Diplôme Supérieur de Comptabilité
et de Gestion
NORMES IFRS, UNE DECENNIE APRES : BILAN ET ETAT DES
LIEUX
DU PROJET D'HARMONISATION COMPTABLE INTERNATIONALE
Cas de l'OHADA
***
Mémoire professionnel
DSCG UE7 - Relations Professionnelles Août 2016
Présenté par : MOUMINI Kouassi
Sinan
Encadré par : M. Olivier
RAMOND
I
NORMES IFRS, UNE DECENNIE APRES :
BILAN ET ETAT DES LIEUX DU PROJET
D'HARMONISATION COMPTABLE
INTERNATIONALE
CAS DE L'OHADA
II
REMERCIEMENTS
Je tiens à transmettre mes sincères
remerciements et toute ma considération à l'ensemble des
collaborateurs du cabinet Ernst & Young ainsi qu'à tous ceux qui ont
oeuvré à l'aboutissement de ce mémoire, tout en adressant
mes remerciements particuliers,
? A Monsieur Olivier RAMOND,
directeur du Master 229 Audit & Financial Advisory à
l'université Paris Dauphine, pour la rigueur méthodologique ainsi
que ses conseils transmis tout au long de la rédaction de ce
présent mémoire,
? A Monsieur Stéphane KHERROUBI,
expert-comptable, associé du cabinet Ernst & Young, pour ses
appréciations portées sur mes travaux durant le stage au sein du
cabinet EY,
? A Monsieur Aboubacar OUATTARA,
expert-comptable, associé du cabinet Goodwill Audit & Consulting,
pour toutes les informations relatives aux normes Syscohada mises à ma
disposition,
? A Monsieur Cyril MAKA, manager
audit au sein du cabinet Ernst & Young, mon parrain de stage ; pour son
attention, son soutien et ses conseils apportés tout au long de mon
stage,
? A tout le personnel administratif du master 229 Audit &
Financial Advisory.
III
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ...II
SOMMAIRE III
NOTE DE SYNTHESE ....IV
ABBREVIATIONS ET ACCRONYMES V
PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCEUIL VI
INTRODUCTION GENERALE ..1
Chapitre I : NORMES IFRS : PRESENTATION ET BILAN D'UNE DECENIE
D'APPLICATION 4
I. Aperçu succinct du référentiel
comptable IAS-IFRS 4
II. Apport des normes internationales dans
l'amélioration de la qualité de l'information
financière 6
III. Normes internationales : vers une restitution de la
confiance des utilisateurs de
l'information financière ? 12
Chapitre II : CONVERGENCES & DIVERGENCES DU REFERENTIEL
COMPTABLE DE
L'OHADA AVEC LES NORMES IFRS 14
I. Aperçu du système comptable de l'OHADA : Le
SYSCOHADA 14
II. Convergences et divergences du syscohada avec les normes
internationales ifrs 16
Chapitre III : ENJEUX LIES AU PROJET D'HARMONISATION COMPTABLE
ET
PERSPECTIVES D'EVOLUTION 23
I. L'harmonisation internationale des normes comptables :
historique et enjeux 23
II. L'effort d'harmonisation : exigence ou urgence pour
l'attractivite de l'afrique 28
III. Perspectives d'evolution 30
CONCLUSION GÉNÉRALE 33
REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE 34
TABLE DES ILLUSTRATIONS 36
ANNEXES 37
TABLE DES MATIERES 42
IV
NOTE DE SYNTHESE
Plus d'une décennie après l'adoption des normes
IFRS en par l'Union Européenne, l'heure et au bilan. Ce
référentiel de normalisation comptable internationale
élaboré par un organisme indépendant (IASB) oeuvre pour
l'amélioration de la qualité de l'information financière
mise à la disposition des utilisateurs en général et des
investisseurs en particulier (identifiés comme utilisateurs
privilégiés de l'information financière) en vue de
restaurer la confiance ébranlée de ceux-ci suite aux multiples
scandales financiers ayant secoué les places financières
internationales.
L'enjeu essentiel des normes IFRS est d'assurer une
convergence internationale des pratiques comptables des états. Ce projet
fort ambitieux à l'origine, semble aujourd'hui être une
nécessité pour les besoins de comparabilité de
l'information financière. Ce présent mémoire dresse un
bilan de la décennie d'application des IFRS. Il présente aussi un
état des lieux du projet d'harmonisation comptable au sein de l'espace
économique OHADA et porte un regard critique sur le devenir des IFRS
ainsi que du projet de convergence comptable du Syscohada vers les IFRS.
ABSTRACT
More than one decade after the adoption of IFRS in Europe, it
is time to take stock of their application.
These international accounting standards elaborated by an
independent institution (IASB) work for improvement of quality of financial
information provided to investor (recognized by IASB as privileged users of
financial information).
The main issue of IFRS is to insure harmonization of
international accounting practices.
The «convergence» project that seemed a little bit
ambitious in the beginning seems today to be a necessity for international
comparability of financial statements.
This report assesses the accounting harmonization project in
OHADA's economic area and makes a critical analysis on the future of the IFRS
and the convergence project.
|
ABBREVIATIONS ET ACCRONYMES
AG : Assemblée générale
Art. : Article
AUOHCE : Acte uniforme portant organisation et
harmonisation de la comptabilité des entreprises
CEDEAO : Communauté économique de
développement des états de l'Afrique de l'Ouest
CEMAC : communauté économique et
monétaire d'Afrique centrale
CFA : Communauté financière
Africaine CNC : Conseil national de la comptabilité
DSOP : Draft statement of principles EY:
Ernst & Young
FASB: Financial Accounting Standards Board
IAS: International accounting standards
IASB: International accounting standards
board
IASC: International accounting standards
committee
IASCF: International Accounting Standards
Committee Foundation
IFRIC: International financial reporting
interpretation committee
IFRS: International Financial and Reporting
Standards
N° : Numéro
OCAM : Organisation Commune Africaine et
Malgache
V
OHADA : Organisation pour
l'harmonisation en Afrique du droit des affaires
Op.cit. : Opere citato (dejà
cité)
P : page
PCG : Plan comptable générale
PME : Petites et moyennes entreprises
PMI : Petites et moyennes industries
Réf : Reference
SAC: Standards Advisory Council
SIC: Standing Interpretation Committee
SIG : Soldes intermédiaires de gestion
SYSCOA : Système comptable
ouest-africain
SYSCOHADA : Système comptable de
l'OHADA
TAFIRE : Tableau financier des ressources et
emplois
TPE : Très petite entreprise
UA : Union Africaine
UE : Union européenne
UEMOA : Union monétaire ouest africaine
UGT : Unité Génératrice de
Trésorerie UMAC : Union monétaire d'Afrique
centrale
Vol. : Volume
VI
PRESENTATION DE L'ORGANISME
D'ACCEUIL
ERNST & YOUNG
***
VII
L'HISTOIRE DU CABINET
Les racines d'Ernst & Young (EY) remontent aux
années 1890 et aux origines de ses fondateurs, Arthur Young et Alwin C.
Ernst.
Arthur Young est né à Glasgow, en Écosse.
Diplômé en droit, il émigre aux États-Unis en 1890
pour poursuivre sa carrière dans la comptabilité, et fonde avec
son frère Stanley, en 1906, un bureau de comptabilité, Arthur
Young & Company.
Alwin C. Ernst est né à Cleveland, aux
Etats-Unis. Après avoir quitté l'école, il a exercé
le métier de comptable, avant de fonder en 1903 avec son frère
Théodore un petit cabinet de comptabilité, Ernst & Ernst.
Arthur Young et Alwin C. Ernst ont été des
pionniers de la discipline, privilégiant la qualité, qui a
ensuite pris tout son sens. Ernst a lancé l'idée que les
informations comptables pouvaient être utilisées pour prendre des
décisions d'investissement et de faire la différence pour les
entreprises clientes. Il a ainsi encouragé ses employés à
offrir un meilleur service à leurs clients. Young s'est également
positionné comme conseiller d'affaires parallèlement au
métier de comptable.
La suite de l'histoire du cabinet est marquée par une
succession de fusions avec plusieurs autres cabinets. Ainsi, en 1979 Ernst
& Ernst, Whinney Murray, et Turquands Barton Mayhew se regroupent
pour former Ernst & Whinney, créant ainsi le
quatrième plus important cabinet d'audit mondial.
En 1989, le numéro quatre fusionne avec le
numéro cinq de l'époque, Arthur Young, pour créer
Ernst & Young (EY). Ce rapprochement participe à la concentration du
secteur de l'audit comptable, qui a vu passer en quelques années dix
principaux acteurs à quatre appelé les « Big Four ».
Suite au scandale Enron (2002) et l'explosion du cabinet
Arthur Andersen, Ernst & Young France a repris en majorité des
activités d'Andersen France notamment l'audit, la corporate finance et
les activités juridiques.
EY : SIGNATURE & METIERS
Dans un monde actuel traversé de changements rapides et
incessants et qui, au-delà des difficultés, présente de
nombreuses perspectives, EY a choisi un objectif ambitieux perceptible à
travers sa nouvelle signature présentée le 1er juillet 2013
:« Building a better working world ».
Building a better working world peut être lue
de deux façons différentes. Tout d'abord, c'est prendre une part
active à la construction d'un monde nouveau, en marche vers le
progrès. Mais c'est également rendre plus juste, plus
équilibré le monde du travail dans lequel nous
évoluons.
Cette nouvelle signature intègre l'exigence de
qualité dans la réalisation des travaux et propose d'aller plus
loin dans ce que la société, les parties prenantes, les clients
et les collaborateurs peuvent attendre d'EY.
Aujourd'hui, avec à sa tête l'américain
Mark Weinberger, EY regroupe 212 000 collaborateurs à travers le monde
et est présent dans 151 Pays.
Le chiffre d'affaires global s'élève à
28.7 milliards de dollars US (exercice fiscale clos au 30 juin 2015). Ainsi,
à l'instar des grands cabinets d'audit, EY regroupe divers
métiers à savoir :
VIII
MON INTERVENTION AU SEIN DE EY FRANCE
Présidé par M. Jean Pierre Letartre, EY France a
réalisé un chiffre d'affaires de 806 Millions d'Euros (2015)
grâce à sa forte présence sur le marché où il
est considéré comme 1er Big Four auprès des
grands groupes cotés français (58% des entreprises du CAC 40, 46%
du SBF 120, 34% du SBF 250)
EY France rassemble 4700 collaborateurs répartis dans
15 bureaux en région ainsi qu'au siège situé à la
Tour First à Paris-la Défense où j'ai eu
l'opportunité d'effectuer durant 3 mois mon stage de fin d'étude
en audit.
Ce stage fort enrichissant m'a permis de développer mes
compétences en audit par la réalisation de travaux d'audit de
grands comptes établis en normes IFRS (comptes consolidés),
French-GAAP (comptes sociaux) et aussi de traiter des documents financiers
établis conformément à la réglementation comptable
de l'OHADA (Syscohada) pour les partenaires ouest africains de certaines
sociétés auditées. J'ai procédé à
l'audit de plusieurs sections comptables notamment les capitaux propres, les
clients & ventes, les fournisseurs & achats, les immobilisations et la
trésorerie.
Ainsi, dans le cadre de ce présent mémoire du
DSCG, j'ai décidé d'approfondir mes connaissances en IFRS en
dressant un bilan de son application effective en Europe depuis 2005 pour les
comptes consolidés des sociétés cotées et comparer
ces normes internationales aux pratiques comptables de l'OHADA (Syscohada).
L'objectif de cet exercice sera d'apprécier le niveau de convergence des
normes IFRS et du Syscohada afin de discuter des enjeux pour les état
membres de l'OHADA d'une harmonisation complète de leurs pratiques
comptables avec les IFRS.
