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La robotique industrielle et la performance qhse

( Télécharger le fichier original )
par Ludovic HERGOTT
IAE Metz - Master II QHSE 2018
  

Disponible en mode multipage

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MÉMOIRE

MASTER II Management de la qualité

Unité Formation Recherche

Institut d'Administration des entreprises

METZ

Les impacts de la robotisation sur l'industrie.
Ludovic HERGOTT

Tuteur académique : Omar BENTAHAR Tuteur d'entreprise : Martin SCHISSLER Jury : Omar BENTAHAR, Houssam TAZI Date de la soutenance : 17 septembre 2018

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Résumé

La robotisation est une technologie qui participe activement à la modification du travail. Elle joue un nouveau rôle et permet à la fois de répondre à différents enjeux. Nous nous proposons de répondre à travers ce mémoire : comment intégrer au mieux la robotisation en prenant compte les effets potentiels de cette technologie sur l'industrie, en y évoquant à la fois les impacts économiques sociaux et environnementaux. Pour se faire une analyse approfondie de la littérature a été mené afin d'en cerner les principes et hypothèses conduites par les chercheurs. Cette étude sera confrontée à l'expérience du réel en y analysant une industrie automobile qui est le secteur industriel disposant du parc robotique le plus important. Seize entretiens semi-directifs ont été menés sur un échantillon issu de différentes catégories socioprofessionnelles, ce qui permet d'établir des constats intéressants et de proposer des pistes d'accompagnement à ce changement, complémentaire de l'apport théorique initial.

Abstract

Robotization is a technology that actively participates in the modification of work. It plays a new role and allows both to answer different issues. We propose to answer through this thesis: how best to integrate robotization by taking into account the potential effects of this technology on the industry, by evoking both social and environmental economic impacts. To do a thorough analysis of the literature was conducted to identify the principles and assumptions led by researchers. This study will be confronted with the experience of reality by analyzing an automobile industry which is the industrial sector with the largest robotic fleet. Sixteen semi-structured interviews were conducted on a sample from different socio-professional categories, which makes it possible to draw up interesting observations and to suggest ways of supporting this change, complementary to the initial theoretical contribution.

Remerciements.

Je tiens à remercier dans un premier temps l'Université de Lorraine et son établissement IAE de Metz ainsi que toutes les personnes du corps professoral et ses intervenants pour m'avoir enseigné les connaissances fondamentales du domaine de la qualité et du management et de façon plus particulière à :

Mr. BENTAHAR Omar : Responsable pédagogique pour m'avoir guidé dans l'élaboration du présent mémoire.

Mr. SCHISSLER : tuteur de formation, pour son soutien au quotidien, son expertise et pour avoir parfaitement tenu son rôle de tuteur.

A l'entreprise Faurecia Hambach Automotive Exteriors pour m'avoir accordé leur confiance lors de mon admission en tant qu'alternant mais également tout au long de mon projet.

Je remercie également les services de production, logistique, administratif, maintenance ainsi que le personnel ayant participé aux projets en amenant une expérience complémentaire dans ma démarche, notamment à ceux qui ont participé aux entretiens me permettant d'avoir une analyse approfondie vis-à-vis de ma problématique.

Je n'oublie pas tous les partenaires avec lesquels j'ai pu collaborer tout au long de mon alternance sans qui, ce projet de recherche n'aurait pas abouti.

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A tous, merci pour le temps que vous m'avez accordé dans l'élaboration de ma recherche.

SOMMAIRE

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1. Introduction 5

PARTIE THÉORIQUE 13

2. La robotisation au coeur d'une nouvelle révolution industrielle. 14

3. Les enjeux de la robotisation dans l'industrie. 16

4. Les apports positifs de la robotisation dans l'industrie 22

5. Les problèmes soulevés par la robotisation 31

6. Pistes de solutions apportées par la théorie 42

7. L'apport de la théorie dans la problématique 48

PARTIE EMPIRIQUE 49

8. Contexte de l'étude empirique 50

9. Méthodologie de recherche 57

10. Résultats de l'étude : 61

11. Les problèmes soulevés dans l'entreprise Faurecia 66

12. Les solutions pour pallier aux problèmes soulevés dans l'entreprise. 71

CONCLUSION 77

ANNEXES 82

Bibliographie 104

Table des illustrations 111

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1. Introduction

Lorsque nous entendons le mot « robot », notre imaginaire nous renvoie généralement à une vision de compagnon servile, androïde ou encore ennemi de l'homme. Nous imaginons moins les robots qui peuplent notre quotidien et qui améliorent notre vie personnelle et professionnelle. Ces derniers visibles ou non, sont constitués d'une nouvelle forme de connaissance : l'intelligence artificielle.

En observant notre quotidien, nous constatons que les robots sont partout et prennent de plus en plus de place dans nos vies. Ce n'est plus un mythe et on constate qu'il a émergé en peu de temps, une forme de réalité sociale suscitant autant de fascination que d'inquiétudes. (Schweitzer, Puig-Verges, 2018).

Le domaine du travail, par son histoire, tend à évoluer et intègre de plus en plus cette nouvelle technologie robotique. Le monde industriel a profondément changé depuis ces dernières années : l'évolution des marchés et la mondialisation impacte les entreprises. Pour répondre aux critères normatifs, à une clientèle exigeante, les entreprises utilisent désormais ces nouveaux alliés robotiques car leur évolution à son stade actuel permet de répondre à de nombreux enjeux.

1.1 L'évolution de la robotisation

La technologie de robotisation puise ses origines dans la science-fiction, plus particulièrement dans la cinématographie, mais est devenue depuis une réalité pour chacun d'entre nous. Avant les robots, il y avait les automates, c'est à dire des dispositifs capable d'agir uniquement selon un programme mais n'ayant aucune capacité de réaction envers leur environnement. C'est en 1920 que le terme robot apparaît pour la première fois, lors d'une pièce de théâtre (Rossum's Universal Robots) mise en scène par Karel Capek où les hommes et les robots (appelés Robota dans la pièce, signifiant «corvée» en Tchèque) cohabitent mais dès le début ces robots considérés comme des «esclaves de métal» sont destinés à réaliser des tâches ingrates, et finissent par se rebeller contre les humains. Ainsi c'est la première mise en scène évoquant la peur de l'homme envers les robots.

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De nos jours le robot est défini comme un système intelligent qui perçoit son environnement à travers des capteurs et qui crée son propre modèle du monde (Kuipers, 2017). Burton, et al. (2017) ajoutent qu'ils ont la capacité à réaliser exactement ce qui a été instruit par l'humain mais dont la résultante n'est pas toujours certaine car ces derniers sont dotés d'un sens de réaction algorithmique extrêmement rapide rendant la compréhension de l'acheminement des étapes de l'algorithme très difficile. La HAX (le plus grand accélérateur du monde) complète la définition comme « un objet pouvant s'adapter à son environnement de façon autonome que ce soit à travers ses mouvements ou ses décisions». Cependant il n'est pas doté d'un sens moral, éthique ou d'une capacité déterminée ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour son environnement (Burton, et al. 2017). Dans l'industrie automobile ils effectuent désormais des tâches de plus en plus variées, tel que assemblage de composants à la chaîne, la vérification de la conformité des pièces, l'acheminement par convoyage des pièces, la mise à disposition des produits sur la ligne (systèmes de logistique AGV) ou encore l'élimination des rebuts.

Les robots bénéficient au moins de l'un des attributs suivants (Becker, 2012) :

l Equipé d'un corps transportant l'ensemble du matériel informatique

l Alimentation électrique et/ou hydraulique, pneumatique

l Dispose de moteurs permettant à l'ensemble de se déplacer

l Perçoit son environnement par le biais de capteurs.

l Capable d'interagir ou de modifier son environnement avec intelligence.

l Agit suivant un comportement intelligent en imitant le comportement humain (on parle alors d'androïde) ou animal (bioide).

l Se mouvoir sans l'intervention humaine, de manière autonome

Le robot est donc un système doté d'intelligence artificielle, issu d'algorithmes introduits par l'homme, capable de générer leurs propres objectifs et interaction en fonction de la situation (Kuipers, 2017). La plus perfectionnée de ces intelligences peut même être capable de prendre ses propres décisions sans avoir besoin d'une intervention humaine.

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Il existe différents types de catégories de robot, notons par exemple :

l Mobiles : Se déplacent dans son environnement, ex : drones,

l Domestiques : Utilisés pour réaliser des tâches du quotidien, ex : robots aspirateurs.

l Industriels : Utilisés pour réaliser des tâches industrielles de manière automatique, programmable, polyvalente et autonome (objet de l'étude).

l collaboratifs (cobots) : Les hommes et les robots réalisent des tâches en coactivité permettant d'améliorer les conditions de travail de l'homme, sans le remplacer.

l Anthropomorphiques-Humanoïdes : Robots ressemblant à l'homme (bipédie, présence de bras, d'une tête)

l Bioides : Robots ressemblant à la faune sauvage...

L'automate est quant à lui un système capable de réaliser des tâches induites par l'homme par le biais d'un algorithme dont les conditions initiales et terminales ne peuvent être modifiées par une forme d'intelligence artificielle (Kuipers, 2017). Ils ne sont pas capables de réagir à leur environnement et n'exécutent qu'une suite de tâches bien définies, sous forme de syntaxe informatique, leur programmation étant donc très primaire. La frontière entre l'automate et le robot est donc l'intelligence artificielle. Ainsi, la robotique et l'intelligence artificielle se rapprochent et convergent vers un mouvement technique et social qui impacte une grande partie des secteurs d'activité actuels. (Schweitzer, Puig-Verge, 2018)

Au quotidien nous utilisons de plus en plus ces systèmes doté d'intelligence artificielle : traducteurs, correcteurs orthographiques, assistants smartphones, etc., et il est intéressant de savoir que ces machines peuvent développer une forme de libre arbitre. Le meilleur exemple réside dans la voiture autonome qui est capable en cas d'urgence de prendre des décisions permettant d'éviter ou de limiter les conséquences des situations graves. Nous constatons alors à tous niveaux (industriels, domestiques, etc..) une migration des « robots d'interventions (exécution de taches par imitation de l'homme) à une robotique d'évaluation/action-décision » (Schweitzer, Puig-Verges, 2018, p 292). Nous parlons plutôt de « processus et d'attitudes évolutives définies par auto-apprentissage » (Dolbeau-Bandin, 2016, p.128). La principale composante de cette évolution étant l'intelligence artificielle.

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1.2 Le concept de l'intelligence artificielle

L'intelligence artificielle est le cerveau même de ces machines de nouvelle génération et sont programmées initialement par des ingénieurs et technicien permettant aux machines de disposer d'un savoir préétabli (Ruskper, 2017). La voiture autonome est par exemple en capacité de définir les priorités de conduite (vitesses, distances, réactions, etc.) selon les données programmées initialement.

La puissance de calcul des processeurs et autres composants électroniques n'est plus l'unique facteur pour que le robot soit capable de s'adapter à son environnement. Cela dépend d'une nouvelle forme d'intelligence robotique conçue sur le modèle d'intelligence en essaim (en référence aux insectes) (De Lacoste, 2017). Ce concept met en avant l'idée que les liaisons entre plusieurs robots peuvent converger vers un « modèle global, complexe et évolutif susceptible d'agir en collectif » introduisant alors le modèle « d'intelligence collective ». (Schweitzer, Puig-Verges, 2018, p 292).

Le Cunn (2015), spécialiste en intelligence artificielle et directeur du secteur recherche et développement de l'intelligence artificielle chez Facebook, décrit cette intelligence comme la capacité du robot à constituer un ensemble d'actions telle que les reconnaissances d'images, l'assemblage de pièces, la conversation, etc. Cette dernière a également la capacité de résoudre les problèmes en utilisant une méthodologie de résolution propre à l'homme en s'inspirant de concepts et schémas de fonctionnement humain. (Ganascia, 2017). Elle permet également d'identifier et de résoudre les problèmes de traitement de l'information. Ces problèmes peuvent être d'ordre quantitatif : un trop grand nombre d'informations rend le traitement trop long, fastidieux voire impossible dans les délais demandés (Marr, 1977) et sous-entend un besoin d'algorithmes qui permet une extrapolation des données des tendances (Federica Minichiello 2017).

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1.2.1 Psychologie des robots.

Dans les années 50, le célèbre Alan Turing réalise le test portant son nom dont l'objectif est de déterminer la présence d'une intelligence dans une machine. Il existe deux catégories distinctes : l'intelligence faible (la moins évoluée, proche de l'automate : basé sur un apprentissage fondé sur un système de règles et comportements ou algorithmes) et l'intelligence artificielle forte (la plus évoluée, proche du robot autonome basée sur un système d'apprentissage de réseau neuronal - profond).

L'apprentissage des robots mène sur une voie de recherche nouvelle provenant de trois facteurs de développement différents (voir fig.1 (Gonzalez et Carlos, 2016)).

Figure 1 : Gonzalez, Carlos M.Machine Design. Dec 2016, Vol. 88 Issue 12, p241

L'apprentissage automatique (machine learning): Les ingénieurs instaurent un programme de base comportant des données issues du monde humain sur lequel apprenant son contenu le robot acquiert une « capacité de généralisation ». (Federica Minichiello 2017 p.2). Celui-ci permet au robot d'apprendre en fonction de son environnement et de l'observation des comportements aux alentours. (Schweitzer, 2010).

1 Mis en forme et traduit par l'auteur, à partir du document original.

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L'apprentissage profond (Deep Learning) : La machine acquiert elle-même du contenu grâce à un réseau de neurones artificiels et s'inspire du cerveau humain, « qui hiérarchise les unités de l'information, les ordonne des plus simples aux plus complexes en toute autonomie et qui peut ainsi « apprendre ». La difficulté principale pour la machine réside dans l'apprentissage non supervisé, la connaissance que seul un être vivant sait traduire de l'observation du monde ou, tout simplement, de l'imprévu » (Federica Minichiello 2017 p.2).

Ainsi nous pouvons distinguer deux formes :

? L'intelligence artificielle faible : Comparable à un automate, ne réalise qu'une simulation du comportement humain.

? L'intelligence artificielle forte : C'est une évolution des concepts et permet au robot d'avoir une conscience d'elle-même.

Ainsi ces facteurs d'intelligence caractérisent le robot et sa singularité qui le « rendent unique », il est la combinaison de quatre capacités (Gelin et Guilhem, 2016, p.8) :

1. La polyvalence du système.

2. La capacité d'interaction avec l'homme.

3. Son degré d'autonomie décisionnelle (adaptation face à une situation).

4. Son aptitude d'apprentissage. (intelligence artificielle)

Pour l'industrie automobile, l'exemple le plus concret réside dans la voiture autonome. Ces voitures de haute technologie sont munies d'intelligence artificielle forte permettant en cas d'urgence de prendre leurs propres décisions, permettant de minimiser la gravité d'un accident. Cette décision initialement programmée par des ingénieurs n'est pas figée et peut évoluer en fonction de son environnement et de ses expériences passées.

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1.3 Les enjeux de demain

Pour garantir sa pérennité dans le temps, l'entreprise doit respecter l'équilibre des secteurs de l'économie, de l'environnement et social (Puesh, 2015). La robotisation est l'une des innovations majeures de notre époque et se voit l'être pour les années à venir (Attali, 2007). Elle permet de développer le caractère « durable » de l'entreprise. Mais il est important de l'utiliser de manière équitable. La modernisation paraît être un axe prioritaire des entreprises automobile qui veulent être plus compétitives et plus attractives pour une clientèle recherchant l'originalité et la customisation.

D'après l'université d'Oxford, plus de 47% des métiers aux Etats-Unis seront robotisés d'ici 2025. Cette technologie offre de grandes opportunités économiques. Elle est donc destinée à prendre une place de plus en plus importante dans notre société et particulièrement dans l'industrie automobile. Il est intéressant de noter que la multiplicité de pratiques et la capacité infinie de programmation permettent d'intégrer cette technologie à de nombreux secteurs : automobile, aérospatial, agroalimentaire, biotechnologie, chimie, électronique, plasturgie, recherche &développement, métallurgie... Cette évolution interroge, par sa nouveauté, mais également pour des questions éthique et morale. Elle pousse à se demander s'il est envisageable de confier du travail à une machine alors que ce même travail était réalisé jusqu'alors par l'homme. On remarque une forte tendance à la crainte sociale car l'homme et la machine sont désormais intimement liés, l'un peut remplacer l'autre. L'un peut-il être dépendant de l'autre ? Le destin de ce monde industriel semble tout tracé mais il est encore temps pour se poser les bonnes questions et essayer de comprendre cette nouvelle mutation pour pouvoir anticiper d'éventuelles dérives.

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Dans ce mémoire de recherche, nous utiliserons et étudierons la littérature proposée et nous compléterons ces recherches à l'aide d'exemples concrets d'entreprises industrielles et celles du monde automobile qui est l'un des secteurs les plus robotisés.

Schweitzer et. Puig-Verges (2018, p 293) indiquent dans leur article « On a longtemps considéré que l'espace de choix du robot se réduisait à quelques options en raison des limites de leur autonomie ; avec l'augmentation de cette capacité, la possibilité des tâches susceptibles d'être accomplies augmente comme l'imprévisibilité des conséquences de leurs résultats. » d'autant plus que les robots dépendent fortement du milieu dans lequel il opère : « le robot industriel évolue dans un milieu conçu et organisé pour le rendement » (Dolbeau-Bandin, 2016, p.128) ce qui nous amène à nous réfléchir sur la problématique suivante :

Comment intégrer au mieux la robotisation dans l'industrie en prenant compte les effets potentiels de cette technologie? Il s'agira alors de déterminer les effets de la robotisation sur la performance de l'entreprise, les obstacles à surmonter et les moyens d'intégrer au mieux cette technologie, pour optimiser son efficacité.

1.4 Structuration du mémoire :

Ce mémoire sera structuré en trois grandes parties : la première partie théorique permettra, grâce à une analyse approfondie de la littérature de comprendre les différents aspects et les effets de cette technologie sur le fonctionnement de l'entreprise. La seconde partie, empirique, permet grâce à une recherche établie sur l'expérimentation terrain de déterminer si les concepts clés déterminés en première partie s'appliquent dans le cadre d'une industrie automobile. Pour y répondre, le mémoire sera conduit par 16 entretiens semi-directifs. Nous disposerons d'une vision approfondie sur le sujet en y évoquant des conclusions originales sur la robotisation et ses effets sur l'industrie. Enfin, la dernière partie : conclusion générale replace les résultats, les grandes tendances, les défis et enjeux qui découlent de l'analyse de ce mémoire.

PARTIE

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THÉORIQUE

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La partie théorique a pour objectif d'étudier la littérature et de déterminer les différents concepts de la robotisation ainsi que les idées de certains chercheurs qui ont eu l'occasion d'étudier en relation avec la problématique du mémoire. Elle apporte donc une justification scientifique des éléments étudiés.

2. La robotisation au coeur d'une nouvelle révolution industrielle.

L'entreprise a connu différents stades d'évolution. La première révolution industrielle provenait essentiellement des métiers manuels et agricoles. A cette époque, les machines étaient déjà élément d'inquiétudes chez les travailleurs (Ostergaard, 2018). Quelques années plus tard ce fût un enjeu majeur pour le président des états unis John Fitzgerald Kennedy : « le plus grand défi des années 1960 est de maintenir le plein emploi au moment où l'automatisation remplace l'homme ».

Aujourd'hui, devant parvenir à maximiser la rentabilité de ses produits, l'entreprise recherche de nouveaux moyens permettant d'agir sur les paramètres internes de son fonctionnement. L'industrie se modernise et vit avec son temps, il en est de même de la façon de travailler, on parle d'évolution du travail. Il est vrai que nous entendons de plus en plus parler de fin du salariat, revenu universel et entreprise 4.0. Le travail, défini comme la façon dont nous nous organisons pour réaliser une valeur ajoutée (Ruskpin, 2017), a profondément changé durant ces derniers siècles. Notons par ailleurs que les mots «entreprises» ou «salariés» sont des notions assez récentes.

Face à la vitesse à laquelle consommateurs et marchés évoluent, les entreprises doivent repenser leurs modèles de production et sans perdre de temps face à une concurrence rude qui tend à se digitaliser davantage et à travailler sur le concept de l'industrie 4.0.

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2.1 L'industrie 4.0

Dans leur article, Xu, L. et al. (2018) décrivent l'industrie 4.0 comme étant la quatrième révolution industrielle. Ils représentent l'orientation des entreprises vers les technologies de robotisation et digitalisation, incluant par exemple : « les systèmes cyber-physiques (CPS), l'Internet des objets (IoT) et l'informatique en nuage2 » (Xu, L. et al. 2018, p.2)

On constate que cette orientation permet de standardiser l'entreprise. C'est une nouvelle forme de langage. Ils indiquent dans le même article que : « L'industrie 4.0 a le potentiel de devenir la langue de production mondiale. Chaque processus utilisé dans un système Industrie 4.0 intègre des technologies existantes et éprouvées avec de nouvelles technologies et applications pour résoudre les problèmes de fabrication.»(GTAI, 2014, p. 29533).

Aujourd'hui, les machines sont connectées en tant que communauté collaborative. Une telle évolution nécessite l'utilisation d'outils de prédiction préalable, afin que les données puissent être systématiquement traitées en informations, pour expliquer les incertitudes, et ainsi prendre des décisions plus « éclairées ».4

Mais le concept de l'industrie 4.0 ne se limite pas uniquement aux robots et à l'automatisation intelligente, mais de tout son processus de fabrication permettant de produire avec une qualité constante et une réduction des coûts ce qui rend les produits plus attractifs pour les consommateurs dans le cas où ces entreprises prennent en compte les enjeux économiques,

2 «as the cyber physical systems (CPS), Internet of Things (IoT) and cloud computing» Xu, L. D., Xu, E. L., & Li, L. (2018). Industry 4.0: state of the art and future trends. International Journal of Production Research, 56(8), 2941-2962. P2

3Industry 4.0 has the potential of becoming the global language of production. Each process used in an Industry 4.0 system integrates existing and proven technologies with new technologies and applications to address manufacturing problems

4Today, in an Industry 4.0 factory, machines are connected as a collaborative community. Such evolution requires the utilization of advance- prediction tools, so that data can be systematically processed into information to explain uncertainties, and thereby make more «informed» decisions.

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sociaux et écologiques pour garantir une pérennité dans le temps (Ostergaard, 2018). C'est alors qu'apparait une nécessité de développement équitable des trois piliers fondamentaux : économique, écologique, social de la robotisation (Puesch, 2015).

3. Les enjeux de la robotisation dans l'industrie. 3.1 Le concept du développement durable

Le développement durable est une notion qui apparait pour la première fois en 1987 dans le rapport de Brundtland, il est question de définir génériquement le développement durable comme un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Rapport Brundtland, 1987).

