8.3. Difficultés rencontrées
Pour terminer, il convient d'évoquer les
difficultés rencontrées dans cette recherche. Il s'agit de
l'absence d'une documentation fournie sur la problématique de la
pêche à Maga, contrairement à certaines pêcheries
continentales du pays comme le barrage de Lagdo dans le Nord ou Mbakaou dans
l'Adamaoua qui dispose d'une documentation bien plus garnie sur la gestion de
leurs stocks ichtyologiques.
Ces difficultés ont été
rencontrées aussi bien à Ngaoundéré qu'à
Maga. En effet, à Ngaoundéré, cela est dû en partie
au fait que ce secteur est resté longtemps inexploré surtout au
département de géographie. Aucun mémoire ou Thèse
de Doctorat ne s'est intéressé expressément à cette
activité. À Maga et à Kaï-Kaï, l'obtention des
informations relatives à l'évolution du secteur de pêche
(effectif des pêcheurs sur la retenue, débarquements annuels,
etc.) s'est avérée très difficile. Celles relatives au
suivi chronologique des espèces halieutiques quasiment absentes,
excipées pour les espèces les plus prisées 05.
Plus encore, à l'échelle de la retenue tout
entière, il n'existe pas de données statistiques pouvant rendre
compte de la dynamique de la production de manière satisfaisante, et
ceci pour au moins deux raisons. Il s'agit d'abord, de l'absence d'un suivi
méticuleux de la production halieutique lacustre entre 1979 et 1993, due
aux activités de la SEMRY encore intenses à l'époque. En
effet, seule la SEMRY procédait à des quantifications de la
production des pêches pour toute la retenue. Elle ne pouvait le faire que
lorsque besoin se pose c'est-à-dire pas régulièrement
chaque mois chaque année. De plus, celles-ci n'étaient que
partielles et partiales raison pour laquelle, les données
crédibles de cette période sont celles de 1985 pour la SEMRY
d'une part et celles de 1986 publiées par Seignobos.
Pourtant, à partir de 1994 jusqu'en 2015, deux
problèmes majeurs se posent. La gestion du lac devient de concert entre
l'État et la SEMRY. Les statistiques sont depuis lors produites par les
délégations d'arrondissements des services
déconcentrés du ministère en charge des pêches au
Cameroun présentes à Maga et à Kaï-Kaï. Aucune
transmission des données statistiques de base antérieures n'a
suivi le transfert des compétences. Exceptée à Maga
où, le CACP fournissait de gros efforts dans ce sens. Ce qui justifie la
quasi-inexistence des données par mois à cette période
indiquée.
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Secondement, pareillement au CACP de Maga, le service de
pêche de Kaï-Kaï s'efforçait avec intermittence à
fournir une base statistique inusitée dans notre recherche. Car,
partiellement menée du moment où la pêche artisanale
lacustre n'y est pas permanente, mais plutôt jugulée par la
décrue du lac dès fin février. D'autre part, le faite que
les comptabilités statistiques relatives aux débarquements en
pêche y portent même sur la pêche en dehors du lac
discrédite ces données lorsqu'il faut procéder à
une évaluation de la production globale17. Les seules
statistiques fiables sont celles de la DAEPIA de Maga qui réunissent les
débarquements du CACP de Maga et ceux du CCP de
Tékélé, soit 70 % de la production halieutique globale du
lac en temps réel. C'est celles qui sont étudiées de
façon chronologique dans cette recherche et les données
récoltées sont fort éloquentes.
On ne manquera pas de souligner les difficultés
spécifiques de terrain dont quelques-unes ont été
mentionnées précédemment. Il s'agit entre autres des
difficultés d'accès à certains villages ou campements de
pêche souvent très éloignés des centres urbains et
de la méfiance des pêcheurs vis-à-vis des étrangers
qui ont parfois refusé de communiquer les informations sur leurs
activités. Mais aussi et surtout du calendrier de pêche qui a
profondément influencé cette recherche. Car, la période de
repos biologique limitait toute observation scientifique du 1er
juillet 2015 au 31 septembre 2015.
Toutefois, ces nombreuses difficultés n'ont pas
empêché d'élaborer, à partir des informations
recueillies, un argumentaire assez intéressant sur la question du
sujet.
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