MÉMOIRE PROFESSIONNEL
ERP Vincent Auriol
(Muret)
Marlène Bedos
Numéro étudiant : 21207152
Master 2
Psychologie Sociale du Travail et des
Organisations
Enseignant-référent : Alexis Le Blanc
(Enseignant-Chercheur)
Assesseur : Anne Gaddoni (Psychologue du
Travail, ERP Vincent Auriol)
Université de Toulouse II Jean Jaurès Soutenu le
07/07/2017
Merci à ma soeur Magali et à mes parents
Maryse et Jean-Louis de leur soutien indéfectible et de leurs
encouragements bienveillants tout au long de ces cinq années de
reconversion
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement
les stagiaires de l'ERP Vincent Auriol d'avoir participé à cette
étude que ce soit lors d'entretiens ou lors de la passation du
questionnaire et de m'avoir accordé leur confiance.
Je tiens à remercier le personnel de l'ERP Vincent
Auriol de son accueil pendant mon stage et de sa participation à mon
étude professionnelle. Je remercie en particulier les professionnels qui
ont porté un vif intérêt à mon travail et en ont
suivi l'état d'avancement avec assiduité, ils se reconnaitront
à la lecture de ces lignes.
Je remercie tout particulièrement Anne Gaddoni, ma
tutrice de stage et assesseur de ce mémoire de m'avoir fait confiance
dès notre rencontre, de son soutien tout au long de mon stage et de ses
conseils avisés. Sa riche expérience et ses qualités
humaines m'ont permises de développer mes compétences tant
techniques et méthodologiques qu'humaines. Travailler à ses
côtés m'a fait gagner en confiance en moi, ce dont j'avais besoin
pour me sentir prête à terminer ce cursus universitaire.
Je remercie vivement Alexis Le Blanc, mon directeur de
recherche, de sa disponibilité, sa bienveillance et ses encouragements
tout au long de l'élaboration de ce mémoire. Ses conseils m'ont
permis de me dépasser dans la construction de ce mémoire. Sa
gentillesse a égayé des jours de profonds doutes.
Merci à Alexandra, Charlène et Coralie, mes
camarades de promotion, de leur soutien et leur bonne humeur durant cette
année de Master 2. « Notre motivation est restée
inébranlable ! »
Merci à Anne et Sandra de leur soutien moral et des
bons moments musicaux passés encore ensemble cette année.
Merci à Audrey d'avoir toujours cru en moi, de
m'avoir encouragé jusqu'au bout de mon mémoire et de sa
fidèle amitié. 2017 aura été une année
créatrice pour nous : Lola est venue au monde et je boucle ce
mémoire, signe d'une nouvelle étape de ma vie.
professionnelle. Merci à mes neveux Mehdi et Anis
de leur admiration et de faire de moi une « Tata qui va à
l'école ». Mes amis et ma famille, je le dis à nouveau, je
n'y serais pas parvenue sans vous à mes côtés, vous avez
été une source d'énergie inépuisable tout au long
de ce parcours.
« Il n'est jamais trop tard pour devenir ce qu'on aurait
dû être. » (George Elliot)
RÉSUMÉ
Cette étude de terrain a pour objectif l'analyse des
motivations des stagiaires accueillis en formation à l'ERP Vincent
Auriol de Muret (31) et d'en analyser la concordance avec la mission
d'insertion professionnelle de l'institution. Pour cela, nous procédons
à une enquête mixte constituée à la fois
d'entretiens exploratoires et d'un questionnaire à destination de
l'ensemble des stagiaires. Le modèle de l'analyse psycho-sociale de
Doise (1982) est retenu pour éclairer nos analyses.
L'enquête réalisée met au jour cinq
facteurs de motivation à l'entrée en formation : l'attente
d'insertion sociale et professionnelle, des motivations scolaires, une
affirmation d'autonomie et des motivations liées à des
contraintes médicales. Les résultats de notre étude
montrent que les motivations à l'entrée en formation liées
à une affirmation d'autonomie ont un effet important sur
l'évolution positive de la motivation au cours de la formation. Puis,
concernant l'évolution de la motivation au cours de la formation, nous
révélons cinq facteurs explicatifs de la variabilité : les
attitudes et comportements du personnel et l'adaptation de la formation aux
caractéristiques des stagiaires, l'accompagnement à l'insertion
professionnelle, la pédagogie et le soutien social perçu, la
confiance en l'avenir et enfin le manque de respect et les relations
inter-individuelles conflictuelles.
Nous proposons ensuite différentes
préconisations issues des données recueillies et de notre analyse
psycho-sociale. Nous proposons la réalisation d'une intervention
psycho-sociale plus approfondie sur les motivations liées aux aspects
financiers. Nous recommandons également la mise en oeuvre d'une
démarche qualité tant d'un point de vue de la socialisation
organisationnelle, de la communication interne et externe que de la
déontologie professionnelle. Et enfin, nous conseillons un
accompagnement au changement organisationnel et une démarche
réflexive sur la pertinence et l'adaptation de l'institution aux
évolutions sociétales et économiques.
Mots-clés : intervention psycho-sociale,
école de reconversion professionnelle, travailleurs handicapés,
insertion professionnelle, formation, motivation.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DE LA DEMANDE
2
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION
DE LA DEMANDE 3
1. L'HISTORIQUE 3
2. LE CADRE LÉGAL 4
3. L'EPNAK 6
4. L'OFFRE DE FORMATION / LA PÉDAGOGIE 7
5. LES CONDITIONS D'ADMISSION 9
6. LES FINANCEMENTS 9
7. LA RÉMUNÉRATION 10
8. L'ORGANIGRAMME 10
9. LA PRÉSENTATION DES PERSONNELS 11
10. LA PLURIDISCIPLINARITÉ 12
11. LE PROJET D'ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ 12
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA
DEMANDE 14
1. LE TRAVAILLEUR HANDICAPÉ 14
2. LA MOTIVATION 16
3. L'EMPLOYABILITÉ 18
4. LE PROJET 18
5. LE CHANGEMENT INSTITUTIONNEL 19
5. 1. Les modèles du changement 19
5.2. Synthèse de l'entretien téléphonique
avec le Directeur Adjoint de l'EPNAK, en charge
des ERP 21
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL
D'INDICATEURS 23
1. PATHOLOGIES DES STAGIAIRES 23
2. ARRÊT DE FORMATION 25
3. ABSENCES INJUSTIFIÉES 26
4. INSERTION PROFESSIONNELLE 27
5. ACTIVITÉ 29
6. RÉSULTATS AUX EXAMENS 30
7. ÉVOLUTION DU PUBLIC ACCUEILLI 31
8. SYNTHÈSE DES INDICATEURS RECUEILLIS 32
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 33
1. ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES STAGIAIRES 33
1. 1. Grille d'entretiens exploratoires avec les stagiaires
34
1. 2. Analyse des entretiens exploratoires avec les stagiaires
35
2. SYNTHÈSE DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES
STAGIAIRES 38
3. ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES ÉQUIPES
PLURIDISCIPLINAIRE ET
PÉDAGOGIQUE 39
3. 1. Grille d'entretiens exploratoires avec le personnel 39
3. 2. Analyse des entretiens exploratoires avec le personnel
40
4. SYNTHÈSE DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES
ÉQUIPES
PLURIDISCIPLINAIRE ET PÉDAGOGIQUE 44
CHAPITRE VI : ENJEUX DE L'INTERVENTION 46
1. LES ENJEUX POUR LES STAGIAIRES DE L'ERP VINCENT AURIOL 46
2. LES ENJEUX POUR L'ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE 46
3. LES ENJEUX POUR L'ERP VINCENT AURIOL 47
4. SYNTHÈSE DES ENJEUX 48
CHAPITRE VII : REFORMULATION DE LA DEMANDE INITIALE
49
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 51
1. HYPOTHÈSES FORMULÉES 51
2. CONSTRUCTION DU QUESTIONNAIRE 52
2. 1. Les indicateurs socio-biographiques 54
2. 2. Les indicateurs faisant référence à
l'analyse psycho-sociale selon Doise 54
2. 3. Le pré-test 55
2. 4. Le mode d'administration du questionnaire et de sa
présentation 56
2. 5. Données socio-biographiques. 57
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 61
1. DESCRIPTION DES MOTIVATIONS DES STAGIAIRES DE L'ERP
VINCENT AURIOL
(ANALYSES DESCRIPTIVES) 61
1. 1. Quatre indices sur la nature de la motivation des
stagiaires à l'entrée en formation 61
1. 1. 1. Analyses descriptives sur les 12 items. 61
1. 1. 2. Analyse en Composantes Principales 67
1. 2. Mesure directe : évolution de la motivation des
stagiaires au cours de la formation 68
2. VARIABILITÉS INTER-INDIVIDUELLES DES MOTIVATIONS
DES STAGIAIRES DE
L'ERP VINCENT AURIOL 69
2. 1. Etude des effets du genre sur les cinq facteurs de
motivation 70
2. 2. Etude des effets de l'âge sur les cinq facteurs de
motivation 70
2. 3. Etude des effets de la section de formation sur les cinq
facteurs de motivation 70
2. 3. 1. Variable section à 10 modalités 70
2. 3. 2. Variable section par cursus de formation (5
modalités) 71
2. 3. 3. Variable section par niveau de formation (3
modalités) 71
2. 4. Etude des effets du lieu de résidence principale sur
les cinq facteurs de motivation 72
2. 4. 1. Variable lieu de résidence principale (4
modalités) 72
2. 4. 2. Variable département de résidence
principale (2 modalités) 72
2. 5. Etude des effets de l'état de santé actuel
sur les cinq facteurs de motivation 73
2. 6. Etude des effets du niveau de rémunération
pendant la formation sur les cinq facteurs de
motivation 73
2. 7. Corrélation entre la
rémunération pendant la formation et l'évolution de la
motivation au
cours de la formation 73
3. RÔLES DES FACTEURS PSYCHO-SOCIAUX DANS LES MOTIVATIONS
DES
STAGIAIRES 74
3. 1. Analyses descriptives sur les items renvoyant au
vécu de la formation et à la vie
quotidienne au sein de l'ERP Vincent Auriol 74
3. 2. Analyse en Composantes Principales 75
3. 3. Analyses
inférentielles entre les cinq facteurs liés au vécu de la
formation et à la vie quotidienne au sein de l'ERP Vincent Auriol et
l'évolution de la motivation au cours de la
formation 77
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 78
1. SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION 78
2. PRÉCONISATIONS 81
CONCLUSION 87
BIBLIOGRAPHIE 88
INTRODUCTION 1
INTRODUCTION
Dans le cadre de notre stage de Master 2 de Psychologie
Sociale du Travail et des Organisations à l'Université Toulouse
Jean Jaurès, nous avons effectué un stage de 500 heures , du mois
de février au mois de juin 2017, au sein de l'ERP Vincent Auriol de
Muret. Au-delà des activités professionnelles accomplies avec
notre tuteur de stage, nous avions comme objectif de mener une étude de
terrain afin de rédiger un mémoire professionnel. Au fil de cet
écrit, nous présenterons la demande qui nous a été
faite, nous exposerons les différents éléments contextuels
de la demande, nous énumérerons les éléments
notionnels en jeu dans la demande, nous effectuerons une analyse documentaire
et recueillerons des indicateurs, nous présenterons les entretiens
exploratoires réalisés, nous analyserons les enjeux de notre
intervention, nous reformulerons la demande initiale, nous expliquerons la
méthodologie mise en oeuvre, puis nous présenterons les
résultats quantitatifs et enfin nous synthétiserons notre
intervention et émettrons des préconisations. Nous joignons
à ce document un autre livret contenant les annexes.
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DE LA DEMANDE 2
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DE LA DEMANDE
La psychologue de l'Ecole de Reconversion Professionnelle
Vincent Auriol nous sollicite car il lui « semble qu'il y a un
problème d'adéquation entre la mission de l'ERP Vincent Auriol et
les motivations de certains stagiaires en formation ».
Elle nous indique que ce constat de manque de motivation des
stagiaires lui semble être partagé par l'équipe
pluridisciplinaire.
Elle nous explique ensuite que l'évolution de la
société est venue transformer le mode d'évaluation des
établissements de reconversion professionnelle, autrefois
qualifiés « établissements de réadaptation
professionnelle ». Ainsi, alors que les établissements de
reconversion professionnelle étaient évalués en termes de
taux de réussite aux examens, ils sont désormais de plus en plus
évalués en termes de taux de réinsertion
professionnelle.
Par ailleurs, la psychologue, ainsi que l'équipe
pluridisciplinaire, fait le constat d'un nombre croissant d'arrêts
maladie et de stagiaires qui n'effectuent pas leur période de formation
en milieu professionnel (les PFMP). Elle ajoute que les données
chiffrées établies par l'infirmière font état d'une
augmentation du taux des personnes en situation de poly-handicap c'est à
dire présentant un handicap principal et un ou plusieurs handicap(s)
annexe(s). Pour finir, elle fait état d'une complexification des
situations sociales des personnes accueillies.
Ces différents éléments interrogent la
psychologue quant à la comptabilité des motivations de certains
stagiaires avec la mission principale de la rééducation
professionnelle. C'est donc dans ce cadre là qu'elle souhaite obtenir un
éclairage sur les motivations et les leviers éventuels des
stagiaires de l'ERP Vincent Auriol.
La demande formulée étant un ressenti personnel,
nous nous devons de chercher à l'objectiver. Cette démarche
d'objectivation passera, dans un premier temps, par un état des lieux et
un recueil des indicateurs chiffrés qui nous semblent pertinents eu
égard à la demande c'est-à-dire : l'évolution des
caractéristiques liées aux pathologies des stagiaires,
l'évolution du taux d'arrêt de formation, l'évolution du
taux d'absentéisme injustifié, l'évolution du taux
d'insertion, l'évolution du taux de réussite aux examens et
l'évolution de l'activité de l'établissement. Dans un
deuxième temps, nous procèderons à des entretiens
exploratoires de type semi-directifs afin de recueillir des points de vue
complémentaires tant au niveau de l'équipe pluridisciplinaire, du
personnel enseignant qu'au niveau des stagiaires.
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 3
1 Maison Départementale des Personnes
Handicapées.
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE
CONTEXTUALISATION DE LA
DEMANDE
1. L'HISTORIQUE
L'ERP Vincent Auriol est une Ecole de Reconversion
Professionnelle pour travailleurs handicapés.
Face au nombre de blessés de guerre de la
Première Guerre mondiale, l'Office National des Anciens Combattant et
Victimes de Guerre décide de créer des Ecoles de reconversion
professionnelles pour permettre aux poilus de se réinsérer dans
la vie professionnelle. C'est ainsi qu'est créée en 1947 l'ERP de
Muret, qui offre aux soldats handicapés la possibilité de se
former à une profession adaptée à leur condition de
santé.
Inaugurée le 16 mars 1947 par le Président
Vincent Auriol, l'ERP Vincent Auriol est l'une des neuf écoles de
reconversion professionnelle de l'Office National des Anciens Combattants et
Victimes de Guerre. Son existence découle du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de guerre ; en particulier,
l'article D.526 : « Des écoles de reconversion professionnelle
relevant de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre ont
pour objet d'assurer, par le travail, le reclassement social des personnes
admises au bénéfice de la rééducation
professionnelle par les lois et règlements en vigueur. »
Les personnes accueillies ont le statut de travailleur
handicapé et bénéficient d'une décision
d'orientation émise par la MDPH1. Elles représentent
plus de 97 % de l'effectif. L'ERP Vincent Auriol reçoit les stagiaires
quelle que soit la nature de leur handicap dès lors que l'orientation a
été prononcée par la MDPH. A ces travailleurs
handicapés s'ajoutent quelques militaires en reconversion et des
personnes en formation qualifiante financée par le Conseil
Régional.
Au-delà de la formation, l'ERP assure également
un accompagnement médico-social aux usagers. Il prévoit aussi le
logement des stagiaires dans des locaux spécifiquement prévus en
fonction des demandes.
Jusqu'au 1er janvier 2017, il appartenait à
l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre placé
sous la tutelle du ministère de la Défense. Depuis le
1er janvier 2017,
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 4
2 L'Etablissement Public National Antoine Koenigswarter.
l'ERP Vincent Auriol est géré par
l'EPNAK2 en ce qui concerne les orientations stratégiques, et
la gestion prévisionnelle des ressources humaines. Son financement lui
est assuré en majorité par l'organisme gestionnaire, et dans une
moindre mesure par l'Agence Régionale de Santé.
2. LE CADRE LÉGAL
L'ERP Vincent Auriol dispose aujourd'hui du statut
d'établissement public médico-social, et se trouve ainsi soumis
à la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et
médico-sociale, au travers de la réaffirmation des droits et des
libertés des usagers. Il est également soumis à la loi du
11 février 2005 relative à l'égalité des chances,
à la participation et à la citoyenneté. De manière
plus précise, l'article 2 de la loi du 2 janvier 2002 stipule :
« L'action sociale et médico-sociale tend à promouvoir,
dans un cadre interministériel, l'autonomie et la protection des
personnes, la cohésion sociale, l'exercice de la citoyenneté,
à prévenir les exclusions et à en corriger les effets.
Elle repose sur une évaluation continue des besoins et des attentes des
membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes
handicapées et des personnes âgées, des personnes et des
familles vulnérables, en situation de précarité ou de
pauvreté, et sur la mise à leur disposition de prestations en
espèces ou en nature. Elle est mise en oeuvre par l'Etat, les
collectivités territoriales et leurs établissements publics, les
organismes de sécurité sociale, les associations ainsi que par
les institutions sociales et médico-sociales au sens de l'article L.
311-1. » Art. L. 116-1. De manière synthétique la loi
du 2 janvier 2002 a mis en place les projets individuels pour les usagers des
établissements médico-sociaux, prenant en compte leurs attentes
et leurs besoins en se basant sur cinq orientations :
- Affirmer et promouvoir les droits des usagers ;
- Diversifier les missions et les offres en adaptant les
structures aux besoins ;
- Pilotage du dispositif : Mieux articuler planification,
programmation, allocation de ressources, évaluation ;
- Instaurer une coordination entre les différents acteurs
;
- Rénover le statut des établissement publics.
Elle a favorisé la création de nouveau type
d'établissements/services ainsi que de projets
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 5
expérimentaux et a rendu obligatoire
l'auto-évaluation pour les établissements (avec communication
tous les cinq ans) et l'évaluation externe tous les sept ans par un
organisme habilité.
La loi de février 2005 est le principal texte sur les
droits des personnes en situation de handicap, depuis la loi de 1975. Les
toutes premières lignes de la loi rappellent les droits fondamentaux des
personnes handicapées et donnent une définition du handicap :
« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute
limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne en raison
d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou
plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou
psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant.
»Elle articule l'objectif d'accès au droit commun avec le
droit à la compensation afin de favoriser l'accès à
l'autonomie des personnes en situation de handicap. La loi du 11 février
2005 apporte de nombreuses avancées sur les domaines suivants :
- Accueil des personnes handicapées ;
- Le droit à compensation ;
- Les ressources ;
- La scolarité ;
- L'emploi ;
- L'accessibilité ;
- Citoyenneté et participation à la vie sociale.
Elle crée une Maison départementale des
personnes handicapées1 dans chaque département sous la
direction du Conseil Général. Elle a une mission d'accueil,
d'information, d'accompagnement et de conseil des personnes handicapées
et de leur famille, ainsi que de sensibilisation de tous les citoyens au
handicap.
Les COTOREP1 et CDES2 sont
également remplacées par la Commission des droits et de
l'autonomie des personnes handicapées qui prend, au sein des MDPH, les
décisions relatives à l'ensemble des droits de la personne.
De plus, la loi définit les missions et le
fonctionnement de la Caisse Nationale de Solidarité
1 MDPH.
1 Commissions Techniques d'Orientation et de reclassement
professionnel.
2 Commissions Départementales de l'Education
Spéciale.
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 6
pour l'Autonomie3. Elle crée les
PRIAC4 chargés de la gestion des crédits d'Etat et de
l'Assurance Maladie, dédiés à la création
d'établissements d'accueil et d'hébergement des personnes en
situation de handicap.
La loi du 11 février 2005 définit des
obligations de mise au normes d'accessibilité, notamment pour les
établissements publics.
Elle a aussi instauré deux nouveaux compléments
à l'Allocation Adulte Handicapé5: le complément
de ressources et la majoration pour la vie autonome.
Les Centres de Rééducation Professionnelle, dont
les ERP font partie, sont actuellement régis par le Code de la
Sécurité Sociale qui stipule que toute personne handicapée
qui est devenue inapte à exercer sa profession du fait d'un handicap
peut se voir proposer un contrat ou un stage de rééducation
professionnelle. Le contrat permet de bénéficier d'une aide pour
se réaccoutumer à sa profession. Le stage permet, quant à
lui, d'apprendre un nouveau métier. Le stage de
rééducation professionnelle a pour but de permettre à une
personne en situation de handicap de suivre une formation qualifiante de longue
durée (10 à 30 mois) dans un centre de rééducation
professionnelle (CRP). Cette formation débouche
généralement sur un diplôme. L'objectif de ce stage est de
permettre à la personne en situation de handicap de retourner dans le
monde professionnel avec de nouvelles compétences. Ce stage peut
s'effectuer dans une Ecole de Reconversion Professionnelle qui propose des
formations diplômantes afin de favoriser le retour à l'emploi de
personnes en situation de handicap.
3. L'EPNAK
L' Etablissement Public National est un opérateur
public dans le champ social et médico-social qui assure des missions de
service public et d'utilité sociale dans le cadre d'un Contrat
Pluriannuel d' Objectifs et de Moyens, qui existe depuis plus de 130 ans. Il
comptait 500 salariés avant la reprise des ERP et CRP6 soit
environ le double depuis le 1er janvier 2017.
L'EPNAK regroupe différentes structures
médico-sociales comme des Instituts Médico-Educatifs, des
Etablissement et Service d'Aide par le Travail, des Services d'Education
Spéciale et de Soins A Domicile, des Structures d'Accueil et
d'Activités de Jour et des Maisons d'Accueil
3 CNSA.
4 Programme Interdépartemental d'Accompagnement des
Handicaps et de la Perte d'Autonomie.