INTRODUCTION GENERALE
1
Les états financiers sont sincères,
réguliers et reflètent une image fidèle de la situation
financière de l'entreprise, de son résultat ainsi que de son
patrimoine ; cette affirmation des commissaires aux comptes
procédant à la certification des comptes témoigne de la
conformité des états financiers présentés par
l'entreprise. Les états financiers sont des documents périodiques
assurant une représentation financière structurée des
événements affectant une entreprise et des transactions
réalisées par celle-ci. La comptabilisation de ces
évènements et transactions réalisées par les
entreprises est soumise à un ensemble de règles
particulières clairement définies par le système de
normalisation comptable en vigueur.
Les états financiers sont destinés à une
gamme variée d'utilisateurs pour qui ils représentent un outil
indéniable d'aide à la prise de décision.
Cette vocation n'est donc possible que si ces utilisateurs
accordent une confiance raisonnable aux informations qui leur sont transmises
par les états financiers des entreprises.
Cependant la multiplicité des destinataires des
états financiers ayant chacun des besoins différents complexifie
la mise en oeuvre d'une normalisation comptable. En effet, Skinner en 1987
mettait en évidence cette complexité en affirmant que «
la normalisation comptable n'est plus une pure affaire technique. Les sujets
sont extrêmement complexes et souvent résolus [...] via
l'interaction des groupes d'intérêts différents
»1.
Nous notons donc que la mise en oeuvre d'une normalisation
comptable requiert la prise en compte préalable d'une dimension de
celle-ci qui dépasse les frontières du cadre comptable car la
normalisation intègre aussi parfaitement des aspects tout autant
politiques que sociales.
Ainsi, dans leur élaboration, certains systèmes
de normalisation comptable sont effectués de sorte à aboutir sur
une conclusion consensuelle intégrant les attentes et besoins des
parties prenantes. C'est dans ce sens que Walton PERTER (2003) évoque
assez souvent la notion de « normalisation par compromis social
» 2.
Au-delà de toute ces considérations, la mise
oeuvre d'une normalisation comptable répond à un besoin
préalable d'harmonisation des pratiques comptables en application dans
un espace économique donné afin d'y assurer la comparaison des
informations comptables et financières transmises par le biais des
états financiers.
1 Skinner .1987. p.622 In N. E Sadi. «
Epistémologie de la normalisation comptable dans les pays en transition
`à l'économie de marche ». Comptabilités et
innovation, May 2012, Grenoble, France. pp.cd-rom<hal-00691022>
2 Walton Peter, « La normalisation comptable
internationale. Origine, pratiques et enjeux », Revue française
de gestion 6/2003 (no 147), p. 21-32
2
Ainsi, depuis le 1er janvier 2005, la France ainsi
que l'union européenne procèdent à l'application des
normes internationales IAS/IFRS3 pour les comptes consolidés
des sociétés cotées en bourse et ce, conformément
à l'article 4 du règlement CE n° 1606/2002 du parlement
européen et du conseil du 19 juillet 2002 sur l'application des normes
comptables internationales de la commission européenne4.
Cependant, la recrudescence des scandales financiers durant
ces dernières décennies, en l'occurrence les scandales d'ENRON
(2001) et WORLDCOM (2002) marqués par la diffusion d'états
financiers biaisés, ont ébranlé la confiance des
investisseurs sur les places financières internationales et
relancé le débat sur la nécessité de transmettre
l'information comptable et financière suivant un langage commun fiable,
harmonisé et accessible à tous les utilisateurs : cela
requière la convergence des systèmes de normalisation comptables
des états vers les normes internationales IAS/IFRS.
Ainsi, sous l'égide de l'union européenne, l'on
assiste à l'émergence d'une volonté internationale des
états à assurer la convergence de leurs systèmes de
normalisation comptable internes, vers une normalisation conforme aux normes
internationales IAS/IFRS qui assurent un système de normalisation
comptable unique, fiable, applicable par toute entreprise à travers le
monde, garante d'une transcription fidèle de l'image de la situation
financière des entreprises.
Elaborées par un organisme privé qui se veut
indépendant de toute influence étatique, en l'occurrence
l'international accounting standards board (IASB), les normes
internationales IAS/IFRS visent à apporter une réponse
concrète aux attentes des utilisateurs notamment en termes
d'amélioration de la qualité et de la fiabilité de
l'information financière.
Ainsi, une décennie après leur adoption il
s'avère nécessaire de dresser un bilan de l'application des
normes IAS-IFRS et du projet d'harmonisation comptable internationale à
l'origine de leur élaboration.
Les pays d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale
regroupés au sein de l'OHADA (organisation pour l'harmonisation du droit
des affaires en Afrique) procèdent à l'application
3 Le référentiel de normalisation
comptable internationale regroupe ensemble de normes portant initialement
l'appellation de « IAS » (International Acconting Standard) et qui
deviendront par la suite « IFRS » (international Financial Reporting
standard)
4 règlement (CE) no1606/2002 du parlement
européen et du conseil du 19 juillet 2002 sur l'application des normes
comptables internationales : Article 4 intitulé Comptes
consolidés des sociétés qui font appel public à
l'épargne « Pour chaque exercice commençant le
1er janvier 2005 ou après cette date, les
sociétés régies par le droit national d'un État
membre sont tenues de préparer leurs comptes consolidés
conformément aux normes comptables internationales adoptées dans
le cadre de la procédure prévue à l'article 6, paragraphe
2, si, à la date de clôture de leur bilan, leurs titres sont admis
à la négociation sur le marché réglementé
d'un État membre au sens, de l'article 1er, point 13, de la
directive 93/22/CEE du Conseil du 10 mai 1993 concernant les services
d'investissement dans le domaine des valeurs mobilières ».
3
du Système comptable OHADA (SYSCOHADA)
harmonisé, adapté au contexte africain et qui se présente
comme un système comptable intégrant à la fois des
spécificités du modèle comptable continental
européen et du modèle anglo-saxon (exemple : US-GAAP).
Le développement économique du continent
requiert l'intégration de l'Afrique dans la dynamique de mondialisation
et de son corolaire qu'est l'ouverture des marchés financiers du
continent aux capitaux internationaux. Dès lors il s'avère
nécessaire que la confiance des utilisateurs soit aussi assurée
sur les places financières africaines : l'application du langage
international comptable et financier commun est donc inéluctable.
Tout au long de notre étude, il sera donc question de
traiter les questions suivantes :
Quels enseignements tirer de la décennie
d'application des normes IFRS en Europe et au sein de l'OHADA ?
Quels sont les enjeux pour les pays de l'OHADA d'une
convergence du SYSCOHADA vers les IFRS ?
Afin d'apporter des réponses concrètes et
adéquates à ces interrogations, il convient de prime abord de
dresser un bilan succinct de cette décennie d'application des normes
IAS/IFRS (Chapitre I).
Ensuite, nous identifierons quelques points de convergence et
de divergence existants déjà entre le référentiel
international de normalisation comptable IAS/IFRS et le SYSCOHADA (Chapitre II)
afin d'appréhender au mieux les efforts qui seront nécessaires
dans le cadre de l'harmonisation de ces systèmes de normalisation.
Enfin, ayant pris connaissance de ces similitudes et
disparités existants entre ces référentiels, l'on pourra
raisonnablement discuter du devenir des IFRS ainsi que des enjeux du projet de
convergence comptable du Syscohada vers les IFRS (Chapitre III).
NORMES IAS-IFRS : PRESENTATION ET BILAN D'UNE DECENIE
D'APPLICATION
Chapitre I
4
Introduites au sein de l'union européenne depuis 2005
afin d'assurer la qualité de l'information financière et
vulgarisées par la volonté commune des états à
assurer la convergence de leurs pratiques comptables, les normes IAS-IFRS se
veulent un référentiel comptable et financier de qualité,
qui répond aux besoins d'une économie mondialisée.
Aujourd'hui, plus de 10 ans après leur adoption,
l'heure est au bilan. Ainsi, cette section aura pour objet de porter un
aperçu succinct sur ces normes internationales et dresser un bilan de
leur application.
I. Aperçu succinct du référentiel
comptable IAS-IFRS
I.1 Le normalisateur international IASB : Historique et
structure
L'international Accounting Standard Committee (IASC) fut
créé en 1973 à Londres5 par des experts
comptables originaires de 10 pays6. Ceux-ci envisageaient
l'harmonisation des pratiques comptables en vigueur dans leur pays respectifs
et à terme aboutir à une convergence mondiale des normes
comptables étatiques.
L'expert-comptable britannique Sir Henry BENSON est
l'initiateur de cette volonté d'harmonisation des normes comptables et
fut de ce fait le 1er président élu de
l'IASC.7
Initiateur de la mise en oeuvre d'un langage comptable et
financier commun, Sir BENSON a compris l'impact des difficultés de
comparaison internationale des états financiers sur le commerce
international et la mobilité internationale des capitaux.
Le 01 avril 2001, l'IASC subit une réforme afin de
mieux l'adapter aux enjeux de l'harmonisation internationale des normes
comptables, donnant ainsi naissance à l'IASB (International Accounting
Standart Board).
5 Robert OBERT. 2013. pratique des normes IFRS.
Édition Dunod 5e edition , Paris,Chapitre 1 «
la normalisation comptable », page 7
6 Les 10 pays sont : l'Allemagne, l'Australie, le
Canada, les Etats Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Irlande, le Japon, le
Mexique, les Pays-bas
7 Robert OBERT. 2013. pratique des normes IFRS.
édition Dunod 5e edition. Paris,Chapitre 1 « la
normalisation comptable ».page 10
5
La structure organisationnelle de l'IASB est constituée
d'un organe de surveillance (IFRS Foundation ), d'une instance
interprétative (IFRS Interpretations Committee ), d'un organe
de conseil (IFRS Advisory Council ), d'un forum consultatif des normes
comptables (ASAF) et enfin, de l'instance normalisatrice (IASB ).
Figure 1: Structure de l'IASB
I.2 Légitimité de l'IASB
La légitimité des normes internationales
adoptées dans 122 pays à travers le monde8 fait
l'objet de débats entre partisans d'une normalisation « nationale
» et ceux qui suggèrent l'émergence d'une normalisation
internationale adaptée au contexte de globalisation actuel. Puisque
cette légitimité de l'organisme élaboratrice des normes,
notamment l'IASB, a pour corollaire la légitimité des normes, il
convient de se pencher sur la question et identifier des éléments
à même de témoigner ou non de la légitimité
du normalisateur à travers une analyse de la légitimité
procédurale, substantielle et politique de l'IAB.
La légitimité procédurale
de IASB est fondée sur le mode de désignation des
membres de l'organisme de normalisation, garant de son indépendance, et
sur la transparence du processus de normalisation « due process
», garant de son impartialité. Le « due process
» appliqué par l'IASB dans l'élaboration de ses normes est
censée permettre à toutes les parties concernées de faire
entendre leur voix.
La légitimité substantielle de
l'IASB est quant à elle fondée sur son cadre conceptuel
élaboré depuis 1989 et qui représente «
l'instrument théorique dont se dote un normalisateur pour
8 FocusIFRS. Evaluation de l'état d'adoption
des IFRS pays par pays. [Consulté le 01/07/2016]
http://www.focusifrs.com/menu_gauche/actualites_phare/iasb/l_evaluation_de_l_etat_de_l_adoption_des_ifrs_pays_par_pays
6
élaborer ses normes, lesquelles en sont en quelque
sorte substantiellement déduites ».9 En claire un
cadre conceptuel contient les informations relatives aux objectifs de la
comptabilité et des états financiers, une déclaration sur
les qualités de l'information comptable requises par ces objectifs et
l'énoncé de principes et de concepts associés à la
poursuite de ces objectifs. Carlsberg (1984, p. 27)10 soutient que
trois raisons essentielles légitiment l'usage d'un cadre conceptuel pour
l'établissement des normes :
y' « faciliter les décisions sur les questions
controversées , ·
y' éviter de perdre du temps à
débattre de problèmes conceptuels relatifs à chaque norme
en cours d'élaboration , ·
y' diminuer le besoin de normes détaillées
en favorisant le recours aux jugements des personnes concernées
»
Cette déclaration identifie, parmi les nombreux
destinataires potentiels de l'information financière, ceux qui seront
privilégiés ou prioritaires (les investisseurs) et met les normes
futures à leur service. C'est ainsi que Alain BURLAUD & Bernard
COLASSE (2010) affirmaient qu'« elle a donc un caractère
hautement politique puisqu'elle revient à faire un choix quant à
la gouvernance de l'entreprise. Il peut donc paraître surprenant qu'une
telle déclaration émane d'un groupe d'experts qui se
réclame à priori sans légitimité politique
».
