INSTITUT MEDITERRANEEN DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS
UN SOIN ORDINAIRE EN MILIEU EXTRAORDINAIRE
INFLUENCE DES REPRESENTATIONS DE LA DANGEROSITE DU MILIEU
CARCERAL
DANS LA PRATIQUE INFIRMIERE
Travail de fin d'études validant les UE 3.4, 5.6 et 6.2
du semestre 6 de la formation en soins infirmiers
Mellal Farid
Promotion Marie Françoise Collière
Sous la guidance de M Roig
Le 16/05/2014
Sommaire
Introduction
5
I. De la situation d'appel à la
question initiale
7
1) Description de la situation d'appel
7
2) Analyse et questionnements
10
3) Problématique et question de
départ
12
II. Enquête exploratoire :
Présentation et objectifs.
13
1) Conceptions et choix de l'outil de
travail
13
1. Recherches documentaires et
élaboration des questions
15
2. Population interrogée et lieux
17
3. Déroulement des entretiens
18
4. Les Limites et difficultés
rencontrées.
20
2) De l'analyse d'enquête vers la
question de recherche...
21
1. Traitement des données
recueillies
21
2. Analyse des données
22
3. Synthèse, limites et apports
28
III. Cadre conceptuel
30
1) L'UCSA : Une infirmerie au coeur de
la prison
30
1. A l'origine des UCSA :
30
2. Les missions de l'infirmier en
prison.
31
2) Le concept de représentation.
33
1. Définition.
33
2. Concept de représentation dans le
champ de la sociologie.
33
3. La représentation sociale selon la
théorie de Moscovici.
35
4. Apport du concept et confrontation avec
ma situation.
38
3) La dangerosité et la
violence : Deux concepts mis en jeu.
39
1. Définition de la
dangerosité
39
1.1 La dangerosité d'un point de vue
psychiatrique.
40
2.1 Dangerosité d'un point de vue
criminologique :
41
2. Concept de violence :
42
1. Définition de la violence selon
l'OMS :
42
2. Approche psychanalytique de la
violence
43
3. Approche criminologique de la
violence :
44
4. Approche psychologique de la
violence :
44
4) La relation soignant-soigné
45
1. Définitions des termes du
concept.
45
1.1 La relation soignant soigné dans
le champ sociologique
47
2.1 Etre dans la relation selon Carl
Rogers : théorie de l'approche centrée sur la personne.
48
3.1 La relation d'un point de vue
psychosociale.
50
4.1 La Relation soignant-soigné dans
le champ des sciences infirmières
50
5) La distance au coeur de la relation
soignante.
52
1. Définition
52
2. Définition de la distance d'un
point de vue anthropologique :
54
3. La distance en psychologie sociale
58
Problématique
61
Hypothèse
63
CONCLUSION
64
Bibliographie
66
ANNEXE I
70
ANNEXE II
71
Un grand merci à ...
· Mon guidant de mémoire M Roig, pour ses
encouragements, sa disponibilité et sa clairvoyance.
· Ma famille et ma chérie qui m'ont supporté
pendant la rédaction du mémoire, dans mes périodes de
stress.
· Tous les formateurs de l'IMFSI qui m'ont toujours
encouragée et soutenue, et qui se reconnaitront.
· Merci à mes amis qui m'ont conseillé, et
à mes `camarades' de galère qui m'ont soutenu.
Et enfin...
Merci aussi aux professionnels de santé que j'ai
rencontrés lors de mes différents stages qui ont su
répondre à mes nombreuses interrogations et m'ont aidé
à me construire professionnellement.
Introduction
Lors de ma seconde année de formation au sein de
l'I.M.F.SI., j'ai eu l'occasion d'effectuer un stage en santé publique
dans un centre pénitencier. J'appréhendais beaucoup ce stage,
n'ayant aucune connaissance du milieu carcéral. J'avais cependant
formulé l'envie d'y aller d'abord par curiosité. Le monde
carcéral signifiait pour moi un monde de l'enfermement,
sécuritaire concentrant une population violente. Un monde totalitaire
dans le sens où chaque mouvement devait répondre à une
règlementation précise. Le monde carcéral était
donc pour moi, un monde étouffant où mon champ d'exercice allait
être contraint, voir impossible. J'avais également ma propre
représentation de la population accueillie et je me demandais comment
j'allais pouvoir prendre en charge des personnes qui avaient enfreint la loi.
Je m'imaginais des personnes dangereuses, menaçante comme on peut les
voir dans certaines séries à la télévision. Je dois
avouer que l'influence des médias télévisés et
journaux ont beaucoup forgé mon image de la prison. Je pensais ne pas
pouvoir regarder, ni parler avec un pédophile ou un meurtrier, sans voir
au-delà de son acte. J'avais le sentiment d'être dans une
situation dichotomique, entre jugements sociaux et les valeurs
infirmières que je m'été construis jusqu'à
présent. Malgré ce contexte particulier, j'allais devoir prendre
soin de ces personnes, assumer mon rôle de futur professionnel de
santé et considérer l'autre comme un patient et le prendre en
charge dans sa globalité sans discrimination, ni jugement de valeurs.
Mon travail de fin d'étude a été pour moi
l'occasion d'un questionnement sur ma posture professionnelle, de mieux
comprendre les mécanismes liés aux représentations que je
pouvais avoir sur les personnes détenues.
Pour construire ce mémoire, j'ai commencé par me
questionner sur une situation vécue en stage. L'objectif était
pour moi de prendre un temps pour être mieux à l'écoute de
moi-même, de mes ressentis, mes émotions. Poser avec du recul et
par écrit, tout ce qui a pu me traverser l'esprit lors de ce soin qui
m'a marqué. L'analyse à postériori de cette situation m'a
permis par la suite de poser ma question de départ. Une question issue
d'une situation vécue mais qui nécessite d'être
confrontée à la critique scientifique et à la
réalité du terrain. Une question profane que je vais
progressivement modifier à l'issue de ma phase exploratoire afin
d'aboutir à une question de recherche pouvant intéresser notre
profession infirmière. Pour finir, je proposerais une hypothèse
qui reste à valider, et je conclurais mon travail de fin d'études
en expliquant ce que cette initiation à la recherche a pu
m'apporté dans ma future pratique professionnelle.
I. De la situation d'appel à la
question initiale
1) Description de la situation d'appel
Très rapidement au cours de ma deuxième
année d'étude, une situation clinique allait se présenter
à moi et qui constitue à ce jour ma situation de
départ.
La situation se déroule au cours de mon
troisième stage de deuxième année au sein du centre
pénitentiaire à l'unité de consultation (UCSA1(*)). Il s'agissait de mon
deuxième jour de stage au sein de la structure. Le soin a
consisté à une prise de sang afin de pouvoir faire une
sérologie d'entrée proposé à chaque nouveau
détenu (VIH, Syphilis, Hépatite B et C). M AB est un patient
âgé de 43 ans, actuellement incarcéré dans un centre
pénitentiaire et en attente de jugement. Le patient vit en concubinage
et a trois enfants d'un premier lit. Le patient présente une stature
impressionnante, il mesure 1m83 pour 87kg.
Sur le plan somatique, M AB est porteur d'une hépatite
C depuis 1993 soit 20 ans pour laquelle il a suivi plusieurs traitements qui se
sont conclus à chaque fois par des interruptions volontaires. Le Virus
de l'hépatite C lui a été transmis par voie intraveineuse
probablement suite à des échanges de seringues. M AB est poly
toxicomane et souffre également d'une dépression traitée
à ce jour. Le patient est pris en charge au sein de l'unité UCSA
afin de débuter un nouveau traitement antiviral hépatite C ainsi
que la mise en place d'un programme d'éducation thérapeutique
afin de l'aider à mieux lutter contre sa maladie et être acteur de
sa santé.
Le patient a été convoqué et amené
par les surveillants avec son consentement. Le soin est programmé depuis
deux jours et le patient a accepté le soin. Une liste des détenus
devant venir à l'infirmerie est remise au surveillant qui filtre les
entrées au sein de l'unité de soins. Sur cette liste ne sont
inscris que les noms des détenus mais pas les soins afin de
préserver le secret professionnel.
M AB est ainsi placé en salle d'attente juste avant que
je n'aille le chercher en compagnie du deuxième surveillant de
l'unité. Il s'agit du deuxième patient que je prends en charge
depuis mon arrivée. La première patiente est une femme à
qui j'ai administré un vaccin en présence du médecin de
l'unité et d'une infirmière sans que cela m'ai posé une
difficulté.
Avec mon tuteur de stage, nous avions décidé de
nous partager le nombre de bilans sanguins à effectuer. Il s'agit d'un
geste que j'ai l'habitude de faire et qui ne me pose en général
pas beaucoup de difficulté. Pour les premiers bilans, j'ai
demandé à mon tuteur de rester auprès de moi car
c'était mon premier contact avec un détenu homme. J'avais aussi
auparavant pas mal d'appréhension dans ce contexte particulier.
C'était ma première expérience de futur professionnel dans
un milieu carcéral. Dans mes représentations, la prison est un
endroit potentiellement dangereux et accueillant des personnes pouvant
être agressives, voire violentes. Je savais que j'allais devoir me
confronter à une population de patients
« atypiques » dans un contexte de soin sortant de
l'ordinaire des stages auxquels j'ai pu être confronté. Mon tuteur
est un infirmier expérimenté qui travaille au sein de la prison
depuis plusieurs années ainsi qu'en centre hospitalier au sein de
plusieurs services. J'ai voulu profiter de son expérience qui me
rassurait. J'avais aussi dans l'idée de l'observer interagir avec les
détenus pour prendre exemple sur lui.
Il est environ 8h30 lorsque mon tuteur me demande d'aller
chercher M AB. Je suis accompagné par le surveillant qui m'a auparavant
expliqué quelques règles de sécurité, notamment
celle de ne jamais tourner le dos à un détenu ou de rester seul
enfermer dans une salle de soin ou encore de ne laisser aucun objet tranchant
à proximité. Le surveillant m'a également glissé
alors que ce patient était « un gars potentiellement
dangereux ». Il m'a expliqué que le détenu avait
déjà commis deux meurtres avec préméditation. Au
départ, je pensais qu'il s'agissait d'une mauvaise plaisanterie que les
surveillants faisaient aux étudiants de passage dans le service mais
très rapidement le surveillant m'a dit qu'il ne rigolait jamais avec les
règles de sécurité.
J'ai tout de suite eu un sentiment de stress, d'angoisse qui
m'envahit. Ma première interrogation s'était de me dire
« comment je vais faire si ce patient est aussi
dangereux ? »
Lorsque j'appelle M AB pour lui dire de m'accompagner en salle
de soins, celui-ci est déjà énervé car il n'a pas
supporté d'être réveillé aussi tôt pour
patienter près d'une heure. Il manifeste son mécontentement
auprès du surveillant par des cris et des insultes et je décide
volontairement de ne rien dire pour ne pas envenimer une situation
déjà tendue.
Au sein de la salle de soins, je demande au patient de
s'asseoir sur le fauteuil de soin destiné aux bilans sanguins. Il s'agit
d'un patient grand et assez impressionnant par sa stature. Je me
présente à lui en lui disant que je suis un élève
infirmier de 2e année. Mon tuteur se présente
également en tant qu'infirmier et tuteur. Je demande au patient s'il a
compris le motif de sa convocation et la nature du soin. Le patient me
répond : « Oui, tu vas me faire une prise de
sang ». Le tutoiement m'a un peu interpellé, mais je n'y fais
pas plus attention. J'explique au patient les différentes
sérologies en utilisant le vouvoiement. Je bafouille dans mes
explications et j'hésite à trop fixer le patient. Je me suis dit
à ce moment là qu'en évitant de le fixer dans les yeux, le
patient ne se sentirait pas agressé. Le matériel pour le
prélèvement a déjà été
préparé avant que le patient n'entre dans la salle. Le seul
matériel à disposition est le strict nécessaire aux
prélèvements et les fiches de traçabilité. Je
demande au patient son identité et sa date de naissance et s'il a
l'habitude des prises de sang. Celui-ci me dit qu'il a peur des piqures. La
réponse du patient dans ce contexte de tension n'allait pas m'aider par
la suite. J'essaie de le rassurer en lui disant que ça ne fait pas mal
et lui demande de détourner le regard pendant le
prélèvement. Je pensais que la diversion pouvait être une
bonne stratégie. Au moment, où je fixe mon garrot, ma main
tremble. Le patient n'hésite pas à me le faire remarquer :
« Tu trembles, il stresse le jeune ». Ces paroles m'ont
déstabilisé et j'essaie de faire bonne figure en souriant. M AB
ne me semble pas rassuré pour autant. Lorsqu'il voit l'aiguille de
prélèvement, son visage se fige et il détourne le regard.
Mon tuteur est à mes côtés et continue à discuter
avec le détenu pour le distraire tout en regardant l'ensemble de mes
gestes. J'avertis le patient que je vais piquer et lui demande d'inspirer puis
d'expirer. Celui-ci pousse un léger cri.
Au moment du prélèvement, ma main tremble. Je
réussis à avoir un retour veineux et commence à remplir
mon premier tube. J'essaie de rassurer le patient et je me sens
également rassuré d'avoir eu ce retour veineux. Progressivement,
je me sens plus soulagé lorsque le dernier tube est
prélevé. Je retire le garrot et l'aiguille. Le patient semble
immédiatement plus détendu et me remercie. Après avoir
validé mon soin et remplis les fiches de traçabilité. Je
souhaite une bonne journée à M AB qui est raccompagné par
le surveillant.
Une discussion s'engage ensuite avec mon tuteur qui m'a dit
que je n'avais fait aucune erreur technique mais ne comprenait pas comme moi
l'origine de ce stress et de cette émotivité. Cela m'incite
aujourd'hui à mener une réflexion sur les raisons qui pourraient
expliquer l'origine de ce stress face à un soin qui pourtant me
semblé facile et maitrisé.
2) Analyse et questionnements
Mon appréhension lors de cette situation de soins a
concerné d'abord le lieu en lui-même : la prison. Le milieu
carcéral répond à ses propres lois et fonctionnement
internes. La vie en prison est gérée par l'administration
pénitentiaire. A ce moment -là, c'est en tant que personne libre
mais soumis à une réglementation que je ne connaissais pas encore
que je devais évoluer. Le surveillant de l'unité m'avait
expliqué rapidement et oralement, ce que je devais absolument respecter
juste avant le soin. Il m'a fallu donc rapidement intégrer ces quelques
règles de sécurité avant d'aborder mon premier
« patient-détenu ».
Ma représentation de cet univers sans repère
pour moi ne m'a pas rassuré. Je laissais la place à mon
imaginaire, qui n'était pas forcément de nature à me
permettre d'aborder le soin sereinement. Le lieu de soin était
également différent par rapport à ce que j'ai pu voir dans
mes stages précédents. L'unité de soin se situe en plein
coeur de la prison dans des locaux assez exigüe où cohabitent trois
univers différents qui parfois s'opposent. D'abord celui des
détenus, qui trouvent en ce lieu un moment de liberté que
certains ont pu m'exprimer, celui des surveillants dont la première des
priorités est d'assurer la sécurité et
l'intégrité des personnes travaillant au sein de l'UCSA et celui
du monde soignant avec au centre de ses préoccupations le soin et le
bien-être physique et moral des patients. Le soin peut-il s'effectuer
dans les conditions les plus favorables lorsqu'autant d'univers se
côtoient. Quel comportement adopté ?
Le surveillant m'avait également précisé
le motif d'incarcération du patient, probablement pour m'inciter
à plus de vigilance. On peut également s'interroger ici sur la
notion d'éthique soignante. Peut-on prendre en charge dans sa
globalité et avec professionnalisme une personne accusée de
meurtre ? Lors de mon stage en psychiatrie, j'avais déjà pu
côtoyer des détenus et cela ne m'a pas posé de
difficulté car la prise en charge s'effectuée en milieu
hospitalier sans présence de surveillant. Le soin est au coeur des
priorités même si la vigilance était également de
rigueur.
Ma discussion avec le surveillant a rapidement
généré du stress et un sentiment d'angoisse face à
la dangerosité potentielle d'un patient que je n'avais pas encore pris
en charge. C'est déjà avec un sentiment de peur que j'aborde mon
soin. Nous avons pu voir aux cours de l'UE 4.2 intitulés
« soins relationnels » que le stress correspond à
des réactions de l'organisme apparaissant dès que l'organisme est
face à un changement de situation brutale. Le corps réagit contre
ce qu'il ressent comme une agression ou une pression. Chaque personne
réagit de façon personnelle et adaptée à un
évènement qu'il considère comme traumatisant. En
résumé ; le stress désigne à la fois la
pression de l'environnement et la réaction de l'organisme à cette
dernière. Cela se manifeste par de nombreux indicateurs, voir des
signaux d'alarme qui viennent ainsi altérer notre bien-être.
