE BETGA, « Les techniques de défense des chefferies bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe siècle », e-Phaistos (En ligne), VI-2, 2017/2018. Article mis en ligne le 16 novembre 2018 sur le site http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289 et consulté le 26 août 2021, p. 33.

* 838 JOURNAL BBC NEWS AFRIQUE, « Cameroun : culte des crânes en pays bamiléké - BBC News Afrique », article publié en juillet 2016 sur le site https://www.bbc.com et consulté le 24 août 2021.

* 839 Foumban.

* 840 A. CORVISIER, Dictionnaire d'art et d'histoire militaires,PUF, 1988, p. 322.

* 841 N. LAVALLIÈRE BETGA, « Les techniques de défense des chefferies bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe siècle », p. 29. Article mis en ligne le 16 novembre 2018 sur le site http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289 et consulté le 26 août 2021.

* 842 M. DONLEFACK, « Islamisation et mutations des peuples de la Menoua : de 1850 à 2005 », Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Dschang, 2009, p. 20. La remarque a été faite à ce sujet par M. DONLEFACK : « Les habitants d'une même chefferie ne forment pas une même tribu (chez les Bamiléké), c'est une composition de patrilignages de taille inégale qui n'ont pas tous un lien de parenté ; c'est un sentiment national, vivement ressenti par tous les membres, qui les unit ». Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 143-144.

* 843 Ibid., pp. 148-149.

* 844 Fer et cuivre.

* 845 Les migrants musulmans dits « haoussa », commerçants, orfèvres, tisserands et artisans constituaient, par leurs mouvements, un obstacle majeur aussi bien au recensement des populations qu'au monopole du commerce par les Européens au tournant du XIXème siècle. Leur circuit commercial s'opérant entre le Kamerun allemand et le Nigéria britannique ou encore les territoires français de l'AEF et l'AOF. Leurs opérations commerciales détournaient le commerce des intérêts allemands au profit des marchands britanniques qui contrôlaient les grands marchés de Kano, Katsina, Laria, Maiduguri et Yola ainsi que les marchés français du Baguirmi et du Ouadaï. Leur mobilité gênait donc l'action gouvernementale et constituait une entrave aux règles du jeu politique et économique de l'Allemagne.

* 846 P. B. ESSOMBA, « La formation scolaire et les travaux des champs au Cameroun sous administration allemande », in L. MARFAING & B. REINWALD, « Afrikanische Beziehung, Netzwerke undRaune », Munster-Hamburg, LIT Verlag, 2001, p. 122.

* 847 Selon Charles ATANGANA, chef des Ewondo : « Ce n'est qu'en 1903 que l'administration allemande a commencé à mettre un impôt pour les indigènes de la circonscription de Yaoundé. En cette occasion, on versa l'impôt en produits. A la deuxième année on versa l'impôt en argent. Un désordre eut lieu dans cette opération, car on ne savait pas combien chaque contribuable avait à payer, qui devait se présenter au premier abord et à qui on devait remettre l'impôt. Pour mettre fin à ce désarroi, une commission de recensement et de l'élection de chefs reconnus par l'autorité fut créée par l'administration allemande ». VoirC. ATANGANA, « Jaunde-Texte », in Abhandlungen des Hamburgischen Kolonialinstitut, Band 24, Hamburg, 1919, p. 91.

* 848 E. D. ELOUNDOU, Contribution des populations du Sud Cameroun à l'hégémonie allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat de 3ème Cycle, Université de Yaoundé 1, 1996, pp. 181-182.

* 849 Il faut noter cependant que tous ces chefs ne voyaient pas d'un bon oeil la présence de Njoya dans la région. En 1904, lors du passage des premiers allemands dans la région en provenance de Foumban, l'une des raisons de l'hostilité des Bazou et des Bamena à l'égard de ceux-ci était la crainte que ces derniers, amis de Njoya et des BamounBamun, ne soient venus pour délivrer les esclaves bamounBamun retenus dans la région. Lire E. GHOMSI & Y. PERSON, Les Bamiléké du Cameroun : essai d'étude historique des origins à 1920, Thèse de 3ème cycle, Université Paris-Sorbonne, Faculté des Lettres et sciences humaines, 1972, pp. 128-129.

* 850 Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 94.

* 851 C'est-à-dire le prix à payer par le contribuable pour le bénéfice qu'il reçoit de la collectivité. In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 95-98.

* 852 Idem.

* 853 H. PURSCHEL, Die Kaiserliche Schutztruppe fur Kamerun, Berlin, Junker und Dunnhaupt Verlag, 1936. La Schutztruppe était divisée en compagnies à la tête desquelles se trouvaient quelques officiers et sous-officiers allemands, l'essentiel de chaque compagnie étant constitué de tirailleurs africains.

* 854 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 53.

* 855 Ibid, p. 54.

* 856 G. BOUTHOUL, « Le phénomène-guerre. Méthodes de la polémologie. Morphologie des guerres. Leurs infrastructures (technique, démographique, économique) », Paris, Payot, Tabl. (Coll. Petite bibliothèque Payot, n°29), 1964,p. 44.

* 857 V. G. FANSO & E. M. CHIILVER, « Nso and the Germans: The first encounters in contemporary documents and in oral tradition », 2011. In BONGFEN CHEM-LANGHEE & V. G. FANSO, Nso' and its neighbours. Readings in the Social History of the Western Grassfields of Cameroon, Langaa PRCIG, Cameroon, 2011, p. 114.

* 858 Ou SEM II.

* 859 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 3353, ff. 14-15.

* 860 N. LAVALLIÈRE BETGA, « Les techniques de défense des chefferies bamiléké de l'Ouest-Cameroun, du XVIe au début du XXe siècle », p. 33. Article mis en ligne le 16 novembre 2018 sur le site http://journals.openÉdition.org/ephaistos/3289 et consulté le 26 août 2021.

* 861 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 3353, ff. 9-11.

* 862 A. P. TEMGOUA, LeCameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 96-97.

* 863 Ibid, f. 11.

* 864 Ibid.

* 865 F. TSENNGKAR, cité par V. G. FANSO & E. M. CHILVER, Nso and the Germans: The first encounters in contemporary documents and in oral tradition, 2011, p.118.

* 866 Ou SEM II.

* 867 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 3353, ff. 14-15.

* 868 ANY, FA 1/ 110. Le Fon des Nsoh eut également à payer une lourde indemnité de guerre : 70 défenses d'ivoire, et de nombreux travailleurs pour l'aménagement de la route de Nso à Banyo et de Nso à Babesi. Il mourut en 1907, et fut remplacé par Mapiri qui ne régna que trois ans, de 1907 à 1910.

* 869 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 98-99.

* 870 R. AUSTEN & J. DERRICK, « (En) Middlemen of the Cameroons Rivers: The Duala and their Hinterland », Cambridge University Press, African Studies Series 96, 1999. Middlemen - Traduction.

* 871 « Banlieue » 166-167. Cité par R. AUSTEN & J. DERRICK, op.cit., 1999.

* 872 D. E. VON GRAEVE, « Les Douala ont façonné l'histoire du Cameroun » - version française. 21 avril-juin 2020, version allemande, traduction de l'auteur, 2 juin 2020. Article publié sur le site www.http://detlev.von.graeve.org et consulté le 23 novembre 2020.

* 873 R. AUSTEN & J. DERRICK, op. cit., p. 152.

* 874P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018,pp. 16-17.

* 875 En 1472, le navigateur portugais FERNANDO PÔ découvre le fleuve Wouri et la côte camerounaise.

* 876 Notamment MM. Édouard SCHMIDT, agissant pour le compte de la firme C. Woermann, et Johannes Voss, agissant pour le compte de la firme Jantzen et Thormählen.

* 877 Les chefs Duala représentés par le roi AKWA de son vrai nom DIKA MPONDO. La liste complète comprend en outre parmi les signataires, O. BUSH, Endene AKWA, Coffee ANGWA, John ANGWA, Manga AKWA, Scott JOST, Lorten AKWA, Ned AKWA. Et parmi les témoins il faut citer : David MEATOM, Joh. VOSS, King BELL, Joe GARNER AKWA, Big Jim AKWA, Jim JOSS, Matt JOSS, David JOSS, Jacco ESQRE, London BELL, Borrow PETER, Elame JOSS, et Lookinggglas BELL. Voir à cet effet Études camerounaises, n°47-48, mars -juin 1955, pp. 36-37.

* 878 Gustave NACHTIGAL, Consul de l'empire allemand à Tunis, prit officiellement possession du Cameroun et hissa le drapeau allemand sur le plateau JOSS à Douala le 14 juillet 1884.

* 879 La clause générale du traité Germano-Douala énonce en substance que « nous abandonnons totalement aujourd'hui nos droits concernant la souveraineté, la législation et l'administration de notre territoire à MM. Édouard Schmidt, agissant pour le compte de la firme C. Woermann, et Johannes Voss, agissant pour le compte de la firme Jantzen et Thormählen ».

* 880 Selon qu'elle se lit à travers la clause générale du traité. 

* 881 P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018,p. 25.

* 882 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 207.

* 883 Ibid., p. 208.

* 884 Ibid., pp. 209-210. 

* 885 J.-P. FOGUI, L'intégration politique au Cameroun, Tome XLIX, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1990, p. 355.

* 886 V. CHAZELAS, « Trente ans de colonisation au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec leconcours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 887 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 118.

* 888 Successeur de Jim EKWALLA.

* 889 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 274.

* 890 O. C. EKINDI CHATAP, Changements et Ruptures dans le Mungo de 1911 à 1950, Thèse de Doctorat d'Histoire, Université de Provence, 1992, pp. 59-60.

* 891 H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons (1884-1916) : A Case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 77.

* 892 C. NDAMI, Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du XIXème siècle aux indépendances, Thèse de Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale 382 : Économies, Espaces, Sociétés, Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales. Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.

* 893 Ibid.

* 894 R. AUSTEN, « The Metamorphoses of Middlemen: The Duala, Europeans and the Cameroon Hinterland, Ca. - 1800 - CA. 1960 », The International Journal of African Historical Studies, vol. 16, n° 1, 1983, pp. 1-24.

* 895 C. NDAMI, Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du XIXème siècle aux indépendances, Thèse De Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale 382 : Économies, Espaces, Sociétés, Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales. Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.

* 896 Ibid, op. cit., p. 17.

* 897 C. NDAMI, Agricultures familiales et dynamiques de genre au Cameroun, de la fin du XIXème siècle aux indépendances, Thèse De Doctorat d'Histoire dirigée par GOERG Odile. École doctorale 382 : Économies, Espaces, Sociétés, Civilisations : Pensée critique, politique et pratiques sociales. Laboratoire CESSMA, 2018, pp. 143-145.

* 898 D. E. VON GRAEVE, «  Les Douala ont façonné l'histoire du Cameroun » - Article en version française. 21 avril-juin 2020, version allemande. Traduction de l'auteur le 2 juin 2020. Article publié sur le site http://detlev.von.graeve.org et consulté le mercredi 06 octobre 2021.

* 899 NGANDO MPONDO.

* 900 JIM EKWALLA.

* 901 Une faction AKWA.

* 902 KUM'A MBAPE.

* 903 P. HARTER, « Les courses de pirogues coutumières chez les DUALA ou pembisan a myoloo Duala », 1960, inRecherches et Études Camerounaises, p. 71.

Les Sawa occupent le littoral camerounais et s'étendent de Campo à Mamfé. La fête culturelle de cette population est liée à l'eau. C'est pour cela qu'on les appelle aussi le « peuple de l'eau - Tumba la Madiba ». Parmi les manifestations culturelles les plus remarquables, il y a la course des pirogues. Celle-ci est généralement liée au « Ngondo », qui une fois l'an réunit toute la communauté pour célébrer leur unité ainsi que la mémoire retrace l'histoire d'un peuple de telle sorte qu'il n'y a pas de « Ngondo » sans course de pirogue, il n'y a pas de pirogue qui participe à cette course sans proue donc sans « Tange ». S'il peut y avoir une course de pirogue sans Ngondo, il n y a pas de Ngondo sans course de pirogue. Les pirogues de course se distinguent de toutes les autres formes de pirogues par une proue ou « Tange ». Si la sirène est le dénominateur commun à tous, les « Tange » sont là pour rappeler qu'il existe un lien intime des Sawa avec l'eau. Chaque clan se distingue par ses motifs et ses couleurs qui évoquent celles de leur bannière. Une pirogue de course qui peut généralement mesurer jusqu'à 30 mètres contenir 80 pagayeurs, après la construction, elle reste dans la foret 7 à 9 jours. Durant ce laps de temps, à travers certains rituels, la pirogue change de statut. « Chargée » par les forces invisibles, son destin devient intimement lié à celui de son clan à travers son « Tange ». Si durant cette course de pirogue, intervient la force physique et la technique qui en sont l'aspect profane, l'aspect cultuel s'exprime à travers les « Tange ». La course de pirogue est donc un grand évènement culturel qui participe à l'identité du Sawa. Cet objet hautement représentatif prend dimension de symbole qui fait intervenir les notions de profane et de sacré. Mais, déchiffrer un symbole induit une complexité de réponses comme le fait remarquer DURANT G. : « L'on se trouve devant une ambigüité fondamentale. Non seulement le symbole a double sens, l'un concret, propre, l'autre allusif et figuré ».

