REPUBLIQUE DU CAMEROUN
REPUBLIC OF CAMEROON
PAIX - TRAVAIL - PATRIE
PEACE - WORK - FATHERLAND
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UNIVERSITE DE YAOUNDE 1
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE 1
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FACULTE DES ARTS, LETTRES
FACULTY OF ARTS, LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE
POST GRADUATE SCHOOL, FOR
FORMATION DOCTORALE EN
SOCIAL AND EDUCATIONAL
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES
SCIENCES
ET EDUCATIVES
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U UNITE DE RECHERCHE ET DE
DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR
FORMATION DOCTORALE EN
HUMAN AND SOCIAL SCIENCES
SCIENCES HUMAINES ET
SOCIALES
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DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
DEPARTMENT OF GEOGRAPHY
VULNERABILITE ET ADAPTATION DES ACTIVITES
AGROPASTORALES
A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA
REGION DU MANDOUL AU TCHAD
THESE
Présentée en vue de l'obtention du grade
de
Docteur (Ph.D.) en Géographie
Option : Climatologie
Par
ALLAÏSSEM SIADMADJI
Membres du Jury
Président : TCHAWA Paul, Pr.
Rapporteur : NGOUFO Roger, MC.
Membres : GONNE Bernard, MC.
NOUPOU Moïse MC.
DZANA Jean-Guy, MC.
Présentée et
soutenue le 20 juin 2016
DEDICACE
A mon père Siadmadji Madita et ma
mère Seloum Sophie. Pour votre amour, votre soutien,
vos encouragements, votre confiance, et tous vos sacrifices qui m'ont permis
d'aller au bout de mes rêves. Merci d'avoir cru en moi. Aujourd'hui,
c'est le reflet du fruit de tous vos efforts.
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à
toutes les personnes qui se sont constamment investies pour la bonne
réussite de ce travail de recherche. Qu'il me soit permis de les
remercier vivement.
A mon Directeur de thèse, le Pr Roger Ngoufo, qui a
assuré l'encadrement scientifique de ce travail. Les mots me manquent
pour lui témoigner toute ma gratitude. Sa volonté, sa
persévérance, sa disponibilité et son soutien moral, sont
autant de facteurs qui m'ont beaucoup stimulé. Il m'a appris à me
battre et à ne pas m'arrêter à mi-chemin, quels que soient
les obstacles. Sa rigueur et ses critiques pertinentes ont apporté un
plus à ce travail; elles m'ont aidé à cultiver le sens de
la perfection.
Qu'il me soit permis aussi d'exprimer mes vives gratitudes aux
membres du jury pour avoir accepté d'examiner ce travail malgré
leurs multiples tâches. Au Pr. Paul Tchawa, Chef du Département de
Géographie de l'Université de Yaoundé I, au Pr. Tsalefac,
au Dr. Abossolo, à tous les Enseignants du Département de
Géographie de l'Université de Yaoundé I, au Service de la
Scolarité et au Décanat, j'adresse mes remerciements : aux
uns pour leur apport dans la reformulation et la validation du thème
d'étude et aux autres pour leur contribution dans l'aboutissement des
différentes démarches administratives et scientifiques.
Que Madjirebaye Bernéal, Me Nadji Madou, Freddy
Millet, Dr Mouimou Djekoré, Djiddi Klamong,
Hervé Kembatna, Modjiyo Sou, Allara Ngalbogui, Bétokari
Djimamnodji, Roger Rangarmardé, Ada Bourkou, Abdoulaye Goudja, Solange
Padja, Abakar Abdelkerim trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude
pour leur assistance et encouragements. Je leur suis gré des
contributions multiformes qu'ils m'ont apportées. Je ne saurais oublier
mes amis qui m'ont apporté leur soutien moral et indéfectible, il
s'agit de: Mora Touimbaye, Madjadoum Hermann, Ratnan Théodore, Ngueyam
Josué et bien d'autres.
Mes pensées et ma sincère reconnaissance vont
à mes frères et soeurs Neloumta, Benjamin, Madjimta, Béni,
à mes fils Nguerassem Allaïssem, Bonheur
Allaïssem, Prince Allaïssem, Mesack Allaïssem,
Evodie Rémadji Allaïssem et à mon épouse Mata
Koulsi, qui m'ont soutenu, encouragé et supportant mes
longs moments d'absence.
Enfin, in memorium à mes fils Ephraïm
Allaïssem, Abednégo Allaïssem et à ma fille Tryphose
Allaïssem, rappelés auprès du Seigneur.
RESUME
Cette étude menée dans la région du
Mandoul au sud du Tchad porte sur la variabilité climatique. Son
objectif principal est de faire une évaluation générale de
la vulnérabilité et des stratégies d'adaptation des
populations locales face à ce phénomène et aux risques
associés. La question centrale de cette étude consiste à
savoir comment les populations locales s'organisent, ou pourraient s'organiser
pour mieux s'adapter aux répercussions des effets négatifs de la
variabilité climatique dans une région entamée par la
vulnérabilité ? De cette interrogation, l'hypothèse
principale stipule que la variabilité climatique affecte de
manière négative et de plus en plus croissante les productions
agropastorales.
Pour vérifier cette hypothèse principale et les
hypothèses secondaires afférentes, une analyse statistique de la
période allant de 1960 à 2009 est faite, en se basant sur la
démarche IMRAD combinée au modèle
Pression-Etat-Réponse (PSR). Les données socio-économiques
qui ont été collectées sur un échantillon de 250
personnes ainsi que les entretiens obtenus révèlent que les deux
décennies les plus marquées sont 1970-1980 et 1981-1990. Les
risques climatiques identifiés sont les sécheresses, les
inondations, les vents forts, la température élevée, la
mauvaise répartition des pluies, le décalage des saisons...
L'analyse de ces impacts a montré une tendance à la hausse de la
température (0,2°C) et une baisse progressive de la
pluviométrie (-250 mm) qui porte un coup négatif sur les
productions agropastorales.
A cet effet, les populations ont développé
plusieurs stratégies d'adaptation leur permettant de réduire la
vulnérabilité. Ainsi, à l'est et l'ouest de la
région, où l'impact de la variabilité climatique est
très fort, les populations sont très conscientes et adoptent les
mesures d'adaptation dont les plus dominantes sont: l'utilisation du fumier,
l'utilisation de la variété précoce, les semis
hâtifs, les diguettes, les cordons pierreux et la mobilité du
bétail. Par contre, au Sud de la région, dans le
département de Barh-Sara, où l'impact est modéré,
les mesures d'adaptation sont limitées et certains producteurs restent
indifférents tout en étant conscients des risques climatiques.
Mots clés :
Variabilité climatique, vulnérabilité, adaptation.
ABSTRACT
This study carried out in the region of Mandoul, southern Chad
focuses on climate variability. Its main objective is to make a general
assessment of vulnerability and the adaptation strategies of local people
towards this phenomenon and the associated risks. The central question of this
study was to investigate how local people are organizing themselves, or could
organize to better adapt to the impact of negative effects of climate change in
a region hindered by vulnerability. From this question, the main hypothesis
states that climate variability has increasing negative impacts on agropastoral
productions.
In order to verify this main hypothesis and the others
assumptions linked to it, a statistical analysis has been made on the period
1960-2009 based on the IMRAD method combined with the Pressure - State -
Response (PSR) model. The socio-economic data that were collected on a sample
of 250 people and the interviews made show that the two decades more concerned
are 1970-1980 and 1981-1990. The identified climate risks are droughts, floods,
strong winds, high temperature, poor distribution of rainfall, seasons
shifting... The analysis of these impacts has shown a rising trend in
temperature (0.2°C) and a gradual decline in rainfall (250mm) which
carries a negative hit on agropastoral productions.
To this end, people have developed many adaptation strategies
to reduce their vulnerability. Thus, in the east and west parts of the region,
where the impact of climate change is very strong, people are very conscious
and adopt adaptation measures; the most dominant are the use of manure, the use
of early maturing variety, the early plantings, bunds, stone bunds and
livestock mobility. On the contrary, in the south of the region, in the
department of Barh-Sara, where the impact is moderate, adaptation measures are
limited and some producers are indifferent while being aware of climate
risks.
Keywords: Climate variability,
vulnerability, adaptation, impacts.
SOMMAIRE
Dédicace I
Remerciements
II
Résumé
............
III
Abstract
IV
Liste des figures
VII
Liste des tableaux
IX
Liste des photos
XI
Introduction
1
Première partie
41
Chapitre I : Contexte
géographique de la region du mandoul
42
1.1. Bref aperçu sur le
Tchad.............................................................................42
1.2. Etude diagnostique de la région du
Mandoul.....................................................45
1.3. Contexte naturel de la
production..................................................................75
1.4. Contraintes de l'élevage face à la
variabilité climatique.........................................82
Chapitre II :
Variabilité climatique dans la region du mandoul entre janvier 1960 et
decembre 2009 90
2.1. Une crise climatique aux conséquences
multiformes............................................90
2.2.. Démmarage de la saison des
pluies............ 96
2.3. Les périodes climatiques
........................................................................119
2.4. Les chroniques climatiques étudiées sur la
période 1960-2009..............................121
2.5. Années extrêmes en fonction des
précipitations et températures moyennes................123
2.6. Une évolution pluviométrique significative
après 1988........................................123
2.7. Variabilité climatique interannuelles des
écarts à la moyenne (1960-2009) ...............124
2.8. Projection régionale de scenario de futurs
changements à l'horizon 2030, 2060 et
2100.........................................................................................................................................126
2.9. Projection de changement au niveau
local........................................................126
2.10. Quelles projections pluviométriques
régionales................................................127
Deuxieme
partie :........................................................................................132
Chapitre III :
Vulnérabilité et impacts de la variabilité climatique sur
le système
agricole......................................................................................................133
3.1 Contraintes des variabilités
climatiques......................................................... 133
3.2. Identification des risques
climatiques.............................................................136
3.3. Vulnérabilité de l'agriculture face à
la variabilité climatique ..............................141
3.4. Les groupes vulnérables et les causes de leur
vulnérabilité....................................142
3.5. Méthodes traditionnelles d'élaboration du
calendrier agricole................................148
3.6. Sécheresses
agricoles...............................................................................151
3.7. Les risques climatiques observés par les populations
locale .................................158
Chapitre IV:
Vulnérabilité et impacts de la variabilité climatique sur
les différents systèmes d'élevage dans la region du
mandoul 176
4.1. Déficits pluviométriques et activités
pastorales................................................176
4.1.1 Le
pastoralisme....................................................................................179
4.1.2 Les ressources
fragmentaires...............................................................
...180
4.1.3 Les moyens d'existence
mobile............................................................... 180
4.2. Les différents types
d'élevage.....................................................................182
4.3. Influence du climat sur la dynamique des
aires pastorales 188
Troisième partie
.......................................................................................219
Chapitre V: Adaptation
des systemes agricoles à la variabilité climatique dans la
région du
Mandoul...................................................................................................220
5.1. Les
faits..............................................................................................220
5.2. Les Adaptations du type collectif
244
5.3. Le rôle des femmes
244
5.4. Modification de la date des semis
245
5.5. Les techniques culturales d'adaptation mises en place par
les ONGs.......................245
5.6. Lutte contre les "faux
départs"...................................................................245
Chapitre VI :
Adaptation des activités pastorales liées à la
variabilité climatique dans la région du
Mandoul...............................................................................................265
6.1. Comment les éleveurs tentent-ils de
s'adapter.............................................................266
6.2. Comprendre le risque sanitaire pour mieux lutter contre les
maladies.....................269
6.3. Description de l'année pastorale
..............................................................269
6.4. Une extrême mobilité
...........................................................................272
Conclusion
générale....................................................................................306
Bibliographie.............................................................................................316
LISTE DES
FIGURES
Figure 1 :
Schéma conceptuel lié à la variabilité climatique
et de ses impacts
21
Figure 2 :
Arborescence de la démarche méthodologique
32
Figure 3 : Matrice
synthétique de la recherche
40
Figure 4 : Zone
d'étude dans le découpage régional du territoire
tchadien
45
Figure 5: Zone
bioclimatique du Tchad 47
Figure 6 : Evolution
moyenne de l'évapotranspiration potentielle de 1960 à 2009
à la station de Koumra 50
Figure 7 :
Réseau hydrographique de la région du Mandoul
52
Figure 8 : Differents
types de sols de la region 57
Figure 9 : Evolution
de la température moyenne annuelle de 1960-2009 92
Figure 10 : Evolution
moyenne de l'humidité relative entre 1960 et 2009 94
Figure 11: Evolution
pluviométrique moyenne mensuelle de la région du Mandoul de 1960
à 2009. 99
Figure 12: Diagramme
ombrothermique de la région du Mandoul 100
Figure 13: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie 1960-1969
102
Figure 14: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie 1970-1979
103
Figure 15: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie 1980-1989
104
Figure 16: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie 1990-1999
105
Figure 17: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie 2000-2009
106
Figure 18 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1960 et 1969
108
Figure 19:
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1970 et 1979
108
Figure 20 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1980 et 1989
109
Figure 21 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1990 et 1999
109
Figure 22:
Déviation pluviométrique interannuelle entre 2000
et 2009 110
Figure 23: Proportions de
décades sèches et humides 116
Figure 24 : les
températures mensuelles moyennes des cinq stations (en °C)
124
Figure 25: le cumul mensuel
des précipitations (en mm) des cinq stations 124
Figure 26: Indicateurs
d'exposition climatique sur les écosystèmes
145
Figure 27 :
Indicateurs d'impacts ou de risques climatiques sur les groupes cibles
147
Figure 28: Indicateurs
d'exposition climatique sur les populations 147
Figure 29: Evolution
des fréquences des petites pluies inferieures à 10 mm
156
Figure 30 : Risques
climatiques de la région du Mandoul classés par ordre
décroissant 159
Figure 31: Evolution des
superficies cultivées et de la production en mil (1960- 2009)
162
Figure 32: Evolution des
superficies cultivées et de la production du sorgho de 1960 à
2009 dans la région du Mandoul 163
Figure 33: Evolution des
superficies cultivées et de la production agricole en Maïs (1960-
2009) 164
Figure 34 Evolution des
superficies cultivées et de la production en riz (1960- 2009)
166
Figure 35: Evolution des
superficies cultivées et de la production arachidière (1960-
2009) 166
Figure 36:
Répartition des répondants selon le sexe. 221
Figure 37:
Répartition géographique des répondants
222
Figure 38 :
Répartition des répondants par tranche d'âge et sexe
223
Figure 39: Situation
professionnelle des répondants. 224
Figure 40: Perception de la
variabilité climatique par les populations de la région
226
Figure 41 :
Répartition spatiale des impacts de la variabilité climatique
227
Figure 42 : Causes
liées à la variabilité climatique 231
Figure 43 :
Conséquences de la variabilité climatique sur l'agriculture
231
Figure 44 :
Stratégies d'adaptation 235
Figure 45 : Quelques
stratégies mises en place 236
Figure 46: Pratique des
différentes techniques de rétention de l'eau
246
Figure 47 : Schéma
de l'organisation d'un ferrick non loin du village Laboute au Mandoul-Est
_275
Figure 48 : Position
des ferricks par rapport aux villages 279
Figure 49 :
Réseau social établi entre les éleveurs
283
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Des
saisons de la région du Mandoul 48
Tableau 2 : Situation
géographique du réseau pluviométrique
49
Tableau 3 : Superficie
d'unités d'occupation des sols en 1964 79
Tableau 4 :
Déficit pluviométrique théorique (1960-2009)
94
Tableau 5:
Précipitations et températures moyennes
mensuelles 100
Tableau 6: Décennie
1960-1969 101
Tableau 7:
Décennie 1970-1979 102
Tableau 8:
Décennie 1980-1989 103
Tableau 9:
Décennie 1990 -1999 105
Tableau 10:
Décennie 2000-2009 106
Tableau 11 :
Synthèse de séquences pluviométriques sur
la station de Koumra 110
Tableau 12 : Statistiques
sommaires des variables 115
Tableau 13: Matrice des
corrélations de la première CAH 115
Tableau 14: Première
caractérisation des classes 1 et 2 par les variables
116
Tableau 15: Première
caractérisation des classes par les variables 117
Tableau 16 : Seconde
caractérisation des classes 1 et 2 par les variables
120
Tableau 17: Seconde
caractérisation par les variables 122
Tableau 18 : Variation
des températures moyennes interannuelles des cinq stations de 1960
à 2009 122
Tableau 19 : Moyennes
pluviométriques interannuelles des cinq stations de 1960-2009
122
Tableau 20: Côtes
d'inondations à Bedaya 139
Tableau 21: Impacts
environnementaux et socio économiques des évènements
climatiques 140
Tableau 22: Causes de la
vulnérabilité des écosystèmes à la
variabilité climatique 142
Tableau 23: Causes de la
vulnérabilité des groupes cibles à la variabilité
climatique 143
Tableau 24 : Echelle de
cotation 143
Tableau 25 : Evaluation des
services rendus 144
Tableau 26: Evaluation des
modes d'existence 146
Tableau 27: Périodes
de semis ou bouturage 150
Tableau 28 : Pentades
sans pluies qui stressent les cultures sur parcelles à faible
capacité de rétention d'eau dans les plaines en saison humide
152
Tableau 29: Rendements
extrêmes en kilogramme à l'hectare 158
Tableau 30 :
Degré de risque climatique sur les différents
secteurs d'activités 159
Tableau 31: Evolution des
superficies cultivées et la roduction du
mil.............................162
Tableau 32 : Exigence
de quelques cultures maraîchères 168
Tableau 33:
Effet de la chaleur sur les vaches laitières
210
Tableau 34:
Différents systèmes de production des bovins
216
Tableau 35: Cas des
productions porcine et avicole 217
Tableau 36 :
Répartition des répondants selon les tranches d'âge et le
sexe. 223
Tableau 37 :
Manifestation des aléas et prise de conscience des populations
229
Tableau 38: Technique de
lutte contre les «faux départ » 246
Tableau 39: Quelques
plantes insecticides ou insectifuges 251
Tableau 40:
Différents points d'abreuvage en 2008 267
Tableau 41 :
Techniques utilisées 268
LISTE DES
PHOTOS
Photo 1 : Fleuve Bahr
Sara, Cliché Rebaye, Maïnané, Juillet 2009.
53
Photo 2 : Une vue sur
le petit Mandoul, Cliché A. Siadmadji, Kemkada, Septembre 2009.
54
Photo 3 : Savane du
type 1, cliché INSH, 2008. 61
Photo 4 : Savane du
type 2, cliché INSH, 2008. 62
Photo 5 : Savane du
type 3, cliché INSH, 2008 63
Photo 6 : Forêt
galerie, cliché INSH, 2008 64
Photo 7 : Ilot
forestier, cliché INSH, 2008. 65
Photo 8: Champ de coton
74
Cliché 9:
L'occupation des sols en 2008 77
Photo 10: Elagage
sévère d'un Parkia biglobosa 83
Photo 11: Troupeau de
bétail dans un champ de sorgho 85
Photo 12: Troupeau de
transhumance 86
Photo 13: Sous-bois
dégradé et marre d'eau en disparition dans le canton Ngalo
178
LISTE DES ABREVIATIONS,
SIGLES ET ACRONYMES
AGNU : Assemblée Générale des Nations
Unies
ASECNA : Agence de Sécurité et de Navigation
Aérienne
BAOBA : Bureau d'Appui aux Organisations de Base
BET: Borkou Ennedi Tibesti
BP : Before Present (avant le présent)
CAH : Classification Ascendante Hiérarchique
CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad
CCIAMA : Chambre de Commerce, d'Industrie, d'Agriculture, de
Mines et Artisanat
CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques
CCNUCD : Convention Cadre des Nations Unies Contre la
Désertification
CFC : Chlorofluorocarbure
CH4 : Méthane
CIN : Comité Intergouvernemental de
Négociations
CNI : Communication Nationale Initiale
CNUED : Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement et le Développement
CO : Monoxyde de Carbone
CO2 : Dioxyde de Carbone
COMIFAC : Commission des Forêts de l'Afrique
Centrale
CP : Conférence des Parties
CSC : Captage et Stockage du Carbone
CT : Continental Terminal
DREM : Direction des Ressources en Eau et en
Météorologie
ESE : Est Sud-est
FEM : Fonds Mondial pour l'Environnement
FIT : Front Intertropical
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe International des Experts sur l'Evolution
Climatique
GMVS : Grande Muraille Verte du Sahel
GPS: Global Positionning System
HCFC: Hydro chlorofluorocarbure
HFC : Hydrofluorocarbure
IP : Indice de Pluviosité
IPCC Intergovernmental Panel on Climate Change
ITH: Indice de Température - Humidité
JEA : Jet d'Est Africain
MDP : Mécanisme de Développement Propre
N2O : Hémioxyde d'Azote
NASA : National Aeronautics and Space Administration
NNE : Nord Nord-est
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMM : Organisation Mondiale de la
Météorologie
ONDR : Office National de Développement Rural
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAN/LCD : Plan d'Action National de Lutte Contre la
Désertification
PAN/PB : Plan d'Action Nationale pour la Protection de la
Biodiversité
PANA/CC : Programme d'Action Nationale d'Adaptation aux
Changements Climatiques
PAS : Plan d'Action Stratégique
PFC : Perfluorocarbone
PIB : Produit Intérieur Brut
PIDR : Plan d'Intervention au Développement
Rural
PITTE/ABN : Projet d'Inversion de la Tendance à
la Dégradation des Terres et Eaux de l'Autorité du Bassin du
Niger
PNAE : Programme National d'Action pour l'Environnement
PNB : Produit National Brut
PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
PRAPENS : Projet Régional d'Augmentation des
Précipitations par Ensemencement des Nuages au Sahel
PROADEL : Projet d'Appui au Développement Local
PS/CO2 : Puits de Séquestration du Dioxyde de
Carbone
RCA : République Centrafricaine
Rd /RU : Rapport disponible à la Reserve
Utile
REDD : Réduction des Emissions issues de la
Dégradation et de la Déforestation
SDT : Stratégies de Développement du
Tchad
SF6 : Hexafluoride de soufre
SMA: Secteur de Modernisation Agricole
SNP : Stratégie Nationale pour la pêche
SNRP : Stratégie Nationale de Réduction de la
Pauvreté
SO2 : Dioxyde de Soufre
SPAANCR : Stratégie et Plan d'Action pour
l'Auto-évaluation Nationale des Capacités à Renforces pour
l'Environnement Mondial
SRES : Spécial report on Emission Scenarios
SSW : Sud Sud-ouest
TAA : Trypanosomiases Animales Africaines
TBM : Taux Brut de Mortalité
TBN : Taux Brut de Natalité
UNICEF: United Nations International Children's Emergency Fund
WNW : Ouest Nord-Ouest
ZCIT : Zone de Convergence Intertropicale
INTRODUCTION
En raison de leurs répercussions immédiates et
durables sur le milieu naturel et sur l'homme, les questions de changement et
de la variabilité climatique sont placées depuis quelques temps
au centre des préoccupations des scientifiques et des décideurs
politiques dans le monde. Le cycle de l'eau étant l'une des composantes
majeures du climat, les implications de ces changements sur les régimes
pluviométriques sont importantes. Les précipitations
représentent le facteur le plus important du climat tant pour les
populations que pour les écosystèmes. Elles sont faciles à
mesurer. Autant de raisons qui font que la plupart des études et
analyses portent sur les précipitations bien plus que sur d'autres
paramètres du climat. Caractériser l'impact de la
variabilité climatique sur les régimes pluviométriques
saisonniers devient alors indispensable pour proposer des solutions
adaptées aux projets de développement. La variabilité des
conditions climatiques en Afrique de l'Ouest et Centrale en
général et au Tchad en particulier, n'est plus à
démontrer (Paturel et al., 1997 ; Servat et al., 1997
; Servat et al., 1998 ; Servat et al., 1999 ; Ardoin et
al., 2003, Ardoin, 2004 ; Kouassi et al., 2008).
Au Tchad, elle a d'abord affecté le Nord, puis
progressivement s'est étendue vers le centre et enfin vers le sud. Ces
anomalies pluviométriques constatées depuis près de cinq
décennies ont connu une résonance exceptionnelle dans les
régions nord et centre du pays. Mais en réalité,
l'ensemble du pays présente une vulnérabilité importante
aux déficits pluviométriques. La variabilité climatique,
en tant que phénomène a longtemps été
étudiée et caractérisée. La question la plus
importante, tant pour l'Afrique que dans les autres régions du monde,
est la recherche de facteurs explicatifs. La plupart des études
climatiques réalisées se sont limitées à l'analyse
des données pluviométriques annuelles ou mensuelles. Aussi, des
variables afférentes aux pluies telles que les fréquences de
jours de pluies et les durées des saisons pluvieuses, ont-elles
été généralement très peu
étudiées. Cela pourrait se justifier par la difficulté
à acquérir des données de mesures quotidiennes, fiables et
comportant peu de lacunes.
Durant les cinq décennies (1960-2009), Il
apparaît que l'environnement a évolué en fonction de
plusieurs contraintes dont les principales sont d'ordre climatique et
anthropique, affectant ainsi certains milieux très sensibles, voire
vulnérables. Cette vulnérabilité, si elle est
établie, expose aujourd'hui les populations, dont les ressources de
subsistance et de rente proviennent des productions agro-sylvo-pastorales,
à une grande dépendance pour leur survie. Ainsi au cours de cette
étude, nous tenterons d'analyser les paramètres climatiques tels
que la température de l'air, l'humidité relative de l'air et la
fréquence des jours pluvieux et étudier leur impact sur la
variabilité du régime des précipitations dans la
région du Mandoul au sud du Tchad.
En effet, placée dans la zone soudanienne au Tchad, la
région du Mandoul, objet de notre étude, est située entre
le 8ème et le 12 ème degré de
latitude nord et entre le 18ème et le 23ème
degré de longitude est. Elle couvre une superficie de 20531 Km²,
soit 7,4 % du territoire national, et comprend, au plan administratif, 03
départements, 12 sous préfectures et 32 cantons renfermant
près de 750 villages officiels. Le département du Mandoul-ouest,
avec son chef lieu administratif Bedjondo, est le moins étendu
et couvre une superficie de 1420 Km², soit (14 %) du territoire de la
région. Celui du Bahr Sara avec son chef lieu Moïssala couvre 6949
Km² (29 %) et enfin Mandoul-est avec chef lieu Koumra couvre 7358 Km²
(soit 57 %).
La ville de Koumra, qui est la capitale régionale, se
trouve dans le département de Mandoul-est. Elle s'est engagée
dans un processus de décentralisation qui a abouti à son
découpage en départements, sous préfectures et cantons.
C'est dans cette espace administratif et géographique au climat rude que
la population évolue. Les actions d'anthropisation de la région
sont principalement l'agriculture sur brûlis, le pastoralisme, les feux
de brousse incontrôlés, la chasse et la coupe mal
contrôlée des bois de chauffe. Ces différentes
activités multiformes ont contribué à la modification du
couvert végétal.
Cette région serait devenue très
vulnérable à partir de la période 70 jusqu'à nos
jours. Sa vulnérabilité s'est manifestée à la suite
de la baisse pluviométrique liée à la variabilité
climatique, enregistrée à la même période
(Ousseini, 2002) malgré
certaines hausses constatées vers la fin de la décennie 90. A
cela, il faut ajouter une croissance continue de la population qui est à
l'origine des modifications de l'occupation du territoire à travers les
mouvements naturels et migratoires différentiels selon les
localités et les départements.
Ces migrations en provenance de certaines régions
voisines plus peuplées ont entrainé des mutations
socioéconomiques dans la région du Mandoul (adaptation des
systèmes de cultures et d'élevage, diffusion de la culture du
coton et sésame) qui ont des conséquences environnementales
remarquables, concernant l'ampleur des superficies défrichées
annuellement et le morcellement de l'espace, lequel limite la mobilité
de la faune dans la localité. Le poids démographique et les
densités d'occupation de chacun de ces départements en sont
affectés. La modification de la répartition spatiale de la
population a des répercussions sur l'environnement aux niveaux local,
départemental et régional.
La combinaison de ces différents facteurs fait
ressortir des problèmes majeurs qui sont la dégradation des sols,
la raréfaction de la biodiversité et ceux liés au
peuplement humain. Les ressources naturelles (hydriques, halieutiques,
ligneuses, animales, édaphiques, etc.) sont disponibles à l'heure
actuelle. Mais déjà, se pose le problème des impacts
négatifs du climat sur ces ressources et la manière même de
les gérer pose des problèmes au niveau des couches
vulnérables, surtout en qui concerne les potentialités agricoles.
La dégradation du sol par les piétinements et le
surpâturage, les défrichements incontrôlés, ainsi que
les feux de brousse sont fréquemment relevés.
La réduction du potentiel de ressources se traduit
tout d'abord par la naissance d'une compétition pour l'accès
à l'eau et aux pâturages, ensuite, par une réduction de la
saison de pluies et une augmentation de la longueur de la transhumance vers les
terres agricoles, avec des risques accrus de conflits, et finalement
l'émigration plus ou moins définitive de groupes entiers
d'éleveurs vers ces nouvelles terres d'accueil.
C'est dans ce contexte que se situe notre étude
intitulée « Vulnérabilité
et adaptation des activités agropastorales à la
variabilité climatique dans la région du Mandoul au
Tchad ». Il s'agit pour nous de faire une étude
diagnostique de la région du Mandoul face au défi de la
variabilité climatique qui est un phénomène naturel et non
des changements climatiques, de voir aussi quel est le degré de prise de
conscience des populations locales par rapport à ce
phénomène. L'étude prendra en compte l'aspect agricole et
pastoral à travers les différentes manifestations climatiques. La
zone choisie pour cette étude couvre un vaste secteur des plaines
inondées et exondées ainsi que des vallées.
Du point de vue temporel, cette étude s'étend
sur une période de cinquante ans, allant de 1960 à 2009, ce qui
est insuffisant pour appréhender un changement mais important pour mieux
cerner la variabilité climatique sur cette période et
évaluer le degré d'adaptation des populations de la région
du Mandoul. C'est pourquoi, le présent document se propose de
diagnostiquer et d'évaluer la vulnérabilité de la
région du Mandoul au Tchad, et de voir aussi comment s'adaptent ou
comment pourrait mieux s'adapter les populations locales, à travers des
stratégies appropriées, pour juguler les menaces de
variabilité climatique. D'où l'orientation de notre
problématique de recherche.
1.
Problématique
La variabilité climatique reste dans le contexte actuel
l'une des problématiques cruciales pour l'humanité tout
entière, mais aussi particulièrement pour l'Afrique où
vivent des populations les plus pauvres de la planète. Ce
phénomène, qui a des causes diverses, n'est pas sans
conséquences et oblige aujourd'hui le milieu scientifique à
repenser de nouvelles approches pour une meilleure adaptation des populations
locales face à la vulnérabilité de leurs
différentes régions.
Située au sud du Tchad, la région du Mandoul,
objet de notre étude, n'est pas du reste. Elle recelait d'énormes
potentialités agricoles, pastorales, fauniques, ressources en eaux de
surface et souterraines, etc. Cependant, durant les trois dernières
décennies (1970-2000), son économie basée essentiellement
sur le développement rural est fragilisée par les aléas
climatiques et la variabilité climatique est venue s'ajouter, rendant
ainsi les populations plus vulnérables. Les conséquences sont de
plus en plus visibles. Nous assistons impuissamment à
l'assèchement des cours d'eaux, des vallées, à la baisse
des nappes phréatiques, à des inondations ponctuelles dans des
agglomérations ainsi qu'à la dégradation continuelle de la
biodiversité. Tout cela est susceptible de causer des migrations vers
d'autres horizons, voire des conflits intercommunautaires. La bande
sahélienne du pays est la plus exposée aux aléas
climatiques (Fourissala Houli et Gormo, 2013).
Caractérisée par un climat de type tropical
humide, la région est singulièrement influencée par la
proximité des fleuves Chari, Bahr Sara et la vallée du Mandoul.
Selon certaines données issues de la station
météorologique de Koumra, chef lieu de la région, sur une
période allant de 2000 à 2008, les pluies commencent dans cette
zone généralement à partir de mai et se terminent en
octobre.
Les moyennes annuelles sont de l'ordre de 950 et 1100 mm/an.
Le mois le plus arrosé de l'année est le mois d'août avec
une fréquence de 300 à 350 mm/an et l'année la plus
arrosée de cette période est 2003 avec un total annuel de 1197,3
mm. Les températures moyennes maximales annuelles se situent entre 37,3
et 38,5°c, et les moyennes minimales entre 16,5 et 20,5°c. Le mois
d'avril apparaît le plus chaud avec des maxi se situant entre 40 et
43°c et les minima entre 18 et 20,4°c. Le mois le moins chaud est le
mois de janvier avec une moyenne maximale de 29 à 32,4°c et une
minimale de 10 à 14°c. Il se dégage à cet effet une
très forte amplitude moyenne annuelle qui oscille entre 10 et
13,5°C (DREM, 2009).
Ainsi donc, après une période extrêmement
pluvieuse allant de 1950 à 1970, la région est entrée dans
une phase climatique plus aride qui a perduré jusqu'en 1984. Cette
longue période de sécheresse marquée par deux
années particulièrement désastreuses (1974 et 1984) a
atteint une intensité sans équivalence depuis l'origine des
mesures pluviométriques (Rognon P. 2009).
Ce phénomène a entraîné une baisse
générale du niveau des nappes phréatiques
alimentées annuellement par les eaux de pluies, une baisse des
écoulements de surface, une réduction ou une modification de la
faune ainsi que de la flore, une surexploitation des surfaces agricoles
conduisant souvent à un appauvrissement, puis à la
stérilisation des sols.
A ces déficits climatiques et leurs conséquences
sur l'environnement s'ajoutent les effets de la démographie galopante
sur l'exploitation de l'espace. Ce dynamisme démographique explique
l'exploitation accrue des sols par des pratiques culturales non adaptées
et des ressources naturelles déséquilibrant ainsi les
écosystèmes déjà affectés par les
aléas climatiques. En fait, ces conséquences anthropiques sont
le plus souvent amplifiées par le maintien, par les populations locales,
des pratiques agricoles et pastorales inadaptées au nouveau contexte
écologique et climatique. Un tel comportement combiné aux
aléas du climat aboutit à des détériorations quasi
irréversibles du milieu avec d'importantes répercussions sur les
populations (Lazarev, 1989).
Les aléas climatiques nous alertent sur les impacts
négatifs potentiellement dramatiques de la variabilité
climatique sur la santé humaine, la sécurité alimentaire,
les activités économiques, les ressources en eaux, les
infrastructures physiques. L'agriculture et l'élevage, principales
activités de la région, sont sérieusement
bouleversés, menant à la chute des rendements des récoltes
dans la région. Les maladies tropicales s'étendent. Tandis que
personne ne pourra échapper aux aléas du climat, ce sont les
populations les plus pauvres qui sont les plus vulnérables à
leurs impacts négatifs.
C'est pourquoi, la gravité et le rythme de la
variabilité climatique présente aujourd'hui de nouveaux
défis. La modification graduelle des températures, des
précipitations et la fréquence des phénomènes
météorologiques devraient se traduire par des pertes de la
production agropastorale. Au cours de ces cinquante dernières
années, les sécheresses sont devenues plus récurrentes et
la sécurité alimentaire est menacée, ce qui oblige les
populations à cultiver des terres peu productives. La réduction
de la couverture végétale s'observe d'une manière
générale à proximité des villages et des villes,
près des forages, des mares et dans les vallées, exposant ainsi
les sols et aggravant les effets de la sécheresse.
La combinaison du phénomène de sécheresse
avec des pratiques anthropiques est susceptible de rompre les grands
équilibres écologiques au point de causer la dégradation
des ressources naturelles, dont les sols et la baisse de la productivité
agricole, (Tsalefac et Ngoufo, 2004). Ce sont autant de
révélateurs d'un processus quasi inexorable de la
variabilité climatique.
Confrontées à une baisse vertigineuse de leur
production agricole principalement du fait d'une faible productivité des
sols, les populations ont souvent réagi par des migrations et le
défrichage des nouveaux espaces agricoles dans les forêts et
savanes, mais la solution est-elle vraiment adaptée lorsqu'elle fait
disparaitre ainsi le couvert végétal à une vitesse
vertigineuse. Avec des activités agro pastorales dépendantes des
aléas climatiques dans une région déjà
affectée par la vulnérabilité, comment les populations
locales pourraient-elles s'adapter à ces nouvelles conditions ?
Cette situation nous interpelle aujourd'hui et c'est dans ce cadre que se
justifie l'intérêt de ce thème qui est d'actualité,
mais qui soulève aussi particulièrement de questions.
2. Questions de
recherche
Toutes les observations ci-dessus nous amènent à
nous poser la question centrale de cette étude qui est de savoir comment
les populations locales s'organisent, ou pourraient s'organiser pour mieux
s'adapter aux répercussions des effets négatifs de la
variabilité climatique dans une région entamée par la
vulnérabilité ? De cette interrogation principale
découlent six questions spécifiques.
a- Quelles sont les spécificités
géographiques de la région de Mandoul ?
b- Comment se manifeste la variabilité climatique?
c- Quelles sont les influences de la variabilité
climatique sur les systèmes agricoles?
d- Quelles sont les influences de la variabilité
climatique sur les systèmes d'élevage ?
e- Quelles sont les réponses propres aux
systèmes d'agriculture ?
f- Quelles sont les réponses propres aux
systèmes pastoraux ?
Pour essayer de répondre à de telles
interrogations, il convient de les placer dans le contexte scientifique avant
de clarifier les concepts clés et de préciser les objectifs, les
hypothèses ainsi que la démarche méthodologique
adoptée.
3. Contexte
scientifique
Le thème choisi pour notre étude qui est
vulnérabilité et adaptation des activités
agro-pastorales à la variabilité climatique dans la région
du Mandoul au Tchad, met en évidence l'originalité
du travail et a fait l'objet d'études de la part de plusieurs
chercheurs. Cependant, il faut constater que certains travaux abordent
séparément, si ce n'est partiellement, les différentes
facettes du problème. Cela ne permet pas une compréhension
complète des phénomènes physiques et humains liés
à la variabilité climatique.
Les questions de la variabilité climatique
préoccupent depuis quelques temps les scientifiques et les
décideurs politiques en raison de leurs conséquences
immédiates et durables sur l'environnement. Les conclusions d'analyses
faites sur l'évolution du climat par l'Intergovernmental Panel on
Climate Change (IPPC, 2001 et 2007) ont prouvé une modification de
l'équilibre énergétique du système
« Terre-0céan-Atmosphère-Biosphère ».
Aux basses latitudes, ce déséquilibre est
caractérisé par une péjoration ou altération
climatique.
En effet, l'espace climatique tropical connaît depuis
quelques décennies une variabilité pluviométrique.
Celle-ci a attiré l'attention de la communauté universitaire
(Paturel et al., 1998 ; Servat et al., 1999) ; elle se
manifeste par des anomalies et des crises plus ou moins aléatoires.
Cette variabilité se caractérise aussi par de phases successives
ou alternatives d'excédents et de déficits hydriques. Ses
conséquences peuvent être durables sur le cycle hydrologique
surtout lorsqu'elle se traduit par de longues périodes de
sécheresse ou d'excès d'eau (Afouda et al., 2001).
Au Tchad comme ailleurs en Afrique Tropicale, la
pluviométrie est le paramètre climatique le plus
fréquemment observé dans les réseaux de mesures
météorologiques au sol. Elle est même qualifiée de
« variable rebelle » compte tenu de sa grande
variabilité spatio-temporelle. A ce propos, Fontaine (1990)
évoquant la diversité et la variabilité des climats dans
les basses latitudes note qu'ils sont marqués par l'absence
d'un véritable hiver thermique et la primauté du critère
pluviométrique. La plus grande abondance des précipitations, leur
répartition dans l'espace et dans le temps, constitue les principales
contraintes pour l'adaptation des organismes vivants du milieu. Cette
affirmation laisse entrevoir que l'enjeu majeur pour initier les politiques
d'aménagement de l'espace en terme du climat peut résider dans
l'appréhension de ces contraintes. La bonne répartition
spatio-temporelle des pluies a donc une importance particulière pour les
activités socio-économiques, les écosystèmes
naturels et anthropiques.
Cependant, depuis la fin de la décennie 60, des
sécheresses récurrentes ont frappé les régions
sahéliennes de l'Atlantique aux contrées de la Corne de l'Afrique
en passant par les régions de l'Afrique Centrale au point où,
Paturel et al.(1996) ont démontré que la sécheresse gagne
également l'Afrique Tropicale humide. Cette succession d'années
déficitaires n'est pas annonciatrice d'une irréversible
dégradation de la pluviosité (Suchel, 1988). Toutefois, elle a
provoqué des désastres écologiques et une baisse drastique
des productions agricoles, caractérisées essentiellement par une
baisse sensible de la pluviométrie et une diminution des apports en eau
de surface, ces fluctuations semblent s'étendre plus au Sud vers les
régions équatoriales.
L'analyse de cette situation climatique a permis à
Tsalefac (1986) de noter que la tendance à la baisse de la
pluviosité observée en Afrique de l'Ouest depuis la
décennie 70 a eu des répercussions jusque dans les massifs
forestiers de la Sangha Mbaéré en Centrafrique et de la
Mayombe au Congo. Elle est marquée par un déficit
pluviométrique manifeste en 1982 et 1983. Pour Bakam (1999), ces
années exceptionnellement sèches s'expliquent par une
perturbation dans la migration latitudinale de l'anticyclone de
Sainte-Hélène influencé périodiquement par la
circulation océanique du Pacifique. Ainsi, les résultats des
travaux réalisés par les Hydrologues du projet ICCARE (Servat
et al., 1999) et FRIEND-AOC (Amani et al., 2002) indiquent
qu'il est possible d'établir une relation à l'échelle
annuelle entre le phénomène El Nino Southern Oscillation (ENSO)
et la succession des périodes sèches et humides observées
en Afrique Occidentale et Centrale au cours des cinquante dernières
années.
A cet effet, les populations s'efforcent de diversifier les
sources de moyens de subsistance et de renforcer les mécanismes
régulateurs de capacité et d'assurance, mais elles accordent
moins d'attention à la variabilité climatique. Un certain nombre
des stratégies et des mécanismes proposés ont trait
à la pratique de la culture et de l'élevage, en particulier
à la combinaison de créneaux agro écologiques. C'est
pourquoi, il est important de mener les recherches dans ce domaine, pour
analyser les effets de la variabilité climatique et les comportements
d'adaptation des populations face à la vulnérabilité de la
région.
En Afrique Tropicale aussi, d'importantes études sur la
variabilité climatique en relation avec le développement et
l'environnement ont été menées par plusieurs auteurs
dont : Motha et al. (1980), Fontaine (1981), Janicot (1985), Boko
(1988), Samba-Kimbata (1991), Bakam (1996), Bigot et al. (1998),
Houndénou (1999), Ndjendolé (2001), Philippon (2002), Sighomnous
(2004) et Brou (2005). Ces auteurs, par la densité des travaux
entrepris, ont montré l'existence d'une opposition de phase entre les
anomalies pluviométriques du Golfe de Guinée et celles des
régions des Grands Lacs à partir des séries de la
Côte d'Ivoire, du Bénin, du Nigeria et des deux Congo. La tendance
à la baisse des totaux annuels dans un champ pluviométrique
relativement homogène a été observée. Les
statistiques appliquées aux séries des hauteurs annuelles
précipitées montrent l'existence d'une rupture survenue entre les
années 1968 et 1973.
Pour Bekayo (1999) et Oueddo (1990), la variabilité
climatique qui s'est manifestée à travers l'évolution
récente de la pluviométrie est marquée par une forte
variabilité aussi bien interannuelle qu'intra annuelle. Cette situation
s'est traduite par une baisse sensible des hauteurs de précipitations
entre 1960 et 1990 de l'ordre de 200mm/an et une migration des isohyètes
du nord au sud. A titre d'exemple pour la vallée du Mandoul, les
stations pluviométriques de Koumra et Bekamba qui
étaient respectivement sur les isohyètes 980 et 1200 mm/an entre
1950 et 1967 se sont retrouvées dans les années 1985 sur les
isohyètes 800 et 950 mm/an respectivement pour Koumra et
Bekamba.
La baisse de la pluviométrie au regard de
l'évolution décennale entre les années 1960 et 2010 est
remarquable par un glissement des isohyètes d'environ 50 à 150 km
vers le sud selon Tsalefac et Ngoufo (2002). Cette situation peut être
liée aux graves sécheresses de 1974 et 1984 liées à
plusieurs événements climatiques. En dépit de la
remontée de l'isohyète au cours des années 1990, la
tendance à la baisse des précipitations persiste toujours dans la
région du Mandoul lorsqu'on considère une échelle
restreinte de temps.
Les années de rupture se situent entre 1960 et 1967
(Mahé et al., 2001), années à
partir desquelles on remarque un changement des régimes
pluviométriques avec une plus grande fréquence d'années
à pluviométrie déficitaire. Cependant les années 90
(Lienou et al., 2008) ont été marquées par une
reprise des précipitations dans la plupart des stations lorsqu'on les
compare à celles des années de graves sécheresses de
1972-1973 et 1984-1985.
Les différentes informations sont corroborées
par des récentes études (Bahoutou, 2007) qui sur 19 des 40
années d'observations se sont révélées
excédentaires et 21 déficitaires justifiant une
légère prééminence des années sèches
sur les années humides dans la région méridionale du
Tchad, dont les données de la plupart des stations ont été
utilisées. Parmi les années déficitaires, l'année
1984 s'est montrée particulièrement plus sévère que
l'année 1983. En effet, ces deux années qui ont marqué le
paroxysme de la sécheresse des cinquante dernières années
du sahel n'ont pas épargné la région du Mandoul, tandis
que les années excédentaires sont celles de 1960, 1969, 1975 et
1988, ce qui atteste leur ressemblance.
Ces observations sont également confirmées
(Nadji, 1999) à travers des études faites sur la période
de 1961 à 2000 dans la partie sud du Logone, faisant ressortir le
caractère excédentaire de la décennie 1961-1970 par
rapport aux décennies 1971-1980 et 1981-1990 qui restent largement
déficitaire. Les années déficitaires sévères
sont des années consécutives à partir de 1972
jusqu'à 1985. Les impacts de la tendance climatique future de cette zone
ont fait l'objet de certaines études (Ardoin, 2004) en
utilisant le modèle HadCM2, scénario A2 pour les grands bassins
versants en Afrique de l'Ouest et du Centre. Cette étude a fourni les
valeurs actuellement observées pour l'évapotranspiration
potentielle de 1708,1 mm/an.
Une analyse a été réalisée dans le
cadre de l'évaluation des besoins urgents et immédiats pour faire
face aux variabilités climatiques (MEERH, 2009) faite sur
l'évolution des indices des températures minimales de la station
de Koumra. Elle montre une augmentation d'une faible amplitude des
températures maximales alors que l'amplitude de l'évolution des
températures minimales est très forte. On remarque aussi que les
températures minimales augmentent plus vite que les maximales sans doute
liées au phénomène de l'effet de serre (Ndjouenkeur,
2002).
L'assèchement progressif de la région du fait de
la variabilité climatique est une réalité. Il se traduit
notamment par la diminution de la pluviosité, l'accentuation de la
variabilité pluviométrique, le raccourcissement des saisons de
pluies moins homogènes, l'augmentation sensible des températures
minimales, l'accroissement de la fréquence et de l'efficacité
morphologique des vents, l'augmentation de l'évapotranspiration
(Schneider, 1989). Pour Bedaux (2005), les causes de la
variabilité climatique pourraient aussi s'expliquer :
- Par l'évolution de certains centres d'action de la
circulation atmosphérique, et en particulier, par le renforcement des
anticyclones subtropicaux : l'anticyclone des Açores et
l'anticyclone de Sainte Hélène ;
- La modification des caractères des Jet Stream
Intertropicaux c'est-à-dire, le Jet d'Est Tropical (JET) et le Jet d'Est
Africain (JEA). Selon Bedaux, il se peut que l'accélération ou le
ralentissement de ces vents rapides d'altitude ait des effets sur les
modalités d'advection de l'air, par conséquent, sur l'abondance
ou sur la faiblesse des pluies estivales.
- Il se peut aussi que l'assèchement de la
région soit lié, directement ou indirectement, à la
déforestation ou aux changements intervenus dans la composition de
l'atmosphère depuis le début de ce siècle.
Aussi, il convient de signaler que la ressource en eau est
fonction des eaux de surface disponible. Cette eau de surface est en lien
direct avec la pluviométrie, donc dépendant. Les résultats
de nombreuses études (Mahé et al., 2001, Sighomnou et
al., 1997), soulignent l'existence d'une alternance de
décennies humides (1961-1970) et sèches (1971-1980 et 1981-1990)
mettant aussi en évidence la variabilité des régimes
pluviométriques en durée et en intensité qui a des
incidences directes et significatives sur la vie des populations locales. A la
persistance et à la sévérité de la baisse
pluviométrique de toute la décennie 1980-1990 correspond celle
d'écoulement déficitaire caractérisée par la
faiblesse des systèmes d'apport moyen annuel, des maximums annuels de
crue.
Quant au débit minimum, les valeurs calculées
laissent penser que les nappes souterraines ont été elles aussi
durement touchées ne pouvant supporter de la vallée du Mandoul et
du fleuve bahr Sara. La crise pluviométrique amorcée dans le
Mandoul depuis le début des années 60 (Soumarés, 1996) est
confirmée par de nombreux auteurs. Diouf (1996) fait remonter plus loin
cette décroissance en dépit des irrégularités
interannuelles : une évolution globale de 1940 à 1993 en deux
phases. Sur la base des données de la station de Koumra, deux
périodes peuvent être dégagées :
· Une première phase de lente décroissance
(1945-1961) caractérisée par la faiblesse de la pente de la
courbe de régression des données pluviométriques.
· Une deuxième phase (1962-1978) qui se poursuit
et qui marque une courbe de tendance à pente beaucoup plus forte que la
première. Elle traduit une accélération du processus de
péjoration pluviométrique et, par extension, climatique.
Toutes ces caractéristiques expriment bien le stress
pluviométrique auquel est confronté le Tchad dans son ensemble et
qui au niveau du Mandoul s'exprime et aboutit à un enchevêtrement
de conséquences, vu la complexité et la sensibilité du
cadre spatial. Cette brève analyse sera davantage approfondie tout au
long de ce travail au regard des interrelations générées
avec notre objet de recherche. Il s'agit tout d'abord d'une réduction
combinée à une irrégularité des quantités
d'eau précipitées aux échelles inter mensuelles et
interannuelles.
Au plan social, les incidences du déficit
pluviométrique sont multiformes et restent perceptibles dans les
rapports complexes que l'homme entretient avec son milieu. Il en résulte
une pression accrue sur les autres opportunités offertes par la nature
qui restent plus diversifiées en milieu d'interface (Abraao S. 1994). Le
contexte climatique exerce une influence sur les activités humaines et
sur l'évolution de la biocénose. Il faut dire que les
modifications climatiques intervenues ces dernières décennies ont
fortement influencé l'environnement, à travers lui, les
activités et la mobilité des hommes.
4. Cadre théorique
et conceptuel
Nous avons adopté la méthode
IMRAD (Introduction, Methods, Research, Analysis and
Discussion) mise au point par Tove Jansson en 2005. Elle
s'articule autour d'un cadre de référence théorique, du
choix des variables, de la collecte et du traitement des données.
Les différentes phases d'un diagnostic sont la revue de
littérature, les enquêtes informelles, les enquêtes
formelles, la planification de la recherche (identification des
problèmes et des causes suivis des solutions probables et enfin la
priorisation des problèmes et des solutions). Par souci de
clarté, nous évoquons ici les concepts clés de ce
thème de recherche intitulé :
vulnérabilité et adaptation des activités
agropastorales à la variabilité climatique dans la région
du Mandoul au Tchad.
4.1. Changements et
Variabilité climatique
Aujourd'hui, on parle beaucoup de « changements
climatiques » considérés comme l'une des menaces les
plus graves posées au développement, avec des impacts
significatifs sur l'économie des pays en développement et les
moyens de vie des populations les plus pauvres de la planète. Ils
désignent un changement du climat attribué directement ou
indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition
de l'atmosphère globale et qui s'ajoutent à la variabilité
climatique naturelle observée sur des périodes de temps
comparables (UNFCCC, 1992). La variabilité climatique, quant à
elle, se réfère à la variation naturelle intra et
interannuelle du climat.
Nous nous baserons uniquement sur la notion de la
variabilité climatique compte tenu du fait que la série de
données disponible est limitée dans le temps (49 ans ne
permettant de couvrir qu'un « climat ». Par ailleurs, les
outils nécessaires pour mesurer l'impact de l'homme sur le climat ne
sont pas à notre portée. Nous nous réfèrerons
néanmoins, de temps en temps, aux prévisions du GIEC dans les
analyses et interprétations des données. . En tant
qu'élément intégrateur de la recherche, l'expression
« la variabilité climatique » a été
définie par plusieurs auteurs dont Boko (1988), cité par
Beltrando (1995) et Brou (2005). Elle fait pressentir la mobilité ou la
variation du schéma pluviométrique moyen et l'accentuation des
valeurs extrêmes à toutes les échelles temporelles et
spatiales. Autant que possible, elle est analysée par rapport aux
valeurs centrales ou médianes des séries plutôt que par
rapport aux valeurs moyennes ou normales, qui sous-entendent l'idée de
fixité du climat. La variabilité climatique peut être due
à des processus internes naturels au sein du système climatique
ou à des variations du forçage externe anthropique.
Dans ce travail, il s'agit de caractériser les
tendances et les cycles. Pour cela, notre étude se basera plus sur la
variabilité climatique que les changements climatiques qui peuvent
être définis comme étant « Une variation
statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa
variabilité, persistant pendant une période prolongée
(généralement six décennies ou plus).
4.2.
Vulnérabilité
Définie de manière
générale, la vulnérabilité est le degré
selon lequel un système est susceptible d'être atteint du fait
d'une exposition à des perturbations ou à des stress. Dans le
contexte de la variabilité climatique, la vulnérabilité
peut être définie comme le degré selon lequel un
système est sensible - ou incapable de faire face - aux effets adverses
des changements, y compris la variabilité climatique et les
phénomènes extrêmes. La vulnérabilité d'un
système est donc fonction de la nature, de l'ampleur et du rythme de la
variation et des changements du climat à laquelle il est exposé,
de sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation.
De nos jours, la question de la vulnérabilité
est au coeur d'un grand nombre de problématiques en
sécurité civile. Les définitions de la
vulnérabilité sont multiples et sont souvent
adaptées aux domaines dans lesquels on y fait
référence : vulnérabilité en
sécurité civile, en hydrologie, en psychologie, ... Sur le
plan étymologique elle peut se traduire comme étant une
caractérisation de ce « qui peut être blessé,
frappé par un mal ou qui peut être facilement atteint, se
défend mal. » (Le Petit Robert, 2012). Ceci réfère
à la notion de conséquences d'un évènement
donné et de la capacité à les subir ou non.
Aux yeux du MSPQ (2008) la vulnérabilité
constitue « une condition résultant de facteurs physiques,
sociaux, économiques ou environnementaux, qui prédispose les
éléments exposés à la manifestation d'un
aléa à subir des préjudices ou des dommages » . Il
existe ainsi la notion d'un certain potentiel, d'un ensemble de conditions
favorables à l'apparition de défaillances en cas
d'aléas. Cette caractérisation peut être
couplée avec celle de l'exposition, et donc implique
également dans une certaine mesure celle de sensibilité.
Le MSPQ (2008) définit également trois
composantes caractéristiques de la vulnérabilité d'un
élément exposé à un aléa :
- le degré d'exposition;
- l'importance stratégique;
- la sensibilité.
En y incorporant l' « importance stratégique
», le MSPQ (2008) ouvre ainsi la porte à la criticité au
sens retenu dans sa conception de la vulnérabilité. Il
existe ainsi une corrélation entre la sensibilité et la
criticité d'un élément.
Quant à la vulnérabilité des
éléments à risque, c'est l'un des éléments
les plus difficiles à évaluer. Il existe à cet effet deux
approches complémentaires, car selon R d'Ecole
(1996) « la première technique et la plus ancienne,
considère la vulnérabilité comme un indice ou un
pourcentage de ce qui peut être perdu (vies humaines, biens, valeurs
diverses). La deuxième, sociale désigne la
vulnérabilité comme la propension à subir des dommages,
suivant la capacité de réponses des sociétés
concernées vis-à-vis des menaces d'origine naturelle, anthropique
ou mixte. La seule présence des populations dans les zones à
risque constitue un facteur de vulnérabilité. »
Selon United Nations Disaster Relief, ces risques
généralisés à tous les aléas naturels sont
représentés sous la formule suivante :
Risque = (Eléments à risque) ×
(Aléa naturel × Vulnérabilité)
Les éléments à
risque sont l'ensemble de la population, des
bâtiments, les travaux d'ingénierie civile, l'activité
économique, les services publics et les infrastructures à risque
dans une région donnée ;
Les aléas naturels
représentent la probabilité d'occurrence, dans un intervalle de
temps donnée pour une région particulière, d'un
phénomène naturel ayant une potentialité à causer
des dommages ;
La vulnérabilité est
le degré de perte de 0 et 1 d'un élément à risque,
ou d'un ensemble de tels éléments, résultant de
l'occurrence d'un phénomène naturel.
Elle représente aussi le niveau auquel une unité
ou une entité, est perturbée ou compromise par suite des
variabilités climatiques, les facteurs socio-économiques et les
facteurs physiques étant importants dans la détermination de la
vulnérabilité. Elle dépend non seulement de la
sensibilité de l'unité, mais également de sa
capacité à s'adapter aux nouvelles conditions climatiques.
Elle peut aussi être définie comme étant
le potentiel de perte associé aux populations humaines et à ce
qu'elles considèrent comme précieux (Mitchell, 2001). Dans le
contexte de phénomènes naturels dangereux, la
vulnérabilité inclut les notions corrélées
d'exposition, de résistance et de résilience.
En d'autres termes, la vulnérabilité se
définit comme la capacité à la fois de subir un
phénomène dangereux, d'en réduire les effets et de se
remettre des pertes subies. Les populations associant une forte exposition au
risque, un faible niveau de résistance et une faible résilience
sont les plus vulnérables face aux phénomènes
dangereux.
Selon le GIEC, (2001b) la
vulnérabilité est la mesure dans laquelle un système est
sensible - ou incapable de faire face - aux effets défavorables des
variabilités climatiques, y compris la variabilité du climat et
les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité est
fonction de la nature, de l'ampleur et du rythme de la variation du climat
à laquelle le système considéré est exposé,
de la sensibilité de ce système et de sa capacité
d'adaptation.
4.3.
Adaptation
Les modifications du climat à venir vont
profondément affecter la manière de fonctionner de nos
sociétés, et les problématiques liées aux moyens de
s'adapter sont désormais au coeur des enjeux majeurs des années
à venir.
Le consortium Ouranos définit l'adaptation comme
étant « un processus par lequel les communautés et
les écosystèmes s'ajustent aux changements et effets
associés, afin de limiter les conséquences négatives
et de profiter des bénéfices potentiels » (Ouranos,
2010a).
De son côté, le GIEC définit plusieurs
types d'adaptation différents (GIEC, 2007a) :
· L'adaptation anticipative qui
consiste à agir avant que les effets des changements
anticipés se fassent sentir;
· L'adaptation autonome qui consiste
en une réponse spontanée mais non planifiée aux
impacts climatiques, et qui peut être issue des «
changements écologiques dans les systèmes naturels ou d'une
évolution des conditions du marché ou de l'état
de bien-être dans les systèmes humains »;
· L'adaptation planifiée qui se
base sur la définition d'une stratégie visant à mettre en
place des mesures de réponse aux variabilités climatiques
observés et subis.
Dans le cadre de l'adaptation planifiée à la
variabilité climatique, il appartient aux populations concernées
de définir dans la stratégie d'adaptation un ensemble de
mesures visant à réguler les conséquences des
impacts, que ce soit en vue de les annuler ou encore de les
réduire.
L'adaptation à la variabilité climatique
désigne aussi les
stratégies,
initiatives et mesures individuelles ou collectives (entreprises, associations,
collectivités, etc.) visant à réduire la
vulnérabilité des systèmes naturels et humains contre les
effets réels ou attendus des changements climatiques.
Il s'agit aussi donc d'anticiper les effets des
dérèglements climatiques sur l'
environnement et donc
sur l'économie, la société, la
santé et la vie
quotidienne. Cette stratégie est complémentaire de la
stratégie d'atténuation, qui vise à moins émettre
de
gaz à
effet de serre et à restaurer ou protéger les
capacités de
puits de carbone
des
écosystèmes
ou agro-écosystèmes.
L'adaptation est rendue difficile par les marges d'
incertitudes temporelle
et géographique de la
prospective climatique,
par les difficultés à appliquer le
principe de
précaution dans l'
aménagement
du territoire, et parce que le potentiel d'adaptation pour les
systèmes humains et écologiques est très inégal
selon les régions et les contextes économiques. La
capacité d'adaptation est très liée au
développement social et économique (GIEC, 2007) du territoire.
Une partie du contenu des stratégies d'adaptation reste
théorique dans la mesure où elle relève de la
précaution dans un domaine où la prospective ne peut reposer que
sur des probabilités et non des certitudes absolues, y compris quant
à l'ampleur et à la localisation des conséquences
attendues.
L'adaptation consiste à rendre les systèmes ou
territoires moins vulnérables aux dérèglements
climatiques, au travers d'actions diminuant les impacts de la
variabilité climatique, ou améliorant les capacités de
réponse des sociétés.
L'adaptation est un processus d'ajustement des systèmes
naturels et humains à un stimulus climatique constaté ou
anticipé, à ses effets et ses impacts. Il désigne un
changement de procédures, de pratiques et de structures visant à
limiter ou supprimer les dommages potentiels ou à tirer
bénéfice des opportunités créées par les
mutations de climat. Il induit des ajustements afin de réduire la
vulnérabilité de certaines communautés, régions ou
activités/secteurs pendant de nombreuses périodes, allant de
quelques années à plusieurs décennies.
L'adaptation est aussi l'un des volets des
plans "climat" et une
démarche de réduction et de gestion des risques et dommages,
préparée et mise en oeuvre par des collectivités,
entreprises et individus. Ces acteurs peuvent s'appuyer sur
d'éventuelles études rétrospectives et
prospectives, pour
chercher à anticiper les effets des bouleversements climatiques Il
s'agit en particulier de se préparer à mieux ou moins subir les
effets des aléas climatiques tels que :
· Les
sécheresses,
les
canicules, l'augmentation
des moyennes de température nocturne, les
tempêtes et les
fortes
pluies ;
· les
coulées de boues ou
glissements de
terrain ;
· la
montée du niveau des mers avec pour conséquence une moindre
efficacité des digues et des brise-lames et une probable aggravation de
l'
érosion
du trait de côte ;
· La raréfaction (locale ou estivale) des
ressources en eau douce ou potable ;
· les
incendies de forêts, les maladies ou l'attaque parasitaires des
arbres dus au
stress
hydrique ;
·
la régression et la dégradation des sols, la
désertification
et la
salinisation;
· Le développement de
maladies
émergentes et la progression d'
espèces
invasives ;
· La chute de la
productivité
agricole, les pertes importantes de récoltes ou de cheptels ;
· Les remontées d'espèces animales,
fongiques, végétales ou microbiennes dont certaines pourraient
avoir un comportement
invasif (Vissin,
2001).
L'adaptation comprend aussi les différentes mesures
prises par des particuliers ou des systèmes pour éviter,
résister ou tirer parti de la variabilité du climat et de ses
impacts actuels ou futurs. Elle abaisse la vulnérabilité d'un
système ou accroît sa résilience aux impacts.
Cependant, il convient peut-être de commencer par
s'attarder sur l'inadaptation du langage. Le mot
« adaptation » fait maintenant partie du vocabulaire
général de la variabilité climatique en
général. Mais que signifie encore l'adaptation ? La
réponse à cette question est différente en fonction des
endroits qu'on se trouve sur le globe.
Pour la plupart des populations des pays riches, l'adaptation
est pour le moment un processus relativement indolore. Isolés par des
systèmes de chauffage et de refroidissement, elles peuvent s'adapter
à des conditions météorologiques extrêmes par le
simple réglage d'un thermostat. Face aux menaces d'inondations, les
gouvernements peuvent protéger les résidents à l'aide des
systèmes de défense climatiques sophistiqués.
Pour la plupart des populations les plus
défavorisées et les plus vulnérables du monde,
l'adaptation signifie tout autre chose que le premier sens évoqué
dans les pays riches. On sait que 2,6 milliards de personnes vivent avec moins
de 2 dollars US par jour. Comment un pauvre agriculteur peut-il s'adapter
lorsque les épisodes de sécheresse plus fréquents et des
pluies plus réduites limitent la production ?
Peut-être en réduisant l'alimentation
déjà insuffisante de son ménage, ou en
déscolarisant ses enfants. Comment un habitant des taudis urbains vivant
sous des feuilles de plastiques et de tôles ondulées s'adapte t-il
à la menace que représentent les cyclones plus intenses ?
Comment les populations de certaines régions de basses altitudes
sont-elles supposées s'adapter à l'inondation de leurs maisons et
de leurs terres ?
L'adaptation devient un euphémisme pour l'injustice
sociale à échelle mondiale. Alors que les citoyens du monde riche
sont protégés des dommages, les populations pauvres,
vulnérables et affamées doivent faire face à la dure
réalité des variabilités climatiques au niveau de leur vie
quotidienne. Exprimé sans complaisance, les pauvres du monde sont
lésés par un problème dont ils ne sont pas responsables.
A titre d'exemple, on sait que le bilan carbone d'un fermier
tchadien ou d'un habitant des bidonvilles sud africains est à peine
visible dans l'atmosphère, pourtant, ils sont les premiers à
subir les contrecoups des GES. Rien de tout cela n'est inéluctable.
4.4. Impact
Selon le dictionnaire des Nations Unies sur le
développement durable, on entend par impacts "Toute modification de
l'environnement, négative ou bénéfique, résultant
totalement ou partiellement des activités, produits au service d'un
organisme". Le terme impact exprime aussi la variation de bien-être des
populations provoquée par les rétroactions de la
variabilité climatique sur les systèmes naturels et
l'activité humaine.
Ces rétroactions sont nombreuses, d'autant qu'elles
sont parfois enchevêtrées au travers des tissus économiques
et sociaux. Citons par exemple les effets de synergie (diminution du rendement
des cultures, tensions sur les ressources en eau, avec des impacts non
négligeables pour des systèmes de production intensive
irriguée), les effets de propagation sectoriels et régionaux
(conséquences socioéconomiques d'un choc dramatique sur une
culture comme le café), l'in?exion des dynamiques économiques de
long terme (baisse de productivité, accélération de
l'obsolescence du capital installé, perte de con?ance des investisseurs
devant des projets devenus plus risqués) et les risques d'une mal
adaptation en raison de l'incertitude sur les impacts futurs. La figure
N°1 qui représente le schéma conceptuel de la
vulnérabilité nous permet de mieux apprécier ce
phénomène.
Variabilité climatique
Risques
Sécheresse
Inondation
Température extrême
Vents violents
Erosion
Vulnérabilité des écosystèmes
Mares
Marigots
Vallées
Végétation
Fleuves
Forêts
Berges
Agrosystèmes
Sols
Agrosystèmes
Forêts
Etang
Végétation
Marigot
Végétation
Sols
Feux de brousse
Sols
Fleuves
Berge
Tombée des arbres
Impacts environnementaux
-Tarissement des eaux, -difficultés d'exploitation de la
vallée, -détérioration de la végétation
-Difficultés d'exploitation agricoles, -érosion,
- fort ruissellement,
Stress des plantes, maladie, Evaporation et Evapotranspiration
des plantes, mort des bétails
Destruction des arbres et des toitures, dégradation des
sols,
Dégradation des sols à travers les pluies
torrentielleset les vents forts
Impacts socio-économiques et culturels
Baisse de rendement agricole, baisse de revenu, mort du cheptel,
exode rural, famine, maladie, changement d'habitude alimentaire
Famine, maladies hydriques, déplacement des populations,
perte en vies humaines, conflit agriculteurs-éleveurs
Recrudescence des maladies, mauvaises récoltes, mort du
bétail, mort des personnes à travers les canicules,
Famine, pression de l'homme sur le sol, litige et conflits
sociaux
Baisse de rendement, coût de production
élevé
Mesures d'adaptation
Abandon des cultures plus exigeantes en eau, semence de
variété précoce, zaï, cordon pierreux, semis
hâtif, rétention d'eau
Technique des épis de berge, barrage seuil en gabion,
lutte biologique contre les parasites
Protection des personnes âgées, des enfants et des
animaux à l'ombre, plantation des arbres,
Plantation des arbres, des haies vives, installation des brises
vent à travers les ceintures vertes,
Utilisation des cordons pierreux,
Aménagement des berges ;
Canalisation de l'eau ;
Plantation des arbres
Figure 1 :
Schéma conceptuel de la variabilité climatique et de ses
impacts
5. Les
Objectifs
L'objectif principal de cette thèse est de faire une
évaluation générale de la vulnérabilité de
la région du Mandoul face à la variabilité climatique
à travers le degré d'exposition des populations de la
région du Mandoul, et aussi, de savoir comment ces populations sont
préparées par rapport aux changements du climat. L'étude
se focalisera sur les dynamiques observées sur les cinquante
dernières années (1960-2009) pour mieux analyser et diagnostiquer
les futures échéances selon les horizons.
Les objectifs spécifiques sont les suivants :
a- Décrire le contexte géographique de Mandoul
dans ses diverses composantes ;
b- Analyser et caractériser la variabilité
climatique de la région de Mandoul ;
c- Evaluer l'impact de la variabilité climatique sur
les systèmes de production agricole;
d- Evaluer l'impact de la variabilité climatique sur
les systèmes d'élevage ;
e- Identifier les modes d'adaptation des systèmes
agricoles productifs;
f- Identifier les modes d'adaptation des activités
pastorales à la variabilité climatique.
6. Hypothèses de
recherches
Au regard de ce qui précède, nous formulons
l'hypothèse générale selon laquelle la variabilité
climatique affecte de manière négative et de plus en plus
croissante les productions agropastorales dans un contexte où les
stratégies mises en place par les acteurs sont inefficaces parce que mal
coordonnées. Elle est sous tendue par six (6) hypothèses
secondaires :
a- Située en zone soudano-sahélienne, la
région de Mandoul présente une fragilité
intrinsèque ;
b- Les années et décennies les plus
récentes sont plus déficitaires au plan de la
pluviométrie ;
c- Les paramètres clés d'évolution du
climat peuvent être corrélés avec la production
agricole ;
d- Les paramètres clés d'évolution du
climat peuvent être corrélés avec la production
pastorale ;
e- Face à la variabilité climatique, les
agriculteurs adaptent des semences et diversifient les champs ;
f- Face à la variabilité climatique, les
éleveurs renforcent les itinérances et adoptent des
réponses plus individuelles que collectives ;
Ces hypothèses nous suggèrent une
démarche méthodologique conséquente.
7. Données et méthodes
7.1. Les Données :
Les données
météorologiques : Il s'agit dans cette section de
préciser la source des données collectées et de montrer
leur utilité. Ce sont : les données
météorologiques, hydrologiques, forestières, agro
économiques et sociales. Les stations pluviométriques retenues
obéissent à des critères de longueur de séries et
de qualité des données, comme prévu par l'Organisation
Météorologique Mondiale (OMM).
Les données climatiques utilisées dans cette
étude sont la pluviométrie, la température de l'air et
l'humidité relative de l'air. Elles ont été
collectées auprès du service de météorologie
nationale. Les pluies journalières des stations de Bekamba, Koumra,
Doba, Moundou, Bongor et Sarh couvrent la période 1960-2009. Ces
données sont assez homogènes, de bonne qualité et
représentatives de la zone d'étude. En ce qui concerne les
températures et les humidités relatives de l'air à ces
mêmes stations, elles couvrent respectivement les mêmes
périodes. Les périodes des données de température
et d'humidité de l'air sont liées à la
disponibilité de ces données au niveau du service de
météorologie nationale. Les données utilisées ont
servi à l'étude de la variabilité climatique dans le temps
et dans l'espace ainsi qu'à son impact sur les régimes
climatiques saisonniers dans la région du Mandoul.
Le réseau des stations et postes pluviométriques
du Tchad est l'un des moins denses de la sous région. Certains
relevés pluviométriques sont de bonne qualité sans
interruption significative depuis la date de leur installation, c'est le cas de
la station de Koumra et de Moundou qui ne comportent pas trop de lacunes.
D'autres relevés pluviométriques comportent des lacunes au seuil
tolérable d'au plus 5%, ils ont été contrôlés
et considérés de qualité satisfaisante, c'est le cas pour
les stations synoptiques de Doba, Sarh, Ndjamena, et Bongor ayant donc la
capacité de fournir des données climatologiques complètes.
Après le test d'homogénéité, ces stations ont
été retenues. Avec une superficie de 167.800 km², cela
représente une densité moyenne d'une station pour 41.950
km², ce qui est extrêmement faible. Cette situation pose un
problème pour l'analyse des données climatologiques à des
échelles spatiales fines (Brou, 2005) quand on sait que l'une des
caractéristiques principales du climat tropical est sa très forte
variabilité spatiale, surtout en ce qui concerne le paramètre
pluviométrique.
Les relevés des stations climatologiques et postes
pluviométriques de la zone d'étude ont été
abandonnés au motif qu'ils présentent de nombreuses
irrégularités et d'importantes lacunes liées à la
guerre qu'à connu le pays. Ainsi, la plupart de ces stations non
seulement n'ont pas de données normales et régulières,
mais ne sont plus en état de fonctionnement entre la fin des
années 70 et le début de la décennie suivante, alors
qu'elles appartiennent à la génération 50. En 2000,
même si on constate la remise en marche de quelques stations et postes
pluviométriques à Monkara, Montian et Bedaya, ces postes sont
souvent tenus par des bénévoles ou auxiliaires sans
compétence recrutés pour la cause par l'ONDR.
Les soubresauts militaro-politiques et la conjoncture
économique que connaît le pays depuis 1990, ont aggravé les
difficultés matérielles déjà récurrentes sur
le terrain : vétusté des appareils de mesure, manque de
personnel qualifié, maintenance et entretien non performants des
équipements, retard chronique dans le versement de salaire, source de
démotivation, d'où l'irrégularité et la
fréquence élevée des données lacunaires. Une
critique rigoureuse de l'ensemble des observations nous permet cependant
d'affirmer que celles retenues pour notre étude sont de bonne
qualité. Ainsi, compte tenu de l'objet principal de l'étude qui
vise l'analyse de la variabilité climatique et des tendances
pluviométriques, la collecte des données s'est limitée aux
stations de longues séries d'observation.
Les données écologiques,
agro économiques et sociales : Les données
écologiques sont recueillies au Centre National d'Appui à la
Recherche et l'ITRAD de N'Djamena, Bebedjia et à la
Représentation de la FAO à Tchad. Les données
agro-économiques et sociales ont été collectées
auprès de la Direction de l'Institut des Statistiques, des Etudes
Economiques et Sociales (DSEES).. Il s'agit d'indicateurs permettant de
comprendre les relations entre les hommes et les écosystèmes
naturels. Sur le terrain, les informations recherchées sont qualitatives
et quantitatives portant par exemple sur la perception locale de la
variabilité climatique et ses enjeux, les techniques d'adaptation,
l'évolution spatio-temporelle des différentes activités
agropastorales, les stratégies des acteurs locaux (migrations, gestion
de l'espace), et enfin les politiques environnementales. Malheureusement,
depuis quelques années, il est difficile d'exploiter les bases de
données nationales car les informations récentes sont
éparses et de moins en moins centralisées pour les mêmes
motifs relatifs aux relevés pluviométriques. Pour ce faire, le
test d'homogénéité a été
systématiquement appliqué aux séries.
Homogénéisation des séries
pluviométriques : L'étude de l'évolution des
précipitations ne peut utiliser les données
hétérogènes. Plusieurs méthodes statistiques
permettent de tester l'homogénéité des séries
pluviométriques avant l'utilisation. Parmi elles, nous avons retenu pour
sa pertinence et sa simplicité, le test graphique des doubles cumuls ou
de cumul simple des totaux pluviométriques annuels (Escourou, 1978). Il
s'agit de savoir si les données d'observation sont fiables, donc
utilisables telles quelles. En effet, les changements d'observateurs, de
déplacements et de fermetures de postes, occasionnent de ruptures de
continuité dans les séries. Ces aléas peuvent expliquer la
présence d'hétérogénéité dans les
données. L'intérêt des conclusions des tests apparaît
au cours de la classification des régimes pluviométriques et lors
de la constitution de la matrice des données en vue d'une étude
globale de l'organisation du champ pluviométrique.
7.2. Choix des méthodes et des tests
statistiques
Il n'existe pas de procédés
générateurs d'information en dehors des procédés de
mesure (Laborde, 2005). Cet adage, vieux comme le monde, s'applique à
toute démarche scientifique et à la climatologie en particulier.
Depuis des siècles, l'étude du climat suscite
l'intérêt de l'homme aussi bien d'un point de vue fondamental de
compréhension des phénomènes, que d'un point de vue plus
appliqué de prédétermination des risques et contraintes
pour les activités humaines. L'étude de la
pluviométrie et de sa variabilité climatique nécessitent
de disposer de longues et de plusieurs séries d'observations, soumises
préalablement au test d'homogénéité et à
l'assurance de leur fiabilité.
Pour ce faire, l'informatique aura servi comme outil d'aide
aux traitements statistiques des données dans cette étude
diagnostique du climat, surtout lorsqu'il s'agit d'une approche exploratoire
à plusieurs variables. Les méthodes statistiques ont permis
d'analyser l'organisation de l'espace géographique sur le plan
pluviométrique. C'est dans cette optique que Bouroche et Saporta (1980),
cités par Houndénou (1999) et Vissin (2001), ont montré
l'importance des techniques statistiques qui donnent un aperçu
général des paramètres météorologiques et
mettent en relief les liaisons, les ressemblances et les dissemblances qui
existent entre les données de différentes stations.
Les données statistiques utilisées dans ce
travail sont essentiellement quantitatives. Nous les avons traitées au
Laboratoire du CNAR. La synthèse et l'essai d'explication des
résultats ne se sont pas avérés fastidieux car rendus
aisés par l'ensemble constitué des tableaux et graphiques. Outre
les analyses statistiques classiques, nous avons utilisé pour l'analyse
des séries continues une procédure de segmentation qui vise
à tester leur stationnarité. Cette procédure permet de
découper en autant de sous séries stationnaires que possible la
série primitive.
7.3. '''
Méthodes
d'étude de la variabilité climatique
'''
Analyse
de la température et de l'humidité relative de
l'air : La température de l'air et
l'humidité relative ont été analysées à
partir de statistique descriptive (valeurs moyennes) et de
représentations graphiques. Cette analyse a été
effectuée à partir des stations synoptiques citées ci-haut
et a permis de comprendre la variation saisonnière et interannuelle de
la température et de l'humidité relative de l'air dans la
région du Mandoul. En effet, ces différents paramètres
influencent les précipitations de la zone d'étude.
'''
Cartographie
des indices pluviométriques : En vue
d'apprécier l'évolution de la pluviométrie au cours des
différentes années, la méthode de l'indice
pluviométrique a été appliquée. Cette
méthode a l'avantage de mettre en évidence les périodes
excédentaires et déficitaires. Ainsi, pour chacun des postes
pluviométriques retenus, un indice de la pluie interannuelle a
été déterminé. Il se définit comme une
variable centrée réduite exprimée par Servat et
al., 1998 .
La représentation cartographique des indices
pluviométriques interannuels, calculés par décennie sur la
période 1960-2009, traduit l'évolution dans l'espace de la
variable centrée réduite étudiée tout en soulignant
les zones tantôt déficitaires, tantôt excédentaires.
Cette cartographie a été réalisée à partir
du logiciel Excel.
'''
Analyse
des jours pluvieux : L'étude de la variabilité
du nombre annuel de jours de pluie a été très peu
abordée au cours des travaux antérieurs (Servat et al.,
1998). Pourtant, du point de vue climatologique, l'étude des jours
pluvieux peut contribuer à améliorer nos connaissances sur les
aspects des déficits pluviométriques saisonniers et annuels ainsi
que sur les changements susceptibles d'affecter l'évolution des
précipitations. En effet, ces déficits peuvent résulter de
la diminution de la fréquence des fortes précipitations ayant
atteint ou dépassé un certain seuil. Des points de vue
agronomique et hydrologique, la diminution de la fréquence des fortes
pluies et la répartition des pluies au sein de la saison sont des
données importantes. Elles doivent être prises en compte dans la
modélisation de la variation du taux d'humidité du sol, dans le
calage des ouvrages évacuateurs des eaux de ruissellement et
d'irrigation ainsi que dans les modèles de prévision des crues
des rivières. Un consensus s'est établi : la sécheresse
subie constitue une séquence anormale vis-à-vis de la
variabilité pluviométrique du 20e siècle.
L'ampleur de ses conséquences dépendra de la durée de
cette persistance et du déficit pluviométrique qui en
découlera. Ainsi, une caractérisation des régimes
pluviométriques ne peut donc se limiter à une analyse statistique
simple de cumuls pluviométriques. Elle doit aussi comporter les
fréquences des jours pluvieux. En effet, la pluie n'est pas un
phénomène continu. Les précipitations surviennent au cours
d'événements pluvieux de durées variables se
succédant suivant des intervalles de temps variables.
7. 4. Une démarche
IMRAD combinée avec le modèle Pression- Etat -Impact-
Réponse (PEIR)
Pour ce travail, l'outil d'analyse utilisé est
« Pression-Etat-Impact-Réponse »
(PEIR). Il modélise le cadre conceptuel et théorique. En effet,
le modèle PEIR est un outil d'analyse et de gestion environnementale. Il
a été élaboré par les chercheurs de l'OCDE (1997)
pour prévenir les effets directs et indirects du fonctionnement de
l'environnement considéré par l'ensemble de ses composants comme
un système. L'un des avantages du modèle PEIR est qu'il facilite
la connaissance dans le domaine de l'évaluation intégrée
des composantes socio-économique, politique et environnementale.
Son but permet d'identifier les tendances et les solutions
durables aux problèmes environnementaux, en fondant l'analyse de
l'état de l'environnement sur des facteurs causaux de la composante
étudiée. C'est dans ce sens que le calage du modèle PEIR
est possible dans le contexte de la région du Mandoul.
Ce diagnostic est fait généralement d'un
état des lieux de la zone de l'étude. Ce qui permet de connaitre
les travaux effectués dans le domaine de recherche, les points forts et
les insuffisances. Pour cela, nous avons besoin des informations
adéquates sur les producteurs, leurs conditions de travail, leurs
méthodes, les contraintes auxquelles ils doivent faire face par rapport
à la vulnérabilité liée aux effets néfastes
du climat etc. L'un des schémas possible pour mener ces études
est le modèle Pression- Etat-Impact- Réponse
(PEIR) qui étale des relations de base entre :
· Les pressions exercées sur l'environnement par
la société humaine ;
· L'état ou la condition qui en résultent
sur l'environnement ;
· La réponse de la société à
ces conditions afin d'atténuer les impacts négatifs.
Les Pressions sont classées parmi les
facteurs ou causes sous-jacents telles que la croissance démographique,
la pauvreté, la consommation, etc.
L'Etat se rapporte à la condition de
l'environnement telle qu'elle résulte des pressions
précédentes (la dégradation des sols, la
déforestation...)
La Réponse est l'élément
de la méthode PEIR qui se réfère aux actions menées
par la société, tant sur le plan individuel que collectif,
destinées à atténuer ou à prévenir les
impacts négatifs sur l'environnement, tout en corrigeant les
dégâts existants ou en préservant les ressources
naturelles.
7. 5. Définition de l'aire d'étude
L'aire d'étude est définie en fonction de deux
macros facteurs suivants :
Les facteurs socio-économiques : nous avons choisi une
zone autour des sous-préfectures de Koumra,
Moïssala,Béboro,Goundi, Bekamba, Begara et
Dembo qui présentent une similitude de situations
économiques de par l'influence des activités agro-pastorales.
Les facteurs écologiques : nous avons choisi de nous
placer dans une zone relativement homogène d'un point de vue
bioclimatique, de façon à éliminer les gradients de
variations des facteurs climatiques et du milieu naturel qui sont susceptibles
d'influencer la composition et la structure végétale ainsi que la
structure des sols.
7.6. Les
références théoriques
Les références théoriques nous ont permis
de mener une réflexion suivant laquelle s'opèrent l'analyse des
faits et les processus identifiables de terrain. Ainsi donc, notre
première étape de diagnostic constitue la revue de
littérature suivie des enquêtes.
Ø Recherche documentaire et revue de la
littérature
La recherche documentaire et la revue de la littérature
ont permis de dresser l'état des lieux de la question et d'affiner les
pistes de recherches. Cette première approche a consisté en une
revue de documents consultables au niveau de plusieurs sites au Tchad et au
Cameroun:
· La Bibliothèque Universitaire (BU) de
l'Université de N'Djamena;
· L'Institut Tchadien de Recherche pour le
Développement (ITRAD) de N'Djamena et Bébédjia;
· La Bibliothèque de l'Institut des Sciences de
l'Environnement (ISE) à Sarh au Tchad;
· La Bibliothèque du Département de
Géographie de l'Université de Ndjamena;
· La Bibliothèque du Département de
Géographie de l'Université de Yaoundé I ;
· La Bibliothèque Centrale de l'Université
de Yaoundé I ;
· La Bibliothèque de Cameroon Environmental Watch
(CEW) à Yaoundé ;
· L'Institut National des Sciences Humaines (INSH)
à N'Djamena;
· La Direction de l'Environnement et des Ressources en
Eau de N'Djamena;
· La Direction de l'Agriculture de N'Djamena;
· La Direction des Ressources en Eau et de la
Météorologie (DREM) de N'Djamena;
· La Bibliothèque Centrale du Centre
Régional d'Education et de Formation Environnementale pour Lutter contre
la Désertification (CREFELD) à Sarh;
· Le Centre National d'Appui à la Recherche (CNAR)
de N'Djamena;
· La Bibliothèque du Centre d'Etude et de
Formation pour le Développement (CEFOD) de N'Djamena;
· Les sites internet, le logiciel de recherche Encarta,
les dictionnaires ont été consultés.
L'exploitation des documents a constitué le point de
départ. Elle a consisté à la lecture des ouvrages tant
généraux que spécialisés (thèses,
mémoires, archives, textes officiels, rapports, cartes, journaux etc.)
ayant un rapport direct ou indirect avec notre thème ou le site de notre
étude. L'objectif de cette exploitation documentaire est celui de
trouver une inspiration pour l'originalité du travail.
La revue des documents nous a ainsi permis de nous rendre
compte qu'à part quelques études socio économiques
menées sur la zone, la région n'a pas fait l'objet
d'études spécifiques sur la variabilité climatique. Par
conséquence, nous orientons notre travail dans ce contexte novateur et
d'actualité. Sans prétendre combler totalement ce vide, nous
espérons que ce travail contribuera à pallier en parties
certaines lacunes.
7.6.1. La collecte des
données de terrain
Deux sources ont été privilégiées
dans cette phase. Il s'agit des données de sources primaires recueillies
à partir des travaux de terrains (cartographie, observations
directes ; entretiens, concertations participatives, enquêtes par
questionnaire...) et des données secondaires à travers les
documents relatifs à notre thème disponibles dans les
différents centres de documentation.
7.6.2. Démarches
méthodologiques de terrain
Le souci permanent d'essayer d'atteindre les objectifs que
nous nous étions assigné au départ de pouvoir harmoniser,
à défaut d'améliorer la méthodologie, reste de
rigueur. Pour des raisons de commodité, nous présentons
l'arborescence de la méthodologie générale qui sera
progressivement approfondie tout au cours de ce travail.
Cela permettra de maintenir l'option méthodologique,
étant donné que nous considérons ces importants
renseignements comme moyens de validation et de garantie de ce travail. Les
objectifs recherchés justifient le recours à deux séries
de données en nous basant sur la méthodologie de technique de
mesure suivantes:
La collecte de données quantitatives ;
La collecte de données qualitatives.
Les observations de terrain nous ont permis d'apprécier
l'ampleur de la vulnérabilité de la région à
travers la dégradation des sols et l'état actuel de la
végétation dans sa diversité. A cet effet, plusieurs
voyages de terrain ont été effectués. Le premier voyage
qui a duré 21 jours a eu lieu dans 12 villages de la région. Une
enquête auprès des groupements villageois de Kol, Bekamba,
Bediondo, Kaba 6, Mainané, Dilngala, Doro, Bedaya, Bessada, Koko,
Kotkouli et Peni.
Après le premier voyage, un deuxième voyage de
deux semaines a eu lieu et nous a permis de discuter avec les autorités
administratives des départements ainsi que les leaders d'associations et
les responsables des ONG exerçant dans la localité sur les
différents sujets liés à la variabilité climatiques
et ses impacts sur la région. Il s'agit de World vision, Proadel (Projet
d'Appui au Développement Local), ONDR (Office Nationale de
Développement Rural), Baoba (Bureau d'Appui aux Organisations de Base)
etc. Tous ces aspects sont reflétés dans le graph
méthodologique ci-après (Figure 2).
Démarche
méthodologique
Recherches documentaires
Collecte des données de
terrain
Instituts, Centres de recherche,
Bibliothèques, Directions, Internet, etc.
Quinze villages de la région du
Mandoul
Travaux de reconnaissance
Données quantitatives
Données qualitatives
Questionnaire, Enquête-ménage à un
échantillon de quinze villages, entretien, interview.
Identification des impacts liés aux
variabilités climatiques et validation
Enquête informelle
Production des cartes et des photos
- Premières conclusions et
orientations
- Traitement et analyse des
données
Résultats
Réflexions et analyses
Vulnérabilité et adaptation des
activités agropastorales à la variabilité climatique
Prospectives
Figure 2 :
Arborescence de la démarche méthodologique 7.7.. La collecte des données
quantitatives
L'enquête-ménage, le suivi et l'inventaire sont
les moyens de recherche diagnostique auxquels nous avons
recourus. Ils ont constitué une phase clé de ce
travail de recherche tant par leur durée, leur complexité que par
les informations obtenues.
L'enquête-ménage
Elle a été guidée par les objectifs
principaux ainsi que notre connaissance du milieu. Les questions pour une
première phase, délibérément simples et pour
l'essentiel ouvertes, offrent à l'individu interrogé un large
champ de formulation des réponses. Les fiches d'enquête ont
été adressées en partie au Chef de ménage et
à l'une ou plusieurs de ses épouses, selon le cas, leur
disponibilité et la question. Les réponses obtenues ayant
été maintenues et au besoin réactualisées par la
suite.
L'administration du questionnaire
A notre arrivée au village, la prise de contact avec
les autorités administratives et traditionnelles a été
suivie de deux journées de sensibilisation sur l'objet de notre
étude auprès des responsables d'associations, des religieux, des
ONG et de certaines personnes très impliquées dans les
activités communautaires. Toutefois, mettant à profit toutes les
occasions, en dépit des nombreuses réticences et méfiances
à l'interrogation, plusieurs tentatives et suggestions nous ont conduits
à identifier plusieurs villages.