Après avoir invité le patient à
s'installer dans la salle de soins, il me fallait maintenant faire face en tant
que soignant et réaliser mon soin sous le regard de mon tuteur. Une
nouvelle fois, mon manque de connaissances sur ce qu'est un détenu m'a
probablement conduit à des à priori et une perception
négative de la personne que j'avais en face de moi. Cette vision a
été confortée par la connaissance du motif
d'incarcération. Avec le recul, je me dis que peu importe le motif
d'emprisonnement, nous devons être présents en tant que soignant
et permettre au détenu d'effectuer sa peine dans les meilleures
conditions sanitaires et non pas de le juger une seconde fois. La relation avec
M AB a d'abord été tendue, car celui-ci était
déjà énervé au moment de prendre place sur le
fauteuil pour la prise de sang. Il m'a d'abord fallu gagner sa confiance et
nouer une relation. Je me suis donc présenté au patient en lui
disant que j'étais étudiant infirmier. Dire mon statut
était pour moi important, car cela participait à une
vérité et une honnêteté que je devais à
l'autre. J'ai dû mobilisé beaucoup d'outils relationnels vu lors
des UE 4.2 et mis en pratique lors de mes différents stages notamment
l'accueil et l'écoute active, le ton de ma voix calme, le respect. J'ai
progressivement gagné la confiance du patient en lui parlant.
Malgré les tutoiements du patient, j'ai opté pour le vouvoiement.
Il s'agissait pour moi de me positionner en tant que professionnel
répondant à un cadre précis celui du soin. Je pense que ce
savoir-faire et être m'a permis de désamorcer une situation
potentiellement violente. Cependant pour des raisons de sécurité,
le patient ne devait pas savoir mon nom, aucun ne figure sur les blouses
professionnelles. Le climat de confiance, fondamental pour la relation
soignant-soigné, peut-il être instauré quand le
détenu doit confier son intimité à quelqu'un dont il ne
connait même pas le nom ou en présence d'une tierce personne ?
Au cours du soin, le patient se rend compte que ma main
tremble un peu et me le fait remarquer. Le patient me renvoie à mon
statut d'apprenant. Cette situation était loin d'être confortable
pour moi. Cela m'a agacé, car je ne comprenais pas pourquoi ce stress
face à une situation de soins ordinaire. Je me suis projeté dans
l'échec en pensant que je n'allais jamais y arriver. Ma réaction
immédiate a été de sourire et d'utiliser la fonction clown
de l'infirmier comme mécanisme de défense afin de faire baisser
cette surcharge d'émotivité qui m'a gagné. L'anticipation
du soin et mon organisation initiale m'ont beaucoup rassurée. Je me suis
dit qu'il n'y avait aucune raison que j'échoue. Je voulais
réussir le soin pour ne pas décevoir mon tuteur qui m'observer et
ne pas être en échec. Cela s'est d'ailleurs traduit par un
sentiment de plaisir et de satisfaction une fois le prélèvement
effectué. Le soin m'a cependant semblé plus long que d'habitude
et j'avais l'impression d'avoir fournir un effort important au point de
ressentir une légère fatigue. La présence de mon tuteur a
permis une stratégie de coopération. Par son regard et ses
paroles bienveillantes et le fait qu'il m'ait laissé poursuivre mon
soin, cela m'a mis en confiance. J'étais cependant déçu
d'avoir été hésitant et tremblant et de ne pas avoir fait
preuve d'une meilleure maitrise.
3) Problématique et question de
départ
Cette confrontation avec le patient détenu m'a beaucoup
questionné, voir même entrainé une forte remise en question
sur mon identité de soignant. Face à un soin pourtant ordinaire
et qui me sembler maitriser, j'ai ressenti beaucoup de difficultés
à le mener jusqu'à son terme. Je pensais avoir la maitrise de mon
soin mais l'insatisfaction de ma posture de futur professionnel et la
discussion que j'ai pu avoir avec mon tuteur de stage m'ont incité
à choisir cette situation afin de mieux l'analyser et comprendre les
difficultés que j'ai pu avoir et ressenties.
Ce travail de mémoire va me permettre de mieux
comprendre ce qui a été à l'origine de mon stress, mieux
me connaitre, poser une réflexion sur cette situation pour mieux agir
dans ma future carrière de soignant. Cette situation m'a entrainé
à me poser de nombreuses questions :
Dans quelles mesures, l'environnement carcéral peut-il
impacter et conditionner une pratique soignante ?
Pourquoi ne pas avoir passé la main alors que le
patient n'était pas dans une position confortable ?
Pourquoi un soin ordinaire qui m'a semblé maitriser sur
le plan technique est-il devenu un soin difficile dans un milieu extraordinaire
et face à un patient détenu ?
Par conséquent, ce que j'aimerais comprendre à
travers ce travail de réflexion est la façon dont une relation de
soin peut s'établir entre l'infirmière et le détenu au
regard des différentes représentations sociales de l'une et
l'autre.
Cela m'incite aujourd'hui à mieux comprendre
l'influence que peuvent avoir les représentations sociales dans
l'exercice du métier d'infirmier et dans la pratique soignante. De
l'analyse faite de ma situation de départ et de mon questionnement, je
me pose la question suivante :
En quoi les représentations sociales du milieu
carcéral peuvent-elles influencer nos pratiques
soignantes ?
II. Enquête
exploratoire : Présentation et objectifs.
1) Conceptions et choix de l'outil de
travail
La première étape de mon investigation a
été le choix d'un outil d'enquête. Il m'en fallait un
adapté à ma problématique, et aux types de réponses
que je souhaitais obtenir. J'ai donc décidé de réaliser
des entretiens semi-directifs.
Le choix de ce type d'entretien m'a paru évident pour
plusieurs raisons. Le but était pour moi de savoir ce que pensent les
infirmiers, pas d'entendre ce que je veux entendre. Les questions instaurent un
certain cadre, pour éviter que les infirmiers ne s'éloignent trop
du coeur du sujet d'enquête. Je savais également que je devais
ensuite analyser ces réponses, les confronter ensuite à la
littérature scientifique afin de pouvoir dégager une question de
recherche interrogeant la pratique professionnelle.
Les questions laissent libre cours à l'expression des
infirmiers, reflétant ainsi leurs manières de penser, leurs
manières d'être et leurs manières de se comporter. Cette
libre expression permet également de voir les silences ou les
éventuels blocages lors de l'entretien. Ces moments de silence peuvent
intéresser l'analyse, car ils peuvent nous renseigner sur la
qualité de la question posée, l'incompréhension de la
question ou encore interroger le professionnel sur sa propre pratique et sur
des aspects auxquels il n'a pas forcément pensé.
- L'aspect vivant, le rapport humain et le contact sont
essentiels au bon déroulement des interviews.
« Il ne saurait exister pour la science des
vérités acquises. Le savant n'est pas l'homme qui fournit les
vraies réponses ; c'est celui qui pose les vraies
questions. »2(*)
Cette citation de Claude LEVI-STRAUSS
résume assez bien la raison pour laquelle j'ai choisi
l'entretien semi-directif comme outil d'enquête : le fait de poser
les bonnes questions montre aux infirmiers l'intérêt que je leur
porte et me permets d'analyser les réponses pour obtenir une solution
à ma problématique.
1. Recherches documentaires et
élaboration des questions
L'enquête exploratoire va me permettre d'enrichir mon
constat posé par ma question de départ. Elle va me permettre
à travers différentes lectures de pouvoir préciser ma
problématique de départ afin d'émettre une question de
recherche. Mon enquête exploratoire va débuter par un
étayage bibliographique Mes thèmes de recherche sont
centrées sur la notion de représentation, sur l'exercice
infirmier en milieu carcéral, la posture soignante. Pour pouvoir
analyser ces différents thèmes, j'ai effectué des
recherches documentaires qui me permettront l'élaboration de mes
différentes questions et la construction de mon outil d'enquête.
J'ai ainsi pu recenser 4 articles de recherche qui pour chacun d'entre eux ont
contribué à l'élaboration de mon guide d'entretien.
Ø Etre infirmière en prison : le soin
derrière les murs3(*).
La lecture de cet article m'a semblé
intéressante car il s'agit de témoignage d'infirmière au
sein d'une UCSA4(*). Cet
article m'a aidé à la formulation de la première question
de mon guide d'entretien faisant référence aux qualités et
compétences nécessaires pour travailler en prison. L'article
aborde également le thème de la violence, de la neutralité
dans les soins et du paradoxe qui existe entre la sécurité et le
soin. Ces différents thèmes ont été l'objet de mes
questions sur la neutralité à la question 4, et sur la violence
à la question 6.
Ø « Soigner les détenus,
surveiller les malades : paradoxes des interactions entre personnels de
santé et pénitentiaire dans un hôpital en milieu
carcéral. »5(*)
Cet article est un extrait d'une conférence
universitaire qui explique les relations parfois tendues entre deux univers,
celui du soin et celui de la sécurité. Deux mondes ne partageant
pas les mêmes valeurs au départ, mais qui doivent cohabiter. La
lecture de cet article m'a inspiré une question portant sur les
difficultés pouvant être liées à la
réglementation et savoir si celle-ci avait ou pas des
conséquences en terme de prise en charge.
Ø le rôle des infirmiers dans les
prisons6(*).
Il s'agit en fait d'un dossier posant le cadre légal de
l'exercice infirmier en prison. Les missions du soignant sont
évoquées, le statut du patient ainsi que le déroulement
d'une journée type mais également les difficultés pouvant
exister lors d'une prise en charge du patient.
Ø La pratique infirmière en milieu
carcéral : des détenus pour patients7(*).
Le titre de l'article est assez explicite et
s'intéresse à une description des pratiques professionnelles en
milieu carcéral de haute sécurité. La dangerosité
des patients est une réalité et l'article aborde le travail du
soignant face à une population carcérale parfois violente. Le
paradoxe entre soins et sécurité est également un des
thèmes majeurs de cet article. Celui-ci vient donc conforter ma question
relative à la dangerosité et au cadre réglementaire.
Mon guide d'entretien se composera de 6 questions qui
s'articulent selon une certaine logique. Les premières questions visent
d'abord à mieux connaitre mon interlocuteur. Chacun des entretiens
commence d'abord par une présentation succincte des personnes
interrogées et de leurs parcours. La présentation est
réciproque. J'explique simplement que je suis étudiant et que ces
entretiens s'inscrivent dans le cadre de mon travail de fin d'études.
Les professionnels de santé ne connaissent en rien mon guide
d'entretien. La première question concerne les qualités
nécessaires au travail en milieu carcéral ou fermé ainsi
que les limites ou difficultés pouvant exister. La lecture des articles
m'a également inspiré une question sur la neutralité dans
les soins face aux détenus, cela fera l'objet de ma question 4. Le cadre
réglementaire et les difficultés liés à la double
réglementation seront l'objet de ma troisième question. Dans
chacun de mes articles, les soignants évoquent le statut de la personne
soigné qui peut parfois être un clivage ou un frein au soin. Je
souhaite confronter cela à la réalité du terrain car les
représentations du détenu ont également été
un frein pour ma propre pratique. Il s'agit de ma question 5.
Ma dernière question portera sur la notion de danger
potentiel et de l'influence de ce danger dans la pratique professionnelle. Le
terme de danger, de violence, d'agressivité reviennent
régulièrement dans la littérature scientifique. Il me
semble intéressant de voir si celle-ci sont un fantasme ou une
réalité bien ancrée sur le terrain soignant.
2. Population interrogée et
lieux
J'ai choisi de mener mon enquête auprès
d'infirmières et infirmiers exerçant en milieu fermé au
sein d'un centre pénitentiaire ainsi qu'au sein d'une unité de
gestion de crise en hôpital psychiatrique afin de recueillir
différents avis, opinions et sentiments sur les pratiques
professionnelles en milieu fermé et l'influence que pouvaient avoir les
représentations sociales sur la prise en charge de patients en privation
de liberté. J'ai effectué des entretiens semi-directifs pour
laisser aux professionnels de santé la possibilité de s'exprimer
sur le sujet tout en les recentrant si besoin. J'ai interrogé 2
infirmiers au sein du SMPR8(*) et deux infirmières au sein d'une unité
fermé en psychiatrie ayant toutes plus de 5 ans d'expérience en
milieu fermé ainsi qu'un infirmier exerçant au sein d'une
unité de consultation en soins ambulatoires.
Les trois lieux d'enquête choisis sont des lieux
où la notion d'enfermement est une réalité et un quotidien
pour beaucoup de soignants et de patients. Il s'agit également de lieux
de stage où j'ai eu l'occasion d'être un acteur de soins au cours
de ma deuxième année d'étude. J'ai en effet passé 5
semaines au sein d'une unité de consultation en soins ambulatoire au
sein d'un centre pénitentiaire et 5 semaines au sein d'une unité
fermée en hôpital psychiatrique dans le cadre de mon stage de
découverte professionnelle du monde de la psychiatrie. J'ai choisi dans
un premier temps de centrer mon enquête sur le centre
pénitentiaire, car il s'agit de l'unité de lieu de mon sujet
d'étude. Après avoir entrepris quelques recherches documentaires
afin de concevoir mon guide d'entretien et en regard également de ma
situation de départ, il m'a également semblé pertinent de
soumettre mon guide d'entretien à des professionnels exerçant au
sein d'un milieu fermé, mais sans les contraintes réglementaires
liées au monde de la prison. Mon intention était alors de
comparer le regard que pouvaient porter ces professionnels de santé sur
la prise en charge de patients en milieu fermé. L'unité
psychiatrique où j'ai réalisé mes entretiens accueille
également des patients détenus souffrant de pathologies mentales
aigues.
Présentation succincte de la population
infirmière interrogée.
|
IDE 1
|
IDE 2
|
IDE3
|
IDE4
|
IDE5
|
Sexe
|
Homme
|
Homme
|
Femme
|
Femme
|
Femme
|
Age
|
54 ans
|
38ans
|
42 ans
|
31ans
|
51ans
|
Lieu d'exercice
|
UCSA
|
SMPR
|
SMPR
|
Unité psychiatrique fermé
|
Unité psychiatrique fermé
|
Années d'expérience.
|
27 ans
|
14 ans
|
21 ans
|
7 ans
|
7 ans
|
Années au sein du service
|
7ans
|
10 ans
|
10 ans
|
7 ans
|
7 ans
|
3. Déroulement des entretiens
La durée des entretiens a varié en fonction des
professionnels, elle a été comprise entre 30 à 60 minutes.
Avant chaque entretien, j'ai précisé aux différents
professionnels que l'anonymat serait préservé. L'objectif
étant de permettre de libérer la parole. L'autre aspect
étant que l'identification exacte du service n'apportait rien à
notre sujet d'étude. Mon guide d'entretien a été soumis
à la validation de mon guidant de mémoire et soumis aux
différentes directions où je suis allé enquêter. Le
premier entretien s'est déroulé en présence de deux
professionnels de santé exerçant au sein d'un SMPR. Etant
donné la difficulté pour accéder au lieu d'enquête
qui est le centre pénitencier, un rendez-vous a été
convenu pour que l'entretien se déroule à l'extérieur de
l'établissement autour d'un café. L'entretien s'est
réalisé en présence des deux professionnels pour des
raisons de disponibilité. Je trouvais également
intéressant cet échange à trois. Cela m'a permis
d'enrichir mon recueil de données. De plus, les professionnels de
santé interrogés sont un infirmier et une infirmière ayant
deux expériences très différentes, ce qui allait
contribuer à deux regards critiques intéressants pour mon
analyse. Le second entretien a été réalisé au sein
d'une unité psychiatrique accueillant des patients en état de
crise ou dans une phase aigue de leur pathologie. L'entretien s'est
déroulé après un rendez vous pris auprès des
équipes soignantes. Cet entretien a eu lieu au sein de l'unité
dans un endroit calme. Les infirmières étaient donc pleinement
disponibles pour répondre à mes questions. J'avais convenu avec
elle d'une marge de deux heures afin de pouvoir les interroger chacune à
leur tour et en prenant une petite pause entre deux entretiens afin de me
permettre de me concentrer pour un nouvel échange. J'ai choisi pour
chacun des entretiens de ne pas procéder à un enregistrement.
