1.3. UN MILIEU HUMAIN COSMOPOLITE DE LONGUE TRADITION DE
PÊCHE
La pêche lacustre a joué un rôle
très important dans le peuplement des collectivités de Maga et
Kaï-kaï. Pour s'en convaincre, il suffit juste d'examiner la
composition ethnique des différents villages des pêcheurs autour
de la retenue ainsi que leur mise en place.
1.3.1. Les villages des pêcheurs autochtones,
allogènes et aborigènes
L'environnement humain du lac de Maga est cosmopolite. Les
principales ethnies représentées sont les Sirata, les Massa, les
Mousgoum, les Tupuri, les Peuls, les Moundang, les Arabes Shoas, les Haoussa.
Dans ces groupes ethniques, les Musgum et les Massa apparaissent comme les
principaux aborigènes de la retenue et colonisent ainsi les abords
immédiats de la retenue. Les autres peuples se distinguent par leurs
statuts. C'est ainsi qu'on aura à établir un distinguo entre
autochtones et allogènes selon leurs villages et campements
hétérogènes et selon qu'ils soient investis
épisodiquement, exclusivement, partialement ou partiellement dans la
pêche.
1.3.1.1. Les différents types des campements de
pêcheurs
Les aires de pêche peuvent être classées
selon leur situation, leur composition ethnique et le matériel
employé (Seignobos, op. cit). Certains sont constitués
de pêcheurs à palangre, d'autres à l'épervier, au
taro ou encore au zagazaga. Aujourd'hui, cette distinction n'est plus possible
: les techniques de pêche sont devenues quasiment « universelles
» et les pêcheries, visiblement cosmopolites. Seuls les types de
bâtis correspondant à leur temporalité gardent encore les
stigmates d'un pareil stéréotype séculaire.
Considérés comme principaux sites de débarquements, on en
distingue trois types :
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? Les villages des autochtones
sédentaires
Les villages des autochtones sédentaires (photo 07)
pratiquants la riziculture et s'adonnant périodiquement à la
pêche se trouvent le long de la digue barrage Guirvidig-Maga-Pouss et sur
le versant est de la retenue (axe Pouss-Yagoua).
Coordonnées de prise de vue : x=
10°47'25» - y= 15°02'03» Photo 7 :
Vue partielle de Malka forêt du haut de la digue
? Les campements temporaires des pêcheurs
étrangers
Les campements temporaires comme ceux des communautés
arabes, Tupuri et autres tribus non autochtones qui migrent en saisons mortes
des travaux agricoles pour la pêche sont construits en matériaux
provisoires (pailles) sur un terrain ouvert le long de la digue (Malka, Abouna,
Gamack, P2 etc.) ou sur un talus issu du retrait des eaux dans la retenue. Les
mêmes communautés reviennent cependant sur les mêmes sites
chaque année reconstruire leurs camps. Ce qui illustre à souhait,
la forte territorialité de ces espaces. Certains ont d'ailleurs
commencé à se sédentariser (photo 8).
Campement temporaire
59
Coordonnées de prise de vue : x= 10°15'14'' -
y= 15°03'19''
Photo 8 : Campement temporaire des
pêcheurs kotoko à Pouss ? Des campements sur
pilotis
Les campements sur pilotis sont bâtis dans la retenue
par des groupes de personnes qui construisent des tentes sur pilotis (Photo
9) et qui se livrent aux activités de pêche. Ils concernent
toutes les ethnies et toutes les nationalités. Les produits de
pêche sont séchés, fris ou fumés surplace puis,
transférés uniquement dans les marchés hebdomadaires par
les femmes. Ces groupes reviennent aussi chaque année sur les
mêmes sites qui sont par conséquent inviolables.
60
Coordonnées de prise de vue : x=
10°50'14»- y= 15°03'19» Photo 9:
Campements sur pilotis des pêcheurs kotoko à Sokomaye
En 2011, 53 villages/campements confondus de pêcheurs
avaient déjà été identifiés lors de
l'enquête-cadre financée par la FAO et répartis comme suit
dans les collectivités de Maga et Kaï-kaï (tableau
5).
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Tableau 5 : Répartition des campements
par arrondissement
N°
|
Arrondissements de KAÏ-KAÏ
|
N°
|
Arrondissements de MAGA
|
01
|
Kalaou
|
29
|
Abouna 1
|
02
|
Malawai
|
30
|
Gamack 1
|
03
|
Massouang
|
31
|
Kalang 1
|
04
|
Sokomaye
|
32
|
Gamack 2
|
05
|
Yangha sud
|
33
|
Pidimier
|
06
|
Dandalang lac
|
34
|
Yangah
|
07
|
Grong
|
35
|
Keleo
|
08
|
Mourla
|
36
|
Malawe 1
|
09
|
Bourmi 1
|
37
|
Malawe 2
|
10
|
Bourmi 2
|
38
|
Makwoudi
|
11
|
Bourmi 3
|
39
|
Guizi Mouzgoum
|
12
|
Bourmi 4
|
40
|
Guizi Arabe
|
13
|
Bassawa Mouzgoum
|
41
|
Pidimier Lac
|
14
|
Bassawa (Arabe)
|
42
|
Dandalang Maga
|
15
|
Vreng
|
43
|
Miliao Maga
|
16
|
Bisigui
|
44
|
Canal Maga
|
17
|
Keleo Sud
|
45
|
Malka Foret
|
18
|
Djafga
|
46
|
Malka
|
19
|
Doreissou
|
47
|
P2
|
20
|
Varia
|
48
|
Bakassarre
|
21
|
Houlmi
|
49
|
Gaya Pouss
|
22
|
Madagam
|
50
|
Balla 1
|
23
|
Yabai
|
51
|
Mballa Massa
|
24
|
Doulam
|
52
|
Wan Groun
|
25
|
Mohouna
|
53
|
Hoff
|
26
|
Malia
|
|
|
27
|
Tchomo
|
|
|
28
|
Mangal
|
|
|
Source : Enquête-cadre sur
la retenue de Maga, MINEPIA 2011.
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Sur les 53 campements de pêcheurs
dénombrés, 25 (47 %) se trouvent dans l'arrondissement de Maga et
28 (53%) dans celui de Kaï-Kaï. Mais, pour le MINEPIA, les campements
les plus dynamiques sont ceux de Maga du fait de leur localisation sur la digue
qui sert d'espace marchant. Aussi, plus de 10 000 acteurs socioprofessionnels
de pêche vivent dans ces villages et sont à 98 %
intéressés par la retenue.
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