Année universitaire 2017-2018
Les projets connexes aux gares du Grand Paris
Express
sous maîtrise d'ouvrage de la
Société du Grand Paris :
Opportunités de valorisation foncière ou
projets de
valorisation urbaine ?
Mémoire d'initiation à la recherche écrit
et soutenu par Pauline CHEMLA, sous la direction de
Anne PETILLOT
Novembre 2018
Master 2 mention Géographie, aménagement,
environnement et logistique des échanges (GAELE),
spécialité Aménagement, urbanisme, développement et
prospective, parcours Urbanisme opérationnel et Projet urbain
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REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a été
possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je
voudrais témoigner toute ma reconnaissance.
En premier lieu je souhaite remercier tous les professeurs qui
m'ont inspirée durant ces deux années d'étude en master
d'Aménagement, Urbanisme, Développement et Prospective, et
notamment ma directrice de recherche, Anne Pétillot qui n'a pas
compté ses heures pour me guider et me soutenir dans mon projet de
recherche et surtout sans laquelle je n'aurais pas pu aboutir à ce
mémoire.
Durant mon travail de recherche, j'ai fait de nombreuses
rencontres qui ont pris de leur temps, malgré leur emploi du temps
professionnel chargé, pour m'apporter les clés nécessaires
à mon sujet et que je souhaite remercier : Ioannis Valougeorgis,
Christian Garcia, Benoît Labat et Nicolas Ferrand.
Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers mes
collègues et supérieurs chez Eiffage Immobilier, qui ont su
porter de l'intérêt à l'égard de mon projet de
mémoire, qui m'ont accordé le temps nécessaire à sa
bonne réalisation, et qui m'ont apporté beaucoup de soutien. Je
remercie également particulièrement Thomas Doyon, qui a
été mon tuteur durant la réalisation de mon stage de fin
d'étude et qui a veillé à ce que je mène à
bien ce projet de recherche.
Enfin je souhaite remercier mes amis et ma famille qui m'ont
supportée sans faillir pendant près de six mois, lorsque j'avais
des doutes et que j'étais découragée. Je désire
remercier particulièrement Anne Hélène Bouthors,
collègue et amie qui m'a beaucoup aidée dans la
méthodologie du mémoire ainsi que ma camarade d'infortune et de
bibliothèque, Marine Da Silva, pour les moments d'écoute et de
soutien que nous avons partagés.
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INTRODUCTION
1. Le Grand Paris Express, la Société du Grand
Paris et les projets connexes
« C'est aujourd'hui LE chantier européen en
matière de transport en tous les cas qui est le plus important sans
conteste et sur le monde, en tous les cas sur une concentration urbaine aussi
importante, sur un espace relativement réduit somme toute, je ne connais
pas d'équivalent. On est dans le méga projet assurément
dans le projet [...] d'au moins une génération voire d'un
siècle. » (Bernard Cathelain1)
Voici les mots qui caractérisent le projet du Grand
Paris Express (GPE), certainement le plus gros chantier à l'oeuvre dans
la région Ile-de-France (IDF) depuis celui du RER, et qui mobilise
depuis quelques années déjà toute l'attention de
franciliens. Inhérent à l'émergence de la métropole
du Grand Paris, ce projet de transport emblématique du devenir de l'IDF
compte bien révolutionner la mobilité dans la région
capitale. Par ce projet stratégique de création d'un nouveau
métro automatique en rocade autour de Paris, les objectifs sont
multiples : désengorger le réseau existant de RER et de trains de
banlieue qui converge en étoile vers le centre de Paris, desservir les
nouveaux pôles d'emplois et de recherche autour de Paris en
raccourcissant le temps de transport de banlieue à banlieue,
désenclaver une partie des territoires métropolitains, lutter
contre l'étalement urbain, favoriser le développement
économique de la région IDF et contribuer, par effet
d'entrainement, à la compétitivité de la France dans son
ensemble
A l'horizon 2030, le GPE représentera 200km de lignes _
dont les 80% seront en interconnexion avec le réseau existant _ qui
seront à 90% souterraines et 100% automatiques. Avec une vitesse moyenne
de circulation estimée à 55 jusqu'à 60km/h, une rame
toutes les 1 à 3 minutes et 68 gares réparties dans les villes de
première couronne parisienne, le nouveau super métro devrait
accueillir 2 millions de voyageurs au quotidien et changer la vie des
franciliens.
Les conditions de la mise en oeuvre du GPE sont retranscrites
dans la loi n°2010-597 dite loi Grand Paris du 3 juin 2010, par laquelle a
aussi été créée la Société du Grand
Paris (SGP), Etablissement Public à Caractère Industriel et
Commercial (EPIC) et qui « a pour mission principale de concevoir et
d'élaborer le schéma d'ensemble et les projets d'infrastructures
composant le Réseau de Transport public du Grand Paris et d'en assurer
la
1 Membre du directoire de la
SGP
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réalisation »2. Cette mission se
décline en deux étapes : D'une part la SGP est chargée de
la conception et de l'élaboration du schéma d'ensemble des
projets des infrastructures du nouveau métro évoqué
ci-dessus. A ce titre, un débat public portant sur l'opportunité,
les objectifs et les principales caractéristiques du projet de transport
a été organisé par la SGP et a permis de valider un
schéma d'ensemble validé par décret le 24 août 2011.
D'autre part, la SGP doit assurer la réalisation du GPE
c'est-à-dire : la construction des lignes, des ouvrages et des
installations fixes, la construction et l'aménagement des 68 gares,
ainsi que l'acquisition des matériels roulants conçus pour
parcourir ces infrastructures. Pour ce faire, la loi a donc donné
à la SGP le pouvoir d'acquérir au besoin, par voie
d'expropriation ou de préemption, les biens mobiliers ou immobiliers,
nécessaires à la création et à l'exploitation des
infrastructures du GPE.
Parallèlement à cette mission principale, la SGP
s'est vue confiée d'autres tâches par la loi du 3 juin 2010 ayant
trait à l'aménagement. La SGP assiste le préfet de la
région IDF dans la préparation et la mise en cohérence des
Contrat de Développement territorial (CDT), pour lesquels elle a
préparé un état initial de l'environnement sur chaque CDT
afin de procéder à l'évaluation environnementale
réglementaire requise. Complémentairement à cela, la loi a
conféré la SGP la compétence d'aménageur et de
constructeur sur le territoire des communes signataires d'un CDT qui le
souhaitent ou, à défaut, dans le un rayon de 600m autour des
nouvelles gares du Grand Paris.
La SGP a également conduit des études pour le
développement de projets immobiliers à proximité des gares
dont elle est le maître d'ouvrage. Ainsi elle a étudié de
manière approfondie les conditions de réalisation _ à
partir d'études préliminaires de l'infrastructure et du contexte
urbain de chaque site_ de ce que l'on appelle les « projets connexes
» et qui pourront accueillir une programmation variée de logements,
bureaux, commerces, équipements etc. Appelés ainsi «
connexes » car en surplomb ou à proximité immédiate
des gares du Grand Paris, ces opérations portées par la SGP ont
plusieurs objectifs : assurer l'insertion urbaine de la gare dans son contexte
plus ou moins dense en venant former un pôle-gare (projet connexe +
projet gare) ; proposer un projet futur et amorcer ou renforcer le processus de
valorisation et de renouvellement urbain dans les quartiers riverains ;
participer à la création de logements en IDF dans le cadre du
Grand Paris ; et, valoriser la partie du foncier acquis par la SGP et qui ne
reçoit pas un usage ferroviaire.
2 LOI n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative
au Grand Paris, NOR : PRMX0920421L
Version consolidée au 01 octobre 2018. Disponible sur
www.legifrance.gouv.fr.
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Dans cette perspective, la SGP a conduit par site par site des
études urbaines et architecturales par le biais d'un « Observatoire
des quartiers de gares », ainsi que des études en matière de
programmation ou de montage opérationnel. Ces études mises au
point en concertation avec les acteurs locaux ont permis d'identifier la nature
des projets connexes et les conditions de leur mise en oeuvre,
résumées dans un Cadre Conceptuel3 original, base de
travail pour tous les projets connexes. Ainsi, la SGP a pu juger
l'opportunité de lancer ou non, gare par gare, des consultations de
cession foncière en vue de sélectionner les projets et les
opérateurs qui l'accompagneront dans l'atteinte des objectifs
recherchés. Aujourd'hui on compte 9 projets connexes d'ores et
déjà attribués : Créteil l'Echat, Issy-RER-,
Bagneux M4, La Courneuve « Six Routes », Les Ardoines, Bry - Villiers
- Champigny, Châtillon - Montrouge, Le Vert de Maisons et Kremlin
Bicêtre.
2. Problématique et hypothèses
émises
Dans l'intention d'étudier les projets connexes aux
gares du Grand Paris, il aurait été évident de se demander
en quoi réellement ces projets étaient porteurs d'urbanité
et s'intégraient aux pôles-gare apportant une plus-value aux
quartiers de gare. Pour autant, étant donné la réalisation
des projets connexe programmée postérieurement à cette
étude, nous sommes dans l'incapacité à mener une
quelconque analyse évaluative ou rétrospective à l'heure
actuelle. Nous pouvons tout de même nous interroger sur les
véritables motivations de la SGP à la valorisation des emprises
dédiées aux projets connexes des gares du Grand Paris et donc
à la manière dont elle s'approprie la compétence
d'aménageur dont elle a été dotée par la loi du 3
juin 2010.
Si la SGP ne se cache pas de vouloir valoriser ses emprises
foncières, ce n'est pas cet intérêt qu'elle met en avant
lorsqu'il s'agit d'expliquer ce que sont les projets connexes. « Catalyser
les projets en rénovation urbaine », « Révéler
les potentiels », « Articuler les échelles » «
Organiser l'intermodalité », « Requalifier les espaces publics
», « Densifier », « Valoriser les repères
métropolitains »4 etc. : voici les termes que la SGP
emploie pour qualifier son action en termes d'aménagement, qu'il soit
induit par le passage du GPE ou par l'implantation des projets connexes. Mais
que valent ces mots ?
3 Société du Grand Paris. Annexe 1.
« Cadre Conceptuel des projets connexes aux gares du Grand Paris »,
2014, volume 1, 63 pages.
4 Arguments tirés du Cadre Conceptuel des
projets connexes aux gares du Grand Paris.
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D'une part beaucoup d'éléments laissent à
penser que la cession foncière des emprises et des droits à
construire des projets connexes par la SGP à des opérateurs
privés sont dictées par un simple besoin de valorisation
foncière. Un Cadre Conceptuel qui ne laisse rien au hasard, des
consultations précises et restrictives, la création d'une
entreprise qui ne dit pas son nom etc. Tout cela nous pousse à nous
demander quels sont les intérêts de la SGP à travers la
mise en oeuvre de ces projets connexes et l'exercice de sa compétence
d'aménageur. Finalement les opérations connexes feraient-ils de
la SGP un simple aménageur opportuniste, ayant saisi cette occasion de
se délester de fonciers « en trop » pour faire rentrer dans
ses caisses de quoi compenser le coût du métro ?
D'autre part, les arguments avancés par la SGP quant
aux bénéfices urbains apportés par la future
infrastructure de transport sont nombreux : le GPE sera au service des
franciliens, du territoire métropolitain et des villes, pourquoi les
projets connexes ne s'inscriraient-ils pas dans cette démarche globale
de faire la ville de demain au service de ses usagers ? Si tel est le cas, les
projets connexes, par leur rôle dans le pôle-gare et donc par leur
rayonnement à l'échelle des quartiers, devraient participer de
cette fabrique de la ville et être l'expression d'un aménagement
convaincu et réfléchi de la part de la SGP.
Ainsi, la suite de ce mémoire s'attachera à
étudier la démarche de la SGP pour la mise en oeuvre des projets
connexes et l'exercice de sa compétence d'aménageur, depuis sa
création jusqu'à aujourd'hui, pour y déceler les
intentions initiales et actuelles de la SGP et répondre à la
problématique : les projets connexes aux gares du Grand Paris
représentent-ils l'opportunité d'une simple valorisation
foncière ou bien l'expression d'un véritable processus de
valorisation urbaine engagé par la SGP ?
Pour répondre à cette problématique
générale, nous définirons dans une première partie
ce que sont les projets connexes, en étudiant leur conception, leurs
caractéristiques spatiales et morphologiques, ainsi que leur mise en
pratique stratégique et opérationnelle. Enfin, nous nous
appuierons sur deux hypothèses constituant une deuxième et une
troisième partie de ce mémoire. La première consistera
à s'interroger sur les projets connexes comme opportunité de
valorisation foncière pour la SGP et la seconde sur l'implication de la
SGP dans l'aménagement urbain de la métropole au regard des
projets connexes.
La première hypothèse émise pour
répondre à la problématique est celle que les projets
connexes aux gares du Grand Paris représentent une opportunité de
valorisation foncière pour la SGP. Il s'agira de s'interroger sur la
mise en oeuvre des projets connexes comme prétexte de valorisation
foncière, aussi, nous devons comprendre successivement les liens
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entre SGP et aménagement territorial, le GPE et le
foncier du Grand Paris, et, valorisation foncière et projet connexe.
Pour vérifier cette hypothèse il nous faudra
dans un premier temps faire un saut dans le passé, revenir aux origines
de la création de la SGP et surtout à ce qui a participé
à ce qu'elle soit dotée de la compétence
d'aménageur. En d'autres termes se demander comment et pourquoi le
concepteur et réalisateur du réseau de transport du GPE s'est vu
attribué une mission, qui a priori sortait de son champ de
compétences, et qui est celle d'aménageur.
Les origines de la compétence d'aménageur
confiée à la SGP ainsi établies, nous devrons analyser
dans les faits ce qui laisse à penser que cet établissement
public aurait eu un intérêt avant tout économique dans la
mise en oeuvre des projets connexes ; cela en se détachant de l'image
communiquée par la SGP, garante d'un projet de développement
urbain sans précédent au service des franciliens. Pour ce faire,
nous nous pencherons sur l'impact du GPE sur les territoires traversés
en termes d'opportunités foncières dans la métropole et
les enjeux qu'ils représentent pour la SGP, à l'échelle
des quartiers de gare et plus particulièrement des projets connexes aux
gares. Il s'agit donc d'établir le rapport entre la compétence
d'aménageur dont dispose la SGP et les dynamiques foncières dans
le Grand Paris et plus précisément dans les quartiers de gare,
pour comprendre les intérêts de la SGP dans la captation des
plus-values immobilières à venir et dans la réalisation
des projets connexes. Enfin, il faudra définir la nature et la mesure
des projets connexes comme leviers de valorisation foncière pour la SGP
afin établir concrètement l'apport financier qu'ils peuvent
constituer en comparaison du coût du réseau de transport du GPE :
l'aménagement peut-il financer le transport ?
Vérifier cette première hypothèse des
projets connexes comme opportunité de valorisation foncière
reviendra donc à se demander dans quelle mesure la mission
d'aménageur de la SGP vient soutenir ou renforcer sa mission de
concepteur/réalisateur du réseau d'infrastructure de transport,
et donc faire de la SGP ce que l'on pourrait appeler un aménageur
opportuniste. Cette première hypothèse étudiée
conduira logiquement à une seconde et antagoniste hypothèse qui
consistera à dire que, non pas considérés comme de simples
opportunités de valorisation foncière, les projets connexes
s'inscrivent dans une démarche de valorisation urbaine de la part de la
SGP.
La deuxième hypothèse émise pour
répondre à la problématique est donc celle que les projets
connexes aux gares du Grand Paris sont essentiellement l'expression d'une
volonté de valorisation urbaine engagée par la SGP. En d'autres
termes, nous postulerons _ contrairement à ce que laissait entendre la
première hypothèse _ que la SGP exerce sa
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compétence d'aménageur sur les projets connexes
avant tout dans un objectif de plus-value urbaine, pour accompagner
l'arrivée du nouveau métro du GPE.
La démarche pour répondre à cette seconde
hypothèse prendra à revers le processus mis en place pour
répondre à la première hypothèse, puisqu'il s'agira
avant tout de partir du postulat inverse que les projets connexes sont avant
tout des outils d'urbanité pour la Société du Grand Paris.
Et, de là aborder d'une autre manière la compréhension des
liens entre le projet connexe et la valorisation urbaine, entre GPE et
urbanité, et, entre le domaine de l'aménagement et la SGP.
Pour vérifier cette seconde hypothèse, il
s'agira dans un premier temps de s'interroger sur la capacité de la SGP
à être à la fois un acteur du transport et un acteur de
l'urbain. Aussi nous nous attacherons à comprendre dans quelle mesure
les projets connexes viennent en complémentarité de la
réalisation du métro, être dans le discours de la SGP, un
vecteur d'urbanité. Ainsi, nous verrons en quoi le GPE est un
déclencheur de projets urbains et en quoi les projets connexes
s'inscrivent dans cette démarche de plus-value urbaine au service des
territoires du Grand Paris. Dans un second temps, et au vu des premières
réponses qui auront été apportées nous nous
interrogerons sur les conditions, les difficultés et les limites de la
mise en oeuvre des projets connexes pour la SGP. S'ils sont revendiqués
comme des moyens de valorisation foncière qu'en est-il des
réalités derrière leur maîtrise d'ouvrage ? A qui
faut-il attribuer cette création de plus-value urbaine que sont
censés générer les projets connexes : à
l'initiative de la SGP ou bien au contexte territorial métropolitain
?
Vérifier cette seconde hypothèse des projets
connexes comme projets de valorisation urbaine reviendra donc à se
demander en quoi la plus-value urbaine est plus forte ou bien a plus de sens
que la plus-value foncière lorsque l'on parle des projets connexes.
3. Méthodologie adoptée
Pour infirmer ou confirmer ces hypothèses et ainsi
tenter de répondre à la problématique émise, il a
fallu choisir un terrain d'étude, support de l'expérimentation.
Le terrain d'étude choisi est en réalité double : à
la fois géographique par l'étude des gares du Grand Paris
Express, et plus précisément celles de la ligne 15 Sud, et
à la fois conceptuel par l'étude des intentions de la SGP.
Le choix d'un terrain d'étude physique s'est
naturellement porté vers celui de la ligne 15 Sud du réseau du
Grand Paris Express, reliant Pont de Sèvres à Noisy-Champs. Ce
choix repose
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principalement sur le fait que ce tronçon du
réseau est à l'heure actuelle le plus abouti, avec une mise en
service prévue à l'horizon 2024-2025, et que les données
et informations qui lui sont relatives sont le plus facilement exploitables,
puisqu'existantes, contrairement à la majeure partie du reste du
réseau.
1 Ligne 15 Sud du GPE -
Crédit :
www.entreprendre-souterain.com
La ligne 15 Sud représente 33km de métro
automatique, reliant ainsi le sud du territoire métropolitain d'Est en
Ouest et à toute la métropole, avec la création de 16
gares, d'Ouest en Est : Pont de Sèvres, Issy RER, Fort
d'Issy-Vanves-Clamart, Châtillon-Montrouge, Bagneux, Arcueil-Cachan,
Villejuif Institut Gustave-Roussy, Villejuif Louis-Aragon, Vitry Centre, Les
Ardoines (à Vitry-sur-Seine), Le Vert de Maison (à cheval sur les
communes de Maisons-Alfort et Alfortville, Champigny Centre,
Bry-Villiers-Champigny et Noisy Champs. La ligne comportera également
deux centres d'exploitation : un à Vitry entre les gares de Vitry Centre
et des Ardoines, l'autre à Champigny entre les gares de Bry - Villiers -
Champigny et Noisy-Champs. Avec 22 communes traversées la SGP estime que
la ligne 15 Sud concernera plus d'un million d'habitants et représentera
300 000 voyages par jour, permettant de réduire considérablement
les temps de transports de périphérie à
périphérie. Toutes les gares de la ligne seront en correspondance
avec les lignes de RER, métro, tramway et/ou transports en commun en
site propre. A l'horizon 2030 la ligne 15 Sud se verra connectée aux
lignes 15 Est et Ouest, formant ainsi une rocade de 75km autour de la capitale.
En ce qui concerne le calendrier, la ligne 15 Sud a fait l'objet d'une
Déclaration d'Utilité Publique (DUP) dès décembre
2014, le lancement des travaux préparatoires a eu lieu en mars 2015 et
le début des travaux de génies civil en juin 2016. Beaucoup de
documents diffusés par la SGP elle-même et relayés par
d'autres médias indiquent que les gares seront livrées en 2022.
Pour autant des informations plus récentes sur le site de la SGP indique
que la mise en service de la ligne 15 Sud est prévue pour 2024, alors
même que Thierry Dallard, président de la SGP, a annoncé
récemment une livraison en juin 2025. Par ailleurs fin 2017, six projets
connexes
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étaient déjà attribués sur la
ligne : Créteil l'Échat, Issy RER, Bagneux M4,
Bry-Villiers-Champigny, les Ardoines et Châtillon-Montrouge.
Si nous nous référons au planning
prévisionnel de la ligne 15 Sud, aujourd'hui en 2018, nous nous trouvons
dans une phase transitoire entre le début des travaux de génie
civil il y a deux ans et la livraison de la ligne dans environ quatre ans. De
par cette situation d'avancement la ligne 15 Sud représente un terrain
d'étude optimal par rapport à l'ensemble du futur réseau
du Grand Paris Express : le tracé de la ligne est arrêté,
ainsi que le positionnement des gares dont la maîtrise d'oeuvre est
attribuée, et, les projets connexes sont ou sont en train d'être
attribués. Afin de constituer une base de travail à ce
mémoire, compréhensible et le plus à jour possible, nous
nous sommes proposés de réaliser une analyse
comparée5 de ces 16 gares, basée sur une collecte
d'informations à partir de différentes sources (SGP, presse,
données personnelles) ainsi que sur l'établissement de
différents points de comparaison. Afin que cette analyse soit la plus
pertinente possible pour répondre à la question posée et
donc étudier les relations gare/projet connexe et GPE/projets urbains,
nous avons ciblé les critères d'analyse suivants : architecte(s)
de la gare, présence du projet connexe ou non, programmation du projet
connexe si connue, équipe lauréate du projet connexe, projet(s)
urbain(s) initiés à proximité et/ou en lien avec la future
gare, aménageur local en action et présence ou non d'un projet
Inventons la Métropole du Grand Paris (IMGP) sur le territoire en
question. Cette analyse a permis de répertorier les dynamiques urbaines
de chacune des 16 gares quand les données étaient connues, et
donc d'avoir un échantillon de ce que ces dynamiques pourront
représenter sur l'ensemble du réseau du Grand Paris Express
à l'avenir.
Pour répondre à la problématique
proposée, un autre terrain d'étude est apparu évident :
celui de la SGP elle-même. Sonder les intentions et analyser les actions
de la SGP devait se faire de l'intérieur et de l'extérieur, pour
obtenir des points de vue différents et donc une vision la plus juste et
la plus nuancée possible de la situation. La récolte
d'informations « internes » à la SGP s'est fait par le biais
du site internet de la SGP6 et par la réalisation
d'entretiens avec des membres en son sein. Une collecte d'informations externes
est venue compléter cette première recherche, avec l'étude
de publications diverses concernant l'action de la SGP et le GPE ainsi qu'avec
l'étude des différents textes de loi ayant permis leur mise en
oeuvre ; et enfin par un entretien avec l'ancien directeur de l'EPARMARNE,
pour
5 Cette analyse est disponible en
intégralité en annexe 1.
6
www.societedugrandparis.fr
13
compléter cette étude externe par le point de
vue d'un aménageur présent sur notre terrain d'étude.
La phase de récolte de données internes s'est
donc traduit pas la conduite d'entretiens auprès de différents
membres de l'EPA : dans un premier temps Ioannis Valougeorgis, directeur
délégué à l'aménagement, puis Christian
Garcia, directeur des relations territoriales et enfin, Benoit Labat, directeur
de la Valorisation et du Patrimoine (DVP). Aucune méthode
particulière n'a été établie pour mener les
entretiens, il a plutôt fallu adopter des approches adaptées
à chacune des personnes rencontrées, dans la mesure où
toutes n'avaient pas la même manière d'appréhender le
dialogue. Habituées des médias et des intérêts des
différents acteur de l'aménagement de la métropole, les
différentes personnes rencontrées ont également pu
présenter une certaine forme de retenue dans leur propos pour ne pas
révéler des informations pouvant porter atteinte à l'image
de la SGP et à la bonne mise en oeuvre du GPE. Par ailleurs les
entretiens n'ont pas été réalisés dans un ordre
préétabli, mais suivant les opportunités qui se sont
présentées, cela explique notamment que les questions
posées ont pu différer au cours des entretiens (avancée du
travail, brèches de questionnement etc.). Ces entretiens au sein de la
SGP sujet d'étude, se sont révélés
nécessaires afin d'obtenir des informations relatives au GPE les plus
actualisées et les plus poussées, parmi le flot d'informations
communiquées par les médias. Ils ont également permis de
faire ressortir différents points de vue « de l'intérieur
» quant à la mission de la SGP et de les mettre en comparaison.
Tous les éléments soulevés lors de ces entretiens ont
notamment été un apport majeur de réponse quant aux
questionnements soulevés par la problématique, et ont permis
d'écarter certaines hypothèses et d'en renforcer d'autres.
Si les entretiens avec des membres de la SGP ont
été très utiles pour comprendre les problématiques
liées aux projets connexes et au GPE en général, il faut
réaliser que bien que pluriels, ils ne représentent que le point
de vue d'un seul acteur finalement, qui est la SGP. Aussi, il nous fallait pour
répondre le plus justement possible aux deux hypothèses
émises, élargir nos points de vue par un travail de recherche en
parallèle permettant de percevoir la SGP « ressentie » par les
autres parties prenantes du débat : élus, médias,
architectes, urbanistes, Etat, aménageurs, usagers etc.
Une grande partie de la conduite de ce mémoire s'est
donc fondée sur une méthode classique de recherche, par la
constitution et la lecture d'un corpus de documents de nature
différentes. La documentation étudiée comprend
essentiellement des articles de presse papiers ou électroniques, des
ouvrages ou numéros exceptionnels de journaux traitant du GPE tels que
le Business Opportunities 2017-2018. Ces données ont
été complétées par l'analyse de discours provenant
de diverses personnalités politiques et élus, de rapports
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érigés par la Cour des Comptes ou par
l'Observatoire Régional du Foncier en IDF, de dossiers de presse etc. Le
relevé et l'analyse de toutes ces données ont permis de venir
étayer et compléter ce que la SGP explique _ par le biais de ses
collaborateurs ou de son site internet _ en apportant des points de vue
critiques et variés sur son historique, ses objectifs, l'image qu'elle
renvoie mais encore de manière plus contestataire, sa santé
financière, son montage juridique, son phasage et les nuisances qu'elle
implique.
Un autre support majeur de cette étude réside
dans la loi elle-même, celle du 3 juin 2010 qui institue la SGP, et ses
revirements puisqu'elle comporte à ce jour trois versions.
L'étude des articles de cette loi ainsi que des débats
parlementaires qui l'ont précédée ont été
très importants pour retracer l'histoire de la naissance de la SGP et du
GPE, comprendre quels ont été les acteurs qui ont
contribué à sa création et donc, parvenir à avoir
une vision claire des intérêts qu'elle a été
destinée à porter.
Enfin, pour compléter ce corpus d'informations
recueillies sur la SGP « ressentie », un autre entretien a pu
être mené avec Nicolas Ferrand, préfigurateur de
l'établissement public Société de livraison des ouvrages
olympiques (SOLIDEO), dans le cadre de la préparation des Jeux
Olympiques, et ex directeur général des EPA (Etablissement Public
d'Aménagement) de Marne la Vallée. Cette intervention s'est
révélée très pertinente notamment pour apporter un
point de vue d'aménageur au sujet des relations territoriales de la SGP,
et donc pour pouvoir nuancer les relations SGP/aménageurs locaux qui
semblent être un élément crucial de la bonne
réalisation des projets connexes.
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SOMMAIRE
Introduction
Partie 1 : Définition et contexte des projets
connexes aux gares du Grand Paris Express Chapitre Premier : Qu'est-ce
qu'un projet connexe ?
Chapitre 2 : Du concept à la pratique, la mise en oeuvre
des projets connexes
Partie 2 : Dans quelle mesure les projets connexes
constituent-ils une opportunité de valorisation foncière pour la
Société du Grand Paris ?
Chapitre premier : La Société du Grand Paris et
l'aménagement Chapitre 2 : Mobiliser le foncier du Grand Paris : une
affaire d'Etat
Chapitre 3 : L'aménagement pour financer le transport : la
solution des projets connexes ?
Conclusion de la première hypothèse
Partie 3 : En quoi les projets connexes sont-ils à
considérer principalement comme des outils de plus-value urbaine
?
Chapitre premier : Entre transport et Aménagement, la
Société du Grand Paris à l'exercice de
l'urbanité
Chapitre 2 : La Société du Grand Paris :
aménageur convaincu ou contraint ? Conclusion de la seconde
hypothèse
Conclusion générale : La
Société du Grand Paris, un acteur du développement urbain
de la métropole difficile à analyser
16
INDEX DES ABBREVIATIONS
BEI : Banque Européenne d'Investissement
BET : Bureau d'Etudes Techniques
DRIEA : Direction Régionale et
Interdépartementale de l'Equipement et de l'Aménagement
DUP : Déclaration d'Utilité Publique
DVP : Direction de la Valorisation et du Patrimoine, de la
Société du Grand Paris
EPA : Etablissement Public d'Aménagement
EPAORSA : Etablissement Public d'Aménagement Orly
Rungis Seine Amont
EPF : Etablissement Public Foncier
EPIC : Etablissement Public à caractère
Industriel et Commercial
GPE : Grand Paris Express
IAU : Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la
Région Ile-de-France
IDF : Ile-de-France
ILM : Issy-les-Moulineaux
IMGP : Inventons la Métropole du Grand Paris
JO : Jeux Olympiques
M : Métro
MAPTAM (loi) : Loi de Modernisation de l'Action Publique
Territoriale et d'Affirmation des
Métropoles
MOA : Maîtrise d'Ouvrage
MOE : Maîtrise d'oeuvre d'Exécution
NOTRe (loi) : Loi portant Nouvelle Organisation Territoriale
de la République
OAP : Orientations d'Aménagement et de Programmation
OIN : Opération d'Intérêt National
PADD : Projet d'Aménagement et de Développement
Durable
PLU : Plan Local d'Urbanisme
RATP : Réseau Autonome des Transports Parisiens
RDC : Rez-de-Chaussée
RER : Réseau Express Régional d'Ile-de-France
RFF : Réseau Ferré de France
SADEV94 : Société d'Aménagement et de
Développement des Villes et du Département du
Val-de-Marne (SEM)
SDRIF : Schéma Directeur de la Région
Ile-de-France
SEM : Société Mixte d'Aménagement
SEMABA : Société d'Economie Mixte Agir pour
Bagneux
SGP : Société du Grand Paris
17
SMI : Site de Maintenance des Infrastructures
SOLIDEO : Société de livraison des Ouvrages
Olympiques
SPL : Société Publique locale
T : Tramway
ZAC : Zone d'Aménagement Concerté
18
19
PARTIE 1 : DEFINITION ET CONTEXTE DES
PROJETS CONNEXES AUX GARES DU
GRAND PARIS EXPRESS
20
CHAPITRE PREMIER : QU'EST-CE QU'UN PROJET CONNEXE ?
Connexe (adj.), (latin connexus, de
nectere, lier) : Qui est lié à quelque chose d'autre par
des rapports étroits, par la similitude ou la dépendance.
Définition du Larousse 2018
1. L'approche conceptuelle des projets connexes
a. Le pôle-gare formé par le complexe gare/projet
connexe
Le projet connexe ou écrit [co]nnexe par la SGP est
avant tout l'expression directe d'un lien de connexité : un objet A
lié à un objet B, un projet urbain lié à une gare.
Pour la SGP, « constitue un projet [co]nnexe l'opération de
construction développée sur la parcelle de la gare, conçue
et mise en oeuvre simultanément à la réalisation de
celle-ci et en articulation avec elle ». Et comme le souligne très
justement Ioannis Valougeorgis, directeur délégué à
l'aménagement de la SGP7, « Il n'y a pas deux projets
connexes similaires, chacun a sa logique, son fonctionnement. ».
Chaque projet connexe est unique car le lien qui le relie
à sa gare est lui-même unique. A l'inverse d'un projet urbain
classique qui pourrait se trouver aux abords d'une gare, plusieurs
éléments font qu'un projet connexe n'a pas lieu d'être sans
la présence sa gare : le fait qu'il prenne place sur la même
parcelle que celle dévolue à la gare, qu'il soit en articulation
avec elle architecturalement et morphologiquement, et que sa réalisation
soit concomitante à celle de la gare ; l'ensemble forme un complexe
indissociable gare/projet connexe.