5 AAH.
6 Centres de Rééducation Professionnelle.
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 7
Spécialisées.
L'EPNAK étant un Etablissement Public National, il est
sous la tutelle stratégique de l'État et est géré
par un Conseil d'Administration ainsi que par une Direction
Générale. En tant qu' Établissement Public National,
l'EPNAK doit rendre compte annuellement de sa gestion directement auprès
de la Cour des comptes puisqu'il met en oeuvre les orientations
impulsées par l'Etat en matière de gouvernance et de gestion. Les
unités et services sont assistés par des fonctions d'appui
assurées à la direction générale (GRIT,
Comptabilité et Finances, Politique d'achat et marchés publics,
Conseil et audit informatique et immobilier).
Ses valeurs originelles sont contenues dans son acte fondateur
énoncé dans le codicille au testament de Monsieur Antoine
Koenigswarter en date du 9 novembre 1883 : conception laïque et
libérale.
Sa règle déontologique et éthique,
approuvée par le Conseil d'Administration est : « Quand nous
accueillons une personne en situation de handicap, fragile ou en
difficulté d'intégration sociale, elle nous inspire des
sentiments, des attitudes humaines intimement mêlées et
indissociables : de bienveillance pour le présent, de respect pour ce
qu'elle est et sera un jour, de valorisation et de promotion de sa personne.
Parce que nous considérons que toute institution peut parfois se
révéler mal-traitante, bien traiter et assurer le bien être
de la personne requiert notre vigilance permanente et notre adhésion
résolue. »
Ses missions sont de :
- Changer "le" et "de" regard sur le handicap, avec pour
ambition l'accès à la pleine citoyenneté ;
- Construire avec chaque personne un parcours
individualisé, en veillant à ce que rien ne soit fait pour elle
sans elle et favoriser l'échange avec les familles et les aidants ;
- Adopter une posture de questionnement systématique
des pratiques professionnelles et des projets, en recherchant le lien avec les
dispositifs de droit commun.
4. L'OFFRE DE FORMATION / LA PÉDAGOGIE
Les ERP se distinguent des CRP1 par leur offre de
formation centrée sur la préparation de diplômes nationaux
délivrés par l'Education Nationale, alors que les CRP proposent
des Titres
1 Centres de Rééducation Professionnelle
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 8
L'établissement dispose d'un agrément lui
permettant d'accueillir 170 usagers en formation :
Professionnels délivrés par le Ministère du
Travail.
L'ERP Vincent Auriol propose deux niveaux de formations dans
quatre domaines d'activité. Le tableau ci-dessous les présente de
manière synthétique :
Tableau 1: Offres de formation de l'ERP Vincent
Auriol
Ces différents diplômes ne sont pas
préparés sur la même durée de formation ; le tableau
suivant présente les niveaux et les durées de formations par
diplômes.
Tableau 2: Formations proposées à l'ERP Vincent
Auriol par niveau et par durée
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 9
- 122 places pour formation,
- 24 places en préformation d'une durée de 6
mois, - 24 places en préformation d'une durée de 3 mois.
L'ERP Vincent Auriol assure également l'accompagnement
à la Validation des Acquis de l'Expérience par
l'intermédiaire de la Coordinatrice Pédagogique.
5. LES CONDITIONS D'ADMISSION
Les demandes d'orientation professionnelle sont instruites
par la CDAPH1. Sa décision s'impose aux ERP, CRP et aux
caisses d'assurance maladie. La personne orientée entre en formation
dès qu'une place est disponible. Dès réception de la
décision, le secrétariat contacte le stagiaire et s'assure qu'il
a bien une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur
Handicapé2 en cours de validité, puis l'informe d'une
date d'entrée, en fonction des places vacantes. S'il est d'accord, il
est positionné sur un prévisionnel pour une préformation
de 3 ou 6 mois, ou une entrée directe (selon prescription de la CDAPH),
en suivant l'ordre d'arrivée des dossiers. Deux mois avant la date
d'entrée, la constitution du dossier d'admission et de
rémunération est lancée. La prise en charge des frais de
séjour est demandée par l'ERP auprès des Caisses
d'Assurance Maladie d'origine du stagiaire. Chaque étape est soumise
à l'acceptation de l'intéressé.
6. LES FINANCEMENTS
Le fonctionnement de l'ERP (coût de la formation, frais
de séjour et de transport du stagiaire, coûts de structure) est
pris en charge par l'assurance maladie, à l'exception, selon le type de
prise en charge, d'une participation aux frais de repas. L'ERP Vincent Auriol
facture un prix de journée à l'assurance maladie, qui est de
142,95 euros depuis le novembre 2016. Son budget est négocié avec
l'Agence Régionale de Santé. Le nombre de stagiaires pouvant
bénéficier d'un agrément de rémunération est
négocié avec la Région. L'établissement
perçoit également la taxe d'apprentissage qui contribue notamment
au financement de matériels à visée pédagogique.
1 Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes
Handicapées.
2 RQTH.
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 10
7. LA RÉMUNÉRATION
Les bénéficiaires ont le statut de stagiaire de
la formation professionnelle lorsqu'ils intègrent
l'établissement. La formation en ERP et CRP est entièrement prise
en charge pour le stagiaire, qui bénéficie, en outre, d'une
rémunération mensuelle assurée par l'Agence de Services et
de Paiement (l'ASP). Le montant net de ces rémunérations compris
entre 652,02 euros (minimum) et 1932,52 euros (maximum) est conditionné
par la présentation de justificatifs de salaire et d'heures
travaillées.
Pour bénéficier de la rémunération
calculée sur l'ancien salaire, le stagiaire doit justifier :
- soit de 6 mois d'activité salariée ou 910
heures, au cours des 12 mois précédent la rupture du dernier
contrat de travail,
- soit de 12 mois d'activité salariée ou 1820,
au cours des 24 derniers mois précédent la rupture du dernier
contrat de travail.
Les périodes de congés payés et les
périodes de chômage sont prises en compte. Si les conditions
citées ci-dessus sont réunies, la rémunération est
égale à 100% du salaire brut moyen des 6 ou 12 derniers mois
travaillés. Si ces périodes d'activité ne sont pas
réunies, le stagiaire bénéficiera d'un forfait de 652,02
euros. Si le stagiaire était travailleur non-salarié, y compris
les ressortissants du régime de protection sociale agricole, il devra
fournir la preuve d'une activité professionnelle durant 12 ou 6 mois
consécutifs dans les 3 années qui précédent son
entrée en stage. Il peut prétendre à la
rémunération forfaitaire de 708,59 euros. Le paiement est
effectué à partir des états de présence mensuels
établis par l'ERP. Dans tous les cas, un dossier
rémunération est envoyé à l'ASP qui étudie
et calcule le montant de la rémunération de chaque stagiaire de
la rééducation professionnelle.
8. L'ORGANIGRAMME
DIRECTRICE PÔLE EMS
ONACVG
DIRECTEUR
ERP MURET
ACCOMPAGNEMENT
Médecin
INTENDANCE
Secrétaire économat
CENTRALE
Gestionnaire
SERVICES GÉNÉRAUX
Maintenance
Restauration
SECRÉTARIAT
Secrétaire
Surveillante
FORMATION
Coordinatrice
PERP/PLP
Contractuels
Documentaliste
Adjoint technique
Entretien
DIRECTRICE GENERALE
ONACVG
Infirmière
Psychologue
Chargé d'Insertion
Assistant de Service Social
Lingerie
Accueil
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 11
Cette organisation est actuellement en mouvement du fait de la
reprise par le nouveau gestionnaire. Nous aborderons ultérieurement les
changements liés à cette reprise.
Illustration 1: Organigramme de l'ERP Vincent Auriol à
juin 2017 (source : Projet d'Etablissement 2015-2019)
9. LA PRÉSENTATION DES PERSONNELS
A ce jour, l'ERP Vincent Auriol est organisé en trois
pôles :
- La centrale composée de 13 agents s'occupe de
l'entretien, de la maintenance, de la gestion, de l'administration et de la
restauration ;
- Le pôle formation composé de 22 professeurs
assure l'enseignement des matières générales et
professionnelles pour les stagiaires en formation diplômante et en
préformation ;
- L'accompagnement composé de 5 agents couvre la
prestation médico-psycho-sociale et l'insertion professionnelle.
Il est important de noter qu'à ce jour, le pôle
médico-psycho-social fonctionne sur une présence partielle, le
poste de la psychologue représentant 0,7 ETP (Equivalent Temps Plein),
celui de l'assistante sociale 0,4 ETP et celui de l'infirmière 0,8
ETP.
Le personnel est composé d'agents fonctionnaires de
l'Etat et de contractuels de droit
public.
10. CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE
CONTEXTUALISATION DE LA DEMANDE 12
1 CMPP.
LA PLURIDISCIPLINARITÉ
La Commission
Médico-Psycho-Pédagogique1 est le lieu de rencontre et
d'échange hebdomadaire des différentes équipes. Elle est
composée de membres permanents issus de chacune des équipes
(psychologue, infirmière, chargée d'insertion, coordinatrice
pédagogique, directeur et adjoint technique) et occasionnels
(enseignants, médecin et toute personne utile à
l'éclairage d'une situation). Elle permet d'exposer les situations
problèmes et d'y apporter des solutions. Elle se réunit une fois
par semaine et sa saisine s'effectue via l'intranet de l'école. Elle est
garante de la cohérence de l'accompagnement du stagiaire pendant tout
son parcours de reconversion.
11. LE PROJET D'ACCOMPAGNEMENT
PERSONNALISÉ
Le Projet d'Accompagnement Personnalisé permet de
construire avec chaque stagiaire les accompagnements et aménagements
dont il a besoin dans le domaine médical, pédagogique ou de
l'insertion tout au long de sa formation. La signature par le stagiaire, le
directeur de l'établissement et le professeur référent du
stagiaire le concrétise.
A leur arrivée, les stagiaires reçoivent une
information collective concernant le PAP. Celui-ci leur est
présenté tant sur le plan du contenu que de la procédure.
Leurs attentes sont recueillies au travers d'un questionnaire. Les stagiaires
sont ensuite reçus en entretien individuel par chacun des interlocuteurs
partie prenante du parcours (infirmière, psychologue, chargé
d'insertion, coordinatrice pédagogique ...). Les besoins et les
possibilités d'accompagnement sont abordés et définis avec
le stagiaire. Chaque professionnel renseigne, à la suite de l'entretien,
le champ qui le concerne sur le PAP. Une fois le PAP rédigé, un
planning organise la signature du document. Chaque stagiaire est
convoqué individuellement pour signer son PAP en présence du
directeur de l'établissement et de son professeur
référent. Les modalités de contact avec le professeur
référent sont rappelées afin que ce dernier puisse
être saisi aussi souvent que de besoin. Ceci permettra notamment au
stagiaire de demander une modification ou actualisation de son PAP en cours de
formation lorsque cela s'avère nécessaire. Une copie du document
signé lui est alors remise. Il est prévu, a minima, une
actualisation du PAP en début de seconde année scolaire. Le
document est annexé au contrat de séjour et classé dans le
dossier administratif du stagiaire.
Le suivi du projet est assuré par le
référent du stagiaire qui s'entretient avec lui
CHAPITRE II : ÉLÉMENTS DE CONTEXTUALISATION DE
LA DEMANDE 13
régulièrement de l'application de son parcours
et des éventuels besoins de réactivation, d'actualisation ou de
modification des éléments mis en place. Au besoin, à sa
demande ou bien à celle de l'équipe, le stagiaire peut être
reçu en CMPP pour revoir les objectifs ou la mise en oeuvre du PAP. La
question peut également être soulevée à l'occasion
du conseil de classe et discutée alors avec le stagiaire.
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 14
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS
L'ANALYSE DE LA DEMANDE
1. LE TRAVAILLEUR HANDICAPÉ
« Est considéré comme travailleur
handicapé, toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de
conserver un emploi sont effectivement réduites par les suites de
l'altération d'une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale
ou psychique ». (Article L. 5213-1 du Code du travail)
Pour se voir reconnaître la qualité de
travailleur handicapé, la personne, à partir de 16 ans (en
activité, en apprentissage, demandeur d'emploi, en recherche d'emploi)
doit résider sur le territoire français, être de
nationalité française ou européenne (Union
Européenne) ou disposer d'un titre de séjour régulier
l'autorisant à travailler.
Cette reconnaissance peut permettre de
bénéficier de l'obligation d'emploi définie par la loi du
10 juillet 1987 modifiée par la loi du 11 février 2005 à
laquelle sont soumis les employeurs (secteur public et secteur privé)
qui ouvre droit :
- Si la personne est en recherche d'emploi :
- au bénéfice des aides de
l'AGEFIPH1,
- à l'accès à la Fonction Publique par
concours ou par recrutement contractuel spécifique,
- à des aides spécifiques vers l'emploi,
versées ponctuellement par l'AGEFIPH ou par le FIPHPF2.
- Si la personne est en emploi :
- à une reconnaissance officielle des
difficultés auxquelles elle peut être confrontée dans le
cadre de son travail,
- au bénéfice d'avantages liés à
son poste (aménagement de locaux, horaires adaptés ...) mais en
restant soumis aux droits et aux obligations du Code du Travail,
1 Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion
Professionnelle des Personnes Handicapées.
2 Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées pour la
Fonction Publique.
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 15
- au bénéfice de l'aide des SAMETH3 (ex
: ergonomie du poste de travail, reconversion professionnelle ...) pour se
maintenir dans l'emploi,
- à un accès plus facile au bilan de
compétences, aux formations professionnelles si la personne souhaite se
former ou changer de métier,
- au bénéfice d'un doublement du préavis
légal en cas de licenciement (maximum 3 mois).
> Travaux autour du handicap et du travail
Plusieurs études (Ville & Ravaud, 1994 ; Ravaud
& Ville, 1986) montrent l'impact direct ou indirect de la situation de
handicap sur le représentation de soi, l'image de soi et l'estime de
soi. La situation est différente selon que le handicap résulte
d'un déficit acquis ou d'un déficit précoce.
Dans le premier cas, il est question d'un certain travail de
deuil et les recherches reprennent les mêmes modèles et les
conclusions quant aux processus engagés par la perte. Pour les
déficits de naissance ou précoces, les mécanismes
divergent des précédents. Portalier (2010) met en évidence
un processus qui débute par l'annonce du handicap, puis par une
période de doute, qu'il nomme « phase apocryptique »,
de culpabilité et de secret, pour aboutir à une phase de
reconstruction parfois perturbée par une instrumentation importante du
déficit.
D'autres études (Anaut, 2008 ; Samuel-Lajeunesse et
al., 2008) traitent plutôt des processus d e coping, de
« faire face », de résilience mis en place par le
sujet confronté à cette nouvelle situation.
Le concept de résilience s'adapte bien à
l'étude des comportements propres à certaines personnes en
situation de handicap. Les préoccupations se concentrent sur
l'étude des stratégies cognitives et les ressources
utilisées pour « accepter » le handicap et retrouver l'estime
de soi supposée perdue. On parle alors de coping ou de
« capacité à faire face » qui renvoie à
« tous les types d'efforts individuels mis en oeuvre pour diminuer ou
contrôler les situations sources de stress et réduire les
émotions négatives consécutives à ces situations
» (Le Disert, 1985). Les études tendent à
révéler qu'il s'agit d'un deuil impossible et que le handicap et
ses conséquences restent, sur le fond, inacceptables.
Les stagiaires accueillis à l'ERP Vincent Auriol
présentent tout type de handicap, que ce soit physique, sensoriel,
neurologique ou psychique. La psychologue nous indique que les stagiaires
accueillis présentent de plus en plus de polypathologies.
3 Service d'Appui au Maintien dans l'Emploi des Travailleurs
Handicapées.
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 16
2. LA MOTIVATION
La motivation est définie comme étant «
le processus physiologique et psychologique responsable du
déclenchement, de l'entretien et de la cessation d'un comportement,
ainsi que de la
valeur appétitive ou aversive
conférée aux éléments du milieu sur lesquels
s'exerce ce comportement. » (Grand Larousse de la Psychologie, 2011,
p. 589). Dit autrement « le concept de motivation
représente le construit hypothétique utilisé afin de
décrire les forces internes et/ou externes produisant le
déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du
comportement. » (Vallerand et Thill ; 1993).
Plusieurs études permettent de faire ressortir trois
caractéristiques de la motivation (Dolan, Lamoureux & Gosselin, 1996
; Feertchak, 1996 ; Vallerand & Thill, 1993) : l'effort, la persistance et
l'orientation :
- l'effort renvoie à la force ou à
l'énergie déployée par le sujet pour atteindre son
objectif : « [...] c'est ce qui déclenche
l'activité, la dirige [...] » (Lévy-Leboyer,
1984, p. 50).
- la persistance fait référence à la
persévérance et à la constance dont fait preuve le sujet
dans son comportement : « [...] la [l'activité]
prolonge tant que ces buts ne sont pas atteints [...] »
(Lévy-Leboyer, 1984, p. 50).
- l'orientation représente la qualité et la
pertinence des comportements adoptés par le sujet : «
[...] la [l'activité] dirige vers certains buts
[...] » (Lévy-Leboyer, 1984, p. 50).
La motivation présente deux aspects différents,
la motivation liée à des facteurs internes, c'est-à-dire
la motivation intrinsèque et celle liée à
des facteurs externes, c'est-à-dire la motivation
extrinsèque. Il nous semble important de souligner ces deux
aspects de la motivation, afin de ne pas tomber dans l'écueil de la
déresponsabilisation liée à une perte ou une absence de
motivation. Nous souhaitons relever qu'au vu de la demande formulée,
nous ne pouvons pas faire l'impasse sur cette double dimension de la motivation
; la demande portant sur l'adéquation de la motivation de certains
stagiaires avec la mission principale de l'établissement, nous devons
envisager l'hypothèse où la personne arriverait en formation
très motivée et verrait celle-ci s'estomper du fait de facteurs
extérieurs liés à son environnement.
Les motivations intrinsèques
réfèrent donc à des activités effectuées
pour elles-mêmes et pour la satisfaction qu'elles génèrent.
On distingue les sources de motivation à l'accomplissement
(liées au sentiment de se réaliser dans l'activité),
à la connaissance (liées à la
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 17
possibilité d'acquérir des connaissances,
d'explorer de nouvelles questions dans l'activité) et à la
stimulation (liées au plaisir sensoriel, aux émotions
éprouvées dans l'activité). Une personne
intrinsèquement motivée choisit librement de s'impliquer dans son
activité et tire « l'énergie » qu'elle y
déploie de l'adéquation qu'elle éprouve entre la pratique
de cette activité et ses valeurs et compétences. C'est ce que
l'on appelle « l'auto-détermination » de la
régulation, qui signifie que le sujet a une part
prépondérante dans la régulation sujet/activité.
Les sources extrinsèques de la motivation sont
extérieures à l'exercice de l'activité car elles
proviennent des buts que celle-ci permet d'atteindre : l'activité est
ici envisagée dans son caractère instrumental. Quatre
types de régulations extrinsèques existent, qui se
différencient par leur degré d'auto-détermination. La
régulation intégrée provient de la représentation
du métier exercé comme constitutif de l'image de soi, comme
composante importante de l'identité. La régulation
identifiée provient d'une activité qui satisfait à des
aspirations importantes de la personne dans sa vie : par exemple, trouver un
équilibre entre la vie de travail et la vie hors travail. La
régulation introjectée renvoie à une activité
effectuée par obligation personnelle, selon des règles ou des
contraintes sociales que la personne a intériorisées et
auxquelles sa conformation préserve son image de soi ou l'image
renvoyée par autrui. Le contrôle de cette régulation
étant à l'origine externe, celle-ci est nettement moins
déterminée que les deux précédentes. La
régulation externe, très peu auto-déterminée, est
liée à une activité contrôlée par
l'extérieur. Un but poursuivi est ici la recherche (ou
l'évitement) de renforcements positifs (ou négatifs).
Vallerand et al. (1989, 1992, 1993) montrent qu'au regard de
cette approche, les comportements volitifs qui se manifestent par
plaisir pour l'activité et qui aboutissent à un sentiment
d'autonomie et de compétence persisteraient dans le temps alors que ceux
issus de motivations ou de contraintes externes seraient plus instables.
D'autres études plus récentes (Carré, 1998, 2004
; Battistelli, Majer et Odoardi, 1993, 1994, 1998 ; Battistelli et Odoardi,
200, 2004) ont également mis au jour cette disparité de
persistance des comportements volitifs en situation de formation
professionnelle ; ces recherches révèlent que la
motivation à la formation est constituée d'orientations, de
motifs et de dimensions, articulés différemment selon les
catégories des sujets et les objectifs de formation avec toutefois une
constante : les facteurs intrinsèques liés au souhait d'apprendre
et de développer de nouvelles compétences activeraient davantage
et de façon privilégiée les conduites d'inscription et de
persistance en formation. En outre, ces composantes motivationnelles
seraient à même d'évoluer et de se combiner
différemment au cours du parcours formatif, en fonction de
l'expérience et de la redéfinition des projets pendant la
formation.
3. CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 18
L'EMPLOYABILITÉ
Désormais l'État demande aux institutions
pédagogiques non seulement de présenter des taux de
réussite importants aux examens mais aussi de mieux gérer
l'insertion professionnelle des bénéficiaires des formations ; et
nous le percevons bien quand la psychologue nous dit que désormais l'ERP
Vincent Auriol est amené à être évalué sur
ses résultats en termes d'insertion professionnelle. Nous pouvons donc
dire que désormais c'est la capacité à rendre
« employable » qui est évaluée au-delà
de la réussite aux examens. Nous intégrons donc cette
notion d'employabilité mais à quoi renvoie-t-elle ?
Selon le Ministère du Travail, la notion
d'employabilité renvoie à « la capacité
d'évoluer de façon autonome à l'intérieur du
marché du travail, de façon à réaliser, de
manière durable, par l'emploi, le potentiel qu'on a en soi...
