3. Synthèse, limites et apports
L'analyse de l'enquête exploratoire m'a permis de
confronter mon questionnement initial à la réalité de
terrain et à mes recherches documentaires. Je rappelle ici ma question
initiale qui était au départ : en quoi les
représentations sociales du milieu carcéral peuvent elles
influencer nos pratiques soignantes ?
Les témoignages que j'ai pu effectuer me permettre de
mieux cerner maintenant mon sujet d'étude. Les représentations et
l'influence que celle-ci peut avoir dans la prise en charge du patient sont
indubitablement une réalité avec laquelle les soignants en milieu
carcéral doivent composer. L'environnement est constamment
évoqué par les soignants. Celui-ci vient leur rappeler chaque
jour le cadre dans lequel s'inscrivent leurs missions de soignants. Ce cadre
crée une ambiance de travail particulier. Les soignants
interrogés mettent également en avant un autre aspect qui semble
être la bonne connaissance de ses limites de soignant pour assurer chaque
jour leurs rôles. Il me semble donc intéressant pour mon sujet
d'étude de mieux définir ce que sont les représentations
et quelles dimensions cette notion peut prendre lors des soins infirmiers. Le
caractère potentiellement dangereux du patient est également
très prégnant dans la retranscription que j'ai pu faire des
entretiens. L'évocation du danger n'était pas forcément
une chose à laquelle j'avais pensé, d'autant plus que le danger
semble revêtir des définitions très larges en fonction des
représentations de chaque soignant. Même si les infirmiers sont
unanimes à dire qu'ils soignent des patients. Ils insistent sur les
particularités de la population accueillie au sein des structures
interrogées. Ils ne vont pas jusqu'à parler de méfiance,
mais ce qui semble transparaitre c'est la vigilance accrue du soignant lors des
soins. Le statut particulier de la personne semble contribuer à la mise
en place de règle de fonctionnement spécifique en termes de
sécurité et d'accompagnement lors du soin. L'entrée en
relation avec le patient semble prendre en compte cet aspect de
dangerosité, sous entend un passage à l'acte possible. Mais
qu'entend réellement le soignant lorsque celui-ci évoque le
danger ? La violence est également évoquée à
plusieurs reprises et mériterait d'être mieux définie.
Un des thèmes majeurs abordés lors des
entretiens est le positionnement du soignant lorsqu'il doit faire face au
patient. L'interrogation porte sur la posture du soignant dans la relation
soignant soigné. La neutralité dans la relation à l'autre
semble questionner les soignants. Cela nous amène à nous
interroger sur ce que peut être la relation soignant-soigné
lorsque celle-ci s'inscrit dans un milieu particulier que représente la
prison. Que signifie entrer en relation avec l'autre ? Peut-on entrer en
relation avec quelqu'un qui a pu commettre des actes
répréhensibles ?
En regard de ma question initiale et de l'analyse des
entretiens infirmiers, je formule donc ma question de recherche qui est la
suivante :
En quoi les représentations de la
dangerosité d'un patient détenu par les infirmiers, peuvent elles
influencer la relation soignant-soigné au sein d'un centre
pénitencier ?
Mon sujet d'étude s'inscrit dans le contexte d'un
centre pénitencier où l'infirmier est amené à
occuper une place particulière que je vais tenter de définir. Je
me centrerais principalement sur le rôle de l'infirmier au sein de
l'UCSA. Ma question de recherche met en jeu plusieurs concepts. Dans un premier
temps, je m'attacherais à définir le concept de
représentations selon différents champs théoriques
notamment celui de la sociologie. La dangerosité est également un
des concepts au centre de mon interrogation. Je tenterais d'en apporter un
éclairage d'un point de vue psychiatrique et criminologique. Dans un
dernier temps, mon attention se portera sur la définition de la relation
soignant-soigné et plus précisément sur la proxémie
dans la relation avec le patient détenu.
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