21
7 Entretien intégral disponible en annexe 2.
22
2 Schéma du pôle-gare
- Crédit : SGP
Le caractère unique du projet connexe est donc dû
à la gare elle-même dépendante d'un contexte urbain local
qui lui est propre. Cela se reflète dans la programmation du projet
connexe qui est donc relative au potentiel de développement de chaque
site ; réalisé par un maître d'ouvrage extérieur
à la SGP, maître d'ouvrage de la gare, le projet connexe
s'intègre à l'environnement urbain existant ou futur de chaque
gare. Logements, bureaux, activités, commerces, équipements
publics ou privés, tout est envisageable selon le contexte
d'implantation du complexe gare/projet connexe.
Afin d'aider à la mise en oeuvre des projets connexes
par leur maître d'ouvrage, la SGP a élaboré un Cadre
Conceptuel des projets connexes aux gares du Grand Paris dans lequel elle
développe cette notion de coexistence entre la gare et le projet
connexe, mais surtout entre le complexe gare/projet connexe et tout ce qui va
interagir autour :
[co]territoires : Le projet connexe s'inscrit dans des
territoires aux caractéristiques et identités propres, à
double dimension, actuelle et projetée, desquels il doit relever et
valoriser les qualités, tout en y stimulant les dynamiques locales de
projets.
23
[co]acteurs : Le projet connexe, à mi-chemin entre la
gare et le territoire, fait lien. Ce lien se traduit par la collaboration entre
de nombreux acteurs concernés, publics (collectivités, Etat) ou
privés (opérateurs, entreprises) autour de la SGP.
[co]programmes : Par une programmation enrichie, le projet
connexe doit venir renforcer l'insertion de la gare nouvelle
génération dans un contexte de ville compacte et dense, et lui
offrir un rayonnement pour en faire une centralité structurante.
[co]temporalités : La relation d'interaction entre la
gare et son projet connexe leur impose une conception simultanée, ce qui
s'en ressent sur le phasage global de l'opération de conception et de
réalisation du pôle-gare.
[co]design : Le projet connexe vient signaler la gare, que ce
soit par son écriture architecturale ou sa volumétrie, formant
alors un complexe esthétique et morphologique contextualisé.
b. Les projets connexes : marqueurs de situations territoriales
et interfaces urbaines
Par leur interdépendance aux gares du Grand Paris, les
projets connexes sont endémiques des territoires sur lesquels ils
s'implantent et sont appelés à devenir des marqueurs de
situations territoriales. Cet ancrage local confronte chaque projet à
une situation contextuelle unique à laquelle il doit s'adapter :
stratégies urbaines aux temporalités adaptées, dimensions
urbaines et architecturale, dimension programmatiques et fonctionnelles etc.
Comme la SGP l'évoque dans son Cadre Conceptuel, « les projets
[co]nnexes génèrent une intensification du tissu urbain par la
succession de polarités que l'infrastructure génère tout
au long de son tracé », et ces polarités sont aussi diverses
que les situations territoriales dans lesquelles s'implantent les projets
connexes.
Nous pouvons distinguer trois « familles » de
polarités créées ou renforcées par les projets
connexes : les centralités restaurées dans lesquelles le projet
connexe participe au remodelage et facilite la requalification des quartiers en
renouvellement urbain ; les centres villes dont le projet connexe vient
souligner la centralité et renforcer le dynamisme, et les nouvelles
centralités desquelles le projet connexe doit venir accompagner le
développement urbain en cours ou projeté.
Si chaque projet connexe est unique puisque propre au
territoire sur lequel il s'implante, le concept est unique lui aussi et
constitue une interface d'expérimentation urbaine majeure : par la
multiplicité de ses enjeux et de ses acteurs, le projet connexe se fait
le support
d'expérimentation de la co-conception et de la
concertation. Il doit établir le dialogue entre la SGP qui est le
maître d'ouvrage de la gare, les acteurs publics (Etat, Etablissements
Publics d'Aménagement (EPA), collectivités etc.), les
opérateurs de transport (STIF, RATP, SNCF, RFF), la population (usagers,
habitants, salariés, touristes
etc. et les opérateurs privés
qui sont les maîtres d'ouvrage des projets connexes.
Tous ces acteurs réunis autour du projet connexe
doivent collaborer pour le bon fonctionnement du pôle-gare, bien que pour
chacun d'eux le projet représente des enjeux différents. Ces
enjeux sont notamment architecturaux, urbains, techniques, financiers,
économiques et politique comme l'explicite ce schéma
diffusé par la SGP dans son cadre conceptuel des projets connexes :
24
3 Le projet connexe comme interface urbaine-
Crédit : SGP
25
On voit que les enjeux pour les différents metteurs en
scène du projet connexe sont variés, qu'ils sont
inévitablement liés mais parfois contradictoires ; en cela le
projet connexe forme une interface urbaine qu'il est le lieu de confrontation
des intérêts de tous les acteurs participant à sa mise en
oeuvre. Le préfixe [co], ensemble, prend tout son sens quand on voit la
complexité à faire émerger les projets connexes dans le
cadre d'une démarche urbaine négociée et
concertée.
c. Les trois piliers du projet connexe
La SGP a donc défini le projet connexe comme un «
pivot urbain » faisant se rencontrer et interagir différentes
dynamiques et acteurs autour de trois piliers : la gare sans laquelle il n'y
aurait pas de projet connexe, le contexte urbain duquel il dépend ainsi
que la gare et le mode opératoire induit ou subit par le projet connexe.
Il est intéressant de voir que le projet se retrouve aux prises
d'éléments sur lesquels elle n'a pas ou peu d'impact mais
qu'à l'inverse beaucoup de facteurs la gouvernent. Ce schéma
révèle surtout que l'existence du projet connexe est
conditionnée par beaucoup de variables, et que sa
nécessité nait de la synergie entre les besoins ou
volontés affirmées positives de trois terrains, dits ici piliers,
qui sont la gare, le contexte urbain et le mode opératoire.
4 Les trois piliers du projet connexe-
Crédit : SGP
26
d. Les pôles-gare, marqueurs de l'identité
métropolitaine
Bien que les projets connexes soient tous différents et
qu'ils dépendent d'une multitude de facteurs endémiques au
territoire sur lesquels ils s'implantent, ils portent tous une seule et
même signature. La SGP, notamment par la conceptualisation des projets
connexes, prône une certaine forme d'unicité des pôles-gares
formés par les complexes gare/projet connexe tout au long du
tracé du GPE. Une unicité loin de signifier l'uniformité,
au contraire : en répondant à des besoins locaux
spécifiques, chaque gare et son projet connexe viendra faire partie de
ce nouveau réseau de gares « nouvelle génération
», humaines et urbaines, que souhaite devenir le Grand Paris Express.
C'est-à-dire un réseau, mettant en évidence les
qualités de chaque territoire, laissant s'exprimer les identités
de chaque nouvelle « porte du Grand Paris » et ainsi fabriquer une
nouvelle identité commune au territoire grand-parisien marquée
par sa diversité.
« Interprète de la nature particulière des
cités, chaque gare participera d'un ensemble _ le réseau tout
entier _ dont la caractéristique sera d'affirmer son unicité par
la diversité de ses architectures. » (Ouvrage collectif, Grand
Paris Express Manifeste de la création, 2017, p89). L'architecture est
ce qui va donner son identité et son esthétique à une gare
en la différenciant d'une autre, l'apport du projet connexe est
fondamental dans cette idéologie de venir marquer le territoire tant il
constitue un signal pour la gare et donc pour le quartier. Comme
évoqué dans ce même ouvrage, « chacune (des
gares) est conçue par un architecte qui doit exprimer un apport, une
écriture singulière en vue d'appartenir à la ville
d'implantation, à son histoire et à un quartier en même
temps qu'un réseau. ».
2. Définition spatiale et morphologique des projets
connexes
On comprend donc que les pôles-gares sont conçus
pour former un ensemble reconnaissable, marqueur du tracé du
métro, et vecteur identitaire des territoires du Grand Paris. Bien que
diversifiés, les complexes gare/projet connexe ont été
bornés par un certain nombre de normes communes
déterminées par la SGP elle-même, notamment au travers de
l'élaboration du Cadre Conceptuel. Si comme nous l'avons vu
précédemment, les projets connexes sont uniques en tant que
marqueurs territoriaux et par les éléments qui concordent
à leur émergence (gare, contexte urbain, mode opératoire),
leurs différences, notamment morphologiques et d'implantation sont
normalisées.
a. 27
Les enjeux interscalaires du projet connexe
En cela que les projets connexes, à l'image des
projets de gares, sont des « portes du Grand Paris », ils
constituent, au sein du pôle-gare, une interface entre la
métropole et ses territoires, articulant trois échelles de
rayonnement imbriquées dont la première est
métropolitaine.
Avec son interdépendance à la gare, le projet
connexe est la porte d'entrée du réseau du Grand Paris. A ce
titre il doit se faire le signal de la gare pour contribuer à sa
visibilité et l'élever au rang de symbole de l'identité
métropolitaine. Cela passe notamment par le dynamisme de son
architecture et sa composition urbaine innovante.
En deçà de l'échelle
métropolitaine, le projet connexe interagit à l'échelle
urbaine, c'est-à-dire à une échelle plus locale
constituée par le quartier ou la ville du projet. Le pôle-gare est
naturellement un point de convergence et de concentration des personnes et des
flux, qui confère au projet connexe un potentiel de polarisation et
d'entraînement sur le développement local. Une programmation
ambitieuse et contextualisée du projet connexe constitue donc un enjeu
tout particulier, passant par la réussite du pôle-gare, qui doit
devenir moteur du développement à l'échelle locale.
Enfin, le pôle-gare étant une place forte,
génératrice d'aménités urbaines, le projet connexe
comporte des enjeux à l'échelle dite humaine. La qualité
des espaces et la recherche des liens à travers la conception, la mise
en oeuvre et la vie du projet connexe, en font un véritable lieu de vie.
A travers les pôles gare, la SGP s'est aussi fixée pour mission de
développer un lien indissociable entre l'humain et l'urbain, c'est ce
que doit incarner le projet connexe.
Afin de comprendre comment le projet connexe répond
à ces enjeux interscalaires, nous verrons par la suite comment il
s'articule à l'échelle de sa structure propre, du pôle gare
et des périmètres successifs dans lesquels il s'inscrit.
b. Dimensions et natures d'un projet connexe
La première chose à savoir est qu'il n'y a pas
obligatoirement de projet connexe sur les pôles-gare du GPE, ce sont les
contextes territoriaux, actuels et projetés qui régissent
l'existence du projet. Ces contextes territoriaux propres à chaque gare
du Grand Paris modèlent en profondeur les caractéristiques du
projet connexe et son insertion dans la ville : densité, forme urbaine,
structure foncière et offre programmatique qui détermine sa
28
mutabilité. L'absence de projet connexe peut notamment
relever de l'impossibilité de faire des projets en zone urbaine dense,
à l'implantation de la gare dans une zone non-constructible car
protégée à titre naturel et paysager dans les documents
d'urbanisme.
Cette impossibilité à venir compléter la
gare par un projet connexe est estimée pour le moment par la SGP
à environ 50% des gares du Grand Paris. Pour les 50% restant, La
superficie du pôle-gare, c'est-à-dire de l'ensemble formé
par le tunnel et les quais (en infrastructure), la gare et le projet connexe,
le tout sur la parcelle détenue par la SGP, oscille entre quelques
centaines et plusieurs milliers de m2. Cela dépend des
caractéristiques de la gare, des opportunités foncières,
des contraintes d'articulation entre l'infrastructure souterraine et
l'émergence de la gare, des aménagements du parvis et des espaces
publics nécessaires.
Le projet connexe tire sa singularité de sa
proximité immédiate et de son interdépendance avec la
gare, en termes d'espaces mutualisés ou mitoyens, de flux
séparés ou rassemblés, de programmation
indépendante ou partagée. Les liens qui relient la gare et son
projet connexe sont variables, ainsi on identifie quatre catégories de
projets connexes : superposés (en surplomb de la gare), mitoyens (aux
abords immédiats de la gare), associés (aux abords de la gare) et
composites (aux abords immédiats de la gare et en surplomb).
5 Les différentes natures du projet connexe-
Crédit : SGP
Le projet connexe, peu importe sa nature vient donner corps au
pôle-gare sur l'emprise de l'infrastructure de transport (station
souterraine, gare parvis) et donc souligne ou complète la gare. L'enjeu
du projet connexe réside donc dans sa capacité à conforter
l'identité du pôle-gare en lui conférant une
résonnance urbaine, cela passe notamment par la forme et
l'écriture architecturale du projet qui doit participer à la
visibilité de l'équipement gare.
29
c. Le projet connexe : de la simple superposition à son
intégration dans les projets des villes
Le projet connexe s'inscrit dans plusieurs
périmètres d'action emboités : le périmètre
connexe isolé dépendant du périmètre du
pôle-gare et pouvant fluctuer selon les opportunités
foncières ; le périmètre opérationnel du
pôle-gare intégrant l'emprise nécessaire à la
réalisation de la gare (creusement de la boite, émergence et
parvis) ; le périmètre de projets plus larges et intégrant
les emprises libres ou mutables dont la valorisation est liée à
la création de la gare ; et enfin à plus grande échelle,
le périmètre d'influence qui est l'aire de rayonnement de la gare
influant sur les déplacements et les modes de vie. Développons ce
lien entre le projet connexe et son périmètre de projets :
Selon la SGP, le projet connexe s'inscrit au coeur des projets
de ville et a vocation à devenir déclencheur ou
accélérateur de projets urbains. Le pôle gare doit venir
créer une dynamique de développement ou de renouvellement que les
acteurs du territoire peuvent porter dans leurs opérations. Mais comment
ce lien entre le projet connexe et le périmètre de projets qui
lui est directement adjacent se traduit-il dans l'espace ? Le degré le
plus faible d'intégration urbaine de la gare à son quartier peut
être défini par le projet connexe superposé au droit de
l'émergence de la gare. A ce moment-là il n'existe pas
d'intégration du pôle-gare dans un périmètre plus
grand, que ce soit visuellement parlant, morphologiquement ou dans la mise en
oeuvre du projet. Cependant, le pôle-gare peut se développer dans
l'espace et donc faire le lien, du moins par sa stature, avec son environnement
immédiat en comportant un projet connexe mitoyen, associé ou
composé, toujours sur l'emprise de la gare.
Le degré le plus élevé
d'intégration du pôle gare au périmètre de projets
se traduit par l'insertion du projet connexe et de sa gare au sein de projets
d'aménagement plus larges portés par les villes et leurs
aménageurs. Les opérations d'aménagement
développées dans le périmètre de projets peuvent
aller du macrolot8 à la zone d'aménagement.
8 Macrolot : Réalisation d'un îlot
entier, mêlant des programmes hétérogènes et
impliquant plusieurs maîtres d'ouvrage. (Définition de Jacques
Lucan).
30
6 L'intégration des gares du Grand Paris
dans les projets de ville- Crédit : SGP
Bien que l'insertion urbaine des gares dans leur environnement
ne soit pas une préoccupation nouvelle, les projets connexes marquent un
nouveau mouvement de l'histoire des gares et des quartiers de gare. Partie
intégrante du pôle-gare, le projet connexe se combine à des
tissus urbains déjà plus ou moins constitués, afin d'y
venir renforcer l'insertion et le rayonnement de la gare. Il devient alors le
marqueur d'une certaine situation territoriale et une interface urbaine de
projet mettant en synergie les intérêts de chaque acteur
participant du projet : la SGP, les acteurs publics et privés ainsi que
les opérateurs de transport, sans oublier les usagers et les habitants
de ces futurs lieux de vie. Rayonnant à
31
l'échelle humaine et urbaine, le projet connexe a
notamment vocation à faire du pôle gare une porte d'entrée
du Grand Paris et donc à être un signal ponctuel de la
métropole. Pour cela le projet connexe doit entrainer une dynamique de
développement territorial en s'intégrant morphologiquement et
urbainement aux périmètres de projets successifs de projets qui
font son environnement local. Comment ces volontés affichées par
la SGP se traduisent-elles dans la naissante mise en oeuvre des projets
connexes ?
32
CHAPITRE 2 : DU CONCEPT A LA PRATIQUE, LA MISE EN
OEUVRE DES PROJETS CONNEXES
Les projets connexes dont l'implantation a été
décidée par la SGP en sont essentiellement au stade de
consultation ou attribués en ce qui concerne la ligne 15 Sud, mais aucun
à ce jour n'est sorti de terre, la livraison des premières gares
étant prévue pour 2024. Etudier la mise en oeuvre des projets
connexes ne peut donc pas être évaluatif mais analytique sur la
base des stratégies mises en oeuvre afin d'appliquer au mieux le concept
vues précédemment, et prospectif, en se basant sur la mise en
oeuvre opérationnelle des projets envisagée par la SGP.
1. Les stratégies programmatiques et morphologiques des
projets connexes
a. Intensifier le pôle-gare
Afin que les projets connexes s'intègrent au mieux au
territoire, leur programmation est déterminante, ils s'inscrivent en
complémentarité avec la gare pour conforter le nouveau lieu de
vie formé par le pôle-gare. Aussi le projet connexe participe de
la mixité fonctionnelle du programme global, avec sa programmation de
bureaux, de logements, de commerces, de services et d'équipements venant
compléter celle de la gare il crée de nouveaux liens avec la
ville. La mixité peut s'exprimer à différents
degrés d'intensité : de la simple addition ou cohabitation
à la mutualisation des usages, notamment celle de parkings, locaux,
jardins partagés etc.
Le projet connexe suit principalement deux axes d'orientation
stratégique : s'inscrire en continuité du projet de ville et
devenir une valeur ajoutée pour l'équipement gare. La typologie
programmatique qui en résulte peut ensuite se décliner en actions
territorialisées, selon les contextes locaux identifiés. La SGP a
conceptualisé quatre stratégies programmatiques appliquées
aux projets connexes comme suit :
33
7 Les stratégies programmatiques du projet
connexe- Crédit : SGP
b. Identifier le pôle-gare
Si le projet connexe vient intensifier le pôle-gare par
sa programmation mixte pour en faire un véritable lieu de vie, il doit
également venir le signaler. Le projet connexe par sa forme et son
écriture architecturale a donc aussi vocation à faire ressortir
dans le paysage urbain la position de la gare et à en devenir la
silhouette. En cela, le projet connexe contribue à augmenter la
dimension urbaine de la gare qui devient un élément marquant du
territoire.
Comme le souligne la SGP dans le Cadre Conceptuel des projets
connexes aux gares du Grand Paris, pour que le projet s'exprime dans l'espace
il compose « avec la forme architecturale (volume, hauteur), la forme
urbaine (rapport plein/vide, minéral/végétal), le
traitement de l'enveloppe (matériaux, ouvertures, toit), en
étroite cohérence avec la charte d'architecture des gares du
Grand Paris. ». Ainsi la typologie volumétrique et spatiale du
projet connexe vient s'adapter au contexte urbain local, en termes de
capacité d'implantation physique ou des volontés exprimées
par la ville ou la SGP, pour déterminer ce à quoi devra
ressembler le pôle-gare. La SGP a ainsi conceptualisé quatre
stratégies morphologiques du projet connexe pour qu'il s'adapte aux
enjeux locaux :
34
8 Les stratégies morphologiques du projet connexe-
Crédit : SGP
c. Le laboratoire d'expérimentation des projets
connexes9
La SGP, dans l'élaboration du Cadre Conceptuel des
projets connexes des gares du Grand Paris va même jusqu'à
appliquer et tester les concepts et orientations identifiés et
présentés précédemment en suivant trois
thématiques : la silhouette, l'enveloppe et le socle du projet connexe,
qu'elle développe en différents scénarios pour montrer la
souplesse du cadre. La SGP illustre les différentes échelles de
réflexion programmatique, morphologique, urbaine et humaine dans ce
qu'elle appelle le « laboratoire » d'expérimentation du Cadre
Conceptuel.
La silhouette du projet renvoie à la morphologie du
projet connexe et plus explicitement à son intégration dans le
contexte urbain, à sa manière de contribuer à
l'identification du pôle-gare par tous. L'enjeu des projets connexes est
de signaler la présence des gares dans des contextes urbains uniques
avec des qualités propres, par des stratégies adaptées.
L'expression architecturale de cette ambition combine plusieurs
paramètres : l'échelle et le
9 Le laboratoire des projets connexes est une partie
intégrante du Cadre Conceptuel des projets connexes, à
disposition donc des opérateurs qui les réaliseront. A travers
l'élaboration de schémas, le laboratoire teste et illustre
différentes mises en application des concepts programmatiques et
morphologiques évoqués tout au long du Cadre Conceptuel. Il suit
trois variables du projet définies comme suit : la silhouette,
l'enveloppe et le socle du projet. C'est donc avant tout un outil de travail,
une mise en perspective de ce à quoi pourront ressembler les projets
connexes selon les contextes urbains variés du territoire
métropolitain.
35
dimensionnement du projet connexe (hauteur, densité,
compacité), sa forme urbaine et son inscription dans la parcelle et le
quartier (plan-masse, alignement, plein/vide). De ce constat de
diversité essentielle des formes du projet connexe, la SGP dégage
trois silhouettes envisageables et applicables : intégrative, intensive
et remarquable.
9 La silhouette du projet connexe- Crédit :
SGP
La silhouette dite intégrative affiche une hauteur et
une densité modérées avec une forme urbaine
contextualisée et une inscription urbaine connectée et
équilibrée (pleins/vides). Appliquée au projet connexe
elle permet d'obtenir un projet « fondu » dans son environnement,
dont l'intégration passe par la forme. A l'extrême opposé,
la silhouette remarquable est celle qui engage le projet connexe dans la
version la plus radicale de la signalisation du pôle-gare. Elle se
distingue par une hauteur et une densité élevées, par une
forme innovante et une inscription urbaine volontariste. A mi-chemin entre la
silhouette intégrative et la silhouette remarquable, la silhouette du
projet connexe peut se faire intensive, c'est-à-dire avec une hauteur et
une intensité maîtrisées mais une forme tout de même
singulière soulignant la présence urbaine du pôle gare.
Autre variable étudiée par la SGP dans son
laboratoire : l'enveloppe. L'enveloppe du projet connexe se définit
principalement par sa relation à la programmation, elle est ce qui lui
confère sa dimension urbaine. L'enveloppe doit assurer au projet connexe
sa fonction
36
d'interface entre la gare et le contexte urbain en en
définissant son degré et ses modalités d'ouverture, de
porosité ou, au contraire, d'imperméabilité.
Dès lors, cette volonté de définir le
pôle gare passe par une écriture architecturale combinant
plusieurs paramètres : les matériaux, le principe de composition
et les modalités d'interface, et, la gestion des ouvertures des vues,
des saillies et des avancées. Le laboratoire expérimente alors
trois enveloppes possibles : uniforme, différenciée et
polymorphe.
10 L'enveloppe du projet connexe- Crédit :
SGP
Dans l'enveloppe uniforme, l'écriture architecturale
est homogène liée à une monoprogrammation ne traduisant
pas de mixité fonctionnelle dans le projet connexe. A l'inverse
l'enveloppe dite différenciée rappelle la mixité
fonctionnelle du projet par une architecture différenciative.
L'enveloppe polymorphe quant à elle, se traduit par une diversité
des façades et donc une architecture qui peut tout à fait se
libérer de la programmation. L'enveloppe peut donc être le biais
par lequel se reflète la programmation du projet connexe, principalement
dans l'écriture architecturale des façades, mais peut aussi s'en
détacher totalement.
37
Dernière thématique objet des
expérimentations du laboratoire des projets connexes : le
socle10. Le solde du projet connexe renvoie aux usages ainsi qu'au
statut donné aux espaces de transition liés à la
multifonction du nouveau lieu de vie que sera le pôle-gare. Les enjeux
liés à la réalisation du socle sont de garantir la
lisibilité des usages et leur efficacité en un même lieu,
ainsi que le confort des divers usagers, voyageurs, habitants, travailleurs et
consommateurs de biens ou de services.
La transcription architecturale de ces enjeux relève de
la combinaison de différents paramètres : les accès et
adressage11 des divers programmes, la configuration du parvis et la
transition entre les espaces publics et privés qui constitueront le
pôle-gare.
11 Le socle du projet connexe- Crédit : SGP
Dans le socle sur rue, les accès de la gare et du
projet connexe sont individualisés depuis l'espace public et sont
singuliers. Dans la configuration du socle en atrium, l'accès au projet
connexe et à la gare se fait depuis un espace commun qui peut être
couvert tel un atrium comme une halle centrale. La distribution des deux est
alors protégée et sécurisée. Dans le
10 Par le socle nous entendons la base physique
délimitée dans l'espace sur laquelle repose un édifice.
Dans le cas présent, le socle du projet connexe peut intégrer
l'émergence de la gare, dite la boite gare. Dans le cas d'un projet
connexe en surplomb de la gare, celle-ci constitue son socle.
11 L'adressage est une opération qui permet
de localiser sur le terrain une parcelle ou une habitation, c'est-à-dire
définir son adresse à partir d'un système de cartes et de
panneaux mentionnant la numérotation ou la dénomination des rues
et des constructions. Cette notion peut être étendue aux
réseaux et services urbains, en donnant une adresse à des objets
urbains ponctuels. C'est une base indispensable pour la gestion urbaine.
38
même esprit, le socle sous forme de passage
individualise les accès de la gare et du projet connexe tout en
créant un espace traversant distributif comme un passage public
protégé.
Afin d'intensifier et d'identifier le pôle-gare, le
projet connexe peut donc adopter différentes stratégies
adaptées à des contextes urbains singuliers. Dans un «
laboratoire d'expérimentation » intégré au Cadre
Conceptuel des projets connexes, la SGP donne à voir aux
opérateurs qui les réaliseront, différentes applications
des stratégies rapportées aux territoires du Grand Paris. Si la
mise en oeuvre stratégique des projets a son cadre, qu'en est-il de leur
mise en oeuvre opérationnelle ?
2. La mise en oeuvre opérationnelle des projets
connexes
a. De la maîtrise d'ouvrage publique à la
maîtrise d'ouvrage privée
Comme évoqué précédemment, le
projet connexe est une opération de construction
développée sur la parcelle de la gare, conçue et mise en
oeuvre simultanément à la réalisation de celle-ci. La
particularité du projet connexe est de faire partie d'un tout plus
grand, le pôle-gare, appelant à la co-conception et à la
co-construction urbaine (co-temporalité, co-programme, co-acteurs,
co-design, co-territoires). Aussi la réalisation du projet connexe fait
interagir la SGP, propriétaire de la parcelle et maître d'ouvrage
de la gare, avec un opérateur privé qui sera lui maître
d'ouvrage de la gare, et avec la ville d'accueil de la gare.
12 La montage opérationnel du pôle
gare - Crédit : SGP
39
La transition de la maîtrise d'ouvrage publique à
la maîtrise d'ouvrage privée se fait tout simplement par voie de
cession foncière de la parcelle ou des droits à construire du
projet connexe envisagé. Comme l'évoque Benoît
Labat12, actuel directeur de la valorisation du patrimoine (DVP)
à la SGP, les cessions foncières ne sont pas régies par
les lois du marché public, elles pourraient très bien se faire en
gré à gré13 mais pour une question d'image, la
SGP procède à des consultations pour ses cessions
foncières. Benoit Labat s'explique sur ce point, au nom de la SGP,
« [...] les projets intéressaient beaucoup de maître
d'ouvrages privés et [...] nous n'avions aucune raison d'en
privilégier un plus qu'un autre mais nous en aurions eu le droit.
». A noter que les gares, soumises elles aussi à consultation,
restent la propriété de la SGP après conception par
l'équipe ou le candidat lauréat.
Les consultations lancées par la SGP sont
également le moyen le plus évident pour s'assurer du respect des
contraintes imposées par les interfaces entre le projet connexe et la
gare, ainsi que des volontés exprimées pour les orientations
architecturales et programmatiques. Par ce biais la SGP garde le contrôle
sur le fond et la forme du projet connexe dans les limites du cahier des
charges, cahier de prescriptions techniques et cahier des limites de
prestations qu'elle élabore et impose. En présentant leur
candidature et/ou leur offre, les candidats14 à la cession
s'engagent au respect des contraintes imposées par le dossier de
consultation, ce qui donne à la SGP et à la commune, une garantie
sur le devenir du projet et son bon fonctionnement avec la gare. De plus, les
propositions présentées par les candidats à la cession
foncière permettent à la SGP et aux communes _ qui ont
décidé conjointement des orientations du projet connexe _ de voir
de manière très poussée ce à quoi ressemblera le
projet connexe imaginé avec plus ou moins de liberté par
l'équipe candidate.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer l'implication des villes
dans le mécanisme de cession foncière relative au projet connexe.
Déjà présentes lors de l'élaboration des
orientations architecturales et programmatiques, elles font
généralement partie des jurys de sélection des projets.
Leurs directives sous-tendent également toute la mise en oeuvre du
projet connexe, puisqu'à l'inverse de la gare régit par un permis
Etat, ses autorisations dépendent d'un permis ville. L'acceptation du ou
des permis de construire déposés par le candidat lauréat
de la
12 Entretien intégral disponible en annexe
2.
13 Une vente en gré à gré
implique que le vendeur et l'acheteur s'entendent librement sur les conditions
de la vente.
14 Les candidats à ce type de cession
foncière sont souvent des équipes candidates formées par
des groupements de promoteur(s), architecte(s), foncière(s)
accompagnées par des professionnels variés (BET (Bureaux d'Etudes
Techniques), conseil en immobilier et immobilier commercial, conseil en
environnement, entreprises innovantes pouvant apporter une plus-value au projet
etc.
40
consultation et donc soumise à l'obtention des
autorisations d'urbanisme de la part de la ville et donc du respect du PLU, des
Orientations d'Aménagement et de Programmation (OAP) à travers le
Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) etc.
La mise en oeuvre du projet connexe est donc un amont un
processus de réflexion quant aux directives données au projet,
co-construit entre la ville et la SGP, puis un mécanisme de cession
foncière après sélection, débouchant à
nouveau sur un contrôle de la ville sur le futur maître d'ouvrage
du projet connexe. Mais comment gérer cette interface entre la
réalisation de la gare et du projet connexe puisque se voulant
concomitante ?
b. La co-temporalité des projets pour une gestion durable
du pôle-gare
Inhérent à la gare, le projet connexe partage
avec elle toutes ses dimensions temporelles, de la conception à la
construction puis du fonctionnement à la gestion.
Une gare n'est pas conçue indépendamment de son
projet connexe et leurs études de faisabilité intègrent
les contraintes liées à leur interdépendance. Cette
réflexion menée en amont sur l'intégralité du
pôle gare est une nécessité urbaine comme l'explique
Benoît Labat, « si ces projets connexes, au lieu de les faire dans
50 ans, on les imagine dès le départ, alors on imagine une
urbanité beaucoup plus séduisante que la gare du XIXe
siècle et on est capable [...] de déterminer en amont une
programmation et ce que l'on veut sur telle ou telle gare. ». Penser le
projet connexe dans sa gare et la gare pouvant accueillir son projet connexe,
essentiellement lorsqu'il est en surplomb permet notamment d'éviter des
reprises de charges15 de la construction très
coûteuses. « Plus on prend le projet en amont plus on peut avoir
quelque chose d'économique dans la conception avec des interfaces
qualitatives et les moins coûteuses possibles. » (Benoît
Labat). Si cette co-temporalité de conception est un atout
économique indéniable et un atout urbain, c'est un travail
compliqué entre les acteurs des deux projets, gare et connexe : les
ingénieurs du métro étant éloignés de la
problématique du projet connexe et leur maitrise d'oeuvre, et les
architectes de la gare ne pouvant pas être ceux de l'opération
connexe pour des raisons d'équité.
La conception/réalisation du projet connexe
dépend également d'un paramètre essentiel, qui engendre le
pôle-gare et qui est l'infrastructure du réseau de transport
lui-
15 Les charges
représentent le poids d'une construction autosupporté par le
système porteur de la structure et transmis vers les fondations. Une
reprise de charge, dans le cas d'un projet en surplomb d'une gare est donc le
fait de venir modifier la structure afin qu'elle en supporte le poids,
c'est-à-dire qu'elle ait la capacité de charge
nécessaire.
