APPROCHE D'USAGE COMMUNAUTAIRE DES
PRINCIPAUX SERVICES
ÉCOSYSTÉMIQUES
D'APPROVISIONNEMENT DES RESSOURCES EN
EAU DE SURFACE DE LA RÉSERVE DE
BIOSPHÈRE
DE LA BASSE VALLÉE DE L'OUÉMÉ AU
BÉNIN
Présenté par
Vissi Arnaud ADIKPETO
Pour l'obtention du Master en Développement de
l'Université Senghor Département
Environnement Spécialité Gestion des Aires
Protégées et de la Biodiversité Directeur de
mémoire : Professeur Toussaint O. LOUGBEGNON
le 14 Septembre 2021
Devant le jury composé de :
Pr. Souleymane KONATE Président
Enseignant-Chercheur, Professeur Titulaire en Ecologie
à
l'Université Nangui Abrogoua, Côte d'Ivoire
Dr. Martin YELKOUNI Examinateur
Directeur du Département Environnement à
l'Université
Senghor à Alexandrie, Egypte
Pr. Toussaint O. LOUGBEGNON Examinateur
Maître de Conférence des Universités au
CAMES, Enseignant-Chercheur à l'Université Nationale
d'Agriculture de Porto-Novo au Bénin
i
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Remerciements
À la fin de ce travail, il nous revient d'exprimer
notre gratitude à l'endroit de tous ceux qui de près ou de loin,
ont contribué à sa réalisation. Nos sincères
remerciements vont à l'endroit de :
L'Université Senghor d'Alexandrie qui nous a offert cette
prestigieuse formation ;
Projet PAPBio Gouvernance régionale des aires
protégées en Afrique de l'Ouest financé par l'Union
européenne et mis en oeuvre par l'UICN PACO, pour son appui financier
;
L'ONG Benin Environment and Education Society pour avoir
accepté accueillir notre stage de fin de formation ;
Recteur de l'Université Senghor d'Alexandrie et
à tout le personnel administratif pour leur sollicitude d'Alexandrie
;
Docteur Martin YELKOUNI, Directeur du Département
Environnement de l'Université Senghor d'Alexandrie pour ses
enseignements et ses orientations durant toute la formation ;
Professeur Toussaint O. LOUGBEGNON pour avoir accepté
encadrer la réalisation de ce mémoire malgré ses multiples
occupations ;
Monsieur Maximin K. DJONDO, Directeur Exécutif de l'ONG
Benin Environment and Education Society pour son encadrement durant la
période de stage ;
Personnel de l'ONG Benin Environnement and Education Society ;
Mme Mezidar HODONOU, M. Déo-Gratias KODJO, M. Arnaud SOUROU, M. Vianney
MATANVI, M. Armand AVOHOU, M. Justin DIDOLANVI, M. Fréderic HOUNGA et M.
Mathieu TOVIESSI pour leur participation à la réalisation de ce
travail ;
Mes parents et proches des familles ADIKPETO, TONOUEWA et
MIGNONDE - TOHOUNME ;
Tous les auditeurs de la 17ème promotion du Master en
Développement de l'Université Senghor d'Alexandrie pour la
solidarité et le partage ;
Tous ceux qui prendront le temps de lire ce document en vue de
contribuer à son amélioration ainsi qu'à tous ceux qui le
consulteront en cas de besoin.
ii
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Dédicace
A mon défunt père Paul Boniface ADIKPETO.
iii
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Résumé
La présente étude a été
réalisée dans l'aire protégée de la Réserve
de Biosphère de la Basse Vallée de l'Ouémé au
Bénin, dans l'objectif d'analyser les approches d'usage communautaire
des principaux services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la cette réserve. Du pont de vue
spécifique, elle a permis de catégoriser les principales formes
d'utilisation des services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la réserve, de caractériser les
techniques d'usage de ces services et enfin d'évaluer les impacts de ces
techniques sur les composantes environnementales du milieu. Pour y arriver, la
méthodologie mise en oeuvre par cette étude a permis de collecter
les données dans six (06) communes, vingt-huit (28) villages et porte
sur 407 ménages et personnes ressources de la réserve. Les
données relatives à la catégorisation des services
écosystémiques sont traitées à l'aide de la valeur
consensuelle (UCs) et la valeur d'importance (IV). Quant aux données
liées à la caractérisation des techniques d'usage, le
traitement est fait à travers la fréquence de citation. Enfin,
l'analyse des composantes multiples (ACM) a servi au traitement des
données relatives à l'évaluation des impacts des
techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement de la réserve. Les résultats de cette
étude indiquent un ensemble de onze (11) services
écosystémiques, régulièrement exploités par
les communautés. L'eau pour le transport (97 %) l'eau pour les besoins
domestiques (95 %) et les produits halieutiques sont les plus utilisés
par les communautés riveraines. L'exploitation des terres fertiles
agricole (59 %), l'eau pour les pratiques religieuses (43 %) et l'exploitation
de sable fluvial et lagunaire (42 %) sont également utilisés dans
des proportions moindres. Dans le rang des techniques de pêche, les parcs
à branchages (acadja) ont un rendement élevé tandis que
les filets éperviers ont un rendement faible. L'utilisation des intrants
chimiques est la principale technique agricole avec un rendement moyen. Parmi
les techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement identifiées, l'agriculture chimique est la seule qui
génère d'impacts négatifs sur les composantes eau, terre,
faune et flore du milieu. Quant à la technique de pêche «
acadja », elle est source d'impacts négatifs sur l'eau et la
flore.
Mots clés : services
écosystémiques d'approvisionnement, réserve de
biosphère, vallée de l'Ouémé, ressources en eau de
surface, techniques d'usage.
iv
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
ABSTRAT
This study was carried out in the protected area of the Lower
Ouémé Valley Biosphere Reserve in Benin, with the aim of
analysing community use approaches for the main ecosystem services for the
supply of surface water resources in this reserve. From a specific point of
view, it allowed to categorise the main forms of use of the ecosystem services
for the supply of surface water resources of the reserve, to characterise the
techniques of use of these services and finally to evaluate the impacts of
these techniques on the environmental components of the environment. To achieve
this, the methodology implemented by this study made it possible to collect
data in six (06) districts, twenty-eight (28) villages and covers 407
households and resource persons in the reserve. The data relating to the
categorisation of ecosystem services is processed using the consensus value
(UCs) and the importance value (IV). Data related to the characterisation of
use techniques is processed through the frequency of citation. Finally,
multiple component analysis (MCA) was used to process the data relating to the
impact assessment of Techniques of use on the ecosystem services of the
reserve. The results of this study indicate a set of eleven (11) ecosystem
services that are regularly used by the communities. Water for transport (97%),
water for domestic use (95%) and fish products are the most used by the
riparian communities. The exploitation of fertile agricultural land (59%),
water for religious practices (43%) and the exploitation of river and lagoon
sand (42%) are also used in lesser proportions. In terms of fishing techniques,
brush pens (acadja) have a high yield, while hawk nets have a low yield. The
use of chemical inputs is the main agricultural technique with a medium yield.
Among the identified ecosystem services use techniques, chemical agriculture is
the only one that generates negative impacts on the water, land, fauna and
flora components of the environment. As for the acadja fishing technique, it is
a source of negative impacts on water and flora.
Keywords : ecosystem services, biosphere
reserve, Ouémé valley, surface water resources, technical
ways.
V
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Liste des acronymes et abréviations
- ACM : Analyse des Composantes Multiples
- BEES : Benin Environment and Education Society
- CARDER : Centre d'Action Régionale pour le
Développement Rural
- MAB : Programmes sur l'Homme et la Biosphère
- MCVDD : Ministère du Cadre de Vie et du
Développement Durable
- RB-BVO : Réserve de Biosphère de la Basse
Vallée de l'Ouémé
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
vi
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Table des matières
Introduction 1
Chapitre 1 : Diagnostic situationnel des services
écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la RB-BVO au Bénin 3
1.1. Problématique 3
1.2. Objectifs et Hypothèses 5
1.3. Connaissance des services écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en
eau de surface de la RB-BVO au Bénin 6
1.3.1. Les services écosystémiques : Origine et
définition 6
1.3.2. Les services écosystémiques
d'approvisionnement fournis par les ressources en
eau de surface de la RB-BVO 7
Chapitre 2 : Cadre physique et approche méthodologique
9
2.1. Cadre physique de l'étude 9
2.1.1. Situation Géographique de la RB-BVO 9
2.1.2. Réseau hydrographique 9
2.2. Approche méthodologique 12
2.2.1. Matériel d'étude 12
2.2.2. Collecte de données 12
2.2.3. Traitement des données 14
Chapitre 3 : Résultats 16
3.1. Caractéristiques des écosystèmes
naturels de la Réserve de Biosphère de la basse
Vallée de l'Ouémé 16
3.1.1. Les principaux écosystèmes de la RB-BVO
16
3.1.2. Formes d'utilisation des services
écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la RB-BVO 17
3.1.3. Importance des services écosystémiques des
principales ressources en eau de surface 19
3.2. Principales techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement
des ressources en eau de surface 25
3.2.1. Importance des techniques d'usage des services
écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface 25
3.2.2. Rendement par catégories d'usage des services
écosystémiques
d'approvisionnement ressources en eau de surface 30
3.2.3. Itinéraires des techniques d'usage des services
écosystémiques des ressources
en eau de surface de la RB-BVO 31
vii
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
3.3. Impacts des techniques d'usage des ressources en eau de
surface sur les
composantes environnementales du milieu 32
3.3.1. Analyse des composantes multiples (ACM) 32
3.3.2. Analyse des suggestions pour la gestion durable des
ressources 37
Chapitre 4 : Discussion 38
Références bibliographiques I
Liste des illustrations IV
1
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Introduction
Les zones humides sont des espaces à forts enjeux
écologiques, économiques et sociaux, composées de lacs,
lagunes, fleuves, estuaires, marais, étangs. Elles contribuent au
maintien et à l'amélioration de la qualité de l'eau et
à l'équilibre hydriques de la terre. Grâce à leur
rôle dans le cycle de l'eau, les zones humides servent à
réguler le débit des cours d'eau et à apporter l'eau
nécessaire à la vie et aux activités humaines. Les zones
humides jouent de ce fait un rôle important pour la survie de
l'humanité. L'eau et les écosystèmes associés
maintiennent l'homme et son milieu en équilibre à travers
différents services environnementaux dont la régulation,
l'approvisionnement des biens, et les services culturels. Ces services
écosystémiques rendus par les zones humides sont plus productifs
que ceux des écosystèmes terrestres et les avantages
communautaires plus importants (Russi & al, 2013). Source d'eau,
les zones humides servent à la purification, à la protection
contre les inondations, sécheresses et autres catastrophes naturelles.
Elles procurent des aliments, les fibres et des moyens d'existence à des
millions de personnes, et plus encore aux communautés les plus pauvres
car dépendent intrinsèquement des ressources naturelles. Les
zones humides constituent en outre, un riche réservoir et un refuge pour
la biodiversité en danger en Afrique et dans le monde (Ramsar, 2018).
Dans le contexte des pays côtés d'Afrique de
l'ouest, les zones humides sont catégorisées en deux ensembles
géographiques. Il s'agit des zones humides marines et
côtières d'une part, et d'autre part les zones humides
continentales. Ces ensembles humides échangent des masses d'eau et
participent à l'équilibre du débit des cours d'eau des
grands bassins de la région. Au Bénin, le réseau
hydrographique présente d'importantes zones humides marines et
côtières ainsi que des zones humides continentales qui couvrent
toute l'étendue du territoire. Cependant, les zones humides marines et
côtières du sud Bénin sont les plus étendues et
représentent 21,2 % des écosystèmes humides du pays
(Sinsin & al, 2017). Elles sont reconnues site 1017 ou complexe
sud-Ouest et site 1018 ou complexe sud-Est par la convention Ramsar sur les
zones humides.
La zone humide du complexe sud-Est est le plus important
réservoir d'eau du Bénin et s'étend sur une superficie de
501 620 ha. Elle recouvre outre la mer côtière, la basse
vallée de l'Ouémé en milieu estuarien, ses lacs et lagunes
et la moyenne vallée de l'Ouémé (Sinsin & al,
2017). Fort de la variabilité de ses écosystèmes et son
positionnement géographique, ce site offre d'importantes
potentialités à la population riveraine et celle des grandes
métropoles périphériques de Cotonou, Porto-Novo,
Abomey-Calavi et Sèmè-Podji.
Cette densité humaine est susceptible de pression sur
les capacités économiques et écologiques de cette
importante zone humide du Bénin.
Dans le but de promouvoir un développement
économique, écologique et social équilibré, la zone
humide le site Ramsar 1018 a été reconnue lors de la 32ème
session du Conseil
2
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
international de coordination du programme MAB-UNESCO en
Octobre 2020 comme réserve de biosphère sur initiative de l'Etat
béninois et des organisations de la société civile en
environnement actives dans le milieu. En effet, cette aire
protégée de la basse vallée de l'Ouémé
intègre à sa création une diversité
écosystémique. Il s'agit de ses forêts denses humides
semi-décidues, les forêts marécageuses à Raphia, les
savanes guinéennes, la plaine alluviale de l'Ouémé et de
la Rivière Sô, les agroécosystèmes
édifiés sur sol alluvial et des îlots de forêts
sacrées ainsi que de vastes plaines alluviales et marines. A ces
écosystèmes sont associés plusieurs activités
économiques ainsi que des attributs écologiques (MCVDD, 2020).
Ces enjeux économiques, écologiques et
même sociaux sont dans bien des cas, ignorés ou très peu
pris en compte dans les outils de planification de développement,
surtout dans un écosystème aussi dynamique que celui de la
réserve de biosphère de la basse de l'Ouémé
(RB-BVO). Etudier les approches d'usage communautaire des principaux services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la RB-BVO au Bénin permet de pallier au déficit
d'information sur les services écosystémiques d'approvisionnement
de la réserve et leurs apports au bien-être des communautés
associées.
3
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Chapitre 1 : Diagnostic situationnel des services
écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface de
la RB-BVO au Bénin
1.1. Problématique
Les avantages issus des ressources naturelles constituent des
biens et services indispensables à la survie de l'humanité,
rendant ainsi l'homme dépendant vis-à-vis des
écosystèmes qu'il habite. Cela est d'autant plus vrai quand on
sait que plus de 62 % de la population mondiale dépend directement des
services de la nature dans les zones rurales. Quant à la population des
zones urbaines et périurbaines, elle améliore ses revenus et
assure une partie de ses besoins en énergie, en médicaments et
autres éléments essentiels grâce aux ressources
écosystémiques (IPBES, 2018). Cette dépendance humaine des
biens et services naturels est davantage plus importante quand il s'agit des
écosystèmes humides. Il est admis que les zones humides,
considérées comme berceaux de la diversité biologique
fournissent l'eau et les produits primaires dont dépendent pour leur
survie, des espèces de plantes et d'animaux dont l'homme. Elles jouent
également un rôle dans les croyances religieuses et cosmologiques
d'une part et sont d'autre part une source d'inspiration et de refuge pour des
esprits de tous genres (Assogbadjo, 2010).