La collecte des
données qualitatives
Pour être mieux analysées, bon nombre de
données quantitatives requièrent souvent un certain nombre
d'observations supplémentaires que notre temps de présence ne
permet pas d'obtenir ou de comprendre. Cela aurait souvent exigé un plus
long séjour qui, malgré tout, n'aurait pas
systématiquement résolu les ambiguïtés. Ce qui
suggère de recourir à des moyens alternatifs et
complémentaires pour combler ces lacunes. Cette approche ne doit pas
pour autant conduire à faire abstraction d'un esprit d'analyse, critique
au besoin et surtout objectif. Les données qualitatives auront eu le
mérite de combler les limites des données quantitatives. En
effet, les indicateurs quantitatifs ne peuvent solitairement apporter une
réponse complète aux questions soulevées par un constat en
vue d'une analyse.
Les données qualitatives reposent sur des
témoignages, des enquêtes et sur l'observation, pour l'essentiel,
des éléments de la MARP dont le Guide d'entretien et les
interviews semi-structurés. Leurs recoupements avec d'autres
informations ont permis de limiter ainsi les biais. Par ailleurs, cela
constitue un excellent moyen de faire partager les connaissances des
autochtones sur la question et d'intégrer les atouts, les contraintes et
les solutions proposées dans le cadre des problèmes locaux
identifiés à la base. Les données recueillies sont surtout
relatives :
- au système d'exploitation agropastoral ;
- à la gestion des questions foncières en
relation avec notre champ d'intervention;
- aux modifications observées durant ces cinquante
dernières années;
- aux stratégies d'adaptation
développées;
- à l'appréhension et la perception locale du
phénomène.
Ces différents entretiens nous paraissaient aussi
importants que nécessaires. Par sa rigueur et ses procédures de
recoupement de l'information, ils permettent d'en réduire voire combler
les insuffisances. Toutes les occasions susceptibles de fournir de
l'information qualitative n'ont pas été ménagées.
7.8.
L'échantillonnage
Les populations des villages choisis ont constitué
notre univers d'enquête. Pour le choix de l'échantillon, nous
avons adopté la méthode aléatoire qui a l'avantage
d'offrir « au chercheur une certaine garantie lors du processus de
généralisation » Gauthier B (1990). Ce choix s'est fait
en deux étapes à savoir la définition des strates et le
choix de l'échantillon final. Pour ce faire, nous avons
procédé à un filtrage à trois conditions des
données sur ces densités à partir du logiciel Microsoft
Excel.
La condition 1 est la valeur comprise entre 70 et 150
habitants au kilomètre carré ; la condition 2 est celle qui
est comprise entre 30 et 69 habitants au kilomètre carré ;
la condition 3, la valeur comprise entre 1 et 29 habitants au kilomètre
carré. Faute d'avoir des données exhaustives sur les superficies
des villages, ce traitement s'est appliqué uniquement au niveau de 10
cantons de la région qui constituera la zone d'étude.
Ainsi, trois strates ont été
définies : Pour ce faire, les niveaux de
vulnérabilité sont a priori déterminés
hypothétiquement en fonction de la rudesse du climat en supposant
qu'elle serait déterminante et modulerait la
vulnérabilité. Sur cette base sont distingués, les cantons
présentant de vulnérabilité avancée, les Cantons
présentant des vulnérabilités moins avancées et les
cantons présentant des faibles vulnérabilités face
aux aléas climatiques. Néanmoins, un traitement similaire a
été appliqué au niveau des villages avec pour
critère de discrimination l'effectif en chiffre absolu de la population
de ces villages au dernier recensement général de la population
de 2009. Trois conditions ont également servi à ce filtrage.
La première condition est la valeur supérieure
à 1000 habitants ; la deuxième est la valeur comprise entre
999 et 500 habitants et la troisième, la valeur inférieure
à 500 habitants. Cependant, l'analyse croisée des
résultats de deux filtrages nous permettra de constater que les cantons
supposés avoir une faible densité de la population sont parfois
composés des villages à fort effectif de population.
Inversement les villages à faible effectif de
population appartiennent quelquefois à des cantons densément
peuplés. Il sera ainsi donc difficile de se baser sur un seul filtre
pour déterminer un échantillon représentatif. Raison pour
laquelle, après croisement des résultats des deux filtrages, nous
opterons pour les villages répondant aux critères de
discriminations utilisées dans ces traitements. Ainsi, notre
échantillon final a été choisi dans les strates
suivantes : d'abord dans les villages à fort effectif de
populations appartenant à des cantons présentant des fortes
vulnérabilités; ensuite des villages à effectif moyen de
populations appartenant à des cantons présentant des
vulnérabilités moyennes et enfin des villages à faible
effectif des populations à des cantons présentant des faibles
vulnérabilités. Ces trois strates constituent les sous
populations dans lesquelles est choisi notre échantillon final. Les
villages concernés par cet échantillon ont été
soumis à un tirage exhaustif sans remise pour constituer un nombre de
250 à enquêter.
7.9. Le traitement des
données
Les informations quantitatives et qualitatives sur les
variabilités climatiques ont été combinées pour des
besoins d'analyse. L'examen de leur traitement constitue un moyen pour mieux
comprendre, corriger des apparences souvent prises pour des
réalités, alimenter le débat et davantage cerner le cadre
contextuel.
Après l'enquête et la vérification des
documents, les données ainsi collectées ont été
d'abord rassemblées en vue d'une éventuelle exploitation.
Ensuite, nous avons procédé au dépouillement. Les
informations convergentes ont été regroupées. Les grandes
tendances dégagées ont fait l'objet d'analyse pour être
ensuite interprétées.
Les autres informations et non les moindres sont
également prises en compte et intégrées à
l'analyse. Cela a permis d'avoir une idée globale de la situation socio
économique qui prévaut au niveau de la région et de la
vulnérabilité.
Les fiches de questionnaires d'enquête ont
été dépouillées, saisies et compilées sur le
logiciel Epinfo ou tout autre logiciel adapté pour être
par la suite traitées et analysées sur SPSS. C'est à
l'issue de ce travail d'analyse et de traitement que la phase de
rédaction a commencé véritablement. Elle a consisté
à organiser les idées et à les ordonner autour d'un plan
basé sur l'arborescence de la démarche méthodologique.
7.10. Intérêt
de l'étude
Cette étude présente plusieurs enjeux. D'abord
du point de vue théorique, elle apporte un éclairage sur
l'évaluation des populations locales de la région de Mandoul face
au défi imposé par la dynamique climatique. Les
différentes hypothèses évoquées permettent de
savoir si les populations se sont déjà préparées ou
se mettent en oeuvre pour des nouvelles formes aux phénomènes.
Ensuite, du point de vue appliqué, la dimension
régionale de l'étude est indispensable pour l'accompagnement des
politiques publiques. Il s'agira de mettre à la disposition des acteurs
et décideurs, un outil permettant de mieux appréhender les enjeux
des variabilités climatiques dans la région.
7.11. Organisation de la
rédaction
L'étude de vulnérabilité et d'adaptation
des populations locales à la variabilité climatique dans la
région du Mandoul au Tchad passe par l'analyse d'un certain type de
variables relevant des domaines socio démographiques,
socioéconomique et biophysique. Les variables socio
démographiques sont nécessaires pour l'étude des facteurs
de croissance démographique, le processus de densification de l'espace
et ses incidences sur la modification ou la transformation du milieu naturel
tandis que les variables socioéconomiques permettent l'analyse du
fonctionnement des systèmes de productions et des modes d'exploitation
et de gestion de l'environnement.
Les variables biophysiques ou écologiques quant
à elles, servent à l'appréciation quantitative et
qualitative de la dynamique de l'espace et des problèmes
environnementaux liés aux différentes modes d'exploitation des
ressources naturelles. A la lumière de ce qui précède,
nous avons scindé nos travaux de recherches en trois grandes
parties :
- La première partie présente le milieu
d'étude dans son cadre naturel vulnérable avec une forte pression
démographique et une régression d'un espace multifonctionnel sous
l'effet du climat. Elle analyse les traits bioclimatiques et les indicateurs
environnementaux et socio-économiques de la région.
- La deuxième partie décrit et quantifie les
activités agropastorales et les variabilités climatiques, ceci
permet d'établir la vulnérabilité des milieux à la
variabilité et aux fluctuations climatiques actuelles (échelles
saisonnière et interannuelle). Une section est consacrée à
l'estimation des risques agricoles et pastoraux consécutifs à un
climat modifié ainsi que ses impacts socio-alimentaires au regard des
tendances futures.
- Enfin, la troisième partie de la thèse
présente les principaux résultats d'analyse issus des
scénarios climatiques, de la simulation des climats futurs et du bilan
de la susceptibilité des écosystèmes naturels. Dans cette
dernière partie, il est envisagé l'évaluation de
l'efficacité des mesures d'adaptation existantes afin d'étudier
la possibilité de préconiser des nouvelles options d'adaptation
des agrosystèmes comme résilience ou réponse aux effets
néfastes du climat.
7.12. Domaines
d'application potentiels des résultats de la thèse
Conformément au libellé du thème, la
présente étude doit déboucher sur les résultats
suivants :
Ø L'analyse diachronique permettant aux agriculteurs et
aux éleveurs de faire face aux aléas climatiques de plusieurs
façons: par le boisement des arbres, la réduction de la
jachère, l'accroissement de la couverture végétale,
l'amélioration de la gestion des pâturages, la modification des
espèces fourragères et des races animales ;
Ø L'utilisation plus efficace des engrais organiques,
la sélection des semences améliorée ;
Ø La promotion de l'utilisation de technologies
agricoles appropriées pour décourager l'agriculture
itinérante, par exemple l'agriculture biologique ;
Ø La préparation des populations par rapport aux
aléas climatiques;
Ø La mise à la disposition des producteurs et
des décideurs le savoir indigène lié au climat.
Ø La corrélation entre les variabilités
climatiques et l'influence des activités agro-pastorales dans la
vulnérabilité des écosystèmes naturels ;
Ø La mise en évidence de la
vulnérabilité de l'agriculture et de l'élevage par rapport
à la variabilité climatique ;
Ø L'évaluation de l'efficacité des
stratégies actuelles d'adaptation de l'agriculture et de
l'élevage et en vue d'envisager les nouvelles options pour renforcer les
mesures préconisées;
Ø Proposition de l'introduction des
variétés de cultures aux cycles cours qui fournissent les
rendements élevés dans des conditions ingrates ; par exemple, les
variétés de sorgho et d'autres céréales à
haut rendement, qui conviennent parfaitement aux zones non inondées.
7.13. Les
difficultés rencontrées
Grâce à l'attestation de recherche
délivrée à cette fin par le Chef de Département de
Géographie de l'Université de Yaoundé1, notre stage a
été possible et certains contacts ont été
facilités. Le milieu d'enquête n'a pas été trop
hostile car, les personnes contactées étaient assez disponibles
pour répondre à nos questions et/ou nous donner accès aux
centres de documentation. Cependant, il n'en demeure pas moins que
l'insuffisance des centres de documentation relative au thème choisi ont
rendu un peu difficile la recherche. Une autre difficulté, qui n'est pas
la moindre, est liée à l'insuffisance des moyens tant financiers
que matériels.
A cela, il faut ajouter également
l'inaccessibilité de certains villages due au mauvais état des
routes. Cela nous a obligés à l'utilisation des moyens de
transport à risques élevé d'accidents. Les sorties en
motos taxi, la traversée des fleuves en pirogue et la marche à
pied sur des dizaines de kilomètres nous a exposé aux coupeurs de
route et aux agressions de toutes sortes. Ailleurs, il faut de fois
côtoyer des reptiles. D'autres contraintes tiennent à la
traduction des entretiens qui, dans certains cas, allonge la durée des
entretiens et peut remettre en cause la fiabilité des informations.
L'indisponibilité des paysans en période de récolte nous a
aussi obligés à nous rendre quelquefois aux champs pour
recueillir les informations. La majorité de la population étant
analphabète, l'approche participative a souffert de ce que les paysans
avaient des difficultés à cerner les questions qui
leur étaient posées. Au final, la méthodologie
adoptée pour notre travail se résume à la matrice
synthétique représentée dans la figure N°3.
40
Questions de recherche
Objectifs spécifiques
Hypothèses
Méthodologie adoptée
Chapitres
Quelles sont les spécificités géographiques
de la région de Mandoul ?
Décrire le contexte géographique de Mandoul dans
ses composantes
Situé en zone soudano-sahélienne, la
région présente une fragilité intrinsèque
Recherche documentaire, revue de la littérature,
enquête et entretien
Contexte géographique de la région du Mandoul
Comment se manifeste la variabilité climatique dans
la région du Mandoul?
Analyser et caractériser la variabilité
climatique de la région de Mandoul
Les années et décennies les plus récentes
sont plus déficitaires au plan de la pluviométrie
Recherche documentaire, collecte des données de
terrain, enquête et entretien,
Variabilité climatique de la région du Mandoul de
1960 à 2009
Quelles influences de la variabilité climatique sur les
systèmes agricoles?
Evaluer l'impact de la variabilité climatique sur les
systèmes agricoles
Les paramètres clés d'évolution du climat
peuvent être corrélés avec la production agricole
Recherche documentaire, enquête, entretien et discussion
de groupe
Vulnérabilité et impacts de la variabilité
climatique sur le système agricole
Quelles influences de la variabilité climatique sur les
systèmes d'élevage ?
Evaluer l'impact de la variabilité climatique sur les
systèmes d'élevage
Les paramètres clés d'évolution du climat
peuvent être corrélés avec la production pastorale
Enquête de terrain, entretien et observation directe
Vulnérabilité et impacts de la variabilité
climatique sur le système pastoral
Quelles sont les réponses propres aux systèmes
d'agriculture?
Identifier les modes d'adaptation des systèmes agricoles
à la variabilité climatique
Face à la variabilité climatique, les
agriculteurs adaptent des semences et diversifient les champs
Enquête de terrain, entretien et observation directe,
analyse et traitement des données
Adaptation des systèmes agricoles à la
variabilité climatique
Quelles sont les réponses propres aux systèmes
d'élevage ?
Identifier les modes d'adaptation des activités
pastorales à la variabilité climatique
Face à la variabilité climatique, les
éleveurs adoptent des réponses plus individuelles que
collectives
Analyse, traitement des données et rédaction de
la thèse
Adaptation des systèmes pastoraux à la
variabilité climatique
Figure 3 :
Matrice synthétique de la recherche
PREMIERE PARTIE
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET
ANALYSE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA REGION DU MANDOUL
La première partie de cette étude est
consacrée à une étude diagnostique. Après un bref
aperçu sur le Tchad, l'état des lieux de la région du
Mandoul a été présenté. Le point est fait sur la
situation géo-climatique et socio-économique de la région
du Mandoul en insistant sur la relation de cause à effet qui lie les
deux aspects. La péjoration climatique, à l'origine du
déficit pluviométrique qui dure depuis une trentaine
d'années, affecte dangereusement les ressources naturelles et par voie
de conséquence l'environnement socio-économique de la
région. Les potentialités et les contraintes du milieu
biophysique sont aussi présentées en référence
à la variabilité climatique. Ensuite, le chapitre 2 est
consacré à l'analyse des variabilités
pluviométriques de la région depuis 1960 à 2009. Il en
ressort un déficit hydrique, dont les conséquences sont
manifestes sur les principaux secteurs économiques à savoir
l'agriculture et l'élevage.
CHAPITRE I : CONTEXTE
GEOGRAPHIQUE DE LA REGION DU MANDOUL
Introduction :
L'objectif de ce chapitre est de présenter notre
terrain d'étude, la région du Mandoul dans son contexte
régional. Ainsi, nous aurons à présenter tout d'abord un
bref aperçu sur le Tchad pour mieux situer le lecteur. Ensuite, une
première analyse portera plus précisément sur le cadre
biophysique, géographique et socioéconomique de la zone de
l'étude et enfin, nous présenterons les principaux enjeux et
contraintes liés à la variabilité climatique sur les
activités agropastorales de la région.
1.1. Bref aperçu
sur le Tchad
Vaste pays enclavé dans l'Afrique Centrale, le Tchad
couvre une superficie de 1284000 Km2. Il appartient à la fois
à la zone saharienne, sahélienne et soudanienne. Il est
situé entre le 7ème et le 24ème
degré de latitude Nord et le 13,25ème et le
24ème degré de longitude Est. A l'instar des autres
pays sahéliens, le Tchad est largement tributaire des conditions
climatiques et plus particulièrement de la pluviométrie. Le
climat est de type tropical à deux saisons: une saison sèche et
une saison de pluie.
Le relief du Tchad est accidenté avec une succession de
plaines et de montagnes. La végétation se caractérise par
des savanes boisées, arborées et des galeries forestières
en zone soudanienne. La zone sahélienne est le domaine de la savane
arborée et arbustive. La zone saharienne est caractérisée
par la rareté de végétation rabougrie et des palmiers.
Le réseau hydrographique est important,
caractérisé par le système Chari-Logone, des Lacs et leurs
vastes plaines d'inondations ainsi que le potentiel en eaux souterraines
Le pays recèle d'importantes ressources naturelles,
tant du point de vue des ressources en eau que des ressources floristiques,
fauniques, halieutiques ou encore des ressources minières. Le Tchad
compte environ 39 millions d'ha de terres cultivables (soit 30% du territoire)
dont 20 millions d'hectares de terres arables (Lazarev, 2008).
Selon les résultats du RGPH 2009, la population est
estimée à un peu plus de 11 944 000 en 2010, dont plus
de 80 % vivent en milieu rural. Elle est caractérisée par une
population jeune (55 %) qui s'accroît rapidement (3,4 % par an).
L'économie tchadienne est basée essentiellement
sur les secteurs secondaire et primaire. Quoi qu'encore dépendante des
variations climatiques, l'agriculture occupe la première place dans
l'économie tchadienne avec des revenus situés à environs
45 % des recettes. Globalement 80 % de la population rurale vivent des
activités agricoles (Inseed, 2005).
L'élevage représente un pôle important
dans l'économie nationale. Il emploie 40 % des populations actives et
contribue pour 13 % au PIB. La faune domestique est variée. On trouve au
Tchad des caprins, ovins, bovins, camelins, équins, porcs et volailles
dans presque toutes les zones bioclimatiques. Malgré la
dégradation des ressources naturelles en général et des
ressources hydriques en particulier, le Tchad dispose de potentialités
considérables des ressources halieutiques. Les zones de pêche sont
principalement constituées du Lac Tchad, des fleuves Logone et Chari,
des lacs inférieurs et des plaines inondées.
Le potentiel halieutique est fortement dépendant de la
pluviométrie. Il varie de 144.000 tonnes à 280.000 tonnes en
période de bonne pluviométrie. La contribution de la pêche
au PIB est d'environ 10 % Le secteur est en cours de structuration. Le Plan
directeur de la pêche définit les axes stratégiques du sous
secteur. Il a permis de dresser l'état des lieux et de définir
les projets prioritaires du développement de la pêche et de la
pisciculture. La production du pétrole à partir des champs
pétroliers de Doba a été estimée à
près de 250 000 barils/jour. Cette activité donne un nouveau
souffle à l'économie tchadienne en injectant plus de 2,5
milliards de dollars US par période d'exploitation estimée
à 28 ans.
Elle cause d'autres dommages à l'environnement car le
pétrole Tchadien est drainé par pipeline sur une distance
de 1096 km jusqu'à Kribi au large du Cameroun. D'autres bassins ont
été découverts récemment dans les régions du
Mandoul, du Moyen Chari, du Mayo Kebbi, dans le Kanem, etc. Ces réserves
de pétroles, si elles arrivaient à être exploitées,
contribueraient davantage à dégrader l'environnement si des
mesures adéquates ne sont pas prises.
La question environnementale n'est pas un
phénomène récent. Elle a commencé
véritablement avec les sécheresses des années 1970 et 1980
où des modifications drastiques de l'environnement se sont produites.
Les variabilités climatiques ont provoqué le déplacement
des isohyètes vers le sud entraînant d'importants bouleversements
des paysages. Cette situation est aggravée par la pression anthropique
suite à une croissance démographique de plus en plus forte. A
cela s'ajoute l'insécurité et les conflits armés
récurrents, les problèmes du Darfour qui ont fait que le Tchad
accueille de nombreux déplacés de l'intérieur et des pays
voisins et cela n'est pas sans incidence sur l'environnement du pays.
Pour faire face à ces questions environnementales, le
Tchad, à l'instar des autres pays de la sous-région, a mis au
point une nouvelle orientation et des stratégies inspirées des
conclusions des rencontres internationales en vue d'améliorer le cadre
de vie des populations (Siadmadji, 1994). C'est ainsi qu'un certain nombre de
programmes ont été élaborés parmi lesquels, le Plan
d'Action National pour la Lutte Contre la Désertification (PAN/LCD) en
1999 et la SNRP (Stratégie National de Réduction de la
Pauvreté) en 2003, le Plan National d'Action Environnemental (PNAE)
2004, la Stratégie Nationale et Plan d'Action en matière de
Diversité Biologique (SNPA-DB) en 1992, le Schéma Directeur de
l'Eau et de l'Assainissement (SDEA) en 2003, etc. Ces programmes ont inscrit
dans leurs objectifs prioritaires la Protection, la Restauration des sols et
l'amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables avec
une mention spéciale sur une agriculture productive et pérenne et
un élevage durable et respectueux de l'environnement.
Sur le plan régional et sous régional, il
convient de souligner que depuis des décennies plusieurs initiatives
politiques ont été prises pour faire face aux défis de
l'environnement. Parmi ces initiatives on peut citer l'adhésion du
Tchad aux organisations inter-régionales ou internationales suivantes:
Centre d'application de la Météorologie au Développement
(ACMAD), Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC),
Conférence sur les Ecosystèmes des Forêts Denses et Humides
d'Afrique Centrale (CEFDHAC), Autorité du Bassin du Niger (ABN),
Commission du Basin du Lac Tchad (CBLT), Comité Permanent Inter- Etat de
Lutte Contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique(NEPAD), etc.
Sur le plan International, les débats sur les questions
environnementales qui se déroulent aujourd'hui dans les instances
internationales cherchent à identifier les moyens d'intégrer les
instruments clés adoptés par la communauté internationale
depuis le sommet de Rio en 1992. Il s'agit notamment, des Objectifs de
Développement pour le Millénaire des Nations Unies (OMD) qui
visent à réduire de moitié la pauvreté et
l'insécurité alimentaire d'ici 2015.
1.2. Etude diagnostique de
la région du Mandoul
La région du Mandoul (9,21o nord et
17,22o est) au sud du Tchad et sur les marges septentrionales de la
République Centrafricaine, couvre 3 départements (figure 4) se
trouve dans une ambiance de climat soudanien.
Source BCR, Moutedje 2007
Figure 4 : Zone
d'étude dans le découpage régional du territoire
tchadien1.2.1. Un climat soudanien
contrasté
Par sa position géographique, la région est
soumis à un système de deux vents : le vent de secteur Nord-est
(Harmattan) qui est l'alizé issu des zones de hautes pressions de Libye
et de la dorsale de l'anticyclone des Açores, puis le vent de secteur
Sud-Ouest (mousson guinéenne) issu de l'anticyclone de Sainte
Hélène. Le premier est un vent sec, froid pendant la
période décembre-février et chaud en mars-mai. Le second
est chaud et humide. Le contact dynamique de ces vents définit la zone
de convergence intertropicale (ZCIT) appelée le front intertropical
(FIT). La migration du FIT est fonction du comportement
(renforcement/affaiblissement) des anticyclones.
De novembre à mars avec le renforcement des
anticyclones des Açores et de Libye, et l'affaiblissement de
l'anticyclone de Sainte Hélène, le FIT se trouve aux environs de
5°-7° N. Durant cette période, prédomine l'Harmattan. A
partir d'avril, la légère remontée du FIT donne lieu
à des précipitations dans la partie méridionale du
pays.
Dans sa progression saisonnière, le FIT atteint sa
position septentrionale la plus avancée (20°-22° N) en
juillet-août, mois pendant lesquels tombent environ les trois quarts des
précipitations annuelles. En septembre, les précipitations sont
encore notables, mais le FIT rétrograde rapidement vers le Sud. La
saison sèche s'installe vers la fin de ce mois ou début d'octobre
mais, les pluies peuvent être observées jusqu'en novembre. Les
précipitations sont marquées par une forte
irrégularité dans leur répartition tant spatiale que
temporelle. Cette irrégularité s'explique par l'importance de la
distribution du flux de la mousson guinéenne, principale source
d'humidité.
Les données climatiques utilisées pour nos
travaux de recherches proviennent de la station météorologique de
la zone d'étude. Il s'agit de la station du poste de l'ONDR de Koumra,
chef lieu administratif de la région, qui se trouve à 395 m
d'altitude, comparée à ceux de Doba, Moundou, Sarh et
N'Djamena.
La région du Mandoul est soumise à un climat
soudanien contrasté, singulièrement influencé par la
proximité des fleuves Chari et Bahr Sara ainsi que la vallée du
Mandoul. Ce climat succède à une nuance guinéenne au Sud.
Au-delà, sur le reste du territoire tchadien, on passe à la zone
sahélo-soudanienne (figure 5).
Figure 5: Zone
bioclimatique du Tchad
Source : DREM, 2006,
Le régime alterné de mousson provoque dans la
région des pluies, irrégulières, souvent violentes,
étalées sur six mois selon la latitude, avec des chutes maximales
en juillet et août, comme le montre le tableau 1.
Le régime thermique est caractérisé par
une période froide (décembre, janvier et février) avec une
température de 12°C à 25°C. Le maximum de
température est atteint entre mars et avril 43° à
45°C.
Tableau 1 : Des
saisons de la région du Mandoul
Saisons
|
Sèche
|
Pluvieuse
|
Air dominant
|
L'harmattan
|
La mousson
|
Mois
|
- Sec et frais entre Décembre et
Février ;
- Chaud entre mars et mai
|
Humide et chaud entre mai et novembre
|
Source : CNAR, 2004.
Ce climat se caractérise d'une part par une forte
insolation et une faible amplitude thermique annuelle et d'autre part par la
distribution monomodale des précipitations. Cela se traduit par la
succession d'une saison sèche de six mois et d'une saison pluvieuse de
six mois. La saison sèche couvre la période allant du mois de
novembre au mois de mai. Elle correspond au passage dans la région de
l'harmattan venant du nord.
Ce passage est marqué par l'assèchement complet
des herbes pendant que la majorité des arbres perdent leurs feuilles
vers la fin de cette saison. L'atmosphère est chargée des
fumées noires issues des feux de brousses et des particules de
poussières soulevés par les vents : c'est la période
des brumes sèches. La saison humide débute vers le mois de juin
et atteint son paroxysme au mois d'août, la savane devient luxuriante. La
hauteur des précipitations moyennes est au dessus de 950 mm.
Une enquête sur le terrain a montré que le
réseau pluviométrique n'est constitué que de deux stations
pluviométriques. La Direction des Ressources en eau et de la
Météorologie (DREM) n'a qu'une seule station
pluviométrique à Bekamba qui n'est plus tenue par un
professionnel depuis 2000.
Avec la mutation des Chefs de Ferme de la Coton Tchad, les
données se perdent au fur et à mesure. La taille de
l'échantillon collecté est de 7 années d'observation
(2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008). Le poste pluviométrique de
Koumra est tenu par les agents de l'ONDR. A ce niveau, la pluviométrie
journalière des 50 dernières années est disponible, et
c'est dans cette station que nous avons reçu des données pour nos
analyses. Ces données ont été comparées aux
données des stations de trois régions voisines et à celles
de N'djamena. Le tableau 5 illustre la situation géographique de deux
stations de la région d'étude.
Tableau 2 : Situation
géographique du réseau pluviométrique
Station
|
latitude
|
Longitude
|
Altitude (m)
|
Koumra
|
8°55
|
17°33
|
395
|
Bekamba
|
8°42
|
17°22
|
380
|
Source: Monographies
hydrologiques ORSTOM N°2
Le parc météorologique de la ferme de Bekamba,
installé pour le suivi des cultures de la ferme Coton Tchad a
été endommagé. C'est ainsi que nous avons collecté
l'ETP moyenne mensuelle des cinquante dernières années de la
station météorologique de Koumra. Cependant, il y a quelques
données manquantes. Ces ETP ont été calculées par
les agents de la DREM.
Une courbe représentative de l'ETP moyenne mensuelle a
été tracée. La courbe montre que l'ETP moyenne mensuelle
varie entre 100 et 200 mm. Le cumul moyen annuel est de 1725 mm. Quelques cas
exceptionnels peuvent être énumérés ici :
o En Mars 2000, l'ETP a atteint un maximum de 225,4
mm ;
o Le cumul annuel en 2005 a atteint 2000 mm.
Le bilan hydrique annuel est donc déficitaire.
Figure 6 : Evolution
moyenne de l'évapotranspiration potentielle de 1960 à 2009
à la station de Koumra
1.2.2. Un
gradient morpho-topographique presque homogène
Le
relief de la zone d'étude est essentiellement représenté
par des plaines d'épandage surmontant des formations de socle
précambrien. En observant les pentes, on s'aperçoit que le bassin
du Mandoul est à un niveau plus élevé que celui
du moyen Chari dans la région voisine. Ce dénivellement peut
expliquer l'alimentation tardive et l'assèchement précoce de la
vallée du Mandoul (Bricquet et al., 1997).
La région présente d'une manière
générale un gradient morpho-topographique presque
homogène. L'altitude varie entre 300 m et 500 m. Trois ensembles de
relief s'y distinguent nettement : il s'agit d'abord des plaines
exondées du département de Mandoul-est qui culminent à 412
m, ensuite des plaines alluviales (350 m) du Bahr Sara et de la sous
préfecture de Bedjiondo et enfin des parties basses ou
vallonnées, comprises entre 300 et 320 m qui s'observent à
l'ouest de la région et descendent en pente vers la vallée du
Mandoul.
Les plaines exondées qui présentent des
caractères morphologiques presque identiques se situent à environ
422 m d'altitude. Elles laissent affleurer des granites à biotite et
amphibole. Les pentes granitiques à chaos de boules portent une
végétation arborée tandis qu'un tapis herbacé
domine sur les roches basiques.
Les plaines alluviales situent au sud-est de la région.
Elles sont moins étendues en amont et s'étendent en aval du Bahr
Sara. En bordure des rivières, les levées des berges
limono-sableuses à sol peu évolué portent une galerie
forestière plus ou moins dégradée. En arrière,
s'étendent des flats argileux à végétation
herbacée, inondées quatre à cinq mois dans l'année.
C'est le domaine des sols hydromorphes à gley. La variété
des traits morpho-topographiques détermine la répartition de la
végétation de la localité (Iyebi-Mandjek O. 2005).
La grande vallée du Mandoul est faiblement
ondulée et comporte des interfluves séparés par des
vallons évasés avec une partie située en amont de
Bedaya qui est restée très encaissée. En
général, les pentes sont faibles sauf dans les zones
situées aux abords des plaines exondées.
1.2.3. Un
réseau hydrographique dense
La région du Mandoul se localise dans la vallée
entre le cours d'eaux permanent (Bahr Sara), le grand et le petit Mandoul et de
nombreux cours d'eaux intermittents (Andjikob, Narmbanga, Kaarngawayg,
Khou, Takawa, Bengoro, etc.). La figure 7 nous présente le
réseau hydrographique de la région.
Figure 7 :
Réseau hydrographique de la région du Mandoul
Source : CNAR, 2009.
Principal collecteur de la région (point B de la photo
1), le Bahr Sara commence son cours sur les hauts plateaux situés au
nord de la République Centrafricaine et descend légèrement
avec une orientation sud-est avant de se jeter dans le fleuve Chari sur un
parcours de 216 km. Dans son parcours, il traverse les vallées qui sont
peu incisées et bordées des forêts galeries, remarquables
sur le point A de la photo 1. Rares sont cependant les rivières qui
restent alimentées en saison sèche. Les mares observées un
peu partout dans la région jalonnent les lits mineurs et constituent
alors les seuls points d'eau utilisés par les éleveurs.
C
B
A
Photo
1 : Fleuve Bahr Sara, Cliché Rebaye,
Maïnané, Juillet 2009.
Légende :
A : Forêt galerie, B : Une partie de vue du fond du fleuve,
C : berge sapée par la crue
1.2. 4. Le cours
d'eau Mandoul
Le Mandoul est un affluent du Bahr Sara qui est situé
sur sa rive gauche. Ce cours d'eau passe d'une altitude de 410 m à 369
m; Il reçoit sur sa rive gauche le petit Mandoul qui descend une zone
d'altitude de 400 m à 372 m pour un parcours de 106 km jusqu'à la
confluence. L'étude du bassin versant faite par l'ORSTOM, a
montré que le Mandoul a une pente moyenne de 0,6%o à
Doro-Ndila et 0,20%o à Narmbanga. Il s'agit donc d'une
rivière de plaine comme le montre le point A sur la photo 2. La
contribution du Mandoul au Bahr Sara n'a jamais atteint 50 m3/s
(monographie du Chari). Ainsi le Mandoul draine une superficie de 12724
km2, et parcourt une distance de 162 km jusqu'à
Bedaya pendant la saison pluvieuse, pour une pente moyenne de 0,8
m/Km. En saison sèche le cours d'eau se scinde en plusieurs marigots.
B
A
Photo
2 : Une vue sur le petit Mandoul, Cliché A.
Siadmadji, Kemkada, Septembre 2009.
Légende : A :
Sols rouge du Mandoul, B : Mare permanente
A l'exception de la partie nord-est du département de
Mandoul-est, l'ensemble du paysage présente un bon drainage. Le
caractère du milieu paraît en contradiction avec l'abondance des
sols hydromorphes, c'est-à-dire des sols dont l'évolution
nécessite un engorgement au moins temporaire ou partiel des profils.
La densité du réseau hydrographique
détermine l'importance des galeries forestières et des cordons
rupicoles qui longent le collecteur principal et ses principaux affluents. A
coté de ses formations, s'ajoutent les forêts claires des
vallées secondaires qui donnent une originalité à la
savane de la région et son sol de couleur rouge située le long du
point A de la photo.
1.2.5. Un
contexte géologique constitué des roches
cristallophylliennes
La géologie de la région du Mandoul s'inscrit
dans celle du bassin du Moyen Chari. Le socle cristallin (granite, roches
cristallophylliennes) est souvent très profond. Selon Bouyer et Bengaly
(2006), les études gravimétriques et
aéro-gravimétriques le montrent à 2000 m de profondeur.
Les formations primaires et secondaires n'apparaissent pas dans notre
d'étude (Cabot, 1972).
Les formations rocheuses de la région sont des
formations tertiaires continentales appelées Continental Terminal
(Oligocène-Miocène). Ce sont des roches
sédimentaires composées des argiles, des sables et des
grès. Ces formations appartiennent à la série des "sables
de Koumra" décrite en 1981 par (Le Roy, 1996). Cette série est
constituée de sables rouges et de sables blancs. Les sables de Koumra,
particulièrement de couleurs rouges, occupent une bonne partie de la
localité. Ces sables paraissent provenir du démantèlement
des sols ferrugineux mais surtout des sols ferralitiques.
Selon le substratum géologique et la topographie, les
sols de la région appartiennent à plusieurs
catégories : les sols ferrugineux tropicaux, les sols peu
évolués, la classe des vertisols et paravertisols, les sols
ferraliques, les sols hydromorphes,etc.
Les sols ferrugineux tropicaux sont de loin les plus
répandus dans la région. Ils sont en général
chimiquement pauvres. La plupart de ces sols sont sableux dans les horizons de
surface et renferment des éléments grossiers. Ils sont
très perméables et parfois filtrants.
Ils se dessèchent assez rapidement et ont une texture
sableuse en surface et argilo-sableuse en profondeur. La structure est
particulaire, grossière en surface à massive, plus ou moins
riches en concrétions ferrugineuses dans l'horizon médian. La
couleur est grise en surface, devenant brun - jaunâtre à brun
rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils sont aussi
poreux (macro pores) avec des teneurs en matière organique. Le complexe
absorbant contient des valeurs variables en bases échangeables et la
capacité d'échange est moyen. La figure 8 ci-après
présentée illustre à suffisance les differents types de
sols qui caractérisent la region.
Ces sols sont utilisés pour une gamme variée de
cultures vivrières et parfois des cultures de rente comme le coton. En
effet selon les régions, ces sols portent le maïs, le sorgho, le
mil, le niébé, l'arachide, le voandzou, l'igname, le
manioc etc. Leur mise en valeur rationnelle et rentable nécessite des
amendements organiques et minéraux.
Figure 8 :
Differents types de sols de la region
Source : CNAR, 2009
Les sols peu évolués
sont dits peu évolués parce que soit l'apport de matériau
est récent, soit parce que l'érosion vient de décaper la
roche. La sous-classe comprend deux groupes : le groupe des sols peu
évolués d'érosion (lithiques pour les roches-mères
dures), régosolique (roches tendres) et le groupe des sols peu
évolués d'apport alluvial (bordures des cours d'eau), colluvial
(ruissellement), anthropique (homme), etc. Ces sols se rencontrent dans toute
la région. Du point de vue de leurs caractéristiques physiques et
chimiques, ils ont une texture généralement sableuse
(légère), à structure particulaire.
La couleur d'ensemble est gris brun. Ils sont
perméables et leur drainage est légèrement excessif. Ils
sont très poreux (macro porosité). La matière organique
est faiblement représentée (1 à 2 %). Le rapport C/N varie
entre 12 et 15. Le complexe absorbant contient une somme des bases allant de 9
à 13, une capacité d'échange faible et un taux de
saturation supérieur ou égal à 70 %. Le pH est faiblement
acide à neutre (6-7). Les sols peu évolués
d'érosion sont en principe à mettre en défens ou à
être reboisés. Il n'est cependant pas rare de rencontrer sur ces
sols des cultures vivrières (mil, sorgho, maïs, arachide,
niébé etc..) dans presque toute la région. Les sols peu
évolués d'apport alluvial (chimiquement riches en
éléments minéraux) et même les sols d'apport
colluvial sont exploités en cultures vivrières ou de rente.
Les vertisols présentent des fentes de dessiccation en
saison sèche. Leur structure est grumeleuse en surface,
polyédrique à prismatique grossière en profondeur ; la
macroporosité est très faible, la cohésion ainsi que la
consistance sont très fortes. Ce sont des sols argileux à
dominance d'argiles gonflantes dont les proportions avoisinent le plus souvent
35-40 %, la capacité d'échange cationique (CEC) est en moyenne de
35 à 40 méq/100 g d'argile avec une couleur d'ensemble noire ou
gris foncée. Ils sont souvent riches en nodules calcaires en profondeur.
Ils sont formés en zones planes ou déprimées
présentant un pédoclimat humide pendant de longue période.
Les vertisols et para vertisols ont une texture argileuse (fine). La structure
est grumeleuse en surface à prismatico-cubique en profondeur. La couleur
d'ensemble est gris brun. Ils sont peu perméables et leur drainage est
imparfait. Ils sont peu poreux (micro et macro pores). Les teneurs en
matière organique sont moyennes à riches (2 à 5 %). Le
rapport C/N oscille entre 9 et 12. Le complexe absorbant est riche en bases
échangeables (32 méq). La capacité d'échange est
forte à très forte et le taux de saturation est de l'ordre de 80
%. Le pH est faiblement acide à neutre (7-8).
Du point de vue de leurs aptitudes et possibilités
d'utilisation, les vertisols sont généralement bien pourvus en
matière organique, en bases échangeables (calcium et
magnésium), en phosphore et en minéraux altérables, et ne
posent donc pas de problèmes chimiques pour une exploitation agricole.
Ils conviennent à toute une gamme variée de cultures
vivrières et de rente, entre autres : riz, igname, maïs, coton,
niébé, canne à sucre ; etc. Sur le plan physique, ils sont
très difficiles à travailler : collants et très plastiques
à l'état humide, très durs à l'état sec.
Les sols ferrallitiques ont une texture sableuse à
sablo-argileuse en surface devenant argilo-sableuse en profondeur. La structure
particulaire en surface est massive en profondeur, parfois plus ou moins riches
en concrétions ferrugineuses. La couleur est brun-rougeâtre
à rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils
sont poreux. Les teneurs en matière organique sont faibles à
moyennes (1 à 3 %).
Le rapport C/N oscille entre 13 et 17. La somme des bases
échangeables est moyenne . La capacité d'échange est moyen
et le taux de saturation varie entre 40 et 60 %. Le pH est très variable
et va parfois de fortement acide à neutre (5-7). Ils sols portent les
cultures de rentes et les cultures annuelles pratiquées dans ces
localités (maïs, manioc, igname, etc.)
Le problème de ces sols est la perte de la
matière organique conduisant à une baisse de fertilité.
L'élément le plus déficient est le potassium. Pour
restaurer à ces sols leur fertilité, la recherche a
proposé quelques solutions issues des résultats
d'expérimentations agronomiques telles que : la restitution des produits
de récolte, l'utilisation de la drèche de bière, du fumier
de ferme, des tourbes, l'agroforesterie.
Les sols hydromorphes sont des sols dont l'évolution
est dominée par l'effet d'excès d'eau pendant toute ou une partie
de l'année entraînant un engorgement temporaire ou permanent d'une
partie ou la totalité du profil. Cet excès d'eau peut être
dû soit à la présence ou à la remontée de la
nappe phréatique, soit au manque d'infiltration des eaux pluviales.
Selon les conditions d'anaérobiose, l'hydromorphie peut se traduire par
une accumulation de matière organique de type tourbeux.
Le phénomène peut être accompagné,
de manière irrégulière, par une redistribution de
calcaire, de gypse et parfois de l'induration de ces éléments.
Ils caractérisent souvent les zones déprimées, les
talwegs, les têtes de ruisseaux, etc. Les sols ont une texture sableuse
en surface et argileuse à argilo-sableuse en profondeur.
La structure est particulaire à massive. La couleur est
gris brun foncé dans l'ensemble. Ils sont perméables à peu
perméables et leur drainage est imparfait à pauvre. La
matière organique est moyennement présente (2 à 3 %). Le
rapport C/N oscille entre 15 à 16. Le complexe absorbant est pourvu en
bases échangeables. La capacité d'échange est faible et le
taux de saturation varie de 60 et 90 %.
Le pH est faiblement acide à neutre (6-7). Ces sols
sont généralement assez riches chimiquement. L'excès d'eau
est le facteur limitant majeur. Sur les sols à gley où l'eau
reste une bonne partie de l'année, les possibilités de mise en
valeur sont réduites. Sur les sols à pseudo-gley, plus
aérés, la gamme peut être très variée allant
des cultures vivrières (igname, maïs, etc.) aux cultures de rente.
1.2.6.
Caractérisation floristique et faunique de la région
La situation de la région du Mandoul entre le domaine
soudano-guinéen et le domaine soudano-sahélien lui fait
bénéficier également d'une végétation et
d'une flore assez diversifiée. Les formations végétales de
la terre ferme varient des galeries aux savanes arborées, des
forêts claires aux savanes boisées.
Dans l'ensemble, 188 espèces réparties en 50
familles ont été recensées. Les sites les plus riches
demeurent toujours la forêt de Khou-Guira (125 espèces)
dans le Bahr-Sara, la forêt de Bessara (81 espèces),
Khou de Koutou et Khou de Bodo (58 espèces),
Dembo (54 espèces) et enfin Mondélé (51
espèces).
En dehors des forêts et des savanes, la diversité
de la végétation est faible dans les terroirs à vocation
agricole des départements de Khou et Bahr Sara. Certaines
espèces fruitières sont rencontrées en savanes
sélectionnées. Dans les vallées, les forêts galeries
souvent dégradées abritent encore quelques espèces. On y
constate un état de dégradation au cours des vingt
dernières années (CBLT, 2006).
1.2.6.1. Savanes type 1
Les savanes de types 1 (voir photo 3) sont des formations
boisées formées de deux strates bien distinctes.
B
A
Photo
3 : Savane du type 1, cliché INSH, 2008.
Légende : A :
Berlinia grandiflora, B : Andropogon
Dans la savane du type 1, la première strate basse est
constituée d'herbacées dominées par Andropogon 1,
Andropogon 2 (Poaceae) et Aframomum melegueta, Marantaceae,
situés sur le point B. La deuxième strate ligneuse, haute
d'environ huit mètres, comporte les espèces comme Berlinia
grandiflora (point A) Maytenus senegalensis (Celastraceae) Piliostigma
thonningii (Caesalpiniaceae) Pleiocarpa mutica (Apocynaceae) et
Vittelaria paradoxa (Sapotaceae).
1.2.6.2. Savanes de type 2
Les savanes de type 2 sont des formations dont la hauteur des
ligneux est comprise entre quatre mètres et huit mètres. Cette
situation peut produire, dans certains cas, un mélange de la strate
herbacée basse et ligneuse au dessus (voir point A de la Photo 4).
C
B
A
Photo
4 : Savane du type 2, cliché INSH, 2008.
Légende: A : Vittelaria paradoxa, B :
Aframomum melegueta, C : Piliostigma thonningii
La strate herbacée de cette savane du type 2 est
composée de trois espèces d'andropogon (Poaceae),
d'Aframomum melegueta (Marantaceae), Mitracarpus scaber
(Rubiaceae) et d'une espèce d'Asteraceae, situées
en point B de la photo 4. Les ligneux se composent de Berlinia grandiflora
(Caesalpiniaceae), Piliostigma thonningii (Caesalpiniaceae) Parinari
curatellifolia (Chrysobalanaceae) Annona senegalensis (Annonaceae) Gardenia
erubescens (Rubiaceae) Vittelaria paradoxa.
1.2.6.3. Savanes de type 3
Les savanes de type 3 (voire photo 5) sont des milieux
très ouverts constitués d'une couverture végétale
à une seule strate combinée de ligneux au point A et
d'herbacées au point B.
B
A
Photo
5 : Savane du type 3, cliché INSH, 2008
Légende : A : Hymenocardia acida ,
B : Imperata cylindrical
Dans cette savane, les arbres sont tortueux, rabougris et
portant les marques du passage régulier des feux. Les herbacées
de ces milieux sont Andropogon, Imperata cylindrica
(Poaceae) Cissus producta (Vitaceae) et d'une espèce
d'Asteraceae. Les ligneux sont Hymenocardia acida
(Hymenocardiaceae) Berlinia grandiflora (Caesalpiniaceae), Parinari
curatellifolia (Chrysobalanaceae).
1.2.6.4. Forêts
galeries
Les forêts galeries (voire photo 6) bordent les cours
d'eaux de moindre importance. Dans ce cas, les arbres formant la galerie qui
couvre totalement le lit de certains cours d'eau. La largeur de ce cordon
n'excède pas les 500 m dans la plupart des cas.
B
A
Photo
6 : Forêt galerie, cliché INSH,
2008
Légende : A : Saba senegalensis, B :
Sol jonché des lianes
Ces forêts restent vertes toute l'année et sont
donc moins exposées aux effets des feux. Les espèces les plus
fréquemment rencontrées sont (Sterculiaceae), Saba
senegalensis (Apocynaceae) sur le point A de l'image, Anchomanes welwitschii
(Araceae), Cissus producta (Vitaceae), Elaeis guineensis (Arecaceae) et
Paullinia pinnata (Sapindaceae).
1.2.6.5.
Îlots forestiers
Les îlots forestiers (voire photo 7) sont des formations
de ligneux, de superficies plus ou moins grandes, incluses dans les savanes.
C
B
A
Photo
7 : Ilot forestier, cliché INSH, 2008.
Légende :
A : Antiaris toxicaria, B : Millettia zechiana, C : Neuropeltis
acuminata
Cette formation végétale renferme de grandes
ouvertures causées par les feux de brousse au cours de la saison
sèche. Les espèces caractéristiques sont : Antiaris
toxicaria (Moraceae) sur le point A, Mallotus oppositifolius
(Euphorbiaceae), Millettia zechiana (Mimoceae) au point B, Olyra
latifolia (Poaceae), Whitfieldia colorata (Acantaceae), Aidia genipiflora
(Rubiaceae), Cola caricaefolia (Sterculiaceae), Dichapetalum heudelotii
(Dichapetalaceae), Paullinia pinnata (Sapindaceae), Pleiocarpa mutica
(Apocynaceae), Saba senegalensis (Apocynaceae), Scleria boivinii (Cyperaceae),
Secamone afzelii (Apcynaceae), Vitex micrantha (Verbenaceae), Cola gigantea
(Sterculiaceae), Dialium guineense (Caesalpiniaceae) et Neuropeltis acuminata
(Convolvulaceae) au point C de la photo 7.
1.2.7.
Facteurs de dégradation du couvert végétal
Les facteurs de dégradation des ressources naturelles
dans la région du Mandoul sont divers et variés:
- Les feux de brousse ;
- La pression sur les ressources végétales et
la faune ;
- Un cadre humain fortement marqué par le poids de
l'histoire ;
- Les mauvaises pratiques agro-pastorales.
1.2.7.1. Les
feux de brousse
Les feux de brousse peuvent avoir des origines diverses. Ils
peuvent être volontairement mis par les éleveurs pour provoquer
une rapide repousse d'herbes tendres, fraîches et plus
appétissantes. C'est le cas des plaines inondables, des abords des cours
d'eau. Les agriculteurs pratiquent aussi la chasse au feu en incendiant la
brousse. Le feu de brousse peut aussi être provoqué par un
inconscient fumeur de cigarettes.
Les feux précoces sont des feux
tactiques, mis volontairement lorsqu'une partie de la brousse est encore verte,
pour créer des zones protégées (villages, vergers, routes)
et cloisonner l'espace rural afin d'éviter les grands incendies tardifs
sur de grandes surfaces. Ces feux précoces permettent de préparer
les parcours du bétail pour la saison sèche ou de nettoyer les
parcelles pour la prochaine année.
Ils sont souvent allumés entre septembre et octobre.
C'est une technique agropastorale pour prévenir les dégâts
de feux non désirés. Seulement, ils doivent être bien
contrôlés, sinon ils deviennent une source de conflits. Selon
Philippe Bernadet, « les feux précoces peuvent
également être cause de destructions de récoltes, notamment
de coton, et sont donc source de tension entre les éleveurs et les
cultivateurs autochtones. Mais les conflits provenant de telles circonstances
sont assez rares... ».
Les feux tardifs : Compte tenu de leurs
moyens et de leur niveau de technicité, l'agriculteur et
l'éleveur n'ont souvent à l'heure actuelle, pas d'autres moyens
de défrichement ou de remise des terres agricoles et de pâturages
que le feu. L'on ne saurait condamner l'utilisation des feux sans tenir compte
de cette composante fondamentale des agro-pasteurs.
Le problème vient de la propagation non
contrôlée des feux tardifs (Janvier à février), en
dehors de la zone où ils pouvaient avoir un effet, au moins positif en
partie (champs, abord de la piste, pâturage). C'est pourquoi il faut
tenter de solutionner les feux tardifs par une gestion participative de la
population locale. Il ne faudrait pas oublier le côté
traditionnel, socio- culturel, voire religieux de l'utilisation du feu de
brousse, fortement ancré dans les esprits.
Enfin, les débris végétaux en
s'accumulant en cas de protection totale, augmentent les risques de feux
tardifs avec des dégâts encore plus importants. Avec la
variabilité climatique, les feux tardifs accélèrent le
processus de la désertification qui menace le Tchad. Il est temps de
rechercher à minimiser les dégâts des feux tardifs sauvages
aux conséquences graves en les gérants au mieux dans des espaces
à aménager.
Des cas de feux de brousse sont toujours enregistrés
dans la région et constituent une contrainte de taille à la
régénération naturelle des formations ligneuses. La zone
sylvo-pastorale enregistre annuellement des milliers d'hectares touchés
par les feux. Cette situation porte de graves préjudices à la
conservation de la biodiversité. Ces feux de brousse s'expliquent entre
autres par :
- L'insuffisance de sensibilisation des populations ;
- L'inefficacité de certains comités de lutte
et de vigilance ;
- L'insuffisance des moyens des structures d'encadrement ;
- La non application rigoureuse de la réglementation
sur les feux.
1.2.7.2. La
pression sur les ressources végétales, faunistiques et
édaphiques
La combinaison des actions pour la satisfaction des besoins
croissants des populations en produits agricoles, pastoraux et forestiers est
à la base d'une pression de plus en plus forte sur les ressources
ligneuses. Ainsi, le couvert végétal se rétrécit
considérablement, la pratique de la jachère, disparaît
complètement du système de production dans la zone. Avec la
raréfaction des ressources fourragères, notamment en saison
sèche, les éleveurs se trouvent dans l'obligation de recourir au
pâturage aérien pour nourrir le bétail, affectant ainsi les
ressources ligneuses.
L'importance du cheptel dans la zone provoque le
surpâturage qui se traduit par une dégradation rapide du tapis
herbacé et un effet négatif sur les sols. La faune de la
région comprend la faune terrestre, l'avifaune et la faune aquatique. De
par la diversité particulière de ses paysages due à la
variabilité climatique, géomorphologique et édaphique, la
région est caractérisée par une variabilité des
espèces.
Ainsi se trouvent à la fois représentées,
une faune typique de savane et une faune typique de forêt et galeries
forestières, les deux pouvant coexister plus ou moins sur de faibles
étendues. Les mammifères recensés représentent
plusieurs ordres. Les espèces sauvages peuplent surtout les
forêts galeries, et les formations forestières naturelles. Du
point de vue de l'abondance, les zones non protégées sont
particulièrement pauvres en espèces fauniques. La faune de la
région a beaucoup souffert des troubles sociopolitiques qu'a connues le
pays. Aujourd'hui, les animaux terrestres se réfugient dans ce qui leur
reste comme habitat et certaines espèces sont menacés de
disparition.
1.2.7.3. Un
cadre humain fortement marqué par le poids de l'histoire
Le cadre humain de la région du Mandoul est
caractérisé par la pluriethnicité. On n'y rencontre des
groupes autochtones et des groupes allochtones. Parmi les autochtones, on
distingue les Sara madjingaye qui sont majoritaires. Viennent
ensuite les Mbayes, les Dayes, les Goulayes, les
Gor, les Nars etc. Cette population est classée dans
le groupe ethnique Bongo-Baguirmien de la famille
linguistique Nilo- Saharien.
Chaque sous-groupe possède son propre dialecte. Selon
les hypothèses de Janicot (1990), ces groupes ethniques ne sont pas
originaires de leur emplacement actuel. Les écrits des administrateurs
coloniaux et les faits linguistiques observés semblent confirmer que les
Sara en général seraient venues de
l'Ouaddaï (Est du Tchad) et seraient installés au sud du
Tchad vers le 17ème ou le 18ème
siècle.
La population allochtone est représentée par les
commerçants musulmans installés dans les grands centres et les
éleveurs transhumants originaires du Batha, du Salamat
et du Baguirmi. Telles sont les hypothèses qui peuvent
êtres émises dans l'état actuel des connaissances, rien de
définitif ne pouvant être avancé tant que les recherches
approfondies n'auront pas été effectuées par les
archéologues et les autres.
La région du Mandoul comptait 364 802 habitants au
Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1993.
Avec un taux de croissance moyenne de 2,36 % par an, la population
régionale est estimée à 203 802 habitants en 1968, et
à 498 000 en 2009. Elle doublera vers 2035, si la tendance actuelle
est maintenue. Avec une superficie de 20531 km², la densité de la
population est de 25 habitants au km² en 1993.
La population de la région est inégalement
répartie à travers les 3 départements. Pour l'année
1968 le département de Mandoul-est compte 40 % de la population
régionale, suivi du Bahr-Sara avec (32 %) et enfin le
Mandoul-ouest avec (28 %). Cela correspond à des densités
respectives de 14,3 habitants/km²; 8,3 habitants/km et 37 habitants/km. De
toute la région, le département du Bahr Sara est le
moins densément peuplé.
Entre 1968 et 1993, les taux de mortalité infantile,
juvénile et infanto-juvénile ont tous chuté au niveau
régional. Ils ont connu cependant une légère augmentation
mais restent en deçà des taux nationaux (7 %, 8,1 % et 14,5 % en
2001). Les déterminants de cette forte mortalité qui du reste,
est plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain (le risque de
décès étant 2,3 fois plus important en milieu rural)
peuvent trouver leur fondement dans divers facteurs aussi bien socioculturels
qu'économiques. On peut noter que le rang du nouveau-né,
l'étroitesse de l'intervalle inter génésique et la
nuptialité précoce qui caractérisent les femmes de la
région, sont des éléments qui influent négativement
sur la mortalité.
De même, le niveau d'instruction des mères agit
en sens contraire par rapport à cet indicateur (les mortalités
infantile et juvénile diminuent de 3 fois lorsque les mères ont
été à l'école). La mortalité maternelle
définie comme étant celle des mères de 15 à 49 ans,
survenue à l'occasion d'un accouchement ou à la suite de couches,
est estimée à environ 510 décès pour 100 000
naissances vivantes (Inseed, 2007).
La région du Mandoul a toujours connu des mouvements de
population variables d'une année à l'autre. En effet,
jusqu'à une quinzaine d'années après les
indépendances, l'importance de la migration était réelle
tant elle gagnait en intensité. De 1960 à 1976, on est
passé du simple au double en effectifs de migrants; cependant, le solde
migratoire a toujours été négatif quelle que soit la
période concernée. A partir de 1976, on constate une baisse en
intensité du phénomène. La deuxième composante de
la croissance de la population est la migration nette. Les migrants sont
relativement moins nombreux.
L'intensité de la migration mesurée par le
nombre des migrants dans la population totale n'est pas très
élevée. En effet, au recensement de 1993, 20 % de la population
sédentaire ont changé au moins une fois de localité de
naissance. Autrement dit, 80 % de la population de la localité n'ont
jamais changé de résidence. Ce qui attache la population
fortement à sa terre ancestrale. Plusieurs raisons expliquent la
faiblesse de la migration dans la région du Mandoul.
L'insuffisance de bons moyens de communication limite les
relations entre les différentes localités de la région et
entre la région du Mandoul et d'autres régions du pays. Ensuite,
les caractéristiques socio-économiques du Mandoul peuvent
expliquer le faible niveau de mobilité des populations. Presque 80 % de
la population est constituée des ruraux et 83 % de la population active
occupée sont des actifs agricoles. L'analphabétisme et le faible
niveau de scolarisation primaire et secondaire peuvent être des facteurs
limitant la mobilité résidentielle de la population. Le canton
Péni (Bediondo) où les jeunes désertent
très tôt les villages pour les grands centres à la
recherche d'une vie meilleure est une exception.
Malheureusement, ceux-ci finissent la plupart de leur aventure
en prison pour les jeunes garçons et avec des grossesses non
désirées pour les jeunes filles. Cette situation globale cache
d'importantes particularités régionales. Il y a des
localités à forte émigration comme les sous
préfecture de Bediondo (37,8 %) et Goundi (34,4 %)
où sur 100 originaires, au moins 34 ont changé de sous
préfecture de naissance. Les sous préfectures à faible
mobilité sont celles de Moïssala, Dembo,
Bekamba et Bedaya.
1.2.7.4. Les
mauvaises pratiques agro-pastorales
L'agriculture itinérante sur brûlis est
caractérisée par un « système agricole dans
lequel sont défrichés par le feu et cultivés pendant un
période brève pour être ensuite mis en
jachère, (Delclaux et al., 2008).
L'agriculture de la région est dominée par cette
pratique ancestrale. Toutefois, les cultures irriguées, prennent de plus
en plus de l'essor. Globalement, le sous secteur se caractérise par sa
faible performance économique, c'est-à-dire sa faible
capacité à accroître les revenus des producteurs.
1.2.8. Contexte
d'une agriculture itinérante
L'agriculture itinérante est un système
d'utilisation des terres qui a résisté à l'épreuve
du temps et reste la base du système traditionnel au Mandoul. Elle est
la principale activité de la région. Beaucoup de paysans de la
localité comme un peu partout dans le pays pratiquent une agriculture
extensive : les agriculteurs défrichent les champs dans diverses
parties fertiles de la brousse ; un champ récemment
défriché est généralement cultivé
successivement pendant quatre à cinq ans et parfois même six
à sept ans. Et au fur et à mesure que la fertilité des
champs diminue, l'agriculteur défriche chaque année un petit
lopin de terrain à l'extrémité de son champ pour le mettre
en valeur (nomadisme cultural).
1.2.9 Cultures
vivrières
L'essentiel de l'activité agricole est consacré
à la céréaliculture pour satisfaire les besoins
alimentaires de la famille. Les sociétés vivent dans un contexte
économique très peu ouvert aux échanges des produits
alimentaires. Le problème de stockage et de gestion des réserves
de céréales se pose sérieusement. Aussi a-t on pu
désigner ces civilisations de savanes soudaniennes comme étant
des « civilisations des greniers ». Les cultures
vivrières dominantes sont : les Sorghos, les mils chandelles,
l'arachide, le maïs, le pois de terre, les haricots, le sésame et
le manioc.
Le Sorgho rouge précoce (Sorghum caudatum),
donne un rendement estimé à 700kg/ ha. Il a un cycle très
court (plus ou moins 90 jours). Sa récolte met fin à la disette
de soudure. Le maïs (Zea mays) est souvent associé aux
sorghos précoces dans le même but. Le Sorgho rouge ou blanc
à cycle long est la base de l'alimentation : boule et alcool
indigène. Ils appartiennent à de nombreuses familles (Sorghum
caudatum, Sorghum guineense, Sorghum elegans, Sorghum notabile, Sorghum
membranaceum).
Les mils chandelles ou pénicillaires (Pennicetum
thypoidum) sont beaucoup plus cultivés par les éleveurs
sédentarisés. Quant aux agriculteurs autochtones, cette culture
est souvent source de conflit au moment des semis. Le pois des terre
(Voandzeia subterranea) est cultivé par les
agriculteurs de renommée appelés
« Brakoss » dans le milieu
saramadjingay.
Le manioc (Manihot ulilissima) est introduit dans la
région à partir de la République Centrafricaine (RCA). Sa
culture a été encouragée autour des années 1930
à la suite d'invasions acridiennes qui avaient compromis les
récoltes de céréales. Il a aussi
bénéficié d'un égard particulier lors de
l'introduction du coton qui concurrence la culture des céréales,
base de la nourriture de la population.
Enfin, le gombo (Hibiscus esculentus) et l'oseille de
guinée (Hibiscus sabdarifa), cultivés le plus souvent
dans les champs de case peuvent servir de sauce. Semées dès les
premières pluies ou sitôt après, ces cultures
vivrières sont récoltées entre septembre- octobre. Sauf
Sorgho rouge et blanc à cycle long, pois de terre et manioc qui sont
récoltés tardivement.
1.2.10.
Maraîchage et arboriculture fruitière
Le maraîchage est pratiqué dans le Bahr Sara et
la partie Ouest du département de Mandoul-est et Ouest dans certaines
zones dépressionnaires de la région comme les localités de
Ndila dans le canton Beboro et Narmbanga dans le canton
Koko. On note la prééminence du département de
Mandoul-est qui fournit plus des ¾ de la production
maraîchère et plus du quart de la production fruitière
régionale avec la sous préfecture de Bedaya et ailleurs.
En ce qui concerne les spéculations
maraîchères, qui sont très variées, la patate
constitue la culture la plus importante en production récoltée.
Elle est suivie de la tomate. Quant à l'arboriculture fruitière,
pratiquée surtout dans la partie Est du département de
Mandoul-est et dans tout le département du Bahr-Sara, les mangues
occupent la première position avec une production moyenne annuelle de
plus de 10 000 tonnes (soit plus de 85 % de la production régionale).
Viennent ensuite les agrumes et enfin les autres productions
fruitières. La région de Mandoul est la seconde région
productrice de fruits après celle du Logone oriental. Dans la
région du Mandoul et surtout dans le département de Mandoul-ouest
(cantons Péni, Nderguigui, Kaninga) les mêmes superficies
sont mises en valeur plusieurs années de suite. Livrée à
elle même, la terre est incapable de se protéger contre les
facteurs de dégradation que sont l'érosion éolienne et
pluviale.
La terre arable, dénuée de sa
végétation, est lavée par les pluies et balayée par
les vents au point qu'elle perd les éléments les plus fins,
indispensables à sa structure et à ses richesses naturelles. Sans
pour autant que la situation ne soit générale, l'effet de la
croissance démographique sur les terres se fait déjà
sentir dans toutes les localités de la région. Un autre
élément qui permet de connaître l'impact de la croissance
démographique sur les terres et par conséquent sur
l'environnement est la taille des exploitations agricoles.
Depuis l'indépendance, le Tchad n'a
réalisé que deux recensements agricoles (1980 et 2003) permettant
de se faire une idée sur la population moyenne par exploitation
agricole, les superficies moyennes par exploitation, par personne et par actif
agricole. En moyenne, il y avait 5,6 personnes par exploitation agricole en
2003.
Cette moyenne varie selon les trois départements de la
région. Le nombre moyen des actifs agricoles par exploitation est de 3
et varie de 1,3 dans le Bahr-Sara à 3,2 dans le département de
Mandoul-est. La superficie moyenne d'une exploitation varie avec le nombre des
membres du ménage. La taille d'une petite exploitation
gérée par une personne est 120 ares et augmente
régulièrement avec le nombre des personnes dans le
ménage.
1.2.11.
Culture de coton.
Le coton a été introduit au Tchad entre
1927-1928 par le colonisateur. Il est cultivé conjointement avec le
manioc qui était destiné à remplacer les cultures
vivrières que les agriculteurs n'avaient pas le temps de cultiver.
L'introduction de cette culture dans le sud du Tchad est un facteur
décisif de mutation de l'économie et des sociétés
rurales. En concurrence avec la culture vivrière, cette culture de rente
est suspectée d'entrer en compétition avec les
céréales et oléagineux dans la localité.
Malheureusement, cette culture a appauvrit les sols rendant moins
compétitive cette activité comme illustre la photo 8
ci-dessous.
A
B
Photo
8: Champ de coton
Cliché Syfia
Internationale, août 2008,
Légende : A :
Cotonniers mal entretenus, B : Sol pauvre et
desséché.
Avec le coton, les pratiques culturales ont totalement
changé, surtout dans les années 1980, où le prix du
kilogramme de coton a augmenté sa valeur par rapport aux années
1970. Les planteurs trouvent dans le coton la seule source de revenu
monétaire. Beaucoup d'agriculteurs se sont mis à cultiver
davantage le coton pour se procurer du matériel agricole,
malheureusement, cette culture a fini par appauvrir les sols qui rendent
improductives les plantes comme on le voit sur le point A de la photo 8.
De nos jours, cette culture fait face à plusieurs
problèmes (enlèvement du coton, retard dans le payement,
destruction des champs par les animaux) et ne génère que de
faibles revenus aux paysans qui l'abandonnent progressivement au profit
d'arachide et d'autres cultures compte tenu de la pauvreté des sols
comme illustre le point B de la photo 8 (Ngamine, 1997).
1.3. Les
contraintes naturelles de productions.
L'activité agropastorale occupe environ 80 % de la
population totale du Tchad, et en cas de sécheresse, les deux
activités en subissent les contrecoups. Selon Bokonon (1997), les
têtes de bétail de la région sont estimées à
plus de 500 000 sur les 800 000 que compte la zone soudanienne. Une
étude faite sur les pâturages de la région relève
qu'il y a possibilité de paître 150 000 têtes de
bétail sans que cela ne pose problème majeur.
1.3.1.
Contraintes de l'agriculture liées à la variabilité
climatique
L'agriculture de la région est soumise à
plusieurs contraintes d'ordre physique, biologique et socioéconomique
liées à la variabilité climatique. Ces différentes
contraintes entravent l'essor économique de la région en
créant l'insécurité alimentaire. Il s'agit entre autres
de :
v Contraintes physiques
Les contraintes physiques sont liées au climat,
à la nature du sol, à la végétation et au relief de
la région du Mandoul.
Ø Contraintes climatiques
- L'impossibilité de prévoir les périodes
de sécheresse et d'inondation ;
- La mauvaise répartition des pluies dans le temps et
dans l'espace entraînant parfois des poches d'inondation ou
d'insuffisance pluviométrique ;
- Manque de prévision quant au début, à
la durée et à l'intensité des pluies ;
- La température élevée pour certaines
cultures et certains processus biologiques comme la fixation de
l'azote ;
- La sécheresse intervenue souvent entre juin et
début juillet.
Ø Contraintes pédologiques
- Les sols qui sont sujets à un lessivage intense et
très exposé à l'érosion en cas de pluies
torrentielles ;
- Les sols sujets à des carences multiples en
nutriments et à des toxicités variées en cultures
permanentes ;
v Contraintes biologiques
- Des chenilles légionnaires qui profitent du manque de
précipitation pour commettre des dégâts sur les jeunes
plantes (sorgho et mil) pendant la phase de germination et plantule ;
- Des sautereaux qui détruisent les plantes issues des
derniers semis de sorgho, pénicillaires, maïs et surtout de
riz ;
- Des pucerons qui commettent aussi des dégâts
sur le sorgho précoce au stade de montaison- floraison- formation de
graines ;
- Du striga (Striga hermonica) dans les parcelles de
sorgho, de mil, et de maïs ;
- Des oiseaux granivores dont leur présence est massive
au moment des semis et à la fructification des
céréales ;
- Des éleveurs transhumants en période de semis
et au moment des récoltes : divagations d'animaux avec comme
conséquence, la réduction des surfaces semées et
récoltées.
v Contraintes socio-économiques
- Faible superficie des exploitations ;
- Régime foncier complexe entrainant fréquemment
des conflits entre agriculteurs et éleveurs ;
- Service de vulgarisation insuffisant ;
- Analphabétisme et superstition entravant parfois le
processus d'adoption de nouvelles techniques ;
- Moyens de transport insuffisants ;
- Manque d'organisation agricole efficace et d'influence
politique.
1.3.2.. Synthèse
des unités d'occupation des sols
Au total dans la région, huit classes d'unités
d'occupation des sols ont été établies sur la base de la
Nomenclature Nationale d'Occupation des Sols (NOS). Le point A du cliché
situe le cours d'eau de la vallée du Mandoul, le point B, le principal
cours d'eau de la région et le point C, l'axe reliant les villes
principales de la région.
D
C
B
A
Cliché 9:
L'occupation des sols en 2008
Légende : A :
lit du Mandoul sur fonds satelittaire, B : lit du fleuve Barh
Sara, C : l'axe principal reliant les villes de la région, D:
surfaces dénudées.
- les terrains rocheux sont remarquables sur
les images satellitaires par leur couleur gris foncée, d'une part et
leur morphologie d'autre part. Leur forme massive et élevée
permet de les distinguer des autres unités.
- les surfaces dénudées sont
reconnaissables sur l'image satellitaire précédente par leur
couleur variant entre le bleu pâle et le cyan, on les rencontre
majoritairement sur sols sableux, mais aussi au niveau des bas-fonds et
cuvettes. Sur les photos Corona, elles apparaissent sous une couleur un peu
blanchâtre.
- les dunes vives sont des unités
facilement identifiables à cause de leur forte réflectance sur
cette image, elle parait sous une couleur blanche tirant parfois vers le
jaune. Sur le terrain, elle est localisée exclusivement sur sol sableux,
où les activités humaines sont très intenses : villages,
points d'eau, abords des cuvettes et bas-fond.
- les zones de cultures sur l'image se
remarquent par leur formes géométriques continuent,
caractéristiques des exploitations champêtres extensives.
Cependant, sur les imageries satellitaires, elles ont une couleur beige
à jaune clair, pour les champs cultivés, et marron pour les
jachères. Ce type d'unité se rencontre sur le terrain sur sol
sableux et argilo-sableux des terres dunaires, bas-fonds et abords des
cuvettes.
- la savane herbeuse se reconnait sur les
images satellitaires par sa couleur allant du vert sapin, au vert
jaunâtre et orange. Elle correspond à une plage d'unité de
paysage de couleur légèrement sombre. La savane herbeuse se
rencontre sur toutes les unités paysagiques, à l'exception des
terrains rocheux où les conditions édaphiques ne le permettent
pas.
- la savane arbustive se distingue sur les
images par sa couleur verte et jaune (Leptadenia) et jaune et verte,
mais aussi par les taches rougeâtres C'est la zone de pâturage par
excellence du fait du tapis herbacé qui couvre le sol.
- la savane arborée apparait sous une
couleur allant du marron au brun ou du rouge au rouge vif. Rencontrée
généralement dans les bas-fonds, les cuvettes et les
dépressions, elle se compose de ligneux sous lesquels s'étale un
tapis herbacé.
- les cordons ripicoles sont
remarquables par leur forme linéaire plus ou moins étroite,
parfois sinusoïdale, selon l'allure des cours d'eau dont ils sont
tributaires, sur l'image, leur couleur apparait rouge foncée,
caractéristique d'une forte concentration de la
végétation. La forte présence de la
végétation apparait sous une couleur sombre.
La superficie de chaque unité, ainsi que sa proportion
par rapport à la superficie totale de la zone d'étude a
été estimée dans le Tableau 3.
Tableau 3 :
Superficie d'unités d'occupation des sols en 1964
Unités d'occupation des sols 1964
|
Superficie (ha)
|
Pourcentage par rapport a la superficie totale du secteur
d'étude (%)
|
Terrain rocheux
|
17525
|
7,20
|
Surfaces dénudées
|
2132
|
0,88
|
Dunes vives
|
18
|
0,01
|
Savane herbeuse
|
17106
|
7,03
|
Savane arbustive
|
157405
|
64,72
|
Savane arborée
|
12459
|
5,12
|
Cordons ripicoles
|
1344
|
0,55
|
Zone de cultures
|
35235
|
14,49
|
Total
|
243224
|
100%
|
Source : ONDR, 2009
L'analyse des statistiques du tableau 3 révèle,
qu'en 1964 :
- Les surfaces dénudées et les dunes vives
occupent respectivement 0,88 % et 0,01 % de la superficie totale. Ces
unités, apparaissant de façon très ponctuelle sont
observées particulièrement aux alentours des habitats humains,
mais aussi de quelques cuvettes, bas-fonds et des terres dunaires
exploitées. Quant aux terrains rocheux, ils couvrent 7,20 % de la zone
d'étude.
- Les zones de cultures, avec 14,49 % de la superficie du
secteur d'étude, sont localisées au niveau des bas-fonds, des
espaces dunaires, aux alentours des villages, en contrebas des collines et
dans certaines cuvettes.
- La savane arbustive occupe la plus forte proportion, avec
environ 64,72 % et se rencontre surtout sur sols argilo sableux, mais aussi sur
ceux sablo-limoneux ou argileux des bas-fonds et cuvettes.
- La savane arborée, localisée
généralement dans les bas-fonds et cuvette, mais aussi en
peuplement dense par endroit, sur les espaces dunaires, représente 5,12
% de l'ensemble de la zone en étude.
- Les cordons ripicoles ont une superficie estimée
à 0,55 % et sont spécifiquement dans les bas-fonds. La savane
herbeuse avec 6,57 % du secteur d'étude, se rencontre en plage continue
sur les espaces dunaires (par endroit) et ceux des bas-fonds, mais aussi
s'étale sous forme de tapis végétale sous les formations
arbustives et arborée.
1.3.3. Changements intervenus au sein de la savane
arborée entre 1960 et 2009.
La savane arborée a subi d'importantes mutations au
cours de la période 1960 à 2009. Sa superficie, qui
représentait 5,12 % de la superficie totale du secteur d'étude en
1960 est passée a 6,26 % en 1986, puis 6,99 % en 1994, avant d'atteindre
7,25 % en 2009. De même, des transformations, en unités
dérivées ont été observées en son sein.
Ainsi, entre 1960 et 1986, 3 % de la savane arborée s'est
transformée en savane arbustive, 2 % en savane herbeuse, 8 % en surfaces
dénudées, et 10 % en zones de cultures.
Entre 1986-1994 et 1994-2009, les unités
dérivées restent toujours les mêmes, avec des pourcentages
variables entre les périodes d'observation. Les changements les plus
sensibles ont concerné les zones de cultures, qui passent de 10 % entre
1960-1986 à 26 % entre 1986-1994, alors que les surfaces
dénudées ont diminué, passant de 8 % en 1960-1986 à
5 % entre 1986-1994. Aussi, la transformation en savane arbustive, qui
représentait 3 % en 1960-1986 a progressé à 14 % entre
1986-1994 avant de régresser à 6 % entre 1994-2009 (ITRAD
2009).
1.3.4.
Changements intervenus au sein de la savane arbustive
D'importantes modifications ont été
enregistrées au sein de cette formation. Ainsi, sa superficie initiale
qui représentait 64,72 % de celle de la zone étudiée en
1960 a progressé à 66,99 % en 1986, avant de régresser
à 55,16 % en 1994, puis 39,22 % en 2009.
Les principales unités dérivées de la
transformation de la savane arbustive, entre 1964 et 2007 sont, la savane
arbustive, qui représente 11 % entre 1960-1986, 13 % entre 1986-1994, et
enfin 10 % entre 1994-2009. Autres unités dérivant du changement,
on peut citer les zones de cultures, qui passent de 22 % entre 1960-1986
à 30 % entre 1994-2007, la savane herbeuse, qui régresse entre
1960-1986 et 1986-1994, passant respectivement de 4 % a 2 %, mais aussi les
surfaces dénudées qui progressent tout au long de la
période d'observation.
Quant aux cordons ripicoles, ils ont augmenté en
pourcentage, en termes de modification entre 1960 et 2009. Leurs superficies
sont passées de 2 % entre 1960-1986 à 3 % entre 1986-1994, puis 4
% entre 1994-2009.
1.3.5.
Changements intervenus dans la savane herbeuse entre 1960 et 2009
La savane herbeuse, qui représentait 7,03 % de la
superficie totale en 1960 a régressé à 2,57 % en 1986,
puis 1,79 % en 1994 avant de chuter à 1,18 % en 2009. De 1964 à
2009, celle-ci a subi des modifications, notamment sa transformation en
d'autres unités d'occupation des sols. Ainsi, entre 1960-1986, 17 % de
sa superficie ont dérivé en zones de culture, 1 % en cordon
ripicole, 6 % en surfaces dénudées et 66 % en savane arbustive.
La dégradation a commencé à prendre de l'ampleur entre
1986 et 1994, avec 9 % de surfaces dénudées. Entre 1986 et 1994,
on remarque une conversion en savane arborée, avec 5 % de sa superficie,
alors que la savane arbustive se réduit a 21 %, avant de progresser
à 40 % entre 1986 et 1994. Entre 1994 et 2009, seulement 34 % de sa
superficie de la savane herbeuse sont restés sans changement.
1.3.6.
Changements intervenus au sein des cordons ripicoles entre 1960 et
2009
Les cordons ripicoles : les changements spécifiques
intervenus entre 1960 et 1986 ont concerné les zones de cultures avec 14
%, la savane arborée, 18 %, la savane arbustive, 3 %, la savane
herbeuse, 2 %. Par contre, entre 1986 et 1994, les unités
dérivées sont végétales, avec savane arborée
qui représente, 18 % de sa superficie, la savane arbustive, 17 % et
enfin la savane herbeuse qui couvre 2 %.
De 1994 à 2009, en plus des unités issues de la
dynamique entre 1986 et 1994, les zones de cultures, réapparaissent,
couvrant jusqu'à 18 % de la superficie des cordons ripicoles durant
cette période d'observation, alors que 71 % ont affiché une
résilience vis avis de la dynamique intervenue.
1.3.7.
Changements intervenus au sein des zones de cultures entre 1960 et
2009
Les superficies occupées par les zones de cultures se
sont considérablement accrues entre 1960 et 2009. Ainsi, de 14,49 % de
la superficie totale du secteur d'étude en 1960, elles progressent
à 15,28 % en 1986, 27,09 % en 1994 et 42,05 % en 2009.
Entre 1964 et 1986, les changements ayant eu lieu ont conduit
à la transformation de cette unité d'occupation des sols
d'autres, dont la savane arbustive, 6 %, la savane arborée, 10% et la
savane herbeuse, 20 %. De 1986 à 1994, les unités
dérivées sont la savane arbustive, 24 % et les surfaces
dénudées qui couvrent 12 %, tandis qu'entre 1994 et 2009, elles
ont maintenu 78 % de leur superficie. Seuls 8 % se sont transformés en
savane arbustive, et 14 % en surfaces dénudées.
1.3.8..
Changements intervenus sur les surfaces dénudées entre 1960 et
2009
Entre 1960 et 1986, les surfaces dénudées ont
conservé 11 % de leur superficie inchangés, les unités
dérivées étant la savane arbustive, 20%, la savane
arborée 2 %, et les zones de cultures, 27 %. Toutefois, de 1986
à1994, la dégradation accentuée du milieu conduit à
la transformation de cette unité sur 27 % de sa superficie initiale.
Cependant, durant la période allant de 1994 à 2009, bien qu'ayant
affiché une résilience sur 61 % de leur superficie, les surfaces
dénudées ont connu une modification en savane arbustive sur 13
%.
1.4. Contraintes de
l'élevage liées à la variabilité
climatique
Autrefois, au sud du Tchad, le parallèle 9° N
semble marquer la limite extrême des possibilités d'élevage
de gros bétail. En dessous de cette limite marquée par la ligne
passant par Pala-Kélo-Laï, la présence des
glossines vecteurs de la trypanosomiase ou maladie de sommeil interdit toute
extension du domaine de l'élevage bovin. Cette situation fait
que la zone soudanienne tchadienne, en dehors du Mayo-Kebbi est
restée longtemps peu fréquentée par les éleveurs
nomades.
La population autochtone elle, ne s'intéresse
qu'à l'élevage de petits ruminants dont les chèvres
constituent le gros lot. Ainsi, jusqu'aux années 1970, l'élevage
bovin a été beaucoup plus consacré dans la zone
sahélienne (Batha, Chari Baguirmi, Kanem et Ouaddaï).
L'ensemble du cheptel de cette zone est estimé à 4,5 millions de
têtes contre 500 000 têtes au sud, Boko (2005).
Dès 1970, on a constaté un déplacement des
éleveurs nomades du Batha et du Ouaddaï vers le
Salamat jusqu'à la frontière centrafricaine. La
détérioration des précipitations depuis une trentaine
d'années au sahel a considérablement bouleversé les
conditions climatiques (basculement des isohyètes vers le sud) et a
affecté la zone soudanienne d'où la région du Mandoul.
C'est ainsi que les éleveurs nomades qui, autrefois ne pratiquaient que
la transhumance, passent du mode de vie nomade au mode de vie sédentaire
d'un côté, et de l'autre, certains agriculteurs, pour le besoin de
la culture attelée constituent un petit noyau de troupeaux bovins
sédentaires.
C'est dans ces conditions que les deux communautés vont
mener une concurrence pour l'exploitation de l'espace. Ce qui engendre
régulièrement des conflits d'usage très brûlant,
parfois meurtriers. Le point A de la photo 10 illustre ce
phénomène créé par l'élagage d'un arbre par
un éleveur.
A
Cliché Tambaye
Fidèle, Koumougo, mars 2008.
Photo
10: Elagage sévère d'un Parkia
biglobosa
1.4.1.
L'élevage chez les sédentaires
L'histoire de l'élevage dans le sud du Tchad en
général est plus complexe. Autrefois, il existait une ancienne
tradition d'élevage des ovins et équins dans le milieu Sara. On
élevait des races locales de chevaux résistantes à la
trypanosomiase. Ces chevaux jouaient un rôle très important dans
la société, notamment comme instrument de prestige.
La carte de la maladie de sommeil établie
d'après les informations des services de santé de l'AEF donne une
bonne image de la répartition des sites les plus infectés dans
les années 1930. La limite nord de la glossine est toujours
située au nord du 10ème parallèle. Le Chari
apparaît comme une frontière. Sa rive droite est exempte de
trypanosomiase, tandis que l'interfluve Chari- Logone est touché par les
mouches Tsé-tsé.
Dans les années 1950, une nouvelle situation
d'élevage s'installe dans la zone : le développement de
troupeaux villageois. Les bovins sont en principe utilisés pour la
traction animale. En outre, la population élève de petits
troupeaux de moutons, de chèvres, de porcs et de la volaille. Ces
différentes formes d'élevage sont pratiquées de
manière très extensive. Les animaux disposent rarement d'un
logement convenable. La journée, ils sont laissés en divagation,
souvent sans gardiens, pour trouver leur alimentation.
Les conséquences de ces mauvaises pratiques
d'élevage sont la faiblesse de productivité des troupeaux
(fécondité et croissance), les pertes massives suite aux
épidémies et des conflits avec les autres cultivateurs. Ces types
d'élevage ont souvent un rôle d'épargne et de prestige. Les
animaux ne sont vendus qu'en cas de besoins pressants (deuil, mariage,
scolarité des enfants, impôts, amendes, frais médicaux
etc.). Ce qui intéresse avant tout l'agro éleveur, c'est d'avoir
un grand nombre d'animaux. Pourtant la vente régulière de
volaille, de porcs ou de petits ruminants peut représenter une source de
revenus.
1.4.2.
Elevage et culture attelée chez les agropasteurs
Introduite peu avant l'indépendance du pays dans le but
d'accroître la production du coton, la diffusion de la culture
attelée constitue un des enjeux des efforts de l'encadrement agricole.
Elle a encouragé les paysans à agrandir les champs aussi bien de
coton que des cultures vivrières. Elle a aussi permis aux producteurs
d'augmenter leurs productions et leurs revenus. Cette innovation est en premier
lieu l'oeuvre du Bureau pour le développement de la production agricole
(BDPA) qui a permis à plusieurs ménages de constituer les
têtes de boeufs d'attelage à partir de 1957.
Elle s'effectue d'abord dans les zones inondables, les vastes
plaines herbeuses fournissant en abondance le fourrage nécessaire
à l'alimentation du bétail en saison sèche.
Elle sera ensuite relayée par l'Office National de Développement
Rural (ONDR), grâce aux politiques de crédits mises en place par
le Secteur de Modernisation Agricole (SMA), puis dans le cadre de
l'opération du Mandoul (1967-1973). Les campagnes d'éradication
de la trypanosomiase contribuent progressivement, avec l'assèchement
relatif du climat et l'extension des superficies cultivées au
détriment des espaces de forêts, à améliorer les
conditions sanitaires de cet élevage.
Malgré des débuts difficiles et des taux de
mortalité du bétail initialement élevés, du fait de
l'ignorance qu'ont les agriculteurs des techniques d'élevage, le cheptel
villageois augmente régulièrement. Disons que la mise en valeur
des terres agricoles autour des villages grâce à la culture
attelée réduit les espaces libres jadis dévolus aux
pâturages, aux aires de stationnement et de couloirs de transhumance pour
le bétail. Cela engendre des conflits entre
agriculteurs-éleveurs (photo 11).
Photo 11: Troupeau de
bétail dans un champ de sorgho
Cliché Tambaye Fidèle,
septembre 2009
Les premiers cas d'apparition des femelles reproductrices qui
remontent aux années 1980 constituent le point de départ. Ce
phénomène a abouti à la constitution de véritables
troupeaux par les populations autochtones qui n'avaient pas de tradition
d'élevage. Autrefois, le paysan qui dispose d'une simple paire de boeufs
pour la culture attelée ne peut donc pas être
considéré comme un éleveur à proprement parler.
Il remplace le boeuf qui meurt en achetant une nouvelle
tête au marché. L'amorce de cette constitution marque un
changement au plan sociologique, dans la mesure où elle
accélère en même temps une accumulation individuelle. Dans
la région du Mandoul, plusieurs planteurs possèdent des trains de
cultures, des charrettes, des mains d'oeuvre agricoles. La majorité des
cultivateurs interrogés a constitué un troupeau au début
des années 1990, dans un contexte pourtant caractérisé par
une crise de la filière de coton.
1.4.3. Elevage
chez les transhumants et nomades
Elevage extensif : Les éleveurs
transhumants et nomades établis dans la région du Mandoul
présentent une certaine diversité, tant du point de vue ethnique.
Il est difficile de connaître avec précision les effectifs du
cheptel d'autant plus que depuis 1976, aucun recensement général
du bétail n'a été effectué. Ces pasteurs pratiquent
un élevage extensif basé sur la transhumance.
B
A
Photo
12: Troupeau de transhumance
Cliché Siadmadji, Doro,
Mars 2010, Légende : A : Bétail en
transhumance, B : Sol nu lié à la surcharge
pastorale.
La photo 12 illustre ainsi le déplacement des troupeaux
de la région sur de longue distance durant la saison sèche
à la recherche de l'eau et du pâturage (voir point A). Ces
déplacements exposent les éleveurs à plusieurs conflits
communautaires, généralement entre eux autour des points d'eau et
avec les agriculteurs dans les champs.
Dans notre zone d'étude, l'effectif du bétail ne
cesse d'augmenter si bien qu'on assiste à une surcharge pastorale avec
comme conséquence la surexploitation des ressources nutritives (point
B). Ce phénomène ne s'explique pas forcement par le
développement de l'agro-élevage des sédentaires, mais
aussi par l'arrivée massive d'éleveurs sédentarisés
à des degrés divers. Les facteurs les plus importants
déterminant les mobilités de ces éleveurs peuvent se
résumer à deux éléments essentiels qui sont le
pâturage et l'eau.
Pour les pâturages, la localisation est un facteur
très important déterminant l'exploitation plus ou moins intense
de ces derniers. Pour ce qui est de l'eau, les transhumants ont une grande
préférence pour les eaux de surface formées par les cours
d'eau et les mares. L'abreuvement des animaux à partir des puits est
fonction de la taille des troupeaux.
Elevage «impersonnel» : Il
s'agit d'un nouveau mode de production animale né dans la zone avec les
douloureux événements (guerre civile, sécheresse,
rébellions) qu'a connu le Tchad. En effet, au cours des
sécheresses des années 1970 et 1980, la plupart des
éleveurs sahéliens ont vu leurs cheptels décimés.
Certains éleveurs deviennent des bouviers au service des
autorités administratives et militaires, des commerçants et
même des fonctionnaires de l'Etat. Pour assurer la sécurité
du bétail dont ils ont la charge et leur propre sécurité,
ces éleveurs «impersonnels» sont dotés des armes
à feu fournis par les employeurs. A partir de 1984, les autorités
de l'époque ont procédé à la mise en place d'un
personnel administratif et militaire ayant une bonne connaissance de la
pratique d'élevage. Ces «nouveaux» administrateurs et surtout
les chefs de brigades ont acquis eux- mêmes des troupeaux dont ils
confient la garde aux bergers armés jouissant d'une totale
impunité. Ces derniers n'hésitent pas un seul instant de mettre
les boeufs dans les champs des paysans qu'ils soient récoltés ou
pas.
1.4.4. Un couloir de
transhumance et une zone d'élevage par excellence
Dans notre zone d'étude, l'élevage bovin est
avec l'agriculture une activité importante. Elle est surtout
pratiquée sur les 2/3 de la superficie de la région. Du point de
vue de l'importance du cheptel, elle est la quatrième région qui
abrite le plus grand marché de bétail du pays. Des axes de
transhumance s'observent dans la région. En plus du cheptel
résident, chaque année de très nombreux éleveurs et
leurs troupeaux en provenance des régions limitrophes séjournent
plusieurs semaines dans la région à la recherche de
pâturages ou en traversant la région d'un bout à l'autre
pour atteindre d'autres localités du pays dans le cadre de la grande
transhumance.
