Pourquoi Facebook est important ? Parce que nous sommes en
train de voir émerger le futur standard d'échange de
données personnelles sur Internet.
Les analyses du phénomène Facebook se sont
lourdement transformées depuis son émergence, en seulement
quelques mois. Après avoir été une tendance du web 2.0,
Facebook est devenu le site qui reliait l'identité numérique
à l'identité réelle des gens, puis le business model du
futur, et enfin le danger pour les libertés publiques et la vie
privée des citoyens.
Page | 46
Le tout à travers une débauche sans cesse
croissante d'articles et de commentaires dans des médias de plus en plus
variés.
Il est clair que le potentiel de l'outil est de nature
à justifier cet intérêt. Comme avec le mail ou la
messagerie instantanée, il est aujourd'hui possible de passer sa
journée sur Facebook sans aller sur le web. Le réseau social
n'est plus seulement un service, il est devenu une application.
C'est parce que Facebook est devenu une application que les
gens commencent à se poser des questions sur les usages qui en
découlent. Ceux des autres d'abord, c'est-à-dire les
différents modèles économiques qui permettent de
rentabiliser le temps passé sur le site. Ils sont d'autant plus
difficiles à lister que l'ouverture de l'infrastructure de Facebook aux
développeurs tiers permet l'apparition continue de nouveaux applicatifs,
et que la structuration du site en micro-communautés rend impossible la
dissémination de ces applications à l'ensemble du réseau
d'un bloc. Elle force les développeurs à opter pour des
stratégies de marketing et à rentrer en concurrence les uns avec
les autres.
On voit ainsi fleurir depuis quelques semaines des articles
consacrés à la protection de la vie privée. Les analyses
prospèrent personne ne semble se rappeler que les législations
européenne et française interdisent la constitution de fichiers
contenant des préférences politiques ou religieuses. Quel que
soit l'intérêt des journalistes pour ce sujet, il reste encore
superficiel. De la même façon que YouTube s'est construit en
parallèle du droit d'auteur, il semble que Facebook soit en train de se
bâtir à côté de la réglementation de la vie
privée.
Enfin, c'est bien sur parce que Facebook est une application
que les milieux économiques commencent à s'intéresser
à son modèle économique. Faire tourner un site de cette
taille représente un coût. Les nombreux ralentissements qui
affectent Facebook en sont la preuve. Les premières analyses mettaient
l'accent sur le potentiel offert par la constitution d'une base de
donnée relativement complète des usagers, sur les
possibilités offertes par les différents mécanismes
d'avatar (achats de cadeaux à 1$, service premium, etc.), ou sur
l'opportunité de faire payer les applications tierces pour
améliorer leur qualité de service (afficher les photos du widget
slide.com plus rapidement). Face à
ces possibilités infinies, l'annonce du modèle économique
prôné par Marc Zuckerberg n'a pas manqué de décevoir
puisqu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une mise en application du
manuel du targetting marketing : enregistrer le comportement du consommateur,
le revendre aux annonceurs et espérer que le consommateur ainsi bien
"ciblé" endosserait les produits et irait en faire la promotion à
ses amis. Quel que soit l'angle sous lequel on le prenne, le modèle
semblait bien trop naïf pour convaincre : ce n'est pas parce que les
joueurs de world of warcraft ont pu
Page | 47
élaborer des communautés qui leurs sont propres
et qui participent à la valorisation du jeu vidéo de Blizzard
qu'on doit croire que le modèle est réplicable si facilement et
espérer que les Facebookeurs iront aveuglément faire la promotion
du dernier produit de coca cola.
Facebook comme protocole, il ne semble pas vraiment pertinent
de remettre en cause l'intérêt des utilisateurs pour les
réseaux sociaux. Les problèmes rencontrés aujourd'hui ne
fléchissent pas l'intérêt de ces applications. Les chiffres
sont éloquents : 114 millions de membres en juin 2007 pour Myspace, 40
millions de membres pour Facebook. En revanche, tout le monde semble vouloir
déterminer la valorisation de ces sites par analogie avec les sites web,
c'est-à-dire en faisant une projection de leur capacité à
proposer du trafic, des services premium, et une audience la plus
qualifiée possible pour les annonceurs.
