3.2.2. Impact biologique et écosystémique de
la surexploitation des ressources halieutiques
? L'overfishing
La surpêche ou overfishing a été largement
étudiée par Goñi, Moran et Stephenson.
D'après ces auteurs, certains types de pêche sont très
destructeurs pour les récifs (dynamite...), d'autant plus quand
l'activité est déplacée. Ils entrainent un report de
l'effort sur d'autres zones plus vulnérables. Un exemple bien
documenté d'impact direct sur les espèces benthiques, c'est que
des engins traînants modernes (chaluts et dragues) ont provoqué,
entre autres, à long terme des changements dans la composition de
l'abondance des espèces dans la mer des Wadden (Goñi, 1998)
et l'Australie (Moran et Stephenson, 2000).
? L'effondrement des stocks halieutiques
Selon Laubier (2003), 30 % des stocks halieutiques
mondiaux seraient en danger d'extinction et 60 % seraient surexploités.
Dans les eaux européennes, la plupart des stocks ichtyologiques sont en
effondrement.
Pour preuve, Dulvy N-K., Sadovy Y. et Reynolds
J-D., (2003) in « Extinction vulnerability in marine populations
» remarquaient sur un total de 133 populations et espèces
marines étudiées que, la pêche serait responsable de plus
de la moitié des extinctions observées au niveau local,
régional ou global.
Le thon a toujours fait partie des espèces les plus
importantes dans le monde de la pêche et c'est par conséquent une
des espèces les plus menacées (Cazeils en 2004).
Pour Clover C. (2008), la pêche moderne a
conduit en 50 ans, à la disparition de 90 % de la biomasse des grands
prédateurs océaniques (thons, baleines, requins). Cury et
Miserey (2008), dans « Une mer sans poissons »
démontrent qu'en pêchant toujours plus loin, toujours plus
profond, l'homme est en train de transformer les océans du globe en
désert liquide.
Ainsi, comme le disait Denhez F. (2008) dans
« Plus de poissons à la criée, menaces sur les
réserves mondiales », la situation de la pêche n'a
jamais été aussi difficile
11
qu'aujourd'hui et l'on peut raisonnablement s'interroger
à propos des menaces qui pèsent sur l'avenir de la pêche et
des pêcheurs.
C'est un message parfaitement compris raison pour laquelle, la
gabegie des ressources halieutiques est fustigée.
? Le gaspillage des ressources halieutiques
Il faut dire que le gaspillage est actuellement intense : une
partie des captures n'est pas commercialisée, pour cause de
fraîcheur douteuse ou de marché sans intérêt.
Miossec a traité de la question en 1998. Les pêches
chalutières, industrielles ou artisanales, très largement
répandues, capturent d'importantes quantités de poissons dont
certains sont commercialement intéressants, d'autres moins, voire pas du
tout : c'est ce que l'on appelle le « faux poisson » (Corlay,
2004).
En effet, du fait des carences en infrastructures et
installations commerciales et des températures tropicales, le
pourcentage de pertes après capture et de détérioration de
la qualité des produits est élevé dans les pays en
développement, avec les risques que cela comporte pour la santé
du consommateur : en Afrique, on estime ces pertes entre 20 et 25 % selon la
FAO.
? Les impacts sur les écosystèmes marins et
côtiers
La pêche demeure aujourd'hui comme la première
activité humaine ayant eu un impact sur les écosystèmes
aquatiques et côtiers (Jackson et al., 2001). Ces impacts de la
pêche sur l'environnement ont été abondamment
décrits et examinés (Dayton et al., 1995 ; Goñi, 1998
; Kaiser et al., 2003 ; Gislason, 2003; Agardy, 2000).
Christensen et al. (1996) disaient que, les
écosystèmes qui soutiennent la pêche sont aujourd'hui,
soumis à un certain nombre de modifications d'une pertinence
significative. En raison de notre compréhension imparfaite de la
structure des écosystèmes marins, de leur fonctionnement, et de
la difficulté inhérente à distinguer entre les changements
naturels et anthropiques, ces derniers ne sont pas toujours parfaitement
prévisibles et/ou réversibles.
Bourgneuf et Mollo (2010) dans leur
publication intitulée : « L'enjeu du plancton :
l'écologie de l'invisible » ont décrit la composition
et le fonctionnement des écosystèmes marins. Ils expliquent que,
le plancton est à la base de la chaîne alimentaire marine. Sa
dégradation en quantité et en qualité telle que
constatée aujourd'hui, participe à la disparition
12
des espèces halieutiques. Préserver le plancton
aujourd'hui, c'est sauver pour demain la respiration des océans, c'est
préparer les ressources alimentaires pour l'humanité.
Les travaux de Goñi (1998) attirèrent
l'attention sur l'usage d'explosif en pêche. Il mentionnait qu'un
explosif relativement petit (à la taille des bouteilles de bière)
est capable de détruire une zone de trois mètres circulaire de
l'écosystème marin. Par ailleurs, Couliou (1998)
expliquait clairement que la pêche est également une
composante des activités littorales, puisqu'elle est un
élément du « géosystème halieutique ».
Corlay J-P. (1993) dans sa thèse : «
La pêche au Danemark, Essai de Géographie halieutique »
et dans des articles publiés préalablement (1979) a
défini et étudié les concepts théoriques sur les
notions de « système halieutique » et de «
géosystème halieutique »9.
Pour conclure cette partie, la pollution d'origine terrestre
est à l'origine de l'effondrement de la vie marine dans de nombreuses
zones où l'oxygène se raréfie ou disparaît (30 % de
la baltique).
|