1.1.2. Significations halieutiques des facteurs
géomorphologiques, pédologiques et floristiques lacustres de
Maga
Qu'il s'agisse du relief, des sols ou de la luxuriante
composition floristique dont fait montre la retenue, ces agrégats ont
chacun une signification halieutique importante. Cette recherche s'est
intéressée point par point à chacun d'entre eux.
1.1.2.1. Des facteurs pédologiques et
hydrodynamiques favorables à la multiplication des espèces
benthiques
Les vertisols occupent près de 50 % de la surface
couverte par le lac de Maga et ses environs (Ngounou Ngatcha et al.,
2007). Ils sont peu poreux et compacts en profondeur, à texture
argileuse à limono-sablo-argileuse et à structure grumeleuse en
profondeur. Ces sols basiques et très peu humifères ont un taux
d'humidité très élevé. Leur texture est
marquée par les minéraux sableux (51,47 %) en surface et une
fraction argileuse qui atteint 39,13 % en
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profondeur. Ce qui explique la présence
d'espèces benthiques enfouies de manière temporaire ou permanente
dans ces sols. Les premières pluies saturent les sols argileux
dès le mois de mai qui en gonflant, ferment les fentes de dessiccation
et deviennent imperméables. Les espèces benthiques telles que les
silures et les protoptères enfouis dans les Yaerés, remontent en
surface, pondent leurs oeufs, les fixent grâce aux herbes qui poussent et
les écorent.
D'après les études antérieures
menées dans les plaines inondables du grand
Yaéré20 et ses environs, la dynamique hydrologique du
barrage de Maga n'est pas dissociable de celle des Yaerés en
général. Elle s'effectue en trois temps et la retenue ne
déroge pas à cette donne.
À partir du mois d'août, les apports des Mayos
(0,5 à 1 milliard de m3) provoquent les premiers écoulements sous
forme de minces filets, suivant les fines dépressions dans la plaine.
Les alevins suivent alors ces eaux de ruissèlement qui du fait de la
morphologie du bassin, s'entassent au fond du réservoir. Aux mois de
septembre et octobre, les débordements du Logone apportent une
importante masse d'eau chargée d'alevins qui se déverse dans le
réservoir via la prise d'eau de Djafga et le déversoir de Pouss
(Supra, 1.1.1.1). Si les eaux de pluies sont abondantes, elles
remplissent le réservoir d'environ 625 millions de m3 d'eau.
Puis, il se crée une lame d'eau de 3 à 4 m qui s'étalera
sur 360 km2 durant trois à quatre mois
(septembre-janvier) avant de se rétrécir à
seulement environ 109 km2 en période de décrue
(figure 04).
20 Jl s'agit des auteurs suivants : Rodier, 1964 ;
Bouchardeau, 1968 ; Benech, 1982 ; Naah, 1990 ; Bauvilain, 1990.
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Figure 4 : Caractéristiques
hydrodynamiques du lac de Maga
Le développement des activités de pêche
dans ce lac n'est donc pas un fait du hasard. Il trouve son explication dans la
stabilité de cet écosystème rendue possible par des
facteurs climatiques, pédologiques et hydrodynamiques favorables. Mais
aussi dans la riche composition floristique qui distingue ladite retenue.
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