0.6. Choix et intérêt du sujet
Cette thématique n'a pas été choisie au
hasard, plutôt fruit d'une observation orientée aux effets que
produisent les activités minières autour du PNKB et à la
communauté autour des sites. Il s'agira de montrer
l'intérêt des acteurs de conservation, de comprendre le lien entre
l'exploitation minière et le déclin de certaines espèces
dont les grands singes dans la partie haute altitude du PNKB.
Egalement, à l'heure actuelle, la protection de
l'environnement modèle les rapports internationaux et améliore
les relations entre l'homme et la nature. Pour le moment, les activités
anthropiques se sont constituées en agent important de modification de
l'environnement global où, l'exploitation minière autour d'une
aire protégée comme celle du PNKB à Buloho, a des
implications néfastes sur la conservation et la communauté.
0.7. Cadre théorique
Le présent travail de recherche s'inscrit et s'appui
à la théorie de parties-prenantes (Jérôme Ballet et
Damien Bazin, 2004). Cette théorie peut être
considérée comme un élargissement de la théorie
contractuelle des exploitants miniers que nous pensons regrouper au sein des
coopératives minières. Ces coopératifs miniers et autres
acteurs comme les ONG, sont appréhendés comme une structure
mettant aux prises des groupes aux intérêts multiples (Cyert et
March 1963).
Il en résulte que ces structures comme les
coopératives minières n'ont plus pour objectif unique de faire du
profit, mais constitue une tentative de rendre compatible leurs multiples
actions avec les objectifs de conservation, la théorie des
parties-prenantes est bien, en ce sens, un élargissement de cette vision
des acteurs où les groupes aux intérêts multiples ne sont
plus seulement les groupes dominants à l'interne dans les villages, mais
aussi des groupes externes aux intérêts diversifiés.
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Ainsi, l'intégration de l'environnement naturel dans la
théorie des parties-prenantes consiste alors à passer par le
biais des intérêts humains pour la nature, car si l'on peut bien
admettre que certains animaux ou certaines plantes ont des besoins ; cela ne
signifie pas que la préservation d'une espèce animale ou d'une
variété de plantes soit nécessaire puisque
l'évolution est l'histoire de la création et de la destruction
des espèces et que l'on ne peut pas dériver à partir des
besoins un ensemble d'intérêts clairement identifiables autres que
les intérêts humains.
Dans son approche anthropocentrique, la théorie des
parties-prenantes peut prendre en compte l'environnement naturel en vertu des
intérêts humains, c'est-à-dire des personnes humaines qui
se sentent concernées par la nature (Phillips, 1999). Même si la
nature ne peut en elle-même être considérée comme une
partie-prenante, la théorie peut produire une raison morale de
protéger l'environnement naturel parce que des parties-prenantes
humaines s'en soucient. Des porte-paroles, activistes environnementaux, ONG,
etc., peuvent avoir pour intérêt de défendre la nature ou
plus exactement de défendre la préservation de certains
éléments de la nature qu'on rencontre dans la chefferie de
Buloho.
Une difficulté demeure néanmoins. Les conflits
d'intérêts entre parties-prenantes persistent. Or, il s'agit
là d'une question essentielle comme le soulignent Evans et Freeman
(1993). Au fur et à mesure que leur nombre s'accroît, le risque de
conflit s'accroît aussi (Ballet 2005). Cela revient à dire que
l'environnement naturel est traité comme tout autre problème
social ou comme tout intérêt revendiqué par n'importe
quelle partie-prenante. Finalement, la question de la préservation de la
nature n'est pas prise au sérieux, il est alors probable qu'un mode de
raisonnement alternatif soit nécessaire. Cela ne veut pas dire qu'il
faille rejeter cette approche théorique mais peut être l'envisager
de manière différente. Comme le déclare Freeman, la
théorie des parties-prenantes doit s'interpréter comme un «
genre d'histoires au sujet de la manière dont nous pourrions vivre»
(Freeman, 1993).
Par contre, l'éthique de la discussion prend tout son
sens à travers l'engagement que provoque l'acte illocutoire. Or,
l'approche par les parties-prenantes est particulièrement propice
à tenir compte de cette éthique. Cependant, il ne peut s'agir de
la création d'un simple réseau de relations dans le but d'obtenir
de l'information et de manipuler les acteurs du réseau. Pour que
l'approche par les parties-prenantes prenne une dimension éthique, il
faut qu'elle se déroule dans un cadre structuré où a lieu
la discussion entre les creuseurs, le pouvoir public, la population, les ONG et
autres. Pour que la discussion prenne tout son sens
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éthique le cadre structuré dans lequel elle a
lieu doit produire des décisions qui ont valeur d'engagement et
auxquelles on ne peut se soustraire une fois établies surtout en ce qui
concerne les creuseurs des minerais autour du PNKB.
En ce sens, l'éthique de discussion envisagée
à Buloho conduit à une éthique de la
responsabilité. Mais il s'agit là d'une responsabilité
partagée entre tous les acteurs. Les décisions sont prises en
accord avec les parties-prenantes qui deviennent elles-mêmes
coresponsables des décisions et actes vis-à-vis de la protection
de l'environnement.
