Université Félix Houphouët Boigny
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Institut de Géographie Tropicale
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UFR : Sciences de l'Homme et de la
Société
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1
Année académique 2015-2016
Soutenue publiquement le 4 Novembre
2016
THÈSE UNIQUE DE DOCTORAT
Discipline : Géographie
Spécialité : Environnement et Santé
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ DE
LA POPULATION DANS LA VILLE D'ABOISSO
Présenté Par :
NIAMKE Gnanké Mathieu
Sous la direction de
M. ANOH Kouassi Paul
Professeur titulaire (Géographie, Université
Félix Houphouët Boigny-Abidjan)
Composition du jury
Président du Jury : Monsieur OLADOKOUN Wonou
David
Professeur Titulaire (Université de Lomé
(TOGO)
Rapporteur : Monsieur ANOH Kouassi Paul
Professeur titulaire (Université Félix
Houphouët-Boigny)
Examinateurs : Madame KOFFIE-BIKPO
Céline Yolande,
Professeur Titulaire (Université Felix
Houphouët-Boigny) Monsieur YAO GNABELI ROCH
Professeur Titulaire (Université Felix
Houphouët-Boigny) Monsieur GOGBE TERE,
Maître de Conférences (Université Felix
Houphouët-Boigny)
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
14
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
16
2. REVUE DE LA LITTÉRATURE
17
PROBLÉMATIQUE 35
OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 38
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 39
3 - APPROCHE THÉORIQUE 41
PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET
MANIFESTATION DE LA
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO
64
CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE
65
CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION DE LA
DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO
85
DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES LIÉS
À LA DEGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT 110
CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX RISQUES
SANITAIRES DU
MILIEU PHYSIQUE 111
CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS
À L'ENVIRONNEMENT HUMAIN
141
TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE DÉGRADATION
DE L'ENVIRONNEMENT ET
SANTÉ À ABOISSO 167
CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ À
ABOISSO 168
CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT ET MALADIES
DÉVELOPPÉES 202
CONCLUSION GÉNÉRALE
251
BIBLIOGRAPHIE Erreur ! Signet non défini.
RÉSUME 273
3
DÉDICACE
À mes parents
À mes parents qui m'ont toujours soutenu et
aidé tout au long de cette étude, grâce à leurs
conseils et encouragements, leurs présences. À mon père
que j'ai connu à peine et qui aurait certainement placé toute sa
confiance en moi dans cette aventure. À ma Maman, qui a toujours
été présente pour moi.
À mes frères et soeurs
NIAMKE Élisabeth épse N'KPOMIN, EMMOU Tanin,
NIAMKE Ama, NIAMKÉ Lucie, pour leur amour et soutien.
À mes tantes et mes oncles
Une dédicace particulière à ma tante
EMMOU Brigitte, qui a placé en moi une grande confiance et m'a
motivé à continuer mes études, à mon oncle EMMOU
Yves pour ses conseils et à toutes mes tantes et oncles. À M.
N'KPOMIN Adopo.
À la mémoire de
Ma grande soeur NIAMKE Cécile et de mon grand
frère EMMOU Koffi, je dédie ce travail.
4
REMERCIEMENTS
Ce travail est la combinaison de plusieurs recherches
effectuées dans le cadre de la thèse unique de doctorat en
géographie option "géographie de la santé". Il
s'inscrit dans la problématique de la relation environnement et
santé.
Avant tout, je tiens à remercier M. ANOH Kouassi Paul,
Professeur Titulaire de Géographie à l'IGT de m'avoir
donné l'opportunité de faire cette thèse. Travailler sous
sa direction a été une expérience enrichissante et
rigoureuse.
Il a accepté de me suivre et de me guider dans ce dur
et épineux trajet qu'est la recherche et ceci, depuis la
maîtrise.
J'adresse mes sincères remerciements à M.
ALOKO-N'Guessan Jérôme, Directeur de Recherche, pour les
formations dont nous avons bénéficié, les conseils et
orientations dans le cheminement de notre étude.
À M. AFFOU Yapi Simplice, Directeur de Recherche nous
vous remercions d'avoir partagé avec nous votre savoir et votre passion
pour la recherche. Vos connaissances, votre précision dans le travail et
votre pédagogie nous ont guidé.
Je remercie Mme KOFFIÉ-Bikpo Céline, Professeur
Titulaire de Géographie à l'IGT pour son encadrement et les
formations reçues tout au long de ce parcours. J'ai beaucoup appris
à vos côtés, notamment au cours des séminaires
doctoraux organisés par l'IGT, cela m'a permis d'améliorer
constamment le travail.
J'adresse mes sincères remerciements à M.
HAUHOUOT Célestin, Professeur Titulaire, à M. GOGBÉ
Téré, Maître de Conférences, qui durant notre
formation n'ont cessé de nous accompagner par des conseils et des
enseignements.
J'adresse aussi, mes remerciements à M. KOLI Bi Zueli,
Professeur Titulaire Responsable du parcours Géographie Physique et
Environnement, à M. ALLA Della André, Maître de
conférences responsable du Laboratoire LAGERIS dans lequel nous avons
reçu nos formations dans la spécialité «
Géographie Physique et Environnement ». Nous avons reçu
durant notre parcours, des conseils auprès du Professeur et des
instructions pour améliorer constamment notre formation dans la
spécialité.
5
Nous témoignons notre gratitude à M. TOURE
Augustin et à M. KRA Yao Maîtres-assistants à l'IGT pour
leurs nombreux conseils
Nous témoignons notre reconnaissance à l'endroit
de M. KABLAN N'Guessan Hassy Joseph, Maître de Conférences,
à Mme DIbi Kanga Pauline Maître-assistant, Mme KASSY Djodjo
Maître-assistant, à Mme DIDIA Adjoba Marthe
Maître-assistant, Mme KOFFI Micheline Maître-assistant à
l'IGT, pour leur disponibilité et leurs critiques pour mener à
bien cette étude.
Qu'il nous soit permis également de dire merci à
M. KONAN Kouadio Eugène pour ses soutiens multiformes depuis notre
année de maîtrise. Nous voudrions aussi dire merci à M. TUO
Pega, Maître-assistant qui nous a apporté une assistance dans le
LAGERIS.
Nos remerciements vont à l'endroit des enseignants de
l'Institut de Géographie Tropicale, notamment aux Docteurs ABOYA
Narcisse, KOUASSI Yao Aimé, COULIBALY Siriki, MEMEL Fréderic,
LOBA Valery, KONAN Pascal, BOSSON Eby, BROU Marcel, OUATTARA Seydou et Ymba
Maimouna,
Je remercie également M. ESSO Emmanuel, Docteur
statisticien-démographe qui m'a aidé dans la mise en place de la
méthode d'échantillonnage. Et m'a aussi orienté dans
l'usage des tests statistiques pour la mise en corrélation des
phénomènes étudiés.
Cette thèse est le fruit d'un travail qui a vu la
participation de certaines personnes ressources et services. Je voudrais
remercier la Mairie d'Aboisso, et son service technique. En équipe, je
remercie aussi les camarades SYLLA Yaya, EBA Arsène, N'DOLI
Stéphane, BROU Carême Baudouin, KONE Djineba, KOHE Cécile,
SILUE K, N'DRI Ernest, qui étaient présents. Je remercie ma
fiancée YAPI Apo Rita Gwladys, pour son soutien durant ces années
de travail.
La réalisation de l'enquête de santé au
niveau des structures sanitaires et l'enquête ménage n'auraient
notamment pas été possibles sans le soutien des services du
Ministère de la Santé et de l'hygiène publique. Au niveau
des services de l'environnement, le remerciement est adressé au
Ministère de la salubrité et de l'assainissement.
Toute ma reconnaissance va également à l'endroit
de ma Tante EMMOU Brigitte pour ses encouragements et son aide indispensable
à différentes étapes de la réalisation de cette
thèse, à ma grande soeur NIAMKÉ Élisabeth et
à son époux, M. N'KPOMIN Adopo, Maître assistant
à
6
l'UFR SSMT à l'Université Felix Houphouët
Boigny qui n'ont cessé de me motiver et de m'apporter tout le soutient
fraternel. Aussi, je remercie toute la famille NIAMKÉ et EMMOU pour
leurs soutiens à tous les niveaux.
Je remercie le District sanitaire de la ville d'Aboisso,
d'avoir mis à ma disposition, des données sanitaires concernant
les structures de santé. Je tiens également à remercier
l'Institut National d'Hygiène et de Santé Publique, pour
l'intérêt manifesté à cette étude et pour
l'aide dont j'ai pu bénéficier. Je manifeste ma reconnaissance au
Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, qui m'a
facilité l'accès à certains services dont j'avais besoin
pour recueillir des informations. J'adresse un grand merci aux habitants de la
ville d'Aboisso qui ont accepté d'être interrogés lors de
l'enquête ménage et de santé.
7
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Conférences internationales sur la prise de
conscience de l'environnement 27
Tableau 2 : Démarche géographique de la
géographie de la santé en milieu urbain 41
Tableau 3 : Tableaux des variables 47
Tableau 4 : Construction des strates 53
Tableau 5 : Détermination des ménages
enquêtés 57
Tableau 6 : Présentation synoptique de la recherche
62
Tableau 7 : État de l'occupation du sol 68
Tableau 8 : Population totale par sexe et âge 69
Tableau 9 : Répartition des ménages par quartier
79
Tableau 10: Répartition des ménages de la ville
d'Aboisso par quartier selon le type de
construction 80
Tableau 11: Aperçu du poids relatif à chaque
secteur d'activité économique 82
Tableau 12: Niveau de dégradation de l'environnement en
fonction de la taille du ménage 99
Tableau 13 : Table de loi Khi 2 102
Tableau 14 : Production moyenne journalière nationale
des déchets ménagers par habitant en
Côte d'Ivoire 103
Tableau 15 : Production journalière des déchets
selon la taille de population à Aboisso 104
Tableau 16: : État du logement dans les quartiers de la
ville 108
Tableau 17: Classification des catégories de risques
114
Tableau 18 : Classification des catégories de risques
116
Tableau 19: Équipements utilisés pour la
collecte des déchets 134
Tableau 20: Effectifs observés 147
Tableau 21 : Distribution spatiale de la production des
déchets selon les quartiers de la rive
gauche et de rive droite 160
Tableau 22 : Pathologie et cas déclarés 171
Tableau 23:Distribution des faits de dégradation 172
Tableau 24 : Indicateurs d'évaluation du niveau de
dégradation 174
Tableau 25 : Cotation par quartier 175
Tableau 26 : Niveau de catégorisation de
l'environnement à Aboisso 175
Tableau 27 : Niveau de catégorisation de
l'environnement à Aboisso 177
Tableau 28: Appréciation du risque de santé
selon le sexe 178
Tableau 29: synthèse du tableau avec le khi2
calculé 178
Tableau 30: Indicateurs des déterminants de la
santé : 179
Tableau 31: faits observés et maladies 183
Tableau 32 : Maladies et symptômes liés à
la baignade 184
Tableau 33: État de l'environnement perçu par
les populations 186
Tableau 34 : Lieux de rejets de déchets et durée
de la collecte 193
Tableau 35 : Diffusion de l'information sur les
problèmes de santé 196
Tableau 36 : Présence de rongeurs et état de
santé à Aboisso 199
Tableau 37 : Indicateurs de la propagation de maladies 206
Tableau 38 : Maladies liées au manque d'hygiène
208
8
Tableau 39 : Perception du danger selon la distance 209
Tableau 40: Distribution de la production des déchets
et des sites insalubres selon les quartiers
(Rive droite) 212 Tableau 41: Distribution de la production
des déchets et des sites insalubres selon les quartiers
de la rive gauche 213
Tableau 42 : Risques et effets potentiels 214
Tableau 43: Maladies survenues dans les ménages durant
les 6 derniers mois 215
Tableau 44 : Maladies retenues ayant un lien avec la
dégradation de l'environnement 216
Tableau 45: Influence des rongeurs dans les domiciles des
ménages 221
Tableau 46: Influence des rongeurs dans les domiciles des
ménages avec calcul des khi2 222
Tableau 47 : Indicateur de la santé 228
Tableau 48 : Qualité de l'environnement et
problème de santé 229
Tableau 49 : Table de KHI2 231
Tableau 50 : Indicateurs de la dégradation de
l'environnement 236
Tableau 51 : Rapport maladies et faits de dégradation
239
Tableau 52 : Pathologies à incidence
développées 242
Tableau 53 : La tranche d'âge, sexe et maladies
développées selon le temps 243
Tableau 54: Population, santé et les saisons 244
Tableau 55 : Maladies déclarées selon les
tranches d'âge 246
Tableau 56 : Niveau d'instruction et maladies 247
9
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Cadre conceptuel 44
Figure 2: Localisation de la ville d'Aboisso 45
Figure 3: Schématisation de l'échantillonnage 52
Figure 4 : Évolution démographique de la population
de la ville d'Aboisso (1965-2014) 67
Figure 5 : Échelle de représentation ville et
quartier 70
Figure 6: Schéma des pratiques et représentations
dans le cadre de vie 75
Figure 7: Schéma des faits observés dans le cadre
de vie 76
Figure 8: Facteurs dégradant de l'environnement à
Aboisso 89
Figure 9 : Modes des rejets des déchets par les
populations 90
Figure 10: Production des déchets par les populations
92
Figure 11: Accentuation de la dégradation de
l'environnement 93
Figure 12 : Volume de la population par quartier 95
Figure 13: Proportion de l'utilisation de l'eau par les
populations. 96
Figure 14: Répartition des enquêtés en
fonction de la pratique de l'incinération des déchets
(Source ; Nos enquêtes, 2016) 97
Figure 16 : Volume de population à Aboisso 106
Figure 17: Distribution du niveau de dégradation de
l'environnement en fonction de la taille
de la population 107
Figure 18: Répartition des zones inondables. 117
Figure 19 : Facteurs de risque global 118
Figure 20 : Schéma décrivant le mode de vie et les
facteurs liés aux risques sanitaires 119
Figure 21: Santé et environnement 120
Figure 22: Distribution des sites insalubres dans la ville
d'Aboisso 123
Figure 23: Sites de déversement des Déchets et eaux
usées déversés 125
Figure 24 : Triangle épidémiologique - acquisition
et transmission de l'infection 129
Figure 25 : Proportion de la population déclarant la
présence ou non des services de
ramassage des déchets et de l'assainissement 131 Figure
26 : Répartition des enquêtés selon le rythme de ramassage
des déchets par les services
de la municipalité 133
Figure 27 : Le système de gestion des déchets dans
la ville d'Aboisso 135
Figure 28 : Circuit de collecte des déchets à
Aboisso 138
Figure 29: Schéma d'explication de la transmission directe
144
Figure 30: Répartition des enquêtes selon le niveau
d'instruction 145
Figure 31: Perception du niveau d'assainissement à Aboisso
par les populations 153
Figure 32: Problèmes de l'environnement
évoqués par les ménages 154
Figure 33: Schéma de la densité de population et
des relations environnementaux 155
Figure 34 : Caractérisation des risques 159
Figure 35: Caractérisation des risques 162
Figure 36: Relation population et environnement 163
Figure 37: La santé perçue par les populations
169
Figure 38: Niveau de dégradation de l'environnement
à Aboisso 176
10
Figure 39: Les déterminants de la santé 185
Figure 40: Appréciation de l'état de
l'environnement 189
Figure 41: Hygiène du milieu 191
Figure 42: Concentration et risques sanitaires 194
Figure 43 : La perception des ménages en ce qui
concerne les effets des rongeurs dans leur
domicile. 198
Figure 44 : Maladies transmissibles par des vecteurs
potentiels 200
Figure 45 : Site de groupage des déchets 207
Figure 46 : Matrice de corrélations 210
Figure 47: Maladies déclarées par les
enquêtés 217
Figure 48 : État de santé et cadre
environnemental 218
Figure 49 : Triangle épidémiologique 219
Figure 50 : Présence de rongeurs dans les domiciles
220
Figure 51 : Perception de la population sur la présence
des rongeurs et l'état de santé 220
Figure 52 : Évolution des maladies infectieuses
à Aboisso, de 2012 à 2015 225
Figure 53 : Cycle schématique de la bilharziose 226
Figure 54 : Évolution des cas de bilharziose à
Aboisso (2012-2015) 227
Figure 55 : Corrélation santé et qualité
de l'environnement 228
Figure 56: Zone d'exposition potentielle de risque pour la
santé 232
Figure 57: : Perceptions de la population des faits qui
dégradent l'environnement 233
Figure 58: Cycle de la transmission des microbes à
partir des excréments humains 234
Figure 59: Corrélation linéaire population et
saison 245
11
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Une vue des habitats (TP-Extension), 72
Photo 2: Habitats précaires à Sokoura 78
Photo 3: Déchets sur le site du marché
principal. 81
Photo 4: Déversement des déchets entre les
habitats et état de l'environnement 88
Photo 5: Une vue des résidus de déchets
déversés sur les rives du fleuve Bia 91
Photo 6: Caniveau obstrué 96
Photo 7: Tas d'ordure 96
Photo 8: Incinération des déchets à
l'arrière cours d'une famille 98
Photo 9: Montée des eaux après une forte pluie
115
Photo 10: Déchets et eaux usées
déversés dans le fleuve Bia 124
Photo 11: Vue d'un caniveau bouché le long d'un habitat
126
Photo 12: Vue d'un regard bouché 127
Photo 13: Travaux d'entretien des caniveaux 128
Photo 14: Un enfant à la recherche de bouteilles
près d'une source infectieuse 130
Photo 15: Caniveaux bouchés par la présence des
sachets plastiques et boue 132
Photo 16: Collecte de déchets par le service technique
136
Photo 17: Collecte des déchets par les services de la
mairie 137
Photo 18: Eaux usée stagnante au niveau de la gare
routière 143
Photo 19: Réceptacle des eaux usées à
l'arrière cours d'un habitat 151
Photo 20: Un espace entre les habitats dans le quartier TP
transformé, 152
Photo 21: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension 157
Photo 22: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension 161
Photo 23: Bia est souvent le lieu de soulagement pour les
populations 180
Photo 24: Toilette à proximité d'une source
infectieuse 181
Photo 25: Toilette à proximité d'une source
infectieuse 182
Photo 26: Pratique de la lessive 182
Photo 27: baignade d'enfants dans la bia. 183
Photo 28: Une jeune mère lave son bébé
dans la Bia,(cliché Niamké, 2014) 235
12
SIGLE ET ABRÉVIATIONS
ANASUR : Agence Nationale de Salubrité
Urbaine
ANDE : Agence Nationale de l'Environnement
ASS : Annuaires des statistiques
sanitaires
BNETD : Bureau National d'Étude
Technique et de Développement
CAFOP : Centre d'Animation et de Formation
Pédagogique
CDB : Convention sur la diversité
biologique
CHR : Centre Hospitalier Régional
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-pollution
CNUED : Conférence des Nations unies
pour l'environnement et le développement
CNUEH :"Conférence des Nations Unies
sur l'Environnement Humain"
DCGTX : Direction et Contrôle des
Grands Travaux (Actuel BNETD)
DIB : Déchets Industriels Banals
DII : Déchets Industriels Inertes
DIS : Déchets Industriels
Spéciaux
DSA : District Sanitaire d'Aboisso
Etc. : Et cætera (ou et cetera)
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture
FEM : le Fonds pour l'environnement
mondial
HG : Hôpital Général
IGT : Institut de Géographie
Tropicale
INHP : Institut National de l'Hygiène
Publique
INS : Institut National de la Statistique
INSP : Institut National de Santé
Publique
IRA : Infection Respiratoire Aigüe
IRD : Institut de recherche et de
développement
LAGERIS : Laboratoire Géographie de
l'environnement des Risques et Santé
MG : Médecins
généralistes
MOS : Mode d'Occupation Spatiale
OM : Ordures Ménagères
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONG : Organisation non gouvernementale
13
ONU : Organisation des Nations Unies
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
PNAE : Plan National de l'Action
Environnementale
PNDS : Plans Nationaux de
Développement Sanitaire
PNUE : Programme des Nations Unies pour
l'environnement
RGPH : Recensement Général de
la population et de l'Habitat
RSS : Le Rapport sur la Situation
Sanitaire
SICOGI : Société Ivoirienne de
Construction et de Gestion Immobilière
SIG : Le système d'information de
gestion
SIPIM : Société Ivoirienne de
Promotion Immobilière
SIR : Société Ivoirienne de
Raffinage
SNIS : Système National d'Information
Sanitaire
14
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'environnement est défini comme l'ensemble des
rapports réciproques entre les groupes humains et leur domaine spatiale,
les interactions qui lient les sociétés et le milieu dans lequel
elles se situent (Georges P, 1970). De cette relation, nait des diverses formes
de dégradation à savoir : les pollutions, les déversements
de produits toxiques, l'insalubrité, la mauvaise gestion des
déchets. Le programme des Nations Unies pour l'Environnement indique
dans son rapport du 25 Octobre 2007 que les problèmes les plus graves de
la planète persistent dans la dégradation de l'environnement. De
plus, les principaux risques pour la santé liés à
l'environnement que nos pratiques et mode de vie génèrent ne
cessent de se dégrader. En effet, les préoccupations
environnementales, suscitent un intérêt particulier au sein des
institutions internationales que nationales. Dans son ouvrage : « crise de
la santé en milieu urbain », l'OMS (1994) indique qu'une bonne
santé dépend en grande partie, d'un bon environnement. En
Côte d'Ivoire, les synthèses des rapports sur l'environnement sont
alarmants, comme le soutient Birgi H et al, dans le rapport final du
profil environnemental (2006). Les auteurs du rapport relèvent que la
dégradation de l'environnement est peu maîtrisée et ne
cesse de s'accélérer.
Par ailleurs, la première conférence
placée sous l'égide des Nations Unies et consacrée aux
questions environnementales qui s'est tenue du 5 au 16 juin 1972 à
Stockholm a constitué un tournant historique dans la prise en compte des
questions d'environnement au niveau international. Elle a rassemblé des
délégations de 113 États et de nombreuses ONG et fut
présidée par le Canadien Maurice Strong. Elle a permis notamment
d'instituer le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dont le
siège se trouve à Nairobi (Kenya). Le second sommet,
dénommé "le Sommet de la Terre" tenue à Rio de Janeiro du
3 au 14 juin 1992 a marqué un grand pas en avant dans la prise en compte
du développement durable en adoptant une déclaration,
appelée déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement, qui comprend 27 principes précisant le contenu du
développement durable. Le "principe" indique que « les
êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable. Ils ont droit à une vie saine et
productive en harmonie avec la nature ». La conférence de Rio
de Janeiro a montré que le développement durable passe par la
protection de l'environnement. Cette approche a conduit l'État de
Côte d'Ivoire à l'adoption du « Livre Blanc de
l'Environnement de Côte d'Ivoire » en 1995. Ce livre
présente le diagnostic complet de l'état de l'environnement dans
notre pays et montre que la Côte d'Ivoire est confrontée à
des problèmes environnementaux d'origines diverses : disparition du
couvert forestier,
15
appauvrissement des sols, pollution et
eutrophisation1 des eaux, pollution de l'air, dégradation du
milieu urbain, persistance des maladies environnementales, manque
d'éducation, manque de formation et de sensibilisation, inadaptation et
instabilité du cadre juridique et institutionnel ainsi que la dispersion
et les difficultés d'accès aux données environnementales.
Conscient des risques importants qu'engendre la dégradation de
l'environnement, l'État de Côte d'Ivoire a défini des
stratégies pour gérer de façon rationnelle les ressources
naturelles et promouvoir le développement durable à travers des
programmes d'action. Avec cette volonté de l'État de
préserver l'environnement, le constat demeure désolant.
L'environnement continue de subir des dommages et certains problèmes
persistent pour lesquels les mesures et les arrangements institutionnels
actuels se sont systématiquement montrés insuffisants et pour
lesquels des solutions sont encore en cours d'élaboration. Les
informations statistiques de l'environnement en Côte d'Ivoire bien que
difficiles à obtenir à cause de la diversité et de la
dispersion de leurs sources, présentent un tableau sombre du lien
dégradation de l'environnement et santé des populations.
Pourtant, l'OMS (2012) déclare que de multiples déterminants
environnementaux conditionnent l'état de santé des citadins, et
les influences positives et négatives se cumulent en fonction du
quartier ou de l'endroit où l'on habite dans la ville. Cependant, la
ville d'Aboisso, tout comme les villes de la Côte d'Ivoire
n'échappent pas à ces influences. Plusieurs
éléments de cet environnement influent sur la santé : les
conditions de logement, la gestion des déchets, les décharges
où se produisent les infiltrations des eaux souillées, la
pollution de l'eau, les effluents industriels et les déchets de tout
genre, les produits agrochimiques mal utilisés, les particules en
suspension et les fumées, le déversement des produits chimiques
dans les eaux douces, l'accès à l'eau potable et à
l'assainissement, les formes non hygiéniques d'évacuation des
excrétas et des eaux usées accumulées, les systèmes
de transport et la qualité de l'air. Toutes ces formes de
dégradation de l'environnement ont une relation directe avec
l'état de santé des populations, en témoigne Colette M,
Christophe L, Tarik B, (Médecins généralistes et
santé environnement, 2012). Ils affirment également que les
préoccupations liées à l'impact des nuisances
environnementales sur la santé de la population n'ont cessé de
prendre de l'ampleur dans le champ médiatique, pour la population et
chez les décideurs. Cependant, pour VALLÉ J. (2008), la
géographie permet ainsi de développer une vision sociale et
environnementale de la santé et de comprendre l'émergence d'une
maladie comme le produit d'un jeu complexe de facteurs et d'acteurs qui
dépasse la simple enveloppe corporelle.
1 L'eutrophisation est "l'asphyxie des
eaux d'un lac ou d'une rivière" due à un apport
exagéré de substances nutritives - notamment le phosphore - qui
augmente la production d'algues et de plantes aquatiques.
16
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé dans le
1er article de la constitution de 1946, « La santé est
un état de complet bien-être physique, mental et social et pas
seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Ainsi, elle prend
en compte les aspects environnementaux qui constituent donc une dimension
intégrante et importante pour la santé. Le concept de la
santé et celui de l'environnement sont certes distincts mais
étroitement liés. Par ailleurs, le problème de la
dégradation de l'environnement dans nos sociétés prend de
plus en plus de l'ampleur. Pour le Ministère de l'environnement et du
tourisme (PNAE - CI, 1995), cela constitue un véritable problème
environnemental majeur de la Côte d'Ivoire puisqu'il concerne près
de la moitié de la population (6 millions d'habitants urbains). Les
problèmes urbains résident dans l'insuffisance du drainage, de
l'assainissement, de la collecte et du traitement des déchets ainsi que
la pollution, du bruit de l'occupation de sites impropres à l'habitation
et les maladies causées par l'insuffisance d'hygiène. Les
indicateurs de la qualité de l'environnement que sont l'air, l'eau, le
sol et les activités humaines subissent inlassablement des nuisances de
tous genres. De ce point de vue, l'on perçoit l'intérêt que
peut comporter cette étude qui est une contribution à une
meilleure connaissance des facteurs environnementaux qui affectent la
santé des populations.
Pourtant, la ville d'Aboisso située au Sud-Est de la
Côte d'Ivoire, plus précisément à 116 Km d'Abidjan
fait face à des problèmes importants de dégradation de son
environnement. De façon générale, on observe une
insuffisance en matière d'hygiène et d'assainissement. À
cela s'ajoute la gestion approximative des déchets solides et liquides.
Ces problèmes sont amplifiés par une croissance
démographique qui est passée de 27 218 hbtss en 1998, à 43
282 hbtss RGPH (2014), mais aussi par la pauvreté et des insuffisances
dans les techniques et méthodes de gestion des municipalités. De
plus, Aboisso constitue une zone de forte pression démographique due
à la concentration de la main d'oeuvre agricole autour des importantes
entreprises agricoles et agro-industrielles (Maffou, 2013). Aussi, le rapport
du MSLS (2011) indique que la région du Sud-Comoé présente
des incidences du paludisme dans la population générale les plus
élevées au niveau national tout comme les régions du
Fromager, de Lagune 2 et des Lacs. Cette situation hautement inquiétante
pour la santé des populations mérite qu'on mène une
étude scientifique pour établir le lien significatif entre la
dégradation de l'environnement et l'état de santé des
populations. Dans cette thèse, il s'agit de montrer que la
dégradation continuelle de l'environnement est le facteur explicatif des
maladies que développent les populations à Aboisso.
17
2. REVUE DE LA LITTÉRATURE
Aujourd'hui comme hier, santé et environnement sont
indissolublement liés Vigneron E, (1999). La question de la
dégradation de l'environnement et son impact sur la santé a
été abordée par de nombreux chercheurs.
L'intérêt accordé à cette problématique est
d'autant plus important que plusieurs ouvrages ont développé
différents aspects de cette thématique. En Côte d'Ivoire,
des écrits existent également sur la dégradation de
l'environnement, mais dans l'ensemble ne traitent pas en profondeur le
problème de l'interaction dégradation de l'environnement et
santé des populations. Notre étude « Dégradation
de l'environnement et santé des populations dans le Sud Comoé :
Cas de la ville d'Aboisso », a conduit à l'exploration d'une
littérature en privilégiant une approche que nous avons
organisée autour de trois axes.
- La notion de l'environnement et de dégradation
;
- La santé et le concept de la géographie de
la santé ;
- Les impacts de la dégradation de l'environnement
sur la santé des populations.
1 - Environnement et le concept de la dégradation de
l'environnement
Les notions de l'environnement et de la dégradation
présentent une diversité de définition. L'abondance de la
littérature sur ces thématiques nous a permis de faire une large
synthèse des différents écrits que nous avons
organisés afin d'appréhender dans tous ses aspects, le sens de
ces notions.
1.1- Notion de l'environnement
Jusqu'en 1960, le mot environnement était absent des
dictionnaires. Mais avec l'émergence des problèmes
environnementaux et des catastrophes écologiques à
répétition, l'environnement rentre dans l'actualité.
Ainsi, selon le Dictionnaire Larousse (1972), l'environnement est : « Ce
qui entoure, ce qui environne, le milieu où vit une personne, l'ensemble
des éléments qui conditionnent l'homme ».
Le code de l'environnement ivoirien (1996) défini en
son article 1er, « l'environnement comme l'ensemble des
éléments physiques, chimiques, biologiques et des facteurs
socioéconomiques, moraux et intellectuels susceptibles d'avoir un effet
direct ou indirect, immédiat ou à terme sur le
développement du milieu, des êtres vivants et des activités
humaines. »
Cette définition de l'environnement selon le code de
l'environnement ivoirien est pareil à celle que nous propose le PNUE
(2005) : « Aujourd'hui, on entend par environnement,
18
l'ensemble, à un moment donné, des agents
physiques, chimiques et biologiques et des facteurs sociaux susceptibles
d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les
êtres vivants et les activités humaines ».
Le terme environnement recouvre donc de nombreuses acceptions
et ne correspond plus seulement à l'idée du milieu. Dans un sens
assez généralement admis pour la santé environnementale,
la notion d'environnement renvoie à nos milieux de vie (domestique,
naturelle ou professionnelle). En Côte d'Ivoire, le Programme National
d'Action Environnementale (PNAE, 1994), qui a élaboré le livre
blanc, donne un aperçu de l'état de l'environnement urbain du
pays. Le programme présente l'environnement physique et biologique avec
les différentes composantes sociales, sanitaires et
géographiques. Mais le rapport relève également que
l'état de l'environnement est préoccupant.
Pour George P. (1980), la géographie a pour objet
l'étude de la condition humaine dans son environnement, qu'elle a
successivement subi, puis maîtrisé et dans certains cas
détruit. Il définit l'environnement comme le milieu global au
contact duquel sont confrontées des collectivités humaines et
avec lequel, il se trouve placé dans une situation de rapport
dialectique d'action et de réaction réciproque mettant en jeu
tous les éléments du milieu.
Plus loin, Tricart J. (1981) affirme que la géographie
a pour objet la description raisonnée et l'explication des divers
aspects de la surface du globe terrestre, l'un des plus importants de ces
aspects est la présence de quelques milliards d'hommes utilisant des
ressources, s'adaptant au milieu et le modifiant. Le rapport homme-milieu se
trouve ainsi au centre de ses préoccupations et qui est en fait la
charnière entre les sciences humaines et celles de la nature.
Pour Bertrand G (2002), l'environnement envisagé par
les géographes, ne recouvre pas la seule nature au sens restreint du
terme, il n'est pas synonyme de géographie physique, pas davantage de
faune et de flore, ce que l'on nomme aujourd'hui la biodiversité, pas
plus que de pollution et de dégradation. Il désigne les relations
d'interdépendance complexes existant entre l'homme, les
sociétés et les composantes physiques, chimiques, biotiques d'une
nature anthropisée, ce qu'il s'est proposé de nommer «
géosystème ».
Si l'on suit Dauphiné A (1979), l'environnement est
à la fois « une donnée, un perçu, un vécu
». Cette analyse permet de souligner que la planète ne porte pas
d'environnement qui
19
n'aient pas été à des degrés
divers "modifiés" par les sociétés. Insister sur
l'anthropisation de la planète pose naturellement la question du statut
de l'homme dans la nature. Pour certains écologistes radicaux, l'homme
est toujours celui qui dégrade l'environnement, qui perturbe les
"paysages naturels" ou les milieux naturels, ce qui revient à
considérer l'homme comme un intrus dans la nature.
Pour les géographes, l'environnement est un objet
social qui intègre des données et des phénomènes
sociaux associés à des éléments "naturels" dans un
construit en quelque sorte "hybridé" pourvu d'une double dimension
spatiale et temporelle. Cette dimension temporelle est fondamentale dans
l'étude de l'environnement.
· Environnement et milieu
naturel
L'environnement est aussi un cadre de vie, un produit de
l'homme et de la société qui nécessite d'envisager les
aspects historiques et culturels des sociétés. De ce point de
vue, la perception et les représentations que les sociétés
ont de la nature varient selon les cultures et selon les époques
à l'intérieur d'une même aire culturelle.
Étudier un environnement c'est étudier une
relation. Pour VEYRET Y (1999), l'environnement « traite des relations
existant entre les sociétés et leur cadre physique, de la place
des facteurs naturels dans l'aménagement à différentes
échelles spatiales ». Elle écrit plus loin que ce terme
« désigne les relations d'interdépendance qui existent entre
l'homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques,
biotiques du milieu en intégrant aussi ses aspects sociaux,
économiques et culturels ».
Lorsque le géographe travaille sur un
"géosystème", l'objet de sa recherche est un espace où
sont en interaction des faits naturels et humains. Lorsqu'il travaille sur une
question d'environnement, son regard se porte sur les rapports des
sociétés avec un espace où la « nature » joue
encore un rôle.
VEYRET Y (1999), affirme également que pour la
géographie, société et nature (ressources, paysages...)
sont indissociables ; il convient donc de gérer les interactions avec
discernement et de manière durable. Mais toute transformation de la
nature n'est pas obligatoirement catastrophique, tout aménagement n'est
pas systématiquement dramatique ; certes, il faut envisager des «
seuils » à ne pas dépasser pour que les aménagements
ne dégradent pas les ressources et plus largement la nature. Ces seuils
doivent être établis en fonction du niveau de
développement, des données socio-économiques, techniques
et culturelles qui caractérisent à un moment de son histoire le
groupe social. VEYRET Y a proposé
20
de nommer « géoenvironnement » la conception
géographique de l'environnement pour en souligner la
spécificité.
MORLON P. (1992), donne une définition du milieu et le
décrit par la suite. Il affirme que le milieu naturel est ce qui, dans
la nature, est perçu comme important à une date donnée par
un groupe humain donné. Il dit également que décrire un
milieu naturel ne consiste donc pas à accumuler autant de données
que l'on peut, mais au contraire à choisir un nombre aussi petit que
possible (principe de parcimonie du descripteur) qui permette de comprendre,
prévoir et éventuellement agir.
· Environnement et milieu : cadre de vie des
sociétés humaines
Dans un sens plus large, l'environnement comme le milieu, est
ce qui entoure un lieu. Il est ce qui constitue le cadre de vie des
sociétés humaines. Ces deux termes incorporent donc, outre des
éléments « naturels », les équipements
variés que les sociétés ont introduits (habitats, usines,
voies de communications, espaces cultivés etc.).
Cet environnement, de ce fait, agit plus ou moins sur les
sociétés. Il a une dimension matérielle, physique,
conçue en ce sens. Les notions de milieu et d'environnement
privilégient les relations d'une société avec l'espace
construit où elle vit. Parlant de rapport homme et milieu, George P.
(1963) a élargi les perspectives en donnant un intérêt plus
grand aux facteurs sociaux et ont étudié l'impact des actions de
l'homme sur le milieu. On passe alors à une géographie active
à partir d'une géographie des particularités et des
typologies : l'équilibre homme-milieu avec les facteurs endogènes
et exogènes. C'est donc l'étude des interactions entre les
diverses sociétés humaines et leur environnement et les
déséquilibres qui en résultent.
Bally A et Ferras R (2004), ont traité de la question
de l'environnement et du milieu dans leur ouvrage. Abordant la question de
l'environnement, les auteurs ont d'emblée fait un bref historique de
cette notion dont le sens a considérablement évolué. De
1917, la notion de l'environnement qui se résumait en une plante, a
été définit en 1964, comme l'ensemble des facteurs
biotiques (vivants) ou abiotique (physico-chimique) de l'habitat.
Quant à la notion de milieu, Bally A et Ferras R
(2004), affirment que c'est ce qui nous entoure. Plus loin, Ciattoni A et
Veyret Y (2007), abordent le concept de l'environnement comme l'ensemble des
relations existant entre les sociétés et leur cadre physique, de
la place des facteurs naturels dans l'aménagement à
différentes échelles spatiales. Pour les deux auteurs, le
21
terme recouvre à la fois un milieu et un système
de relations, ainsi qu'un champ de forces physico-chimiques et biologiques en
interrelation avec la dynamique sociale, économique, spatiale. Ces
relations d'interdépendance existant entre l'homme, les
sociétés et les composantes naturelles du milieu fondent
l'approche environnementale qui inclut également perception et
représentation.
George P (1970), précise l'objet de l'environnement
comme l'ensemble des rapports réciproques entre les groupes humains et
leur domaine spatial, les interrelations qui lient les sociétés
et le milieu dans lequel elles se situent.
COMOLET (1991), le terme d'environnement désigne
« l'entour, c'est-à-dire un ensemble de choses et de
phénomènes localisés dans l'espace ». Pour insister
sur les interactions qui existent entre l'environnement et les activités
économiques, l'auteur analyse la notion d'environnement, ses composantes
et ses relations avec le système. Il choisit la définition de
Passet R., qui l'amène à distinguer l'environnement naturel de
l'environnement urbain.
Conclusion partielle
L'objet de la revue de la littérature sur le concept
de l'environnement nous a permis de clarifier le contenu de la notion
d'environnement. Ainsi, l'environnement a été
appréhendé sous plusieurs angles par différents auteurs,
chercheurs et instituts. Toutefois, dans le cadre de notre étude, nous
nous intéressons à l'environnement en tant que cadre de vie de
l'homme, l'ensemble des éléments qui dans la complexité de
leurs relations constituent le milieu et les conditions de vie pour l'homme.
Aussi, l'environnement constitue pour nous tout ce qui concerne le cadre
biophysique de l'homme : le sol, l'eau, l'air, la faune, la flore, le climat,
le milieu de vie, tout ce qui se rapporte à la destruction ou à
la protection de ce cadre environnemental : la pollution, le déchet, la
déforestation, la destruction de la biodiversité. On retient
également que c'est dans cet environnement que les hommes tirent en
effet l'ensemble des ressources nécessaires à leur survie : l'air
dont ils ne peuvent se passer pendant plus de quelques minutes, l'eau dont ils
ne peuvent se passer pendant plus de quelques jours et la nourriture dont ils
ne peuvent se passer pendant plus de quelques semaines, et enfin, les
matériaux dont ils ont besoin pour leurs activités
quotidiennes.
22
Le cadre de vie que nous avons étudié correspond
aux lieux d'habitations et à leur environnement immédiat (rues et
routes) où les modes de gestion des eaux usées influent sur le
bien-être et/ou la santé des populations.
1.2- Le concept de la dégradation de
l'environnement et les facteurs de dégradation
Sur la question de la dégradation, de nombreux travaux
scientifiques ont été produits aussi bien au niveau national
qu'au niveau international.
DELFAU E. (2005), définit la dégradation comme
un processus désagréable qui affecte la qualité de l'eau,
pollue l'air et le cadre de vie. Dans son ouvrage, elle présente
l'étalement urbain comme un mode d'occupation de l'espace concurrentiel
par rapport aux espaces agricoles, forestiers ou faiblement anthropisés
et établit un lien significatif entre l'étalement et la
dégradation de l'environnement. Pour exemple, l'auteur présente
les déchets stockés le long des berges qui se retrouvent souvent
dans le cours d'eau, ce qui est source de pollution.
Pour Legrand T. (1998), il devient de plus en plus urgent de
créer des politiques et des programmes pour limiter les effets
négatifs de l'activité humaine sur l'environnement. L'auteur
interpelle ici, les autorités sur la menace de la dégradation de
l'environnement occasionnée par les diverses actions et activités
de l'homme pour mieux prendre en compte la problématique de la
dégradation de l'environnement.
CARO C. (1979), relève que pour des situations qui
peuvent dégrader l'environnement, des luttes environnementalistes se
créent et sont liées à l'exigence de la défense du
cadre de vie. L'auteur cite par exemple la construction de nouveaux
tracés d'autoroute, de centrales nucléaires, d'aéroports,
etc. Dans son étude, elle évoque l'intensification des menaces
sur l'environnement des années 1960, marquées par la
multiplication d'accidents industriels. Elle fait également une analyse
historique afin d'étudier les éléments constitutifs d'une
prise de conscience de la dégradation de l'environnement.
Dans le rapport final du Profil Environnemental de la
Côte d'Ivoire (2006), Halle B.et al, dressent les conclusions de
la synthèse des différents aspects environnementaux de la
Côte d'Ivoire. Nous retenons que la dégradation de
l'environnement, est déjà peu maîtrisée avant la
23
crise dans certains domaines (pollution de l'eau,
déchets, déforestation), et cette situation ne cesse de
s'accélérer suite à l'absence de mécanismes de
contrôle dans plusieurs zones, à l'appauvrissement rapide de la
population et à l'exploitation illicite de certaines ressources
naturelles. De plus, le niveau de sensibilisation environnementale reste
très faible.
Dans le même rapport on souligne que les
problèmes prioritaires actuels qui ont liés la dégradation
de l'environnement sont entre autres ; la pollution des eaux lagunaires, la
déforestation, l'extinction de la biodiversité, le rejet des
déchets toxiques, les érosions des sols, la
désertification, etc. Ces problèmes sont multiples et
variés.
Le FEM (2003), aborde la question de la dégradation
mais en se limitant à celle liée aux sols. En effet, le Fonds de
l'Environnement Mondial (FEM) définit la dégradation des sols
comme « toute forme de détérioration du potentiel naturel
des sols qui altère l'intégrité de
l'écosystème soit en réduisant sa productivité
écologiquement durable, soit en amoindrissant sa richesse biologique
originelle et sa capacité de récupération ».
Pour la CDB (2005), la dégradation est toute
association de perte de fertilité des sols, d'absence de couvert
forestier, de manque de fonction naturelle, de compaction du sol, et de
salinisation qui empêche ou retarde la régénération
de la forêt non assistée par succession secondaire. Une
forêt dégradée est donc pour la Convention de la
Diversité Biologique (CDB) une forêt secondaire qui a perdu,
à la suite d'activités humaines, la structure, la fonction, la
composition ou la productivité des essences normalement associées
à une forêt naturelle. De ce fait, une forêt
dégradée offre une fourniture réduite de biens et services
et n'a qu'une diversité biologique limitée.
Mariétou N. (2012), annonce pour sa part que ces
dernières décennies, la dégradation de l'environnement en
Afrique a été un sujet préoccupant et traité dans
beaucoup d'ouvrages. Cette dégradation résulte de l'interaction
entre les processus naturels, en pleine évolution et les pressions
humaines sans précédent, couplées à une absence
d'aménagement.
En ce qui concerne l'Afrique, le PNUE (2010), affirme que les
risques environnementaux sont jugés responsables de près de 28 %
du fardeau des maladies dans ce continent, parmi lesquelles figurent la
diarrhée, les infections respiratoires et le paludisme, qui ensemble
représentent 60 % des impacts sanitaires environnementaux connus dans la
région.
Le quatrième rapport national sur la convention de la
biodiversité biologique de Côte d'Ivoire (2009), relève
qu'au niveau des risques environnementaux, biologiques et humains, il
24
faut également relever que les barrages
entraînent une dégradation de l'environnement à moyen ou
long terme. Le barrage en réduisant la vitesse de l'écoulement de
l'eau pénétrant dans le lac de retenue, favorise le
dépôt des particules au fond du lac. À l'aval,
l'érosion fluviale augmente, d'autre part le barrage favorise le
développement de végétaux aquatiques entrainant ainsi, un
appauvrissement en poisson et est parfois à l'origine des maladies
telles que l'ulcère de burili, amibiase, bilharziose, onchocercose.
Veyret Y et Jalta J. (2010), affirment qu'en Europe, les
grandes épidémies de peste apparues régulièrement
et ayant provoqué des millions de morts étaient directement
liées à la mauvaise qualité de l'environnement. Il est de
même pour les épidémies de choléra qui se sont
succédées au XIXème siècle en Europe
(à Londres en 1832, à Marseille en 1835), elles sont les
résultats de la mauvaise qualité de l'eau.
Des organisations internationales qui militent en faveur de
la protection des forêts donnent également des aperçus sur
la notion de la dégradation des forêts. On retient que la FAO
(2002), définit la dégradation des forêts comme la
réduction de la capacité d'une forêt de fournir des biens
et services.
Pour Weber (1995), le terme d'environnement englobe
habituellement les pollutions atmosphériques (globales comme pour le
changement climatique), la dégradation des sols (érosion,
salinisation, pollution), la déforestation et l'évolution des
ressources en bois, la raréfaction de l'eau (la désertification
et la persistance des sécheresses) et les pollutions de l'eau, la
disparition d'espèces et l'évolution du cadre de vie. Pour
l'auteur tous ces phénomènes sont généralement des
dégradations.
En Côte d'Ivoire, le Programme National d'Action
Environnementale (PNAE, 1994), donne un aperçu de l'état de
l'environnement urbain du pays. Le programme présente l'environnement
physique et biologique avec les différentes composantes sociales,
sanitaires et géographiques et souligne l'insalubrité des villes
due entre autres à la mauvaise gestion des ordures
ménagères. Tout comme le PNAE, (1994), le Profil Environnemental
de la Côte d'Ivoire, Août (2006), présente l'état
actuel de l'environnement avec toutes les potentialités, évoque
par la suite les différents dommages que subit l'environnement et
surtout relève que les questions environnementales n'occupent pas une
place prioritaire dans les décisions politiques et
stratégiques.
25
Aussi, faut-il ajouter que le rapport final du profil
environnemental de la Côte d'Ivoire (2006) détermine les
différents problèmes liés à la gestion de
l'environnement en les classant par priorité. Nous avons donc :
- Les pollutions lagunaires
- La mauvaise gestion des déchets solides et des eaux
usées
Pour l'OMS (2011), les facteurs de la dégradation de
l'environnement sont également d'origine anthropique. L'organisation
affirme que si les facteurs climatiques peuvent prendre une certaine part dans
la destruction de l'environnement dans un contexte donnée et pendant un
temps donné pour une région ou une zone donnée, il est
clair que c'est l'homme lui-même qui prend la part la plus importante
dans la destruction de son environnement tant en milieu rural qu'en milieu
urbain et industriel.
La dégradation est généralement
causée par des perturbations dont l'ampleur, la
sévérité, la qualité, l'origine et la
fréquence sont variables (FAO, 2006). Le processus de changement peut
être naturel (feu, orages, neige, ravageurs, maladies, pollution
atmosphérique, changement de températures, etc.) ou anthropique
(exploitation forestière non durable, collecte excessive de bois de feu,
cultures itinérantes, la chasse non durable, surpâturage,
etc.).
Les facteurs environnementaux constituent un
déterminant essentiel de l'État de santé des populations.
Le manque d'hygiène, l'insalubrité, les déchets
ménagers, industriels et médicaux, les agressions d'origine
chimique, physique ou biologique, la contamination chimique des sols,
l'utilisation intempestive de pesticides, l'insuffisance d'approvisionnement en
eau potable, l'habitat précaire, l'insuffisance du système
d'assainissement du milieu, constituent autant de risques sanitaires encourus
par les populations.
Au vu de la diversité de travaux
présentés sur la dégradation de l'environnement, nous
avons relevé une divergence de définitions rattachée
à cette notion. Il apparait donc nécessaire de préciser
que dans le cadre de notre étude, par dégradation de
l'environnement, il faut entendre processus désagréable qui
affecte le cadre de vie lié à la prolifération des
déchets à cause du manque aigu de structures appropriées
de traitement de ces déchets, les diverses formes de pollutions (eau,
air) et le développement anarchique des quartiers spontanés
dépourvus de tout système d'assainissement présentant un
certain niveau d'insalubrité. Aussi, il faut entendre par
26
dégradation de l'environnement toujours dans le cadre
de l'étude, la destruction ou l'altération des
éléments constitutifs des milieux naturels tels que le sol, la
forêt, la biodiversité.
1.3- La prise de conscience de la protection de
l'environnement dans l'histoire
La préservation de l'environnement est l'un des trois
piliers du développement durable et a été
désignée comme l'un des huit objectifs du millénaire pour
le développement. Dans l'histoire, l'attention portée à
l'environnement s'est développée différemment selon les
époques, les régions et les cultures. Plusieurs facteurs ont
contribué à l'émergence d'un vaste mouvement en faveur de
la protection de l'environnement naturel. Il s'agit entre autres de la
religion, de la révolution industrielle et du courant romantique. La
prise de conscience des effets négatifs de la révolution
industrielle et agricole du XIXème siècle en Europe et
en Amérique du Nord a aussi beaucoup joué en faveur de la
protection de la nature. Parmi ces effets, il y a l'insalubrité des
villes, la destruction des ressources naturelles, la dégradation des
paysages ruraux, etc.
Ainsi, la première conférence placée
sous l'égide des Nations Unies et consacrée aux questions
environnementales avait pour nom "Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement Humain" (CNUEH). Elle s'est tenue du 5 au 16 juin 1972
à Stockholm et fut présidée par le Canadien Maurice
Strong. Elle a rassemblé des délégations de 113
États et de nombreuses ONG. Elle a représenté un tournant
historique dans la prise en compte des questions d'environnement au niveau
international.
Pour RABHI P. (2006), avec l'ère de la technoscience,
de la productivité et de la marchandisation sans limite, l'on ne voit
plus dans la terre qu'une source de profit financier. Ainsi, il accuse l'homme
d'agresseur de l'environnement et responsable des dommages que subit tous les
êtres vivants. Il invite donc l'humanité à une prise de
conscience et au respect de l'environnement.
Pour CARO C. (1979), la fondation de partis ecologistes
nationaux, en 1980 en Allemagne et en 1984 en France, permet rapidement de se
convaincre que des partis traditionnels aient pris conscience des défis
écologiques. Le tableau suivant présente de façon
chronologique les conférences sur l'environnement.
27
Tableau 1 : Conférences internationales sur la
prise de conscience de l'environnement
Dates
|
Noms
|
Précisions
|
Juin 1972
|
Conférence de Stockholm
|
Conférence des Nations unies sur l'environnement
|
Juin 1992
|
Sommet de la Terre à Rio de Janeiro
|
Conférence mondiale sur l'environnement et le
développement
|
Décembre 1997
|
Protocole de Kyoto
|
Sur la réduction de l'émission de gaz à
effet
de serre
|
Novembre 2000
|
Conférence de La Haye
|
Suite Kyoto
|
Juillet 2001
|
Conférence de Bonn
|
Suite Kyoto
|
Octobre-novembre 2001
|
Conférence de Marrakech
|
Suite Kyoto
|
Août-septembre 2002
|
Conférence de Johannesburg
|
Suite Kyoto
|
Décembre 2007
|
Conférence de Bali
|
Préparation Kyoto 2
|
Décembre 2009
|
Conférence de Copenhague
|
Les États Unis et la Chine changent un peu de
discours...
|
Nov. - Décembre 2010
|
Conférence de Cancun, au Mexique
|
Les Nations unies vont tenter de donner un nouveau souffle
aux négociations sur le changement climatique. Aucun
engagement contraignant...
|
Décembre 2011
|
Conférence de Durban
|
Un accord pour la création d'un Pacte mondial en
2015 est signé et un groupe de recherche est formé.
|
Du 20 au 22 juin 2012
|
Conférence des Nations unies sur le développement
durable à Rio de Janeiro, Brésil (RIO+20)
|
La conférence doit renouveler l'engagement en faveur
du développement durable. Elle
évaluera quelles sont les réussites
des précédents sommets et fera la liste des lacunes qu'il
reste à combler. Les Nations unies ont fixé deux priorités
à ces travaux :
l'économie verte et l'éradication de
la pauvreté d'une part et le cadre institutionnel du
développement durable d'autre part
|
Décembre 2015
|
COP 21
|
Les États s'engagent à limiter le
réchauffement climatique à 2°C, considéré
comme dangereux par les scientifiques.
|
|
Source : PNUE, 2015
À la fin des années 1960, face à
l'intensification des pollutions de toutes sortes et à la prise de
conscience montante au sein de la population sur les défis posés
par la protection de l'environnement, les partis de gouvernement ne peuvent se
permettre d'ignorer la situation. Certains événements
spectaculaires, comme les marées noires en France ou le choc
provoqué par la pollution du Rhin et de l'Elbe en Allemagne, poussent
d'autant plus ceux qui ont des
28
responsabilités politiques à prendre des mesures
fortes et à montrer leur volonté de répondre aux attentes
de la population dans ce domaine.
Ils sont également encouragés par la
mobilisation internationale puisque l'année 1970 est
décrétée par le Conseil de l'Europe « Année
européenne de la protection de la nature » et que les
préparatifs de la première Conférence des Nations Unies
sur l'Environnement, en juin 1972 à Stockholm, débutent à
cette époque. On peut également parler de la prise de conscience
de la protection de l'environnement en Côte d'Ivoire.
Pour ADON G. (2009), l'engagement de la Côte d'Ivoire
en faveur de la protection de l'environnement n'a pas été
systématique. Il s'est fait de manière graduelle. En effet,
après la méfiance affichée par les États africains
lors de la conférence de Stockholm en 1972, peu à peu, l'on a pu
constater, face aux différents problèmes écologiques qui
ont secoué le continent, notamment la sécheresse au Sahel,
l'apparition d'une prise de conscience de l'importance de la protection de
l'environnement. Cette prise de conscience environnementale s'est
manifestée par la forte participation de ces États à la
Conférence des Nations unies pour l'environnement et le
développement (CNUED) qui s'est tenue à Rio de Janeiro en 1992.
Ainsi, durant les dix dernières années qui ont suivi cette
conférence, la Côte d'Ivoire a considérablement
renforcé sa politique en faveur de la protection de l'environnement et
de la gestion des ressources naturelles. L'évolution de la politique
environnementale est caractérisée non seulement par des actions
de préservation de l'environnement, mais aussi et surtout, par le
renforcement du système juridique en adoptant une série de textes
réglementaires et en mettant en place des institutions
spécialisées en matière de protection de
l'environnement.