3.1.1 Schéma de Brundtland

Instaurer une nouvelle technologie ou développer celle existante devrait être pensé en respectant l'équité des trois zones du schéma de Brundtland :

Figure 2 : Beitone, A. (2013). Chapitre 6 - Économie et sociologie du développement. Dans Economie, sociologie

et histoire du monde contemporain (pp. 283).

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Ce schéma met en évidence les interactions sociales, environnementales et économiques ainsi que leurs conséquences en cas d'inégalité et la perte du caractère « durable ». Cela permet de justifier que seule la combinaison équitable des trois zones permet d'obtenir un développement durable de l'organisme dans lequel une robotisation serait développée. Il est important de préciser que ces enjeux doivent être complémentaires et ne peuvent faire l'objet d'une seule priorisation. Développer de manière asymétrique les axes du schéma dirige l'entreprise vers des inégalités d'enjeux.

Or, la robotique est une technologie utilisatrice importante d'énergie et de matériaux que certains pays utilisent de manière disproportionnée. Mais la Terre ne peut fournir autant de ressources pour continuer à développer ces pays et ceux en voie de développement industriel avec le même niveau d'énergie et de ressources (Nair, 2011). L'entreprise doit s'inscrire dans une démarche de développement durable afin de répondre à la fois aux enjeux économiques tout en étant socialement équitable et être tolérable environnementalement (Puesh, 2015).

Elle ne doit donc pas être dans la recherche du profit en délaissant les aspects sociaux et environnementaux car ces derniers font partie du cadre de cette même entreprise. (Badredine et Djaouahdou 2017).

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3.2 L'enjeu environnemental de la robotisation :

Les entreprises sont de plus en plus concernées par l'environnement et investissent dans la recherche et développement en prenant compte de l'aspect environnemental. Ce postulat, décrit par Simon (2017) dans sa note pour les Échos, nous donne les différents enjeux environnementaux, développement des énergies renouvelables à la place des énergies fossiles, prise en compte du changement climatique, protection de l'environnement grâce au déploiement de nouvelles technologies intelligentes, tel que les robots avec analyse de la consommation ou encore avancée sur les standards écologiques. Ce sont autant de points qu'il est important à prendre en considération lorsque l'entreprise souhaite intégrer ces nouveaux robots dans sa sphère industrielle pour conserver son leadership.

Grâce au développement exponentiel des technologies, on remarque une amélioration des robots avec une intégration de capteurs intelligents. Ils permettent l'optimisation de certains traitements de la consommation d'énergie et donnent des informations sur leurs utilisations. Ainsi le robot est capable de d'adapter son usage énergétique en fonction des circonstances et des situations dans lesquelles il se situe. Il est important de garder un même niveau d'équité pour répondre à ces critères. Walker et Wendy Philips (2006) proposent par exemple un développement économique et social soumis à des contraintes afin de minimiser les impacts négatifs sur l'environnement.

L'investissement pour la mise en place d'un robot industriel est amorti sur 2 ans après son intégration dans l'entreprise (Bugmann et al. 2011), mais les robots industriels consomment beaucoup d'électricité : les principaux coûts de la robotisation une fois en place (en fonctionnement normal) sont liés à l'utilisation d'énergie.

Sa consommation journalière est estimée à 150KWh, soit trois fois plus que celle d'un foyer en Europe et onze fois plus qu'un foyer en Asie. (Bugmann et al. 2011). Cependant, il est intéressant de constater que les coûts journaliers d'un robot aux Etats-Unis sont estimés à 0,3US$ de l'heure (0,26€ /h), soit 50 fois inférieur comparé à ceux d'un ouvrier (Potter R., 2004)), mais l'utilisation de la ressource énergétique, même à bas coût ne peut pas être négligée. (Bugmann et al. 2011).

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3.3 L'enjeu social de la robotisation:

Cet enjeu se traduit par le respect de plusieurs critères faisant actuellement l'objet de nombreux débats. Il est notamment question de respecter le partage des ressources financières issues des robots qui réalisaient jusqu'alors les tâches précédemment effectuées par l'Homme afin de réduire les inégalités.

Les robots génèrent un bénéfice et réduisent les coûts généraux de fonctionnement d'entreprise. Ces bénéfices devraient être partagés pour éviter le phénomène d'inégalité sociale (Schweitzer, Puig-Verges, 2008).

L'enjeu du respect des conditions de travail intervient également dans cet axe. Les entreprises peuvent désormais effectuer des tâches lourdes et pénibles tout en respectant les normes de sécurité associées en se délestant de nombreuses contraintes physiques. Elles peuvent désormais agir sur de nombreux paramètres de production sans interférer sur les conditions de travail de l'homme. Cependant cet enjeu d'attribution des tâches ne doit pas interférer avec l'attribution des métiers. Ainsi, l'entreprise doit trouver le juste équilibre entre respect des conditions de travail, d'hygiène de vie et la prise en compte des attentes de leurs salariés.

Les enjeux sociaux de la robotisation feront l'objet de développement plus détaillés dans la suite de ce mémoire.

3.4 L'enjeu économique :

L'enjeu économique est capital pour une entreprise. Elle doit être capable de développer sa performance économique en prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux. Face à la concurrence et au marché de plus en plus strict sur le produit, elle doit répondre aux objectifs de qualité (coût, délais, satisfaction client) pour rester compétitive (Gillet-Goinard et Seno, 2016). Le cahier des charges lié au produit devient de plus en plus strict et demande à l'entreprise de s'adapter à ces besoins. La montée en gamme, les exigences strictes du monde automobile et la croissance de la sphère technologique dépassent les compétences humaines. La

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performance de l'Homme ne permet plus de répondre à elle seule aux exigences des clients. Pour répondre dans les délais imposés, s'adapter aux contraintes technologiques et s'assurer de la conformité du produit, les entreprises doivent prendre en considération la possibilité qu'offre la robotisation. Dans la sphère automobile elle augmente à elle seule d'au moins 30% par an à l'échelle mondiale Attali, J. (2007).

Amazon, géant de la vente a investi près de $700M en 2012 sur sa branche Amazon Robotics afin de robotiser sa chaine logistique et gestion des colis. Cette même entreprise développe en parallèle un système de reconnaissance visuelle des produits et de caisse robotisée afin de maximiser la performance économique de ses magasins de demain.

L'ensemble de ces enjeux dépendent de la politique de l'entreprise, de ses dirigeant et de ses ambitions, mais dépendent également du pays dans lequel plusieurs règles viennent interférer avec ces décisions, nous parlons ainsi d'une géopolitique de la Robotique (Ruskin, 2017).

3.5 Géopolitique de la robotique

La robotique touche différents secteurs, les plus connus étant le domaine de l'industrie, la santé, transport, défense mais il est intéressant de noter que les pays se spécialisent dans des développements particuliers de robotisation.

La France est l'un des pays européens les moins robotisés et a été classée selon la Fédération internationale de la robotique (IFR) au 18ème rang, bien loin de son voisin allemand (3ème). L'industrie française dispose d'un parc de 32.000 robots actifs (2016). Ce chiffre peut paraître élevé mais il est cinq fois plus bas qu'en Allemagne, premier producteur de robots en Europe. Cependant on constate une originalité dans les statistiques provenant du World Robotics Report : alors que la France occupe la 18ème place dans la robotisation globale, elle est l'un des pays les plus robotisés dans le domaine de l'industrie automobile et occupe la 2ème place en Europe (WRR, 2016). On note ainsi une augmentation de 22% du parc robotique automobile durant l'année 2016 pour atteindre 1400 unités. La France est également douée dans l'expertise et les connaissances liées à cette technologie.

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Nos voisins allemands disposent actuellement d'une culture et d'une vision vis-à-vis de la robotisation différente de nous. «Regarder de près le cas de l'Allemagne s'avère particulièrement intéressant, car cette économie est une plus grosse utilisatrice de robots que les Etats-Unis, et c'est également un pays producteur.» (Chavagneux, 2017, p 96). D'autant plus que le marché automobile y est le plus développé avec un parc de constructeurs étonnant.

Aux Etats-Unis, ces robots intelligents trouvent leur domaine dans la recherche, plus particulièrement dans l'aérospatial avec notamment le robot Curiosity qui explore depuis 2012 la planète Mars. Mais nous pouvons également constater que le domaine de la défense dispose d'une avancée majeure dans cette robotisation. Drones et androïdes servent à surveiller ou à combattre à distance. Selon le cabinet WinterGreen Research, le marché du robot défense (bulls, robots tout terrain de transport d'équipement militaires), va tripler d'ici 2021.

Enfin, le Japon, considéré comme le pays de la robotique (Ruskin, 2017), développe la recherche de robotique améliorant le quotidien. Cette observation est justifiée par la population japonaise, étant la plus âgée au monde.

On note une disparité au niveau des pays. Par exemple, dans l'Union Européenne, on constate un écart important entre la France et l'Allemagne; Selon Ulmer (2017, p.18), « En Allemagne, les technologies de l'industrie 4.0 sont intégrées dans les cursus de formation depuis deux ou trois ans, ce qui n'est que très modestement le cas dans l'hexagone. Ce point de la formation est pourtant central, tant les inquiétudes face à la robotisation des emplois sont importantes. Il y a une tendance encore trop forte de nos politiques publiques à se concentrer sur les aspects techniques et à minimiser les changements requis en termes de compétences, mais aussi d'organisation du travail. ». L'auteur nous oriente fortement vers la formation et les compétences des individus, qui ne font pas l'objet de la stratégie politique française actuelle. Ce constat est également soutenu par Arthus (2017), qui nous indique que la France possède deux fois moins de robots industriels que nos voisins allemands par salarié, ce qui implique que la France investissent dans de vieilles machines.

Par conséquent les enjeux de la robotique et son ampleur varient selon les pays et montre que la culture donne une perception différente face à la robotisation. Ces pays peuvent donc apporter des effets positifs ou négatifs différents en fonction de leur histoire.

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4. Les apports positifs de la robotisation dans l'industrie

Nous allons à présent mettre en évidence les apports positifs de la robotisation dans l'industrie. Nous décomposerons notre analyse suivant les trois facettes indissociables du développement durable, au service de l'entreprise : l'environnement, l'aspect social et la performance économique.

Dans cette révolution industrielle, les robots pourraient réaliser les tâches dites ingrates en libérant les hommes des tâches répétitives et dangereuses. De fait, cela permettrait de transformer notre rapport au travail en créant les emplois de demain et des métiers qui mobilisent nos capacités cognitives ou créatives. « Cette proximité avec l'homme ouvre pour la robotique un champ nouveau, celui de l'observation et de l'interaction avec l'homme et ce, à différentes étapes de son cursus existentiel » (Schweitzer et Puig-Verges p.292).

4.1 L'aspect économique :

La robotisation agit sur le triangle de la qualité : respect des coûts, des délais et de la satisfaction clientèle. Elle permet de répondre aux enjeux économiques des secteurs d'activités humaines et industrielles (Puesh, 2015 ; Bairoch, 2017). Développer la technique par la robotique permet indubitablement de développer la performance de l'entreprise. Le scientifique Kociemba (2012, p.16) définit les différentes valeurs ajoutées qu'apporte la robotisation dans l'industrie.

«Le système robotisé doit pouvoir suivre et contrôler la variabilité des pièces et des processus. Pour obtenir des résultats robustes et précis, le système robotisé doit être pourvu de fonctions complexes et nombreuses, telles que» :

l Le contrôle de force,

l La compensation active (compliance),

l L'usinage adaptatif,

l L'usinage en boucle fermée,

l Le calibrage,

l

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Le capteur laser,

l Le système de vision,

l La vérification exploratoire (probing), etc.

La robotisation est une réduction indéniable des différents coûts économique, dont celui de la main d'oeuvre qui est une charge importante sur les entreprises. En effet, l'impact économique du robot réside dans son prix d'achat, d'utilisation, de maintenance et de fin de vie en garantissant une disponibilité et un maximum de capacité (Urso, 1998). Cette vision pourrait être similaire au cycle de vie du produit. Or il est constaté que la charge est plus rapidement rentabilisée avec la mise en place d'un tel système dans l'industrie. La qualité du produit étant conduite par la satisfaction du client, l'entreprise constate une hausse des critères «qualité» dans le cahier des charges fonctionnel, ce phénomène est d'autant plus justifié dans le monde très strict de l'automobile. Pour répondre à cette demande et exigences du client ou réglementaires, la robotisation permet une montée globale de la qualité et de la cohérence du produit.

La cadence de production pose également plusieurs questions, l'humain se fatigue et peut se blesser ou perdre l'attention en fonction de la pénibilité de la tâche à réaliser. Intuitivement on constate une baisse de cadence lié à cette perte de vigilance. Le robot permet de pallier ce problème en n'ayant pas ces contraintes physiques et permet même de les dépasser en proposant des performances de production plus élevées. La cadence requiert un niveau de concentration élevé et demande à l'individu de concentrer ses performances cognitives vers un même point d'émergence. Il est peu probable qu'une personne soit capable de réaliser plusieurs tâches à la fois en gardant une cadence similaire et un niveau de vigilance élevé. Associer le robot à ces tâches permet de réaliser des productions et changements beaucoup plus rapides (Edip, 2017).

L'entreprise est en quête du zéro défaut. Pour y parvenir, celle-ci doit maîtriser sa ligne de production et être en situation de qualité totale. On constate une demande aux opérateurs d'être garants de la qualité fournie aux différentes étapes du processus de fabrication, et de réaliser des contrôles réguliers de pièces. Mais ce point pose actuellement question : Nous entrons dans le domaine de compétence propre dudit salarié réalisant le contrôle. Cette variable peut aussi dépendre du niveau de compétence de la personne, mais également de l'état physico-psychique dans lequel les individus se trouvent. Peuvent-ils juger de la conformité d'une pièce

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en se référant uniquement à la vue ? Un intérimaire aurait-il le même avis de conformité qu'une personne plus expérimentée ?

L'intérêt que portent les entreprises pour la robotisation permet de ne plus porter un avis subjectif sur l'état de conformité d'une pièce et permet également de traiter le phénomène de masse d'information qu'il serait impossible (en respectant les temps de cycle) d'obtenir avec un travail réalisé par l'homme. Le robot, dispose d'une base de données limitée uniquement à sa capacité de stockage (étant de nos jour proche de l'infini), et peut déterminer en fonction de plusieurs critères (couleur, texture, dimensions...) la conformité d'une pièce et par le biais de son intelligence artificielle décider des conduites à tenir pour pallier le défaut constaté (Edip, 2017).

Voici certains des avantages de l'acquisition de systèmes de finition robotisés :

l Une réduction directe du coût de la main-d'oeuvre ;

l Une amélioration de la qualité et de la cohérence en éliminant la subjectivité inhérente à l'humain ;

l Une ergonomie et une sécurité améliorées ;

l Une augmentation du débit ;

l La capacité à gérer plusieurs types de pièces, avec des changements rapides ;

l La réduction des coûts des consommables (pouvant aller jusqu'à 75%) ;

l L'inspection et la validation automatisées ;

l L'usinage de nouvelles pièces facilité.

La robotisation apporte son lot indéniable d'amélioration dans un organisme, c'est généralement cet enjeu économique qui fait de la robotisation une source de choix pour les industriels, mais d'autres aspects viennent compléter cette liste positive.

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4.2 L'aspect Environnemental

L'enjeu de la robotisation dans cet axe est de déterminer quels seraient les impacts sur l'environnement en étudiant d'un côté le cycle de vie du robot (avec toutes les phases : du puisement des ressource pour la fabrication, au recyclage du système et les ressources économisées grâce au déploiement de telles technologies, baisse du temps de travail, du nombre de salariés impactant une chute des transports avec diminution des consommations en carburant...). L'axe écologique n'est que rarement prioritaire pour les entreprises et passe en second ou troisième position est n'est alors qu'anecdotique dans la sphère environnementale alors que cette dernière présente des atouts et avantages certains (Gremillet, 2012).

La robotique industrielle dispose d'une forte valeur ajoutée environnementale : « efficacité énergétique, réduction des besoins en matières et des rebuts, etc. Mais ce n'est pas son but premier. On s'approche d'objectifs environnementaux avec la promesse des véhicules autonomes de réduire les émissions de CO2 en optimisant les flux et la mobilité urbaine. L'horizon est de dix à quinze ans » (Simon, 2017, Les Échos). Dans cette note, on s'aperçoit que l'aspect des robots écologiques n'est que très peu développée dans le monde alors qu'ils disposent d'un potentiel technologique, environnemental et économique important.

En développant les robots et leurs domaines d'expertise, ces derniers donnent accès à de nouvelles techniques accordant le recyclage de certaines ressources issues de rebuts, jusqu'alors non traitées, telles que la détection de certains plastiques des processus de production automobile grâce aux capteurs spectroscopiques (Bugmann et al. 2011).

Bugmann et al. (2011, p.2) se sont concentrés sur les solutions qu'apporte la robotique dans le milieu environnemental. Les principaux bénéfices sont, selon eux, les suivants :

? Une réduction des déchets industriels par une meilleure production de pièces.

? De nouvelles méthodes de production permettant de générer des sous-produits moins polluants.

? La capacité de réparer certains produits irréparables jusqu'alors. L'auteur prend pour exemple la capacité des robots de manipuler des composants de petite taille (téléphones portables, ordinateurs...).

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? Leurs technologies d'intelligence artificielle permettant de gérer la consommation d'énergie des systèmes (mise en veille anticipée, arrêt machine...).

? La possibilité de réduire les coûts liés aux transports des individus, notamment par la possibilité d'être actionnés / commandés à distance.

? Grâce aux nombreux capteurs, l'établissement d'une surveillance de la qualité de l'environnement local (eau / air) permettant d'améliorer les conditions de travail des individus aux alentours et d'agir en conséquence sur d'éventuels polluants.

? Une utilisation logique, prédictive des ressources et flux logistiques minimisant les déplacements / utilisations de ressources nécessaires.

C'est ainsi que la considération à juste titre de l'aspect environnemental permet d'accroître la performance de l'entreprise, en lui accordant également une image d'entreprise écologique dont les retombées positives peuvent être nettement supérieures aux attentes initiales.

4.3 L'aspect Social.

Robotiser l'industrie ne signifie pas forcément remplacer l'homme par un robot : l'exemple le plus concret concerne le « Cobot » ou autrement dit le robot collaboratif. Ruskin (2017) précise que ces derniers sont destinés à alléger ou assister le travail des hommes, et non à les remplacer. Il est intéressant de constater qu'une nouvelle pensée émerge parmi tous ces témoignages et permettent de montrer qu'une certaine forme de bénéfice pourrait impacter les conditions de travail des différents salariés du monde industriel.

Une étude menée en Allemagne permet de mettre en évidence des conclusions fortes sur l'impact de la robotisation sur les emplois : «Selon l'International Federation of Robotics, le monde compte en 2017 deux millions de robots industriels en activité, un doublement depuis 2010.» (Chavagneux, 2017, p.1). Elle cherche alors à démontrer si en Allemagne la robotisation a dès lors un fort impact sur l'emploi, sachant que c'est le pays européen ayant le plus grand parc robotique et étant l'un des plus grands producteurs surtout dans le domaine automobile.

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L'étude permet de mettre en évidence des «conclusions plutôt originales» (Chavagneux, 2017, p.1). Alors que nous avions vu précédemment le cas américain qui montrait l'impact négatif, celle-ci permet d'en tirer d'autres conclusions :

La première conclusion est d'affirmer que «La robotisation de l'industrie allemande n'a aucun effet sur l'emploi global.» Il est important de noter que l'étude précise «l'emploi global». (Chavagneux, 2017, p.1). En effet ce postulat est intimement lié avec la deuxième conclusion : «ce non-effet global résulte d'un basculement des emplois de l'industrie vers les autres secteurs.». Elle permet alors de mettre en évidence la convergence des emplois : «un robot de plus entraîne deux emplois de moins dans l'industrie manufacturière(Chavagneux, 2017, p.1). Ces données sont alors précisées avec l'étude menée sur une période de 20 ans (de 1994 à 2014) donnant ainsi une information sur le nombre d'emplois disparu (275 000) pour donner suite à une instauration de robots, soit une baisse de 23% dans le secteur. Mais cette même étude permet de constater que «ces pertes ont été compensées par des créations dans les autres secteurs» (Chavagneux, 2017, p.1).

L'étude ne recherche pas uniquement à déterminer l'impact de la robotisation sur le transfert de l'emploi mais recherche également à comprendre le parcours des salariés et concluent sur un autre fait étonnant : «ceux qui travaillent dans les secteurs les plus exposés à la robotisation ont une probabilité plus importante d'être en emploi que les autres. Et il y a même une grande chance pour qu'ils aient conservé leur emploi dans leur usine d'origine» (Chavagneux, 2017, p.1). Cette information permet d'appréhender une autre approche de la robotisation, différente de celle qui est considéré comme destructrice d'emploi, mais plutôt permettant de transférer l'emploi vers d'autres secteurs plus innovants.

Cependant, ces constats doivent être nuancés notamment en France, car ils supposent que les compétences des salariés suivent sinon ils seront dépassés et ne pourront pas s'adapter. Des nouveaux métiers apparaissent suivant le concept de destruction créatrice mis en évidence par Schumpeter, ce concept indique qu'une suppression d'emploi n'est pas fatale : elle permet d'en créer d'autres et parfois beaucoup plus bénéfique pour l'individu.

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4.3.1 Principe de destruction créatrice : Le concept de Schumpeter

Le principe de destruction - création de Schumpeter et son concept de « destruction créatrice » (Schumpeter, 1942) sont des notions qui nuancent la suppression d'emploi. Selon l'auteur, p 106, « L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, f...], constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle - si l'on me passe cette expression biologique - qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. ». Schumpeter part du constat que toute innovation économique dans un secteur s'accompagne d'une destruction des structures antérieures.

On constate que cette technologie aide les entreprises à créer de nouveaux emplois dans des zones géographiques différentes. Le cas de La Rust Belt, aux Etats unis en est un bon exemple avec la perte de nombreux emplois transférés vers la Silicon Valley générant des pertes locales mais une hausse d'emplois nets. (Ostergaard, 2018). Pour accéder à ces emplois délocalisés, il est important pour le salarié de monter en compétence et se former dans de nouvelles structures permettant l'adéquation aux nouveaux objectifs d'entreprise.

4.3.2 La montée en compétence des salariés.

La hausse en compétence technique de nos machines et le développement de cette nouvelle forme de travail issue de l'intelligence artificielle permet d'améliorer de manière significative les compétences des salariés et à tous les niveaux (Popper, 2017).

Thibault Bidet-Mayer, responsable de projet du think tank La fabrique de l'industrie indique que tous les salariés devront à terme savoir programmer car l'évolution du travail va faire disparaitre les tâches exécutives. Ceci implique une restructuration de l'organisation de l'entreprise vers des modèles plus autonomes et donnant plus de responsabilités aux employés (Popper, 2017).

