2.1. CAUSES DES CONFLITS
2.1.1. La déterritorialisation et les conflits dans
le territoire d'Uvira 32
Depuis la décolonisation, les divers groupes ethniques
s'affrontent dans le territoire d'Uvira entre eux autour des terres, du
territoire de la nationalité et du pouvoir, ainsi, en 1961, les
Bafuliiru se sont battus contre les Barundi autour du contrôle de la
Collectivité-Chefferie Plaine de la Ruzizi. Les Banyarwanda, devenus
Banyamulenge en 1973, sont parvenus en 1979 à obtenir la reconnaissance
officielle du groupement de Bijombo qu'ils ont occupé pendant la
colonisation par conséquent, leur nationalité fut
contestée par les ethnies voisines et retirée par la loi du 29
juin 1981.
La Banyamulenge, c'est pour avoir revendiqué leur
nationalité et obtenu l'agrément du groupement de Bijombo. Les
Barundi, c'est pour être constituées en chefferie agrandie
dès l'époque coloniale. Tous les deux sont entrés en
conflits avec leurs voisins et ont surtout vu leurs droits politiques
contestés. En 1987, les candidats Banyamulenge et Barundi aux
élections législatives ont été gommés sur la
liste des éligibles du fait qu'ils avaient été
considérés comme « personnes à nationalité
douteuse ». Le doute persistant sur leur nationalité eut en 1991
comme conséquence des protestations et les refus de les recenser comme
nationaux.
Pour les Banyamulenge, la création du Territoire de
Minembwe répondrait à un double but : premièrement,
finaliser le projet de l'époque coloniale concernant l'existence de la
chefferie Kaila qui avait été dissoute et annexée à
celle de Barundi à l'époque coloniale ; deuxièmement, la
reconnaissance du territoire de Minembwe à titre de territoire ethnique
tairait des contestations au sujet de leur nationalité 33
2.1.2. Les conflits liés à la
décomposition de territoire d'Uvira
Les conflits territoriaux qui ont opposés quarante ans
durant les Bafuliiru, les Bavira, les Barundi et les Banyamulenge
présentent divers visages. Les antécédents étant
historiques, les conflits menacent l'existence de l'Etat congolais et
transparaissent dans le discours de différents groupes ethniques.
Les conflits dans le territoire d'Uvira ne sont pas
récents mais ont des ressorts historiques, psychologiques et
idéologiques. Les différents aspects, souvent méconnus,
sont pourtant autant d'obstacle aux effets de préventions et de
résolution des conflits 34
32 BOSCO MUCHUKIWA, op. cit p. 133
33 Idem, p. 134
34 Op. cit. p. 42
30
2.1.3. Les conflits liés à la création
du territoire de Minembwe
Le conflit lié à la création du
Territoire de Minembwe est indissociable du problème du groupement de
Bijombo bien qu'il ne soit produit une vingtaine d'années plus tard. En
effet, il a des racines dans le passé. Ces conflits, qui opposent
nettement les mêmes ethnies sur scène et met en lumière
l'enjeu de territoire. Le territoire de Minembwe a été
créé dans le contexte de guerre et de décomposition
avancée l'Etat congolais. L'objet de conflit est demeuré le
même, c'est-à-dire le territoire, bien qu'il soit exprimé
différemment par les divers acteurs en conflits.
Les alliances entre l'élite intellectuelle, militaire
et politique sont très marquées chez les Banyamulenge et
diffusés chez les autres ethnies en opposition par peur des
représailles.
Ce conflit, permet de comprendre la nature des
rivalités entre acteurs dans le territoire nouvellement crée et
éventuellement le lien entre le morcèlent du territoire d'Uvira
et la formation des Conflits.
Dans ce contexte de confrontation et de recherche d'autonomie
que le projet du 23 juillet 1999 fut élaboré et signé par
quinze Banyamulenge pour demander au chef de département chargé
de l'administration du RCD la création d'un territoire des hauts
plateaux .
L'objectif étant de créer un territoire propre
aux Banyamulenge signataires proposant les localités suivantes :
Kamomba, Kabara, Tulambo, Kahololo, Rurambo, Katanga, Bijambo, Milimbo,
minembwe, Bijojwe et Chanzovu.