Un objet symbolique doit être reconnu et validé par une communauté qui se retrouve à travers lui. Cet objet devient alors patrimoine et peut prendre valeur symbolique. L'objet apparaît même comme l'expression visuelle du monde qui nous entoure, à l'instar de la parole, il traduit une certaine vision du monde. Le « Tange » (Prononcé Tangué) fait donc partie de ce corpus culturel qui n'a de résonance intime que parmi les siens. Lorsqu'un Sawa parle de « Tange », il s'agit d'un mot certes, qui ne rend pas compte de la totalité signifiante de son contenu. Dans sa représentation symbolique, il va au-delà du mot, au-delà de l'objet, pour la communauté dont il est issu. Cet objet, ou sa représentation symbolique dans sa résonance intime, reste implicitement lié aussi bien à l'axe vertical qui est celui de l'axe ontologique et l'axe horizontal qui est l'apport communautaire (Voir I. SOW, Psychiatrie dynamique en Afrique Noire, Paris, Payot, 1977). La combinaison des deux axes produit les éléments constitutifs de l'identité. L'histoire d'un peuple tient par conséquent compte de ces différents axes. C'est à dessein que nous avons ici l'exemple du « Tange ». Si la pirogue et la pagaie sont le symbole par excellence du peuple de l'eau, la proue donne à la pirogue son aspect sacré. Chaque clan a son « Tange » avec des symboles propres au clan. Le choix des formes et des couleurs qui le distingue en même temps qui l'identifie. Tous les « Tange » ont en même temps un dénominateur commun : la sirène, qui rappelle cette appartenance commune au « peuple de l'eau ».

Lorsqu'un clan se voit dans l'obligation d'être privé de sa pirogue ou du « Tange » qui symbolisait cette pirogue, il perd son honneur. Le « Tange » apparaît par conséquent comme faisant partie intégrante de l'identité, de la mémoire, de la culture donc de l'histoire des Sawa. Selon la perception et l'appréhension que nous avons de l'objet, il apporte sa contribution à la mémoire et donc à l'Histoire d'un peuple au même titre que les récits qui viennent enrichir l'Histoire. Voir l'article « Histoire, Mémoire et Identité. L'apport des objets culturels à la construction de l'histoire », Dr. Elisabeth MOUNDO, Ancienne Ambassadrice de l'UNESCO, Anthropologue, Buéa, Cameroun, in Éditions AFRICAVENIR. Voir également ses ouvrages « Enlevez-moi le mental de ces Nègres-là ! Convertissez-les ! » & « Le Match des Adieux », publiés aux Éditions AFRICAVENIR.

* 904 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 101-102.

* 905Ibid., p. 103.

* 906 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), 2014, p. 171. Le Professeur TEMGOUA pense que c'est pour des raisons de personnel, de frais et surtout d'efficacité, que l'administration coloniale eut recours aux chefs traditionnels pour le recouvrement de l'impôt.

* 907 P.-V. EMOG, Les pays Banen et Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation. Essai d'étude historique, Thèse de Doctorat de 3ème cycle en histoire, Université de Yaoundé, (1987-1988), p. 241.

* 908 Cf. Décret du 20 octobre 1908. Cet impôt avait d'abord été introduit dans la seule ville de Douala par Décret du 1er juillet 1903. Cité par P.-V. EMOG, Les pays Banen et Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation. Essai d'étude historique, Thèse de Doctorat De 3ème cycle en Histoire, Université de Yaoundé, (1987-1988), p. 26.

* 909 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916),L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 174.

* 910 G. ETOA OYONO, « Splendeurs et problèmes des chefs traditionnels des territoires du centre-sud au lendemain de la Grande Guerre », Revue Internationale des Francophonies (En ligne), Mélanges de juillet 2018. Article mis en ligne le 20 juillet 2018 et consulté le 16 décembre 2021 sur le site http://rifrancophonies.com/rfi/index.php.

· Georges Etoa Oyono est un Camerounais né le 26 mars 1976 à Ngoazip I par Ebolowa. Diplômé d'histoire-géographie de l'École normale supérieure de Yaoundé en 2004 et de sociologie et de sciences politiques en 2008, il soutient un Ph.D. en Histoire des relations internationales option Diplomatie à l'Université de Yaoundé I en 2015. Enseignant vacataire au Département de diplomatie de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), il est auteur de plusieurs publications scientifiques.

* 911 Cf. L.- P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun (Tome I), op. cit., p. 55. Cité par A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum kolonialen, 1972, p. 52.

* 912 H. ZOLLER, Forschungreisen in der deutschen Colonie Kamerun, tome 2, Berlin, 1885, 3 volumes, p. 171.

* 913Ibid., p.113.

* 914 S. G. ARDENER (éditrice), Swedish Ventures in Cameroon, 1883-1923: Trade and Travel, People and Politics: the Memoir of Knut Knutson with Supporting Material, pp. 31-40.

* 915 Traité Anglo-Duala du 07 mai 1841 pour l'abolition du trafic des esclaves. Cité par R. GOUELLAIN : « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 48.

* 916 Bonabéri.

* 917M. BUCHNER, Aurora Colonialis.Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty & Loehle, 1914, p. 123.

* 918M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen and Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, p. 52.In J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, pp. 91-92.

* 919 M. BUCHNER, Aurora Colonialis.Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty & Loehle, 1914, p. 140 ; cf. H. ZOLLER, Forschungreisen in der deutschen Colonie Kamerun, Berlin, 1885, 3 volumes, p. 171.

* 920 H. ZOLLER, op.cit., p. 171.

* 921 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 92. « Les Anglais sont les pires ennemis à l'expansion allemande ». Traduction faite par nous.

* 922 Ibid., pp. 92-93.

* 923 Ibid., pp. 93-94.

* 924 Compatriotes.

* 925 « Si vous voulez gouvernez ici, vous devriez me maintenir en tant que chef ». Traduction faite par nous.

* 926 Ibid., p. 95.

* 927 Ibid., p. 96.

* 928 Interview de M. Pamphile YOBE, Secrétaire Général du Ngondo le 15 juillet 2021.

* 929 Prince KUM'A NDUMBE III, « Le contexte historique dans lequel arrive l'évangélisation à Cameroon Towns (Douala) ». Article publié sur les sites www.africavenir.org& www.exchange-dialogue.com, Fondation (at) africavenir.org et consulté le 06 octobre 2021.

* 930 Cf. R. ASMIS, « Der Handel der Duala » In MDS 2,Schutzgeb. Band 20, Heft 2, 1907, pp. 85-90. In J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982.

* 931 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 101-102.

* 932 NDOUMB'A LOBE.

* 933 DIKA MPONDO.

* 934 KUM'A MBAPE.

* 935 JIM EKWALLA.

* 936 Soit 13. 804 Euros.

* 937 Soit 1.533 Euros.

* 938 Prince KUM'A NDUMBE III, « Stratégies de survie des populations camerounaises dans une économie mondialisée - du secteur informel au secteur formel-Com ».Article publié le 12 août 2019 sur le site www.douala.africavenir.international.fr et consulté le 26 mai 2021.

* 939 Interview de M. Pamphile YOBE, Secrétaire Général du Ngondo le 15 juillet 2021.

* 940 B. SCHWARZ, « Kamerun (1888) », p. 88; DKL, t. II, p. 693.

* 941 F. ETOGA EILY, Sur Les Chemins Du Développement. Essai D'histoire Des Faits Économiques Du Cameroun,Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement, Yaoundé-Cameroun, 1971, p. VII.

* 942 Jean BARBOT, Journal d'un voyage en Guinée et à Cayenne, (1678-1679), pp. 383 et 465. Le Dr Gunther MEINHARDT retrouvera les mêmes équivalences dans le système des échanges pratiqué dans l'Ouest du Cameroun, ce qui tiendrait à montrer la parenté du commerce de Calabar et celui pratiqué au Cameroun, dans les Grassfields de l'Ouest.

* 943 Ibid., p. 460.

* 944 G. I. JONES, «  Native and Trade currencies in Southern Nigeria during the Eighteenth and Nineteenth centuries », Revue Africa, vol. XXVIII, No 1, January 1958, p. 46. In Florent ETOGA EILY, op.cit., p. 66.

* 945 Ibid., p. 67.

* 946 Prince KUM'A NDUMBE III, « Stratégies de survie des populations camerounaises dans une économie mondialisée - du secteur informel au secteur formel-Com ». Article publié le 12 août 2019 sur le site https://www.africavenir.org et consulté le 26 mai 2021.

* 947 Valeur 1884.

* 948 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 185 -186.

* 949 F. ETOGA EILY, Sur Les Chemins Du Développement. Essai D'histoire Des Faits Économiques Du Cameroun, op.cit., pp. 71-72.

* 950 Bargeld Verordnung.

* 951 Kopfsteuer.

* 952 Huttentsteuer, Wohnungsteuer.

* 953 Steuerarbeit.

* 954 Taxe par tête.

* 955« Capitation (Impôt) (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 04 mai 2021.

* 956 ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS V 12. Terme employé dans« impôt », « Impôt par tête (Impôt fixe avantageux pour de riches contribuables) (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 04 mai 2021.

* 957 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 187 - 188.

* 958Ibid., p. 189.

* 959 Ibid., pp. 190-191.

* 960 Les Arabes, les Mbororo et les Haoussa.

* 961 Plus que le Gouvernement impérial, celui qui porta le coup le plus rude au cauris comme base des transactions à l'Ouest du Cameroun, fut sans aucun doute le Sultan Njoya ; il avait en effet compris que la meilleure méthode de familiariser son peuple avec les pièces allemandes exigeait l'affaiblissement de la monnaie jusque-là en vogue. En 1912, il procéda à une dévaluation spectaculaire du cauris, qu'il fit échanger contre des pièces allemandes au cours de 100 cauris pour seulement 10 pfenning ; de sorte que pour se procurer la moindre denrée, il fallait une quantité prodigieuse de ces coquillages. Les montagnes de cauris ainsi amoncelées furent données, par les soins du Sultan, aux peuples montagnards Banso et Babessi, contre des chèvres et des moutons. Rien n'était donc perdu pour lui ! Dans le même temps, Njoya avait installé dans son palais un bureau de change où l'on pouvait obtenir des pièces d'argent contre le cuivre. La dévaluation à laquelle procéda ce prince restera sans doute la seule réforme monétaire entreprise de son propre gré, par un roi indigène des colonies allemandes. (Voir M.-P. THORBECKE, Auf der Savane, 1914, p. 224-225). Ce fut donc un phénomène isolé ; car, à la même époque le chef de Ngambé se contentait des marchandises dans les transactions, tandis que les Ndiki préféraient les cauris, les bracelets, de la poudre comme moyens d'échange. Cité par Y. NICOL, « La tribu des Bakoko », 1929, pp. 133-134.

* 962 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 111-113.

* 963 Jahresbericht, 1906-1907. L'usage de la monnaie locale chassa aussi la monnaie locale qui était utilisée auparavant, monnaie dont l'usage était limité et presque sacralisé. Cité par R. GOUELLAIN : « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 148.

* 964 Les chiffres sont empruntés aux différentes statistiques des Deutschen Schutzgebieten pour chacune des années correspondantes.

* 965 En millions de marks.

* 966 F. ETOGA EILY, Surles chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, pp. 223-227.

* 967 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 36.

* 968 Ibid., p. 39.

* 969 J. BOUCHAUD, « La côte du Cameroun dans l'histoire et la cartographie », Mémoire, Institut Français d'Afrique Noire, Centre Cameroun, Douala, n°5, p. 108. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 970 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 44-45.

* 971 Ibid., p. 149.

* 972Ibid., p. 150.

* 973 Dons et contre-dons pouvaient aussi être fractionnés.

* 974Ibid., p. 151.

* 975Ibid., p. 152.

* 976 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 71.

* 977 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'Édition et de Production de Manuels et d'Auxiliaires de l'Enseignement Yaoundé-Cameroun, 1971, p. 93.

* 978 Chef du village.

* 979 Chef du foyer.

* 980 Chef de famille.

* 981 L'aîné de la famille.

* 982 Littoral.

* 983 Villages.

* 984 Bila na ba Ngando na Belle ; Bila ba Bona Ebele na Douala...

* 985 JACKSON, « Journal », cité d'après J. BOUCHAUD, op. cit., p. 119 et suiv., et J. M. FLAD, « Zur Geschichte der Vergangenbeit », in Missionary Herald du 1er juillet 1877.