Avec la responsabilité partagée, la question
n'est pas résolue mais elle prend une autre tournure. Ce n'est plus aux
seuls défenseurs de la nature au PNKB de donner la priorité
à la préservation de la nature, mais ce sont les
parties-prenantes elles-mêmes qui collectivement vont accorder une
certaine place à la nature. Les creuseurs n'auront plus à
définir des priorités puisque ces priorités sont
définies collectivement. La place qu'occupe la nature dans les
préoccupations éthiques n'est plus alors le simple fait d'une
catégorie, mais dépend de la conscience que collectivement tous
les agents représentant les parties-prenantes ont des enjeux
environnementaux pour la durabilité des ressources naturelles à
Buloho.
Plus leur sensibilité aux questions environnementales
sera élevée plus il est probable que la nature constitue un objet
prioritaire des discussions. L'intérêt d'un tel cadre de
réflexion est que ce ne sont pas seulement les parties-prenantes
représentant la nature qui ont à prendre position mais l'ensemble
des parties-prenantes. Or la sensibilité de celles-ci aux questions
environnementales pourrait les faire pencher, lors d'une discussion
argumentée, en faveur d'une priorité forte à
l'égard de la nature. Les militants environnementaux comme WCS, WWF, GTZ
et autres, joueront pleinement leur rôle en sensibilisant les autres
organisations de la base et toutes les parties concernées.
Dans un cadre structuré tel qu'il est impliqué
par l'éthique de la discussion, la priorité environnementale
n'est évidemment pas garantie, mais au moins elle paraît d'autant
plus probable que la sensibilité et l'éducation à
l'égard de la nature sont élevées pour amener plus la
population de la chefferie de Buloho à s'approprier la conservation de
la nature pour la durabilité des ressources naturelles dans les
villages. Dans le cadre de ce travail, nous aurons à comprendre le
rôle des acteurs suivants et avoir certains résultats comme
l'illustre le schéma ci-dessous :
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Pouvoir public
Exploitation minière
Braconnage
AGR
Appui
Amélioration des infrastructures
Cadre d'échanges
Creuseurs et population
inancemen ONG
Financement
Appropriation
Pollutions des eaux
Agricultur e et élevage
ntrôle Contrôl
Education
environnementale et Coopératives
Erosions
PNKB
Figure 1: Cadre conceptuel intégrant les parties
prenantes et responsabilités des acteurs
Dans ce schéma, on trouve les problèmes
environnementaux comme le braconnage, l'exploitation minière,
érosions et pollutions des eaux qui entourent et lient toutes les
parties pérennantes ensemble.
Cette situation leur amène vers un cadre
d'échanges et de planification stratégique pour faire face aux
problèmes auxquels ils s'engagent, chacun avec son fer de lance
considéré ici comme atout, pouvoir ou compétence.
Du cadre d'échange où chacun apporte sa
contribution, sortira les grandes stratégies ou activités comme
AGR, aménagement des infrastructures sociales de bases, éducation
environnementale, Agriculture et élevage pour réduire les
pressions faites aux ressources naturelles du PNKB et des villages.
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1) Communautés locales et creuseurs
Tout vient de la base et tout revient à la base, la
population autochtone de la chefferie
de Buloho doit s'approprier toute action et idéologies
leur impliquant dans la protection de l'environnement. Les membres de la
communauté dans les villages seront les premiers
bénéficiaires de plusieurs activités, formation et
information pouvant les aider à prendre conscience et s'engager
librement dans la protection et la durabilité des ressources naturelles
de leur milieu, car la formation est une matière première de
toute connaissance pouvant ramener au changement. Les différentes
séances à préconiser seront ainsi faites à travers
les églises, écoles, associations locales de
développement, les centres de santés, communautés
ecclésiales vivantes et autres.
2) Organisations non gouvernementales
Les Organisation non gouvernementales sont soit locales,
nationales et internationales
ainsi que religieuses. Elles peuvent êtres d'appui ou
financière ou les deux à la fois. Le rôle principal de ces
organisations est d'inciter la participation active de tous les acteurs et
financement des certaines activités. Néanmoins, elles restent les
principaux acteurs de l'éducation environnementale. Elles doivent
veuillez à l'accompagnement financier, technique et matériel et
le suivi strict des toutes les activités dans les villages
concernés.
3) Autorités Administratives et
politiques
Compte tenu de leur pouvoir, ils restent les principaux
responsables pouvant garantir
la paix et à juguler l'insécurité qui
règne dans le milieu. Ils sont aussi les seuls à disposer le
pouvoir d'accorder les titres fonciers pour l'intensification agricole et
à protéger les producteurs. Egalement à accorder
l'autorisation pour toutes activités à envisager dans les
villages pour la protection de l'environnement.
4) Parc national de Kahuzi Bièga
Dans cette stratégie, le Parc national de KAHUZI BIEGA
aura la noble mission de
surveiller et contrôler toutes incursions au parc ainsi
que le cas de récidifs parmi les creuseurs et chasseurs. Egalement, le
PNKB devra s'assurer de l'opérationnalité de tous les postes de
patrouilles préétablis. En l'occurrence le PP de Musenyi, Bitale
et Munyanjiro. En plus, le PNKB devra affecter une partie de ses recettes ici
des tourismes pour le cofinancement des certaines activités visant la
conservation et la protection du Parc. Enfin, associer la communauté de
Buloho à toutes initiatives visant la protection du Parc.
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