Cette analogie me semble erronée pour une raison
simple, mais difficile à se représenter : Facebook n'est pas un
site internet, c'est un protocole. Facebook n'est pas un site web, c'est une
infrastructure, l'équivalent d'un logiciel de mail comme Hotmail ou
Gmail, sauf que sur Facebook on échange des données personnelles
plutôt que des emails.
Autrement dit, il ne faut pas penser Facebook comme si
c'était un site internet. Facebook est un standard d'échange de
données personnelles entre des individus. Ce standard a même un
nom : FBML pour Facebook Markup Language dont
Facebook.com n'est que l'application
principale. Et comme ils peuvent créer des sites web en HTML, d'autres
développeurs peuvent utiliser le FBML pour créer des applications
sur Facebook comme "iLike" ou "vampire."
Facebook était considéré comme le
standard le plus ouvert, celui qui permettait aux plus de développeurs
de construire des applications tierces interopérables entre elles et
avec l'application principale. À ce jour, il n'existe pas de standard
ouvert à proprement parler, et même si le W3C discute de "social
Protocol" depuis 1998, il n'a jamais pu réellement aboutir à une
norme qui soit globalement utilisée. Il existe bien des initiatives
comme FOAF (friend of a friend) qui permet de décrire les relations
entre individus et s'appuie sur RDF (ressource description format, un standard
du W3C), mais il n'est pas beaucoup utilisé (à part sur quelques
blogs).
Nous ne sommes donc pas face à une guerre entre des
sites web sociaux qui essaient d'avoir le plus gros trafic possible. Nous
sommes face à la guerre des nouveaux standards du web : qui
contrôlera désormais les échanges de données
personnelles entre internautes, FBML, FOAF ou Open Social.
Page | 48
La question est d'autant plus importante que le choix semble
aujourd'hui se limiter aux standards définis par 3 grands acteurs
privés : Myspace, Facebook et Open Social. Aucun de ces formats ne
semble vraiment s'ouvrir au public ou à ses représentants. D'une
certaine façon, ce qui se joue aujourd'hui, c'est un peu
l'équivalent de ce qui se jouait entre AOL et Compuserve avant le
croisement de TCP/IP et de HTML au tournant des années 90 : des formats
de données concurrents essaient de se tailler un domaine
réservé le plus vaste possible pour s'imposer comme standard
universel.
A titre d'exemple, il était alors impossible à
un utilisateur de AOL de se rendre sur un site Compuserve. De même qu'il
est aujourd'hui impossible à un compte Myspace d'importer ses contacts
sur Facebook.
Deux solutions sont envisageables. À l'image de ce qui
s'est passé dans l'univers de la bureautique, il est possible qu'un
standard s'impose grâce aux règles du marché et devienne la
norme de fait que les usagers seront obligés d'utiliser. Ou bien,
à l'image du web, des standards ouverts émergeront peu à
peu pour permettre à chacun de créer des applications et de
développer des services interopérables les uns avec les
autres.
On ne comprendrait plus aujourd'hui qu'un abonné Orange
ne puisse pas envoyer d'email à un abonné Neuf Telecom. Il ne
faut pas oublier que beaucoup de gens utilisent maintenant plus leurs
messageries Facebook ou Myspace que leur logiciel ou leur boîte mail.
2.2.3.6. PROTECTION DE DONNEES FACEBOOK
Déclaration de protection des données
personnelles pour l'utilisation des fonctions de Facebook, lorsque vous visitez
les sites, les fonctions établissent un lien direct entre votre
navigateur et le serveur Facebook. Facebook est ainsi informé que vous
avez visité sont site à partir de votre adresse IP. Si vous
cliquez sur le bouton « J'aime » pendant que vous êtes
connecté à votre compte Facebook, vous pouvez associer les
contenus du site à votre profil Facebook. Facebook peut ainsi associer
la visite de son site à votre compte utilisateur. Si vous ne souhaitez
pas que Facebook associe la visite de nos sites à votre compte
utilisateur Facebook, veuillez-vous déconnecter de votre compte
Facebook.