II. Apport des normes internationales dans
l'amélioration de la qualité de l'information financière
II.1 Application des normes IFRS : vers une
amélioration de la fonction finance
L'application des normes IFRS dans l'établissement des
états financiers et la communication financière a
été un véritable enjeu pour les entreprises tant en Europe
que dans l'espace OHADA. En effet, au-delà de l'aspect contraignant
qu'elles pourraient avoir, les normes IFRS apporte une plus grande rigueur dans
l'établissement des comptes et un alignement des méthodes
comptables sur un référentiel unique internationalement
reconnu.
Pour les entreprises appliquant ces normes, l'enjeu de ces
différentes évolutions a été de s'assurer de
réaliser cette transformation en acceptant le changement et en allant y
chercher tous les aspects positifs qu'elle impliquait. Cela fut l'occasion pour
certains groupes de refondre tout ou partie de leur système financier et
de gestion.
9 A, Burlaud et B. Colasse. Normalisation comptable
internationale : le retour du politique ? Crises et nouvelles
problématiques de la Valeur. Mai 2010. Nice, France. pp.CD-ROM, 2010.
<hal-00481562>
10 Carlsberg, B. (1984). The Quest for a Conceptual
Framework for Financial Reporting. In. External Financial Reporting
(Eds, Carlsberg, B., Dev, S.). London : Prentice Hall International.London
School of Economics.
7
L'amélioration de la fonction finance est perceptible
par l'utilisation d'outils d'automatisation des reporting IFRS et une
amélioration de la qualité de l'information financière
transmise par la fonction.
En effet, les conclusions de l'étude menée sur
un panel 80 entreprises françaises par le cabinet KPMG en 2015 en
partenariat avec l'association des professionnels et directeurs en
comptabilité et gestion (ADPC) sur leur perception des impacts des IFRS
sur la fonction finance dans son propre fonctionnement et dans son interaction
avec les autres fonctions met en évidence que :
? « Pour près des deux tiers des entreprises
interrogées, la qualité de l'information financière
produite par les filiales s'est améliorée.
? Près de 80 % d'entre elles affirment que les
responsabilités du département consolidation reporting se sont
accrues avec, dans les mêmes proportions, un recours plus important au
département normes et une accélération de la production de
l'information comptable et financière.
Le passage aux IFRS n'est sans doute pas la seule raison de
cette accélération mais a sans nul doute contribué
à permettre aux groupes de publier plus rapidement leurs
résultats et donc de répondre ainsi aux attentes des
marchés.
? Pour 84 % des sociétés interrogées,
le passage aux IFRS a aussi été à l'origine d'un
renforcement des compétences des équipes finance, des
compétences robustes devenant indispensables face à des
thématiques de plus en plus complexes. Cette montée en
compétence reste à ce titre un enjeu majeur pour les groupes de
taille moyenne qui doivent rationaliser coût/efficacité pour
attirer les compétences dans des filiales parfois de très petite
taille»11.
11 KPMG dresse un bilan de cette décennie
d'IFRS « Les IFRS 10 ans après - Rétrospective et futurs
enjeux » ; Octobre 2015
8
Les résultats de cette étude
révèlent donc l'impact positif de l'application des IFRS sur les
fonctions finance des entreprises.
Cependant, force est de constater que cette étude
intéressante sur l'impact positif des IFRS a été
réalisée sur un panel de 80 entreprises dont plus des deux tiers
ont un chiffre d'affaires excédant 1.5 milliard d'Euros et seulement 6%
ont un chiffre d'affaires annuel inférieur à 250Millions
d'€.
Les conclusions ci-dessus sont donc essentiellement relatives
au ressentie de grandes entreprises appliquant les IFRS, ce qui laisse en
suspens des questions relatives à l'amélioration des fonctions
finances des PME (qui constituent la majeure partie du tissus économique
africain) par l'application des IFRS.
En effet, face aux difficultés d'application des IFRS
par les petites structures, l'IASB a mis en oeuvre l'élaboration des
« IFRS pour PME » qui peinent encore a être appliquées
en Europe. A ce jour, les normes IFRS pour PME sont adoptées que par 17
pays dont sept (07) pays africains.12
II.2 IFRS et information financière
règlementée
Depuis 2004, l'on assiste à une croissance indigeste du
volume des états financiers et des informations transmises dans les
rapports annuels des entreprises. La croyance courante tend à attribuer
cette recrudescence de l'information règlementée à
l'application des normes IFRS. Cependant, les scandales financiers sur places
financières ont conduit le régulateur à requérir de
plus en plus d'informations pertinentes dans la communication financière
des entreprises. Toutefois, certains thèmes font l'objet de
réflexions sur la précision et le niveau de détails de
l'information fournie en annexe et demeurent sous contrôle du
régulateur. Il s'agit notamment d'informations relatives aux :
? Estimations comptables et informations
prévisionnelles,
? Informations sectorielles
? Impairments tests, pour lesquels il est à noter une
évolution des informations publiées afin de présenter de
manière plus précise l'exposition des émetteurs sur leurs
unités génératrices de trésoreries (UGT) sans
toutefois augmenter démesurément l'espace requise pour fournir
cette information.
12 Focus
ifrs.com, adoption et application (des
normes IFRS pour PME) [Consulté le 01/07/2016]
http://www.focusifrs.com/menu_gauche/ifrs_pme/adoption_et_application
9
Les normes IFRS ne sont probablement pas directement
responsables de l'inflation du volume de l'information financière, mais
elles ne donnent pas beaucoup de « guidance » aux émetteurs
pour faire le tri dans la diffusion d'informations financières.
Si les normes IFRS ne nous aident pas d'elles-mêmes (ce
qui est probable lorsque l'on voit la complexité croissante des textes
publiés), alors les parties prenantes doivent collaborer pour redonner
du sens à l'information financière, en cessant de la dupliquer,
en la réorganisant, en la simplifiant.
L'on constate donc une croissance du volume des informations
transmises mais pas de changement significatif des thématiques
abordées. En effet, Le passage aux IFRS n'a fait que renforcer la
communication par les émetteurs de certains thèmes
déjà très présents dans les rapports annuels sous
leurs précédents référentiels comptables notamment
les informations relatives aux risques financiers, aux engagements hors bilan,
les tests d'impairement, la rémunération des dirigeants et les
informations sectorielles.
II.3 La recrudescence des indicateurs non-GAAP sous
l'impulsion des IFRS
Dans le cadre de la communication financière
effectuée par les sociétés cotées, l'on assiste
à la diffusion d'informations établies conformément aux
normes IFRS mais ainsi que d'indicateurs qualifiés de « non-GAAP
» c'est à dire non définis dans le référentiel
IFRS. Cela fut confirmé par une étude du cabinet Ernst &
Young portant sur les 40 sociétés du CAC40 et 46 autres grandes
sociétés européennes.13
Il s'agit en effet d'indicateurs de mesure de performance
largement reconnus par les utilisateurs (investisseurs) du fait de la
pertinence de l'information qu'ils représentent. Nous citons entre
autres le résultat opérationnel (qui fait à titre
d'exemple l'objet d'une attention particulière dans plusieurs
sociétés cotées du CAC40 notamment Renault, dans le cadre
de son plan stratégique « drive the change »), l'EBITDA, le
ROCE, l'endettement net ou encore le FCF. N'étant pas clairement
définis et encadrés par le référentiel IFRS, la
détermination ainsi que les modalités de calcul des indicateurs
non-GAAP sont laissées à l'appréciation de chaque groupe.
Cependant, au vu de l'importance et de l'attrait qu'ils suscitent auprès
des utilisateurs, ces indicateurs sont de plus en plus encadrés par les
autorités régulatrices des marchés.
Les indicateurs non-GAAP visent à compléter
l'information financière disponible dans les états financiers
afin d'apporter une vision plus globale de la performance de l'entreprise.
Cependant,
13 Ernst & Young : Communication financière
2006 : Première application des IFRS, les pratiques des grands groupes
européens. Mai 2006
10
la recrudescence actuelle de ces indicateurs laisse planer
quelques inquiétudes relatives aux risques qu'elles pourraient
engendrer. En effet :
? l'utilisation d'indicateurs non suffisamment définis
est source de risques non seulement pour le lecteur des états financiers
mais également pour l'émetteur,
? Ils ont tendance à se substituer aux informations
comptables établies en application des IFRS, et sont ainsi source de
confusion,
? Ils sont par définition, spécifiques si bien
que leur utilisation va à l'encontre de l'objectif de
comparabilité des IFRS.
L'accroissement de l'utilisation des indicateurs non-GAAP
depuis 2004 laisse penser qu'ils sont vulgarisés par
l'implémentation des IFRS aux seins des entreprises...à moins que
cela ne soit juste qu'un effet conjoncturel.
II.4 « La juste valeur » et qualité de
l'information financière en IFRS
L'internationalisation des marchés financiers joint
à la volonté d'accroître le contenu informationnel
apporté au marché tout en appréhendant au mieux les
risques encourus, ont emmené l'IASB à orienter la
comptabilité vers un nouveau principe, celui de la juste valeur. Ce
nouveau principe fondé sur le postulat selon lequel le meilleur
instrument d'évaluation d'un actif reste le marché tend à
assurer le passage d'une approche historique de la comptabilité à
une approche beaucoup plus économique (substance over form)
appliquée à la fois par les FRS et le SYSCOHADA, qui paraît
être de nature à rendre les comptes plus en adéquation avec
la réalité des investissements à moyen ou long terme,
ainsi que celle des cycles de l'exploitation. Toutefois, il convient de
souligner que « le concept de juste valeur est plus large et d'un
usage plus général que celui de valeur de marché
»14
Cependant, cette transition vers un modèle
d'évaluation beaucoup plus économique, initialement perçue
par certains utilisateurs des états financiers comme un renouveau dans
la communication financière semble présenter quelques
difficultés d'application découlant majoritairement des
imprécisions des modalités de détermination de la juste
valeur d'un actif ou passif en l'absence de données objectives
observées sur le marché. Devons-nous par ce constat affirmer que
la disparité des méthodologies et modèles de
détermination de la juste valeur de ce contexte lui procurent un
caractère aléatoire ?
La norme IFRS 13 défini clairement la juste valeur
comme « le prix qui serait reçu pour la vente d'un actif ou
payé pour le transfert d'un passif lors d'une transaction normale entre
des intervenants du marché à la date d'évaluation
».
14 J.F. CASTA, 2003, La comptabilité en juste
valeur permet-elle une meilleure représentation de l'entreprise ?,
« Juste valeur et évaluation des actifs », Revue
d'Economie Financière, Paris, n°71, p. 17-31
11
A titre illustratif, la norme IAS 39 identifie trois
méthodes de valorisation des justes valeurs des instruments financiers.