* 986 Les Bonadoo en résumé, regroupent donc, rive droite et rive gauche du fleuve Wouri confondues :

- Les BonaNjo ou BonaMandona à Bali ;

- Les BonaPriso ;

- Les BonaBelonè ;

- Les BonaDouma (on y met aussi les BonaNgang, bien que Ngangue fût un frère de Doo, donc oncle des BonaDoo) ;

- Les BonaBèle (Bèlè Bèlè à Bonabèdi) ;

- Les Bon'Endalè ;

- Les BonaSama, mais aussi les branches Bojongo, et certains groupes Bakoko alliés, etc.

Pour information, voici aussi les noms des 12 tribus dites BonaMandona à Bali-Bonanjo :

- BonaLobabèdi ;

- BonaBebe (anciennement Njako na ébélè) ;

- Bon'Ekambi ;

- Bon'Ewanè ;

- BonaNdoumbè ;

- BonaMandenguè ;

- BonaManga ;

- Bonéssoka ;

- Dikéti ;

- Dippah na Samè ;

- BonaNkolo (les BonNkolo seraient une partie des Bojongo restés à Douala et faisant désormais partie intégrante des foyers de Mandona. Les Bojongo sont les descendants d' « Ekakanga », dit « Jongo, frère aîné d'Ewalè (Duala) ».

* 987 LOCK PRISO.

* 988 CHARLEY DIDO.

* 989 J. M. FLAD, « Zur Geschichte der Vergangenbeit », in Missionary Herald du 1er juillet 1877, p. 45, dit qu'un certain Ebule, fils de l'ancêtre éponyme de Bonebela, aurait reçu le nom de King « Deïdo » parce qu'il avait accueilli les missionnaires baptistes en 1845. Cf. aussi H. ZOLLER, Forschungsreisen in der Colonie Kamerun, Berlin, 1885, 2ème partie, p. 5 et suiv.

* 990 Jakob Freidrich HARTER, op. cit., p. 70 et suiv. Johann Martin FLAD, op. cit., p. 226, inMissionary Herald du 1er juillet 1877, p. 146-159, et Arch. Nat. Cam, n° 333, p. 40. Cité par Albert WIRZ, op. cit., p. 190.

* 991 Cf. les différents rapports consulaires qui traitent de cette affaire : P.R.O., F.O., 84/1377, p. 137-145, 260-264 ; F.O., 84/1401, p. 81-84, 88-92, 158-163 ; et Missionary Herald du 1er août 1873, p. 153-156.

* 992 P.R.O., F.O., 84/1508, p. 207-210, p. 416-422.

* 993 P.R.O., F.O., 84/1343, p. 104-108. Cité par WIRZ A. : op. cit., p. 193.

* 994 P.R.O., F.O., 84/1508, p. 416-422 ; cf. aussi Max BUCHNER, op. cit., p. 30, et ZOLLER, op. cit., p. 5 passim. Cité par A. WIRZ, op. cit., p. 194.

* 995 Du nom de son arrière-grand-père NJOH'A MASSÈ.

* 996 Bonabéri.

* 997 Le Prince Alexandre NDOUMBÈ DOUALA est mort en 1966, mais son neveu René DOUALA BELL ne lui succède qu'en 1967.

* 998DEÏDO.

* 999 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 145.

* 1000 Mission 1919-1920. Service de la Circonscription de Douala. In René GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 1001 T. SEITZ, Vom Aufsting und Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Karlsruhe, 1929. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 143-144.

* 1002 Mission d'inspection 1919-1920. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 1003Idem.

* 1004Idem.

* 1005 H. ROLAND, Lexiquejuridique et expressions latines, Dalloz, 3ème édition, 2001, p. 109.

* 1006 D. ALLAND & S. RIALS, Dictionnaire de la culture juridique, PUF, 2003, p. 231.

* 1007 B. DURAND, Introduction historique au droit colonial, op.cit., p. 340. InP. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018, p. 41.

* 1008 Cf. E. LEWIN, « Le régime allemand en Afrique », Publication du comité de l'Afrique française, Paris, 1918, p. 32. In P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1009 Cf. H. BRUNSCHWIG, L'expansion allemande outre-mer, du XVème siècle jusqu'à nos jours, op. cit., p. 171. In P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1010 E. LEWIN« Le régime allemand en Afrique », Publication du comité de l'Afrique française, Paris, 1918, op. cit., p. 31. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI, op.cit., Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1011P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,op. cit, 2018, p. 48.

* 1012 Cf. B. A. NGANDO, La présence française au Cameroun (1916-1959), colonisation ou mission civilisatrice, Paris, L'Harmattan, 2002, p. 142. Cité par MOUBEKE A MOUSSI, op.cit., p. 42.

* 1013 DUALA.

* 1014Deïdo.

* 1015 A. MBEMBE, « histoire-des-chefs-des-régions-côtières-du-cameroun ». Article publié sur le page «  Roukayatou officiel » le 30 mai 2020 et consulté le mardi 28 septembre 2021.

* 1016 V. CHAZELAS, « Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 126-127.

* 1017 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 191.

* 1018 Mission d'inspection 1919-1920. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 1019Idem.

* 1020Idem.

* 1021 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 192.

* 1022 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 181.

* 1023 J. BOUCHAUD, « La côte du Cameroun dans l'histoire et la cartographie », Mémoire, Institut Français d'Afrique Noire, Centre Cameroun, Douala, n°5, 1952, pp. 129-130. In René GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975.

* 1024Ibid., p. 130. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 47.

* 1025 P. F. GONIDEC, Les systèmes politiques africains : les nouvelles démocraties (3ème édition), Bibliothèque africaine et malgache, Tome 55, 1997. In J.-P. PABANEL, Les coups d'Etat militaires en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1984.

* 1026 EBULE n'ayant pas régné, ni sa succession.

* 1027 Famille régnante jusqu'à ce jour.

* 1028 , « Les origines égyptiennes des Douala (Publiées comme telles) ». Article publié le 22 août 2021 sur le blog « Dibambe La Sawa » et consulté le mardi 28 septembre 2021.

* 1029 T. PENDZEL & J. COULIBALY PARADIS, « Les ateliers-maîtrise d'oeuvre urbaine-Synthèse Douala 2016 », p. 45. Article publié sur le site https://ateliers.org et consulté le 16 décembre 2020.

* 1030 CAMEROUN RÉTRO - PHOTOS DU PASSÉ. Article publié le 24 août 2021 sur le site www.facebook.com et consulté le mardi 28 septembre 2021.

* 1031 T. SEITZ, Vom Aufsting und Niederbruch deutscher Kolonialmacht, Karlsruhe, 1929. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 180.

* 1032 Missionnaires notamment.

* 1033 A. MBEMBE, «  histoire-des-chefs-des-régions-côtières-du-cameroun ». Article publié sur la page « Roukayatou Officiel » le 30 mai 2020 et consulté le mardi 28 septembre 2021.

* 1034 Missionary Herald, 1er juin 1878, p. 152 et suiv. Cf. aussi G. GRENFELL, « The Cameroons District, West Africa », Proc. Royal Geogr. Soc., London, vol. 4, 1882, p. 394.

* 1035 Crew.

* 1036 1 Crew était l'équivalent d'un Livre Sterling en marchandises.

* 1037 A. WIRZ, « La « Rivière de Cameroun » : commerce pré-colonial et contrôle du pouvoir en société lignagère », Revue française d'histoire d'outre-mer, Année 1973/219, pp. 172-195.

* 1038 Cf. ANY, FA 1/37, F. 2-7.

* 1039 Le droit de rétention est un droit du créancier qui lui permet, en vertu de la loi et de certaines circonstances, de retenir une chose mobilière dont il a la possession de par le consentement du débiteur, et au besoin de faire réaliser cette chose. C'est donc un droit de gage légal portant sur une chose mobilière. (Cours-de-droit.net. - le droit de rétention : définition, conditions, effets, consulté le 29 janvier 2021). -Site Wikipédia. (Droit de rétention, dans le Grand dictionnaire terminologique de l'OQLF). Selon le droit français, en droit des biens, le droit de rétention est codifié à l'article 2286 du Code civil depuis la loi du 23 mars 2006. Il peut se définir comme le droit donné à un créancier de refuser la restitution d'un bien appartenant à un débiteur jusqu'au complet paiement de sa créance. Voir « Droit de rétention (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 29 janvier 2021.

Le droit de rétention s'analyse comme une faculté offerte à un créancier détenteur d'un bien de refuser de restituer ce bien tant que le débiteur ne l'aura pas payé. Pour certains auteurs, ce droit serait une modalité affectant l'obligation de délivrance pesant sur le détenteur ; pour d'autres, on serait en présence d'une simple garantie (on parle parfois de garantie indirecte) et pour d'autres encore, ce droit est une véritable sureté. Il s'agit d'une sureté archaïque, sans doute l'une des premières apparues (idée de justice privée) et cet archaïsme en fait une des suretés les plus intéressantes principalement dans l'hypothèse où le débiteur est soumis à une procédure collective car malgré cette procédure, le créancier peut rester en possession de la chose tant qu'il n'a pas reçu complet paiement. La position de la jurisprudence est simple qui dénie au droit de rétention la qualité de sureté. COURS DE DROIT, « le droit de rétention : définition, conditions, effets ». Article publié sur le lien www.Cours-de-droit.fr et consulté le 29 janvier 2021.

* 1040 Cf. M. BUCHNER, Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), München, Piloty & Loehle, 1914, p. 86.

* 1041 Dash.

* 1042 Cf. Archiv des Deutschen Kolonialrechts, p. 159 ; M. BUCHNER, Aurora Colonialis, op.cit., pp. 133 et 139.

* 1043 King BELL était un homme très riche. Il avait reçu 14 000 Marks de prime pour apposer sa signature sur le document du 12 juillet 1884. Il avait 90 femmes et ne reconnaissait pas le nombre de ses enfants. Cf. Th. BOHNER: « Ae Ntonga! Hallo Freund! Unser Leben in Kamerun », Junge Generation, Berlin, 1935, p. 184.

* 1044 Cf. ANY, FA 1/37, f. 4.

* 1045 J.-P. DJOKO DUBOIS, « Le fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial : le cas du Cameroun sous domination allemande à l'ère du gouverneur Von Soden 1885-1891 », Yaoundé, 2018, pp. 10-11. Article publié sur le site www.goetheinstitut.de et consulté le 29 janvier 2021.

* 1046 Éduard SCHEVE, né le 25 mars 1836 à Volmarstein et mort le 10 janvier 1909 à Berlin était un prédicateur baptiste et est considéré comme le fondateur de l'Église Évangélique Libre Diakonie et de la mission externe.

* 1047« Mission baptiste européenne (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fret consulté le 06 janvier 2021.

* 1048 ANC, FA 1/ 37, F. 62- 64, Traduction d'une lettre d'Alfred BELL (Bremerhaven) à NDUMBE EYUNDI (Akwa) du 26.9.1888.

* 1049 Voir le portrait de King BELL par M. BUCHNER, Kamerun.Skizzen und Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887, p. 87 ; cf. P. HALBING, « MANGA BELL », in Stern von Afrika 1914 / 15, p. 99-100 ; T. SEITZ, Vom Aufstieg und Niedrbuch, I, p. 16 ; Nous retrouvons une autre idée allant dans le sens de l'unité des Duala en 1911, lorsqu'il fut question de l'expropriation des terres. L'idée venait de Duala Manga à qui les Duala donnèrent les pleins pouvoirs pour faire obstacle à l'expropriation, cf. ANC, FA 4/ 254, Untersuchung gegen Mpundo-Akiwa, F. 11-12.

* 1050 ANC, FA 1/ 37, F. 65- 66. Lettre du gouverneur au chancelier du 7.11. 1888.

* 1051Idem.

* 1052 ANC, FA 1/ 37, F. 121-123. Lettre du gouverneur au chancelier du 11.4.1889.

* 1053 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 105-106.

* 1054 ANC, FA 1/ 37, F. 121-123.

* 1055 ANC, FA 1/ 37, F. 152-153, Procès-verbal du 19.1.1890.

* 1056 La destitution de King BELL.

* 1057 ANC, FA 1/ 37, F.88.

* 1058 ANC, FA 1/ 37, F. 88-91.

* 1059 RKA N. 4297, B/31, d'après W. MEHNERT, Schulpolitik im Dienste der Kolonialherrschaft des deutschen Imperialismus in Afrika 1884-1914, Leipzig, 1965, p. 125.

* 1060 ANC, FA 1/37, F. 103-104.

* 1061 Département Colonial.

* 1062 ANC, FA 1/ 37, F. 62-64, Traduction de la lettre d'Alfred Bell à Ndumbe Eyundi du 28.9.1888. Voir J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 252.

* 1063 ANC, FA 1/37, F. 103-104.

* 1064 ANC, FA 1/37, F. 78, F. 94.

* 1065 ANC, FA 1/37, F. 79.

* 1066 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 254.

* 1067 Douala.

* 1068 ANC, FA 1/ 37, F. 107-108, cette lettre comme toutes les autres fut saisie et traduite.