L'employabilité dépend des connaissances, des qualifications et
des comportements qu'on a, de la façon dont on s'en sert et dont on les
présente à l'employeur ». Selon l'Organisation
Internationale du Travail (OIT), l'employabilité est «
l'aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à
progresser au travail et à s'adapter au changement tout au long de la
vie professionnelle ».
4. LE PROJET
Selon Boutinet (1993) « le projet caractérise
cette conduite éminemment personnelle par laquelle je concrétise
ma pensée, mes intentions à travers un dessin approprié ;
c'est en même temps cette conduite éminemment relationnelle qui me
fait communiquer à autrui mes intentions pour le laisser juge de leur
contenu. Tout projet à l'instar de n'importe quel dessin accomplit donc
deux fonctions : il matérialise une pensée intentionnelle, ce qui
donne l'occasion à l'auteur de mieux savoir ce qu'il veut ; il
communique cette pensée, ce qui permet à autrui de ne pas rester
indifférent face à l'intention qui lui est
présentée.»
Boutinet définit trois traits spécifiques du
projet :
- son exemplarité : « le projet
s'éloigne du banal et du quotidien pour penser un inédit
idéalisé, un ailleurs souhaitable à réaliser »
;
- son opérativité : « nous ne sommes
pas dans le rêve ou dans l'utopie, mais dans une réalisation
désirée à faire advenir d'une façon ou d'une autre,
d'où la nécessité pour un projet de se laisser
concrétiser à travers l'une ou l'autre forme appropriée
d'explicitation ;
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 19
c'est cette dernière qui va rendre opératoire
l'intention » ;
- sa pronominalisation : « le projet n'a rien
à voir avec l'anonymat ; il est toujours lié à un acteur
individuel ou collectif bien identifié qui se décide, se
détermine, s'oriente, s'organise - en un mot- se comporte comme auteur
».
Boutinet (1993) précise la notion de projet
professionnel comme « étant un projet par lequel
l'individu effectue des choix à travers lesquels il entend se
réaliser dans la sphère professionnelle » ;
celui-ci peut comporter trois variantes autonomes mais complémentaires,
qui sont destinées à entrer en interaction voire en tension :
- le projet professionnel d'emploi à quart, tiers,
mi-temps ou plus ;
- le projet professionnel identitaire marqué par une
perspective de réalisation et de continuité dans le même
travail ;
- et le projet professionnel de mobilité ou projet de
carrière échafaudant un itinéraire fait de changements
pour les années à venir.
5. LE CHANGEMENT INSTITUTIONNEL
Comme nous l'avons expliqué dans la présentation
de l'école, l'ERP Vincent Auriol vit actuellement une période
transitoire suite au changement de personne morale effectif depuis le 1er
janvier 2017. Comme toute période de transition, des changements sont en
train et vont s'opérer dans les prochains mois. Les changements vont
probablement impacter la politique stratégique de l'école, ses
lignes directrices et donc certainement les valeurs portées par
l'école. Ceux-ci s'accompagnent ou vont s'accompagner de
résistances potentielles.
5. 1. Les modèles du changement.
Lewin (1951) définit le changement
organisationnel comme le résultat d'une série de forces
qui s'exercent sur l'organisation. Il souligne le caractère
dynamique du processus de changement, en le caractérisant par trois
phases qu'il nomme décristallisation
(defreezing), déplacement
(moving) e t recristallisation (refreezing).
Ces phases s'appliquent aussi bien aux organisations qu'aux systèmes
d'action et aux personnes. La décristallisation correspond à
l'abandon des comportements et des attitudes habituelles et s'accompagne d'une
motivation à changer. En organisation de travail, l'organisation
abandonne certains réflexes professionnels et remet en cause des
compétences clés.
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 20
Les mécanismes qui interviennent dans cette phase sont
d'abord l'inconfort, voire le malaise ou l'anxiété, qui
entraînent le besoin de changer, puis la reconstruction d'une certaine
sécurité psychologique pour pouvoir apprendre autre chose. Le
déplacement est la deuxième phase du processus et correspond
à une phase d'initiation à de nouveaux modes de fonctionnement,
les individus expérimentent de nouvelles actions et changent
progressivement leurs pratiques. Les mécanismes psychologiques en jeu
dans cette phase transitoire sont l'identification à de nouveaux
modèles et l'intériorisation des nouveaux comportements,
permettant d'acquérir une nouvelle manière de penser et d'agir.
Enfin, la recristallisation consiste à rendre permanent un nouveau champ
de forces et à stabiliser le nouvel équilibre atteint ; il s'agit
de rendre le changement durable.
Lewin complète cette théorie par celle du champ
de forces, en insistant sur le fait que toute réalité
consiste en une sorte d'équilibre provisoire entre des forces de
stabilisation et des forces de changement. Pour faciliter un changement, il est
parfois plus facile de supprimer ou de réduire des forces contraires que
de rajouter ou d'augmenter des forces de soutien. Mieux vaut que
l'équilibre ne soit pas trop sous-tension. Si l'équilibration se
réalise en douceur, avec un peu plus de forces incitatives et un peu
moins de forces de résistance ou d'opposition, le mouvement se fera de
lui-même, sans trop d'efforts ou de conflits.
Crozier (1977), quant à lui, propose
une autre définition du changement : « le changement ne peut se
comprendre que comme un processus de création collective à
travers lequel les membres d'une collectivité donnée apprennent
ensemble, c'est-à-dire inventent et fixent de nouvelle façons de
jouer le jeu social de la coopération et du conflit, et
acquièrent les capacités cognitives, relationnelles et
organisationnelles correspondantes. C'est un processus d'apprentissage
collectif permettant d'instituer de nouveaux construits d'action collective qui
créent et expérimentent à la fois une nouvelle
structuration du ou des champs. [...] L'alternative aux formules de changement
technocratiques et/ou autoritaires ne peut être que l'extension et la
généralisation progressive de l'expérimentation,
c'est-à-dire de l'apprentissage collectif et institutionnel à
tous les niveaux, ou plutôt l'organisation des conditions rendant une
telle extension possible. » Au travers de son analyse sociologique
des organisations, il met en évidence le fait que les acteurs
d'une organisation ont des enjeux qui ne coïncident pas toujours
exactement avec ceux de leur structure. Ils veulent maintenir ou
accroître leur marge de liberté, ou même le pouvoir informel
lié à la maîtrise d'une zone d'incertitude qu'ils sont
seuls à détenir. Le changement vient souvent bousculer
ces relations de pouvoir informel qui se constituent inévitablement,
indépendamment des organigrammes et des hiérarchies.
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 21
Après cet exposé théorique des
modèles du changement, il convient d'appréhender
concrètement les changements qui sont en cours ou bien qui se profilent
dans les mois prochains. Pour ce faire le Directeur de l'établissement
nous a proposé de nous entretenir directement avec le Directeur-Adjoint
de l'EPNAK, en charge des ERP. Cet entretien a eu lieu le 2 mai par
téléphone, du fait de la distance entre l'ERP Vincent Auriol et
l'EPNAK.
5.2. Synthèse de l'entretien
téléphonique avec le Directeur Adjoint de l'EPNAK, en charge des
ERP.
L'EPNAK, qui est désormais le nouvel organisme
gestionnaire des neuf ERP de France, a les mêmes missions que l'ONAC
c'est-à-dire :
- piloter les écoles au niveau national,
- mettre en place un projet national pour les écoles
sur lequel viendra s'adosser les projets de chaque école.
Mais son ambition première, qui la distingue de l'ONAC,
c'est de créer un collectif des directeurs d'écoles qui mette en
place des réunions communes que ce soit concernant les budgets, la
gestion, les contenus des projets, choses qui sont déjà mises en
place depuis peu.
Au niveau des changements techniques et juridiques
c'est-à-dire des changements de statuts de l'institution et donc du
personnel repris, il n'y aura pas de changement important au niveau de
l'exercice professionnel à proprement parlé. Ce sont les
professeurs titulaires qui voient leur cadre juridique être le plus
modifié : aujourd'hui ils appartiennent à l'Education
Nationale dans la branche de l'ONAC-VG, or l'ONAC-VG a décidé de
se séparer des ERP et l'Education Nationale en a profité pour
éteindre le corps de métier des professeurs de l'ONAC-VG qui
était un corps à part, donc ces professeurs titulaires vont
être transférés à l'Education Nationale, ils
deviennent des PLP (professeurs de lycée professionnel) : soit
ils décident d'aller enseigner en lycée professionnel dans leur
région soit ils décident de conserver leur activité dans
les ERP et signent un contrat de détachement de 5 ans avec l'EPNAK.
De fait, ils deviennent contractuels, avec la
possibilité de renouveler le contrat tous les cinq ans. Ce nouveau cadre
règlementaire est imposé par les conditions du transfert. Les
organisations syndicales de l'ONAC-VG n'ont pas souhaité que la reprise
se fasse sous droit privé, il a donc été
décidé de reprendre les 500 salariés des neuf ERP de
France sous la fonction publique hospitalière ; les postes d'enseignants
n'existant pas dans ce cadre légal, ils deviennent contractuels. Le fait
d'être contractuels vient impacter le temps de travail
c'est-à-dire qu'il y aura désormais plus de temps de
présence directe avec les stagiaires quand les stagiaires seront
présents et moins voire plus de temps
CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU
DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 22
de présence quand les stagiaires ne seront pas dans les
murs : les temps de présence seront lissés et adaptés aux
présences effectives des stagiaires. Il y aura désormais 735
heures de contact direct auprès des stagiaires, 735 heures de temps de
préparation des cours en autonomie et 130 heures de participation au
projet médico-social de l'établissement et à
l'accompagnement vers l'insertion professionnelle des stagiaires.
La mission de l'EPNAK va être autrement plus importante
que le transfert des contrats de travail des personnels, puisqu'elle se
donne comme objectif de moderniser les ERP en leur permettant de s'adapter aux
enjeux actuels de la rééducation professionnelle. Les
ERP sont sous-dotés financièrement ce qui implique qu'il sont
également sous-dotés en moyens médico-psycho-sociaux et
d'accompagnement à l'insertion. La mission de chaque ERP est
définie nationalement par un décret en cours d'écriture,
cette mission c'est l'insertion sociale et professionnelle des personnes en
situation de handicap, par un biais de formation. Or, on constate, et un
rapport institutionnel de l'ONAC-VG le constatait dès 2012, qu'il y a un
réel décalage entre le projet actuel des ERP et leur mission
nationale ; par exemple, dans un CRP qui a la même mission d'insertion
sociale et professionnelle, les équipes médico-psycho-sociale et
les équipes d'insertion sociale et professionnelle représentent
20 % du personnel, alors que dans les ERP ce taux n'est que de 2 % en moyenne,
aucun ERP ne dépasse les 5 %. On peut donc dire qu'aujourd'hui la
mission de formation est exclusive dans les ERP. Il est impératif de
moderniser les ERP parce que les financeurs, qui sont l'ARS pour le prix de
journée et la Région pour les rémunérations des
stagiaires, peuvent à tout moment demander aux ERP de fermer en raison
soit du manque d'adaptation des formations aux personnes en situation de
handicap soit du manquement à la mission d'insertion sociale et
professionnelle. L'EPNAK a donc comme objectif de développer les
pôles MPD et ISP afin d'adapter l'accompagnement proposé au public
accueilli.
Enfin la dernière mission confiée à
l'EPNAK dans le cadre de cette reprise d'activité est de mettre
en place des laboratoires d'idées, de développer d'autres formes
d'accompagnement des personnes en situation de handicap : par exemple
concernant le dispositif d'emploi accompagné entré en vigueur au
1er janvier, l'EPNAK va proposer à une ou deux écoles
de tester le dispositif. L'emploi accompagné est un dispositif qui
propose un accompagnement professionnalisé et individualisé
à des personnes en situation de handicap rencontrant des
difficultés dans leur insertion sociale et professionnelle ou dans leur
maintien dans l'emploi, sans passer par un dispositif de formation en ERP ou
CRP.
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
23
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL
D'INDICATEURS
Au préalable de l'analyse des différents
indicateurs nous souhaitons poser que, la grande majorité des
chiffres obtenus n'ayant que trois ans d'antériorité, nous ne
sommes pas à même de pouvoir parler de tendance
statistique. Aussi, les évolutions des indicateurs seront
analysées avec prudence et serviront surtout à proposer quelques
pistes d'investigation qui seront discutées et mises à
l'épreuve par la suite dans le cadre de notre intervention.
1. PATHOLOGIES DES STAGIAIRES
Nous avons recueilli différents indicateurs d'ordre
médical auprès de l'infirmière de l'établissement.
Il est important de relever que ces indicateurs sont établis
à partir des entretiens infirmiers d'entrée en formation,
c'est-à-dire sur la base des déclarations des stagiaires
; le service médical de l'ERP Vincent Auriol n'ayant plus
accès aux dossiers médicaux de la MDPH depuis plusieurs
années. Ces données n'étaient pas informatisées
mais contenues sur des documents papiers, elles n'étaient pas non plus
analysées statistiquement. Nous les avons donc informatisées et
analysées dans les trois tableaux suivants.
Tableau 3: Typologies des pathologies des stagiaires de l'ERP
Vincent Auriol (source : suivi infirmier de l'ERP Vincent Auriol)
Sur les trois dernières années, nous constatons
que les principales formes de pathologies des stagiaires
(ayant entrainé la reconnaissance de travailleur handicapé) sont
les déficiences motrices et les déficiences
viscérales et métaboliques. L'infirmière et la
psychologue avaient construit ce tableau de bord afin de mieux connaître
l'évolution des types de pathologies des stagiaires accueillis. Il leur
avait semblé, en effet, que les stagiaires «
présentaient de plus en plus
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
24
des pathologies psychiques », or nous constatons
un décalage entre leur perception et la réalité. La mise
en oeuvre de ce tableau n'avait pas confirmé cette impression. Cela est
tout de même à relativiser du fait qu'il ne s'agit là que
de la pathologie principale (et initiale), c'est-à-dire celle qui a
engendré la reconnaissance de travailleur handicapé par la
MDPH.
Tableau 4: Origine des pathologies des stagiaires de l'ERP
Vincent Auriol (source : suivi infirmier de l'ERP Vincent Auriol)
La maladie est donc la principale cause du
handicap chez les stagiaires de l'ERP Vincent Auriol, suivie par les
accidents de travail, puis par les accidents de la vie privée.
Ces données mettent également au jour une certaine
évolution au niveau de la répartition des sources de handicap :
le taux de handicaps issus de maladie reste le plus important mais il tend
à diminuer (-10 points sur les 3 dernières années)
notamment au profit du taux d'accident du travail qui reste en deuxième
position mais qui a gagné 6 points sur la même période.
Cela nous apprend que, pour l'ensemble (sauf 1 en 2016) des
stagiaires de l'ERP Vincent Auriol, le handicap est acquis et n'est pas
inné. Il est donc bien question de transition, de changement
dans la vie personnelle et professionnelle et donc de redéfinition d'une
nouvelle identité en acceptation de la pathologie.
Tableau 5: Nombre de pathologie(s) par stagiaire (source :
suivi infirmier de l'ERP Vincent Auriol)
Sur les trois dernières années, le taux de
personnes ne présentant qu'une seule pathologie recule de 6 points pour
s'établir à 40 % en 2016. Nous constatons que le taux de
personnes déclarant trois pathologies ou plus augmente fortement sur
cette période, passant de 7 % des stagiaires en 2014 à 16 % en
2016. En calculant le nombre de personnes ayant au moins deux
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
25
A la lecture de ces données nous constatons que
les arrêts de formation non seulement n'augmentent pas
en valeur relative sur les trois dernières années, mais a
contrario semblent
pathologies, nous obtenons un ratio de 53 % en 2014, 55 % en
2015 et de 60 % en 2016 soit une progression constante du taux de
personnes présentant une polypathologie, comme nous le disait
la psychologue.
Ces indicateurs doivent être mis en relation avec ceux
représentant les typologies de pathologies : nous disions
précédemment que le faible taux de pathologies psychiques devait
être nuancé, puisqu'il ne s'agissait là que de la
pathologie principale. Le taux important de poly-handicap abonde dans ce sens
là : certains stagiaires présentent une pathologie principale,
qui a déclenché la reconnaissance de travailleur handicap, et une
ou plusieurs autres pathologies annexes, qui ont pu soit apparaître
après la RQTH, soit avant celle-ci mais sans qu'elle soit
considérée comme la pathologie principale par le stagiaire.
2. ARRÊT DE FORMATION
Tableau 6: Arrêts de formation et motifs d'arrêts
à l'ERP Vincent Auriol (source : tableaux de bord administratifs
déclarés à l'ONAC)
L'Adjoint Technique nous a transmis les données
concernant l'évolution des arrêts de formation sur les trois
dernières années. Les données n'étant pas
informatisées ni traitées statistiquement, nous les avons
analysé et présenté informatiquement. Les chiffres
transmis sont ceux que l'établissement déclare annuellement
à l'institution publique gestionnaire, c'est-à-dire l'ONAC-VG
jusqu'en décembre 2016.
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
26
diminuer (en retrait de 5 points entre 2014
et 2016). Le principal motif des arrêts de formation concerne des
problèmes liés à la santé des
stagiaires. Sur la dernière année, deux personnes ont
arrêté la formation parce qu'elles avaient trouvé un emploi
en cours de formation. Il s'agit donc d'une insertion professionnelle
réussie bien que la formation n'ait pas été menée
à son terme.
3. ABSENCES INJUSTIFIÉES
Lorsque nous avons demandé à l'Adjoint Technique
les tableaux de suivi d'absentéisme,
Tableau 7: Absences injustifiées par secteur et par
niveau (source : extractions du logiciel de vie scolaire ProNote)
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
27
nous avons constaté que ces tableaux de suivi
n'existaient pas. Il nous a donc fallu aller rechercher les
informations directement sur l'outil de gestion des présences et des
absences, ProNote. ProNote est un outil informatique de gestion de la vie
scolaire créé en 1999 et utilisé dans plus de 6000
établissements scolaires, selon les données de son
développeur Index Education.
Sans formation à l'outil, nous avons recueilli
les données statistiques brutes qui nous semblaient pertinentes en
fonction des motifs d'absences sans justification. Nous les avons
ensuite synthétisées et rassemblées dans le tableau
suivant.
A la lecture de ces données nous constatons des
évolutions importantes au niveau de l'absentéisme
injustifié au sein de certaines promotions, sur les quatre
dernières années scolaires : les «
Bâtiment 1ère année », les
« Cordonnerie 2ème année »,
les « Pré-formation 6 mois ». En ce
qui concerne les autres promotions, le taux d'absentéisme
injustifié semble diminuer. Cela nous interroge sur les raisons de ces
hausses localisées : s'agit-il d'un problème d'orientation ; les
personnes s'absenteraient plus car elles ne suivent pas, ou bien parce qu'elles
ne sont pas intéressées par la formation ?
4. INSERTION PROFESSIONNELLE
Les données relatives à l'insertion
professionnelle sont celles qui nous ont été les plus difficiles
à appréhender ; Dans un premier temps, nous avons
interrogé la chargée d'insertion, qui nous a communiqué un
document très difficilement exploitable. Nous avons tout de même
tenté de les remanier, les traitements qui en avaient été
faits nous semblant peu cohérents. Ensuite, le Directeur nous a
communiqué le dernier rapport annuel (2016), sur lequel nous n'avons pas
pu retrouver les données transmises par la chargée d'insertion.
Après avoir interrogé le Directeur sur ces incohérences,
il nous a transmis les tableaux de bords bruts ayant servis au rapport annuel
c'est-à-dire les tableaux de suivis établis à la demande
de l'ONAC-VG. C'est donc à partir de ces tableaux que nous avons
ressorti les chiffres ci-dessus présentés.
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
28
Tableau 8: Taux d'insertion professionnelle à 6 mois
et à 18 mois (source : extractions issues des tableaux de bord officiels
transmis à l'ONAC-VG)
La lecture de ces données fait apparaître un
taux d'emploi à 6 mois de 45 % pour les promotions sorties en
juin 2015 et de 35 % pour les promotions sorties en juin
2016. Ce taux d'emploi à 18 mois serait de 33 % pour
les promotions sorties en juin 2014 et de 64 % pour les
promotions sorties en juin 2015.
Ces chiffres nous posent question à différents
niveaux :
- au niveau de l'emploi : parce
qu'ils ne prennent pas en compte la durée des Contrats à
Durée Déterminée (cela peut être un jour
comme 2 ans) ; parce qu'ils ne distinguent pas les emplois par
métier, il nous semblerait pertinent de vérifier si les
formations dispensées permettent l'emploi dans le domaine de formation
à l'issue de celle-ci ;
- au niveau de la poursuite d'études :
parce qu'ici sont considérées comme des poursuites
d'études, les formations de même niveau, les formations de niveau
supérieur, voire même les formations de niveau
inférieur.
Ces différentes questions nous poussent à penser
que les chiffres officiels relatifs à l'insertion sont à
nuancer à la baisse si l'on souhaite avoir une vision plus objective de
la réalité. Les premières données
transmises par la chargée d'insertion, une fois retraitées, nous
ont donné la même impression : nos retraitements statistiques
étant bien inférieurs à ceux présentés dans
le document interne. Cela nous pose question d'autant plus que lors de la
réunion d'accueil des nouveaux stagiaires de pré-formation
entrés au 1er mars, la chargée d'insertion
communique
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
29
oralement un taux de réinsertion de 60 %.
5. ACTIVITÉ
Le tableau suivant concernant les données relatives
à l'activité de l'établissement est extrait du rapport
annuel de gestion 2016, que le Directeur nous a transmis.