1.4.5. La
grande transhumance
Elle est surtout mise en oeuvre par des Peuls. Ces
éleveurs se caractérisent par une grande mobilité des
hommes et de leurs troupeaux. Ils effectuent plusieurs centaines de
kilomètres dans l'année. Les troupeaux sont majoritairement
composés des bovins, ovins, et des ânes. Leur déplacement
est marqué par deux périodes conflictuelles au cours de
l'année avec les populations sédentaires locales.
Le début de la saison des pluies et surtout la fin
de saison des pluies, fin septembre et début octobre. Durant cette
période, les éleveurs repartent au sud dans leurs terroirs
d'attache où les récoltes des semis hâtifs du mil sont
terminées. Durant leur séjour dans la zone ils
bénéficient des droits d'usage des tiers sur les mares et les
pâturages.
1.4.6. La
transhumance moyenne
Elle est pratiquée par des éleveurs
Dakras, ayant leurs terroirs d'attache dans le Mandoul. Ils
élèvent surtout les bovins associés à des petits
ruminants et des ânes. Certains d'entre eux pratiquent l'agriculture de
subsistance sur leurs sites d'attache. Ils transhument en saison des pluies.
En début de saison sèche, quand les mares temporaires tarissent
sur leur parcours, ils regagnent leurs sites initiaux dans les vallées
affluentes. Puis en saison sèche chaude, ils rejoignent la zone
agropastorale autour des zones de puisards, les puits traditionnels, les puits
cimentés profonds et les forages villageois.
Globalement pour ces transhumances moyennes, la période
critique se situe à la descente en fin de la saison des pluies. Pendant
cette période, les mares sont asséchées dans la zone
pastorale, les couloirs de passage et les espaces de stationnement des animaux
sont annexés par les champs, les terres de pâturage sont
déficientes et les champs non libérés exigent une forte
surveillance des animaux. Tout cela se traduit inévitablement par des
dégâts nocturnes.
Conclusion
D'une manière générale, la région
du Mandoul, de par sa situation géographique, fait partie des
écosystèmes les plus riches du Tchad. Cependant, à
l'instar des autres régions de la zone soudanienne, l'environnement
naturel est depuis plus de trois décennies marqué par
d'importantes mutations sociales et agro-écologiques telles que :
l'insécurité alimentaire, la dynamique des agrosystèmes,
les modifications locales induites par les flux migratoires, la faible
productivité, l'érosion des sols, la transhumance, etc.
Ces différentes transformations du milieu suscitent des
interrogations sur la gestion des ressources naturelles, la durabilité
des systèmes de production, les relations entre le climat et la
dégradation de l'environnement.
L'accentuation de la fragilité de cette région
s'inscrit dans le contexte de la variabilité climatique et de la
précarité des conditions socio-économiques des populations
qui, face à la pauvreté, n'accordent pratiquement pas
d'intérêt aux discours écologiques. L'action anthropique
s'exerce notamment par l'exploitation des forêts, les pratiques
pastorales et la culture attelée. L'ensemble de ces pressions humaines,
conjuguées à la péjoration pluviométrique sur une
zone déjà écologiquement fragile, accélère
le processus de dégradation de l'environnement. C'est pourquoi, nous
allons voir dans le deuxième chapitre l'analyse de l'évolution de
la variabilité climatique et les tendances qu'on peut y détecter
au cours de la période 1960-2009.
CHAPITRE II :
VARIABILITE CLIMATIQUE INTERVENUE DANS LA REGION DU MANDOUL ENTRE JANVIER
1960 ET DECEMBRE 2009
Introduction :
Nous nous proposons dans ce deuxième chapitre de faire
une étude de la variabilité climatique intervenue dans la
région du Mandoul, à travers les stations pluviométriques
de Koumra, Sarh, Doba, Moundou, Ndjamena et de Bekamba au
cours de la période allant de 1960 à 2009. Les données de
la station de Koumra utilisées dans cette études sont
plus fiables et seront comparées aux données des stations des
régions voisines comme Doba, Sarh ;
Moundou et N'djamena. Les données de Bekamba
seront purement laissées à cause du manque de leur
fiabilité.
La variabilité pluviométrique et thermique fait
référence aux fluctuations des valeurs de précipitations
et des températures autour de la moyenne. D'après
Houndénou et al. (1999), elle se caractérise non seulement par
les irrégularités d'un mois sur l'autre, d'une saison ou d'une
année sur l'autre, mais aussi par des irrégularités par
rapport à la normale des cumuls à différentes
échelles notamment mensuelle, saisonnière, interannuelle, etc.
2.1. Une crise climatique
aux conséquences multiformes
De par son influence, le climat reste une composante
essentielle des milieux naturels à travers une série de
paramètres dont nous n'aborderons que les précipitations et les
températures qui sont des éléments essentiels pour
déterminer le climat tropical. L'objectif recherché est de relier
ces deux paramètres climatiques avec les transformations intervenues
dans la région au cours des cinquante dernières années.
2.1.1. Variation
mensuelle des valeurs thermiques
L'évolution des températures dans la région du
Mandoul suit la saisonnalité climatique. Elle est en effet animée
par l'existence de deux régimes thermiques marquant ainsi deux
périodes :
· Une période chaude au cours de laquelle les
températures sont supérieures à 30°C. Elles sont
enregistrées entre les mois d'avril et de juin ;
· Une période plus fraîche où les
températures de l'ordre de 25°C sont enregistrées entre les
mois de Décembre et janvier.
L'exploitation des données thermiques de la station de
Koumra relevées dans le tableau en annexe nous a permis de distinguer
deux types de saisons. Au regard de ces données, il se dégage que
les moyennes mensuelles varient suivant les années. Ces moyennes
dissimulent les fortes variations thermiques entre les maxima et les minima.
Les maxima peuvent atteindre respectivement 39°C et 41°C tandis que
les minima peuvent aller jusqu'à 22°C pour la même
période (1960-2009). Les maxima et les minima pour les vingt
dernières années sont respectivement de 41°C et de
11°C (DREM 2010).
Pendant la saison pluvieuse, les températures
bénéficient de l'effet combiné des pluies, de la
couverture nuageuse et de l'humidité de l'air entraînant une
baisse de température observée entre juillet et septembre pour
les deux stations. Pendant la saison sèche, les températures sont
soumises à l'influence de l'harmattan provoquant de forte chaleur
étouffante et des vents violents.
En effet, ces vents chauds et secs interviennent au moment
où les valeurs de l'insolation sont plus élevées. D'une
manière générale, les températures agissent sur
l'évaporation ce qui peut accentuer le déficit hydrique qui
à son tour agit sur les activités pratiquées, provoquant
ainsi une baisse de la productivité et, par conséquent, des
rendements (Delclaux F., 2008).
2.1.2.'''
Variations
de la température et de l'humidité relative de
l'air
'''
Variations
de la température de l'air : Les
valeurs moyennes de la température de l'air de la période
1960-2009 consignées dans le tableau en annexe permettent de suivre
l'évolution moyenne du régime thermique au niveau de la
région du Mandoul. Les températures moyennes mensuelles au niveau
de Koumra varient entre 23,6 °C (août) et 27,7 °C
(février). Quant à celles de la station de Bekamba, elles varient
entre 25,2 °C (août) et 28,5 °C (mars). Les moyennes mensuelles
maximales sur le bassin s'observent en général pendant le mois de
mars. Les températures sont élevées dans leur ensemble,
mais varient peu au sein de l'année et d'une station à l'autre.
Les variations interannuelles de la température de l'air montrent que la
température de l'air connaît une hausse régulière
sur toute la période 1969-2009. Au niveau de la station de Sarh, la
température est restée inférieure à 25,6 °C
avant 1982 et supérieure à 25,6 °C après 1982. De
même, au niveau de Doba, la température de l'air est restée
inférieure à 26,7 °C avant 1979 et supérieure
à 26,7 °C à partir de 1979. On constate donc qu'il fait de
plus en plus chaud sur l'ensemble de la région. Des valeurs
supérieures à la moyenne ont été
enregistrées à partir de 1973. Cette tendance a été
accentuée à partir des années 1980 avec des
températures supérieures à 26,8 °C en moyenne. Ces
températures ont atteint les plus fortes valeurs au cours de la
décennie 1990 et ne semblent pas régresser.
Figure 9 : Evolution
de la température moyenne annuelle de 1960-2009
La figure 9 de cette série a presque la même
allure que celle de la pluviométrie annuelle. On constate une
période, notamment de 1960 à 2009, pendant laquelle les
températures varient autour de la moyenne générale, 27.9
°C. La moyenne sur cette période est de 27,8°C qui est plus
faible que la moyenne générale. La moyenne dans la seconde
période de 2001 à 2008 est de 28.15°C. La dernière
décennie est donc plus chaude. Le pic de température moyenne
annuelle est observé en 2002.
Dans cette période de 2001 à 2008, la
température moyenne annuelle est toujours supérieure à 28
°C. Il est évident que la température augmente
réellement d'année en année. Les températures
modifient également l'humidité relative agissant sur la
végétation. En effet, elles régulent avec
l'hygrométrie de l'air, l'évaporation et la transpiration des
végétaux.
Ces deux éléments combinés agissent sur
la mortalité des espèces végétales en provoquant
leur assèchement. D'après les populations, jusque dans les
années 60, la composition floristique était très
diversifiée. A la suite des fortes années de sécheresse,
beaucoup d'espèces ne pouvant résister au stress climatique, ont
fini par disparaître, ce qui a rendu la végétation
très transparente aujourd'hui.
Variation de
l'humidité relative de l'air : L'humidité relative
de l'air s'exprime en pourcentage et se définit comme le rapport de la
quantité d'eau effectivement contenue dans l'air et la capacité
d'absorption à une température donnée. Les
humidités relatives moyennes mensuelles (1969-2009) au niveau de Koumra
varient entre 52,2 % (janvier) et 82,5 % (août). Les humidités
relatives moyennes mensuelles (1969-2009) oscillent entre 66,7 % (janvier) et
79,3 % (août) à la station de Sarh. L'humidité relative est
généralement supérieure à 70 % et varie
relativement beaucoup au cours de l'année. Cependant, on enregistre des
valeurs plus élevées en moyenne dans la partie sud de la
région par rapport à la partie nord.
Les variations interannuelles de l'humidité relative
sur la période 1960-2000 montrent qu'à Koumra, l'humidité
relative est restée excédentaire (supérieure à 72 %
qui est la moyenne interannuelle) de 1968 à 1981 et déficitaire
après 1982 (humidité inférieure à 72 %). Au niveau
de la station de Moundou, l'humidité relative a connu une baisse de 1968
à 1983. Cette période de décroissance succède
à une phase excédentaire de 1968 à 1972 (taux
supérieur à 74,5 %). Depuis 1984, une tendance à la hausse
de l'humidité relative est observée. Cette augmentation de
l'humidité de l'air comprend une phase déficitaire (1984-1988) et
une phase excédentaire (taux supérieur à 74,5 %) de 1989
à 2000. L'humidité relative a atteint le taux le plus bas en 1983
(72,7 %).
L'évolution de l'humidité dans cette zone est
fortement tributaire de la saisonnalité du climat. L'humidité
relative se définit comme le rapport entre la quantité de vapeur
d'eau contenue dans l'air et la capacité d'absorption de cet air
à une température donnée. De ce fait, elle indique la
saturation de l'atmosphère en eau. Ainsi, pendant la saison des pluies,
les masses d'air humides issues de la mousson soufflent et entraînent
l'observation de fortes valeurs. Pendant cette période, les valeurs
moyennes peuvent atteindre 79% à Koumra en août. En saison
sèche, les valeurs sont tributaires de l'influence exercée par
l'alizé continental et tournent autour de 39 à 44%. Le pic des
maxima est atteint en septembre.
2.1.3.
L'évaporation
C'est un paramètre directement lié à la
température de l'air et à son pouvoir hygrométrique. Elle
est rythmée par la saison. Elle est plus forte pendant la saison
sèche, période où l'on enregistre les températures
les plus élevées avec une humidité relativement faible
(novembre/avril). Ses fortes valeurs de saison sèche s'expliquent par le
fort pouvoir hygrométrique de l'air chaud et sec. Par contre, durant les
périodes de basses températures correspondant avec une
humidité relative de l'air assez élevée (mai/octobre),
elle est faible. Cette période équivaut en effet à la
saison des pluies. Les basses valeurs y sont liées à la
saturation de l'air du fait de l'arrivée de la mousson.
L'évaporation est d'autant plus faible que l'humidité relative
est élevée (Doukpolo B., 2001). Voici le déficit
pluviométrique enregistré entre 1960-2009.
Tableau 4 :
Déficit pluviométrique théorique (1960-2009)
Localité
|
Pluviométrie annuelle (mm)
|
Evaporation totale
(mm)
|
Déficit pluviométrique
(mm)
|
Station de Koumra
|
1023
|
2882
|
1859
|
Station de Moundou
|
1072
|
2730
|
1658
|
Station de Doba
|
1121
|
2367
|
1246
|
Station de Sarh
|
1099
|
2432
|
1333
|
Station de N'Djamena
|
1044
|
2332
|
1288
|
Source ; ONDR de Koumra, 2009
Les fortes valeurs d'évaporation en saison sèche
agissent directement sur le bilan hydrique. En comparant les moyennes annuelles
des précipitations et les valeurs d'évaporation annuelle, on se
rend vite compte de l'évidence. Ce déficit aux
conséquences énormes va frapper de plein fouet l'économie
rurale et une population déjà vulnérable.
Figure 10 :
Evolution moyenne de l'humidité relative entre 1960 et
2009
On remarque que les éléments du climat
n'agissent pas de façon isolée. Ils sont en interconnexion. Leurs
effets ont d'une manière ou d'une autre contribué aux
différents changements qui se sont opérés dans le mode de
vie des paysans. Ils conditionnent l'orientation des populations vers d'autres
types de ressources que leur offre la nature. Ces mutations vont nous permettre
de découvrir au fil du temps différents types de rapport que
l'homme, en tant qu'acteur, entretient avec la nature qu'il commande.
2.1.4. Variation mensuelle des valeurs
pluviométriques
Pour étudier la variation pluviométrique de la
région du Mandoul, nous allons nous servir des hauteurs moyennes des
précipitations mensuelles sur les cinquante années allant de 1960
à 2009. L'étude de cette variabilité climatique sera faite
à l'aide d'un ensemble de méthodes et de procédures
statistiques de détection de ruptures dans les séries
chronologiques. A cet effet, on a déterminé un indice annuel de
la variable, défini comme une variable centrée réduite
Lamb, (1982) avec par exemple: T =
(Xi - X) / S
T : Total ;
Xi : valeur de la variable
étudiée à l'année i ;
X : valeur moyenne interannuelle de la
variable de 1960-2009 ;
S : valeur de l'écart-type de la
variable étudiée sur la période 1960-2009.
Les moyennes par décennie des indices annuels ainsi
calculés traduisent l'évolution dans le temps et dans l'espace de
la variable étudiée tout en soulignant les années
tantôt déficitaires tantôt excédentaires. Ainsi, un
ensemble de méthode de détection des ruptures dans les
séries chronologiques a été mise en oeuvre.
Une « rupture » peut être
définie par un changement dans la loi de probabilité des
variables aléatoires dont les réalisations successives
définissent les séries chronologiques étudiées. Les
méthodes de détection de rupture retenues ici permettent de
détecter un changement dans la moyenne de la variable traitée
dans les séries Lubès et al. (1994).
A l'exception de l'approche de Petitt et de la segmentation de
Jouve, P., (1984), ces méthodes supposent une absence
de modification de la variance de la série étudiée. En
outre, elles ne sont généralement pas adaptées à la
recherche de plusieurs ruptures dans une même série. La
procédure de segmentation des séries chronologiques de Hubert
est, quant à elle, appropriée à la recherche de multiples
changements de moyenne. Elle fournit une ou plusieurs dates de ruptures.
La pluviométrie annuelle de la région du Mandoul
a notablement changé au cours des cinquante dernières
années comme en témoignent les données
pluviométriques dressées dans le tableau en annexe. Dès la
décennie 1970, la région a connu des années de
sécheresse (1972-1974) qui sont signe d'un important déficit
pluviométrique. Cette tendance s'est encore accentuée durant la
décennie 1980 au cours de laquelle le couvert végétal a
ainsi vu son régime climatique modifié, passant d'un
régime tropical humide au tropical sec (Gac J., 1979).
Cette pluviométrie connaît une variabilité
interannuelle. De fortes précipitations ont été
enregistrées pendant l'hivernage de 2003. Les déficits sont
liés à une faible translation de la mousson en latitude,
occasionnant une pluviométrie réduite dans une bonne partie de la
région. Les précipitations variables, ont des
répercussions sur la production agricole, les ressources hydriques et
végétales. Observées sur une
période de huit ans allant de 2000 à 2008, avec des
données malheureusement manquantes en 2006, les pluies commencent dans
cette zone de mai et se terminent en novembre.
Les moyennes annuelles sont de l'ordre de 950 et 1200 mm/an.
Le mois le plus arrosé de l'année est le mois d'août avec
une fréquence de 400 à 500 mm/an et l'année la plus
arrosée de cette période est 2003 avec un total annuel de 1220mm.
Est considérée dans cette analyse comme forte pluie, une
« pluie journalière de hauteur supérieure ou
égale à la moitié de la hauteur de précipitation
journalière atteinte une fois par an ».
2.2.
Démarrage de la saison des pluies
La notion de mise en place de la mousson est à
distinguer de la vision classique du démarrage de la saison des pluies.
Cette dernière se fonde en effet principalement sur l'arrivée du
FIT aux latitudes sahéliennes à laquelle est associée une
forte convection locale, marquant ainsi les premières pluies, à
la différence de la mise en place de la mousson qui caractérise
l'installation de la mousson et le coeur de la saison humide. Ces
différences peuvent être illustrées à travers une
analyse composite fondée sur la date de démarrage de la saison
des pluies telle qu'elle a été définie par les travaux
d'Omotosho.
Pour déterminer une date de démarrage de la
saison des pluies, on a considéré comme marqueur de la position
du FIT à la latitude 15° N quatre indices
atmosphériques tous basés sur la latitude 15° N et
intégrés en moyenne zonale entre 10° W et
10° E :
- l'annulation du vent zonal qui marque la
limite entre les vents secs en provenance du nord et les vents humides en
provenance du sud ;
- un maximum de convergence traduisant cette
même discontinuité intertropicale;
- un maximum de tourbillon relatif marquant
l'augmentation de la circulation cyclonique liée à la
dépression thermique continentale ;
- une augmentation de la vitesse du vent
à 15° N traduite par le module du vent.
La même moyenne composite appliquée aux pluies
montre une rupture de pente claire au moment du passage du FIT avec des pluies
qui passent de presque 0 mm à t0-20 jours à près d'un
millimètre 10 à 15 jours après la date de démarrage
de la saison humide, que l'on a appelée t0. Sur la période
1960-2009, la date moyenne de démarrage de la saison humide est le 14
mai avec un écart type de 10 jours. Elle se situe donc environ un mois
avant la date que l'on a définie comme la date de mise en place de la
mousson.
2.2.1.
Démarrage de la saison des pluies et mise en place de la
mousson
Une analyse succincte des relations entre ces dates sur la
période 1960-2009 ne montre aucune corrélation significative
entre le démarrage de la saison des pluies et la mise en place de la
mousson. De même, aucune relation statistique n'a pu être mise en
évidence entre le démarrage ou la mise en place de la mousson et
le caractère déficitaire ou excédentaire de la
pluviométrie.
Bien que reposant sur une approche différente, ces
résultats sont cohérents avec les travaux de Le Barbé et
al. Ils ont montré que la variabilité des dates de
« saut » de la ZCIT n'est pas affectée par la
variabilité décennale dominée par l'opposition entre les
années 1950-1960 excédentaires en pluies et les années
déficitaires 1970-1990.
2. 2.2. Le mode
récurrent de variabilité climatique
Pour caractériser le mode dominant, on a
réalisé une analyse composite sur la période 1960-2009 en
utilisant cet indice des précipitations régionales
filtrées pour sélectionner des phases sèches et humides
qui contribuent à plus de 30 % au cycle saisonnier. Une
séquence composite moyenne est obtenue, décrivant
l'évolution moyenne de l'indice intra-saisonnier pendant les phases
positives de l'année considérée.
La même moyenne composite est réalisée
pour les phases d'affaiblissement de la mousson. On moyenne alors
séparément toutes les phases positives ensemble et toutes les
phases négatives ensemble pour obtenir deux séries
synthétisant l'évolution moyenne de l'indice intra-saisonnier au
cours des phases de renforcement et d'atténuation de la mousson.
En moyenne sur la période 1960-2009, on observe entre
juin et septembre 3,9 séquences humides et 4,5 séquences
sèches. La moyenne est assez élevée puisqu'elle atteint
une contribution de près 60 % au cycle saisonnier au temps t0 pour
les phases de renforcement (en grisé) et montre des valeurs autour de
50 % pour les phases d'affaiblissement de la mousson.
Les structures composites positives et négatives ont
une allure quasi symétrique et présentent toutes deux des
anomalies assez faibles du signe opposé avant et après la date
centrale t0. Les séquences sèches et humides durent 9 jours et
appartiennent à une fluctuation dont la période est assez courte,
autour de 15 jours. Cela atteste la forte domination de la variabilité
entre 10 et 25 jours au sein de l'intra-saisonnier.
2.2.3. Modélisation de la
pluviométrie
Les données journalières de pluviométrie
ont été cumulées par mois. En effet, une moyenne de pluie
a moins d'importance que le cumul des pluies pour un agriculteur. D'une part,
les besoins en eau d'un végétal diffèrent selon le stade
de son évolution. D'autre part, le cumul des précipitations
renseigne sur les risques potentiels d'inondation. Le cumul des
précipitations est donc plus significatif que la moyenne des
précipitations. La variable modélisée est le cumul mensuel
de la pluviométrie sur la période d'étude qui va de 1960
à 2009. Pour la région du Mandoul, cette figure 11 nous montre
l'évolution pluviométrique moyenne mensuelle.
Figure 11: Evolution
pluviométrique moyenne mensuelle de la région du Mandoul de 1960
à 2009.
Cette figure 11 nous présente les fluctuations des
précipitations de la zone de notre étude qui est la région
du Mandoul au sud du Tchad. Elle met en exergue l'évolution des valeurs
pluviométriques mensuelles de ladite localité sur une
période de cinquante ans, c'est-à-dire, de 1960-2009. Cette
distribution pluviométrique est disparate et varie d'un mois à un
autre d'une part, et d'une année à une autre d'autre part.
De zéro millimètre en Décembre et
janvier, la hauteur des pluies atteint 315 mm en juillet 1963 et 410 mm en
juillet 1980. Ainsi, on passe des mois à volume pluviométrique
important comme juillet (410 mm), août (315 mm) et septembre (275 mm), et
moins de 05 mm de pluies pour les mois dont la quantité des
précipitations est nulle. Nous pouvons citer les mois de novembre,
décembre et janvier.
2.2.4. Variation saisonnière des
précipitations moyennes et températures moyennes de la station de
Koumra
Le tableau 5 nous permet de présenter dans un diagramme
ombrothermique de la variation saisonnière des précipitations
moyennes et des températures moyennes de la station de Koumra sur la
période 1960 à 2009.
Tableau 5:
Précipitations et températures moyennes mensuelles
Variables/mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Précipitations
Moyennes
|
00
|
1,2
|
2,6
|
29,6
|
87,7
|
141,7
|
234
|
260,3
|
89,6
|
74,3
|
1,6
|
00
|
Températures
moyennes
|
30,6
|
30,9
|
38,9
|
41,8
|
41,6
|
38,4
|
35,4
|
32,9
|
35,5
|
38,6
|
36
|
34,1
|
Source : CNAR 2010
Figure 12:
Diagramme ombrothermique de la région du Mandoul
Cette figure 12 représente les précipitations et
les températures moyennes mensuelles de la région du Mandoul. On
y observe une irrégularité dans la distribution
saisonnière des valeurs pluviométriques. Ces dernières
sont variables d'une saison à une autre.
2.2.5. Variation pluviométrique
interannuelle
Pour faire une étude de la variation des
précipitations à l'échelle interannuelle, nous allons nous
servir des valeurs pluviométriques moyennes annuelles pour calculer les
écarts à la moyenne interannuelle. Les résultats nous
permettront d'élaborer les graphiques relatifs à
l'évolution et à la déviation de ces données par
rapport à la moyenne.
2.2.6. Valeurs
pluviométriques moyennes annuelles entre 1960 et 2009 repartie en
décennie.
Les différents tableaux et figures
présentés ci- après font ressortir les différentes
données pluviométriques enregistrées de 1960 à 2009
sur la station météorologique de Koumra. On y retrouve aussi les
écarts des précipitations par rapport à la moyenne
interannuelle qui est de 1023 mm. Ils nous permettent de voir
l'évolution pluviométrique des différentes
décennies.
Tableau 6: Décennie
1960-1969
Années
|
Précipitations annuelles
|
Moyenne interannuelle
|
Ecarts à la moyenne
|
1960
|
1249,5
|
1023
|
226,5
|
1961
|
1046,8
|
1023
|
23,8
|
1962
|
1219
|
1023
|
196
|
1963
|
1222,8
|
1023
|
199,8
|
1964
|
1215,7
|
1023
|
192,7
|
1965
|
1081,3
|
1023
|
58,3
|
1966
|
975,6
|
1023
|
-47,4
|
1967
|
1129,9
|
1023
|
106,9
|
1968
|
801,9
|
1023
|
-221,1
|
1969
|
1323,8
|
1023
|
300,8
|
Figure 13: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie
1960-1969
Selon la figure 13, la première période
décennale qui s'étend de 1960 à 1969 est marquée
par la prédominance des années humides. Les excédents
pluviométriques sont fréquents mais modestes. Elle décrit
l'évolution pluviométrique de cette décennie avec une
moyenne interannuelle de 1023 mm et une moyenne décennale des
précipitations de 1126,6 mm. Cette moyenne décennale
dépasse largement la moyenne interannuelle répartie sur cinquante
ans.
Tableau 7:
Décennie 1970-1979
Années
|
Précipitations annuelles
|
Moyenne interannuelle
|
Ecarts à la moyenne
|
1970
|
1114,1
|
1023
|
91,1
|
1971
|
949,3
|
1023
|
-73,7
|
1972
|
895,5
|
1023
|
-127,5
|
1973
|
851,2
|
1023
|
-171,8
|
1974
|
894,4
|
1023
|
-128,6
|
1975
|
1084,2
|
1023
|
61,2
|
1976
|
1213,6
|
1023
|
190,6
|
1977
|
1215,7
|
1023
|
192,7
|
1978
|
1020,6
|
1023
|
-2,4
|
1979
|
1000,5
|
1023
|
-22,5
|
Figure 14: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie
1970-1979
La deuxième période décennale qui va de
1970 à 1979 est marquée par une sècheresse longue et
sévère est observée de 1971 à 1974. On remarque une
intensification du déficit pluviométrique et le début
d'une phase plus sèche. On peut considérer deux phases
récurrentes : la première va de 1970 à 1974. C'est
une période de déficit général mais d'envergure
limitée quant à l'ampleur des conséquences
désastreuses. La seconde est en 1979 et atteint son paroxysme plus tard
en 1983 avec une sècheresse dont la sévérité
demeure historique. La moyenne de la pluviométrie interannuelle
observée sur cette décennie est de 1024 mm par rapport à
la décennie 1960-1969 qui est 1126,6 mm.
Tableau 8:
Décennie 1980-1989
Années
|
Précipitations annuelles
|
Moyenne interannuelle
|
Ecarts à la moyenne
|
1980
|
1207,1
|
1023
|
184,1
|
1981
|
1092,6
|
1023
|
69,6
|
1982
|
911,7
|
1023
|
-111,3
|
1983
|
737,2
|
1023
|
-285,8
|
1984
|
790,5
|
1023
|
-235,5
|
1985
|
883,7
|
1023
|
-139,3
|
1986
|
1053,5
|
1023
|
30,5
|
1987
|
946,4
|
1023
|
-76,6
|
1988
|
1004,9
|
1023
|
-18,1
|
1989
|
770,4
|
1023
|
-252,6
|
Figure 15: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie
1980-1989
La troisième période décennale qui va de
1980 à 1989, est caractérisée par
une reprise pluviométrique en 1980, puis par des successions
d'années sèches de 1982 à 1985. L'année 1986 est
humide suivi des années sèches en 1987, 1988 et 1989. Les 7/10
des années de la décennie sont déficitaires. Toutefois, on
peut relever une persistance de faibles pluviométries annuelles au
début et de fortes pluviométries à la fin. Les
écarts d'indices sont assez importants.
La période sèche de 1980 à 1984 dont la
moyenne pluviométrique est de 848,3 mm représente un
déficit moyen de - 210,8 mm soit - 19,9% par rapport à la moyenne
interannuelle. Cependant, le déficit pluviométrique est
très creusé en 1983 (- 366,3mm, soit 34,6%). Cette période
coïncide à la deuxième grande sècheresse qui a
lourdement frappé les zones soudanaise et sahélienne au cours des
quatre dernières décennies. La première étant
intervenue au début des années 1970.
Tableau 9:
Décennie 1990 -1999
Années
|
Précipitations annuelles
|
Moyenne interannuelle
|
Ecarts à la moyenne
|
1990
|
833
|
1023
|
-190
|
1991
|
1188,8
|
1023
|
165,8
|
1992
|
1002,2
|
1023
|
-20,8
|
1993
|
969
|
1023
|
-54
|
1994
|
1099,3
|
1023
|
76,3
|
1995
|
1052,8
|
1023
|
29,8
|
1996
|
1028,1
|
1023
|
5,1
|
1997
|
1163,9
|
1023
|
140,9
|
1998
|
844
|
1023
|
-179
|
1999
|
1016,8
|
1023
|
-6,2
|
Figure 16: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie
1990-1999
La quatrième période (voire figure 16) qui va de
1990 à 1999 est relativement bonne avec des précipitations
normales. C'est une période très pluvieuse, qui représente
un excédent moyen de 203,2 mm (soit 19,2%). C'est dans cette
séquence, où l'on retrouve le maximum pluviométrique de
ces 27 dernières années : 1994 avec un excédent de 386,1
mm, soit 36,4%.
Tableau 10:
Décennie 2000-2009
Années
|
Précipitations annuelles
|
Moyenne interannuelle
|
Ecarts à la moyenne
|
2000
|
1062,5
|
1023
|
39,5
|
2001
|
1061
|
1023
|
38
|
2002
|
995,6
|
1023
|
-27,4
|
2003
|
1197,3
|
1023
|
174,3
|
2004
|
1019,9
|
1023
|
-3,1
|
2005
|
977,7
|
1023
|
-45,3
|
2006
|
990,7
|
1023
|
-32,3
|
2007
|
897,4
|
1023
|
-125,6
|
2008
|
1014,5
|
1023
|
-8,5
|
2009
|
1036,6
|
1023
|
13,6
|
Figure 17: Evolution
pluviométrique interannuelle de la décennie
2000-2009
La dernière période qui va de 2000 à 2009
se caractérise par de bons régimes pluviométriques. La
moyenne des précipitations reçues pendant cette période
est de 1184,2 mm, représentant un excédent de 125,1 mm, soit
11,8% par rapport à la moyenne interannuelle. Cependant, à
l'intérieur de cette séquence, on note des années moins
pluvieuses: 2007 avec un excédent de 1,3 mm et 1990 (12,5 mm).
D'une manière générale, l'examen des
données pluviométriques offre une assez bonne idée
générale de l'évolution des précipitations au cours
des années 1960-2009 dans la région du Mandoul. Elle se
caractérise par une irrégularité interannuelle des pluies,
qui permet de dégager une allure en dents de scie, individualisant des
séquences excédentaires et des années déficitaires
par rapport à la normale considérée. Les années
sèches se déterminent par leur prédominance à
l'exception, confirmant la crise pluviométrique signalée par de
nombreux auteurs. L'importance des courts épisodes pluvieux souvent
interrompus par de plus longs épisodes déficitaires sont à
l'origine de la migration des isohyètes.
Les différents tableaux présentés ci-haut
font ressortir les données pluviométriques enregistrées
par décennie. On y trouve les écarts de précipitations par
rapport à la moyenne interannuelle, qui est de 1023 mm. En dessous de
chaque tableau est présentée une figure qui fait état de
la variation des précipitations à l'échelle de
l'année pour une série de dix ans. En se basant sur
l'étude des longues séries observées, il est possible de
situer la période actuelle de pluviométrie déficitaire
dans une perspective historique et de mieux évaluer ainsi l'importance
réelle de cette évolution climatique récente.
L'information nous permet ainsi d'apprécier l'alternance des
périodes sèches et humides et donc de mieux caractériser
le déficit et l'excédentaire (Patrick Colin de Verdière,
1998).
Nous remarquons que sur les différentes figures, les
valeurs pluviométriques oscillent entre 1323,8 et 770,4 mm, soit un
écart de 553,4 mm entre le maximum et le minimum absolus des pluies
enregistrées. Comme relevé précédemment, pour ce
qui est des variations mensuelles et saisonnières, le comportement de
ces données sur le plan annuel ne fait pas d'exception. Les pluies
varient d'une année à une autre.
Ainsi, les variations observées rendent complexes les
prévisions pouvant être envisagées. Car on note dans cette
série un écart considérable entre le minimum et le maximum
absolus des précipitations interannuelles. Ces fluctuations sont doute
liées aux mouvements du Front Intertropical (FIT) ou de la Zone de
Convergence Intertropicale (ZCIT). On peut aussi déduire des
différentes figures les conclusions suivantes.
Figure 18 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1960 et
1969
Figure 19:
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1970 et
1979
Figure 20 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1980 et
1989
Figure 21 :
Déviation pluviométrique interannuelle entre 1990 et
1999
Figure 22:
Déviation pluviométrique interannuelle entre 2000 et
2009
Ces différentes figures 18, 19, 20, 21 et 22 laissent
entrevoir la déviation des précipitations annuelles des cinq
décennies de la région du Mandoul par rapport à la moyenne
interannuelles de la série. Nous pouvons y apercevoir les
déficits et les excédentaires pluviométriques à
l'échelle de l'année.
Tableau 11 :
Synthèse de séquences pluviométriques sur la station de
Koumra
Années excédentaires
|
Années déficitaires
|
Années lacunaires
|
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1969
1970
1975
1976
1988
1989
1991
1994
|
1968
1977
1978
1979
1980
1981
1986
1990
1992
1993 1997
1998
1999
2000
2001
2008
|
1971
1972
1973
1974
1982
1983
1984
1985
1987
1996
2002
2004
2005
2006
2007
2009
|
Le diagnostic de la variabilité
pluviométrique à l'échelle mensuelle permet de distinguer
trois types de comportement pluvieux qui sont :
- Les mois à pluviométrie relativement faible :< 50 mm
- Les mois à pluviométrie intermédiaire
ou modérée : de 50 à 150 mm
- Les mois à pluviométrie relativement
forte : > 150 mm
Les différents seuils pluviométriques choisis
font référence aux seules valeurs de l'évapotranspiration
potentielle (ETP), telles que détaillées ci-dessous.
2.2.6.1 Mois à
pluviométrie faible (< 50 mm : P< ½ ETP)
Sont concernés les mois de décembre, janvier et
février. Ces mois marquent la grande saison sèche dans la
région comme sur l'ensemble du territoire national. Au cours de cette
période de l'année, les précipitations recueillies sont
inexistante. Au cours de ces mois, les événements
pluviométriques journaliers enregistrés sont également
insignifiants. Toutefois, quelques singularités peuvent être
relevées au cours de certaines années où le mois de
février fait exception en recevant 40 à 50 mm. Cette situation
revient fréquemment sur les stations à la limite nord de
l'isohyète 1100 mm comme Koumra, Sarh, Doba et Moundou.
2.2.6.2 Mois à
pluviométrie intermédiaire (de 50 à 150 mm :
ETP>P= ½ ETP)
Les mois de mars, avril et mai sont considérés
comme des mois intermédiaires à pluviométrie
modérée. Ils annoncent en général l'arrivée
de la grande saison pluvieuse. On remarque une hausse sensible des
précipitations sur l'ensemble de la région. Au cours de ces mois,
le nombre de jours de pluie connaît également une hausse,
comparativement au mois précédent. C'est surtout à partir
du mois d'avril que l'augmentation du nombre de jours de pluie devient
véritablement sensible sur la quasi-totalité de la région.
Les événements pluviométriques journaliers commencent
également à devenir importants. Les hauteurs
pluviométriques journalières au cours de ces mois peuvent
dépasser 25 mm. En mars ces évènements restent
principalement localisés au Sud-ouest dans les localités du
Bahr-Sara.
Le mois de juillet connaît un fléchissement.
C'est une phase dite « intrapluviale»
caractéristique du régime bimodal. Le mois peut être
compté parmi les mois à pluviométrie intermédiaire.
Cette période de l'année correspond à l'installation de la
grande saison des pluies dans la région forestière de
Moïssala et de Bodo. La majeure partie de cette zone reçoit des
précipitations comprises entre 250 et 300 mm par mois. Le nombre mensuel
de jours de pluie confirme l'installation de cette saison des pluies.
2.2.6.3. Mois à
pluviométrie relativement forte (= 150 mm : P = ETP)
Les mois de juin, juillet, août, septembre et octobre
sont les plus pluvieux dans la région. Ce sont des mois de moyenne et
forte pluviométrie. Comme nous avons évoqué dans le
paragraphe précédent, le mois de juillet connaît une
récession pluviométrique, son total est moins important
comparativement au total du mois d'août, septembre ou octobre. Ces trois
derniers mois représentent à eux seuls l'essentiel des abats
pluviométriques avec 65 % pour l'ensemble des observations. Mais cette
valeur ne se vérifie pas sur toutes les stations pour lesquelles
existent des singularités notables : 77 % à Koumra, 56 %
à Doba, 59 % à Sarh et 63 % à Moundou.
Au cours de ces mois, toutes les stations ont des valeurs
maximales. Les valeurs observées au mois d'août ou septembre
avoisinent 400 mm. Ces mois sont aussi caractérisés par un nombre
de jours de pluie important, surtout à Koumra où les valeurs
mensuelles dépassent facilement 14 jours de pluie. Sur le reste de la
zone de région, le nombre de jours de pluie va en décroissant du
Sud-Ouest au Nord-Est où on ne compte plus que 10 jours de pluie au
maximum. Ces événements pluvieux sont de grande importance, car
les hauteurs d'eau enregistrées au cours d'une journée peuvent
dépasser 50 mm par endroits. Cette situation est surtout observée
dans le Bahr Sara en août et septembre. L'étude de la
variabilité annuelle est d'une importance capitale.
2.2.6.4
Variabilité du nombre de jours de fortes pluies
Est considéré dans cette analyse comme forte
pluie, une « pluie journalière de hauteur
supérieure ou égale à la moitié de la hauteur de
précipitation journalière atteinte une fois par
an » (Sighomnou, 2004), ceci afin de conserver aux
résultats une homogénéité statistique. Pour les
évènements pluvieux journaliers, leur distribution spatiale
s'effectue selon le même gradient décroissant SSW-NNE. La
pluviométrie journalière la plus importante de la série
des stations est atteinte le 21 septembre 1961 avec 110,6mm à Koumra,
valeur qui reste un record encore non dépassé plus de quatre
décennies déjà. Même en 1999, au cours des
épisodes de pluies exceptionnelles, Doba (01 août) et Sarh (07
août) n'ont recueilli chacune que 98mm, Moundou a enregistré 94 mm
le 04 Août et Bekamba a reçu 96, 2 mm le 02 septembre.
2.2.6.5
Variabilité des années anormalement humides
Les années anormalement
humides sont des périodes au cours desquelles les abats
pluviométriques sont importants. Au cours de ces années, les
valeurs pluviométriques dépassent largement la valeur normale.
Selon leur régularité, leur abondance et leur intensité,
les précipitations sont qualifiées d'événements
extrêmes et excessifs qui, dans leurs manifestations peuvent
s'accompagner soit d'inondations soit de sécheresse.
L'examen des séries pluviométriques montre que
la variabilité des déficits annuels exceptionnels est très
prononcée avec 69,15 %. La chaleur excessive et la sécheresse
récurrente sont remarquables. Les résultats d'analyse permettent
de distinguer une baisse des pluies à tous les pas de temps sur une
période assez longue et une diminution de la pluviosité. C'est
souvent le cas d'une sécheresse physiologique intra saisonnière
qui peut affecter certaines cultures (phénophases) et des calendriers
agricoles.
Les excédents annuels exceptionnels les plus
représentatifs sont enregistrés de façon concomitante dans
toutes les stations en 1964, 1996 et 1999. Les précipitations
recueillies sont importantes tant par leur abondance que par leur
intensité, avec une bonne répartition spatio-temporelle et un
allongement de la saison humide (5 à 6 mois). Ces pluies exceptionnelles
sont des causes évidentes d'inondation et de désastres
environnementaux.
2.2.7. Les années excédentaires ou
humides
Nous considérons comme année humide ou
excédentaire, celle ayant un écart pluviométrique positif.
Ainsi, au cours des années 1960 à 2009, on dénombre dix
huit années excédentaires (tableau 14). La moyenne de ces
excédents est de 1224 mm soit un écart type de 201 mm.
Les années
sèches ou déficitaires
Parallèlement aux années humides, les
années sèches ou déficitaires sont celles ayant un
écart de précipitation par rapport à la moyenne
interannuelle négative. De ce fait, nous apercevons sur le tableau 14,
trente deux années ayant reçu des précipitations
inférieures au seuil normal. La classification et la description
étant déjà faites, un tableau de probabilité est
construit. Ce tableau est obtenu par dépouillement des individus
(décades) des diverses classes retenues. Il renseigne donc sur le nombre
de fois que chaque décade est apparue dans chacune des classes. Une
décade appartient définitivement à la classe où
elle est apparue le plus (avec une probabilité supérieure
à 50%).
Classification Ascendante Hiérarchique des
décades
Pour procéder à cette étude, les
logiciels Spad version 5.5 et Instat version 3.3 ont
été utilisés. L'instat, qui est le logiciel de
travail au bureau agro météorologique de l'ASECNA de N'Djamena,
nous a permis de calculer les cumuls et les moyennes des variables
journalières. Spad est un logiciel d'analyse multidimensionnelle des
données et a servi à réaliser la Classification Ascendante
Hiérarchique (CAH) sur la base de données. Les opérations
suivantes ont été effectuées sur les données brutes
afin de mieux les traiter :
Cumul des valeurs de pluie par
décades
Pt = avec n le nombre de jours de la décade
Où Pt et
Pi désignent respectivement les valeurs de
pluviométrie de la décade et celles des pluies
journalières de la décade.
Calcul de la température moyenne par
décade
Tmd : Température moyenne par
décade ;
Tmax et Tmin
désignent respectivement la température journalière
maximale et minimale ; n désigne le nombre de
jours de la décade.
Nous procéderons tout d'abord à une brève
analyse simultanée des séries annuelles de pluviométrie et
de température dans le but de trouver une année de rupture.
Celle-ci nous permettra de séparer notre base de données sur deux
périodes. Une classification sera réalisée sur chacune
d'elles pour montrer l'existence de bouleversements climatiques et
éventuellement déterminer les nouvelles périodes
climatiques.
2.2.8. Classification des décades sur la
période 1960-2009
Tableau 12 : Statistiques
sommaires des variables
Variables
|
Moyenne
|
Maximum
|
Minimum
|
Pluviométrie
|
117,3
|
234,6
|
0,00
|
Température
|
27,84
|
32,68
|
23,86
|
Insolation
|
5,95
|
9,28
|
1,14
|
Humidité
|
34,96
|
15,95
|
52,20
|
Source : Service de Climatologie de la DREM,
N'Djamena 2010
Le tableau 12 indique que la région a été
caractérisée durant cette période par une
pluviométrie décadaire moyenne de 117,3 mm. La plus forte hauteur
de pluie enregistrée est de 234,6 mm. La température
décadaire moyenne est de 27,84°C. Le soleil brille en moyenne 9
heures.
Tableau 13: Matrice des
corrélations de la première CAH
|
Pluviométrie
|
Température
|
Insolation
|
Humidité
|
Pluviométrie
|
1,00
|
|
|
|
Température
|
-0,36
|
1,00
|
|
|
Insolation
|
-0,26
|
0,72
|
1,00
|
|
Humidité
|
0,51
|
-0,66
|
-0,48
|
1,00
|
Source : Service de Climatologie de la DREM,
N'Djamena 2010
Les variables Pluie et Humidité sont positivement
corrélées (0,51). Il en est de même pour les variables
Température et Insolation (0,72). Ainsi pour une décade, les
valeurs de température et d'insolation évoluent dans le
même sens. Il en est de même pour les valeurs de
pluviométrie et d'humidité.
Tableau 14:
Première caractérisation des classes 1 et 2 par les
variables
Classes
|
Température
|
Pluie
|
Humidité
|
Insolation
|
1
|
28,95 (25,87)
|
13,47 (-17,73)
|
32,28 (-23,96)
|
6,99 (22,70)
|
2
|
26,36 (-25,87)
|
51,93 (17,73)
|
38,52 (23,96)
|
4,57 (-22,70)
|
Moyenne générale
|
27,84
|
29,96
|
34,96
|
5,95
|
Source : Service de Climatologie de la DREM,
N'Djamena 2010
Les valeurs entre parenthèses sont les valeurs tests
des associées aux variables. En effet, dans la classe 1, la
température et l'insolation sont plus élevées que la
moyenne (respectivement 28,95 et 6.99). L'humidité et la
pluviométrie sont quant à elles faibles (respectivement 32,28 et
13,47). La classe 2 est opposée à la classe 1 au sens où
les variables Température et Insolation ont de faibles valeurs
(respectivement 26,36 et 4,57) et les variables Pluviométrie et
Humidité ont de fortes valeurs (51,93 et 38,52). La classe 1 est donc
celle des décades sèches tandis que la classe 2 est celle des
décades humides et pluvieuses. Ainsi, on totalise 57% des décades
sèches et 43% des décades pluvieuses comme illustre la figure
23.
Figure 23: Proportions de
décades sèches et humides
En général, dans la région, il a fait
plus chaud que froid de 1970 à 2009. La partition en 2 classes est
cependant, celle qui donne plus de détails sur les classes des
décades.
Tableau 15:
Première caractérisation des classes par les
variables
Classes
|
Temps
|
Pluie
|
Humidité
|
Insolation
|
1
|
29,24 (22,46)
|
6,96 (-16,76)
|
30,65 (-26,29)
|
6,95 (15,08)
|
2
|
26,87 (0,56)
|
30,82 (0,49)
|
36,42 (6,90)
|
5,67 (8,53)
|
3
|
26,67 (-9,02)
|
98,15 (24,60)
|
38,60 (10,96)
|
5,07 (-6,32)
|
4
|
27,79 (-20,28)
|
27,58 (-1,02)
|
35,87 (14,11)
|
5,52 (-22,53)
|
Moyenne générale
|
27,82
|
29,96
|
34,97
|
5,96
|
Source : Service de Climatologie de la DREM,
N'Djamena 2010
Par ailleurs, elle est intéressante car la zone
d'étude est caractérisée par deux périodes
climatiques (une saison sèche et une saison pluvieuse). Le tableau 15
indique les moyennes des variables dans les classes. Sont indiquées
entre parenthèses, les valeurs tests des variables.
Classe 1
Elle est caractérisée par la température,
la pluviométrie, l'humidité et l'insolation au seuil de 5% car
les valeurs des tests respectives sont 22,46, -16,76, -26,29 et 15,08. Par
ailleurs, elle est constituée des décades à fortes
températures et à très faibles quantités de pluies.
En effet, la moyenne de la température dans cette
classe est la plus élevée (29,24) et plus forte que la moyenne
générale de la variable Température (27,82). C'est aussi
le cas de la variable insolation. Elle y est très élevée.
Aussi, la moyenne de la pluviométrie (6,96) est la plus faible de toutes
les classes. L'humidité dans cette classe est aussi faible (30,65). En
conclusion, les décades de cette classe correspondent à des
décades de périodes sèches.
Classe 2 :
Au seuil habituel de 5%, seules les variables
température, humidité et insolation (36.42) caractérisent
cette classe. La température moyenne dans cette classe est la
deuxième la plus faible (26,87) et l'insolation est également la
deuxième plus faible de toutes les classes (5,67). Par
conséquent, cette classe comprend des décades relativement moins
chaudes mais plus pluvieuses que celles de la première classe. Elle est
la deuxième classe la plus pluvieuse.
Classe 3 :
Elle est caractérisée par les quatre variables
qui ont des valeurs-test supérieures au seuil convenu (-9,02, 24,60,
10,96 et -6,32 pour respectivement température, pluviométrie,
humidité et insolation). Dans cette classe, la température
moyenne (26,67) est légèrement inférieure à la
moyenne générale. De plus, l'insolation moyenne de cette classe
est également faible (5,07). En outre, nous remarquons que la pluie a
une moyenne générale de 98,15 qui est largement supérieure
à la moyenne (29,96). L'humidité moyenne de cette classe (38,60)
est relativement plus élevée que la moyenne
générale. En conclusion, cette classe est celle des
décades de très fortes pluies.
Classe 4 :
Au seuil de 5%, les variables significatives pour cette classe
sont température, humidité et insolation. La température
moyenne de cette classe (27,79) est la deuxième plus forte de toutes et
l'insolation aussi élevée (5,52). L'humidité y est faible
(35,87). La pluviométrie ne caractérise pas cette classe. On en
déduit que cette classe est celle de décades relativement
sèches.
Les valeurs qui figurent dans le tableau 16 désignent
le nombre de fois que chaque décade est apparue dans chacune des classes
durant les 50 années. La somme par ligne est donc toujours égale
à 30. La question fondamentale ici est : « Comment
attribuer une décade à une classe ? ».
Afin de répondre à cette question, nous
supposerons qu'une décade appartient définitivement à une
classe si cette dernière contient au moins 50% des observations de la
décade. C'est-à-dire que la décade appartient à une
classe si elle apparaît au moins 15 fois dans celle-ci.
2.3. Les périodes
climatiques
Le critère d'appartenance sus-énoncé nous
permet d'avoir les périodes climatiques suivantes :
Période 1 : (Octobre,
mars et Avril) : elle est caractérisée par de très
fortes températures (39,24°C). Le soleil brille en moyenne 10
heures. La pluie est presque rare durant cette période. Cette
période correspond bien à la grande saison sèche
habituelle de la région.
Période 2 :
(Juillet-septembre) : elle est
composée de deux parties. La première qui s'étend d'Avril
à Juin est caractérisée par une température
égale à la moyenne et une humidité plus ou moins
élevée. Il y pleut plus que la normale. La seconde partie qui
couvre le mois de mi septembre est caractérisée par de
très fortes pluies. C'est d'ailleurs là une
caractéristique de ce mois. Ces pluies marquent la fin de la saison des
pluies. En somme, la période 2 correspond à la grande saison
habituelle des pluies qui s'étend de Juillet à septembre.
Période 3 :
(septembre à mi-octobre) : c'est un temps au cours
duquel la température moyenne est de 37,79°C et l'insolation est
élevée. On en conclut qu'elle correspond à la fin de la
saison pluvieuse traditionnelle de la région.
Période 4 :
(Début-octobre à novembre) : contenue dans la
classe 2, elle est caractérisée par des pluies de 20,82 mm et une
température de 37,08 °C. Elle correspond bien à la fin de la
saison pluvieuse.
Tableau 16 : Seconde
caractérisation des classes 1 et 2 par les variables
Classes
|
Température
|
Pluie
|
Humidité
|
Insolation
|
1
|
29,61 (13,67)
|
12,83 (-9,54)
|
34,76 (-10,68)
|
7,09 (10,69)
|
2
|
26,76 (-13,67)
|
55,83 (9,54)
|
38,55 (10,68)
|
4,86 (-10,69)
|
Moyenne générale
|
28,30
|
32,54
|
36,49
|
6,07
|
Source : Service de
Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010
En effet, dans la classe 1, la température et
l'insolation sont plus élevées que les moyennes (respectivement
29,61 et 7,09). L'humidité et la pluviométrie sont quant à
elles plus faibles (respectivement 34,76 et 12,83). La classe 2 est
opposée à la classe 1 au sens où les variables
Température et Insolation ont de faibles valeurs (respectivement 26,76
et 4,86) et les variables Pluie et Humidité ont de fortes valeurs (55,83
et 38,55). La classe 1 est donc celle des décades sèches tandis
que la classe 2 est celle des décades humides et pluvieuses. La
partition en 2 classes étant trop générale, nous
choisirons la partition en cinq classes qui nous fournit plus de détails
sur la répartition des décades. Nous allons donc décrire
cette partition.
Tableau 17: Seconde
caractérisation par les variables
Classes
|
Température
|
Pluie
|
Humidité
|
Insolation
|
Somme
|
1
|
30,06 (12,59)
|
7,85 (-8,20)
|
35,51 (-4,14)
|
7,34 (9,11)
|
103 (36%)
|
2
|
28,83 (1,48)
|
3,33 (-3,83)
|
28,20 (-13,81)
|
6,07 (0,01)
|
23 (8%)
|
3
|
27,96 (-2,14)
|
43,98 (3,35)
|
37,85 (5,03)
|
6,51 (2,80)
|
87 (30%)
|
4
|
26,46 (-21,34)
|
107,36 (12,19)
|
38,87 (4,92)
|
4,51 (-23,52)
|
34 (12%)
|
5
|
25,85 (-9,62)
|
24,62 (-1,44)
|
38.77 (5.25)
|
3,24 (-11.10)
|
41 (14%)
|
Moyenne générale
|
28,30
|
32,54
|
36,49
|
6,07
|
|
Source : Service de
Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010
Le tableau 17 indique les moyennes des variables dans les cinq
classes. Sont indiquées entre parenthèses, les valeurs tests des
variables.
Classe 1 : C'est la classe des décades
chaudes et relativement humides. En effet, elle est caractérisée
par la température, la pluie, l'humidité et l'insolation au seuil
de 5% car les valeurs de tests respectives sont 12,59, -8,20, -4,14 et 9,11. La
moyenne de la variable température dans cette classe est la plus
élevée (30,06) de toutes les classes et est plus forte que la
moyenne générale de la variable température (28,30).
De même, la moyenne de la variable insolation a sa plus
forte valeur (7,34) dans cette classe. Ceci est dû à sa forte
corrélation à la variable température. Aussi, la moyenne
de la variable Pluie (7,85) est-elle largement inférieure à la
moyenne générale (32,54). L'humidité moyenne dans cette
classe (35,51) est presque égale à l'humidité moyenne
générale (36,49). En conclusion, les décades de cette
classe correspondent à des décades chaudes et sèches.
Classe 2 : Au seuil habituel de 5%, les
variables Pluie et humidité caractérisent cette classe. La
température moyenne dans cette classe est la deuxième la plus
élevée (28,83) et l'insolation moyenne est de 6,07, égale
à la moyenne générale. Aussi, l'humidité moyenne
est-elle la plus faible dans cette classe (28,20). La pluie, quant à
elle, est aussi la plus faible dans cette classe (3,33). Par conséquent,
cette classe comprend des décades très sèches.
Classe 3 : Elle est
caractérisée par les quatre variables. Dans cette classe, la
température moyenne (27,96) est légèrement
inférieure à la moyenne générale (28,30). De plus,
l'insolation moyenne de cette classe est élevée (6,51).En outre,
nous remarquons que la pluie a une moyenne générale de 143,98 qui
est la deuxième moyenne la plus élevée de toutes les
classes. Donc il y pleut plus que la normale. L'humidité moyenne de
cette classe (37,85) est relativement plus élevée que la moyenne
générale. En conclusion, cette classe est celle de décades
pluvieuses et ensoleillées.
Classe 4 : Au seuil de 5%, toutes les
variables caractérisent cette classe. La température moyenne de
cette classe (26,46) est la deuxième plus faible de toutes et
l'insolation aussi (4,51). L'humidité moyenne est la plus
élevée (38,87). Il y pleut abondamment puisque la
pluviométrie moyenne est de 107,36. On en déduit que cette classe
est celle de décades fortement pluvieuses et humides.
Classe 5 : Les variables
température, humidité et insolation caractérisent bien
cette classe. La température moyenne de cette classe (25,85) est la plus
faible de toutes et l'insolation aussi (3,24). L'humidité moyenne y est
très forte (38,77). Il y pleut également puisque la
pluviométrie moyenne est de 24,62 mm. On en déduit que cette
classe est celle de décades froides et humides.
2.4.
Les chroniques climatiques
étudiées sur la période 1960-2009
Une recherche purement descriptive sur la climatologie dans la
région du Mandoul peut quelquefois donner l'impression d'un
réseau stationnel important et spatialement cohérent. Les travaux
de synthèse menés sur la zone relèvent cependant la
faiblesse des longues séries et les incertitudes qui entourent leur
homogénéité statistique
A l'échelle de la région, Vidal et al.
(2009) relèvent trois périodes charnières dans les
chroniques climatiques: les années 1962-63 correspondent à un
faible nombre de relevés par rapport à la période
précédente ; 1986-87 a marqué le début d'une
augmentation significative des observations, 1998-99 qui signale un
palier atteint dans le nombre d'observations stationnelles.
En cherchant à retenir plusieurs paramètres
météorologiques pour résumer les principales contraintes
climatiques et bioclimatiques régionales (essentiellement pluvio-252528
thermique), le nombre de stations existantes dans la région est de deux
(Koumra et Bekamba).
Après analyse des données de la station de
Bekamba qui ne sont pas fiables à cause des données manquantes,
seule la station de Koumra est retenue pour une comparaison avec les
données de Sarh, Doba et Moundou. Le critère essentiel retenu
étant la recherche de la plus longue période commune disponible
(1960-2009) sans lacunes sérielles, pour les paramètres
climatiques suivants : les cumuls pluviométriques (RR) et les
températures moyennes (Tmoy).
Tableau 18 :
Variation des températures moyennes interannuelles des cinq regions de
1960 à 2009
Mois
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avr
|
Mai
|
Jui
|
Juil
|
Aoû
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Tmoy
|
Station de
|
Station
|
Koumra
|
30,6
|
30,9
|
38,9
|
39,5
|
37,7
|
38,5
|
35,4
|
32,9
|
35,5
|
38,6
|
36
|
34,1
|
35,7
|
Doba
|
31,8
|
32,8
|
37,2
|
38,6
|
39,1
|
38,5
|
37,3
|
34,1
|
36,3
|
38,5
|
36,8
|
33,6
|
36,2
|
Moundou
|
30,1
|
31,4
|
38,3
|
39,7
|
39,1
|
37,8
|
35,8
|
33,6
|
35,2
|
39,8
|
36,2
|
34,2
|
35,9
|
Sarh
|
31,9
|
30,4
|
38,7
|
38,9
|
39,3
|
37,4
|
33,7
|
33,2
|
34,6
|
38,2
|
36,4
|
33,7
|
35,5
|
N'Djamena
|
31,8
|
32,6
|
39,6
|
43,8
|
43,7
|
39,2
|
37,3
|
34,8
|
37,4
|
39,1
|
36,1
|
36,1
|
37,6
|
Xi/mois
|
31,2
|
31,6
|
38,5
|
40,1
|
39,7
|
38,2
|
35,9
|
33,7
|
35,8
|
38,8
|
36,3
|
34,3
|
|
Source : Service de
Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010
Tableau 19 : Moyennes
pluviométriques interannuelles des cinq stations de
1960-2009
Mois
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avr.
|
Mai
|
Juin
|
Juil
|
Août
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
RR
|
Station de
|
station
|
Koumra
|
0
|
1,2
|
2,6
|
29,6
|
87,7
|
141,7
|
234,0
|
260,3
|
189,6
|
74,3
|
1,6
|
0
|
1023
|
Doba
|
0
|
0
|
0
|
42,7
|
58,8
|
166,4
|
409,7
|
315,2
|
160,3
|
54
|
0
|
0
|
1207,1
|
Moundou
|
0
|
0
|
2
|
18,2
|
83,8
|
160,6
|
210,5
|
395
|
231,6
|
111,9
|
0
|
0
|
1213,6
|
Sarh
|
0
|
0
|
0,5
|
43,8
|
131,4
|
123,7
|
215,8
|
341,8
|
95
|
64
|
4,6
|
0
|
1020,6
|
N'Djamena
|
0
|
0
|
0
|
0
|
24,2
|
134,9
|
165
|
234
|
147,5
|
31,6
|
0
|
0,3
|
737,2
|
Xi./mois
|
0
|
0,2
|
1,03
|
26,8
|
77,1
|
145,4
|
247
|
309,2
|
164,8
|
67,1
|
1,2
|
0,06
|
1040,3
|
Source : Service de
Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010
2.5.
Années extrêmes
en fonction des précipitations et températures moyennes
Un indice calculé à partir des 4 chroniques
stationnelles (Doba, Moundou, Sarh et N'Djamena) et comparé à
celui de la station de Koumra, a révélé un climat
régional moyen pluvieux avec 1040,3 mm/an et une température
moyenne annuelle de 36,3°C. Les moyennes pluviométriques et
thermiques de ces quatre stations sont légèrement au dessus de
ceux de la station de Koumra.
L'étude pluviothermique menée à partir
des anomalies (valeurs centrées réduites à partir de la
moyenne 1960-2009, montre que sur les cinquante années d'étude,
32 apparaissent comme déficitaire. Cependant, alors que les
données enregistrées dans les quatre stations, indiquent
l'existence de tous les types pluviothermique possibles, seuls deux types
apparaissent réellement. Il s'agit :
i) des années anormalement chaudes et sèches,
caractérisées par les sécheresses comme celles de 1974 et
1983 ;
ii) des années anormalement fraîches et
pluvieuses, comme en 1960 et en 1998. On observe aussi que l'année 2003,
exceptionnellement chaud, n'est en revanche pas considéré dans
les années les moins pluvieuses.
Cette différence de typologie est surtout due à
la plus grande complexité des situations météorologiques
(donc des circulations et des combinaisons pluviothermiques) ainsi qu'à
la plus grande variabilité interannuelle durant la période
hivernale. Cependant, à l'échelle régionale, c'est bien
durant la saison pluvieuse que l'on observe la plus grande
variété de types de circulation atmosphérique
associés à des extrêmes thermiques (Resco, M. 2005).
2.6.
Une évolution
pluviothermique significative après 1988
L'analyse de la variabilité interannuelle
révèle surtout un fait marquant, commun à tous les
principaux paramètres climatiques étudiés (Tmoy
et RR), soit une rupture sérielle datée vers 1988. Quoique
significative pour les totaux pluviométriques, elle est surtout nette
pour les séries thermiques et correspond à une augmentation
importante des températures atmosphériques régionales. En
revanche, aucune tendance claire n'apparaît vraiment dans les cumuls
pluviométriques annuels et saisonniers régionaux. Cela peut
d'abord s'expliquer par la grande variabilité spatio-temporelle des
précipitations de certaine station comme celle de N'Djamena qui est
située dans le sahel et étroitement dépendante des
conditions pluviométriques locales. La hausse régionale des
températures peut être évaluée à environ
0,014 °C/an pour les températures moyennes, et affecte aussi
bien les quatre stations que celle de Koumra.
2.7. Variations
climatiques interannuelles des écarts à la moyenne
(1960-2009)
Températures en °C
Figure 24 : les
températures mensuelles moyennes des cinq stations (en
°C)
Précipitations (mm)
Figure 25: le cumul
mensuel des précipitations (en mm) des cinq stations
Les chroniques stationnelles mensuelles sont filtrées
grâce à une moyenne mobile de 12 mois. Les valeurs mensuelles
moyennes sont indiquées pour chaque paramètre et pour chaque
station, les données brutes sont obtenues sur la période allant
de 1960 à 2009 auprès de la DREM et présentées en
annexe.
La tendance des températures moyennes n'est pas
toujours totalement synchrone et de même intensité. En fait,
à l'échelle de N'Djamena, la hausse des températures
s'explique généralement par sa position géographique du
sahel. L'examen plus précis des données
météorologiques des autres stations permet de mieux juger le
changement des températures.
Ces résultats précisent ceux obtenus à la
station de Koumra, indiquant une augmentation des températures depuis
les années 1980, quelle que soit la position géographique
considérée, ainsi qu'une baisse du nombre de jours de
précipitation.
Parmi les causes de ce réchauffement
atmosphérique régional, le déplacement vers le sud des
systèmes de hautes pressions subtropicales et de l'isohyète sont
souvent avancés. L'augmentation des pressions atmosphériques a
pour conséquence, surtout en milieu biophysique, l'allongement de la
durée quotidienne et saisonnière de l'ensoleillement.
De même, alors que la vitesse du vent synoptique
mesuré à l'échelle régionale (Masson J.M.,
2007), l'influence des contraintes topoclimatiques locales
augmenterait, puisque directement dépendantes du flux radiatif incident.
Le poids des conditions géographiques locales (altitude, exposition,
encaissement, écoulements, ...), relativement différentes pour
les 5 stations étudiées, évolue donc. Cette
complexité physiographique, demeure encore difficile à simuler
précisément dans les modèles numériques du climat,
même ceux développés à échelle
régionale (Dhonneur G., 2009).
Cependant, lorsque l'on corrèle une série de la
station de Koumra étudiée avec le champ thermique régional
provenant des réanalyses climatiques, on observe une contraction nette
des corrélations positives autour de chaque station (i.e. son
aire représentative) après 1988. Les variations thermiques
interannuelles des quatre régions sont maintenant davantage similaires
à celles observées à Koumra.
2.8.
Quelles projections
pluviothermiques régionales ?
Depuis quelques années seulement, les tentatives de
modélisation numérique du climat se multiplient à
l'échelle régionale, notamment en Afrique (Terray et Braconnot,
2007). La plupart des simulations s'accordent pour suggérer que ce sont
les espaces de moyennes altitudes qui enregistreront les hausses les plus
significatives, surtout dans la seconde moitié du 21e
siècle (Agence Européenne pour l'Environnement, 2009).
Les cumuls pluviométriques changeront également,
particulièrement à l'échelle saisonnière : les
modèles prévoient une diminution des pluies estivales. Ces
mutations conduiraient donc à des changements importants des bilans
hydriques régionaux (écoulement de surface, infiltration,
évapotranspiration, ...), mais qu'il reste extrêmement difficile
de quantifier, surtout à l'échelle locale.
Grâce au modèle atmosphérique
ARPEGE-Climat de Météo-France, des simulations ont
été effectuées selon deux scénarios
d'émissions de gaz à effet de serre, en fonction d'un ensemble
d'hypothèses d'évolution de la population et de l'économie
mondiales (Terray et Braconnot, 2007).
Il s'agit de scénarios du Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) à l'horizon 2100
par rapport à la période 1980-1999, où le scénario
A2 (dit `intensif') simule une augmentation des émissions de
gaz à effet de serre proche de celle d'aujourd'hui (avec une hausse
thermique de +3,8 °C en moyenne) ; le scénario B2 (dit
'modéré') modélise une augmentation moins rapide
des émissions de gaz à effet de serre, avec une augmentation des
températures de +2,4 °C en moyenne (GIEC, 2007). Pour ce type
d'étude, Météo-France rappelle qu'il s'agit
évidemment de résultats avec une marge d'incertitudes
liées au modèle (global et pas régional) et aux principes
physiques inhérents, mais que cela fournit cependant des estimations
très plausibles du climat des prochaines décennies.
2.9.
Les conséquences
possibles sur les principales activités
socio-économiques
En fonction de l'impact social et paysager de ces
variabilités climatiques, ainsi que des investissements
économiques considérables déjà
réalisés, mais aussi des projets envisagés à court
(2010-2015) ou moyen terme (2015-2050), deux secteurs d'activités sont
surtout visés à l'échelle africaine: l'agriculture et
l'élevage.
2.10.
Agrosystèmes et
pratiques agricoles
Les variations bioclimatiques déjà
observées à l'échelle régionale (ou celles
attendues en fonction des simulations numériques) ont des impacts
écologiques complexes (particulièrement phénologiques),
donc des conséquences agronomiques à plus ou moins court terme
sur les activités agricoles, pastorales ou forestières. Le
réchauffement a notamment pour effet principal d'atténuer les
contraintes climatiques liées à l'altitude. Ainsi, le GIEC note
que les perspectives sur le secteur agricole sont a priori moins
alarmistes que pour d'autres secteurs, puisque l'élévation des
températures et de l'ensoleillement s'accompagne théoriquement
d'une augmentation de la biomasse végétale et d'un allongement de
la période végétative (ANEM, 2007).
Cependant, les changements de calendriers agricoles et
d'itinéraires techniques ont aussi des retombées
immédiates sur les rendements et les coûts du travail, qui peuvent
impliquer des baisses de productivité. Ainsi, le réchauffement
climatique et la diminution du nombre de jours de pluies observés depuis
la fin des années 1980 modifie d'abord l'un des principaux
forçages écologiques du cycle végétatif des
espèces, c'est-à-dire la période de fusion nivale.
Les études empiriques fondées sur des
observations biogéographiques prévoient par exemple, sur la base
d'une augmentation des températures atmosphériques moyennes de
1 °C d'ici 2030, une forte diminution de la zone écologique
dite `de combat' et sa quasi disparition d'ici 2100 si la température
augmentait de 4 °C, comme le prévoient les modèles
(Bigot et Rome, 2009).
A des altitudes inférieures (< 1 000 m) et dans
des espaces topoclimatiques particuliers (par exemple, certaines vallées
intérieures), les changements de régimes ombrothermiques
pourraient augmenter le stress hydrique de la végétation à
cause des épisodes secs et diminuer ainsi sa productivité. Cela
risque alors d'accroître la vulnérabilité de certains
espaces forestiers à différents facteurs de perturbation
biotiques (scolytes, parasites) et abiotiques (vent, feu).
Les mutations observées dans les amplitudes thermiques
diurnes conjuguées aux tendances pluviothermiques interannuelles
transforment la saisonnalité et la qualité des espaces
herbacés, avec une durée potentielle d'occupation des zones
d'estive plus longues par les systèmes d'élevage.
Traditionnellement, ces derniers se distinguent clairement par une phase
hivernale se déroulant en stabulation. Ainsi, pour la plupart des
éleveurs, le début du printemps détermine la pousse
prairial qui, si elle est tardive, oblige à l'apport d'alimentation
concentrée pour le bétail (Gautier, 2004).
La chronologie de la séquence bioclimatique hivernale
est également déterminante, puisqu'elle détermine le
calendrier des gestations et les entrées en bergerie, donc, en
conséquence, tout le travail d'astreinte de l'agriculteur (alimentation,
gardiennage, surveillance à la mise bas, ...) ainsi que la main d'oeuvre
impliquée. L'alimentation fournie découle donc finalement des
fourrages récoltés, le rendement en herbe dépendant
directement de la couverture végétale, des températures et
de la disponibilité en eau.
Selon (ANEM, 2007), avec le réchauffement climatique,
les plantes puisent de façon anticipée dans les réserves
hydriques du sol, cette utilisation étant préjudiciable au bon
déroulement de la phase biologique. A cette période, le stress
hydrique représente un réel risque pour l'enherbement prairial,
enjeu essentiel. Avec l'arrivée tardive des pluies dans certaines zones,
la période d'activité biologique se prolonge même par une
repousse herbacée tardive déjà observée en octobre.
La mauvaise qualité nutritive de ce fourrage explique alors que les
éleveurs constatent une diminution de la prise de poids moyenne des
bovins, quelquefois de l'ordre de 50 %.
La réduction prévisible de la
productivité des prairies peut donc conduire progressivement à la
réduction des élevages de ruminants mis à l'herbe en zones
de moyenne montagne. Parallèlement, le décalage et le
réchauffement saisonnier vont conditionner une recrudescence de maladies
animales, ainsi que la remontée septentrionale et altitudinale de
nouvelles espèces invasives (AFSSA, 2005).
Cependant, l'ensemble de ces évolutions, impacts et
adaptations souffre encore de nombreuses incertitudes. Ainsi, d'un point de vue
écosystémique, deux hypothèses principales coexistent
lorsqu'on évoque la variabilité climatique
régionale :
- une remontée totale de la distribution altitudinale
des espèces végétales forestières va
s'opérer, liée au postulat d'équilibre et à la
conservation de la niche climatique ;
- une remontée partielle intervient, liée
à un déséquilibre et/ou à des
phénomènes adaptatifs (Lenoir, 2009).
En conséquence, la remontée
générale de l'optimum altitudinal des espèces et le
développement de communautés végétales plus
thermophiles apporteront sûrement des réponses locales,
dépendantes des massifs, qui déboucheront sur une
vulnérabilité sociale et économique plus complexe que
celle généralement présentée.
A cause des contrastes régionaux observés
à l'échelle régionale dans les tendances pluviothermiques
des dernières décennies, il faut aussi imaginer que les
équilibres économiques basés sur les ressources naturelles
vont changer dans les prochaines années, certaines régions
s'adaptant peut-être mieux que d'autres, de nouvelles sources
d'attractivité apparaissant par ailleurs.
Conclusion
Au terme de ce chapitre consacré à la
variabilité et à la recherche des tendances
pluviométriques dans la région du Mandoul, les résultats
obtenus confirment la baisse générale des précipitations
observée de 1960 à 2009. Cette baisse se caractérise par
la diminution du cumul des pluies annuelles, particulièrement
accentuée au cours des décennies 70 et 80. Ces résultats
montrent qu'en dépit de quelques années humides
enregistrées au cours de la décennie 90, la sécheresse
continue de sévir dans cette partie du pays jusqu'au début de
2000. Une étude (Janicot S., Fontaine B., 1993) aboutit à des
conclusions similaires pour certaines régions du Tchad et le nord du
Cameroun.
La pertinence du choix qui a été
effectuée dans le cadre de cette étude, quant aux variables
hauteurs annuelles précipitées, nombre annuel de jours de pluie,
durée des saisons humide et sèche, est sûrement discutable
mais elle repose pour beaucoup sur la nature, la quantité et la
qualité des données pluviométriques disponibles.
L'étude de la variabilité des
précipitations mensuelles montre qu'à l'exception des mois de
juillet, août et septembre, les précipitations ont globalement
diminué au cours des relevés normaux de 1970 à 2000 dans
le NW de la région. Cette baisse n'est pas uniforme, ni sur toute
l'année, ni sur l'ensemble de la région. Toutefois, on peut
remarquer que les mois de la saison pluvieuse sont proportionnellement moins
affectés par la diminution que ceux de la saison sèche. Les mois
de juillet à septembre ont reçu des pluies excédentaires
au cours de cette même période. Ces résultats sont
comparables à ceux enregistrés dans la plupart des travaux sur le
régime des précipitations en Afrique tropicale (Boko, 1995 ;
Houndénou et al., 1998 ; Ndjendolé, 2001).
L'étude des séries chronologiques de hauteurs
précipitées annuelles fait apparaître une nette et brutale
fluctuation du régime pluviométrique dans toute la région
considérée, à la fin des années 60 et au
début des années 70. Les résultats de l'analyse des
séries chronologiques montrent une tendance générale au
glissement des isohyètes vers le S-SW.
Quoique difficile à étudier à cause du
manque de longues séries stationnelles, l'analyse statistique sur la
période 1960-2009 à l'échelle de la région
d'étude met en évidence plusieurs changements pluviothermiques
significatifs. Le plus évident est la rupture de stationnarité
postérieure à 1988, accompagnée d'une modification des
fréquences thermiques (différente entre températures
minimales et maximales) et d'un réchauffement à la fois hivernal
et estival. Il semble également que ces changements puissent renforcer
la typicité et le morcellement climatique régional
dépendant de la topographie, compliquant l'étude de leur
variabilité.
Sans pouvoir le démontrer explicitement par
modélisation écologique ou économique, ces variations
climatiques intra saisonnières et interannuelles constituent des
mutations évidentes des principales contraintes environnementales
régionales. Les transformations des phases bioclimatiques quotidiennes
et des régimes ombrothermiques annuels vont interagir avec les cycles
végétatifs, remodelant les activités agropastorales et les
paysages associés (ouverture des paysages, enfrichement, reforestation,
biodiversité).
Au niveau régional les pistes d'adaptation sont
actuellement nombreuses, passant notamment par le renforcement des observations
météorologiques et hydrologiques, des systèmes de
prévision et de modélisation du climat, le développement
de modèles socio-économiques dynamiques sur l'adaptation des
individus et des sociétés, ou encore la diffusion de
l'information à l'attention des acteurs des secteurs économiques
concernés (Agence Européenne pour l'Environnement, 2009).
Mais les adaptations sont actuellement mal connues et encore
peu prévisibles, alors qu'elles peuvent sûrement permettre des
économies d'échelle importantes pour des espaces sensibles comme
l'Afrique. Une question plus large revient peut-être à mieux
déterminer la fonction principale de l'espace régional dans un
monde réchauffé, entre une réserve de biodiversité
ou bien plutôt un lieu de production économique (MEEDDM, 2009).
La tendance à une évolution régressive de
la pluviométrie, amorcée vers la fin des années 60,
présage des lendemains incertains pour les solutions aux défis
posés par les différents types d'activités liées au
développement durable. C'est pourquoi, pour une meilleure adaptation, il
sera question d'identifier les impacts pour réduire les menaces qui
pèsent sur l'agriculture et l'élevage. C'est ce qui va constituer
la deuxième partie de notre étude.
DEUXIEME PARTIE :
VULNERABILITE DE LA
PRODUCTION AGROPASTORALE FACE A LA VARIABILITE CLIMATIQUE
La deuxième partie de notre étude
présente dans le chapitre III l'impact de la variabilité
climatique sur les différents systèmes de productions
agropastorales. Cette étude, qui a porté d'abord sur les
principales cultures pluviales de la région (mil, maïs, sorgho et
arachide), en vue de statuer sur le degré de vulnérabilité
climatique du secteur des productions agricoles. Cette
vulnérabilité est-elle liée au stress hydrique des
cultures, auquel cas, elle se traduirait par une forte baisse des rendements
dans le cas d'un scénario sec (pluviométrie déficitaire
des années 1970/1985) et une légère hausse dans le cas
d'un scénario humide (pluviométrie des années 1990/2009).
La vulnérabilité socio-économique de la région du
Mandoul a été ainsi perçue à travers une analyse
prospective des indicateurs démographiques et socio-économiques
liés à la variabilité climatique. Dans le chapitre quatre,
nous avons entrepris la même démarche concernant le système
de production pastorale avec des exemples précis.
CHAPITRE III :
VULNERABILITE ET IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LE SYSTÈME
AGRICOLE
Introduction :
Dans ce chapitre, nous parlerons des différentes
incidences des composantes des précipitations sur les activités
que mènent les hommes dans notre zone d'étude. Il s'agit des
effets de la variabilité des précipitations
(étudiée au chapitre deux) sur l'agriculture. Notre objectif est
de montrer comment les irrégularités pluviométriques
affectent l'agriculture dans la région du Mandoul. Pour cela, nous nous
sommes basés sur le total annuel des précipitations annuel, la
moyenne journalière des précipitations et de l'arrivée
tardive ou de l'arrêt précoce ou tardif des pluies.
Ce chapitre analyse aussi les contraintes
géoclimatiques et les perceptions des impacts de la variabilité
climatique à partir des réponses des paysans aux questions
suivantes : «avez-vous constaté des mutations dans les
précipitations au cours des 30 dernières années, au
niveau de votre exploitation agricole ? Si oui, en quoi consistent ces
changements ? » Nous avons recensé les différentes
réponses et avons fait une typologie des manifestations des changements
observés.
3.1. Les contraintes géoclimatiques
liées à la variabilité climatique
Les contraintes géoclimatiques qui commandent les
activités rurales dans la région du Mandoul s'aggravent du fait
de la continentalité, de l'irrégularité
pluviométrique, des moyens de culture rudimentaires, des sols pauvres,
des possibilités financières réduites, de la
poussée démographique importante qui appauvrissent la terre par
réduction ou suppression des jachères.
Certaines plantes comme le cotonnier, le manioc, le maïs
et le mil, indispensables dans l'économie, connaissent des
dysfonctionnements dans leur cycle physiologique (Ndjendolé, 2001). On
note que les exigences hydriques de ces plantes sont en inadéquation
avec le budget pluviométrique. Cette indigence pluviométrique
peut engendrer des réfugiés écologiques ; des groupes
de populations migrent vers les zones agro-pastorales du Sud Ouest dans
l'espoir de trouver des conditions favorables aux pratiques agricoles. Ainsi,
des changements dans le choix des espèces culturales sont perceptibles.
À titre d'exemple, lorsqu'on demande à un paysan
le pourquoi de ce choix, il dit ceci : « Avant, il pleuvait beaucoup
mais maintenant, il pleut moins », cela est traduit comme une baisse
des précipitations ; « Avant, on n'avait 5 à 6 mois de
pluies mais maintenant on n'en a que 4 à 3 mois », cela est
traduit comme une diminution de la durée de la saison des pluies. Sur la
base des différentes réponses, nous avons
constitué les types des impacts climatiques.
L'analyse des données montre que les paysans
perçoivent clairement les variabilités pluviométriques.
Environ 76 % des paysans de l'échantillon estiment que les
précipitations ont changé. Ils constatent que les principales
manifestations de la variabilité climatique sont : une baisse des
précipitations, un dérèglement de la saison des pluies,
une plus grande irrégularité des pluies et une plus grande
fréquence de poches de sécheresse durant le cycle de
végétation.
La forte démographie qui caractérise la zone
soudano-sahélienne entraîne une pression sur les terres agricoles.
Cela engendre une dégradation des sols qui rend plus perceptible la
baisse des précipitations. Le dérèglement de la saison des
pluies est perçu par 24,7 % des paysans. Ce phénomène
se manifeste par une diminution de la durée de la saison des pluies, un
début tardif ou/et un arrêt précoce des pluies. Cette
perception est sensiblement la même dans tout le pays.
La perception de la fréquence des poches de
sécheresse est plus élevée en zone d'étude. Cette
zone est plus sensible aux poches de sécheresse, du fait des
variétés et des cultures à cycle long qui les exposent
plus aux poches de sécheresse, d'où la forte perception
observée. Elle reste cependant la zone la moins exposée aux
déficits hydriques.
En effet, l'observation des données thermiques moyennes
annuelles des cinquante dernières années montre une augmentation
progressive de la température ambiante et on note une diminution de la
pluviométrie et du nombre de jours de pluies (voir chapitre 2). Les
formations végétales, notamment les ressources forestières
se fragilisent davantage, sous l'influence des feux de brousse, de
l'agriculture itinérante et de l'exploitation du bois énergie.
Les sols perdent leur fertilité progressivement sous
les effets de l'érosion hydrique, de l'érosion éolienne
due aux activités humaines qui fragilisent et mettent à nu les
sols. Dans la région du Mandoul, près de la moitié des
terres cultivables présentent des caractéristiques physiques qui
leur donnent une très grande susceptibilité au lessivage (faible
capacité de rétention de l'eau, structure fragile, etc.). Ces
perturbations climatiques ont pour conséquences la diminution des
rendements de la production agricole, la pauvreté et le faible revenu
des populations en milieu rural.
La région est connue ainsi pour sa forte
vulnérabilité dans le domaine de l'agriculture à la
variabilité climatique (Mishra et al., 2008). L'économie
de la région et sa sécurité alimentaire reposent
principalement sur l'agriculture pluviale, mode de production le plus largement
répandu. Les rendements agricoles sont extrêmement sensibles aux
fluctuations interannuelles et intra-saisonnières des
précipitations liées à la mousson d'été
boréale. Cette région a enregistré au cours du
XXe siècle la plus forte transition climatique,
marquée par une péjoration pluviométrique exceptionnelle
(Janicot, Fontaine, 1993; Lebel et al., 1997), avec de très
fortes répercussions économiques et humaines, notamment sur les
productions agricoles et les migrations.
Les cultures céréalières occupent plus de
80% des terres arables; la principale variété cultivée est
le millet perle [Pennisetum glaucum (L) R. Br] qui constitue
75% de la production céréalière totale du pays (Soler
et al., 2008). Au sein des petites exploitations familiales
traditionnelles, le mil est entièrement cultivé sous conditions
pluviales et extensives: absence d'irrigation, de mécanisation,
d'engrais chimiques, de produits phytosanitaires... Avec la faible
fertilité des sols, les conditions météorologiques
apparaissent comme le principal facteur limitant de la production
céréalière en raison de la forte variabilité
spatiale et temporelle des pluies sahéliennes (Le Barbé, Lebel,
1997). À partir d'études menées dans d'autres pays (par
exemple au Burkina-Faso; Ingram et al., 2002), les agriculteurs ont
identifié et classé par ordre de priorité plusieurs
paramètres climatiques cruciaux dans le choix de leurs stratégies
agricoles:
· les dates de démarrage et de fin de la saison
des pluies;
· la répartition des précipitations au sein
de la saison des pluies;
· le cumul saisonnier de pluie.
Ils expriment un réel intérêt à
recevoir une prévision à moyen terme de ces
caractéristiques intra-saisonnières. Le démarrage de la
saison des pluies, tout particulièrement, apparaît comme
l'information la plus importante dans l'organisation du calendrier agricole
puisqu'elle détermine la période de semis.
3.2. Identification des
risques climatiques
Selon le modèle conceptuel simplifié
décrivant l'impact, la vulnérabilité et l'adaptation aux
changements climatiques, en favorisant l'émergence de diagnostics
régionaux présenté ci-dessous, les impacts de la
variabilité climatique ne seront ni uniformément, ni
équitablement répartis à l'échelle
régionale. Ces différences tenant compte autant de l'exposition
aux aléas climatiques que des spécificités
géographiques et socio-économiques territoriales susceptibles
d'influencer la vulnérabilité des systèmes (Moron, 1994).
La complexité vient en effet du fait que, sur le court
ou moyen terme, les variabilités climatiques (i.e.
essentiellement le réchauffement atmosphérique et, dans une autre
mesure, la modification des régimes pluviométriques) peuvent
s'accompagner d'impacts positifs pour certaines activités. Mais sur le
moyen ou le long terme, il est alors essentiel de comprendre les possibles
ruptures systémiques et le renversement de tendance.
Les aléas climatiques qu'on peut reconnaître dans
notre zone d'étude sont liés aux évènements
suivants :
- les inondations périodiques liées aux
extrêmes climatiques ;
- les vents violents ;
- les feux de brousse relevant de la pratique ancestrale
des populations;
- l'érosion hydrique et éolienne ;
- les diminutions des précipitations et une hausse de
l'évapotranspiration (liée à l'augmentation des
températures) : une conséquence directe peut être la
baisse de l'écoulement lors des périodes estivales
particulièrement sèches et/ou chaudes ;
- la sécheresse ;
- les températures extrêmes ;
- le décalage des saisons lié à un
changement de temporalité de la pluviométrie et des
débits, avec des séquences sèches plus longues et/ou plus
fréquentes ;
- la mauvaise répartition des pluies.
La baisse de la pluviométrie, dont l'impact fut plus
marqué pour la zone d'étude, s'est traduite par un processus de
désertification, des fluctuations de la production
céréalière, la descente des troupeaux vers le sud, la
diminution du débit des fleuves, etc. L'évaluation de ces impacts
a été réalisée sur la base de plusieurs
indicateurs. Certaines estimations montrent que le débit du fleuve Bahr
Sara aurait diminué de près de 60 % durant les décennies
1970/1980.
Celui du Mandoul aurait baissé d'environ 15 %. Les
impacts théoriques sur la biomasse et partant sur le potentiel de la
production agricole sont relativement importants. Des estimations de la FAO
montrent qu'entre les périodes 1960/75 et 1976/2000, la baisse de la
pluviométrie aurait provoqué une baisse de la production biomasse
sèche entre 200 et 400 g/m²/an dans les zones de la
vallée.
Bien que la traduction en termes de production agro-pastorale
soit difficile, la baisse du potentiel de production de céréales
sèches (mil, sorgho ou maïs) ou de fourrage pour l'élevage
est évidente. On peut se rappeler que les sécheresses au Tchad
ont affecté la production agricole depuis toujours. En clair, la
variabilité climatique constitue des contraintes pouvant affecter soit
directement ou indirectement la performance finale de l'agriculture et peuvent
entraîner un risque important.
Ainsi donc, dans le domaine des risques climatiques, il est
traditionnellement convenu de considérer les deux aspects de
l'aléa à savoir l'aspect naturel, où l'aléa
est comme pour les autres phénomènes d'origine naturelle et
l'aspect technologique où l'aléa est dû à la
présence de l'homme. Il est désormais admis que le risque nait de
la conjonction d'une menace (l'aléa) et d'enjeux plus ou moins
vulnérables, la prise en compte des vulnérabilités comme
composantes fondamentales du risque au même titre que les aléas
tardent encore à entrer dans les moeurs. Une analyse des
évènements renseigne sur la réalité des
aléas.
3.2.1. Les inondations
Entre 1960 et 2009, la région du Mandoul a
enregistré 22 inondations urbaines et rurales qui ont causé des
dégâts matériels et en vies humaines. En 1967, l'inondation
des villages riverains de la Basse vallée a provoqué
d'énormes dégâts. Ces phénomènes sont
localisés prioritairement dans les sous-préfectures de
Bedaya, Bouna, Dembo, les cantons Bekamba dans le Bahr Sara
et une partie du canton Ngalo (Adamou, 2007).
En 1998 et 2008, il s'est produit une inondation redoutable du
fleuve Bahr Sara et du petit Mandoul. Selon la
presse « Notre Temps » de N'Djamena au Tchad, le
drame enduré par les populations sinistrées a provoqué le
décès de 20 personnes ; il a en outre occasionné 58
blessés et 34 000 personnes déplacées. 220 cases ont
été détruites, deux ponceaux ont été
cassés, défoncés ou emportés par les eaux. On
dénombre également six écoles et collèges
endommagés ou détruits, et 3 dispensaires infréquentables.
Dans le département du Mandoul Est, plus de 1500 hectares de cultures
vivrières ont été détruits.
Les inondations sont caractérisées par la
submersion des terres cultivables qui entraînent par endroits
l'érosion et la perte de terres cultivables, l'eutrophisation et la
perte de la biodiversité. Dans la région du Mandoul, les
inondations concernent beaucoup plus les zones inondables et favorables
à la culture du riz. Les cotes sont estimées en fonction des
cumuls pluviométriques, conformément aux tableaux 20.
Tableau 20: Côtes
d'inondations à Bedaya
année
|
Cotes d'inondation (m)
|
Pluie début crue (mm)
|
Total pluie (mm)
|
1960
|
367,12
|
531
|
1251
|
1962
|
367,8
|
467
|
1227
|
1965
|
365,96
|
485
|
967
|
Source : ONDR Koumra
3.2.2. La
sécheresse
La région du Mandoul a connu trois grandes
périodes de sécheresse qui ont provoqué une famine
sévère entre 1962-1963 ; 197 -1974 ; et 1983-1984. Ce
phénomène est surtout localisé dans toute la région
du Mandoul. Elle est caractérisée par mauvaise répartition
des pluies, une augmentation progressive de la température ambiante, une
diminution de la pluviométrie et une diminution du nombre de jours de
pluies. Les impacts environnementaux liés à ce
phénomène se traduisent par :
- La baisse des rendements agricoles ;
- La mort du cheptel ;
- Le tarissement des cours d'eau ;
- la baisse des revenus ;
- L'accentuation de l'exode rural ;
- La persistance de la famine ;
- La recrudescence des maladies ;
- Le changement dans les habitudes alimentaires, etc.
