1.4. LES ACTEURS DE LA FILIERE BOIS ENERGIE
Des études menées dans les différentes
zones socio écologiques de l`Afrique montrent que, malgré des
spécificités régionales, la filière fait intervenir
quatre grandes catégories d'acteurs :
1.4.1. Les collecteurs
Appelés aussi producteurs, ils
assurent la disponibilité en bois d'énergie à partir des
différents lieux où la ressource est disponible. Cette
catégorie regroupe les bûcherons ou ramasseurs locaux souvent
occasionnels, et des bûcherons plus ou moins professionnels très
souvent mandatés à partir des centres urbains. Les
bûcherons ou ramasseurs locaux sont constitués essentiellement
d'agriculteurs qui collectent le bois en grande partie pour leur
autoconsommation, mais peuvent aussi en exposer pour vente au bord de la route
non loin de leurs habitations.
1.4.2. Les transporteurs
Les transporteurs assurent le plus souvent le transfert du
bois-énergie des villages vers les villes. On les regroupe souvent en
fonction des moyens de transports qui peuvent être motorisés ou
non. Une telle catégorisation intervient pour la détermination de
la taxe à payer par le transporteur (cas des régions
septentrionales). Les engins non motorisés utilisés pour le
transport du bois sont le vélo, la charrette et le porte-tout. Le bois
est aussi transporté sur la tête. Les engins motorisés
utilisés par ces acteurs sont des camions, des camionnettes, des pick-up
ou des motocyclettes.
1.4.3. Les commerçants
Ceux-ci se distinguent en grossistes, semi-grossistes,
détaillants et parfois micro détaillants. Les grossistes,
semi-grossistes et détaillants se rencontrent généralement
dans des marchés où ils disposent d'importants stocks de bois
constituant ainsi des dépôts. Le micro détaillants sont
plus proches des consommateurs finaux des ménages dans les quartiers.
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1.4.4. Les consommateurs
Les consommateurs de bois-énergie sont une
catégorie d'acteurs constituée de plusieurs
sous-catégories, chacune avec ses besoins, ses logiques et ses
préférences. Globalement, on distingue les ménages, les
artisans et les promoteurs de petites ou micro entreprises. Parmi ces
dernières on peut citer les rôtisseries, les brasseries de
bière locale, les boulangeries et pâtisseries traditionnelles, les
restaurants de rue, les vendeurs de thé, les repasseurs de
vêtements, etc.
A ces quatre principales catégories d'acteurs on peut
ajouter les transformateurs qui interviennent particulièrement dans le
cas du charbon de bois. En très grande partie, le bois-énergie
fait l'objet d'un commerce visant le consommateur final localisé en
milieu urbain. Le consommateur vivant en milieu rural se fournit en
bois-énergie par une collecte directe au lieu où se trouve la
ressource. En dehors de la région de l'Extrême Nord où
l'exportation du bois-énergie est signalée au Cameroun, il est
considéré que l'exportation du bois-énergie en dehors des
frontières nationales est marginale (Brainstore C.,
2013, Madi ; 2012, SimoTamo et Ngoungoure M.,
2012).
Dans les zones rurales, la consommation de bois-énergie
n'est plus considérée comme une cause directe majeure de la
déforestation et de la dégradation des forêts.
Néanmoins, le bois énergie est encore souvent décrit comme
une source d'énergie associée à la pauvreté
énergétique et à l'épuisement des forêts, un
vestige de l'ère de la « crise du bois-énergie» des
années 1970 et 1980 (Horst et Hovorka, 2009).
La collecte de bois-énergie devient une menace
sérieuse pour les forêts dans les zones densément
peuplées. Le bois-énergie peut être une cause de forte
dégradation des forêts et à terme de déforestation
lorsqu'il est soumis à la demande de marchés concentrés,
tels que celui des ménages urbains, des industries et d'autres
entreprises. Dans les zones rurales densément peuplées,
l'équilibre entre l'offre et la consommation se solde
généralement par un déficit élevé de
bois-énergie, ce qui crée une énorme pression sur les
zones boisées entourant les villes. Vu la faiblesse de la
réglementation et du contrôle de la collecte du bois, les
exploitants sont susceptibles de récolter le bois aussi près que
possible des marchés afin de maximiser leur profit, avec pour
conséquence une dégradation des zones boisées
situées autour des marchés urbains (Angelsen,
2009).
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Il est pourtant reconnu à présent que la demande
en bois-énergie dans les zones rurales provient
généralement de populations dispersées et ne
représente pas une menace pour les ressources naturelles. Des analyses
ont montré qu'une grande partie de l'approvisionnement en
bois-énergie dans les zones rurales provient d'arbres extérieurs
aux forêts, de branches mortes, de rondins, et même de
résidus forestiers. Lorsque le bois-énergie est
récolté dans les forêts naturelles, la capacité de
régénération compense largement les
prélèvements de biomasse. Ces derniers sont donc rarement une
cause majeure de dégradation ou de perte des forêts. Le
défrichage des terres pour l'agriculture, le développement
commercial et résidentiel et d'autres changements permanents
d'affectation des terres est la principale de la dégradation des
forêts et de la déforestation (Dewees, 1989 ; ESMAP, 2001
; Arnold, Köhlin et Persson, 2005).
La récolte de bois-énergie à des fins
énergétiques ne réduit probablement pas les stocks de bois
plus que ce qui serait détruit pour ces activités. En cela, elle
se distingue de la production de charbon de bois, qui exerce une pression sur
les forêts de la région, en particulier dans les zones
périurbaines (Megevand et Streck, 2009).
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