Tableau 9: Suivi d'activité de l'ERP Vincent Auriol
(source : Rapport Annuel 2016)
A la lecture de ces données extraites du rapport annuel
2016, nous constatons une baisse de l'activité financière
liée à une augmentation significative des absences pour raison de
santé. Cette importante croissance du taux d'absences pour
raison médicale fait sens par rapport à l'augmentation du nombre
de stagiaires entrant en formation à l'ERP Vincent Auriol sans
être stabilisés dans leur pathologie, dont nous parlait
l'infirmière. En effet, si les stagiaires sont de plus en plus nombreux
à ne pas être stabilisés dans leur pathologie,
c'est-à-dire soit avec des traitements en cours d'ajustement soit avec
des aggravations de leur santé liées à leur pathologie,
nous comprenons qu'ils soient plus nombreux à devoir s'absenter au cours
de la formation. Par ailleurs, au travers de l'entretien que nous avons eu avec
la Directeur, nous postulons que cette évolution du taux
d'absences pour raison de santé peut également s'expliquer en
partie par des « arrêts maladie » de complaisance
; c'est-à-dire des arrêts maladie «
facilités par les médecins traitants ». Cette remarque
pose une autre question, en lien avec cette évolution importante du taux
d'absences pour raison de santé : certains stagiaires de l'ERP Vincent
Auriol, au-delà du fait de disposer d'une
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
30
RQTH, bénéficient une invalidité de
catégorie 1 ou de catégorie 2 de la part de la Caisse Primaire
d'Assurance Maladie. Il est intéressant de noter que ces stagiaires,
dans le milieu ordinaire du travail, exerceraient une activité à
temps partiel à entre 70 % et 50 %. Nous pouvons alors nous
demander si une formation de deux ans, voire plus en cas d'entrée en
pré-formation, à temps plein est adaptée à ces
stagiaires là, ayant une reconnaissance d'invalidité par la
CPAM.
6. RÉSULTATS AUX EXAMENS
Les données concernant les résultats aux examens
nous ont été transmises par la coordinatrice pédagogique ;
ces chiffres sont transmis annuellement à l'ONAC-VG. Nous en avons
simplement fait une synthèse dans le tableau suivant.
Tableau 10: Résultats aux examens des stagiaires de
l'ERP Vincent Auriol (source : tableaux de bord ONAC-VG)
A la lecture des résultats totaux de réussite
aux examens, les résultats semblent baisser très
légèrement ; bien que les résultats totaux sur
2016 restent très convenables. En affinant les résultats
par niveaux, nous observons un retrait important du taux de
réussite aux examens de niveau IV (niveau Baccalauréat),
sur les trois dernières années. Nous avons donc cherché si
cette importante baisse était équitablement répartie sur
les trois secteurs d'activité ou bien si elle ne correspondait
qu'à un seul secteur d'activité. Il apparaît qu'elle
renvoie à un très fort recul des résultats aux
examens du secteur artisanat en niveau IV ; les résultats
passant de 100 % de réussite en 2014 à 50 % de réussite en
2016. Rappelons que le secteur de l'artisanat englobe les
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
31
domaines de la cordonnerie-multiservice, de la botterie et de
l'horlogerie et qu'il n'y a qu'une seule formation de niveau IV dans ce
secteur, le Brevet des Métiers d'Art en horlogerie qui équivaut
à un niveau Baccalauréat. Nous constatons donc que la très
forte chute relevée renvoie à une très nette baisse des
résultats aux examens de ce diplôme. Cela nous amène
à nous interroger sur les raisons de ce très net recul. Au cours
des entretiens exploratoires que nous avons réalisés, certains
membres de l'équipe médico-psycho-sociale nous ont indiqué
que certains stagiaires de cette formation disent clairement que ce
diplôme ne les intéresse pas, qu'un « CAP est suffisant
pour eux ». Toutefois, nous nous devons de rester prudent sur
l'interprétation de ces résultats, qu'il conviendrait de nuancer
et/ou d'objectiver en connaissant le nombre de personnes concernées.
Il est à noter qu'à ces chiffres d'ajoutent un
certain nombre de stagiaires qui n'ont pas pu présenter les examens
(principalement pour des raisons de santé) : ainsi on relève 15
stagiaires dans ce cas en 2015 et 12 en 2016 ; ce chiffre n'étant pas
disponible pour l'année 2014.
Les taux de résultats aux examens sont à mettre
en parallèle avec un autre indicateur spécifique à cette
année 2016-2017 : le taux de stagiaires n'ayant pas effectué leur
période de formation en milieu professionnel. C'est la
première année que l'équipe pédagogique se trouve
face à cette situation où 4 voire 5 stagiaires tous en
deuxième année (niveau IV) n'effectuent pas leur période
de stage en entreprise (3 voire 4 en horlogerie et un en gestion
administration). La coordinatrice pédagogique nous rapporte que ces
personnes lui disent très clairement ne pas vouloir passer le
diplôme : le Brevet des Métiers d'Art pour l'horlogerie et le
Baccalauréat Professionnel pour la gestion administration.
7. ÉVOLUTION DU PUBLIC ACCUEILLI
Au vu de la demande formulée, nous nous interrogeons
sur une éventuelle évolution du public accueilli et souhaiterions
pouvoir l'objectiver à l'aide d'une base de données. Nous
constatons qu'il n'existe aucune base de données unique à l'ERP
Vincent Auriol ; la psychologue nous informe que quelques années
auparavant une stagiaire de Master 1 en psychologie du travail et des
organisations avait établi un fichier unique mais que celui-ci n'a
jamais été actualisé par le personnel. Nous pensons que
cela est dommage et qu'une base de données unique même sur excel
serait un outil de suivi pertinent tant pour la Direction que pour l'ensemble
du personnel administratif, médico-psycho-social, d'insertion
professionnelle et pédagogique. La psychologue nous transmet
la base du fichier qui existait ainsi qu'un fichier
qu'elle-même tient à jour avec les
CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS
32
informations dont elle dispose : ce fichier
est issu d'un fichier de suivi des effectifs mis à jour par l'adjoint
technique et comporte, au-delà des données socio-biographiques,
des informations pertinentes concernant le niveau de formation
antérieur, la durée totale d'expérience professionnelle,
la durée totale d'inactivité, la durée d'inactivité
avant l'entrée, le type de revenu avant l'entrée en formation, la
raison du choix d'orientation, l'organisme accompagnateur éventuel, le
nombre de rendez-vous avec la psychologue. Il existe trois champs
supplémentaires qui ne sont pas renseignés, il s'agit du
bénéfice du tiers-temps, du type de
pathologie et de la rémunération perçue
pendant la formation. La psychologue nous explique qu'elle souhaitait
que les données liés au tiers-temps et à la pathologie
soient renseignées par l'infirmière de l'établissement,
à partir d'un codage s'agissant du type de pathologie, afin de conserver
un niveau de secret partagé entre l'infirmière et la psychologue.
La psychologue regrette que la mise à jour des ces
éléments là n'ait jamais été faite.
8. SYNTHÈSE DES INDICATEURS RECUEILLIS
En synthétisant les éléments
chiffrés pertinents présentés précédemment
nous relevons :
- une stabilité des types de pathologie principale :
pathologies motrices puis pathologies viscérales, métaboliques
;
- une prévalence des maladies comme origine de la
pathologie principale ; mais une croissance du taux d'accident de travail ;
- une hausse significative du taux de stagiaires en
situation de poly-handicap ; - une baisse du taux
d'arrêt de formation ;
- une hausse du taux d'absences injustifiées
notamment en Bâtiment 1, en cordonnerie 2 et en pré-formation 1
;
- des chiffres d'insertion valorisés ;
- une baisse du chiffre d'affaires liée à
des absences pour raison de santé ;
- un très bon niveau général de
réussite aux examens mais un recul important du taux de
réussite au Brevet des Métiers d'Art Horlogerie.
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 33
Nous avons tiré au sort le panel des stagiaires que
nous allions inviter à ces entretiens. Nous nous sommes entretenus avec
douze stagiaires de l'ERP Vincent Auriol, dix hommes et
deux
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES
Afin de pouvoir mieux appréhender les contours de la
demande qui nous est faite, nous nous sommes entretenus avec certains
stagiaires de l'établissement ainsi qu'avec certains membres de
l'équipe pluridisciplinaire. L'objectif premier de ces entretiens est de
pouvoir accéder au sens que ces personnes mettent derrière la
question des motivations des stagiaires dans leur formation et dans leur
parcours de réinsertion professionnelle.
Dans notre intervention, les entretiens semi-directifs sont
menés dans l'esprit de Blanchet (1992) et non celui de Rogers (1951),
plus adapté aux situations de thérapie. Ce sont des entretiens
qui se rapprochent des entretiens semi-directifs mais qui sont presque
non-directifs puisqu'étant menés dans une démarche
exploratoire. Ainsi, la consigne de départ est volontairement
relativement large afin de permettre au sujet de se projeter, d'associer,
d'élaborer son propre discours ; il doit pouvoir construire le sens de
ses dires avec l'aide de l'interviewer.
L'introduction à l'entretien commence par
l'exposé du contexte d'intervention et des aspects déontologiques
; Dans le but d'écarter le biais de désirabilité sociale
nous précisons que nous cherchons simplement à recueillir leur
propre vision de la motivation des stagiaires de l'ERP Vincent Auriol.
Dans une démarche de compréhension
psycho-sociale du phénomène considéré, nous avons
choisi d'interroger autant des stagiaires que des membres du personnel de l'ERP
Vincent Auriol. Cette démarche psycho-sociale s'appuie sur les
travaux développés par Doise (1982) et notamment
au travers de son modèle d'analyse à quatre niveaux :
intra-personnel, inter-personnel, positionnel et idéologique.
Au-delà de la prise en compte des quatre niveaux, la
spécificité de l'approche psycho-sociale réside dans
l'articulation des niveaux entre-eux. En ce sens, cette approche
peut-être qualifiée de systémique. Nos entretiens sont
menés dans cette perspective là.
1. ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES
STAGIAIRES
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 34
femmes dont l'âge allait entre 27 et 58 ans,
avec une moyenne de 45 ans. Nous ne souhaitons pas présenter
plus en détail les participants afin de garantir leur anonymat :
plusieurs d'entre eux nous ont interrogés sur le devenir et
l'utilisation de leurs propos, bien que le cadre soit posé en
début d'entretien. Les entretiens ont eu lieu dans un bureau
fermé, en face à face. Ils n'ont pas été
enregistrés afin de faciliter la libre parole des participants ; Des
notes ont été prises pendant les entretiens.
1. 1. Grille d'entretiens exploratoires avec les
stagiaires. Consigne de départ :
« Pour commencer je me présente au cas
où vous ne sauriez pas qui je suis : je suis Marlène Bedos,
stagiaire à l'ERP Vincent Auriol depuis le 20 février et jusqu'au
30 juin dans le cadre de mon Master 2 Professionnel de Psychologie Sociale du
Travail et des Organisations à l'Université Jean Jaurès.
Dans ce cadre là, je réalise une étude de terrain qui fera
l'objet de mon mémoire professionnel.
Je tiens à vous remercier d'avoir accepté de
participer à cet entretien qui va me permettre de recueillir des
informations concernant les motivations des stagiaires dans leur formation.
Vous avez donc été tiré au sort pour participer à
cette phase d'entretiens.
Sachez que nos échanges resteront confidentiels et
anonymes et que vous pourrez si vous le souhaitez interrompre notre entretien
à tout moment, conformément au Code de déontologie des
psychologues. Je vais prendre des notes à l'aide de mon ordinateur, mais
je vous assure qu'elles seront protégées.
Avez-vous des questions ?
Pouvez-vous me parlez de votre motivation pour la
formation que vous suivez, puis de manière plus générale
de votre ressenti concernant la motivation des stagiaires de l'ERP Vincent
Auriol ? »
Questions de relance :
« Quels freins et quelles ressources voyez-vous
à votre investissement dans un projet de réinsertion
professionnelle ? »
« Que pensez-vous de l'accompagnement proposé
par l'ERP Vincent Auriol ? Est-il aidant, facilitant ou non, selon vous ?
»
« De manière plus large, que pensez-vous de
l'ERP Vincent Auriol ? Qu'est-ce qui pourrait être amélioré
? »
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 35
1. 2. Analyse des entretiens exploratoires avec les
stagiaires.
- Le niveau intra-personnel qui cherche
à expliquer l'attitude d'un individu et son comportement ; il s'agit de
décrire « la manière dont les individus organisent leur
perception, leur évaluation de l'environnement social et leur
comportement au égard de cet environnement. ». Les stagiaires
que nous avons interrogés sont, pour certains, très
motivés et d'autres semblent l'être beaucoup moins. Ceux qui
semblent motivés mettent en avant une volonté à se
réinsérer professionnellement, l'un formule «
Ce que j' attends de l'ERP c'est de sortir avec le diplôme et trouver du
travail. Le diplôme ce n'est qu'un moyen pour y arriver, je ne veux plus
rester à rien faire », un autre « le métier
c'est même plus que ce que j'attendais, c'est passionnant, c'est ce qu'il
me fallait comme métier ». Toutefois, certains évoquent
des camarades qui ne sont pas impliqués dans la
formation, car ils n'ont pas vraiment de projet de
réinsertion ne sont donc pas assidus, l'un des stagiaires nous
dit « il y a d'autres stagiaires qui sont dans toutes les formations,
une grande partie des stagiaires sont là pour combler un vide, pour
faire quelque chose » « il y a des individus qui n'assurent pas,
c'est pas bien pour l'école, je sais pas on les a peut être
forcés à venir à l'école, ils tiennent pas la
route. Mais il y en a d'autres qui ont des difficultés mais qui ont
envie de s'en sortir ». Un autre stagiaire interrogé estime
que beaucoup de personnes en formation à l'ERP Vincent Auriol
n'ont pas accepté leur handicap, il formule « Aussi
ici beaucoup n'ont pas accepté leur handicap. Donc on est là
contre notre gré un peu, on aurait préféré
continuer notre vie d'avant ». Globalement il ressort donc des
entretiens que nous avons menés avec les stagiaires la grande
diversité des profils des personnes accueillies en formation au sein de
l'ERP Vincent Auriol.
- Le niveau inter-personnel ou groupal qui
consiste à analyser les relations entre les individus et la dynamique de
groupe. Certains stagiaires regrettent le manque de dynamique de groupe
au sein de l'établissement, l'un nous dit « La
créativité ici n'existe pas ici et tout part de la
créativité à mon avis ; c'est une dynamique que je
m'attendais à voir ici, mais non. Une dynamique de groupe qu'il manque,
on est dans le même bateau ici il faut échanger mais j'ai trop
l'habitude des pays du nord. Ici tout est divisé ». L'un des
stagiaires interrogés évoque des problèmes
relationnels majeurs entre les enseignants professionnels de cordonnerie
qui impactent négativement la qualité de la formation,
il
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 36
nous confie « J'ai été voir 2 ou 3 fois
le directeur, il dit que c'est une querelle entre les deux mais non c'est un
qui est en train de détruire l'autre. Ici on vient nous dire qu'il faut
fermer sa bouche. Quand tu rentres dans un atelier divisé ça fait
bizarre, je trouve que c'est à la direction de mettre ça en
place, que c'est de l'éducation dans l'atelier. Je trouve que ça
nous nuit énormément ». Plusieurs stagiaires
interrogés nous parlent de la vie quotidienne au sein de l'ERP
Vincent Auriol, c'est-à-dire de la vie en communauté ;
Ils estiment que l'internat et la qualité des repas proposés sont
inadaptés : « Je suis interne ici et ça me pèse
très lourd », « J'ai une pathologie qui fait que je dois
suivre un régime particulier, ici ils veulent pas entendre. Ils trouvent
que la nourriture est bonne, donc j'ai arrêté de manger à
la cantine » « la bouffe c'est pas la joie ». Enfin,
certains stagiaires évoquent un bon esprit d'entraide entre eux
qui représente un soutien important : « Il y a de
l'entraide et du respect entre nous. On est bien parti, c'est une bonne classe,
ça se passe bien », « dans la classe il y a une bonne
motivation, il y a de l'entraide, c'est important aussi le contexte social
».
- Le niveau positionnel ou organisationnel
qui tente d'expliquer les comportements, les jugements et les
attitudes en se référant à la position sociale ou au
rôle de l'individu. Comme les membres de l'équipe
pluridisciplinaire l'avaient abordé, des stagiaires nous parlent du
manque de communication en interne, l'un énonce
« c'est particulier, il n' y a pas de communication, même au
niveau du personnel. Ils n'ont même pas présenté les
professeurs entre eux », un autre dit « il y a un
très gros manque de communication, c'est possible que cela puisse
impacter la motivation des stagiaires. Par exemple, une fois on est
allés voir le directeur parce qu'un stagiaire était violent, il
nous a dit de faire un courrier, on l'a fait. La personne a été
« virée » enfin on le suppose car personne nous l'a dit. On
n'a eu aucune réponse à notre courrier ». D'autres
stagiaires interrogés évoquent un problème de
confiance envers le personnel pouvant entraîner l'isolement de certains
stagiaires : « Je connais des élèves qui ont
pris tellement sur eux qui ont développé des pathologies
physiques. Ils n'avaient pas confiance envers certaines personnes du personnel
» « je vois pleins de gens qui sont isolés ici, il faut une
adaptation spéciale ici pour ces gens ». La question de la
confiance peut se rapprocher d'une interrogation soulevée par certains
stagiaires concernant l'adaptation des formations au marché du
travail, ils nous disent « avec un bac c'est limite pour
trouver du travail, on nous l'avait pas dit ça », « Il y a un
nouveau logiciel qui va monter le projet architectural en 3D, il s'appelle BIM
et il mesure
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 37
et calcule. Donc le métier d'économiste du
bâtiment est un métier qui est voué à
disparaître. Ca aussi on nous l'avait pas dit en entrant », «
la formation n'est pas assez complète, je suis déçue, les
offres d'emploi c'est souvent des BTS qui sont demandés, pas des
Bac», et aux pathologies des stagiaires : «
j'ai 45 min de trajet pour venir tous les jours et avec ma pathologie et le
fait que la formation soit à temps plein ça me fatigue, c'est de
la fatigue musculaire que je ressens ». Il est donc également
question de l'orientation de certains stagiaires par la MDPH,
des stagiaires racontent : « il y a un problème d'orientation
pour certains stagiaires qui n'ont pas les compétences pour y arriver,
certains savent qu'ils ne bosseront jamais dans ce métier. Donc
ça freine ceux qui veulent avancer » « j'ai pas l'impression
que tout le monde vient ici pour un futur ». Les stagiaires
s'interrogent sur l'adaptation de l'établissement au public
accueilli c'est-à-dire des personnes en situation de handicap, aux sens
structurel et fonctionnel ; ils disent : « Aussi il n'y a que
2 places handicapés, alors qu'on est plus de 100 handicapés ici.
Je peux pas rentrer ma voiture dans le parking alors que je suis
handicapé, donc je dois transporter mes valises à pied alors que
mon handicap c'est les pieds. On n'a pas d'explication, si ça plait pas
va voir ailleurs » « il y a d'autres priorités apparemment
mais un des bâtiments est amianté par exemple et ils nous disent
qu'ils ne peuvent rien faire » « les moyens ne sont pas assez
conséquents par rapport aux difficultés des stagiaires, par
rapport à l'époque actuelle aussi » « Moi j'ai un
handicap aux pieds et j'ai jamais autant marché qu'ici. J'ai jamais eu
autant de problèmes de papiers qu'ici, je suis assez
démotivé, je suis assez aplati aujourd'hui » « rien
n'est adapté pour des gens handicapés. Je crois que c'est un
centre de mutilé de guerre à la base et ça n'a pas
évolué ». Dans le même ordre d'idée, un
stagiaire nous dit qu'au vu du coût de la formation il aurait
espéré qu'elle soit de meilleure qualité :
« je coute plus de 150 000 € pour ce prix là j'aurais
aimé avoir un enseignement de qualité. Je trouve pas qu'on est
aidé. Je trouve que c'est très dommage que l'Etat m'a
financé très cher une formation dont j'aurais pu mieux
bénéficier s'il y avait eu de bonnes conditions ».
- Le niveau idéologique qui s'attache
à prendre en compte les idéologies, les systèmes de
croyances et de représentations, les systèmes d'évaluation
et de normes au sein des groupes sociaux dans l'analyse des comportements.
Plusieurs stagiaires estiment que certains professeurs les
considèrent comme des enfants, ils nous disent : « le
côté très scolaire, ça craint. On est pris comme si
on sortait de l'oeuf », « On est traités comme des gamins
ici
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 38
c'est déjà un truc », « Certains
profs nous parlent comme à des enfants ». Des stagiaires
considèrent que certains membres du personnel n'ont pas les
compétences nécessaires pour la double mission d'insertion
sociale et professionnelle d'adultes en situation de handicap qui leur ai
confiée, ils expriment : « la dignité de
l'humain est très rare ici. Je crois que c'est dû à
l'éducation générale des gens qui travaillent ici. Ici
c'est très fin entre le médical et l'enseignement, donc il faut
des personnes compétentes dans ces deux domaines » « Ici ils
s'en foutent. J'ai pas l'impression que eux travaillent pour nous aider nous,
c'est des fonctionnaires, c'est tout, ils sont pas là pour nous aider
» « on est regardés comme des gens à côté
de la plaque aussi ça aide pas ».
2. SYNTHÈSE DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES
STAGIAIRES
Le panel de stagiaires que nous avons vus est constitué
globalement d'autant de personnes motivées par leur formation que par
des personnes dont la motivation ne nous semble pas évidente. Par
ailleurs, Il a été plus difficile de rencontrer des stagiaires a
priori peu impliqués dans leur formation. Certains des stagiaires
interrogés abordent sans problème le fait que
l'orientation par la MDPH n'est pas toujours pertinente.
Cependant, certains font état de freins à la motivation
au sein de l'ERP Vincent Auriol notamment le défaut d'adaptation
de l'établissement à un public d'adultes en situation de handicap
(tant au niveau de l'organisation du temps de formation qu'au niveau
de l'internat ou qu'au niveau de la qualité des repas), à cela
certains s'interrogent sur la pertinence des formations par rapport aux
exigences du marché du travail. Ils évoquent
également un manque de communication, certains disant
notamment qu'on leur a menti à leur arrivée sur les
débouchés à l'issue de la formation, sur les types de
pathologies accueillies, sur l'avenir du métier pour lequel ils sont
formés. Ils parlent d'un malaise au sein de
l'école, de tabous importants et se sentent
infantilisés. Certains rapportent également un
manque de confiance envers le personnel accompagnant.