2- La santé et le concept de la géographie de
la santé
La notion de santé n'est pas facile à
définir. Les quelques tentatives de définitions tirées des
lectures, nous renvoient à la définition la plus utilisée
qui est celle de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mais,
certains auteurs ont bien voulu donner des définitions autres que celle
de l'OMS
2.1- La notion de la santé
« La santé est un état de complet
bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité ».2 (OMS,1946)
2 La citation bibliographique de cette définition
est la suivante : Préambule à la Constitution de l'Organisation
mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence
internationale sur la Santé, New York, 19 juin -22 juillet
29
Olivier J et Gutzwiller F. (1996), donnent une
définition de la santé autre que celle de l'OMS. Les deux auteurs
définissent la santé comme un processus dynamique
caractérisé par un équilibre instable dans lequel
l'individu tente de composer avec son environnement, en vue d'optimiser son
bien-être. Les auteurs évoquent par la suite que l'état de
santé est déterminé par quatre dimensions que sont : la
dimension génétique et biologique, l'environnement naturel et
social, le style de vie et le comportement en matière de santé.
L'état de santé est le niveau d'autonomie avec lequel l'individu
adapte son état interne aux conditions de l'environnement tout en
s'engagent dans le changement de ces conditions pour rendre son adaptation plus
agréable ou plus effective affirme les mêmes auteurs
Pour Berthet (1983), la santé suppose l'existence
d'une force potentielle de réserve permettant à l'organisme de
résister aux assauts qui, tant au point de vue physique que psychique,
émaillent le cours de l'existence. Cette force potentielle de
réserve est en partie due à notre héritage
génétique, en partie acquise par l'application des règles
les plus élémentaires de la vie saine qui permettent que tous les
sujets infectés par un virus ou un microbe ne meurent pas, et que tous
ceux qui ont à faire face à de graves troubles émotifs ne
deviennent pas des névrosés.
Dufresne et al (1985) affirme que la santé est
l'état d'une personne dont l'organisme fonctionne
régulièrement, ou encore que cet état de l'organisme, bon
ou mauvais, ou enfin, l'état sanitaire d'une collectivité.
La santé est une notion diversement perçue,
mais on retient que la santé est également vue non seulement
comme un état individuel relié à l'absence ou non de
maladie, mais comme un équilibre dynamique, tant individuel que
collectif, qui dépend d'un grand nombre de facteurs dont
l'environnement.
1946 ; signé le 22 juillet 1946 par les
représentants de 61 États. (Actes officiels de l'Organisation
mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le
7 avril 1948. La définition n'a pas été modifiée
depuis 1946.
30
2.2- Approche de la géographie de la
santé
La géographie de la santé est l'une des
spécialités de la géographie humaine. Cependant, hors des
universités, la géographie de la santé reste
méconnue et se voit fréquemment assimilée à
l'épidémiologie descriptive (analyse spatiale des maladies). Il
est donc important de présenter ici ce qu'est la géographie de la
santé.
Fleuret S. et Thouez J-P. (2007), montrent que la
géographie de la santé a considérablement
évolué depuis deux décennies sous l'influence de nombreux
travaux de recherche dans les domaines de l'épidémiologie, des
sciences de l'environnement, des sciences sociales, de la santé publique
ou du management des services pour ne citer que quelques exemples. D'une
géographie médicale un peu étriquée, la
sous-discipline a évolué vers une géographie de la
santé riche et complexe.
Pour Haggett P (1973), la géographie est une
discipline jeune en santé publique qui permet d'évaluer
l'état sanitaire d'une population sur un territoire à l'aide de
la dimension géographique et d'entreprendre sa modélisation. Son
principal objectif est l'étude descriptive, explicative et spatiale de
l'état de santé des populations sur un territoire (et donc des
populations qui l'occupent) par l'étude conjointe des facteurs de
risques pour la santé, endogènes (physique, biologique,
génétique, psychique...) et exogènes (environnemental,
social, économique, culturel...), et de leurs évolutions dans le
temps et l'espace.
Picheral H (2001), la géographie de la santé
est : « L'analyse spatiale des disparités des niveaux de
santé des populations et des facteurs environnementaux physiques,
biologiques, sociaux, économiques et culturel qui concourent à
expliquer ces inégalités ».
Pour Salem G (1998), les géographes
s'intéressent à la santé parce qu'elle est un observatoire
sur le monde : la diffusion des pathologies et leurs impacts sur la
mortalité sont fonction de l'accès à une offre de soins
performants, mais aussi, de modes de vie, de gestion du territoire, de niveau
d'éducation, etc. Sous cet angle, que ce soit à l'échelle
planétaire ou micro locale d'un quartier ou d'une commune, que ce soit
pour les pays développés, émergents ou en situation de
crise humanitaire, la santé s'avère être à la fois
une cause et une conséquence du développement. Les auteurs
invitent ainsi à reconsidérer le coût de la santé
comme un investissement durable.
31
Llugany J. (2004), présente une autre définition
de la géographie de la santé. Pour lui, la géographie de
la santé se veut avant tout un outil pour tout pratiquant de la
santé : du politique qui décide de l'évolution de son
système et de ses priorités, de l'administrateur et du
gestionnaire qui s'en occupent au quotidien et du professionnel qui la
pratique, afin qu'ils considèrent ses aspects sociaux. Science moderne
car toujours en phase avec les problèmes qui se présente à
elle, la géographie de la santé a affiné ses concepts et
ses outils pour en créer de nouveaux : l'originalité de sa
démarche lui permet de savoir présenter les problèmes et
de proposer des solutions. Elle fait prendre conscience des imperfections du
système où malgré le remboursement intégral des
soins de nombreuses catégories socioprofessionnelles ne profitent pas
des soins, de qualité. Enfin, elle milite pour la mise en oeuvre d'une
politique de planification des soins visionnaire et équitable.
Pour Vigneron E. (1995), la géographie de la
santé est souvent mal perçue tant du côté des
géographes que des épidémiologistes3. Le
développement récent de la Santé Publique lui donne une
occasion d'affirmer sa place et son rôle de science géographique.
Pour y parvenir, la discipline doit d'une part se définir par rapport
à l'épidémiologie et d'autre part, ce qui est un autre
aspect de la même réflexion, approfondir ses caractères
géographiques et scientifiques.
3 - Les impacts de la dégradation de l'environnement
sur la santé des populations
Santé et environnement sont aujourd'hui au coeur de
nombreuses préoccupations économiques, sociales,
médicales, psychologiques, tant scientifiques que pratiques. En raison
des profonds bouleversements provoqués par les mutations technologiques
sur l'environnement naturel et humain, une attention croissante est
portée à l'importance et au rôle des risques
environnementaux sur la santé humaine.
Gilles (1992), ne cache pas son inquiétude quant
à la relation environnement - déchets. Il affirme que les
problèmes environnementaux sont aujourd'hui en première place des
préoccupations mondiales. Il évoque le problème de
santé des populations qui est fortement lié à la
dégradation de l'environnement.
Un groupe d'experts de la Banque Mondiale (2006)
déclare que le travail de collecte des déchets expose les
personnes concernées à un risque sanitaire. En
général, les maladies telles que la
3 Spécialiste de l'étude,
de la prévention et de l'éradication des
épidémies.
32
tuberculose, la bronchite, la dysenterie, la parasitose
intestinale, la diarrhée, les maladies parasitaires, les troubles
visuels, les maux de tête et les troubles gastriques sont liées
aux déchets.
Picheral H. (1995) affirme que les relations entre le lieu,
l'espace et la santé demeurent ambigus du fait de conceptions
disciplinaires différentes. D'abord du fait d'une confusion
fréquente entre géographie et cartographie, et d'une
définition encore mal cernée de l'environnement. La mesure de
l'état de santé se fait par ailleurs le plus souvent à
partir de données biomédicales et selon des méthodes
biostatistiques. L'espace et le lieu sont alors compris comme de simples
supports, indifférenciés, stables et immuables, sans
référence à leur organisation et leur usage. On maintient
enfin une frontière artificielle entre géographie des maladies et
géographie du système de soins. Dès lors, les
géographes doivent rester géographes et intégrer les faits
de santé dans leur analyse de l'espace à plusieurs
échelles.
Cairncross S. et al (2004), les facteurs liés
à l'environnement sont la cause de 21 % des maladies dans le monde, et
cette proportion est encore plus grande dans les pays en développement.
D'après ces auteurs, 1,7 million de jeunes enfants meurent chaque
année de diarrhées dues à une alimentation en eau non
potable, à un assainissement et à une hygiène
inadéquate. 1,4 million des décès d'enfants liés
des infections respiratoires sont attribuables à la pollution de l'air
atmosphérique.
Fischer
G-N. et Dodeler V. (2009) étudient
les risques environnementaux dans la perspective de la psychologie de la
santé. Cette étude permet d'appréhender la nature des
interactions santé-environnement en établissant des liens entre
indicateurs de risques environnementaux et réponse sociale. Ils montrent
en particulier que l'impact de l'environnement sur la santé comporte des
enjeux spécifiques non seulement en raison des caractéristiques
biologiques, mais aussi des comportements de santé liés à
l'environnement
Le cabinet de la Ministre de la Santé de la
Communauté française de Belgique, (2006) fréquemment
interpellé sur des problèmes de santé environnementale
relève que de nombreuses activités humaines, qu'elles soient
industrielles, chimiques, agricoles, voire domestiques, sont responsables de
dégradations de l'environnement (réchauffement de la
planète, changements climatiques et perturbations des
écosystèmes, diminution de la couche d'ozone, pollution des sols
et des eaux mais également de l'air, etc.). Ces « menaces
environnementales » constituent
33
un risque majeur pour la santé de l'homme (apparition
et/ou recrudescence de pathologies diverses : maladies cancéreuses,
maladies infectieuses, malformations congénitales, pathologies
cardiovasculaires et respiratoires, diminution de la qualité de vie et
du bien-être, etc.).
Bertrand et al (2005), pointent la
nécessité de distinguer « effets à court terme
(quelques jours) et les effets à long terme (quelques dizaines
d'années) des variations de la qualité de notre environnement sur
notre santé ». Cette confusion est due au peu d'études qui
estiment correctement les effets à long terme. Les effets à court
terme sont par contre bien identifiés et probablement les auteurs des
études citées ont tendance à extrapoler abusivement les
effets à long terme.
Salem G. (1998), évoque la multiplicité des
villes avec toujours le problème des impacts sanitaires, ainsi que
l'émergence de pathologies nouvelles. La santé apparaît
ainsi comme un puissant révélateur des inégalités
interurbaines et des dynamiques sociales en cours.
Conclusion de la revue de la littérature
La littérature explique diversement les notions
suivantes : dégradation, environnement et santé qui constituent
les phénomènes abordés dans notre étude. Les
différents documents consultés présentent l'état de
l'environnement et relèvent un lien significatif entre l'état de
santé des populations et l'environnement qui, aujourd'hui est de plus en
plus dégradé
Certains auteurs abordent la question sous un angle en
relevant les liens qui expliquent la question de la dégradation de
l'environnement dans les villes surtout en Afrique, mais aussi, des
stratégies qui pourraient faciliter une meilleure prise en compte des
questions de l'environnement. Par ailleurs, les paramètres justifiant
les raisons de la dégradation, bien qu'évoqués dans la
littérature ne permettent pas de voir de façon concrète la
corrélation de la dégradation de l'environnement et l'état
de santé des populations. Cependant, les questions mathématiques
théoriques et les tests statistiques sont aussi présents dans les
écrits et représentent une justification non négligeable
de ces travaux.
Notre revue critique de la littérature a donc,
consisté à confronter les assertions des auteurs et à
relever quelques insuffisances, parfois liées à la
méconnaissance des maladies qui prolifèrent dans l'environnement
"dit dégradé". Aussi, relevons que la revue de la
littérature ne
34
nous a pas permis de déterminer avec précision
et surtout avec des tests statistiques la relation de causalité entre
une pathologie et des facteurs d'environnement. À ce niveau, elle
soulève beaucoup d'incertitude et parfois des contradictions laissant le
champ ouvert à des polémiques dont les fondements scientifiques
sont parfois peu explicités. Aussi, devrions-nous souligner que
très peu de tests statistiques sont utilisés pour établir
le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et la
santé des populations. Ces études posent donc les
problèmes quant à la méthodologie d'analyse ainsi qu'au
niveau de l'interprétation des résultats, très souvent
basées sur les perceptions des populations et les données
sanitaires. Certes, il existe plusieurs études qui traitent du lien
dégradation de l'environnement et santé, mais celles qui
utilisent les tests statistiques pour établir les corrélations
dégradation et santé sont peu abondantes.
35
PROBLÉMATIQUE
La dégradation de l'environnement fait aujourd'hui
l'objet d'une attention particulière car elle constitue un
problème majeur auquel de nombreux pays font face. Dans plusieurs pays
africains notamment en Côte d'Ivoire, l'urbanisation mal
maîtrisé constitue l'une des principales causes de la forte
dégradation de l'environnement. Selon l'OMS (1994), avec la croissance
non planifiée des villes africaines, la maîtrise de la
qualité de l'environnement devient un enjeu important de santé
publique. L'environnement subit en effet, de nombreux dommages dans nos
sociétés. La présence permanente des déchets
laissés sur place, l'insalubrité du cadre de vie, le
déversement des eaux usées et le rejet des polluants dans les
plans d'eau, la stagnation des eaux usées dans les rues, les productions
industrielles participent continuellement à la dégradation de
l'environnement. De cette relation environnement et population,
perturbée par les causes multifactorielles, il existe un problème
important qui est celui des effets sur la santé des populations. Selon
le rapport de l'OMS (2006), intitulé : « Prévenir les
maladies par des environnements salubres vers une évaluation de la
charge des maladies environnementales », les facteurs liés
à l'environnement sont la cause de 24 % des maladies dans le monde. Le
rapport estime en outre que plus de 13 millions de décès sont dus
annuellement à des causes environnementales évitables. Il
souligne enfin surtout que dans les pays les moins développés,
près du tiers des décès et des maladies qui surviennent
sont provoquées par l'environnement, soit plus de 40% des
décès des suites du paludisme et environ 94% des
décès provoqués par des maladies diarrhéiques.
En outre, Cairncross S. et al (2004) a montré
que la plupart des problèmes de santé liés à
l'environnement urbain sont dus à une action de l'homme et peuvent donc
être évités. Par ailleurs, la ville d'Aboisso, à
l'image des villes de la Côte d'Ivoire fait face à une
insuffisance de gestion dans l'assainissement, la gestion des déchets
ménagers, le drainage des eaux pluviales (Service Technique Mairie
d'Aboisso, 2016). En effet, avec le processus d'urbanisation la ville d'Aboisso
a connu une croissance démographique importante avec une population qui
est passée de 222 053 habitants en 1998 à 514 863 habitants en
2014 (INS,1998 ; 2014).
Cette croissance urbaine a provoqué une
défaillance dans le service de gestion notamment au niveau du cadre de
vie urbain.
On relève des problèmes liés à la
gestion des déchets solides et liquides, d'éradication des
vecteurs de maladies (rats, moustiques) et surtout des problèmes de
canalisation. Tout
36
comme la gestion, la politique de la promotion de
l'hygiène bien que menée par les autorités demeure
insuffisante. Pourtant, l'OMS ne cesse de rappeler que la mauvaise
qualité de l'environnement est favorable à l'apparition et au
développement des problèmes de santé. Depuis 1972,
année où s'est tenue la Conférence des Nations Unies sur
l'environnement à Stockholm (Suède), la relation étroite
entre environnement et santé a pris de l'importance. Des
représentants de 113 pays et d'autres acteurs pour examiner les
questions d'intérêt commun se sont retrouvés à cette
conférence. Cette étape marque la prise de conscience des
questions de l'environnement. À l'issue des travaux plusieurs points
d'accord ont été trouvés, notamment : la
nécessité de poursuivre et d'élargir la discussion sur
l'environnement en raison de la complexité de cette question, le droit
des hommes à vivre dans un environnement sain ; un droit qui constitue
également un devoir.
Au cours des trente (30) années qui se sont
écoulées, l'environnement s'est progressivement imposé
à l'ordre du jour de différentes instances, depuis le niveau
international jusqu'au niveau local. Aussi, le sommet de la Terre de Rio en
1992 ; où la protection de l'environnement est alors apparue comme une
étape incontournable des politiques de santé publique mondiales.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé dans le 1er article
de la constitution de 1946, « La santé est un état de
complet bien-être physique, mental et social et pas seulement l'absence
de maladie ou d'infirmité ». Elle prend en compte les aspects
environnementaux, sociaux, psychiques et physiques et s'articule autour de la
promotion, de l'éducation et de la prévention. Nous pouvons
dès à présent constater que l'environnement est une
dimension intégrante et importante de la santé. Ainsi, pour l'OMS
(1992) "la santé humaine dépend essentiellement de la
capacité de la société à gérer l'interaction
entre les activités humaines et leur environnement". Le rapport sur la
situation sanitaire du MSLS (2011) indique bien que la dégradation de
l'environnement et les conditions d'hygiène déplorables dans nos
villes constituent des facteurs favorisant le développement de
gîtes larvaires, condition pour la survie du vecteur (la femelle du
moustique du genre Anophèle). Le rapport relève par la suite que
les incidences du paludisme dans la population générale les plus
élevées se retrouvent dans les régions du
Sud-Comoé, de Lagune 2, du Fromager et des Lacs. Il faut dire que durant
les dix dernières années qui ont suivi cette conférence,
la plupart des États africains, et singulièrement la Côte
d'Ivoire, ont considérablement renforcé leur politique en faveur
de la protection de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles.
En Côte d'Ivoire, l'évolution de la politique environnementale est
caractérisée non seulement par des actions de préservation
de l'environnement mais aussi et surtout par le renforcement du système
juridique en adoptant une série de textes réglementaires et en
mettant en place des institutions spécialisées en matière
de
37
protection de l'environnement. Ceci s'est traduit par diverses
initiatives de lutte contre la détérioration de l'environnement
entreprises par les autorités compétentes et qui ont
favorisé entre autres la création de nombreuses ONG nationales de
protection de l'environnement grâce aux campagnes de sensibilisation de
la population sur le phénomène. Le gouvernement a
décidé de mettre en place un plan cohérent d'actions en
élaborant, en 1994, le Plan National d'Action pour l'Environnement
(PNAE) dont la spécificité réside dans l'approche
régionale des problèmes environnementaux. Le problème que
soulève l'étude est que, malgré toutes les mesures et
décisions prises, les actions menées pour préserver
l'environnement, l'état de santé des populations continue
toujours d'être affecté par la dégradation de
l'environnement.
Ainsi, la question fondamentale de notre étude est
: Pourquoi la dégradation de l'environnement affecte continuellement
la santé des populations d'Aboisso malgré les efforts des
autorités pour un meilleur cadre de vie ?
De cette question découlent les questions suivantes :
Comment se manifeste la dégradation de
l'environnement à Aboisso ? et quelles en sont les causes ?
Quels sont les risques pour la santé liés
à la dégradation de l'environnement à Aboisso ?
Quel est le lien entre la dégradation de
l'environnement et la santé des populations ?
38
OBJECTIFS DE L'ÉTUDE
Pour donner des réponses aux différentes
préoccupations élaborées dans la problématique, des
objectifs ont été dégagés.
OBJECTIF GENERAL
Cette étude vise à monter le lien étroit
entre la dégradation de l'environnement et l'état de santé
des populations.
OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
- Expliquer la manifestation de la dégradation de
l'environnement à Aboisso
- Identifier les risques sanitaires liés à la
dégradation de l'environnement à Aboisso
- Montrer que la propagation des agents pathogènes du
fait de la dégradation de l'environnement est liée au mauvais
état de santé des populations à Aboisso.
39
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE
La méthode hypothético-déductive est
l'approche retenue pour conduire l'étude. En effet, le raisonnement
scientifique de type hypothético-déductif prend
naissance avec une question (ou un problème) se traduisant par une
hypothèse soutenant provisoirement une théorie qu'il s'agira de
tester en confrontant cette dernière aux « faits ». Le terme
hypothético-déductif qualifie également une
démarche qui s'appuie « sur des propositions hypothétiques
pour en déduire des conséquences logiques »
Cette démarche nous permet de construire
progressivement des théories générales et des
modèles explicatifs que la communauté scientifique a pour mission
de chercher à conforter ou à réfuter en la mettant
à l'épreuve des tests empiriques.
Le raisonnement hypothético-déductif est la
capacité de déduire des conclusions à partir de pures
hypothèses et pas seulement d'une observation réelle. C'est un
processus de réflexion qui tente de dégager une explication
causale d'un phénomène quelconque. On a procédé
donc par la formulation d'hypothèses et par la suite on a essayé
de confirmer ou infirmer les différentes hypothèses
émises.
40
LA FORMULATION DES HYPOTHÈSES
Afin d'éclairer la question de la recherche, nous
avons retenu des hypothèses dont la principale est : la
dégradation accrue de l'environnement explique le mauvais état de
santé et la propagation des maladies à Aboisso.
De cette hypothèse centrale découlent les
hypothèses secondaires suivantes :
· Hypothèse 1 : La
ville d'Aboisso est dégradée, parce que l'évolution de la
population ne s'accompagne pas d'une gestion appropriée de
l'environnement.
· Hypothèse 2 : Les
risques de santé liés à l'environnement physique et les
mauvaises conditions d'hygiène expliquent la détérioration
de l'état de santé des populations à Aboisso
· Hypothèse 3 : Le
mauvais état de santé des populations dans la ville d'Aboisso est
lié à la propagation des agents pathogènes du fait de la
dégradation de l'environnement
41
3 - APPROCHE THÉORIQUE
3-1. Démarche de la géographie de la
santé en milieu urbain
SALEM G. (1998), à travers une étude sur la ville
de Pikine (Sénégal) a présenté la démarche
géographique permettant d'éclairer les phénomènes
de santé en milieu urbain.
Tableau 2 : Démarche géographique de la
géographie de la santé en milieu urbain
DÉMARCHE
|
CONCEPTS
|
MÉTHODOLOGIE
|
DÉMARCHE GÉOGRAPHIQUE
|
SCIENCE SOCIALE DE L'ESPACE
L'espace support/produit/Enjeu des rapports sociaux
DÉFINITION DE L'ESPACE GÉOGRAPHIQUE
|
L'ESPACE SYSTÈME SOCIAL
(Échelles, frontières, pôle gestion de
l'espace et contrôle
gradient, attraction etc.) territorial
INDICATEURS/MARQUEURS DE L'ESPACE
|
DÉMARCHE DE LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTE
|
GÉOGRAPHIE DE LA SANTE
DÉFINITION DES FAITS DE SANTE ET DE SYSTÈME DE
SANTE
|
L'ESPACE SOCIÉTÉ/TERRITOIRE
(Échelles, etc.) Gestion de l'espace
Considérée du point et contrôle territorial
du point de
de vue sanitaire vue de la santé notamment du
Système de soins
INDICATEURS/MARQUEURS DE L'ESPACE
|
ÉTAT DES LIEUX
DÉFINITION DE L'ESPACE SANITAIRE dont
la géographie des maladies et la géographie du système
de soins, etc.
PROFIL SANITAIRE DES POPULATIONS ET ESPACES
DÉTERMINANTS DES ÉTATS DE SANTE
|
L'ESPACE SOCIÉTÉ / TERRITOIRE
Comme distribution gestion de l'espace et contrôle
Spatiale de risque : territorial du point de vue de la
Population et/ou zone santé, notamment le système
de
à risque de soins
ÉTAT DE SANTE
Indicateurs synthétiques : mortalité, état
nutritionnel, etc.... Indicateurs de morbidité réelle
Indicateur de morbidité diagnostiquée
Indicateur de desserte et de couverture
sanitaires Indicateur de mode de vie en relation avec la santé,
etc...
|
APPLICATION DE LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTE A LA SANTE
PUBLIQUE
|
DIAGNOSTIC DE SITUATION SANITAIRES AIDE À LA
DÉCISION
|
PLANIFICATION SANITAIRE ALLOCATION DE RESSOURCES
|
Source : SALEM G, 1998
SALEM G, nous montre à partir de ce schéma
ci-dessus, que la démarche de la géographie de la santé
consiste à caractériser une société afin de mener
l'étude géographique des faits de santé. Ainsi, notre
espace d'étude sera étudié à diverses
échelles avec des indicateurs qui permettent d'établir la
relation société et santé. En nous appuyant sur la
démarche de la
42
Géographie de la santé, il est question pour
nous de mettre en relation les éléments de l'espace qui
constituent les facteurs explicatifs du niveau de dégradation de
l'environnement de la ville d'Aboisso face aux risques pathogènes.
3-2. Utilisation de théories pour conduire
l'étude
Une théorie est un ensemble de propositions assurant la
description ou l'explication d'un ensemble de faits. C'est également un
outil scientifique dynamique qui guide l'observation et se modifie pour
s'accommoder aux faits nouveaux.
- La théorie des
systèmes
La théorie des systèmes est un principe selon
lequel tout est système, ou tout peut être conceptualisé
selon une logique de système. On parle aujourd'hui plutôt de
Théorie systémique. Ce principe est formalisé en 1968 par
Ludwig Von Bertalanffy dans « General System Theory », mais les bases
sont multiples, la principale étant certainement le mouvement
cybernétique. Ces théories ont permis le développement du
concept de systémique.
Un système est d'après par Le Gallou (1992)
: « Un ensemble, formant une unité cohérente et
autonome, d'objets réels ou conceptuels (éléments
matériels, individus, actions, etc.) organisés en fonction d'un
but (ou d'un ensemble de buts, objectifs, finalités, projets, etc.) au
moyen d'un jeu de relations (interrelations mutuelles, interactions dynamiques,
etc.), le tout immergé dans un environnement ».
Avec la pluralité de définition de la
théorie des systèmes, nous avons retenu celle qui suit dans le
cadre de notre étude ;
- Von Bertalanffy :
o Un ensemble de parties. Un ensemble d'unités en
interrelations mutuelles ;
o Un système ouvert avec des flux d'information,
de matière, d'énergie, des vannes, des boucles de
rétroaction.
- De Rosnay :
o Un système est un ensemble d'éléments
constituant une entité, une unité globale avec une
limite.
o Un système est un ensemble
d'éléments en interaction dynamique organisés en fonction
d'un but
43
Le constat de la dégradation continuelle de
l'environnement est de plus en plus relevé par de nombreuses
études scientifiques. Le besoin d'intégrer les interactions dans
diverses recherches et de présenter clairement le système est
devenu une évidence. Ce concept de système guide notre
étude car il aide à observer la réalité et
l'ensemble des éléments dynamiques reliés entre eux.
Aussi, il favorise une approche qui nous conduit à la découverte
des relations que notre étude cherche à comprendre. L'approche
systémique, c'est donc l'application du concept de système
à la définition et à la résolution des
problèmes. Cette approche nous fournit une stratégie qui permet
d'apprécier et surtout énumérer des critères qui
permettent de procéder à la vérification des
hypothèses. Par ailleurs, ce système permet d'identifier les
mécanismes du système de l'environnement et ceux des autres
systèmes avec lesquels il interagit.
ü L'apport systémique dans
l'étude
Actuellement, la santé intégrative ne fournit
pas de modèle général expliquant le passage d'un
état de santé à un état de maladie, puis à
un état de guérison. Elle constate la complexité des
mécanismes multifactoriels et agit par pragmatisme en s'appuyant sur
l'expérience. À la différence des études
basées uniquement sur de la description, ou des analyses et
explications, l'apport de la théorie des systèmes s'attèle
à identifier les sous-systèmes (sous- ensembles) qui jouent un
rôle dans le fonctionnement du système. Cela suppose de
définir clairement les limites de ces sous-systèmes (pour faire
ensuite apparaître les relations qu'ils entretiennent entre eux ainsi que
leurs finalités par rapport à l'ensemble). Comme l'étude
vise à établir la corrélation, la théorie des
systèmes aidera à mieux la mettre en pratique,
44
Cadre conceptuel
DEGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
RISQUES SANITAIRES
PROBLEMES DE SANTE
Milieu social
REEACTIONS HUMAINES
Milieu physique
Milieu biologique
Figure 1: Cadre conceptuel
Source : Evans et Stoddart, 1990 / Adapté par
NIAMKÉ G M. (2016)
Le modèle multifactoriel systémique
représenté ci-dessus pour conduire l'étude est
constitué d'un ensemble d'éléments en interrelation qui
constituent le système environnement. L'environnement subit constamment
des dommages de toutes sortes qui donc traduisent la dégradation de
celui-ci. Ce schéma nous aide à observer la réalité
en le considérant comme étant formée d'ensembles
dynamiques inter-reliés. Cette approche permet de placer l'homme au
coeur d'un système environnement où sa santé ne cesse de
se fragiliser à cause de toutes ses perturbations environnementales. Le
modèle met en relation le sous-système milieu avec les composants
: milieu social, milieu physique et milieu biologique, le sous-système
état de santé et sous-système maladie. En ce qui concerne
la santé, le modèle des facteurs déterminants de la
santé est une approche qui explore tous les déterminants qui
fragilisent l'état de santé des populations. Il ressort du
modèle que la question de la dégradation de l'environnement
induit des risques sanitaires. Ce modèle permet donc d'établir
les interrelations
entre le sous-système dégradation et les
maladies développées par les populations à Aboisso. La
figure à la page suivante, est celle de la localisation de la ville
d'Aboisso.
45
Figure 2: Localisation de la ville
d'Aboisso
46
ÉCHELLES D'ANALYSE ET UNITÉS
D'OBSERVATION
- Échelle d'analyse
Deux échelles d'analyse pour conduire notre étude
: la première échelle concerne celle de
la ville et la deuxième s'observe au niveau des quartiers
;
- Au niveau de la ville
La ville d'Aboisso, présente plusieurs facettes qui
subissent la dégradation de l'environnement. Elle abrite des sites qui
sont les lieux de regroupement des déchets, que l'on observe à
l'intérieur des quartiers. Aussi, la ville présente des espaces
insalubres qui sont les manifestations de la dégradation de
l'environnement.
- Au niveau des quartiers : une échelle des facteurs
de dégradation et d'appréciation de l'état de
santé
Le quartier constitue une échelle pour mieux
apprécier le niveau de dégradation de l'environnement et surtout
connaître l'état de santé des populations. À
l'échelle du quartier, l'on peut mieux apprécier les rapports
entre la survenue des maladies et l'état de l'environnement. On peut
également identifier les pratiques des populations sur l'environnement
qui parfois constituent des risques sanitaires. Les déterminants de
santé qui constituent un fait important pour la santé seront
observés à l'échelle du quartier.
- Les unités d'observation
Diverses entités spatiales nous ont permis d'observer
les variables qui ont servi pour l'étude. Les sites de
déversements des eaux usées, les espaces d'entreposage des
déchets, les types d'activités, le type d'habitat sont des
indicateurs permettant d'apprécier l'état de l'environnement.
Aussi, la quantité des déchets, la nature des déchets,
l'insuffisance de système de drainage ont permis de relever les faits
liés aux problèmes environnementaux. Il a également des
indicateurs telles que le taux de consultation dans les centres de
santé, le nombre de cas maladies, la proportion des pathologies pour
comprendre l'état de santé des populations.
47
LES VARIABLES D'ANALYSE
ü Explication de choix des
variables
Pour l'étude, les variables ont été
retenues selon les hypothèses que nous avons formulées
caractérisant, l'évolution de la population, le niveau de gestion
de l'environnement, l'état de l'environnement, le risque sanitaire et
l'état de santé des populations permettent une explication du
rapport environnement et santé et aussi elles contribuent à
vérifier les hypothèses en vue d'atteindre les objectifs.
Les variables pour la vérification de
l'hypothèse 1.
Rappel de l'hypothèse 1 « La ville d'Aboisso
est dégradée, parce que l'évolution de la population ne
s'accompagne pas de gestion appropriée de l'environnement »
Tableau 3 : Tableaux des variables
Variables relatives à
|
Indicateurs
|
L'état de l'environnement
: Ces variables permettent d'apprécier
l'état de l'environnement et d'effectuer la
hiérarchisation du niveau de dégradation de
l'environnement selon les différents sites dans la ville
|
Les sites de déversements des déchets
Le cadre de vie des populations
Le type d'habitat
Les pratiques environnementales des populations
|
La gestion de l'environnement :
Ces variables permettent d'apprécier la
gestion de l'environnement dans la ville d'Aboisso
|
Dépôts sauvages
Fréquence de collecte des déchets
Élimination des déchets solides et liquides Types de
matériels pour la gestion de l'environnement Les voies de
communications
|
Source : Niamké G M. 2016
Plusieurs études s'intéressant à
l'environnement ont mis en évidence les liens entre la santé et
la qualité de l'environnement. Les variables qui très souvent ont
été utilisées pour caractériser la qualité
de l'environnement sont l'accès à l'eau potable,
l'assainissement, l'hygiène et la salubrité du logement et le
quartier. Il ressort des conclusions de la plupart des études que la
maîtrise de la qualité de l'environnement est désormais un
enjeu majeur de santé publique (OMS, 1994). En effet,
l'insalubrité, la promiscuité, l'hygiène
défectueuse, le manque d'accès à une eau potable, la
mauvaise élimination des déchets solides et liquides
créent des conditions propices au développement de germes
pathogènes responsables de nombreuses maladies (Briscoe et al. 1987).
48
Les variables pour la vérification de
l'hypothèse 2.
Rappel de l'hypothèse 2 « Les risques pour la
santé liés à l'environnement physique et également
crée par les mauvaises conditions d'hygiène expliquent la
détérioration de l'état de santé des populations
à Aboisso l'état de santé des populations »
Variables liées à
|
Indicateurs
|
|
Insuffisance de système de drainage
|
Aux risques sanitaires :
|
La quantité des déchets
|
Les variables relatives au risque
|
La nature des déchets
|
sanitaire permettent de rechercher les
|
Insalubrité des habitats
|
facteurs de risque associés à la
|
Multiplicité des zones insalubres
|
dégradation de la santé des
populations.
|
Techniques de gestion des déchets et eaux
usées
|
|
Utilisation des pesticides
|
|
Déchets déversés dans le fleuve
Bia
|
|
La dégradation des infrastructures sanitaires
|
Condition d'hygiène :
|
Le conditionnement de l'eau
|
Les variables permettent d'apprécier les
|
Les pratiques hygiéniques
|
pratiques des populations
|
La conservation des aliments
|
Source : Niamké G M., 2016
Les risques sanitaires associés à la
dégradation de la qualité de l'environnement traduisent le lien
entre l'environnement et la santé. Aussi, ces variables guident la
recherche sur la détermination de la distribution spatiale des risques
sanitaires observés dans la ville d'Aboisso.
Les variables pour la vérification de
l'hypothèse 3.
Rappel de l'hypothèse 3 « Le mauvais état
de santé des populations dans la ville d'Aboisso est lié à
la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de
l'environnement »
Variables liées à
|
Indicateurs
|
|
Les proportions des pathologies
|
L'état de santé des populations
:
|
Le niveau d'instruction
|
Les variables permettent d'apprécier
|
La propagation des maladies
|
l'état de santé des populations
|
Système sanitaire
|
|
Les décès liés aux problèmes
environnementaux
|
|
Taux de consultation dans les centres de santé
|
|
La typologie des maladies déclarées
|
Source : Niamké G M. 2016
49
1- Les techniques de collecte des informations
Pour l'étude, nous avons utilisé plusieurs
méthodes pour la collecte des informations, notamment des
méthodes en sciences sociales et épidémiologiques. C'est
par la recherche documentaire que nous avons débuté la collecte
des informations. Elle s'est organisée dans les bibliothèques et
nous avons donc visité les bibliothèques de l'Institut de
Géographie Tropicale (IGT), de l'Institut de Recherche et de
Développement (IRD), du Centre de Recherche et d'Action pour la Paix
(CERAP), la bibliothèque du Ministère de l'Environnement et du
Développement, de l'UFR des Sciences médicales de
l'Université de Cocody, la bibliothèque du centre suisse et de
recherche. Dans la continuité de la recherche des informations, nous
avons associé l'approche de l'enquête de terrain. Au total, cinq
techniques de collecte des informations ont été utilisées
pour l'étude.
- L'analyse documentaire ;
- L'observation directe ;
- L'enquête ;
- L'interview ;
- Les sources audiovisuelles
1-1- L'analyse documentaire
L'analyse documentaire a permis de consulter un certain nombre
d'ouvrages généraux et spécifiques en rapport avec notre
sujet d'étude. Aussi, ont été exploités des
documents cartographiques et statistiques, les mémoires, les rapports
d'étude et les travaux de recherche (thèses, articles).
De toute l'analyse faite, certaines documentations restent en
mémoire du fait qu'elles ont particulièrement guidé la
compréhension et la réalisation de l'étude.
Les ouvrages généraux et spécifiques
consultés ont servi non seulement à l'élaboration de
l'approche méthodologique, mais aussi ont donné des indicateurs
sur le niveau de dégradation de l'environnement et les maladies qui
surviennent de cet état de fait.
En ce qui concerne les documents statistiques, les travaux ont
été effectués avec les données statistiques
recueillies auprès des différentes structures impliquées
dans la gestion de l'environnement et les services de santé.
Ces données ont été utiles dans la
détermination de la taille des échantillons pour la distribution
des questionnaires.
50
1-2- L'observation directe
L'observation directe a reposé sur une présence
durable dans la ville d'Aboisso et s'est faite au cours de plusieurs visites
sur le terrain. Ces visites ont permis de prendre contact avec les populations,
favoriser un dialogue permanent et surtout d'observer l'état de
l'environnement de la ville. Elle a permis d'identifier les différents
niveaux de dégradation de l'environnement, ainsi que les
activités économiques exercées, les infrastructures et
équipements sanitaires, aussi les pratiques environnementales des
populations. L'exploitation des données d'observation s'est fait
parallèlement au déroulement d'entretiens semi-directifs. Elle
permet d'enrichir l'analyse des éléments recueillis par
interviews et entretiens, en confrontant discours et pratiques. L'observation
directe permet de décrire avec plus d'objectivité l'état
de la situation du phénomène étudié.
1-3- L'enquête par questionnaire
Cette méthode a été utilisée afin
d'obtenir l'information recherchée auprès des populations. Le
questionnaire élaboré est une suite de questions destinées
à faciliter le recueil de témoignages. À l'aide de l'outil
questionnaire semi-ouvert écrit qui offrait plusieurs
possibilités de réponses, nous avons recueilli des informations
auprès des populations.
Les questions portent sur des faits de santé, les
caractéristiques socio-économiques du ménage, les
pratiques environnementales, des opinions, des croyances, ou encore des
connaissances liées à l'environnement et la santé, les
différentes maladies développées et leur fréquence
de survenance, le lieu d'habitation, les solutions envisagées pour
améliorer le cadre de vie. Cette enquête a pris en compte les
ménages exposés et non-exposés que nous avons
comparé à la proportion de malades observés entre un
groupe de sujets exposés à un facteur de risque et un groupe de
sujets non exposés à un facteur de risque. L'enquête par
questionnaire vise à tracer un portrait des perceptions relatives
à la dégradation de l'environnement et l'état de
santé des populations de la ville d'Aboisso. L'enquête qui s'est
déroulée de mars à juin, couplé de visites
d'observation a visé donc à collecter des informations qui ont
servi à établir des liens et faire des comparaisons dans le
temps. Elle a permis également de décrire l'état de
santé de la population et repérer les inégalités de
santé entre les différents quartiers de la ville.
51
1-4- L'interview
Cette phase de la recherche a conduit à élaborer
un guide d'entretien. Les conversations ont été engagées
avec les autorités administratives, les autorités du district
sanitaire, les services en charge de l'environnement, et des ONG.
Au niveau des autorités administratives, les
informations recueillies ont porté sur :
- les acteurs de la gestion de l'environnement ;
- le budget de la gestion des déchets ;
- le personnel de la mairie affecté à
l'assainissement de la commune ;
- les actions concrètes menées par la mairie et le
conseil général pour assainir le
cadre de vie des populations ;
- les problèmes vécus quotidiennement en rapport
avec l'environnement et les
solutions envisagées pour y faire face ;
- la relation administration et la population dans la gestion de
l'environnement.
Au niveau des ONG et structures qui militent pour un
environnement sain
Les actions menées par les différentes
communautés et structures qu'ils gèrent.
- leurs opinions sur l'état de l'environnement de la
commune ;
- les risques sanitaires et leur souhait pour une
amélioration de la gestion de l'environnement.
Au niveau des autorités du district sanitaire, les
informations recueillies ont porté sur ;
Au niveau de la description de l'état de santé,
des informations sur les données sanitaires, sur les données
sociodémographiques ont fait l'objet de d'échange.
2 - Méthode d'échantillonnage
L'enquête a été menée sur une
population représentative avec des critères essentiels, pour
ensuite procéder à une généralisation. Pour ce
faire, nous avons retenu l'échantillonnage stratifié. Le principe
consiste à découper la population en sous-ensemble appelés
"strates". Le graphique suivant illustre le principe employé pour
réaliser l'échantillonnage stratifié
Population d'étude
Échantillonnage
Sous-ensemble
Échantillon
Population d'étude
52
Figure 3: Schématisation de
l'échantillonnage
Source : NIAMKE GM. Inspiré de Julie Vallée,
2008
V' L'échantillonnage stratifié
Le choix de l'échantillonnage stratifié, nous a
conduit a divisé la population en groupes homogènes
(appelés strates), en fonction des caractéristiques et
critères arrêtés à l'avance qui sont mutuellement
exclusifs, puis on sélectionne à partir de chaque strate des
échantillons indépendants. Dans la présente étude,
l'échantillonnage aléatoire simple a conduit la sélection
de l'échantillon à l'intérieur de chaque strate.
V' Création des strates
L'échantillonnage stratifié nous assure
d'obtenir une taille d'échantillon suffisante pour des sous-groupes de
la population à laquelle nous nous intéressons. Étant
donné que chaque strate devient une population indépendante.
V' Stratification préalable
L'enquête porte sur les ménages des
différents quartiers retenus selon les critères : type d'habitat,
sexe, âge, niveau d'instruction, état de l'environnement, niveau
social. En ce qui
53
concerne l'état de l'environnement, cela permette de
spatialiser les risques sanitaires, qui dans le sens défini par l'OMS
(2002), est la probabilité qu'un individu contracte une maladie par voie
directe ou indirecte. Les critères du sexe et de l'âge permettent
de catégoriser la tranche d'âge et le sexe des populations les
plus affectées. Le niveau social permet d'apprécier le
comportement environnemental des populations.
Ainsi, s'appuyant sur ces traits, nous avons
déterminé quatre strates auxquels nous avons associé des
quartiers correspondant aux différents critères consignés
dans le tableau.
Tableau 4 : Construction des strates
STRATES
|
CARACTÉRISTIQUES
|
1
|
Lotissement de type moderne, forte concentration
d'activités, Zone d'exposition aux dépôts de déchets
solides, des rejets liquides industriels et d'eaux usées.
|
2
|
Habitats résidentiels, constitués de villas
économiques et de quelques immeubles, niveau de dégradation
moyen.
|
3
|
Quartiers précaires dépourvus de
systèmes d'assainissement adéquats avec un niveau
d'insalubrité très élevé, suivie de plusieurs
expositions aux dépôts de déchets et de rejet d'eaux
usées.
|
4
|
Lotissement avec une forte concentration des populations,
niveau de dégradation de l'environnement avancé, avec exposition
aux dépôts de déchets, rejets d'eaux usées, espace
entouré d'eau.
|
Source : : Niamké G M. 2016
Ø Le choix des ménages à
enquêter
Plusieurs critères ont été retenus pour
l'enquête ménage. En ce qui concerne l'enquête, dans le
cadre de l'étude, nous retenons la définition du ménage
comme un groupe de personnes qui partagent les mêmes repas, vivent
ensemble sous un même toit, mettent en commun tout ou une partie de leurs
ressources et reconnaissent l'autorité d'une personne appelée
chef de ménage. Dans le ménage, il a été
interrogé le chef du ménage ou une personne répondant au
critère de l'âge, c'est-à-dire à partir de 18
ans.
Ainsi, le questionnaire conçu pour l'enquête sur
les ménages s'est basée sur le critère d'âge, le
type d'habitat, l'état de l'environnement et le niveau de
dégradation selon nos observations et critères
préalablement définis.
54
Le choix du critère du type d'habitat a
été guidé afin de permettre d'observer le niveau
d'insalubrité et de salubrité. Aussi, ce critère a permis
d'observer le mode d'évacuation des déchets liquides et solides,
et les sites des dépôts des déchets.
Concernant le niveau d'insalubrité, elle a permis de
relever les risques sanitaires, qui dans le sens défini par l'OMS
(2002), est la probabilité qu'un individu contracte une maladie par voie
directe ou indirecte. À travers le niveau d'insalubrité les zones
d'exposition potentielle selon la distance des lieux où se trouvent
également des populations ont été observées. Les
ménages dans les quartiers de forte concentration humaine ont
également été sélectionnés pour
l'enquête. Ce critère a permis d'apprécier le rapport
densité humaine et insalubrité et aussi apprécier la
quantité des déchets comparée aux autres quartiers de
concentration moins dense, afin d'établir des corrélations.
Le questionnaire comptait 54 questions et une question
ouverte (à la fin) qui permettait aux répondants d'apporter des
précisions et de faire des propositions sur la question de la gestion de
l'environnement de la ville.
Les questions étaient regroupées sous trois
sections qui visaient à connaître les caractéristiques
socio-économiques du ménage (Section I), les déterminants
environnementaux et manifestation de la dégradation de l'environnement
(Section II), et situation sanitaire (Section III).
Ø Tirage du nombre de ménages à
enquêter
La part de la population sur laquelle porte l'étude a
été obtenue à l'aide de la formule mathématique
ci-dessous :
55
Formule de calcul de la taille de
l'échantillon (n)
Z2(PQ)N
n = [e2 (N - 1) +
Z2(PQ)]
- Source : Adil EL Marhoum (1999)
- Explication littéraire
- n = Taille de l'échantillon ,
- N = Taille de la population mère ,
- Z = Coefficient de marge (déterminé à
partir du seuil de confiance) ,
- e = Marge d'erreur tolérée ,
- P = Proportion de ménages supposés avoir les
caractères recherchés. Cette proportion variant entre 0,0 et 1
est une probabilité d'occurrence d'un événement. Dans le
cas où l'on ne dispose d'aucune valeur de cette proportion, celle-ci est
fixée à 50% (0,5) ,
- Q = 1 - P.
- Application mathématique de la
formule
- On retient P = 0,50,
- Q = (1-0,5) = 0,50 ,
- On retient 95%, comme niveau de confiance donc Z=
1,96
- Marge d'erreur e = 0,05
(1,96)2 (0,5) (0,5) × (8696)
n = = 385
(0,05)2 × (8696-1) +
(1,96)2(0,5) (0,5)
À un niveau de confiance de 95 %, la taille minimale de
ménages représentatifs est estimée à 385
Cependant, dans le cadre de notre étude, nous avons
estimé le taux de réponse à 95%, en vue d'un
réajustement de la taille de l'échantillon afin de pallier
à d'éventuel refus ou défection de la part des
répondants. Ainsi, pour compenser la perte anticipée, il importe
de multiplier la taille de l'échantillon par l'inverse des taux de
réponses (GUMACHAN, MAROIS
et FEVE (2000). Dès lors, la taille
d'échantillon de ménages corrigée est : n =385 ×
100
95 = 405
- Déterminons la proportion des
ménages
Nombre de ménages représentatifs
Proportion de ménages =
Nombre de ménages total
Proportion de ménages =
|
405
|
= 0,046
|
8696
|
56
On obtient donc une proportion de 4,60%, ainsi pour calculer
le nombre de ménage à enquêter par quartier, on multiplie
le nombre de ménage par la proportion obtenue.
- Exemple de calcul mathématique pour le quartier
Administratif
4,60
Nombre de ménage à enquêter = 518 X = 23,82
Soit 24 ménages
100
57
Tableau 5 : Détermination des ménages
enquêtés
Quartiers
|
Nombre total de ménage
|
Proportion de ménage (%)
|
Nombre de ménage à
enquêter
|
SESSE
|
773
|
4,60
|
35
|
ADMINISTRATIF
|
518
|
4,60
|
23
|
ANTENNE
|
343
|
4,60
|
15
|
BELLE- VUE
|
o
|
4,60
|
0
|
COMMERCE
|
490
|
4,60
|
22
|
EBOIKRO SANWI
|
919
|
4,60
|
42
|
EBOIKRO SOS
|
0
|
4,60
|
0
|
EBROIKRO PROF
|
469
|
4,60
|
21
|
KONAN KAN
|
353
|
4,60
|
16
|
KOLIAHIWA
|
267
|
4,60
|
12
|
BOIS BLANC
|
121
|
4,60
|
5
|
PETIT MARCHE
|
538
|
4,60
|
24
|
LYCÉE
|
456
|
4,60
|
20
|
PANAN PANAN
|
499
|
4,60
|
22
|
PLATEAU
|
0
|
4,60
|
0
|
TP
|
853
|
4,60
|
39
|
SPE
|
161
|
4,60
|
7
|
SOKOURA
|
1558
|
4,60
|
71
|
TP. EXTENSION
|
272
|
4,60
|
12
|
TOTAL
|
|
|
386
|
Source : INS, 2014
|
|
|
|
58
3.1. Le traitement de l'information
Pour la méthode de traitement de données, on
s'est proposé d'examiner les résultats de l'enquête en
réalisant des traitements allant de l'analyse unidimensionnelle (tris
à plats, tris croisés, histogrammes,) aux analyses
multidimensionnelles en effectuant principalement des analyses factorielles de
correspondances, ainsi que des tests statistiques.
Ainsi, selon le mode de traitement statistique et
cartographique, nous avons utilisé diverses méthodes statistiques
selon les questions d'analyse posées. Les tableaux, les graphiques, et
des cartes sont les résultats des traitements opérés avec
le maniement des données recueillies. Les logiciels tels que, Sphinx,
Excel et Arcgis ont été utilisés pour la
réalisation des opérations statistiques et cartographiques. Les
données issues de nos enquêtes ont été saisies au
fur et à mesure de la collecte au moyen du logiciel Sphinx, puis
classifiées en catégorie selon les indicateurs liés au
phénomène étudié.
Approche du traitement des données
La saisie des données recueillies a été
faite avec le logiciel sphinx où nous avions préalablement
élaboré un masque de saisie. La saisie des données
terminées, nous avons procédé à un épurement
de la base de données puis regroupés les informations selon les
thématiques et les indicateurs définis. Ainsi, à l'aide
des logiciels Excel, SPSS, Arc Gis, le traitement des données saisies a
été réalisé. Les résultats de ces
différents traitements se traduisent par les tableaux, les graphiques et
les cartes présentés dans le document.
Analyse et interprétation de données
obtenues
Les différentes informations que le logiciel de saisie
à traduit et synthétisé ont permis de réaliser des
graphiques (courbes et diagrammes) à partir du logiciel Excel version
2013. Nous avons également réalisé les cartes avec les
logiciels suivants : Adobe Illustrator version CS 4, Arc View version 3.2 et
Envi. Les résultats consignés dans les différents tableaux
ont fait l'objet de commentaires, d'analyse, d'explication et
d'interprétation. L'analyse des données a permis d'établir
des relations entre les différents phénomènes
observés et permis de mieux apprécier les relations entre les
différentes variables et d'élaborer clairement les rapports de
causalité. En sommes, les illustrations contenues dans ce travail final
se présentent sous forme de photographies, de graphiques et de
cartes.
§
59
La démarche statistique
Utilisation des tests statistiques pour notre
étude
Plusieurs études réalisées s'appuient sur
la base d'échantillons. En effet, comme il est presque toujours
impossible de travailler sur la population totale concernée par
l'enquête, diverses raisons sont évoquées pour expliquer
l'usage de la base d'échantillon. On peut citer entre autres, le
coût financier, les raisons techniques, le temps. Ainsi, on se demande
comment savoir si une tendance observée dans un échantillon est
bien valable pour l'ensemble de la population. C'est pour répondre
à cette question que l'on fait appel aux tests statistiques. Ceux-ci
permettent de s'assurer que les résultats observés dans un
échantillon sont généralisables (ou non) à
l'ensemble de la population concernée. Plusieurs tests statiques ont
été utilisés à cet effet.
Le choix des tests statistiques
-Le test de Khi2
Le test d'indépendance du Khi2 (l'écriture
anglaise est « chi-square ») a été
développé par PEARSON K. (1857-1936).
L'expression test du Khi2 recouvre plusieurs tests statistiques,
trois tests principalement :
· le test d'ajustement ou d'adéquation, qui
compare globalement la distribution observée dans un échantillon
statistique à une distribution théorique, celle du Khi2 ;
· Le test d'indépendance du Khi2 qui permet
de contrôler l'indépendance de deux caractères dans une
population donnée ;
· le test d'homogénéité du Khi2
qui teste si des échantillons sont issus d'une même
population.
Le test qui nous intéresse ici est uniquement le test
d'indépendance du Khi2. Ce test sert à apprécier
l'existence ou non d'une relation entre deux caractères au sein d'une
population, lorsque ces caractères sont qualitatifs où lorsqu'un
caractère est quantitatif et l'autre qualitatif, ou bien encore, lorsque
les deux caractères sont quantitatifs mais que les valeurs ont
été regroupées.
Le test de Khi2 permet également de
hiérarchiser les phénomènes selon leur importance et
d'indiquer leur poids dans l'explication de l'association. Le test est mis en
oeuvre pour savoir si une relation découverte au sein de
l'échantillon étudié est valable à l'échelle
de la population totale dont est tiré cet échantillon
Le test de Khi2, est un test de généralisation
statistique permettant d'évaluer s'il existe une relation
statistiquement significative entre deux variables ou si, à l'inverse,
celles-ci sont
60
indépendantes. Le test d'indépendance du Khi2
sert à apprécier l'existence ou non d'une relation entre deux
caractères au sein d'une population, lorsque ces caractères sont
qualitatifs où lorsqu'un caractère est quantitatif et l'autre
qualitatif.
Le test de Khi2 permet également de
hiérarchiser les phénomènes selon leur importance et
d'indiquer leur poids dans l'explication de l'association. Le test est mis en
oeuvre pour savoir si une relation découverte au sein de
l'échantillon étudié est valable à l'échelle
de la population totale dont est tiré cet échantillon.
- Le test de régression
La régression logistique est l'un des modèles
d'analyse multivariée les plus couramment utilisés en
épidémiologie. Elle permet de mesurer l'association entre la
survenue d'un évènement (variable expliquée qualitative)
et les facteurs susceptibles de l'influencer (variables explicatives). Le choix
des variables explicatives intégrées au modèle de
régression logistique est basé sur une connaissance
préalable de la physiopathologie de la maladie et sur l'association
statistique entre la variable et l'évènement. Les principales
étapes de sa réalisation, les conditions d'application à
vérifier, ainsi que les outils essentiels à son
interprétation sont exposés de manière concise. Nous
discutons aussi de l'importance du choix des variables à inclure et
à conserver dans le modèle de régression afin de ne pas
omettre des facteurs de confusion importants. Enfin, un exemple tiré de
la littérature permet d'illustrer le propos et de vérifier les
acquis du lecteur.
- Tests de comparaison de moyenne appelés analyse
de variance
Si le test de l'analyse de variance est significatif, cela
indique qu'au moins deux moyennes sont différentes. Pour connaître
quelles moyennes diffèrent entre elles, il faut réaliser ensuite
un test de comparaisons multiples de moyennes. Un tel test permet de constituer
des groupes de moyennes non significativement différentes entre elles.
C'est ainsi que l'on peut analyser complètement l'influence du facteur
étudié et que l'étude permet de prendre des
décisions : choix, préconisation de certaines des
modalités étudiées, par exemple. La statistique de test
est la différence entre deux moyennes observées. Elle est
comparée à une différence critique (valeur critique),
encore appelée Plus Petite Amplitude Significative (PPAS).
61
- Stratégie de recherche et traitement des
données
Pour collecter les informations afin de vérifier
empiriquement le modèle théorique, un questionnaire a
été administré aux ménages de la ville d'Aboisso.