41
même. Les projets connexes doivent s'adapter aux
exigences du calendrier du réseau du Grand Paris, très
volontariste et contraint. Ces échéances amènent à
accélérer les projets urbains autour des gares ou à les
modifier (programmation, budget, mise en oeuvre etc.).
Enfin l'interdépendance du projet connexe et de la gare
se répercute sur les usages du pôle-gare en termes de
fonctionnement avec des interfaces à gérer : horaires d'ouverture
de la gare, séparation des espaces publics et privés,
programmation d'animation en RDC par des commerces et services, animation du
parvis et des espaces publics etc. Comme le souligne le Cadre Conceptuel des
projets connexes, « Construire aux abords et en surplomb d'une gare _
équipement éminemment symbolique et structurant _ implique la
nécessaire qualité et flexibilité des constructions et
usages associés. ». Cela implique notamment que des servitudes et
des droits de passage doivent avoir été intégrés au
projet connexe afin de permettre par exemple la bonne gestion et l'entretien de
l'infrastructure gare.
La mise en oeuvre du projet connexe et celle de la gare sont
donc naturellement liées, présentant des interfaces depuis la
conception jusque dans le fonctionnement du pôle-gare, mais comment cela
se traduit-il dans le processus de construction ?
c. Le processus de construction du pôle-gare
La mise en oeuvre du projet connexe et celle de la gare font
donc l'objet d'une série d'étapes conditionnant au global le
pôle-gare, l'étape des études étant décisive
pour le projet.
Pour rappel la première étape consiste en
l'acquisition foncière de la parcelle dédiée à la
réalisation de l'infrastructure de transport, une étape
procédurière où sont définis le statut des
parcelles à acquérir, le calendrier, et où se
déroulent les négociations. S'en suivent des études
conjointes de la gare et du projet connexe : définition des
périmètres opérationnels et des servitudes, esquisses
urbaines et architecturales, programmation et mode de gestion, étude de
faisabilité et phasage des opérations. Interviennent ensuite la
construction de la gare et l'aménagement de ses abords
c'est-à-dire le chantier de la gare (boîte souterraine,
émergence et parvis), la gestion des trémies16, les
dalles de répartition et les servitudes, puis le chantier du projet
connexe et des espaces publics, la division en volume et l'adressage.
§ 16 Trémie (n.f.) : Espace
réservé dans un plancher, par le moyen d'une enchevêtrure,
pour installer l'âtre d'une cheminée ; espace
réservé dans un plancher pour une circulation verticale (gaine,
cage d'escalier, etc.). (Définition du Larousse en ligne)
Ainsi les équipes de construction interviennent avant
celles de la construction du projet connexe, une nécessité si le
projet est en surplomb. Il peut y avoir une concomitance entre les deux
chantiers, obligeant la SGP à définir les interfaces de chantiers
et les servitudes pour une bonne collaboration entre les maîtrises
d'oeuvre de la gare et du projet connexe.
Enfin la gare est livrée et mise en service,
concrètement, les espaces publics et les voieries sont
rétrocédés aux collectivités après leur
aménagement par la SGP, puis le projet connexe est livré et ses
lots commercialisés.
42
13 Les étapes de la construction du
pôle-gare- Crédit : SGP
43
Défini comme partie intégrante d'un
pôle-gare, le projet connexe voit sa mise en oeuvre
prévisionnelle, telle que le pressentait sa conception, fortement
liée à son interdépendance avec la gare. Dans un premier
temps il fait l'objet de réflexions stratégiques quant à
sa programmation et à sa forme afin de venir signaler la gare et assoir
sa position de lieu de vie, notamment par la mixité fonctionnelle qu'il
lui permet. Ces différentes stratégies viennent même
être expérimentées par la SGP dans son « laboratoire
» et rendues consultables pour les futurs opérateurs des projets
connexes, afin d'en donner à voir diverses applications selon les
configurations de pôle-gare. Le Cadre Conceptuel des projets connexes se
présente donc comme un guide à la disposition de la
maîtrise d'ouvrage de l'opération connexe après cession de
l'emprise de celle-ci par la SGP. Cette cession implique également la
ville du projet avec laquelle la SGP élabore une consultation de cession
afin que le projet connexe in fine soit l'expression des
véritables besoins actuels ou projetés, identifiés par la
commune pour inscrire le projet connexe dans une réalité locale
et faire rayonner la gare. Ce lien conceptuel autant que physique à la
gare, implique que la conception et la construction du projet connexe lui
soient contemporaines pour une gestion durable du pôle-gare.
44
45
PARTIE 2 : DANS QUELLE MESURE LES
PROJETS CONNEXES CONSTITUENT-ILS
UNE OPPORTUNITE DE VALORISATION
FONCIERE POUR LA SOCIETE DU GRAND
PARIS ?
46
47
CHAPITRE PREMIER : LA SOCIETE DU GRAND PARIS ET
L'AMENAGEMENT
Entreprise publique créé par l'Etat afin de
piloter le projet du GPE au service des franciliens et la région
capitale, la SGP s'attèle depuis 2010 à sa mission principale de
conception/ réalisation du réseau du GPE. Mais cette tâche
relative au nouveau métro n'est pas la seule mission confiée
à la SGP, comme elle le communique elle-même « À
proximité des gares du Grand Paris Express, et à la demande des
communes concernées, nous menons des programmes d'aménagement
immobilier. ».
1. L'avènement d'un nouvel aménageur ?
a. Que dit la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris ?
Visant à renforcer l'attractivité
économique de la métropole _ considérée comme une
locomotive pour le développement de l'ensemble de la France _ la loi du
3 juin relative au Grand Paris est l'aboutissement d'une longue
réflexion de la part de l'Etat, des parlementaires et des
collectivités sur l'avenir de la région parisienne dont
l'élément phare est l'officialisation de la réalisation du
réseau de transport du GPE, et son pilotage par un EPIC
spécialement dédié : la SGP.
Pour autant, la question métropolitaine et de sa
desserte de banlieue à banlieue ne date pas d'hier. Comme le rappelle
Julie Snasli dans son article « D'où vient le Grand Paris
déjà ? », « De l'orbitale de l'IAU17 au
métrophérique de la RATP18, en passant par l'Arc
Express d'un
17 Orbitale est le premier projet de ligne en
rocade d'un métro de banlieue proposé par l'IAU (Institut
d'Aménagement et d'urbanisme de la région IDF) lors de la
révision du Schéma Directeur de la Région IDF (SDRIF) par
l'Etat en 1994. Orbitale est d'ailleurs le rétro-acronyme
d'organisation du bassin intérieur des transports annulaires
libérés des encombrements, et devait relier l'ensemble des
lignes de métro radiales actuelles à une distance d'environ 1km
de Paris. Finalement ignoré par le Contrat de plan Etat-Région
1994-1998 (essentiellement car les projets d'EOLE et de Meteor (ligne 14)
absorbaient déjà une large partie des financements publics),
Orbitale peut néanmoins être considéré comme
l'ancêtre des projets Orbival, Métrophérique et Arc Express
qui en ont tous repris les éléments de base.
18 Inspiré du projet Orbitale, le
métrophérique était un projet de métro en rocade
présenté en 2006 par la RATP à l'occasion de la
révision du SDRIF. Plus loin de Paris qu'Orbitale, il aurait
été situé à 2-5km du périphérique
parisien. Abandonné pour laisser place à l'Arc Express, on peut
considérer le métrophérique comme une version alpha du
coeur de GPE (ligne 15).
48
certain Jean Paul Huchon19 et la vision jacobine du
duo Sarkozy/ Blanc20... Le Grand Paris Express tel qu'on le
connaît aujourd'hui renvient de loin. » et est en réflexion
depuis la fin des années 90.
Soutenu par Christian Blanc, secrétaire d'Etat
chargé du développement de la région capitale et fondateur
de la SGP, le texte définitif du projet de loi est adopté le 27
mai 2010, après des allers-retours entre l'Assemblée nationale et
le Sénat pendant près d'un an et demi, et l'adoption par le
sénat du texte mis au point par la Commission mixte paritaire du texte
déjà adopté par l'Assemblée nationale le 26 mai
2010. La loi est promulguée le 3 juin 2010 avec une publication au
Journal Officiel le 5 juin 2010. Si la loi du Grand Paris concrétise
enfin la réalisation d'un réseau de transport
métropolitain en rocade, elle fait donc l'objet de longs débats
parlementaires et de contestations, et voit son texte modifié à
plusieurs reprises par diverses lois et ordonnances depuis.
Quelles sont alors les prérogatives initiales de la loi
relative au Grand Paris ? Premièrement, elle détermine des zones
de développement économique et urbain organisées autour de
grands pôles stratégiques devant permettre à l'IDF une
croissance exceptionnelle et une création d'emplois significative.
Ensuite, elle annonce la réalisation d'un nouveau réseau de
transport ferroviaire avec 130km de ligne et 40 gares (aujourd'hui de 200km et
68 gares), ayant pour objectifs de relier les pôles stratégiques
déterminés précédemment au coeur de la
métropole ainsi qu'aux aéroports et gares TGV, avec un
investissement estimé alors de 20,5 milliards d'euros. La loi
prévoit également une procédure de débat public au
cours de laquelle doit être également examiné le projet de
transport préconisé par la région IDF qui est alors
appelé l'Arc Express. Autre point important, la loi prévoit que
la réalisation des travaux soit confiée à un
établissement public (la SGP), dans lequel l'Etat serait majoritaire
tout en faisant que la région et les départements soient
représentés. Enfin, il est mis en place des procédures
particulières pour accélérer l'aménagement et le
développement urbains dans les zones stratégiques
déterminées et aux alentours des gares du nouveau de
réseau de transports : les CDT.
19 L'Arc Express est un projet avorté de
ligne de rocade en banlieue de Paris qui avait vocation à
répondre à l'accroissement des déplacements
périphériques de l'agglomération parisienne et à
réduire la saturation du réseau existant. Ses études ont
été officiellement lancées en 2007 par Jean-Paul Huchon
président du conseil régional d'IDF de 1998 à 2015, et le
préfet de région de l'époque. Il a ensuite fusionné
avec le projet de Réseau de transport public du Grand Paris pour donner
naissance au Grand Paris Express
20 Christian Blanc, entré au gouvernement
Fillon le 18 mars 2008 fut secrétaire d'Etat chargé du
Développement de la Région capitale jusqu'à sa
démission le 4 juillet 2010. Il oeuvra beaucoup pour le Grand Paris dont
il présenta le projet de loi en conseil des ministres le 27 mai 2010.
49
La dernière version en vigueur de la loi relative au
Grand Paris à ce jour, dont la dernière modification a
été effectué le 6 août 2018, comprend 37 articles
divisés en différents titres pour chacun des sujets relatifs au
Grand Paris traités par la loi. Ces titres sont les suivants : «
Elaboration et outil de mise en oeuvre du réseau de transport public du
Grand Paris » ; « Etablissement public Société du Grand
Paris » ; « Réalisation et gestion du réseau de
transport public du Grand Paris » ; « Participation aux projets
d'infrastructures d'autres réseaux de transport public de voyageurs
» ; « Développement territorial et projets
d'aménagement » ; « Dispositions relatives au logement »
et « Dispositions relatives à la création d'un pôle
scientifique et technologique sur le plateau de Saclay ».
Le titre II « Etablissement Public du Grand Paris »
définit tout ce qui est relatif au fonctionnement de la SGP, sa
composition, ses objectifs, ses ressources et les moyens à sa
disposition pour y parvenir. La SGP y est notamment déclarée,
dans l'article 7, comme un EPIC régi par le décret
n°2010-756 du 7 juillet 2010.
Les bases étant posées de la naissance de la loi
du 3 juin 2010 par laquelle sont nommés le GPE et son
établissement pilote, qu'en est-il des compétences
conférées à ce nouvel établissement public qu'est
la SGP pour l'aménagement du territoire ?
b. L'article 7 conférant à la
Société du Grand Paris les compétences relatives aux
aménageurs
A la lecture de l'article 7, titre II de la loi du 3 juin
2010, les propos tenus par la Ioannis Valougeorgis disant que « L'objectif
initial (de la SGP) est de faire de l'infrastructure pas du
développement immobilier » viennent être confirmés. La
mission principale de la SGP est en effet de « concevoir et
d'élaborer un schéma d'ensemble des projets d'infrastructures
composant le réseau de transport public du Grand Paris et d'en assurer
la réalisation, qui comprend la construction des lignes, ouvrages et
installations fixes, la construction et l'aménagement des gares, y
compris d'interconnexion, ainsi que l'acquisition des matériels roulants
[...], leur entretien et leur renouvellement [...]. ». L'article 7
précise notamment que « à cette fin, l'établissement
public [...] peut acquérir, au besoin par voie d'expropriation ou de
préemption des biens de toute nature, immobiliers et mobiliers,
nécessaires à la création et à l'exploitation des
infrastructures du réseau de transport public du Grand Paris. ».
Si l'objectif majeur est celui de la conception/
réalisation du GPE, pourquoi la SGP mène-elle des
opérations d'aménagement connexes aux gares du Grand Paris ? La
SGP est-elle un aménageur ? Les membres rencontrés à la
SGP affirment qu'il ne faut pas les considérer
50
comme tel. Pour autant la loi confie des compétences
qui sont celles des aménageurs à la SGP :
« L'établissement public «
Société du Grand Paris » peut conduire des opérations
d'aménagement ou de construction. Lorsque ces opérations
interviennent sur le territoire des communes signataires d'un contrat de
développement territorial21, l'établissement public
« Société du Grand Paris » ne peut conduire de telles
opérations que si ce contrat le prévoit. Dans ce cas, ce dernier
prévoit également, dans le ressort territorial des
établissements publics d'aménagement autres que
l'établissement public « Agence foncière et technique de la
région parisienne », lequel de ces établissements publics ou
de l'établissement public « Société du Grand Paris
» conduit ces opérations d'aménagement ou de construction.
Lorsque ces opérations interviennent sur le territoire des communes non
signataires d'un contrat de développement territorial,
l'établissement public « Société du Grand Paris
» peut, après avis des communes et établissements publics de
coopération intercommunale compétents concernés, conduire
ces opérations dans un rayon inférieur à 600 mètres
autour des gares nouvelles du réseau de transport public du Grand Paris.
Pour la réalisation de sa mission d'aménagement et de
construction, l'établissement public « Société du
Grand Paris » exerce les compétences reconnues aux
établissements publics d'aménagement. Dans le respect des
règles de publicité et de mise en concurrence prévues par
le droit communautaire, des objectifs du développement durable, de la
diversité des fonctions urbaines et de la mixité sociale dans
l'habitat, l'établissement public « Société du Grand
Paris » peut, par voie de convention, exercer sa mission
d'aménagement et de construction par l'intermédiaire de toute
personne privée ou publique ayant des compétences en
matière d'aménagement ou de construction. » (Extrait de
l'article 7, titre II de la loi Grand Paris du 3 juin 2010).
Si la SGP acquiert par la loi Grand Paris beaucoup de droits,
elle a aussi des devoirs, notamment elle « [...] peut se voir confier par
l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements, par voie
de convention, toute mission d'intérêt général
présentant un caractère complémentaire ou connexe [...]
» à ses missions de bases.
Pour résumer, la loi relative au Grand Paris habilite
donc la SGP à conduire des opérations d'aménagement ou de
construction en exerçant les compétences reconnues aux
établissements publics d'aménagement. Cette nouvelle
compétence d'aménageur a un
21 Les CDT, outils
originaux créés par la loi du 3 juin 2010, sont des documents
contractuels co-élaborés par les collectivités locales et
la DRIEA d'IDF, représentante de l'Etat. Ils visent à promouvoir
le développement économique et à organiser
l'aménagement urbain autour de la boucle du Grand Paris.
51
champ d'application géographique précis qui est
soit celui des opérations prévues dans les CDT des communes
signataires, soit un rayon inférieur à 600m autour des gares du
Grand Paris lorsqu'il n'y a pas de CDT, et lorsque les communes en font
expressément la demande.
Cela n'a pas toujours été le cas, le projet de
loi initial conférait à la SGP la possibilité de conduire
ces opérations dans le périmètre des zones sur lesquelles
elle disposait d'un droit de préemption qui représentait environ
1500m2 autour des gares, ce qui fut vivement contesté. En
effet, cela s'est apparenté à une « attaque d'envergure
contre la décentralisation » selon Christian Favier,
président (PCF) du conseil général du Val-de-Marne, qui
estimait notamment que ce périmètre représentait environ
30% de son département et parfois le territoire entier de certaines
communes. Dès la loi de finances rectificative, la loi relative au Grand
Paris voit son article 7 modifié indiquant alors que la SGP pouvait
être aménageur dans le périmètre des CDT si ceux-ci
le prévoyaient et à défaut dans un rayon inférieur
à 400m autour des gares après avis favorable du maire de la
commune concernée. Comment sommes-nous alors arrivés au
périmètre des 600m que l'on connait aujourd'hui ?
Plusieurs évènements successifs sont venus
mettre à mal la pertinence des CDT jusqu'à les rendre totalement
obsolètes. Comme le précise Benoît Labat, « Depuis
2013 un certain nombre de CDT ont été signés, or, les deux
lois nouvelles lois qui sont intervenues _ loi MAPTAM22 puis loi
NOTRe23 _ ont totalement rendu caducs les CDT. ». En effet la
loi NOTRe, en définissant la métropole du Grand Paris, a
défini les EPT qui n'ont pas les mêmes limites que les CDT ce qui
a rendu leur gestion compliquée, mais elle n'est pas la seule
responsable ; en 2017 la réforme de Paris, en regroupant la ville de
Paris et les départements, vient également modifier toute la
gestion territoriale de la métropole. Dans ce contexte-là, la
SGP, fin 2016, demande alors à être détachée de tous
les CDT et à ce que le périmètre de 400m autour des gares
soit applicable à toutes les gares _ et non plus seulement au 9 gares
qui ne faisaient pas partie d'un territoire signataire d'un CDT _ tout en
conservant bien entendu la condition sine qua non de l'accord du maire
pour que la SGP y soit aménageur.
Ce que Benoît Labat explique c'est que la SGP n'avait
« [...] pas prévu que le Parlement s'emparerait du dossier avec le
ministère du logement de l'époque, Emmanuelle Cosse, et que ce
serait une bataille compliquée entre les uns qui voulaient
réduire ce périmètre à zéro,
22 Loi du 27 janvier 2014
de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des
métropoles, vise à clarifier les compétences des
collectivités territoriales notamment en réorganisant le
régime juridique des intercommunalités françaises les plus
intégrées, les métropoles.
23 Loi du 7 août
2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, vise
notamment à renforcer les compétences des régions et des
établissements publics de coopération intercommunale.
disant qu'être aménageur n'était pas le
rôle de la Société du Grand Paris, et d'autres qui disaient
800m. ». Finalement « la poire a été coupée en
deux », en délimitant ce nouveau périmètre de 600m,
indépendamment de la volonté de la SGP et sans pour autant la
déconnecter des CDT. Aujourd'hui c'est donc toujours le
périmètre du CDT qui prévaut comme périmètre
d'intervention de la SGP comme aménageur, si CDT il y a, et pour les
autres communes c'est le périmètre de 600m, soit 9 communes
seulement.
c. Les projets connexes dans le périmètre
d'exercice de cette compétence d'aménageur de la
Société du Grand Paris
Les projets connexes ne sont pas prévus dans la loi du
3 juin 2010 relative au Grand Paris, pour autant elle prévoit la mission
d'aménageur de la SGP et la possibilité pour elle de valoriser
son foncier. L'article 9 de la loi cite dans les ressources à
disposition de l'établissement public, « Les produits de la
cession, de l'occupation, de l'usage ou de la location de ses biens mobiliers
et immobiliers, dont les produits des baux commerciaux conclus dans les gares ;
[...] (et) Tous autres concours financiers ». Plus qu'une ressource
à disposition, la revente des emprises ou droits à construire des
projets connexes sont en réalité une obligation _ puisque le code
des établissements publics les oblige à valoriser leur patrimoine
_ et sont le principal terrain d'exercice de la SGP en tant
qu'aménageur.
Comme le précise Christian Garcia24, la SGP
n'a « pas vocation dans un premier temps [...] à réaliser
des projets connexes. », leur mise en oeuvre résulte avant tout
d'une bonne gestion de tout le foncier acquis initialement par
l'établissement public, uniquement pour les besoins de l'infrastructure
de transport. La SGP n'a pas acheté plus de terrains que
nécessaire en pensant à d'éventuelles opérations
immobilières connexes aux gares, mais a simplement acquis ce qu'elle
devait en termes de m2 pour subvenir aux besoins des emprises
chantier. Parfois elle s'est également vue contrainte d'acquérir
plus que ce qu'elle aurait voulu, soumise à des obligations de
réquisition d'emprise totale. Le résultat de cette
démarche et qu'une fois les gares terminées, la SGP aura sous sa
responsabilité la valorisation milliers de m2
résiduels ; puisque comme le rappelle le directeur de la DVP, « la
SGP est une société de projet ayant vocation à disparaitre
et aura donc à terme une mission de dévolution de son patrimoine,
un remboursement de dettes. ». Réfléchir en amont sur les
futures programmations de chaque site avec les communes pour faire naître
les projets connexes, fait
52
24 Entretien intégral disponible en annexe
2.
53
donc partie d'une démarche de bonne gestion des futures
emprises résiduelles après la construction du métro, par
la SGP.
Comme le souligne Benoît Labat, on constate,
étonné, par rapport à ce que permet la loi, que « la
SGP n'est aménageur nulle part » (pour diverses raisons qui seront
évoquées par la suite). Dans les faits, les projets connexes sont
donc les seules opérations où la SGP peut être
aménageur, c'est ce que confirme Nicolas Ferrand25 ex
directeur général des EPT de Marne-la-Vallée, « Oui
on peut dire que la SGP est aménageur d'une certaine manière, sur
ses emprises mais qui représentent des tout petits projets à
l'échelle de la ville. ». Pour comprendre pourquoi nous ne pouvons
pas vraiment déclarer pleinement l'avènement d'un nouvel
aménageur qui serait la SGP, il faut comprendre les méfiances
qu'il y a eu à son égard et qui ont influencé sa
conception dans la loi du 3 juin 2010.
2. La Société du Grand Paris : un nouvel
établissement public vivement contesté
Présenté par Christian Blanc le 7 octobre 2009
à l'Assemblée nationale, le projet de loi initial relatif au
Grand Paris a soulevé beaucoup d'inquiétudes et de contestations
de la part des parlementaires. S'apparentant à une société
des pleins pouvoirs, bras armés de l'Etat contre les
collectivités, l'article 7 qui l'a définie a notamment
été beaucoup controversé, et ses alinéas
amendés voir supprimés. Les nombreux revirements concernant le
périmètre d'action d'aménageur de la SGP ne sont pas
anodins non plus et témoignent de la méfiance
généralisée qui s'est fait ressentir envers ce nouvel
établissement public26.
a. La « Société » du Grand Paris : un
ovni juridique
Pour rappel la SGP est un établissement public de
l'Etat à caractère industriel et commercial (EPIC) au même
titre que les Etablissements Publics d'Aménagement (EPA). Si le
caractère industriel de l'établissement ne soulève pas
d'interrogation au vu de la réalisation
25 Entretien intégral disponible en annexe
2.
26 Un établissement public est une personne
morale de droit public disposant d'une autonomie administrative et
financière afin de remplir une mission d'intérêt
général, précisément définie, sous le
contrôle de la collectivité publique dont il dépend
(État, région, département ou commune). Il dispose donc
d'une certaine souplesse qui lui permet de mieux assurer certains services
publics. Il ne doit pas être confondu avec un établissement
d'utilité publique, qui relève du droit privé.
54
de l'infrastructure de transport, le caractère
commercial lui inquiète les parlementaires qui y voit des
intérêts spéculatifs.
En effet la méfiance quant à la SGP est venue
principalement du fait de sa dénomination et des termes employés
pour la définir rappelant aux parlementaires le monde de l'entreprise.
Comme le rappelle la SGP elle-même, elle est bien « l'entreprise
publique créée par l'Etat pour piloter le projet du Grand Paris
Express », et ce terme de « entreprise » pose problème
ainsi que son organisation qui rappelle celle des organismes privés.
« Plus que cette dénomination, c'est l'architecture imaginée
pour la Société du Grand Paris qui fait référence
aux grandes entreprises du CAC 40 : la SGP est dotée d'un directoire et
d'un conseil de surveillance, alors que les établissements publics sont
normalement dirigés par des conseils d'administration. » souligne
Jean Desessard27 lors de la séance du sénat du
vendredi 9 avril 2010 où l'article 728 de la loi notamment
est vivement contesté par les sénateurs. La forme
inquiète, et à cette occasion, Michel Billout29
demande notamment à ce que la SGP « [...] prenne au minimum la
forme d'un établissement public d'aménagement, le statut
juridique d'une telle entreprise publique étant spécifié
par les articles L.321-1 et suivants du code de l'urbanisme. », il ajoute
« Nous préférons la création d'un nouvel
établissement public d'aménagement, dont les règles de
fonctionnement sont connues, plutôt que la création [...] (d')un
ovni juridique, à savoir une structure dotée des
compétences d'un établissement public d'aménagement, mais
sans en avoir la forme ni être soumis aux mêmes règles.
».
Derrière ces contestations, ce qui inquiète ce
sont les pouvoirs que la loi du 3 juin 2010 veut conférer à la
SGP, notamment en matière d'aménagement, sous lesquels se cachent
pour certains sénateurs la voie vers la privatisation de
l'aménagement et ainsi une manière de légitimer la
spéculation foncière dans les quartiers de gare.
C'est ce que déplore Eliane Assassi30,
sénatrice de Seine-Saint-Denis en disant « [...] que le principal
souci de la « Société du Grand Paris sera de permettre le
financement de la « double boucle », sa capacité à
mener des opérations d'aménagement nous fait craindre la mise en
oeuvre d'une spirale spéculative liée à une chenille
d'expropriations et d'urbanisation sur le tracé du Grand huit, en dehors
de toute réflexion sur la nécessaire maîtrise de
l'étalement
27 Jean Desessard est sénateur de Paris entre
2004 et 2017 et membre du groupe écologiste.
28 Sénat, compte rendu intégral
séance du 09 avril 2010, JORF 10 avril 2010 ; article 7-V de la loi
relative au Grand Paris dont la rédaction est issue.
29 Michel Billout a été
sénateur de Seine-et-Marne de 2004 à 2017 et est membre du parti
communiste français (PCF).
30 Eliane Assassi est sénatrice de la
Seine-Saint-Denis et présidente du groupe communiste,
républicain, citoyen et écologiste au sénat.
55
urbain. ». Un autre danger que la sénatrice
relève est celui de la privatisation de l'aménagement en IDF car
« celle-ci (la SGP) pourra créer des filiales, sans que leurs
modalités de création ni leur composition soient définies
par ce projet de loi. Elle pourra également déléguer, par
voie de convention, sa mission d'aménagement à toute personne
publique comme privée [...] Nous considérons, pour notre part,
que les questions liées à l'aménagement urbain en
Île-de-France sont des questions politiques qui intéressent
prioritairement les collectivités locales et leurs élus,
représentants démocratiques des Franciliens. ». En effet
sous forme d'EPIC, la SGP aura la faculté de créer des filiales
qui pourront échapper au code des marchés publics, alors que ce
que souhaite une partie des parlementaires, c'est que la SGP soit un
établissement public à caractère administratif pouvant
déléguer sa maîtrise d'ouvrage aux EPA s'ils existent ou
l'exercer directement.
Finalement, la dénomination de «
société » ne changera pas, soutenue par la majorité
disant que cela conférera au Grand Paris un rayonnement international en
tant que ville-monde, et les amendements concernant le statut juridique de la
SGP ne seront pas retenus. Jean-Pierre Fourcade31, rapporteur de la
commission spéciale32 tranchera en répondant que la
création d'un EPIC était nécessaire, premièrement
pour lancer de grandes opérations d'infrastructure, deuxièmement
pour être pivot du financement grâce à sa dotation en
capital. Cette conception de la SGP pose donc pour certains la question de sa
légitimité démocratique mais également celle du
rapport de force entre l'Etat et les collectivités à travers le
projet du GPE.
b. La Société du Grand Paris, l'ennemi de la
décentralisation ?
Comme présenté aux sénateurs, le texte de
loi de Christian Blanc semble faire de la SGP le bras armé de l'Etat
réduisant à néant le pouvoir des collectivités sur
des territoires dont ils avaient jusqu'alors le contrôle. Le
périmètre sur lequel la SGP peut être aménageur est
alors bien plus vaste que ce qu'il est aujourd'hui puisqu'il concerne un
périmètre d'environ 1500m2 autour des futurs gares du
GPE. Cela s'explique par l'alinéa 2 de l'article 7 du projet de loi
Grand Paris, qui définit les « pouvoirs exorbitants » (termes
employés par Jean Desessard) qui seraient accordés à la
SGP, notamment en matière d'expropriation.
31 Jean-Pierre Fourcade est une personnalité
politique française, membre de l'UMP, qui a au moment des débats
sur la loi relative au Grand Paris était sénateur des
Hauts-de-Seine (1977-2011).
32 Une commission spéciale composée
à la proportionnelle des groupes (70 membres à
l'Assemblée, 37 au Sénat), peut être créée
à l'initiative du Gouvernement ou de chaque assemblée pour
l'examen d'un texte particulier.
56
Les parlementaires en opposition à la loi en
l'état qui ont vu rejeté l'amendement de suppression de l'article
7 de la loi vont alors tout faire pour conserver des garde-fous par rapport au
pouvoir de l'EPIC. Cela passe principalement par la réduction successive
son périmètre d'aménagement afin que les
collectivités ne se retrouvent pas exclues de l'avenir de leurs
territoires en laissant place au seul contrôle de l'Etat par le biais de
la SGP. Plusieurs arguments sont avancés :
Le premier point évoqué est celui de la
gouvernance de la SGP qui ne prend pas assez en compte les représentants
des collectivités comme l'explique Michel Billout « [...] en vertu
des textes, un établissement public d'aménagement doit compter au
sein de son conseil d'administration au moins pour moitié des
représentants des collectivités territoriales. Ce n'est pas le
cas dans ce projet de loi, où c'est la logique inverse qui
prédomine. En effet, dans la Société du Grand Paris,
l'État disposerait d'au moins la moitié des sièges au sein
du conseil de surveillance. »33. De ce fait, « Le
problème qui se pose est celui de la gouvernance de la démocratie
locale et de la prise en compte des compétences des collectivités
territoriales. » comme le fait remarquer Nicole Borvo
Cohen-Seat34, sénatrice de Paris au moment des faits.
Elle soulève un second point en posant notamment la
question à la majorité des conséquences du passage de la
SGP sur les territoires, avec les pouvoirs que le projet de loi lui
confère « Comment pouvez-vous dire qu'une société qui
aura des pouvoirs exorbitants pendant quarante ans en matière de
transport, d'aménagement, de logement, et donc d'urbanisme - toutes
compétences qui sont du ressort des collectivités territoriales
-, est biodégradable ? Admettez-le, la SGP aura bien la gouvernance.
Pourtant, personne ne sait ce qu'elle va devenir, comment elle va
évoluer. [...] Mais au cours des quarante prochaines années,
c'est directement avec les collectivités territoriales, donc les
communes, les départements, la région, que ce problème (de
concurrence) se posera. C'est ce que nous refusons I Les relations entre
l'État et les collectivités doivent être beaucoup claires.
L'État ne doit pas pouvoir leur imposer un aménagement du
territoire sur une période aussi longue. ». En effet même si
comme le précise l'article 14 de la loi, « L'établissement
public « Société du Grand Paris » est dissout
après qu'il a épuisé les compétences
conférées par le présent titre. » la loi telle que
présentée par Christian Blanc est pleine de « dangers »
pour les collectivités territoriales qui ne peuvent alors pas
évaluer l'impact de la SGP sur la gouvernance de leur
33 Aujourd'hui, le conseil de surveillance est
composé de 21 membres dont 11 représentants de l'Etat et 10
élus.
34 Nicole Borvo Cohen-Seat est sénatrice de
Paris de 1995 à 2012 et présidente du groupe communiste,
républicain et citoyen.
57
territoire et qui s'en méfient l'apparentant à un
ennemi de la décentralisation qui ne dit pas
son nom.