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 39
3. ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES ÉQUIPES
PLURIDISCIPLINAIRE ET PÉDAGOGIQUE
Nous avons reçu onze membres du personnel de
l'ERP Vincent Auriol : cinq personnes de l'équipe pluridisciplinaire et
six enseignants. Les entretiens ont lieu soit dans un bureau
fermé soit en salle des professeurs en face à face, selon la
disponibilité des bureaux. Les membres de l'équipe
pluridisciplinaire avec lesquels nous nous sommes entretenus sont :
l'assistante sociale, la chargée d'insertion professionnelle,
l'infirmière, la coordinatrice pédagogique et le directeur. Les
membres du corps professoral que nous avons interrogés sont soit des
enseignants de matières générales (mathématiques,
langues vivantes) soit des enseignants de matières professionnelles
(économie, gestion, architecture du bâtiment etc). Nous avons
choisi de nous entretenir principalement avec des enseignants n'ayant pas fait
le choix a priori de quitter l'établissement à la fin de
l'année scolaire (pour rejoindre l'Education Nationale et enseigner en
lycée professionnel). Les entretiens n'ont pas été
enregistrés mais des notes ont été prises au fur et
à mesure. Là aussi, certains enseignants se sont
inquiétés de l'utilisation de leurs propos, même plusieurs
semaines après les entretiens et ce malgré le cadre posé
dès le début.
3. 1. Grille d'entretiens exploratoires avec le
personnel. Consigne de départ :
« Je vous ai invité à cet entretien
afin de recueillir votre impression, votre ressenti en ce qui concerne la
motivation des stagiaires de l'ERP Vincent Auriol dans leur formation. Dans le
cadre de mon Master 2 Professionnel en Psychologie Sociale du Travail et des
Organisations, j'ai été sollicité afin d'apporter un
éclairage sur ce sujet. Nos échanges resteront anonymes et
confidentiels conformément au Code de déontologie des
psychologues. Que pouvez-vous de m'en dire de votre point de vue ?
»
Questions de relance :
« Quels freins et quelles ressources voyez-vous
à l'investissement dans un projet de réinsertion chez les
stagiaires ? »
« Avez-vous des besoins en matière
d'accompagnement des stagiaires ? Lesquels ? »
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 40
3. 2. Analyse des entretiens exploratoires avec le
personnel.
- Le niveau intra-personnel : Les entretiens
menés avec le personnel font état d'une diversité
des profils des stagiaires accueillis, les membres du personnel nous
disent que « la motivation des stagiaires de l'ERP est très
diverse et est liée à beaucoup de choses », «
c'est la nature des stagiaires qui fait que les parcours d'insertion sont plus
ou moins compliqués », un autre dit que « certains
sont très motivés, ils savent ce qu'ils veulent faire, ici c'est
un outil pour leur projet et d'autres ne savent pas ». Un autre
professionnel nous apprend que « la motivation est variable en
fonction des sections, les « Gestion-Administration » semblent
être les plus motivés ». Cette diversité des
profils des stagiaires se retrouve également au niveau de leur(s)
pathologie(s), certains présentant une lourdeur et/ou une
non-stabilisation de leur(s) pathologie(s), « la santé
peut être un frein » nous dit l'un des professionnels, un autre
dit « certains ont des problématiques de santé [ou
administratives] à gérer en premier ». Toujours dans
cette idée de disparité des profils de personnes accueillies, des
professionnels constatent que certains d'entre eux n'ont pas fait le
deuil de leur ancien métier et/ou n'ont pas accepté leur
handicap, l'un nous dit « que beaucoup de stagiaires en
formation n'ont pas fait le deuil de leur ancien métier, ce qui ne leur
permet pas de se projeter dans une nouvelle profession », un autre
formule « il y a un passé professionnel dont ils doivent faire
le deuil, la projection dans le futur se fait en fonction des
possibilités ». Enfin, les membres de l'équipe
pluridisciplinaire racontent que les stagiaires vivent des situations
difficiles, que ce soit financièrement (avant
ou après la formation, voire même pendant la formation),
socialement o u psychologiquement :
« certains cumulent des problèmes familiaux, financiers,
administratifs en plus de leur problème de santé, ce qui ne les
aident pas à s'investir » leur sentiment
d'efficacité personnelle étant affaibli, l'un des
membres du personnel dit « quand ils arrivent ils sont très
stressés par rapport à leur capacité à pouvoir
suivre la formation » et « à partir de mai on va
sentir le stress avec l'arrivée des examens » ; un autre
ajoute « un autre problème je pense qui affecte la motivation,
c'est l'idée de se planter, des personnes ne se croient pas en
capacité de réussir la formation, elles se résignent et
ont des croyances limitantes ». D'une manière
générale, les professionnels interrogés estiment que
les stagiaires sont motivés dans leur parcours de formation et
de reconversion, l'un nous dit « très peu disent
qu'ils sont là parce que « là ou ailleurs ... » »,
un autre « ils bossent les gens ici » e t
« ont du mérite » d'être dans cette
démarche, « en s'inscrivant dans une formation, ils
ont pris des risques, notamment celui de se confronter à leurs
capacités ».
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 41
- Le niveau inter-personnel ou groupal : Les
propos recueillis auprès du personnel mettent en évidence
l'importance de la vie en groupe, notamment au travers des
facilitations d'apprentissage, un des professionnels nous dit
« le groupe est un très bon moyen d'apprentissage mais aussi le
moyen de favoriser les relations sociales entre les stagiaires, certains
étant très isolés socialement », un autre nous
fait savoir qu'elle « essaie de créer des liens entre les
personnes, de travailler sur le groupe » et des
difficultés liées à la vie à l'internat
de l'ERP Vincent Auriol, l'un des professionnels formule « la
personne interne est éloignée de sa famille, de chez elle, et se
retrouve en communauté et c'est pas forcément évident
». D'autres personnes de l'équipe soulèvent que
l'établissement devrait peut-être se pencher sur
l'évaluation des capacités sociales des
personnes accueillies « certains ont du mal à s'intégrer
dans un groupe » mais l'un d'entre eux pense que « quand les
personnes sortent d'ici elles sont plus aptes à trouver du boulot
qu'avant ». Il est également question du rapport entre
formateur et formé notamment par l'effet Pygmalion
dont nous parle l'un des professionnel : « On les aide aussi
à réussir au niveau de l'équipe pédagogique, c'est
l'effet Pygmalion. La dynamique de l'équipe pédagogique est
porteuse ou non, on peut les aider à acquérir plus d'estime de
soi au fur et à mesure du temps. Les professeurs sont des guides, des
coachs. On a vraiment du pouvoir sur les stagiaires, le pouvoir de les faire
lâcher ou de les faire persévérer » . Puis,
l'équipe pluridisciplinaire aborde l'accompagnement des
stagiaires par l'équipe médico-psycho-sociale et l'équipe
d'insertion professionnelle : de manière générale
les personnes interrogées considèrent l'accompagnement par
l'équipe médico-psycho-sociale comme capital et de qualité
; un professionnel nous dit que « les stagiaires sont bien
accompagnés par la complémentarité des équipes
pédagogique et médico-psycho-sociale »,
- Le niveau positionnel ou organisationnel :
Certains membres du personnel évoquent la
problématique de la socialisation organisationnelle en
indiquant notamment que l'établissement adopte une
démarche de recrutement pertinente et de
qualité, l'un nous rapporte « pour mon recrutement,
j'ai d'abord été reçu par la coordinatrice
pédagogique et la psychologue puis dans un second temps par le directeur
et l'ancien professeur de ma section. J'ai trouvé ça très
pertinent comme processus de recrutement, un recrutement de qualité
c'est central » ; Pour autant une fois le recrutement effectué
les nouveaux entrants ne sont pas suffisamment bien
accueillis, la même personne ajoute qu'une fois le
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 42
recrutement finalisé « les conditions
d'accueil des nouveaux profs sont atroces : on n'est pas présenté
aux équipes, on ne reçoit pas de plaquette d'accueil, ni
même un trombinoscope du personnel ...». Puis certains
s'interrogent sur la pertinence des formations proposées
à l'ERP Vincent Auriol au regard du marché du travail,
l'un d'entre eux s'interroge « professionnellement est-ce que
les diplômes Education Nationales sont pertinents ? Je me demande
», un autre estime quant à lui que « ce que je trouve
intéressant ici avec les diplômes Education Nationale c'est la
culture générale » . Est également mis en
évidence, un problème de politique interne,
c'est-à-dire le manque d'une « ligne directrice »
impulsée par la Direction, des règles de
vie claires et communes associées à un manque de
communication tant interne qu'externe, entraînant des clivages importants
entre le personnel notamment entre l'équipe médico-psycho-sociale
, l'équipe d'insertion professionnelle et l'équipe
pédagogique. Les professionnels interrogés expriment
« il y a du travail à faire sur les relations avec les
entreprises qui accueillent nos stagiaires, par exemple fêter les voeux
au début de l'année, ici on ne contacte les entreprises que quand
on a besoin d'elles », « j'aimerais être en ligne avec
les directives mais pour cela il faut que je les connaisse »,
« il faudrait revoir le règlement intérieur et
l'appliquer à tous, que ce soit au personnel et aux stagiaires
», « si tu fais un règlement tu l'appliques, si tu
fais des dérogations tu expliques pourquoi à tous, il y a trop de
bruits de couloirs et trop d'inégalités de traitement »,
« Il faut préparer les gens au changement et ne pas leur mentir. Le
manque de communication entretient des fantasmes énormes », «
les gens ont besoin de projets communs fédérateurs et
mobilisateurs », « il serait intéressant d'avoir un point
rencontre de temps en temps avec tout le personnel, j'aime pas le mot
réunion, une invitation formelle, pour ouvrir le dialogue entre les gens
et mettre fin aux clans. La CMPP ça serait un bon outil mais comme c'est
pendant les heures de cours, les professeurs ne peuvent pas y assister »
et « en résumé, c'est ça : il manque de
communication, de concertation, de ligne directrice. La ligne directrice n'est
pas claire la communication et la prise de décision. Quel est le projet
d'établissement ? On est là pour quoi, comment on fait notre
travail, j'ai l'impression que ce n'est pas fixe, il manque un cadre, c'est
aussi la période de mutation qui fait ça ... c'est le moment de
fixer les choses. Il faut penser en amont la transition avant septembre ».
Ensuite les professionnels interrogés soulèvent la question
de l'adaptation du temps de formation aux diverses pathologies des
stagiaires, certains déclarent « il y a un autre frein
: une formation à temps plein, alors que pour certains ça va
être difficile de tenir un temps plein, il y a des gens qui sont ici et
on sait qu'ils ne pourront jamais travailler à temps plein » ,
un autre « l'organisation des
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 43
formations à temps plein n'est pas toujours
adaptée aux stagiaires qui présentent des handicaps pouvant les
fatiguer » .La majorité des professionnels interrogés
parle d'un problème d'orientation pour une partie des stagiaires
de l'ERP Vincent Auriol, ils évoquent un «
problème de définition du projet, il faudrait une structure
qui les aide à se cadrer, il manque une étape avant
l'arrivée ici », « il y a un décalage entre ce
qu'on nous demande de faire et le public qu'on nous envoie » et
relatent que « ceux qui ne sont pas motivés sont là par
défaut, le projet qui leur a été proposé par la
MDPH ne leur convient pas. Il y a une objection d'insertion qui leur est
imposé, les personnes ne sont pas actrices de leur projet, je pense que
le souci de motivation vient de là », un autre explique que
pour lui « la motivation c'est à 50 % le projet professionnel
».
- Le niveau idéologique : Les
entretiens avec des membres du personnel mettent au jour le regard porté
sur les stagiaires par les professionnels, les attitudes qu'ils ont envers eux,
certains membres du personnel parlent de l'importance de
considérer les stagiaires en formation comme des personnes
adultes, l'un des membres de l'équipe interrogé nous
confie « c'est pas du tout le même enseignement en lycée
et en collège, il ne faut pas les prendre pour des enfants. Je leur dis
que l'avantage d'être des adultes quand on est en formation c'est la
maturité, la capacité de réflexion et l'expérience
qui sont très importants pour apprendre » alors que d'autres
évoquent un manque d'empathie et de bienveillance envers les
stagiaires, l'un des membres du personnel avoue « mon plus
gros problème : c'est le tiers des autres personnes. Ca me prend
beaucoup de temps et d'énergie, beaucoup d'investissement sur eux au
détriment des autres. Quelle est la motivation de ces gens je sais pas ?
Je n'ai pas assez d'empathie pour comprendre quelle est la motivation de ces
personnes là. Je me sens très désarmée »
; un autre déplore « quelque chose qui me dérange
fondamentalement, certaines personnes de l'équipe pluridisciplinaire ont
des a priori sur les stagiaires, il y a un problème de bienveillance
malheureusement de la part de personnes qui devraient montrer le bon exemple.
Ca me dérange profondément, on porte des jugements sur les
stagiaires ». Certains professionnels mentionnent une double
mission de l'ERP Vincent Auriol, en effet au-delà de la mission de
reconversion professionnelle existerait une mission sociale incombant à
tout établissement médico-social : « il ne faut
pas oublier que nous sommes un établissement médico-social. La
mission sociale est aussi importante que la mission de reconversion
professionnelle », « l'aspect social est aussi très important
ici, ce qui est un point positif c'est que le Directeur est conscient qu'on est
là
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 44
pour accompagner les gens » . Dans le même
ordre d'idée des membres du personnel proposent une
individualisation du parcours « qui est trop rigide pour
certains », l'un des personnels interrogés nous explique que
dans dans le précédent ERP où il exerçait les
projets étaient envisagés de manière très
individuelle, « l'accompagnement individualisé et le parcours
personnalisé étaient pensés de manière individuelle
en fonction des niveaux à la base » . Enfin, certains
professionnels estime qu'ils ne remettent pas suffisamment en question leurs
pratiques professionnelles, il est donc question du manque d'analyse
des pratiques au sein de l'équipe pluridisciplinaire,
c'est-à-dire « d'espaces dédiés aux
échanges sur les pratiques professionnelles dans un objectif de
réflexivité et de co-construction des pratiques professionnelles
», un autre constate qu'il « n'y a pas assez de place pour
la concertation entre l'équipe médico-psycho-sociale et
l'équipe pédagogique. Le retour d'expériences, l'analyse
des pratiques, ça manque, c'est vital dans un établissement comme
celui-ci, c'est vraiment vital ».
4. SYNTHÈSE DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES
ÉQUIPES PLURIDISCIPLINAIRE ET PÉDAGOGIQUE
Les entretiens avec les membres de l'équipe
pluridisciplinaire nous apprennent que l'ERP accueille une
diversité importante des profils de personnes : certaines
arrivant avec un projet professionnel construit et donc une motivation
importante, alors que d'autres arrivent un peu par défaut et/ou par
hasard. Cette diversité concerne également les types de parcours,
de pathologies et d'état de santé pendant la formation.
Ce problème d'orientation de la part de la MDPH revient
régulièrement dans les entretiens. Il est aussi question de
la pertinence des formations Education Nationale à temps plein
d'une part par rapport aux exigences du marché du travail et d'autre
part par rapport aux différentes pathologies des stagiaires.
L'internat est aussi envisagé comme difficile à
vivre pour certains stagiaires qui se retrouvent éloignés de leur
lieu d'habitation et donc de leurs repères. D'autre part, s'agissant
d'adultes, le retour en formation peut réactiver des souvenirs
douloureux liés à la scolarité, certains n'ayant
pas de bons souvenirs des bancs de l'école. Le temps de formation
étant rémunéré se pose aussi la question
des ressources financières à la sortie de l'ERP. La mission
de l'ERP Vincent Auriol est de permettre à des adultes en
situation de handicap de se réinsérer professionnellement
mais un faible nombre de professionnels met en avant une second
mission liée à l'insertion sociale des personnes accueillies en
formation.
CHAPITRE V : ENTRETIENS EXPLORATOIRES 45
Des problèmes organisationnels et
idéologiques semblent prégnants que ce soit au niveau
des attitudes envers les stagiaires ou au niveau de l'analyse des pratiques
professionnelles ou encore au niveau de la cohérence des formations
proposées.
Les professeurs mentionnent eux aussi le fait que certains
stagiaires n'ont pas d'autres motivations que la rémunération,
pour différentes raisons certains faisant face à une
cumulation de difficultés qui les empêche de se projeter dans un
avenir professionnel, d'autres n'ayant pas les
capacités pour atteindre le niveau requis à l'entrée en
formation, d'autres encore n'ayant pas fait le deuil de leur
ancien métier et n'étant donc pas prêt à envisager
un autre avenir professionnel ; il est là encore question
des problèmes d'orientation de certains stagiaires par la
MDPH. Ils se questionnent également sur la pertinence
des formations Education Nationale à temps complet d'une part
par rapport à la réalité du marché du
travail et d'autre part par rapport aux pathologies de
certains stagiaires. Eux aussi mettent en avant une double
mission de l'ERP Vincent Auriol : mission de reconversion professionnelle et
mission sociale. Certains enseignants indiquent que les diplômes
Education Nationale ont une image prestigieuse qui peut motiver certains
stagiaires. De manière générale, les enseignants
évoquent différents dysfonctionnements au sein de l'ERP
Vincent Auriol : le manque de communication tant en interne qu'en
externe, le manque de règles de fonctionnement claires et communes qui
engendre des disparités de traitement aussi bien chez les stagiaires que
chez le personnel, le manque de procédure d'accueil des nouveaux
personnels entrants. Ces éléments ne permettent pas,
à leur sens, d'offrir un cadre stable et sécurisant aux
stagiaires.
CHAPITRE VI : ENJEUX DE L'INTERVENTION 46
La demande est portée par la psychologue de
l'établissement mais d'une manière plus
CHAPITRE VI : ENJEUX DE L'INTERVENTION
Après avoir rassemblé et analysé des
indicateurs qui nous semblaient pertinents eu égard à la demande
formulée, nous allons à présent tenter de
révéler les différents enjeux de celle-ci. Rappelons qu'un
enjeu est « ce qui est en jeu », c'est-à-dire
littéralement « ce qui est à perdre ou à gagner
». Aussi, il nous semble raisonnable d'appréhender les
différents enjeux selon différents niveaux.
1. LES ENJEUX POUR LES STAGIAIRES DE L'ERP VINCENT
AURIOL
Tout d'abord, il convient de rappeler que les stagiaires ne
sont pas porteurs de la demande d'intervention ; pour autant la demande
formulée les concerne directement et implique donc des enjeux à
leur destination.
Ainsi, la demande telle que formulée par la
psychologue de l'ERP Vincent Auriol « il semble qu'il y ait un
problème d'adéquation entre la mission de l'ERP Vincent Auriol et
les motivations de certains stagiaires en formation » laisse supposer
que certains stagiaires accueillis par l'établissement ne sont pas dans
une dynamique de projet de réinsertion professionnelle. De fait,
le premier enjeu issu de la demande est de permettre
à l'ensemble des stagiaires accueillis de se mobiliser dans un projet de
réinsertion professionnelle, de saisir
l'opportunité offerte par le circuit de reconversion professionnelle des
travailleurs handicapés et l'ERP Vincent Auriol de s'engager dans une
nouvelle insertion professionnelle en obtenant un diplôme et donc en
développant leurs compétences et leur employabilité.
Il s'agit là, pour les stagiaires, d'être ou de devenir
acteur de leur réinsertion professionnelle.
Il en découle un autre enjeu sous-jacent
ou implicite qui est de permettre à leur
identité professionnelle d'évoluer, tout au long de leur vie, en
cohérence et en acceptation de leur(s) handicap(s). Nous nous
inscrivons là dans une perspective de trajectoire de vie et
d'identité.
2. LES ENJEUX POUR L'ÉQUIPE
PLURIDISCIPLINAIRE
CHAPITRE VI : ENJEUX DE L'INTERVENTION 47
générale les enjeux peuvent être
considérés pour l'ensemble de l'équipe pluridisciplinaire
ainsi que pour l'équipe pédagogique.
Ainsi, du point de vue de l'équipe de professionnels,
le premier enjeu qui ressort de la demande formulée
concerne le fait de mieux connaître les caractéristiques
des stagiaires accueillis afin de s'adapter au mieux à leurs besoins en
matière d'accompagnement pédagogique et
médico-psycho-social.
De ce premier enjeu, il en découle un autre qui est de
permettre un échange sur les pratiques professionnelles de
chacun des membres de l'équipe pluridisciplinaire dans le but
d'accroître l'efficacité et l'efficience du travail collaboratif
inhérent à une équipe pluridisciplinaire.
Enfin, l'enjeu sous-jacent qui apparaît
au niveau de l'équipe de professionnels est de pouvoir proposer
un service de qualité en matière d'accompagnement
médico-psycho-social, d'insertion professionnelle et pédagogique
des stagiaires ; nous nous situons donc dans une visée
d'analyse des pratiques.
3. LES ENJEUX POUR L'ERP VINCENT AURIOL
Bien que la demande soit portée par la psychologue,
elle sous-tend inévitablement des enjeux institutionnels qu'il convient
de mettre au jour.
Ainsi, il émane de la demande formulée
un premier enjeu institutionnel qui renvoie, pour la
structure, au fait de remplir la mission de réinsertion
professionnelle des personnes en situation de handicap accueillies,
telle que définie dans le projet d'établissement.
L'enjeu implicite qui en résulte
concerne le développement de la démarche qualité
de l'établissement. En effet, en cherchant à
améliorer les conditions d'exercice de sa mission de réinsertion
professionnelle, l'institution s'inscrit dans une démarche
d'amélioration continue obligatoire pour tous les
établissements médico-sociaux, avec notamment la visée
d'une nouvelle évaluation interne d'ici deux ans.
Au-delà de cela, au travers de la demande
formulée par la psychologue, se joue un enjeu capital
sous-jacent qui est d'assurer la pérennité de l'ERP Vincent
Auriol, en faisant valoir son professionnalisme et son efficacité,
notamment auprès de son nouveau gestionnaire,
CHAPITRE VI : ENJEUX DE L'INTERVENTION 48
l'EPNAK.
4. SYNTHÈSE DES ENJEUX
L'enjeu principal pour les stagiaires de l'ERP Vincent Auriol est
de se réinsérer professionnellement ; la
formation n'étant qu'un moyen pour parvenir à la
réinsertion. De cet enjeu en découle un autre plus personnel, qui
est de pouvoir retrouver une identité professionnelle.