En ce qui concerne l'interprétation des résultats, elle permet
d'identifier les facteurs influençant la dégradation de
l'environnement dans l'ensemble du système et de montrer les risques
sanitaires qui en découlent, mais aussi et surtout, le traitement vise
à mettre en relation des variables afin de prouver le lien
significatif.
6- Les difficultés liées à la
recherche
Il faut disposer de ressources suffisantes afin de
réduire considérablement les difficultés
rencontrées au cours des différentes étapes de la
recherche. Pourtant, cela a constitué un gros handicap pour nous sur le
terrain. L'acquisition de données dans les différents services et
institutions, les enquêtes de terrain et les expériences ont
été difficiles. Les difficultés ont été
également observées au niveau de la population qui est parfois
méfiante aux questions relatives à l'état de santé.
La disponibilité des autorités pour les rendez-vous d'entretiens
très souvent manqués a constitué un frein de la collecte
des informations.
Aussi, la difficulté a résidé dans la
recherche des travaux scientifiques sur la question de la dégradation et
l'état de santé des populations à Aboisso. Très peu
de travaux montrent clairement la relation entre ces deux
éléments à savoir : environnement et la santé. Le
tableau synoptique qui suit présente la synthèse de de la
méthodologie et des résultats attendus.
Tableau 6 : Présentation synoptique de la
recherche
Constats Problèmes Objectifs
Hypothèses Méthodologie Résultats Plan
|
|
La dégradation de l'état
l'environnement à Aboisso
Les sites et les actions humaines constituent un
risque pour la santé des populations
La santé des populations est
fragilisée par la dégradation de l'environnement
Malgré les travaux d'assainissement et de ramassage
des déchets effectués par les services, la ville compte des sites
insalubres qui se différencient d'un quartier à un autre.
Malgré que la santé des populations reste
fragilisée par la présence des détritus, cela continue de
ne pas être toujours traité.
Bien que
l'environnement subisse continuellement des dommages
néfastes par l'homme, il demeure le cadre de rapport quotidien pour
l'homme entrainant ainsi des impacts sur sa santé.
Expliquer la manifestation de la dégradation de
l'environnement à Aboisso
Identifier les risques pour la santé liées
à la dégradation de l'environnement
Établir le lien entre la dégradation de
l'environnement et la santé des populations
La ville d'Aboisso est dégradée, parce que
l'évolution de la population ne s'accompagne pas d'une gestion
appropriée de l'environnement.
Les risques pour la santé liés à
l'environnement physique et également crée par les mauvaises
conditions d'hygiène expliquent la détérioration de
l'état de santé des populations à Aboisso
Le mauvais état de santé des populations dans
la ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents
pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement
- Recherches bibliographiques et documentaires -Entretiens
libres - Questionnaire et observation de terrain
Recherches bibliographiques et documentaires -Entretiens
libres - Questionnaire observation de terrain
Recherches Bibliographiques et documentaires -Entretiens
libres - Questionnaire observation de terrain Analyse et traitement des
données statistiques
Calcul enquête de terrain
La réalisation de la cartographie du niveau de
dégradation de la ville
Présenter les
différents risques qui fragilisent l'état de
santé des populations
Présenter les maladies liées à
l'environnement développées par la population
1ère Partie : Population, cadre de vie et
manifestation de la dégradation de l'environnement à
Aboisso
2ème Partie : Risques de maladies
liées à la dégradation de l'environnement
3ème Partie : Relation santé et la
dégradation de l'environnement
62
63
STRUCTURE DE LA THÈSE
Cette thèse est organisée en trois parties. La
première partie est consacrée à la question de la
population, cadre de vie et manifestations de la dégradation de
l'environnement à Aboisso. La seconde partie traite de la ville
d'Aboisso, un espace dégradé soumis aux risques sanitaires. La
troisième partie permet d'établir le lien entre la
dégradation de l'environnement et la santé des populations.
PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET
MANIFESTATION DE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À
ABOISSO
|
|
64
Ces dernières décennies, la ville d'Aboisso a
connu une expansion démographique qui s'est accompagnée de
diverses activités socio-économiques exercées par les
populations. Cette croissance urbaine, a entraîné un
déficit dans le service de gestion de l'assainissement créant
ainsi créant ainsi d'énormes problèmes liés
à la qualité de l'environnement, notamment au niveau du cadre de
vie urbain, avec une dégradation manifeste. En évoquant la
problématique de la dégradation de l'environnement et la
santé des populations à Aboisso, dans cette partie
consacrée à la manifestation de la dégradation de
l'environnement, nous aborderons la question de la population, le cadre de vie
et aussi présenterons les différentes facettes de l'environnement
et le niveau de dégradation.
65
CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE
Les difficultés liées à la non
maîtrise de la croissance de la population urbaine, constituent des
indicateurs qui contribuent à la dégradation de l'environnement.
Soumise à une forte croissance urbaine dans un contexte de
sous-équipement en services d'assainissement, la ville d'Aboisso
n'échappe pas à cette situation qui se traduit par la propagation
de nombreux espaces insalubres dégradant ainsi le cadre de vie. Ainsi,
face à l'explosion démographique ces dernières
années, de nombreux déséquilibres dans l'occupation de la
ville sont observés. Comme de nombreuses villes de la Côte
d'Ivoire, la ville d'Aboisso est constituée de centres administratifs et
commerciaux. Aussi, de grandes masses de populations s'y trouvent-elles
rassemblées sur de faibles superficies, où se concentre
également la majeure partie des activités.
L'analyse des caractéristiques
sociodémographiques des enquêtés revêt un
caractère important du fait de l'utilisation de ces informations dans
l'explication des niveaux et tendances des conditions de vie et de
santé. Les données recueillies portent sur les
caractéristiques essentielles des enquêté(e)s telles que
l'âge, le lieu de résidence, le niveau d'instruction, les maladies
développées, l'opinion sur la gestion de l'environnement dans la
ville d'Aboisso.
66
1.1. Caractéristiques sociodémographiques
La ville d'Aboisso située dans le Sud-est de la
Côte d'Ivoire à 116 km d'Abidjan, est le chef-lieu du
Département d'Aboisso. Elle est composée d'une population de 43
282 habitants (INS, 2014) avec une superficie de 7 278 km2,
regroupant 19 quartiers. La zone d'étude se caractérise par son
site fortement accidenté, sa mutation spatiale (zone
périphérique, zone en transition) et sa spécificité
environnementale (zone industrielle, zone d'agriculture urbaine et
périurbaine). On y trouve plusieurs secteurs d'habitats de types
résidentiel et semi-résidentiel. La plupart des habitats sont
constitués principalement d'habitats de bas et moyen standing et aussi
de l'habitat précaire. Selon les estimations de l'Institut National de
la Statistique, la population de la ville d'Aboisso a plus que doublé en
28 ans entre 1998 et 2014. Cette évolution de la population a
été favorisée par des facteurs exogènes à la
ville, notamment les déplacements dus à la crise
post-électorale en 2010.
1.1.1. Évolution démographique de la ville
d'Aboisso
En 1965, Aboisso était une petite agglomération
de 8 964 habitants. Avec un taux de croissance moyen annuel de 4,76%, elle a
atteint une population estimée à 14 272 habitants au recensement
de 1975. En 1988, la population agglomérée d'Aboisso était
de 21 218 habitants, soit un taux d'accroissement moyen annuel de 3,15%. De
1980 à 1998, la population atteignait les 80 000 habitants. Avec le
dernier RGPH de 2014, la population est estimée à 43 282
habitants. Ce recensement, permet d'avoir des informations statistiques sur les
ménages et aide à apprécier l'évolution de la
population sur plusieurs périodes.
Population en millier
67
|
|
|
|
|
|
|
|
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42
|
43 282
658
|
|
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|
40
|
400
|
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|
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|
27
|
218
|
|
|
|
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|
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|
|
|
|
21
|
348
|
|
|
|
|
|
|
|
|
14
|
272
|
15
|
151
|
16
|
650
|
|
|
|
|
|
|
8
|
964
|
10
|
000
|
|
|
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|
|
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|
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|
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|
|
|
|
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
Source, INS 2016
Année
Figure 4 : Évolution démographique de
la population de la ville d'Aboisso (1965-2014)
Ce graphique en nuage de point permet de dégager les
grands traits de l'évolution de la population avec les repères
chronologiques. Entre 1960 et 1970, la population d'Aboisso croît
lentement au rythme de 0,34% par an. La période suivante de 1975
à 1980, on observe une évolution de la population en dent de
scie. De 1980 jusqu'à 1990, la population de la ville augmente de
façon constante, puis de 2000 à 2012 on observe une augmentation
rapide de la population. Sur le plan national le taux d'accroissement urbain
atteint sa plus haute valeur à 10,3 % annuel et la population des villes
double en sept ans (RGPH, 1998), avec un taux d'urbanisation qui est
passé de 32 % en 1975 à pratiquement 50 % en 2014, Cette
situation s'observe également dans la ville d'Aboisso, qui voit sa
population passée de 27 218 habitants en 1998 à 40 00 habitants
en 2007. Les causes de cette croissance sont multiples, d'une part, l'attrait
des plantations s'atténue considérablement depuis la chute des
cours à partir de 1960 et le courant migratoire devenu plus faible se
détourne partiellement du milieu rural. D'autre part, les villes sont
favorisées par de nouveaux facteurs de développement. La
croissance économique générale multiplie les
créations d'emplois secondaires et tertiaires concentrés dans les
villes et en premier lieu la capitale, la mise en place d'un découpage
administratif à mailles plus fines et l'ouverture des chefs-lieux de
Sous-Préfecture favorisent l'essor de nombreux petits centres. Enfin,
les ruraux originaires de l'environnement immédiat
68
prennent une part accrue dans le peuplement de la ville.
Depuis les années 80, la courbe de croissance démographique de la
ville d'Aboisso est exponentielle, elle n'a jamais été aussi
rapide.
1.1.2. Évolution spatiale
En 1958, Aboisso était bâtit sur 90 ha, et
constituait une petite agglomération avec une population de 7 500
habitants, soit un taux d'occupation d'environ 120 habitant/m2 soit
83hbtss/ha. En 1986, soit 28 ans après, la superficie urbanisée
atteignait 417 ha, pour une population de 16 650 habitants, ce qui correspond
à environ 250 habitant/m2 soit 40 hbts/ha de densité
brute. Depuis cette date, le quartier Sokoura constitue le seul lotissement
d'extension réalisé sur 40 ha (avec environ 30 ha de superficie
utile), la ville d'Aboisso étant bâtit sur un site fortement
accidenté et difficile à urbaniser. La densité brute
actuelle est d'environ 56 hbts /ha. Cette évolution spatiale s'explique
par l'urbanisation rapide que connaît en générale le
Sud-Est de la Côte d'Ivoire. Le tableau 7, indique l'état
d'occupation du sol de la ville d'Aboisso.
Tableau 7 : État de l'occupation du
sol
QUARTIERS
|
POPULATION
|
LOTS BÂTIS
|
NON BÂTIS
|
EN CHANTIER
|
TOTAL DES LOTS
|
ADMINISTRATIF
|
120
|
27
|
8
|
3
|
38
|
BELLE- VUE
|
40
|
103
|
16
|
5
|
124
|
COMMERCE
|
3 900
|
260
|
6
|
10
|
276
|
EBROIKRO SANWI + PROF
|
800
|
101
|
42
|
116
|
259
|
SOS SETU
|
180
|
122
|
119
|
5
|
354
|
RIVE GAUCHE
|
5 020
|
502
|
114
|
102
|
718
|
TP + EXTENSION
|
1 440
|
153
|
10
|
17
|
180
|
TOTAL QUARTIERS LOTIS
|
10 900
|
1125
|
563
|
258
|
1949
|
|
SOKOURA
|
9 200
|
650
|
0
|
-
|
0
|
TOTAL VILLE
|
20 100
|
1775
|
601
|
343
|
1949
|
|
Source : BNETD, 2002
69
Contrairement à ce que semble indiquer le tableau7
précédent, à savoir une certaine prédominance de
l'offre par rapport à la demande, la situation actuelle est plutôt
difficile.
En 1981, le quartier S.O.S, entièrement
viabilisé (routes bitumées, électrification et adduction
d'eau) par la Société d'Équipement des Terrain Urbain
(SETU), s'adressait à une clientèle à revenue
élevé (cadres de la ville). En conséquence, sur les 1 949
parcelles totales signalées plus haut, seulement 220 étaient
situées dans des lotissements évolutifs ou économiques.
Par ailleurs, suite au retrait progressif de l'État des projets de
lotissement et la liquidation de la SETU, la commune n'a
bénéficié d'aucune autre opération d'extension.
Depuis plusieurs années, l'offre foncière légale est
restée inexistante face à une très forte demande, ce qui a
favorisé l'émergence du quartier spontané de Sokoura.
Cette zone a toutefois, bénéficié d'une
régularisation foncière ultérieure à la faveur du
projet de restructuration financé par l'USAID (716 lots).
1.1.3. Proportion de la population selon l'âge et le
sexe
Le tableau 8 donne les estimations des effectifs selon le
sexe et l'âge. On relève que la tranche d'âge de 20 à
64 ans, qui représente la population active à l'effectif le plus
important soit 40,94% de la population totale de la ville d'Aboisso. Le nombre
de personne de 20 à 64 ans, a augmenté de 1998 à 2014 pour
atteindre 17 721 (en 2014).
Les données de l'enquête de terrain,
présente 69,90% des hommes enquêtés et 30,10% de femmes.
Tableau 8 : Population totale par sexe et
âge
Age Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
0-4 ans
|
2258
|
2053
|
4 311
|
0-9 ans
|
2603
|
2664
|
5 267
|
10-14 ans
|
3951
|
3346
|
7 297
|
15-19 ans
|
4554
|
3586
|
8 140
|
20-64 ans
|
9812
|
7909
|
17 721
|
65 et plus
|
271
|
274
|
545
|
|
23 449
|
19 832
|
43 281
|
|
Source : INS, 2014
70
1.1.4. Structure de la population
On relève que la proportion de la tranche d'âge
15 à 34 ans (2014), occupe un taux important avec 19 262 habitants soit
40,50% de la population totale. La période de vie entre 15 à 34
ans est pour la plupart du temps marquée par l'entrée dans la vie
active, impliquant ainsi cette tranche de la population dans diverses
activités. Ce rapport permanent entre activités et environnement
s'ouvre sur des risques de fragilisation de l'état de santé.
Aussi, vient celle des moins de 15 ans qui compte 38,98% de la population
totale. Cette information relative à la population en âge de
travailler suscite une amélioration marquée des niveaux de vie,
surtout dans le domaine de l'éducation et de la formation.
1.2. Caractéristique systématique des
quartiers et cadre de vie
Notre étude s'inscrit dans une démarche
systématique, défini à cet effet comme un système
environnement-société. À cet effet, nous
considérons comme sous-système les différents quartiers de
la ville qui constituent des composantes environnementales. Un système
est déterminé par le choix des interactions qui le
caractérisent, c'est-à-dire le critère d'appartenance au
système (déterminant si une entité appartient au
système ou fait au contraire partie de son environnement). Ainsi,
à partir de cette définition, les quartiers à Aboisso ont
été analysés en prenant en compte un quartier comme un
ensemble complexe de faits et d'éléments en relation, en traitant
ces derniers dans leur globalité. Cette étape de l'analyse permet
de relever et de présenter les observations à différentes
échelles des quartiers de la ville, comme nous le montre la figure 5.
.
Échelle de la ville
Échelle du quartier
Source : Niamké, 2016
Cadre de vie
Habitat Travail, Loisirs, Commerces
Figure 5 : Échelle de représentation
ville et quartier
71
Le cadre de vie est employé dans l'expression courante
pour désigner « ce qui entoure un espace, une scène, une
action ». Le découpage de la ville d'Aboisso, en plusieurs
quartiers avec diverses fonctions (habitat, travail, loisirs, commerces)
contribue à accroître l'espace de vie. Aussi, cette transformation
des rapports de l'homme à son milieu tend à produire une
unité urbaine qui traduit l'éclatement de la morphologie de la
ville d'Aboisso. La direction des services d'hygiène et de
salubrité de la ville d'Aboisso au cours de nos entretiens, a
indiqué que le traitement des problèmes liés à
l'environnement, est l'un des points d'action de la politique de la ville qui
est mis en avant pour l'amélioration du cadre de vie. Le cadre de vie
renferme un ensemble d'indicateurs à savoir ; la pyramide des âges
des habitants, la catégorie socio-professionnelle, le niveau
d'instruction, les origines géographiques (rurale/urbaine) et/ou
nationales, sociales des habitants dans lequel les habitudes des populations
sont réalisées. Il s'agit dans ce qui suit de faire ressortir les
différents types d'habitats, les équipements et autres espaces
qui environnent les populations de la ville d'Aboisso.
1.2.1. Création des quartiers et habitation
Par leur assise territoriale, les quartiers sont la
première entité de la ville (Laganier et al. 2002). La
définition des quartiers comporte à la fois une dimension
géographique qui renvoie à leur localisation dans l'environnement
urbain et une dimension sociale et culturelle L'enjeu dans notre étude
est aussi d'organiser notre démarche autour de la comparaison de deux ou
plusieurs quartiers afin de mieux apprécier le phénomène
de dégradation de l'environnement selon la densité de chaque
unité spatiale. La présentation des différents quartiers
indiquera les critères de différentiation qui permettra de mener
des analyses et traduire les résultats liés aux enquêtes et
observations réalisées. L'image qui suit permet d'observer les
quelques types
1.2.2. Les différents quartiers de la ville
d'Aboisso
La ville d'Aboisso est divisée en deux grandes parties
par un cours d'eau : la Bia. Un pont situé au 1/3 Sud de la ville les
relie. La partie rive droite compte une population de 11 746 habitants, soit
69, 70% de la population de la ville et couvre au total, une surface de 353
hectares. La densité brute est de 33 hbts/ha.
72
1.2.3. La présentation des quartiers rive droite
Les quartiers de la rive droite, sont les plus anciens et les
plus peuplés. Les quartiers évoluent du Nord au Sud, et sont
composés des quartiers commerce ou Eboikkro sanwi, le quartier TP, le
quartier collège, le quartier administratif, tous au bord de la lagune
Bia. Plus à l'Ouest et dans le même ordre, le quartier Koliahiwa,
le quartier résidentiel ou SETU (1ère et 2ème
tranche), le village SOS, le quartier nouveau TP et Belle-vue.
Photo 1 : Une vue des habitats (TP-Extension),
cliché Niamké, 2016
- Quartier commerce
Situé en bordure de la Bia, il est le premier quartier
loti d'Aboisso. Principal centre d'activités et de services, ce quartier
constitue le centre moteur de la ville. Toutes les activités modernes et
traditionnelles y sont réunies. On y trouve aussi un grand nombre de
services publics. Les constructions ont un ou deux niveaux avec des commerces,
des bureaux administratifs au rez-de chaussée et des logements à
l'étage.
- Quartier administratif
Le quartier administratif prolonge le quartier commerce au
Nord, dont il est le prolongement en termes de représentativité
des activités économiques Il a été loti en 1971,
après le
73
déguerpissement du quartier agni (Ebouakro Sawi). On
trouve dans ce quartier entièrement occupé, les grands services
tels que la Préfecture, la Mairie, un central
téléphonique.
- Quartier TP
Il est situé au Nord-ouest du quartier commercial.
C'est un quartier ancien peu étendue, occupé par un habitat
économique de type cour, situé en bordure de la Bia. Le site est
parfaitement inondable pendant les crues.
- Les quartiers Koliahiwa, Sokoura et antenne
Du point de vue structure et organisation, ces quartiers ne
présentent pas de grandes différences. Ils sont tous non lotis et
ont de forte densité. Séparés par un talweg, Koliahiwa est
au Nord et Sokoura au Sud. Sokoura a fait l'objet d'une restructuration qui a
entraîné sa densification. Le trop plein de population est
allé grossir la zone d'habitat spontané du quartier. Les
quartiers Sokoura et Koliahiwa sont les quartiers non, lotis (quartiers qui ont
été restructurés)
1.2.4. La présentation des quartiers rive
gauche
Les quartiers de la Rive gauche, appelés Assouessi sont
composés des quartiers Panan-Panan, Konan-Kan, Bois-Blanc, SPE et les
quartiers Antenne et Sessé.
- Le quartier Sessé-antenne
Compris entre la bretelle du franchissement de la Bia et le
carrefour des quartiers Konan-Kan, le quartier Sessé long de près
de 2 km de route du Centre d'Animation et de Formation Pédagogique
(CAFOP) et s'étend à l'Est sur une profondeur d'environ 1 500 m.
C'est un quartier résidentiel moyen standing qui a fait l'objet d'un
plan de lotissement. Il occupe le Sud-est de la rive.
- Le Konan-kan
En forme de cerf-volant, le quartier Konan-kan, est pris en
sandwich entre les quartiers Sessé et Panan-Panan. La partie polygonale
se développe de façon linéaire le long d'une colline avec
un bras rattaché au polygone sur la crête, dans la direction Est.
C'est un quartier évolutif, avec quelques parcelles en construction
résidentielle moyen standing.
74
- Le Panan-Panan
C'est le quartier qui présente le grand nombre
d'établissements de la ville. Progressivement Panan-Panan est devenu le
quartier dortoir scolaire par excellence. Les constructions visiblement
associent modernité et parfois un peu de traditionnelle.
- Le quartier Ebouakro-Sawi
C'est un quartier situé à l'Ouest du quartier
administratif doit-il faisait partie avant le déguerpissement de 1971.
Il est loti et est occupé par des résidentiels moyens standings.
On y dénombre quelques commerces. Ce quartier est bien placé pour
évoluer vers les quartiers commerce et administratif.
- Le quartier SETU - SOS
Ebouakro résidentiel ou SETU est le prolongement ouest
d'Ebouakro Sawi. Il fait la jonction entre le village SOS et Ebouakro sawi. Ce
quartier à vocation résidentielle haut standing est loti que le
domaine SOS. Il occupe une superficie de 20,15 ha avec une extension
prévue de 20 ha et représente à lui seul la surface d'un
gros village.
- Le quartier Nouveau TP-belle vue
Ces quartiers se trouvent au Sud-ouest de la ville
près du village SOS. Ils se caractérisent par l'inoccupation des
lots et la beauté de leur site.
1.3. Rapport ménages et cadre de vie
Le cadre de vie présente une différenciation
très marquée selon les ménages et les différents
quartiers de la ville d'Aboisso. L'environnement urbain est approprié
par des pratiques, déterminées elles-mêmes par des
représentations sociales et des pratiques. Par ces processus
d'appropriation, l'environnement urbain devient un cadre de vie avec lequel
chacun entretient un rapport spécifique. Leurs rapports au cadre de vie
sont en partie corrélés à des positions
socio-économiques et à des localisations, mais en partie
seulement, si bien qu'ils ont leur pouvoir explicatif propre sur les pratiques
de mobilité.
Lorsque les ménages établissent un rapport
fonctionnel avec leur quartier, cet usage est rarement exclusif. En effet, plus
mobiles, ils investissent d'autres espaces que celui de leur quartier. Cette
différenciation, en partie liée aux caractéristiques
socioéconomiques des
ménages, est aussi liée au contexte dans lequel
les habitants évoluent. Les pratiques des populations ont un effet sur
l'espace, c'est ce qui traduit le schéma suivant. (Figure
6)
Source : Niamké, 2016
Figure 6: Schéma des pratiques et
représentations dans le cadre de vie
Pratiques
Transformation
Incidence
Représentations
75
Les « pratiques » que nous évoquons dans
cette étude, se traduisent par l'identité des ménages, la
perception et des jugements implicites à leur milieu de vie. Cette
identité est avant tout sociale et s'observe à l'échelle
des quartiers. Cependant, les comportements s'expliquent aussi par les
caractéristiques individuelles, les pratiques qu'apprécie la vie
de quartier, son dynamisme et son caractère. « Les
représentations sociales sont des systèmes
d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres
qui, orientent et organisent les conduites et les communications sociales
». Denise J
À la diversité des rapports au cadre de vie
observable, s'ajoute la divergence du contexte de la vie quotidienne. Le
contexte multi scalaire dans lequel s'inscrivent les pratiques des
ménages au cadre de vie permet de passer d'une vision statistique de la
mobilité à des façons de vivre, c'est à dire une
approche concrète de la vie quotidienne et même une approche
sensible à travers les représentations des milieux de vie.
L'analyse du contexte urbain à différentes échelles
confirme l'influence d'éléments et de combinaison
d'éléments sur le cadre de vie. Le schéma des faits
observés dans le cadre de vie, qui suit nous montre les
éléments en interaction dans le cadre de vie.
Déchets et collecte
Activités économiques
État de santé
Aménagements
Risques majeurs
Nuisance, Pollution
Services et administrations
Quartiers et cadre de vie
Distribution et collecte de l'eau
76
Source : Niamké, 2016
Figure 7: Schéma des faits observés
dans le cadre de vie
Le cadre de vie fait référence à
différents aspects dans le quartier qui se traduisent par la
qualité de vie, qu'offre l'ensemble des éléments en
interrelation. Ainsi, on observe que l'état de santé qui est un
aspect à considérer fait partie intégrante de l'ensemble
des éléments qui constitue le maillon du quartier.
1.4. Physionomie de l'habitat à Aboisso
Dans la ville d'Aboisso, l'habitat s'observe à travers
différentes formes. Il résulte d'une configuration architecturale
qui varie selon les milieux, les contraintes d'ordre physique (nature du
terrain). L'extension de la ville d'Aboisso, a entrainé une
diversité de logements et de constructions variées de l'habitat.
Cette architecture innovante tend à se développer, car les
populations manquant de plus en plus d'espace pour construire, doivent donc
s'implanter dans des endroits où les contraintes sont plus
nombreuses.
1.4.1. Types d'habitats
Selon le mode de construction ou de production des logements, on
distingue l'habitat résidentiel, l'habitat
résidentiel-évolutif et l'habitat spontané.
77
1.4.1. 1. L'habitat résidentiel
L'habitat résidentiel s'observe dans les zones dites
résidentielles, qui désignent les zones urbaines appartenant
à un quartier où l'habitat est planifié et est très
souvent issu de grands chantiers. Il désigne un habitat où la
conception, le financement, la réalisation d'un grand nombre de
logements sont dus à la responsabilité d'un seul intervenant ou
d'un nombre restreint d'intervenants. Le quartier Eboikro-SOS est le principal
quartier résidentiel de la ville. Par contre, on retrouve des logements
de haut standing à travers d'autres quartiers, notamment derrière
le Lycée et le collège moderne.
1.4.1.2. L'habitat
résidentiel-évolutif
L'on dénombre deux (2) quartiers mixtes
évolutif- résidentiel. Le quartier commerce, abrite des
bâtiments coloniaux, des équipements modernes, des boutiques et
entrepôts, ainsi que des concessions d'habitat évolutif. Le
quartier Eboikro Sawi, est l'un des premiers quartiers modernes de la ville.
Bâti sur un site assez difficile, il est majoritairement composé
d'habitat de moyen standing. Il couvre la plus grande partie de la ville. Les
quartiers Rive gauche et TP, les plus grands quartiers évolutifs de la
ville, sont largement dominé par les concessions à cour commune.
Ils offrent des logements de petites tailles, deux (2) pièces et une (1)
pièce généralement appelé « entrer- coucher
». Les coûts du loyer y sont accessibles aux ménages à
revenu faible.
1.4.1.3. L'habitat spontané
À l'origine, ce type d'habitat est indépendant
de la volonté de l'administration : il est le résultat d'une
pression démographique urbaine très forte et d'un niveau de
revenu très modeste. L'habitat spontané est d'une part
adaptée aux besoins et aux faibles revenus d'une population sans emploi
stable et répond d'autre part, à l'urgence qu'il y a à
accueillir une population nombreuse. Ce type d'habitat se prête à
une heureuse évolution sur place, par la réalisation de voiries,
d'assainissement, de dessertes en eau et électricité, etc...
L'habitat spontané ou encore habitat précaire, se
caractérise par la densité du bâti, non structuré et
par les matériaux de constructions utilisés souvent fragiles avec
un manque d'espace entre les habitations. Il se caractérise aussi par
son grand nombre de ménages au sein d'une seule habitation
extrêmement contraignant et par la forte concentration de la population
dans la zone. Les quartiers Sokoura et Koliahiwa, situés à la
sortie de la ville par la route d'Ayamé, se sont implantés de
façon spontanée et abritent selon INS, (2014) près de 1825
ménages ne disposant
78
pas de toutes les commodités. La photo
présentée en dessous est une prise dans le quartier Sokoura, qui
nous révèle une précarité non seulement dans les
matériaux utilisés pour la construction, mais aussi au niveau
sanitaire.
Photo 2: Habitats précaires à
Sokoura, (cliché Niamké, 2016)
Cette image montre une cour de type précaire,
construit avec des matériaux de récupération. C'est une
habitation où vit une famille nombreuse avec des conditions de
précarité prononcées. Les faits de promiscuité sont
désagréables et laissent apercevoir des insuffisances en
matière hygiénique. Cette situation de précarité,
met en cause les indicateurs de l'état de santé des populations
qui s'y trouvent.
1.5. Morphologie des logements
L'analyse effectuée selon la morphologie des logements
s'est opérée en fonction du type du quartier où a
été menée l'enquête ménage. Ce sont, les 19
quartiers de la ville qui ont été visités pour la
réalisation de l'enquête et les observations. La morphologie des
quartiers a été considérée comme indicateur pour
l'appréciation de certains faits liés à l'état des
logements. L'interaction complexe qui s'y déroule entre la population et
le site.
Les problèmes que soulèvent les unités
géographiques varie selon la taille du quartier. Ainsi, pour mener une
analyse à un niveau géographique, il faudra tenir compte de
plusieurs considérations des groupes de populations, d'effectifs les
moins importants aux plus importants. Le tableau suivant fait un
récapitulatif de la proportion des ménages enquêtés,
en y associant le quartier où s'est déroulée
l'enquête.
79
Tableau 9 : Répartition des ménages par
quartier
Quartiers
|
Nombre total de ménage
|
SESSE
|
773
|
ADMINISTRATIF
|
518
|
ANTENNE
|
343
|
BELLE- VUE
|
o
|
COMMERCE
|
490
|
EBOIKRO SANWI
|
919
|
EBOIKRO SOS
|
0
|
EBROIKRO PROF
|
469
|
KONAN KAN
|
353
|
KOLIAHIWA
|
267
|
BOIS BLANC
|
121
|
PETIT MARCHE
|
538
|
LYCÉE
|
456
|
PANAN PANAN
|
499
|
PLATEAU
|
0
|
TP
|
853
|
SPE
|
161
|
SOKOURA
|
1558
|
TP. EXTENSION
|
272
|
TOTAL
|
|
|
Source : NIAMKÉ, 2016
Le tableau 9 permet de constater que 18,39 % des
ménages enquêtées de Sokoura qui constitue le quartier le
plus peuplé de la ville avec 1 558 habitants INS, (2014). À
l'observation de ce quartier on relève que la concentration de
population s'observe dans le quartier spontané.
En plus, selon le tableau, les quartiers Bois blanc et SPE
représentent la proportion la plus faible de ménages
enquêtées. Par contre, les quartiers tels que Commerce,
koliahiwa, TP. Extension, antenne, konan Kan, lycée, Ebroikro
prof, Panan panan, Administratif, Petit Marche restent les quartiers avec
une proportion moyenne des personnes enquêtées Une autre lecture
de ce tableau montre que le quartier spontané de Sokoura, TP, Eboikro
Sanwi concentrent une forte densité de leur population.
80
Comparativement au tableau 9 qui présente la
répartition des ménages par quartier, le tableau 10,
présent la répartition des ménages de la ville d'Aboisso
par quartier selon le type de construction.
Tableau 10: Répartition des ménages de
la ville d'Aboisso par quartier selon le type de construction
QUARTIER
|
Total
|
Villa moderne
|
Maison simple
|
Logement en bande
|
Appartement dans immeuble
|
Concession
|
Casse traditionnelle
|
Baraque
|
Total
|
5337
|
353
|
1896
|
1074
|
157
|
1092
|
731
|
34
|
ADMINISTRATIF
|
326
|
13
|
276
|
7
|
19
|
6
|
0
|
0
|
ANTENNE
|
216
|
18
|
44
|
104
|
5
|
32
|
10
|
0
|
BELLE-VUE
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
BOIS BLANC
|
76
|
13
|
23
|
19
|
0
|
16
|
4
|
0
|
COMMERCE
|
308
|
21
|
103
|
67
|
25
|
80
|
0
|
0
|
EBOIKKRO SOS
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
EBOIKKRO SANWI
|
578
|
30
|
219
|
91
|
53
|
169
|
0
|
0
|
EBOIKRO-PROF
|
295
|
87
|
138
|
28
|
23
|
7
|
2
|
1
|
KONAN KAN
|
222
|
4
|
138
|
6
|
0
|
67
|
1
|
3
|
LYCEE
|
287
|
36
|
29
|
150
|
10
|
8
|
50
|
2
|
PANAN-PANAN
|
314
|
7
|
63
|
73
|
5
|
20
|
131
|
3
|
SOKOURA
|
980
|
12
|
304
|
10
|
2
|
241
|
395
|
9
|
TP
|
524
|
31
|
219
|
68
|
2
|
155
|
1
|
4
|
T.P EXTENSION
|
171
|
23
|
53
|
85
|
2
|
6
|
0
|
0
|
SESSE
|
486
|
37
|
126
|
163
|
3
|
137
|
9
|
2
|
PETIT MARCHE
|
338
|
21
|
76
|
107
|
8
|
117
|
1
|
3
|
KOLIAHIWA
|
168
|
0
|
57
|
9
|
0
|
18
|
80
|
2
|
PLATEAU
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SPE
|
101
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
Source : INS, 2016
Ce tableau traduit la préférence en
matière de logement des populations d'Aboisso. Les maisons simples
accueillent le plus de ménages avec une proportion de 35,52%. Les
concessions et les logements en bande occupent respectivement 20,46% et 20,12%.
Par ailleurs, les baraques n'occupent que 0,63% et sont les formes de maison
les moins répandues avec un taux inférieur dans l'ensemble des
types de construction. En ce qui concerne les logements en bande, ils
constituent le type de maison qui occupe la 3ème place de
choix pour les populations qui y habitent. L'enquête
réalisée a permis d'observer les types de matériau
utilisés pour la construction des logements. Ainsi, on le voit
clairement, les maisons dont les murs sont construits en bloc de ciment
constituent le modèle le plus répandu dans toute la ville.
81
1.6. Activités économiques et
dégradation de l'environnement
Le développement des activités
économiques nous emmène à nous interroger sur le lien
entre activités économiques et dégradation de
l'environnement. La réalité que soulève le
développement des activités économiques est qu'il
s'accompagne de l'amélioration du bien-être de la population.
Cette multiplicité des activités économiques, qui
s'accompagnent de production des déchets est l'une des manifestations de
la dégradation de l'environnement de la ville d'Aboisso. Les
dégradations les plus particulièrement visibles sont les
déchets non collectés qui polluent aux abords des rues et restent
stockés sur les lieux de déversement des déchets. La photo
3 ci-dessous est celle prise au niveau du marché principal et dont la
non collecte sur plusieurs jours entraîne des perturbations
environnementales.
Photo 3: Déchets sur le site du marché
principal.
(Cliché Niamké, 2016)
La production des déchets devrait s'accompagner d'une
collecte efficace, afin d'éviter
les amoncellements des détritus qui visiblement
créent des dommages environnementaux sur l'espaces mais, le constat que
nous offre cette photo est que les déchets produits restent sur place
pendant des jours avant d'être collectés. La conséquence de
cette situation est traduite par la dégradation du cadre de vie.
1.6.1. Développement des activités et le
phénomène de dégradation de l'environnement
La ville d'Aboisso, comme pour la plupart des villes de
Côte d'Ivoire se caractérise par la densité de la
population et par la diversité des activités. Pour Lussault,
(2003), la densité des personnes et des réalités
matérielles, mais aussi la diversité des groupes sociaux, des
activités, des espaces urbains, constituent le couple
densité/diversité qui ferait l'urbanité.
82
Selon le même auteur, l'urbanité dépend
aussi, « de la configuration spatiale » de ce couple densité-
diversité. Aboisso, connaît une diversité
d'activités exercées par les populations. Selon les divers
secteurs d'activités économiques, différentes
activités sont également pratiquées par les
populations.
1.6.2. Les secteurs d'activités de la ville
d'Aboisso
La pluralité des activités qui se pratiquent
dans la ville est regroupée selon les trois grands secteurs
d'activité économique suivant à savoir le primaire, le
secondaire et le tertiaire. Le secteur primaire regroupe les
activités liées à l'exploitation des ressources naturelles
: pêche, agriculteur, artisanat, et qui concernent la collecte et
l'exploitation directe de ressources naturelles (matériaux,
énergie, et certains aliments). Le secteur secondaire concerne
les industries de transformation (agissant sur une matière) et le
secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui va du
commerce à l'administration, en passant par les transports, les
activités financières et immobilières, les services aux
entreprises et aux particuliers, l'éducation, la santé et
l'action sociale, la sécurité, le nettoyage, etc.). Pour mieux
apprécier le poids relatif d'activité par secteur, referons-nous
au tableau 11 ci-dessous.
Tableau 11: Aperçu du poids relatif à
chaque secteur d'activité économique
Secteurs d'activités Part de la population Part de la
population (%)
Primaire 54 13,98
Secondaire 108 27,97
Tertiaire 224 58,03
Source : Enquête NIAMKE, Février
2016
L'enquête réalisée auprès des
ménages a permis de voir les tendances observées dans les
différents secteurs d'activités. Ainsi, on a relevé que le
secteur tertiaire occupe 58,03 % des habitants de la ville d'Aboisso. Ce
secteur d'activité qui regroupe les branches telles que ; assurance,
audit, banque, commerce, électricité, éducation,
formation, hôtellerie, restauration, café, informatique,
logistique réparation, transport, communication etc., est en effet
pourvoyeur d'emploi. Le commerce et les petits métiers sont des
activités où on retrouve plus de la moitié de la
population active. En ce qui concerne le secteur secondaire, qui regroupe
l'agroalimentaire, l'automobile, les bâtiments et travaux publics
(BTP), l'industrie pharmaceutique, l'électronique,
l'électroménager, l'industrie papetière, l'industrie du
bois, l'artisanat d'art, occupe 27,97%. Ce secteur occupe le deuxième
rang de la part de la population en activité après juste
après le secteur tertiaire.
83
1.6.3. Activités économiques à
Aboisso
Comme indiqué, la ville d'Aboisso regorge une
diversité d'activités. L'enquête a relevé que
plusieurs activités se pratiquent dans la ville selon les
différents secteurs d'activités économiques. Le tableau
ci-dessous fait un récapitulatif des branches d'activités
à Aboisso. L'enquête a permis de déterminer l'ensemble des
activités pratiquées par la population. Le secteur tertiaire
domine pratiquement les deux autres secteurs d'activité. De toutes les
branches d'activités que présente la ville, le commerce reste
l'activité prépondérante. Elle occupe selon nos
enquêtes réalisées plus de la moitié de la
population active.
1.6.4. Activités humaines et leurs impacts
sur l'environnement
Les effets des activités économiques sur
l'environnement dans la ville d'Aboisso touchent divers espaces. Ces liens
conduisent les populations à adopter des comportements qui visent
à réduire les risques. Pour certains ménages,
l'utilisation d'insecticides permet d'éviter la multiplicité
d'insectes. Les activités économiques sont à l'origine des
problèmes environnementaux qui affligent les rues et même les
caniveaux. D'autres facteurs aggravant l'impact des activités
économiques sur l'environnement sont liés à la croissance
démographique et le comportement social. Les activités humaines
peuvent être catégorisées selon les conséquences
liées aux niveaux d'impacts.
84
Conclusion du chapitre I : Population et cadre de
vie
L'ampleur des activités humaines ne fait que
croître, de sorte que leurs effets augmentent en équipollent. Les
crises environnementales s'accentuent également et les
conséquences sur l'être humain constituent des menaces
sérieuses. Les sociétés du Sud, les plus pauvres, donc les
plus dépendantes de la nature, sont les plus vulnérables et sont
déjà affectées, mais les sociétés du Nord ne
sont nullement à l'abri et ressentent déjà les effets
pervers de nos modes de vie. Des changements sociétaux de grande ampleur
doivent donc être amorcés au plus vite avant que la situation ne
nous échappe totalement. Les observations de terrain, ont poussé
notre réflexion sur les liens entre les activités menées
par les populations, la production des déchets et la préservation
de l'environnement. Pour cela, le fait d'établir un état des
lieux des atteintes à l'environnement a été
nécessaire à l'entame du chapitre 2.
Nous avons vu de ce qui précède que
l'état de l'environnement à Aboisso est marqué par de
graves dégradations causées par les activités des hommes.
Ces impacts que nous qualifions de néfastes conduisent dans la suite de
l'étude, à présenter le mode de gestion de
l'environnement, à relever les déterminants de la
dégradation de l'environnement puis en faire des analyses et aussi
établir le niveau de dégradation de l'environnement.
CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION
DE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO
|
|
85
Les relations entre population et environnement sont
multiples, non linéaires, sensibles à diverses échelles
d'observation. La manifestation de la dégradation de l'environnement
dans la ville se définit à partir de l'état que
présente l'environnement. Ainsi, à travers différents
niveaux, et selon des critères définit, l'état de
l'environnement peut être catégorisé, selon qu'il soit
faiblement dégradé, fortement dégradé ou
moyennement dégradé. Dans ce chapitre, une présentation de
l'état de l'environnement est réalisée associant les
facteurs qui concourent continuellement à expliquer la manifestation de
la dégradation à Aboisso.
86
2.1. L'environnement à Aboisso : les aspects
à considérer
Pour traiter la problématique sur la
dégradation de l'environnement et la santé des populations dans
la ville d'Aboisso, il convient de prendre en compte une multiplicité de
facteurs liés notamment à la physiographie (relief,
géomorphologie), à la climatologie (pluviométrie,
température, le climat et l'eau), aux ressources en sol, aux ressources
forestières, aux ressources en eau et aux différentes variables
liées à l'état de l'environnement.
2.1.1 L'environnement à Aboisso :
dimension historique
Le processus de détérioration de
l'environnement à Aboisso, tout comme dans plusieurs villes ivoiriennes
remonte à l'époque coloniale (Service de l'hygiène
publique Aboisso, 2016). Le Sud-Est ivoirien est une région
pionnière de l'économie de plantation, qui a vu l'introduction du
café à Élima, au bord de la lagune Aby, en 1982 et
quelques années plus tard le cacao. L'activité agricole s'est
progressivement intensifiée autour du binôme café-cacao qui
est devenu le pilier de l'économie de la région (Hauhouot, 2004).
La pression agricole exercée sur de vastes superficies va
entraîner progressivement des dommages sur les forêts. Aboisso est
une zone forestière à l'extrême Sud -Est de la Côte
d'Ivoire, qui de plus en plus est le théâtre d'une exploitation
des terres agricoles. En effet, les populations autochtones (Agni)
installées entre le 16ème et le
18ème siècle, ont, à partir de leur village
originel et profitant des pistes ouvertes dans la sylve par les exploitants
forestiers, essaimé l'espace d'une multitude de campements de culture
(Essan, 1986). Aussi, la baisse de la production agricole occasionnée
par la dégradation des forêts qui a pour corolaire, l'insuffisance
des terres cultivables et la réduction des superficies des cultures
vivrières pose un autre problème à Aboisso. Autrefois, le
manioc frais, la banane plantain, l'igname et le taro étaient produits
en quantité suffisante dans la région d'Aboisso. Les superficies
plantées de ces cultures couvraient plusieurs centaines d'hectares. Par
exemple, en 1975, les exploitations de manioc couvraient 6000 ha, celles de la
banane plantain s'étendaient sur 30 000 ha tandis que l'igname
s'étalaient sur 1 200 ha. Au totale, ces cultures vivrières
avaient une superficie de 37 200 ha (Statistiques agricoles, 1974). À
partir de cette surface cultivée, c'était plusieurs milliers de
tonnes qui ont été produits à Aboisso pour nourrir une
population de moins de 100 000 ha (RGPH, 1975). Les vergers de café et
de cacao sont vieillissants et souvent mal
entretenus. Ceci joue négativement sur leurs
rendements déjà insuffisants (le rendement du café est
compris entre 300 et 350 kg/ha ; celui du cacao ne dépasse pas 500
kg/ha.) Les cultures vivrières sont développées de
manière extensive sur brûlis, pour la consommation des
87
exploitants agricoles. En outre, s'ajoute la pression
démographique qui s'accompagnent d'un développement progressif
d'autres activités notamment les commerces de rue, associée
à la pression des populations sur l'espace. À tous ces faits, il
faut aussi mentionner la destruction des multiples forêts, champs,
plantations de cacao et de café dans le cadre de la reconversion de
culture.
2.1.2. L'environnement à Aboisso :
état des lieux
La définition du terme environnement retenue pour
notre étude, se réfère de manière stricte à
l'ensemble des éléments constitutifs du milieu d'un être
vivant, et, de façon plus large, à l'ensemble des
éléments constitutifs du paysage naturel et du paysage
artificiellement créé par l'homme susceptibles d'agir sur les
organismes vivants et les activités humaines et la santé. Aboisso
est située sur le cours inférieur du fleuve Bia, dans le Sud-Est
de la Côte d'Ivoire, et dominée par des hauts plateaux. Le relief
très accidenté, notamment dans la partie Nord-Est (dans les
Sous-Préfectures d'Ayamé et de Bianouan) et à l'Est (dans
la Sous-Préfecture de Maféré), aussi la ville
représente une dépression au quadruple point de vue de la
géomorphologie, de la climatologie, de la lithologie et de
l'érosion. Autrement dit, les risques de désastres qu'encourt la
ville (tremblements de terre, cyclones, tempêtes tropicales, glissements
de terrain, éboulements, etc.) sont liés (en grande partie)
à sa position géographique, sa topographie et à son
histoire géologique. Aboisso, se trouve dans une zone inondable. Cette
situation l'expose parfois à des inondations qui entraînent des
destructions. Pour se faire une idée de la dégradation de
l'environnement, observons le tableau de l'état de l'environnement qui
se caractérise aujourd'hui par la multiplicité des sites
insalubres, consécutivement au déversement des eaux usées
dans les caniveaux qui sont quasi totalement bouchés.
L'élimination anarchique des déchets dans la nature et dans le
fleuve Bia, la pollution des sols et des eaux à cause des engrais et
rejets industriels de tous genres constituent des problèmes
observés qui dégradent l'environnement dans la ville. On peut
également s'en convaincre en survolant le quartier précaire
Sokoura, avec des facettes de l'environnement dégradé.
88
2.2. Les différentes facettes de l'environnement
à Aboisso
L'environnement dans la ville d'Aboisso, se présente
sous plusieurs facettes. En effet, la ville est un véritable «
melting-pot4 », à travers les multiples activités
qui s'y trouvent. De ce fait, les milieux naturels se trouvent
transformés, bouleversés, dégradés par les remblais
et les déblais réalisés pour la réhabilitation et
la construction des routes, et de diverses autres activités liées
aussi à la construction des maisons. Pour les travaux
d'aménagement de la route Grand Bassam - Aboisso-Noé,
l'environnement a subi des atteintes, les travaux de terrassement mettant les
sols à nu, comblant les cours d'eaux et les marécages qui
servaient de déversoirs d'orage et de stations naturelles
d'épuration des eaux usées. Ainsi, en se mêlant aux eaux
usées, le ruissellement des eaux de pluie traîne des ordures
déversées, crée des inondations des zones basses et
accroît l'insalubrité du milieu. La photo 4 présente un tas
de déchets entre les cours dans le quartier TP extension.
Photo 4: Déversement des déchets
entre les habitats et état de
l'environnement (Cliché Niamké,
2016)
2.2.1. Manifestation de la dégradation de
l'environnement
La manifestation de la dégradation de l'environnement
de la ville s'observe à plusieurs niveaux selon l'échelle des
quartiers. En plus de l'observation effectuée, l'enquête
ménage a permis d'avoir une nette appréciation des faits de
manifestations de la dégradation. Selon les différents quartiers,
la dégradation bien que présente, est visible de diverses
manières. Le
4 Endroit où se mêlent
des éléments d'origines très variées, où se
rencontrent des idées différentes.
89
tableau ci-dessous est le résultat de l'enquête
de terrain réalisée auprès de la population. Cette partie
de l'enquête a été consacrée à la perception
des faits qui entraînent une dégradation constante dans la ville
d'Aboisso.
inssuffisance de gestion
de l'environnement 13%
canniveaux
bouchés
63%
manque de poubelles
22%
manque de materiels
2%
Figure 8: Facteurs dégradant de
l'environnement à Aboisso Source : Nos
enquêtes, 2016
Les informations contenues dans le figure 8 traduisent les
résultats de l'enquête opérée auprès de la
population. Il s'agit de la question 23, concernant les facteurs qui pourraient
expliquer la dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso.
Ainsi, sur un total de 385 enquêtés, on relève que 63,6
% soit plus de la moitié, affirment que les facteurs qui expliquent
la dégradation de l'environnement sont liés aux caniveaux
bouchés de la ville. D'autres facteurs comme le manque de poubelles,
l'insuffisance de gestion de l'environnement et le manque de matériels
ont été évoqués comme facteurs explicatifs de
dégradation de l'environnement. De ce fait, après les caniveaux
bouchés suit le manque de poubelles qui représente 22,00 %.
L'enquête a montré que l'insuffisance de poubelles à
travers diverses endroits de la ville explique le déversement des
déchets très souvent dans les rues, le fleuve et dans les
caniveaux. Les proportions les plus faibles sont particulièrement
l'insuffisance de gestion de l'environnement avec 13,60 % et le manque
de matériels avec 0,80 %. On retient de l'analyse que la
perception des populations sur les facteurs qui dégradent
l'environnement est dominée par les caniveaux bouchés. Aussi,
pour une meilleure lisibilité le graphique ci-dessous est
indiqué.
90
2.2.2. La perception de la population sur les
facteurs de dégradation de l'environnement
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la dégradation de
l'environnement dans un espace donné. Pour l'étude et
particulièrement à Aboisso, l'enquête a permis de montrer
les facteurs qui expliquent cette dégradation de l'environnement dans la
ville. L'enquête réalisée auprès des ménages
sur la perception de la dégradation de l'environnement a permis de nous
en rendre compte que plusieurs indicateurs sont visibles par la population pour
décrire l'état de l'environnement.
2.2.3. Attitude des populations comme facteurs de
dégradation de l'environnement Les facteurs expliquant la
dégradation de l'environnement sont divers, mais parmi ceux-ci, on
relève l'action de l'homme qui contribue également à la
dégradation quotidienne du cadre de vie. Le comportement des
ménages enquêtés a permis d'identifier les
différents modes de rejet de déchets dans la ville d'Aboisso. Les
lieux repérés qui servent de déversoirs des déchets
sont ; les bacs à ordure ; la rue, les caniveaux ; le fleuve Bia, les
puits perdus et fosses septiques. La figure 9 ci-dessous présente les
proportions relevées de nos enquêtes des pratiques des
populations, pour ce qui concerne le rejet des déchets.
Devant votre maison Dans la lagune Fosse septique
Bac à ordure Dans la rue à ciel ouvert Dans
les caniveaux
21%
11%
3% 7%
14%
44%
Figure 9 : Modes des rejets des déchets par
les populations
Source : Nos enquêtes, 2016
La figure 9 présente les différents modes
utilisés par les populations pour le rejet des déchets liquides
et solides. On relève que le mode de rejet des déchets dans les
bacs à ordure demeure le plus utilisé par la population. Pour ce
qui concerne le mode des rejets des déchets devant la maison, on a
relevé que le fait le plus courant, est le rejet des déchets
liquides. Les
91
rejets des déchets liquides s'observent à tous
les niveaux, aussi bien devant les cours, dans la rue, mais aussi aux abords de
la rive du fleuve Bia. L'illustration avec la photo 5 permet d'apprécier
l'état de l'environnement au niveau de la rive du fleuve Bia sur le
prolongement du quartier commerce. Sur la rive du fleuve Bia, on
s'aperçoit qu'essentiellement les matières fécales des
humains et animaux, les déchets ménagers s'y trouvent.
Photo 5: Une vue des résidus de
déchets déversés sur les rives du fleuve
Bia (Cliché, Niamké 2016)
Les abords du fleuve Bia, sont utilisés par les
populations comme site de déversement des déchets de tout genre.
Cette photo montre un aspect du comportement des populations dans le processus
de dégradation de l'environnement. Cette situation de rejet permanent
des déchets dégrade les rives de la Bia.
2.2.4. Le niveau d'implication de la population dans
la dégradation de l'environnement
Le rôle de la population d'Aboisso dans la
dégradation de l'environnement est visible à travers plusieurs
faits et comportements observés. En effet, l'enquête
réalisée auprès des ménages a relevé que la
population à travers diverses actions contribue à la
dégradation de l'environnement. Non seulement, elle produit
quotidiennement des déchets, dont les rejets participent à la
dégradation de l'environnement, mais aussi elle adopte des attitudes
dont les répercussions affectent l'état de l'environnement. De
nombreux cas d'insalubrité les plus souvent occasionnés par les
populations ont été relevés. De la production de
déchets à la gestion, on observe une implication des populations
qui ne s'accompagne pas de bonnes
92
pratiques. La figure 10 montre le taux de proportion de la
population dans la production des déchets à Aboisso.
Production des déchets Non
4%
96%
Figure 10: Production des déchets par les
populations Source : Niamké, 2016
La population de la ville d'Aboisso produit
régulièrement des déchets. La proportion de la population
produisant des déchets est estimée à 96%, contre 4% des
personnes répondant ne pas produire de déchets. Cette proportion
traduit l'importance de la production des déchets par la population dans
la ville à Aboisso. Parmi les éléments qui affectent
l'état de l'environnement à Aboisso, nous avons relevé que
le rejet des déchets dans les bacs à contribue également
à la dégradation du cadre vie. Les observations menées sur
les facteurs de dégradation et la perception de la population nous
conduisent à élaborer la figure suivante. La figure 11, ainsi,
réalisée montre les facteurs de l'accentuation de la
dégradation de l'environnement.
Concentration des déchets à la décharge
du marché
Stagnation des eaux usées
Rejet des déchets dans le fleuve Bia
Déchets non collectés
Caniveaux et égouts
Dégradation du cadre de vie
Dégradation de la santé humaine
93
Figure 11: Accentuation de la dégradation de
l'environnement Tiré de cahiers scientifiques (2011),
système de nuisance et mode de vie) Adapté par :
Niamké, 2016
Une approche systémique des effets de nuisance sur
l'environnement est représentée par la figure 11 : Aussi, de
façon globale ce modèle permet de décrire la perception
des populations liées à la question relative aux effets qui
contribuent à la dégradation continuelle de l'environnement. Bien
que, 44% de la population utilise les bacs à ordure comme
réceptacle de déversement des déchets, on observe que les
déchets laissés sur place avant le ramassage deviennent un effet
de dégradation. La figure 11 permet de voir les indicateurs qui
dégradent le cadre de vie. Notons que la santé humaine est
perturbée par les indicateurs relevés.
2.3. Les facteurs de dégradation de
l'environnement
Depuis plusieurs années, la qualité du milieu
de vie en Côte d'Ivoire ne cesse de se dégrader et cela s'observe
à l'échelle des villes. Aboisso est un exemple qui permet
d'apprécier cette réalité. Cette dégradation
constante et évolutive de l'environnement présente divers
facteurs. Des résultats scientifiques ont prouvé que les
activités que développent les hommes sont très souvent
l'une des causes explicatives de la dégradation de l'environnement. De
plus en plus, la ville d'Aboisso, qui présente un relief très
accidenté, jalonné de vallées, reste soumise aux
aléas de l'inondation. La croissance démographique s'explique
généralement par deux facteurs principaux : les migrations et
l'accroissement naturel. Le taux de croissance démographique dus
à l'accroissement naturel est de 3,4% pour Aboisso, (RGPH, 2014) ce qui
explique le niveau élevé du taux de croissance
démographique.
