Royaume du Maroc Ministère de
l'aménagement du territoire de l'environnement, de L'Urbanisme et de
l'Habitat Institut national d'aménagement et d'urbanisme
Le secteur des PMI à Meknès :
Approche spatiale et sectorielle
Mémoire de troisième cycle pour l'obtention du
diplôme des
études supérieures en aménagement et
urbanisme
Présenté et soutenu publiquement par :
Mimoun IBRAHIMI
Sous la direction de :
M. Mohamed BOUSLIKHANE Professeur à
l'INAU
Membre du Jury :
M. Mohamed BOUSLIKHANE
Professeur à l'INAU
M. Ben Haddou ZERHOUNI
Professeur à l'INAU
M. Abdelaziz ADIDI
Enseignant - Chercheur à l'INAU
Mme. Latifa KHADRI
Chef de la division des statistiques et des documentations au
ministère du commerce et de l'industrie
M. Mohamed ABDOU
Enseignant - Chercheur à la faculté des sciences
économiques à
Meknès et président du CEDRE
Février 2001
1
|
Président
Suffragants
|
2
Remerciements
Le présent travail a été
réalisé dans une atmosphère d'entente et de
sérénité que mon professeur M. Mohamed Bouslikhane a su
créer et favoriser . Ses encouragements, Ses conseils précieux et
son appui m'ont été d'une importance décisive dans
l'accomplissement de cette modeste étude .
Qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude et de mes
remerciements et qu'il soit sûr, pour toujours, de ma profonde
reconnaissance .
Je remercie également Madame Latifa KHADRI et
Messieurs: Benhadou ZERHOUNI, Abdelaziz ADIDI et Mohamed ABDOU, pour avoir
accepté de faire partie du jurry.
Mes remerciements vont aussi aux chefs des PMI et aux
employés qui , dans leurs entreprises, m'ont reçu et ont
trouvé toujours le temps de répondre à mes questions
Je remercie enfin tous ceux qui ont contribué de
prés ou de loin à la réalisation de ce modeste travail.
3
DédICACE
A la mémoire de mon père Assou Oubrahim
;
A ma chère mère Beda Omar et
à ma soeur Fatima;
A ma chère femme Aicha et à mes
enfants Khalil , Mohamed Amine
A tous mes amis et collègues de travail;
Je dédie ce modeste mémoire .
4
Liste des abréviations
PMI Petite et moyenne industrie
PME :. Petite et moyenne entreprise
PSA Procédure simplifiée
accélérée
BNDE Banque nationale pour le développement
économique
ODI Office de développement
industriel
MCI Ministère du Commerce et de
l'Industrie.
CNJA Conseil National de la Jeunesse et de
l'avenir.
PIB Produit Intérieur Brut.
FMI. Fonds monétaire international
PNB Produit National Brut.
PAS Programme d'Ajustement Structurel
ENPAU Enquête Nationale sur la Population active
urbaine..
UAT Unité d'Assistance Technique.
AMAPPE Association Marocaine pour la Promotion de la
petite entreprise.
CMPE Centre Marocaine pour la Promotion des
Exportations.
PIACE Programme d'Information et d'Assistance à
la Création d'entreprises.
PROMAR Programme de Promotion des Activités
économiques en milieu rural.
OFPPT Office de Formation Professionnelle et de
Promotion du Travail.
PNAZI Programme National des Zones
industrielles.
P. A Plan d'Aménagement.
SDAU Schéma Directeur d'Aménagement
Urbain.
RGPH Recensement Général de la
population et de l'Habitat.
CERED Centre de Recherche
Démographique.
SAU Superficie Agricole Utile.
DPA Direction provinciale de
l'Agriculture.
SARL Société à
Responsabilité Limitée.
SNC Société en Nom
Collectif.
SA Société Anonyme.
VA Valeur Ajoutée.
TME Travailleur Marocain à
l'étranger
ERAC Etablissement Régional
d'Aménagement et de Construction.
VRD Voirie et réseau Divers.
AEP Adduction de l'eau potable.
RADEM Régie Autonome de Distribution de
L'électricité de Meknès.
IAA Industries Agro-Alimentaires.
ITC Industries du Textile et Cuir.
ICP Industries Chimiques et parachimiques.
IMMEE Industries Métallurgiques
Mécaniques Electriques et Electroniques.
CMTR Crédit moyen Terme
Réescomptable.
CJP Crédit Jeune Promoteur.
CJE Crédit Jeune Entrepreneur.
ONUDI Organisation des Nations Unies pour le
Développement Industriel.
AT Admission Temporaire
MP Matières Premières.
CA/ TTC chiffres d'affaires toute taxe
comprise.
HT Hors taxes.
5
Table des matières.
Introduction générale
Chapitre préliminaire:
Fondements et aperçu historique sur la politique
publique d'appui à la PMI au Maroc
Section 1: Motivations et fondements de la politique
publique d'appui à la PMI au Maroc.
Paragraphe 1: Contexte de crise économique ,
financière et sociale. 1-1: Contexte de crise économique et
financière. 1-2: Faible performance du secteur public.
1-3 : Aggravation du problème du
chômage.
Paragraphe 2 : Concentration régionale des
activités économiques.
Paragraphe 3 : Autres éléments explicatifs:
Fondements politiques et facteurs exogènes.
Paragraphe 4 : Fondements théoriques du
schéma de développement basé sur les PMI: Quelques
éléments de repère.
4-1: Thèse de la technologie
intermédiaire.
4-2: PMI et esprit d'entreprise.
4-3: Industrialisation à petite
échelle.
Section 2 : Délimitation de la politique d'appui
à la PMI.
Paragraphe 1: Assistance financière en faveur des
PMI.
Paragraphe 2 : Assistance technique et cadre
institutionnel.
Paragraphe 3 : Instruments juridiques d'incitation en
faveur des PMI.
Section 3 : Environnement industriel favorable à
la PMI.
Paragraphe 1 : Le programme national d'aménagement
des zones : industriel: Volonté de l'Etat de régionaliser le
développement industriel.
6
Paragraphe 2 : Les zones d'activités
économiques ou l'implication des collectivités locales dans la
promotion des PMI.
Paragraphe 3 : Les pépinières
d'entreprises: Du partenariat en faveur des jeunes
promoteurs.
3-1: Origine, définition et fonctions des
Pépinières d'entreprises.
3-2 : Présentation du programme des
Pépinières d'entreprises au Maroc
Conclusion
Partie I : Contexte socio-économique et
caractéristiques générales des PMI à
Meknès.
Chapitre I: Contexte socio- économique
général de la ville de Meknès
Section I : Historique et évolution spatiale de
la ville de Meknès
Paragraphe 1 : Meknès une ville marquée
par un riche passé.
Paragraphe 2 : Meknès pendant la période
coloniale.
Paragraphe 3 : Meknès depuis
l'indépendance
Section II: Aspects géographiques,
administratifs et démographiques
Paragraphe 1 : Aspects géographiques,
morphologiques et hydriques.
Paragraphe 2 : Aspects administratifs.
Paragraphe 3 : Aspects démographiques: Structure
et évolution de la population de
Meknès
Section III: L'analyse des activités
économiques.
Paragraphe 1 : Des potentialités agricoles
importantes
Paragraphe 2 : Les secteurs de l'artisanat, du tourisme
et du commerce.
Paragraphe 3 : Le secteur industriel.
Conclusion
Chapitre II: Les PMI à Meknès:
Structures, poids socio-économique et principaux
acteurs
Section I: Les principaux aspects structurels.
Paragraphe 1 : historique et périodisation des
créations.
1-1: Historique.
1-2: Périodisation des
créations
Paragraphe 2 : Structure par taille et par branches
d'activités.
2-1: Structure par branches
d'activités.
2-2: structure par taille.
Paragraphe 3 : Statut des PMI et
propriété juridique du capital.
Paragraphe 4 : Caractéristiques
inhérentes aux locaux d'exploitation.
4-1: Superficie du local.
4-2 : statut d'utilisation du local.
Section II: poids socio - économique des PMI
à Meknès.
Paragraphe 1 : Evolution globale des PMI à
Meknès.
1-1: Le rythme de croissance du nombre des PMI et des
effectifs employés.
1-2: Evolution des grandeurs
Paragraphe 2 : Appréciation de la performance du
secteur des PMI à Meknès
2-1 : Présentation des ratios de
performance.
7
2-2: Des écarts persistants.
Paragraphe 3 : Poids dans l'économie
urbaine.
Section 3: Profils des actifs des PMI à
Meknès. Paragraphe 1 : Profil des chefs des PMI à
Meknès.
1-1: Structure par sexe et par age.
1-2: Origine géographique.
1-3:Trajectoire sociale et statut antérieur des chefs des
PMI.
1-4 : Niveau d'instruction.
Paragraphe 2 : Structures et composantes
générales de la main d'oeuvre.
2-1: Structure de la main d'oeuvre par sexe et par age.
2-2: Origine de la main d'oeuvre.
2-3: Niveau d'instruction de la main d'oeuvre.
2-4 : Structure professionnelle.
Conclusion de la 1ère partie.
Partie II: Logique de déploiement, Composantes
et Tendances spatiales
des PMI à Meknès.
Chapitre I: Facteurs déterminants de la
localisation des PMI à Meknès.
Section I: Fondements théoriques et relations
entre localisation et taille d'entreprises.
Paragraphe 1 : Théories de localisation.
1-1: Théories classiques de
localisation.
1-2: Théories actuelles de
localisation.
Paragraphe 2 : Relations entre la localisation et la
taille des entreprises.
Section II: Facteurs de localisation actuelle et
exigences idéales d'implantation des
PMI à Meknès.
Conclusion.
Chapitre II: Composantes et Tendances spatiales des PMI
à Meknès.
Section I: Localisation spontanée des PMI
à Meknès.
Paragraphe 1 : Les quartiers industriels à
Meknès : Une structure dominée par les
PMI.
1-1: Le quartier industriel d'Ain Slougui.
1-2 : Le quartier industriel de la route
d'Agourai.
1-3: Le quartier industriel de la route
d'El-Hajeb.
1-4 : Les quartiers industriels de Sidi Said et lafarge
ciment.
1-5: Le quartier industriel de la route de Moulay
Driss.
Paragraphe 2: Les aires de diffusion intra-urbaines et
périphériques des PMI à
Meknès.
2-1 : Le tissu urbain: Espace de foisonnement des PMI
à Meknès.
2-2: Les zones péri-urbaines: Nouvelles aire de
développement de l'industrie et des
PMI à Meknès.
Section II: Les implantations des PMI en zone
industrielle et zones d'activités
économiques.
Paragraphe 1: Zone industrielle de Sidi Bouzekri:
Facteur de localisation des PMI à
Meknès.
1-1: Raisons d'être de la zone industrielle de Sidi
bouzekri.
1-2: Localisation, superficie et consistance de la
zone.
1-3: Montage technico-financier.
8
1-4: Opérationalité de la zone et place
de la PMI.
Paragraphe 2: Les zones d'activités
économiques et la pépinière d'entreprises.
2-1: Les zones d'activités économiques
à Meknès.
2-2: La pépinière d'entreprises de
Meknès -Hamria.
Section 3: PMI et stratégie d'aménagement
industriel à Meknès.
Paragraphe 1: Programmation de nombreux espaces
d'accueil au niveau du SDAU.
Paragraphe 2: Dispositions des plans
d'aménagement en matière d'aménagement
industriel.
Paragraphe 3: Décalage entre aménagement
industriel et tendance spatiale des PMI.
Conclusion.
Partie III: Aspects fonctionnels, Contraintes et
perspectives des PMI à
Meknès.
Chapitre I: Financement, modalités de
fonctionnement et degré d'intégration des
PMI à Meknès.
Section I: Financement des PMI à
Meknès.
Paragraphe 1: Soutien financier: Répartition
inégalitaire des crédite alloués à la PMI
au Maroc.
2-1: cas de la procédure simplifiée
accélérée et du crédit convention.
2-2: Cas des crédits jeunes promoteurs et
jeunes entrepreneurs.
Paragraphe 2: Analyses des modes de financement des PMI
à Meknès.
2-1: Modes et sources de financement de la
création.
2-2: Sources de financement de
l'activité.
Paragraphe 3: Difficultés du recours au
crédit bancaire.
3-1: Conditions peu satisfaisantes
d'accessibilité
3-2: Coûts très élevés des
crédits bancaires
3-3: Processus très lent d'obtention des
crédits bancaires
Section 2: Modalités de fonctionnement et
degré d'intégration des PMI à Meknès.
Paragraphe 1: Aires d'approvisionnement et
d'écoulement
1-1: Aires d'approvisionnement en matières
premières
1-2: Aires d'écoulement de la
production
Paragraphe 2: Les PMI et la sous-traitance à
Meknès
2-1: Définitions, typologie et importance de la
sous-traitance pour les PMI
2-2: PMI et sous-traitance à
Meknès
Paragraphe 3: PMI et intégration à
Meknès
3-1: Aspects définitionnels et
différents niveaux d'analyse et de perception de
l'intégration
3-2: Faiblesse des relations inter-branches au sein du
secteur des PMI à Meknès
3-3: Faible intégration au système
productif local
3-4: Mesure du degré d'intégration du
secteur des PMI à Meknès
Conclusion
Chapitre 2: Compétitivité, contraintes et
perspectives des PMI à Meknès
Section 1: Compétitivité du secteur des
PMI à Meknès
Paragraphe 1: PMI et choix technologique
Paragraphe 2: Système et sources
d'information
Paragraphe 3: PMI et gestion de la qualité
Paragraphe 4: PMI et gestion des ressources
humaines
Section 2: Contraintes et perspectives des PMI à
Meknès
9
Paragraphe 1: Principaux facteurs de blocage des PMI
à Meknès et problèmes
d'inadéquation des services urbains
1-1: Contraintes majeures au développement des
PMI à Meknès
1-2: Inadéquation des services
urbains
Paragraphe 2: Perspectives et recommandations
2-1: Perspectives de développement des PMI
à Meknès
2-2: Quelques recommandations pratiques.
10
INTRODUCTION GENERALE
Le concept traditionnel de développement, dans sa
variante libérale comme dans sa variante socialiste, repose sur
l'idée que l'industrie de grande taille est la clé de l'essor
économique et du progrès social. Cette conviction qui
apparaissait, explicitement ou implicitement, au coeur des politiques,
stratégies et programmes mis en oeuvre un peu partout dans le monde
pendant les années soixante et soixante dix, est sérieusement
contestée voire remise en cause de nos jours.
Le fait est que le monde a été le
théâtre de mutations et bouleversements profonds sur les plans
économique, technique, organisationnel et spatial. Ces mutations ont eu
pour conséquence de " remettre en cause ou, du moins,
de relativiser la notion d'économies d'échelles associée
à l'unité de production de grandes dimensions"
1 . Ceci intervient après une longue période
où l'on pensait que l'efficacité des entreprises était
forcément liée à leur taille et que l'activité
économique était vouée, quel que soit le secteur, à
une concentration inexorable.
L'expérience a, en effet, montré les limites et
l'insuffisance de la théorie considérant que tout essor
socio-économique est intimement lié à la
réalisation de grands projets capitalistiques notamment dans le domaine
de l'industrie industrialisante. D'autant plus qu'une industrialisation en
profondeur n'a pu résoudre le fléau du chômage, ni faire
face aux problèmes des disparités régionales.
Les unités de petites et moyennes tailles se sont donc,
imposées comme alternatives stratégiques de développement
depuis la fin des années soixante dix, période où l'on a
commencé à constater que les projets fortement capitalistiques
dans le tiers monde n'étaient pas aussi "
industrialisant que les modèles théoriques les
décrivant " 2 .
Au Maroc, on a également assisté à une
prise de conscience du rôle des petites et moyennes entreprises dans le
tissu productif national et dans le domaine de la création des emplois.
A ce titre, la promotion de ces entreprises est devenue " l'un
des leitmotive de la politique industrielle au Maroc
"3 . Ce regain
d'intérêt en faveur de cette catégorie d'entités
économiques, longtemps mises à l'écart et peu
intégrées aux circuits financiers, intervient pour plusieurs
raisons dont notamment la crise économique, le chômage et
l'accentuation des disparités régionales.
Certes, il ne s'agit pas d'opposer systématiquement les
petites et moyennes entreprises aux grandes entreprises. Ces dernières
restent des acteurs déterminants de l'évolution économique
et du fonctionnement des systèmes de production. Cependant du point de
vue du système productif local, le rôle des petites et moyennes
entreprises est stratégique et ce, pour les raisons suivantes 1 :
( 1) FERGUENE ( A) : " Les dynamiques industrielles
endogènes: quels enseignements pour une alternative au modèle
standard dans les pays du Sud ? " in revue espaces et
sociétés n° 88/ 89, édition l'harmattan,
février 1997, pp: 5-19.
( 2) ALKAOUACHY ( F) : " Ouest l'analyse économique
marocaine face à la problématique de l'entreprise ? " in revue
AL ASSAS n° 86, juin 1988, pp:36-40.
( 3) Collectif : Etudes sur le secteur industriel au
Maroc, Edition El Maarif El Jadida, Rabat 1991, p: 78. ( 1) HINTI ( S) :
Les dynamiques économiques des collectivités locales,
Edition Tafoukte, Rabat 1998, p:130.
11
* Les petites et moyennes entreprises ont une assise locale et
un ancrage territorial. En effet, alors que la grande entreprise agit par
rapport à une logique fonctionnelle basée sur des critères
financiers et stratégiques, la petite et moyenne entreprise agit
davantage avec une logique territoriale. Son efficacité dépend
étroitement de son insertion dans l'ensemble des relations sociales,
économiques et culturelles qui définissent la
spécificité d'un territoire.
* Le rôle des petites et moyennes entreprises est
considéré comme indispensable à la revitalisation et au
développement des tissus économiques locaux.
* Le développement local basé essentiellement
sur les petites unités de production, est souvent perçu ou
présenté par les collectivités locales comme étant
un moyen d'atténuer les problèmes économiques et sociaux.
Cela signifie que les petites et moyennes entreprises sont désormais
appelées à tenir une place de premier choix dans la constitution
des territoires mis en difficultés par la crise économique et
sociale.
Ainsi, en matière de développement local
l'option en faveur des ces unités de production de petite et moyenne
taille ne résulte nullement d'une " apologie de
l'infiniment petit-small is beautifull- mais plutôt d'un choix
stratégique qui fait des petites et moyennes entreprises des outils
privilégiés, mais non exclusifs du développement
local"2 .
Par ailleurs et dans le même ordre d'idées, les
planificateurs marocains voyaient en cette catégorie d'entreprises, un
instrument essentiel de régionalisation économique et de
décentralisation industrielle eu égard notamment aux multiples
avantages qu'elle présente:
* Sa dimension qui se prête à une
décentralisation de la production et sa faculté de
dissémination des activités économiques.
* Sa qualité d'être grande consommatrice de main
d'oeuvre.
* Sa contribution à la mise en valeur des ressources
locales et son adaptation aux besoins spécifiques locaux.
* Sa capacité de résistance aux contextes de crise
économique par la souplesse de sa gestion.
* Son rôle dans l'émergence de nouveaux
entrepreneurs et dans l'encouragement de l'esprit d'entreprise et des
initiatives locales.
Mais au delà de ces caractéristiques,
l'intérêt pour les Petites et moyennes entreprises dans le nouveau
contexte économique marqué par la mondialisation, s'explique par
le souci des pouvoirs publics de mobiliser l'ensemble du potentiel productif
pour l'amélioration de la compétitivité économique
garant de la réussite de l'insertion dans l'économie mondiale
dans les meilleures conditions.
Dans ce cadre, les pouvoirs publics marocains ont entrepris
progressivement une politique d'appui à la PME/PMI consistant en un
ensemble de mesures. La première de celles-ci revêtait un
caractère financier avec la mise en place de la procédure
simplifiée accélérée (PSA) qui est une ligne de
crédit de source nationale gérée par la banque nationale
de développement économique (BNDE).
Mais c'est le plan triennal 1978-1980 qui, tout en mettant
l'accent sur les projets de petite ou moyenne taille dans le cadre d'une
meilleure répartition régionale des
( 2) ZRIOULI ( M) : La région au Maroc,
édification d'une nouvelle colléctivité locale,
édition OKAD, Rabat 1995, p 331.
12
investissements, a véritablement tracé les axes
d'orientation de la politique de développement des petites et moyennes
entreprises. De même le plan quinquennal 19811985 a édité
clairement une stratégie de promotion de cette catégorie
d'entreprises qui s'articule autour des axes suivants:
? Priorité accordée aux petites et moyennes
entreprises car moins capitalistiques, créatrices d'emplois et plus
facilement décentralisables;
? Déconcentration régionale des entreprises par
la création en dehors des grands pôles de développement
industriel déjà établis de micro-zones industrielles
pouvant attirer les PMI moyennant l'aménagement des principales
infrastructures physiques et de services;
? Développement des exportations;
? Promotion de l'initiative privée, etc.
En 1983, fût promulgué un code des
investissements industriels qui a mis en relief les PMI et leur a
réservé des avantages spécifiques. Dans le cadre de ce
code, cette catégorie d'entreprises a reçu le droit de
cité et s'est imposée en tant qu'agent juridique.
Depuis lors, plusieurs actions ont été
entreprises en faveur de la PMI. Cet environnement a fait d'elle un agent
économique à part entière qui n'a pas cessé
d'attirer l'attention non seulement des investisseurs et des institutions
financières mais aussi des chercheurs universitaires.
Actuellement un projet de charte de la PME est en cours
d'élaboration et qui va permettre de doter ces entreprises d'une
législation particulière tenant compte de leurs
spécificités et de leur rôle en matière de
développement socio-économique, de renforcement de la
cohésion sociale et de développement régional..
Il est vrai qu'il existe plusieurs recherches ayant
traité ce thème. Mais nous considérons que, dans
l'ensemble, elles pèchent par leur caractère essentiellement
économique et sectoriel et accordent peu intérêt à
la dimension spatiale.
Notre ambition et notre souhait sont donc de tenter d'apporter
une contribution aussi mince soit-elle à l'effort de réflexion
dont ce sujet fait l'objet et continuera certainement à le faire dans
les prochaines années.
De même, ce sujet constitue pour nous une satisfaction
personnelle. Notre activité professionnelle au sein du Ministère
de l'Industrie et du Commerce nous a permis
de prendre conscience d'un certain nombre de problèmes
relatifs aux PME/ PMI. Par contre l'information à l'institut national
d'aménagement et d'urbanisme nous a permis d'intégrer la
composante spatiale et de réaliser que la notion de l'espace n'est pas
aussi neutre qu'on avait tendance à le croire.
Toutes ces considérations justifient, en fait, notre
choix de ce sujet comme travail de recherche.
Pour ce faire, nous avons estimé que la ville de
Meknès serait un exemple-type qui permet d'appréhender la place,
le poids socio-économique et les implications spatiales
13
du secteur des PMI au niveau local et partant de bien saisir
la portée et les limites de la politique publique d'appui à la
PMI au Maroc.
Le choix de cette ville comme aire d'étude, est
motivé par les considérations
suivantes:
* Le choix d'une ville intérieure du Maroc appelée
à faire contre poids à l'axe Casa-
Kénitra, s'avère plus significatif pour
évaluer cette politique notamment en termes de décentralisation
industrielle;
* L'existence au niveau de la ville de Meknès d'un
tissu industriel composé
essentiellement des PMI;
* La ville étudiée reproduit dans une large mesure
le schéma général de la structure
industrielle nationale caractérisée par le
pullulement des petites et moyennes industries qui représentent plus de
93%. du tissu productif national.
Partant des éléments ci-dessus, l'objet de ce
travail se résume en fait en une tentative d'évaluation
de la portée réelle du secteur des PMI dans l'espace de
Meknès, à travers ses impacts directs et indirects dans les
domaines aussi bien socio-économique que spatial.
Notre étude se propose donc à travers l'analyse
des aspects structurels, fonctionnels, spatiaux et évolutifs du secteur
des PMI dans la ville de Meknès et en relation avec d'autres espaces, de
répondre à un certain nombre de questionnements compilés
pour former notre problématique de base:
* Dans quelle mesure les PMI à Meknès ont
pu répondre aux attentes placées
en elles, notamment en matière de
création de l'emploi et d'intégration régionale ?
tiennent-elles compte des potentialités tant naturelles,
économiques qu'humaines de la région et répondent-elles
aux besoins demandés et objectifs assignés?
* Quels sont les facteurs et les formes de
localisation des PMI à Meknès? et dans
quelle mesure ce secteur contribue t-il à la
structuration de l'espace urbain de la ville ?
* Peut-on prétendre à l'existence d'une
intégration des différentes composantes
de ce secteur ? entre ce secteur et les autres
secteurs de l'économie urbaine et régionale ?
* Quelles sont enfin les contraintes posées
à ce secteur par l'environnement dans
lequel il se meut ? Environnement tant juridique,
économique, financier, technique et humain ? Et quelles sont en
conséquence les perspectives de ce segment du tissu productif local
?
Autant d'interrogations qui appellent des
éléments de réponse et auxquelles nous essayerons
d'apporter plus de lumière tout au long de cette étude.
Pour répondre aux questions soulevées plus haut,
nous envisageons de partir des hypothèses suivantes qu'il convient de
vérifier dans le cas de Meknès.
Hypothèse 1: En dépit de son
importance numérique, le secteur des PMI à Meknès ne joue
qu'un rôle relativement modeste dans le développement
socio-économique de la ville. Cette situation est due à la
conjugaison de plusieurs facteurs ( financier, humain, juridique, etc.) qui
entravent le développement de ce secteur au niveau local.
14
Hypothèse 2: Le déploiement des
PMI à Meknès est beaucoup plus une émanation locale ou
interne que le fait d'un facteur exogène ou d'une certaine impulsion ou
intervention de l'Etat à travers la politique d'appui à cette
catégorie d'entreprises. Toutefois, ce déploiement s'est fait de
manière quasi- anarchique en raison du manque des terrains
aménagés au niveau de la ville.
Hypothèse 3: L'effet taille constitue
une entrave à l'amélioration de la compétitivité
des PMI à Meknès. Dans ce nouveau contexte marqué par
l'ouverture et la mondialisation de l'économie, l'aptitude à la
pénétration de nouveaux marchés est désormais
l'oeuvre des entreprises ayant atteint un certain degré de concentration
leur permettant d'améliorer leur compétitivité et
d'être concurrentielles.
Par ailleurs et pour répondre aux questions que pose
notre problématique, nous avons estimé que la meilleure
démarche serait une méthode globale qui s'inspire à la
fois des approches socio-historiques, économiques et spatiales.
En fait pour bien saisir la portée réelle du
secteur des PMI au niveau de Meknès, il est clair qu'il faut d'abord le
situer dans le contexte socio- économique général de la
ville. Reste toutefois que la pertinence de notre recherche dépendra
largement aussi de notre conception de la PMI.
Si l'on conçoit que celle -ci est enclavée entre
l'artisanat d'une part et la grande entreprise d'autre part, il y'a sur le plan
pratique toute une série de définitions. En
réalité, il n'existe pas de définition universelle pour la
PME de manière générale* . Les
définitions utilisées sont fonction des finalités et des
politiques régissant ce secteur. Elles font généralement
appel à des critères relatifs aux chiffres d'affaires, à
l'effectif employé ou encore au montant de l'investissement.
Cependant l'absence des normes quantitatives universelles
n'empêche pas que les PME/PMI constituent dans tous les pays un groupe
bien distinct. Les facteurs qui les distinguent étant essentiellement
d'ordre qualitatif et comparatif.
Dans l'ordre qualitatif, le dirigeant est à la fois
initiateur du projet, fournisseur du capital et gestionnaire. Ses avoirs
privés et ceux de l'entreprise sont généralement confondus
et les facteurs subjectifs et personnels jouent un rôle important dans la
prise de décision.
L'aspect comparatif tient à la situation des petites et
moyennes entreprises par rapport aux entités plus grandes et qui
partagent ensemble le même espace économique.
Dans le cadre de ce travail, la PMI est définie comme
étant toute entreprise industrielle, indépendante et ayant moins
de 200 employés permanents. Au sein de cette catégorie
d'entreprises nous distinguons:
* Les micro-entreprises industrielles ( 0 à 9
employés permanents.
* Les petites entreprises industrielles ( 10 à 49
employés permanents ).
* Les moyennes entreprises industrielles ( 50 à 199
employés permanents ).
Par opposition à la PMI, il y'a les grandes entreprises
qui emploient plus de 200 personnes de façon permanente.
Nous avons retenu le critère de l'effectif de l'emploi
d'une part parce que c'est le critère retenu par les milieux officiels (
Ministère du Commerce et de l'Industrie,
* La PMI est une composante de la PME qui concerne tous les
secteurs d'activité économique.
15
Office de Développement Industriel ) et d'autre part
parce qu'il a l'avantage de n'évoluer que très lentement dans le
temps contrairement aux autres critères ( chiffres d'affaires, programme
d'investissement, valeur ajoutée ).
Par ailleurs, plusieurs sources d'investissement ont
guidé nos investigations à
savoir :
-Exploitation de la bibliographie relative au thème de
l'étude ( Archives, travaux de recherche, ouvrages divers, textes
juridiques...)
-Consultation des différents responsables d'organismes
impliqués dans la promotion des PMI que ce soit au niveau central ( ODI,
MCI, CNJA...) qu'au niveau local ( chambre de commerce,
Délégation du Commerce et de l'Industrie, Communes...)
-Exploitation des différentes enquêtes annuelles
menées chaque année par le Ministère du Commerce et de
l'Industrie et qui portent sur l'ensemble des unités de transformation
implantées au Maroc.
-Exploitation du fichier « qui produit quoi au Maroc?
» élaboré par le Ministère du Commerce et de
l'Industrie.
Aussi, pour apporter des éléments de
réflexion plus affinés sur le thème, avons nous
procédé à la réalisation de trois types
d'enquêtes sur le terrain:
1. Enquête PMI: Elle a touché
un ensemble représentatif de 52 entreprises. Soit environ 30 % des PMI
localisées au niveau de la ville de Méknès. Pour
constituer notre échantillon, nous nous sommes basés sur un
listing établi par la Délégation Provinciale du Commerce
et de l'Industrie de Meknès en 1998.
2. Enquête "dirigeants des PMI" : Elle
a touché les chefs des PMI choisies dans l'échantillon
précédent. Elle a pour objet principal de détecter les
profils de ces entrepreneurs.
3. Enquête " employés des PMI" :
Elle a porté sur un échantillon représentatif
composé de 970 employés des PMI, Choisis selon l'activité
et la taille de l'entreprise ainsi que les zones d'emplois de la ville. Ce
nombre représente 15,70 % des effectifs totaux employés par ces
entreprises dans l'espace d'étude ( voir tableau n°1.
Tableau n° 1: Echantillon des PMI et des effectifs
ayant fait l'objet de l'enquête.
Tranches d'effectifs
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Total
|
Branches
|
Nom bre
|
Emplois
|
Nomb re
|
Emploi
s
|
Nombr
e
|
Emploi
s
|
Nombr
e
|
Emploi
s
|
Industrie agro-
alimentaire
|
8
|
40
|
5
|
86
|
4
|
116
|
17
|
242
|
Industrie textile et cuir
|
-
|
-
|
6
|
184
|
4
|
142
|
10
|
246
|
Industrie chimie et parachimie
|
7
|
36
|
6
|
102
|
3
|
164
|
16
|
302
|
I .M.M.E.E
|
2
|
12
|
4
|
82
|
3
|
108
|
9
|
202
|
Totaux
|
17
|
86
|
21
|
354
|
14
|
530
|
52
|
970
|
% Total PMI à Meknès
|
29,70
|
15,70
|
16
Ces enquêtes directes sur le terrain ont
été effectuées selon le calendrier
suivant:
- Du 06 au 21 Juillet 2000.
- Du 27 au 31 juillet 2000.
- Du 05 au 15 Août 2000.
- Du 18 au 30 Août 2000.
Entre ces périodes, il a fallu contacter les
responsables et dirigeants des PMI afin de décrocher des rendez--vous
pour les interviews.
Au moment du déroulement de ces enquêtes, nous
avons tenu compte d'une caractéristique bien connue des PMI à
savoir la grande importance des facteurs subjectifs qui interviennent dans leur
fonctionnement. C'est pourquoi la formule de la collecte des données par
courrier a été rejetée. Nous avons
préféré procéder par interview directe. Chose qui
nous a permis d'avoir un taux de réponse le plus élevé
possible.
Quant au dépouillement des données contenues
dans les questionnaires, il a été fait à la main.
La problématique posée ainsi que la
méthodologie qui en découle nous ont amené à
traiter ce sujet en trois parties distinctes en plus d'un chapitre
préliminaire.
Au niveau du chapitre préliminaire, nous essayerons de
donner un aperçu historique de la politique publique d'appui à la
PMI au Maroc ainsi que les principaux axes la composant, tout en mettant en
exergue les motivations et les fondements de cette politique.
Dans le cadre de la première partie, nous essayerons
dans un premier temps de présenter notre aire d'étude tout en
mettant en relief les potentialités et les atouts de cet espace.
Lesquels atouts et potentialités sont susceptibles de constituer une
base de développement des initiatives privées en
général et des PMI de manière particulière. Dans un
second temps, il est question d'analyser le contenu, les
caractéristiques générales et le poids
socio-économique des entreprises en question.
Au niveau de la seconde partie, l'accent sera mis sur les
questions de la localisation des PMI à Meknès à travers
l'étude de leur logique de déploiement, des formes de leur
localisation et de la stratégie mise en oeuvre pour une
répartition harmonieuse de ces unités dans l'espace urbain.
Dans une troisième et dernière partie, nous
essayerons d'analyser certains aspects fonctionnels des PMI à
Meknès en vue d'apprécier leur degré d'intégration.
Notre attention se portera également sur l'analyse des contraintes de
développement et sur les perspectives d'avenir de ce secteur dans
l'espace d'étude.
17
Chapitre Préliminaire: Motivations, fondements et
aperçu sur la Politique d'appui à la PMI au Maroc.
La politique d'appui à la PMI est par définition
une composante de la politique industrielle, elle-même partie
intégrante de la politique économique.
Par politique, nous entendons toute action de l'Etat qui vise
des objectifs préalablement fixés et utilise pour les atteindre
des moyens appropriés. Une politique d'appui à la PMI consiste
donc à ce que l'Etat déploie un certain nombre d'efforts et
utilise un certain nombre de moyens pour atteindre l'objectif fixé
à savoir la promotion et le développement de ce secteur
d'activité.
Au Maroc, la promotion de ce segment du tissu productif a
été depuis la décennie 70 et est toujours à l'ordre
du jour. Diverses communications des responsables font état de
l'intérêt de la politique d'appui et de soutien de cette
catégorie d'entreprises pour le développement économique
et social.
C'est dire combien sont importants et l'intérêt
et l'espoir portés sur ces entreprises considérées comme
vecteur économique et social et élément fondamental pour
la résolution d'un certain nombre de problèmes ( chômage,
crise économique...etc..
Pour bien cerner cette politique d'appui à la PMI, nous
nous proposons dans le cadre de ce chapitre préliminaire de
répondre aux questionnements suivants.
? Quels sont les fondements et les motivations sur lesquels
les pouvoirs publics ont fondé cette politique en faveur des PMI au
Maroc ? (Section.
? Quel est le contenu de cette politique promotionnelle ? (
Section II.
? Quel environnement industriel favorable à la PMI au
Maroc ? (Section III.
Section I : Motivations et Fondements de la politique
d'appui à la PMI au Maroc.
Les raisons sur lesquelles les pouvoirs publics fondent leur
politique d'appui à la PMI sont multiples. Analysant cette question dans
les pays sous développés, M.Botzung a écrit : "
les justifications économiques et/ ou sociales de l'appui aux
petites entreprises recouvrent un large éventail allant de la
réduction de la pauvreté à la création d'emploi,
à l'accompagnement de la mise en oeuvre des programmes d'ajustement
structurel»1 et ajoute que " la légitimité d'une
intervention particulière en appui aux petites entreprises
procède d'une recomposition du rôle de l'Etat limitant son
intervention directe dans la production et le contrôle de
l'économie au profit d'un rôle de facilitateur des initiatives et
de réformateur de l'environnement " 1 .
Cette citation résume dans une large mesure les
principales raisons invoquées par les pouvoirs publics au Maroc pour
justifier cette action en faveur des petites et moyennes entreprises.
Toutefois, l'objet ici n'est pas de recenser l'ensemble des
facteurs qui ont amené l'Etat Marocain à opter pour cette
politique promotionnelle, mais de donner
(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement
de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier
-Mars 1996, PP. 135-151.
(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement
de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier
-Mars 1996, PP. 135-151.
18
quelques indications de surface sur les conditions
économiques et sociales qui ont présidé à ce choix
en faveur de la PMI ( Paragraphes 1 et 2) et sur les fondements
théoriques de cette politique ( Paragraphe 3.
? Paragraphe 1 : Contexte de crise économique,
financière et sociale.
I-1 : Contexte de crise économique et
financière.
Le regain d'intérêt en faveur de la PMI au Maroc est
intervenu sur un " fond de crise au double plan interne et
externe surtout après le retournement conjoncturel de
1978 "2
Ainsi, une attention particulière a été
accordée à cette catégorie d'entreprises après la
fin de réalisation du plan de développement économique et
social (73-77. Ce plan ambitieux dans ses objectifs a été
réalisé moyennant des déséquilibres internes et
externes qui se sont manifestés par la hausse de la dette externe du
Maroc.
Les indications ci-après permettent d'illustrer cette
situation de crise qu'a connue le Maroc et qui a d'ailleurs conduit à la
signature en 1983 d'un programme d'ajustement structurel avec le FMI et la
banque mondiale.
? Déséquilibres internes : A ce
niveau, il y a lieu de relever que le produit intérieur
brut (PIB) s'est nettement ralenti depuis 1978. Le taux
d'accroissement annuel moyen qui s'établissait entre 1970 et 1977
à 5,8% a été ramené à 3 % seulement entre
1978 et
1984.
Au niveau des finances publiques, le
déséquilibre s'est aggravé particulièrement depuis
1975. De 2,3% du PIB en 1973, il a augmenté à environ 7% en
1984.
? Déséquilibres externes : A ce
niveau également, la situation s'est nettement
détériorée. Ainsi " en
1983, la dette extérieure marocaine représente environ 105% du
PNB et environ 325% des exportations des biens et services. Si l'on exclut du
total des dettes à court terme et envers le FMI, les ratios tombent
à 92% du PNB et 285% des exportations et sont parmi les plus
élevés du monde "1
Dans ce contexte de crise économique et
financière, l'abandon des projets industriels, capitalistiques et
coûteux au profit des PMI faiblement capitalistiques et ne demandant pas
de ressources importantes en devises, parait à même
d'améliorer la situation interne et externe de l'économie
marocaine et de donner un nouveau souffle au secteur industriel au Maroc.
I-2 : Faibles performances du secteur public :
Outre ces facteurs, la politique en faveur des PMI trouve son
origine dans la faiblesse des performances enregistrées au niveau des
entreprises publiques industrielles.
La période antérieure à 1977 a
été caractérisée par la prise en charge de l'Etat
de l'investissement industriel dans les secteurs stratégiques. En effet,
dans un pays comme le Maroc qui a hérité de son passé
colonial, une bourgeoisie faible et embryonnaire, le secteur public est apparu
dès les premières années de l'indépendance
(2) Collectif: Etude sur le secteur industriel au Maroc,
édition Maria El jadida. Rabat 1991, p : 78.
( 1) BOUSLIKHANE (M) : La dette du tiers monde: Essai
d'analyse historique, thèse pour le Doctorat es sciences
économiques. Rabat 1992, p:471.
19
comme la condition indispensable pour remplir ce vide et
pallier les inconvénients d'une telle situation.
Les performances économiques et sociales
réalisées au début par le secteur public ont
été enregistrées au prix d'une faible rentabilité
financière. Un certain essoufflement s'est vite fait sentir par la suit
et qui a abouti à la crise au niveau de ce secteur.
Devant cette situation, les atouts de la PMI ne peuvent
être que séduisants. En effet, celle-ci ne nécessite
à priori ni moyens financiers importants, ni technologie
sophistiquée, ni marché considérable. De surcroît
son " insertion dans le tissu industriel ne requiert pas de
changements de structures existantes et mises en place... Au contraire, cette
catégorie d'entreprises pourrait se greffer sur les industries
préexistantes soit en amont soit en aval
"2 .
I-3 : Aggravation du problème du chômage :
La décennie 1980 a été
caractérisée par une crise financière aiguë qui a
nécessité une politique d'austérité dont le point
d'orgue a été la signature du programme d'ajustement structurel (
PAS) en 1983.
Ce programme qui avait pour objectif le rétablissement
des équilibres budgétaires et financiers a eu des effets pervers
sur le plan social. L'Etat, premier recruteur des diplômés de
l'enseignement supérieur, a dû réviser à la baisse
le nombre de postes budgétaires ouverts dans les lois de finances.
Le taux de chômage urbain qui était de 13.90 % en
1985 est voisin de 16% en 1993. Mais le plus préoccupant dans cette
évolution est l'apparition et le maintien d'un taux de chômage
important dans les couches des lauréats diplômés. Cette
évolution est le reflet d'une part d'un fait positif (un important
investissement en capital humain) et d'autre part d'un fait négatif
(l'incapacité de l'appareil productif à valoriser cet
investissement).
Le taux de chômage de ces diplômés a, en
effet, passé de 3,5% à 13,4% (+10 points ) entre 1984 et 1993
suivant les statistiques de l'enquête nationale sur la population active
(ENPAU).
Pour pallier le chômage des diplômés et
devant l'incapacité du secteur public à créer des postes
d'emploi, l'Etat a dû miser sur le traitement économique de ce
phénomène notamment par l'encouragement et le soutien de la PMI
censée être meilleure
créatrice d'emplois. Cette dernière s'impose de
ce fait comme " l'excellence voie qui permettra au
gouvernement de réussir sa politique de traitement économique de
chômage et de lutter en profondeur contre l'exclusion «1
Paragraphe 2 : Concentration régionale des
activités économiques.
L'implantation géographique des activités
économiques et industrielles au Maroc est caractérisée par
sa forte concentration dans l'axe littoral Casa-Kénitra.
Cette concentration observée dès le lendemain de
l'indépendance, demeure rigoureuse et constante en dépit de
certaines mesures mises en place pour atténuer cette
(2) AL AYACHI ( A) : " Banque mondiale et PMI" opp cité,
pp:13-16.
(1) Extrait du discours de Monsieur le Ministre des affaires
générales du gouvernement lors de la séance de
clôture des travaux du séminaire sur les PME/PMI organisé
le 30 Novembre et le 1 Décembre 1999 à Rabat.
20
polarisation et faciliter une réorientation spatiale
favorable à un rééquilibrage régional de
l'activité industrielle.
Le tableau ci-après fait ressortir la concentration des
emplois industriels au niveau de Casablanca en 1956,1967 et 1972--1998.
Tableau n° 2: Concentration des emplois
industriels au Maroc.
Années
|
1956
|
1972
|
1994
|
1998
|
Emplois
|
%
|
Emplois
|
%
|
Emplois
|
%
|
Emplois
|
%
|
Casablanca
|
40.000
|
45,98
|
72.900
|
51,34
|
218.499
|
49,20
|
228.469
|
47
|
Reste du
Maroc
|
47.000
|
54,02
|
69.100
|
48,66
|
225.562
|
50,80
|
261.396
|
53
|
Total
|
87.000
|
100
|
142.000
|
100
|
444.061
|
100
|
489.856
|
100
|
Source : - Groupe huit/ODI, Etude sur les zones industrielles au
Maroc 1979.
- Situation des industries de transformation au Maroc. Direction
de l'Industrie.Rabat.1994 et 1998.
Le tableau met en évidence la permanence des
déséquilibres spatiaux qui caractérise la diffusion de
l'activité industrielle marocaine en faveur du grand Casablanca.
Malgré les avantages sélectifs octroyés
par les différents codes des investissements et en particulier les deux
derniers ( 1973 et 1983) en vue d'une décentralisation industrielle
effective vers les zones démunies en industries, les régions
industrialisées de longue date continuent de polariser la
majorité des investissements.
Partant de ce constat, l'un des objectifs assignés
justement à la PMI est celui de contribuer à l'effort de
décentralisation industrielle, d'autant plus que cette catégorie
d'entreprises est censée être facilement
décentralisable.
? Paragraphe 3 : Autres éléments
explicatifs : fondements
politiques et facteurs exogènes.
Au cours de la période antérieure à la
mise en oeuvre de la politique de promotion des PMI (1978), la croissance et
l'accumulation du capital ont été réalisés au
profit d'une élite ou grande « bourgeoisie » nationale,
grâce notamment à la marocanisation et aux avantages multiformes
qui ont accompagné les codes des investissements. A partir de cette
date, ce processus d'accumulation va s'élargir à une couche
moyenne qui avait auparavant profité de manière faible de ce
processus. La politique d'appui à la PMI avec toutes les incitations
multiformes dont celle-ci a bénéficié s'insère dans
ce cadre.
L'examen de cette politique montre, en effet, que les pouvoirs
publics sont surtout animés par le souci de générer une
couche sociale moyenne pour estomper les conflits sociaux. Il s'agit en effet,
suivant les concepteurs du livre blanc-PME de " relever le
défi du renforcement de la cohésion sociale
"1 .
( 1) Ministère des Affaires générales du
Gouvernement / Focus Group : Livre blanc-PME. Rapport de synthèse.
Rabat.1999,p:7.
21
De ce fait les PMI sont appelées à jouer le
rôle de " modérateur des tensions sociales, de
catalyseur aux idées du système libéral, de
véhicule de l'ordre de pensée et de mode de vie occidentaux
" 2 .
Par ailleurs, force est de constater que cette politique en
faveur de la PMI ne s'explique pas uniquement par des facteurs
endogènes. En effet derrière tout ce qui a été pris
en matière de promotion des PMI au Maroc, on trouve la banque mondiale
et le Fonds Monétaire International (FMI). Cette politique a
été recommandée par ces instances internationales et
conduite avec leur assistance particulièrement sur le plan financier.
Tous ces éléments constituent en fait des
motivations essentielles ayant poussé les pouvoirs publics à
mettre en oeuvre une politique de soutien à la PMI au Maroc.
Quels sont donc les fondements théoriques de cette
politique ?
? Paragraphe 4 : Fondements théoriques du
schéma de
développement basé sur les PMI : quelques
éléments de repère.
Au Maroc, la politique publique d'appui à la PMI ne se
fonde généralement pas sur un modèle théorique bien
précis. Les options retenues sont plutôt de fondements composites.
Il est toutefois possible d'y déceler la paternité de trois
séries de conceptions.
? La thèse des technologies intermédiaires(4-1)
? La thèse du manque d'esprit d'entreprise dans les
pays sous développés (4-2 ). ? La thèse de
l'industrialisation à petite échelle (4-3).
Dans ce qui suit, nous allons essayer de présenter
succinctement ces conceptions ayant apparemment beaucoup inspiré les
décideurs marocains à l'adoption et à la mise en place
d'une politique de promotion des petites et moyennes unités de
production.
4-1- La thèse des technologies
intermédiaires :
C'est à l'économiste Anglais
E.F.SCHUMACHER que l'on doit l'idée et la
conception de « technologies intermédiaires » qui est apparue
dès le début des années 60. l'auteur en question s'est
inspiré de la philosophie Ghandienne sur l'industrialisation et la
technologie à la suite d'un voyage effectué en Inde en 1963. En
1966 il créa à Londres l'intermediate technology Group ( ITG
) en vue de réunir des renseignements sur les technologies dont
l'application serait bénéfique aux zones rurales des pays en voie
de développement.
E.F . SCHUMACHER part de l'hypothèse que le
" capital naturel dont nous disposons est limité et que
nous en faisant un usage alarmant "1 . Sur la base
des travaux de GHANDI et des statistiques portant sur la consommation mondiale
des produits énergétiques et la pollution, l'auteur conclut au
caractère dévastateur des technologies modernes actuellement
utilisées, et propose une " technologie intermédiaire" dite aussi
de " niveau moyen.
Le même auteur écrit plus loin qu'il s'agit d'une
" technologie à laquelle tout le monde peut
accéder et qui n'est pas réservée à ceux qui sont
déjà riches et puissants "2 . C'est une
technologie qui n'est pas sophistiquée et qui est consommatrice de
main
(2) Al AYACHI ( A): Banque Mondiale et PMI au Maroc,
in revue Al Assas n° 75, 1986 pp:13-16.
(1) Schumacher (E.F) : Small is beautiful, une
société à la mesure de l'Homme, édition le
Seuil, Paris 1978, p: 155.
(2) Idem, p,161.
22
d'oeuvre. De ce fait elle s'adapte bien aux pays en
développement où le facteur travail se trouve justement en
abondance.
Le mérite de SCHUMACHER est d'avoir
déclenché à l'échelle mondiale un mouvement de
réflexion sur l'adaptation des technologies aux besoins et
réalités des pays du tiers monde.
Pour les tenants de cette approche, les Pays
sous-développés sont des pays actuellement retardataires en
matière de technologie et pour lesquelles la technologie moderne que
l'on associe à des entreprises assez grandes n'est d'aucune
utilité. Seule une « technologie intermédiaire »
conçue dans le cadre de petites entreprises peut leur assurer un avenir
meilleur !
4-2- PMI et esprit d'entreprise:
Selon S. Watanabé, " Avoir l'esprit
d'entreprise, c'est : être désireux et capable de créer et
de mener une affaire en faisant preuve d'initiatives et d'énergie
"3 . Cet esprit d'entreprise
considéré comme le moteur de développement
économique est censé faire défaut, d'après les
organismes internationaux (BIT, Banque mondiale) , aux pays
sous-développés. A ce titre la promotion des PMI est
proposée par ces organismes comme le moyen le plus adéquat de
génération des entrepreneurs. Celles - ci jouent de ce fait le
rôle de pépinières d'entrepreneurs. De même elles
sont considérées comme de " véritables
écoles de patronat pour ceux qui veulent occuper une position dirigeante
dans une grande école... c'est comme une période d'apprentissage
pendant laquelle ils apprennent à assumer des responsabilités et
à agir dans l'esprit de libre entreprise " 1 .
Dans ce cadre la promotion des PMI constitue un excellent
moyen d'émergence d'entrepreneurs dynamiques capables de valoriser les
ressources humaines et matérielles existantes afin de contribuer au
développement et au renforcement du tissu industriel.
E.Staley et R.Morse soulignent que " l'une
des plus importantes contributions que peut apporter une petite industrie
active et saine dans le domaine du développement, se situe sur le plan
des ressources en hommes. La croissance économique exige un nombre sans
cesse plus élevé d'hommes doués de qualités
d'initiatives et de commandement. La PMI peut constituer l'une de ces voies...
elle est une véritable « serre » de chefs d'entreprises et de
cadres "2 .
Les autorités marocaines épousent un tel point
de vue. C'est ce qui explique d'ailleurs, le rôle dévolu à
toutes les structures d'encadrement de la PMI au Maroc mises en place pour
promouvoir cette catégorie d'entreprises.
4-3- L'industrialisation à petite échelle
:
Cette notion est relativement récente dans la
littérature consacrée aux pays en voie de développement.
Elle a été utilisée par certains auteurs (A.FERGUENE) pour
rendre compte "des dynamiques de développement
s'inscrivant dans le cadre d'activités
(3) S. Watanabé cité par Ftouhi ( A) : Importance
économique et contraintes du secteur des PMI au Maroc, mémoire
présenté pour l'obtention du diplôme de l'ISCAE, casa,
Décembre 1995. p:15.
(1 ) Kreuzel ( Dieter) :" les PME, véritables
écoles de patronat " in revue initiatives, supplément
économique, n° 702, Tunis, Avril, 1999,pp: 63-66.
(2) E.Staley et R. Morse, cités par Ftouhi ( Abdelkader) :
Importance économique et contraintes du secteur des PMI au Maroc, opp,
cité, p: 47.
23
artisanales ou de petites industries et qui sont
essentiellement le fait de petites entreprises regroupées spatialement
selon une logique sectorielle "3
.
Mettant en cause le " modèle traditionnel ou
conventionnel de développement ", le même auteur voit dans cette
industrialisation à petite échelle une "nouvelle approche du
développement au Sud...et une alternative prometteuse au schéma
de développement périphérique classique " 1 .
Cette nouvelle approche, quel en est le contenu ?
Globalement, l'analyse du contenu de l'industrialisation
à petite échelle peut s'articuler autour de six axes principaux 2
:
* Le premier axe concerne l'articulation de
l'économique et du Social: Le développement n'est pas seulement
une affaire économique car le socio-culturel joue également un
rôle essentiel dans le processus de développement.
* Le 2ème axe a trait au type de
développement local dont il s'agit et au rôle des facteurs
institutionnels: Il s'agit d'un développement local par le bas dans le
cadre des regroupements spatiaux de petites industries. L'Etat, les
collectivités territoriales et les associations sectorielles ont un
rôle déterminant à jouer (favoriser la dynamique
d'innovation et appuyer le fameux passage du stade artisanal à
l'industrie..).
* Le 3ème axe pose la question de
l'uniformité ou de la diversité des voies de
développement: Dans les expériences d'industrialisation à
petite échelle, la tendance est à la diversité des voies
et des stratégies. Par conséquent, il n'y a pas de façon
unique de surmonter les difficultés, mais plusieurs voies et
stratégies.
* Le 4ème axe porte sur le rejet de
l'univers de la « production de masse » jugée très
rigide au profit d'une "spécialisation souple " où les
tâches de conception et d'exécution se réconcilient au sein
d'ateliers flexibles et de petites dimensions. La concurrence acharnée
entre grandes entreprises est également rejetée au profit de
relations d'entraide et de solidarité entre des unités de petites
tailles.
* Le 5ème axe concerne le rôle de la
variable spatiale ou territoriale dans le processus de développement:
Dans cette approche, l'espace n'est pas considéré uniquement dans
son sens géographique (étendue ou distance) ou dans son sens
économique (coûts de transport. Au contraire, il joue un
rôle actif et parfois décisif dans la dynamique du
développement économique et social à travers notamment les
réseaux et les rapports qui s'y nouent entre les différents
acteurs.
* Le 6ème axe touche au problème de
la force humaine de travail et de sa place au sein du processus de production.
Ce dernier s'appuie sur l'emploi de machines à usages multiples,
manipulées ou accentués par des travailleurs polyvalents et
attribuant à l'homme un rôle prépondérant.
(1) Ferguène ( Améziane): " les dynamiques
industrielles endogènes: quels enseignements pour une alternative au
modèle standard dans les pays du Sud ?" opp cité, pp: 5-20.
(2) Idem.
(1) Ferguène ( Améziane): " les dynamiques
industrielles endogènes: quels enseignements pour une alternative au
modèle standard dans les pays du Sud ?" opp cité, pp: 5-20.
(2) Idem.
24
Chacun des ces axes témoigne d'une rupture radicale
avec les logiques économiques et sociales caractéristiques du
développement " Standard " qui a prévalu auparavant
(fordisme).
Nous estimons que la politique de promotion de la PMI au Maroc
s'inspire beaucoup de ces trois conceptions même si les fondements
théoriques de cette politique restent marqués par une certaine
imprécision.
Quel est donc le contenu de cette politique ? C'est ce que
nous allons voir dans la section suivante.