En effet, ces attributs et services environnementaux
aujourd'hui connus sous l'appellation de « services
écosystémiques » se réfèrent aux
bénéfices que retirent les sociétés humaines de la
nature. C'est une conception des écosystèmes en une série
d'attributs, vecteurs de bien-être, qui rend la vie possible à
l'être humain (Boyd & Banzhaf, 2007). Dans plusieurs régions
d'Afrique où la nature est encore productive, les aires
protégées et les réserves de biosphère engendrent
des flux de services écosystémiques essentiels pour satisfaire
les besoins des communautés en nourriture, en eau, en énergie, en
fibre, en produit de santé et bien d'autres services et moyens de
subsistance stables (UNESCO 2012). C'est l'un des arguments de promotion et de
conservation de la biodiversité au profit de la population humaine
(Myers, 1996). Les réserves de biosphère en particulier sont des
zones de fourniture des services écosystémiques et de
démonstration des mesures d'adaptation pour les systèmes naturels
et humains, facilitant ainsi le développement de stratégies et de
pratiques de résilience des peuples des régions africaines.
Au Bénin, toutes les zones humides d'importances sont
reconnues réserve de biosphère MAB-UNESCO en fonction de leur
rôle dans le développement humain. Elles sont des
réservoirs d'eau et sont indispensables pour le développement de
la vie, abritant une partie de la faune et de la flore, et constituent une
source vitale d'alimentation pour une population en pleine croissance
(Sossou-Agbo, 2013). La dernière reconnaissance est la réserve de
biosphère de la basse vallée de l'Ouémé (RB-BVO),
localisée dans la zone humide du site Ramsar 1018 au sud-Est du
Bénin. Elle intègre les bassins versants du fleuve
Ouémé,
4
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
la rivière Sô, du lac Nokoué et le flanc
Est du littoral béninois. La réserve RB-BVO s'est
édifiée dans le plus grand bassin de ressources en eau de surface
au Bénin avec un potentiel en ressources halieutiques (poissons,
crevettes, huîtres etc.) et agricoles (MCVDD, 2020). Ces
écosystèmes constituent des pools de gènes floristiques et
fauniques et des sanctuaires pour assurer la conservation (in situ) et
la durabilité de la biodiversité. De même, la
disponibilité des ressources en eau assure la pérennisation des
us et coutumes de la plupart des groupes socioculturels des populations
riveraines à travers les pratiques culturelles. Les services
écosystémiques constituent un déterminent du mode de vie
et d'existence des peuples autochtones et riverains de la réserve. Cela
relève d'une évidence car, les services
écosystémiques d'approvisionnement sont plus concrets pour les
populations et ont une valeur d'usage direct (Sabi Lolo Ilou & al,
2017).
Cependant, les systèmes d'exploitation des services
écosystémiques par une population en pleine croissance ne sont
pas toujours en adéquation avec les propriétés et
capacités de production de ces milieux. La basse vallée de
l'Ouémé a connu au cours des années, une
dégradation de ses conditions environnementales et un affaiblissement
des capacités de restauration biologique des milieux. Pour illustration,
les écosystèmes aquatiques présents dans ce secteur sont
les plus touchés par cette forte dégradation (Attingli &
al, 2017). La persistance des pratiques non durable d'exploitation des
ressources et la forte croissance démographique sont entre autres
facteurs, les causes principales de cette détérioration
observée. Il en est de même pour l'agriculture et l'élevage
qui, associées à la pêche sont les principales
activités économiques de la réserve (Sossou-Agbo,
2013).
A cela, s'ajoute la prolifération des plantes
aquatiques envahissantes plus particulièrement la jacinthe d'eau
(Eichhornia crassipes) qui, par sa croissance extraordinaire et sa
mobilité, devient un problème récurrent pour les
ressources en eau de surface et les populations riveraines de RB-BVO. Ces
espèces aquatiques envahissantes atteignent souvent des proportions
d'infestation alarmante imputable à l'eutrophisation surtout dans les
lacs peu profonds dont les bassins versants sont soumis à de multiples
activités humaines (Feuchtmayer & al, 2009 ; Mama &
al, 2011). Il s'en suit une fragilisation des moyens de subsistance des
communautés qui sont à la solde des biens et services
environnementaux pour leur bien-être.
Dans ce contexte de contraintes toujours croissantes sur les
milieux naturels, une analyse des principaux services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve de biosphère de la basse vallée de
l'Ouémé au Bénin est une ouverture pour une approche de
gestion durable des ressources naturelles. Il se dégage alors de ce
développement une question principale ; quelles sont les approches
d'usage communautaire des principaux services écosystémiques
d'approvisionnements des ressources eau de surface de la RB-BVO au Bénin
? Nous aborderons cette question autour de trois (03) questions
spécifiques. D'abord ; quelles sont les formes d'utilisation des
services écosystémiques des
5
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
ressources en eau de surface de la RB-BVO par les
différents groupes ethniques riverains de la réserve ? Ensuite,
quelles sont les principales techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement de ressources en eau de
surface de la réserve et leur particularité ? Et enfin quelle est
la perception des communautés des impacts que génèrent les
techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement sur les composantes environnementales de la réserve
? Ces questionnements nous permettent de fixer les orientations de la
présente étude à travers les objectifs.
1.2. Objectifs et Hypothèses Objectif
général
Dans l'optique d'apporter des éléments de
réponses aux questions de recherche, l'objectif général de
cette étude est d'analyser les approches d'usage communautaire des
principaux services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la RB-BVO au Bénin.
Objectifs spécifiques
Elle vise spécifiquement à :
Catégoriser les principales formes d'utilisation des
ressources en eau de surface de la RB-BVO par les différents groupes
ethniques riverains ;
Caractériser les techniques d'usage des principaux
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface de la RB-BVO au Bénin et d'en déterminer les
particularités ;
Evaluer l'impact des techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface sur les composantes environnementales de la RB-BVO.
Hypothèses de recherche
A la lumière du contexte de l'étude et des
orientations de recherche, nous abordons ces travaux suivant les
hypothèses que voici :
L'importance de chaque service écosystémique
d'approvisionnement des ressources en eau de surface de la réserve est
liée aux facteurs géographiques et ethniques du milieu ;
Les nouvelles techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface ont un rendement supérieur à celui des techniques
traditionnelles ;
Les nouvelles techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement génèrent plus
impacts sur les composantes environnementales de milieu.
6
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
1.3. Connaissance des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la RB-BVO au Bénin
1.3.1. Les services écosystémiques :
Origine et définition
La biodiversité au service du bien-être humain
est le nouveau modèle de la conservation prôné par la
plupart des acteurs. Au travers d'un développement axé sur
l'économie mais qui a également mobilisé les sources
d'autres disciplines, Meral (2012) présente les trois principaux
concepts de l'économie et de l'écologie qui permettent d'exprimer
ce lien étroit entre l'homme et la nature. Il s'agit des services
environnementaux, des services écosystémiques et des services
écologiques. Bien que le premier soit beaucoup plus un concept qui
relève de l'économie, les services écosystémiques
et les services écologiques représentent les services rendus aux
hommes par les écosystèmes. Il est communément admis au
regard des écrits de (Cardona, 2012), que l'origine de la notion de
bénéfices pour l'homme produits par la nature remonte dans les
années 1960 aux Etats Unis. Mais le concept de « services des
écosystèmes » en lui-même s'est formalisé plus
tard chez les biologistes de la conservation depuis les années 1980. Il
s'est par la suite enrichi avec la perspective de leur classification en vue de
leur évaluation marchande dans le courant des années 1990
à 2000, avec le développement de l'économie
écologique. Le concept de service écosystémique a
d'ailleurs connu une popularité plus grande de 2001 à 2005
à travers le rapport d'Evaluation des Écosystèmes du
Millénaire (EEM).
Plus de quinze ans après la publication de ce rapport
sur l'EEM, de nombreuses avancées ont été
réalisées pour asseoir une définition consensuelle des
services écosystémiques et rendre le concept plus
opérationnel. Ainsi, le MEA (2005) défini les services
écosystémiques comme « les bienfaits que les gens obtiennent
des écosystèmes. Ils incluent les services d'approvisionnement
tels que la nourriture et l'eau ; les services de régulation comme la
régulation des inondations, de la sécheresse, de la
dégradation des terres et des maladies ; les services de soutien comme
la formation des sols et le cycle nutritif ; et les services culturels comme
les bienfaits récréationnels, spirituels, religieux et
immatériels ». A son origine, la notion se situe à la
croisée entre des enjeux écologiques et humains d'une part, avec
des implications économiques et politiques inévitables d'autre
part. Dès lors, il est question de la gestion des services et donc des
arbitrages entre enjeux écologiques et enjeux humains (Vasseur &
al, Siron, 2019). Cependant, la présente étude mettra plus
en lumière les enjeux écologiques et humains ainsi que les
interrelations qui existent entre ces deux paramètres. Cette analyse
croisée va déboucher sur des propositions de pistes
d'amélioration des politiques environnementales, relatives aux services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve.
7
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
1.3.2. Les services écosystémiques
d'approvisionnement fournis par les ressources en eau de surface de la
RB-BVO
Les évaluations des connaissances sur les services
écosystémiques sont peu courantes dans la zone d'étude
surtout dans le contexte spécifique des ressources en eau de surface.
Cependant, Bureau (2018) a essayé à travers une méthode
statistique, de faire une caractérisation des services
écosystémiques selon la perception des communautés locales
du bas delta de l'Ouémé. Il parvient à répertorier
dans ce delta qui fait partie de l'actuelle RB-BVO, les moyennes de 17 à
19 catégories de services écosystémiques dans leur
ensemble. Le présent travail de recherche a pour objet, les principaux
services écosystémiques d'approvisionnement reconnus utiles par
les communautés. A cet effet, la fertilité des sols, la
biodiversité animale et végétale, l'eau pour le bien
être, le transport et les pratiques religieuses, et les mines sont les
grandes catégories de services écosystémiques
d'approvisionnement considérées par cette étude.
Antérieurement, plusieurs auteurs (Lalèyè, 1995 ; Kpadonou
& al, 2010 ; Mama & al, 2011 ; Attingli & al,
2017 ; etc.) ont abordé à travers des études de
référence, chacun de ces services écosystémiques
d'approvisionnement. (Attingli & al, 2017) approche la question de
l'état de pollution de l'eau des zones de pêcherie dans la basse
vallée de l'Ouémé. L'auteur fait constater que
l'intensification des pressions de pêche dans cette partie de la
réserve, les rejets d'effluent domestiques, l'extraction
effrénée du sable, les changements d'affectation des sols
constituent les principales perturbations qui affectent la qualité des
ressources en eau de surface et la morphologie du cours d'eau. Bien que cette
étude soit localisée dans la partie sud de la réserve,
elle constitue une source pour l'évaluation des impacts des techniques
d'usage des services écosystémiques d'approvisionnement sur les
composantes environnementales de la réserve. Considéré
comme le delta le plus poissonneux du Bénin, la pêche dans la
RB-BVO quant à elle a été diversement
étudiée suivant les auteurs. Sidi, (1981) est l'une des
références qui a catégorisé les différentes
techniques de prélèvement des produits de pêche. Pour cet
auteur, la pêche dans la vallée de l'Ouémé se fait
soit par des techniques passives qui ne nécessitent pas une manoeuvre
permanente sur les engins lors des captures, soit par les techniques actives
qui sont des méthodes qui nécessitent une action constante
pendant la pêche. C'est en effet un rapport bien structuré qui
présente les principales techniques de pêche rencontrée sur
les cours et plans d'eau de la réserve. Mais entre-temps, la pêche
dans les ressources en eau de surface de l'Ouémé a
évolué avec l'introduction des techniques nouvelles. Pour faire
évoluer la recherche, notre étude sur les approches d'usage
communautaire des services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface aura le mérite de faire une description des
itinéraires techniques de ces techniques de pêche ainsi que
d'autres techniques d'approvisionnement des services
écosystémiques.
La réserve est parcourue par la plus importante
vallée alluviale du pays et considérée à juste
titre comme l'une des plus productives du Bénin. L'INRAB (2017) dans la
publication du
8
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin, a
exploré l'importance des spéculations agricoles
rencontrées dans la commune de Bonou qui occupe la partie nord de la
réserve. Cette production est basée essentiellement sur les
cultures vivrières que sont le maïs suivi du manioc, de la patate
douce, l'arachide, le niébé, la tomate, le piment, le gombo, et
les légumes gluants. Par ailleurs, le riz est une spéculation
nouvelle en expérimentation dans plusieurs régions de la
réserve. Quant aux types de sols propices à la production et au
rendement des spéculations agricoles, on sait de Kpadonou &
al, (2010) que les berges et les bas-fonds sont les zones agricoles
privilégiées de la réserve. Les pratiques de la
jachère et de l'association des cultures sont rares. La fertilité
des sols est naturellement restituée à la faveur des crues par
les dépôts d'une quantité importante d'alluvions. Les
engrais minéraux et organiques ne sont pas utilisés. Mais avec la
démographie galopante et le concours des effets indésirables des
changements climatiques, notre étude permettra d'actualiser les
informations sur les techniques agricoles utilisées ainsi que leurs
impacts sur l'environnement de la réserve.
Par ailleurs, différents auteurs ont travaillé
sur la compréhension d'autres formes d'utilisation des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la RB-BVO. Il s'agit en occurrence de l'utilisation de l'eau pour le
transport largement abordée par (Sossou-Agbo, 2013), à travers
l'étudie de la mobilité dans le complexe fluvio-lagunaire de la
basse vallée de l'Ouémé, ainsi que l'exploitation du sable
fluvial et lagunaire. Ces activités sont en pleine expression sur le
fleuve Ouémé, la rivière Sô, la lagune de Porto-Novo
et le lac Nokoué et nécessitent d'être approfondies dans le
cadre de la présente recherche. Bien que certaines formes d'utilisation
des ressources en eau de surface ainsi que des techniques d'usage
associées aient été distinctement approchées par
certaines études, il n'en demeure pas moins que les approches
d'exploitation communautaire des ressources en eaux de surface prises dans un
ensemble de service écosystémique d'approvisionnement restent
à élucider. Ces travaux s'orientent donc vers une capitalisation
des connaissances endogènes dans l'utilisation des ressources en eau de
surface de la RB-BVO par les populations riveraines pour asseoir les bases
d'une gestion durabilité des ressources de la réserve.