94
2.3.1. La croissance démographique, un dommage pour
l'environnement à Aboisso
Les relations population-environnement s'inscrivaient dans
une grille d'analyse fortement imprégnée des idées
malthusiennes5. Le postulat de départ était que : la
croissance démographique a des effets néfastes sur
l'environnement (Ehrlich, 1968). Cette thèse, a fait l'objet de diverses
études afin de comprendre et d'établir clairement la relation
entre la démographie et l'environnement. Dans le cas de notre
étude, on peut noter d'un point de vue démographique que la
croissance de la population n'a cessé d'être observée
depuis 1975 jusqu'à 2016. De ce fait, cette croissance qui s'accompagne
de modification de la consommation et de mode de vie, n'a cessé de
perturber et intensifier les problèmes liés à
l'environnement. Aussi, faut-il le relever qu'à partir de la fin des
années 1980, plusieurs chercheurs se sont penchés de
manière plus précise sur des études de cas, sur les
relations entre la démographie et l'environnement. Tout comme
l'observation dans la ville d'Aboisso, cette relation entre la croissance
démographique et l'environnement influe négativement et
directement sur le cadre de vie. Les questions liées à la gestion
de l'environnement se posent. Les questions liées également
liées aux équipements et infrastructures pour l'évacuation
des eaux usées et déchets deviennent elles aussi
problématiques.
2.3.2. Répartition de la population et pression sur
l'environnement
La répartition de la population à Aboisso, est
aussi considérée comme un facteur qui influence l'environnement.
Les effets liés à la pression démographique sur
l'environnement relevés dans l'étude sont pour le moins le fait
d'une population en forte croissance. Cette tendance observée dans
certains quartiers, est un indicateur qui a permis d'apprécier le
système d'accentuation de la dégradation de l'environnement. La
figure 12 présente le volume de la population par quartier.
5 Le malthusianisme est une
politique prônant la restriction démographique, inspirée
par les travaux de l'économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834).
Le terme est utilisé pour la première fois par Pierre-Joseph
Proudhon en 1849.
Population en milliers
8000
4000
7000
6000
5000
3000
2000
1000
0
Quartiers de la ville
95
Figure 12 : Volume de la population par quartier
Source : RGPH, 2014
Les quartiers SOKOURA avec une proportion de 17,04% de la
population totale, suivi des quartiers TP et EBOIKRO SANWI respectivement avec
10,87% et 9,79% concentrent une part importante de la population de la ville.
L'enquête a relevé que le niveau de dégradation est
élevé comparativement aux autres quartiers. Pour Guillaume,
(1994), les effets multiplicateurs de la dégradation de l'environnement
sont notamment l'appréhension des problèmes de croissance
démographique, qui jusque-là, ne sont pas intégrés
dans les politiques de développement. La poussée
démographique est également l'une des causes de l'insuffisance de
l'offre d'infrastructures adéquates. Dans la ville d'Aboisso, la nature
du site conditionne largement ses relations actuelles et futures avec
l'environnement. Le site très accidenté provoque des
problèmes d'inondation et de drainage ; Service hygiène
Mairie Aboisso, (2016). L'environnement de la ville est lui-même
modifié par l'homme et c'est dans ce contexte qu'il convient de prendre
en compte le rapport environnement et dégradation. Certains faits de
santé liés à l'eau s'observent de plus en plus dans les
quartiers de la ville, notamment les quartiers les plus insalubres et avec de
forte densité. Par exemple, 89% de la population utilise de l'eau
courante, ce manque d'eau, combiné à d'autres problèmes
d'assainissement, traduisent des problèmes de santé publique. La
figure 14, montre la proportion de la population utilisant l'eau potable au
quotidien.
11%
Oui Non
89%
96
Figure 13: Proportion de l'utilisation de l'eau par
les populations. Source : Enquête de terrain,
2016
2.3.3. Dépôt des déchets et la
manifestation de la dégradation
Les décharges brutes provoquent des nuisances pour le
voisinage à causes des odeurs et de la dégradation du paysage. De
plus, elles condamnent de grands espaces qui, même après fermeture
du site et remblaiement, restent impropres à de nombreuses
activités. Les décharges provoquent la prolifération
d'espèces nuisibles avec apparition permanente (rongeurs, moustiques)
qui sont vecteurs de maladies. Elles présentent surtout des risques pour
la santé des hommes et pour l'environnement : déchets qui
conservent l'eau et qui peuvent contaminer les eaux superficielles et
souterraines. Certains déchets en conservant l'eau de pluie constituent
un terrain favorable au développement des moustiques. Ces menaces sont
multipliées lorsque ces décharges se trouvent aux bords de
rivières, dans les zones inondables et surtout à proximité
d'habitations.
Les photos 6 et 7 montrent successivement les caniveaux
bouchés et le site de groupage de déchets, qui ne suit pas un
ramassage régulier des déchets.
Photo 6: Caniveau obstrué Photo 7: Tas
d'ordure
(Cliché Niamké, 2016)
97
Les photos 6 et 7 montrent la transformation de l'espace
de groupage des déchets à l'arrière du marché en
dépotoir géant. Les deux coffres à ordure destinés
à accueillir les déchets des populations du marché et
celle du quartier, ne contiennent pas la quantité de déchets
produite, ce qui se traduit par d'énormes quantités de
déchets aux alentours des coffres.
2.3.4. Incinération des déchets : une
pratique des populations à Aboisso
Toutes les ordures produites ne sont pas collectées
puisqu'une partie de la population n'est pas desservie par le service de
ramassage des ordures. Des tas d'ordures sont entassées très
souvent à l'arrière cours de certains ménages. Notre
enquête a permis d'observer que dans le quartier TP, des ordures sont
groupées le long de certaines concessions. Ces ordures laissées
sur place qui ne font pas l'objet de collecte régulière
s'entassent et constituent un problème d'hygiène pour les
populations. Notre enquête a relevé que le recours au
brûlage des déchets est celui qui est utilisé par les
populations pour évacuer les tas de déchets qui pullulent aux
alentours des habitations. Les résultats de l'enquête ont
relevé que 16% de la population pratique le « le brûlage
volontaire ». La figure 15, présente la proportion des populations
qui pratiquent l'incinération des déchets.
83,20%
Incinération Pas
d'incnération
16,80%
Figure 14: Répartition des
enquêtés en fonction de la pratique de l'incinération des
déchets (Source ; Nos enquêtes, 2016)
Bien que, la proportion de la population qui pratique le
brûlage des déchets ne représente que 16%, plusieurs
raisons sont évoquées pour justifier cette pratique de
l'incération des déchets par les populations. Il s'agit entre
autres du niveau d'équipements et
la fréquence irrégulière de la collecte.
Cette situation, continue de maintenir l'arrière cours des
ménages comme réceptacle des déchets. Les deux (2) photos
en dessous prisent lors de nos enquêtes montrent les pratiquent de
l'incinération par les populations.
98
Photo 8: Incinération des déchets
à l'arrière cours d'une famille (cliché
Niamké, 2016)
Les images ci-dessus montrent que les ménages
pratiquent l'incinération des déchets, et cela s'explique par le
niveau de gestion des déchets. Les ménages que nous avons
enquêtés estiment que la gestion des déchets pose un
problème d'environnement pour leur quartier. Sans ignorer parfois, tous
les risques qui accompagnent la pratique de l'incinération, elles
avouent que c'est parce que c'est la seule alternative de réduire les
tas d'ordure cette pratique se répand peu à peu dans la
ville.
2.4 : Population et niveau de dégradation de
l'environnement
La question de la dégradation se pose continuellement
quand il s'agit de mesurer ou d'apprécier le niveau de
dégradation de l'environnement à l'échelle de la ville.
Ainsi, pour mener cette appréciation, il faut disposer de certains
outils d'analyses et méthodes d'appréciation. Cela implique que
des critères représentatifs à la fois de la
dégradation de l'environnement et de l'évaluation des risques
sanitaires soient clairement définis.
Des critères divers retenus à cet effet, ont
guidé la réflexion. On peut mentionner les sites entourés
de décharges de déchets, avec une concentration importante de
déchets liquides et solide. Le test de Khi2 a été
mobilisé à cette fin. L'utilisation du test de Khi2
déjà mentionnée dans l'approche méthodologique est
appliquée à différente étape de notre recherche
pour vérifier les liens de significativité.
· 99
Réalisation du test de Khi2
Ce test réalisé met en relation les deux
variables suivantes : la taille du ménage et le niveau de
dégradation. Elles s'inscrivent dans la démarche de la
vérification de l'hypothèse 1, selon laquelle à Aboisso
les sites les plus dégradés sont ceux qui concentrent plus de
population. Pour rappel, le test de Khi2 , est un test d'inférence
statistique permettant d'évaluer s'il existe une corrélation
statistiquement significative entre deux variables ou si, à l'inverse
celle-ci sont indépendantes. Le test qui est réalisé, vise
à savoir si la taille du ménage peut être mise en relation
avec la dégradation de l'environnement.
Le test est mené au seuil de 5%, ce qui signifie qu'on
a un a un risque d'erreur de 5%. Le tableau n° 12 est le résultat
du croisement de deux variables précédemment choisies.
Tableau 12: Niveau de dégradation de
l'environnement en fonction de la taille du ménage
Effectif du ménage Niveau de
dégradation
Oui Non Total
Moins de 3 personnes
27
|
1
|
28
|
de 3 à 5
|
189
|
32
|
221
|
de 6 à 8
|
107
|
20
|
127
|
de 9 à 11
|
6
|
1
|
7
|
de 12 à 14
|
1
|
0
|
1
|
15 et plus
|
2
|
0
|
2
|
Total
|
332
|
54
|
386
|
|
Source : Enquête, Niamké 2016
Ce tableau est constitué de neuf lignes (la taille du
ménage) et quatre colonnes dans lesquelles sont réparties les 386
observations. À partir de ces données issues de l'observation on
construit un autre tableau de contingence où seront calculées les
valeurs dites théoriques ou attendues sous deux hypothèses : une
hypothèse H0 et une autre hypothèse H1. Les hypothèses se
déclinent comme suit :
· Hypothèse 0 : La taille du
ménage n'influence pas la dégradation de
l'environnement
· Hypothèse 1 : La taille du
ménage influence la dégradation de
l'environnement
100
Le choix de la formulation de l'Hypothèses H0, se
justifie par le fait qu'à l'échelle des quartiers, on
relève des indicateurs liés au volume de la population qui
peuvent expliquer le changement à divers niveaux, notamment celui du
cadre de vie et de l'environnement. La variable population permet ainsi
d'apprécier le niveau de dégradation, comme certaines
études l'ont montré.
· Calcul des valeurs théoriques (le
résultat des opérations est consigné dans le tableau
ci-dessous)
Le calcul de ces effectifs se fait de la manière
suivante : total de la ligne concernée x total de la colonne
concernée /total général.
· Application numérique
:
Appliquons un exemple de calcul pour le ménage dont la
taille est comprise entre 3 à 5
Effectif théorique = (332* 221/ 386) =
190,08
Tableau : Effectifs
théoriques
|
|
|
Effectif du ménage
|
|
Niveau de dégradation
|
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Moins de 3 personnes
|
24,08
|
3,92
|
28
|
De 3 à 5
|
190,08
|
30,92
|
221
|
de 6 à 8
|
109,23
|
17,77
|
127
|
de 9 à 11
|
6,02
|
0,98
|
7
|
de 12 à 14
|
0,86
|
0,14
|
1
|
15 et plus
|
1,72
|
0,28
|
2
|
Total
|
332
|
54
|
386
|
|
Source : Enquête, Niamké 2016
· Calculons le Khi2
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique
Tableau : Le résultat des Khi2
calculés est consigné dans le tableau suivant ;
Effectif du ménage
|
|
Niveau de dégradation
|
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Moins de 3
|
0,35
|
2,17
|
2,53
|
de 3 à 5
|
0,01
|
0,04
|
0,04
|
de 6 à 8
|
0,05
|
0,28
|
0,33
|
de 9 à 11
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
de 12 à 14
|
0,02
|
0,14
|
0,16
|
15 et plus
|
0,05
|
0,28
|
0,33
|
Total
|
0,47
|
2,91
|
3,38
|
|
Source : Enquête, Niamké 2016
NB : Le Khi2 calculé est égale à la
somme des Khi2, donc 3,38 (à partir du tableau ci-dessus)
· On calcule par la suite, le degré de
liberté (DDL)6
DDL = (k-1) (r-1) avec k nombre de
colonnes et r nombre de lignes DDL = (2-1) (6-1) = 5
· Recherchons le Khi 2 des tables
On effectue le croisement du degré de liberté avec
la marge d'erreur de 5% comme le présente la table en dessous et on
obtient ensuite : 11, 07
101
6 Degré
de liberté
102
Tableau 13 : Table de loi Khi 2
Conclusion tirée après le test
statistique du Khi2
On obtient après croisement que le khi 2 calculé
(3,38) est inférieur au khi 2 des tables (11,07). Donc
l'hypothèse HO qui stipule que « La taille du ménage
n'influence pas la dégradation de l'environnement » est
confirmée.
On retient donc ;
Deux hypothèses ont été émises,
la première est l'hypothèse nulle (Ho), qui postule qu'il n'y a
pas de lien entre la taille du ménage et la dégradation de
l'environnement. La seconde hypothèse (H1), postule que la taille du
ménage et la dégradation de l'environnement sont liés.
Le test de Khi2, réalisé
précédemment a permis de confirmer l'hypothèse Ho et de
rejeter H1. On retient en somme, que la taille du ménage n'est pas
liée à la dégradation de l'environnement.
NB : La taille des ménages
est différente de la densité de la population, également
de la croissance de la population
103
2.4.1. La taille de la population : un indicateur de
production de déchets
La production variable des déchets ménagers
obéit à une logique de différenciation et de
hiérarchisation des espaces de concentration des populations et de leurs
activités. Konan, (2012). Certes, la disponibilité de
données sur la production des déchets reste une
difficulté, mais des études sur la question des déchets
ont suffisamment été traitées, ce qui permet d'obtenir des
résultats existants sur les quantités des déchets dans
certaines localités de la Côte d'Ivoire.
Par ailleurs, notons que pour des études similaires
sur la question des déchets, certains auteurs ont montré
l'influence du poids démographique dans la production des
déchets. En ce qui concerne la production des déchets en
Côte d'Ivoire, ANDE, (2001), a produit les résultats que nous
avons consigné dans le tableau n° Tableau 14
Tableau 14 : Production moyenne
journalière nationale des déchets ménagers par habitant en
Côte d'Ivoire
TYPE DE LOCALITÉ
|
POPULATION (habitants)
|
PRODUCTION (kg/hab/jour)
|
Abidjan
|
Plus de 3 000 000
|
0,9
|
Grandes villes
|
3 000 000 - 100 000
|
0,8
|
Villes moyennes
|
100 000 - 40 000
|
0,75
|
Petites villes
|
40 000 - 10 000
|
0,5
|
Villages
|
10 000 - 2000
|
0,35
|
Campements
|
Moins de 2000
|
0,2
|
|
Source : ANDE, 2001
Notre site d'étude qui est la ville d'Aboisso, fait
partie des villes moyennes de Côte d'Ivoire. La production des
déchets journaliers par habitants s'élève donc à
0,75 kg/hab.
À partir de ce tableau, on peut s'apercevoir que les
localités disposant d'un poids démographique compris entre 40 000
et plus de 3 000 000 millions d'habitants ont une production journalière
de déchets par habitant qui est supérieure à 0,5
kg/hab.
Ainsi, on observe une inégalité de la
production des déchets sur l'ensemble des localités en Côte
d'Ivoire. Le niveau de production des déchets ménagers constitue
donc un facteur déterminant dans la prise en compte de la spatialisation
du niveau de concentration
104
des déchets à l'échelle des quartiers.
Observons la production des déchets de la ville d'Aboisso suivant le
tableau 15.
Tableau 15 : Production journalière des
déchets selon la taille de population à Aboisso
QUARTIERS
|
TAILLE POPULATION
|
PRODUCTION DÉCHETS Hab./jour
|
PRODUCTION TOTALE
|
Administratif
|
3351
|
0,75
|
2513,25
|
Antenne
|
1754
|
0,75
|
1315,5
|
Belle-vue
|
0
|
0,75
|
0
|
Bois blanc
|
759
|
0,75
|
569,25
|
Commerce
|
2493
|
0,75
|
1869,75
|
Eboikkro sos
|
0
|
0,75
|
0
|
Eboikkro sanwi
|
4192
|
0,75
|
3144
|
Eboikro-prof
|
2940
|
0,75
|
2205
|
Konan kan
|
1743
|
0,75
|
1307,25
|
Lycée
|
1636
|
0,75
|
1227
|
Panan-panan
|
2827
|
0,75
|
2120,25
|
Sokoura
|
7299
|
0,75
|
5474,25
|
TP
|
4656
|
0,75
|
3492
|
T.P extension
|
1409
|
0,75
|
1056,75
|
Sesse
|
3279
|
0,75
|
2459,25
|
Petit marché
|
2884
|
0,75
|
2163
|
Koliahiwa
|
728
|
0,75
|
546
|
Plateau
|
0
|
0,75
|
0
|
SPE
|
464
|
0,75
|
348
|
TOTAL
|
42414
|
|
31 810,50
|
|
Source : (ANDE, 2001) / production obtenue à partir
des statistiques INS, 2014
Au regard du Tableau 15, il ressort que le niveau de
production des déchets évolue proportionnellement avec la taille
démographique des quartiers. Ainsi, la variable « poids
démographique » fait donc varier la production des déchets
dans la ville d'Aboisso. La figure qui suit montre de façon croissante
les productions des déchets par quartiers.
Le quartier Sokoura est largement au-dessus dans la
production des déchets avec une proportion de 17,21%, suivi du quartier
TP avec une proportion de 10,98. À côté des productions qui
s'accompagnent du dynamisme de la population, on assiste de plus en plus
à des sites insalubres dans ces différents quartiers.
105
2.4.2. Influence de la densité de la population sur
la dégradation de l'environnement
La relation entre l'environnement et la santé humaine
est un sujet qui paraît évident (OMS, 2011). Pourtant, de
nombreuses études sont menées et essaient toujours de mettre en
corrélation plusieurs indicateurs. En effet, la croissance
démographique et le développement économique sont des
déterminants qui influencent fortement l'environnement. Aussi, par le
processus d'urbanisation, on observe plusieurs mutations qui s'opèrent
dans le milieu urbain. L'espace urbain, constitue donc au fur et à
mesure le support privilégié de toutes marques de l'emprunte
environnementale. Les facteurs de la dégradation se combinent donc dans
le milieu à forte pression humaine et développement
d'activités et ouvre le champ à des analyses. L'évolution
de la population ne se fait pas sans dommages sur le cadre de vie.
L'enquête a permis de révéler que les
indices environnementaux sont très variables d'un quartier à
l'autre mais surtout ces indices nous interpellent sur le niveau de
dégradation du cadre de vie.
En effet, la ville d'Aboisso, de part cette pression
démographique présente une accumulation d'objets usagés
divers, de détritus, d'ordures, de bouteilles, de sachets, de produits
en nombre etc., qui jonchent les rues, avec également le défaut
d'hygiène environnementale
Facteur important d'appréciation de la distribution de
phénomène, la population se présente comme un indicateur
important pour l'appréciation des faits de dégradation de
l'environnement. Des études réalisées sur la population
ont montré la place de la population dans les politiques de
planification.
En ce qui concerne le rapport la population et environnement,
les projections de la population sont très souvent
négligées et non prises en compte. Pour la ville d'Aboisso, en ce
qui concerne les problèmes environnementaux, on relève que la
population est un acteur qu'il faut prendre en compte dans les politiques de
planification. La figure 15, présente la répartition de la
population selon les quartiers de la ville d'Aboisso.
106
Figure 15 : Volume de population à
Aboisso
Source : CCT,2015 Réalisation : Niamké,
2016
Pour une meilleure appréciation de la taille de la
population par rapport au niveau d'insalubrité, nous avons
effectué une superposition des cartes du volume de la population et
celle du niveau de dégradation. Ainsi, la superposition, nous permet de
voir les disparités tant au niveau du site, que nous avons
catégorisé à trois niveaux.
107
Figure 16: Distribution du niveau de
dégradation de l'environnement en fonction de la taille de la
population
Source : CCT/BNETD : 2014 Réalisation : NIAMKE,
2015
L'un des éléments majeurs qui
caractérise notre zone d'étude est le rythme d'accroissement de
sa population urbaine. Ce phénomène a été
associé dans le cas de notre au niveau de dégradation de
l'environnement dans la ville, comme l'indique la figure ci-dessus. On observe
ainsi, que le niveau de dégradation de l'environnement est lié au
volume de la population.
108
Plusieurs indicateurs sont utilisés pour évaluer
l'influence d'un fait de dégradation de l'environnement dans le milieu
où l'on vit. Ainsi, les caractéristiques du niveau
d'insalubrité sont regroupées dans le tableau 16
Tableau 16: : État du logement dans les
quartiers de la ville
Faits observés
Accès difficile
Relativement propre
État du logement
|
Installation sanitaire défectueux
|
|
|
|
|
Déversement des eaux usées aux alentours des
logements
Déversement des eaux usées dans les plans d'eau
Source : Niamké, 2016
À la lecture du tableau, on s'aperçoit que la
ville d'Aboisso comporte plusieurs indicateurs qui caractérisent un
milieu insalubre, et qui constituent un risque pour la santé des
populations qui vivent dans un tel environnement. Les effets d'une situation
d'insalubrité morbide sur la santé varient selon la nature des
matières accumulées, le degré d'exposition et les
personnes exposées.
Conclusion du chapitre II :
État des lieux et manifestation de la
dégradation de l'environnement à Aboisso
Le chapitre II ainsi traité a permis de s'apercevoir
du niveau de dégradation de la ville d'Aboisso. Tout en relevant les
faits de santé qui caractérisent la ville, la spatialisation du
phénomène est présentée à travers des
supports cartographiques. La question de la répartition de la population
a été un facteur déterminant pour l'analyse de l'influence
du système environnement. Cela dit, à travers cette observation
relative à la population, on relève que cet indicateur a permis
d'apprécier le système d'accentuation de la dégradation de
l'environnement.
109
Conclusion partielle : Première partie
La théorie utilisée pour l'étude
(Théorie Générale des Systèmes), a permis
de comprendre comment la ville d'Aboisso est structurée en termes de
population et d'observer les disparités. La multiplicité des
activités qui s'organisent dans la ville constituent des marqueurs pour
apprécier non seulement le niveau de gestion des déchets solides
ou liquides produits, mais aussi de voir le comportement de la population
vis-à-vis de l'environnement. Le cadre de vie à Aboisso, subit
constamment une dégradation due à une gestion approximative de
l'environnement.
L'observation réalisée au cours de
l'enquête a permis également de nous en rendre compte de l'effet
de distribution de sites non contrôlés qui prolifèrent dans
les environs des habitats. Concernant ce phénomène,
l'enquête a montré que le mode de rejet des déchets le plus
usuel est le rejet dans les bacs ou coffres à ordures. Certes, cela est
la pratique la plus répandue avec 44%, mais est suivi d'autres types de
rejets qui constituent également les marqueurs de la dégradation
de l'environnement.
Les différents quartiers qui ont servi
d'échelle d'analyse, nous ont permis d'établir une
différentiation du niveau de la dégradation de l'environnement.
Différents indicateurs ont pu guider les critères
d'établissement de la catégorisation. Le poids
démographique a été un déterminant clé pour
la hiérarchisation du niveau de dégradation. Il ressort de nos
analyses que les sites les plus dégradés sont ceux qui
concentrent le plus de populations.
DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES
LIÉS À LA DEGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
|
|
110
Notre approche sur la conception des sites
dégradés et maladies s'ouvre sur l'objectif qui vise à
identifier les risques de maladies liés à la dégradation
de l'environnement.
Dans la relation environnement et risques sanitaires, il
existe plusieurs facteurs qui expliquent l'état de santé des
populations. Les déterminants qui ont des effets néfastes sur la
santé des populations sont relevés dans cette partie.
En se référant à la définition
générale du risque sanitaire, et l'objectif visé par
l'étude, il s'agit donc d'identifier l'ensemble des facteurs qui
expliquent l'état de santé de la population dans son espace de
vie.
Certains effets des déterminants environnementaux
perturbent constamment le cadre de vie des populations donnant lieu à
des irrégularités dont il s'agit de saisir le rôle pour
comprendre les corrélations.
On peut distinguer deux grandes catégories de risques
liés à l'environnement :
- Les risques que les activités humaines font
peser sur l'environnement humain et naturel ; - Les risques que l'environnement
naturel fait peser sur l'état de santé des populations
Il s'agit dans cette partie de présenter les aspects
physiques qui influencent la santé des populations, mais aussi de
montrer les risques de maladies liés à la dégradation de
l'environnement et fait de dégradation créent par l'homme qui
agissent sur la santé.
CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX RISQUES
SANITAIRES DU MILIEU PHYSIQUE
|
|
111
Les influences environnementales sur la santé peuvent
être positives ou négatives et englober une vaste gamme de
facteurs : à l'échelle mondiale (changement climatique), à
l'échelle nationale et régionale (récessions
économiques, conflit, la pollution atmosphérique et des eaux),
à l'échelle locale dans le milieu bâti (qualité de
l'air intérieur) et dans l'environnement social.
Depuis la Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement de Stockholm (Suède) en 1972, le monde entier a pris
conscience de la menace qui pèse sur la planète terre. Certes
plusieurs mesures ont été prises par les gouvernants en vue de
réduire les risques de santé liés à
l'environnement. Mais, on relève que cette situation demeure encore
préoccupante.
En effet, en Côte d'Ivoire, le livre blanc
environnement, (1994) montre que les problèmes environnementaux
deviennent de plus en plus cruciaux. Les rapports de l'homme avec son
environnement sont mêlés de divers problèmes dont celui de
la dégradation du milieu physique. Ainsi, on observe dans la ville
d'Aboisso, que les faits de dégradation sont multiples.
Le chapitre introductif de cette partie, traite de la
dégradation de l'environnement lié aux risques du milieu physique
et dans son ensemble, établit le lien conceptuel entre les
différents faits de dégradation et les facteurs de risques.
112
3.1. Le milieu physique de la ville d'Aboisso
La ville d'Aboisso est bâtie sur un site qui comporte
à la fois les bas et hauts plateaux et présente une structure
dans laquelle l'altération des minéraux est complète. Les
sols appartiennent au groupe des sols ferralitiques fortement lessivés
en base sous forte pluviométrie. On rencontre :
- des sols ferralitiques sur roches éruptives et
métamorphiques (granite, schistes et roches basiques);
- des sols ferralitiques sur sables tertiaires ;
- des sols développés sur sables quaternaires ;
- des sols hydromorphes beaucoup moins étendus. Il
s'agit des vallées et des bas-fonds. Le climat, de la ville est de type
climat subéquatorial, chaud et humide. Il est rythmé par quatre
(4) saisons de durées inégales : une grande saison sèche
de Décembre à Février ; une grande saison pluvieuse de
Mars à Juillet ; une petite saison sèche d'Août à
Septembre ; une petite saison pluvieuse d'Octobre à Novembre. «
Il se caractérise par l'abondance des précipitations avec une
hauteur moyenne d'environ 2 000 mm dans les années 1960 ». (ANAM,
1960). Les précipitations y sont abondantes, avec une
température quasi-constante d'environ 27 degrés Celsius. Au
niveau du département d'Aboisso. Le réseau hydrographique est
dense avec un plan d'eau qui occupe près du dixième de la
superficie du territoire départemental. Le lac de la Bia occupe à
lui seul 17 000 ha du territoire départemental. II existe
également de nombreux affluents qui se déversent soit dans le lac
Bia, soit dans la lagune Aby.
3.1.1. Données de l'environnement physique et
facteurs de risques sanitaires à Aboisso
3.1.2 Le climat
Le climat, au niveau des départements d'Abidjan, de
Grand Bassam et d'Aboisso est de type climat subéquatorial, chaud et
humide. Il comporte une grande saison des pluies (mai-juin-juillet), une petite
saison des pluies (septembre-novembre) et deux saisons sèches. Les
précipitations y sont abondantes, avec une température
quasi-constamment d'environ 27 degrés Celsius.
113
3.1.3. L'hydrographie et la pédologie
L'hydrographie du département d'Abidjan est
constituée essentiellement de la lagune Ebrié, vaste
étendue d'eau avec une superficie de 566 Km. Elle est alimentée
en eau douce par trois bassins versants (Agnéby, Comoé,
Mé), par quelques rivières (Anguédedou, Gbougbo, Banco) et
le canal de Vridi (crée en 1950). Au niveau du département
d'Aboisso, le réseau hydrographique est dense avec un plan d'eau qui
occupe près du dixième de la superficie du territoire
départemental. Le lac de la Bia occupe à lui seul 17 000 ha du
territoire départemental. II existe également de nombreux
affluents qui se déversent soit dans le lac Bia, soit dans la lagune
Aby. Le réseau hydrographique de Grand Bassam est très fourni
avec l'Océan atlantique, le fleuve Courbe 5 lagunes, un lac et un canal
offrant ainsi d'énormes possibilités de navigation de
pêche.
Pour ce qui est de la pédologie, au niveau de la ville
d'Aboisso, les sols appartiennent au groupe des sols ferralitiques fortement
lessivés en base sous forte pluviométrie. On rencontre
:
- des sols ferralitiques sur roches éruptives et
métamorphiques (granite, schistes et roches
basiques) ;
- des sols ferralitiques sur sables tertiaires ;
- des sols développés sur sables quaternaires ;
- des sols hydromorphes beaucoup moins étendu. Il s'agit
des vallées et des bas-fonds.
3.2. Facteurs de risques et classification
Le facteur de risque est la caractéristique
individuelle ou collective, endogène ou exogène, augmentant de
façon statistiquement significative la probabilité d'apparition
et de développement d'une maladie. Le risque est omniprésent dans
le quotidien des populations vivant dans la ville d'Aboisso. Cette variable
étiologique peut être mesurée par le risque relatif
(rapport de l'incidence observée dans une population exposée au
risque sur l'incidence d'une population non exposée). Toute personne est
donc confrontée à de nombreux risques environnementaux et doit
prendre chaque jour des décisions pour éviter de s'y exposer. Le
tableau qui suit présente la classification des risques.
114
Tableau 17: Classification des catégories de
risques
Catégories de risques
|
|
|
|
|
|
Risques
|
|
Inondation
Risques naturels
|
Feux de forêts
|
|
|
Cyclone et tempêtes
|
|
Risques technologiques Risques
industriels
Risques de ruptures de barrage
Risques de transports de matières dangereuses
Toxicité, pollution
Risques sanitaires
environnementaux
|
Insalubrité, épidémie, maladies
|
|
Risques alimentaires
|
|
Source : Jean François G, (2002)
Parmi cette liste de risques de François G (2002),
nous relevons que plusieurs risques liés à l'environnement ont
été présentés. Une catégorie de risque a
été relevé et précise la nature des risques que
provoque les différentes catégorisations effectuées.
Ainsi, le tableau montre bien, que les risques de maladies et
d'insalubrité sont imputables aux risques sanitaires environnementaux.
Les risques naturels sont également évoqués, notamment les
risques liés l'inondation, ce qui nous interpelle car dans notre zone
d'étude, plusieurs sites sont identifiés comme sites
inondables.
3.3 Les risques de maladies liés à
l'inondation
Une inondation est une submersion plus ou moins rapide d'une
zone, avec des hauteurs d'eau et des vitesses de courant parfois très
supérieures à la normale. Elle est due à une augmentation
du débit d'un cours d'eau provoquée par des pluies importantes et
durables. Les observations de ce phénomène sont remarquables dans
la ville d'Aboisso, surtout pendant la saison pluvieuse. Il existe des facteurs
aggravants tels que le caractère imperméable des sols et la
morphologie du lit fluvial. En hydrologie, le lit est l'espace occupé
par un cours d'eau, de façon permanente ou temporairement. Il regroupe
deux entités distinctes :
· le lit mineur, lit ordinaire ou « lit
apparent » : il est le chenal où l'eau s'écoule avant
débordement. Il peut être occupé en permanence ou de
manière saisonnière
· le lit majeur, appelé aussi «
plaine d'inondation » ou « lit d'inondation », est la partie
adjacente au lit mineur, inondée seulement en cas de crue. La bordure
extérieure du lit majeur correspond au niveau de la plus grande crue
historique enregistrée.
Les conséquences des risques d'inondations s'observent
aussi bien sur la population que sur l'environnement. On peut traduire sous la
photo ci-dessous, les conséquences de l'inondation.
115
Les facteurs aggravants les inondations sont ;
l'intensité et la durée de précipitation, l'importance de
la pente du versant. On note que la ville d'Aboisso dispose des pentes allant
jusqu'à 15%. Il faut souligner aussi du fait des activités qu'il
existe des obstacles à la circulation des eaux. La photo 9 suivante
montre la remonté des eaux après une pluie.
Photo 9: Montée des eaux après une
forte pluie, Cliché Niamké, 2016
La ville d'Aboisso fait face à ce
phénomène de montée des eaux. Les dommages quand les faits
se produisent sont importants : perturbation de la circulation, montée
des eaux, inondation. Les conséquences se traduisent aussi bien, sur les
biens matériels que sur le plan humain. Le tableau suivant,
présente une classification des risques de d'inondation.
116
Tableau 18 : Classification des catégories de
risques
Nature des conséquences Effets
observables
Les conséquences pour la
population
|
Lésions corporelles pendant et après
l'inondation Pathologies liées à la défaillance de
services collectifs (eau potable), Pathologies respiratoires, allergique ;
Excès d'humidité, développement de moisissures,
bâtis dégradés, Gastro-intestinales, dermatites. ;
intoxication alimentaire ; maladies infectieuses
|
|
Les conséquences pour
l'environnement
|
Le débordement des fosses septiques, la rupture de
conduites souterraines, l'émission de produits chimiques stockés
au niveau du sol peut polluer rivières, sols et végétation
; érosion du sol, éboulements
|
Les conséquences
économiques
|
Dégâts matériels sur les habitations,
les cultures agricoles, entreprises...
Interruption des trafics routiers
Coupures des réseaux d'eau, perturbation
téléphoniques et électriques paralysie temporaire de la
vie économique (coûts ou perturbations) et perte d'activité
résultant des destructions ou dommages (édifices privés ou
publics, infrastructures de transport ou industrielles, etc.)
|
|
Source :
http://www.meteofrance.com/accueil
(Consulté, en Février 2015) et adapté par Niamké,
2016
3.4. De la perception du risque d'inondation aux
problèmes de santé
Les inondations sont une cause importante des
dégâts qui se produisent dans la ville d'Aboisso pendant la saison
des pluies. Certes les dégâts les plus visibles sont surtout
matériels, mais il faut relever que les problèmes de santé
sont aussi importants.
Le 03 février 2011, la ville d'Aboisso a connu une
inondation dont plusieurs dégâts ont été
enregistrés (Vidéo sur YouTube : Titre Inondation Aboisso
Reportage). Suite à une inondation, de nombreux impacts sur la
santé des habitants sont observés. Dans la littérature
scientifique, la vulnérabilité aux maladies gastro-intestinales
lors d'inondations est bien réelle. Elle dépend toutefois de
divers facteurs de risque, en particulier de l'état de santé de
la personne et de son genre, puisque les femmes seraient plus exposées
aux risques de diarrhée que les hommes. Parmi les autres facteurs, on
compte particulièrement des facteurs liés à l'exposition,
dont le contact avec l'eau de la zone inondée, le niveau de l'eau de la
zone sinistrée et le type de source d'eau de consommation. Le contact
avec l'eau contaminée peut également favoriser
117
les infections respiratoires et cutanées ainsi que des
maladies à transmission vectorielle. La figure 18 présente les
différents sites inondables de la ville d'Aboisso.
Figure 17: Répartition des zones
inondables.
La figure des zones inondables, montre la distribution
des sites soumis à des risques constant d'inondation. Le site
topographique constitué de hauts plateaux et des vallées larges
occasionne des retenus d'eau qui perturbent les activités et
entraînent des problèmes de santé des populations.
3.4.1. Indicateurs de risques et caractéristique
des problèmes liés à l'environnement
La caractéristique majeure des problèmes de
santé liés à l'environnement est la mise en jeu de
phénomènes complexes de natures diverses. Une vision globale de
ces phénomènes est donc nécessaire en vue d'évaluer
l'ampleur de ces problèmes et de mesurer l'impact de chacun des divers
facteurs de risques. Un premier indicateur de risque est la présence ou
le
118
nombre de sites de déchets qui constituent des espaces
dits « pollués ». Le nombre de sites fournit une meilleure
mesure de la concentration des risques ainsi que les effets sanitaires que cela
engendre selon que la population soit à proximité ou
éloignée.
Pour cette étude, en plus de notre objectif principal
qui est de montrer le lien entre la dégradation de l'environnement et le
problème de santé des populations, il s'agira d'identifier les
facteurs de risque global pour une meilleure explication du
phénomène. La figure 16 qui suit, traduit l'interrelation des
facteurs de risque.
· Salubrité de l'eau à usage
domestique
· Hygiène et assainissement
· Pollution de l'air
· Vecteurs de maladie
· Risques chimiques
· Traumatismes non intentionnels
MALADIES
Source : (OMS, 2003), adapté par
Niamké, 2016
FACTEURS DE RISQUE
Figure 18 : Facteurs de risque
global
La figure fait ressortir les facteurs de risque qui influent
le milieu physique et constituent de véritables sources de risques
sanitaires. Dans l'étude réalisée par l'OMS, (2003)
portant sur les facteurs de risques liés à l'environnement
physique : maison, école et la communauté, il existe un lien
significatif entre les maladies liées à la présence de
certains risques environnementaux où la population naît, grandit,
joue, apprend et travaille. Diverses maladies telles que le cancer, les
maladies respiratoires, les troubles neurologiques, l'autisme, les
malformations, les perturbations endocrines sont présentées comme
issues de cette relation. En plus, l'étude a montré que les
problèmes de santé les plus persistants demeurent le paludisme,
les infections respiratoires aigües, la rougeole la diarrhée et le
Syndrome Immunodéficience Acquise (SIDA). Tout comme l'étude qui
est menée dans la ville d'Aboisso, les facteurs caractérisant la
dégradation ont été identifiés et mis en
corrélation pour enfin établir le lien.
La figure 18 explique bien les cas de maladie existants, mais
l'un des principaux problèmes est que notre compréhension de
l'évaluation préalable de la susceptibilité
d'une
119
personne n'en est qu'à ses débuts. Par
conséquent (à tout le moins jusqu'à ce que les analyses
génétiques deviennent beaucoup plus perfectionnées), nous
ne pouvons identifier de manière précise qui sera malade
après une exposition à un agent pathologique. Nous avons recours
à la probabilité pour aborder cette incertitude. On parle ainsi
de « facteurs de risque » qui augmentent la
probabilité statistique qu'une personne tombera malade. Certains
facteurs de risque, comme ne pas porter de ceinture de sécurité
en cas de collision automobile, ont un effet direct et probabiliste sur la
vraisemblance d'un résultat indésirable. La notion de facteurs de
risque suppose une relation causale, mais les associations statistiques qui
identifient ces facteurs peuvent aussi comprendre des variables qui sont des
marqueurs du véritable facteur de risque. La figure 19 qui suit
présente l'interaction entre les facteurs de risques et les aptitudes
humaines.
|
Facteurs de risques
|
|
Facteurs personnels (Aptitudes et
capacités)
|
Facteurs
environnementaux
|
Interaction
HABITUDE DE VIE
Source : Inspiré de Julie vallée, (2009) et
adapté par Niamké (2016)
Figure 19 : Schéma décrivant le mode
de vie et les facteurs liés aux risques sanitaires
La figure 20 montre le rapport entre les différents
facteurs qui interagissent et perturbent l'habitude de vie. Les facteurs de
risques sont très souvent causés par les activités
humaines et affectent l'état de l'environnement. La relation qui est
traduite entre le facteur personnel et les facteurs de risques montre que la
population peut elle-même s'exposer au
risque sanitaire qu'elle crée. Une causalité
avérée entre environnement et état de santé est
présenté plus loin dans la démarche de l'étude.
3.4.2. Influence de l'environnement physique sur la
santé à Aboisso
Le profil de l'état de santé de la population
d'Aboisso, peut subir considérablement des influences dû à
l'environnement physique. Certes, on peut mettre en cause les comportements de
la population ayant une incidence sur la santé ; influencés par
l'environnement physique et social mais, il faut souligner que les facteurs de
risques sont propagés dans l'environnement. En effet, l'environnement
physique comprend les dangers biologiques, chimiques et physiques
présents dans l'air, l'eau, le sol et les aliments. L'exposition
à ces dangers peut se produire dans des lieux géographiques
particuliers ou dans des endroits tels que le domicile, le lieu de travail,
l'école et la collectivité dans son ensemble. Les indicateurs qui
influencent l'aspect du milieu physique dont les effets se font ressentir
directement sur la santé ont été étudiés au
cours de l'enquête. Les déterminants environnementaux exercent
leur influence dans les différents quartiers et surtout sur la
population. Certaines maladies parasitaires liées à l'eau comme
le paludisme, la maladie infectieuse parasitaire la plus importante de la ville
avec 93 615 cas déclarés en 2015 est transmise par les moustiques
qui se reproduisent dans les plans d'eau et espaces insalubres. La figure
n° 21 qui suit explique le rapport environnement physique et
santé.
|
Environnement physique
|
est
|
Déterminant de la santé
|
|
|
|
Subir
Impacte sur la santé
Source : OMS,1997
Cadre conceptuel : la santé environnementale
Adapté par NIAMKE, (2016)
Physique
Psychologique
Social
120
Figure 20: Santé et
environnement
L'environnement est aujourd'hui considéré comme
l'ensemble des facteurs pathogènes « externes » ayant un
impact sur la santé (substances chimiques toxiques, radiations
ionisantes, germes, microbes, parasites, etc.), par opposition aux
facteurs « internes » (causes héréditaires,
congénitales, fonctionnelles, lésionnelles,
psychosomatiques,
121
etc.). La figure montre que dans le système
environnement, plusieurs facteurs contribuent à la dégradation de
l'environnement et impactent directement la santé. La santé
environnementale est alors l'ensemble des effets sur la santé de l'homme
due à :
· Ses conditions de vie (expositions liées au
cadre de vie et/ou, expositions liées à
l'insalubrité)
· La contamination des milieux (eau, air, sol,
etc.)
Évoquons dans ce même contexte, que
l'Organisation mondiale de la santé, en juin 1999 a
déclaré lors de la Conférence ministérielle
Santé et environnement que : « L'environnement est la
clé d'une meilleure santé », incluant dans ce terme,
des paramètres liés à la qualité des milieux
(pollution de l'atmosphère, de l'eau, des sols, déchets mais
aussi nuisances sonores, insalubrité, etc.) et à l'ensemble des
activités humaines (air ambiant, accidents domestiques, violences
urbaines, etc.).
3.5. Les populations d'Aboisso soumises aux risques des
zones d'exposition
Pour cerner au mieux les zones d'exposition aux risques, le
niveau d'analyse doit être le plus local possible. Beaucoup de travaux
utilisent donc le niveau le plus fin pour lequel les données sont
disponibles Lucie Laurian (2008), Pour identifier la population soumise aux
risques, on peut délimiter des « zones d'impact » autour de
sites polluants. Ces zones sont généralement circulaires, avec un
rayon donné, autour de sites dangereux.
Des recherches sur les zones d'exposition ont permis
d'estimer de façon continue en fonction de la distance à la
source de pollution (distance decay function)7 la distance
estimative que peut emmètre une source de pollution par rapport aux
sites d'habitation des populations. La plupart des études utilisent des
rayons variant de 100 m à 3 km, les zones
étant plus larges autour des sites les plus dangereux. Il est important
de mesurer la sensibilité des résultats aux distances
utilisées.
On peut estimer la population d'une zone en n'incluant que
les unités censitaires entièrement incluses dans la zone. Cette
méthode (polygon containment) peut cependant sous-estimer la
population affectée. Une autre possibilité consiste à
inclure les unités censitaires dont le centroïde (ou centre de
gravité) est inclus dans la zone d'impact ou dont les frontières
présentent une intersection avec la zone (méthode de polygon
intersection).
7 Distance décroissance est un terme
géographique qui décrit l'effet de la distance sur les
interactions culturelles ou spatiales.
122
Comme une partie de ces unités peut être
située en dehors de la zone, la population soumise au risque est alors
surestimée. Enfin, on peut estimer la population de la zone en la
rapportant à la proportion de la surface de chaque unité
géographique contenue dans la zone (méthode de l'areas
interpolation).
3.5.1. Analyse temporelle et spatio-temporelle
Les analyses transversales permettent de déterminer
si, à un moment donné, certaines populations sont plus
exposées que d'autres aux risques environnementaux. Les causes de ces
inégalités ne peuvent être identifiées qu'au moyen
d'analyses longitudinales du développement industriel urbain et
périurbain, de l'évolution de la structure sociale des
populations, des contraintes des populations défavorisées en
matière d'emploi et de logement, et des décisions des industriels
et des pouvoirs publics en matière d'implantation de sites dangereux et
de contrôle de pollutions.
Analyser ces mécanismes nécessite de combiner
des analyses longitudinales aux analyses spatiales. L'un des débats sur
les inégalités en matière d'environnement porte sur la
chronologie entre concentration de populations et localisation de sites
polluants. À la suite de la localisation des sites dans les
différents quartiers ou les populations sont plus concentrées, on
procède à la comparaison des caractéristiques des
populations des quartiers où sont présents des sites polluants
avant et après l'implantation de ces sites et on
compare les changements sociodémographiques de ces quartiers à
ceux observés dans des quartiers dépourvus de tels sites.
Les zones d'exposition ont été
localisées selon les critères que nous avons définis tout
au long de l'étude. Des inégalités en matière
d'exposition aux risques environnementaux ont été
observées à l'échelle des quartiers. La présence
des sites de foyers infectieux se différentie selon qu'on soit dans un
quartier ou dans un autre.
La perception de la dimension spatiale des systèmes
pris en compte est guidée par le choix de la théorie des
systèmes qui conduit notre étude fondée sur l'interaction
dynamique des facteurs qui expliquent la dégradation de l'environnement
et les problèmes de santé.
Évoquons la figure 22, qui permet d'observer la
distribution des sites insalubres.
123
Figure 21: Distribution des sites insalubres dans la
ville d'Aboisso
La figure 22 nous présente la distribution des
sites insalubres de la ville. À travers cette carte, nous observons une
répartition des sites selon la rive gauche et la rive droite. On note
que les sites insalubres sont plus nombreux sur la rive droite que sur la rive
gauche. On a identifié 28 sites insalubres pour les quartiers de la rive
droite dont 09 sites insalubres sur la rive gauche. Les sites ont
été localisés selon les critères que nous avons
retenus, notamment la quantité des déchets et le temps mis avant
la collecte. Un fait de dégradation que nous avons également
retenu est celui du niveau de dégradation que représente le site,
que nous avons évalué par l'utilisation des côtes.
3.5.2. La pollution et mode de vie urbaine
L'érosion des sols chargés d'engrais et de
pesticides arrachés aux milieux agricoles et aux terres non
protégées, le rejet dans la nature des produits
périmés et non biodégradables, les effluents des
industries et des usines artisanales, les déchets solides et liquides
ainsi que les eaux usées domestiques et commerciales sont des sources de
pollution des eaux des
124
rivières, des lacs et des nappes phréatiques
à Aboisso. La pollution liée au mode de vie urbaine (sachets
et emballages plastiques, déversement des déchets dans le fleuve
Bia) sont des faits quotidiens.
Photo 10: Déchets et eaux usées
déversés dans le fleuve Bia (Cliché,
Niamké 2016)
La photo traduit un fait de dégradation de
l'environnement à Aboisso. Les populations déversent toutes
sortes de déchets liquides et solides dans la Bia. Cette pratique de
déversement des déchets tout au long de la rive est
récurrente. Le cadre de vie est donc régulièrement soumis
à des pratiques non hygiéniques des populations.
3.6. Déversement des déchets
Au regard de la figure 23, on obtient divers modes de
déversement des déchets et eaux usées à travers la
ville. Ainsi, en ce qui concerne le mode de déversement le plus
répandu, on note que les ménages déversent les
déchets et eaux usées dans les rues avec une proportion de
13,30%. Cette pratique des populations contribue non seulement à la
dégradation du cadre de vie, mais surtout présente
d'énormes risques sanitaires. Cette eau déversée stagne et
se traduit en un foyer de site de développement de vecteurs de
propagation de maladies.
On relève également que 40,10% des
ménages déversent les déchets dans les bacs à
ordures. Ce résultat exprime la volonté des populations à
déverser convenablement leurs déchets et autres détritus
dans les bacs à ordures, mais pourtant, d'autres sites servent de
réceptacle des déchets et eaux usées, notamment les fosses
septiques avec 6,21%, les puits perdus au prorata de 8,60% et dans les
caniveaux du pourcentage de 9,90%.
Site de deversement des dechets
Total
dans puits perdus Fosse septique Dans la lagune Devant
votre maison Dans les caniveaux Dans la rue à ciel ouvert Bac à
ordure
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Total des
enquetes
Série1 2 Moy. mobile sur pér.
(Série1)
125
Figure 22: Sites de déversement des
Déchets et eaux usées
déversés Source : Enquête de terrain,
2016
Ce graphique à barre groupées permet de
comparer les valeurs des différents sites de déversement des
déchets et eaux usées par les populations. Dans l'ensemble, on
retient à partir de l'enquête que plusieurs sites reçoivent
les eaux usées et déchets déversés par les
ménages sur l'ensemble de la ville.
3.6.1. Production des déchets et risques
sanitaires
On observe dans la ville d'Aboisso, que les faits de
dégradation de l'environnement sont fortement rattachés à
la production des déchets qui abondent les rues et qui ne font pas
l'objet de collecte régulière. Cette situation en effet insalubre
s'observe aussi bien dans les quartiers de la rive gauche que ceux de la rive
droite. Les manifestations sont visibles, eaux usées rejetées
devant l'habitat et dans les caniveaux constamment bouchés qui passent
tout au long des maisons. Les risques encourus sont énormes, mais les
ménages continuent avec certaines habitudes qui participent à la
dégradation de l'environnement. Des prises de vue, pour illustrer ces
faits sont présentées à travers les photos 11 et 12.
126
Photo 11: Vue d'un caniveau bouché le long
d'un habitat, (Cliché, Niamké 2016)
Selon l'enquête réalisée, les facteurs
aggravant le plus l'environnement à Aboisso sont le fait des caniveaux
bouchés. Il ressort que 63,60% affirment que l'aggravation de la
dégradation de l'environnement reste accélérée par
les caniveaux bouchés. À côté de ces faits qui
dégradent l'environnement, les ménages, soit 22% estiment que le
manque de poubelles est préoccupant et occasionne surtout la
dégradation rapide de l'environnement. Bien que pour les ménages
enquêtés, les caniveaux bouchés et le manque de poubelles
sont les facteurs les plus dégradants, il faut souligner aussi que
l'insuffisance de la gestion de l'environnement et le manque de
matériels a été relevé comme facteur de
dégradation.
3.6.2. Les déficiences des ouvrages de drainage des
eaux usées
La question de drainage des eaux domestiques par les
caniveaux demeure un véritable problème pour la ville d'Aboisso.
En effet, signalons que la construction des édifices de drainage n'a
toujours pas évolué malgré la dynamique d'évolution
de la ville et celle de la population. Les eaux usées qui proviennent
des ménages et des activités stagnent dans les caniveaux en
raison des défaillances de ces différents édifices.
Pourtant dans une ville, un système d'égout doit remplir les
rôles de drainage des eaux de ruissellement pluviales en surface par des
caniveaux se vidant régulièrement dans un réseau. Aussi,
les toilettes sont reliées directement aux égouts par des
canalisations facilitant ainsi et convenablement l'évacuation des eaux
usées. Le constat à Aboisso en ce qui concerne
l'évacuation des eaux
127
usées est amer. Les eaux pluviales et eaux usées
restent en surface car les caniveaux et les canaux à ciel ouvert sont
défectueux et bouchés, comme le montre la photo 13.
Photo 12: Vue d'un regard bouché
(Cliché, Niamké, 2016)
La photo ci-dessus présente un égout
défectueux dans le quartier TP, l'un des quartiers avec forte
concentration de population. Cette situation ne favorise pas
l'évacuation des eaux usées domestiques.
3.6.3. La municipalité face aux problèmes de
drainage des eaux usées
Bien que beaucoup d'efforts soient fournis pour une meilleure
hygiène de la ville, le problème d'assainissement des eaux
usées demeure alarmant. La difficulté est certes de veiller
à ce que les populations ne déversent pas les eaux usées
dans les rues, mais surtout de créer les conditions favorisant une
meilleure d'évacuation des eaux usées. Sur la question du
déversement des eaux usées, l'enquête a
révélé que plus de 13,3% de la population déverse
les eaux usées dans les rues et 9,9% dans les caniveaux. Face à
cette situation, les efforts de la municipalité se poursuivent et
s'observent à travers des travaux de débouchement et d'entretien
des caniveaux. La figure 14 ci-dessous nous présente les travaux en
cours de réalisation pour faire face aux problèmes
d'évacuations des eaux pluviales et de ménages.
128
Photo 13: Travaux d'entretien des caniveaux
(Cliché, Niamké, 2016)
L'une des fonctions de base d'un caniveau est
l'évacuation efficace et simple des eaux de nettoyage, domestiques et
industrielles. L'ampleur du problème lié aux caniveaux
pratiquement bouchés dans la ville, conduit à des travaux de la
part des autorités. C'est ce que traduit la photo prise lors de nos
enquêtes. Cependant, ces travaux de l'avis des techniciens, sont
insuffisants pour réellement faciliter l'évacuation des eaux
usées.
3.7. Problèmes liés à la gestion des
déchets
La gestion partielle des déchets ménagers
constitue un véritable problème pour les populations. En effet,
les ordures ménagères accumulées avec la stagnation
régulière et constante constituent de problème
d'hygiène. Les mouches, les moustiques, les rongeurs et autres insectes
nuisibles foisonnent ces espaces et de plus en plus devient des sites
insalubres favorisant la multiplicité des vecteurs de propagation
infectieux. Les eaux usées et pluviales qui stagnent dans les caniveaux
dégagent également des odeurs insupportables.
L'incinération des ordures sur les dépotoirs sauvages
entraîne la pollution de l'air par les gaz qui se dégageant des
fumées (Alla, 2007).
Par ailleurs, on relève que les problèmes
liés à la gestion des déchets liquides et solides sont
multiples dans la ville, en ce qui concerne les déchets liquides, ils
proviennent des systèmes d'écoulement des eaux usées, des
eaux usées des lavabos, douches, (eaux grises) et des toilettes (eaux
vannes). Toutes ces eaux devraient être évacuées au moyen
d'un système de canalisation classique, soit vers un égout
extérieur soit vers un système d'épuration sur place, mais
le constat est que cela n'est pas fait. On observe donc des caniveaux qui
129
contiennent à la fois des eaux et déchets et
sont complétement bouchés. Aussi, relevons que ce qui devrait
être fait c'est que tous les systèmes d'écoulement des eaux
usées à ciel ouvert doivent être recouverts pour
éviter que les parasites vecteurs de maladies ne se reproduisent et que
des personnes puissent être contaminées par exposition directe.
