UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON 2
MESURES DE L'UTILISABILITÉ DU LOGICIEL DE
TRANSCRIPTION AUTOMATIQUE NAT BRAILLE V. 2.0
ENTRE ERGONOMIE LOGICIELLE ET DESIGN D'INTERACTION
HOMME-MACHINE
MÉMOIRE DE MASTER EN HUMANITÉ ET SCIENCES
HUMAINES MENTION SCIENCES COGNITIVES SPÉCIALITÉ
PROFESSIONNELLE SCIENCES COGNITIVES APPLIQUÉES Niveau : M. 2
RESPONSABLE DE FORMATION :
Monsieur J. ÉCALLE
PRÉSENTÉ PAR :
Alexis FRUET
RÉALISÉ SOUS LA DIRECTION DE :
Monsieur Jordan NAVARRO
ENCADRÉ PAR :
Monsieur Bruno MASCRET
au Laboratoire d'Informatique en Image et Systèmes
d'Information (LiRiS) UMR 5205 CNRS / Université Claude Bernard LYON
1
JUIN 2011
- 1 -
RÉSUMÉ
À partir des recommandations issues de la
littérature en ergonomie logicielle, nous avons proposé des
corrections pour améliorer l'utilisabilité du logiciel de
transcription braille NAT v. 2.0. Nous avons contrebalancé l'ordre de
présentation des interfaces originale et corrigée pour deux
groupes de cinq participants travaillant avec des enfants déficients
visuels. Les enregistrements des passations ont permis de dégager
qualitativement des problématiques d'utilisabilité, et
quantitativement des scores de performance. Les résultats ont
montré que les corrections apportées étaient efficaces de
ces deux points de vue (scores et jugements subjectifs). Les tests ont
été complétés par une inspection analytique
d'interface ; les conseils et dessins techniques délivrés ont
entraîné des modifications substantielles dans le design
d'interaction entre l'opérateur et l'outil, ainsi qu'au sein même
du système.
Mots-clés : NaT, braille, ergonomie,
utilisabilité, inspection analytique, interaction homme-machine, design
d'interaction.
- 2 -
SOMMAIRE
Résumé 1
1. Introduction 4
1.1. Handicap, accessibilité, adaptation 4
1.2. Présentation de NaT Braille 7
1.3. Outils de l'ergonomie logicielle : intérêts,
limites et dangers 9
1.4. Objectifs et principes de la présente étude
14
2. Expérience 15
2.1. Méthode 15
2.1.1. Participants 15
2.1.2. Matériel 15
2.1.3. Procédure 16
2.2. Résultats 18
2.2.1. Temps de passation 19
2.2.2. Nombre de clics 20
2.2.3. Nombre d'étapes 21
2.2.4. Nombre de fausses manipulations 22
2.2.5. Nombre d'erreurs 23
2.2.6. Nombre de remarques négatives 24
2.2.7. Nombre de remarques positives 25
2.2.8. Données subjectives et qualitatives 25
3. Discussion 26
3.1. Données 26
3.2. Inspection analytique 28
3.3. Configurations et options 29
3.4. Bilan et perspectives 31
4. Conclusion 32
Références 33
Compléments bibliographiques 35
Annexes 36
Annexe A ( système braille ) 36
Annexe B ( critères ergonomiques ) 37
Annexe C ( interfaces ) 38
Annexe D ( consignes ) 40
Annexe E ( extrait de passation ) 41
Annexe F ( chemins logiques ) 42
Annexe G ( inspection analytique ) 44
Annexe H ( dessins techniques ) 48
- 3 -
- 4 -
1. INTRODUCTION
A l'aide d'observations et de mesures portant sur
l'utilisation, en conditions écologiques, du logiciel de transcription
automatique en braille « Not another Transcriber » (NAT)1,
nous nous proposons de fournir les conseils et recommandations issus de la
littérature en ergonomie des logiciels et « design d'interaction
homme-machine » afin d'améliorer l'utilisabilité
générale de cette application.
Nous verrons ainsi en quoi NAT s'inscrit dans une
démarche originale de compensation du « handicap »,
après un bref rappel des définitions et des situations nouvelles
se rapportant à cette notion complexe et évolutive. Nous
cernerons ensuite les différentes définitions et méthodes
ainsi que les outils variés proposés par le domaine ergonomique
pour la conception et l'évaluation d'interfaces sous l'angle de leur
utilisabilité ; terme qui recouvre, selon la norme ISO 9241-11,
« le degré selon lequel un produit peut être utilisé,
par des utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis
avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte
d'utilisation spécifié ».
1.1. Handicap, accessibilité,
adaptation
Les chiffres de l'enquête Handicap, Incapacités
et Dépendances (HID) menée par l'Institut National de la
Statistique et des Études Économiques (INSEE) pour l'année
2002 montrent qu'au total, ce sont 1,7 million de personnes qui souffrent d'une
acuité visuelle (AV) faible en France :
560 000 malvoyants légers (AV comprise entre
3/10e et 1/10e) ; 932 000 malvoyants moyens (AV comprise
entre 1/10e et 1/20e) ;
207 000 malvoyants profonds (AV comprise entre
1/20e et 1/50e), dont environ 61 000 aveugles complets
(AV nulle).
De plus, parmi les déficients visuels :
- 30% souffrent d'un poly-handicap ;
- 60% sont des personnes âgées de plus de 60 ans
;
- moins de 1% (8 000 personnes environ) se servent d'interfaces
d'ordinateurs (reconnaissance vocale, écran tactile, synthèse
vocale).
1
http://natbraille.free.fr
- 5 -
Enfin, 15% des aveugles seulement ont appris le
braille2, 10% l'utilisent pour la lecture et 10% pour
l'écriture.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a en outre
proposé en 1989 les définitions suivantes relatives au domaine du
handicap, qui distinguent :
la déficience : altération d'une structure
ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique ;
l'incapacité : réduction partielle ou totale de la
capacité à accomplir une activité ;
le handicap (ou « désavantage
» selon les termes propres de l'OMS) : désavantage social
résultant, pour l'individu, d'une déficience ou d'une
incapacité, et qui limite ou interdit l'accomplissement d'un rôle
« normal ».
L'OMS cite par exemple les désavantages de
mobilité, d'activité occupationnelle, d'orientation... On vient
à considérer qu'en fonction de la tâche à accomplir,
de l'environnement dans lequel il est amené à l'accomplir, et des
connaissances ou capacités dont il dispose relatives à cette
tâche, tout individu peut être confronté, pour des
durées variables, à des situations de handicap, et non plus
seulement les seules personnes comptabilisées par les études
statistiques. Par extension, on estime que s'attacher à la compensation
d'un handicap donné, dans une situation et un environnement
donnés, peut constituer un avantage pour des individus non
concernés de prime abord par cette compensation. Archambault (2010,
chap. 1) fournit l'exemple de plans inclinés bordant certaines portions
d'escaliers : destinés à l'origine aux déficients moteurs,
ils servent aussi à pallier des situations de « handicap »
dans lesquelles se retrouvent d'autres populations (accidentés, parents
avec poussettes, personnes âgées...). On ajoutera sur ce point
précis que ce type d'aménagement peut aussi entraîner une
détection plus difficile à la canne blanche et des
problèmes de stabilité spécifiques pour les aveugles...
Mais, d'une manière générale, s'attacher à
favoriser l'accessibilité de documents, de lieux, ou d'activités,
à des groupes d'individus présentant une déficience, a
aussi des répercussions sur l'accessibilité de ces domaines au
reste de la population. On ne considère donc plus le handicap comme
seulement découlant d'une déficience organique, mais
plus généralement comme une notion « situationnelle »,
rattachée à l'environnement.
Parmi les différents types de déficiences, une
large part de la recherche technologique s'est orientée vers la
compensation des situations de handicap générées par les
déficiences sensorielles ; entre autres, celles
résultant d'une déficience visuelle. Cette population
bénéficie ainsi de la mise à disposition de moyens
techniques nouveaux pour l'accès à l'information écrite
(Thoumie, 2004).
2 Il est réputé difficile d'être performant
en braille si l'apprentissage est trop tardif.
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On peut citer par exemple :
- les synthèses vocales logicielles couplées
à des lecteurs d'écrans, pour un retour auditif du texte
présenté ;
- les systèmes de reconnaissance de parole,
utilisés pour la production écrite sur ordinateur personnel ;
- les plages braille
éphémères3, utilisées par les
non-voyants pour la lecture tactile des informations codées en braille
;
- mais aussi l'application de techniques laser à la
canne blanche traditionnellement associée aux non-voyants, pour une
meilleure perception de l'environnement.
D'un autre côté, cet accès à
l'information reste difficile et incomplet, en particulier lorsque le contenu
devient complexe. La lecture ou la production d'un texte long, trop (ou trop
peu) hiérarchisé, présentant des écritures
non-linéaires (par exemple, mathématiques), ou encore
intégrant des tableaux ou des illustrations, fournit autant d'exemples
d'un accès à l'information typiquement séquentiel,
partiel, et gourmand en ressources cognitives pour les déficients
visuels. Surtout, Uzan (2005) rappelle que l'accès à
l'information reste encore caractérisé par sa lenteur
(handicap temporel ou time disability).
Dans le domaine de la prise en charge scolaire de jeunes
déficients visuels4, l'adaptation de contenus complexes
(figures et équations en mathématiques, formules et
schémas en physique et chimie, cartes en histoire et géographie,
tableaux en sciences économiques) peut être
réalisée, en application de normes précises,
sophistiquées, et en constante évolution, par des
transcripteurs-adaptateurs professionnels. Cependant, faire appel aux centres
de transcription reste une démarche coûteuse en temps, comprenant
le délai d'envoi du document, de réalisation de l'adaptation, et
de retour du document adapté. Ce temps s'ajoute à celui qui
pénalise déjà les aveugles dans leurs tâches pour
l'accès à ces documents. Par ailleurs, tous les déficients
visuels ne peuvent avoir accès à ce type de service : comme
Archambault (2010, chap. 4) le souligne, la France a du retard à combler
dans le domaine de « l'éducation pour l'inclusion ». C'est
donc dans l'optique de fournir une solution automatisée « simple
d'utilisation pour les non-professionnels, accessible pour les non-voyants, et
suffisamment paramétrable pour intéresser les transcripteurs
professionnels » (Mascret, Mille & Ollier, 2008) que NAT a
été conçu.