L'enjeu central pour le personnel accompagnant les stagiaires
dans leur réinsertion professionnelle renvoie au fait de
proposer un service de qualité et efficient aux personnes en
reconversion professionnelle accueillies.
Enfin, l'enjeu sous-jacent institutionnel, qui n'est pas le
moindre, concerne le fait d'assurer sa pérennité dans le
contexte actuel de changement organisationnel.
CHAPITRE VII : REFORMULATION DE LA DEMANDE INITIALE
49
CHAPITRE VII : REFORMULATION DE LA DEMANDE INITIALE
Nous rappelons la demande formulée par la psychologue
de l'établissement : il lui semble qu'il y ait un problème
d'adéquation entre la mission de l'ERP Vincent Auriol et la motivation
de certains stagiaires accueillis en formation.
Au vu des différents éléments qui
sous-tendent notre analyse de la demande, nous constatons :
- Une disparité des profils des stagiaires
accueillis, directement abordée tant par les stagiaires que par
le personnel accompagnant. Disparité que nous n'avons pas pu objectiver
du fait de l'inexistence d'une base de données unique sur le public
accueilli. Nous percevons là une piste d'amélioration à
envisager ;
- Des stagiaires arrivant en formation dans des
situations sociales et financières relativement précaires
et qui perçoivent une rémunération
comprise entre 652 euros et 1932 euros, pendant la durée de la
formation. Le constat de la part des professionnels de
l'établissement, de l'apparition de « stagiaires
professionnels » c'est-à-dire des stagiaires qui
cumulent des formations, soit au sein même de l'établissement soit
au sein de différents établissements et qui semblent donc
très éloignés de l'emploi ;
- Un problème d'orientation par la MDPH
et une inadaptation des locaux et de la formation à un
public de personnes en situation de handicap, qui semblent engendrer
une hausse du taux d'absences injustifiées, source
d'une baisse du chiffre d'affaires ;
- Un recul important du taux de réussite au BMA
Horlogerie constaté sur la dernière année
d'examens, que nous mettons en relation avec la question
soulevée tant par le personnel que par les stagiaires sur la
pertinence des formations proposées par rapport au marché de
l'emploi. Nous pouvons nous demander si le BMA horlogerie est un
diplôme vraiment recherché dans le milieu professionnel ou bien si
le faible taux de réussite à l'examen n'est qu'un «
accident de parcours » qui ne présage en rien des
résultats à venir ;
- Un sentiment d'infantilisation
révélé par les stagiaires qui fait sens tout
d'abord avec les dysfonctionnements mentionnés par
l'équipe pédagogique puis avec le malaise au sein de
l'établissement décrit par certains stagiaires et enfin
avec l'enjeu important d'amélioration des pratiques
professionnelles ;
CHAPITRE VII : REFORMULATION DE LA DEMANDE INITIALE
50
- Un défaut de clarté concernant la ou
les mission(s) des ERP ; puisque certains évoquent une
double mission assignée à l'établissement, une mission
initiale de reconversion et de réinsertion professionnelle à
laquelle s'adjoindrait une mission d'accompagnement social,
alors que les textes actuellement en vigueur n'évoquent que la
seule mission de réinsertion professionnelle, par un
accompagnement à l'insertion professionnelle et un accompagnement
médico-psycho-social. En outre, un texte de loi régissant les ERP
serait actuellement en cours de rédaction et inclurait la double mission
précédemment évoquée. Ces différents
éléments nous conduisent à nous demander si cette double
mission ne serait pas le moyen de justifier des taux d'insertion
professionnelle faibles ou bien si elle serait réellement le nouveau
cadre institutionnel des ERP, ce qui impliquerait tout d'abord la
détermination d'une hiérarchie des missions ainsi que la
définition d'indicateurs d'efficience distincts permettant leur
évaluation.
Ces différents éléments viennent
conforter la demande qui nous est faite par la psychologue de
l'établissement. Il semble bien a priori que tous les
stagiaires ne soient pas impliqués de la même manière dans
une démarche d'insertion professionnelle. Comme nous l'avons vu
précédemment, la motivation est un concept qui présente
deux aspects : un aspect intrinsèque c'est-à-dire personnel et
individuel et un aspect extrinsèque c'est-à-dire instrumental.
Aussi, en cherchant à comprendre les motivations plurielles et
singulières des stagiaires accueillis en formation, nous ne pouvons pas
faire l'impasse sur les éléments extrinsèques de leurs
motivations. Ces éléments extrinsèques, pour certains,
sont peut-être liés à l'établissement Vincent
Auriol, notamment à son fonctionnement, à son organisation,
à ses personnels et à la relation que ces stagiaires ont avec eux
etc. A présent, la question qui se pose est donc de savoir
quelle est la part des stagiaires qui se disent pas motivés par
leur réinsertion professionnelle et surtout quelles en sont les raisons
; ces raisons seraient-elles liées à l'établissement ou
pas ? Les réponses à ces questions constitueraient une
base pour permettre au personnel de l'établissement d'améliorer
ses pratiques professionnelles dans le but final d'accroitre l'insertion
professionnelle des personnes accompagnées.
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 51
- que les stagiaires motivés entretiendraient de bonnes
relations de camaraderie entre eux, qu'ils se sentiraient soutenus par leurs
pairs ;
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE
L'analyse de la demande faite précédemment nous
amène donc à nous interroger sur la proportion des stagiaires qui
ne se déclarent pas motivés par leur démarche de
réinsertion professionnelle, dont la formation à l'ERP Vincent
Auriol est un moyen ; mais au-delà de cet aspect chiffré, ce qui
nous intéresse c'est d'en connaître les raisons et en particulier
celles qui renvoient à l'institution, afin de pouvoir proposer des
pistes d'actions.
Dans le but de répondre à la
problématique formulée, nous choisissons de construire un
questionnaire permettant à la fois de dévoiler les aspects
intrinsèques et les aspects extrinsèques des motivations des
stagiaires, ainsi que les éléments susceptibles de faire varier
cette motivation.
1. HYPOTHÈSES FORMULÉES
Les diverses hypothèses qui sous-tendent notre
démarche peuvent être présentées selon le
modèle d'analyse à quatre niveaux de Doise ; aussi nous
postulons :
a) au niveau intra-personnel :
- que les stagiaires de certaines sections seraient moins
motivés que d'autres ;
- que les stagiaires seraient motivés
différemment en fonction de leur âge, les stagiaires les plus
âgés seraient moins motivés que les autres stagiaires ;
- que les stagiaires présentant une pathologie non
stabilisée seraient moins motivées que ceux ayant une pathologie
stabilisée ;
b) au niveau inter-personnel :
- que les stagiaires se démotiveraient au cours de la
formation à cause de problèmes relationnels entre eux et/ou entre
les membres du personnel, ce qui ne leur permettrait pas d'être
formés dans de bonnes conditions;
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 52
- que les stagiaires motivés se sentiraient
portés, dans le sens d'élever dans l'apprentissage, par les
professeurs et leur pédagogie mise en oeuvre (effet Pygmalion) ;
- que les stagiaires motivés se sentiraient bien
accompagnés par le personnel chargé de les accompagner.
c) au niveau positionnel ou organisationnel
:
- que les stagiaires seraient démotivés pendant
la formation à cause d'un manque d'adaptation de l'établissement
à leurs pathologies (adaptation des locaux, de l'internat) ;
- que les stagiaires peu motivés ou
démotivés n'auraient pas confiance en l'équipe
chargée de les accompagner dans leur réinsertion professionnelle
;
- que les stagiaires peu motivés ou
démotivés estimeraient que la communication interne et les
règles de vie au sein de l'établissement ne seraient pas
suffisamment explicites ;
d) au niveau idéologique :
- que les stagiaires ne se sentiraient pas respectés et
valorisés en tant qu'adultes pendant la formation ce qui les
démotiverait ;
- que les stagiaires percevraient un manque de
compétences humaines et sociales (empathie, bienveillance) de la part de
certains membres de l'équipe de professionnels ce qui les
démotiveraient dans leur parcours d'insertion ; qu'il manquerait une
remise en question de certaines pratiques professionnelles au sein de
l'établissement pour leur permettre de se sentir correctement
accompagnés.
- que les stagiaires peu motivés auraient un sentiment
d'efficacité personnel faible, qu'ils ne seraient pas optimistes quant
à leur avenir.
2. CONSTRUCTION DU QUESTIONNAIRE
Notre questionnaire comporte 49 questions
regroupées en cinq thématiques ci-dessous
présentées :
- les données socio-biographiques,
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 53
- l'orientation avant la formation,
- les motivations à l'entrée en formation
à l'ERP Vincent Auriol, - le vécu de la formation,
- la vie quotidienne à l'ERP Vincent Auriol.
Nous avons fait le choix de construire notre questionnaire
essentiellement à l'aide d'échelles d'attitudes afin
d'une part d'être au plus près des représentations et des
attitudes des individus tout en facilitant l'analyse des données, au vu
de la contrainte de temps que nous nous imposons.
Nos échelles d'attitudes comportent quatre
degrés allant du « tout à fait d'accord » au
« pas du tout d'accord » ; nous choisissons de ne
pas proposer ni de degré neutre ni de champ « non
concerné » afin de ne pas biaiser les résultats et de
recueillir véritablement les attitudes et représentations des
stagiaires de l'établissement. En effet, nous considérons qu'une
échelle à cinq
degrés, comportant donc un degré neutre, peut
avoir des conséquences importantes sur
l'interprétation des
résultats. Le degré neutre est alors considéré
comme une modalité « refuge » c'est-à-dire que
l'individu a tendance dans ce cas à ne pas s'impliquer dans le
questionnaire et se place alors plus facilement dans cette modalité afin
de passer plus rapidement la question. C'est souvent le cas lorsque les
questionnaires sont trop longs. Or, lorsqu'un nombre important de
répondants se positionnent sur cette modalité, les
résultats de la question ne peuvent pas toujours être
exploités puisqu'il n'y a pas assez de répondants de part et
d'autre de d'échelle. Presser et Schuman (1980) ont montré que ce
point médian est souvent choisi s'il est « explicitement
proposé ». Cet effet est davantage marqué lorsque la
modalité neutre est placée au point médian de
l'échelle que lorsqu'elle est placée à la fin (Brignier,
1991). Concernant la non-proposition du champ « non concerné/ne
sait pas/ne se prononce pas » nous considérons là aussi
que les biais liés à cette modalités risqueraient de
mettre en péril notre étude ; nous postulons que l'ensemble des
individus qui recevront ce questionnaire seront impliqués par celui-ci :
les items qui y sont abordés les concernent directement puisqu'ils ont
été construits spécialement pour leur population. Nous
partons du principe qu'ils ont forcément un avis à donner sur
chacun des points, qu'il soit tranché (« tout à fait
d'accord »/ »pas du tout d'accord ») ou qu'il soit
modéré (« plutôt d'accord »/ «
plutôt pas d'accord »).
Nous avons choisi de construire le questionnaire à
l'aide de l'outil gratuit Google Forms, par souci économique et
également parce qu'il est très simple d'utilisation.
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 54
2. 1. Les indicateurs socio-biographiques.
Les différents indicateurs socio-biographiques que nous
choisissons de recueillir sont :
- le genre,
- l'âge,
- la section de formation,
- la date de première entrée à l'ERP
Vincent Auriol : cet indicateur peut nous permettre
d'évaluer la proportion de « stagiaires
professionnels » c'est-à-dire de stagiaires qui cumulent les
formations au sein même de l'établissement et repoussent ainsi
leur entrée sur le marché de l'emploi (indicateur
d'amotivation),
- le lieu de résidence principale :
nous postulons que plus le lieu de résidence principale est
éloigné de l'établissement de formation plus l'individu
est motivé pour suivre la-dite formation,
- l'état de santé actuel : nous
estimons a priori qu'une personne faisant état d'une instabilité
médicale connaît une baisse de motivation,
- le revenu principal durant l'année
précédent l'entrée en en formation : nous
postulons qu'un individu percevant les minimums sociaux (ASS, RSA) et ceux
percevant déjà un revenu de la formation attribué par
l'ASP sont plutôt motivés par la rémunération
liée à la formation que par la motivation,
- le niveau de rémunération pendant la
formation.
2. 2. Les indicateurs faisant référence
à l'analyse psycho-sociale selon Doise.
a) Le niveau intra-personnel :
- la perception liée à l'évolution de la
motivation en cours de formation (Q22),
- le sentiment d'efficacité personnelle (Q46), (Q48),
(Q49).
b) le niveau inter-personnel :
- le soutien par les pairs (Q30),
- les conflits inter-personnels entre pairs (Q31),
- les conflits entre les membres du personnel (Q37).
c) le niveau positionnel :
- l'adaptation de la formation aux exigences du marché du
travail (Q23),
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 55
- l'adaptation de la formation à la pathologie (Q25),
- l'accompagnement par le personnel, par l'équipe
pédagogique, par l'équipe médico-
psycho-sociale, par le pôle d'insertion professionnelle
(Q26, Q27, Q28, Q29),
- le dynamisme des cours (Q32),
- la participation de chacun aux cours (Q33),
- la connaissance des règles de fonctionnement et de vie
de l'établissement (Q34),
- la communication entre les membres du personnel et les
stagiaires (Q35),
- le travail collaboratif et cohérent des membres du
personnel (Q36),
- la confiance envers les membres du personne, l'équipe
pédagogique (Q42), l'équipe
médico-psycho-sociale (Q43), l'équipe d'insertion
professionnelle (Q44).
d) le niveau idéologique :
- la démonstration de l'utilité des enseignements
par les professeurs (cf. androgogie)
(Q26),
- le respect du stagiaire (Q40),
- la valorisation des expériences du stagiaire (Q41),
- l'infantilisation des stagiaires (Q42),
- la prise en compte des avis des stagiaires (Q43),
- le sentiment d'efficacité personnelle : la perception de
capacité de réussite de la
formation (Q47), le sentiment de capacité de
réussite de la reconversion et de la
réinsertion professionnelle (Q48), l'attitude face
à l'avenir (Q49).
2. 3. Le pré-test.
Une fois le questionnaire construit nous avons
réalisé un pré-test auprès de membres de notre
environnement familial et amical ; ainsi cinq personnes ont
testés le questionnaire avant sa diffusion afin de mesurer le temps de
passation mais aussi de relever les éventuelles remarques concernant la
formulation de certaines questions. En effet, nous avons convenu avec
la Direction de l'établissement que le questionnaire ne devait pas
prendre plus de 10 minutes aux stagiaires : d'une part pour une question
d'organisation logistique, puisque les questionnaires vont être
passés à la fin d'un cours et d'autre part afin de ne pas rebuter
les stagiaires. Un questionnaire trop long peut d'emblée effrayer les
individus.
Les personnes composant notre échantillon de
pré-test ne sont pas en formation au sein de
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 56
l'établissement, elles ont entre 40 et 69 ans (avec une
moyenne d'âge de 48 ans), sont quatre femmes et un homme, ont des niveaux
scolaires allant du CAP au B.T.S. (niveau bac+2), certaines ont une pathologie
chronique reconnue ou non par la MDPH. La moyenne de temps de passation
estimée à 7 minutes. Notre objectif de temps de
passation inférieur à 10 minutes est donc atteint d'après
notre pré-test.
Concernant l'aspect qualitatif du questionnaire
élaboré, nous avons recueilli quelques éléments
principalement d'ordre structurel : des mises en formes en revoir, des erreurs
de saisie. Globalement, les retours que nous en avons eu sont positifs
concernant la clarté des questions posées, leur pertinence, leur
organisation et leur complétude.
2. 4. Le mode d'administration du questionnaire et de
sa présentation.
Comme nous l'indiquions précédemment, nous avons
choisi d'administrer les questionnaires en auto-administration et sous
format papier pour une raison principale de facilité d'accès
; l'établissement n'est pas doté d'ordinateurs pour
l'ensemble des stagiaires, plus précisément tous les cours n'ont
pas lieu dans des salles équipées de matériel informatique
et si nous avions dû organiser la passation des questionnaires en
fonction des heures de cours dans ces salles cela nous aurait pris plus de
jours. Nous décidons donc d'imprimer les questionnaires et nous
organisons leur administration en fonction des emplois du temps de chaque
section. Nous souhaitons, en effet, être présent et
présenter nous-même le questionnaire et la démarche dans
laquelle il s'inscrit, d'une part, afin de faciliter son adhésion,
d'autre part afin de pouvoir recueillir les questionnaires
complétés à l'issue de la passation mais également
de pouvoir aider les personnes les plus en difficulté notamment à
cause de la barrière de la langue (quelques stagiaires ne lisant pas
correctement le français).
En à peine trois journées, nous distribuons les
questionnaires et recueillons les données (calendrier de distribution
des questionnaires en annexe). A l'issue de cette étape, nous effectuons
un travail conséquent de saisie des questionnaires sur informatique,
c'est-à-dire sur Google Forms.
Avant de présenter les analyses descriptives
réalisées, nous présentons ci-dessous un tableau
récapitulatif du nombre de questionnaires recueillis par section :
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 57
Tableau 11: Taux de questionnaires recueillis
Nous constatons donc que globalement le taux de réponse
est très correct à 85 % mais relevons cependant que, dans deux
sections celui-ci est nettement en dessous de cette moyenne : il s'agit de la
section bâtiment deuxième année (56%) et de la section
horlogerie première année (64%) ; il est à noter que
s'agissant de la section Bâtiment deuxième année, en cette
fin d'année et à quelques semaines des épreuves finales du
Baccalauréat Professionnel, seuls 5 stagiaires assistent encore au cours
(qui ont tous répondu à notre enquête).
2. 5. Données socio-biographiques.
30-
a rn
c a
I: 00z
10-
0
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE
40-
Moins de21ans de 21a29ans de 30 a39 an de 40 a49 an 50anset
plus
Age
rn
40
Moins de tans De2a3ans Rustle 3 ans
Date de 1ère entree à l'ERP Vincent
Auriol
50-
4
t 30a
20-
Muret et communes Haute-Garonne Départements Autre
dspartement
limitrophes limitrophes
Lieu de residence principale
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 59
Nous avons construit les items du questionnaire à partir
des entretiens exploratoires, or il se trouve
A la lecture de ces différents graphiques, nous pouvons
présenter les caractéristiques de notre population d'étude
:
- les participants sont majoritairement des hommes
à 64,4 % pour 34,1 % de femmes ;
- les participants ont entre 40 et 49 ans pour 36,3 %
d'entre eux, 50 ans et plus pour 30,4 %,
entre 30 et 39 ans pour 27,4 %, entre 21 et 29 ans pour 4,4 %
et enfin moins de 21 ans pour 0,7 % d'entre eux ;
- les stagiaires de préformation rentrés en
janvier (préformation 1) représentent 14,1 % des participants,
ceux de préformation rentrés en mars (préformation 2)
représentent 13,3 % des participants ; les stagiaires de première
année du cursus gestion-administration (BEP MSA) représentent
12,6 % des participants, ceux de deuxième année (Bac GA) 14,1 % ;
les stagiaires de première année du cursus études du
bâtiment (BEP Etude du Bâtiment) représentent 9,6 % des
participants, ceux de deuxième année (Bac Etude du
Bâtiment) 3,7 % ; les stagiaires de première année du
cursus horlogerie représentent 5,2 % des participants, ceux de
deuxième année 8,1 % ; les stagiaires de première
année du cursus cordonnerie - podo-orthésie - botterie
représentent 9,6 % des participants, ceux de deuxième
année 8,1 % ;
- les participants viennent de Muret ou d'une commune
limitrophe pour 23,7 % d'entre eux, d'une autre commune de
Haute-Garonne pour 48,1 %, d'un département limitrophe pour
11,1 % et d'un autre département pour 15,6 % ;
- les participants déclarent, pour 51,9 %
d'entre eux, présenter un état de santé instable,
contre 43,7 % qui déclarent un état de santé
stabilisé ;
CHAPITRE VIII : MÉTHODOLOGIE 60
que les analyses de fiabilité attestent qu'on ne peut
pas calculer les indicateurs de motivation intrinsèque et
extrinsèque. Par conséquent on ne peut pas attester de
l'homogénéité des deux échelles de motivation.
Ainsi, dans ces conditions, nous avons réalisé une analyse en
composantes principales sur l'ensemble des échelles de motivation, afin
de voir quels facteurs de motivation il est possible de distinguer. Nous
pouvons dire que les items proposés dans le questionnaire renvoient
à d'autres facteurs que ceux généralement
étudiés dans la littérature.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 61
CHAPITRE IX : RÉSULTATS
1. DESCRIPTION DES MOTIVATIONS DES STAGIAIRES DE L'ERP
VINCENT AURIOL (ANALYSES DESCRIPTIVES)
1. 1. Quatre indices sur la nature de la motivation des
stagiaires à l'entrée en formation.
1. 1. 1. Analyses descriptives sur les 12
items.
Tableau 12: Analyses descriptives sur les 12 items
liés à la motivation : calcul des moyennes et écart-types
(source : SPSS)
L'année précédent leur
entrée en formation à l'ERP Vincent Auriol, les stagiaires
percevaient comme revenu principal : pour un tiers d'entre-eux un minimum
social (ASS, RSA, AAH), pour un autre tiers une Allocation de Retour à
l'Emploi, pour 21,1% un revenu de la formation attribué par l'ASP,
pour 10,6% un salaire et enfin pour 1,6% une pension
d'invalidité.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 62
Pendant la formation à l'ERP Vincent Auriol,
44,2% des stagiaires reçoivent une rémunération comprise
entre 1401 € et 1800 €, 34,1% d'entre eux perçoivent une
rémunération supérieure à 1800 €, 10,1%
bénéficient d'une rémunération minimum soit 652
€, pour 8,5% elle est comprise entre 1151 € et 1400 €,
2,3% d'entre-eux reçoivent entre 811 € et 1150 € et enfin 0,8%
perçoivent entre 653 € et 810 €.