Les arguments avancés par les quinze signataires du
document pour solliciter la création de l'entité sont les
suivants : l'existence des structures d'organisation traditionnelle chez les
Banyamulenge avant la colonisation, la discrimination coloniale, le non-respect
de l'identité culturelle de chaque ethnie, la mauvaise gouvernance, de
la question ethnique par le régime Mobutu, le retard de
développement socio-économique et surtout le manque d'encadrement
politique et administratif. La conclusion du document explicite mieux les
différents arguments évoqués ci-dessus et propose de
réhabiliter les Banyamulenge dans leurs droits, notamment du territoire,
aux terres, à l'identité culturelle et au
développement.
Le projet présenté par les quinze signataires
était élaboré mais le RCD n'avait pas répondu
à toutes leurs atteintes. La carte qu'ils avaient dessinée est
reprise ci-après, l'arrêté départemental du 09
septembre 1999 créant le territoire de Minembwe à titre
provisoire n'évoque pas les motifs qui ont poussé les
autorités du RCD à rejeter l'appellation « territoire des
hauts plateaux » dont le chef-lieu serait Minembwe et à remplacer
la collectivité de Milimba par celle de Kamoto
Les quinze Banyamulenge ayant élaboré et
signé à Bukavu le 23 juillet 1999 le projet de demande de
création d'un territoire dans les hauts plateaux du sud Kivu sont des
intellectuels appartenant à des localités différentes. Il
s'agit de : Muhamiriza Ntayoberwa de la localité Kamombo, de Duga wa
Mulenge de la localité Kabara, de Rwatangabo Eraste et de Muhire Meshake
de la localité Tulambo, de Gatimbirizo venant de la localité
Kahololo, de Ruberangabo Enock de la localité Rurambo, de Munyakazi
Matthieu et nyakagabo Jean de la localité Katanga Bijombo, de Kamazi
Mahasha et Serugaba Karaha de la localité Mulimba, de Kayira Tharcisse
et de Sebikabu Jackson de la localité Minembwe, de Kizehe Karojo de la
localité Bijombo, de Makindi Bitana de la localité Bijojwe et de
Mushonda Siméon de la localité Canzovu.
31
Le projet se présente comme national : aménager
un espace politique plus vaste pour libérer de l'influence
coutumière et contrôler les flux économiques. L'importance
du territoire est de plus en plus soulignée dans les déclarations
de Banyamulenge depuis 1997. Mwamba Rugendusa, ancien conseiller politique du
Gouverneur Charles MAGABE a dit, au cours de l'entretien du 11/04/2001 que lors
d'une séance de réconciliation des groupes ethniques dans le
territoire d'Uvira, Dugu wa Mulenge a fondu lorsque les Babembe ont
affirmé qu'ils se battraient jusqu'à la dernière
énergie pour récupérer leur territoire.
Au cours d'une audience qui a réuni à Bukavu
Gaëtan KAKUJI, Faustin MUNENE, Charles MAGABE, Benjamin SERUKIZA,
Hadès MUTWARE, Venant Gatimbirizon, etc. Ce dernier a
déclaré que les Banyamulenge ne sont représentés
parce qu'ils n'ont pas d'entité. C'est la raison pour laquelle ils
demandent une entité. Les Banyamulenge présents à cette
audience avaient présentée à Gaëtan KAKUDJI, Ministre
de l'intérieur une carte qui découpait les territoires de Fizi,
de Mwenga, et d'Uvira. Ils ont justifiés leur demande par leur non
représentation dans l'administration et par les problèmes
administratifs que pose le territoire de Fizi plus vaste que le Rwanda. Le
territoire reste un en jeu tant que le pouvoir repose sur la conjonction d'un
groupe et d'un territoire, ceci ressort de la lettre du 03 mars 2004 que les
Banyamulenge ont envoyé à Azarias RUBERWA MANYWA pour lui
rappeler que son règne était inutile tant qu'il ne parvenait pas
à officialiser le territoire de Minembwe. 35
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