3 La plage braille, ou plage tactile (refreshable Braille
display en anglais) est un dispositif électro-mécanique
servant à afficher les caractères braille envoyés par un
ordinateur.
4 En France, la loi de 2005 pour l'«
égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées » permet la
scolarisation en « milieu ordinaire » de ces personnes.
- 7 -
1.2. Présentation de NAT Braille
Mascret et al. (2008) décrivent rapidement le
système braille et la chaîne de transcription
élémentaire, puis les principes généraux d'un
transcripteur braille idéal : « une solution
intégrée, d'utilisation polymorphe, accessible à tous et
indépendante de configurations particulières ». Des
précisions concernant les normes de transcription et le système
braille sont reportées en annexe A.
Développé à partir de 2006 pour faciliter
la diffusion mais aussi l'apprentissage du braille, NAT permet de
réaliser la conversion automatique de textes littéraires ou
scientifiques en format de fichier directement interprétable par les
plages tactiles ou les embosseuses5 utilisées par les
lecteurs de braille. Une large diffusion de NAT permettrait ainsi de dispenser
les professeurs, accueillant des enfants handicapés en
intégration scolaire, de la mise en place de procédures lourdes
et chronophages pour la transcription de documents simples. Il permettrait
aussi l'interaction, en classe, de l'élève non-voyant avec son
enseignant, grâce à une fonction de dé-transcription du
braille ; enfin, il pourrait par la suite être utilisé par les
professionnels des centres de transcription (notamment pour sa puissance de
traitement dans le domaine de la transcription scientifique).
C'est un logiciel que l'on peut donc ranger dans la
catégorie des aides techniques, ou systèmes d'assistance, tels
que Spérandio (2007) les différencie d'autres produits techniques
(« produits généraux » et « aménagements
particuliers »). Parmi ses particularités, on note qu'il s'agit
d'un logiciel libre et multiplateforme, conçu de manière
modulaire afin de permettre son intégration dans d'autres logiciels ou
librairies et de garantir la réutilisation de ses composants en leur
permettant de fonctionner de manière indépendante les uns des
autres. NAT se compose de trois modules spécialisés qui
réalisent :
- la conversion du fichier d'entrée au format interne
à l'application ;
- la transcription proprement dite ;
- un post-traitement pour la mise en forme, l'exportation ou
l'impression du fichier obtenu.
Il utilise des règles, implémentées par
des feuilles de style en langage XSL (eXtensible Stylesheet Language),
pour la reconnaissance d'éléments de texte (syllabes, mots,
phrases, paragraphes) et d'écritures spécifiques (par exemple,
les écritures scientifiques, les abréviations, etc.). De
même, la transcription des textes en braille abrégé se fait
à l'aide de règles implémentées, là
où les autres solutions de transcription existantes utilisent des
dictionnaires. Ce sont ces règles (ou filtres) qui serviront
à la transcription automatique du texte.
5 L'embossage est une technique permettant de créer des
formes en relief dans du papier ou un autre matériau déformable.
L'embossage braille est réalisé à l'aide d'imprimantes
dédiées, appelées embosseuses.
- 8 -
Outre son caractère compatible (avec plusieurs
systèmes), interopérable (avec d'autres logiciels) et gratuit,
c'est le développement de ces filtres qui confère aussi à
NAT son originalité : ils s'approchent d'une modélisation de
fonctionnement intelligent et concourent à l'idée,
défendue par Abhishek et Basu (2006), de créer les conditions
d'une vraie communication assistée, par le développement d'une
étape d'interprétation automatique du texte. Ces filtres
peuvent par ailleurs se combiner entre eux, fournissant des possibilités
étendues de personnalisation de la transcription.
L'enregistrement de ces combinaisons peut fournir les configurations
utilisables par le public non-expert de NAT. Par exemple, les deux
configurations présentées dans le tableau 1 peuvent constituer le
paramétrage par défaut, en fonction de leurs besoins, soit d'un
professeur d'intégration en Mathématiques, niveau
6ème (son élève ne connaît pas le braille
abrégé, et dispose d'une plage tactile : configuration 1), soit
d'un professeur de Français en établissement
spécialisé, niveau 2nde (il dispose d'une embosseuse
sur son lieu de travail, et son élève connaît bien le
braille abrégé : configuration 2).
Tableau 1. Deux types de configurations d'utilisation de NAT en
fonction de la combinaison de filtres retenue.
Nom du filtre
|
Configuration 1
|
Configuration 2
|
Type de braille
|
intégral
|
abrégé
|
Traiter les Mathématiques
|
oui
|
non
|
Traiter les tableaux
|
oui
|
non
|
Couper les mots en fin de ligne
|
non
|
oui
|
Type de sortie
|
format électronique
|
embosser (embosseuse spécifiée)
|
Enfin, l'un des atouts prépondérants de NAT
reste sa capacité à faire dialoguer voyant et non-voyant par
l'intermédiaire d'une interface dédiée. Archambault (2010,
chap. 2) souligne qu'il est « essentiel de développer de nouveaux
outils de travail collaboratif entre voyants et aveugles ou malvoyants, [...]
à la fois pour servir ces élèves ou leurs enseignants,
mais aussi pour concourir à propager cette idée de
l'intégration scolaire ». Sur deux aperçus placés en
côte-à-côte, l'un affichant le texte braille, l'autre le
même texte « en noir »6, élève aveugle
et professeur peuvent mettre à jour en temps réel les
modifications qu'ils apportent au contenu, chacun de leur côté. Ce
système de dialogue écrit permet par exemple la
supervision directe du travail effectué en classe, mais aussi la
modification immédiate du texte présenté (par exemple,
pour la correction d'une erreur en cours).
6 Formule communément utilisée pour désigner
le texte lu par le voyant. La norme braille recommande le terme « texte
imprimé ».
- 9 -
Par ailleurs, NAT fournit en tant que fonctionnalité
spécifique, disposant de sa propre interface, la dé-transcription
d'un texte en braille intégral ou mathématique vers le noir.
Pourtant, malgré ses nombreuses qualités et
fonctionnalités, il semble que NAT ne bénéficie pas
entièrement du succès escompté. Lors d'un test de ce
logiciel en 2009 au service de transcription du Centre Technique
Régional pour la Déficience Visuelle (CTRDV) de Villeurbanne, les
transcripteurs-adaptateurs de documents n'ont pas réussi à
comprendre son mode de fonctionnement. D'abord parce que NAT ne dispose pas
encore d'un véritable éditeur de type « WYSIWYG7
», qui permettrait de modifier la mise en page et d'apporter des
corrections éventuelles au texte braille (il est nécessaire
actuellement de manipuler les balises d'un langage XML, puis de demander la
mise à jour du résultat obtenu) : cet aspect limite très
fortement son utilisation en conditions pratiques de travail. Ensuite parce, si
NAT a pu faire l'objet de quelques recommandations en termes d'ergonomie,
celles-ci ont uniquement porté sur les critères
d'accessibilité, et non d'utilisabilité, d'une interface
qui a par ailleurs beaucoup évolué au cours des
développements successifs. Je me suis donc proposé pour appliquer
au logiciel NAT Braille les recommandations issues des guides
d'utilisabilité (usability guidelines) construits par la
communauté des chercheurs en ergonomie logicielle.
1.3. Outils de l'ergonomie logicielle :
intérêts, limites et dangers
Bobillier-Chaumon, Carvallo, Tarpin-Bernard &
Vacherand-Revel (2005) expliquent comment est apparue la rationalisation
à la fois de la conception - par balisage et création
d'éléments réutilisables - mais aussi de l'utilisation -
par l'uniformisation des interfaces et la création des premiers modes
« expert » et « débutant » - des outils
informatiques. Les modèles d'interaction engendrés par le
paradigme cognitiviste du Système de Traitement de l'Information (STI)
semblent mener à l'« évacuation des aspects sociaux et
expérientiels de la cognition » dans la réalisation de la
tâche, par absence de prise en compte du corps, de la situation, des
intentions et des besoins, mais aussi de l'environnement (social,
organisationnel...) de l'interaction homme-machine (IHM)8. Ainsi,
« les propriétés physiques de l'objet technique ne sont pas
pensées en tant que telles ; seules leurs dimensions informationnelles
sont considérées et non leur dimension manipulable ».
L'approche centrée
7 « What You See Is What You Get » :
interface utilisateur intuitive, présente dans quasiment tous les
éditeurs actuels (texte ou image), et qui permet de présenter
directement à l'écran le résultat final des
manipulations.
8 Tandis qu'Archambault (2010) préfère la
dénomination, un peu plus précise, d'« interaction
humain-machine », et que Bach et Scapin (2005) utilisent le terme d'«
interaction homme-environnement virtuel (IHEV) », nous conserverons
l'expression traditionnelle pour faciliter la lecture.
- 10 -
utilisateur marque en ergonomie une première distanciation
avec ce paradigme, et l'interaction de-
vient un processus dynamique à sept phases (Norman, 1986,
cité in Bobillier-Chaumon et al.,
2005) :
- établissement d'un but ;
- formation d'une intention ;
- spécification d'une séquence d'action ;
- exécution d'une action ;
- perception de l'état du système ;
- interprétation de l'état ;
- évaluation du point de vue des buts et des
intentions.
« L'action ne se réduit pas à une logique
instrumentale et gagne une valeur intentionnelle ; l'humain devient sujet
intentionnel d'une action située et contextualisée ». Il
faut alors lier le comportement intelligent « non pas au
logico-symbolique, au calcul, mais à son caractère situé
et incarné ». De là découle la
nécessité de prendre en compte l'expérience de
l'utilisateur, à travers la flexibilité des
systèmes, qui ne doivent pas être trop dirigistes. Selon que les
étapes d'initiation, de proposition, puis de sélection et
d'exécution de l'adaptation sont effectuées, en tout ou partie,
par l'utilisateur ou par le système, on obtient des configurations
mixtes entre adaptabilité totale et adaptativité
totale9. Cette rupture passe finalement par la prise en compte de
données qualitatives et non plus seulement quantitatives de
l'interaction, ainsi que des structures externes (« contraintes
écologiques ») et de l'affordance.