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Pour répondre à cet enjeu de montée en compétence la formation est donc essentielle et plusieurs solutions sont disponible telles que la formation en continue des salariés (Popper, 2017). Les entreprises ont correctement cerné ce besoin et investissent de plus en plus dans la formation de ses employés. C'est notamment le cas du groupe Schmidt, qui à développé la digitalisation et la formation de ses salariés à hauteur de 6% de la masse salariale (Popper, 2017). Ce besoin de « monter en compétence » est devenu essentiel car il permet également de répondre au besoin des générations dont le rapport au travail change, on parle désormais de choc des générations.

4.3.3 Un choc de génération.

Désormais les salariés, et en particulier les nouvelles générations, ne cherchent pas uniquement à obtenir un emploi, ils cherchent également un travail qui ait un sens. Lyons et Kuron (2014) définissent une génération comme un « groupe de personnes nés dans le même contexte historique et socio-culturel, qui éprouvent les mêmes expériences formatrices et développent des points communs unificateurs en conséquence.5 »

La génération « Y », c'est-à-dire ceux qui sont nés à la fin des années 1970 début des années 1980, jusqu'à la fin des années 1990 Lyons & Kuron, (2014, p.1426) s'inscrivent particulièrement dans ce constat et c'est cette génération qui pénètre actuellement le marché du travail, d'où l'intérêt de prendre en référence cette génération « Y ».

Le bureau australien de statistiques (Australian Bureau of Statistics [ABS], (2013) ajoute que cette génération « Y » recherche un meilleur équilibre de vie avec des préoccupations liées à

5 `group of individuals born within the same historical and socio-cultural context, who experience the same formative experiences and develop unifying commonalities as a result' (Lyons & Kuron, 2014, p. S140)

6those born between the late 1970s to early 1980s and the late 1990s', Lyons & Kuron, 2014, p.

S142)

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la sécurité de l'emploi, avec un rapprochement envers les technologies, une meilleure éducation et souhaitent être mobile.

Winter et al. (2016) complètent que les générations « Y » exposées au monde digital et constamment soutenu par leurs parents et professeurs ont eu une influence significative sur l'aspect social ce qui permet d'expliquer pourquoi cette génération est en constante recherche de communication. Ce point de vue est notamment développé par Myers & Sadaghini, (2010, p.229) : la « communication avec les superviseurs doit être plus fréquent, plus positif, et plus affirmatif que cela n'a été le cas avec les employés des générations précédentes. ». La vision de la robotisation et des nouvelles technologies associées peut alors être dépendante de l'identité de génération (Joshi et al., 2010). La compréhension de la génération est donc centrale pour déterminer la façon de manager la génération concernée et des valeurs du travail (Cogin, 2012).

Figure 3 : Valeur du travail des générations Y (Richard P. Winter p.2005)

Dans ce principe, les entreprises ne peuvent plus se contenter à donner des tâches à effectuer en échange d'un salaire mais au contraire cherchent à montrer comment chaque employé participe à son échelle, au développement de l'entreprise. La robotisation permet à son échelle de remplacer l'homme dans ses travaux les plus pénibles. Mais face à ce lot d'apport

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positif, la robotisation peut être source de problème, surtout lorsque celle-ci est mal accompagnée par l'ensemble des parties prenantes du projet de robotisation. Comment attribuer à ces individus, et ceux des nouvelles générations, un travail qui ait un sens, alors que des métiers dont la communication joue un rôle fondamental disparaissent ? Nous allons donc déterminer les principaux problèmes de la robotisation ainsi que les actions à mettre en oeuvre pour l'accompagner dans les meilleures conditions pour faire de cette technologie un véritable allié.

5. Les problèmes soulevés par la robotisation

Comme constaté l'industrie change et connaît une expansion en acquisition de robots. L'intérêt de cette partie est d'exposer les limites de cette robotisation et de comprendre quels sont les risques pour l'industrie. Il est fréquent de voir dans la littérature une crainte générale liée à cette technologie menant vers des impacts nuisibles pour la société, mais quels sont ces impacts tant redoutés ?

Lecoz (2016) identifie les principaux problèmes de la robotisation auxquels les entreprises sont aujourd'hui confrontées :

· L'absence de réglementation

· La non acceptation sociale des robots par une crainte de la hausse du chômage, le phénomène de résistance au changement apparaît dans cette situation.

· Les coûts liés au développement, à l'intégration et à l'amélioration de cette technologie qui sont extrêmement importants.

· Une précision insuffisante pour certaines applications telles que la reconnaissance d'objets,

· Des problèmes liés à la sécurité des données récoltées notamment avec leur utilisation et leur analyse.

· Un coût économique important, lié à la maintenance et l'obsolescence des systèmes Une absence de réglementation rendant la maitrise réglementaire de cette technologie difficile.

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5.1 Des problèmes liés à une non-acceptation sociale.

Il est évident que sous la masse des témoignages recueillis dans les différents ouvrages c'est cet aspect qui fait le plus parler de lui. L'aspect social est directement impacté par cette montée technologique et a tendance à faire peur aux salariés. On constate également une anxiété quantitative relative aux pertes d'emplois potentiels lié au développement de la robotisation. Cependant cette peur est récurrente et prend déjà effet dès les premières révolutions industrielles (Mokyr et al. 2015).

Le concept de Schumpeter précédemment défini permet de constater l'apparition de nouveaux emplois suite à une destruction. Une condition est requise pour l'accès à ces nouveaux métiers crées : il faut que les compétences suivent. Cependant de nombreuses études montrent que la France est en retard en matière de formation et de montée en compétences.

5.1.1 Un retard Français : d'où vient ce retard ?

Etant plus associé à un problème social qu'économique, les entreprises françaises disposent de profits, marges et autres crédits disponible suffisant afin d'accompagner ce changement (Arthus, 2017). Les principaux facteurs et autres études statistiques permettent de montrer que le degré de robotisation est étroitement lié au facteur de compétence des individus actifs, ce qui entrave la modernisation.

Les entreprises ne modernisent plus leurs moyens de production car elles ne disposent plus ou pas de main d'oeuvre qualifiée pour l'utilisation de ces technologies et elles savent qu'il est de plus en plus difficile de trouver du personnel capable de les utiliser (Arthus, 2017). Ainsi l'auteur explique que la robotisation constitue un facteur de risque en France car lié à un manque de compétence. Ceci implique une implantation de machines et autres technologies non maîtrisé.

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5.1.2 Le manque de compétences.

Dans le domaine automobile, il y a un constat alarmant : une pénurie de compétences et d'ingénieurs qualifiés. Ce constat est source d'inquiétudes pour les industries, notamment des industries automobile qui doivent répondre à des défis de plus en plus difficile et subissent une pression face à une demande clientèle importante, le cas de la voiture customisées étant le meilleur exemple. (Bys, 2017). Ce constat est d'autant plus vrai qu'il s'inscrit dans un contexte de pénurie mondiale d'individus qualifiés.

En effet, différents chercheurs s'accordent sur le fait que la robotisation n'est pas source de destruction de l'emploi à elle seule, mais montrent un constat plus centralisé sur le manque de compétences de la population française. Patrick Artus s'accorde sur la pensée de Schumpeter en partant sur le principe que la robotisation peut détruire un emploi localement mais rend l'entreprise plus efficace en générant d'autres emplois et dans un troisième temps crée des emplois localement. Il part donc sur le constat que la robotisation crée de manière globale des emplois. L'idée de l'économiste n'est pas de se focaliser sur la robotisation mais sur ces emplois dont la France n'a pas les compétences pour réagir. Cela impacte également la vision de l'entreprise automobile et sa capacité à faire fonctionner et superviser ces nouvelles machines et technologies dans un environnement strict (Bys, 2017).

 

Dans une note adressée au think tank Génération Libre ayant pour sujet la robotisation et l'emploi, Patrick Artus indique : « Le problème est que la France est un pays cher et non spécialisé. Si l'on enlève l'aéronautique, la pharmacie et le luxe, elle présente le même niveau de gamme que l'Espagne, avec les coûts salariaux de

Figure 4 : Compétence en numéracie des différents pays selon l'enquête de l'OCDE - Source journal LeMonde

l'Allemagne. C'est pour cela qu'il est impératif de monter en gamme et de robotiser ». La France

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ne dispose que de très peu de compétences et ce constat est un frein à cette adaptation. Ces résultats ont été mesurés par une enquête PIAAC prenant pour références des domaines scientifiques (mathématiques, technologies, compréhension...). La France se situe en bas du classement, loin derrière le Japon et des pays de l'Europe du Nord ou encore de son voisin Allemand.

Ce besoin de montée en compétence est également soutenu par l'économiste Gilbert Cette dans sa note rédigée pour le site Telos : « [...] il faudra que les travailleurs, quel que soit leur âge, mettent constamment à jour leurs compétences, car leur emploi va continuer à évoluer en fonction des avancées technologiques ».

Kelly (2012), ajoute que les individus ne seront plus rémunérés qu'uniquement à la hauteur de leurs compétences mais plus particulièrement en fonction de l'efficacité que le salarié travaille avec les robots.

5.1.3 La sécurité au travail : les risques inhérents au robot.

La mise en place de robots en industrie n'est pas forcément synonyme de zéro risque. Différents cas nous permettent de constater que des accidents graves, voire mortels, sont survenus dans des industries automobiles impliquant un robot. Un cas d'accident mortel est par ailleurs survenu sur le site d'un célèbre constructeur allemand durant l'année 2015. Dans ce cas, l'investigation permet néanmoins de conclure à une erreur humaine et non imputable au robot (par dysfonctionnement). Ce type d'accident relance les débats concernant la robotisation et des risques associés, notamment par la robotisation croissante des entreprises.

L'erreur humaine est la source initiale des accidents par un manque d'attention, une mauvaise programmation initiale, le non-respect des consignes ... mais l'entreprise doit mettre tous les moyens en oeuvre pour garantir la sécurité et l'intégrité de son personnel même en situation dégradée. Dans ce cas, comment parvient-elle à se robotiser quand des risques probables-graves peuvent survenir dans ses locaux ?

Les entreprises ayant choisi de développer ces moyens de productions doivent garantir des moyens surmendisionné pour assurer la sécurité des personnes cohabitant dans les lieux de

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travaux robotisés. De nombreuses entreprises n'osent pas franchir le pas en robotisant leurs lignes de production car il y a une absence évidente en termes de réglementation et de responsabilité. Ces absences constituent un frein au développement des entreprises dans cette technologie.

5.1.4 L'absence de réglementation française.

Des chercheurs, et juristes, tel que Bensoussan(2015), souhaitent intégrer un droit des robots, qui diffère selon la fonction de ces derniers. Ces spécialistes déterminent que les robots disposant d'une autonomie décisionnelle et les plus sophistiqués ne peuvent pas dépendre du droit des biens. Ce point fait débat car dans le cas d'un accident mortel entre un robot et un humain, comment déterminer la responsabilité de cet acte ? Est-elle transférée à l'inventeur, à l'ingénieur, au technicien, ou au robot lui-même ? A l'instar du droit de l'homme, existe-t-il alors le droit du robot ? Seul le les drones (arrêtés de 2012) et des véhicules autonomes (loi n° 2015-992 du 17 août 2015) disposent d'un cadre juridique spécifique.

En France, il faudra légiférer, dans le cas d'une interaction entre le robot et l'homme, car celle-ci sort du cadre des réglementations (sécurité machine). Le statut juridique actuel des robots n'étant pas défini, il est important de déterminer la responsabilité du système lorsque la vie de l'Homme est en danger, mais également dans sa vie quotidienne. Gelin et Guilhem (2016, p.139) indiquent que les « fabricants, vendeurs, acheteurs et utilisateurs de robots doivent réfléchir ensemble à nos responsabilités » envers les robots.

Le Japon étant l'un des pays les plus développé en termes de robotisation dispose déjà d'une charte éthique relative au robot inspiré des trois lois de la robotisation d'Isaac Asimov. Cette charte existe également dans d'autres pays comme les Etats-Unis, la Corée du Sud ou le Danemark.

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5.1.5 Les trois lois d'Isaac Asimov :

Ces trois règles ont été rédigées par Asimov (1950, p.40) et se décrivent comme suit (traduit de l'anglais7) :

1. Un robot ne peut pas blesser un être humain ou, par son inaction, permettre à un être humain de se blesser.

2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entreraient en conflit avec la Première Loi.

3. Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection n'est pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi.

Ces lois rédigées bien en amont du développement actuel des robots montrent que certains usages vont à l'encontre de ces règles. Notons par exemple l'aspect «défense» de ces robots. Ce point fut également l'objet d'une lettre rédigée en 2015 par plus de mille scientifiques et chercheurs en intelligence artificielle et des risques associés. A ce jour, seuls les robots militaires sont régis par le droit international humanitaire.

5.1.6 L'acceptation sociale : La perte de l'emploi.

Ce thème constitue surement l'axe social le plus exposé : «La robotisation n'est pas anecdotique, elle a des effets sur le marché de l'emploi.» (Chavagneux, 2017). Lorsque l'on se renseigne sur la robotisation en entreprise de nombreux cas lient instinctivement robotisation à perte d'emploi. « Une étude réalisée aux Etats-Unis montrait que chaque robot supplémentaire réduisait l'emploi total de 3 à 6 unités. » (Chavagneux, 2017).

7 A robot may not injure a human being or, through inaction, allow a human being to come to harm.

A robot must obey the orders given it by human beings except where such orders would conflict with the First Law. A robot must protect its own existence as long as such protection does not conflict with the First or Second Laws.

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Les chercheurs Frey et Osborne (2017). p.268 indiquent : « Nous distinguons les professions à risque élevé, moyen et faible selon leur probabilité d'informatisation. Nous n'essayons pas d'estimer le nombre d'emplois qui seront réellement automatisés et nous nous concentrerons sur l'automatisation potentielle des emplois sur un nombre indéterminé d'années. Selon nos estimations, environ 47% de l'emploi américain total est dans la catégorie à haut risque. Nous nous référons à ces emplois à risque, c'est-à-dire que les emplois que nous prévoyons pourraient être automatisés relativement bientôt, peut-être au cours de la prochaine décennie ou deux8. »

D'autres chercheurs ont réalisé la même étude dans d'autres pays et selon Le Ru (2016) p2 : « 42 % des emplois seraient ainsi menacés en France, 49 % au japon et 54 % dans l'union européenne ». Cependant, pour Arntz et al, (2016), leur constat porte à 9% pour les Etats unis et autres pays développés. Certains économistes Français constatent une disparition nette de 2,5 emplois dans l'industrie après implantation d'un robot, mais une création de 2,5 emplois dans les services. (Arthus, 2017). La perte de l'emploi est une question avec une incertitude forte. Le constat reste le même et suit le concept de Schumpeter, mais requiert obligatoirement le développement des salariés vers de nouvelles compétences et nouveaux services, qui peut parfois diriger une entreprise vers un phénomène de résistance de ceux qui ne souhaitent pas se diriger vers un autre métier.

8We distinguish between high, medium and low risk occupations, depending on their probability of computerisation. We make no attempt to estimate the number of jobs that will actually be automated, and focus on potential job automatability over some unspecified number of years. According to our estimates around 47% of total US employment is in the high risk category. We refer to these as jobs at risk - i.e. jobs we expect could be automated relatively soon, perhaps over the next decade or two.

5.1.7 La résistance au changement.

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Instaurer un parc robotisé dans une entreprise pourrait donc créer des conflits sociaux mais on peut légitimement se poser la question s'il n'y a pas une forme de résistance au changement envers cette nouvelle technologie qui apparaît.

Peiperl (2005 , p348) décrit le changement comme étant des «réponses actives ou passives de la part d'une personne ou d'un groupe qui s'opposent à un changement particulier, à un programme de changements ou à des changements en général9. » Lawrence, P. R. (1969) ajoute que la résistance ne se fait uniquement au niveau technologique mais plus particulièrement au niveau social et cette résistance fluctue en fonction des relations internes entre salariés. La résistance est souvent perçue par les cadres managers comme l'ennemi du changement (Waddell et Sohal, 1998).

De nombreuses variables sociales sont donc exposées et liées à des facteurs rationnels ou non, sur des facteurs politiques et managériaux et il s'avère difficile de les maîtriser. Ce courant de pensée est très répandu dans la résistance au changement, et la littérature en fait foi. On peut donc légitimement se poser la question si ce phénomène impacte la robotisation car cette technologie s'inscrit dans ce phénomène.

9 »active or passive responses on the part of a person or group that militate against a particular change, a program of changes, or change in general.» Peiperl 2005 p. 348

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5.2 Les coûts liés à la mise en place d'un parc robotique. 5.2.1 Un coût important

Bien que la mise en place d'un robot dans l'industrie paraisse anecdotique compte tenu du retour sur investissement, la partie la plus chère réside dans les coûts des systèmes en périphérie (automates, intelligences artificielles, ordinateurs...) et la recherche et développement de ce robot. C'est généralement cette partie qui est décisive dans la décision de mise en place d'un robot dans l'industrie. Développer une telle technologie dans l'industrie automobile requiert l'élaboration de nouveaux plans, nouvelles structures, et dans la majorité des cas nécessite des devis sur mesure pour répondre à la complexité du système. Toutes les entreprises ne peuvent pas acquérir des robots car même si ces derniers restent compétitifs, ils nécessitent un apport de base important pour les plus petits organismes. On note cependant un cout nettement moins important pour les robots collaboratifs permettant de diminuer les impacts des coûts de périphérie, d'intégration et de maintenance. Par exemple, cette technologie n'a pas besoin de tous les systèmes de protection et donc des éléments et programmations associées.

Figure 5: Les couts des solutions robotiques (source : humarobotics.com

https://www.humarobotics.com/mesurer-cout-integration-un-cobot/)

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5.2.2 La complexité du système et des tâches à réaliser.

Le robot peut être constitué de plusieurs ensembles dépendant des besoins techniques dans lequel il opère. Désormais les robots industriels automobiles ne se limitent plus aux simples bras reliés à des consoles intelligentes, ils sont également dotés d'une multitude de capteurs, préhenseurs, et autres systèmes de gestion, qui augmente considérablement le prix d'achat du robot. (Slepov, 2016).

Ces robots étant de plus en plus imposants ne peuvent être installés sur les structures classiques des bâtiments : une étude doit être menée pour garantir la capacité du bâtiment à supporter le poids de l'ensemble du robot, ce qui ajoute des coûts supplémentaire à la facture de mise en place robotique. (Slepov, 2016).

Mais il est également important de noter que dans le stade actuel de la robotisation, les robots ne sont pas autant versatiles que l'homme. Plus la tâche à réaliser est complexe et nécessite différents outils, plus le robot sera cher. Ce qui conduit également à l'importance de la programmation et du temps nécessaire à l'automaticien pour rendre opérationnel ce robot. L'achat initial du robot ne suffit pas, il faut également prendre en compte toute cette phase de programmation du système. Bien que de plus en plus intelligent, l'évolution actuelle des robots de l'industrie automobile nécessite encore une connaissance extrêmement pointue dans la programmation des automates pour pallier à l'ensemble des problèmes techniques éventuels.

5.2.3 Des problèmes techniques : pannes, erreurs, optimisation.

Les robots sont constitués d'un ensemble de composants mécaniques, électriques, pneumatique mais également d'une multitude d'organes de sécurité qui ne sont pas à l'abri de défaillances. Les robots ne sont pas à l'abri de pannes et les coûts de maintenance peuvent être élevés.

Ces robots munis d'algorithme et d'intelligence de plus en plus sophistiqué requiert une série de mise à jour pour garantir la compatibilité hardware et software. Dans les cas les plus graves, l'entreprise risque de faire face à une série d'erreurs de gestion de données pouvant aller à la perte totale des données.

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Slepov (2016) prend pour exemple un capteur robot, dans une utilisation industriel automobile ces derniers sont utiles pour déterminer la présence de défaut sur pièce (présence d'impureté, discontinuité de la couleur...), mais ces mêmes capteurs peuvent être très vite source de nombreux défauts. En effet, il y a nécessité d'avoir des conditions de lumière idéale car les caméras de sont pas comme les yeux humains : trop ou peu de lumière rend le système de détection inutilisable.

5.2.4 L'attractivité du produit :

On remarque une nouvelle demande des consommateurs avec un retour de la touche humaine, qui donne le sentiment de connexion avec les autres que la robotisation est dans l'incapabilité de faire, ce qui sera d'autant plus l'enjeu de l'industrie 5.0, c'est-à-dire l'industrie réalisant un produit à fort valeur ajoutée disposant de cette touche humaine lors de la fabrication du bien. (Ostergaard, 2018).

5.3 Les robots : une menace potentielle pour l'Environnement.

Les robots utilisent d'importants matériaux et énergies à différents stade de leur cycle de vie. Ce point est très peu présenté dans les études concernant les problèmes de la robotisation car les recherches se focalisent sur les impacts économiques et sociaux. Van Wynsberghe et Donhauser, (2017) parlent de « lacunes massives » dans la littérature des études d'impact de la robotisation sur l'environnement. Pourtant le problème environnemental devrait être traité avec la même criticité que les points sociaux ou économiques. (Rupert, 2016). Le développement de ces technologies robotique nécessite la multiplication des composants électroniques (tel que les microprocesseurs) et de ce fait l'utilisation des ressources. De plus, en améliorant les performances de ces robots, ces derniers nécessiteront beaucoup plus d'énergie (Rupert, 2016). Slepov 2016 invite à repenser aux différentes énergies nécessaires pour l'utilisation d'un robot dans l'industrie automobile : utilisation d'électricité mais également d'air pour les différents capteurs de préhension ainsi que tout l'équipement nécessaire pour l'utilisation de cette énergie.

Heureusement les différents points limitant les bénéfices de la robotisation trouvent leurs solutions par des actions parfois simple à mettre en place et peu coûteuse.

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Nous allons désormais voir quelles seraient les pistes de solutions qu'apportent les différents chercheurs pour pouvoir analyser ces données et les exposer de manière synthétique.

6. Pistes de solutions apportées par la théorie 6.1 La perte de l'emploi.

La crainte de l'évaporation de l'emploi n'est pas nouvelle et est récurrente dans l'histoire du travail. Cependant, elle est à chaque fois démentie par l'observation de l'évolution économique. Ce constat a notamment été mis en avant par Sauvy (1980) en donnant le terme de déversement. Dans son article, l'auteur prend pour exemple la suppression du métier de porteur d'eau à Paris dans le début du 20éme siècle. Il constate que de nouveaux emplois ont été créés par l'installation de canalisations et que désormais personne ne regrette la disparition du travail de porteur d'eau. Ce principe est également le même pour un nombre important d'autres métiers. Il faut donc creuser le lien entre robotisation et création/destruction d'emplois. Certains le voient positivement, d'autres négativement. Les gains en productivité permettent de baisser les coûts ce qui augmente le volume de vente, donc de produire plus et par conséquent d'embaucher.