* 1069 ANC, FA 1/37, F.67/

* 1070 ANC, FA 1/37, F. 107-108.

* 1071 ANC, FA 1/37, F.77.

* 1072 ANC, FA 1/37, F. 158-159.

* 1073 ANC, FA 1/37, F. 165-166.

* 1074 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 257.

* 1075 ANC, FA 1/37, F. 157.

* 1076 1.2.1889.

* 1077 W. WEHNERT, Schulpolitik im Dienste der Kolonial herrschaft, p. 133.

* 1078 G. ROCHER, L'action sociale, 1968, pp. 232-233, (système français). In J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations internationales. Soutenue le 29 novembre 2016, p. 81.

* 1079 ANY, TA 23, « L'organisation politique des indigènes et leur emploi dans l'administration et la juridiction du protectorat du Cameroun ».

* 1080 Lieutenant RAUSCH, cité par J.A. NGUIMZANG, « Foreke- Dschang : impact des interventions allemandes et britanniques sur les institutions traditionnelles, 1900-1920 », Mémoire de DES en Histoire, Université de Yaoundé, 1978, p. 42. Cité par J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations internationales, 2016, pp. 84-85.

* 1081 Souverain des Akwa de 1852 à 1878.

* 1082 Fondateur de la dynastie des Akwa, qui régna de 1805 à 1846.

* 1083 E. BATAMAG, « Cameroun : Qui était Dika Mpondo Akwa ? » Article publié 29 mai 2018 sur le site « Le NouvelAfrik.com » et consulté le 9 février 2012.

* 1084 Version originale: « In 1907 the Akwa people refused to pay any taxes, which they considered merely an addition to the large number of grievances they already had against the colonial administration in the colony. While protesting their inability to pay taxes, they raised funds among themselves to keep a Negro representative in Germany to plead their cause here. German authorities said that the natives had no right to tax themselves in this fashion, for taxation was a sovereign right belonging only to the German right belonging only to the German government, which published those responsible for levying the assesment. In long conferences with discontented natives governor Seitz tried to persuade them to give up their opposition to taxes. Leaders in the tax strikes asserted that the treaty between Germany and the Duala chieftains in 1884 conferred on Germany no right to tax. The Governor tried his best to convince the people of the folly of their attitude... He threatened leaders of the opposition with exile from the colony if they continued their refusal to pay taxes. The actual seizure of some chieftains to force deliquent tribesmen to pay their taxes shows how far the administration went in its determination to collect. Because of this opposition, Duala was under a special tax regime for a number of years ». Traduction faite par nous. In H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons (1884-1916): A Case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, 456 pages.

* 1085 W. MEHNERT, Schulpolitik im Dienste der Kolonialherrschaft des deutschen Imperialismus in Afrika 1884-1914, Leipzig, 1965, p. 154.

* 1086 ANC, FA 1/ 37, F. 180-182.

* 1087 14 ans.

* 1088 « Unter alles Umtanden ».

* 1089 ANC, FA 1/ 37, F. 144.

* 1090 « Mit Rucksicht auf seine dereinstige Stellung ».

* 1091 Amtsblatt fur das Schutzgebiet Kamerun 1908, p. 70; In M. BUCHNER, Kamerun. Skizzen and Betrachtungen, Leipzig: Duncker & Humboldt, 1887, p. 49.

* 1092 ANC, FA 1/ 37, F. 141-144; FA 1/37, 180-182.

* 1093 Neveu de King BELL.

* 1094 Fils d'AKWA.

* 1095 Fils de MANGA BELL.

* 1096 ANC, FA 1/ 37, F. 142.

* 1097 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 250.

* 1098 ANC, FA 1/ 37, F. 25.

* 1099 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 104-105.

* 1100 ANC, FA 1/93.

* 1101 BMA, E.2.41, 1914, N. 19, E.2.42, 1914, N. 13.

* 1102 Nous ne parlons pas d'un niveau universitaire comme Engelbert Mveng qui croit, à tort, que Duala Manga fit des études de droit à l'université de Bonn, Mveng : op. cit. p. 333 ; Les Allemands ne donnèrent la possibilité à aucun africain de poursuivre des études supérieures, cf. lettre du Prof. Dr. Stoecker du 21.1.1981.

* 1103 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 261.

* 1104 1893.

* 1105 Verhandlungen des Reichstags, Anlagen, 1914, 305, document 1576, p. 3292.

* 1106Ibid., p. 3279.

* 1107 E. MVENG, op. cit., p. 333 : « Cette rapide esquisse de l'oeuvre scolaire serait incomplète si l'on oubliait les étudiants d'Allemagne. Cette initiative fut certainement de celles qui font le plus honneur à l'oeuvre de l'Allemagne au Cameroun, car elle montre que le colonisateur, foncièrement n'était pas raciste et qu'il voulait donner à la population le plus de chances possibles pour bâtir elle-même son avenir ». L'impérialisme colonial ne trouverait pas meilleur apologiste !

* 1108 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 262-263.

* 1109 Bonabéri.

* 1110Prince ESSAKA ESSAKA EKWALA-ESSAKA DEÏDO, « La perception des Rois Deïdo au sujet de l'administration coloniale allemande ». Article publié sur le site www.peuplesawa.com et consulté le 04 février 2021.

* 1111 Musoko mwa Eyum Ebele.

* 1112 Qui signifie Bonebela.

* 1113 Engelbert MVENG, op., cit., p. 333.

* 1114 1839-27 décembre 1897.

* 1115 « Ndumbe_Lobe_Bell (n. d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 avril 2021.

* 1116 (En) E. VON JOEDEN-FORGEY, « Mpundu Akwa: the case of the Prince from Cameroon-the newly discovered speech for the defense » by Dr M Levi., LIT Verlag Münster, Geschichte, Bd.44, 2002. Voir l'article « Ndumbe Lobe Bell » disponible sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 avril 2021.

* 1117 (De) W. POLLACK & E. MARCUS & F. WESTHOFF, « King Bell oder die Münsteraner in Afrika. Münster: Plattdeutsches Fastnachtspiel », Lit-Verlag Munster, 1886. Voir l'article « Ndumbe Lobe Bell » disponible sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 avril 2021.

* 1118 Douala.

* 1119 Cf. V. J.- C. KANGA, Le droit coutumier Bamiléké au contact des droits européens. Thèse de Doctorat, Faculté de droit, Université de Paris, 1957, p. 144. Cité par B. A. NGANDO, op. cit., p. 137. Cité par MOUBEKE A MOUSSI : « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, pp. 87-88.

* 1120 S. MELONE, La parenté et la terre dans la stratégie de développement, op. cit., p. 73. Cité par MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018, pp. 87-88.

* 1121Ibid., pp. 87-88.

* 1122 Quant à la notion de « chefferie », là aussi, la confusion s'est installée. Ce mot revêt deux significations : c'est alors la résidence du chef. Plus grand hameau du pays, il comprend le palais royal et ses dépendances, les maisons des femmes, la maison pour les réunions des sociétés secrètes, la forêt sacrée, la place publique ou la place du marché. Par la suite, le colonisateur a étendu le mot chefferie-résidence à l'ensemble du territoire de commandement du chef, c'est-à-dire à ce qu'on appelle improprement village. (Il faut dire que la réalité que nous exposons ici ne fait pas l'unanimité dans la mesure où la confusion s'installe entre palais et chefferie ; le palais désignant la résidence ou la concession du chef alors que la chefferie est le territoire sous son commandement). Cité par J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations internationales, 2016, p. 15.

* 1123 DICTIONNAIRE ENCYCLOPEDIQUE LAROUSSE cité par E. DUPOIRIER & H.-D. SCHAJER, L'identité régionale, 2001, p. 331.

* 1124 M. MICHEL, Essai sur la colonisation positive. Affrontements et accommodements en Afrique noire (1830-1930), Paris, Ed. PERRON, 2009, p. 13.

* 1125Ibid., p. 14. Cité par J. TCHINDA KENFO, op. cit., p. 7.

* 1126 J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIX - XX siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations internationales, 2016, p. 24.

* 1127 A. MATTELART, Diversité culturelle et mondialisation, Paris, La Découverte, 2007, pp. 49-50.

* 1128 G. ROCHER, Introduction à la sociologie, 1968, p. 229. In J. TCHINDA KENFO, Colonisation, quêtes identitaires, pratiques élitistes et dynamiques socio-politiques dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), XIXe - XXe siècle. Thèse pour le Doctorat Ph/D en Histoire. DEA en Histoire. Option : Histoire des relations internationales, 2016, p. 71.

* 1129 N. MACHIAVEL, Le Prince, Paris, Librairie Générale Française, 1983, p. 16.

* 1130 A. DE TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, Paris, 1835. Cité par A.-M. YINDA YINDA, La mémoire internationale, 2003, p. 27.

* 1131 P. DEMONT, « Hannah ARENDT et la philosophie politique grecque », Actes du 12ème colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 19 et 20 octobre 2001, Publications de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002. Voir A.-M. YINDA YINDA, La mémoire internationale, 2003, pp. 31-32.

* 1132 Pour les divergences relatives à la méthode coloniale appliquée par la France te la Grande-Bretagne, lire V. DIMIER, « Enjeux institutionnels autour d'une science politique des colonies en France et en Grande-Bretagne, 1930-1950 », in Genèses, N° 37, 1999, pp. 70-92 ; H. DESCHAMPS, Les Méthodes et doctrine coloniale de la France (du XVIème à nos jours), Paris, Armand Colin, 1953 ; H. DESCHAMPS, Les Institutions politiques de l'Afrique Noire, Paris PUF, 1970 ; W. B. COHEN, Français et Africains. Les Noirs dans le regard des Blancs 1530-1880, Paris, Gallimard, 1981, 409 P. ; M. MICHEL, Essai sur la colonisation positive. Affrontements et accommodements en Afrique Noire (1830-1930), Paris, Éditions Perrin, 2009.

* 1133 M. KANGUELIEU TCHOUAKE, La région du Mungo sous régime français (1916-1960). Essor économique et social. Thèse de Doctorat De 3ème cycle en Histoire, Université de Yaoundé, 1990, pp. 71-75.

* 1134 1884-1885.

* 1135 « Jus intra gentes » et « jus inter gentes ».

* 1136 1648.

* 1137 Rudimentaire.

* 1138 Foncière.

* 1139 Droit International Public.

* 1140 Pouvoir constituant.

* 1141 Car a-t-on coutume de dire que l'Etat est une idée et un fait.

* 1142 L'Etat de droit est d'abord un Etat législateur, ensuite c'est un Etat soumis au droit, et enfin c'est un Etat soumis au droit, et enfin c'est un Etat qui consacre une sphère de protection certaine des droits subjectifs. Il est définitive le cadre par excellence d'expression de la convivialité citoyenne et de la pleine citoyenneté. Cité par MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, p. 19.

* 1143 SAMBA THIAM, Introduction historique au droit en Afrique, L'Harmattan, 2011, p. 116, 202 pages. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI : « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1144 Occidentales.

* 1145P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018, p. 34.

* 1146 Cf. H. BRUNSCHWIG, L'expansionallemande outre-mer, du XVème siècle jusqu'à nos jours, op. cit., p. 173. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1147P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique »,Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018, pp. 59-60. 

* 1148 Cf. J.- M. YAMA, Régime foncier et domanialité publique au Cameroun, Presses de l'UCAC, Éditions 2012, pp. 25-34. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI, op. cit., 2018.

* 1149 P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018, p. 108.

* 1150 Cf. G. ADJETE KOUASSIGAN, L'homme et la terre, op. cit. Cité par P. MOUBEKE A MOUSSI, « L'Etat colonial et les coutumes au Cameroun : Approche comparative des régimes allemand, français et britannique », Mémoire de Maîtrise en Théories et Pluralismes juridiques, 2018.

* 1151Ibid., p. 101.

* 1152 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 132.

* 1153 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 134-135.

* 1154 Aussi appelé KUM'A MBAPE BELL.

* 1155 Prince KUM'A NDUMBE III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article publié sur le site www.africavenir.org et consulté le 25 mars 2020.

* 1156 1846-1916.

* 1157 M. DIKE DELANCEY & R. NEH MBUH & M. W. DELANCEY, « Lock Priso Bell, chief », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 311.

* 1158 BEKOLO FILM PROJECTS, « Comment en arrive-t-on au traité Germano-Douala ? ». Article publié sur le site http://bekolofilmprojects.blogspot.com et consulté le 26 mars 2020.

* 1159 Prince KUM'A NDUMBE III, « Résistance Anti-Coloniale Au Cameroun - AfricAvenir International ». Article publié sur le site www.africavenir.org et consulté le 25 mars 2020.

* 1160 Prince KUM'A NDUMBE III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article publié sur le site www.africavenir.org et consulté le 25 mars 2020.