Ainsi, si l'instrument est traité sur un marché actif et liquide,
le prix auquel cet instrument est négocié ou émis est
normalement considéré comme présentatif de sa juste
valeur. En l'absence d'un marché de référence, la
valorisation comptable de l'instrument sera fondée sur la valeur la plus
proche de celle fixée par le marché. Les
préparateurs comptables peuvent ainsi avoir recours à une
étude comparative fondée sur l'évaluation d'instruments
disposant des caractéristiques financières similaires ou à
des techniques d'évaluation qui sont généralement admises
et qui garantissent une estimation raisonnable de la valeur de marché,
telles que l'actualisation des flux de trésorerie futurs et les
modèles de valorisation des options (black & Scholes, le
modèle binomial etc.).
Dans la mesure où nombre d'instruments financiers n'ont
pas de valeur de marché, leur juste valeur est déterminée
en interne sur la base de modèles développés par les
entreprises ou à l'aide des approches par assimilation.
Pour certains auteurs, le caractère objectif d'une
telle valeur, estimée en interne, est ainsi sujet à caution.
Jean-François Casta (2003) affirmait à juste titre
que « les critiques les plus nombreuses à l'encontre de la
juste valeur concernent la valorisation des actifs qui ne sont pas
négociés sur des marchés efficients et dont l'estimation
renvoie à des modèles internes. Elles mettent en évidence
le manque d'objectivité et de neutralité de ces valorisations.
Elles mettent aussi l'accent sur la réduction de la fiabilité et
de la comparabilité engendrée par l'utilisation de modèles
internes »15. On constate donc que la fiabilité de
la juste valeur semble être fonction de la qualité des
modèles de valorisation ainsi que des informations utilisées mais
aussi de la sincérité des préparateurs des comptes.
Pour certains praticiens, l'IASB semble avoir rencontré
des difficultés lorsqu'il a voulu élaborer des normes dont
l'objectif est de composer avec une sphère financière nuisible
à la stabilité ; non pas essentiellement celle de
l'économie, mais plutôt celle de la croyance des acteurs
économiques.
Bien au-delà des points faibles liés à la
cohérence et à la fiabilité de l'information
financière la juste valeur se voit aussi reproché de
privilégier une vision court-termiste de l'entreprise et
d'entraîner, par ses fluctuations, une plus grande volatilité des
capitaux propres et des résultats. En claire, bien que les justes
valeurs sont plus susceptibles d'accroître la pertinence de l'information
financière, elles peuvent cependant engendrer des risques en terme de
fiabilité.
15 J.F. CASTA, 2003, La comptabilité en juste
valeur permet-elle une meilleure représentation de l'entreprise ?,
« Juste valeur et évaluation des actifs », Revue
d'Economie Financière, Paris, n°71, p. 17-31
12
III. Normes internationales : vers une restitution de la
confiance
des utilisateurs de l'information financière ?
III.1 La comptabilité créative en environnement
IFRS
Suite aux scandales financiers ayant ébranlé la
confiance des utilisateurs de l'information financière, l'un des
défis essentiels des nouvelles réglementations et notamment des
IFRS est d'apporter une réglementation comptable solide susceptible de
contrecarrer les pratiques abusives qualifiées de «
comptabilité créative » mises en oeuvre par les
préparateurs des états financiers. En effet, ces pratiques vont
trop souvent à l'encontre des principes généraux de
transparence et de comparabilité des états financiers.
»16
Cependant, la pratique des normes IFRS révèle
parfois une place au jugement professionnel dans le cadre de l'application de
normes « selon une analyse en substance et avec l'utilisation du
principe de matérialité et du rapport coût/avantage pour
l'obtention des données financières (Hoarau, 2006, 2008).
Ainsi, à l'occasion de la transition aux normes IFRS,
il apparaît une certaine contingence des politiques comptables de
transition résultant des options possibles offertes par la norme de
première application (IFRS 1) et des choix plus ou moins opportunistes
effectués par le management dans le cadre du changement de
référentiel comptable.
Plusieurs éléments identifiés au sein du
référentiel IFRS sont des sources de distorsion en termes de
traitements comptables entre les entreprises notamment (Eric Tort 2009) :
? « L'existence d'exceptions facultatives
prévues par IFRS 1 lors de la 1re application du
référentiel international
? la possibilité d'appliquer des traitements
comptables alternatifs à certaines transactions du fait de l'existence
d'options dans certaines normes IFRS en régime de croisière
;
? le recours à des estimations et à des
jugements de la part du management dans le cadre de l'application des
méthodes comptables et de la valorisation des actifs et passifs
;
? Une normalisation «assez souple» en
matière de présentation de l'information financière
pouvant conduire à une certaine individualisation des états
financiers des groupes ».
A cela s'ajoutent, aussi les options d'anticipation
facultative de certaines normes IFRS ainsi que le décalage temporel
existante entre la publication des normes par l'IASB et leur adoption par
l'union européenne.
16 Tort Éric, 2007, « La contingence de la politique
comptable des sociétés cotées : le cas de la transition
aux normes
IFRS », Comptabilité - Contrôle - Audit
3/2007 (Tome 13) , p. 171-194 URL :
www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2007-3-page-171.htm
[Consulté le 29/06/2016]
III.2 La comparabilité de l'information
financière en IFRS
13
Reconnue quasi-unanimement par les référentiels
comptables comme caractéristique qualitative de l'information
financière, la « comparabilité » des états
financiers sur les places financières internationales est l'un des
objectifs ayant suscité la mise en oeuvre des IFRS.
En effet, l'information financière doit être
utile à la prise de décision, aussi bien pour la direction des
entreprises que pour partenaires financiers et les autres utilisateurs.
A ce titre, « seules des informations comparables entre
plusieurs entités et d'une période sur l'autre pour une
même entité permettent d'assurer la pertinence des choix
effectués »17. La comparabilité de
l'information financière permet au niveau national de comparer les
performances et la structure financière des entreprises au sein du pays.
Elle permet aussi sur le plan international d'atteindre l'objectif
d'harmonisation comptable internationale.
En oeuvrant pour une normalisation comptable internationale
harmonisée, les IFRS améliorent indiscutablement la
comparabilité de l'information financière.
En intégrant des caractéristiques qualitatives
supplémentaires notamment la pertinence, l'intelligibilité et la
fiabilité de l'information financière, les états
financiers IFRS tendent à refléter l'image fidèle de
l'entreprise et courent ainsi à restituer la confiance des utilisateurs
envers l'information financière qui leur est transmise.
17 O, Barbe. L, Didelot. Pour une meilleure
comparabilité des états financiers individuels et une
simplification du PCG. Revue Française de Comptabilité.
N°433 Juin 2010. P42
CONVERGENCES & DIVERGENCES DU REFERENTIEL COMPTABLE
DE L'OHADA AVEC LES NORMES IFRS
Chapitre II
14
Dans l'optique de mieux envisager une refonte des pratiques
comptables de l'OHADA favorable à l'harmonisation des normes du
SYSCOHADA vers les normes IAS/IFRS nous consacrons ce chapitre à une
analyse comparative des ces deux (02) systèmes de normalisation
comptable sur différents points, faisant ainsi ressortir à la
fois des similitudes et les disparités existant entre ceux-ci.
I. Aperçu du système comptable de l'OHADA
: Le SYSCOHADA I.1 Présentation générale
L'OHADA, Organisation pour l'Harmonisation du Droit des
affaires en Afrique, est née de la signature du traité relatif
à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique le 17 octobre 1993
à Port Louis. Ce traité fut révisé à
Québec au Canada le 17 octobre 2008.18
Le traité relatif à l'harmonisation du droit des
affaires en Afrique rassemble l'ensemble des pays de l'espace économique
et monétaire ouest africain (UEMOA) utilisant en commun le Franc CFA
comme monnaie ainsi que les pays de l'espace économique des états
d'Afrique centrale (CEEAC).
Ce traité est ouvert à l'adhésion directe
de tout état membre de l'Union Africaine. Au-delà des
frontières sous régionales et régionale, l'OHADA se veut
être une organisation à d'intégration africaine à
l'échelle continentale. L'OHADA est régie par quatre (04)
institutions essentielles.
Secrétaire permanent
Le Conseil des ministres de finance et de justice
Directeur Ecole
supérieur de la
magistrature
Cour commune de justice et
d'arbitrage
OHADA
Figure 2: Organigramme des institutions de l'OHADA
18 Le site officiel de l'OHADA, section «
présentation de l'OHADA » [consulté le
05/04/2016]
http://www.ohada.org/index.php/fr/ohada-en-bref/ohada-presentation-generale
15
Afin de cerner au mieux la réglementation comptable en
vigueur au sein de l'organisation, il convient de comprendre comment l'acte
uniforme portant organisation et harmonisation de la comptabilité des
entreprises au sein de l'OHADA oeuvre à la mise en place d'une
normalisation comptable au sein de l'organisation : le Syscohada.
I.2. L'acte uniforme portant organisation et
harmonisation de la comptabilité des entreprises (AUOHCE) : convergence
vers une normalisation comptable africaine
Le système de normalisation comptable de l'espace OHADA
: le SYSCOHADA, est né de l'adoption le 24 Mars 2000 de l'acte uniforme
portant harmonisation de la comptabilité des états membre de
l'OAHADA, il est mis en application depuis le 01 janvier 2001 pour les comptes
personnels des entreprises et le 01 janvier 2002 pour les comptes
consolidés et les comptes combinés.
Cet acte uniforme établi l'ensemble des règles
encadrant la profession comptable et tenue de la comptabilité dans
l'espace OHADA ainsi que la présentation des états financiers
dans la région, marquant ainsi la concrétisation de la
volonté d'harmonisation des règles et méthodes comptables
assurant la comparaison de l'information comptable dans l'espace OHADA : le
système comptable OHADA (Syscohada).
Figure 3: Etats membres de l'espace OHADA
Le Système comptable de l'OHADA (Syscohada) a
été conçu en tenant compte des différentes
réalités ainsi que du contexte économique et
socio-culturel africain. Ainsi celui-ci présente les objectifs suivants
:
« l'harmonisation des pratiques comptables dans la
région,
l'alimentation d'une centrale des bilans en informations
comptables et financières pertinentes,
16
L'élargissement du champ d'application de la
comptabilité d'entreprise
L'unicité et une plus grande fiabilité des
comptes des entreprises,
L'application des normes et principes comptables admis au
plan international »19.
Les objectifs du syscohada traduisent clairement la
volonté des états membre de l'OHADA à assurer une
harmonisation de leur comptabilité et promouvoir une application
africaine et internationale du syscohada.
Dans l'élaboration de ses règles comptables,
l'OHADA tient à maintenir l'effort de modernisation des pratiques
comptables de l'organisation tout en étant attentif aux IFRS, afin de
définir des normes adaptées à la taille et à la
mesure de ses entreprises, en tenant compte des spécificités des
pays membres.
II. QUELQUES CONVERGENCES ET DIVERGENCES DU SYSCOHADA
AVEC LES NORMES INTERNATIONALES IFRS
II.1 Comparaison du cadre conceptuel : Objectifs,
utilisateurs et principes
Le cadre conceptuel désigne un « cadre
théorique définissant les grandes options techniques et
conceptuelles du plan comptable. [...] Il sert de guide pour
l'élaboration des normes et règles comptables et apporte une
solution aux problèmes futurs non explicités dans le plan
comptable général ».20 De plus, le cadre
conceptuel définit les objectifs, les utilisateurs, les
différentes règles de comptabilisation et d'évaluation
ainsi que les principes des normes.
La normalisation comptable du SYSCOHADA ainsi que les normes
internationales IAS/IFRS disposent chacun d'un cadre conceptuel.
Cette partie est consacrée à l'analyse
comparative des objectifs, des utilisateurs et des principes de ces
référentiels comptable afin d'en identifier les similitudes et
disparités synthétisées dans les tableaux ci-dessous :
? Le champ d'application
Système de normalisation comptable
|
Champ d'application
|
Syscohada
|
Sous régional, continental (Afrique de l'ouest
¢rale)
|
Normes IAS/IFRS
|
Mondial (122 pays appliquent les IFRS)
|
Tableau 1: Comparaison des champs d'application des
normes françaises, IAS/IFRS et du SYSCOHADA
19 R. E, NGUE et T. AZANDOSSESSI, «Etat financier et
système du droit comptable OHADA», colloque de formation des
experts du conseil permanent de la comptabilité du Congo sur le droit
OHADA, organisé par l'école régionale supérieure de
la magistrature, Congo page4.