La perte de l'emploi n'est donc pas une fin en soi, cela permet de débloquer des investissements et créer de nouveaux emplois qui peuvent être plus gratifiant et plus rémunérateur pour l'individu (Sauvy 1980 ; Schumpeter). Le gouvernement français, sur son site dédié aux stratégies indique les principaux domaines de création d'emplois lié à la robotisation :

? la recherche et développement. ? la conception, la production. ? la maintenance d'automates. ? la commercialisation.

Le constat mène sur un transfert de l'emploi dont la clef réside dans la formation et la montée en compétence des personnes directement impactées. Mais ces nouveaux emplois sont créés dans des industries nouvelles où robots et humain collaborent. Pour pouvoir répondre au besoin émotionnel, de nouveaux chercheurs développent les robots sociaux.

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6.2 Les robots sociaux.

Pour certains chercheurs, dont Piçarra et Giger (2018), dans les années à venir les sociétés auront à disposition des robots sociaux qui sont destinés à interagir, collaborer et travailler avec les individus en prenant également en compte l'aspect socio-affectif pour maximiser la communication et minimiser le sentiment machine et développant chez l'Homme une forme empathie artificielle. (Tisseron, 2016). Ce dernier est qualifié comme émotionnel car il évoque des états émotionnels et affectifs grâce à des comportements, gestes, paroles et d'en susciter chez les Hommes. (Baddoura et Venture, 2016).

Park (2014) ajoute que certains de ces robots sociaux sont déjà présent dans notre sphère quotidienne tel que les assistants téléphoniques (Google, Amazon, Siri...) et prennent déjà l'aspect émotionnel de l'individu en compte. Dumonchel et Diamano (2016) indiquaient dans leur article que ces robots sociaux « sont capable d'accueillir les demandes et répondre aux expressions affectives propres aux besoins particuliers de leurs interlocuteurs humains » (p. 220).

Ainsi, en considérant que ces robots de nouvelles générations soient capables de remplacer l'humain tout en gardant une dimension sociale, la question du droit du robot reste sur table, surtout en France. On note cependant l'existence à l'échelle européenne de l'adoption le 16 Février 2017 de la Résolution et des Recommandations destinées à la Commission Européenne des règles du droit civile de la robotique dont l'objet est de considérer les robots au statut de « personnes électroniques » et donc soumises au droit civil. (Schweitzer, Puig-Verges, 2018). Mais ces robots sociaux peinent à faire l'unanimité envers les individus, dont une forme de résistance persiste, pour la comprendre et l'accompagner, les industries doivent savoir en tirer parti.

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6.3 Tirer parti de la résistance au changement

Hultman, (1979) affirme que «malheureusement, lorsque le mot résistance est mentionné, nous avons tendance à lui attribuer des connotations négatives. C'est une idée fausse. Il y a plusieurs fois où la résistance est la réponse la plus efficace disponible10».

L'auteur explique que la résistance permet d'orienter l'entreprise vers une stabilité. C'est justement cette stabilité que recherche les entreprises lorsqu'elles instaurent un parc robotisé. La résistance au changement peut même s'avérer primordiale dans cette situation. Lorsque nous parlons de résistance au changement, nous pouvons imaginer l'insatisfaction des salariés menacés par les robots mais cette résistance peut être parfaitement légitime et peut aboutir sur un consensus dont les résultantes s'avèrent être plus bénéfiques. L'auteur ajoute que les personnes ne résistent pas au changement, dans sa définition première, mais plutôt aux incertitudes et aux résultats provenant du changement : Comment garantir que ces derniers puissent bénéficier d'une montée en compétence ou d'un transfert d'emploi lorsqu'un robot les remplace ? Ils développent alors une approche par les risques et analysent une situation potentielle de perte d'emploi suite à l'instauration du robot.

Bien au-delà de ces principes, des recherches effectuées permettent de décrire que la résistance, en soi, est source d'information et permet d'être utile pour apprendre à développer de manière plus efficace une organisation (Beer et Eisenstat, 1996).

PardodelVal et Martínez Fuentes, (2003) décrivent parfaitement cette situation : «Sans aucun doute, la résistance au changement est un sujet clé dans la gestion du changement et devrait être sérieusement considérée pour aider l'organisation à réaliser les avantages de la transformation.» En d'autres termes il ne faut pas subir la résistance au changement envers la robotisation, mais l'accompagner pour en tirer les pleins bénéfices et trouver les solutions les plus adaptés à la situation.

10 «Unfortunately, when the wordresistanceismentioned, we tend to ascribenegative connotations to it. This isamisconception. There are many times whenresistanceis the most effective responseavailable» Manuela PardodelVal, Clara Martínez Fuentes, (2003) p73

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Un management du changement bien mené est synonyme d'un leadership efficace au sein de la société, mais également que cette gouvernance se transmet efficacement au sein de l'organisation par le biais d'une définition claire de l'origine du changement, et de ce vers quoi l'entreprise tend à mener. Le premier point positif du management du changement repose donc sur le fait qu'il oblige l'entreprise à se structurer avant même d'initier cette démarche, et à adopter une transparence totale afin de faire adhérer un maximum de personnes à ce changement.

En plus de ce leadership, l'entreprise sera également amenée à améliorer sa communication en interne. Comme le définissent Bamford et Daniel (2005) dans leurs recherches, communiquer la vision du changement avant toute démarche de robotisation est une nécessité. Une communication réussie est un changement réussi. (Bamford & Daniel, 2005, P. 402). Il est intéressant de constater que la génération « Y » définie précédemment, est la génération dont la résistance au changement est la plus faible.

Finalement, le changement pour la robotisation est source de motivation car il permet aux salariés de développer de nouvelles compétences et d'acquérir de nouveaux savoirs faires.

6.4 La montée en compétence et la montée en gamme des métiers

Différents économistes et chercheurs s'accordent sur le fait qu'une montée en gamme des métiers est une piste de résolution des problèmes liés à l'implantation de cette technologie dans les industries en France (Arthus, 2017). Ainsi, l'une des solutions présentée est la montée en gamme par la création de services d'élite. Les constructeurs automobiles savent désormais qu'il est nécessaire d'obtenir des individus orientés dans la résolution de problèmes et utilisation des nouvelles technologies (Bys, 2017). Ils souhaitent des individus pouvant s'adapter à l'évolution de cette technologie et misent désormais sur la formation de leur personnel (Bys, 2017).

D'après Gilbert Cette, (2017), il paraît important d'accompagner l'émergence d'un travail indépendant hautement qualifié. Il explique qu'il est nécessaire de s'émanciper des contraintes réglementaires empêchant ces transformations tout en permettant la montée en compétence des

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individus concernés. Il évoque par exemple une souplesse réglementaire permettant de faire bénéficier les travailleurs indépendants des mêmes droits sociaux que les salariés d'entreprise.

6.5 Le besoin de renouvellement

L'investissement massif pouvant être source de contraintes pour le déploiement de robots, le gouvernement français permet aux entreprises depuis 2010 de déduire des impôts liés au résultat, 40% de la valeur d'acquisition des équipements industriels acquis grâce au dispositif de suramortissement.

6.6 La taxation de la robotique

Dans les cas où les solutions proposées telles que la montée en compétences, l'ajout de robot collaboratif sans supprimer les emplois ou autre n'auraient pas d'effet, certains chercheurs et d'autres grand industriel (Bill Gates, Marc Zuckerberg) ou homme politique (Benoit Hamont) proposent de mettre en place un système de taxation sur les robots.

Même si cette idée n'est pas nouvelle (une idée de taxation similaire était proposée dès le 19ème siècle sur le travail mécanique), elle s'est développée et concrétisée ces dernières années au Parlement européen (Michelon, 2017). Cette idée consiste à taxer les robots de manière équivalente aux humains pour garantir un financement des politiques sociales. Selon Benoit Hamon, promoteur de cette taxation, lorsqu'un robot remplace un salarié, ils génèrent plus de bénéfices aux actionnaires, au capital. Ils proposent donc de considérer le robot comme un employé et d'y appliquer les mêmes charges, cotisation que connaissent les salariés.

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6.7 Des éco-robots.

Etant utilisateur de ressources, les robots peuvent être fabriqués à partir de matériaux et composants qui ne présentent pas les mêmes impacts sur l'environnement que les matériaux plus traditionnels Van Wynsberghe, A., & Donhauser, J. (2017).

De plus, les robots peuvent jouer un rôle bénéfique sur l'environnement en prenant compte les enjeux. Pour accompagner au mieux l'intégration de ces robots dans l'industrie, il est important de prendre en considération l'ensemble des étapes de cycle de vide de ce robots, à savoir : sa phase de conception, de production, d'utilisation et d'élimination - recyclage. (Van Wynsberghe 2016). Les robots possèdent une multitude d'aide pour lutter contre les impacts négatifs environnementaux : ils aident à cibler la pollution grâce à de nombreuses données pouvant être recueillies.

6.8 Des solutions économiques, et un pays tourné vers la robotique

La robotisation coûte de moins en moins cher aux entreprises. En 10 ans le cout aurait diminué de 40 % (Agromedia, 2015). Si l'acquisition d'un tel système peut être encore élevé pour certaines entreprises (particulièrement pour les TPE / PME), le retour sur investissement est désormais inférieur à 2 ans et cette acquisition permet de réduire de 30% les coûts liés à la maintenance et a l'exploitation du système.

La France veut moderniser son image et souhaite devenir leader dans la robotique. Nous l'avons vu précédemment, la France est à la traine dans ce domaine. C'est pourquoi elle a lancé le plan de France Robots Initiatives permettant de développer cet axe. Cela consiste à débloquer des fonds et aides de financement. De plus la France lance en 2013 le concept du START PME permettant aux PME le développement des solutions robotiques si cette technologie est adaptée aux tâches à réaliser. En 2014, la France met en place le fond de Robolution Capital, dédié à la robotique de service. Ce fond est constitué de 80 millions d'euros. Dans la même année des prêts ont été mis en place afin d'accompagner les petites entreprises à investir dans cette technologie.

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7. L'apport de la théorie dans la problématique

La partie théorique nous amène à préparer le terrain de la partie empirique. La littérature est riche en information et nous donne de nombreuses pistes de réflexion. La robotisation est une source de développement et de performance de l'entreprise : on y constate de nombreux aspects positifs touchant à la fois l'aspect économique, social et environnemental. Elle permet aux entreprises de se moderniser en permettant le développement de son organisme. Cependant ces apports bénéfiques sont souvent contrastés avec les obstacles. Dans certains cas la robotisation supprime les emplois, il le transfert vers d'autres secteurs, ou elle permet de créer des emplois supplémentaires. Nous constatons ainsi que la robotisation est une variable sur lesquelles certaines entreprises s'axent, certaines réussissent, d'autres échouent.

Ce présent mémoire a également exposé de manière synthétique les pistes permettant d'accompagner efficacement l'implantation de robot dans l'industrie en répondant aux exigences de chacun. Nous verrons dans la partie empirique la vision d'une entreprise automobile sur ce sujet notamment grâce à un projet de grande envergure qu'est la modernisation d'un véhicule par l'implantation de nombreuses machines robotisées. Nous verrons dans quelle mesure ces observations théoriques correspondent à la robotisation plus spécifique d'une entreprise dans le secteur automobile. C'est l'objet de l'étude empirique qui poursuit ce mémoire à présent.

PARTIE

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EMPIRIQUE

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8. Contexte de l'étude empirique

L'étude porte sur le site automobile appartenant à la société Daimler (Smart - Mercedes). Nous étudierons plus précisément la «Smartville» située en France, dans le village de Hambach. Ce site est structuré autour du concept de la Smart dans lequel clients et fournisseurs travaillent au même endroit. Ce véhicule se veut être au plus près du client et propose un large choix de customisation de son modèle (choix des couleurs principales et secondaire, des motifs, de la puissance du moteur, de la finition, etc.).

Une partie de l'étude porte sur un équipementier partenaire du projet, l'entreprise Faurecia. Cet équipementier automobile français est présent partout dans le monde et possède plusieurs pôles d'activités : (intérieurs et extérieur de véhicule, extérieurs de véhicules, recherche et développement, contrôles d'émissions de véhicules...). Le site est spécialisé dans la fabrication des pièces en thermoplastique du véhicule Smart et le livre en juste en séquence (la commande déclenche la production de pièces) son client.

Le projet de modernisation du véhicule (également appelé Facelift) consiste à produire l'ensemble des nouvelles pièces en thermoplastique de la nouvelle version du véhicule Smart Fortwo. L'entreprise décide de robotiser la nouvelle ligne d'assemblage du véhicule afin d'améliorer la productivité et répondre au cahier des charges.

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8.1 Structure de l'entreprise :

L'entreprise est structurée autour de quatre grands pôles de production également appelés unités autonome de production (UAP) qui sont respectivement :

UAP Injection: Cette étape correspond à l'injection de granulés plastiques (matières premières) dans des presses donnant la forme des différentes pièces à l'aide des moules. Dans ce secteur, l'entreprise compte 12 presses à injecter robotisées simple pour un effectif de 64 personnes réparties sur 3 équipes. Les travaux réalisés par les opérateurs consistent à effectuer des finitions ou assemblages de pièces. Les opérateurs récupèrent les pièces injectées et les positionnent sur des convoyeurs qui les amènent vers le prochain processus : la peinture.

UAP Peinture : Le processus peinture consiste à cuire la pièce puis la mettre en couleur et la vernir suivant la forme des pièces injectées, de manière totalement robotisée. Une fois mise en peinture et vernies, ces pièces se dirigent vers le secteur de l'assemblage.

UAP Assemblage : Cette étape consiste à assembler les pièces en y mettant les composants annexes (vis, fixations, joints...) ; cette partie est essentiellement réalisée par des opérateurs de production.

UAP Logistique : Ce pôle consiste à assurer la livraison des pièces et matières aux différentes UAP. Etant donné que le site est directement implanté sur le site de son client les livraisons des différentes pièces vendues sont transférées directement par une structure, robotisée HRL.

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8.2 Constats dans l'entreprise.

Les projets sont définis selon la politique de l'entreprise dont les critères principaux étant

? La conformité de la prestation vis-à-vis du client (interne/externe). ? La maitrise des coûts directs et indirects.

? Le respect des délais imposés.

? Diagnostic QSE d'après le référentiel interne Faurecia.

Il est important que les projets puissent répondre également à l'amélioration de deux exigences de l'entreprise :

La plus importante et fondamentale : l'exigence morale. Elle représente l'amélioration continue des conditions de travail et de la préservation de l'environnement afin d'exercer son métier dans des conditions décentes, respectueuses des opérateurs, des espèces vivantes tout en maîtrisant les risques pouvant nuire à l'opérateur et à l'environnement.

La seconde, l'exigence économique. Il est important de rappeler que les mauvaises conditions de travail, les accidents, la dégradation de la santé des salariés ou la détérioration de l'environnement et de son écosystème sont inacceptables et engendrent de fait, un surcoût économique important.

Réunir ces deux exigences permet à l'entreprise Faurecia de démontrer son engagement en matière de qualité, sécurité et environnement envers ses salariés. S'assurer du bien être de son personnel dans un environnement sain augmente l'engagement et l'efficacité dans les opérations réalisées et par conséquent soutient la performance de l'entreprise.

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8.3 Les accidents du travail et cotisations dans l'entreprise.

La sécurité des salariés est la première priorité de l'entreprise, bien au-dessus de l'aspect économique. Le site de Hambach connait, par son historique, différents pics d'accidents de travail :

Accident de l'entreprise Faurecia

50

 

46

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

intérimaire

CDI

2015

2016

2017

2018

5

2

3

1

35

46

24

7

Nombre d'accident

5

35

2

3

24

1

7

Figure 6 : Répartition des accidents Faurecia (réalisé par l'auteur)

Une part non négligeable de ces accidents repose sur le comportement à risque des employés. Parallèlement, la politique du groupe vise à déployer de plus en plus de robots sur les sites. Notons par ailleurs la présence d'un nombre important d'intérimaires sur le site. Ces derniers sont nombreux (30% de l'effectif total) mais comme le montre le graphique (1) ils représentent une part beaucoup plus faible des accidents du travail.

En étudiant de plus près les différents secteurs de l'usine, il en ressort une part non négligeable d'accidents aux endroits où la main d'oeuvre humaine est la plus élevé (assemblage et injection en tête de Pareto). En 2018, une partie de la ligne d'Assemblage se verra robotisé (ligne pare choc avant) réduisant l'effectif de 7 personnes à 4.

Différents constats expliquent le pic d'accidents de l'année 2016 :

? La précédente direction (< 2017) concentrée sur des enjeux économiques.

? Une hausse du nombre d'intérimaires.

? Des personnes inexpérimentées.

? Le comportement de certains individus (non-respect de règles élémentaires).

Localisation des accidents par UAP sur 3 ans

Nombre d'accidents

2016 2017 2018

20

15

10

5

0

 
 

Assemblage Injection Peinture Logistique Maintenance Laboratoire Supports

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Figure 7 : Localisation des accidants sur les trois dernières années (réalisé par l'auteur)

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Ces accidents motivent de plus en plus l'intérêt de trouver des solutions à long terme pour tendre vers le « 0 » accident, d'autant plus qu'une majorité des accidents proviennent de la manutention manuelle des pièces. L'intérêt de la robotisation est de plus en plus élevé.

Suivi des accidents sur 3 ans

2016 2017 2018

Nombre d'accidents

0

0

Autre Gestes et

Effondrements

postures et aux chutes

d'objets

5

5

23

6 6

4

3

3 3 3 3 3

3

2

2

2 2

1

0 0 0 0

Manutention manuelle

Machines et aux outils

Manutention mécanique

Circulations et aux

déplacements

Chute de plain-pied

25

20

15

10

5

0

Figure 8 : Suivi des accidents sur 3 ans dans l'entreprise Faurecia (réalisé par l'auteur)

En plus d'être inacceptables, ces accidents coûtent extrêmement cher à l'entreprise. Régi par la réglementation française et la Caisse d'Assurance Retraite et de la Santé au Travail Alsace-Moselle (CARSAT), chaque accident du travail ou maladie professionnelle fait l'objet d'une compensation financière de l'organisme, dépendante de la caractérisation de l'arrêt de travail et du taux de cotisation. L'investissement dans des robots industriels de nouvelle génération pourrait permettre de supprimer les travaux à risque et garantir une intégrité physique et morale des salariés tout en minimisant le risque d'accident au travail.

De manière annuelle, l'entreprise doit verser, selon les catégories « encadrement » ou « employé », un montant s'établissant en fonction des résultats des trois années précédentes (sans compter l'année n-1). On constate en toute logique un taux de cotisation proche de 0 pour les salariés faisant partie de l'encadrement (tous ceux n'ayant pas d'activité directe dans les unités de production). Aucun de ces métiers n'est destiné à être remplacé dans les années à venir, ces métiers dits « supports » requièrent un certain niveau de compétence des individus et l'industrie automobile est en recherche constante de profils types.

Figure 9 : Cotisations encadrement. (Réalisé par l'auteur)

Dans la deuxième situation, l'entreprise paye annuellement les frais liés aux accidents du travail dans les unités de production avec un coût annuel d'environ 200.000€ (coûts très élevés notamment liés aux mauvais résultats de l'année 2016).

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Figure 10 : Cotisation employés. (Réalisé par l'auteur)

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La robotisation constitue donc une évolution particulièrement attractive pour l'entreprise. Et elle a déjà débuté. Mais quels sont précisément les bénéfices escomptés et les craintes soulevées par ce changement majeur ? C'est à ces questions qu'il convient de répondre à présent, à travers une enquête terrain.

8.4 Objectif de l'étude empirique

L'analyse de la littérature permet de déterminer les différents enjeux de la robotisation, tant au niveau de ses bénéfices pour l'entreprise que des obstacles qu'elle entraîne. Nous constatons ainsi que la mise en place de cette technologie joue sur les différents leviers de l'entreprise. La partie empirique nous aide désormais à expérimenter les faits étudiés théoriquement par l'expérimentation et l'observation du terrain. Par le biais de cette analyse, nous pourrons vérifier si cette technologie apporte son lot de bénéfice ou si au contraire d'éventuels problèmes sont soulevés. Nous verrons également comment l'entreprise réagit pour parvenir à dépasser ces limites.

9. Méthodologie de recherche

9.1 Cadre Épistémologique

Il existe différents cadres épistémologiques. Ces derniers nous permettent de construire des connaissances. Dans les sciences sociales on distingue quatre grands cadres épistémologiques (Avenier et Schmitt, 2007) :

1) Le cadre positiviste

2) Le cadre réaliste-critique

3) Le cadre constructiviste pragmatique

4) Le cadre interprétativiste

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Dans ces différents cadres, le but de la connaissance n'est pas le même (Avenier, & Schmitt, 2007). Le cadre positiviste nous amène à rechercher : on se base de fait pour trouver des corrélations. Le réaliste critique amène le chercheur à découvrir les provenances issues de ces corrélations en essayant de comprendre leur provenance.

Le constructiviste pragmatique essaye d'organiser l'expérience du réel : comment nous comprenons à travers notre expérience le fonctionnement du réel. On ne connaît que notre expérience de ce dernier, ce que l'on perçoit à travers ses sens. Pour les constructivistes, le réel est constitué d'interprétations qui se construisent grâce aux interactions (GirodSéville, Perret 1999). Cela s'apparente donc à une méthodologie des connaissances constructibles (Le Moigne, 1995). Le constructiviste pragmatique signifie que les connaissances développées seront mises à l'épreuve dans l'action sur le terrain. C'est la relation forte entre la théorie et la pratique.

Dans notre étude nous nous concentrerons sur les représentations que se constituent les acteurs par rapport à la robotisation qui concerne leur entreprise. Par conséquent, il ne s'agit pas d'étudier les faits en tant que tels (cadre positiviste), bien que des données objectives soient nécessaires pour contextualiser notre étude et en comprendre les résultats. Il ne s'agit pas davantage d'étudier des corrélations objectivées en tant que telles. Nous cherchons, en revanche, à identifier les constructions que se font les salariés des changements induits par la robotisation et les effets générés : les bénéfices ressentis, les espoirs, les craintes, les propositions de solution. Dans la mesure où nous n'irons pas jusqu'à interpréter ces représentations, à en déceler les fondements psychologiques, sociologiques, collectifs ou individuels, nous n'entrerons pas dans un cadre interprétatif à proprement parler. Notre choix d'étude se portera donc sur une approche constructiviste, riche en enseignements.

9.2 Choix de l'outil d'enquête : le guide d'entretien.

Permettant de confirmer ou d'infirmer certaines hypothèses et de répondre à la problématique du présent mémoire, nous réaliserons plusieurs entretiens semi-directifs s'adressant aux personnes issues du monde industriel. Afin d'obtenir une vision juste et représentative de l'ensemble du personnel d'entreprise, le guide d'entretien s'adressera à seize

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personnes issues de différentes catégories socioprofessionnelles. Cette démarche permet de comprendre, à différents niveaux hiérarchiques, les différents points de vue sur le sujet.