NAT, entre autres, semble ainsi souffrir d'un défaut de
visibilité de ses fonctionnalités, ou présente des
fonctionnalités qui ne sont pas réellement
implémentées : on peut dire qu'il présente, aux sens
proposés par Gaver en 1991 (cité in Christou, 2006), des
affordances fausses (des indices mènent à une fonction
qui n'existe pas, par exemple dans le cas de son « éditeur »),
ou des affordances cachées (une fonction existante n'est pas
indicée : c'est le cas de son système de « dialogue
voyant/non-voyant »). Or Norman, en 1988 (cité in Christou, 2006)
rappelle qu'un objet bien conçu intègre des affordances
perceptibles qui fournissent des informations pertinentes pour
l'utilisation des fonctionnalités de l'objet. Au-delà de la
question d'une définition précise et unifiée de ce terme,
en constante évolution, on retiendra que c'est à travers la
présentation des indices
9 Adaptabilité ou « customisation », qui vient
de l'utilisateur : on parle aussi d'adaptation statique. Adaptativité ou
« personnalisation », mise en oeuvre par le système : on parle
aussi d'adaptation dynamique.
- 11 -
menant à la fonctionnalité proposée
(la création d'une affordance en tant que telle) que le design
d'interface conduit à l'utilisation correcte de l'objet technique.
Ces indices, dans le cas d'une application logicielle, sont
présentés à l'utilisateur par le biais
d'éléments d'interfaces constituant les menus, dont les avantages
sont connus : faible charge mémorielle, facilité d'apprentissage
et d'utilisation, faible taux d'erreurs, ou encore familiarité. Tandis
que le menu dit « traditionnel », occupant tout l'écran (et
rencontré par exemple aux distributeurs automatiques bancaires) est
censé être plus intuitif et destiné aux utilisateurs
novices, le menu « déroulant », commun sous WindowsTM,
MacintoshTM ou LinuxTM, permet en particulier de rester sur le même
espace de travail. Les études, assez rares, sont recencées par
Henley et Noyes (2006) et montrent que si les temps de recherche sont plus
courts pour les menus déroulants, en revanche les menus traditionnels
occasionnent moins d'erreurs, sont préférés des novices et
des participants âgés, et nécessitent moins
d'opérations que les menus déroulants (qui ont plus de
succès auprès des jeunes utilisateurs, et des experts). Il faudra
donc tenir compte de ces résultats pour organiser les items d'interface
sur la fenêtre d'application, et les distribuer dans les
différents types de menus disponibles en fonction du niveau d'expertise
auquel ils feront appel.
Une procédure pour l'évaluation de l'agencement
des indices répartis dans les menus d'application logicielle a
été proposée par Bastien et Scapin (1993a). Ils
constituent un ensemble de Critères Ergonomiques (CE) répartis en
huit notions primaires et treize secondaires et destinés à
orienter des choix de conception en minimisant les effets des
subjectivités personnelles (un récapitulatif succinct des CE est
présenté en annexe B). Ces critères ont été
soumis à leur propre évaluation (en dimensions ergonomiques :
efficacité, efficience, satisfaction...) et ainsi modifiés et
corrigés une première, puis une seconde fois (Bach & Scapin,
2005 ; Bastien et Scapin, 1996). Leur organisation permet alors une
évaluation heuristique de l'interface observée, réalisable
par des non-experts du domaine ergonomique et qu'ils nomment Inspection
Analytique (IA). À l'occasion de ces travaux, et même s'ils
soulignent que l'ergonomie « se doit de proposer et d'appliquer des
méthodes génériques et non pas se contenter de jugements
individuels », les auteurs rappellent que leur analyse, de type
heuristique, doit venir en complément des méthodes
empiriques existantes (par exemple, des tests d'utilisabilité).
Karoulis, Demetriadis et Pombortsis (2006) montrent par exemple que les
évaluations expertes sont souvent plus précises sur le guidage et
l'utilisabilité générale de l'interface que sur les autres
critères étudiés ; ils proposent en particulier que ces
experts soient formés tant aux notions cognitives qu'aux critères
d'interaction homme-machine. Bach et Scapin (2005) vont plus loin en
présentant l'IA comme « une analyse de surface permettant de
repérer des
- 12 -
problèmes pouvant perturber l'efficacité d'un
test utilisateur ». Woolrych & Hindmarch (2006) estiment par ailleurs
que très peu d'évaluations de ces méthodes, d'un point de
vue ergonomique, ont été entreprises : on connaît mal le
type de problème qu'elles prédisent bien, et surtout le type de
problème qu'elles ne révèlent pas. Cinq types de
données émanent selon eux des analyses ergonomiques (par
comparaison entre les résultats de l'inspection analytique et ceux des
tests utilisateurs) :
- vrai positif : un problème prédit par l'IA et
relevé par l'utilisateur ;
- faux positif : un problème prédit, mais non
confirmé en pratique ;
- vrai négatif : un problème trouvé et
éliminé, ce que confirme la pratique ;
- faux négatif : un problème trouvé par l'IA
puis éliminé, alors que réel ;
- véritable raté : un problème non
trouvé, alors que réel.
Danielson (2006) recense de son côté les concepts
liés à l'utilisabilité et les pièges à
éviter dans le recueil des données, leur analyse et la
réponse à leur apporter. Ce sont l'efficacité,
l'efficience, la satisfaction subjective d'un utilisateur effectuant une
tâche donnée, avec un système donné, dans un
contexte donné qui constituent donc les dimensions de
l'utilisabilité, telles que définies par la norme ISO 9241-11
(fréquemment, on inclut aussi l'étude de la mémorisation
et de l'apprentissage du système). Cette évaluation peut
être analytique, ou empirique, et plus ou moins précoce ou tardive
dans le développement du système, la contrainte la plus commune
restant le « timing » du recueil de données : plus la
collecte d'informations se fait tardivement dans le développement, moins
elle a de chance d'entraîner des changements de design. La méthode
de collecte de données la plus employée reste celle des tests
d'utilisabilité, mais celle-ci suppose une verbalisation de l'usager qui
peut perturber les processus cognitifs engagés dans la tâche.
Ainsi (et même lorsque les systèmes disposent de moyens
intégrés de rapport d'erreur), c'est le jugement personnel de
l'usager sur la gravité de l'erreur qui permet ou non le «
feedback » : un usager novice spéculera que son
problème n'en serait pas un s'il était expert, tandis qu'un
expert spéculera que des fonctions risquent de poser problème
à un novice, sans se pencher sur ses difficultés propres. Pour ce
qui est de la méthode, recueil direct (en face-à-face) et recueil
indirect (par le réseau) des données d'utilisabilité
possèdent leurs avantages et inconvénients : en termes de
précision des mesures effectuées et des avis subjectifs
rapportés, mais aussi en termes de coûts (temporels et financiers)
engagés. Les auteurs recensés par Danielson (2006) s'accordent
à reconnaître que les données optimales sont obtenues en
coordonnant les différentes méthodes : inspection analytique
(pour laquelle on recommande des évaluateurs multiples), tests
d'utilisabilité en conditions
- 13 -
écologiques, recueil de données indirect par le
réseau. Concernant le matériel, on rappelle que la
fidélité du prototype testé par rapport à la
version finale ne doit pas être trop grande, ou l'on s'attache à
juger un logo et des couleurs ; en outre, le logiciel ne doit être ni
trop « vertical » (fonctionnalité élevée,
variété faible des tâches et des options), ni trop «
horizontal » (tâches et options nombreuses pour une
fonctionnalité faible). Enfin, Nielsen (2000) nous apprend, par
l'analyse statistique d'un grand nombre de tests utilisateurs, que plus nous
observons de participants, moins nous découvrons de problèmes
différents : un seul test utilisateur dévoile en moyenne
30% des problèmes totaux, cinq tests environ 80%, et quinze tests 100%.
Nielsen propose donc de tester trois versions successives de la même
interface avec cinq participants, plutôt qu'une seule version avec quinze
sujets. C'est que « les problèmes sont dûs à
l'interface, non aux utilisateurs ».
En 2002, une étude de Schach (cité in Singh
& Dix, 2006) résume les problèmes récurrents auxquels
sont confrontés les développeurs logiciels : prise en compte des
erreurs ou des crashs systèmes - moins poussée que dans
l'ingénierie traditionnelle -, développement
différencié du hardware et du software,
évolution constante des buts finaux et des impératifs
utilisateurs. Sur la base d'exemples tirés d'expériences
utilisateurs sur le Web, Singh et Dix (2006) montrent que l'intégration
des définitions et des techniques d'IHM, à travers des
méthodes et des modèles de développement modifiant les
« cycles de vie » du logiciel, permet de prendre en compte
l'expérience utilisateur plus tôt dans les processus de conception
et de générer moins de modifications dans les étapes
tardives d'implémentation, et finalement moins de code informatique. Si
développeurs et « designers d'interaction » ont donc une
approche différente de la conception (les premiers cherchant une
solution qui fonctionne, les seconds une solution
utilisable), leurs domaines partagent trop de points communs pour
pouvoir s'exclure mutuellement. En effet, le sentiment de la communauté
des développeurs serait celui d'une application des techniques
liées à l'utilisabilité sur le développement de la
partie visible de l'interface, une fois que le système logiciel
(SE pour Software Engineering) a été
implémenté. La convergence actuelle de ces deux disciplines
montre que l'intégration précoce de leurs techniques respectives
devient incontournable pour la conception de systèmes hautement
utilisables. Ferre, Juristo et Moreno (2006) relèvent que la conception
strictement séparée des éléments d'interface et du
système interne conduit à des contradictions d'usage et de
perception du fonctionnement ; il serait alors utile d'introduire des termes
nouveaux, tels que « design d'interaction » - en tant que
coordination des échanges entre usager et système - pour
faciliter la communication entre les deux communautés. Par ailleurs, le
développement itératif est encore peu prisé dans le monde
du SE : ce serait là un apport conséquent des techniques
- 14 -
d'interaction homme-machine pour la conception de
systèmes moyennement à très complexes, le modèle
itératif étant reconnu pour son efficacité par rapport au
développement dit « en cascade » (waterfall :
analyse, implémentation, installation) et permettant d'assurer que
l'utilisateur reste au centre du processus de conception.