Mais, à ce niveau également des problèmes demeurent car
des nombreux caniveaux sont à ciel ouverts. De petites quantités
de déchets liquides infectieux (par exemple de sang ou d'autres
liquides biologiques) sont parfois déversées dans les
toilettes, pourtant la gestion de ce type de déchets requiert une autre
méthode différente de celle qui se fait déjà par
les autorités en charge. Ce qui devrait être fait pour faire face
à ce type particulier de déchets est que le système le
plus indiqué pour l'évacuation des eaux usées soit un
système d'égout bien conçu et performant, qui doit
être lui-même relié à une usine de traitement, cela
n'est pas le cas. La dégradation du cadre de vie, crée des sites
constitués de rigoles contenant des flaques d'eau stagnante qui
deviennent des lieux de reproduction pour des insectes ou des rongeurs. Pour
mieux appréhender ce système environnement, vecteurs et
hôtes faisons appel au triangle épidémiologie ci-dessous
;
Environnement Hôte
réceptif
Triangle épidémiologique
Agent infectieux
Source : Audrey Fromageot, (2006)
Figure 23 : Triangle épidémiologique
- acquisition et transmission de l'infection
130
Ce schéma du triangle épidémiologie
explique comment à partir de la source infectieuse, les microorganismes
transmettent l'infection. En effet, l'agent infectieux est un microorganisme
qui cause, ou peut causer, une infection. Dans le milieu des soins, le terme
« source infectée » désigne une personne atteinte d'une
infection causée par un agent infectieux. L'« hôte
réceptif » est un individu dont le système immunitaire
n'arrive pas à lutter contre un agent infectieux particulier pour
l'empêcher de contracter une infection lorsqu'il est exposé
à un agent infectieux. Un hôte réceptif doit être
exposé à un agent infectieux ou à une source
infectée d'une façon qui permette l'acquisition d'une infection.
L'intégrité des défenses internes d'un hôte
réceptif, peut influer sur la capacité de l'hôte à
prévenir la maladie après avoir été exposé
à l'agent infectieux.
Ce schéma traduit donc, les problèmes de
gestion des déchets, et notamment ses conséquences sur la
santé des populations. L'illustration par l'image suivante
présente les conséquences de l'insuffisance de gestion, de
nombreux enfants se lancent dans les jeux ou recherche d'objets sur les sites
infectieux, comme le montre la photo 14.
Photo 14: Un enfant à la recherche de
bouteilles près d'une source
infectieuse (Cliché, Niamké, 2016)
La photo illustre le continuum d'exposition aux agents
infectieux qui peut s'appliquer à l'hôte réceptif lorsqu'il
entre en contact avec une source infectée ou un environnement
contaminé et lorsqu'un hôte réceptif inhale un agent
infectieux (comme des aérosols ou des gouttelettes).
131
Dans l'explication du triangle épidémiologique,
on a le facteur environnement. Il comprend tous les facteurs, extérieurs
à l'hôte réceptif ou à la source infectée,
pouvant favoriser ou entraver l'exposition à l'agent infectieux ou sa
transmission de la source infectée à l'hôte
réceptif. L'environnement peut être propice à la survie et
à la transmission de l'agent infectieux, ce qui peut augmenter
potentiellement la taille de la dose à laquelle l'hôte est
exposé.
3.7.1. Occupation de l'espace et manifestations de la
dégradation
Des pratiques conscientes ou inconscientes contribuent
à dégrader l'espace d'Aboisso. Cela s'observe notamment dans les
différents quartiers, avec le niveau de service de collecte des
déchets et de gestion du cadre de vie. Au cours de l'enquête sur
l'intervention des services de collecte des déchets et d'assainissement
dans les quartiers, les tendances recueillies sont traitées et
représentées dans la figure ci-dessous.
service de collecte
non
oui
0 10 20 30 40 50 60 70
Proportion de la population
39,89
60,1
Source : Données de terrain, Niamké
2016
Figure 24 : Proportion de la population
déclarant la présence ou non des services de ramassage des
déchets et de l'assainissement
Cette figure montre que 60,1% de la population ne
bénéficient pas des services de collecte et d'assainissement.
Cette proportion de la population justifie les atteintes quotidiennes à
l'environnement par l'absence des services d'assainissement, la présence
des matières non dégradables (emballages plastiques et les
sachets) ; ordures, eaux usées, contenus dans les caniveaux sans
être enlevés sur plusieurs jours. Les emballages plastiques
132
qui pullulent dans la ville se retrouvent très souvent
dans les caniveaux et entraînent des bouchons importants. Le service de
ramassage ne couvre pas toute la ville, quand nous nous referons aux
réponses données par les ménages au cours de
l'enquête. En effet, les faits de dégradation sur le terrain ont
permis de nous en rendre compte. Les services de collecte indiquent des points
de groupage, puis procèdent à la collecte. Plus de 60 % des
ménages estiment que, le point de groupage qui se trouve à
distance éloignée de leur lieu d'habitation explique refus des
services de collecte d'opérer. En plus, les ménages annoncent que
les services de collecte sont invisibles et cela se confirme par les
incinérations de déchets et les rejets des déchets dans
des sites non contrôlés. La photo 15, suivante montre des
plastiques obstruant le caniveau.
Photo 15: Caniveaux bouchés par la
présence des sachets plastiques et
boue (Cliché, Niamké 2016)
La photo présente un caniveau bouché par
les sachets plastiques qui pullulent dans la ville d'Aboisso. Ce fait de
dégradation de l'environnement est récurrent dans les quartiers
de la ville. À travers cette photo, on relève aussi que
l'insuffisance de la gestion est à l'origine des problèmes
d'assainissement des caniveaux.
plus d'un mois
période de ramassage
un mois
deux semaines
une semaine
un jour
proportion de la population
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
70,00%
133
Source : Données de terrain, Niamké
2016
Figure 25 : Répartition des
enquêtés selon le rythme de ramassage des déchets par
les services de la municipalité
Les populations ont relevé que les problèmes
environnementaux sont préoccupants dans leur différent quartier,
notamment en ce qui concerne la collecte des déchets. Ce sont, 66, 30%
des populations qui estiment qu'après avoir rejeté où
déposé des ordures ménagères ou autres
déchets dans les coffres recommandés, il faut observer une
semaine pour voir la collecte s'effectuer.
Cette situation de non collecte régulière
soulignée par les ménages est de plus en plus fréquent.
Ainsi, ce sont 15,30% des populations qui soulignent que les déchets
restent sur place deux semaines avant d'être collectés et 1,7% qui
estiment que les déchets restent plus d'un mois dans leur quartier avant
d'être ramassés.
3.6.4 Système de traitement et évacuation
des déchets
Les méthodes d'évacuation et de traitement des
déchets varient selon les zones urbaines, et cette opération est
liée aux moyens dont dispose chaque entité administrative pour la
gestion des déchets. À Aboisso, le mode d'évacuation des
déchets est une émanation de la municipalité. Elle
consiste en une collecte des déchets que les populations
déversent soit dans les lieux indiqués où dans la
nature.
134
Pour la collecte des déchets et l'entretien de la
ville, le service d'hygiène dispose des équipements suivants ;
Trois (3) engins, une (1) benne, trois (3) tricycles, deux (2) tracteurs pour
un travail de rotation subdivisé en deux (2) équipes. Pour la
rotation, une benne est utilisée pour la collecte permanente des
déchets. Les deux (2) autres bennes sont en panne. Ainsi, la benne
associée à un tracteur effectue en moyenne trois (3) voyages par
jour. Le poids total des déchets collectés est estimé
à 100,5m3(Service d'hygiène Aboisso, 2016).
De l'avis des agents du service technique, les moyens pour une gestion efficace
de l'environnement dans la ville d'Aboisso ne sont pas réunis. Le
tableau ci-dessous fait le récapitulatif des modes de collecte et
équipements disponibles
Tableau 19: Équipements utilisés pour
la collecte des déchets
DÉCHETS COLLECTÉS
|
MODE DE COLLECTE
|
ÉQUIPEMENTS
|
Ordures ménagères résiduels
|
Collecte collective
|
Trois (3) engins
|
Déchets secs
|
Apport volontaire
|
Une (1) benne
|
Déchets encombrants
|
|
|
|
Source : Service d'hygiène Aboisso, 2016,
Le tableau n°19, présente les équipements
qui sont utilisés pour la gestion du cadre de vie à Aboisso. Le
service technique d'Aboisso, avoue qu'avec cet effectif les travaux pour une
meilleure gestion de l'environnement reste difficile. La quantité des
déchets et les travaux que doivent mener le service nécessite un
effectif du matériel plus conséquent. Le schéma qui suit
est le modèle type de gestion des déchets qu'effectue le service
d'hygiène de la mairie. En effet, la collecte des déchets est une
activité qui nécessite des moyens matériels et humains
pour une gestion appropriée, vu que la population de la ville ne cesse
de s'accroitre, aggravant ainsi les problèmes de gestion de
l'environnement déjà existant. Des études scientifiques
ont mis en relief, l'évolution de la population et la gestion de
l'environnement. En exemple citons, Lucie Laurian (2008), qui relève que
la distribution des risques environnementaux à un lien étroit
avec la population.
Production des déchets
135
Déchets brûlés sur place
/ Déchets enfouis
Pas de récupération
Système officiel
|
|
Poubelles Privées
|
Nettoyages des rues
|
Poubelles communautaires
|
|
Camion, remorque, tricycle de
ramassage
DÉCHARGE
Source : Inspiré, du schéma de gestion dans
les pays du Sud, Philippe Thonart (2005) et adapté par Niamké
2016
Figure 26 : Le système de gestion des
déchets dans la ville d'Aboisso
La figure ci-dessus traduit le système de gestion des
déchets dans la ville d'Aboisso de la production de ces déchets,
à la collecte et à la mise en décharge. Ce système
de gestion a été prouvé par l'étude de Kaupp, comme
celui des pays du Sud. Notre étude également a permis de
confirmer ce modèle de gestion. Ainsi, dans ce cycle, on relève
qu'après la production des déchets par les ménages et les
activités économiques humaines, la première étape
de la gestion des déchets est la collecte. En fonction des dispositions
mises en place, par les services techniques, les opérations de collecte
des déchets s'effectuent. La collecte concerne aussi bien les
déchets contenus sur les sites officiels que les dépôts
sauvages de déchets, le service technique dispose de remorques comme le
présente la photo n°16.
136
Photo 16: Collecte de déchets par le service
technique, (Cliché, Niamké 2016)
Il est important de souligner que la ville d'Aboisso, ne
dispose de filière de collecte informelle de déchets. La collecte
des déchets est exclusivement réalisée par la mairie.
Aussi, faut-il le souligner que le traitement des déchets
médicaux est géré par les services de santé, qui
incinèrent ces déchets.
3.7.2. Processus de la collecte des déchets
La gestion des déchets dans les villes africaines et
en particulier celles de la Côte d'Ivoire suit un processus en trois
étapes ; la pré-collecte, la collecte et le traitement. Pour
l'ANASUR (2009), les deux premières étapes du processus ne sont
pas correctement assurées. Les données de ladite structure,
présente un taux de 51% de la collecte effective des déchets
produits dans la ville d'Abidjan, comme indicateur de l'insuffisance dans le
service de collecte des déchets. En ce qui concerne la ville d'Aboisso,
il n'existe pas de pré-collecteurs, ce qui explique le fait que la
mairie détient exclusivement la charge de la collecte des
déchets. Ainsi, la collecte qu'effectuent les services techniques de la
Mairie consiste à récupérer les déchets aux espaces
de coffres et postes de groupage, et à les acheminer vers la
décharge. Le transport des déchets s'effectue par des moyens de
camions ou tricycles. Le transport des déchets s'effectue aux moyens de
camions ou de tricycles. Les photos en dessous montrent une étape du
processus de la collecte par les camions du service technique de la mairie.
137
.
Photo 17: Collecte des déchets par les
services de la mairie, (Cliché, Niamké
2016)
La photo, montre le mode de conditionnement des
déchets avec le transfert au centre de groupage. Les camionneurs pour la
collecte passent devant les habitats en alertant la population par les klaxons,
puis procèdent à la collecte des déchets mis en sac se
trouvant devant les porte ou sites indiqués. La figure n° 27
suivant traduit le processus de gestion des déchets.
MÉNAGES
(Producteurs de déchets)
Apport volontaire
Gestion inappropriée
Collecte porte à porte
Coffre à ordures
Poste de groupage
Décharge
Enfouissement
Incinération
Dépôts non contrôlés
138
Voie non légal Voie légal
Modèle réalisé à partir du
modèle de Philippe Thonart (2005) Figure 27 : Circuit de
collecte des déchets à Aboisso
La figure indique le processus de la collecte des
déchets à partir des ménages qui sont acteurs dans la
chaine de production. Les deux flèches représentées
indiquent chacune un processus. La flèche en pointillée indique
la voie non légale de la chaine, tandis que la flèche pleine nous
présente le circuit officiel. Les deux circuits sont suivis par les
ménages, mais celui qui est en cause de la dégradation de
l'environnement est le circuit qui correspond à la flèche
pointillée. Pour finir, relevons que nos entretiens
réalisés avec les responsables du service d'hygiène et
d'assainissement de la ville nous ont permis de relever l'insuffisance des
moyens matériels et financiers mis à leur disposition.
Conclusion du chapitre 3 : Aboisso
: une ville, soumise aux risques sanitaires du milieu
physique
|
|
139
La ville d'Aboisso, en dehors des faits de santé
provoqués par les hommes, le milieu physique offre un site qui est
soumis également à des risques majeurs. La topographie
constituée de hauts plateaux, et de larges vallées constituent un
danger pour les populations. En effet, dans ce chapitre qui met en
lumière l'aspect physique et associe les risques sanitaires, il ressort
que la ville d'Aboisso est constamment en proie aux menaces du site physique
surtout quand il s'agit de pluie, qui débouche très souvent sur
des inondations.
Le risque pour la santé que couvre l'aspect physique
prend également en considération diverses faits, dont celui de la
participation des populations. En effet, les populations par leur comportement
contribuent à dégrader l'environnement ce qui se traduit par des
problèmes de santé énormes.
140
Conclusion partielle : Deuxième partie
Ce chapitre nous a apporté des connaissances utiles
sur le contexte physique, de notre zone d'étude. Les enquêtes
menées ont permis de comprendre les risques pour la santé
lié à la topographie du site de la ville d'Aboisso. Il apparait
ainsi que diverses causes physiques agissent et entraînent une
perturbation sur l'état de santé de la population. Le contexte
physique est donc un indicateur important à prendre en compte pour faire
face aux problèmes de santé et aux à intégrer au
politique de développement.
CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ
LIÉS À L'ENVIRONNEMENT HUMAIN
|
|
141
La gestion de l'environnement implique le processus de
collecte, d'évacuation et de traitement des déchets. Les divers
modes de cette gestion, combinés à la pluralité des sites
insalubres qu'on rencontre dans la ville d'Aboisso suscitent de multiples
interrogations sur les risques sanitaires que l'étude vise à
montrer.
La question sur les impacts sanitaires qui se pose est
très variée. À ce propos, différentes études
ont été menées pour élargir la réflexion sur
le phénomène, notamment sur les opérations de
préservation de l'environnement par la gestion des déchets, de
leur collecte, de leur recyclage ou de leur traitement. Dans ce chapitre, la
question sera plus ouverte sur les déterminants qui expliquent les
risques sanitaires dans la ville, tout en mettant également l'aspect sur
l'impact de leur contact notamment chez l'homme (la population d'Aboisso),
leurs émissions et leurs accumulations dans la ville, les risques
associés aux déterminants. Dans ce chapitre, il sera question
d'évaluer les risques encourus par les populations.
142
4.1. Dégradations anthropiques et risques
sanitaires
L'homme agit constamment sur son milieu et cela à
travers diverses manières. Toutes les actions que posent les populations
ne sont toujours pas agréables pour l'environnement. Des
activités sont souvent à l'origine de la dégradation de
l'environnement, comme par exemple les commerces de rues, les restaurants
où on observe des déversements des eaux usées dans les
caniveaux bien que bouchés. Au niveau des actions, on distingue deux
types d'impacts négatifs possibles de l'action de l'homme sur
l'environnement : la pollution et la destruction de l'écosystème.
Cependant, la destruction de l'écosystème n'étant pas
l'objet central de notre étude, nous abordons, la pollution qui est une
variable étudiée permettant de décrire également le
niveau de dégradation à Aboisso.
4.1.1. Les facteurs de risques liés à
l'environnement
Le poids des conditions environnementales dans la
société est considérable et cela est attesté par
l'Organisation mondiale de la santé (OMS, 2012) qui montre que
les facteurs environnementaux expliqueraient 24% de la charge de la
morbidité totale. En plus, selon toujours l'OMS, 40% des maladies dans
le monde seraient attribuables à la présence, dans
l'environnement physique des individus, d'agents pathogènes cliniques ou
biologiques. Certes, le poids des conditions environnementales occasionne la
présence d'agents pathogènes, mais il faut relever que les
pratiques d'hygiène à l'échelle des quartiers et espaces
domestiques soulèvent beaucoup d'interrogations. Notamment, les
pratiques liées aux stockages des déchets ménagers,
à l'usage et à la consommation de l'eau, les activités
économiques susceptibles d'occasionner des risques environnementaux.
L'ensemble de ces différentes pratiques s'effectuent dans un espace
(résidence de travail et de loisirs), qui conditionne une bonne
partie de la santé des populations. La théorie des
systèmes évoquée plus haut et qui constitue le support de
notre recherche, conduit a présenté les espaces de
résidence, de travail, et de loisirs comme des sous-systèmes qui
influencent la qualité de vie de façon quotidienne. Dans ce
système donc, les premiers déterminants sont les facteurs de
risques individuels liés non seulement aux comportements mais surtout
aux modes de vies.
143
4. 1.2. Les risques d'exposition
Les risques d'expositions sont très variés et
se définissent comme la probabilité que des effets sur la
santé surviennent à la suite d'une exposition de l'homme à
une source de contamination8 Le risque sanitaire dépend donc
du contaminant, de son effet de toxicité, de la durée et de
l'importance de l'exposition de l'homme. Dans la ville d'Aboisso, on observe
des espaces qui se sont progressivement transformés en des lieux de
risques d'exposition, notamment, le site de la gare routière, les berges
du fleuve Bia et d'autres sites comme le marché et ses alentours. Au
niveau de la gare routière, les travaux de voiries en cours occasionnent
des situations qui découlent sur des risques d'exposition pour les
populations. L'image qui suit présente un site au niveau de la gare
routière qui concentre un point d'eau qui concentre des micros
bactéries.
Photo 18: Eaux usée stagnante au niveau de la
gare routière, (Cliché, Niamké
2016)
L'étude est menée à partir de la
théorie des systèmes qui met des éléments en
interrelation et conduit à une schématisation des faits pour
mieux expliquer certains phénomènes observés. Ainsi, pour
une conception des risques d'exposition la figure n° 28 permet de relever
les faits d'exposition.
8 Une source de contamination est aussi
appelée source de danger
Source
d'exposition (Micro-organisme pathogène)
Vecteur
(Transmission croisée)
Transmission directe
Hôte réceptif
144
Figure 28: Schéma d'explication de la
transmission directe
Source : OMS, (2010)
Les contaminants (ou dangers) peuvent être classés
en 3 familles :
Les contaminants biologiques, appelés aussi
agents pathogènes, tels que les champignons, les bactéries, les
virus, les parasites. On peut y associer les vecteurs responsables de la
transmission d'agents pathogènes à l'homme tels que les
moustiques, les souris, les rats... ;
Les contaminants chimiques tels que les
métaux lourds, les hydrocarbures ou les dioxines ;
Les contaminants physiques à savoir : les
rayonnements ionisants, les rayons ultraviolets, les champs
électromagnétiques, le bruit et les températures
4.1.3. Les populations face à l'exposition
aux contaminants L'homme peut être exposé à
ces contaminants :
par voie digestive, via l'eau ou les aliments, par
défaillance dans les mesures d'hygiène individuelle (lavage des
mains) ou collectives ;
Par voie respiratoire, via l'inhalation de gaz ou de
particules,
Par voie cutanéomuqueuse : effraction cutanée
(piqûre ou coupure accidentelle, projections sur peau
lésée), projections sur muqueuse, projections sur peau saine,
exposition externe aux rayonnements ionisants. Les conditions climatiques
peuvent avoir un impact plus ou moins direct sur la santé des personnes
ou des animaux, telles que les vagues de froid ou de chaleur qui touchent
particulièrement les personnes les plus sensibles : personnes
âgées, enfants en bas âge. Ces facteurs, de par leur
diversité, le manque de connaissance qui peut les caractériser,
sont pour certains difficiles à qualifier, à quantifier, et donc
à gérer. Pour de nombreux risques de santé liés
à l'environnement, les connaissances sont encore parcellaires,
145
incertaines, voire inexistantes. L'apparition des effets
sanitaires de certains produits est parfois différée, rendant
difficilement l'identification des liens de cause à effet (amiante). De
nombreux facteurs rendent également difficile l'évaluation des
risques sanitaires environnementaux : inégalités sociales face
à la santé, accès aux soins, risques sanitaires
liés au tabagisme et à la consommation d'alcool, risques
sanitaires liés aux expositions professionnelles... En cas d'incertitude
sur la santé de certains facteurs, les pouvoirs publics adoptent le
principe de précaution. Le principe de précaution plaide pour un
risque maîtrisé qui met en oeuvre une action proportionnée,
consentie par les parties en jeu et garantie par une expertise scientifique.
4.2. Le niveau d'instruction : élément de
vulnérabilité face à la dégradation de
l'environnement
L'éducation est un moteur du développement.
C'est aussi un déterminant qui exprime le fait qu'une population qui est
instruite peut aisément s'imprégner de toute situation et en
développer une réflexion ou plus encore, mieux apprécier
une disposition. En matière d'éducation, il est admis, qu'une
population suffisamment instruite un est indicateur qui contribue à une
exécution des programmes de société établi par les
autorités. Au cours de l'enquête, les informations obtenues sur le
niveau d'instruction ont conduit à élaborer la figure
ci-dessous.
Proportion des ménages
17,10%
Aucun Primaire Secondaire Supérieur
Coranique
Niveau d'instruction
20,50%
44,60%
16,60%
1,30%
Figure 29: Répartition des enquêtes
selon le niveau d'instruction
Source : Niamké, 2016
La figure n° 29, présente l'ensemble des
ménages dont, 17,10% n'ont jamais fréquenté une
institution d'enseignement moderne ou traditionnelle. Cette proportion
observée, traduit
146
bien que toute la population n'ait pas
bénéficié d'une scolarisation et qu'à ce jour ce
groupe constitue un maillon important, qui doit être pris en compte dans
la diffusion d'information des programmes essentiels. Aussi, faut-il relever
que les ménages, ayant le niveau secondaire et/ou supérieur sont
fortement représentés parmi les ménages avec un taux de
61,20%, (avec 44,0% pour le niveau secondaire et 16,60% pour le niveau
supérieur).
Dans le contexte sanitaire le niveau d'instruction est un
déterminant important de la santé selon le Programme National de
Développement Sanitaire (PNDS, Côte d'Ivoire, 2013-2015).
En effet, les déterminants de la santé sont de plusieurs
ordres ; géographique, socioculturel, économique, environnemental
et interne au système de santé. Mais, on relève que celui
concernant le niveau d'instruction, de façon générale
l'éducation de la population, lorsqu'il est faible, accroît les
pratiques néfastes à la santé (mauvaises habitudes
hygiéniques, absence de connaissance liés à une meilleure
gestion environnementale de son cadre de vie...).
Pour le PNDS (2102), ces facteurs entraînent ainsi des
changements significatifs dans les modes de vie des populations, la
méconnaissance des normes de sécurité sanitaire, les
risques liés à la prolifération des sites insalubres ou
cadre de vie dégradé, ce qui expliquent en partie
l'émergence de certaines affections.
4.2.1. Le niveau d'instruction, comme facteur
d'accentuation de dégradation de l'environnement
La question de l'insalubrité a fait l'objet de
plusieurs études scientifiques. Certains, auteurs comme Akram Nadir
Bakhti et al (2015), ont montré que l'insalubrité est
liée à plusieurs facteurs notamment le revenu. Pour d'autres
auteurs, l'insalubrité péri-domiciliaire est liée au
manque d'instruction. Dans cette séquence de notre étude, nous
voulons vérifier si le niveau d'instruction est un facteur
d'accentuation de la dégradation de l'environnement. Pour ce faire, nous
avons donc procédé à la réalisation du test
statistique de Khi2.
· Calcul statistique du test de Khi2 :
Nous adoptons le même principe du test, qui a
été déjà effectué plus haut. Notons que le
test consiste à calculer pour chaque case du tableau, l'effectif
théorique qui devrait être sous l'hypothèse nulle des
distributions.
147
Tableau 20: Effectifs
observés
ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT
Dégradé Malsain Sain Total
NIVEAU D'INSTRUCTION
Aucun
|
38
|
20
|
8
|
66
|
Primaire
|
43
|
22
|
14
|
79
|
Secondaire
|
103
|
47
|
22
|
172
|
Supérieur
|
27
|
27
|
22
|
64
|
Coranique
|
5
|
0
|
0
|
5
|
Total
|
216
|
116
|
66
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
On pose les deux hypothèses suivantes :
H0 : Le niveau d'instruction n'explique pas la
dégradation de l'environnement à Aboisso H1 : Le niveau
d'instruction explique la dégradation de l'environnement à
Aboisso
· Calcule des fréquences théoriques :
Il s'agit du produit de la somme des colonnes par la somme des
rangées, respective, divisée par la somme totale.
Le résultat des opérations est consigné
dans le tableau ci-dessous
Tableau des effectifs théoriques de
l'état de santé
EFFECTIF THÉORIQUE
ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT
|
Dégradé
|
Malsain
|
Sain
|
Total
|
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
|
|
|
Aucun
|
37
|
20
|
11
|
68
|
Primaire
|
44,21
|
23,74
|
13,51
|
81,46
|
Secondaire
|
96,25
|
51,69
|
29,41
|
177,35
|
Supérieur
|
35,81
|
19,23
|
10,94
|
65,98
|
Coranique
|
2,8
|
1,5
|
0,85
|
5,15
|
Total
|
216
|
116
|
66
|
398
|
|
Source : Niamké, 2016
· Le Calcul du Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
· Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique Le tableau qui suit renferme
les opérations pour déterminer la valeur du Khi 2
148
|
ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT
|
|
|
|
Dégradé
|
Malsain
|
Sain Total
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
|
|
|
|
Aucun
|
0,03
|
7,76
|
0,96
|
8,75
|
Primaire
|
0,03
|
11,16
|
0,02
|
11,21
|
Secondaire
|
0,47
|
-15,38
|
1,87
|
-
13,04
|
Supérieur
|
2,17
|
1,73
|
0,4
|
4,3
|
Coranique
|
1,73
|
1,5
|
0,85
|
4,08
|
Total
|
4,44
|
6,77
|
4,09
|
15,3
|
|
Source : Niamké, 2016
Le Khi 2 calculé est 15,30
On procède à la comparaison des Khi2
calculé au K}1I2 de la table
K}1I2 calculé = 15,30
K}1I2 de la table est de 20,05 pour un ddl = 8 et un seuil de
confiance à 95%.
K}1I2 calculé = 15,30 est inférieure au Khi 2 de
la table,
Conclusion du test sur la mise en relation niveau
d'instruction et la dégradation de l'environnement par les populations
à Aboisso.
Le KHI2 calculé est inférieur au
KHI2 de la table, on conclut alors que le niveau d'instruction
n'explique pas la dégradation de l'environnement dans la ville
d'Aboisso. Le test de Khi2.
Ce résultat du test permet de taire les perceptions
selon lesquelles, le niveau d'instruction est lié à la
dégradation de l'environnement.
4.2.2. Lieu de rejet des déchets et le niveau
d'instruction
Nous nous sommes intéressés dans cette section
a une mise en relation basée sur l'hypothèse suivante : le niveau
d'instruction n'a aucune influence sur le rejet des déchets. Dans la
compréhension de cette hypothèse, nous voulons voir si, le fait
de la multiplicité des sites incontrôlés, le rejet de
déchets dans la rue, ou même dans le plan d'eau de la Bia a un
lien avec le niveau d'instruction. Dans les interviews réalisées
à ce sujet, les ménages abordent plutôt le manque ou
l'insuffisance de point de collecte ou de bac à ordures comme facteurs
explicatifs des sites incontrôlés. Nous avons donc mis en relation
deux variables, l'une sur le
149
lieu de rejet des déchets et l'autre variable le niveau
d'instruction. Le processus de l'application du test de Khi2, étant
acquis, procédons par la formulation des hypothèses et les
résultats.
Hypothèse (Ho) : Le rejet des déchets
n'est pas influencé par le niveau d'instruction Hypothèse (H1) :
Le rejet des déchets est influencé par le niveau
d'instruction
Présentons le tableau de contingence, rappelons que le
tableau de contingence un moyen particulier de représenter
simultanément deux caractères observés sur une même
population, s'ils sont discrets ou bien continus et regroupés en
classes.
|
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
Lieu de déversement
|
Aucun
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Coranique
|
Total
|
Bac à ordure
|
22
|
31
|
74
|
25
|
0
|
152
|
Dans la rue à ciel ouvert
|
11
|
16
|
19
|
6
|
1
|
53
|
Dans les caniveaux
|
9
|
1
|
18
|
9
|
0
|
37
|
Devant votre maison
|
12
|
16
|
37
|
9
|
2
|
76
|
Dans la lagune
|
3
|
3
|
5
|
1
|
0
|
12
|
Fosse septique
|
4
|
7
|
9
|
2
|
1
|
23
|
Dans les puits perdus
|
5
|
5
|
10
|
12
|
1
|
33
|
Total
|
66
|
79
|
172
|
64
|
5
|
386
|
|
Les opérations mathématiques du test de Khi2
donnent les résultats suivants :
p = 7,1% ; Khi2 = 34,81 ; ddl = 24 (PS) La relation
est peu significative
|
|
Les conclusions du test ne permettent pas d'établir
significativement un lien entre le niveau d'instruction et les déchets
déversés dans les divers sites de la ville.
4.3. Cadre de vie et risques sanitaires
Les cadres de vie se caractérisent par des
frontières physiques, diverses personnes ayant des rôles
définis et une structure organisationnelle (OMS, 1999). On peut
également définir le cadre de vie comme le lieu dans lequel les
individus vaquent à leurs activités
150
quotidiennes et où les facteurs environnementaux,
organisationnels et personnels influent les uns sur les autres. Comme dans un
système, les facteurs interagissent et perturbent non seulement le bien
être, l'environnement mais surtout influencent la santé des
populations à travers tous les risques sanitaires qui se
présentent dans ce cadre de vie. Les espaces à risques sanitaires
sont fortement présents dans le quotidien des populations. Cette
présence des espaces à risque sanitaire à l'échelle
de la ville, s'observe aussi bien dans les quartiers de la rive gauche que dans
les quartiers de la rive droite. Ainsi, ces espaces à risques se
caractérisent par le niveau élevé de morbidité qui
est attribuable à un déficit de service sanitaire. Aussi,
certaines études scientifiques associent la multiplicité des
espaces à risques sanitaires à la précarité des
conditions d'hygiène dans différents espaces vécus.
L'observation menée dans la ville d'Aboisso, permet également
d'associer davantage la qualité de vie des populations aux risques
sanitaires. La production quotidienne des déchets n'est pas suivie d'une
collecte régulière, ceci entraîne des dépôts
d'ordures qui restent pendant des jours à proximité des
habitations. L'enquête auprès des ménages sur la collecte
des déchets a permis de voir la courbe de tendance, qui montre le temps
mis par les services de l'hygiène pour évacuer les déchets
restés sur place.
4.3.1. L'hygiène du milieu
L'évacuation des eaux usées et des ordures
ménagères constituent très souvent pour les ménages
une difficulté. En effet, la ville d'Aboisso présente une
infrastructure insuffisante en matière de gestion de l'environnement.
Les eaux usées sont déversées quotidiennement devant ou
derrière les maisons. Les ordures ménagères sont aussi
déposées à l'arrière cours ou devant les maisons.
Hormis les ordures ménagères, on trouve aussi, derrière
les habitations, toutes sortes de déchets provenant de divers travaux
domestiques. Il s'agit de véritables dépotoirs dont le contenu
est souvent incinéré.
151
Photo 19: Réceptacle des eaux usées
à l'arrière cours d'un habitat, (Cliché,
Niamké 2016) 4.3.2. Cadre de vie et déterminants
environnementaux
Les déterminants environnementaux et le cadre de vie,
influencent également l'état de santé de la population.
Ils renvoient à une vaste gamme de facteurs extérieurs au corps
de l'individu ou à des caractéristiques du milieu. Ils ont un
impact, non seulement sur la santé, mais également sur le
fonctionnement et la qualité du cadre de vie des populations. Un
environnement constamment dégradé renferme des agents
pathogènes (des agents microbiens, des contaminants chimiques) qui
contribuent à l'apparition des maladies ou qui favorisent la propagation
et la transmission des pathologies. Ainsi, la santé de la population est
en étroite relation avec la qualité de l'environnement. Pourtant,
le manque d'hygiène régulièrement observé,
l'insalubrité, les déchets ménagers, l'insuffisance
d'assainissement, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable, l'habitat
précaire, constituent autant de risques sanitaires encourus par les
populations de la ville d'Aboisso. Tous ces facteurs d'exposition accroissent
les risques sanitaires et expliquent en partie la fréquence
élevée des maladies infectieuses et parasitaires et les
nombreuses formes de dégradation observées dans l'environnement.
La photo qui suit nous présente un tas d'ordures ménagères
entre des habitats dans le quartier TP.
152
Photo 20: Un espace entre les habitats dans le
quartier TP transformé,
(Cliché, Niamké 2016)
La méconnaissance des règles
d'hygiène pousse les populations à adopter des comportements
non-hygiéniques qui se traduisent par le déversement des
déchets (solides et liquides) entre les maisons à
l'intérieur des quartiers.
4.4. Assainissement et risques sanitaires
L'assainissement est un processus par lequel l'être
humain modifie son environnement afin de le rendre plus sain. Il s'agit ainsi
d'une démarche visant à améliorer la situation sanitaire
globale de l'environnement dans ses différentes composantes. Il comprend
la collecte, le traitement et l'évacuation des déchets liquides,
des déchets solides et des excréments. En effet, quand ce
processus qui vise donc à évacuer tous ces déchets n'est
pas observé aussi bien des caniveaux bouchés, des stagnations
d'eaux dans les égouts et des ouvrages de régulation. Il convient
de chercher à comprendre comment les populations s'adaptent face
à la dégradation constante de leur milieu de vie, et du
système d'assainissement, aussi il sera question de présenter les
risques sanitaires liés à cette situation. En effet, la figure
n°30 présente la perception des ménages en ce qui concerne
le niveau d'assainissement de la ville.
niveau d'assainissement
très mauvais
mauvais
bon
0 50 100 150 200 250 300
Proportion des menages
153
Source : Niamké, 2016
Figure 30: Perception du niveau d'assainissement
à Aboisso par les populations
À la lecture de la figure, on relève que
plus de la moitié des ménages estiment que l'assainissement de la
ville est très mauvais (71,71%). Ceci démontre que les
ménages ont conscience des risques sanitaires encourus. Cette tendance
confirme l'insuffisance de moyens matériels évoqués par
les services en charge de la gestion de l'assainissement et surtout tous les
risques pour la santé liés à l'environnement.
4.4.1. Le risque environnemental
Le risque environnemental désigne, la
possibilité de survenance d'incidents ou accidents
générés par l'activité d'une entreprise ou groupe
humain pouvant avoir des répercussions nuisibles et significatives sur
l'environnement BERAUD (2013). Le risque environnemental est
évalué en tenant compte de la probabilité d'occurrence
d'un événement (aléa) et du niveau de danger. Les effets
nocifs des eaux usées sur l'environnement observés à
Aboisso exposent de manière directe ou indirecte les populations
à des risques sanitaires. En effet, on distingue deux catégories
d'eaux usées domestiques : les eaux usées ménagères
et les eaux vannes. En ce qui concerne la première catégorie, il
faut relever qu'elle contient des solvants, des graisses et des débris
organiques, tandis que la deuxième catégorie, c'est-à-dire
l'eau de vanne est chargée de matières organiques azotées
et de germes fécaux. Toutes ces différentes substances sont des
risques de santé pour les populations.
154
4.4.2. Risques sanitaires liés aux réseaux
techniques de la ville
Les réseaux techniques de la ville souffrent de divers
problèmes qui ont été évoqués par les
ménages lors de l'enquête de terrain. À l'échelle
des quartiers de la ville, ces problèmes techniques sont
significativement associés aux risques sanitaires.
Les problèmes liés au rejet des eaux
usées, les obstructions d'égouts, l'obstruction des
systèmes de drainages et les cassures de canalisation présente
une insalubrité manifeste qui constituent de véritables
gîtes de prolifération des agents pathogènes. Cette
situation des sites insalubres favorise davantage la survie des germes
pathogènes qui se traduisent par la présence des mouches et qui
assurent souvent leur dissémination dans l'espace. En effet, les
équipements d'assainissement disponibles et en bons états dans un
service constituent un indicateur d'environnement hygiénique. Mais, la
ville d'Aboisso n'en dispose que très peu d'équipements et
enregistre des engins en mauvais état. La figure suivante
présente les problèmes environnementaux que les ménages
évoquent.
remontée d'eaux usées sur la
chaussée
cassure des canalisations
6,22%
15,28%
obstruction des systèmes de drainage d'eaux
pluviales
bouchage des égouts
22,54%
55,96%
Source : Enquête de terrain, 2016
Figure 31: Problèmes de l'environnement
évoqués par les ménages
À la vue de la figure 31, les problèmes
environnementaux sont plus observés au niveau des bouchages des
égouts avec une proportion de 55,96%. Aussi, 22,54% des ménages
considèrent que les obstructions des systèmes de drainage d'eaux
pluviales constituent un problème d'environnement. En ce qui concerne
les remontées d'eaux usées, 6,22% des ménages
évoquent cette situation comme problème environnement. 15, 28%
des ménages mettent en relief les cassures de canalisation comme l'un
problème les plus visibles dans la ville.
155
4.5. Concentration des populations et risques
sanitaires
Les problèmes de santé publique liés
à une forte concentration de la population constituent les défis
actuels des politiques de gestions urbaines et de gouvernance. Elles visent
à diminuer, voire à supprimer, le contact humain avec les
matières fécales ainsi qu'avec d'autres corps pathogènes
dangereux pour la santé et présents dans l'atmosphère,
l'eau, les denrées alimentaires et le sol. Comme plusieurs villes de la
Côte d'Ivoire, les problèmes environnementaux s'accentuent avec la
croissance et concentration de la population sur un espace. Les
problèmes que soulève la croissance de la population sont
multiples, entre autres on rencontre : les problèmes de canalisation, de
mise en place de système de drainage des eaux usées de surface,
l'élimination des déchets et autres déchets solides. La
ville d'Aboisso rencontre également ce même type de
problème, ce qui explique l'insalubrité des quartiers et surtout
du quartier Sokoura qui est dépourvu de système adéquat
d'assainissement. Le quartier Sokoura concentre une forte densification du
bâti, imputable à une modification progressive dans l'occupation
de l'espace. Cette occupation de l'espace limite les possibilités aux
services de collecte d'atteindre certains sites et donc d'effectuer
convenablement le service ramassage des ordures ménagères et
autres déchets. Par ailleurs, face à cette situation on assiste
à la propagation des sites inappropriés de dépôts de
déchets dégradant davantage l'environnement. La figure en dessous
présente l'interaction entre la population et le milieu de vie.
DENSITÉ
État des habitations Assainissement Risque
naturel Eau potable Installation sanitaire
Promiscuité Évacuation des eaux
pluviales Nuisance Précarité
sociale Vétusté des installations sanitaires
Source : Niamké, 2016
Figure 32: Schéma de la densité de
population et des relations environnementaux
La relation entre densité de la population et
environnement se traduit par plusieurs faits qui ne sont pas à
l'avantage des populations. En effet, des études scientifiques comme
celle de Kientga S, (2008) sur la question de la relation
environnement et santé, a relevé que le rapport densité de
population et environnement demeure davantage dangereux pour les personnes
à cause des contacts directes possibles avec le milieu soumis à
de nombreux faits
156
de santé. Le schéma d'illustration du rapport
densité de population et environnement met en évidence les liens
entre état des habitations, les réalités observées,
notamment la promiscuité et la vétusté des installations
sanitaires.
4.5.1. L'insalubrité à l'échelle des
quartiers
La production des déchets liquides et solides est
liée aux activités des populations et à leur mode de vie.
Les indicateurs tels que la taille des ménages, le niveau de production
des déchets, le manque de caniveaux en bon état, permettent
d'apprécier le niveau d'insalubrité du quartier. Une croissance
démographique rapide peut échapper à la capacité
des autorités de gestion de la ville, à gérer
convenablement la salubrité, l'assainissement et à veiller
à l'approvisionnement en eau. La croissance de la population, constitue
ainsi une variable qui influence le niveau de gestion des espaces à
l'échelle des quartiers. L'évolution démographique
s'accompagne de plusieurs faits environnementaux qui contribuent à la
dégradation de l'espace. À Aboisso, l'insalubrité est
observée à travers plusieurs variables.
4.5.2. La caractérisation de l'insalubrité
à Aboisso
La caractérisation de l'insalubrité dans la
ville d'Aboisso, prend en compte plusieurs dimensions et pose de
véritables problèmes dans les quartiers. Rappelons que
l'insalubrité est une accumulation de facteurs néfastes pour la
santé. Il s'agit de facteurs environnementaux, physiques, chimiques et
biologiques. Au centre de ce sous-système insalubrité, se trouve
la population qui, agit de multiples façons dans ce système
relation « population-environnement ». Cependant, les faits qui
relèvent de cette situation d'insalubrités sont diverses et on
peut citer entre autres : le système de raccordement aux réseaux
du système d'assainissement. La défaillance de ce système
est à la base de l'insalubrité due à la stagnation des
eaux usées et domestiques dans les différents quartiers. Il faut
relever aussi, que le ruissellement est un fait de dégradation à
Aboisso à cause du relief très accidenté constitué
de des pentes relativement fortes. Bien que les facteurs physiques contribuent
à des situations d'insalubrité, les populations de la ville
d'Aboisso modifient sans cesse également l'environnement
également. Ainsi, les systèmes d'interactions entre l'individu et
l'environnement intègrent aussi bien les actions, les activités
et les représentations dans la temporalité. Cette interaction
sera également tributaire de la projection de l'individu dans le futur,
toujours en relation avec l'environnement avec lequel l'individu est en
interaction.
157
4.5.3. La caractérisation de l'assainissement
des eaux usées et risques sanitaires
La question de l'assainissement des eaux usées, se
pose avec acuité dans les différents quartiers de la ville
d'Aboisso. Ce fait nécessite un regard particulier, car elle n'est sans
doute sans conséquences sur l'environnement. Ainsi, les situations
perceptibles qui entraînent les conséquences peuvent s'observer
notamment au niveau des bas-fonds marécageux et lac dont le degré
d'eutrophisation9 est important. La figure n° 21 suivante
présente le lac au quartier TP-extension avec par des nutriments.
Photo 21: Vue du lac au niveau du quartier
TP-Extension, (Cliché Niamké, 2016)
La photo n°21 présente le lac qui est envahi
par les nutriments. Cette situation entraîne le développement
d'agents pathogènes et expose donc les ménages à des
risques sanitaires. Bien que l'enquête ait relevé que les
ménages, soit 83, 54% ont connaissance des risques de santé de la
présence d'une source d'eau insalubre dans leur environnement, ils ne
respectent pas les pratiques environnementales. Les responsables sanitaires
sont d'avis que les risques sont importants et indépendants du type de
tissu urbain (quartiers précaires, moyen standing, haut standing),
même si les taux de prévalence sont relativement
différents.
La ville d'Aboisso, fait face à un dysfonctionnement
observé dans presque tous les quartiers, en ce qui concerne
l'assainissement. Les ménages interrogés, ont marqué leur
adhésion à la mise à la place d'un nouveau système
d'évacuation et de traitement des eaux
9 L'eutrophisation
(du grec eu : « bien, vrai » et trophein : « nourrir
») est le processus par lequel des nutriments s'accumulent dans un milieu
et/ou un habitat (terrestre et/ou aquatique). Cette situation entraine le
développement d'agents pathogènes.
158
usées. Au total se sont 93,79 % des ménages qui
ont souhaité le renouvellement du système d'assainissement. Selon
les ménages, envisager la mise en place d'un nouveau système
revient à courir moins de risques de voir des dépotoirs sauvages
d'eaux usées et des déchets encombrés les réseaux
d'assainissement. Dans l'enquête réalisée et les interviews
menées auprès des ménages et auprès des
responsables de santé, on s'aperçoit que tous sont conscients de
l'ampleur des conséquences dus à la mauvaise gestion de
l'assainissement et du cadre de vie.
4.6. Risques sanitaires et méthodes
d'appréciation
L'évaluation des risques est née aux
États-Unis, à l'aube des années 1980. Elle a
été développée par le National Research
Council qui l'a défini en 1983 comme étant l'utilisation de
faits scientifiques pour définir les effets sur la santé d'une
exposition d'individus ou de populations à des matériaux ou
à des situations dangereuses. Appliqué pour la première
fois aux rayonnements ionisants, son champ d'application s'est rapidement
étendu aux risques sanitaires pour l'homme ou l'animal de toutes
origines, physiques, chimiques et microbiologiques et s'étend maintenant
à l'étude des impacts sur les écosystèmes. Elle
vise à caractériser le risque sanitaire dans des situations
données d'exposition d'une population humaine ou animale à un
agent physique, chimique ou microbiologique (en estimant, quand cela est
possible, la probabilité de survenue d'effets ou
d'événements sanitaires). Cette démarche permet
d'étudier « des risques à venir » et des risques trop
faibles pour être caractérisés par les outils classiques de
l'épidémiologie. Ainsi, le cadre conceptuel qui accompagne cette
démarche se construit comme suit ; il s'agit d'utiliser
méthodiquement les résultats de la recherche pour une gestion
« scientifique » du risque et de prendre en compte dans une
démarche aussi structurée et quantifiée que possible les
lacunes dans la connaissance scientifique. La caractérisation des
risques s'observe sur la figure suivante.
Appréciation de l'émission
Appréciation de l'exposition
159
Estimation du risque
Source : D. Fontenille, 2009
Figure 33 : Caractérisation des
risques
La figure n°33 permet de faire une analyse
qualitative du risque, qui nécessite de disposer d'un certain nombre
d'informations nécessaire à l'étude dans un premier temps.
Ensuite, il faut identifier l'analyse qui conduira l'étude dans un
second temps et enfin, présenter l'estimation du risque auxquelles on
doit faire des recommandations susceptibles de réduire le risque
estimé.
4.6.1. Distribution spatiale des foyers selon le niveau
de dégradation
La répartition des sites insalubres s'est
effectuée dans un premier temps selon la subdivision de la ville en deux
(rive gauche et rive droite) en tenant compte de critères relatifs au
nombre de sites d'entreposage des déchets, des sites de déchets
non contrôlés, du déversement des eaux usées, le
système de canalisation, par quartier. Des calculs ont été
effectués liés à la production des déchets,
à la densité, au volume par unité de surface, la
distribution spatiale de densité10. Le tableau qui
suit présente la situation comparative des deux rives.
10 Nombre total de dépôts
(sites insalubres + dépôts d'ordure) sur la superficie de
l'unité spatiale
160
Tableau 21 : Distribution spatiale de la production
des déchets selon les quartiers de la rive gauche et de rive
droite
|
Quartiers
|
Taille population (millier)
|
Production
déchets /hab/kg
|
Production totale
|
RIVE GAUCHE
|
ANTENNE
|
1754
|
0,75
|
1315,5
|
|
759
|
0,75
|
569,25
|
|
1743
|
0,75
|
1307,25
|
|
2827
|
0,75
|
2120,25
|
|
3279
|
0,75
|
2459,25
|
|
2884
|
0,75
|
2163
|
|
464
|
0,75
|
348
|
|
TOTAL PRODUCTION
|
10282,5
|
|
RIVE DROITE
|
ADMINISTRATIF
|
3351
|
0,75
|
2513,25
|
|
0
|
0,75
|
0
|
|
2493
|
0,75
|
1869,75
|
|
0
|
0,75
|
0
|
|
4192
|
0,75
|
3144
|
|
2940
|
0,75
|
2205
|
|
1636
|
0,75
|
1227
|
|
7299
|
0,75
|
5474,25
|
|
4656
|
0,75
|
3492
|
|
1409
|
0,75
|
1056,75
|
|
728
|
0,75
|
546
|
|
0
|
0,75
|
0
|
TOTAL PRODUCTION
|
|
|
|
|
|
21528
|
|
|
|
Source : ANDE (2001), calcule adapté INS
(2014)
|
|
|
|
|
Les indicateurs du tableau comparatif ci-dessus montrent que
la production des déchets au niveau de la rive gauche, a une
quantité nettement inférieure à celle de la rive droite.
On peut donc dire que le site de la rive droite est plus exposé aux
risques sanitaires. Le tableau a permis également d'établir la
différence significative entre les deux rives.
4.6.2. De la condition favorable à la transmission
vectorielle
L'introduction d'un vecteur peut être liée
à des caractéristiques particulières. Ainsi la
capacité de pondre des oeufs entrant en diapause et résistant au
froid et à l'assèchement dès que la photopériode
atteint un seuil minimal facilite l'introduction dans un territoire (on parle
d'espèce non indigène) (D. Fontenille, 2009). C'est
l'une des caractéristiques de l'anophèle qui affectionne les
réceptacles tels que vases, fûts, emballages abandonnés,
pneus, bouches
161
d'égout, creux d'arbre...) créant ainsi, les
conditions propices au développent des larves et à
l'émergence des vecteurs. La photo dessous permet de voir quelques
usages du fleuve par les populations.
Photo 22: Vue du lac au niveau du quartier
TP-Extension, (Cliché Niamké, 2016)
Un autre facteur qui peut avoir une influence directe ou
indirecte sur la propagation et l'intensification des maladies à
transmission vectorielle est celui de la modification des conditions de
population, notamment dans les conditions de vie à risque où les
populations utilisent à la fois le cours d'eau à plusieurs
usages. Ces conditions ont un impact sur les risques de transmission de
maladies à transmission vectorielle.
4.6.3. Perception de la maladie et évaluation des
risques sanitaires
De l'avis des ménages, la maladie peut affecter tout
le monde et donc, aucune personne n'en est épargnée. Ceci a
été prouvé par la proportion de 83,4% de la population qui
affirme être tombée malade au cours des six mois
précédant nos enquêtes de février 2016. Le
croisement des données effectuées avec les facteurs
déterminants de la santé, montre la survenue de maladies
liées aux risques de dégradation de l'environnement notamment ;
le manque d'hygiène, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable,
l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets ménagers,
l'habitat précaire, l'insuffisance du système d'assainissement du
milieu. Des études scientifiques ont prouvé que ces facteurs
d'exposition expliquent en partie la fréquence élevée des
maladies infectieuses, parasitaires, respiratoires, cutanées, des
maladies chroniques et les nombreuses pollutions observées dans
l'environnement. Par ailleurs, parmi les facteurs (l'air respiré, la
poussière, la fumée de
véhicule, la saleté autour des maisons, les
eaux usées, l'odeur de la lagune, la qualité de l'eau
consommée, la présence des moustiques, les ordures qui sont non
loin de nos maisons) soumis aux ménages au cours de
l'enquête, 19,20% qui représentent la proportion la plus
importante a évoqué la présence des moustiques comme
déterminant affectant leur santé, cela confirme bien les
problèmes de santé du au non-traitement des eaux usées et
à leur stagnation dans la ville, qui occasionne la présence de
germes et microbes pathogènes perçues par les ménages
comme facteurs de maladies.
Hôtes
Environnement
Agents pathogènes
MALADIES
Caractéristiques L'exposition
préalable L'infection Susceptibilité Âge
Caractéristiques Le manque
d'hygiène, Densité de la population L'insalubrité,
l'habitat précaire, Structure physique, structure
sociale L'insuffisance du système d'assainissement du milieu
162
Figure 34: Caractérisation des
risques Source : Hagget P. (1973), adapté par
Niamké, (2016)
À travers ce schéma, on observe
l'interaction avec double sens des flèches, qui montre la relation
étroite des trois composantes, à savoir l'agent pathogène,
l'hôte et l'environnement. Les caractéristiques que
présentent l'environnement sont bien à prendre en compte dans la
perturbation du cadre de vie et la présence des germes
pathogènes. Dans sa relation, le schéma résume les
facteurs qui ont une incidence sur l'environnement qui affecte la santé
des populations. Ainsi, l'analyse des indicateurs et caractéristiques du
« système
163
vectoriel » à l'intérieur d'un contexte
(hôtes, agent, environnement...) permet de comprendre la dynamique de
transmission d'une infection donnée.
4.7.1. Action de l'Homme sur l'environnement et risques
sanitaires
L'Homme dépend de son environnement. C'est dans ce
cadre qu'il pratique toutes ses activités économiques et
domestiques et s'organise socialement. Dans ce rapport avec son environnement
immédiat, des faits de dégradation perturbent l'environnement.
Cela s'explique par le non-respect de certaines règles
hygiéniques. Prenons pour exemple, la Bia qui reçoit les eaux
usées domestiques de façon régulière.
L'enquête a permis de relever que plus de 3,1% de la population
déversent les eaux et de déchets dans la Bia, ainsi que 13,7%
déversent les eaux usées dans la rue. Dans les faits, ce
comportement des ménages traduit la dégradation du cadre de vie,
ce qui rend donc le milieu malsain avec comme conséquence l'apparition
des agents pathogènes. La figure n°35 permet d'observer la relation
population et environnement dont le résultat s'observe par le
développement des risques sanitaires.
Dégradation
de l'environnement
Densité de
la population
Risques sanitaires pour
les populations
Source : Niamké, 2016
Figure 35: Relation population et
environnement
Les problèmes de l'environnement sont aggravés
par les actions de l'homme. Le schéma montre que le rapport entre la
population et l'environnement entraîne la dégradation et la
conséquence de ce rapport est l'apparition des risques sanitaires. Tous
les secteurs d'activités ont leur part de responsabilité dans la
dégradation de l'environnement, traduit par la densité de la
population dans le schéma. En effet, dans la concentration de la
population
164
comme le montre le schéma toutes sortes de pratiques
caractérisant les faits de dégradation de l'environnement sont
menées.
À ce schéma se superpose l'impact
négatif de l'environnement sur la santé par le cumul d'exposition
(sites insalubres, promiscuité, dépôts
incontrôlés des déchets...). Ce système
environnement déjà perturbé par les populations contribue
encore à renforcer significativement la relation entre le facteur de
risque et la maladie. Les indicateurs démographiques constituent dans ce
schéma un déterminant essentiel de la santé. Les indices
synthétiques, obtenus à partir des données de
l'enquête ménage confirment encore une fois la présence de
risque sur le milieu de vie de la population à Aboisso. Cependant, la
transmission d'une infection et le risque épidémique pouvant en
résulter dépendent des conditions environnementales (niveau
de dégradation) et de la population dans sa relation avec
l'environnement (comportement éco-citoyen).
165
Conclusion partielle du chapitre 4 : Risque pour la
santé liée au l'environnement humain
Il ressort de cette partie, qu'au-delà de
l'évaluation des conséquences néfastes pour la
santé humaine, des modifications constantes sur le système
environnement contribuent à augmenter le risque sanitaire. Pour une
meilleure appréciation du niveau de dégradation, la
répartition des sites insalubres s'est effectuée dans un premier
temps selon la subdivision de la ville en deux (rive gauche et rive droite). Il
apparaît aussi, que la caractérisation de l'insalubrité
dans la ville d'Aboisso, prend en compte plusieurs dimensions qui se
résument dans le sous-système insalubrité. L'étude
a permis de traiter la question liée aux facteurs qui accentuent la
dégradation de l'environnement dans la ville et surtout à mis
l'accent sur les risques de santé liés au cadre humain.