Section II : Délimitation de la politique
d'appui à la PMI
Le secteur de la PMI est concerné par une multitude de
mesures relevant de la politique d'appui en faveur de cette catégorie
d'entreprises. Malgré cette diversité, nous avons
privilégié, dans le cadre de cette section, l'étude de
quatre niveaux qui nous paraissent être les plus importants. Il s'agit
des volets suivants :
? Le volet d'assistance financière ( Paragraphe 1)
? Le volet d'assistance technique (Paragraphe 2)
? L'élaboration d'un cadre législatif (Paragraphe
3)
? La mise en place d'une infrastructure d'accueil et d'un
environnement industriel
favorable à la PMI (vu l'importance de ce volet, il fera
l'objet d'une section à part)
Paragraphe 1: Assistance financière en faveur de
la PMI *
L'assistance financière vise à faciliter aux PMI
l'accès aux moyens financiers. Ces entreprises sont, en effet, connues
par leur vulnérabilité financière et par l'insuffisance de
leurs moyens financiers qui ne leur permettent pas de se procurer des outils de
production ni de subvenir au financement de leur besoin en fonds de roulement
supplémentaire. Ce qui constitue un goulot d'étranglement.
Le financement bancaire des PMI a pris corps essentiellement
avec la mise en place des modalités particulières en l'occurrence
la procédure simplifiée accélérée (PSA) en
1972 , la ligne pilote et le crédit convention à partir de
1978.
1-1: La procédure simplifiée
accélérée (PSA)
C'est une ligne de crédit d'origine nationale
instituée en 1972 par la BNDE sur le CMTR auprès de la banque du
MAROC. C'est une procédure spéciale réservée aux
petites et moyennes entreprises, prévoyant des allégements en
matière de constitution de dossiers, de mise en place de garanties et de
délais de réponse.
Au titre de la PSA, les PMI recevables doivent avoir un actif
net total de moins de 5 millions et un chiffre d'affaires annuel
inférieur à 7,5 millions de dirhams. Les prêts individuels
peuvent s'élever à un montant maximum de 1 million de Dhs ou 55%
du coût de projet pour les nouvelles entreprises ou 65% pour les projets
d'extension1 .
1-2 Le programme de crédit convention
* Au Maroc, une panoplie de plus en plus diversifiée de
lignes de crédits en faveur des PMI est mise en place par les
institutions bancaires parmi lesquelles nous pouvons citer: Crédit
jeunes promoteurs, crédit jeunes entrepreneurs, crédit moyen
terme réescomptable par Bank Al Maghreb, Fons de garantie pour la mise
à niveau, Fons de dépollution industrielle, Ligne PROPARCO,
etc.
( 1) BELKHAYAT ( M) : "Le financement des PMI au Maroc" - Les
relations Banques/ Entreprises au Maroc, edition Toubkal, Rabat 1985, pp
91-101.
25
Il a été mis en oeuvre et
développé avec l'aide soutenue de la banque Mondiale. Elle a
consisté d'abord en un élément pilote de 5 millions de
dollars sous forme d'un prêt consenti à la BNDE en 1977, d'un
premier prêt projet intégré à la PMI de 25 millions
de dollars en 1979 et d'un 2ème prêt projet de 70 millions de
dollars en 19842 .
Les crédits consentis au titre du crédit
convention peuvent financer le coût d'un projet jusqu'à
concurrence de 50 %. Cette quotité peut atteindre 80% dans les cas d'un
crédit mixte CMTR/PSA-CMTR.
Depuis 1978, d'autres lignes de financement extérieures
ont été mobilisées au titre de crédit convention
intégralement affectées au financement de la PMI.
Ces lignes proviennent de la banque européenne
d'investissement (BEI),du fonds Koweïtien, de la banque africaine de
développement (BAD)...etc.
Parallèlement d'autres lignes d'origine nationale ont
été mises en place par le système bancaire marocain en
faveur des PMI parmi lesquels nous citons à titre d'exemple: le
crédit jeunes promoteurs (loi 14-94) le crédit jeunes
entrepreneurs (loi 1394), le fonds de garantie pour la mise à
niveau...etc.
Paragraphe 2: Assistance technique et cadre
institutionnel.
En plus de sa composante financière, l'assistance
à la PMI au Maroc comporte une assistance technique. Cette
dernière peut être définie comme l'ensemble des actions
comprenant des interventions diverses. Elle recouvre tous les aspects de la vie
de l'entreprise puisqu'il s'agit essentiellement d'aider le promoteur à
dépasser les différentes contraintes auxquelles il est
confronté.
Plusieurs institutions et organismes assurent cette fonction
d'assistance à la PMI au Maroc. Parmi ces institutions nous retenons :
Le Ministère de l'industrie et du commerce, l'ODI, le
CMPE, l'OFPPT , l'AMAPPE... etc.
Le Ministère de l'Industrie et du
Commerce:
Ce département est le premier responsable du secteur
industriel au Maroc. En tant que tel, son action est déterminante en
matière de politique industrielle en général et de la
promotion des PMI de façon particulière. A cet effet, une cellule
des PMI a été instaurée au sein du Ministère et qui
est chargée de l'encadrement général. Par ailleurs, et au
niveau local, ce département a mis en place des cellules
d'assistance-conseil au sein des Chambres de Commerce et de l'Industrie et des
Délégations Provinciales du Ministère.
L'office de développement industriel [ODI]
.
Compte tenu du regain d'intérêt que suscita la
PMI au Maroc, l'ODI a créé en 1980, en son sein, un
département spécialement chargé de la promotion des PMI.
Ce département baptisé " unité d'assistance technique"
(UAT/PMI) a été mise en place à l'occasion de la signature
d'un crédit de 25 millions $ avec la banque mondiale pour le financement
des PMI au Maroc.
Globalement l'action de cette unité vise à
apporter aux PMI une assistance personnalisée et approfondie en
matières d'études, de conseil, d'organisation et de
( 2) Idem.
26
diagnostic. Le rôle de cette unité s'est
malheureusement émoussé avec l'épuisement de la ligne de
financement étrangère qui l'a appuyée.
De même, le fait que l'ODI dont le siège est
à Rabat ne dispose pas d'antennes dans les différentes villes du
Maroc, fait que son action se concentre aux seules villes de Rabat et Casa. Ne
répondant pas aux besoins de proximité, il n'est que rarement
sollicité par les promoteurs des autres villes.
Le Centre Marocain de Promotion des Exportateurs ( CMPE
)
Le CMPE a été crée en 1976. Il a
pour rôle le soutien, l'aide et l'orientation des industriels et
particulièrement les PMI exportatrices. Le CMPE se veut:
* Un observatoire des marchés extérieurs, de
leur évolution et des perspectives qu'ils offrent ou pourraient offrir
aux produits de l'industrie marocaine;
* Un outil d'assistance et de conseil aux industriels pour
toutes les questions touchant à l'exportation;
* Un moyen de réaliser les actions de promotion
spécifiques portant sur des produits et des cibles définies.
Les même critiques formulées à
l'égard de l'ODI peuvent être reproduites, à l'encontre de
cet organisme, surtout en ce qui concerne la proximité.
Le Conseil National de la Jeunesse et de
l'Avenir*( Le CNJA.
Le CNJA a vu le jour le 20/2/1991 par dahir portant
loi n°/1-90-190. Il a pour mission d'effectuer des recherches,
études, enquêtes, réflexions, avis et propositions pouvant
aider à définir et à appliquer, dans la grande
concertation, la conduite de la politique de la jeunesse et de l'avenir.
La lecture des travaux du conseil depuis sa création
permet de repérer 3 thèmes majeurs 1 :
1- L'emploi des jeunes en milieu urbain ou l'insertion par
l'économique. Ce qui a conduit à l'élaboration du
programme d'information et d'assistance à la création
d'entreprises (PIACE).
2- L'emploi des jeunes en milieu rural ou l'insertion
intégrée.
Le programme de promotion des activités
économiques en milieu rural (PROMAR) initié par le CNJA fait du
mode intégré d'insertion l'axe central de la promotion de
l'emploi des jeunes en milieu rural .
3- La formation: variable déterminante dans toute
stratégie d'emploi. Autres organismes d'assistance:
Parmi les autres organismes et institutions qui interviennent
dans l'assistance des PMI au Maroc nous citons:
* L'office de formation professionnelle et de promotion de
travail (OFPPT. Il intervient dans l'assistance à la gestion et à
la formation des employés des entreprises.
* Dernièrement , ce conseil a été dissous et
intégré au "conseil économique et social" prévu par
la constitution. (1) Guerraoui ( Driss) : " Demain, l'emploi des jeunes" in
revue vues économiques n° 2.1992,pp:18-24.
27
* L'association marocaine d'appui à la promotion de la
petite entreprise (AMAPPE.
* La société de promotion et assistance technique
aux PME (SPAT-PME.
* Centre d'entreprise du Maroc.
* Le secrétariat d'Etat chargé de la promotion des
PME.
* Différentes associations professionnelles.
* Les banques commerciales qui se sont dotées de cellules
PME/PMI rattachées à leurs
services de crédit.
* Les institutions internationales d'assistance (projet Dyna-PME
initié par l'USAID,
PNUD....etc.
Les prestations généralement fournies par ces
organismes s'articulent autour des éléments suivants:
* Aide à la conception des projets (identification des
projets, définition de la capacité de production, information sur
les procédures de création.
* Aide à la réalisation des projets (montage des
dossiers d'investissement)
Paragraphe 3- instruments juridiques d'incitation en
faveur des PMI.
Depuis son indépendance le Maroc a connu 4 codes des
investissements (19581960-1973 et 1983) et une charte d'investissement. Cela
atteste de " l'intérêt que les pouvoirs publics
accordent à ce moyen d'incitation et de promotion de
développement. Mais ce pourrait tant aussi être la preuve de son
échec répété "1 .
Schématiquement et selon l'importance qu'ils accordent
à la PMI, ces instruments juridiques d'incitation peuvent être
scindés en 2 catégories.
* Le code de 1983 qui accorde des avantages particuliers à
la PMI et *
Les autres codes.
3-1- Le code des investissements industriels de
1983.
Le code promulgué en janvier 1983 met en reflet les PMI
et leur accorde nommément un certain nombre d'avantages selon leur
situation dans l'une des 4 Zones désignées dans le même
code 1 .
Ce texte est considéré ainsi comme le premier de
son genre à avoir accordé des avantages spécifiques
à la PMI. Il est aussi le seul texte à avoir donné une
définition juridique à cette catégorie d'entreprises.
Est PMI, selon l'article 3 de la loi 17/82 relative aux
investissements industriels»: les entreprises industrielles, à
caractère industriel ou de service lié à l'industrie qui
ont:
( 1) Akesbi ( Najib): " L'expérience des codes des
investissements au Maroc" in BES N) 151-152. Année 1983, pp:50-67.
(1) - Zone 1 : La préfecture de Casablanca-Anfa.
- Zone 2: Les préfectures de: Hay Mohamadi, Ain Sbaa,
Ben-Msik-Sidi Othman, Ain Chok-Hay Hassani,Mohamadia-Zenata, la province de
Benslimane.
- Zone 3: La préfecture de Rabat -Salé et les
provinces de : Agadir,Fes,Kénitra,Marrackech,Meknès,Safi,Tanger
et Tétouan.
- Zone 4: Les autres provinces du Royaume.
28
- Au moment de leur création, un programme en biens
d'équipement d'un montant de 5 millions de dhs au maximum, avec un
coût d'investissement en biens d'équipements qui ne doit pas
excéder 70.000 dhs par emploi de personnel stable.
- Au moment de leur extension, un programme en biens
d'équipement dont le montant augmenté de la valeur initiale des
immobilisations brutes de 5 millions de dhs au total et un coût
d'investissement total en biens d'équipements qui ne doit pas
excéder 70.000 dhs par emploi de personnel stable".
Par emploi stable, il est entendu, toute création
d'emploi donnant lieu au recrutement d'un salarié pour une
période de 12 mois consécutifs au moins.
La ville de Meknès, aire de notre étude,
relevait de la zone 3 selon la classification du code en question.
Parmi les avantages prévus par ce code et qui
concernent particulièrement les PMI, on note essentiellement la prime de
5000 Dhs pour chaque emploi de personnel stable crée. Et ce, pendant les
4 premières années consécutives qui suivent la date de
notification du visa de conformité.
Ce code qui a duré pendant 12 ans a été
abrogé et remplacé en 1995 par la charte des investissements.
3-2 -Les autres codes et la charte des
investissements
Il s'agit des codes de 1958, 1960, et 1973 et de la charte des
investissements de 1995. Ces instruments d'incitation juridiques
prévoient un ensemble d'avantages en faveur des entreprises qui
investissent sans distinction entre leur taille ou catégorie.
Au contraire du code de 1983, ces textes n'accordent par
d'avantages spécifiques ou particuliers à la PMI.
- La promulgation du code de 1958 a été
motivée par la nécessité de stimuler l'initiative
privée afin de compléter l'action de l'Etat dans le processus
d'industrialisation considérée à l'époque comme
symbole de la libération économique.
Deux ans après ce premier code
éphémère, celui-ci sera abandonné tout comme du
reste la politique industrielle qui l'a fondé.
- Le code de 1960 inaugure de façon très nette
une nouvelle orientation. A une ère marquée par la tentative de
donner à l'indépendance politique un contenu économique,
devait succéder une ère de "
libéralisation de l'économie marocaine par la mise au
point d'une politique donnant la priorité à l'initiative
privée et aux capitaux étrangers "1
.
Ce nouveau code a repris à son compte l'essentiel des
avantages prévus par son prédécesseur en opérant
toutefois une innovation de taille à savoir l'institution d'une
(1) KAIOUA ( A): " Industrialisation et mutations de l'espace"
in la grande Encyclopédie du Maroc,Géographie humaine,
première édition, octobre 1987, pp: 211-232.
* taux de prime varie en fonction de la localisation
géographique des investissements: Pour la région de
Casa-Mohamedia: 0 %.
Pour la province de Tanger : 20 % .
Pour le reste du Maroc: 15 %.
29
prime d'équipement * pour les investissements
agrées et réalisés en dehors de la seule zone
Casa-Mohammadia. Ceci marque le début de la prise de conscience de la
notion de développement régional et de la régionalisation
de l'investissement.
- A l'instar de ces deux codes, le code promulgué en
1973 n'a guère accordé d'avantages spécifiques à la
PMI, mais ce code apporta toutefois des innovations importantes en
matière d'incitation à la régionalisation
économique et d'aménagement du territoire.
Sur le plan des avantages accordés au secteur
industriel, le code reprend naturellement l'essentiel des avantages contenus
dans les codes précédents et au besoin en étend la
portée.
- Enfin la charte des investissements de 1995. Elle s'appuie
sur le principe de l'harmonisation et de la généralisation des
avantages à toutes les opérations d'investissement sans
discrimination entre les différents secteurs et sans tenir compte de la
dimension de l'entreprise grande ou petite.
Une refonte des avantages dans un seul texte de droit commun a
été donc opérée dans le but de simplifier les
procédures et banaliser l'acte d'investir.
Il reste à signaler qu'un projet de charte de PME a
été dernièrement élaboré sur la base d'un
diagnostic ou livre - blanc, effectué par un ensemble d'experts,
d'opérateurs économiques et de cadres de l'administration et ce
dans l'objectif de doter cette catégorie d'entreprises d'une
réglementation distincte des autres entreprises de grande taille.
Les objectifs fondamentaux que se propose cette charte visent
à remédier aux déficiences dont souffre la PME/PMI par:
- La mise en place d'un cadre institutionnel de promotion et
de soutien propre à ces entreprises;
- des mesures d'encouragement à la création et au
développement ;
- des mesures d'incitation fiscale à la modernisation
et au renforcement des structures de ces entreprises.
Section 3: Environnement industriel favorable à
la PMI.
La notion d'environnement industriel englobe un certain nombre
de facteurs qui conditionnent la réussite d'une entreprise dans un
espace déterminé et qu'il est difficile de cerner de façon
exhaustive.
Les auteurs de l'étude sur les zones industrielles
entreprises en 1979 avancent que l'entreprise doit disposer 1 :
- De liaisons instantanées avec le monde
extérieur(tel, fax...
- Des transports efficaces pour les marchandises et le personnel
extérieur.
- De conditions d'approvisionnement en énergie et en
eau
- D'un réseau bancaire adapté aux besoins et aux
habitudes de l'industriel.
-De possibilités d'effectuer sur place l'ensemble des
formalités administratives
auxquelles les entreprises sont soumises.
- De possibilités de recrutement de personnel
qualifié.
- De possibilité de s'approvisionner sur place en
fournitures industrielles, pièces de
rechange, etc.
(1) GROUPE DE HUIT / ODI: Les zones industrielles au Maroc, 1979,
p C73.
30
- De moyens rapides pour dépanner, réparer,
entretenir ses équipements... etc.
Toutefois dans le cadre de cette section, nous nous limiterons
à l'étude des efforts déployés par les pouvoirs
publics marocains dans le domaine d'aménagement industriel pour mettre
à la disposition des investisseurs et plus particulièrement des
PMI une infrastructure d'accueil qui leur soit favorable. Il s'agit, en
l'occurrence, du
programme national des zones industrielles (Paragraphe 1) des
zones d'activités économiques (Paragraphe 2) et du programme
des pépinières d'entreprises (Paragraphe 3).
Paragraphe 1: LE PNAZI: Volonté de l'Etat de
régionaliser le développement industriel.
Le programme national des zones industrielles qui est
l'aboutissement d'une étude entreprise par l'ODI en 1979, répond
à un triple souci des pouvoirs publics1 :
- Aménager des zones d'accueil pour les industries dont
l'implantation n'est pas liée à un site spécifique (donc
notamment les PMI).
- Coordonner les actions d'aménagement industriel,
jusque là engagées dans quelques villes en harmonisant des
procédures souvent disparates.
- Favoriser la décentralisation industrielle.
Selon le professeur F. SEFRIOUI, la question des zones
industrielles se situe à un niveau charnière entre deux ordres de
préoccupations 2 :
- Le premier s'inscrit dans le cadre de l'aménagement
de territoire et pose le problème fondamental de la localisation au
niveau des ensembles régionaux.
- Le second intéresse un cadre spatial plus restreint
et pose le problème de l'organisation de l'espace urbain et par voie de
conséquence celui de la planification urbaine.
Ainsi conçue ajoute le même auteur "
la zone industrielle se présente comme étant un outil
privilégié de planification économique et spatiale et ce
à différents échelons: National, régional et local.
Elle est conçue pour servir essentiellement de support au
déploiement des PMI "1 .
Le PNAZI avait démarré avec la sélection
de 22 villes considérées comme potentiellement industrielles et
présentant le plus d'atouts pour attirer l'investissement industriel.
Cependant, et suite à plusieurs réclamations
émanant des collectivités locales, d'autres zones ont
été projetées dans différentes villes du pays.
Le nombre total de zones industrielles recensées en
l'an 2000 est de 70 zones dont 36 aménagées et 34 en cours
d'aménagement correspondant ainsi à une assiette foncière
totale de 3098 ha dont 1535 ha aménagés.
( 1) GROUPE DE HUIT / ODI: Les zones industrielles au Maroc,
1979, p C73.
( 2) SEFRIOUI ( F) : Shéma national
d'aménagement du territoire, Dossier sectoriel Industrie, Octobre 1991,
p 56. (1) SEFRIOUI (F) : Shéma national
d'aménagement du territoire, Dossier sectoriel Industrie, Octobre
1991, p 56.
31
Le tableau suivant fait ressortir la situation du programme
des zones industrielles au 30 Juin 2000.
Tableau n°/3 : Situation des zones industrielles
au Maroc au 30/06/2000
Paramètres
|
zones
aménagées
|
zones en cours d'aménagement
|
total général
|
Nombre de zone
|
36
|
34
|
70
|
Superficie
|
1535
|
1563
|
3098
|
Nombre total e lots
|
4878
|
5314
|
10192
|
Nombre de lots attribués
|
4319
|
3330
|
7649
|
Nombre de lots disponibles
|
559
|
1984
|
2543
|
Unités en production
|
1460
|
315
|
1775
|
Unités en construction
|
936
|
312
|
1248
|
Taux d'attribution
|
88,54
|
62,66
|
75,05
|
Taux de valorisation
|
49,12
|
11,80
|
29,66
|
Source : Ministère de l'Industrie et du Commerce.Rabat
2000.
Bien que ce programme ait permis un développement fort
appréciable du secteur industriel, plusieurs lacunes ont
été constatées lors de la réalisation de ce
programme, notamment:
- Les zones industrielles, à de rares exceptions, sont
plutôt des lotissements industriels et ne disposent pas de services de
maintenance, de gestion ou de facilités au bon fonctionnement des
unités installées.
- L'offre en bâtiments prêts à porter est
pratiquement inexistante.
- La lourdeur des procédures administratives pour
mobiliser les moyens de réalisation de ces zones a engendré des
retards considérables entre l'attribution des lots et la mise à
disposition des terrains équipés. Il s'en est suivi des
opérations de revente qui ont engendré un mouvement
spéculatif sur ses terrains.
- La presque totalité des zones actuelles a
été le fait du secteur public dont la mission s'est
limitée à l'aménagement des zones et leur
commercialisation.
- L'absence d'une vision stratégique en matière
de planification industrielle et de planification territoriale.
- Le recours à une multitude d'aménageurs sans
cohésion entre eux.
- L'absence de capacité de développement et
d'organisation en matière de zones industrielles ( ERAC, SNEC, ANHI,
Collectivités locales.
- Existence de goulots d'étranglements de type
administratif au niveau des différentes étapes de
réalisation des zones ( localisation, acquisition des terrains,
approbation des zones, allocation et affectation des lots, etc..
- Démission des collectivités locales dans leur
rôle d'entretien et de maintenance des équipements dans les zones
industrielles, etc..
Compte tenu de ce qui précède et face aux
contraintes budgétaires, à l'épuisement des
réserves foncières et à la mouvance libérale
actuelle, il est devenu difficile pour l'Etat de continuer à jouer ce
rôle d'aménageur. C'est pourquoi les autorités marocaines
ont adopté le principe de faire participer le secteur privé dans
les activités d'aménagement, de promotion et de gestion de ce
qu'est désormais appelé « parcs
32
industriels »* . Le principe adopté dans la
réalisation de ces structures est "la mise en place d'un cadre de
partenariat entre l'administration et le secteur privé favorisant le
partage des responsabilités et la promotion de l'initiative
privée "1.
Les engagements des «développeurs»
privés incluent en plus de l'aménagement du parc industriel, la
mise en place de structures performantes capables de mener une action
promotionnelle soutenue pour attirer rapidement des investisseurs vers ces
parcs, en leur assurant l'assistance nécessaire pour leur
installation.
Pour sa part, l'Etat s'engage dans la réalisation de parcs
industriels à:
* Aider les «développeurs» privés dans
l'acquisition des terrains à des conditions avantageuses;
* Faciliter la tache aux «développeurs»
privés pour mener à bien la concrétisation de ce
projet;
* Contribuer à la mise en place des équipements
hors site nécessaires aux branchements des parcs aux infrastructures
énergie, d'eau et d'assainissement.
Par ailleurs, il a été décidé de
lancer un programme de réhabilitation et de mise à niveau des
zones industrielles existantes et ce, en vue de les ériger en zones
modernes répondant aux normes internationales.
Paragraphe 2: Les zones d'activités
économiques ou l'implication des collectivités locales dans la
promotion des PMI.
Lancé en 1989, le programme de création des
zones d'activités économiques, à travers le Royaume, vise
à renforcer le rôle entrepris par les collectivités locales
en matière de développement économique et social.
Il vise également l'amélioration du
système incitatif des investissements, la création d'un plus
grand nombre d'emplois et la promotion au niveau local, de nouveaux pôles
de développement favorisant la correction des inégalités
et des déséquilibres régionaux.
Ce projet fournit donc aux collectivités locales la
" double occasion de réaliser des opérations
nouvelles d'investissement en mobilisant les potentialités
économiques locales et d'animer les actions de développement
économique et social conformément à l'esprit de l'article
30 du dahir de 30 Septembre 1976 relatif à l'organisation communale
"1 .
La notion des zones d'activités économiques
concerne aussi bien les secteurs de la petite, moyenne et grande industrie que
les secteurs de l'artisanat, du commerce, du tourisme et des services. Ce
programme comporte 1028 zones d'une superficie totale de 34.379, 9 ha dont 2
:
* Un parc industriel est un espace planifié en
fonction des besoins de développement industriels et des besoins
exprimés par les investisseurs potentiels. Il consiste à mettre
à la disposition des investisseurs des lots dotés de tous les
équipements nécessaires pour l'installation et le fonctionnement
des unités industrielles en particulier: l'énergie, l'eau,
l'assainissement, les voiries et les télécommunications, des
bâtiments prêts à l'emploi, ainsi qu'un ensemble de services
d'accompagnement.
(1) Ministère de l'industrie, du commerce et de
l'artisanat: " les parcs industriels " Rabat, Octobre 1996, p:1.
(1) Circulaire n°24 du 13 Mars 1989 du Ministère de
l'intérieur aux Walis et Gouverneurs relative au programme de
création des zones d'activités économiques à
travers le Royaume.
(2) OURKIA (B): Le rôle des
colléctivités locales dans l'aménagement des zones
industrielles, DESAU, INAU 1993, p 119.
33
- 97 zones achevées, d'une superficie d'environ 2650,2
ha dont 56 intéressent le secteur industriel.
- 103 en cours de réalisation d'une superficie de
2080,7 ha dont 45 intéressent l'industrie. Les collectivités
locales participent avec 7044,9 ha soit 20,50% du total du programme
Paragraphe 3: Les pépinières
d'entreprises: du partenariat en faveur des jeunes promoteurs.
Les pépinières d'entreprises sont de nouvelles
structures d'accueil récemment expérimentées au Maroc.
Pour bien cerner cette notion nous allons voir dans un premier temps l'origine,
la définition et les fonctions de ces pépinières
d'entreprises (3-1) avant d'examiner dans un second temps les grandes lignes du
programme mis en oeuvre au Maroc (3-2 ).
3-1) Origine, définition et fonctions des
pépinières d'entreprises.
Sur les origines du concept " pépinières
d'entreprises " ou " incubateurs"* M. Said Hinti rapporte que ce terme
" passe pour être inventé en 1959 aux USA par
J.L.MANCOSO alors qu'il venait d'aménager un site industriel
désaffecté dans la ville de Batavia (Etat de New York) pour en
faire un centre d'entreprises, recevoir son premier locataire. A un moment de
dure récession pour les Etats de Nord-Est, cet homme d'affaires
souhaitait susciter et préserver des activités et des emplois sur
place par l'octroi à de nouveaux entrepreneurs de facilités
d'installation, de crédits et de services de conseil. Cette
expérience qui fût généralisée à cette
époque fit, en effet, le pari de l'entrepreneuriat et se dota
d'incubateurs pour favoriser la réussite de nouvelles entreprises en
amenuisant les obstacles liés à leur démarrage.
"1
L'ampleur du phénomène des
pépinières dans le monde est donc liée à la crise
de l'emploi. Elle constitue une réponse fondée sur la
capacité des pépinières à favoriser la
création d'entreprises et particulièrement les petites qui sont
les plus aptes à créer de nouveaux emplois.
Mais qu'est ce qu'une pépinière?
Une pépinière est le « lieu où l'on
cultive de jeunes plantes destinées à être
transplantées » (voir le Robert).
Par analogie, dans le domaine économique, une "
pépinière d'entreprise est une structure d'accueil
proposant des locaux, des aides et des services adaptés aux besoins
spécifiques des entreprises nouvellement créées
"2 . Elle est présentée donc comme un
lieu d'accueil temporaire pour porteurs de projets et jeunes créateurs
d'entreprises. Elle a pour objectif de renforcer les chances de succès
et de développement d'une jeune entreprise
(1) Hinti ( Said): Les dynamiques économiques des
collectivités locales, opp cité, p:80.
* Différentes expressions sont utilisées pour
désigner les pépinières d'entreprises parmi lesquelles le
terme " incubateur" est le plus répondu, mais aussi d'autres faisant
référence soit à la biologie soit à l'enfance comme
" nurseries, crèches, pouponnières, couveuses, maternités
d'entreprises " ou d'autres évoquant la localisation passagère "
ateliers relais, Hôtels d'entreprises, centres d'appui...".
(2) Benko ( Georges B) : Géographie des
technopoles, opp, cité, p: 185.
La pépinière d'entreprises présente quatre
caractéristiques principales1 :
1---Une offre immobilière: locaux modulables,
extensibles pour une location d'une durée limitée à des
prix inférieurs aux coûts de marché libre;
2--- Des services et des équipements communs à
l'ensemble des promoteurs ce qui entraînera la diminution des coûts
de fonctionnement. Ils concernent en général les fonctions
administratives (Secrétariat, tel...);
3--- Des conseils aux entreprises en matière de
gestion, de marketing de comptabilité, de recherche, de transfert de
technologie ainsi que la mise en relation privilégiée avec les
milieux d'affaires ou scientifiques;
4--- Un lieu d'échanges et d'animation
inter-entreprises, soutien technique et moral pour le chef d'entreprise par une
intégration aux réseaux professionnels.
3-2 - Présentation du programme des
pépinières d'entreprises au Maroc 2
.
Dans le cadre de la mise en oeuvre du fonds pour la promotion
de l'emploi des jeunes, le département chargé de l'Industrie a
lancé en 1995 une opération de grande envergure visant la
construction de locaux professionnels en partenariat avec les
collectivités locales, dans les différentes régions du
Maroc. Ce programme consiste à mettre en place des infrastructures
appropriées à l'accueil des projets promus par des jeunes
promoteurs et ce, sous forme:
- De locaux modulaires en location de préférence
à l'enceinte d'une zone industrielle; - De cellules d'accueil
d'assistance et d'accompagnement du jeune promoteur dans l'étude et dans
les différentes démarches administratives et bancaires relatives
à la création et au démarrage de son activité.
En fin d'année 1997, l'opération "
Locaux professionnels" changea d'appellation et non
de contenu. On parlera désormais de "pépinière
d'entreprises ". La raison de ce changement est sans doute la volonté
des responsables d'intégrer les locaux professionnels au sein d'un
programme national plus ambitieux et aux grandes finalités et
d'être dans le peloton des pays qui ont déjà pris
conscience de la valeur qu'ont ces pépinières d'entreprises dans
la création d'activités nouvelles et dans le développement
des territoires.
Les bénéficiaires de ces infrastructures sont
les jeunes de 20 à 45 ans notamment les diplômés à
la recherche d'emploi, désireux de créer des entreprises
individuelles, des sociétés de personnes ou des
coopératives.
Le programme est réalisé dans le cadre de
partenariat entre le Ministère du Commerce et de L'industrie, les
collectivités locales et les chambres de commerce et de l'industrie.
L'apport du partenaire local consiste à la mise à disposition du
projet des terrains viabilisés sur lesquels seront construits les
locaux. L'apport du Ministère comprendra aussi bien la
réalisation de locaux que la mise en place de cellules d'accueil et
d'assistance.
(1) Benko ( Georges B) : Géographie des
technopoles, opp, cité, p: 185.
34
( 2) Ministère du Commerce et de l'Industrie: Le programme
des locaux professionnels, Rabat 1995.
35
Soixante opérations sont programmées à
travers les différentes régions du Royaume. Ce qui permettra la
construction de 430 000m2 de locaux, la création de 4 000
micro et petites entreprises et l'emploi de près de 40 000 personnes
selon les estimations des responsables de l'administration de l'Industrie.
La gestion de ces pépinières d'entreprises d'une
superficie moyenne de 2 ha chacune, sera assurée par le partenaire au
niveau local qui dans le cadre d'une convention avec le Ministère du
Commerce, de l'industrie et de L'Artisanat s'engage à réserver
les recettes de location à la maintenance et l'extension de ses
pépinières d'entreprises.
L'investissement global nécessaire à la
réalisation de ce programme est estimé à 600 millions de
dhs dont le financement se présente comme suit:
- Fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes : 160 millions
dhs.
-Participation des collectivités locales et des chambres
professionnelles: 160 M dhs. -Financement externe : 280 millions dhs.
Enfin la réalisation de ce programme permettra d'atteindre
les objectifs
suivants:
- La facilitation aux jeunes promoteurs notamment aux
diplômés, de l'acte de création d'entreprises et partant la
contribution à la réduction du chômage.
-La diminution du taux de mortalité des entreprises
créées par les jeunes par le suivi et l'assistance dont elles
bénéficieront.
-La participation à l'émergence d'une nouvelle
génération d'entrepreneurs et la dynamisation de l'action
régionale.
S'agissant du bilan actuel de ce programme, 31 conventions ont
été signées entre le Ministère du Commerce et de
l'industrie et les partenaires locaux dont 4 opérations seulement sont
achevées, 4 autres sont en cours de réalisation, 17 sont en cours
de lancement et 6 opérations sont mises en veilleuse pour des raisons
liées à la non mobilisation des fonds nécessaires à
la viabilisation au niveau des partenaires locaux..
36
Evolution récente des outils
d'aménagement industriel au Maroc.
Avant 1 9 8 0
|
Absence de planification de
l'aménagement
industriel
|
1 9 8 0
|
Prise de conscience de la nécessité de
planifier l'espace industriel
Programme national des zones industrielles
(PNAZI).
Organismes d'intervention
- Caisse de dépôt et de gestion. - ERAC.
- Communes.
|
Etat Aménageur
Dispositifs juridiques et
institutionnels
- Comité interministériel d'orientation
(Ministère de L'industrie, l'Intérieur, l'Habitat, Finances,
Plan).
- Comité du suivi chargé de l'exécution
du programme ( Ministère de l'Industrie, de l'Habitat,
de l'Intérieur, ODI, CDG
- Cahier des charges et des normes techniques
d'équipement
|
1 9 8 9
|
Lancement du programme national des zones
d'activités économiques
|
Décennie 1 9 9 0
|
- Mise en place d'un système de concession au
privé en vue d'aménager des zones industrielles ( parcs
industriels).
- Réhabilitation des zones industrielles
existantes.
- Programme national des pépinières
d'entreprises. Intervenants
- Ministère de l'Industrie.
- Communes.
- Chambres de commerce, de l'industrie et des services. -
Agence du Nord.
|
Dispositifs juridiques
- Fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes (loi
13/94).
|
37
CONCLUSION :
La politique d'appui à la PMI date du début des
années 70. Elle est présentée par les pouvoirs publics
comme un instrument précieux de développement économique,
de la cohésion sociale et de l'intégration régionale..
L'examen de cette politique montre que celle-ci est
marquée par la progressivité mais aussi par l'hésitation.
Elle est justifiée par des motivations d'ordre socio-économiques,
financières et politiques. Mais aussi par des facteurs exogènes
et la volonté des pouvoirs publics de mener une politique de
décentralisation industrielle.
Toutefois, l'intervention de l'Etat dans ce domaine n'est pas
fondée sur une vision doctrinale bien définie mais consiste en
une sédimentation de mesures et pratiques qui concernent
généralement trois grands volets:
- Une assistance financière et technique prise en
charge par différents organismes d'appui et par les banques.
- Des incitations juridiques au niveau des codes
d'investissements industriels et de la charte des investissements.
- La mise en place d'un environnement industriel favorable
à la PMI notamment au niveau de l'aménagement des infrastructures
d'accueil.
Il reste toutefois à savoir dans quelle est la
portée réelle de cette politique au niveau de Meknès,
notre aire d'étude ? Tel sera l'objet des développements qui vont
suivre.
38
Partie 1
Contexte socio-économique et
caractéristiques générales
des PMI à Meknès.
|
39
Introduction
L'analyse du sujet, objet de notre mémoire, repose sur
le fait que le secteur des PMI est en même temps un tout et une partie.
Un tout qu'il faut étudier dans ses rapports internes et les
inter-relations qui caractérisent ses différentes composantes.
Mais aussi une partie où l'étude doit porter sur ses interactions
avec les autres branches économiques ; Ceci aussi bien sur le plan des
activités que sur les plans social et spatial.
Pour ce faire, il est nécessaire au départ
d'examiner dans un premier chapitre, le contexte socio-économique de la
ville de Meknès dans ses différents aspects. Cela nous permettra
de mettre en exergue les atouts et les potentialités que cette ville
offre pour le développement de l'activité économique en
général, de l'industrie et des PMI en particulier.
Un second chapitre sera réservé à
l'étude des caractéristiques et du poids socio-économique
des PMI à Meknès. Et ce, dans le but, bien entendu, de saisir les
spécificités de ce secteur, mais aussi sa portée
réelle et ses limites.
40
Chapitre 1er : Contexte socio-économique
général de la ville de
Meknès
Ville impériale située à 140 Km de Rabat
et capitale de la région Meknès-Tafilalt dont elle concentre
l'essentiel des activités économiques, la ville de Meknès
dispose de réels atouts liés à sa localisation et à
la qualité de son site naturel. De même qu'elle dispose d'un
patrimoine historique important, de potentialités économiques
indéniables et surtout d'une structure socio-économique
spécifique qui a connu plusieurs mutations en fonction de la croissance
urbaine de cette agglomération.
L'étude du contexte socio-éconmique
général, poursuit un double objectif : la définition de la
zone d'étude à travers la présentation de ses aspects
physiques, historiques et humains, et la mise en relief des
potentialités que recèle la ville et sa région et ses
capacités à accueillir les hommes et les activités
économique et notamment celles ayant trait à l'activité
industrielle.
A cet égard, nous aborderons dans un premier lieu les
aspects historiques et l'évolution spatiale de la ville (section I). Il
s'agira ensuite d'étudier les aspects géographiques,
administratifs et démographique (section II) avant d'aborder dans un
dernier lieu les aspects économiques de la ville et de sa région
(section III).
Section I : Historique et évolution spatiale de
la ville de Meknès 1 .
L'examen de l'historie aussi bien ancienne que récente
de Meknès montre bien que la ville est marquée par un riche
passé notamment sous le règne du sultan Moulay Ismail qui fit
d'elle sa capitale politique (Paragraphe 1. La période coloniale a de
son côté énormément marqué l'histoire et
l'espace urbain de Mekhnès (parag2) qui apparaît actuellement
comme une ville compartimentée, éclatée et à
croissance spatiale modérée (parag3).
Paragraphe 1 : Meknès une ville marquée
par un riche passé.
La ville de Meknès a pris naissance dans un milieu
géographique très favorable à l'implantation humaine. Des
conditions climatiques favorables et une relative abondance d'eau sur des
terres fertiles sont à l'origine d'une occupation humaine forte
ancienne. Ainsi, de multiples vestiges (ruines de volubilis) témoignent
d'une influence romaine très importante dans la région.
La période de l'histoire pré-islamique du Maroc
qui suit la chute de l'empire romain est mal connue, mais il est admis que vers
950 au moment où la dynastie des Idrissides va s'effondrer, une fraction
des tribus berbères des Meknassas, originaires de Taza vint s'installer
sur les bords de l'oued Boufkrane englobant les bourgs qui s'y étaient
développés. Vers 1070, Ibn Tachfine, sultan Almoravide s'empara
de Meknes et fit construire un bastion défensif de surveillance
(actuelle mosquée Al-Bardain) ainsi qu'une Kasba sur le plateau. Cette
forteresse était appuyée par une série d'édifices
défensifs entourant la ville. La cité qui n'était jusque
là qu'un bourg rural prend alors un visage véritablement urbain.
Des marchands étrangers s'y établirent développant les
échanges notamment avec l'Espagne musulmane (Andalousie).
(1) Pour l'évolution historique de Meknès, nous
nous sommes inspirés du SDAU de 1992 et de la Monographie de la Wilaya
de Meknès de 1998.
41
Autour de 1145, Abdelmoumen, fondateur de la dynastie
Almohade, conquiert la ville, la rase et en bâtit une nouvelle
très marquée par le style andalou et ceinturée par une
muraille percée de six portes.
Sous les Mérinides, Meknes est devenue résidence
des vizirs et redevint une cité florissante. Les sultans successifs
s'employèrent à l'embellissement de la ville et y faire
construire plusieurs réalisations prestigieuses : Kasbas, Medersas,
mosquées, etc.
La période qui suivit fût marquée par de
nombreux désordres liés aux avènements et destitutions de
dynasties, entrecoupée de courtes séquences de
prospérité.
Mais pendant longtemps Meknès est restée au
stade d'une petite ville de relais vivant sous la suprématie commerciale
et culturelle de la grande cité voisine, Fès.
Au début du 17éme siècle, Meknes
connût un regain d'activité économique avec
l'arrivée des Musulmans d'Espagne. La population de la ville qui
comptait alors 30.000 à 35.000 habitants va pratiquement doubler et
atteindre 60.000 lorsque Moulay Ismail décide d'en faire sa capitale
politique.
L'avènement au pouvoir des Alaouites va en effet
bouleverser la destinée de Meknès. Mais " le
plus puissant et le plus magnifique de la famille fût le frère
d'Er-Rachid, Moulay Ismail, dont toutes les sympathies se manifestèrent
pour Meknes "1
A partir de son règne (1672), Moulay Ismail a, en
effet, choisi Meknes comme capitale administrative de son empire.
Ce choix est dicté par des raisons militaires et
stratégiques (position centrale de la ville à l'intersection des
grands axes du Maroc) mais aussi par le climat favorable, l'abondance des eaux
et la fertilité des terres. Sa situation au centre du pays était
un " facteur important pour la conduite des opérations militaires qui
étaient nombreuses. Elle commandait également les routes
commerciales du sud"1 .
Sous le règne de Moulay Ismail, Meknes - ville
impériale- connût la réalisation de grandioses travaux. Il
fit élever des kilomètres de murailles et des bastions, des
portes monumentales ainsi que des Kasbas et des arsenaux.
Le sultan décida de séparer nettement l'ancienne
médina de la cité impériale qu'il faisait bâtir.
Ceci a constitué la première coupure historique qui marque encore
fortement l'espace urbain de cette ville.
Toutefois cet essor particulier ne dura que l'âge d'un
règne.
En effet après la mort de Moulay Ismail, Meknès
fût pillée par ceux là même qui étaient ses
défenseurs, les gardes d' « Abid ». Rapidement, les sultans
qui lui succédèrent, transférèrent leur
résidence vers Fès ou Marrakech. Meknès fût alors
reléguée ou rang de ville province et se replia sur ses compagnes
dans la sphère hégémonique de Fès.
Cette décadence est confirmée par le premier
recensement effectué au début du 20éme
siècle estimant la population de Meknes à 56.000 contre 60.000
habitants au début du règne de Moulay Ismail.
( 1) Ramade- Kacimi : Meknès, cité
historique. Ed, Sud, Casablanca, 1997.p:21.
(1 ) Pickens ( Samuel) et Saharoff ( Philippe): Villes
impériales du Maroc, edition internationales, Paris 1990,p:109.
42
Paragraphe 2 : Meknès pendant la période
coloniale.
En 1910, Meknès était toujours contenue à
l'intérieur de sa ceinture de murailles et comprenait les même
unités : Médina, Mellah et palais royal.
L'avènement du protectorat au Maroc allait bouleverser
bien de choses. On a assisté tout d'abord au déplacement du
siège de la capitale de Fès à Rabat, à la
privatisation des terres et à la libéralisation des
échanges et à leur concentration sur l'axe atlantique. Les
conséquences de cette politique sont la rupture des équilibres
régionaux et la provocation des mouvements migratoires.
Mais c'est paradoxalement l'instauration du protectorat qui
donna à Meknes un regain d'activité. Etant donné la
position stratégique de Meknes, les premières implantations
coloniales sont évidemment d'ordre militaire. En effet, dès 1911,
des camps militaires s'établirent sur la rive droite de l'Oued
Boufekrane.
A partir de 1920, la ville nouvelle fût construite sur
le plateau en face de la Médina. Cette séparation constitue une
seconde rupture historique qu'a connue la ville de Meknes.
Alors que la ville nouvelle (Hamria) connaissait un
véritable rayonnement en tant que capitale régionale des colons,
la médina se densifiait et des embryons de quartiers se
développaient de manière anarchique (actuels Sbata, Beni-M'hamed
et Zitoune).
Pour pouvoir intégrer les afflux des populations, une
première phase d'extension du Mellah a été
réalisée et une seconde celle des quartiers Dar Lekbira et Sidi
Amar.
Avec la création d'un quartier industriel au centre de
la ville européenne (quartier industriel Ain Slougui) s'est crée
également l'embryon de Borj Moulay Omar.
Peu à peu, d'autres bidonvilles se sont
créés dans la périphérie, composés pour la
plupart des ruraux attirés par l'espoir de trouver un travail dans
l'industrie.
Paragraphe 3 : Meknes depuis l'indépendance.
Après l'indépendance, alors que Fès
réapparaît comme l'un des pôles principaux du Royaume,
Meknes connaît une certaine récession économique.
L'industrie basée sur les ressources agro-alimentaires connaît des
difficultés et n'arrive pas à s'adapter à la demande
internationale. De plus le quartier industriel paraît réellement
étouffé, encerclé par la ville, sauf à l'Est.
En matière d'aménagement industriel, comme nous
allons le voir plus loin, Meknes est le parent pauvre des villes marocaines
dans ce domaine indispensable pour accueillir des investissements.
Sur le plan spatial, Meknes apparaît actuellement comme
une ville compartimentée en raison d'importantes contraintes
liées tant à la topographie qu'a l'histoire même de la
ville.
La ville est elle-même scindée en deux ensembles
distincts de part et d'autre de la vallée de l'Oued Boufkrane. Cette
vallée sépare en effet deux formes urbaines
différenciées : l'une ancienne avec un système urbain de
type Médina, l'autre nouvelle planifiée selon les règles
d'un urbanisme contemporain.
La croissance urbaine de Meknes se caractérise en
général par deux formes différenciées :
-Une urbanisation suivant les grands axes de
pénétration (routes de Fès, Rabat, El Hajeb Et Moulay
Driss).
-Un remplissage progressif des espaces urbains à partir
des quartiers d'habitat ancien (Borj.My.Omar, Sidi BABA ...) et de zones
d'activités récentes, (Sefita, Cadem, Sidi Bouzkri)
S'agissant de la consommation de l'espace au niveau urbain,
elle est plutôt de type modéré. En effet l'étude du
mode d'occupation du sol et de son évolution effectuée dans le
cadre de la préparation du SDAU de la ville montre que le taux moyen
annuel de croissance est de 2,2% entre 1971 et 1991, les
surfaces urbanisées se sont accrues moins vite que la population (+
2,5%) durant la même période 1 .
Les superficies consommées par l'habitat ont
augmenté également. De 336 ha en 1971, elles sont passées
à 1050 ha en 1991, soit un taux de croissance de +1,9 % en moyenne
annuelle. Quant au rythme de croissance des zones industrielles, il a
été soutenu (+3,5%) par an. De 135 ha en 1971, la superficie
totale de ces terrains est passée à 252 has. Toutefois, ce taux
est insuffisant pour faire face à la demande en terrains
équipés 2 .
Le tableau suivant donne l'évolution de l'occupation
des sols à Meknes de 1971 à 1991.
Tableau n°4: Evolution du mode d'occupation des
sols à Meknes de 1971 à 1991
Mode d'occupation du sol
|
Surface en 1971 ( en ha)
|
Surface en 1991 ( en ha)
|
Taux moyen annuel de croissance en %
|
Habitat
|
714
|
1050
|
+ 1,9
|
Zones industrielles
|
135
|
252
|
+ 3,1
|
Equipement
|
503
|
826
|
+2,5
|
Cimetières
|
67
|
100
|
+ 2,0
|
Palais royal
|
60
|
60
|
+ 0,0
|
Total zone urbanisée
|
1.412
|
1.188
|
+2,2
|
Périmètre urbain
|
7.880
|
7.880
|
-
|
Source : SDAU Meknes. Rapport Diagnostic 1992
Figure N°1: Evolution spatiale de la ville de
Meknès.
(1)
43
SDAU de Meknès: Rapport objectifs et orientations.
Année 1995, page: 9.
(2) Idem.
Section II : Aspects géographiques,
administratifs et démographique. Paragraphe 1 : Aspects
géographiques morphologiques et hydriques.
Bâtie à l'extrémité Nord de la
plaine de Sais, la ville de Meknès se situe au coeur de la zone de
contact entre le Rif et le moyen Atlas occidental.
Située au carrefour des routes Gharb - Fès -
oriental et Tanger - Errachidia, la ville de Meknes jouit en outre de
conditions climatiques favorables et des terres fertiles.
La ville s'étend sur un plateau dont la pente
générale moyenne de 2 % est orientée Sud - Est / Nord -
Ouest et dont l'altitude varie entre 620 m et 450 m (voir carte 1).
D'un point de vue géomorphologique, la région de
Meknes présente trois ensembles successifs du Nord au Sud : Une zone
collinaire, une pénéplaine fertile puis un relief
accidenté aux sols généralement pauvres.
Sur le plan géologique, le plateau de Meknes - Sais se
caractérise par une base marneuse sur laquelle se sont
déposées des couches sédimentaires successives. La
présence de dépôts sablo -gréseux puis calcaire
traduit une sédimentation continentale pliocène.
S'agissant des données hydrologiques, trois oueds
traversent la ville et font partie du bassin versant de l'oued R'dom
lui-même affluent de l'oued Sebou, il s'agit de :
- Oued Boufkrane dont le cours encaissé et sinueux
donne son caractère au site urbain de Meknes en séparant par une
coulée verte, les deux plateaux sur lesquels est bâtie la ville.
Son débit varie de 200 à 250 l/s selon la saison.
- Oued Bouishak à l'Ouest de la ville. Peu
encaissé en amont, il ne le devient vraiment qu'à partir de la
traversée de la route de Rabat. Avant de rejoindre Boufekrane au Nord de
Sidi Baba, il reçoit 3 affluents : Oued krimal, Oudia, et Jnane El .Afia
. Son débit d'étiage en amont et très faible : 1 l/s.
- Oued ouislam à l'Est de la ville : très
encaissé. Il prend sa source au sud -Est de Boufkrane. Il connaît
le plus fort débit des Oueds Meknassis et varie entre 300 et 400 l/s.
En plus de ces Oueds, les ressources hydriques proviennent
aussi de la nappe phréatique située à une profondeur
moyenne comprise entre 10 et 30 mètres.
44
Carte n°1: Relief de la région de
Meknès.
La pluviométrie annuelle à Meknes oscille entre
400 mm et 700 mm. Quant à la température annuelle moyenne, elle
est de 17,3°c. Cette abondance relative de l'eau, fait que l'on qualifie
la région de Meknes de « château d'eau du Maroc ».
De façon générale les conditions
topographiques à Meknes sont favorables à l'urbanisation et ne
présentent pas d'handicaps particuliers.
Paragraphe 2 : Aspects administratifs.
Jusqu'en 1991, Meknes était le siége de la
province qui porte le même nom La province de Meknes comptait alors une
municipalité et deux cercles (El-hajeb et Meknes banlieue). Le cercle
d'El-hajeb, partie sud de la province était constitué d'un centre
autonome (El-hajeb) et de cinq communes rurales. Le cercle de Meknes banlieue
occupant la partie Nord de la province abritait un centre autonome (My Driss
Zerhoun) ainsi que huit communes rurales et cinq centres parmi lesquels Toulal
et Douar Soussi.
Devant les difficultés d'ordre administratif, de
coordination et de gestion et face au poids croissant de la municipalité
de Meknes, il a été décidé un redécoupage de
la province de Meknes intervenu par décret n° 2.91.90 du 1er
janvier 1991. Ce nouveau découpage a scindé en deux l'ancienne
province en créant :
-La province d'El Hajeb correspondant à l'ancien
cercle.
-La Wilaya de Meknes qui comprend la Municipalité ainsi
que l'ancien cercle de Meknes banlieue.
Par le même décret la Wilaya de Meknes est
subdivisée en deux préfectures: Al Ismaïlia à l'Ouest
et El Menzeh à l'Est dont la limite suit le tracé de l'Oued
Boufekrane. Cette coupure administrative confirme la coupure historique entre
la ville ancienne et la ville nouvelle et renforce le caractère
bipolaire de la ville.
Par ailleurs le décret n° 2.92.468 du 30 Juin 1992
a subdivisé le périmètre urbain en quatre communes
urbaines ; avant qu'un autre découpage n'intervienne pour instituer 8
communes urbaines dont 6 constituent l'agglomération de Meknes. Quatre
dans la préfecture Al.Ismailia : Al.Ismailia - El-Mechouar - Maknassat
Azzaitoune et Toutal. Deux autres dans la préfecture El-Menzeh :Hamria
et Hay Ouislane (ex-Douar soussi ).
L'ensemble de ces communes urbaines forme la communauté
urbaine de Meknes notre aire d'étude. ( voir carte administrative de la
wilaya de Meknes.
45
Figure n°2: Meknès une ville scindée
en deux.
Carte n°2: Découpage administratif de
Meknès.
46
Tableau n°5: Découpage administratif de la
Wilaya de Meknes.
Désignation
|
Cercles
|
Communes
|
Douars
|
Urbaines
|
Rurales
|
Meknès El Menzeh
|
2
|
4
|
11
|
192
|
Al-Ismailia
|
1
|
4
|
6
|
83
|
El-Hajeb
|
3
|
4
|
12
|
167
|
Total
|
6
|
12
|
29
|
442
|
Source : Monographie Wilaya de Meknes. 1998
Paragraphe 3 : Aspects démographiques :
Structure et évolution de la population de Meknes.
3-1- Structure de la population de Meknes
La structure d'une population indique sa composition eu
égard à certaines caractéristiques qui peuvent être
de nature démographique (sexe, age ....) économique (branches
d'activités ....) ou culturelle (niveau d'instruction ..) Les diverses
structures traduisent ainsi l'état de la population à un moment
donné de son évolution.
Dans l'ensemble, les structures de la population de Meknes
s'apparentent à celles observées au niveau national et à
celles des pays en voie de développement de façon
générale.
3- 1- 1- Population et ménages
La ville de Meknes compte selon le RGPH de 1994 une population
de 443.214 habitants et 85.739 ménages.
Le tableau ci-dessous fait ressortir la répartition de
la population et des ménages suivant les communes urbaines de
l'agglomération de Meknes.
47
Tableau n°6: Répartition de la population
et des ménages à Meknes.
Communes
|
Population
|
Ménages
|
Surface( en ha)
|
Hamria
|
142.786
|
27.537
|
4.065
|
Ouislane
|
28.694
|
5.117
|
1.100
|
Total Préfecture
|
292.863
|
53.261
|
5.165
|
El Menzeh
|
(58,55 %)
|
(61,30 % )
|
( 52,10 %)
|
Al Ismailia
|
117.989
|
23.337
|
1.342
|
El Menzeh
|
44.932
|
9.261
|
479
|
Maknassate
|
96.145
|
18.113
|
1414
|
Azaitoune
|
|
|
|
Total Préfecture
|
314.680
|
59.501
|
4.735
|
Al Ismailia
|
(85,82%)
|
(89,21%)
|
(47,9%)
|
Total
|
443.214
|
85.738
|
9.900
|
Agglomération
|
(100%)
|
(100%)
|
(100%)
|
Sources : - RGPH.H .1994
- SDAU de Meknès. Rapport objectifs et orientations
1995.
48
La population de l'agglomération de Meknes
représente environ 73% de l'ensemble de la population des deux
préfectures AL Ismaïlia et Meknes El- Menzeh et 76,03% des
ménages de ces deux préfectures.
Sur le plan régional, la ville de Meknes
représente 23,28% de la population de la région Meknes -Tafilalt
et 46,9 % de sa population urbaine.