Enfin, accessibilité et utilisabilité ne
devraient plus être les seuls critères évalués lors
de la conception d'un produit d'interaction : Knight (2006) rappelle que, de
plus en plus, les utilisateurs attendent des produits fonctionnels et
supra-fonctionnels (qui font mais aussi expriment), et
considèrent comme valorisantes surtout leurs expériences
volontaires. Le critère « d'engagement » devrait
pouvoir rendre compte des expériences virtuelles, complexes et souvent
« sociales » des utilisateurs d'aujourd'hui. Les études
réalisées suggèrent que de plus en plus de systèmes
d'interaction feront appel aux processus émotionnels et superposeront
des qualités hédonistes ou éthiques à leurs
fonctionnalités de base, à travers une approche à la fois
éthique et esthétique de la conception des produits.
1.4. Objectifs et principes de la présente
étude
Nous nous proposons de fournir à l'équipe de
développement du logiciel NAT les recommandations issues des guides
d'utilisabilité, en particulier celui construit puis corrigé par
Bastien et Scapin (1996). Une première inspection analytique sera
complétée par le recueil direct, en conditions
écologiques, de données d'utilisabilité auprès de
populations potentiellement intéressées par cet outil. Ces tests
seront réalisés en deux temps, selon le principe itératif
de développement recommandé : une première série de
passations permettra de dégager les problèmes majeurs en termes
d'interface et de fonctionnalités et de fournir les conseils
ergonomiques et le dessin technique pour une interface que l'on dira «
interface corrigée ». Une seconde série de tests portant sur
cette interface modifiée pourra permettre de mesurer, de façon
qualitative (par comparaison des verbalisations) et quantitative (par
comparaison du nombre d'opérations effectuées), si
l'utilisabilité de l'application a été
améliorée. Nous nous attacherons, pour ce faire, à
contrebalancer l'effet de l'apprentissage d'une interface à
l'autre, en présentant aux participants les deux versions de
l'application dans deux ordres différents.
- 15 -
2. EXPÉRIENCE
2.1. Méthode
2.1.1. Participants
Deux groupes de cinq participants ont réalisé les
tests d'utilisabilité de NAT. Ces participants
étaient tous en contact avec des déficients visuels
:
- soit en intégration :
deux professeurs en physique-chimie et mathématiques ;
- soit en établissement spécialisé
(cité scolaire René Pellet) :
trois professeurs de physique-chimie, histoire-géographie,
et économie-gestion ;
trois éducateurs spécialisés ;
une orthophoniste ;
une assistante de vie scolaire.
Tous les participants ne produisent pas forcément du
Braille dans leurs fonctions, mais sont sensibilisés aux
matériels spécifiques, aux procédures impliquées et
aux difficultés inhérentes à cette modalité
d'accès à l'information. Sur les dix sujets, neuf étaient
de sexe féminin. Deux sujets déclaraient des niveaux très
faibles en Informatique, les autres un niveau intermédiaire ; aucun
n'avait pris connaissance du logiciel avant les tests. Les règles de
braille abrégé n'étaient connues d'aucun participant.
2.1.2. Matériel
Les deux phases de test n'ont pu, pour des raisons pratiques,
être menées sur le même matériel informatique. Ceci
peut avoir une incidence notamment sur les différences observées
de temps général de passation. Chaque ordinateur possédait
la version testée de NAT, le logiciel de capture «
CamStudio10 » pour l'enregistrement des traces de souris et des
commentaires du sujet ; par ailleurs le logiciel de nettoyage et d'optimisation
« CCleaner11 » était lancé avant chaque
passation12. On notera que la capture vidéo en
arrière-plan au cours d'une passation est à l'origine d'une
consommation de ressources non négligeable, ce qui peut influer sur les
temps de traitement et de réponse de NAT, et donc sur le temps de
passation global.
10 http://camstudio.org/
11
http://www.piriform.com/CCleaner
12 Tous les logiciels cités sont développés
sous licence libre et disponibles gratuitement sur le Web.
- 16 -
Les sujets disposaient, à l'emplacement du Bureau
(Desktop) du PC, d'un dossier à leur nom contenant trois
fichiers nommés en fonction de la tâche à réaliser ;
par exemple :
"1) Transcrire en Intégral - Numérique"
Ces fichiers ne comportaient aucune expression scientifique,
mais quelques majuscules et quelques chiffres, caractères codés
spécifiquement en braille. En annexe C sont reportées les deux
interfaces (originale et corrigée) testées, ainsi que les deux
configurations système du matériel informatique
utilisé.
2.1.3. Procédure
Chaque participant était invité à
accomplir trois tâches à l'aide de NAT. Ces tâches,
représentatives de situations de transcription de texte simple, font
aussi appel à la majorité des fonctionnalités
proposées par le logiciel. Les consignes sont présentées
en annexe D. Aucune information n'était délivrée
concernant le fonctionnement de l'application. Un premier groupe de cinq sujets
réalisait les trois tâches, d'abord sur interface native et sur PC
1, puis sur interface corrigée et PC 2. Le dessin technique et
l'implémentation de cette interface corrigée découlaient
des remarques et difficultés rencontrées par ce groupe sur
l'interface native, ainsi que de l'inspection analytique réalisée
en parallèle des tests utilisateurs. Pour contrebalancer un
éventuel effet d'apprentissage, un second groupe de cinq participants
réalisait les mêmes tâches, d'abord sur interface
corrigée, puis sur interface native, et sur le même PC 2. Si les
sujets étaient informés du fait que les traces du pointeur et
leurs commentaires seraient enregistrés, en revanche aucune consigne ne
leur était donnée concernant les temps de réalisation ou
les verbalisations.
L'analyse des enregistrements a permis le décompte,
pour chaque tâche et chaque sujet :
- du temps de passation ;
- des clics de pointeur et des étapes
parcourues ;
- des fausses manipulations et des erreurs
occasionnées ;
- des remarques « négatives » et des
remarques « positives ».
Pour préciser ces différentes variables, nous
allons prendre pour exemple le déroulement de la troisième
tâche. Celle-ci est constituée de quatre étapes :
- indiquer au logiciel d'inverser le sens de traitement
(dé-transcrire, du braille vers le noir) ;
- choisir le fichier braille à traiter ;
- choisir la configuration prévue («
dé-transcription ») ;
- lancer le traitement ;
- ouvrir l'éditeur.
Pratiquement, cela signifie que dans le cas où le sujet
oublie d'inverser le sens et n'active pas la bonne configuration avant de
lancer le traitement, il effectue alors trois étapes («
fichier », « configuration » et « transcrire ») mais
aussi deux fausses manipulations (« configuration » et
« transcrire », qui l'éloignent de son but) et une erreur
(il s'apprête à écraser le fichier braille qui lui
sert de fichier source, donc à détruire son travail). Par
ailleurs, on notera que les mêmes étapes, en fonction de la
tâche demandée, ne nécessitent pas le même nombre de
clics minimums. Ainsi, pour la tâche 2, l'étape « transcrire
» en abrégé réclame plus de précisions, donc
de clics, de la part de l'utilisateur que pour les tâches 1 et 3. En
résumé, certaines étapes sont considérées
comme des fausses manipulations, dont certaines peuvent conduire à des
erreurs ; et toutes les étapes ne comportent pas le même nombre
d'opérations d'une tâche à l'autre, ainsi qu'au sein d'une
même tâche. Les données optimales pour la réalisation
de chaque tâche sont regroupées dans le tableau 2.
Tableau 2. Clics et étapes strictement
nécessaires à la réalisation des tâches
proposées.
Tâche n°
|
Clics
|
Étapes
|
Moyenne
|
9,33
|
4,66
|
|
|
|
- 17 -
1)
|
3
|
Choisir fichier
|
|
2
|
Configuration
|
|
1
|
Transcrire
|
|
2
|
Ouvrir fichier (numérique)
|
Total :
|
8
|
4
|
2)
|
3
|
Choisir fichier
|
|
2
|
Configuration
|
|
3
|
Transcrire
|
|
1
|
Éditer
|
|
2
|
Embosser
|
Total :
|
11
|
5
|
3)
|
1
|
Inverser le sens
|
|
3
|
Choisir fichier
|
|
2
|
Configuration
|
|
1
|
Dé-transcrire
|
|
2
|
Éditer
|
Total :
|
9
|
5
|
2.2. Résultats
- 18 -
Pour les sept variables dépendantes (issues de
l'analyse de l'enregistrement des tâches réalisées par les
deux groupes de cinq sujets sur les deux versions de
l'application), nous faisons donc l'hypothèse que la moyenne des scores
obtenus avec l'interface corrigée sera meilleure que celle
mesurée sur l'interface originale. Par ailleurs, ces scores devraient
être meilleurs lors de la seconde présentation du logiciel,
puisque le sujet aura bénéficié d'un apprentissage au
cours de la première présentation. Nous appellerons « sens
1) » la présentation de l'interface originale (iO) suivie de
l'interface corrigée (iC), et « sens 2) » le sens inverse (iC
vers iO).
L'expérience est de type « split-plot », avec
un facteur de groupe binaire G (Groupe) à cinq sujets (S), et un facteur
intra-sujet I (Interface) à deux modalités. Le plan
expérimental peut alors s'écrire :
S5 < G2 > * I2
Une analyse de la variance (ANOVA) a permis de
déterminer si les résultats obtenus étaient
significatifs13.
13 Les figures qui suivent sont décrites de façon
succincte en « texte alternatif », par respect pour les règles
d'accessibilité des documents numériques.
- 19 -
2.2.1. Temps de passation
Les temps relevés pour la réussite des trois
tâches sont toujours plus courts pour la seconde interface
présentée. Cependant, cette différence est moins grande
quand la seconde interface est l'interface originale. Dans le sens 1), les
participants sont 2,21 fois plus rapides sur l'interface corrigée ; dans
le sens 2), ils sont 1,37 fois plus rapides sur l'interface originale (cf.
figure 1).