9
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Chapitre 2 : Cadre physique et approche
méthodologique
2.1. Cadre physique de l'étude
2.1.1. Situation Géographique de la
RB-BVO
Située entre les latitudes 6° 20' 19.3" N et
7° 7' 41.7" N et entre les longitudes 2° 4' 16.7" E et 2° 4'
22.1" E, la RB-BVO couvre une superficie de 314 300 ha et fait partie
intégrante du site Ramsar 1018. Le zonage soumis à MAB-UNESCO
permet de distinguer trois (03) zones d'affectation au sein de la
réserve. Il s'agit des aires centrales (13867,80 ha), les zones tampons
(19917,10 ha) et enfin les zones de transition (280515,34 ha). Elle occupe
entièrement ou partiellement les communes d'Abomey-Calavi, Adjarra,
Adjohoun, Aguégués, Akpro-Missérété,
Avrankou, Bonou, Cotonou, Dangbo, Porto-Novo, Sèmè-Podji,
Sô-Ava, Toffo, Zè et Zogbodomey (MCVDD, 2020). Le climat est du
type subéquatorial à rythme pluviométrique bimodal et aux
températures favorables toute l'année au développement de
la végétation. Il est caractérisé par deux saisons
de pluie (avril à mi-juillet pour la grande saison des pluies et
mi-août à octobre pour la petite) et deux saisons sèches
(novembre à mars pour la grande saison sèche et mi-juillet
à mi-août pour la petite). La pluviométrie annuelle varie
entre 1150 mm et 1400 mm avec des températures moyennes annuelles
comprises entre 25,7 et 29,3 °C (Kpadonou & al, 2010).
2.1.2. Réseau hydrographique
Le réseau hydrographique de la RB-BVO est
édifié quatre (04) principaux cours et plans d'eau. Il s'agit du
fleuve Ouémé, la rivière Sô, le lac Nokoué et
la lagune de Porto-Novo. Il est constitué de deux axes
parallèles, la rivière Sô et le fleuve Ouémé
(MCVDD, 2020). Cet ensemble forme la vallée de l'Ouémé. La
Sô et l'Ouémé se jettent dans le lac Nokoué
respectivement aux environs de Ganvié et à l'Ouest de Porto-Novo.
La remontée du fleuve Ouémé et du lac Nokoué
provoque de graves inondations dans toute la réserve. Ces inondations
ont lieu en général de fin août à mi-octobre, mais
peuvent survenir dès juillet et se terminer au début novembre.
Les hauteurs et débits varient de façon considérable au
cours d'une même année. Lorsque les pluies intenses au Nord du
delta coïncident avec une forte pluie dans le sud, la vallée de
l'Ouémé est inondée dès juin, ce qui cause de
graves dégâts aux exploitations. Les cours et plans d'eau de la
RB-BVO ont des caractéristiques variées ce qui constitue un
élément fondamental dans la manifestation des inondations en ce
sens que l'eau qui s'y écoule sature les sols et diminue leur
capacité d'infiltration (Pelissier, 1962).
Le fleuve Ouémé : Son relief
est marqué avec une pente très faible favorisant
l'étalement des eaux pendant la crue. Composé du moyen et du bas
delta, l'Ouémé forme un triangle allongé qui
s'étend sur 70 Km de Bonou à Porto-Novo. Le moyen delta est une
plaine longue de 50 km environ qui s'étend de Bonou à
Azowlissè dans la commune d'Adjohoun. Le lit du
10
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
fleuve est sablonneux ; l'eau est peu profonde en saison
sèche et les berges sont assez hautes. Cette étendue plaine
deltaïque est limitée à l'est par le plateau Pobè
Porto-Novo et à l'Ouest par les marais de la rivière Sô.
Quant au bas delta de l'Ouémé, il débute à la
sortie d'Azowlissè, où la vallée s'étale
soudainement jusqu'à 20 km et se termine à l'extrême sud
où le fleuve se jette dans la lagune de Porto-novo. Dans cette partie,
le lit du fleuve est vaseux, l'eau profonde en saison sèche et les
berges sont basses. La plaine inondable est également basse et reste
marécageuse toute l'année (Pelissier, 1962).
La rivière Sô : Avec une
longueur totale de 84,4 km, la rivière Sô prend sa source dans le
lac Hlan sur le plateau sédimentaire argilo-sableux. Il est dit que la
rivière Sô est un ancien bras du fleuve Ouémé, qui
s'en est détaché. A l'Est, la plaine d'inondation de la
rivière Sô est attenante à celle du fleuve
Ouémé ce qui favorise les échanges de courant. Elle
évolue ensuite parallèlement au fleuve Ouémé. Dans
sa partie supérieure la rivière Sô se subdivise en deux
(02) bras d'importance égale avant de se jeter dans le lac Nokoué
à la hauteur de Ganvié dans la commune de Sô-Ava
(Lalèyè, 1995).
Le lac Nokoué : D'une superficie de
150 Km2, le lac Nokoué à une longueur moyenne de 20 km dans sa
direction est-ouest et une largeur de 11 km dans sa direction nord-sud. Sa
profondeur est comprise entre 0,4 m et 3,4 m et, est directement relié
à l'Océan par le chenal de Cotonou sur une longueur de 4,5 km
avec une largeur de 300 m environ (Gnohossou, 2006). Les crues dans le lac
Nokoué sont modérées lors de la grande saison pluvieuse au
sud. Mais lorsque les apports d'eau du fleuve Ouémé et la
rivière Sô coïncident avec la petite saison pluvieuse au sud,
cette crue est forte et est suivie d'un étiage jusqu'au mois de mars.
L'ouverture ou non du chenal de Cotonou sur la mer conditionne la durée
des crues dans le lac Nokoué. Il se ferme par l'accumulation du sable
d'origine marine, mais il s'ouvre périodiquement sous l'effet des
tempêtes. Cette alternance d'isolement et de communication directe avec
la mer, jointe à l'effet des crues naturelles du fleuve
Ouémé et de la rivière Sô, provoque des variations
très importantes de salinité dans le lac Nokoué
(Gnohossou, 2006).
La lagune de Porto-Novo : Située au
Sud-Est, la lagune de Porto-Novo a une superficie de 35 Km2. Elle communique
d'une part au Nord avec le fleuve Ouémé par
l'intermédiaire d'une multitude de défluents d'où elle
reçoit de l'eau douce et des apports alluviaux en période de
crue. D'autre part elle prend contact avec le lac Nokoué au Sud-Ouest
par le canal de Totché et plus à l'Est avec l'océan
atlantique à Lagos d'où elle reçoit de l'eau salée
en saison sèche (Akogbeto & al, 2018). La figure 2 présente
la situation géographique et le réseau hydrographique de la
RB-BVO.
11
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Figure 1: Carte de la situation
géographique et du réseau hydrographique de la RB-BVO
Source : MCVDD, 2020
12
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
2.2. Approche méthodologique 2.2.1.
Matériel d'étude
Les matériels utilisés pour collecter les
données et leurs utilités sont consignés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 1 : Matériels d'étude
N° MATÉRIELS UTILITÉ
01 Questionnaire Il a permis de recueillir les données
aussi bien qualitatives que
qualitatives auprès de sujet (ménage)
individuellement pris à travers l'échantillonnage.
02 Guide d'entretien Cet outil spécifique aux
autorités et autres personnes ressources a permis de recueillir des
informations relatives aux usages communautaires des services
écosystémiques d'approvisionnement dans la RB-BVO.
03 Appareil photo Il a permis de faire des prises de vues lors de
nos observations
directes des formes d'utilisation des services
écosystémiques d'approvisionnement de la réserve.
04 Enregistreur Cet outil a été utilisé
surtout lors des entretiens directs avec les
autorités communales d'une part, et d'autre part pour
l'enregistrement des témoignages des acteurs locaux au cours des
enquêtes.
05 Drone Cet appareil a servi à faire des photographies
aériennes des différents
écosystèmes édifiés par les cours
et plans d'eau de la réserve afin de procéder à leur
description.
Source : Adikpeto, (2021)
2.2.2. Collecte de données
Recherche documentaire et
pré-enquête
C'est la phase de recours à la littérature dans
divers centres documentaires ainsi que les recherches via internet pour avoir
des informations de base sur les services écosystémiques en
général avec un focus sur les travaux antérieurs sur les
services écosystémiques d'approvisionnement de la basse
vallée de l'Ouémé. Notre champ de lecture a
également été élargi à la gestion des aires
protégées et réserves de biosphère MAB-UNESCO,
ainsi que d'autres thématiques en rapport avec la présente
étude.
Quant à la pré-enquête, elle a eu lieu
durant les mois de Mars et Avril, et a consisté à faire une
prospection des vingt-huit (28) villages de cette étude. Cette descente
a permis de s'assurer de la conformité des données
géographiques issues de la littérature. Cette étape aura
également permis de prendre attache avec les principaux acteurs au
niveau de chacun des villages prospectés. Ce premier contact avec
l'univers statistique a permis de faire un diagnostic sommaire des services
écosystémiques afin de dégager les principaux facteurs de
pression pour définir les grandes orientations à donner à
ce travail de recherche.
13
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Technique d'échantillonnage
La technique d'échantillonnage adoptée dans le
cadre de cette étude a été à la fois
raisonnée et aléatoire simple. Le choix raisonné des
villages est justifié par des critères géographiques et
démographiques. D'abord, les villages considérés doivent
être riverains de l'un des principaux cours et plan d'eau de la
réserve (fleuve Ouémé, lagune de Porto-Novo, lac
Nokoué et rivière Sô). Ensuite, ils doivent avoir la plus
forte densité de ménages parmi les villages du même
arrondissement ayant le même positionnement géographique. Ainsi,
les villages de Zoukou, Dagba Hè, Ahouanzonmè, Abéokouta,
Ouébossou dans la commune de Bonou ; Dékanmè,
Alanzoumè, Fanvi, Agonlin, Kodé Akpo et Togbota Oudjra dans la
commune d'Adjohoun ; Hounhouè, Damè et Hêtin-Sota dans la
commune de Dangbo ; Hoiunta, Dogodo, Aniviékomè et Gbodjè
dans la commune des Aguégués ; Assakomey, Domeguédji,
Somai, Sokomey, Dakomey, Ahomey-Gbékpa et Ahomey Lokpo Centre dans la
commune de Sô-Ava ; et enfin Kpoguidi, Kétonou et Tchonvi dans la
commune de Sèmè-Podji sont retenus
La taille de l'échantillon a été
déterminée à l'aide d'un calculateur en ligne utilisant la
formule de Dagnelie en situation de taille de population inconnue (Rahmann
et al, 2018). La formule utilisée par le calculateur est la
suivante :
n = z2*P(1-P) / e2
où n est la taille de
l'échantillon, z est une constante issue de la loi
normale selon le seuil de confiance 95% et z=1,96, p
: est le pourcentage de gens qui représente le caractère
observé, et e est la marge d'erreur
d'échantillonnage choisie. La répartition des
enquêtés groupés par commune est présentés
par les données du tableau 2.
Tableau 2 : Synthèse de
l'échantillonnage
COMMUNES
|
EFFECTIF
|
z2*P(1-P) / e2
|
PERSONNES RESSOURCES
|
TOTAL
|
COMMUNE
|
ETUDE
|
Aguégués
|
8463
|
1988
|
85
|
2
|
87
|
Sô-Ava
|
20356
|
6961
|
126
|
2
|
128
|
Sèmè-Podji
|
49490
|
3900
|
29
|
2
|
31
|
Bonou
|
7721
|
1614
|
78
|
2
|
80
|
Adjohoun
|
15309
|
1272
|
32
|
2
|
34
|
Dangbo
|
19613
|
2362
|
45
|
2
|
47
|
RB-BVO
|
120952
|
18097
|
|
|
407
|
Source : INSAE, 2013 ; Adikpéto, 2021
A la lumière de cette technique
d'échantillonnage, le nombre de ménages enquêtés par
commune varie entre 32 à 126 pour un total 407 ménages pour
l'ensemble de l'étude. Deux personnes ressources ont été
identifiées et enquêtées dans chacune des communes
considérées. Cependant, le choix des ménages pour
administrer les questionnaires a été fait suivant la technique
d'échantillonnage par réseau ou technique de boule-de-neige
(Dufour &
14
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor -
2021
Larivière, 2014). Cette technique a
consisté à faire construire un échantillon par les
enquêtés eux-mêmes. L'échantillon est
constitué à partir d'un petit nombre d'individus répondant
aux caractéristiques des personnes à enquêter. Par la suite
d'autres répondants sont ajoutés au fur et à mesure
à partir de recommandations faites par les premiers.
2.2.3. Traitement des données
Catégorisation des principales formes
d'utilisation des ressources en eau de surface de la RB-BVO par les
différents groupes ethniques riverains.
- Valeur d'importance des services
écosystémiques
La valeur d'importance (IV) des services
écosystémiques telle que proposée par (Byg & Balslev,
2001), traduit ici la proportion d'enquêtés qui identifie une
activité ou un usage comme service écosystémique. Sa
valeur varie de 0 à 1. Elle est déterminée par la formule
suivante :
IV= nis/n
Avec nis le nombre d'enquêtés
qui identifie une activité ou un usage comme service
écosystémique et n le nombre total
d'enquêtés.
- Valeur consensuelle (UCs)
La valeur consensuelle des formes d'utilisation (Cs)
a permis de mesurer le degré de concordance entre les
enquêtés sur les usages faites des services
écosystémiques selon la méthode (Thomas & al,
2009 ; Lougbegnon & al, 2015). Elle s'exprime par :
Cs= (2ni/n) - 1
Avec ni le nombre d'enquêtés
utilisant un service écosystémique dans les formes d'utilisation
proposées, et n le nombre total d'enquêtés. Elle
est comprise entre [-1 et 1]. Si ni = 0 ; Cs = -1 et si ni = n, Cs = 1. Ceci
traduit le degré de consensus des enquêtés sur les
différentes utilisations possibles des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve.
Caractérisation des techniques d'usage des
principaux services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la RB-BVO
- Fréquence de citation (FC)
Pour chaque technique d'usage des services
écosystémiques identifiée, l'analyse de l'importance s'est
faite à base de la fréquence et de citation (FC) suivant le
modèle de (Byg & Balslev, 2001). Elle est
déterminée par la formule :
FC = Nombre de citation d'une technique x 100 Nombre
total de répondant
Pour l'analyse des fréquences de citation, les
intervalles de valeurs permettent d'apprécier l'importance relative de
chaque technique en présence.
15
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Evaluation de l'impact des techniques d'usage des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface sur les composantes environnementales de la RB-BVO, et perspectives
pour une utilisation durable des ressources.
- Analyse des Composantes Multiples
(ACM)
L'ACM a été utilisée pour rassembler les
points de vue de différents acteurs sur les impacts probables des
techniques d'usage des services écosystémiques sur les
composantes environnementales de la réserve. Les axes
d'interprétation des résultats dépendent de plusieurs
variables. D'abord, les deux dimensions 1 et 2 capturent le pourcentage (%) de
l'inertie totale (variation) contenue dans les données. Si le % est
inférieur à 50 % alors on dit que tous les points ne sont pas
aussi bien représentés par les deux dimensions. Ensuite, les
catégories avec un profil similaire sont regroupées. Ces
catégories corrélées négativement sont
positionnées sur les côtés opposés de l'origine du
graphique (quadrants opposés). Enfin, la distance entre les
catégories et l'origine mesure la qualité des catégories.
Les points qui sont loin de l'origine sont bien représentés par
l'ACM.