Sur le plan national, Meknes représente environ 1,7 %
de la population total du Maroc et est considérée parmi les
grandes villes du Royaume.
S'agissant de la taille moyenne des ménages au niveau
de la ville de Meknes, elle est de l'ordre de 5,17 personnes par ménage.
La moyenne nationale étant égale à 5,85 personnes par
ménage.
3- 1- 2- Structure par sexe et par age :
La composition par sexe est appréhendée par le
biais du rapport de masculinité qui est le rapport entre l'effectif
masculin et l'effectif féminin.
Pour la population de Meknes, ce rapport de situe aux environs
de l'unité. C'est à dire qu'il y a autant d'individus de sexe
masculin que de sexe féminin Concernant la répartition de la
population par age, Meknes, à l'image de l'ensemble du Royaume, se
caractérise par la jeunesse de sa population. En effet 30,7 % de la
population ont moins de 15 ans à Al.Ismailia et 33,2 % à Meknes
El- Menzeh ; contre 37 % au niveau national.
Par contre 7,6 % et 6,7 % de la population respectivement
à Al Ismaïlia et el Menzeh sont âgés de 60 ans et
plus. La moyenne nationale pour cette tranche d'age se situe à 6,8 %
Quant à la population en age d'activité (15-59
ans), elle représente 61,7 % à Al.Ismalia contre 60,2 % à
Meknes El Menzeh. Ce taux est de 56,2% au niveau national.
Le Tableau suivant fait ressortir la répartition de la
population de Meknes par sexe et par groupe age.
Tableau n°7 : Structure de la population de Meknes
par sexe et par groupes d'age
Préfectures
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
- 15 ans
|
15-59 ans
|
60 ans et plus
|
Meknès El
Menzeh
|
146.780
|
145.900
|
292.680
|
33,20
|
60,10
|
6,70
|
Al-Ismailia
|
159.149
|
155.714
|
314.863
|
30,70
|
61,70
|
7,60
|
Total
|
305.929
|
301.614
|
607.543
|
-
|
-
|
-
|
Sources : - R.G.P.H 1994.
- CERED : Situation démographique et socio -
économique des provinces et préfectures du Royaume. Rabat -
1997
3- 1- 3 Structure de la population active.
La population active comprend l'ensemble des personnes
occupées et les personnes en chômage. En d'autres termes, elle est
constituée des personnes effectivement employées et celles qui
sont à la recherche d'un emploi.
Le recensement de 1994 estime à 32,9% et 34,0 % les
taux d'activité respectivement dans les préfectures d'El.Menzeh
et Al Ismalia. Ces taux légèrement supérieurs au niveau
national (32 %) sont toutefois loin des taux enregistrés au niveau de
certaines villes du Maroc. C'est le cas par exemple de Casablanca avec un taux
maximum de 44,8 %, de Rabat avec 42,7 %, de Marrakech avec 40,1% ou encore de
Fès avec 36%.
49
Quant au taux de chômage, il est respectivement de 20,3% et
20,4% à Al Ismaïlia et El Menzeh contre seulement 16 % au niveau
national
Ces taux apparemment élevés ne sont tout de
même pas les plus importants au Maroc puisqu'on a enregistré 30,3%
à Oujda, 26,4% à Nador et Khouribga mais seulement 9,3% à
El Jadida et 13,6% à Fès.
Le tableau ci-après montre la structure de la population
de Meknes selon le type d'activité
Tableau n°8:Structure de la population par type
d'activité
Eléments
|
Meknès El Menzeh
|
Al-Ismailia
|
Total
|
%
|
Ensemble des
actifs
|
31.980
|
13.070
|
45.050
|
31,52
|
- Actifs occupés
|
27.440
|
11.880
|
39.320
|
27,51
|
- Chômeurs 1
|
3.040
|
860
|
3.900
|
2,73
|
Ensemble
|
70.460
|
27.340
|
97.800
|
68,44
|
Inactifs
|
|
|
|
|
Non déclarés
|
40
|
-
|
40
|
0,02
|
Total
|
102.480
|
40.410
|
142.890
|
100
|
Source :CERED : Caractéristique démographique et
Socio-économique des préfectures et provinces du Royaume. Rabat
1997.
Paragraphe 2 : Evolution et projection de la population
de Meknes. 2-1- Evolution passée :
L'évolution de la population de la ville de Meknes a
subi de profondes modifications en quelques générations. Le taux
de croissance qui était supérieur à 4% par an avant 1960
est tombé à 3,23 % durant la période inter-censitaire
71-60, puis à 2,58 % entre 71 et 82 et à 2,69 % entre 82 et
94.
Cette baisse quoi que modeste, va à l'encontre de
l'évolution générale des grandes villes du Maroc.
Le part revenant à l'accroissement naturel est de loin
la plus importante (75%) alors que l'accroissement migratoire se situe aux
alentours de 18.000 personnes pour chaque période
inter-censitaire1 .
Le tableau suivant présente les grandes tendances de
l'évolution passée de la population de l'agglomération de
Meknes depuis 1960.
Tableau n°9 : Taux moyen annuel de la croissance
démographique de la ville de Meknes.
Année
|
Population
|
Taux moyen de la croissance
démographique
|
1960
|
175.945
|
|
|
|
3,23
|
1971
|
248.369
|
|
|
|
2,58
|
1982
|
319.800
|
|
|
|
2,69
|
(1) SDAU de Meknès: Analyse diagnostic.1992,
p:4.
Source : R.G.P.H (60,71,82,94)
50
Figure N°3 : croissance
démographique de la ville de Meknes
450000
400000
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
1960 1971 1982 1994
Années
2- 2- Projections futures :
Pour faire les projections de la population de Meknes nous
nous sommes basés sur les travaux du CERED, qui donnent pour les deux
préfectures de Meknes El-Menzeh et Al Ismaïlia 724.000 habitants en
L'an 2010.
La projection retenue est de type moyen qui semble aller dans
le sens de l'évolution observée au cours de ces dernières
années.
Tableau n°10 : Evolution de la population totale
des préfectures de la wilaya de Meknès. (en milliers et au
milieu de l'année)
Préfectures
|
1994
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Al-Ismailia
|
313
|
340
|
344
|
348
|
352
|
356
|
360
|
363
|
366
|
369
|
372
|
375
|
M.El Menzeh
|
292
|
316
|
320
|
324
|
328
|
331
|
334
|
337
|
340
|
343
|
346
|
349
|
51
Total
|
605
|
656
|
664
|
672
|
680
|
687
|
694
|
700
|
706
|
712
|
718
|
724
|
Source : CERED: Situation et prospectives démographiques
du Maroc. Rabat 97
Les projections faites par l'étude du SDAU, concernant
la population de l'agglomération de Meknes estiment celle-ci à
600.000 habitants à l'horizon 2012 suivant L'hypothèse basse
(+1,6%) et à 670.000 suivant l'hypothèse hausse 2,5%.
Section III : L'analyse des activités
économiques
L'économie de la ville de Meknes, et de sa
région repose sur l'imbrication de plusieurs secteurs d'activité
dont principalement le secteur agricole, l'industrie, le tourisme, L'artisanat
et le commerce.
Paragraphe 1 : Des potentialités agricoles
importantes.
L'agriculture est considérée comme le secteur
clé de l'activité économique dans le la wilaya de Meknes.
Non seulement elle occupe 1/3 de la population active, mais elle alimente aussi
les autres secteurs d'activités en matières premières
nécessaires à leur fonctionnement. C'est le cas en particulier du
secteur de l'agro-industrie relativement prédominant dans la
région.
1- 1- Structure foncière et mise en valeur
agricole du sol
La surface agricole utile de la Wilaya de Meknes est
estimée à 278.000 ha soit 71% de la superficie totale. Celle ci
n'est que marginalement irriguée (6%).
Cependant, les caractéristiques géographiques du
sol ainsi que les conditions climatiques favorables permettent une agriculture
bour d'une productivité élevée. L'irrigué
malgré sa faible part de la SAU connaît une mise en valeur
intensive, largement orientée vers le maraîchage et
l'arboriculture.
Le tableau suivant indique la répartition des terres de la
Wilaya de Meknes.
Tableau n°11: Répartition des terres de la
Wilaya de Meknes.
Eléments
|
Superficie
|
% Total
|
% SAU
|
Bour
|
261.636
|
67
|
94
|
Irrigué
|
16.564
|
4
|
6
|
SAU.Total
|
278.200
|
71
|
100
|
Parcours
|
45.500
|
12
|
|
Foret
|
34.000
|
9
|
|
Incultes
|
31.350
|
8
|
|
Total
|
389.050
|
100
|
|
Source : DPA de Meknes
La structure foncière de la Wilaya est
extrêmement contrastée. En effet 80% des exploitations ont une
superficie inférieure à 5 ha
Dans la région coexistent donc un petit nombre de
très grandes propriétés et une multitude de
micro-exploitations. Cette dualité se retrouve également au
niveau de la mise en valeur agricole : tandis que les grandes
propriétés sont très mécanisées et
connaissent des pratiques culturales modernes, les petites exploitations font
l'objet d'une mise en valeur plus traditionnelle et moins productive.
1- 2- Occupation du sol.
52
La zone de Meknes, est en grande partie
spécialisée dans la céréaliculture qui occupe
presque la moitié de la SAU, les légumineuses viennent en seconde
position avec 45.000 ha, suivis de l'arboriculture où domine l'olivier
(15.000 has) à égalité avec la vigne.
Enfin le maraîchage en zones irriguées (13.000
has) qui demeure une activité fortement rémunératrice et
particulièrement utile pour l'approvisionnement en fruits et
légumes des zones urbaines.
Tableau n°12. : Occupation du sol
agricole.
Types de cultures
|
Superficies (en ha)
|
% de la SAU
|
Céréales
|
137.000
|
49,24
|
Légumineuses
|
45.000
|
16,65
|
Maraîchères
|
13.000
|
4,81
|
Fourragères
|
17.000
|
6,30
|
Industrielles
|
20.600
|
7,62
|
Autres
|
37.600
|
13,98
|
Total
|
278.200
|
100
|
Source : D.P.A : de Meknes
Dans la ville de Meknes, l'aspect le plus remarquable de
l'agriculture réside dans l'existence d'un certain nombre de zones
irriguées par l'épandage des eaux usées. Une
activité essentiellement maraîchère s'est alors
développée dans chacun des trois bassins des Oueds de Meknes.
1- 3- Le secteur de l'élevage
L'élevage occupe une place secondaire dans la Wilaya
de Meknes. Selon les statistiques fournies par la DPA de Meknes, il a
été constaté une prédominance de l'élevage
des ovins au détriment des autres espèces. Le nombre de
têtes des ovins est estimé à 468.000 têtes en 1999
contre 54.000 têtes pour les bovins et 21.000 têtes, pour les
caprins.
Paragraphe 2 : Les secteurs de l'artisanat, du
tourisme et du commerce
2- 1- L'artisanat
L'artisanat constitue un secteur vital de l'économie
urbaine de la ville de Meknes tant par l'importance de la population qui vit de
cette activité que par sa contribution effective à la production
au niveau de la ville.
Ce secteur constitue en effet une source de revenus pour plus
24.200 artisans, répartis selon les secteurs d'activité comme
suit :
Tableau n°13 : Répartition des Artisans de
Meknes par secteur. Année 1999.
Désignation
|
Nombre d'artisans
|
%
|
Bois
|
1827
|
7,54
|
Textile
|
8.144
|
33,61
|
Métaux
|
1.535
|
6,35
|
Cuir
|
1.182
|
4,90
|
Céramique
|
458
|
1,90
|
Services
|
8.317
|
34,30
|
Travaux construction
|
1.611
|
6,65
|
Autres
|
1.156
|
4,90
|
Total
24.230
100
53
Source : Délégation de l'Artisanat - Meknes
Les autres indicateurs du secteur artisanal durant 1998 au
niveau de Meknes se présentent comme suit :
* Valeur des exportations (en dhs) = 8.570.807
* Crédits octroyés aux artisans :
- Nombre bénéficiaires : 173
- Montants (en 103 dhs) = 1.973.
S'agissant de la localisation des unités, l'artisanat
utilitaire et d'art sont essentiellement concentrés dans la
médina et ses abords, alors que l'artisanat de service est largement
dispersé sur la ville.
Le secteur d'artisanat à Mekhnès est
confronté à de nombreux problèmes dont notamment :
* L'intensification de la concurrence tant sur les marchés
intérieurs qu'extérieurs.
* La rigidité du mode de production qui offre peu d'espace
à des améliorations
technologiques permettant d'accroître la
productivité et d'améliorer la qualité.
* Problème de qualification de main d'oeuvre
...etc. 2-2: Le tourisme : Un secteur mal
valorisé.
La ville de Meknes, une des quatre villes impériales du
Royaume dispose d'un patrimoine important. Elle est surtout connue pour ses
murailles, et en raison de la qualité de son patrimoine architectural et
urbain. Les restes de la cité bâtie par Moulay Ismail constituent
en effet un ensemble architectural unique dans le Royaume.
En dépit de la richesse de son patrimoine,
L'activité touristique à Mekhnès reste très peu
diversifiée et ses potentialités mal valorisées. La
destination de Meknes au Maroc n'est proposée que dans le cadre de deux
circuits : celui des « villes impériales » et le « grand
tour du Maroc.
La place de Meknes est donc très secondaire sur le
marché touristique marocain qui est très concentré sur la
ville d `Agadir et Marrakech. En plus le seul produit proposé à
Meknes (tourisme culture)est en concurrence directe avec la ville de Fès
qui dispose, en la matière, de meilleurs atouts.
La durée moyenne de séjour à Meknes ne
dépasse guère 1,5 jours. Quant à la capacité en
lits des Hôtels homologués, elle est de l'ordre de 2400 lits ce
qui représente seulement 2,05% du total national contre 24% pour Agadir,
12,33% pour Marrakech et 5,4% pour Fès.
2-3 : Le secteur du commerce
Meknes occupe une place centrale au niveau de l'armature
urbaine au Maroc et joue un rôle régional de premier ordre au sein
de la région Meknes-Tafilalt
La ville ismailite a été toujours
considérée depuis sa création comme un lieu de contact et
d'échange car elle se trouve au carrefour des principaux axes du pays.
Aussi la ville de Meknes constitue à ce jour un centre de transactions
commerciales et un axe de grands circuits commerciaux.
54
Le secteur du commerce occupe environ 25% des actifs totaux de
la ville. Il constitue l'un des secteurs important de l'économie
urbaine. Il est le canal principal de liaison entre le secteur productif
(agricole, industriel ou artisanal) et l'utilisateur final (le consommateur.
Malgré l'éloignement du port (casa) la ville de
Meknès dispose d'une infrastructure routière, ferroviaire et
aéroportuaire (Fès -Sais) adéquate lui permettant de
développer des transactions commerciales avec les autres villes du Maroc
et avec l'extérieur.
Paragraphe 3 : Le secteur industriel
Dans le domaine de l'industrie de transformation, la ville de
Meknes est surtout connue par les grandes réalisations industrielles qui
y sont implantées telles que la cimenterie LAFARGE
(ex-CADEM), SEFITA (Textile), société nouvelle
des huileries de Meknes, SICOCHEMS (confection)... etc. Certaines
même d'entre elles (cimenterie, huilerie)sont profondément
ancrées dans le territoire de Meknes.
Hormis ces sociétés, le reste du secteur
industriel est constitué des PMI qui jouent un rôle important dans
le renouvellement et le développement du tissu industriel au niveau
local.
Les principales activités en exploitation sont :
- L'agro-industrie ( Minoteries, huileries, conserverie.).
Cette branche constitue l'essentiel du tissu industriel eu égard aux
potentialités agricoles de la région.
- Textile et cuir (confection, Textiles, Cuir et articles en
cuir)
- Chimie parachimie et matériaux de construction
(cimenterie, briqueteries...).
- Les industries mécaniques, métallurgiques,
électriques et électroniques. Ce dernier secteur est moins
développé comparativement aux autres industries. Il concerne
principalement les domaines de la chaudronnerie, travaux de tour, pièces
de rechange...etc.
Comme le montre le Tableau n°14, La distribution
sectorielle des industries de Mekhnès est très
déséquilibrée. Les industries produisant des biens de
consommation finale et nécessitant généralement une main
d'oeuvre nombreuse et peu qualifiée et des moyens technologiques peu
développés sont massivement représentées : Le
textile et cuir et la transformation des produits agricoles accaparent à
eux seuls 46,50 % des unités et concentrent70 % de la main d'oeuvre.
Les branches qui disposent en général d'un fort
pouvoir d'entraînement et qui provoquent des effets multiplicateurs sur
les autres secteurs demeurent faibles (Métallurgie, chimie,
électricité).
Par ailleurs, malgré le fait qu'elle soit bien
positionnée par rapport à la région Meknes-Tafilalt avec
ses 185 établissements industriels (73% des entreprises de la
région), la contribution de Meknes dans l'industrie nationale reste
très modeste en comparaison avec d'autres villes du Maroc ainsi que le
montrent les agrégats suivants :
Année 1998
|
|
Rang
|
% au Total national
|
Nombre d'établissements
|
185
|
8
|
3
|
Effectifs
|
14.116
|
8
|
3
|
Production (M. dhs)
|
4.261
|
11
|
3
|
Investissement(M.dhs)
|
191
|
11
|
2
|
Exportations (M.dhs)
|
612
|
11
|
2
|
Valeur ajoutée
|
1.390
|
11
|
3
|
Source : Elaboré à partir des données du
Ministère du commerce et de l'industrie.
55
Grandeurs économiques par grands secteurs de
l'industrie de transformation à Meknès.
56
Conclusion
L'étude du contexte socio-économique de la ville
de Meknès nous a permis d'une part de présenter notre aire
d'étude dans ses différents aspects à la fois physiques,
démographiques, historiques et économiques. Elle nous a permis
d'autre part de constater que la ville de Meknès et sa région
recèlent de potentialités importantes susceptibles de lui
permettre d'accueillir les Hommes et les activités économiques et
notamment celles liées à l'activité industrielle.
Ces atouts et ces potentialités sont liés aux
aspects suivants :
- Tout d'abord à une localisation favorable de la ville
qui assure une fonction de « centre relais » au coeur d'une
région agricole riche, bénéficiant d'un climat favorable
et de sols fertiles.
- Ensuite, Meknès- ville au passé glorieux - est
bâtie sur un site privilégié ne posant
généralement pas de contraintes majeures à l'urbanisation.
Ce qui a d'ailleurs permis une croissance urbaine aussi bien en termes
démographiques et économiques qu'en ce qui concerne
l'évolution spatiale de la ville.
- Enfin les potentialités que recèlent la ville
et sa région dans les domaines économiques notamment
agricoles.
Il reste toutefois de savoir dans quelle mesure ces atouts
peuvent constituer une base ou une assise favorable au développement et
à l'épanouissement des initiatives privées de façon
industrielle et particulièrement celles liées au secteur des
petites et moyennes industries ? Tel est l'objet du second chapitre.
57
Chapitre II: Les PMI à Meknès :
Structure, poids socio- économique et principaux
acteurs.
Le chapitre précédent nous a permis d'une part
de présenter notre aire d'étude et d'autre part de montrer que la
ville de Meknès et sa région recèlent de
potentialités économiques importantes à même de
constituer une base indispensable à l'émancipation et au
développement des initiatives privées en général et
autant de facteurs objectifs pour l'émergence et la floraison des
petites et moyennes entreprises de façon particulière.
Notre objectif au niveau de ce second chapitre consiste
à analyser la structure du secteur des PMI à Meknès, les
étapes de sa mise en place, son poids socio-économique et les
acteurs qui y sont impliqués. Cela nous permettra non seulement de
saisir la portée réelle de ce secteur, mais aussi ses limites.
Pour ce faire, nous allons essayer, dans un premier lieu,
d'examiner quelques aspects structurels caractérisant le secteur des PMI
à Meknès (section I. Notre attention sera focalisée par la
suite sur l'analyse du poids socio-économique de ce secteur tout en
essayant d'en apprécier les performances (section II). Enfin, nous
tenterons d'approcher les principaux acteurs impliqués dans ce secteur
à savoir : les petits et moyens entrepreneurs et les employés des
PMI à Meknès (section 3).
Section 1 : Les principaux aspects structurels
A l'heure actuelle, on a tendance à considérer
les petites et moyennes entreprises comme un bloc homogène souvent
opposées aux grandes entreprises par conséquent à traiter
cette catégorie d'entreprises de la même façon, que se soit
l'Etat, les institutions financières et même les chercheurs. Mais,
en fait, derrière la notion de "PMI." se cachent des profils
d'entreprises totalement différentes, avec des problèmes
très divers. Et ce, Malgré l'existence de traits communs entre
les différentes composantes de ce secteur. Ce qui ne manque pas de
contredire toutes les politiques d'approches et d'aides non sélectives
en faveur de ces entités économiques.
Dans le cas de la ville de Meknès, les PMI ne forment
pas, évidemment, un bloc homogène, mais présentent des
profils diversifiés en fonction de plusieurs critères de
démarcation: taille, branche d'activité, marché servi,
etc.
L'étude des structures de ce secteur va ainsi nous
permettre de dégager ces différents profils, mais surtout
d'apprécier dans quelle mesure ces structures sont favorables ou non au
développement du secteur des PMI dans la ville de Meknès.
Nous pouvons d'ores et déjà affirmer que l'une
des caractéristiques essentielles de ce secteur dans la ville
ismaélite est la prédominance en son sein d'entreprises
relativement jeunes, de taille principalement petite et d'essence familiale.
Paragraphe 1: Historique et périodisation des
créations.
1-1 : Historique.
Bien que le Maroc pré-colonial ait connu diverses
formes de production industrielle (tissu, babouches, etc.), les
véritables débuts de l'industrie moderne sont consécutifs
à l'instauration du protectorat français. L'apparition des formes
industrielles modernes remonte en effet, à la première guerre
mondiale.
58
Dans les conditions de sa naissance, l'industrie marocaine,
dont les hommes, les techniques, les capitaux et les débouchés
étaient étrangers, était fondamentalement une industrie
littorale et particulièrement casablancaise.1
La ville de Meknès ne dérogea pas à cette
règle. L'apparition des industries de transformation dans la ville a
été en effet intimement liée à la
pénétration coloniale avec le début du 20 ème
siècle. Mais ce n'est que vers la fin des années quarante que
Meknès allait connaître l'installation de ces premières
industries modernes. Celles-ci se sont concentrées dans le quartier
industriel d'Ain Slougui situé à l'Est de la ville nouvelle. Ces
industries étaient pour l'essentiel constituées d'entreprises de
petite et moyenne taille à l'exception toutefois de deux grandes
unités: l'usine du ciment située dans la périphérie
de la ville et les huileries installées à Sidi Said sur la route
de Rabat.
Une part importante de ces établissements était
liée à la vocation agricole de la région et jouait un
rôle important en matière de valorisation des produits agricoles
d'origine locale.
Après l'indépendance, l'activité
industrielle a connu comme toute l'économie de la ville une
période de stagnation suite à la fuite des capitaux
étrangers et au désintéressement des investisseurs
Marocains de cette activité, préférant investir dans des
activités spéculatives. C'est ce qui explique la stagnation de ce
secteur durant la première décennie de l'indépendance.
Ce n'est qu'à partir des années soixante dix que
ce secteur va connaître un développement relativement important
marqué par la création de plusieurs unités et par la
diversification croissante de l'activité industrielle: papier, bois,
constructions métalliques, textile, ect.
En 1979, l'étude sur les zones industrielles au Maroc,
entreprise par l'ODI, a recensé au niveau de la ville de Meknès
102 établissements employant 4320 personnes. 71,6 % de ces
établissements étaient constitués d'entreprises employant
moins de 50 personnes.
Toutefois, c'est le début des années quatre
vingt qui va marquer un tournant décisif dans le renforcement du secteur
industriel à Meknès grâce, notamment, à
l'émergence d'un certain nombre de PMI appartenant à
différentes branches d'activité.
En 1999, on comptait à Meknès environ 190
établissements industriels dont plus de 94% sont des PMI.
1-2: Périodisation des créations des PMI
à Meknès.
Pour analyser les périodes de croissance de ces
entreprises dans la ville de Meknès, nous avons décidé
d'étudier les dates de création, c'est à dire, en fait, la
pyramide des âges des PMI. recensées en 1999.
La date de création est en effet, un indicateur fort
intéressant dans la mesure où il permet de rendre compte des
mesures d'encouragement en faveur de ces entreprises et notamment, les codes
des investissements industriels. A cet effet, nous avons retenu comme date de
démarcation les différentes périodes coïncidant avec
les dates de
(1) Kaioua (Abdelkader) : "Industrialisation et mutations de
l'espace" in la grande encyclopédie du Maroc . Géographie
économique. Année 1995.PP: 195-204.
promulgation de ces codes et particulièrement celui de
1983 qui se distingue par l'octroi d'avantages spécifiques à
cette catégorie d'entreprises.
Tableau n° 15: Répartition des PMI de
Meknès selon leur date de création
Date de création
|
Tranches d'effectifs
|
Total PMI
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Avant 1956
|
1
|
2,30
|
4
|
3,95
|
3
|
10
|
8
|
4,60
|
1956 - 1973
|
1
|
2,30
|
9
|
8,85
|
4
|
13,35
|
14
|
8
|
1973 - 1983
|
3
|
6,90
|
25
|
24,50
|
13
|
43,30
|
41
|
23,40
|
1983 - 1995
|
21
|
48,80
|
58
|
56,85
|
9
|
30
|
88
|
50,30
|
A partir de 1995
|
17
|
39,70
|
6
|
5,85
|
1
|
3,35
|
24
|
13,70
|
Totaux
|
43
|
100
|
102
|
100
|
30
|
100
|
175
|
100
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Direction de l'Industrie. Année 1998.
59
Figure N°4 : Répartition des PMI de
Meknès selon leur date de création.
90
80
70
|
|
|
60 50 40 30
20 10
0
|
Avant 1956 1956 - 1973
1973 - 1983 1983 - 1995
1995 - 2000
|
1
Périodes
60
Le fait le plus saillant qui se dégage lorsque l'on
examine le tableau ci-dessus donnant la ventilation des PMI de Meknès
selon leur date de création, c'est que la majorité de ces
unités sont de création relativement récente. En effet
plus de 64 % des PMI actuellement opérationnelles ont vu le jour
après 1983 et plus de 50 % durant la période 1983-1995
coïncidant avec la durée d'application du code des investissements
de 1983 ( loi 17/82).
Par contre, il a été constaté que les PMI
toujours en activité et qui ont été créées
durant la période coloniale, ne représentent que moins de 5 % du
total des PMI. recensées au niveau de Meknès. Parmi celles-ci
nous citons à titre d'exemple, les entreprises suivantes:
Cheribon, SCVM (Agro-industrie) Imprimerie de Paris et
Beyrouth, imprimerie le Parchemin (Chimie et Parachimie)
Cohen, Constructions métalliques Flores, Garcia Frères et
Rousseau et compagnie (Industrie mécanique.
Quant à la période post-coloniale jusqu'à
1973, elle a vu la création de 8 % des PMI actuellement
opérationnelles au niveau de la ville de Meknès. Ce taux
relativement bas reflète bien la situation de stagnation des
investissements ayant caractérisé les débuts de
l'indépendance politique du Maroc.
Par contre, une amélioration très sensible a
été enregistrée au cours de la période 1973-1983
correspondant à la durée d'application du code des
investissements industriels de 1973. Cette période a vu, en effet, la
création d'environ 24 % des PMI actuellement opérationnelles au
niveau de la ville de Meknès.
Telles sont en général les différentes
périodes de croissance des PMI au niveau de la ville ismaélite.
Cette répartition cache, bien entendu, un certain nombre de PMI. qui se
créent et qui disparaissent rapidement chaque année. Il s'agit
malheureusement là d'une caractéristique inhérente aux PMI
de façon générale et particulièrement aux
structures de faible dimension pour lesquelles le taux de mortalité est
très élevé.
En tenant compte de la taille des entreprises, la même
caractéristique ( la jeunesse ) se fait dégager. En effet, plus
de 88 % des micro-entreprises ont vu le jour après 1983.
61
Ce pourcentage est de 62 % pour les petites entreprises mais
seulement 33,35 % pour les entreprises de taille moyenne.
Sur le plan sectoriel, si l'agro-industrie à
Meknès est connu pour être relativement ancien, le secteur du
textile a été par contre le secteur clé des années
80. Par contre le secteur de chimie et parachimie avec 52 % des
créations se situe à un niveau intermédiaire.
Peut-on trouver dans cette tentative de périodisation
de la croissance des PMI à Meknès des signes de l'effet
d'impulsion qu'exercent sur elles les mesures incitatives de l'Etat ?
Les statistiques analysées ci-haut permettent bien de
faire une telle conclusion. Grâce aux avantages spécifiques
accordées à la PMI notamment par le code de 1983, ce secteur
aurait connu une amélioration sensible comme le laisse croire les
données du tableau ci-après, donnant l'évolution des
investissements de PMI agrées à Meknès de 1985 à
1995.
Tableau n °16 : Evolution des investissements
agréés des projets PMI de 1985 à 1995. Ville
de
Meknès.
Année
|
Nombre dossiers
|
Emplois
|
Investissements (en 1000 dhs)
|
1885
|
15
|
551
|
17.795
|
1986
|
24
|
950
|
30.801
|
1987
|
48
|
1465
|
81.028
|
1990
|
32
|
1265
|
52.486
|
1991
|
66
|
2054
|
159.507
|
1992
|
26
|
711
|
23.375
|
1993
|
42
|
1173
|
42.583
|
1994
|
39
|
934
|
59.051
|
1995
|
51
|
1016
|
44.024
|
Source: Rapports annuels sur les investissements industriels
agréés. Direction de l'Industrie.
Ces chiffres qui font ressortir l'importance des
investissements agréés de petite et moyenne industrie durant la
période 1985-1995, coïncidant avec la période d'application
du code de 1983, témoignent de l'effet globalement positif de cet
instrument incitatif en matière de relance des projets PMI à
Meknès. Toutefois ces chiffres sont à prendre avec un peu de
réserve car ce ne sont, en fait, que des intentions d'investir. Dans ce
cadre, nous estimons qu'une analyse plus poussée en termes de facteurs
déterminants d'investissement et de localisation, s'avère
nécessaire pour apprécier à sa juste valeur le rôle
ou l'impact des stimulants officiels en général en matière
d'encouragements des investissements de petite et moyenne taille.
Paragraphe 2: Structure par taille et par branches
d'activités.
62
Malgré l'existence d'un nombre important de PMI
à Meknès et la diversification de ce segment du tissu productif,
la structure de ce secteur est marquée par un ensemble de
déséquilibres qui se manifestent aussi bien au niveau des
branches d'activités qu'au niveau de la taille même de ces
entreprises.
2-1 Structure par branches.
Du fait que le secteur des PMI à Meknès a connu
des étapes de développement différentes, ce segment du
tissu productif revêt actuellement les caractéristiques d'un
déséquilibre dans les différentes branches qui le
composent.
L'examen du tableau n°17 permet, en effet, de voir que
malgré la diversification du secteur des PMI à Meknès, la
structure de ce dernier reste marquée par un déséquilibre
très net en faveur des branches de l'agro-alimentaire et de la chimie-
parachimie qui totalisent ensemble plus de 60 % des PMI recensées au
niveau de l'espace d'étude.
Cette structure reste marquée également par la
prépondérance des industries de transformation de bien de
consommation finale et des secteurs dits "traditionnels". C'est le cas
particulièrement des branches de l'agro-alimentaire, du textile et cuir
et de certaines sous-branches classées au niveau de la rubrique chimie-
parachimie à savoir les matériaux de construction et l'industrie
de bois.
Ces branches occupent à elles seules environ 70 % des
PMI à Meknès alors que les autres branches représentent
moins de 30 % du total. Il s'agit des branches des industries
mécaniques, électriques et électroniques, papier, carton
et imprimerie et la branche chimie et parachimie.
Il est clair donc que le secteur des PMI à
Meknès connaît une concentration des unités de production
dans un nombre limité d'activités relevant pour l'essentiel des
branches dites traditionnelles, tandis que les branches dites "modernes"
connues par leurs effets d'entraînement sont faiblement
représentées. Toutefois ce secteur reste assez diversifié
car toutes les branches sont représentées quoi que de
manière inégale. Ce déséquilibre ne concerne pas
uniquement la structure par branches; mais il existe aussi au niveau de la
répartition par taille des établissements.
2-2 : Structure par taille.
En plus du déséquilibre sectoriel soulevé
ci-haut, les PMI à Meknès se caractérisent par leur faible
dimension. En effet, comme le montre le tableau n°16, les entreprises
employant moins de 50 ouvriers permanents représentent prés de
83% de l'ensemble du parc des PMI à Meknès.
Les micro-entreprises et les petites entreprises sont beaucoup
plus présentes dans la branche de l'agro-alimentaire que dans les autres
branches avec des proportions respectives de 41,85 % et 24,50 %. Cela
témoigne du caractère artisanal des PMI agro-alimentaire et
surtout dans la sous-branche de la boulangerie- pâtisserie et de la
biscuiterie.
Le foisonnement des micro-entreprises et des entreprises de
petite taille caractérisent également la branche de la chimie -
parachimie avec respectivement 39,50 % et 29,40% du total des entreprises de la
même taille. Il en est de même pour la branche des industries
mécaniques, électriques et électroniques où les
micro et les petites entreprises représentent respectivement environ 14%
et 32 % des entreprises de même taille.
63
Cette prépondérance est toutefois moins
accentuée dans la branche du textile et cuir qui passe pour être
la branche la plus utilisatrice de main d'oeuvre.
Si les micro et les petites entreprise sont
prépondérantes par leur nombre, les entreprises de taille moyenne
par contre sont faiblement représentées. En effet, les
entreprises employant entre 50 et 199 ouvriers ne représentent qu'un peu
plus de 17 % du total des PMI implantées à Meknès. Plus
d'un tiers de ces dernières se concentrent dans la branche textile et
cuir. Les branches de l'agro-alimentaire et de la parachimie regroupent chacune
26,65 % de ces établissements alors que la branche des industries
mécaniques, électriques et électroniques ne compte que
13,35% des entreprises de taille moyenne.
Tableau n°17: Ventilation des P.M.!. à
Meknès par branches et par tranches d'effectifs.
Branches d'activités
|
Tranches d'effectifs
|
Total P.M.I.
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
I. A. A
|
18
|
41,85
|
25
|
24,50
|
8
|
26,65
|
51
|
29,15
|
I. T. C
|
2
|
4,65
|
14
|
13,70
|
10
|
33,35
|
26
|
14,85
|
I. C. P
|
17
|
39,55
|
30
|
29,40
|
8
|
26,65
|
55
|
31,45
|
I.M.M.E.E
|
6
|
13,95
|
33
|
32,40
|
4
|
13,35
|
43
|
24,55
|
Totaux
|
43
|
100
|
102
|
100
|
30
|
100
|
175
|
100
|
Source: Exploitation des données de la Direction de
l'Industrie. Année 1998.
Figure N° 5 : Répartition des PM! à
Meknès Par branches d'activité et tranches
d'effectifs
100% 90% 80% 70%
60% 50% 40% 30% 20%
10% 0%
|
|
0 à 9 10 à 49 50 à 199
|
I.M.M.E.E I. C. P I. T. C
I. A. A
Tranches d'effectifs
Paragraphe 3: Statut des PMI et
propriété juridique du capital.
Le statut de l'entreprise et la
propriété juridique du capital constituent également des
critères d'analyse très importants car ils permettent d'une part
de montrer le rôle et la dynamique de chacun des opérateurs
économiques et d'autre part de mettre en relief l'une des
spécificité principales des entreprises marocaines en
général et des unités de
production de petite et moyenne taille de façon
particulière, à savoir des entreprises de type individuel et
d'essence familiale.
Le secteur des PMI à Meknès n'échappe pas
à cette tendance générale comme l'illustre bien le tableau
suivant donnant la ventilation de ces entreprises selon la forme juridique.
Tableau n°18: Répartition des PMI de
Meknès selon leur forme juridique.
Forme juridique
|
Tranches d'effectifs
|
Total P.M.I.
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Entreprise individuelle
|
14
|
82,35
|
8
|
38,10
|
2
|
14,30
|
24
|
46,15
|
Société en nom collectif
|
1
|
5,90
|
1
|
4,75
|
-
|
-
|
2
|
3,85
|
Société à
responsabilité limitée
|
2
|
11,75
|
8
|
38,10
|
4
|
28,60
|
14
|
26,95
|
Société anonyme
|
-
|
-
|
4
|
19,05
|
8
|
57,10
|
12
|
23,05
|
Totaux
|
17
|
100
|
21
|
100
|
14
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquête PMI. juillet/ Août
2000.
64
Figure N°6 : Répartition des P.M.I. de
Meknès selon leur forme juridique.
65
100% 90% 80% 70%
60% 50% 40% 30% 20%
10%
0%
|
|
Société
anonyme
Société à
responsabilité
limitée
Société en
nom collectif
Entreprise
individuelle
|
0 à 9 10 à 45 50 à 199
Tranches d'effectifs
|
|
Le tableau et la figure ci-dessus suggèrent les remarques
suivantes:
L'entreprise individuelle est de loin la forme dominante au
niveau des PMI enquêtées à Meknès. En effet plus de
46 % des dirigeants de ces entreprises possèdent de manière
individuelle et sans partage la propriété entière de leur
entreprise.
Mais la PMI n'est pas nécessairement une entreprise
individuelle. Les autres formes de société sont aussi
représentées quoi que de façon moins importante.
C'est ainsi que la forme juridique "SARL" est
représentée à raison de 26,95 % contre 23,05 % pour la "
SA" et seulement 3,85 % pour la " SNC".
En tenant compte de la taille, nous constatons qu'il y'a une
certaine corrélation entre la dimension et la forme de l'entreprise.
Autrement dit, plus celle -ci est petite plus c'est la forme individuelle qui
prédomine. De la même façon, plus elle est grande, plus
elle opte pour une forme juridique de société : La
société anonyme ou la société à
responsabilité limitée.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que malgré
l'organisation d'un certain nombre de PMI sous forme de société,
ce statut n'est le plus souvent que formel car les principaux associés
du gérant ne sont le plus souvent que les membres de sa famille. Ce
caractère personnel ou familial souvent camouflé sous forme de
société n'est pas sans présenter un certain nombre
d'avantages notamment de point de vue gestion: Facilité de
communication, rapidité dans la prise de décision, ect. Ce qui
donne à ces entreprises une plus grande flexibilité par rapport
aux grandes entreprises.
Mais ces atouts potentiels ne font pas oublier un certain
nombre de goulots d'étranglements dont souffre cette catégorie
d'entreprises : contraintes financières, étroite imbrication des
affaires de la personne ou de la famille avec celles de l'entreprise qui n'est
pas considérée comme objet distinct, ...etc.
66
De point de vue participation, le capital privé
national détient le contrôle de plus de 94 % des PMI
installées à Meknès. La participation du capital
étranger se limite seulement à 10 PMI. Elle est totale dans 4
d'entre elles et partielle dans les 6 autres.
En revanche, aucune participation publique n'a
été constatée dans ce domaine. Les PMI étant en
effet considérées au Maroc comme une véritable " chasse
gardée" des initiatives et des intérêts privés.
Paragraphe 4: Caractéristiques
inhérentes au locaux d'exploitation.
Dans les paragraphes précédents, nous avons
examiné certains aspects structurels caractérisant les PMI
à Meknès. Au niveau de ce paragraphe, nous allons examiner
certaines caractéristiques liées aux locaux d'exploitation. Il
s'agit de la superficie des locaux et du statut de leur utilisation.
4-1: Superficie du local.
L'industrie est généralement une activité
grande consommatrice de l'espace. Toutefois cette utilisation de l'espace
diffère suivant la nature ou la branche d'activité industrielle
exercée par les entreprises, mais aussi suivant la taille et la
dimension de chaque entité économique.
Pour le cas des PMI à Meknès, nous pouvons dire
d'une manière globale que la plupart de ces entreprises exercent leur
activité dans des locaux à usage professionnel relativement
exigus comme le montre le tableau suivant:
Tableau n°19: Ventilation des P.M.I. à
Meknès selon la superficie du local d'exploitation.
Superficie en m2
|
Nombre PMI
|
%
|
Moins de 100
|
18
|
34,60
|
Entre 100 et 200
|
15
|
28,85
|
Entre 200 et 300
|
10
|
19,25
|
Entre 300 et 400
|
6
|
11,40
|
400 et plus
|
3
|
5,80
|
Total
|
52
|
100
|
Source: Enquête P.M.I. Juillet/ Août 2000.
Figure N° 7 : Ventilation des P.M.I. à
Meknès selon la superficie du local d'exploitation.
Entre 200 et 300
19%
Entre 300 et 400
12%
400 et plus
6%
Entre 100 et 200
29%
Moins de 100
34%
67
Ainsi, plus de 34% des PMI enquêtées exercent
leur activité dans des locaux n'excédant pas les 100
m2. Il s'agit essentiellement des micro- entreprises et de petites
entreprises localisées au sein du tissu urbain parmi les quartiers
résidentiels.
De même, environ les deux tiers des PMI
enquêtées exercent dans des locaux n'excédant pas les 200
m2. Toutefois à mesure que l'entreprise est relativement
grande, plus elle exige plus d'espace.
Les données de l'enquête révèlent
que seulement 5,80 % des PMI à Meknès opèrent dans des
locaux dont la superficie dépasse les 400 m2. Il s'agit
essentiellement des entreprises de dimension moyenne localisées dans la
zone industrielle, les quartiers industriels ou dans les zones
péri-urbaines.
4-2: Statut d'utilisation du local.
L'examen du statut d'utilisation du local par les PMI de
Meknès montre que la grande majorité des petits et moyens
entrepreneurs, soit environ 60 %, louent le local où ils exercent leur
activité. Ce constat apparaît plus nettement pour les
micro-entreprises et les petites entreprises où respectivement 70,60 %
et 66,65 des dirigeants de ces entreprises ne sont pas propriétaires de
leurs locaux.
En revanche, les entreprises de taille moyenne
présentent une structure légèrement différente
puisque 57,15 % d'entre elles sont propriétaires de leurs locaux contre
42,85 % qui louent leurs locaux d'exploitation.
Tableau n°20: Ventilation des P.M.!. selon le statut
d'utilisation du local.
Statut
d'utilisation du local
|
Tranches d'effectifs
|
Total PM!
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Locataire
|
12
|
70,60
|
14
|
66,65
|
6
|
42,85
|
32
|
59,25
|
68
Propriétaire
|
5
|
29,40
|
7
|
33,35
|
8
|
57,15
|
20
|
40,75
|
Total
|
17
|
100
|
21
|
100
|
14
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquête P.M.I. Juillet/ Août
2000.
Figure N° 8 : Répartition des P.M.I. selon
le statut d'utilisation du local
Propriétaire
Locataire
100% 90% 80% 70%
60% 50% 40% 30% 20%
10% 0%
|
|
0 à 9 10 à 49 50 à 199
|
Tranches d'effectifs
Ces observations de terrain corroborent
clairement l'idée couramment admise sur le manque de moyens financiers
des PMI à même de leur permettre l'accès facile et sans
contrainte à la propriété. Mais cette situation pourrait
aussi bien s'expliquer par le fait que les PMI enquêtées aient
opté pour la location et ont préféré utiliser leur
argent pour acquérir les moyens de production plutôt que
d'investir dans la pierre.
Tels sont en général les principaux aspects
structurels des PMI à Meknès.
Pour conclure, nous pouvons dire que ce secteur, malgré
sa diversification et son importance numérique, se présente comme
un secteur aux structures défavorables et marqué par un ensemble
de déséquilibres qui affectent son développement. Lesquels
déséquilibres se manifestent au niveau de la taille et des
branches d'activités ainsi qu'au niveau d'autres critères y
compris ceux liés aux locaux d'exploitation. Toutefois une analyse plus
poussée en termes de poids socio-économique, s'avère
nécessaire pour mieux saisir la portée réelle de ce
secteur, ainsi que ses limites. Cela fera l'objet de la section suivante.
Section II: Poids socio-économique des PMI
à Meknès.
L'analyse du rôle socio-économique de la PMI a
fait l'objet d'un grand débat et d'une abondante littérature.
Tous les avis s'accordent pour témoigner du rôle moteur des PMI
dans le développement socio-économique des pays à travers
notamment: l'éclosion et l'émergence d'entrepreneurs dynamiques,
le renforcement du tissu industriel, le développement régional et
local, ect.
L'éloge faite à l'égard des PMI nous
incite à nous interroger sur la situation et l'importance de ce secteur
au niveau de notre aire d'étude: la ville de Meknès.
L'analyse du rythme d'évolution de ce secteur à
Meknès en termes globaux (paragraphe 1) ainsi que la place qu'il occupe
dans l'économie urbaine (paragraphe 2)
69
semble nécessaire pour avoir une vue complète
aussi bien sur la portée réelle de ce secteur que sur ses
limites. Ces éléments seront renforcés par une analyse qui
portera sur l'appréciation des performances affichées par ce
secteur au niveau de Meknès en comparaison avec d'autres espaces au
niveau national (paragraphe 3). C'est à travers l'analyse de ces
éléments que l'on attend un éclairage sur la dynamique du
secteur des PMI au niveau de la ville de Meknès.
Paragraphe 1: Evolution globale des PMI à
Meknès.
L'étude du rythme d'évolution des principaux
indicateurs des PMI permet de saisir dans quel sens cette évolution
s'effectue et de voir dans quelle mesure ce secteur contribue t-il à
l'animation de la ville, à l'activité économique urbaine
et enfin à l'absorption du chômage.
Pour cerner les différents aspects de cette
évolution, plusieurs indicateurs ont été retenus. Il
s'agit du nombre des établissements, des effectifs employés, du
montant de la production, du chiffre d'affaires, des investissements, de la
valeur ajoutée et des exportations.
1-1: Le rythme de croissance du nombre des PMI et des
effectifs employés. 1-1-1: Evolution du nombre des
PMI.
Le nombre d'établissements nouveaux est un signe
évident de la prospérité d'un secteur, tout comme la
disparition massive d'anciens établissements en l'absence de fusion peut
signifier la régression de ce secteur et sa saturation.
S'agissant du secteur des PMI à Meknès, le
rythme de croissance de leur nombre peut être saisi à travers le
tableau suivant:
Tableau n°21 : Indice d'évolution du nombre
des PMI à Meknès.
Années
|
Nombre
|
Indice ( base 100 en 1990)
|
1992
|
156
|
100
|
1993
|
166
|
106,40
|
1994
|
159
|
101,90
|
1995
|
162
|
103,84
|
1996
|
166
|
106,40
|
1997
|
169
|
108,30
|
1998
|
175
|
112,17
|
Source: Exploitation des données de la Direction de
l'Industrie.
70
Figure N° 9 : Evolution du nombre des PMI à
Meknès.
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
A partir de 1992, l'évolution du nombre des PMI
à Meknès a été relativement correcte. Ainsi, comme
le montre le tableau ci-dessus, le nombre de ces entreprises est passé
de 156 en 1992 à 175 en 1998. Soit une croissance globale de 12,17 %
pour un accroissement annuel moyen de 2,02 %. En revanche, le nombre des
grandes entreprises à Meknès n'a connu aucune évolution
significative durant la même période. Cela témoigne du
rôle des PMI en matière de renouvellement du tissu productif local
et de génération de nouvelles couches d'entrepreneurs.
Toutefois, ce rythme d'évolution n'a pas permis, pour
autant, de générer un secteur très dense de PMI au niveau
de la ville de Meknès.
L'évolution du parc des entreprises comme toute
population est le produit de mouvements démographiques plus ou moins
intense et plus ou moins contrastés. Ces mouvements épousent
partiellement les fluctuations économiques et sont
déterminés par l'évolution de la situation
économique générale dont ils sont bien l'expression. Mais
ils sont sensibles à d'autres facteurs que les seuls indices de
l'activité économique. Parmi lesquels on retrouve les incitations
des pouvoirs publics encourageant les créateurs potentiels d'entreprises
et la mise en place d'un environnement favorable à l'investissement.
Partant de ce principe, et en se basant sur l'évolution
des PMI à Meknès, nous pouvons avancer que les mesures
entreprises par les pouvoirs publics en faveur de cette catégorie
d'entreprises n'ont pas été à même de permettre un
développement de ce secteur au niveau de Meknès. Cette
constatation sera d'ailleurs confirmée à travers l'analyse des
autres indicateurs retenus à ce niveau d'analyse.
1-1-2: Evolution des effectifs employés par les
PMI.
L'analyse de l'emploi revêt une place capitale. D'une
part, parce que cet indicateur est considéré parmi les
préoccupations centrales de toute politique de développement et
d'autre part, parce que le poids de la main d'oeuvre constitue, entre autres,
un critère très significatif de performance. Ce-ci, est d'autant
plus vrai, pour les PMI, sensées être meilleures créatrices
d'emplois.
Durant les années 90, le rythme d'évolution de
l'emploi au niveau des PMI opérant à Meknès a
été comme suit:
Tableau n° 22: Evolution des effectifs
employés par les PMI de Meknès.
Années
|
Effectif total
|
Dont féminin
|
Taux de croissance annuelle (en %)
|
1992
|
4004
|
1009
|
-
|
1993
|
4212
|
938
|
5,20
|
1994
|
4430
|
955
|
5,17
|
1995
|
4672
|
980
|
5,46
|
1996
|
5180
|
1227
|
10,87
|
1997
|
5692
|
1290
|
9,88
|
1998
|
6181
|
1335
|
8,60
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Direction de L'Industrie.
Figure N° 10 : Evolution des effectifs
employés par les PMI à Meknès.
4500
4000
7000
6500
6000
5500
5000
3500
3000
2500
2000
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
71
72
Le nombre des emplois au niveau des PMI de Meknès
connaît une évolution assez régulière. ces emplois
qui étaient au nombre de 4007 en 1992 ont, en effet, passé
à 8181 en 1998, enregistrant ainsi une croissance globale de plus de 54
% pour un accroissement annuel moyen de 9,06 %.
Pour sa part, l'évolution des emplois féminins,
a connu une amélioration sensible. Estimés à 1009
personnes en 1992, ces emplois sont passés à 1335 effectifs en
1998, soit une croissance globale de 32,30 % pour un accroissement annuel moyen
de 5,38 %.
En dépit de cette augmentation annuelle des effectifs
employés par les PMI de Meknès, elle reste très
insuffisante en comparaison avec l'ampleur du phénomène du
chômage au niveau de la ville et face aux demandes d'emplois
exprimées chaque année notamment par les jeunes
diplômés.
1-2 : Evolution des grandeurs
économiques.
L'évolution des principales grandeurs
économiques des PMI à Meknès durant ces dernières
années, est récapitulée dans le tableau n° 22.Il en
ressort à sa lecture que cette évolution traduit globalement un
dynamisme certain de ce segment du tissu productif au niveau de
Meknès.
1-2-1: Production, investissement et valeur
ajoutée.
L'examen de l'évolution globale des indicateurs de la
production et de la valeur ajoutée, réalisés par les PMI
de Meknès, au cours de ces dernières années, fait
ressortir une croissance assez nette.
En effet, la production réalisée par ces
entreprises et qui était estimée en 1992 à 1.465,15
millions de dirhams, est passée à plus de 2.140 millions de
dirhams en 1998. Le taux de croissance globale a donc été de
46,10 % correspondant à un accroissement annuel moyen de 7,68 %.
Parallèlement, la valeur ajoutée a connu une
évolution beaucoup plus importante durant la même période
de référence. Le taux de croissance globale de cet indicateur a
été de 63,42 %, correspondant à un taux d'accroissement
annuel moyen de 10,57 %.
S'agissant des investissements réalisés par ces
entreprises durant la même période, ils ont connu une
évolution en dents de scie. Le chiffre le plus important
enregistré à ce niveau remonte à 1995 avec plus de 139
millions de dirhams.
1-2-2: Chiffre d'affaires et exportations.
Durant la même période considérée,
le chiffre d'affaires réalisé par les PMI de Meknès, a
connu une croissance globale de 16,83 %. En effet, estimé à
1.651,92 millions de dirhams en 1992, il est passé à plus de
1.930 millions de dirhams en 1998. Soit un taux d'accroissement annuel moyen de
2,80 %.
Par contre, le montant des exportations a connu une
amélioration beaucoup plus sensible. De 56,43 millions de dirhams en
1992, il est passé à environ 227 millions en 1998. Soit un
accroissement global de 302 % correspondant à une multiplication par
5,79 fois et à un accroissement annuel moyen de 50,34 %. Cela
témoigne de la contribution de plus en plus croissante des PMI en
matière du commerce extérieur et des exportations.
73
Mais ce dynamisme s'explique notamment par le rôle
joué notamment par les entreprises de moyenne taille dans la
sous-traitance comme nous allons le voir un peu plus loin.
Tableau n°23: Evolution des principales grandeurs
économiques des PMI à Meknès entre 1992 et
1998.
Années
|
Production
|
C.d'affaires
|
Investissements
|
Exportation
|
V.Ajoutée
|
1992
|
1.465.155
|
1.651.924
|
88.315
|
56.430
|
261.966
|
1993
|
1.473.205
|
1.638.518
|
68.515
|
72.167
|
266.457
|
1994
|
1.439.660
|
1.522.773
|
139.119
|
85.665
|
349.034
|
1995
|
1.809.156
|
1.645.719
|
33.447
|
57.340
|
363.076
|
1996
|
1.820.147
|
1.669.340
|
90.320
|
169.200
|
364.030
|
1997
|
2.061.301
|
1.806.230
|
70.806
|
341.667
|
412.226
|
1998
|
2.140.620
|
1.930.040
|
89.320
|
226.892
|
428.124
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Direction de L'Industrie.
Paragraphe 2: Appréciation de la performance du
secteur des PMI à Meknès.
L'étude des résultats réalisés par
les PMI à Meknès nous a Meknès nous a permis
d'apprécier l'importance de ce secteur dans le tissu industriel au
niveau de Meknès et du dynamisme qu'il connaît au cours de ces
dernières années. Cependant et pour ne pas tomber dans "
l'admiration béate du Small is beautifull "1 comme disait J.R.Machart,
il convient de souligner qu'en dépit de ces résultats, il n'en
demeure pas moins que des écarts, plus ou moins importants, persistent
entre les PMI de Meknès et les grandes entreprises du même espace.
D'autres déséquilibres sont constatés entre ce même
secteur et ses homologues localisés dans d'autres espaces au niveau
national.
Pour mener à bien cette étude comparative, nous
allons devoir dans un premier temps définir un certain nombre de ratios
qui vont nous servir d'outils d'analyse avant de présenter dans un
second temps, les résultats obtenus sur la base des données de la
Direction de l'Industrie relatives à l'exercice 1998.
2-1: Présentation des ratios de performance des
PMI.
Les ratios retenus afin d'examiner les comportements et la
performance des PMI à Meknès sont les suivants:
- Valeur ajoutée / Effectif :
Ce taux permet de mesurer la productivité apparente du travail
en valeur. Laquelle productivité dépend de l'efficacité de
gestion, de la différence d'intensité capitalistique, des
processus de production et de la différence de la situation
concurrentielle.
(1) Machard (J.R.): Réussir nos PME, opp,
cité, p.60.
74
- Exportation / Chiffres
d'affaires ( H.T): Ce taux éxprime le taux d'exportation ou la part
du chiffre d'affaire réalisé à l'export sur le chiffre
d'affaire total réalisé par les entreprises du secteur.