9.3 Réalisation de l'enquête

Les entretiens semi-directifs mettent en avant différentes opinions sur un sujet qui ouvre à la discussion où une réponse binaire ne permettrait pas de récolter ces précieuses informations. Les personnes interrogées proviennent de différents secteurs géographiques, sont d'âges différents, et ont une expérience plus ou moins importante dans le monde industriel.

Le questionnaire utilisé pour réaliser l'entretien contient six questions à thèmes permettant d'étudier certains points précis issus de la problématique. Il y a également des sous-questions afin de relancer l'audité sur certains points particuliers.

L'étape initiale consiste à déterminer un échantillon hétérogène sous forme de liste des personnes souhaitées, permettant d'effectuer une prise de contact rapide et d'obtenir une étude élargie à l'ensemble des catégories professionnelles. Ainsi, une demande par courriel, téléphone ou physique a été réalisée. La majorité des personnes ont répondu favorablement à la demande, montrant un réel intérêt pour cette problématique.

Dès lors, une phase explicative s'est déroulée. Ont été mentionnés : l'objectif de l'entretien, la problématique du mémoire, les cibles de ces entretiens, la récolte d'informations. Il convenait aussi de mettre l'individu en confiance en présentant les modalités de l'entretien tel que la nécessité d'une disponibilité minimale d'une heure. Avant le début de l'entretien, les personnes ont été questionnées s'ils souhaitaient garder le statut d'anonyme ou non, permettant dans certains cas de libérer la parole.

L'ensemble de ces témoignages ont eu lieu en face à face dans des salles de réunion prévues à cet effet. Ces témoignages sont enregistrés de manière audio afin de garantir l'exactitude des propos tenus par l'audité lors de la retranscription dans ce mémoire des idées sous forme de verbatim. Lorsque l'entretien se termine, après avoir remercié l'audité, un exemplaire numérique du présent mémoire a été proposé lorsque celui-ci sera disponible.

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Une fois les données recueillies, une étape visant à analyser les entretiens a été effectuée : l'objectif étant de faire ressortir d'éventuelles similitudes, des faits récurrents ou au contraire des informations nouvelles et pertinentes, par un système de mot clés et des techniques d'analyse d'entretiens. Cette approche a donné une représentation de la pensée des individus dans le contexte de l'étude.

9.4 Méthodologie Qualitative

Dans le cadre de la recherche de ce mémoire, nous avons la possibilité d'utiliser différentes approches de méthodologie de recherche. L'approche qualitative, qui privilégie l'investigation de manière profonde et méticuleuse permet de récolter les informations riches et porteuses de sens dans un domaine mal connu.

Plutôt dire que la robotisation est un phénomène récent, qui a été étudié de façon objective, dans ses conséquences à l'échelle d'une entreprise, mais très peu au niveau du vécu des salariés qui doivent s'y adapter. Or, comme l'ont montré les travaux cités dans la partie théoriques, la conduite du changement et la réussite du changement sont fondamentales pour intégrer positivement la robotisation au fonctionnement de l'entreprise. Dès lors, l'approche qualitative semble s'imposer pour conduire notre étude.

La première étape consiste à déterminer le monde de récolte d'information dans l'industrie dans laquelle nous allons étudier la robotisation. Nous choisissons d'opter pour des entretiens semi-directifs auprès d'individus issus de différentes catégories socioprofessionnelles. Cette étape débute par une planification des thèmes de l'évaluation ainsi que la détermination des problèmes potentiels exposés par la littérature.

Dans cette optique, l'objectif est, d'abord, d'identifier le but des entretiens pour en déterminer les questions clés. Ensuite, il est essentiel de décider par quel cheminement procéder à cette récolte d'informations afin de répondre à la problématique présentée dans cette étude sur la robotique industrielle. Nous souhaitons ainsi comprendre l'environnement interne et externe dans lequel nous allons recueillir ces données en réalisant une évaluation du contexte interne / externe.

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La seconde étape consiste à combler les informations manquantes, lacunes des données à disposition en sélectionnant les problèmes. En fonction des données disponibles nous axons les questions selon la pertinence des données voulues / recueillies. Cela nous permet de confirmer que notre collecte de données prévue sera suffisante et répondant aux objectifs préalablement définis.

L'étape suivante concerne l'approche. Il s'agit de déterminer les individus qui feront l'objet de notre recherche suivant notre méthode et autres sources disponibles. L'objectif est de cibler des individus de catégories sociales différentes pour obtenir des valeurs d'intérêt différentes et confronter des idées (ex : une personne âgée aura-t-elle le même point de vue qu'une personne jeune ?).

10. Résultats de l'étude :

Elle porte sur un échantillon de 14 individus issus de l'entreprise Faurecia et complété par 2 professionnels de l'industrie de l'extérieur. Ils ont été sélectionnés suivant un principe d'équité socioprofessionnelle en prenant compte de leur positionnement dans l'entreprise et des secteurs de production.

10.1 La vision de la robotisation des individus de l'entreprise :

Le premier objectif de l'étude empirique est de déterminer la vision globale qu'ont les individus sur la robotisation. Sur la totalité des 16 entretiens le constat est nuancé : les personnes interrogées ne disposent pas d'un avis ferme sur le sujet en définissant la robotisation comme étant positive ou négative dans l'entreprise Faurecia.

Elle met en évidence certains points, dont des résultats originaux. Les différents thèmes qui suivent respectent l'ordre de la partie théorique afin de déterminer rapidement les différences ou la confortation des idées décrites dans la partie théorique. Nous débuterons la partie empirique par une détermination des individus des aspects positifs de la robotisation afin de déterminer les leviers de performance, puis nous verrons les problèmes soulevés par ces derniers et les différentes techniques pour les pallier.

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10.2 Les aspects positifs : Les leviers de performance. 10.2.1 L'aspect qualité :

Pour la totalité des audités, la robotisation constitue indubitablement un levier de performance notamment dans le domaine de la production influençant favorablement la productivité de l'entreprise.

Arnaud Trimborn, expert Injection et programmateur indique : « Je constate la régularité, la répétabilité et la précision de ces robots, toujours en terme qualitatif. Cela permet de respecter la cadence imposée par notre client. ». Éric Barbier, responsable laboratoire ajoute : « Le robot va être répétable, la qualité devient toujours de plus en plus sévère, les clients sont de plus en plus sevrés en qualité et il devient de plus en plus dur de repérer ces défauts etc. Le robot est plus performant sur cette analyse. ».

La robotisation dans l'automobile et plus particulièrement chez Faurecia tend à être l'avenir. Le client impose à l'entreprise de plus en plus de contraintes et un temps de livraison de plus en plus court. L'investissement déployé par l'organisme dans ce secteur est de plus en plus important. Faurecia, étant de plus un grand équipementier français, souhaite développer cette culture de modernisation par la robotisation sur ses sites et les incite à prendre le pas pour développer la qualité de ses produits et donc étroitement la relation client - fournisseur.

Patrick Koeller, PDG de l'entreprise Faurecia, décrivait son point de vue vis-à-vis de la performance des robots dans une interview pour Les Echos : « Les robots nous permettent d'être plus compétitifs et il y a des effets intéressant lorsque vous regardez la géopolitique, il y a quelques années nous transférions nos outils de production vers les pays à bas cout en particulier dans les pays de l'est ou au sud de l'Europe, en Afrique du nord. Aujourd'hui avec ces outils digitaux, avec cette transformation digitale, on est capable de conserver dans des pays à haut cout une activité industrielle. Pour une usine Faurecia donnée, moins d'emplois, c'est vrai mais une pérennité réelle de nos infrastructures industrielles ».

En janvier 2018, le groupe Faurecia lance même un concours de grande envergure pour développer ce point : le groupe demande à l'ensemble de ses sites de déterminer le besoin et les

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projets impliquant un robot. Les meilleurs projets sélectionnés se verront octroyés par Faurecia, aux frais du siège, un pactole complet permettant de robotiser le projet.

Nouredine Bagbiegue, consultant projet d'usine ajoute : « Il parait désormais certain que les grands groupes d'aujourd'hui, dont Faurecia, tendent à se robotiser un maximum, même pour les clients et les investisseurs. Je pense que ces derniers auront plus de confiance à nous attribuer de nouveaux projets car ces robots ont fait leurs preuves et nous permettent de nous spécialiser et de nous axer sur des projets jusqu'alors impossibles : par manque de compétence, de personnel, ou tout simplement de temps. D'autant plus que le groupe nous donne les moyens aujourd'hui et s'axe dans une démarche d'amélioration continue.».

Le monde automobile est strict et demande une maitrise complète de son processus de fabrication. La norme IATF 16949, dédiée au monde automobile et aéronautique, en fait foi. Du fait de la complexité des véhicules d'aujourd'hui, d'une multitude de personnalisation du produit et de la hausse des contraintes, la robotisation (collaborative ou totale) paraît être le choix vers lequel se tourne l'entreprise pour répondre au cahier des charges de son client. Le projet du Facelift montre que la robotisation de 70% des postes de travail sur la nouvelle ligne d'assemblage permet le respect du tact-time imposé par le client.

La performance du processus est accrue lorsque celle-ci est robotisée. En effet, réalisée par des gestes précis et répétable les robots permettent d'améliorer la rapidité de production des pièces. Ce point a notamment été constaté dans l'entreprise avec la robotisation par découpe laser de parties issues de la carrosserie pare-chocs avant.

Pour Eric Barbier, responsable Laboratoire et développement : « Certains postes ont fait l'objet de robotisation car on s'est rendu compte qu'il y avait de nombreux incomplets. C'était difficile pour quelqu'un d'être vigilant pendant tout un poste, de voir chaque fois un incomplet à des endroits différents et donc il y avait des cellules qui examinaient la conformité des pièces et les pièces étaient directement envoyés dans des containers ».

La rapidité du traitement de l'information est également un point qui revient fréquemment dans les différents entretiens menés, Martin Schissler, responsable informatique hygiène et environnement indique que « devant la masse d'informations que doivent gérer les

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entreprises d'aujourd'hui, il est évident que la robotisation dotée d'une intelligence artificielle propulsée par la rapidité des processeurs d'aujourd'hui, permet un puissant traitement de l'information et tirer ses ressources dans des bases de données. ». Le traitement de l'information et la réaction en fonction du résultat obtenu permettent d'accélérer les prises de décisions.

De manière générale, l'ensemble des individus s'accordent sur le fait que la robotisation constitue un levier de performance dans la qualité avec l'amélioration des processus de fabrication. Nous retrouvons de plus, dans la quasi-totalité des entretiens, les mots clés suivants : « répétabilité, capabilité, gains de temps ». Mais il est intéressant de constater que les individus s'axent intuitivement vers l'aspect social.

10.2.2 L'aspect social :

Ce point fait moins l'unanimité : seuls 40% des personnes voient de manière spontanée et autonome les aspects positifs de la robotisation sur la dimension sociale. Sur ces 40%, l'ensemble des individus prennent l'aspect « travailler dans un lieu sécurisé » comme élément prioritaire de cette technologie. En effet, et conformément à l'analyse théorique, la robotisation permet de minimiser les travaux pénibles et donc d'impacter favorablement le nombre d'accidents et risques associés. Anne-Sophie Mougel animatrice Hygiène, Sécurité et Environnement informe : « La robotisation a déjà permis de démontrer à notre site une réduction évidente des accidents et des troubles musculo-squelettiques liés à la manutention de pièces. Les personnes travaillaient dans des zones non ergonomiques, parfois même côtés rouge ou noire (les pires cotations ergonomiques nécessitant un plan d'action immédiat). Une des solutions les plus efficaces et des plus radicales est de robotiser ces tâches dangereuses pour l'Homme. Cette solution a déjà été choisie pour le projet du Facelift car nous ne pouvions pas respecter les normes ergonomiques pour certains postes de travail. » Cette idée est de plus complétée par la vision de Martin Schissler, « Les accidents du travail et les maladies professionnelles représentent un coût extrêmement important pour une entreprise, quel que soit sa taille. Il n'est pas envisageable que les personnes travaillent dans des conditions dangereuses pour leur santé, nous tenons à l'intégrité physique de notre personnel. La robotisation est un pas de plus vers la sécurité et le respect des conditions de travail de notre personnel ». Les données permettent effectivement de constater que la première cause de maladie professionnelle chez

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Faurecia est issue des troubles musculo-squelettiques provenant essentiellement des UAP d'injection et d'assemblage.

Dès lors l'entretien découle sur les secteurs susceptible d'être entièrement robotisé et le constat est unanime : la quasi-totalité des personnes nous indiquent qu'elles verraient le secteur de l'injection et de l'assemblage entièrement robotisé.

Paradoxalement, ce sont également ces secteurs qui embauchent le plus de personnes (contrats à durée indéterminé et intérimaires). Selon Jordan Martellota, technicien méthode assemblage : « Je suis sûr qu'un jour les secteurs de l'assemblage et de l'injection seront à terme entièrement robotisés ces deux secteurs représentent des difficultés pour l'opérateur. A l'assemblage comme à l'injection, l'opérateur manie différentes pièces de toutes tailles et de tout poids. Il piétine beaucoup sur place, ce qui n'est pas bon pour la santé. De plus, on travaille dans la précision : manipuler de petites pièces toute la journée dans tous les sens sur toute une vie, vous récolterez dans le pire des cas des troubles musculo-squelettiques. ».

La manipulation et la précision requises pour la production des pièces génèrent en effet une cotation ergonomique défavorable. Rendre un poste ergonomique pour l'Homme requiert parfois un investissement extrêmement important et peut-être dans certains cas insuffisant pour répondre aux critères favorables. De nombreux projets existants et toujours en cours au sein du site de Hambach pour rendre ergonomique des postes de travail utilisé par l'homme en font foi. Certains projets échouent, vouloir améliorer un système défaillant pour le rendre ergonomiquement plus acceptable mènera indubitablement l'entreprise vers de nouveaux problèmes.

Ce cas a notamment été expérimenté par l'entreprise dans le secteur de la peinture pièce et de la zone de changement de Skid (structure portant les pièces en thermoplastique produites). Ce poste longtemps coté noir ergonomiquement a fait l'objet de nombreuses modifications plus ou moins onéreuses. L'entreprise a désormais choisi de constituer un groupe de travail afin d'en déterminer les solutions. Ne pouvant y intégrer un robot autonome sur cette ligne pour des soucis techniques (l'intervention humaine d'un opérateur qualifié étant obligatoire pour déterminer la séquence en fonction de la production), nous avons décidé de mettre en place un système robotisé permettant d'assister l'opérateur pour le chargement et le déchargement de ces supports.

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Ce projet a été immédiatement accepté par le groupe et l'investissement a été validé par le groupe permettant à la fois d'accéder aux bénéfices du robot et de la technicité de l'opérateur.

10.2.3 L'aspect environnemental.

La robotisation apporte également ses points positifs dans l'entreprise Faurecia, elle permet de réduire le bilan CO2 de l'entreprise. Anne-Sophie Mougel indique « les robots ont un impact nettement moins important sur l'environnement qu'un individu, hormis dans leur rares cas de maintenance corrective (génération d'huile...) » Le coût de consommation électrique d'un robot est estimé à 0,15€ / Kwh. Pour une utilisation de 300 jours par an, de façon continue (24h/24) soit 7200 heures, la facture est estimé à 600€ pour les plus petits et jusqu'à 2000€ pour les plus imposants. Le recours à cette technologie permet d'optimiser les ressources et d'améliorer les performances technologiques. Le site de Faurecia s'inscrit également dans une démarche énergétique et environnementale en y déployant respectivement les normes ISO 50001 (management de l'énergie) et 14001 (management de l'environnement). De ce fait, elle réalise mensuellement des revues énergétiques et environnementales permettant d'analyser les consommations de l'entreprise et d'y développer des actions amélioratives.

Mais l'ensemble de ces points positifs sont également nuancés dans l'entreprises par des problèmes potentiels, nous allons désormais voir dans la suite de l'étude ce que les entretiens ont permis de soulever et de voir si des solutions sont existantes pour y pallier.

11. Les problèmes soulevés dans l'entreprise Faurecia 11.1 La performance qualité :

La robotisation permet de développer la performance industrielle de l'entreprise mais cette technologie munie d'une multitude d'atouts pose également des problèmes et peut freiner sa performance. En étudiant Faurecia, il s'avère que les coûts liés à la robotisation en cas de défaillance peuvent être élevés.

La provenance des pièces issues d'un seul fabricant, la difficulté d'obtention des pièces ou les pièces caduques peuvent faire repenser l'ensemble d'une zone de production. Mais le

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point le plus critique réside parfois dans la durée de maintenance de ces robots. La monté en informatique embarqué, la complexité des systèmes électriques, mécaniques, pneumatiques, rendent les opérations de maintenance de plus en plus complexes et de plus en plus longues avec parfois des diagnostics compliqués. La hantise du site de Hambach serait de mettre à l'arrêt son client par l'incapacité de produire des pièces liées à une panne robot.

Une information originale est également fournie par Patrick Hug, responsable du centre de recherche et développement d'Arcelor Mittal : « Il faut réellement faire attention à ce point, les robots ont une extraordinaire capacité et un défaut fondamental : c'est qu'ils font juste. [...] Quand on fait des gestes justes on a plus la moindre capacité de se développer. ». Ce point est alors très surprenant, ce qui faisait la force du système est vu par certains comme un défaut majeur : la justesse de ce dernier. Tandis que les robots font justes, les hommes eux font des erreurs. « Un cerveau humain c'est fait pour se tromper en permanence et pour pouvoir ajuster ses réponses de façon heuristique et créative et pouvoir assembler un comportement très adapté avec des décisions qui étaient fausses. [...], ce qui va faire la force de l'humain c'est sa capacité à se tromper. L'essentiel des découvertes humaines sont des erreurs d'interprétation. Partout où ces tâches seront robotisées, il faut que cela laisse un espace pour l'homme et son imaginaire. ». Robotiser entièrement les lignes peut s'avérer contreproductif en retirant cette part d'erreur. Les projets d'entreprises proviennent généralement d'erreurs humaines permettant l'amélioration des processus de fabrication, les données des plans d'action de l'entreprise en font foi. Ce cas a notamment été décrit par Anne-Sophie Mougel : « il n'est pas rare que certaines erreurs des opérateurs (j'entends de manière involontaire) aient permis de déceler des erreurs dans notre façon de procéder, et en analysant les lieux et en y préparant les actions adéquates, on à améliorer la performance du poste. ».

Ainsi, au-delà des aspects pécuniaires que peuvent avoir les entreprises face à la maintenance des systèmes robotisés, elles doivent prendre conscience également que les robots ont la capacité de reproduire exactement (dans les conditions normales d'utilisation) ce qui est demandé en éliminant le facteur d'erreur. Or, l'histoire de la recherche faisant foi, l'erreur permet de progresser et d'obtenir de nouvelles perspectives d'amélioration. La robotique permet d'accroitre les performances de l'entreprise quand cette dernière est capable de l'intégrer au mieux en tenant compte des facteurs susmentionnés. Mais ce point est fortement nuancé par

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Martin Schissler : « Je ne crois plus au modèle de l'apprentissage par l'erreur, c'est dépassé. Dans l'industrie automobile nous n'avons pas le droit à l'erreur, cela coûterai beaucoup trop cher»

Nous allons désormais mentionner les aspects sociaux qui ont été mentionnés dans l'étude du site Faurecia.

11.2 L'aspect social et sécuritaire.

L'étude théorique nous montre que la robotisation peut dans certains cas être source de destructions d'emploi : ceux qui sont généralement répétitifs, dangereux pour l'homme ou pour répondre aux critères et orientations stratégiques économiques de l'entreprise. Le projet du facelift va réduire le nombre de salariés sur certaines lignes. Ces salariés sont essentiellement intérimaires. Cette question de destruction d'emploi divise les individus.

Pour certains cette destruction ne sera pas comblée par la création de nouveaux emplois chez Faurecia. Cet axe est notamment défendu par Arnaud Trimborn, expert Injection et programmateur machine Faurecia : « Si ce n'est pas compensé par des aides pour d'autres emplois, s'il n'y a pas une loi qui impose un reversement des gains lors de l'implantation des robots pour favoriser d'autres emplois, c'est destructif. De toute manière, même si nous obtenons de nouveaux emplois sur notre ligne d'assemblage, je pense que le nombre sera nettement inférieur à ceux qui disparaîtront avec cette nouvelle technologie. ». Il complète : « Nous sommes des êtres sociaux, et travailler avec très peu de monde, on sait tous vers quoi cela mène : dépression et vous perdrez votre intérêt et votre motivation à travailler dans cette entreprise. Nous avons besoin de ce lien social ».

Jean-Sébastien Fafournoux, représentant du personnel nous donne sa vision concernant ce point : « Si on estime qu'un opérateur est uniquement employé, rémunéré pour faire une tâche de production en 8 heures de temps sans penser son travail, en se mettant à la place d'une entreprise, oui le robot sera rentable, il ne tombe pas malade, ne négocie pas d'augmentations de salaire, de coefficient, et on peut le faire travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il n'y a pas photo. En revanche, si on souhaite qu'il y ait une émancipation de l'humain et que dans une entreprise il y ait un minimum de lien social pour que les gens puissent améliorer leurs

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conditions de travail, améliorer leurs postes de travail, si on supprime l'humain et qu'on le remplace par des robots, ce phénomène n'existera plus. Même s'il faudra des techniciens pour régler ces robots, les dépanner et faire le service après-vente. On sera dans une déshumanisation. On sait également que le secteur automobile est l'acteur majoritaire dans la robotisation des lignes de production. L'Assemblage est le secteur qui se développera le plus dans cette technologie et il n'est pas improbable que dans les années à venir les conclusions faites aujourd'hui se réalisent pour de vrai et il est important de réfléchir en amont pour diminuer au maximum les risques liés à cette technologie. ». Il est intéressant de constater que le mot clé « lien » est très présent dans les entretiens, presque systématique des discours. Ce mot permet de comprendre le besoin des personnes envers ce lien social en entreprise et qu'il est difficile d'imaginer de travailler seul en compagnie des robots.

Dans l'entreprise Faurecia, les valeurs humaines sont très présentes et s'axent autour d'une culture d'entreprise : Beins Faurecia. Ces principes prônent des valeurs d'entraide, de créativité et d'autonomie. Cela explique une certaine difficulté d'acceptation sociale face à ces robots industriels. La peur de la perte de l'emploi n'est pas alors le premier point évoqué contrairement à ce qui a pu être établi via les recherches théoriques. Pour Bruno Bondu : « j'aurais du mal à déterminer si je souhaiterais travailler seul munie d'une équipe de robots, ou ne pas travailler du tout et rechercher un emploi dans une entreprise classique, mais dans le cas de notre projet du facelift on en est encore loin ».