A la lecture de ce graphique, nous constatons que les
stagiaires, majoritairement, se disent avoir été autonomes dans
leur recherche de formation : 40,6% sont d'accord avec l'affirmation
proposée et 39,1% sont tout à fait d'accord avec
celle-ci versus 12,5% répondant ne pas être d'accord avec
l'affirmation et 7,5% « pas du tout d'accord ».
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 63
Majoritairement, les stagiaires indiquent que le
métier pour lequel ils se forment est le seul qu'ils pouvaient envisager
du fait de leurs contraintes médicale : 43,2% sont « tout
à fait d'accord » avec cette affirmation et 25% sont
« d'accord » avec celle-ci versus 20,5%
qui répondent n'être « pas du tout d'accord »
et 11,4% « pas d'accord ».
Très majoritairement, les stagiaires indiquent
avoir été attirés par le fait que l'ERP Vincent Auriol
proposait des diplômes délivrés par l'Education Nationale :
61,8% sont « tout à fait d'accord » et 20,6% sont
« d'accord » avec cette affirmation versus
9,9% « pas d'accord » et 7,6% « pas du tout
d'accord ».
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 64
Là encore, très majoritairement, les
stagiaires répondent qu'en intégrant la formation au sein de
l'établissement, ils avaient la volonté d'acquérir de
nouvelles connaissances : 81,1% sont « tout à fait d'accord
» et 11,4% dont « d'accord » avec cette
affirmation versus 6,1% « pas d'accord » et 1,5%
« pas du tout d'accord ».
Majoritairement encore, les stagiaires indiquent qu'en
entrant en formation à l'ERP Vincent Auriol, ils avaient la
volonté de retrouver une certaine place dans la société :
57,1% sont « tout à fait d'accord » et 26,3% sont
« d'accord » avec cette affirmation versus
9,8% « pas du tout d'accord » et 6,8% « pas
d'accord ».
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 65
La grande majorité des stagiaires indiquent
également qu'en entrant en formation ils avaient la volonté de
s'adapter aux exigences du marché de l'emploi et à celles
liées à leur état de santé : 47,7% sont «
tout à fait d'accord » et 40% sont « d'accord »
avec cette affirmation versus 9,2% « pas
d'accord » et 3,1% « pas du tout d'accord ».
Les résultats concernant l'envie
d'améliorer des connaissances dans les matières
générales afin de pouvoir mieux aider ses enfants dans les
devoirs scolaires sont plus nuancés ; en effet 33,8% répondent
n'être « pas du tout d'accord », 30,1% être
« tout à fait d'accord », 20,3% être «
d'accord » et 15,8% « pas d'accord ».
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 66
Majoritairement, les stagiaires répondent qu'en
intégrant formation, ils avaient la volonté d'acquérir un
diplôme d'un niveau supérieur à celui ou ceux qu'ils
avaient acquis dans leur scolarité : 52,5% sont « tout à
fait d'accord » et 18% sont « d'accord »
avec cette affirmation versus 19,5% « pas du
tout d'accord » et 9,8% « pas d'accord ».
Très majoritairement, les stagiaires indiquent
vouloir exercer le métier pour quel ils se forment : 63,9% sont
« tout à fait d'accord » et 21,8% sont «
d'accord » avec cette affirmation versus 9%
« pas d'accord » et 5,3% « pas du tout d'accord
».
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 67
Là encore, la grande majorité des
stagiaires accorde une place importante au travail dans sa vie : 67,2% sont
« tout à fait d'accord » et 25,4% sont «
d'accord » avec cette affirmation versus 4,5%
« pas d'accord » et 3% « pas du tout d'accord
».
1. 1. 2. Analyse en Composantes
Principales.
A la lecture de ce tableau, nous relevons que quatre facteurs
ressortent de l'analyse en composantes principales, leurs coefficients
étant supérieurs à 1. Ces quatre facteurs permettent,
à eux seuls, d'expliquer environ 55% de la variabilité des
données recueillies.
Ø Facteur 1 : L'attente d'insertion sociale et
professionnelle
Ce premier facteur, qui explique 24,5% de la variabilité,
est caractérisé par :
- la volonté de retrouver une certaine place dans la
société (.775),
- la volonté d'acquérir de nouvelles connaissances
(.755),
- l'importance du travail dans la vie (.679),
- l'attirance envers les diplômes de l'Education Nationale
(.651),
- la volonté de s'adapter à la double exigence
liée au marché de l'emploi et aux contraintes
médicales (.584),
- l'envie d'exercer le métier (.487).
Ø Facteur 2 : Les motivations
scolaires
Ce facteur représente 11,5% de la variance et est
composé des items :
- la volonté d'améliorer ses connaissances dans
les matières générales afin de pouvoir mieux aider ses
enfants dans leurs devoirs scolaires (.773),
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 68
1. 2. Mesure directe : évolution de la
motivation des stagiaires au cours de la formation.
- la volonté d'acquérir un diplôme de niveau
supérieur à celui ou ceux acquis lors de la scolarité
(.660),
- le revenu principal durant l'année
précédent l'entrée en formation (-.377).
Ø Facteur 3 : L'affirmation
d'autonomie
Ce troisième facteur qui représente 10% de la
variance des données est constitué des items
suivants :
- le niveau de rémunération pendant la formation
(.789),
- l'autonomie dans la recherche de formation (.500).
Ø Facteur 4 : Les contraintes
médicales
Ce dernier facteur représente 8,6% de la variance et
renvoie à un seul item :
- le fait que le métier pour lequel le stagiaire se forme
était le seul envisageable du fait de ses contraintes médicales
(.918).
Tableau 13: Analyse descriptive des 4 facteurs de motivation
(source : SPSS)
Les moyennes étant égales à 0 et les
écarts-types à 1, nous pouvons considérer que les
distributions de ces quatre variables créées suivent une loi
normale.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 69
Tableau 14: Analyse descriptive de la mesure directe :
évolution de la motivation au cours de la formation (source :
SPSS)
La question 22 traitant de l'évolution de la
motivation pendant la formation obtient une moyenne de 2,74 (ET=.800).
A la lecture de ce graphique, il apparaît que
s'agissant de l'évolution de la motivation au cours de la formation, les
stagiaires répondent qu'elle « a progressé » pour 50,4%
d'entre-eux, qu'elle « a diminué » pour 27,5%, qu'elle «
a largement augmenté » pour 15,3% et enfin qu'elle « a disparu
» pour 6,9%. Nous constatons donc qu'une majorité des
stagiaires estiment que leur motivation a évolué positivement
pendant la formation (65,7%). Cependant, nous relevons également, une
dispersion des réponses conséquente. Nous relevons,
également, sur cet histogramme que la distribution de cette variable
dépendante suit la loi normale.
2. VARIABILITÉS INTER-INDIVIDUELLES DES
MOTIVATIONS DES STAGIAIRES DE L'ERP VINCENT AURIOL
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 70
2. 1. Etude des effets du genre sur les cinq facteurs
de motivation.
La moyenne des femmes mettant en avant une motivation
liée à l'attente d'insertion sociale et professionnelle est
m=.290 (ET=.745) alors que celle des hommes est m=-.154
(ET=1,093). Le test de Levene indique que les variances ne peuvent pas
être considérées comme homogènes (F=6,012 ;
sig=.016). Nous effectuons donc un test t de Welch, qui est une
adaptation du test t de Student utilisé pour comparer deux
échantillons indépendants lorsque l'égalité des
variances ne peut être assumée. Ainsi, ce test de Welch nous
permet que constater qu'il existe bien une différence significative
entre les moyennes des femmes et des hommes concernant ce facteur
(t(131)=2,471 ; p =.015, d=.484). Les femmes mettent
plus en avant des motivations liées à une attente d'insertion
sociale et professionnelle que les hommes. Au vu de ces éléments
et de la taille calculée de l'effet, nous concluons que le genre
a un petit effet, presque moyen, sur les motivations liées à
l'attente d'insertion sociale et professionnelle (Facteur 1).
Les femmes stagiaires de l'ERP Vincent Auriol mettent
plus en avant des motivations liées à l'attente d'insertion
sociale et professionnelle que les hommes. Le genre a donc un petit effet
(presque moyen) sur les motivations liées à l'attente d'insertion
sociale et professionnelle.
2. 2. Etude des effets de l'âge sur les cinq
facteurs de motivation.
Au vu des faibles effectifs en dessous de 30 ans, nous
choisissons de créer une nouvelle dimension « moins de 39 ans
» afin de pouvoir comparer les moyennes entre-elles. Nous obtenons donc
trois modalités de la variable âge : « moins de 39 ans
», de 40 à 49 ans » et « 50 ans et plus ».
S'agissant d'une comparaison de moyennes à plus de
deux groupes, nous effectuons une ANOVA pour groupes indépendants, sous
SPSS. Cette analyse ne fait ressortir aucun lien entre l'âge et
la motivation, au sein de la population étudiée.
2. 3. Etude des effets de la section de formation sur
les cinq facteurs de motivation.
2. 3. 1. Variable section à 10
modalités.
A la lecture des résultats du tableau
synthétique sur les analyses en variance (ANOVA) effectuées, nous
relevons que seuls deux des facteurs présentent un seuil de
significativité inférieur à .05. Il s'agit du facteur 2
sur les motivations scolaires (F=3,435, dll=132, p=.001) et
du facteur 4 sur les motivations liées à des contraintes
médicales (F=2,455, dll=132, p=.013). Nous avons
procédé, par
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 71
Le niveau de formation a un petit effet sur les
motivations liées à l'insertion sociale et professionnelle et sur
les motivations scolaires. Les stagiaires de deuxième
année mettent plus en
la suite, à un test post-hoc qui nous permet
d'identifier les différences significatives existantes entre les
groupes.
La section de formation a un petit effet sur les
motivations scolaires et sur les motivations liées à des
contraintes médicales. Les stagiaires de pré-formation 1
et de pré-formation 2 mettent plus en avant des motivations scolaires
que ceux de CAP horlogerie. Les stagiaires de première année de
CAP cordonnerie et ceux de Bac Pro Gestion-administration mettent plus en avant
des motivations liées à des contraintes médicales que les
stagiaires de BMA horlogerie.
Nous avons ensuite choisi de créer deux nouvelles
variables à partir de la variable « section » : une
première variable qui regroupera les domaines de formation quel que soit
le niveau, puis une seconde variable qui distinguera seulement les niveaux de
formation.
Ainsi, nous obtenons une nouvelle variable nommée
« cursus de formation » qui présente 5
modalités « pré-formation », codée 1,
« gestion-administration » codée 2, «
cordonnerie » codée 3, « bâtiment »
codée 4 et « horlogerie » codée 5 et une
autre variable nommée « niveau de formation » qui
comporte trois modalités « pré-formation »
codée 1, « première année »
codée 2 et « deuxième année »
codée 3.
2. 3. 2. Variable section par cursus de formation
(5 modalités).
Le cursus de formation a un petit effet sur les
motivations scolaires et sur les motivations liées à des
contraintes médicales. Les stagiaires de pré-formation
mettent plus en avant des motivations scolaires que ceux de
gestion-administration, que ceux de cordonnerie et que ceux d'horlogerie. Et
les stagiaires du cursus études du bâtiment mettent plus en avant
des motivations scolaires que ceux du cursus horlogerie. Les stagiaires de
gestion-administration et ceux de cordonnerie mettent plus en avant des
motivations liées à des contraintes médicales que les
stagiaires d'horlogerie.
2. 3. 3. Variable section par niveau de formation (3
modalités).
Ensuite, nous avons procédé à un nouveau
codage de la variable section de formation, par niveau de formation : 1 =
pré-formation, 2 = première année, 3 = deuxième
année.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 72
avant des motivations liées à l'attente
d'insertion sociale et professionnelle que les stagiaires de
préformation. Les stagiaires de pré-formation mettent plus en
avant des motivations scolaires que les stagiaires de première
année de formation et que ceux de deuxième année de
formation.
2. 4. Etude des effets du lieu de résidence
principale sur les cinq facteurs de motivation.
2. 4. 1. Variable lieu de résidence
principale (4 modalités)
Au vu des résultats de l'ANOVA
réalisée, nous pouvons dire que la proximité du lieu de
résidence principale a un petit effet sur les motivations liées
à des contraintes médicales. Les stagiaires
résidant à Muret ou dans une commune limitrophe et ceux
résidant en Haute-Garonne mettent plus en avant une motivation
liée à des contraintes médicales que ceux résidant
dans un département limitrophe.
2. 4. 2. Variable département de
résidence principale (2 modalités).
Nous avons ensuite procédé à la
création d'une nouvelle variable appelée «
département de résidence principale » et qui ne
présente que deux modalités : la modalité «
Haute-Garonne » codée 1 et la modalité «
autres départements » codée 2.
La moyenne des stagiaires résidant en Haute-Garonne et
mettant en avant une motivation liée à des contraintes
médicales est m= .209 (ET=.870) alors que celle des stagiaires
résidant dans un autre département est m=-.541
(ET=.986). La différence entre les moyennes est significative
(t(131)=4,059 ; p<.001) mais le test de Levene indique que les
variances ne peuvent pas être considérées comme
homogènes (F=8,144 ; sig=.005). Nous procédons donc
à un test t de Welch, qui permet de comparer des moyennes de deux
groupes lorsque l'homogénéité des variances n'est pas
assumée. Ainsi, ce test t de Welch nous permet de constater qu'il existe
bien une différence significative entre les moyennes des deux groupes
concernant ce quatrième facteur (t(131)=.347 ; p=.001, d=.74).
Les stagiaires résidant en Haute-Garonne mettent plus
en avant des motivations liées à des contraintes médicales
que les stagiaires résidant dans un autre département. Au vu de
ces éléments et de la taille calculée de l'effet, nous
concluons que le département de résidence a un effet
moyen sur les motivations liées à des contraintes
médicales.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 73
Le coefficient de corrélation de Bravais-Pearson
est significatif (r= .222), ce qui signifie qu'il
2. 5. Etude des effets de l'état de santé
actuel sur les cinq facteurs de motivation.
Nous avons procédé à des test t
de Student afin de comparer les moyennes entre les deux groupes «
état de santé stabilisé » et «
état de santé instable », qui nous permettent de
conclure que l'état de santé actuel n'a pas d'effet sur
la motivation, au sein de la population étudiée.
2. 6. Etude des effets du niveau de
rémunération pendant la formation sur les cinq facteurs de
motivation.
Nous procédons ensuite à une analyse en
variance, à l'aide d'une ANOVA, les résultats sont
présentés dans le tableau en annexe.
Après avoir réalisé des tests post-hoc,
nous concluons que le niveau de rémunération perçu
pendant la formation a un petit effet sur les motivations scolaires et sur
l'évolution favorable de la motivation au cours de la formation mais
surtout il a un grand effet sur les motivations liées à
l'affirmation d'autonomie. Plus le niveau de
rémunération pendant la formation est élevé plus
les stagiaires mettent en avant une motivation liée à une
affirmation d'autonomie.
Nous notons que cette relation est la plus importante
de nos analyses.
2. 7. Corrélation entre la
rémunération pendant la formation et l'évolution de la
motivation au cours de la formation.
Au vu des derniers résultats concernant l'effet
important de la rémunération sur les motivations à
l'entrée en formation liées à l'affirmation d'autonomie,
nous cherchons, à présent, à connaître l'effet de
cette rémunération sur l'évolution de la motivation au
cours de la formation. Pour cela, nous décidons d'effectuer un nouveau
codage de la variable « rémunération au cours de la
formation » en trois classes seulement, afin de rendre les groupes
plus homogènes. Ainsi la première classe, codée 1,
comprend les rémunérations comprises entre 652 euros et 1400
euros, la deuxième classe, codée 2 renvoie aux
rémunérations comprises entre 1401 euros et 1800 euros et enfin
la dernière classe, codée 3, correspond aux
rémunérations supérieures à 1800 euros.
A partir de cette nouvelle variable créée, nous
calculons le coefficient de corrélation de Bravais-Pearson entre ces
trois niveaux de rémunération pendant la formation et les quatre
niveaux d'évolution de la motivation au cours de la formation.
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 74
En annexe nous présentons les diagrammes en bâtons
sur chacun de ces 26 items.
existe bien un lien entre le niveau de
rémunération et l'évolution de la motivation pendant la
formation.
Au vu de ce résultat, nous effectuons un test de
Khi-deux entre les trois classes de la rémunération pendant la
formation et l'évolution de la motivation au cours de la formation,
réduite à deux niveaux « la motivation a baissé
» versus « la motivation a augmenté ».
Le test du Khi-deux n'est pas significatif (Khi-deux=5,449,
ddl=2, p=.066), c'est-à-dire qu'il ne permet pas de mettre au
jour l'existence d'une différence significative entre l'évolution
de la motivation et la rémunération perçu au cours de la
formation.
3. RÔLES DES FACTEURS PSYCHO-SOCIAUX DANS LES
MOTIVATIONS DES STAGIAIRES
3. 1. Analyses descriptives sur les items renvoyant au
vécu de la formation et à la vie quotidienne au sein de l'ERP
Vincent Auriol.
Avant de chercher à comprendre l'impact des facteurs
psycho-sociaux sur l'évolution de la motivation des stagiaires pendant
la formation, nous présentons une analyse descriptive de l'ensemble des
26 items concernés. Dans le tableau ci-dessous, nous présentons
la moyenne et l'écart-type pour chacun de ces items. En annexe, nous
joignons les diagrammes en bâton sur chacun de ces items.
Tableau 15: Analyses descriptives sur les 11 items
liés au vécu de la formation (source : SPSS)
Tableau 16: Analyses descriptives sur les 15 items
liés à la vie quotidienne au sein de l'ERP Vincent Auriol (source
: SPSS)
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 75
3. 2. Analyse en Composantes Principales.
Afin d'aller au-delà des effets des données
socio-biographiques sur les motivations des stagiaires en formation à
l'ERP Vincent Auriol, nous cherchons à comprendre quels autres facteurs
jouent un rôle dans l'évolution de la motivation des stagiaires au
cours de la formation. Ces facteurs sont d'ordre psycho-social et renvoient aux
hypothèses construites à partir des entretiens exploratoires
réalisés.
Pour ce faire, nous avons effectué une analyse en
composantes principales à partir de 26 items, c'est-à-dire les
items compris dans les parties « Vécu de la formation »
et « Vie quotidienne à l'ERP Vincent Auriol »
hormis les items 22 « Au cours de la formation, j'ai le sentiment
que ma motivation : a disparu, a diminué, a progressé, a
largement augmenté » qui est la variable dépendante de
cette problématique ; et l'item 45 « J'accorde une place
importante au travail dans ma vie » qui est un des items constitutifs
d'une des dimensions de la motivation (variable dépendante).
L'indice KMO qui donne un aperçu global de la
qualité des corrélations inter-items est de .834, il est donc
excellent. Par ailleurs, le seuil de significativité du test de
sphéricité de Bartlett est p=.000. Cette mesure indique
si la matrice de corrélation est une matrice identité à
l'intérieur de laquelle toutes les corrélations sont
égales à zéro. Ainsi, nous pouvons rejeter
l'hypothèse nulle voulant qu'il s'agisse d'une matrice identité
qui signifie que toutes les variables sont parfaitement indépendantes
les unes des autres.
A la lecture du tableau de variance totale expliquée,
nous relevons que sept facteurs ressortent de l'analyse en composantes
principales, leurs coefficients étant supérieurs à 1. Nous
choisissons de ne retenir que les cinq premiers qui permettent
d'expliquer 60,5% de la variance des effectifs. Notons que le
premier facteur explique, à lui seul, 33,8% de la variance.
Ø Facteur A : Les attitudes et comportements du
personnel et l'adaptation de la
formation aux caractéristiques des
stagiaires
Ce premier facteur, qui explique 34% de la variabilité,
est caractérisé par :
- la bonne communication entre l'ensemble du personnel et les
stagiaires en formation (.781),
- le travail en collaboration et en cohérence des membres
du personnel (.781),
- la valorisation du parcours de vie des stagiaires par les
membres du personnel (.702),
- l'adaptation de la formation aux exigences actuelles du
marché du travail (.578),
-
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 76
l'adaptation de l'organisation de la formation aux pathologies du
stagiaire (.568),
- la prise en compte des avis des stagiaires par les membres du
personnel (.559),
- la bonne considération des stagiaires par le personnel
administratif (.524).
Ø Facteur B : L'accompagnement à
l'insertion professionnelle Ce deuxième facteur, qui explique
8,5% de la variabilité, est caractérisé par :
- la confiance en l'équipe médico-psycho-sociale
(.800),
- le sentiment d'être bien accompagné par
l'équipe médico-psycho-sociale (.754),
- la confiance en l'équipe d'insertion professionnelle
(.729),
- le sentiment d'être bien accompagné par le
pôle d'insertion professionnelle (.701).
Ø Facteur C : La pédagogie et le soutien
perçu
Ce troisième facteur, qui explique 7% de la
variabilité, est caractérisé par :
- le sentiment d'être soutenu par ses camarades de
formation (.694),
- l'opinion que les cours permettent la participation de tous
(.687),
- le fait que les professeurs montrent l'utilité de ce
qu'ils enseignent (.628),
- le sentiment d'être bien accompagné par
l'équipe pédagogique (.572),
- la confiance en l'équipe pédagogique (.555),
- et le dynamisme des cours (.503).
Ø Facteur D : La confiance en
l'avenir
Ce quatrième facteur, qui explique 6% de la
variabilité, est caractérisé par :
- le fait de se sentir capable de réussir sa reconversion
et sa réinsertion professionnelle (.789),
- le fait de se sentir capable de réussir sa formation
(.784),
- l'optimisme face à son avenir à l'issue de la
formation (.655),
- et l'opinion que son âge n'est pas un frein pour
retrouver du travail (corrélation négative de l'affirmation
à -.513).
Ø Facteur E : Le manque de respect et les
relations inter-individuelles conflictuelles Ce cinquième
facteur, qui explique 5% de la variabilité, est
caractérisé par :
- le fait de se sentir dérangé par des conflits
existant entre des stagiaires de la formation (.688),
CHAPITRE IX : RÉSULTATS 77
- le fait d'être perturbé par des conflits
existant entre des membres du personnel (.654),
- le fait de se sentir infantilisé au sein de
l'établissement (.627),
- le fait de ne pas se sentir respecté au sein de
l'établissement (corrélation négative de l'affirmation
à (-.503)
3. 3. Analyses inférentielles entre les cinq
facteurs liés au vécu de la formation et à la vie
quotidienne au sein de l'ERP Vincent Auriol et l'évolution de la
motivation au cours de la formation.