- Taux de valeur ajoutée : Il permet de
mesurer le taux d'intégration des branches. Il est égal au
rapport de la valeur ajoutée au chiffre d'affaires ( H.T).
- Investissements / Valeur ajoutée (H.T) :
C'est le taux d'investissement. Il exprime la part de la valeur
ajoutée destinés aux investissements et dépend des
facteurs structurels.
- Investissements / Effectifs: Ce
ratio exprime également l'investissement en valeur rapporté aux
effectifs employés.
2-2: Des écarts persistants.
Le tableau ci-dessous donne les résultats des ratios
calculés et appliqués aux grandeurs économiques
réalisées par les PMI et les grandes entreprises industrielles
à Meknès, ainsi que les PMI que les PMI de Fès, Casablanca
et au niveau national.
Tableau n°24: Ratios de performance des PMI à
Meknès. Année 1998.
Ratios
|
PMI de
Meknès
|
Grandes entreprises de Meknès
|
PMI de Fès
|
PMI de
Casa
|
PMI au
Maroc
|
Productivité apparente du travail Va/ Effectifs
(en dhs)
|
69.264,50
|
112.680,87
|
72.143,80
|
95.101,60
|
76.585,90
|
Taux d'exportation Export/ C.Aff ( en %)
|
11,75
|
20,56
|
12,05
|
18,20
|
17,12
|
Taux de valeur ajoutée VA/CA( en %)
|
22,18
|
38,11
|
24,05
|
29,62
|
26,92
|
Taux
d'investissement.Invest / V.A ( en %)
|
20,86
|
11,56
|
21,12
|
26,35
|
22,58
|
Taux d'investissement Invest / Effectifs ( en
dhs)
|
14.450,70
|
13.023,84
|
14.680,00
|
19.200,00
|
17.300,00
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Direction de L'Industrie.
Le tableau ci-dessus suggère les remarques suivantes:
2-2-1: Des écarts persistent entre les PMI et les
grandes entreprises.
- La productivité apparente du travail au niveau des
grandes entreprises de Meknès est de 1,62 fois supérieur à
celle des PMI du même espace. Cela s'explique par la différence
d'intensité capitalistique, mais aussi par d'autres facteurs liés
à la gestion et à la situation concurrentielle
- Le taux d'exportation des grandes entreprises est
près de deux fois plus élevé que celui des PMI. Cela
témoigne d'une grande capacité des entreprises de grande taille
à conquérir les marchés extérieurs où la
concurrence est de plus en plus intense. Comme l'a souligné M. Tores:
" S'il est généralement reconnu que la taille
n'a pas beaucoup d'influence sur la propension à explorer,
mesurée comme le rapport
75
entre le Chiffre d'affaires réalisé à
l'etranger sur le chiffre d'affaires total de l'entreprise, on sait que la
taille de l'entreprise a une forte influence sur la probalité d'exporter
"1 . Chose qui se vérifie bien dans le cas
de Meknès.
- L'effet taille se manifeste également au niveau du
taux de valeur ajoutée. Ce dernier est, en effet, de 71,86%
supérieur au niveau des grandes entreprises de Meknès par rapport
aux PMI de la même ville.
- Ce n'est qu'au niveau du taux d'investissement que les PMI
affichent des performances relativement meilleures par rapport aux grandes
entreprises. Ce taux est de 20,86 % contre seulement 11,56 % pour les
entreprises de grande taille.
2-2-2: Des écarts par rapport à d'autres
espaces.
Tous les ratios retenus pour des besoins de comparaison font
révéler que le secteur des PMI à Meknès se trouve
dans actuellement dans une situation moins avantageuse par rapport aux
mêmes secteurs dans les villes de Fès et Casablanca et même
par rapport à l'échelon national.
Ainsi, par exemple, la productivité apparente du
travail est supérieure de 4,15 %, 37,30 % et 10,57 % respectivement
à Fès, Casablanca et au niveau national. Il est de même
pour le taux d'exportation où le secteur des PMI à Meknès
accuse un retard respectivement de -2,55%, -54,90% et -45,70% par rapports aux
trois espaces considérés de manière respective.
Les mêmes constatations sont relevées au niveau
des autres ratios à savoir le taux de valeur ajoutée et le taux
d'investissement.
Cette situation peut s'expliquer par un ensemble de facteurs
parmi lesquels nous citons: l'existence d'une infrastructure d'accueil
adéquate, économies d'agglomérations, adéquation
des services urbains, situation de la ville, etc.
Paragraphe 3: Place des PMI dans l'économie
urbaine.
A titre indicatif, soulignons tout d'abord que l'étude
du SDAU de Meknès au niveau de sa phase diagnostique en 1992, a
révélé que le secteur secondaire occupait 25 % de la
population active de la ville, dont 7 % seulement revient à l'industrie.
Par contre le secteur tertiaire représente 56,50 % contre 18,50 % pour
le secteur primaire.
Ces chiffres montrent à eux seuls que l'industrie et
par conséquent la PMI, est un secteur à faible poids dans
l'économie urbaine. Celle-ci reste, en effet, dominée par le
commerce ( 15%), l'artisanat (17%) et l'administration. Ces derniers sont si
importants que Meknès apparaît plutôt comme une ville de
commerce, de services, d'artisanat et de commandement que comme une ville
industrielle.
Dés lors, nous pouvons déjà en
déduire que, l'impact des PMI déjà assez limité se
trouve très faible au niveau local.
Qu'en est-il à présent des actifs de ce secteur
dans l'espace d'étude ? C'est ce que nous essayerons de voir dans la
section suivante.
Section 3: Profils des actifs des PMI à
Meknès.
(1) TORRES ( Olivier) : " Territoire, PME globales et
réseaux transnationaux " in Globalisation et
compétitivité Sous direction SEFRIOUI ( F) , Edition Esprit,
1997 pp: 81-95.
76
Après avoir examiné certains aspects structurels
des PMI et mis en relief leur place et leur poids socio-économique au
niveau de la ville de Meknès, nous allons essayer dans la
présente section de mettre en exergue certaines caractéristiques
des actifs de ces entreprises à savoir les petits et moyens
entrepreneurs et les employés. Nous estimons, en effet, qu'en dehors des
problèmes proprement économiques, l'étude de ce secteur ne
saurait négliger les aspects humains.
Pour ce faire, nous allons essayer dans un premier lieu
d'approcher les dirigeants des PMI exerçant à Meknès (
paragraphe 1) avant de nous intéresser dans un second et dernier lieu
à l'étude des composantes socio-économiques de la main
d'oeuvre employée par ces entreprises ( paragraphe 2 ).
Paragraphe 1: Profils des petits et moyens
entrepreneurs à Meknès
Diverses études au Maroc ont brossé à
gros traits les profils des entrepreneurs ou créateurs d'entreprises
industrielles. Compte tenu des spécificité
socio-économiques du Maroc et compte tenu de sa faible
antériorité industrielle, les créateurs marocains sont
souvent à profils 1 :
? De commerçant fortuné, maîtrisant son
domaine d'activité et recherchant une intégration en amont
à travers la fabrication de produits déjà
commercialisés.
? De gros agriculteurs ou propriétaires fonciers
évoluant vers l'investissement industriel. ? De techniciens ou agents de
maîtrise décidant de franchir le pas de la création pour y
rechercher épanouissement et indépendance.
? Des autodidactes disposant d'une formation sur le tas, d'un
métier ou d'un savoir-faire particulier.
? De cadres salariés commerciaux ou financiers qui
décident de se " lancer".
Pour le cas de Meknès et avant d'essayer de ressortir
les profils des dirigeants des PMI, il y'a lieu tout d'abord de faire quelques
précisions méthodologiques.
Pour cerner cet aspect à la fois important et
très difficile, nous nous sommes basés dans nos investigations
sur l'enquête du terrain et les contacts avec les dirigeants de ces
entreprises.
La population visée par l'enquête se composait
exclusivement des chefs des PMI. C'est à dire les personnes ayant
créé l'entreprise et qui en assument la responsabilité
effective de direction. Les caractéristiques de l'échantillon
retenu sont similaires à celles de l'échantillon des PMI
déjà présentées au niveau de l'introduction
générale de ce travail.
L'exploitation des données de l'enquête et les
résultats des interviews directs avec les chefs des PMI nous ont permis
de dégager certaines de leurs composantes socio-économiques
relatives à la structure par sexe et par âge, l'origine
géographique, la trajectoire sociale et professionnelle et enfin le
niveau d'instruction.
1-1 : Structure par sexe et par âge.
(1) Tangeaoui (S aid) : Les entrepreneurs
marocains : pouvoirs, sociétés et modernités.Edition
Karthala. Paris 1993. p 85.
77
D'une façon générale, nous pouvons dire que
la majorité écrasante des PMI à Meknès est
dirigée par des hommes. La présence des femmes à la
tête de ces entreprises est pratiquement négligeable.
Ainsi, nous n'avons relevé que 3 cas de PMI qui ont
été créés et qui sont gérées par des
dirigeants de sexe féminin. Elles concernent notamment des petites
entreprises travaillant dans le domaine de l'agro-alimentaire.
S'agissant de la répartition de ces entrepreneurs par
âge, il y'a lieu de noter que l'entrée précoce dans la vie
professionnelle est une propriété spécifique aux personnes
gérant les PMI à Meknès.
Le tableau suivant illustre bien cette situation:
Tableau n° 25 : Répartition des dirigeants
des PMI à Meknès selon l'âge.
Tranches d'effectifs
|
Moins de 30 ans
|
Entre 30 et 45 ans
|
Entre 45 et 60 ans
|
60 et plus
|
0 - 9
|
5
|
71,40
|
08
|
34,80
|
3
|
16,65
|
1
|
25
|
10 - 4 9
|
2
|
28,60
|
12
|
52,20
|
6
|
33,35
|
1
|
25
|
50 - 199
|
-
|
-
|
3
|
13,00
|
9
|
50
|
2
|
50
|
Total
|
7
|
100
|
23
|
100
|
18
|
100
|
4
|
100
|
Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août
2000.
Figure n° 10 : Répartition des dirigeants
des PMI selon l'âge
60 ans et plus De 45 à 60 ans
De 30 à 45 ans Moins de 30 ans
100% 90% 80% 70%
60% 50% 40% 30% 20%
10% 0%
|
|
0 à 9 10 à 49 50 à 199
|
D'une manière générale nous pouvons dire
que les chefs des PMI à Meknès sont relativement jeunes. En effet
les données de l'enquête font ressortir que plus de la
moitié de ces dirigeants, soit environ 58 % ont moins de 45 ans. Dans
cette frange d'entrepreneurs, ceux qui ont un âge compris entre 30 et 45
ans sont majoritaires avec plus de 44 % de l'effectif total des chefs des PMI
ayant fait l'objet de cette enquête.
Quant aux patrons plus âgés, c'est à dire
ceux qui ont plus de 60 ans au moment de l'enquête, ils sont très
minoritaires et représentent seulement un peu moins de 8 %. Ils
78
sont moins nombreux que les plus jeunes de moins de 30 ans qui
constituent plus de 13 % dans l'effectif total des chefs des PMI à
Meknès.
1-2 : Origine géographique.
L'étude des origines géographiques des
dirigeants des PMI à Meknès fait apparaître une forte
proportion des non Meknassis. En effet les éléments
étrangers à notre aire d'étude constituent plus de 78 % de
l'effectif total des chefs des PMI enquêtées comme le montre le
tableau suivant:
Tableau n° 26 : Origines géographiques des
chefs des PMI à Meknès.
Origines
Géographiques
|
Tranches d'effectifs
|
Total
des PMI
|
0 - 9
|
10 - 4 9
|
50 - 199
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Meknès
|
6
|
35,25
|
4
|
19,00
|
1
|
7,15
|
11
|
21,15
|
Reste Région de Meknès
|
3
|
17,65
|
2
|
9,50
|
2
|
14,20
|
7
|
13,45
|
Fès
|
2
|
11,75
|
5
|
23,80
|
6
|
42,90
|
13
|
25
|
Souss
|
1
|
5,90
|
2
|
9,50
|
1
|
7,15
|
7,70
|
4
|
Kenitra/ Sidi kacem
|
-
|
-
|
3
|
14,30
|
-
|
-
|
3
|
5,80
|
Oriental
|
1
|
5,90
|
2
|
9,50
|
-
|
-
|
3
|
5,80
|
Rif
|
1
|
5,90
|
1
|
4,80
|
-
|
-
|
2
|
3,85
|
Rabat
|
1
|
5,90
|
-
|
-
|
1
|
7,15
|
2
|
3,85
|
Casablanca
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
7,15
|
1
|
1,90
|
Etranger
|
-
|
-
|
1
|
4,80
|
1
|
7,15
|
2
|
3,85
|
Autres
|
2
|
11,75
|
1
|
4,80
|
1
|
7,15
|
4
|
7,70
|
Totaux
|
17
|
100
|
21
|
100
|
14
|
100
|
52
|
100
|
Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet / Août
2000.
D'après les données du tableau ci dessus,
plusieurs remarques peuvent être formulées:
- Les chefs des PMI originaires de la ville de Meknès
ne représentent qu'un peu plus de 20 % du total des dirigeants des PMI
enquêtées. 54,55 % de ces entrepreneurs dirigent des micro-
entreprises employant moins de 10 personnes, 36,35 % d'entre eux sont à
la tête de petites entreprises et seulement 9,10 % sont des dirigeants de
moyennes entreprises.
- Les non Meknassis représentent environ les 4/5 des
chefs des PMI enquêtées. Mais parmi ceux-ci une proportion
importante provient des villes voisines de Meknès notamment Fès
(25 % ), Kenitra / Sidi Kacem ( 5,80 %) et de certains centres ou villes
dépendant de la région Meknès-Tafilalet ( El-Hajeb -Midelt
- Errachidia - khénifra-Azrou,..etc) et qui totalisent ensemble 13,45%
du total des chefs des PMI enquêtés. Ceci confirme le rôle
de la ville de Meknès en tant que pôle d'attraction
régional.
79
- Par contre les autres villes notamment Casablanca, Rabat, et
autres villes atlantiques sont faiblement ou pas du tout
représentées. Cela nous pousse à formuler
l'hypothèse que les investisseurs originaires de ces villes
préfèrent s'installer dans l'axe atlantique qui présente
relativement beaucoup plus d'avantages, plutôt que de choisir une
localisation dans une ville intérieure telle que Meknès.
- La même remarque peut être faite à
l'égard des investisseurs dont l'origine géographique est
l'étranger ( 3,85 % seulement). Cela montre que le déploiement du
capital étranger demeure encore très faible au niveau de la ville
de Meknès.
- Enfin, deux régions continuent en quelque sorte de
représenter les " pépinières" des chefs d'entreprises au
Maroc. Il s'agit notamment de Fès et de la région de Souss qui
totalisent ensemble plus de 29 % des chefs des PMI à Meknès. 25 %
proviennent en effet de Fès et 4 % de Souss.
Comme l'a souligné A. Kaioua " depuis
quelques années, on enregistre une course serrée entre les
capitalistes Fassis et ceux de Souss pour occuper plus de positions dans le
monde industriel "1 .
Néanmoins pour le cas de Meknès, nous relevons
un début de diversification des origines du capital des PMI comme
l'illustre bien le tableau précédent.
1-3 : Trajectoire sociale et statut antérieur des
dirigeants des PMI.
La trajectoire sociale et professionnelle des
chefs des PMI à Meknès est un élément d'analyse
fort intéressant qui permet de rendre compte des conditions et de
l'environnement au sein duquel cette classe se développe.
Pour cerner cet aspect, nous nous sommes
référés à deux indicateurs principaux à
savoir : le métier du père de l'entrepreneur et le statut
antérieur de ce dernier avant de créer son entreprise qu'il
gère au moment de l'enquête.
Les données recueillies montrent des clivages
importants au sein de la population étudiée comme le montre le
tableau suivant:
Tableau n° 27 : Origine sociale et statut
antérieur des chefs des PMI à
Meknès.
Métier du père Statut
antérieur
|
Commerça nt
|
Artisan
|
Agricult eur
|
Propriétai re foncier
|
Industr iel
|
Salarié
|
Fonctionn aire
|
TME
|
Total
|
Etudiant
|
-
|
1
|
2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
4
|
Chômeur
|
1
|
-
|
1
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
4
|
Technicien/ Salarié
|
2
|
3
|
3
|
-
|
1
|
2
|
-
|
1
|
12
|
Fonctionnaire
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
Profession libérale
|
2
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
1
|
-
|
4
|
TME
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
3
|
Agriculteur
|
-
|
-
|
4
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
(1) Kaioua (Abdelkader) : Casa : L'industrie et la
ville. URBAMA, fascicule de recherche n° 30, Tours, 1996, P: 243.
80
Artisan
|
2
|
2
|
2
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
7
|
Commerçant
|
3
|
2
|
3
|
1
|
-
|
1
|
-
|
-
|
10
|
Industriel
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
2
|
Totaux
|
12
|
10
|
16
|
2
|
2
|
5
|
2
|
3
|
52
|
Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août
2000.
La lecture de ce tableau fait apparaître une relation
assez importante entre la trajectoire professionnelle des chefs des PMI et leur
origine sociale.
Avant la création de leur entreprise, environ la
moitié des ces entrepreneurs ont exercé une profession de
commerçant, d'artisan, d'agriculteur ou dans la fonction
libérale. Ils ont investi essentiellement dans les branches de
l'agro-alimentaire, du textile et habillement ou de la chimie et parachimie. La
plupart d'entre eux sont des fils de commerçants, d'agriculteurs ou
d'artisans.
Parallèlement, plus de 23 % des chefs des PMI ont
commencé leur carrière professionnelle comme ouvrier ou
technicien dans une autre entreprise à Meknès, Fès,
Casablanca ou à l'étranger. LA plupart d'entre eux occupaient des
postes de techniciens, d'ouvriers qualifiés ou d'employés.
Après quelques années de salariat, ces anciens salariés
ont décidé de s'installer à leur compte. Cette
reconversion professionnelle intervient le plus souvent en raison de la
préférence pour une activité indépendante synonyme
d'une promotion sociale et d'épanouissement que les individus
interrogés, résument par l'expression " être son propre
patron".
Cette même raison est aussi avancée par les
dirigeants des PMI qui occupaient auparavant des postes dans la fonction
publique.
Par contre, pour plus de 15 % des dirigeants qui
étaient avant la création de leur entreprise des étudiants
ou étaient des chômeurs, cette reconversion marque
indéniablement l'importance du contexte économique de ces
dernières années. En effet, la crise du marché de l'emploi
a contribué au développement de la création d'entreprises
dans la plupart des cas par des mesures visant l'encouragement de
l'auto-emploi. Le chômage apparaît donc comme un
élément incitateur à la création des PMI."
On n'avait pas le choix, il faut créer son propre emploi,
ça c'est la première des choses qu'on regarde lorsqu'on est en
chômage " nous disait un dirigeant interrogé
à ce sujet.
Les anciens étudiants et chômeurs sont dans la
plupart du temps fils d'agriculteurs, de commerçants, de
commerçants ou de salariés mais jamais fils d'autres industriels
ou de propriétaires fonciers.
Enfin, peu de dirigeants interrogés ont
été avant la création de leurs entreprises d'anciens
industriels. Ces derniers représentent à peine 3,85 %.
Comme on peut donc le constater, les trajectoires sociales et
professionnelles des chefs des PMI à Meknès apparaissent
aujourd'hui très diversifiées. Elles restent cependant
dominées par des statuts de commerçants, des techniciens/
ouvriers et d'artisans comme étapes antérieures à la
création d'une PMI.
81
1-4: Niveau d'instruction.
Lorsqu'on examine la formation des chefs des PMI à
Meknès, on est frappé par le niveau relativement
élevé de l'instruction de ces entrepreneurs. Plus de 60 % parmi
eux ont, en effet, au moins le certificat d'études secondaires contre
seulement 9,60 % qui sont analphabètes ou ayant reçu un
enseignement coranique comme l'illustre bien le tableau suivant:
Tableau n° 28 : Niveau d'instruction des dirigeants
des PMI à Meknès.
Niveau
d'instruction
|
Tranches d'effectifs
|
Total des PMI
|
0 - 9
|
10 - 4 9
|
50 - 199
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Sans
|
1
|
5,90
|
-
|
-
|
1
|
7,15
|
2
|
3,85
|
Coranique
|
2
|
11,80
|
-
|
-
|
1
|
7,15
|
3
|
5,75
|
Primaire
|
7
|
41,20
|
7
|
33,35
|
2
|
14,35
|
16
|
30,80
|
Secondaire
|
4
|
23,50
|
10
|
47,60
|
8
|
57,15
|
22
|
42,30
|
Supérieur
|
3
|
17,60
|
4
|
19,05
|
2
|
14,15
|
09
|
17,70
|
Total
|
17
|
100
|
21
|
100
|
14
|
100
|
52
|
100
|
Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août
2000.
Ainsi plus de 90 % des dirigeants ont
reçu au moins une formation primaire. Ce taux élevé
d'instruction ne s'explique pas à notre avis par la composition de
l'échantillon mais reflète une réalité liée
ces dernières années au monde des affaires au Maroc. Les
investisseurs ne sont plus ces détenteurs de capitaux
analphabètes et parfois autodidactes. On assiste, en effet, à
l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs aux
niveaux de formation élevés qui s'est lancée dans la vie
entrepreneuriale par nécessité ou par conviction.
La combinaison de ces caractéristiques
générales avec d'autres variables ( taille des entreprises,
branches d'activité, date de création, etc) nous a permis de
distinguer, grosso modo, deux grandes catégories de chefs des PMI
à Meknès:
* Les dirigeants de la première génération
composée d'anciens commerçants,
artisans et agriculteurs. D'une manière
générale cette génération n'avait pas de
difficultés financières pour se lancer dans la vie
entrepreneuriale car elle avait accumulé des moyens financiers propres.
Beaucoup parmi eux n'ont pas de niveau d'instruction élevé ni de
formation professionnelle. Ces entrepreneurs formés sur le tas,
investissent dans le secteur qu'ils connaissent le mieux et cherchent rarement
la diversification.
* De jeunes entrepreneurs aux origines sociales et
professionnelles diversifiées. Cette
catégorie de chefs des PMI actuellement en oeuvre
à Meknès est très différente de la première.
Elle est représentée par d'anciens techniciens, fonctionnaires,
chômeurs et étudiants. Disposant au départ de moyens
financiers limités, cette catégorie de dirigeants se
caractérise par une forte capacité d'adaptation et par un esprit
d'entreprise plus agressif. Beaucoup d'entre eux ont un niveau d'instruction
élevé et ont acquis une formation scolaire et/ou professionnelle
relativement importante.
82
Tels sont donc globalement les profils des chefs des PMI
à Meknès. Qu'en est -il à présent de la main
d'oeuvre employée par ces entreprises ? C'est ce que nous allons voir
dans le paragraphe suivant.
Paragraphe 2: Structure et composantes
générales de la main d'oeuvre.
L'approche de la main d'oeuvre employée par les PMI de
Meknès, la connaissance de son origine, de son profil socio-
économique, ...etc, ne constitue pas une tache facile. Toutefois
à l'aide des dirigeants de ces entreprises et grâce à la
collaboration des employés interrogés, nous avons pu avoir un
certain nombre d'informations sur un échantillon composé de 970
ouvriers représentant 16 % de la main d'oeuvre employée par les
PMI de Meknès.
L'exploitation de ces données nous a permis de mettre
en relief les principales composantes socio-économiques de cette main
d'oeuvre.
2-1 : Structure de la main d'oeuvre par sexe et par
âge.
l'analyse de la structure par sexe de la main d'oeuvre
employée par les PMI de Meknès fait révéler un
déséquilibre important en faveur des effectifs masculins. Ceux-ci
représentent en effet, 80 % des effectifs employés par ces
entreprises contre seulement 20 % pour la main d'oeuvre féminine.
Ce taux, relativement faible de la main d'oeuvre
féminine, est beaucoup plus équilibré au niveau des
grandes entreprises de la ville et a atteint 47,5 % durant l'exercice 1998. Il
s'explique par l'importance des effectifs féminins employés dans
la branche du textile et de l'habillement. Toutefois ce taux tombe à
37,30 si l'on considère l'ensemble du tissu industriel au niveau local
1.
Par ailleurs, la jeunesse de la main d'oeuvre employée
par ces entreprises, est un trait marquant. En effet 67 % des ouvriers
enquêtés ont moins de 40 ans alors que 82% des femmes
ouvrières ont moins de cet âge. Ce constat résulte de
l'importance de l'emploi des jeunes filles dans la branche textile et
habillement et dans certaines unités de l'agro-alimentaire.
Le tableau suivant donne la répartition de la main
d'oeuvre employée par les PMI enquêtées par sexe et par
age.
Tableau n° 29 : Structure de la main d'oeuvre
employée par les PMI à Meknès ar sexe et par
âge.
Groupes d'âge
|
Sexe
|
Total PMI
|
Masculin
|
Féminin
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
15 -20
|
24
|
2,50
|
32
|
3,30
|
56
|
5,80
|
20 -25
|
67
|
6,90
|
43
|
4,40
|
110
|
11,30
|
25 -30
|
80
|
8,20
|
35
|
3,60
|
115
|
11,80
|
30-35
|
166
|
17,10
|
25
|
2,60
|
191
|
19,70
|
35 -40
|
154
|
15,90
|
24
|
2,50
|
178
|
18,40
|
40-45
|
117
|
12,05
|
18
|
1,85
|
135
|
13,90
|
(1 ) MCIA : Résultats de l'enquête annuelle sur
les industries de transformation.. Décembre 1999.
83
45- 50
|
80
|
8,25
|
13
|
1,35
|
93
|
9,60
|
50-55
|
62
|
6,40
|
04
|
0,40
|
66
|
6,80
|
55 -60
|
23
|
2,40
|
00
|
00
|
23
|
2,40
|
60 et plus
|
03
|
0,30
|
00
|
00
|
03
|
0,30
|
Total
|
776
|
100
|
194
|
100
|
970
|
100
|
Source : Enquête " employés des PMI". Juillet/
Août. 2000.
2-2 : Origine de la main d'oeuvre.
Cet indicateur revêt une grande importance. Il nous
renseigne d'une part sur la participation d'actifs d'origines
différentes dans l'alimentation des PMI en main d'oeuvre et nous montre
par conséquent le degré de dépendance du marché de
l'emploi vis à vis de la main d'oeuvre venue d'autres localités.
D'autre part, il nous permet de juger de l'aire d'attraction de la ville de
Meknès de manière général et du degré de
rayonnement du secteur des PMI de manière particulière.
Les résultats de l'enquête font apparaître
que la main d'oeuvre employée par ces entreprises est composée
largement d'éléments étrangers à la ville de
Meknès comme le montre le tableau suivant.
Tableau n° 30 : Origine de la main d'oeuvre
employée par les PMI de Meknès.
Lieu de naissance
|
Nombre
|
%
|
Nés à Meknès
|
223
|
23,00
|
Nés à Meknès rural
|
66
|
6,80
|
Total
|
289
|
29,80
|
Fès
|
57
|
5,90
|
Khémisset
|
70
|
7,20
|
Ifrane / AZrou
|
66
|
6,80
|
El-Hajeb
|
64
|
6,60
|
Khénifra/Midelt
|
42
|
4;30
|
Errachidia
|
42
|
4,30
|
Casablanca
|
24
|
2,50
|
Rabat
|
20
|
2,05
|
Taza
|
50
|
5,15
|
Beni-Mellal
|
14
|
1,45
|
Kénitra
|
30
|
3,10
|
Oriental
|
66
|
6,80
|
Rif
|
14
|
1,45
|
Sidi Kacem
|
60
|
6,20
|
Autres
|
62
|
6,40
|
Total
|
970
|
100
|
Source: Enquête employés PMI. Juillet/ Août
2000.
29,8 % seulement de la main d'oeuvre employée par les
PMI, sont nés à Meknès ou dans les campagnes environantes.
Par contre plus de 70 % sont issus de villes ou provinces différentes.
Nous relevons toutefois que plus de 51,80 % des employés sont nés
dans la région Meknès- Tafilalet notamment à El- Hajeb (
6,6 %), Ifrane / Azrou (5,75
84
%), Khénifra / Midelt (4,30%) et Errachidia (4,30%).
Cela montre encore une fois, le rôle attractif qu'exerce la ville de
Meknès en tant que pôle régional. Cette attraction ne se
limite pas aux provinces dépendant administrativement de la
région en question, mais le dépasse pour embrasser aussi les
villes et centres environnants. C'est le cas notamment de Khédive (7,20
%) de Sidi Kacem (6,20%) ou encore de Fès et de Taza avec respectivement
5,90 % et 5, 15 % du total des ouvriers enquêtés.
On remarque donc une diversité des origines
géographiques des ouvriers des PMI de Meknès, avec tout de
même une prédominance de la main d'oeuvre née en milieu
régional et dans les villes et campagnes environnantes qui sont
considérés comme les principaux bassins de recrutement de la main
d'oeuvre employée par ces entreprises.
2-3 : Niveau d'instruction de la main
d'oeuvre.
L'enquête menée auprès des salariés
des PMI à Meknès, révèle que ce secteur puise
l'essentiel de ses réserves de main d'oeuvre au sein d'une population
scolarisée. Ainsi plus de 75 % des ouvriers enquêtés ont
fréquenté au moins l'école primaire. Ce taux n'est pas
dû à notre avis à la composition de l'échantillon
mais reflète bien une évolution réelle de l'ouvrier
marocain surtout dans les villes. Comme le souligne à juste titre A.
Kaioua: " les rejets des divers établissements
scolaires et universitaires font qu'une armée de réserve
industrielle, relativement instruite vient gonfler chaque année les
rangs des chômeurs. Elle remplace petit à petit l'ouvrier
illettré et instable des premières années de
l'indépendants dans les travaux liés à la production
"1
Le tableau suivant donnant la ventilation de la main d'oeuvre
employée par les PMI par niveau d'instruction, à Meknès
illustre bien cette situation.
Tableau n° 31 : Niveau d'instruction du personnel
des PMI à Meknès.
Niveau
d'instruction
|
Tranches d'effectifs
|
Total PMI
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Nombr e
|
%
|
Nombr e
|
%
|
Nombr e
|
%
|
Nombr e
|
%
|
Sans
|
25
|
29,10
|
61
|
17,25
|
105
|
19,80
|
191
|
19,70
|
Coranique
|
20
|
23,05
|
16
|
4,50
|
34
|
6,40
|
70
|
7,20
|
Primaire
|
34
|
39,50
|
152
|
42,95
|
226
|
42,65
|
412
|
42,50
|
Secondaire
|
6
|
6,95
|
117
|
33,05
|
152
|
28,70
|
275
|
28,35
|
Supérieur
|
1
|
1,20
|
8
|
2,25
|
13
|
2,45
|
22
|
2,25
|
Totaux
|
86
|
100
|
354
|
100
|
530
|
100
|
970
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.Juillet / Août
2000.
Ainsi on relève que 42,50 % des ouvriers ont
fréquenté l'école primaire et plus de 28 % l'enseignement
de second degré. Néanmoins environ 20 % de la main d'oeuvre
enquêtée, demeure analphabète alors que 7,20 % ont
fréquenté seulement l'école coranique.
En tenant compte de la taille des entreprises,
l'analphabétisme touche près de 30 % du personnel des
micro-entreprises, 17,25% des ouvriers des petites entreprises et 19,80 % des
employés des moyennes entreprises. A l'opposé, on constate que
les micro-entreprises disposent généralement de peu d'ouvriers
ayant suivi une formation
(1) Kaioua (Abdelkader) : Casa : L'industrie et la
ville. URBAMA, fascicule de recherche n° 30, Tours, 1996, P:.
supérieure (1,20 %) contre 2,25 % pour les petites
entreprises et 2,45 % pour les entreprises de taille moyenne.
2-4 Structure professionnelle.
La structure professionnelle de la main d'oeuvre
représente un autre critère de connaissance de la
diversité du secteur des PMI à Meknès.
Plusieurs difficultés pratiques rendent
délicates cette approche notamment la distinction des niveaux de
qualification. Néanmoins les données recueillies permettent
d'avoir une mesure approximative du degré de qualification de ces
ouvriers.
En effet, la distribution par catégories
socio-professionnelles des ouvriers des PMI à Meknès fait
apparaître un faible niveau d'encadrement de ces entreprises. Les cadres
supérieurs et intermédiaires ne représentent, en effet,
qu'un peu moins de 8 % du total de la main d'oeuvre employée par ces
entreprises.
L'insuffisance des moyens financiers ne leur permet pas de
recruter des cadres qui, de leur côté, cherchent à se faire
embaucher dans grandes entreprises où le travail est relativement mieux
rémunéré.
Tableau n° 32 : Répartition des ouvriers par
catégories socio- professionnelles.
Catégories socio- professionnelles
|
Tranches d'effectifs
|
Total PMI
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
Cadres supérieurs
|
-
|
-
|
3
|
0,85
|
9
|
1,70
|
12
|
1,25
|
Cadres moyens
|
3
|
3,50
|
18
|
5,10
|
41
|
7,75
|
62
|
6,40
|
Ouvriers qualifiés
|
17
|
19,65
|
58
|
16,40
|
94
|
17,75
|
169
|
16.70
|
Employés
|
6
|
6,95
|
25
|
7,05
|
39
|
7,25
|
70
|
7,20
|
Manoeuvres et autres
|
60
|
69,80
|
250
|
70,60
|
347
|
65,45
|
614
|
67,75
|
Totaux
|
86
|
100
|
354
|
100
|
530
|
100
|
970
|
100
|
Source: Enquête employés des PMI. Juillet /
Août. 2000.
85
Figure N° 11 : Répartition
des ouvriers par catégories socio- professionnelles.
Manoeuvres et autres
Cadres supérieurs Cadres moyens
Ouvriers qualifiés
Employés
86
La figure ci-dessus fait apparaître que la
catégorie des manoeuvres est très prépondérante au
niveau de la distribution de la main d'oeuvre employée par les PMI
à Meknès. Cette catégorie représente, en effet,
67,75 % de l'ensemble des ouvriers employés par ces entreprises.
L'importance de cette catégorie reflète bien le type d'industrie
vers laquelle est orientée le secteur des PMI à Meknès. Il
s'agit d'une activité située en aval à technologie simple,
ne faisant appel à aucune spécialisation ou qualification de la
part de la main d'oeuvre et partant, qui ne favorise aucunement la naissance et
le développement d'une tradition industrielle et d'une technologie
nationale.
Conclusion
L'étude des caractéristiques
générales des PMI à Meknès, de leur poids
socio-économiques ainsi que les composantes générales des
actifs qui y sont impliqués, nous a permis de bien saisir la
portée réelle de ce secteur ainsi que ses limites.
C'est un tissu qui se caractérise par la
prédominance en son sein d'entreprises relativement jeunes, de taille
principalement petite et d'essence familiale et qui est marqué par une
certaine prépondérance des industries de biens de consommation
finale.
Malgré sa diversification et son importance
numérique, ce segment du tissu productif local se présente comme
un secteur marqué par un ensemble de déséquilibres
87
qui affectent son développement. Lesquels
déséquilibres sont liés aussi bien à certains
aspects structurels de ce secteur qu'aux caractéristiques même des
acteurs qui y sont impliqués à savoir les petits et moyens
industriels et la main d'oeuvre employée par ces entreprises.
Par ailleurs, les développements
précédents nous ont permis de relever le rôle relativement
modeste de ce secteur en termes de poids socio-économique. Ce rôle
assez limité apparaît aussi bien au niveau de la création
peu satisfaisante d'emplois qu'au niveau de sa contribution aux grandeurs
économiques et dans l'économie urbaine. Ces contre-performances
ont été mises en évidence grâce à l'analyse
d'un certain nombre de ratios.
Néanmoins, grâce à ce secteur, nous
assistons à l'émergence d'un tissu productif local et surtout
à la naissance d'une classe de nouveaux entrepreneurs. Ces indicateurs
à eux seuls devraient inciter à déployer davantage
d'efforts en vue d'un développement soutenu de ce secteur au niveau
local.
Conclusion de la première partie
L'examen du contexte socio-économique et des
caractéristiques générales des PMI à Meknès,
a montré que ce secteur ne vit pas dans un vase clos. Au contraire, il
est largement marqué par la nature du contexte socio-économique
dans il vit.
En effet, le dit contexte présente des traits marquants
pouvant générer des opportunités et ce, à
différents niveaux:
- Au niveau historique, la ville de Meknès peut être
fière de son passé et de son patrimoine très riches. Avec
le Sultan My Ismail, elle a été élevée au rang de
capitale politique du Maroc. Ce choix grandement fondé sur la position
de la ville a permis d'imposer Meknès comme une des grandes villes du
pays occupant une position centrale dans l'armature urbaine du Maroc..
- La ville de Meknès bénéficie de
réels atouts liés à sa localisation au carrefour des
grandes routes commerciales traditionnelles du Maroc et à la
qualité de son site naturel. Ce qui lui permet de jouer une fonction de
" centre relais" au coeur de la riche plaine de Sais.
- Au niveau économique, la ville de Meknès et sa
région recèlent de potentialités économiques
importantes notamment dans le domaine agricole.
Tous ces atouts ne sont pas sans avoir un impact direct sur
l'activité exercée par les PMI et constituent, en fait, une
assise globalement favorable au déploiement de ces entités et
à leur développement à la condition d'être bien
conçus et bien saisis.
Malgré cela, l'examen des caractéristiques
générales des PMI et de leur poids socio-économique, a
permis de constater que ce segment du tissu productif local se
88
présente comme un secteur aux structures
défavorables et marqué par un certain nombre de
déséquilibres liés aussi bien aux aspects structurels de
ce secteur qu'aux caractéristiques même des acteurs qui y sont
impliqués.
L'analyse menée a également montré que ce
secteur, malgré sa diversification et son importance numérique,
ne joue qu'un rôle relativement modeste au niveau de la ville de
Meknès. Ce rôle assez limité réside aussi bien au
niveau de la création peu satisfaisante d'emplois qu'au niveau de sa
contribution aux différentes grandeurs économiques et à
l'économie urbaine.
Une analyse à l'aide de ratios de performance a, par
ailleurs, permis de mieux apprécier à sa juste valeur, le poids
socio-économique de ces entreprises en comparaison avec les grandes
unités au niveau de Meknès et avec leurs homologues dans d'autres
espaces du Maroc.
En dépit de ces contre-performances, il n'empêche
que ce secteur ait permis la réalisation de certains objectifs
assignés à cette catégorie d'entreprises et notamment
l'émergence d'une nouvelle couche d'entrepreneurs, la naissance et le
développement d'un tissu productif local qui constitue un début
même timide d'un processus de décentralisation industrielle, la
création d'un certain nombre de postes de travail permettant à
plusieurs familles de vivre et de participer à la valorisation des
richesses locales.
Ces indicateurs à eux seuls militent en faveur de
renforcement et du soutien de ce secteur très vital pour
l'économie locale.
Partie 2 :
Logique de déploiement, composantes
et
tendances spatiales des PMI à
Meknès
89
Introduction
Au terme de cette analyse sur les
caractéristiques générales des PMI à Meknès
et de leur poids socio-économique qui a été menée
sur la base d'un ensemble d'indicateurs à la fois quantitatifs et
qualitatifs, il importe à présent d'approcher ce segment du tissu
productif sous un autre angle, autre que socio-économique. Il s'agit en
effet, de mettre en
relief les composantes spatiales de ce secteur à
travers l'analyse de la logique de son déploiement, des formes de sa
localisation et de la stratégie mise en oeuvre pour une
répartition harmonieuse des unités relevant de ce secteur dans
l'espace urbain de Meknès.
Nous privilégions dans notre démarche de partir
des interrogations suivantes:
- Quels sont les critères ayant influé sur la
localisation des PMI à Meknès?
- Comment se présente la distribution spatiale de ces
entreprises dans l'espace urbain Meknassi?
- Quelle est la stratégie adoptée par la
planification urbaine pour repartir ces unités de façon
harmonieuse dans l'espace ?
La réponse à ces questions va nous permettre,
d'une part, d'apprécier l'impact des PMI dans la structuration de
l'espace urbain de Meknès et d'autre part, d'avoir une idée sur
la portée réelle des efforts déployés par les
pouvoirs publics pour la mise en place d'un environnement industriel favorable
à ces entreprises notamment, dans le domaine des infrastructures
d'accueil des investissements.
90
Chapitre 1: Facteurs déterminants de la
localisation des PMI à Meknès.
Les problèmes de la localisation des activités
revêtent une grande importance pour les entreprises car les coûts
de production en dépendent. Mais aussi pour les collectivités
locales et l'Etat, parce qu'ils ont en charge la répartition harmonieuse
des activités dans l'espace.
Les questions relatives à la localisation des
activités économiques en général et des industries
en particulier, ont très tôt intéressé l'analyse
économique. D'une part parce que le problème de la localisation
se situe dans le prolongement même du développement
économique et social et d'autre part parce que, avec l'avènement
du capitalisme, le sol urbain sera doté de la fonction
supplémentaire de production à côté de sa fonction
traditionnelle d'espace résidentiel.
En effet, même si les géographes ont très
tôt établi la relation entre l'implantation industrielle et la
présence des matières premières, de la main d'oeuvre, du
marché et de l'énergie, leurs études de la localisation
industrielle demeurent pour l'essentiel "descriptives et
conduisent à la construction de typologies ou à
l'énumération des facteurs qui butent rapidement sur la
diversité des cas particuliers. L'absence de
91
schéma théorique de référence et
rigoureux ne permet ni de mettre en évidence l'articulation de ces
facteurs ni d'intégrer les résultats sur d'autres modèles
plus généraux " 1. Ce sont
essentiellement les économistes qui ont essayé de formuler un
certain nombre de théories relatives à la localisation
industrielle que ce soit au niveau de la macroéconomie qu'au niveau de
la micro-économie en situant la décision d'implantation d'un
établissement industriel dans le cadre d'une politique d'entreprise.
Cela nous amènera dans un premier lieu à nous
interroger sur les fondements théoriques relatifs à la
localisation industrielle et sur l'incidence que pourrait avoir la
taille de l'entreprise en matière de choix
d'implantation ( section 1) avant d'examiner par la suite, les
facteurs ayant influé sur les décisions de localisation des PMI
à Meknès et les exigences idéales en matière de
localisation telles qu'elles sont perçues par les chefs de ces
entreprises ( section 2).
Section I: Fondements théoriques
et relations entre localisation et taille des entreprises
L'étude des mécanismes déterminant la
localisation des PMI à Meknès nécessite tout d'abord
d'opérer un rapide détour théorique pour mieux
appréhender cette question de localisation industrielle devenue
incontournable aussi bien face à l'analyse économique qu'à
l'épreuve de la réalité spatiale.
Nous nous attacherons dans un premier lieu à passer en
revue les différentes approches de la localisation industrielle, aussi
bien classiques qu'actuelles (paragraphe 1). Nous traiterons dans un
2ème et dernier lieu, des corrélations qui puissent exister
entre
le choix de localisation et la taille des entreprises (
paragraphe 2).
Paragraphe I : Théories de localisation
Selon G.B. BENKO, le but de la théorie de la
localisation est de " fournir une explication de
l'organisation spatiale des firmes , d'identifier les variables qui
déterminent la localisation et d'offrir des solutions analytiques. Elle
doit aussi apporter des réponses détaillées aux nombreuses
questions qui concernent l'éclatement spatial des firmes, l'influence de
l'environnement, etc. "1.
Dans ce cadre, il y'a lieu de signaler que plusieurs approches
ont été proposées, mais on peut distinguer globalement
deux grandes approches: Les théories classiques et les théories
actuelles.
1-2 : Théories classiques de
localisation
Les théories classiques sont dites aussi weberiennes,
portant ainsi le nom du père de la plus ancienne analyse
théorique de la localisation : Alfred Weber (1909) qui a
constitué le point de départ de bon nombre de réflexions
sur le même thème. Ces théories ont cherché suivant
le principe de la localisation optimale liée aux coûts de
transport, à
( 1 ) BENKO ( G..B) : Géographie des
téchnopoles, . Edition Masson, Paris 1991 , p: 15.
(1) BENKO ( G.B) : Géographie des téchnopoles
,opp cité, p: 16.
(2) Idem.
92
déterminer les facteurs pris en considération
par les entreprises dans leur décision d'implantation. Les
éléments mis en avant sont : Les coûts relatifs d'obtention
de matières premières, ceux qui concernent l'accès au
marché et enfin les coûts différentiels du travail,
auxquels s'ajoutent les facteurs d'agglomération et les économies
externes (2 .
Selon ces mêmes théories, les entreprises
déterminent alors leur localisation en fonction des avantages
comparatifs que possèdent les espaces au regard de ces différents
facteurs. Il s'agit essentiellement de déterminer les normes de
localisation d'une entreprise soucieuse de maximiser l'utilité ( les
profits) en mettant l'accent sur les décisions individuelles.
Les principales reproches faites à ces théories
de localisation tournent autour de la question fondamentale suivante: Les
hypothèses de rationalité obligent à introduire dans les
théories, des fonctions individuelles de comportement dans lesquelles
les variables explicatives ont un caractère exclusivement
économique (les facteurs de coût et de rentabilité sont
ceux qui déterminent les comportements individuels). Or comme l'a
souligné J.R.Cuardo " les facteurs de caractère strictement
économique peuvent avoir une incidence réelle moins importante
que celle qu'il semblerait raisonnable d'imaginer à priori "1 cela est
dû surtout dans le cas des petites et moyennes entreprises, au fait de
méconnaître les circonstances économiques qui interviennent
dans des localisations alternatives.
Autrement dit ajoute le même auteur " l'hypothèse
de rationalité économique qui imprègne les modèles
néo-classiques et qui présuppose que tout processus de
décision implique une recherche de la solution optimale parmi l'ensemble
des localisations possibles, vient buter contre la rigidité et les
limites découlant des voies d'information et conduit au concept de
rationalité limitée établi par SIMON "2.
Outre le fait que grand nombre de décisions
d'investissement ne tiennent guère compte de localisations alternatives,
les limites de cette optique économique s'expliquent aussi par le fait
que le problème de choix d'implantation n'est qu'un aspect du processus
d'investissement. Ce dernier exige pour sa compréhension l'examen d'un
grand nombre d'aspects dont la plupart sont de nature personnelle, culturelle,
sociale ...en somme des problèmes non économiques.
1-2: Théories actuelles de
localisation.
La théorie de la localisation a pris depuis les
années 70, une dimension particulière due selon G.B.BENKO
à " la rapidité des modifications technologiques et à
l'accélération des processus d'innovations qui font
apparaître de nouvelles activités dont on connaît mal la
logique d'organisation "3.
Le rôle de ce facteur en matière
d'évolution des choix de localisation des entreprises, a
déjà été mis en exergue par B. Dezert et C.Verlaque
en soulignant que "les choix d'implantations sont liés dans les pays
anciennement industrialisés, dans le temps,
2
(1) CUARDO ROURA ( J.R) : " Facteurs de localisation
industrielle: Nouvelles tendances" in revue économie
régionale et urbaine n° 3.Année 1989,pp:471-555.
( 2) Idem.
( 3 ) BENKO ( G.B) : Géographie des téchnopoles
,opp cité, p: 16.
93
aux innovations dans le domaine technique (Techniques de
fabrication, processus d'organisation, modes de transport utilisés,
etc.)1 .
De son côté Alain Sallez, en se basant sur ce
même critère, distingue quatre grandes phases historiques
caractérisant les rapports des entreprises avec leurs territoires
2:
- L'ère de la dispersion: les facteurs
fixent l'industrie (1750-1850).
La localisation des entreprises est déterminée
par la présence de facteurs nécessaires à la production (
Matières premières, énergie, eau, voies de transport).
- L'ère de la polarisation
(1850-1955).
Cette ère se caractérise par la concentration
des entreprises industrielles dans les métropoles et grandes villes.
Concentration favorisée par le développement des moyens de
communication.
- L'ère de la division spatiale du travail
( 1955-1975).
Cette ère se caractérise par la tendance des
firmes américaines et européennes à décomposer leur
processus de production et à délocaliser certaines de leurs
activités vers les pays du tiers monde ( zones de bas salaires).
- L'ère de la technopolisation.
Cette quatrième phase non achevée selon l'auteur
trouve son origine dans l'introduction des applications de
l'électronique dans la production et dans le développement des
différentes formes de la télématique ( FAO, CAO, travail
à distance).
Les entreprises face à la concurrence de plus en plus
forte, rapprochent donc la recherche du développement et le
développement de la production au sein d'unités
intégrées. Ces mouvements se réalisent dans un contexte de
mobilisation des investissements nationaux et internationaux au profit des
agglomérations urbaines les mieux dotées en main d'oeuvre
qualifiée et en potentiels de recherche. Ces éléments
étant devenus déterminants dans le choix de localisation pour les
entreprises " innovantes".
Quelles sont donc les théories qui tentent d'expliquer
la naissance et l'implantation géographiques des nouveaux espaces
industriels: Les technopôles* .
Plusieurs approches ont été proposées
dans ce cadre parmi lesquelles nous retenons: la théorie du milieu
innovateur et les autres approches basées sur la recherche de facteurs
de localisation spécifiques aux industries de haute technologie.
* La théorie du " milieu innovateur":
La notion du milieu innovateur a été
définie par C. Perrin ( 1989) comme étant "un ensemble
territorialité dans lequel des réseaux innovateurs se
développent par l'apprentissage que font leurs acteurs des transactions
multilatérales génératrices d'extérnalités
spécifiques à l'innovation et par convergence des apprentissages
avec des formes de plus en plus performante de création technologique (1
.
(1) DEZERT ( B) et VERLAQUE ( C) : L'espace industriel. Edition
Masson, 1978, p, 47.
( 2 ) SALLEZ ( A) : " les nouveaux territoires de
l'entreprise.Analyses et pratiques...
* Le vocable technopole désigne tantôt une zone
aménagée spécifiquement pour accueillir de manière
sélective des activités de haute technologie " high tech"
: Le technopole; tantôt il désigne l'ensemble
géographico-économique, ville, métropole recelant ces
activités: La technopole ( du grec polis, ville).
( 1) Cité par BENKO ( G.B): Géographie des
téchnopoles, opp cité, p:15.
Cette approche du milieu innovateur développée
par Aydalot, pose l'hypothèse du rôle déterminant
joué par les milieux locaux comme incubateurs de l'innovation. Les
comportements innovateurs dépendent de variables définies au
niveau local ou régional. Le passé des territoires, leur
organisation, leur capacité à faire apparaître un projet
commun et le consensus qui les structure sont à la base de l'innovation.
De même l'accès à la connaissance technologique, la
présence du savoir-faire, la composition du marché du travail et
bien d'autres composantes déterminent des zones de plus ou moins
réceptivité à l'innovation (2) .
Ce sont évidemment les grandes agglomérations
qui sont considérées comme des espaces propices à
l'innovation et plus aptes à jouer le rôle d'incubateurs. Ce-ci,
est dû au fait qu'elles intègrent tous les "ingrédients
économiques, techniques, politiques, culturels nécessaires pour
qu'émerge un ensemble socio-spatial représentatif de l'une de ces
zones liées à la condensation en un même lieu
d'activités de formation et de recherche, d'établissements
à la fois industriels et tertiaires de services supérieurs, de
réseaux informatifs multiples et croisés, qui
caractérisent les nouvelles cités technologiques "3
* Approches se basant sur la recherche de facteurs de
localisation spécifiques aux industries de haute
technologie.
Dans ce cadre plusieurs critères et facteurs
spécifiques ont été avancés pour
caractériser ces espacés : Existence d'universités et
instituts de recherches, Accumulation de laboratoires de recherche capables de
développer des découvertes susceptibles d'être
transférées vers des entreprises intermédiaires,
présence de services et de climat politique des affaires, importance des
économies d'agglomérations ou de grande urbanisation, existence
d'un système d'informations et d'échanges, d'interrelations
fluide et performant, organisation de l'espace qui assure à cet ensemble
une bonne fonctionnalité, etc.
Paragraphe 2 : Relations entre la localisation et la
taille de l'entreprise.
Quelle est la nature des relations existant entre la taille de
l'entreprise et le choix d'implantation ?
Analysant cette question Isard, Scholer, Florence et Bain1 ont
fait introduire dans leurs analyses théoriques des problèmes
liés aux économies d'échelle dans le choix de la
localisation suivant la taille de l'entreprise. Pour Florence plus
particulièrement, il existe une relation inversement proportionnelle
entre la taille d'un établissement et le nombre de sites susceptibles
pour l'accueillir, c'est à dire que plus la taille d'un
établissement est importante, plus le nombre de sites candidats à
son implantation est limité. Inversement plus la taille d'un
établissement est petite plus le nombre de sites candidats à son
implantation est tés grand.
Cela ne veut-il pas dire que les petites et moyennes
entreprises sont moins exigeantes et plus libres en matière de
localisation ?
( 2) BENKO ( G.B): Géographie des téchnopoles, opp
cité, p:15.
( 3) DREULLE ( Sylvie) et JALABERT ( Guy): " La technopole
toulousaine: le développement de la vallée de l'hers" in revue
Espace Géographique, tome XVI n°1 Janvier / Mars 1987,
Paris, pp: 15-29.
94
(1) Cité par DEZERT ( B) et VERLAQUE ( C) : L'espace
industriel. opp, cité, p: 24.
95
Il paraît bien que cette attitude a été
adoptée par les concepteurs du programmes national des zones
industrielles mis en oeuvre au Maroc au début des années 80.
En effet, dans l'annonce des objectifs visés par ce
programme nous lisons: " Aménager des zones d'accueil
pour les industries dont l'implantation n'est pas liée à un site
spécifique, donc notamment pour les petites et moyennes entreprises
"2 .
Cette citation laisse croire, en effet, que les PMI sont
considérées comme des industries libres ( par opposition aux
industries liées) ne répondant pas à des localisations
précises et impératives ou à un facteur
déterminant. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'elles se fassent au
hasard.
Il est vrai que les auteurs de l'étude sur les zones
industrielles rectifient le tir un peu plus loin en soulignant "
qu'il n'y a pas d'industries « passe-partout » mais des
branches adaptées aux diverses régions
"1 et de souligner que l'éloignement de
Casablanca peut être préjudiciable à de nombreuses
industries à cause notamment du problème de maintenance, des
coûts de transport et du difficile accès à l'information.
Mais Il était bien évident qu'on avait misé sur la
souplesse d'implantation des PMI pour amorcer un processus de
décentralisation industrielle au Maroc.
Ces entreprises sont, en effet, considérées
comme étant "moins capitalistiques, meilleures
créatrices d'emplois et se prêtent facilement à la
décentralisation industrielle. Elles constituent grâce à
leur capacité d'adaptation, un facteur de souplesse, de
redéploiement et de renouvellement du tissu productif et interviennent
comme élément moteur dans la politique d'aménagement du
territoire et de modernisation du tissu économique
"2 .
Il s'agit, en fait, là d'un enjeu majeur sur lequel
repose toute la politique publique d'appui à la PMI au Maroc.
Toutefois, il ne faut pas oublier que les PMI, ces
dernières années, ont été obligées
d'opérer dans un environnement où l'espace de
référence est d'une dimension mondiale et non locale ou nationale
et ce, avec l'ouverture de l'économie et partant l'internationalisation
des procédés de production et des champs d'activités.