3.2.3. Les
températures extrêmes
Elles se manifestaient avant pendant les périodes de
sécheresses surtout, mais de plus en plus, c'est pratiquement chaque
année et atteignent par endroits 42°C à l'ombre durant les
mois de mars, avril et mai.
3.2.4. Le décalage
des saisons
Ce phénomène est devenu très
fréquent dans la région. La saison pluvieuse au lieu d'intervenir
début-mars comme dans le passé arrive des fois en Mai et
s'arrête plus tôt. Le décalage des saisons entraîne
des reprises de semis occasionnant un coût de production
élevé, l'érosion du pouvoir d'achat, l'exode rural, la
famine (prolongation de la période de soudure, les migrations
saisonnières des exploitants agricoles et les modifications des
habitudes culturales).
3.2.5. La mauvaise
répartition des pluies et les vents forts
Très préjudiciable à la production
agricole, elle se manifeste partout sur l'étendue du territoire
national. Ce phénomène se caractérise par une certaine
déficience de la couverture de la pluie dans le temps et dans l'espace
ainsi qu'en quantité. Les vents violents qui surviennent
fréquemment arrivent avec une vitesse de 100 à 115 Km/h. Ces
vents qui arrachent tout sur leur passage sont à l'origine de la
dégradation des sols, la perte de la biodiversité, la verse des
cultures, la pression anthropique sur les sols, des litiges et conflits
sociaux.
Toutes ces catastrophes se distinguent par le degré de
dommages causé sur les populations et les biens. Les impacts sont
très diversifiés. On peut noter entre autres les incertitudes
liées au démarrage des activités agricoles,
l'assèchement précoce des mares et marigots, la baisse de
rendement des productions agricoles (coton et céréales), les
problèmes d'insécurité alimentaire, l'allongement de la
période de soudure, l'abandon de certaines cultures,
l'inadéquation des semences de certaines espèces
céréalières... Les impacts environnementaux et
socio-économiques actuels de ces risques sont consignés dans le
tableau 21.
Tableau 21: Impacts
environnementaux et socio économiques des évènements
climatiques
Risques
|
Impacts environnementaux
|
Impacts socio économiques et
culturels
|
Sécheresses
|
Dégradation des terres
perte de la biodiversité
|
Baisse de rendements agricoles, baisse de revenus, mort du
cheptel, exode rural, famine, maladie, changement d'habitudes alimentaires
|
Inondations
|
Erosion et perte des terres cultivables, eutrophisation,
perte de la biodiversité
|
Famine, maladies hydriques, déplacement des
populations,
Perte en vie humaine
|
Températures extrêmes
|
Perte de la biodiversité
|
Recrudescence des maladies
|
Décalage des saisons
|
Perte de la biodiversité
|
Coût de production élevé, baisse de
revenu, exode rural,
famine avec prolongation de la période de soudure,
migration saisonnière des travailleurs, modification des habitudes
culturales
|
Mauvaise répartition pluviométrique
|
Perte de la biodiversité
|
Baisse des rendements,
reconversion des travailleurs,
baisse des pouvoirs d'achat,
exode rural
|
Vents forts
|
Dégradation des sols
|
Famine, pression de l'homme sur le sol, litiges et conflits
sociaux
|
3.3.
Vulnérabilité de l'agriculture liée à la
variabilité climatique
Avant de voir la vulnérabilité des
écosystèmes et des couches sociales, la définition de
certains concepts est importante pour mieux cerner et comprendre le
développement de ce sous chapitre. Car la vulnérabilité
n'est pas réductible à la somme des vulnérabilités
exposées. Une approche holistique de la vulnérabilité doit
s'imposer pour décrire et analyser les systèmes complexes.
3.3.1. Les ressources
liées aux écosystèmes, les moyens d'existence et les modes
d'existence
Il s'agit de tous les produits fournis par les
écosystèmes naturels et qui sont utilisés par les hommes.
En fait c'est le capital naturel. On peut trouver dans cette catégorie,
l'eau, le bois, les sols, les animaux et/ou végétaux, etc.
Les moyens d'existence englobent les capacités, les
avoirs (ressources matérielles et sociales incluses) et les
activités requis pour subsister. On considère qu'ils peuvent
être constitués de cinq formes de capital : le capital humain, le
capital naturel, le capital physique, le capital financier et le capital
social. Ce sont en fait les moyens sur lesquels se basent les gens pour vivre.
Les modes d'existence caractérisent les grands groupes
d'acteurs en fonction de leur activité : grands exploitants agricoles,
éleveurs, commerçants, etc. Ils sont fonction des zones dans
lesquelles on travaille. La société influe de façon
multiforme sur le milieu physique à différents niveaux scalaires
et il est fastidieux de décomposer systématiquement cette
influence. La déforestation par exemple est un aléa anthropique
qui, depuis deux siècles, a modifié le système terre.
3.3.2. Les ressources et
écosystèmes vulnérables
La vulnérabilité des
éléments à risque liée à la
variabilité climatique sur les ressources et les
écosystèmes est clairement établie sur le tableau 22.
Ainsi et dans le cas d'espèce, les risques identifiés sont la
sécheresse, les inondations, les températures extrêmes, les
vents forts et l'érosion. Ces risques sont liés aussi à la
vulnérabilité des écosystèmes (les mares, les
marigots, les vallées, la végétation, la forêt, les
étangs, le fleuve, etc.) qui fait tarir les eaux des mares et marigots
et rendant difficile l'exploitation des zone agropastorales.
Tableau 22: Causes de la vulnérabilité
des écosystèmes face à la variabilité
climatique
Risques
|
Ecosystèmes
|
Causes
|
- La sécheresse
- Les inondations
- Les températures extrêmes
|
- Mares
- Marigots
- Vallée
- Végétations
|
Tarissement des eaux, difficulté d'exploitation de la
vallée, détérioration de la végétation,
tarissement des eaux
|
- La sécheresse
- Les températures extrêmes
- Les vents forts
|
- Fleuve
- Forêts
- Etangs
|
Forte évaporation des eaux avec modification des
conditions de survie de la biodiversité, évapotranspiration, feux
de brousse, surexploitation des écosystèmes
|
- L'érosion
- La sécheresse
- Les inondations
- Les températures extrêmes
|
- Berges
- Fonds des vallées
- Agroécosystèmes
|
Fragilisation de la cohésion de la structure du sol,
les pentes entrainant un fort ruissèlement,
|
Source : PANA Tchad, 2009.
3.4. Les groupes
vulnérables et les causes de leur vulnérabilité
Les différents groupes exposés à la
variabilité climatique dans la région du Mandoul sont : les
personnes âgées, les enfants, les femmes, les agriculteurs, les
artisans et les commerçants.
Tableau 23: Causes de la
vulnérabilité des groupes cibles face à la
variabilité climatique.
Groupes
|
Risques
|
Causes
|
- Les personnes âgées,
- Les enfants,
- Les femmes,
- Les jeunes,
- Les agriculteurs,
- Les artisans,
- Les commerçants
|
- La sécheresse,
- Les inondations,
- La mauvaise répartition pluviométrique,
- Les vents forts,
- Le décalage des saisons,
- Les températures extrêmes.
|
- Les activités agropastorales sont directement
compromises par la persistance de ces risques
|
- Les pêcheurs
|
- La sécheresse,
- Les inondations.
|
- La destruction de la faune aquatique
|
- Les éleveurs
|
- La sécheresse,
- Les températures extrêmes,
- Le décalage des saisons
|
- Disparition du pâturage
- Prolifération des maladies
|
- Les femmes
|
- La sécheresse,
- Les inondations
- Les températures extrêmes,
- Le décalage des saisons,
- La mauvaise répartition pluviométrique
|
- Occupation des terres marginales,
- Accroissement des tâches domestiques
|
3.4.1. Estimation de la
vulnérabilité
Les modes d'existence sont les agriculteurs, les
éleveurs, les pêcheurs, les commerçants et les artisans.
Tableau 24 : Echelle de
cotation
Critère
|
Description
|
Interprétation vernaculaire
|
3
|
Impact fort perceptible
|
Mécontent
|
2
|
Impact modéré ou moyen
|
Indifférent
|
1
|
Impact faible ou peu perceptible
|
Content-joyeux
|
3.4.2 Mode de calcul des
indicateurs d'exposition
Les indicateurs d'exposition sont calculés par ligne et
ont au total la valeur de cent (100). Ces différents indicateurs
mesurent le degré de vulnérabilité de chacune des
catégories des services identifiés par rapport à
l'ensemble des risques climatiques. Il est obtenu en faisant la somme des
colonnes de chaque ligne divisée par le score total possible et
multiplié par 100.
?xi
IE = ---------------- X
100
Txi + yi
IE:
Indicateurs d'exposition;
?xi :
Somme des lignes ;
Txi + yi : Score total
c'est-à-dire la somme des colonnes et des lignes.
Tableau 25 : Evaluation
des services rendus
Services rendus
|
S
|
I
|
T
|
D
|
M
|
V
|
Total
|
Indicateurs d'Exposition
|
Eau
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
10,7
|
Bois
|
2
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
8
|
14,2
|
Fruits
|
1
|
1
|
2
|
2
|
2
|
2
|
10
|
17,8
|
Plantes
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
10,7
|
Animaux
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
10,7
|
Fourrages
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
10,7
|
Terre
|
2
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
8
|
14,2
|
Poissons
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
10,7
|
Total
|
10
|
10
|
9
|
9
|
9
|
9
|
56
|
100%
|
Légende :
S : Sécheresse, D :
Décalage des saisons, T : Température
élevée, I : Inondation,
M : Mauvaise répartition des pluies,
V : Vents forts
Le classement des services rendus par les moyens d'existence
par degré de vulnérabilité décroissant est le
suivant : les fruits (17,8 %), les terres (14,2 %), les bois (14,2%), les
animaux (10,7 %), les poissons (10,7 %), les fourrages (10,7 %), l'eau (10,7 %)
et les plantes ((10,7 %).
Figure 27: Indicateurs
d'exposition climatique sur les écosystèmes
3.4.3. Mode de
calcul de l'indicateur d'impact
L'indicateur d'impact indique l'importance de chaque risque
climatique. Il est calculé pour les modes d'existence, les deux
premières catégories étant en fait incluses dans les modes
d'existence. Il est calculé de la même manière que
l'indicateur d'exposition mais sur les colonnes.
?yi
II = ---------------- X
100
Txi + yi
II:
Indicateurs d'Impact;
?yi :
Somme des colonnes ;
Txi +
yi : Score total c'est-à-dire la somme des
colonnes et des lignes.
Tableau 26: Evaluation des
modes d'existence
Mode d'existence
|
S
|
I
|
T
|
D
|
M
|
V
|
Total
|
Indicateurs d'exposition
|
Agriculteurs
|
3
|
3
|
1
|
2
|
3
|
1
|
13
|
31,7
|
Eleveurs
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
7
|
17
|
Pêcheurs
|
2
|
3
|
1
|
1
|
1
|
1
|
9
|
21,9
|
Commerçants
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
14,6
|
Artisans
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
14,6
|
Total
|
9
|
9
|
5
|
6
|
7
|
5
|
41
|
_
|
Indicateurs d'impacts
|
21,9
|
21,9
|
12,1
|
14,6
|
17
|
12,1
|
|
100
|
Légende :
S : Sécheresse, D :
Décalage des saisons, T : Température
élevée, I : Inondation,
M : Mauvaise répartition des pluies,
V : Vents forts.
Les indices d'exposition permettent d'identifier, pour chaque
catégorie, les éléments les plus vulnérables.
L'indice d'impact permet par contre de déterminer le risque climatique
qui a le plus d'impact sur les différentes catégories. Il ressort
ainsi de cette analyse de sensibilité que les secteurs productifs les
plus vulnérables sont l'agriculture (de subsistance et commerciale) et
l'élevage (extensif et intensif).
Les groupes d'acteurs les plus vulnérables sont les
petits propriétaires et les travailleurs agricoles. Les risques
climatiques les plus importants sont la sécheresse aiguë et les
inondations. Cependant, si l'on considère la fréquence de ces
risques climatiques, la sécheresse peut constituer le risque le plus
récurrent, par rapport aux vents violents qui ont une fréquence
moindre.
Les risques climatiques définis sont classés par
ordre d'importance d'impact sur les groupes cibles et les
écosystèmes comme suit :
Figure 27: Indicateurs
d'impacts ou de risques climatiques sur les groupes cibles
Les indicateurs d'exposition montrent que les modes
d'existences les plus vulnérables sont les agriculteurs (31,7 %), suivis
par les pêcheurs (21,9 %), les éleveurs (17 %), les
commerçants (14,6 %) et enfin les artisans (14,6 %).
Figure 28:
Indicateurs d'exposition climatique sur les populations
Ce classement reflète la réalité
vécue dans la région, car la sécheresse et les inondations
sont les phénomènes extrêmes les plus importants de nos
jours malgré leur fréquence espacée dans le temps. La
mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l'espace constitue
un risque ayant un impact potentiel très sévère sur la
production agricole. Le décalage des saisons non seulement affaiblit les
efforts des agriculteurs à cause des labours et des semis
répétés mais aussi et surtout contribue à
l'augmentation du coût de production.
3.5. Méthodes
traditionnelles d'élaboration du calendrier agricole
Dans la région du Mandoul en général, les
calendriers agricoles dépendent de l'alternance des saisons à
laquelle se combine la division du temps basée autrefois sur les
« successions des lunes et des pratiques religieuses ». En
effet, Les Sara madjingaye (groupe ethnique) divisent l'année
en 12 lunes de 27 jours chacune.
A ce calendrier lunaire se juxtapose un calendrier solaire
basé sur les rythmes agricoles saisonniers qui rattrape ainsi le
décalage entre les deux : l'année se divise en une saison
agricole appelée Baar, de juin à mi-octobre, et la
saison sèche le Baal de mi-octobre à Mai. Les
Naa mois ou lunes en ethnie
Sara sont donc décalés par rapport au calendrier
grégorien.
Les deux saisons ne sont pas annoncées par un
changement de lune, mais par un certain nombre de signes comme l'apparition ou
la disparition d'étoiles, les activités de certains oiseaux ou la
phénologie de certaines plantes spontanées.
3.5.1. La saison
sèche
Pour les populations de la région, la saison
sèche est la période où souffle l'harmattan,
appelée Néel-Bo. Marquée par un
fort ensoleillement, elle commence en novembre où le vent du nord
commence à souffler et fait sécher les plantes. Après la
récolte, les travaux champêtres sont arrêtés, c'est
l'époque des cérémonies organisées en l'honneur des
ancêtres.
Composée de trois phases, elle débute avec la
période des récoltes caractérisée par l'arrêt
des pluies qui permet au maïs et au sorgho de sécher sur pied. Elle
est suivie par la période au cours de laquelle souffle l'harmattan. Au
sixième mois (avril) les agriculteurs choisissent les terres qu'ils
mettront en culture. Les brousses commencent à être
défrichées.
3.5.2. La saison agricole
Baar
Elle est annoncée par l'apparition de la constellation
des Pléiades et la réapparition d'un oiseau (un rapace)
appelé Tiango chez les ethnies mbayes. La saison
pluvieuse s'annonce par les premières précipitations
appelées Ndi Baal. Mais c'est surtout en fin juin que
commencent les grandes pluies et qu'ont lieu aussi les semailles :
Ndi-dubyan qui signifie «époque de planter les
choses de la terre», annoncée parfois par l'apparition de certains
insectes. Dès les premières pluies, le mil et le maïs sont
semés.
Vers Août, il est trop tard pour planter le maïs.
Ce sont les Ngor-ko ou «retard-cultures» comme les tomates,
les gombos, les arachides, les haricots qui sont plantés. Quand le
sorgho est cultivé, c'est à ce même moment-là que le
maïs aussi est planté. Son cycle long, de cinq à six mois.
La saison des pluies se termine généralement à la
mi-novembre. C'est la période des récoltes du maïs et du mil
dont celle du mil a donné son nom à ce mois
Naa-kidja-kho (lune-récolte- mil).
Le passage d'une saison à l'autre se démarque
dans le temps par la célébration des cérémonies
religieuses du type traditionnelle. Cette méthode de
détermination des saisons a l'inconvénient d'être
traditionnelle et basée sur des faits subjectifs tels que la
réapparition des oiseaux (les rapaces).
3.5.3. Autres
méthodes
Dans leur politique d'accompagnement des agriculteurs, les ONG
exerçant dans la région ont élaboré sur la base des
observations faites sur la pluie, un calendrier cultural basé sur les
saisons. Ce dernier, élaboré simplement, vise à mieux
conseiller les agriculteurs sur les périodes de semis. Ainsi,
d'après le dernier calendrier élaboré, les périodes
de certaines cultures sont les suivantes :
Tableau 27:
Périodes de semis ou bouturage
Cultures
|
Période de développement
|
Périodes de semis/ bouturage
|
Maïs
|
de 90-120 jours
|
Mi-juin à fin août
|
Manioc
|
de 12-18 mois
|
Mi-juin à fin-septembre
|
Arachide
|
de 90-120 jours
|
Mi-avril à mi-août
|
Niébé
|
de 70-100 jours
|
mi-août à mi-septembre
|
Source : ONDR de Moïssala
dans le département du Bahr Sara
Le calendrier a donc des insuffisances, car il ne permet pas
aussi de prévoir les inondations ou les périodes de fortes
sécheresses. Cependant, Il
existe un logiciel INSTAT utilisé par les
agro-météorologues et qui permet entre autres, de
déterminer les débuts de saisons de pluies. La base de
données est constituée des données de pluies
journalières de 1971 à 2009. A l'aide de critères bien choisis, le début de la saison des pluies dans
une localité donnée est déterminé (jours, mois).
Il importe de souligner que ce logiciel ne permet pas d'avoir
une vue d'ensemble du comportement des jours en fonction des variables
météorologiques de base. Aussi, ne permet-il pas une
répartition des jours de l'année en fonction de ces variables.
Cette répartition permet de mettre en évidence les
variabilités du climat et donc d'élaborer des mesures
d'adaptation adéquates.
3.6. Sécheresses
agricoles
Les données décadaires dont nous disposons sur
la région ne nous ont pas permis de dégager les
sécheresses durant les mois de juillet-août-septembre. Nous
n'avons pas non plus constaté deux décades successives ne
totalisant pas 30 mm de pluies. Mais en 2001, la troisième décade
du mois de mai n'a enregistré aucune goutte de pluie. Il en a de
même pour la troisième décade du mois de septembre en 2001
et 2004.
L'absence de la pluie durant la troisième décade
du mois de septembre hypothèque la maturité des cultures, en cas
de retard dans les semis. Malgré la résistance de certaines
variétés de millet à dix jours sans pluies, la position
topographique, la composition minéralogique et la capacité de
rétention de l'eau des parcelles l'amènent à ne
guère supporter plus de cinq jours sans pluies.
La région du Mandoul a connu durant son histoire
plusieurs sécheresses à ampleur variable. Certaines ont eu des
répercussions négatives, parfois dramatiques sur
l'économie de la région et sur les conditions
socio-économiques de la population notamment rurale (Naciri, 1985).
Parmi ces sécheresses, celles qui ont sévi au début des
dernières décennies 1970-1080 et 1980-1990 qui avaient
montré jusqu'à quel point l'économie est tributaire des
hauteurs des pluies et de leur distribution.
Selon le domaine touché, on distingue
différentes sécheresses, entre autres, la sécheresse
agricole. Celle-ci correspond aux conditions hydriques responsables d'une chute
de production agricole. Néanmoins certaines questions s'imposent
lorsqu'on parle de sécheresse:
- à partir de quel niveau de déficit hydrique et
par rapport à quoi peut-on dire qu'il y a sécheresse?
- peut-on mesurer le degré et l'intensité de la
sécheresse?
- peut-on prédire la sécheresse agricole
à court et à long terme?
Une tentative de réponse à ces questions
constitue l'objectif principal de cette étude dont le point de
départ est la production agricole au lieu des données
climatiques; celles-ci ne sont utilisées que pour expliquer les
résultats obtenus en matière de production agricole.
La sécheresse agricole est un phénomène
naturel qui se manifeste par un déficit pluviométrique
entraînant un déficit de la production agricole. Bien que cette
définition soit simple, elle pose une difficulté majeure à
savoir le niveau de déficit à partir duquel on peut dire qu'il y
a sécheresse. Certains auteurs qui ont étudié la
sécheresse à partir de données climatiques
suggèrent des seuils arbitraires de pluviométrie : 10 % de la
moyenne pour Ben Arafa (1985); pour Meko (1985). Stockton (1985) à
travers des études de dendrochronologie, considère comme
sèche l'année dont l'épaisseur des anneaux des troncs
d'arbre est inférieure à 70% de la moyenne.
Dans notre étude où nous devrions utiliser les
données de la production agricole et les données climatiques pour
déterminer la sécheresse, une autre contrainte s'est
ajoutée; celle de la normale de la production agricole. En effet, cette
production ne varie pas autour d'une moyenne arithmétique dite "normale"
comme le cas des précipitations; elle évolue selon une
progression géométrique due à l'évolution, avec le
temps, des superficies cultivées et des rendements. Ceci nous a
amené à déterminer la courbe de régression de la
production en fonction du temps.
3.6.1. Cinq jours sans
pluies à partir de juin : cas de Koumra 2001-2004
Les pentades ont été étudiées dans
le but de raffiner les échelles d'analyse. Les pentades sans pluies
stressent les cultures dans certaines conditions pédologiques.
Tableau 28 : Pentades
sans pluies qui stressent les cultures sur parcelles à faible
capacité de rétention d'eau dans les plaines en saison
humide
Années
|
Mois et Pentades
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
2001
|
2è
|
1er
|
2è
|
2è
|
2002
|
3è
|
3è
|
2è
|
3è
|
2003
|
1er er 3è
|
2è et 3è
|
_
|
2è et 3è
|
2004
|
2è et 3è
|
3è
|
_
|
3è
|
L'année 2001 a enregistré quatre pentades au
cours des mois de Juin, Juillet, Août, Septembre, 2002 a également
enregistré quatre, 2003 six et enfin 2004 avec quatre pentades. Les sols
cultivés sur les pentes, exposés au soleil, s'assèchent
s'il ne pleut pas dans les trois jours qui suivent un événement
pluvieux.
Selon les propos recueillis pendant notre phase de terrain
à Bekamba, le mil rouge et même le sorgho S35
commencent à manifester les signes de stress hydrique. Sur des parcelles
où la topographie facilite le drainage et sur des monticules, le
Niébé, le mil et parfois l'arachide enroulent leurs
feuilles durant ces sécheresses. Des insectes couvrent les feuilles et
les fleurs du haricot obligeant ainsi les paysans à utiliser les
insecticides.
3.6.2. Impact de la
variabilité climatique sur la production agricole
Les impacts de la variabilité climatique sur la
production agricole varient beaucoup en fonction du type de couvert et des
conditions climatiques associées aux conditions culturales pour les
plantes cultivées. Mais la tendance générale est claire:
si la région du Mandoul peut s'attendre à des effets tantôt
positifs, tantôt négatifs sur le rendement, la variabilité
climatique aura quasi-systématiquement des effets négatifs sur
les productions.
C'est effectivement ce qui ressort du grand nombre
d'études consacrées ces vingt dernières années
à la prédiction de l'impact du réchauffement climatique
sur l'agriculture à l'échelle mondiale (Rosenzweig et Hillel,
1998, Reddy et Hodges, 2000).
Elle a été clairement confirmée par celle
du 4ème rapport de 2007, dont nous reproduisons ci-dessous
les principales conclusions contenues dans le `Résumé à
l'intention des décideurs' du Groupe de travail II (GIEC, 2007) «
Les rendements agricoles devraient augmenter légèrement dans
les régions de moyenne et haute latitude pour des augmentations moyennes
locales de température allant de 1 à 3° selon la culture
considérée, et devraient diminuer au-delà dans certaines
régions. Aux latitudes plus basses, particulièrement dans les
régions ayant des saisons sèches et dans les régions
tropicales, les projections montrent des rendements agricoles
décroissants, même pour de faibles augmentations locales de
température (1 à 2° C), ce qui augmenterait les risques de
famine. Globalement, le potentiel de production alimentaire devrait croitre
avec l'augmentation de température moyenne locale pour une gamme de 1
à 3 °C, mais au-dessus de ces valeurs, il devrait
diminuer.» Dans ce contexte général, l'agriculture de
la zone d'étude correspond pour l'essentiel au cadre géographique
des régions tropicales, avec cependant une différenciation
majeure.
Les éléments qui viennent d'être
présentés s'appuient uniquement sur les valeurs moyennes des
facteurs climatiques. L'éventualité d'évènements
extrêmes et, de façon plus large, la prise en compte de la
variabilité de ces facteurs pourraient conduire à des impacts
différents de ce réchauffement moyen continu par le
dépassement de valeurs-seuils encore mal cernées. C'est assez
évident pour les sécheresses (comme l'ont récemment
montré 2003, puis 2005 et 2006) ou les fortes pluies (qui affectent
l'agriculture par l'érosion et l'inondation des parcelles), mais c'est
également vrai pour la température.
3.6.3.
Tendances observées des principaux paramètres climatiques
L'analyse des données fournies par le service de l'ONDR
sur une période d'au moins 50 ans montre non seulement une variation
périodique liée aux aléas climatiques naturels, mais aussi
une tendance à la hausse de la température et une baisse
progressive de la pluviométrie. La tendance est persistante et pourrait
préfigurer un changement probable au niveau du climat. En effet, Les
constats faits sur une longue période révèlent une
pluviométrie plus abondante et mieux répartie, des
températures plus élevées, des sécheresses et
inondations fréquentes, des saisons irrégulières et des
vents violents.
Aujourd'hui, la situation est inversée à cause
d'une démographie galopante et les populations vivent presque
exclusivement sur l'exploitation des ressources naturelles mal
gérées. C'est ainsi qu'on note une exacerbation des risques
climatiques et leurs effets néfastes sur les communautés et les
écosystèmes. Dans l'ensemble, le manque de données au
niveau des agropasteurs ne permet pas de définir et d'analyser les
tendances.
3.6.4. Impact de la
variabilité des précipitations saisonnières sur les
cultures
Les irrégularités des pluies au début et
à la fin des différentes saisons créent des ilots de
sécheresse en pleine saison, le prolongement de la saison humide
affectant négativement la production.
Les pluies sporadiques ou les « faux
départs » qui déclenchent le début de la saison
des pluies hypothèquent la germination des plantes. Les paysans
habitués à semer après trois à quatre jours de
pluies sont parfois victimes des faux départs. En effet, cette situation
est la résultante soit :
- des faibles pluies espacées dans le temps
après le semis entre les mois de mai et juin ;
- de l'arrêt des pluies après la levée des
jeunes plants de dix à quinze jours.
Les graines ayant traversé certaines étapes de
la germination pourrissent avant que n'apparaissent leurs premières
feuilles. Les plantes qui ont germé et ne pouvant supporter la
sécheresse meurent. En plus, les grandes pluies remplissent les creux de
buttage ou les trous de semis. L'eau qui s'y stagne provoque la
décomposition des graines mises en terre pour la germination.
Dans ce cas de germination imparfaite, les paysans sont
amenés à ressemer. Au cours de certaines années, certains
agriculteurs affirment avoir semé jusqu'à trois fois avant de
voir se développer les plants dans leur champ.
Lors de notre descente sur le terrain, nous avons
constaté qu'à la troisième décade du mois de
juillet, il existe une hétérogénéité entre
les plants des localités de Goundi, Bessada, Bekamba et Doro.
Certains pieds de Sorgho rouge, de variété précoce,
présentent des épis presque mûrs et d'autres des
épis encore verts. Nous avons également vu des plants n'ayant pas
encore achevé leur croissance. Ce phénomène
récurrent nous permet alors de comprendre comment une sécheresse
en pleine saison peut perturber les activités agricoles.
3.6.5. Effets
des sécheresses intra saisonnières
Lors des sécheresses intra saisonnières de la
dernière décade du mois d'août et de la première
décade du mois de septembre les producteurs de notre zone d'étude
constatent que les grains de sorgho récoltés s'écrasent
lors de l'abattage. Il se pose ainsi un problème de maturité
imparfaite et de grains moins remplis. La ventilation des grains dans le but de
les débarrasser de leurs sons les entrainent loin dans les
résidus du fait de leur légèreté.
Un autre problème lié à cette
sécheresse est l'assèchement des tiges de mil et du feuillage du
niébé avant la coupe et la récolte. Les pieds secs,
légers ne supportant pas le poids de l'épi finissent par tomber.
Les épis et les feuilles qui jonchent le sol sont à la merci des
termites et des rongeurs.
3.6.6.
Colonisation des champs par les mauvaises herbes
Les pluies fines ou « Ndi-gnoum »
comme les appellent l'ethnie Mbaye de Moïssala, de la
pré-saison créent des conditions propices à la
prolifération des mauvaises herbes et des insectes nuisibles, car elles
ne pénètrent pas en profondeur pour une bonne activité
champêtre.
Les pluies journalières de la station de Koumra
collectées nous ont permis de dénombrer mois par mois les
Ndi-gnoum inferieures à 10 mm. Cela a permis le calcul de
fréquence mensuelle d'apparition des petites pluies. Pour mieux
interpréter cela, nous avons représenté ces
résultats comme l'indique la figure 30.
Figure 29: Evolution
des fréquences des petites pluies inferieures à 10
mm
Cette figure 29 montre que les petites pluies apparaissent au
début de la saison pluvieuse (mois d'Avril et Mai) et en fin de saison
pluvieuse (Octobre, Novembre). Autrement dit, les grosses pluies (pluie
supérieure à 10 mm) tombent dans les mois de Juin à
Septembre. Les mois concernés par les mauvaises herbes sont les mois des
petites pluies.
Les herbacées ou ceux à rhizomes
régénérés à la suite des premières
pluies restent entretenus par les Ndi-gnoum. Pendant cette
période, le labour et les sarclages sont impossibles à cause de
la dureté du sol. Ainsi, avant le semis, les paysans doivent labourer
les parcelles à emblaver dès les grandes pluies.
Certains champs placés dans les vallées
argileuses échappent aux travaux. Les cannelures des labours
(Blokossmang en langue Sara) à charrue provoquent la stagnation
de l'eau, rendant difficile la germination. Selon l'ONDR de Koumra, 122 ha
n'ont pas été mis en valeur en 2001.
Ces champs dans la plupart des cas envahis par les herbes
à la pré saison, labourés à la charrue, sont
restés difficiles à travailler. L'impact de la variabilité
des pluies ne se limitent pas sur les cultures pluviales,
phénomène qui était rare avant les années 50, Bakam
(1996).
3.6.7.
Variabilité des précipitations et rendement des
cultures
Les plus faibles rendements ont été
enregistrés au cours de la décennie 1980, qui apparaît
comme la moins pluvieuse. Les rendements les plus élevés sont
observés au cours de la période 1994 - 2004, c'est-à-dire,
les années ayant une pluviométrie annuelle normale. Au
delà de la borne supérieure, les rendements commencent à
chuter, exception faite pour les années 1991 et 1992 qui ont
présenté des rendements supérieurs à la moyenne
pour le mil, le maïs et le niébé.
L'abondance des précipitations ces deux années
n'a pas constitué un obstacle au développement des plantes car
leur répartition a crée une condition hydrique
appréciable, notamment le nombre élevé des jours pluvieux
et la longueur de la saison. Ces résultats très peu significatifs
nous conduisent à nous interroger sur d'autres facteurs non liés
à la variabilité des précipitations qui influencent la
production agricole. Le tableau ci-après illustre à suffisance
les différents rendements à l'hectare.
Tableau 29:
Rendements extrêmes en kilogramme à l'hectare
Plantes
produites
|
Maïs
|
Sorgho
|
Mil
|
Niébé
|
Rendement
extrême
|
R/Ha
|
Années
|
R/Ha
|
Années
|
R/Ha
|
Années
|
R/Ha
|
Années
|
Rendement
le plus élevé
|
1380
|
1995
|
1645
|
2004
|
1654
|
2004
|
1177
|
2004
|
Rendement
le plus faible
|
224
|
1984
|
187
|
1984
|
342
|
1984
|
167
|
1984
|
Source : Direction de la
statistique du Ministère de l'Agriculture, 2010.
3.7. Les risques
climatiques observés par les populations locales
Le tableau 29 résume les perceptions des risques
climatiques évoquées par les communautés rurales de la
zone de notre étude au cours de nos enquêtes où 250
personnes ont été interrogées. Cette population
considère les pluies intenses comme étant le premier risque
climatique (25,6 %), suivie de la sécheresse saisonnière (22 %),
des inondations riveraines 19,6 %), les sécheresses aigues (12,8 %), les
sécheresses récurrentes (7,2 %), les crises caniculaires (5,2 %),
vents de sables (4 %) et la brume de poussière (3,6 %). cela
démontre le degré de prise de conscience des populations locales
face aux effets extrêmes des variabilités climatiques.
Cette recherche montre que les paysans perçoivent
clairement la variabilité pluviométrique. En réponse
à cette variabilité, ils ont adopté des stratégies
d'adaptation dont les plus répandues sont : l'adaptation
variétale, l'utilisation des techniques de conservation des eaux et des
sols, l'utilisation de la fumure organique, la modification des dates de semis.
Ces réponses varient selon les zones agro climatiques.
Les principaux déterminants de l'adoption des stratégies
adaptatives sont les variables de perception (cf. Chapitre V).
Figure 30 : Risques
climatiques de la région du Mandoul classés par ordre
décroissant
Tableau 30 :
Degré de risque climatique sur les différents secteurs
d'activités
Risques par secteurs
|
Sécheresse aiguë
|
Sécheresse saisonnière
|
Pluie intense
|
Crise caniculaire
|
Inondation riveraine
|
Tempête de sable
|
Agriculture
|
E
|
M
|
M
|
F
|
M
|
F
|
Elevage
|
E
|
M
|
F
|
F
|
F
|
F
|
Pêche
|
E
|
M
|
M
|
M
|
F
|
F
|
Forêt
|
E
|
F
|
F
|
F
|
F
|
M
|
Légende : E :
élevé, M : moyen, F : faible
Source : PANA Tchad
3.7.1. Impacts la
variabilité climatique sur la production
Comme nous l'avons démontré
précédemment, la tendance de la pluviométrie est
globalement à la baisse dans la région du Mandoul. Or la
pluviométrie est un des déterminants de base pour la production
agricole et constitue aussi un facteur dont l'importance se lit bien par les
populations. En effet, l'impact des variations pluviométriques est
lié au fait qu'elles peuvent hypothéquer la réussite des
récoltes.
On remarquera, par ailleurs, que la régularité
des précipitations est souvent la garantie d'une bonne récolte
plus que ne l'est le total de la pluviométrie. Les statistiques
agricoles dont nous disposons pour l'analyse, ont été
recueillies, au niveau de la Direction de l'Office national de
Développement Rural (ONDR).
Elles couvrent la période 1960-2009 avec des
données manquantes et concernent cinq les principales cultures dans la
zone : le riz, le mil, le maïs, le sorgho et l'arachide. Il s'agira pour
nous de mesurer l'impact des fluctuations pluviométriques sur la
production céréalière (mil, sorgho, maïs et riz) et
sur la production des cultures de rente (arachide surtout).
3.7.2. Impacts
des fluctuations pluviométriques sur la production
céréalière
Constituées principalement par le
riz, le mil, le sorgho et le maïs, les céréales jouent un
rôle important, tant que réel que symbolique, dans le vécu
quotidien des populations. Est- il besoin de rappeler qu'ils constituent la
base alimentaire des populations de la région du Mandoul et du Tchad en
général. C'est à cause de cette importance que le
développement des productions céréalières constitue
une question sensible dans la région caractérisée par une
forte variation de la pluviométrie souvent responsable du déficit
vivrier.
Les statistiques de productions de ces céréales
(voir le tableau d'évolution de la production agricole de la
région du Mandoul en annexe) montrent une variation
très nette de ces spéculations en fonction des quantités
de pluies. Cette variation présente deux évolutions
intéressantes : d'une part celle des cultures sèches (mil, sorgho
et maïs) et d'autre part celle des cultures inondées (riz en
particulier).
3.7.3. Evolution
de la production des cultures
Le mil et sorgho sont cultivés pour les
besoins de consommation de l'unité familiale et sont surtout
consommés pendant toute l'année. Le mil et le sorgho sont
cultivés seuls à proximité des habitations ou soit en
rangs avec l'arachide dans les champs les plus
éloignés.
Le mil comprend une variété précoce ou
« Khon bat », nécessitant 90 jours pour sa
maturation et une variété tardive ou « Go
ngal ». La tendance actuelle à la baisse de la
pluviométrie oblige de plus en plus les paysans à cultiver le mil
précoce mieux adapté aux conditions climatiques. Il a connu, au
fil du temps, des fluctuations de sa production, qui varient d'une année
à l'autre en raison des périodes sèches ayant
marqué ces dernières décennies. Deux étapes
s'observent:
· De 1970 / 71 à 1979 / 88, la production est
très faible en raison des superficies mises en cultures, mais aussi de
la tendance à la baisse de la pluviométrie observée durant
cette période.
· De 1990/91 à 2005/09, la production augmente
considérablement avec un doublement de rendement en 1997/ 1998 (20 932
tonnes) par rapport à la production des années 1980.
Cette situation est due non seulement à une hausse des
superficies emblavées, mais aussi à un vif regain
d'intérêt que les populations accordent à cette
spéculation du fait des conditions climatiques de plus en plus
défavorables à la riziculture. Son évolution est
retracée dans la figure ci-après.
Figure 31: Evolution des
superficies cultivées et de la production en mil (1960- 2009)
Source des données :
ONDR, 2010
En ce qui concerne le sorgho, les superficies cultivées
et la production de cette céréale au cours de ces 50
années sont relativement faibles dans l'ensemble. Cette situation
s'explique par le fait que le sorgho est sujet aux variations interannuelles de
la pluviométrie en raison de son cycle végétatif long et
de ses exigences en eau.
Figure 32: Evolution des
superficies cultivées et de la production du sorgho de 1960 à
2009 dans la région du Mandoul
Source des données :
ONDR, 2010
Le
maïs : Les variétés C et ZM10 sont
labourées actuellement à grande échelle. Cette culture ne
connaît pas un grand développement dans la zone
étudiée où elle est cultivée dans les champs de
case à des fins de consommation locale. C'est une culture dite de
soudure car elle est la première céréale
récoltée pour la consommation.
Figure 33: Evolution des superficies cultivées
et de la production agricole en Maïs (1960- 2009)
Source des
données : ONDR, 2010
La production de maïs en superficies emblavées est
restée dans l'ensemble faible de 1980 à 2003. Leur
évolution est restée stationnaire durant cette période.
À partir de la campane agricole 2003/2004, on note une hausse de la
production. Celle- ci est à lier au regain d'intérêt que
les populations accordent de plus en plus à cette céréale
dite de « soudure ». La tendance à la baisse de la
pluviométrie a obligé les paysans à cultiver de plus en
plus le maïs moins exigeant en eau que le riz pour subvenir aux besoins
alimentaires.
La riziculture est pratiquée traditionnellement dans
trois types de rizières : les rizières basses ou profondes, les
rizières moyennes et les rizières hautes. La riziculture
pratiquée au niveau de ces deux premiers types de rizières
constitue l'activité la plus importante dans la vallée du
Mandoul. Diverses variétés de riz sont cultivées.
Celle pratiquée au niveau des rizières
profondes, appelée aussi riziculture « aquatique »,
occupe une place primordiale dans le système de culture de la
région. En effet, le riz aquatique correspond au riz repiqué et
est localisé dans les zones qui restent submergées durant une
bonne partie de l'hivernage.
D'après la tradition, c'est la culture la plus
récente de la région du Mandoul. Elle se pratique sur les sols
des plaines humides et connaît actuellement certains problèmes qui
sont liés à la tendance à la baisse de la
pluviométrie. Ceci pourrait expliquer les faibles productions des
surfaces emblavées que l'on observe durant les années où
le déficit pluviométrique est très accentué :
- pour la campagne agricole 1983/1984, 1357 hectares de
superficies ont été cultivées avec une production 918
tonnes. C'est la plus mauvaise campagne agricole de toutes ces 50
dernières années. Rappelons qu'en 1983, la région a
accusé le déficit pluviométrique le plus important;
- pour la campagne agricole 1973 - 1974, 1239 hectares de
superficies ont été cultivées avec une production 985
tonnes. Le déficit pluviométrique était de marque durant
cette campagne agricole.
Figure 34: Evolution des superficies cultivées
et de la production en riz (1960- 2009)
Source des données :
ONDR 2010
3.8. Impact
sur la production de l'arachide
L'arachide reste actuellement l'une des cultures de rente
à coté du coton au niveau de la région. Les enquêtes
que nous avons menées ont révélé qu'elle constitue,
après les céréales, la deuxième culture. Cela se
vérifie sur les productions arachidières que nous
détenons. Les variétés Z 69- 101, C 28- 286 et
« Mbawiya » sont les plus répandues.
Figure 35: Evolution des
superficies cultivées et de la production arachidière (1960-
2009)
Source des données :
ONDR, 2010
L'arachide est souvent cultivée en association avec le
mil et le sorgho. L'évolution de sa production durant les trois
dernières décennies présente un minimum à la
campagne agricole 1987/88. Les variations de sa production, plus
régulières que celles des céréales, montrent que
cette culture de rente semble plus résistante aux conditions climatiques
qui sont de plus en plus aléatoires. La figure 36 donne
l'évolution des superficies et des productions de cette culture.
3.8.1. Impacts de la
variabilité climatique sur les cultures
maraîchères
Les cultures maraîchères contrairement aux
cultures pluviales ont des besoins spécifiques en eau et en
température. Lorsque ces exigences ne sont pas remplies, les plants ne
produisent pas ou la production est de mauvaise qualité. C'est la raison
pour laquelle le choix de cultures maraîchères est
particulièrement déterminant. Le tableau 32 nous donne les
exigences en eau et températures de quelques cultures
maraîchères.
Tableau 32: Exigence de
quelques cultures maraîchères
Cultures
maraîchères
|
Besoins en eau
|
Températures
|
20 - 30 °C
|
30 - 40°C
|
Laitue
|
450 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Haricot vert
|
250 - 300 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Tomate
|
700 - 750 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Oignon
|
450 - 500 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Choux
|
650 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Carotte
|
400 - 500 mm
|
Très favorable
|
Favorable
|
Source : Dupriez, 1987.
Le tableau 32 permet de voir qu'en dehors du haricot vert,
toutes les autres cultures ont des besoins élevés en eau et
préfèrent des températures moyennes pour leur croissance.
Avec l'augmentation des températures liée à la
variabilité climatique, il faudrait s'attendre au niveau de la
région du Mandoul à une augmentation de la cadence
d'évaporation réduisant le niveau d'humidité et des
ressources en eau disponibles pour la croissance des plantes.
Par ailleurs, les cultures maraîchères pourraient
faire les frais d'une variabilité importante au niveau du climat. En
effet, dans un tel contexte, les saisons des pluies pourraient être
décalées, voire perturbées, et ne correspondraient plus
avec les cycles de croissance des plantes, entraînant
inévitablement une perte de rendement.
Vu le caractère stratégique de ces cultures et
leur sensibilité (Beangay, 2008) aux variations
climatiques (température et apport d'eau), il est assez
intéressant de voir les incidences que pourraient avoir la dynamique
climatique sur cette pratique agricole. Il faut souligner que plusieurs
facteurs entrent en ligne de compte dans la production des plantes et nous
n'avons pas la prétention de passer en revue tous ces facteurs. C'est la
raison pour laquelle nous avons décidé de mettre l'accent sur
deux facteurs essentiels qui sont l'eau et la température.
3.8.2. Impacts de la variabilité
climatique sur l'eau en culture maraichère
La situation est plus délicate pour la région
qui rencontre déjà d'énormes difficultés pour son
approvisionnement en eau. La situation devrait s'aggraver dans les prochaines
décennies puisqu'on assiste à une baisse du niveau des
précipitations. Cette situation va probablement avoir des effets sur la
disponibilité des eaux de surface et des eaux souterraines (Bigot et
al., 2007)
Cette hypothèse est corroborée par les
données du GIEC qui affirme dans son rapport 2007 que
« dans de nombreuses régions dans lesquelles l'eau est
rare, les variabilités climatiques devraient encore limiter la
disponibilité d'eau en raison de la fréquence accrue des
périodes de sécheresse, de l'augmentation de l'évaporation
de l'eau et des mutations des modèles de
précipitation ».
Dans notre zone d'étude, on a noté que suite
à la baisse de la pluviométrie à partir des années
1970, les écoulements du principal fleuve Bahr Sara a baissé. Son
débit a diminué de 30 % entre 1971 et 1989. Cette diminution a
été relativement plus importante que celle des
précipitations. Pour le cas spécifique de la région du
Mandoul, le problème de la disponibilité des ressources en eau se
posera de plus en plus avec acuité dans les prochaines années.
La disponibilité en eau varie considérablement
avec les conditions pluviométriques et au cours des 50 dernières
années, les disponibilités en eau ont baissé de
façon drastique en rapport avec la baisse pluviométrique. Ainsi,
la difficulté d'accès à l'eau pourrait compromettre les
cultures maraîchères dans la région du Mandoul car
celles-ci sont très exigeantes en matière d'eau. On estime qu'il
faut environ 6000 à 8000 litres d'eau par jour pour un jardin de 1000
m² (Bomba, 1999).
3.8.3. Impacts de l'accroissement
des températures sur les cultures maraîchères
La situation agricole serait plus délicate dans la
région de notre étude et on estime que globalement les rendements
agricoles maraichers devraient baisser à cause de la fréquence
des sécheresses et du stress hydrique. La situation est plus critique
pour les cultures maraîchères qui voient leurs besoins en eau
croître de façon substantielle à cause de l'accroissement
des températures pendant que, dans le même temps, les
disponibilités en eau s'amenuisent à cause de la baisse
générale de la pluviométrie. Par ailleurs, une hausse de
température augmenterait la cadence d'évaporation,
réduisant ainsi le niveau d'humidité disponible pour la
croissance des plantes.
Dans le cas de la pomme de terre, les plants produisent moins
de tubercules quand la température est trop élevée. Il se
pourrait que le réchauffement entraîne une baisse de rendement des
variétés de pommes de terre cultivées aujourd'hui dans des
conditions proches des limites supérieures de température
tolérées par la culture. En effet, des études
effectuées par certains chercheurs dans d'autres régions montrent
que, s'il n'y a pas d'adaptation, l'élévation des
températures fera chuter les rendements de 10 à 19 % 2010-2039 et
de 18 à 32% en 2040-2069 (Fontaine,2001).
Bien qu'une probable hausse des températures soit
défavorable aux cultures maraîchères en zone tropicale, il
ya de nombreux facteurs que les modèles climatiques ne prennent pas en
compte pour le moment et qui pourraient changer la donne, il s'agit de
l'adaptation des populations au processus. On peut citer à titre
d'exemple les techniques de paillage et de « casier »
développées par les maraîchers du Mandoul qui permettent de
lutter contre la hausse des températures et facilitent la conservation
de l'humidité.
3.9.
Phénomène de réchauffement et diminution des
précipitations
L'augmentation de la température et la diminution de la
pluviométrie pourraient se traduire par un décalage des saisons,
donc une instabilité climatique qui se manifesterait par une
réduction de la durée des périodes humides, une hausse de
l'évapotranspiration et un dessèchement accru des sols. Cela
entraînerait une perturbation du régime d'alimentation hydrique
des plantes avec comme corollaire la baisse de leur productivité.
Ce réchauffement peut avoir un effet sur les ressources
en eau et surtout les nappes souterraines et affecter également
l'alimentation des plantes. Certaines terres humides (bas-fonds, plaines
alluviales...), zones de prédilection du riz, vont se dessécher
et faire chuter les rendements.
L'augmentation de la température moyenne avec la
diminution de la pluviométrie pourra perturber le cycle biologique de
certains insectes (la mouche blanche par exemple) avec l'augmentation du nombre
de générations par an. L'équilibre biologique qui existe
entre ces insectes parasites des cultures et leurs prédateurs peut se
rompre. Ainsi le contrôle naturel des maladies parasitaires ou
infectieuses par la lutte biologique intégrée deviendra moins
efficace.
3.10.
Projection de l'augmentation de la température et des
précipitations
Dans la région du Mandoul, le réchauffement du
climat sera sensible vers les années 2025 suivi d'une augmentation de la
pluviométrie. Ces écarts pourraient doubler vers l'an 2100. Ces
modifications devront avoir un effet favorable logique sur les cultures et leur
productivité pourra augmenter, mais la plupart des maladies infectieuses
(fongiques et bactériennes) et même parasitaires pourraient
proliférer compte tenu des conditions plus propices à leur
développement : température et humidité relative plus
élevées (PANA, 2009).
Les cultures les plus sensibles aux variations climatiques
sont souvent les cultures saisonnières ou annuelles. Parmi ces cultures
se trouvent particulièrement les céréales (maïs et
sorgho) qui constituent la base de l'alimentation de la population. Le
maïs et le sorgho sont particulièrement vulnérables à
cause de leur forte sensibilité au stress hydrique surtout au stade de
la floraison. Ainsi, l'impact du déficit hydrique sur ces cultures
dépend du stade phénologique auquel il est intervenu et peut
provoquer une diminution de la productivité (PANA,
2009).
D'une manière générale, il est à
remarquer que l'agriculture de la région du Mandoul, vitale pour la
population locale, est extrêmement dépendante de la saison des
pluies estivales et nécessite une bonne compréhension du cycle
saisonnier de la pluviométrie. Cette étude aborde une
caractérisation d'événements qui structurent et modulent
le cycle saisonnier des pluies comme la mise en place de la mousson et les
occurrences de séquences sèches au coeur de la saison des
pluies.
3.11.
L'évolution de la variabilité climatique et ses
conséquences
Connaître l'évolution et la variabilité
récentes du climat dans la région est une nécessité
pour anticiper ce que pourraient être les conséquences sur les
milieux et sur les sociétés, et ainsi définir des
politiques stratégiques d'adaptation durables. Ainsi, il est fondamental
d'étudier les modifications significatives des paramètres
climatiques ainsi que leur impact sur la végétation naturelle
pour déterminer de véritables politiques de gestion des
ressources végétales.
La problématique liée aux questions de la
variabilité climatique, aux échelles temporelle et spatiale, et
de sa traduction sur la production agricole tient compte des interactions des
différents paramètres, physiques et humains. L'étude de
cas de la région du Mandoul illustre une des régions les plus
sensibles aux fluctuations pluviométriques.
3.12.
Evaluation des impacts de la variabilité climatique sur l'Agriculture
Dans la région du Mandoul, la principale zone de
production du maïs est constituée par les plaines et les bas fonds.
Cette zone totalise pour les dix dernières années (2000-2009) une
production annuelle moyenne de 35 782 tonnes soit 23 % de la production
nationale. Une quelconque modification de la production dans cette zone sera
ressentie nécessairement sur l'ensemble du pays.
La projection des conditions de production actuelle en l'an
2025 prévoit pour la région productrice environ 25 000 tonnes de
maïs et pour la production nationale environ 950 000 tonnes. Les
perturbations climatiques prévues vers l'an 2025 pourront avoir un effet
sur le rendement et réduire la production de 5 à 10 % selon que
ces modifications interviennent au stade végétatif normal ou au
stade de la floraison. Cela est très important et pourrait conduire
à une perte de 9 000 à 10 000 tonnes de maïs pour la
région (PANA.2009).
La coïncidence d'années de déficit
pluviométrique avec des périodes de hausse de production
agricole, montre que toute la variation de la production n'est pas imputable au
seul facteur pluviométrique. Comme exemples, les années 1996 et
1997 avec des déficits pluviométriques respectivement - 69,7 mm
et - 56,7 mm, la production rizicole est passé de 1795 tonnes à
2274 tonnes (campagnes agricoles 1996/1997 et 1997/1998); 2004 avec un
déficit pluviométrique de - 110,1mm, la production rizicole a
atteint 7093 tonnes (campagne agricole 2004/2005), une supérieure
à celle des années très pluvieuses comme 1994 Campagne
agricole 1994/1995, 2712 tonnes).
L'analyse de la pluviométrie révèle une
diminution des totaux pluviométriques et leur inégale
répartition spatio-temporelle. Cette situation montre que les
activités agricoles de la région du Mandoul, ne sont pas
épargnées par la tendance générale à la
baisse des précipitations observée à l'échelle
régionale.
Il serait prétentieux pour nous de pouvoir
déterminer tous les impacts de la variabilité climatique sur
l'agriculture. Mais l'étude nous a permis de mettre en évidence
un certain nombre de caractéristiques liées aux systèmes
productifs agricoles de cette zone agroécologique dont les
différences concernent presque tous les facteurs du milieu.
· La zone du Bahr Sara la plus arrosée n'a jamais
enregistré un cumul pluviométrique annuel en dessous de 700 mm
durant les deux dernières décennies. Ce qui satisfait le besoin
hydrique de la majorité des espèces végétales
utilisées en culture pluviale. C'est pourquoi, en plus des
variétés hâtives, les producteurs continuent à
utiliser leurs variétés productives tardives localement
adaptées.
· La zone du Mandoul ouest enregistre également
une pluviométrie relativement importante. Mais, la forte
variabilité spatio-temporelle de précipitations et la
pauvreté des sols ont amené les producteurs de la zone à
développer avec l'appui de certains projets de développement, des
expertises sur leurs systèmes de production en vue de s'adapter aux
conditions nouvelles. C'est pourquoi, l'on constate une utilisation de plus en
plus importante des variétés précoces au profit de celles
locales tardives.
· Eu égard à la prédiction
climatique à l'horizon 2025, aucune baisse de rendement n'est
prévue pour les céréales de la zone. Et pourtant, outre la
problématique de pauvreté de sols et de dégradation de
conditions climatiques qui sont des réalités comme l'ont
révélé nos enquêtes, on sait aujourd'hui que le
glissement des zones climatiques vers le sud est aussi une
réalité au Mandoul (Daddy, 1995).
· Par contre une réduction de rendement est
prévue pour toutes les cultures dans la région de
Goundi. Dans cette zone, les exploitations à forte production
agricole sont peu nombreuses. Cette situation, accentuée par le manque
d'activités agricoles pendant la saison sèche entraîne la
grande majorité de la population dans une paupérisation sans
précédent.
Tout ceci fait que les producteurs cèdent devant les
tentations des spéculations des produits agricoles et la vente des
terres agricoles dans une zone déjà densément
peuplée. Toutefois, les systèmes de production dans cette
condition dépendent totalement des conditions
météorologiques et climatiques.
Malgré de nombreux travaux sur ces questions, il y a
une incertitude considérable à propos de l'impact potentiel de la
variabilité climatique sur les modes d'exploitation agricole. C'est
ainsi qu'aujourd'hui, comme les ont souligné beaucoup des travaux (FAO,
1997), on connaît mal comment, quand, où et avec quelle ampleur se
produiront les Changements. Ainsi, les échelles de temps des changements
sont d'habitude si longues du fait de la complexité et de l'incertitude
scientifique qui entoure cette question (FAO, 1997). De ce fait, l'horizon
temporel des simulations que nous avons utilisé devrait être de
plusieurs décennies (50 à 100 ans) au lieu de 25 ans, afin de
parvenir à distinguer sans ambiguïté l'efficacité des
résultats du modèle.
Aussi, les limitations dans les techniques de
modélisations spécialement à l'échelle locale
viennent aggraver cette incertitude puisque les données de sortie pour
notre région fournies par le modèle Magic/Scengen sont issues des
simulations à l'échelle régionale. Or si on tient compte
de la très grande variabilité spatiale et temporelle d'un
paramètre climatique comme la pluviométrie dans notre
région, cette résolution risquerait d'être assez
grossière en prédiction du climat local, mais ce n'est pas pour
autant qu'on ne tiendra pas compte des informations à l'échelle
régionale et même globale, ne serait- ce que pour la
viabilité et le succès économique de l'agriculture chez
soi.
En ce qui concerne les mesures d'adaptation, beaucoup de
stratégies soulignées seraient bénéfiques quelle
que soit la variabilité climatique. Les objectifs de ces
stratégies varient considérablement entre les zones et parmi les
producteurs. Les conditions climatiques actuelles et les climats probables
futurs varient aussi. C'est pourquoi l'incertitude scientifique qui entoure la
question des variabilités climatiques ne sera pas levée de si
tôt.
Dans tous les cas, que les scénarii d'impact des
changements se matérialisent en fin de compte ou pas, cela
dépendra de la manière avec laquelle les régimes de
précipitations se modifient et de l'ampleur de la hausse de
température et de sa distribution spatio-temporelle (Fakri et
al., 1997). Avec de telles variabilités, améliorer la
faculté de reprise de la production alimentaire et minimiser les risques
contre la variabilité sont essentiels s'il faut que l'agriculture
relève les défis d'assurer la sécurité alimentaire,
de promouvoir l'emploi rural dans notre pays et de protéger les
ressources naturelles et l'environnement.
Conclusion
D'une manière générale, nous dirons que
la comparaison des productions agricoles aux variations pluviométriques,
fait apparaître une relative dépendance de la production
céréalière aux aléas climatiques. Par contre, la
production arachidière continue de progresser (de manière timide)
malgré la tendance à la baisse de la pluviométrie.
Les productions agricoles sont déterminées aussi
par les facteurs liés aux techniques et exploitations agricoles
(travail, fertilisation, traitement phytosanitaire, utilisation de
variétés améliorées...), au domaine socio-
économique (régime foncier, rémunération, circuits
de commercialisation...), etc. A notre niveau d'étude, le facteur
pluviométrique annuel et mensuel s'avère être discriminant
et l'analyse des deux types de productions agricoles retenues (productions
céréalières et celles de cultures de rente) montre que
l'impact des fluctuations pluviométriques se manifeste beaucoup plus
dans le cas des systèmes extensifs d'exploitations.
Pour atténuer les effets des fluctuations
pluviométriques et limiter la généralisation des
contraintes liées au substrat, il serait vital de modifier les
techniques d'exploitation pour les adapter davantage à la situation
actuelle du milieu. Pour cela, le chapitre 5 sera basé sur les
différentes stratégies d'adaptation à ce
phénomène. Mais avant cela, nous verrons dans le chapitre 4, la
variabilité climatique et son impact sur l'élevage.
CHAPITRE IV: VULNERABILITE ET IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE
SUR LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES D'ÉLEVAGE
Introduction :
Les aspects généraux de l'impact de la
variabilité climatique sur l'élevage ont fait l'objet, ces
dernières années, de plusieurs ouvrages, complétés
par la synthèse effectuée par Suchel, (2007) qui
permettent d'avoir une vision exhaustive des processus mis en jeu et de leurs
caractéristiques. Au niveau de la région du Mandoul, ces
synthèses nous ont permis de présenter un premier diagnostic, que
ce chapitre se propose d'actualiser, en tirant profit d'observations sur le
passé des cinquante dernières années.
Les systèmes pastoraux liés à la
variabilité climatique, mettent en relation trois composantes
principales : des sociétés d'éleveurs, du bétail et
des ressources (pâturages, eau). Le bétail tire sa subsistance de
ressources mais en les modifiant. De même, les sociétés
exercent une influence sur les ressources pâturables, par des pratiques
qui dépassent les prélèvements d'une simple cueillette. Ce
jeu habituel d'influences au sein des systèmes d'élevage
extensifs servira de guide à l'organisation du présent
chapitre.
4.1. Déficits
pluviométriques et activités pastorales liées à la
variabilité climatique
Dans la région du Mandoul, il apparait depuis quelques
années que l'alternance des saisons impose aux bovins différents
comportements alimentaires. Durant toute la saison des pluies, le bétail
broute sur des pâturages et s'abreuvent dans des mares et les cours
d'eau. Dès la fin de cette saison, les herbes s'assèchent et les
bêtes sont contraintes de se réadapter aux nouvelles conditions.
Dès la première pluie jusqu'à
l'installation de la nouvelle strate herbacée, les feuilles de certains
arbres constituent l'essentiel de la nourriture pour le bétail. Cet
enchainement se complique par l'arrivée précoce des pluies fines
sporadiques. Car la faible humidité accélère l'action des
termites qui rongent rapidement les herbes séchées. Elle provoque
la levée d'une couche d'herbes éphémères et
stressées par la sécheresse et donc moins favorable à
l'alimentation du bétail (Resco, 2005).
Cette contrainte plonge les bovins dans une situation de
famine, surtout si cette période dite de soudure se prolonge. Au cours
de ces cinquante dernières années, ces conditions
pluviométriques qui sont à l'origine des famines du
bétail se sont accentuées.
Le démarrage précoce des pluies suivi d'un
arrêt des pluies momentané se concentre dans les trente
dernières années. Les éleveurs ne peuvent donc pas trouver
des nouveaux pâturages qu'à condition de migrer vers les fleuves.
Les conséquences du déclenchement précoce suivi d'un
arrêt des pluies, sont comparables à celle de l'arrivée
tardive des pluies. A partir du mois d'avril, le sol est nu, à cause du
manque de la strate herbacée. Le problème de pâturage se
pose jusqu'à la nouvelle strate qui suit l'arrivée des pluies
dépassant le seuil de ruissèlement.
Après les récoltes, les résidus agricoles
renforcent la qualité de l'alimentation du bétail. A partir de
mars, les mares s'assèchent (voir point A de la photo 13) et les points
d'abreuvage se déplacent vers la vallée du Mandoul ou vers le lit
du fleuve Bahr Sara. Les points d'eau contraignent les troupeaux à
exploiter les résidus des champs jusqu'à leur épuisement
complet afin de commencer à nouveau le parcours des pâturages
éloignés.
L'arrivée tardive des pluies perturbe aussi le
système d'abreuvage. En 1983, 2004 et 2007, les puits ont
complètement tari dans les localités situées sur les sols
à Koro comme les villages de Kadaya, Ngangara, Labout,
etc. Cela oblige les éleveurs à se déplacer dans les
vallées où ils ont creusé d'autres puisards, loin de leur
pâturage habituel et de leur étable pastorale, (Angelo, 2005). Le
point B de la photo 13 illustre la divagation des bêtes durant ces
périodes.
B
A
Photo
13: Sous-bois dégradé et marre d'eau en
disparition dans le canton Ngalo
cliché Ngueyam. Légende : A :
Mares non permanente, B : bétail à la recherche de
l'eau
En plus des irrégularités constatées au
début de la saison pluvieuse, l'arrêt tardif des pluies est la
principale cause de la destruction des herbes sèches par les
éleveurs qui y mettent le feu pour les nouvelles pousses plus
appétissantes au bétail. Aussi, il faut remarquer que le cumul
des pluies de 50 mm en octobre engendre la pourriture des herbes sèches
qui jonchent le sol, noircit les fourrages et fait pousser une nouvelle couche
d'herbes qui à son tour va s'assécher avant d'atteindre la
maturité.
Ces nouvelles couches d'herbes ne résistent pas au
piétinement du bétail. Les famines dues au prolongement de la
période de soudure causée par les sécheresses sporadiques
engendrent aussi la perte des boeufs. Les années de famine de 1983 et
2004 illustrent bien les conséquences d'un démarrage tardif des
précipitations dans la région. En 1983, six éleveurs
seulement n'ont connu aucune perte contre 18 en 2004. Le nombre des
éleveurs ayant perdu entre 10 et 20 têtes n'a pas trop
changé, mais celui de 2 à 9 têtes est passé de 15
à 1. Malgré l'impossibilité d'accéder au nombre de
têtes dont dispose chaque éleveur, nous avons constaté que
ceux qui ont perdu le plus de bêtes sont les plus respectés et
ayant beaucoup de têtes.
Ceci s'explique par le fait qu'il est plus possible de sauver
un nombre réduit de bétail. C'est ce qui est pratiquée
dans la région par les agropasteurs. Mais au-delà de 20, la
transhumance reste l'unique voie la mieux indiquée. Les éleveurs
qui trouvent un prestige par le grand nombre des bêtes n'acceptent pas de
vendre une partie avant de se mettre en route pour la transhumance. Car avant
de se déplacer, il faut vendre les têtes les plus
âgées et les plus affaiblies.
La saison de pluies malgré la disponibilité en
eau et en pâturage qu'elle procure ne constitue pas un grand atout pour
l'élevage. Les animaux qui parcourent les pâturages sur des
terrains argileux attrapent parfois des maladies. Certains éleveurs sont
obligés de construire des cases ou des enclos protégés
pour leur bétail, dans le souci de les épargner des piqures des
mouches et des moustiques. Les bêtes piquées par les mouches
durant la saison de pluies attrapent des maladies cutanées, dentaires et
diarrhéiques souvent mortelles à la fin des saisons de
pluies, Lazarev (1989).
4.1.1. Le
pastoralisme
Le pastoralisme est un mode de vie complexe qui s'efforce de
maintenir un équilibre optimal entre les pâturages, le
bétail et les populations dans des milieux variables et incertains. Les
groupes de pasteurs habitent généralement là où les
ressources sont rares et là où les conditions climatiques
extrêmes limitent les options pour une autre utilisation des terres ou
pour l'adoption d'autres modes de vie.
Le caractère essentiellement variable et
imprévisible de ces environnements fait que des stratégies
d'existence semblables sont pratiquées par différentes
communautés pastorales dans des environnements très
différents. Malgré le rôle important que le pastoralisme
joue dans le maintien des moyens d'existence locaux, la fourniture de services
écologiques divers, sa capacité d'adaptation au changement est
confrontée à de nombreux défis, y compris ceux qui sont
posés par la variabilité climatique.
4.1.2. Les ressources
fragmentaires
Les ressources en pâturages sont
hétérogènes et dispersées dans l'espace
(fragmentées), liées aux régimes pluviométriques
saisonniers (temporaires), divergentes en fonction du temps (variables) et
globalement caractérisées par des conditions climatiques
capricieuses. La productivité nette des pâturages de la
région du Mandoul est faible et les populations animales et
végétales qu'ils peuvent effectivement soutenir varient en
fonction d'un certain nombre de variables, parmi lesquelles le niveau de
précipitations joue un rôle déterminant.
4.1.3. Les moyens
d'existence mobile
Dans la région du Mandoul, la mobilité des
éleveurs offre la meilleure stratégie pour gérer une
faible productivité nette, le caractère imprévisible et le
risque associés aux zones arides et semi-arides. Les mouvements
saisonniers sont essentiels pour permettre aux pasteurs de faire face aux
variations spatiales et temporelles prononcées dans les ressources en
pâturages tout en permettant la restauration des parcours à
certains moments de l'année. La mobilité peut être
verticale, reliant le nord de la région au sud pour les pâturages.
On peut aussi faire une distinction entre les
déplacements habituels et les mouvements d'urgence qui se produisent aux
époques critiques, en cas de sécheresse, de conflit ou pour
d'autres raisons. Parmi les types de mobilité, on peut citer des
déplacements sur de grandes distances, souvent cycliques et portant sur
plusieurs centaines de kilomètres mais aussi différentes formes
de transhumance (des routes migratoires précises sur une base
saisonnière), et chaque type exige une participation différente
des membres du ménage et du troupeau. Rien qu'au Mandoul-Est, on recense
plus d'une douzaine de systèmes d'utilisation pastorale des terres.
La mobilité est une nécessité
écologique et économique. Hormis le fait qu'elle permet une
meilleure utilisation de toute une gamme de ressources, c'est aussi un moyen
d'éviter les vecteurs de maladie dans certaines régions (par
exemple la mouche tsé-tsé), d'optimiser les échanges avec
d'autres utilisateurs fonciers (résidus de récolte en
échange d'engrais animal), d'accéder à différents
créneaux du marché (par exemple la vente de l'excédent de
produits laitiers ou l'achat de denrées de base ou de médicaments
pour les animaux) ou encore de rejoindre des membres du clan pour un festival
saisonnier, acquérir ou partager de l'information, ou rechercher des
moyens d'existence complémentaires.
Outre la disponibilité des ressources naturelles, la
mobilité dépend aussi de façon critique de
différents facteurs techniques et sociopolitiques. Parmi ceux-ci
figurent le capital humain (une connaissance approfondie de la dynamique agro
écologique complexe des pâturages) et le capital social (normes
sociales, obligations et responsabilités qui ont un rôle
décisif dans la négociation de l'accès aux ressources et
la gestion des conflits sur la base du principe de réciprocité.
La mobilité n'est pas seulement une question de déplacement des
troupeaux vers les différentes zones de pâturages ; c'est aussi
une question de gestion des différentes zones de parcours de
façon à ce que les troupeaux puissent se déplacer.
Les mécanismes régulant l'accès aux
ressources doivent donc être suffisamment flexibles pour fournir une
marge de manoeuvre pour les négociations nécessaires et des
accords qui prennent en charge des droits différents et souvent
imbriqués entre différents groupes d'usagers et sur des
ressources différentes, dont l'intérêt peut évoluer
au cours des saisons. La réciprocité est le mécanisme par
le biais duquel l'interdépendance entre les individus et les groupes
s'établit et se maintient de manière à encourager les
négociations informelles plutôt qu'un conflit ; il existe des
mécanismes et des incitations à ne pas violer les
règles.
4.1.4. Les droits
négociés
C'est la dynamique de l'écologie des pâturages
qui a défini la tenure pastorale et les régimes fonciers qui
règlementent l'accès et le contrôle des ressources dans les
territoires pastoraux. Dans la plupart des régions pastorales,
différentes catégories de droits aux ressources coexistent,
allant des droits plus privés au sein du système régional
(par exemple les puits de saison sèche creusés par la famille ou
gérés par le clan), aux droits ayant une nature plus
communautaire comme l'accès aux forêts de saison sèche ou
le droit de pacage autour d'un point d'eau.
Les pâturages de saison humide et l'eau sont
généralement gérés suivant des systèmes
d'accès libre mais contrôlé. L'accès
négocié et réciproque aux ressources caractérise et
sous-tend les régimes fonciers pour permettre aux différents
groupes d'identifier et d'exploiter les fluctuations imprévisibles
à court terme des approvisionnements en fourrage et en eau de
façon opportuniste, tout en adoptant une stratégie à plus
long terme qui préserve la reproduction du milieu et des relations
sociopolitiques viables. Les pasteurs s'efforcent de garantir leur accès
à des ressources spécifiques à différentes
époques de l'année au lieu d'investir dans des mécanismes
de contrôle onéreux sur des terres qui ne sont
qu'épisodiquement productives.
4.2. Les différents
types d'élevage
L'élevage, surtout du bétail, est aussi une
vieille activité pratiquée par les paysans. C'est un
élevage de type extensif. Il constitue une activité
complémentaire à l'agriculture. Elle présente les
caractéristiques suivantes :
- les bovins : le taurin de la
race « Ndama » très trypanotolérante,
prolifique et riche en viande peuple cette région ;
- les petits ruminants : c'est la race aux oreilles
longues qui y est élevé. Elle est de petit format, très
prolifique, trypanotolérante ;
- L'élevage porcin conserve en grande partie son aspect
traditionnel avec une faible amélioration sur le plan
génétique, des problèmes sanitaires (peste porcine
africaine) et une alimentation défectueuse qui entravent son réel
développement. Il est pratiqué par la population
chrétienne ;
- L'aviculture est de type traditionnel. Celle moderne se
trouve sérieusement entravée par des difficultés
d'approvisionnement en poussins d'un jour et la cherté des
aliments ;
- Les équidés (ânes et chevaux) sont en
nombre très réduit et concernent seulement les ânes. Les
ânes sont essentiellement utilisés pour le transport.
Du fait du mode d'élevage extensif, la principale
source d'alimentation des animaux est constituée par le pâturage
naturel. L'abreuvement du cheptel ne pose aucun problème pendant
l'hivernage du fait que, durant cette saison, on note une
régénération de plusieurs points d'eau naturels. Mais, en
saison sèche l'abreuvement s'opère au niveau des puits.
L'intégration agriculture-élevage est
jusqu'à présent restée au stade des bonnes intentions. En
effet, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont assez
fréquents et leurs causes sont diverses. Celles-ci se rapportent
à l'intolérance, au défaut d'application d'une politique
rigoureuse en matière de parcours du bétail et de pâturage,
à la négligence de la part de certains éleveurs, la
mauvaise application du système de mise en fourrière des animaux
en divagation, etc.
4.2.1. Impacts de la
variabilité climatique sur l'élevage des bovins
L'élevage des bovins dans la région du Mandoul
est susceptible d'être affecté à plus large échelle
par les questions économiques et commerciales liés à la
variabilité climatique. L'impact de cette variabilité sur les
systèmes d'élevage présente de nombreux effets tels que la
productivité et la qualité du fourrage, le stress thermique et
l'accroissement de la demande en eau. Le réchauffement climatique
pourrait également se traduire par l'augmentation des parasites externes
qu'internes et des maladies professionnelles (Trypanosomiase, Helminthiases,
Tuberculose, Fièvre,...) et ainsi avoir une incidence sur la
santé du bétail.
Toutefois, le système d'élevage a une importante
sensibilité en termes de production d'aliments et par conséquent,
sur la gestion des pâturages, la qualité de l'alimentation,
l'exposition à la chaleur et au froid, et enfin, l'impact des insectes
ravageurs et les maladies animales. Les effets directs sur les animaux
domestiques des changements dans la fréquence, la quantité et
l'intensité des précipitations et dans la disponibilité de
l'eau sont incertains. Toutefois, l'aggravation des sécheresses pourrait
avoir de graves effets sur la disponibilité de la nourriture et de
l'eau, comme ce fut le cas pendant les sécheresses des années 80
et 90.
Dans le Mandoul, la majorité du bétail est
rassemblée en troupeaux par les éleveurs, mais une bonne partie
est gardée dans des enclos. Les animaux domestiques, notamment les
bovins, sont aussi touchés par la variabilité climatique. Le
stress de chaleur leur pose un problème.
4.2.2. Système extensif
C'est un système d'élevage dans lequel plus de
90 % de matières sèches pour nourrir les animaux proviennent des
pâturages et des cultures fourragères annuelles. Le broutage des
animaux est fréquemment associé à un surpâturage,
à la dégradation des sols et à la déforestation.
Mais, il y a aussi des effets positifs de ce système de pâturage
sur l'environnement et cet élevage est la seule source de revenus pour
plus de 22 000 familles pastorales. Ce système extensif traditionnel se
caractérise par un faible rendement (Servat et Steinheil, 2009).
La variabilité climatique a un impact négatif
sur ce type d'élevage, où les animaux manque de réserves
alimentaires suite aux modifications des moyennes des précipitions. On
observe une augmentation significative de l'aridité ; d'où
une expansion des zones touchées par la sécheresse. Dans de
telles conditions biophysiques, la densité de la population est
relativement élevée.
Cette densité exerce une pression surtout sur
l'utilisation des terres disponibles dans de nombreux endroits, ce qui conduit
à un surpâturage, à la dégradation importante des
sols et à l'apparition des poches de désertification. La
couverture végétale a été dégradée ou
détruite, ce qui a augmenté l'albédo. La
dégradation ou l'absence de la couverture végétale
réduit l'évaporation, conduisant ainsi à une
réduction de la vapeur d'eau dans l'atmosphère et, par
conséquent, à la baisse de précipitations (Sow
et al., 2007).
Tous ces facteurs poussent les éleveurs à migrer
vers les zones les plus humides et agricoles à la recherche des
pâturages fraîches pour leurs animaux. La conséquence
majeure est l'augmentation de la mortalité des animaux, la
dégradation des forêts naturelles, les insécurités
liées aux conflits entre les éleveurs et les agriculteurs, les
famines et l'augmentation de la pauvreté, et enfin la redistribution
géographique des maladies transmises par les vecteurs.
4.2.3. L'élevage
sédentaire
Ce mode d'élevage est pratiqué par les
agriculteurs qui thésaurisent leurs productions agricoles sous forme de
bétail ou par les éleveurs sédentarisés pour
diverses raisons, qui diversifient leurs sources de revenus en pratiquant
l'agriculture. Dans ce système, les animaux sont gardés en
permanence au niveau du village où, sous la conduite des bergers, ils
pâturent sur de courtes distances dans les espaces non cultivés
pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, l'alimentation
est complémentée avec les résidus de cultures et les
fourrages conservés. Cette pratique d'élevage permet
d'éviter le contact entre troupeau et glossines en zone indemne de
mouches tsé-tsé. La taille moyenne du troupeau est
généralement inférieure à cinquante têtes.
Sous l'effet de l'augmentation qualitative et quantitative
rapide de la demande en produits animaux, d'autres formes d'élevage
sédentaire ont fait leur apparition autour des grands centres de
consommation (milieux urbains et périurbains). Parmi ceux-ci, on peut
citer l'embouche des bovins, des petits ruminants, les élevages
laitiers, les fermes de production avicole et porcine.
Pour ce qui concerne l'embouche intensive dans la
région du Mandoul, sa durée n'excède pas six mois et se
pratique généralement au cours de la saison sèche. Les
rations alimentaires de ces effectifs sont généralement servies
sur place, ce qui minimise le contact direct avec les vecteurs biologiques.
4.2.4. La transhumance
La transhumance se définit comme « un
système de production animale basé sur des mouvements cycliques,
d'amplitude variable, à la recherche des meilleurs pâturages des
saisons en cours. Ces mouvements s'effectuent entre zones écologiques
complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande
partie du groupe restant sédentaire » (Leroux,
1983).
Actuellement, cette stratégie de déplacement
adaptée aux variations climatiques saisonnières est toujours
admise dans les zones sahéliennes et soudano-sahéliennes. Dans la
région du Mandoul, plus de 70% du cheptel bovin sont conduits
annuellement en transhumance nationale ou transfrontalière
(Kembe, 2004).
En fonction de la distance parcourue entre les terroirs
d'attache et les zones d'accueil d'une part et de la saison de transhumance
d'autre part, on distingue deux types de transhumance : la petite transhumance
et la grande transhumance.
- La petite transhumance est un
déplacement à l'intérieur du territoire national. Elle
s'effectue sur de courtes distances (inférieures à 100 km). Elle
se pratique en toute saison. En saison pluvieuse, elle se pratique au moment de
la levée des semis où le problème d'espace de pâture
se pose et a pour objectifs de protéger les cultures et d'éviter
les conflits entre éleveurs et agriculteurs et de réduire les
risques de maladies de bovins (zone infestée de glossines par exemple).
Après les récoltes, le bétail regagne les aires de culture
pour exploiter les résidus et sous-produits de récolte. Pendant
la saison sèche les raisons sont la recherche de pâturages et de
points d'eau.
- La grande transhumance est la transhumance
classique qui va à la rencontre des pluies en saison sèche avant
de « remonter » vers le Nord tout en restant en deçà du
front de progression de la nouvelle herbe (Beina, 1998). Elle est
engendrée par l'assèchement des cours d'eau et des mares et la
rareté des pâturages exploitables. Entre terroirs d'attache et
zones d'accueil, la distance est grande, souvent de plusieurs centaines de
kilomètres. Les déplacements peuvent se limiter à un
changement de régions dans le même pays, mais ils peuvent
dépasser les limites frontalières.
4.2.5.
Modification de l'environnement par le parcours du bétail
On constate dans la région du Mandoul que le
bétail dans son parcours, modifie la texture des sols de façon
assez homogène, d'une zone écologique à une autre par le
tassement de l'horizon supérieur qui devient dur et imperméable,
mais aussi par la formation d'une fine pellicule superficielle sableuse. Le
piétinement du sol entrave l'infiltration de l'eau et favorise de
petites entailles érosives (Ouedraogo, 2001).
Ces phénomènes affectent surtout les axes de
passage habituels des animaux, qui évoluent en terrassettes sur les
pentes. Ils se manifestent plus ou moins selon les types de sols: davantage sur
les sols à texture sableuse que sur les sols épais
à texture surtout argileuse. Les effets du parcours du bétail sur
les sols sont plus évidents que ceux de la pâture proprement dite.
Quant à la végétation, une pâture prolongée
et intense entraine des conséquences divergentes.
Mieux que les sols, l'état de la
végétation signe l'ampleur des perturbations de l'environnement
par l'élevage. Des séries de végétation
évoluent en fonction de la pression exercée par le bétail.
Dans cette succession, quelques stades prennent une signification
particulière, en marquant un basculement vers des situations nettement
plus dégradées ou irréversibles. 4.2.6. Rôle et objectifs du
pastoralisme
L'élevage contribue, à travers le
pâturage, à la dynamique des territoires par le maintien des
milieux ouverts, intégrés dans une mosaïque associant zones
forestières cultivées. Cette contribution doit être
conciliée avec une dynamique de l'élevage permettant le maintien
de ses cohérences propres et sa durabilité comme système
d'élevage (Saley, 2002). Les parcours exploités
par les pasteurs ne peuvent le plus souvent pas être utilisés par
l'agriculture. Ces terres offrent peu d'autres options que l'élevage
mobile pour leur utilisation efficace et durable.
De nombreux auteurs ont mentionné l'importance du
pastoralisme dans la conservation de la nature, la production de la
biodiversité des espaces, l'entretien des plantes herbacées, des
milieux ouverts et des paysages, la prévention des risques naturels, la
gestion des sols et des effluents, la préservation du patrimoine
culturel, la limitation de l'exode rural, la multifonctionnalité et de
nombreuses externalités positives.
Cette analyse devrait s'articuler autour des grands
"thèmes d'impact" que sont l'occupation des sols, l'alimentation,
l'abreuvement, les déplacements, la fertilité, les productions
animales, la conduite et l'exploitation, et les politiques d'élevage.
L'occupation des sols par les activités
d'élevage peut conduire à des impacts positifs (de type
socio-économique, et écologique), des impacts négatifs
(dégradation des terres de parcours, déforestation, perte de
biodiversité). L'alimentation des herbivores domestiques repose sur le
prélèvement de matières végétales, cet acte
élémentaire peut conduire à des effets positifs sur
l'environnement, lorsque le couvert végétal est jugé
"indésirable" (prévention des incendies, lutte contre
l'embroussaillement, dynamique des espèces sous l'effet de la
pâture, dissémination des semences par les herbivores
domestiques).
Ce même prélèvement devient un impact
négatif lorsque son intensité remet en cause les
potentialités de renouvellement du couvert végétal : soit
directement en modifiant la composition, la structure ou la productivité
des peuplements végétaux ou en influençant leur dynamique
; soit indirectement en agissant sur les facteurs de la production primaire que
sont l'eau, le sol et l'air, ou encore par interaction passive avec les autres
consommateurs primaires.
Dans de nombreux cas, les points d'eau modernes, à
vocation pastorale, sont récupérés, au bout d'un certain
temps, comme bases initiales d'implantation humaine, qui
bénéficient alors de ressources en eau de qualité. Par
contre, d'après Nicholson (1985) cité par Suchel
et Carrière (1995), les activités d'élevage
polluent les ressources en eau de surface par eutrophisation des mares
temporaires ou permanentes, pollution chimique, pollution microbienne ou
parasitaire par des agents pathogènes. Les impacts indirects
envisagés ici portent sur la dégradation des sites d'abreuvement,
les conséquences de l'utilisation des sites d'abreuvement sur la flore
et la faune inféodées aux milieux humides ou aquatiques.
Quant aux déplacements, le piétinement favorise
: le tallage des graminées, la dissémination de nombreuses
plantes par fragmentation des souches ou des rhizomes, la dispersion des
semences (par adhésion sur le pelage ou sous les sabots) et leur
germination (par rupture des téguments pour les graines dures),
l'incorporation de la matière organique au sol, par fragmentation. A
contrario, le piétinement réduit la biomasse sur pied en
brisant les chaumes desséchées, ce qui augmente la surface de sol
dénudé et favorise l'érosion, la photosynthèse des
plantes en déchirant et en écrasant les tissus foliaires, les
stocks semenciers des sols, par concassage des graines. Toutefois, la
mobilité des troupeaux est exploitée pour la commercialisation
des produits de l'élevage dans certains pays et constitue un facteur de
gestion et de conservation des parcours.
4.3. Influence
du climat sur la dynamique des aires pastorales
Avec les sécheresses récurrentes des
années 70 et 80, le climat a subi de profondes mutations, notamment la
baisse de la pluviométrie et sa mauvaise répartition
spatio-temporelle. En effet, le cumul pluviométrique de la région
du Mandoul a évolué en « dents de scie » au cours des
différentes périodes. L'analyse de la série
pluviométrique de 1960 à 2009 met en évidence trois
périodes bien distinctes: une période humide de 1960 à
1967, une période sèche de 1968 à 1987 et une
période relativement humide vers 1988, Andigué (2007).
Cette variabilité de la pluviométrie a
occasionné une réduction du couvert végétal, (dont
l'eau constitue l'un des facteurs limitant), et donc de la production
fourragère. Les déficits pluviométriques
enregistrés ces dernières décennies ont contribué
à la dynamique des aires pastorales, du fait de la régression du
couvert herbacé et ligneux, notamment la diminution du taux de cette
couverture végétale et sa durée de vie.
On assiste ainsi à la régression de la
productivité totale des espèces ligneuses et herbeuses voire
à la disparition d'espèces végétales souvent sans
possibilité de régénération. C'est la crise des
sécheresses qui aurait modifié le faciès environnemental
de la région, avec comme conséquences une réduction ou
modification floristique des surfaces pastorales utiles. De même, selon
Boko et Ogouwale (2007), dans cette région, après une forte
dégradation environnementale contemporaine à la «Grande
sécheresse » (à la fin des années 60), l'augmentation
relative des précipitations ne semble pas entrainer une
amélioration environnementale notable. Malgré les signes
annonciateurs de la fin de la sécheresse pluviométrique qui
sévit depuis une vingtaine d'années, l'environnement ne parait se
recouvrer que dans certaines conditions. Cette dynamique affecte
différemment les formations végétales.
Ainsi, de la savane herbacée à la forêt
claire, on note les évolutions suivantes :
- la savane herbacée, localisée
généralement sur les sols argilo-sableux de ; Mandoul-Est a
vu sa superficie régresser, de 7,03 % en 1974 a 2,57 % en 1986, a 1,79 %
en 1994 puis 1,18 % en 2007. La disponibilité en eau étant un
facteur limitant pour les plantes herbeuses, le déficit
pluviométrique de ces dernières décennies aurait
considérablement contribué à la réduction de la
superficie de la savane, notamment par la réduction de son cycle
végétatif complet.
Par ailleurs, une partie de cette superficie a
été colonisée par la savane arbustive, mais aussi
transformée par endroits en surfaces dénudées et champs de
cultures. Les mutations les plus perceptibles se sont produits surtout entre la
période 1974-1986, soit une réduction de 4,46 %.
- les cordons ripicoles : ils ont subi une régression
sensible de 1964 à 2007. Celle-ci semblerait liée à la
baisse de la pluviométrie, car la formation des cordons ripicoles est
étroitement liée aux conditions stationnelles
créées par la présence d'un cours d'eau permanent ou
temporaire. De ce fait, le déficit pluviométrique serait un des
principaux responsables de la régression de cette unité.
- la forêt claire a connu une extension de plus en plus
croissante sur toute la période, dans le secteur étudié.
Cela suppose non seulement une évolution de la forêt claire en
arborée, mais aussi dénote la capacité d'adaptation des
espèces aux conditions climatiques contraignantes du milieu. En plus,
les conditions édaphiques et phréatophiles particulières
(sols argileux, faible profondeur de la nappe phréatique...etc.) ont
contribué a l'accroissement de certaines formations arborées
comme les palmiers dans les localités de Djola, Bouna
et Koko., au vu des conditions stationnelles qui leurs sont
favorables.
4.3.1.
Influence des activités anthropiques sur la dynamique des aires
pastorales
L'influence de l'homme sur la dynamique des aires pastorale
s'exprime par son emprise sur les ressources végétales
(déboisement, friche, etc.) d'une part, et les pratiques pastorales d'
autre part. La croissance démographique et l'évolution de
l'effectif du cheptel constituent une menace sur le milieu naturel. En effet,
la démographie galopante de la région a inéluctablement
conduit à la conquête de nouvelles terres de cultures, au
détriment des aires pastorales, à une surexploitation des
ressources végétales : coupe abusive de bois, défrichage,
feux de brousse,... Cela pourrait sans doute influencer l'évolution des
unités pastorales.
Le pâturage, à l'instar d'autres utilisations
faites au milieu, peut causer une modification de la composition floristique
disponible sur les terrains de parcours, même si les données
relatives à une dégradation des terrains de parcours sont
difficilement quantifiables. La mobilité des pasteurs est en effet une
réponse à la répartition inéquitable et incertaine
des ressources naturelles végétales. Le mouvement constant permet
ainsi aux éleveurs de subvenir à leurs besoins pastoraux. Mais
l'exploitation incontrôlée de certaines formations
végétales conduit à leur raréfaction, voire leur
disparition a long terme.
Dans le cadre de la présente étude, les
statistiques de la dynamique des ressources naturelles végétales
composant les aires de pâturage montrent une transformation en partie de
ces unités en d'autres, notamment en zones de cultures. Cela
dénote l'influence de l'homme sur les entités pastorales. Des
travaux menés par Zakaria et al. en 2006 confirment cette
anthropisation des aires pastorales, notamment par la mise en culture de ces
unités. Selon ces auteurs les terres de cultures ont presque
triplé entre 1986 et 2005.
4.3.2. Les
réactions végétales à la pâture
Dans la zone d'étude, il se produit, sur les sols
sableux un remplacement des graminées annuelles à cycle
relativement long (trois à quatre mois) par d'autres annuelles plus
résistantes à la pâture. Ensuite,
celles-ci cèdent la place aux herbacées à cycle
très court, mais peu appétées par le
bétail. Enfin, la strate herbacée disparaît. Du
côté des arbustes, une pâture intense provoque un
éclaircissement et un recul des espèces les plus broutées
devant quelques arbustes résistants.
En fin d'évolution, il ne pousse que des arbrisseaux
dont le bétail ne consomme pas les feuilles.
L'appauvrissement de la strate herbacée va de pair avec
celle des arbustes, jusqu'à la dénudation du sol. En fait, il est
souvent difficile de démêler ce qui est dû à la
variabilité climatique (sécheresse) et ce qui tient à une
surexploitation pastorale. Il semble que le climat influence la
quantité, la masse herbacée chaque année, tandis que la
pâture intense modifie la flore. Dès que l'une de ces pressions se
relâche, la végétation herbacée manifeste des
capacités étonnantes de reconstitution.
Dans les savanes, un processus semblable de substitution
affecte la strate herbacée qui perd en densité et en taille,
jusqu'à disparaître. De grandes graminées très
recherchées par le bétail
(Andropogon, Hyparrenia)
succèdent d'abord d'autres graminées de grande
taille moins appétées (Panicum
phragmitoïdes). Si la pression pastorale se
poursuit, les grandes graminées se raréfient, au profit de
graminées basses (Eragrostis) ou de petites
plantes non consommées (Aframomum). Du
côté des ligneux, l'évolution est inverse, avec une
multiplication d'arbustes, à mesure que les herbes se raréfient
et que la pâture s'accentue.