J'ai préféré opter pour une retranscription assez rapide
des entretiens une fois ceux-ci terminés. Les raisons qui ont
motivé cette décision sont que très souvent la
présence d'un média freine la spontanéité de
l'échange. Je ne voulais pas non plus que l'entretien soit
gâché par un dysfonctionnement du matériel. J'ai à
ce stade de mes recherches réalisé 4 entretiens mais je
n'étais pas satisfait. Les échanges avec mon guidant m'ont
incité à réaliser un cinquième entretien avec un
professionnel exerçant au sein d'une UCSA. L'objectif étant de
pouvoir soumettre mon questionnement à des professionnels
exerçant dans différents territoires de soins.
J'ai réussi malgré quelques difficultés
à convenir d'un rendez-vous en dehors des enceintes du centre
pénitencier pour m'entretenir avec un infirmier ayant une grande
expérience du milieu carcéral et une longue carrière.
L'entretien s'est déroulé durant près d'une heure et m'a
permit d'éclaircir certaines interrogations grâce à des
questions de relance et de conforter certaines similitudes qui
transparaissaient des entretiens précédents.
4. Les Limites et difficultés
rencontrées.
Mener une enquête au sein de milieux fermés n'est
pas forcément quelque chose de facile à effectuer, car il s'agit
de lieux répondant à des exigences de sécurité et
une réglementation très stricte. La principale difficulté
tient à l'accessibilité et aux autorisations afin de pouvoir
effectuer mes premiers entretiens. J'ai voulu dans un premier temps questionner
mon ancien terrain de stage, ce qui n'a pas pu être possible. J'ai alors
dû me rabattre sur un autre lieu.
J'ai réussi à obtenir des rendez-vous avec les
professionnels en essayant de les solliciter à plusieurs reprises et par
plusieurs canaux différents. Une de mes rencontres a pu être
réalisée grâce à l'intervention d'un de mes tuteurs
de stage avec qui j'ai évoqué l'intention de mon travail de fin
d'études.
Certaines contraintes tiennent à l'environnement dans
lequel se sont déroulé certains entretiens comme par exemple une
cafétéria où des bruits parasites sont venus
altérer l'ambiance de travail.
La réalisation de mes enquêtes a su montrer ses
propres limites. Il s'est avéré ne pas être évident
de respecter la chronologie de mes questions : les infirmiers anticipaient
parfois les questions suivantes et y répondaient avant même
qu'elles ne soient posées. J'ai dû faire preuve parfois de
souplesse, voir parfois de reformulation auprès de certains
professionnels afin d'expliciter au mieux les enjeux visés par mes
questions.
Une autre difficulté que j'ai eu déjà
l'occasion d'évoquer tient à la retranscription écrite de
mes entrevues. Celles-ci se sont faites dans un délai très court
après la réalisation des entretiens mais le fait de ne pas avoir
tout enregistré m'a fait perdre certaines données brutes que j'ai
surement omis de noter car ne me semblant pas important sur le moment. J'admets
qu'il s'agit d'un des biais de mon enquête.
Mais malgré ces quelques points négatifs, les
entretiens réalisés m'ont permis d'apprendre beaucoup, tant d'un
point de vue théorique et cognitif, que d'un point de vue relationnel et
humain. La qualité des entretiens me paraît satisfaisante. J'ai
obtenu les réponses aux questions posées ainsi que plusieurs
informations complémentaires. Je tiens également à
souligner l'accueil et la disponibilité des professionnels, car de
manière générale, j'ai pu arriver au bout des objectifs
que je mettais fixer au départ.
2) De l'analyse d'enquête vers la
question de recherche...
1. Traitement des données
recueillies
L'élaboration du guide d'entretien m'a permis d'avoir
un outil afin de pouvoir interroger différents professionnels de
santé sur différents terrains de stage. Chacun des entretiens
s'est déroulés sur une temporalité de plusieurs semaines
comme j'ai pu l'évoquer précédemment. Il me reste
maintenant à organiser ses différentes données recueillies
afin de pouvoir procéder à une analyse qualitative qui me
permettra de dégager un ensemble de concepts nécessaire à
l'élaboration de ma question de recherche.
Afin de pouvoir procéder au traitement des
différentes données , j'ai choisi dans un premier temps de
procéder à la retranscription intégrale de chacun des
entretiens que j'ai pu réalisé dans un délai très
court après les avoir effectuer afin de perdre le moins de
données brutes possibles. J'ai ensuite réalisé un tableau
à plusieurs entrées afin de mieux visualiser les
différentes réponses qui m'ont été
apportées.
Cette grille d'exploitation9(*) présente en annexe de mon travail de fin
d'études mentionne les 5 infirmier(e)s interrogés en respectant
l'anonymat de chacun d'entre eux. Chaque professionnel est
désigné par les termes IDE 1, 2, 3, 4,5.
L'autre entrée du tableau présente les
différentes questions qui découlent de mon guide d'entretien. Ces
questions respectent la chronologie de mon guide même si parfois les
réponses apportées correspondent parfois à d'autres
questions. J'aurais l'occasion de l'expliciter dans un second temps. Le tableau
précise également les questions de relance que j'ai posées
afin d'avoir des précisions ou encore des éléments de
réponse qui n'étaient pas très clairs pour ma part. Un
guide d'entretien doit en effet avoir une certaine souplesse, car sinon on
risquerait de tomber dans un interrogatoire. De plus, chaque entretien
revêt un caractère aléatoire et au détour d'un
échange, certaines idées ont émergé et ont pu
intéresser ma recherche.
J'ai repris ensuite chacune des réponses afin de noter
seulement sur la grille d'exploitation les idées qui m'ont semblé
pertinentes pour réaliser mon analyse. Le but était pour moi de
tendre vers un aspect plus qualitatif. J'ai parfois repris certains propos ou
expressions tenus par les infirmiers qui résumés bien leurs
réponses.
En procèdent de cette manière, j'ai ainsi pu
obtenir un tableau suffisamment clair et explicite afin de pouvoir maintenant
me faciliter la confrontation de l'ensemble de ces données et
procéder à l'analyse qualitative.
2. Analyse des données
Pour mener à bien mon analyse, je vais reprendre
chacune des questions posées et confrontées à chaque fois
les différentes réponses qui me sont apportées en regard
des objectifs visés par ma question au départ afin de faire
émerger les similitudes et les divergences éventuelles.
L'objectif principal est pour ma part de dégager les grandes tendances
et de préciser les écarts afin de mieux tenter de les expliquer
lors de mon étude.
Question 1 : selon vous, quelles
qualités sont nécessaires pour être infirmier en prison/
milieu fermé ?
L'objectif visé par cette première question
était pour moi de comprendre les ressources et qualités
nécessaires selon les professionnels de santé pour exercer au
mieux leur métier d'infirmier au quotidien dans un milieu fermé.
Les professionnels de santé mettent en avant pour la
majorité d'entre eux les qualités d'écoute aussi bien
pour les infirmières interrogées en psychiatrie qu'en
unité de soins somatiques. Dans les mêmes proportions, on constate
également qu'une des exigences qui ressort est le travail
d'équipe nécessaire à la bonne prise en charge des
patients. La nécessité de connaitre ses limites est
formulée par les IDE 1, 4, 5. Il s'agit pour le professionnel de
santé d'avoir la capacité de se questionner, se remettre en
question et par extension donner du sens à ces pratiques.
L'équilibre ou « homéostasie » du soignant
apparait également. Le soignant exerçant dans un environnement
anxiogène doit pouvoir comme l'a précisé l'IDE 4
« être bien dans ses pompes ». La compétence
relationnelle du soignant se retrouve également dans la plupart des
articles de recherche que j'ai pu consulter.
Je peux citer par exemple un article intitulé
« être infirmier en prison : le soin derrière
les murs »10(*) qui souligne que l'infirmière en milieu
carcéral doit parmi les qualités requises « savoir
être disponible et répondre aux demandes des patients de tout
âge qui viennent autant pour des soins précis que pour changer
d'air et se confier »11(*).
Les qualités relationnelles se retrouvent
également dans un dossier réalisé par une
infirmière d'une unité de consultation en milieu carcéral
intitulé « le rôle des infirmiers dans les
prisons »12(*). Dans ce document, on peut noter la phrase
suivante « c'est pourquoi l'infirmière à un
rôle fondamental d'écoute, d'aide et de
soutien »13(*). La capacité d'écoute de
l'infirmière semble conditionner la qualité de la prise en charge
et permet d'instaurer une relation de confiance nécessaire aux soins.
Dans le dossier évoqué précédemment, on peut lire
la phrase suivante : « Savoir écouter permet de
mieux comprendre, de créer cette relation de confiance indispensable
dans le soin, de signifier au patient qu'il peut être entendu,
aidé, soigné »14(*).
Question 2 : Existe-t-il selon vous des
limites/difficultés professionnels à l'exercice en milieu
carcéral / fermé ?
A cette question, la majorité des professionnels
répondent que la principale difficulté est de ne pas connaitre
ses limites. Le caractère identitaire du soignant est mis en avant ainsi
que la connaissance de soi. Cette construction identitaire est
mentionnée dans un des articles rencontrés au cours de mes
recherches. Il est dit que l'infirmière doit veiller
« à bien connaitre ses limites, à protéger
ses propres affects et à garder suffisamment de distance, afin que la
relation soignant-soigné demeure saine et efficace »15(*). Cependant, certaines
singularités apparaissent comme la réponse de l'IDE 1 qui note
que le sexe du soignant peut être une difficulté à
l'exercice du métier dans un univers carcéral principalement
dominé par les hommes. Le témoignage suivant est celui d'un
personnel soignant masculin. Il s'agit d'un point de vue pouvant être
soumis à la critique notamment en termes de stéréotype
lié au genre. L'argument principal avancé par l'infirmier est que
face à un univers majoritairement masculin, le sexe du soignant
représenterait un handicap à l'exercice de la profession. Je
m'aperçois en confrontant cette idée avec un compte rendu d'une
conférence universitaire tenu à l'université de Lyon que
les stéréotypes restent difficiles à déconstruire
aussi bien chez les surveillants hommes que chez les infirmiers. Rien ne permet
aujourd'hui de valider scientifiquement de tels propos car si la profession
infirmière tend à devenir de plus en plus masculine, on constate
également que le processus s'inverse au niveau du recrutement des
surveillants pénitenciers où la proportion de femmes augmente.
L'IDE 2 ajoute que la réglementation peut représenter un frein
dans la prise en charge. Lors de mon entretien, l'infirmier a anticipé
la question suivante en évoquant l'aspect réglementaire. Je peux
ici m'interroger sur la formulation de ma question qui n'a sans doute pas bien
été comprise. L'IDE 3 m'a expliqué que la
difficulté que le soignant peut avoir est l'impossibilité de
préserver l'intimité du patient. Cela renvoie principalement
à l'environnement carcéral où le bruit est permanent ainsi
que le nombre de passages dans le service. L'exigüité des lieux de
soins et l'exigence de sécurité qui consiste à laisser la
porte entrouverte lors des soins empêchent ou rendent plus difficile
l'entrée dans la relation avec le patient et la préservation de
son intimité.
Question 3 : Selon vous, l'environnement
carcéral en termes d'enfermement, de cadre réglementaire
influence-t-il votre pratique au quotidien ?
La tendance qui se dégage lors des entretiens est que
la réglementation contribue aux soins. Les soignants soulignent de
manière globale que la règle existe, qu'elle s'impose à
tous et qu'elle est destiné à protéger le soignant et
contribue même à la qualité d'un soin. Je note
également que les IDE 2 et 3 travaillant en secteur psychiatrique
affirme un point de vue plus tranché sur la notion d'enfermement. Pour
ces professionnels, l'enfermement est un frein au soin car la prison est selon
eux perçus comme stigmatisante et empêche donc la
réinsertion ou la réadaptation du détenu surtout lorsque
celui-ci est pris en charge pour des pathologies mentales. L'environnement
carcéral vient également influencer les représentations du
soignant. Le soin se déroule derrière des barreaux toute la
journée. Les soignants sont exposés à des patients plus ou
moins difficiles à prendre en charge. les mesures réglementaires
peuvent parfois être une contrainte en terme d'organisation soignante si
on les compare à d'autres pratiques en milieu hospitalier comme j'ai pu
le vivre en stage mais pour les professionnels, elles sont nécessaires
pour la sécurité des personnels et les bonnes pratiques.
Question 4 : Que signifie pour vous la
notion de neutralité dans les soins ? Est-elle toujours possible
face à des patients détenus ?
La question de la neutralité est une interrogation que
j'ai eue lors de mon stage au sein de la prison. Comment peut-on soigner dans
un univers carcéral ? Peut on être réellement
infirmier face à des personnes ayant commis des délits voir des
crimes ?
Les réponses apportées par les professionnels
sur le terrain semblent très nuancées. Pour L'IDE 1, la
neutralité est possible à condition de connaitre ses limites de
soignants rejoignant ainsi la réponse formulée par l'IDE 2 et 4.
Pour l'IDE 4, la neutralité est imposée aux soignants par la
règle et ne laisse donc pas le choix. L'infirmière m'explique
également lors de l'entretien que pour tenter d'être neutre face
à des patients difficiles, elle se fixe certaines règles de
conduite comme par exemple se baser sur des critères objectifs qui
seraient l'évaluation du sommeil, de l'appétit etc. Le seul
écart qui tranche avec le reste des réponses est celui de l'IDE 5
car pour elle, on peut tenter d'être neutre, mais cela reste impossible,
car plusieurs déterminants interviennent dans notre comportement de
soignants tels que nos croyances, nos valeurs, notre culture. La
neutralité est également évoquée dans la
littérature scientifique que j'ai pu également consulté
car cette question est au centre des préoccupations du professionnel
exerçant en milieu fermé. Un article intitulé
« la pratique en milieu carcéral : des détenus
pour patients »16(*) permet de constater que beaucoup d'infirmières
se demandent si elles arriveront à conserver leurs postures soignantes
si elles connaissaient les motifs d'incarcération. Les sociologues
interrogés dans cette étude notent que le milieu carcéral
met à l'épreuve « la neutralité affective
affichée »17(*).
Une des questions de relance posée concerne la distance
faisant lien avec la posture professionnelle. Pour l'IDE 3, la distance est
propre à chacun, il ne s'agit pas de quelque chose qui est figé,
mais au contraire en perpétuel mouvement et fonction de chaque patient
rencontré. La distance implique également une
réciprocité, car selon l'IDE 3 si on ne donne rien de soi, on ne
doit pas espérer recevoir de l'autre. Cela altère selon elle
également la sincérité de la relation.
Question 5 : Au regard de votre
expérience professionnelle, avez-vous le sentiment de soigner des
patients ou des détenus ?
L'objectif principal de cette question vise à
interroger le statut de la personne prise en charge au sein des unités
fermées. Pour la totalité des professionnels, il s'agit d'un
patient quels que soit les lieux où celui-ci se trouve. Le patient est
souvent entendu comme la personne qui doit être écoutée,
soignée. Cependant, on peut nuancer cette unanimité, car chacun
des professionnels interrogés porte un regard différent sur la
personne soignée. Pour l'IDE 1 et 5, il s'agit de
« patients avec des
particularités »18(*) ou « des contraintes
particulières »19(*). Pour l'IDE 4 travaillant en psychiatrie, le patient
est « l'être en souffrance ». Cette complexité
liée à la définition peut s'expliquer par l'environnement
dans lequel se trouvent la personne soignée et le soignant. La
particularité soulignée par l'IDE 1 (infirmier en prison) renvoi
au double statut de la personne. Il s'agit d'un patient mais également
d'un détenu. Cette double représentation est rappelée au
soignant par son environnement de travail. L'IDE 5 (infirmière en
psychiatrie) parle de contrainte particulière c'est-à-dire de la
réglementation liée au cadre. Les interdictions sont, en effet,
formulées par des règles de fonctionnement très
précises. L'ouverture à l'extérieur comme par exemple, les
heures de visites ou les appels téléphoniques est limités
et soumis à une autorisation médicale. Les IDE 2 et 3 (infirmiers
au SMPR) n'attribuent aucun qualificatif au patient et marquent bien cette
dichotomie existant entre patient et personne ayant fait des erreurs ou commis
des délits dans sa trajectoire de vie : « On est face
à des patients et pas face à un délit »20(*). Cette phrase
réaffirme le statut du soignant qui n'est pas ici pour juger mais pour
s'assurer du bien-être physique et mental de la personne qu'il a en face
de lui-même dans un milieu sortant de l'ordinaire.
Question 6 : Pensez-vous que la prise en
charge d'un détenu « potentiellement dangereux »
influence votre pratique professionnelle ?