* 1161 NEODINDEPENDANCE.CANALBLOG, « Sur les traces de Lock Priso - O Cameroun ! ». Article publié le 04 septembre 2014 sur le site www.neodindependance.canalblog.comet consulté le 25 mars 2020.

* 1162 PRINCE KUM'A NDUMBE III, « Des voix pour le souvenir », Episode 1, 10/08 /2016, Filmproduktionen der Gerda Henkel Stiftung, La mémoire collective de l'Afrique, Éditions AFRICAVENIR, 2016.

* 1163« Lock Priso BELL - chef Sawa (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 16 décembre 2021.

* 1164 JOURNAL ACTU CAMEROUN EN LIGNE, « Art : Le « Tangué » du roi Lock Priso en passe d'être rapatrié au Cameroun ». Article publié le 07 avril 2019 sur le site https://actucameroun.com et consulté le 25 mars 2020.

* 1165 NEOINDEPENDANCE.CANALBLOG, « Lock Priso : Tous les messages sur Lock Priso - O Cameroun ! ». Article publié sur le site www.neodindependance.canalblog.com et consulté le 25 mars 2020.

* 1166 CAMEROON INFO, « Cameroon-Info.Net : Art : Le « Tangué » du roi Lock Priso en passe d'être rapatrié au Cameroun ». Article publié sur le site www.cameroon-info.net et consulté le 25 mars 2020.

* 1167 237ONLINE.COM, « Cameroun - Patrimoine historique : Le Tangué de Lock Priso attendu ». Article publié le 22 juin 2016 sur le site www.237online.com et consulté le 25 mars 2020.

* 1168 Prince KUM'A NDUMBE III, « Déclaration solennelle sur le Tangué de Kum'a Mbape Bell (Lock Priso) - AfricAvenir International ». Article publié sur le site www.africavenir.org, consulté le 25 mars 2020.

* 1169 Roi de 1858-1897.

* 1170 Dans le Ntem.

* 1171 Dans le Mungo.

* 1172 Roi de 1897-1908.

* 1173 Roi de 1908-1914.

* 1174 PEUPLE SAWA, « Histoire : LES SAWA - Les Rois Bell ». Article publié le 19 février 2019 sur le site www.facebook.com et consulté le 04 mai 2021.

* 1175 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 136-138.

* 1176Ibid., p. 139.

* 1177 « Vorwarts », 17.5.1914.

* 1178« Leipziger Neueste Nachrichten », 12.5.1914, de commentaires analogues publiaient « Hamburger Nachrichten », 15.5.1914 ; « Deutsche Tageszeitung », 15.5.1914 ; « Deutsche Kolonialzeitung », 16.5.1914.

* 1179 RKA Nr. 440 Bl. 196.

* 1180Ibid, Bl. 78.

* 1181Ibid, Bl. 81 Telegramm Solfs an den Gouverneur in Buea, 14.5.1914.

* 1182Ibid, Bl. 77: Telegramm des Polizeiprasidums Berlin an Solf, 15.5.1914.

* 1183Ibid, Bl. 145: Mitteilung der Polizeibehorde Hamburg an das Polizeiprasidum Berlin, 25.5.1914.

* 1184 RKA, Nr. 4430, Bl. 302: Bericht des Bezirksantmanns von Duala Wienecke, 21.7.1914.

* 1185 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 140-142.

* 1186 C. DE GAULLE, « Extrait d'un entretien au magazine Paris Match », le 09 décembre 1967. Article publié en 2018 sur le site www.miscellanees.me et consulté le 04 novembre 2021.

* 1187 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN, série : Population N° 5, 1952, p.43.

* 1188 Appelée « administration indirecte » en français.

* 1189NJImom, Mayap, Nkundul, Nkussam, Nkutaba et Nkutie.

* 1190 J.B.M. 1914, p. 156. In J. VAN SLAGEREN, op. cit., 1972, pp. 106-107.

* 1191 « Die ersten Hochzeiten in Bamum », in H.B., 1912, p. 28. 3 Anna WUHRMANN, « Frauenlos in Bamum », in E.M.M., 1916, p. 364 f. In J. VAN SLAGEREN, op. cit., pp. 106-107.

* 1192 J. VAN SLAGEREN, Les origines de l'Église évangélique du Cameroun : missions européennes et christianisme autochtone, Leiden. E. J. Brill. 1972, pp. 106-107.

* 1193 J. KI-ZERBO, Histoire de l'Afrique noire, Paris, Hatier, 1978, p. 293.

* 1194 C. JUOMPAN-YAKAM, « Cameroun - African Queens : à la rencontre des reines des chefferies traditionnelles ». Article publié le 31 août 2016 sur le site du magazine www.jeuneafrique.org et consulté le 19 mai 2021.

* 1195« Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1196 E. CHAUMONT, « Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M.A. AMIR-MOEZZI (dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. « Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1197 Distinction effectuée dans la Circulaire n°2008/14 du 25 février 2008 de Caisse nationale d'assurance vieillesse française - Bigamie et polygamie. Voir E. CHAUMONT, «Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M.A. AMIR-MOEZZI (dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. Voir Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1198 BLOG « LEPETITJOURNAL ISTANBUL », « UNE SEULE FEMME AUTORISÉE - Impasse pour les propriétaires polygames en Turquie ». Article publié le 11 décembre 2013 sur le. Article mis à jour le 08 février 2018 sur le site https://.lepetitjournalistanbul.fr et consulté le 06 septembre 2021.

* 1199 Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1200 G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, 1955, p. 121. In C. BOUNANG MFOUNGUE, Le mariage africain, entre tradition et modernité. Étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise, Thèse de Doctorat en Sociologie de l'Université Paul-Valéry - Montpellier III, mai 2012, École Doctorale n°60, « Territoires, Temps, Sociétés et Développement », pp. 134-136.

* 1201 E. BOSERUP, Évolution agraire et pression démographique, Paris, Flammarion, 1970, 218 pages. In C. BOUNANG MFOUNGUE, Le mariage africain, entre tradition et modernité. Étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise, op. cit., pp. 134-136.

* 1202 C. MEILLASSOUX, Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1979. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1203 A. DIOP BARA, La famille Wolof : tradition et changement, Paris, Karthala, 1985. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1204 S. FAINZANG & O. JOURNET, La femme de mon mari. Anthropologie du mariage polygamique en Afrique et en France, Paris, L'Harmattan, 1988, 172 pages. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1205 R. MAYER, Histoire de la famille gabonaise, Libreville, Éditions du Luto, 2002. In E. BOSERUP, op.cit., p. 180.

* 1206« BamounBamuns - peuple d'Afrique central établi à l'ouest du Cameroun (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 06 septembre 2021. Voir J. KERCHACHE, J.-L. PAUDRAT, L. STEPHAN & F. STOULLIG-MARIN, « Cameroun : Bamiléké, Bamum, Tikar », in L'Art africain, Citadelles & Mazenod, Paris, 2008, (édition revue et augmentée), p. 534.

* 1207 F. DOUANLA, « Le NOUN : un peuple islamisé », p.7. Article publié sur le site https://lireenligne.net et consulté le 23 janvier 2021.

* 1208 Témoignages sur la vie du Prophète Mahomet.

* 1209Dr. Al AJAMI (Docteur en médecine, Docteur en littérature et langue arabes, Coranologue, Théologien, Spécialiste de l'exégèse du Coran), « Que dit vraiment le Coran ? Penser et vivre son islamité à la lumière du Coran ». Article publié le 26 janvier 2018 sur le site https://www.alajami.fr et consulté le 17 juin 2021.

* 1210 BLOG LARMORCATELL 22, « La polygamie en islam ». Article publié le 28 novembre 2012 sur le site https://larmorcatell22.fr et consulté le 17 juin 2021.

* 1211 C. GOLLIEAU, « Ce que dit le Coran : la polygamie ». Article publié sur le site https://www.LePoint.fr, et consulté le 17 juin 2021.

* 1212 L. P. NGANGA, « Les croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme (1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville, Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013.

* 1213H. NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles écrites, 2002, pp. 130-131.

* 1214 Idem.

* 1215 S. D. JOHNSON, La formation d'une Église locale au Cameroun : le cas des communautés baptistes au Cameroun (1841-1949), Paris, Éditions KARTHALA, 2012.

* 1216 Ibid, p. 13 s.

* 1217 BMA, E-c. 28, « Quartalbericht der Missionare 1908 », du missionnaire STAHL. Voir aussi BMA, E-2. 30, n° 53, p. 6 et 10. In P. PURTSCHERT, op. cit., 2000.

* 1218 P. PURTSCHERT, Looking for Traces of Hybridity: Basel Mission Reports and Queen Mother. Philosophical remarks on the interpretation of a political deed, Paper, University of Basel, 2000.

* 1219 Études postcoloniales.

* 1220 Témoignages, Journal fondé par le Dr. R. VERGÈS, « Tribune libre - Homi K. Bhabha, les postcolonial studies et la notion de l'hybridité ». Article publié le 18 juin 2011 et consulté le 06 septembre 2021.

* 1221 H. K. BHABHA, The Location of culture, London-New York, Routledge, 1994.

* 1222 M. CUILLERAI, « L'irréconcilié : histoire critique aux marges de l'amnistie », In Une histoire politique de l'amnistie, Presses Universitaires de France, 2007.

* 1223 Témoignages, Journal fondé par le Dr. R. VERGÈS ? « Tribune libre - Homi K. Bhabha, les postcolonial studies et la notion de l'hybridité ». Article publié le 18 juin 2011 et consulté le 06 septembre 2021.

* 1224 P. A. i SEGARRA, « L'hybridité identitaire dans une littérature émergente : l'écriture du « moi » hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016. Article mis en ligne le 01 juillet 2016 sur le site http://journals.openÉdition.org/babel/4540 et consulté le 06 septembre 2021.

* 1225 A. DE TORO, « La pensée hybride, culture des diasporas et culture planétaire. Le Maghreb (Abdelkebir Khatibi - Assia Djébar) », p. 73. In P. A. I SEGARRA, « L'hybridité identitaire dans une littérature émergente : l'écriture du « moi » hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine maghrébine », Babel (En ligne), 33 /2016. Article mis en ligne le 01 juillet 2016 et consulté le 06 septembre 2021 sur le site http://journals.openÉdition.org/babel/4540.

* 1226 P. A. I SEGARRA, « L'hybridité identitaire dans une littérature émergente : l'écriture du « moi » hybride dans l'oeuvre autobiographique des écrivains catalans d'origine maghrébine », 2016, p. 33. Article mis en ligne le 01 juillet 2016 sur le site http://journals.openÉdition.org/babel/4540 et consulté le 06 septembre 2021.

* 1227 La croix chrétienne.

* 1228 Cf. T. NSIESIE, « Notes sur les Christs et statues de l'Ancien Congo », in Brousse, n°3, 1939. Surtout M. MAQUET, Contribution à l'étude des crucifix anciens indigènes du Bas-Congo, in Arts et métiers indigènes dans la province de Léopoldville, n°6, mars 1938. In G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 50.

* 1229G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 50.

* 1230 Cf. T. NSIESIE, op. cit., p. 34. In G. BALANDIER, op. cit., pp. 51-52.

* 1231 Cf. O. DE BOUVEIGNES, Saint Antoine & la pièce de vingt reis, in Brousse, 3-4, 1947, pp. 17-22 avec photographies de statues de St. Antoine en cuivre, plomb et ivoire. In G. BALANDIER, op. cit., pp. 51-52.

* 1232 Cf. A. CAVAZZI, Istorica descrizzione degli tre regni Congo, Angola e Matamba, Bologna, 1687, (trad. Franc. De J.-B. LABAT « augmentée de plusieurs relations portugaises »), Paris, 1732. In G. BALANDIER, op. cit., pp. 51-52.

* 1233 Don Sébastien.

* 1234 Cf. A. CAVAZZI, op. cit., p. 113. En 1705, cependant, une jeune Congolaise (Dona Béatrice) s'identifia à Saint Antoine et fut à l'origine du 1er syncrétisme congolais connu (Cf. Relations du Père Laurent DE LUCQUES, 1700-1710). In G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, pp. 51-52.

* 1235 Photographie prise en 1902 de Walker GOTTLOB disponible sur le site www.archivfuehrer-kolonialzeit.de et consulté le 06 avril 2021. Cette photographie se trouve également aux Archives de la Mission de Bâle en Allemagne.

* 1236 Cf. S. PASSARGE, « Aus siebenzig Jahren. Eine Selbsbiographie », 1947, p. 197. Article (non publié) disponible à la bibliothèque de l'Université de Hamburg et consulté le 15 juin 2021.

* 1237 Cf. note suivante.

* 1238 Le compte-rendu de la conférence missionnaire de Bonaku de 1900 ne contient malheureusement aucun détail sur cette question. Toutes les autres questions débattues sont rapportées de façon détaillée. Nous pouvons par conséquent penser que les missionnaires ne voulaient pas faire connaître leurs opinions personnelles sur cette question, position qui était contraire à celle du Comité.