Face à cette évolution, ces unités sont,
de plus en plus, confrontées aux contraintes d'une dynamique mondiale
qui les oblige à élire domicile là où les
externalités sont les meilleures, en vue de compenser les
économies d'échelles qu'elles ne peuvent se permettre en raison
de leur taille.
Ce sont évidement les grandes villes qui, du fait
qu'elles offrent des services aux PMI que celles-ci ne sont pas en mesure
d'intégrer comme peuvent le faire les très grandes firmes, ont
tendance à concentrer la majorité des investissements industriels
projetés par cette catégorie d'entreprises.
( 2 ) Groupe des Huit / ODI : Etudes des zones
industrielles au Maroc , op p cité p: 2 ( 1 ) Groupe des Huit / ODI
: Etudes des zones industrielles au Maroc , op p cité p: 2
(2) Extrait de l'allocation de M. le Ministre du Commerce et de
l'Industrie lors de la séance d'ouverture de la journée
organisée par La chambre du commerce de Casa sur le thème " La
PME/PMI au service de la dynamique économique au Maroc". Casablanca.
Octobre, 1995.
96
Quoi qu'il en soit, les petites et moyennes unités de
production ont également leurs exigences propres en matière de
localisation comme nous allons pouvoir le constater dans le cas des PMI
à Meknès tout au long de le section suivante.
Section II: Facteurs de localisation actuelle et
exigences idéales d'implantation des PMI à Meknès
.
Après avoir examiné certains aspects
théoriques relatifs à la localisation, nous nous sommes
fixé pour objectif principal au niveau de cette section l'analyse des
critères ayant influé sur la localisation des PMI à
Meknès et le niveau d'importance de chaque facteur de localisation
possible.
Par facteur de localisation nous entendons tout
phénomène susceptible d'influer d'une manière ou d'une
autre le choix de l'emplacement des entreprises.
Cette question de localisation sera traitée en deux
temps: Dans un premier lieu nous essayerons d'appréhender les
critères ayant déterminé le choix de localisation actuelle
des PMI à Meknès ( Paragraphe 1). Dans un second lieu nous
traiterons des exigences idéales pour choisir un site de localisation
selon les chefs des entreprises enquêtées ( Paragraphe 2).
Paragraphe 1: Facteurs influant sur la localisation
actuelle.
Pour appréhender ces facteurs de localisation, la
question suivante a été posée aux dirigeants des PMI
formant notre échantillon d'enquête: « Quels sont les
critères ayant déterminé votre choix de localisation
à Meknès? ». Les dirigeants interrogés ont fourni des
réponses variées et cité un nombre de facteurs allant de 1
à 5 selon l'importance de chaque facteur.
Pour exploiter ces données, nous avons
opéré par pondération en accordant 5 points à
l'élément cité en première position; à
l'élément classé second, quatre point et ainsi de suite.
Nous avons obtenu ainsi un total de 780 points.
L'importance de chaque facteur varie selon la taille de
l'entreprise, la branche d'activité ou encore la date de création
de l'établissement. Il existe toutefois des points communs
indépendamment de ces critères de démarcation.
Tableau n ° 33 : Raisons d'implantation des PMI
à Meknès.
Raisons d'implantation
|
Fréquence
|
%
|
Présence des matières
premières
|
66
|
8,45
|
Proximité des fournisseurs et clients
|
98
|
12,50
|
Proximité de bassins de main d'oeuvre
|
49
|
6,30
|
Main d'oeuvre qualifiée
|
34
|
4,35
|
Existence ou proximité d'une zone
industrielle
|
52
|
6,65
|
Infrastructures de base (routes, voie ferrée,
etc.)
|
80
|
10,25
|
Disponibilité de terrain ou de local
|
97
|
12,50
|
Prix de terrain ou de local réduit (Acquisition
ou location)
|
72
|
9,20
|
Aides et stimulants officiels
|
25
|
3,20
|
Présence de services administratifs,
financiers,
techniques et commerciaux.
|
32
|
4,10
|
Raisons personnelles
|
150
|
19,20
|
Situation de la ville
|
25
|
3,20
|
97
Total
Source : Enquête PMI. Juillet / Août 2000.
1
100%
90%
60%
50%
40%
10%
0%
80%
70%
30%
20%
Situation de la ville
Raisons personnelles
Présence de services administratifs,
financiers, techniques et
commerciaux.
Aides et stimulants officiels
Prix de terrain ou de local réduit
(Acquisition ou location)
Disponibilité de terrain ou de local
Infrastructures de base (routes, voie
ferrée, etc)
Existence ou proximité d'une zone
industrielle
Main d'oeuvre qualifiée
Proximité de bassins de main d'oeuvre
Proximité des fournisseurs et clients
Présence des matières
premières
Figure n° 12 : Facteurs influant sur la
localisation actuelle des PMI à Meknès
98
Les raisons évoquées par les dirigeants des PMI
pour justifier leur emplacement à Meknès sont nombreuses et
très variées. Elles sont aussi si complexes qu'elles
défient toute prétention à une formulation ou à une
modélisation satisfaisante. Néanmoins de la lecture du tableau
ci-dessus, nous pouvons faire les constatations suivantes:
- Les raisons personnelles sont avancées comme
élément déterminant dans le choix de localisation des PMI
à Meknès à raison de 19,30 % des points accordés,
occupant ainsi la première position loin devant les autres raisons
évoquées par les chefs d'entreprises.
- La proximité des fournisseurs et des clients (
marché) et la disponibilité du terrain ou du local viennent en
seconde position avec 12,50 % pour chacun de ces deux facteurs.
- Les aides et stimulants officiels matérialisés
notamment par les avantages fiscaux, n'occupent qu'une place marginale dans le
classement des raisons d'implantation avec seulement 3,20 % du total.
Cependant, une meilleure interprétation des
résultats de cette enquête n'est possible qu'avec un regroupement
des facteurs de localisation en des catégories homogènes. Dans ce
cadre nous distinguons les catégories classées suivant le
schéma suivant:
Tableau n° 34 : Regroupement des raisons
d'implantation des PMI à Meknès.
Catégories de facteurs
|
Facteurs spécifiques
|
Fréquence
|
%
|
Facteurs liées au
foncier
|
-Disponibilité de terrain ou de local -Prix réduit
de terrain ou de local
-Existence ou proximité de la zone industrielle.
|
221
|
28,35
|
Facteurs liés à la
production et au marché
|
- Présence de matières premières.
-Proximité des fournisseurs et des clients. - Main d'oeuvre abondante
et/ou qualifiée
|
247
|
31,70
|
Raisons personnelles
|
-Circonstances personnelles (origine locale de
l'entrepreneur...)
|
150
|
19,20
|
Fonctions urbaines
|
- Infrastructures de base (routes, voies ferrées...)
- Situation de la ville
- Présence des services administratifs, financiers,
techniques et commerciaux
|
137
|
17,55
|
Aides et stimulants officiels
|
- Avantages fiscaux etc...
|
30
|
3,20
|
T O T A L
|
780
|
100
|
Source : Enquête PMI. Juillet./Août 2000.
Figure n°13 : Incidence des groupes de facteurs sur
le choix de localisation des PMI à
Meknès.
4%
17%
19%
28%
32%
Facteurs liées au foncier
Facteurs liés à la
production et au marché
Raisons personnelles
Fonctions urbaines
Aides et stimulants
officiels
99
Le tableau et la figure ci-dessus suggèrent les
observations suivantes: * Rôle déterminant des facteurs
liés à la production et au marché.
Parmi les facteurs ayant déterminé le choix de
localisation des PMI à Meknès, ceux liés à la
production et au marché occupent une place importante avec 31,70 % du
total des réponses. Ainsi les facteurs spécifiques composant
cette catégorie affichent les résultats suivants:
- Présence des fournisseurs et des clients : 12,50 %.
- Présence des matières premières : 8,45
%.
- Abondance de la main d'oeuvre et main d'oeuvre qualifiée
: 10,65 %.
Ces facteurs traditionnels de localisation continuent ainsi de
jouer un rôle déterminant dans l'emplacement des entreprises et
particulièrement des unités indépendantes comme la PMI.
En effet, il est généralement reconnu que cette
entreprise " puise dans son environnement local la plupart des
ressources matérielles et immatérielles, humaines et
financières dont elle a besoin pour son fonctionnement et son
développement, entretenant l'aphorisme " local is beautiful
"1 .
Le rôle accordé à cette catégorie
de facteurs indique l'importance des problèmes de marché,
d'approvisionnement et de main d'oeuvre chez ces entreprises. Cela se justifie
notamment par le fait que la plupart des PMI à Meknès
s'approvisionnent et écoulent leur production au niveau du marché
local ou régional.
* Importance des facteurs liés au
foncier.
Avec 28,35 % du total des réponses avancées par
les dirigeants enquêtés, les facteurs liés au foncier
occupent la seconde place dans le classement des raisons ayant pesé sur
le choix d'implantation des PMI à Meknès. soit par facteurs
spécifiques composant cette catégorie:
( 1) TORRES (O) : " Territoire, PME globales et réseaux
transnationaux " in Globalisation et compétitivité Sous
direction SEFRIOUI (F) .Edition Esprit. 1997.pp: 81-95.
100
- Disponibilité du terrain ou de local 12,50 %.
- Prix réduit du terrain ou du local 9,20 %.
- Existence ou proximité d'une zone industrielle 6,65
%.
Cette importance des facteurs liés au foncier en
matière de choix de localisation des PMI témoigne du rôle
décisif de ce facteur dans la décision d'investissement et de la
nécessité de mettre à la disposition des promoteurs
potentiels des infrastructures d'accueil adéquats et à des prix
abordables pour les inciter à investir.
Cela explique également pourquoi les problèmes
du foncier figurent parmi les contraintes majeures au développement
industriel au Maroc 1 .
Par ailleurs, avec l'extension urbaine et l'encombrement de
l'agglomération de Meknès, le sol industrialisable devient de
plus en plus rare et
cher. la périphérie urbaine
notamment au niveau des axes routiers à la ville, offre un vaste
potentiel foncier à des prix forts intéressants.
Avec la saturation de l'ancien quartier industriel, beaucoup
d'unités de production ont dû s'installer dans la
périphérie et profiter des opportunités foncières
offertes par ces espaces.
Ces éléments, eux même, en relation avec
le foncier attestent de l'importance de ce facteur dans la décision
d'investir et partant dans toute stratégie d'aménagement
industriel.
* Importance non négligeable des raisons
personnelles.
Cette catégorie comprend divers éléments
à l'exemple de : origine locale de l'entrepreneur, présence de
parents ou d'associés, hasard, héritage, imitation d'un exemple
réussi, etc.
Ces circonstances personnelles semblent constituer des
facteurs d'une importance non moins négligeable vis à vis de la
décision de localisation chez les chefs des PMI à Meknès.
En effet ces facteurs, à caractère subjectif, ont
été cités par plus de 19 % des dirigeants
enquêtés comme éléments déterminants dans
leur choix de localisation occupant ainsi la 3éme position
derrière les facteurs liés à la production et au
marché et les facteurs liés au foncier.
Pour la majorité des chefs des PMI ayant
évoqué ces raisons personnelles, le choix de localisation est en
fait « une question pré-déterminée » selon une
expression de J.C.Roura1 .
Plusieurs facteurs de différente nature conditionnent
cette décision parmi lesquels nous pouvons citer:
- Manque d'informations concernant les avantages qu'offrent
d'autres zones ou régions.
- Familiarité avec la ville ou la zone où est
installée l'entreprise.
- Résistance vis-à-vis du transfert, etc.
( (1) Ministère de l'Industrie et du commerce :
Observatoire de la compétitivité internationale du Maroc.
Année 1999.
(1) CUARDO ROURA ( J.R) : " Facteurs de localisation
industrielle: Nouvelles tendances" in revue économie
régionale et urbaine n° 3.Année 1989,pp:471-555.
101
Ce qui est caractéristique dans ce schéma de
décision c'est que « le choix n'est guère
déterminé par les conditions que peut offrir la ville ou la
région choisie »2 .
En dépit de l'importance de ces considérations
personnelles dans le choix de la localisation, leur classement en
troisième position témoigne d'un minimum de rationalité
dans le comportement des PMI enquêtées. Cela infirme l'idée
qu'on se fait de cette catégorie d'entreprises selon laquelle "
les décisions d'implantation sont prises par des hommes qui
n'agissent pas toujours en pur agents rationnels"3
.
* Rôle du facteur "fonctions urbaines".
La littérature économique a toujours reconnu le
rôle central joué par cette catégorie de facteurs dans le
choix de localisation des entreprises. Mais contrairement à ces
affirmations, les résultats de l'enquête réduisent
l'importance de ces éléments qui ne sont pas
considérés comme très influents.
Ce facteur "fonctions urbaines" qui est lié à la
présence d'un certain nombre de services au niveau de la ville, n'arrive
en effet qu'en avant dernière position avec 17,55 % du total des
réponses. Les facteurs spécifiques composant cette
catégorie sont très peu évoqués par les chefs
d'entreprises enquêtées:
- Présence des services administratifs, commerciaux,
financiers et techniques (4,10
%);
- Situation de la ville par rapport à d'autres villes ou
à d'autres lieux (3,20%) - Infrastructures de base (routes, voies
ferrées, etc.) 10,25 %;
Pris à part, ce dernier facteur demeure tout de
même, d'une grande importance vis-à-vis de la décision de
localisation surtout lorsqu'on sait qu'une grande partie des PMI est
implantée sur les principales routes d'accès à la ville
dont elles marquent l'entrée. Sans oublier le rôle
déterminant qu'a joué la voie ferrée dans
l'émergence de certaines espaces de concentration industrielle à
Meknès, notamment le quartier industriel d'Ain Slougui.
* Influence limitée des aides et des stimulants
officiels.
Si le rôle de la zone industrielle parait relativement
important dans le choix de la localisation des PMI à Meknès, les
autres aides et stimulants officiels en faveur de cette catégorie
d'entreprises ne sont pas considérées comme facteurs
déterminants ou influents. ces facteurs occupent en effet une place
très marginale avec seulement 3,20 % du total des raisons
évoquées par les chefs d'entreprises enquêtées.
Cette situation s'explique par le fait que "
l'investisseur accorde plus d'importance à l'environnement
économique et social plutôt qu'aux stimulants fiscaux
limités dans le temps et dans leur portée "1 .
L'impôt exerce de ce fait peu d'influence sur la
décision d'investissement et sur le choix de localisation. Cette
inefficacité de l'impôt explique par ailleurs, son impact
très réduit en matière de régionalisation des
projets industriels en général et des PMI en particulier comme
l'illustre bien le tableau suivant:
(2) IDEM.
( 3) MIRENE cité par DESERT (B) et VERLAQUE ( C): L'espace
industriel, opp cité p:19.
( 1) BOUSSETTA ( M): " Les incitations fiscales à
l'investissement industriel et développement régional " actes de
coloque organisé par le Ministère de la Population sous le
théme: Région et développement économique,Rabat le
19 et 20 octobre 1995.pp: 120-136.
102
Tableau n° 35: Structure des investissements
agréés des projets PMI durant la
ériode 1986-1995 en %.
Années
Villes
|
86
|
87
|
90
|
91
|
92
|
93
|
94
|
95
|
Casa
|
48
|
54
|
49
|
49
|
44
|
41
|
37
|
32
|
Rabat / Salé
|
05
|
07
|
04
|
10
|
04
|
08
|
09
|
06
|
Tanger
|
05
|
06
|
06
|
07
|
05
|
06
|
09
|
21
|
Fès
|
07
|
05
|
06
|
05
|
05
|
07
|
04
|
05
|
Meknès
|
1,6
|
1,7
|
2,5
|
1,4
|
1,3
|
2,9
|
3,9
|
0,4
|
Reste du Maroc
|
33,4
|
26,3
|
32,5
|
27,6
|
40,7
|
35,1
|
37,1
|
35,6
|
TOTAL
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source: Rapports annuels des investissements
agréés. Direction de l'Industrie.
Le développement régional est l'un des
principaux objectifs du code des investissements industriels de 1983. Les
avantages spécifiques accordés par ce dernier en dehors de
Casablanca, sont-ils suffisants pour inciter les promoteurs industriels et
particulièrement les PMI à investir dans les régions
relativement moins développées?
Le tableau ci -dessus montre bien que la réponse
à cette question est négative. La distribution
géographique des investissements de PMI agréés,
reflète l'inefficacité des avantages du code et l'échec de
la politique de régionalisation poursuivie. Le grand Casablanca qui
n'est pas concerné par les mesures d'encouragement à
l'investissement est celui qui a polarisé le maximum des capitaux (
environ 50 %. Cette proportion a certes commencé à diminuer
à partir de 1992, mais sans pour autant remettre en cause
l'hégémonie de la capitale économique dans la polarisation
des investissements.
En somme, nous pouvons dire que l'impact des stimulants
fiscaux dans la réorientation des investissements industriels y compris
de PMI, reste assez limité. Cela explique la position de ce facteur dans
le niveau le plus bas de la hiérarchie des facteurs de localisation
évoqués par les chefs des PMI enquêtées. Ces
derniers justifient leur choix d'emplacement à Meknès pour des
raisons autres que les stimulants fiscaux qui n'occupent qu'une place
très marginale dans leur décision de choix de localisation.
A notre avis, le fait que ces facteurs ne soient pas en
rapport avec les motivations réelles des décisions de
localisation ainsi que leur généralisation actuelle sur
l'ensemble du territoire national, expliquent les résultats de
l'enquête et en tout cas démontre leur incapacité en tant
qu'instrument de modification des contraintes de localisation.
En guise de conclusion de ce paragraphe, il est logique de se
demander si les dirigeants des PMI sont satisfaits de leur localisation
après l'avoir expérimentée?
65 % le sont contre 35 % qui estiment avoir commis une erreur
d'appréciation lors du choix de la localisation de leur entreprise. Les
mécontents mentionnent comme désavantages : Faiblesse de la
demande, lourdeurs administratives, main d'oeuvre ne donnant pas entière
satisfaction, inadéquation des équipements et des infrastructures
d'accueil, etc.
Paragraphe 2 : Les exigences idéales pour
choisir un site d'implantation.
Après l'examen des différents mobiles qui ont
guidé le choix de localisation actuelle des dirigeants des PMI à
Meknès, il s'agit maintenant de voir dans quelle mesure ces derniers
considèrent leur choix comme opportun et pertinent à travers
l'étude des raisons idéales de localisation, en essayant de
connaître l'opinion des chefs des PMI sur ceci:
Quelles sont idéalement les principales exigences
recherchées lorsqu'on choisi t un lieu d'implantation ?
Elle était demandée aux intéressés
de classer ces exigences par ordre d'importance décroissante comme se
fût le cas pour les facteurs de localisation actuelle. Ainsi, chaque
élément de réponse a reçu une pondération et
les résultats de cette enquête sont récapitulés dans
le tableau suivant:
Tableau n° 36 : Raisons idéales pour choisir
un lieu d'implantation.
Raisons
|
Fréquence
|
%
|
Infrastructures de base( routes, voies ferrées,
etc.)
|
160
|
20,50
|
Terrains disponibles et moins coûteux
|
75
|
9,60
|
Proximité des fournisseurs et des
clients
|
202
|
26,00
|
Zones industrielles aménagées
|
90
|
11,50
|
Environnement économique favorable(
Banques,
entretien, etc.)
|
97
|
12,40
|
Proximité de main d'oeuvre et main d'oeuvre
qualifiée
|
94
|
12,00
|
Avantages fiscaux
|
62
|
8,00
|
Total
|
780
|
100
|
Source : Enquête PMI. Juillet/Août. 2000
103
Figure n° : Raisons idéales de localisation
des PMI à Meknès
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
Infrastructures de base
104
Ainsi pour ces mêmes dirigeants des PMI, dans le
contexte économique marocain actuel, l'analyse des raisons
idéales pour choisir un site d'implantation, fait ressortir un ordre
tout à fait différent de celui des véritables raisons qui
ont déterminé la localisation actuelle des PMI à
Meknès.
En effet, la proximité des fournisseurs et des clients
( marché) a été le premier facteur idéal qui
déterminerait le choix d'un site d'implantation. Par 26,00 % des
réponses exprimées, ce facteur se détache très
nettement de l'ensemble les autres facteurs.
Dans les raisons d'implantation, ce facteur occupait
également une position importante avec 12,60 %. C'est dire combien les
chefs des PMI sont surtout préoccupés par les problèmes
d'approvisionnement en matières premières et surtout
d'écoulement de leurs productions. La proximité offre / demande
est en effet une des caractéristiques de ces entreprises pour lesquelles
l'espace de production constitue un élément central de dynamisme
commercial 1 .
Les seconds facteurs idéaux cités par les
dirigeants des PMI enquêtées sont les infrastructures de base au
sens large ( réseaux de communication, eau, électricité,
télécommunications, etc.. Ces facteurs reviennent à raison
de 20,50 % dans les réponses des chefs d'entreprises concernant les
exigences idéales de localisation. Ces facteurs n'occupaient que la
4ème place dans le classement des raisons réelles ayant
déterminé la localisation actuelle des PMI à
Meknès.
La troisième raison idéale est l'existence d'un
environnement économique favorable, raison apparemment très
large, mais que les entrepreneurs enquêtés définissent par
les éléments suivants: Réseaux bancaires adaptés
aux besoins des entreprises, moyens rapides pour dépanner,
réparer et entretenir ses équipements, services administratifs,
etc.
Ces facteurs sont cités à raison de 12,40 %, un
peu devant la proximité des bassins d'oeuvre et main d'oeuvre
qualifiée avec 12,00 % du total des réponses. Mais il faut dire
que la qualification du personnel est davantage recherché que son faible
coût.
( 1) HINTI ( Said) : Les dynamiques économiques des
colléctivités locales, opp cité p: 90.
Les facteurs liés au foncier qui occupaient une place
importante dans les facteurs de localisation actuelle, sont paradoxalement peu
évoqués au niveau des exigences idéales de localisation.
Ainsi, le facteur " Zones industrielles aménagées" n'est
cité qu'à raison de 11,50 % contre 9,60% pour le facteur" terrain
disponibles et moins coûteux «.
Toujours en dernière position le facteur " avantages
fiscaux " qui en principe devraient constituer l'un des principaux stimulants
pour déterminer ou infléchir toute décision
d'investissement dans une zone quelconque. Ce facteur est devenu en
réalité un élément négligeable et
s'avère être la dernière préoccupation des
dirigeants des PMI pour le choix d'un site d'implantation.
Au niveau des résultats de l'enquête, ce facteur
n'a réuni que 8,00 % du total des réponses avancées.
En termes d'enseignements, il parait bien que les chefs des
PMI enquêtées sont surtout guidés par des raisons logiques,
basées sur un calcul économique rigoureux dans toute
décision de choix d'emplacement.
Même dans le cas où ces décisions sont
entachées de circonstances
personnelles, cela se justifie par la possibilité de
bénéficier d'une propriété ( terrain ou local)
pour y réaliser son projet d'investissement, de tirer profit de sa
familiarité avec la ville pour nouer des relations commerciales ou
autres ou encore de bénéficier de l'aide des membres de la
famille.
De manière générale, en choisissant
d'implanter leurs entreprises dans leur ville d'origine, les entrepreneurs
cherchent entre autres à tirer profit d'un certain nombre de ressources
relationnelles. Leurs clients et leurs réseaux commerciaux (
Fournisseurs, aides ponctuelles, prêts, etc.) font le plus souvent partie
de leur environnement immédiat.
C'est dire que ces raisons personnelles qualifiées de
subjectives ne manquent pas le plus souvent de rationalité
économique.
105
Conclusion
106
Au terme de cette analyse sur la logique de déploiement
des PMI à Meknès, nous pouvons conclure que les facteurs ayant
influé sur la localisation de ces entreprises sont divers et très
complexes dans la mesure où des dimensions extra-économiques
figurent parmi les facteurs qui entrent dans la détermination de la
localisation de ces entités économiques.
Néanmoins, trois groupes de facteurs ont beaucoup
pesé sur le choix d'implantation des PMI à Meknès. Il
s'agit en premier lieu des facteurs liés à la production et au
marché notamment la présence des fournisseurs et des clients, la
présence des matières premières et l'abondance de la main
d'oeuvre. Ces facteurs traditionnels de localisation continuent ainsi de jouer
un rôle déterminant dans l'emplacement des industries et
particulièrement des PMI. Il s'agit en second lieu des facteurs
liés au foncier et en troisième lieu des facteurs d'ordre
personnel ayant été cité comme facteurs déterminant
de choix de localisation.
Quant aux aides et stimulants officiels, seule la
création de la zone industrielle semble avoir joué un rôle
relativement important dans le choix de l'emplacement des PMI à
Meknès. Par contre les incitations fiscales et financières ne
semblent jouer qu'un rôle très marginal dans les décisions
de localisation et d'investissement. Cela montre que l'impôt en
général, est incapable d'infléchir ou de réorienter
les investissements industriels y compris ceux initiés par les PMI, vers
les zones intérieures ou déshéritées du Maroc.
Telle est en général la logique de
déploiement des PMI à Meknès, il reste à examiner
les composantes et les tendances spatiales de ces entités dans l'aire
d'étude. Ce sera l'objet du chapitre suivant.
Chapitre 2 : Composantes et tendances spatiales des
PMI à Meknès.
Le secteur des PMI à Meknès, très
diversifié tant par sa nature, par la taille de ses entreprises que par
son âge, a différemment imprimé l'espace urbain de la ville
ismaélite. Les unités relevant de ce secteur sont , en effet,
aujourd'hui assez dispersées et très diffuses dans l'espace
urbain et dans sa périphérie immédiate.
Nous pouvons ainsi distinguer plusieurs formes de localisation
des PMI à Meknès à savoir :
- Implantations en quartiers industriels;
- Diffusion en zones intra-urbaines;
- Implantations en zones périphériques;
- Implantations en zone industrielle et zones d'activités
économiques.
Toutefois, l'espace urbain de Meknès reste très
marqué par la multiplication des quartiers industriels dont certains
datent de la période coloniale. Ces quartiers ou zones industrielles de
" fait " se sont constitués sur la base de la concentration d'un certain
nombre d'activités industrielles sur un espace géographiquement
déterminé.
Dans le cadre de ce chapitre, nous nous attacherons à
examiner ces différentes formes de localisation des PMI, en essayant
d'apprécier le rôle ou l'impact de ce secteur d'activité en
matière de structuration de l'espace urbain de Meknès.
Pour ce faire, nous allons voir dans un premier point les
formes de localisation spontanée des PMI à Meknès. Il
s'agit notamment des implantations en quartiers industriels, en zones urbaines
et périphériques ( Section 1). Dans un second et dernier lieu,
nous examinerons les localisations de ces entreprises dans des zones
aménagées et spécialement réservées pour
accueillir cette catégorie d'entreprises. Il s'agit en l'occurrence de
la zone industrielle et des zones d'activités économiques
(Section 2).
Par ailleurs, nous essayerons dans un dernier point d'examiner
la stratégie mise en oeuvre au niveau de la planification urbaine pour
garantir une répartition harmonieuse de ces entreprises dans l'espace de
Meknès ( section 3).
107
Section 1: Localisation spontanée des PMI
à Meknès
Par localisation spontanée des PMI, nous entendons les
formes d'implantations de ces entreprises dans des espaces non prévus au
préalable pour accueillir des projets d'investissement et partant non
aménagés et non dotés des équipements
nécessaires. Il s'agit dans le cas de Meknès des quartiers
industriels (Paragraphe 1) de la dissémination dans les zones urbaines
et des implantations en zones périphériques ou
péri-urbaines ( Paragraphe 2).
Paragraphe 1: Les quartiers industriels à
Meknès : Une structure dominée par les PMI
Les quartiers industriels peuvent être définis
comme étant des sites qui se sont développés par une
prolifération d'industries sans avoir au préalable une
planification spatiale. Les caractéristiques de ces quartiers sont
généralement l'absence de plan d'aménagement
préalablement établi et l'absence d'un maître d'ouvrages
2. Mais ils peuvent être officialisés par la suite
et/ou recevoir des équipements réalisés
postérieurement aux différentes implantations industrielles.
C'est précisément le cas du quartier industriel d'Ain Slougui
à Meknès.
(1) SEFRIOUI (F) : "Politique de décentralisation et
aménagement industriel au Maroc" in La Vie économique,
Octobre 1989, pp : 22-24.
108
Dans ce cadre, il y a lieu de signaler que la ville de
Meknès compte actuellement six quartiers industriels dont trois
localisés au niveau de la préfecture d'Al Ismaïlia ( Site
Sidi Said, Route Agourai et Route El Hajeb) et trois autres au niveau de la
préfecture Meknès El Menzeh (Ain Slougui, Lafarge Ciments et
Route Moulay Driss).
I- 1: Le quartier industriel d'Ain Slougui 1-1-1:
Description du site
Le quartier industriel d'Ain Slougui est
considéré comme la plus ancienne zone d'activité de
l'agglomération de Meknès. Créé durant les
années quarante, ce quartier qui s'étend sur une superficie de
dix huit (18) hectares, a eu tous les atouts classiques pour une localisation
industrielle.
Situé à proximité du centre ville, il est
limité au nord par la route de Fès, à l'ouest et au sud
par les quartiers d'habitation qui constituent un frein à son extension.
Ce noyau initial de l'industrie Meknassie sera définitivement
consacré à l'activité manufacturière par les divers
plans d'urbanisme qui se sont succédés à Meknès.
localisation du quartier industriel d'Ain
Slougui
109
Depuis le restructuration administrative de
l'agglomération opérée au début des années
90, ce vieux quartier industriel relève désormais du ressort
territorial de la nouvelle Commune Urbaine de Hamria .
Par ailleurs, le quartier industriel d'Ain Slougui jouit d'une
position privilégiée par rapport aux différents
réseaux (eau, assainissement, voie ferrée, routes). En effet, par
sa position centrale par rapport à la ville, le quartier est largement
desservi par un réseau routier bien structuré. La principale voie
d'accès au quartier reste la route de Fès. Quant à
l'accès ferroviaire, le quartier est desservi par une antenne qui se
détache de la gare à proximité immédiate du
site.
S'agissant de la topographie et des caractéristiques
des sols, le quartier d'Ain Slougui est situé sur un plateau assez plat
marqué par une légère pente de l'ordre de 1% dans le sens
ouest-est. Le ruissellement actuel des eaux se fait dans le sens de la pente
vers l'Est. Les eaux pluviales et du ruissellement se jettent dans l'oued
Ouislane qui passe à l'est de la ville. Le terrain est à l'abri
des inondations.
Malgré ces atouts, les principaux inconvénients
du site découlent de la localisation même de ce quartier par
rapport aux zones de forte densité. En effet, fortement imbriqué
dans le tissu urbain, ce quartier concentre une part importante de
l'activité industrielle et notamment des PMI implantées dans la
commune d'Hamria. Les nouvelles zones d'habitat qui se sont
créées aux alentours du quartier se trouvent de ce fait sous le
vent de ces activités.
I-1-2 : Les PMI dans le quartier d'Ain Slougui
Résultat d'une évolution de plusieurs
décennies, le quartier industriel d'Ain Slougui, regroupe une trentaine
d'unités économiques dont 22 opèrent dans le domaine de
l'industrie. Les autres implantations sont constituées des
dépôts de céréales, hydrocarbures et garage de la
RATUM qui consomment beaucoup d'espace dans le quartier industriel.
La structure du tissu industriel dans le quartier est
nettement dominée par la présence des PMI comme l'illustre bien
le tableau suivant:
110
Tableau n° 37 : Répartition des entreprises
par tranches d'effectifs dans le Quartier industriel d'Ain slougui.
Tranches D'effectifs
|
Etablissements
|
Emplois
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
0 - 9
|
3
|
13,60
|
25
|
1,50
|
10 - 49
|
12
|
54,55
|
267
|
15,85
|
50 - 199
|
6
|
27,30
|
613
|
36,35
|
Total PMI
|
21
|
95,45
|
905
|
53,70
|
Plus de 200
|
1
|
4,55
|
780
|
46,30
|
Total
|
22
|
100
|
1685
|
100
|
Source : - Enquêtes personnelles
Juillet/Août 2000.
- Répertoire des établissements industriels
à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie
de Meknès.
A l'exception donc d'une seule unité, la SICOME (
confection), le tissu industriel dans le quartier d'Ain Slougui est
constitué d'un ensemble de PMI employant moins de 200 personnes. Ces
unités représentent en effet, 95,45 % des entreprises
industrielles opérationnelles au niveau du quartier . Les petites
entreprises ( entre 10 et 49 personnes ) sont fortement
représentées avec plus de 54,55% , contre 27,30% pour les
entreprises de moyenne taille ( entre 50 et 199 personnes ) et seulement 13,60
% pour les micro-entreprises (entre 0 et 9 personnes)
En dépit de leur importance numérique, les PMI
ne contribuent qu'à un peu plus de la moitié de l'emploi
industriel, contre 46,30 % pour la seule grande unité industrielle
existant au niveau du quartier.
Par ailleurs, en raison même de son enclavement, le
quartier industriel d'Ain Slougui, est en perte de vitesse. En effet, depuis
quelques années, il évolue vers les activités de services
qui sont plus en rapport avec sa proximité du centre de la ville
nouvelle.
Avec l'ouverture à l'urbanisation de la partie nord de
la base militaire, le quartier industriel d'Ain Slougui, qui n'avait pu
être valorisé, jusqu'alors devient un enjeu majeur du
développement de la commune d'Hamria.
La stratégie adoptée au niveau de la
planification urbaine de Meknès, prévoit d'ailleurs la
restructuration de cette zone pour la réaffecter et ce, dans le cadre
d'une opération globale d'aménagement .
I- 2 : Quartier industriel de la route d'Agourai I-2-1 :
Localisation et données du terrain
Le site est situé sur la route d'Agourai à 2 Km
au sud ouest de Meknès. Les industries existantes couvrent une
superficie totale de 13 hectares. Cependant les possibilités d'extension
sont limitées compte tenu des lotissements qui sont en cours de
réalisation.
La situation de ce quartier par rapport aux vents dominants
pose des problèmes pour les quartiers sud - est de la ville ancienne (
Tourraine) qui sont sous l'influence
111
directe des vents de l'ouest. Il en est de même pour les
zones d'extension de la ville vers le sud..
Le site se trouve sur le bassin versant de l'oued krimal qui
se jette dans l'oued Bouhishak. Une pente moyenne marque ce terrain permettant
le drainage des eaux vers la vallée de l'oued. Le terrain est tout de
même à l'abri des inondations qui peuvent résulter des
débordements des eaux en période de crue..
I-2-2 : Accès, raccordement et occupation
Le site est desservi par la route d'Agourai qui le relie
à la ville, à la rocade sud ( distance de 2 kms) et à
l'autoroute nouvellement créée.
L'alimentation en eau est réalisée à
partir du réseau de la ville ancienne. Quant à l'alimentation en
électricité, elle est faite à partir du poste de livraison
ONE-RADEM de Djebara.
S'agissant de l'assainissement, la desserte des unités
ne pose aucun problème aussi bien en ce qui concerne les eaux pluviales
que les eaux usées.
Le quartier industriel de la route d'Agourai, est
occupé en grande partie par les industries du bois, du textile et de la
tannerie. Il se caractérise en outre, par la prédominance de
grosses unités de production.
En effet, parmi les 7 entreprises industrielles
opérationnelles au niveau du site, 4 sont de grande taille et comptent
parmi les unités les plus importantes de la ville. C'est le cas des
sociétés SEFITA, SIBOS et MAGHREB UNIFORMES
INDUSTRIES avec respectivement 550, 637 et 579 emplois permanents. C'est
le cas aussi de la société TANNERIES DE MEKNES (ex MANUCUIR)
avec 213 emplois permanents.
Les autres unités localisées dans le site sont
des PMI de taille moyenne : SIFAP (fabrication de papiers et cartons),
TRICOTAGE HAUT ATLAS (bonneterie) et SCIAGE MAROCAIN
(industrie de bois) employant respectivement 71, 130 et 25 personnes de
façon permanente. Soit un total de 226 employés
représentant seulement 10 % au niveau de ce quartier.
I- 3 : Quartier industriel "Route d'El Hajeb" I-3-1-
Description du site
Le quartier industriel de la route d'El Hajeb se trouve au
sud-est de la ville sur la route principale n° 21 à 6 Km environ de
Meknès.
Le terrain est en fait constitué de deux parties, de
part et d'autre de la route d'El Hajeb. La première représente
120 Ha. La seconde a une superficie d'une vingtaine d'hectares.
112
C'est un terrain relativement plat, marqué par une
légère pente dans le sens est-ouest. L'accès routier est
excellent: le quartier est desservi par la RP 21 et la Rocade sud, ce qui offre
toutes les possibilités au trafic des poids lourds.
Le raccordement électrique et en eau potable n'a
posé aucun problème, mais le raccordement au réseau
d'assainissement de la ville n'est pas réalisable à court terme.
Actuellement les eaux usées sont refoulées vers l'Oued
Boufekrane, ce qui pose le problème de pollution de ces eaux..
I-3-2- Présence importante des PMI
Au contraire du quartier industriel de la Route d'Agourai, le
site de la Route d'El Hajeb se caractérise par une présence
importante des PMI.
En effet, sur les 15 unités industrielles que compte
actuellement le quartier, 14 sont des PMI. Ces dernières emploient
environ 460 personnes de façon permanente. Soit plus de 64 % de l'emploi
industriel au niveau de l'ensemble du quartier.
Ces unités travaillent dans les domaines des
matériaux de construction (SORIMAC, ISMAILIA CARREAUX, FILALIA DE
CONSTRUCTION, MARBRERIE EKOUNKA), des industries mécaniques et
métallurgiques (SICAR AUTO, FER SAIS, FMB, METAL MARE) et dans
le domaine de la confection et habillement (PLITEX, SOHAME), etc.
Le tableau suivant donne la ventilation des entreprises et de
l'emploi au niveau de ce quartier:
Tableau n°38 : Répartition des entreprises
et de l'emploi dans le quartier industriel de la route d'El
Hajeb
Tranches D'effectifs
|
Etablissements
|
Emplois
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
0 - 9
|
01
|
6,25
|
09
|
0,76
|
10 - 49
|
11
|
68,75
|
314
|
26,65
|
50 - 199
|
02
|
12,50
|
131
|
11,12
|
Total PMI
|
14
|
87,50
|
454
|
38,53
|
Plus de 200
|
02
|
12,50
|
724
|
61,47
|
Total
|
16
|
100
|
1178
|
100
|
Source : - Enquêtes personnelles.
- Répertoire des établissements industriels
à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie
de Meknès.
113
A l'instar du tissu industriel de Meknès dans son
ensemble, la structure du quartier de la route d'El Hajeb est donc
dominée par les PMI dont l'effectif représente environ 88 % du
total des entreprises existant dans le quartier et notamment celles employant
entre 10 et 49 personnes qui constituent 73,25 %.
S'agissant de la contribution de ces PMI à l'emploi au
niveau du quartier, ce chiffre a seulement 38,53 % contre 61,47 % pour les deux
grandes entreprises recensées au niveau du quartier.
I- 4: Quartiers industriels de " Sidi Said"et " Lafarge
ciment"
Ces quartiers présentent la
particularité d'être occupés par deux grandes entreprises
à savoir: La SOCIETE NOUVELLES DES HUILERIES DE MEKNES et
LAFARGE CIMENT ( EX-CADEM).
I-4-1 : Quartier industriel " Lafarge ciment".
Situé au Nord-Est de Meknès,
sur la route de Fès, non loin de la rive droite de l'Oued Ouislane, le
quartier " Lafarge ciment" s'étend sur une superficie de 330 hectares.
Ce site se caractérise en outre par un statut foncier particulier:
Domanial à occupation temporaire.
Le terrain composé de deux parcelles de 180 et 150
hectares, est situé sur un plateau aux pentes assez faibles de l'ordre
de 1,5 et 2 %.
Accès routier est facile par la route de Fès. Il
en est de même pour l'accès ferroviaire du fait qu'un
tronçon de chemin de fer arrive jusqu'à l'usine LAFARGE
CIMENT
Les raccordements en eau potable, électricité et
télécommunications sont facilement réalisables du fait de
leur disponibilité à proximité. Quant aux eaux
usées, elles peuvent être facilement rejetées directement
dans l'oued Ouislane.
Le terrain présente donc les avantages de
l'accessibilité et des raccordements aux réseaux; mais aussi
certains inconvénients tels que les problèmes de l'assainissement
et des nuisances par rapport à une partie de la commune urbaine de
Ouislane située dans l'enceinte du terrain.
S'agissant de l'occupation du site, LAFARGE CIMENT (
EX-CADEM) est la principale unité implantée dans le
quartier. Elle est aussi la plus étendue en superficie au niveau de la
ville ( 300 ha y compris la carrière) . Cette société
créée en 1950, emploie actuellement plus de 340 ouvriers
permanents. Sa production est estimée à 707.000 tonnes par an.
I-4-2: Quartier industriel Sidi Said
A l'instar du quartier industriel précèdent,
c'est une grande entreprise en l'occurrence la SOCIETE NOUVELLE DES
HUILERIES DE MEKNES qui est à l'origine de la création du
quartier industriel Sidi Said vers la fin des années quarante.
Ce site se trouve à la sortie ouest de la ville sur la
route de Rabat. Sa superficie totale est de 13 hectares. Il est
considéré comme ayant atteint ses limites d'extension en raison
de sa proximité immédiate des quartiers d'habitat.
Sa desserte se fait facilement par la route de Rabat,
principal accès de la ville du côté ouest.
114
Quant au raccordement du quartier aux réseaux, il s'est
fait de manière progressive. L'alimentation en eau et en
électricité n'ont posé aucun problème. Elle a
été faite à partir des réseaux urbains. Il en est
de même pour l'assainissement.
Cependant, le quartier industriel Sidi Said occupe une
position extrêmement défavorable par rapport à la ville.
Les odeurs et les fumées dégagées par les unités de
production et entraînées par le vent, se rabattent directement sur
les quartiers situés aux alentours.
S'agissant de l'occupation actuelle du quartier, on compte une
grande entreprise : la SOCIETE DES HUILERIES DE MEKNES, occupant
à elle seule 8 hectares et employant plus de 860 ouvriers. En plus des
MOULINS DE ZERHOUN dont l'effectif employé est de l'ordre de 80
ouvriers permanents.
Le quartier était occupé par le passé par
d'autres unités actuellement en cessation d'activité.
I- 5 : Quartier industriel Route Moulay Driss
Au contraire des autres quartiers qui sont relativement
anciens, le quartier industriel de la route Moulay Driss présente la
particularité d'être crée récemment vers la fin des
années quatre vingt.
Ce quartier est situé à la sortie Nord de la
ville, sur la rive gauche de moulay Driss à environs 5 kms du centre
ville. La superficie de terrain s'étend sur 40 hectares.
L'accès routier de ce quartier est relativement facile
puisqu'il est situé sur la rive gauche de la route de Moulay Driss.
L'alimentation en électricité est
facilitée par la proximité du réseau. Mais
l'assainissement et l'eau potable restent un sérieux handicap.
L'atout majeur du site est son éloignement du centre
ville de Meknès, bien que le principal quartier avoisinant commence
à s'y rapprocher.
De point de vue occupation, le quartier regroupa surtout des
entreprises de taille moyenne ayant choisies leur emplacement pour des raisons
de disponibilités de matières premières. Il s'agit
notamment des deux briqueteries IDRISSIA et ZERHOUN employant au total
118 ouvriers permanents.
Pour conclure ce paragraphe, nous pouvons dire que l'une des
caractéristiques structurelles de l'activité
manufacturière dans les quartiers industriels à Meknès,
est la prédominance des PMI en comparaison avec les entreprises de
grande taille; à l'exception toutefois des quartiers Sidi Said et
Lafarge - Ciment réservés exclusivement aux grandes
unités.
Dans l'ensemble, les PMI représentent plus de 83 % des
entreprises implantées dans ces espaces de concentration industriels.
Mais leur contribution à l'emploi ne représente que moins de 30 %
de l'emploi total au niveau de ces quartiers ( voir tableau n° 39 ).
Tableau n°39 : Répartition des entreprises
industrielles par tranches d'effectifs dans les quartiers industriels de
Meknès.
Quartiers
|
Nombre d'établissements
|
Effectifs employés
|
|
115
industriels
|
0-9
|
10-49
|
50-199
|
Total PMI
|
+ 200
|
Total général
|
0-9
|
10-49
|
50-199
|
Total PMI
|
+ 200
|
Total général
|
Ain Slougui
|
3
|
12
|
6
|
21
|
1
|
22
|
25
|
267
|
613
|
905
|
780
|
1685
|
Route Agourai
|
-
|
1
|
2
|
3
|
4
|
7
|
-
|
25
|
201
|
226
|
1984
|
2210
|
Route El Hajeb
|
1
|
11
|
2
|
14
|
2
|
16
|
9
|
314
|
131
|
454
|
724
|
1178
|
Sidi Said
|
-
|
-
|
1
|
1
|
1
|
2
|
-
|
-
|
80
|
80
|
861
|
941
|
Lafarge Ciment
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
343
|
343
|
Route My
Driss
|
-
|
-
|
2
|
2
|
-
|
2
|
-
|
-
|
118
|
118
|
-
|
118
|
Total
|
4
|
24
|
13
|
41
|
9
|
50
|
34
|
606
|
1143
|
1783
|
4692
|
6475
|
Source : - Enquêtes personnelles. juillet/ Août
2000.
- Exploitation des Résultats de l'enquête annuelle
sur les industries de transformation. Direction de L'Industrie. Rabat. 1998.
Figure n° 14 : Répartition des entreprises
par tranches d'effectifs dans les quartiers industriels de
Meknès.
Ain
Slougui
Route
Agourai
Route El
Hajeb
Route My
Driss
Sidi Said Lafarge
Ciment
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Quartiers industriels
plus de
200
50 à 199
10 à 49
0 à 9
Etab
Etab
Paragraphe 2 : Les aires de diffusion intra- urbaine
et périphérique des PMI à Meknès
La présence des PMI à Meknès ne se limite
pas aux quartiers industriels ou à la zone industrielle
aménagée. Elle touche aussi la majorité des quartiers
résidentiels et même l'espace péri- urbain de la ville.
II-1 : L'espace urbain : Espace de foisonnement de la PMI
à Meknès
116
Comparée aux espaces de concentration
pré-cités ( quartiers industriels et zone industrielle), cette
forme de localisation se caractérise par une large dispersion des
petites unités de production au sein des quartiers résidentiels
de la ville de Meknès.
Le développement de ces activités constituent
aujourd'hui l'une des spécificité principales du tissu urbain
notamment de la préfecture Meknès El Menzeh. Il participe avec
d'autres facteurs aux mutations profondes du paysage urbain de la ville
ismaélite.
Les PMI installées en milieu urbain se
caractérise par des formes de localisation spécifiques où
l'implantation verticale constitue la forme dominante de la présence de
ces unités.
Nombreuses sont, en effet, les PMI qui occupent le
rez-de-chaussée, les garages et parfois même le sous-sol des
immeubles, de telle sorte que pour les découvrir, il faut y voir de
très prés.
Sous l'effet de la spéculation, on a assisté ces
dernières années au remplacement des maisons individuelles ou
petites villas par des immeubles de plusieurs niveaux. Cette extension
verticale montre l'importance des changements urbains enregistrés par
les différents quartiers notamment au niveau de la commune urbaine de
Hamria.
Les spéculateurs profitent de l'avantage de situation
centrale de ces quartiers pour augmenter leur rente. En général,
ils louent ou vendent le sous-sol et le rez-de-chaussée aux
entrepreneurs.
Cette forme de localisation au niveau de la ville de
Meknès, concerne environ
80 PMI opérant notamment dans les domaines de
l'agro-alimentaire ( biscuiteries, boulangeries, etc.) et de la chimie
parachimie (industrie de bois, etc.).
La grande majorité de ces PMI, se diffuse au niveau de
la préfecture de Meknès El Menzeh dans les quartiers El
Bassatine, Hamria (avenue des FAR, avenue des capucins, avenue de la gare, etc.
). Par contre à Al-Ismailia, la présence des PMI est moins dense
et plus discrète. Elle se caractérise par la faiblesse de sa
production et de son poids dans la structure productive de Meknès.
Par contre, au niveau de l'ancienne Médina, le
pullulement des petites unités de production, est ici le
caractère dominant. Ces unités dans de petites boutiques, sans
enseigne ni écriteau, donne à cet espace un aspect de zone
polyfonctionnelle ou micro-industrie et activités tertiaires sont
étroitement liés à la résidence.
Le tableau suivant donne la répartition des entreprises
industrielles disséminées au sein des quartiers
résidentiels de Meknès .
Tableau n° 40: Ventilation des entreprises
industrielles installées au sein du tissu urbain de Meknès par
tranches d'effectifs.
Tranches D'effectifs
|
Etablissements
|
Emplois
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
0 - 9
|
53
|
64,65
|
310
|
14,40
|
10 - 49
|
18
|
21,95
|
276
|
12,80
|
50 - 199
|
08
|
9,75
|
560
|
26,00
|
117
Total PMI
|
79
|
96,35
|
1146
|
53,20
|
plus de 200
|
03
|
3,65
|
1009
|
46,80
|
Total général
|
82
|
100
|
2155
|
100
|
Source : - Enquêtes personnelles
Juillet/Août 2000.
- Répertoire des établissements industriels
à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie
de Meknès. - Exploitation des Résultats de l'enquête
annuelle sur de transformation. Direction de L'Industrie. Rabat. 1998.
D'après le tableau ci-dessus nous constatons une
présence importante des PMI disséminées au sein des
quartiers résidentiels. Le tissu urbain est de ce fait
considéré comme un espace de foisonnement des PMI par excellence.
96,35 % des entreprises industrielles localisées dans cet espace sont,
en effet, des PMI contribuant ainsi à plus de 53 % de l'emploi
industriel. Le reste est constitué par des entreprises de grande taille
, soit seulement 3,65 % du total des entreprises. Mais leur contribution
à l'emploi demeure relativement importante (46,80%).
De façon générale, la présence des
PMI dans les quartiers destinés à l'origine à l'habitat
peut s'expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs dont notamment la
proximité de la main d'oeuvre et des marchés d'écoulement
de la production, disponibilités de locaux d'exploitation, etc.
2-2 : Les zones péri- urbaines, nouvelles aires
de développement de l'industrie et des PMI à
Meknès
Depuis quelques années, l'espace
péri-urbain est devenu le lieu de décolonisation et d'extension
des industries de la ville y compris les PMI. Ce phénomène de
"périphérisation" s'explique par l'encombrement de l'espace
urbain d'une part et par les disponibilités foncières en
périphérie d'autre part. Chose qui a favorisé
l'implantation de plusieurs établissements au niveau de ces zones.
Ainsi, d'un espace essentiellement agricole, ces zones
périphériques sont en passe de devenir depuis quelques
années, un espace polyfonctionnel avec le développement d'un
habitat résidentiel pour les citadins de Meknès, d'un secteur
maraîcher très spéculatif et surtout d'activités
industrielles et de PMI très diversifiées.
Inégalement répartis dans
l'espace, ces établissements ont été mis en place d'une
manière spontanée et ont donné naissance à des
formes de localisations différenciées autour de la ville.
Toutefois la pression est de plus en plus forte aux
entrées de la ville (route d'El -Hajeb, route d'Agourai, route de My
Driss) où sont déjà localisés les principaux
espaces de concentration industriels. Mais elle touche également des
petits centres limitrophes de la ville à l'exemple de Dkhissa sur la
route de Fès, Ain Orma dans la commune rurale d'Ait Ouallal, etc.
En tenant compte des implantations au niveau des quartiers
industriels situés en périphérie, nous pouvons dire que
généralement, l'industrie à Meknès se situe en
zones péri-urbaines comme le montre la carte n° .
118
Abstraction faite de ces implantations déjà
recensées au niveau du volet concernant les quartiers industriels , nous
avons relevé une trentaine de PMI localisées en zones
péri-urbaines ventilées comme suit:
Tableau n °41 : Distribution des PMI en zones
périphériques de Meknès.
Tranches D'effectifs
|
Etablissements
|
Emplois
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
0 - 9
|
12
|
40
|
60
|
11,25
|
10 - 49
|
14
|
46,65
|
218
|
40,80
|
50 - 199
|
04
|
13,35
|
256
|
47,95
|
Total PMI
|
30
|
100
|
534
|
100
|
Source : - Enquêtes personnelles
Juillet/Août 2000.
- Répertoire des établissements industriels
à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie
de Meknès
Les PMI installées en
périphérie sont surtout des usines qui relevant des branches des
industries chimiques et parachimiques, du textile et cuir et de
l'agro-alimentaire. Ces entreprises sont pour la plupart des micro et petites
entreprises qui représentent plus de 86 % du total des entreprises
recensées dans ces espaces contre 13,35 % pour les entreprises de
moyenne taille.
Dans l'ensemble, les PMI localisées en
périphérie assurent environ 534 emplois permanents. Nombre
relativement peu important par rapport à l'emploi dans les autres formes
de localisations identifiées à Meknès.
Section II: Les implantations des PMI en zone
industrielle et zones d'activités économiques
Après avoir étudié les formes de
localisation des PMI dans des espaces où la diffusion de ces
unités se fait de manière spontanée et " non
réglementaire", nous nous proposons dans le cadre de cette section
d'analyser d'autres formes de localisations dans des espaces
aménagés et spécialement destinés au
déploiement industriel de manière générale et des
PMI de manière particulière. Il s'agit de la zone industrielle de
Sidi Bouzekri (ParagrapheI) des zones d'activités économiques et
de la pépinière d'entreprises ( Paragraphe II).
Paragraphe I: Zone industrielle de Sidi Bouzekri :
Facteur de localisation des PMI à Meknès.
Une zone industrielle est un ensemble de terrains
équipés par une institution d'aménagement ou par une
collectivité territoriale afin de faciliter l'implantation, le
fonctionnement et le développement des établissements à
caractère essentiellement industriel. Il s'agit de mettre à la
disposition des investisseurs potentiels des terrains aménagés en
infrastructures et équipements de base à des prix
préférentiels en fonction du site de localisation de la zone.
Pour la collectivité locale, la zone est tout à
la fois un instrument d'urbanisme et un instrument de développement
social et économique. Elle constitue un moyen de rationaliser
l'utilisation du sol urbain, de contrôler la spéculation
foncière et de protéger
119
l'environnement. Mais c'est surtout l'espoir d'attirer des
entreprises pour la création d'emplois et pour s'assurer des recettes
financières nouvelles.
Pour l'entreprise, s'établir en zone industrielle c'est
bien souvent la possibilité des atouts techniques: besoins de l'usine en
surfaces, meilleures solutions aux problèmes de pollution et de
nuisances, environnement offert par la zone industrielle, etc. Pour les PMI, la
zone industrielle permet essentiellement de minimiser les coûts
d'implantation, de bénéficier de la présence de certains
services et éventuellement de trouver des débouchés par
des activités de sous-traitance. C'était également la
possibilité de bénéficier de l'attribution d'aides
publiques en particulier sur le plan des coûts fonciers ( code des
investissements industriels de 1983).
La ville de Meknès, caractérisée surtout
par la multiplication des quartiers industriels, dispose d'une seule zone
industrielle aménagée sise à Sidi Bouzekri.