- Gradient écologique
Sur les principaux cours et plans d'eau de la réserve
(fleuve Ouémé, lagune de Porto-Novo, lac Nokoué et
rivière Sô) il a été réalisée une
analyse suivant les gradients écologiques à travers des
toposéquences. Ainsi, le point en amont est pris au nord du fleuve
Ouémé (Ts1 : Village Dogba-Hê), le point médian est
pris sur la rivière Sô (Ts2 : village Ahomey-lokpo Centre). En
fonction de la base évasée de la réserve, deux points ont
été pris en aval ; le lac Nokoué (Ts3 : village de
Sokomey) et sur la lagune de Porto-Novo (Ts4 : village de Goho). En dehors du
point de la lagune de Porto-Novo qui est orienté (Nord - Sud) les 3
autres toposéquences ont été réalisées
suivant une orientation (Ouest - Est). Les paramètres liés
à la qualité et quantité de l'eau, l'état de la
terre, de la faune et la flore ont été appréciés
par les communautés elles-mêmes. Un total de 4
toposéquences permettra de faire une analyse croisée des impacts
des techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface sur la réserve.
16
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Chapitre 3 : Résultats
3.1. Caractéristiques des
écosystèmes naturels de la Réserve de Biosphère de
la basse Vallée de l'Ouémé
3.1.1. Les principaux écosystèmes de la
RB-BVO
Les écosystèmes naturels de la Réserve de
Biosphère de la Basse Vallée de l'Ouémé (RB-BVO)
présentent les caractéristiques suivantes :
Eaux de surface : elles sont
représentées par une importante frange d'eau libre du fleuve
Ouémé, le lac Nokoué, la lagune de Porto-Novo et la
rivière Sô. C'est le plus grand bassin hydrographique du
Bénin qui collecte les masses d'eau venant du Nord Bénin. Elles
sont caractérisées par le comblement, l'eutrophisation et toute
sorte de pollution. Les eaux de surface de la RB-BVO sont également
confrontées à la prolifération des plantes aquatiques
envahissantes principalement la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes).
La régulation est par moment naturelle dans le lac Nokoué et la
lagune de Porto-Novo grâce à l'intrusion marine. Par contre sur
les autres surfaces d'eau, la prolifération de la jacinthe d'eau
occasionne l'encombrement des systèmes aquatiques et la navigation des
usagers. Les crue et décrues successives des eaux de surface de la
réserve ont édifié des écosystèmes
attenants, importants pour les activités socioéconomiques des
populations riveraines.
Prairies marécageuses : La physionomie
et le recouvrement des prairies marécageuses de la RB-BVO
dépendent de l'arrangement floristique des groupements
végétaux qui les composent et des variations spatio-temporelles
des conditions écologiques des ressources en eau de surface de la
réserve. Ces habitats régionaux sont caractérisés
par les espèces végétales telles que Typha australis,
Paspalum vaginatum et Cyperus papyrus (le jonc). Elles servent
d'aire de pâturage préservées par les communautés
pour leurs troupeaux de bétails. Cependant dans le moyen delta de
l'Ouémé, les prairies marécageuses sont des zones de
préférence des éleveurs nomades transhumants. Des
violences éleveurs agriculteurs sont fréquentes dans les communes
de Bonou et Adjohoun. C'est l'écosystème le plus rependu de la
réserve et est entretenu par les remontées annuelles des
ressources en eau de surface.
Mangrove : essentiellement localisée
autour du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, la mangrove est
caractérisée par la marée et l'ensablement comme structure
de lutte contre l'érosion des berges. Elle se présente sous
formes de petits îlots dominés par les végétations
de Rhizophora racemosa et Avicennia germinans. Des pressions
de pêche et de bois énergie ont longtemps contribué
à la réduction des écosystèmes de mangrove de la
réserve. Des initiatives sont en cours pour la restauration des
forêts de mangroves du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo. Cet
écosystème joue un rôle de refuge et de frayères
pour les espèces de poissons et des crustacés.
17
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Marécages : Les marécages sont
des formations limniques de faible profondeur, typiques de la RB-BVO. Ils sont
localisés dans les périphéries du fleuve
Ouémé, la rivière Sô et la lagune de Porto-Novo. Les
marécages dans la réserve sont caractérisés par une
végétation dense qui se développe sur les sols à
hydromorphie permanente et les nappe d'eaux douces. Très étendus
et inaccessible, les marécages constituent la zone de reproduction de
certaines espèces de poissons qui colonisent les eaux de surface pendant
la période de crue. Depuis quelques années dans
l'Ouémé, les marécages de la réserve sont de plus
en plus exploités pour la production du Thalia geniculata.
Forêts galeries et forêts ripicoles
: Elles occupent encore certaines rives et certaines berges de la
réserve. Ce sont en effet des écosystèmes
caractérisés par une végétation verdoyante sous
l'influence des inondations dues aux remontées des eaux de surfaces.
Elles fournissent aux populations riveraines, la protéine d'origine
animale, le bois énergie, le bois d'oeuvre et de service ainsi que des
produits forestiers non ligneux. Sous l'effet de la fragmentation, les
forêts galeries et les forêts ripicoles de la RB-BVO se
résument aux forêts sacrées abritant des divinités.
Elles sont érigées en aires centrale bordées d'aires de
transition pour contenir les pressions humaines.
Agroécosystèmes : Les pleines
d'inondation du fleuve Ouémé, la lagune de Porto-Novo et la
rivière Sô sont toutes prises d'assaut par les producteurs
agricoles. Les agroécosystèmes de la réserve sont
caractérisés par champs, jachères, plantations de palmiers
à huile, banane, etc. Cette écorégion offre des conditions
édaphiques favorables au développement de plusieurs
spéculations. Les vertisols très répandus dans la
région sont propices à la production des légumes,
légumineux, tubercules, racine et les céréales. C'est
l'une des zones pilote des initiatives de production du riz au plan national.
En dehors de la production agricole, on y pratique aussi la pisciculture.
Hameaux et villages : A l'exception des
villages lacustres de Ganvié et Houédo qui occupent le coeur du
lac Nokoué, les zones d'habitation rencontrées dans la
réserve sont érigées sur les berges des cours et plan
d'eau. Les constructions sur pilotis en matériaux
végétatifs sont les plus répandus. Sous l'influence de la
rurbanisation, des constructions modernes en matériaux définitifs
font leur apparition. Cependant, ces types d'habitats sont menacés par
l'érosion des berges accélérées par les mauvaises
pratiques humaines. L'insuffisance des infrastructures d'assainissement et de
santé sont la cause d'une forte prévalence des populations
riveraines aux maladies hydriques.
3.1.2. Formes d'utilisation des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la RB-BVO
Les populations riveraines des ressources en eau de surface de
la réserve utilisent les services issus de ces ressources pour
satisfaire leurs besoins socio-économiques. De même,
18
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
des groupes ethniques sont plus actifs dans l'exploitation de
certains services écosystémiques que d'autres.
Deux niveaux d'analyse se dégagent de cette figure 2
ci-dessous. D'abord, les produits halieutiques, les terres fertiles agricoles,
l'eau pour les besoins domestiques ainsi que l'eau pour le transport sont les
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface les plus importants dans l'ensemble de la réserve. Ces
services représentent respectivement, 93 %, 59 %, 95 % et 97 % des
répondants. L'exploitation de sable fluvial et lagunaire ainsi que l'eau
pour les pratiques religieuses, sont moyennement utilisées par la
population soit respectivement 42 % et 43 % des répondants. Ensuite, le
groupe ethnique « Wèmè » a développé une
forte dépendance des services écosystémiques des
ressources en eau de surface. Elles représentent 78 % des
prélèvements de faune sauvage, 82 % des utilisateurs des terres
fertilités. Quant au groupe ethnique « Toffin », il est plus
attaché à l'exploitation des produits halieutiques et
l'élevage, respectivement 59 % et 82 % des utilisations. Cependant, les
groupes ethniques « Goun » et « Yoruba » ont une faible
dépendance des services écosystémiques des ressources en
eau de surface. La figure 2 fait une hiérarchisation des principales
utilisations des services écosystémiques d'approvisionnement
ainsi que les rapports des groupes ethniques.
|
SE-A1
|
SE-A2
|
SE-A3
|
SE-A4
|
SE-A5
|
SE-A6
|
SE-A7
|
SE-A8
|
SE-A9
|
SE-A10
|
SE-A11
|
Effectif
|
93%
|
24%
|
32%
|
19%
|
25%
|
59%
|
95%
|
97%
|
43%
|
42%
|
38%
|
Wémè
|
38%
|
78%
|
33%
|
74%
|
75%
|
82%
|
63%
|
62%
|
40%
|
69%
|
60%
|
Toffin
|
59%
|
17%
|
61%
|
24%
|
19%
|
18%
|
35%
|
36%
|
62%
|
41%
|
82%
|
Goun
|
2%
|
5%
|
6%
|
3%
|
7%
|
2%
|
1%
|
2%
|
2%
|
1%
|
2%
|
Yoruba
|
0%
|
0%
|
0%
|
0%
|
0%
|
0%
|
0%
|
4%
|
0%
|
1%
|
1%
|
Imporotance des SE-A en fonction des groupes ethniques
SE-A1= Produits halieutiques ; SA-A2= Faune sauvage ; SE-A3=
Bois ; SE-A4= Fruits et légumes ; SE-A5= Plantes médicinales ;
SE-A6= Agriculture (terres fertiles) ; SE-A7= Eau pour Besoins domestiques ;
SE-A8= Eau pour le transport ; SE-A9= Eau pratiques religieuses ; SE-A10= Sable
fluvial et lagunaire ; SE-A11= Elevage (zones de pâture)
Figure 2: Importance des services
Ecosystémiques d'Approvisionnement en fonction des ethnies
19
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
3.1.3. Importance des services
écosystémiques des principales ressources en eau de
surface
L'importance des utilisations des services
écosystémiques de la RB-BVO est relative à chaque cours et
plans d'eau et varie en fonction du niveau d'eau (crue et décrue).
Les utilisations de l'eau pour les besoins domestiques et le
transport sont les plus importantes dans le delta du fleuve Ouémé
pendant la crue et la décrue avec des valeurs d'importances maximale de
100 %. Les utilisations des terres fertiles pendant la décrue pour
l'agriculture et des produits halieutiques pendant la crue ont des importances
moyennes respectivement de 65 % pour l'une et 57 % pour l'autre. Cependant, les
terres fertiles ont une valeur d'importance nulle pendant la crue. La figure 3
présente la valeur d'importance (IV) des principaux services
écosystémiques d'approvisionnement du fleuve
Ouémé.
Importance SE-A Fleuve Ouémé
Elevage (zones de pâture) Sable fluvial et lagunaire Eau
pratiques religieuses Eau pour le transport Eau pour Bien être
Agriculture (Terres fertiles) Plantes médicinales Fruits et
légumes Bois Faune sauvage Produits halieutiques
|
|
|
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%
Décrue Crue
Figure 3: Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement du fleuve
Ouémé
Sur le lac Nokoué, les utilisations de l'eau pour les
besoins domestiques et le transport ainsi que les produits halieutiques ont
obtenu de tout temps, des valeurs d'importances maximales soit 100 %. Ces
utilisations sont immédiatement suivies de l'utilisation du bois qui
cumule une valeur d'importance de 75 % pendant la crue et 90 % pendant la
décrue. Par ailleurs, les répondants ont accordé des
valeurs d'importances moyennes à l'utilisation des zones de pâture
pour l'élevage pendant la décrue 69 % et l'utilisation de l'eau
pour les pratiques religieuses en temps de crue et de décrue 43 %. La
figure 4 présente la valeur d'importance (IV) des principaux services
écosystémiques d'approvisionnement du lac Nokoué.
20
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Importance SE-A Lac Nokoué
Elevage (zones de pâture) Sable fluvial et
lagunaire Eau pratiques religieuses
Eau pour le transport
Eau pour Bien être Agriculture (Terres fertiles) Plantes
médicinales Fruits et légumes
Bois
Faune sauvage Produits halieutiques
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%
Décrue Crue
Figure 4: Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement du lac Nokoué
Sur la rivière Sô, il s'observe une valeur
d'importance optimale pendant la crue et la décrue des services de l'eau
pour les besoins domestiques et pour le transport soit 100 %. Les utilisations
des produits halieutiques pendant la crue et l'utilisation des terres fertiles
pendants la décrue ont également des valeurs d'importances
relativement élevées soit respectivement 76 % pour l'un et 72 %
pour l'autre. Par ailleurs, l'utilisation de sable fluviale et lagunaire a des
valeurs d'importances faibles 32 % pendant la décrue et nulle, pendant
la crue. La figure 5 présente la valeur d'importance (IV) des principaux
services écosystémiques d'approvisionnement de la rivière
Sô.
Agriculture (Terres fertiles)
Elevage (zones de pâture)
Eau pratiques religieuses
Sable fluvial et lagunaire
Eau pour le transport
Produits halieutiques
Plantes médicinales
Eau pour Bien être
Fruits et légumes
Faune sauvage
Bois
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%
Importance SE-A Rivière Sô
Décrue Crue
Figure 5 : Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement de la rivière
Sô
Les populations enquêtées de la lagune de
Porto-Novo accordent une grande valeur d'importance à l'utilisation des
produits de pêche pendant la crue et la décrue soit 90 %.
21
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
L'eau pour le transport durant la crue et décrue,
l'utilisation de bois pendant la décrue ainsi que l'utilisation des
terres fertiles pendant la décrue ont des valeurs d'importances moyennes
respectivement de 54 % ; 67 % et 61 %. La figure 6 fait une
hiérarchisation des principales utilisations des services
écosystémiques d'approvisionnement ainsi que les rapports des
groupes ethniques.
Importance SE-A Lagune Porto-Novo
Elevage (zones de pâture) Sable fluvial et
lagunaire Eau pratiques religieuses
Eau pour le transport
Eau pour Bien être Agriculture (Terres fertiles) Plantes
médicinales Fruits et légumes
Bois
Faune sauvage Produits halieutiques
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Décrue Crue
Figure 6 : Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement de la lagune de
Porto-Novo
Dans la RB-BVO, la disponibilité et l'exploitation des
ressources en eau de surface présentent des diversités qui sont
fonction du milieu et de la période. Le tableau 3 est le résultat
des valeurs consensuelles des types d'utilisation des ressources en eau de
surface de chaque cours et plan d'eau de la réserve.