On trouve ici un effet significatif de l'interface :
[I] F(1,8) = 38,86 ; p < 0,0001
- 20 -
2.2.2. Nombre de clics
Les utilisateurs effectuent moins de clics sur l'interface
corrigée, quel que soit le sens de passation (cf. figure 2). En moyenne,
dans le sens 1), les utilisateurs effectuent 2,19 fois moins de clics sur la
seconde interface présentée pour réaliser leurs
tâches, et 1,11 fois plus dans le sens 2).
Cet effet est significatif :
[I] F(1,8) = 15,38 ; p < 0,005
Il y a aussi interaction entre la variable « groupe »
et la modalité d'interface :
[I*G] F(1,8) = 16,95 ; p < 0,004
- 21 -
2.2.3. Nombre d'étapes
Les sujets effectuent moins d'étapes sur la seconde
interface, quel que soit le sens de présentation, mais cette
différence est plus forte lorsque l'interface corrigée est
présentée en premier. En moyenne, dans le sens 1), les
utilisateurs effectuent 1,69 fois moins d'étapes sur l'interface
corrigée pour réaliser leurs tâches. Dans le sens 2), ils
effectuent 1,02 fois moins d'étapes sur l'interface originale (cf.
figure 3).
L'effet est significatif :
[I] F(1,8) = 38,69 ; p < 0,0001
et il y a interaction entre le groupe et l'interface :
[I*G] F(1,8) = 22,02 ; p < 0,003
- 22 -
2.2.4. Nombre de fausses manipulations
En moyenne, les sujets effectuent moins de fausses
manipulations pour la seconde interface présentée. Cet effet est
plus faible lorsque celle-ci est l'interface originale (cf. figure 4).
On trouve un effet significatif de l'interface :
[I] F(1,8) = 9,755 ; p < 0,02
D'autre part, il existe un effet du groupe :
[G] F(1,8) = 6,584 ; p < 0,04
et il y a, de plus, interaction entre le groupe et l'interface
:
[I*G] F(1,8) = 22,02 ; p < 0,04
- 23 -
2.2.5. Nombre d'erreurs
En moyenne, l'utilisateur effectue moins d'erreurs sur
l'interface corrigée, quel que soit le sens de passation (cf. figure
5).
On note un effet tendanciel de l'interface :
[I] F(1,8) = 9,755 ; p < 0,06
Il y a aussi interaction entre le groupe et l'interface :
[I*G] F(1,8) = 22,02 ; p < 0,02
- 24 -
2.2.6. Nombre de remarques négatives
Les sujets verbalisent, en moyenne, moins de remarques
à connotation négative lors du travail sur interface
corrigée que sur interface originale, et ce, quel que soit le sens de
présentation (cf. figure 6).
On trouve un effet significatif de l'interface :
[I] F(1,8) = 37,04 ; p < 0,0001
D'autre part, il existe un effet du groupe :
[G] F(1,8) = 7,58 ; p < 0,03
et il y a interaction entre le groupe et l'interface :
[I*G] F(1,8) = 52,84 ; p < 0,0001
- 25 -
2.2.7. Nombre de remarques positives
Les verbalisations à connotations positives sont plus
nombreuses, en moyenne, lors de la première présentation du
logiciel. Cependant, l'interface corrigée recueille moins de remarques
de ce type que celle originale, lors de la découverte de
l'application.
Cet effet est significatif :
[I] F(1,8) = 13,12 ; p < 0,008
2.2.8. Données subjectives et
qualitatives
Tous les sujets ont pu mener à bien leurs
différentes tâches avec les deux versions de l'application, et
tous se sont dits volontaires pour une utilisation future du logiciel dans le
cadre de leurs activités. Un seul participant a estimé
l'interface originale mieux conçue, plus intuitive et plus
agréable (en seconde présentation) que celle corrigée
(testée en premier). Les verbalisations et commentaires ont
été utilisés pour compléter les recommandations
ergonomiques délivrées à la suite des deux séries
de passation.
- 26 -
3. DISCUSSION
3.1. Données
L'expérience menée consistait à
recueillir, de façon qualitative, les avis de sujets
non-spécialistes sur l'utilisabilité de l'application NAT Braille
2.0, dans l'optique de son amélioration, mais aussi à mesurer,
quantitativement, leurs performances pour étayer l'hypothèse
selon laquelle l'interface corrigée avec leur aide est, sinon plus
efficace, au moins plus efficiente et plus satisfaisante que la version native.
Contrairement aux méthodes décrites dans la littérature,
qui mesurent indirectement l'apprentissage au cours de plusieurs
itérations successives de tests, corrections et implémentations,
nous avons choisi ici de varier l'ordre de présentation des
interfaces afin de contrebalancer son impact sur l'utilisation du logiciel.
L'analyse statistique des résultats obtenus montre un
effet presque toujours significatif de l'interface corrigée sur
l'amélioration des scores des participants ; cet effet reste encore
tendanciel sur la diminution du nombre d'erreurs commises. La manière
dont ont été comptabilisés les clics pointeurs,
puis les étapes, les fausses manipulations et enfin
les erreurs, variables dépendantes en quelque sorte
imbriquées, permet de dégager une interprétation
commune pour ces données : ce serait la multiplication des
opérations qui conduirait l'utilisateur à perdre le fil de la
tâche en cours, et à procéder par « essais-erreurs
» dans la poursuite de son but. Ce type d'interaction avec le
système pourrait provenir d'un manque de clarté, et surtout de
linéarité, dans la présentation des
différentes actions proposées par le logiciel pour la
réalisation de la tâche. Les résultats quantitatifs
suggèrent que le déroulement de la tâche a
entraîné moins d'opérations et s'est fait de façon
plus intuitive et plus efficiente à l'aide de l'interface
corrigée. En dernier ressort, il apparaît que ce sont les temps
globaux de passation qui ont été significativement
améliorés.
Par ailleurs, on observe que les sujets se rapprochent du
nombre optimal moyen d'opérations à l'aide du pointeur (environ
9) lors de l'utilisation de l'interface corrigée après
présentation de l'interface native. Pourtant, cet effet est absent
lorsque le sens de présentation change. De même, l'effet de
l'interface sur d'autres variables est différent selon l'ordre de
passation : présentée après l'interface native,
l'interface corrigée permet de diminuer le nombre d'étapes
effectuées (voisin du score optimal moyen qui est de 4,5 environ) et de
fausses manipulations. En revanche, dans l'ordre inverse, l'utilisateur semble
retomber dans les « pièges exploratoires » de l'interface
originale, même après apprentissage du fonctionnement
général du logiciel avec l'interface corrigée, et
n'améliore plus son score ; on note par ailleurs que, s'il effectue un
peu moins d'étapes et de fausses manipulations, celles-ci conduisent
plus souvent à des erreurs que sur l'interface corrigée. Ce
- 27 -
« lissage » des scores observés lorsque
l'interface corrigée est présentée en premier
suggère que, indépendamment d'un effet d'apprentissage certain
entre les deux tests, l'interface corrigée pourrait permettre de mieux
percevoir le fonctionnement du logiciel, et donc d'orienter les scores
vers ceux optimaux, même lors de l'utilisation de l'interface native.
Ces effets successifs sont probablement à mettre en
lien avec l'évolution des remarques, à caractère
négatif ou positif, verbalisées lors de la réalisation des
tâches. Cette évolution tend à montrer que, si les sujets
sont toujours plus enthousiastes à la découverte de l'application
qu'au cours de sa seconde utilisation, ils semblent aussi avoir tendance
à exprimer plus facilement les difficultés
(déjà rencontrées ou non) sur lesquelles ils
achoppent14. En seconde présentation, l'interface
corrigée recueille ainsi moins de remarques négatives, et plus de
remarques positives, que l'interface native. En revanche, on comptabilise moins
de remarques positives pour cette interface en première utilisation ;
nous n'avons pas effectué de tests de corrélation entre ces types
de données, mais nous pouvons émettre l'hypothèse que,
globalement, l'utilisateur « compense » ses remarques
négatives avec d'autres plus positives ; et que dans le cas où la
réalisation de la tâche ne soulève pas trop de
difficultés, les commentaires (en « bien » ou en « mal
») se font plus rares.
Les commentaires relevés appuient finalement
l'idée qu'une application peut être tout à fait efficace
mais pour autant « mal aimée » si cette efficacité
n'est pas adossée à d'autres critères, en particulier
ergonomiques. Nous donnons en annexe E un aperçu d'une retranscription
de la première rencontre d'un professeur d'intégration avec NAT
(interface native). On remarque que l'utilisateur se rend souvent responsable
de l'échec - mais aussi de la réussite - de la transcription, et
blâme - ou félicite - rarement l'application
elle-même.
Les figures en annexe F soulignent la complexité des
chemins logiques (ou « attentionnels ») empruntés par
l'utilisateur pour mener à bien les tâches proposées sur
l'interface originale par rapport à ceux suivis sur l'interface
corrigée. En particulier, la disposition des éléments de
menus dans l'interface native n'incite pas l'utilisateur à
vérifier ou modifier sa configuration avant de lancer le
processus de transcription. De même, le participant ne fait pas le lien
entre les messages de fin de traitement et l'utilisation de l'éditeur
intégré, reporté en début de fenêtre et qui
constitue pourtant la suite logique de la tâche de transcription. On
comprend alors que les précisions demandées par NaT (sous formes
de fenêtres supplémentaires) pour la transcription de texte en
abrégé perturbent d'autant plus ce cheminement
non-linéaire.
14 Tandis qu'on compte souvent moins d'une verbalisation à
caractère « positif » par passation, celles «
négatives » oscillent entre une et six.