I-1: Raisons d'être de la zone industrielle de Sidi
Bouzekri
La réalisation de la zone industrielle de Sidi Bouzekri
entre dans le cadre du programme national des zones industrielles ( PNAZI) qui
a été lancé au début des années quatre vingt
suite à une étude réalisée par l'office de
développement industriel (ODI) dans ce sens. La ville de Meknès a
été retenue par l'équipe chargée de l'étude
parmi les 22 villes choisies pour abriter ces zones. Et ce, sur la base d'un
ensemble de facteurs de localisation ( facteurs de production et de
marché, disponibilités de matières premières et de
main d'oeuvre, facteurs d'environnement général, etc.) et
d'implantation ( disponibilités foncières, situation
topographique du terrain, vents dominants, réseaux, etc.).
Les objectifs recherchés à travers la
création de la zone industrielle de Sidi Bouzekri sont:
- Résoudre le problème crucial du chômage
et du sous-emploi dont souffre la ville. Et ce, par le biais de la
création d'un nombre important d'emplois industriels permanents et
corrélativement améliorer le niveau de vie de la population
grâce aux revenus distribués.
- La valorisation sur place des richesses locales surtout que
la région de Meknès recèle de potentialités
importantes notamment dans le domaine agricole. Ce qui permettra de renforcer
les liens d'intégration entre secteurs primaire et secondaire.
- Atténuer les liens de dépendance de la ville
et de sa région vis à vis des autres régions du Maroc,
dans le cadre d'une politique d'aménagement de territoire ayant pour but
de favoriser les zones déshéritées par rapport à
l'axe Casa-Kénitra et d'atténuer l'écart de
développement entre les régions du pays.
En définitive, la zone industrielle est censée
dynamiser le processus de croissance économique de la ville et de sa
région, en assurant une fonction attractive des nouvelles implantations
devant déboucher sur les objectifs énoncés ci-haut.
1-2- Localisation, superficie et consistance de la zone
industrielle
La zone industrielle de Sidi Bouzekri se situe dans la
périphérie de la ville de Meknès à 7 Km du centre
ville, sur la Route d'El Hajeb (Carte n° ). Relevant du ressort
territorial de la Commune Urbaine Meknassat Azzaitoune, la zone industrielle
120
s'étend sur une superficie totale de 35 Ha. Sa
superficie nette atteint 27,52 Ha composée de 102 lots de contenances
foncières variables.
Tableau n°42 : Consistance de la zone industrielle
de Sidi Bouzekri.
Superficie des lots (m2)
|
Lots
|
Surface cumulée nette (en
m2)
|
Nombre
|
%
|
Superficie
|
%
|
1000 à 2000
|
50
|
49
|
79552
|
28,90
|
2001 à 5000
|
37
|
36,30
|
90264
|
32,79
|
5001 à 10000
|
12
|
11,75
|
73921
|
26,85
|
Plus de 10000
|
3
|
2,95
|
31507
|
11,46
|
Total
|
102
|
100
|
275242
|
100
|
Source : ERAC Région Meknès-Tafilalet.
Meknès.
La Zone industrielle de Sidi Bouzekri était
destinée lors de sa création à recevoir des unités
industrielles de 2ème et 3ème catégories et principalement
les activités à forte utilisation de main d'oeuvre comme les
branches du Textile et Cuir ou de l'Agro-Alimentaire.
La zone industrielle de Sidi Bouzekri présente des
atouts d'accessibilité routière, de proximité de
l'autoroute Rabat-Fès créée récemment et de
proximité du centre ville où existent des accommodements des
services aux entreprises relativement intéressants.
Carte n° : Localisation de la zone industrielle de
Sidi Bouzekri à Meknès.
1-3- Montage technico-financier et commercialisation
de la zone
L'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri
a été confiée à l'ERAC Centre / Sud. Les
dépenses engendrées par la création de cette zone sont
estimées à environs 23 millions de dirhams dont 94,80 % pour les
frais de viabilisation et d'équipement et 5,20 % au titre des
indemnités pour l'expropriation du terrain fixées par la
commission d'expertise sur la base d'un prix unitaire de 3,42 DH /m2. Soit une
somme totale d'environ 1.200.000 Dhs.
Le tableau ci-après donne la ventilation des frais
d'aménagements de la zone industrielle par nature des
opérations.
Tableau n°43 : Ventilation des frais
d'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri
ar nature d'opérations.
Opérations
|
Montants
|
%
|
Terrains ( Acquisition)
|
1.200.000
|
5,20
|
Adduction eau potable
|
4.600.000
|
20,00
|
Electricité
|
9.560.000
|
41,60
|
VRD + Téléphone
|
6.300.000
|
27,40
|
Divers
|
1.326.000
|
5,80
|
Total
|
22.986.000
|
100
|
Source : ERAC Région Meknès-Tafilalet.
Meknès.
Figure n° 15 : Ventilation des frais
d'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri par nature
d'opérations.
VRD + Téléphone
27%
Divers
Terrains
6%
5%
Electricité
42%
121
L'aménagement de cette zone industrielle comprend en
gros:
La voirie : Elle est de deux types. L'une dite
principale de 20 m d'emprise.
L'autre dite secondaire de 15 m d'emprise.
L'adduction de l'eau potable de 40 m3/ jour/ ha.
L'alimentation est assurée
par la RADEM.
l'électricité est connectée
en 130 KVA/ ha.
Télécommunications : La zone est
connectée 3 à 4 lignes par lot.
Par contre l'assainissement n'est pas encore
réalisé et ce, après plus d'une
décennie d'operationalité de la zone.
Le prix de revient de la zone s'élève donc à
environ 65,7 Dh / m2. Quant au prix de cession, ils ont été
fixé par tranches de prix additionnelles comme suit:
* 1000 à 2000 m2 : 100 DH / m2. * 2001 à 4000 m2 :
90 DH / m2. * 4001 à 8000 m2 : 80 DH / m2.
* 8001 et plus : 75 DH / m2.
Actuellement tous les lots disponibles à la zone sont
commercialisés. 1-4 : Operationalité de la zone
industrielle et place de la PMI
1-4-1 : Valorisation des lots de la zone
Malgré l'attribution de l'ensemble des lots disponibles
à la zone industrielle de Sidi Bouzekri, cette dernière n'a pas
donné entière satisfaction dans la mesure où seulement une
trentaine d'unités sont opérationnelles.
Plusieurs lots attribués au début des années
90 ne sont toujours pas valorisés. d'autres ne sont valorisés
qu'à moitié ou sont utilisés comme dépôts
comme le montre le tableau suivant:
Tableau n°44 : Situation de la zone industrielle de
Sidi Bouzekri.
122
Lots
|
Nombre
|
%
|
Lots valorisés
|
47
|
46,10
|
Lots affectés comme
dépôts
|
10
|
9,80
|
Lots en cours de
valorisation
|
24
|
23,50
|
Terrains nus ou clôturés
|
21
|
20,60
|
Total
|
102
|
100
|
Source: - Enquêtes personnelles. Juillet/Août
2000.
- Municipalité Maknassate Azaitoune.Meknès.
Comme l'illustre bien le tableau ci-dessus,
le taux de valorisation de la zone industrielle demeure relativement faible
(79,20%).
Cette situation s'explique par un ensemble de facteurs de
blocage liés, entre autres , à la conjoncture économique
de façon générale , au non achèvement de
l'aménagement de la zone (assainissement), mais surtout au
phénomène de la spéculation foncière.
En effet, comme le souligne G.Guibert," la
spéculation foncière est l'un des problèmes des zones
industrielles, car elle limite leur développement " 1 .
Il est vrai qu'il existe des mesures visant à lutter
contre ce phénomène au niveau du cahier des charges. Celles -ci
touchent notamment les délais accordés aux attributaires ainsi
que des pénalités de retard de 10 % du prix global payé
pour le premier mois de retard et sont augmentées de 1 % de plus pour
chaque mois de retard supplémentaire. Mais, l'administration n'a jamais
fait usage de ces pénalités. Ce qui facilite la tache aux
spéculateurs.
Conscient de ce problème, le comité des experts
chargé de l'investissement institué par Sa Majesté le Roi
le 13 Janvier 2000, a recensé, après une tournée dans 70
provinces et préfectures du Royaume, 5000 lots non utilisés. Il a
par ailleurs constaté que seuls 25 % des lots affectés dans les
zones industrielles ont fait l'objet de valorisation. Le reste est
gelé.
En fait, il s'agit des cas de non respect du cahier des
charges, lequel prévoit un délai de 6 mois pour commencer les
travaux et de 2 ans pour entrer en exploitation.
Le problème n'est donc pas un manque de terrains dans
les zones industrielles, mais d'abord et surtout un problème de
spéculation foncière. C'est pourquoi, les Gouverneurs ont
été invités à récupérer
légalement les lots non valorisés qui seront , de ce fait, remis
sur les marchés pour les investisseurs .
Malgré ces problèmes, la création de la
zone industrielle de Sidi Bouzekri reste un tournant décisif en
matière d'aménagement industriel au niveau de la ville de
Meknès qui manque énormément d'espaces industriels
aménagés.
( 1) GUIBERT ( G) : " Histoire des zones industrielles " in Revue
Enjeux n° 22 Octobre 1990, pp: 58-66.
123
1-4-2- Place des PMI dans la zone
industrielle
Si le taux de valorisation de la zone industrielle est d'environ
80%, le taux d'operationalité (unités industrielles
opérationnelles / total des lots) n'est actuellement que de 36,27%.
Parmi les entreprises en activité, une seule seulement
peut être considérée comme une grande entreprise. Il s'agit
de la société SICOCHEMS (Confection) avec plus de 500
emplois permanents. Le reste est constitué des PMI réparties
comme suit:
Tableau n° 45 : Répartition des entreprises
industrielles opérationnelles dans la zone industrielle de Sidi Bouzekri
selon les tranches d'effectifs.
Tranches d'effectifs
|
Etablissements
|
Emplois
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
0 - 9
|
06
|
16,20
|
43
|
2,60
|
10 - 49
|
20
|
54,05
|
410
|
24,60
|
50 - 199
|
10
|
27,00
|
695
|
41,65
|
Total PMI
|
36
|
97,25
|
1148
|
68,85
|
Plus de 200
|
1
|
2,75
|
520
|
31,15
|
Total général
|
37
|
100
|
1668
|
100
|
Source: - Enquêtes personnelles. Juillet 2000.
- Municipalité Maknassate Azaitoune. Meknès.
La zone industrielle apparaît donc comme un espace de
déploiement essentiellement des PMI. Celles-ci constituent en effet la
majorité écrasante des entreprises industrielles
implantées et opérationnelles au niveau de la zone (97,25%). Mais
ces entreprises n'interviennent qu'à raison de 68,85% au niveau de
l'emploi industriel de la zone.
Les PMI en question opèrent dans les différentes
branches d'activité suivantes:
124
Tableau n° 46: Répartition des PMI par
branches d'activité au niveau de la zone industrielle de
Sidi Bouzekri.
Branches d'activité
|
Unités
|
Emplois
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Industries agro-alimentaires
|
10
|
27,80
|
218
|
19
|
Industries chimiques et parachimiques
|
13
|
36,10
|
347
|
30,20
|
Industrie textile et cuir
|
4
|
11,10
|
282
|
24,55
|
IMME
|
9
|
25
|
301
|
26,25
|
Total général
|
36
|
100
|
1148
|
100
|
Sources: - Enquêtes personnelles.
- Exploitation du fichier "Qui produit quoi au Maroc?"
Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat. 1999.
Figure n° 16 : Répartition des PMI
implantées dans la zone industrielle de Sidi Bouzekri et de leurs
emplois par branches d'activité.
100% 95% 90% 85%
80% 75% 70% 65% 60%
55% 50% 45% 40% 35%
30% 25% 20% 15% 10%
5% 0%
|
|
|
Unités Emplois
|
IMME
Industrie textile et cuir
Industries chimiques et
parachimiques
Industries agro-
alimentaires
Les données recueillies dans le tableau ci-dessus font
apparaître une répartition inégale des PMI
opérationnelles par branches d'activités dans la zone
industrielle de Sidi Bouzekri.
La branche des industries chimiques et parachimiques vient en
première position avec plus de 36 %, suivie par la branche
agro-alimentaire avec environ 28 % et la branche des industries
mécanique, électrique et électronique avec 25 % du total
des
125
PMI. En dernière position, nous retrouvons la branche des
industries du textile et cuir avec seulement 11,10 %.
Par contre la contribution de ces branches au niveau de l'emploi
industriel, apparaît beaucoup plus équilibrée, avec
toutefois un léger avantage pour la branche chimie et parachimie avec
30,20 % du total des emplois au niveau de la zone.
En termes d'occupation d'espaces, les PMI opérationnelles
occupent 37,25% des lots attribués au niveau de la zone industrielle.
Soit environ 25,5% de la superficie nette totale de la zone comme le montre le
tableau suivant:
Tableau n° 47 : Occupation du sol au niveau de la
zone industrielle de Sidi Bouzekri.
Unités ou Lots
|
Nomb re
|
Superficie en Ha
|
Lots octroyés
|
Superficie
|
%
|
Nombre
|
%
|
Unités industrielles
opérationnelles
Dont PMI
|
37
36
|
7,4770
7,0190
|
27,15
25,5
|
39
38
|
38,25
37,25
|
Unités opérationnelles
autres qu'industrielles
|
7
|
2,4510
|
8,90
|
7
|
6,85
|
Dépôts
|
9
|
2,9835
|
10,85
|
10
|
9,80
|
Unités en arrêt
d'activité
|
8
|
2,7840
|
10,10
|
8
|
7,85
|
Lots en cours de
valorisation
|
23
|
4,9245
|
17,90
|
24
|
23,55
|
Terrains clôturés ou nus
|
14
|
6,90
|
25,10
|
14
|
13,70
|
Total
|
|
27,52
|
100
|
102
|
100
|
Sources: - Enquêtes personnelles.
- Municipalité Maknassat Azzaitoune - Meknès.
- Association de la zone industrielle de Sidi Bouzekri -
Meknès
A la lumière de ce tableau, nous pouvons formuler les
remarques suivantes:
* Les PMI opérationnelles au niveau de la zone
industrielle de Sidi Bouzekri, occupent 1/4 de la superficie nette de la
zone.
* En moyenne chaque PMI de la zone occupe 1,05 lots.
* L'installation de dépôts et autres
activités non industrielles (sociétés de transport,
ateliers de réparation, etc.) semble incompatible avec la nature des
activités devant être abritées dans la zone. Ces
activités ne remplissent pas les conditions requises pour avoir la
dénomination "d'unités industrielles".
Paragraphe 2 : Les zones d'activités
économiques et la pépinière d'entreprises
126
Au niveau de la ville de Meknès, la zone industrielle
n'est pas l'unique espace industriel aménagé et destiné
à accueillir des projets industriels, il y a également les zones
d'activités économiques et la pépinière
d'entreprises.
II-1: Les zones d'activités économiques
Dans un rapport émanant de la Délégation
provinciale du Commerce et de l'industrie de Meknès, une zone
d'activité économique est définie comme étant
" un lotissement dépassant rarement les 10 ha,
doté des équipements nécessaires à l'installation
d'unités exerçant des activités
légères...Elle a la particularité de recevoir des
logements à l'étage contrairement à une zone
industrielle"1 .
La ville de Meknès compte actuellement 3 zones
d'activités économiques. Deux situées dans la
préfecture de Meknès El-Menzeh et une autre à
Al-Ismailia.
II-1-1: Zone d'activités économiques
Zaytoune
Cette zone est située sur la route Haj Kadour ,
s'étend sur une superficie de 6249 m2 et comprend 12 lots. Le statut
foncier du terrain est domanial. Cette zone dispose de tous les
équipements nécessaires: voirie, eau, électricité,
télécommunications, etc.
Une seule unité y est installée . Elle est
spécialisée dans la confection des pièces et boulets pour
les machines et matériels agricoles. l'effectif employé par cette
entreprise est de 78 ouvriers permanents.
II-1-2: Zone d'activités économiques de
"Borj Moulay Omar"
Cette zone est située au niveau du quartier "Borj
Moulay Omar" relevant de la commune urbaine d'Hamrya. C'est un quartier
très peuplé avec prés de 70.000 habitants et
essentiellement voué à l'habitat même s'il abrite certains
équipements et une petite zone d'activité économique.
Cette dernière est d'une superficie de 1 ha
répartie en 7 lots, est aménagée par le département
de l'Habitat. Le statut foncier du terrain est un domaine public.
Cette zone dispose de tous les équipements
nécessaires ( eau, électricité,
télécommunications, etc.). Deux (2) unités industrielles y
sont implantées et opèrent toutes les deux dans le domaine du
textile: EDEN MAROC et MEKMAILLE employant respectivement 37
et 95 ouvriers permanents.
II-1-3 : Zone d'activités économiques Oujeh
Arouss
Cette zone est située sur le territoire de la commune
urbaine d'Al-Ismailia à Sidi Baba. Selon les concepteurs du SDAU de
Meknès, il s'agit d'une "expérience
récente d'insertion d'entreprises non polluantes, fortes consommatrices
d'emplois dans des tissus résidentiels
populaires"1.
La superficie totale de cette zone est de 25.370 m2,
répartie en 20 lots. Le site est bien desservi par les différents
réseaux, mais sa localisation à proximité des quartiers
d'habitation ( Sidi Baba) présente des menaces sérieuses en
matière de pollution industrielle.
(1) Délégation du Commerce et de l'Industrie
à Meknès: L'infrastructure d'accueil dans la région de
Meknès-Tafilalt. Nov. 1998 p.7
)1) SDAU de Meknès: Analyses-Diagnostic. 1992
p,76.
127
La zone d'activités économiques Oujeh Arouss
regroupe de nouvelles implantations industrielles travaillant notamment dans la
branche textile-habillement (sous-traitance internationale), et
également dans la branche chimie-parachimie.
Sur un total de 11 entreprises localisées dans la zone, 10
sont des PMI
(ZERHOUN BROD, UNICOMEX, DURMACO, TRICOFIL, SERIBROD,
POLYPLAST MAGHREB, PLASTIMEK, etc.). Une seule unité (SOUHAIL
EUROPE) emploie plus de 200 ouvriers
permanents.
Le tableau suivant donne la répartition des entreprises et
des emplois au niveau des zones d'activités économiques de la
ville de Meknès.
Tableau n°48 : Répartition des entreprises
et des emplois au niveau des zones d'activités économiques de
la ville de Meknès.
Zones d'activités
|
Etablissements
|
Emplois
|
économiques
|
0-9
|
10-
49
|
50-
199
|
Tota l
PMI
|
+200
|
Total général
|
0-9
|
10-
49
|
50-
199
|
Tota l
PMI
|
+200
|
Total général
|
Zaitoune
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
1
|
-
|
-
|
78
|
78
|
-
|
78
|
Borj My Omar
|
-
|
1
|
1
|
2
|
-
|
2
|
-
|
37
|
95
|
132
|
-
|
132
|
Oujeh Arouss
|
2
|
7
|
1
|
10
|
1
|
11
|
11
|
144
|
69
|
224
|
250
|
474
|
Totaux
|
2
|
8
|
3
|
13
|
1
|
14
|
11
|
181
|
242
|
434
|
250
|
684
|
Sources: - Enquêtes personnelles.
- Exploitation du fichier "Qui produit quoi au Maroc?"
Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat. 1999.
II-2- La Pépinière d'entreprises de
Meknès-Hamria II-2-1- Contexte de création
Pour stimuler la création des emplois et faciliter
l'insertion des chômeurs diplômés dans le monde du travail,
de nombreux dispositifs ont été conçus par les pouvoirs
publics à la fin des années quatre vingt, le plus novateur est
son conteste la loi relative au fonds de promotion de l'emploi des jeunes (la
loi 13-94) qui prévoit entre autres la construction d'infrastructures et
de locaux professionnels pour accueillir les projets des jeunes promoteurs.
C'est dans le cadre de ce fonds que la pépinière
d'entreprises Meknès-Hamria a été créée le
17 novembre 1995 lors de la signature d'une convention unissant le
Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat et la
Municipalité de Hamria. Ce projet a pour objet la création de
locaux professionnels prêts à l'emploi avec à la charge du
Ministère le financement de la construction et à la charge de la
Municipalité l'apport du terrain, son équipement en
infrastructures, son aménagement et son entretien.
II-2-2- Coûts et structure de la
pépinière d'entreprises
La parcelle choisie pour accueillir le projet de
pépinière d'entreprises est d'une superficie globale de 12.466
m2. Elle est située au quartier industriel El Bassatine et
relève du domaine de la commune urbaine d'Hamria ( voir carte n°
).
128
Le budget relatif à cette opération est
estimé à environ 15,37 millions de dirhams répartis comme
suit:
Tableau n° 49 : Ventilation des frais
d'aménagement et de construction de la
pépinière d'entreprises de Meknès-Hamria.
Eléments
|
Coûts
|
%
|
Terrain
|
5.609.700,97
|
36,50
|
V.R.D ( TTC)
|
4.641.944,97
|
30,20
|
Construction (TTC)
|
15.124.000,00
|
33,30
|
Total
|
15.375.645,94
|
100
|
Source: - Municipalité d'Hamria-Meknès.
- Délégation du Commerce et de l'Industrie de
Meknès.
La pépinière accueillera des petites entreprises
opérant dans les secteurs de l'Industrie, des services liés
à l'Industrie et les entreprises à caractère industriel
dans des locaux variant entre 40 m2 et 160 m2 selon les
demandes formulées par les jeunes promoteurs.
pépinière est construite sur une surface au sol
de 4880 m2 répartie comme suit:
Tableau n° 50 : Consistance de la
pépinière d'entreprises de Meknès-Hamria.
Superficie de locaux
|
Locaux
|
Superficie cumulée en m2
|
Nombre
|
%
|
Superficie
|
%
|
40 m2
|
17
|
29,80
|
680
|
13,90
|
80 m2
|
25
|
43,85
|
2000
|
41
|
120 m2
|
5
|
8,75
|
600
|
12,30
|
160 m2
|
10
|
17,50
|
1600
|
32,80
|
Total
|
57
|
100
|
4880
|
100
|
Source: Municipalité d'Hamria-Meknès.
129
II-2-3 : Situation actuelle de la pépinière
d'entreprises.
Le projet de pépinière d'entreprises
lancé en 1995 n'est toujours pas malheureusement achevé de nos
jours. Le retard constaté à ce niveau, comme c'est d'ailleurs le
cas pour la majorité des pépinières d'entreprises
lancées dans le cadre d'un programme national, incombe en
priorité aux collectivités locales qui ne sont pas en mesure
d'honorer leurs engagements, soit en termes fonciers, soit en termes de
viabilisation du terrain.
L'implication des collectivités locales dans
l'aménagement des infrastructures d'accueil en partenariat avec d'autres
acteurs inaugure certes une nouvelle ère en la matière.
Cependant, faute de moyens et face à l'étendue des sphères
de compétences des communes, ces dernières sont à
l'origine des retards enregistrés dans la plupart des projets
lancés dans ce cadre. " les
délais fixés en commun accord entre le Ministère
du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat et le partenaire local, lors
de la signature de la convention se trouvent dans la plupart des cas; largement
dépassés" nous fait remarquer, à juste
titre, le chef du service des zones industrielles au Ministère en
question.
Pour surmonter cet handicap financier, il y a lieu de signaler
que le conseil régional de la région Meknès -Tafilalet a
réservé dans le cadre du budget de l'an 2000, une somme de
2.500.000,00 dhs pour l'équipement de la pépinière
d'entreprises.
Outre ces problèmes d'ordre financier, d'autres
blocages d'ordre juridique liés au principe même du partenariat
dans le cadre duquel est prévu ce programme.
Défini comme étant une "
opération de mise en commun des ressources et des
possibilités entre deux ou plusieurs parties, en vue de réaliser
un projet donné, projet qu'une partie isolée ne peut entreprendre
à elle seule "1 , le partenariat est une forme de
(1 ( Masoudi (El Ayachi) : Les services extérieurs
et les collectivités locales. Quel partenariat ? Actes de
journée d'étude sur la déconcentration administrative
organisée à Taounate le 22 et 23 Mai 1988.pp:30-35.
130
coopération qui présente plusieurs vertus(
Réduction des coûts, entretien et maintenance des
réalisations, gain de temps, rationalisation de la gestion des
ressources, etc.). Mais, il n'en demeure pas moins que des obstacles persistent
et entravent cette opération.
Outre la faiblesse des moyens humains et matériels des
collectivités locales déjà évoquée ci-haut,
il y a lieu de signaler les handicaps suivants2
- l'absence d'un cadre juridique uniforme pour le partenariat
qui prévoit notamment les parties, leur participation, les domaines du
partenariat, le règlement des litiges, etc.
- Le manquement des contractants à leurs engagements.
- L'absence d'instances d'arbitrages.
- L'absence de mécanismes de contrôle et
d'évaluation.
Le programme des " Pépinières
des entreprises" qui a été
présenté comme un dispositif novateur et ambitieux, souffre
malheureusement de ces mêmes lacunes entravant sérieusement sa
bonne exécution.
Dans d'autres expériences (France), les projets de
" Pépinières des entreprises"
naissent d'un partenariat multilatéral regroupant les
collectivités territoriales, les chambres de commerce, les associations,
les universités, les centres de formation , le secteur privé,
etc. Ce qui permet de surmonter les obstacles et contraintes financières
et organisationnelles.
Au Maroc, l'expérience des "
Pépinières des entreprises" suscite
moins d'intérêt de la part des responsables politiques,
économiques et sociaux. le partenariat unissant le
Ministère du Commerce et de l'Industrie et les collectivités
locales s'avère incapable de mener cette expérience vers l'avant
et d'affronter avec rigueur les difficultés financières et
organisationnelles. Le cas du projet initié à Hamria est assez
éloquent.
Nous saluons la participation du Ministère des
équipements et l'Agence du Nord dans la réalisation de certaines
opérations. Mais ce programme doit être renforcé par
l'introduction d'autres intervenants dans la réalisation des
opérations en cours.
Section III : PMI et stratégie
d'aménagement industriel à Meknès.
Après avoir traité de la logique du
déploiement des PMI à Meknès et de leurs composantes et
tendances spatiales, nous nous attacherons dans cette section à faire
ressortir les principales suggestions et orientations retenues en
matière de localisation à travers la présentation des
zones d'implantation industrielle programmées au niveau des documents
d'urbanisme à savoir le schémas directeur d`aménagement et
d'urbanisme ( SDAU ) et les plans d'aménagement ( PA).
Paragraphe 1 : SDAU de Meknès : Programmation de
nombreux espaces d'accueil
Au moment du lancement du SDAU en 1991, le territoire de
l'agglomération de Meknès comptait quelques 252 ha occupé
par l'industrie contre seulement 135 ha en 1971. Tout en soulignant que le
rythme de croissance de la consommation de l'espace par cette activité a
été soutenu ( +3,5 % par an en moyenne) les concepteurs du SDAU
ont
(2) Idem.
insisté sur le fait que ce rythme est toutefois
insuffisant pour faire face à la demande en terrains
équipés 1.
L'analyse diagnostic a, en effet, montré que le manque
de terrains destinés aux activités notamment industrielles, n'a
pas permis à l'agglomérations de Meknès de répondre
à la demande au cours des années quatre vingt surtout lors de la
phase de délocalisation des entreprises européennes.
Ainsi, afin de permettre une revitalisation de
l'activité économique en général et de l'industrie
en particulier, le SDAU de Meknès préconise le renforcement de
trois principales zones d'activités existantes : SEFITA et Sidi Bouzekri
dans la préfecture d'Al Ismailia et El Bassatine ( Extension du quartier
Ain slougui) dans la préfecture d'El Menzeh.
Face donc au déficit constaté en terrains
aménagés, le SDAU propose au niveau du rapport "objectifs et
orientations" élaboré en 1995, l'aménagement de 7 ha de
zones d'activités comme minimum. Cela représente en vingt ans 140
ha.
Quant au quartier industriel, actuellement en perte de vitesse
en raison de son enclavement et qui est devenu un enjeu majeur de
développement de la commune d'Hamria, le SDAU insiste sur la
nécessité de la restructurer. Ce qui conduira à
créer une nouvelle zone d'activité et de logistique d'environ 150
ha desservis par la voie ferrée à l'Est de l'agglomération
au Sud de Hay Ouislane.
Avec une superficie totale de 400 ha, ces quatre zones
d'activités auxquelles il convient d'ajouter l'usine et la
carrière de Lafarge Ciment, paraissent selon les concepteurs du SDAU,
suffisantes pour faire face aux besoins de l'agglomération dans les 20
prochaines années.
Nous estimons de notre part que le problème foncier
n'est pas seulement dû au manque des terrains aménagés ;
mais il trouve son origine dans le problème de spéculation
foncière qui gèle des lots destinés à être
valorisé et aussi dans le statut juridique de sol qui rend difficile la
mobilisation de certains terrains. C'est le cas par exemples à
Meknès des terrains militaires qui posent énormément de
problèmes pour l'extension urbaine et pour la mobilisation des terrains
destinés aux activités de production.
Les concepteurs du SDAU soulignent toutefois, que
l'implantation des entreprises industrielles relativement grandes reposera
probablement sur une stratégie nationale volontariste
d'aménagement du territoire. Quant aux petites
Carte n° : Zones industrielles prévues par le SDAU de
Meknès.
1 - SDAU de Meknès : Rapport Diagnostic, année
1992.
131
132
implantations industrielles, elles constitueraient une demande
limitée du point de vue des espaces à offrir. Cette demande
devrait être satisfaite dans des zones artisanales de quartiers.
Le SDAU souligne, par ailleurs, que même, si le secteur
industriel est au ralenti, il demeure en progression. C'est pourquoi l'action
majeure proposée de création d'une technopôle de 120 ha,
pourrait donner un coup de fouet à l'industrie et permettre le
développement des services associés.
Tels sont, en général, les principales
orientations du SDAU de Meknès en matière d'aménagement
industriel. Quelles sont à présent les dispositions des plans
d'aménagement dans ce domaine ?
Paragraphe 2 : Dispositions des plans
d'aménagement en matière d'aménagement
industriel.
La ville de Meknès est actuellement dotée de
plusieurs plans d'aménagement dont 4 seulement sont actuellement
approuvés.
Ces plans d'aménagement dont les dispositions ne sont
apparemment, que partiellement conformes aux orientations du SDAU en
matière d'aménagement industriel, ont prévu plusieurs
zones d'accueil des investissements industriels.
L'intérêt accordé à ces
infrastructures résulte essentiellement de la volonté des
différentes communes de la Wilaya de se doter d'un espace industriel
aménagé, susceptible d'attirer les investisseurs, d'assurer une
assise économique pour le développement de leur territoire et
d'augmenter leurs ressources financières propres.
Ainsi, au niveau de la commune de Ouislane, le plan
d'aménagement prévoit la création de 2 zones
d'activités de 1ère et 2ème
catégories avoisinant la cimenterie Lafarge. Elles sont situées
au nord-est de la ville de Meknès sur la route de Fès et sur la
rive droite de l'oued Ouislane. Elles peuvent bénéficier
facilement de tous les équipements en eau, électricité,
télécommunications et sont d'un accès facile. S'ajoute
à cela le fait que la plan d'aménagement prévoit la
délocalisation à Ouislane de la gare Meknès-ville qui est
de nature à renforcer les équipements de ces deux zones
d'activités.
Parallèlement, au niveau de la commune Hamria, sont
prévus dans le plan d'aménagement, la création de :
- Une zone industrielle de 1ère
catégorie et une zone d'activité artisanale
et de services situées sur la rive gauche de la route de
Moulay Driss.
- Une zone d'activité de 1ère
catégorie à proximité de la zone d'activité
économique " Azzaitoune" sur la rive droite de la route
Haj Kadour.
- Une zone d'activité économique à Ain
Slougui jouxtant le projet de la
pépinière d'entreprises à Hamria. Sa
superficie est de 4882 m2. Quant au nombre de locaux prévus,
il est de 57.
Toutefois, l'emprise du domaine militaire au niveau de cette
commune, est un handicap majeur à la constitution d'une réserve
foncière pour les éventuels aménagements d'infrastructures
d'accueil .
133
Par ailleurs, et au niveau de la commune de Sidi Slimane Moule
Kifane, un projet d'une zone d'activité économique est
prévu sur une superficie de 25 ha sur le terrain d'une ancienne
distillerie appartenant au Ministère du Commerce et de l'Industrie.
Cette zone bénéficie d'une situation excellente :
Proximité de l'autoroute et de la route principale Rabat-Meknès
et disposition à proximité de tous les équipements
d'infrastructures : eau, électricité, voirie, etc.
Deux autres projets sont également prévus et
sont actuellement à l'étude. Il s'agit
de :
- Une zone industrielle de 29 ha composée de 142 lots
constituant
l'extension de l'actuelle zone industrielle de Sidi Bouzekri.
L'aménagement de cette zone sera réalisé par les Habous
à qui appartient également le terrain.
- Un parc industriel dans la commune rural d'Ait Ouallal.
D'une
superficie de 172 ha, il est situé sur la route de
Rabat. Initié par la commune, sa consistance comporte une zone
industrielle, un complexe résidentiel, un complexe touristique et une
aire de dédouanement.
Cette distribution des espaces d'accueil des investissements
industriels fait apparaître l'importance des terrains affectés par
la planification urbaine à l'industrie y compris la PMI.
La programmation de ces espaces semble avoir obéi à
deux critères principaux :
- réservation de vastes superficies surtout en
périphérie pour
l'implantation des entreprises des entreprises de taille
relativement grande et à fort potentiel de pollution.
- Diffusion de petites zones d'activités urbaines au sein
des quartiers
résidentiels, destinées surtout à la micro
et à la petite industrie.
Paragraphe 3 : décalage entre
aménagement industriel et tendances spatiales des PMI à
Meknès
L'examen des espaces de concentration des PMI à
Meknès et l'aménagement industriel dans cette ville, montre que
ces deux opérations ne vont pas de pair. Bien au contraire,
l'aménagement vient tard après la manifestation des besoins et de
ce fait, il ne peut empêcher les implantations anarchiques et leurs
conséquences sur l'environnement de se produire.
En dépit donc d'une stratégie ambitieuse
d'aménagement industriel, la localisation dite spontanée et
anarchique continue d'être dominante au niveau de la ville de
Meknès. Cette tendance apparaît clairement au niveau des projets
industriels de petite et moyenne taille initiés au niveau de la ville au
cours de l'an 2000 comme il ressort du tableau suivant:
Tableau n° 51: Répartition des projets PMI
initiés à Meknès par zones d'implantation. Période
allant du 1-1-2000 au 31-11-2000.
Tranches d'effectifs
|
|
Tranches d'effectifs
|
|
Total PMI
|
Zones d'implantation
|
0- 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
134
|
Nom bre
|
%
|
Nombr
e
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Zone industrielle
|
-
|
-
|
01
|
10,00
|
01
|
33,33
|
02
|
7,70
|
Quartiers industriels
|
01
|
7,70
|
02
|
20,00
|
01
|
33,33
|
04
|
15,40
|
Zones d'activités
économiques
|
01
|
7,70
|
-
|
-
|
-
|
-
|
01
|
3,85
|
Zones périphériques
|
01
|
7,70
|
04
|
40,00
|
01
|
33,33
|
06
|
23,05
|
Zones urbaines
|
10
|
76,90
|
03
|
30,00
|
-
|
-
|
13
|
50,00
|
Total
|
13
|
100
|
10
|
100
|
03
|
100
|
26
|
100
|
Source : élaboré à partir des données
de la Délégation du commerce et de l'industrie de la Wilaya de
Meknès.
Comme le montre bien le tableau ci-dessus, plus de 88 % des
nouveauxprojets de petite et moyenne industrie ont été
implantés dans des zones de localisation dites spontanées ; soit
50 % au sein du tissu urbain, 23,05 % dans des zones
périphériques et 15,40 % dans des quartiers industriels. Les
zones d'implantation aménagées et réservées
à accueillir ce type de projet, n'ont accaparé qu'un peu moins de
12 % des nouveaux projets initiés à Meknès au cours de la
période considérée ; soit 7,70 au niveau de la zone
industrielle de Sidi Bouzekri et 3,85 ù au niveau des zones
d'activités économiques.
Par taille d'entreprises, il semble bien que les
micro-entreprises ont beaucoup tendance à s'implanter au sein du tissu
urbain. N'exigeant pas généralement beaucoup d'espace, les chefs
de ces entreprises se contentent le plus souvent de garages ou de rez - de
-chaussée situés au sein même des quartiers
résidentiels pour monter leurs affaires.
Par contre, plus l'entreprise est relativement grande plus
elle a besoin d'espace et opte par conséquent pour une localisation en
zones périphériques ou dans la zone industrielle.
Conclusion:
L'étude de la propagation des PMI à
Meknès a permis de montrer la multiplicité et la diversité
des formes de localisation de ces entreprises dans l'espace de Meknès.
Nous relevons toutefois, une prédominance des formes de localisation
dites spontanées notamment au niveau des quartiers industriels ayant vu
le jour lors de la période coloniale ( Ain Slougui) ou qui ont
été créés récemment, en plus des
implantations ponctuelles et dispersées au sein du tissu urbain ou dans
les zones périphériques.
Ces espaces accueillent la majeure partie des PMI
opérationnelles au niveau de la ville Ismaélite. Par contre les
espaces aménagés et destinés à accueillir cette
catégorie d'entreprises, restent relativement faibles.
Cette situation s'explique entre autres, par la faiblesse de
ces infrastructures au niveau de Meknès. L'unique zone industrielle qui
existe au niveau de Meknès reste insuffisante pour faire face à
la demande des investisseurs de terrains industriels aménagés.
Mais elles trouvent son origine dans d'autre facteurs notamment le
phénomène de la spéculation foncière qui
gèle les lots équipés à des fins industrielles et
réduit par conséquent la valorisation et l'operationalité
de l'ensemble de la zone aménagée.
135
l'impact spatial le plus marquant de cette propagation
étant un tissu de PMI éclaté et
hétérogène où coexistent des entreprises de
différentes tailles et de différentes branches.
En dépit de l'existence d'une stratégie
d'aménagement industriel au niveau de la planification urbaine et qui a
pour but de répondre à la demande des entreprises en espace
industriels permettant ainsi une répartition harmonieuse de ces
unités, nous constatons une tendance des PMI à s'implanter dans
des zones de localisation dites spontanées. Ce phénomène
peut s'expliquer par la persistance des problèmes liés au
foncier, mais surtout par le décalage observé entre l'action
d'aménagement industriel et la localisation des entreprises;
révélant ainsi l'absence d'une stratégie concertée
en matière de planification urbaine dans son ensemble.
Conclusion de la 2 ème partie
De l'examen de la logique de déploiement des PMI
à Meknès et de l'étude de leurs formes de localisation et
de la stratégie mise en place au niveau des documents d'urbanisme pour
permettre une répartition harmonieuse de ces entités dans
l'espace urbain, il se dégage un ensemble de conclusions que nous
pouvons présenter ci-après:
- Le choix de localisation de Meknès comme lieu
d'emplacement par les chefs des PMI, est motivé par une multitude de
facteurs complexes et diversifiés. Toutefois trois principaux
éléments émergent comme facteurs déterminants et
ayant beaucoup influé sur la décision de choisir la localisation
de ces entreprises à Meknès. Il s'agit en premier lieu des
facteurs liés à la production et au marché, des facteurs
liés au foncier en second lieu, en plus de certaines
considérations extra-économiques ou d'ordre personnel.
- Sont nombreuses et diversifiées également les
formes de localisation des PMI à Meknès. Cependant, on constate
que l'émergence et le développement de ces entreprises, se sont
faits, d'une façon plus ou moins, anarchique et non planifiée.
C'est en effet, la forme de localisation dite spontanée qui
prédomine notamment au sein des quartiers industriels, en zones
périphériques ou au sein même du tissu urbain.
Par contre, la localisation dans des espaces
aménagés et destinés à accueillir ces entreprises,
reste relativement faible que ce soit au niveau de l'unique zone industrielle
dont dispose la ville ou encore au niveau des zones d'activités
économiques. L'aménagement industriel étant, en effet,
considéré comme le parent pauvre à Meknès.
L'impact spatial de cette propagation étant un tissu de
PMI fortement hétérogène, éclaté et
éparpillé dans l'espace urbain.
Il est vrai qu'il existe toute une stratégie
d'aménagement industriel au niveau de la planification urbaine ayant
pour objectif de répondre à la demande des entreprises en
terrains industriels et d'assurer une répartition harmonieuse de ces
activités dans l'espace urbain. Mais vu le retard accusé au
niveau de la réalisation de certains projets
136
prévus dans ce cadre, on constate une tendance des PMI
à s'implanter dans des zones dites spontanées.
Cette tendance trouve son explication, à notre avis,
dans la persistance des problèmes liés au foncier et dans le
décalage observé entre l'action d'aménagement industriel
d'une part et dans la localisation des PMI d'autre part. Ce qui
révèle l'absence d'une stratégie concertée en
matière de planification urbaine de façon
générale.
Mais en dehors de ces aspects liés à la
localisation des PMI et à la structuration de l'espace au niveau de
Meknès, il reste à savoir comment ce secteur fonctionne t-il ?
quel est son degré d'intégration ? Quelles sont ses contraintes
et ses perspectives ? Cela fera l'objet de la dernière partie de ce
travail.
137
Partie 3:
Aspects fonctionnels, intégration, contraintes
et
perspectives des PMI à Meknès.
|
Introduction:
Les développements précédents nous ont
permis globalement de saisir d'une part, les spécificités et le
poids socio-économique des PMI à Meknès et d'autre part,
d'examiner les principales composantes spatiales de ce secteur à travers
l'analyse de sa logique de déploiement, des formes de sa localisation et
de la stratégie mie en oeuvre pour une répartition harmonieuse de
ces unités dans l'espace.
Cette troisième et dernière partie ambitionne
d'approcher ce segment du tissu productif dans ses aspects fonctionnels.
Pour ce faire nous allons essayer, dans un premier lieu,
d'analyser les aspects relatifs au financement ainsi que les modalités
et les mécanismes de fonctionnement de ce secteur dans l'espace de
Meknès et en rapport avec d'autres espaces. ( Chapitre 1).
Dans un second lieu, l'accent sera mis sur les contraintes au
fonctionnement et au développement de ce secteur ainsi que sur ses
perspectives d'avenir dans ce nouveau contexte marqué par la
globalisation et l'ouverture de l'économie nationale (Chapitre 2).
138
Chapitre 1: Financement, modalités de
fonctionnement et degré d'intégration des PMI à
Meknès.
139
Dans le cadre de ce chapitre, nous allons essayer dans un
premier point d'analyser la question du financement des PMI à
Meknès. Celle-ci revêt ,en effet, une importance
particulière. D'une part parce qu'elle constitue la principale demande
des PMI auprès des organismes d'appui et d'autre part parce que
même si les mesures relatives au financement ne constituent pas à
elles seules des conditions suffisantes pour la promotion de ce secteur, il
n'en demeure pas moins que les problèmes liés au financement sont
des obstacles majeurs pour la création et la croissance des entreprises
(Section 1).
Dans un second point, nous nous pencherons sur l'examen des
modalités et des mécanismes de fonctionnement des PMI à
Meknès à travers l'analyse des différentes aires
d'approvisionnement en matières premières ainsi que les aires
d'écoulement des produits . Un intérêt particulier sera
accordé au phénomène de la sous-traitance compte tenu de
l'importance qu'il revêt pour le système productif de façon
générale et pour les PMI de façon particulière .
Ces éléments , associés à d'autres indicateurs,
vont nous permettre d'avoir une idée sur la nature des relations
qu'entretiennent ces entreprises avec d'autres secteurs d'activités
économiques et sur le degré d'intégration de ce secteur au
niveau de la ville de Meknès (Section 2 ).
Section 1 : Financement des PMI à
Meknès.
Le financement est de toute évidence la pierre
angulaire sur laquelle s'appuient tous les aspects de développement.
Toute entreprise qui ne dispose pas au bon moment d'un volume suffisant de
moyens financiers est condamnée à l'échec. Le financement
constitue, de ce fait, la base fondamentale de tout projet
d'activité.
Nous avons vu au niveau du chapitre préliminaire que le
système bancaire marocain met à la disposition des PMI toute une
panoplie de lignes de crédit. Si théoriquement ces
différents outils de financement pourraient être utilisées
par ces entreprises, il sera question au niveau de cette section de savoir
comment se présente la situation dans la réalité à
travers le cas des PMI à Meknès ? Ces entreprises
rencontrent-elles des difficultés dans la mobilisation des ressources
nécessaires auprès du système bancaire ? Comment enfin
cette assistance financière en faveur des PMI est-elle répartie
entre les différentes régions du Royaume ?.
Paragraphe 1 : Soutien financier : Répartition
inégalitaire des crédits alloués à la PMI au
Maroc
L'un des objectifs assignés à la politique
publique d'appui à la PMI au Maroc, est la contribution à
l'effort de régionalisation et de décentralisation industrielle
qui constitue certainement l'un des leviers essentiels de l'aménagement
du territoire et en tout cas un facteur déterminant dans la
transformation de la configuration socio-économique des
différents espaces constitutifs du territoire national.
Or l'examen de la ventilation régionale des
crédits accordés pour la promotion de la PMI montre que la
décentralisation des investissements ne semble pas être l'une des
priorités dans ce programme d'assistance financière en faveur de
ces entités économiques.
140
En effet, depuis le lancement de l'expérimentation de
la PMI, plusieurs catégories ont été utilisées,
mais ces innovations financières qui sont intéressantes à
plusieurs égards, semblent malheureusement " avoir
privilégié la logique financière de la rentabilité
et de la solvabilité et négligé les exigences de la
régionalisation . Cette tendance apparaît bien à travers
l'examen de certaines lignes composant le système du soutien financier
à la PMI" 1 .
1-1 : Cas de la procédure simplifiée
accélérée et le crédit convention
La ventilation régionale des CMTR dans le cadre de la
PSA est marquée par la prédominance des deux ex-régions du
Centre et du Nord-Ouest qui ont absorbé au cours de la période
1977-1985, prés de 64 % des crédits dispensés et
bénéficié de 62 % du nombre des projets
créés comme il ressort du tableau suivant :
Tableau n° 52 :Ventilation des CMTR dans le cadre de
la PSA de 1977 à 1985 suivant l'ancien découpage
régional.
Régions
économiques
|
Opérations
|
Programmes d'investissement
|
CMTR
|
N/bre
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Sud
|
93
|
5,90
|
44.925
|
5,80
|
23.208
|
6,30
|
Tensift
|
158
|
10,05
|
82.376
|
10,70
|
38.790
|
10,55
|
Centre
|
610
|
38,80
|
322.196
|
41,90
|
156.986
|
42,70
|
Nord-Ouest
|
367
|
23,30
|
164.330
|
21,40
|
76.714
|
20,85
|
Centre-Nord
|
154
|
9,80
|
61.695
|
8,00
|
29.558
|
8,00
|
Oriental
|
116
|
7,40
|
58.129
|
7,60
|
26.823
|
7,30
|
Centre-Sud
|
75
|
4,75
|
35.238
|
4,60
|
15.903
|
4,30
|
Totaux
|
1573
|
100
|
768.888
|
100
|
367.982
|
100
|
Source : Rapports annuels de la BNDE. Rabat. de 1977 à
1985.
N.B. ces données sont
présentées à titre indicatif car elles ne concernent pas
uniquement la PMI mais l'ensemble des branches de la PME.
La prédominance des ex-régions du Centre et du
Nord-Ouest apparaît également au niveau des crédits
alloués à la PMI dans le cadre de la ligne pilote où plus
de 75 % de ces crédits ont été accaparés par ces
deux régions correspondant à l'implantation de 28 projets sur 43
créés durant la période allant de 1979 à 1985.
Tableau n° 53 :Répartition régionale
des crédits alloués à la PMI dans le cadre de la ligne
pilote.
valeurs en 1000 dhs.
Régions
économiques
|
Opérations
|
Programmes d'investissement
|
Montants des prêts
|
N/bre
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Sud
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Tensift
|
3
|
6,95
|
1.125
|
2,50
|
655
|
3,30
|
Centre
|
26
|
6,50
|
29.943
|
66,50
|
14.075
|
70,90
|
Nord-Ouest
|
2
|
4,65
|
3.500
|
7,70
|
1.100
|
5,55
|
Centre-Nord
|
9
|
20,95
|
5.873
|
13,00
|
2.580
|
13,00
|
Oriental
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
(1) ZRIOULI ( M) : La région
économique au Maroc. Quel avenir? édition Okad, Rabat 1990,
p 78.
141
Centre-Sud
|
3
|
6,95
|
4.659
|
10,30
|
1.435
|
7,25
|
Totaux
|
43
|
100
|
45.100
|
100
|
19.845
|
100
|
Source : Rapports annuels de la BNDE. Rabat. de 1977 à
1985.
1-2- Cas des crédits jeunes promoteurs et jeunes
entrepreneurs.
La répartition régionale de ces deux lignes de
crédits en faveur de la PMI présente la même
caractéristique inégalitaire que dans les cas examinés
ci-haut. En effet, l'examen de la ventilation régionale des
crédits jeunes promoteurs (CJP) montre encore une fois la
prééminence de deux ex-régions du centre et du nord-ouest
qui ont absorbé plus de 73 % des crédits accordés entre
1988 et 1997 et bénéficié de presque 70 % des projets
créés durant la même période.
Par contre, les autres régions du pays n'ont
bénéficié que faiblement de ces prêts
accordés dans le cadre de la loi 36-87 modifiée par la loi 14-94
relative à l'octroi de prêt de soutien à certains
promoteurs comme le montre bien le tableau suivant:
Tableau n° 54 : Répartition des
crédits jeunes promoteurs suivant l'ancien découpage
régional
de 1988 à 1997.
Régions
économiques
|
Opérations
|
Programmes d'investissement
|
Montants des prêts
|
N/bre
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Sud
|
561
|
7,00
|
263.278.428
|
6,40
|
218.591.253
|
6,40
|
Tensift
|
620
|
7,70
|
263.430.086
|
6,45
|
223.363.452
|
6,50
|
Centre
|
3540
|
44,10
|
1.987.109.479
|
48,20
|
1.668.655.385
|
48,60
|
Nord-Ouest
|
2013
|
25,00
|
1.071.273.259
|
30,00
|
858.263.959
|
25,00
|
Centre-Nord
|
591
|
7,40
|
234.017.939
|
5,70
|
203.423.986
|
5,95
|
Oriental
|
280
|
3,50
|
120.775.777
|
2,90
|
101.460.827
|
2,95
|
Centre-Sud
|
422
|
5,30
|
182.570.246
|
4,40
|
154.581.325
|
4,60
|
Totaux
|
8027
|
100
|
4.122.455.214
|
100
|
3.428.344.242
|
100
|
Source : Ministère de l'Economie et des Finances.
La ventilation régionale des crédits jeunes
entrepreneurs(CJE) ne déroge pas à la règle
(déséquilibre en faveur des régions du Centre et du
Nord-Ouest). En effet, ce dispositif créé pour la mise en oeuvre
du fonds pour la promotion de l 'emploi des jeunes (loi 13-94) a accordé
plus de 82 % des crédits aux jeunes entrepreneurs issus des seules
régions du Centre et du Nord-Ouest finançant ainsi prés de
80% des projets crées dans ce cadre.
Tableau n° 55: Répartition des
crédits jeunes entrepreneurs suivant l'ancien découpage
régional. Période du 01-01-1995 au 30-10-1998
Régions économiques
|
Opérations
|
Programmes d'investissement
|
Montants des prêts
|
N/bre
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Valeurs
|
%
|
Sud
|
19
|
7,40
|
10.428.240
|
6,40
|
8.263.830
|
6,50
|
Tensift
|
17
|
6,60
|
9.258.793
|
5,65
|
7.206.800
|
5,70
|
Centre
|
123
|
47,80
|
76.715.270
|
46,85
|
60.486.920
|
47,80
|
Nord-Ouest
|
81
|
31,50
|
58.618.135
|
35,80
|
43.928.542
|
34,70
|
Centre-Nord
|
9
|
3,50
|
3.820.600
|
2,30
|
3.132.600
|
2,50
|
Oriental
|
4
|
1,60
|
2.644.557
|
1,60
|
1.530.600
|
1,20
|
142
Centre-Sud
|
4
|
1,60
|
2.249.600
|
1,40
|
1.989.000
|
1,60
|
Totaux
|
257
|
100
|
163.715.196
|
100
|
126.538.292
|
100
|
Source : Ministère de l'Economie et des Finances.
Il apparaît bien à travers l'analyse de ces
indicateurs que la répartition régionale des crédits
alloués à la PMI n'est nullement à la hauteur des
objectifs qui lui ont été assignés, puisque les
régions en retard n'en ont bénéficié que de
façon marginale du fait de l'attraction des deux ex-régions du
Centre et du Nord-Ouest.
Outre ces problèmes liés à la
répartition non équitable de ces lignes de financement notamment
les CJP et les CJE, il y a lieu de signaler que ces lignes connaissent de
nombreux cas de contentieux au niveau du recouvrement.
Ce constat d'échec s'explique entre autres par le fait
que cette démarche d'insertion des jeunes diplômés a
donné lieu à des pratiques abusives, car " ne peut être
entrepreneur qui veut ". Le fait d'accorder un crédit à un
"Chômeur créateur d'entreprise alors qu'il ne
porte pas en soi des capacités entrepreneuriales "1 , ne peut
à notre avis que déboucher vers un échec.
Sous la pression de la marée du chômage, on a
adopté ce système de traitement économique de la crise par
l'aide à la création d'entreprise. Mais l'efficacité
économique de cette option n'est pas toujours garantie car le
chômeur est par nature une "personne vulnérable par son
inactivité est donc peu apte psychologiquement à franchir avec
succès le véritable parcours d'obstacle qu'est une
création d'entreprise "2
D'autre part, chacun n'a pas vocation à devenir un
entrepreneur et il ne suffit pas de lever l'obstacle de l'accès au
crédit pour produire de nouvelles couches d'entrepreneurs .
Pour surmonter cet handicap, nous adhérons à
l'idée " qu'il faut préparer à la fois le
candidat à la future création (formation, esprit d'entreprise...)
et l'espace économique à favoriser le développement de
l'activité créée «3 .
Nous pouvons ainsi conclure que non seulement le
système d'appui financier profite de façon inégale aux
différentes régions, mais qu'il est aussi entaché de
plusieurs imperfections.
Qu'en est -il du financement des PMI à Meknès,
notre aire d'étude ? c'est ce que nous allons voir dans le paragraphe
suivant.
Paragraphe 2 : Analyse des modes de financement des
PMI à Meknès.
L'analyse des modes de financement des PMI à
Meknès permet d'apprécier l'efficacité du système
bancaire dans le financement de ces entreprises.
(1) HINTI ( S): Les dynamiques économiques des
colléctivités locales, opp cité, p 88.
( 2) MACHART ( J.R) : Reussir nos PME , opp cité
p,99.
( 3) HINTI ( S) : Les dynamiques économiques des
colléctivités locales, opp cité, p 88.
143
Nous avons tenté sans succès d'évaluer la
contribution des banques dans le financement de ce secteur car ces organismes
restent peu ouverts à la recherche. Nous n'avons pu disposer de
données chiffrées sur la participation bancaire dans le
financement des PMI à Meknès. Aussi avons nous
appréhendé cet aspect de la réalité
économique en nous référant essentiellement aux contacts
et interviews effectués auprès des chefs des PMI et de quelques
cadres des banques de la place.
Les besoins de financement des PMI concernent soit les
investissements au départ ( financement de la création) soit les
investissements en cours d'activité soit enfin le fonds de roulement.