A l'issue des débats, le texte est alors modifié
par un amendement de Jean-Pierre Fourcade, précisant que « lorsque
les opérations d'aménagement ou de construction interviennent sur
le territoire des communes signataires d'un contrat de développement
territorial, la SGP ne peut conduire de telles opérations que si ce
contrat le prévoit. À défaut, lorsque ces
opérations interviennent sur le territoire des communes non signataires
d'un contrat de développement territorial, la SGP ne peut intervenir que
dans rayon inférieur à 400 mètres autour des gares
nouvelles du réseau de transport public du Grand Paris et après
avis des communes et établissements publics de coopération
intercommunale compétents concernés. » (Sénat, compte
rendu intégral séance du 09 avril 2010, JORF 10 avril 2010 ;
article 7-V de la loi relative au Grand Paris dont la rédaction est
issue).
Malgré ce compromis obtenu, lorsque le la loi relative
au Grand Paris est promulguée le 3 juin 2010 de nombreuses
méfiances persistent à l'égard de la SGP et sont bien
résumées par David Assouline, sénateur de Paris,
s'adressant au gouvernement : « [...] comme vous ne pouvez pas abolir la
démocratie locale et les autres institutions, vous avez
créé non pas une structure de plus, mais une
société qui, par ses prérogatives dans un certain nombre
de domaines - transport, aménagement, foncier -, supplantera la
région, les municipalités et le STIF. Effectivement, ce n'est pas
un ajout au millefeuille, c'est bien pis ! Lorsqu'on sera d'accord avec cette
structure, il n'y aura pas de problèmes ; lorsque ce ne sera pas le cas,
elle continuera de toute manière à avancer, en ne recevant
d'ordre de personne sinon de l'État, sans s'embarrasser de la
démocratie locale. Je connais cette thèse selon laquelle la
démocratie nuit à l'efficacité, car les procédures
sont lourdes, nécessitent du temps : il faudrait aller vite pour devenir
la ville-monde et ne pas se laisser distancer par les grandes métropoles
qui, elles, avancent I ».
La loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris est
l'aboutissement d'un projet d'une vingtaine d'année sur le réseau
de transport de la métropole et est le résultat d'un long travail
du gouvernement, porté notamment par Christian Blanc et des
parlementaires pour faire que le GPE relève tous les défis du
Grand Paris à l'avenir en faisant du la capitale une ville-monde. Pour
atteindre ces objectifs la loi fait naitre la SGP comme définie à
l'article 7, et pour qu'elle mène à bien sa mission de
réalisation/conception du réseau de transport, lui attribue les
compétences nécessaires à l'exercice de
l'aménagement du territoire. Oui la SGP peut aménager, mais dans
les limites fixées par la loi c'est-à-dire dans le cadre des CDT
ou
58
dans un rayon de 600m2 autour des gares du Grand
Paris, et notamment dans le cadre des projets connexes dont elle possède
le foncier. Si la définition de ce périmètre à
l'article 7 a beaucoup fait débat, c'est parce qu'elle n'est pas anodine
et porte un paradigme : donner à l'Etat les moyens de son ambition en
permettant à la SGP de se soustraire à la gouvernance locale des
territoires et de leurs aménageurs, ou bien garder en place la
démocratie locale et renforcer le pouvoir des collectivités
territoriales sur le tracé du GPE. Car ce tracé représente
un enjeu, celui d'une valorisation foncière sans précédent
des futurs quartiers de gare et une explosion des projets urbains dans la
métropole parisienne.
59
CHAPITRE 2 : MOBILISER LE FONCIER DU GRAND PARIS : UNE
AFFAIRE D'ETAT
Il s'avère que le projet du GPE est bien plus qu'un
projet de métro en rocade autour de Paris, il porte l'ambition d'unifier
et de rééquilibrer les territoires métropolitains au sein
du Grand Paris. Cet espoir repose principalement sur la perspective d'une
plus-value foncière de l'ensemble des territoires traversés par
le GPE, notamment ceux qui en accueilleront une gare, et donc sur
l'opportunité de les densifier. Nous devons donc nous interroger sur les
enjeux liés à la valorisation foncière autour des gares du
GPE et comprendre comment la SGP s'est retrouvée l'une des principales
intéressées de la densification dans les quartiers de gare alors
que sa mission principale était celle du pilotage du GPE.
1. Les enjeux de valorisation foncière autour des
pôles de transport
C'est un fait le foncier autour des futures gares du Grand
Paris est en pleine mutation, et cela s'inscrit dans une dynamique globale de
valorisation foncière à l'échelle de la métropole
parisienne. L'augmentation du prix du foncier en première couronne
notamment, est en partie liée à l'arrivée du GPE dans des
territoires aujourd'hui mal desservis et qui vont gagner en
attractivité. Mais plus qu'une conséquence directe de la desserte
par le nouveau métro, la valorisation foncière dans le Grand
Paris accompagne indispensablement le GPE dans l'objectif de déclencher
une croissance sans précédent dans la métropole parisienne
(augmentation du nombre de logements, de bureaux, renforcement des territoires
économiques etc.). Mais alors quels sont les enjeux de la valorisation
foncière à l'arrivée d'une infrastructure de transport en
IDF et plus particulièrement autour des futures gares du GPE ?
a. Le mécanisme valorisation foncière autour des
pôles de transport
L'Observatoire régional du foncier (ORF) d'IDF
l'affirme : « Les modes de constitution et de diffusion de la
création de valeur sont complexes. Ils dépendent de
l'infrastructure de transport et du contexte urbain. »35. Cette
création de valeur dans le cadre de l'arrivée d'une
35 Observatoire Régional du Foncier en
Ile-de-France (ORF). Les enjeux de la valorisation foncière autour des
pôles de transport. Rapport de groupe de travail mars 2011. 72 pages.
60
infrastructure de transport importante pour le territoire
dépend en effet d'une multitude de facteurs propres à chaque cas
: immobilier résidentiel ou d'activités, spéculation
stratégique de la part de propriétaires foncier ou de promoteurs,
le contexte du marché, les nuisances induites par l'infrastructure de
transport elle-même qui peut influer sur le marché etc.
Néanmoins la réalisation d'une infrastructure de
transport engendre bien souvent une hausse des prix du foncier. Cette hausse se
ressent en grande partie sur le périmètre immédiat de la
gare nouvellement créée ou renforcée par une nouvelle
desserte, c'est-à-dire sur les opérations d'aménagement
des quartiers autour des gares « qu'il faudra équiper pour les
nouveaux habitants et emplois », comme l'indique le rapport « Les
enjeux de la valorisation foncière autour des pôles de transport
» de l'ORF.
L'enjeu principal finalement de cette valorisation
foncière réside dans sa captation, et encore plus pour ceux qui
réalisent l'infrastructure de transport. Bien qu'il soit
précisé par l'ORF que la captation des plus-values
immobilières ne peut à elle seule pas financer les
investissements de transport, il faut tout de même considérer ses
outils et ses modes de mutualisation comme un complément de financement
des projets de transport. Etant donné cet apport marginal de la
valorisation foncière, l'ORF préconise même de ne pas
l'intégrer au plan de financement mais de la considérer comme un
bonus, d'autant plus que « [...] plus le projet de transport est
important, plus la part financée par l'aménagement et
proportionnellement réduite. ».
b. Les outils de captation des plus-values foncières
aux abords des infrastructures de transport
Face à des investissements de plusieurs milliards
d'euros et des contextes budgétaires contraints, l'ORF recommande «
d'imaginer différents types de montage d'affectation de la valorisation
induite pour financer les infrastructures de transport. ». La
difficulté tient du fait qu'il n'existe pas un mode d'appropriation
global qui puisse être appliqué à toutes les
échelles et à tous les territoires, mais qu'il faille tenir
compte de la diversité des contextes pour monter et appliquer le ou les
dispositifs de captation des plus-values immobilières
adéquats.
Finalement la meilleure solution réside dans
l'association de différents dispositifs de captation des plus-values
immobilières quand elles existent, auprès de différents
contributeurs afin d'associer des recettes forfaitaires (ex : participations
forfaitaires) et des recettes récurrentes (ex : fiscalité). Les
montages financiers doivent s'adapter à l'échelle des projets de
transport et d'aménagement. Par exemple pour un projet d'une taille
modeste on
61
envisagera des participations dans le cadre des
opérations d'aménagement reversées à la
maîtrise d'ouvrage de l'infrastructure de transport et dans le cadre de
projets à l'échelle d'une ligne nouvelle, d'un prolongement de
ligne du métro/tramway ou de création d'une gare structurante, on
préconisera un Contrat de Projet Etat-Région, une participation
des ZAC aux voieries de desserte/stations/aménagement urbain. Dans son
rapport remis en 2011, l'ORF en citant le Grand Paris et l'Arc Express,
préconisait alors pour les grands projets à l'échelle de
l'agglomération des montages en contrat de partenariat.
Bien que complété par différents revenus
liés à la captation des plus-values immobilières,
l'investissement public initial subventionné par l'Etat et les
collectivités reste un signal majeur de la volonté politique de
réaliser l'infrastructure de transport et les aménagements
autour. Cet investissement public en amont est d'autant plus capital pour la
réussite de l'opération que sa débouchée
opérationnelle peut intervenir 10 à 15 ans après le
démarrage, et pour éviter l'envolée des prix et d'avoir
à capter une plus-value potentiellement perdue.
Pour la mise en oeuvre et le suivi d'un dispositif de
captation foncière adapté, différents points sont
essentiels selon l'ORF et son rapport sur les enjeux de la valorisation
foncière autour des pôles de transport. Tout d'abord il convient
d'observer le territoire et ses mutations foncières et
immobilières, pour disposer d'une connaissance partagée du
contexte local qui servira au suivi des actions publiques régulatrices,
à la mesure de la faisabilité des opérations
d'aménagement et à l'évaluation des dispositifs fiscaux
sur le foncier. Ce travail d'observation des dynamiques foncières et
immobilières du territoire est fondamental et sert de base à la
mise en place des outils de gestion de la ville durable. D'autre part il s'agit
de prévoir les anticipations spéculatives qui pourraient remettre
en cause la faisabilité économique du projet, ou bien des
objectifs de mixité et de diversité. Pour cela il faut pouvoir
maîtriser les périmètres sujets à la
spéculation en les définissant par exemple comme
périmètres d'attente en prévision de décision
d'aménagement. Toujours dans cette démarche d'anticipation pour
garantir la faisabilité des opérations d'aménagement, il
est recommandé d'amplifier l'anticipation foncière des
Etablissements Publics Fonciers (EPF) sur certains territoires qui doivent y
mener des actions foncières ciblées afin de consolider le couple
masse critique foncière-modération des prix. Par ailleurs, ne
sont pas conseillées les maîtrises d'ouvrage
intégrées transport-aménagement jugées peu
adaptées car « les objets, les échelles d'intervention, les
temporalités et les systèmes de gouvernance politique
diffèrent. » (ORF, 2011). Il est en revanche
préconisé de mettre en synergie les différentes
maîtrises d'ouvrage par des dispositifs de coordination politique et
opérationnelle. Les CDT sont notamment préconisés pour
permettre de préserver du foncier abordable à proximité
des infrastructures. Enfin, l'ORF met l'accent sur l'innovation et recommande
de
62
« promouvoir des démarches opérationnelles
innovantes adaptées aux territoires en favorisant notamment le recours
aux appels à projets. ». Cette démarche permet de
définir les faisabilités techniques et financières des
opérations en amont et de confronter de manière stimulante des
idées pour la conception des quartiers de demain.
Ainsi l'ORF établit une sorte de mode d'emploi
généraliste de la captation des plus-values foncières
générées autour des pôles de transport, mais qu'en
est-il pour le cas spécifique des quartiers de gares du Grand Paris ?
Quelle est la mesure de la dynamique foncière attendue autour du
tracé du GPE et quelle est la stratégie de la SGP pour y prendre
part ?
2. La captation des plus-values foncières autour des gares
du Grand Paris
Express
Dans le cas de la métropole du Grand Paris, la
création de valeur qui prend pour point de départ
l'infrastructure de transport du GPE va se répercuter en premier lieu
sur son environnement immédiat, puis à l'échelle des CDT,
de la métropole, et en dernier lieu _ par accumulation et juxtaposition
de tous les points de départ de valorisation foncière que
constituent les 68 gares du Grand Paris _ à la région
francilienne entière. Intéressons-nous à la
première échelle de cette création de valeur
apportée par l'infrastructure de transport qui est celle des gares du
GPE, et sa captation par la SGP.
63
a. La connaissance des potentiels fonciers aux abords des
gares
14 Gisement foncier sur le tracé du Grand
Paris Express - Crédit : SGP
Avec l'arrivée du GPE, le potentiel de mutation des
territoires du Grand Paris a explosé et d'immenses enjeux attendent les
quartiers de gare. Pour prendre la mesure de ces enjeux l'Agence parisienne de
l'urbanisme (APUR), la Direction Régionale et Interdépartementale
de l'Equipement et de l'Aménagement (DRIEA) d'IDF et la SGP ont
réalisé en 2014 un premier Observatoire des quartiers de gare du
Grand Paris, concernant la ligne 15 Sud. Cet observatoire qui aborde dans
chacun de ses rapports différentes thématiques (les
densités, les centralités, le cadre urbain et paysager, les
caractéristiques démographiques et sociales des habitants, la
mobilité, les espaces publics, les dynamiques de construction et les
projets), propose à la fois des monographies de quartiers de gare et des
études croisées. Cette double méthode a pour objectif
d'apporter les éléments de réponse nécessaires
à l'accompagnement des évolutions et mutations engagées
par l'arrivée du GPE. C'est donc un outil d'aide décisionnelle
pour les collectivités et les acteurs concernés par le Grand
Paris.
64
A ce titre, la SGP doit avoir une bonne connaissance des
enjeux de la valorisation foncière autour des futures gares du GPE, et
ce pour diverses raisons. Dans un premier temps pour anticiper les mesures
à mettre en oeuvre pour optimiser les effets des bouleversements
structurels et institutionnels de la métropole ; pour mener des actions
plus efficaces dans le cadre de « pénurie des ressources publiques
et d'attentisme des acteurs privés » comme l'explicite le rapport
de l'ORF en 2011 ; puis pour lever les doutes qui se posent sur les impacts de
l'infrastructure de transport (augmentation du foncier ? accentuation de la
ségrégation spatiale ? renforcement de l'étalement urbain
? etc.) ; et enfin pour répondre aux objectifs de logements fixés
par la loi du Grand Paris et par le SDRIF.
En 2018, l'Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris
Express publie une synthèse de ses travaux depuis 2014, date de sa
création. Dans son article « Grand Paris Express : les immenses
enjeux qui attendent les quartiers de gare »36, Delphine
Gerbeau relève les points marquants de cette synthèse, notamment
celui du développement urbain dans la métropole. La journaliste
met en avant le fait que les quartiers de gares sont déjà en
mouvement depuis plusieurs années avec 14,4 millions de m2
autorisés à la construction entre 2000 et 2013 dans les 68
quartiers de gares identifiés. 60% de ces autorisations concernent des
surfaces d'activités dont la moitié est destinée à
des bureaux, et sont majoritairement concentrées sur les quartiers de
gare de La Défense (1,16 millions m2), Saint-Denis-Pleyel et
Stade de France (1,2 millions m2), les Grésillons (430
000m2), Massy-Palaiseau (400 000m2), Val-de-Fontenay et
Pont de Sèvres (300 000m2 chacun). Les 40% restants des
autorisations représentent 3 000 hectares de secteurs de projets urbains
dans le périmètre des quartiers de gare mais avec une dynamique
de construction de logements beaucoup plus soutenue dans une dizaine de
quartiers. Les projets initiés avant l'annonce de GPE se
déploient, « l'arrivée du métro ayant alors
conforté et amplifié la dynamique préexistante »
comme le précise Delphine Gerbeau.
On se rend donc compte que la dynamique foncière dans
les quartiers de gares n'a pas attendu l'arrivée des gares du GPE pour
se manifester, mais qu'elle a été encouragée et
portée par l'annonce de cette dernière. Il faut également
considérer que c'est aussi les mutations foncières des quartiers
initiées il y a quelques années qui ont en partie dicté
le
36 GERBEAU Delphine. « Grand Paris Express
: les immenses enjeux qui attendent les quartiers des gares »,
LaGazette.fr. [En ligne] (09 janvier
2018). Disponible sur :
http://www.lagazettedescommunes.com/543432/grand-paris-express-quels-enjeux-pour-les-quartiers-des-gares/
[consulté le 08 juillet 2018].
65
tracé du GPE et donc l'implantation des futures gares
et le développement décuplé des quartiers de gare.
En 2014, l'ORF37 prévoyait que sur les 17
gares de la ligne 15 Sud, 12 seraient en mesure de recevoir un projet connexe,
représentant au moins 900 logements et 20 000m2 de bureaux.
Aujourd'hui on compte 9 projets connexes sur la ligne 15 Sud comptabilisant
près 250 000m2 de programmation mixte, dont environ 2 000
logements (comprenant les résidences étudiantes ou jeunes
travailleurs) et plus de 30 000m2 de bureaux et espaces de
coworking, tout cela sans compter sur les projets connexes encore à
l'étude et les projets en développement à proximité
immédiate des gares en dehors des projets connexes.
Face à cette dynamique foncière dans toute la
métropole du Grand Paris et plus particulièrement dans les
quartiers de gare, comment la Société du Grand Paris se
positionne-t-elle et quels sont ses intérêts ?
b. Le positionnement de la Société du Grand
Paris face à la dynamique foncière du Grand Paris
Si la SGP dispose aujourd'hui des compétences relatives
à celles des aménageurs c'est essentiellement parce que
l'idée a toujours celle qu'elle puisse s'inscrire dans la dynamique
foncière engendrée par le GPE dont elle-même était
pilote. Ce parti-pris de la SGP dans l'aménagement urbain reflète
toute simplement l'idée, insufflée peu de temps avant la loi
Grand Paris, par le cabinet Blanc, que l'aménagement pouvait financer le
transport. Cette idée qui a mûrit au sein des concepteurs du GPE
s'appuie sur le constat de certaines expériences réussies
à l'étranger, où l'ampleur du développement urbain
liée à l'arrivée d'une infrastructure de transport
était telle qu'elle a permis d'en contrebalancer le coût.
En 2014 l'ORF revient sur le sujet du foncier autour des
pôles de transport cette fois-ci spécifiquement autour du GPE en
constituant un nouveau groupe de travail sur le thème « Le foncier
du Grand Paris comment le mobiliser ? ». Cette réflexion collective
est partie d'une question : quel accompagnement du foncier mettre en place pour
optimiser les effets urbains d'un projet de transport aussi exceptionnel que
celui du GPE ? Il ressort de ce groupe de travail des recommandations se
recoupant avec celles émises en 2011 à l'occasion du groupe de
travail sur « Les enjeux de la valorisation foncière autour des
pôles de transport ». Dans les
37 Observatoire Régional du Foncier en
Ile-de-France (ORF). Le foncier du Grand Paris : comment le mobiliser ? Rapport
de groupe de travail, juin 2014. 56 pages.
mesures et les dispositifs accompagnant la création de
la SGP, certaines recommandations ont été suivies et sont
visibles : la création des CDT comme contrats de montage en partenariat,
la mise en place de l'Observatoire des quartiers de gares du GPE pour «
disposer d'une connaissance partagée du contexte local » (ORF,
2011), ou bien la mise en place de taxes et participations sur les projets
urbains induits par le GPE.
Cette volonté de tirer parti du développement
urbain autour des futures gares du GPE transparait de différentes
manières dans la loi Grand Paris. Premièrement, il s'agit de
permettre à la SGP de capter les plus-values foncières
générées par le GPE sur les territoires traversés
par le biais de taxes ou participations imposées sur les
opérations d'aménagement bénéficiant du nouveau
réseau de transport.
L'article 10 de la loi relative au Grand Paris complète
le code général des impôts en instituant une taxe
forfaitaire sur le produit de certaines valorisations immobilières de la
région IDF38. Cette taxe est instituée sur « le
produit de la valorisation des terrains nus et immeubles bâtis
résultants, sur le territoire de la région d'Ile-de-France, des
projets d'infrastructures du réseau de transport public du Grand Paris
[...] », et est « affectée au budget de l'établissement
public « Société du Grand Paris ». Cette « taxe
s'applique aux cessions à titre onéreux des terrains nus et des
immeubles bâtis, ainsi qu'aux droits relatifs à ces biens, et aux
cessions de participations dans des personnes morales à
prépondérance immobilière [...] représentatives de
ces immeubles qui figurent dans un périmètre arrêté
par l'Etat ou, lorsque la taxe est instituée sur
délibération du conseil régional [...]. Ce
périmètre ne peut s'éloigner de plus de 800 mètres
d'une entrée de gare de voyageurs prévue pour le projet
d'infrastructure au titre duquel la taxe a été instituée.
». Ainsi, en instituant la taxe forfaitaire sur le produit des
valorisations foncières, l'article 10 amorce la mise en oeuvre de cette
relation particulière d'interdépendance entre aménagement
et transport dans le cadre du GPE et de la métropole : tout ce qui
bénéficie du réseau de transport devra d'une
manière ou d'une autre participer à son financement.
L'article 13 de la loi relative au Grand Paris vient
compléter les moyens du financement du réseau de transport par
l'aménagement, comme le cite Benoît Labat en prévoyant
« qu'une gare réalisée dans une ZAC créée par
un Etablissement Public d'Aménagement donne lieu à une
contribution de l'EPA pour la réalisation de la gare », ce qui
parait logique » ajoute-t-il. « Une participation est mise à
charge des établissements publics d'aménagement [...] dont les
opérations d'aménagement et de constructions
bénéficient de la desserte assurée par la
66
38 Chapitre 5 du titre III de la deuxième
partie du libre 1er du code général des
impôts.
67
réalisation des infrastructures du réseau de
transport public du Grand Paris. Cette participation est fonction des
opérations réalisées et elle est versée à
l'établissement public « Société du Grand Paris
» ».
Enfin, l'article 7 de la loi Grand Paris impose à la
SGP une dévolution de son patrimoine et indirectement lui permet de
valoriser son foncier en le cédant, notamment au profit de la
réalisation des projets connexes.
L'une des principales difficultés à la
mobilisation du foncier du Grand Paris autour des gares tient du fait que peu
d'opérateurs ont une capacité financière suffisante et la
compétence juridique nécessaire pour combiner portage foncier sur
le long terme et réalisation de l'aménagement. Cette idée
vient compléter la recommandation du premier rapport de l'ORF en 2011,
disant qu'il n'était pas conseillé d'avoir une maîtrise
d'ouvrage unique pour l'aménagement et le transport. C'est pourtant ce
que la SGP a tenté de faire : « L'idée initiale était
de permettre à la SGP de récupérer la valorisation
immobilière produite par le réseau et ses nouvelles gares. Ce
dispositif ne prenait pas en compte le temps de l'aménagement, beaucoup
plus long que celui de la construction d'une infrastructure de transport : les
effets de la valorisation ne se feraient ressentir qu'à long terme.
Aussi le dispositif de récupération des plus-values
foncières initialement prévu a-t-il été
abrogé par la loi de finances six mois plus tard. Les compétences
d'aménagement confiées à la SGP ont été
maintenues mais leurs modalités d'application restent complexes. »
(ORF, 2014).
Le tracé du GPE représente donc bien un enjeu
majeur pour le territoire métropolitain : celui d'une valorisation
foncière sans précédent des futurs quartiers de gare et
une explosion des projets urbains dans le Grand Paris. La bonne connaissance du
mécanisme de valorisation foncière autour des pôles de
transport et des outils nécessaires à sa captation est
indispensable à tous les acteurs de l'aménagement, et notamment
aux collectivités et établissements publics dans leur objectif
d'optimisation du développement du futur territoire grand-parisien. La
SGP, dans l'intérêt du déploiement de son nouveau
réseau de métro, a été conçue pour prendre
part à cette dynamique foncière du Grand Paris _ dotée des
compétences d'un aménageur _ avec l'idée initiale que
l'aménagement aurait pu financer le transport. Pour autant, et comme
l'indiquait l'ORF dans son dernier rapport, « les modalités
d'application des compétences d'aménagement confiées
à la SGP sont complexes ». Alors qu'en est-il réellement de
la SGP en tant qu'aménageur, de ses champs d'application et plus
particulièrement des projets connexes ?
68
CHAPITRE 3 : L'AMENAGEMENT POUR FINANCER LE TRANSPORT
: LA SOLUTION DES PROJETS CONNEXES ?
1. Les limites de la captation foncière dans les quartiers
de gare par la Société du Grand Paris
a. Les idéaux de la loi Grand Paris difficilement
atteignables
Dans l'idée où l'aménagement
métropolitain propulsé par le réseau de transport du GPE
devait être un levier financier pour participer à la
réalisation de ce dernier, la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris
a prévu à différents niveaux, d'en affecter les ressources
au budget de la SGP. Le dispositif initial de la loi basé sur la
récupération des plus-values immobilières issues de la
valorisation du foncier du Grand Paris ne prenait pas en compte en compte le
temps de l'aménagement, bien plus long que celui de la
réalisation de l'infrastructure de transport, aussi « [...] a-t-il
été abrogé par la loi de finances six mois plus tard.
» (ORF, 2014). Le législateur a tout de même maintenu les
compétences d'aménageurs confiées à la SGP, qui
s'appliquent de manière complexe.
Le dispositif de récupération des plus-values
foncières consiste aujourd'hui : en premier lieu, en l'article 10 de la
loi instituant une taxe forfaitaire sur le produit de certaines valorisations
immobilières de la région IDF, dans un périmètre de
800 mètres d'une entrée de gare de voyageurs ; et en second lieu,
en l'article 13 prévoyant une participation des aménageurs de ZAC
bénéficiant de la future desserte par le GPE, envers la SGP.
Le fait est de constater que ces mesures ne sont pas
appliquées aujourd'hui, et ce pour diverses raisons. Comme l'explique
Nicolas Ferrand, ex directeur général des Etablissements publics
d'aménagement de Marne-la-Vallée, le dispositif de
récupération foncière dans la loi Grand Paris n'est pas
adapté à tous les territoires, et ne peut pas fonctionner
systématiquement. En prenant l'exemple de la participation des
aménageurs de ZAC à l'infrastructure de transport, on se rend
compte que cela « [...] ne se fait pas du tout car les opérations
d'aménagement sont toutes déficitaires [...] ». Comme le
précise aussi Nicolas Ferrand, « [...] la SGP fait son
réseau de transport dans un tissu urbain déjà construit
[...]. Tous les bâtiments appartenant à des propriétaires
privés qui entrent dans une opération de reconfiguration suivent
le même schéma, ils sont rachetés au prix des
bâtiments construits et
69
démolis par les aménageurs. L'aménageur
va revendre derrière des terrains nus avec ce que l'on appelle des
droits à construire c'est-à-dire au prix des charges
foncières. ». La concurrence entre les territoires et la
réalité du marché font que les aménageurs ne
peuvent pas toujours obtenir des promoteurs les charges foncières
escomptées pour équilibrer leur bilan d'aménagement. Ce
faisant, ce sont les collectivités qui sont amenées à
payer le déficit des opérations d'aménagement, et dans ces
conditions-là il semble très difficile pour les aménageurs
de reverser quelques participations que ce soient à la SGP.
L'idée de capter les plus-values foncières des opérations
d'aménagement autour des gares, via des taxes ou participations des
aménageurs ne s'est donc pas avérée la bonne solution pour
financer le transport par l'aménagement.
« On a essayé de contourner la chose en disant
que la SGP pouvait être aménageur, non seulement qu'elle faisait
l'infrastructure mais qu'en tenant l'aménagement elle pouvait
récupérer une partie des plus-values sans être
propriétaire mais en étant à la charnière de cette
création de valeur par l'aménagement urbain, la création
de droits à construire. Il y avait déjà un certain nombre
d'autres acteurs en place, notamment les SEM et les EPA, déjà sur
ces positions d'aménagement et bien connus et bien implantés dans
le jeu d'acteurs local, et en fait la SGP n'a pas réussi à faire
son trou. » (Nicolas Ferrand).
C'est aussi le constat fait par Benoit Labat : la SGP n'est
« aménageur nulle part » et on peut donc dire que l'article 7
de la loi Grand Paris par laquelle le législateur attribue à la
SGP les compétences qui sont celles des aménageurs n'a pas eu la
portée escomptée. Pour autant il reste à la SGP la
maîtrise d'ouvrage des projets connexe dont elle possède
l'assiette foncière.
b. Les projets connexes, dernier levier d'action pour la
Société du Grand Paris
Pour rappel l'article 7 de la loi du 3 juin 2010 relative au
Grand Paris habilite la SGP à conduire des opérations
d'aménagement ou de construction _ en exerçant les
compétences reconnues aux EPA _ dans le périmètre autour
des gares prévus par les CDT, ou bien, dans un rayon inférieur
à 600m autour des gares lorsque les communes non signataires d'un CDT en
font expressément la demande. Pour autant aujourd'hui, pour diverses
raisons, la SGP n'a pas endossé pleinement ce rôle
d'aménageur, et « Dans les faits, les projets connexes sont [...]
les seules opérations où la SGP peut être aménageur.
[...] Oui on peut dire que la SGP est aménageur d'une certaine
manière, sur ses emprises mais qui représentent des tout petits
projets à l'échelle de la ville. » (Nicolas Ferrand).
70
Outre le fait qu'intervenir en tant que nouvel
aménageur dans un paysage institutionnel et opérationnel
déjà constitué et concurrentiel des acteurs de
l'aménagement, qui est celui de la métropole du Grand Paris,
n'est pas chose aisée, la SGP manque de ressources propres. Ce nouvel
établissement public doit avant toute chose, consacrer l'essentiel de
ces moyens humains et financiers à sa mission principale qui est celle
de la construction du réseau du GPE, et qui est déjà une
mission d'une ampleur sans égale. « Dès lors, ses
interventions en aménagement vont consister pour l'essentiel, à
construire sur le foncier acquis pour réaliser les gares et les bases
chantier : les opérations connexes. » (ORF, 2014).
Comme évoqué précédemment, le
projet connexe est une opération de construction
développée sur la parcelle de la gare, conçue et mise en
oeuvre simultanément à la réalisation de celle-ci.
Superposée, mitoyenne, associée, ou bien composite,
l'opération connexe fait interagir la SGP, propriétaire de la
parcelle et maître d'ouvrage de la gare, avec un opérateur
privé qui sera lui maître du projet connexe, et avec la ville
d'accueil de la gare. La réalisation du projet connexe est le
résultat d'une cession foncière des parcelles de la SGP à
un promoteur la plupart du temps, justifiée par la
nécessité urbaine de valoriser les emprises résiduelles
suite à la réalisation du métro pour concevoir la gare
vectrice d'urbanité, intégrée et inclusive.
Les projets connexes sont donc pour la SGP le principal et
unique champ d'application de ses compétences d'aménageur,
présents sur environ la moitié des pôles-gares de la ligne
15 Sud, à l'image de ce qui est envisagé sur l'ensemble du
réseau du GPE. En termes de m2 réalisés nous
sommes loin de pouvoir considérer que la loi Grand Paris a ouvert la
voie de l'aménagement à la SGP. Les projets connexes sur lesquels
la SGP garde la main mise, représentent bien un levier pour
générer des plus-values financières, mais que
représentent les rentes des projets connexes face au coût de
l'infrastructure de transport du GPE ? Sont-elles de nature à influencer
l'équilibre économique des projets de gares et donc à
permettre à l'aménagement de financer le transport ?
71
2. Quel soutien apportent réellement les projets
connexes aux projets gare ?
a. Le financement du Grand Paris Express
Début janvier 2018, et à la demande de Gilles
Carrez39, la Cour des Comptes rendait son rapport pour dresser
« un premier bilan de la mise en place de la SGP [...] des conditions de
pilotage du GPE et de la soutenabilité financière de la
société. »40. Il ressort de ce rapport trois
sujets d'observations principaux : la soutenabilité du projet, la
gouvernance de la SGP et les coûts. Des coûts qui ont largement
été revus à la hausse par la Cour des comptes, dont
l'annonce a défrayé la chronique. En octobre 2017 Philippe Yvin,
président du directoire de la SGP annonçait : « Le
coût du Grand Paris Express se situera entre 28 et 35 milliards d'euros
»41. Aujourd'hui en 2018, ces coûts ont encore
augmenté comme le souligne Julie Snasli : « Par rapport aux
estimations des coûts prévisionnels effectuées en mars
2013, le dérapage global atteint aujourd'hui 13 milliards d'euros,
passant de 25,5 milliards d'euros à 38,5 milliards d'euros. ». Mais
quels sont alors les moyens de financements dont dispose la SGP pour parvenir
à absorber ces sommes ?