- 28 -
3.2. Inspection analytique
Nous nous sommes appuyés, en parallèle de la
première série de tests utilisateurs, sur le guide
d'utilisabilité et le modèle d'inspection analytique (IA)
proposés par Bastien et Scapin en 1996 pour tenter de dégager les
problématiques inhérentes à l'interface
étudiée (les résultats de cette inspection sont rapidement
exposés en annexe G ; les vrais et faux, positifs et négatifs,
ainsi que les « véritables ratés », y sont
précisés). Nous avons retrouvé - par comparaison des
résultats obtenus avec les remarques émises par les participants
- les critiques développées dans la littérature
vis-à-vis de ce type d'analyse : une précision accrue concernant
les défauts de guidage et d'utilisabilité générale
de l'application, tandis que des difficultés, parfois importantes, qui
apparaissent à des étapes précises ne sont pas
relevées. Il est fort possible que ce décalage entre les
recommandations issues de l'évaluation experte et celles émises
par les sujets proviennent de la tâche : tandis que le
participant est placé dans une situation d'utilisation effective
du logiciel, l'évaluateur, adossé au guide
d'utilisabilité, s'attarde sur des problématiques de surface
(ordre de présentation, complexité des réponses du
système, utilité ou aspect de certains boutons d'interface). Il
aurait donc peut-être fallu réaliser cette inspection dans le
même cadre et avec le même objectif que les utilisateurs,
ce qui aurait sûrement permis de relever plus de défauts
présents « en profondeur » dans l'application.
Rappelons que les participants n'étaient soumis
à aucun impératif d'efficacité ou de temps, hormis leurs
propres contraintes écologiques, lors des différentes
passations : celles-ci prenaient place sur leur lieu professionnel, en des
moments libres de leur emploi du temps, et les tâches proposées
étaient en relation plus ou moins directe avec des aspects de leur
travail. Nous avons estimé que le but principal était, du point
de vue de l'utilisateur potentiel, de parvenir à réaliser la
tâche, voire de pouvoir participer activement, volontairement,
à un projet dont il pense qu'il peut impacter son quotidien. Finalement,
nous estimons que le participant exécute bien la tâche le plus
rapidement et le plus correctement possible, mais selon son
propre emploi du temps, et sa propre motivation. Du point de vue de
l'expérimentateur, le but de la passation est de pouvoir cerner les
raisons d'un éventuel défaut d'utilisabilité, et donc de
laisser le participant explorer, autant qu'il le souhaite et comme il le
souhaite, l'outil avec lequel il est amené à interagir - et qu'il
est invité à « commenter ». De la même
façon, nous avons estimé qu'il était sûrement peu
probable que les futurs utilisateurs de NAT puissent avoir accès
à une formation raisonnable sur ce logiciel, ce qui nous a incité
à ne pas en faire de présentation, même succincte, en
début de passation comme c'est le cas habituellement lors de tests
d'utilisabilité. Nous avons imaginé, au contraire, qu'une
présentation de ses fonctionnalités de la façon la plus
simple qui soit pourrait permettre une prise en
- 29 -
main plus rapide et intuitive ; les nombreuses options de
personnalisation de NAT (qui constitue, en ce sens, un logiciel
extrêmement adaptable) devraient permettre par la suite
d'ajuster le niveau d'expertise du logiciel à celui de son utilisateur.
Dans le temps séparant les deux séries de tests, nous nous sommes
donc attachés à la réorganisation du « système
d'options » de NAT.
3.3. Configurations et options
Les options de l'application permettent en effet de
contrôler à la fois les règles de transcription
utilisées, la mise en page appliquée, le format d'entrée
et de sortie des documents, les options générales d'interface, et
enfin les options avancées du logiciel. Sur l'interface native, il s'est
avéré que les utilisateurs montraient de grandes
difficultés à comprendre la signification des «
configurations » proposées par défaut (dites configurations
système). Or, à peu de choses près, une configuration
enregistre ensemble tous les paramètres décrits
précédemment (cf. figure 8) : l'application testée
présentait ainsi onze configurations système différentes,
quand les recommandations ergonomiques en préconisent douze au
maximum.
On note que la présence de l'« ascenseur »
à droite de l'élément d'interface n'est pas toujours
remarquée, et que certaines configurations deviennent alors
invisibles pour l'utilisateur. Plusieurs termes n'étaient pas
compris des sujets (« mep », « césure », « UTF8
», « 30x27 »...). Par ailleurs, sur l'interface native, les
options de chaque groupe sont réparties en plusieurs onglets (huit) dans
le menu d'options ; et modifier certains items d'un onglet entraîne des
modifications sur d'autres onglets. Par exemple, choisir « Aucune mise en
page » dans l'onglet « 1. Général » modifie le
titre
- 30 -
et les options disponibles de l'onglet « 3. Mise en Page
». Plus généralement, le choix de présentation des
options et leur activation par défaut tendent à montrer que NAT a
été conçu dans une optique d'utilisation experte. La
majorité des contributions utilisateurs ordinaires (recueillies à
distance via le réseau) proviennent d'ailleurs de
spécialistes en transcription braille - voyants ou non - et en
informatique. Dans ce contexte, l'utilisateur non expert de l'un ou l'autre
domaine, désireux de se confronter à ce type d'outil, se retrouve
littéralement en situation de... handicap.
Cet utilisateur devrait pouvoir, en fonction des règles
de transcription, de mise en page, et de
format, construire et enregistrer une ou plusieurs «
configurations utilisateur », qu'il rappellera
ultérieurement en fonction de la tâche à
réaliser. Pour ce faire, nous avons d'abord classé, en lien
avec l'équipe de développement, les variables
contrôlées par les options de NAT en cinq groupes :
- transcription
- mise en page
- formats d'entrée-sortie
- interface
- avancé
Nous avons ensuite fait le lien entre chaque variable et
chaque proposition du menu d'options existant, puis nous avons classé
ces propositions de façon "logique" (par exemple, en tenant compte de
leur caractère « basique » ou « avancé »)
dans chacun de ces cinq groupes.
Fonctionnellement, l'utilisateur pourra créer et
modifier ses règles de transcription ou de mise en page (sortes de
« sous-configurations »), puis les mélanger pour créer
une ou plusieurs configurations de base. Dans ce cas, il peut aussi plus
facilement créer « à la volée » une
configuration précise, pour une tâche atypique par exemple. De
plus, il est renseigné sur ce qui impacte directement le résultat
de sa transcription, séparé de ce qui concerne son «
environnement » de travail, puisque les options d'interface (taille des
fenêtres, accessibilité...) et avancées (gestion des
fichiers temporaires...) n'influent pas sur le résultat final fourni par
NAT. Nous obtenons finalement la conversion des huit onglets du «
système d'options » du logiciel en trois fenêtres de
paramétrages (Mode de transcription, Mise en page et Formats :
cf. figure 9), qui apparaissent à la demande de l'utilisateur en tant
que « détails d'une configuration », et deux fenêtres
d'options (d'interface et avancées).
- 31 -
Le mode (intégral, abrégé,
mathématique) peut ainsi être combiné facilement avec la
mise en page (aérée, basique, compacte) et le format (WindowsTM
ou LinuxTM) pour la création de la configuration voulue. Plutôt
que de décrire ces quelques paramètres dans la liste de choix
déroulante, on préfère inciter l'utilisateur à
découvrir par lui-même leur édition dans les fenêtres
correspondantes, et donc à explorer plus avant les possibilités
offertes par NAT. En annexe H sont reportés les dessins techniques
finaux proposés pour les fenêtres principales, d'éditeurs
et d'options.
3.4. Bilan et perspectives
Nous avons donc pu mettre en évidence des
défauts d'utilisabilité importants de l'application
testée. Les défauts de surface ont renvoyé à des
problématiques plus « profondes » concernant le fonctionnement
global, qui nous ont amené à revoir le paramétrage du
logiciel. Cependant, du point de vue du développement, cette
réorganisation implique un enregistrement des paramètres, leur
prise en compte lors des calculs, et enfin leur présentation par le
biais de l'interface, très éloignés de
l'implémentation actuelle. Comme le prévoyait la
littérature dans ce domaine, ces modifications,
préconisées trop tardivement dans le processus de
développement de l'application, se sont avérées
très gourmandes en codage informatique et en temps. Cette suggestion -
qui s'apparente plus à du « design d'interaction » qu'à
de l'« ergonomie logicielle » -, ainsi que d'autres recommandations
issues de l'inspection analytique ou des tests utilisateurs, avaient donc peu
de chances d'être mises en place sur l'interface corrigée dans le
temps imparti. Si les modifications de surface préconisées sur la
fenêtre principale ont pu être en partie
implémentées, en revanche les remarques concernant la gestion des
erreurs ou l'uniformisation des différentes fonctionnalités de
l'application n'ont pas pu, faute de temps, voir le jour. La refonte du
paramétrage et des options, qui implique de modifier
- 32 -
plus profondément l'implémentation actuelle de
NaT, constituait selon nous un aspect critique de la perception du
fonctionnement du logiciel et de son utilisabilité ; cette modification
a donc été émulée dans la version
corrigée (la fonctionnalité est visible sur l'interface, mais non
implémentée dans le code).
4. CONCLUSION
Si NAT v. 2.0 est sans conteste une des solutions de
transcription braille automatisée les plus efficaces et les plus
puissantes éditées à ce jour, il reste que l'utilisation
efficiente et satisfaisante de ses fonctionnalités - toujours plus
nombreuses, en particulier à la demande de ses utilisateurs actuels - ne
pourra se faire sans une refonte approfondie de son interface graphique et de
ses principes d'interaction avec l'opérateur humain. Une prise en compte
plus exhaustive et « anticipatrice » des possibilités
d'erreurs, une gestion unifiée et précise des fenêtres de
dialogue et des messages système, l'uniformisation globale de la
sémantique, de la charte graphique et de l'emploi des icônes,
enfin et surtout, l'implémentation d'un véritable
éditeur intuitif, sont les défis à relever pour
que NAT puisse bénéficier du succès et de la
popularité qu'il est indéniablement en droit d'attendre.
- 33 -
RÉFÉRENCES
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Presses Universitaires de France.