2-1: Modes et sources de financement de la
création
Le financement de la création doit sous-entendre en
fait, le financement du processus de création d'entreprises soit: la
phase d'étude et de prospection, la phase de réalisation et de
mise en place du projet et la phase de démarrage de l'activité
.
Le financement de la création comporte une part
d'incertitude et de risque généralement plus important et moins
maîtrisé puisque de rien on veut faire quelque chose. Ce
financement peut être réalisé de plusieurs façons et
à partir de sources différentes .
S'agissant des PMI à Meknès, l'analyse de leurs
modes de financement à la création fait ressortir une
prédominance de l'épargne personnelle comme le montre le tableau
suivant:
Tableau n°56: Sources de financement à la
création des PMI à Meknès en %.
Sources de financement
|
Tranches d'effectifs
|
Total PMI
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Epargne personnelle et/ou apports des
associés
|
70
|
59,30
|
58,80
|
62,50
|
Famille
|
15
|
18,50
|
5,90
|
14,05
|
Crédits bancaires
|
10
|
18,50
|
29,40
|
18,75
|
Crédits particuliers
|
5
|
-
|
-
|
1,60
|
Autres
|
-
|
3,70
|
5,90
|
3,10
|
Totaux
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source: Enquête PMI. Juillet. 2000.
Figure n° 17: Sources de financement à la
création des PMI à Meknès .
Crédits bancaires
Famille
Crédits particuliers Autres
Epargne personnelle
et/ou apports des
associés
144
Pratiquement tous les chefs des PMI retenus dans
l'échantillon ont constitué leur capital de départ au
moyen de fonds privés que ce soit par le biais de l'épargne
personnelle ou en faisant appel aux apports des associés .
Ces deux modalités sont en effet, la première
source de financement de la création des PMI à Meknès .
Elles sont citées à raison de 62,50% par les chefs d'entreprises
interrogés . L'enquête révèle ainsi la part
prédominante de l'autofinancement dans le démarrage de ces
entreprises à Meknès .
Ce résultat impressionne par son ampleur , mais il
confirme que les PMI sont confrontées aux contraintes de
disponibilité de ressources et de crédit " Start-up" quant il
s'agit de lancer un projet d'investissement .
L'engagement individuel et la contribution des formules
d'association au montage d'une opération, sont encore accentués
chez les micro-entreprises où ils atteignent un taux de 70% contre
59,30% et 58,80% respectivement pour les petites et les moyennes entreprises
.
14,05 % des chefs des PMI ont également puisé
dans les ressources de la famille . Ce recours aux apports familiaux
témoigne d'une forte mobilisation de la famille dans ces entreprises.
Cette source est plus fréquemment citée chez les micro- et les
petites entreprises avec 15 % et 18,50 %. Elle est moins fréquente
à mesure que la taille de l'entreprise devient relativement plus
grande..
En ce qui concerne les emprunts bancaires, 18,50 % des chefs
des PMI étudiées se sont adressés à des banques
pour financer leurs investissements de départ. Dans ce domaine
également, la taille joue un rôle relativement discriminant
puisque la fréquence de ces emprunts atteint 29,40 % chez les
entreprises de taille moyenne contre 18,50% pour celles de petite taille et
seulement 10 % pour les micro-entreprises.
Nous avons aussi remarqué la présence d'une
sorte de dualisme financier dans le financement de la création des PMI.
Et ce, avec la coexistence d'un système financier
145
et institutionnel et répondant
généralement aux besoins des entreprises relativement grandes
avec un système financier informel plus fréquent dans les
micro-entreprises. Ce dernier ne représente toutefois qu'une part
très marginale dans les modes de financement de la création des
PMI à Meknès avec seulement 1,60 %.
2-2 : Sources de financement de
l'activité.
Les besoins de financement évoluent au cours du cycle
de vie de l'entreprise. Au début, il s'agit de besoins à long
terme pour financer la création, les équipements et le
démarrage de l'activité. Ensuite les fonds de roulement
augmentent avec l'activité de l'entreprise jusqu'au moment où une
extension des capacités de production requiert de nouveau des capitaux
à long et moyen terme.
Qu'elles aient eu besoin ou non de crédit pour assurer
leur démarrage, les PMI recourent-elles au crédit après la
phase de création ? Très nombreuses sont celles qui s'adressent
à des sources externes pour couvrir leurs besoins de financement. Plus
de 68 % recourent, en effet, au crédit pour financer le fonctionnement
courant ou les investissements d'extension.
L'autofinancement est, certes, très largement dominant
comme procédure de mobilisation des ressources dans le monde de la PMI,
toutefois, les modalités et les sources de financement de
l'activité semblent différencier selon le stade
d'évolution de l'entreprise. Si à la naissance les ressources
mobilisées pour le démarrage sont pratiquement dans leur
majorité d'origine personnelle ou grâce aux apports des
associés (62 %), les besoins de l'activité et de la croissance
exigent un recourt manifeste à des sources externes. Mais c'est dans
l'origine de ces sources externes que la différence de comportement est
plus nette: le crédit bancaire devient plus incontournable et plus
fréquent dans le fonctionnement des PMI qu'à leur
création.
En effet d'après les données de l'enquête,
quand elles s'endettent en vue de renouveler les équipements, financer
l'exploitation ou procéder à des aménagements, les PMI
s'adressent en premier lieu à la banque ( 32,80%) et en second lieu
à des particuliers (29,70%). L'appel à la famille se fait dans
une proportion très marginale ( 6,25%).
C'est généralement un schéma de
financement assez différent de celui observé au stade de la
création des PMI comme l'illustre bien le tableau suivant:
Tableau n° 57: Sources de financement du
fonctionnement des PMI à Meknès en %.
Sources de financement
|
Tranches d'effectifs
|
Total PMI
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Autofinancement
|
50
|
29,60
|
11,80
|
31,25
|
Famille
|
20
|
-
|
-
|
6,25
|
Crédits bancaires
|
5
|
33,40
|
64,70
|
32,80
|
Crédits particuliers
|
25
|
37
|
23,50
|
29,70
|
Totaux
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source: Enquête PMI. Juillet./Août 2000.
Figure n°18: Sources de financement du
fonctionnement des PMI à Meknès .
Crédits particuliers
Crédits bancaires
Autofinancement
Famille
146
Ces données montrent bien que les sources de
financement externes à savoir les crédits bancaires et les
crédits particuliers jouent un rôle important au niveau du
fonctionnement des PMI à Meknès, ce qui n'était pas le cas
au moment de la création de ces entreprises.
Le recours à la banque est plus sensible au niveau des
entreprises de moyenne taille ( 64,70%) alors qu'il est très
insignifiant au niveau des micro-entreprises qui font beaucoup plus appel
à l'autofinancement et à des particuliers pour financer leur
exploitation.
Paragraphe 3: Difficultés du recours au
crédit bancaire
Les dirigeants des PMI qui ont fait l'objet de notre
enquête, sont unanimes pour affirmer que le système bancaire joue
un rôle très limité dans le développement
économique en général et celui des PMI en particulier. La
principale critique portée à l'encontre de ces institutions est
désormais leur faible implication dans le financement de ces
entreprises.
Si les activités de conseil et d'assistance technique
ont induit généralement des résultats importants, le
goulot d'étranglement de l'accès au financement n'a pas
été levé. Et cela en dépit des efforts consentis
par les structures d'appui pour aider les PMI dans le montage de dossiers
"bancables".
Cette distorsion ou discordance entre assistance
financière qui relève de la banque et l'assistance des organismes
d'appui, fait de ces derniers de " simples vendeurs de conseil
peu crédible" selon une expression du responsable de
département d'assistance technique à la PMI de l'ODI1
.
(1) SLAOUI ( A) : " La prospection du promoteur - Entrepreneur "
in revue de l'ODI n° 29. 1990, pp: 12-16.
147
D'une manière générale, les
difficultés du recours au crédit bancaire se manifestent à
trois niveaux: D'abord au niveau de l'accessibilité, ensuite au niveau
du coût et enfin au niveau des délais.
3-1: Conditions peu satisfaisantes d'accessibilité
au crédit
Les PMI enquêtées jugent
généralement les conditions d'accessibilité au
crédit bancaire peu satisfaisantes. Faute de crédibilité
auprès de leurs banquiers, elles ont les plus grandes difficultés
à prouver que leurs projets sont financièrement viables. Ce qui
limite leur accès au crédit même lorsqu'elles sont en
mesure de satisfaire toutes les exigences des banques.
Prêter à ce secteur est en effet perçu
comme une opération très risquée par les banques. Les
qualités de chef d'entreprise ne sont ni appréciées
à leur juste valeur ni prises en considération lors de l'examen
des dossiers de projets.
Un autre grand facteur restrictif tient aux garanties
exigées par les établissements de crédit et qui sont
jugées très lourdes par les entreprises. A ce facteur s'ajoutent
aussi d'autres éléments restrictifs: Apports insuffisants en
fonds propres des promoteurs, non tenue d'une comptabilité
régulière, difficultés inhérentes aux
procédures de financement, etc.
De telles exigences équivalent dans de nombreux cas
à un refus de crédit. 3-2: Coûts très chers
des crédits bancaires.
Les PMI bénéficient souvent conformément
à des décisions des pouvoirs publics de bonifications
d'intérêt ou de prêts à des taux spéciaux.
C'est le cas de la majorité des lignes de crédit dont
bénéficient ces entreprises. Malgré cela, les PMI
enquêterais jugent ces conditions peu satisfaisantes. Pis, les frais,
marges et taux bancaires sont jugés particulièrement
élevés et nombreuses sont les PMI qui peuvent difficilement
envisager d'y recourir.
Cela étant, quelques entreprises seulement
désignent le taux d'intérêt comme un obstacle majeur. Pour
l'obtention des prêts, les problèmes les plus graves semblent
tenir aux procédures en vigueur qu'au coût de crédit
lui-même.. Bien évidemment, les PMI apprécieraient une
baisse des taux d'intérêt, mais elles ne situent pas là
l'essentiel de leurs difficultés. Apparemment, ce n'est pas toujours le
coût de prêts qui constituent le facteur clé, mais c'est
surtout l'accessibilité ainsi que la rapidité de l'octroi du
crédit.
3-3: Processus très lent d'obtention de
crédit.
La rapidité d'obtention du crédit est aussi
considérée comme facteur déterminant par les chefs des PMI
interrogés. Dans la pratique, retarder l'octroi d'un prêt
équivaut souvent à un refus de crédit. La lenteur des
procédures d'approbation et du décaissement des prêts
fragilise considérablement la situation financière des PMI qui
doivent en plus supporter des charges intercalaires( intérêts dus
pour la période entre l'accord du prêt et le décaissement)
. Les délais de traitement des dossiers vont de 4 à 12 mois,
auxquels il faut ajouter environ 3 mois pour que les fonds soient effectivement
décaissés.
Les dirigeants des PMI estiment que ce processus pourrait
être considérablement accéléré et bon nombre
d'entre eux considèrent la lourdeur des procédures comme un
sérieux obstacle.
148
En dépit donc de la diversité des lignes de
financement existant en faveur des PMI, il s'avère que non seulement ces
dispositifs profitent de façon très inégale aux
différentes régions du Royaume, mais encore que les
possibilités de financement mis effectivement à la disposition de
ces entreprises sont insuffisantes et parfois inaccessibles à cause
notamment d'un certain nombre de contraintes liées aux structures des
PMI mais le plus souvent à l'attitude des institutions
financières vis à vis de cette catégorie d'entreprises.
L'ensemble de ces contraintes influe sur les relations Banques
-Entreprises et fait que ces liens ne soient pas toujours bien
établis.
Pénalisé sur le plan financier, le secteur des
PMI dans l'espace d'étude, le serait-il également au niveau des
modalités de fonctionnement et de l'intégration économique
? C'est ce que nous allons essayer d'examiner dans la section suivante.
Section 2 : Modalités de fonctionnement et
degré d'intégration des PMI à Meknès
Pour appréhender cet aspect lié aux
modalités et mécanismes de fonctionnement des PMI à
Meknès, nous allons essayer dans un premier point de traiter des
circuits et aires d'approvisionnement et de commercialisation de ces
entreprises ( Paragraphe 1) avant d'aborder dans un second point la pratique de
la sous-traitance considérée comme un mode de fonctionnement des
PMI et une base importante de leur développement ( Paragraphe 2). Dans
un dernier point nous nous pencherons sur l'analyse d'un ensemble
d'éléments relatifs à l'intégration de ce secteur
que ce soit au niveau des relations inter-branches qu'en ce qui concerne les
rapports avec le tissu productif local ( Paragraphe 3).
Paragraphe 1: Aires d'approvisionnement et
d'écoulement
La détermination des aires d'approvisionnement en
matières premières et des espaces de commercialisation est riche
en enseignements car non seulement elle traduit dans les faits le degré
d'intégration spatiale et sectorielle d'un secteur productif mais
renseigne également sur l'existence d'économies
d'agglomération (externalités) qui ne sont pas sans influer sur
les coûts de revient et partant la compétitivité des
entreprises.
1-1: Aires d'approvisionnement des PMI de
Meknès
Stade fondamental dans le processus de production,
l'approvisionnement en matières premières a de tout temps
conditionné la localisation d'un bon nombre d'activités
manufacturières même si le développement des transports a
beaucoup contribué à la réduction de la dépendance
des industries vis a vis des lieux d'approvisionnement.
Concernant l'espace d'étude, les aires
d'approvisionnement en matières premières et biens
intermédiaires différent sensiblement selon les branches
d'activités comme le montre bien le tableau suivant:
Tableau n° 59: Lieux d'approvisionnement des PMI de
Meknès par branches d'activités.
Lieux
d'approvisionnement
|
I.A.A
|
I.T.C
|
I.C.P
|
I.M.M.E.E
|
Total PMI
|
Meknès
|
14
|
82,30
|
-
|
-
|
8
|
50
|
2
|
22,25
|
24
|
46,00
|
Casablanca
|
1
|
5,90
|
2
|
20
|
4
|
25
|
5
|
55,55
|
12
|
23,00
|
Autres villes
|
1
|
5,90
|
1
|
10
|
3
|
18,75
|
1
|
11,10
|
6
|
12,00
|
Etranger
|
1
|
5,90
|
7
|
70
|
1
|
6,25
|
1
|
11,10
|
10
|
19,00
|
Total
|
17
|
100
|
10
|
100
|
16
|
100
|
9
|
100
|
52
|
100%
|
Source: Enquête PMI. Juillet./Août 2000
Figure n° 19: Lieux d'approvisionnement des PMI de
Meknès.
Etranger
19%
Autres villes
12%
|
|
Meknès
46%
|
149
Casablanca
23%
Les données ci-dessous peuvent être
interprétées selon deus approches: L'une globale et l'autre par
branches d'activités.
1-1-1: Approche globale.
De façon globale, nous relevons une certaine
prédominance de Meknès en tant que premier lieu
d'approvisionnement des PMI localisées dans la ville ismaélite.
Les résultats de l'enquête ont révélé, en
effet, que plus de 46% de ces entreprises acquièrent les matières
premières et les biens intermédiaires dans la ville même de
leur localisation. Cela confirme l'idée selon laquelle ce genre
d'entreprise puise dans son environnement local la plupart des ressources dont
elle a besoin pour son fonctionnement et son développement.
Mais il n'empêche que beaucoup de PMI dépendent
dans leur approvisionnement d'autres lieux autres que la ville de
Meknès. C'est ainsi que 23% des entreprises enquêterais
acquièrent leurs matières premières à partir de la
ville de Casablanca alors qu'environ 1/5 de ces unités s'approvisionnent
à partir de l'étranger.
Les espaces de Casablanca et l'étranger constituent de
ce fait, respectivement la seconde et la troisième source
d'approvisionnement des PMI à Meknès concrétisant ainsi un
certain degré de dépendance vis à vis de la
métropole du pays et de l'étranger.
Enfin l'approvisionnement à partir d'autres villes
autres que Meknès et Casablanca, a constitué la dernière
source avec seulement 11,55 % des PMI enquêterais. Mais seule une analyse
par branches d'activités est susceptible de mieux appréhender la
question de l'aire d'approvisionnement des PMI implantées à
Meknès.
1-1-1: Approche par branches
d'activités.
150
Selon le tableau n° 59 l'analyse des aires
d'approvisionnement des PMI de Meknès montre que:
- Les PMI de la branche agro-alimentaire s'approvisionnent
présqu'exclusivement sur place, soit 82,30 %. Les autres aires sont
ex-équo par seulement 5,90 % chacune. Cette branche participe de ce fait
à la valorisation des produits agricoles locaux et notamment les
céréales et les oléagineux.
- Par contre, pour les industries de textile et cuir, le poids
de l'étranger et dans un degré moindre Casablanca est très
manifeste. 70 % des PMI enquêterais s'approvisionnent, en effet, de
l'étranger contre 20 % à partir de Casablanca et seulement 10 %
sur place. La prédominance de l'étranger en tant que source
d'approvisionnement s'explique notamment par le fait qu'il s'agit
d'unités pratiquant la façon et qui opèrent dans le cadre
de sous-traitance internationale . Par conséquent une part importante
des matières premières et articles sont livrées par les
donneurs d'ordres étrangers.
- Les industries chimiques et parachimiques présentent
une structure assez différente avec une prédominance de la ville
de Meknès qui participe à raison de 50 % dans l'approvisionnement
des PMI contre 25% pour casa, 18, 75 % pour les autres villes et seulement 6,25
% pour l'étranger.
- Enfin pour les IMMEE, nous relevons une présence
beaucoup plus nette de Casablanca en tant que source principale
d'approvisionnement des PMI de Meknès, soit 55 %. L'espace
d'étude vient en seconde position avec 22,25 % contre seulement 11,10 %
pour chacune des autres aires considérées.
En somme et sur la base des constatations ci- dessus, la
dépendance de Meknès vis à vis de Casablanca et de
l'étranger en terme d'approvisionnement en matières
premières est on ne peut plus manifeste. Qu'en est-il à
présent de la commercialisation des produits ? c'est ce que nous allons
pouvoir examiner dans le point suivant.
1-2 : Aires d'écoulement des produits
transformés par les PMI.
Dans ce cadre nous pouvons distinguer trois types d'espaces
d'écoulement ou de marchés desservis par les PMI de
Meknès. Il s'agit du marché local, du marché national et
du marché extérieur.
Si une partie de ces unités travaillent exclusivement
pour l'un ou l'autre de ces marchés, d'autres par contre sont
présentes sur deux ou même les trois marchés. Aussi avons-
nous décidé de ne prendre en considération que la vocation
principale de ces entreprises pour la détermination des aires
d'écoulement de leur production.
Les résultats obtenus peuvent être regroupés
dans le tableau suivant:
Tableau n° 60 : Lieux d'écoulement de la
production des PMI de Meknès par branches
d'activités.
Branches
|
I . A . A
|
I . T . C
|
I . C . P
|
I M M E E
|
Total PMI
|
Marchés desservis
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
Marché local
(exclusivement)
|
8
|
47,05
|
0
|
0
|
7
|
43,75
|
3
|
33,35
|
18
|
35,00
|
Marché national
|
8
|
47,05
|
4
|
40
|
8
|
50,00
|
4
|
44,30
|
24
|
46,00
|
Marché
international
|
1
|
5,90
|
6
|
60
|
1
|
6,25
|
2
|
22,25
|
10
|
19,00
|
Total
|
17
|
100
|
10
|
100
|
16
|
100
|
9
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquête PMI. Juillet/Août 2000
Figure n° 20: Lieux d'écoulement de la
production des PMI de Meknès.
Mrché local
(exclusivement)
35%
Marché national
19%
151
Marché national
46%
Globalement plus de 4/5 des PMI enquêterais travaillent
pour le marché local ou national. Parmi ces entreprises 35 % desservent
le marché local de Meknès contre 46 % qui destinent leur
production vers d'autres villes ou régions du Maroc.
Par ailleurs, les PMI locales participent également
à l'ouverture de l'économie puisque 19 % de ces unités
destinent totalement ou partiellement leur production à
l'exportation.
Par branches d'activités, ce sont les PMI de la sous-
branche confection et habillement qui font preuve d'un dynamisme relativement
important en matière des exportations. Cela s'explique par le fait que
ce sont généralement des unités de moyenne taille qui
travaillent dans le domaine de la sous-traitance internationale. La
contribution des autres branches restent très timide. Elles se
contentent uniquement du marché local ou national pour écouler
production.
Paragraphe 2: Les PMI et la sous-traitance à
Meknès.
Dans ce paragraphe, il s'agit d'examiner la pratique de la
sous-traitance qui est non seulement un aspect de fonctionnement des PMI, mais
aussi un élément incontournable et indissociable de toute
activité économique.
L'analyse de la place et de l'importance de cette pratique
chez les PMI à Meknès (2-2) nécessite au préalable
une bonne assimilation du concept même de la sous-traitance, de ses
typologies et de son intérêt pour les entreprises de façon
générale et pour les PMI plus particulièrement (2-1) .
152
2-1 : Définition, typologies et importance de
la sous-traitance pour les PMI. 2-1-1: Définition de la
sous-traitance.
La sous-traitance est un concept relativement récent
qui a fait l'objet de plusieurs définitions . Celles-ci, loin de
s'opposer, se complètent pour mieux rendre compte d'un
phénomène aux multiples facettes.
Quoi qu'il en soit, la sous-traitance peut être
définie comme le fait pour une entreprise d'effectuer des travaux pour
le compte d'une autre entreprise suivant les directives de cette
dernière. Autrement dit, il s'agit d'un " arrangement
contractuel entre une firme principale (donneurs d'ordre) et une firme
secondaire ( sous-traitant, preneur d'ordre) en vue de :
" La fourniture par le sous-traitant, sur
ordre de la firme principale, des pièces, composantes, sous-ensembles et
ensembles qui sont incorporés dans un produit vendu par la firme
principale. Les deux firmes intervenant dans sa fabrication,
" La transformation de matières
premières pour le compte de la firme principale -que celle-ci fournisse
ou non les matières premières -et le traitement ou la finition
des
pièces que la firme principale fournit et qui lui sont
restituées" ( ONUDI ).
Le noyau dur de la sous-traitance est donc l'existence d'un
donneur d'ordre qui confie le travail, d'un sous-traitant qui a la charge
d'exécuter et de l'objet à sous-traiter.
2-1-2: Typologies de la sous-traitance.
La sous-traitance telle qu'elle a été
définie ci-haut, peut être distinguée suivant plusieurs
formes ou typologies:
* Sous-traitance de capacité ( ou
conjoncturelle).
C'est une forme de sous-traitance sporadique. Le donneur
d'ordres peut lui-même fabriquer le produit confié mais s'adresse
néanmoins à un sous-traitant soit parce que son appareil de
production est provisoirement saturé ou lorsque sa capacité de
production est insuffisante pour faire face à un afflux anormal de
commandes, soit pour faire face à des difficultés techniques(
pannes) passagères. Le sous-traitant dans ce type de sous-traitance est
un concurrent du donneur d'ordres
* Sous-traitance de spécialité ( ou
structurelle) .
C'est la forme de sous-traitance où l'entreprise
principale ou donneur d'ordres confie de façon permanente, en
général, l'exécution de certaines opérations
à un sous-traitant qui est spécialisé dans le type de
travail confié. Elle se base sur la parfaite maîtrise et les
bonnes compétences du sous-traitant qui possède des
équipements et des moyens techniques appropriés et dispose d'un
savoir-faire pour exécuter le travail confié.
Le donneur d'ordres ne peut fabriquer lui-même le
produit confié soit parce que cela ne rentre pas dans le cadre de sa
stratégie, soit parce qu'il estime qu'il ne peut pas le faire dans des
conditions suffisamment concurrentielles. Le fait de s'adresser à un
sous-traitant et lui confier certaines opérations lui reviendrait moins
cher que s'il fabrique lui-même le produit confié. Dans ce dernier
cas, on parle de "sous-traitance d'économies
".
Si on se place dans une optique spatiale, on distingue deux
types de sous-
traitance :
153
* Sous-traitance locale ou "domestique".
Elle met en rapport des donneurs d'ordres et des
sous-traitants localisés dans un même pays.
* Sous-traitance internationale ou "hors
frontières".
Il s'agit de relations de sous-traitance dans laquelle le
donneur d'ordre et le sous-traitant sont localisés dans deux pays
différents. Ce type de sous-traitance donne lieu à des flux
d'importation et d'exportation car les matières premières
utilisées par le sous-traitant sont la plupart du temps importées
et une fois le travail exécuté , le produit est exporté
pour être commercialisé à l'étranger par le donneur
d'ordres.
2-1-3: Importance de la sous-traitance pour les PMI.
Pourquoi sous-traite t-on ?
L'objectif immédiat de l'activité de
sous-traitance est en rapport étroit avec le gain sur les coûts,
sur les délais et sur la qualité de la part du donneur d'ordres.
En outre, celui-ci évitera inéluctablement des investissements
à réaliser au niveau du matériel productif et des emplois
à créer.
Pour une PMI, la sous-traitance est surtout un créneau
qui lui permet de survivre et de croître en compagnie de la grande
entreprise, non pas en concurrence directe et continue avec elle, mais dans une
sorte de complémentarité .
Le rôle complémentaire de la PMI se manifeste par
la possibilité de fabriquer de petites séries qui ne seraient pas
rentables pour les grandes entreprises, mais aussi par le biais de la
sous-traitance. Celle-ci étant de ce fait, considérée
comme un moyen rationnel d'organisation du système productif et un mode
très important d'articulation des PMI avec des entités de grande
taille .
La sous-traitance est également " un
lien de dépendance plus ou moins forte de la petite entreprise à
l'égard de son client . La délocalisation de la grande entreprise
ou sa disparition a des conséquences bien connues sur les petites et
moyennes entreprises sous-traitantes , incapables souvent de se
réorienter rapidement vers de nouveaux donneurs d'ordres
"1 A cet égard, les sous-traitants de "
capacité " ont , en général davantage d'autonomie que les
sous-traitants de " spécialité " directement dépendants de
leurs donneurs d'ordres.
2-2 : PMI et sous-traitance à
Meknès
L'enquête sur le terrain a révélé
qu'à Meknès, les PMI font recours à la sous-traitance .
Toutefois, cette activité ne semble pas être une pratique
très courante chez ces unités, que ce soit entre elles ou dans
leurs rapports avec d'autre entreprises de grandes taille.
En effet, la grande majorité, plus de 64 % des PMI
enquêterais ont déclaré n'avoir jamais pratiqué la
sous-traitance , contre seulement 34,60 % qui ont déclaré la
pratiquer de façon permanente ( cas de la confection) ou de temps
à autre.
La sous-traitance est de ce fait une pratique plutôt
exceptionnelle chez les PMI enquêterais. l'approche par secteurs permet,
toutefois, de nuancer quelque peu ce premier résultat.
(1) Machart ( Jacques - Roger ) : Réussir nos PME ,
esprit d'entreprises , initiatives publiques: les synergies, opp
cité, p 53.
154
Cela dit, même si toutes les branches sont
concernées par l'activité de sous-traitance, l'importance de
cette pratique diffère d'une branche à une autre comme le montre
bien le tableau suivant:
Tableau n° 61: Importance de la sous-traitance chez
les PMI à Meknès.
Nature
|
I.A.A
|
I.C.P
|
I.T.C
|
I.M.M.E
|
Total
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
Sous-traitant et
donneurs d'ordres
|
-
|
-
|
1
|
6,25
|
1
|
10
|
1
|
11,10
|
3
|
5,76
|
Sous-traitant uniquement
|
-
|
-
|
5
|
31,25
|
6
|
60
|
4
|
44,45
|
15
|
28,84
|
Ne fait pas recours à la
sous-traitance
|
17
|
100
|
10
|
62,50
|
3
|
30
|
4
|
44,45
|
34
|
64,40
|
Total
|
17
|
100
|
16
|
100
|
10
|
100
|
9
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquête-PMI. Juillet/Août. 2000.
Figure n°21: Importance de la sous-traitance chez
les PMI à Meknès.
100% 90% 80% 70%
60% 50% 40% 30% 20%
10%
0%
|
|
I.A.A I.C.P I.T.C I.M.M.E
|
Ne fait pas recours à
la sous-traitance
Sous-traitant
uniquement
Sous-traitant et
d'oneurs d'ordres
Ainsi, la sous-traitance n'est pas une pratique exceptionnelle
au niveau de la branche des industries textile et cuir puisque 70 % des PMI
enquêterais de cette branche ont déclaré la pratiquer , 60
% en tant que sous-traitants et 10 % en tant que donneurs d'ordres et
sous-traitants en même temps. Par contre, elle l'est au niveau des
industries chimiques et parachimiques où environ les 2/3 des
unités relevant de cette branche ont déclaré n'avoir
jamais pratiqué cette activité contre 38 % qui déclarent y
faire recours de temps à autre.
155
La branche des industries mécaniques,
électroniques et électriques présente quant à elle
une structure assez équilibrée au moment où la branche des
industries agro-alimentaires se distingue par le fait de n'être nullement
concernée par l'activité de sous-traitance . Nous n'avons , en
effet, relevé aucun cas de sous-traitance au niveau des PMI relevant de
cette branche .
Outre cette différenciation entre les branches quant
à la pratique et à l'importance de la sous-traitance,
l'enquête sur le terrain a révélé que les PMI ne
sont pas seulement des preneurs d'ordres, mais contribuent dans certaines
branches à la sous-traitance comme donneurs d'ordres et sous-traitants
en même temps. Ce dernier cas se présente toutefois de
façon très rare au niveau des PMI ayant fait l'objet de cette
enquête ( 5,76 %).
S'agissant de la sous-traitance internationale ou " hors
frontières" , il y a lieu de noter que cette activité existe
à Meknès essentiellement en aval du système productif.
Cette activité qui met en relation des PMI de Meknès avec des
firmes localisées à l'étranger ( donneurs d'ordres),
concerne notamment des entreprises de taille moyenne relevant de la branche de
la confection. C'est une activité implantée et
contrôlée par des firmes qui lui fournissent le travail.
Dans les pays développés, la sous-traitance est
un instrument de déploiement industriel car elle constitue une
véritable courroie de transmission entre différentes branches du
système productif et est partout présente, aussi bien en amont
qu'en aval. Par contre dans les pays sous-développés l'entreprise
qui pratique cette activité reste très largement tributaire de
l'étranger pour ses équipements, ses matières
premières et ses débouchés.
Les PMI de Meknès pratiquant la sous-traitance
internationale n'échappent pas, en général, à ce
schéma. Equipées par des firmes étrangères et
travaillant des matières premières importées en admission
temporaire (AT), elles vendent la totalité de leur production à
la firme étrangère qui a fourni les matières
premières, les accessoires et les modèles. Ainsi donc cette forme
de sous-traitance ne profite à la ville de Meknès que sur le plan
de l'emploi. Les effets d'entraînement s'exercent dans le pays auxquels
elle est liée la technologie et le commerce.
Par ailleurs, étant pratiquement une sous-traitance de
" spécialité ", cette activité fait des PMI
concernées des entités totalement dépendantes et les met
dans une position d'infériorité par rapport à leurs
donneurs d'ordres localisés à l'étranger.
Paragraphe 3: PMI et intégration
économique à Meknès
Comme le suggère le titre de ce
paragraphe, notre intérêt pour l'analyse de l'intégration
se situe à un double niveau, celui du secteur des PMI comme
totalité et celui des branches le composant.
Nous cherchons sur la base des analyses menées au
niveau des deux derniers paragraphes d'avoir une idée sur le
degré d'intégration de ce secteur et sur la nature de
l'articulation et de la complémentarité entre ces
différentes branches et en relation avec d'autres secteurs
d'activité.
Il s'agit ici d'analyser dans un premier lieu les aspects
définitionnels de la notion de l'intégration et de ces
différents niveaux d'analyse et de perception (3-1) avant d'essayer dans
un second lieu d'examiner le degré d'intégration entre les
différentes
156
branches du secteur des PMI à Meknès (3-2) entre
ce secteur et l'ensemble du système productif local (3-3). Nous
tenterons dans un dernier lieu de mesurer l'intensité ou le degré
de cette intégration notamment par le biais du taux de valeur
ajoutée appliqué à chacune des branches composant ce
secteur à Meknès (3-4).
3-1: Aspects définitionnels et différents
niveaux d'analyse et de perception de
l'intégration.
La notion d'intégration est parmi les notions dont la
paternité revient à diverses disciplines notamment les sciences
économiques et les sciences politiques. Son utilisation a
été souvent rencontrée dans les analyses des
disparités entre régions, pays, secteurs économiques,
groupes sociaux, etc. Et c'est cette utilisation pluridisciplinaire de la
notion d'intégration qui rend sa définition assez difficile et
imprécise.
Dans le domaine de la discipline économique qui nous
intéresse ici, on trouve la notion d'intégration dans diverses
écoles et théories de pensée.
Pour les théoriciens de l'économie industrielle
notamment la théorie de la firme, l'intégration est
présentée comme constituant un des principaux déterminants
des
stratégies de croissance des grandes firmes
industrielles. Ainsi pour Morvan (Y) " qu'une firme
intègre ses activités si elle tend à faire passer sous son
contrôle des activités situées en amont de son processus de
production, réalisant par là une « intégration vers
l'amont » et/ou des opérations situées en aval de ce
processus, réalisant par là une « intégration vers
l'aval »"1.
C'est donc un processus d'intégration
d'activités situées en amont du segment de production ou se
trouve la firme intégrante ( approvisionnement en matières
premières ou en inputs semis - finis) ou en aval ( distribution) .
L'objectif étant d'endogeniser le maximum de surplus à travers la
réduction voire l'élimination de certains coûts de
transaction et de certaines marges intermédiaires.
D'autre part à un niveau plutôt
macro-économique, on trouve la notion de l'intégration chez les
économistes de développement, une définition plus
complète a été donnée par Dieebold (W): "
on peut considérer l'intégration soit comme un processus
d'accroissement des liens entre des centres d'activités
économiques séparés par des frontières nationales,
soit comme une condition obtenue quand par une estimation quelconque, les liens
sont plus marquants que les séparations»
2 .
Quant à la transposition de l'utilisation de cette
notion dans l'analyse du sous-développement, elle revient notamment
à Samir Amin et Gunnar Myrdal. Ce dernier considère que "
dans tous les pays sous-développés, le problème
du développement économique consiste avant tout à chercher
l'intégration nationale dans sa combinaison nécessaire avec le
progrès économique, l'un étant à la fois
résultat et condition de l'autre"
3
.
(1) MORVAN (Y) cité par AOUADI (S): "
Intégration et compétitivité du systéme productif
tunisien" Actes de journées études organisées par l'Union
Maghrebine des Economistes sous le théme de " Mondialisation de
l'économie, intégration régionale et restructurations au
Maghreb" Rabat le 30 Septembre 1995, pp 193- 218.
( 2) DIEEBOLD cité par AOUADI (S): " Intégration et
compétitivité du systéme productif tunisien" opp
cté pp:193-218.
(3) MYRDAL ( G) cité par AOUADI (S): "
Intégration et compétitivité du systéme
productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.
(4) LA JUGIE ( J) cité par AOUADI(S): "
Intégration et compétitivité du systéme
productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.
157
Au niveau de l'économie régionale
destinée à l'analyse des disparités régionales,
l'intégration consiste selon Joseph La jugie à faire de l'espace
considéré " un ensemble
caractérisé par des éléments structurels
relativement comparables et par des relations étroites et continues
entre ces divers éléments " 4 .
Toutefois l'utilisation de la notion d'intégration
économique, dans le cadre global de l'économie de
sous-développement, s'est affinée au fil du temps en s'acheminant
vers un niveau méso-analytique, celui des branches d'activités et
des secteurs économiques. A ce niveau d'analyse, l'intégration
d'une branche ou d'un secteur traduit leur aptitude à développer
en leur sein, c'est à dire, au sein des entreprises locales ou
nationales les composant, la fabrication de la plus grande quantité
possible d'inputs concourant à l'élaboration d'un produit
fini.
Le terme d'intégration évoque ainsi, selon
S.Aouadi, un certain degré d'autonomie d'un système productif par
rapport aux approvisionnements extérieurs
3-2: Faiblesse des relations inter-branches au sein du
secteur des PMI
à Meknès
La notion de l'intégration dans un espace donné
suppose que chaque branche alimente les autres branches du même espace et
est alimentée par elles. Ainsi, l'activité industrielle, quelle
que soit, la dimension des entreprises la composant, ne signifie pas seulement
la création et le rassemblement d'un certain nombre d'usines, sans
cohérence fonctionnelle, mais c'est l'existence de
complémentarité entre ces usines pour que chacune d'entre elles
trouve à la fois dans l'autre un partenaire faisant les deux rôles
de fournisseurs et de clients.
En effet, l'intensité ou le relâchement des liens
entre les différentes entreprises constituant les branches d'un
système productif sont révélateurs du degré de
complémentarité ou d'articulation entre les différentes
composantes d'un secteur donné.
Dans ce cadre et à la lumière des
développements menés précédemment, nous pouvons
dire que les liens entre les branches formant le secteur des PMI à
Meknès sont très faibles. Ces liens qui se mesurent par les flux
d'échanges de produits et notamment des produits intermédiaires,
se limitent seulement à certaines sous-branches. C'est le cas par
exemple de la boulangerie et de la pâtisserie qui utilisent des inputs
(farine) achetés à des minoteries situées au niveau
local.
Cependant, ces échanges inter-branches demeurent
très limités au sein du secteur des PMI à Meknès,
tout comme le sont aussi les activités de sous-traitance comme nous
avons pu le constater dans le paragraphe précédent.
Ce sont justement ces types de liens qui contribuent à
la consolidation et à la complémentarité entre les
branches ou les entreprises locales formant un secteur de PMI à l'image
un petit peu des « districts industriels » définis comme
étant des " entités socio-territoriales
caractérisées par la présence active d'une
communauté de personnes et d'une population d'entreprises dans un espace
géographique et historique donné (ou existe) une osmose parfaite
entre communauté locale et entreprises...l'organisation territoriale et
la division du travail renforcent la circulation des compétences et
engendrent des effets
158
d'apprentissages collectifs spontanés, engendrés
par les complémentarités technologiques et l'existence des liens
étroits entre les hommes et les entreprises "1.
Pour G. Benko, M. Dunford et J.Heurley "
l'agrégation d'un nombre de petits ateliers, comme la
création de quelques grandes usines, permet d'atteindre les avantages de
la production à grande échelle "2,
formant ainsi, selon les mêmes auteurs une sorte « d'usines sans
murs » où un ensemble d'entreprises spécialisées se
substitueraient à une entreprise intégrée unique afin de
réaliser des produits finis .
Le fait que les PMI de Meknès soient situées, en
général, en aval du cycle de production, fait que ces entreprises
n'entretiennent pas de relations entre elles.
En effet, le processus de l'industrialisation au Maroc s'est
réalisé par import-export. Aussi, la majorité des
entreprises marocaines et celles situées à Meknès ont
été créées pour satisfaire les besoins du
marché local. En conséquence, et comme l'a bien montré
A.Kaioua pour le cas de Casablanca, les filières techniques de
production industrielle sont très courtes au Maroc, celles qui sont
susceptibles d'être longues, comme par exemple, le textile demeurent dans
la plus part des cas incomplètes .
La structure détaillée des PMI enquêterais
à Meknès suivant leur position dans le processus de fabrication
permet de constater que la majorité de ces entreprises se situent en fin
de chaîne au dernier stade de la production industrielle.
Tableau n° 61: Situation des PMI de Meknès
dans la chaîne de production des biens.
Position
Branche
|
Amont
(Fabrication . biens de base)
|
Centre
(Fabrication biens intermédiaires)
|
Aval
(Fabrication . biens finals)
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
N/bre
|
%
|
Industrie Agro-alimentaire
|
-
|
-
|
-
|
-
|
17
|
32.70
|
Industrie Chimie et Parachimie
|
-
|
-
|
04
|
7.70
|
12
|
23.10
|
Industrie Textile et Cuir
|
-
|
-
|
01
|
1.90
|
09
|
17.30
|
I.M.M.E.E
|
-
|
-
|
04
|
7.70
|
05
|
09.60
|
Total
|
-
|
-
|
09
|
17.30
|
43
|
82.70
|
Source: Enquête-PMI. Juillet/Août. 2000.
Il ressort de la ventilation ci-dessus que la majorité
des PMI enquêterais à Meknès se situent en fin de
chaîne au dernier stade de la production. Elles représentent plus
de 82,70 % de l'ensemble de l'échantillon enquêté. Quant
aux unités produisant des biens intermédiaires, elles sont
très peu nombreuses ( 17,30 %) alors que celles produisant des biens de
base sont inexistantes.
( 1) BECATINI cité par LONGHI ( C) : " La dynamique des
éspaces urbains " in Les Annales de la Recherche Urbaine
N° 76 - Septembre 1997 , pp: 134- 145.
(2) BENKO (G), DUNFORD (M), HEURLEY (J) : " Districts
industriels: Vingts ans de recherche" in revue éspaces et territoire
n°88/89, Année 1997, pp 305-321.
159
Ainsi à l'exception de certaines PMI qui
relèvent notamment des branches des industries chimiques et
parachimiques et des industries mécaniques et électriques, toutes
les autres unités produisent exclusivement pour la consommation
finale.
Un tel système limite considérablement les
possibilités d'échanges entre ces unités de production et
fait que l'essentiel de l'activité s'organise au sein de filières
de production industrielle très courtes.
La faiblesse du degré d'intégration du secteur
des PMI à Meknès ne se limite pas aux relations inter-branches
mais concerne également les relations de ce secteur avec l'ensemble du
système productif local.
3-3: Faible intégration au système
productif local
Un secteur est dit plus au moins intégré au
système productif local lorsqu'une bonne partie des biens
intermédiaires ou des matières premières qu'il utilise
pour élaborer sa production est d'origine locale, c'est à dire
qu'il recourt peu à l'importation ou à l'acquisition de ses
inputs dans d'autres régions ou localités.
Concernant le secteur des PMI à Meknès, nous
pouvons dire de manière générale qu'il est faiblement
lié au système productif local. Cependant ce degré
d'intégration diffère d'une branche à une autre.
Ainsi pour la branche des Industries agro-alimentaires,
celle-ci tire le principal de son approvisionnement en matières
premières des récoltes au niveau local ou régional. Elle
présente ainsi des rapports variés entre les unités de
transformation et l'intégration dépend de loin de la
matière première traitée.
Pour les céréales, l'intégration semble
être parfaite. La première transformation réalisée
au niveau des minoteries de la ville débouche sur la consommation finale
( si les produits sont livrés aux foyers) ou sur une deuxième
transformation si les produits sont retravaillés encore au niveau des
unités alimentaires situées en aval de la chaîne: la
production des pâtes alimentaires, des gâteaux et du pain.
En transformant directement des matières
premières agricoles brutes pour produire des biens courants
destinés à la consommation finale, les PMI de la branche
agro-alimentaire contribue ainsi à la valorisation des produits
d'origine locale tels que les céréales, les olives ou autres les
fruits et légumes.
La même remarque peut être formulée
à l'égard de certaines sous-branches des industries chimiques et
parachimiques et particulièrement celles des matériaux de
construction ( Briqueteries, agglomérés et articles en ciment,
etc.) et du travail du bois ( Scieries, menuiseries).
Par contre , la branche des industries du textile et cuir se
présente comme la branche la plus extravertie de l'activité
industrielle dans son ensemble à Meknès. Toutes les unités
dont dispose la ville s'approvisionnent en quasi-totalité de leurs
intrants à partir de l'étranger et Casablanca constitue dans la
plupart des cas un relais.
3-4: Mesure du degré d'intégration du
secteur des PMI à Meknès
Dans ce dernier point, nous cherchons à travers un
essai de mesure de l'intégration du secteur des PMI à
Meknès, à caractériser autant que possible l'articulation
et la complémentarité entre ces différentes branches, leur
contribution propre à l'effort
160
productif et le degré d'autonomie ou de
dépendance de ce secteur par rapport aux approvisionnements
extérieurs.
Il existe plusieurs manières de mesurer
l'intégration d'un secteur déterminé notamment par le
biais de la valeur ajoutée et des consommations intermédiaires.
Toutefois, et à défaut de statistiques et d'informations fines et
fiables, nous nous contenterons dans ce qui suit du premier critère pour
essayer de mesurer l'intégration du secteur des PMI à
Meknès.
L'intégration par la valeur ajoutée est
calculée en rapportant la valeur ajoutée au chiffre d'affaires ou
à la production. Dans ce cadre une firme ou une branche est dite
relativement intégrée si son taux de valeur ajoutée est
relativement élevé.
Le tableau ci-après indique les différents
degrés d'intégration par la valeur ajoutée des branches
constituant le secteur des PMI à Meknès.
Tableau n° 62: Intégration par la valeur
ajoutée du secteur des PMI à Meknès par branches
d'activité.
Branches
|
Intégration par la valeur
ajoutée
Valeur Ajoutée/ Production ( en %).
|
Industries agro-alimentaires
|
12, 75
|
Industries textile et cuir
|
36,76
|
Industries Chimiques et parachimiqes
|
25,76
|
Industries mécaniques et électriques
|
32,08
|
Total PMI
|
22,18
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Direction de L'industrie. Rabat. 1998.
Le taux d'intégration de l'ensemble du secteur des PMI
à Meknès est de l'ordre de 22,18 %. même si l'on ne dispose
pas d'une norme de référence communément admise, nous
considérons intuitivement ce taux comme faible en soi et comme faible au
taux calculé pour l'ensemble du secteur industriel au niveau national
pour la même année et qui est d'environ 34 % 1 .
La faiblesse du degré d'intégration
caractérise notamment la branche des Industries agro-alimentaires avec
un taux de valeur ajoutée de 12,75 %. Cette branche apparaît donc
comme la branche la plus désintégrée du secteur des PMI
à Meknès.
Par contre les autres branches affichent des taux relativement
meilleurs avec 32,76 % pour les industries textile et cuir, 25,76 % pour les
industries chimiques et parachimiqes et 32,08 % pour les industries
mécaniques et électriques.
De façon globale, la désintégration ou le
faible degré d'intégration du secteur des PMI à
Meknès, saisie de ce point de vue, peut s'expliquer par le
positionnement des entreprises relevant de ce secteur à l'aval des
filières de production à un stade peu avancé et peu
générateur de valeur ajoutée.
Conclusion.
(1) Ministère du Commerce et de l'Industrie:
Les industries de transformations au Maroc. Rabat, 1998.
161
Au terme de ce chapitre relatif au financements, au
modalités de fonctionnement et au degré d'intégration du
secteur des PMI à Meknès, il nous a été permis :
- D'une part de relever qu'en matière de financement,
le secteur des PMI dans l'espace d'étude, est doublement
pénalisé. D'abord à cause de la répartition
inégalitaire des crédits alloués à ce secteur au
Maroc qui privilégie la rentabilité et la solvabilité des
entreprises au détriment des exigences de la régionalisation et
de la décentralisation industrielle. Ensuite et enfin, à cause de
la faible implication des institutions bancaires dans le financement aussi bien
des investissements que de l'activité de cette catégorie
d'entreprises.
- Et d'autre part, de souligner la faible intégration
de ce segment du tissu productif aussi bien au niveau des relations
inter-branches que par rapport aux autres secteurs du système productif
local. Ce secteur, pourtant réputé par son ancrage territorial,
est en fait, dépendant de Casablanca et de l'étranger que ce soit
en terme d'approvisionnement en matières premières qu'en termes
d'écoulement de la production. En plus, il est incapable de
générer un tissu productif cohérent et suffisamment
intégré au niveau de l'aire d'étude..
Quels sont donc les éléments pouvant expliquer
ces contre -performances ? et quelles sont les perspectives qui s'ouvrent
à ce segment du tissu productif ?
La réponse à ces questions sera abordée dans
le chapitre suivant.
Chapitre 2: Compétitivité, contraintes et
perspectives des PMI à Meknès.
Au niveau de ce dernier chapitre, il s'agit notamment
d'examiner, dans un premier lieu, certains aspects de
compétitivité du secteur des PMI à Meknès (Section
1). Nous nous attacherons dans un second lieu à analyser les facteurs de
blocages inhérents à ces entreprises et les perspectives d'avenir
de ce secteur face à la globalisation et à l'ouverture de
l'économie marocaine (Section 2) .
Section 1: Compétitivité du secteur des
PMI à Meknès.
Définie comme étant " la
capacité d'un pays ou une entreprise à affronter durablement la
concurrence "1, la
compétitivité est devenue depuis quelques années, le
nouveau mot d'ordre des politiques aussi bien des pays que des entreprises.
La compétitivité, cela est communément
admis, relève certes de l'entreprise mais pas seulement. Elle
dépend aussi entre autres de la capacité de l'Etat à faire
respecter les règles de jeu transparentes, de l'existence d'une
administration " facilitatrice", d'une justice efficace, du
développement des infrastructures économiques de base, etc. Elle
est donc un tout et ne se limite pas à certains aspects.
Dans la présente section, nous allons toutefois essayer
d'appréhender certains éléments en relation directe avec
la compétitivité des entreprises. Il s'agit notamment de la
technologie, de la qualité, des systèmes d'information et de la
gestion des ressources humaines.
( 1) NEZYS (B) cité par MDIDECH (H): L'industrie
à Fès, composantes spatiales et dynamique sectorielle,
mémoire DESAU, INAU 1998, p 123.
162
L'objectif étant d'une part d'avoir une idée sur
le degré de compétitivité des PMI à Meknès
et sur certaines contraintes inhérentes à ces
éléments et d'autre part de détecter un ensemble de
relations qu'entretiennent ces entreprises avec leur environnement
immédiat et ce, en complément des analyses qui ont
été menées tout au long des développements
précédents.
Paragraphe 1: PMI et choix technologiques.
La technologie constitue un autre critère de
différentiation des PMI et du secteur industriel de façon
globale. Elle est aussi considérée comme un déterminant
principal de la compétitivité en matière de production
industrielle car, non seulement, elle permet de fabriquer des produits de
qualité supérieure, mais encore elle conduit
généralement à une réduction des coûts, ce
qui a pour conséquence de modifier les règles du jeu de
concurrence en faveur des entreprises innovantes.
Pour le cas de Meknès, rendre compte de la
configuration technologique des PMI, s'avère une tache difficile. Cela
est dû d'une part au caractère imprécis et partiel de
l'information recueillie à ce niveau et d'autre part à
l'extrême hétérogénéité du
parc-machines utilisé par ces entreprises. Toutefois les données
recueillies permettent de se faire une idée sur les lieux d'acquisition
ou de provenance des machines utilisées, sur leur âge et sur les
aspects de la maintenance liés à ces équipements.
1-1: Lieux d'acquisition des machines
Ne disposant pas d'une industrie locale des biens
d'équipements, le tissu industriel marocain puise ses technologies en
dehors du système productif national, ce qui met le processus
d'industrialisation dans une situation de véritable dépendance
vis à vis de l'étranger.
Les PMI de Meknès n'échappe pas en
général à cette tendance comme le montre bien le tableau
suivant:
Tableau N° : Lieux d'acquisition des machines
utilisées par les PMI de Meknès en %.
Lieux d'acquisition des machines
|
%
|
Marché national
|
36
|
Italie
|
16
|
Espagne
|
6
|
Allemagne
|
11
|
France
|
22
|
Autres
|
09
|
Total
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Pour l'élaboration du tableau ci-dessus et vu l'aspect
hétérogène du parc-
machines des PMI à Meknès, nous avons
été amené à comptabiliser le nombre de fois
163
qu'un pays donné intervient dans la composition du
parc-machines de chaque entreprise. Les données recueillies permettent
ainsi de faire les constatations suivantes:
? La part qui revient au marché national est loin de
suggérer un quelconque développement de l'industrie des biens des
équipements au Maroc. Il s'agit essentiellement du matériel
d'importation offert sur le marché national par des importateurs. Dans
ce cadre la ville de Casablanca s'impose comme étant le principal centre
commercial d'acquisition des biens d'équipement. La majorité du
parc-machines acquis sur le marché national provient, en effet, de cette
ville.
? Les fournisseurs traditionnels du Maroc à savoir la
France, L'Italie et l'Allemagne occupent une place privilégiée. A
eux trois, ils ont été à l'origine de 49 % du
parc-machines utilisé par les PMI de Meknès. Ce-ci sans compter
le matériel en provenance de ces pays qui est vendu sur le marché
national.
? L'Espagne commence à émerger en tant que
fournisseur de biens d'équipements pour les PMI locales. Ce pays
participe avec 6% au niveau du parc-machines utilisé par ces
entreprises.
1-2: Age des machines
La ventilation du parc-machines utilisé par les PMI de
Meknès en fonction de son âge fait ressortir que ces entreprises
utilisent du matériel de production d'âges fort
différenciés. Toutefois, cet appareil productif est marqué
par la présence d'un matériel relativement vétuste comme
l'illustre bien le tableau suivant:
Tableau N° : Structure d'âge des machines
utilisées par les PMI de Meknès
Ages des machines
|
Proportion des machines en %
|
Moins de 4 ans d'âge
|
10,80
|
Entre 4 et 6 ans
|
24,80
|
Supérieur à 6 ans
|
64,40
|
Total
|
100
|
Source: Enquête personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Ainsi environ des 2/3 du parc-machines des PMI peut être
considéré comme vétuste et ayant un âge
supérieur à 6 ans. 10,80 % seulement de l'appareil productif de
ces entreprises peut être considéré comme relativement
neuf.
Toutefois il faut se garder de tirer des conclusions
hâtives car bien souvent l'âge d'un matériel de production
pour une entreprise ne coïncide pas toujours avec la date de sa
première mise en services mais plutôt à partir du moment
où il est acquis par celle-ci. Si nous ajoutons à cette
considération le phénomène de l'obsolescence ( un
matériel même neuf peut être obsolète dans d'autres
espaces de production) nous sommes poussés à croire que
l'appareil productif usité par les PMI de Meknès est beaucoup
plus avancé dans l'âge qu'ils ne le font apparaître les
résultats de l'enquête mené sur le terrain.
Par ailleurs nombreux sont les dirigeants des PMI
interrogés qui estiment que des machines de qualité et de niveau
technologique intermédiaires, éventuellement achetées
d'occasion, peuvent présenter un meilleur rapport
performance-coût. Mais
164
nombreux sont aussi les dirigeants qui réalisent
combien il importe de disposer d'un bon niveau technologique pour maintenir sa
présence et sa compétitivité dans les marchés.
1-3: La maintenance industrielle.
La maintenance revêt une importance stratégique
pour l'entreprise. Elle peut être corrective, si elle est
effectuée après défaillance du matériel, ou
préventive lorsqu'elle consiste en un ensemble d'actions visant à
réduire la probabilité de défaillance de
l'équipement. Dans tous les cas les actions de maintenance sont
déterminantes dans la durée de vie d'un matériel.
Pour les PMI, la maintenance est surtout externe parce que ces
entreprises ne disposent généralement pas de structures
spécialisées faisant partie intégrante de l'entreprise.
Qu'en est -il à Meknès ?
Dans le cas des PMI à Meknès, l'enquête a
révélé que la maintenance industrielle est exclusivement
externe. Elle est assurée, en grande partie, par des entreprises
localisées au niveau national.
Tableau N° : Situation de la maintenance
industrielle dans les PMI de Meknès.