Conclusion partielle de la deuxième partie :
Risque de maladies liés à la dégradation
de
l'environnement
|
|
166
La deuxième partie du travail a été
consacrée à l'identification des risques de maladies liés
à la dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso. En
effet, la ville fait face à de nombreux problèmes
environnementaux qui se traduisent par la multiplicité des sites
où se développent des agents pathogènes.
Il s'est agi également dans partie de relever
aussi, le rapport que l'homme entretien avec son milieu. Les actions des
populations dans la ville d'Aboisso sont révélatrices de faits de
dégradation. En effet, les différentes observations
relevées ont montré la responsabilité de l'homme dans la
relation environnement et dégradation.
Les marqueurs de l'environnement ont permis de faire une
répartition spatiale du niveau de salubrité. Ce sont entre autres
(Le manque d'hygiène, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable,
l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets ménagers,
l'habitat précaire, l'insuffisance du système d'assainissement du
milieu)
TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE
DÉGRADATION
DE L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ À
ABOISSO
|
|
167
Dans cette troisième partie de l'étude, il
s'agit de mettre en relation la dégradation de l'environnement
perçue à travers les déterminants de la dégradation
et l'état de santé des populations. Il s'agit donc d'observer les
indicateurs et d'établir significativement les corrélations de
dépendance, et non la causalité des faits de santé. Les
nuisances environnementales et sanitaires liées à la gestion de
l'environnement restent d'actualité dans les différentes
politiques de développement. Ainsi, à Aboisso tout comme dans
certaines villes de la Côte d'Ivoire, la question de la santé en
relation avec l'environnement demeure préoccupante. En effet, le tableau
que nous présente la ville d'Aboisso en matière de gestion de
l'environnement conduit à mener une analyse critique des systèmes
de gestions déchets (évacuation des eaux usées, boues et
matières fécales...) et d'en évaluer les impacts sur
l'environnement et la santé des populations. Il s'agit donc de faire une
analyse de la dégradation des déchets et les problèmes de
santé, et de présenter les maladies déclarées
à partir des faits de corrélation.
168
CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ
À ABOISSO
L'OMS (1952), définit la santé publique comme
la science et l'art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et
d'améliorer la santé physique et mentale à un niveau
individuel et collectif. Ainsi, plus loin, l'OMS, rappel qu'un problème
de santé se définit, pour un groupe de personnes ou une
population, comme la différence critique entre l'état de
santé réel, mesuré par des indicateurs et l'état de
santé recommandé par des normes. Un problème de
santé s'aperçoit selon les déterminant de santé qui
constituent des facteurs qui influencent l'état de santé de la
population.
À Aboisso, plusieurs déterminant de
santé influencent la santé de la population. Ce chapitre vise
à monter l'état de santé des populations et leur
perception et aussi leur perception des problèmes qui occasionnent des
écarts de santé.
169
5.1. Approche globale de la santé perçue par
les populations
L'un des instruments les plus couramment utilisé pour
mesurer l'état de santé des populations est la question
communément appelée « santé perçue ».
Cela consiste à recueillir le sentiment global de la population sur son
propre état de santé en référence à ses
attentes. La question est formulée très habituellement comme suit
: comment jugez-vous votre état de santé actuel ? (Excellent,
bon, passable, mauvais, très mauvais). OMS (1999).
Cette question tire son intérêt du fait de sa
simplicité à l'analyser, à comprendre et surtout à
l'administrer aux populations. Elle est en plus informative et fait intervenir
l'ensemble des facteurs émotionnels, physiques, sociaux qui conduisent
l'individu à exprimer son état de santé. Notre
enquête a permis aussi d'apprécier l'état de santé
perçue par les populations de la ville d'Aboisso, à travers la
question : comment jugez-vous votre état de santé actuel ? la
figure suivante montre l'état de santé perçue.
46%
3%
6%
24%
21%
excellent, bon passable, mauvais, très
mauvais
Figure 36: La santé perçue par les
populations Source : Enquête, Niamké 2016
La figure ci-dessus montre que 46% des enquêtés
ont un état de santé mauvais, contre seulement 21% qui estiment
être en bonne santé. L'appréciation de l'état de
santé comme un indicateur de la détermination de l'état de
santé perçue de la population a eu comme pour outil de
détermination, l'enquête. Bien que, d'autres indicateurs pouvant
mesurer la santé existent, ils n'ont pas été pris en
compte dans le cadre de cette étude. Il s'agit notamment des facteurs
liés à l'offre de soins ou à la qualité de soin.
Cependant, l'aspect de l'organisation a été utilisé
170
comme critère pour nos enquêtes. D'après
les résultats obtenus, l'état de santé perçue comme
passable et bon, est sensiblement égale à 43%. Notons le
très mauvais état de santé occupe la proportion la plus
faible avec 3%. Ce chiffre montre bien que l'état de santé bien
qu'instable et dominé par la modalité « mauvais »,
présente très peu des cas de très mauvais état de
santé.
5.1.1. Indicateur mesuré de l'état de
santé
Les différents instruments de mesure de l'état
de santé se classent en trois (3) catégories (Mildred
Blaxter, 1989). La première répond à un modèle
médical ou biologique de la maladie qui définit le mauvais
état de santé comme un écart à une norme
physiologique. La seconde correspond à un modèle social et
fonctionnel ou le mauvais état de santé se définit comme
une incapacité à assumer des tâches. La troisième
correspond à la mesure de l'état de santé
particulière qui domine la perception de l'individu.
5.1.2. Incidence et prévalence
L'incidence et la prévalence sont deux indicateurs de
base de la mesure sur la fréquence des maladies dans la population. La
prévalence d'une maladie est la proportion observée à un
moment donné de personnes atteintes par cette maladie. Elle
représente le stock de maladies prévalant à un moment
donnée. Elle est égale au nombre de malades recensés
rapporté à la population totale. L'incidence exprime la
fréquence des nouveaux cas de maladies données, observées
durant un laps de temps au sein d'une population déterminée.
Plusieurs maladies ont été listées (tableau 22) en vue de
présenter dans l'ensemble les maladies qui sont diagnostiquées et
dont souffrent les populations. Mais dans l'ensemble, toutes les maladies ne
sont pas concernées pas notre étude, car il s'agit pour nous de
montrer les maladies qui affectent les populations du fait de la
dégradation de l'environnement.
171
Tableau 22 : Pathologie et cas
déclarés
PATHOLOGIES NOMBRE DE CAS
2012 2013 2014 2015 TOTAL
Paludisme
54
|
636
|
86
|
136
|
89
|
384
|
93
|
615
|
323
|
771
|
Autres maladies infectieuses
|
6
|
073
|
9
|
725
|
12
|
177
|
127
|
992
|
155
|
967
|
Anémies
|
9
|
948
|
15
|
709
|
14
|
080
|
20
|
798
|
59
|
123
|
Infections respiratoires aigues
|
8
|
536
|
15
|
709
|
14
|
080
|
20
|
798
|
59
|
123
|
Diarrhées
|
6
|
095
|
8
|
230
|
6
|
566
|
8
|
503
|
29
|
394
|
Traumatismes
|
5
|
216
|
7
|
019
|
7
|
824
|
10
|
248
|
20
|
059
|
Dermatoses
|
2
|
907
|
4
|
305
|
4
|
684
|
7
|
299
|
19
|
195
|
Maladies indéterminées
|
2
|
261
|
3
|
072
|
2
|
879
|
2
|
849
|
11
|
061
|
Infections sexuellement transmissibles
|
2
|
385
|
2
|
057
|
|
534
|
5
|
738
|
10
|
714
|
Hyper Tension Artérielle
|
1
|
450
|
2
|
280
|
2
|
282
|
2
|
887
|
8
|
899
|
Fièvre typhoïde
|
|
755
|
1
|
287
|
1
|
138
|
1
|
216
|
4
|
396
|
Conjonctivite
|
|
456
|
|
505
|
|
454
|
|
907
|
2
|
322
|
Malnutrition
|
|
460
|
|
844
|
|
524
|
|
475
|
2
|
303
|
Varicelle
|
|
314
|
|
444
|
|
371
|
|
338
|
1
|
467
|
Zona
|
|
95
|
|
92
|
|
79
|
|
203
|
|
469
|
Bilharziose urinaire
|
|
21
|
|
43
|
|
24
|
|
37
|
|
125
|
Goitre
|
|
7
|
|
10
|
|
10
|
|
36
|
|
63
|
Pian
|
|
4
|
|
1
|
|
7
|
|
14
|
|
26
|
Coqueluche
|
|
5
|
|
1
|
|
5
|
|
2
|
|
9
|
Onchocercose
|
|
4
|
|
0
|
|
3
|
|
2
|
|
9
|
|
Source : District Sanitaire Aboisso, 2016
Le district sanitaire dresse l'état de
santé des populations dans la ville d'Aboisso en 2016. Le tableau montre
toutes les pathologies développées par la population et celle qui
sont les plus répandues. Le paludisme demeure la pathologie qui affecte
le plus les populations d'Aboisso.
5.2. Dégradation de l'environnement : un marqueur
de problèmes pour la santé des populations
Le rejet des eaux usées, la défaillance du
système de canalisation, et l'évacuation des déchets
constituent un problème observé dans la ville d'Aboisso. Cette
situation, perçue comme un dysfonctionnement dans la gestion de
l'environnement est un marqueur de risque sanitaire pour les populations. La
survenue des dangers probablement liés à la santé des
populations est donc associée à l'ensemble des marqueurs du
risque sanitaire fréquemment engendré par l'état de
l'environnement. Les professionnelles de la santé relèvent que
les marqueurs de la dégradation de l'environnement constituent de
véritables dangers de santé. Le rejet incontrôlé des
eaux usées dans la nature, dans les réseaux de canalisations
bouchées,
172
dans le fleuve Bia, accentue davantage les problèmes
liés à l'environnement. La présence des
dépôts incontrôlés observés par endroits est
le résultat de l'absence de coffres à ordure à
proximité des lieux d'habitation, engendrant ainsi, une perturbation
environnementale de l'espace de vie.
5.3. Distribution spatiale du niveau de
dégradation de l'environnement à Aboisso
En tenant compte des facteurs liés à la zone
d'influence que referment les faits de dégradation de l'environnement,
l'étude s'est penchée sur l'influence des sites qui constituent
des dangers pour la santé à l'échelle des quartiers. Pour
une appréciation des rayons d'action des dangers, les facteurs
liés à la distance ont été pris en compte. En ce
qui concerne les différents sites considérés comme sites
de danger infectieux, compte tenu de l'impact direct ou indirect que le site
peut provoquer sur la santé des populations, une classification a
été élaborée selon les paramètres ainsi
définis. Les sites considérés comme sites dangereux sont
les espaces de déversement de déchets solides tout comme les
déchets liquides, les sites de forte concentration de déchets de
tout genre, qui rendent insalubre un site et favorisent la prolifération
des moustiques et de rats ou d'autres animaux à proximité des
habitations. Dans la ville d'Aboisso, nos observations ont permis
d'élaborer le tableau ci -après qui correspond au niveau de
dégradation par quartier selon certains critères que nous avons
retenus.
Tableau 23:Distribution des faits de
dégradation
OBSERVATIONS
DES FAITS DE DÉGRADATION
|
Type
|
Description des déchets
solides
|
Description des déchets
liquides
|
Dépôts non
contrôlés
|
Tas de dépôts de déchets au bord de
la route
|
Rejets des eaux usées dans les rues
|
|
Déversement des eaux usées à
proximité des habitations
|
Dépôts
contrôlés
|
Lieux aménagés pour recevoir les
déchets
|
Déversement des eaux usées dans les
caniveaux
|
|
|
Source : Enquête, Niamké
2016
Le tableau 23, fait un récapitulatif des faits de
dégradation observés dans la ville
d'Aboisso. On relève les dépôts
contrôlés, les dépôts non contrôlés,
ainsi que la description des déchets solides et liquides qui expliquent
les causes de la dégradation de l'environnement.
173
L'existence de plusieurs faits de dégradation de
l'environnement au niveau de la ville d'Aboisso constitue des facteurs de
risques sanitaires pour la population. Ainsi, la présence des tas de
déchets au bord des routes, les déchets rejetés sur les
sites non légaux, ainsi que les rejets d'eaux usées, etc., sont
des indices qui permettent de spatialiser le niveau d'insalubrité.
Certes, les critères retenus afin d'apprécier la spatialisation
du niveau d'insalubrité sont inscrites dans le tableau ci-dessus, mais
à cela, s'ajoute les aspects que nous devons prendre en
considération comme l'approche statistique. Par ailleurs, il faut
souligner que ces différents sites qui décrivent et permettent
également d'apprécier la dégradation de l'environnement
constituent des zones favorables à la prolifération des
espèces vecteurs de transmission de maladies.
5.3.1. Niveau de dégradation de l'environnement
à l'échelle des quartiers
Pour l'évaluation du niveau de dégradation
à l'échelle des quartiers, nous avons choisi la côte de
dégradation comprise entre 0 et 1. Le nombre retenu est une traduction
chiffrée des observations de terrain, selon les critères
définis. Elle constitue un indicateur synthétique visant à
associer une valeur numérique à une situation
d'insalubrité. La croissance de l'indicateur correspond à des
situations de gravité de plus en plus élevée.
Au regard de la méthode utilisée, la valeur de
cet indicateur doit être interprétée comme un
repère, qui peut être assimilé à la position d'un
curseur sur une échelle à plusieurs niveaux, et non comme une
valeur numérique destinée à mesurer avec précision
le jugement porté sur l'état de l'environnement.
Ainsi, pour évaluer le niveau de dégradation de
l'environnement les indicateurs suivants ont été retenus,
associés aux indicateurs contenus dans le tableau n°24. Aussi, une
attribution de côte selon les critères retenus a été
effectué. Le tableau suivant présente la répartition des
côtes selon les critères d'évaluation.
2
3
4
5
6
7
8
9
Tableau 24 : Indicateurs d'évaluation du
niveau de dégradation
Côte
|
Critères
d'évaluation
|
|
|
Indicateurs
Tas de dépôts de déchets aux abords
de la route, dans les rues et espaces publics.
1
Dépôts d'ordures ménagères et
autres détritus à proximité des habitations,
Tas de dépôts de déchets rejetés
à l'arrière ou avant cour des habitations conditionnés et
incinérés.
Sites aménagés pour recevoir les
déchets, taux de concentration, durée de stockage
Déversement des eaux usées à
proximité des habitations, des services et lieux des
activités.
Déversement des eaux usées dans les
caniveaux, dans les rues et à proximité des bacs à
ordures,
Rejet des eaux usées et des déchets aux abords
et dans le fleuve Bia
Déchets conditionnés dans les flux devant la
porte ou à un endroit indiqué du quartier
Déchets emballés dans les sacs en
plastiques ou bassines ouverts devant la cour et rejet d'eaux usées aux
alentours
174
Source : Niamké, 2016
À partir du tableau ci-dessus, déterminons
l'indice seuil (IS). Notons que l'indice seuil s'obtient par une
opération mathématique du rapport de la somme des côtes sur
la somme des côtes plus 1.
Pour l'application numérique on obtient :
???? = (0*1)
+(1*1)+(1*2)+(1*3)+(1*4)+(1*5)+(1*6)+(1*7)+( 1*8)+(1*9)
10
|
= 4,5
|
|
L'indice seuil déterminé, il sera admis pour
référence pour apprécier le niveau de dégradation
de l'environnement. Cependant, après les calculs des indices
effectués par quartier ; on admettra que le niveau de dégradation
de l'environnement de catégorie A est élevé, très
insalubre ou très élevé. Par la suite, on admettra aussi
que le niveau de dégradation de l'environnement de catégorie B
moyennement insalubre. Dans la catégorie de niveau de dégradation
C, on retient un faible niveau d'insalubrité.
Le critère d'évaluation prend en compte la
fréquence d'évacuation, le niveau de concentration des
déchets, l'aire et la durée de stockage des déchets.
175
Tableau 25 : Cotation par quartier
|
N°
|
QUARTIERS
|
SCORE ATTRIBUÉ
|
1
|
COMMERCE
|
7
|
2
|
BELLE- VUE
|
4
|
3
|
EBOIKRO SOS
|
1,5
|
4
|
PLATEAU
|
4
|
5
|
BOIS BLANC
|
3,5
|
6
|
SPE
|
6
|
7
|
KOLIAHIWA
|
8
|
8
|
TP. EXTENSION
|
4
|
9
|
ANTENNE
|
5
|
10
|
KONAN KAN
|
4,5
|
11
|
LYCÉE
|
4
|
12
|
EBROIKRO PROF
|
2
|
13
|
PANAN PANAN
|
4
|
14
|
ADMINISTRATIF
|
4
|
15
|
PETIT MARCHE
|
7
|
16
|
SESSE
|
6
|
17
|
TP
|
8
|
18
|
EBOIKRO SANWI
|
4
|
19
|
SOKOURA
|
9
|
|
Source : Niamké, 2016
L'approche d'évaluation du niveau de
dégradation a permis ainsi de réaliser le tableau ci-dessus avec
les scores attribués à chaque quartier selon l'observation et les
critères retenus. Ainsi, le score était compris entre 0 et 10.
Selon les trois catégories retenues à savoir :Les quartiers
disposant d'un score supérieur à l'indice seuil (les quartiers
sont retenus dans la catégorie A), ensuite les quartiers dont le score
est compris entre 2 et 4,5 sont retenus dans la catégorie B et enfin les
quartiers retenus dans la catégorie C, ont un score compris entre 0 et
2.
Tableau 26 : Niveau de catégorisation de
l'environnement à Aboisso
Niveau de catégorisation Score Niveau de
dégradation
Catégorie A
Catégorie A > 4,5 Très insalubre
Catégorie B 2,00
<Catégorie A < 4,5 Moyen
Catégorie C 0
<Catégorie C < 4,5 Faible
Source : Niamké, 2016
176
Interprétation du tableau de
cotation
Le tableau de cotation (Tableau 25) nous
permet d'établir une hiérarchisation du niveau de
dégradation de l'environnement selon chaque quartier. Ainsi donc, selon
les catégories retenues, on a la répartition dans le tableau
suivant : niveau de dégradation faible, niveau de dégradation
moyen et niveau de dégradation élevé.
Figure 37: Niveau de dégradation de
l'environnement à Aboisso
Source : CCT/BNETD réalisation : NIAMKE,2016
La figure ci-dessus montre les différents niveaux
d'insalubrité de la ville d'Aboisso. Les indicateurs qui ont aidé
à sa réalisation permettent de faire ressortir clairement les
niveaux de dégradation suivant ; niveau de dégradation faible,
moyen et élevé.
5.3.2. Différentiation spatiale : Niveau de
dégradation et risque sanitaire
La question de la différentiation spatiale
abordée fait ressortir les tendances du niveau de dégradation par
quartier dans la ville d'Aboisso. Au cours de cette recherche, des tests
statistiques ont été réalisés pour mieux
apprécier les corrélations. Les données de nos
enquêtes sont croisées en fonction du test souhaité.
177
Ainsi, pour mieux apprécier le fait de santé,
nous exposerons les résultats de l'enquête réalisée
auprès des ménages concernant le genre et les risques de
santé en tableau croisé pour réaliser le test khi-deux
(Khi2) de Karl Pearson. Le test pratiqué ici est un test
d'indépendance entre deux caractères, le sexe et le risque de
santé. Nous sommes donc en présence d'un tableau de contingence
provenant d'un tri-croisé.
Tableau 27 : Niveau de catégorisation de
l'environnement à Aboisso Genre et risques de
santé
Risque de santé
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Homme
|
219
|
95
|
314
|
Femme
|
48
|
24
|
72
|
Total
|
267
|
119
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
- Choix de l'hypothèse d'indépendance (H0) et de
dépendance (H1) H0 : Le genre, n'a pas d'influence sur les risques
de santé
H1 : Le genre, a une influence sur les risques de
santé
- Calculons les effectifs théoriques ou
d'indépendance :
Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case,
on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par
l'effectif total.
Application numérique :
Pour homme, l'effectif théorique pour le H1 qui
correspond à oui est Effectif homme = (267 x 314) / 386
178
Tableau 28: Appréciation du risque de
santé selon le sexe
|
|
|
Risque de santé
|
|
SEXE
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Homme
|
217,19
|
96,81
|
314
|
Femme
|
49,81
|
22,19
|
72
|
Total
|
267
|
119
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
- Calculons le Khi 2
Le Khi 2 s'obtient par la formule :
Khi 2 = (effectif observé - effectif théorique) 2
/ effectif théorique Nous obtenons le tableau suivant :
Tableau 29: synthèse du tableau avec le khi2
calculé
Risque de santé
SEXE Oui Non Total
Homme 0.01 0.03
Femme 0.06 0.14
Source : Niamké, 2016
- On calcule par la suite, le degré de
liberté (D)
D = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r
nombre de lignes
D = (2-1) (2-1) = 1
- On recherche le Khi 2 des tables
En faisant le croisement du degré de liberté avec
la marge d'erreur de 5%, le Khi 2 tabulaire
est 3.84,
Conclusion :
Le khi 2 calculé (0.24) est inférieur au khi 2 des
tables (3.84). Donc l'hypothèse HO qui stipule que le genre n'a pas
d'influence dans les risques de santé est confirmée.
179
Le résultat du test de khi 2, sur le genre
et le risque sanitaire, montre bien que toute la population de la ville
d'Aboisso, est exposée au risque sanitaire quel que soit le niveau de
dégradation de l'environnement relevé.
5.3.3. Les déterminants de la santé
À chaque étape de la vie, l'état de
santé se caractérise par des interactions complexes entre
plusieurs facteurs d'ordre socio-économique, en interdépendance
avec l'environnement physique et le comportement individuel. Ces facteurs sont
désignés comme les « déterminants de la
santé ». Ils n'agissent pas isolément. C'est la
combinaison de leurs effets qui influe sur l'état de santé.
À titre d'illustration, voici les douze déterminants retenus par
les Canadiens, consignés dans le tableau n° 30.
Tableau 30: Indicateurs des déterminants de
la santé :
Éléments retenus
Le niveau de revenu et le statut social , ·
Les réseaux de soutien social , ·
L'éducation et l'alphabétisme
L'emploi et les conditions de travail ;
Les environnements sociaux , ·
Déterminants de la
santé
|
Les environnements physiques
|
|
Les habitudes de santé et la capacité
d'adaptation personnelle
|
|
Le développement de la petite enfance
, ·
|
|
|
|
Le patrimoine biologique et génétique
, ·
Les services de santé , ·
Le sexe , ·
La culture.
Source : Ministère canadien de la
santé, 2006
Au cours de notre enquête, la question relative
à l'état de santé à donner lieu à des
réponses diverses de la part de la population. Mais, pour une
compréhension plus ouverte correspondant à l'étude, une
synthèse a été effectuée. Ici la synthèse
des réponses a donné lieu à un ensemble
d'éléments pouvant caractériser la santé. Certes,
le tableau fourni par le
180
ministère canadien ne tient pas lieu de
référence absolue, cependant, des informations ont
été fournies par les ménages au cours de nos
enquêtes. On retient que les populations de la ville d'Aboisso, ne sont
pas ignorantes des faits qui déterminent l'état de la
santé.
5.4. L'hygiène des quartiers : faits de
dégradation et problèmes de santé
Les observations menées durant l'enquête de
terrain, ont permis de à nous interroger sur la question de
l'hygiène des populations d'Aboisso. Pour référence citons
l'OMS (1979), qui aborde la question de l'hygiène du milieu comme
facteur d'atténuation des incidences de maladies. À cet effet,
des études scientifiques ont été menées et ont
montré très significativement le lien entre hygiène de
l'environnement, présence de vecteurs de maladies et maladies
développées. Aussi, les réponses qu'ont suscité les
diverses questions de recherches dans la documentation évoquent les
raisons qui justifient l'hygiène défectueux en milieu urbain. En
outre, l'observation et les enquêtes de terrain ont également
permis de nous en rendre compte de l'absence de sanitaire et du
délabrement dans plusieurs logements. Cette situation de l'absence de
sanitaire explique, en effet la défécation dans la nature, ou
dans les caniveaux ou dans le fleuve Bia.
Photo 23: Bia est souvent le lieu de soulagement
pour les populations
Source : cliché Niamké, 2016
La proximité des lieux d'habitation d'avec les sites
hébergeant des agents pathogènes et des lieux d'aisances
précaires occasionne la multiplicité des vecteurs et augmente le
niveau de risque sanitaire. L'usage de l'eau impropre est à l'origine de
problèmes de santé. Sur cette thématique, ONU-EAU (2009),
a présenté les maladies diarrhéiques comme l'une des
gravités des maladies liées à l'eau. La variation de la
qualité de l'environnement est influencée par les
181
facteurs pathogènes. Ce fait de santé s'observe
aussi bien dans le vécu quotidien des ménages que dans les
différents espaces de la ville, qui sont le réceptacle des eaux
usées domestiques et des déchets ménagers. Les quartiers
présentent des sites précaires par endroit et laissent entrevoir
des toilettes dans une précarité excluant toutes règles
d'hygiène avec des caniveaux inexistants. Tout ce système
défectueux constitue un facteur de risque.
Photo 24: Toilette à proximité d'une
source infectieuse, (cliché, Niamké
2016)
Les populations sont très souvent infectées
dans le cadre d'activités domestiques, professionnelles ou
récréatives courantes, comportant des expositions à une
eau de stagnation contaminée. Le manque d'hygiène et certaines
habitudes de jeu des enfants, dans des eaux infestées rendent ces
enfants particulièrement vulnérables à l'infection.
Dans le cadre des faits de dégradation, la question de
l'incinération des déchets a été abordée
plus haut. Ainsi, à l'issu de l'enquête, 16,80% des ménages
ont affirmé, pratiquer l'incinération pour des raisons de non
collecte. Mais, le fait qui intéresse l'étude, est le risque de
santé encourus par les populations par cette pratique. Les études
scientifiques ont relevé des problèmes de santé
liée à l'incinération des déchets, notamment ; Le
CO211 provenant des différents incendies qui se
réalisent sous le panache du vent dans les quartiers, absorbé par
les poumons lors de la respiration, il passe assez rapidement dans le sang
où il se fixe sur l'hémoglobine prenant ainsi la place de
l'oxygène (Bonnard et al, 2009).
11 Dioxyde de carbone
182
5.4.1. La Bia : source de danger pour la santé
La Bia, est un plan d'eau à diverse usage. Elle est
utilisée pour des activités de pêche, aussi comme lieu de
baignade, espace pour la lessive et de détente pour des populations qui
passent quelques temps à ses abords. Aussi, bien que la Bia est utile
pour la population, il est également devenu un danger pour les
populations. Lors de nos observations, l'on s'en est aperçu que la Bia
sert à d'autres usages. L'observation du terrain a permis de
réaliser que la Bia est utilisée pour la lessive et pour d'autres
activités comme le lavage auto et pour l'usage des toilettes publiques.
En effet, l'enquête a montré que 7,60% des ménages
déverses de l'eau usée et de déchets dans la Bia. Ce
comportement des populations trouve certes sa justification dans sa
proximité avec le plan d'eau, mais cela exprime aussi l'ignorance des
populations face aux dangers liés que peuvent provoquer ce comportement.
Par ailleurs, selon l'OMS (2013), les sources d'eau peuvent être
contaminées par la présence d'excréments, matières
fécales ou l'urine et le cycle de vie parasitaire se poursuit. Ainsi,
l'infection se produit lorsque les larves du parasite, libérées
par des gastéropodes d'eau douce, pénètrent dans la peau
d'une personne lorsqu'elle est en contact avec une eau infestée.
Photo 25: Toilette à proximité d'une
source infectieuse, (cliché, Niamké
2016)
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS,
2014), les pathologies les plus connues liées à l'eau sont les
maladies diarrhéiques notamment le Choléra et la dysenterie
à shigelles. Ces maladies se transmettent généralement par
l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des matières
fécales. Les facteurs de risques de maladies diarrhéiques sont,
le manque d'eau, le défaut d'assainissement, la mauvaise hygiène,
les problèmes de salubrité etc.
183
Les maladies diarrhéiques sont
généralement perçues comme des maladies hydriques. En
effet, l'eau sert de véhicule à la transmission des agents
pathogènes. Lorsque les femmes accomplissent leurs tâches
domestiques dans de l'eau infestée (lavage du linge par exemple) elles
sont également exposées au risque. L'ignorance des populations,
sur le fait que le plan d'eau peut être source de maladies ne limite pas
les pratiques dangereuses qui s'y développent. Vu le comportement des
populations, on s'aperçoit que le danger que présente le fleuve
pour la santé est ignoré
Photo 26: Pratique de la lessive Photo 27: baignade
d'enfants dans la bia.
(cliché, Niamké 2016)
Ces différentes pratiques des populations ne
restent pas sans conséquence sur leur santé. Pour s'en
convaincre, nous avons pu consulter des études scientifiques sur la
question. Le tableau suivant montre quelques à faits de
société.
Tableau 31: faits observés et
maladies
Faits observés Maladies
transmises
Se baigne dans une Infection du nez, des yeux, des
oreilles.
Source d'eau contaminée Bilharzioses,
conjonctivite
Source : OMS, 2014
La baignade en eau polluée augmente le risque
d'apparition de troubles de santé. En effet, en cas de baignade dans une
eau contenant des germes pathogènes au-delà d'une certaine
concentration, des pathologies de la sphère oto-rhino laryngée,
de l'appareil digestif (gastro-entérite) ou des yeux peuvent
apparaître. Ce risque dépend aussi de l'état de
santé du baigneur et de ses pratiques (durée de la baignade,
immersion de la tête.,.). La plupart du temps, les problèmes
de santé liés aux eaux de baignade apparaissent de 24 à 48
heures après le contact
184
avec de l'eau contaminée. Les signes qui permettent
d'apprécier les problèmes de santé sont consignés
dans le tableau suivant :
Tableau 32 : Maladies et symptômes liés
à la baignade
Maladies transmises Les
symptômes
La dermatite du baigneur
|
· Petites plaques rouges qui enflent, semblables
à celles produites par des piqûres d'insectes , ·
· Démangeaisons, qui peuvent durer d'une
à deux semaines
|
|
Pour la gastro-entérite :
|
· Diarrhée , ·
· Maux de ventre,
· Vomissements,
· Nausée.
|
|
Source : http://sante.gouv.qc.ca/
2015
Selon l'OMS, (Op.cit.) cité la contamination par les
organismes pathogènes est très rapide. Une seule absorption d'eau
infectée pouvant suffire. Si d'autres matières présentes
dans l'eau sont sans risque pour la santé en dessous d'une certaine
concentration, certaines sont toxiques même à l'état de
trace. Ces risques sont aggravés par les facteurs de temps d'exposition,
de bioaccumulation, de bioamplification, de recombinaison.
5.4.2. L'environnement urbain, un déterminant de
l'état de santé de la population
Les modèles épidémiologiques
intègrent depuis plusieurs années l'environnement parmi les
déterminants de la santé. De fait, l'environnement urbain peut
être considéré comme l'un des déterminants de la
santé. Ainsi, pour mieux apprécier ce fait, observons le
schéma de la figure 38 des déterminants de la santé
élaboré par Whitehead et Dahlgren, (1991). Ce schéma qui
est à la fois utilisé dans plusieurs études scientifiques
et aussi par l'OMS, présente les facteurs qui influencent la
santé. Dans l'énumération, les auteurs montrent que
l'organisation du système de soins est le déterminant de
santé qui explique le moins l'état de santé (environ 10 %)
avant les facteurs biologiques (environ 20 % de l'état de santé
des populations). Ainsi, le mode de vie et l'environnement (physique, naturel,
social) contribueraient à hauteur de 70 % dans l'état de
santé des populations.
185
Source : Dahlgren et Whitehead
(1991)
Figure 38: Les déterminants de la
santé
Le modèle de Dahlgren et Whitehead, (en arc
en ciel) présente les déterminants de la santé en quatre
(4) niveaux. Ces niveaux ne sont pas indépendants les uns des autres.
Ils interagissent. Tout comme la théorie principale qui oriente notre
étude, à savoir la théorie générale des
systèmes, ce modèle met en relation des sous-systèmes dans
un ensemble, qui est en mouvement. L'état de santé d'une personne
se caractérise donc par des interactions complexes entre plusieurs
facteurs individuels, socio-environnementaux et économiques. Le premier
niveau ; « Facteurs liés au style de vie personnel
» concerne les comportements et styles de vie personnels,
influencés par les modèles qui régissent les relations
entre amis et dans l'ensemble de la collectivité. Ces rapports peuvent
être favorables ou défavorables à la santé. Par
contre, le second niveau « Réseaux sociaux et
communautaires » comprend les influences sociales et
collectives : la présence ou l'absence d'un soutien mutuel dans le cas
de situations défavorables a des effets positifs ou négatifs. Ces
interactions sociales et ces pressions des pairs influencent les comportements
individuels de façon favorable ou défavorable. En ce qui concerne
le troisième niveau « Facteurs liés aux
conditions de vie et de travail », il se rapporte
à l'accès au travail, l'accès aux services et aux
équipements essentiels : eau, habitat, services de santé,
nourriture, l'éducation mais aussi les conditions de travail. Dans cette
strate, les conditions d'habitat plus précaires, l'exposition
186
aux conditions de travaux plus dangereux et stressants et un
accès médiocre aux services créent des risques
différentiels pour les personnes socialement
désavantagées. Pour terminer, le quatrième niveau
« Conditions socio-économiques, culturelles et
environnementales » englobe les facteurs qui influencent la
société dans son ensemble. Ces conditions, comme la situation
économique du pays et les conditions du marché du travail ont une
incidence sur toutes les autres strates. Le niveau de vie atteint dans une
société, peut par exemple influer sur les possibilités
d'un logement, d'un emploi et d'interactions sociales, ainsi que sur des
habitudes en matière d'alimentation et de consommation des boissons.
5.4.3. État de l'environnement à Aboisso :
opinions de la population
L'État de l'environnement est diversement
apprécié selon les populations. L'enquête ménage
effectuée permet de mener des analyses avec d'autres variables que nous
avons croisées. Ainsi, au regard de la figure ci-dessus, parmi les 386
ménages enquêtés, 55,9 % ont affirmé que
l'état de l'environnement est dégradé. Le plus petit
nombre des ménages interrogés est soit 14,3% des ménages
estiment que l'état de l'environnement est sain. À la suite des
deux des perceptions on a également 29,7% des ménages qui estime
que l'environnement est malsain. Le tableau qui suit renferme les
résultats de la perception de l'état de l'environnement.
Tableau 33: État de l'environnement
perçu par les populations
État de l'environnement
|
Proportion des ménages %
|
Dégradé
|
55,9
|
Malsain
|
29,7
|
Sain
|
14,3
|
|
Source : Enquête, Niamké, 2016.
Au regard des données de ce tableau, les
ménages estiment que la ville d'Aboisso est dégradée. La
prise en compte des faits de santé, par les ménages a
dominé l'ensemble des réponses relatives à la question sur
l'état de l'environnement. Ce qui explique que plus de la moitié
de la population affirme que la ville Aboisso est dégradée. Plus
loin, 29,7% estiment que l'environnement la ville est malsain. Cette perception
traduit le niveau d'assainissement encore faible et les pratiques
hygiéniques des populations. Pour ce qui est des 14,3 % des
187
ménages restant, ils estiment que l'environnement de la
ville est sain. À l'issu des résultats des perceptions sur
l'état de l'environnement, nous nous sommes interrogés sur le
rapport état de l'environnement et l'état de santé des
populations. Cette interrogation a conduit à effectuer le test de
significativité de kih2.
5.5. État de l'environnement à Aboisso et
état de santé des populations.
L'environnement urbain subit déjà des
modifications, des impacts constantes par la population et c'est dans ce
contexte qu'il convient de prendre en compte son influence sur la santé.
L'état de l'environnement influence t'elle la santé des
populations ? Pour répondre à cette interrogation, nous
avons fait le choix de pratiquer les tests statistiques de Karl Pearson pour
vérifier la corrélation des phénomènes.
Croisement des données
observées
|
Malades
|
Bien portants
|
|
|
OUI
|
NON
|
Total
|
Dégradé
|
215
|
1
|
216
|
Malsain
|
101
|
15
|
116
|
Sain
|
0
|
54
|
54
|
Total
|
316
|
70
|
386
|
|
Source : Enquête, Niamké, 2016.
Ce tableau est constitué de six lignes (3 valeurs de
l'état de l'environnement) et quatre colonnes (deux valeurs pour
l'état de santé) dans lesquelles sont réparties les 386
observations. À partir de ces données issues de l'observation, on
construit un autre tableau de contingence où seront calculées les
valeurs dites théoriques ou attendues sous les hypothèses
suivantes :
· Hypothèse 0 : L'état de
l'environnement n'influence pas la santé de la
population
· Hypothèse 1 : L'état de
l'environnement influence la santé de la population
À partir de ces données issues de l'observation
on construit un autre tableau de contingence où seront calculées
les valeurs dites théoriques ou attendues.
· 188
Calcul des valeurs théoriques (le résultat des
opérations consigné dans le tableau ci-dessous)
|
Malades
|
Bien portants
|
|
|
OUI
|
NON
|
Total
|
Dégradé
|
176,83
|
39,17
|
216
|
Malsain
|
94,96
|
21,04
|
116
|
Sain
|
44,21
|
9,79
|
54
|
Total
|
316
|
70
|
386
|
|
Source : Enquête, Niamké, 2016.
· Calculons le Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique
Nous obtenons le tableau suivant :
Calcul du khi2
|
Malades
|
Bien portants
|
Total
|
Dégradé
|
8,23
|
37,19
|
216
|
Malsain
|
0,38
|
1,37
|
116
|
Sain
|
44,20
|
199,56
|
54
|
Total
|
52,81
|
238
|
290,81
|
|
Source : Enquête, Niamké, 2016.
· On calcule par la suite, le degré de
liberté (D)
D = (k-1) (r-1) avec k nombre de
colonnes et r nombre de lignes D = (2-1) (3-1) = 2
· Recherchons le Khi 2 des tables
On effectue le croisement du degré de liberté avec
la marge d'erreur de 5% comme le présente la table en dessous et on
obtient ensuite : 13,8155
189
Conclusion :
Deux hypothèses ont été émises,
la première est l'hypothèse nulle (Ho), et comme son nom
l'indique, est l'hypothèse qui postule qu'il n'y a pas de lien entre
l'état de l'environnement et la santé. La seconde
hypothèse (H1), postule que l'état de l'environnement et la
santé sont significativement liés. Ainsi, après le test de
khi 2, on peut avancer que le khi 2 calculé (290,81) est
supérieur au Khi2 observé dans la table, (5,99) on peut donc
affirmer que l'hypothèse selon laquelle l'état de l'environnement
influence la santé de la population est confirmée.
Le test de Khi2, réalisé
précédemment a mis en relation l'état de l'environnement
et la santé de la population à Aboisso. L'état de
l'environnement perçu par la population comme « un système
dégradé » confirme aussi bien l'hypothèse selon
laquelle l'état de l'environnement influence fortement la santé
de la population. Ainsi, pour une approche plus fine de cette
corrélation, on appliquera le coefficient de détermination,
suivie de son interprétation. La figure qui suit à servi à
l'explication.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
y = 17,985x
R2 = 0,5925
|
- 18,367
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0 0,5
|
1 1,5
|
2 2,5
|
|
3 3,
|
|
Malades Dégradé
50 40 30 20 10 0 -10
5
Source : Enquête, Niamké, 2016.
Figure 39: Appréciation de l'état de
l'environnement
L'appréciation de l'état de l'environnement dit
« dégradé » est corrélée avec les
ménages « malades » au cours de l'enquête. Par le
coefficient de détermination12
représenté par R2 = 0,59. Cela signifie que 59% de la
variance (Y) qui est représenté par les malades s'explique par le
facteur de dégradation de l'environnement. Ainsi, on peut conclure en
affirmant que la corrélation est bonne.
5.5.1. Les systèmes populations, santé et
environnement
La question du système population, santé et
environnement nous emmène à nous interroger sur les populations.
En effet, les populations, considérées comme des unités
biologiques fondamentales, sont caractérisées par une
série de variables telles que l'effectif (ou la densité),
la structure spatiale (modalités de distribution des individus
dans le milieu), la structure démographique (âge et
sexe), la structure génétique (fréquences
alléliques) et l'organisation sociale. Cependant, on retient que
les populations ne sont pas des entités isolées, elles
s'intègrent le plus souvent dans un environnement où elles
entretiennent des relations étroites. Dans cette relation, interagissent
de nombreux facteurs qui perturbent l'état de santé des
populations.
Considérons une représentation très
schématique d'un tel système population-environnement
centré, par exemple sur l'hygiène du milieu.
(Voir figure n°40.)
190
12 Le coefficient de détermination
(R2) est un indicateur qui permet de juger la
qualité d'une régression linéaire, simple ou multiple.
D'une valeur comprise entre 0 et 1, il mesure l'adéquation entre le
modèle et les données observées.
191
Source : Inspiré de Lawrence (2001) et adapté
et commenté par Niamké, (2016)
Figure 40: Hygiène du
milieu
Le concept de santé est difficile à
définir. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait été
interprété de diverses manières. Pour Lawrence (2001), la
santé est définie comme : « une condition ou un état
de l'être humain qui résulte de ses interactions avec son
environnement biologique, chimique, physique et social » Toutes les
composantes d'un environnement résidentiel devraient être
compatibles avec les besoins fondamentaux de l'être humain et avec une
activité fonctionnelle intégrale y compris la reproduction
biologique à long terme.
La figure ci-dessus, centre son aspect sur le cadre physique
qui subit continuellement l'influence des politiques dans la gestion de
l'espace. Elle relève aussi l'aspect de la culture de l'information qui
demeure insuffisant dans la mise en oeuvre des politiques pour assurer un
environnement de qualité. Les variables comme l'éducation aussi,
sont appelés dans le schéma pour montrer son impact sur
l'hygiène de vie.
Le statut de santé est donc le résultat des
effets pathologiques directs de combinaison de multiples facteurs ainsi que de
l'influence des dimensions physiques, psychologiques et sociales de la vie
quotidienne.
Pour Lawrence (2001), en ce qui concerne la promotion de la
santé, elle ne voit pas cela comme une condition abstraite mais comme la
possibilité d'un individu à atteindre son potentiel et à
répondre positivement aux défis de sa vie quotidienne. Dans cette
optique, la santé est un atout ou une ressource utile à la vie
quotidienne, plutôt qu'un standard ou un
192
objectif à atteindre. Cela implique que la
capacité du secteur de la santé à gérer la
santé et le bien-être des populations est limitée et qu'une
collaboration étroite avec d'autres secteurs est primordiale.
L'aspect comportement qui est inclus dans le style de vie au
centre du schéma, renvoie parallèlement, tout individu comme
principal acteur de sa propre santé en fonction de son hygiène et
d'autres déterminants de son style de vie qui peuvent être
favorables ou défavorables à un bon état de
santé.
5.5.2. De l'exposition des populations aux risque pour la
santé
Le risque sanitaire tel que décrit
précédemment, est lié à l'exposition d'un ou
plusieurs faits de dégradation qui influencent la santé.
L'exposition des ménages et groupes à un environnement malsain
est un facteur déterminant de morbidité et de mortalité.
Cependant, des évaluations précises de la relation qui existe
entre les niveaux de pollution, les périodes d'exposition et
l'état de santé sont rares. Au niveau mondial, on estime
qu'environ 25% de la charge de morbidité peut être
attribuée à des facteurs environnementaux (Murray and Lopez,
1996). Du point de vue scientifique, il est important de considérer
les expositions dans leur ensemble environnementales pour avoir une idée
plus exacte de leurs conséquences pour la santé. De par sa
situation géographique et les caractéristiques de son milieu
physique, la ville d'Aboisso favorise la multiplication de plusieurs
problèmes ayant un trait avec la dégradation progressive de son
environnement fragile. Dans cette partie, sont considérés comme
aspects de l'exposition les problèmes liés à la stagnation
des eaux usées, la concentration des sites avec forte présence
d'agents pathogènes, le cadre de vie avec une hygiène
défectueuse favorable à la multiplicité de vecteurs de
maladies. Les dangers sont classés en trois catégories ;
La 1ère catégorie : il s'agit
des dangers sanitaires susceptibles de porter une atteinte à la
santé publique, ou à mettre gravement en cause la
salubrité de l'environnement ;
la 2ème catégorie : ce sont
les dangers sanitaires affectant l'économie et pour
lesquels des programmes collectifs, volontaires ou rendus obligatoires, sont
définis pour pouvoir efficacement conduire des mesures de
prévention, de surveillance ou de lutte ;
193
la 3ème catégorie : la
maîtrise des dangers relève du comportement de la
population.
Pour analyser la réponse d'un individu à une
exposition, on fait appel aux concentrations limites à savoir :
la Valeur à Risques Importants (VRI)
au-delà de laquelle les risques sur la santé sont prouvés
et peuvent se traduire en lésions irréversibles ;
la Valeur à Risques Limités (VRL) en
dessous de laquelle l'exposition au polluant a des effets limités ou n'a
pas d'effets connus sur la santé.
Observons le tableau suivant, dont le croisement a
été réalisé en vue d'appliquer le test de
dépendance de khi 2. Le tableau est le résultat du croisement de
deux variables, (durée de collecte et lieux de rejet des
déchets). Ce test est mené dans le but d'identifier les faits
explicatifs de la relation du rejet des déchets et le temps mis pour la
collecte des déchets.
Tableau 34 : Lieux de rejets de déchets et
durée de la collecte
DURÉE
LIEU DE REJET
|
Un Jour
|
Une Semaine
|
Deux semaines
|
Un mois
|
Plus d'un mois
|
Total
|
Bac à ordure
|
24
|
94
|
23
|
9
|
2
|
152
|
Dans la rue à ciel ouvert
|
3
|
32
|
10
|
6
|
2
|
53
|
Dans les caniveaux
|
3
|
21
|
8
|
4
|
1
|
37
|
Devant votre maison
|
2
|
56
|
13
|
2
|
3
|
76
|
Dans la lagune
|
0
|
7
|
2
|
2
|
1
|
12
|
Fosse septique
|
1
|
14
|
6
|
1
|
1
|
23
|
Dans les puits perdus
|
0
|
12
|
7
|
14
|
0
|
33
|
Total
|
33
|
236
|
69
|
38
|
10
|
386
|
|
Source : Enquête, Niamké, 2016.
Le test suit la même démarche que les
précédents tests effectués. Ainsi, nous allons uniquement
émettre les hypothèses et présenter les résultats
obtenus à partir du logicielle sphinx
· H0 : le temps mis avant la
collecte des déchets dans la ville, explique le rejet des déchets
dans les sites non contrôlés
· H1 : le temps mis avant la
collecte des déchets dans la ville, n'explique pas le rejet des
déchets les sites non contrôlés
194
À l'issu des calculs mathématiques effectués
on obtient :
- Kih 2 calculé : 72,61
- DDL : 24 (TS), puis on prend comme marge d'erreur P
< 0,1%
Conclusion : Le Kih2
calculé (72,61) est supérieur au DDL (24),
alors on conclut que la relation est très significative. On peut donc
dire que la multiplicité des sites non contrôlés des
déchets liquides et solides s'explique par le temps mis pour la collecte
des déchets laissés par les ménages aux sites
indiqués.
5.6. Évaluation du risque sanitaire
L'évaluation des risques est née aux
États-Unis, à l'aube des années 1980. Elle a
été développée par le National Research
Council qui l'a défini en 1983 comme étant l'utilisation de
faits scientifiques pour définir les effets sur la santé d'une
exposition d'individus ou de populations à des matériaux ou
à des situations dangereuses. L'évaluation du risque sanitaire se
passe en deux phases ;
· L'analyse de l'exposition des individus,
· l'analyse de leur réponse à cette
exposition.
Afin de mieux apprécier cette phase du risque qui en
est l'évaluation, procédons par l'élaboration du
schéma de la figure n °41, qui obéit à la
théorie des systèmes. En effet, dans ce schéma, trois
sous-systèmes sont mis en relation afin d'expliquer le
phénomène de l'évaluation du risque sanitaire.
|
|
Concentration des faits de santé (Dans
l'environnement)
|
Espace d'occupation des populations et
activités
|
|
|
Exposition des populations (Risque sur la
santé)
Figure 41: Concentration et risques sanitaires
(Source : Niamké, 2016)
L'utilisation de l'approche systémique permet de
mettre en relation l'espace d'occupation, la concentration des faits de
santé et l'exposition des populations. Les objets
195
mis en relation s'observent plus à partir de l'analyse
de l'exposition des personnes aux risques sanitaires liés aux faits de
santé. Les activités sont la description du moment, de la
durée, du lieu et de la manière dont s'organisent les
différentes activités d'une population au cours d'une
période déterminée. Le résultat de cette
interaction est la mise en situation de risque sanitaire pour les populations.
De nombreux scientifiques et médecins tentent d'alerter la population
sur les dangers liés à un environnement qui concentre plusieurs
faits de santé (pesticides, poussières atmosphériques,
eaux usées, polluants chimiques...) BALDI I,
médecin spécialisée en santé publique, a
montré en 2003 que l'exposition à des pesticides semble
liée à un risque plus grand de développer les maladies de
Parkinson et d'Alzheimer. Ainsi son étude a montré que, chez des
agriculteurs hommes utilisant des pesticides, le risque de développer la
maladie de parkinson était multiplié par 5,6 et celui de
développer la maladie d'Alzheimer multiplié par 2,4 par rapport
à des groupes non exposés à des pesticides Certains
responsables politiques commencent à prendre conscience des dangers
environnementaux pour la santé des populations et tentent de mettre en
place les mesures qui s'imposent face à aux pressions. En Côte
d'Ivoire, le Ministère de la Salubrité et de l'Assainissement,
ainsi que le Ministère la Santé et de l'Hygiène sont
créés depuis 2016, afin de s'assurer d'un cadre de vie sain pour
une préservation de la santé des populations.
5.6.1. Interactions entre facteurs environnementaux et
déterminants de santé
La perception de l'état de santé est une mesure
importante et essentielle dans l'évaluation de la santé d'une
population. Cette mesure, est habituellement rattachée à une
question qui est posée lors des enquêtes. Quel est votre
état de santé ? À cette question, les réponses
conduisent à l'appréciation globale que les populations font
où pensent de leur propre santé. L'enquête a permis de
disposer d'information sur la perception de l'état de santé des
populations. Ainsi, on retient que l'état de santé d'une personne
est donc la combinaison des interactions complexes entre plusieurs facteurs
individuels, socio-environnementaux et économiques.
5.6.2. La diffusion de l'information : un facteur
déterminant de l'état de santé
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'état de
santé de la population. Dans le cadre notre l'étude, des
croisements ont été effectués afin de présenter des
indicateurs qui font varier l'état de santé des populations.
Ainsi, l'indicateur « information » a été
croisée avec la perception
196
de l'état de santé. Cette démarche
s'inscrit dans le cadre de la réalisation des tests statistiques pour
vérifier le lien significatif entre l'état de santé et la
diffusion d'information relative aux problèmes que provoque un
environnement dégradé. L'analyse d'effectue donc à partir
du croisement dans le logiciel sphinx pour réaliser le test de
dépendance de Khi2. Le tableau qui suit est le résultat du
croisement de deux variables « état de santé et source
de l'information »
Tableau 35 : Diffusion de l'information sur les
problèmes de santé
Source d'information sur les problèmes de
santé liés à l'environnement
État de santé
|
Médecin
|
Bouche à oreille
|
Radio et télé, service hygiène de
la mairie
|
TOTAL
|
Excellent
|
19
|
5
|
1
|
25
|
Bon
|
70
|
9
|
2
|
81
|
Passable
|
66
|
25
|
2
|
93
|
Mauvais
|
107
|
68
|
1
|
176
|
Très mauvais
|
9
|
1
|
1
|
11
|
TOTAL
|
271
|
108
|
7
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Le tableau ainsi croisé nous présente les
effectifs théoriques des données de l'état de santé
et
celui de la source d'information. Appliquons la même
démarche du test de Kih2, réalisé
précédemment
On fixe les deux hypothèses suivantes :
H0 : Le niveau d'information n'a pas d'influence sur
l'état de santé
H1 : Le niveau d'information a une influence sur
l'état de santé
Ainsi donc :
· Khi2 calculé = 28,61
· DDL= 8 (TS)
· Puis on prend comme marge d'erreur P <
0,1%
Conclusion du test de Khi2.
Les analyses de croisement, rapportent que l'information
est un indicateur qui influence l'état de santé. Ces
résultats confirment un lien important entre une perception de
l'état de santé déclaré et la source d'information
insuffisante sur la question du problème du lien entre la santé
et la dégradation de l'environnement. Au-delà des fortes
corrélations que
197
permettent d'établir les tests statistiques, il
faut se référer également à la réflexion
systémique, qui permet d'analyser très significativement les
liens de causalité à différentes échelles. On peut
citer, à titre d'exemple, le modèle développé par
les théories éco épidémiologiques avec la prise en
compte des diverses échelles d'observation des relations entre la
santé et les facteurs environnementaux et sociaux
Le Kih 2 calculé (28,61) est supérieur au
DDL (8), alors on conclut que la relation est très significative. On
peut donc dire le niveau d'information a une influence sur
l'état de santé.
5.6.3. La présence des rongeurs dans les habitats
: un indicateur de l'état de santé des populations à
Aboisso
Les relations causales entre faits de santé et
maladies sont très souvent abordées pour les organisations et
institutions nationales et internationale. En effet, la gestion approximative
de l'espace de vie, entraîne un environnement malsain, insalubre et
source de plusieurs agents pathogènes. La ville d'Aboisso fait face,
à certains problèmes liés à l'assainissement,
à l'entassement de déchets dans des sites non
contrôlés. Les conséquences immédiates de
l'insalubrité demeurent donc visibles à travers des rongeurs,
pris ici comme déterminant de la santé. En effet, l'objectif de
l'utilisation du choix des indicateurs répond à un besoin
d'établir à partir de ces indicateurs choisis la causalité
à l'état de santé des populations. Sur la question des
indicateurs et principalement les rongeurs, le questionnaire a
été mené à deux niveaux. Le premier volet à
consister à savoir si dans les ménages on observe les rongeurs
dans leur habitation et le second volet de la question était leur
perception sur l'influence des rongeurs sur leur santé. L'étude a
montré que 96,6% des ménages observent des rongeurs dans leur
domicile. La figure 42 présente la perception des ménages en ce
qui concerne les effets des rongeurs dans leur domicile.
Nuisible pour la santé porteurs de
maladies
encombrants salissants
41,20%
3,10% 0,50%
55%
198
Source : Niamké, 2016
Figure 42 : La perception des ménages en
ce qui concerne les effets des rongeurs dans leur domicile.
Au regard de la figure ci-dessus, il est noté 55% des
ménages qui estiment que les rongeurs sont nuisibles pour la
santé, aussi que 41,20% sont porteurs de maladies. On relève dans
l'ensemble que les ménages à 96,20 % présentent les
rongeurs comme un déterminant de l'état de santé. Les
rongeurs pris, comme indicateur de santé, permettent de réaliser
une analyse combinée de l'état de l'environnement et la
santé des populations. Ainsi, référons-nous à notre
hypothèse selon laquelle ; les problèmes de santé qui
affectent la population sont le fait de la dégradation continuelle de
l'environnement. Les indicateurs choisis guideront dans l'analyse et les
tests à une vérification.
5.6.4. La corrélation statistique : indicateur de
fait de dégradation et santé des populations
L'état de santé des populations dans des lieux
donnés ne résulte pas seulement de nombreux
éléments matériels et non-physiques, mais aussi de leurs
corrélations (Lawrence, 2001). Dès
lors, il est nécessaire d'examiner plusieurs questions d'ordre
conceptuel et méthodologique afin d'appréhender dans leur
intégralité l'ensemble des éléments et leurs
corrélations. Appliquons dans cette partie le test statistique de Khi2.