* 1239 La revue Mulee Ngea fait un compte-rendu de la conférence générale tenue à Buéa du 28 au 29 mars 1936. D'après les résolutions, les communautés pouvaient baptiser des polygames malades qui promettaient de répudier leurs épouses et qui participaient activement à la vie de la communauté (cf. « Ndongamen'a m'boko mundene Buea 28-29 March 1936 », in Mulee Ngea, 8e année, mai 1936, p. 23).

* 1240 BMA, E-2.21, « Rapport annuel de Johannes DEIBOL », 1906 (en langue duala, n° 107, traduction allemande, n° 106), pp. 328-330.

* 1241 Concernant les rites de séparation, tout d'abord, l'enfant est séparé du groupe des femmes. Élevé jusqu'ici par sa mère, on le lui arrache souvent sous la forme d'un rapt violent. Les mères se lamentent, comme si leur enfant était mort. Il s'agit bien en fait d'une mort symbolique : le futur initié est censé avoir été avalé par un monstre, qui le dégorgera ensuite, ou tué par lui. La grotte où il est conduit est la bouche du monstre ; la hutte où il sera initié dans la brousse à l'apparence du monstre mythique (Nouvelle-Guinée). Cette opération prend aussi la forme d'une purification : bains, destruction des anciens vêtements, changement de nom. A la fin, l'enfant renaitra. Chez les Kikuyu africains, la nouvelle naissance est marquée par la mise en position de l'enfant entre les jambes de sa mère à laquelle il est attaché par un boyau de mouton, symbolisant le cordon ombilical. Dans une certaine mesure, les mutilations corporelles (circoncision, arrachage de certaines dents, scarification, tatouage des signes tribaux) constituent les marques apparentes de cet arrachement au monde des femmes pour l'entrée dans celui des hommes.

* 1242 Selon les rites d'agrégation, l'initiation a créé un nouvel être, qu'il faut réintégrer dans la société, mais cette fois avec son statut définitif d'adulte, susceptible de se marier. Les rituels de sortie comprennent en gros deux séquences de réapprentissage de la vie quotidienne. L'initié est censé avoir tout oublié, il ne sait plus marcher, parler, rire. Il retourne au village courbé, comme s'il ne savait avancer qu'à quatre pattes. Il ne reconnait plus ses parents, sa maison. Il faut donc lui donner de nouveau l'usage de ce qu'il a perdu. Mais ce retour chez les siens, avec un statut supérieur, est aussi pour lui et pour ceux qui l'accueillent, une fête, et cette fête se marque par des chants, des danses, des processions solennelles.

* 1243 Les rites de marge comportent l'apprentissage d'une langue liturgique, des chants, des danses, des mythes du dieu ou du génie qui a appelé le néophyte et dont celui-ci devient dès lors le médium, des tabous, alimentaires et sexuels, comme aussi une manipulation du corps pour le rendre perméable à l'incorporation d'un dieu ou d'un génie. Cette manipulation du corps se fait par l'ingestion de drogues hallucinogènes (comme celle de l' « iloga » dans le « Bwiti » du Gabon, où les hallucinations provoquées permettent aux initiés de monter dans le monde des ancêtres et d'y recevoir un message), par des jeunes provocateurs de visions (comme chez les Amérindiens de Californie) par des bains d'herbes amenant des transes et suivis, au cours même de ces transes, d'un bain de sang (comme en Afrique de l'Ouest).

* 1244 A. SENE, Les structures anthropologiques de l'imaginaire en Afrique Noire traditionnelle ou vers une archétypologie des concepts de pratiques rituelles et de représentations sociales, Thèse de Doctorat de Troisième Cycle, Université Pierre Mendès France, UFR Sciences de l'Homme et de la Société, Département de sociologie, Centre de Sociologie des Représentations et des Pratiques Culturelles, GDR Opus CNRS, 2004, pp. 147-148.

* 1245 Ibid., pp. 234-235.

* 1246 Ibid., pp. 136-137.

* 1247DIOCÈSE DE VERSAILLES, « A l'origine du baptême ». Article publié sur le site https://www.catholique78.fr et consulté le 02 juin 2021.

* 1248 « Baptême - rite chrétien d'admission dans les différentes églises chrétiennes, dans lesquelles l'eau est utilisée (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 02 juin 2021.

* 1249 L.-M. CHAVET & J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême chrétien ». Article publié sur le site https://www.universalis.fr et consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du Cerf, 9 septembre 1987.

* 1250 L.-M. CHAVET & J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême chrétien ». Article publié sur le site https://www.universalis.fr et consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du Cerf, 9 septembre 1987.

* 1251 GENESE, I, 20.

* 1252 Sur les Sacrements.

* 1253 GENESE, II, 10.

* 1254 ÉZÉCHIEL, XLVII, 2-11.

* 1255 JEAN, VII, 38.

* 1256 JEAN, III, 5.

* 1257 L.-M. CHAVET & J. DANIELOU, « Le symbolisme du baptême chrétien ». Article publié sur le site https://www.universalis.fr et consulté le 10 août 2021. Tiré de l'ouvrage de l'auteur LACTANCE, Les institutions divines, Tome II, Les éditions du Cerf, 9 septembre 1987.

* 1258 HISTOIRE D'AFRIQUE, « LE BAPTÊME ». Article publié le 30 avril 2018 sur le site https://m.facebook.com et consulté le 20 juin 2021.

* 1259 JOURNAL RFI EN LIGNE, « Huile de palme et noix de cola : les attributs du baptême Yoruba - La vie ici ». Article publié le 01 avril 2019 sur le site www.rfi.fr et consulté le 20 juin 2021.

* 1260 HISTOIRE D'AFRIQUE, « LE BAPTÊME ». Article publié le 30 avril 2018 sur le site https://m.facebook.com et consulté le 20 juin 2021.

* 1261 M. MONGBET LAMARE, La médecine BamounBamun. Étude d'anthropologie, Yaoundé, Éditions LAMARO, 1975, pp. 20-21.

* 1262Ibid., p. 136.

* 1263 Mère du Roi NJOYA.

* 1264Ibid., pp. 137-138.

* 1265Ibid., pp. 134-135.

* 1266 Mariage, dot, naissance.

* 1267 D. E. YAO, « Les boissons locales africaines...tour d'horizon ». Article publié sur le site   https://www.afrik.com le 03 janvier 2017 et consulté le 04 septembre 2021.

* 1268 LA VILLA MAASAI, « Notre sélection des 10 meilleurs cocktails et alcools africains ». Article publié le 14 février 2020 sur le site www.villamaasai.fr et consulté le 04 septembre 2021.

* 1269 T'adj.

* 1270 C. CAZAUX GRANDPIERRE, « Les alcools africains ». Article publié le 28 février 2017 sur le site https://www.chloeandwines.fr et consulté le 04 septembre 2021.

* 1271 Vin de palme - boisson alcoolisée (n.d.). Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 03 mars 2021.

* 1272 Raphia vinifera.

* 1273 Borassus aethiopium.

* 1274 Arenga pinnata.

* 1275 Nypa fructicans.

* 1276 Raphia vinifera.

* 1277 Cocos nucifera.

* 1278« Vin de palme - boisson alcoolisée (n.d.). ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 03 mars 2021.

* 1279 S. PONE, « Société - Vie quotidienne : Les mystères du raphia dans la tradition Bamiléké ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 septembre 2021.

* 1280 De vigne ou de palme.

* 1281 A. HUETZ DE LEMPS, « Le vin de palme en Guinée Conakry ». Article publié sur le site https://guineeverdure.mondoblog.org et consulté le 10 mars 2021.

* 1282 MONDO BLOG, « MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme ». Article publié sur https://guineeverdure.mondoblog.org et consulté le 03 mars 2021.

* 1283 DÉCOUVERTE CAMEROUN, « Vin de palme ». Article publié sur le site http://decouverte.cameroun.free.fr et consulté le 03 mars 2021.

* 1284 M. BENAYOUN, « Vin de Palme ». Article publié sur le site http://www.196flavors.com/fr/nigeria et consulté le 04 mars 2021.

* 1285 C. LACOSTE-DUJARDIN, « La Terre des Ancêtres ». Article publié le 7 juillet 2020, mis à jour le 3 mars 2021 sur le site https://panodyssey.com/fr/article/fr et consulté le 03 mars 2021.

* 1286 Kanem.

* 1287 Ubolat.

* 1288 Mboos.

* 1289 « Paay ».

* 1290 « Ajug kato ».

* 1291 E. VOLANT, « Manjaku (Le Pays de) - Le culte des ancêtres » - Encyclopédie sur la mort. La mort et la mort volontaire à travers les pays et les âges ; « La religion et les croyances du peuple des Manjaku ». Article publié sur les sites http://agora.qc.ca/thematiques.fr et http://www.kandeer-manjaku.com/pages/croyances.htm. Articles consultés le 03 mars 2021.

* 1292 L. V. THOMAS & R. LUNEAU, La terre africaine et ses religions, Paris, L'Harmattan, 2004, p. 104.

* 1293 BENOIT XVI, « L'observation Romano du jeudi 19.3.2009 », Voyage au Cameroun et en Angola, p. 12.

* 1294Idem.

* 1295 Cf. Genèse 2, 24.

* 1296 J. P. ELELAGHE, De l' « aliénation » à l' « authenticité » ?...problématique missionnaire et affrontements culturels au Gabon : l'exemple des Fang, Thèse de 3ème Cycle, Théologie catholique, Strasbourg, 1977. Cité par l'Abbé BEAUDOIN.

* 1297 L. P. NGANGA, « Les croyances traditionnelles des Tege Alima (1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013.

* 1298 Oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et nièces, grands-parents, amis et connaissances.

* 1299 P. U. OTYE ELOM, « La consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un prétexte touristique », Anthropology of food (Online), 13/2018. Article publié sur le site https://doi.org/10.4000/aof.8766 le 03 juillet 2018 et consulté le 04 Septembre 2021.

* 1300 M. MONGBET LAMARE, La médecine BamounBamun. Étude d'anthropologie, Yaoundé, Éditions LAMARO, 1975, pp. 117-121.

* 1301 J.-P. POULAIN (dir.) et Al., Dictionnaire des cultures alimentaires. Paris, Presses Universitaires de France, 1027-1039, 2012, p. 1341.

* 1302 P. U. OTYE ELOM, « La consommation du vin de palme au Cameroun. Anthropologie d'un prétexte touristique », Anthropology of food (Online), 13/2018. Article publié sur le site : https://doi.org/10.4000/aof.8766; DOI : https://doi.org/10.4000/aof.8766 le 03 juillet 2018 et consulté le 04 Septembre 2021.

* 1303 A. RICH, « Dictionnaire des antiquités romaines et grecques », 1883, 3ème éd. Article disponible sur le site www.mediterranees.net et consulté le 13 septembre 2020.

* 1304 « Eau bénite - l'eau qui a été bénie par un prêtre, un évêque ou un diacre pour la célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir des objets, entre autres coutumes pieuses (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 06 mars 2021.

* 1305 LA CROIX AFRICA,« Eau bénite : Définition, usages et où en trouve-t-on ? ». Article publié sur le blog et sur le site www.africa-lacroix.com et consulté le 04 septembre 2021.

* 1306 Nous insistons.

* 1307 Idem.

* 1308« Eau bénite - l'eau qui a été bénie par un prêtre, un évêque ou un diacre pour la célébration du sacrement du Baptême ou pour bénir des objets, entre autres coutumes pieuses (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 06 mars 2021.

* 1309 Par le vin de palme.

* 1310 « Mogussa maba ».

* 1311 Dont une moitié lui revient de droit.

* 1312 Cette « caisse » étant considérée comme une sorte de banque recevant le produit des ventes, mais ayant le pouvoir de prêter : à l'occasion d'achats couteux, par exemple. In G. BALANDIER, Sociologie de l'Afrique actuelle. Dynamique sociale en Afrique noire. Quadrige/Presses Universitaires de France, 1955, p. 351.

* 1313 Mfon.

* 1314 MUSÉUM D'HISTOIRE SURNATURELLE, « Articles, Histoires et Contes ». Article disponible sur le site www.logs.surnateum.com et consulté le 08 avril 2022.

CAMERLEX, « FOUMBAN EN BREF ». Article publié sur le site www.camerlex.com, le 05 février 2011 et consulté le 08 avril 2022.

* 1315 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité : Le Cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp. 76-77.

* 1316 Ainsi parlait C. TARDITS, Les Africains, Tome 9, p. 265.

* 1317 N. L. NGO NLEND, «Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie, Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73-87.

* 1318 A. LOUMPET- GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, pp. 18-19.

* 1319 N. L. NGO NLEND, «Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie, Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73-87.

* 1320 En allemand : Basler Mission ou Evangelische Missionsgesellschaft in Basel.

* 1321 Le Ghana actuel.

* 1322 Native Baptist Church. Voir Wikipédia, « Mission de Bâle - société missionnaire », article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 11 mai 2021.