Le financement du projet est global comme le souligne la SGP
« la totalité du GPE, mais également les contributions aux
autres projets financés par la SGP, font ainsi caisse commune au sein
d'un dispositif de financement unique. ». Ce financement est garanti par
l'Etat sur le long terme par des ressources affectées à la SGP,
ainsi que par des subventions de l'Union Européenne : la SGP
perçoit trois taxes notamment la taxe spéciale Grand Paris,
redevable par les contribuables franciliens depuis 2011. Ces recettes
représentent plus de 500 millions d'euros par an et tendent à
augmenter au moyen et long terme. De plus, le financement du nouveau
métro, identifié comme investissement d'avenir pour les
prochaines générations, « [...] est étalé dans
le temps grâce à la souscription d'emprunts qui seront amortis sur
plusieurs décennies. » souligne la SGP. Des emprunts à long
terme à la Banque Européenne d'Investissement (BEI) et à
la Caisse des dépôts ont en effet été conclus par la
SGP. « Enfin, en phase d'exploitation du réseau, la
Société du Grand Paris pourra compter sur
39 Gilles Carrez, homme politique français
républicain député de la cinquième circonscription
du Val-de-Marne depuis 1993, occupe depuis 2012 la fonction de président
de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale ainsi que
la fonction de vice-président de la Métropole du Grand Paris
depuis 2016.
40 SNASLI Julie. « Dérapages
financiers, délais insoutenables : le rapport accablant de la Cour des
Comptes sur la Société du Grand Paris », Innovapresse
groupe. [En ligne]. (17 janvier 2018).
41 YVIN Philippe. « Le coût du Grand
Paris Express se situera entre 28 et 35 milliards d'euros » propos
recueillis par ARMAND César pour La Tribune. [en ligne]. (06 octobre
2017).
72
des recettes complémentaires, tirées notamment
de l'exploitation commerciale des gares (publicité, commerces, etc.) et
de redevances d'usage de son réseau (péages). » (SGP).
Pour autant toutes ces ressources ne semblent pas suffisantes,
en effet début 2018 Gilles Carrez se voyait confier par le gouvernement
la mission « d'identifier de nouvelles recettes permettant de faire face
à la révision du coût du projet. ». Tout le monde tend
à le dire, les coûts de réalisation du nouveau super
métro ont dérapé, pour diverses raisons dues aux
aléas techniques rencontrés ou à la gouvernance du projet
; et les sources de financement ne sont pas infinies.
Si comme énoncé précédemment, les
projets connexes étaient les dernières opérations
d'aménagement sur lesquelles la SGP avaient la maîtrise
foncière, nous pouvons dès lors nous interroger sur la
capacité de ces projets à être un levier de financement
à l'échelle du coût du GPE. Les bénéfices qui
seront dégagés par les projets connexes-sont-ils de nature
à être considérés comme des recettes dans
l'équilibre financier du projet du GPE ?
b. Un projet connexe financièrement ?
Ce que Benoît Labat tient à rappeler c'est que
les opérations connexes se faisant dans le cadre de la mission
d'aménagement confiée à la SGP, elles ne peuvent
être conçues qu'équilibrées : « Nos
dépenses d'aménageur doivent être couvertes par les
recettes des ventes de lots fonciers sur nos opérations
d'aménagement. », des opérations connexes qui ne seraient
pas économiquement équilibrées seraient rejetées
par le directoire de la SGP.
Ce qui revient souvent dans les mots de la SGP c'est le manque
de moyens en tant qu'aménageur et de ce fait, le manque de moyen
à réaliser les projets connexes, dès lors atteindre
l'équilibre dans ces opérations est primordial. « On peut
mettre un peu de trésorerie pour quelques surcoûts au
départ, mais les recettes envisagées lors de la vente au titre de
l'acte authentique, du volume et des emprises, devront couvrir les
dépenses engagées. » (Benoît Labat).
L'équilibre des opérations connexes aux gares « est rendu
possible par l'affectation des coûts fonciers à la seule
réalisation du réseau de transport. Seuls les surcoûts de
construction de la gare nécessaires pour supporter les constructions
connexes viennent en dépenses du bilan de l'opération de
construction. » précise l'ORF dans son rapport en 2014, ajoutant
que ces surcoûts pourront être dans la plupart des cas
compensés par les ventes de charges foncières du programme
immobilier du projet connexe.
Dans cette configuration, la préoccupation principale
de la SGP dans la mise en oeuvre des projets connexes est que ses
dépenses d'aménageurs soient couvertes par les recettes des
ventes de lots fonciers sur les opérations
d'aménagement. Comment cela se traduit-il concrètement dans les
processus de vente de charge foncière des projets connexes ?
Le critère de choix principal d'un candidat dans les
consultations de charge foncière pour la réalisation des projets
connexes est donc son offre financière avec la prise en compte de deux
risques principaux qui sont les surcoûts techniques et la
fiscalité. Benoît Labat souligne que « dès lors que
nous (la SGP) atteignons l'équilibre, nous nous fonderons sur des
critères de qualité du projet, de programmation et surtout sur la
sécurisation de nos choix techniques ». La consultation de charge
foncière comporte une variable de coût modeste, la SGP reste
à l'écoute des offres financières tout en gardant à
vue la somme minimale dont elle a besoin pour ne pas perdre d'argent, les
bénéfices sur ces opérations ne sont pas son cheval de
bataille. Quand bien même, dans le cas où les projets connexes
génèrent des profits, que représentent-ils
concrètement ?
Ioannis Valougeorgis, directeur délégué
à l'aménagement à la SGP, répond sur ce point :
« L'aspect financier pour la SGP tout en étant important, n'est
vraiment pas à l'échelle du coût de construction de
l'infrastructure, une gare coûte environ 100 millions d'euros. »,
alors qu'un projet de valorisation comme Créteil l'Echat _ un des plus
gros projets connexes de la ligne 15 Sud avec 22 000m2 mixtes
créés sur une emprise mitoyenne à la gare de 9
000m2 _ ne rapporte que deux à trois millions d'euros. Non
seulement les plus-values apportées par les projets connexes ne sont pas
en mesure de supporter considérablement les projets gares, mais elles le
sont encore moins pour avoir un impact sur les environ 35 milliards d'euros de
coûts du GPE assumés par la SGP.
Les ventes de charges foncières
générées par les projets connexes ne sont pas une
ressource sur laquelle compte la SGP, ni pour contrebalancer le coût des
gares, ni celui du réseau de transports du métro. Si l'on prend
quelques ratios, on voit que sur les projets les plus importants en surface, la
vente de charges foncières ne représente qu'environ 3% du
coût d'une gare42. A l'échelle des environ 38 milliards
d'euros du coût du GPE, les recettes générées par
tous les projets connexes de la ligne 15 Sud ne représenteraient que
0,07%. Les projets connexes ne sont donc pas en mesure de faire pencher
significativement la balance des coûts et des recettes de la
réalisation du GPE. Après cette analyse, il semble très
ambitieux de dire que les projets connexes seraient une solution pour faire que
l'aménagement finance le transport.
73
42 Calculs basés sur
les moyennes des projets connexes de la ligne 15 Sud.
74
CONCLUSION DE LA PREMIERE HYPOTHESE
Cette première hypothèse des projets connexes
comme objets de valorisation foncière se vérifie en partie, on ne
peut pas vraiment dire que ces projets sont un prétexte permettant
à la SGP de s'enrichir en faisant simplement des m2. On est
bien dans un cas de figure où les opérations connexes et plus
largement l'aménagement, ont été à un moment
donné considérés comme des voies valorisation
immobilières pour la SGP, et donc pour venir prendre part au financement
de l'infrastructure de transport. Pour autant on constate que les recettes
tirées de la vente des charges foncières des opérations
connexes ne présentent pas un intérêt économique
fondamental qui aurait pu être le seul intérêt de la SGP
à leur mise en oeuvre. En premier lieu, les projets connexes prennent
place en surplomb des gares ou sur des emprises chantiers qui dans tous les cas
auraient été acquises pour la réalisation du métro,
il ne serait pas pertinent d'y voir une réelle spéculation
foncière. D'autre part, leur mise en oeuvre représente souvent un
investissement supplémentaire pour la SGP _ avec notamment des
surcoûts techniques dans les projets gares _ qui bien que
valorisés par la suite, reste un risque pris par la SGP. Enfin,
économiquement parlant, l'apport des projets connexes n'est pas à
la mesure des coûts de la réalisation de l'infrastructure,
d'autant plus que tous les revenus qu'ils génèrent ne reviennent
pas en totalité à la SGP mais en partie aux villes qui les
accueillent.
Tous ces éléments de réponse nous font
penser qu'aujourd'hui, les motivations qui conduisent à la mise en
oeuvre des projets connexes, ne sont pas tant économiques mais peuvent
être plus engagées en faveur du développement urbain des
futurs quartiers de gare. La SGP serait-elle alors à considérer
comme un véritable nouvel acteur de l'aménagement grand parisien
et les projets connexes seraient-ils alors avant tout au service de la fabrique
de la ville ?
« Finalement les projets connexes sont plutôt
une valorisation urbaine, ce n'est pas ce montant-là qui va venir sauver
la gare. Cette relation n'a pas grand intérêt, il fallait
plutôt réfléchir le projet connexe comme un projet urbain
autour d'une gare pour développer une nouvelle centralité. Pour
autant cela fonctionne dans d'autres pays mais pas dans le GPE, car nous ne
pouvons pas réaliser des ensembles immobiliers d'envergure à
soutenir financièrement l'infrastructure. » (Ioannis
Valougeorgis).
75
PARTIE 3 : EN QUOI LES PROJETS
CONNEXES SONT-ILS A CONSIDERER
PRINCIPALEMENT COMME DES OUTILS
DE PLUS-VALUE URBAINE ?
76
CHAPITRE PREMIER : ENTRE TRANSPORT ET AMENAGEMENT, LA
SOCIETE DU GRAND PARIS A L'EXERCICE DE L'URBANITE
« La réalisation du Grand Paris Express, en
tant que réseau de transport au service des citoyens, est l'un des
principaux leviers du développement de la métropole. Nous sommes
aussi convaincus que le projet que nous portons doit aller au-delà de la
construction de lignes et de gares. Le Grand Paris Express est une formidable
opportunité de créer de nouveaux liens entre les territoires et
les habitants. Il réinvente la métropole francilienne pour en
faire une ville-monde accueillante, solidaire et exemplaire. Durant sa
réalisation, et avant même sa mise en service, le nouveau
métro stimule les activités économiques, culturelles et
sociales de la région. Il s'affirme comme un projet
fédérateur pour les Franciliens. » (La
Société du Grand Paris43).
1. Aménager : une priorité pour la
Société du Grand Paris ?
Les projets connexes seront présents à terme sur
environ la moitié des futurs gares du GPE formant ainsi les pôles
gares du Grand Paris, ultérieurement présentés comme des
programmes immobiliers propres et inhérents à chaque projet gare,
on peut s'interroger sur le rapport d'importance entre projet connexe et projet
gare. Revendiqués comme des projets à forte plus-value urbaine
par la SGP et s'inscrivant dans la démarche globale d'aménagement
autour des gares, il s'agit de déterminer en quoi les projets connexes
ont fait partie de la réflexion de la SGP au même titre que le
métro et en quoi ils montrent la volonté de la SGP de faire
autant du transport que de l'urbain.
a. Le métro d'abord...
Le chantier du GPE est considéré par beaucoup
comme le chantier du siècle, il est titanesque tant par son
étendue et sa durée que par sa complexité : 200km de
lignes s'ajoutant aux 200km existants en IDF (métro et RER), 90% en
réseau souterrain, 100%
77
43
www.societedugrandparis.fr,
consulté le 28 octobre 2018
78
automatique et accessible, desservant 68 gares dont 80%
interconnectées au réseau existant, et nécessitant la
réalisation de 6 centres d'exploitation. Tout cela dans un tissu urbain
déjà constitué et dense a un coût qui n'a
cessé d'augmenter depuis la création de la SGP en 2010, pour
être estimé en 2018 à environ 38 milliards d'euros. Un
coût qui augmente et des délais qui s'allongent, telle est la
réalité du GPE à l'heure actuelle, avec notamment
l'annonce récente du recul de la livraison de ligne 15 Sud de 2024
à juin 2025.
La gestion de ce projet mobilise l'essentiel des forces,
humaines comme financières de la SGP et de beaucoup de communes
concernées par l'arrivée du GPE. Tout le monde est conscient que
les sacrifices faits aujourd'hui sont nécessaires pour changer
durablement le visage de la métropole de demain et impulser sur le
territoire une dynamique sans égal : des retombées
économiques fortes, un lien social renforcé et la création
d'une identité culturelle grand-parisienne. Aussi, la construction du
projet est elle-même pensée par la SGP comme un moteur de
développement territorial : relationnel aux riverains pour des projets
inclusifs, prise en compte des enjeux environnementaux, création
opportunités d'emplois locaux, démarche d'insertion
professionnelle sur les chantiers etc.
Le GPE est considéré en soi comme un projet
métropolitain à fortes retombées urbaines et monopolisant
les efforts de la SGP, dans ce contexte et comme explicité
précédemment les projets connexes comme l'aménagement en
général, viennent en second temps dans les priorités de la
SGP. Ils viennent après car découlent directement du contexte
propre à chaque gare : emprises résiduelles pour faire le projet
ou non, volontés locales, possibilités ou impossibilités
techniques et architecturales et surtout potentiel de mutation des territoires.
Même si structurellement la gare ne peut pas être pensée
indépendamment du projet connexe et que leur réalisation est
concomitante, la réflexion se porte d'abord sur la faisabilité de
la gare puis sur le celle d'un éventuel projet connexe.
b. ... les projets connexes ensuite
Naturellement, la priorité s'est portée sur les
couples « tracé du GPE/ implantation des gares », puis, sur
« gares/projets connexes ». On parle ici de couples car il est
fondamental de comprendre que peu importe les rapports de force dans chaque duo
de réflexion, leur montage est interdépendant. Pour ce qui est de
la construction du pôle gare, même si l'initiative de la gare
précède celle de l'opération connexe, la mise en oeuvre
des deux doit être co-conçue.
Les motivations qui justifient la co-conception du pôle
gare sont à la fois urbaines et économiques : la SGP
considère qu'il est de sa responsabilité, non seulement de livrer
un
79
métro et des gares, mais surtout que le pôle-gare
apporte une véritable plus-value urbaine au territoire
métropolitain.
Pour autant, la SGP n'a pas de budget dédié
à la réalisation des projets connexes, qui initialement devaient
rapporter à la SGP et non pas lui coûter. Comme l'explique
Benoît Labat, ces opérations « [...] doivent nous rapporter
(la SGP) de l'argent, on peut mettre un peu de trésorerie pour quelques
surcoûts techniques au départ, mais les recettes envisagées
lors de la vente au titre de l'acte authentique, du volume et des emprises,
devront couvrir les dépenses engagées. Donc plus on
réfléchit en amont, moins on coûte cher. ».
C'est-à-dire que c'est la réflexion en amont qui va permettre de
gérer les interfaces de la manière la plus optimale possible
entre les deux opérations : penser le projet connexe en même temps
que le projet gare génère de l'urbanité connexe au
transport mais est aussi un moyen de ne pas y revenir par la suite avec des
surcoûts techniques élevés. Le directeur de la Valorisation
du Patrimoine de la SGP prend le contre-exemple de certaines opérations
immobilières menées par la RATP via sa société
immobilière RATP Real Estate (ex SEDP : Société d'Etudes
et de Développement Patrimonial), qui « travaille à la
valorisation d'un certains nombres de ses actifs avec des ouvrages en
fonctionnement (gare routière, ferroviaire, site de maintenance) [...].
». Un des exemples le plus marquant de ces opérations connexes
réalisées par la RATP est celle du programme immobilier «
Les ateliers Jourdan-Corentin-Issoire »44 située
à Porte d'Orléans (Paris) en surplomb d'un centre bus, où
l'on vient faire la ville sur la ville a posteriori ce qui est plus
onéreux que de concevoir la ville mixte dès le départ.
« Plus on prend le projet en amont plus on peut avoir quelque chose
d'économique dans la conception avec des interfaces qualitatives et les
moins coûteuses possibles. » (Benoît Labat).
Mais il n'y a pas que l'économie du projet et
l'optimisation des coûts qui motivent la co-conception du
pôle-gare, la SGP considère qu'elle passerait à
côté de sa mission qui est de développer le territoire
métropolitain si elle ne créait pas la vie autour des gares. La
SGP revendique sa création par la loi de 2010 dans un objectif de
développement social et économique, où assez
exceptionnellement, « [...] le législateur a donné la
capacité à un opérateur transport de faire la ville en
même temps que le transport. Car le transport c'est le moyen de
développer la ville. » (Ioannis Valougeorgis). Pour ce faire, la
SGP a été dotée d'une direction de l'Aménagement et
de l'Urbanisme, dirigée jusqu'à il y a peu par Catherine
44 Dans le cadre de la
modernisation de son dépôt de bus du boulevard Jourdan à
Paris, la RATP Real Estate a développé un projet mixte, de plus
660 logements qui prendront place sur le socle formé par le centre bus
reconstruit.
80
Barbé45, dont l'objectif était
d'acquérir le foncier pour le GPE et ses infrastructures et de densifier
autour des gares. La dimension urbaine du GPE est donc une considération
ancienne pour la SGP puisque, qu'il a toujours été question que
le GPE non seulement génère de la valorisation urbaine mais aussi
que la SGP en tire parti pour sa réalisation.
On comprend alors que les projets connexes ne supplantent pas
la réalisation des gares, et donc du réseau du GPE, mais qu'ils
doivent contribuer à sa réussite ; d'autant plus qu'ils
n'auraient pas lieu d'être sans GPE, au même titre qu'une grande
partie des projets urbains qui se dessinent le long de son tracé. Aux
yeux de la SGP, les opérations connexes ne sont donc pas une
finalité in se _ bien que leur mise en oeuvre concomitante aux
gares comporte des avantages économiques de coûts et de
facilités techniques ou bien qu'ils constituent tout de même un
revenu pour la SGP _ ils demeurent comme leur nom l'indique : « connexes
». Pour autant lorsque projet connexe il y a, et on a pu le voir dans le
Cadre Conceptuel, la SGP s'attache à ce qu'il confère au
territoire une véritable plus-value urbaine, à l'image de tout le
projet du GPE.
2. Le Grand Paris Express : levier de projets urbains
Le Grand Paris Express n'a jamais été
conçu strictement comme un réseau de transport puisqu'il a
toujours été question de réaliser un projet global,
à la fois de desserte en transport en commun mais aussi de
développement urbain de la métropole. Il a également
été question que la SGP puisse accompagner et prendre part
à cet élan d'aménagement urbain afin de financer en partie
le réseau de transport lui-même. Pour diverses raisons
évoquées précédemment ce mécanisme ne peut
pas être aussi efficient que ce que prévoyait la loi Grand Paris
en 2010 ; pour autant contribuer à l'aménagement est aujourd'hui
revendiqué par la SGP comme une priorité dans ses missions et
dans ce que doit apporter le GPE : « Tout au long du réseau, la
ville va se transformer, se densifier. La construction des 68 gares du Grand
Paris Express s'accompagne déjà de projets urbains prêts
à accueillir des milliers de Franciliens. Dans les années
à venir, de nouveaux quartiers vont naître, associant
45 Architecte et
énarque, Catherine Barbé a travaillé à la Direction
générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction du
ministère de l'Equipement, puis directrice générale de
l'urbanisme à la mairie de Paris, avant d'être actuellement la
directrice des partenariats stratégiques de la SGP. Elle a notamment
coordonné les travaux préparatoires à la loi
solidarité et renouvellement urbain (SRU).
logements [...], commerces, bureaux et équipement pour
répondre aux besoins de la région Capitale. » rappelle la
SGP46. Comment cette volonté de créer de
l'urbanité se traduit-elle alors dans les actions de la SGP ?
a. Le changement de paradigme des quartiers de gare par le projet
connexe
Dans le discours de la SGP, une attention toute
particulière est portée à souligner que les futures gares
du Grand Paris se détacheront totalement du modèle des gares de
banlieue construites tout au-long du 20e siècle ou encore des
typiques stations de métro parisiennes, perçues comme des
éléments architecturaux isolés et de passage. Au
contraire, la gare du Grand Paris se veut à la fois unique et empreinte
de l'identité métropolitaine mais surtout, lieu de vie,
d'échanges, de partage et de culture, avec une intégration
architecturale, morphologique et programmatique parfaite au contexte
territorial dans lequel elle s'insère.
Cette notion d'intégration de la gare à ce que
la SGP appelle le « projet ville », au sein d'une succession de
différentes échelles interscalaires, semble inévitablement
passer par la réflexion autour d'un pôle gare formé par
l'association du projet connexe au projet gare. A ce moment-là, la gare
n'est plus à considérer comme une simple infrastructure dans la
ville mais comme un lieu de vie à part entière, un morceau de
ville indissociable du tout.
« C'est aussi le moyen de faire du logement et de
l'activité, on n'est pas là pour faire que des gares mais aussi
pour créer de la vie autour de ces gares, donc des commerces, de
l'activité économique, des logements etc. qui amènent de
la plus-value dans une ville, un quartier, un périmètre. »
(Christian Garcia)
Les objectifs que la SGP porte à travers les projets
connexes sont multiples, certes ils doivent valoriser la partie du foncier
acquis par la SGP qui ne recevra pas d'usage ferroviaire mais ils sont
considérés, dans le discours de la SGP, comme de
véritables projets moteurs de développement urbain. Les projets
connexes doivent permettre d'assurer l'intégration urbaine de la gare
dans son contexte plus ou moins dense, incarner le futur en amorçant ou
en renforçant le processus de valorisation et de renouvellement urbain
des quartiers riverains, et participer à la création de logements
en IDF dans le cadre du Grand Paris. Ces motivations se traduisent tout
à faire dans le Cadre Conceptuel des projets connexes analysé
précédemment :
81
46
www.societedugrandparis.fr,
consulté le 30 octobre 2018
82
Le projet connexe, dans le pôle gare, vient être
pensé comme un véritable marqueur de situation territoriale et
comme une interface urbaine afin d'agir sur le tissu existant, pour restaurer
ou créer une nouvelle centralité, ou bien pour renforcer la
centralité et le dynamisme d'un centre-ville. Pour ce faire, une grande
réflexion a été menée sur l'insertion du projet
dans l'espace à différentes échelles :
métropolitaine, urbaine et métropolitaine ; ainsi que sur sa
nature et ses dimensions en instaurant quatre grands principes morphologiques
pour la composition de l'opération connexe dans le pôle gare :
superposée, mitoyenne, associée ou composite.
On voit à l'échelle du projet connexe que des
stratégies programmatiques et morphologiques ont été mises
en place et sont potentiellement adaptables et applicables, afin de concevoir
un pôle-gare le plus efficient possible dans son contexte d'implantation
territoriale. Aussi, il a été pensé sur le projet connexe
différentes façon d'organiser la mixité programmatique et
différentes morphologies afin d'intensifier et d'identifier le
pôle gare. Finalement, c'est à une dimension architecturale que se
développent ces concepts, en travaillant sur ce que la Cadre Conceptuel
appelle la silhouette, l'enveloppe ou encore le socle du projet connexe.
Mais la réflexion de la SGP sur les projets connexes ne
s'arrête pas au pôle-gare, puisqu'elle considère le projet
connexe dans un emboitement de périmètres d'action dont la gare
est centrale. La gare du Grand Paris n'est plus juste une gare, elle devient un
pôle-gare grâce à son association au projet connexe, puis
elle est considérée parmi d'autres opérations
d'aménagement menées par des acteurs du territoire au sein d'un
macrolot, voir d'une zone d'aménagement entière dont elle devrait
être le moteur et le signal identitaire.
Il est intéressant de considérer la gare
au-delà du pôle-gare qu'elle forme avec l'opération connexe
puisqu'en réalité la gare a vocation à irriguer le
territoire, à posséder une large capacité de rabattement
et à se retrouver le déclencheur d'urbanité à des
échelles bien plus grandes que ses abords immédiats.
b. Les gares du Grand Paris : déclencheurs de projets
urbains ?
Indéniablement, l'arrivée du GPE va bousculer
l'équilibre des quartiers dans lesquels les gares s'implanteront. Pour
autant aujourd'hui il est très difficile de quantifier les futurs effets
du GPE et l'impact des projets connexes sur le tissu urbain. Ce que l'on sait
cependant, c'est qu'une création massive de logements et de bureaux
principalement aux abords des futures gares est en train de se produire et n'a
pas attendu l'arrivée du GPE pour se faire. Les quartiers mutent
déjà, anticipation ou réalité actuelle du
marché francilien, tous les facteurs à
83
l'origine de cette dynamique de valorisation des quartiers de
première couronne ne sont pas encore exhaustivement identifiés
bien que le GPE y soit un élément prépondérant.
Un des phénomènes marquant de cet essor foncier
et urbain est la recrudescence des appels d'offres divers et variés dans
la métropole depuis une dizaine d'années. Les
collectivités, la ville de Paris puis la Métropole du Grand Paris
en collaboration avec la SGP, ont multiplié les initiatives innovantes
en proposant des concours d'un nouveau genre, s'éloignant des concours
classiques d'architecture. Ont alors émergé les «
Réinventer ». Réinventer Paris, Réinventer la Seine,
Inventons la Métropole du Grand Paris 1 (IMGP1) et 2 (IMGP2), qui ont
pour ambition de réinventer des projets sans programme a
priori, sans procédure habituelle, en encourageant les partenariats
d'un nouveau genre avec des acteurs locaux qu'ils soient artistes, artisans,
commerçants, fabricants etc. le tout fédéré par des
projets architecturaux.
Sur les 51 sites proposés au concours Inventons la
Métropole du Grand Paris 1 dont les lauréats ont
été dévoilés le 18 octobre 2017, 19 sont
localisés dans les quartiers de gare du Grand Paris Express,
représentant plus de la moitié des 166Ha de la consultation et
cumulant un investissement total estimé à 4,5 milliards d'euros.
Autrement dit, un quartier de gare sur trois accueille un site IMGP1, soit 1,2
millions de m2 SDP et 8700 logements. Prendre en compte la
présence ou non d'un projet IMGP1 sur la ligne 15 Sud permet de mettre
en perspective les dynamiques de projets urbains engendrées dans les
futurs quartiers de gare par le passage du Grand Paris Express et donc par la
SGP. Pour rappel, lancé en octobre 2016, IMGP1 a été
co-organisé entre la Métropole, l'Etat et la SGP, et a
constitué la plus grande consultation menée en Europe en
matière d'aménagement et d'urbanisme.
Sur la ligne 15 Sud du GPE on compte par exemple huit sites
objets d'appels à projets IMGP1, à proximité
immédiate d'une gare du Grand Paris, dont les lauréats ont
déjà été sélectionnés : Issy RER,
Fort d'Issy - Vanves - Clamart, Bagneux M4, Arcueil - Cachan, Villejuif -
Institut Gustave Roussy, Villejuif - Louis Aragon, Les Ardoines, Le Vert de
Maisons, Créteil l'Echat, Saint-Maur - Créteil et Bry - Villiers
- Champigny. Le territoire de la ligne 15 Sud n'est pas en reste en ce qui
concerne IMGP2 puisque sur les trente sites retenus par cet appel à
projet, six se situent sur une commune prochainement desservie par la ligne 15
Sud : Alfortville, Cachan, Noisy-le-Grand et Vitry-sur-Seine.
Les projets connexes sont donc loin d'être les seules
entreprises de projets urbains qui se développent autour des gares, les
opérations d'aménagement menées par des acteurs locaux
extérieurs à la SGP sont bien plus nombreux et surtout
représentent bien plus de m2
84
développés dans la métropole
grand-parisienne. Comme relevé précédemment dans une
rapide analyse croisée des gares de la ligne 15 Sud : deux des projets
connexes font partie intégrante d'une opération
d'aménagement urbain plus vaste, c'est le cas de la gare de Bagneux M4
qui voit son pôle gare enserré dans la ZAC écoquartier
Victor Hugo, ZAC avec laquelle la SGP a décidé de mutualiser ses
emprises (répartition des charges foncières au prorata de la
constructibilité) ; c'est également le cas de la gare de
Bry-Villiers-Champigny dont le projet connexe forme avec un site IMGP1, un
ensemblier urbain dit le « Balcon sur Paris », intégré
à la ZAC Marne Europe. Toutes les gares, exceptée celle de
Vert-de-Maisons, voient se développer à proximité
immédiate un ou plusieurs projets urbains d'envergure, initiés
par les collectivités et leurs aménageurs, qu'elles viennent
consolider ou pour lesquelles elles ont été
déclencheurs.
Comme évoqué précédemment, la loi
du Grand Paris prévoit également que les collectivités
puissent confier des projets d'aménagement externes aux pôles gare
à la SGP ; c'est le cas du quartier l'Échat à
Créteil sur lequel, en plus d'un projet connexe mitoyen de 9
000m2 SDP, la SGP doit aménager 3,5Ha à la
volonté du maire de Créteil.
La gare du Grand Paris, déclencheur de projets urbains
? Il apparait évident que oui, qu'elle s'accompagne de la
réalisation d'un projet connexe ou non. Dans certains cas, la gare a
pour mission principale de venir dynamiser un équipement majeur existant
ou en cours de développement, sans pour autant elle-même
générer un développement quelconque sur ses emprises.
C'est le cas par exemple de la gare de Villejuif Institut Gustave-Roussy qui
joue le rôle d'accélérateur de projet pour le cluster
européen de la santé et des biotechnologies, et de la gare de
Noisy-Champs qui doit favoriser le développement de la Cité
Descartes, cluster de la ville innovante. A travers ces différents
exemples sur la ligne 15 Sud, on voit donc qu'au-delà du projet connexe,
la gare est un élément essentiel et attendu du
développement urbain. Mais ce n'est pas une relation à sens
unique puisque, comme la SGP le reconnait, les gares ont aussi
été implantées sur des territoires qui présentaient
un potentiel de mutation. Il existe aussi une véritable dynamique de
mutualisation et de transfert des emprises aux abords des gares et de
maîtrise d'ouvrage entre les aménageurs locaux et la SGP,
notamment dans le cas de l'intégration des projets connexes à des
périmètres de projet plus larges. Dès lors nous pouvons
nous interroger sur la nature des relations entre la SGP et le territoire _ sur
lequel elle vient construire la gare et bien souvent le projet connexe _
représenté par les collectivités et leurs
aménageurs. Qu'elle se considère aménageur ou non, la SGP
par la réalisation du GPE et par son implication dans les IMGP1 et 2,
est perçue comme un vecteur de valorisation urbaine, elle se retrouve
alors à expérimenter l'aménagement urbain dans des
85
contextes locaux variés. Aussi une question se pose,
celle de l'efficience de la SGP à se concentrer sur le GPE au vu de son
implication dans l'aménagement territorial ?
86
CHAPITRE 2 : LA SOCIETE DU GRAND PARIS : AMENAGEUR
CONVAINCU OU CONTRAINT ?
La SGP se révèle donc être un acteur
double, concepteur et réalisateur du réseau de transport du GPE
mais aussi, dans la loi relative au Grand Paris, un établissement public
aux compétences relatives aux aménageurs territoriaux. Ainsi, la
SGP assume la maîtrise d'ouvrage des projets connexes aux gares et une
participation aux opérations d'aménagement à
l'échelle des quartiers de gare. Son implication en tant qu'acteur de
l'aménagement dans le paysage métropolitain la conduit
inévitablement à travailler dans le sens des dynamiques locales,
en collaboration avec les collectivités et bien sûr, avec les
aménageurs franciliens.
1. Les projets connexes aux prises des volontés locales
Maître du GPE on pensait la SGP totalement libre dans la
réalisation des projets connexes, décidant de leur implantation,
de leur dimensionnement et de leur programmation. En réalité on
se rend compte que ces critères de projet dépendent de multiples
facteurs externes aux volontés de la SGP. L'emprise foncière
à disposition de la SGP, la forme architecturale de la gare, les
potentialités de développement foncier sur chaque site sont
autant d'éléments qui pondèrent la faisabilité des
projets connexes, mais ce ne sont pas les seuls. Les territoires sur lesquels
prennent place les projets connexes ont en réalité bien plus de
poids dans les processus de décisions de la SGP.
a. Le projet connexe au service de la ville...
Dans l'hypothèse où les projets connexes
étaient principalement des objets de valorisation foncière, la
simple question de l'acceptabilité de ces opérations par les
communes aurait pu se poser. Pourtant on observe une réalité plus
complexe : la problématique n'est pas tant pour la SGP de faire accepter
ses projets que de composer avec les exigences et les réalités de
chaque territoire pour les faire sortir de terre. Les projets connexes sont
ainsi co-conçus avec les collectivités et doivent répondre
aux besoins urbains locaux.