Il s'agit de la question clé de mon travail de fin
d'études. Elle interroge directement les représentations que
peuvent avoir les professionnels de santé qui fréquentent
au quotidien les personnes en privation de liberté. La formulation de
cette dernière question est à mon sens un biais dans mon guide
d'entretien, car elle induit la notion de dangerosité. Mon intention au
départ était seulement de savoir comment les soignants pouvaient
arriver à exercer leur profession lorsqu'il était en face de
personnes agitées, voir violentes. Le biais de cette question est que
j'ai projette mes propres représentations dans la formulation de
celle-ci.
Cependant l'évocation du danger ou de la
dangerosité potentielle du détenu semble être une
réalité si je me réfère à mes recherches
documentaires qui ont contribué à l'élaboration de cette
question. Dans l'un des articles consultés intitulé
« soigner les détenus, surveiller les malades :
paradoxes des interactions entre personnels de santé et
pénitentiaire dans un hôpital en milieu
carcéral »21(*), on peut lire
« La connaissance tout comme la
méconnaissance du délit par les professionnels de santé
peut jouer un rôle dans leur perception du patient, et, en
conséquence, dans leur rapport avec eux. Cela vient leur rappeler que le
malade n'est pas seulement un patient : il est aussi un détenu.
« On sait à qui on s'attend, même si on ignore pourquoi
ils sont détenus. [...] ; Comme on sait qu'ont fait X choses pour
arriver en prison, on reste sur nos gardes »22(*)
Un autre article évoque également la notion de
danger. On peut citer le témoignage de Dominique, infirmière en
prison qui nous dit qu'il « faut garder son sang-froid et ne pas
hésiter à confier la prise en charge du patient à une
collègue si nous sentons que la situation peut
dégénérer »23(*). Cette article note que « la
population carcérale peut parfois être violente
verbalement »24(*).
3. Synthèse, limites et apports
L'analyse de l'enquête exploratoire m'a permis de
confronter mon questionnement initial à la réalité de
terrain et à mes recherches documentaires. Je rappelle ici ma question
initiale qui était au départ : en quoi les
représentations sociales du milieu carcéral peuvent elles
influencer nos pratiques soignantes ?
Les témoignages que j'ai pu effectuer me permettre de
mieux cerner maintenant mon sujet d'étude. Les représentations et
l'influence que celle-ci peut avoir dans la prise en charge du patient sont
indubitablement une réalité avec laquelle les soignants en milieu
carcéral doivent composer. L'environnement est constamment
évoqué par les soignants. Celui-ci vient leur rappeler chaque
jour le cadre dans lequel s'inscrivent leurs missions de soignants. Ce cadre
crée une ambiance de travail particulier. Les soignants
interrogés mettent également en avant un autre aspect qui semble
être la bonne connaissance de ses limites de soignant pour assurer chaque
jour leurs rôles. Il me semble donc intéressant pour mon sujet
d'étude de mieux définir ce que sont les représentations
et quelles dimensions cette notion peut prendre lors des soins infirmiers. Le
caractère potentiellement dangereux du patient est également
très prégnant dans la retranscription que j'ai pu faire des
entretiens. L'évocation du danger n'était pas forcément
une chose à laquelle j'avais pensé, d'autant plus que le danger
semble revêtir des définitions très larges en fonction des
représentations de chaque soignant. Même si les infirmiers sont
unanimes à dire qu'ils soignent des patients. Ils insistent sur les
particularités de la population accueillie au sein des structures
interrogées. Ils ne vont pas jusqu'à parler de méfiance,
mais ce qui semble transparaitre c'est la vigilance accrue du soignant lors des
soins. Le statut particulier de la personne semble contribuer à la mise
en place de règle de fonctionnement spécifique en termes de
sécurité et d'accompagnement lors du soin. L'entrée en
relation avec le patient semble prendre en compte cet aspect de
dangerosité, sous entend un passage à l'acte possible. Mais
qu'entend réellement le soignant lorsque celui-ci évoque le
danger ? La violence est également évoquée à
plusieurs reprises et mériterait d'être mieux définie.
Un des thèmes majeurs abordés lors des
entretiens est le positionnement du soignant lorsqu'il doit faire face au
patient. L'interrogation porte sur la posture du soignant dans la relation
soignant soigné. La neutralité dans la relation à l'autre
semble questionner les soignants. Cela nous amène à nous
interroger sur ce que peut être la relation soignant-soigné
lorsque celle-ci s'inscrit dans un milieu particulier que représente la
prison. Que signifie entrer en relation avec l'autre ? Peut-on entrer en
relation avec quelqu'un qui a pu commettre des actes
répréhensibles ?
En regard de ma question initiale et de l'analyse des
entretiens infirmiers, je formule donc ma question de recherche qui est la
suivante :
En quoi les représentations de la
dangerosité d'un patient détenu par les infirmiers, peuvent elles
influencer la relation soignant-soigné au sein d'un centre
pénitencier ?
Mon sujet d'étude s'inscrit dans le contexte d'un
centre pénitencier où l'infirmier est amené à
occuper une place particulière que je vais tenter de définir. Je
me centrerais principalement sur le rôle de l'infirmier au sein de
l'UCSA. Ma question de recherche met en jeu plusieurs concepts. Dans un premier
temps, je m'attacherais à définir le concept de
représentations selon différents champs théoriques
notamment celui de la sociologie. La dangerosité est également un
des concepts au centre de mon interrogation. Je tenterais d'en apporter un
éclairage d'un point de vue psychiatrique et criminologique. Dans un
dernier temps, mon attention se portera sur la définition de la relation
soignant-soigné et plus précisément sur la proxémie
dans la relation avec le patient détenu.
III. Cadre conceptuel
1) L'UCSA : Une infirmerie au coeur
de la prison
1. A l'origine des UCSA :
En 1993, le haut comité de santé publique publie
un rapport sur la santé en milieu carcéral. Il s'agit du rapport
Chodorge intitulé « santé en milieu
carcéral »25(*). Ce rapport décrit un état alarmant de
la prise en charge des détenus. Ce rapport souligne la
non-qualification des personnels à prendre en charge la population
carcérale et d'assurer une bonne qualité des soins. La
dangerosité des pratiques mais également le risque important
encouru par les personnels non qualifiés en matière de
contamination et transmissions de maladies infectieuses. Dans son ouvrage
intitulé « infirmier en milieu
carcéral », Roch Etienne Migliorino relate que
« des détenus font office d'aide-soignant, des
surveillants pénitenciers distribuent des médicaments, le secret
médical n'est pas assuré »26(*) Ce rapport précise
également la nécessité pour les personnes
incarcérées de pouvoir bénéficier dans leur
ensemble d'un accès aux soins de qualité identique
à celui qui est offert à la population
générale. Il est important également de rappeler
que cette volonté de réforme s'inscrit dans un contexte
d'épidémie du VIH. Le haut comité de santé publique
souhaite alors mettre l'accent sur trois priorités : la
médecine préventive (dépistage du VIH, de la tuberculose,
de la syphilis, du tabagisme, de l'alcoolisme, mais aussi information et
éducation du personnel et des détenus), l'accès aux soins
somatiques, et la prise en charge de la santé mentale.
La loi du 18 janvier 199427(*) a confié au service public hospitalier la
mission de prendre en charge la santé des personnes détenues.
L'objectif principal de cette réforme est de garantir aux personnes
détenues sur le territoire français une qualité de soins
et une protection sociale équivalentes à celles offertes à
la population générale. Un autre dispositif de loi s'applique
également aux personnes en privation de liberté. La loi du 4 mars
200228(*) relative aux
droits des malades et à la qualité du système de
santé s'applique aux personnes détenues.
Pour répondre à ces missions de soins aux
personnes incarcérées, les hôpitaux ont créé
des structures particulières au sein des établissements
pénitentiaires : Il s'agit des Unités de Consultations en
Soins Ambulatoires.
2. Les missions de l'infirmier en
prison.
Comme l'ensemble des professionnels de santé, les
infirmiers répondent à un décret de
compétence29(*) qui
définit leurs missions de soignants auprès de la population
carcérale.
Ø Les
soins somatiques
Les infirmiers qui exercent en milieu pénitentiaire
doivent avoir de bonnes aptitudes techniques et une bonne connaissance des
gestes d'urgence. En effet, les infirmiers assurent tous les soins prescrits
lors des consultations médicales, suivent quotidiennement des patients
particulièrement à risque (diabétiques, toxicomanes,
grévistes de la faim...), répondent à toutes les demandes
de soins formulées par les détenus au cours de la journée
et assurent les urgences, en collaboration avec le médecin, ou seuls, en
dehors des heures de consultations médicales. Dans ce cas c'est le
médecin régulateur du SAMU qui prend la relève si
l'infirmier en a besoin.
Si la prise en charge est impossible à effectuer
à l'UCSA, c'est-à-dire si elle nécessite une surveillance
constante ou une hospitalisation, l'UCSA est obligée de passer le relais
à l'hôpital.
Ø L'infirmier au coeur de la
relation.
Le soin en milieu carcéral nécessite
d'être accompagné de l'écoute et du soutien au patient.
Savoir écouter pour mieux comprendre favorise la relation de confiance
indispensable dans le soin. Comme me l'ont soulignés les professionnels,
le fait de prendre le temps d'écouter, c'est déjà traiter
en partie les symptômes. Dans certains cas, l'écoute permet
d'éviter le recours à un traitement médicamenteux.
Il appartient cependant à l'infirmier de bien
connaître ses limites, de se protéger de ses propres affects et de
garder suffisamment de distance, afin que la relation soignant soigné
reste saine et efficace. Les infirmiers en prison sont amenés à
effectuer des entretiens d'aide. Cela leur permet notamment de repérer
les patients les plus fragiles, les crises suicidaires.
Ø Accueillir le détenu.
L'infirmier a un rôle très important dans
l'accueil des détenus arrivants. L'incarcération fait souvent
suite à une garde-à-vue parfois longue (de 24 à 96 h).
Ce premier contact permet de présenter le service,
d'établir une relation de confiance et d'expliquer les missions de
l'infirmerie. J'ai pu voir en stage que l'arrivée en détention
est mal vécue par beaucoup de détenus qui s'effondrent
psychologiquement. Certains n'ont plus aucun contact avec l'extérieur,
divorcent, d'autres doivent faire face à la cohabitation avec d'autres
détenus, aux règlements strictes qu'impose le milieu. Les
infirmiers doivent être conscients de cela et permettre aux patients de
pouvoir « souffler » lors de leur venue au sein de
l'unité de soin.
Ø Dispenser des traitements.
Comme dans tout service de soin, l'IDE distribue les
traitements. Cela fait partie de son rôle prescrit. Les traitements sont
quotidiennement dispensés au sein du stage que j'ai effectué.
Cette distribution se fait en binôme avec un surveillant dans les
étages. C'est l'occasion d'observer les patients dans leurs lieux de
vie, de recueillir également des doléances, s'assurer de
l'état d'hygiène des détenus. Les patients les plus
fragiles viennent à l'infirmerie récupérer leurs
traitements. L'une des missions de l'UCSA est d'assurer auprès des
personnes détenues, hommes, femmes, mineurs, des actions de
prévention, d'information et d'éducation à la
santé.
2)
Le concept de représentation.
1.
Définition.
Représenter vient du latin repraesentare,
rendre présent. Le dictionnaire Larousse précise qu'en
philosophie, « la représentation est ce par quoi un objet
est présent à l'esprit »30(*) et qu'en psychologie,
« c'est une perception, une image mentale dont le contenu se
rapporte à un objet, à une situation, à une scène
(etc.) du monde dans lequel vit le sujet. »31(*). La représentation est
« l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'une
figure, d'un symbole, d'un signe »32(*).
Ces différentes définitions contiennent des
mots-clés qui permettent d'approcher la notion de représentation
: sujet et objet, image, figure, symbole, signe, perception et action. Le sujet
peut être un individu ou un groupe social.
L'objet peut être aussi bien une personne, une chose, un
événement matériel, psychique ou social, un
phénomène naturel, une idée, une théorie.
Le mot perception suggère le fait de se saisir d'un
objet par les sens (visuel, auditif, tactile ...) ou par l'esprit
(opération mentale). Le terme action renvoie à l'appropriation de
l'objet perçu par le sujet. Ce sont des représentations de
l'objet perçu et interprété.
2. Concept de
représentation dans le champ de la sociologie.
Dès le fondement de la sociologie au
19ème siècle comme discipline scientifique, le concept
de représentation apparait. Il est évoqué en 189833(*) pour la première fois
dans une revue de métaphysique et de morale par Emile Durkheim dans un
article intitulé «représentations individuelles et
représentations collectives »34(*). Ce sociologue français
demeure le précurseur sur les recherches concernant les
représentations. Pour lui, la société constitue un
ensemble, une entité et non une simple somme d'individus. Partant de ce
postulat, Durkheim développe l'idée que les
éléments sociaux à savoir, la conscience collective et la
représentation collective sont supérieurs aux
éléments individuels. Selon lui, la société
implique une idée de contrainte sur l'individu. Il fait la distinction
entre représentation sociale individuelle et collective car chaque
individu possède sa conscience personnelle.
Plusieurs sociologues vont traiter de la notion de
représentations :
Claudine Herzlich, docteur en sociologie donne une
définition de la représentation en 1969. Pour la sociologue,
parler de représentation c'est « observer comment cet
ensemble de valeurs, de normes sociales, et de modèles culturels, est
pensé et vécu par des individus de notre
société ; étudier comment s'élabore, se
structure logiquement, et psychologiquement, l'image de ces objets
sociaux »35(*)
Pour Abric, « la représentation sociale est le
produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un individu
où un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté
et lui attribue une signification spécifique »36(*).
Selon Jodelet, «Les représentations sociales
sont des systèmes d'interprétation régissant notre
relation au monde et aux autres qui, orientent et organisent les conduites et
les communications sociales. Les représentations sociales sont des
phénomènes cognitifs engageant l'appartenance sociale des
individus par l'intériorisation de pratiques et d'expériences, de
modèles de conduites et de pensée »37(*).
L'ensemble des sociologues établissent un lien majeur
entre représentations et société. Celles-ci entrainent
l'établissement de normes, de valeurs communes régissant les
interactions entre les individus et par voie de conséquence influence
nos comportements et conduites. Ces points de vue théorique me semblent
intéressent car il me permette de voir que notre posture de soignante et
notre manière d'aborder l'autre sont déterminés
très souvent de manière inconsciente par des
interprétations ou une production de notre activité mentale comme
l'évoque les sociologues. Il ne s'agit pas forcément de dire que
ces représentations sont justes ou fausses mais de prendre conscience
qu'elles existent et qu'elles constituent un déterminant important de la
santé. Celles-ci obligent donc le soignant a composé avec
l'environnement qui l'entoure et à se questionner sur sa posture
lorsqu'il est face à un milieu particulier comme celui de la prison.
3. La
représentation sociale selon la théorie de Moscovici.
La psychologie sociale va conceptualiser et préciser la
notion de représentation. Moscovici, à partir d'une recherche en
196138(*) sur les
représentations de la psychanalyse dans différents groupes
sociaux, théorise la représentation sociale, ses modalités
de construction et de transmission. Moscovici a enrichi et
délimité la notion de représentation sociale: à la
fois mentale et sociale
Pour Moscovici, « les représentations sont des
formes de savoir naïf, destinées à organiser les conduites
et orienter les communications »39(*). Il reprend les savoirs de Durkheim et
démontre comment différents groupes sociaux modulent et agencent
leurs représentations d'un objet mal connu. Selon le sociologue la
représentation comporterait trois dimensions : l'attitude, l'information
et le champ de représentation. Ces définitions mettent en avance
l'alliance qui s'opère entre le processus cognitif et le processus
social. Chacun des processus prenant source dans des domaines théoriques
bien distincts. Par exemple dans la situation que j'ai rencontrée, il y
a une partie d'ordre psychologique qui est intervenue avec mon vécu
personnel et tout ce que cela induit. Mes craintes et mes
représentations du danger, de l'univers carcéral sont intervenues
de manière probablement inconsciente dans mon rapport à l'autre.