- 36 -
ANNEXES
Annexe A
Système braille et normes de transcription
Le braille est un système d'écriture tactile
inventé en 1829 par Louis Braille, qui reprend et améliore le
« code Barbier » utilisé dans l'armée
napoléonienne pour la communication écrite de nuit. Le code
braille est basé sur une matrice de six points, dite cellule braille
:
é
|
La cellule braille complète, codant la lettre «
é ».
|
En élevant ou abaissant les points saillants, on
obtient ( 26 - 1 ) = 63 combinaisons, codant pour les
caractères de l'alphabet, les chiffres, la ponctuation ; les
associations de points restantes permettent de coder certains caractères
spéciaux ou certains indicateurs (« @ », « % »,
signe d'italique, majuscule, etc.). Par convention, on numérote les
points braille du haut vers le bas, de gauche à droite. La lettre «
é » est ainsi codée par les points [1,2,3,4,5,6] tandis que
la lettre « a » est codée par le point [1], la lettre « b
» par les points [1,2]... :
« Abbé »
·abbé o
(maj.) a b b é
|
La lettre « o », points [1,3,5].
|
Les points [4,6] sont utilisés pour indiquer que la
lettre suivante sera majuscule ; ils ne codent pour aucune lettre en braille
intégral. En braille dit abrégé, ces
points servent à contracter le son / eur
/, sauf en début de mot :
·lab·
|
« Labeur » en braille abrégé.
|
L a b / eur /
L'expression mathématique plus haut peut aussi se coder,
cette fois à l'aide du braille mathématique :
`(2^6-1)=63 (26 - 1 ) = 63
(math.) ( 2 ^ 6 - 1 ) = 6 3
Il est nécessaire d'indiquer, à l'aide de
caractères spécifiques, qu'il s'agit d'une expression
mathématique (avec le point [6]) puis qu'un chiffre est en exposant
(à l'aide du point [4]).
On comprend alors que, si les caractères restent
identiques d'un type de braille à l'autre, en revanche leur
transcription et leur dé-transcription nécessitent des
étapes d'interprétation des expressions qui vont
au-delà du simple transcodage « caractère à
caractère ».
- 37 -
Annexe B
Récapitulatif succinct des Critères ergonomiques
de Bastien et Scapin (1996)
1. Guidage
1.1. Incitation
Faciliter la navigation, indiquer le mode ou l'état en
cours
Fournir directement les diverses actions possibles
1.2. Groupement / distinction par le format ou le
groupement
Arrangement, positionnement, distinction des items
1.3. Feedback immédiat
Information instantanée de l'utilisateur sur le
résultat de ses actions
1.4. Lisibilité
Caractéristiques lexicales et typographiques :
caractères, mots, phrases
2. Charge de travail
2.1. Brièveté
2.1.1. Concision
Les entrées courtes limitent les risques d'erreurs ; les
items succincts sont mieux lus
2.1.2. Actions minimales
Limiter autant que possible le nombre d'actions pour atteindre
un but
2.2. Densité informationnelle
(Charge de travail prise du point de vue des ensembles
d'éléments et non du point de vue des items)
3. Contrôle explicite
3.1. Actions explicites
Le système effectue uniquement les opérations
demandées, au moment où elles sont demandées 3.2.
Contrôle utilisateur
L'utilisateur doit pouvoir contrôler le déroulement
des traitements informatiques en cours
4. Adaptabilité
4.1. Flexibilité
Capacité de l'interface à s'adapter à des
actions variées de l'utilisateur 4.1. Prise en compte de
l'expérience
Moyens mis en oeuvre pour respecter le niveau d'expertise de
l'utilisateur
5. Gestion des erreurs
5.1. Protection contre les erreurs
Moyens de prévenir les erreurs d'entrée, de
commandes, ou les actions néfastes
5.2. Qualité des messages d'erreurs
Pertinence, facilité de lecture et exactitude des
informations sur les erreurs commises
5.3. Correction des erreurs
Moyens mis à disposition pour la correction d'erreurs
6. Homogénéité /
cohérence
Conservation, ou non, des choix d'interface pour des contextes
identiques ou différents
7. Signifiance des codes et
dénominations
Les codes et significations doivent disposer d'une relation
sémantique forte avec leur référent
8. Compatibilité
Les performances sont meilleures lorsque l'information est
présentée sous une forme directement utilisable.
- 38 -
Annexe C
Interfaces originale et corrigée de NAT Braille 2.0
NAT : Interface originale de la fenêtre principale
- 39 -
NAT : Interface corrigée de la fenêtre
principale.
Se référer à la figure 9. pour la
présentation des détails de la configuration.
Configurations systèmes des ordinateurs
utilisés
PC 1 : WindowsTM Vista ;
Processeur : AMD v.1.20 2,2 GHz ;
RAM : 2 Go ;
Carte graphique : ATi Mobility (Radeon HD 4200 Series).
PC 2 : WindowsTM 7 ;
Processeur : iNTEL Core 2 Duo 2,0 GHz ; RAM : 3 Go ;
Carte graphique : NVidia GeForce 8400.
- 40 -
Annexe D
Consignes pour la réalisation des tâches de
transcription
« Dans le cadre de votre travail avec un élève
déficient visuel, nous allons imaginer que vous souhaitez :
1) obtenir la transcription de l'un de vos documents en braille
intégral, pour transmettre le résultat via clé
USB ( ou mail ) à votre élève ;
2) obtenir la transcription de l'un de vos documents en braille
abrégé,
pour transmettre le résultat sous format papier
à votre élève ( après embossage ) ;
3) obtenir la dé-transcription du dernier Devoir
Surveillé, que votre élève vous a transmis au format
numérique, pour une lecture sur votre éditeur de texte personnel.
»
- 41 -
Annexe E
Extrait de la retranscription d'un test utilisateur (interface
native)
(Tâche 1) Intégral
numérique
03:58 Ouverture boîte de dialogue Mots en
intégral.
« Je vais tenter, mais là, je vais cliquer au pif.
» 04:10 « Non, je ne sais pas, là. »
(explication de l'erreur commise)
04:34 « Pourquoi en abrégé, où est-ce
que je lui ai demandé de transcrire en abrégé, je me suis
trompée ? »
04:40 « Houlà ; intégral aérée,
basique ou compacte alors là ça se complique hein ; ya pas
intégral tout court ? »
(...)
(Tâche 2) Abrégé papier
12:17 Ouverture boîte de dialogue Mots en
intégral. « Non, je me suis trompée. »
14:14 « Je cherche ce que j'ai fait comme bêtise...
»
« Vous ne l'aimez pas, en fait, cette fenêtre ?
» : « Non, pas du tout ! »
« Pourquoi ? » : « Je ne sais pas... elle ne
me plaît pas parce que je ne la comprends pas. »
(ferme la boîte de dialogue)
(...)
(Tâche 3) Dé-transcription
18:04 « Ah mais c'est pas dans le bon sens, ça ; je
peux le changer, ce truc ? » (survol de la flèche)
(...)
-- 42 --
Annexe F
« Chemins logiques» empruntés sur les deux
interfaces en fonction des tâches 1) Sur interface originale
3. Transcrire
5. Ouvrir la transcription
q Cl
Ouvrir I · iscription
L
. nr un fichier déjà transcrit
Çonfigu ration active: Abrégé
aérée {3o x2
).üons
2. Configuration
n de l'existence d'une mise é jour
erreur d'entrée sortie lors de la vérifia
ç Aide
< A propos --
' Quitter
Venu Aide
Document en noir Illicence.txd
i
Document braille Micence-txt nattxt
Sélectionn,- ·fichier en noir
Sélectionner le fichier en braille
4. ( Lecture du résultat )
1. Choisir fichier Noir
Chemin parcouru sur l'interface native pour la réalisation
des tâches 1) et 2). Les carrés signalent des opérations
supplémentaires pour la tâche 2).
1. Inverser le sens
2. Choisir fichier Braille
4. Transcrire
6. Ouvrir la transcription
3. Configuration
5. ( Lecture du résultat )
· .chier en braie
':":°.; Aide
A propos _
g Quitter
Menu Alde
Document en noir I rlicence.h(
Document braille I.Ilicence-brLnattd
j · anscrire
I i
r=ontigu ration active : Abrégré
aérée 43,0r" , césure, · en bas, mep
aérée]
TM erreur d'entrée sortie lors de la vérif dan de
l'existence d'une mise àjour
Sélectionner le fichier en noir
L
., nr un fichier déjà transcrit
itions
Ouvrir IP · nscription
Chemin parcouru sur l'interface native pour la réalisation
de la tâche 3).
2) Sur interface corrigée
Sens actuel: Noir-> Braille
Document en noir Hlicence.t t
a
g inverser le sens
Choisir Orner en noir
0, Oytions
Iw[jr~w Çontiguralion active: II4i
Détranscrenron{Con 6 pour la Détranscription) lm,
CFJ 7
7 ·,,,,,
Détails e ·
atiguratio_
[0 09-
i · Annuler
Ouvrir la. · ..cript c
El Quitter
Menu Aide
NAT · Transcripteur
Document braille 11--_A Choisir le fichier en brae
erreur d'entrée sortie lors de la
vérification de l'e. tente d'une mise àjour
1. Choisir fichier Noir
3. Configuration
5. Transcrire
7. ( Lecture du résultat )
9. Ouvrir la transcription
Chemin parcouru sur l'interface corrigée pour la
réalisation des tâches 1) et 2). Les carrés signalent des
opérations supplémentaires pour la tâche 2).
Le trait pointillé signale une opération
optionnelle (détails de la configuration).
1. Inverser le sens
2. Choisir fichier Braille
Menu Aide
NAT - Transcripteur
4. Configuration
6. Transcrire
7. ( Lecture du résultat )
8. Ouvrir la transcription
g (nve · r le sens
Sens actuel: Noir-> Braille
Document en noir /licence td n Choisir ll
a
ichier en noir
Document braille
|
n Chir r, i0 hier en braille
|
rês. Çonfi gurati on
active: I _-" Détrans cri lotion (Configurut · pour
la Détranscriptionj .
Détails r ! 6 ntiguratlo_
· Annuler
Ir: · Aire
Options
erreur d'entrée sortie lors de la vérification de
l'e.\tente d'une mise a jour
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
k Ouvrir le · riscription
|
|
|
iJ Quitter
|
|
-- 43 --
Chemin parcouru sur l'interface corrigée pour la
réalisation de la tâche 3). Le trait pointillé signale
une opération optionnelle (détails de la configuration).
- 44 -
Annexe G
Inspection analytique de l'interface du logiciel NAT Braille
2.0.
