2.2.2.2. De la taille des recettes publiques
générées par la pêche
Du point de vue économique, la pêche artisanale
lacustre contribue pour une large part à la création des
richesses à travers la commercialisation du matériel et des
équipements de pêche et des produits halieutiques. En 2015, le
rapport annuel départemental de la DDEPIA/Yagoua indique que
l'activité de pêche (hors-mis les services connexes) a
généré une valeur ajoutée de 1,2 milliard de FCFA
à Maga, soit 859500000 FCFA dans le Frais, pour 859,5 tonnes de captures
et 393560000 FCFA dans le fumé pour 1351,45 tonnes de produits.
À Kaï-Kaï, il y eut 36197000 FCFA pour le
Frais et 6617600 FCFA de fumé. Les produits de la pêche artisanale
lacustre ont servi de matières premières aux artisanats de
fabrication d'huile de poisson à Maga. On a estimé à
environ 2000 litres d'huile de sardine par trimestre. Le prix du litre
étant de 2000 FCFA, on aura eu 16000000 FCFA. Au total, la pêche
artisanale lacustre à Maga aura généré à
l'État camerounais, 1,3 milliard de FCFA en
100
2015, bien que ces chiffres cachent de sérieux
déséquilibres socio-économiques qui biaisent l'exactitude
des données. Les estimations de l'année en cours sont à la
baisse du fait de la production qui a chuté.
Cette importance de la pêche justifie les interventions
de l'État et des acteurs du privé dans ce secteur afin de pallier
certaines difficultés. Mais, cette incitation à la production et
à l'emploi est à l'origine d'une pression
socio-économique.
2.3. L'INCITATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DU SECTEUR DES
PÊCHES
L'accroissement des pirogues, d'engins de pêche ainsi
que l'évolution technique des pêches peut aggraver la pression de
pêche sur les ressources d'une pêcherie. Cependant, le temps mis
sur la retenue par les pêcheurs, la fréquence d'utilisation des
zones de pêche et en fin les incitations socioéconomiques de ce
secteur en constituent d'autres facteurs non négligeables qu'il faut
prendre en compte pour procéder à une analyse complète.
2.3.1. La pression économique
Les avantages économiques à travers les
coûts d'accès aux ressources halieutiques (les autorisations et
accords de pêche) et la demande des ressources halieutiques sont les deux
catégories d'indicateurs identifiées pour qualifier la pression
économique des pêcheries.
2.3.1.1. Les facilités d'accès aux ressources
halieutiques
Conscient de la portée socio-économique de la
pêche, l'État Camerounais procède à des formes
d'encouragement variées pour augmenter la production dans ce secteur. En
2004, les accords de gestion de la retenue de Maga (infra, chap. IV.2.)
signés par la quasi-totalité d'acteurs de la pêche
artisanale lacustre ont libéralisé l'accès à la
retenue. Il n'est depuis lors soumis qu'à l'obtention d'un permis de
pêche qui n'est pourtant pas l'apanage de tous. Puisque quand bien
même, cette structure facilite la délivrance de ce document, moins
de 50 permis de pêche ont été délivrés en
2015 pour près de 7000 pêcheurs opérationnels.
D'autre part, dans le cadre du projet dénommé
ADPAM44 en 2012 qui visait d'augmenter la production halieutique
locale, 11 GIC des pêcheurs de la retenue de Maga ont reçu de la
part de l'État, des appuis sous forme de subvention dont le coût
est évalué à plus de 23 millions de francs CFA. Cette
subvention sous forme de matériel de pêche et de
sécurité se compose de la manière suivante : 22 pirogues
en bois de 7 m de long ; 55 nappes de filet de
44 Projet d'Appui au Développement de la
Pêche Artisanale
101
pêche en multi filament de 400 mailles par 100 yards ;
660 bobines de fil à ramender de différents diamètres ; 55
palettes de plombs ; 550 paquets de 100 pièces d'hameçons chacun,
soit 55 000 hameçons de différents calibres ; 11 sacs de
flotteurs ; 33 gilets de sauvetage, etc.
Actuellement, le projet AFOAP financé par la
coopération franco-camerounaise dans le cadre du D est en cours de
réalisation à Maga. Ils ont déjà à ce jour
formé plus de 500 acteurs regroupés en plus de 300 GIC. Ces GIC
ont formé depuis 2012, la FUGAEPAM. Cette fédération des
GIC des agroéleveurs et pêcheurs de l'arrondissement de Maga
(FUGAEPAM) est née surtout de la volonté de faire de la
pêche, un secteur économique clé dans la
localité.
Ces trois exemples sont porteurs d'un message important.
Tandis que le matériel de pêche opérationnel sur la retenue
est surnuméraire, on en vient à rajouter. Non seulement ceci ne
répond pas aux attentes des pêcheurs artisans dont la moindre
envie serait de solliciter de l'État des engins de pêche (des
engins inefficaces) mais, à travers ce geste, on se retrouve en train
d'inoculer chez les pêcheurs, la hargne d'aller encore plus loin dans
leur capacité à produire.
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