* 1323 A. LOUMPET- GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : Les archives de la Société des Missions Évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 157.

* 1324 J. NJELE, Les débuts du christianisme et son évolution en pays bamounBamun au Cameroun : du début du XXème siècle à 1960, Thèse de Doctorat à l'Université de Paris Sorbonne, Paris, 2005, p. 82.

* 1325 Missionnaire GÖRING, 1907.

* 1326 Voir l'introduction d'Histoire et coutumes des Bamun, traduction du pasteur Henri Martin, page 9. In I. PARE, « Les Allemands à Foumban ». Article publié sur le site www.vestiges-journal.info.Consulté le 06 mars 2021.

* 1327 A. LOUMPET- GALITZINE, « La cartographie du Roi NJOYA (Royaume BamounBamun, Ouest Cameroun) », CFC, N°210 - Décembre 2011, p. 187.

* 1328 A. LOUMPET-GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : les archives de la Société des missions évangéliques de Paris (1917-1937), Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 140.

* 1329 A. SCHMITT, « Die Bamum Schift », in Evangelischer Heidenbote, LXXXème année, N° 11, Fumban, 1907, p. 84. S&M -Bulletin n°3314. Voir J. NJELE, « Le sultan Njoya et le missionnaire GÖRING », I&M- Bulletin n°33, Images et Mémoires, p. 15. (Consultable en ligne sur le site internet www.imagesetmemoires.com).

* 1330 C. GEARY & A. NDAM NJOYA, Mandou Yenou, Germany, Trickster Veralg, 1985, p. 198.

* 1331Idem.

* 1332 J. NJELE, « Le sultan NJOYA et le missionnaire GÖRING », I&M- Bulletin n°33, Images et Mémoires, p. 14. (Consultable en ligne sur le site internet www.imagesetmemoires.com).

* 1333« Mission de Bâle - société missionnaire », article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 11 mai 2021.

* 1334 N. L. NGO NLEND, «Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays BamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », Institut protestant de théologie, Études théologiques et religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73-87.

* 1335 BLOG « REGARDS PROTESTANTS », «Cameroun - Photos du passé. Foumban vers 1911 - L'histoire de Lydia Mengwelune (1886 - 1966), la danseuse du roi ». Article publié le 12 octobre 2019 sur le site www.facebook.com et consulté le 03 mai 2021.

* 1336 H. NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles écrites, 2002, pp. 161-163.

* 1337 Idem.

* 1338 Jean-Carrière NJI, né le 27 mai 1927, membre de l'Église Évangélique de la région synodale du Noun (pays BamounBamun), entretien du 9 juin 2010 avec l'auteur, à Foumban.

* 1339 N. NGO NLEND, « Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études Théologiques et Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73- 87.

* 1340 Cité par C. TARDITS, « Njoya (C. 1875-1933) ou les malheurs de l'intelligence chez un sultan bamounBamun », Les Africains, Tome IX, 1978, p. 286. Cité par A. P. TEMGOUA, op.cit., L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 247.

* 1341 L'Européen...

* 1342 Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 5-8.

* 1343Ibid., pp. 5-8.

* 1344 Les GÖRING s'installent à Foumban le 10 avril 1906.

* 1345H. KOMIDOR NJIMOLUH, Les fonctions politiques de l'école au Cameroun (1916 - 1976), L'Harmattan, 2010, p. 35.

* 1346Ibid., pp. 35-36.

* 1347 Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, pp. 170-171.

* 1348Ibid., p. 241.

* 1349 A. LOUMPET-GALITZINE, Njoya et le Royaume BamounBamun : les archives de la Société des missions évangéliques de Paris, 1917-1937, Paris, Karthala Éditions, 2006, p. 124.

* 1350 Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, pp. 174-175.

* 1351 C. TARDITS, « Réflexions sur le sacrifice dans la religion traditionnelle des BamounBamun (Cameroun) », Systèmes de pensée en Afrique noire (En Línea), 4/1979. Article publié le 04 juin 2013 sur le site http://journals.openÉdition.org/span/435 et consulté le 07 septembre 2021.

* 1352N. NGO NLEND, « Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamounBamun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », in Études Théologiques et Religieuses, 2013/1, Tome 88, pp. 73- 87. En effet, converti au christianisme au cours de la première vague d'évangélisation, Mosé Yéyap fut scolarisé à l'école de la mission dont il devint par la suite le moniteur. Élève brillant, Mosé fut remarqué par l'administration française, qui, en 1916, en fit son interprète auprès de la circonscription de Foumban. Grace à cette fonction prestigieuse, Mosé Yéyap put côtoyer l'administrateur colonial de façon quasi intime, ce qui fit de lui un leader charismatique au sein de la communauté chrétienne bamounBamun...

La réalité et la conscience de son émancipation vis-à-vis du pouvoir traditionnel ressortent notamment de la détermination avec laquelle il résista aux tentatives du roi Njoya visant à circonvenir par des menaces, les chrétiens demeurés fidèles à la mission malgré le départ des Bâlois. En effet, sommé de renoncer à la foi chrétienne, Yéyap répondit sans détour au souverain : « Nous pouvons accepter tout ce que notre roi nous dit, mais abandonner Jésus-Christ pour devenir musulman, cela nous ne pourrions pas, et que dirions-nous à ceux qui à qui nous avons annoncé l'Évangile lorsqu'ils apprendraient que nous les premiers, avons rejeté l'Évangile? Nous ne pouvons pas abandonner Jésus-Christ » - (Ibrahim MOUICHE, « Islam, mondialisation et crise identitaire dans le royaume bamounBamun, Cameroun », Africa, 75 (3), 2005, consulté le 1er décembre 2011 sur : telematica.politicas.unam.mx/biblioteca/archives/040105085, p. 388). Mais en plus d'être le contradicteur des exigences spirituelles formulées par le roi des BamounBamun, Mosé Yéyap se distingue en tant que chef de file d'une champagne d'hostilité menée par les chrétiens contre le pouvoir du roi Njoya. Une hostilité alimentée par un sentiment d'humiliation ressenti suite à des sévices corporels qui lui auraient été infligés sur ordre du roi au motif d'adultère (Ibid., p. 395).

La défiance de Yéyap se traduisit notamment par la caution qu'il apporta à la création de chefferies administratives en vue de réduire l'hégémonie politique de la dynastie bamounBamun dans la région de l'Ouest Cameroun. Face à cette attitude, vue comme une compromission de mauvais aloi avec l'autorité coloniale, nombre de ses coreligionnaires chrétiens le soupçonnèrent de nourrir des ambitions politiques inavouées derrière son opposition à Njoya. En réaction, ils choisirent de soutenir le pouvoir du légitime successeur de Njoya, le sultan NJImoluh Seidou, contre les menées des chefs administratifs ayant la faveur de Yéyap... Le caractère politique de l'opposition menée par Mosé Yéyap envers la dynastie bamounBamun se trouve d'ailleurs confirmé par le retournement spectaculaire observé dans l'attitude qu'il afficha, au lendemain de la déposition de Njoya, envers les chefferies créées par la colonisation. Alors qu'il avait ouvertement marqué son assentiment à l'institution de ces chefferies administrative, Mosé Yéyap se mua rapidement en contestataire de leurs pratiques au motif que, « n'étant limités par aucune puissance supérieure traditionnelle et manipulés par l'administration pour faire rentrer l'impôt et pour lui fournir des travailleurs, (les chefs) introduisirent un régime tout autant totalitaire » (Ibid). Slageren précise par ailleurs que « ce fut Yéyap alors, avec d'autres chrétiens évolués qui soutint le pouvoir du nouveau sultan, Seidou, fils de Njoya » (Jaap Van SLAGEREN, op. cit., p. 162). C'est dans ce même esprit que le Pasteur Josué Muishe devait s'illustrer par son engagement aux côtés de l'autorité traditionnelle en soutenant ouvertement la candidature de ce même sultan aux élections de l'assemblée constituante du Cameroun en mars 1946.

* 1353« Le trône de Njoya, le Sultan de Bamum (n.d.) ». Article publié le 23 juin 2020 sur le site www.facebook.com et consulté le 24 février 2021.

* 1354 CONVENTION D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS VOLÉS OU ILLICITEMENT EXPORTÉS. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 avril 2022.

* 1355 INTERPOL : Organisation internationale de police criminelle, est une organisation internationale créée le 07 septembre 1923 dans le but de promouvoir la coopération policière internationale. Son siège est situé à Lyon, en France. Voir « Interpol. Organisation internationale de police (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 avril 2022.

* 1356 CONVENTION D'UNIDROIT SUR LES BIENS CULTURELS VOLÉS OU ILLICITEMENT EXPORTÉS. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 avril 2022.

* 1357 JOURNAL ACTU CAMEROUN EN LIGNE, « Cameroun - Patrimoine historique : Le Tangué du Lock Priso attendu ». Article publié sur le site www.actucameroun.com et consulté le 08 avril 2022.

* 1358 BLOG « ROUKAYATOU OFFICIEL », « C'est Notre Histoire - L'autre Pillage du Cameroun : Vol de la Mémoire et Guerre des Musées Européens). Archives Musée Royal FOUMBAN Cameroun Rétro. Article publié le 06 février 2021 et consulté le 22 mars 2021.

* 1359 E. GOFFMANN, La présentation de soi. La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Éditions de Minuit, 1973, b, p. 186. Université de Lyon 2, « 2.2. Les fonctions du cadeau ». Article tiré du site des thèses de l'université de Lyon 2, https://bu.univ-lyon2.fr et consulté le 19 mai 2021.

* 1360 E. GOFFMAN, La présentation de soi. La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Éditions de Minuit, 1973, b, p. 73. Université de Lyon 2, « 2.2. Les fonctions du cadeau ». Article tiré du site des thèses de l'université de Lyon 2, https://bu.univ-lyon2.fr et consulté le 19 mai 2021.

* 1361 E. GOFFMAN, op. cit., p. 191. Ibid. Université de Lyon 2, « 2.2. Les fonctions du cadeau ». Article tiré du site des thèses de l'université de Lyon 2, https://bu.univ-lyon2.fr et consulté le 19 mai 2021.

* 1362 Pour réaliser les visages.

* 1363 Petits coquillages blancs servant de monnaie d'échange.

* 1364DiARTgonale est une revue trimestrielle panafricaine d'opinion, de formation et de réflexion sur l'art. Une revue d'art contemporain basée au Cameroun dont le but est d'accompagner le dynamisme de l'art contemporain africain et d'ouvrir une nouvelle fenêtre sur l'histoire de l'art. Son approche transversale de l'art et de la société lui procure une démarche spécifique orientée par une gestion égalitariste de la parole entre amateurs et professionnels de l'art. DiARTgonale est issue d'un projet collectif dont un des objectifs était la démocratisation de la consommation de l'art contemporain au Cameroun : DREAMERS - Les rêveurs du Kamer. Ce collectif d'artistes né en 1998 à Yaoundé s'était donné une durée de vie de quatre ans. Période au cours de laquelle chaque membre devait, au bénéfice de la force du collectif, s'imposer sur la scène nationale/internationale et construire par la même occasion, un projet individuel, iconoclaste et novateur en prélude à la disparition programmée du groupe après la quatrième année. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

* 1365 Musée d'Ethnologie.

* 1366 Art d'Afrique.

* 1367 Musée Ethnologique.

* 1368 Tel que le principe de « une tribu = un seul style » ou la notion de la création collective.

* 1369 « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012, pp.18-19. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021.

* 1370 A. LOUMPET-GALITZINE, « Objets en exil. Les temporalités parallèles du trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) », Université de Yaoundé I - Actes du colloque international - Temporalités de l'exil - Groupe de recherche - Poexil, p. 5.Article publié sur le site https://academia.edu et consulté le 19 janvier 2021.

* 1371 Les signes ontologiques sont circulaires, l'espace - représenté par le repose-pied sur lequel veillent des guerriers - est perçu comme rectangulaire. Le couple de jumeaux-serviteurs établit le lien avec les ancêtres et garantit l'essence sacrée d'un roi au carrefour des mondes. L'attitude des grands serviteurs - en partie les mêmes individus dans les deux photographies - illustre parfaitement cette transformation. Bien qu'ils se gardent de toucher franchement le trône, leur pose inhabituelle suggère une demande du photographe européen qui impose un changement de comportement...).

* 1372 A. LOUMPET- GALITZINE, « Objets en exil ; Les temporalités parallèles du trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) », Université de Yaoundé I - Actes du colloque international - Temporalités de l'exil - Groupe de recherche - Poexil, pp. 6-7.Article publié sur le site https://academia.edu et consulté le 19 janvier 2021.

* 1373Ibid., p. 8.

* 1374Ibid., p. 20.

* 1375 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN, série : Population N° 5, 1952, p. 65.