Le patient m'a probablement renvoyé et symbolisé l'image du
danger. L'autre partie est d'ordre social portée par la
société. La prison véhicule une image mais aussi des
valeurs comme celle de la sécurité, de la préservation du
danger. La société pour se protéger à créer
ces structures fermées. Ma représentation s'est donc
opérée de manière personnelle influencée par
l'idée collective. Ces représentations du détenu ont
également entrainé chez moi des stéréotypes ou des
associations d'idées un peu simplistes qui pourraient se traduire par le
mécanisme suivant :

« Le préjugé peut être
défini comme une « attitude de l'individu comportant une
dimension évaluative, souvent négative, à l'égard
de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance
sociale. C'est donc une disposition acquise dont le but est d'établir
une différenciation sociale » (Fischer, 1987). Le
préjugé a deux dimensions essentielles : l'une cognitive, l'autre
comportementale. En général, le préjugé est
négatif et a donc pour conséquence une discrimination. Les
stéréotypes correspondent donc à des traits ou des
comportements que l'on attribue à autrui de façon arbitraire. En
ce sens, les stéréotypes sont une manifestation des
préjugés. »40(*)
La prison semble véhiculer des images collectives et
influencer fortement l'imaginaire que nous pouvons avoir. Mais qu'en est-il
réellement ? Il me semble à ce stade de ma recherche,
important de m'arrêter sur les représentations de la prison. Je
vais pour cela m'appuyer sur la synthèse d'un rapport scientifique
intitulé « la violence carcérale en
prison »41(*) initiée par le centre d'études des
mouvements sociaux ainsi que des travaux42(*) d'Antoinette Chauvenet sur les représentations
du détenu.
La prison et ses
représentations :
La prison est perçue dans l'opinion publique comme un
univers marqué par la violence. Elle représente un lieu de
sureté nécessaire pour mettre au ban de la société
des personnes ayant commis des crimes et ainsi de protéger la
société. Une description en est faite dans l'ouvrage d'Antoinette
Chauvenet intitulé « les prisonniers »43(*) :
« La conscience commune, entée sur les
idéologies sécuritaires et destinée à
représenter le « déviant » ou le criminel
comme « autre », repose fondamentalement sur la peur, ce
à un double niveau : la peur du crime et des criminels, la peur de
la prison. Ces deux niveaux se renforcent mutuellement et se conjuguent
à l'intérieur des prisons. Loin de distinguer la personne de
l'acte criminel, la construction sociale de l'altérité passe par
la réduction de celle-là à celui-ci, et ce
indépendamment du contexte social dans lequel l'acte s'inscrit. Le
« fait divers » construit le criminel comme
« autre » en réveillant la peur. Avec ses techniques
de narration, son vocabulaire spécifique et
stéréotypé, il joue des résonances affectives et de
la logique de l'émotion, puise ses images dans les
représentations les plus archaïques et s'appuie notamment sur
toutes les formes de représentations monstrueuses et leur bestiaire qui
renvoient à une naturalisation du mal. « Madame, je suis un
monstre », dira en guise de présentation un condamné
à une longue peine en centrale. »44(*)
Cet univers carcéral est un lieu qui
génère des fantasmes, des peurs pour les personnes
étrangères à ce milieu. La prison est aussi perçue
comme un lieu de violence. Un rapport sur la violence en milieu carcéral
explique l'origine de ces représentations en évoquant le
rôle joué par la peur. Celle-ci est présente et comme le
souligne l'article « elle pénètre un milieu social
elle s'étend à l'ensemble des relations qui le
constituent »45(*). La peur est ainsi présente chez les
personnels exerçant dans ce milieu mais également chez les
nouveaux entrants. L'auteur nous explique à ce propos que
« la peur et l'imaginaire de violence de la prison qui
pèsent sur les arrivants peuvent inciter certains d'entre eux à
prendre d'emblée des mesures d'autodéfense et à se
convaincre qu'il vaut mieux, par anticipation, attaquer le premier. C'est ainsi
que nombre de violences, tout comme les suicides, ont lieu en début
d'incarcération. »46(*).
4. Apport du concept
et confrontation avec ma situation.
Les différentes définitions
énoncées me permettent aujourd'hui de mieux comprendre une partie
du comportement que j'ai pu avoir auprès du patient que j'ai pris en
charge. Ce travail de recherche me permet de mieux comprendre les
mécanismes en jeu lorsque le soignant doit faire face pour la
première fois à un univers qui lui est étranger. J'ai
ainsi pu me suis remettre en question et faire le constat que les
représentations émises au sujet de M AB étaient
erronées. C'est à ce moment que j'ai compris que le mot
« détenu dangereux » avait eu un impact sur moi et
qu'une résonance particulière s'était opérée
au moment du soin. Je réalise maintenant à quel point les
représentations personnelles peuvent agir sur la relation
soignant-soigné. Nos représentations guident nos comportements de
façon plus ou moins consciente et cela a une incidence sur notre
pratique de soignant. Les stéréotypes doivent être
évités dans les soins et la prise en compte des
représentations sociales et personnelles doit être
appropriée au risque de basculer dans le jugement de valeur. Le
comportement que j'ai pu adopter a été stigmatisant car j'ai de
manière inconsciente émis un jugement le concernant. Une des
leçons à tirer est qu'il est préférable pour le
soignant d'adopter un regard neutre sur les personnes en excluant toute
représentation sociale acquise ou inculquée par la
société. Le soignant doit également s'intéresser
à l'autre et à son état émotionnel. L'aspect
psychologique est primordiale quand à la manière d'entrer en
relation lors d'une première rencontre avec un patient détenu. Le
développement de notre imaginaire se fait souvent au détriment du
réel. Cela va ainsi contribuer à une mise à l'écart
de l'autre voir même une exclusion sociale. Celle-ci va se manifester par
une pauvreté dans la relation au détenu, voir même une
absence de relation.
Après m'être intéresser à la notion
de représentation, il convient maintenant de mieux comprendre ce que
l'on mieux définir ce que l'on entend par danger, dangerosité,
mais également violence. Ceci sera l'objet de ma prochaine partie.
3) La dangerosité et la violence : Deux concepts
mis en jeu.
Selon qu'il soit abordé par des psychiatres, des juges,
policiers ou personnels soignants, voir simples citoyens, le concept de
dangerosité recouvre des réalités différentes.
Aucune définition n'est d'ailleurs proposée dans la loi. Ce
concept renvois alors à plusieurs champs d'études et à des
singularités liées souvent au contexte dans lequel intervient le
phénomène « dangereux ». Parler de danger
revient également à parler d'agression ou de violence potentielle
qui est souvent une des conséquences du passage à l'acte. Il me
semble, dans un premier temps, intéressant de définir et
confronter ce concept de dangerosité d'un point de vue psychiatrique et
criminologique. Une partie sera consacrée par la suite au
phénomène de violence qui peut en résulter.
1.
Définition de la dangerosité
Le dictionnaire Larousse définit de manière
générale le terme de dangerosité par la probabilité
de passage à l'acte délictueux ou criminel. En psychiatrie, il
s'agirait de « l'état d'un sujet estimé comme
potentiellement dangereux et susceptible de commettre un acte
violent »47(*). Cette définition générale
met en avant le caractère probabiliste d'un passage à l'acte qui
serait probablement la conséquence
1.1 La
dangerosité d'un point de vue psychiatrique48(*).
Etat caractérisant une personne qui menace ou compromet
la sureté, l'existence d'une personne ou d'une chose.
Selon le criminologue italien, R. Garofalo,
« c'est la quantité de mal qu'on peut redouter de la part
d'un individu »49(*). Il existe plusieurs types de
dangerosité :
La dangerosité juridique est caractérisée
par la gravité, la violence, la soudaineté,
l'imprévisibilité de l'acte dangereux.
La dangerosité psychiatrique est la maladie mentale qui
détermine l'état dangereux, sous-entend une corrélation
entre la pathologie et les troubles du comportement associés.
La dangerosité victimologie est
caractérisée par l'attitude équivoque ou provocatrice d'un
sujet pouvant entrainer un acte criminel.
Michel Bénézech, Psychiatre définit la
dangerosité comme étant un « état, situation
ou action dans lesquels une personne ou un groupe de personnes font courir
à autrui ou aux biens un risque important de violence, de dommage, ou de
destruction »50(*)
M. Bénézech définit également la
dangerosité comme « la capacité d'un individu ou d'un
groupe à présenter un risque de violence et de transgression,
physique ou psychologique, ou encore une disposition, dans un contexte
donné, à passer à l'acte d'une manière violente et
transgressive»51(*)
Par définition, un patient dangereux est une personne
atteinte ou non d'une pathologie, qui par son comportement se
révèle dangereux pour elle-même ou pour autrui. Le mot
« dangerosité » renvoie au caractère dangereux, le
terme « dangereux » étant défini comme ce qui constitue
un danger. Le danger est ce qui menace ou compromet la sûreté,
l'existence de quelqu'un ou de quelque chose.
D'autres auteurs évoquent la notion de « situation
dangereuse » plutôt que de dangerosité. Ils la
définissent comme « une menace ressentie de façon
réelle ou imaginaire provenant d'une agression interne ou externe contre
l'intégrité de leur structure par un individu ou un groupe
d'individus »52(*). La situation dangereuse questionne la perception
subjective de celui qui est perçu comme dangereux par ceux qui y sont
confrontés au moment des comportements en cause.
2.1
Dangerosité d'un point de vue criminologique :
D'un point de vue criminologique, la dangerosité se
caractérise par « le fait d'avoir commis une infraction de
nature criminel, délictuelle ou contraventionnelle portant atteinte aux
personnes ou / et aux biens et par le risque de réitération ou de
récidive »53(*).
La manifestation de cette dangerosité n'est pas
forcément en lien avec l'expression d'une pathologie mentale. Pour
apprécier cette dangerosité, les magistrats utilisent certains
indicateurs propres à l'institution judiciaire. Ils peuvent
également faire appel à des experts médicaux comme le
prévoit le code de procédure pénale dans son article
122-1.
« N'est pas pénalement responsable la
personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique
ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses
actes. La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble
psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou
entravé le contrôle de ses actes demeure punissable ; toutefois,
la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine
la peine et en fixe le régime. »54(*)
Les criminologues pensent que l'état dangereux est
lié à de multiples facteurs biologiques, psychologiques,
sociologiques et situationnels. Faire le diagnostic d'un état dangereux
et tenter de le prévenir supposerait donc de faire une synthèse
de tous ces éléments grâce à une équipe
pluridisciplinaire incluant magistrat, criminologue, psychiatre, psychologue,
assistance sociale.
2. Concept de
violence :
Aujourd'hui la violence est devenu un fait social
majeur ; chaque jour, elle est au rendez vous de l'actualité
médiatique ou dans notre environnement proche : guerres, attentats,
meurtres, agressions physiques ou psychologiques en tout genre.
La notion de violence, désigne dans un sens
général l'usage d'une force destinée à exercer une
contrainte. Etymologiquement, le mot violence comporte la racine vis en latin
qui veut dire force. Dans ce sens, la violence est une expression
particulière de la force qui se caractérise par le recours
à des moyens physiques ou psychologiques pour exercer une contrainte sur
autrui.
1.
Définition de la violence selon l'OMS :
« l'usage délibéré ou la menace
d'usage de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre
une autre personne ou contre un groupe ou une communauté, qui
entraîne ou risque d'entraîner un traumatisme, un
décès, un dommage moral, un mal développement ou une
carence »55(*)
2.
Approche psychanalytique de la violence
« Force brutale qu'un être impose à
d'autres, pouvant aller jusqu'à la contrainte exercée par
l'intimidation ou la terreur. Elle est aussi représentée par
toutes les contraintes qu'un sujet plus fort physiquement ou moralement fait
subir à un plus faible »56(*)
De nombreuses théories considèrent les facteurs
de personnalité comme des causes déterminantes du comportement
agressif.
Selon Freud, la violence est une conduite psychique. La
personnalité est appréhendée comme une
réalité psychique conflictuelle entre des pulsions de vie et des
pulsions de mort. Les pulsions de mort sont à l'origine du comportement
agressif. La pulsion de destruction peut être dirigée contre
soi-même, contre un objet extérieur.
Virginia Hasenbalg, psychanalyste, tente d'expliquer sur ce
qui peut être à l'origine d'un comportement agressif. Elle nous
donne la définition suivante :
« Dans notre société la violence
manifeste résulte de l'incapacité du sujet à faire face
aux situations qui le dépassent. Et il se sent
dépassé par les circonstances qui vont lui rappeler ce qui est
resté en souffrance chez lui dès les temps premiers de sa
constitution subjective. Ce qui se jouera sera la provocation de la figure
d'autorité sous la forme du défi. C'est la recherche de ces
limites qui ne sont pas venues, mais qui sont violemment
appelées... »57(*)
Pour Winnicott, les tendances agressives ne sont pas
forcément pulsionnelles, elles peuvent avoir une fonction d'adaptation
à la réalité extérieure et ceci en réaction
à la frustration. Ce comportement agressif peut être
régulé par des règles sociales.
3.
Approche criminologique de la violence :
Pinatel en 197558(*) a dégagé le concept de
personnalité criminelle. Il distingue des traits pour définir le
comportement violent comme l'égocentrisme, la labilité,
l'agressivité et l'indifférence affective. De Greef, psychiatre
belge explique que le comportement criminel est du à des pulsions
antagonistes : il distingue :
Ø Des pulsions de défense (la peur, la fuite,
l'agression) qui contribuent à la préservation du moi
Ø Des pulsions de sympathie qui se traduisent par
l'acceptation d'autrui et l'abandon de soi.
4.
Approche psychologique de la violence :
Cette approche est centrée sur les traits
psychologiques. Dans le DSM-IV59(*), on parle de personnalité antisociale. Le
comportement antisocial révèle des liens entre les comportements
violents et certains troubles psychiques. Autrefois, on parlé de
personnalité psychopathique, ce terme désigné un trouble
de la personnalité marqué par une insensibilité à
la souffrance d'autrui, une absence de culpabilité, une
incapacité à maintenir des relations durables.
Bien que rares, les intimidations et les insultes dont font
l'objet les soignants de la part de certains détenus existent
réellement comme j'ai pu en être témoin lors de mon stage.
La prudence et le respect des règles de sécurité sont
nécessaires. Des règles sont préconisées pour
éviter tout risque d'agression comme ne jamais tourner le dos au
patient, ne pas laisser trainer d'objets tranchants. Cette défiance ou
méfiance pouvant existe de part et d'autre peut parfois même
entrainer une mise à distance du soignant dans la relation
nécessaire qu'il doit avoir lors de son soin. Cela m'amène
à m'interroger sur la manière dont peut s'inscrire une relation
soignant soigné dans un tel contexte de soin.
Je vais donc tenter maintenant de mieux définir ce que
l'on peut entendre par relation soignant soigné et focalise mon analyse
sur la notion de distance dans la relation à l'autre.
4) La
relation soignant-soigné
Je vais définir ce premier concept en
définissant dans un premier temps chaque mot qui le compose. Le but de
définir chaque mot est de permettre d'identifier chaque
élément du concept afin de mieux le comprendre dans son ensemble.
1.
Définitions des termes du concept.
· Relation :
« Caractère, état de deux ou plusieurs
choses entre lesquelles existe un rapport »60(*)
· Relation : «(...) c'est
une caractéristique de notre être en tant qu'il se définit
comme lien à autrui. (...) c'est-à-dire marqué par les
rapports qu'il entretient avec les autres. »61(*)
Dans cette définition plus psychologique, le terme de
relation fait apparaitre clairement l'altérité, le rapport
à l'autre. La relation est définit comme un attrait personnel, un
aspect identitaire qui interfère avec son environnement. La relation
résulterait de la confrontation entre au moins deux aspects identitaire.
En soi, elle fait apparaitre la notion du rapport à l'autre, ces
rapports définissent la relation.
· Soignant :
« Etre soignant, ce
n'est pas soigner, mais prendre soin d'une personne
(...). »62(*)
La définition du soignant souligne la notion de
bienfaisance envers autrui, le soignant ne se limite pas au soin en tant
qu'acte médical, le soin se traduit par une prise en charge de l'autre,
c'est un ensemble qui réunit l'individu et son état.
· Soignant : « Comme
tous les rôles sociaux, le rôle de soignant est soumis à la
loi de non-réversibilité à un moment donné. Le
rôle de soignant est inscrit dans une pyramide hiérarchique dont
les diplômes sont les garants de compétence et de
savoir »63(*)
Cette définition donne un statut à la personne
qui devient un soignant c'est-à-dire quelqu'un de reconnu sur le plan
social par l'obtention d'un diplôme. La personne avec ce statut reconnu
par le groupe obtient alors un rôle dans un ensemble plus grand qu'est la
société.
Soigné ou patient :
« Personne qui reçoit des
soins »64(*)
La définition du Larousse qualifie la personne
soigné d'une personne en attente d'un soin et donc d'une posture
passive. Il n'y a aucune mention du patient, acteur et responsable de sa propre
santé et participant à son bien être physique mentale ou
sociale.
· Soigné ou patient :
« Dans le domaine de la médecine un patient est
une personne recevant une attention médicale ou à qui est
prodigué un soin »65(*)
La définition du soigné est synonyme de celle du
patient, elle met en avant que le soigné évolue dans un contexte
médical. Elle souligne ici que le soigné n'est pas seulement une
personne en attente de soin, mais aussi une personne qui suscite un
intérêt médical. La place du soigné ne semble pas
être figé que dans un contexte de soin, mais dans un ensemble
lié à sa posture.