A partir de ces cinq nouveaux facteurs réduits du
vécu de la formation et de la vie quotidienne au sein de
l'établissement, nous cherchons à comprendre l'effet de ces
variables sur l'évolution de la motivation des stagiaires pendant la
formation. Pour cela, nous décidons de reclasser les résultats de
la mesure directe de l'évolution de la motivation, en deux classes au
lieu de quatre. Ainsi, les modalités « a disparu » et
« a diminué » sont recodées en classe 1
renvoyant à une baisse de la motivation ; alors que les modalités
« a progressé » et « a largement
augmenté » sont recodées 2 correspondant à une
hausse de la motivation au cours de la formation.
A partir de là, nous calculons les coefficients de
corrélation de Bravais-Pearson, toutes les variables étant
quantitatives. Nous obtenons les résultats ci-dessous :
- L'évolution positive de la motivation au
cours de la formation est liée à la confiance en l'avenir des
stagiaires (r=.433) ;
- L'évolution positive de la motivation au
cours de la formation est liée à la pédagogie et au
soutien social perçu dans la section (r=306) ;
- L'évolution positive de la motivation au
cours de la formation est liée à l'attitude et aux comportements
du personnel et à l'adaptation de la formation aux
caractéristiques des stagiaires (r=.297).
Les coefficients de Bravais-Pearson ne sont pas significatifs
quant aux effets de l'accompagnement à l'insertion professionnelle
(r=.075) et du manque de respect et des relations inter-individuelles
conflictuelles (r=-.033) sur l'évolution positive de la
motivation au cours de la formation.
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 78
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION
ET
PRÉCONISATIONS
1. SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION
Ayant appuyé notre intervention sur le modèle
d'analyse psycho-sociale de Doise (1982), nous proposons, à
présent, une synthèse de celle-ci toujours en
référence à ce modèle. Ainsi, nous concluons :
- Au niveau intra-personnel :
Au travers de notre intervention, nous constatons bien, que
les stagiaires accueillis à l'ERP Vincent Auriol
présentent des profils différents, marqués par des
parcours de vie plutôt difficiles et donc des situations
financières en conséquence, mais aussi par des pathologies
multiples. Au vu des résultats du questionnaire, un tiers
d'entre-eux percevait un minimum social avec leur entrée en formation,
un autre tiers bénéficiait d'une allocation de retour à
l'emploi ; cependant, nous faisons l'hypothèse que ces résultats
auraient été sur-estimés soit à cause d'un manque
de connaissance de la part des stagiaires, qui pourraient confondre une
Allocation Spécifique de Solidarité et une Allocation de Retour
à l'Emploi, toutes deux étant attribuées par Pôle
Emploi soit par un biais de désirabilité sociale important
s'agissant d'un aspect financier considéré comme personnel. En
rapprochant ces données à celles existant sur la base de
données des stagiaires accueillies créée par la
psychologue, nous relevons que d'après ces données, 64 stagiaires
bénéficiaient d'un minimum sociaux avant d'entrer en formation
versus 41 selon les données issues du questionnaire. A cet
indicateur, s'ajoute le fait que la majorité des stagiaires estime que
sa situation financière était délicate avant
d'intégrer la formation (58,3%).
Par ailleurs, l'enquête quantitative effectuée
permet de mettre au jour une proportion importante de stagiaires
faisant état d'une situation médicale non-stabilisée
(51,9%). De plus, nous avons relevé une baisse du
chiffre d'affaires sur ces dernières années, liée à
des absences pour raison de santé.
Nous relevons également que les femmes sont
plus motivées par leur insertion sociale et professionnelle que les
hommes et, nous ajoutons que les hommes constituent la majorité des
stagiaires accueillis au sein de l'établissement. Les
résultats de l'étude quantitative nous permettent de dire que
les stagiaires du cursus gestion-administration et ceux du
cursus
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 79
Les entretiens menés auprès des stagiaires et du
personnel permettent de mettre au jour un défaut
cordonnerie mettent plus en avant des motivations
à l'entrée en formation liées à des contraintes
médicales. Et, s'agissant des motivations liées aux
contraintes médicales, les stagiaires habitant dans le
département les évoquent plus que ceux venant d'autres
départements.
Nous observons que, de manière générale,
les stagiaires se disent plus motivés aujourd'hui qu'au moment
de leur entrée en formation (65,7%) ; et, nous relevons que
la très grande majorité des stagiaires ont envie
d'exercer le métier pour lequel ils se forment à l'ERP Vincent
Auriol (85,7%).
Concernant les aspects financiers au cours de la formation,
nous remarquons que la grande majorité des stagiaires accueillis
perçoit une rémunération supérieure à 1401
euros par mois, rémunération que nous pouvons qualifier
de très correcte s'agissant du contexte de formation professionnelle.
Puis, nous révélons que le niveau de rémunération
perçu joue un rôle important dans l'affirmation d'une autonomie
comme facteur de motivation à l'entrée en formation.
- Au niveau inter-personnel :
Les entretiens exploratoires réalisés, nous
apprennent que certains conflits inter-individuels notamment au sein du
personnel viennent troubler l'accompagnement des stagiaires. Pour
autant, l'enquête quantitative réalisée ne nous permet pas
de le confirmer. En effet, les résultats statistiques attestent que le
manque de respect et les relations inter-individuelles conflictuelles ne sont
pas corrélés à l'évolution de la motivation pendant
la formation.
Par ailleurs, les entretiens menés permettent d'aborder
la notion de groupalité, par l'importance de la dynamique de groupe dans
les apprentissages et in fine dans le processus de réinsertion
professionnelle.
Puis, la double enquête réalisée permet de
postuler que l'esprit d'entraide entre pairs et donc le soutien social
perçu entre stagiaires, mais aussi la pédagogie
développée par les enseignants sont en relation avec
l'évolution de la motivation pendant la période de
formation.
- Au niveau organisationnel, positionnel :
Les données qualitatives font état d'un
manque de confiance de certains stagiaires vis-à-vis de certains
professionnels de l'accompagnement.
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 80
Ces conclusions nous amènent à proposer des
pistes d'actions permettant de pallier aux différentes
difficultés et/ou dysfonctionnements rencontrés.
d'adaptation de l'établissement à un
public d'adultes en situation de handicap, mais aussi un manque d'adaptation
des formations aux exigences actuelles du marché du travail.
Puis, l'enquête quantitative permet de faire apparaître
que l'évolution de la motivation des stagiaires pendant la
formation est liée à l'attitude et aux comportements du personnel
envers eux et à l'adaptation de la formation aux caractéristiques
des stagiaires.
D'autre part, les entretiens exploratoires
révèlent un problème de communication interne au
sein de l'établissement et des difficultés liées à
la socialisation organisationnelle des nouveaux entrants.
- Au niveau idéologique :
Les entretiens exploratoires menés auprès des
stagiaires révèlent un sentiment d'infantilisation, de
manque de respect, d'empathie et de bienveillance de la part du personnel de
l'institution ; cependant, l'analyse quantitative ne permet pas de
conforter l'existence d'une corrélation entre ce sentiment et
l'évolution de la motivation des stagiaires pendant la formation. Cela
dit, nous pouvons penser que l'accompagnement de personnes en situation de
réinsertion professionnelle implique, pour être efficient, une
relation de confiance entre le bénéficiaire et l'accompagnant,
basée sur le respect, l'empathie, la bienveillance et
l'équité.
D'autre part, les entretiens exploratoires mettent au jour
un manque d'analyse des pratiques professionnelles et donc, un
défaut de travail collaboratif au sein du personnel de
l'établissement. Dans le même ordre d'idée, les
entretiens exploratoires nous apprennent que des dysfonctionnements semblent
perturber les relations internes entre les membres du personnel et ainsi
être préjudiciable aux stagiaires, à qui le personnel
n'offrirait pas le cadre stable et sécurisant nécessaire à
la période transitoire qu'ils vivent.
Enfin, la double enquête réalisée
témoigne que l'évolution de la motivation pendant la
formation est liée à la confiance que les stagiaires ont dans
leur avenir et donc à leur confiance en eux et à leur
sentiment d'efficacité personnelle.
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 81
- Ensuite, concernant les difficultés de communication
constatées, nous préconisons d'adopter une communication
interne plus claire c'est-à-dire qui s'appuierait sur des
2. PRÉCONISATIONS
Ainsi, au vu des éléments exposés, nous
préconisons différentes actions à mettre en oeuvre :
- Tout d'abord, nous pensons indispensable d'élaborer
une base de données unique concernant le public
accueilli. Cet outil aura pour objectif de permettre à chaque membre des
équipes chargées de l'accompagnement des stagiaires
(équipe d'insertion professionnelle, équipe pédagogique et
équipe médico-psycho-sociale) d'avoir un accès direct et
commun aux différentes caractéristiques des personnes suivies.
Pour cela, nous conseillons d'intégrer dans cette base de
données, toutes les informations socio-biographiques, les informations
liées à l'orientation avant la formation (c'est-à-dire
l'organisme accompagnateur et le projet construit les cas
échéants), les durées de période d'activité
et d'inactivité, les informations liées à la
rémunération avant et pendant la formation, celles liées
à la pathologie (avec un codage permettant le respect du secret
médical tout en permettant le secret partagé entre
l'équipe médicale et la psychologue de l'établissement).
Cette base de données existe en partie suite à sa création
par la psychologue de l'établissement et nécessite d'être
partagée par les membres du personnel chargés de l'accompagnement
des stagiaires. Aussi, nous recommandons de mettre à jour cette base de
données, aussi fréquemment que nécessaire, afin de la
faire vivre et de la faire entrer dans les pratiques professionnelles.
- Concernant la problématique de la socialisation
organisationnelle ressortie en entretiens exploratoires et observée,
nous préconisons de mettre en oeuvre, au travers de la démarche
qualité, une procédure complète d'accueil des
nouveaux entrants. Le contexte actuel de renouvellement d'une partie
du personnel enseignant doit pouvoir se faire dans les meilleures conditions
possibles pour les recrutés. Aussi, cette procédure devrait
comprendre un parcours d'insertion des nouveaux entrants organisés en
sessions d'accueil par chaque professionnel de l'institution. Les durées
des sessions devront être adaptées en fonction des interactions
entre les professionnels. Par ailleurs, ce dispositif doit pouvoir s'adjoindre
d'un livret d'accueil recensant toutes les informations utiles à tout
nouvel arrivant.
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 82
méthodes de communication fiables et
régulières. Nous pensons qu'il conviendrait d'établir un
ordre du jour régulier pour les CMPP, celui-ci aurait
l'intérêt de ne pas omettre certains points. Par exemple, des
points réguliers devraient être fait sur les absences de la
semaine en cours et l'évolution des recherches de stage. La
communication en interne doit pouvoir concerner l'ensemble du personnel, aussi
nous estimons qu'il conviendrait d'instaurer des moments communs
d'échange, avec l'ensemble du personnel. Cela pourrait se produire de
manière trimestrielle, le vendredi après-midi, puisque les
stagiaires ne sont pas présents à ce moment là. Ce moment
permettrait à la Direction, de communiquer sur les
événements importants de l'établissement et serait suivi
d'un temps d'échange libre. S'agissant de la communication
externe et pour tenter de pallier au problème d'orientation
abordé dans les entretiens exploratoires, nous préconisons de
mettre en place une communication régulière avec la MDPH
sur le suivi des stagiaires, notamment sur ceux qui font preuve de
signes flagrants de manque d'intérêt (absentéisme, manque
de respect, insolence pendant la formation etc). Cette communication, pourrait
prendre la forme d'une réunion trimestrielle avec la MDPH ou bien si
cela s'avérait trop délicat à instituer, sous la forme
d'un compte-rendu mensuel rédigé communément en CMPP et
transmis avec régularité par un membre de la direction. Nous
préconisons une communication directe pour des raisons d'impact plus
important. Toujours concernant la communication externe et pour essayer de
pallier aux difficultés liées à l'insertion
professionnelle, nous préconisons d'instaurer une politique
forte de partenariat entre l'établissement et les entreprises
accueillant des stagiaires. En effet, c'est en construisant des
relations de confiance et de partenariat et donc en entretenant les relations
avec les entreprises partenaires que l'on offrira aux stagiaires de meilleurs
débouchés professionnels. Il s'agit là d'une
véritable démarche commerciale qui pourrait, notamment, prendre
la forme d'invitation à une journée porte-ouverte
spécifique aux entreprises partenaires et à d'autres qui
pourraient le devenir et d'une démarche de prospection directe
auprès d'entreprises du département, voire de la région et
encore d'envoi de cartes de voeux électronique chaque début
d'année.
- Concernant les difficultés liés à
l'harmonisation des pratiques et au travail collaboratif, nous
préconisons de mettre en place un dispositif de
régulation d'équipe. La régulation d'équipe se
distingue de l'analyse des pratiques professionnelles par le fait
qu'elle ne concerne pas seulement des professionnels du même
métier. La régulation d'équipe ou supervision
d'équipe consiste en une analyse approfondie des situations
vécues et permet :
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 83
- L'expression de leurs résonances émotionnelles
pour les différents acteurs,
- la médiation de conflits,
- une fédération des équipes autour de
valeurs partagées,
- la mise en conscience des obstacles et des freins,
- l'expression des non-dits,
- la mobilisation des ressources individuelles, collectives et
institutionnelles,
- une plus grande compréhension des logiques
institutionnelles et leurs enjeux systémiques, politiques, financiers,
organisationnels, relationnels, opérationnels,
- la conciliation des intérêts individuels,
collectifs et institutionnels, - une professionnalisation des relations de
travail.
Comme dans l'analyse des pratiques professionnelles il est
donc question d'une co-construction du sens des pratiques professionnelles par
l'ensemble du personnel de l'établissement, sur la base du volontariat
et sous la régulation d'un animateur extérieur à
l'institution.
Ces groupes de supervision d'équipe devraient permettre
de pallier aux questions liés à la posture professionnelle
c'est-à-dire à l'éthique à mettre en oeuvre pour la
bien-traitance des personnes en situation de handicap en vue de leur
réinsertion professionnelle. Nous considérons que, pour
être efficaces ces groupes de régulation d'équipe devraient
se tenir mensuellement et de manière dissociée des
réunions de CMPP.
- Toujours dans le but de développer le travail
collaboratif et la co-construction des pratiques pratiques professionnelles,
nous préconisons d'inviter systématiquement les
enseignants aux CMPP. Nous considérons, en effet, que les
enseignants au même titre que les équipes
médico-psycho-sociale et d'insertion professionnelle jouent un
rôle important dans l'accompagnement des stagiaires vers leur
réinsertion professionnelle. Pour cela, il faudra soit changer l'heure
et le jour de ces réunions hebdomadaires, soit moduler le temps de
formation afin que les enseignants puissent se rendre disponibles le jeudi
après-midi. Concernant les CMPP, nous estimons que le cadre de ces
réunions n'est pas suffisamment posé, aussi nous
préconisons de redéfinir le cadre et de le poser en début
de séance, le temps nécéssaire pour qu'il soit
adopté de tous. La définition du cadre doit permettre
d'élaborer les
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 84
règles de communication en vigueur ; nous pensons
notamment, à l'écoute attentive de chacun, au respect, à
la bienveillance et à la déontologie professionnelle. Il
s'agirait également de rappeler qu'une équipe pluridisciplinaire
est porteuse d'un projet d'établissement commun mais qu'elle ne doit pas
entraver l'autonomie de chaque professionnel dans son domaine de
compétences.
- Puis, nous préconisons un accompagnement du
personnel vers le déplacement du coeur de métier de l'ERP Vincent
Auriol : de la formation vers l'insertion professionnelle. En effet,
jusqu'à présent l'établissement était
évalué uniquement en termes de taux de réussite aux
examens, alors que les textes qui régissent son activité mettent
en avant une mission de réinsertion professionnelle ; ce qui laisse
supposer un futur déplacement des indicateurs de performance.
L'accompagnement vers ce nouveau coeur de métier doit pouvoir prendre la
forme d'une démarche participative afin de favoriser l'engagement des
personnes concernées et de permettre un changement durable et
consensuel. Nous relevons que l'EPNAK a la volonté d'accentuer le
pôle d'insertion professionnelle.
- Concernant l'accompagnement des stagiaires en formation,
nous préconisons de réaliser une nouvelle étude
plus approfondie concernant les leviers motivationnels liés à la
rémunération. En effet, notre étude met au jour
le rôle important de la rémunération dans les motivations
à travers une affirmation d'autonomie mais elle se limite à ce
constat ; aussi, nous estimons qu'il serait pertinent de poursuivre notre
travail en explorant ce levier plus en détail. Nous pensons qu'en ayant
une meilleure vision des motivations liées à la
rémunération pendant la formation, et ce de manière plus
individuelle, l'institution pourrait proposer un accompagnement à
l'insertion professionnelle d'autant plus personnalisé et adapté.
Ainsi, de manière opérationnelle, il serait intéressant
d'organiser des entretiens collectifs dans lesquels les stagiaires seraient
invités à échanger leur point de vue par rapport à
leur rémunération pendant la formation et la manière dont
ils envisagent leur autonomie financière après la formation. Par
le groupe restreint, et selon le modèle du changement
développé par Kurt Lewin, nous pourrions ainsi, faire changer les
représentations des stagiaires face à la
rémunération et ainsi les faire changer de comportements dans la
formation, c'est-à-dire leur faire prendre conscience de la
possibilité qui leur ai offerte de construire un nouveau projet
professionnel. Nous pensons qu'en plus de cette intervention
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 85
psycho-sociale une intervention sociale sur la gestion du
budget pourrait être bénéfique aux stagiaires ; un
accompagnement éducatif à la gestion des ressources et à
l'anticipation des besoins financiers.
- Dans un second temps, ce travail sur les motivations
liées à la rémunération que nous
préconisons, permettrait de proposer un accompagnement permettant de
dépasser ce facteur extrinsèque et instrumental. Cette
démarche s'inscrirait dans un processus d'accompagnement au projet
d'insertion professionnelle individualisé, qui serait mis en place tout
au long de la formation des stagiaires. En effet, nous considérons, que
bien que la rémunération puisse être une source de
motivation majeure, toute la mission des personnels chargés de
l'accompagnement des stagiaires est de leur permettre de dépasser ce
seul critère « éphémère » et de
s'inscrire dans une dynamique de projection dans l'avenir, et à
partir de là de construction de projet professionnel.
- Par ailleurs, toujours concernant l'accompagnement des
stagiaires, nous estimons l'équité de traitement doit
être un préalable à l'accompagnement des stagiaires et ce
pour l'ensemble des acteurs de l'établissement ;
l'équité n'est pas l'égalité, mais est une
« juste mesure », un équilibre qui permet de rendre
acceptable une forme d'inégalité lorsque
l'inégalité ne serait pas acceptable. Ainsi, l'accompagnement
individualisé au projet d'insertion professionnelle doit être
envisagé dans sa globalité, de manière systémique
et doit pouvoir bénéficier aux stagiaires les plus
éloignés de l'emploi, c'est-à-dire à ceux qui
rencontrent le plus de difficultés à se réinsérer
professionnellement.
- Enfin, nous recommandons à l'institution de
mettre en place une veille sur les métiers porteurs
nécessitant une formation et qui seraient accessibles à des
travailleurs handicapés. La question de l'adaptation et de la
pertinence des formations au marché du travail et aux pathologies
revient régulièrement au travers des entretiens
réalisés. Cette veille pourrait s'appuyer sur la mise en
confrontation des indicateurs existant sur l'insertion professionnelle et des
évaluations de compétences issues du milieu professionnel,
c'est-à-dire des évaluations des compétences mises en
oeuvre par les stagiaires lors des périodes de stages en entreprises. Il
s'agirait là de mettre en place une démarche évaluative
des formations proposées et donc d'un processus d'auto-réflexion
sur la pertinence des services
CHAPITRE X : SYNTHÈSE DE NOTRE INTERVENTION ET
PRÉCONISATIONS 86
proposés. En allant plus loin dans cette
démarche réflexive, il s'agirait de se questionner sur la place
de ce type d'institution dans la rééducation professionnelle et
sur sa plus-value par rapport aux institutions du droit commun. En effet, il
nous a semblé que, de manière générale, les
écoles de reconversion professionnelle auraient tout
intérêt à faire preuve de plus de souplesse et
d'adaptabilité au regard des évolutions sociétales et
économiques, afin d'assurer leur pérennité.
CONCLUSION 87
CONCLUSION
Notre intervention psychosociale au sein de l'ERP Vincent
Auriol de Muret avait comme principal objectif d'étudier les leviers de
motivation des stagiaires de le formation et d'en analyser la concordance avec
la mission d'insertion professionnelle de l'institution. Pour cela, nous avons
réalisé une enquête de terrain à l'aide d'entretiens
exploratoires puis d'un questionnaire à destination de l'ensemble avant
d'émettre des préconisations à différents
niveaux.
Nous avons présenté les résultats de
notre travail au Directeur de l'ERP Vincent Auriol le mardi 27 juin, puis en
réunion pluridisciplinaire (CMPP) le jeudi 29 juin aux personnels
présents. Nous envisageons une présentation à l'ensemble
du personnel à la rentrée prochaine afin que l'ensemble du
personnel dont les nouveaux membres du personnel soient informés du
travail réalisé.
Nous espérons que l'institution saura tenir compte des
préconisations formulées pour rendre ses services plus efficients
et adaptables, dans le contexte actuel de changement.
Ce travail nous a permis de développer nos
compétences en matière d'intervention psychosociale ; il nous a
également permis d'affirmer notre posture professionnelle notamment au
travers de l'analyse réflexive de nos conduites et activités.
Nous pouvons même dire que notre posture s'est étoffée au
cours de ce stage professionnel, facilitant notre projection dans notre futur
professionnel.
BIBLIOGRAPHIE 88
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