* 1376 C. TARDITS, L'histoire singulière de l'art BamounBamun, 1972, p. 278. Voir A. LOUMPET- GALITZINE, « Objets en exil ; Les temporalités parallèles du trône du roi BamounBamun Njoya (Ouest Cameroun) », Université de Yaoundé I - Actes du colloque international - Temporalités de l'exil - Groupe de recherche - Poexil.Article publié sur le site https://academia.edu et consulté le 19 janvier 2021.

* 1377Ibid., pp. 100-101.

* 1378 C. TARDITS, Le Royaume BamounBamun, op. cit., p. 254.

* 1379 E. MVENG, Histoire du Cameroun, Tome Premier, Yaoundé : CEPER, 1984, p. 244.

* 1380Ibid, Bl. 198 f.

* 1381 Ou TETTANT.

* 1382Ibid, Bl. 199 f: Aussage des Hauptlings Tata bei seiner Vernehmung am 1.5.1914 in Bagam.

* 1383Ibid, Bl. 171 ff.: Aufzeichnung Jojas uber den Vortrag NDAMEs. Fumban an 28.4.1914.

* 1384Ibid, Bl. 175 : Aussage des Missionars Geprags in Fumban am 29.4.1914.

* 1385BAMOUN CULTURE, « Affaire de Traitrise dU Roi Njoya envers Duala Manga Bell ». Article publié le 13 février 2020 sur le site https://bamounculture.com/cats-may-have-attachment-styles-that-mirror-peoples/ et consulté le 20 décembre 2023.

* 1386Ibid.

* 1387 Jointe ci-dessous.

* 1388 M. FRANCE-LANGE, « Le choix des langues enseignées au Togo : quels enjeux politiques », in Cahiers de Sciences Humaines, n° 3-4, 1991, p. 484.

* 1389 M. CHIMOUN, « La contribution anglo-saxonne à la compréhension de l'écriture bamounBamun : des signes du roi Njoya au manuel didactique de Njoya Moungo », Éthiopiques, n° 79, 2ème semestre, 2007, p. 2.

* 1390 Celle-ci sera sauvée par l'intervention du missionnaire Geprags qui considère la langue bamounBamun comme unmoyen idéal d'évangélisation et l'écriture du roi NJOYA comme un instrument pour l'étude de la langue, de la culture et de l'histoire du royaume. Voir M. CHIMOUN, « La contribution anglo-saxonne à la compréhension de l'écriture bamounBamun : des signes du roi Njoya au manuel didactique de Njoya Moungo », Éthiopiques, n° 79, 2ème semestre, 2007, p. 2.

* 1391 Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan, 2014, p. 305.

* 1392 E. D. ELOUNDOU, « The objects are of inestimable aesthetic value. This is why I attempted to protect it for the museum of Berlin first immediately through the intermediary of the captain Ramsay of the existence of the royal armchair after having taken knowledge Captain Clauning was in charge of negotiations. February 27, 1908, whereas I had the honour of exhibition on our recent acquirements. To show to this majesty the emperor, the writing invented by announcing to him that to the small put back seat would be added to the clean royal seat as soon as the intelligent faithful chief wants to put back in recognition of the military's support that we have brought to him ». Traduction faite par nous. « Dangers of the Shumom writing to German colonial project and the strategy to destroy it », South-South Journal of Culture and Development, Vol.7, n° 2, December 2005, p.162.

* 1393 Théodore SEITZ fut gouverneur du Cameroun du 09 mai 1907 au 27 août 1910.

* 1394A. NDAM NJOYA, Njoya, réformateur du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar, NEA, p. 63. Cité par A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 130.

* 1395 ANY, FA 1/ 70, Jahresbericht, 1908, f. 26 ; A. NDAM NJOYA, Njoya, réformateur du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar, NEA, p. 70.

* 1396 ANY, FA 1/ 70, f. 28.

* 1397 A. NDAM NJOYA, Njoya, réformateur du royaume BamounBamun, Paris, ABC, Dakar, NEA, p. 83. Voir aussi A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 131-132.

* 1398 XIXème siècle jusqu'à nos jours.

* 1399« Stratège : membre du pouvoir exécutif d'une cité grecque ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 septembre 2021.

* 1400 Monostrategos, « seul général ».

* 1401« Stratège : membre du pouvoir exécutif d'une cité grecque ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 08 septembre 2021.

* 1402 Chef d'armée.

* 1403 Ruse.

* 1404 L. NZAMBA NZAMBA, « La stratégie politique », Université Mohammed V - Master 2009. Article publié sur le site https://www.memoireonline.com et consulté le 09 septembre 2021.

* 1405 Docteur ès lettres - Maître de conférences à la faculté libre des lettres de Lyon, en 1908.

* 1406 Économiques, diplomatiques, culturelles, etc.

* 1407 GENERAL OLLION, « Politique et Stratégie (article) », In POLITIQUE ÉTRANGÈRE, Centre d'Études de Politique Étrangère, Paris, 54, rue de Varennes (Littré 21-55), 1965, 30-6, pp. 479-485.

* 1408 C. GEARY, « Bamun Thrones and Stools », African Arts, 14, 1981, pp. 32-43.

* 1409Ibid.

* 1410 La tête de son père.

* 1411 C. GEARY, « BamunThrones and Stools », African Arts, 14, 1981, pp. 32-43.

C. GEARY, «Bamun Two-figures Thrones: additional evidence », African Arts, volume 16, 4, 1983, pp. 46-53.

* 1412 « Par-delà le bien et le mal ».

* 1413 F. NIETZSCHE, « Jenseits von Gut und Bose », in Werke in Zwei Banden, Bl. II, éd. Par IVO FRENZEL, Munchen, paragraphe 269, p. 147.

* 1414 Colloque International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation. Précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun,2014, p. 8.

* 1415 1816-1882.

* 1416 1770-1831.

* 1417 MADIBA ESSIBEN, Le roi Njoya, l'écriture « Shumom », p. 93. In E. MATATEYOU, L'écriture du Roi Njoya : Une contribution à la culture de la modernité, L' Harmattan, 2015.

* 1418 C. DARWIN, On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or The Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life.Traduit en français sous le titre L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie, 1859.

* 1419 Colloque International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation. Précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 8.

* 1420 H.-G. ZMARZLIK, « Sozaildarwinismus und Menschenwurde, ein zeitgeschichtliches, Problem », in Freiburger Dies Universitas, Bd 10 (1962/63), p. 64.

* 1421 Cf. L. GUMPLOWICZ, Der Rassenkampf : Soziologische Untersuchungen, Innsbruck, 1928, p. 295; RATZENHOFER, GrandriB der Sociologie, Leipzig, 1907, p. 165. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération : 1884-1986 (Le Cas du Cameroun), Éditions AFRICAVENIR, 1986, pp. 195-196.

* 1422L. WOLTMANN, Politische Anthropologie : Eine Untersuchung uber den Einfluss der Descendenztheorie auf die Lehere von der politischen Entwicklung der Volker, Leipzig-Eisenach, 1903, p. 297.

* 1423 Idem.

* 1424 Bourgeoisie de gauche en Allemagne. C'est une classe influente de la société appelée la classe moyenne éduquée ou les citoyens éduqués (classe éduquée, aujourd'hui aussi l'élite éduquée), qui considère et cultive l'éducation humaniste, la littérature, la science et l'implication dans l'Etat et la communauté comme très importantes. Voir « Bildungsburgertum (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.org et consulté le 02 avril 2022.

* 1425 Voir l'analyse de P. SCHMITT-EGNER, Kolonialismus und Faschismus : eine Studie z. histor.u. begriffl. Genesis faschist. Bewusstseinsformen am dt.Beisp, 1975, p. 96.

* 1426 L. FROBENIUS, Auf dem Wege nach Atlantis Berlin, 1911, p. 116. In Prince KUM'A NDUMBE III, L'Afrique et l'Allemagne. De la colonisation à la coopération : 1884-1896 (Le Cas du Cameroun),Éditions AFRICAVENIR, 1986, p. 198.

* 1427 T. HERBERT cité par J. CHARNLEY dans A. WYNCHANK & P.-J. SALAZAR, Afriques imaginaires : regards réciproques et discours littéraires : XVIIe-XXe siècle, Paris, L'Harmattan, 1995, p. 43.

* 1428 V. NAMURUHO BAKURUMPAGI, Déconstruction du mythe du nègre dans le roman francophone noir, de Paul Hazoumé à Sony Labou Tansi, Thèse de Doctoraten Littérature francophone présentée et soutenue le 14 mars 2007, p. 14.

* 1429Ibid., pp. 14-15.

* 1430Idem.

* 1431 Ou écriture BamounBamun.

* 1432 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, p. 87.

* 1433 Inoussa PEMPEME, ingénieur en informatique, originaire du Cameroun, n'a jamais oublié la devise d'Ibrahim NJOYA, roi du peuple BamounBamun, qui stipulait qu'il fallait s'intégrer partout où l'on allait et partager son savoir-faire avec autrui. Article publié le 23 février 2021 sur le site de la Radio-Canada, Le matin du nord, https://ici.radio-canada.ca. Article consulté le 02 avril 2021.

* 1434 E. MATATEYOU, L'écriture du Roi Njoya : Une contribution à la culture de la modernité, L'Harmattan, 2015.

* 1435 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : Le cas du Royaume BamounBamun », Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé II, 2014-2015, pp. 54-55.

* 1436Ibid., p. 55.

* 1437Idem.

* 1438 Lire I. DUGAST & M.D.W. JEFFREYS, L'Écriture des BamounBamun, 1950, pp. 100-106.

* 1439Idem.

* 1440Idem.

* 1441 G. W. F. HEGEL, La Raison dans l'histoire, IV, 3, A, UGE, 1965. F. HEGEL, Leçons sur la philosophie de l'histoire, 1837. L'ouvrage a été publié de manière posthume, à partir de ses propres manuscrits et de notes de cours prises par ses élèves.

* 1442 E. MATATEYOU, L'écriture du Roi Njoya : Une contribution à la culture de la modernité, L' Harmattan, 2015.

* 1443 Ibrahim NJOYA, le scribe du Roi BamounBamun. Premier « auteur » de bandes dessinées à part entière d'Afrique, un artiste exceptionnel pour son époque. Né aux alentours de 1890 à Foumban, il fréquenta l'école missionnaire protestante et fut baptisé en 1910 du nom christianisé de Johannes YERIMA, mais il revint à l'islam en 1916 et sera rebaptisé Ibrahim Njoya. Article publié le 15 mars 2019 sur le site www.Twitter.com et consulté le 04 septembre 2021.

* 1444 Figure ci-dessous.

* 1445 Cours d'eau, reliefs.

* 1446Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1447 A. LOUMPET-GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume BamounBamun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011. In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1448 G. DI MEO, Les territoires du quotidien, Paris, L'Harmattan, 1996. InColloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1449 M. LEBERRE, « Territoires ». In A. BAILLY et Al., Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992. Cité dans Colloque international Roi Njoya,  LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1450 A l'exemple des guerres précoloniales sur l'actuel pays BamounBamun.

* 1451 LABORIT cité par DI MEO, L'espace social, Lecture géographique des sociétés, Armand Colin, 2005. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 111-118.

* 1452 Matérielles et symboliques.

* 1453 G. DI MÉO, Les territoires du quotidien, Paris, L'Harmattan, 1996. InColloque international Roi Njoya,  LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1454 M. LEBERRE, « Territoires ». In A. BAILLY et Al., Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992. Cité dans Colloque international Roi Njoya,  LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun,2014, pp. 111-118.

* 1455 P. TCHAWA, « Approche des dynamiques territoriales des Hautes Terres de l'Ouest par le modèle de la formation spatiale », in Annales de la faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, Volume 6, nouvelle série, 2007, Premier semestre, pp. 159-188. InColloque international Roi Njoya,  LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1456 Contraintes.

* 1457 Potentialités.

* 1458 G. DI MÉO, 1996. InColloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1459 R. ARDREY, The territorial imperative. A personal inquiry into the animals origins of property and nations, New York, Altheneum, 1966. InColloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 111-118.

* 1460 M. BUCHNER, Aurora Colonialis, p. 64. In J. GOMSU, Colonisation et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels du Sud-Cameroun Pendant la Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse de Doctorat De 3ème Cycle, Université de Metz, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 76-78.

* 1461 M. BUCHNER, Aurora Colonialis, p. 70. Cité par J. GOMSU, op.cit, pp. 81-82.

* 1462 H. P. JAECK, « Die deutsche Annexion ». In Stoecker (éd.), Kamerun unter deutscher Kolonialherrschaft I, p. 47. Cité par J. GOMSU, op. cit., pp. 81-82.

* 1463 J. GOMSU, Colonisation et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels du Sud-Cameroun Pendant la Période Coloniale Allemande (1884-1916) ». Thèse de Doctorat De 3ème Cycle, Université de Metz, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 79.

* 1464 ANC, FA 1/ 93, (extrait) de Reichstagsverhandlungen, 1905 / 1906, p. 142.

* 1465 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, p. 80.

* 1466 Idem.






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