20 Chapitre 7 terminologies- définition du
« Cadre conceptuel »- tiré de l'annexe de l'acte uniforme de
l'OHADA portant harmonisation de la comptabilité des entreprises.
Publié au J.0 N°10 de l'OHADA
17
? Comparaison des utilisateurs
Le cadre conceptuel de l'OHADA, distingue sept (07)
utilisateurs des états financiers regroupant des acteurs d'ordre interne
et externe, clairement identifiés dans les paragraphes 9 & 10 du
cadre conceptuel de l'IASB.
Au-delà de ce point de convergence, les normes IFRS
désignent les investisseurs comme utilisateurs privilégiés
de l'information financière contrairement au SYSCOHADA qui stipule que
l'information financière produite est destinée en priorité
aux « acteurs de l'économie marchande centrée autour de
la libre entreprise »21, cela s'explique par le tissu
économique africain fortement marqué par les petites
entreprises.
? Comparaison des principes
généraux
Concernant les principes généraux qui
conditionnent l'établissement des comptes, les IFRS ainsi que le
SYSCOHADA convergent sur le principe de « substance over form
» qui fait prévaloir la réalité économique sur
la forme juridique des opérations.
Lors de l'évaluation des éléments des
états financiers en IFRS, la détermination de la ou les
convention(s) appropriée(s) d'évaluation est laissée aux
préparateurs des comptes, qui peuvent choisir une ou plusieurs
conventions parmi les conventions suivantes dans l'optique de refléter
au mieux la juste valeur de l'élément à évaluer
:
- L'évaluation au cout historique ;
- Le cout actuel ;
- La valeur de réalisation ou de règlement ;
- La valeur actuelle (valeur actualisée des entrées
ou des sorties futures de trésoreries)
Toutefois alors que les IFRS sont favorables l'inscription des
opérations et leur évaluation à la juste valeur ; le
Syscohada est quant à lui favorable à une comptabilité
fondée sur l'évaluation des éléments des
états financiers au coût historique, qui permet entre autres
« d'éviter les pièges, ruses et leurres de la juste
valeur financière qui n'est valable et économiquement
justifiée qu'au seul instant de son calcul et sous l'hypothèse,
très loin d'être validée, d'un fonctionnement de
marchés efficient » (E. Delesalle, 2004).
21 Patrick PINTAUX, «Le système
comptable ouest-africain (Syscoa). L'intégration économique par
la comptabilité », publié dans TERTIAIRE N° 104 /
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2002, page 48
? Comparaison des principes comptables
fondamentaux
Le cadre conceptuel des IFRS et du Syscohada définissent
les hypothèses comptables de base sous-jacentes à la
préparation et à la présentation des comptes :
Normes IFRS
Comptabilité d'engagement Continuité
d'exploitation
Caractéristiques qualitatives de l'information
financière
- Intelligibilité - Pertinence - Fiabilité
- Comparabilité
SYSCOHADA
prudence
l'intangibilité des bilans permanence des méthodes
la spécialisation des exercices continuité d'exploitation la
transparence
Tableau 2: Synthèse des principes comptables de
base des IFRS, Syscohada et normes françaises
II.2 Systèmes comptables et présentation
des éléments des états financiers
Les états financiers représentent des documents
périodiques mettant à disposition des utilisateurs, l'information
financière relative à une entreprise ou un groupe. Ils
constituent de ce fait un dispositif d'aide à la prise de
décision pour les destinataires auxquels ils sont établis.
Contrairement aux IFRS, le SYSCOHADA distingue plusieurs
systèmes de présentation des états suivant des
critères relatifs aux entreprises, chaque système
procédant à une présentation différente des
états financiers.
? Le SYSCOHADA
Le syscohada identifie trois (03) systèmes comptables,
notamment le système normal, le système
allégé fondés sur l'enregistrement des
opérations « dès la naissance ou l'extinction d'une
créance ou d'une dette de l'entreprise » et le
système minimal de trésorerie quant à lui
fondé sur « les mouvements de trésorerie : les encaissements
et décaissements ».
Etats financiers requis
Système normal
· Le Bilan
· Le compte de résultat
· L'état annexé
· TAFIRE (tableau financier des ressources et emplois)
Système allégé
· Le Bilan simplifié
· Le Compte de résultat simplifié
· L'état annexé
|
|
Système minimal de trésorerie
· Un état des recettes et des dépenses
dégageant le résultat de l'exercice
|
18
19
? Les normes IFRS :
Le cadre conceptuel des IFRS retient « la
comptabilité d'engagement » comme principe comptable de base et
reconnait donc qu'un seul système comptable fondé sur ce
principe. Les états financiers requis en normes IFRS sont définis
par la norme IAS1 et synthétisés dans le tableau ci-dessous :
Etats financiers en IFRS
Un état de la situation financière
à la fin de la période (le bilan)
|
Un état du résultat global de la
période
|
un état de variation des capitaux propres,
|
un tableau de flux de trésorerie
|
Des notes annexes
|
On constate donc que le régime normal de ces
référentiels comptables préconise en commun la
présentation d'un bilan, d'un compte de résultat et d'un
état annexé.
II.3 Traitement des éléments des
états financiers :
II.3.1 Comptabilisation initiale des immobilisations
corporelles acquises
Afin d'effectuer une comparaison succincte et claire de la
comptabilisation des immobilisations corporelles à leur date
d'entrée conformément aux dispositions prévues par le
SYSCOHADA, et les normes IAS/IFRS, la comparaison sera effectuée selon
que l'immobilisation corporelle soit acquise à titre onéreux,
à titre gratuit ou par voie d'échange.
Immobilisations acquises à titre onéreux
Selon le Syscohada et les IFRS, la comptabilisation initiale
des immobilisations acquises à titre onéreux est effectuée
au cout d'acquisition. Cependant, les points de divergence entre ces
référentiels résident au niveau des éléments
constitutifs du cout d'acquisition.
Convergence : Logique commune de comptabilisation
initiale au cout d'acquisition
Normes IFRS
Elements du cout
· Prix de l'immobilisation
· Frais d'acquisition (actes, notaires etc) et frais
directement attribuables à l'actif
· Estimation du cout de démentèlement
· Les frais d'emprunt
[Norme IAS 16]
SYSCOHADA
Elements du cout
· les droits de mutations, les honoraires et les
commissions des notaires, les frais d'acte ne sont pas attribuables au cout
d'acquisition
[Article 37 de l'acte uniforme du Syscohada]
Tableau 3: Convergence et divergences lors la comptabilisation
initiale des immobilisations corporelles acquis à titre
onéreux
20
Immobilisations acquises à titre gratuit
Conformément à la norme IAS 16, les
immobilisations acquises à titre gratuit sont comptabilisées
à leur valeur vénale. Cependant, l'article 36 du SYSCOHADA
requiert une comptabilisation des immobilisations acquis à titre
gratuit, au cout historique constitué de « la valeur actuelle
» de ces immobilisations22.
Immobilisations acquises par voie d'échange
L'article 36 de l'acte uniforme portant organisation et
harmonisation de la comptabilité des entreprises au sein de l'OHADA
préconise une comptabilisation de l'actif lors de l'échange, par
« la valeur vénale de celui des deux éléments
(faisant l'objet de l'échange) dont l'estimation est la plus sûre
». Toutefois, selon la norme IAS 16 (§24-26) les immobilisations
acquises par voie d'échange sont comptabilisées à leur
juste valeur avec constatation du gain ou de la perte ou, à
défaut, de la valeur nette comptable de l'actif cédé en
échange, en cas d'absence de substance commerciale de la transaction ou
d'impossibilité d'une évaluation fiable.
Immobilisation acquise à titre d'apport en
nature
Selon les dispositions du SYSCOHADA, lorsqu'une immobilisation
est acquise à titre d'apport en nature, elle doit être
comptabilisée à sa valeur figurant dans l'acte d'apport
contrairement à la norme IAS 16 qui préconise une la
comptabilisation de celle-ci à sa valeur vénale.
II.3.2 Traitement des subventions d'investissement en
IFRS et en normes OHADA
Le Système Comptable de l'OHADA prévoit, au
passif du bilan, une rubrique pour les subventions d'investissement qui sont
des aides financières accordées à l'entreprise, par l'Etat
ou les collectivités publiques, en vue d'acquérir ou de
créer des valeurs immobilisées (subventions d'équipement)
ou de financer des activités à long terme. Dans certains cas,
l'entreprise reçoit cette subvention d'investissement sous la forme d'un
transfert direct d'immobilisations.
Les dispositions des normes IAS/IFRS, ne prévoient pas,
au passif du bilan, une rubrique pour les subventions d'investissement. Ces
subventions sont imputées :
- soit en diminution du prix des actifs financés afin
d'aboutir à la valeur comptable de ceux-ci ; - soit en « produits
constatés d'avance ».
22 « Le coût historique des biens inscrits
à l'actif du bilan est constitué par : le coût réel
d'acquisition pour ceux achetés à des tiers, la valeur d'apport
pour ceux apportés par l'Etat ou les associés, la valeur actuelle
pour ceux acquis à titre gratuit ou, en cas d'échange, par la
valeur de celui des deux éléments dont l'estimation est la plus
sûre ; le coût réel de production pour ceux produits par
l'entreprise pour elle-même.» Acte uniforme portant
organisation et harmonisation de la comptabilité des entreprises sises
dans les états parties au traité relatif à l'harmonisation
du droit des affaires en Afrique. Article 36, p18
21
II.3.3 Comparaison au niveau des immobilisations
incorporelles
? Définition et comptabilisation des immobilisations
incorporelles
Selon le SYSCOHADA, les immobilisations incorporelles sont des
actifs immatérielles devant servir de façon durable à
l'activité de l'entreprise et susceptibles de générer des
avantages futurs. L'évaluation à l'entrée des actifs
incorporels est identique à celle des actifs corporels.
Cependant, le cadre conceptuel de l'IASB définit les
immobilisations incorporelles comme des dépenses relatives à
l'acquisition, au développement, au maintien ou à
l'amélioration de ressources incorporelles telles que des connaissances
scientifiques ou techniques, la conception et la mise en place de nouveaux
procédés ou systèmes, licences, propriété
intellectuelle, connaissance du marché et marques commerciales (y
compris les noms de marque et les titres de publication). Conformément
à la norme IAS 38, l'inscription à l'actif d'une immobilisation
incorporelle nécessite que celle-ci soit :
- « identifiable et séparable,
c'est-à-dire qu'il peut être séparé de
l'entité et être vendu, transféré,
concédé par licence, loué ou échangé, soit
de façon individuelle, soit dans le cadre d'un contrat, avec un actif ou
un passif liés;
- et résultant de droits contractuels ou d'autres
droits légaux, que ces droits soient ou non cessibles ou
séparables de l'entité ou d'autres droits et obligations. »
(Norme IAS38 Paragraphes 8 et 12 - Code IFRS)
Le terme « identifiable » permet au
préparateur de comptes de distinguer l'immobilisation incorporelle du
goodwill.
? Cas des frais de recherche et développement
En IFRS, les frais de recherche ne sont pas
immobilisés. Cependant, les frais de développement quant à
eux sont admis en immobilisations incorporelles.
Le cadre conceptuel du SYSCOHADA ne fait pas de distinction
entre les frais de recherche et les frais de développement. Ces
dépenses sont comptabilisées et immobilisées dans une
seule rubrique « Frais de recherche et de développement ».
II.3.4 Traitement ultérieur du goodwill :
doit-on amortir le goodwill ?
Le goodwill est représentatif d'un écart
d'acquisition issu des avantages économiques futurs résultants
des autres actifs acquis lors d'un regroupement d'entreprises qui ne sont pas
identifiés individuellement et comptabilisés
séparément.
Selon qu'il s'agit d'un écart d'acquisition positif
(Goodwill) ou négatif (Badwill) la comptabilisation de l'écart
d'acquisition diffère.
En effet, en IFRS le goodwill est inscrit à l'actif du
bilan et le badwill est repris en résultat de l'exercice d'acquisition
après confirmation des justes valeurs des actifs et passifs
identifiables.
22
Le référentiel IFRS prévoit des dispositions
particulières dans le traitement du goodwill : y' Le goodwill ne peut
être amorti ni réévalué (norme IFRS 3R) ;
y' Le goodwill fait l'objet d'un test de
dépréciation au moins une fois par an à date fixe
(pas nécessairement à la clôture). Toutefois un
test supplémentaire peut être effectué en cas
d'indice de perte de valeur en période intérimaire
y' La dépréciation du goodwill est
irréversible ;
y' Le goodwill n'est pas déprécié
directement mais dans le cadre de la dépréciation des
unités génératrices de trésorerie23
(dans ce cas le montant de la dépréciation est affecté en
priorité au goodwill en diminuant sa valeur).
Selon le SYSCOHADA, l'écart
d'acquisition positif (Goodwill) est amorti sans exception, selon un
plan d'amortissement, dont la durée doit refléter, aussi
raisonnablement que possible, les hypothèses retenues et les objectifs
fixés lors de l'acquisition et doit pouvoir être justifié
sur le plan économique, compte tenu du secteur d'activité
(amortissement sur 1 à 5 ans, qui peut être porté
exceptionnellement à 20 ans maximum).
Le goodwill négatifest quant à lui inscrit au
passifet est repris au compte de résultat soit :
- Pour compenser une faiblesse attendue et constatée des
résultats de l'entreprise consolidée ;
- Pour couvrir des charges ou des moins-values
d'évaluation non affectées, prévues lors de la prise de
participation, et constatées au résultat ;
- Selon le plan de reprise de provision en cas de plus-value
potentielle
Nous constatons donc que le traitement du Goodwill en IFRS et
en normes OHADA met en évidence des différences assez
significatives.
23 Une Unité Génératrice de
Trésorerie (UGT) est le plus petit groupe d'actifs qui
génère des entrées de trésorerie largement
indépendantes des entrées de trésorerie venant
d'autres actifs ou groupe d'actifs. (Norme IAS36).
ENJEUX LIES AU PROJET D'HARMONISATION ET PERSPECTIVES
D'EVOLUTION
Chapitre III
23
A l'ère de la mondialisation, conscients de l'enjeu
majeur lié au renforcement de la confiance des acteurs financiers sur
les places financières internationales ainsi qu'à l'ouverture des
économies aux capitaux étrangers par l'application des normes
IAS/IFRS, les pays de l'OHADA s'interrogent quant à une
éventuelle harmonisation du SYSCOHADA récemment adopté,
aux normes internationales IAS/IFRS.
En effet, soumis à un contexte socio-économique
particulièrement différent de celui des pays avancés et
des pays développés initiatrices des IAS/IFRS, l'harmonisation du
SYSCOHADA requiert au préalable une appréciation raisonnable des
avantages et inconvénients liés à ce projet.
Tout au long de ce chapitre, nous dégagerons les enjeux
liés l'harmonisation comptable internationale. Suite à cela, il
sera question d'intégrer le projet de convergence du SYSCOHADA vers les
normes IAS/IFRS à la dynamique de développement engagé en
Afrique en mettant en évidence les avantages et obstacles à
l'harmonisation du SYSCOHADA aux normes internationales. Enfin, nous
discuterons des perspectives futures d'évolution de nos
référentiels comptables.
I. L'HARMONISATION INTERNATIONALE DES NORMES
COMPTABLES : HISTORIQUE ET ENJEUX
I.1 Théories économiques de la valeur :
échec d'une tentative précoce d'harmonisation de la
comptabilisation des échanges ?
La théorie de la valeur est la pierre angulaire de la
pensée économique visant à définir un
critère unique de détermination de la valeur des biens
échangés à considérer lors de leur
comptabilisation.
Ainsi dès le 18e siècle, Adam Smith,
précurseur de l'école classique énonce la première
théorie de la valeur d'un bien fondée selon lui sur la
quantité de travail commandée par ce bien. Cette théorie
fut assez rapidement controversée du fait de la difficulté
à percevoir cette notion de « travail commandé » auquel
il faisait allusion ainsi que des failles qu'elle comprenait.
Par la suite, David Ricardo, leader de l'école
classique reprends la théorie d'A. Smith en y apportant un ensemble des
réponses aux critiques à l'encontre de celle-ci. Ainsi, il
propose une nouvelle théorie de la valeur d'un bien fondée sur la
quantité de « travail incorporée » dans la
production de ce bien.
24
Cette théorie sera ensuite reprise et
améliorée par Karl Marx à travers sa théorie
fondée sur la `valeur-travail' proposant ainsi une «
comptabilité en heure de travail »24. Karl Marx
dans ses études s'appuie sur les travaux de Ricardo tout en rejetant
ceux des autres auteurs classiques. Il y apporte ainsi des améliorations
et l'adapte aux concepts de l'économie Marxiste.
En claire, Il intègre à cette théorie de
la valeur une dimension sociale, proposant ainsi une théorie de la
valeur fondée sur la quantité de travail socialement
nécessaire.
Transversalement à cette approche orientée sur
le travail, l'école néoclassique remet en cause toute la
théorie de la valeur travail précédemment
développée à travers l'exemple des « huitres ».
En effet, ce bien (l'huitre) fortement prisé pour ses vertus
gastronomiques n'est pas fabriqué. En claire il s'agit d'un bien ayant
de la valeur, sans avoir été préalablement
travaillé (et donc sans travail incorporé).
L'une des critiques portées à cet exemple des
« huitres » concerne l'effort fourni pour la recherche des huitres,
qui en lui-même constitue un travail, bien que non incorporé aux
huitres. Selon les critiques, l'exemple des huitres n'est pas suffisant pour
remettre en cause la théorie de la valeur travail (dans sa version
marxiste).
L'école néoclassique va par la suite opter pour
une définition de la valeur fondée sur la
valeur-utilité et non la valeur travail qu'elle
considère comme étant limitée. En effet, selon
l'école néoclassique, la valeur d'un bien dépend de
l'utilité de celui-ci.
Partant ensuite de l'exemple de l'eau (forte utilité et
faible valeur) et du diamant (faible utilité, mais ayant une forte
valeur), les économistes néoclassiques ont amélioré
leur théorie prônant ainsi une redéfinition de la valeur
fondée sur l'utilité et la rareté. En claire, la valeur
d'un bien ne dépendrait non pas de la quantité de travail
nécessaire à sa production, mais plutôt, de
l'utilité de ce bien ainsi que de la rareté de celui-ci.
Il s'avère donc claire au vu de toutes ces controverses
théoriques que la définition de la valeur d'un bien à
enregistrer lors des échanges ne fit pas l'unanimité.
Ainsi, chaque économiste, suivant son adhésion
à une école de pensée (classique, marxiste ou
néoclassique) adopta une vision du concept de la valeur telle que
prônée par son école.
L'échec de la détermination unanime d'un
critère unique de détermination de la valeur des biens à
prendre en compte lors de la comptabilisation des échanges (qui est l'un
des principes fondamentaux des systèmes de normalisation comptable) peut
être perçu comme un premier échec dans la recherche d'une
harmonisation des comptabilités.
Loin de vouloir relancer le débat des controverses
théoriques sur la notion de « valeur », on assiste aujourd'hui
sous l'impulsion des IFRS et des référentiels comptables
anglo-saxons à l'émergence d'un concept de détermination
de la valeur des biens : le concept de la « juste valeur
».
Ce principe comptable semble être mieux adapté
aux exigences des investisseurs et intègre raisonnablement le principe
selon lequel les états financiers doivent refléter une «
image fidèle » de la situation financière des organisations.
Le concept de la juste valeur devrait donc permettre le passage d'une
comptabilisation au cout historique vers une comptabilisation basée
essentiellement sur la valeur actuelle intégrant les
réalités et fluctuations du marché.
24 Expression utilisée par ERNEST MENDEL
(1963) dans : « Initiation à la théorie
économique marxiste » page 8, [en ligne] L
http://www.ernestmandel.org/new/IMG/pdf/Initiation_a_la_theorie_economique_marxiste.pdf
25
I.2 Quelques avantages et inconvénients
liés à l'harmonisation comptable internationale
I.2.1 Avantages liés à l'harmonisation
des pratiques comptables
? Amélioration de la qualité et de la
fiabilité de l'information financière
Depuis les scandales financiers, la nécessité de
renforcer la confiance sur les marchés et places financières se
fait de plus en plus pressante.
La mise en oeuvre d'un langage comptable et financier commun
à toutes les entreprises par l'application des normes IFRS qui se
veulent un référentiel comptable «fiable »
répond à ce besoin. Notons aussi que les normes IFRS ont la
particularité de répondre à la fois aux besoins
d'information d'ordre comptable d'une part et d'ordre financier d'autre part,
contrairement aux pratiques comptables nationales préexistantes, ce qui
constitue un atout qualitatif pour les normes IFRS.
? Comparabilité internationale de l'information
financière
La recherche d'une comparabilité internationale des
états financiers se présente comme étant l'enjeu
fondamental de l'harmonisation des systèmes de normalisation
comptable.
La mondialisation, la mobilité internationale des
capitaux instituée par le système capitaliste et la vulgarisation
des échanges sur les places financières internationales
requièrent une « comparabilité internationale des
états financiers », considérée comme l'enjeu
fondamental de l'harmonisation comptable internationale. Bien que
vulgarisées par l'UE, les normes IFRS répondent à ce
besoin de comparabilité et d'uniformisation des pratiques comptables car
elles sont appliquées par un large panel de pays (122 pays).
Cependant, l'attachement de nombreux pays à leur
système de normalisation comptable interne reflétant au mieux
leurs réalités économiques, régionales ou
culturelles rend difficile la comparabilité à l'échelle
internationale des états financiers.
? Normes IFRS : Vers une déconnexion entre la
comptabilité et la fiscalité des états ?
C. Nobes dès 1983 mettait en évidence la
connexion étroite entre la comptabilité et la fiscalité en
affirmant que « [le] système comptable est traditionnellement
considéré comme relevant d'une approche macro-économique,
doublée d'une forte inspiration fiscale».
26
La fiscalité est un puissant instrument de
régulation économique capable d'influencer la consommation,
d'encourager l'épargne ou d'orienter le mode d'organisation et de
production des entreprises.
Toutefois, Conformément aux modèles
anglo-saxons, le système de normalisation comptable internationale IFRS
accorde la priorité à la substance des transactions et
évènements sur leurs formes juridiques (principe IFRS de
substance over form). Ce principe est aussi admis par le SYSCOHADA.
Nous notons donc que la marche vers une harmonisation
internationale prévoit donc progressivement une scission entre
comptabilité et fiscalité des états.
Ainsi, suivant la normalisation internationale, les
règles fiscales propres à chaque pays et zone géographique
ne devraient pas impacter sur la présentation des états
financiers. Ce qui s'avère quelque peu ambitieux.
Face à cela, doit-on préconiser une
harmonisation en tandem de la comptabilité et de la fiscalité des
états ou une harmonisation des comptabilités en
déconnexion avec les règles fiscales ?
I.2.2 Quelques inconvénients liés
à l'harmonisation comptable ? Concept de la juste valeur : un
critère controversé
Le principe de comptabilisation des biens à leur «
juste valeur » favorise une évaluation des bien conformément
aux règles et à la situation du marché. Bien qu'il
présente une avancée par rapport au principe du cout historique
en termes de transcription de la situation réelle des entreprises, ce
concept fait l'objet de plusieurs controverses notamment sa vision
court-termiste de la firme et l'exposition des entreprises à
une plus grande volatilité de leur patrimoine.
De plus, dans son rapport publié en octobre 2013,
Philipe Maystadt conseiller des IFRS auprès de Michel Barnier
commissaire européen chargé du marché intérieur et
des services, a mis en évidence l'éventuel implication de ce
principe de « juste valeur » sur l'accentuation de la crise
économique . Ainsi, il affirmait à la page 6 dudit rapport que
«certains même croient que cette comptabilisation (à la
juste valeur) a joué un rôle dans l'aggravation de la crise
»25. Ces controverses portées à l'encontre
de la juste valeur nous laissent quelques peu dubitatif sur ces normes
internationales IFRS censées renforcer la confiance des utilisateurs.
25 Maystadt P., Octobre 2013, Rapport
intitule «Some believe that such accounting played role in
worsening the crisis» « les IFRS doivent-elles être
plus européennes ? », Page 6
27
? Les normes internationales IAS/IFRS : des normes
essentiellement « européennes » ?
Conscients de l'impact politique et fiscal de l'adoption d'une
normalisation comptable, l'un des arguments soulevés par les pays
n'ayant pas encore admis l'application des normes IAS/IFRS par leurs
entreprises est que ces normes sont élaborées par un organisme
privé et non pas par un organisme public régis par l'ensemble des
états.
Cet argument est même reconnu par l'Union
Européenne qui a décidé de la mise en oeuvre d'une
procédure interne d'adoption des normes IFRS dénommée
« comitologie ». Ce processus fait intervenir le
Comité de Règlementation avec Contrôle (CRC) qui
est un comité du parlement européen. L'UE justifie cette
décision en jugeant qu'il n'est « pas possible, à la
fois politiquement et juridiquement, de déléguer la normalisation
comptable de façon inconditionnelle et irrévocable à une
organisation privée sur laquelle l'Union Européenne n'a aucune
influence »26. Cette affirmation, loin d'être
rassurante soulève une autre question relative à l'influence de
l'union européenne sur les IAS/IFRS.
Reprenons à cet effet les propos de Walton Peter (2003)
qui soutient que l'adoption des normes est effectuée de sorte à
aboutir sur une « conclusion consensuelle intégrant les besoins
de l'ensemble des parties prenantes » ; la normalisation comptable
internationale peut être de ce fait perçue comme étant un
« compromis social » dans lequel le rapport de force devrait
a priori tourner en faveur de l'Union Européenne.
Toujours dans cette logique, P. MAYSTADT affirme dans son
rapport (octobre 2013, p.7) que «l'IASB a une tendance à
privilégier les actions qui favorisent la convergence internationale et
la recherche de nouveaux membres, au détriment des actions
demandées par les États qui appliquent déjà les
IFRS». Cependant notons que cette assertion est fortement
contestée par la fondation IFRS (l'IFRS-Foundation) qui, dans son
commentaire du rapport de Maystadt paru le 05 décembre 2013 affirmait
clairement sa désapprobation à l'égard de cette
assertion.
En claire, le board de l'IASB céderait-il aux actions
demandées par l'UE, en élaborant une normalisation
essentiellement adaptée au contexte européen ?
Cette affirmation laisse donc planer le doute quant à
l'indépendance de l'IASB dans
l'élaboration des normes IAS/IFRS, ce qui n'est
vraiment pas encourageant pour les pays non encore utilisateurs des normes
IAS/IFRS.
26 Information financière : le règlement IAS -
Foire aux questions - Commission Européenne MEMO/01/40 13/02/2001
[consulté le 25/07/2016]
http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-01-40_fr.htm?locale=fr
28
II. L'EFFORT D'HARMONISATION : EXIGENCE OU URGENCE
POUR L'ATTRACTIVITE DE L'AFRIQUE
II.1 l'harmonisation comptable, une réponse aux
besoins de développement de l'Afrique
L'instabilité politique qui prévaut dans de
nombreux pays africains a terni l'image du continent et fragilisé les
perspectives de développement économique et financier à
long terme de l'Afrique.
La nécessité de reconstruction de l'Afrique
ainsi que la relance du développement économique du continent
constituent sans doute les défis majeurs imposés aux
générations actuelles et à venir. Cela suggère la
redynamisation de la création d'entreprises, nécessitant donc un
recours massif aux capitaux.
La mise en place du SYSCOHADA fut un catalyseur au
développement des marchés boursiers dans l'espace OHADA ainsi que
de l'amélioration de leur attractivité.
Ceci étant, le rôle des investisseurs locaux et
internationaux dans le processus de développement du continent est
indiscutable. Cependant, la question de la confiance des investisseurs sur le
marché financier africain reste posée. Ce problème sera
d'autant plus facilement résolu si l'Afrique en général et
l'espace OHADA en particulier procède à la convergence de son
système de normalisation comptable aux normes internationales IAS/IFRS.
Ainsi, les investisseurs pourront mieux apprécier les
opportunités de projets et de la situation des entreprises dans
lesquelles ceux-ci souhaitent s'engager.
C'est ainsi que pour certains experts comptables africains
tels que Souleymane SERE, « adopter purement et simplement les normes
de l'IASB comme référence (...) est l'hypothèse la plus
crédible à moyen terme, surtout avec la perspective de l'Union
africaine »27.
II.2 Obstacles à l'harmonisation du SYSCOHADA
aux normes IFRS
Le tissu économique africain est constitué de
plusieurs TPE (Très petites entreprises) et de PME (petites et moyennes
entreprises) ayant du mal à assurer l'établissement de documents
comptable et financiers corrects.
Cependant, dans leur élaboration, les IAS/IFRS se
présentent comme étant complexes et dédiées
plutôt aux grandes entreprises. Aussi, bien au-delà du contexte
africain cette complexité
27 Souleymane Sere, décembre 2006, «
Session de formation de l'Association africaine des hautes juridictions
francophones », Ecole régionale supérieure de la
magistrature de Cotonou.
29
des IFRS est même décriée par Caroline
Weber, directrice générale de Middlenext, l'association qui
regroupe les entreprises de taille moyenne cotées, qui affirme que
« Les IFRS sont instables et incompréhensibles, sauf pour une
microcaste de superexperts. C'est la vision de technocrates
éloignés de la réalité des entreprises
»28.
Le passage des normes SYSCOHADA aux normes comptables
internationales présente des couts considérables. Il
s'avère donc difficile voire même impossible pour ces entreprises
de supporter des frais supplémentaires relatifs à la mise aux
normes de la comptabilité des entreprises. En effet, celles-ci ont
depuis l'adoption de l'acte uniforme portant harmonisation et organisation de
la comptabilité des entreprises de l'OHADA en 2000,
procédé à la mise aux normes (syscohada) de leur
comptabilité et procédé à la formation de leurs
agents.
Critiqué d'être essentiellement adapté aux
grandes entreprises, l'IASB a mis en sur pied des normes internationales
destinés aux petites et moyennes entreprises : les « IFRS PME
» qui peinent à être adoptées.
Cependant, l'idée de mise en oeuvre d'un état et
d'un espace économique africain commun à travers l'Union
Africaine (UA) nécessitera à terme l'application d'un
système de normalisation comptable unique au sein de l'UA.
A l'heure de la convergence mondiale vers les normes IAS/IFRS,
serait-il judicieux pour les états africains de prévoir
l'application du SYSCOHADA qui traduit clairement les réalités
africaines ou les normes IAS/IFRS comme référentiel comptable et
financier du continent ?
L'hypothèse d'application des normes internationales
IAS/IFRS s'avère plus crédible dans un environnement de plus en
plus influencé par la mondialisation et la vulgarisation des
échanges à l'échelle internationale. Adopter le langage
comptable et financier international répondrait ainsi au double
défi de réunification de l'Afrique au sein de l'UA et d'ouverture
de l'UA aux capitaux étrangers.
28 Cécile Desjardins - Les Echos Business :
Comptabilité : les normes IFRS sur la sellette - 16/01/2013
30
III. PERSPECTIVES D'EVOLUTION
III.1 - Marche vers une dynamique de convergence accrue
IFRS - US GAAP ?
Depuis l'application des IFRS en Europe en 2005, plusieurs
travaux ont été mis en oeuvre afin d'assurer la convergence
progressive des normes IFRS et US-GAAP.
Ainsi, en février 2006, l'IASB et le FASB ont
signé un accord cadre (Memorandum of Understanding) constituant
leur feuille de route pour la convergence IFRS-US GAAP sur la période
2006-2008 et approuvée par la commission européenne. Dans la
foulée, dès juillet 2007, la SEC américaine à
l'issue d'un meeting public a annoncé la suppression de l'obligation de
réconciliation entre les US GAAP et les IFRS pour les
sociétés cotées aux USA29.
Après la publication en janvier 2008 d'IFRS 3
révisée (et de son homologue identique US SFAS 141), de la
véritable réussite de de convergence d'IFRS 8 (Information
sectorielle) et de la publication des produits communs que sont IFRS 10 et 11,
les deux organismes ont travaillé sur des projets communs, dont le plus
connu est celui sur le revenu (IFRS 15 relative à la reconnaissance des
revenus).
D'autres projets de travaux communs ont été
lancés sur la normalisation des contrats de location, des contrats
d'assurance et des instruments financiers.
En Février 2013, l'IASB et le FASB ont publié
une mise à jour de haut niveau sur le statut et le calendrier des
projets de convergence restants. Le rapport comprend entre autres une mise
à jour sur la phase de dépréciation du projet conjoint sur
les instruments financiers. Toutefois, le F.A.S.B. a décidé de ne
pas suivre les propositions de l'IASB liées à l'évaluation
du « business model », ce qui a entravé la convergence avec
l'IASB sur la classification et l'évaluation des actifs
financiers30.
Aujourd'hui, les travaux conjoints de l'IASB et du FASB sur la
norme IFRS 16 « contrats de location » dont l'application est
prévue pour les exercices ouverts à compter du 1er Janvier 2019
sous réserve d'adoption par l'UE met en évidence la
volonté de convergence des deux « boards » au-delà des
contraintes d'ordre beaucoup plus politiques que techniques qui
empiètent sur la convergence des deux référentiels.
29 Les cahier de l'académie N°9 Novembre
2007 - « Convergence IFRS US-GAAP : Enjeux identifiés à
partir de la pratique de groupes cotés aux USA »
30 Jean-Luc PEYREY. Gouvernance internationale des
IFRS et nationale des US-GAAP. paru le 11 Avril 2014 . VoxFi
http://www.voxfi.fr/gouvernance-internationale-des-ifrs-et-nationale-des-us-gaap/
31
III.2 - Brexit, quelle incidence sur les pratiques
comptables promues par l' l'Union Européenne (IFRS) ?
La normalisation comptable, au-delà de ses
caractéristiques purement techniques et professionnelles est aussi une
affaire de politique.
La Grande-Bretagne a joué un rôle
déterminant dans l'adoption par l'Europe, des IFRS, fortement
marquées par la culture juridique & comptable anglo-saxonne. Bien
que le Brexit britannique récent pose moins la question du maintien
(à priori évident) des normes IFRS pour les
sociétés anglaises, l'influence habituelle de la grande Bretagne
dans le processus de normalisation laisse en suspens des questions relatives
aux orientations futures des IFRS.
En effet, la normalisation comptable internationale est une
initiative purement anglaise et est régie par un organisme privé
(l'IASB dont le siège est situé dans la capitale britannique) au
sein duquel l'union européenne est en quête d'une réelle
influence.
Au lendemain de la sortie de la Grande Bretagne de l'UE, l'on
se demande quelle capacité d'influence la Grande Bretagne pourrait-elle
garder sur les règlementations européennes et, plus globalement,
dans l'élaboration des normes comptables internationales ?
III.3 Harmonisation des « standards »
comptables ou standardisation des normes comptables ?
L'harmonisation requiert la mise en place d'un
dénominateur commun en terme d'information financière admise par
différentes nations et donc de plusieurs cultures réunies autour
d'un même référentiel comptable international. Ce processus
intègre plusieurs acteurs notamment les pouvoirs publics chargés
d'adapter leur règlementation étatique (ex règles
fiscales) aux nouvelles requêtes internationales. Ce dénominateur
commun devrait entre-autre conduire à trouver un accord sur les
objectifs visés par les états financiers et sur les moyens de les
atteindre.
Cependant, une harmonisation n'est pas synonyme de
standardisation. En effet, par standardisation, l'on suppose une application
identique des même normes et pratiques comptables de sorte qu'aucune
différence de traitement ne soit permise. Toutefois, l'harmonisation
quant à elle implique l'application des même principes et normes
comptables tout à en admettant des pratiques comptables
différentes (flexibles) surtout lorsque celles-ci sont expliquées
par des sensibilités régionales ou nationales. L'harmonisation ne
« signifie donc pas alignement d'un système sur l'autre mais
rapprochement entre les deux systèmes par la voie d'échanges
conceptuels et techniques »31.
31 Bernard Colasse, octobre 2009, le SYSCOA-OHADA
à l'heure des IFRS, Revue Fiduciaire de Comptabilité.
N°425
32
Plusieurs éléments concourent à une bonne
harmonisation notamment la communication financière adéquate en
temps réel, la compréhension et la comparabilité
universelle de l'information financière par les utilisateurs ainsi que
l'instauration de normes de reporting comptable légitimes.
III.4 Syscohada : Une alternative aux IFRS/PME ?
Le SYSCOHADA, dans sa conception se révèle
être un système intermédiaire intégrant les
caractéristiques des deux grands modèles comptables (le
modèle anglo-saxon et le modèle partenarial d'Europe
continental)
Dans le cadre des travaux d'harmonisation, il s'avère
nécessaire de souligner que certains éléments du Syscohada
mériteraient d'être pris en compte par le normalisateur
international IASB dans l'élaboration des normes IFRS pour PME. Ainsi B.
Colasse (2009) identifie à cet effet trois grandes orientations du
Syscohada que nous présentons dans cette partie.
Tout d'abord en ce qui concerne les critères
d'évaluation et leur domaine d'application, « la solution
restrictive du SYSCOHADA apparaît bien adaptée au cas des PME : la
juste valeur ne s'applique qu'aux immobilisations corporelles (terrains,
immeubles, etc.) et seulement dans le cadre d'une réévaluation
agréée par l'autorité compétente, une
autorité locale. Les cas d'applications de la juste valeur prévus
par les IFRS sont plus difficiles à mettre en oeuvre par les PME
».
Aussi, le Syscohada préconise une présentation
du compte de résultat et d'un tableau des soldes caractéristiques
de gestion perçus comme lourds mais qui, contrairement au compte de
résultat IFRS-PME permettent de répondre aux besoins
d'information des utilisateurs mais surtout des dirigeants de PME ne disposant
pas de comptabilité de gestion.
Enfin, il serait intéressant que l'IASB confronte le
Tableau Financier des Ressources et des Emplois (TAFIRE) du Syscohada et le
tableau des flux de trésorerie afin d'en comparer les avantages et les
inconvénients respectifs, toujours par référence aux
besoins d'information d'utilisateurs multiples. Une mise en convergence des
IFRS/PME et du SYSCOHADA serait donc fructueuse.
Nous notons donc qu'une intégration dans les normes
IFRS/PME de certaines originalités du SYSCOHADA permettrait à
celui-ci de s'adapter aux contingences locales ainsi qu'aux
réalités des petites entreprises.
Pour autant il convient de souligner que ce serait une
provocation que de prétendre qu'il faut aligner les normes IFRS/PME sur
le SYSCOHADA. Le local est en effet multiple et c'est bien le grand défi
du projet IFRS/PME : comment être universel en respectant les multiples
spécificités locales ?
33
CONCLUSION GÉNÉRALE
Une décennie après leur application, les IFRS
semblent apporter une avancée quasi indiscutable en termes
d'amélioration de la qualité de l'information
financière.
L'intégration du concept de juste valeur en IAS/IFRS
constitue un point de rapprochement entre celle-ci avec les normes
anglo-saxonnes.
Le système de normalisation comptable de l'OHADA
(SYSCOHADA) présente des points de convergence avec la normalisation
internationale IAS/IFRS. Toutefois, les nombreux points de divergence existant
entre ces deux (02) systèmes de normalisation comptable mettent en
évidence les efforts à fournir en vue d'assurer une harmonisation
de ceux-ci.
L'accroissement des scandales financiers sur les places
financières internationales, l'ancrage des nations à la marche
vers la mondialisation ont mis en évidence la nécessité de
présentation de l'information financière suivant un langage
unique, commun à tous les états. Ce langage unique est
assuré par les normes internationales IAS/IFRS.
Ainsi, l'harmonisation internationale des règles
comptables internes des états est un atout indéniable au
développement des marchés financiers et à
l'internationalisation des échanges.
Cependant, face aux avantages liés à la
convergence aux normes internationales IAS/IFRS, certains traits
caractéristiques des normes internationales laissent dubitatifs certains
états quant à leur intégration dans la dynamique
d'harmonisation.
En effet, la crise financière a remis en question le
concept d'évaluation à la juste valeur appliqué par les
normes IAS/IFRS. Suite au basculement brutal des marchés induit par la
crise, certaines entreprises appliquant ce concept ont assisté à
la dissolution de leur actifs financiers et donc de leur bilan.
Ce concept traduisant une image (plus) fidèle du
patrimoine des entreprises semble donc soumettre celles-ci au risque de
volatilité de leur patrimoine.
Ensuite, se pose la question de l'indépendance de
l'IASB vis-à-vis de l'union européenne dans le cadre de
l'élaboration des normes. En effet, vulgarisées par l'union
européenne qui assure l'application actuelle des IAS/IFRS, la
convergence des états de l'OHADA vers ces normes internationales
n'expose-t-elle pas ces états au risque d'influence de l'Union
Européenne surtout lorsque l'on tient compte de l'impact politique et
fiscal des règles comptables ?
34
REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE
A, B. e. (Mai 2010). Normalisation comptable
internationale : le retour du politique ? Crises et nouvelles
problématiques de la Valeur. Nice, France: pp.CD-ROM, 2010.
<hal-00481562>.
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IAS/IFRS. Paris: Edition Gualino editeur, collection Business.
Carsberg, B. (1984). The Quest for a Conceptual Framework
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Dev, S.). London : Prentice Hall International: London School of
Economics.
CASTA, J. F. (2003). La comptabilité en juste valeur
permet-elle une meilleure représentation de l'entreprise ?, « Juste
valeur et évaluation des actifs ». Revue d'Economie
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36
TABLE DES ILLUSTRATIONS
FIGURES
Figure 1: Structure de l'IASB 5
Figure 2:Organigramme des institutions de l'OHADA 14
Figure 3: Etats membres de l'espace OHADA 15
TABLEAUX
Tableau 1: champs d'application des normes françaises,
IAS/IFRS et du SYSCOHADA 16
Tableau 2: Synthèse des divergences au niveau des
principes généraux .... Erreur ! Signet non
défini.
Tableau 3: Synthèse des principes comptables de base des
IFRS, Syscohada et normes
françaises 18 Tableau 4: Convergence et divergences
lors la comptabilisation initiale des immobilisations
corporelles acquis à titre onéreux 19
ANNEXES
37
ANNEXE 1 : BILAN ET COMPTE DE RESULTAT DU SYSTEMES
ALLEGE (SYSCOHADA)
38
39
40
ANNEXE 2 : ETATS FINANCIERS DU SYSTEME MINIMAL DE
TRESORERIE
(SYSCOHADA)
41
ANNEXE 3 : ETAT SUPPLEMENTAIRE STATISTIQUE DU SYSTEME
NORMAL
(SYSCOHADA)
42
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ...II
SOMMAIRE III
NOTE DE SYNTHESE ....IV
ABBREVIATIONS ET ACCRONYMES V
PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCEUIL VI
INTRODUCTION GENERALE ..1
Chapitre I : NORMES IAS-IFRS : PRESENTATION ET BILAN
D'UNE DECENIE
D'APPLICATION 4
I. Aperçu succinct du référentiel comptable
IAS-IFRS 4
I.1 Le normalisateur international IASB : Historique et structure
4
I.2 Légitimité de l'IASB 5
II. Apport des normes internationales dans
l'amélioration de la qualité de l'information
financière 6
II.1 Application des normes IFRS : vers une amélioration
de la fonction finance 6
II.2 IFRS et information financière
règlementée 8
II.3 La recrudescence des indicateurs non-GAAP sous l'impulsion
des IFRS 9
II.4 « La juste valeur » et qualité de
l'information financière en IFRS 10
III. Normes internationales : vers une restitution de
la confiance des utilisateurs de
l'information financière ? 12
III.1 La comptabilité créative en environnement
IFRS 12
III.2 La comparabilité de l'information financière
en IFRS 13
Chapitre II : CONVERGENCES & DIVERGENCES DU REFERENTIEL
COMPTALME
DE L'OHADA AVEC LES NORMES IFRS 14
I. Aperçu du système comptable de l'OHADA : Le
SYSCOHADA 14
I.1 Présentation générale 14
I.2. L'acte uniforme portant organisation et harmonisation de la
comptabilité des entreprises
(AUOHCE) : convergence vers une normalisation comptable
africaine 15
II. convergences et divergences du syscohada avec les normes
internationales IFRS 16
II.1 Comparaison du cadre conceptuel : Objectifs, utilisateurs et
principes 16
II.2 Systèmes comptables et présentation des
éléments des états financiers 18
II.3 Traitement des éléments des états
financiers : 19
II.3.1 Comptabilisation initiale des immobilisations corporelles
acquises 19
II.3.2 Traitement des subventions d'investissement en IFRS et en
normes OHADA 20
43
II.3.3 Comparaison au niveau des immobilisations incorporelles
21
II.3.4 Traitement ultérieur du goodwill : doit-on amortir
le goodwill ? 21
Chapitre III : 23
ENJEUX LIES AU PROJET D'HARMONISATION ET PERSPECTIVES
D'EVOLUTION 23
I. L'harmonisation internationale des normes comptables :
historique et enjeux 23
I.1 Théories économiques de la valeur :
échec d'une tentative précoce d'harmonisation de la
comptabilisation des échanges ? 23
I.2 Quelques avantages et inconvénients liés
à l'harmonisation comptable internationale 25
I.2.1 Avantages lié à l'harmonisation
internationale 25
I.2.2 Quelques inconvénients lié à
l'harmonisation internationale 26
II. L'effort d'harmonisation : exigence ou urgence pour
l'attractivite de l'afrique 28
II.1 l'harmonisation comptable, une réponse aux besoins de
développement de l'Afrique 28
II.2 Obstacles à l'harmonisation du SYSCOHADA aux normes
IFRS 28
III. Perspectives d'evolution 30
III.1 Marche vers une dynamique de convergence accrue IFRS - US
GAAP ? 30
III.2 Brexit, quelle incidence sur les pratiques comptables
promues par l' l'Union
Européenne (IFRS) ? 31
III.3 Harmonisation des « standards » comptables ou
standardisation des normes
comptables ? 31
III.4 Syscohada : Une alternative aux IFRS/PME ? 32
CONCLUSION GÉNÉRALE 33
REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE 34
TABLE DES ILLUSTRATIONS 36
ANNEXES 37
TABLE DES MATIERES 42
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