3.5. Les populations d'Aboisso soumises aux risques des
zones d'exposition
Pour cerner au mieux les zones d'exposition aux risques, le
niveau d'analyse doit être le plus local possible. Beaucoup de travaux
utilisent donc le niveau le plus fin pour lequel les données sont
disponibles Lucie Laurian (2008), Pour identifier la population soumise aux
risques, on peut délimiter des « zones d'impact » autour de
sites polluants. Ces zones sont généralement circulaires, avec un
rayon donné, autour de sites dangereux.
Des recherches sur les zones d'exposition ont permis
d'estimer de façon continue en fonction de la distance à la
source de pollution (distance decay function)7 la distance
estimative que peut emmètre une source de pollution par rapport aux
sites d'habitation des populations. La plupart des études utilisent des
rayons variant de 100 m à 3 km, les zones
étant plus larges autour des sites les plus dangereux. Il est important
de mesurer la sensibilité des résultats aux distances
utilisées.
On peut estimer la population d'une zone en n'incluant que
les unités censitaires entièrement incluses dans la zone. Cette
méthode (polygon containment) peut cependant sous-estimer la
population affectée. Une autre possibilité consiste à
inclure les unités censitaires dont le centroïde (ou centre de
gravité) est inclus dans la zone d'impact ou dont les frontières
présentent une intersection avec la zone (méthode de polygon
intersection).
7 Distance décroissance est un terme
géographique qui décrit l'effet de la distance sur les
interactions culturelles ou spatiales.
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Comme une partie de ces unités peut être
située en dehors de la zone, la population soumise au risque est alors
surestimée. Enfin, on peut estimer la population de la zone en la
rapportant à la proportion de la surface de chaque unité
géographique contenue dans la zone (méthode de l'areas
interpolation).
3.5.1. Analyse temporelle et spatio-temporelle
Les analyses transversales permettent de déterminer
si, à un moment donné, certaines populations sont plus
exposées que d'autres aux risques environnementaux. Les causes de ces
inégalités ne peuvent être identifiées qu'au moyen
d'analyses longitudinales du développement industriel urbain et
périurbain, de l'évolution de la structure sociale des
populations, des contraintes des populations défavorisées en
matière d'emploi et de logement, et des décisions des industriels
et des pouvoirs publics en matière d'implantation de sites dangereux et
de contrôle de pollutions.
Analyser ces mécanismes nécessite de combiner
des analyses longitudinales aux analyses spatiales. L'un des débats sur
les inégalités en matière d'environnement porte sur la
chronologie entre concentration de populations et localisation de sites
polluants. À la suite de la localisation des sites dans les
différents quartiers ou les populations sont plus concentrées, on
procède à la comparaison des caractéristiques des
populations des quartiers où sont présents des sites polluants
avant et après l'implantation de ces sites et on
compare les changements sociodémographiques de ces quartiers à
ceux observés dans des quartiers dépourvus de tels sites.
Les zones d'exposition ont été
localisées selon les critères que nous avons définis tout
au long de l'étude. Des inégalités en matière
d'exposition aux risques environnementaux ont été
observées à l'échelle des quartiers. La présence
des sites de foyers infectieux se différentie selon qu'on soit dans un
quartier ou dans un autre.
La perception de la dimension spatiale des systèmes
pris en compte est guidée par le choix de la théorie des
systèmes qui conduit notre étude fondée sur l'interaction
dynamique des facteurs qui expliquent la dégradation de l'environnement
et les problèmes de santé.
Évoquons la figure 22, qui permet d'observer la
distribution des sites insalubres.
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Figure 21: Distribution des sites insalubres dans la
ville d'Aboisso
La figure 22 nous présente la distribution des
sites insalubres de la ville. À travers cette carte, nous observons une
répartition des sites selon la rive gauche et la rive droite. On note
que les sites insalubres sont plus nombreux sur la rive droite que sur la rive
gauche. On a identifié 28 sites insalubres pour les quartiers de la rive
droite dont 09 sites insalubres sur la rive gauche. Les sites ont
été localisés selon les critères que nous avons
retenus, notamment la quantité des déchets et le temps mis avant
la collecte. Un fait de dégradation que nous avons également
retenu est celui du niveau de dégradation que représente le site,
que nous avons évalué par l'utilisation des côtes.
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