Tableau 3 : Valeurs consensuelles des types
d'utilisation des ressources en eau de surface
Fleuve Ouémé Rivière Sô Lac
Nokoué Lagune de
Porto-Novo
Crue Décrue Crue Décrue Crue Décrue
Crue Décrue Produits halieutiques
Poissons d'eau saumâtre
|
-0,78
|
-0,37
|
-0,12
|
0,52
|
-0,14
|
0,85
|
-0,10
|
0,74
|
Poissons d'eau douce
|
0,78
|
0,32
|
0,92
|
0,12
|
0,51
|
-0,51
|
0,35
|
-0,42
|
Crabes
|
-0,88
|
-0,81
|
-0,84
|
-0,60
|
0,17
|
0,56
|
-0,35
|
0,81
|
Crevettes
|
-0,93
|
-0,86
|
-0,94
|
-0,76
|
-0,24
|
0,25
|
-0,55
|
0,29
|
Production agricole
Céréales
|
-0,91
|
0,39
|
-0,84
|
0,52
|
-0,97
|
-0,85
|
-0,87
|
0,48
|
Tubercules et Racines
|
-0,96
|
0,22
|
-0,92
|
0,84
|
-0,99
|
-0,88
|
-0,94
|
0,68
|
Légumes fruits et feuilles
|
-0,95
|
0,32
|
-0,84
|
0,36
|
-0,97
|
-0,86
|
-0,94
|
0,81
|
22
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Légumineux -0,98 0,09 -0,92 0,44 -1,00 -0,97 -0,94 0,03
Eau pour les besoins domestiques
Boisson
|
-0,81
|
-0,57
|
0,12
|
0,60
|
-0,94
|
-0,91
|
-1,00
|
-1,00
|
Cuisine
|
-0,60
|
-0,52
|
0,52
|
0,76
|
-0,92
|
-0,91
|
-1,00
|
-1,00
|
Bain
|
0,52
|
0,87
|
0,92
|
0,92
|
0,38
|
0,96
|
-0,94
|
-0,87
|
Lessive
|
0,55
|
0,93
|
1,00
|
1,00
|
0,92
|
0,96
|
-0,94
|
-0,87
|
Eau pour le transport
Personnes
|
0,80
|
0,03
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
0,48
|
0,23
|
Marchandises
|
0,80
|
0,03
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
-0,87
|
-0,87
|
Récolte
|
-0,94
|
0,39
|
-0,76
|
0,68
|
-0,83
|
-0,83
|
-1,00
|
-1,00
|
Mines (sable)
|
-0,68
|
-0,51
|
-1,00
|
-0,60
|
-0,75
|
-0,59
|
-0,87
|
-0,42
|
Eau pour les pratiques religieuses
Lieux culte
|
-0,98
|
-0,98
|
0,35
|
0,42
|
0,17
|
0,32
|
-0,81
|
-0,94
|
Libations
|
-0,93
|
-0,89
|
0,12
|
0,17
|
0,26
|
0,39
|
-0,81
|
-0,55
|
Baptêmes
|
-0,79
|
-0,64
|
0,44
|
0,51
|
0,33
|
0,56
|
-0,10
|
0,23
|
Sable fluvial et lagunaire
Brun
|
-0,77
|
0,69
|
-1,00
|
-1,00
|
-1,00
|
-1,00
|
-1,00
|
-0,94
|
Gris
|
-0,55
|
-0,39
|
-0,84
|
0,32
|
-0,96
|
-0,83
|
-0,68
|
0,56
|
Hydromorphe
|
-0,98
|
-0,76
|
-0,92
|
-0,26
|
-1,00
|
-0,97
|
-0,55
|
-0,14
|
Produits de pêche : Les poissons d'eau
douce sont de tous les temps les ressources de la réserve les plus
exploitées. Ils sont en abondance pendant la crue dans le fleuve
Ouémé et la rivière Sô, respectivement 0,92 et 0,78
de valeurs consensuelles. Les poissons d'eau saumâtre quant à eux
sont abondamment disponibles pendant la décrue dans le lac Nokoué
et la lagune de Porto-Novo et cumulent des consensus respectifs de 0,85 et
0,74, proche du consensus total qui est la valeur 1. Même si la
récolte des crabes ne semble pas très importante à
l'échelle de la réserve, c'est un produit à forte valeur
économique dans le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo soit un
consensus de 0, 56 pour l'un et 0,81 pour l'autre. La figure 7 illustre
quelques produits de pêche de la réserve.
23
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
7.1 : Tilapia issus de la pêche au lac
Nokoué 7.2 : Ethmalose issus de la pêche au lac
Nokoué
Figure 7 : Produits de pêche du lac
Nokoué Source : Adikpéto, 2021
Terre fertiles (Production agricole) : Les
céréales sont les spéculations agricoles les plus
produites dans la réserve et obtiennent un pic de production dans les
zones d'inondation du fleuve Ouémé et la rivière Sô
pendant la décrue soit respectivement 0,39 et 0,52 de valeur
consensuelle. La production de tubercules et racines est aussi très
importante toujours dans le fleuve Ouémé soit 0,22 de valeur
consensuelle, et la rivière Sô d'une valeur consensuelle de 0,84.
Le lac Nokoué enregistre les faibles valeurs consensuelles relatives
à la production agricole avec des consensus proches de -1. La figure 8
présente une récolte de produit agricole dans la RB-BVO.
8.1 : Une récolte de piment 8.2
: Une récolte de maïs
Figure 8 : Produits de récolte dans le
périmètre du fleuve Ouémé Source
: BEES ONG, 2018 ; Adikpéto, 2021
24
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Eau pour le transport : La
navigabilité du lac Nokoué et de la rivière Sô est
reconnue par les populations avec un consensus total de 1 durant la crue et la
décrue pour le transport des personnes et des marchandises. Quant au
transport des récoltes, il est courant durant la décrue dans le
delta de l'Ouémé, soit une valeur consensuelle 0,39 ; et 0,68.
Sable fluvial et lagunaire : Dans le fleuve
Ouémé même si on note une diversité des
sédiments extraits, le sable brun est le plus disponible surtout en
période de décrue avec une valeur consensuelle de 0,69. Par
contre la disponibilité du sable gris pendant la décrue dans la
lagune de Porto-Novo et la rivière Sô ont obtenu des valeurs
consensuelles de 0,52 pour l'un et 0, 39 pour l'autre. Le sable hydromorphe est
peu exploité dans l'ensemble de la réserve. Il est
néanmoins présent dans la lagune de Porto-Novo et la
rivière Sô pour des valeurs consensuelles de -0,26 et -0,14
pendant la décrue. La figure 9 est une illustration de tas de sable brus
en cours de déchargement dans le delta de l'Ouémé.
Figure 9 : Composition des tas de sable brun
dans le village d'Abéokouta
Source : Adikpéto, 2021
Eau pour les besoins domestiques : En
période de crue comme en décrue, les ressources en eau de surface
de la réserve sont utilisées pour le bain et la lessive. Les
communautés sont unanimes sur ce type d'utilisation dans la
rivière Sô avec une valeur consensuelle 1. Quant au fleuve
Ouémé et lac Nokoué enregistrent respectivement 0,93 et
0,96 pour les mêmes usages. Par contre les utilisations de type boisson
et cuisine sont importantes uniquement dans la rivière Sô surtout
en période de décrue pour une valeur consensuelle de 0,76.
Eau pour les pratiques religieuses : La
rivière Sô et le lac Nokoué ont un important patrimoine de
religions endogènes et nouvelles. Les pratiques sont importantes pendant
la décrue, soit des consensus respectifs de 0,42 et 0,32 pour les lieux
culte ; 0,17 et 0,39 pour les libations enfin 0,51 et 0,56 pour les pratiques
de baptême à l'eau. La figure 10 est un aperçu d'un lieu
culte du lac Nokoué.
25
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Figure 10 : Lieu de libation du fétiche
« Assouka » à Houédo-gbadji Source
: Adikpéto, 2021
3.2. Principales techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement
des ressources en eau de surface
3.2.1. Importance des techniques d'usage des services
écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de
surface
Techniques et engins de pêche
La pêche occupe une importance capitale dans le
quotidien des populations de la RB-BVO. Ainsi, les riverains ont
développé différentes techniques et engins de pêche
pour la récolte des poissons, crabes et crevettes des ressources en eau
de surface de la réserve à des fins de consommation et de
commercialisation. La figure 11 est relative à la priorisation des
principales techniques et engins de pêche de la RB-BVO.
Les nasses, filets dormants, les filets barrages
(Medokpokonou), les tours à poissons ainsi que les « acadjas
», tous des techniques de pêche passives sont les prioritaire dans
les cours et plans d'eau de la réserve soit respectivement 15 % ; 19 % ;
16 % ; 7 % et 19 %. La figue 12 présente la primauté des
techniques et engins de pêche utilisés dans la réserve
26
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Priorisation des techniques de Pêche
TPe1
30%
TPe2
TPe3
25%
TPe11
TPe10
20%
15%
TPe9
TPe4
10%
5%
0%
TPe8
TPe7
TPe5
TPe6
1er 2ème 3ème
TPe1= Nasses ; TPe2= Barils pièges ; TPe3= Filets
dormants ; TPe4= Palangres ; TPe5= Filets éperviers ; TPe6= Filets
barrage (Medokpokonou) ; TPe7= Balances crabes ; TPe8= Epuisettes
géantes ; TPe9= Trous à poissons (Houédo ou Ahlo) ; TPe10=
Parcs à branchages (Acadja), TPe11= Barrages à nasses (Xha)
Figure 11 : Principales techniques et engins
de pêche de la RB-BVO
12.1 : Nasses à poisson au lac
Nokoué 12.2 : Pêche au filet épervier au
fleuve Ouémé
Figure 12 : Illustration des techniques et
engins de pêche Source : Adikpéto, 2021 ; BEES
ONG, 2016 Production agricole et de l'élevage
Le renouvellement de la fertilité des terres
cultivables et plaines inondables par l'apport d'alluvions est l'un des
services écosystémiques phares de la RB-BVO. La fertilité
des terres cultivables et plaines inondables sont respectivement socle de
l'agriculture et source de fourrage pour l'élevage. La figure 13,
mettant en exergue les techniques d'agriculture et d'élevage selon les
perceptions des enquêtés.
27
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Ce figure 14 ci-dessous montre que l'utilisation des intrants
chimiques agricole est la principale technique agricole de la RB-BVO pour une
fréquence de citation de 49 % par rapport à la population
enquêtée. Par ailleurs, faire paître les animaux in situ
est la principale technique d'élevage et représente une
fréquence de citation de 60 %. Cependant, la coupe de fourrage manuelle
est une technique non prioritaire avec une fréquence de citation de 43
%.
Priosisation des techniques d'agriculture et
d'élevage
1er 2e 3e
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
T-El3
T-El2
T-Ag2
T-Ag3
T-El1
T-Ag1
T-Agr1= Chimique ; T-Agr2= Biologique ; T-Agr3= Traditionnelle
; T-El1=Paître ; T-El2= Coupe de fourrage manuelle ; T-El3= Coupe de
fourrage mécanique.
Figure 13 : Principales techniques de
production agricole et d'élevage de la RB-BVO
14.1 : Pulvérisateur à dos 14.2 : Herbicide
sélectif
Figure 14 : Quelques éléments de
l'agriculture chimique Source : Adikpéto, 2021
Eau pour transport et exploitation du bois
28
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
La disponibilité continue des ressources en eau de la
réserve a favorisé le développement du transport fluvial
et lagunaire et permet également d'entretenir les ressources
forestières. La technique de transport par motricité humaine est
la plus répandue représentant une fréquence de citation de
83 % des populations de l'enquête. S'agissant de l'exploitation du bois,
la technique d'élagage est la plus utilisée soit une
fréquence de citation de 22 %. La figure 15 et 16 présentent les
techniques de transport et d'exploitation forestière prioritaires dans
la réserve.
Priorisation des techniques de transport et d'exploitation de
bois
1er 2e 3e
100%
80%
60%
40%
20%
0%
T-Eb3
T-Eb2
T-Tr2
T-Tr3
T-Eb1
T-Tr1
T-Tr1= Motricité humaine ; T-Tr2= Motorisée ;
T-Tr3= Voile artisanal ; T-Eb1= Ramassage ; T-Eb2= Elagage ; T-Eb3=
Abatage. Figure 15 : Principales techniques de transport et
d'exploitation du bois dans la RB-BVO
16.1 : Barque à voile artisanal sur la
rivière Sô 16.2 : Barque motorisée sur la
lagune de Porto-Novo
Figure 16 : Principales techniques de
transport sur les ressources en eau de surface de la
réserve Source : Adikpéto, 2021
29
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Sable fluvial et lagunaire, eau pour les besoins
domestiques et eau pour les pratiques religieuses
Les crues successives rechangent les ressources en eau de
surface et drainent sur leur passage, des sédiments exploités par
les populations. Depuis la fermeture des carrières de sables marins,
l'extraction et la commercialisation de sable fluvial et lagunaire a pris de
l'ampleur dans les cours et plans d'eau de la réserve. La méthode
traditionnelle est prépondérante pour une fréquence de
citation de 13 %. Les utilisations de l'eau pour les besoins domestiques et les
pratiques religieuses sont faites in situ et représentent
respectivement 93 % et 31 % de citation des enquêtés. La figure 17
présente les principales techniques d'exploitation des eaux pour les
besoins domestiques, les pratiques religieuses et d'exploitation de sable
fluvial et lagunaire.
Priorisation des tecniques d'utisation des eau pour les
besoins domestiques, les pratiques réligieuses et d'extraction de
sable
1er 2e
T-EBe2
T-EPr1
T-EBe1
100%
80%
60%
40%
20%
0%
T-Sfl2
T-Sfl1
T-EPr2
T-EBe1= Traditionnelle ; T-EBe2= Moderne ; T-EPr1= in situ ;
T-Epr2= Prélèvement ; T-sfl1= Traditionnelle ; T-sfl2=
Moderne.
Figure 17 : Principale techniques
d'exploitation des eaux pour les besoins domestiques, les
pratiques religieuses et d'exploitation de sable fluvial et lagunaire
La figure 18 présente quelques étapes de la
technique traditionnelle d'exploitation de sable fluvial et lagunaire dans la
réserve.
30
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
18.1 : Etape d'extraction de sable 18.2
: Etape de déchargement
Figure 18 : Technique traditionnelle
d'exploitation de sable fluvial et lagunaire
Source : Adikpéto, 2021
3.2.2. Rendement par catégories d'usage des
services écosystémiques
d'approvisionnement ressources en eau de
surface
Le rendement de la production des services
écosystémique d'approvisionnement de la réserve est
fonction de la technique d'usage. La figure 19 présente les rendements
des techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement de la réserve.
La technique de pêche « acadja », la technique
la technique de paître des animaux d'élevage ainsi que celle des
pratiques religieuses in situ ont un rendement élevé
respectivement 34,64 % ; 57,74 % et 25,80 %. D'autres ont un rendement moyen
dont principalement, la technique traditionnelle d'utilisation de l'eau pour le
bien être, les trous à poissions, et l'exploitation de bois par la
technique d'élagage, soit respectivement 62,16 % ; 35,87 % et 36,12
%.
31
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Rendement des techniques d'usage
100%
Faible Moyen Elevé
90% 80% 70% 60%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
50% 40% 30% 20% 10% 0%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TPe1
TPe2
TPe3
TPe4
TPe5
TPe6
TPe7
TPe8
TPe9
TPe10
TPe11 T-Agr1 T-Agr2 T-Agr3 T-El1 T-El2 T-El3 T-EBe1 T-EBe2 T-EPr1
T-EPr2 T-sfl1 T-sfl2 T-Tr1 T-Tr2 T-Tr3 T-Eb1 T-Eb2 T-Eb3
Figure 19 : Rendements des techniques
d'exploitation des principaux services écosystémiques
3.2.3. Itinéraires des techniques d'usage des
services écosystémiques des ressources en eau de surface de la
RB-BVO
Afin d'optimiser le bénéfice tiré des
ressources en eau de surface, les communautés riveraines de la RB-BVO
ont développé des techniques suivant des procédés
bien précises. Le tableau 8 présente les itinéraires
techniques des principales techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve.