Maintenance
|
Nombre
|
%
|
Locale
|
38
|
73
|
Etrangère
|
06
|
12
|
Etrangère + Locale
|
08
|
15
|
Totale
|
52
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Pour entretenir et réparer leur matériel, les
PMI de Meknès font surtout recours à des entreprises
localisées au niveau national ( 73 %). Là encore Casablanca
émerge en tant que ville qui polarise l'activité de maintenance
industrielle au niveau du Maroc. Nombreuses sont, en effet, les PMI
enquêtées qui font recours à des entreprises
localisées au niveau de cette ville pour la maintenance de leur
matériel de production.
S'agissant de la maintenance étrangère, elle
demeure encore importante et concerne notamment les entreprises de taille
moyenne.
En termes de conclusions, nous pouvons dire que la situation
des technologies et des machines utilisées par les PMI de Meknès
traduit dans une large mesure la dépendance de ces entreprises vis
à vis de l'étranger et de la ville de Casa. Cette
dépendance se manifeste aussi bien au niveau des origines de ces
machines qu'au niveau de leur maintenance.
Paragraphe 2 : Systèmes et sources
d'information des PMI à Meknès
Dans un environnement économique en perpétuelle
mutation, l'accès à l'information est devenu très vital
pour les entreprises. En effet, l'information lorsqu'elle
165
est pertinente, fiable et opportune permet de réduire
la marge d'incertitude, de faire des prévisions et d'élaborer des
stratégies d'actions.
Les PMI à l'instar des autres entreprises ont
également des besoins en informatique pour mieux fonctionner et
être économiquement performantes. Ces besoins sont souvent
très modestes mais très spécifiques. Ils sont aussi
très divers et couvrent un champs très vaste.
Pour les PMI de l'espace d'étude, il s'agit d'examiner
les sources d'information ayant trait notamment aux domaines de la technologie,
des marchés, des politiques publiques et procédures
administratives et de l'information financière et économique.
Le tableau suivant donne la ventilation des sources de
l'information des PMI à Meknès suivant la nature de l'information
dont ces entreprises ont besoin.
Tableau N° : Sources d'information des PMI à
Meknès
Nature
Sources
|
Informations commerciales
|
Informations techniques
|
Informations politique publique et procédures
administratives
|
Informations financières et
économiques
|
Sources personnelles
|
14
|
26,90
|
14
|
26,90
|
11
|
21,15
|
14
|
26,90
|
Fournisseurs
|
04
|
23,00
|
10
|
19,85
|
05
|
9,60
|
04
|
7,70
|
Organismes d'appui et
associations professionnelles
|
12
|
7,70
|
10
|
19,25
|
05
|
9,60
|
04
|
7,70
|
Foires et Expositions
|
07
|
13,95
|
08
|
15,40
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Presse, Revues, Journaux
|
02
|
3,85
|
17
|
32,70
|
08
|
15,40
|
07
|
13,45
|
Clients
|
13
|
25,00
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Organismes financiers
|
-
|
-
|
-
|
-
|
05
|
9,60
|
19
|
36,55
|
Autres
|
-
|
-
|
03
|
5,75
|
03
|
5,75
|
-
|
-
|
Totaux
|
52
|
100
|
52
|
100
|
52
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Les données contenues dans le tableau ci-dessus
suggèrent les remarques
suivantes:
- Sources d'informations techniques
La plupart des dirigeants des PMI s'informent par les revues
et autres périodiques sur les faits nouveaux dans le domaine
technologique. 32,70 % de ce type d'information proviennent, en effet, de cette
source. Les contacts personnels ( Amis, visites...etc.) sont aussi très
importants (26,90%) alors qu'environ 1/5 de cette information
166
est livrée par les fournisseurs même des biens
d'équipements. Le reste provient de la participation aux foires et aux
expositions ( 15,40%) et d'autres sources diverses (5,75%).
- Sources d'informations commerciales
En général, les sources personnelles sont
particulièrement importantes pour la commercialisation. 26,90 % des
dirigeants des PMI enquêtées utilisent leurs contacts personnels
pour obtenir des informations sur les marchés participant ainsi
activement à la recherche de nouvelles possibilités commerciales.
Les fournisseurs et les clients sont également des sources importantes
en matière d'informations commerciales avec respectivement 23% et 25 %
du total des sources d'informations.
Le reste de ce type d'informations provient soit des
associations professionnelles et organismes d'appui (7,70%), soit des foires et
expositions (13,45%), soit encore de la presse, journaux ou revues
spécialisées (3,85%).
- Sources d'informations sur la politique publique et
les procédures administratives
Si la contribution des organismes d'appui dans le domaine
d'information des PMI reste généralement très modeste,
leur rôle en matière d'information sur la politique publique et
sur les procédures administratives est particulièrement
important.
En effet, 38,50 % de ce type d'information émanent de
ces organismes d'appui ( chambres de commerce, Délégations de
commerce et de l'industrie, associations professionnelles, etc.). Ce
résultat témoigne du rôle important que commence à
jouer ces organismes dans ce domaine surtout avec la mise en place de
structures d'assistance à la PMI au niveau local fondées sur le
principe de proximité.
Pour ce même type d'information, les dirigeants des PMI
ont aussi tendance à compter sur leurs contacts personnels (21,15%) et
sur la presse, revues et journaux (15,40%).
- Sources d'informations financières et
économiques
Concernant ce type d'information, il provient essentiellement
des organismes bancaires à raison de 36,55%. Les contacts personnels
constituent la seconde source avec plus de 26% alors que 15,40% émanent
des organismes d'appui et des associations professionnelles. Enfin un peu plus
de 21% de cette information provient de la presse et des fournisseurs soit
respectivement 13,45% et 7,70%.
La conclusion générale que l'on peut tirer de
ces constatations empiriques, c'est que lorsqu'il s'agit d'obtenir
l'information dont-ils ont besoin, les dirigeants des PMI
enquêtées comptent beaucoup plus sur les services privés
(sources personnelles, fournisseurs, presse, etc.) et utilisent
modérément les sources institutionnelles et celles émanant
des organismes d'appui. Ces derniers sont perçu par les chefs des PMI
interrogés comme ayant une contribution très modeste en
matière d'information de ces entrepreneurs.
Paragraphe 3: PMI et gestion de la qualité
L'émergence et le développement du concept de la
qualité sont liés aux évolutions des modes de production,
des marchés et des produits. Définie désormais comme
" un ensemble de caractéristiques d'une entité
qui lui confèrent l'aptitude à
satisfaire des besoins exprimés ou implicites"
1 , la qualité apparaît à l'heure actuelle comme
étant un instrument privilégié du développement
industriel et le catalyseur essentiel de la compétitivité des
entreprises.
Certes le concept est largement véhiculé dans
les médias, fait l'objet de nombreux colloques et séminaires et
tout le monde prétend en faire. Cependant à vue d'oeil, la
qualité fait défaut dans la majeure partie de notre production et
dans la plupart des services privés et publics. A moins d'une
nécessité réglementaire ou commerciale, notamment pour
l'exportation, la qualité est " beaucoup plus un discours, très
peu une pratique quotidienne «2
Dans ce cadre, il importe d'examiner dans quelle mesure les
PMI de l'espace d'étude ont intégré cette nouvelle
dimension ?
De prime abord, il convient de souligner que les PMI
opérant à Meknès dans le cadre de la sous-traitance
internationale sont de facto évincées, étant donnée
que leur production obéit à des normes imposées par les
donneurs d'ordres étrangers. Seules seront considérées ici
les PMI travaillant pour le marché local ou national et celles dont les
exportations ne s'inscrivent pas dans le cadre de la sous-traitance
internationale.
Ainsi sur un total de 42 entreprises prise en
considération aucune d'entre elles n'a déclaré avoir
certifié ses produits selon une norme ISO ou même NM (norme
marocaine).
La situation n'est guère meilleure au niveau national
puisqu'en 2000, on compte seulement 20 entreprises au Maroc qui sont
certifiées NM et 2400 normes élaborées par les services
compétents !
Paragraphe 4: PMI et gestion des ressources
humaines
L'une des caractéristiques distinctives des petites et
moyennes unités de façon globale, tient à la
personnalisation de leurs styles de gestion. leurs vues sur l'acquisition des
compétences et la valorisation des ressources humaines, sont
déterminées par leur perception des incidences à court
terme de ces activités sur le cours des affaires. Elles sont en fait
incapables de replacer ces questions dans une perspective à long
terme1.
Dans le cas des PMI de Meknès, nous allons pouvoir
vérifier cette affirmation en examinant les modes de recrutement de ces
entreprises (4-1) leur politique de formation (4-2)
4-1: Modes de recrutement.
L'enquête menée dans ce cadre
révèle que le principal mode de recrutement des ouvriers par les
PMI de Meknès se fait par candidatures spontanées et par
l'intermédiaire des parents et amis. Par contre les autres modes de
recrutement n'occupent qu'une place marginale comme le montre le tableau
suivant:
Tableau n° : Principaux modes de recrutement des PMI
à Meknès.
Modes de recrutement Nombre
%
167
( 1) MINISTERE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE: Les dossiers de
l'industrie: la qualité, Rabat 1999, p 4. (2) OUDGHIRI (
M) :" La qualité: tous concernés " in l'Economiste du 10
Novembre 1999.
(1) CENTRE DE COMMERCE INTERNATIONAL / CNUCED/OMC: Les PME
et le marché mondial: une analyse des contraintes de la
compétitivité, Généve 1992, p,64.
168
Par candidatures spontanées
|
35
|
67,30
|
Par l'intermédiaire des parents et
amis
|
11
|
21,20
|
Par l'intermédiaire des annonces dans la
presse
|
03
|
5,75
|
En contactant les écoles de formation
technique
|
02
|
3,85
|
Par l'intermédiaire du CIOPE
|
01
|
1,90
|
Total
|
52
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Comme le montre la tableau ci-dessus, le recrutement direct
par candidatures spontanées ( l'ouvrier se présente à
l'entreprise) ainsi que par l'intermédiaire des parents et amis reste le
principal mode de recrutement des PMI à Meknès. En effet 88,50 %
des chefs d'entreprises enquêtées ont déclaré
procéder par ce moyen pour recruter le personnel dans ils ont besoin. 5,
75 % le font par l'intermédiaire des annonces dans la presse, 3,85% en
contactant des écoles de formation et seulement 1,90% par
l'intermédiaire CIOPE.
4-2: Politique de formation et de qualification de la
main d'oeuvre.
Dans la compétition mondiale actuelle, le degré
de qualification et le niveau de formation des ressources humaines ont une
influence décisive sur l'aptitude d'un pays à soutenir, à
long terme, la concurrence internationale.
Conscient de l'importance et du rôle de la formation
professionnelle notamment en matière de l'amélioration de la
productivité des entreprises, l'Etat marocain a déployé
des efforts importants dans ce domaine notamment par la mise en place de
centres de formation sur l'ensemble du territoire national et toute une gamme
de formations variées et conçues afin de répondre aux
besoins du développement industriel et notamment les PMI incapables de
satisfaire par elles même leurs besoins en la matière.
Cependant, en dépit des progrès
réalisés dans ce domaine et malgré l'assistance technique
et financière de L'Etat en faveur de la formation professionnelle, le
recours à celle-ci s'avère très limité.
Les dirigeants des PMI enquêtées, tout en
reconnaissant l'utilité de la formation continue, sont souvent dans les
faits très réticents. Les raisons évoquées sont
très nombreuses: La cherté de la formation, la qualité de
la formation, les ouvriers quittent souvent l'entreprise après avoir
reçue une formation pour un emploi meilleur, etc.
Ainsi, plus de 83 % des PMI enquêtées ne
disposent d'aucun plan de formation et par conséquent ne dispensent
à leur employés aucune formation sauf celle qu'ils
reçoivent sur le tas. Ces entreprises relèvent de toutes les
branches d'activité sans exception, mais cela concerne essentiellement
les entreprises de faible dimension ( micro-entreprises et petites
entreprises).
En revanche, environ 8 % des PMI enquêtées
procèdent à l'amélioration de la qualification en faisant
appel à la formation externe dans les différents
établissements techniques privés et publics ou en organisant des
stages en faveur de leur employés dans d'autres entreprises.
Enfin 9 % seulement des PMI enquêtées organisent
des séances de formation interne pour améliorer la qualité
de leur personnel.
169
Section II: Contraintes et perspectives des PMI
à Meknès .
Il existe plusieurs études et enquêtes qui ont
analysé cet aspect relatif aux blocages des PMI et mis en relief les
différentes contraintes qui entravent le bon fonctionnement et le
développement de ce secteur au Maroc .
Par ailleurs et tout au long des chapitres
précédents, nous avons pu relever un certain nombre de
contraintes et de facteurs de blocages inhérents au secteur des PMI
à Meknès. Ceux-ci se rapportent aussi bien à des
éléments internes aux entreprises (Structures
défavorables, etc.) qu'à des éléments externes (
contraintes financières, défaillance des infrastructures
d'accueil, etc.).
Notre objectif au niveau de cette section, est d'essayer dans
un premier lieu, d'examiner l'ensemble des facteurs de blocage du secteur des
PMI à Meknès, tels qu'ils
sont vécus ou perçus par les chefs de ces
unités eux même ( Paragraphe 1). Nous nous attacherons dans un
second lieu à examiner les perspectives d'avenir de ce secteur et
à faire certaines propositions pratiques susceptibles d'améliorer
la situation de ce segment du tissu productif au niveau local ( Paragraphe
2).
Paragraphe 1: Principaux facteurs de blocage des PMI
à Meknès et problèmes d'inadéquation des services
urbains
Si Meknès demeure un lieu relativement
privilégié d'implantation des activités productives et
plus particulièrement des PMI, eu égard aux potentialités
économiques qu'elle recèle, elle est également la ville
où le problème de fonctionnement des entreprises se posent avec
une grande acuité.
1-1 : Contraintes majeures au développement des
PMI à Meknès
Pour saisir l'importance de ces contraintes, nous avons
demandé aux dirigeants des PMI enquêtées de citer les 5
principaux obstacles auxquels ils sont confrontés. Par la
170
suite nous avons procédé par méthode de
pondération en accordant 5 points au premier élément
cité, 4 points au second et ainsi de suite.
l'objectif étant non seulement de recueillir le point de
vue des dirigeants de ces entreprises sur les contraintes au
développement de ce segment du tissu productif à Meknès,
mais aussi l'intensité et l'importance de ces obstacles.
Le tableau suivant fait ressortir ces principales contraintes
classées par degré d'intensité décroissant.
Tableau n° : Classification des contraintes
à l'implantation des PMI à Meknès.
Contraintes
|
Fréquence
|
%
|
Lourdeur des procédures
administratives
|
148
|
19,00
|
Manque de terrains industriels et
spéculation
foncière
|
117
|
15,00
|
Niveau élevé des impôts
|
102
|
13,05
|
Coût élevé de financement et
difficultés d'accès au crédit
|
94
|
12,05
|
Faiblesse des infrastructures
|
62
|
7,95
|
Indisponibilité de main d'oeuvre
qualifiée
|
47
|
6,00
|
Problèmes liés à la
demande
|
39
|
5,00
|
problèmes de maintenances industrielle
et
indisponibilité des pièces de
rechange
|
31
|
4,00
|
Problèmes liés aux fournisseurs des
matières
premières
|
28
|
3,60
|
Concurrence du secteur informel
|
23
|
2,95
|
Coût élevé des facteurs de
production
|
22
|
2,80
|
législation du travail peu
cohérente
|
18
|
2,30
|
Autres
|
49
|
6,30
|
Total
|
780
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Le tableau ci-dessous suggère les remarques suivantes:
1) Globalement les chefs des PMI
interrogés sont du même avis sur les cinq grandes contraintes au
développement de ce secteur à Meknès à savoir: la
lourdeur des procédures administratives, le manque de terrains
industriels et spéculation foncière, niveau élevé
des impôts, coût élevé du financement et
difficultés d'accès au crédit bancaire et enfin faiblesse
des infrastructures. Ces contraintes jugées majeures représentent
à elles seules 67 % de l'ensemble des contraintes citées par les
dirigeants des entreprises enquêtées.
2)
171
La lourdeur des procédures administratives constitue la
principale contrainte à laquelle se heurte les PMI
enquêtées. En effet, une des plus grandes difficultés de
ces entreprises est la toile bureaucratique où elles se voient
enveloppées. Certes, des progrès substantiels ont
été réalisées ces dernières années en
matière de simplification des procédures administratives en vue
d'améliorer l'environnement des affaires. Ces progrès restent
cependant insuffisants eu égard au nombre encore important des
autorisations administratives requises surtout au niveau local.
Il est nécessaire de simplifier l'entourage
administratif des PMI par l'instauration d'un "guichet
unique" ou un département administratif capable de
coordonner les départements administratifs impliqués dans la
création des entreprises.
L'expérience des comités provinciaux
d'investissement créés sous la présidence des gouverneurs
et composés des chefs des départements impliqués dans
l'acte d'investir en vue de faciliter au niveau local la réalisation de
tous projets d'investissement, n'a pas donné entière
satisfaction. Les raisons de cet échec s'explique notamment par le
caractère très rigide de cette institution mais surtout par la
faiblesse des pouvoirs délégués aux chefs des services
extérieurs qui sont le plus souvent incapables de prendre des
décisions et sont obligés de consulter leurs services
centraux..
Parallèlement le projet du centre des
formalités des entreprises devant être créés au
niveau des chambres du commerce et de l'industrie, n'a toujours pas
été concrétisé de nos jours.
En attendant, créer son entreprise au Maroc reste un "
véritable parcours de combattant"1. Ce constat montre que le
système administratif marocain constitue un véritable blocage au
développement de l'investissement industriel au Maroc.
3) Les contraintes relatives au manque des terrains
industriels et à la spéculation foncière occupent la
deuxième place au niveau des contraintes majeures au
développement des PMI à Meknès. Dans leur réponses
à l'enquête, les dirigeants de ces entreprises ont tous
mentionné le foncier comme handicap principal pour l'investissement
industriel. Ils insistent sur la nécessité d'organiser ce secteur
et de contrôler les mécanismes de son fonctionnement en mettant
sur le marché des terrains à des prix raisonnables
affectés aux stricts besoins de l'industrie et aux vrais industriels et
non aux spéculateurs ou en encourageant la construction de
bâtiments pour location dans des zones équipés.
4) La contrainte fiscale vient en
troisième position avec un peu plus de 13 % de l'ensemble des
contraintes évoquées par les dirigeants interrogés. Certes
les réformes entreprises dans le domaine fiscal ont donné lieu
à une réduction des taux marginaux. Toutefois, demeure
posé le problème de la pression et surtout de la
multiplicité des taxes locales qui constituent une entrave
sérieuse au parachèvement de la réforme fiscale. Par
contre la contrainte financière, largement développée au
niveau du premier chapitre de cette dernière partie, vient en
quatrième position avec un peu plus de 12 %.
5) La faiblesse des infrastructures constitue
également une contrainte majeure au développement du secteur des
PMI à Meknès selon les chefs de ces entreprises. Le
( 1) JALLAL ( L) et GUIBERT ( G) : " Jeunes promoteurs, le
parcours du combattant " in revue Enjeux n° 73, Avril 1995, pp:
39-42.
172
développement de toute activité productive
exige, en effet, une disponibilité à un coût
compétitif et sans défaillance des infrastructures et des
services publics nécessaires à toute économie moderne
notamment en ce qui concerne l'énergie, les
télécommunications, les transports, etc.( Ce dernier volet sera
traité de manière détaillée dans le paragraphe
suivant).
6) A côté de ces contraintes
considérées comme majeures par les chefs des PMI à
Meknès, d'autres facteurs de blocages sont évoqués par ces
entrepreneurs. Ils concernent notamment l'indisponibilité de la main
d'oeuvre qualifiée, les problèmes liés à la
demande, les problèmes liés à la maintenance industrielle
et à l'indisponibilité des pièces détachées,
la législation du travail jugée peu cohérente, etc.
1- 2: Problèmes d'inadéquation des services
urbains
Dans ce second point, il s'agit
essentiellement d'examiner l'adéquation des services urbains par rapport
aux attentes des chefs des PMI de Meknès car non seulement les
coûts de ces services représentent une fraction importante dans la
comptabilité de ces entreprises mais encore parce que la
compétitivité de ces dernières dépend
énormément de la qualité de ces services et nombreuses
sont les entreprises qui choisissent leur localisation en fonction de la
qualité des services qu'elles sont susceptibles de trouver dans leur
environnement .
Il est question ici de l'eau industrielle, de
l'électricité, des moyens de télécommunications et
de l'assainissement.
Le tableau suivant fait ressortir le degré de
satisfaction des dirigeants des PMI à Meknès suivant la nature
des services urbains rendus.
Tableau n° : Degré de satisfaction des
dirigeants des PMI de la qualité des services urbains.
Services urbains Degré de satisfaction
|
Eau
industrielle
|
Electricité
|
Télécommunication
|
Assainissement
|
Solide
|
Liquide
|
Bon
|
32,70
|
59,60
|
92,30
|
11,50
|
12,60
|
Moyen
|
40,40
|
40,40
|
7,70
|
21,50
|
20,80
|
Insuffisant
|
19,20
|
-
|
-
|
48,10
|
36,90
|
Inexistant
|
7,70
|
-
|
-
|
18,90
|
26,70
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Globalement et sur la base des résultats de
l'enquête consignés dans le tableau ci-dessus, nous pouvons dire
que les services urbains sont jugés inadéquats, peu efficaces et
ne répondent pas aux besoins des PMI localisées à
Meknès. Le degré de satisfaction diffère toutefois selon
la nature des services urbains rendus.
1-2-1: L'eau industrielle.
L'eau joue un rôle moteur dans l'activité
industrielle de manière générale. Son abondance et sa
qualité conditionnent dans une large mesure la localisation de plusieurs
activités manufacturières.
173
Région passant souvent pour être le "
château d'eau du Maroc", Meknès a toujours été
réputée par l'abondance et la qualité de ses eux. Mais
avec la croissance démographique et urbaine et le développement
des industries dans la ville, plusieurs facteurs de déséquilibres
sont apparus mettant en évidence l'acuité de la" question de
l'eau " .
Parmi ces facteurs de déséquilibres
soulignés d'ailleurs par le SDAU de Meknès1 , nous
relevons essentiellement: l'insuffisance des ressources hydriques face à
la croissance de la demande, l'appauvrissement de la nappe phréatique et
la pollution par manque d'assainissement.
S'agissant des PMI de l'espace d'étude, l'usage de
l'eau varie d'une branche à une autre. Si certaines n'en font qu'un
usage limité ( usage domestique) d'autres par contre ne peuvent se
passer de l'eau dans leur processus de production, soit en tant que
matières premières ajoutée au produit, soit encore pour
servir pour le lavage ou le refroidissement.
Si plus des 2/3 des dirigeants des PMI enquêtées
s'estiment moyennement ou médiocrement servis, il n'en demeure pas moins
que les tarifs appliqués à Meknès sont
considérés comme les plus faible au Maroc ( 1,59 dhs/ m3 hors TVA
contre 4,16 à Fès, 5,61 à Rabat et 5,63 dhs m3 à
Casablanca).
Parmi les problèmes soulevés à ce niveau,
nous notons en particulier, la faiblesse du débit de l'eau, les coupures
sans avis préalables ( peu fréquentes) , etc.
Soulignons enfin que les données de l'enquête ont
révélé que plus de 92% des PMI sont branchées au
réseau urbain d'eau potable. 7,70 % de ces entreprises sont
alimentées à partir des puits. Ces derniers sont cependant
utilisés dans plusieurs unités même reliées au
réseau, notamment au niveau de certains quartiers industriels et en zone
périphérique.
1-2-2: Alimentation en
électricité
L'énergie en général et l'énergie
électrique en particulier constitue un facteur déterminant dans
le processus d'industrialisation et dans le choix des sites pour la
localisation industrielle.
A Meknès, la totalité des PMI
enquêtées sont raccordées au réseau d'énergie
électrique lui-même lié au réseau national. Mais
seulement 59,60 % de ces entreprises s'estiment satisfaites de la
qualité de ce service. Par contre plus de 40 % des chefs d'entreprises
jugent la qualité de ce service de juste moyenne.
Parmi les problèmes soulevés à ce niveau,
nous relevons essentiellement les coupures électriques sans avis
préalable chose qui peut causer des préjudices techniques aux
matériels et des dégâts aux produits fabriqués. En
revanche tout le monde souligne avec satisfaction la décision de
réduction de 17 % du coût de l'électricité qui
constituait jusqu'à une date récente une contrainte à la
compétitivité des produits industriels et particulièrement
pour certaines branches.
1-2-3: Les télécommunications
Les télécommunications sont devenues aujourd'hui
un outil indispensable pour toute activité économique que ce soit
de production ou de service. L'existence d'un réseau
( 1) SDAU DE MEKNES: Rapport objectifs et orientations,
Année 1995, p, 25.
suffisant et de qualité permet, en effet, à
l'entreprise d'accéder à l'information et de s'adapter en temps
réel aux différentes fluctuations du marché.
A ce niveau, le degré de satisfaction des dirigeants
des PMI enquêtées est relativement important, soit plus de 92 %.
Ce taux s'explique par les progrès appréciables que ne cesse de
connaître le domaine des télécommunications et notamment le
téléphone mobile, ayant entraîné une
amélioration sensible au niveau de la qualité du service rendu et
une baisse des tarifs appliqués.
1-2-4: l'assainissement
L'évacuation des rejets liquide issus des PMI et de
l'activité industrielle pose un problème sérieux au niveau
de la ville de Meknès. Même la zone industrielle de Sidi Bouzekri
qui, en principe, devrait être dotée de tous les
équipements nécessaires pour son bon fonctionnement, ne dispose
pas d'un réseau d'assainissement. Les unités qui y sont
installées ont été obligées de creuser des fosses
sceptiques pour l'évacuation de leurs rejets liquides. Le même
problème se pose au niveau des quartiers industriels de la route
d'El-Hajeb et de Lafarge-ciment où les rejets sont directement
versés dans les oueds. Ceci ne manque pas de poser des problèmes
au niveau de l'environnement d'autant plus que ces rejets ne subissent aucun
traitement. Cette situation se reflète bien au niveau du degré de
satisfaction des dirigeants interrogés. 11,50 % seulement de ces
derniers s'estiment satisfaits contre 21,50% qui ont déclaré
être moyennement . Par ailleurs 48,10 % des chefs des PMI ont
manifesté leur insatisfaction concernant la qualité du service
d'assainissement liquide alors que 18,90 % de ces entreprises ne sont pas
branchées au réseau urbain.
La situation n'est guère meilleure au niveau du service
de l'assainissement solide. Ce domaine constitue, en effet, un sujet de
plaintes de la majorité des chefs des PMI interrogés. Au cours de
notre enquête, nous n'avons pas pu nous empêcher de constater un
nombre importants de décharges sauvages dans les espaces de
concentration industrielle et notamment à Sidi Bouzekri, Ain Slougui,
Route D'El Hajeb Et Oujeh Arouss.
L'insatisfaction qui se dégage au niveau de la
qualité de la plupart des services urbains examinés ci-haut,
traduit une certaine inadéquation de ces services par rapport aux
besoins des PMI locales. Cette contrainte qui s'ajoute aux autres contraintes
relevées au niveau du paragraphe précédent constitue un
handicap majeur au bon fonctionnement et au développement de ce segment
du tissu productif local.
Qu'en est-il à présent des perspectives d'avenir
? C'est ce que nous essayerons de voir dans le paragraphe suivant.
Paragraphe 2: Perspectives et recommandations.
Dans le cadre de ce dernier paragraphe, nous allons essayer
d'examiner dans un premier point, les perspectives de développement du
secteur des PMI à Meknès (2-1) avant de tenter dans un second
lieu d'avancer certaines propositions et recommandations susceptible
d'améliorer la situation dans le secteur (2-2).
174
2- 1 : Perspectives de développement des PMI
à Meknès.
175
Après avoir traité des perspectives de
développement du secteur des PMI à Meknès selon les
responsables de ces unités, nous essayerons de voir les perspectives de
ce secteur face aux défis de la mondialisation et de l'instauration
d'une zone de libre échange.
2-1-1: L'avenir du secteur vu par les chefs des
PMI.
Les chefs des PMI sont directement concernés par le
développement de leur secteur dans la ville. C'est pourquoi, il semble
indispensable de tenir compte de leur point de vue et de ce qu'ils projettent
de faire dans un proche avenir au moins.
Les lignes qui suivent se proposent de présenter la
vision des responsables sur l'avenir de ce segment du tissu productif local.
Cependant nous nous limiterons à la situation actuelle et au futur
immédiat car très rares sont les petits et moyens entrepreneurs
qui planifient à long terme l'avenir de leurs entreprises.
Le tableau suivant fait ressortir les perspectives du secteur
des PMI selon les dirigeants interrogés et par branches
d'activités.
Tableau n° : Perspectives des PMI selon les chefs
d'entreprises.
Secteur
Perspectives
|
I . A. A
|
I . C . P
|
I . T . C
|
IMME
|
Total
|
Nom bre
|
%
|
Nom bre
|
%
|
Nom bre
|
%
|
Nomb re
|
%
|
Nom bre
|
%
|
Extension
|
03
|
17,70
|
03
|
18,75
|
-
|
-
|
02
|
22,2
|
08
|
15,4
|
d'activité
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
|
0
|
Renouvellement
|
01
|
5,90
|
02
|
12,50
|
-
|
-
|
03
|
33,4
|
06
|
11,5
|
matériel
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
5
|
Changement
|
01
|
5,90
|
02
|
12,50
|
-
|
-
|
01
|
11,1
|
04
|
7,70
|
d'activité
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
Pessimiste
|
04
|
23,50
|
03
|
18,75
|
07
|
70,00
|
01
|
11,1
|
15
|
28,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
5
|
Sans opinion
|
08
|
47,00
|
06
|
37,50
|
03
|
30,00
|
02
|
22,2
|
19
|
36,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
|
0
|
Total
|
17
|
100
|
16
|
100
|
10
|
100
|
9
|
100
|
52
|
100
|
Source: Enquêtes personnelles.
Juillet/Août. 2000.
Globalement plus de 36 % des chefs des PMI sont "sans opinion"
concernant les perspectives d'avenir de leurs entreprises. Cela témoigne
que la plupart d'entre eux vivent la conjoncture économique presque au
jour le jour et comme elle se présente. D'ailleurs cela apparaît
clairement dans leurs réponses à la question relatives aux
perspectives d'avenir. Nombre d'entre eux hésitent à se prononcer
ou répondent " ne sait pas ".
Parallèlement environ 29 % de l'ensemble des dirigeants
interrogés sont pessimistes quant à l'avenir de leurs
entreprises. Attitude qu'ils justifient par la faiblesse de la demande, la
concurrence aiguë et l'insuffisance du soutien au secteur de la part
des
176
pouvoirs publics. Pour ces mêmes raisons 7,70 % des
chefs de PMI ont déclaré leur intention de changer leur
activité.
Par contre moins de 28 % des responsables ont
déclaré leur intention d'investir, soit sous forme d'extension
d'activité (11,55%) soit par renouvellement du matériel ( 11,55
%).
2-1-2: Perspectives face aux défis de la
mondialisation et de la zone de libre échange.
La dernière décennie a été
caractérisée par une évolution de plus en plus nette et
irréversible vers la mondialisation. Les forces qui poussent à
cette dernière sont de trois ordres: L'intégration croissante des
processus de production, l'abaissement ou la supression des obstacles
institutionnels au commerce international et la vitesse du progrès
technologique1 .
La mondialisation, déjà présente dans
notre vie, n'est pas un choix. Elle présente deux aspects antimoniques:
Le premier est source de réelles potentialités et
opportunités de croissance et des progrés offerts aux entreprises
pour qu'elles s'y attachent à s'y insérer dans les conditions
favorables. Tandis que le second est source de risques notamment de perte de
compétitivité.
Dans les deux cas, la mondialisation est synonyme de
défis qu'il importe de relever tant il est vrai que la globalisation des
échanges n'est pas sans enjeux même en considérant que son
corollaire s'appelle concurrence tous azimuts.
Les questions qui se posent à présent pour les
PMI à Meknès comme d'ailleurs pour l'ensemble des entreprises du
Maroc, sont donc de savoir si ces entités seront en mesure de relever
cette concurrence et comment elles pourront tirer le parti de ces
possibilités commerciales accrues ?
En dehors des actions que l'Etat est appelé à
mener pour l'amélioration de l'environnement des affaires,
l'élaboration d'une stratégie individuelle pour chaque entreprise
est une nécessité urgente en vue de relever les défis de
la mondialisation et de la zone de libre échange.
Interrogés sur ce point précis, les PMI
enquêtées ont émis des opinions très diverses. Mais,
il semble bien que ces entreprises, comme l'a souligné M.Meddab pour le
cas du Maghreb," ne sont pas conscientes des échéances à
venir. la mondialisation, la globalisation
apparaissent aux yeux des responsables de ces unités comme des concepts
théoriques sinon virtuels, bien loin de leurs préoccupations
quotidiennes "1 .
Cela apparaît bien au niveau des réponses
relatives aux stratégies et mesures entreprises par ces entreprises,
pour faire face aux défis de la mondialisation et de la zone de libre
échange.
Ainsi, plus de 80 % des chefs des PMI interrogés, ont
répondu ne pas disposer de stratégie dans ce cadre. 19,20 %
seulement ont déclaré avoir entrepris des mesures ou des
dispositions pour se préparer à l'ouverture des marchés
notamment vis à vis de l'union européenne, tels que: la recherche
de partenariat, l'amélioration de la qualité des produits,
( 1) CENTRE DE COMMERCE INTERNATIONAL / CNUCED/OMC: Les PME
et le marché mondial: une analyse des contraintes de la
compétitivité, Généve 1992, p,64.
(1) MEDDAB ( M) : " la PME maghrébine et la
mondialisation" in revue Réalités n° 702 , Tunis,
Avril 1999, pp:35-39.
177
licenciement de personnel, investissement en
équipements, diversification des produits, etc.
IL est vrai que la mise à niveau incombe en premier
lieu à l'entreprise. Mais elle ne peut être concluante que si des
mesures sont entreprises de la part de l'Etat et des différents
organismes publics qui ont la charge de promouvoir l'initiative privée
sur des bases solides et durables. Cela suppose que " la mise à niveau
ne doit pas être perçue comme une opération ponctuelle
à adopter uniquement en prévision d'une zone de libre
échange, mais une étape d'un processus continu et d'une
démarche dynamique " 2 .
2-1-3: Persistance des facteurs de blocage dans
l'avenir.
Aucune esquisse de solution aux différents obstacles
qui gênent le développement des PMI à Meknès n'est
envisagé actuellement. Le manque d'infrastructures d'accueil, le peu
d'intégration qui caractérise ce secteur et le retard
accusé par rapport à d'autre pôles industriels tels que
Fès, Tanger, Casablanca et Rabat/Salé, risqueraient, en l'absence
d'une action rigoureuse des responsables, de constituer un sérieux
goulot d'étranglement pour le développement de ce secteur dans la
ville ismaélite.
- Le problème d'espace industriel
Un des sérieux problèmes qui bloquent le
développement des PMI à Meknès est le manque de terrains
aménagés à des fins industrielles. Or c'est un facteur
vital pour la ville.
Malgré, l'implantation relativement ancienne des
activités manufacturées, la ville de Meknès dispose de peu
de zones d'activités et souffre de la faible disponibilité de
terrains aménagés et destinés à accueillir des
investissements. Cependant, la réalisation des différents projets
prévus par les documents d'urbanisme et actuellement à
l'étude, tels que le parc industriel d'Ait Ouallal, l'extension de la
zone industrielle de Sidi bouzekri, la technopôle de ouislane et la
pépinière d'entreprises d' Hamria, est de nature à
renforcer et à consolider les infrastructures d'accueil au niveau de la
ville et partant à atténuer la contrainte foncière.
- Tendance à continuer d'investir dans des
branches dites " traditionnelles"
A l'examen des projets d'investissement initiés par les
PMI au niveau de Meknès, on s'aperçoit qu'elles continuent
à s'orienter vers des activités déjà connues par la
ville et qu'il n'y a pas d'activités innovantes pour enrichir le tissu
productif local comme le montre bien le tableau suivant:
Tableau n° : Répartition des projets
initiés par les PMI à Meknès par branches
d'activités. Période allant du 1-1-2000 au 30-11-2000
Branches ou sous-branches
|
Nombre de projets
|
%
|
Industrie agro-alimentaire
|
7
|
26,90
|
Produits de bois et menuiserie
|
5
|
19,25
|
( 2) BENZAKOUR ( L) : " La mise à niveau de l'entreprise
africaine" Forum de l'entreprise organisé à Casablanca du 23 au
29 Août 2000.
178
Produits issus de la transformation des
matériaux de carrière
|
5
|
19,25
|
Travaux de tour, fraisage et
rénovation moteur
|
3
|
11,50
|
Confection
|
2
|
7,70
|
Autres
|
4
|
15,40
|
Total
|
26
|
100
|
Source: Elaboré à partir des données de la
Délégation de Commerce et de l'Industrie de Meknès.
Il est vrai que les données contenues dans le tableau
ci-dessus, ne sont que des intentions d'investir obtenues à partir des
demandes de certificats négatifs formulés par les promoteurs pour
l'inscription au registre de commerce. Toutefois, elles donnent une idée
significative sur la tendance des nouveaux projets initiés par les PMI
à Meknès.
Les branches dites " traditionnelles" continuent de dominer la
structure des investissements projetés par ces entreprises. Ainsi
prés de 27 % de ces projets relèvent de la branche
agro-alimentaire contre 19,25 % pour chacune des sous-branches " produits de
bois et menuiserie" et " produits issus de la transformation des
matériaux de carrière". Cela montre bien que l'idée selon
laquelle les PMI ont relativement beaucoup tendance à innover n'est pas
vérifiée dans le cas de la ville de Meknès
2-2 : Quelques recommandations et suggestions
pratiques.
Face aux problèmes soulevés ci- haut et qui
entravent le bon fonctionnement et le développement du secteur des PMI
à Meknès, nous pensons qu'il n'y'a pas de solutions magiques qui
seraient à la fois immédiates, peu coûteuses et
susceptibles de satisfaire tous les acteurs. Il n'existe pas non plus de
solution unique dans la mesure où l'amélioration de la situation
ne peut procéder que d'un arsenal de mesures cohérentes,
cordonnées et ayant obtenues un minimum de consensus de partenaires
essentiels.
Pour contribuer à la résolution de certains de
ces problèmes, nous nous permettons dans ce qui suit, quelques
suggestions et propositions basées essentiellement sur les remarques et
observations des chefs des PMI enquêtées.
Ces mesures peuvent être classées en deux
catégories: Mesures nécessitant une intervention à
l'échelle locale et mesures nécessitant l'intervention de
l'administration centrale .
2-2-1 : Mesures nécessitant une intervention
à l'échelle locale. Parmi ces mesures nous
suggérons essentiellement:
* Doter la ville de Meknès de nouvelles infrastructures
d'accueil notamment celles
prévues dans les document d'urbanisme.
* Activer la réalisation du projet de la "
pépinière d'entreprises" de Hamria ayant
pour objet la mise à disposition de locaux prêts
à l'emploi en faveur des jeunes entrepreneurs, l'offre des services
adaptés à leurs besoins et l'aide à minimiser le
coût de fonctionnement au niveau de la phase de démarrage.
179
* Réhabilitation de la zone industrielle de Sidi
Bouzekri par l'accomplissement des
travaux d'assainissement et l'amélioration de la
qualité des autres équipements dont dispose la zone.
* Respect strict des clauses des cahiers des charges par les
promoteurs et lutte contre
la spéculation foncière au niveau de la zone
industrielle de Sidi bouzekri.
* Lutter contre les activités informelles qui opposent une
concurrence déloyale au
secteur des PMI, en essayant de les réintégrer dans
le cadre légal.
* Inciter la chambre du Commerce, de l'industrie et des Services
à jouer pleinement
son rôle en matière d'encadrement et d'assistance
et surtout à la mise en place d'un " Centre de formalités"
susceptible de simplifier les procédures administratives pour les
Investisseurs.
* Recherche de synergies et de complémentarité
entre le secteur productif de
manière générale et les
établissements universitaires et technique au niveau local, pour
l'orientation de la formation professionnelle et de la recherche scientifique
et technique vers les besoins réels de l'économie locale.
* Améliorer la qualité des services urbains
notamment l'assainissement, , l'eau mais
aussi la voirie et les transports urbains .
* L'amélioration de la qualité du contact avec les
services administratifs.
* Réhabiliter les anciens quartiers Industriels par le
renforcement et l'amélioration
des équipements dont ils disposent .
* Concevoir et mettre en place de nouvelles formules d'attraction
des PMI par la
définition et la mise sur le marché de zones
d'accueil plus adaptées et appropriées aux besoins des
entrepreneurs. cela implique surtout de ne plus concevoir une Zone Industrielle
comme un ensemble de lots à distribuer, mais comme un instrument de
développement économique et sociale et un moyen de rationaliser
l'utilisation du sol urbain, de contrôler la spéculation
foncière et de protéger l'environnement 1 .
* La mise en place d'un observatoire industriel et notamment
de la PMI( cellule
spécialisée) qui aurait pour tache de constituer
une base de données pour le secteur, connaître ses besoins
réels et l'orienter dans l'espace urbain. La création d'un tel
instrument d'étude et de réflexion s'avère indispensable
tout comme le sont la mise en place d'outils juridique et des infrastructures
adéquates.
* Face à l'insatisfaction des besoins de financement
des entreprises par les
institutions financières, il est souhaitable de mettre
en place une formule de l'épargne de proximité pouvant contribuer
au développement territorial sans porter atteinte à d'autres
formes d'épargne.
* Soutien aux PMI dans le cadre de développement local
par l'encouragement des
formes de partenariat entre les collectivités locales,
les promoteurs et les autres organismes publics et privés dans
l'objectif de revitaliser de l'économie locale.
A côté de cette liste de mesures pouvant
être prises à l'échelon local et dont nous ne
prétendons pas l'exhaustivité, il existe d'autres propositions ou
suggestions qui nécessitent une intervention de l'administration
centrale.
)(1) KAIOUA (A) : Csablanca, Ville et Industrie, opp
cité, p, 524.
180
2-2-2: Mesures nécessitant une intervention de
l'administration centrale
Au niveau central, plusieurs mesures peuvent être prises
pour améliorer l'environnement des affaires de manière
générale et des PMI de manière particulières, parmi
lesquelles nous relevons:
· Intégrer la politique d'appui à la PMI
dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire. Celle-ci
devant constituer comme le soulignait le professeur A.Raounak le "
cadre global dans lequel s'inscrit l'ensemble des actions des pouvoirs
publics " 1. Cette politique devrait tendre
à réduire les risques pour l'entreprise en créant un
environnement assurantiel et adéquat favorisant la création et la
promotion des investissements.
· Assurer un climat général favorable
à la création et à l'expansion des PMI par le renforcement
des mesures d'incitation et l'élimination des contraintes.
· Activer la réalisation du programme de mise
à niveau des entreprises dans tous ces volets (Infrastructures
d'accueil, technologie, associations professionnelles, etc.)
· Revoir le système éducatif :
Dés l'école les valeurs de risque calculé,
d'aventure économique, d'action collective, d'inventivité, de
créativité et de rentabilité devraient être
proposées en exemple. Cela exige une formation aux compétences de
gestion et le développement chez les jeunes diplômés d'une
culture entrepreneuriale. De même l'entreprenant, celui qui prend le
risque de participer à l'aventure d'une création d'entreprise
doit être pleinement reconnu et valorisé socialement.
· Doter les collectivités locales des moyens
leurs permettant de mieux s'impliquer dans le développement
économique et social, de participer au mouvement entrepreneurial et au
soutien à la création des entreprises, de contribuer au
redéploiement du tissu des PMI sur tout le territoire et de mobiliser
les potentialités de proximité dans le cadre d'une politique
redynamisée d'aménagement du territoire.
· Adopter un cadre réglementaire aux PME/PMI dans
la mesure où leur taille et leur structure ne leurs permettent pas
d'appréhender correctement toute la complexité des dispositifs
normatifs, encore moins de les appliquer correctement.
· Moderniser les cadres juridiques existants et
accélérer les réformes en cours en matière sociale,
commerciale, judiciaire, etc.
· L'allégement des procédures
administratives en matière d'octroi des autorisations et de permis
délivrés par l'administration. Cela passe par la mise en place
d'un interlocuteur administratif ou " Guichet unique "
susceptible d'atténuer le problème de la lourdeur
administrative et par la normalisation des procédures
nécessaires..
· La décentralisation des décisions en
matière des crédits bancaires et allégement de la
procédure d'octroi des crédits à travers
l'amélioration des conditions d'accès et du coût de
financement des PMI.
· Renforcer les structures d'information et de formation
des chefs d'entreprises, aussi bien par le truchement des moyens d'assistance
existants que par l'insertion de programmes d'enseignements appropriés
dans les universités et les écoles techniques.
(1) RAOUNAK ( A) : " Aménagement du territoire
: bilan pour une nouvelle approche " , Revue Temps- présent, n° 48
du 17 Juillet 1998, pp: 18-19.
181
? Revoir le système fiscal dans sa globalité
afin d'alléger les charges fiscales des PMI notamment la
fiscalité locale dont la pression est ressentie par les entreprises.
? Encouragement des actions d'aménagement de terrains
et de constructions de locaux professionnels à des prix
préférentiels en faveur des PMI.
? Instaurer un cadre légal favorisant l'accès
des PMI aux marchés publics à travers la sous-traitance des
marchés octroyés aux grandes structure, etc.
Ces suggestions et propositions dont la majorité sont
évoquées au niveau du livre- blanc sont , selon l'avis des chefs
des PMI en question , de nature à améliorer la
compétitivité des entreprises et d'améliorer le climat
d'investissement et l'environnement des affaires à Meknès.
Conclusion
De l'examen de certains éléments de
compétitivité, des contraintes et des perspectives du secteur des
PMI à Meknès, il se dégage un ensemble de conclusions que
nous pouvons résumer comme suit:
- La compétitivité du secteur des PMI à
Meknès n'est pas, dans l'ensemble, déraisonnable par rapport
à la norme marocaine. Toutefois, plusieurs facteurs vont au
détriment de l'aptitude de ce secteur à supporter durablement la
concurrence ou à être compétitif. Il s'agit, entre autres,
des problèmes liés aux choix technologiques, des
difficultés d'accéder à l'information et des carences
liées aux méthodes de gestion et de qualité.
L'effet taille, apparaît au niveau de chacun des aspects
évoqués plus haut et empêche toute action de " R et D
" susceptible d'améliorer la compétitivité de ces
entreprises. Laquelle compétitivité exige, à notre avis,
un minimum de concentration surtout dans le contexte actuel où
l'économie se globalise avec comme corollaire l'ouverture et
l'internationalisation des marchés et la recherche continue d'une
meilleure compétitivité à travers le rapprochement et la
fusion d'entreprises; et dans lequel les entités économiques,
même au niveau local, doivent faire face à la concurrence
étrangère pour sauvegarder leur part de marché.
- Le secteur des PMI à Meknès est
confronté à une multitude de contraintes qui handicapent son
développement et son fonctionnement normal. Les chefs des entreprises en
ont identifié cinq considérées comme majeures à
savoir: la lourdeur des procédures administratives, le manque de
terrains industriels, la pression fiscale, les difficultés
financières et la faiblesse des infrastructures en plus de
l'inadéquation de certains services urbains aux besoins des
entreprises.
L'ensemble de ces contraintes, en plus d'autres facteurs de
blocage internes à ces entreprises ou externes et liés à
l'environnement général des affaires, fait que les perspectives
de ce secteur restent, en l'état actuel des choses, très
aléatoires à la fois face aux exigences de la
compétitivité et face au double défi de la globalisation
et de la zone de libre échange.
183
Au terme de cette étude sur le secteur des PMI à
Meknès, nous pouvons dire que les trois hypothèses
énoncées au niveau de l'introduction générale, sont
toutes confirmées.
Meknès, ville impériale et capitale de la
région Meknès-Tafilalet, recèle de potentialités
économiques importantes, d'un passé très riche et d'une
position stratégique qui lui permet de jouer un rôle de logistique
et de relais .
Tous ces atouts et potentialités, semblent constituer
une assise objective pour l'encouragement et le développement des
initiatives privées de façon générale et
d'essaimage des PMI de façon très particulière.
Cependant, il apparaît bien que la ville de
Meknès ne connaît pas un véritable processus
d'industrialisation basé notamment sur le secteur des PMI et ce,
malgré l'existence de ressources diversifiées et assez
importantes, tant naturelles, humaines, économiques que d'une
volonté politique de promouvoir le secteur.
Ainsi, ces unités de production, en dépit de
leur diversification et de leur importance numérique, ne jouent, en
fait, qu'un rôle assez limité en matière de
développement économique et social de la ville. En
témoignent la contribution relativement limité de ce secteur
aussi bien en matière de création d'emploi, dans les
différentes grandeurs économiques et dans l'économie
urbaine .
Ce rôle assez limité est dû à la
conjugaison de plusieurs éléments inhérents aussi bien
à des facteurs internes de ces entreprises qu'a des facteurs liés
à l'environnement juridique, économique, financier, humain, etc.
dans lequel évoluent ces entreprises.
Néanmoins, grâce à ce secteur on a
assisté à l'émergence d'une nouvelle couche
d'entrepreneurs dont la majeure partie ne sont pas Meknassis. De même, il
a permis la création d'un nombre non négligeable de postes de
travail notamment pour des ouvriers issus de la ville ou des centres
environnants. Ce qui permet à de nombreux familles de vivre et de
participer à la valorisation des ressources locales. Enfin le
développement de ce segment de tissu productif dans une ville
intérieure du Maroc, constitue en lui-même un début,
même timide, de décentralisation industrielle qu'il importe
d'encourager et de relancer. Cela n'est possible, bien entendu, que dans le
cadre d'une politique globale d'aménagement de territoire ayant pour
objectif la recherche d'une meilleure répartition des Hommes, des
équipements et des activités dans le territoire national suivant
la vocation économique de chaque région..
Par ailleurs, et en termes de localisation et de structuration
de l'espace, l'analyse a montré que la logique de déploiement des
PMI dans l'espace d'étude peut
184
s'expliquer par plusieurs raisons. Parmi les
éléments ayant pesé sur le choix de localisation de ces
entreprises à Meknès, il y'a lieu de signaler le rôle
déterminant qu'ont joué les facteurs liés à la
production et au marché, les facteurs liés au foncier et les
raisons d'ordre personnel.
Par contre, les stimulants officiels et la politique publique
d'appui en faveur de ces entreprises n'a, apparemment, joué qu'un
rôle marginal en matière de déploiement des PMI à
Meknès. L'étude a montré que non seulement cette politique
a manqué d'efficacité, mais surtout qu'elle n'est pas de nature
à favoriser un véritable redéploiement des PMI vers des
villes intérieures ou déshéritées du Maroc
le volet relatif à l'assistance financières
à cet égard un exemple éloquent qui montre bien la
prédominance d'une vision sectorielle, au niveau de cette politique, au
détriment même des exigences de la régionalisation et de la
décentralisation industrielle . Cette politique n'a malheureusement
jamais été conçue ou adaptée dans la perspective de
faire de cette catégorie d'entreprises un véritable outil
d'aménagement de territoire.
Parallèlement, les développements
précédents, ont montré que le manque d'un
aménagement industriel a surtout favorisé l'émergence et
le développement d'une sorte de localisation spontanée et
anarchique des PMI à Meknès notamment au niveau des quartiers
industriels, en zones périphériques et au sein même du
tissu urbain.
L'impact spatial le plus marquant de cette propagation
étant un tissu de PMI hétérogène et
éclaté en foyers éparpillés et aux contenus fort
différenciés. La naissance et le développement des ces
entités, se sont faits d'une manière anarchique et sans une
insertion harmonieuse et planifiée dans l'espace urbain. La localisation
s'est faite au gré des opportunités foncières
exacerbées par la rareté du sol industriel et du poids social et
matériel fort inégal des différents opérateurs.
Cela révèle une certaine discordance entre l'action
d'aménagement industriel et la localisation des PMI d'une part et
surtout l'absence d'une stratégie concertée en matière de
planification urbaine d'autre part.
Par ailleurs, et en matière d'intégration, nous
avons relevé à travers notamment une analyse des modalités
et des mécanismes de fonctionnement des PMI dans l'espace
d'étude, que ce secteur souffre généralement de deux
faiblesses majeures: d'abord au niveau des relations inter-branches , ensuite
et enfin au niveau des rapports liant ce secteur à d'autres secteurs du
tissu productif local.
Les unités issues de ce secteur fonctionnent la plupart
du temps en vases-clos et n'entretenant que des liens très lâches
entre elles et avec les autres unités composant le système
productif local. Il s'agit, en effet, d'un secteur peu intégré
à son environnement économique et social et dépendant de
Casablanca et de l'extérieur tant par une partie de son
approvisionnement et de ses ventes que pour sa technologie.
Pour toutes ces considérations, nous sommes
portés à croire que le secteur des PMI à Meknès
constitue une greffe qui s'accommode mal au paysage socio-économique de
la ville et de sa région.
Notons enfin que l'effet taille est beaucoup plus sensible au
niveau de la compétitivité de ces entreprises. L'analyse de
certains éléments liés à ce point a, en effet,
montré des contre-performances graves enregistrées par les PMI de
l'espace d'étude.
Par ailleurs, l'étude des facteurs de blocage a
montré que ce secteur souffre d'une multitude de problèmes qui
handicapent son fonctionnement normal et son
185
développement. Parmi ces problèmes, nous
relevons essentiellement: la lourdeur des procédures administratives, le
manque de terrains industriels et la spéculation foncière, le
niveau élevé des impôts, le coût élevé
de financement et les difficultés d'accès au crédit, la
faiblesse des infrastructures et l'inadéquation des services urbains.
S'agissant des perspectives d'avenir de ce secteur face au
double défi de la globalisation et de la zone de libre échange,
elles paraissent, en l'état actuel des choses, très
aléatoires. Il n'en demeure pas moins que l'amélioration de ses
perspectives passent par une véritable de ce segment au niveau local et
par l'amélioration de l'environnement générale de
l'entreprise.
De ce fait, il semble nécessaire de prendre des mesures
et des actions qui nécessitent à la fois une intervention
à l'échelle locale qu'une intervention à l'échelle
nationale en faveur de cette catégorie d'entreprises. Lesquelles mesures
et actions doivent être inscrites dans le cadre d'une action globale
d'aménagement de territoire.
En l'absence d'actions efficaces, les mêmes
déséquilibres et relations de sattelitisme des villes
intérieures à l'image de Meknès, vis à vis de
Casablanca et de l'extérieur, risquent de se perpétuer voire de
s'amplifier d'autant plus que Meknès devra faire face à un grand
problème: celui que pose la proximité de Fès, ville
dynamique qui partage avec la ville ismaélite une partie de sa zone
d'influence et qui se trouve à 60 kms.
Situées dans un environnement géographique
commun: la plaine de Sais, les deux villes pratiquent les mêmes
activités industrielles (Industrie agro-alimentaire, Textile et
cuir).
Laquelle des deux villes va étendre sa zone d'influence
au détriment de l'autre ? Laquelle des deux va montrer suffisamment de
dynamisme pour éclipser l'autre ? Vont-elles évoluer
parallèlement ou, au contraire, se compléter et contrebalancer
l'influence de l'axe Casa-Kénitra en formant un axe intérieur
?
S'il est trop tôt pour répondre et si les
données actuelles ne permettent d'émettre aucune hypothèse
fondée, la question mérite réflexion.
|