Parmi ces arbustes, certains prennent une place dominante,
jusqu'à former des peuplements denses et homogènes. La
prolifération d'arbustes nouveaux ne représente qu'un stade
transitoire vers l'installation d'arbres issus de la zone forestière :
dès lors, le pâturage a disparu. A la
dégradation pastorale correspondent des couverts
végétaux plus denses en ligneux. L'érosion des sols est
moins à craindre que l'étouffement et la disparition des herbes.
C'est une forme de dégradation des pâturages. Ces
différents constats de séries végétales
régressives aboutissent à la notion de dégradation
pastorale de l'environnement liée à la variabilité
climatique.
4.3.3. La
variabilité climatique et la capacité de charge
Les séquences de régression des pâturages
liées à la variabilité climatique sont presque toujours
attribuées à des surcharges en bétail. Le diagnostic se
réfère à la notion de capacité de charge des
pâturages. C'est une pression de pâture en équilibre avec
les capacités de régénération de la
végétation, assurant une stabilité des pâturages.
Selon une autre définition presqu'équivalente, c'est la
quantité de bétail que peut supporter un pâturage, sans se
détériorer (Bouyer et Bengaly, 2006). Au fur et à mesure
que les effectifs de cheptel augmentent, la biomasse fourragère
évolue selon une courbe de plus en plus décroissante.
Cette courbe se retrouve dans l'exploitation d'autres
ressources naturelles renouvelables. A partir de presque zéro, une
augmentation de cheptel provoque une faible diminution de biomasse disponible.
Au contraire, en contexte de fortes pressions de cheptel, il suffit d'une
légère augmentation d'effectifs pour entraîner une
réduction sensible de biomasse fourragère. A un moment, le
cheptel consomme toute la production fourragère annuelle : un seuil de
capacité de charge dite écologique est atteint.
Les effectifs de cheptel permettent d'appliquer un taux
estimé comme acceptable d'exploitation du bétail. Ce taux
évolue selon une autre courbe, en fonction d'un renouvellement plus ou
moins rapide de la population animale. La seconde courbe atteint un maximum
à la moitié ou aux deux tiers de la première, c'est une
capacité de charge dite économique.
Elle assure la vente d'un optimum de bétail en bon
état. Les calculs des experts adoptent souvent les critères de la
capacité de charge économique pour déterminer les
caractéristiques d'un élevage viable. Au contraire, les
sociétés pastorales se fixent comme objectif de disposer
d'effectifs de cheptel aussi nombreux que possible. Elles vivent de produits
d'animaux vivants (lait) et non d'animaux destinés à l'abattage.
Elles maintiennent des effectifs nombreux, même si le taux de
mortalité du bétail est relativement élevé.
4.3.4. Des
races bovines plus ou moins dégradantes
Alors que les experts attribuent les dégradations de
pâturages à des surcharges, les éleveurs incriminent des
animaux plus que d'autres. Ils accusent les petits ruminants davantage que les
bovins et les moutons avant les chèvres, contrairement à un
postulat répandu. Parmi les bovins, les Peuls introduisent des
distinctions très nettes entre les races vis-à-vis de
l'environnement. En excluant les taurins, ils différencient les
comportements de deux grandes races de zébus. Les zébus à
longues cornes sont des animaux célèbres et impressionnants par
leur silhouette élancée, leur tête fine et surmontée
d'un grand cornage. En fait, les spécialistes estiment que ces animaux
ne sont pas de vrais zébus mais le résultat de croisements entre
une race bovine très ancienne avec des zébus.
Les comportements des races bovines à la pâture
sont une composante essentielle des relations entre le bétail et
l'environnement. Ils expliquent des tensions qui s'élèvent entre
éleveurs de races bovines différentes, alors qu'eux-mêmes
peuvent être ethniquement proches, par exemple les Mbororo et
les Foulbé.
4.3.5. Effets
bénéfiques du bétail sur les pâturages
Les séquences végétales en savanes
supposent qu'une végétation climax ou naturelle présente
des capacités pastorales excellentes. Dès l'introduction du
bétail, il se produit une réduction des ressources
fourragères. A partir d'un maximum initial, l'évolution est
constamment régressive. Cette régression pastorale se
vérifie peut-être dans quelques secteurs de la région du
Mandoul. En savanes, le bétail contribue d'abord à entretenir,
voire à améliorer les formations pâturées.
Cette influence positive s'exerce à la fois sur la
strate herbacée et sur les ligneux. Les pâturages les plus
appréciés du bétail ne sont pas ceux qui produisent la
biomasse herbacée la plus importante. De trop grandes herbes
s'avèrent difficilement pénétrables et accessibles. En fin
de cycle végétal, des graminées (par ailleurs, excellentes
du point de vue fourrager) présentent des feuilles sèches
à la base, les feuilles vertes étant en haut d'une longue
tige.
Les animaux préfèrent paître des herbes
courtes plutôt que trop hautes. Le piétinement et le broutage
régulier des graminées en touffes accentuent leur tallage, leur
étalement au sol, donc la densité du couvert herbeux. Des
graminées annuelles produisent des graines garnies de minuscules
épines.
4.4. Crise et
vulnérabilité liées à la variabilité
climatique
L'efficacité des pratiques et des stratégies
suppose que deux conditions principales soient remplies. La première
concerne les droits et les règles d'accès à l'espace. Ces
droits doivent favoriser la mobilité des hommes et du bétail,
permettant ainsi de tirer parti de la dispersion des ressources disponibles. Si
l'espace agricole, nécessairement fixé, fait l'objet de droits
d'usage individualisés, l'espace pastoral est ouvert, d'accès
libre, et l'éleveur ne se trouve, en première analyse tout au
moins, limité dans ses possibilités de déplacement et de
fréquentation des parcours que par les contraintes qu'il accepte de
supporter.
En fait cette liberté n'est pas totale, car certains
groupes sociaux bénéficient plus ou moins tacitement de droits
préférentiels sur des portions d'espace et l'utilisation des
puits et des puisards (qui conditionne directement l'accès à
certains pâturages en saison sèche) est directement
dépendante du bon vouloir de ceux qui les contrôlent.
La seconde condition est relative à la pression
exercée par l'homme sur le milieu. Compte tenu de la faiblesse des
ressources disponibles, de leur variabilité, et de l'extensivité
des systèmes d'exploitation, cette pression doit être
nécessairement légère. D'abord pour que le niveau des
prélèvements ne mette pas en péril le renouvellement de
ces ressources, ensuite pour que les besoins essentiels devant être
couverts localement puissent l'être même dans des conditions
pluviométriques défavorables, c'est-à-dire de relative
pénurie céréalière et/ou fourragère.
Autrement-dit, la viabilité des systèmes pastoraux de la
région du Mandoul repose sur une sous-exploitation des ressources du
milieu.
Or ces conditions sont loin d'être actuellement
remplies, et un constat de crise affectant l'écosystème dans son
ensemble s'impose. L'accroissement continu de la population (environ 2 % par
an, les densités démographiques actuelles étant de l'ordre
de 7 à 10 habitants au km2) aboutit en effet, compte tenu de
l'impact des récentes années de sécheresse et de la nature
des pratiques de mise en valeur du milieu, à une dégradation de
celui-ci qui, dans certains cas, peut être considérée comme
irréversible.
Les surfaces cultivées se sont étendues au
même rythme que celui du croît démographique, notamment aux
dépens de sols à aptitude agricole souvent marginale ou de
bas-fonds boisés qui constituent traditionnellement le pâturage de
choix en saison des pluies. Dans la plupart des anciennes zones de culture sur
sol ensablé, la jachère tend à disparaître
totalement, et l'espace cultivable est en voie de saturation
complète.
Le cheptel s'accroît également, même si les
sécheresses prononcées jouent un rôle certain de
régulation des effectifs. L'espace pastoral se trouve saturé et
la dégradation des parcours s'amplifie, atteignant dans certaines
situations sensibles un point de non retour. Comme pour les sols
cultivés de Ngangara, la disparition progressive de la
végétation ligneuse et herbacée s'accompagne de sol
sableux et d'un accroissement du ruissellement qui ne peut qu'accentuer les
effets d'un déficit pluviométrique éventuel. La
réduction des disponibilités fourragères est susceptible
d'aggraver le déséquilibre entre la charge et les ressources, et
la dégradation du milieu s'accélère.
Les pratiques pastorales tendent elles aussi à se
détériorer. Hors circonstances exceptionnelles, la
mobilité du bétail diminue. La taille réduite de nombreux
troupeaux ne justifie plus le recours à des transhumances longues et
lointaines, et durant la saison sèche le bétail se trouve,
excepté dans l'extrême sud de Dembo, bloqué dans
des portions d'espace limitées autour des points d'eau, rendant sans
objet l'adoption de rythmes de conduite contraignants mais efficaces. Dans
certains groupes, l'absence du gardiennage se généralise.
La dégradation conjointe du milieu et des pratiques
explique que l'efficacité des systèmes pastoraux se réduit
en même temps que s'accroît leur vulnérabilité
à toute agression de l'environnement. Les besoins alimentaires sont de
plus en plus mal couverts par les deux activités de production
principales, et le recours à des palliatifs de survie s'impose tandis
que s'amplifie le mouvement de migration lointaine, véritable
hémorragie dans certains groupes ethniques. La sécheresse joue
bien entendu dans un tel contexte un rôle d'amplificateur, agissant en
synergie avec les autres phénomènes et révélant,
parfois dramatiquement, la situation de crise larvée
préexistante.
Des seuils de rupture sont atteints, affectant à la
fois l'environnement et les systèmes de production les plus
fragilisés. L'impact de l'aléa climatique, se
révèle tout à fait dépendant de l'état
d'ensemble de l'écosystème qu'ils affectent. L'accentuation de
certains contraintes déplace les seuils de vulnérabilité
et réduit les capacités de réponse, rendant inefficaces
certaines pratiques sécuritaires qui jusque là avaient pourtant
fait leurs preuves.
Le constat de crise qui peut être dressé à
l'échelle de la région tend à masquer la grande
diversité des situations. Certaines portions d'espaces sont plus
saturées que d'autres et le stade de dégradation des
différents milieux est plus ou moins avancé. Les divers types de
systèmes de production ont, quant à eux, subi de façon
très contrastée les épisodes de sécheresse de ces
quinze dernières années, qui semblent bien avoir accru la
diversité et la disparité dans l'ensemble régional.
Dans un espace de plus en plus saturé, en voie de
dégradation rapide, les relations de concurrence et d'antagonisme
tendent par ailleurs à prendre le pas sur les liens de solidarité
et de complémentarité (entre cellules de production et entre
secteurs d'activité). Cette évolution régressive globale
contredit, dans le cas évoqué, la thèse de
Boserup selon laquelle l'accroissement démographique
constituerait un moteur de l'innovation et de l'intensification. Loin de se
transformer dans un sens de productivité accrue, les pratiques se
détériorent, accélérant ainsi les processus de
dégradation du milieu.
Les stratégies individuelles, bien que rationnelles,
s'avèrent en outre de plus en plus contradictoires avec ce qui
apparaît souhaitable, sinon prioritaire, à l'échelle
régionale. L'accroissement du cheptel l'illustre bien, l'exploitation
d'un troupeau de fort effectif représentant pour l'éleveur un
gage de satisfaction des besoins et de limitation des risques, mais induisant
au niveau de l'espace des phénomènes de surcharge et de
dégradation du milieu. Les conditions changeant la stratégie
sécuritaire devient contrainte et source de nouveaux risques.
4.5. Impact de la variabilité climatique sur
l'épidémiologie des Trypanosomiases Animales Africaines (TAA) et
sur les glossines
Des aléas climatiques comme la sécheresse
modifient les conditions hygrométriques et thermiques nécessaires
à la survie des glossines (Hôte et Mahé, 1996). Les
épisodes de sécheresse des années 1970-1990 en sont des
exemples qui ont entraîné une descente des glossines vers la
région du Mandoul (Courtin et al., 2009). Les cycles
biologiques de ces vecteurs nécessitent des conditions de
température et d'humidité optimales.
L'ouest de la sous-préfecture de Koumra et la
sous-préfecture de Goundi, sont soumises depuis quelques
dizaines d'années à une forte pression humaine due à ses
potentialités agricoles, notamment pour la culture cotonnière
(Tidiane, 2003). Ces localités, connaissent un
bouleversement de l'habitat des glossines, associé à la
raréfaction des pluies, ce qui aurait modifié leur densité
et leur aire de répartition (Courtin et al., 2010). Au Bahr
Sara, le Glossina longipalpis a totalement disparu après la
grande sécheresse de 1972-1973 (Lemaire, Delaby, Fiorelli, Micol, 2006).
Le G. morsitans submorsitans, espèce
savanicole, a disparu du bassin du fleuve Bahr Sara et dans pratiquement toutes
les localités cotonnières de la région, de nos jours, son
recul est extrapolable à l'ensemble de tout le pays (Fakri, et Sombroek,
FAO-1997). Cette espèce, autrefois présente plus au Nord, voit
son aire de répartition réduite au Sud du pays du fait de la
dégradation de l'environnement et de la disparition de la faune sauvage
(Sow et al., 2009). Cette évolution de la population
glossinienne, pourrait laisser penser que les glossines et certaines
espèces de trypanosomes sont amenées à disparaître
dans le futur mais ce serait sans compter les facultés d'adaptation de
certaines espèces de glossines.
Les pâturages de la région du Mandoul ont connu
en moins d'un siècle de véritables modifications du fait de
l'occupation humaine des espaces et des variations climatiques. Ces espaces
pastoraux de faible capacité ne sont plus en mesure de satisfaire les
besoins des animaux particulièrement en saison sèche. Face
à cette pénurie, les éleveurs essayent de s'adapter par
des mobilités variables des animaux (petite et grande transhumance).
Le premier problème de la transhumance est le risque
pathologique qu'elle occasionne. En effet, les bovins du nord sont des
zébus qui sont très sensibles aux TAA. Cette sensibilité
est aggravée par l'affaiblissement des animaux dû aux longues
distances parcourues. La transhumance favorise le contact bovin/vecteur,
principalement au niveau des points d'eau mais aussi dans les pâturages.
Ce contact conduit à l'infection des animaux par les trypanosomes,
lesquels animaux, à leur retour constituent alors des sources
d'infection aux autres animaux de leurs terroirs d'attache, par le biais des
vecteurs mécaniques notamment. La transhumance permettrait ainsi le
brassage régulier de parasites.
Les zones d'accueil des transhumants connaissent une
augmentation considérable de la densité de bovins pendant la
saison sèche. Les glossines ont à leur disposition un grand
nombre d'hôtes nourriciers et la fréquence de piqûre sur les
animaux baisse. Par contre, dans les zones d'attache où la maladie
sévit, on observe le contraire dans les troupeaux qui sont restés
sédentaires (Feizoure, 1994).
4.5.1. Recherche de
pâture et risque glossinaires
En saison sèche, la végétation de la
région du Mandoul entre dans une phase de dormance, surtout les
graminées dont les racines ne descendent pas en dessous d'horizons
desséchés. Chaque année, c'est une période
difficile pour les animaux, en particulier les zébus les plus exigeants.
Les éleveurs qui possèdent ces animaux
entreprennent alors de grandes transhumances vers le sud. Ils
pénètrent dans des savanes interdites le reste de l'année,
par suite de la présence des mouches tsé-tsé, vecteurs de
trypanosomose bovine. En saison sèche, les glossines, même celles
dites de savanes, se réfugient dans les galeries forestières
où se maintient un microclimat humide. Les interfluves redeviennent
salubres pour le bétail. Les transhumants établissent des
campements au milieu des interfluves, le plus loin possible des galeries
forestières. Cependant, les animaux s'en approchent pour s'abreuver et
pour paître des herbes vertes en bas de vallons.
Les éleveurs sont confrontés à un dilemme
: soit assurer une alimentation satisfaisante aux animaux en les conduisant
très loin vers le sud mais en prenant le risque de subir des pertes,
soit les maintenir sur des pâturages salubres mais devenus insuffisants.
Les décisions s'échelonnent entre les risque-tout aventuriers, et
les prudents sédentaires.
Le dilemme se pose en particulier aux éleveurs de
grands zébus rouges qui répugnent à consommer des
fourrages secs mais qui sont très sensibles à la trypanosomose
bovine. L'alternative devient spécialement aiguë en début de
saison des pluies. Plus précoces au sud, les pluies s'accompagnent de
pâturages verdoyants et, en même temps, d'une prolifération
des glossines qui recommencent à se disperser dans les savanes.
4.5.2. L'attachement
à la race bovine
Parmi la gamme assez large des races bovines de la
région du Mandoul, la plupart des vrais pasteurs détiennent des
animaux à longues cornes. Ce choix relève, en apparence, d'un
paradoxe : les éleveurs qui dépendent le plus des bovins
possèdent les races les plus exigeantes en nourriture et les plus
compromettantes pour l'environnement. Il s'agit d'un fait culturel assez
général : les éleveurs de zébus à longues
cornes sont très attachés à leurs animaux. La plupart des
zébus à courtes cornes n'ont pas donné lieu à des
attachements aussi forts.
Les zébus à courtes cornes sont des animaux
d'élevage facile, qui permettent de s'adonner à d'autres
activités et de se fixer. Ceux à longues cornes, animaux fragiles
et exigeants, nécessitent du dévouement et même de
l'abnégation. Les grandes transhumances et le nomadisme ne sont pas des
solutions pastorales adoptées de gaieté de coeur mais des
contraintes imposées par un type de bétail. Toutes choses
égales par ailleurs, les grands zébus exigent une
mobilité, surtout saisonnière, pour disposer de pâturages
verdoyants à longueur d'année.
L'attachement de nombreux Peuls pasteurs à des races
bovines difficiles introduit un risque supplémentaire de
dégradation des pâturages. Avec ce type de bétail, les
pasteurs n'ont réussi une certaine sédentarisation qu'à la
faveur de contextes pastoraux exceptionnels.
4.6. Augmentation de la
mortalité des animaux
Selon certains éleveurs interrogés lors de notre
enquête, suite à la raréfaction des pâturages, des
ressources en fourrages et la diminution des ressources en eau, les animaux
souffrent beaucoup de la malnutrition et de la déshydratation, Behnlon
(1992). Plus de 11000 têtes sont confrontés chaque année
à des épuisements physiques suite à un mouvement de
transhumance accéléré. Le rendement en viandes et la
production laitière sont tellement faibles. Cela a été
observé dans le temps lors des grands mouvements de migration de la
population Peuls en dans les années 1974 et 2004,
Rognon (2007).
Les précipitations provoquent également des
catastrophes se soldant par une grande mortalité des animaux. En effet,
durant le sinistre intervenu chez le bétail en juin 2002 dans la zone
sylvo-pastorale de Goundi dans le département du Mandoul-est, la
principale cause des mortalités observées est un ensemble de
facteurs climatiques (pluies, vent, froid). La pluie qui a mouillé le
pelage pendant 72 heures accompagnée des phénomènes de
conduction, des vents violents a entraîne la mort des animaux (moutons,
chèvres, bovins) par hypothermie (diminution de la fluidité
sanguine) et par conséquent l'arrêt cardiaque, Fontaine, (1997).
Cela montre que les pluies hors saison peuvent être dangereuses pour la
production bovine en système extensif.
4.7. Concurrence entre les éleveurs
La concurrence entre les éleveurs se manifeste
particulièrement en période de disette par un
prélèvement excessif de lait, la mortalité des agneaux et
cabris de moins d'un an atteint 30 à 35 %, et celle des veaux 22
à 54 %. L'homme et son bétail se trouvent également
concurrents pour l'exploitation des ressources végétales : les
graines sauvages récoltées pour la consommation constituent de
bons pâturages et les ramassages collectifs, fournissant un
complément alimentaire important, sont menacés par les troupeaux,
Boudet (1984).
Le conflit entre éleveurs peut paraître
paradoxal. Pourtant, ces conflits sont nombreux et se développent
essentiellement entre éleveurs sédentaires et transhumants. Le
principal conflit résulte de l'utilisation et du maintien de la
ressource hydrique. En effet, au système de libre accès à
l'eau dans le cadre de l'élevage transhumant, s'oppose un autre
système de gestion et de maintenance des points d'eau modernes dont
l'accès est souvent réglementé et à titre
onéreux.
L'autre source de conflit est l'utilisation des ressources
pastorales ; les éleveurs sédentaires acceptent mal que les
troupeaux transhumants s'installent dans leurs aires habituelles de
pâturage épuisant les ressources de celles-ci avant de continuer
vers d'autres.
4.7.1. Conflits entre éleveurs et
agriculteurs
La vulnérabilité de la région à la
variabilité climatique est amplifiée considérablement par
les crises socio-économiques. Les populations de cette région
vivent dans la pauvreté. Ces conflits sont nombreux et plus
fréquents dans les zones où les ressources disponibles (cultures
et/ou pâturages) sont faibles en fonction des paramètres
climatiques.
4.7.2. La manifestation
des conflits
La région du Mandoul a une vocation pastorale. Parmi
les types d'élevage pratiqués, la transhumance est
prépondérante. Ce type d'élevage du genre extensif
présente toute une dynamique de déplacement saisonnier. Le
déplacement de l'éleveur transhumant requiert un cadre physique
adéquat et précis, (Breman, 1991).
La conduite des troupeaux se fait tout en permettant aux
animaux de satisfaire leurs besoins physiologiques les plus
élémentaires. Les troupeaux peuvent parcourir une vingtaine de
kilomètres par jour mais en s'alimentant sur leur trajet. En
période de cultures, des aires de pâturages, des points d'eau
doivent donc créer des conflits assez fréquents le long des
pistes de transhumance.
Il est un fait que la croissance démographique
enregistrée au cours de la dernière décennie a
engendré l'augmentation des besoins alimentaires et l'extension des
terres cultivées. Cette extension s'est faite au détriment des
espaces pastoraux connus. Mais elle a aussi provoqué une diminution
des possibilités de jachère et une diminution des superficies des
exploitations agricoles. Ces mutations constituent aujourd'hui des entraves
à l'activité du transhumant qui se heurte désormais
à des tracés de couloirs peu précis, de petites aires de
pâturage très contiguës aux champs, des couloirs très
étroits où il est très difficile de diriger
aisément des troupeaux de grande taille.
Les conflits naissent souvent dans des conditions de
mésentente créées en rapport avec l'exploitation des
ressources agropastorales. Les agriculteurs avec l'extension de leurs terres
essayent de protéger leurs cultures. Les éleveurs aussi, à
la recherche de pâturage, se déplacent selon un itinéraire
traditionnellement connu.
L'affrontement naît souvent suite aux changements des
limites des espaces pastoraux. Les principales plaintes rapportées
concernent souvent les dégâts champêtres. Mais aussi des
plaintes pour viol et vol. Ces situations sont les différentes
manifestations des conflits d'usage de l'eau opposant agriculteurs et
éleveurs dans les plaines de Bekamba, Ngankarag, Beboro, Bangoul,
Bedjondo, etc..
4.7.3.. Causes des
conflits entre agriculteurs et éleveurs
Le conflit entre les agriculteurs et éleveurs dans la
région du Mandoul est un sujet délicat et il est très
difficile de cerner l'ensemble des causes de ce phénomène. Un
grand flou apparaît dès que l'on tente d'appréhender
l'ensemble des causes pour en faire une synthèse globale.
La poussée démographique, les perturbations
climatiques et ses conséquences, telles que la sécheresse, la
désertification, la pauvreté des sols, la rareté de l'eau,
la dégradation des pâturages sont souvent citées comme les
causes principales de conflits. Bien que ces facteurs soient
déterminants dans les changements en milieu rural, ils ne justifient pas
la recrudescence des conflits dans notre zone d'étude. Les principales
causes des conflits sont diverses.
4.7.4.. La
multiplicité des droits sur les ressources naturelles
C'est une situation où les types de droits existent.
Ils vont d'un usage temporaire et limité à une
propriété définitive en passant par une
propriété temporaire qui se résume dans un droit
strictement inscrit dans le temps, Hurault (1975). (Dans certains pays du
Sahel, par exemple, les transhumants n'ont le droit de faire pâturer
leurs animaux dans les terroirs que le temps d'une saison sèche). Ces
droits reposaient sur les relations sociales, le consensus dans ces relations
et le respect d'autorités foncières.
4.7.5. La
crise de confiance entre les acteurs
Dans les rapports de production en
général, dans l'exploitation des ressources naturelles en
particulier, on enregistra plusieurs cas « d'abus de
confiance ». En effet, fréquemment on observe dans les
communautés des situations dues à des pratiques jugées
« anormales » ou incorrectes en matière de gestion
des ressources naturelles entre deux ou plusieurs parties.
Ces situations arrivent surtout à l'occasion de
prêt de terres. En de pareils cas, selon la règlementation locale,
l'Emprunteur ne peut planter des arbres, creuser un puits ou réaliser un
investissement durable (construire une case...) ; toutes choses qui sont
signes d'appropriation puisqu'elles constituent, même au regard du droit
positif de certains États, des éléments de
référence pour constater la propriété
coutumière. C'est donc de façon inéluctable que les
parties concernées arrivent à un conflit.
4.7.6. La
valeur de plus en plus croissante des ressources naturelles
En raison de l'accroissement démographique et de celui
des cheptels dans les différents pays concernés par la
désertification, les ressources naturelles prennent de l'importance
d'année en année. Surtout que la sécheresse devient, elle
aussi, chronique. Malheureusement, les économies de ces pays restent
basées sur l'exploitation des mêmes ressources et les productions
sont loin de satisfaire même les besoins alimentaires des populations.
Dans ces conditions, la course à l'exploitation des
ressources naturelles devient impitoyable ; chaque acteur cherchant
à contrôler le maximum possible. A cela, il faut ajouter le fort
taux d'urbanisation dans tous les pays. Ceci fait que les villes
empiètent toujours plus sur l'espace rural avoisinant au
détriment des habitants, de leurs activités économiques et
de leurs animaux.
Malheureusement, cette ponction de l'espace urbain sur le
milieu rural se fait sous forme de propriété définitive
puisque les citadins se procurent toujours de titres fonciers. Cette situation
fait que dans la plupart des zones, les besoins sont supérieurs aux
disponibilités ; d'où des frustrations, des comportements
incorrects et des conflits.
4.7.7. Typologie des
conflits
Dans un contexte de dégradation des ressources
naturelles, celles-ci sont utilisées par les populations dans le cadre
de la mise en oeuvre de systèmes de production agricoles, sylvicoles et
pastoraux interdépendants les uns des autres à divers
degrés et niveaux. La nature de ces interrelations entre les
différents systèmes de production fait que les modes
d'utilisation des ressources naturelles devenus insuffisants mettent en
concurrence les acteurs de façon plus accrue. Ainsi, en fonction des
enjeux spécifiques des systèmes de production, selon la nature
des ressources en jeu et souvent selon les périodes de l'année,
les modalités de gestion des conflits dépendent :
- des sources ;
- de la fréquence ;
- de leur gravité ;
- de leur ampleur ;
- de leurs conséquences.
Entre autres inconvénients des conflits liés
à la gestion durable des ressources naturelles, il convient de
signaler :
- L'échec de la mise en valeur de certaines
zones ;
- Le retard dans l'exécution des actions ;
- Le blocage du fonctionnement de certains projets
après leur lancement ; mais plus grave est sans doute ;
- L'affrontement armé entre populations conduisant
à des massacres.
Il est ainsi possible de classer les conflits en fonction de
plusieurs critères : l'espace concerné, les enjeux, les
acteurs, l'impact sur les ressources naturelles, etc. Il existe des conflits
liés à l'exploitation des ressources naturelles et ceux entre
usagers.
Les conflits fonciers
L'utilisation de la terre qui est la principale ressource
naturelle de la région du Mandoul fait l'objet de conflits allant
jusqu'à détruire le tissu social. Ces conflits opposent
différents types d'acteurs : les populations et l'Etat, les
autochtones et les allogènes, les autochtones entre eux etc.
Les conflits entre les populations et
l'État : Dans le domaine de la gestion des forêts
classées, les populations ont jusque-là considéré
la procédure de classement des forêts comme une technique
d'expropriation de leurs terres, d'où les actions violentes sur les
agents de l'administration forestière et les actes de destruction de
ressources forestières.
Les conflits entre autochtones et
allochtones : Ces conflits éclatent à cause des
ressources foncières. Ayant des droits précaires sur la terre,
toute exploitation jugée abusive ou forme d'enrichissement (par exemple
sous forme de reboisement) fait l'objet de réactions parfois violentes
de la part des autochtones s'estimant propriétaires. Ainsi, ils limitent
et interdisent, dans certains cas, des formes d'aménagement
(interdiction de planter des arbres ou de création de point d'eau) qui
pouvaient être réalisées.
Les conflits entre
autochtones : Ce type de conflits oppose
généralement des habitants d'un même village ou de villages
voisins à cause d'opportunités nouvelles créées par
les aménagements, par exemple. Ainsi, l'édification d'une retenue
d'eau ou l'aménagement d'un bas-fond suscite des dissensions et des
controverses quant à l'accès au périmètre
aménagé, car très souvent ces aménagements sont
effectués sans que les droits traditionnels (usage,
propriété, etc.) ne soient purgés sous quelque forme que
ce soit.
Les conflits pour l'accès aux ressources
foncières sont liés à l'extension des superficies
cultivées au détriment des zones autrefois utilisées pour
le pâturage. Ainsi, l'accroissement rapide des superficies agricoles dans
le Mandoul ces dernières années s'est principalement
opéré aux dépens des zones pastorales. Il y a enfin le
fait que les éleveurs transhumants rendent inopérants certains
programmes de mise en défens des pâturages.
Les conflits entre projets, programmes non
étatiques (ONG) et populations : Les projets et programmes
non étatiques sont souvent aux avant-postes dans les espaces
classés ou protégés pour des activités de
recherche, action de protection ou d'aménagement. Il se trouve souvent
en prises directes alors avec les populations. La nature et les causes de ces
types de conflit sont les mêmes que celles qui opposent les populations
et l'État. Les raisons spécifiques qui opposent surtout les ONG
et les populations sont la volonté de celles-ci de se faire l'avocat de
la défense des intérêts de certaines catégories
sociales notamment les plus vulnérables (femmes, jeunes,
minorités) dans une localité donnée.
4.7.8. Les modes de
règlement des conflits
La gestion de conflits apparaît avant tout comme un
processus plus qu'un ensemble de techniques et de procédures
rigoureusement identifiables. La gestion d'un conflit suppose que les
règles invoquées, les procédures mises en oeuvre et les
institutions impliquées soient reconnues comme légitimes par les
parties.
Au Tchad, il existe un mécanisme spécifique pour
la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs
à travers la nomination d'un médiateur national par le
Président de la République. Au Tchad, il n'existe pas à
proprement dit une loi qui devrait réglementer la transhumance. Il
existe plutôt que des accords entre des Etats et ces accords sont
largement dépassés par les contraintes écologiques et par
l'évolution du mouvement des populations et des animaux. En cas de
conflit, les protagonistes ont recours à plusieurs types de
règlement du litige et d'instances, on peut citer :
- le règlement par consensus entre les deux parties ;
- le règlement par les chefs traditionnels ;
- le règlement à l'échelle de la
sous-préfecture ou de la brigade de gendarmerie ;
- le règlement par la justice ;
- le règlement par les comités d'entente et de
dialogue mis en place soit par les protagonistes eux-mêmes, soit par les
autorités administratives.
Par rapport à notre échantillon, Goundi
et Bekamba sont les régions où l'on constate la plus
grande pluralité d'instances de gestion de conflits avec, surtout, un
nombre élevé de conflits réglés à travers la
brigade de gendarmerie et les autorités administratives. On constate
également que dans ces régions, un nombre non négligeable
de conflits n'ont pas trouvé de solution.
Par contre, dans les localités de Dilngala, Bedaya,
Bedjondo et Nderguigui, les conflits semblent se régler, pour la
plupart, par l'intermédiaire des chefs traditionnels. Dans ces
localités à tradition d'agriculteurs, les populations disposent
d'instances traditionnelles de règlement des conflits. Une personne
(souvent le plus vieux conseiller du chef de village) est
désignée parmi les notables comme intermédiaire entre les
éleveurs, les agriculteurs et le chef. Il est chargé de recenser
tous les campements d'éleveurs se trouvant dans sa juridiction, de
récupérer les redevances à payer pour l'accès aux
ressources. En contrepartie, le chef protège et règle les
éventuels conflits qui opposent les deux parties.
Dans d'autres localités, les autorités ont
défini des conditions ou principes d'exploitation permettant une gestion
rigoureuse des aires de culture et de pâturages tout en limitant la
fréquence des conflits. Actuellement, avec la diminution des terres
cultivables consécutives aux différentes sécheresses, les
conflits augmentent d'intensité.
De nombreux exemples montrent que la dégradation de
l'environnement a, par le passé, déjà contribué
à l'instabilité de la région, en particulier en donnant
lieu à des différends sur l'utilisation des ressources toujours
plus rares. Le principal problème, ce sont les poches de
désertification par la surexploitation. Ce problème est
amplifié par la sécheresse. Peu d'informations sont disponibles
pour savoir si la variabilité climatique a été un moteur
important de la dégradation des années 1980 et 90, contribuant
aux conflits présents dans la région.
4.7.9. Modes de gestion traditionnelle des
conflits
Par droit traditionnel, il faut entendre ici les coutumes, les
pratiques et les institutions ayant cours dans le village ou dans la
région. Lorsqu'un conflit éclate entre les membres d'une
communauté rurale issus d'un même village, la
préférence pour la gestion du conflit va au niveau du village.
Mais lorsque les parties en cause relèvent de
communautés ethniques ou même de villages différents, le
principe de base généralement admis est le règlement
suivant la coutume des autochtones. L'allogène doit ainsi toujours se
soumettre aux coutumes de son village d'accueil. Les parties sont
généralement représentées par les chefs coutumiers,
religieux (pasteur, curé, imam et autre patriarche lignager). Ceux-ci
sont dépositaires d'une légitimité et d'une
autorité reconnue par les populations locales et constituent les
instances de base auxquelles sont soumis les conflits.
La force principale de l'instance coutumière de
prévention et de gestion des conflits réside dans sa
proximité avec les populations et les ressources et de sa bonne
connaissance des situations de conflits. Sa force réside
également dans le fait qu'elle est plutôt une instance de
réconciliation que de sanction. Elle privilégie non pas
l'application d'une seule norme (ce qui est propre au droit moderne) mais
l'adaptation des modèles de comportements prévalant dans la
coutume aux situations contemporaines. Autre avantage non moins importants de
l'institution coutumière réside dans le fait qu'elle utilise des
règles généralement connues de tous et enracinées
dans les valeurs de croyance locales.
A la connaissance des règles s'ajoute le fait qu'il est
plus facile de saisir les autorités coutumières pour trancher un
différend que les autorités modernes souvent situées dans
des centres urbains et éloignés des populations à la base
et difficilement accessibles. Les institutions coutumières
présentent cependant des limites dues à la non prise en compte
des intérêts des groupes vulnérables (femmes, jeunes,
minoritaires migrants) contrairement aux tribunaux modernes qui eux offrent en
principe des garanties d'égalité pour toutes les
catégories.
4.7.10.
L'État et la gestion des conflits
La référence au droit moderne par les membres
des communautés rurales est assez rare. Cela s'explique par le fait que,
non seulement, ils ne se reconnaissent pas dans ses fondements mais aussi parce
que les institutions chargées de rendre la justice au nom de
l'État sont souvent éloignées d'eux. Mais on voit
néanmoins parfois des paysans utiliser l'accès à l'une ou
l'autre norme en fonction de leurs intérêts. Ceci est
particulièrement vrai pour les communautés allochtones qui, en
situation de conflit, s'efforcent de manière ponctuelle de garantir la
permanence de leur accès aux ressources naturelles contre la menace
représentée à leurs yeux par les populations
autochtones.
4.8. Redistribution
géographique des maladies transmises par les vecteurs
Les variabilités climatiques ont et auront encore des
conséquences importantes sur la santé tant humaine qu'animale
même si leur impact reste difficile à évaluer, notamment en
rapport avec les modifications de la distribution spatiale de certains vecteurs
de maladies infectieuses.
Les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes agricoles
sont aussi touchés par les variabilités climatiques, mais peu de
recherches ont été entreprises à ce sujet. Les
modifications peut-être les plus importantes pourraient se produire dans
la répartition des populations de mouches tsé-tsé et des
vecteurs de maladies humaines (comme la malaria, qui est transportée par
des moustiques). Les infestations de mouches tsé-tsé plafonnent
souvent là où le bétail peut être tenu à
l'écart des secteurs où l'agriculture est en expansion.
En effet, l'apparition des maladies animales telles que
l'Influenza aviaire, la fièvre catarrhale du mouton, la dingue, la
fièvre hémorragique et leur redistribution dans d'autres zones
géographiques que leurs zones habituelles semblent être
liée au phénomène actuel du réchauffement
planétaire. La fièvre récurrente à tique
(Ornithodoros) s'est propagée vers le Sud du pays sous l'effet
de la sécheresse qui permet à ce vecteur de coloniser de
nouvelles zones de savane, Kembe M., (1995).
4.9. Les impacts de la variabilité climatique
sur la production laitière
Dans la région du Mandoul, le potentiel laitier des
vaches n'est pas extériorisé à cause du stress dû
à la chaleur et aux aliments de faible qualité. La raison
essentielle est que plus la production est élevée plus l'effet
négatif de la chaleur est important. Au moins 40 % de l'énergie
absorbée doit être libérée hors de l'organisme sous
forme de chaleur, Janicot (1990). Dans un milieu chaud et humide, la perte de
chaleur des vaches est limitée à cause du faible pourcentage de
la surface de la peau par rapport au poids. C'est pourquoi, la vache doit
diminuer l'absorption des aliments pour résister à la chaleur
dans cette localité. De plus, la qualité des aliments, surtout
des aliments de bonne qualité est souvent faible.
Tous les animaux ont une gamme de températures
ambiantes qualifiée de zone neutre. C'est la gamme de
températures qui est propice à la santé et à la
performance. La partie supérieure de la température critique est
le point où les effets du stress de chaleur commencent à toucher
l'animal. Il y a un certain nombre de facteurs environnementaux qui contribuent
au stress dû à la chaleur. Il s'agit notamment de haute la
température, l'humidité et de l'énergie rayonnante
(lumière du soleil).
La chaleur peut être définie simplement comme le
point où la vache ne peut pas dissiper une quantité suffisante de
la chaleur du corps pour maintenir l'équilibre thermique. Les conditions
environnementales qui provoquent un stress thermique peuvent être
calculées en utilisant l'indice de température - humidité
(ITH). L'équation suivante est utilisée pour
calculer l'ITH.
ITH
= Index de Température - Humidité
Le stress dû à la chaleur commence à se
produire chez les vaches laitières quand on est au dessus de 72 ITH. Le
tableau 33 présente quelques-uns des signes que manifestent les vaches
lorsque l'ITH augmente. Notons que ces légers changements varient le
métabolisme et la production de lait de vaches avec de potentiels cas de
décès (Kembe, 1995).
Tableau 33: Effet de la
chaleur sur les vaches laitières
ITH
|
Niveau de stress
|
Commentaires
|
< 72
|
Pas de stress
|
Les vaches n'ont pas de malaises car c'est le niveau
optimal
|
72 -79
|
Léger stress
|
Les vaches se règlent en recherchant l'ombre, il y a
aussi une augmentation de fréquence respiratoire et dilatation des
vaisseaux sanguins. L'effet sur la production de lait sera minime.
|
80 -89
|
Stress modéré
|
La production de salive et la fréquence respiratoire
sont augmentées. L'ingestion d'aliments peut être diminuée
et la consommation d'eau va augmenter. Il y a une augmentation de la
température corporelle. La production de lait et la reproduction sont
diminuées.
|
90 -98
|
Stress sévère
|
Les vaches deviennent très inconfortables en raison de
la forte température du corps, la respiration rapide (essoufflement) et
de la production excessive de salive. La production de lait et la reproduction
sont nettement diminuées.
|
> 98
|
Stress dangereux
|
Un potentiel décès des vaches peut survenir car
on est plus loin au dessus du niveau optimal.
|
Source :
Service vétérinaire de Koumra, 2002.
L'influence de la chaleur sur la productivité
laitière a été démontrée dans
différentes localités de la région. Nous remarquons que la
productivité laitière baisse si l'IHT augmente. Le maintien des
besoins énergétiques pourrait augmenter de 20-30 % chez les
animaux sous stress thermique. Cela diminue l'apport d'énergie
disponible pour les fonctions productives telles que la production de lait. Le
flux sanguin vers la peau va augmenter pour tenter de dissiper la chaleur. Dans
le même temps, le flux sanguin vers le coeur de l'organisme diminue.
La production du lait est normalement en diminution pour les
vaches sous le stress thermique. Cette diminution peut être soit
transitoire ou à plus long terme en fonction de la durée et la
sévérité de la contrainte thermique. Ces diminutions de la
production de lait peuvent varier de 10 à plus de 25 %, Lallau, (2008a),
Si le stress thermique réduit la production de lait en début de
lactation des vaches, la production laitière potentielle pour
l'allaitement sera diminuée. Les vaches laitières en fin de
lactation peuvent récupérer lentement des effets du stress
thermique.
Il est aussi signalé que le stress dû à la
chaleur diminue les performances de reproduction chez la vache laitière.
Il y a un certain nombre de modifications dans les performances de reproduction
qui ont été rapportées. Les effets sur la reproduction
peuvent être prolongés. Ceux-ci comprennent:
· durée et intensité de la période
de l'oestrus diminuent,
· diminution de la fécondité ;
· diminution de la croissance, taille et
développement des follicules ovariens ;
· augmentation des risques de mortalité
embryonnaire précoce ;
· diminution de la croissance du foetus et de la taille
du poumon.
4.10. Impact de la variabilité climatique sur
la production porcine
Malgré l'amélioration des
caractéristiques des bâtiments d'élevage (isolation,
ventilation) par la population pour lutter contre les effets de la
variabilité climatique, l'augmentation de la température ambiante
au cours de certaines périodes de l'année entraîne une
perte économique importante pour l'éleveur. Dans un travail de
modélisation, Suchel (1987) estimait cette perte à environ 200
millions de francs CFA par an pour la filière porcine. Lorsque la
contrainte climatique est forte, l'optimisation des performances des porcs
nécessite d'adopter des régimes alimentaires particuliers
(aliments concentrés en énergie ou à faible
extra-chaleur.
4.10.1. Effets de la chaleur sur les performances des
porcs
La truie est
particulièrement sensible à l'augmentation brusque de la
température ambiante à la mise-bas. Les résultats des
enquêtes menées au service d'élevage de Koumra
rapportent une mortalité des truies cinq à six fois plus
importante dès lors que la température de la maternité
dépasse 39°C au moment de la mise bas. La truie en lactation est
particulièrement sensible aux températures ambiantes
élevées, ce qui est dû à un niveau d'ingestion
élevé pour satisfaire les besoins nutritionnels associés
à sa production laitière. La même enquête montre
d'une part que, quand la température est supérieure à
28°C, la truie a la seule option de réduire sa consommation
d'aliments pour maintenir son homéothermie.
La réduction de la consommation due à la chaleur
accentue le déficit nutritionnel de la truie. D'autre part, quand elle
est inferieure à 28°C, la mobilisation des réserves
corporelles permet de maintenir la croissance des porcelets et la production de
lait en compensant la réduction de la consommation. Au-dessus de
28°C, la mobilisation des réserves n'est plus suffisante pour
compenser la baisse de l'appétit et la production laitière et la
vitesse de croissance des porcelets diminuent. En plus de son effet sur la
consommation alimentaire, la température ambiante a également un
effet direct sur le métabolisme de la glande mammaire via une
redistribution du flux sanguin vers la peau au détriment de la mamelle,
Baraud et al (2003).
4.10. 2. Effets
de la chaleur sur la truie en gestation
L'exposition à la chaleur a peu de conséquence
sur leur métabolisme du fait du faible niveau d'alimentation des truies
en gestation. Elle a en revanche des effets marqués sur la fonction de
reproduction. D'importantes variations saisonnières des performances de
reproduction (intervalle sevrage-oestrus, taux de conception, mortalité
embryonnaire) sont rapportées par les éleveurs.
Ces problèmes peuvent avoir plusieurs origines.
L'allongement de l'intervalle entre le sevrage et l'oestrus dépend
principalement de l'amplitude de la mobilisation des réserves et donc de
l'adéquation entre le niveau d'ingestion et les besoins nutritionnels
pour la production laitière. Sur ce point, les truies primipares
semblent beaucoup plus sensibles que les truies multipares. La réduction
de la fécondité et l'augmentation de la mortalité
embryonnaire en été semblent être la conséquence
directe d'une forte température dans le mois suivant la saillie, mais
également des effets du climat sur les performances du verrat,
Demangeot, (2005).
4.10.3. Effets de la chaleur sur les
verrats
Des travaux menés par Dhonneur (2005) montrent que les
performances de reproduction des verrats varient en fonction de la saison.
Mais, comme pour la truie gestante, l'effet d'une température
élevée sur le métabolisme du verrat est sans doute faible
compte tenu de sa température critique inférieure (environ
25°C), en relation avec son niveau alimentaire proche de celui de
l'entretien. La température aurait un effet direct sur la
spermatogenèse via une modification de la synthèse de
testostérone. Cette altération de la spermatogenèse
entraîne une diminution de la mobilité et une augmentation des
anomalies morphologiques des spermatozoïdes. Le volume d'éjaculat
ne semble pas affecter les verrats.
4.11. Impact de la variabilité climatique sur la
production avicole
Comme tous les homéothermes, les oiseaux ont besoin
pour vivre, de maintenir leur température interne constante. Cette
dernière évolue en fonction de la température ambiante
vécue par l'animal de sorte que des températures
élevées de 35-40 °C se traduisent presque
irrémédiablement par une hyperthermie souvent mortelle.
Pour que la température corporelle des volailles soit
maintenue constante, la chaleur qu'elles produisent par les activités
physiques et des réactions biochimiques dans l'organisme, doit
être éliminée. Classiquement, cette perte de chaleur totale
est divisée en deux parties : d'une part la chaleur sensible
représentée par 70 % des calories évacuées et
d'autre part la chaleur latente de 30 % dite liée qui est
éliminée par la respiration.
Par exemple, les températures ambiantes optimales pour
la phase d'incubation des poulets locaux se situent entre 25 et 30 °C. Une
augmentation de la température ambiante de 35 à 40 °C peut
réduire la vitesse de croissance de 20 à 25 % et
un « coup de chaleur » brutal à plus de 43 °C peut tuer
près de la moitié des poulets en moins de 3 heures, Suchel,
(1987). Avec l'augmentation de la température ambiante,
les volailles réduisent leur thermogenèse et augmente leur
thermolyse. Les réactions spécifiques des oiseaux
intéressent les rythmes cardiaque et respiratoire, ainsi que
l'activité physique.
4.11.1. Augmentation de la fréquence
cardiaque
À partir d'une température ambiante de
37°C, la volaille diminue sa production de chaleur, en réduisant la
consommation alimentaire et en limitant ses déplacements. Mais
dès qu'on est au dessus de 38°C de température ambiante, il
y a élévation de la température corporelle de 41,5°
à 42,5°C, ce qui entraîne à la fois une augmentation
du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire qui se stabilisent
respectivement à 350 cycles et 50 inspirations par minute.
L'augmentation de la fréquence cardiaque s'accompagne
de la dilatation des vaisseaux sanguins périphériques avec
augmentation de la circulation sanguine au niveau de la crête, des
barbillons, de la trachée et surtout de la peau dont le flux sanguin est
multiplié par 7. Les organes internes ne sont pas irrigués, or ce
sont eux qui transforment l'aliment pour la satisfaction des besoins de
production. Il y a donc une réduction de l'absorption intestinale
d'où la baisse de la digestibilité alimentaire, (Saley, 2002).
Mais entre temps, cette vasodilatation permet
d'accroître la perte de chaleur par la peau et l'accroissement de la
consommation de l'eau d'où le gonflement de la crête et des
barbillons. Ce réflexe physiologique améliore les
déperditions de chaleur au niveau de ces organes.
4.11.2. Augmentation du rythme
respiratoire
À partir de la température ambiante 39°C
avec une hygrométrie élevée, la température
corporelle atteint 44°C. L'augmentation du rythme cardiaque ne suffit plus
à baisser la fièvre vécue par le poulet.
Un autre phénomène est l'augmentation de la
fréquence respiratoire qui atteint 140 à 170 inspirations par
minute voire 300 inspirations par minute quand la température
dépasse plus 42°C, (PNUD, 2008). L'animal
maintient le bec ouvert, on dit qu'il halète : c'est
l'hyperventilation pulmonaire ou halètement encore appelé effet
Panting. Cela conduit à la modification de l'équilibre
acido-basique sanguin et une alcalose dite respiratoire, (Vissin, 2001), avec
des pertes urinaires de bicarbonate de calcium.
En phase finale, la température interne du poulet
atteint 46-47°C, son rythme cardiaque passe de 500 à 600 cycles par
minute et la fréquence respiratoire atteint sa limite à 200
inspirations par minute. L'animal meurt alors d'hyperthermie, alcalose
respiratoire, arrêt cardiaque ou par arrêt respiratoire.
4.11.3. Activités physiques des volailles et
effets de la chaleur
Parallèlement à l'hyperventilation
(évaporation pulmonaire), les oiseaux en hyperthermie maintiennent les
ailes écartées et les plumes ébouriffées pour
dissiper un maximum de calories. Leurs déplacements sont limités
au strict minimum. Ils recherchent seulement les endroits ventilés et
« ombragés ». Si la température ambiante ne
baisse pas, il arrive la phase de coma au cours de laquelle les animaux cessent
toute activité. Ils « plantent » leur bec dans la
litière et restent en prostration thermique.
4.11.4.
Conséquences de la chaleur sur les performances zootechniques des
volailles
Chez les poulets de chair, la chaleur excessive surtout
pendant la période de finition des poulets, se traduit souvent un
désastre économique car elle entraîne des mortalités
importantes. Durant la croissance et l'engraissement, la réduction de la
consommation alimentaire engendrée par l'excès de chaleur
entraîne une baisse des performances de croissance avec toutefois des
variations liées aux souches.
4.12. Impact de la variabilité climatique sur
les productions halieutiques
La pêche dans le fleuve Bahr Sara ainsi que dans les
petits cours d'eau permanents et intermittents procure une part importante des
protéines consommées dans la région. Mais, peu de
recherches ont été menées sur les impacts de la
variabilité climatique sur la pêche qui, est menacée par
la surexploitation.
Les variabilités climatiques des cinq dernières
décennies constituent un stress supplémentaire à cette
surexploitation des poissons. Les variables les plus impliquées sont les
changements de la température des eaux, les vents, l'acidification de
l'eau, les changements des précipitations mais aussi la pollution des
eaux et autres.
La pêche est de moins en moins productive depuis plus de
deux décennies dans les points d'eau des sites d'étude. Les
ressources halieutiques occupent une place importante dans le régime
alimentaire des communautés locales de la région. Aux dires des
populations, les cours d'eaux de la région ne sont plus poissonneux
comme par le passé.
Les jeunes n'organisent plus de compétitions de
natation et de courses de pirogues dans le fleuve, les marigots et les mares.
L'eau de lagune est utilisée par les femmes pour laver les ustensiles
qu'elles utilisent pour le repas. Il ressort aussi des entretiens que les
jeunes des différents sites se disent prêts à quitter ces
espaces pour de nouveaux sites de recasement si cela leur était
proposé. Certains pêcheurs se plaignent de plus en plus de
démangeaisons du corps et lient ce fait à la qualité
décroissante de l'eau dans laquelle ils pêchent. Quant aux
adolescents, ils continuent à s'y baigner.
Tableau 34:
Différents systèmes de production des bovins
Avantages
|
Zootechnique et Sanitaire
|
Système semi-intensif
|
Système extensif
|
Pâturage, complémentation des animaux à la
ferme, amélioration de la production (lait et viande),
amélioration de la santé des animaux par les soins
vétérinaires, amélioration des techniques de
l'élevage
|
Elevage de races locales pures et résistantes aux
maladies (trypanosomiases)
|
Economique
|
Source de revenus pour les ménages, productivité
moyenne
|
Source de revenus pour plus de 10 000 familles pastorales
|
Ecologique
|
Faible dégradation des sols, définition et
amélioration des parcours, faible pollution de l'environnement
|
Bien adapté, faible production des gaz à effet
de serre (N2O, CH4)
|
Inconvénients
|
Zootechnique et Sanitaire
|
Faible adaptation des métis aux conditions climatiques
|
Transhumance et divagation, surpâturage, alimentation
sans complémentation
|
Economique
|
Peu de moyens pour s'approvisionner en aliment
concentré
|
Faible productivité, forte mortalité des animaux
en cas d'événements extrêmes ( pluies torrentielles,...)
|
Ecologique
|
Production des gaz à effet de serre considérable
|
Dégradation des sols, déforestation, manque
d'eau, migration, augmentation de la mortalité des animaux, concurrence
entre éleveurs, famine et pauvreté, redistribution des maladies
vectorielles (trypanosomiases)
|
Source : Direction des
ressources animales, 2008
D'après le tableau 34, l'élevage extensif
beaucoup pratiqué dans la région serait mieux adapté aux
variabilités climatiques même si son impact sur l'environnement
est non négligeable. Le système semi intensif offre une marge
économique considérable de par sa grande productivité en
lait et en viande. Il offre aussi une source de revenus pour les ménages
avec une productivité moyenne.
Tableau 35: Cas des
productions porcine et avicole
Avantages
|
Zootechnique et Sanitaire
|
Porcs
|
Volaille
|
Forte productivité, haute performance
(fertilité, fécondité,...), sélection des animaux
adaptés à la chaleur
|
Souches adaptés à la chaleur (cou-nu, et
naines), aliments avec des vitamines, favoriser la souche locale plus
résistante
|
Economique
|
Productivité élevée (viandes)
|
Production sur une courte période (35 à 50 jours
pour les poulets de chair), - production des oeufs de consommation à
moindre coût
|
Ecologique
|
Fertilisation des sols par le lisier
|
Production quasi nulle des gaz à effet de serre
|
Inconvénients
|
Zootechnique et Sanitaire
|
Truie : Sensible à la chaleur, à la mise
bas avec une réduction de la consommation alimentaire, baisse des
performances, réduction de la fécondité, augmentation
des pathologies
|
Volailles très sensibles à la chaleur, baisse
des performances
|
Economique
|
Perte par mortalité des animaux
|
Perte des animaux par mortalité cardiaque en cas de
coup de chaleur
|
Ecologique
|
Pollution de l'environnement, les odeurs de voisinages,
eutrophisation, acidification par les polluants, utilisation d'énergie,
production importante de N2O et du CH4
|
Pollution environnementale par les déjections
(N2O)
|
Source : Direction des
ressources animales, 2008.
Dans la région du Mandoul, il serait mieux de pratiquer
le système semi-intensif, car il offre plusieurs avantages notamment en
matière de l'amélioration de la race et une bonne alimentation
par la complémentation en aliments concentrés. La
productivité est aussi élevée par rapport à
l'élevage extensif où les animaux sont usés par les
parcours longs durant la transhumance pour la recherche des points d'eau et des
pâturages. Les impacts liés aux insuffisances
pluviométriques sont réels sur la production animale. L'impact
sur les ressources naturelles complique la tâche aux éleveurs de
la région.
Conclusion
D'une manière générale, nous dirons qu'en
nous basant sur la variabilité climatique qui explique la variation de
la production pastorale, nous avons eu à dégager les faits
suivants : il y a eu plus d'années déficitaires que
d'années excédentaires au cours de ces cinquante dernières
années (cf chapitre 2); le nombre de mois procurant des conditions
hydriques seuils au développement des plantes a varié de 3
à 5 de 1985 à 2008 et les conditions hydriques optimales pendant
deux mois.
L'histoire ne se répète pas, et le retour
même prolongé de conditions climatiques satisfaisantes ne suffira
pas à régler les problèmes de cette région. Tout au
plus les masquera-t-il à nouveau quelque temps. Les capacités
d'accueil et de production du milieu se sont considérablement
réduites. Les pratiques pastorales elles-mêmes se sont
détériorées, les systèmes d'exploitation du milieu
ont perdu de leur efficacité. Le champ du possible s'est
contracté pour tous les habitants, pour toutes les unités de
production. Les réponses qui seront apportées à la crise
relèvent dans une large mesure de tactiques très conjoncturelles
et de comportements d'adaptation et non de fuite.
Restaurer une certaine aptitude à faire face à
l'aléa climatique suppose, dans l'état actuel des choses, que
l'on relève également les niveaux de production pour les rendre
plus en accord avec ceux des besoins exprimés. Tempérer les
effets des variations interannuelles du climat et assurer la viabilité
dans l'avenir des systèmes d'exploitation exige par ailleurs de
restaurer puis de stabiliser certaines conditions du milieu. Il s'agit donc
à la fois de faire évoluer les techniques de production
pastorale, notamment dans un sens d'une économie et d'une meilleure
valorisation des ressources rares (l'eau et fourrage en particulier), et en
outre d'agir sur le milieu pour enrayer des processus de dégradation et
accroître des capacités productives.
La vie dans ce cadre fragile au climat capricieux exige la
mise sur pied des techniques d'adaptation aux insuffisances
pluviométriques. Les éleveurs doivent relever ce défi pour
leur survie et celle de leur activité. C'est donc ce défi
d'adaptation auxquels les populations locales de la région de Mandoul
font face que nous verrons dans les prochains chapitres.
TROISIEME PARTIE
ADAPTATION DES ACTIVITES
AGROPASTORALES FACE A LA VARIABILITE CLIMATIQUE
Cette troisième partie met en exergue l'adaptation des
populations locales comme une résilience ou une réponse à
la variabilité climatique. Elle est constituée de deux chapitres
qui présentent les résultats à travers les
différentes stratégies d'adaptation mises en place par les
populations. Ainsi, globalement, les populations de la région du Mandoul
ont une bonne perception de l'évolution climatique de leur milieu. Leurs
constats sont unanimes concernant les décennies passées. Les
pluies étaient abondantes et régulières avec une bonne
répartition spatiale et temporelle. Aujourd'hui, on observe une
très forte variabilité des événements pluvieux
caractérisés par le raccourcissement de la saison pluvieuse, la
baisse progressive des quantités d'eau enregistrées, les poches
de sécheresse et la mauvaise répartition des pluies. Ce qui
nécessite des mesures d'adaptation qui se développent à
mesure que les populations comprennent mieux l'urgence d'affronter les impacts
actuels et potentiels à la variabilité climatique.
CHAPITRE V:
ADAPTATION DES SYSTEMES AGRICOLES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA REGION DU
MANDOUL
Introduction :
Ce chapitre a pour objectif d'analyser les perceptions
paysannes de la variabilité climatique au regard des résultats
d'analyses climatologiques. A cet effet, elle a disposé des
données climatiques et des perceptions paysannes de la
variabilité climatique recueillies auprès de plusieurs chefs
d'exploitation agricoles et des stations. Les perceptions paysannes font
état de la diminution et de l'irrégularité des pluies,
d'un dérèglement des saisons des pluies et des changements des
températures et des vitesses des vents. Des divergences existent entre
les perceptions et les observations climatiques, notamment en ce qui concerne
la hausse des températures et la baisse des vitesses de vents pendant la
saison des pluies et la hausse du cumul pluviométrique à partir
des années 1990. L'adoption des mesures d'adaptation aux aléas
climatiques étant en partie fonction de la perception de la
variabilité climatique, il importe de comprendre la cause de cette
divergence de perception pour renforcer les capacités d'adaptation des
paysans face aux aléas climatiques. L'étude nous permettra de
comprendre comment les activités humaines s'adaptent à la
variabilité climatique ou encore, comment les populations ainsi que les
institutions vivent et réagissent face à des
événements exceptionnels.
5.1. Les faits
Dans cette région fortement agricole, les saisons de
pluies sur lesquelles se fondent les agriculteurs deviennent de moins en moins
imprévisibles. Il y existe une plus grande variation des
précipitations, qui sont très fortes au début et à
la fin de la saison pluvieuse. A cela s'ajoute une augmentation significative
des températures de surface aussi bien pendant la saison sèche
que pendant la saison des pluies. On note également des pluies
très agressives de courte durée, une érosion
accentuée sur les pentes et des sols dénudés par vitesse
d'écoulement plus rapide des eaux de surface, une sécheresse
accentuée, une faible disponibilité de l'eau dans le sol, de la
perte de semailles, etc.
La zone est particulièrement vulnérable à
la variabilité climatique en raison notamment de son agriculture
pluviale. Pour l'année 2008, des études indiquent que 587
hectares de cultures ont été inondés, dont 384 ha
irrécupérables, Lienou et al. (2005). Ces
bouleversements provoquent une grande désorganisation des agriculteurs,
qui dénoncent la perte de leurs anciens repères saisonniers,
l'accroissement des pertes de récoltes et les menaces
d'insécurité alimentaire.
La réduction et l'inégalité des pluies,
la baisse des rendements agricoles, la hausse des prix des denrées,
l'accroissement de la population, le manque d'eau aux cultures en fin de cycle,
la destruction des récoltes et le déplacement des périodes
de semis sont, entre autres, les difficultés auxquelles font face les
producteurs. Face aux multiples constats que font les producteurs sur la
variabilité climatique dans la région du Mandoul, plusieurs
stratégies (traditionnelles, modernes, etc.) se sont
développées pour une meilleure adaptation. Cependant, il existe
un certain nombre des contraintes qui freinent le bon développement de
ces stratégies. Nous avons au cours de nos
travaux parcouru la zone d'étude. Ce parcours nous a permis d'observer
et de photographier certaines pratiques. Les différents résultats
de nos travaux seront présentés et suivis d'une discussion. Ceci
ouvrira la porte à la vérification des hypothèses.
5.1.1. Résultat des
répondants
Cet item comprend trois éléments : le sexe,
l'âge, la répartition géographique des répondants et
la situation professionnelle.
Figure 37:
Répartition des répondants selon le sexe.
La figure 36 nous a permis de comprendre l'importance
accordée aux deux sexes et l'orientation adoptée pour aborder ce
thème. Sur 120 femmes sollicitées pour l'enquête, 98 ont
répondu tandis que sur 200 hommes, 152 ont répondu soit un total
de 250 répondants.
Figure 37:
Répartition géographique des répondants
La figure 37 nous présente la répartition
géographique des répondants au cours de notre enquête dans
la région du Mandoul. Ainsi, par rapport à la
disponibilité de répondre aux différentes questions
posées, nous avons enregistré dans le département du
Mandoul-Ouest 80 personnes dont 50 hommes et 30 femmes. Dans le
département du Mandoul-Est, 80 hommes et 33 femmes ont été
interrogés soit un total de 113 personnes.
Enfin dans le département de Bahr Sara, 87 personnes
ont répondu à nos questions dont 52 hommes et 35 femmes. Il faut
remarquer que le faible taux des répondants féminins est
lié à l'attitude méfiante et soumise des femmes de la
région. Dans le tableau 36 suivant, nous verrons la répartition
de nos répondants.
Tableau 36 :
Répartition des répondants selon les tranches d'âge et le
sexe.
Xi
|
Hommes
|
Femmes
|
Ni
|
Pi (%)
|
15-24
|
23
|
12
|
35
|
14
|
25-34
|
35
|
24
|
59
|
23,6
|
35-44
|
41
|
24
|
65
|
26
|
45-54
|
47
|
33
|
80
|
32
|
55 et +
|
06
|
05
|
11
|
04,4
|
TOTAL
|
152
|
98
|
250
|
100
|
Figure 38 :
Répartition des répondants par tranche d'âge et
sexe
Sur la figure 38, nous constatons que l'âge minimum de
nos répondants est de 15 ans et le maximum va de la tranche d'âge
de 55 ans et au delà. L'espérance de vie est de 45 ans depuis le
recensement général des populations et de l'habitat fait par
l'Inseed en 2009. Les personnes qui ont le plus répondu
à nos questions et qui semblent être conscients des
problèmes évoqués se trouvent dans les tranches
d'âge de 35 à 44 et de 45 à 55 ans, soit respectivement 26
% et 32 % du total des répondants.
Figure 39: Situation
professionnelle des répondants.
La figure 39 présente l'importance des
répondants à nos différentes questions. Les agriculteurs
et les éleveurs sont les plus nombreux à répondre avec
respectivement 20,8 % et 17,6 %. Ce sont les plus concernés par les
mesures d'adaptation agropastorales pour répondre à la
variabilité climatique. Ils sont suivis par les commerçants (17,2
%) et les chefs traditionnels (12 %) avant que n'arrivent les autres.
5.1.2. Les perceptions des
répondants sur la variabilité climatique
Il s'agit des perceptions des répondants sur certains
événements récents ou lointains qui les ont marqués
et dont la cause est attribuée aux longs changements des
températures ou des précipitations moyennes ou même de
certaines variations climatiques telles que le retard de l'installation de la
saison des pluies ou une fin précoce de celle-ci et des
dégâts causés par les inondations. Ces perceptions,
résumées ci-dessous concernent leurs champs sur lesquels ils ont
travaillé des années durant. Il s'agit de :
Ø la pourriture des grains semés ;
Ø la multiplication des ennemis des cultures tels que
le Striga, les insectes ;
Ø la fin précoce des précipitations qui
entraîne la production des épis mal développés ;
Ø des inondations qui envahissent les bas- fonds ;
Ø la disparition des certaines espèces
végétales ;
Ø la lenteur de croissance des cultures ;
Ø les brûlures, les jaunissements et le nanisme
sur les cultures ;
Ø la réduction du nombre de tallage et la
production des épis stériles ;
Ø le fanage des feuilles du niébé
à la ramification et de la fonte des ses fleurs ;
Ø la germination et la pourriture des grains des
épis en fin de campagne.
Figure 40: Perception de
la variabilité climatique par les populations de la
région
Cette perception de nos répondants apparait clairement
car il y a prise de conscience auprès de 97,6 %, soit 244 personnes sur
250 répondants. Cela dénote de la perception du
phénomène depuis déjà des années.
Globalement, l'ensemble de la population estime que, ces dernières
décennies, tous les phénomènes
énumérés ci-haut entravent la bonne pratique de
l'agriculture.
La perception unanime de la population peut s'expliquer aussi
par le fait que les ressources naturelles se raréfient. Les
récoltes et les pâturages se dessèchent, les mares
tarissent. De plus en plus, les sols perdent leur couvert
végétal. Certaines espèces herbacées disparaissent
progressivement tandis que d'autres moins appétées colonisent le
milieu.
5.1.3. La
variabilité du climat observée depuis des décennies en
agriculture
Globalement, les populations ont une bonne perception de
l'évolution climatique de leur milieu. Leurs constats sont unanimes
concernant les décennies passées. Les pluies étaient
abondantes et régulières avec une bonne répartition
spatiale et temporelle. Aujourd'hui, on observe une très forte
variabilité des événements pluvieux
caractérisés par le raccourcissement de la saison hivernale, la
baisse progressive des quantités d'eau enregistrées, les poches
de sécheresse et la mauvaise répartition des pluies.
Vers le sud de Dembo à la frontière
Centrafricaine, les paysans attestent qu'il y a deux à trois
décennies, la saison pluvieuse durait 7 mois (avril à octobre),
alors qu'aujourd'hui elle ne dure plus que 4 à 5 mois (de juin à
septembre-octobre).
Selon les populations locales, d'autres risques non moins
importants ont été identifiés : ce sont les arrêts
précoces des pluies, les débuts précoces ou tardifs des
saisons pluvieuses, les pluies intenses, les pluies tardives, les vents forts
et les fortes températures. La figure 41 permet de voir la
répartition des impacts de la variabilité climatique tels que
perçus par les populations.
Figure 41 :
Répartition spatiale des impacts de la variabilité
climatique
Cette figure 41 nous permet de comprendre l'impact de la
variabilité climatique sur la région. A l'ouest de la ville de
Koumra, Bedjondo et Goundi, où l'on constate
la disparition de la savane arborée, l'impact reste très fort par
rapport au sud de la région où il est modéré avec
une dégradation avancée des sols et de la
végétation entre Magoumbou et Moissala.
Dans cette même localité où on ressent un
impact fort de la variabilité climatique, la production agricole est
marquée par une évolution en dents de scie pour toutes les
spéculations. L'inconstance des superficies emblavées et la
baisse de la pluviométrie entre 1996 et 1998 sont entre autres à
l'origine de cette situation qui se traduit par des rendements très
fluctuants.
Les populations locales tiennent à
l'amélioration des variétés culturales, à
l'exploitation des milieux favorables et à la restauration des biotopes
fragilisés. La formation et la mise à niveau des producteurs,
l'adoption d'un système de production approprié
(variétés peu exigeantes en eau et à cycle court), le
développement des champs semenciers et la protection des sols permet aux
producteurs de réaliser une agriculture productive.
Il apparait aussi à l'analyse de ces facteurs que la
densité du couvert herbacé, les rythmes pluviométriques et
les densités humaines se combinent pour rendre compte de la
variabilité climatique dans les localités. C'est ainsi que le sud
de la région du Mandoul, soumis à des précipitations
abondantes est relativement à l'abri des aléas climatiques. On
observe néanmoins une extension de la savane arbustive à
l'ouverture de laquelle la mauvaise pratique agricole joue un rôle
important.
Dans ces localités, l'influence des densités
humaines sur la formation végétale est aussi sujette à
controverse. Car elles contribuent à la dégradation massive de la
végétation et du sol. Toutefois, le degré de conscience
élevé des populations à la variabilité climatique
fait que des mesures d'adaptation commencent par atténuer certaines
difficultés dans la production. C'est ce qui se remarque à
travers le tableau 37 où toutes les localités sont
représentées.Tableau
37 : Manifestation des aléas et prise de conscience des
populations
Zone
|
Aléa
|
Degré de conscience de la population
|
Densité de population
|
Risque de perte agricole
|
Risque de perte en élevage
|
Stratégies de réponse
|
Désignation
|
Manifestation
|
Evolution possible dans 50 ans
|
Mandoul-ouest
|
Sécheresse
|
Tarissement des cours d'eau ; rareté des pluies...
|
Ensablement et désertification
|
Très consciente
|
47,8 hbts/Km2
|
Elevé
|
Elevé
|
Changement des techniques de production et semis des
variétés précoces
|
Inondation
|
Forte pluies, destruction des champs, dégâts
matériels et humaines
|
Prolifération des maladies et persistance des risques et
de la famine, érosion des sols
|
Construction des cordons pierreux et éviter les cultures
de bas fonds
|
Mandoul-Est
|
Sécheresse
|
Tarissement des cours d'eau ; rareté des pluies...
|
Désertification et rareté de la faune et de la
flore
|
Consciente
|
38,5 hbts/km2
|
Elevé
|
Elevé
|
Changement des techniques de production
|
Inondation
|
Forte pluies,
dégâts matériels et humaines
|
Prolifération des maladies et persistance des risques et
de la famine, érosion des sols
|
Construction des cordons pierreux et culture du riz
|
Barh Sara
|
Sécheresse
|
Tarissement des cours d'eau ; rareté des pluies...
|
Disparition des forêts au profit de la savane
|
Moyennement consciente
|
14,3 hbts/km2
|
Elevé
|
Elevé
|
Changement des techniques de production et semis des
variétés précoces
|
Inondation
|
Forte pluies, dégâts matériels et
humaines...
|
Prolifération des maladies et persistance des risques
|
culture du riz et des plantes qui aiment l'eau
|
Selon le Chef de village de Maïnané,
Ngueïtan Paul, il se dit être conscient de ce changement
observé à travers la pluviométrie « Depuis
1970, nous avons constaté qu'il y a des perturbations importantes dans
le calendrier agricole de notre zone de production. Les pluies commencent en
mars/avril et prennent fin à la mi-octobre. Aujourd'hui les paysans de
mon village ne peuvent plus rien prévoir en matière de
pluviométrie. Parfois les pluies sont totalement absentes, parfois trop
abondantes.
Au cours de la campagne agricole 1984 par exemple, la
saison pluvieuse a été très désastreuse, avec une
longue période de sécheresse. La recherche agricole tchadienne
est également déboussolée et ne sait plus quels conseils
donner aux producteurs. De plus, les pluies sont devenues très
localisées : lors d'une même campagne agricole, sur une
même région comme celle du Mandoul, certains producteurs peuvent
souffrir de périodes de sécheresse à l'ouest alors que
ceux de l'Est sont bien arrosés. In fine, le producteur est
hésitant face à l'incertitude des pluies et les récoltes
sont imprévisibles ».
La majorité des producteurs questionnés au cours
de nos sorties de terrain affirment, qu'au cours de ces dix dernières
années (1999-2009), on assiste quand même à une
amélioration du point de vue conditions climatiques, contrairement aux
années précédentes où ils ont connu des
répétitions de poches de sécheresse, soit en début,
au milieu ou en fin de campagne.
En ce qui concerne la variabilité climatique, les
habitants de cette zone affirment que dans le passé, "après une
pluie, persiste un froid excessif ", mais que de nos jours, "après une
pluie, il est même possible de dormir dehors à la belle
étoile". Ce constat exprime une certaine augmentation des
températures moyennes durant les trois dernières
décennies. Et cette augmentation est d'autant plus importante que
même après la pluie, les températures ne descendent pas
à de très faibles valeurs.
Les mêmes producteurs disaient, qu'ils se rappellent
encore quand ils étaient jeunes, dans les années 70, deux
à trois grains suffisent pour semer un poquet, mais que aujourd'hui, "il
faut plus de sept grains pour semer un poquet". Ils expliquent que la
moitié de grains semés pourrit à cause de la chaleur. A
propos des ennemis des cultures, ils disent que dans le passé, "ils
n'avaient pas besoin de pesticides pour garantir une bonne production" mais
qu'aujourd'hui "sans pesticide, ils ne peuvent pas produire du
niébé". Et ils attribuent la multiplication des ennemis des
cultures (Striga et insectes) en partie à l'augmentation de la chaleur
donc des températures.
Figure 42 :
Causes liées à la variabilité climatique
L'enquête révèle sur la figure 42 que la
plupart des personnes interrogées ont pris conscience de la
variabilité climatique et en attribuent les causes: à l'abattage
des arbres (la déforestation) pour 34,4 %, à la
variabilité naturelle pour 11,6 %, aux incendies de forêts pour 6
%, aux activités agropastorales à 45,6 % et 2,4 % aux autres
facteurs.
Figure 43 :
Conséquences de la variabilité climatique sur l'agriculture
Sur la figure 43, on constate que parmi les bouleversements
observés dans le secteur agricole et considérés comme
conséquences directes de la variabilité climatique,
l'étude cite: la baisse du rendement des cultures à 30,8 %, la
prolifération des ravageurs à 14 %, la perte totale des
récoltes à 25,6 %, la multiplication des maladies affectant les
cultures à 27,5 % et 2 % sont réservés aux autres
facteurs. Les personnes interrogées estiment également que les
paysans sont les plus vulnérables à la variabilité
climatique. Selon elles, le meilleur moyen de s'adapter à cette
variabilité climatique consiste soit à pratiquer la
diversification des cultures, la rotation des cultures ou le paillage
(mulch), soit à opter pour des variétés de
cultures à cycle court.
5.1.4. Les contraintes
à l'adoption des stratégies nécessaires à la
variabilité climatique
Si les aléas et les insuffisances
pluviométriques font peser des risques évidents aux
activités agricoles, les pratiques mises en oeuvre témoignent de
la perception de ces conditions de milieu et tentent, par diverses voies,
d'atténuer l'impact défavorable des perturbations de la
variabilité climatique.
Bien qu'exclusivement manuelles, les techniques culturales
apparaissent adaptées à la mise en valeur agricole de grands
espaces dans un contexte d'aléas climatiques élevés. La
culture du mil (Pennisetum typhoïdes) occupe
préférentiellement les sols sableux profonds. Dans ces sols
très filtrants à faible capacité de rétention, le
temps disponible pour le semis après une pluie d'une vingtaine de
millimètres est réduit, d'autant qu'en tout début
d'hivernage le pouvoir évaporant de l'air reste intense. L'agriculteur
ne dispose généralement que de un ou deux jours pour
réaliser cette opération. Or, assurer une implantation
précoce de la culture constitue le plus souvent dans la région
une condition impérative d'obtention d'un niveau de rendement
appréciable.
Il importe donc de tirer au mieux parti des premières
pluies utiles, par ailleurs fréquemment fragmentées dans le temps
et inégalement distribuées dans l'espace. Autrement dit, un semis
précoce se trouve a priori affecté d'une espérance de
rendement élevé, mais en contrepartie d'une forte incertitude
quant à la réussite d'implantation du peuplement
végétal. La technique de semis doit donc être
d'exécution rapide et de coût limité, de manière
à minimiser les conséquences d'un échec d'autant plus
probable que le semis est plus précoce. Conditions parfaitement remplies
puisque cette opération, réalisée sans travail du sol
préalable, ne requiert qu'une très faible quantité de
semences (3 à 4 kg/ha) et de travail (8 à 9 heures/ha).
La technique se déroule en deux temps : le creusement
des trous de semis à l'aide d'une houe-pioche, légèrement
abaissée tous les deux pas au rythme de la marche (soit 5 à 6 000
poquets par ha), puis le semis proprement dit consistant, en position debout,
à laisser tomber une pincée de grains dans chaque trou,
comblé et tassé ensuite rapidement à l'aide du pied. Tout
le potentiel de main d'oeuvre familiale, jeunes enfants compris, est mis
à contribution si nécessaire à cet effet, pendant un bref
laps de temps. Quatre personnes travaillant ensemble peuvent ainsi,
après une pluie, semer une parcelle de 2,5 ha (taille moyenne d'une
parcelle de mil) dans la journée.
On comprend que l'agriculteur, dans ces conditions, se hasarde
à semer dans des situations très incertaines et marginales. C'est
ainsi que l'on a pu assister, en 1978, au semis généralisé
du mil à l'occasion d'une première pluie exceptionnellement
précoce, le 26 avril (12 à 35 mm suivant les sites). Pari perdu,
puisqu'il a fallu attendre le 6 juin, soit 41 jours, pour enregistrer une
seconde pluie supérieure à 5 mm, et que toutes les plantules
avaient dépéri entre temps.
D'une manière générale, des semis et
resemis successifs sont effectués en début de saison à
l'occasion des différents épisodes pluvieux, et ceci
jusqu'à des dates parfois très avancées, avec alors
l'espoir que le mil parviendra à maturité grâce à
une fin tardive de la saison des pluies. Le grand nombre de grains semés
par poquet (70 en moyenne), leur étagement dans les dix premiers
centimètres du sol, contribuent en outre à accroître les
chances de levée puis de survie de quelques plantules au moins dans des
conditions non prévisibles d'évolution ultérieure de
l'état hydrique des horizons superficiels.
L'agriculteur module enfin sa technique en fonction des
caractères du milieu, préférant par exemple attendre
l'installation régulière des pluies pour semer les plages de sol
battu, les parcelles en position ruisselante, ainsi que les zones de
concentration de la fumure animale.
Au total, on voit, des itinéraires techniques
extrêmement simples, ne faisant pas appel aux intrants, peu exigeants en
travail, et artificialisant très peu le milieu, permettant la mise en
culture de surfaces étendues : 2 ha environ par actif, 0,73 ha par
habitant. Malgré une bonne perception des impacts liés à
la variabilité climatique et les stratégies d'adaptation mises en
place, les agriculteurs se trouvent confrontés à des contraintes
de mise en oeuvre liées à plusieurs facteurs. Il s'agit de :
- la mauvaise qualité des terres due à leur
exploitation ininterrompue depuis plusieurs décennies et aux mauvaises
pratiques, agricoles. La grande majorité des terres est d'une
très grande pauvreté en attestent ces témoignages : «
Il y a quelques années, on n'avait pas besoin d'engrais pour faire de
bonnes productions mais aujourd'hui, il est impossible de produire sans
l'utilisation d'engrais » :
- la faible production de fumure organique et de la
cherté de l'engrais chimique ;
- sous-équipement des paysans en matériels
agricoles et de production de fumure et l'absence d'infrastructures
hydrauliques villageoises (puits, micro barrages) ;
- mauvaise pratique culturale basée sur l'agriculture
itinérante.
Les paysans de l'ensemble de la zone ont souligné que
la pauvreté de personnes est également une contrainte importante
à l'adoption des stratégies nécessaires. Celle-ci est
imputable aux faibles revenus des exploitations qui ne permettent pas de faire
des ajustements nécessaires.
Il y a également l'exploitation non
contrôlée des régénérations d'espèces
végétales surtout par les femmes, l'insuffisance d'encadrement et
l'arrêt des travaux initiés par les projets puisque les
comités de gestion n'arrivent toujours pas à être à
la hauteur de cette tâche. Enfin, il faut noter la dégradation des
terres agricoles et l'insuffisance des variétés
précoces.
5.1.5. Les
stratégies d'adaptation à la variabilité
climatique
Face aux impacts des différents risques climatiques,
les populations ont développé plusieurs stratégies
d'adaptation. Les stratégies d'adaptation ne concernent non seulement
les actions menées pour faire face aux effets de temps en termes de
fluctuations de température, de précipitations et de vent, mais
également aux différents ajustements que font les agriculteurs
sur leurs champs pour palier à ces variations. C'est ce qui s'explique
à travers cette figure 44, où chaque localité adopte une
stratégie qui se diffère d'une autre localité.
Figure 44 :
Stratégies d'adaptation
Dans la région du Mandoul, les populations adoptent des
stratégies d'adaptation à la variabilité climatique selon
les terroirs.
Ainsi, Au nord et à l'Est de la région, les
populations sont très conscientes des risques climatiques. Sous l'appui
des ONG, elles s'organisent en association villageoise ou en groupement pour
sensibiliser les populations à adopter des nouvelles techniques
culturales. Ces techniques consistent à introduire la matière
organique dans la fertilisation des sols et à pratiquer le reboisement.
Cette localité de forte densité humaine est la plus
affectée par la variabilité climatique, ce qui pousse la jeunesse
à quitter chaque année massivement la localité à
cause de la rareté des terres fertiles.
Au sud de la région, dans les localités de
Moissala et de Koyo, il y a une faible perception des risques
de la variabilité climatique, car les populations s'adonnent beaucoup
aux activités de la pêche. Entre Magoubou et
Moissala, la mauvaise pratique culturale basée sur
l'utilisation abusive des engrais chimiques a fini par créer une poche
de désert qui a fortement dégradé le couvert
végétal.
D'une manière générale, on constate aussi
une disparité entre les terroirs et les différentes techniques
d'adaptation adoptées. A Bedaya, les champs non labourés
bénéficient d'un buttage attelé. Les lits des semis sont
parallèles aux lits de la vallée. A Bekourou, le labour,
le buttage et le rapprochement des sarclages sont les seules stratégies
d'augmentation de la capacité des sols à retenir l'eau.
L'enchaînement sarclage-buttage à
extrémités des creux fermés n'est effectué que par
peu de personnes. A Ngoumou dans le département du Bahr Sara,
le labour et le buttage attelé ne sont pas très répandus.
La division des parcelles en casiers reste la technique la plus
appliquée. La population est restée très favorable, car
cette technique à permis d'augmenter le rendement à l'hectare.
Figure 45 : Quelques
stratégies mises en place
Ainsi, la figure 45 illustre l'enquête auprès des
agriculteurs de la région. Les données permettant de
réaliser la figure sont intégrées dans les
différents commentaires suivants.
5.1.6.
Développement des cultures en terrasses
Sur 82 agriculteurs interrogés, 06 personnes soit 07,31
% pratiquent les cultures en terrasse. Cette pratique consiste à tracer
de billons herbeux en courbes de niveau sur des pentes plus ou moins fortes
afin de retenir la couche arable qui pourrait être emportée par
l'érosion hydrique. Elle est pratiquée surtout dans les Savanes
de Péni et Goundi ainsi qu'à la bordure des
vallées du Mandoul.
5.1.7..
Utilisation de variétés précoces
A cause de l'interruption précoce des pluies, les
variétés précoces sont utilisées par bon nombre
d'agriculteurs de la région. Ainsi, 16 répondants soit 19,51 %
des enquêtés utilisent les variétés précoces.
Certaines espèces tardives de céréales ont
été délaissées au profit d'espèces
hâtives pour mieux faire face au raccourcissement de la saison pluvieuse.
Il y a aussi le remplacement des variétés traditionnellement
à cycle long cultivées par des variétés à
cycle court. Dans le département du Bahr-Sara, excepté le mil
précoce "Godje", les paysans s'intéressent très
peu aux variétés précoces. Tandis dans les régions
du Mandoul-est et Ouest, on note une plus grande importance accordée aux
variétés précoces.
5.1.8.
Utilisation du fumier et d'ordures ménagères pour le compostage
Cette pratique est courante dans les localités de
Bedjiondo et Goundi où les bouses de vaches, les
fientes de volailles et les ordures ménagères sont
collectées et empilées dans des fosses (compostières)
où la décomposition se passe rapidement. Au bout de quelque
temps, le matériau décomposé est utilisé comme
source de matière organique pour la fertilisation des sols. Cette
technique est pratiquée par 10,9 % des populations.
Elle consiste en un apport de fumier et/ou de compost.
Certains paysans parquent les animaux dans leurs champs pour profiter des
déjections. Les taux d'adoption de la fumure organique varient
inversement avec le gradient des précipitations. Le faible usage de la
fumure s'explique par la richesse relative des sols dans certaines
localités et l'utilisation des engrais minéraux en culture
cotonnière.
L'arrière-effet de la fertilisation minérale du
coton pour d'autres cultures diminue le recours à la fumure organique
dans les sols céréaliers. Les sécheresses et la baisse des
pluies ont engendré une perte du couvert végétal,
entraînant une baisse de la fertilité des sols. La
dégradation des sols est plus ressentie par les paysans dans un contexte
de crise climatique. C'est pourquoi la fumure organique qui est utilisée
en réponse à la baisse de la fertilité est
considérée par certains paysans comme une stratégie
d'adaptation à la variabilité pluviométrique.
5.1.9.
Billonnage ouvert et/ou cloisonné et le buttage
Le billonnage est une technique pratiquée sur les sols
peu profonds afin d'augmenter le volume de terres exploitables par les racines
des cultures et de maîtriser partiellement l'eau. Cette technique
utilisée par 12,1 % des cultivateurs permet également de freiner
l'érosion hydrique. Dans les zones inondables des villages
Narmbanga et Mayo, le billonnage et le buttage font
éviter l'asphyxie des cultures. Cette pratique est appliquée par
la plupart des agriculteurs de la région.
5.1.10.
Colonisation des bas fonds
Jadis réservé aux femmes et aux enfants, le
maraîchage de contre saison est devenu une source de revenu importante
pour beaucoup de ménages aussi bien dans les zones périurbaines
que rurales. Actuellement, les hommes prennent une part active à cette
activité qui se mène dans les bas-fonds et sur les terres
alluviales. Les principales cultures pratiquées sont les tomates, le
piment, l'oignon, le gombo, la laitue, les pastèques etc.
Les paysans utilisent de plus en plus les bas-fonds. Cela
s'observe même dans les zones où ils n'étaient pas
utilisés. La culture de sorgho se développe dans des bas-fonds
traditionnellement rizicoles, car les inondations se font rares. On assiste
à l'aménagement communautaire de bas-fonds pour la riziculture en
saison pluvieuse et le maraîchage en saison sèche.
5.1.11. Changements d'habitudes alimentaires
A cause des effets néfastes liés à la
variabilité climatique et à la dégradation des terres,
certaines cultures qui jadis entraient dans les habitudes alimentaires des
populations ne peuvent plus se pratiquer. C'est ainsi qu'elles sont contraintes
à changer leurs habitudes alimentaires. 2,4 % des cultivateurs relatent
qu'ils ne se nourrissent pas bien depuis 20 ans à cause des rendements
faibles de leurs champs. Ils sont obligés de se tourner vers la
consommation des racines et des feuilles en période de soudure.
5.1.12.
Envahissement des aires protégées et participation à la
journée de l'arbre à partir de chaque 1er septembre
Les terres cultivées s'appauvrissant, les populations
riveraines se ruent sur les aires protégées supposées plus
riches en éléments nutritifs pour les cultures. C'est ainsi
qu'une partie de la forêt classée de Djoli-Kera dans le
département du Mandoul-Est, est occupée par les populations
riveraines.
Pour lutter contre la dégradation de l'environnement,
le Gouvernement tchadien a institué la journée de l'arbre dans la
troisième décade de chaque mois d'août. La population
mandoulaise a pleinement adhéré à cette initiative qui
entre dans le cadre des stratégies d'adaptation. Ainsi, à
l'approche de la période, toute la population est mobilisée pour
les activités de reboisement et d'entretien des arbres.
L'entretien des arbres et le reboisement par des
espèces comme Acacia senegal, Prosopis, Andropogon
gayanus Hyphaene thebaïka, Acacia albida, Parkia
byglobosa, Borassis aethiopum, Adansonia digitata dans les champs
afin de protéger les cultures contre les effets de vent
(soulèvement de sable, forte vitesse du vent...).
5.1.13.
Pratique de l'agroforesterie
Elle consiste à planter les cultures dans les
rangées d'arbres contribuant ainsi à protéger les sols
contre l'érosion et à maintenir leur fertilité grâce
à la matière organique produite par les arbres. Cette pratique
intervient dans cinq grands domaines : la gestion des ressources naturelles,
l'amélioration des espèces animales et végétales,
la transformation des produits agricoles, l'organisation des entreprises, des
filières et des marchés agroalimentaires et, enfin, la
consommation alimentaire. Au-delà de la recherche fondamentale, l'ITRAD,
qui dispose des unités expérimentales, est pour elle un
pôle d'innovation essentiel. Il a ainsi mis au point des techniques
nouvelles de gestion des ressources où les variétés
améliorées et les lignées végétales
élaborées sont valorisées.
5.1.14.
Déplacement involontaire des populations à la recherche des
pâturages
Comme solution à la dégradation des terres, les
populations sont souvent obligées de quitter involontairement leur
patrimoine pour s'installer ailleurs où les terres sont supposées
plus fertiles. Ce phénomène concerne beaucoup plus les groupes
ethniques « Gor et Pen » du
département de Mandoul-ouest. C'est ainsi qu'on retrouve dans certaines
localités du Barh-Sara des nouveaux villages constitués
uniquement de ces groupes ethniques. Ces différents groupes se sont
adaptés au milieu d'accueil malgré quelques conflits qu'ils
rencontrent avec les autochtones.
5.1.15.
Renforcement des activités génératrices de
revenus
Des activités de diversification liées au
maraîchage, au petit élevage, à la transformation et
à la vente de beurre de karité, à l'arboriculture ont
été également mises en place par les populations pour
réduire leur exposition face aux variabilités climatiques. En
dehors de leurs activités traditionnelles (activités agricoles),
le recours à d'autres activités telles que la transformation et
la commercialisation des produits agricoles est un atout dans les milieux
ruraux.
5.1.16.
Abandon de certaines cultures plus exigeantes
L'abandon d'un certain nombre des cultures plus exigeantes en
eau comme le maïs dans le département du Mandoul-ouest constituent
une des stratégies de base pour les populations locales. Il faut
remarquer que dans ces localités, la culture du coton pratiquée
depuis plus de trois décennies a complètement appauvri les sols.
Les populations se voient obligées d'abandonner la culture du maïs
et du coton au profit du sorgho à cycle court. Cet abandon des cultures
exigeantes en eau est pratiqué par 17 % des cultivateurs.