32
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
3.3. Impacts des techniques d'usage des ressources en
eau de surface sur les composantes environnementales du milieu
3.3.1. Analyse des composantes multiples
(ACM)
Une analyse des composantes multiple (ACM) a permis
d'apprécier les corrélations des ethnies, les techniques d'usage
ainsi que les zones d'impacts. Les figures 20, 21, 22 et 23 présentent
les impacts des techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement, sur la composante eau, terre, faune et flore de la
réserve.
Analyse des impacts sur l'eau
Les deux dimensions (1 et 2) de la figure 20 capturent 47,4%
de l'inertie totale contenue dans les données. Tous les point sont
relativement bien représentés par ces deux dimensions. Cette
figure montre que l'ethnie « wémè » du fleuve
Ouémé, relève un impact de l'extraction de sable fluvial
sur l'eau. Par ailleurs, on note un impact de la technique « acadja »
et du transport à barque motorisé sur la lagune de Porto-Novo et
le lac Nokoué.
Variable categories - MCA
1
0
-1
-2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpExS
|
|
|
|
|
|
|
|
Weme
|
|
ImpN0
|
LaguneP
ImpTrM
|
ImpAgriCh0
|
|
|
LacN
|
|
FleuveO
|
ImpAca0
ImpTrM0
|
ImpFB0
ImpFD0
ImpTP0
ImpExS0
|
|
ImpAca
|
|
Toffin
|
|
|
ImpAgriCh
|
ImpFE0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RiviereS
-0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
Dim1 (30.7%)
Figure 20 : Analyse en Composantes Multiples des
impacts sur l'eau
33
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Analyse des impacts sur la terre
Les deux dimensions (1 et 2) de la figure 21 capturent 50,9%
de l'inertie totale contenue dans les données. Plus de la moitié
des points sont alors bien représentés par ces deux dimensions.
L'analyse présente un impact des trous à poissons sur la terre au
niveau du fleuve Ouémé et le lac Nokoué, pratiqué
respectivement par les ethnies Wémè et Toffin. Par ailleurs, le
fleuve Ouémé cumule également des impacts de
l'exploitation du sable et la pratique de l'agriculture chimique sur la
terre.
Variable categories - MCA
1
0
-1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpExS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
LaguneP
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpTP0
|
ImpAgriCh0
|
|
|
|
|
|
|
FleuveO
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpAgriCh
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpExS0
ImpTP
Toffin
LacN
RiviereS
-0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
Dim1 (31.4%)
Weme
Figure 21 : Analyse en Composantes Multiples des
impacts sur la terre Analyse des impacts sur la faune
Les deux dimensions (1 et 2) de la figure 22 capturent 49,7%
de l'inertie totale contenue dans les données. Environ la moitié
des points sont alors bien représentés par ces deux dimensions.
L'analyse montre un impact des filets barrages sur la faune du lac
Nokoué et la lagune de Porto-Novo. Sur le fleuve Ouémé, on
observe un impact de l'agriculture chimique et de l'utilisation des filets
dormants sur la faune du milieu.
34
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Variable categories - MCA
1
0
-1
-2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpTrM
|
|
ImpExS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Weme
|
ImpN0
|
ImpFE0
|
|
|
|
|
|
FleuveO
|
|
ImpFB0
|
|
|
ImpFD0
|
|
|
|
|
ImpFD
|
|
ImpExS0 ImpTP0
|
|
|
|
|
|
LaguneP
ImpAca0
ImpTrM0
ImpAgriCh0
Toffin
RiviereS
-0.5 0.0 0.5 1.0
Dim1 (33.3%)
ImpFB
ImpAgriCh
Figure 22 : Analyse en Composantes Multiples
des impacts sur la faune
Analyse des impacts sur la flore
LacN
Les deux dimensions (1 et 2) de la figure 23 capturent 53,3%
de l'inertie totale contenue dans les données. Plus de la moitié
des points sont alors bien représentés par ces deux dimensions.
L'analyse de ces données montre un impact de la technique de pêche
« acadja » sur la flore du lac Nokoué et la lagune de
Porto-Novo. La flore du fleuve Ouémé quant à elle est
impactée par l'utilisation des intrants chimiques agricole.
35
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Variable categories - MCA
1
0
-1
-2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ImpExS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
FleuveO
|
|
|
|
ImpAca
|
|
|
|
|
|
|
ImpExS0
|
|
|
|
|
|
LaguneP
Weme
ImpAca0
ImpAgriCh0
Toffin
LacN
ImpAgriCh
RiviereS
-0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
Dim1 (34.3%)
Figure 23 : Analyse en Composantes Multiples
des impacts sur la flore
Afin d'avoir une appréciation en image des
résultats des ACM, des toposéquences ont été
réalisées sur plusieurs points représentés en
amont, au médiant et en aval de la réserve. La figures 24
présentent, respectivement, les profils des toposéquences
à Dogba-Hê (fleuve Ouémé), Ahomey-Lokpo Centre
(rivière Sô), Sokomey (Lac Nokoué) et de Goho (Lagune de
Porto-Novo).
La toposéquence du village de « Dogba-Hê
» fait observer la pratique d'agriculture chimique au niveau des berges du
cours d'eau. Cette technique est source d'impact sur les ressources en eau du
fleuve Ouémé. De même, la pente abrupte de la berge gauche
est l'impact visible de la technique traditionnelle d'extraction de sable
fluvial et lagunaire dans la région. Les ACM présentent des
impacts modérés sur la rivière Sô. Cela peut
s'observer à travers la toposéquence du village «
Ahomey-lokpo Centre ». Les sources d'impacts sont pour la plupart,
isolées du courant d'eau. La flore du milieu est encore présente
et les techniques de pêche source d'impacts sont absentes. S'agissant du
lac Nokoué, et la lagune de Porto-Novo, la technique d'agriculture
chimique a peu d'impact en raison de la faible présence de
périmètre
36
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
agricole. Cependant, les pêcheries passives en
particulier la pêche « acadja » est source d'impacts sur la
ressource en eau et la flore du milieu.
A- Toposéquence de Dogba-Hê, commune de
Bonou (fleuve Ouémé)
B- Toposéquence de Ahomey-lokpo centre, commune
de Sô-ava (rivière Sô)
C- Toposéquence de Sokomey, commune de
Sô-ava (lac Nokoué)
37
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
D- Toposéquence de Goho, commune de
Sèmè-Podji (lagune de Porto-Novo)
Figure 24 : Toposéquence des gradients
de la RB-BVO
3.3.2. Analyse des suggestions pour la gestion durable
des ressources
Dans la perspective d'instaurer des règles de gestions
durable des services écosystémiques de ressources en eau de
surface. Les populations enquêtées sont plus favorables à
l'application des lois d'utilisation durable des ressources, la création
de sanctuaire et la promotion d'activité alternative
génératrice de revenus (AGR) soit des pourcentages respectifs de
71,99 %, 70 % et 68,80 %. Les avis sont partagés sur la question
d'instauration de permis d'usage des services écosystémiques de
la réserve, soit 46,44 % de réponses favorables et 53,56 % de
réponses défavorables. De même, La proposition
d'interdiction d'usage des services écosystémiques et celle de
consentement à payer pour les services sont rejetées par les
répondants soit 99,02 % en défaveur de l'un et 64,86 en
défaveur de l'autre. La figure 25, présente l'appréciation
des communautés des mesures de gestions durable proposées.
38
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Application des lois
100%
80%
Interdiction d'usage des SE
60%
40%
20%
0%
Consentement à payer pour les SE
Permis d'usage des
SE
Oui Non
Création de sanctuaire
Promotion d'AGR
Figure 25 : Consentement aux mesures de
gestion durable des services écosystémiques
Chapitre 4 : Discussion
La RB-BVO offre une diversité de service
écosystémique aux populations riveraines et celles environnantes.
Les produits halieutiques pour la pêche, les terres fertiles pour
l'agriculture, les franges d'eau libre pour le transport et l'exploitation de
sable fluvial et lagunaire sont de loin des ressources en eau de surface les
plus exploitées dans l'ensemble de la réserve. Ce constat se
justifie par la disponibilité presque suffisante de ces ressources pour
satisfaire les besoins économiques des populations riveraines. Le groupe
ethnique « Toffin » organisé autour du lac Nokoué et la
lagune de Porto-Novo est spécialisé dans la pêche car
favorisé par la double recharge du lac et de la lagune soit par
l'intrusion marine soit par les crues annuelles. Ce complexe fourni plus de 2/3
de la production halieutique des zones humides du sud du Bénin (ABE,
2005). Les échanges de flux entre les ressources en eau de surface de la
réserve et le réseau hydrographique du Nigéria à
l'est sont également un atout non négligeable pour la population
riveraine. Plusieurs groupes ethniques en particulier « Yoruba » sont
spécialisés dans les échanges commerciaux. Ils ont
développé un commerce fluvial des produits pétroliers, de
brasserie etc., pour alimenter les grands marchés du sud du
Bénin.
Les plaines alluviales du bas et moyen delta de
l'Ouémé cumulées à la plaine de la rivière
Sô représentent les écorégions les plus
exploitées par les populations agricoles de la réserve. Les
communautés estiment que les terres fertiles de la vallée de
l'Ouémé exploitées au mieux, permettront au pays
d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Cependant, elles sont
confrontées à des contraintes d'ordre climatique,
édaphique et financière. La variabilité des sols et la
bonne productivité des vivriers sont autant de facteurs qui font des
deltas de l'Ouémé et de la rivière Sô, un pôle
agricole du centre et du sud du Bénin. L'ethnie «
Wémè » est majoritaire dans cette zone géographique,
et très attaché à la fertilité des terres. Depuis
quelques années, la main
39
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
d'oeuvre agricole est fortement concurrencée par un
regain d'intérêt des femmes et des jeunes à la
filière d'extraction de sable fluvial et lagunaire. C'est
désormais une solution de réparation pour les groupes
marginalisés dans le mode d'affectation des terres agricoles. S'agissant
de la biodiversité faunique et floristiques, les exploitations sont de
mieux en mieux contrôlées même si quelques
velléités de criminalité environnementale sont
observées. Mais depuis quelques années, l'offensive des actions
de protection et de conservation des ressources naturelles ont
considérablement freiné les pressions (MCVDD, 2020). Il en est de
même pour l'exploitation du bois qui est limitée au ramassage et
à la collecte de bois énergie, en raison du caractère
sacré des résidus de forêts galeries et ripicoles,
érigées en aires centrales de protection depuis la
création de la RB-BVO. Il résulte des résultats de cette
étude, une répartition géographique des utilisations des
services écosystémiques d'approvisionnement en lien avec les
principaux groupes ethniques de la réserve.
Pour bénéficier de façon optimale des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface, les riverains ont développé de nouvelles techniques
dites modernes. Ces techniques ont permis dans de nombreux cas d'accroitre le
rendement dans plusieurs secteurs d'activités. C'est le cas de
l'augmentation de la production halieutique du lac Nokoué et la lagune
de Porto-Novo, qui est due à la pratique de plus en plus
généralisée des « acadja ». Cette technique
introduite, recouvre près de 40 % de la surface du complexe avec une
production de 1,9 tonnes/ha/an (Lalèyé, 2006). Dans le domaine de
la productivité des terres fertiles, l'utilisation des intrants
chimiques agricoles a augmenté les rendements des productions dans la
réserve. Cela justifie l'utilisation généralisée
des produits phytosanitaires par les producteurs agricoles de la RB-BVO. Le
transport par barque motorisée est aussi prisé par certains, pour
son rendement financier journalier. La prédominance des techniques
nouvelles ou modernes d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface de la réserve est
donc un choix d'accroissement des rendements de production.
Cependant, plusieurs de ces techniques génèrent
des impacts sur les composantes environnementales de la réserve. En
considération des impacts sur l'eau, la terre, la faune et la flore,
plusieurs techniques de pêche passive nouvellement introduites sont
prohibées par la loi-cadre n° 2014-19 du 07 août 2014
relative à la pêche et à l'aquaculture en République
du Bénin. Il s'agit notamment des filets maillants (filets dormants),
les filets barrage (Médokpokonou), les parcs à branchage (Acadja)
etc. L'impact des pêcheries sur la flore est plus localisé dans
les écorégions du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo
selon les analyses des composantes multiples. En effet, les indices de la
destruction de couvert végétal au profit de la technique de
pêche « acadja » s'étend jusqu'en amont de la
réserve avec une forte densité de lambeau de bambou à
l'intérieur des installations. Par ailleurs, certains engins de
pêche tels que les nasses et les barrages à nasses sont selon les
communautés sans impact sur la flore du milieu. Par contre le nombre
très grand de ces engins surtout les nasses conçues à base
des baguettes de Raphia hookeri, constituent une pression sur cette
espèce qui est presque rare dans les
40
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
écosystèmes de la réserve. Par ailleurs,
les impacts de la technique chimique agricole sur l'eau et la terre sont plus
localisés dans le delta de l'Ouémé. Les produits
phytosanitaires sont approvisionnés sur le marché informel venant
d'horizons diverses. L'application de ces produits ne répond pas aux
normes recommandées, ce qui expose l'environnement à des risques
très élevés. D'un point de vue particulier, la technique
traditionnelle d'exploitation de sable fluvial et lagunaire semble contribuer
également à l'effondrement accéléré des
berges du moyen delta de l'Ouémé. Mais en général,
les techniques nouvelles d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement sont les principales sources d'impacts sur les composantes
; eau, terre, faune et flore de la réserve de biosphère de la
basse vallée de l'Ouémé.
Malgré cette perception des communautés des
impacts parfois irréversibles des techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement sur la durabilité de la
ressource, ces pratiques persistent. Les mesures de gestion durable des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface sont confrontées à des difficultés dans leurs
applications.