1. Guidage
1.1. Incitation
( Faciliter la navigation, indiquer le mode ou l'état
en cours ) Sens de transcription : flèche
La fonctionnalité du bouton n'est pas évidente. Le
tag de l'élément désigne le résultat de l'action
sur cet élément. Les noms de fichiers dérivés
peuvent devenir confus.
(Vrai Positif)
Configurations actives
La liste est trop complexe (voir concision). Les
abréviations utilisées ne sont pas évidentes (ex. : «
mep ») (voir signifiance des codes / compatibilité). Les types
d'informations fournies varient d'une configuration à l'autre.
(Vrai Positif) Titre des
fenêtres
Les critères ergonomiques recommandent de donner un titre
à chaque fenêtre à l'intérieur d'une application. Ce
critère favorise le repérage du « chemin logiciel »
parcouru par l'utilisateur (analogie avec les chemins des menus Web).
(Faux Positif)
( Fournir directement les diverses actions possibles )
Pas de « scénario » clairement
présenté (présentation temporelle / spatiale).
Les actions sont présentes sur la fenêtre
principale, mais l'utilisateur peut ne pas comprendre leur relation dans la
tâche, ou que d'autres outils sont disponibles : éditeur,
embossage, dé-transcription... Une fois la transcription
terminée, rien ne lui indique la suite des actions possibles ou
nécessaires à entreprendre (voir feedback).
(Vrai Positif)
Par ailleurs, il faudrait pouvoir distinguer les actions «
primaires » (transcrire, inverser le sens...) de celles optionnelles
(options...) (voir groupement / distinction).
(Vrai Positif)
1.2. Groupement / distinction par le format ou le
groupement ( Arrangement, positionnement, distinction des items )
1.2.1. Localisation
On pourrait grouper les items « Ouvrir les fichiers...
» et les items « Ouvrir les transcriptions... ». L'item
d'Options est mal placé ; dans l'interface actuelle, il participe plus
du groupe « Transcrire » que du groupe « Configurations »
auquel il devrait se rapporter.
(Vrai Positif)
1.2.2. Format
Les items de champs d'entrée, de commandes ou
d'informations sont bien distingués entre eux. On pourrait jouer sur la
forme / la couleur pour mieux différencier ces items et les groupes
d'actions auxquels ils appartiennent.
(Faux Positif)
- 45 -
1.3. Feedback immédiat
( Information instantanée de l'utilisateur sur le
résultat de ses actions ) Le feedback général de la
fenêtre principale respecte les recommandations.
(Véritable Raté)
(Le choix de la configuration peut entraîner un traitement
plus long, qui n'est pas renseigné. L'utilisateur pense alors que son
action n'est pas prise en compte et réitère son choix...).
Fenêtre de log
Le renseignement des états de traitement fait partie
des recommandations de feedback. La qualité lexicale du retour de cette
fenêtre n'est pas satisfaisante, employant trop de termes techniques qui
renseignent peu l'utilisateur. Par défaut, la verbosité est trop
élevée, le message final est « noyé ». On peut
mieux mettre en valeur le dernier message d'état final des traitements
attendu par l'utilisateur.
S'il existe un feedback pour les actions
précédentes, il n'y a pas suffisamment d'incitation à la
réalisation d'étapes supplémentaires (ex. : ouvrir le
fichier transcrit dans l'éditeur, embosser...) (voir incitation).
(Vrai Positif)
1.4. Lisibilité
( Caractéristiques lexicales et typographiques :
caractères, mots, phrases ) La lisibilité de la
fenêtre principale est globalement très bonne.
Certains tags d'items sont un peu longs : «
Sélectionner le fichier en noir », « Sélectionner le
fichier en braille » sont redondants avec le tag du champ d'entrée
: « Document en noir : », « Document en braille : »... et
pourraient être regroupés sous une rubrique : «
Sélectionner : » « Fichier noir », « Fichier braille
» (voir : concision).
Les recommandations de lisibilité rappellent que le titre
des fenêtres devrait être centré. (Faux
Positif)
2. Charge de travail
2.1. Brièveté
2.1.1. Concision
( Les entrées courtes limitent les risques d'erreurs
; les items succincts sont mieux lus )
Les items pertinents de la fenêtre principale sont
présentés de façon succincte, sauf peut-être en ce
qui concerne les entrées de fichier (voir : lisibilité).
(Vrai Positif)
2.1.2. Actions minimales
( Limiter autant que possible le nombre d'actions pour
atteindre un but )
À mon sens, le manque de guidage explicite pour les
scénarios de transcription braille basiques et pour la découverte
des possibilités offertes par le logiciel ne permettra pas de remplir ce
critère. Les utilisateurs seront amenés à opérer
dans le cadre d'essais-erreurs qui augmenteront le nombre final d'actions
nécessaires.
(Vrai Positif)
2.2. Densité informationnelle
(Charge de travail prise du point de vue des ensembles
d'éléments et non du point de vue des items)
En particulier : « limiter la densité
informationnelle de l'écran, en affichant seulement les items
nécessaires ». On pourrait observer que les items « Rapport de
bug », « Quitter », « Aide », « À propos
», présentés comme d'importance équivalente (du moins
dans la forme) aux actions principales, peuvent être
considérés comme « superflus ». Ces items pourraient
conserver leur place actuelle dans les menus déroulants du haut de
l'interface.
Comme souligné plus haut, il y a redondance
informationnelle entre les tags « Document en noir/braille » des
champs d'entrée et ceux « Sélectionner le document en
noir/braille » des boutons d'action.
(Vrai Positif)
- 46 -
3. Contrôle explicite
3.1. Actions explicites
( Le système effectue uniquement les opérations
demandées, au moment où elles sont demandées ) Pas de
problématique rencontrée.
3.2. Contrôle utilisateur
( L'utilisateur doit pouvoir contrôler le
déroulement des traitements informatiques en cours )
La fenêtre principale de NAT respecte les
recommandations portant sur le contrôle utilisateur, à l'exception
notable que l'utilisateur ne peut interrompre (Annuler) le traitement en cours
d'une transcription...
(Vrai Positif)
4. Adaptabilité
4.1. Flexibilité
( Capacité de l'interface à s'adapter à
des actions variées de l'utilisateur )
NAT permet la réalisation d'une même tâche
à l'aide de chemins variés (raccourcis système, menus
déroulants, items d'interface...). Il suit donc les recommandations
générales dans ce domaine.
4.1. Prise en compte de l'expérience
( Moyens mis en oeuvre pour respecter le niveau d'expertise de
l'utilisateur )
NAT permet d'obtenir la réalisation de certaines
tâches à l'aide du menu traditionnel, conçu pour un guidage
« pas à pas », ou par l'intermédiaire de raccourcis
pour l'appel direct de certaines fonctionnalités. On peut cependant
observer que le logiciel, en l'état, est présenté pour une
utilisation résolument experte dans les choix de
présentation des options et des configurations, et dans les
critères présentés par défaut.
(Vrai Positif)
5. Gestion des erreurs
5.1. Protection contre les erreurs
( Moyens de prévenir les erreurs d'entrée, de
commandes, ou les actions néfastes )
Pas de problématique rencontrée.
(Véritable Raté)
(Les erreurs d'enregistrement, de saisie d'extensions de
fichiers, de noms de fichiers erronées ne sont pas ou très peu
prises en compte par le système).
5.2. Qualité des messages d'erreurs
( Pertinence, facilité de lecture et exactitude des
informations sur les erreurs commises )
Quelques messages restent surprenants : par exemple, il est
question de « droit d'accès » lors de l'annulation d'un
remplacement de fichier ; l'utilisation de la fenêtre de rapport de bug
conseille de joindre le fichier de log (ou le document de travail ?) mais
n'indique pas comment... Par ailleurs, les champs de cette fenêtre
pourraient être pré-remplis par défaut ?
(Vrai Négatif)
5.3. Correction des erreurs
( Moyens mis à disposition pour la correction d'erreurs
)
Recommandations : « fournir la possibilité de
corriger la portion de données ou de commandes erronées
»...
Note : même si le critère « Actions
Minimales » ne concerne pas les procédures de gestion des erreurs,
les problèmes liés à ce critère peuvent
résulter de mécanismes de correction d'erreurs
inadéquats.
(Vrai Positif)
- 47 -
6. Homogénéité /
cohérence
( Conservation, ou non, des choix d'interface pour des
contextes identiques ou différents )
Les choix d'interface sont homogènes sur la fenêtre
principale de NAT.
Les recommandations insistent sur la similitude :
- de la localisation des titres de fenêtres ;
- des procédures d'accès aux options de menus ;
- de la construction des phrases, messages, tags... ;
On note que la conservation :
- des codes et labels,
- de l'aspect graphique des boutons de commande,
- de l'ordre de présentation des commandes,
se fait mal d'une fenêtre de l'application à
l'autre.
(Faux Positif)
7. Signifiance des codes et
dénominations
( Les codes et significations doivent disposer d'une
relation sémantique forte avec leur référent )
Pas de problématique rencontrée, mises à
part les caractéristiques des configurations proposées ( ex. :
« mep » ).
(Vrai Positif)
8. Compatibilité
( Les performances sont meilleures lorsque l'information est
présentée sous une forme directement utilisable )
Les problématiques rencontrées participent plus
des critères de « Guidage », de « Flexibilité
» ou de « Prise en compte de l'expérience » que de «
Compatibilité ».
- 48 -
Annexe H
Dessins techniques pour le prototype d'interface
corrigée de NAT Braille v. 2.0.
La première planche présente la fenêtre
principale de l'application, et son évolution au cours d'une tâche
de transcription. Nous avons imaginé faire précéder cette
fenêtre d'une petite « fenêtre d'introduction », qui
pourrait être désactivée plus tardivement dans
l'apprentissage du logiciel. Son intérêt est de proposer
directement au lancement de l'application les différentes
fonctionnalités principales de NAT.
Concernant les fenêtres de paramétrages et
d'options, la forme retenue est celle du menu latéral tel que
décrit pour le « Mode de Transcription ». Pour des raisons de
gain de place et de vue d'ensemble de la logique de tri, nous avons
conservé une autre forme de présentation, non retenue (menu
« déroulant » ou « déployable ») telle que
dessinée pour « Options d'Interface ».
|