Le cotonnier par exemple, exige un sol riche, humide,
absorbant mais assez souple pour permettre un drainage rapide des eaux
excédentaires. Son sol idéal est composé de terreau de
feuilles et de matières organiques. La température optimale pour
sa croissance est comprise entre 22 et 30 °C. Les graines sont
plantées en pleine terre mais pas dans des pépinières. Les
engrais, utilisés de façon extensive, permettent la croissance de
certains arbres robustes, assurant de bons rendements. Le fruit, comme l'arbre,
est sujet aux attaques des insectes et aux maladies microbiennes, qu'il est
possible de contrôler par des traitements et des méthodes
agricoles appropriées (voir lutte contre les parasites).
5.1.17. Les
semis hâtifs, les types d'association et les
défrichements
D'après les résultats de nos enquêtes,
13,4 % des cultivateurs sèment dès la première pluie dans
le souci de profiter au mieux des pluies utiles. Les divers types d'association
culturale ainsi que l'entretien des champs avec des pratiques comme le
paillage, le fumier, le mulching, le compost. Les défrichements
améliorés comme technique de régénération
naturelle initiée par les ONG exerçant dans la région.
A travers cette méthode, on observe un net
décalage entre la date de maturation des organes mâles et femelles
qui permet au mil de recevoir son propre pollen ou du pollen étranger.
Dans leur milieu d'origine, les mils cultivés ont évolué
en présence de variétés sauvages, ce qui a permis un flux
de gènes constant entre les variétés sauvages et
cultivées.
Cette diversité génétique garantit un
minimum de récolte, quelles que soient les circonstances puisqu'il y a
toujours, dans la population hétérogène mise en culture,
des individus qui résistent à une maladie ou à un accident
climatique donné. Il existe des variétés hâtives,
produisant des grains soixante jours après le semis et des
variétés tardives ne produisant des grains que trois mois
après le semis. Les travaux d'amélioration visent au
raccourcissement de la paille, à la réduction de la durée
du cycle végétatif à soixante jours et à
l'obtention d'une meilleure résistance aux maladies, notamment à
Sclerospora graminicola.
5.1.18. Les
manifestations spirituelles
Les manifestations rituelles se pratiquent en cas de
sécheresses en vue de faire tomber la pluie ou en cas d'inondation pour
faire partir l'eau. La prière et le sacrifice font parmi des
stratégies d'adaptations mentionnées et sont pratiquées
par 3,6 % des populations. Ces actions sont de nature behavioriste et bien loin
de la pensée scientifique, mais elles sont néanmoins des moyens
dont s'est dotée la population pour réagir aux aléas
climatiques.
Lorsque la pluie manque et que la température
s'élève, les personnes pratiquent la prière et font des
sacrifices afin d'améliorer les conditions climatiques. C'est une action
spirituelle en réponse à des changements environnementaux.
5.1.19. Les
tradithérapeutes
Les tradithérapeutes sont des personnes qui
guérissent ou prétendent guérir par de supposés
pouvoirs mystérieux et des procédés empiriques. Ils
fondent leurs méthodes de guérison sur l'hypothèse selon
laquelle la plupart des maladies, sinon toutes, ont des causes surnaturelles et
qu'il est donc nécessaire de faire appel à des puissances
surnaturelles pour les combattre. Une personne peut ainsi être malade
parce qu'elle a offensé un dieu, qu'elle est sous l'emprise d'une
sorcellerie ou d'un esprit démoniaque. Le tradithérapeute doit
diagnostiquer la maladie, généralement par divination, et
appliquer le remède spirituel, tel que déterminer et retirer un
objet qui a entraîné la maladie ou exorciser un mauvais esprit.
Parallèlement, les tradithérapeutes associent souvent à
ces pratiques des remèdes physiques comme des applications d'herbes ou
des massages.
Comme dans toute situation de changement, l'être humain
s'adapte à sa nouvelle situation. Les tradithérapeutes n'en sont
pas en restent à travers leur association. Ils s'adaptent non seulement
à la variabilité du climat comme tel, mais également
à tout ce qu'ils entraînent comme conséquences
socio-économiques. Les adaptations se font chez eux, à la fois de
manière individuelle et collective.
A un niveau plus «pratique», les
tradithérapeutes améliorent leurs techniques champêtres.
2,4 % de ceux-ci affirment qu'ils confectionnent des demi-lunes, des gabions
ainsi que des cordons herbeux. Ces techniques ont pour but d'améliorer
la rétention de l'eau ou d'infiltration des sols et permettent donc de
garder le sol plus humide sur de plus longues périodes.
Ayant pour même objectif la rétention d'eau dans
les champs, les tradithérapeutes pratiquent l'agroforesterie en plantant
des arbres médicinaux ou encore en laissant pousser les repousses
volontaires dans leurs champs. Cette pratique permet, en outre, de promouvoir
de l'ombre et donc de contribuer à diminuer la chaleur extrême qui
règne souvent dans les terres dénudées de
végétation.
Une autre adaptation de type individuel est la création
et le maintien de jardins botaniques personnels. Les tradithérapeutes
plantent et cultivent de nombreuses espèces dont certaines ne se
retrouvent plus à l'état naturel dans leurs milieux. Par contre,
le nombre d'individus pouvant se permettre ce genre de solution est minime,
considérant le coût, l'espace et les installations ainsi que les
connaissances horticoles nécessaires à cette activité.
Les tradithérapeutes nous ont également dit
avoir laissé tomber certaines pratiques, recettes ou traitements au
regard des difficultés qu'ils rencontrent pour se procurer des
espèces de plantes médicinales rares. Dans une autre ligne
d'action, les tradithérapeutes font occasionnellement de petits
commerces des produits traditionnels qui leur permettent de s'adapter et de
survivre à la situation quelques fois difficile tout en pratiquant leur
métier.
5.2. Les
adaptations du type collectif
Les adaptations de type collectif incluent une foule d'acteurs
différents. On retrouve des citoyens, des ONG, des organisations
internationales et des branches du gouvernement. Parmi les actions locales, on
retrouve des associations qui se forment dans les quartiers et dans les
villages et qui cotisent des montants d'argent à chaque mois pour
subvenir de façon communautaire aux besoins alimentaires. En
étant regroupés, les chances de pouvoir manger de façon
plus adéquate et régulière sont plus grandes et le
déficit alimentaire moins lourd à porter. D'autres groupes
travaillant en ville se cotisent pour apporter de l'argent et de la nourriture
dans leur village natal.
- la vente de bois de chauffe pour parer à la baisse
des productions devient très prisée par les populations. Cette
pratique, même si elle permet aux producteurs d'avoir des ressources,
elle concoure malheureusement à la dégradation du couvert
végétal et n'est pas une activité d'adaptation durable.
5.3. Le
rôle des femmes
Les femmes jouent un rôle important dans le cadre des
activités agricoles en dehors des activités
ménagères qui leurs sont spécifiques. En plus de leurs
exploitations personnelles où elles cultivent diverses
variétés (arachide, niébé, riz, coton...), les
femmes participent aux travaux des champs familiaux depuis le défrichage
jusqu'au transport des productions. Une partie de leur production est
commercialisée et l'autre complète la ration alimentaire de la
famille.
Elles interviennent également dans diverses autres
activités comme le maraîchage, la transformation et la
commercialisation du beurre de karité. Malgré cette forte
implication, les femmes et les vieux sont les moins favorisés en termes
d'accès à la terre productive, aux intrants et aux
équipements agricoles. Dans le terroir de la vallée, les paysans
se focalisent beaucoup plus sur les cultures de décrue puisque les
conditions du milieu les permettent. Dans ce terroir, malgré
l'intervention des projets de développement (World-Vision,
PROADEL), il est facile de constater que les paysannes ne
développent pas suffisamment des stratégies spécifiques
pour l'adaptation aux aléas climatiques.
5.4.
Modification de la date de semis
La date d'installation des pluies et la durée de la
saison pluvieuse sont deux paramètres essentiels pour l'agriculture
pluviale, car ils déterminent, d'une part, la date de semis et donc la
position des cycles culturaux, et, d'autre part, la durée de la
période pendant laquelle les cultures peuvent bénéficier
des précipitations. Suite au dérèglement de la saison des
pluies, les paysans modifient les dates de semis afin de réaliser le
cycle des cultures pendant une période favorable.
Cette stratégie d'esquive permet aux cultures de
réduire ou d'annuler les effets du stress hydrique. Les semis
précoces permettent d'éviter les effets des arrêts
précoces des pluies. Environ 20,7 % des exploitants
enquêtés utilisent cette stratégie. La modification de la
date de semis varie inversement avec le gradient pluviométrique.
Elle est beaucoup pratiquée au nord-est, à cause de la
flexibilité de la saison des pluies.
5.5. Les techniques
culturales d'adaptation mises en place par les ONG
Dans le cadre de leur activité de terrain, certaines
ONG (World vision, PROADEL, RAPS, etc.) de la place accompagnent les
agriculteurs pour une meilleure adaptation. Les différentes techniques
culturales mises en oeuvre dans le cadre d'adaptation des populations locales
aux variations climatiques permettent de lutter contre « le mauvais
départ », de limiter les dégâts causés par
les courtes saisons et les ilots de sécheresse sur les cultures et de
bien retenir l'eau pour une bonne gestion.
5.6. Lutte
contre les « faux départs »
Pour créer les conditions favorables à la
levée des jeunes pousses, les paysans de la région avec l'appui
des ONG préparent le sol avant les semis.
Tableau 38: Technique de
lutte contre les «faux départ »
Activités
|
Techniques
|
Préparation du sol avant les semis
|
Labour attelé dès la première pluie,
sarclage 4 à 6 semaines après semis.
|
Opérations de semis
|
Graines de maïs séjournant dans l'eau, graines
traitées à l'aide de Marshall ou de l'eau chaude, 7 à 10
graines dans les trous après pluie, Semis dans les creux de buttage ou
dans les poquets.
|
Source: World vision de Koumra,
2009.
Dans les villages environnants des sous-préfectures de
Moïssala, Bedaya, Goundi, Bediondo et Bekamba, le semis
se fait généralement après le labour, dans les creux de
buttage de l'année précédente ou dans les trous. La
plupart des personnes contactées affirment avoir semé
après le labour attelé.
Dans le canton Peni par exemple, les paysans
sèment sur des parcelles labourées, le reste dans les trous
creusés à l'aide des plantoirs et dans les creux de buttages. En
dehors du maïs où le nombre de graines par poquet varie entre deux
et quatre, on verse jusqu'à dix graines de sorgho dans un trou pour ne
laisser que deux après démariage dans les deux semaines qui
suivent la germination.
5.7. Techniques
de rétention de l'eau
Les techniques de rétention de l'eau sont nombreuses et
varient selon les villages. Tous les cultivateurs interrogés adoptent au
moins une des techniques de rétention de l'eau. Le nombre des
répondants correspond ici à l'ensemble des agriculteurs
organisés en association et les non associés.
Figure 46 : Pratique
des différentes techniques de rétention de l'eau
Selon la figure 46., sur les 82 cultivateurs
interrogés, 24 soit (29,26%) pratiquent le buttage attelé aux
extrémités fermées, 15 paysans (18,29%) ouvrent des
rigoles aux termitières et aux fourmilières, 12 personnes
(14,63%) construisent des carreaux, 11 personnes soit 13,41 % pratiquent le
labour perpendiculairement à la pente, 9 cultivateurs (10,97 %)
rapprochent les sarclages, 7 personnes (08,53 %) répandent de la fumure
organique et 4 autres (04,87 %) associent les cultures.
5.8. Les
brise-vents
Ils sont utilisés dans le cadre de la lutte contre
l'érosion éolienne. En période d'harmattan et en saison
sèche, ils protègent les cultures et les habitations contre les
vents de mousson. Ils contribuent à l'amélioration de la
production agricole et apporte des productions forestières
complémentaires. La réalisation et la protection des brise-vents
sont très onéreuses et les populations n'y adhèrent pas
spontanément car ne se sentant pas propriétaires des plantations
réalisées.
5.9. La
technique des épis de berge
Elle consiste à ancrer dans la berge, des digues en
pierres et en gabions qui s'avancent dans le lit. Le dimensionnement de
l'ouvrage est fonction de la hauteur de la berge, de la largeur du lit et de la
force du courant. Les avantages de la technique des épis sont multiples,
l'onde de crue est freinée le long de la berge, de la largeur du lit et
de la force du courant. Les avantages de la technique des épis sont
multiples : l'onde de crue est freinée le long de la berge qui est
protégée de l'érosion ; à l'amont et à
l'aval de l'épi, il y a une augmentation de l'infiltration et de la
sédimentation. Pour plus d'efficacité, les ouvrages sont
renforcés par des micros barrages en prévision des fortes pluies
hivernales. C'est une technique très efficace et peu coûteuse.
Cette technique est plus appliquée à Bedaya et
Doro.
5.10. La
stabilisation de Koris par des seuils en gabions
Le seuil en gabion est ancré latéralement dans
les berges et est généralement suivi d'un bassin d'amortissement
et de dissipation. En aval, les berges sont protégées par des
ailes latérales en pierres d'une longueur égale à la
largeur de la plaine inondable. Traiter un Kori par des
barrages-seuils en gabions permet à la fois de stopper l'érosion
remontant de son lit, de provoquer sa sédimentation, d'améliorer
l'infiltration des eaux d'écoulement, mais aussi de pouvoir
étendre les surfaces cultivées. Ce traitement nécessite
une adhésion massive des populations.
5.11.. Les diguettes et
les cordons pierreux
Utilisées dans la lutte contre l'érosion
hydrique, les diguettes en terre ou en pierre (cordon pierreux) sont
disposées selon les courbes de niveau avec des ailes et des
déversoirs pour laisser passer les trop-pleins d'eau. L'intervalle entre
les diguettes est fonction de la pente, leur longueur est fonction de la
largeur de la superficie à réhabiliter. L'aménagement des
plaines avec cette technique a pour but de freiner l'eau de ruissellement pour
l'obliger à s'infiltrer et à alimenter à nouveau la nappe
d'eau exploitée par les puits, retenir la terre et permettre la
régénération des herbes, buissons et arbustes. Les
ouvrages antiérosifs ne sont efficaces qu'à conditions que les
techniques et les coûts de réalisation des ouvrages soient
accessibles aux populations.
5.12.. Les
demi-lunes
C'est un demi-cercle creusé perpendiculairement
à la pente et entouré d'une levée de terre (dite
« lunette ») également en demi- cercle et
prolongé par des ailes : le demi-cercle est cultivé et
produit grâce aux eaux de ruissellement collectées et
arrêtées par la « lunette». Ces demi-lunes sont
généralement installées sur des sols argileux autrefois
cultivées ou en herbe mais devenus impropres à la culture. Par
cette technique, on peut récupérer de nouvelles terres
cultivables. Cette méthode se révèle peu coûteuse et
facilement assimilable par les populations. Elle est bénéfique
pour l'agriculture.
5.13. Les
zaïs
Le zaï est un trou de 10 à 20 cm de
diamètre sur 5 à 15 cm de profondeur ; les trous sont
distants de 0,5 à 1 m. Les trous creusés en saison sèche,
reçoivent du fumier puis sont recouverts d'une mince couche de terre en
attendant la pluie. Dès que les zaïs ont reçu assez d'eau,
ils sont ensemencés en mil ou en sorgho.
La technique du zaï permet de mettre en culture des
terres de glacis plus ou moins indurés en surface mais à sol
limoneux ou sablo- limoneux. Grâce à cette technique, l'eau
s'infiltre, le sol est humide et la plante lève vite, s'enracine bien et
a un avantage initial sur les mauvaises herbes. C'est une technique très
populaire qui nécessite peu d'investissement.
5.14. La pratique de
l'agrobiologie pour une adaptation et la nutrition des
plantes
Pour s'adapter aux aléas climatiques, l'ONG
dénommée Réseau d'Appui aux Producteurs (RAP) forme les
associations paysannes dans la pratique de l'agrobiologie. Elle intervient plus
précisément dans la nutrition des plantes, avec pour but
l'amélioration de la biologie des sols et dans la lutte
antiparasitaire.
Les agriculteurs de la région admettent que
les graminées cultivées en association avec les
légumineuses sont capables d'absorber des acides aminés
excrétés par les racines des légumineuses. De nombreuses
autres substances organiques peuvent être ainsi absorbées par les
racines des plantes. Ces faits montrent l'intérêt qu'ont les
agriculteurs de baser la fertilisation sur les apports organiques qui
contiennent tous les oligo-éléments présents dans la
matière vivante et qui nourrissent les micro-organismes capables de
synthétiser les molécules organiques absorbés par la
plante. La nutrition des plantes est basée sur les engrais organiques
qui livrent au sol des substances qui aident les plantes à pousser ou
à résister aux maladies. Sur un sol riche en matière
organique, les plantes résistent mieux aux maladies, aux attaques
d'insectes et à la sécheresse.
Les engrais organiques utilisés sont pour la plupart,
le fumier (mélange de crottes d'animaux et de paille), le compost
(mélange des déchets végétaux pourris en tas), les
engrais verts (plantes semées et ensuite enfouies dans le sol pour y
pourrir), le purin (excréments liquides du bétail)...
5.15. Lutte
contre les parasites
Pour lutter contre les parasites, la plupart des cultivateurs
emploie des moyens peu ou pas nuisible pour l'environnement. Ils utilisent des
préparations à base des plantes : décoction, poudrage
des minéraux broyés, insecticides végétaux
(graines de neem, feuilles des papayers, gousses d'ail, les petits
piments...).
Les cendres sont utilisées comme désinfectants
ou insectifuges. L'efficacité du cendrage dépend beaucoup plus de
sa qualité. C'est pourquoi, ils le font sécher et piler avant de
les épandre. Les cendres sont utilisées aussi en poudrage sur les
feuilles ou à même le sol. On veille à ce que le poudrage
soit correctement réalisé.
Les cendres réparties en quantité
démesurée sur le feuillage occasionnent les brûlures des
feuilles ou des bourgeons. Les agriculteurs de Maïnané
utilisent les poudres de Kaolins et celles de la latérite pour
protéger les semences. Voici quelques poudres et décoctions des
espèces utilisées comme insecticide ou insectifuge.
Tableau 39: Quelques
plantes insecticides ou insectifuges
Noms d'espèces
|
Organes utilisés
|
Poudre ou décoction
|
Dose appliquée
|
Caractères
|
Mode d'emploi
|
Neem
|
Feuilles, fleurs, fruits
|
décoction
|
5 kg /ha
|
Insecticides ou insectifuges
|
pulvérisation
|
Pommier cannelle
|
Feuilles fraîches
|
décoction
|
5 kg / ha
|
insectifuge
|
Pulvérisation
|
Citronnelle, Basilic
|
Feuilles sèches
|
poudre
|
6 kg / ha
|
insectifuge
|
Epandage
|
Eucalyptus
|
Feuilles
|
décoction
|
5 kg / ha
|
insectifuge
|
Epandage
|
Tabac
|
Feuilles
|
poudre
|
5 kg / ha
|
Insecticide
|
Epandage
|
Ail
|
Feuilles et gousses
|
décoction
|
4Kg /ha
|
Insectifuge et insecticide
|
Pulvérisation
|
Source : Enquête de
terrain, novembre 2010.
La pratique de ces différentes techniques biologiques
concoure à réduire les risques encourus au cours d'une campagne
et même à améliorer le rendement. Ce qui explique en partie
le rendement moyen de mil à l'hectare obtenu ces dernières
années.
5.16. Stratégies
développées par l'Etat
A côté de l'apport technique des ONG aux
populations dans le cadre de l'adaptation à la variabilité
climatique, le gouvernement tchadien a défini plusieurs
stratégies et a pris également certaines dispositions d'ordre
général telles que :
- La promotion de mesures législatives,
réglementaires et institutionnelles ;
- La mise en place d'équipement pour les observations climatiques ;
- La mise en place des systèmes
d'alerte précoce et de prévention des catastrophes ;
- La création des banques
céréalières ;
- La protection des berges et
réhabilitation des mares ensablées ;
- La production et la diffusion des informations
agro-météorologiques ;
- La prévention des risques et des catastrophes
liées aux inondations ;
- La création des magasins de produits
agricoles ;
- La promotion du maraîchage et de l'élevage
périurbains ;
- La réhabilitation et gestion rationnelles des couloirs de
passage ; - La politique de
suivi de la faune et de son habitat ;
- Le reboisement villageois.
5.17. Analyse des
résultats
Partout dans la région du Mandoul, les semis sont
effectués dans de petites cannelures tracées à l'aide de
charrues attelées dans les creux de buttage et dans les poquets.
Généralement, les paysans sèment en deux phases et les
champs sont divisés en des parcelles semées à des dates
différentes. L'une est semée à la fin de la campagne
agricole en cas de grandes pluies. Les graines sont mises sous terre dans les
creux de buttage de la saison précédente. L'autre est
semée dès les premières pluies, après les
labours.
Il faut remarquer que malgré la sensibilisation faite
par les ONG de la place, le labour par les boeufs d'attelage au début
des saisons de pluies est moins répandu, du fait qu'il faut attendre une
grande pluie pour mener l'opération et une autre pour niveler le sol
avant le semis. Or, le contexte climatique actuel ne le permet pas. Seulement,
très peu d'agriculteurs possèdent les animaux d'attraction et
finissent d'abord leurs propres travaux champêtres avant de s'occuper de
ceux des autres.
D'autres paysans voient cela comme une opération
supplémentaire d'où une dépense supplémentaire. Les
semis dans les trous sans labour sont plus pratiqués, car on peut les
faire dès qu'une grande pluie s'abat sur la localité au
début du mois de mai. Ces trous conservent l'humidité au point
où une semaine sans pluie n'hypothèque pas la germination. Le
séjour des grains dans l'eau (2 jours) avant les semis augmente les
chances de germination de la plante.
Ces techniques de rétention de l'eau ne se limitent pas
sur la période de mise en place des plants. Elles sont aussi
nécessaires pour renforcer la capacité des plants à
résister aux « ilots de sécheresses ». Pour
renforcer la capacité de rétention de l'eau, les cultivateurs
exécutent des labours perpendiculaires à la pente et alignent des
tas de terres enherbées dans la même direction. A Ndila
dans le canton Beboro, les extrémités des lignes de
creux de buttage de 20 à 25 cm sont fermées. Ceci permet de
retenir l'eau dans les creux.
Dans la localité de Bedaya, les lignes de
buttages et de labour sont parallèles à la pente de la
vallée. Ainsi, lors des débordements de la vallée, les
creux de buttage et de labours sont remplis par des limons, fertilisant
davantage les sols et limitant l'érosion liée aux ruissellements.
Dans certaines localités, en plus des techniques
précitées, les écoulements des ravins sont
détournés pour inonder les fourmilières et les
termitières. Cette opération épargne un rayon d'environ 10
m de stress hydrique. La verdure qui se développe à ces endroits
en saison sèche illustre bien son importance.
A ces techniques s'ajoute la culture des
variétés à cycle court comme le sorgho S35, le
maïs Mex17E et TZBP moins exigeants en eau et ayant un
cycle d'à peine trois mois. Au départ, des parcelles
d'expérimentation ont été cultivées entre 1987 et
2000 à Bekamba, Montian et Monkara, mais
cette pratique n'a pas été facile à adoptée par les
cultivateurs. D'abord, si le sorgho S35 est semé en mai, il
arrive à maturité (90 jours après) quand la moisson n'est
pas possible d'une part à cause des pluies abondantes du mois de
août, et d'autre part, les paysans sont occupés par d'autres
activités champêtres. Ensuite, si les semis sont retardés,
les grosses pluies de fin juin ne permettent pas une meilleure germination,
car les graines pourrissent. La date arrêtée entre le 15 mai et 25
juin de l'année semble idéal.
La perpendicularité des lignes disposées en
pente permet de réduire le drainage des parcelles emblavées. La
bande enherbée au bord des parcelles emblavées permet de limiter
l'écoulement latéral des eaux. Les creux d'environ 30 cm aux
extrémités fermées retiennent l'eau tout en
épargnant les plants des risques de stress hydriques. Cette butte aux
pieds des plants les préserve de l'inondation temporelle.
Après avoir cultivé les céréales
et le riz pendant la saison pluvieuse, la culture maraîchère vient
redonner la verdure aux champs placés aux abords des mares, marigots et
puits. Partout dans la région où la nappe phréatique est
moins profonde les plantes minimisent les pertes d'eau à cause de
l'humidité du sol. La gestion de l'eau est liée ici au choix du
terrain. En effet, à chaque période de culture correspond le type
de sol :
- les cultures sous-pluies exigent un sol limono-sableux. Car
la faible capacité de rétention de ce sol facilite le drainage et
évite la stagnation de l'eau des pluies dans les parcelles
emblavées.
- les cultures de contre-saisons exigent quant à elles
des sols argileux. Le recours à ces sols s'explique par le fait que
ceux-ci disposent d'une forte capacité de rétention et de
conservation de l'eau.
La matière organique est plus sollicitée que les
intrants chimiques de synthèse, car selon les agriculteurs
rencontrés au cours de nos enquêtes de terrain, l'engrais chimique
favorise la prolifération des mauvaises herbes et la
décomposition des bulbes deux mois seulement après les
récoltes. Les casiers destinés pour le maraîchage sont
remplis d'eau lors de l'irrigation et permettent au sol de conserver
l'humidité durant deux à trois jours de journées
ensoleillées.
Le maraîchage d'une manière
générale, améliore le revenu des agriculteurs en saison
sèche. Mais les difficultés liées à cette
activité résident dans le coût d'investissement et les
risques. En effet, l'inondation temporelle des jeunes pépinières,
la décomposition des bulbes avant la récolte et la fluctuation
des prix sur le marché rendent moins compétitifs les
agriculteurs.
Les vergers, quant à eux, se sont
développés progressivement dans les lits d'inondation de
Bengoro, Doro et Narmbanga. Ainsi, à
Doro, Bedaya, Koko, Begara, Matkaga, les champs d'arbres fruitiers
(manguiers, citronniers, goyaviers, etc.) constituent les principaux espaces
occupés par une végétation arborée. Les
agriculteurs moins nantis se limitent sur quelques pieds d'arbres fruitiers
qu'ils plantent dans leurs champs ou dans leurs concessions. Les produits
récoltés sont vendus dans les marchés hebdomadaires de ces
localités.
5.18. Faits
confirmés
En remontant sur les résultats traités à
travers les différents items, les entretiens menés et la
documentation consultée, nous pouvons affirmer que les hypothèses
émises au départ dans l'introduction sont confirmées.
(i)- Les années et décennies les plus
récentes sont plus déficitaires au plan de la
pluviométrie ;
(ii)- Les paramètres clés d'évolution du
climat peuvent être corrélés avec production
agricole ;
(iii)- Face à la variabilité climatique, les
agriculteurs adaptent des semences et diversifient les champs.
A la lumière de ce qui précède, on peut
confirmer que la variabilité climatique a détérioré
et perturbé les écosystèmes ainsi que les activités
agricoles. En réponse à cette situation, la
nécessité d'adaptation s'impose et les populations de la
région du Mandoul développent des stratégies d'adaptation.
Celles-ci manifestent une volonté réelle de changer le
comportement, notamment en intensifiant les activités de conservation
des sols, de l'eau et de reboisement.
Il se dégage ainsi clairement que la population prise
en échantillon pour notre enquête perçoit le danger
lié aux variabilités climatiques, mais aussi elle réagit
et s'adapte. L'enquête révèle aussi que des personnes
interrogées ont pris conscience des problèmes climatiques et en
attribuent les causes: à l'abattage des arbres (la
déforestation), à la variabilité naturelle, aux incendies
de forêts et à d'autres facteurs.
Parmi les bouleversements observés dans le secteur
agricole et considérés comme une conséquence directe de
ces variabilités climatiques, l'étude précise la baisse du
rendement des cultures, la prolifération des ravageurs, la perte totale
des récoltes et la multiplication des maladies affectant les
cultures.
Les hypothèses testées confirment aussi que les
populations ont une bonne compréhension des changements intervenus, ce
qui se traduit au niveau pratique par la mise en place d'initiatives permettant
de faire plus ou moins face aux différentes perturbations climatiques
notées et à venir. Les faibles capacités d'adaptation des
agriculteurs constituent un facteur de vulnérabilité d'où
le besoin en renforcement des capacités se fait sentir.
Pour les agriculteurs rencontrés, leurs besoins les
plus se résument à la formation dans les différentes
techniques de production adaptées et à la livraison par
groupement social d'un attelage complet (2 boeufs de labour, une charrue, un
semoir, du matériel pour la mise en place de fosses de compostage, une
charrette pour le transport de la fumure).
5.19.
Discussions
Il serait ambitieux pour nous de pouvoir déterminer
tous les impacts de la variabilité climatique sur l'agriculture. Mais
l'étude nous a permis de mettre en évidence un certain nombre de
caractéristiques liées aux systèmes productifs agricoles
dont les différences concernent presque tous les facteurs du milieu.
Selon un paysan rencontré sur le terrain dans la
vallée à Ndila, celui-ci nous a livré ses
impressions suivantes : « une partie de mon
exploitation est située en zone hydro-morphe qui bénéficie
d'une retenue naturelle d'eau. Inspiré par les riziculteurs de bas-fonds
de la zone, j'ai réalisé des infrastructures hydro agricoles
aménagées sur ma parcelle. Cela a consisté en un drain de
1 mètre de profondeur sur 40 cm de largeur contournant le champ, et un
canal central pour gérer l'apport d'eau dans la parcelle en fonction des
aléas pluviométriques. J'ai réalisé cet
aménagement en 2008-2009, il m'a coûté en tout 875 000 FCFA
que j'ai pu mobiliser grâce à des ressources propres. Cela m'a
permis de réduire les conséquences des aléas
pluviométriques et aujourd'hui, les résultats sont très
satisfaisants : mes rendements en maïs sont passés de 1
à 1,5 tonnes/ha (t/ha). Quant au riz, je continue à obtenir 1,5
t/ha quand la moyenne nationale est à 1,2t/ha. Par contre, certains
voisins ont vu leurs rendements diminuer de moitié au cours de la
même période ». Cette affirmation confirme la
thèse de Sultan (2003) selon laquelle l'application à la
sensibilité des rendements agricoles en Afrique de l'ouest a
été relevée grâce aux aménagements
hydro-agricoles du type traditionnels.
A Narmbanga dans le département du
Mandoul-Est, les paysans ont adopté différentes techniques de
maintien de la fertilité des sols : c'est une révolution
silencieuse de plus en plus présente. Selon le responsable du groupement
Djiranibe de Moïssala, ils ont développé
une palette de techniques d'adaptation.
Ces techniques engendrent des augmentations de rendements non
négligeables. Les organisations paysannes se sont très tôt
senties concernées par la question de la sauvegarde du patrimoine
génétique, notamment au regard des risques de l'impact climatique
et de tentatives d'introduction de la culture des OGM dans leurs
systèmes de production. Elles tentent de prévenir ces risques via
des banques de semences appelées « cases de la
biodiversité ».
La question de la capacité d'adaptation et de la
résilience face aux crises climatiques se pose donc avec acuité
pour ce secteur. Il faut adapter les systèmes de culture aux conditions
climatiques modifiées, tant grâce au recours à du
matériel génétique approprié (nouvelles
variétés végétales ou nouvelles races animales plus
adaptées aux conditions climatiques de demain) que par la mise au point
d'itinéraires techniques révisés, tout en prenant en
compte les risques sanitaires futurs.
Il faut adapter les systèmes de production, en
réduisant leur vulnérabilité aux aléas climatiques,
et proposer des technologies de production plus performantes et respectueuses
de l'environnement. Ces actions doivent être entreprises rapidement,
compte tenu des longs délais nécessaires pour que les efforts
d'atténuation aient une incidence. Mais ces considérations
militent aussi pour une concertation intersectorielle sur les relations entre
variabilité climatique et sécurité alimentaire, qui ne se
limitent pas à la seule question de la production agricole. Dans cette
perspective, des efforts doivent être consentis pour soutenir les
productions céréalières afin de réduire le
déficit vivrier actuel. Comme stratégie, on peut noter :
- la mise au point des variétés de semences
adaptées à la durée de plus en plus courte de l'hivernage
:
- pour le mil et le maïs, des variétés
à cycle court (60 à 70jours), à épi plus long, plus
granuleux avec au moins de feuille et une meilleure qualité de farine
doivent être mises au point (IBV 8004, IBV 8402, ISMI 9101 ou
9102 pour le mil et pour le maïs JDB, BDS, CP75 et
Synthétic C);
- pour le riz des variétés plus rustiques et
présentant des niveaux de rendement assez élevés (DJ
11- 509 et TOS 728 - 1), à cycle très court adaptées
aux conditions de submersion faible (ITA 212, TOS 103) et celles ayant
une bonne tolérance à la salinité et à
l'acidité (War 1, War 77 et War 8) doivent être mises au
point pour permettre de cultiver les rizières frappées par la
salinisation et l'ensablement, Wackerman (2004).
- des solutions techniques telles que: dotations des
populations d'un matériel génétique performant et d'un
équipement agricole de base (charrue par exemple), fumure, lutte anti-
érosive, économie de l'eau, pratiques agro-forestières,
éprouvées expérimentalement et déjà
divulguées ne sont pas révélées à la hauteur
des résultats escomptés. En effet, elles ne sont pas suffisamment
intégrées dans les préoccupations paysannes ni
adaptées à leurs moyens. Une convergence entre ces solutions
techniques et les pratiques paysannes devrait permettre d'améliorer la
situation actuelle caractérisée par un déficit vivrier ou
tant au moins limiter les effets de la contrainte écologique. Ces
actions contribueraient au relèvement du niveau technique des
producteurs qui est encore très bas.
Par ailleurs, il faut noter que la participation effective des
populations devra être requise puisque l'essentiel des actions
énoncées plus haut se situent dans la perspective d'une
nécessaire adaptation des systèmes de production traditionnels
à un contexte nouveau. Les relations significatives entre les
fluctuations pluviométriques et les productions agricoles ne doivent pas
occulter les liens entre ces situations de crise agricole et le système
économique international.
Dans le domaine des cultures maraichères, malgré
les différentes difficultés liées au climat que
rencontrent les producteurs, il faut signaler que des stratégies
d'adaptation sont également développées en vue de faire
face à la faible disponibilité de l'eau.
On peut citer, à titre d'exemple, la technique
d'irrigation par rigole qui a fait ses preuves dans la localité de
Ndila et Narmbanga. Les petits paysans de ces villages
pratiquent la culture commerciale de légumes qui représenterait
une source de revenus très importante pour ces derniers. A cause des
précipitations faibles et irrégulières dans la
région, il est difficile d'avoir suffisamment d'eau pour irriguer.
La culture de légumes est donc problématique,
particulièrement durant les mois secs de la saison sèche, alors
que c'est à cette époque précisément que la demande
en légumes frais est importante et que leur vente pourrait
générer d'importants bénéfices. Dans cette
région vallonnée, avec des petites terrasses et une mosaïque
de parcelles cultivables, l'irrigation à grande échelle serait
coûteuse et peu adaptée. Mais, depuis quelques années, les
systèmes d'irrigation aux rigoles offrent une alternative non
conventionnelle, simple et avantageuse.
Les ONGs de la région telles que World vision, INADES
et bien d'autres assurent depuis quelques années la promotion de
méthodes d'irrigation dans la région. Ainsi, les petits paysans
peuvent cultiver des légumes tout au long de l'année, ce qui leur
assure un revenu sur les marchés locaux. La technique d'irrigation est
adaptée aux besoins des paysans et de l'environnement: des rigoles
amènent l'eau directement à la racine de la plante afin de
réduire au maximum le gaspillage. La méthode est économe
en eau et en temps, de sorte que les paysans peuvent se consacrer à
d'autres occupations. Il faut signaler également que
dans le domaine génétique, les chercheurs mettent de plus en plus
l'accent sur des plantes résistantes au stress hydrique.
Pour mieux appréhender l'incidence de la
variabilité climatique sur la disponibilité de l'eau, il faudra
aller au-delà des modèles généraux de la
circulation des eaux et développer plus des modèles
spécifiques de bassins fluviaux et de fermes, démontrant ainsi la
façon dont les problèmes climatiques affecteront les
disponibilités en eaux fluviales et le niveau des eaux des
vallées. Par ailleurs, davantage de données sur les eaux
souterraines et les aquifères sont nécessaires au niveau des pays
en développement et plus particulièrement de l'Afrique afin de
mieux analyser l'incidence de la variabilité climatique sur la
disponibilité de l'eau pour la pratique de cultures
maraîchères.
Ces différentes observations sont également
importantes pour une région qui globalement va connaître un stress
hydrique beaucoup plus élevé et permanent à l'horizon
2030-2100. A ce niveau, il serait plus intéressant d'avoir des
simulations au niveau régional pour appréhender
l'évolution du niveau de la nappe phréatique, l'évolution
des précipitations en vue de se faire une meilleure idée sur
l'incidence de la variabilité climatique sur la disponibilité de
l'eau pour la pratique maraîchère.
Eu égard à la prédiction climatique
à l'horizon 2030-2100, aucune baisse de rendement n'est prévue
pour les céréales dans la zone d'étude. Et pourtant, outre
la problématique de pauvreté de sols et de dégradation de
conditions climatiques qui sont des réalités comme l'ont
révélé nos enquêtes, on sait aujourd'hui que le
déplacement des isohyètes, de plus en plus, vers le sud est aussi
une réalité pour la région (Demangeot, 2005).
La corrélation établie entre la
pluviométrie et les rendements montre que les variabilités
climatiques à travers les précipitations ne sont pas les seuls
facteurs qui influencent la production agricole. Toute bonne campagne agricole
est la résultante d'une bonne répartition pluviométrique
et de l'apport quantitatif en eau. Comme le constate Sultan et al.
(2005), le total annuel des précipitations a un impact sur les
rendements agricoles, mais à partir d'un seuil élevé, il y
a asphyxie des plantes et le rendement n'évolue plus avec les
précipitations. La croissance des plantes ne dépend pas seulement
de l'eau, mais aussi des éléments nutritifs de la terre. C'est ce
qui fait dire aussi Bouyer et al. (2006) que toute variation de la
production n'est pas imputable aux seules conditions pluviométriques.
Quand bien même la saison est excédentaire, les « faux
départs », les ilots de sécheresses intra
saisonnières en période de remplissage des gousses ainsi que les
inondations affectent le rendement. Pour le sorgho et autres
céréales, en plus des conditions hydriques et édaphiques,
les oiseaux granivores et les acridiens constituent les facteurs
défavorables.
Toutefois, les systèmes de production dans nos
conditions dépendent des conditions météorologiques et
climatiques. Malgré certains travaux qui ont été faits sur
ces questions, il y a une incertitude considérable à propos de
l'impact potentiel de la variabilité climatique sur les modes
d'exploitation agricole.
En plus, que la variabilité climatique ait lieu ou pas,
améliorer la faculté de reprise de la production alimentaire et
minimiser les risques contre la variabilité sont essentiels s'il faut
que l'agriculture relève les défis d'assurer la
sécurité alimentaire, de promouvoir l'emploi rural dans notre
région et de protéger les ressources naturelles et
l'environnement.
La diversification de la production agricole ne sera possible
que dans certaines localités traversées par le fleuve et les
vallées, où s'étendent d'importantes superficies de
terrains limoneux, sableux et des marécages. C'est surtout le
département du Bahr Sara qui rassemble tous les atouts. Malgré
ces avantages naturels dont il dispose, ses sols présentent des signes
de dégradation. On peut expliquer cela par leur exploitation non
contrôlée : succession des mêmes cultures, utilisation
des intrants chimiques, etc.
La culture maraîchère n'est pratiquée que
par des cultivateurs qui possèdent des moyens matériels et
financiers (motopompe, capital, terrain, etc.). Ceux qui en sont
dépourvus travaillent comme des ouvriers dans les champs des autres.
Tout comme les grandes plantations appartiennent aux paysans bien-nantis, des
retraités et les élites de la région. Les autres
agriculteurs moins-nantis se contentent de planter quelques pieds dans les
champs ou dans les concessions.
Eviter les faux-départ nécessite une succession
de semis et de resemis jusqu'à ce que la levée soit
satisfaisante, dans les parcelles labourées ou dans les trous
creusés à cet effet. Cette pratique est semblable à celle
constatée par Ousseini (2002) au nord du Burkina-Faso où les
paysans gèrent rationnellement la faible humidité qui marque le
début de la saison pluvieuse en semant à plusieurs reprises.
Présentes à toutes les étapes de la culture, les
techniques agricoles d'adaptation aux variabilités climatiques dans la
région du Mandoul, visent à mieux réagir aux aléas
climatiques. Couplées à la culture des variétés
à cycle court, ces techniques font partie de ce que Jouve (1984) a
appelé technique d'arido-culture : le développement de la
culture des variétés à cycle court et l'exploitation
rationnelle de la pluie.
Les opérations de buttage et de labour attelé
ainsi que l'enfouissement des herbes dans le sol restent les principaux moyens
de rétention de l'eau pour épargner les végétaux du
stress hydrique, en conservant l'humidité. Ces résultats ont
été obtenus par Zakaria et al. (1997) sur les cordons
pierreux et les bandes enherbées et aussi par Saley (2002) sur les
diguettes des pierres et les zaï au Burkina Faso. Cela a permis la
limitation des ruissellements, l'augmentation de la capacité des sols
à retenir de l'eau, l'augmentation des rendements et la
récupération des sols dégradés par les
cultivateurs.
Dans le cadre de notre étude, l'opération
d'irrigation ne concerne que le maraîchage et le verger jugés
rentables par les agriculteurs mais Bokonon (1997) montre qu'elle vient
atténuer la sévérité du déficit hydrique
pour toutes les cultures. Au cours de l'un de nos voyages dans la zone
d'étude, nous avons rencontré un cultivateur de maïs qui
surveille sa récolte. Les tiges de ces plants sont brunes et
chétives. Pour lui, le rendement sera d'une tonne ou moins à
hectare, soit seulement une fraction d'une bonne récolte annuelle. Ce
cultivateur sait par expérience qu'il est confronté à
quelque chose de plus gros et de bien pire qu'une simple sécheresse.
Dans son dialecte làa, il s'agit du climat qui est à
l'origine de ce rendement et de telles scènes sont fréquentes
dans la région.
L'adaptation agricole doit se traduire par une mesure aussi
simple qu'un changement de pratique de travail du sol pour préserver
l'eau et la terre, ou par l'utilisation de technologies de pointe consistant
à planter de nouvelles variétés de graines
résistantes à la chaleur adaptées aux prévisions
locales de hausses de températures.
Il est aussi difficile de prédire à quel point
les agriculteurs seront capables de s'adapter étant donné
l'imprévisibilité des variabilités du climat à
venir. Certains experts de la communauté internationale de
développement pensent qu'examiner le passé permet d'avoir une
bonne idée de la manière dont les agriculteurs de la
région du Mandoul pourraient réagir dans le futur.
Selon Ardoin (2005), « l'agriculture
africaine résiste très bien à la variabilité
climatique et les agriculteurs seront capables de s'adapter aux futures
mutations». Cette étude comportait des données sur le
climat, l'eau et le sol ainsi que sur l'économie de 16 zones agro
écologiques de l'Afrique subsaharienne auxquelles quatre
scénarios de la variabilité ont été
appliqués.
L'étude conclut qu'« à moins que la
variabilité climatique soit très marquée, les revenus des
agriculteurs ne devraient pas diminuer davantage ». Cependant, pour
éviter de manière progressive les pires conséquences que
pourraient avoir la plupart des scénarios, l'adaptation devrait
être faite de manière coordonnée et à grande
échelle, de manière à inclure tant les petits agriculteurs
que les décideurs politiques des ministères de l'Agriculture, des
Finances et des Affaires sociales, et avec le concours d'organisations de
développement comme la Banque mondiale qui offrent leur financement et
leur expertise.
Dans la plupart des cas, si l'adaptation est
réalisée dans des zones agro écologiques qui ne longent
pas les frontières d'un pays, l'introduction de bon nombre de pratiques
alternatives peut produire des rendements « suffisamment
intéressants pour en justifier les coûts ». Les
scénarios mis au point par les auteurs de cette étude ont
démontré que les revenus nets par ferme pouvaient augmenter
même dans des cas où des systèmes d'irrigation
coûteux étaient installés lorsque l'eau y est
disponible.
L'adaptation de l'agriculture de manière
coordonnée et à grande échelle impliquant à la fois
une aide publique et privée en est encore à un stade
embryonnaire. Cependant, des premières analyses et des projets
financés par la Banque mondiale récemment mis en oeuvre sur le
terrain dans l'Etat d'Andhra Prades en Inde ont produit des résultats
encourageants dans cette région rurale et pauvre touchée par la
sécheresse. Abandonner de façon permanente la culture du riz au
profit de cultures moins exigeantes en eau, comme celle du millet ou des
arachides, est un exemple d'adaptation qui a permis de restaurer une certaine
stabilité économique dans la région d'Andhra Prades en
Inde (Gonne, 2006).
Aussi, les limitations dans les techniques de
modélisations spécialement à l'échelle locale
viennent aggraver cette incertitude puisque les données de sortie pour
notre région fournies par le modèle Magic/Schengen sont
issues des simulations à l'échelle régionale. Or si on
tient compte de la très grande variabilité spatiale et temporelle
d'un paramètre climatique comme la pluviométrie dans notre
région, cette résolution risquerait d'être assez
grossière. En tout état de cause, la précision des
résultats dépendra du degré de confiance des
prédictions du climat local, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne
tiendra pas compte des informations à l'échelle régionale
et même globale, ne serait ce que pour la viabilité et le
succès économique de l'agriculture chez soi.
En ce qui concerne les mesures d'adaptations, beaucoup des
stratégies soulignées seraient bénéfiques quelle
que soit la variabilité climatique. Les objectifs de ces
stratégies varient considérablement entre les localités et
parmi les producteurs. Les conditions climatiques actuelles et les climats
probables futurs varient aussi. C'est pourquoi l'incertitude scientifique qui
entoure la question de la variabilité climatique ne sera pas
levée de si tôt.
Les agriculteurs du monde entier ont fait preuve d'une grande
capacité à répondre aux variations et aux perturbations
climatiques en ayant recours à un vaste éventail de
stratégies. Cependant, les agriculteurs pauvres qui vivent exclusivement
de l'agriculture et qui occupent en règle générale des
terres marginales et peu productives disposent de très peu de solutions
alternatives pour faire face aux perturbations supplémentaires
engendrées par la variabilité climatique. « Il est
impossible d'être très optimiste quant à la capacité
institutionnelle et financière des gouvernements des pays les plus
pauvres à orienter l'adaptation et à mettre en place les bonnes
mesures incitatives », affirme Maxime (2005) qui a
réalisé une étude sur les nouveaux aspects
économiques de l'adaptation.
De plus, comme bon nombre des conséquences de la
variabilité climatique sont incertaines ou inconnues, il est impossible
de se fier entièrement aux expériences antérieures en
matière d'adaptation. Car les risques que courent les agriculteurs les
plus vulnérables sont importants. Une augmentation de la
productivité agricole s'est avérée être un
défi quasi insurmontable dans la région du Mandoul et les
perturbations supplémentaires engendrées par la
variabilité climatique ne feront qu'aggraver les choses (Ngana and al,
2009). Aider les agriculteurs à se relocaliser dans des zones agricoles
plus productives ou à se trouver de nouveaux emplois est
également une tâche peu aisée, et les coûts sociaux
de telles mesures seraient sans aucun doute très
élevés.
Conclusion
D'une manière générale, nous dirons que
les problèmes liés à la variabilité climatique
auxquels sont confrontés les agriculteurs de la région du Mandoul
sont évidents, et cela nécessite des bonnes stratégies
d'adaptation. Car la variabilité climatique peut compromettre gravement
les disponibilités d'eau, réduire la productivité
agricole, propager des maladies transmises par des vecteurs et provoquer des
inondations dues à la hausse du niveau de la mer et même à
des précipitations plus importantes.
Elle est déjà considérée dans nos
analyses comme la principale cause des fluctuations d'une année sur
l'autre de la production agricole, tant dans les pays développés
que dans les pays en développement. La réduction projetée
de la production céréalière de la région d'ici
à 2030 suffirait à mettre en danger la vie des milliers de
personnes. Ces conséquences exigeraient des efforts d'adaptation dont
des populations ayant à peine accès aux ressources ou aux
économies nécessaires ne seront probablement pas capables.
Les relations entre le climat et l'agriculture sont une
évidence. Au regard des perturbations climatiques dont fait montre la
zone d'étude, nous avons senti la pertinence d'une meilleure gestion
saisonnière en tenant compte de l'environnement climatique. D'où
la nécessité d'une évaluation des périodes
culturales pouvant permettre aux cultivateurs de profiter au maximum des
pluies.
L'approche utilisée dans cette étude a permis de
mettre en évidence les liens entre la dynamique du climat et les
perceptions paysannes. A ce titre, il existe quelques écarts entre
l'évolution climatique observée et les perceptions paysannes.
Ceci peut influer sur l'adoption de mesures d'adaptation adéquates face
aux aléas climatiques. Il apparaît que les enjeux fonciers ne sont
pas du reste avec l'accroissement démographique. La maîtrise du
foncier reste un des gages de succès et une condition indispensable
à la résilience (Gonne, 2006; Ngana et al., 2009). Dans ce
contexte, il importe de poursuivre ce type d'étude pour mieux comprendre
la perception négative des tendances climatiques par les paysans en
dépit du retour de conditions plus humides.
CHAPITRE VI :
ADAPTATION DES ACTIVITES PASTORALES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE
Introduction :
Dans la région du Mandoul, l'élevage occupe une
place importante dans l'économie et les activités
socioculturelles des populations. Il participe ainsi à la fertilisation
des sols et constitue une source de génération des revenus
surtout dans les campagnes où il peut être assimilé
à de véritables « billets de banque sur pieds »
(Bertrand, 2002).
Ce secteur traverse depuis quelques décennies une crise
dont la principale cause réside dans la dégradation de
l'environnement liée à la variabilité climatique et
à l'augmentation des densités humaines. En effet, la
variabilité climatique constitue une des menaces les plus graves qui
pèsent sur l'élevage.
Les manifestations les plus visibles se rapportent à la
sécheresse qui, combinée à l'accroissement
démographique, accélère le déboisement, comme par
exemple lors des épisodes de sécheresses des années
1970-1990. Ces bouleversements ont des impacts négatifs sur les
ressources naturelles et l'ensemble des secteurs de la vie.
Face à ces évolutions, les populations adaptent
des pratiques de production pour assurer leur alimentation à partir des
produits animaux. Les stratégies d'adaptation des systèmes
d'élevage mises en oeuvre à cet effet peuvent varier en fonction
des groupes d'éleveurs.
6.1. Comment les
éleveurs tentent-ils de s'adapter à la variabilité
climatique?
Les chocs et les stress climatiques ne sont pas nouveaux dans
ces contextes, et les systèmes pastoraux partagent des
caractéristiques importantes qui les rendent adaptés à
l'incertitude et la variabilité climatique, notamment grâce
à leur adaptabilité et leur flexibilité. Dans ce
système, le bétail est un bien clé qui revêt une
importance culturelle et économique. Il restera central à toute
stratégie de réponse à la variabilité climatique.
La possession de bétail garantit aux individus de la nourriture et des
revenus, et fait office de tampon contre les chocs. Mais à cause des
restrictions croissantes sur la mobilité du bétail, il est de
plus en plus difficile de maintenir les systèmes pastoraux
traditionnels.
Dans le cas de la région du Mandoul, les conflits
croissants liés au vol de bétail et concernant les
pâturages et l'accès à l'eau pour le bétail ont
également réduit les possibilités qu'ont les
ménages pour gérer la variabilité climatique. Les familles
sans bétail sont plus fortement affectées par la
variabilité climatique. Cela conduit à des prises de
décision de plus en plus compliquées, car les populations sont
vulnérables à la variabilité climatique et à
d'autres facteurs du pastoralisme. Ainsi, même si la variabilité
climatique n'était pas en train de se produire ou si elle venait
à améliorer les conditions pour l'élevage de
bétail, de nombreuses personnes considéreraient de plus en plus
difficile de faire face aux chocs et stress climatiques
« normaux ».
6.1.1. La capacité
à endurer les multiples chocs
Les ménages pastoraux ont l'habitude de gérer
les chocs et les stress, qu'ils soient environnementaux,
socio-économiques ou climatiques. Faire face à un choc unique est
gérable pour la plupart des familles : les plus pauvres
bénéficient du support de la communauté, tandis que les
groupes aux revenus moyens sont capables d'utiliser diverses stratégies
pour survivre.
Cependant, lorsqu'un choc est combiné à un autre
de façon répétée et plusieurs années de
suite, la capacité des ménages à rebondir s'en trouve
compromise et la résilience de ces ménages diminue. Ce qui
exacerbe cette situation davantage est que le type et la gravité des
chocs changent et que de nouveaux risques et vulnérabilités
émergent. Non seulement les populations sont affectées par les
chocs climatiques, mais il y a aussi d'autres facteurs sociaux,
économiques et environnementaux, tels que les prix volatiles de la
nourriture, certaines institutions et politiques qui affectent les moyens de
subsistance.
6.1.2. Systèmes
d'abreuvage
En saison des pluies, les bovins sont abreuvés dans les
nappes d'eau et les rivières. En saison sèche, quand les mares
s'assèchent, les puits restent les seuls moyens d'abreuvage. On
dénombre 15 points d'eau, 14 mares et deux sources non pérennes.
Près de chaque puits est construit un abreuvoir, une sorte de
réservoir en béton ou en argile selon les moyens et d'une
capacité de 4 à 6 m3. Le tableau 43 illustre les
différents points d'abreuvage de la région.
Tableau 40:
Différents points d'abreuvage en 2008
Canton
|
Blocs
|
Point d'eau
|
Mares
|
Sources
|
puits
|
Ngalo
|
2
|
3
|
1
|
-
|
2
|
Doro
|
1
|
3
|
3
|
1
|
1
|
Matkaga
|
1
|
1
|
-
|
-
|
2
|
Bediondo
|
2
|
2
|
-
|
-
|
1
|
Bekamba
|
-
|
2
|
-
|
-
|
2
|
Goundi
|
3
|
-
|
1
|
-
|
3
|
Bedaya
|
1
|
1
|
2
|
-
|
1
|
Bessada
|
2
|
1
|
1
|
-
|
3
|
Dembo
|
1
|
1
|
2
|
-
|
2
|
Begara
|
2
|
-
|
1
|
-
|
-
|
Ndingala
|
2
|
-
|
-
|
-
|
2
|
Gon
|
1
|
1
|
-
|
1
|
-
|
Bengoro
|
2
|
-
|
2
|
-
|
2
|
Mondélé
|
1
|
-
|
1
|
-
|
1
|
Mainané
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
Maingara
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
Doguere
|
-
|
-
|
2
|
-
|
-
|
Bendang
|
-
|
1
|
2
|
-
|
2
|
Kokabri
|
-
|
-
|
1
|
-
|
1
|
Takabti
|
1
|
-
|
1
|
-
|
-
|
Moyimtoro
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
Bessara
|
-
|
1
|
-
|
1
|
-
|
C'est ainsi que les éleveurs des cantons Doro,
Matkaga, Narmbanga, Goundi, etc. développent des stratégies
particulières pour abreuver les bêtes en saison sèche et
trouvent des solutions alternatives au pâturage durant la période
de soudure.
6.1.3. Solutions au manque de
pâturage
Dans la région du Mandoul, les éleveurs ont
commencé par mettre en place des techniques et des stratégies
d'adaptation pour palier au manque de pâturage lié aux
variabilités climatiques.
Tableau 41 :
Techniques utilisées
Activités
|
Techniques appliquées
|
Alternatives au pâturage
|
- résidus agricoles
- réserve des grains de cotons
- tables à foin
- feuilles d'arbres et des plantes
|
Réduction de la taille des troupeaux
|
- Vente des animaux affaiblis dès la fin de saison
humide
- Abattage des animaux malades ou âgés
|
Partout dans la région, les fourrages de millet, les
feuilles de haricots et d'arachides sont entassées dans les enclos
immédiatement après les récoltes. A Bengoro, Dembo,
Matkaga, Bekamba et aussi dans bien d'autres localités, les
éleveurs coupent et font sécher d'importantes quantités
d'herbes qu'ils ajoutent aux résidus agricoles. En plus de ces fourrages
conservés par tous les éleveurs, les tourteaux et les grains de
coton sont achetés après la vente de coton dans le but de
compléter la nourriture des animaux en cas de manque. Il est à
noter que 19 sur 24 éleveurs interrogés s'intéressent
à cette pratique.
Les modalités des transhumances traditionnelles
pratiquées par ces éleveurs répondent à des
impératifs majeurs et indissociables: la recherche du pâturage, de
l'eau et la proximité des grands centres pour l'écoulement des
sous-produits. Avant de décrire les formes de mobilité, il est
important de présenter les différents cycles d'une année
pastorale telle que vécue par les éleveurs.
Il est aussi à remarquer que les réalisations en
terme d'adaptations demeurent faibles : dispositifs antiérosifs,
reboisement, contrôle des ligneux, mise en défens de
pâturages, délimitation d'espaces pastoraux ou aménagements
de points d'eau ne sont pratiquement pas cités par les éleveurs
au cours de nos voyages de terrain. Par contre, en ce qui concerne les
adaptations propres aux exploitations, les réponses sont souvent
contradictoires.
A titre d'exemple, certains éleveurs estiment
« qu'avant », les jeunes enfants pouvaient suivre les
animaux en brousse, alors que maintenant, les distances ayant augmenté
et les risques étant plus importants, donc, le suivi des animaux est
confié aux adultes. Pour d'autres, c'est maintenant que les petits
s'occupent des animaux car les adultes sont obligés de faire d'autres
activités pour compléter les revenus de la famille. Des
réponses différentes qui montrent les différents types
d'exploitations. Une certitude, la vie des éleveurs de cette
région a connu des changements importants, liés à la
variabilité climatique depuis ces 50 dernières années.
6.2. Comprendre le risque sanitaire pour mieux lutter
contre les maladies animales
Selon un groupe d'éleveurs membre de l'association des
producteurs de Ndila, les changements climatiques ont un effet direct
sur l'habitat et les mouvements des hommes, des animaux domestiques ou
sauvages, des agents pathogènes et de leurs vecteurs éventuels
(insectes, acariens). Le climat influe sur les paramètres de
transmission ou de dynamique des maladies: on a constaté un
inéluctable accroissement des maladies, mais plus vraisemblablement des
décalages des aires de répartition, avec une augmentation du
risque à certains endroits et une diminution à d'autres.
Toujours selon eux, beaucoup reste à faire pour mieux
comprendre et prédire les conséquences de la variabilité
climatique sur les maladies des animaux, y compris les zoonoses (maladies
transmissibles entre l'homme et l'animal). Comprendre, modéliser et
cartographier le risque sanitaire futur permet de mieux lutter contre les
maladies animales et les ravageurs des cultures, contribuant ainsi à
augmenter la production, à renforcer la sécurité
alimentaire et à préserver la santé publique. Tout cela
pourra nous aider à mieux nous adapter
6.3. Description de l'année pastorale
Pour comprendre la vie d'adaptation de l'élevage dans
le milieu pastoral de la région, il faut embrasser d'abord avec un grand
regard d'ensemble le cycle des saisons. Les éleveurs distinguent dans
l'année quatre saisons qui forment l'année pastorale et chaque
saison a ses propres caractéristiques auxquelles se rapportent, une
manière de vivre, un rythme, des problèmes, des
stratégies, des techniques, des travaux etc. L'année pastorale
commence toujours en début de saison des pluies. Elle se déroule
avec quelques variantes compte tenu de certains facteurs (le calendrier
agricole et les variabilités climatiques) qu'ils ne maîtrisent pas
toujours.
6.3.1. Première saison : début mai au mi
juillet
Elle correspond aux premières pluies, très
localisées dans le temps et dans l'espace. Elle est marquée par
une grande mobilité. Les éleveurs quittent les zones où
il y a manque d'eau pour rejoindre les localités où ils peuvent
offrir de l'eau au bétail. On observe souvent ces déplacements
au cours des périodes des courtes sécheresses. Cela
entraîne l'amaigrissement considérable du bétail. A la fin
du mois de juillet, les animaux commencent à se porter mieux (les veaux
et les moutons).
Du point de vue des connaissances empiriques, les
éleveurs prennent précaution à la position de la
constellation, ce qui permet de prévoir l'année pastorale. Cette
saison est caractérisée aussi par le prix élevé des
céréales, car les vaches donnent peu de lait. Les prix des
animaux baissent sur les marchés. C'est une véritable
période de soudure pour les pasteurs. Mais aussi une saison pleine
d'espoir avec l'arrivée des pluies.
6.3.2. Deuxième saison : de fin juillet
à mi septembre
C'est pour les éleveurs la période du bonheur
après la longue période de la saison sèche. Cette saison
se caractérise par un apaisement pour pâturer tranquillement, la
production laitière augmente, les besoins en sels minéraux des
animaux se font sentir. L'idéal pour les éleveurs serait de
donner toujours au bétail de l'herbe fine, sans noeuds et tendre.
C'est cette recherche de qualité qui explique les longs
déplacements au coeur de la saison humide. Des accidents peuvent
survenir durant cette période par la consommation de certaines
espèces (toxicité) au cours des déplacements. Durant cette
période, l'alimentation familiale des éleveurs est à base
uniquement du lait et toute la production est autoconsommée; en
principe, il n y a pas de trocs avec les sédentaires.
6.3.3. Troisième saison : Fin septembre
à fin novembre
La troisième saison est caractérisée par
des longs et importants déplacements, nocturnes et diurnes. La brousse
est verte et, de loin, les bergers savent évaluer l'intensité et
la signification de la couleur des arbres et des plaines. L'éclaireur du
groupe doit avoir au cours de cette saison un rôle important à
jouer. Il fait des tournées régulières qui peuvent parfois
lui prendre plusieurs jours. A son retour, tout le monde se réunit
autour de lui. Et c'est à partir de ses renseignements, qu'on
décide les déplacements en fonction de la qualité des
pâturages, de l'abondance de l'eau et de la présence des autres
groupes dans la localité.
6.3.4. Quatrième saison : décembre
à avril
La quatrième saison se caractérise par
l'assèchement de l'herbe, même si certaines mares sont pleines.
C'est le moment pour les éleveurs de faire le bilan de toute la saison
humide qui vient de s'écouler à partir de trois principaux
critères : l'embonpoint des bêtes, l'importance de la production
laitière et le nombre élevé des femelles entrées en
chaleur.
Les grosses concentrations des campements commencent à
se séparer pour revenir lentement et individuellement vers les sites de
la saison sèche. Les fractions se divisent en petites unités pour
qu'il ait moins de charge sur les unités écologiques. La
production laitière diminue par le changement de temps. C'est aussi une
saison des grandes peines, de travaux durs, d'abreuvement de fois aux puits
profonds et de soins aux animaux fatigués. Les éleveurs
s'installent autour d'un secteur (puits cimentés profonds, puisards,
forages) en fonction de trois critères :
- l'habitude et la connaissance qu'ils ont d'une
localité donnée et qu'ils considèrent comme leur propre
localité ;
- l'abondance et la qualité du fourrage ;
- l'abondance et la qualité de l'eau.
Durant cette période les ménages sont
confrontés à une faible production laitière,
l'alimentation est à base des céréales achetées aux
marchés hebdomadaires. C'est aussi une période de chaleur et de
soif, tous les membres de la famille passent la journée au point d'eau.
La conduite des animaux s'effectue pendant la nuit par des jeunes bergers
appelés Badjoss ou bouviers. Quand le vent du sud, la mousson,
commence à souffler, c'est le signe que les pluies sont proches. Et avec
les premières pluies, c'est le début d'une nouvelle année
et le cycle des saisons recommence chez les éleveurs. Ainsi, les
différentes formes de mobilité suivent les rythmes de
l'année pastorale pour une meilleure adaptation aux variabilités
climatiques.
6.4. Une extrême
mobilité
L'élevage dans la région demeure en effet
totalement tributaire de la localisation des pâturages et de celle des
points d'eau qui en conditionne l'accès, d'où il faut des
extrêmes mobilités. Or les ressources fourragères,
quantitativement et qualitativement, sont extrêmement dispersées
dans l'espace et fluctuantes dans le temps. La recherche conjointe du fourrage
et de l'eau met en oeuvre des pratiques pastorales diversifiées,
fondées sur une mobilité de plus ou moins grande amplitude et sur
une adaptation des rythmes quotidiens et saisonniers à la distribution
des disponibilités alimentaires.
La strate herbacée, qui représente l'essentiel
des ressources fourragères du cheptel bovin, est constituée
presque exclusivement d'espèces annuelles à cycle court.
Dès le mois de septembre, le stock fourrager de saison sèche est
en place et décroît ensuite progressivement, de manière
centrifuge à partir des points d'eau disponible, et d'autant plus
rapidement que la charge en bétail est élevée. Au fur et
à mesure de l'avancée de la saison sèche, les troupeaux
bovins doivent ainsi s'éloigner de plus en plus des points d'eau pour
accéder au pâturage encore disponible.
Après un début de saison sèche où
le pâturage existe à proximité immédiate des points
d'eau et est accessible grâce à des déplacements quotidiens
limités, se succèdent des rythmes fondés sur un
allongement progressif de l'intervalle de temps séparant deux
abreuvements consécutifs : un, deux, voire trois jours lors de fins de
saison sèche particulièrement critiques comme en 1980.
Ces rythmes de plus en plus contraignants pour le
bétail sont adoptés d'autant plus tôt que le stock
fourrager initial est réduit, c'est à dire que les conditions
pluviométriques de l'hivernage précédent étaient
défavorables. Les années de sécheresse très
sévères verront quant à elles se déclencher plus ou
moins tôt des mouvements de fuite exceptionnels de grande amplitude vers
des zones moins défavorisées, ou se généraliser la
vente des animaux les plus affaiblis.
Si l'incidence des conditions climatiques est stricte,
l'état et la répartition spatiale des ressources
fourragères de saison sèche peuvent être
appréciés dès avant l'arrêt des pluies, et les
éleveurs ont donc la faculté d'envisager précocement les
mesures à prendre pour limiter les risques d'éventuelle
pénurie. Les premières pluies, généralement
très sporadiques, surviennent à une période où les
disponibilités fourragères sont au plus bas.
Une réponse immédiate à ces nouvelles
conditions de milieu s'impose, et des mouvements de transhumance permettent
alors de gagner des pâturages éloignés que l'absence de
points d'eau rendait jusque là inaccessibles. Grâce à ces
mouvements, par nature très conjoncturels et opportunistes, souvent de
courte durée, et qui précèdent les transhumances
d'hivernage proprement dites, les troupeaux retrouvent en extrême fin de
saison sèche, c'est-à-dire à l'époque la plus
critique de l'année, des conditions d'alimentation favorables et rompent
avec les rythmes quotidiens épuisants qui leur étaient
jusqu'alors imposées.
Les moyens mis en oeuvre pour limiter l'effet, direct ou
indirect, des aléas et des insuffisances de la pluviosité, ne
relèvent pas que des caractéristiques et du fonctionnement des
systèmes de culture et d'élevage, ni du seul domaine technique.
En particulier, la coexistence de différentes activités au sein
des systèmes de production joue un rôle de régulation
essentiel. La plupart des unités de production combinent, à des
degrés divers, l'agriculture et l'élevage, qui concourent
à la satisfaction des besoins alimentaires et monétaires.
Une mauvaise campagne céréalière ne
correspond pas forcément à une mauvaise année
fourragère, et la complémentarité entre ces deux
activités de production contribue à atténuer les risques
de pénurie: consommation préférentielle de produits
lactés durant l'hivernage et le début de saison sèche,
commercialisation du bétail pour permettre l'achat de mil et d'autres
biens de consommation, ou inversement vente d'éventuels surplus
céréaliers pour rééquilibrer la structure ou
accroître la taille des troupeaux (bovins et petits ruminants).
La fonction d'épargne, de capital sur pied, qu'assument
ceux-ci s'avère en effet décisive et recherchée par tous
à des fins sécuritaires, même si le cheptel
contrôlé par les différents groupes sociaux varie de fait
dans des proportions très larges, rendant cette fonction plus ou moins
bien assurée. La coexistence, au sein des unités familiales, de
plusieurs activités de production, représente à
l'évidence un facteur d'autonomie et de régulation de
systèmes de production inscrits dans un environnement instable et soumis
à des fluctuations climatiques fortes et imprévisibles.
6.4.1. Formes d'itinéraires de mobilité
dans les années 1960 à 1970
Une première partie de cette période correspond
aux années de sécheresses (1963 et 1964). La seconde partie est
caractérisée par une pluviométrie satisfaisante, une
faible démographie et une abondance des ressources surtout en
pâturages. Ces différents facteurs donnent une stabilité
relative du système pastoral où il se dégage deux
pôles au cours des déplacements, un pôle de saison
sèche représenté par les sites autour des mares dans la
vallée du Mandoul, un autre pôle, représenté par les
sites d'installation de saison des pluies dans les plaines exondées
comme celles des villages de Moro, Narmbanga, Warray dans le
Mandoul-Est.
Notons que, pendant la saison des pluies, les groupes
observent deux mouvements nettement opposés. Un premier mouvement qui se
dirige vers le nord dans la zone pastorale et un second vers l'est en
direction de Bessada et Djoli encore ouvert. Remarquons que
les sites d'installation des éleveurs en saison sèche sont
importants en nombre que ceux de la saison des pluies, ce qui dénote une
abondance des ressources et une certaine stabilité du système.
Les éleveurs ont développé ainsi, au cours de leur
déplacement, diverses stratégies afin de résister aux
conditions difficiles de leur milieu et de faire face au risque de perte de
leur bétail. La figure 47 nous permet de comprendre l'installation d'un
site.
Figure 47 : Schéma
de l'organisation d'un ferrick non loin du village Laboute au
Mandoul-Est
Source : ITRAD.
6.4.2. Forme de mobilité en année
normale dans les années 1980 à 1990
La forme de mobilité des éleveurs dans les
années 1980 est caractérisée d'abord par la grande
sécheresse de 1985, ensuite, par la paupérisation des
éleveurs reconvertis en agropasteurs avec une augmentation significative
des surfaces cultivées au détriment des espaces à usage
pastoral, et enfin, par une politique de l'Etat en faveur des cultures des
contre saison dans les zones de haute productivité (réserves
stratégiques de fourrages). La conséquence est marquée par
une désorganisation du système pastoral.
6.4.3. Forme d'itinéraire actuelle
La forme actuelle de la mobilité dans la zone est
caractérisée par les points suivants:
- la libération tardive des champs par les
agriculteurs, ce qui retarde la mobilité des éleveurs qui vont du
Mandoul-Est vers le Bahr Sara ;
- le tarissement des mares ;
- la demande accrue en points d'eau traditionnels comme site
d'attache ;
- la découverte des zones de replis en dehors des
grands centres.
Cette forme de mobilité est mise en oeuvre par la
fraction de Peuls installés à Ngomana non loin de
Koumra, dans un site d'attache des éleveurs en année de
déficit de fourrage.
6.5. Le circuit de mobilité
Les différentes mobilités des éleveurs se
font selon les périodes de l'année et selon les directions. Avec
les premières pluies, les éleveurs déplacent le
bétail du sud au nord de la région, aux alentours de la
forêt classée de Djoli-Kera, jusqu'en fin de la saison
des pluies. A la fin de la saison pluvieuse, ils redescendent vers le sud en
empruntant les axes de transhumance:
Goundi-Bessada-Ndila-Begoro-Dembo. Les zones situées plus au
sud libèrent très tôt les champs. La stratégie de ce
groupe est de se faufiler entre les espaces interstitiels des cultures et
atteindre au bon moment ces lieux sans être devancé par d'autres
transhumants.
Du sud au nord, la libération des champs étant
plus tardive dans la partie nord de la région à cause des
cultures de sorgho, de niébé et des concombres, ils remontent
lentement jusqu'au dernier champ libéré. C'est le retour au site
d'attache habituel (puits traditionnel, mare, puits, etc.).
6.5.1. Les stratégies ex-ante :
mobilité et dispersion des animaux
Face au caractère erratique de la disponibilité
des ressources fourragères et hydriques, la mobilité quotidienne
et annuelle du troupeau est un gage de survie. Les pasteurs déplacent
leurs troupeaux dans les grandes plaines, juste après les saisons des
pluies pour profiter des ressources herbeuses nouvellement constituées.
Puis au fur et à mesure de l'avancée de la saison sèche,
ils se déplacent en direction de l'Ouest et des reliefs, dans des zones
de pâturages de saison sèche. Ils pratiquent donc un
système de transhumance entre pâturages de saison humide et de
saison sèche. Certaines zones de pâtures sont
réservées pour les temps les plus critiques, en période de
sécheresse, et sont encadrées et contrôlées par des
institutions traditionnelles, permettant ainsi d'assurer la survie d'une partie
du cheptel.
A l'échelle d'une famille nucléaire, le cheptel
est souvent dispersé géographiquement afin de diminuer les
risques de perte de l'ensemble en cas de maladie. Cette dispersion s'effectue
au travers du fractionnement du cheptel si la famille est suffisamment
nombreuse, ou de prêts d'animaux intégrés aux troupeaux des
autres membres de la famille. La nature même des troupeaux permet de
faire face à la variabilité du milieu et des types de ressources
fourragères disponibles : les éleveurs mélangent les
espèces, ce qui rend complémentaires les besoins alimentaires et
les capacités de résistance inhérentes et d'adaptation
à chaque animal.
6.5.2. Etude de cas d'un circuit d'adaptation à
la transhumance actuelle
Le système arabe repose essentiellement sur
l'élevage bovin et se caractérise par la valorisation des mares,
des puits villageois ou pastoraux ainsi que des résidus des
récoltes. Selon le président de l'association de ces
éleveurs que nous avons rencontré à Koumra, dans leur
itinéraire de mobilité, les éleveurs gravitent autour des
villes en décrivant des cercles concentriques de taille variable en
fonction des saisons.
En saison normale, ils ne sortent pas loin des grands centres.
En année difficile, ils remontent au nord jusqu'à la
Tandjilé et, au Sud, jusqu'au département du Bahr Sara
à la recherche des meilleures conditions de vie du bétail.
6.5.3. Droits pastoraux, modes de vie et adaptation
à la variabilité climatique
Il existe cinq questions controversées auxquelles il
convient de répondre dans le contexte de la variabilité
climatique.
1. L'adaptation à ce phénomène est au
coeur du concept de moyens d'existence durables. Dans un contexte où les
ressources vont devenir de plus en plus variables sans que cela débouche
nécessairement sur la ruine des pâturages, l'élevage mobile
est le meilleur moyen de minimiser le risque. Pourtant, le pastoralisme doit
encore être reconnu par les décideurs comme un système
viable qui a le potentiel de soutenir les moyens d'existence et de contribuer
à l'économie de la région à partir d'environnements
qui seraient autrement inadaptés à d'autres systèmes
d'utilisation des sols.
2. Les pasteurs, qui ont été accusés
pendant des décennies d'être à l'origine de la
dégradation de l'environnement, sont désormais reconnus comme de
bons gardiens des environnements variables et les externalités
environnementales positives qu'offrent des pâturages bien
gérés sont désormais communément.
3. Beaucoup de régions habitées et
exploitées par des pasteurs sont riches en ressources souterraines.
L'expérience passée montre que les pasteurs ne tirent
généralement pas parti de la richesse économique
générée par l'exploitation de ce type de ressources ; en
revanche, ils en assument le prix en termes de conflits et
d'insécurité associés, comme en témoignent divers
exemples en Afrique (par exemple, la guerre qui embrase le sud-Soudan).
4. Malgré les recherches qui démontrent la
logique et l'efficacité du pastoralisme en termes de gestion des
ressources dans les milieux hostiles et incertains, on n'est pas encore parvenu
à provoquer les changements appropriés dans l'opinion des
pouvoirs publics et les directives politiques. Pourtant le pastoralisme a
beaucoup à offrir dans les débats actuels sur la meilleure
façon de s'adapter au climat.
5. Dernière considération : on s'aperçoit
que les droits des pasteurs et les capacités qu'ils ont d'offrir de
précieux services de manière durable à partir de milieux
incertains sont davantage reconnus alors même que les investissements
publics dans les zones pastorales ne cessent de diminuer. La faible
densité démographique, l'éloignement et la
marginalité politique font des zones pastorales les premières
cibles d'un désengagement de l'État aux termes des Programmes
d'ajustement structurel et des coupes sombres des budgets publics.
Les impacts des processus de décentralisation et de
dévolution n'ont pas encore été propices aux
communautés pastorales et le sentiment de désillusion et de
ressentiment à l'encontre de l'État et des institutions
régionales de ces communautés est un élément
important qu'il ne faudrait pas sous-estimer et qui pourrait expliquer dans
une certaine mesure la tendance à la radicalisation politique que l'on
observe dans de nombreuses régions pastorales.
6.6. Adaptations ou contraintes
Les contraintes de divers ordres (aléas climatiques,
institutionnels, environnement local...) ont amené les éleveurs
de la zone d'étude à modifier leur technique de production. Tout
en maintenant un système d'organisation flexible, les éleveurs
arabes Missériés dans leur mobilité visent
différents types buts.
Dans l'ensemble des villages ayant fait l'objet de
l'étude, 10,71% ont signalé la présence permanente de
ferrick dans le terroir à une distance variant entre 3 et 7 km.
Dans 89,29 % des villages, c'est le phénomène de la transhumance
de faible amplitude qui a été mentionné est illustratif
par la figure 48.
Figure 48 : Position
des ferrick par rapport aux villages
Dans ces situations, la plupart des éleveurs campent le
long des cours d'eau en saison sèche (période de décrue)
et dans les forêts et jachère de longue durée en saison des
pluies avec la mise en place des cultures. Certains de ces éleveurs
remontent vers le Salamat où le Chari-Baguirmi en
empruntant l'espace au Nord du Mandoul ou en longeant le parc de Manda. La
situation la plus fréquemment évoquée est le retour
très prématuré de troupeaux d'élevage transhumants
entraînant la destruction des récoltes.
En absence de statistiques récentes concernant
l'évolution du nombre de tête de bovins dans la région,
nous utilisons les données contenues dans le rapport annuel de la
Direction Nationale de l'Elevage (2004) pour donner une idée
quantitative de ce que pourrait être ce phénomène.
D'après ce rapport, le nombre de têtes de bovins est passé
de 118 000 en 1990 à 498 022 en 2003, faisant de cette zone l'un des
principaux pôles de développement de l'élevage bovin en
zone soudanienne.
Au plan des règles d'accès aux ressources
naturelles de base, la situation est différente selon qu'il s'agisse
d'un autochtone ou d'un allochtone. Pour les autochtones, la terre se transmet
de père à fils en vertu du droit reconnu à la
communauté sur cette terre. La règle en vigueur est donc
l'héritage. Néanmoins, compte tenu du fait que la
communauté ne reconnaît la propriété de tierce
personne sur la terre que lorsque celle-ci l'a marqué d'impact,
certaines familles n'ayant pas, par le passé, la capacité de
défricher et mettre en culture des surfaces plus importantes sont
aujourd'hui réduites à gérer et transmettre de petites
surfaces à cause de la situation de saturation que connaissent certains
villages actuellement. Dans ces conditions et contrairement aux pratiques
d'usage dans cette région, certains autochtones commencent à
louer les terres, surtout dans les zones rizicoles et les jachères de
longue durée et cette stratégies est basées sur plusieurs
buts.
6.6.1. Buts techniques
Pour les éleveurs, le bétail est de plus en plus
sélectionné sur des critères de résistance et de
forte productivité en milieu difficile. Face aux aléas
climatiques, ils s'adaptent rationnellement au milieu par une extrême
mobilité. Ainsi, ils peuvent aussi profiter au maximum de toutes les
ressources sur un secteur très vaste en eau, pâturages, etc.
La division du troupeau est une stratégie de
défense qui consiste à séparer le troupeau en deux. Une
première partie des bêtes formée des laitières et
des petits ruminants vont avec le gros de la famille dans les régions
agricoles pour profiter des marchés. Par contre, la seconde partie du
troupeau reste dans les localités plus éloignées, mais
aussi plus riches en pâturage.
6.6.2. Buts économiques
Les éleveurs pratiquent l'agropastoralisme
d'opportunité ou ils investissent en ville dans l'immobilier et le
transport. Ils boycottent parfois les marchés hebdomadaires, car ils se
rendent compte que l'économie des villes de la région repose sur
l'élevage. Par ces biais l'administration se voit obligée de
négocier avec leurs interlocuteurs. Certains éleveurs se
convertissent dans diverses activités génératrices de
revenus (petite embauche pour les femmes et la profession
d'intermédiaire de vente des animaux pour les jeunes garçons).
6.6.3. Renforcement de l'ancrage socio-foncier
Bien que les éleveurs se trouvent dans une situation
foncière précaire par rapport aux sédentaires (Feizoure,
1994), ils ont su garder leurs empreintes sur quelques sites à
l'intérieur de la région. Ce sont en effet leurs sites d'attache
qui leur permettent la mobilité en saison sèche.
C'est pourquoi, pour la plupart de ces pasteurs, ils
préfèrent la réhabilitation de leurs propres puits
traditionnels que le forage des nouveaux puits cimentés à usage
public car, l'entretien de la réciprocité à travers des
alliances entre communautés demeure un problème conflictuel pour
garantir la mobilité. Et les puits publics cimentés avec leur
mode de gestion ne permettent pas la réciprocité, compte tenu de
leur appropriation par les sédentaires :
- le processus de sédentarisation est observé
chez certains groupes autour des sites de Campement, de Bengoro, Bedaya,
Bangoul et Nodjimala où une partie de la famille reste
durant l'année alors que les jeunes continuent à faire la
transhumance.
- la plupart des éleveurs pratiquent aussi le
développement des petites infrastructures, (cases en paillotes) base de
résidence plus ou moins permanente observée à
Ndila, à deux kilomètres au sud de Doro qui
permettent des actions d'intérêts collectifs (banque
céréalière, case de santé, bureau de vote...).
C'est un processus de « villagisation ».
6.6.4. Alliances avec les autres communautés
L'existence d'un réseau social étendu est, pour
une famille, un filet de sécurité important face aux crises. En
cas de perte de tout ou d'une partie du troupeau, ce sont les liens
tissés avec l'ensemble de la communauté qui permettent sa rapide
reconstitution. La famille peut ainsi solliciter, au sein de son réseau
de relations, des prêts voire des dons d'animaux. Les échanges
jouent également un rôle dans la reconstruction du troupeau
lorsque ceux-ci concernent des animaux aux périodes de gestation
élevée et prolificité faible comme les bovins, contre des
animaux à la vitesse de reproduction plus élevée, comme
les caprins et les ovins.
Ainsi, développer son réseau social durant une
période de prospérité en multipliant les dons et les
prêts diminue à court terme le troupeau, mais constitue aussi une
stratégie de prévention du risque de perdre ce même
troupeau. En cas de crise affectant son troupeau, une famille mobilisera ce
réseau social pour emprunter et échanger des animaux, afin
d'augmenter la vitesse de reconstitution de ce capital. Le capital physique que
constitue le troupeau et le capital social sont donc, au moins partiellement et
dans le cas de chocs non généralisés, substituables.
Chez les éleveurs en général et chez les
éleveurs Bororo en particulier, le bétail circule
énormément d'un troupeau à un autre à travers des
systèmes complexes de prêts temporaires, de donation et de
gardiennage. En faisant circuler son bétail, l'éleveur permet de
tisser de nombreuses relations. C'est le cas de la figure 46 qui en
démontre dans les localités de Koumra et ses environnants
(Ngabolo, Kemkian, Kemkada, Kotkouli, etc.).
Les associations, les ONG et la société civile,
prennent en main les questions de développement en jouant un rôle
d'intégration des nomades dans les prises de décisions locales.
Dans ce sens, certains leaders des éleveurs participent fortement
à l'organisation des Assemblées Générales et des
Congrès pour exposer en public leurs problèmes.
Figure 49 :
Réseau social établi entre les éleveurs
Cette analyse rapide de quelques tactiques pastorales montre
une remarquable diversité de stratégies d'adaptations en
réponse aux rigueurs et aux aléas climatiques ainsi qu'à
l'accès aux ressources fourragères. On peut se demander si ces
évolutions des pratiques ne conduisent pas à la
«déspécialisation» de l'élevage pastoral et
agro-pastoral.
Cette tendance a pour avantage d'élargir la gamme des
recours possibles en cas de crise, mais elle induit également une
disparition partielle des complémentarités historiques existant
entre les populations des zones pastorale et agricole. On peut
vraisemblablement parler de déstructuration des liens communautaires.
Dans la localité de Péni, les cultures
fourragères et les terres nues ou dégradées s'alternent
à perte de vue. De tous côtés, l'on ne voit que des
troupeaux : chèvres, moutons, et vaches. Sous les rayons ardents du
soleil, en cette fin de saison sèche, Ahmadou Moussa, la cinquantaine
bien sonnée, coiffé du chapeau traditionnel, rouge, surveille ses
chèvres.
Non loin de là, ses deux frères, Alio et Sanda,
dans un interminable va-et-vient, tirent l'eau du puits et la versent dans un
récipient en fer enfoncé dans le sol. "C'est là que nos
animaux viennent maintenant s'abreuver, lance Alio, âgé de 38 ans.
Par le passé, cette zone regorgeait de points d'eau.
Aujourd'hui, il en reste peu et ils s'assèchent vite."
Son frère Sanda, la quarantaine, s'inquiète, lui, de la
rareté du fourrage. "Il faut parcourir des kilomètres avec le
troupeau. Ce n'est pas du tout facile à cause du nombre
élevé de bêtes." Leur aîné évoque avec
nostalgie un passé pas si éloigné, il y a une trentaine
d'années, quand l'élevage se portait bien dans cette
localité. "Aujourd'hui, dit-il, le temps a changé. Il n'y a plus
d'herbe comme avant et moins de pluies.
Ce qui fait que nous descendons dans les champs de culture
juste après les récoltes." Ces déplacements créent
parfois des heurts entre éleveurs et agriculteurs. "Avant, je ne croyais
pas à ces histoires". Ignorant tout des mécanismes de
variabilité climatique, ces pauvres éleveurs observent,
impuissants, les transformations de leurs aires de pâturage. Ils disent
toutefois en entendre de plus en plus parler lors de séances de
sensibilisation, à la radio, et au cours des rencontres
organisées par des ONG qui interviennent dans le secteur depuis 2001.
"Au début, je ne croyais pas à ces histoires de climat. Mais il y
a deux ans, je me suis rendu compte que de nouvelles maladies animales
apparaissaient et que nos bétails mettaient bas
prématurément", témoigne Abba Koura, 55 ans,
éleveur dans la zone de Koldaga.
Malgré leurs difficultés, tous s'accrochent
à leurs troupeaux, leur seule richesse héritée de leurs
grands-parents. Conduire les animaux au pâturage rythme le quotidien des
communautés peulh et Missériés qui vivent dans
cette partie de la région. Deux fois par jour, le matin et le soir, les
pasteurs se retrouvent au bord des puits pour abreuver leurs animaux.
L'élevage est pour eux une source de revenus et un mode
de vie. "Depuis deux décennies; nous avons constaté que le cycle
de sécheresse qui est de 10 ans au Tchad a connu une certaine
évolution. Sur huit ans, désormais, il peut y avoir une à
deux sécheresses", confirme Mahamadou Abbadi, de l'Association pour la
redynamisation de l'élevage au Mandoul, qui s'est lancée dans
l'encadrement des éleveurs sur la variabilité climatique. Il
organise ainsi des formations sur la récolte et la conservation des
foins, la préservation des espèces végétales et de
l'environnement par la plantation d'arbres ou la construction de cordons
herbeux.
6.6.5. Politique de l'Etat
Dans la région du Mandoul, si les pratiques habituelles
des pasteurs ne ménagent guère l'environnement à long
terme, la politique de l'Etat dans le secteur de l'élevage n'a fait
qu'exacerber leurs effets. Une fois que la protection sanitaire contre les
grandes épizooties est assurée, l'administration s'est
lancée dans le développement de l'élevage, à partir
des années soixante dix. Il s'agissait d'un développement
numérique plus que qualitatif, pour ravitailler des villes en essor
rapide Cette pratique a reçu un bon accueil de la part des
éleveurs, car elle correspondait à leur stratégie
habituelle d'accumulation de bétail. La politique
vétérinaire instaurée a fait augmenter de façon
considérable l'effectif du bétail dans les années
1960-1970.
Après les sécheresses des années 70,
l'Etat et les éleveurs de la région se sont lancés dans
une reconstitution des cheptels. C'est seulement dans les années 1980,
qu'ils ont adopté une autre politique, du moins officiellement,
d'ajustement des effectifs aux pâturages. Cette politique n'est pas
dénuée de nationalisme, la sédentarisation revient
toujours comme une constante dans les politiques élaborées
à l'égard des pasteurs.
La plupart des sédentarisations contraintes et
dirigées ont échoué, après un délai plus ou
moins long. Entre-temps, les pâturages de l'aire de
sédentarisation sont fréquemment dévastés. Cette
politique est conçue et imposée sans mesure d'accompagnement
relative aux pâturages ou au bétail. Or, pour les éleveurs
mobiles, le passage à une sédentarisation de longue durée
n'est pas neutre. Il implique la modification d'au moins un paramètre de
leur système d'élevage. Si la race bovine ancienne est maintenue,
il convient de réduire les effectifs de cheptel.
C'est le cas de figure souvent préconisé par les
experts. Mais, pour les éleveurs, il équivaut à un
appauvrissement pastoral, perspective très difficile à faire
accepter. Si l'intégralité des effectifs est respectée, il
faut changer la race bovine. Car l'adoption d'animaux moins exigeants en
fourrages permet de réduire l'espace nécessaire à chaque
troupeau et de garantir les revenus des éleveurs. Cette solution,
rarement envisagée par les autorités, est pourtant celle qui
convient le mieux aux éleveurs, après une phase initiale de
réticence ...
6.7. L'échec des stratégies
traditionnelles
Tout au long de cette transformation, l'élevage a perdu
de son importance, fragilisé par les différents chocs
(sécheresses, vols, maladies, etc.). La sédentarisation
et la concurrence d'accès aux ressources pastorales accentuent encore ce
phénomène. La vulnérabilité des familles augmente
donc aussi du fait des stratégies d'adaptation mises en oeuvre, car
d'une part l'ensemble du cheptel, plus regroupé, est touché en
cas d'aléas, et d'autre part la possibilité de déplacer le
troupeau en cas de contexte climatique défavorable est réduite du
fait de la sédentarisation de la famille. Les pertes sont alors plus
lourdes en cas de crise, et une dynamique de cercle vicieux se met en place,
articulant la faible résilience et les stratégies adoptées
par les familles.