Un autre constat, plus original encore, est décrit par Éric Barbier : « Un point particulier attire mon attention, et cela me fait peur même au niveau personnel, c'est la surveillance et le flicage au travail. Par exemple, imaginons qu'il y ait un être humain en même temps que le robot, ce dernier va emmagasiner une énorme masse de données, qui peuvent ensuite être utilisées pour dire : « Ce salarié, il est quand même moins performant que les autres, là il va 2 secondes moins vite, là il fait ça comme ça etc.» et donc en analysant ces données recueillies, on peut arriver à justifier que tel salarié est moins compétitif qu'un autre. C'est vraiment comparable aux réseaux sociaux, si quelqu'un s'accapare des données personnelles et les croise, celui qui les étudie, peut dire « cette personne là j'arriverai à lui vendre mon produit, à lui faire croire ceci ou cela, car j'ai remarqué que dans sa personnalité il a tendance à ... « dans ce cas-là ce n'est pas honnête. »

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11.3 Des risques pour la sécurité.

Travailler avec des robots n'est pas dépourvu de risque pour la santé. Même si ces cas sont extrêmement rares, l'analyse des risques doit le mentionner. En étant de plus en plus perfectionnés ces robots sont pourvus d'une multitude d'outils et autres composants permettant d'effectuer des tâches complexes. Ainsi, la présence d'outils dangereux dans les zones robots peut avoir des effets graves sur la santé : magnétisme, faisceau laser, vitesse, ligne de tir etc. sont des points qui nécessitent une analyse approfondie. Le projet du Facelift se verra doté d'une zone robotisé de découpe laser. Cette découpe sera réalisée par un laser de catégorie 4 (soit le plus puissant et dangereux existant). Les robots permettent de réaliser des opérations dangereuses dans un environnement maitrisé, la zone peinture de l'entreprise est le parfait exemple. Martin Schissler indique : « Cet environnement est vu de l'extérieur par nos employés. Ils l'estiment sécurisée car il n'y a pas de problème visible de l'extérieur de la cabine, mais ils oublient que c'est un robot qui est dans un environnement agressif et pas un homme. S'ils pénètrent dans cet environnement agressif sans le respect des consignes de sécurité cela peut être extrêmement dangereux. ». Les robots peuvent ainsi donner un sentiment de sécurité qui peut être dangereux.

Développer la robotisation permet en effet de limiter les travaux à risques et les sources de pénibilité, mais il est vrai que dans certaines configurations, ces systèmes peuvent également être source de danger pour l'homme. Heureusement, le site de Faurecia n'a pas eu à faire à un accident de ce type. Mais ces différents points affectant l'aspect social et la sécurité du salarié risquent de créer une forme de résistance, nous nous proposons de poser la question de la résistance au changement aux personnes interrogées.

11.4 Le phénomène de résistance au changement

Dix personnes interrogés sur la résistance au changement voient effectivement ce phénomène dans l'entreprise. Les mots clés « peur » « remplacement » « syndicats » « culture » reviennent souvent dans les propos tenus. Éric Barbier, déclare ainsi : « Oui, je pense que c'est le cas, en tout cas chez les allemands cette technologie, c'est culturel. Les Allemands aiment bien la mécanique et tout ce qui touche les machines, c'est les rois de la machine à outils dans le monde et c'est grâce à tout ça qu'ils ont une balance à l'exportation positive. Je pense que par

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notre culture on aura toujours tendance à avoir peur face à ces nouvelles technologies car certains métiers seront amenés à disparaître. » Mais ce constat est nuancé par Martin Schissler : « dans notre entreprise les employés n'ont pas réellement de résistance car ils comprennent que ces robots apportent une amélioration des conditions de travail, ce sont essentiellement les intérimaires qui sont impactés par un non renouvellement de contrat »

Pour Patrick Hug : « C'est une crainte fondée car il y a une disposition du monde actuellement énormément de personnes qui n'ont pas forcément eu l'accès à une éducation d'abstraction suffisante. ».

Mais alors quelles sont les solutions que Faurecia peut - met en oeuvre pour y remédier ? 12. Les solutions pour pallier aux problèmes soulevés dans l'entreprise.

L'objectif de cette partie est d'exposer les recommandations que certains chercheurs et professionnels de l'entreprise Faurecia peuvent apporter à l'entreprise dans son contexte de modernisation du véhicule Smart afin d'accompagner au maximum cette technologie.

12.1 L'aspect économique.

Le coût de cette technologie peut s'avérer être un frein pour l'entreprise mais des solutions ont été exposées permettant de répondre au mieux à ces limites. Un service de maintenance adapté et formé aux nouvelles technologies permet de limiter les frais liés aux pannes des systèmes. La présence d'un automaticien spécialisé permet de pallier aux problèmes récurrents dont la solution ne nécessite plus l'intervention systématique du fournisseur du robot.

Martin Schissler indique « nous sommes passé à la deuxième génération de robot, on a divisé par dix le nombre de pannes et ces derniers sont capable d'alerter nos services avant même que la panne ne se produise ».

Dans les situations les plus graves, il y a un risque d'arrêt client qui peut coûter très cher à l'entreprise, sachant que Faurecia Hambach est située sur le site de son client unique. Arnaud Dubourdieu, responsable Qualité, nous informe qu'un arrêt client reviendrait économiquement « à 3000€ pour 10 minutes d'arrêt du client, sans compter les frais annexes ». Pour pallier ce

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problème lié à l'arrêt client par un robot ou une défaillance système, l'entreprise met en place dans les postes les plus critiques un système de « back-up ». Pour Sébastien Dosne, méthodiste maintenance, « ces back-ups sont primordiaux dans notre entreprise, si un robot est défaillant, dans les meilleurs cas nous pourrions le remettre sur pied dans des délais n'impactant pas notre client ». Faurecia dispose en effet d'un stock tampon, dans une structure logistique entièrement robotisée permettant notamment de fournir pendant quelques heures le client si des soucis apparaissent (cas de pannes, grèves, problème matière, défaillance matière ...). Cependant, ce système ne garantit pas une livraison client si la panne survient pendant plusieurs heures. C'est ainsi que pour Sébastien Dosne : « Une solution réside dans nos postes back-up, surtout à l'avenir de la robotisation, ces petits postes permettent de réagir en mode dégradé et un opérateur peut garantir pendant tout le poste une production de pièces nécessaire pour livrer le client. ». En réfléchissant à cette réponse et en investiguant de plus près l'organisation d'entreprise, cette solution pourrait permettre en même temps de déplacer les emplois vers des métiers disposant d'une plus grande flexibilité. Il ajoute : « On pourrait croire que l'entreprise aurait choisi d'implanter des robots autonomes back-up mais cet axe n'est pas envisagé, la politique d'entreprise, la complexité de nos processus et la nécessité de dialogue avec le client fait que l'homme est, et sera la meilleure solution dans nos locaux. ».

12.2 L'aspect Social :

Pour certains, la solution se trouve dans la durée de travail adaptée à la modernisation de la ligne, Arnaud Trimborn propose par exemple de « Travailler moins. C'est à dire travailler et être capable de dire à nos salariés de l'injection : travailler sur une plus courte période pour pouvoir avoir une vie plus enrichissante. Travailler moins ne signifie pas être moins productif, cela signifie juste de mieux répartir les tâches. Former mieux les gens pour qu'ils soient plus performants à dépanner des robots, à les reprogrammer [...]. Dans ce que je constate actuellement, la solution c'est de répartir le travail sur plusieurs personnes. ».

D'autres voient en la formation un axe de résolution : « Si le robot devient monteur ajusteur, on n'aura plus besoin de monteur ajusteur. Mais pour créer ces robots il faudra cette connaissance pour réaliser l'architecture même du robot. Je pense que ça va créer des métiers

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qui demandent plus d'autonomie et de responsabilité, d'initiative, de réflexion et créatif. Moins répétitif, plus créatif. » Eric Barbier.

Pour d'autres encore, l'Homme n'aura aucun moyen de contrôle sur cette technologie. Par exemple, Patrick Hug considère qu'il est illusoire de penser maitriser cette technologie mais qu'il faudrait repositionner sa vision et ses questions sur le but même du travail : « Dans un aspect systémique, cette technologie qu'on a produit à l'origine est plus forte que nous, c'est comme l'économie, elle nous surpasse, elle est au-delà de nous, c'est nous qui l'avons mise en place et elle nous échappe. Je pense qu'il est illusoire de l'imaginer canalisée. La seule chose c'est de dire maintenant que cela existe, comment arrivons-nous à trouver notre place dans ce système ? Pour certains individus, cela ne posera jamais de difficultés mais je ne sais pas s'il y aura de la place pour tout le monde à tout moment. Certains seront à l'aise dans les éléments sociaux culture qui sont les leurs, d'autres non, seront en crainte. La meilleure façon pour que les humains soient à l'aise c'est que les robots libèrent l'homme des contingences pour libérer son imaginaire. Si on n'était pas obligé de travailler que ferions-nous ? A quoi sert de gagner l'argent ? ». L'une des solutions résiderait dans la montée en compétence des salariés.

12.3 La montée en compétence.

La prise en compte de la nécessité de montée en compétence des salariés est un point qui est particulièrement pris au sérieux dans l'entreprise. Une structure de e-learning entièrement dédiée aux formations est mise en place. Le groupe Faurecia investi de plus en plus dans ces plateformes de formation digitalisées et font appel à des prestataires externe de service digital tel que Klaxoon, solution dédiée exclusivement à la réalisation de formations et réunions digitalisées. Dans ces formations on y trouve un éventail complet de thèmes touchant à la fois productivité, économie, gestion, management. La formation sur la «résistance au changement » est présentée en interne. Ce thème est connu de l'entreprise, et la formation digitalisée en E-learning en fait foi. Dans cette formation, l'entreprise propose aux individus « d'apprendre à désapprendre » en mettant de côté leurs anciennes pratiques car l'entreprise considère que la juxtaposition de processus anciens et nouveaux est impossible. Ces cours sont évalués, permettant d'octroyer un grade et un rang interne.

13 Comparaisons entre les solutions empiriques et théoriques

Ce tableau a pour objectif de présenter de manière synthétique l'ensemble des pistes de solutions proposé dans la partie théorique et étudiée sur le terrain.

Problèmes Solutions théoriques Solutions empiriques

La robotisation
industrielle
supprime les
emplois

· Les emplois sont déplacés ou de nouveaux emplois sont créés. Permet de débloquer des fonds d'investissement.

· Rend l'entreprise plus

efficace et permet
d'embaucher de manière globale.

· Réalisation de formations internes permettant la montée en compétence du personnel (formation de 3 techniciens devenus régleurs robots).

· Permet de maintenir les infrastructures dans les pays à haut cout.

· Impacte essentiellement les intérimaires

 

L'acceptation
sociale

· Création de robots sociaux permettant de prendre en compte les émotions des individus.

· Taxation de la robotique.

· Prendre en considération les attentes des employés.

· Etre à l'écoute.

· Analyse de ce facteur dans les nouveaux projets

 

La sécurité
menacée

· Mise en place d'un droit des robots avec cadre juridique spécifique. Charte éthique basée sur le concept d'Asimov. La sécurité aide à la réalisation d'opérations dangereuses.

· Etre vigilent sur l'image sécuritaire que donnent les robots aux salariés. Les robots travaillent dans un environnement agressif non adapté pour l'homme. Réaliser des formations et sensibilisations.

 

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Résistance au changement

· L'accompagner, en tirer parti : la voir comme positive, mène vers une stabilité, un consensus. Les salariés ont une approche par les risques.

· Faible résistance du personnel de

Faurecia : ils acceptent la
technologie car elle améliore les conditions de travail.

· Réaliser de la communication avec l'ensemble des salariés en prenant compte de leurs attentes. Faire des formations sur les enjeux de demain et les faire « apprendre à désapprendre ».

 

Coût important
· Aide financière garantie par

l'état. retour sur
investissement de cette technologie important.

· Diminution de 40% en 10 ans du prix de la robotique.

· Aide du groupe au déploiement de cette technologie.

· Retour sur investissement important. Estimé à 2 ans.

 

Problèmes techniques

· Des coûts liés à la maintenance réduits.

· Des technologies plus fiables.

· Diminution par 10 du nombre de pannes lié au robot grâce aux nouvelles générations.

· Permet d'informer les services de l'entreprise avant même que la panne ne se produise.

· Une simplicité de remplacement des robots : présences de robots back-up

 

·

Permet de répondre aux critères du

Attractivité du
· Donne une image de cahier des charges du client Smart.

produit modernité à l'entreprise.
· Prix de production

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· Cadence et reproductibilité assurée

Menace pour l'environnement

· Une consommation d'énergie moins importante qu'une consommation humaine.

· Consommation et cout (0,15€ / kwh) des robots faible.

· Précision de l'utilisation des ressources

· Meilleure gestion des
consommations des matières premières

· ISO 14001 / 50001

 

Le manque de compétences

· Faire monter en compétence par des formations régulières des employés pour les faire accéder à de nouveaux métiers

· Disponibilité d'une structure en e-learning permettant la formation et la monté en compétence des employés de l'entreprise.

· Formation des employés sur les nouvelles technologies

 

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CONCLUSION

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13. Conclusion

Grâce à l'avancée technologique, au perfectionnement des robots et de l'ère numérique de plus en plus d'emplois, y compris ceux qualifiés sont désormais en partie réalisable par des robots. Ce mémoire a eu pour objectif de déterminer les impacts de la robotisation dans l'industrie et plus particulièrement dans la sphère automobile en y établissant un état des lieux sur les effets potentiels de la robotisation sur un organisme industriel. L'étude empirique dans l'entreprise Faurecia révèle que différentes observations de la partie théorique sont transposables au site. L'audition des individus issus des différentes zones de l'entreprise et de catégories socioprofessionnelles différentes permet d'établir des constats intéressants.

Tout d'abord, peu importe le rang social, on constate que les peurs et les problèmes soulevés semblent être les mêmes : une personne au statut cadre, ressent les mêmes peurs qu'un salarié de production. Ce constat intéressant permet après analyse de retrouver les mêmes mots clés « disparition » « perte emploi » « impuissance » dans la majorité des cas évoquant les problèmes de cette technologie. L'étude théorique nous révèle grâce à l'étude de la littérature les différents points de vue des chercheurs concernant la robotisation. Ainsi, ils nous donnent les principaux avantages de la robotisation qui ont été confirmés dans l'entreprise Faurecia. Bien qu'ils soient généralement d'ordre économique, on ressent une nouvelle direction vers les avantages sociaux et écologiques.

Les chercheurs s'accordent sur la nécessité de montée en compétence du personnel, la protection de l'environnement, l'optimisation des ressources etc., car ces derniers points sont les nouveaux enjeux des entreprises qui souhaitent atteindre la sphère durable de leur développement et c'est par ce biais qu'elles doivent penser la robotique industrielle. L'étude de l'entreprise Faurecia s'accorde encore une fois sur ce principe : un investissement important dans les formations du personnel, des structures de e-learning dédiées aux enjeux de demain, un investissement massif dans la robotique, la prise en compte des enjeux environnementaux et énergétiques avec la volonté de répondre aux exigences normatives.

L'industrie automobile est le secteur qui dispose du parc robotique le plus important. L'étude théorique a été conduite en maximisant les recherches sur l'entreprise automobile mais a été complété par l'industrie dans sa globalité car des lacunes, particulièrement dans la sphère

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environnementale se fait ressentir. Ainsi, nous ne pourrions attribuer à la robotisation qu'une multitude d'effets positifs, cette technologie à son stade actuel présente des problèmes dans notre société. Nous constatons que la robotique est généralement choisie pour cause évidente économique délaissant à la fois la sphère sociale et environnementale. Ces lacunes se font ressentir également dans l'entreprise Faurecia car très peu de personnes mentionnent la sphère environnementale de la robotisation alors que la prise de ce facteur permet de tirer un maximum de bénéfices tel que l'image d'une entreprise moderne et responsable. Les principaux défauts imputés à la robotisation paraissent être les mêmes : la destruction et la peur du remplacement. Il est vrai que dans l'entreprise Faurecia un nombre important de tâches pourraient être robotisées, mais il faut nuancer ce constat : dans un premier temps ces tâches sont généralement réalisées par des intérimaires et ce sont ces tâches qui présentent le plus grand risque de danger de trouble musculo-squelettique. L'étude des données internes liées aux accidents du travail montre les principales sources d'accident qui sont en grande partie imputable au poste de travail et au comportement à risque des individus.

Il ne faut pas conclure que la robotisation va détruire massivement les emplois à moyen terme : ce mémoire n'a pas pour objectif de dissuader l'entreprise à implanter la robotisation, bien au contraire, de nombreux chercheurs sont optimistes quant à l'utilisation de robots au profit l'amélioration notable des conditions de travail, de l'amélioration de la performance industrielle et des impacts environnementaux positifs. Il paraît évident que les robots seront un moteur de la future économie mondiale tant que les problèmes soulevés par cette technologie sont résolus et accompagnés.

13.1 Discussion, validité et qualité des résultats.

Cette étude ajoute aux travaux existant une part de visibilité des effets de la robotique dans l'industrie et plus particulièrement dans la sphère automobile. Elle apporte un complément d'analyse en prenant compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux. Elle met en égalité ces trois aspects en y recherchant un maximum d'informations dans la littérature et sur l'expérience vécue sur le terrain. Certains résultats confirment les hypothèses fournies par la littérature : la robotisation modifie notre vision du travail et a un impact sur celui-ci.

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La tendance à l'utilisation accrue de la robotique dans l'industrie, en particulier automobile se poursuivra. Mais la façon dont l'accompagnement de cette implantation est d'une importance cruciale : elle doit se dérouler de manière responsable, en privilégiant le respect des valeurs sociétales économiques et environnementale, ce qui exige de développer et de mettre en oeuvre des pratiques optimales, telle que la montée en compétence des individus.

À cette fin, nous avons cherché montrer l'impact de la robotique sur l'aspect social en expliquant pourquoi c'est cet axe qui porte le plus souvent à contrainte en entreprise; et suggérer des pistes. Ce faisant, nous avons fourni des ressources qui, nous l'espérons, faciliteront et guideront des analyses plus pointues des défis potentiels que peuvent présenter les nouvelles technologies robotiques environnementales.

13.2 Limite de l'étude :

Ce mémoire a été constitué en utilisant de nombreuses ressources littéraires. Nous pouvons poser une première objection quant à la représentativité des documents étudiés : de nombreux articles proviennent de pays étrangers alors que nous faisons part de l'impact de la culture sur la vision de la robotisation, il est alors important de rester prudent avec la vision de certains chercheurs et cas présentés qui peuvent parfois être lié à une culture particulière. Cependant ces visions au-delà de nos frontières permettent d'en tirer un maximum de bénéfices en y prenant exemple sur les cas qui fonctionnent, d'autant plus que la France ne réside pas dans les pays les plus robotisés. Les pistes proposées dans ce mémoire permettent donc d'avoir des pistes de réflexions sur lesquelles d'autres analyses plus orientés sur la culture Française pourraient confirmer nos hypothèses.

On peut également poser une deuxième objection quant au nombre restreint d'étude concernant les impacts sur la robotisation industrielle automobile alors que c'est cette même industrie qui possède le parc robotique le plus important. L'étude généralisée des impacts de la robotisation permet néanmoins d'en tirer des conclusions sur des entreprises différentes facilement transposables au monde automobile. De plus cette étude permet alors de compléter la littérature en exposant la vision d'une entreprise automobile sur ce secteur.

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13.3 Ouverture

La robotisation n'est pas uniquement une question d'évolution technologique, elle apporte son lot d'effets dans notre organisation du travail. Le cout moyen d'un robot a fortement diminué ces dernières années permettant aux petites et moyennes entreprises d'avoir accès à cette évolution technologique. Le questionnement de ce mémoire pourra être généralisé à l'ensemble des organismes de demain. Cette technologie n'est plus uniquement présente dans les industries manufacturières et automobiles mais peut être généralisée à l'ensemble des secteurs, tel que ceux des services. Il ne faut pas craindre l'émergence de métiers qui sont capturés par des robots dès lors que ces métiers libèrent les personnes vers des options de développement créatif. Les robots libèrent l'homme des contingences et libère son imaginaire. Si nous n'étions pas obligés de travailler que ferions-nous ?

Nous pouvons alors nous poser la question si nous nous dirigeons vers la fin du travail ? Peut-on dire que les générations futures travailleront moins pour vivre plus ?

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ANNEXES

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Entretiens : 16 entretiens ont été réalisés : L'ensemble des entretiens ne seront pas retranscrits dans un souci de temps disponible pour l'élaboration de ce mémoire. Parmi l'ensemble des 16 entretiens, 4 ont été entièrement retranscrits et ont été choisis en fonction de la catégorie socioprofessionnelle, du contenu et conclusions originales que peuvent porter les entretiens.

Faurecia Hambach

BAGBIEGUE Noureddine - Projets d'entreprise

BARBIER Éric - Responsable laboratoire et développement

BONDU Bruno - Technicien qualité

DECHOUX Isabelle - Direction

DOSNE Sébastien - Méthodiste assemblage

FAFOURNOUX Jean Sébastien - Technicien logistique - Représentant du personnel

KOENING Dominique - Régleur moule

MARTELLOTA Jordan - Technicien assemblage

MOUGEL Anne-Sophie - Animatrice Hygiène, sécurité et environnement

POINSIGNON Fabienne - Superviseur laboratoire

SCHISSLER Martin - Responsable informatique, hygiène, sécurité et environnement

LAGUNA Vincent - Qualité injection

TRIMBORN Arnaud - Expert injection, programmateur robots presses

ULRICH Vincent - Technicien qualité

Externe :

HUG Patrick-Responsable Recherche et développement Arcelor Mittal - Maizières WALTER Fanny - Ingénieur qualité Steelcase - Sarrebourg

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Arnaud Trimborn

Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ?

Pour moi, le robot et l'automate sont deux notions différentes. Comparons ces deux points à l'humain, cela reviendrait à dire que le robot serait le cerveau, et l'automate le bras.

«Pour moi la robotisation c'est un plus pour l'entreprise, mais c'est également un coût. Je constate que lorsqu'il y a un amortissement long on ne met pas en place un robot car ces derniers coûtent cher, pour moi cette vision est erronée car ces robots sont multitâches, je pense à mon sens, dans les entreprises que j'ai vu qui possède beaucoup de robot et peu de personnel, c'est des entreprises performantes. Ces entreprises sont issues du domaine métallurgie, sidérurgie et automobile. Essentiellement dans la fabrication des moules et injection de pièces.

Les apports positifs d'une robotisation ?