41
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Conclusion
La forte croissance démographique des régions de
la basse vallée de l'Ouémé engendre une demande de plus en
plus croissante des ressources naturelles et des services
écosystémiques associés. Dans l'objectif analyser les
approches d'usage communautaire des principaux services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la RB-BVO au Bénin, cette étude s'est focalisée
sur trois postulats fondamentaux. D'abord, l'importance de chaque service
écosystémique d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve est liée aux facteurs géographiques
et ethniques du milieu ; ensuite, les nouvelles techniques d'usages des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface ont un rendement supérieur à celui des techniques
traditionnelles ; et enfin, les nouvelles techniques d'usage des services
écosystémiques d'approvisionnement génèrent plus
impacts sur les composantes environnementales de milieu. Afin de
vérifier ces différentes hypothèses, une métrologie
à la fois raisonnée et aléatoire simple a permis de
collecter et de traiter suivant chaque objectif spécifique, les
donnée primaires et secondaires collectées dans le cadre de
l'étude. La revue documentaire a permis de recenser onze (11) principaux
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface utiles au communautés riveraines. L'exploitation des produits
halieutiques est plus importante sur les cours et plans du lac Nokoué et
la lagune de Porto-Novo, principalement par la communauté « Toffin
». Par contre, la communauté « Wèmè » est
plus attachée à l'exploitation des terres fertiles agricole pour
l'agriculture dans les plaines d'inondation du fleuve Ouémé et la
rivière Sô. Ces résultats traduisent une confirmation de
l'hypothèse de départ suivant laquelle, l'importance de chaque
service écosystémique d'approvisionnement des ressources en eau
de surface de la réserve est liée aux facteurs
géographiques et ethniques du milieu. Cependant, toutes les ethnies en
présence utilisent les ressources en eau de surface pour les besoins
domestiques et le transport dans toute la réserve. Sur la base des
principaux services écosystémiques d'approvisionnement
considérés par la présente étude, trente-un (31)
techniques d'usage sont présentes dans la réserve soit dix-neuf
(19) techniques traditionnelles et douze (12) techniques modernes. La technique
de parc à branchage « acadja » et les trous à poissons
« Houédo ou Ahlo » sont les plus utilisées dans le
domaine de la pêche en raison de leur rentabilité
élevée pour l'une et moyenne pour l'autre. Dans le secteur de
l'agriculture, la technique chimique est la plus rependue pour une
rentabilité moyenne. Ces résultats permettent de confirmer
l'hypothèse selon laquelle, les nouvelles techniques d'usages des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface ont un rendement supérieur à celle des techniques
traditionnelles. L'Analyse des Composantes Multiples (cours et plans d'eau,
techniques d'usage et ethnies) ont permis d'analyser les impacts de techniques
d'usage des services écosystémiques d'approvisionnement sur les
composantes environnementales (eau, terre, faune et flore) de la
réserve. Ainsi, l'agriculture chimique génère des impacts
négatifs sur toutes les composantes environnementales du fleuve
Ouémé. Quant à la technique de pêche « acadja
», ses impacts négatifs sur l'eau et la flore sont localisés
dans le lac Nokoué et la lagune
42
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
de Porto-Novo. C'est donc une confirmation de
l'hypothèse selon laquelle, les nouvelles techniques d'usage des
services écosystémiques d'approvisionnement
génèrent plus impacte sur les composantes environnementales de
milieu. Il est de ce fait primordial de mettre en place des mécanismes
de restauration et de gestion durable des ressources en eau de surface et des
services écosystémiques associés. La création et
l'opérationnalisation de la réserve de biosphère de la
basse vallée de l'Ouémé Bénin permettra à
long terme, de renforcer la diversité biologique des zones centrales et
tampon et de restaurer la capacité des écosystèmes
à produits les services écosystémiques indispensable
à l'amélioration des conditions de vie des populations. La
cartographie et l'évaluation économique des services
écosystémiques d'approvisionnement de la réserve est de ce
fait important pour comprendre et analyser la contribution des ressources
naturelles et des services écosystémiques de la réserve au
bien-être économique et social des communautés
riveraines.
I
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Références bibliographiques
ABE (Agence Béninoise pour l'Environnement), 2005.
Rapport Cadre de Gestion des Risques Environnementaux (CGRE) Projet de Gestion
Communautaire de la Biodiversité Côtière et Marine du
Bénin (Version finale), 60p.
ABOU M., YABI I., YOLOU I. & OGOUWALE E., 2018.
Caractérisation des systèmes de production sur les sites
d'aménagements hydro-agricoles dans le doublet Dangbo-Adjohoun au sud du
Bénin, Int. J. Biol. Chem. Sci. 12(1): 462-478, February 2018 ISSN
1997-342X (Online), ISSN 1991-8631.
AKLAMAVO B., GONZALLO G., VIGNINOU T. 2017. Importance et
contributions de la Fête «Wem?xwe» dans le développement
des communes de la Basse vallée de l'Ouémé, European
Scientific Journal, Edition Vol.13, No.26 ISSN: 1857 - 7881 (Print) e -
ISSN 18577431
AKOGBETO H. K., ZANKLANA A. S., ADJAHOUINOU C. FIOGBE E. D.
(2018). Degré d'eutrophisation et diversité phytoplanctonique de
la lagune de Porto-Novo, République du Bénin. 14(3) 42 - 57 42
ISSN (2018) 1813-548X.
ASSOGBADJO A. E. 2010. Biodiversité des ressources
alimentaires forestières et leur contribution à l'alimentation
des populations locales : Cas de la forêt classée de la Lama.
Thèse d'Ingénieur, Cotonou, FSA-UNB, (2010) 121 p.
ATTINGLI A. H., AHOUANSOU MONTCHO S., AGADJIHOUEDE H. &
LALEYE A. P, 2017. Paramètres physico-chimiques déterminants et
état de pollution de l'eau des zones de pêcherie dans la Basse
Vallée de l'Ouémé au Bénin, Afrique Science, Vol.
13, N° 1 (2017) 13 -23
BOYD J., BANZHAF S., 2007. What are ecosystem services? The need
for standardized environmental accounting units. Ecological Economics, 63(2-3),
616-626.
BUREAU B., 2018. Développement d'une
méthodologie de caractérisation et de cartographie des services
écosystémiques du lac Nokoué à dire des
communautés locales, Mémoire de Master en écologie,
Université des Antilles, 54p.
BYG A., BALSLEV H., 2001. Diversity and use of palms in Zahamena,
eastern Madagascar. Biodiversity and Conservation, 10, 951-970.
CARDONA A., 2012. L'introduction de la notion de »
services écosystémiques» : pour un nouveau regard sur le sol
? 6ème Journées de Recherches en Sciences Sociales,
Société Française d'Economie Rurale (SFER). FRA., Dec
2012, Toulouse (France), France. 14 p. ffhal-01005072f
DUFOUR C. & LARIVIERE V., 2014. Principales techniques
d'échantillonnage probabilistes et non-probabilistes. SCI 6060- cours
4.
II
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
GEROLD RAHMANN, VICTOR OLOWE, TIMOTHY OLABIYI, KHALID AZIM,
OLUGBENGA ADEOLUWA (Eds.) (2018) Scientific Track Proceedings of the TH 4
African Organic Conference. «Ecological and Organic Agriculture Strategies
for Viable Continental and National Development in the Context of the African
Union's Agenda 2063». November 58, 2018. Saly Portudal, Senegal.
GNOHOSSOU, P, 2006. La faune benthique d'une lagune ouest
africaine (le lac Nokoué au Bénin), diversité, abondance,
variations Temporelles et spatiales, place dans la chaine trophique.
Thèse de Doctorat, Institut National Polytechnique de Toulouse,
Toulouse, France, 151p+annexe.
INRAB, 2017 ; Bulletin de la Recherche Agronomique du
Bénin (BRAB) Numéro Spécial Développement Agricole
Durable (DAD) - Décembre 2017 BRAB en ligne (on line) sur les sites web
http://www.slire.net &
http://www.inrab.org ISSN
INSAE, 2013. Synthèse des principaux résultats
du RGPH-4 de l'ATLANTIQUE et l'OUÉMÉ. Cotonou, Bénin.
IPBES, 2018. Résumé à l'intention des
décideurs de l'évaluation régionale et des
évaluations sous-régionales de la biodiversité et des
services écosystémiques pour l'Afrique, 45p.
KPADONOU R. A. B., ADEGBOLA P. Y., TOVIGNAN S. D., 2010.
Application de la Programmation Stochastique Discrète à
l'évaluation de l'impact de la contrainte de crédit sur le revenu
et la production agricoles dans la basse vallée de
l'Ouémé, Poster presented at the Joint 3rd African Association of
Agricultural Economists (AAAE) and 48th Agricultural Economists Association of
South Africa (AEASA) Conference, Cape Town, South Africa, September 19-23,
2010
LALEYE P, 1995. Écologie comparée de deux
espèces de Chrysichthys, poissons Siluriformes (Claroteidae) du complexe
lagunaire « Lac Nokoué-Lagune de Porto-Novo » au Bénin.
Thèse de doctorat, Université de Liège, 199p.
LOUGBEGNON O T. NASSI K. M. GBESSO G. H. F., 2015.
Ethnobotanique quantitative de l'usage de Chrysophyllum albidum G. Don par les
populations locales au Bénin. Journal of Applied Biosciences 95:9028 -
9038, ISSN 1997-5902
MAMA D., DELUCHAT V., BOWEN J., CHOUTI W., YAO B., & al,
2011. Caractérisation d'un Système Lagunaire en Zone Tropicale :
Cas du lac Nokoué (Bénin). European Journal of Scientific
Research, Euro Journals, 2011, 56 (4), pp.516-528. ffhal-00654657f
MAMA D. 2010. Méthodologie et résultats du
diagnostic de l'eutrophisation du lac Nokoué (Bénin). Ecole
doctorale science technologie et santé laboratoire : groupement de
recherche Eau Sol Environnement - ea 4330, thèse de doctorat de
l'université de limoges
MCVDD, 2020, Plan d'Aménagement et de Gestion de la
Réserve de Biosphère de la Basse Vallée de
l'Ouémé, 114p.
III
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
MERAL P., 2012. Le concept de service
écosystémique en économie : origine et tendances
récentes, Natures Sciences Sociétés 20, 3-15.
MEA, 2005. Ecosystems and Human Well-being: Synthesis, Island
Press, Washington DC.
MYERS N., 1996, Environmental services of biodiversity,
Proceedings of the National Academy of Sciences, USA, Vol.93, pp. 2764-2769.
PELISSIER P. 1962. Les pays du Bas-Ouémé
(premier article). In : Cahiers d'outre-mer. N° 59 - 15e année,
Juillet-septembre 1962. pp. 204-254.
Ramsar : Convention sur les zones humides. (2018).
Perspectives mondiales des zones humides : état des zones humides
à l'échelle mondiale et des services qu'elles fournissent
à l'humanité. Gland, Suisse : Secrétariat de la Convention
de Ramsar.
RUSSI, D., TEN BRINK, P., FARMER, A., BADURA, T., COATES, D.,
ET AL. (2013). The economics of ecosystems and biodiversity for water and
wetlands. London and Brussels: IEEP; Gland: Ramsar Secretariat.
SABI LOLO ILOU B., SOGBOHOSSOU E.A., TOKO IMOROU I., HOUINATO
M.R.B. & SINSIN B., 2017. Diversité et importance
socio-économique des services écosystémiques dans la
réserve de biosphère de la Pendjari au nord-bénin, J.
Rech. Sci. Univ. Lomé (Togo), 19(3) : 15-28.
SOSSOU-AGBO Anani. Lazare, 2013, La mobilité dans le
complexe fluvio-lagunaire de la basse vallée de l'Ouémé au
Bénin, en Afrique de l'Ouest, Thèse de doctorat en
Géographie.
SIDI L. 1981. Contribution à l'étude de la
pêche continentale en république populaire du Bénin.
Thèse pour l'obtention du grade de Dr Vétérinaire 141p.
SINSIN B., KASSA B., KIDJO F. 2017. Zones d'importance
écologique particulière | Zones of special ecological importance,
https://docplayer.fr/22674760-Zones-d-importance-ecologique-particuliere-pour-la-conservation-de-la-biodiversite-au-benin.html#show_full_text
; 05/06/21 à 11h40 mn.
VASSEUR L., SIRON, R., 2019, Évaluation des services
écosystémiques dans les réserves de biosphère de
l'UNESCO, Commission canadienne pour l'UNESCO.
IV
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Liste des illustrations
Figure 1: Carte de la situation géographique et du
réseau hydrographique de la RB-BVO 11
Figure 2: Importance des services Ecosystémiques
d'Approvisionnement en fonction des ethnies 18
Figure 3: Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement du fleuve Ouémé
19
Figure 4: Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement du lac Nokoué 20
Figure 5 : Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement de la rivière Sô
20
Figure 6 : Valeur d'importance des services
écosystémiques d'approvisionnement de la lagune de Porto-Novo
21
Figure 7 : Produits de pêche du lac Nokoué 23
Figure 8 : Produits de récolte dans le
périmètre du fleuve Ouémé 23
Figure 9 : Composition des tas de sable brun dans le village
d'Abéokouta 24
Figure 10 : Lieu de libation du fétiche « Assouka
» à Houédo-gbadji 25
Figure 11 : Principales techniques et engins de pêche de
la RB-BVO 26
Figure 12 : Illustration des techniques et engins de
pêche 26
Figure 13 : Principales techniques de production agricole et
d'élevage de la RB-BVO 27
Figure 14 : Quelques éléments de l'agriculture
chimique 27
Figure 15 : Principales techniques de transport et
d'exploitation du bois dans la RB-BVO 28
Figure 16 : Principales techniques de transport sur les
ressources en eau de surface de la réserve 28
Figure 17 : Principale techniques d'exploitation des eaux pour
les besoins domestiques, les pratiques religieuses et
d'exploitation de sable fluvial et lagunaire 29
Figure 18 : Technique traditionnelle d'exploitation de sable
fluvial et lagunaire 30
Figure 19 : Rendements des techniques d'exploitation des
principaux services écosystémiques 31
Figure 20 : Analyse en Composantes Multiples des impacts sur
l'eau 32
Figure 21 : Analyse en Composantes Multiples des impacts sur
la terre 33
Figure 22 : Analyse en Composantes Multiples des impacts sur
la faune 34
Figure 23 : Analyse en Composantes Multiples des impacts sur
la flore 35
Figure 24 : Toposéquence des gradients de la RB-BVO
37
Figure 25 : Consentement aux mesures de gestion durable des
services écosystémiques 38
Figure 26 : Vue aérienne d'une zone de pêche
« acadja » dans le lac Nokoué VI
Figure 27 : Observation aérienne des activités
d'extraction de sable fluvial et lagunaire VI
Liste des tableaux
Tableau 1 : Matériels d'étude 12
Tableau 2 : Synthèse de l'échantillonnage 13
Tableau 3 : Valeurs consensuelles des types d'utilisation des
ressources en eau de surface 21
Tableau 4 : Itinéraires techniques des principales
techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface de la
réserve. I
V
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Annexe 1 : Fiche d'enquête
I. IDENTIFICATION DES PRINCIPALES FORMES D'UTILISATION DES
RESSOURCES EN EAU DE SURFACE DE LA RB-BVO :
A. Connaissez-vous la RB-BVO (Basse vallée de
l'Ouémé) ?
B. Si « OUI », identifier les services
écosystèmes liés aux ressources en eau de surface de la
réserve et hiérarchisez les en pourcentage
C. Utilisez-vous ces ressources en eau de surface pour
satisfaire vos besoins quotidiens ?
D. Si « NON », pourquoi ?
E. Si « Oui », identifier les besoins/usages ?
II. CARACTERISATION DES TECHNIQUES D'USAGE DES SERVICES
ECOSYSTEMIQUES D'APPROVISIONNEMENT (SE-A) DES RESSOURCES EN EAU DE SURFACE DE
LA RB-BVO
F. Quelles sont les techniques que vous utilisez pour exploiter
les ressources en eau de surface ?