Je vais maintenant étudier selon différent
champs analytique, le concept de relation soignant-soigné. Il me parait
logique de commencer par les origines de la relation.
1.1 La
relation soignant soigné dans le champ sociologique
Alexandre Manoukian dans son livre la relation
soignant-soigné définit l'origine de la relation comme une
rencontre d caractères, de différentes psychologies et histoires
unique et propre à chacun. La relation repose sur des facteurs
psychologiques de chaque individu, ses représentations, sa structure
identitaire. Mais aussi sur des facteurs sociaux liés à un statut
professionnel, à l'âge, à son environnement social,
religieux. Pour finir il est décrit la présence de facteurs
physiques relatif à la perception de chacun, lié à un
groupe qui repose sur l'aspect physique (Ex : les sportifs, les
savants....).
L'origine de la relation repose donc sur un ensemble de
facteurs et de moyens. Chacun des individus doit se confronter à
l'identité de l'autre, plus ou moins différentes de la sienne,
dans un contexte qui peut venir favoriser ou freiner la mise en relation.
Alexandre Manoukian fait référence à une relation de
complémentarité. Selon lui la relation prend un sens que si
chacun des interlocuteurs est capable d'être complémentaire
à l'autre, il cite :
Dans une relation entre deux individus, il y a
habituellement une complémentarité de rôles. Si cette
complémentarité ne se mettait pas en place très
rapidement, les deux interlocuteurs (quelle que soit leur raison de
communiquer) ne parviendraient qu'à un « dialogue de
sourds » ou à ce qu'on appelle un « monologue
parallèle », chacun (...) pour l'autre. 66(*)
On est donc face à des individus qui se doivent de
s'acclimater l'un à l'autre pour pouvoir entretenir une relation. Chacun
devra adopter des comportements, des attitudes, une posture qui viendra
favoriser la mise en place de cette relation.
La relation pose donc le rôle de chacun ainsi que les
objectifs. La relation entre le soignant et le soigné évolue et
se développe en fonction de ces paramètres.
Il me semble donc intéressant d'étudier la
relation dans un champ d'étude psychologique.
2.1
Etre dans la relation selon Carl Rogers : théorie de l'approche
centrée sur la personne.
Carl Rogers, psychologue du XXème siècle
définit la place de l'individu dans la relation par la phrase
suivante
« L'individu possède en lui-même
des ressources considérables pour se comprendre, se percevoir
différemment, changer ses attitudes fondamentales et son comportement
vis-à-vis de lui-même. Mais seul un climat bien
définissable, fait d'attitudes psychologiques facilitatrices, peut lui
permettre d'accéder à ses ressources. »67(*)
La qualité de la relation soignant-soigné est
basée sur l'écoute empathique, l'authenticité et le non
jugement. La relation repose sur trois attitudes fondamentales que doit
posséder l'aidant, elles sont l'empathie,
la congruence et le regard positif inconditionnel.
L'empathie repose sur la posture communicative de l'aidant. A
travers une communication verbale et non verbale, avec l'emploi de l'outil de
reformulation ou l'utilisation de la répétition des
problématiques posées par le patient, le thérapeute va
pouvoir comprendre la situation, selon la vision du patient sur son
problème.
La congruence est la deuxième attitude fondamentale. Il
s'agit ici d'être en accord avec soi même :
Une cohérence entre ses besoins, ses désirs
et la conscience qu'il en a et l'expression qu'il en donne. Lorsqu'il le juge
propre à faciliter le changement du client, le thérapeute exprime
son ressenti dans l'ici et maintenant de la relation thérapeutique.
Ainsi, la congruence du thérapeute conduit le Client à
rétablir sa propre congruence, en déjouant ses mécanismes
de défense68(*).
Le troisième aspect concerne le regard positif
inconditionnel qui décrit l'attitude de l'aidant envers le patient.
L'attitude ne doit pas être basée sur le jugement, le patient est
considéré dans son ensemble, comme il apparait sans
préjugés ni regard critique sur son état. Le but ici
étant de créer une atmosphère chaleureuse et humaine,
propice à la communication et à la relation d'aide.
Selon Rogers, la relation est centrée sur le patient
mais nécessite une attitude du soignant lié à un savoir
être et un savoir faire, adapté à une posture soignante.
L'élaboration de cette relation de type rogérienne vise à
faciliter la verbalisation et l'énonciation des ressentis et des
émotions du patient. Carl Rogers cite :
« J'entends, par ce terme de relation d'aide, des
relations dans lesquelles l'un au moins des deux protagonistes cherche à
favoriser chez l'autre la croissance, le développement, la
maturité, un meilleur fonctionnement et une meilleure capacité
d'affronter la vie. L'autre, dans ce cas, peut être soit un individu,
soit un groupe.»69(*)
Le type de relation évoqué par l'approche
centrée sur la personne est la relation d'aide. L'aide est
définie par l'action d'intervenir en faveur d'une
personne en joignant ses efforts aux siens. Elle suppose la capacité
à accueillir les émotions et à mettre en place une
attitude adaptée à ce que vit la personne, c'est à dire
à faire émerger des ressources, une prise de conscience, des
perspectives. Le postulat est donc que la personne possède des
capacités d'auto soins et notre rôle est donc d'aider le
soigné à en prendre conscience et les utiliser pour son bien
être.
3.1 La
relation d'un point de vue psychosociale.
Pour la psychologie sociale, l'être humain est un
être de relation. Le concept le plus simple pour définir la
relation est donc de parler du lien qui va s'établir entre deux
personnes. Un lien que le soignant doit tenter de faire vivre dans son rapport
à l'autre. Pour la psychologie sociale, la relation est un concept qui
met l'accent sur « la nature dynamique des
phénomènes sociaux en tant qu'ils sont des processus :
l'idée de processus désignant la dimension relationnelle
inhérente à l'expression même de la vie
sociale »70(*). L'auteur souligne le caractère dynamique de
la relation. Il y a donc dans cette définition l'idée d'un
processus dans lequel la relation sociale et individuelle s'exprime. Pour
Fischer, les relations sociales sont régies par des normes sociales de
conduite qui influencent le comportement. La relation est également
fonction du lieu et de la situation dans lequel elle se déroule. Le
contexte de la relation est mis en avant. Il est définit dans le champ
social comme « l'ensemble des systèmes symboliques qui
jouent dans la relation »71(*). Cette définition sous entend
l'environnement physique et la situation. Pour Fischer, les rapports à
l'autre sont également influencés par les rapports de place (sous
entendu social) que chacun occupe. Il distingue « les rapports
symétriques »72(*) où les interlocuteurs sont sur un pied
d'égalité et « les rapports
complémentaires »73(*) sont distincts comme le rapport parent /
enfant.
Afin de constater comment la profession infirmière
s'attribue la notion de relation, il convient donc de me placer dans le champ
des sciences infirmières.
4.1 La
Relation soignant-soigné dans le champ des sciences
infirmières
La relation d'aide, partie intégrante de
l'activité infirmière, est inscrite depuis plusieurs
années dans les textes officiels. La loi °78-615 du 31 mai 1978,
précise que l'infirmière peut donner des soins infirmiers
« en application du rôle propre qui lui est dévolu
». Le 17 juillet 1984, un décret d'actes l'introduit en tant
que « relation d'aide thérapeutique » puis
est enrichi par un nouveau décret le 15 mars 1993 en y ajoutant la
notion « aide thérapeutique et soutien psychologique
». Le rôle propre infirmier dont ce soin fait partie est l'un
des points forts. Dans le champ des sciences infirmières, la relation
soignant-soigné désigne l'ensemble des processus dans lequel
l'infirmier va adopter une posture soignante. Il convient avant tout de
positionner le cadre réglementaire auquel est soumis un infirmier en
France. Le cadre réglementaire concernant la relation d'aide se
réfère au code de la santé publique et aux textes
réglementaires qui régissent « l'exercice de la
profession »74(*).
Article R. 4311-5 :
· 40° Entretien d'accueil privilégiant
l'écoute de la personne avec orientation si nécessaire.
· 41° Aide et soutien psychologique.
· 42° Observation et surveillance des troubles du
comportement.
Article 4311-6 :
· 1° Entretien d'accueil du patient et de son
entourage.
· 2° Activités à visée
socio-thérapeutique individuelle ou de groupe.
· 3° Surveillance des personnes en chambre
d'isolement.
· 4° Surveillance et évaluation des
engagements thérapeutiques qui associent le médecin, l'infirmier
ou l'infirmière et le patient.
La compétence relationnelle est également
présente dans le référentiel de formation des
étudiants en soins infirmiers et définit par
l'arrêté du 31 juillet 2009 relatif à l'obtention du
diplôme d'état75(*). Celle-ci fait partie d'une des dix
compétences à valider en cours de formation intitulé
« communiquer et conduire une relation dans un contexte de
soins »76(*)
Les critères de validation de la compétence sont
les suivants :
1. Définir, établir et créer les
conditions et les modalités de la communication propices à
l'intervention soignante, en tenant compte du niveau de la compréhension
de la personne.
2. Accueillir et écouter une personne en situation de
demande de santé ou de soin en prenant en compte son histoire de vie et
son contexte.
3. Instaurer et maintenir une communication verbale et non
verbale avec les personnes en tenant compte des altérations de
communication.
4. Rechercher et instaurer un climat de confiance avec la
personne soignée et son entourage en vue d'une alliance
thérapeutique.
5. Informer une personne sur les soins en recherchant son
consentement.
6. Identifier les besoins spécifiques de relation et de
communication en situation de détresse, de fin de vie, de deuil, de
déni, de refus, conflit et agressivité.
7. Conduire une démarche de communication
adaptée aux personnes et à leur entourage en fonction des
situations identifiées.
Dans le rapport soignant soigné, il existe une
dimension essentielle à la relation, il s'agit de la notion de distance
ou de proxémie. Il convient donc d'interroger ce concept de distance et
d'essayer de comprendre comment celui si peut s'inscrire dans notre profession
de soignant. Nous aborderons cette notion de proxémie en exploitant le
champ de l'anthropologie.
5) La distance au coeur de la relation soignante.
1.
Définition
La distance selon le dictionnaire Larousse77(*) :
« Intervalle qui sépare deux points dans
l'espace ; longueur de l'espace à parcourir pour aller d'un point
à un autre : Quelle est la distance de la Terre à la
Lune ?
Intervalle, espace qui sépare deux ou plusieurs
personnes.
Espace à parcourir dans une course : Le cheval
est meilleur sur cette distance. »
Cette définition implique la distance se mesure. Elle
est donc quantifiable et exprimé par un paramètre objectif,
l'unité de mesure exprimée en unité internationale :
le mètre.
Écart, différence entre deux choses, deux
personnes, leurs statuts, leurs qualités, etc.
Cette définition de la distance est plus nuancée
et marqué par une plus grande subjectivité. On parle ici
d'écart c'est-à-dire de l'action de s'éloigner
volontairement ou non à quelque distance. L'intérêt est
alors de comprendre pour ma part quels mécanismes peuvent poussent
l'individu à « prendre ses distances » face à
l'autre. Peut on parler d'attirance, d'attraction lorsque le soignant est dans
l'intime du patient et qu'est ce qui pousse à ce comportement ?
Dans le cas contraire, peut on parle de rejet de l'autre, lorsque la distance
devient plus grande face à la personne soignée
D'après Pascal Prayez, « La distance est la
séparation de deux points dans l'espace, de deux objets
éloignés l'un de l'autre par un écart mesurable. Selon
l'étymologie latine, il s'agit de « se tenir debout », en
étant séparé de l'autre par un espace plus ou moins
important».78(*)
Schéma79(*) représentant les différents niveaux de
proxémie.
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2.
Définition de la distance d'un point de vue anthropologique :
L'anthropologue Edward Hall explique comment l'espace est
organisé dans les sociétés humaines selon les facteurs
culturels. Cela nous permet de comprendre comment nous nous approprions
l'espace, et comment celui-ci nous incite à nous organiser de telle ou
telle manière selon les représentations que l'on en a et selon
les normes et les règles en vigueurs. Hall a proposé une
classification de la distance.
Classification de la distance selon T Hall80(*) :
|
Situation
|
Perceptions
|
Distance
|
Intime
Distance réservée au contact intime avec son
partenaire amoureux et ses enfants. Toute autre présence constitue une
agression de l'intégralité individuelle. Même pour les
personnes habilitées, cette zone n'est pas vraiment pratiquée
dans les espaces publics
|
Proche :
Corps à corps, acte sexuel, acte affectif intime
(câlin, baiser...), bagarre.
|
Vision parcellaire et déformée.
Olfactive, thermique et musculaire de l'autre.
Possibilité de toucher toutes les parties du corps
|
Contact
|
Eloignée :
Intimité, relations familiales (entre enfants et
parents) et amoureuses. En dehors de ces cas, cette sphère n'est pas
pénétrée dans un espace social public sans stress ou
gène.
Distance du secret
|
Visualisation déformée du visage (à cette
distance on louche)
Le contact haptique (toucher de la main) est limité par
la longueur des membres.
Perte du contact thermique, mais maintien des contacts
olfactifs
|
15-45cm
|
Personnelle
Zone limites de non contact physique direct. Elle marque
l'affectivité et la proximité quotidienne des individus dans leur
vie publique.
|
Proche :
Contact marquant l'intimité et l'affectivité des
personnes en public.
Distance de la confidence.
|
Limite des contacts kinesthésiques par extension des
membres.
Vision visuelle à sa netteté maximum permettant
de distinguer détails et texture du visage.
|
45-75cm
|
Lointaine :
C'est la distance des discussions personnelles entre amis.
Quelqu'un hors champ peu entendre mais en faisant un effort
|
Au-delà du toucher bras tendu d'un seul individu
jusqu'au toucher bras tendu entre deux individu.
L'ouïe ne perçoit plus le chuchotement mais les
voix modérée.
Le champ de vision ouvert avec plus ou moins de netteté
sur tout un corps assis.
|
75-125cm
|
Sociale
Relations interpersonnelles directes. Au delà de tout
contact physique directe, jusqu'au limite de portée de la voix sans
effort.
|
Proche :
Relations interpersonnelles être personnes se
connaissant et se côtoyant sur un projet commun (Travail, réunion
informelle...)
|
Vision de pratiquement tout le corps.
La voix porte et est entendue sans effort.
Il n'y a plus de contact physique direct.
|
1,25-2,10m
|
Lointaine :
Relations interpersonnelles formalisées
(entretiens...). Les positions sont définit par une culture des
règles sociales (Rapports hiérarchiques...).
|
Le contact visuel maintient la permanence du contact.
|
2,10-3,60m
|
Publique
La prise de parole est hiérarchisée. Les
intervenants ont un statut d'orateur face à un public.
|
Proche :
Le sujet a la possibilité de fuir. Mise en place d'un
discours oratoire avec effet de voix et choix syntaxiques.
|
La voix doit commencer à être soutenue.
Perte de la précision des contacts visuels. C'est la
posture qui commence à témoigner du lien
Perte de l'impression de profondeur
|
3,60-7,50m
|
Lointaine :
Distance oratoire. Position entre un orateur et une audience,
un public. Forte implication des prises de parole dans un dispositif fortement
hiérarchisée (meeting, distance avec les grandes
personnalités)
|
La vision fond le détail dans un décor aplani.
Le corps et la voix ne sont perçus par l'auditoire par
exagérations des intonations et des gestes.
Théâtralité des postures et de
l'élocution.
|
Au delà de 7,50m
|
En anthropologie, Hall distingue 3 types de situations :
la coopération, la co-action et la compétition.
« Dans une situation de coopération, les
individus se placent généralement côte à côte
pour partager le matériel et les idées. Dans une situation de
compétition, les individus préfèrent s'asseoir l'un en
face de l'autre. Dans une situation de co-action (les personnes qui
travaillent à des tâches différentes), les individus
préfèrent se tenir aux coins diagonalement opposés de
façon à éviter de se voir. »81(*)
« La conduite que nous nommons territorialité
appartient à la nature des animaux et en particulier à l'homme.
Dans ce comportement l'homme et l'animal se servent de leur sens pour
différentier les distances et les espaces. La distance choisie
dépend des rapports individuels, des sentiments et des activités
des individus concernés. »82(*)
3. La distance en
psychologie sociale
Du point de vue de la psychologie sociale, la distance est
influencée par l'image que l'on se fait de l'autre.