Par exemple, lors des enquêtes il est rapporté
que les cas de vols de bétails confiés à des membres de sa
propre famille ou de son clan sont aujourd'hui plus nombreux qu'auparavant. Ce
constat qui constitue un frein à ces pratiques est relaté ici par
un ancien éleveur de la tribu Dakara. Selon lui,
« Avant, pour les mariages, les gens donnaient plus d'animaux. Il
était fréquent de donner cent chèvres et vingt vaches,
mais aujourd'hui, même pour un bon mariage, vingt chèvres et cinq
vaches, c'est le maximum. » Pour Mahamat Djâbir, ancien
éleveur et cultivateur à Mainané dans le canton
Ngalo, « en ce temps-là, il y avait beaucoup
moins de vols car les gens avaient beaucoup d'animaux, ils n'avaient pas besoin
de voler. [...] En ce temps-là, les gens avaient confiance entre eux.
[...] Même pour ceux qui avaient perdu tous leurs animaux, ils pouvaient
demander des animaux pour reconstruire leur troupeau, comme un crédit,
et rembourser plus tard, aujourd'hui ça meurt... Aujourd'hui, tu ne peux
pas avoir de crédit, même si ton père meurt, tu n'as pas
d'assistance du tout, c'est toi et tes propres problèmes. [...] L'aide
n'existe plus entre familles ».
Les difficultés dans lesquelles se trouve l'ensemble de
la population, de même que les stratégies mises en oeuvre
provoquent donc le délitement du système social et d'entraide.
L'élevage ne remplit plus son rôle de filet de
sécurité pour les familles.
La reconstitution des effectifs animaux après ces chocs
climatiques par les stratégies traditionnelles s'est donc
considérablement ralentie, et l'activité d'élevage ne
permet plus de subvenir aux besoins de base de la famille. Avec l'accentuation
de la fréquence des atteintes sur les troupeaux et l'incapacité
à les reconstituer après les chocs, la perte du troupeau est
ainsi souvent devenue irréversible. La diversification des
activités, qui autrefois était une stratégie parmi
d'autres pour reconstituer le cheptel, devient permanente et de nouvelles
exploitations apparaissent, où l'élevage est quasiment absent, y
compris pour son rôle d'épargne et de moyen de faire face aux
aléas, (Lallau, 2007).
6.8.
Analyse
des échecs des stratégies mises en oeuvre
Pourquoi tous les programmes et toutes les approches en
matière se sont-ils avérés vains ? C'est une question
à laquelle il faut répondre pour identifier les vraies causes de
ces échecs et asseoir une politique d'adaptation basée sur une
stratégie globale. Dans un premier temps, tous les efforts consentis
dans cet espace ont été trop polarisés sur le
pastoralisme, l'élevage du bétail en général subit
les effets de la sécheresse dévastatrice et rend toute production
aléatoire.
Dans un deuxième temps, le secteur agro-pastoral allait
être considéré comme un vecteur de développement
devant servir de support économique à la vie des populations
locales. Or les terres agricoles dans cet espace n'étaient pas
excédentaires et pourtant de nouveaux agriculteurs attirés par la
disponibilité des ressources en eau se sont installés. Les
réserves en eau souterraines sont estimées à plus de 60
milliards de m3 et leur taux d'exploitation n'est que de 20.
L'activité agricole s'est développée sans relation avec
l'activité pastorale, et aucun investissement garantissant un
développement durable n'a été réalisé.
Pour les zootechniciens, l'avenir était à
l'introduction de races ovines ou caprines prolifiques ou ayant des aptitudes
particulières pour la production de viande, de lait, de laine. C'est
ainsi qu'il y eut l'idée de l'introduction à la mode des
chèvres Merinos...et pour les partisans des races locales, les
avis étaient partagés sur les valeurs. C'est pourquoi
« Il est normal que des hommes ayant une formation de base et de
spécialités différentes expriment des points de vue
différents concernant un problème donné mais un consensus
technique et socio-économique doit être trouvé pour
préserver et développer durablement cet espace
stratégique » notait Benabdeli (1992).
6.8.1. Le changement
brutal de système et de mode d'exploitation
En l'espace de moins d'un demi siècle les modes
d'exploitation de la végétation ont été totalement
bouleversés tant par les décisions politiques que les approches
techniques. Dans ce volet on distingue le système traditionnel et le
système semi adapté, chacun avec ses avantages et ses
inconvénients, et leur impact sur le couvert végétal.
6.8.2. Le système
traditionnel et le maintien de l'équilibre entre parcours et
cheptel
Le système traditionnel d'élevage et de gestion
des parcours, qui garantissait un équilibre biologique avec une
surveillance de l'effectif du cheptel excluait tout surpâturage. Les
facteurs environnementaux locaux (manque d'eau, distance à parcourir,
absence de soins vétérinaires, manque de moyens de transport)
participaient à réguler la taille des troupeaux selon les
potentialités des espaces. La reproduction du cheptel restait
traditionnelle et naturelle et demandait quelques années, laissant le
temps aux parcours de se régénérer à la faveur de
périodes humides, l'équilibre biologique était alors
progressivement rétabli.
L'élevage ovin était l'activité
économique la mieux adaptée aux conditions biophysiques du
milieu, et le cheptel ovin représentait seulement 20 % du cheptel
national. Actuellement ce taux avoisine les 40 % et pèse de tout son
poids sur cet espace. Une autre activité pratiquée par les
éleveurs en adéquation avec les potentialités naturelles
est l'agriculture. Elle était surtout pratiquée de façon
localisée et périodique dans des phases de dépression. Il
existait donc des conditions complémentaires entre les habitudes, les
activités et le mode d'exploitation agropastorale et les
éléments naturels du milieu, qui permettaient de préserver
les écosystèmes locaux. La transhumance était une pratique
courante basée sur le déplacement des troupeaux vers d'autres
régions, selon les saisons, à la recherche de zones où
l'herbe est présente. Cette pratique permettait à la
végétation herbacée de se
régénérer.
6.8.3. Le système
semi adapté et la rupture de l'équilibre
parcours/cheptel :
Les possibilités offertes par les
éléments économiques de la région allaient
concourir à changer fondamentalement les données du
problème pastoral et bouleverser l'équilibre précaire de
la région. Plusieurs éléments nouveaux et
complémentaires sont intervenus et ont provoqué la rupture de cet
équilibre. Les principales causes sont :
· L'adaptation des systèmes d'élevage
ovin : le productivisme allait faire évoluer rapidement les
méthodes et les équipements concernant les principaux facteurs de
production que sont l'alimentation, l'habitat, l'abreuvement, les transports,
les soins vétérinaires. L'apport d'alimentation, facteur
d'amélioration déterminant, a été à
l'origine de l'engraissement « in situ » se traduisant par
la rupture de l'équilibre cheptel/pâturage à cause de la
forte charge pastorale.
Les aliments étaient acquis directement auprès
des opérateurs publics car subventionnés. Il s'agit des
céréales, son, fourrage sec, paille et des aliments
composés complémentaires des fourrages secs. L'abreuvement du
cheptel, qui était un autre facteur limitant le développement des
troupeaux, accentué par le contexte climatique des parcours du
bétail, a connu une issue positive par le forage de puits totalement
équipés pour les villages nouvellement installés dans les
koros.
· Les activités de transport : les moyens de
transport de l'eau furent renforcés par l'acquisition de moyens pour le
transport du cheptel et des aliments. Remorques, camions,
bétaillères facilitaient l'approvisionnement et permettaient des
déplacements rapides du cheptel vers chaque zone de pacage
repérée, et cela, pour les zones menacées de
surpâturage, correspondait à une augmentation de la
capacité de nuisance du cheptel.
· Les progrès des soins
vétérinaires : en matière de vêlage, ceux-ci
ont eu comme impact direct un accroissement rapide des troupeaux. Tous les
actes étaient supportés par l'Etat, comme les vaccinations
réalisées dans le cadre de campagnes organisées pour
l'application de programmes prophylactiques, qui assuraient une bonne
maîtrise épidémiologique. Les produits
vétérinaires étaient disponibles et cédés
à des prix abordables.
· La sédentarisation de plus en plus importante,
découlant de l'implantation de villages et de zones de vie, dont la
conséquence est une perturbation des coutumes des habitants de l'espace
vulnérable. Les systèmes d'élevage ne sont plus
fondés sur la mobilité saisonnière et spatiale : si
auparavant l'animal allait vers l'aliment, aujourd'hui c'est l'aliment qui va
vers l'animal.
C'est une des principales causes de la sédentarisation
avec toutes ses conséquences négatives sur les
écosystèmes, comme le défrichement pour la culture de
céréales, le surpâturage imposé par l'augmentation
des effectifs, les incendies pour la régénération des
jeunes pousses d'herbe, l'éradication des espèces ligneuses pour
le chauffage et la cuisine.
Les répercussions de cette constante augmentation du
cheptel sont catastrophiques dans un premier temps sur la
pérennité des parcours et dans un second temps sur
l'équilibre de toute la région déjà menacée
par le phénomène de la variabilité climatique. Il s'agit
d'une réelle crise du pastoralisme, puisque pendant des siècles,
les sociétés agro-pastorales étaient un exemple reconnu
d'équilibre entre l'homme et le milieu naturel. Le principe de base de
l'équilibre agro-pastoral est la mobilité. Les
sociétés pastorales étaient nomades ou semi-nomades,
pratiquant la transhumance.
La règle était de ne jamais rester trop
longtemps au même endroit. La pression sur le milieu était donc
répartie dans le temps et dans l'espace, au rythme des saisons selon des
règles précises et adoptées par tous les éleveurs.
Ce système fonctionnait avec une organisation et de institutions
tribales et un droit coutumier reconnu et respecté de tous.
Malheureusement ces systèmes agro-pastoraux connaissent, depuis quelques
décennies, des mutations profondes en raison d'une
désorganisation de la société pastorale avec des erreurs
de politique économique.
Pour ce qui est du foncier, à l'origine, la terre
appartenait à des collectivités qui vivaient en
communautés et les exploitaient collégialement. De nos jours, les
terres sont statutairement restées collectives, ou sont devenues
propriété de l'Etat avec un droit de jouissance aux pasteurs. Or,
la notion de communauté s'est considérablement amenuisée.
Les liens tribaux et familiaux ne sont pas les mêmes. Le mode
d'exploitation de la terre obéit à des règles de
rentabilité, de spéculation, pour atteindre des objectifs
individuels.
Comme la terre appartient à tout le monde, elle est
exploitée anarchiquement et il n'y a plus de lien entre l'exploitant et
la terre. Finalement, personne ne veut investir dans la préservation de
l'écosystème ni même accepter d'imposer la discipline qui
exige une gestion rationnelle (Bedrani, 1995).
La question foncière reste très complexe et ne
peut trouver sa solution que dans une analyse politique, sociale et
économique globale. Beaucoup de questions se posent comme :
· Que faire des ayant droits qui n'ont pas de troupeaux
?
· Ne risque-t-on pas de morceler à outrance les
parcours et de rendre la transhumance impossible ?
· Que faire du droit coutumier qui reconnaît plus
ou moins le droit de propriété à celui qui exploite sans
interruption une parcelle ?
· Que faire des éleveurs urbains et
périurbains actuels ?
Les enjeux sont importants et des conflits déjà
chroniques existent, l'ensemble des problèmes évoqués
concourent ainsi à exercer de fortes pressions sur des milieux
déjà fragiles.
De l'analyse qui précède, il ressort que c'est
l'élevage qui constitue l'élément déterminant dans
l'économie et la dégradation de la région. Pour concilier
la préservation des potentialités écologiques de la
région et son exploitation par les pasteurs, le recours au
développement durable peut être axé dans un premier temps
sur l'introduction d'une espèce végétale, Ailanthus
glandulosa. Cette espèce a un impact certain sur le processus de
dégradation observé dont le facteur principal est le parcours,
elle permet avec son action écologique d'améliorer la
productivité au niveau de la strate herbacée et agit positivement
sur la préservation de la végétation et du milieu en
général.
Actuellement, avec les possibilités rapides de
déplacement des troupeaux par camions, tout l'espace est concerné
par une surexploitation. Le cheptel surtout ovin a augmenté en l'espace
de 10 ans de plus de deux cent mille et atteint actuellement un million,
accentuant la pression sur cet espace déjà fragilisé
(Boucheta, 2002).
6.9. Les limites de la résilience
Il faut alors s'interroger sur la contribution de ces
différentes stratégies à la résilience des
éleveurs. Cette contribution s'avère en premier lieu très
variable d'un ménage à l'autre, et l'on observe une grande
diversité de trajectoires. En deuxième lieu, ces
stratégies peuvent être analysées comme non durables sur le
plan environnemental, causant d'importantes dégradations des ressources
naturelles accessibles. Elles conduisent en dernier lieu, sur un plan plus
conceptuel, à interroger le lien entre résilience individuelle et
résilience collective.
6.10. Les limites environnementales des
stratégies d'adaptation
Les stratégies d'adaptation adoptées par les
ménages induisent une modification du rapport au milieu naturel,
liée au passage d'une vie nomade à une vie sédentaire, et
donc de nouvelles contraintes dans la gestion intra-annuelle de l'espace.
Ainsi, du fait de la sédentarité du troupeau et
de sa concentration dans un espace plus réduit, la pression de
pâturage augmente, ce qui, dans ces écosystèmes très
fragiles, limite la régénération du couvert
végétal et amplifie la tendance à la
désertification. Cette tendance est évoquée dans de
nombreux entretiens, en particulier avec les personnes assez
âgées.
De la même façon, le développement
d'activités de diversification accroît la pression sur des
ressources naturelles déjà rares et dégradées. On
l'a vu pour le maraîchage qui induit une ponction importante sur la
ressource en eau.
6.11. Stratégies d'adaptation dans la conduite
des volailles
Dans la région du Mandoul, les populations locales
mènent des actions efficaces pour limiter les effets négatifs des
excès de chaleur sur les volailles. Ces actions sont orientées
principalement dans quatre directions : la conception et la
réalisation des bâtiments d'élevage dans les fermes, le
choix judicieux des souches à produire, l'adaptation de l'alimentation
aux conditions des zones chaudes et les techniques d'élevage.
- Depuis quelques décennies les bâtiments
d'élevage sont bien conçus et réalisés pour aider
à atténuer les conséquences de la chaleur sur les
volailles. Les bâtiments largement ouverts facilitent la circulation de
l'air en période de grande chaleur.
- Le choix des souches est une bonne mesure, car les poulets
à croissance lente supportent mieux la chaleur que les poulets à
croissance rapide. C'est ainsi que la plupart des populations locales ont
souhaité de choisir les volailles au cou-nu qui sont
particulièrement résistants à la chaleur.
- Concernant l'alimentation, il est bon de rappeler que
l'ingestion, la digestion et l'utilisation métaboliques des aliments ont
un effet thermogénique. Il a été démontré
que l'un des moyens pour atténuer l'effet néfaste des
températures élevées est l'alimentation calcique
séparée (Moron, 1994).
L'alimentation calcique séparée consiste
à offrir à la poule un régime appauvri en calcium en plus
d'une source de calcium sous forme de particules reconnaissables telles que des
coquilles d'huîtres pilées ou des granulées, permettant
ainsi à la poule d'ajuster elle-même sa consommation calcique en
fonction de ses besoins. Les autres perspectives
d'améliorations sont nombreuses et variées, nous pouvons citer
l'alimentation libre choix avec une alimentation dite
« séparée » qui consiste à recourir
à des céréales qui sont servies aux volailles tôt
les matins. Ces techniques d'élevage permettent de prévenir des
mortalités par hyperthermie. En effet, une adaptation précoce des
volailles à la chaleur les aide à mieux supporter la
température ambiante.
6.12. Stratégies d'adaptation dans la conduite
des porcs
En effet, on peut envisager de
concentrer l'aliment et/ou de réduire son extra-chaleur. Il a
été testé chez le porc en croissance élevé
au chaud : l'indice de consommation est amélioré, mais les effets
sur la consommation d'énergie et la vitesse de croissance sont
négligeables. Des techniques permettant de rafraîchir les animaux
ou l'ambiance des bâtiments d'élevage utilisées par les
éleveurs des localités de Bebopen et Bekamba
ont permis d'atténuer les effets de la température. A
Moïssala dans le département du Bahr Sara, certains éleveur
nous confient qu'ils utilisent l'eau goutte à goutte sur la tête
ou les épaules des animaux pour leur permettre de résister
à la chaleur par la voie latente.
6.13. Sélection
d'animaux adaptés au climat
Selon les éleveurs de Koumra que nous avons
rencontrés, cette approche consiste à produire des animaux dont
les performances ne sont pas ou sont peu réduites par une
température élevée. Il s'agit donc de modifier le seuil de
sensibilité à la chaleur. Deux grands types d'adaptation peuvent
être considérés à cet effet : l'adaptation non
génétique ou acclimatation, et l'adaptation
génétique.
L'acclimatation représente la capacité de
l'animal à ajuster son métabolisme ou son comportement au cours
du temps pour mieux tolérer une température élevée.
Ces ajustements font appel à des réponses coordonnées
à différents niveaux d'organisation (structurale, organique,
cellulaire et moléculaire) et provoquent des modifications de
l'expression de certains gènes, d'activités enzymatiques, de
taille d'organe, de dépôt de tissus ou de consommation
d'énergie ;
L'adaptation à la chaleur est un processus de type
bi-phasique. Dans un premier temps, l'adaptation se caractérise par une
stimulation rapide par le système nerveux autonome des effecteurs
permettant d'augmenter la dissipation de la chaleur (glandes sudoripares,
vaisseaux sous-cutanés...). Dans un second temps, la production de
chaleur est réduite en augmentant l'efficacité du fonctionnement
des organes et/ou en diminuant la prise alimentaire.
La chaleur est l'un des principaux facteurs environnementaux
affectant les performances de croissance et de reproduction du porc. Ses effets
dépendent du stade physiologique de l'animal, de l'hygrométrie
ambiante et, plus généralement, de la conduite d'élevage.
En réponse à un stress thermique de longue
durée, les porcs réagissent en diminuant ou déviant leur
métabolisme énergétique et en augmentant les
échanges de chaleur avec leur environnement. Pour atténuer les
effets de la chaleur sur les performances des porcs, la solution la plus simple
et la plus rapide qui a été adopté par les éleveurs
est de modifier l'environnement thermique autour des animaux par la
construction de leur habitat sous les grands arbres.
D'autres solutions basées sur l'utilisation d'aliments
à faible extra-chaleur peuvent également être
appliquées. Cependant ces méthodes sont coûteuses et
souvent mal adaptées aux conditions d'élevage de notre
région d'étude, surtout lorsque l'on cherche à valoriser
des matières premières locales, riches en fibres. Une alternative
serait de pouvoir disposer d'animaux thermo-tolérants.
Cette approche nécessite au préalable de
comprendre les mécanismes physiologiques impliqués dans
l'adaptation à la chaleur et la nature des antagonismes entre les
caractères d'adaptation et de production.
Cette première étape doit contribuer au choix
des objectifs et des critères de sélection. Bien que peu de
résultats soient disponibles concernant le porc, des indicateurs de la
sensibilité à la chaleur, de la thermogenèse ou de la
thermolyse pourraient être de bons critères à
sélectionner pour l'obtention d'une lignée adaptée
à la chaleur (Samba, 1991).
Au niveau zootechnique, l'adoption de la stabulation
(permanente ou saisonnière) pour les animaux de trait constitue le
moteur de l'intensification. Elle va de pair avec :
- l'intensification des systèmes fourragers :
affouragement à l'auge, constitution de stocks de report à base
de foin ou d'ensilage et introduction des cultures fourragères ;
- l'amélioration du poids et de la qualité des
carcasses des animaux, débouchant en fin de carrière sur une
valorisation bouchère suffisante pour assurer la reproduction du
système achat et remplacement.
6.14. Plantes fourragères
En dépit d'efforts importants, le modèle
d'intégration d'une sole fourragère aux systèmes de
culture en place n'a pratiquement été adopté nulle part
par les paysans. Les raisons en sont multiples, et elles varient selon les
situations considérées. Dans de nombreux cas, la maîtrise
technique de la culture n'est pas suffisamment assurée.
Les légumineuses, ainsi, posent des problèmes de
tous ordres : pathologie, ravageurs, mais également récolte
(perte des folioles) et labours. Retourner un Stylosanthes, par
exemple, demande une force de traction qui dépasse fréquemment
celle que peut fournir une paire de boeufs. Le matériel
végétal disponible répond encore mal au cahier des
charges. Les référentiels concernant l'amélioration de la
fertilité des sols dans des successions incluant des plantes
fourragères restent par ailleurs très partiels, et ne suffisent
pas à valider le modèle proposé au niveau agronomique,
surtout dans les conditions réelles de la pratique paysanne.
Un certain nombre de soles fourragères ont aujourd'hui
été testées en milieu paysan avec des résultats
intéressants (Demangeot, 2005). Cependant, leur vulgarisation reste
entravée par leur coût, car aux frais d'installation de la culture
s'ajoutent ceux de la clôture, qui s'avère souvent indispensable.
Au demeurant, l'insertion de soles fourragères introduit des
bouleversements importants dans le fonctionnement des systèmes de
culture et d'élevage, et soulève de difficiles
problèmes.
6.15. Analyse des
résultats
Dans toute la région du
Mandoul, aucune mare artificielle n'est creusée ou
aménagée pour l'alimentation du bétail. Les mares
situées autour de la ville de Koumra sont les anciennes carrières
de latérite utilisées dans les travaux de construction de la
route Sarh-Moundou. Ces mares constituent aujourd'hui une source de
ravitaillement du bétail en eau entre les mois de novembre à
février.
Les eaux des vallées du Mandoul ainsi que les marigots
permettent l'abreuvage des bovins jusqu'à leur tarissement en mars ou
avril. Elles sont remplacées par des puits creusés sur place.
Partout dans la région, l'exhaure est manuelle et abreuver un troupeau
de vingt boeufs nécessiterait un travail d'au moins deux heures de
temps. Les eaux du Mandoul à la hauteur de Bedaya, constituent
un autre réservoir. Elles sont profondes et pérennes, mais les
troupeaux cessent de la fréquenter quand la qualité de l'eau se
dégrade.
Mais suite à l'élévation du niveau de la
nappe consécutive aux saisons excédentaires, la qualité
reste bonne jusqu'à la prochaine saison pluvieuse. Les éleveurs
de Doro ayant la possibilité d'abreuver le bétail sous les deux
ponts de Ndila renouvellent leurs puisards dans la vallée quand
les pêcheurs commencent à y entrer avec leur filet. A Narmbanga et
Bengoro, les puits sont creusés dans les lits des marigots, car sur les
rives la nappe est profonde.
A Mayo dans le canton
Ngalo où la nappe superficielle est moins importante, deux
puits sont creusés pour abreuver le bétail en saison
sèche. Malgré de multiples points d'eaux, le problème de
l'eau est loin d'être résolu. En cas de prolongement de la saison
sèche au-delà du mois de mai, les puits n'arrivent pas à
fournir une alimentation parfaite en eau. Ce qui oblige les éleveurs
à se diriger plus au sud pour abreuver le bétail dans le fleuve
Bahr Sara. Quant aux mares, elles n'ont reçu aucune opération
d'entretien et les sédiments déposées dans leurs fonds par
les eaux de ruissellement et l'érosion éolienne diminuent leur
profondeur et entrainant ainsi leur assèchement précoce.
Dans la plupart des localités de la région, la
couverture herbacée s'assèche après sa maturité
dès la fin de la saison pluvieuse. Cette couverture herbacée
n'est pas à l'abri des termites et des feux de brousse, et parfois, elle
est même emportée par le vent. Il se pose donc un grand
problème de déficits fourragers. Pour surmonter cette situation
les éleveurs utilisent leurs réserves et la mobilité pour
s'y adapter.
A cet effet, la période
dite de soudure est traversée par l'alimentation du bétail
à l'aide des résidus agricoles. Tout d'abord, ce sont les
bêtes affaiblies, les veaux et les vaches qui allaitent qui commencent
à bénéficier de cette réserve à partir du
mois de janvier. Pour l'ensemble du troupeau, il faut attendre le mois de mars.
Ce mode d'alimentation demande d'importantes quantités de fourrages.
Pour ce faire, les agropasteurs disposant de vastes champs de
millet, les mettent à la disposition de certains paysans en
échange de fourrages. Mais les bergers propriétaires d'un grand
nombre de bovins ne pouvant pas les nourrir sur étable, se mettent en
transhumance dès que les pâturages locaux cessent de satisfaire
les besoins en foins du bétail.
Dans la région en
général, la mise en réserve des foins était d'abord
une affaire d'élevage des chevaux et des ovins-caprins. Mais depuis une
dizaine d'années, les éleveurs des bovins ayant été
encadrés par les ONG de la place conservent les foins au même
titre que les résidus agricoles. A Bekamba dans la sous
préfecture de Dembo, les résidus agricoles sont
accumulés dans les champs et sont utilisés pour compléter
le déficit dès que la qualité et la quantité de
pâturage se dégradent à partir de janvier.
L'épuisement total des
réserves fourragères consécutif au prolongement de la
saison sèche amène les éleveurs à migrer au cours
duquel certains éleveurs préfèrent les feuilles d'arbre
pour alimenter leur bétail. Ainsi, des branches d'arbres sont abattues
tous les jours pour permettre aux animaux de traverser la période de
soudure. Ce mode d'alimentation du bétail constitue un obstacle à
l'environnement. Malgré les multiples tactiques adoptées par les
éleveurs dans le cadre de leur adaptation aux variabilités
climatiques, les retards prolongés des pluies se soldent toujours par la
perte du bétail.
Quelques éleveurs qui optent pour cette technique
cultivent eux-mêmes le coton et convertissent leur bénéfice
en aliment pour le bétail. Les différentes stratégies
développées dans la région par les éleveurs se
montrent efficace. Certains éleveurs optent aussi pour la
réduction de la taille de leurs troupeaux pour mieux faire
bénéficier les animaux restant de la réserve
fourragère en cas d'une saison sèche prolongée.
Le pastoralisme transhumant peut
être défini comme une activité économique,
liée entièrement à l'exploitation d'un troupeau, par
l'utilisation extensive des ressources naturelles. Il s'agit d'un
système de production dans lequel des hommes et des animaux vivent dans
une relation « symbiotique », dans une exploitation libre de
l'environnement (Tsayem, 2002). La stabilité du système repose
sur le genre d'équilibre que les trois composantes arrivent à
avoir: le groupe humain, le bétail, la qualité et
l'accessibilité aux ressources naturelles.
L'itinéraire d'un groupe d'éleveurs en
transhumance, comme celui du lignage des Bororos de la région,
montre clairement que cet équilibre n'est possible que sur une base
temporaire et non permanente. Les différentes fuites vers la RCA et le
Cameroun des éleveurs durant des périodes critiques de
sécheresses, qui attestent des ruptures du système en
témoignent. Nous pensons que le seul moyen de le rechercher ou le garder
est celui d'un ajustement constant, presque d'une manipulation des
différents éléments en vue d'un rapport optimal comme le
préconise d'autres modèles sur le pastoralisme. Tout cela
équivaut à dire qu'il n'existe pas de forme pure ou «
absolue » de pastoralisme voué à une meilleure adaptation
aux variabilités climatiques.
L'adaptation qu'elle soit
écologique, physique, économique, sociale ou politique est une
nécessité inhérente à toute forme pastorale. De
plus, l'analyse des ces résultats, nous donne une image d'une
société essentiellement « imparfaite, instable »,
c'est-à-dire une société continuellement entrain, de se
construire, de s'ajuster, de se donner une certaine représentation
d'elle-même. Elle est toujours prête finalement à se
remettre en question.
Nous retiendrons que la vie de ces éleveurs est moins
faite d'harmonie et d'équilibre que d'adaptations et des mutations. Une
des premières adaptations aux changements pratiquées par les
éleveurs est le mouvement ou la mobilité. La valeur du mouvement
en tant que facteur écologique, c'est-à-dire comme adaptation
à l'environnement et à la nature (aux ressources
extrêmement éparpillée dans l'espace et dans le temps),
facteur social (en tant que moyen privilégié pour la solution des
conflits internes du groupe et des situations de tensions), le facteur
politique (comme moyen choisi pour fuir devant les pressions administratives de
toutes sortes) et économique (comme moyen pour profiter). Certains
auteurs affirment que la mobilité place les éleveurs dans une
situation de phénomène non unitaire, d'où aucune
théorisation du phénomène pastoral nomade ne leur semble
alors possible (Demangeot, 2005).
L'analyse de ces résultats nous montre aussi la non
existence d'une forme pastorale unique, caractéristique d'une meilleure
adaptation, mais l'existence de plusieurs formes successives, sans qu'il y ait
toujours un lien logique vers une évolution normale dans le passage
d'une forme à l'autre. Le cas des éleveurs
Missériés montre bien comment les cycles de transhumance
sont devenus plus dépendants des cycles agricoles et des aléas
climatiques, car dans la zone d'étude, une année sur trois est
considérée comme normale.
C'est le cas de l'occupation quasi systématique de leur
premier site d'attache, le site de Laboute situé à 15 Km
au nord-est de Koumra. Ce site, du fait des pratiques extensives des cultures
hivernales, n'a subi aucun aménagement tenant compte de l'accès
pour l'abreuvement des animaux pourtant prévu par les textes en vigueur
(décret sur le régime de l'eau).
Ainsi, aux déplacements réguliers et
maîtrisés, se sont substitués les déplacements
à risques. Pour se mouvoir, ils utilisent en permanence des
stratégies d'évitement des conflits avec les autres acteurs. Ils
disent autrefois (avant les années 1980), le campement restait
tranquille au même endroit, il se déplaçait sur des courtes
distances et puis campait à nouveau. « Aujourd'hui nous ne
pouvons plus pratiquer la séparation des troupeaux, nous avons
arrêté cela depuis la sécheresse de 1985 »
s'exclamait le vieux Garba Assaladine. Pour sauver le bétail,
l'éleveur est obligé d'être plus mobile surtout en saison
des pluies pour profiter le premier des pousses d'herbes. La brousse est finie,
c'est-à-dire l'endroit qui n'a jamais connu la hache ou la hilaire.
Cette recherche effrénée du pâturage nous
fatigue et fatigue les animaux, nos enfants et nos femmes. On ne peut pas
recevoir les avantages publics (école, santé, vote, stock
d'aliments...). En comparant les différents itinéraires de
mobilité, on se rend compte qu'au cours de la période coloniale,
il existait une certaine stabilité du système, avec des sites
diversifiés de saisons sèche qu'on ne retrouve pas de nos jours
à cause de la variabilité climatique et aux bouleversements
sociaux. Le bouleversement du système commença dans les
années 1980, suite à la grande sécheresse, à la
pression démographique et aux variabilités climatiques aidant.
Depuis cette époque ces éleveurs sont
obligés de faire des grands mouvements pour valoriser les ressources de
plus en plus rares et dispersées. Les différents mouvements les
amènent jusqu'aux confins de la zone pastorale, aujourd'hui
inaccessibles à cause des revendications des éleveurs arabes
Dagras. Ces derniers pratiquent un système moins mobile. Ce qui
les confine aujourd'hui dans un espace réduit à la limite nord et
Est de la région. Profitant des quelques mares qui existent encore pour
célébrer les fêtes périodiques, symbole de leur
identité. Sitôt les mares taries, ils exploitent les interstices
en zone agricole, jusqu'au premier champ libérés au Sud. A la fin
de la pâture se prennent les décisions pour passer la dure et
longue saison sèche. Ces décisions sont prises en fonction des
capacités d'accueil des sites d'attaches à l'intérieur de
la région ou dans les zones de replis situées au sud et à
l'ouest de la région.
Cela suppose une expérience en termes de ratio entre la
charge animale et les ressources disponibles. Ces sites d'attaches et zones de
replis sont des endroits qui reçoivent des quantités de pluie
plus que la normale (cuvettes, zones d'épandage d'eau). Par
conséquent leurs productivités sont élevées. Mais
la principale contrainte de ces localités pour les éleveurs
depuis la sécheresse de 1985, est la mise en culture en permanence
(culture hivernale et pratique de contre saison), ce qui limite de facto leur
accès.
Les éleveurs arabes dagras accusent surtout
les agriculteurs Sara et agro pasteurs peuls des défrichements des zones
à haute productivité, mais aussi des vallées
situées au delà de la limite nord des cultures. Ces accusations
semblent fondées, car les peuls ne pratiquent pas l'agriculture comme
principale activité.
Les conflits avec les agriculteurs surviennent surtout au
cours de la traversée des zones sud ou en début de la saison,
période dite de soudure, en voulant quitter les zones de replis de fois
par manque d'aménagements pastoraux (couloirs, gîtes
d'étapes). L'enquête nous a aussi montré que les pressions
de tout genre auxquelles ce groupe est confronté sont les conflits
liés aux dégâts champêtres et les modes de
règlements de ces derniers. Pendant leur mouvement au sud pour la vaine
pâture, les rixes sont inévitables avec les paysans.
Une analyse socio-anthropologique ne permet évidemment
pas de prédire le futur, mais simplement de dégager un certains
nombre d'éléments auxquels ce groupe réel doit dans le
cours terme pour trouver une solution et pour maintenir son système de
production. Ainsi, on est frappé selon les témoignages
reçus par la progressive dissociation qui s'est opérée
entre l'élevage et l'agriculture dans la zone par suite des effets de la
variabilité climatique. Cette dissociation ne se situe pas seulement au
niveau de la compétition dans l'accès ou dans l'utilisation de la
terre, à cause de l'extension des terres agricoles sur les espaces
pastoraux.
D'une manière générale, elle concerne la
véritable séparation entre les deux modes de production pour une
adaptation aux variabilités climatiques. Ainsi, la libération
tardive des champs trouve sa justification par le refus d'accueillir
éleveurs dans les champs libérés pour la vaine
pâture. Les zones de hautes productivités de fourrages (abords des
mares et zones de puisards sont occupées en permanence par les cultures
(hivernales et contre saison).
Les investigations sur le terrain montrent que les relations
entre les agriculteurs et les éleveurs, autrefois unis par un lien
« symbolique » de complémentarité, ne se rencontrent
plus que sur les marchés et leurs transactions autrefois
pratiquées par la base de l'échange des produits respectifs, ne
se font que par l'intermédiaire des commerçants professionnel et
l'argent. La tendance actuelle de l'évolution de ces systèmes de
production corrobore ce fait et c'est ce qui confirme les différentes
hypothèses émises en introduction.
6.16. Discussions
L'évolution du climat des trois dernières
décennies a placé l'élevage dans un état de
très grande vulnérabilité, vis-à-vis des
variabilités climatiques (baisse progressive de la nappe
phréatique, tarissement des mares et disparition des espèces
à haute valeur fourragère). Les crises écologiques jouent
un rôle très important, mais en fait elles ont surtout le
rôle de catalyseur, ne faisant qu'accélérer et
précipiter un certain nombre de processus déjà mis en
oeuvre d'une manière plus ou moins lente
(Thiébaud, 1999).
L'histoire montre aussi l'extrême fragilité de
toute taxonomie rigide qui s'appuierait sur des catégories statiques et
figées avec des modèles résidentiels et des concepts
économiques de subsistance seulement. Ce groupe d'éleveurs disent
se sentir menacer dans leur identité, celle des pasteurs. Il faut noter
que les Missériés sont extrêmement mobiles pour la
survie de leur bétail dans la nature, mais pourtant, ils ne le sont pas
au sein de la société de manière globale. Ils veulent
toujours rester eux même dans leur identité. Ce qui semble comme
un pari difficile dans ce monde globalisant au risque de rester toujours
marginaliser?
Dans le contexte de la décentralisation, le Tchad est
en train de clarifier sa législation foncière et celle des droits
d'accès aux ressources. En 1993, il y a eu adoption du code rural qui
traite de façon explicite de l'attribution des terres dans le cadre de
la notion de « terroir d'attache » ainsi que l'identification et la
délimitation des pistes et axes de transhumance. Ces textes apportent
aussi une plus grande reconnaissance des institutions foncières
coutumières et des pratiques locales d'utilisation des terres, ainsi que
la contribution importante du secteur de l'élevage aux économies
nationales et locales. Comme le foncier agricole repose sur le fond (la
parcelle), le foncier pastoral repose sur les règles d'accès (Le
Roy, 1996).
La mobilité est clairement reconnue. La prise de
décisions pour les mouvements saisonniers se fait de façon
concertée; Est aussi comprise la nécessité pour les
éleveurs de jouir d'une sécurité foncière au niveau
de leurs sites d'attache, il y a par ailleurs, une reconnaissance partielle des
principes d'accès de tierces parties. Néanmoins, le degré
avec lequel les pasteurs et les agro-pasteurs sont informés des
opportunités et des risques qu'offrent ces processus, est moins
évident (Chidanne, 2012).
Dans la région du Mandoul en général, les
éleveurs ont une connaissance partielle des textes existants qui
régissent le foncier. Le défi auquel font face actuellement les
groupes pastoraux et agro-pastoraux, est de dialoguer avec l'Etat pour faire en
sorte que les lois existantes ou proposées soient adaptées,
transcrites en langue nationale et de s'assurer qu'ils jouent un rôle
central dans ce processus. Pour ce faire, on n'insistera jamais assez sur la
nécessité de disposer d'une société civile
pastorale et agro-pastorale, solide, active et représentative. Il est
essentiel que les pasteurs eux-mêmes aient le pouvoir légal de
jouer un rôle déterminant dans l'identification et la mise en
oeuvre des politiques. Cette reconnaissance faite par le monde pastoral permet
en effet de légitimer les lois et de les rendre applicables.
La question de savoir qui devrait se charger de la gestion des
parcours pastoraux pour une meilleure adaptation a été la
préoccupation des politiques d'aménagement. De tels travaux
mettent en évidence que le foncier pastoral concerne un espace
particulier qui peut être défini comme une « étendue
socialisée » ou encore comme un espace fluide, « la
fluidité définit la modalité des espaces à faible
charge humaine : mouvants, instables, sans points fixes durablement
ancrés dans la matière des lieux. Cela rend
particulièrement difficile la saisie du « foncier ». Ces
espaces fluides n'excluent cependant pas une cohérence des pratiques
foncières ; au contraire, elles en résultent, ainsi qu'en
témoigne l'analyse des relations que les hommes établissent avec
l'étendue qui les environne et dont l'appropriation à la fois
matérielle et mentale lui confère le statut d'espace
» (Le Borgne, 1990).
L'accès au pâturage libre en saison des pluies
est conditionné par la disponibilité des mares temporaires et la
quiétude dans la partie nord. La seconde consiste à
reconnaître que c'est l'opportunité qui conduit l'activité
pastorale, donc que toutes les solutions doivent s'inscrire dans un
système ouvert, fluide et dynamique. Malgré les aléas
climatiques observés au cours de dernières décennies,
hormis les épisodes des années très critiques
(Sécheresses et autres calamités naturelles), les Dagras
n'ont jamais abandonné, ni leur identité pastorale, ni leur
stratégie d'adaptation à travers la mobilité.
La compréhension de la mobilité actuelle marque
un espace saisonnier mouvant et variable suivant les alliances et la
disponibilité des ressources dans les sites d'attache ou les zones de
replis. Ce cycle de l'année pastorale tel que connu auparavant n'est
plus respecté. Pour survivre les éleveurs sont obligés de
se conformer au calendrier agricole. L'année pastorale s'accompagne
d'échanges économiques, du renforcement des liens sociaux et
d'échange d'information. L'information se révèle une base
indispensable au maintien de leurs activités.
Les stratégies caractéristiques sont une
façon d'adaptation à un environnement en perpétuel
changement. C'est aussi une prise de conscience de difficultés
grandissantes, exacerbées par une absence de base géographiques
clairement définie, qui affectent dans son ensemble leur système
de vie et de production. Cependant, il faut que ces nomades transhumants
cernent les bonnes stratégies de survies comme leviers de
pérennité de leur système de production.
Leur stratégie de ruse et de fuite au cours de
l'histoire pour échapper à une catastrophe, ont
empêché ceux-ci de s'intégrer dans le monde dit moderne.
Cette stratégie a accentué leur marginalisation surtout dans un
contexte de décentralisation pour pouvoir bénéficier des
services publics.
L'avenir de leur mobilité est lié au
système de production et à leur mode de vie dans un contexte de
démographie croissante et de rareté des ressources. Les
principaux bas-fonds qu'ils considèrent comme leurs sites d'attache sont
aujourd'hui occupés par des villages et les cultures en saison des
pluies. Ainsi, on assiste lentement à un risque de confinement dans des
terres marginales.
Conclusion
A la lumière de ce qui précède, nous
dirons que les systèmes pastoraux de la région du Mandoul
connaissent de profondes transformations liées à la
variabilité climatique, qui portent à la fois sur l'organisation
sociale, sur l'économie et sur les pratiques. Ce qui se traduit par la
confirmation des hypothèses émises plus haut dans l'introduction
telles que : (i) Les années et décennies les plus
récentes sont plus déficitaires au plan de la
pluviométrie ; (ii) Les paramètres clés
d'évolution du climat peuvent être corrélés avec
production pastorale; (iii) Face à la variabilité climatique, les
éleveurs renforcent les itinérances et adoptent des
réponses plus individuelles que collectives.
Comparé au reste des régions du pays, le
pastoralisme de la région est marqué par la mobilité des
troupeaux, des hommes et par la persistance de vastes territoires à
usage collectif menacés par la variabilité climatique. A cet
effet, ce phénomène poserait de sérieux problèmes
à la région du Mandoul, qui dépend
énormément de l'élevage de bovins si rien n'est fait dans
ce sens. Car d'ores et déjà, les pasteurs de cette zone
connaissent des restrictions dans leur mobilité et leurs choix par
rapport à leurs moyens d'existence paraissent limités. Si des
meilleures conditions d'adaptation ne sont pas adoptées, les
éleveurs courent ainsi le risque de perdre la viabilité de leurs
systèmes pastoraux.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude qui a pour thème
vulnérabilité et adaptation des activités
agropastorales à la variabilité climatique dans la
région du Mandoul au Tchad, nous avons mis en évidence
d'importantes fluctuations pluviométriques qui ont marquées toute
la région de notre étude de la période allant de 1960
à 2009 et des techniques d'adaptation développées par les
éleveurs et les agriculteurs. Toutes les stations étudiées
et comparées ont connu un bilan déficitaire durant les
décennies 1970 et 1980. Ces déficits ont été
accompagnés par une diminution des jours de pluies.
Les variations bioclimatiques déjà
observées à l'échelle de la région (ou celles
attendues en fonction des simulations numériques) ont des impacts
écologiques complexes (particulièrement phénologiques),
donc des conséquences agronomiques à plus ou moins court terme
sur les activités agricoles, pastorales. Cette situation confirme la
première hypothèse qui explique la fragilité
intrinsèque de la région du Mandoul où l'ensemble de la
zone ouest et Est sont entamés fortement par la variabilité
climatique.
Les changements de calendriers agricoles et
d'itinéraires techniques ont aussi des retombées
immédiates sur les rendements et les coûts du travail, qui peuvent
impliquer des baisses de productivité. Les changements d'amplitudes
thermiques diurnes conjugués aux tendances pluviothermiques
interannuelles transforment la saisonnalité et la qualité des
espaces herbacés, avec une durée potentielle d'occupation des
zones plus longues par les systèmes d'élevage.
Durant les vingt années avant la période de
notre étude et les dix années après 1960, le bilan a
été globalement excédentaire. Toutefois, à la fin
de la décennie 1970 et au début de la décennie 1980, plus
précisément entre 1977 et 1982, les totaux annuels des
précipitations ont été excédentaires, mais
compensés par les déficits qui ont marqué celle-ci. C'est
ce qui confirme la deuxième hypothèse émise au
départ.
De ces cinquante années étalées sur notre
étude, on note plus d'une dizaine d'années sèches qui ont
joué sur le rendement agropastoral. Ceci tend à la confirmation
des hypothèses trois et quatre selon lesquelles, les paramètres
clés d'évolution du climat peuvent être
corrélés avec la production agricole et pastorale.
Le démarrage tardif des pluies pose aux éleveurs
des problèmes d'eau et de pâturage. Le déclenchement de la
saison des pluies par les pluies sporadiques cause les faux départs et
les « mauvaises herbes » colonisent les champs durant cette
phase, rendant difficiles les opérations champêtres. Pour
surmonter les difficultés rencontrées en saison sèche, les
éleveurs conservent les résidus agricoles et les foins pour
palier au manque de pâturage et creusent des puits pour abreuver le
bétail. Ils sont aussi en perpétuels déplacement. Les
agriculteurs quant à eux construisent les diguettes et adoptent les
labours et buttages attelés pour améliorer la capacité
d'infiltration et de rétention de l'eau des sols.
L'étude de vulnérabilité du Secteur de
l'Agriculture et de l'élevage a révélé que ces
secteurs sont sévèrement affectés par les incidences de
variabilités climatiques. Les principales causes de cette affectation
sont dues à l'action humaine, au niveau élevé de
pauvreté des populations, au niveau de modernisation très faible
de l'Agriculture et de l'élevage ainsi qu'à sa dépendance
excessive de l'eau de pluie liée à la variabilité.
Au travers de cet exercice, il est bien établi que les
populations les plus vulnérables sont les pauvres et vivent pour la
plupart en milieu rural. Ces populations survivent par l'utilisation des
ressources naturelles. Ils sont pour la plupart, agriculteurs, pêcheurs
et éleveurs. Toutes modifications du milieu du fait de la
variabilité climatique et des événements climatiques
extrêmes affectent leurs modes de subsistance et accentuent leur
vulnérabilité.
Une des premières formes d'adaptation face à
leur milieu, est l'exode notamment au niveau de la capitale où le
problème de chômage se pose avec de plus en plus d'acuité.
D'où il faut accroître leurs capacités d'adaptations par le
renforcement des capacités, par la génération de revenus
additionnels, l'amélioration de leur connaissance sur les ressources,
l'aspect besoin d'information et de sensibilisation sur les variabilités
climatiques se pose également.
Les projections indiquent que la production du maïs, base
de l'alimentation des populations de la région, connaîtra une
baisse par rapport aux besoins de la population, à partir de 2030
jusqu'à 2100. La solution à ces problèmes de
vulnérabilité des secteurs agricole et pastoral consisterait en
partie à adopter des mesures d'adaptation dont le recours à des
techniques d'irrigation et à des méthodes qui économisent
l'eau.
Dans la zone d'étude, les communautés rurales
ont développé des capacités adaptatives dans divers
domaines Les sécheresses, notamment celles des années 1968-1973
et 1984-1985 au Sahel ont obligé les populations de la région
à améliorer leurs outils de gestion communautaire et à
développer de nouvelles stratégies d'utilisation des ressources
naturelles.
Le pastoralisme et la mobilité ont constitué
pendant des années une réaction stratégique des
populations sahéliennes à la variabilité
pluviométrique et à la rareté des pâturages. Ils ont
permis une meilleure mise en valeur des parcours, des zones sans eau,
facilitant l'ensemencement des zones pastorales sur des rayons très. Les
nomades et transhumants ont, par cette mobilité, adapté leur
production aux situations éco-climatiques difficiles et
développé tout un système de gestion des ressources
naturelles fondé sur le consensus et la solidarité pastorale. De
même, la sédentarisation est la stratégie ultime
adoptée par les pasteurs-transhumants pour faire face aux stresses
climatiques, dont la sécheresse.
Aussi, les pratiques telles que le développement des
variétés plus tolérantes à la sécheresse, le
raccourcissement du cycle végétatif, l'emploi des
variétés précoces et le recours à la culture de
décrue des bassins versants, le développement de l'agriculture
irriguée par maîtrise de l'eau, le maraîchage, la culture
sous serre, l'intensification agricole, constituent des stratégies
d'adaptation du secteur agricole suite notamment au raccourcissement de la
saison pluvieuse.
Actuellement, les pratiques de gestion des systèmes
agro-sylvo-pastoraux sont modifiés en fonction des
réalités climatiques : l'association entre l'agriculture et
l'élevage accroît la capacité de résilience des
populations dans un contexte climatique défavorable, le bétail
est choisi pour ses capacités de résistance, par exemple les
chèvres sont préférées en raison de leur besoin
plus réduit en alimentation.
Les nouvelles politiques nationales de promotion des foyers
améliorés et des énergies renouvelables, la butanisation
et la gestion participative des ressources naturelles, sont également
des formes d'adaptation qui se sont parallèlement
développées aux pratiques traditionnelles de
prélèvement de bois énergie, principale source
d'énergie dans la région.
De même, du fait de la diminution de la
pluviométrie, de la modification des régimes des eaux de surface
et de la baisse du niveau des nappes phréatiques, se sont
développées, ces dernières années, de nouvelles
pratiques locales de maîtrise et de stockage des eaux pluviales (grands
canaris domestiques, bassins de stockage, digues de retenue, seuils de
ralentissement des eaux de ruissellement de surface, puits traditionnels,
forages, etc.).
La diversification des secteurs économiques autres que
la production agricole pour faire face à l'imprévisibilité
des récoltes, est aussi une stratégie courante pour pallier les
aléas climatiques : gestion du bétail, commerce, pêche, et
migration temporaire sont légion.
D'une manière générale, nous dirons que
les différentes hypothèses qui ont été
émises au départ sont vérifiées ainsi que
l'hypothèse principale. Cependant, les pistes d'adaptation sont
actuellement nombreuses, mal connues et encore peu prévisibles, alors
qu'elles peuvent sûrement permettre de rendre moins vulnérable des
espaces sensibles comme la région du Mandoul. Pour cela, une question
plus large revient peut-être à mieux déterminer le
rôle crucial que peut jouer chaque acteur entre les mauvaises pratiques
agropastorales et la gestion rationnelle des ressources naturelles.
RECOMMANDATIONS
Eu égard de tout ce qui précède, nous
suggérons ce qui suit pour l'adaptation du système agropastoral
à la variabilité climatique.
Dans le domaine agricole :
- des nouvelles pratiques agricoles et la réforme des
calendriers agricoles traditionnels en tenant compte du régime des
pluies et du dérèglement des saisons dus à la
variabilité climatique ;
- un choix de variétés cultivées
(céréales et légumineuses) à cycle court et
adaptées au sol et au climat par utilisation des semences
sélectionnées ;
- une optimisation de la relation
sol-végétation-climat en développant des recherches
multidisciplinaires et une meilleure connaissance de la relation entre le bilan
hydrique du sol et l'évolution climatique ;
- une amélioration du matériel
génétique permettant d'atténuer l'impact des changements
climatiques sur la production céréalière et mise au point
des nouvelles espèces ;
- des systèmes d'information complets permettant aux
producteurs de connaître à l'avance les conditions climatiques
afin de pouvoir réduire les risques liés à la
variabilité climatique;
- des systèmes de surveillance et d'alerte rapide;
améliorer et développer l'enseignement et la formation et
favoriser la prise de conscience au niveau du public ;
- un renforcement des activités de préservation,
notamment par les systèmes de banques de gènes in situ, afin
d'éviter la perte imminente d'une part importante de l'ensemble des
ressources génétiques ;
- un recensement de la diversité
génétique, au moins au niveau des espèces et si cela est
possible, au niveau des gènes, en tenant compte des
caractéristiques phénotypiques et génotypiques ;
- la mise au point des nouvelles approches pour la
conservation des écosystèmes, en tenant compte des nouvelles
tendances en matière de gestion des écosystèmes, notamment
l'intégration de la conservation et du développement rural ;
- "l'intensification durable" c'est à dire utiliser des
techniques respectueuses de l'environnement pour intensifier la production
agricole à travers des crédits.
Les mesures d'adaptation déjà pratiquées
par les communautés paraissent toutefois très limitées
pour une adaptation à moyen et long terme. Pour compléter ces
pratiques les mesures d'adaptations complémentaires suivantes sont
proposées :
Ø Sensibilisation des décideurs et des bailleurs
de fonds locaux ;
Ø Education, formation et sensibilisation de masse en
matière de la variabilité climatique;
Ø Promotion du reboisement et aménagement des
formations naturelles végétales ;
Ø Maîtrise de l'eau et amélioration des
techniques d'irrigation ;
Ø Création des activités
génératrices de revenus (surtout dans le domaine de
transformation et commercialisation des produits) ;
Ø Création ou sélection de
variétés à cycle court et résistantes à la
sécheresse ;
Ø Restauration et conservation des sols (promotion de
l'enfouissement de la biomasse sèche) ;
Ø Pratique d'une agriculture durable et respectueuse de
l'environnement, telle que l'Agroforesterie et Agriculture biologique ;
Ø Lutte contre les feux de brousse ;
Ø Renforcement des capacités des institutions
productrices des données de base dans le domaine de la lutte contre la
variabilité climatique;
Ø Amélioration de l'alimentation animale et du
système de gestion du fumier ;
Ø Vulgarisation des espèces animales et
végétales les mieux adaptées aux conditions climatiques ;
Ø Collecte et extension de vitro-plants de fourrage
local, non disponible commercialement en tant que source de matériel de
plantation pour les périodes d'après sécheresse ;
Ø Promotion de mesures législatives,
réglementaires et institutionnelles ;
Ø Mise en place d'équipement pour les
observations climatiques ;
Ø Mise en place des systèmes d'alerte
précoce et de prévention des catastrophes ;
Ø Création des banques
céréalières ;
Ø Renforcement de la protection des berges et la
réhabilitation des mares ensablées ;
Ø Renforcement de la production et diffusion des
informations agro-météorologiques ;
Ø Renforcement de la prévention des risques et
des catastrophes liées aux inondations ;
Ø Renforcement de la promotion des banques d'aliments
pour bétail ;
Ø Renforcement des boutiques de produits
vétérinaires ;
Ø Renforcement de la promotion du maraîchage et
de l'élevage périurbains ;
Ø Réhabilitation et la gestion rationnelles des
couloirs de passage ;
Ø Renforcement de la politique de suivi de la faune et
de son habitat ;
Ø Valorisation des ressources fauniques au profit des
populations locales ;
Ø Développement de la conservation in situ de la
faune ;
Ø Aménagement des pêcheries en incluant
l'augmentation des niches écologiques ;
Ø Lutte contre la pollution des eaux ;
Ø Développement de la pisciculture.
Dans le domaine de l'élevage, les
données collectées sur les conflits opposant
agriculteurs-éleveurs d'une part, et éleveurs-éleveurs
d'autre part, dénotent bien une certaine recrudescence ces
dernières années. Il est clair que la mise en place d'un cadre
physique balisé contribuera à cette tranquillité dans la
zone. Dans cette optique, nous pensons utile d'émettre aussi les
suggestions suivantes pour une meilleure adaptation :
- Améliorer les conditions d'utilisation des ressources
en eau et des pâturages, tout en encourageant la restauration des terres
dégradées et la régénération de
pâturages ;
- Développer des modes d'alimentation et des pratiques
d'élevage adaptées aux conditions de production locales ;
- Informer les éleveurs et mettre en place des
dispositifs afin de prévenir le surpâturage et le
déboisement (forêts ou aires protégées...) ;
- Reconnaître et renforcer le rôle de
l'élevage dans l'adaptation des populations à la
variabilité climatique ;
- Renforcer le pouvoir économique et politique des
femmes (souvent marginalisées) en accompagnant notamment leur
implication accrue dans les filières animales, tant au niveau de la
production que de la commercialisation ;
- Développer des systèmes de gouvernance
multi-acteurs s'appuyant sur les collectivités locales et permettant de
répartir la pression de pâturage, de faciliter l'accès
à l'eau, de maîtriser le foncier pastoral, d'améliorer les
infrastructures et de prévenir les conflits ;
- Améliorer la production et la gestion des fumiers
dans les exploitations en renforçant la complémentarité
agriculture-élevage et la production de biogaz dans des bassins
d'élevage ;
- Développer des services de santé animale de
proximité qui permettront aux éleveurs de faire face aux maladies
émergentes, liées notamment à la redistribution
géographique des insectes vecteurs (modification des biotopes), aux
mouvements accrus de populations et de bétail et à la
vulnérabilité plus forte du bétail (conflits sur
l'accès aux ressources) ;
- Associer plus étroitement les éleveurs et
leurs organisations aux espaces de concertation nationaux afin de :
reconnaître le pastoralisme, sécuriser la législation
foncière et réguler les phénomènes d'accaparement
du foncier ;
- Protéger les ressources zoo-génétiques
locales pour conserver une capacité génétique d'adaptation
aux futurs évènements climatiques extrêmes ;
- Recenser les savoirs et pratiques des éleveurs en
matière d'adaptation à la variabilité climatique ;
- Développer des systèmes d'alerte
précoce capables de faire remonter les épisodes de crise
alimentaire ou sanitaire en provenance des zones enclavées (en
particulier pour l'élevage pastoral) ;
- Appuyer en particulier les organisations d'éleveurs
et les vétérinaires (publics et privés) dans la mise en
place de services de proximité permettant d'améliorer
l'état de santé des animaux tout en améliorant les
capacités collectives de surveillance, de prévention et de lutte
contre les maladies animales ;
- Développer des partenariats entre les organisations
d'éleveurs, les ONG de développement et la recherche afin de
tester et diffuser des solutions techniques adaptées aux conditions
paysannes dans une logique d'atténuation et d'adaptation ;
- Concevoir et mettre en oeuvre des programmes de
sensibilisation des éleveurs portant sur les interactions entre
élevage et la variabilité climatique;
- Délimiter des couloirs de passage et les aires de
pâturage et ce afin de renforcer le maillage déjà existant,
ceci dans le but de donner des possibilités multiples de
déplacement des troupeaux tout en évitant les conflits ;
- Poursuivre les campagnes de sensibilisations de la
population par rapport à la bonne cohabitation agriculteurs -
éleveurs gage d'un développement rural durable ;
- Entamer l'aménagement de certaines aires en vue
d'augmenter leur capacité fourragère. La population locale
pourrait bien être impliquée dans ces opérations. D'autres
activités comme le repeuplement d'espèces sylvicoles à
revenu économique qui n'imposeront pas de limitation aux éleveurs
pourront être envisagées.
Si les mesures mises en place pour prévenir et
atténuer l'antagonisme agriculteurs éleveur semblent plus ou
moins avoir porté ses fruits, on peut aussi se demander si cette
rivalité entre les différents groupes sociaux n'est pas en train
de se déplacer. En effet, on constate que dans ces espaces pastoraux
clairement délimités, certains chefs traditionnels utilisent les
débats existant autour de l'héritage ancestral pour tenter
d'expulser des groupes d'éleveurs résidants dans ces aires.
Aussi, à moyen et long terme, les autorités
devront contribuer aux débats sur la question de la gestion pastorale
pour pérenniser les structures comme les comités de surveillance
des couloirs et obtenir un service spécialisé qui pourra
essentiellement gérer la cause agropastorale. Par ailleurs, un cadre
législatif réglementant la gestion des ressources agropastorale
et des conflits y afférent sera nécessaire. Car, Autant la
prévention et la gestion des conflits sont complexes et difficiles,
sans recettes, autant elles sont indispensables pour une gestion
apaisée, et durable des ressources naturelles.
En dépit de la coexistence des droits fonciers
coutumier et positif et de la primauté du second sur le premier, on doit
nécessairement valoriser les pratiques locales respectueuses des normes
de valeurs sociales pour une adhésion effective des populations aux
stratégies, c'est la condition essentielle pour une durabilité
des actions de lutte contre la variabilité climatique. Cependant il y a
lieu de le faire avec discernement et d'équité dans les pratiques
coutumières.
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Cameroun, Vol XVI, n° 1, Yaoundé, pp 56-64.
31- Tsalefac, Ngoufo R.,
2002. Les satellites météorologiques et la
redécouverte des climats de la planète : l'expérience
de l'estimation des pluies par satellites au Cameroun par l'équipe
EREDCA, Historiens et géographes, Revue de l'Association des professeurs
d'Histoire et Géographie, N° 381, Paris, pp 415-421.
DICTIONNAIRES ET ATLAS
1- Atlas du Tchad, 2008.
2- Atlas d'Afrique, 2007.
3- Baud P., 2003. Dictionnaire de
Géographie, Hatier, Paris, 543 p
4- Pierre G., 1994. Dictionnaire de
Géographie, PUF, Paris, 451 p
5- Brodagt C., 2008. Dictionnaire pour le
Développement Durable, Cours Fouriel
WEBOGRAPHIE
1-
http://www.qc.ec.gc.ca/biospher/actu/doss/doss_00006_f.htm
2-
http://www.agora21.org/climat/mies/compliance15oct98.h
3-
http:///www.agora21.org/a21local/grille01.html
4-
http://cop5.unfccc.de/convkp/begconkp.html
5-
http://www.usgcrp.gov/usgcrp/IPCCINFO.html
6- http://www.unccd.ch/,
7-
http://iisd.ca/measure/1.htm,
8-
http://home.nordnet.fr/~edubreucq/def_hqe.htm
9-
http://www.ifen.fr/pages/3nature.htm
10-
http://www.legifrance.gouv.fr/html/frame_codes_lois_regl
11-
http://www.ecosystem-management.com/newpage1.htm;
12-
http://www.eea.eu.int/Document/En
13-
http://iisd.ca/susprod/principles.htm
14-
http://www.wbcsd.ch/aboutdfn.htm
15-
http://www.vtek.chalmers.se/~v94zinn/factor.html
16-
http://www.rio.org/solagral
17-
http://www.rio.org/solagral
18- http://www.iied.org/scati
19- http://www.geosucces.net
20-
http://www.onecs.intetchad
21- http://www.onrtv.net
22-
http://www.agrobio.fao.org
23- http://www.fao.org
ANNEXES
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
********
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace-Work- Fatherland
*********
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
**********
**********
FACULTE DES ARTS, LETTRES
FACULTY OF ARTS, LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
***********
*********
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
DEPARTMENT OF GEOGRAPHY
ANNEXE I: FICHE D'ENQUETE
N°...(Producteurs)
Région
______________________________________________________
Département
_________________________________________________
Sous-préfecture
_______________________________________________
Canton
______________________________________________________
Village
______________________________________________________
Nom de
l'enquêté ______________________________________________
Profession___________________________________________________
Age_________________________________________________________
Date ________________________________________________________
1 : Quelles perceptions avez-vous sur la
variabilité
climatique?___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
2 : Comment se manifeste-t-elle et que faites-vous
pour y faire face ?
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
3 : Quelle évolution du climat observe-t-on
ces dernières décennies dans la région du Mandoul à
travers la température et les
précipitations?_______________________________
_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
4 : Comment explique t-on la variabilité
spatiale et temporelle qui s'est manifestée plus ou moins fortement
depuis quelques décennies?
_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
5 : Que peut-on, prédire pour l'avenir et
selon vous, quelles sont les mesures déjà prises pour
éviter le pire dans la région du Mandoul en général
ou dans votre localité en
particulier ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
6: Quelles pratiques et stratégies d'adaptation
adoptées vous face aux aléas
climatiques ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
7: Les activités agropastorales sont souvent
pointées du doigt comme étant responsables en grande partie de
l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et donc du
réchauffement climatique. Si la contribution de l'agriculture et de
l'élevage à ce phénomène demeure faible, comment
leur potentiel d'atténuation peut-il être valorisé ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
8 : Quelles sont vos observations quant à la
variabilité du climat depuis vos débuts en
agriculture ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
9 : Comment faites-vous pour pallier ces
problèmes de variabilité climatique et quels sont les risques que
vous identifiez dans la localité ?
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
10 : Quels impacts observez-vous sur les
activités
agropastorales ?____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
11 : Comment les éleveurs de la région du
Mandoul perçoivent-ils les variabilités
climatiques ?________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
12 : Comment les éleveurs tentent-ils de
s'adapter à ces variabilités ?
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
13 : Les températures moyennes annuelles
sont-elles aussi disponibles ?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
14 : Quels types de vents enregistrez-vous ici dans
votre
région ?_______________________________________________________________________
- Leur
fréquence ?_______________________________________________________
- Leur
vitesse ?_________________________________________________________
15 : quels types d'extrêmes climatiques
observés-vous dans la
localités ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________
- Leur
fréquence___________________________________________________________
16- Quels sont les facteurs de dégradation des sols
qui sévissent dans la zone ?
- Erosions éoliennes
___________________________________________________
- Erosions hydriques
__________________________________________________
- Surpâturage
________________________________________________________
- Feux de brousse
_____________________________________________________
-
Surexploitation_____________________________________________________
- Manque d'apport de MO
______________________________________________
- Manque d'apport d'engrais minéraux
____________________________________
- Déboisement
_______________________________________________________
- Non suivi des itinéraires
techniques______________________________________
- Autres à préciser
____________________________________________________
17-Citez-nous, parmi ces facteurs, de dégradation
des sols ; les plus
importants ?________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
18- Face à ces facteurs de dégradation,
constatez-vous une mutation au niveau du climat ?
Oui ?_____________Non ?_______________________________________________________
-Si oui,
lequel ?______________________________________________________________
19- Citez quelques mesures d'adaptation en
agriculture et en élevage :
Agriculture_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________Elevage___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
20- Pourquoi adoptez-vous la mobilité comme
stratégie
d'adaptation____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
21- Comment faites-vous pour combler le déficit
fourragère ?________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
22- Existe-t-il des points, plans ou sources d'eau dans
votre localité? Oui ? Non ?
Si oui, lesquels
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
23- Ces points, plans ou sources appartiennent-ils à
la communauté ? Oui ? Non ?
Si non, à qui appartiennent-ils?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
24- Comment se fait la gestion de ces points, plans ou
sources ?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
25- Pensez-vous que la gestion qui est faite de la ressource
est bonne ?
Oui ? Non
?_________________________________________________________________
26- Existe-t-il des structures qui vous aident dans la
gestion ?
Oui ? Non ?
27- Si oui, lesquelles ?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
28- Quels autres acteurs interviennent dans la gestion de la
ressource dans votre localité ?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
29- Y-a-t il des problèmes de gestion entre les
différentes composantes de la communauté en ce qui concerne la
gestion de la ressource ?
Oui ? Non ?
30- Si oui, lesquels ?
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
********
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace-Work- Fatherland
*********
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
**********
**********
FACULTE DES ARTS, LETTRES
FACULTY OF ARTS, LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
***********
*********
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
DEPARTMENT OF GEOGRAPHY
ANNEXE II : Fiche
d'enquête n° (Cadres de l'Etat, ONG, société
civile)
Région
______________________________________________________
Département
_________________________________________________
Sous-préfecture
_______________________________________________
Canton
______________________________________________________
Village
______________________________________________________
Nom de
l'enquêté ______________________________________________
Profession___________________________________________________
Age_________________________________________________________
Date ________________________________________________________
1- Comment les agriculteurs évaluent-ils localement
les variabilités climatiques ?
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
2- Sur quoi fondent-ils leur évaluation des
variabilités climatiques?
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
3- Font-ils référence à des
évolutions du climat continues ou un aléa climatique important et
fréquent ?___________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
4- Parmi les changements de pratiques mises en oeuvre par
les agriculteurs, quels sont ceux qui sont liés aux variabilités
climatiques?
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
5- Quel est le poids de ces mutations liées au climat
par rapport aux changements motivés par d'autres facteurs
(économique, organisation du travail, etc.) ?
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
6-Comment les identifier et en effectuer un
suivi?_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
7- Quels futurs changements de pratiques sont envisageables
et envisagés par les agriculteurs et les éleveurs de votre
localité ?
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
8- Comment les modéliser spatialement et avec quel
degré de vraisemblance ?
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
9- Quels sont les événements
identifiés à l'échelle annuelle sur les tendances
observées ?______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
10- Quels impacts peuvent avoir les mutations du climat
sur la dynamique
écologique ?_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE III :
Données thermiques de la station de Koumra de 1960 à
2009
Mois
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juil.
|
Août
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Moy.
|
Années
|
Annuelle
|
1960
|
27,9
|
30,5
|
38,9
|
40,4
|
40,8
|
37,3
|
34,6
|
31,6
|
35,6
|
37,7
|
33,8
|
32,8
|
35,1
|
1961
|
26,6
|
32,6
|
36,9
|
40,3
|
40,4
|
38,9
|
34,8
|
31,9
|
34,8
|
37,8
|
35,2
|
33,3
|
35,2
|
1962
|
28,9
|
29,5
|
34,8
|
40,5
|
39,9
|
37,9
|
34,8
|
31,5
|
34,2
|
36,5
|
35,9
|
34,2
|
34,8
|
1963
|
29,2
|
28,6
|
39,9
|
41,6
|
39,7
|
37,2
|
35,7
|
32,6
|
34,8
|
36,7
|
34,8
|
34,8
|
35,4
|
1964
|
31,8
|
31,5
|
40,6
|
40,5
|
40,5
|
37,6
|
34,2
|
32,6
|
35,3
|
37,2
|
34,7
|
34,1
|
35,8
|
1965
|
30,6
|
29,9
|
35,8
|
40,2
|
41,8
|
36,8
|
34,6
|
32,5
|
34,6
|
37,8
|
34,4
|
33,7
|
35,2
|
1966
|
29,8
|
28,7
|
34,9
|
41,8
|
41,3
|
37,2
|
34,7
|
33,6
|
34,4
|
38,9
|
35,7
|
33,1
|
35,5
|
1967
|
30,5
|
29,6
|
39,8
|
40,6
|
40,4
|
36,8
|
35,6
|
31,4
|
35,1
|
38,5
|
35,6
|
31,6
|
35,4
|
1968
|
28,8
|
30,9
|
37,2
|
41,2
|
40,5
|
36,4
|
35,4
|
32,1
|
35,3
|
38,6
|
35,9
|
32,8
|
35,6
|
1969
|
26,9
|
***
|
39,2
|
41,4
|
41,8
|
36,5
|
34,6
|
31,5
|
34,2
|
38,9
|
35,5
|
33,6
|
35,8
|
1970
|
29,4
|
30,6
|
***
|
41,1
|
41,9
|
36,4
|
34,2
|
31,3
|
34,5
|
38,2
|
35,7
|
33,2
|
35,1
|
1971
|
31,3
|
30,8
|
37,6
|
***
|
***
|
36,8
|
34,1
|
31,2
|
36,4
|
39,6
|
36,7
|
33,1
|
34,7
|
1972
|
31,5
|
30,2
|
39,9
|
41,3
|
41,8
|
37,2
|
33,6
|
31,6
|
35,6
|
39,4
|
36,2
|
33,4
|
35,9
|
1973
|
32,9
|
33,6
|
41,3
|
42,8
|
40,4
|
37,7
|
32,8
|
***
|
35,2
|
39,2
|
***
|
32,6
|
36,8
|
1974
|
33,2
|
33,9
|
42,6
|
42,2
|
42,9
|
36,4
|
32,5
|
31,4
|
34,8
|
39,7
|
35,2
|
33,6
|
36,5
|
1975
|
29,9
|
32,4
|
41,8
|
40,1
|
40,3
|
38,1
|
32,9
|
31,5
|
34,2
|
39,5
|
34,2
|
33,9
|
35,7
|
1976
|
29,8
|
31,8
|
40,5
|
41,8
|
40,6
|
37,5
|
34,5
|
30,9
|
34,7
|
39,7
|
34,1
|
32,4
|
35,6
|
1977
|
30,8
|
30,6
|
***
|
41,3
|
41,7
|
36,1
|
34,2
|
31,3
|
35,5
|
39,1
|
34,5
|
33,4
|
35,3
|
1978
|
30,4
|
29,5
|
40,4
|
41,9
|
41,2
|
36,9
|
32,3
|
32,2
|
35,2
|
39,2
|
36,5
|
34,2
|
35,8
|
1979
|
28,4
|
29,8
|
39,8
|
***
|
41,8
|
37,7
|
32,6
|
32,4
|
36,5
|
39,5
|
36,4
|
33,1
|
35,2
|
1980
|
29,6
|
28,9
|
38,9
|
41,7
|
40,5
|
40,6
|
33,4
|
31,4
|
34,4
|
38,3
|
36,2
|
34,9
|
35,7
|
1981
|
30,1
|
29,9
|
38,5
|
41,6
|
41,1
|
40,3
|
33,5
|
32,5
|
34,8
|
38,1
|
36,8
|
34,1
|
35,9
|
1982
|
30,4
|
30,2
|
39,8
|
41,2
|
42,2
|
38,6
|
34,3
|
32,6
|
34,8
|
38,4
|
***
|
33,5
|
36,0
|
1983
|
31,9
|
30,4
|
38,7
|
40,6
|
40,3
|
37,4
|
33,7
|
33,2
|
34,6
|
38,2
|
36,4
|
33,7
|
35,7
|
1984
|
32,4
|
33,2
|
40,8
|
41,5
|
40,6
|
36,2
|
35,4
|
32,8
|
35,6
|
***
|
36,7
|
33,8
|
36,2
|
1985
|
30,1
|
31,4
|
41,6
|
***
|
41,8
|
37,8
|
35,8
|
33,6
|
35,2
|
39,8
|
36,2
|
34,2
|
36,1
|
1986
|
29,2
|
30,5
|
42,5
|
40,8
|
40,4
|
37,2
|
34,5
|
***
|
35,6
|
38,2
|
36,3
|
34,6
|
36,3
|
1987
|
29,4
|
30,2
|
39,5
|
40,4
|
40,1
|
41,2
|
35,8
|
33,2
|
34,4
|
38,5
|
36,9
|
33,8
|
36,1
|
1988
|
29,7
|
29,6
|
39,2
|
40,6
|
40,5
|
37,2
|
35,7
|
33,6
|
***
|
39,6
|
36,8
|
33,6
|
36,0
|
1989
|
26,9
|
28,7
|
37,4
|
40,4
|
40,2
|
41,5
|
35,9
|
32,9
|
34,1
|
38,5
|
36,8
|
33,2
|
35,5
|
1990
|
27,7
|
29,2
|
36,8
|
***
|
40,6
|
40,8
|
***
|
32,8
|
35,3
|
38,2
|
36,1
|
33,9
|
35,1
|
1991
|
32,8
|
31,6
|
35,8
|
43,8
|
42,5
|
40,2
|
36,8
|
***
|
36,7
|
38,4
|
36,3
|
33,1
|
37,0
|
1992
|
30,4
|
31,9
|
35,2
|
41,2
|
41,8
|
***
|
35,7
|
33,4
|
36,5
|
38,5
|
36,2
|
33,4
|
35,8
|
1993
|
***
|
32,9
|
38,5
|
41,1
|
41,9
|
42,1
|
35,7
|
34,6
|
36,4
|
38,7
|
36,2
|
34,3
|
37,4
|
1994
|
***
|
33,4
|
39,5
|
41,8
|
42,9
|
37,2
|
37,5
|
33,6
|
35,5
|
38,3
|
36,3
|
34,1
|
37,2
|
1995
|
33,7
|
32,8
|
***
|
40,4
|
42,7
|
41,8
|
37,2
|
33,9
|
35,4
|
39,6
|
37,4
|
34,9
|
37,2
|
1996
|
29,6
|
29,8
|
36,8
|
41,8
|
42,8
|
40,4
|
37,9
|
33,8
|
36,2
|
38,2
|
37,1
|
***
|
36,7
|
1997
|
30,5
|
29,9
|
39,8
|
42,9
|
42,6
|
40,2
|
37,2
|
34,7
|
36,6
|
38,5
|
***
|
34,2
|
37,0
|
1998
|
31,8
|
32,8
|
40,5
|
42,7
|
42,8
|
40,5
|
37,3
|
34,1
|
36,3
|
38,5
|
36,8
|
33,6
|
37,3
|
1999
|
32,8
|
30,9
|
36,7
|
43,7
|
42,5
|
38,2
|
37,4
|
34,2
|
35,8
|
39,6
|
36,9
|
33,8
|
36,8
|
2000
|
32,6
|
31,8
|
35,8
|
42,8
|
***
|
39,9
|
37,3
|
34,7
|
35,9
|
39,5
|
37,2
|
***
|
36,7
|
2001
|
31,7
|
31,3
|
38,8
|
42,6
|
42,3
|
39,8
|
37,5
|
33,7
|
36,7
|
39,1
|
37,4
|
34,8
|
37,1
|
2002
|
30,3
|
30,4
|
34,8
|
42,6
|
43,3
|
***
|
37,3
|
33,4
|
36,3
|
39,4
|
36,5
|
34,8
|
36,2
|
2003
|
34,8
|
33,5
|
***
|
43,4
|
42,6
|
40,5
|
36,7
|
33,2
|
36,8
|
39
|
36,8
|
35,9
|
37,5
|
2004
|
34,2
|
32,6
|
40,9
|
43,9
|
43,8
|
38,5
|
37,9
|
***
|
36,9
|
38,4
|
36,1
|
36,3
|
38,1
|
2005
|
30,5
|
30,7
|
40,4
|
43,5
|
43,1
|
38,2
|
37,6
|
34,6
|
36,8
|
38,6
|
36,2
|
37,2
|
37,2
|
2006
|
31,8
|
32,6
|
39,6
|
43,8
|
43,7
|
39,2
|
37,3
|
34,8
|
37,4
|
39,1
|
36,1
|
36,1
|
37,6
|
2007
|
31,7
|
29,2
|
40,6
|
43,7
|
43,2
|
40,1
|
37,6
|
34,2
|
37,2
|
39,5
|
36,4
|
36,3
|
37,4
|
2008
|
32,4
|
28,5
|
40,4
|
43,6
|
43,1
|
40,3
|
37,2
|
34,6
|
37,3
|
38,5
|
36,8
|
36,8
|
37,4
|
2009
|
32,2
|
30,8
|
40,3
|
43,9
|
43,7
|
40,2
|
37,6
|
34,3
|
37,2
|
38,3
|
36,1
|
36,4
|
37,5
|
Moy
|
30,6
|
30,9
|
38,9
|
41,8
|
41,6
|
38,5
|
35,4
|
32,9
|
35,5
|
38,6
|
36,0
|
34,1
|
|
Source : DREM (***
Données non-disponibles)
ANNEXE IV : Evolution
des productions agricoles de la région du Mandoul de 1960 à
2009
Années
|
Riz
|
Mil
|
Sorgho
|
Maïs
|
Arachide
|
|
Sup (ha)
|
Prod (t)
|
Sup (ha)
|
Prod (t)
|
Sup (ha)
|
Prod (t)
|
Sup (ha)
|
Prod (t)
|
Sup (ha)
|
Prod (t)
|
1960/61
|
875
|
1106
|
***
|
***
|
1736
|
1654
|
1999
|
992
|
1241
|
1900
|
1961/62
|
***
|
***
|
945
|
117
|
1882
|
2198
|
4319
|
3211
|
1765
|
1988
|
1962/63
|
1298
|
1544
|
1224
|
1399
|
3211
|
3110
|
3299
|
2111
|
1888
|
1292
|
1963/64
|
1133
|
1543
|
***
|
***
|
1229
|
1765
|
1992
|
1645
|
1211
|
1999
|
1964/65
|
949
|
1208
|
992
|
1132
|
***
|
***
|
3110
|
3002
|
***
|
***
|
1965/66
|
1065
|
1322
|
1053
|
1244
|
2992
|
1877
|
3928
|
2991
|
1344
|
1437
|
1966/67
|
1021
|
1453
|
1320
|
1684
|
988
|
736
|
2330
|
2331
|
1298
|
1998
|
1967/68
|
987
|
1065
|
1211
|
944
|
3324
|
2133
|
***
|
***
|
1888
|
2311
|
1968/69
|
1213
|
1644
|
***
|
***
|
2111
|
1998
|
4432
|
3425
|
1218
|
1880
|
1969/70
|
1154
|
1332
|
1287
|
1132
|
2190
|
2009
|
2198
|
1993
|
***
|
***
|
1970/71
|
938
|
1142
|
985
|
1008
|
1442
|
1231
|
3324
|
2444
|
1221
|
1298
|
1971/72
|
998
|
1002
|
1221
|
1655
|
2254
|
2101
|
4427
|
2213
|
1555
|
1756
|
1972/73
|
1239
|
985
|
1332
|
881
|
2298
|
1133
|
3251
|
1998
|
1893
|
982
|
1973/74
|
1453
|
884
|
1398
|
775
|
1988
|
1034
|
2231
|
1332
|
1298
|
877
|
1974/75
|
1389
|
1234
|
1254
|
897
|
928
|
778
|
2155
|
1298
|
1426
|
998
|
1975/76
|
1453
|
988
|
1165
|
878
|
1288
|
1101
|
2314
|
1998
|
1989
|
2311
|
1976/77
|
1437
|
1986
|
1299
|
994
|
2339
|
2104
|
3411
|
2311
|
***
|
***
|
1977/78
|
908
|
1176
|
998
|
789
|
1928
|
1604
|
1128
|
1298
|
1188
|
1544
|
1978/79
|
1322
|
1209
|
1549
|
1453
|
2413
|
1823
|
***
|
***
|
1211
|
1904
|
1979/80
|
890
|
1007
|
1286
|
1002
|
1899
|
1774
|
2998
|
2143
|
1229
|
1332
|
1980/81
|
730
|
1038
|
1330
|
501
|
***
|
***
|
3785
|
1208
|
1228
|
2371
|
1981/82
|
114
|
145
|
874
|
792
|
***
|
***
|
4392
|
2575
|
1285
|
1474
|
1982/83
|
1138
|
1458
|
831
|
557
|
3291
|
1806
|
3347
|
3580
|
1741
|
2041
|
1983/84
|
1357
|
918
|
561
|
227
|
2206
|
1152
|
1511
|
1314
|
1321
|
1523
|
1984/85
|
744
|
1005
|
***
|
***
|
1986
|
1295
|
1445
|
1123
|
1322
|
1499
|
1985/86
|
1497
|
1557
|
***
|
***
|
2132
|
1442
|
1889
|
1810
|
***
|
****
|
1986/87
|
1068
|
1029
|
759
|
741
|
2647
|
2451
|
2645
|
2629
|
1600
|
2048
|
1987/88
|
1475
|
1427
|
374
|
234
|
2047
|
1472
|
2252
|
1927
|
1388
|
1509
|
1988/89
|
1372
|
1587
|
507
|
320
|
2084
|
1157
|
1490
|
1040
|
1262
|
1214
|
1989/90
|
1315
|
1488
|
734
|
492
|
1695
|
1181
|
915
|
910
|
1016
|
1087
|
1990/91
|
1490
|
1370
|
1304
|
1135
|
2587
|
2326
|
1648
|
2149
|
1430
|
1175
|
1991/92
|
743
|
745
|
1023
|
716
|
3063
|
2450
|
1180
|
1062
|
1174
|
1010
|
1992/93
|
901
|
1040
|
1740
|
1183
|
2698
|
1214
|
1532
|
1400
|
1338
|
1436
|
1993/94
|
997
|
1190
|
1291
|
777
|
1797
|
843
|
562
|
692
|
1359
|
1540
|
1994/95
|
1293
|
1271
|
1737
|
1176
|
1691
|
1163
|
2440
|
2577
|
1294
|
1117
|
1995/96
|
995
|
1539
|
1534
|
1109
|
1967
|
2641
|
2647
|
2830
|
1396
|
1443
|
1996/97
|
1407
|
1179
|
1545
|
1469
|
2327
|
1678
|
1575
|
1405
|
1254
|
1149
|
1997/98
|
1008
|
1227
|
1465
|
1093
|
2834
|
2018
|
3155
|
2981
|
1171
|
1327
|
1998/99
|
***
|
***
|
1232
|
1333
|
***
|
***
|
***
|
***
|
1100
|
1210
|
1999/00
|
1500
|
1350
|
1140
|
718
|
2800
|
1820
|
3000
|
3000
|
1230
|
1330
|
2000/01
|
1414
|
1990
|
1833
|
1338
|
2658
|
2552
|
2706
|
3112
|
1344
|
1335
|
2001/02
|
1166
|
1224
|
1522
|
1813
|
1202
|
1202
|
1847
|
2309
|
1052
|
1233
|
2002/03
|
1408
|
1510
|
1339
|
1087
|
962
|
1001
|
1662
|
849
|
1231
|
1259
|
2003/04
|
1177
|
1927
|
1725
|
1501
|
1447
|
1230
|
2255
|
1510
|
1109
|
1054
|
2004/05
|
1200
|
1309
|
1706
|
1788
|
811
|
649
|
1457
|
1712
|
1326
|
1320
|
2005/06
|
890
|
1015
|
1221
|
1349
|
***
|
***
|
2265
|
3243
|
1398
|
1656
|
2006/07
|
1280
|
1435
|
1541
|
1554
|
994
|
867
|
2133
|
2443
|
***
|
***
|
2007/08
|
980
|
1234
|
1122
|
1241
|
1992
|
1865
|
2254
|
2659
|
1221
|
1665
|
2008/09
|
1100
|
1328
|
1088
|
1109
|
1221
|
1009
|
***
|
***
|
1844
|
1487
|
Source : Direction de
l'ONDR, 2010
Légende :
*** : Données manquantes ; Sup : Superficie ;
Prod : Production ; t : tonne ; ha : hectare.
ANNEXE V :
Données pluviométriques de la station de Sarh
Années
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Dec.
|
1960
|
0
|
0
|
0
|
79,7
|
98,9
|
104
|
276,7
|
216,8
|
190,6
|
99
|
0
|
0
|
1961
|
0
|
0
|
0
|
14
|
133,7
|
121,9
|
287,7
|
288,4
|
188,8
|
78,8
|
0
|
0
|
1962
|
0
|
0
|
0
|
31
|
118,9
|
111,8
|
199,7
|
321,7
|
128,9
|
78,8
|
0
|
0
|
1963
|
0
|
0
|
0
|
82,4
|
125,5
|
98,4
|
281,5
|
260,9
|
168,6
|
98
|
0
|
0
|
1964
|
0
|
0
|
8,5
|
50,4
|
110,6
|
164,1
|
315,9
|
251,8
|
189,2
|
69,8
|
0
|
0
|
1965
|
0
|
0
|
0
|
21,6
|
89,8
|
210,7
|
277,8
|
218
|
121,8
|
99,4
|
0
|
0
|
1966
|
0
|
0
|
0
|
55,2
|
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|
108,6
|
294,7
|
199,6
|
166,9
|
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|
0
|
0
|
1967
|
0
|
0
|
0
|
89
|
60,9
|
70,7
|
299,6
|
234,8
|
213,8
|
26
|
0
|
0
|
1968
|
0
|
0
|
9
|
71,2
|
78
|
100,5
|
153,9
|
222,8
|
187,7
|
77,8
|
0
|
0
|
1969
|
0
|
0
|
0
|
35,6
|
56,9
|
155,4
|
209,6
|
276,9
|
177,2
|
44,4
|
0
|
0
|
1970
|
0
|
0
|
0
|
22
|
101,6
|
155,9
|
201,6
|
299,3
|
180,9
|
23
|
0
|
0
|
1971
|
0
|
0
|
0
|
41,5
|
40,1
|
98,6
|
166,6
|
298,1
|
185,1
|
64,8
|
0
|
0
|
1972
|
0
|
0
|
12
|
11,5
|
99,4
|
121,7
|
122,9
|
219
|
189,2
|
26
|
0
|
0
|
1973
|
0
|
0
|
0
|
6,9
|
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|
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|
198,7
|
252,8
|
155,8
|
99,8
|
0
|
0
|
1974
|
0
|
0
|
0
|
22,3
|
106,2
|
128
|
167,6
|
287,8
|
175,6
|
26,8
|
0
|
0
|
1975
|
0
|
0
|
0
|
49,2
|
127,7
|
121,8
|
234,9
|
251
|
189,1
|
75,6
|
0
|
0
|
1976
|
0
|
0
|
0
|
12,9
|
83,8
|
160,6
|
281,8
|
298,1
|
231,6
|
85,8
|
0
|
0
|
1977
|
0
|
0
|
0
|
19,4
|
98,6
|
167,3
|
272,7
|
265,2
|
134,9
|
32,7
|
0
|
0
|
1978
|
0
|
0
|
0,1
|
45
|
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|
123,7
|
234,9
|
341,8
|
166,6
|
45,8
|
0
|
0
|
1979
|
0
|
0
|
0
|
18,6
|
55,2
|
146,3
|
298,8
|
187,2
|
122,8
|
78,8
|
0
|
0
|
1980
|
0
|
0
|
0
|
42,7
|
58,8
|
166,4
|
301,6
|
218,9
|
198,1
|
54
|
0
|
0
|
1981
|
0
|
0
|
0
|
18
|
77,1
|
302,5
|
286
|
198,1
|
176,4
|
92,7
|
0
|
0
|
1982
|
0
|
0
|
7
|
13,8
|
87,6
|
101
|
202,8
|
218,2
|
162,8
|
87
|
0
|
0
|
1983
|
0
|
0
|
0
|
19,9
|
54
|
134,9
|
188,6
|
231,9
|
165,9
|
43,8
|
0
|
0
|
1984
|
0
|
0
|
0
|
57,8
|
127,8
|
133,7
|
190,8
|
199,9
|
123,5
|
88,9
|
0
|
0
|
1985
|
0
|
0
|
0
|
12,7
|
|
164
|
210
|
234,1
|
101,2
|
21,6
|
0
|
0
|
1986
|
0
|
0
|
0
|
99,5
|
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|
102,3
|
156,2
|
334,9
|
156,4
|
32,6
|
0
|
0
|
1987
|
0
|
0
|
0
|
22,9
|
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|
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|
176,9
|
243,8
|
177,1
|
38,9
|
0
|
0
|
1988
|
0
|
0
|
0
|
21,5
|
123,4
|
123,8
|
294,8
|
304
|
104,8
|
65,9
|
0
|
0
|
1989
|
0
|
0
|
0
|
33,9
|
64
|
122,6
|
187,3
|
198,8
|
112,9
|
55,9
|
0
|
0
|
1990
|
0
|
0
|
0
|
55,3
|
98,8
|
201,8
|
188,8
|
167,4
|
189,8
|
84,3
|
0
|
0
|
1991
|
0
|
0
|
0
|
22
|
76
|
143,9
|
201,7
|
249,1
|
198,1
|
54,7
|
0
|
0
|
1992
|
0
|
0
|
0
|
24,7
|
114,6
|
148,9
|
189,3
|
210,8
|
210,6
|
98,8
|
0
|
0
|
1993
|
0
|
0
|
0
|
29,4
|
122,5
|
89,6
|
178,8
|
199,6
|
155,8
|
43
|
0
|
0
|
1994
|
0
|
0
|
0
|
43
|
65,7
|
190,9
|
199,7
|
285,1
|
188,7
|
25,7
|
0
|
0
|
1995
|
0
|
0
|
0
|
33,4
|
66,7
|
159,6
|
201,8
|
243,8
|
165,1
|
23,9
|
0
|
0
|
1996
|
0
|
0
|
0
|
12
|
102
|
100,7
|
180,4
|
288,7
|
276,8
|
78,9
|
0
|
0
|
1997
|
0
|
0
|
0
|
96
|
94,5
|
172,8
|
301,2
|
234,8
|
243,7
|
77,1
|
0
|
0
|
1998
|
0
|
0
|
0
|
16
|
88
|
48,9
|
87,9
|
277,1
|
201,8
|
93,7
|
0
|
0
|
1999
|
0
|
0
|
0
|
43,2
|
79,5
|
122,9
|
187,6
|
209,6
|
198,5
|
12,8
|
0
|
0
|
2000
|
0
|
0
|
0
|
12,8
|
106,7
|
123,9
|
211,6
|
247,1
|
276,5
|
43,8
|
0
|
0
|
2001
|
0
|
0
|
0
|
15,9
|
99,4
|
103,9
|
265,8
|
266,8
|
210,8
|
32,8
|
0
|
0
|
2002
|
0
|
0
|
0
|
12,2
|
102,5
|
125,8
|
200,2
|
349,6
|
201,7
|
77,9
|
0
|
0
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
32,6
|
120,5
|
199,5
|
247,5
|
238,7
|
106,6
|
92,7
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0,3
|
22,6
|
67,8
|
112,8
|
276,8
|
321,1
|
199,7
|
22,8
|
0
|
0
|
2005
|
0
|
0
|
0
|
11,9
|
98,5
|
155,3
|
231
|
219,2
|
156,6
|
55,9
|
0
|
0
|
2006
|
0
|
0
|
0
|
13,2
|
77
|
201,6
|
197,8
|
201,1
|
188,9
|
43,9
|
0
|
0
|
2007
|
0
|
0
|
0
|
87,8
|
85,7
|
188,6
|
123,8
|
199,2
|
123,6
|
99,6
|
0
|
0
|
2008
|
0
|
0
|
0
|
10
|
32
|
157,5
|
243,8
|
189,3
|
178,6
|
45,8
|
0
|
0
|
2009
|
0
|
0
|
0
|
41,9
|
67,9
|
195
|
198,6
|
211,7
|
165,8
|
49
|
0
|
0
|
Source : DREM
ANNEXE VI :
Données pluviométriques de Doba de 1960 à 2009
Années
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Septe.