Pour rappel, la méthode d'exécution du test reste telle qu'elle a
été menée avec les tests précédents. Le
tableau suivant est le tableau croisé des variables rongeurs et
état de santé.
199
Tableau 36 : Présence de rongeurs et
état de santé à Aboisso
Présence de rongeurs dans l'habitat
État de santé OUI NON
TOTAL
Excellent
23
|
2
|
25
|
Bon
|
72
|
9
|
81
|
Passable
|
92
|
1
|
93
|
Mauvais
|
167
|
9
|
176
|
Très mauvais
|
8
|
3
|
11
|
TOTAL
|
362
|
24
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Ainsi, pour ce test à partir du tableau croisé
posons les hypothèses suivantes :
H0 : Les rongeurs dans les domiciles des
ménages n'ont pas d'influence sur l'état de santé H1 : Les
rongeurs dans les domiciles des ménages influencent l'état de
santé
Ainsi donc :
· Khi2 calculé = 16,41
· DDL= 4 (TS)
· Puis on prend comme marge d'erreur P = 0,3%
Conclusion du test de Khi2.
Le Kih2 calculé (16,41) est
supérieur au DDL (4), alors on conclut que la relation est très
significative. On peut donc dire que les rongeurs présents dans
les domiciles des ménages influencent l'état de
santé.
En effet, les indicateurs sont utilisés non seulement
pour identifier les éléments intervenant dans le système
« espace », mais aussi pour favoriser une meilleure
compréhension de leurs corrélations. Bien que, les
causalités ne demeurent toujours pas l'objet central dans les recherches
en géographie, mais il faut relever que notre étude s'ouvre sur
une démarche de mise en relation et cela conduit à évoluer
vers un axe reliant un indicateur et un phénomène de
santé.
Vecteurs potentiels Maladies transmissibles Mode de
transmission
Paludisme Fièvre jaune Dengue
Éléphantiasis
|
La mouche prend les germes pathogènes sur les
excréments d'animaux, WC, tas d'ordures, matières en
décomposition, et contamine l'eau, les aliments destinés à
la consommation de l'homme
|
MOUSTIQUE
|
|
|
MOUCHE
SOURIS
Dysenterie Diarrhée Choléra Fièvre
typhoïde
Salmonellose Peste
Typhus
Rage Fièvre typhoïde Diarrhée
Dysenterie
Les moustiques prennent les germes chez la personne
malade et les transmet à l'homme sain lors d'une piqure de la
femelle.
Contaminent les aliments par ses urines et ses
excréments avec les germes ramassés dans les latrines, les
réseaux d'égouts...
200
|
Dysenterie Diarrhée Choléra Fièvre
typhoïde
|
La nuit, les cafards cherchant à manger
souillent vaisselles
et aliments avec les germes
|
CAFARD
|
|
|
Source : INHP, 2014
Figure 43 : Maladies transmissibles par des
vecteurs potentiels
Le tableau ci-dessus, fournit par l'Institut National
d'Hygiène Publique nous indique clairement que les rongeurs et autres
vecteurs potentiels sont des potentiels vecteurs transmissibles de maladies.
Les cafards, les mouches, les moustiques et les souris qui cohabitent avec les
hommes sont des vecteurs qui sont porteurs de maladies dont souffrent les
hommes. On note, la Dysenterie, la Diarrhée, le Choléra, le
Fièvre typhoïde et le paludisme qui sont des pathologies les plus
fréquentes chez les populations d'Aboisso.
201
Conclusion du chapitre 5 : Les problèmes de
santé à Aboisso
L'objet de ce chapitre a consisté à
présenter les problèmes de santé auxquels sont
confrontés les populations de la ville d'Aboisso. Cette séquence
sur l'état de santé s'ouvre sur les risques qui
déterminent les problèmes de santé.
Ce faisant, nous avons procédé à une
identification théorique des déterminants de la santé des
populations. L'étude de ce chapitre a permis de relever les
problèmes de santé qui persistent du fait de la
dégradation de l'environnement. Plusieurs indicateurs ont
été croisés permettant ainsi d'obtenir des
résultats sur les faits de santé qui perturbent l'état de
santé de la population.
À cet effet, les résultats ont également
permis de prouver que les variables liées à la dégradation
ont été significativement testé, comme indicateur de
l'état de santé. Globalement, cette partie de l'étude a
permis de montrer que l'état de santé des populations est
perturbé par la dégradation de l'environnement, d'où la
corrélation entre état de santé et dégradation de
l'environnement.
CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT ET MALADIES DÉVELOPPÉES
|
|
202
La gestion approximative de l'environnement n'est pas sans
conséquence sur le cadre de vie et surtout sur la santé des
populations. Le cadre de vie à Aboisso présente plusieurs
facettes qui expriment la manifestation de la dégradation de
l'environnement. Selon, l'OMS (2011) des liens forts existent
entre un environnement pollué et des risques sanitaires.
Les pathologies liées à l'environnement ne se
limitent pas aux maladies respiratoires, cardio-vasculaires ou à
certains types de cancers, mais d'autres pathologies
chroniques et émergentes sont également considérées
comme ayant des liens avec l'environnement, notamment des atteintes du
système immunitaire.
Dans ce chapitre nous faisons un état des lieux des
maladies avérées qui présentent un lien avec
l'environnement et affectant les populations de la ville d'Aboisso.
203
6.1. Présentation de l'organisation du
système de santé ivoirien
Le système de santé ivoirien comprend trois
(03) niveaux et deux (02) versants ; l'un gestionnaire ou administratif et
l'autre prestataire ou offre de soins. Le versant prestataire ou offre de soins
comprend ;
le niveau primaire représenté par les
Établissements Sanitaires de Premiers Contacts (ESPC), premier
échelon du district :
le niveau secondaire constitué des
établissements sanitaires de recours pour la première
référence, deuxième échelon du district
le niveau tertiaire composé des
établissements sanitaires de recours pour la deuxième
référence. Il est à noter que d'autres ministères
participent à l'offre de soins à travers leurs infrastructures
sanitaires (Défense, Économie et Finances, Fonction Publique,
Emploi, Solidarité et Affaires sociales, Éducation Nationale,
Intérieur).
Le versant gestionnaire ou administratif est constitué
du niveau central avec le cabinet du ministre, les directions et services
centraux, les programmes de santé chargé de la définition
de la politique, de l'appui et de la coordination globale de la santé,
du niveau intermédiaire composé de 19 Directions
Régionales qui ont une mission d'appui aux districts sanitaires pour la
mise en oeuvre de la politique sanitaire et du niveau
périphérique composé de 102 Directions
Départementales de la santé ou Districts sanitaires qui sont
chargés de coordonner l'activité sanitaire dépendant de
leur ressort territorial et de fournir un support opérationnel et
logistique aux services de santé. Le district sanitaire qui est
l'unité opérationnelle du système de santé est
lui-même subdivisé en aires sanitaires ou bassins de desserte des
ESPC. Tous les villages ainsi que les campements rattachés sont couverts
par un ESPC.
Ainsi, l'ESPC constitue la porte d'entrée du
système de santé et l'hôpital prend en charge les
problèmes de santé nécessitant des techniques ou des soins
ne pouvant être assurés au premier échelon dans une
complémentarité et sans chevauchement des paquets
d'activités des deux échelons. L'existence d'un système de
référence et de contre référence permet d'assurer
la continuité des soins entre les deux échelons.
Le secteur sanitaire privé lucratif s'est
développé ces dernières années avec
l'émergence d'établissements sanitaires privés de toutes
catégories s'insérant parfaitement dans les différents
niveaux de la pyramide sanitaire. Le secteur privé confessionnel, les
associations et les organisations à base communautaire participent
également à l'offre de soins surtout au
204
niveau primaire. Le système de santé ivoirien se
caractérise donc par un secteur public prépondérant et un
secteur privé en plein essor. À côté de ces deux
secteurs, la médecine traditionnelle en pleine réorganisation
occupe une place relativement importante.
6.1.1. Indicateurs environnementaux en Côte
d'Ivoire
Dans le PNAE (1996), a été inscrite
l'importance du système national d'information et de suivi de
l'environnement (SNIE). Mais, aucun système de suivi n'a
été mis en place pour accompagner ce programme. Cependant,
plusieurs travaux ont été menés en vue d'identifier les
problèmes majeurs de l'environnement en Côte d'Ivoire. À ce
jour, il convient de noter que les problèmes environnementaux sont
évalués selon des critères différents qui
influencent notamment sur l'aspect économique et surtout sur le fait
sanitaire et géographique. Par ailleurs, les problèmes
prioritaires de l'environnement réellement présentés en
milieu urbain sont la pollution des eaux lagunaires, la mauvaise gestion des
déchets solides et des eaux usées, la pollution des eaux de
surface. De plus en plus le problème de l'environnement devient
alarmant. L'un des problèmes qui se pose dans la manipulation et la
gestion des données dans le secteur de l'environnement s'aperçoit
au niveau de la multiplicité des structures étatiques en
charge.
6.1.2. Indicateurs environnementaux à
Aboisso
La ville d'Aboisso, dispose d'une organisation administrative
en charge de la gestion de l'environnement. Elle commence d'abord par les
autorités municipales ensuite d'une représentation du
ministère de l'environnement et enfin une représentation de
développement durable. Les structures rattachées à sa
gestion sont également présentes. Le rôle de chaque
institution est bien défini. On note celle de l'Agence Nationale de
l'Environnement (ANDE) qui a pour missions d'assurer la coordination
de l'exécution des projets de développement à
caractère environnemental, d'effectuer le suivi et de procéder
à l'évaluation des projets du PNAE, de constituer et de
gérer un portefeuille de projets d'investissement environnementaux, de
participer aux côtés du Ministère chargé de
l'Économie et des Finances, à la recherche de financements, de
garantir la prise en compte des préoccupations environnementales dans
les projets et programmes de développement, de veiller à la mise
en place et à la gestion d'un système national d'information
environnementale, de mettre en oeuvre la procédure d'étude
d'impact ainsi que l'évaluation de l'impact environnemental
205
des politiques macroéconomiques, de mettre en oeuvre
les conventions internationales dans le domaine de l'environnement et
d'établir une relation suivie avec les réseaux d'ONG. Elle inclut
un Bureau d'Étude d'Impact Environnemental (BEIE). À son instar
on note aussi le Centre Ivoirien Anti-Pollution (CIAPOL) a pour missions le
contrôle et la surveillance de la pollution des milieux aquatiques et
atmosphériques. Aujourd'hui, ses activités sont essentiellement
axées sur la surveillance de la qualité des eaux continentales,
lagunaires et côtières.
Par ailleurs, la ville d'Aboisso bien que
bénéficiant des structures en charge de la gestion de
l'environnement fait face à des problèmes liés à
son environnement, notamment la question de la gestion des caniveaux et des
eaux usées. Cette situation liée à un assainissement
insuffisant et au manque d'hygiène, est un facteur qui contribue
largement à diffusion des risques sanitaires.
La santé de la population peut être compromise
vu l'état de l'environnement ainsi présenté, lorsque des
bactéries pathogènes, des virus et des parasites contaminent
l'eau de stagnation, les sources d'eau de boisson soit à la source, soit
par infiltration d'eaux de ruissellement contaminées, soit à
l'intérieur même du système de distribution sous
canalisation. En outre, une manipulation non hygiénique de l'eau pendant
son transport ou à la maison peut contaminer une eau jusque-là
salubre. (OMS, 2005).
6.2 Distribution spatiale des maladies
Le risque en santé s'évalue en termes
d'extension des maladies sur une grande aire et du nombre de personnes
touchées ou susceptibles d'être touchées par les maladies.
Le risque est dans ce cas potentiel. Pour une meilleure connaissance de la
distribution de la maladie, il a été nécessaire de se
rendre compte de la répartition des maladies développées
par les populations au cours de nos enquêtes. À cet effet, en plus
de la question relative sur l'état de santé a été
demandée, aussi la question sur les maladies développées a
été posée. Cette étape de l'étude a
été nécessaire afin d'identifier et de faire une
hiérarchisation des aires endémiques.
Pour une meilleure compréhension de la mise en
évidence des facteurs environnementaux et les maladies, des
études scientifiques ont fait appel à l'outil SIG13,
afin d'expliquer la distribution des maladies, telle que le paludisme
(Bénié et al. 2000).
13 Système d'Information
Géographique
206
Dans la ville d'Aboisso, les caractéristiques en
rapport avec les faits explicatifs de la mise en corrélation maladies et
facteurs géographiques demeurent mal connues, d'où la
nécessité de mener des recherches pour pallier ces insuffisances.
Notre étude s'inscrit dans cette continuité à travers une
série de corrélation, afin d'établir les liens
étroits entre la dégradation de l'environnement et faits de
santé.
L'enquête a permis d'établir une liste de
maladies développées par les populations de la ville d'Aboisso.
On peut noter : les maladies respiratoires, les maladies des oreilles, les
maladies des yeux, les maladies de la peau, les affections dentaires, les
plaies et traumatismes, la bilharziose, les maladies diarrhéiques, les
vers intestinaux, le choléra, les maladies des organes génitaux
et urinaires, les affections des os et articulations, la méningite, la
rougeole, le paludisme, la fièvre typhoïde. Cette liste est le
résultat à la question sur les maladies qui affectent la
population, et n'établit aucun lien à priori avec un fait de
dégradation de l'environnement. Les données recueillies se sont
révélées extrêmement utiles au niveau de nos
différentes analyses et dans les tests de dépendance
réalisés avec le logiciel sphinx. Le tableau qui suit
présente les indicateurs de la propagation des maladies.
Tableau 37 : Indicateurs de la propagation de
maladies
Faits de dégradation Causes
Maladies
transmissible
|
|
Présence des insectes Multiplicité des sites
insalubres Paludisme
Reproduction des moustiques
Reproduction des moustiques
Présence de déchets Sources d'eau insalubres
Fièvre jaune
Matières fécales Espaces non
aménagés insalubres Infection des yeux
Insalubrité Mauvaise conservation de l'eau Infection
des oreilles
Eaux stagnantes nids de moustiques Infection du nez
Source : INHP, 2014
6.2.1. Risques associés aux foyers
infectieux
SONWOUIGNANDE Kientga, (2008), a montré dans son
étude qui porte sur la contribution du SIG à l'analyse des liens
déchets-santé en milieu urbain dans la ville de Ouagadougou
(Burkina Faso), que les dépôts d'ordures, les décharges,
les rejets liquides domestiques ou industriels sont des sources infectieuses et
présentent un risque pour la population avoisinante. Cette étude
s'est fortement appuyée sur un inventaire exhaustif de différents
sites et par une analyse évaluative et systématique de
l'exposition aux différents dangers et risques. Pour conduire notre
étude, nous avons pris en compte l'aspect de
207
l'exposition aux risques auxquels les populations sont
continuellement l'objet. En ce qui concerne les potentielles sources de risque,
notre enquête ménage a permis de recueillir la perception des
ménages.
Quelles sont les sources présentant les risques pour
la santé de la population à Aboisso ? la réponse à
cette question a permis d'évaluer la perception des populations.
Relevons que l'aspect distance a été associée à
cette analyse pour une meilleure appréciation. Aussi, reste-t-il
à décrire une situation réelle dans notre cas, avec des
quartiers pris pour exemple. La figure qui suit est montre les
différents sites de groupage.
Figure 44 : Site de groupage des
déchets
La figure présente les différents sites de
groupage des déchets de la ville. On retient que ces sites
aménagés pour recevoir les déchets de la ville se sont
transformés en des sites de foyers infectieux, vu les quantités
de déchets déversées et surtout le temps mis pour la
collecte.
208
6.2.2 Foyers à risque pour la santé :
perception et analyse
Un foyer à risque désigne un espace qui est
considéré comme un risque pour la santé, immédiat
ou à long terme, plus ou moins probable, auquel la santé publique
est exposée. Dans cette partie de l'étude, il s'agit de
décrire la dangerosité de chaque espace retenu par la population
selon les méthodes déjà utilisées dans d'autres
recherches scientifiques et sur d'autre espace, notamment le modèle de
SONWOUIGNANDE Kientga (op.cit.). Dans cette partie, nous conviendrons que la
notion de risque n'est pas l'évènement naturel pouvant produire
des destructions de biens ou de personnes, mais plutôt des faits de
dégradation de l'environnement qui portent atteinte à la
santé de l'homme. Le tableau en dessous présente les maladies qui
sont provoqué par une insuffisance d'hygiène.
Tableau 38 : Maladies liées au manque
d'hygiène
Causes Maladies
Manque d'hygiène Gale
Saleté de l'eau Conjonctivite
Baignade dans l'eau souillée Mycoses
Teigne
Source : OMS, 2014
Le tableau présente quelques maladies liées
au manque d'hygiène que les populations d'Aboisso développent. Ce
sont : la gale, la conjonctivite, les mycoses et la teigne. Les entretiens
réalisés auprès du district sanitaire ont également
montré la présence de ces maladies très proche du manque
d'hygiène au sein des populations.
6.2.3. Perception et analyse des dangers encourus
par les populations en fonction de la distance
La perception des ménages sur la question du danger
que représentent les sites infectieux que nous avons fait le choix de
nommer « faits de dégradation » pour
exprimer les déterminants qui expliquent la dégradation de
l'environnement est diversement interprété Selon les
modalités retenues pour l'enquête et selon les différents
points de vue des enquêtés, des réponses ont
été obtenues selon la classification du niveau de
dangerosité des faits de dégradation en fonction de la distance.
Ainsi, en tenant compte de la distance entre les faits de dégradation
répertoriés sur les sites, l'aspect « dangerosité
» a été considéré comme
209
indicateur pour évaluer le risque. Aussi, en nous
référant à des études scientifiques similaires sur
la question de distance et dangerosité, nous avons retenu les
critères suivants :
La première zone de danger est dite « danger
élevé » correspond à la première l'intervalle
de distance déjà mentionnée de 0 à 100m.
La zone déclarée de « danger moyen
» est celle compris entre le rayon de 100 m et de 250 m. La zone de «
danger faible » est celle définie entre 250 m et 500 m.
Ces différents choix sur les zones de
dangerosité, liés au concept d'exposition se sont
opérés selon les approches de diverses auteurs obtenus dans la
littérature, notamment Blain Jeffrey, Chasles Virginie, qui ont
traité également des questions sur l'environnement liés
à la qualité des espaces de vie. Il est avéré que
certains espaces sont plus pathogènes que d'autres à cause du
niveau de l'exposition, comme le confirme l'OMS, (2006), évoquant aussi
que les expositions environnementales influencent les états de
santé À ce sujet, l'Organisation Mondiale de la Santé
impute aujourd'hui 75 % des décès dans le monde à la
qualité du milieu. De même, parmi les 105 grandes maladies
répertoriées par l'OMS, environ 82 sont liées à des
causes environnementales.
Le tableau qui suit est le résultat de nos
enquêtes auprès des ménages sur la perception du danger
selon la distance.
Tableau 39 : Perception du danger selon la
distance
Degré
de dangerosité
|
Intervalle de Distance
(m)
|
Ménages
enquêtés
|
Proportion (%)
|
Élevé
|
0 à 100
|
253
|
65,54
|
Moyen
|
100 à 250
|
101
|
26,16
|
Faible
|
250 à 300
|
32
|
8,29
|
TOTAL
|
|
386
|
100
|
|
Source : Enquête, Niamké 2016
Le tableau nous présente les résultats de la
perception de la population sur les dangers et la distance de l'exposition.
Plusieurs auteurs ont montré le fait que la propagation ou l'exposition
est un processus de dispersion et d'usure d'énergie de sorte que le
danger décroit de manière inversement proportionnelle avec la
distance à la source.
Pour les ménages, le degré de
dangerosité selon la distance est perçu comme élève
lorsque l'explosion est plus proche d'où les 65,54% de réponse
exprimant le fait que le degré est élevé pour la distance
d'intervalle 0 à 100 m. En ce qui concerne, le niveau de
dangerosité
210
faible à intervalle 250 à 300 m, on note une
proportion de 8, 29%. C'est la proportion la plus faible, car les
ménages ont montré que plus l'exposition est
éloignée de leur espace de logement ou d'activité, le plus
danger d'être exposé est sensiblement faible. Le degré de
danger intermédiaire, c'est-à-dire le degré moyen a
été relevé comme indicateur moyen, à cause de sa
proximité avec le risque le plus élevée.
|
|
|
Elévé;
|
|
|
|
|
|
|
65,54404145
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Moyen;
|
|
|
|
|
|
|
26,16580311
|
Faible;
|
|
|
|
|
|
|
|
8,290155
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
niveau de dangérosité
4
80
70
Proportion des ménages
60
50
40
30
20
10
0
Source : Enquête, Niamké 2016
Figure 45 : Matrice de
corrélations
L'étude de la matrice des corrélations a
indiqué très clairement que la corrélation la plus
significative au seuil de 5% valait + 0 ,99 et concernait la part de
degré de dangerosité élevé.
Aussi important que le coefficient de corrélation, il
faut cependant relever que le calcul du coefficient de détermination
indique le pouvoir explicatif de la relation et qui correspond à la
valeur du coefficient de corrélation élevé au
carré. Le calcul présenté sur la figure 45 du R2, (le
coefficient de détermination) est égal à 0,99, cela
sous-entend que la variation de la part des ménages est expliquée
à plus de 99% cela explique donc que la dangerosité des sites
s'explique par la distance la plus proche du risque et donc de 0 à 100
m.
6.2.4. Les Zones d'influence : zones d'exposition
potentielles
Différentes méthodes statistiques ont
été développées pour décrire
l'hétérogénéité spatiale, en termes de zone
à risque ou zone potentielle d'exposition, notamment, les
statistiques telle que le coefficient de
Moran14, la statistique de Tango15, l'arbre de
régression oblique16, la méthode de balayage.
Dans le cas de notre étude, le test statistique retenu est celui de
Khi2. En effet, des études scientifiques ont fait le choix de
l'utilisation des méthodes différentes, mais ont obtenu des
résultats qui ont mis en évidence une
hétérogénéité spatiale significative. L'OMS
(1996), aborde la question du « rayon d'action » tout en
indiquant le cycle de transmission de maladie qui se fait d'un réservoir
vers un hôte et implique trois éléments : l'environnement
(réservoir), l'agent (mouches, moustiques, etc.) et l'hôte. En
effet, la question précédemment traitée sur la zone
à risque d'exposition selon la distance, est un indice dans la zone
d'influence. Ceci permet relativement de prendre en compte les distances
corrélativement, selon leur degré de dangerosité en les
superposant. Des études scientifiques ont relevé que les vecteurs
que sont ; les rats, les musaraignes ou, encore, les cafards et les
reptiles, sont limités dans leur déplacement à partir d'un
rayon de 1 km. (Konan, 2009)
Les tableaux qui suivent résument les proportions
totales des déchets par quartier, associées aux sites des
déchets insalubres notamment les déchets liquides et sites de
déversements illégaux (non-contrôlés).
Ainsi, pour réaliser l'inventaire des sites insalubres nous avons
tenu compte des critères liés à la durée du site
dit insalubre dans le quartier, du rayon au lieu d'habitation, de la
composition des déchets dans le lieu et aussi de la fréquence de
rejets de déchets. Cette démarche a donc permis de faire un
inventaire systématique des sites et de le traduire dans les deux
tableaux suivants.
211
14 Le coefficient de
Moran, coefficient d'autocorrélation classiquement
utilisé
15 La statistique de
Tango, généralisation spatiale de la statistique du Khi2
16 L'arbre de
régression oblique, qui découpe la zone d'étude en
sous-zones de risques différents.
212
Tableau 40: Distribution de la production des
déchets et des sites insalubres selon les quartiers (Rive
droite)
QUARTIERS
|
POPULATION
|
PRODUCTION DÉCHETS
(Kg)
|
NOMBRE DE SITES
INSALUBRES
|
RIVE DROITE
|
ADMINISTRATIF
|
3351
|
2513,25
|
1
|
|
-
|
-
|
2
|
|
2493
|
1869,75
|
4
|
|
0
|
0
|
1
|
|
4192
|
3144
|
1
|
|
2940
|
2205
|
1
|
|
1636
|
1227
|
2
|
|
7299
|
5474,25
|
7
|
|
4656
|
3492
|
3
|
|
1409
|
1056,75
|
1
|
|
728
|
546
|
2
|
|
-
|
-
|
2
|
|
|
TOTAL PRODUCTION
|
21528
|
27
|
|
Source : INS (2014)
Il ressort de ce tableau, que dans l'ensemble, les
résultats d'estimation des sites insalubres permettent de nous rendre
compte que la ville d'Aboisso est soumise aux risques d'exposition dans
pratiquement tous les quartiers de la rive gauche. Ces faits de
dégradation de l'environnement montrent bien que les indicateurs
liés à l'état de l'environnement sont suffisamment
significatifs.
L'on observe en effet que les paramètres
associés des quartiers comme Sokoura, TP sont en tête des
proportions, concernant les sites insalubres identifiés et aussi, la
taille de la population. La variable taille de la population à une
influence sur le phénomène de la distribution des sites
insalubres et la production des déchets. Aussi, en comparant les deux
sites, la rive gauche et la rive droite, on observe également que plus
la population est nombreuse, plus le taux des déchets est important et
les sites insalubres se multiplient.
213
Tableau 41: Distribution de la production des
déchets et des sites insalubres selon les quartiers de la rive
gauche
|
QUARTIERS
|
POPULATION
|
PRODUCTION DE DÉCHETS (Kg)
|
NOMBRE DE SITES INSALUBRES
|
RIVE GAUCHE
|
ANTENNE
|
1754
|
1315,5
|
1
|
|
759
|
569,25
|
1
|
|
1743
|
1307,25
|
2
|
|
2827
|
2120,25
|
1
|
|
3279
|
2459,25
|
2
|
|
2884
|
2163
|
1
|
|
464
|
348
|
1
|
|
|
TOTAL PRODUCTION
|
10282,5
|
9
|
|
Source : INS,2014 (calcul effectué à partir de
données de l'INS, Niamké, 2016)
Le tableau montre que les quartiers de la rive gauche ne sont
pas épargnés de la présence des sites à risques
sanitaires. En moyenne chaque quartier dispose de 1,28 sites qui constitue des
espaces à risque pour la santé de la population de la ville.
L'inventaire prouve ainsi l'importance de la variable multiplicité des
sites sur l'état de santé de la population.
6.3. Les effets sur la santé selon les
catégories de risques
Les effets d'une situation d'insalubrité morbide sur
la santé varient selon la nature des matières accumulées,
le degré d'exposition et les personnes exposées. Le tableau
n°42 représente des exemples de risques classifiés par
catégories, soit biologiques, chimiques et physique. Selon le sens
définit par l'OMS (2002), cette partie qui traite du risque sanitaire
dans son acceptation défini le risque comme la probabilité qu'un
individu contracte une maladie par voie directe ou indirecte. L'espèce
humaine est le seul objet de l'évaluation du risque sanitaire,
contrairement à l'évaluation du risque écologique qui
prend également en compte les espèces animales et
végétales.
Tableau 42 : Risques et effets
potentiels
Exemple de risque Les agents Les effets
potentiels
Cadre physique
Accumulation de déchets Allergène respiratoire
Infection respiratoire,
cutanées,
Humidité et moisissures Gale
Gastro-entérite
Accumulation de produits Chlore, ammoniaque, Atteinte
broncho-
chimiques et déversement acide pulmonaire
214
Animaux domestiques, Virus, parasites, Irritation des
voies
vermine et insectes moisissures respiratoires
Présence de moustiques dans Germes et microbes
Paludisme
les eaux usées pathogènes
Source : Centre intégré de
santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest
(2015),
À la lecture du tableau n°42, on
relève que plusieurs agents pathogènes présents sur le
site de la ville d'Aboisso, entrainent des maladies. Ce sont des faits de
dégradation qui occasionnent la multiplicité des agents
pathogènes.
6.3.1. Maladies déclarées par la population
enquêtée
Au cours de nos enquêtes plusieurs maladies ont
été déclarées par les ménages. Sans
toutefois, d'emblée chercher les raisons qui pourraient expliquer
l'état de santé. Mais, on retient que chaque ménage
interrogé affirme être tombé malade et déclare la
maladie qui l'a affecté durant les six derniers mois. (Par maladies
« déclarées » nous entendons celles qui sont survenues
dans les ménages des personnes enquêtées les 6 derniers
mois à partir de février 2016). Le tableau suivant
présente les maladies retenues déclarées par les
ménages sur l'ensemble des maladies soumises lors de l'enquête.
215
Tableau 43: Maladies survenues dans les
ménages durant les 6 derniers mois
MALADIES DÉCLARÉES
|
EFFECTIFS DE MÉNAGES
|
PROPORTION
|
Maladies respiratoires
|
35
|
9,10%
|
Maladies des oreilles
|
0
|
0,00%
|
Maladies des yeux
|
2
|
0,50%
|
Maladies de la peau
|
25
|
6,50%
|
Affections dentaires
|
1
|
0,30%
|
Plaies et traumatisme
|
0
|
0,00%
|
Bilharziose
|
0
|
0,00%
|
Maladies diarrhéiques
|
47
|
12,20%
|
Vers intestinaux
|
0
|
0,00%
|
Choléra
|
6
|
1,60%
|
Maladies des organes génitaux et urinaires
|
7
|
1,80%
|
Affections des os et articulations
|
1
|
0,30%
|
Méningite
|
1
|
0,30%
|
Rougeole
|
0
|
0,00%
|
Tétanos
|
0
|
0,00%
|
Paludisme
|
238
|
61,70%
|
Fièvre typhoïde
|
23
|
6,00%
|
Total
|
386
|
100,00%
|
|
Source : Niamké, 2016
Pour les besoins de l'enquête une liste de dix-sept
(17) maladies a été proposée aux ménages afin
d'avoir une vue sur plusieurs maladies. Les résultats consignés
dans le tableau ci-dessus ont permis de nous en rendre compte que toutes les
maladies n'affectent pas les ménages à Aboisso. Ainsi, nous avons
réduit la liste après l'enquête en fonction des maladies
déclarées.
216
Tableau 44 : Maladies retenues ayant un lien avec la
dégradation de l'environnement
MALADIES DECLAREES
|
NOM DU QUARTIER
|
Maladies respiratoires
|
Maladies de la peau
|
Maladies diarrhéiques
|
Choléra
|
Paludisme
|
Fièvre typhoïde
|
TOTAL
|
SOKOURA
|
12
|
2
|
12
|
2
|
32
|
11
|
71
|
ADMINISTRATIF
|
7
|
0
|
7
|
0
|
6
|
3
|
23
|
ANTENNE
|
3
|
0
|
3
|
2
|
5
|
2
|
15
|
BOIS BLANC
|
1
|
0
|
1
|
0
|
3
|
0
|
5
|
COMMERCE
|
6
|
0
|
2
|
2
|
9
|
3
|
22
|
EBOIKKRO SOS
|
|
|
|
|
|
|
non_parvenue
|
EBOIKRO SANWI
|
7
|
1
|
9
|
3
|
17
|
5
|
42
|
EBOIKRO-PROF
|
3
|
0
|
8
|
2
|
5
|
3
|
21
|
KOLIAHIWA
|
3
|
2
|
1
|
0
|
5
|
1
|
12
|
KONAN-KAN
|
3
|
0
|
3
|
0
|
9
|
1
|
16
|
LYCEE
|
4
|
0
|
5
|
1
|
6
|
4
|
20
|
PANAN-PANAN
|
5
|
2
|
6
|
2
|
4
|
3
|
22
|
PETIT MARCHE
|
5
|
0
|
4
|
0
|
8
|
7
|
24
|
PLATEAU
|
|
|
|
|
|
|
non_parvenue
|
SESSE
|
7
|
7
|
8
|
2
|
7
|
4
|
35
|
SPE
|
3
|
0
|
1
|
0
|
2
|
1
|
7
|
TP
|
14
|
1
|
6
|
1
|
10
|
7
|
39
|
TP EXTENSION
|
4
|
1
|
1
|
0
|
6
|
0
|
12
|
TOTAL
|
87
|
16
|
77
|
17
|
134
|
55
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Le travail vise à établir un lien entre la
dégradation de l'environnement et la santé. De ce fait les
différentes maladies déclarées supposées avoir un
lien avec la dégradation selon plusieurs études sur la question
du lien environnement et santé sont mis en relief. Il est
intéressant d'examiner plus en détail en corrélant les
variables qui sont inscrites dans les déterminants de la santé et
les faits de dégradation. La figure suivant, présente la liste
des maladies déclarées et leur proportion.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
paludisme
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
maladies
des
|
yeux
|
plaies
|
et traumatisme
maladies
|
|
diarrhéiques
maladies génitaux
|
des organes et urinaires
|
|
|
maladies respiratoires
|
|
|
maladies de
|
la peau bilharziose
|
|
affections
des
articulations
|
os et
|
|
|
|
|
affections
|
choléra
|
|
méningite
|
|
|
|
maladies
des
|
oreilles
|
|
vers intestinaux
|
|
|
Tétanos
|
|
Maladies declarées
0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1
0
-0,1
217
Source : Niamké, 2016
Figure 46: Maladies déclarées par
les enquêtés
La figue montre clairement les maladies
déclarées qui affectent les ménages à Aboisso. Dans
l'ensemble une diversité de maladies est présentée dans la
figure. On note cependant, que la proportion la plus élevée est
celle du paludisme avec une proportion de 61,70%. Les différentes
pathologies observées en dessous de la courbe, ont une proportion
faible. On relève 9,10 % des ménages qui déclarent
être atteints de la maladie respiratoire. Les autres maladies sont
présentes avec des proportions faibles, en dessous de la courbe de
tendance. Il est établi dans des études que les conditions de
l'environnement dans lequel vivent les ménages peuvent influencer leur
état de santé. Le paludisme et les maladies diarrhéiques
touchent un nombre élevé de la population avec un taux global de
73,90%. Notre enquête auprès des ménages sur les maladies
déclarées par les populations est presque similaire à
celle que le District Sanitaire d'Abaisso (2016) a mis à notre
disposition. Ainsi, le tableau de bord est présenté comme suit :
le paludisme comme la pathologie qui affecte le plus la population. Les
infections respiratoires aiguës (IRA) affectent 9,10 % de la population,
notons aussi que la fièvre typhoïde suit avec 6%. Soulignons que la
maladie de la peau touche également la population avec une
fréquence de 6,5%.
218
6.3.2. Influence relative des facteurs de risque sur la
santé
Les différents facteurs pouvant être
associés à l'apparition des pathologies liées à
l'environnement sont importants à relever dans notre étude. Les
facteurs déterminants de la dégradation de l'environnement
présentés au chapitre précédent exercent de
façon directe ou indirecte une influence sur l'apparition des maladies
dites environnementales, Chan M (2016) d'écrire «la santé de
la population passe par la salubrité de l'environnement ». «
Si les pays ne prennent pas des mesures afin que les populations vivent et
travaillent dans un environnement sain, des millions de personnes continueront
à tomber malades et à mourir prématurément ».
Ces propos traduisent le fait que la santé est significativement
dépendante de l'environnement. L'OMS, a mené diverses
études sur la relation et à travers sa direction on peut donc
retenir que la question demeure toujours d'actualité et fait
d'énormes victimes. Le schéma qui suit permet de mettre en
évidence cette assertion.
· Condition de vie
· Condition environnementale
· Statut socio-économique
· Comportement
· Niveau d'instruction
ÉTAT DE SANTE
Source : Niamké, 2016 / Environnement
dégradé /
Figure 47 : État de santé et cadre
environnemental
Le schéma présente une approche
systémique qui intègre les variables déterminantes de la
santé dans un cadre environnemental qui subit des dommages et
dégradations constantes. Aussi, la traduction du schéma, nous
renvoie à la définition de la santé environnementale qui
est l'ensemble des effets sur la santé de l'homme dû à la
condition de vie17. Dans notre étude, les différents
résultats permettent de nous confronter aux réalités
internationales liées aux faits
17Conditions de vie
(expositions liées germes, microbes, parasites,
nuisances ou l'insalubrité, activités humaines)
de santé. Certes, selon de nouvelles estimations de
l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), 12,6 millions de personnes
sont décédées en 2012, du fait d'avoir vécu ou
travaillé dans un environnement insalubre, soit près d'un quart
des décès dans le monde. L'étude s'est
intéressée Pour mener cette réflexion, nous avons
réalisé les tests statistiques de Khi2, couplés aux
données de terrain.
6.4 Insalubrité de l'environnement :
Présence de rongeurs et maladies développées.
Prenons comme point de repère le « triangle
épidémiologique » (ou triade d'interaction des facteurs
causaux) composé d'un hôte susceptible, un agent et un
environnement qui les met en contact. La maladie a besoin des trois
éléments pour se répandre. Le triangle
épidémiologique nous guidera pour une meilleure explication et
analyse des faits à mettre en relation. Dans cette partie, nous allons
mettre en corrélation la présence de rongeurs dans les
ménages et la maladie développée. En plus du test
statistique qui est effectué, l'utilisation du triangle
épidémiologique causal aide à une meilleure analyse du
phénomène.
Agent
(Virulence, infectiosité ;
potentiel de dépendance, etc.)
Hôte
(Susceptibilité
génétique, résilience, statut nutritionnel)
Environnement
(Hygiène, publique, contexte social,
disponibilité des soins de santé)
Source : FROMAGEO A (2005)
Figure 48 : Triangle
épidémiologique
219
La ville d'Aboisso, fait face à un problème
d'assainissement qui s'observe à travers presque tous les caniveaux
bouchés. Cette situation d'insalubrité est à l'origine de
la présence des rongeurs qui abondent dans les maisons. Nous nous sommes
intéressés à ce fait et avions bien voulu savoir si les
rongeurs influencent la santé des populations.
220
Pour connaître la perception des populations nous avions
administré un questionnaire visant à déceler d'une part la
présence de rongeurs à la maison et d'autre part, les
potentielles maladies associées à leur présence. Les
données obtenues sur la première question sont
représentées dans la figure n°49.
93,8
6,2
Pas de rongeurs présence de rongeurs
Source : Enquête, NIAMKE 2016.
Figure 49 : Présence de rongeurs dans les
domiciles
Le résultat de l'enquête nous permette de
confirmer la présence de rongeurs dans les domiciles des populations
à Aboisso. En effet, plus de 93 % pour la population affirme vivre au
quotidien avec des rongeurs (Les cafards, les souris et les rats). La figure
suivant donne la perception des ménages sur la présence des
rongeurs et l'état de santé.
porteurs de maladies
encombrants salissants Total
effet des rongeurs
rongeurs Nb rongeurs % cit.
450
400
Nombre de cas
350
300
250
200
150
100
50
0
nuisibles pour la santé
Source : Niamké, 2016.
Figure 50 : Perception de la population sur la
présence des rongeurs et l'état de santé
221
La figure n° 49, nous donne la perception de la
population sur la présence des rongeurs et l'état de
santé. Sans être spécialiste dans le domaine de
l'étiologie, 55,20% de la population affirment que les rongeurs sont
nuisibles à leur santé. Par contre, seulement 3,60% de la
population affirment que les rongeurs sont à la fois salissant et
encombrants. Pour cette proportion de la population, le lien entre la
présence des rongeurs et l'état de leur santé est exclus.
On relève que 41,20% affirment que les rongeurs sont porteurs de
maladies, tout en ignorant les maladies générées par la
présence de ces derniers. En sommes, on peut retenir de cette
enquête de perception que, 96, 40% de la population pensent que les
rongeurs sont nuisibles pour la santé. Pour donner une raison
scientifique à ce rapport de « l'état de santé et
la présence des rongeurs dans le domicile », le test de Khi2 a
été effectué afin de déterminer la
corrélation entre ces deux variables.
· Le tableau ci-dessous est le
résultat du croisement de deux variables pour réaliser le test de
Khi2 .
Tableau 45: Influence des rongeurs dans les
domiciles des ménages effectifs Observés
État de santé Rongeurs dans le
domicile
Oui Non Total
Excellent
23
|
2
|
25
|
Bon
|
72
|
9
|
81
|
Passable
|
92
|
1
|
93
|
Mauvais
|
167
|
9
|
176
|
Très mauvais
|
8
|
3
|
11
|
Total
|
362
|
24
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016.
Ce tableau des effectifs observés est constitué
de cinq lignes (État de santé) et deux colonnes (deux valeurs
pour exprimer la présence ou non des rongeurs) dans lesquelles sont
réparties les 386 observations. À partir de ces données
issues de l'observation on construit un autre tableau de contingence où
sont calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les
hypothèses suivantes :
·
222
Hypothèse 0 : la présence des rongeurs
dans le domicile n'influence pas la santé des
populations
· Hypothèse 1 : la présence des
rongeurs dans le domicile influence la santé des
populations
À partir de ces données issues de l'observation on
construit un autre tableau de contingence où sont calculées les
valeurs dites théoriques ou attendues.
Calcul des valeurs théoriques (le résultat des
opérations consigné dans le tableau ci-dessous)
Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on
multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif
total. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant ;
Tableau 46: Influence des rongeurs dans les
domiciles des ménages avec calcul des khi2 Influence des rongeurs dans
les domiciles des ménages avec calcul des khi2.
État de santé
|
|
Rongeurs dans le domicile
|
|
Oui
|
|
Non
|
Total
|
Excellent
|
|
23,45
|
|
1,55
|
25
|
Bon
|
|
75,96
|
|
5,04
|
81
|
Passable
|
|
87,22
|
|
5,78
|
93
|
Mauvais
|
|
165,06
|
|
10,94
|
176
|
Très mauvais
|
|
10,32
|
|
0,68
|
11
|
Total
|
362
|
|
24
|
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016.
· Calculons le Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique Le
résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau
suivant ;
223
État de santé
|
|
Rongeurs dans le domicile
|
|
|
Non
|
Total
|
Excellent
|
0,01
|
0,13
|
|
Bon
|
0,21
|
3,12
|
|
Passable
|
0,26
|
3,96
|
|
Mauvais
|
0,02
|
0,34
|
|
Très mauvais
|
0,52
|
7,84
|
|
Total
|
1,02
|
15,39
|
16,41
|
|
Source : Niamké, 2016.
NB : Le Khi2 calculé est
égal à la somme des Khi2, donc 16,41 (à partir du tableau
ci-dessus) Pour trouver cette valeur dans le tableau, nous devons prendre
en compte deux informations supplémentaires :
· Le nombre de « degrés de liberté
» qui se calcule ainsi :
Degrés de liberté = {(Nb de catégories [ou
modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou
modalités ou valeurs] de Y) - 1}
Ici, il y a 5 modalités pour X et 2
modalités pour Y. Donc, le nombre de degrés de
liberté est égal à : (5 - 1) x (2 - 1) = 4 x 1 = 4.
· Ensuite, nous choisissons la probabilité de
fiabilité du test : 5% de chances de se tromper, soit P = 0,05. Nous
avons donc 4 degrés de liberté et une probabilité de
fiabilité du test de P=0,05. Par conséquent,
Nous observons que dans la table, le Khi2
théorique est égal à : 9,48
· Comparons le Khi2 théorique issu de la table
(9,48) avec le Khi2 calculé (16,41)
224
Appliquons la règle suivante :
· Si le Khi2 calculé est inférieur au
Khi2 théorique : indépendance
· Si le Khi2 calculé est supérieur au
Khi2 théorique : dépendance
· Conclusion
Si le Khi2 calculé (16,41) est supérieur au
Khi2 théorique (9,48)
Étant donné que le chi-carré
calculé est supérieur au khi carré théorique, nous
pouvons conclure que la présence de rongeurs à une influence sur
la santé des populations à Aboisso. Notre observation initiale
sur la base de l'échantillon est donc probablement vraie à
l'extérieur de l'échantillon (avec cependant 5% de chances de
nous tromper).
6.4.1. Maladies liées à la présence
des rongeurs
Le test statistique précédemment
effectué a permis de confirmer que la santé des populations est
fortement liée à la présence des rongeurs dans leurs
habitations. En effet, selon les études on retient que les rongeurs
domestiques sont effectivement nuisibles pour la santé des populations,
notamment les rats et les souris sont des rongeurs appartenant à la
famille des muridés18. Certaines espèces se sont
parfaitement adaptées aux conditions crées non seulement par la
population dans leurs habitations, mais aussi par l'insuffisance
d'assainissement. Les rongeurs sont à la fois des réservoirs de
virus et des hôtes de maladies pour l'homme. La transmission s'effectue
par l'intermédiaire de leurs déjections, de leurs morsures et des
parasites qu'ils hébergent. Tout comme les rats et les souris, les
blattes appelées aussi cafards contaminent les aliments et transmettent
des maladies après avoir été en contact avec des poubelles
ou des égouts en marchant et en laissant des excréments sur les
aliments ou dans les aires de préparation des aliments.
Les personnes atteintes d'asthme peuvent avoir des
réactions indésirables lors de contacts avec des
excréments ou des parties de cafards.
Selon l'OMS (2012), la voie la plus commune d'infection par
les rongeurs se fait par contact de la peau avec de l'eau ou des sols
contaminés par l'urine d'animaux infectés. Les symptômes
sont variés et peuvent avoir différents degrés de risque.
Les symptômes sont des troubles variés mais
généralement gastro-intestinaux (nausées, vomissements,
diarrhées, douleurs abdominales) sont évidents. Par ailleurs,
l'INPHB (Institut National d'Hygiène Publique, 2012) considère
que les souris et cafards sont des vecteurs potentiels qui transmettent les
maladies telles que la diarrhée, la fièvre typhoïde, la
dysenterie, le choléra...) Selon les
18 Les muridés forment une
famille de mammifères terrestres appartenant à l'ordre des
rongeurs.
225
données épidémiologiques du District
Sanitaire (2016) d'Aboisso, on observe une évolution des maladies
infectieuses la figure n° 51 présente l'évolution des
maladies infectieuses à Aboisso.
Nombre de cas
6073
2012 2013 2014 2015
9725
Année
12177
Maladies infectieuses
93615
Source : District Sanitaire Aboisso,
2016
Figure 51 : Évolution des maladies
infectieuses à Aboisso, de 2012 à 2015
La figure n°51, nous permet d'observer les tendances
dans le temps. Ainsi on s'aperçoit de l'évolution du nombre de
cas déclarée avoir des maladies infectieuses. Les tendances qui
se dégagent permettent de montrer que de 2012 à 2014, on
observait une augmentation du nombre de cas, soit en moyenne de 3000 cas. Mais,
de 2014 à 2015, le nombre le cas a pratiquement été
multiplié par plus de 7. Cette situation s'explique par la
multiplicité des sites insalubres, favorables à l'installation
des rongeurs et à leur développement.
6.5. La bilharziose urinaire : une maladie
à laquelle sont exposées les populations
d'Aboisso
Les bilharzioses ou schistosomiases existent à
l'état endémique dans plusieurs pays et continuent d'infecter des
milliers de personnes exposées au risque d'infection par les quatre
espèces du parasite qui induisent plusieurs normes cliniques : la
schistosoma mansoni et la schistosoma intercalum (bilharziose intestinale), la
schistosoma haematobium (bilharziose
226
urogénitale) et la schistosoma japonicum
(bilharziose artério-veineuse). L'infection a lieu par contact
humain avec de l'eau polluée par l'urine et par les selles.
Au cours de nos observations, nous nous sommes rendu compte
que la Bia était un plan d'eau à divers usages. Les populations
se baignent, font la lessive, déversent des déchets et y
défèquent. Aussi, les eaux qui stagnent et restent pendant de
longs moments devant les habitations sans être évacuées
constituent des risques sanitaires. Nous avons donc cherché à
comprendre les liens de toutes ces situations liées à la
dégradation de l'environnement et à la santé des
populations.
Source : Bourée P.
Figure 52 : Cycle schématique de la
bilharziose
D'après ce cycle proposé par Bourée
P, l''oeuf pénètre dans le vecteur (un mollusque
Spécifique de chaque espèce) dans lequel après
multiplication, il se transforme en larve infectante pour l'homme. Nombre
d'individus infestés manifestent peu de symptômes et ignorent
même leur état. Le cycle ainsi, présenté nous invite
à nous interroger sur les risques que courent les populations qui
pratiquent la pêche, la baignade, la lessive, et d'autres tâches
ménagères dans la bia.
Lorsque nous nous referons au schéma du triangle
épidémiologique cela nous permet de relever que le cycle
observé au cours de nos enquêtes et aussi sur l'image permettent
de comprendre le triptyque hôte, environnement, agents et la
maladie.
227
Dans la ville d'Aboisso, bien que le nombre de cas demeure
faible, la bilharziose existe et fait tout de même des victimes.
Nombre de cas
25
20
50
45
40
35
30
15
10
5
0
21
2012 2013 2014 2015
43
Année
24
37
Source : District sanitaire d'Aboisso (2016)
Figure 53 : Évolution des cas de bilharziose
à Aboisso (2012-2015)
Le tableau nous montre que le nombre de cas de la maladie
de bilharziose connait trois phases de 2012 à 2015. La première
phase est celle de 2012 à 2013, avec une évolution de nombre de
cas de 21 à 43. La seconde phase est marquée une chute du nombre
ou on est passé de 43 cas à 24. La troisième phase
s'observe par une évolution lente du nombre de cas.
6.6. Perception de l'environnement : de la qualité
de l'environnement aux problèmes de santé
L'enquête réalisée a permis de
connaître l'opinion des ménages sur divers aspects de
l'environnement, mais aussi, sur les faits de dégradation qui semblent
à priori être responsables de l'état de leur santé.
Au niveau de l'état de santé, l'opinion qui se dégage sur
la question relative à la bonne santé, c'est-à-dire «
de quoi dépend votre bonne santé », à permis de
réaliser le tableau.
228
Tableau 47 : Indicateur de la
santé
De quoi dépend la bonne santé
Problème de santé
Nombre Proportion (%)
Hygiène de cadre de vie 351 90,93
Qualité de l'eau 3 0,80
Les saisons (pluie ou sèche) 1 0,30
Comportement éco-citoyen 1 0,30
Salubrité des aliments 7 1,80
Non pollution de l'environnement 23 6,00
Total 386,00 100,00
Source : Niamké, 2016
Le tableau montre que plus de 90% des ménages
affirment que leur santé dépende de l'hygiène du cadre de
vie. Ceci démontre que les ménages ont une connaissance des
risques liés à un environnement dégradé, surtout en
rapport avec la santé.
Hygiène de
|
cadre
|
|
|
|
|
de vie
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Comportement éco-citoyen
|
|
|
|
|
Les saisons ou
|
(pluie sèche)
|
|
|
l'environnemen
|
|
Qualité de l'eau
|
|
|
|
|
|
|
1
|
2
3
|
4
|
5
|
|
6 7
|
|
|
|
|
|
Salubrité
des
|
|
|
qualité de l'environnement
Non pollution de
400
350
300
250
Ménage
200
150
100
50
0
-50
-100
Source : Niamké, 2016
Figure 54 : Corrélation santé et
qualité de l'environnement
Cette tendance que nous présente le coefficient de
détermination R2 = 0,7952, semble confirmer la thèse
selon laquelle la bonne santé dépend de la qualité de
l'environnement. Mais,
229
loin des perceptions et opinions, nous avons mobilisé
à cette étape de la vérification de l'hypothèse, un
test statistique pour vérifier si le lien est statiquement
confirmé. Ceci s'est fait au moyen du khi2.
· Le tableau ci-dessous est le résultat
du croisement de deux variables pour réaliser le test de
Khi2.
Tableau 48 : Qualité de l'environnement et
problème de santé
|
|
|
Effectifs observés
|
|
La qualité de l'environnement
|
|
|
Problème de santé
|
|
|
|
Non
|
Total
|
Hygiène de cadre de vie
|
|
92
|
259
|
351
|
Qualité de l'eau
|
|
3
|
0
|
3
|
Les saisons (pluie ou sèche)
|
|
2
|
5
|
7
|
Comportement éco-citoyen
|
|
0
|
1
|
1
|
Salubrité des aliments
|
|
3
|
20
|
23
|
Non pollution de l'environnement
|
|
0
|
1
|
1
|
Total
|
|
100
|
286
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Ce tableau des effectifs observés est constitué
de 10 lignes (Qualité de la santé) et 4 colonnes (deux valeurs
pour exprimer la bonne ou mauvaise santé) dans lesquelles sont
réparties les 386 observations. À partir de ces données
issues de l'observation, on construit un autre tableau de contingence où
sont calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les
hypothèses suivantes :
Hypothèse 0 : les problèmes de
santé des populations ne dépendent pas de l'hygiène du
cadre de vie
Hypothèse 1 : les problèmes de
santé des populations dépendent de l'hygiène du cadre de
vie
Calcul des valeurs théoriques (le résultat
des opérations est consigné dans le tableau ci-
dessous)
Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case,
on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par
l'effectif total. Les résultats sont présentés comme suit
:
230
|
|
Effectifs théoriques
|
|
La qualité de l'environnement
|
|
Problème de santé
|
|
|
Non
|
Total
|
Hygiène de cadre de vie
|
90,93
|
260,07
|
351
|
Qualité de l'eau
|
0,78
|
2,22
|
3
|
Les saisons (pluie ou sèche)
|
1,81
|
5,19
|
7
|
Comportement éco-citoyen
|
0,26
|
0,74
|
1
|
Salubrité des aliments
|
5,96
|
17,04
|
23
|
Non pollution de l'environnement
|
0,26
|
0,74
|
1
|
Total
|
100
|
286
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
· Calculons le Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique Le
résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau
suivant ;
|
|
KHI2 - CALCULÉ
|
|
La qualité de l'environnement
|
|
Problème de santé
|
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Hygiène de cadre de vie
|
0,01
|
0,00
|
|
Qualité de l'eau
|
6,36
|
2,22
|
|
Les saisons (pluie ou sèche)
|
0,02
|
0,01
|
|
Comportement éco-citoyen
|
0,26
|
0,09
|
|
Salubrité des aliments
|
1,47
|
0,51
|
|
Non pollution de l'environnement
|
0,26
|
0,09
|
|
Total
|
8,38
|
2,93
|
11,3
|
|
Source : Niamké, 2016
NB : Le Khi2 calculé est
égal à la somme des Khi2 , donc 11,3 (à partir du tableau
ci-dessus) Pour trouver cette valeur dans le tableau, nous devons prendre
en compte deux informations supplémentaires :
· Le nombre de « degré de liberté »
qui se calcule ainsi :
Degré de liberté = {(Nb de catégories [ou
modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou
modalités ou valeurs] de Y) - 1}
231
Ici, il y a 5 modalités pour X (les 4
matières) et 2 modalités pour Y (les deux sexes). Donc,
le nombre de degré de liberté est égal à : (6 - 1)
x (2 - 1) = 5 x 1 = 5.
· Ensuite, nous choisissons la probabilité de
fiabilité du test : 5% de chances de se tromper, soit P = 0,05. Nous
avons donc 4 degrés de liberté et une probabilité de
fiabilité du test de P=0,05. Par conséquent :
Tableau 49 : Table de KHI2
La table montre que le Khi2 théorique est
égal à : 9,48
· Comparons le Khi2 théorique issu de la table
(9,48) avec le Khi2 calculé (11,3) Appliquons la règle la
suivante :
· Si le Khi2 calculé est inférieur au
Khi2 théorique : indépendance
· Si le Khi2 calculé est supérieur au
Khi2 théorique : dépendance
· Conclusion
Le Khi2 calculé (11,3) est supérieur au
Khi2 théorique (9,48)
Étant donné que le Khi2 calculé est
supérieur au khi carré théorique, nous pouvons conclure
que l'hypothèse H1, qui stipule que la santé dépend de
l'hygiène du cadre de vie est vérifiée.