« Aussi, se place-t-on plus loin d'une personne
si l'on est préalablement avertie qu'elle est plutôt froide et
inamicale comparativement à une personne que l'on nous a
préalablement décrite comme chaleureuse et
amicale »83(*)
La distance varie également selon le statut de la
personne que nous avons en face de nous. Le comportement est influencé
si on est en face d'un supérieur hiérarchique ou pas. Il existe
donc un lien entre la distance sociale et la distance spatiale.
La distance est également influencée par
l'objectif que nous souhaitons atteindre et les taches à accomplir.
4. la notion de juste distance ?
Entrer en relation avec une personne en privation de
liberté, ayant commis des délits parfois très grave
interroge le soignant d'un point de vue éthique et déontologique.
L'enquête nous a montré que certains soignants exprimés
parfois des réticences à prendre en charge certains types de
patients comme par exemple l'IDE 5 qui au cours d'un entretien m'explique que
face à un patient pédophile, elle se contente de faire le minimum
de soins. Cela suppose une mise à distance du soignant, voir un rejet ou
même parfois une impossible de soigner l'autre. La juste distance est
elle possible lors d'un soin ?
Laurent MORASZ tente une définition pour essayer
d'éclaircir cette expression : « La bonne distance n'est pas
une distance fixe à trouver, mais un objectif « théorique
» à avoir en tête, pour nous rapprocher du patient quand nos
« réactions » humaines tendent à nous en
éloigner, et à nous en distancier quand ces mêmes «
réactions » nous en rapprochent trop au risque de la confusion
»84(*).
La juste distance reste difficile à appréhender.
Le soignant doit constamment questionner sa propre posture professionnelle,
être au clair avec les objectifs du soin. Le soignant ne soit pas non
plus s'inscrire dans une relation duelle mais instaurer une relation à
trois où l'objet intermédiaire serait le soin. Le fait
d'instaurer ainsi cette relation à trois (patient-soignant- soin)
recadre à chaque instant l'objet de la rencontre et permet ainsi
d'éviter d'être dans le jugement.
Il nous faut trouver en tant que professionnel un juste milieu
pour ne pas déshumaniser le soin. Il ne faut pas non plus engager sa
propre personnalité et perdre sa crédibilité de
professionnel. Cependant la difficulté est de pouvoir donner
suffisamment à l'autre afin de pouvoir créer cette relation de
confiance et optimiser l'efficacité de la prise en charge. La relation
thérapeutique est différente de la relation sociale ordinaire
entre deux individus, il ne faut pas confondre, et ne pas devenir ami avec le
patient, sinon le soignant n'est plus aidant « être aidant pour
un patient c'est être ni pesant, ni absent, ni exclusif »85(*).
Problématique
Mon choix de départ s'est porté sur la prise en
charge d'un patient détenu au sein d'un centre pénitencier.
L'objectif visé par le soin était d'effectuer une
sérologie d'entrée lors d'une première consultation d'un
patient détenu. L'intérêt que j'ai eu à choisir
cette situation consistait pour moi à mener un travail de
réflexion sur un soin qui me semblait maitriser, mais qui finalement
s'est avéré plus complexe à conduire. L'analyse de cette
situation a mis en avant que les difficultés que j'ai pu rencontrer
étaient la résultante des représentations que j'ai pu me
faire du milieu carcéral, ainsi que du patient que j'avais pris en
charge. Un patient arrivé au sein du service en colère et
très agité et qu'on m'annonçait comme potentiellement
dangereux. En effet, l'annonce du motif de détention par le surveillant
(double meurtre avec préméditation) n'était pas de nature
à me rassurer. Ma situation est également intervenue très
tôt dans mon stage. Il s'agissait d'une première rencontre avec le
milieu pénitencier.
Mon interrogation initiale s'est naturellement portée
sur l'influence que pouvait avoir les représentations sociales du milieu
carcéral dans la pratique soignante. L'objectif était donc pour
moi de soumettre mon questionnement à la réalité du
terrain soignant.
Les résultats exprimés par mon enquête
sont venus confirmer que même pour des professionnels
d'expérience, les représentations viennent influencer la prise en
charge du patient détenu. Celle-ci est une réalité car le
cadre où s'exerce la profession vient rappeler la réalité
environnementale dans laquelle s'inscrit le soin. Le cadre rappelle
également aux soignants le type de population qu'ils prennent en charge
et le caractère potentiellement dangereux. La spécificité
des lieux enquête m'a permit également de me rendre compte que
l'entrée dans la relation avec le patient devait tenir compte de
plusieurs dimensions. Il y a bien entendu la caractère potentiellement
dangereux du patient pris en charge mais également l'influence de
l'environnement dans les comportements aussi bien pour le soignant dans sa
posture professionnelle , que pour le patient qui doit entrer dans un rapport
à l'autre qu'il n'a pas choisi mais qu'il subit. Face à ce danger
potentiel, la prise en charge soignante en milieu carcéral met en
question la notion de neutralité dans le soin, la distance qui peut
parfois être prise de manière inconsciente lorsque le soignant est
amené à soigner un pédophile ou un meurtrier.
Mon cadre conceptuel s'est donc centré principalement
sur les notions de représentation et de dangerosité. La
représentation est une notion que j'ai choisi de mieux comprendre en me
centrant sur le champ de la sociologie et de la psychologie sociale. Les
auteurs s'accordent à dire qu'il s'agit d'une reconstruction de la
réalité, qui peut parfois être interprétée.
Les représentations orientent et organisent nos conduites. La notion de
dangerosité et son corolaire qui est la violence ont été
abordés dans les champs de la psychiatrie et de la criminologie. Une
notion que j'ai choisi d'étudier sous l'angle de deux disciplines
intéressant naturellement mon sujet. Le danger ne doit pas être
nié dans le contexte d'exercice du soin. Il doit être
présent à l'esprit du soignant mais sans entrainer une situation
de blocage. La violence est définie comme un passage à l'acte.
Cette violence peut être l'expression d'une souffrance consciente qu'elle
soit morale, physique ou d'une souffrance inconsciente lorsque celle-ci est en
lien avec un trouble psychiatrique. Les recherches effectuées sur les
représentations et sur la notion de dangerosité m'ont ensuite
amenés à comprendre dans quelles mesures ces deux notions
pouvaient influencer la relation soignant-soignée notamment en termes de
proxémie. J'ai donc fait le choix d'étudier cette notion d'un
point de vue anthropologique et sociologique. Le champ anthropologie m'a permis
d'avoir un aspect théorique plus global permettant d'avoir une vision
holistique du concept de distance et son implication dans le soin. Le champ de
la sociologie m'a permis de mieux comprendre le type de relation mis en jeu
entre soignant et patient détenu. Une relation marquée par
l'empreinte de la société et régit par des normes sociales
qui conditionnent le rapport que le soignant entretient avec le
soigné.
Au vu de mon cadre conceptuel et de mes recherches
théoriques, le concept que je juge être le plus pertinent pour mon
étude porte sur la notion de représentation dans le champ de la
sociologie. Cette discipline est celle qui revient majoritairement à
chaque concept que j'ai pu étudier. Cet angle d'étude permet
ainsi de s'interroger sur la posture professionnelle du soignant, de mieux
saisir les facteurs internes et externes qui contribuent à influencer le
soignant dans sa pratique, mais également de repositionner le soignant
dans son milieu d'exercice. Un milieu social avec lequel il interagit et qu'il
doit apprendre à apprivoiser.
Hypothèse
L'étude de mon champ conceptuel m'a permis de
comprendre que les représentations prennent une part importante dans le
comportement et les attitudes prises par le soignant lors d'un soin. Ce savoir
être peut être profondément modifié lorsqu'il
intervient dans un milieu « extraordinaire » comme celui de
la prison ou face à un patient potentiellement dangereux comme la
soulignait la mise en garde du surveillant lors de mon soin. Ma question de
recherche avait principalement pour objectif de comprendre si effectivement ces
représentations du danger pouvaient influencer ce rapport à
l'autre en termes de proxémie et si ce questionnement se posait dans le
cadre de ma future profession. Les entretiens infirmiers que j'ai
réalisés sont venus confirmer la validité de ce
questionnement. Partant de l'étude de mes concepts et des entretiens
infirmiers, Il semblerait qu'une bonne connaissance de soi et de ses
limites serait un outil essentiel permettant au soignant une meilleur maitrise
de son savoir être lui permettant ainsi la déconstruction de ses
représentations du danger et une prise en charge optimale du patient
détenu en milieu carcéral.
CONCLUSION
Cette dernière partie vient conclure une formation de
trois ans où au cours de mes différents stages et des cours
théoriques, j'ai progressivement construis mon identité de futur
professionnel de santé. Ce travail de fin d'étude m'a permit
d'apporter une réflexion supplémentaire sur un questionnement
infirmier qui s'est progressivement construit tout au long de mes recherches,
notamment sur la partie conceptuelle. J'ai ainsi pu mener une réflexion
sur une situation de soin qui a marqué mon parcours de stage. L'objectif
était d'essayer de mieux comprendre les mécanismes à
l'origine des difficultés vécues lors d'un soin entrepris en
prison face à un patient détenu que l'on me présentait
comme dangereux. Ce travail m'a permit de m'interroger, me remettre en
question, aller à la rencontre de l'autre afin de donner du sens
à ma pratique et contribuer à mieux construire mon
identité de soignant.
Ce travail de fin d'étude s'est intéressé
aux représentations de la dangerosité et l'influence dans la
relation soignant soigné. Ces représentations ont principalement
été étudiées sous le champ de la sociologie. J'ai
ainsi pu comprendre que le soignant est constamment influencé dans sa
pratique par ce qui l'entoure. Son environnement physique mais également
la personne qui se trouve en face de lui. Son comportement et ses attitudes
sont ainsi déterminés de manière parfois inconsciente par
les représentations qu'il se fait de son lieu d'exercice et la
perception de l'autre. Son savoir être sera alors modifié. Face
à un patient potentiellement dangereux, le soignant peut ainsi se mettre
à distance, voir exclure l'autre de la relation. La réflexion que
j'ai menée m'a conduit à m'interroger sur la proxémie et
sur la bonne distance que le professionnel doit adopter. L'hypothèse que
j'ai émise est qu'une bonne connaissance de soi et de ses limites
permettrait de maitriser son savoir être et ainsi d'optimiser la prise en
charge de patient difficile ou dangereux. Je pense qu'il est important que le
soignant soit au clair avec ses représentations, ses peurs car savoir se
connaître c'est aussi avoir confiance en soi. Se connaître fait
à mon sens parti du professionnalisme qu'exige ce métier.
Cette hypothèse mériterait à mon sens
d'être mise à l'épreuve sur d'autres terrains de stage
pouvant générer des difficultés pour le soignant comme
celui des urgences notamment. Elle pose également la question des moyens
pour parvenir à une meilleure connaissance de soi.
En service, ce travail me permet de modifier mon attitude en
prenant plus d'assurance et en me positionnant mieux en tant que professionnel
pour améliorer la qualité et l'efficacité de la prise en
charge des patients dont j'aurai la responsabilité.
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http://prison.eu.org/spip.php?article8388.
·
RIERA Ramiro,
BABRE
Simon,
BOURQUARD
Joëlle,
THOMAS
Françoise,
LAURAND
Gérard,
LOPEZ
Alain, La prise en charge des patients susceptibles d'être
dangereux. Article.[en ligne], octobre 2006, la documentation
française, consulté le 02/04/2014 à 12h, disponible sur
internet,
http://www.interieur.gouv.fr/fr/Publications/Rapports-de-l-IGA/Sanitaire-et-Social/Prise-en-charge-des-patients-susceptibles-d-etre-dangereux.
· Note conseil national des politiques de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion sociale. [En ligne], consulté le
13/03/2014. Disponible sur internet,
http://www.cnle.gouv.fr/1993-La-sante-des-detenus-comme-un.html.
Lois :
· Loi n° 94-43 du 18 janvier 1994 relative à
la santé publique et à la protection sociale
· Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits
des malades et à la qualité du système de santé.
Décret :
· Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004
relatif aux parties IV et V (dispositions réglementaires) du code de la
santé publique et modifiant certaines dispositions de ce code,
décret [en ligne], page consultée le 16/04/2014, disponible sur
internet,
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000787339.
Arrêté :
· Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au
diplôme d'Etat d'infirmier, Arrêté [en ligne], page
consultée le 16/04/2014, disponible sur internet,
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020961044.
Sites internet :
·
http://www.acp-pr.org/caracteristiques.html
· ý
http://www.cadredesante.com/spip/profession/recherche/La-theorie-des-representations.html
·
http://www.legifrance.gouv.fr/
·
http://www.psychotherapeutes.net/mes-approches/approche-centree-personne/
·
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/circ327_110705.pdf
ANNEXE I
Questionnaire enquête TFE
1) Selon vous, quelles qualités sont
nécessaires pour être infirmier en prison/ milieu
fermé?
2) Existe-t-il selon vous des
limites/difficultés professionnels à l'exercice en milieu
carcéral/ fermé?
3) Selon vous, l'environnement carcéral en
terme d'enfermement, de cadre réglementaire influence t-il votre
pratique au quotidien ?
4) Que signifie pour vous la notion de
neutralité dans les soins ? est-elle toujours possible face
à des patients détenus ?
5) Au regard de votre expérience
professionnelle , avez-vous le sentiment de soigner des patients ou des
détenus ?
6) Pensez vous que la prise en charge d'un
détenu « potentiellement dangereux » influence
votre pratique professionnelle ?
ANNEXE II
|
IDE 1
|
IDE 2
|
IDE 3
|
IDE 4
|
IDE 5
|
Présentation IDE
-Age
-Ancienneté dans le diplôme
-Ancienneté dans la structure etc.
|
M P, 54 ans. 27 ans d'expérience.
Exerce à l'UCSA depuis 7ans.
|
M J, 38ans, 14 ans d'expérience.
exerce en SMPR depuis 10 ans.
|
Mme G, 42 ans. 21 ans d'expérience. Exerce en SMPR depuis
10 ans.
Premier poste occupé au sein d'une prison.
|
Mme M, 31 ans. 7 ans d'expérience. Exerce en unité
psychiatrique 1er intention depuis 7 ans
|
Mme V, 51 ans. 7 ans d'expérience.
Exerce en unité psychiatrique 1er intention
depuis 7 ans
|
Q1 : Selon vous, quelles qualités sont
nécessaires pour être infirmier en prison/ milieu
fermé?
|
Ø Travail d'équipe
Ø Etre à l'écoute de soi et des autres.
Ø Avoir un équilibre personnel.
Ø Connaitre ses limites.
Ø Sens de l'organisation
|
Ø Pas de jugement de valeurs
Ø Pas d'égo surdimensionné.
Ø Ouverture d'esprit.
Ø Capacité d'adaptation importante.
Ø « Avoir une main de fer dans un gant de
velours »
Ø L'Humour
Ø « vie équilibrée »
|
Ø « être bien dans ses
pompes ».
Ø Remise en question.
Ø Etre à l'écoute.
Ø Travail d'équipe.
Ø Cadrant et pédagogue.
|
Ø Etre humble.
Ø Ouverture d'esprit.
Ø Savoir se questionner.
Ø Donner du sens à ce qu'on fait.
Ø Ecoute.
Ø Disponibilité.
Ø Travail en équipe.
|
Q2 : Existe-t-il selon vous des
limites/difficultés professionnels à l'exercice en milieu
carcéral/ fermé?
|
Ø Ne pas connaitre son identité de soignants.
Ø Le sexe du soignant.
|
Idée 1 : Double réglementation : lourdeur
administrative.
|
Idée 2 : préservation de l'intimité du
patient.
|
Idée 1 : ne pas connaitre ses limites.
Idée 2 : ne pas parler de ses difficultés
entraine une souffrance au travail.
|
Idée 1 : ne pas connaitre ses limites.
|
Q3 : Selon vous, l'environnement carcéral
en terme d'enfermement, de cadre réglementaire influence t-il votre
pratique au quotidien ?
|
Idée 1 : règle de sécurité
nécessaire et qui protège le soignant.
Idée 2 : conflit entre valeurs soignantes et
pénitenciers.
Idée 3 : Réglementation qui gène
l'organisation des soins.
|
Idée 1 : « la prison est inutile car
à l'enfermement mental s'ajoute l'enfermement social ».
Idée 2 : enfermement = protection, sanction, punition
mais pas soin.
Idée 3 : environnement néfaste pour la
réinsertion du patient. Prison stigmatisante.
Idée 4 : Différence entre la notion d'enfermer
et l'isolement thérapeutique.
|
Idée 1 : règle assimilé par
l'équipe et faisant partie du quotidien.
Idée 2 : réglementation faisant partie du soin
et contribue à sa qualité.
|
Idée 1 : les règles font partie du soin et
font partie du quotidien.
