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Ubuntu et les savoirs endogènes chez le peuple Nande (Banande, Yira)par Freddy KANAMUNGOYA Université Saint Augustin de Kinshasa (USAKIN) - Recherche en philosophie africaine 2022 |
1. Différentes pratiques d'Ubuntu dans la culture NandeVoici les différentes pratiques à travers lesquelles l'Ubuntu se concrétise dans la culture Nande4(*) : - Erihukulirana : s'échanger de la nourriture qu'on a préparée : les mères de famille qui ont eu à apprêter assez tôt le repas familial du soir en apportent aux autres familles voisines. Les bénéficiaires se font le devoir de ne pas retourner les récipients vides. - Eriheker'embene : « transporter pour une chèvre » pratique consistant à apporter à une famille de son choix une quantité réglementaire de paniers de vivres ou de calebasses de bière. A la fin de l'opération, le bénéficiaire donne en contrepartie une chèvre. - Erikokya avagheni : « accueillir des hôtes » : tous les amis et voisins du visité participent à la réception des hôtes. Ils s'entretiennent avec ceux-ci et leur apportent de la nourriture. - Erilira'haghuma : « manger ensemble » : les hommes du village prennent leur repas ensemble dans le « Kyaghanda » du village. Certains soirs, les enfants du village, au rythme de leur chanson : « ebengele », passent de porte à porte pour recueillir de la nourriture. Ils se la partagent à la fin du jeu. - Eriyawanako : « apporter les uns aux autres du réconfort moral » : toute famille éprouvée reçoit le réconfort moral de la part de la communauté. A cette occasion elle reçoit un soutien matériel en bois de chauffage, nourriture et en animaux. Il y a en plus, pour le village, suspension de tous les travaux lourds et champêtres pour deux jours. - Eriyalembera : « rendre visite au nouveau-né » : tout nouveau-né est objet de sollicitude de la part de la communauté. Lui rendre visite est un devoir social. A l'occasion, sa mère a droit à des congratulations, appuyées des dons. L'annonce de la naissance du nouveau-né à ses grand-parents maternels de même que leurs visites obéissent à un cérémonial couvert par ces deux verbes : « eriyaghembya » et « erisumbukya ». - Eriyaghembya : « annoncer aux beaux-parents la naissance du nouveau-né » : l'annonce se fait en apportant un cadeau aux grand-parents maternels de l'enfant. A cette occasion, ceux-ci se font couper quelques touffes de cheveux dans la partie frontale. C'est cet acte de couper les cheveux que traduit le sens étymologique du verbe, car il signifie « aller faire couper les cheveux ». - Erisumbukya : « rendre visite au nouveau-né ». Après l'annonce ritualisée de la naissance du bébé, sa grand-mère maternelle lui rend alors visite. Le cadeau offert au grand-parent maternel est la condition pour celui-ci de bercer le bébé. - Eriya mbululi : « aller à la quête des informations ». Aller s'enquérir de nouvelles sur les événements malheureux survenus chez les autres. Le mot mbululi vient du verbe erivalinya qui veut dire « demander des informations au sujet de ». - Eritwala o'ghundi : « accompagner l'autre » : lorsqu'un membre du village est convoqué ou se déplace pour une affaire d'une certaine importance sociale, il est toujours accompagné de quelques personnes (=des hommes surtout) qui seront témoins de ce qui se passera. * 4Cf. ANONYME, « L'ethnoscience chez le peuple nande » in https : // www.docplayer.fr visité le 19 juin 2021 |
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