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
1960
|
0
|
0
|
0
|
29,8
|
68,6
|
187,5
|
256,7
|
252,6
|
303,4
|
76,4
|
7,8
|
0
|
1961
|
0
|
0
|
22,8
|
43,7
|
104,9
|
121,8
|
289,6
|
205,4
|
198,9
|
94,8
|
0
|
0
|
1962
|
0
|
0
|
0
|
34,9
|
103,4
|
143,9
|
145,8
|
345,2
|
232,8
|
99,6
|
0
|
0
|
1963
|
0
|
0
|
0
|
99,7
|
135,9
|
123,8
|
301,6
|
266,7
|
223,9
|
64,9
|
0
|
0
|
1964
|
0
|
0
|
43,1
|
56,8
|
134,8
|
184,1
|
***
|
213,8
|
211,4
|
27,2
|
0
|
0
|
1965
|
0
|
0
|
0
|
65,9
|
129,8
|
155,4
|
125,5
|
301,1
|
177,7
|
87,8
|
0
|
0
|
1966
|
0
|
0
|
0
|
73,5
|
145,8
|
87,4
|
298,6
|
***
|
112,8
|
34,1
|
0
|
0
|
1967
|
0
|
0
|
32,8
|
***
|
89,9
|
76,6
|
288,4
|
255,8
|
203,8
|
76,4
|
0
|
0
|
1968
|
0
|
0
|
0
|
34,8
|
122,8
|
99,2
|
158,8
|
245,8
|
126,6
|
76,6
|
12,3
|
0
|
1969
|
0
|
0
|
11,9
|
41,7
|
88,8
|
176,4
|
310,9
|
234,9
|
189,9
|
68,9
|
0,8
|
0
|
1970
|
0
|
0
|
0
|
10,6
|
95,4
|
***
|
323,3
|
297,4
|
199,9
|
65,9
|
0
|
0
|
1971
|
0
|
0
|
0
|
23,9
|
78,3
|
88,6
|
156,9
|
299,4
|
181,8
|
13,2
|
0
|
0
|
1972
|
0
|
0
|
0
|
54,8
|
108,6
|
165,8
|
186,8
|
254,2
|
177,3
|
66,9
|
0
|
0
|
1973
|
0
|
0
|
0
|
27,4
|
64,9
|
154,9
|
220,6
|
276,9
|
142,9
|
89,2
|
0
|
0
|
1974
|
0
|
14,8
|
0
|
18,5
|
134,9
|
116,3
|
***
|
222,6
|
173,5
|
76,3
|
0
|
0
|
1975
|
0
|
0
|
0
|
34,9
|
112,9
|
129,8
|
232,7
|
278,4
|
167,8
|
***
|
0
|
0
|
1976
|
0
|
0
|
0
|
11,1
|
***
|
160,6
|
210,9
|
303,2
|
199,5
|
95,8
|
0
|
0
|
1977
|
0
|
0
|
0
|
21,8
|
132,1
|
167,9
|
286,5
|
273,1
|
155,8
|
88,7
|
0
|
0
|
1978
|
0
|
0
|
0
|
65,4
|
143,8
|
126,6
|
212,4
|
343,3
|
198,8
|
165,8
|
0
|
0
|
1979
|
0
|
0
|
0
|
9,5
|
86,8
|
123,9
|
321,7
|
188,3
|
127,9
|
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0
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0
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1980
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|
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|
312,3
|
312
|
166,8
|
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|
0,5
|
0
|
1981
|
0
|
0
|
0
|
***
|
75,7
|
202,6
|
217,9
|
199,8
|
176,6
|
56,7
|
0
|
0
|
1982
|
0
|
0
|
0
|
12,9
|
67,9
|
178,8
|
234,8
|
243,1
|
***
|
65,9
|
0
|
0
|
1983
|
0
|
0
|
0
|
0
|
***
|
134,6
|
162,8
|
232,8
|
197,5
|
61,6
|
0
|
0
|
1984
|
0
|
0
|
0
|
11,2
|
111,8
|
156,7
|
139,6
|
179,7
|
192,8
|
87,1
|
0
|
0
|
1985
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,8
|
168,3
|
213,8
|
215,5
|
188,8
|
12,8
|
0
|
0
|
1986
|
0
|
0
|
0
|
34,6
|
86,8
|
189,5
|
176,4
|
235,9
|
219,9
|
86,7
|
0
|
0
|
1987
|
0
|
21,6
|
0
|
22,1
|
97,5
|
167,5
|
212,8
|
302,5
|
188,5
|
99,5
|
0
|
0
|
1988
|
0
|
0
|
0
|
43,2
|
121,8
|
123,4
|
299,9
|
311,8
|
111,4
|
66
|
0
|
0
|
1989
|
0
|
0
|
0
|
15,5
|
123,4
|
162,8
|
155,5
|
178,9
|
176,8
|
55,8
|
0
|
0
|
1990
|
0
|
0
|
0
|
35,8
|
98,6
|
209,5
|
156,6
|
145,2
|
199,2
|
65,3
|
0
|
0
|
1991
|
0
|
0
|
5,2
|
13,9
|
76,7
|
106,8
|
254,6
|
312,1
|
222,6
|
98,4
|
0
|
0
|
1992
|
0
|
0
|
0
|
42,3
|
98,9
|
123,8
|
201,3
|
243,1
|
221,8
|
86,6
|
0
|
0
|
1993
|
0
|
0
|
0
|
25,5
|
168,1
|
105,5
|
198,9
|
231,9
|
144,7
|
97,8
|
0
|
0
|
1994
|
0
|
0
|
0
|
23,4
|
***
|
126,5
|
160,8
|
212,9
|
198,5
|
81,4
|
0
|
0
|
1995
|
0
|
0
|
0
|
21,1
|
86,7
|
169,6
|
253,7
|
222,5
|
155,7
|
88,6
|
0
|
0
|
1996
|
0
|
0
|
0
|
43,7
|
109,2
|
123,2
|
180,4
|
234
|
276,8
|
76,4
|
0
|
0
|
1997
|
0
|
0
|
0
|
12,7
|
78,9
|
199,8
|
261,2
|
288,8
|
***
|
11,7
|
0
|
0
|
1998
|
0
|
0
|
0
|
18,9
|
98,8
|
148,9
|
127,9
|
255,8
|
243,8
|
11,4
|
0
|
0
|
1999
|
0
|
0
|
0
|
55,2
|
108,4
|
123,8
|
173,9
|
245,6
|
165,5
|
122,6
|
0
|
0
|
2000
|
0
|
0
|
0
|
18,6
|
96,7
|
188,9
|
234,9
|
269,1
|
295,4
|
125,9
|
0
|
0
|
2001
|
0
|
0
|
0
|
22,8
|
86,6
|
95,9
|
234,9
|
245,8
|
222,2
|
93,2
|
0
|
0
|
2002
|
0
|
0
|
0
|
50,9
|
99,1
|
113,5
|
222,2
|
243,3
|
200,6
|
74,4
|
0
|
0
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
***
|
74,8
|
126,7
|
267,5
|
287,9
|
265,1
|
92,1
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
54,2
|
55,9
|
***
|
258,2
|
187,3
|
202,2
|
111,3
|
0
|
0
|
2005
|
0
|
0
|
0
|
0,5
|
87,5
|
125,3
|
183,4
|
188,4
|
122,4
|
102,9
|
0
|
0
|
2006
|
0
|
0
|
0
|
0
|
78,2
|
132,9
|
165,5
|
255,6
|
113,8
|
133,9
|
0
|
0
|
2007
|
0
|
0
|
0
|
0,9
|
99,7
|
176,4
|
201,7
|
198,4
|
157,4
|
111,3
|
0
|
0
|
2008
|
0
|
0
|
2,8
|
12,7
|
98,8
|
197,7
|
216,8
|
199,5
|
192,8
|
99,2
|
0,6
|
0
|
2009
|
0
|
23,5
|
0
|
22,8
|
56,5
|
144,9
|
190,5
|
195,8
|
188,8
|
155,3
|
0
|
0
|
Source : DREM (***
Données non-disponibles)
ANNEXE VII :
Données thermiques de 1960 à 2009 de la station de
Doba
Mois
|
Janv
|
Févr
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juil
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
Années
|
1960
|
27,9
|
30,5
|
38,9
|
40,4
|
40,8
|
37,3
|
34,6
|
31,6
|
35,6
|
37,7
|
33,8
|
32,8
|
1961
|
26,6
|
32,6
|
36,9
|
40,3
|
40,4
|
38,9
|
34,8
|
31,9
|
34,8
|
37,8
|
35,2
|
33,3
|
1962
|
28,9
|
29,5
|
34,8
|
40,5
|
39,9
|
37,9
|
34,8
|
31,5
|
34,2
|
36,5
|
35,9
|
34,2
|
1963
|
29,2
|
28,6
|
39,9
|
41,6
|
39,7
|
37,2
|
35,7
|
32,6
|
34,8
|
36,7
|
34,8
|
34,8
|
1964
|
31,8
|
31,5
|
40,6
|
40,5
|
40,5
|
37,6
|
34,2
|
32,6
|
35,3
|
37,2
|
34,7
|
34,1
|
1965
|
30,6
|
29,9
|
35,8
|
40,2
|
41,8
|
36,8
|
34,6
|
32,5
|
34,6
|
37,8
|
34,4
|
33,7
|
1966
|
29,8
|
28,7
|
34,9
|
41,8
|
41,3
|
37,2
|
34,7
|
33,6
|
34,4
|
38,9
|
35,7
|
33,1
|
1967
|
30,5
|
29,6
|
39,8
|
40,6
|
40,4
|
36,8
|
35,6
|
31,4
|
35,1
|
38,5
|
35,6
|
31,6
|
1968
|
28,8
|
30,9
|
37,2
|
41,2
|
40,5
|
36,4
|
35,4
|
32,1
|
35,3
|
38,6
|
35,9
|
32,8
|
1969
|
26,9
|
***
|
39,2
|
41,4
|
41,8
|
36,5
|
34,6
|
31,5
|
34,2
|
38,9
|
35,5
|
33,6
|
1970
|
29,4
|
30,6
|
***
|
41,1
|
41,9
|
36,4
|
34,2
|
31,3
|
34,5
|
38,2
|
35,7
|
33,2
|
1971
|
31,3
|
30,8
|
37,6
|
***
|
***
|
36,8
|
34,1
|
31,2
|
36,4
|
39,6
|
36,7
|
33,1
|
1972
|
31,5
|
30,2
|
39,9
|
41,3
|
41,8
|
37,2
|
33,6
|
31,6
|
35,6
|
39,4
|
36,2
|
33,4
|
1973
|
32,9
|
33,6
|
41,3
|
42,8
|
40,4
|
37,7
|
32,8
|
***
|
35,2
|
39,2
|
***
|
32,6
|
1974
|
33,2
|
33,9
|
42,6
|
42,2
|
42,9
|
36,4
|
32,5
|
31,4
|
34,8
|
39,7
|
35,2
|
33,6
|
1975
|
29,9
|
32,4
|
41,8
|
40,1
|
40,3
|
38,1
|
32,9
|
31,5
|
34,2
|
39,5
|
34,2
|
33,9
|
1976
|
29,8
|
31,8
|
40,5
|
41,8
|
40,6
|
37,5
|
34,5
|
30,9
|
34,7
|
39,7
|
34,1
|
32,4
|
1977
|
30,8
|
30,6
|
***
|
41,3
|
41,7
|
36,1
|
34,2
|
31,3
|
35,5
|
39,1
|
34,5
|
33,4
|
1978
|
30,4
|
29,5
|
40,4
|
41,9
|
41,2
|
36,9
|
32,3
|
32,2
|
35,2
|
39,2
|
36,5
|
34,2
|
1979
|
28,4
|
29,8
|
39,8
|
***
|
41,8
|
37,7
|
32,6
|
32,4
|
36,5
|
39,5
|
36,4
|
33,1
|
1980
|
29,6
|
28,9
|
38,9
|
41,7
|
40,5
|
40,6
|
33,4
|
31,4
|
34,4
|
38,3
|
36,2
|
34,9
|
1981
|
30,1
|
29,9
|
38,5
|
41,6
|
41,1
|
40,3
|
33,5
|
32,5
|
34,8
|
38,1
|
36,8
|
34,1
|
1982
|
30,4
|
30,2
|
39,8
|
41,2
|
42,2
|
38,6
|
34,3
|
32,6
|
34,8
|
38,4
|
***
|
33,5
|
1983
|
31,9
|
30,4
|
38,7
|
40,6
|
40,3
|
37,4
|
33,7
|
33,2
|
34,6
|
38,2
|
36,4
|
33,7
|
1984
|
32,4
|
33,2
|
40,8
|
41,5
|
40,6
|
36,2
|
35,4
|
32,8
|
35,6
|
***
|
36,7
|
33,8
|
1985
|
30,1
|
31,4
|
41,6
|
***
|
41,8
|
37,8
|
35,8
|
33,6
|
35,2
|
39,8
|
36,2
|
34,2
|
1986
|
29,2
|
30,5
|
42,5
|
40,8
|
40,4
|
37,2
|
34,5
|
***
|
35,6
|
38,2
|
36,3
|
34,6
|
1987
|
29,4
|
30,2
|
39,5
|
40,4
|
40,1
|
41,2
|
35,8
|
33,2
|
34,4
|
38,5
|
36,9
|
33,8
|
1988
|
29,7
|
29,6
|
39,2
|
40,6
|
40,5
|
37,2
|
35,7
|
33,6
|
***
|
39,6
|
36,8
|
33,6
|
1989
|
26,9
|
28,7
|
37,4
|
40,4
|
40,2
|
41,5
|
35,9
|
32,9
|
34,1
|
38,5
|
36,8
|
33,2
|
1990
|
27,7
|
29,2
|
36,8
|
***
|
40,6
|
40,8
|
***
|
32,8
|
35,3
|
38,2
|
36,1
|
33,9
|
1991
|
32,8
|
31,6
|
35,8
|
43,8
|
42,5
|
40,2
|
36,8
|
***
|
36,7
|
38,4
|
36,3
|
33,1
|
1992
|
30,4
|
31,9
|
35,2
|
41,2
|
41,8
|
***
|
35,7
|
33,4
|
36,5
|
38,5
|
36,2
|
33,4
|
1993
|
***
|
32,9
|
38,5
|
41,1
|
41,9
|
42,1
|
35,7
|
34,6
|
36,4
|
38,7
|
36,2
|
34,3
|
1994
|
***
|
33,4
|
39,5
|
41,8
|
42,9
|
37,2
|
37,5
|
33,6
|
35,5
|
38,3
|
36,3
|
34,1
|
1995
|
33,7
|
32,8
|
***
|
40,4
|
42,7
|
41,8
|
37,2
|
33,9
|
35,4
|
39,6
|
37,4
|
34,9
|
1996
|
29,6
|
29,8
|
36,8
|
41,8
|
42,8
|
40,4
|
37,9
|
33,8
|
36,2
|
38,2
|
37,1
|
***
|
1997
|
30,5
|
29,9
|
39,8
|
42,9
|
42,6
|
40,2
|
37,2
|
34,7
|
36,6
|
38,5
|
***
|
34,2
|
1998
|
31,8
|
32,8
|
40,5
|
42,7
|
42,8
|
40,5
|
37,3
|
34,1
|
36,3
|
38,5
|
36,8
|
33,6
|
1999
|
32,8
|
30,9
|
36,7
|
43,7
|
42,5
|
38,2
|
37,4
|
34,2
|
35,8
|
39,6
|
36,9
|
33,8
|
2000
|
32,6
|
31,8
|
35,8
|
42,8
|
***
|
39,9
|
37,3
|
34,7
|
35,9
|
39,5
|
37,2
|
***
|
2001
|
31,7
|
31,3
|
38,8
|
42,6
|
42,3
|
39,8
|
37,5
|
33,7
|
36,7
|
39,1
|
37,4
|
34,8
|
2002
|
30,3
|
30,4
|
34,8
|
42,6
|
43,3
|
***
|
37,3
|
33,4
|
36,3
|
39,4
|
36,5
|
34,8
|
2003
|
34,8
|
33,5
|
***
|
43,4
|
42,6
|
40,5
|
36,7
|
33,2
|
36,8
|
39
|
36,8
|
35,9
|
2004
|
34,2
|
32,6
|
40,9
|
43,9
|
43,8
|
38,5
|
37,9
|
***
|
36,9
|
38,4
|
36,1
|
36,3
|
2005
|
30,5
|
30,7
|
40,4
|
43,5
|
43,1
|
38,2
|
37,6
|
34,6
|
36,8
|
38,6
|
36,2
|
37,2
|
2006
|
31,8
|
32,6
|
39,6
|
43,8
|
43,7
|
39,2
|
37,3
|
34,8
|
37,4
|
39,1
|
36,1
|
36,1
|
2007
|
31,7
|
29,2
|
40,6
|
43,7
|
43,2
|
40,1
|
37,6
|
34,2
|
37,2
|
39,5
|
36,4
|
36,3
|
2008
|
32,4
|
28,5
|
40,4
|
43,6
|
43,1
|
40,3
|
37,2
|
34,6
|
37,3
|
38,5
|
36,8
|
36,8
|
2009
|
32,2
|
30,8
|
40,3
|
43,9
|
43,7
|
40,2
|
37,6
|
34,3
|
37,2
|
38,3
|
36,1
|
36,4
|
Source : DREM (***
Données non-disponibles)
ANNEXE VIII :
Données pluviométriques de la station de N'Djamena de 1960
à 2009
Années
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Septem.
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
1960
|
0
|
0
|
0
|
0
|
88,4
|
165,6
|
243,6
|
208,5
|
201,2
|
98,6
|
0
|
0
|
1961
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,6
|
119,9
|
232,4
|
202,3
|
176,8
|
75,8
|
0
|
0
|
1962
|
0
|
0
|
0
|
0
|
112,3
|
120
|
165,9
|
***
|
199,8
|
75,3
|
0
|
0
|
1963
|
0
|
0
|
0
|
0
|
105,8
|
132,7
|
209,5
|
267,8
|
188,7
|
45,8
|
0
|
0
|
1964
|
0
|
0
|
0
|
0
|
65,2
|
164,1
|
213,6
|
287,4
|
198,5
|
76,3
|
0
|
0
|
1965
|
0
|
0
|
0
|
0
|
89,2
|
210,9
|
139,9
|
231,9
|
177,3
|
43,1
|
0
|
0
|
1966
|
0
|
0
|
0
|
1,5
|
108,5
|
93
|
233,8
|
198,4
|
132,9
|
34,9
|
0
|
0
|
1967
|
0
|
0
|
0
|
0,3
|
60,4
|
70,7
|
***
|
231,8
|
164,3
|
26,8
|
0
|
0
|
1968
|
0
|
0
|
0
|
0
|
***
|
102,8
|
233,7
|
265,7
|
122,1
|
76,4
|
0
|
0
|
1969
|
0
|
0
|
0
|
0
|
54,4
|
155,4
|
301,2
|
308,5
|
130,1
|
43,8
|
0
|
0
|
1970
|
0
|
0
|
0
|
0
|
46,8
|
155,9
|
298,5
|
321,8
|
187,2
|
10,9
|
0
|
0
|
1971
|
0
|
0
|
0
|
0,9
|
43,8
|
83,2
|
155,9
|
344,3
|
121,8
|
***
|
0
|
0
|
1972
|
0
|
0
|
0
|
0
|
80,9
|
110,8
|
199,7
|
231,1
|
111,9
|
55,8
|
0
|
0
|
1973
|
0
|
0
|
0
|
0
|
47,9
|
72,8
|
235,8
|
288,4
|
98,6
|
43,2
|
0
|
0
|
1974
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,5
|
115,8
|
187,6
|
266,6
|
131,9
|
21,9
|
0
|
0
|
1975
|
0
|
0
|
0
|
0
|
104,9
|
123
|
***
|
232,4
|
132,7
|
54,8
|
15,8
|
0
|
1976
|
0
|
0
|
0
|
0
|
83,4
|
160,6
|
211,7
|
277,4
|
143,5
|
90,7
|
0
|
0
|
1977
|
0
|
0
|
0
|
9,4
|
101,5
|
167,3
|
290,7
|
271,8
|
***
|
34,6
|
0
|
0
|
1978
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,8
|
123,7
|
218,5
|
283,7
|
86,3
|
43,6
|
0
|
0
|
1979
|
0
|
0
|
0
|
0
|
54,2
|
146,3
|
297,9
|
188, 3
|
165,9
|
88,4
|
0
|
0
|
1980
|
0
|
0
|
0
|
2,7
|
55,9
|
122,5
|
208,8
|
194,1
|
93,8
|
46,8
|
0
|
0
|
1981
|
0
|
0
|
0
|
0
|
73,9
|
202,1
|
176,9
|
132,_
|
98,5
|
32,9
|
0
|
0
|
1982
|
0
|
0
|
0
|
0
|
35,9
|
175,9
|
154,9
|
119,6
|
89,8
|
43,5
|
0
|
0
|
1983
|
0
|
0
|
0
|
0
|
87,4
|
134,9
|
164,8
|
144,6
|
102,9
|
33,6
|
0
|
0
|
1984
|
0
|
0
|
0
|
0
|
***
|
120,6
|
127,9
|
176,9
|
88,2
|
59,3
|
12,5
|
0
|
1985
|
0
|
0
|
0
|
0
|
39,7
|
164
|
133,8
|
214,6
|
76,9
|
44,2
|
0
|
0
|
1986
|
0
|
0
|
0
|
0
|
64,8
|
102,3
|
109,5
|
208,6
|
65,3
|
54,9
|
0
|
0
|
1987
|
0
|
0
|
0
|
0
|
43,3
|
187,3
|
138,8
|
198,5
|
47,8
|
23,5
|
0
|
0
|
1988
|
0
|
0
|
0
|
0
|
45,6
|
123,8
|
167,7
|
199,6
|
115,6
|
29,6
|
0
|
0
|
1989
|
0
|
0
|
0
|
0,8
|
45,8
|
142,7
|
155,6
|
122,5
|
86,8
|
43,6
|
0
|
0
|
1990
|
0
|
0
|
0
|
0
|
49,1
|
162,8
|
***
|
122,8
|
143,5
|
56,3
|
0
|
0
|
1991
|
0
|
0
|
0
|
0
|
36,7
|
112,2
|
232,8
|
154,3
|
88,6
|
12,6
|
0
|
0
|
1992
|
0
|
0
|
0
|
0
|
94,9
|
148,9
|
143,8
|
222,8
|
187,2
|
44,8
|
0
|
0
|
1993
|
0
|
0
|
0
|
20,5
|
101,5
|
89,6
|
189,6
|
233,9
|
122,5
|
42,2
|
0
|
0
|
1994
|
0
|
0
|
0
|
0
|
62,5
|
190,9
|
204,3
|
136,3
|
12ç?ç
|
85,8
|
0
|
0
|
1995
|
0
|
0
|
0
|
0
|
***
|
159,6
|
204,9
|
233,8
|
132,7
|
99,9
|
8,3
|
0
|
1996
|
0
|
0
|
0
|
0
|
99,9
|
98,5
|
121,9
|
124,6
|
143,9
|
23,6
|
0
|
0
|
1997
|
0
|
0
|
0
|
0
|
50,3
|
112,3
|
199,7
|
151,9
|
102,8
|
21,4
|
0
|
0
|
1998
|
0
|
0
|
0
|
0
|
47,8
|
48,9
|
89,6
|
232,7
|
198,7
|
55,9
|
0
|
0
|
1999
|
0
|
0
|
0
|
0
|
48,4
|
156,9
|
232,8
|
***
|
198,6
|
43,4
|
0
|
0
|
2000
|
0
|
0
|
0
|
0
|
59,8
|
90,8
|
249,7
|
196,8
|
40,4
|
39,1
|
0
|
0
|
2001
|
0
|
0
|
0
|
1,2
|
18,1
|
45,8
|
135,9
|
162,7
|
250,7
|
121,8
|
0
|
0
|
2002
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
111,2
|
231,9
|
147,4
|
128,8
|
30,8
|
0
|
0
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0,4
|
109,3
|
51,1
|
189,9
|
208,5
|
122,8
|
16,7
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
38,7
|
160,8
|
52,8
|
201,1
|
123,8
|
51,6
|
28,6
|
0
|
0
|
2005
|
0
|
0
|
0
|
0
|
15,3
|
201,8
|
170,7
|
189,3
|
102,5
|
112,8
|
0
|
0
|
2006
|
0
|
0
|
0
|
1
|
31,7
|
87,4
|
199,7
|
295,2
|
167,8
|
37,6
|
0
|
0
|
2007
|
0
|
0
|
0
|
0
|
10,5
|
123,4
|
175,3
|
196,7
|
187,5
|
34,5
|
16,5
|
0
|
2008
|
0
|
0
|
0
|
0
|
44,7
|
77,8
|
215,8
|
193,3
|
81,6
|
55,2
|
0
|
0
|
2009
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12,7
|
190,7
|
288,9
|
122,5
|
60,5
|
0
|
0
|
Source :
DREM (*** Données non-disponibles)
ANNEXE IX :
Données thermiques de 1960 à 2009 de la station de
N'Djamena
Mois
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Dec.
|
Années
|
1960
|
27,9
|
30,5
|
38,9
|
40,4
|
40,8
|
37,3
|
34,6
|
31,6
|
35,6
|
37,7
|
33,8
|
32,8
|
1961
|
26,6
|
32,6
|
36,9
|
40,3
|
40,4
|
38,9
|
34,8
|
31,9
|
34,8
|
37,8
|
35,2
|
33,3
|
1962
|
28,9
|
29,5
|
34,8
|
40,5
|
39,9
|
37,9
|
34,8
|
31,5
|
34,2
|
36,5
|
35,9
|
34,2
|
1963
|
29,2
|
28,6
|
39,9
|
41,6
|
39,7
|
37,2
|
35,7
|
32,6
|
34,8
|
36,7
|
34,8
|
34,8
|
1964
|
31,8
|
31,5
|
40,6
|
40,5
|
40,5
|
37,6
|
34,2
|
32,6
|
35,3
|
37,2
|
34,7
|
34,1
|
1965
|
30,6
|
29,9
|
35,8
|
40,2
|
41,8
|
36,8
|
34,6
|
32,5
|
34,6
|
37,8
|
34,4
|
33,7
|
1966
|
29,8
|
28,7
|
34,9
|
41,8
|
41,3
|
37,2
|
34,7
|
33,6
|
34,4
|
38,9
|
35,7
|
33,1
|
1967
|
30,5
|
29,6
|
39,8
|
40,6
|
40,4
|
36,8
|
35,6
|
31,4
|
35,1
|
38,5
|
35,6
|
31,6
|
1968
|
28,8
|
30,9
|
37,2
|
41,2
|
40,5
|
36,4
|
35,4
|
32,1
|
35,3
|
38,6
|
35,9
|
32,8
|
1969
|
26,9
|
***
|
39,2
|
41,4
|
41,8
|
36,5
|
34,6
|
31,5
|
34,2
|
38,9
|
35,5
|
33,6
|
1970
|
29,4
|
30,6
|
***
|
41,1
|
41,9
|
36,4
|
34,2
|
31,3
|
34,5
|
38,2
|
35,7
|
33,2
|
1971
|
31,3
|
30,8
|
37,6
|
***
|
***
|
36,8
|
34,1
|
31,2
|
36,4
|
39,6
|
36,7
|
33,1
|
1972
|
31,5
|
30,2
|
39,9
|
41,3
|
41,8
|
37,2
|
33,6
|
31,6
|
35,6
|
39,4
|
36,2
|
33,4
|
1973
|
32,9
|
33,6
|
41,3
|
42,8
|
40,4
|
37,7
|
32,8
|
***
|
35,2
|
39,2
|
***
|
32,6
|
1974
|
33,2
|
33,9
|
42,6
|
42,2
|
42,9
|
36,4
|
32,5
|
31,4
|
34,8
|
39,7
|
35,2
|
33,6
|
1975
|
29,9
|
32,4
|
41,8
|
40,1
|
40,3
|
38,1
|
32,9
|
31,5
|
34,2
|
39,5
|
34,2
|
33,9
|
1976
|
29,8
|
31,8
|
40,5
|
41,8
|
40,6
|
37,5
|
34,5
|
30,9
|
34,7
|
39,7
|
34,1
|
32,4
|
1977
|
30,8
|
30,6
|
***
|
41,3
|
41,7
|
36,1
|
34,2
|
31,3
|
35,5
|
39,1
|
34,5
|
33,4
|
1978
|
30,4
|
29,5
|
40,4
|
41,9
|
41,2
|
36,9
|
32,3
|
32,2
|
35,2
|
39,2
|
36,5
|
34,2
|
1979
|
28,4
|
29,8
|
39,8
|
***
|
41,8
|
37,7
|
32,6
|
32,4
|
36,5
|
39,5
|
36,4
|
33,1
|
1980
|
29,6
|
28,9
|
38,9
|
41,7
|
40,5
|
40,6
|
33,4
|
31,4
|
34,4
|
38,3
|
36,2
|
34,9
|
1981
|
30,1
|
29,9
|
38,5
|
41,6
|
41,1
|
40,3
|
33,5
|
32,5
|
34,8
|
38,1
|
36,8
|
34,1
|
1982
|
30,4
|
30,2
|
39,8
|
41,2
|
42,2
|
38,6
|
34,3
|
32,6
|
34,8
|
38,4
|
***
|
33,5
|
1983
|
31,9
|
30,4
|
38,7
|
40,6
|
40,3
|
37,4
|
33,7
|
33,2
|
34,6
|
38,2
|
36,4
|
33,7
|
1984
|
32,4
|
33,2
|
40,8
|
41,5
|
40,6
|
36,2
|
35,4
|
32,8
|
35,6
|
***
|
36,7
|
33,8
|
1985
|
30,1
|
31,4
|
41,6
|
***
|
41,8
|
37,8
|
35,8
|
33,6
|
35,2
|
39,8
|
36,2
|
34,2
|
1986
|
29,2
|
30,5
|
42,5
|
40,8
|
40,4
|
37,2
|
34,5
|
***
|
35,6
|
38,2
|
36,3
|
34,6
|
1987
|
29,4
|
30,2
|
39,5
|
40,4
|
40,1
|
41,2
|
35,8
|
33,2
|
34,4
|
38,5
|
36,9
|
33,8
|
1988
|
29,7
|
29,6
|
39,2
|
40,6
|
40,5
|
37,2
|
35,7
|
33,6
|
***
|
39,6
|
36,8
|
33,6
|
1989
|
26,9
|
28,7
|
37,4
|
40,4
|
40,2
|
41,5
|
35,9
|
32,9
|
34,1
|
38,5
|
36,8
|
33,2
|
1990
|
27,7
|
29,2
|
36,8
|
***
|
40,6
|
40,8
|
***
|
32,8
|
35,3
|
38,2
|
36,1
|
33,9
|
1991
|
32,8
|
31,6
|
35,8
|
43,8
|
42,5
|
40,2
|
36,8
|
***
|
36,7
|
38,4
|
36,3
|
33,1
|
1992
|
30,4
|
31,9
|
35,2
|
41,2
|
41,8
|
***
|
35,7
|
33,4
|
36,5
|
38,5
|
36,2
|
33,4
|
1993
|
***
|
32,9
|
38,5
|
41,1
|
41,9
|
42,1
|
35,7
|
34,6
|
36,4
|
38,7
|
36,2
|
34,3
|
1994
|
***
|
33,4
|
39,5
|
41,8
|
42,9
|
37,2
|
37,5
|
33,6
|
35,5
|
38,3
|
36,3
|
34,1
|
1995
|
33,7
|
32,8
|
***
|
40,4
|
42,7
|
41,8
|
37,2
|
33,9
|
35,4
|
39,6
|
37,4
|
34,9
|
1996
|
29,6
|
29,8
|
36,8
|
41,8
|
42,8
|
40,4
|
37,9
|
33,8
|
36,2
|
38,2
|
37,1
|
***
|
1997
|
30,5
|
29,9
|
39,8
|
42,9
|
42,6
|
40,2
|
37,2
|
34,7
|
36,6
|
38,5
|
***
|
34,2
|
1998
|
31,8
|
32,8
|
40,5
|
42,7
|
42,8
|
40,5
|
37,3
|
34,1
|
36,3
|
38,5
|
36,8
|
33,6
|
1999
|
32,8
|
30,9
|
36,7
|
43,7
|
42,5
|
38,2
|
37,4
|
34,2
|
35,8
|
39,6
|
36,9
|
33,8
|
2000
|
32,6
|
31,8
|
35,8
|
42,8
|
***
|
39,9
|
37,3
|
34,7
|
35,9
|
39,5
|
37,2
|
***
|
2001
|
31,7
|
31,3
|
38,8
|
42,6
|
42,3
|
39,8
|
37,5
|
33,7
|
36,7
|
39,1
|
37,4
|
34,8
|
2002
|
30,3
|
30,4
|
34,8
|
42,6
|
43,3
|
***
|
37,3
|
33,4
|
36,3
|
39,4
|
36,5
|
34,8
|
2003
|
34,8
|
33,5
|
***
|
43,4
|
42,6
|
40,5
|
36,7
|
33,2
|
36,8
|
39
|
36,8
|
35,9
|
2004
|
34,2
|
32,6
|
40,9
|
43,9
|
43,8
|
38,5
|
37,9
|
***
|
36,9
|
38,4
|
36,1
|
36,3
|
2005
|
30,5
|
30,7
|
40,4
|
43,5
|
43,1
|
38,2
|
37,6
|
34,6
|
36,8
|
38,6
|
36,2
|
37,2
|
2006
|
31,8
|
32,6
|
39,6
|
43,8
|
43,7
|
39,2
|
37,3
|
34,8
|
37,4
|
39,1
|
36,1
|
36,1
|
2007
|
31,7
|
29,2
|
40,6
|
43,7
|
43,2
|
40,1
|
37,6
|
34,2
|
37,2
|
39,5
|
36,4
|
36,3
|
2008
|
32,4
|
28,5
|
40,4
|
43,6
|
43,1
|
40,3
|
37,2
|
34,6
|
37,3
|
38,5
|
36,8
|
36,8
|
2009
|
32,2
|
30,8
|
40,3
|
43,9
|
43,7
|
40,2
|
37,6
|
34,3
|
37,2
|
38,3
|
36,1
|
36,4
|
Source : DREM (***
Données non-disponibles)
ANNEXE X :
Données pluviométriques de la station de Moundou de 1960 à
2009
Années
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Septe.
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
1960
|
0
|
0
|
0
|
69
|
77,6
|
165,6
|
288,9
|
255
|
328,4
|
65
|
0
|
0
|
1961
|
0
|
0
|
0
|
12
|
112,8
|
119,9
|
303
|
205,9
|
199
|
94,2
|
0
|
0
|
1962
|
0
|
5,8
|
12,5
|
32
|
118,9
|
120
|
161,2
|
421,1
|
232,2
|
112,1
|
3,2
|
0
|
1963
|
0
|
0
|
0
|
91,2
|
134,9
|
132,7
|
325,3
|
260,9
|
213,4
|
64,4
|
0
|
0
|
1964
|
0
|
0
|
10,4
|
50,4
|
110,6
|
164,1
|
315,9
|
290
|
219,2
|
55,1
|
0
|
0
|
1965
|
0
|
0
|
0,5
|
45,3
|
89,8
|
210,9
|
124
|
357,9
|
176
|
76,9
|
0
|
0
|
1966
|
0
|
0
|
1,4
|
55,2
|
176,9
|
93
|
312,9
|
155,7
|
123,9
|
56
|
0,6
|
0
|
1967
|
0
|
0
|
0
|
95,2
|
60,9
|
70,7
|
310,4
|
265,1
|
301,8
|
25,8
|
0
|
0
|
1968
|
0
|
0
|
1
|
68,4
|
60,7
|
102,8
|
153,9
|
245,1
|
125
|
45
|
0
|
0
|
1969
|
0
|
0
|
25,9
|
35,6
|
82
|
155,4
|
396,9
|
373
|
192,8
|
62,2
|
0
|
0
|
1970
|
0
|
0
|
4,3
|
10,5
|
92
|
155,9
|
342
|
322,7
|
180,9
|
5,8
|
0
|
0
|
1971
|
0
|
0
|
12,5
|
40,9
|
40,1
|
83,2
|
154,1
|
389,6
|
185,1
|
43,8
|
0
|
0
|
1972
|
0
|
0
|
8,2
|
110,8
|
80,4
|
110,8
|
122,9
|
234,8
|
170,7
|
56,9
|
0
|
0
|
1973
|
0
|
0
|
0
|
6,9
|
67,9
|
72,8
|
213,8
|
289
|
142,8
|
58
|
0
|
0
|
1974
|
0
|
0
|
1,5
|
12,9
|
101,8
|
115,8
|
195
|
248,8
|
175,6
|
43
|
0
|
0
|
1975
|
0
|
0
|
4,5
|
49,2
|
110,5
|
123
|
234,9
|
226,9
|
239,8
|
75,6
|
19,8
|
0
|
1976
|
0
|
0
|
2
|
18,2
|
83,8
|
160,6
|
210,5
|
395
|
231,6
|
111,9
|
0
|
0
|
1977
|
0
|
0
|
0
|
19,4
|
112,6
|
167,3
|
272,7
|
271
|
143,9
|
28,8
|
0
|
0
|
1978
|
0
|
0
|
0,5
|
43,8
|
131,4
|
123,7
|
215,8
|
341,8
|
95
|
64
|
4,6
|
0
|
1979
|
0
|
12,5
|
0,4
|
16,7
|
58,9
|
146,3
|
334,6
|
187,2
|
147,9
|
96
|
0
|
0
|
1980
|
0
|
0
|
0
|
42,7
|
58,8
|
166,4
|
409,7
|
315,2
|
160,3
|
54
|
0
|
0
|
1981
|
0
|
0
|
0
|
18
|
77,1
|
302,5
|
306
|
180,4
|
176,4
|
32,2
|
0
|
0
|
1982
|
0
|
0
|
0
|
0
|
35,1
|
175,9
|
234
|
213,5
|
123
|
87
|
43,2
|
0
|
1983
|
0
|
0
|
0
|
0
|
24,2
|
134,9
|
165
|
234
|
147,5
|
31,6
|
0
|
0
|
1984
|
0
|
0
|
8,6
|
48,8
|
127,8
|
120,6
|
155,7
|
170
|
92
|
55
|
12
|
0
|
1985
|
0
|
0
|
1,4
|
5,7
|
94,6
|
164
|
267,8
|
215
|
101,2
|
34
|
0
|
0
|
1986
|
0
|
0
|
22,5
|
87,6
|
89,4
|
102,3
|
156,2
|
324,4
|
214,2
|
56,9
|
0
|
0
|
1987
|
0
|
0
|
6,2
|
4,7
|
95,8
|
187,3
|
222,5
|
321,8
|
18,6
|
89,5
|
0
|
0
|
1988
|
0
|
0
|
0
|
18,5
|
96,1
|
123,8
|
294,8
|
301
|
104,8
|
65,9
|
0
|
0
|
1989
|
0
|
0
|
0
|
25,8
|
64
|
142,7
|
158,9
|
174,8
|
154,4
|
49,8
|
0
|
0
|
1990
|
0
|
0
|
0
|
45,2
|
48,7
|
200,5
|
187,6
|
142
|
185,2
|
23,8
|
0
|
0
|
1991
|
0
|
7,9
|
0
|
23
|
54,7
|
122,8
|
224,9
|
302,9
|
298,6
|
154
|
0
|
0
|
1992
|
0
|
0
|
4,5
|
24,7
|
114,6
|
148,9
|
189,3
|
210,8
|
210,6
|
98,8
|
0
|
0
|
1993
|
0
|
0
|
0
|
22,5
|
168,5
|
89,6
|
222,9
|
245
|
154,7
|
65,8
|
0
|
0
|
1994
|
0
|
0
|
0
|
12
|
65,7
|
190,9
|
223,7
|
285,1
|
232,9
|
89
|
0
|
0
|
1995
|
0
|
0
|
0
|
11,7
|
77,7
|
159,6
|
293,7
|
245
|
143,9
|
121,2
|
0
|
0
|
1996
|
0
|
0
|
5,3
|
22,8
|
109,2
|
123,2
|
180,4
|
234
|
276,8
|
76,4
|
0
|
0
|
1997
|
0
|
0
|
0
|
85,6
|
77,8
|
156,8
|
301,2
|
234,8
|
243
|
64,7
|
0
|
0
|
1998
|
0
|
0
|
0
|
16
|
46,8
|
48,9
|
87,9
|
239,7
|
309,9
|
94,8
|
0
|
0
|
1999
|
0
|
0
|
0,5
|
43,2
|
98,6
|
156,9
|
198,9
|
255,9
|
175,8
|
87
|
0
|
0
|
2000
|
0
|
0
|
0
|
0
|
106,7
|
123,9
|
134,9
|
247,1
|
325,4
|
124,5
|
0
|
0
|
2001
|
0
|
14
|
0
|
0
|
87,9
|
105,4
|
254,7
|
266,8
|
234,2
|
98
|
0
|
0
|
2002
|
0
|
0
|
0
|
0
|
102,5
|
125,8
|
231,3
|
243,5
|
215,6
|
76,9
|
0
|
0
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
77,8
|
187,9
|
247,5
|
312
|
284,1
|
88
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
67,8
|
144,4
|
288,2
|
202,3
|
214,9
|
102,3
|
0
|
0
|
2005
|
0
|
0
|
0
|
0
|
77,7
|
155,3
|
243,4
|
218,4
|
184
|
98,9
|
0
|
0
|
2006
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,2
|
143
|
187,5
|
288,9
|
118,9
|
154,2
|
0
|
0
|
2007
|
0
|
0
|
0
|
0
|
85,7
|
125,8
|
199,4
|
216,3
|
167,9
|
102,3
|
0
|
0
|
2008
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98
|
198,7
|
223,8
|
193,8
|
208
|
92,2
|
0
|
0
|
2009
|
0
|
23,5
|
0
|
41,9
|
54,8
|
165,7
|
220,5
|
245
|
178,9
|
106,3
|
0
|
0
|
Source : DREM (***
Données non-disponibles)
ANNEXE: XI :
Précipitations moyennes mensuelles et interannuelles de la station de
Koumra de 1960 à 2009
Années
|
Janv.
|
Févr.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Septe
|
Oct.
|
Nov
|
Déc.
|
Total
|
X
|
S
|
1960
|
0
|
0
|
0
|
69
|
77,6
|
165,6
|
288,9
|
255
|
328,4
|
65
|
0
|
0
|
1249,5
|
1023
|
226,5
|
1961
|
0
|
0
|
0
|
12
|
112,8
|
119,9
|
303
|
205,9
|
199
|
94,2
|
0
|
0
|
1046,8
|
1023
|
23,8
|
1962
|
0
|
5,8
|
12,5
|
32
|
118,9
|
120
|
161,2
|
421,1
|
232,2
|
112,1
|
3,2
|
0
|
1219
|
1023
|
196
|
1963
|
0
|
0
|
0
|
91,2
|
134,9
|
132,7
|
325,3
|
260,9
|
213,4
|
64,4
|
0
|
0
|
1222,8
|
1023
|
199,8
|
1964
|
0
|
0
|
10,4
|
50,4
|
110,6
|
164,1
|
315,9
|
290
|
219,2
|
55,1
|
0
|
0
|
1215,7
|
1023
|
192,7
|
1965
|
0
|
0
|
0,5
|
45,3
|
89,8
|
210,9
|
124
|
357,9
|
176
|
76,9
|
0
|
0
|
1081,3
|
1023
|
58,3
|
1966
|
0
|
0
|
1,4
|
55,2
|
176,9
|
93
|
312,9
|
155,7
|
123,9
|
56
|
0,6
|
0
|
975,6
|
1023
|
-47,4
|
1967
|
0
|
0
|
0
|
95,2
|
60,9
|
70,7
|
310,4
|
265,1
|
301,8
|
25,8
|
0
|
0
|
1129,9
|
1023
|
106,9
|
1968
|
0
|
0
|
1
|
68,4
|
60,7
|
102,8
|
153,9
|
245,1
|
125
|
45
|
0
|
0
|
801,9
|
1023
|
-221,1
|
1969
|
0
|
0
|
25,9
|
35,6
|
82
|
155,4
|
396,9
|
373
|
192,8
|
62,2
|
0
|
0
|
1323,8
|
1023
|
300,8
|
1970
|
0
|
0
|
4,3
|
10,5
|
92
|
155,9
|
342
|
322,7
|
180,9
|
5,8
|
0
|
0
|
1114,1
|
1023
|
91,1
|
1971
|
0
|
0
|
12,5
|
40,9
|
40,1
|
83,2
|
154,1
|
389,6
|
185,1
|
43,8
|
0
|
0
|
949,3
|
1023
|
-73,7
|
1972
|
0
|
0
|
8,2
|
110,8
|
80,4
|
110,8
|
122,9
|
234,8
|
170,7
|
56,9
|
0
|
0
|
895,5
|
1023
|
-127,5
|
1973
|
0
|
0
|
0
|
6,9
|
67,9
|
72,8
|
213,8
|
289
|
142,8
|
58
|
0
|
0
|
851,2
|
1023
|
-171,8
|
1974
|
0
|
0
|
1,5
|
12,9
|
101,8
|
115,8
|
195
|
248,8
|
175,6
|
43
|
0
|
0
|
894,4
|
1023
|
-128,6
|
1975
|
0
|
0
|
4,5
|
49,2
|
110,5
|
123
|
234,9
|
226,9
|
239,8
|
75,6
|
19,8
|
0
|
1084,2
|
1023
|
61,2
|
1976
|
0
|
0
|
2
|
18,2
|
83,8
|
160,6
|
210,5
|
395
|
231,6
|
111,9
|
0
|
0
|
1213,6
|
1023
|
190,6
|
1977
|
0
|
0
|
0
|
19,4
|
112,6
|
167,3
|
272,7
|
271
|
143,9
|
28,8
|
0
|
0
|
1015,7
|
1023
|
-7,3
|
1978
|
0
|
0
|
0,5
|
43,8
|
131,4
|
123,7
|
215,8
|
341,8
|
95
|
64
|
4,6
|
0
|
1020,6
|
1023
|
-2,4
|
1979
|
0
|
12,5
|
0,4
|
16,7
|
58,9
|
146,3
|
334,6
|
187,2
|
147,9
|
96
|
0
|
0
|
1000,5
|
1023
|
-22,5
|
1980
|
0
|
0
|
0
|
42,7
|
58,8
|
166,4
|
409,7
|
315,2
|
160,3
|
54
|
0
|
0
|
1207,1
|
1023
|
184,1
|
1981
|
0
|
0
|
0
|
18
|
77,1
|
302,5
|
306
|
180,4
|
176,4
|
32,2
|
0
|
0
|
1092,6
|
1023
|
69,6
|
1982
|
0
|
0
|
0
|
0
|
35,1
|
175,9
|
234
|
213,5
|
123
|
87
|
43,2
|
0
|
911,7
|
1023
|
-111,3
|
1983
|
0
|
0
|
0
|
0
|
24,2
|
134,9
|
165
|
234
|
147,5
|
31,6
|
0
|
0
|
737,2
|
1023
|
-285,8
|
1984
|
0
|
0
|
8,6
|
48,8
|
127,8
|
120,6
|
155,7
|
170
|
92
|
55
|
12
|
0
|
790,5
|
1023
|
-235,5
|
1985
|
0
|
0
|
1,4
|
5,7
|
94,6
|
164
|
267,8
|
215
|
101,2
|
34
|
0
|
0
|
883,7
|
1023
|
-139,3
|
1986
|
0
|
0
|
22,5
|
87,6
|
89,4
|
102,3
|
156,2
|
324,4
|
214,2
|
56,9
|
0
|
0
|
1053,5
|
1023
|
30,5
|
1987
|
0
|
0
|
6,2
|
4,7
|
95,8
|
187,3
|
222,5
|
321,8
|
18,6
|
89,5
|
0
|
0
|
946,4
|
1023
|
-76,6
|
1988
|
0
|
0
|
0
|
18,5
|
96,1
|
123,8
|
294,8
|
301
|
104,8
|
65,9
|
0
|
0
|
1004,9
|
1023
|
-18,1
|
1989
|
0
|
0
|
0
|
25,8
|
64
|
142,7
|
158,9
|
174,8
|
154,4
|
49,8
|
0
|
0
|
770,4
|
1023
|
-252,6
|
1990
|
0
|
0
|
0
|
45,2
|
48,7
|
200,5
|
187,6
|
142
|
185,2
|
23,8
|
0
|
0
|
833
|
1023
|
-190
|
1991
|
0
|
7,9
|
0
|
23
|
54,7
|
122,8
|
224,9
|
302,9
|
298,6
|
154
|
0
|
0
|
1188,8
|
1023
|
165,8
|
1992
|
0
|
0
|
4,5
|
24,7
|
114,6
|
148,9
|
189,3
|
210,8
|
210,6
|
98,8
|
0
|
0
|
1002,2
|
1023
|
-20,8
|
1993
|
0
|
0
|
0
|
22,5
|
168,5
|
89,6
|
222,9
|
245
|
154,7
|
65,8
|
0
|
0
|
969
|
1023
|
-54
|
1994
|
0
|
0
|
0
|
12
|
65,7
|
190,9
|
223,7
|
285,1
|
232,9
|
89
|
0
|
0
|
1099,3
|
1023
|
76,3
|
1995
|
0
|
0
|
0
|
11,7
|
77,7
|
159,6
|
293,7
|
245
|
143,9
|
121,2
|
0
|
0
|
1052,8
|
1023
|
29,8
|
1996
|
0
|
0
|
5,3
|
22,8
|
109,2
|
123,2
|
180,4
|
234
|
276,8
|
76,4
|
0
|
0
|
1028,1
|
1023
|
5,1
|
1997
|
0
|
0
|
0
|
85,6
|
77,8
|
156,8
|
301,2
|
234,8
|
243
|
64,7
|
0
|
0
|
1163,9
|
1023
|
140,9
|
1998
|
0
|
0
|
0
|
16
|
46,8
|
48,9
|
87,9
|
239,7
|
309,9
|
94,8
|
0
|
0
|
844
|
1023
|
-179
|
1999
|
0
|
0
|
0,5
|
43,2
|
98,6
|
156,9
|
198,9
|
255,9
|
175,8
|
87
|
0
|
0
|
1016,8
|
1023
|
-6,2
|
2000
|
0
|
0
|
0
|
0
|
106,7
|
123,9
|
134,9
|
247,1
|
325,4
|
124,5
|
0
|
0
|
1062,5
|
1023
|
39,5
|
2001
|
0
|
14
|
0
|
0
|
87,9
|
105,4
|
254,7
|
266,8
|
234,2
|
98
|
0
|
0
|
1061
|
1023
|
38
|
2002
|
0
|
0
|
0
|
0
|
102,5
|
125,8
|
231,3
|
243,5
|
215,6
|
76,9
|
0
|
0
|
995,6
|
1023
|
-27,4
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
77,8
|
187,9
|
247,5
|
312
|
284,1
|
88
|
0
|
0
|
1197,3
|
1023
|
174,3
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
67,8
|
144,4
|
288,2
|
202,3
|
214,9
|
102,3
|
0
|
0
|
1019,9
|
1023
|
-3,1
|
2005
|
0
|
0
|
0
|
0
|
77,7
|
155,3
|
243,4
|
218,4
|
184
|
98,9
|
0
|
0
|
977,7
|
1023
|
-45,3
|
2006
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98,2
|
143
|
187,5
|
288,9
|
118,9
|
154,2
|
0
|
0
|
990,7
|
1023
|
-32,3
|
2007
|
0
|
0
|
0
|
0
|
85,7
|
125,8
|
199,4
|
216,3
|
167,9
|
102,3
|
0
|
0
|
897,4
|
1023
|
-125,6
|
2008
|
0
|
0
|
0
|
0
|
98
|
198,7
|
223,8
|
193,8
|
208
|
92,2
|
0
|
0
|
1014,5
|
1023
|
-8,5
|
2009
|
0
|
23,5
|
0
|
41,9
|
54,8
|
165,7
|
220,5
|
245
|
178,9
|
106,3
|
0
|
0
|
1036,6
|
1023
|
13,6
|
Xi
|
0
|
1,274
|
2,692
|
29,68
|
87,736
|
141,778
|
234,02
|
260,318
|
189,614
|
74,31
|
1,668
|
0
|
1023,09
|
-
|
-
|
ANNEXE XII :
Indicateurs de recherche pour la collecte des données
Enjeux locaux liés aux changements
climatiques
Les principales : conflits, recherche de
pâturage, circuit de la mobilité (le pourquoi du choix), le
parcours, organisation, calendrier, réseaux socio-économiques,
contraintes écologiques. Les différentes fractions mobiles.
Relations statutaires, hiérarchiques, clientèle, attache,
préséance
Organisation de la transhumance
Revendications territoriales, terroirs d'attache d'origine.
Relations avec les chefferies sédentaires, Stratégies (par
rapport aux risques ; par rapports aux espèces animales et leur
adaptation ; pertes)
Circuits de mobilité
Géo référencement des sites
stratégiques de parcours des éleveurs :
- Accès aux services publics (santé animale et
humaine, école, justice, intrants zoo vétérinaires, etc.).
Les changements récents, transformations adaptations,
sédentarisation, confinement du groupe.
- L'organisation et la coordination des pasteurs, reproduction
du système, dynamique actuelle à observer.
- Relations sociales et création des alliances inter et
intragroupes.
La régulation des conflits
Conflits, instances et modes de régulation
(agriculteurs/éleveurs, éleveurs/éleveurs, boycott,
éleveurs/Etat, éleveurs/associations).
- Vols de bétails
- processus code rural, communalisation...
Groupes stratégiques
- Eleveurs transhumants (Dagras, Bororo,
Missériés, peuls, ...)
- Services techniques
- Agriculteurs
- Autorités administratives, coutumières,
communales, et religieuses
- Agro pasteurs, agro éleveurs, agriculteurs
- Projets, ONG et associations
- Personnes ressources (les anciens pour mémoire
collective)
ANNEXE XIII : Liste
des personnes enquêtées
- Préfet de Mandoul-Est
- Préfet de Mandoul-oust
- Préfet de Bahr Sara
- Maire de la commune de Moïssala
- Maire de la commune de Koumra
- Maire de la commune de Bediondo
- Chef de service élevage de Koumra
- Chef de service élevage de Moïssala
- Chef de service élevage Bekamba
- Chef de service développement rural de Koumra
- Chef de service hydraulique
- Cinq membres du groupement des femmes de Bouna
- Trois membres du groupement des femmes de
Maïnané
- Quatre membres du groupement des jardiniers de Koko
- Cinq membres de l'Association « Les
Courageux » de Narmbanga
- 25 Chefs de villages
- Le Groupe des jeunes de Bessada
- Responsables des ONG (BAOBA, World Vision, Care-Tchad,
Africare, RESAP, RAPS)
- Les éleveurs
- Les agriculteurs
- Vingt deux commerçants
- Cadres de l'Etat du :
Ministère de l'Environnement et de l'Eau ;
Ministère des ressources halieutiques ;
Ministères des mines et énergie ;
- Les pécheurs
ANNEXE XIV : Lexique
des mots en mbaye (une langue locale du sud du Tchad)
Mosso: Petit commerçants revendeurs
Baar: Saison pluvieuse
Baal: Saison sèche
Naa: Mois ou lunes
Néel Bo: Tempête
Ndi Baal: Pluies de la fin de la saison des pluies
Ndi-dubyan: Pluies du début de la saison des
pluies
Ngor-ko: Jeunes plantes
Naa-kidja-kho: Période des récoltes
Ndi-gnoum : Fines pluies
Blo Koss Mang : Cannelures des labours
Khon bat : Cycler précoces
Go ngal : Long cycle
Mbawiya Arachide précoces
Godji Sorgho rouge
INDEX
DES TERMES TECHNIQUES ET SCIENTIFIQUES
(Les chiffres renvoient aux pages où les
termes sont employés)
A
Adaptation : 2, 3, 6, 9, 10, 14, 18, 19, 20, 21, 22, 23,
25, 32, 36, 37, 38, 130, 131, 134, 149, 158, 170, 172, 174, 175, 179, 189, 197,
207, 216, 218, 219, 220, 221, 225, 229, 235, 236, 238, 240, 242, 243, 244, 245,
246, 250, 251, 255, 256, 258, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 268, 269, 272, 277,
278, 279, 285, 287, 288, 290, 293, 294, 295, 296, .299, 300, 302, 304, 305,
306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314.
Elevage : 2, 8, 9, 25, 37, 38, 40, 42, 43, 81, 82, 83,
84, 85, 86, 87, 88,128, 129, 131, 136, 147, 159, 175, 176, 179, 182, 183, 184,
185, 186, 187, 192, 198, 200, 211, 216, 217, 230, 242, 252, 265, 266, 269, 272,
273, 277, 278, 280, 281, 285, 286, 287, 288, 289, 290, 291, 292, 293, 294, 295,
296, 297, 298, 302, 303, 306, 307, 308, 312, 313, 314.
Ferallitiques : 58
Aframomun melegueta : 61, 62.
Aframomun : 191
Agricoles : 6, 7, 8, 9, 25, 37, 42, 62 66, 67, 69, 72,
85, 86, 128, 132, 133, 138, 139, 140, 141, 147, 148, 151, 153, 155, 160, 170,
173, 174, 175, 177, 184, 196, 201, 203, 205, 208, 220, 221, 234, 235, 236, 242,
245, 252, 255, 256, 258, 259, 260, 264, 268, 281, 289, 298, 300, 302, 307, 308,
310, 316, 317, 327, 349, 368.
Aidia genipiflora :
Aléas : 6, 7, 8, 18, 19, 21, 33, 37, 134, 135,
137, 154, 175, 229, 230, 234, 243, 245, 250, 256, 261, 273, 279, 281, 285, 287,
288, 300, 304, 338
Andropogon : 60, 61, 62, 63, 191, 242
Annona senegalensis : 62
Antiaris toxicaria : 64
B
Berlinia grandiflora : 60, 61, 62, 63
Brakoss : 71
C
Changement : 74, 79, 80, 81, 86, 90, 94, 95, 125, 126,
127, 128, 129, 131, 133, 134, 135, 136, 138, 140, 142, 143, 149, 150, 154, 158,
168, 169, 170, 171, 172, 174, 175, 176, 179, 183, 184, 186, 189, 191, 196, 200,
201, 206, 208, 209, 211, 213, 215, 216, 220, 225, 230, 231, 232, 233, 236, 240,
241, 242, 243, 246, 251, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265,
266, 268, 269, 271, 272, 278, 285, 286, 289, 300, 302, 303, 305, 307, 308, 310,
311, 313, 314
Cissus producta : 63, 64
Climatique : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 33, 34, 36, 37,
40, 41, 42, 45, 46, 66, 67, 74, 81, 82, 89, 90, 92, 94, 95, 107, 111, 112, 115,
117, 120, 121, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129 ,130, 131, 132, 133, 134, 135,
136, 137, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 151, 152, 153, 154, 158,
159, 161, 167, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 179, 180, 183, 184,
185, 189, 191, 195, 196, 197, 199, 200, 201, 206, 208, 209, 211, 213, 215, 216,
218, 219, 220, 221, 225, 226, 227, 228, 229, 231, 245, 246, 250, 251, 252, 255,
256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 268, 269, 270, 272, 273,
274, 278, 279, 281, 285, 286, 287, 288, 290, 291, 299, 300, 301, 302, 303, 304,
305, 306, 307, 308, 310, 311, 312, 313, 314, 315
D
Désertification : 3, 6, 21, 28, 43, 66, 136, 184,
201, 202, 206, 230, 293
Diagnostic : 14, 26, 27, 134, 135, 176, 191
Dialium guineense : 65
Dichapetalum heudelotii : 65
E
Elaeis guineensis : 64
Eragrostis : 191
G
Gardenia erubescens : 62
Gley: 50, 59
H
Hibiscus esculentus : 71
Hibiscus sabdarifa : 71
Hydromorphes : 50, 54, 59
Hymenocardia acida: 62, 63
I
Impacts: 2, 8, 11, 20, 21, 23, 24, 26, 27, 29, 37, 128, 130,
131, 133, 134, 136, 138, 139, 140, 146, 147, 153, 154, 160, 168, 169, 170, 171,
172, 173, 176, 183, 187, 188, 209, 215, 217, 227, 228, 235, 236, 242, 256, 265,
279, 307
Imperata cylindrica: 62, 63
M
Mallotus oppositifolius: 65
Manihot ulilissima: 71
Maytenus senegalensis: 61
Mesures : 4, 6, 7, 15, 20, 21, 22, 37, 38, 42, 150, 174,
219, 225, 229, 251, 263, 264, 273, 309, 311, 312, 315
Migration : 2, 8, 10, 45, 69, 107, 139, 140, 195, 199,
216
Millettia zechiana: 64, 65
Mitracarpus scaber : 62
Morsitans submorsitans : 197
N
Neuropeltis acuminata : 64, 65
O
Oligocène-Miocène : 54
Olyra latifolia: 65
P
Parinari curatellifolia : 62, 63
Pâturage : 2, 37, 66, 67, 74, 77, 85, 87, 88, 89,
143, 176, 177, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 190, 191, 192, 193,
194, 197, 198, 199, 200, 201, 205, 206, 216, 217, 226, 242, 266, 267, 268, 271,
272, 273, 274, 277, 278, 281, 285, 286, 287, 289, 290, 291, 293, 298, 301, 304,
308, 313, 314
Paullinia pinnata : 64, 65
Pennicetum thypoidum: 71
Piliostigma thonningii: 61, 62
Pleiocarpa mutica: 61, 65
Poaceae : 61, 62, 63, 65
Populations : 1, 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 43, 66, 67, 69,
85, 88, 89, 92, 94, 134, 136, 137, 139, 140, 148, 149, 154, 158, 160, 161, 164,
170, 179, 180, 200, 202, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 215, 218, 219, 220, 224,
226, 227, 229, 230, 236, 238, 240, 241, 242, 243, 245, 246, 248, 249, 251, 255,
257, 258, 264, 265, 266, 285, 288, 293, 294, 307, 308, 312, 313, 315
R
Rendements: 8, 38, 91, 128, 132, 134, 138, 140, 152, 153, 157,
158, 170, 171, 221, 229, 241, 256, 259, 261, 262, 307
S
Saba senegalensis: 63, 64, 65
Scleria boivinii: 65
Secamone afzelii: 65
Sécheresse: 7, 8, 11, 17, 21, 22, 42, 43, 74, 87, 92,
95, 123, 130, 133, 134, 136, 138, 139, 140, 142, 143, 145, 146, 147, 148, 159,
151, 152, 153, 154, 155, 156, 158, 159, 169, 170, 176, 178, 180, 183, 184, 188,
189, 191,194, 195, 196, 201, 202, 206, 208, 219, 220, 227, 230, 231, 240, 243,
246, 250, 252, 259, 261, 262, 265, 270, 273, 274, 275, 277, 286, 287, 288, 299,
301, 304, 311, 311
Sorghum caudatum: 71
Sorghum elegans: 71
Sorghum guineense: 71
Sorghum membranaceum: 71
Striga hermonica : 75
T
Températures: 3, 5, 7, 8, 12, 15, 17, 73, 90, 91, 92,
93, 99, 100, 115, 117, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 131, 136,
139, 140, 142, 143, 154, 168, 170, 209, 211, 213, 220, 225, 227, 231, 232, 261,
294
Troupeaux: 82, 84, 85, 87, 88, 136, 177, 181, 183, 188, 195,
197, 200, 201, 268, 272, 273, 274, 277, 280, 285, 286, 288, 289, 290, 291, 292,
293, 297, 299, 300, 306, 314
V
Vitex micrantha: 65
Vittelaria paradoxa : 61,62
Voandzeia subterranea: 71
Voandzou: 56
Vulnérabilité : 1, 2, 3, 6, 8, 9, 10, 14,
18, 19, 20, 21, 23, 25, 26, 29, 33, 34, 36, 37, 129, 130, 132, 134, 135, 137,
141, 142, 143, 144, 145, 193, 195, 200, 255, 257, 266, 287, 303, 307, 308,
313
W
Welwitschii: 64
Whitfieldia colorata: 65
Z
Zea mays: 71
INDEX DES AUTEURS ET DES NOMS
GEOGRAPHIQUES
(Les chiffres renvoient aux pages où les noms sont
employés
et à celles où les auteurs sont cités)
A
Andigué: 188
Andjikob: 50,
Ardoin: 11, 261
B
Bahoutou; 11
Bakam: 10, 157
Baoba: 29, 366
Batha: 68, 82
Bedaya: 29, 50, 53, 70, 71, 137, 138, 206, 238, 246, 248, 253,
254, 267, 282, 297
Bedjondo; 2, 201, 206, 229, 240
Begara: 27, 254, 267
Beina: 186
Bekamba: 10, 27, 29, 48, 70, 90, 121, 137, 153, 155, 201, 206,
246, 253, 267, 268, 295, 298, 366
Bekayo: 10
Bengaly: 54, 192
Bengoro: 50, 254, 267, 268, 282, 297
Bessada: 29, 155, 267, 274, 276, 366
Bessara: 60, 267
Bigot: 10, 128, 135, 169, 181
Boko: 10, 82, 189
Bokonon: 74, 261
Bouroche : 35
Bouyer : 54, 192, 259
Bricquet : 49
Brou : 10
C
Cabot : 73,
Cancun : 5, 6
Colin de Verdière : 107
D
Dagras : 301, 302, 304
Day : 64, 75, 88, 128
Delclaux : 70
Dembo : 27, 60, 70, 137, 195, 227, 267, 268, 276, 298
Dhonneur : 125, 212
Dilngala : 29, 206
Diouf : 13
Doro: 29, 53, 86, 155, 248, 254, 267, 282, 297
Doukpolo : 93
Durban : 5, 6
F
Figueres : 6
Fontaine : 10, 130, 170, 199
G
Gauthier : 32
Gor: 67, 242
Goulayes: 67
Goundi: 27, 69, 155, 173, 196, 199, 206, 229, 239, 240, 246, 267,
276
H
Houndénou; 10, 35, 90
J
Janicot: 10, 68, 130, 209
Jansson: 14
Jouve: 95, 261
K
Kaba: 29
Kanem: 42, 82
Kaninga: 72
Kembe: 185, 208, 209
Khou: 50, 60
Koko: 29, 71, 190, 254, 366
Kotkouli: 29, 283
Koumra: 1, 7, 10, 12, 13, 27, 34, 45, 48, 49, 54, 90, 91, 93,
99, 100, 110, 121, 122, 123, 125, 138, 156, 157, 196, 210, 211, 229, 246, 276,
277, 283, 295, 297, 300
Koutou: 60
L
Laborde : 34, 35
Lallau : 210, 288
Lazarev : 7, 41, 179
Le Roy : 54, 303
Lienou : 11, 220
Lubès : 95
M
Mahé : 1, 11, 12, 196
Maïnané : 52, 231, 251
Mandoul: 1, 2, 3, 6, 7, 9, 10, 11, 13, 14, 25, 36, 40, 41, 42,
44, 45, 47, 49, 50, 51, 53, 54, 59, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 76, 82, 84, 86,
88, 89, 90, 94, 95, 98, 99, 100, 107, 110, 120, 126, 127, 130, 132, 133, 134,
136, 137, 138, 143, 148, 151, 153, 159, 160, 163, 165, 168, 169, 170, 171, 172,
173, 176, 177, 180, 183, 185, 186, 188, 189, 193, 194, 196, 197, 198, 199, 200,
201, 204, 205, 209, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 229, 230, 231, 238, 239, 240,
240, 241, 242, 243, 252, 255, 260, 261, 264, 265, 266, 268, 274, 275, 276, 280,
286, 293, 297, 304, 305, 306, 307, 309
Masson: 125
Mayo-kebbi: 81
Mayombe: 10
Mitchell: 19
Moissala: 229, 238
Motha: 10
Moutedje: 44
N
Nadji: 11
Narmbanga: 50, 53, 71, 240, 254, 256, 258, 267, 274, 297
Nderguigui: 72, 206
Ndjendolé : 10
Ngamine: 73
O
Ogouwale: 189
Ouaddaï : 68, 82
Oueddo : 10
Ousseini : 2, 260
P
Pastorale : 6, 7, 25, 26, 87, 89, 128, 132, 176, 177,
179, 180, 181, 184, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 195, 199, 200, 205, 216, 218,
265, 268, 269, 270, 272, 274, 279, 285, 287, 289, 290, 291, 299, 300, 301, 304,
305, 307, 308, 315
Peni : 29, 247
Philippon : 10
Proadel : 29, 245, 246
R
Resco: 123, 176
Rio de Janeiro: 3, 16,
Rognon: 7, 199
S
Samba-Kimbata: 10
Sangha Mbaéré : 10
Saporta : 35
Sara madjingaye : 67, 148
Sighomnous : 10
Siadmadji : 43
Soumarés : 13
Sow : 184, 197
T
Takawa : 50
Tsalefac : 8, 10, 11
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
RESUME
III
ABSTRACT
IV
SOMMAIRE
V
LISTE DES FIGURES
VII
LISTE DES TABLEAUX
IX
LISTE DES PHOTOS
XI
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET
ACRONYMES
XII
INTRODUCTION
1
1. PROBLÉMATIQUE 4
2. QUESTIONS DE RECHERCHE 6
3. CONTEXTE SCIENTIFIQUE 7
4. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL
12
4.1. VARIABILITE CLIMATIQUE
13
4.2. VULNÉRABILITÉ
14
4.3. ADAPTATION 16
4.4. IMPACT 19
5. LES OBJECTIFS
22
6. HYPOTHÈSES DE RECHERCHES
22
7. DONNEES ET MÉTHODES
23
7. 1. DONNEES
23
7.2 CHOIX DES MÉTHODES ET DES TESTS
STATISTIQUES 25
7.3 METHODE D' ETUDE DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE 26
7.4 UNE DEMARCHE IMRAD COMBINEE AVEC LE MODELE
PRESSION-ETAT-IMPACT-REPONSE
(PEIR)............................................................................27
7.5 DEFINITION DE L'AIRE DE
L'ETUDE........................................................28
7.6 REFERENCES
THEORIQUES...................................................................28
7.6.1 COLLECTE DES DONNEES DE
TERRAIN................................................30
7.6.2 DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE
TERRAIN.................................... 30
7.7 COLLECTE DES DONNEES
QUANTITATIVES.......................................... .33
7.8.
ECHANTILLONNAGE...........................................................................34
7.9. TRAITEMENT DES
DONNEES.................................................................35
7.10. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE
36
7.11. ORGANISATION DE LA RÉDACTION
36
7.12. DOMAINES D'APPLICATION POTENTIELS DES
RÉSULTATS DE LA THÈSE 37
7.13. LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
38
PREMIERE PARTIE
41
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET ANALYSE DES
VARIABILITES CLIMATIQUES DE LA REGION DU MANDOUL
41
CHAPITRE I : CONTEXTE GEOGRAPHIQUE DE
LA REGION DU MANDOUL
42
INTRODUCTION.....................................................................
.................42
1.1. BREF APERÇU SUR LE TCHAD
42
1.2. ETUDE DIAGNOSTIQUE DE LA RÉGION DU
MANDOUL
45
1.2.1. Un climat soudanien contrasté
46
1.2.2. Un gradient morpho-topographique presque
homogène 50
1.2.3.. Un réseau hydrographique
dense 51
1.2.4. Le cours d'eau Mandoul
54
1.2.5. Un contexte géologique
constitué principalement des roches cristallophylliennes
55
1.2.6. Caractérisation floristique et
faunique de la région 60
1.2.6.1. Savanes type 1 61
1.2.6.2. Savanes de type 2 62
1.2.6.3. Savanes de type 3 63
1.2.6.4. Forêts galeries
64
1.2.6.5. Îlots forestiers
65
1.2.7. Facteurs de dégradation du couvert
végétal 66
1.2.7.1. Les feux de brousse 66
1.2.7.2. La pression sur les ressources
végétales, faunistiques et édaphiques
68
1.2.7.3. Un cadre humain fortement marqué
par le poids de l'histoire 68
1.2.7.4. Les mauvaises pratiques
agro-pastorales 71
1.2.8. Contexte d'une agriculture
itinérante 71
1.2.9. Cultures vivrières
71
1.2.10.. Maraîchage et arboriculture
fruitière 72
1.2.11.. Culture de coton.
73
1.3.. Les contraintes naturelles de
productions. 75
1.3.1.. Contraintes de l'agriculture liées
aux changements climatiques. 75
1.3.2..SYNTHÈSE DES UNITÉS
D'OCCUPATION DES SOLS 77
1.3.3. Changements intervenus au sein de la savane
arborée entre 1960 et 2009. 80
1.3.4. Changements intervenus au sein de la savane
arbustive 80
1.3.5. Changements intervenus au sein de la savane
herbeuse entre 1960 et 2009 81
1.3.6. Changements intervenus au sein des cordons
ripicoles entre 1960 et 2009 81
1.3.7. Changements intervenus au sein des zones de
cultures entre 1960 et 2009 81
1.3.8. Changements intervenus au sein des surfaces
dénudées entre 1960 et 2009 82
1..4. CONTRAINTES DE L'ÉLEVAGE LIÉES
AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES 82
1.4.1. L'élevage chez les
sédentaires
83
1.4.2. Elevage et culture attelée chez les
agropasteurs
84
1. 4.3. Elevage chez les transhumants et
nomades 86
1. 4.4. Un couloir de transhumance et une zone
d'élevage par excellence 87
1. 4.5. La grande transhumance
88
1 4.6. La transhumance moyenne
88
CONCLUSION 89
CHAPITRE II : VARIABILITE CLIMATIQUE
DE LA REGION DU MANDOUL ENTRE JANVIER 1960 ET DECEMBRE 2009
90
2.1. UNE CRISE CLIMATIQUE AUX CONSÉQUENCES
MULTIFORMES 90
2.1.1. VARIATION MENSUELLE DES VALEURS THERMIQUES
90
2.1 2. L'humidité relative
91
2.1.3. L'évaporation 93
2.1.4. VARIATION MENSUELLE DES VALEURS
PLUVIOMÉTRIQUES 95
2.2.. Démarrage de la saison des
pluies 96
2.2.1. Démarrage de la saison des pluies et
mise en place de la mousson 97
2.2.2.. Le mode récurrent de
variabilité 98
2.2.3. Modélisation de la
pluviométrie 98
2.2.4.. VARIATION SAISONNIÈRE DES
PRÉCIPITATIONS MOYENNES ET TEMPÉRATURE MOYENNES DE LA
STATION DE KOUMRA 100
2.2.5.. VARIATION PLUVIOMÉTRIQUE
INTERANNUELLE 101
2.2.6. VALEURS PLUVIOMÉTRIQUES MOYENNES
ANNUELLES ENTRE 1960 ET 2009 REPARTIE EN DÉCENNIE. 101
2.2.7. LES ANNÉES EXCÉDENTAIRES OU
HUMIDES 113
2.2.8. LES ANNÉES SÈCHES OU
DÉFICITAIRES 115
2.3.. LES PÉRIODES CLIMATIQUES
119
2.4. LES CHRONIQUES CLIMATIQUES
ÉTUDIÉES SUR LA PÉRIODE 1960-2009 121
2.5. ANNÉES EXTRÊMES EN FONCTION DES
PRÉCIPITATIONS ET TEMPÉRATURES MOYENNES 123
2.6. UNE ÉVOLUTION PLUVIOTHERMIQUE
SIGNIFICATIVE APRÈS 1988 123
2.7. VARIATIONS CLIMATIQUES INTERANNUELLES DES
ÉCARTS À LA MOYENNE (1960-2009) 124
2.8. PROJECTION RÉGIONALE DE
SCÉNARIOS DE FUTURS CHANGEMEN TS CLIMATIQUES À L'HORIZON 2030,
2060 ET 2100 126
2.9. LES CONSÉQUENCES POSSIBLES SUR LES
PRINCIPALES ACTIVITÉS SOCIO-ÉCONOMIQUES 126
2.10. AGROSYSTÈME ET PRATIQUES AGRICOLES
127
CONCLUSION.......................................................................................
129
DEUXIEME PARTIE :
132
VULNERABILITE DE LA PRODUCTION
AGROPASTORALE 132
CHAPITRE III : VULNERABILITE ET
IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LE SYSTÈME AGRICOLE
133
3.1 CONTRAINTE DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE....................................133
3.2. IDENTIFICATION DES RISQUES CLIMATIQUES
136
3.2.1. LES INONDATIONS 137
3.2.2. LA SÉCHERESSE 138
3.2.3. LES TEMPÉRATURES EXTRÊMES
139
3.2.4. LE DÉCALAGE DES SAISONS
139
3.2.5. LA MAUVAISE RÉPARTITION DES
PLUIES 139
3.3. VULNÉRABILITÉ DE L'AGRICULTURE
À LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE 141
3.3.1. LES RESSOURCES LIÉES AUX
ÉCOSYSTÈMES 141
3.2.2. LES RESSOURCES ET ÉCOSYSTÈMES
VULNÉRABLES 141
3.4. LES GROUPES VULNÉRABLES ET LES CAUSES
DE LEUR VULNÉRABILITÉ 142
3.4.1. ESTIMATION DE LA
VULNÉRABILITÉ 143
3.4.2 Mode de calcul des indicateurs
d'exposition 144
3.4.3. Mode de calcul de l'indicateur
d'impact 145
3.5. MÉTHODES TRADITIONNELLES
D'ÉLABORATION DU CALENDRIER AGRICOLE 148
3.5.1. LA SAISON SÈCHE 148
3.5.2. LA SAISON AGRICOLE BAAR 149
3.5.3. AUTRES MÉTHODES 149
3.6. SÉCHERESSES AGRICOLES 150
3.6.1. CINQ JOURS SANS PLUIES À PARTIR DE
JUIN : CAS DE KOUMRA 2001-2004 152
3.6.2. IMPACT DE LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE
SUR LA PRODUCTION AGRICOLE 153
3.6.3.
Tendances observées des principaux
paramètres climatiques 153
3.6.4. IMPACT DE LA VARIABILITÉ DES
PRÉCIPITATIONS SAISONNIÈRES SUR LES CULTURES 154
3.6.5. Effets des sécheresses intra
saisonnières 155
3.6.6. Colonisation des champs par les mauvaises
herbes 156
3.6.7. Variabilité des précipitations
et rendement des cultures 157
3.7. LES RISQUES CLIMATIQUES OBSERVÉS PAR
LES POPULATIONS LOCALES 158
3.7.1. IMPACTS SUR LA PRODUCTION AGRICOLE
159
3.7.2. Impacts des fluctuations
pluviométriques sur la production
céréalière 159
3.7.3. Evolution de la production des
cultures 160
3.7. Impact sur la production de l'arachide
160
3.7.1. Impacts de la variabilité climatique
sur les cultures maraîchères 160
3.7.2. Impacts de la variabilité climatique
sur la disponibilité de l'eau en culture maraichère
160
3.7.3. Impacts de l'accroissement des
températures sur les cultures maraîchères
161
3.8. Impacts de la variabilité climatique
sur la production de l'arachide 166
3.8.1 Impact de la variabilité climatique sur le cycle
maraîcher.............................. 168
3.8.2 Impact de la variabilité climatique sur la culture
maraîchère..............................169
3.8.3 Impact de la température sur la culture
maraîchère....................................... 170
3.9 Phénomène de
précipitations.....................................................................170
3.10. Projection de l'augmentation de la
température et des précipitations 172
3.11. L'évolution de la variabilité
climatique et ses conséquences 172
3.12. Evaluation des impacts de changements
climatiques sur l'Agriculture 171
CONCLUSION 175
CHAPITRE IV: VULNERABILITE ET IMPACTS
DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES
D'ÉLEVAGE DANS LA REGION DU MANDOUL 176
INTRODUCTION.....................................................................................176
4.1. DÉFICITS PLUVIOMÉTRIQUES ET
ACTIVITÉS PASTORALES 176
4.1.1. LE PASTORALISME 179
4.1.2. LES RESSOURCES FRAGMENTAIRES 180
4.1.3. LES MOYENS D'EXISTENCE MOBILE 180
4.1.4. LES DROITS NÉGOCIÉS
181
4.2. LES DIFFÉRENTS TYPES
D'ÉLEVAGE 182
4.2.1. IMPACTS DES VARIABILITÉS CLIMATIQUES
SUR L'ÉLEVAGE DES BOVINS 183
4.2.2. SYSTÈME EXTENSIF 184
4.2.3. L'élevage sédentaire
184
4.2.4.. La transhumance 185
4.2.5. Modification de l'environnement par le
parcours du bétail 186
4.2.6. Rôle et objectifs du
pastoralisme 187
4.3. Influence du climat sur la dynamique des aires
pastorales. 188
4.3.1. Influence des activités anthropiques
sur la dynamique des aires pastorales 190
4.3.2. Les réactions végétales
à la pâture 190
4.3.3. Les changements climatiques et la
capacité de charge 191
4.3.4. Des races bovines plus ou moins
dégradantes 192
4.3.5.. Effets bénéfiques du
bétail sur les pâturages 193
4.4. Crise et vulnérabilité
193
4.5. IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR
L'ÉPIDÉMIOLOGIE DES TRYPANOSOMIASES ANIMALES AFRICAINES (TAA) ET
SUR LES GLOSSINES 196
4.5.1. RECHERCHE DE PÂTURE ET RISQUE
GLOSSINAIRES
197
4.5.2.. L'ATTACHEMENT À LA RACE BOVINE
198
4.6. AUGMENTATION DE LA MORTALITÉ DES
ANIMAUX 199
4.7. CONCURRENCE ENTRE LES ÉLEVEURS
199
4.7.1.. CONFLITS ENTRE ÉLEVEURS ET
AGRICULTEURS 200
4.7.2. LA MANIFESTATION DES CONFLITS 200
4.7.3.. CAUSES DES CONFLITS ENTRE AGRICULTEURS ET
ÉLEVEURS 201
4.7.4. La multiplicité des droits sur les
ressources naturelles 202
4.7.5. La crise de confiance entre les
acteurs 202
4.7.6.. La valeur de plus en plus croissante des
ressources naturelles 202
4.7.7. TYPOLOGIE DES CONFLITS 203
4.7.8. LES MODES DE RÈGLEMENT DES
CONFLITS 205
4.7.9. Modes de gestion traditionnelle des
conflits 207
4.7.10. L'État et la gestion des
conflits 208
4.8. REDISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES
MALADIES TRANSMISES PAR LES VECTEURS 208
4.9. LES IMPACTS DE LA VARIABILITÉ
CLIMATIQUE SUR LA PRODUCTION LAITIÈRE 209
4.10. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA
PRODUCTION PORCINE 211
4.10.1. EFFETS DE LA CHALEUR SUR LES PERFORMANCES
DES PORCS 211
4.10.2. Effets de la chaleur sur la truie en
lactation 212
4.10.3. Effets de la chaleur sur la truie en
gestation 212
4.11. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA
PRODUCTION AVICOLE 213
4.11.1. AUGMENTATION DE LA FRÉQUENCE
CARDIAQUE 213
4.11.2. AUGMENTATION DU RYTHME RESPIRATOIRE
214
4.11.3. ACTIVITÉS PHYSIQUES DES VOLAILLES ET
EFFETS DE LA CHALEUR 214
4.11.4. CONSÉQUENCES DE LA CHALEUR SUR LES
PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES DES VOLAILLES 215
4.12. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES
PRODUCTIONS HALIEUTIQUES 215
CONCLUSION 218
TROISIEME PARTIE 219
ADAPTATION DES POPULATIONS DU MANDOUL A LA
VARIABILITE CLIMATIQUE 219
CHAPITRE V: ADAPTATION DES SYSTEMES
AGRICOLES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA REGION DU MANDOUL
220
5.1. LES FAITS 220
5.1.1. RÉSULTAT DES RÉPONDANTS
221
5.1.2. LES PERCEPTIONS SUR LA VARIABILITÉ
CLIMATIQUE 225
5.1.3. LA VARIABILITÉ DU CLIMAT
OBSERVÉE DEPUIS DES DÉCENNIES EN AGRICULTURE 226
5.1.4. LES CONTRAINTES À L'ADOPTION DES
STRATÉGIES NÉCESSAIRES 232
5.1.5. LES STRATÉGIES D'ADAPTATION
234
5.1.6. Développement des cultures en
terrasses 236
5.1.7. Utilisation de variétés
précoces
236
5.1.8. Utilisation du fumier et d'ordures
ménagères pour le compostage 237
5.1.9. Billonnage ouvert et/ou cloisonné et
le buttage 238
5.1.10. Colonisation des bas fonds
239
5.1.11. Utilisation de paquets technologiques de
jachères vertes 239
5.1.12. Changements d'habitudes
alimentaires 239
5.1.13. Envahissement des aires
protégées 240
5.1.14. Pratique de l'agroforesterie
240
5.1.15. Déplacement involontaire des
populations pour la recherche des terres et des pâturages
241
5.1.16. Renforcement des activités
génératrices de revenus 241
5.1.17. Abandon de certaines cultures plus
exigeantes 241
5.1.18. Les semis hâtifs, les types
d'association et les défrichements 242
5.1.19. Les manifestations spirituelles
242
5.1.20. Les tradithérapeutes
242
5.2. Les adaptations du type collectif
244
5.3. Le rôle des femmes
244
5.4. Modification de la date
de semis 245
5.5. LES TECHNIQUES CULTURALES D'ADAPTATION MISES
EN PLACE PAR LES ONG 245
5.6. Lutte contre les « faux
départs » 2
45
5.7. Techniques de rétention de
l'eau 246
5.8. Les brise-vents 247
5.9. La technique des épis de berge
248
5.10. La stabilisation de Koris par des seuils en
gabions 248
5.11. Les diguettes et les cordons pierreux
2
48
5.12. Les demi-lunes 2
49
5.13. Les zaïs 2
49
5.14. LA PRATIQUE DE L'AGROBIOLOGIE POUR UNE
ADAPTATION 249
5.15. La nutrition des plantes
250
5.16. Lutte contre les parasites
251
5.17. STRATÉGIES DÉVELOPPÉES
PAR L'ETAT 251
5.18. ANALYSE DES RÉSULTATS 252
5.19. FAITS CONFIRMÉS 254
5.20. DISCUSSIONS 255
CONCLUSION 265
CHAPITRE VI : ADAPTATION DES ACTIVITES
PASTORALES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA REGION DU MANDOUL
266
6.1. COMMENT LES ÉLEVEURS TENTENT-ILS DE
S'ADAPTER À CES CHANGEMENTS ? 266
6.1.1. LA CAPACITÉ À ENDURER LES
MULTIPLES CHOCS 266
6.1.2. SYSTÈMES D'ABREUVAGE 266
6.1.3. SOLUTIONS AU MANQUE DE PÂTURAGE
268
6.2. COMPRENDRE LE RISQUE SANITAIRE POUR MIEUX
LUTTER CONTRE LES MALADIES ANIMALES 269
6.3. DESCRIPTION DE L'ANNÉE PASTORALE
269
6.3.1. PREMIÈRE SAISON : DÉBUT MAI AU
MI JUILLET 270
6.3.2. DEUXIÈME SAISON : DE FIN JUILLET
À MI SEPTEMBRE 270
6.3.3. TROISIÈME SAISON : FIN SEPTEMBRE
À FIN NOVEMBRE 271
6.3.4. QUATRIÈME SAISON : DÉCEMBRE
À AVRIL 271
6.4. UNE EXTRÊME MOBILITÉ
272
6.4.1. FORMES D'ITINÉRAIRES DE
MOBILITÉ DANS LES ANNÉES 1960 À 1970 274
6.4.2. FORME DE MOBILITÉ EN ANNÉE
NORMALE DANS LES ANNÉES 1980 À 1990 275
6.4.3. FORME D'ITINÉRAIRE ACTUELLE
276
6.5. LE CIRCUIT DE MOBILITÉ 276
6.5.1. LES STRATÉGIES EX-ANTE :
MOBILITÉ ET DISPERSION DES ANIMAUX 276
6.5.2. ETUDE DE CAS D'UN CIRCUIT D'ADAPTATION
À LA TRANSHUMANCE ACTUELLE 277
6.5.3. DROITS PASTORAUX, MODES DE VIE ET ADAPTATION
À LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE 278
6.6. ADAPTATIONS OU CONTRAINTES 279
6.6.1. BUTS TECHNIQUES 280
6.6.2. BUTS ÉCONOMIQUES 281
6.6.3. RENFORCEMENT DE L'ANCRAGE SOCIO-FONCIER
281
6.6.4. ALLIANCES AVEC LES AUTRES
COMMUNAUTÉS 282
6.6.5. POLITIQUE DE L'ETAT 284
6.7. L'ÉCHEC DES STRATÉGIES
TRADITIONNELLES 286
6.8. ANALYSE DES ÉCHECS DES
STRATÉGIES MISES EN oeUVRE 287
6.8.1. LE CHANGEMENT BRUTAL DE SYSTÈME ET DE
MODE D'EXPLOITATION 288
6.8.2. LE SYSTÈME TRADITIONNEL ET LE
MAINTIEN DE L'ÉQUILIBRE ENTRE PARCOURS ET CHEPTEL 288
6.8.3. LE SYSTÈME SEMI ADAPTÉ ET LA
RUPTURE DE L'ÉQUILIBRE PARCOURS/CHEPTEL : 289
6.9. LES LIMITES DE LA RÉSILIENCE
292
6.10. LES LIMITES ENVIRONNEMENTALES DES
STRATÉGIES D'ADAPTATION 292
6.11. STRATÉGIES D'ADAPTATION DANS LA
CONDUITE DES VOLAILLES 292
6.12. STRATÉGIES D'ADAPTATION DANS LA
CONDUITE DES PORCS 293
6.13. SÉLECTION D'ANIMAUX ADAPTÉS AU
CLIMAT 294
6.14. PLANTES FOURRAGÈRES 295
6.15. ANALYSE DES RÉSULTATS 296
6.16. DISCUSSIONS 302
CONCLUSION 304
CONCLUSION GENERALE 310
RECOMMANDATIONS 306
BIBLIOGRAPHIE 316
ANNEXES 334
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