Les conclusions du test réalisé permettent de
relever les faits et les conséquences liées à la
qualité de l'environnement à Aboisso. De plus en plus, la
qualité de vie se dégrade et cela à cause de la croissance
démographique qui ne permet plus d'assurer convenablement à la
population un assainissement adéquat. La croissance démographique
a été présentée comme indicateur de la
dégradation de l'environnement. Il faut relever aussi, que
l'insuffisance dans la gestion des ordures ménagères (qui
s'empilent dans les poubelles, empestent l'air et
232
favorisent la prolifération des microbes), des eaux
usées qui sont mal drainées, sont les faits les plus visibles et
qui mettent ainsi en péril la santé des populations. En effet,
à la COP 21 (Conférence de Paris, 2016), les maladies
liées à l'environnement ont été
présentées et considérées par les
spécialistes de la santé comme étant les pathologies qui
exacerbent l'état de santé des populations.
Figure 55: Zone d'exposition potentielle de risque
pour la santé
La carte ci-dessus présente la distribution spatiale
des foyers identifiés comme sources infectieux pour la santé des
populations. Les déchets stockés à proximité des
maisons et des lieux publics sont des sources potentielles de risques pour la
santé. Dans ces différents sites on observe la présence
des rongeurs, des moustiques et autres insectes vecteurs de maladies
présentées plus haut. Ces sites très sensibles devraient
être des lieux à protéger contre les
233
dangers générés quotidiennement par les
déchets et la stagnation des eaux afin de réduire les risques
pour la santé.
6.7. Populations, comportements à risques
sanitaires et diffusion d'agents pathogènes
Cette partie nous conduit à nous interroger sur le
comportement des populations pouvant perturber leur état de
santé. Nous commençons à comprendre quelle est la place de
l'homme dans cette association environnement et santé. Plusieurs faits
évoqués ont permis de nous rendre également compte que la
population participe aussi à la dégradation de son environnement.
Nos enquêtes ont permis aussi de savoir que la population n'est pas
ignorante des faits de dégradation qui puissent nuire à la
santé. Pour rappel on note que les populations soient 36% ont
identifié les eaux usées de toutes sortes comme des facteurs
dégradant leur santé, et 89,4% des ménages ont
affirmé que l'état de santé est lié à la
dégradation de l'environnement. Le constat qui se dégage de cette
situation est que bien que, les populations soient conscientes que la
dégradation de l'environnement affecte leur santé, elles
participent néanmoins par leurs pratiques à la dégradation
de l'environnement. Le tableau suivant est un résumé du
résultat de la perception des populations sur les causes de la maladie
en rapport avec la dégradation.
Les ordures qui sont non loin de nos maisons La présence
des moustiques La qualité de l'eau consommée L'odeur de la lagune
Les eaux usées qui restent sur place La saleté autour des maisons
L'air respiré (poussière, fumée de véhicule...
|
|
|
|
0 20 40 60 80 100 120 140
Non Oui
Source : Niamké, 2016
Figure 56: : Perceptions de la population des faits
qui dégradent l'environnement
234
Les résultats présentés dans ce tableau
ont été croisés avec le logiciel sphinx afin
d'apprécier le rapport facteur de dégradation et cause de la
maladie des populations selon leur perception. Il ressort donc que l'eau
usée, l'air respiré, la présence des moustiques et les
ordures proches des maisons ont un effet sur la santé. À partir
des résultats du tableau, on peut dire que les populations sont
conscientes que la santé est fragilisée par des facteurs
liés à la dégradation de l'environnement.
Malgré tout, nous observons que la population est
actrice de la dégradation de l'environnement et bien plus avec des
comportements à risques qui contribuent à la propagation des
agents pathogènes. Pour exemple, le rejet des eaux usées et la
défécation des populations dans la Bia.
Source :
www.santéenvironnement.fr
et adaptée par Niamké,2016
Figure 57: Cycle de la transmission des microbes
à partir des excréments humains
L'image décrit le cycle de la diffusion de microbes
à partir de l'homme. Ces faits ont été observés
dans la ville d'Aboisso, au niveau de la Bia. Aucune source ne nous a permis de
disposer des données liées à la proportion de la
population qui utilise la Bia comme site d'aisances. Des études
épidémiologiques se sont interrogées à partir de la
compréhension des phénomènes
épidémiologiques sur comment se diffusent les maladies. Leur
origine, et leur processus. La question posée trouve sa réponse
dans l'habitat et le cadre de vie des populations à Aboisso. Par
ailleurs, les populations occupent des parcelles d'habitation avec une
défaillance des ouvrages d'assainissement collectifs et les caniveaux
bouchés ainsi que les réseaux d'égouts. Dans la plupart
des quartiers ce fait est observé, ce qui constitue des gîtes
235
larvaires, sources de contamination. De plus, les quartiers
spontanés comme SOKOURA, KOLI AHIWA présentent un handicap pour
réaliser des opérations d'assainissement optimales et entravent
même l'accès des véhicules de collecte des déchets.
La photo n°28 montre une jeune fille qui lave son bébé dans
la Bia, sans se soucier de tous.
Photo 28: Une jeune mère lave son
bébé dans la Bia,(cliché Niamké,
2014)
Cette image présente une jeune fille qui lave son
bébé dans la Bia. Ce comportement présente plusieurs
risques pour la santé du bébé. Les indicateurs liés
à la contamination du plan d'eau sont connus ; déversement des
déchets, défécations et rejet des eaux usées
domestiques et industrielle. Toutes ces actions entraînent une pollution
de la Bia, et constituent des risques permanents pour la population.
6.7.1. Dégradation de l'environnement et
état de santé des populations
Pour mettre en relation la dégradation de
l'environnement et la santé des populations, nous avons fait le choix
des indicateurs suivants : Insuffisance de bacs à ordure ;
l'inefficience des infrastructures d'assainissement, la mauvaise gestion de
l'environnement, l'irrégularité dans la collecte des
déchets, la promiscuité des habitats. Nous avons jugé
que ces indicateurs influencent le cadre environnemental de la ville et donc
traduit sa dégradation. Ainsi, nous avons associé à ces
différents indicateurs l'état de santé selon les opinions
de la population. Cette approche, s'inscrit dans le cadre de la
vérification significative en utilisant les tests statistiques en vue de
leur corrélation. En ce qui concerne l'état de santé des
populations selon les indicateurs présentés, les modalités
de réponses portent sur : la santé est excellente ;
la
236
santé est bonne ; la santé est passable ; la
santé est mauvaise et enfin la santé est très mauvaise.
Le croissement a permis d'obtenir le tableau n 50.
Tableau 50 : Indicateurs de la dégradation de
l'environnement Effectif théorique
INDICATEURS DE LA DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT
|
ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION
|
TOTAL
|
|
Bon
|
Passable
|
Mauvais
|
Très mauvais
|
|
0
|
33
|
1
|
50
|
0
|
84
|
Inefficience des infrastructures d'assainissement
|
0
|
48
|
54
|
0
|
0
|
102
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
0
|
0
|
1
|
124
|
0
|
125
|
Irrégularité dans la collecte des
déchets
|
22
|
0
|
37
|
1
|
1
|
61
|
Promiscuité de l'habitat
|
3
|
0
|
0
|
1
|
10
|
14
|
TOTAL
|
25
|
81
|
93
|
176
|
11
|
386
|
|
Source : Niamké, 2014
À partir de ce tableau des effectifs observés,
nous allons donc appliquer le test d'indépendance du Khi2 qui vise
à déterminer si les deux variables observées
dégradation de l'environnement qui comprend les indicateurs
évoqués et (état de santé de la population) sont
indépendantes ou non. Les variables étudiées sont des
variables qualitatives catégorielles. D'emblée, une observation
du tableau nous invite à affirmer que la mauvaise santé des
populations est due à la gestion approximative de l'environnement dans
la ville. Observons si, cette assertion est-elle statistiquement significative.
C'est en effet pour une meilleure appréciation de la corrélation
que le test est impérativement nécessaire.
À partir de ces données issues de
l'observation, on construit un autre tableau de contingence où seront
calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les
hypothèses suivantes :
· Hypothèse 0 : l'état de
santé de la population ne dépend pas de la dégradation de
l'environnement
· Hypothèse 1 : l'état de
santé de la population dépend de la dégradation de
l'environnement
237
- Calculons les valeurs théoriques.
Calcul des valeurs théoriques (le résultat des
opérations consigné dans le tableau ci-dessous)
Pour calculer les effectifs théoriques de chaque
case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par
l'effectif total. Les résultats sont présentés comme suit
:
Tableau des effectifs
théoriques
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION
|
|
|
Bon
|
Passable
|
Mauvais
|
Très mauvais
|
TOTAL
|
Insuffisance de bacs à ordure
|
5,44
|
17,63
|
20,24
|
38,30
|
2,39
|
84
|
Inefficience des infrastructures d'assainissement
|
6,61
|
21,40
|
24,58
|
46,51
|
2,91
|
102
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
8,10
|
26,23
|
30,12
|
56,99
|
3,56
|
125
|
Irrégularité dans la collecte des
déchets
|
3,95
|
12,80
|
14,70
|
27,81
|
1,74
|
61
|
Promiscuité de l'habitat
|
0,91
|
2,94
|
3,37
|
6,38
|
0,40
|
14
|
TOTAL
|
25
|
81
|
93
|
176
|
11
|
386
|
|
Source : Niamké, 2014
· Calculons le Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique Le
résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau
suivant ;
Tableau des Khi2
calculés
INDICATEURS DE LA DÉGRADATION
DE L'ENVIRONNEMENT
|
|
ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION
|
TOTAL
|
|
Passable
|
Mauvais
|
Très mauvais
|
|
5,44
|
13,41
|
18,29
|
3,57
|
2,39
|
43,10
|
Inefficience des infrastructures d'assainissement
|
6,61
|
33,05
|
35,23
|
46,51
|
2,91
|
124,30
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
8,10
|
26,23
|
28,15
|
78,77
|
3,56
|
144,81
|
Irrégularité dans la collecte des
déchets
|
82,46
|
12,80
|
33,85
|
25,85
|
0,31
|
155,27
|
Promiscuité de l'habitat
|
4,83
|
2,94
|
3,37
|
4,54
|
231,05
|
246,73
|
TOTAL
|
107,43
|
88,42
|
118,89
|
159,24
|
240,22
|
714,21
|
|
Source : Niamké, 2014
238
NB : Le Khi2 calculé est
égal à la somme des Khi2, donc 714,21 (à partir
du tableau ci-dessus)
Pour trouver cette valeur dans le tableau des tables, nous
devons prendre en compte deux informations supplémentaires :
· Le nombre de « degré de
liberté » qui se calcule ainsi :
Degrés de liberté = {(Nb de catégories
[ou modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou
modalités ou valeurs] de Y) - 1}
Donc, le nombre de degrés de liberté est
égal à : (5- 1) x (5 - 1) = 4 x 4 = 16.
· Ensuite, nous choisissons la probabilité de
fiabilité du test : 5% de chance de se tromper, soit P = 0,05.
Nous voyons dans la table que le Khi2
théorique est égal à : 26,29
· Comparons le Khi2 théorique issu de la table
(26,29) avec le Khi2 calculé (714,21) Appliquons la règle la
suivante :
· Si le Khi2 calculé est inférieur au
Khi2 théorique : indépendance
· Si le Khi2 calculé est supérieur au
Khi2 théorique : dépendance
· Conclusion
La différence observée entre les deux tableaux
donne une valeur du Khi2 de 714,21. Or au risque de 5% (0,05) la valeur
maximale que peut prendre le Khi2 est de 26,29. Comme 714,29 est
supérieur à 26,29, nous pouvons rejeter l'hypothèse (Ho)et
confirmer l'hypothèse (H1). Cette analyse a montré un lien
significatif qui existe entre la dégradation de l'environnement et
l'état de santé de la population à Aboisso. Ce test
s'associe à la précédente et aux tests suivants pour
montrer la significativité du lien qui existe entre l'environnement et
la santé.
239
6.7. 2. Maladies développées et
dégradation l'environnement
Dans cette partie, nous appliquerons la démarche
statistique pour chercher à comprendre
la corrélation entre les maladies
déclarées et la dégradation de l'environnement. Pour ce
faire nous effectuerons le test de Khi2 ;
Tableau 51 : Rapport maladies et faits de
dégradation
EFFECTIF OBSERVES
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
MALADIES DÉVELOPPÉES
|
Insuffisance de bacs à ordure
|
Inefficience
des infrastructures d'assainissement
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
Irrégularité
dans la collecte des
déchets
|
Promiscuité de l'habitat
|
TOTAL
|
Maladies respiratoires
|
15
|
22
|
26
|
16
|
1
|
80
|
Maladies des oreilles
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Maladies des yeux
|
2
|
2
|
0
|
1
|
1
|
6
|
Maladies de la peau
|
0
|
1
|
5
|
1
|
0
|
7
|
Affections dentaires
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
2
|
Plaies et traumatisme
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Bilharziose
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Maladies diarrhéiques
|
19
|
13
|
14
|
8
|
1
|
55
|
Vers intestinaux
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Choléra
|
2
|
6
|
2
|
1
|
2
|
13
|
Maladies des organes génitaux et urinaires
|
5
|
2
|
4
|
0
|
0
|
11
|
Affections des os et articulations
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Méningite
|
0
|
4
|
0
|
0
|
0
|
4
|
Rougeole
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Paludisme
|
16
|
22
|
36
|
18
|
1
|
93
|
Fièvre typhoïde
|
24
|
29
|
37
|
15
|
8
|
113
|
TOTAL
|
84
|
102
|
125
|
61
|
14
|
386
|
|
Énumérons les hypothèses :
· Hypothèse 0 : les maladies
développées par les populations sont liées à la
dégradation de l'environnement
· Hypothèse 1 : les maladies
développées ne sont pas liées à la
dégradation de l'environnement
240
- Calculons les valeurs théoriques.
Calcul des valeurs théoriques (le résultat
des opérations consigné dans le tableau ci-dessous) Pour calculer
les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs
totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total. Les
résultats sont présentés comme suit :
EFFECTIF THÉORIQUE
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
MALADIES DÉVELOPPÉES
|
Insuffisance de bacs à ordure
|
Inefficience
des infrastructures d'assainissement
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
Irrégularité
dans la collecte des
déchets
|
Promiscuité de l'habitat
|
TOTAL
|
Maladies respiratoires
|
17,41
|
21,14
|
25,91
|
12,64
|
2,90
|
80
|
Maladies des oreilles
|
0,22
|
0,26
|
0,32
|
0,16
|
0,04
|
1
|
Maladies des yeux
|
1,31
|
1,59
|
1,94
|
0,95
|
0,22
|
6
|
Maladies de la peau
|
1,52
|
1,85
|
2,27
|
1,11
|
0,25
|
7
|
Affections dentaires
|
0,44
|
0,53
|
0,65
|
0,32
|
0,07
|
2
|
Plaies et traumatisme
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0
|
Bilharziose
|
0,22
|
0,26
|
0,32
|
0,16
|
0,04
|
1
|
Maladies diarrhéiques
|
11,97
|
14,53
|
17,81
|
8,69
|
1,99
|
55
|
Vers intestinaux
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0
|
Choléra
|
2,83
|
3,44
|
4,21
|
2,05
|
0,47
|
13
|
Maladies des organes génitaux et urinaires
|
2,39
|
2,91
|
3,56
|
1,74
|
0,40
|
11
|
Affections des os et articulations
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0
|
Méningite
|
0,87
|
1,06
|
1,30
|
0,63
|
0,15
|
4
|
Rougeole
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0
|
Paludisme
|
20,24
|
24,58
|
30,12
|
14,70
|
3,37
|
93
|
Fièvre typhoïde
|
24,59
|
29,86
|
36,59
|
17,86
|
4,10
|
113
|
TOTAL
|
84
|
102
|
125
|
61
|
14
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
· Calculons le Khi2
Le Khi2 s'obtient par la formule :
Khi2 = (effectif observé - effectif
théorique) 2 / effectif théorique Le
résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau
suivant ;
241
|
|
KHI 2_CALCULÉ
|
|
|
|
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
|
|
MALADIES DÉVELOPPÉES
|
Insuffisance de bacs à ordure
|
Inefficience
des infrastructures d'assainissement
|
Mauvaise gestion de l'environnement
|
Irrégularité
dans la collecte des
déchets
|
Promiscuité de l'habitat
|
TOTAL
|
Maladies respiratoires
|
0,33
|
0,03
|
0,00
|
0,89
|
1,25
|
2,51
|
Maladies des oreilles
|
0,22
|
0,26
|
0,32
|
4,49
|
0,04
|
5,33
|
Maladies des yeux
|
0,37
|
0,11
|
1,94
|
0,00
|
2,81
|
5,24
|
Maladies de la peau
|
1,52
|
0,39
|
3,30
|
0,01
|
0,25
|
5,47
|
Affections dentaires
|
0,44
|
0,42
|
0,19
|
0,32
|
0,07
|
1,44
|
Plaies et traumatisme
|
0,00
|
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Bilharziose
|
2,81
|
0,26
|
0,32
|
0,16
|
0,04
|
3,60
|
Maladies diarrhéiques
|
4,13
|
0,16
|
0,82
|
0,06
|
0,50
|
5,66
|
Vers intestinaux
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Choléra
|
0,24
|
1,91
|
1,16
|
0,54
|
4,96
|
8,81
|
Maladies des organes génitaux et urinaires
|
2,84
|
0,28
|
0,05
|
1,74
|
0,40
|
5,31
|
Affections des os et articulations
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Méningite
|
0,87
|
8,19
|
1,30
|
0,63
|
0,15
|
11,14
|
Rougeole
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Paludisme
|
0,89
|
0,27
|
1,15
|
0,74
|
1,67
|
4,72
|
Fièvre typhoïde
|
0,01
|
0,02
|
0,00
|
0,46
|
3,71
|
4,21
|
TOTAL
|
14,67
|
12,33
|
10,56
|
10,03
|
15,84
|
63,43
|
|
Source . · Niamké, 2016
NB . · Le Khi2
calculé est égale à la somme des Khi2, donc 63,43
(à partir du tableau ci-dessus)
En appliquant la démarche pour le test de Khi2, on
obtient ; ddl ou degré de liberté du test = 44, pour un risque
p=5%
Appliquons la règle suivante . ·
· Si le Khi2 calculé est inférieur au
Khi2 théorique . · indépendance
· Si le Khi2 calculé est supérieur au
Khi2 théorique . · dépendance
· Conclusion :
Le Khi2 calculé, est égal à 63,43, il
est supérieur au KHI 2 théorique qui est égal 60,48, ce
qui veut dire que Ho est rejetée et H1 est acceptée. On a donc un
lien très significatif entre la dégradation de l'environnement et
les maladies déclarées par les populations. Le croisement des
données précédentes, avec les maladies ayant survenues
dans les ménages durant les six
242
(6) derniers mois qui ont précédé notre
enquête montre la forte corrélation avec la dégradation de
l'environnement. Le tableau n°000, présente les pathologies
à incidence développées
Tableau 52 : Pathologies à incidence
développées
MALADIES DÉVELOPPÉES
|
NOMBRE DE CAS
|
PROPORTION (%)
|
Maladies respiratoires
|
80
|
20,70%
|
Maladies diarrhéiques
|
55
|
14,20%
|
Tétanos paludisme
|
93
|
24,10%
|
Fièvre typhoïde
|
113
|
29,30%
|
Total
|
341
|
88,30%
|
|
Source : Niamké, 2016
De toutes les pathologies que développent les
populations, celles représentées dans le tableau n52 sont les
plus rependues. On note que 29,30% des ménages soufrent de la
fièvre typhoïde et qui reste la maladie a forte incidence. La
seconde maladie qui vient après la fièvre typhoïde est le
paludisme avec une proportion de 24,70%. Les maladies diarrhéiques
touchent 14,20% de la population contre 20,70% pour les maladies respiratoires.
Ces différentes pathologies présentées affectent dans
l'ensemble 88,30% des ménages. Ce taux hautement important nous invite
à mener porter une attention sur la survenue des maladies et à
prendre en compte la question relative à la dégradation de
l'environnement et la santé des populations.
Par ailleurs, le lien entre ces maladies et les
défauts d'assainissement des eaux usées, la dégradation
continuelle de l'environnement a été effectivement mis en
relation et confirmer par notre étude. On retrouve donc un lien
étroit entre les maladies qui affectent les ménages et celles
déclarées par le DSA (District Sanitaire d'Aboisso, 2016).
Certes les insuffisances dans la gestion de l'environnement
ont été relevées, mais le mode de vie, les comportements
et les habitudes des ménages jouent un rôle important dans la
détermination de l'état de santé. Il s'agit des habitudes
qui ont des effets négatifs sur le cadre de vie et qui contribuent
à accroître le risque lié aux pathologies citées
plus haut.
6.8. Tranche d'âge, sexe et maladies
développées selon le temps
L'état de santé peut s'apprécier
à plusieurs niveaux. Pour les épidémiologistes cependant,
des indicateurs comme le temps constitue un élément
nécessaire pour comparer l'état de santé de la population
dans le temps et apprécier l'évolution de la maladie chez les
personnes atteintes sur plusieurs périodes. Notre étude, qui
s'inscrit dans le cadre de la
243
corrélation de phénomènes n'a pas pour
objet de suivre l'évolution des patients et de la comparaison dans le
temps. En effet, pour le besoin d'appréciation de dépendance,
notre enquête a été ouverte sur la question relative
à la maladie la plus développée selon les saisons
pluvieuses ou sèches. En effet, il faut souligner que le principal
obstacle à ce sujet est le coût que génère la
réalisation d'enquêtes sur des échantillons de taille
appropriée et sur des longues périodes pour assurer des
résultats significatifs aux niveaux géographiques où cette
information est souhaitée. Cependant, notre enquête ménage
a permis de recueillir des informations auprès des ménages.
Ainsi, pour le traitement des informations ainsi collectées nous avons
effectué un croissement de données, provenant des réponses
des ménages enquêtés. Le tableau suivant présente la
tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le
temps
Tableau 53 : La tranche d'âge, sexe et
maladies développées selon le temps
EFFECTIFS OBSERVES
Catégorie de population
|
Saison pluvieuse
|
Saison sèche
|
TOTAL
|
|
|
|
Hommes
|
36
|
18
|
54
|
Enfants
|
184
|
99
|
283
|
Femmes
|
23
|
26
|
49
|
TOTAL
|
243
|
143
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Comme le montre le tableau ci-dessus, parmi les personnes
tombées malades au cours des six derniers mois qui ont
précédé notre enquête, on note que le cas des
enfants est dominant, avec 73,31%, suivi des hommes avec 13,98% et enfin les
femmes avec 12,69%. Au niveau des saisons, on observe que quelle que soit la
saison (pluvieuse ou sèche), la proportion des enfants est toujours plus
importante. Cependant, on souligne que le pic le plus important de cas de
maladies déclarées est celle de la saison pluvieuse avec 62,95%.
Le tableau nous a permis d'avoir des informations sur la catégorie de
population affectée selon les saisons. Mais pour nous elle reste
insuffisante conformément à l'objectif de notre étude et
aussi, à l'orientation statistique que nous nous sommes fixés.
Pour ce faire, nous avons réalisé un test de dépendance.
La question posée à cet effet est formulée comme suit :
les saisons influencent-elles le développement des maladies à
Aboisso ?
· 244
Appliquons la même démarche du test de Khi2 pour
établir ou non la corrélation Formulons les deux
hypothèses :
Ho : les saisons n'influencent pas le
développement de la maladie
H1 : les saisons influencent le développement
de la maladie
On obtient les résultats suivants :
Tableau 54: Population, santé et les
saisons
EFFECTIFS THÉORIQUES
Catégorie
|
Saison pluvieuse
|
Saison sèche
|
Total
|
|
|
|
Hommes
|
33,99
|
20,01
|
54
|
Enfants
|
178,16
|
104,84
|
283
|
Femmes
|
30,85
|
18,15
|
49
|
Total
|
243
|
143
|
386
|
|
EFFECTIFS THÉORIQUES
|
Catégorie
|
Saison pluvieuse
|
Saison sèche
|
Total
|
|
|
|
Hommes
|
0,12
|
0,2
|
54
|
Enfants
|
0,19
|
0,33
|
283
|
Femmes
|
2,00
|
3,39
|
49
|
Total
|
2,31
|
3,92
|
386
|
|
· Résultat du Khi2
p = 4,4% ; Khi2 = 6,22 ; ddl = 2 (S) La relation est
significative.
|
|
La relation est significative au seuil de 4,4%, cela veut
clairement dire que la saison influence fortement l'incidence des maladies dans
la catégorie de la population dans la ville d'Aboisso.
Catégorie de population Saison pluvieuse
Saison sèche
Linéaire (Saison sèche)
Linéaire (Catégorie de population)
Linéaire (Saison pluvieuse) Linéaire (Saison
sèche)
y = x
R2 = 1
R2 = 0,9738
0
0 50 100 150 200
200
180
160
140
120
y = 0,4925x + 7,7742
100
80
60
40
20
245
Figure 58: Corrélation linéaire
population et saison Source : Enquête, Niamké
2016
Le calcul du coefficient de détermination
(R2) permet d'indiquer le pouvoir explicite de la relation entre les
variables étudiées. Cette corrélation linéaire vise
à exprimer la forte corrélation entre le temps, l'état de
santé et le sexe des populations. Le calcul du R2 selon les
catégories de population et les saisons est ainsi établi.
Rappelons que la valeur d'un coefficient de corrélation évolue
dans un intervalle compris entre les valeurs -1 et +1 ; la valeur 0 indique
l'absence de relation linéaire entre deux caractères. En ce qui
concerne la variable saison le résultat du R2 qui figure sur
la figure indique 0,9738, ce qui signifie que la variable saison explique
à 97,38%, l'état de santé des populations à
Aboisso. La valeur du coefficient de détermination permet de confirmer
statistiquement la relation entre la saison et les maladies
développées par les populations à Aboisso.
6.8.1. Maladies développées selon
l'âge et le sexe
Les maladies déclarées par les populations ont
été présentées dans la partie traitée plus
haut. Il s'agit pour nous à cette séquence d'aborder la question
de la maladie sous les variables sexe et âge. Le sexe et l'âge des
individus enquêtés ont été importants pour
l'étude. Cela a été fait pour aider à une analyse
intégrative des faits expliquant les rapports de santé.
Certes à priori, nous avons une réponse
à cette question, mais il a fallu l'enquête pour plus de
précision en ce qui concerne le rapport entre les maladies et la tranche
d'âge. Pour une analyse
246
de la distribution des maladies et la tranche d'âge,
nous avons effectué un croissement de données dans le logiciel
sphinx entre les données obtenues de l'enquête sur les maladies
déclarées et la tranche d'âge dans les ménages qui
tombent le plus malade.
Ainsi, nous présentons dans le tableau qui suit, les
résultats de l'enquête. Ce tableau constitue un support d'analyse
pour expliquer les faits de santé qui se présentent dans la ville
d'Aboisso en relation avec le sexe, la tranche d'âge.
Tableau 55 : Maladies déclarées selon
les tranches d'âge
MALADIES DÉCLARÉES
|
EFFECTIF SELON LA TRANCHE D'AGE
|
|
ENFANTS
|
FEMMES
|
TOTAL
|
Maladies respiratoires
|
8
|
26
|
1
|
35
|
Maladies des oreilles
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Maladies des yeux
|
0
|
2
|
0
|
2
|
Maladies de la peau
|
1
|
21
|
3
|
25
|
Affections dentaires
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Plaies et traumatisme
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Bilharziose
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Maladies diarrhéiques
|
0
|
43
|
4
|
47
|
Vers intestinaux
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Choléra
|
0
|
6
|
0
|
6
|
Maladies des organes génitaux et urinaires
|
5
|
2
|
0
|
7
|
Affections des os et articulations
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Méningite
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Rougeole
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Tétanos
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Paludisme
|
35
|
168
|
35
|
238
|
Fièvre typhoïde
|
5
|
14
|
4
|
23
|
TOTAL
|
54
|
283
|
49
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Au regard du tableau 55 parmi les 386 ménages
enquêtés, 283 enfants soit 73,32% présentent plus de nombre
de cas de paludisme dans les différents ménages d'Aboisso. Le
paludisme reste la première cause de pathologie la plus
développées avec une proportion
247
estimée à 70,58%, avec toujours le nombre de cas
des enfants le plus important. Les maladies diarrhéiques demeurent selon
les ménages enquêtés, la pathologie qui vient au second
rang qui affecte le plus les populations après celle du paludisme. On
note que la proportion des cas de maladies diarrhéiques est de 12,17%.
On retient également que les résultats de l'enquête
présentent les hommes en tant qu'individus qui sont plus
affectés, suivi des enfants et des femmes.
6.8.2. Perceptions des populations sur le niveau
d'instruction et état de santé
L'éducation contribue à améliorer
l'état de santé des populations, car cela conduit à la
recherche du savoir, à la compréhension des informations. Ainsi,
à Aboisso la quête d'informations sur le rapport niveau
d'instruction et état de santé, a conduit à explorer
l'avis des populations sur cette perception. Les résultats ont
été intégrés dans le tableau 56.
Tableau 56 : Niveau d'instruction et
maladies
|
MALADE
|
BIEN PORTANT
|
TOTAL
|
AUCUN
|
53
|
13
|
66
|
PRIMAIRE
|
59
|
20
|
79
|
SECONDAIRE
|
147
|
26
|
173
|
SUPÉRIEUR
|
51
|
12
|
63
|
CORANIQUE
|
5
|
0
|
5
|
|
Source : Niamké, 2016
· Posons les deux
hypothèses
Ho : Le niveau d'instruction n'a aucun lien avec
l'état de santé H 1 : Le niveau d'instruction a un lien avec
l'état de santé
· 248
Calcul de l'effectif
théorique
|
ÉTAT DE SANTE
|
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
MALADE
|
BIEN
PORTANT
|
TOTAL
|
Aucun
|
53,9
|
12,1
|
66
|
Primaire
|
64,5
|
14,5
|
79
|
Secondaire
|
141,2
|
31,8
|
173
|
Supérieur
|
51,4
|
11,6
|
63
|
Coranique
|
4,1
|
0,9
|
5
|
TOTAL
|
315
|
71
|
386
|
|
Source : Niamké, 2016
Calculons le kih2
Kih2 = (effectif observé -effectif
théorique) 2/effectif théorique
Application
|
|
|
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
ÉTAT DE SANTÉ
|
|
|
BIEN PORTANT
|
TOTAL
|
Aucun
|
0,01
|
0,06
|
|
Primaire
|
0,46
|
2,08
|
|
Secondaire
|
0,23
|
4,37
|
|
Supérieur
|
0,003
|
0,01
|
|
Coranique
|
0,19
|
0
|
|
TOTAL
|
0,89
|
6,52
|
7,41
|
|
Source : Niamké, 2016
- On calcule par la suite, le degré de
liberté (D)
D = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r
nombre de lignes
D = (2-1) (5-1) = 4
- On recherche le Khi 2des tables
En faisant le croisement du degré de liberté avec
la marge d'erreur de 5%, le Khi2 tabulaire
est 9.49.
On conclut que le Khi2 calculé (7,41) est
inférieur au Khi2 de la table (9,49), ce implique que H1 est
rejeté est H0 accepté. On peut donc affirmer que le
niveau d'instruction n'a aucun lien avec l'état de
santé
249
Conclusion du chapitre 6 : Les maladies
générées par la dégradation de l'environnement
L'environnement joue un rôle majeur sur le
développement des maladies. Les conséquences d'un cadre de vie
insalubre, fortement dégradé par l'insuffisance de la gestion de
son assainissement, des espaces, de la mauvaise gestion des déchets
entraînent des risques sanitaires énormes pour les populations.
Dans cette section de l'étude, la relation entre la dégradation
de l'environnement et l'état de santé a permis de voir par des
liens statistiques que la santé des populations est fortement
influencée par la qualité de l'environnement. Les maladies
à supports hydriques sont plus répandues et sont
développées par les populations quelle que soit la saison,
néanmoins une persistance en saison pluvieuse.
250
Conclusion de la troisième partie : Relation
entre dégradation de l'environnement et santé
à Aboisso
La troisième partie a été
consacrée à la corrélation : dégradation de
l'environnement et la santé des populations dans la ville d'Aboisso.
Ainsi, à travers la démarche statistique de Khi2, plusieurs
variables ont été corrélées, notamment la variable
santé, la variable dégradation de l'environnement et la variable
maladies développées par les populations. Par ailleurs, les
différents facteurs de l'environnement ont été
associés à des pathologies environnementales afin de voir le
niveau de significativité. Il ressort de cette partie, que des
précisions ont été apportées pour une meilleure
compréhension des rapport environnement et santé.
251
CONCLUSION GÉNÉRALE
Que retenir de l'étude sur « La
dégradation de l'environnement et santé de la population dans la
ville d'Aboisso » ? La question de la santé demeure une
préoccupation pour tous. En effet, tout le monde aspire à un
état de complet bien-être, car la santé est un
déterminant important dans le processus de développement d'une
société. Plusieurs facteurs influencent la santé et sont
désignés comme les « déterminants de la santé
». En effet, les déterminants de la santé sont multiples et
influencent continuellement l'état de santé. Ce sont entre autres
le niveau de revenu, le milieu social, les conditions de vie, l'environnement,
etc.
Dans notre cas, c'est le déterminant environnement qui
a été étudié. En effet, dans le système
environnement, se sont les interactions complexes de tous ses facteurs qui
entraînent les effets les plus percutants sur la santé. Cela
explique le fait que pour l'étude, l'état de l'environnement a
été un indicateur clé pour l'analyse du niveau de
dégradation de la ville d'Aboisso.
Le tableau de bord de l'état de l'environnement qui a
été présenté dans l'étude a montré
des indicateurs qui résument une situation de dégradation
inquiétante. On a des sites de rejets de déchets non
contrôlés, des incinérations continuelles de
déchets, de rejets de déchets dans les plans d'eau et un
assainissement défaillant montrant l'ensemble des caniveaux dans sa
quasi-totalité bouchés. Ces indicateurs négatifs
relevés, sont nuisibles pour la santé des populations.
Par ailleurs, les perceptions des populations recueillies et
associées aux faits de santé montrent bien que la question de la
dégradation de l'environnement fait partie des priorités des
populations en vue d'une amélioration de sa gestion.
L'objectif principal de la recherche était de montrer
le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et la
santé des populations. Pour ce faire, les méthodes
d'enquêtes de terrain fortement associées à des tests
statistiques notamment le test de Khi2 de Karl Pearson ont permis
d'établir des corrélations significatives entre la
dégradation de l'environnement et la santé des populations
à Aboisso. L'étude a permis ainsi, de confirmer que les
populations de la ville d'Aboisso ont un état de santé
fragilisé par la dégradation de l'environnement.
L'étude s'est appuyée sur la
vérification des hypothèses formulées comme suit :
· Hypothèses 1 : La ville d'Aboisso est
dégradée, parce que l'évolution de la population ne
s'accompagne pas de gestion appropriée de l'environnement
252
Pour la vérification de cette hypothèse, des
indicateurs ont guidé la recherche, notamment la densité de la
population. L'étude est arrivée à démontrer que la
quantité de déchets produits couplée à
l'insuffisance de la gestion, ont entraîné la multiplicité
des sites non contrôlés dans les quartiers densément
peuplés. Aussi, un fait lié à l'accès des quartiers
densément peuplé et dépourvus de systèmes
d'évacuation des eaux usées et de collecte
régulière laisse voir une insalubrité manifeste. Dans le
souci d'une démonstration soutenue par des statistiques, le test de Khi2
a été appliqué en mettant la variable densité et la
variable dégradation en corrélation. Le test s'est
avéré significatif, ainsi donc l'hypothèse selon laquelle
« Le niveau de dégradation de l'environnement dans la ville
d'Aboisso est fonction de la densité de la population » est
confirmée.
La seconde hypothèse stipule que : «
Les risques de santé liés à l'environnement
physique, associés aux mauvaises conditions d'hygiène expliquent
la détérioration de l'état de santé des populations
à Aboisso »
L'étude a permis de nous en rendre compte que la
population joue un rôle dans la dégradation de l'environnement et
visiblement à travers un comportement non éco-citoyen. En effet,
l'enquête réalisée présente des résultats qui
impliquent très fortement la population dans les indicateurs de
dégradation. Le niveau d'instruction, n'a pas pu être
véritablement prouvé comme indicateur qui traduit la
dégradation de l'environnement, les observations et enquêtes se
sont avérées insuffisantes pour une appréciation. Nous
avons eu recours au test de dépendance, qui a montré une forte
indépendance entre ces deux variables.
Ainsi donc l'hypothèse 2, selon laquelle « Le
niveau d'instruction des populations est le principal facteur de
dégradation de l'environnement » est infirmée. Nos à
priori de départ ne sont vérifiés.
La troisième hypothèse formulée stipule
que « Le mauvais état de santé des populations dans la
ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents
pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement
»
Les différents tests statistiques effectués ont
facilité la mise en relation de facteurs de dégradation et la
santé. Ainsi, on a pu dans l'étude prouver que l'état de
santé est significativement corrélé à la
dégradation de la santé. Notre hypothèse 3 est
confirmée.
253
Les limites et les perspectives de notre travail de
recherche
Le travail réalisé présente des limites
que nous voulons relever, mais avant procéder à un retour
critique sur certains aspects. Certes, les résultats de nos travaux ont
permis de tirer des conclusions, mais il existe des limites à prendre en
considération. En effet, Il existe une diversité d'outils
statistiques pour les tests d'indépendance, qui très souvent dans
leur utilisation nécessite une association avec d'autres outils. Les
méthodes présentées, doivent être associées
aux informations d'enquêtes très précises car il s'agit
d'information sanitaire. Or, les informations sur l'état de santé
souvent sont classées confidentielles.
Au niveau de l'état de l'environnement, il faut pouvoir
définir une méthode très claire pour la
hiérarchisation du niveau de dégradation, certainement fait appel
à d'autres sciences qui parfois constitue un problème. La
littérature sur la question de l'environnement et la dégradation
est suffisante certes, mais la mises en corrélation des deux variables
restent peu étudié.
Au niveau de l'approche hypothético-déductive
utilisée pour l'étude, nous retenons qu'elle a conduit à
la vérification des hypothèses formulées, mais la
difficulté a résidé dans l'approche globale, qui devrait
prendre en compte tous les facteurs qui réagissent dans le
système environnement.
Au niveau de l'enquête de terrain, il faut mettre des
réserves quant à l'état de santé des populations,
qui ne bénéficient pas d'un examen clinique avant de se prononcer
sur les questions liées à leur état de santé.
Pour les perspectives de l'étude, il serait
intéressant d'ouvrir la recherche de la géographie de la
santé à d'autres espaces en milieu urbain. Aussi, faudra t'il
fait appel à la télédétection pour des analyses
spatiales plus poussées. Le travail réalisé permet de
prendre des décisions pour des programmes et projets en rapport avec
l'environnement et la santé, basé sur des preuves
statistiques.
254
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259
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
SIGLE ET ABRÉVIATIONS 12
INTRODUCTION GÉNÉRALE
14
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
16
2. REVUE DE LA LITTÉRATURE
17
PROBLÉMATIQUE 35
OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 38
APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 39
3 - APPROCHE THÉORIQUE 41
3-1. Démarche de la géographie de la santé
en milieu urbain 41
3-2. Utilisation de théories pour conduire l'étude
42
3.1. Le traitement de l'information 58
PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET
MANIFESTATION DE LA
DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À
ABOISSO 64
CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE
65
1.1. Caractéristiques sociodémographiques
66
1.1.1. Évolution démographique de la ville
d'Aboisso 66
1.1.2. Évolution spatiale 68
1.1.3. Proportion de la population selon l'âge et le sexe
69
1.1.4. Structure de la population 70
1.2. Caractéristique systématique des
quartiers et cadre de vie 70
1.2.1. Création des quartiers et habitation 71
1.2.2. Les différents quartiers de la ville d'Aboisso
71
1.2.3. La présentation des quartiers rive droite 72
1.2.4. La présentation des quartiers rive gauche 73
1.3. Rapport ménages et cadre de vie
74
1.4. Physionomie de l'habitat à Aboisso
76
1.4.1. Types d'habitats 76
1.5. Morphologie des logements 78
1.6. Activités économiques et
dégradation de l'environnement 81
1.6.1. Développement des activités et le
phénomène de dégradation de l'environnement 81
1.6.2. Les secteurs d'activités de la ville d'Aboisso
82
260
1.6.3. Activités économiques à Aboisso 83
1.6.4. Activités humaines et leurs impacts sur
l'environnement 83
Conclusion du chapitre I : Population et cadre de vie
84
CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION
DE LA DÉGRADATION
DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO
85
2.1. L'environnement à Aboisso : les aspects
à considérer 86
2.1.1 L'environnement à Aboisso : dimension historique
86
2.1.2. L'environnement à Aboisso : état des lieux
87
2.2. Les différentes facettes de l'environnement
à Aboisso 88
2.2.1. Manifestation de la dégradation de l'environnement
88
2.2.2. La perception de la population sur les facteurs de
dégradation de l'environnement 90
2.2.3. Attitude des populations comme facteurs de
dégradation de l'environnement 90
2.2.4. Le niveau d'implication de la population dans la
dégradation de l'environnement 91
2.3. Les facteurs de dégradation de
l'environnement 93
2.3.1. La croissance démographique, un dommage pour
l'environnement à Aboisso 94
2.3.2. Répartition de la population et pression sur
l'environnement 94
2.3.3. Dépôt des déchets et la manifestation
de la dégradation 96
2.3.4. Incinération des déchets : une pratique des
populations à Aboisso 97
2.4 : Population et niveau de dégradation de
l'environnement 98
2.4.1. La taille de la population : un indicateur de
production de déchets 103
2.4.2. Influence de la densité de la population sur la
dégradation de l'environnement 105
Conclusion du chapitre II : 108
État des lieux et manifestation de la
dégradation de l'environnement à Aboisso 108
DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES
LIÉS À LA DEGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT 110
CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX
RISQUES SANITAIRES
DU MILIEU PHYSIQUE 111
3.1. Le milieu physique de la ville d'Aboisso 112
3.1.2 Le climat 112
3.1.3. L'hydrographie et la pédologie 113
3.2. Facteurs de risques et classification
113
3.3 Les risques de maladies liés à
l'inondation 114
3.4.1. Indicateurs de risques et caractéristique
des problèmes liés à l'environnement 117
3.4.2. Influence de l'environnement physique sur la santé
à Aboisso 120
3.5. Les populations d'Aboisso soumises aux risques des
zones d'exposition 121
3.5.1. Analyse temporelle et spatio-temporelle
122
3.5.2. La pollution et mode de vie urbaine 123
3.6. Déversement des déchets 124
261
3.6.1. Production des déchets et risques
sanitaires 125
3.6.2. Les déficiences des ouvrages de drainage des eaux
usées 126
3.6.3. La municipalité face aux problèmes de
drainage des eaux usées 127
3.7. Problèmes liés à la gestion des
déchets 128
3.7.1. Occupation de l'espace et manifestations de la
dégradation 131
3.6.4 Système de traitement et évacuation des
déchets 133
3.7.2. Processus de la collecte des déchets 136
Conclusion du chapitre 3 : Aboisso : une ville,
soumise aux risques sanitaires du milieu
physique 139
CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ
LIÉS À L'ENVIRONNEMENT
HUMAIN 141
4.1. Dégradations anthropiques et risques
sanitaires 142
4.1.1. Les facteurs de risques liés à
l'environnement 142
4. 1.2. Les risques d'exposition 143
4.1.3. Les populations face à l'exposition aux
contaminants 144
4.2. Le niveau d'instruction : élément de
vulnérabilité face à la dégradation de
l'environnement 145
4.2.1. Le niveau d'instruction, comme facteur
d'accentuation de dégradation de
l'environnement 146
4.2.2. Lieu de rejet des déchets et le niveau
d'instruction 148
4.3. Cadre de vie et risques sanitaires 149
4.3.1. L'hygiène du milieu 150
4.3.2. Cadre de vie et déterminants environnementaux
151
4.4. Assainissement et risques sanitaires 152
4.4.1. Le risque environnemental 153
4.4.2. Risques sanitaires liés aux réseaux
techniques de la ville 154
4.5. Concentration des populations et risques sanitaires
155
4.5.1. L'insalubrité à l'échelle des
quartiers 156
4.5.2. La caractérisation de l'insalubrité à
Aboisso 156
4.5.3. La caractérisation de l'assainissement des eaux
usées et risques sanitaires 157
4.6. Risques sanitaires et méthodes
d'appréciation 158
4.6.1. Distribution spatiale des foyers selon le niveau
de dégradation 159
4.6.2. De la condition favorable à la transmission
vectorielle 160
4.6.3. Perception de la maladie et évaluation des
risques sanitaires 161
4.7.1. Action de l'Homme sur l'environnement et risques
sanitaires 163
TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE
DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ À ABOISSO
167
CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ
À ABOISSO 168
5.1. Approche globale de la santé perçue
par les populations 169
262
5.1.1. Indicateur mesuré de l'état de santé
170
5.1.2. Incidence et prévalence 170
5.2. Dégradation de l'environnement : un marqueur
de problèmes pour la santé des
populations 171
5.3. Distribution spatiale du niveau de
dégradation de l'environnement à Aboisso 172
5.3.1. Niveau de dégradation de l'environnement à
l'échelle des quartiers 173
5.3.2. Différentiation spatiale : Niveau de
dégradation et risque sanitaire 176
Genre et risques de santé 177
5.3.3. Les déterminants de la santé 179
5.4. L'hygiène des quartiers : faits de dégradation
et problèmes de santé 180
5.4.1. La Bia : source de danger pour la santé 182
5.4.3. État de l'environnement à Aboisso :
opinions de la population 186
5.5. État de l'environnement à Aboisso et
état de santé des populations. 187
5.5.1. Les systèmes populations, santé et
environnement 190
5.5.2. De l'exposition des populations aux risque pour la
santé 192
5.6. Évaluation du risque sanitaire
194
5.6.1. Interactions entre facteurs environnementaux et
déterminants de santé 195
5.6.2. La diffusion de l'information : un facteur
déterminant de l'état de santé 195
5.6.3. La présence des rongeurs dans les habitats :
un indicateur de l'état de santé des populations à
Aboisso 197
5.6.4. La corrélation statistique : indicateur de fait de
dégradation et santé des populations 198
CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT ET
MALADIES DÉVELOPPÉES
202
6.1. Présentation de l'organisation du
système de santé ivoirien 203
6.1.1. Indicateurs environnementaux en Côte d'Ivoire 204
6.1.2. Indicateurs environnementaux à Aboisso 204
6.2 Distribution spatiale des maladies 205
6.2.1. Risques associés aux foyers infectieux 206
6.2.2 Foyers à risque pour la santé : perception et
analyse 208
6.2.3. Perception et analyse des dangers encourus par les
populations en fonction de la distance 208
6.2.4. Les Zones d'influence : zones d'exposition potentielles
210
6.3. Les effets sur la santé selon les
catégories de risques 213
6.3.1. Maladies déclarées par la population
enquêtée 214
6.3.2. Influence relative des facteurs de risque sur la
santé 218
6.4 Insalubrité de l'environnement :
Présence de rongeurs et maladies développées.
219
6.4.1. Maladies liées à la présence des
rongeurs 224
6.5. La bilharziose urinaire : une maladie à
laquelle sont exposées les populations d'Aboisso
225
6.6. Perception de l'environnement : de la qualité
de l'environnement aux problèmes de
santé 227
6.7. Populations, comportements à risques
sanitaires et diffusion d'agents pathogènes 233
6.7.1. Dégradation de l'environnement et
état de santé des populations 235
263
6.7. 2. Maladies développées et
dégradation l'environnement 239
6.8. Tranche d'âge, sexe et maladies
développées selon le temps 242
6.8.1. Maladies développées selon
l'âge et le sexe 245
6.8.2. Perceptions des populations sur le niveau
d'instruction et état de santé 247
Conclusion de la troisième partie : Relation entre
dégradation de l'environnement et santé à Aboisso 250
CONCLUSION GÉNÉRALE
251
Les limites et les perspectives de notre travail de
recherche 253
RÉSUME 273
ANNEXE
264
265
GUIDE D'ENTRETIEN
Service technique de la mairie de la ville
d'Aboisso
Entretien avec :
....................................................
/ Date : .................. 1er thème : Le
métier
1- Existe-t-il un service chargé de la gestion de
l'hygiène et de l'assainissement dans la ville ?
2- Quelles sont les principales missions/activités
dont vous avez la charge ?
3- Pourriez-vous m'expliquer comment se déroule une
journée type ?
4- Avec qui vous travaillez au quotidien ? (Effectif des
agents) 2ème thème : Structure
1- Comment votre structure est-elle organisée ? -
Pouvez-vous me donner l'organigramme ?
2- Avec quel public travaille votre structure ? La
population ?
3- Avez-vous identifié tous les sites infectieux de
la ville (Dépôt d'ordures non contrôlés, bac à
ordure, décharge, site de déversement des eaux usées de
toutes sortes...)
4- Comment se fait la gestion de ces différents sites
?
5- Quel est le nombre de passage des véhicules de
ramassage des ordures (jour, mois, an...)
6- Avez-vous des chiffres sur la quantité des
déchets produits par la population 3ème thème :
Intérêts et contraintes du métier
1- Quelles sont vos conditions de travail ? (Horaires,
rythmes, matériels, équipements...)
2- Quelles sont vos principales satisfactions par rapport
à la salubrité de la ville ?
3- Qu'est ce qui limite vos actions pour améliorer le
cadre de vie des populations 4ème thème :
sanctions/sensibilisation
1- Comment appréciez-vous les pratiques
environnementales de la population ?
2- Menez-vous des campagnes de sensibilisation pour la
préservation de l'environnement ?
3- Pensez-vous que les populations sont conscientes des
dangers liés à leur santé d'un environnement
dégradé ?
GUIDE D'ENTRETIEN District sanitaire de la ville
d'Aboisso
266
Entretien avec :
................................................... /
Date : ..................
Profession. ·
................................................................................................
Structure sanitaire . ·
....................................................................................
QUESTIONS
- Quelles sont les principales missions/activités
dont vous avez la charge ?
- Pourriez-vous m'expliquer comment se déroule une
journée type ?
- Combien de patients recevez par jour dans votre
établissement ?
- Quelles sont les maladies diagnostiquées le plus
souvent ?
- Est-ce que très souvent les patients vous
demandent les causent de leur maladie ?
- En ce qui concerne les causes des maladies, pensez-vous
que le cadre de vie influence
l'état de santé des populations à
Aboisso ?
- Quelles sont les maladies liées à un
environnement dégradé ?
- Quelles sont les maladies qui touchent plus la
population ?
- Y'a-t-il une période où le taux de
consultation est élevé ?
- Quelles explications pouvez-vous donner par rapport
à cette situation de taux élevé et
la période ?
- Quelle est la proportion du taux de consultation le plus
élevé à Aboisso (femmes,
enfant, hommes ?)
- Y'à t-il un lien entre l'état de
santé de vos patients et l'environnement urbain
d'Aboisso ?
- Les patients sont-ils informés que leur
état est lié à l'état de l'environnement de
leur
cadre de vie ?
- Quelles sont les raisons de la nocivité des
déchets sur la santé des populations ?
- L'exposition à environnement
dégradé est-il l'explication du mauvais état de
santé ?
- Avez-vous reçu des cas des victimes des
déchets toxiques ?
- Qui fréquentent votre centre de santé ?
(Les habitants du quartier, les habitants de la
commune, les visiteurs)
- Les populations viennent dans le centre uniquement quand
- elles souffrent
- Comment expliquez-vous leur comportement ?
- Quelles sont vos actions pour améliorer les
conditions sanitaires des populations de
la commune ?
267
s,1 MINISTERE DE LA SANTE ET
DE L'HYGIENE PUBLIQUE
DIRECTION DE LA FORMATION ET DE LA RECHERCHE EN SANTE
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REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union-Discipline-Travail
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LE DIRECTEUR
N° -~_
_IMSHPJDFRSIosllca
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Abidian, le
I-)
Messieurs :
Le Directeur Régional de la Santé du Sud
Comme ; Le Directeur du District Sanitaire d'Aboisso Les Médecins Chefs
des Services de Santé de la Commune d'Aboisso,
Objet : Autorisation de Recherche
Messieurs,
Monsieur NIAMKE Gnanké Mathieu,
Etudiant régulièrement inscrit en Thèse Unique de
Doctorat au Département de Géographie de l'Université
Félix HOUPHOUET Boigny de Cocody-Abidjan au titre de l'année
académique 2014-2015, a sollicité une autorisation
d'enquête portant sur le thème . «Dégradation
de l'environnement et santé des populations à
Aboissoll.
Après un entretien avec l'intéressée et
un examen de son protocole d'étude, l'autorisation d'effectuer
cette étude en vue de rédiger sa thèse de
doctorat, lui est accordée.
Son étude permettra de réaliser la carte
sanitaire des pathologies liées â la dégradation de
l'environnement dans le District Sanitaire d'Aboisso d'une part,
d'attirer l'attention des pouvoirs publics et des populations sur ce
phénomène d'autre part et de permettre ainsi aux autorités
compétentes de disposer d'informations nécessaires pouvant les
aider dans les prises de décisions. Aussi. cette étude
pourrait-elle contribuer â une meilleure orientation des solutions
proposées pour endiguer ce phénomène
Je vous saurais gré de prendre toutes les dispositions que
vous jugerez utiles pour lui permettre de réaliser son
étude.
: Copie de la lettre d'autorisation de
l'UFR.
Docteur BASSALIA Diawara
------------ ------------------------------- - DIRECTION
DE LA FORMA ION t f Dt LA RECHERCHE EN SANTE (DFRS) immeu,le SUGEFIFv. r
étage 9PV 4 Abidjan - Tel. 20 21 88 31 Fax : 20 21 54
25 · Email : Jfr,ante1rgryahoo, fr
268
269
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273
RÉSUME
La dégradation de l'environnement constitue de plus en
plus l'un des facteurs qui augmente les risques sanitaires en milieu urbain, en
témoigne plusieurs études scientifiques sur la question. Selon le
rapport commissionné par la Conférence Ministérielle
Africaine sur l'Environnement (CMAE), les statistiques montrent que 28% des
maladies en Afrique "sont liées aux risques environnementaux". La
diarrhée, les infections respiratoires et le paludisme
"représentant 60% des impacts connus de l'environnement sur la
santé". Des liens forts existent donc entre un environnement
dégradé et la santé des populations.
Le rapport entre les maladies diagnostiquées dans les
centres de santé et la dégradation de l'environnement est mal
connu par les populations et très souvent inexploré par les
institutions publiques dans leur politique de gestion de l'environnement.
Cette thèse qui porte sur la dégradation de
l'environnement et la santé de la population dans la ville d'Aboisso, a
pour but de montrer le lien significatif entre la dégradation de
l'environnement et la santé des populations à Aboisso.
Cette étude s'ouvre donc sur la délimitation des
espaces qui présentent des risques potentiels sur la santé des
populations, présente les facteurs de dégradation et les
différentes maladies qui affectent les populations. Cela, pour une prise
de conscience environnementale et pour une meilleure promotion de la
préservation de la santé.
Mots clés : Santé,
Environnement, Dégradation, Population, Aboisso
Abstract
The deterioration of environment constitutes more and more one
of the mailmen who augments health risks in urban middle, manifests several
scientific studies it on question. According to the report commissioned by
Ministerial Conference African on Environment (CMAE), statistics shows that 28
% of diseases in Africa " are linked to environmental risks «The diarrhea,
the respiratory infections and the paludism' representing 60 % of impacts known
by environment on health ". Strong links exist therefore between a shaded
environment and the health of populations.
The report between diseases diagnosed in health centers and
deterioration of environment is badly known by populations and very often
uncharted by the public institutions in their policy of management of
environment.
key word
the deterioration of environment, health of the population,
the city of Aboisso,
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