87
Cette idée que l'opération connexe doit
être le fruit d'un travail collaboratif entre SGP et villes transparait
à la fois dans la théorie autour du Grand Paris, dans ses outils
opérationnels et dans la réalité de sa mise en oeuvre.
Premièrement dans le Cadre Conceptuel des projets
connexes, il est mis en exergue l'idée que les projets connexes,
à l'image du GPE, doivent faire l'objet d'un travail collaboratif et
participatif. A cet effet, la SGP décline le préfixe « co
» de connexe avec plusieurs termes et notamment les termes de
[co]territoires et de [co]acteurs. Avec [co]territoires, la SGP entend que le
projet connexe s'inscrit dans toujours dans un territoire avec une
identité qui lui est propre et des caractéristiques qui sont et
qui seront uniques, ainsi, il doit relever et valoriser les qualités du
territoire sur lequel il se développe et y stimuler les dynamiques
locales. Par [co]acteurs, il est indiqué que le projet connexe doit
faire le lien entre la gare et le territoire, et que ce lien se traduit par la
collaboration entre les acteurs concernés par les deux entités,
autour de la SGP et d'un projet fédérant qui est celui du
pôle-gare.
Deuxièmement, cette volonté d'atteindre au
travers de la réalisation du pôle gare une réelle coalition
de tous les acteurs du territoire se traduit dans la conception initiale de
l'aménagement par la SGP, c'est-à-dire dans le cadre des CDT
créé par la loi du 3 juin 2010. Ces documents contractuels
co-élaborés par les collectivités locales et la DRIEA IDF
(représentante de l'Etat) sont nés de la volonté de
fédérer volontés des collectivités et
prérogatives nationales autour d'un projet de développement
territorial. En visant à promouvoir le développement
économique et à organiser l'aménagement urbain autour de
la boucle du GPE, les CDT ont permis aux collectivités territoriales de
s'approprier le projet du Grand Paris et de s'inscrire dans une perspective
métropolitaine collective. Les CDT ont aussi été le moyen
de déterminer des périmètres où la SGP pouvait
être aménageur, laissant, en principe, une plus grande
liberté aux collectivités dans l'exercice de leurs
compétences liées à l'aménagement territorial. De
cette manière, les projets d'aménagement aux abords des gares et
notamment les projets connexes potentiellement menés par la SGP
pouvaient être envisagés par tous au prisme des volontés
locales.
Enfin, le projet connexe n'est pas systématique, mais
surtout il n'est pas systématiquement un projet isolé dont les
bénéfices reviendraient uniquement à la SGP et à
son pôle gare. La mutualisation des projets connexes avec des projets
villes à plus grandes échelles montre la volonté de la SGP
d'inscrire l'opération connexe dans un maillage urbain existant ou
projeté afin qu'il participe de la plus-value urbaine globale du
quartier et pas seulement de la boîte gare.
88
Travailler en étroite collaboration avec les communes
est aussi une nécessité car il ne faut pas oublier qu'à
l'inverse des projets de gares régis par des permis Etat, les projets
connexes dépendent de permis de construire instruits et
délivrés par les communes. Ainsi, non seulement les projets
respectent les PLU, mais les documents d'urbanisme peuvent en amont tenir
compte des projets connexes dans leur conception, révision ou
modification, pour leur permettre de s'implanter dans des zones jusqu'alors
interdites à l'urbanisation ou bien trop restrictives
architecturalement. Dès lors, la question se pose de comprendre pourquoi
les communes manifestent autant d'intérêt à voir se
développer un projet connexe sur leur territoire et quelles en sont les
conséquences pour la SGP.
b. ... Aux risques et périls de la Société
du Grand Paris
Au-delà de ce qu'apporte le projet connexe au
pôle-gare, il est en réalité considéré par
les communes comme n'importe quelle opération d'aménagement :
« Finalement c'est la logique classique de la fabrique de la ville : la
ville juge la nécessité d'un équipement et essaie de
l'intégrer d'une manière ou d'une autre dans un programme
immobilier. » (Ioannis Valougeorgis). On s'est aperçu que le projet
connexe au même titre que tous les projets d'aménagement _ que la
SGP au même titre que tous les autres aménageurs _ devaient
traduire, pour être accepter, la volonté des communes. Et pour
cela qu'il ne devait pas accueillir seulement des programmes de logements ou de
bureaux, rentables pour l'opération, mais la programmation
désirée localement.
Lorsque l'on parle d'intégrer « d'une
manière ou d'une autre » un équipement dans un programme
immobilier, il faut entendre par là que les communes ont su tirer parti
des projets connexes soit directement dans par leur programmation soit
indirectement via des clauses économiques avec la SGP :
Dans le cadre d'appels d'offre ou de consultations
co-conçus avec la SGP et dans la mesure où elles ont la
maîtrise des autorisations d'urbanisme, il est apparu simple pour les
communes de faire entrer dans la programmation de l'opération connexe
des infrastructures à vocation publique. La mixité programmatique
sur ces projets connexes reflète bien ce rôle que leur attribuent
les collectivités de « réparateurs » de ville, beaucoup
ont vu dans ces projets l'occasion de venir rééquilibrer leur
territoire en réalisant tel ou tel équipement public que la
commune n'avait pas les moyens de réaliser avant le Grand Paris.
Si impossibilité pour le projet connexe il y a
d'accueillir un équipement désiré par la commune, il
existe toujours un moyen pour capter à l'échelle locale les
ressources financières
89
issues du projet connexe. En effet, le bilan d'un projet
connexe entre dans la même logique que celui d'une opération
d'aménagement classique, c'est-à-dire qu'il doit atteindre
l'équilibre. Avec ce qui resterait en « trop perçus »,
la SGP doit assumer les surcoûts techniques engendrés par
l'opération connexe et éventuellement le coût du terrain,
après quoi, une somme restante, souvent non négligeable, revient
à la commune d'implantation du projet. Ainsi, les villes ont bien
compris qu'aller dans le sens de la densification, c'était augmenter la
constructibilité de l'emprise du projet, soit augmenter les
m2 construits et donc les retombées de charges
foncières. Aussi, elles ont eu tout intérêt à
être permissives sur les droits à construire alloués aux
projets connexes, allant jusqu'à modifier leurs documents d'urbanisme
dans ce sens.
Par ce biais, les villes ont donc rencontré une
formidable opportunité d'obtenir des contreparties de la SGP, sous
couvert d'acceptation de la réalisation des projets connexes. Pour
autant des invariables subsistent dans l'équation de bien des
opérations connexes : la réalité du marché qui ne
permet pas à la SGP de plier à toutes les volontés
programmatiques des communes, et la gare, plus précisément sa
capacité à supporter la charge d'un projet en surplomb. En effet,
parmi les critères de choix de ses opérateurs, dans le cadre de
cession de droits à construire en surplomb d'une gare par exemple, la
qualité du projet proposé et de sécurisation des choix
techniques de la SGP sur l'ouvrage gare (dalle de répartition, poteaux
etc.) sont primordiaux. Non seulement la SGP ne doit pas perdre d'argent sur
ces opérations, mais elle ne peut pas se permettre de les laisser
compromettre les ouvrages gares et donc le bon achèvement et la
pérennité du métro.
La SGP garde en tête que les projets connexes ne doivent
pas supplanter les projets gare, et que donc l'aménagement ne doit pas
se faire au détriment de la bonne réalisation de l'infrastructure
de transport, aussi a-t-elle été dotée d'un conseil de
surveillance :
Le conseil de surveillance de la SGP est composé de dix
élus, notamment Valérie Pécresse, Présidente du
Conseil Régional d'IDF, Anne Hidalgo, Maire de Paris, ainsi que des
présidents des sept conseils départementaux d'IDF et de Patrick
Braouzec Président de l'EPT Plaine Commune et dudit conseil de
surveillance.
Face à ces dix élus, on dénombre onze
représentants de l'Etat, notamment François Poupard
vice-président du conseil de surveillance, Thierry Lajoie, PDG de Grand
Paris Aménagement et François Auvigne, inspecteur
général des finances.
Assistent en plus au conseil de surveillance Michel Cadot,
préfet d'IDF et de Paris, commissaire du gouvernement, Philippe Dupuis,
inspecteur général des finances, les trois membres du directoire
de la SGP et son agent comptable.
En se réunissant au moins trois fois par an, les
membres du conseil de surveillance de la SGP veillent à sa bonne
gestion, « [...] valident les orientations générales de la
politique de l'entreprise, contrôlent ses comptes financiers, ainsi que
les opérations d'aménagement et de construction qu'elle conduit.
»47. La présence à la fois d'élus locaux
et de représentant de l'Etat au sein du conseil de surveillance permet
deux choses vis-à-vis de l'aménagement : aux collectivités
de faire prendre en considération les réalités
territoriales et les besoins locaux qu'elles demandent à la SGP
d'intégrer dans sa politique d'aménagement ; et à la SGP
de garder le cap de la bonne réalisation du métro en
évitant d'éventuels dérapages financiers ou risques
techniques qui pourraient être pris dans le cadre de
l'aménagement, puisqu'au joug de collectivités locales.
Au vu de l'implication des collectivités locales et
plus précisément des villes dans la mise en oeuvre des projets
connexes, il est confirmé qu'ils ne sont pas de « simples »
outils de valorisation foncière comme la première
hypothèse le supposait. Au contraire, ces projets semblent vraiment
avoir été appropriés, ce que désirait la SGP, si ce
n'est instrumentalisés par les villes comme outils de plus-value
urbaine, et cela parfois aux risques et périls de la bonne
réalisation des missions initiales de la SGP liées au
métro. Dans le discours de la SGP et dans le Cadre Conceptuel qu'elle a
élaboré jusque dans les interactions qu'elle a avec les communes
grand-parisiennes, on comprend que la dimension urbaine des opérations
connexes va bien au-delà de la dimension économique qui avait
été un argument pour dire que l'aménagement allait
financer le transport. Cette relation entre la SGP et les communes qui s'est
formée autour des projets connexes peut être transposée
à la relation entre la SGP et les autres aménageurs du territoire
métropolitain, afin de mettre en perspective non seulement les projets
connexes, mais aussi les opérations d'aménagement plus vastes
liées au GPE, dans le territoire grand-parisien.
2. La Société du Grand Paris : un aménageur
en subsidiarité ?
Pour diverses raisons évoquées
précédemment la SGP n'a pas pu prendre le rôle
d'aménageur « total » sur les territoires à
proximité des gares du Grand Paris que prévoyait la loi du Grand
Paris, dans son objectif de lui permettre de capter les plus-values
foncières engendrées par le métro, et ainsi de
l'autofinancer. Aujourd'hui la SGP, ne se revendique pas
90
47
www.societedugrandparis.fr,
consulté le 30 octobre 2018.
91
être aménageur et considère cette mission
initiale comme un rôle en subsidiarité des autres
aménageurs. Qu'en est-il réellement ?
a. La mutualisation des projets d'aménagements
En raison d'un manque de moyens humains et financiers, mais
aussi pour des questions pratiques et de savoir-faire, la SGP ne se
considère pas comme un aménageur : « Beaucoup de nos gares,
de nos opérations connexes, sont réalisées dans des
opérations d'aménagement. » (Benoît Labat).
En effet, il suffit d'observer le montage d'un certain nombre
de pôles-gares de ligne 15 Sud pour s'apercevoir que les projets connexes
aux gares sont souvent intégrés dans des opérations
d'aménagement plus grandes. Sur la gare de Bagneux par exemple la gare
est située au milieu de la ZAC Victor Hugo de 19Ha dont
l'aménageur est aujourd'hui la SADEV94. Dans un tel contexte la SGP a
annoncé ne pas s'être sentie autorisée « à se
substituer » à l'aménageur et a préféré
mutualiser l'opération connexe avec la SEM et la ville qui ont donc
élargi leur périmètre opérationnel afin d'y
intégrer le projet connexe, ce qui a permis de faire une consultation
sur un foncier plus large de six immeubles, plutôt que d'en faire une
seule modeste sur un immeuble. Deux autres opérations de la ligne 15 Sud
ont également été mutualisées avec des
aménageurs Etat : L'opération connexe de la gare de Brie -
Villiers - Champigny, qui fera entre 11 000 et 12 000m2 SDP, a quant
à elle été totalement absorbée dans un ensemble
immobilier de 127 000m2 SDP « Balcon sur Paris »,
remporté par la Compagnie de Phalsbourg48 dans le cadre du
concours IMGP1. Cet ensemble faisant lui-même partie de la ZAC Marne
Europe, territoire EPAMARNE, dont la gare et le projet connexe constituent un
macrolot. L'autre opération connexe mutualisée est celle de la
gare des Ardoines à Vitry centre, où dans le cadre d'un projet
IMGP1 et sur les parcelles acquises pour la réalisation de la gare par
la SGP, Linkcity IDF49 a été désigné
pour réaliser près de 180 000m2 SDP dont 12
000m2 SDP de projet connexe en surplomb de la gare.
Dans les cas exposés ci-dessus, le projet connexe
s'inscrit dans un projet plus vaste où il ne représente plus
qu'un lot d'une opération d'aménagement conduite par un autre.
Cette mutualisation est justifiée par la SGP par la préexistence
d'un projet d'aménagement mené par un autre aménageur,
susceptible en plus de réaliser les équipements, ce qu'elle ne
fait
48 La compagnie de Phalsbourg est une entreprise
intervenant dans les différents métiers de l'immobilier en se
distinguant par sa capacité d'innovation : promoteur-développeur,
constructeur, investisseur et gestionnaire.
49 Promoteur immobilier francilien regroupant les
filiales développement immobilier de Bouygues Construction.
92
pas, et aussi par le fait qu'une opération connexe
mutualisée a plus de chances de fonctionner qu'un projet isolé.
De cette manière la SGP invoque le fait de ne pas « se permettre
» de se substituer aux aménageurs déjà
implantés sur les territoires traversés par le GPE car même
si elle a quasi la même compétence qu'un EPA en plus de sa
compétence de maître d'ouvrage transport, l'IDF est bien
dotée en outils d'aménagement déjà maniés
par un bon nombre d'aménageurs ayant les compétences et les
effectifs nécessaires. « Donc le but n'est pas de substituer aux
autres aménageurs, mais même de les laisser aménager autour
des gares. L'IDF comporte plus de 100 SEM ou Société Publiques
Locales (SPL), donc il y a des outils locaux, les SEM départementales
sont très puissantes comme SEQUANO ou la SADEV94 donc nous n'avons aucun
intérêt à prendre leurs fonctions. Notre rôle
d'aménageur a vite été pensé comme un rôle en
subsidiarité, c'est-à-dire que là où il n'y avait
pas d'aménageur ou pas de capacités humaines, on pouvait si le
maire ou le territoire le demandait, intervenir toujours dans le
périmètre. » (Benoît Labat).
Le constat aujourd'hui est qu'en dehors des projets connexes
qui ne sont pas mutualisés, la SGP n'est pas à proprement parler
aménageur et que la subsidiarité n'a pas eu raison de jouer. Elle
n'a pas eu les épaules pour porter de tels projets comme la loi le
prévoyait et s'est confrontée à une volonté locale
de restreindre sa puissance. La SGP devenait à la fois
l'opérateur du plus gros projet de l'histoire européenne, le
réseau du GPE, et avait en plus une compétence d'aménageur
vaste autour des gares _ dans un périmètre passant à 600m
sans même que ce soit voulu par la SGP _ les zones les plus
intéressantes pour les aménageurs, ce qui a naturellement
attisé la méfiance des autres aménageurs.
b. La complexité du jeu d'acteurs autour de la
Société du Grand Paris
Une des raisons de l'incompétence constatée en
matière d'aménagement de la SGP est la méfiance du jeu des
acteurs locaux de l'aménagement présents dans les tissus urbains
constitués dans lesquels viennent s'implanter les gares du Grand Paris.
En effet les relations qu'entretient la SGP vis-à-vis des autres
aménageurs avec qui elle doit collaborer ne sont pas simples. La SGP a
premièrement été perçue comme la « main
armée » de l'Etat qui allait rafler tout l'aménagement
autour des gares au détriment des aménageurs locaux et donc des
villes qui perdaient le contrôle sur leur territoire.
L'aménagement pour financer le transport n'était
pas une mauvaise idée mais ne pouvait pas fonctionner dans un tissu
urbain déjà constitué comme celui de la métropole
francilienne et où il y avait déjà beaucoup de
propriétaires et d'acteurs autour. C'est d'ailleurs pour cela que les
gares s'y sont implantées : des terrains disponibles dans des zones
où était pressenti un
93
potentiel de mutation, et donc déjà des acteurs
privés ou publics à la manoeuvre. Dans un tel contexte et avec la
première tentative d'un passage en force sur les quartiers de gare, la
SGP en tant qu'aménageur n'a pas réussi à s'implanter et a
par la suite pu invoquer l'intention d'intervenir uniquement en
subsidiarité des autres aménageurs, pour revenir sur ses pas et
adoucir ses relations territoriales.
Mais, voyant son rôle d'aménageur freiné,
la SGP n'a pas été perçue comme une menace très
longtemps par les villes et les aménageurs qui y ont vu également
un potentiel financeur de projets. Les villes ont commencé à
envisager la SGP comme un bon moyen de venir financer des équipements ou
d'autres programmes qu'elles ne pouvaient pas se permettre avant
l'arrivée du GPE, via les projets connexes notamment.
Mais un aménageur ne fait pas fortune, il doit assumer
de lourdes dépenses d'investissement pour rééquiper les
terrains avant de vendre les lots, ce qui généralement lui fait
perdre plus d'argent qu'il n'en gagne, justifiant qu'il soit public avec des
garanties des collectivités pour le compte desquelles il agit. Aussi
même les aménageurs, face aux difficultés à mener
des opérations équilibrées, ont totalement renversé
la relation souhaitée par la loi Grand Paris : « [...] tous les EPA
nous ont demandé (la SGP) de payer des sommes folles en participation
voire en pertes de droits à construire, puisque dès lors qu'il y
avait une gare ils avaient moins à construire. » (Benoît
Labat). Sachant que sans la gare il n'y aurait peut-être jamais eu de ZAC
et alors même que l'article 13 de la loi Grand Paris prévoit
qu'une gare réalisée dans une ZAC créée par un EPA
donne lieu à une contribution de de ce dernier envers la SGP pour la
réalisation de la gare ; puisque logiquement l'équilibre d'une
ZAC est totalement différent grâce à la gare. Finalement,
l'Etat n'a pas arbitré sur cette question et a demandé à
ce que les EPA respectent la loi dans la mesure où la SGP payait
déjà très cher pour la réalisation d'une gare.
A ses débuts la SGP s'est même vu affublée
du surnom de Société des Grandes Poches, perçue comme un
canal de dotations directes de l'Etat vers les collectivités,
d'où notamment, la création d'un conseil de surveillance pour
maîtriser les dépenses de l'aménagement.
Dans le discours de la SGP, la plus-value urbaine que doivent
apporter les projets connexes et même le GPE d'une manière
générale au territoire de la métropole du grand Paris, est
un argument prépondérant. Pour autant, dans l'hypothèse
des projets connexes comme vecteurs de valorisation foncière, la vision
d'une SGP aménageur convaincu était
94
facilement contestable, puisque faisant passer des
intérêts économiques avant des intérêts
urbains. En partant du postulat inverse que les projets connexes sont bel et
bien, avant tout, des projets urbains au service de la ville, on est
amené à se poser la question des conditions de leur mise en
oeuvre par la SGP dans un contexte territorial dense et ancien. Aussi il
apparait qu'au-delà de l'étiquette de «
générateur d'urbanité » que la SGP s'attribue,
l'aménagement s'est apparenté pour elle bien souvent à une
contrainte, jusqu'à devenir même une illusion. Ainsi la SGP peut
être définie à la fois comme un « aménageur
» à la fois convaincu et contraint, puisque convaincu de sa mission
d'apporter la vie dans les quartiers de gare par les projets connexes, mais
aussi contraint car aux prises des volontés locales avec lesquelles elle
doit composer pour ne pas compromettre la réalisation du GPE, et
finalement peu actif.
95
CONCLUSION DE LA SECONDE HYPOTHESE
Que l'arrivée du GPE sur les territoires constitue un
levier de développement urbain et qu'il doit l'accompagner, tout le
monde en est convaincu, les territoires autant que la SGP. Ce
développement du territoire métropolitain n'est pas pensé
comme une simple conséquence de l'arrivée du métro mais
bien conjointement au métro, il est même envisagé en amont
depuis déjà quelques années, en prévision de la
future attractivité renforcée des territoires et pour parer
à la demande croissante de logements en IDF. On le voit dans la
conception des projets connexes, pensés pour apporter une plus-value au
quartier de gare et venir conforter les besoins locaux par sa programmation.
Pour autant, accompagner ce développement urbain n'est pas la mission
première de la SGP qui doit avant tout réaliser l'infrastructure
de transport et qui ne se définit pas comme aménageur. Elle se
retrouve cependant contrainte d'une certaine manière, par la loi, par
les villes et leurs aménageurs, d'une part à réaliser les
projets connexes et d'autre part à s'impliquer dans des projets à
plus grande échelle menés par les communes, pour lesquels elle
n'a pas les épaules. Si nous imaginions la SGP, forte de sa
compétence aménageur, libre de valoriser son foncier par
n'importe quelle opération immobilière, nous nous trompions : la
SGP doit constamment composer avec son environnement extérieur pour
maintenir de bonnes relations territoriales.
Finalement l'hypothèse des projets connexes comme
outils de plus-value urbaine et d'une SGP porteuse de projets urbains se
vérifie mais dans une certaine mesure, la SGP souhaite que le
métro constitue un véritable levier de projets pour les
territoires traversés, mais voit parfois sa compétence
d'aménageur comme une contrainte pouvant la freiner dans sa mission
première qui est la réalisation du GPE.
« Il y a un très grand écart entre ce
que dit la loi et la réalité de nos missions. La mission
principale réside dans le réseau de transport mais
évidemment le législateur à l'époque [...] s'est
dit qu'un réseau de transport est fait certes pour faciliter les
déplacements des franciliens et accessoirement des touristes, mais que
c'était aussi un élément déclencheur ou
accélérateur de transformation urbaine, qu'on en soit ou qu'on
n'en soit pas acteur. » (Benoît Labat).
96
97
CONCLUSION GENERALE : LA SOCIETE DU GRAND PARIS, UN
ACTEUR DU DEVELOPPEMENT URBAIN DE LA METROPOLE DIFFICILE A ANALYSER
Les projets connexes aux gares du Grand Paris sous
maîtrise d'ouvrage de la SGP : objets de valorisation foncière ou
projets de valorisation urbaine ? Afin de répondre à cette
question nous avons émis deux hypothèses à confirmer ou
à infirmer : premièrement celle que les projets connexes
pouvaient représenter une opportunité de valorisation
foncière pour la SGP et deuxièmement, celle que les projets
connexes étaient à considérer principalement comme des
outils de plus-value urbaine.
Les réponses apportées par le
développement de ces deux hypothèses sont manifestement
mitigées et ne permettent de répondre à la
problématique initiale que de manière nuancée :
Il faut d'abord comprendre que les projets connexes sont des
projets immobiliers réalisés sur les parcelles résiduelles
appartenant à la SGP, suite à la construction des gares et des
lignes du métro du GPE, et qui à terme feront l'objet de cession
foncière vers des opérateurs privés. Ensuite il faut
considérer les projets connexes dans un contexte plus large qui est
celui de l'aménagement autour des gares, que la loi Grand Paris du 3
juin 2010 permet à la SGP d'opérer dans le cadre des CDT ou
à défaut dans un rayon de 600m, en lui conférant les
compétences d'aménageur relatives aux EPA.
Si la réflexion initiale autour du GPE avait
été de permettre à la SGP de capter les plus-values
foncières qu'allaient générer le nouveau métro
autour des gares pour que l'aménagement finance le transport, ce
modèle a rapidement montré ses limites. La forte méfiance
des collectivités habituées à une organisation
décentralisée depuis 1982 et qui ont tout fait pour limiter les
pouvoirs de la SGP en matière d'aménagement territorial, le
manque de moyens humains et financiers de la SGP pour se consacrer à
l'aménagement en plus du transport, le tissu urbain dense et
déjà très convoité de la première couronne
parisienne, les difficultés de collaboration avec les aménageurs
déjà à l'oeuvre sur le territoire, et, tout simplement la
complexité à faire de l'aménagement
équilibré et des opérations rentables ont
été autant d'éléments qui ont fait que
l'aménagement n'a pas pu être un moyen de financement majeur du
transport dans le cas du Grand Paris. Les reversions dues à la SGP par
les autres aménageurs au titre des opérations
d'aménagement autour des gares ou encore le fait que la SGP puisse se
porter aménageur en dehors des pôles-gares sur demande des villes
sont des dispositifs qui n'ont pas eu de raison de se concrétiser. Aussi
la SGP n'a pas pu s'imposer comme l'aménageur qui avait
été imaginé initialement et d'aménagement ne lui
98
est plus resté que les projets connexes
intégrés aux pôles-gares, lorsqu'ils ne sont pas
intégrés à des opérations d'aménagement plus
vastes sur lesquelles la SGP n'est plus maître d'ouvrage.
Par ailleurs, si dans un sens les projets connexes constituent
une bonne entreprise pour la SGP de valoriser des emprises foncières qui
ont été acquises inévitablement pour réaliser le
métro, on ne peut pas dire qu'ils représentent une
opportunité significative de financement du GPE. Parallèlement
à ce constat, la SGP a toujours affirmé la dimension urbaine
qu'elle souhaitait donner à la conception des projets connexes à
la charnière entre la gare et la ville, comme élément
pivot et marqueur des nouveaux quartiers de gare. Pour autant, au vu de ce
premier objectif de l'Etat qui était d'envisager les projets connexes
comme un des vecteurs de financement du métro, il était
facilement contestable de voir en ces projets les moyens concrets de la mise en
oeuvre par la SGP de véritables outils plus-value urbaine.
Ainsi il a été mis en évidence,
qu'au-delà du Cadre Conceptuel ou du discours de la SGP sur sa
volonté de participer au développement autour des gares, la SGP
reste sous le joug des collectivités qui par divers moyens
contrôlent l'avenir des futurs projets connexes. Autorisations
d'urbanisme délivrées par les villes, implication des
collectivités dans les choix programmatiques qui peuvent aussi
compromettre le projet gare, reversions financières locales après
cession de charge foncière, conseil de surveillance composé pour
moitié d'élus... Tout laisse à penser que les projets
connexes sont devenus de vrais outils de plus-value urbaine, pas tant
décidés par la SGP que par les villes elles-mêmes. Et
finalement, la vocation des projets connexes à faire la ville a pris le
dessus sur leur vocation à « faire de l'argent ». Pour autant
valorisation foncière et valorisation urbaine ne sont pas
contradictoires puisque dans le cas du Grand Paris il n'y aurait pas eu de
valorisation urbaine sans le métro, lui-même impliquant une
certaine valorisation foncière.
La problématique tendait à diaboliser la SGP en
l'envisageant comme un établissement public de l'Etat aux pleins
pouvoirs qui n'auraient eu d'intérêt en les projets connexes
qu'une simple valorisation de son foncier. On se rend compte que la situation
est bien plus nuancée et complexe que ce qu'il n'y parait : la feuille
de route de la SGP évolue dans le temps au gré des
volontés locales et des personnalités qui la représentent
et lui donnent son orientation. Toute cette réflexion autour des projets
connexes en tant que projets urbains dans la ville grand-parisienne de demain
amène à se poser plusieurs questions d'avenir auxquelles la SGP
ne pourra se substituer :
99
Premièrement, sera-t-elle parvenue à sa mission,
qui au-delà de réaliser le plus gros projet d'infrastructure de
transport d'Europe de cette première moitié de 21e
siècle, était celle de recréer la mobilité en IDF
autour du projet fédérateur du GPE ? Parviendra-t-elle à
replacer la gare au coeur de la ville et des échanges comme des lieux de
vie à part entière, en concevant les pôles gares et donc le
principe nouveau de projets connexes ? Et ainsi aura-t-elle rempli sa mission
de ne plus faire que des lignes de métro et des gares mais aussi de
faire la vie autour des gares et de construire l'identité
métropolitaine ?
Deuxièmement, qu'en sera-t-il de la SGP une fois que le
métro sera achevé, que les lignes seront mises en service et
rétribuées à des opérateurs de transport et que
tout son patrimoine aura été dévolu comme le
prévoit la loi ? La SGP disparaitra-t-elle vraiment, symbole aussi du
retrait de l'Etat sur le Grand Paris et du retour de la gestion urbaine selon
le modèle que l'on connait aujourd'hui des collectivités et des
aménageurs ? C'est la question qui a été posée
à Christian Garcia, qui pense que « demain une SGP qui mute une
fois que les projets de développement transports seront bien
ancrés, c'est une société qui peut de plus en plus
s'orienter vers du développement immobilier autour des gares du Grand
Paris. ».
100
101
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1 Ligne 15 Sud du GPE - Crédit :
www.entreprendre-souterain.com
11
2 Schéma du pôle-gare - Crédit : SGP 22
3 Le projet connexe comme interface urbaine- Crédit :
SGP 24
4 Les trois piliers du projet connexe- Crédit : SGP
25
5 Les différentes natures du projet connexe-
Crédit : SGP 28
6 L'intégration des gares du Grand Paris dans les
projets de ville- Crédit : SGP 30
7 Les stratégies programmatiques du projet connexe-
Crédit : SGP 33
8 Les stratégies morphologiques du projet connexe-
Crédit : SGP 34
9 La silhouette du projet connexe- Crédit : SGP 35
10 L'enveloppe du projet connexe- Crédit : SGP 36
11 Le socle du projet connexe- Crédit : SGP 37
12 La montage opérationnel du pôle gare -
Crédit : SGP 38
13 Les étapes de la construction du pôle-gare-
Crédit : SGP 42
14 Gisement foncier sur le tracé du Grand Paris Express
- Crédit : SGP 63
102
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
COLLECTIF. Grand Paris Express. Manifeste de la
Création. Paris, Editions Gallimard, « Collection
Manifestô Alternatives », 2017, 138 pages. ISBN
978-2-07-272163-2.
COLLECTIF. Grand Paris Express Business
Opportunities. Paris, Objectif Grand Paris magazine et
Société du Grand Paris, édition 2017-2018, 229 pages.
Articles en format papier :
BARBE Catherine. « Les enjeux d'aménagement des
quartiers de gare », La revue urbanisme. Hors-série n°53
« Les passagers du Grand Paris Express » (octobre 2015), p. 26-27.
FERNANDEZ Agnès. « Le Grand Paris Express Levier
de projets », Traits urbains. N°97 (1er juillet 2018) p.
18-22.
MESTRES Jean-Michel. « Des gares dans leurs quartiers
», La revue urbanisme. Hors-série n°53 « Les passagers du
Grand Paris Express » (octobre 2015) p. 17-25.
Articles en format électronique :
ARMAND César. « Grand Paris Express : pourquoi les
coûts ont dérapé selon la Cour des
Comptes », La Tribune. [En ligne] (17 janvier 2018).
Disponible sur :
https://www.latribune.fr/economie/france/grand-paris-express-pourquoi-les-couts-ont-derape-selon-la-cour-des-comptes-765123.html
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GERBEAU Delphine. « Grand Paris Express : les immenses
enjeux qui attendent les quartiers
des gares »,
LaGazette.fr. [En ligne] (09 janvier
2018). Disponible sur :
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MOUTARDE Nathalie. « Les 51 lauréats d'«
Inventons la Métropole du Grand Paris »
dévoilés », Le Moniteur. [En ligne] (18
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https://www.lemoniteur.fr/article/les-51-laureats-d-inventons-la-metropole-du-grand-paris-devoiles.1497654
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PAQUIER Jacques. « Voyage le long des gares de la ligne
15 Sud », Le journal du Grand Paris. [En ligne] (12 juin 2015. Disponible
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https://www.lejournaldugrandparis.fr/voyage-le-long-des-gares-de-la-ligne-15-sud/
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103
SELOSSE Camille. « Grand Paris Express : pourquoi la facture
s'est alourdie de 13 milliards d'euros »,
LaGazette.fr. [En ligne]. Club
finances (18 janvier 2018). Disponible sur :
http://www.lagazettedescommunes.com/545352/grand-paris-express-pourquoi-la-facture-sest-alourdie-de-13-milliards-deuros/
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SNASLI Julie. « Dérapages financiers,
délais insoutenables : le rapport accablant de la Cour des Comptes sur
la Société du Grand Paris », Innovapresse groupe. [En
ligne]. (17 janvier 2018). Disponible sur :
https://www.innovapresse.com/politique/33125-derapages-financiers-delais-insoutenables-le-rapport-accablant-de-la-cour-des-comptes-sur-la-societe-du-grand-
paris.html [consulté le 29 juillet 2018].
SNASLI Julie. « D'où vient le Grand Paris Express
déjà ? », Innovapresse groupe. [En ligne]. (28 mars 2018).
Disponible sur :
https://www.innovapresse.com/mobilites/34192-d-ou-vient-le-grand-paris-express-deja.html
[consulté le 29 juillet 2018].
TESSIER Pascale. « L'ordonnance de Gilles Carrez pour
sauver le Grand Paris Express »,
LaGazette.fr. [En ligne]. Club
finances (04 juillet 2018). Disponible sur :
http://www.lagazettedescommunes.com/572027/lordonnance-de-gilles-carrez-pour-sauver-le-grand-paris-express/
[consulté le 08 juillet 2018].
Propos recueillis, interviews et discours :
COUR DES COMPTES. Intervention de Didier Migaud
Président de la Cour des Comptes Commission des finances à
l'Assemblée nationale : Présentation du rapport « la
Société du
Grand Paris ». [en ligne]. (17 janvier 2018). Disponible sur
:
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/20170117-discours-societe-grand-Paris_0.pdf
[consulté le 29 juillet 2018].
YVIN Philippe. « Le coût du Grand Paris Express se
situera entre 28 et 35 milliards d'euros » propos recueillis par ARMAND
César pour La Tribune. [en ligne]. (06 octobre 2017). Disponible sur :
https://www.latribune.fr/regions/ile-de-france/focus-le-cout-du-grand-paris-express-se-situera-entre-28-et-35-milliards-d-euros-philippe-yvin-753020.html
[consulté le 29 juillet 2018].
104
Rapports :
GALLEZ Caroline/ THEBERT Mariane. Les Contrats de
développement territorial (CDT) du Grand Paris : une négociation
multi-échelles de l'articulation urbanisme - transport ? Rapport final
de convention du projet de recherche OREVADD, MEEDDTL-SETRA-CSTB-INRETS-LCPC,
2013, 66 pages.
Observatoire Régional du Foncier en Ile-de-France
(ORF). Le foncier du Grand Paris : comment le mobiliser ? Rapport de groupe de
travail, juin 2014. 56 pages.
Observatoire Régional du Foncier en Ile-de-France
(ORF). Les enjeux de la valorisation foncière autour des pôles de
transport. Rapport de groupe de travail mars 2011. 72 pages.
Textes juridiques :
LOI n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris,
NOR : PRMX0920421L Version consolidée au 01 octobre 2018. Disponible sur
www.legifrance.gouv.fr.
Documents propriétés de la
Société du Grand Paris :
Société du Grand Paris. Notice
générale, « Projet Connexe Gare d'Aulnay »,
févier 2018, 35
pages.
Société du Grand Paris. Annexe 1. « Cadre
conceptuel des projets connexes aux gares du Grand Paris », 2014, volume
1, 63 pages.
Sites internet :
www.batiactu.com
www.societedugrandparis.fr
www.inventonslamétropoledugrandparis.fr
ANNEXES
1. Synthèse du terrain d'études
Toutes les données collectées dans le cadre de
l'étude comparée des gares de la ligne 15 Sud ne sont pas
exhaustives et dépendent des informations communiquées ou non par
la SGP elle-même. Voici quelques chiffres qui ressortent cependant de
cette étude :
Sur les 16 gares de la ligne 15 Sud, 10 sont amenées
à comporter une opération connexe : Issy RER,
Châtillon-Montrouge, Bagneux M4, Arcueil-Cachan, Villejuif-Louis-Aragon,
Les Ardoines, Le Vert de Maisons, Créteil l'Échat, Champigny
Centre et Bry-Villiers-Champigny. Sur ces 10 gares, 5 ne présentent pas
d'information sur leur opération connexe, excepté leur mise en
étude.
105
.
106
GARE
|
ARCHITECTES GARE
|
PROJET CONNEXE
|
EQUIPE LAUREATE DU PROJET CONNEXE
|
PROJET(S) URBAIN(S) RATTACHES OU
A PROXIMITE
|
AMENAGEUR
|
REMARQUES
|
IMGP1 A PROXIMITE
|
PONT DE SEVRES
|
Jean-Marie Duthilleul, Agence Duthilleul
|
X
|
X
|
Réaménagement de la
gare routière et de la tête
du pont de Sèvres,
passerelle d'accès vers
l'île Seguin et la CIté
Musicale, réhabilitation des trois tours Citylights
(Dominique Perrault), ZAC trapèze
|
Val de Seine Aménageme nt pour la ZAC
|
L'arrivée de la gare
s'accompagne d'une
mutation de toute la zone dite « tête du pont
de Sèvre » qui est actuellement un
énorme
carrefour routier, pour
une zone urbaine pacifiée et mixte.
|
X
|
ISSY RER
|
Brunet-Saunier Architecture
|
Le Phare d'Issy -
projet immobilier de
7600m2 SDP (15 étages) en surplomb
de la gare : 104 logements (dont 80
logements en accession et 24 en
logement social
réalisés par Seine
Ouest Habitat), 840m2 SDP d'espace de coworking et
80 places de parking.
|
Icade (promoteur) et Architecture Studio
|
Réaménagement du
parking Garibaldi, ZAC Léon Blum 20Ha (10 îlots,
1600 logements dont 25-
30% de logements sociaux, école, crèche)
|
Paris Seine Ouest Habitat (SPL)
|
Déjà privilégié par sa
situation économique et
géographique, le
quartier Léon Blum à ILM devrait renaître
en
2025 en modèle d'architecture contemporaine, dans la
foulée des travaux de la gare du GPE.
|
Ilot de 2400m2 SDP dans la ZAC Léon Blum.
|
FORT D'ISSY- VANVES- CLAMART
|
Philippe Gazeau arhitecte
|
X
|
X
|
Côté Clamart, Icade
aménagera une grande
place bordée de
commerces, un programme d'immeubles de logements, bureaux
et
|
X
|
Fort d'Issy a déjà fait
l'objet d'un réaménagement aujourd'hui
très avancé
(écoquartier de 623 logements).
|
Ilot de 2400m2 SDP dans la ZAC Léon Blum.
|
107
|
|
|
|
commerces, une crèche, une école, un parking et des
espaces verts.
|
|
|
|
CHATILLON- MONTROUGE
|
Périphériques Architectes (Marin,
Trottin, Jumeau)
|
A l'étude
|
X
|
Réaménagement de la
gare routière, aire
commerciale et place
publique.
|
X
|
Un immeuble de
bureaux en surplomb de
la gare pourrait voir le jour dans le cadre d'une
opération commune de la SGP et d l RATP, sur
des terrains contigus
appartenant aux deux
sociétés, constituant le projet connexe.
|
X
|
BAGNEUX M4
|
Atelier Barani
|
Projet immobilier de
|
Nexity, Linkcity
|
Pôle gare (future gare du
|
SEMABA
|
Au nord de Bagneux, la
|
Site
|
|
|
33 000m2 SDP en
|
et Imestia
|
M4 et gare GPE) de 3ha
|
puis
|
future gare du GPE
|
Blanchard/
|
|
|
surplomb de la gare :
|
(promoteurs)
|
formé par une vaste
|
SADEV94
|
représente une
|
Croizat-Fortin
|
|
|
Bâtiments
|
Arte
|
place piétonne, un pôle
|
|
opportunité pour faire
|
retenu (5ha à
|
|
|
connexes : 27 400m2
SDP de logements
(dont 317 en
|
Charpentier, Marc Mimram, Brenac et
|
multimodal et une station de bus.
|
|
revivre un quartier
encore enclavé. C'est
tout l'enjeu de
|
moins de 2km du futur pôle de la gare de
|
|
|
accession et 77
sociaux), et 5600m2
|
Gonzalez
|
La ZAC écoquartier Victor
Hugo, avec laquelle la
|
|
l'écoquartier Victor Hugo de 19Ha.
|
Bagneux
|
|
|
SDP de commerces
dont un
|
|
SGP a mutualisé ses
emprises :
|
|
|
|
|
|
supermarché et 500 places de parking.
|
|
110 000m2 SDP de
bureaux, 1500 logements dont 20% de logements sociaux, 25
000m2 SDP de
commerces, école et
crèche), qui sera aménagée autour du
pôle gare.
|
|
|
|
108
ARCUEIL- CACHAN
|
Jean-Pierre Vaysse, Ar.thème Associés
|
Immeuble en
surplomb et sur le côté Est de la gare : 13
500m2-15 000m2
SDP d'activités économiques,
11 000m2-13 000m2 SDP de logements,
1800m2- 2000m2 SDP de commerces
et un hôtel de 3500m2 SDP.
|
Agence ANMA
|
3 places publiques
nouvellement créées.
ZAC du Coteau et Campus Cachan.
|
SADEV94
|
Le programme connexe a été initié par la
SGP sur une zone qui comprend des terrains acquis pour
la construction de la
gare, des terrains communaux et quelques
parcelles adjacentes. C'est donc une opération mixte
sur le territoire de Cachan pour valoriser le
quartier autour de la gare.
|
Campus Cachan (pôle d'excellence) et le Coteau
à Arcueil (Ecotone, Compagnie de Phalsbourg)
|
VILLEJUIF
|
Dominique
|
X
|
X
|
OIN ZAC Campus Grand
|
SADEV94
|
Le conseil
|
Campus
|
INSTITUT GUSTAVE ROUSSY
|
Perrault Architecture
|
|
|
Parc (700 000m2 SDP de
projet urbain) : 3000 logements et environ 300
en réhabilitation de
grands ensembles
collectifs, dont 27% de logement social, Bioparc
(entreprises innovantes du secteur de la santé et
des biotechnologies),
PUIS (Pôle
Interdisciplinaire de
Santé), 30 000m2 SDP de
commerces et équipements publics
|
|
départemental du Val-
de-Marne a cédé les
emprises foncières
nécessaires à la réalisation de la gare
en
en restreignant l'usage
afin qu'aucun projet
immobilier connexe n'y voie le jour.
La gare joue le rôle d'accélérateur,
accompagné par
l'aménagement du
Campus Grand Parc, pour le développement
du projet de grand
|
Grand Parc
|
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|
|
Cluster.
|
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VILLEJUIF-
|
Philippe Gazeau
|
Projet connexe
|
Agence
|
100 000m2 de projet
|
SADEV94
|
Un nouveau quartier
|
Terrains Bizet
|
LOUIS
|
architecte
|
prévu et
|
Trévélo &
|
urbain : la ZAC « Beau
|
|
d'affaires et
|
et domaine
|
109
ARAGON
|
|
actuellement à
l'étude sur les
emprises foncières de la SGP et de la RATP.
|
Viger-Kohler
|
quartier Aragon » à 300m du pôle gare,
lancée en 2011 et qui devrait voir le
jour en 2020 : environ 730 logements (550 en accession
à la propriété,
140 en résidence
étudiante ou logements
jeunes actifs et 36 en
accession sociale à la
propriété), 3000m2 SDP de commerces,
27 000m2 SDP de bureaux.
|
|
d'habitations va voir le jour à l'intersection de la
future ligne 15 du GPE, du T7 et du M7. La gare
contribuera à son
attractivité et à
convaincre les
entreprises innovantes
de s'y installer, notamment du secteur
des nouvelles
technologies, et les jeunes urbains.
|
de Chérioux (Vitry-sur- Seine) à moins
de 2km de la gare de Villejuif-Louis- Aragon.
|
VITRY CENTRE
|
Frédéric Neau
|
X
|
X
|
Requalification rue de
|
|
|
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Atelier
d'architecture
|
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Tremblay et passerelle
piétonne rue
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King Kong
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Robespierre.
|
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|
|
LES ARDOINES
|
Valode & Pistre
|
Programme
|
Architecture
|
1 500 000m2 SDP de
|
EPAORSA
|
L'aménagement des
|
Le coeur du
|
(VITRY-SUR-
|
Systra
|
immobilier de plus
|
du projet
|
projet urbain avec deux
|
|
berges de Seine, la
|
quartier qui
|
SEINE)
|
|
de 10 000m2 SDP à l'étude en surplomb
|
connexe imaginé par
|
ZAC créées en juin 2012 :
|
|
construction de deux
ponts et l'implantation
|
enserre le
pôle gare a
|
|
|
de la gare.
|
l'agence Gaëtan Le
|
La ZAC Gare Ardoines de
49Ha comprenant 2/3
|
|
d'une gare du GPE à
Vitry-sur-Seine sont
|
été
sélectionné :
|
|
|
Dans le cadre
d'IMGP et sur les
parcelles acquises pour la réalisation de la gare,
Linkcity IDF a
été désigné pour
réaliser 120 chambres hotellières et 227 studios
pour
|
Penhuel.
|
d'activités économiques
et tertiaires (dont un pôle
économique majeur lié
aux biotechnologies) et
1/3 soit 3300 logements dont 60% en accession, 40% en logement
social
intermédiaire et 400
logements spécifiques,
|
|
l'occasion de relancer le développement d'un site
industriel qui possèdera beaucoup d'atout.
Construction par la SGP du futur SMI à 400m de la gare
des Ardoines.
|
« Pôle Gare
des
Ardoines », démonstrateu r métropolitain par
Linkcity.
|
110
|
|
étudiants ou jeunes actifs.
|
|
des commerces et
équipements publics
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|
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(groupe scolaire, crèche, bassin nautique).
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|
La ZAC Seine Gare Vitry
de 37Ha, qui sera desservie par le TZEN 5
prévoit l'implantation
d'activités économiques
et services, de logements et équipements sur une
surface d'environ 500 000
|
|
|
|
|
|
|
|
m2 SDP.
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LE VERT DE MAISONS (ALFORTVILLE ET
MAISONS-
|
Valode & Pistre
|
12 000m2 SDP de
bureaux en
surplomb du
bâtiment voyageurs.
|
Valode & Pistre
|
|
|
Sur les emprises
foncières de la gare, la ville envisageait
déjà de
réaliser du bureau, la
|
X
|
ALFORT)
|
|
|
|
|
|
SGP s'y alors engagée. Le
choix d'un même architecte pour le projet gare et le
projet connexe
est exceptionnel et
établi pour ne pas retarder le calendrier de livraison
de la ligne.
|
|
CRETEIL L'ÉCHAT
|
Cyril Tetrout, Agence Nicolas
|
Projet connexe
mitoyen sur une
|
Nexity (promoteur)
|
3,5Ha d'emprises
complémentaires
|
Grand Paris Aménageme
|
Les emprises de la gare
et du chantier de
|
X
|
|
Michelin &
|
emprise d'environ
|
Michel
|
mitoyennes à l'hôpital
|
nt
|
presque 1Ha ont été
|
|
|
Associés (ANMA)
|
9000m2 ; de
22 000m2 SDP :
8500m2 SDP soit 400
logements, 7500m2
|
Guthmann Architecte, 5+1AA et BASE.
|
Henri Mondor (propriété
de l'AP/HP) devraient
également être réaménagées
par la SGP :
|
|
cédées à la SGP par la SEMIC (SEM de
Créteil).
En août 2014, Laurent
|
|
111
|
|
SDP de résidence
mixte étudiante et tourisme/affaire (en
surplomb du bâtiment voyageur), soit 270 logements,
6000m2 SDP de
bureaux dont un
espace de co-
working de 2500m2
SDP, crèche,
restaurant et 190 places de parking.
|
|
Le secteur du triangle
l'Échat à 600m au nord de la gare sera refondu par
la SGP qui prévoit d'y
construire 1450 logements, 7000m2 SDP
de bureaux, une
résidence étudiante, un
équipement scolaire et des espaces verts d'ici à
2023.
|
|
Cathala maire de Créteil a confié à la
SGP une mission d'aménagement
du quartier de Créteil
l'Echat, au-delà du
périmètre de la seule gare. Il s'agit
d'emprises, sur une surface globale
de 5 Ha, appartenant
pour partie à l'hôpital
Henri Mondor (AP/HP)
et pour partie au département du Val-de-
|
|
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|
Le réaménagement de la
gare RATP. La création d'un lien souterrain sous les
voies de la ligne M8.
|
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Marne.
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|
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|
Le réaménagement des
rues Gustave Eiffel et
|
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Albert Einstein. La
reconfiguration de la gare
routière. Le projet du
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CHU Henri-Mondor
|
|
|
|
SAINT MAUR - CRETEIL
|
Cyril Tetrout, Agence Nicolas Michelin
& Associés
|
X
|
X
|
Projet de bureaux situés de part et d'autre de la
gare du Grand Paris Express
|
|
Spécificité : la gare de
Saint-Maur - Créteil sera
la plus profonde du
réseau du GPE en
atteignant 52m de profondeur des quais.
|
X
|
CHAMPIGNY CENTRE
|
Thomas Richez, Agence Richez
|
Tour en surplomb du bâtiment voyageurs.
|
Pas
d'information
|
|
|
|
X
|
|
Associés
|
|
|
|
|
|
|
112
BRY-VILLIERS- CHAMPIGNY
|
Thomas Richez, Agence Richez Associés
|
Ensemble immobilier
de 127 000m2 SDP
dit « Balcon sur
Paris » (projet
connexe +
IMGP1) comprenant
270 logements, un
palais des congrès
de 2000 places et
des bureaux, 2 hôtels et un cinéma.
|
Compagnie de Phalsbourg
|
ZAC Marne Europe dont
« Balcon sur Paris »
(IMGP1), ZAC des
Simonettes Nord, gare
des trois communes RFF,
ouvrage d'art du TCSP Altival, redressement de la RD10.
|
EPAMARNE
|
Dans le cadre de l'IMGP1 et sur la parcelle acquise pour la
réalisation de la gare, la Compagnie de Phalsbourg a été
désigné pour réaliser l'ensemble
immobilier de 127 000m2 SDP.
|
Balcon sur Paris à Villiers-sur- Marne
ZAC Marne Europe par la Compagnie de Phalsbourg
|
NOISY- CHAMPS
|
Jean-Marie Duthilleul, Agence Duthilleul
|
X
|
X
|
Projet urbain d'environ
900 000m2 SDP : îlot autour de la future
gare
pour installer une continuité urbaine entre la
Cité Descartes à l'est de la gare et les quartiers
résidentiels de Noisy et de Champs au nord.
Soit environ 4500 SDP logements, 25 000m2 SDP
de commerces,
équipements publics et bureaux.
|
EPAMARNE
|
Spécificité : Terminus de
la ligne 15 Sud et 1ère gare de la ligne 16.
L'arrivée de la gare et
l'aménagement du
nouveau quartier
doivent accompagner le
développement du
cluster de la ville innovante qu'est la Cité
Descartes.
|
X
|
113
2. Entretiens
a. Entretien 1
Ioannis Valougeorgis
Fonction : Directeur délégué à
l'aménagement à la Société du Grand Paris
Type : Entretien téléphonique
Date : 09/07/2018
Quelle notoriété des projets connexes
?
La presse publique en effet n'en parle pas, pourtant depuis le
début les opérateurs en ont connaissance, on en parle dans les
salons dédiés, MIPIM etc.
Peut-on parler d'un concept tout à fait nouveau
?
Non car il existait déjà des projets en surplomb
des gares dans Paris Intramuros ce que l'on a essayé d'étendre
à l'échelle de la métropole. L'idée était de
ne pas faire un bâtiment voyageur intégré dans le vide mais
un projet global intégré au développement urbain,
c'était le challenge. Cependant cela est beaucoup plus compliqué
en banlieue notamment à cause des limites imposées par les
charges foncières. J'ai travaillé à Paris Rive Gauche et
donc je réfléchissais déjà au moyen
d'intégrer des éléments ferroviaires dans le tissu urbain
avant de travailler sur le GPE.
Comment émerge ou n'émerge pas un projet
connexe ?
Chacune des gares a fait l'objet d'une étude
spécifique en partenariat avec les communes pour obtenir une vision
partagée de ce que devait être le pôle gare et comme il
devait participer au développement urbain. Puisqu'à la fin c'est
la ville qui donne son accord pour le réaliser via le PLU et les PC. Des
raisons peuvent pousser à ne pas faire de projet connexe malgré
la volonté mutuelle de la SGP et de la collectivité : milieu
naturel, carrefour routier, emprises foncières contraignantes (Chelles),
contexte politique pas satisfaisant.
Il faut une certaine densité, pour trouver un
équilibre économique, sinon on ne peut pas mettre en oeuvre le
projet connexe. Les projets en surplomb représentent un surcoût
car
c'est investissement de la SGP dans la construction de la
gare, il faut que la SGP puisse être remboursée.
Pensez-vous que les projets connexes sont nés
de l'unique volonté de faire une valorisation foncière
?
L'objectif initial de la SGP est de faire de l'infrastructure
et pas du développement immobilier, le projet connexe accompagne et
améliore l'intégration urbaine de la gare, car on
considère que la gare est plus complexe et intéressante quand
elle associe d'autres programme que le simple transport.
Donc l'implantation de ces projets connexes n'a pas
été spécifiquement réfléchie dès
l'acquisition des fonciers par la SGP ?
La SGP n'a acquis des terrains que pour les besoins des
infrastructures de la gare, de ses émergences et du chantier.
Plutôt que de laisser des surfaces excédentaires libres, il est
apparu nécessaire que ces emprises servent à la fabrique de la
ville.
Certaines emprises « résiduelles »
étaient si peu importantes qu'à aucun moment on aurait pu faire
quelque chose si on n'avait pas la volonté de faire réellement du
développement urbain. On aurait pu tout aussi bien les mettre à
disposition pour des équipements secondaires, des parkings, des
réserves pour des agrandissements éventuels... Et ces parcelles
trop petites pour avoir de la valeur sans l'intervention de la SGP sont le cas
le plus fréquent rencontré. Aulnay est un cas minoritaire.
Quelle contrepartie vaut acceptation du projet connexe
par la commune ?
Il n'y a pas nécessairement de contrepartie des
communes pour acceptation du projet, mais cela se fait plutôt en fonction
des besoins. Il n'y a pas de règle, sur Aulnay on a
réalisé un parking public mais sur d'autres collectivités
cela peut être des équipements qu'elles rachètent au
promoteur. Finalement c'est la logique classique de fabrique de la vile : la
ville juge la nécessité d'un équipement et essaie de
l'intégrer d'une manière ou d'une autre dans un programme
immobilier.
Aujourd'hui quelle part les projets connexes
représentent-ils sur l'ensemble des gares du réseau ?
114
50%. Elles sont attribuées sur la ligne 15 Sud et sur la
ligne 16 pour La Courneuve.
115
Peut-on dire que le projet connexe a pour vocation
à venir soutenir le projet gare financièrement ?
L'aspect financier pour la SGP tout en étant important,
n'est vraiment pas à l'échelle du coût de construction de
l'infrastructure, une gare coûte environ 100 millions d'euros. Par
exemple la valorisation sur un projet comme Créteil n'est que de 2-3
millions. Finalement les projets connexes sont plutôt une valorisation
urbaine, ce n'est pas ce montant-là qui va venir sauver la gare. Cette
relation n'a pas grand intérêt, il fallait plutôt
réfléchir le projet connexe comme un projet urbain autour d'une
gare pour développer une nouvelle centralité. Pour autant cela
fonctionne dans d'autres pays mais pas dans le GPE, car nous ne pouvons pas
réaliser des ensembles immobiliers d'envergure à soutenir
financièrement l'infrastructure.
En 2009 il y a eu des débats parlementaires pour la
mise en place de la loi, des personnes sont pensé que l'intensification
autour des gares allait soutenir les coûts du réseau. La loi 2010
a créé la SGP dans un objectif développement urbain social
et économique, pour une fois le législateur a donné la
capacité à un opérateur transport de faire la ville en
même temps que le transport. Car le transport est le moyen de
développer la ville. Pour cela il y avait une petite équipe
d'urbanisme dès le départ, pour essayer de densifier autour des
gares, donc logique globale. A l'époque cela s'appelait la «
direction d'urbanisme », on peut dire que c'est un dispositif de
valorisation foncière mais pas la démarche initiale.
« Il n'y a pas deux projets connexes similaires, chacun a sa
logique, son fonctionnement. »
b. Entretien 2
CHRISTIAN GARCIA
Fonction : Directeur des relations territoriales Type : Entretien
physique
Lieu : Société du Grand Paris (93)
Date : 17/07/2018
Quelles sont vos missions dans le cadre de votre poste
par rapport au réseau de transport et aux projets connexes ?
Je suis directeur territorial donc je m'occupe de toute la
partie institutionnelle, avec les élus et les différents
partenaires, et je fais l'interface entre les enjeux territoriaux et les
contraintes techniques.
116
Les collectivités sont-elles plutôt
enclines à accueillir les projets du Grand Paris Express, malgré
les nuisances ?
Oui bien sûr c'est un énorme changement pour
elles, et il faut voir sur le long terme. La phase la plus difficile est
maintenant mais on sait pourquoi on le fait : le chantier du siècle. La
première chose, c'est que la loi de juin 2010 nous donne la
possibilité d'être aménageur sur un périmètre
qui est passé de 400m à 600m autour des gares du Grand Paris
express, par un décret sorti récemment. Donc sur un
périmètre de 600m la Société du Grand Paris peut
aménager des projets. Nous n'avons pas vocation dans un premier temps
à effectivement réaliser des projets connexes _même si je
n'aime pas le terme « connexe » on l'appellera comme ça_ des
projets d'aménagement dans et autour des gares. Aujourd'hui la
priorité pour la Société du Grand Paris c'est
déjà de réaliser l'infrastructure de transport, chose qui
est déjà un défi important, qui nous prend beaucoup de
temps et qui est notre priorité, puisque c'est la gare qui
génère des projets autour. S'il n'y a pas de gare il n'y a pas de
projet, je le dis parce que c'est comme ça c'est la
réalité. On voit bien qu'aujourd'hui, autour des 68 gares du
Grand Paris Express, se profilent des projets de développement.
On a donc premièrement la possibilité
d'être aménageur. Deuxième possibilité : admettons
que nous sommes aménageur sur certains endroits, les villes telles que
Créteil et bien d'autres nous disent « Je souhaite que la
Société du Grand Paris soit aménageur d'un projet qui
dépasse le cadre de la gare et qui est dans un périmètre
important », à ce moment-là on commence à
réfléchir sur des acquisitions foncières.
Ces acquisitions peuvent-elles se faire en dehors du
périmètre des 600m prévu par la loi ? Non cela se
fait toujours dans le périmètre des 600m, en
général on ne va pas plus loin. Et où en
sommes-nous des CDT ?
Les Contrats de Développements Territoriaux, issus de
la loi de 2010 sont un peu en stand-by. C'était une belle
idée en 2010, portée en 2012 et 2013 mais depuis on voit bien que
la métropole avec Inventons la métropole a pris plus le relais
que les CDT. Ceci dit, des CDT ont été signés et il faut
faire avec, mais aujourd'hui je dirais que les CDT sont des « coquilles
vides ». Les CDT sont des choses à part, par exemple on a des
projets sur lesquels on nous demande d'être aménageur comme
Créteil, et sur lesquels on se lance dans des acquisitions
foncières pour imaginer le projet de demain. En co-construction avec la
ville _ car c'est bien elle qui attribue les permis de construire _ on imagine
un partenariat pour développer, quand c'est souhaité par les
collectivités, des projets qui dépassent le cadre du projet de la
gare. Ce qu'on peut dire sur les différentes gares identifiées,
c'est que l'on met les différentes mesures conservatoires
nécessaires (renforcement par piliers/poutres par exemple de la boite
gare)
117
qui peuvent aller jusqu'à un ou deux millions d'euros
pour pouvoir accueillir éventuellement un volume en surplomb de la gare.
Par exemple sur la cité de la gastronomie on a mis les mesures pour
pouvoir accueillir un immeuble de 7/8 étages, car après on ne
pourra plus revenir en arrière. Donc c'est un choix porté par le
constructeur et l'aménageur que nous sommes, de mettre des mesures
conservatoires pour accueillir par la suite x hauteur.
On peut donc affirmer que l'éventualité
du projet connexe est réfléchie directement à la
conception du projet gare, mais avant cela, comment ont été
choisies les gares qui accueilleraient ou pas un projet connexe ?
Ce sont les villes qui le souhaitaient ou pas. Et surtout cela
dépendait de l'emplacement de la gare, c'est-à-dire le potentiel
autour.
Cela ne dépendait-il pas aussi du foncier que vous
aviez à disposition ?
Oui du foncier que l'on avait ou que l'on avait
regardé, c'est le cas par exemple pour la cité de la gastronomie,
on n'y aurait peut-être pas mis la gare s'il n'y avait pas eu ce
potentiel extraordinaire. Donc les gares du Grand Paris ont été
posées aussi pour prévoir un développement.
Et combien représente la part des projets connexe
sur la totalité des projets gare ?
Sur le Val de Marne on a 12 projets connexes pour 17 gares. Il
y en a beaucoup, on essaye au maximum d'en faire car même sans savoir la
programmation à l'avance mais on est dans la dynamique de ramener un peu
de sous quand de même. Rire.
Comparé au coût du réseau de
transport, est-ce que ce que rapporte les projets connexes est une «
goutte d'eau dans l'océan » ?
Non on ne peut pas dire ça, ce n'est pas là
où l'on gagne le plus mais on a fait des investissements. Par exemple
sur l'Hay-les-Roses on parle d'un projet où on développe dans et
autour de la gare, on peut tout de suite arriver à des sommes comme 7-8
millions d'euros. Alors oui c'est une goutte d'eau par rapport à des
milliards mais ça reste quand même très rentable sur des
zones où le foncier est cher. Dès lors qu'il y aura du foncier
disponible au-dessus d'une gare la plus-value sera importante. Les plusieurs
centaines de millions d'euros que l'on peut récupérer avec ces
projets connexes ne sont bien sûr pas à la mesure de toutes les
gares du Grand Paris, sachant qu'une gare coute environ 200 millions d'euros.
Cela reste tout de même un plus qui va rentrer dans les caisses de la
société. C'est aussi le moyen de faire du logement et de
l'activité, on n'est pas là pour faire que des gares mais aussi
pour créer de la vie autour de ces gares, donc des commerces, de
l'activité économique, des logements etc. qui amène de la
plus-value dans une ville, un quartier, un périmètre.
118
Cette dimension plus urbaine que porte la
Société du Grand Paris, a-t-elle été pensée
dès sa naissance ?
Non, la priorité a été de réaliser
l'infrastructure de transport et de définir où on allait mettre
les gares, donc le tracé et les gares ensuite. Une fois cela de fait,
nous avons regardé les potentiels portés par les
collectivités, on est bien obligés de co-construire. Ce n'est pas
la Société du Grand Paris qui arrive soudainement et
décide du nombre de m2 qu'elle va implanter, puisque ce sont
les villes qui délivrent les permis de construire. Naturellement on a
posé des gares là où il y avait des potentialités,
par exemple sur les Ardoines il y a 3 millions de SHON potentiellement
disponibles (20 000 logements), beaucoup de friches industrielles, idem pour la
gare de Bry-Villiers-Champigny sur l'ancienne VDO (10 000 logements), il y a
100 hectares vides. Sur Villejuif, le maire veut créer 8000 logements ce
qui est énorme, soit 30 000 personnes, donc +1/3 de la population
résidente. Comparé à ce genre de programme on voit bien
que ce n'est pas au-dessus de la gare qu'on va gagner des millions mais
autour.
Mais le développement autour des gares ne revient
pourtant pas à la Société du Grand Paris ?
Non, mais nous serons un acteur. Une ville « normalement
constituée » nous demande à être aménageur.
Vous pouvez donc vous substituer à n'importe
quel aménageur au-delà des projets connexes ? Avez-vous un cas
concret ?
Sur Créteil on est sur un potentiel de l'ordre de 500
à 800 logements autour de la gare, le maire nous demande d'être
aménageur. En général beaucoup de villes font
ça.
Malgré ces deux casquettes : réalisateur
de l'infrastructure de transport et aménageur, peut-on dire que la
Société du Grand Paris « dévie » ?
On a cette possibilité d'être aménageur,
moi ma priorité c'est de réaliser l'infrastructure de transport
c'est déjà énorme, un chantier colossal. Ce n'est donc pas
dans ma priorité aujourd'hui d'aménager mais je pense que demain
une SGP qui mute une fois que les projets de développement transports
seront bien ancrés, c'est une société qui peut de plus en
plus s'orienter vers du développement immobilier autour des gares du
Grand Paris.