Je constate la régularité, la répétabilité et la précision de ces robots, toujours en terme qualitatif. Cela permet de respecter la cadence imposée par notre client. On élimine des tâches pour certains ouvriers, mais finalement ces tâches sont souvent répétitives. Cependant en termes de sécurité, je pense que c'est identique. J'ai des difficultés à croire que les accidents avec les robots n'existent pas, pour moi il risque d'y avoir autant d'accident dès lors qu'il y a interaction entre les robots et les hommes, parfois je constate que c'est vraiment dangereux. On n'est pas à l'abri de bugs et de collision (programmation). D'ailleurs ces accidents n'engagent pas toujours la sécurité des employés mais peuvent être de réelles pertes économiques.

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Que voyez-vous comme limites ?

Si ce n'est pas compensé par des aides pour d'autres emplois, s'il n'y a pas une loi qui impose un reversement des gains lors de l'implantation des robots pour favoriser d'autres emplois, c'est destructif. De toute manière même si nous obtenons de nouveaux emplois sur notre ligne d'assemblage, je pense que le nombre sera nettement inférieur à ceux qui disparaîtront avec cette nouvelle technologie.

L'aspect qualité : Je pense que l'erreur sera toujours humaine, même si on laisse une autonomie ou un pouvoir décisionnel à ce robot, l'erreur initiale sera induite à l'homme. Issue d'une mauvaise programmation initiale, c'est toujours l'humain qui aura oublié quelque chose ; Plus vous avez de données d'entrée dans un robot, plus ce robot est nourri d'expérience et moins il y aura d'erreurs, dans mon cas je constate, mis à part quelques défauts électroniques lié à la conception de certains composants, des erreurs, mais ces erreurs proviennent de l'homme.

Après coup, cela peut être sécurisant de se dire qu'un système est plus intelligent que nous, plus intelligent qu'une seule personne, ou une petite équipe. Je pense que ce système dépasse l'humain à un moment car c'est la mise en collectivité de toutes ces données, toutes ces connaissances qu'une seule personne ou une petite équipe de personne ne peut pas contenir. Forcément cela va dépasser les hommes et ce n'est pas parce que ces derniers jugent que la notion de bien et de mal. Le robot ne dispose pas de ces notions fondamentales d'éthique de bien et de mal sauf si l'homme détermine les règles en place. Malheureusement rien ne nous assure que ces robots ne soient pas capables de déroger à ces règles là et par leur pouvoir décisionnel décider d'eux même des suites à réaliser. S'il est capable de déroger à ces règles, je pense aussi car c'est l'homme qui a souhaité qu'il se fasse dépasser.

Je pense que l'avenir va dépendre de l'intention des personnes développant ces nouvelles technologies. Dans l'industrie, si ce n'est qu'une intention économique alors on va droit dans le mur et il faudra s'attendre à de nombreux conflits sociaux, on pourrait imaginer Mai 68. Mais si cette technologie est utilisée pour développer la compétence du personnel et assurer de meilleures conditions de travail, alors nos enfants auront un bel avenir devant eux. Cela va beaucoup dépendre de la morale des gens qui mettront cette technologie en place qui prédominera, et non les robots.

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Nous sommes des êtres sociaux, et travailler avec très peu de monde, on sait tous vers quoi cela mène : dépression et vous perdrez votre intérêt et votre motivation à travailler dans cette entreprise.

Quelles seraient vos propositions ?

Travailler moins. C'est à dire travailler et être capable de dire à nos salariés à l'injection : travailler sur une plus courte période pour pouvoir avoir une vie plus enrichissante. Travailler moins ne signifie pas être moins productif, cela signifie juste de mieux répartir les tâches. Former mieux les gens pour qu'ils soient plus performants à dépanner des robots, à les reprogrammer. Certes on peut imaginer un robot en réparant un autre, ou en programmant un nouveau à la place de l'homme/ Mais nous n'y sommes pas encore. Dans ce que je constate actuellement, la solution c'est de répartir le travail sur plusieurs personnes.

Ce n'est pas les robots qui décident, et tant que l'homme aura ce pouvoir de décision il orientera vers quel aspect (positif ou négatif) cette technologie tendra. Si l'homme a des intentions criminelles, les dirigeants qui ont le pouvoir, le mot d'ordre vers d'autre nation, le robot prendront le pas et suivront,

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Jean Sebastien Fafournoux

Méthode logistique depuis 1998 dans l'entreprise. J'exerce dans l'implantation et l'optimisation de la logistique, Je suis également délégué du personnel et membre titulaire du comité d'entreprise. Je suis également membre du CHSCT, (4eme mandat) et secrétaire adjoint de ce dernier.

Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ?

A titre personnel, je pense que ce serait une bonne idée car cette technologie permettrait de supprimer des travaux pénibles à titre syndical, ça peut aider l'humain si cela ne supprime pas l'emploi en permettant de soulager les tâches mais que l'opérateur garde le pilotage de la tâche, alors oui. J'ai peur qu'on arrive vers une dérive qui va vers une évolution telle de cette technologie qu'on permet la robotisation à outrance et qu'on ait plus besoin de l'humain en production pour faire des tâches manuelles voir même intellectuel. Dans certains pays comme le japon, les hôpitaux sont déjà capables de remplacer l'humain pour porter les patients. Cela permettrait aussi d'éviter les travaux de nuit qui génèrent selon moi beaucoup de conflit, on sait très bien que c'est un facteur aggravant, cancérigène pour l'humain, et je ne suis pas sûr que travailler la nuit pour fabriquer des Smart soit la meilleure chose à faire, ça ne fait que dérégler le cycle de l'Homme.

Aujourd'hui je n'ai pas assez de recul pour affirmer ou non si ces robots vont détruire les emplois ou ça va le moderniser, cela va demander une adaptation, de nouvelles connaissances pour que les personnes puissent maitriser, coordonner ces robots. La question sera de se demander comment remplacer finalement ces métiers perdus.

D'après moi il y a une sphère de métier facilement robotisable, dont les tâches sont répétitives ou liées à des cadences de production. Si techniquement c'est réalisable, il faudra veiller à que ce soit également moralement acceptable.

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Si on estime qu'un opérateur est uniquement employé, rémunéré pour faire une tâche de production en 8 heures de temps sans penser son travail, en se mettant à la place d'une entreprise, oui le robot sera rentable, il ne tombe pas malade, ne négocie pas d'augmentations de salaire, de coefficient, et on peut le faire travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il n'y a pas photo. En revanche si on souhaite qu'il y ait une émancipation de l'humain et que dans une entreprise il y ait un minimum de lien social pour que les gens puissent améliorer leurs conditions de travail, améliorer leurs postes de travail, si on supprime l'humain et qu'on le remplace par des robots, ce phénomène n'existera plus. Même s'il faudra des techniciens pour régler ces robots, les dépanner et faire le service après-vente. On sera dans une déshumanisation.

On sait également que le secteur automobile est l'acteur majoritaire dans la robotisation des lignes de production. L'assemblage est le secteur qui se développera le plus dans cette technologie et il n'est pas improbable que dans les années à venir les conclusions faites aujourd'hui se réalisent pour de vrai et il est important de réfléchir en amont pour diminuer au maximum les risques liés à cette technologie.

Quelles seraient ces risques, limites ?

Les robots sont finalement dotés d'une intelligence artificielle, un processeur, et avec l'évolution de l'informatique, les processeurs calculent de plus en plus vite. Actuellement les chercheurs n'arrivent plus à déterminer l'acheminement des étapes logiques d'un robot. Pour réaliser une tâche précise il va réaliser une multitude de tâches en amont dont il est le seul à connaitre le chemin. J'ai peur qu'à terme on n'a plus de moyen de contrôle sur ces robots. Il y a donc un risque de perte de maitrise global. C'est difficile de déterminer les risques à l'état actuel car il n'y a pas de connaissances précises à ce sujet.

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Éric Barbier

Je suis scientifique, j'ai un doctorat en matériaux et j'ai travaillé pour la première fois dans un laboratoire de recherche et développement de la peinture et j'ai par la suite travaillé chez un équipementier automobile pour définir les chaînes peinture. Puis me voilà chez Faurecia, à son époque sous dynamite Nobel (1997) pour m'occuper de l'ensemble du développement peinture. J'ai donc eu l'occasion de m'occuper de toute la partie développement peinture, injection et laboratoire.

Ma rencontre avec des robots, les premiers que j'ai vu réellement dans le domaine du travail est en peinture. Quand je suis arrivé il y avait beaucoup de chaine peinture réalisé par des peintres qui étaient dans la chaîne, qui peignait les pièces manuellement, ils avaient une gestuelle et réalisaient tout le temps les mêmes gestes tout le long de la journée, ils étaient équipés de combinaisons, de masques, c'était dur.

Et puis petit à petit sont arrivé les chaînes automatisées, au début là où j'ai rencontré mes premiers robots c'était au flammage pour activer la surface du polypropylène, dans cette situation nous avions besoin de mettre en place ces robots 6 axes bourrés de capteurs qui déplacent le pistolet suivant une certaine distance et vitesse en fonction de la pièce rencontrée.

Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ?

Ma vision par rapport à la robotisation est que cette technologie a connue plusieurs phases, et on est en plein dedans. Elle a connu plusieurs stades, selon moi l'automatisation fût le 1er stade, nous sommes aux prémices de la robotisation et elle sera et restera dans l'avenir. Il y a toujours eu des robots / automates pour réaliser les soudures du véhicule. Dans l'automobile il y a beaucoup de robots, dans l'industrie de manière générale ça s'est robotisé assez rapidement, ces robots de mouvements, de gestes, pour avoir de la précision et de la répétabilité. A l'avenir cela va évoluer parce qu'on va avoir à faire à des cobots, cette collaboration entre le robot et l'être humain. Pour l'instant nous avons à faire à ces robots et l'humain reste en retrait de ces robots pour des questions de sécurité, il y a des barrières immatérielles de sécurité pour que le robot s'arrête dès qu'il y a un être humain dans son voisinage, a l'avenir il va y avoir plus d'interaction entre le robot et l'être humain, qui vont aider l'humain dans sa tâche, qui vont le

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soulager pour essayer d'éviter des maladies de type TMS (troubles musculo squelettiques) des choses comme ça.

Cette technologie va aider l'homme mais ne le remplacera pas ?

Cela peut le remplacer, mais peut être à la marge, en tout cas si effectivement il le remplace je pense que ce sera sur des tâches éprouvantes qui ne sont pas censés être faite par des humains, 5 jours sur 7 pendant toute une vie. Le robot c'est fait pour aider, soulager. Mais également pour des questions qualité en termes de répétabilité, fiabilité de l'opération etc.

D'après vous quelles sont les points positifs de robotisation d'une production industrielle ?

Concrètement, cela permet d'éviter que les êtres humains soient exposés, on peut imaginer envoyer ces robots dans des atmosphères qui ne sont pas bonne pour les êtres humains ou dans la sidérurgie, les gens étaient exposés à des températures très hautes, c'était dangereux pour avoir le ruisseau de métal fondu, il pouvait avoir des projections de métal en fusion. Faire travailler des robots c'est des questions de sécurité, pour éviter également toute cette gestuelle, mais également pour la qualité. Le Robot va être répétable, la qualité devient toujours de plus en plus sévère, les clients sont de plus en plus sevrés en qualité et il devient de plus en plus dur de repérer ces défauts etc. Le robot est plus performant sur cette analyse.

Parmi les UAP Faurecia, lesquelles voyez-vous robotisés ?

Toutes. L'injection, la peinture, l'assemblage. A l'injection on peut imaginer que ça soit robotisé. Bon effectivement j'ai encore du mal à imaginer un robot qui ait l'apparence d'un humain dans nos chaînes de production (rire). Certains postes ont fait l'objet de robotisation car on s'est rendu compte qu'il y avait de nombreux incomplets, c'était difficile pour quelqu'un d'être vigilant pendant tout un poste, de voir chaque fois un incomplet à des endroits différents et donc il y avait des cellules qui examinaient la conformité des pièces et étaient directement envoyés dans des containers. On peut alors imaginer qu'il y a des contrôles qualité fait par des contrôles qualité. On dispose également d'un HRL, cette structure entièrement intelligente permettant de transporter des pièces et permettant de chercher des pièces en FIFO, en

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déterminant sa trajectoire en fonction de l'encombrement des allées dans laquelle il n'y a pas de demande. Notre structure définie elle-même ses ordres de priorité etc. Cette zone n'aurait pas pu être réalisée par une chaîne logistique traditionnelle de type caristes, et a été robotisé dès le début en 1997. Mais cette technologie a été développée. On peut également imaginer le laquage en imaginant remplacer notre parc d'automates par des robots intelligents capable de regarder les pièces et détecter les défauts avant même que ces dernières poursuivent leur cycle habituel de production. Vous n'imaginez pas le gain de temps et d'argent que l'on peut faire. Actuellement le contrôle de pièce est réalisé par une personne, de manière systématique dont le jugement de l'opérateur fait foi. Il faudrait vraiment mettre en place ces robots qui détectent. J'y vois finalement beaucoup d'avantage, le traitement de l'information de masse étant l'une également.

D'après vous quelles seraient les limites ?

Les limites seraient d'avoir moins d'emplois plus de chômage. Parce Que le robot ne remplacerait beaucoup trop de personne. Car dans le modèle économique mis en place actuellement, le robot serait utilisé uniquement pour réaliser un peu plus de bénéfices pour les entreprises et il n'y aurait aucune contrepartie pour les remplacements des personnes par des robots. On peut imaginer, si on va très loin qu'il y aurait une masse de chômeurs assez importante et des robots qui les remplacent, qui coûteraient au début un investissement mais qui ne coûteraient plus grand chose par la suite et qui seraient beaucoup plus, économiquement rentable qu'une personne.

Même en cas de panne ?

En cas de panne, on imaginerait même un robot qui en répare un autre. De manière générale les gens vont réaliser un calcul à un moment donné et vont se dire : «voilà là j'ai autant de chance d'avoir des pièces mauvaises qui sont considérées par l'opérateur comme bonne, avec le robot je n'ai pas ce risque», Je pense que les industriels vont rapidement faire tout un calcul et conclure sur le prix d'achat d'un robot à long terme, «j'ai tant de maintenance par an, une personne coûte autant etc.», et ne vont remplacer que lorsque ce sera économiquement rentable. Le risque évident que je perçois c'est de se débarrasser entièrement de l'être humain. Je pense qu'aujourd'hui c'est le monde de la finance qui gouverne et de façon très dure, c'est probable que ce soit l'issue de cette technologie dans notre société.

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Que voyez-vous comme autre facteur limitant ?

Un point particulier attire mon attention, et cela me fait peur même au niveau personnel, c'est la surveillance et le flicage au travail. Par exemple imaginons qu'il y ait un être humain en même temps que le robot, ce dernier va emmagasiner une énorme masse de donnée, qui peuvent ensuite être utilisées pour dire « Ce salarié, il est quand même moins performant que les autres, là il va 2 secondes moins vite, là il fait ça comme ça etc.» et donc en analysant ces données recueillies on peut arriver à justifier que tel salarié est moins compétitif qu'un autre.

C'est vraiment comparable aux réseaux sociaux, si quelqu'un s'accapare des données personnelles et les croises, qui les étudies, peut dire « cette personne là j'arriverai à lui vendre mon produit, à lui faire croire ceci ou cela, car j'ai remarqué que dans sa personnalité il a tendance à ... « dans ce cas-là ce n'est pas honnête. On parle donc de ces «Big Data» qui peuvent être utilisée à des fins positives qui peuvent servir à éliminer des rebuts ou des défauts dans le processus de fabrication mais il y a également des datas qui peuvent être utilisés à l'encontre du salarié. Cela dépendra vraiment de son utilisation et de l'organisme dans lequel ces données seront recueillies. Il peut y avoir dans l'entreprise des personnes qui l'utilisent à des fins négatives (flicage, sanctions, ...) plutôt qu'à des fins positives en se disant «bah tiens, ici je remarque qu'il y a des lacunes, on va accompagner ce salarié en lui proposant des formations», ça peut être utilisé comme tel, enfin j'y crois.

Une certaine forme de résistance au changement ?

Oui, je pense que c'est le cas en tout cas chez les allemands c'est culturel. Les allemands aiment bien la mécanique et tout ce qui touche les machines, c'est les rois de la machine à outils dans le monde et c'est grâce à tout ça qu'ils ont une balance à l'exportation positive. Je pense que par notre culture on aura toujours tendance à avoir peur face à ces nouvelles technologies car certains métiers seront amenés à disparaître.

Quels types de métiers ?

Dans l'industrie c'est toujours les métiers les plus faciles à remplacer car les tâches ne sont pas très compliquées ; enfin compliqué au point de vue physique il faut une bonne vue, une

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bonne attention pour tenir pendant un poste complet le contrôle des pièces et voir tous les défauts qui peuvent être très difficile à voir mais après ce sont des tâches facilement remplaçables par des robots car il y a des jugements qui sont plus facile à faire que d'autres. Je pense que les niveaux les plus «bas» tel que les opérateurs de production à la chaîne qui seront remplacé et aussi les niveaux les plus bas en employés aussi, ceux qui ont le moins de décisions à prendre, les choses comme ça. Je dirai qu'il va falloir s'adapter mais dans les métiers dits plus créatifs ce sera plus difficile de remplacer les robots. De toute façon c'est pas dans l'industrie qu'il y aura le plus de problème selon moi, c'est dans les services, dans les banques et les assurances, ou en remplace les gens qui sont appelés en anglais : «front office» qui sont en contact avec la clientèle, tout ça c'est de plus en plus remplacé par des robots avec les banques qui sont sur internet, par téléphone, tout ce qui est dématérialisé, on constate une hausse de cette robotisation, c'est des voix, des logiciels intelligents qui comprennent quand même toute une panoplie de base de demande , pour l'instant ils ne sont utilisés qu'à des fins rudimentaires pour savoir par exemple combien il reste sur son compte, si il est débiteur, créditeur, si tel retrait a été fait, tout ça c'est des choses simples mais plus ça va , plus ils vont être utilisés car ils disposent de base de données immenses à leur disposition et peuvent avoir recours très rapidement et peuvent donner des réponses beaucoup plus rapidement qu'un conseiller clientèle, c'est surtout au niveau du service que ce changement va s'effectuer, tout comme cela s'est constaté au domaine de l'agriculture, au début c'est surtout l'agriculture qui a souffert . Puis vient les mines et la sidérurgie. Prenons exemple avec Watson et IBM, qui a fait un robot pour remplacer les conseiller clientèle, qui est implanté au crédit mutuel CIC, pour le moment sans remplacement de personnel mais ce n'est pas un pied passé dans la porte. Les gens se disent en ce moment «oui, on a eu peur que Watson nous remplace» mais les gens ne sont pas remplacés et sont très content de cet assistant puisqu'il n'est pas en Front office mais en back office et est là pour aider les gens. Pour le moment c'est un aide leur permettant de consulter les informations dans sa base de données, il est très rapide et a accès à des textes, sur l'assurance vie, des questions compliqués, lui est capable en peu de temps avec des mots clés de trouver la réponse facilement. Pour le moment c'est qu'une aide mais qui dit que dans 10 ans cela ne deviendra pas le remplacement définitif.

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Quelles seraient vos propositions pour accompagner cette technologie ?

Au départ, si on ne souhaite pas que ces personnes, il va falloir quand même des gens pour fabriquer ces robots, il va falloir des logiciels pour créer des algorithmes pour traiter les bases de données. Certes, une fois que le robot donne ces données il faut quelqu'un qui traite ces données, quoique peut être qu'un autre robot le fera (rires), mais une fois que c'est traité, il faut quelqu'un qui le regarde pour l'interpréter. Il va y avoir l'émergence de nouveaux métiers et il faut s'y préparer, il faut les formations ; au départ si on veut, il faut avoir des formations adaptées pour pouvoir s'installer au mieux dans les nouveaux métiers que la robotisation va créer. Si le robot devient monteur ajusteur, on aura plus besoin de monteur ajusteur, mais pour créer ces robots il faudra cette connaissance pour réaliser l'architecture même du robot. Je pense que ça va créer des métiers qui demandent plus d'autonomie et de responsabilité, d'initiative, de réflexion et créatif. Moins répétitif, plus créatif (rire). Cela passera par de la formation puis de manière politique il faudra rester vigilent que tout ce bénéfice dégagé par ces robots n'aille pas que vers un tout petit nombre de personne, une caste que se les approprie mais que cela reste bénéfique pour l'ensemble de la société et que les emplois qui vont être perdus, la perte soit partagée et que le bénéfice arrive à payer la perte de ces emplois.

Une petite phrase pour conclure : L'homme au service du robot, vous y croyez ?

Cela voudrait dire que l'homme est inférieur au robot. Cela voudrait dire que l'homme est capable de créer un être supérieur à lui, finalement l'homme aurait créé son dieu.

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Patrick HUG

J'arrive en fin de carrière, je suis bientôt à la retraite et je dirige un très gros département de recherche et développement chez Arcelor Mittal depuis toujours. J'ai toujours dirigé des secteurs de recherche, ça peut fluctuer selon les niveaux, entre 60 et 100 personne, parfois même plus que cela. J'ai toujours eu un pied dans le management et l'autre dans la science. Par plaisir personnel je me suis intéressé très tôt aux neurosciences, ce qui m'a amené à réfléchir aux biais de décisions, les prises de décision les aspects négociation et la conduite des hommes pour aller vers la performance.

Quelle est votre vision de la robotisation en industrie ?

Elle est inéluctable, aujourd'hui je ne connais pas de grand groupe qui ne se pose pas la question de savoir quelle va être leur positionnement personnel et stratégique et concurrentiel par rapport à l'entrée des robots dans l'entreprise. Certaines entreprises sont terriblement bien implantées en matière de robot, comme le monde automobile, le monde d'Arcelor Mittal l'est aussi en grande partie et se pose bien sûr d'autres questions de la robotisation que celle des gestes intelligents pour remplacer les hommes en termes de pénibilité du travail, de zone dangereuse, de gestes précis à réaliser. En termes de communication également, nous somme capable aujourd'hui de réaliser des opérations à distance, je pense que cela va changer réellement le modèle actuel. Mais il faut faire attention, ce n'est pas que les robots, c'est surtout l'intelligence artificielle qui permet d'interconnecter un certain nombre d'objets comme les modèles virtuels. Cela va être aussi un changement de modèle dans tout ce qui touche les big data et autres choses, sur lesquels il y a probablement des espoirs qui sont terriblement fondés dans les big data que sont les espoirs de corrélation, c'est à dire de creuser des données comme l'a fait Google et autres en ce moment pour trouver des informations en imaginant que l'on puisse faire des économies de la phénoménologie scientifique.

La robotisation est jusqu'à présent est une robotisation simple algorithme, simple sur la répétabilité de syntaxe.

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Quelles sont les points positifs d'une robotisation d'industrie selon vous ?