G. Ces ressources en eaux de surface participent-elles
directement aux revenus de votre ménage ?
H. Si « NON », pourquoi ?
I. Si « OUI », Quelles sont les pourcentages de ces
ressources aux revenus mensuels du ménage ?
J. Quelle est selon vous, la tendance évolutive
(qualité/quantité) des ressources en eau de surface disponible
dans la RB-BVO
III. IMPACT DES TECHNIQUES D'USAGES DES RESSOURCES EN EAU DE
SURFACE SUR LES
COMPOSANTES ENVIRONNEMENTALES DU MILIEU
K. Existe-t-il selon vous des impacts sur les composantes
environnementales du milieu (Terre, eau, air, faune et flore) dus aux
techniques d'usage des ressources en eau de surface ?
L. Si « NON » pourquoi ?
M. Si Oui, lesquels ?
N. Selon vous quelles sont les trois premiers domaines
d'activités qui causent plus d'impacts négatifs ?
O. Pouvez-vous donnez une échelle d'impact
/dégradation des différents écosystèmes de la
réserve ?
P. Quelles sont selon vous, les approches d'utilisation durable
des ressources en eaux de surface dans la RB-BVO ?
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Annexe 2 : Photothèque
Figure 26 : Vue aérienne d'une zone de
pêche « acadja » dans le lac Nokoué
Figure 27 : Observation aérienne des
activités d'extraction de sable fluvial et lagunaire
VI
I
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
Tableau 4 : Itinéraires techniques des
principales techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement de la réserve.
N°
|
TECHNIQUES & ENGINS
|
ITINERAIRES TECHNIQUES
|
Produits halieutiques
|
01
|
Nasses
|
Description : Classée technique de pêche passive,
les nasses sont des cages de 1 m en moyenne, de forme conique ou cylindrique
fabriquées à base de baguettes de matériaux
végétatif (le plus souvent le palmier raphia).
|
Mode d'emploi : Elles sont principalement utilisées
pendant la période de crue (quand le courant est fort) pour la
pêche des poissons de grande taille. Les nasses sont posées en
embuscade contre les bordures ou à l'entrée de couloirs (les
poissons longent les bordures quand le débit est fort).
|
Type de capture : Elles sont utilisées pour capturer
les Clarias gariepinu, Chrysichthys nigrodigitatus, Heterotis
niloticus. D'autres formes de nasses sont utilisées pour la capture
des crevettes.
|
02
|
Filets dormants
|
Description : Considérée comme une technique
passive, les filets dormants sont de forme rectangulaire et suffisamment long
entre 20 m à 40 m, pour une chute qui est approximative à la
taille d'un homme. Les ralingues supérieures sont munies de flotteurs
tandis que les ralingues inférieures sont armées de plombs.
|
Mode d'emploi : Le plus souvent utilisés sur les cours
d'eau, les filets dormants sont disposés de façon transversale
pour faire barrage. Ils sont soutenus par deux barques immobilisées, un
piquet à chaque extrémité ou encore attachés
à des ancres qui permettent de fixer l'engin.
|
Type de capture : Les filets dormants sont des engins de
pêche utilisés pour pêcher des Clarias gariepinu,
Chrysichthys nigrodigitatus, Heterotis niloticus etc.
|
03
|
Filets barrage (Medokpokonou)
|
Description : Cette technique de pêche passive est
composée d'un filet central de mailles très fines et long de 30
à 60 m. Cet engin central est le plus souvent raccordé à
une, deux ou trois terminaisons de filets à mailles fines en forme de
sac.
|
Mode d'emploi : L'engin est fixé dans le fond du cours
ou plan d'eau au moyen des piquets (le plus souvent en bambou).
|
II
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
|
|
Chaque guideau a une ouverture sur un flanc de la ligne
principale pour piéger toutes ressources halieutique prises au
piège. La récolte est journalière et l'engin est à
nouveau installé pour d'autres captures.
|
Type de capture : Cette technique est assez productive mais
prohibée en raison des captures de petites tailles et des
fretins. Elle permet la récolte de Tilapia
melanotheron, Tilapia guineensis, Mugil cephalus, Heterotis
niloticus, Chrysichthys nigrodigitatus, Ethmalosa fimbriata, Penaeus
duorarum etc.
|
04
|
Trous à poissons (Houédo ou Ahlo)
|
Description : Considérée comme une pêche
passive, les trous à poissons sont des tranchées dans les plaines
d'inondation au moyen de la daba (outil traditionnel). Par ailleurs, les
tranchées creusées lors des réalisations des digues et
diguettes pour les cultures de décrue servent également de trous
à poissons.
|
Mode d'emploi : Les populations profitent de la décrue,
juste avant la montée des eaux (juin à août) pour installer
les trous à poissons. La remontée des eaux pendant la crue fait
des apports en d'eau et de produits halieutiques qui sera exploité
dès la prochaine décrue.
|
Type de capture : Les trous à poissons piègent
une variété de produits de pêche dont ; Hemichromis
fasciatus, Tilapia melanotheron, Tilapia guineensis, Clarias gariepinu,
Chrysichthys nigrodigitatus, Ethmalosa fimbriata, Pellonula leonensis, Elops
lacerta, Pomadasys jubelini, Heterotis niloticus, etc., et crevettes.
|
04
|
Parcs à branchages (Acadja)
|
Description : Parfois qualifiée de technique
spéciale, le acadja est un refuge ou parc fait de branchages, de
préférence sur la portion d'un plan ou cours d'eau très
peu agité. Cet engin de pêche passive a une profondeur de 1m
à 1,5m et entouré de filets au moment opportun. La taille est
très variable et comprise entre 12 m2 à 7 ha. De
même, la période d'exploitation qui s'étend de
l'installation à la récolte est fonction de la taille de l'acadja
et varie entre 6 mois et trois ans. Compte tenu des types de ressources
halieutiques voulus, on y retrouve également des pneus usés et
des objets variés.
|
Mode d'emploi : L'exploitation d'un parc à branchage se
fait principalement en deux étapes que sont l'installation et la
récolte.
Installation : Elle se fait sur une surface
délimitée du cours ou plan d'eau ou est fixé dans le fond
sous forme de délimitation, des bois assez solides. Des branchages sont
ensuite disposés pèles-mêles dans l'enceinte, avec une
forte
|
III
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
|
|
densité de branchage au coeur du parc. De façon
optionnelle, des pneus usés ou d'autres matériaux peuvent
être introduits. Les installations d'acadja sont majoritairement faites
de bois de Bambusa vulgaris, Elaeis guineensis, et Acacia auriculiformis
etc.
Récolte : A l'approche de la récolte, les
installations sont entourées de filets dont la hauteur à la
surface de l'eau est d'environ 1,5 m à 2 m. Pour les petites
installations, les branchages et autres matériaux sont retirés et
à l'aide des épuisettes ou des paniers, les produits halieutiques
sont prélevés jusqu'à épuisement. Pour les grandes
installations, les branchages et autres matériaux sont extraits suivant
des bandes définies autour de la zone centrale. Les filets se resserrent
au fur et à mesure que des bandes se libèrent jusqu'au noyau
central. Les branchages sont ensuite retirés du centre et au moyen des
épuisettes et paniers, les produits de pêche sont
récoltés.
L'installation et la récolte des acadja sont des
activités destinées aux hommes tandis que les femmes viennent en
appoint pour l'acheminement et la commercialisation des produits de
pêches.
|
Type de capture : Les parcs à branchages ou acadja sont
des refuges pour une diversité de poissons estuariens et d'eau douce.
Les récoltes sont en majorité composées de Hemichromis
fasciatus, Tilapia melanotheron, Tilapia guineensis, Clarias gariepinu,
Chrysichthys nigrodigitatus, Ethmalosa fimbriata, Pellonula leonensis, Elops
lacerta, Pomadasys jubelini etc.
|
05
|
Balances à crabes
|
Description : L'une des rares techniques actives de
pêche encore présentes, les balances à crabe sont des
pièges composés d'un cerceau principal en fer de 30 cm de
diamètre environ, fermé à la base par un filet
accroché aux extrémités. Un flotteur est suspendu à
la partie supérieure au moyen d'une ficelle.
|
Mode d'emploi : La préparation des balances à
crabe se fait avec un infirme morceau de chaire animale pour servir
d'appât. Le pêcheur à bord d'une embarcation, balance les
dispositifs à la surface de l'eau qui laissent apparaître les
flotteurs en une ligne. Après une période d'observation de 30 mn
à 1 heure, le pêcheur revisite ses balances pour la récolte
des crabes. Il appâte à nouveau ses pièges et les
reposent.
|
Type de capture : Cet engin spécifique de pêche sert
à capturer principalement les Callinectes latimanus.
|
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
06
|
Filets éperviers
|
Description : C'est la principale technique de pêche
active dans toute la réserve. Le filet épervier est formé
autour d'une corde assez longue (5 m à 10 m) en fonction de son
étendu. De cette corde axiale est composée d'une porche conique
évasée à base de filets dont le maillage varie d'un filet
épervier à un autre. La base du filet épervier est
armée de plombs.
|
Mode d'emploi : C'est la technique de pêche la plus
active. A bord des embarcations, le pêcheur s'emploie à
étaler le plus possible son filet épervier. Ensuite il tire de
façon très ingénieuse la corde axiale pour ramener le
filet et vider le contenu dans l'embarcation.
|
Type de capture : Cette technique de pêche n'est pas
sélective et permet de récolter toutes les variétés
de produits halieutique dont ; Hemichromis fasciatus, Tilapia melanotheron,
Tilapia guineensis, Clarias gariepinu, Chrysichthys nigrodigitatus, Ethmalosa
fimbriata, Pellonula leonensis, Elops lacerta, Pomadasys jubelini, Heterotis
niloticus etc., et crevettes.
|
Production agricole
|
07
|
Chimique
|
Description : Encore appelée technique conventionnelle
ou moderne, elle est faite de plusieurs étapes. La première est
celle de préparation des pépinières ; elle est suivie du
désherbage, le repiquage et semi, la lutte chimique contre les
organismes nuisibles et la récolte.
|
Mode d'emploi :
Préparation des pépinières : Sur des
diguettes de 1 m de large et 10 m long, ou sur des plateformes sur pilotis, les
producteurs rependent les graines et semences des légumes fruit, feuille
ou riz. En fonction de la spéculation, cette étape est entreprise
entre 2 ou 4 semaines avant le repiquage.
Désherbage : De nos jours, la presque totalité
des producteurs font recours aux herbicides pour le désherbage. Ces
produits chimiques sont appliqués au moins deux (02) semaines avant le
repiquage ou semis. Cette étape est programmée dès le
retrait d'eau sur les plaines d'inondation. Par contre le désherbage des
casiers pour la culture du riz est manuel.
Repiquage et semis : Les plantules issues des
pépinières servent au repiquage tandis que les autres
céréales et
|
V
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
|
|
légumineux sont semés. Le repiquage ou le semis
est fait soit dans les plaines d'inondation, soit sur des digues
remontées dans les aires marécageuses préparées
à cet effet.
Lutte chimique : Les pesticides spécifiques aux
spéculations sont pulvérisés dans les champs pour
renforcer la lutte contre les organismes indésirables. Cette lutte peut
se faire plusieurs fois avant les récoltes.
|
Produits de récolte : La production agricole dans la
réserve est composée de céréales (maïs, riz
etc.), légumes (tomate, piment, gombo, grande morelle etc.) tubercules
et racines (manioc, patate douce etc.) légumineux (niébé,
haricot etc.).
|
Eau pour le transport
|
09
|
Motricité humaine
|
Description : C'est la technique ancestrale ou traditionnelle
de transport dans la réserve. C'est un type de pirogue monoxyle
(taillée dans un troc d'arbre) ou faite de planche dont la taille varie
entre 4 m et 7 m.
|
Mode d'emploi : Ces embarcations sont propulsées
manuellement au moyen des pagaies ou d'une pêche. Le plus souvent, la
pêche est utilisée par les hommes tandis que les femmes utilisent
les pagaies.
|
Motif de transport : Elles servent aux déplacements
personnels (2 à 6 personnes) ou de transport commun sur de courtes
distances.
|
10
|
Motorisé
|
Description : Elle est moderne et caractérisée
de barques faites de planches à fond plat. Ces barques ont de dimensions
variables (de 7 m à 30 m).
|
Mode d'emploi : En fonction de la taille et des intentions de
transport ces embarcations sont munies de moteurs hors-bords de puissance
équivalente. Il n'est pas rare de voir des associations de 2 à 4
barques propulsées par un seul moteur (surtout dans le cas des
transports de sable fluvial et lagunaire). De même, plusieurs moteurs
hors-bords sont mis en association dans le cas du transport des produits
pétroliers au moyen de très grandes barques.
|
Motif de transport : Elles sont destinées à
l'usage personnel, au transport des personnes, des produits de pêche, des
marchandises et produits pétroliers (en particulier avec le
Nigéria), mais également du sable fluvial et lagunaire.
|
11
|
Voile artisanal
|
Description : Elle s'apparente à une technique
traditionnelle avec des pirogues faites de planche dont la taille varie
entre
|
VI
Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021
|
|
4 et 7 m. Elles sont munies asseoiement d'une voile de fortune
sur un support de bois en forme croisée.
|
Mode d'emploi : Tôt le matin ou tard le soir, les
voiliers traditionnels profitent de la marée et du vent qui l'accompagne
pour la propulsion des pirogues. Les pagaies servent dans ce cas de gouvernail
pour diriger l'embarcation.
|
Motif de transport : Ils servent essentiellement aux
déplacements personnels (2 à 4 personnes).
|
Sable fluvial et lagunaire
|
12
|
Traditionnelle
|
Description : C'est un dispositif composé d'une barque
immobilisée au moyen de deux piquets ou d'une ancre. Un seau avec
plusieurs trouaisons dans sa partie inférieure est le principal outil de
prélèvement. En fonction de la profondeur de l'eau, des
échelles ou des cordes sont parfois utilisées.
|
Mode d'emploi : Très énergétique, la
technique traditionnelle d'exploitation de sable fluvial et lagunaire se fait
en 3 étapes.
Extraction : Réalisée par une ou deux personnes,
le plongeur remonte à chaque plongée, un seau de sable pour
remplir la barque immobile. Mais dans les zones de profondeur ou en
période de crue, le plongeur utilise une échelle pour remonter le
seau. Dans d'autres cas, il se fait aider par une deuxième personne pour
faire hisser le seau à la surface à l'aide d'une corde. Cette
étape est consacrée aux hommes
Déchargement : Fais en majorité par les femmes,
elles utilisent des bassines de capacité variée pour le
déchargement du contenu des barques sur la rive.
Chargement : Un autre groupe 2 à 4 personnes (des
hommes) s'occupe du chargement des véhicules articulés (camion).
Ce chargement est fait de façon manuelle avec des pelles.
|
Type de sable : En générale, trois types de
sable fluvial et lagunaire sont extraits dans la réserve de
biosphère de la basse vallée de l'Ouémé. Il s'agit
du sable brun, du sable gris et du sable hydromorphe.
|
|