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De l'influence des green nudges sur les problèmes environnementaux

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par Pierre Demaria
é Paris Sud (11) - L3 Economie-Gestion mention Economie Appliquée 2017
  

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2. Revue de littérature

2.1. Premières théories de la gouvernance des sociétés

Dans un contexte oùl'on s'interroge de plus en plus sur les pratiques gouvernementales et plus spécifiquement sur l'utilisation du pouvoir afin de servir au mieux le

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bien être des individus, de nouvelles formes de théories apparaissent. En effet de nombreuses études et critiques portant sur les incitations de types « classiques » comme le principe de « pollueur-payeur » par exemple, nous prouvent ses limites. Parallèlement, un contexte critique du problème de l'environnement ne cesse de croitre au fil des années et rend ces interrogations censées. Les « coups de pouce » ou « nudges » sont un concept développéet popularisépar les économistes Thaler et Sunstein en 2010 qui s'appuient sur les travaux de Michel Foucault. Ce dernier a une première approche critique sur la façon d'organiser la gouvernance, la conduite des individus. Les nudges cherchent à modifier les comportements et pratiques et plus globalement, les moeurs des individus, dans le but de maximiser leur bien-être en terme d'éducation, de santéet plus récemment en terme d'écologie. Finalement, les nudges viendraient concilier la recherche psychologique et la théorie économique. La caractéristique même du nudge est particulière. Thaler et Sun-stein appellent ce concept la « méthode douce », car en effet on cherche à modifier et orienter les individus en les incitant et non en interdisant. Les nudges viennent ainsi se substituer aux contraintes et aux interdictions gouvernementales.

Nous allons donc étudier la littérature des nudges en nous appuyant sur les travaux de Marianne Chouteau, Michel Foucault, Amartya Sen, Thaler et Sunstein et Ferrey and Al et Orobon.

Le premier à s'être penchésur les différentes façons qu'un gouvernement pourrait user de son pouvoir pour mieux gouverner les conduites est le philosophe français Michel Foucault. Ses travaux ont une résonnance particulière aujourd'hui. Selon The Times

Higher Education Guide, il est, en 2009, considérécomme l'auteur en sciences humaines le plus citéau monde.

Selon le rapport de Marianne Chouteau « Les nudges du concept à la mise en oeuvre » (Juin 2015), les travaux de Foucault mettraient en évidence plusieurs faits qui ont permis de mieux cerner le fonctionnement du pouvoir. Foucault développe le concept de biopou-voir, un pouvoir qui « s'intéresse à la question du vivant », il dit que les préoccupations des modes de vie humains rentrent au coeur des préoccupation politiques et donc que « la vie de l'espèce humaine devient l'enjeu des stratégies politiques ». On entrerait donc dans un nouveau paradigme oùles comportements des individus seraient au coeur des raisonnements des politiciens et des économistes. La vision des gouvernements aurait changéà partir du XVIIIe siècle, « les gouvernements s'aperçoivent qu'ils n'ont pas affaire simplement

à des sujets, ni même à un « peuple », mais à une « population », avec ses phénomènes spécifiques, et ses variables propres: natalité, morbidité, durée de vie, fécondité, état de santé, fréquence des maladies, forme d'alimentation et d'habitat. » (Foucault, 1976)

En découlerait alors une caractéristique intrinsèque fondamentale, une hétérogénéitéau sein de la population. Chouteau souligne que l'application du pouvoir de l'Etat « ne peut être effectuéde façon uniforme sur la population », l'ensemble des individus d'une ville, d'un état et plus globalement de la Terre étant tous différents.

Des théoriciens économiques s'étaient déjàinterrogés sur cette hétérogénéitédes individus. Amartya Sen, économiste indien avait conclu que pour qu'une convergence des égalités puisse se produire il faudrait que les individus soient parfaitement identiques et que les cadres dans lesquels ils vivent soient aussi identiques. Tous les individus sont différents, on a une hétérogénéitédue à la psychologie des ac-

teurs qui pourrait se traduire par une propension àconsommer ou à épargner différentes selon les indi-

vidus, des besoins physiques, certaines personnes ont par exemple des maladies, une différence au niveau de l'environnement institutionnel. L'Etat doit bien « cerner les freins qui feront que tel dispositif de gouvernance pourra ou non atteindre son objectif » (Chouteau). Foucault articule son raisonnement en s'appuyant sur la norme sociale, sur le fait que le développement de ce bio pouvoir serait dûà « l'importance croissante prise par le jeu de la norme aux dépens du système juridique de la loi ». La norme sociale serait au coeur des préoccupations gouvernementales car selon Chouteau c'est souvent « en référence à elle que les individus se positionnent ».

Les recherches de Michel Foucault nous démontrent alors que dans la mise en place des politiques, l''Etat doit prendre un compte un contexte non seulement économique mais aussi social. Ainsi on pourrait-on donc trouver intéressant, du point du vue de l'efficacité, d'envisager de nouvelles façons, de nouvelles techniques, pour influencer et inciter aux changements comportementaux des individus. Celles-ci pourraient porter sur la responsabilitéde l'individu à « s'adapter afin d'atteindre un objectif collectif global » (Chouteau). Grâce aux critiques de Foucault on se rend compte de l'importance des individus dans la mise en place de telles politiques. Les sciences comportementales ont mis en avant de nouvelles façons de faire, notamment sous la forme des « nudges » ou « coup de pouce ».

2.2. Un nouveau paradigme

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Selon Ferrey and Al (2013), ces dispositifs d'incitation visent à « modifier les comportements des citoyens tout en supportant les politiques publiques en matière d'environnement, de santéet d'énergie ». Cela induit des interventions de la puissance publique qui « pour être légitimes », (...) ne doivent pas être intrusives: « elles entendent par conséquent préserver la libertéin-dividuelle. ». Les économistes Richard Thaler et Cass Sunstein ont mis en avant l'efficacitédes nudges dans leur ouvrage « Nudge: la méthode douce pour inspirer la bonne décision (Ed Vuilvert, 2010) » et ont, par la suite, développéun terme : le paternalisme libéral.

Selon le rapport de Chouteau, ce paternalisme libéral se base sur « l'économie comportementale et propose une méthode douce d'incitation aux bons comportements plutôt que d'interdiction ou de contrôle ». Les « coups de pouce » ou « nudges » permettent donc d'inciter à un comportement, faire « le bon choix », tout en ayant une certaine liberté, une certaine autonomie d'action.

Le paternalisme libéral aurait considérablement mod-ifiénotre conception des politiques publiques, selon Ferrey and Al (2013), « Ce changement de perspective s'est fortement structuréces dix dernières années sous l'impulsion de l'émergence du courant dit du paternalisme libéral. Théorisépar Sunstein et Thaler au début des années 2000 puis populariséet vulgarisépar ces mêmes auteurs dans leur ouvrage Nudge (2008), le paternalisme libéral pousse à la prise en compte de ces biais de comportements jusqu'àune remise en cause des principes fondateurs de l'élaboration des politiques publiques, formulées jusqu'alors en conformitéavec des principes soit libéraux, soit paternalistes » (Ferrey and al, 2013, 155).

Selon Thaler et Sunstein et en particulier Danier Kahnemann, prix Nobel d'économie en 2002, l'homoeconomicus n'est pas tout à fait rationnel. En effet, les hommes ne font pas des choix purement produits par la logique mais sont bien gouvernés et incités par leurs émotions, leur caractère ou encore leur éducation. Ces comportements seraient donc en parties régis par des caractères propres à chaque

humain. De ce fait, la complexitéet l'hétérogénéitédes humains complique de manière évidente la mise

en place de comportements généralisés (normes). Finalement la théorie des nudges propose des « modalités d'action ou d'adaptation de leurs gestes et pratiques dans lesquels l'incitation au changement est suggérée plutôt qu'imposée » (Chouteau). Selon Sunstein et Thaler (2008) ce serait une « approche philosophique de la gouvernance publique ou privée,

qui vise à aider les hommes à prendre des décisions qui améliorent leur vie sans attenter à la libertédes autres ». Le but recherchéest de cibler, d'intégrer les pratiques et comportements des individus dans la mise en place des politiques publiques. « Le paternalisme libéral » de Cass Sunstein et de de Richard Thaler est fondésur cette théorie, que la plupart du temps, nous ne sommes pas des agents cohérents en mesure de maximiser nos profits. « Nous ne nous comportons donc pas toujours en bon homo-economicus. Nous sommes de simples mortels affectés de nombreux biais cognitifs et comportementaux qui inhibent notre analyse rationnelle » (Orobon, 2013,22)

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