Nous ne sommes pas encore dans un univers robotique, c'est à dire qu'à titre personnel je n'ai pas une grande importance dans ce domaine. Comme beaucoup de personne qui observe ce phénomène sociologique, du monde du travail et dont la façon que ce monde va bouger, et être impacté par cela, l'idée est de savoir si on remplace des emplois ou si on déplace des emplois ? C'est à dire que jusqu'à présent et dans l'histoire de l'humanité, les gains de productivité ont toujours servi au capital et aux individus on a nettement plus de congés, de repos que n'en n'avait nos anciens, on a une espérance plus longue que n'en avait nos anciens, on a une capacité de se faire soigner très supérieure à ce qu'avait nos anciens. On peut regarder aujourd'hui la robotisation comme étant la capacité de pouvoir remplacer l'humain dans un certain nombre de tâche répétitives, barbantes, dangereuses. Il faudrait peut-être repositionner les besoins d'un individu en matière de curiosité, de développement de compétences en matière de choix de ses propres options, il y a un certain nombre de travaux, pour savoir quelle était la véritable valorisation des travaux tels qu'ils sont réalisés aujourd'hui. La pensée de certaines personnes dirait que quand un employé travaille sur une chaîne de production il est excessivement difficile d'être heureux. Alors s'il est difficile d'être heureux 43 ans de sa vie sur une chaîne de production, saluons les robots qui un moment donné va faire ce boulot. La question de fond c'est comment allons-nous occuper l'humain. Il est fort probable qu'un certain nombre de travaux disparaissent, on voit de façon plus simple des gens qui veulent plus tondre la pelouse. On voit une émergence de ces nouvelles technologies. L'évolution se fait comme elle doit se faire sans finalité. A l'hôpital les travaux d'infirmiers ou d'aide-soignant sera remplacé par des robots qu'on voit de plus en plus, des robots intelligents et pourquoi pas ces robots intelligents pourraient donner des médicaments. Cela va remplacer un certain nombre de tâche sur lequel il est possible que la valeur ajoutée humaine soit faible, et qu'actuellement l'humain lui-même est utilisé comme un robot avec des procédures fixes et de choses comme ça. Considéré comme un robot ce qui peut être expliqué pourquoi il est si difficile pour certains d'imaginer le plaisir que l'on pourrait trouver au travail quand on occupe ces fonctions-là. Etat d'âme que n'auront pas les robots.

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En quoi cela déplace les champs de métiers ?

Les métiers qui vont être pris par des robots va laisser l'humain en réflexion sur quel genre de place créative il va occuper. On pourrait presque considérer que le véritable bonheur de l'homme se trouve dans la capacité de mobiliser ses fonctions imaginatives, son imaginaire et d'ailleurs on constate à quel point c'est réalisé avec du virtuel 3D. C'est comme dans le temps le tracteur a libéré du cheval, la machine à laver libère, mais la question est de savoir que fait-on du temps libéré ? Et comment on e réalise dans le temps libéré ?Alors il y a peut-être des opportunités pour l'humanité, en utilisant le temps libéré pour améliorer l'humanité entre les individus, le soin qu'ils prennent les uns des autres ou faire de ce temps libéré un temps d'isolement. Imaginez qu'une partie de ce temps libéré, peut-être que les infirmiers de demain, libéré d'un certain nombre de tâche, par exemple les robots s'occupant de la distribution des médicaments, pourront passer plus de temps dans le relationnel avec les malades. On sent qu'aujourd'hui il y a une souffrance des malades et du personnel soignant dans l'incapacité d'avoir une incapacité d'avoir des gestes mécanisés, par rapport à ce qu'on considère comme besoin fondamental qu'est être en relation. Alors si les robots s'occupent de cela, et qu'on ouvre de plus en plus les métiers vers les services, parce qu'il est possible de le faire alors on est dans une voie qui est tout à fait intéressante. Les métiers ne remplaceront pas les métiers créatifs, et ne remplaceront pas les métiers qui tissent le lien car celui-ci est systémique. Aujourd'hui nous savons qu'une trentaine de pourcent de personne de plus de soixante années vivent seul, radicalement seul, aujourd'hui il y a beaucoup d'animaux de compagnie qui servent de substitut aux relations humaines qu'on ne peut pas avoir, il est possible qu'à un moment donné nous serons capables de causer avec un robot, on aura l'impression, l'illusion.

La résistance au changement ?

C'est une crainte fondée car il y a disposition du monde actuellement énormément de personne qui n'ont pas forcément eu l'accès à une éducation d'abstraction suffisante. Aujourd'hui on peut faire le même rapprochement avec ce qui était l'âge d'or de l'humanité avant le développement de l'agriculture. Avant le développement de l'agriculture, les volumes de boîte crânienne de l'humain, et ce qu'on imagine être des compétences cognitives de survie dans la nature, la compétence qui s'appelle survivre, ce que fait les animaux mais également l'humain

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c'est une compétence extraordinairement riche, ce qui avait requis un volume de boîte crânien un peu supérieure à ce qu'on trouve aujourd'hui. On estime qu'avec le développement de l'agriculture il s'est passé deux phénomènes, le premier, l'humanité a commencé à exploser avant l'humanité était parcellaire sur la planète, très peu d'humains. Des familles humaines rencontraient rarement à l'échelle d'une vie une autre famille humaine. On était dans un contexte d'isolement et de développement dans une sphère réduite. Ensuite l'agriculture se développe va amener une première forme d'esclavage d'un point de vue consenti des hommes/ Même pour ceux qui n'étaient plus tout à fait en situation de survie dans la nature, les animaux eux-mêmes ont accepté eux même sans comprendre ce qu'ils se passait l'action de domestication, Depuis cinq à six mille an on trouve une espèce de courant très fort de séparation des métiers, de spécialisation des métiers de stratification des métiers, et cela va se trouver encore pendant longtemps. Je comprends qu'un certain nombre de personnes aient peur car il y va y avoir un tri dans ces métiers. Quand vous avez aujourd'hui des gens qui travaillent dans des chaînes de tri sur des vêtements de type Emmaüs, les gens avec des gestes extrêmement rapides vont réaliser un premier tri. C'est sûr que pour être heureux dans ce travail il faut expliquer la valeur sociétale et personne qui est derrière et d'avoir une hygiène salariale qui leur permet de vivre de ce qu'elles font. Vous avez ces personnes-là, leur poser des questions et vous constatez qu'elles ont beaucoup de difficultés dans le monde industriel ou commercial tel qu'il est construit aujourd'hui ou de trouver leur place. On n'en voudra pas dans un métier d'assistant de direction, ce sont des métiers de niches, mais il y en a beaucoup des métiers comme ça. Et d'un seul coup on va dire qu'on va installer sur cette ligne là un robot, avec un oeil intelligent, plus performant que l'oeil humain, capable de percevoir les fibres synthétiques du textile et avec un bras extrêmement rapide capable d'effectuer la tâche. Les personnes qui sont là peuvent se poser à juste titre la question : qu'est-ce que je deviens ? Et toutes les personnes qui se sont à un moment donné installé dans un métier dans une fonction, dans une habitude de vie vont systématiquement se poser la question de qu'est-ce qu'on devient ? Si on n'est pas capable d'apporter des réponses à la question : qu'est-ce que je deviens ? On peut comprendre effectivement cette résistance au changement. Il va falloir imaginer des emplois. Je ne suis absolument pas persuadé, bien au contraire que l'ensemble des métiers soit résous par des robots.

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Votre point de vue vis-à-vis de la performance qualité ?

Il faut réellement faire attention à ce point, les robots ont une extraordinaire capacité et un défaut fondamental : c'est qu'ils font juste. Prenons par exemple la terre, le véritable moteur de l'évolution dans le vivant, ce sont les défauts de réplication de l'ADN. Quand on fait des gestes justes on a plus la moindre capacité de se développer. Il faut bien comprendre ce point. Dit autrement je ne pense pas qu'il y aura une compétition entre le robot et l'homme. Le robot est fait pour faire des choses justes pour être plus précis qu'éventuellement une main, pour voir dans une longueur d'onde qu'on ne voit pas, pour assimiler plus vite l'information, on ne peut pas lutter contre les processeurs et leurs capacités de calculs. Un cerveau humain c'est fait pour se tromper en permanence et pour pouvoir ajuster ses réponses de façon heuristique et créatives et pouvoir assembler un comportement très adapté avec des décisions qui étaient fausses. Moi ce que j'essaie de pousser beaucoup dans l'entreprise et je pense qu'il a des biais dans nos démarches qualité, il y en a beaucoup d'ailleurs dans la démarche qualité mais, en fait qu'est-ce qu'on fait de nos erreurs ? Nos erreurs sont extraordinairement fécondes et dans beaucoup de métiers, ce qui va faire la force de l'humain c'est sa capacité à se tromper. L'essentiel des découvertes humaines sont des erreurs d'interprétation. Je souhaite découvrir la route des indes mais en réalité je découvre l'Amérique. Partout où ou ces tâches seront robotisés il faut que cela laisse un espace pour l'homme et leur imaginaire.

Parlez-moi de votre point de vue sur l'intelligence artificielle

De nos jours il y a pas mal de questions concernant ce point. L'Homme construit cette intelligence. La façon qu'a l'intelligence artificielle dans le Deep Learning, qui est capable de se faire un modèle, nous décidons que ceci est un lapin car il bouge comme ça, a des yeux comme ça et des oreilles comme ça, le robot va décider que ceci est un lapin avec un autre critère qu'est le nôtre, il va y avoir d'autres intelligences qui vont se mettre en place et on estime, c'est même déjà le cas, qu'un robot constitue un autre robot. Aucun humain aujourd'hui n'est capable de faire un processeur, c'est un robot qui le crée. On va demander à un robot de faire des morceaux de robot et il n'y a pas de raisons spéciales qu'à un moment donné avec des algorithmes qui nous échappent qu'un robot puisse faire un robot plus performant que lui-même et qui a son tour en

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fasse un plus performant etc., C'est un courant de pensée qui dit qu'à un moment donné le robot prendra la main sur le monde et qui nous accepterons comme animaux de compagnie.

Possible ?

Il faudra un paquet de temps pour que cela advienne. Je ne sais même pas si c'est possible. Pour que cela soit possible il faudra qu'on introduise la fonction d'erreur dans le robot. Le cerveau humain a derrière eux 2,5 milliard d'année d'évolution et d'adaptation et les robots peuvent aller plus vite et en quelques décennies rattraper ce retard. Mais il faudra introduire s'ils veulent se rapprocher d'une intelligence humaine, l'émotion, l'erreur etc. Dans un monde planétaire qui bouge ne pas se tromper c'est mourir. Ne pas se tromper cela veut dire ne pas provoquer l'émergence d'une anomalie qui pourrait me servir pour pouvoir mieux m'adapter dans mon monde. On peut avoir le même raisonnement dans l'entreprise et en particulier dans le management de la qualité. Quand on regarde un moment donné ou sont les erreurs. Quand une entreprise se positionne par rapport à ses concurrents où sont les vrais leviers de la différentiation de la concurrence ? On a les mêmes machines que les concurrents, on a les mêmes méthodes des concurrents, les mêmes circuits d'embauches des concurrents, les mêmes clients, les mêmes contraintes légales alors qu'est ce qui peut faire une différence significative entre moi dans mon organisation et mes concurrents ? Il y a quelque chose de vaporeux et vague qui s'appelle la culture, mais que mettre dans cette culture ? Immanquablement l'adaptation à un monde qui bouge et je vais observer les erreurs qui se produisent dans mon organisation. Et je vais pallier ces erreurs. Car ce sont mes lieux d'apprentissage et de différentiation. Car tout ce qui écrase les erreurs ou qui les considère comme des fautes et pas des erreurs et sur lesquelles les personnes vont se justifier etc., la question est : en quoi l'erreur me renseigne sur le monde, en quoi la façon de la traiter va me rendre plus puissant après l'avoir traité qu'avant ? Je soupçonne que tant qu'on aura cette capacité à l'échelle de l'humain on aura un avantage contre n'importe quel robot.

Une entreprise peut survivre sans la robotisation ?

Cela dépend desquelles et de ce qu'on met dans le mot robotisation. Je pense qu'il existera des entreprises de soins, de service, ou sa relation aux personnes qui se feront avec des retards de robotisation. Peut-elle survivre sans robotisation ? Cela viendra partout, c'est une tendance lourde des puissances du monde, la révolution de la puce au silicium qui a commencé

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après la seconde guerre mondiale et en particulier l'invention du transistor qui a changé les choses puis les processeurs. C'est inéluctable, irréversible et envahissant, les vrais puissants changements du monde ne sont que là. Prenez par exemple l'épigénétique ; aujourd'hui par la robotisation on est capable de décrypter le génome humain et son épigénome en l'espace de quelques poignées de minutes, ça coute mille euros et cela tiens sur la table. Ce faisant, ceci existant ceci ouvre un champ absolu de recherche, ce que e crois c'est que le développement de cette robotisation va nous amener à gagner très vite la connaissance sur le monde et va changer radicalement la façon dont la planète va se faire : dans un siècle on ne se soignera plus de la même façon, il y aura peut-être du transhumanisme à travers des pièces pour quelqu'un qui est paralysé du bas du corps, avoir la possibilité un jour de lui greffer un processeur qui par la pensée lui permettrait de retrouver une mobilité, cela viendra et se fera, cela va envahir tous les secteurs. Cette technologie s'accompagne toute seule, je pense que beaucoup de choses échappent à l'humain, l'humain l'a produit mais lui échappe. On ne peut rien faire sur ça.

Que proposeriez-vous pour ne pas la subir ?

Dans un aspect systémique cette technologie qu'on a produit à l'origine est plus forte que nous, c'est comme l'économie, elle nous surpasse, elle est haut delà de nous, c'est nous qui l'avons mise en place et nous échappe. Je pense qu'il est illusoire de l'imaginer canalisée. La seule chose c'est de dire maintenant que cela existe, comment arrivons-nous à trouver notre place dans ce système ? Pour certains individus, cela ne posera jamais de difficultés mais je ne sais pas s'il y aura de la place pour tout le monde à tout moment. Certains seront à l'aise dans les éléments sociaux culture qui sont les leurs, d'autres non, qui seront en crainte. A quoi sert de gagner l'argent ? Imaginons par exemple les entretiens des routes se ferait par des robots et les problèmes d'inondation qu'on connait aujourd'hui qui sont aussi en partie liée à des hommes ne faisant plus le travail car cela coute cher, on préfère déplacer le problème vers les assurances, imaginons qu'a un moment donné que les machines de la DDE viennent et réalisent des curages etc. si nous ne changeons pas notre modèle économique, il va y avoir des personne perdues, et on va se poser des questions comment va-t-on redistribuer ces richesses aux personnes ? N'aura de sens à l'échelle des personnes que si ces dernières savent ce qu'ils vont faire et organisent leur vie ? Il y a une forme d'angoisse des personnes qui partent à la retraite, c'est pour ça d'ailleurs qu'il y a beaucoup de personnes qui une fois sont à la retraite disparaissent, qui s'appelle

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comment je vais occuper mon temps, ce n'est pas un problème de ressource financière et d'accès au bien de consommation, c'est quel sens et qu'est-ce que je fais de ma vie ? L'absence de travail individuel parce que pris en charge par des robots va questionner. Finalement distribuer un salaire universel règle les problèmes d'aujourd'hui mais pas ceux de demain, cela ne règle pas les questions de fond, du bien être en soi. Il y a beaucoup de choses qui vont s'auto réguler.

Les robots auraient pris la main sur la terre, et l'humain aurai disparu, moi ce que je pense c'est que ce sont des scénarios que l'on voit souvent dans les films de science-fiction, mais je trouve que ces films sont les plus juste en matière d'anticipation. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter , quel que soit les bifurcations qui vont être prises ce que je pense c'est que la robotisation va interroger les humaines que nous sommes dans les choix personnels et le conditionnement socioculturel qui sont les nôtres les modèles qu'on prend pour vrai d'organisation du social et du vivant va questionner l'ensemble car d'une part on va atteindre des zones de crises et cela va je pense ouvrir le champ à des nouveaux moyens d'investigation, on va connaitre beaucoup mieux la matière, la mécanique quantique, les vérités de l'univers, on va rentrer un peu plus dans le vivant, dans le génétique , dans la façon dont tout cela se combine, et on aura la possibilité d'accéder à des énergies définitives. On entend souvent l'énergie est rare, ce n'est pas vrai, c'est ce qu'il y a de plus rependu dans l'univers. Ce sont les conversions d'énergie que l'on ne sait pas faire. La robotisation pourra nous donner accès à ces connaissances-là. Ce temps libre libéré par les robots amène le monde à réfléchir autrement grâce à ce temps libre. La robotisation et l'informatique a permis en moins de 17 ans on est passé de la victoire du décodage du génome humain a la production en masse de ce dernier, ce qui libère des laboratoires entiers, qui crée des métiers nouveaux, qui ouvre des champs extraordinaires pour soigner des maladies qu'on n'imaginait même pas qu'elles soient soignables, je pense aux cancers, à la sclérose en plaque. Tous ces modèles vont bouger, la seule structure qu'on a aujourd'hui est la structure par l'emploi rémunéré. Le simple accès au travail rémunéré n'est pas suffisant pour se sentir heureux, il faut avoir une sensation d'utilité, de réalisation.

Tout se repensera tout seul, on imagine qu'on aura les commandes des choses mais ce n'est pas le cas. Il faut comprendre que ces phénomènes ne sont pas maitrisables. On aimera bien contrôler mais il faut se souvenir qu'on a très peu de points de fonctionnement pour contrôler un

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système. C'est comme les tornades ou les grosses pluies, il faut qu'on apprenne à vivre avec mais vous ne pouvez pas empêcher une tornade de se faire, comme vous ne pourrez pas empêcher la robotisation. C'est terminé. Le simple fait qu'on en parle c'est terminé. Elle vit à son propre rythme. On peut mettre autant de barrières qu'on voudrait, et de principes écrits, c'est fini. On peut éventuellement l'arrêter dans notre pays, elle ne se fera pas là, mais elle se fera ailleurs. Et c'est un frein pour notre modèle économique qui est prévalent, ne pas le faire c'est une erreur, une faute. Cela s'appelle la mémétique, vous ne pouvez pas l'empêcher. Vouloir l'empêcher c'est vouloir l'amplifier.

La robotisation ne sera pas simple pour tous les individus, pour moi inclus. La seule chose que je dis, j'ai plutôt confiance, je pense qu'on peut avoir un retour à la nature. C'est à nous d'enchanter et d'humaniser les choses. On est en droit d'exister, d'être. Je trouve qu'il y a une fécondité dans l'erreur et qu'il y a très peu de fécondité dans la réussite, on a besoin de la réussite, massivement de la réussite pour nous endormir, et nous rendre confortable et trouver les énergies pour pouvoir faire quelque chose de nos erreurs. C'est à nous d'humaniser un robot.

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Table des matières

Résumé 2

Remerciements. 3

1. Introduction 5

1.1 L'évolution de la robotisation 5

1.2 Le concept de l'intelligence artificielle 8

1.3 Les enjeux de demain 11

1.4 Structuration du mémoire : 12

PARTIE THÉORIQUE 13

2. La robotisation au coeur d'une nouvelle révolution industrielle. 14

2.1 L'industrie 4.0 15

3. Les enjeux de la robotisation dans l'industrie. 16

3.1 Le concept du développement durable 16

3.2 L'enjeu environnemental de la robotisation : 18

3.3 L'enjeu social de la robotisation: 19

3.4 L'enjeu économique : 19

Page 109 sur 111

3.5 Géopolitique de la robotique 20

4. Les apports positifs de la robotisation dans l'industrie 22

4.1 L'aspect économique : 22

4.2 L'aspect Environnemental 25

4.3 L'aspect Social. 26

5. Les problèmes soulevés par la robotisation 31

5.1 Des problèmes liés à une non-acceptation sociale. 32

5.2 Les coûts liés à la mise en place d'un parc robotique 39

5.3 Les robots : une menace potentielle pour l'Environnement. 41

6. Pistes de solutions apportées par la théorie 42

6.1 La perte de l'emploi. 42

6.2 Les robots sociaux. 43

6.3 Tirer parti de la résistance au changement 44

6.4 La montée en compétence et la montée en gamme des métiers 45

6.5 Le besoin de renouvellement 46

6.6 La taxation de la robotique 46

6.7 Des éco-robots. 47

6.8 Des solutions économiques, et un pays tourné vers la robotique 47

7. L'apport de la théorie dans la problématique 48

PARTIE EMPIRIQUE 49

8. Contexte de l'étude empirique 50

8.1 Structure de l'entreprise : 51

8.2 Constats dans l'entreprise. 52

8.3 Les accidents du travail et cotisations dans l'entreprise. 53

8.4 Objectif de l'étude empirique 57

9. Méthodologie de recherche 57

9.1 Cadre Épistémologique 57

9.2 Choix de l'outil d'enquête : le guide d'entretien. 58

9.3 Réalisation de l'enquête 59

9.4 Méthodologie Qualitative 60

10. Résultats de l'étude : 61

10.1 La vision de la robotisation des individus de l'entreprise : 61

10.2 Les aspects positifs : Les leviers de performance. 62

11. Les problèmes soulevés dans l'entreprise Faurecia 66

11.1 La performance qualité : 66

11.2 L'aspect social et sécuritaire. 68

11.3 Des risques pour la sécurité 70

11.4 Le phénomène de résistance au changement 70

12. Les solutions pour pallier aux problèmes soulevés dans l'entreprise. 71

12.1 L'aspect économique. 71

12.2 L'aspect Social : 72

12.3 La montée en compétence. 73

Page 110 sur 111

CONCLUSION 77

Page 111 sur 111

13.1 Discussion, validité et qualité des résultats. 79

13.2 Limite de l'étude : 80

13.3 Ouverture 81

ANNEXES 82

Bibliographie 104

Table des illustrations 111

Table des illustrations

Figure 1 : Gonzalez, Carlos M.Machine Design. Dec 2016, Vol. 88 Issue 12, p24 9

Figure 2 : Beitone, A. (2013). Chapitre 6 - Économie et sociologie du développement.

Dans Economie, sociologie et histoire du monde contemporain (pp. 283). 16

Figure 3 : Valeur du travail des générations Y (Richard P. Winter p.2005) 30

Figure 4 : Compétence en numéracie des différents pays selon l'enquête de l'OCDE -

Source journal LeMonde 33

Figure 5: Les couts des solutions robotiques (source : humarobotics.com 39

Figure 6 : Répartition des accidents Faurecia (réalisé par l'auteur) 53

Figure 7 : Localisation des accidants sur les trois dernières années (réalisé par l'auteur) 54 Figure 8 : Suivi des accidents sur 3 ans dans l'entreprise Faurecia (réalisé par l'auteur) . 55

Figure 9 : Cotisations encadrement. (Réalisé par l'auteur) 56

Figure 10 : Cotisation employés. (Réalisé par l'auteur) 56






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard