INTRODUCTION
0.1. Problématique
L'ophtalmie néonatale est un problème de
santé publique important dans les pays émergents où les
infections néonatales sont l'une de premières causes de
morbidité et de mortalité ( Lawn, Wilczynska-Ketende et
Cousens , 2006).A l'échelle mondiale en 2008, pas moins de
4000nouveaux nés perdaient la vue à la suite d'une infection
ophtalmique due à une gonococcie ou une chlamydia maternelle qui n'avait
pas été soignée (OMS, 2008).
L'ophtalmie néonatale purulente touchait jusqu'à
8% des nouveaux nés et représentait la première cause de
cécité de l'enfant en Europe au XIXème siècle
(Isenberg et al., 2003).En France, ils ont conclu aux résultats de 4,5%
de conjonctivite néonatale à Neisseria gonorrhea en
2001(Yip, Chan, Que et Kwong,2008). Selon les données publiées en
2007, au Canada, le taux était de 0,9%, aux Etats-Unis dans la ville de
New-York au cours de l'année 2013, ils avaient détecté 10
cas de conjonctivite causée par le Neisseria gonorrhea et
seulement 7 cas sur 100.000 nouveau-nés de conjonctivite due au
Trachmatis, la bactérie causant la chlamyadia. Les cas
retrouvés étaient 9 cas sur 100.000 nouveau-nés (Ali et
al. ,2013). Cependant, ce taux paraissait élevé dans les pays en
voie de développement et plus particulièrement en Afrique
tropicale où l'on estimait que sur 15millions des naissances vivantes,
environ 10milles des nouveau-nés étaient atteints de la
conjonctivite néonatale (Yip et al., 2008).La conjonctive est une
infection périnatale relativement fréquente qui s'observe chez 1%
à 2% des nouveau-nés des pays industrialisés et
jusqu'à 12% dans les pays en développent(OMS,2005).
En Afrique, la fréquence élevée (3
à 22%) des maladies sexuellement transmises chez les femmes se traduit
par des taux importants de conjonctivite du nouveau-né. A l'absence de
mesures préventives, la fréquence est de 30 à 50% (O.P.C,
2009).
Selon le ministère de la santé du Ghana dans son
rapport annuel de 2003, le taux au niveau national a été de 0,8
à 1,2% comme en Ethiopie où les cas étaient de 50 cas sur
1 million de nouveau-né (Ministère de la Santé du Ghana,
2003). Au Mali, 10% de l'ensemble de consultations sont les cas de
conjonctivites dont 5% des conjonctivites à trachomatis, 2%
des conjonctives à chlamydia et 3% de conjonctive à Neiseria
gonorrhea (Ministère de la Santé du Mali, 2008).Au Togo,
l'incidence de la conjonctivite néonatale à Neisseria
gonorhea varie entre 0,5 à 33%(Gilbert et Foster, 2001).Les
données sur l'épidémiologie ont montré que 5% de
consultations étaient de conjonctivites néonatales à
Neisseria gonorrhea au Sénégal (OMS, 2004).
En RDC en 2008, les données statistiques ont
montré que 3,7% de consultations étaient des conjonctives
néonatales qui sont dues soit à Neisseria gonorhea soit
à trachomatis soit mixte (Technology for health cora, 2006).
Partant des informations résultant de notre observation
réalisée à l'HGR-Beni au mois de février 2017, sur
14 conjonctivites enregistrés, 9 soit 64,4% provenaient des mères
qui étaient dépisté gonococcie positive et 5 soit 35,7%
des mères qui étaient dépisté gonococcie
négative (Registre HGRBeni). La protection de la mère pendant la
grossesse et de l'enfant constitue une activité primordiale et
prioritaire dans le domaine de la santé. Nous devons choisir quels sont
les problèmes les plus importants qui menacent les nouveaux nés
et intégrer les solutions envisagées dans une perspective
promotionnelle (De Hertaing et Courte Joie, 1977).
S'agissant des facteurs, on sait que les nouveau-nés
à risque de souffrir d'une conjonctivite néonatale sont en fait
ceux qui naissent des mères porteuses d'une infection sexuellement
transmissible (IST). En effet, 30 à 50% des nouveaux nés
exposés à la gonorrhée pendant l'accouchement
développeront une conjonctivite. C'est aussi le cas des
bébés exposés à la chlamydiase (OMS, 2005). La
présence de la maladie est une preuve de non efficacité de sa
prévention et de sa prise en charge (Minsanté Cameroun, 2008).La
conjonctivite à gonocoque est une urgence thérapeutique, imposant
une prise en charge rigoureuse qui doit être parfaitement codifiée
(Lee, Choi et Oum, 2002).Les facteurs qui sont liés à cette
pathologie sont multiples:
Le non dépistage systématique des infections
à Neisseria gonorrhea chez toutes les femmes enceintes à
la première visite soit par les prestataires sanitaires soit par le
manque de matériels de laboratoire adéquat.
Le non réalisation du second dépistage au
troisième trimestre, ou à défaut lors de
l'accouchement.
Le non traitement du partenaire.
Le manque d'information sur la gravité de la conjonctivite
du nouveauné à Neisseria gonorrhea (Mew et Seal,
1982).
Pour les conséquences, en l'absence de traitement
adapté, elle peut évoluer de façon fulminante et conduire
à la perforation oculaire en moins de 24heures (Lee, Choi et Oum,
2002).Les nouveau-nés sont particulièrement vulnérables
face à certaines maladies, leur système immunitaire
n'étant pas à juste proportion développé pour
résister aux diverses agression, notamment les infections
néonatales. Ainsi, lors de la prise en charge d'une conjonctivite
néonatale à l'Hôpital, le séjour sera
prolongé et le coût de soins sera ainsi élevé. Une
faiblesse de la prise en charge peut conduire aux complications futures telles
que la cécité (Lee et al. ,2002).
Si cette pathologie n'est pas traitée, les
conséquences sont aussi multiples:
La conjonctivite causée par le Neisseria gonorrhae
ou le Chlamydia Trachomatis peut entrainer une perforation
cornéenne, une cécité voire un décès (Mew et
Seal, 1982).
Eu égard à cette situation évoquée
et avec les conséquences liées aux conjonctivites du
nouveauné à Neisseria gonorrhea, nous avons
pensé qu'il était utile de mener une recherche sur les
déterminants de cette pathologie néonatale à Beni.
La principale question posée était celle de
savoir quels sont les facteurs sur lesquels on devrait agir pour
prévenir et contrôler cette pathologie.
De cette question générale, a
découlé les questions spécifiques suivantes:
1) Quelle est la distribution des déterminants de la
conjonctivite néonatale à Neisseria gonorhea à
l'HGRBeni en termes de facteurs liés à la mère, au
personnel soignant et à la structure sanitaire?
2) Est-ce qu'il existe une association significative entre la
survenue de la conjonctivite néonatale et les différents
déterminants, lorsqu'on considère les cas et les
témoins?
3) Les caractéristiques sociodémographiques des
nouveauxnés et de leurs mères dont l'âge du
nouveauné, sexe du nouveau né, le rang dans la fratrie du
nouveauné et l'âge de la mère influencentelles
significativement le risque de conjonctivite à Neisseria
gonorhea à l'HGRBeni chez le nouveau-né entre les cas et les
témoins?
|