Idée 2 : Pratique soignante influencé car
pouvoir important du soignant : risque de maltraitance
possible.
Idée 3 : contraintes pour le patient surtout
lorsqu'il est plus stable.
|
Q4 : Que signifie pour vous la notion de
neutralité dans les soins ? est-elle toujours possible face
à des patients détenus ?
|
Idée 1 : neutralité possible si on connait ses
limites.
Idée 2 : le détachement des soins techniques
permet d'être pleinement dans le soin relationnel.
|
Idée 1 : « bien se connaitre contribue
à bien soigner l'autre » ;
Idée 2 : neutralité difficile car on soigne
avec ceux qu'on est. Nos émotions, notre culture, nos croyances.
Idée 3 : Pour être le plus neutre, il faut se
remettre en question, interroger ses propres pratiques soignantes.
Question de relance :
Y a-t-il une bonne distance face aux patients
détenus ?
Idée 1 : Distance professionnelle propre à
chacun
Idée 2 : « distance en
perpétuelle mouvement, instable »
Idée 3 : donner de soi pour recevoir de l'autre.
|
Idée 1 : la neutralité est une obligation et
s'impose à nous.
Idée 2 : la neutralité est conditionnée
par la connaissance de soi.
Idée 3 : on est neutre si on se base sur des
critères objectifs de soins.
|
Idée 1 : la neutralité n'est pas possible car
le soignant est influencé par ses croyances, sa culture, ses valeurs.
Idée 2 : Pour tenter d'être le plus neutre
possible, il faut connaitre ses limites.
|
Q5 : Au regard de votre expérience
professionnelle, avez-vous le sentiment de soigner des patients ou des
détenus ?
Question de relance : Comment vous
perçoivent les détenus ?
|
Idée 1 : « je soigne des patients avec des
particularités ».
Idée 2 : sentiment d'être pleinement
soignant.
Idée 3 : patients en demande de relations.
Idée 4 : risque de manipulation par les patients.
« Je suis un choix pour le
patient »
|
« On est face à un patient et pas
face à un délit. Le patient doit être
considérer dans toute son humanité. On n'est pas la pour le juger
mais pour le soigner et lui assurer un bien être même entre les
murs. »
|
Idée 1 : on soigne des patients, « des
êtres en souffrance »
Idée 2 : le cadre hospitalier définit notre
mission de soignant. A l'hôpital, on soigne des malades donc des
patients.
|
Idée 1 : « patients avec des
contraintes particulières ».
|
Q6 : Pensez-vous que la prise en charge d'un
détenu « potentiellement dangereux » influence
votre pratique professionnelle ?
|
Idée 1 : rapport conflictuel avec le monde
pénitencier en termes de valeurs. Le patient a tous les droits. Valeurs
hospitalières difficilement applicables en prison.
Idée 2 : tous les patients sont dangereux à
différents degrés.
Idée 3 : comportement et attitudes du professionnel
influencé par la dangerosité.
Idée 4 : danger plus important lorsque le soignant ne
se connait pas. risque de manipulation par le
détenu.
|
Idée 1 : le travail et la cohésion
d'équipe sont essentiel pour la prise en charge de patient
détenu.
Idée 2 : le danger est de ne pas se connaitre. se
connaitre permet de passer la main
Idée 3 : risque de faire un
« transfert », agression de son
intégrité psychique.
Question de relance :
Le danger est il une réalité et comment
y faire face ?
le danger est une composante du métier. Le soignant
n'est pas un juge même s'il peut être ferme et poser un cadre.
Relance : Comment gérer « un
après » qui n'existe pas ?
Pour les détenus, soignant = souvenir de leur passage en
prison. Mise à distance saine permettant la reconstruction à
l'extérieur.
|
Idée 1 : le danger est présent tout le temps
mais les règles de sécurité réduisent les risques
potentiels.
Idée 2 : le danger peut être pour le
patient : risque de passage à l'acte.
Idée 3 : le danger est de ne pas se connaitre.
importance de connaitre ses peurs et rapports à la
violence.
|
Idée 1 : pratique soignante constamment
influencée face à des patients en crise.
Idée 2 : « je fais le minimum lorsque
j'ai en face de moi un patient pédophile »
|
* 1 UCSA : Unité de
consultations en soins ambulatoires.
* 2 Extrait de LEVI STRAUSS, C,
"Mythologiques : Tome 1, Le Cru et le Cuit, Paris, Plon, 1964. p
15.
* 3 MARTIN, Laure,
infirmière en prison : le soin derrière les murs, Article.
[en ligne]. Juin 2011, page consulté le 17/02/2014 à 15h,
disponible sur internet,
http://www.actusoins.com/7860/infirmieres-en-prison-le-soin-derriere-les-murs.html.
* 4UCSA : Unité de
consultation en soins infirmiers.
* 5MENDES-LEILE, Rommel,
Soigner les Soigner les détenus, surveiller les malades :
Paradoxes des interactions entre personnels de santé et
pénitentiaire dans un hôpital en milieu carcéral.
Article. [En ligne], 2006, Le journal des psychologues, n°241, 2006,
consulté le 1/04/2014 à 12h, disponible sur internet,
http://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2006-8-page-37.htm.
* 6 PICHERIE, E, dossier
« la santé en prison » : le rôle des
infirmiers dans les prisons, Revue actualité en santé
publique, septembre 2003, n°44, p30-31.
* 7 ALDERSON M, SAINT JEAN M,
THERRIAULT P-Y, RHEAUME J, RUELLAND I, LAVOIE M, La pratique
infirmière en milieu carcéral : des détenus pour
patients. Recherche en soins infirmiers, juin 2013, n°113, p
95-106
* 8 Service
médico-psychologique régional.
* 9 Cf. Annexe II
* 10 MARTIN, Laure,
infirmière en prison : le soin derrière les murs, Article.
[en ligne]. Juin 2011, page consulté le 17/02/2014, disponible sur
internet,
http://www.actusoins.com/7860/infirmieres-en-prison-le-soin-derriere-les-murs.html
* 11 Ibid.
* 12 PICHERIE, E, dossier
« la santé en prison » : le rôle des
infirmiers dans les prisons, Revue actualité en santé publique,
septembre 2003, n°44, p30.
* 13 PICHERIE, E. Ibid.
p30.
* 14 PICHERIE, E. Ibid.
p30.
* 15 PICHERIE, E, dossier
« la santé en prison » : le rôle des
infirmiers dans les prisons, Revue actualité en santé publique,
septembre 2003, n°44, p30.
* 16 ALDERSON M, SAINT JEAN
M, THERRIAULT P-Y, RHEAUME J, RUELLAND I, LAVOIE M, La pratique
infirmière en milieu carcéral : des détenus pour
patients. Recherche en soins infirmiers, juin 2013, n°113, p
95-106.
* 17 ALDERSON M, SAINT JEAN
M, THERRIAULT P-Y, RHEAUME J, RUELLAND I, LAVOIE M, Ibid. p 99.
* 18 Voir Annexe II
* 19 Ibid.
* 20 Voir Annexe II.
* 21 MENDES-LEILE, Rommel,
Soigner les Soigner les détenus, surveiller les malades :
Paradoxes des interactions entre personnels de santé et
pénitentiaire dans un hôpital en milieu carcéral.
Article. [en ligne], 2006, Le journal des psychologues, n°241, 2006,
consulté le 1/04/2014 à 12h, disponible sur internet,
http://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2006-8-page-37.htm
* 22 MENDES-LEILE, Rommel,
Ibid. p37.
* 23MARTIN, Laure,
infirmière en prison : le soin derrière les murs, Article.
[En ligne]. Juin 2011, page consulté le 17/02/2014, disponible sur
internet,
http://www.actusoins.com/7860/infirmieres-en-prison-le-soin-derriere-les-murs.html
* 24 Ibid.
* 25Note conseil national
des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. [En
ligne], consulté le 13/03/2014. Disponible sur internet,
http://www.cnle.gouv.fr/1993-La-sante-des-detenus-comme-un.html.
* 26 MIGLIORINO, Roch
Etienne, Infirmier en milieu carcéral : Accompagner, soigner,
réinsérer, Issy les Moulineaux, Elsevier Masson, 2009, 88p,
p11
* 27 Loi n° 94-43 du 18
janvier 1994 relative à la santé publique et à la
protection sociale.
* 28 Loi n°
2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé
* 29 Décret 2004-802 du
29 juillet 2004, relatif aux parties IV et V (dispositions
réglementaires) du code de la santé publique et modifiant
certaines dispositions de ce code, paru au journal officiel n°183 du 9
août 2004.
* 30 Dictionnaire en ligne
Larousse [en ligne], disponible sur internet,
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/repr%C3%A9sentation/68483,
page consulté le 10/03/2014.
* 31 Ibid.
* 32 Ibid.
* 33 DURKHEIM E., «
Représentations individuelles et représentations collectives
», Revue de métaphysique et de morale, 1898
* 34 DURKHEIM, E, Ibid.
* 35 HERZLICH C.
Santé et maladie, analyse d'une représentation sociale. Mouton,
Paris, 1969 ; rééditions aux Éditions de l'EHESS, 1984,
1992, 2005. Traduction anglaise : Health and Illness, a Social-Psychological
Analysis. Academic Press, 1973, réédité en 1984 et 1992, p
89.
* 36
http://www.cadredesante.com/spip/profession/recherche/La-theorie-des-representations.html
* 37 Ibid.
* 38 MOSCOVICI S., La
Psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF, 1961.
* 39 Ibid. p10.
* 40 DEBROSSES Stephane,
Stéréotypes : définition et caractéristiques.
Article. [En ligne]. Décembre 2007, consulté le 13/04/2014
à 13h. Disponible sur internet,
http://www.psychoweb.fr/articles/psychologie-sociale/123-stereotypes-definition-et-caracterist.html
.
* 41 ORLIC F, ROSTAING C, La
violence carcérale en question. Article. [En ligne], Aout 2006,
consulté le 26/04/2014 à 16h, disponible sur Internet,
http://prison.eu.org/spip.php?article8388.
* 42 CHAUVENET Antoinette,
« « Les prisonniers » : construction et
déconstruction d'une notion », Pouvoirs 4/ 2010
(n° 135), p. 41-52.
* 43CHAUVENET Antoinette,
Ibid.
* 44CHAUVENET Antoinette,
« « Les prisonniers » : construction et
déconstruction d'une notion », Pouvoirs 4/ 2010
(n° 135), p. 41
* 45 ORLIC F, ROSTAING C, La
violence carcérale en question. Article. [En ligne], Aout 2006,
consulté le 26/04/2014 à 16h, disponible sur Internet,
http://prison.eu.org/spip.php?article8388
* 46 Ibid.
* 47 Dictionnaire le petit
Larousse illustré 2012, p 303.
* 48 POSTEL, Jacques,
Dictionnaire de psychiatrie et de psychopathologie clinique, Paris,
Larousse Bordas, 1998. p116.
* 49 POSTEL, Jacques. Ibid.
p 116.
* 50 BENEZECH, Michel,
FORZAN-JORISSEN S, et GROUSSIN A, « Le concept d'état dangereux
en psychiatrie médicolégale. ». Journal de
Médecine Légale, Droit Médical, 40 (5), 1997.
* 51 BENEZECH M.,
DEBAUREPAIRE C., KOTTLER C. De la criminologie à la
psychopathologie. In : De DEBAUREPAIRE C. BENEZECH M., KOTTLER C,
éd. Les dangerosités, Paris : John Libbey Eurotext ; 2004. p
424.
* 52 Buffard S., Elchardus JM.,
Gillet M., Quenard O. Est-il dangereux de se pencher. In : Debuyst C,
éd. Médecine et Hygiène. Dangerosité et justice
pénale. Genève : Masson ; 1981. p.177
* 53
RIERA
Ramiro,
BABRE
Simon,
BOURQUARD
Joëlle,
THOMAS
Françoise,
LAURAND
Gérard,
LOPEZ
Alain, La prise en charge des patients susceptibles d'être
dangereux. Article. [en ligne], octobre 2006, la documentation
française, consulté le 02/04/2014 à 12h, disponible sur
internet,
http://www.interieur.gouv.fr/fr/Publications/Rapports-de-l-IGA/Sanitaire-et-Social/Prise-en-charge-des-patients-susceptibles-d-etre-dangereux.
* 54Article 122-1 extrait du
code pénal Article.[en ligne], consulté le 4/04/2014 à
12h, disponible sur internet.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIARTI000006417213
* 55 Organisation Mondiale
de la Santé. Rapport sur la violence et la santé. Genève.
OMS ; 2002
* 56 POSTEL Jacques,
Dictionnaire de psychiatrie et de psychopathologie clinique, Paris,
Larousse Bordas, 1998. p 505.
* 58 CARRIO Robert, l'oeuvre
de Jean Pinatel, criminologue français (1913-1999). Article. [En ligne],
novembre 2013, consulté le 25/04/2014 à 8h. Disponible sur
internet,
http://www.enap.justice.fr/ressources/index.php?rubrique=123
* 59 D'après le
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, DSM IV American
Psychiatric
Association, 1994, traduction française J. D. Guelfi,
Paris, Masson, 1996
* 60Dictionnaire en ligne
Larousse, consultée le 5/03/2014, disponible sur internet,
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/relation/67844
* 61 FISHER Gustave-Nicolas.
Le concept de relation en psychologie sociale. Recherche en soins
infirmiers .Mars 1999, n°56, p.4.
* 62 GINESTE, Yves,
MARESCOTTI, Rosette, Philosophie des soins : qu'est ce qu'être
soignant ?.Article. [En ligne], consulté le 10/03/2014.
Disponible sur internet,
http://cec-formation.net.pagesperso-orange.fr/philo.html
* 63 MANOUKIAN Alexandre.
La relation soignant-soigné. 3ème
édition, éditions Lamarre, 2008. 223p.p 19.
* 64 Dictionnaire en ligne
Larousse, consultée le 5/03/2014, disponible sur internet,
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/soign%C3%A9_soign%C3%A9e/73229
* 65 Encyclopédie
libre en ligne Wikipédia. Disponible sur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Patient,
consulté le 14/04/2014.
* 66 MANOUKIAN Alexandre.
La relation soignant-soigné. 3ème
édition, éditions Lamarre, 2008. 223p.p 15.
* 67 Définition
extrait du site de la revue francophone de l'approche centrée sur la
personne, [en ligne], page consultée le 15/ 04/ 2014 à 22h,
disponible sur internet,
http://www.acp-pr.org/caracteristiques.html
.
* 68 Définition
extrait du site psychothérapeutes.net, [en ligne], page consultée
le 15/04/2014 à 22h, disponible sur internet,
http://www.psychotherapeutes.net/mes-approches/approche-centree-personne/.
* 69 ROGERS, Carl,
développement de la personne, p29, citation. [En ligne], page
consultée le 10/04/2014 à 22h, disponible sur internet,
http://www.relation-aide.com/dos_description.php?id=36&.
* 70 FISCHER, G,
« le concept de relation en psychologie sociale »,
revue recherche en soins infirmiers n°56, mars 1999, p4.
* 71 FISCHER, Gustave Nicolas,
Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, Dunod,
1987, p 33.
* 72 Ibid.
* 73 Ibid.
* 74 Décret n°
2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V (dispositions
réglementaires) du code de la santé publique et modifiant
certaines dispositions de ce code
* 75
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020961044
* 76 Arrêté du 31
juillet 2009 relatif au diplôme d'Etat d'infirmier, Arrêté
[en ligne], page consultée le 16/04/2014, disponible sur internet,
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020961044.
* 77Définition
extrait du dictionnaire Larousse, [en ligne], page consultée le
16/04/2014, disponible sur internet,
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/distance/26042
* 78 Pascal Prayez
«Distance professionnelle et qualité du soin», Ed Lamarre,
année 2003, page 9
* 79 Image extraite du site
suivant :
http://arpc167.epfl.ch/alice/Y4/blog/2013/03/05/proxemie/,
consulté le 17/04/2014 à 11h.
* 80 Les distances chez l'homme
d'après le chapitre du même nom in " La dimension
cachée " (Edward T HALL)
* 81 Op.cit.
* 82 DESWARTE Elisabeth, la
proxémie, Article. [en ligne], consulté le 15/04/2014, disponible
sur internet,
http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=141&Itemid=44
* 83 Ibid.
* 84 MORASZ, Laurent ;
PERRIN-NIQUET, Annick. Et al. L'infirmier(e) en psychiatrie, les grands
principes du soin en psychiatrie. 2ème édition. France :
Elsevier Masson. 2012. p.187
* 85 Ibid. p 107.
|