Pensez-vous qu'à l'avenir le
périmètre des 600m pourrait s'élargir ?
En réalité c'est déjà
énorme, de part et d'autre de la gare ça fait 1,2km de
diamètre. Ces périmètres peuvent presque se rejoindre les
uns les autres sur le tracé du Grand Paris Express. Par exemple les deux
gares de Bagneux sont à 900m l'une de l'autre. Aujourd'hui on est
capable de construire 250 000 logements autour des gares du Grand Paris soit
145 millions de m2, la superficie de Paris. Il y a un potentiel
énorme.
119
Pour en revenir aux projets connexes,
procédez-vous toujours de la même manière pour les mettre
en cession ?
Non, on ne sait pas encore. Ils peuvent faire l'objet de
montages avec des SEM, des SEM municipales
etc. il n'y a pas de règle.
Les interfaces de chantiers entre les projets gares et
les projets connexes sont-elles prévues ?
Il faut déjà construire le métro. Il y a
des problèmes d'effectif, on n'a pas les reins assez solides pour tout
porter. La priorité c'est le métro, en termes de
temporalité on est sur une mise en service d'ici 2024-2025 pour la 15
Sud, soit dans 7 ans. La priorité des deux prochaines années
c'est de faire partir les tunneliers, de réaliser la boite gare etc., on
a le temps pour la suite des projets. Les emprises chantiers sont
extraordinaires, il faudrait d'abord qu'elles soient libres de toutes les
machines, des millions de camions vont passer, pour ensuite penser aux projets
connexes. Donc on libère les espaces avant de pouvoir réaliser
les projets connexes.
Quel est votre avis personnel sur la volonté
originelle de réaliser des projets connexes ? Est-ce l'expression de
l'intention de faire la ville par des projets urbains intégrés ou
bien surtout un vecteur de valorisation foncière ?
Je pense qu'aujourd'hui la vocation du Grand Paris c'est de
réaliser l'infrastructure de transport, là où il y a des
potentialités de développer des projets on le fera mais ce n'est
pas là qu'on va gagner de l'argent et donc pas la priorité. Ceci
dit une autre priorité de la Société du Grand Paris est de
développer de la vie autour des gares donc quoiqu'il arrive cela se
fera. Dès l'instant que la gare sera sortie de terre, que le
métro tournera, les quartiers vont muter.
On peut dire que vous allez automatiquement créer
de la valeur sur le territoire ?
Cela crée de la plus-value foncière, donc un
marché qui va intéresser les très grandes entreprises, qui
vont acheter des lots et/ou des volumes. Celui qui achète aujourd'hui
sur le tracé du GPE, autour d'une gare fera dans 7-8 ans 3°% de
plus-value.
Le nombre de logements a-t-il été
pensé en fonction des besoins et pour ne pas submerger le marché
?
Non pas vraiment, la problématique est surtout que l'on
n'arrive jamais à atteindre le nombre de logement nécessaire pour
répondre à la demande en Ile-de-France. On devrait construire 70
000 de logements sociaux par an et on ne le fait pas.
Aparté : Je suis arrivée le premier dans cette
boite, avant la loi de juin 2010, soit le 9 octobre 2009, ce n'était pas
encore la SGP, on était 5. C'était la mission de
préfiguration et « Grand
120
Paris Express n'existait pas non plus », ce nom est
né de la fusion entre « l'arc express » et le Grand Paris.
J'ai participé à créer Orlyval donc je suis sur le dossier
depuis 2005.
La vision que je vous donne c'est celle du Val de Marne,
chaque directeur territorial (au nombre de 4) peut avoir une approche
différente d'un territoire à l'autre. Globalement, le souci pour
nous est de réaliser l'infrastructure de transport.
A combien s'élève le montant
annoncé récemment de l'augmentation des dépenses
prévisionnelles pour la réalisation de l'infra ?
12 milliards d'euros. Mais il faut réaliser que c'est
le premier chantier d'Europe, le 2ème au monde, on est dans
des zones très denses, dans la région capitale où l'on
traverse 8 millions d'habitants. Il y a de la vie on ne peut pas la perturber,
ni le réseau existant auquel nous sommes connectés donc il y a
une grande complexité du territoire qui peut nous entrainer beaucoup
plus profond que ce qui été prévu. Par exemple à
Saint-Maur, les coûts ont doublé car après une meilleure
connaissance du sol on a appris qu'il fallait descendre le tunnel beaucoup plus
bas. Maintenant nous avons une bonne connaissance du terrain et les chiffres
annoncés sont les bons, nous sommes montés à 20-25%
d'aléas contre 7,5 à l'époque, on est plus près de
la réalité qu'au début.
Pour conclure : Pensez-vous que la SGP a les moyens de
devenir un aménageur indépendant de sa casquette transport
?
Oui, elle peut s'en donner les moyens, mais c'est une
orientation politique. Elle pourrait en tout cas se renforcer pour former un
vrai pôle de développement, pourquoi pas.
La Société du Grand Paris a-t-elle
vocation à disparaitre une fois sa mission originelle terminée
?
Non car on reste propriétaire du réseau. Il y
aura une autre gouvernance, quoiqu'il arrive on sera gestionnaire
d'infrastructure avec le STIF comme exploitant.
Dernière question, pourquoi n'avez-vous pas
choisi les mêmes architectes pour les projets gare et les projets
connexes ? Une question de temporalité ?
Cela a été une question au départ, mais
on ne savait pas encore où seront vraiment les projets connexes. Et puis
le projet gare fait l'objet d'une autorisation de l'Etat alors que le projet
connexe fait l'objet d'un permis de construire de la ville. Ça aurait
été peut-être plus judicieux effectivement que ce soit le
même architecte.
121
c. Entretien 3
BENOIT LABAT
Fonction : Directeur de la Valorisation et du Patrimoine
Type : Entretien physique
Lieu : Société du Grand Paris (93)
Date : 24/07/2018
Comment les projets connexes sont-ils venus se greffer
aux projets des gares du Grand Paris ?
Ils ne sont pas dans la loi, ce qui est dans la loi c'est une
mission d'aménageur. L'article 7, titre 5 de la loi du 3 juin 2010
évoque une compétence d'aménageur donnée à
la Société du Grand Paris. Il y a un très grand
écart entre ce que dit la loi et la réalité de nos
missions. La mission principale réside dans le réseau de
transport mais évidemment le législateur à l'époque
_ autour du projet qui avait été conçu par Christian Blanc
puis Maurice Leroy _ s'est dit qu'un réseau de transport est fait certes
pour faciliter les déplacements des franciliens et accessoirement des
touristes, mais que c'était aussi un élément
déclencheur ou accélérateur de transformation urbaine,
qu'on en soit ou qu'on n'en soit pas acteur. Ce que se sont dit les
parlementaires autour des réflexions du cabinet Blanc et du travail fait
parallèlement par l'Atelier International du Grand Paris c'était
qu'on pouvait être acteur ou qu'on devait à minima provoquer avec
la gare et avec notre arrivée : une transformation des quartiers de
gare. Que si on ne le faisait pas, on passait à côté du
projet.
Peut-on dire que si on n'avait pas voulu participer au
développement des quartiers de gare on n'aurait fait des stations et non
pas des gares ?
Le développement de Paris entre le début du XXe
et la 2nde guerre mondiale est extrêmement dû
malgré tout au réseau du métro qui a des stations. Mais en
effet les gares marquent le paysage et devaient montrer la présence d'un
réseau qui est à 90% souterrain. Le cabinet Blanc, Leroy et le
Parlement ont bien regardé les exemples étrangers en se disant
qu'un réseau de transport peut non seulement contribuer à
développer les territoires desservis et accessoirement, pourquoi pas,
que ce développement contribue au financement du réseau
lui-même. C'est-à-dire qu'il y avait une double idée chez
Christian Blanc, à tel point que dans le texte de loi initial, il
était prévu que la SGP ait une compétence
d'aménageur dans un rayon de 1500m autour des gares. C'est
énorme. Cela veut dire que la compétence d'aménageur
122
était confiée sur l'ensemble de la partie utile
de l'IDF à la SGP. Immédiatement les élus ont réagi
en disant que l'Etat reprenait la main sur la compétence
d'aménagement de leur territoire.
Mais même dans ce cas de figure, la SGP n'avait
pas le monopole de l'aménagement ? D'autres aménageurs pouvaient
intervenir ?
Cela n'était pas exclu mais ça donnait une
mission centrale et extrêmement ambitieuse à la SGP. Les
élus étaient habitués à la décentralisation
depuis plus de 30 ans. Dès la loi de finance rectificative de
décembre 2010, ils ont décidé de réduire le
périmètre de compétence de la SGP à deux
hypothèses : soit le périmètre des CDT si le contrat
lui-même prévoyait que la SGP soit aménageur, à
défaut de CDT signé c'était dans le rayon de 400m autour
de la gare après avis favorable du maire de la commune concernée.
Cette loi de finances rectificative a modifié cet article 7 sur les
périmètres de prérogatives de la SGP.
Que s'est-il passé depuis pour en arriver au
périmètre de 600m que l'on connait aujourd'hui ?
Nous nous étions donc réduits à ce
périmètre de CDT ou à ces 400m. Aujourd'hui en 2018,
seules 9 des 68 gares sont hors périmètre de CDT et donc auraient
vu appliquer le périmètre de 400m. Sur la plupart des CDT nous
avions donc fait mettre une mention pour dire que nous étions
aménageur, avec l'accord des collectivités et du préfet,
mais sans aller au-delà. Donc nécessairement nous aurions
dû faire revenir évoluer le CDT pour dire où
précisemment nous entendions être aménageur.
Depuis 2013 un certain nombre de CDT ont été
signés, or, les deux lois nouvelles qui sont intervenues _ loi MAPTAM
puis loi NOTRe _ ont totalement rendu caducs les CDT. Finalement ce qu'il reste
du CDT ce n'est plus à proprement parler un contrat mais un
schéma d'intention urbaine. Une programmation qui n'a pas un
caractère opposable au tiers et qui peut guider un certain nombre de
communes sur leur développement. Il se trouve que la loi NOTRe, en
définissant la métropole du Grand Paris, a défini les
Etablissements Publics Territoriaux qui n'ont pas forcément la
même ère géographique que les anciens CDT, ce qui a
créé joyeuse pagaille, illisible pour le grand public comme pour
les professionnels. En 2017 apparait la loi de réforme de Paris, qui a
notamment décidé de regrouper la ville de Paris et le
département de Paris mais aussi les quatre arrondissements centraux de
Paris, fin 2016 nous avions alors demandé à ce que la
Société du Grand Paris soit détachée de tous les
CDT : c'est-à-dire qu'il ne soit plus nécessaire d'en tenir
compte vu leur obsolescence. Donc nous demandions à ce que le
périmètre d'un rayon de 400m autour des gares soit applicable
à toutes les gares, avec l'avis favorable du maire et sans plus tenir
compte des CDT. Nous n'avions pas prévu que le
123
Parlement s'emparerait du dossier avec le ministère du
logement de l'époque, Emmanuel Cosse, et que ce serait une bataille
compliquée entre les uns qui voulait réduire ce
périmètre à zéro, disant qu'être
aménageur n'était pas le rôle de la Société
du Grand Paris, et d'autres qui disaient 800m. La poire a finalement
été coupée en deux, en délimitant ce nouveau
périmètre de 600m alors que nous ne voulions que 400m, et en plus
sans nous déconnecter des CDT, ce qui n'a servi à rien.
Aujourd'hui c'est donc toujours le périmètre du
CDT qui prévaut si CDT il y a, et pour les autres communes c'est le
périmètre de 600m, soit 9 communes seulement. Pour autant on ne
fait pas grand-chose de cette nouvelle loi pour deux raisons principales :
La première raison est que dès lors que la SGP
avait une mission de réaliser le réseau de transport, avec des
effectifs très modestes, elle a concentré ses efforts sur la
réalisation du métro. Dans ce service de Valorisation et
Patrimoine dont j'ai la responsabilité, l'équipe s'occupait avant
tout de l'urbanisme réglementaire (mise en conformité des
documents d'urbanisme) pour faire évoluer tous les PLU des communes qui
allaient être traversées par des gares et où cela
n'était pas prévu. Elle s'occupait aussi du foncier soit acheter
tous les terrains pour réaliser le métro soit 10 000 acquisitions
en surface et en sous-sol, pour l'implantation des ouvrages gares, ouvrages
annexes et des tunnels. Cette direction s'appelait donc la direction de
l'Aménagement et de l'Urbanisme dont la directrice était
Catherine Barbé jusqu'à mon arrivée il y a 6 ans.
L'acquisition de ces fonciers a-t-elle
été pensée dans la logique de prévoir des espaces
plus grands que ceux nécessaires pour les infrastructures des gares,
afin d'y implanter des projets connexes ?
Non. On a pris ce que l'on devait, ce qui était
nécessaire pour la réalisation du métro, pour des raisons
évidentes de coûts. On avait un budget estimé sur la base
des besoins d'implantations des ouvrages stricto sensu. Nous devions être
propriétaire des terrains d'assiette de nos ouvrages ou des volumes
d'insertion de nos tunnels, si d'autres missions pour la SGP avaient
été prévues, des budgets supplémentaires auraient
été prévus. Ces dernières années ces budgets
ont fortement augmenté pour plusieurs raisons. L'Etat nous a
confié beaucoup d'autres responsabilités que ce qui était
l'enveloppe initiale, par exemple, en février 2015, la maîtrise
d'ouvrage de la ligne 15 EST, donc environ 3-4 milliards de plus [...] Arc
Express et Grand Paris sont devenus Grand Paris Express. Autre exemple : la
prise en charge d'une partie du financement des halls, accélérer
les lignes 16 et 14 SUD pour les JO (près de 800 millions d'euros de
plus). Autre raison de l'augmentation des coûts, la connaissance des sols
qui font que les provisions pour risques et aléas sont passées
à 25% et
124
qui nous ont fait passer de 28 à 35 milliards. Tout
cela pour dire que le coût est beaucoup plus important aujourd'hui que
celui imaginé à l'époque même si toutes les
études montrent et démontrent, qu'économiquement les
retombées seront sans commune mesure avec le coût. Pour autant
nous n'avons pas encore plus d'argent pour élargir nos
périmètres d'action foncière et se retrouver à
faire de l'aménagement. Donc on reste sur la mission principale
d'acheter des fonciers pour réaliser le réseau de transport. Cela
ne veut pas dire que lorsque l'on achète le terrain d'assiette on ne
soit pas obligé de répondre à une réquisition
totale d'emprise, nous y sommes obligés par la loi et cela nous arrange
pour avoir des emprises chantiers, plutôt que d'aller en louer [...] il
vaut mieux en être propriétaires. Donc vous avez raison, nous
avons un peu plus large que nos stricts besoins mais simplement par l'achat de
ces emprises chantiers qui est une meilleure gestion. Clairement on est
obligé d'acheter des terrains mais pas pour faire de
l'aménagement.
Avec cette compétence d'aménageur qui
vous a été confiée, bien que ce ne soit pas votre mission
principale, comment gérez-vous la relation aux autres aménageurs
du territoire francilien ?
Même si l'île de France est déjà
très bien dotée en outils d'aménagement, nous avons quasi
la même compétence qu'un Etablissement Public d'Aménagement
en plus de notre compétence de maître d'ouvrage transport [...].
Il est évident que tous les autres établissements publics
(EPADESA, EPAORSA etc.) ont été constitués pour
l'aménagement donc nous n'allions pas arriver avec nos gares et prendre
leur rôle alors qu'ils sont implantés, ont des compétences
et des effectifs. Donc le but n'est pas de substituer aux autres
aménageurs, mais même de les laisser aménager autour des
gares. L'IDF comporte plus de 100 SEM ou SPL, donc il y a des outils locaux,
les SEM départementales sont très puissantes comme SEQUANO ou la
SADEV94 donc nous n'avons aucun intérêt à prendre leurs
fonctions. Notre rôle d'aménageur a vite été
pensé comme un rôle en subsidiarité, c'est-à-dire
que là où il n'y avait pas d'aménageur ou pas de
capacités humaines, on pouvait si le maire ou le territoire le
demandait, intervenir toujours dans le périmètre. Et cela dans un
souci très réel de se dire que cela n'a pas de sens aujourd'hui
de réaliser une gare, qui va profondément modifier les flux d'un
territoire, si derrière il n'y a personne pour organiser le
développement et le fonctionnement du quartier autour, voire sa
transformation. Cela doit se faire au titre de l'aménagement mais nous
avons aussi des études, études place de la gare et études
pôles pour organiser l'intermodalité, la multimodalité avec
les territoires, car une gare sans capacité de rabattement est un
échec [...]. La force de la gare est sa capacité à
irriguer un territoire. Un territoire qu'on lui estime très lié
sur 800m, soit un rayon de 10 min de marche autour de la gare, 5 min en
vélo.
125
Le législateur, a demandé que ces
opérations d'aménagement soient validées par le conseil de
surveillance de la SGP, constitués par des grands décideurs : 11
administrateurs Etat (majoritaire) et 10 élus locaux, qui sont les 8
présidents de département de l'IDF, la présidente de la
région, depuis la semaine dernière un représentant des
territoires _ par décret du Président de la République _
à savoir Patrick Braouezec président du territoire de Plaine
Commune, et enfin un commissaire du gouvernement qui est le préfet de
région. Pourquoi faire remonter la compétence aménagement
à ces grands décideurs ? On ne souhaitait pas qu'un maire nous
demande d'aménager n'importe comment un territoire sur lequel on aurait
perdu beaucoup d'argent. On n'a pas d'argent pour l'aménagement. Tout
l'argent qui vient à la SGP, à travers ses recettes fiscales
affectées _ qui vont évoluer lorsque Gilles Carrez aura fait
valide la révision de nos bases taxables pour nos recettes fiscales par
le gouvernement dans quelques semaines _ est dédié au transport.
L'aménagement ne pouvait donc être conçu par nous
qu'équilibré ce qui est normalement le sens de
l'aménagement. Nos dépenses d'aménageur doivent être
couvertes par les recettes des ventes de lots fonciers sur nos
opérations d'aménagement.
Peut-on dire que les projets connexes n'ont pas du
tout servi l'idée de base qui était de « renflouer »
les caisses de la SGP ?
Non. Ce n'est pas du tout cela, mettons de côté
les projets connexes. Ceux qui pensaient que les projets d'aménagements
allaient procurer des recettes à la SGP se sont trompés. C'est
faux. Un aménageur ne fait jamais fortune, il a des dépenses
d'investissement lourdes, il est généralement public avec des
garanties des collectivités pour le compte desquelles il est
aménageur. Donc ça ne rapporte rien mais ça coût de
l'argent et il faut le sortir avant pour prééquiper les terrains
avant de vendre les lots. De manière très lucide, le
législateur avait demandé avant que l'on soit aménageur
qu'on ait une validation du conseil de surveillance. Aujourd'hui le constat est
que nous ne sommes aménageur nulle part, cette subsidiarité n'a
pas eu raison de jouer, nous n'avons pas eu les moyens et les effectifs, et une
volonté de restreindre la puissance de la SGP qui est intervenue. On
devenait à la fois l'opérateur du plus gros projet de l'histoire
européenne, le réseau du Grand Paris Express, et on avait en plus
une compétence d'aménageur, vaste géographiquement et
autour de gares, le plus intéressant pour les aménageurs donc
[...]. Le périmètre passant de 400m à 600m, sans
même que ce soit voulu par la SGP, a attisé la méfiance des
autres aménageurs.
Vous l'avez compris en achetant nos terrains pour les gares,
on achète des dizaines d'hectares malgré tout en zone urbaine
dense, ce qui n'est pas négligeable. Qu'y fait-on ? Une gare comme un
iceberg : la partie émergée et la boîte voyageurs,
très belle mais petite [...], alors que les gares aujourd'hui, et selon
les modèles actuels internationaux, ont vocation à être
un
126
élément d'un ensemble urbain que nous appelons
désormais connexe puisque totalement « pluguée »
à la gare, constituée par un programme immobilier destiné
à être le signal de la gare. Sans pour autant toujours vouloir
faire plus haut pour se démarquer, l'idée est de montrer la
volonté de ce que l'on veut pour le quartier de gare.
Le projet connexe l'est en effet morphologiquement,
mais on peut affirmer qu'il est aussi connexe au sens de faire partie du
même foncier que le projet gare ?
Evidemment c'est tout à fait cela l'idée. Le
code des établissements publics nous oblige à valoriser notre
patrimoine. Il y a donc une dimension de bonne gestion. Lorsque la gare sera
réalisée, elle restera dans le patrimoine dans la SGP avant
d'être cédée à tel ou tel opérateur par
l'Etat. Puisque la SGP est une société de projet ayant vocation
à disparaitre, elle aura donc à terme : une mission de
dévolution de son patrimoine, un remboursement de dettes. Nous ne sommes
pas exploitants, 95% de nos effectifs est là uniquement pour la
réalisation du réseau de transport. La bonne gestion se traduit
de deux manières. Premièrement, éviter qu'à terme
on ait des dizaines de milliers de m2 résiduels à
côté des gares qu'il faille gérer, il faut mieux
céder tout ce dont nous n'avons pas besoin. Ce dont nous avons besoin ce
sont les ouvrages nécessaires au fonctionnement du métro : gares,
ouvrages annexes, sites de maintenances, tunnels etc. Aujourd'hui, on a
réussi à imaginer qu'on pouvait en plus faire des
opérations, comme la RATP le fait à travers sa filière
SEDP depuis 20 ans qui travaille à la valorisation d'un certain nombre
de ses actifs avec des ouvrages en fonctionnement (gare routière,
ferroviaire, site de maintenance), ce qui a un coût très
élevé.
Ce coût excessivement élevé de
réaliser des projets dont la conception est postérieure à
celle du réseau et des gares est dû au fonctionnement mais
également au fait que les ouvrages ne sont pas adaptés pour
accueillir ces projets non ?
En effet, on le voit avec la RATP, cela coûte une
fortune à cause de la reprise en sous-oeuvre notamment. La RATP a tout
de même fait des ouvrages splendides, je pense au projet Porte
d'Orléans, au-dessus du centre-bus. Nous nous sommes alors dit, si ces
projets connexes, au lieu de les faire dans 50 ans, on les imagine dès
le départ, alors on imagine une urbanité beaucoup plus
séduisante que la gare du XIXe siècle et on est capable, en
travaillant avec nos collègues de la direction du programme (comportant
les directeurs de projet), de déterminer en amont une programmation et
ce que l'on veut sur telle ou telle gare.
Finalement, peut-on dire que cette conception en amont
des projets connexes en concomitance avec celle des projets gare,
reflète avant tout des problématiques économiques
?
127
Plus on prend le projet en amont plus on peut avoir quelque
chose d'économique dans la conception avec des interfaces qualitatives
et les moins coûteuses possibles. Cela peut même avoir des
avantages techniques, par exemple il y a une ou deux gares dans lesquelles il
était prévu des parkings pour des opérations connexes, et
qui servent de bassin de rétention pour les eaux de pluie. Il y a de la
mutualisation de fonction. Quand nous avons commencé à y
travailler avec Ioannis Valougeorgis, on a proposé l'idée des
opérations connexes au directeur en 2012 qui a tout de suite
validé, que ce soit lui, son successeur, ou aujourd'hui le 4ème
président, ils sont tous sur cette logique. C'est un travail
compliqué entre les maîtrises d'oeuvre et les directeurs de projet
assez éloignés de la problématique connexe étant
ingénieurs du métro, entre les architectes de la gare qui ne
peuvent pas être architectes de l'opération connexe...
Pourquoi ne pas avoir choisi pour chaque binôme
gare/projet connexe, un architecte commun ? Cela semble plus
simple.
En fait cela s'est fait pour des raisons plutôt
juridiques. Nous ne pouvions pas dans des opérations connexes,
confiées à des maîtres d'ouvrages tiers, ne pas faire de
consultation, ors, l'architecte de la gare aurait eu plus d'informations que
les concurrents. Le promoteur qui aurait pris l'architecte de la gare en
premier aurait eu toutes les chances de gagner ce qui n'est pas
équitable.
Devez-vous respecter les règles du marché
public ?
Nous ne sommes pas en marché public pour les projets
connexes mais en vente de foncier pure. C'est une cession foncière
après sélection. Nous nous basons sur le PLU décidé
par la ville, qui nous consulte réciproquement. En effet nous ne pouvons
pas appliquer n'importe quelle volonté des communes en termes de
programmation sur un projet connexe car il doit être
économiquement équilibré, sinon il sera refusé par
le directoire. Nous n'avons pas d'argent pour les réaliser, ils doivent
nous rapporter de l'argent, on peut mettre un peu de trésorerie pour
quelques surcoûts techniques au départ, mais les recettes
envisagées lors de la vente au titre de l'acte authentique, du volume et
des emprises, devront couvrir les dépenses engagées. Donc plus on
réfléchit en amont, moins on coûte cher.
Comment répondre aux besoins locaux ? Le logement
répond quasi dans tous les cas de figure aux besoins locaux, le logement
social pourquoi pas mais il faut en avoir besoin véritablement,
autrement leurs recettes ne sont pas suffisantes pour équilibrer les
surcoûts. Ces opérations sont donc faites sur la base d'une
programmation voulue par la ville, qui doit ensuite l'intégrer d'une
manière ou d'une autre à son PLU, car pour rappel la MECDU
(Mise
128
en Conformité des Documents d'Urbanisme)
prévoyait initialement sur nos assiettes foncières, uniquement
une gare. On oriente le PLU peu ou prou, car il faut pouvoir porter des
surcoûts terribles dans la dalle de répartition ou les poteaux sur
lesquels vont reposer l'opération connexe, le but étant que
l'opération sorte et se vende bien.
Qu'attendez-vous donc des offres de charges
foncières proposées à l'issue des consultations
?
La consultation de charge foncière comporte une
variable coût modeste. Pourquoi ? On veut que les revenus nous permettent
au moins de compenser les surcoûts techniques. Nous attendons des offres
mais nous savons précisément ce qu'il nous faut pour ne pas
perdre d'argent, sachant que les deux risques principaux sont les
surcoûts techniques (quelques centaines de millions d'euros si pris en
amont) et fiscalité appliquée à l'immeuble. Dans les
critères de choix de notre opérateur, dès lors que nous
atteignons l'équilibre, nous nous fonderons sur des critères de
qualité du projet, de programmation et surtout sur la
sécurisation de nos choix techniques. Il ne faut pas que l'immeuble
choisi vienne faire prendre un risque à la future gare. Par exemple sur
l'opération attribuée à ICADE sur Issy-les-Moulineaux,
juste en volume avec 7600m2 SDP et R+15, un des candidats avait
répondu avec un beau projet de 11 000m2. Donc l'offre
financière était plus forte de quelques millions d'euros par
rapport à ses voisins, cela aurait été top si nous avions
résonné en termes de m2 mais le directeur projet
n'avait pas les réserves pour aller au-delà d'environ
8000m2, les porteurs n'étaient pas prévus pour. Le
candidat n'avait pas bien pris en compte le CCT (Cahier des Charges Techniques)
qui est fondamental. C'est d'ailleurs à partir de ce projet signal, que
la commune a ensuite décidé de développer tout le reste du
quartier avec la ZAC Léon Blum. Nous avons été
déclencheurs de projets urbains. Sur un autre projet à
Créteil attribué quelques mois avant, un candidat avait fait un
très beau projet sur le plan architectural, mais qui a soulevé un
doute au moment de l'analyse des dossiers techniques sur plusieurs point,
notamment si l'immeuble était IGH ou pas. Le candidat n'a pas pu
être retenu.
Quelle est la différence entre ces cessions de
charges foncières et un marché public classique dans la mesure
où la SGP est publique ?
La loi aujourd'hui autorise n'importe quel propriétaire
public à vendre ses biens en gré-à-gré. Nous
faisons des consultations en raison de notre image, car les projets
intéressaient beaucoup de maîtres d'ouvrage privés et que
nous n'avions aucune raison d'en privilégier un plus qu'un autre mais
nous en aurions eu le droit. Nous avons un cas particulier d'une gare en
correspondance avec une gare de la RATP qui avait déjà choisi son
maître d'ouvrage pour faire ce type d'opération, nous avons donc
gardé le même pour des questions de pratique.
129
Pour en revenir à la programmation des projets
connexes, en délivrant les permis de construire, la commune garde le
dernier mot sur la réalisation ?
En effet, contrairement à la gare qui relève
d'un permis Etat, le projet connexe relève d'un permis ville. La ville
est évidemment associée, elle n'a pas vraiment le dernier mot,
c'est un dernier mot commun à l'issu d'un travail commun. Nous avons des
mécanismes de retour à meilleur fortune, en raison des
décalages entre l'attribution et la livraison, parfois de 10 ans. Mais
nous avons aussi prévu des mécanismes dans lesquels
au-delà d'un certain montant, des recettes vont à la ville. Ce
qui l'intéresse et donc l'incite à nous donner plus de droit
à construire, même si ce n'est pas tant ce qui nous
intéresse, si ce n'est donner un signal urbain.
A partir de quel seuil ces recettes sont-elles
versées à la ville ? Comment fait-elle l'acquisition des
équipements qui peuvent lui être destinés dans le cadre de
l'opération connexe ?
Passé l'équilibre financier de
l'opération, nous nous laissons généralement de quoi se
rembourser une partie des coûts du terrain, et au-delà de
ça une part non négligeable revient à la ville. Chaque cas
de figure est différent, par exemple des communes nous demandent un
parking public alors qu'il est très dur aujourd'hui d'estimer les
besoins en stationnement futur autour des gares, en plus IDF mobilités
ne finance pas les parkings dans les gares de petite couronne pour des
questions d'engorgement. Si la ville souhaite un parking public mettons de 200
places, il est évident que cela va venir dégrader fortement les
recettes du projet, à la fois pour la SGP et surtout pour la ville
« servie en dernier ». Ils peuvent en revanche décider
après coup d'affecter les recettes du projet à tel ou tel
équipement, sans dégrader l'opération. Un marché
public sera d'ailleurs lancé sous peu, afin de déterminer
partenaire soutenant un moyen innovant d'optimiser le stationnement sur tous
les projets grâce à la mutualisation du stationnement. Les besoins
ne sont pas les mêmes aujourd'hui que dans 5 ans, il y a aussi une
problématique actuelle due au fait que nous perdons beaucoup de places
en phase de chantier et à laquelle il faut des alternatives.
Dans cette situation où les communes sont en
mesures de réclamer leur dû sur toutes les opérations
connexes entreprises par la SGP, comment gérer cette image de «
poules aux oeufs d'or » ?
Nous ne voulions pas dans le cadre de l'aménagement, se
retrouver le financeur de tous les déficits des élus, d'où
le passage en conseil de surveillance. Pourtant on nous a appelé pendant
un temps « la société des grandes poches », en
exagérant un peu, il fallait que l'on fasse la gare et puis tout ce que
les communes désiraient pour ne pas se voir bloquer des
130
chantiers (ce qui est extrêmement coûteux). Une
semaine de blocage de chantier d'une grande entreprise de génie civil
est de l'ordre de 300 000€, on va vite peser le pour et le contre.
Aujourd'hui nous irions sans doute au contentieux, mais si cela dure des mois,
multipliés par le nombre de semaines à 300 000€, bien que
nous gagnions, nous aurions perdu des millions d'euros (du contribuable) et la
commune sera seulement condamnée à payer l'euro symbolique.
Aujourd'hui on est dans une phase où les élus ont tous
validé les projets de gares mais déplore le problème des
nuisances dues aux chantiers. C'est tout un travail de faire accepter les
chantiers sur le territoire pendant des années, c'est le travail de
Christian Garcia. Au début il devait faire accepter le projet du Grand
Paris sur le territoire et maintenant il doit faire accepter les chantiers du
Grand Paris pendant des années.
Ressentez-vous donc la sensation que la
Société du Grand Paris, se retrouve victime de chantage de la
part des collectivités et institutions locales ?
Pour aller au-delà de ça et être encore
plus paradoxal nous avons l'exemple de l'article 13 de la loi Grand Paris qui
prévoit qu'une gare réalisée dans une ZAC
créée par un Etablissement Public d'Aménagement (EPA)
donne lieu à une contribution de l'EPA pour la réalisation de la
gare ; ce qui parait logique : il y a une gare donc l'équilibre de la
ZAC est totalement différent. Croyez-le ou non, tous les EPA nous ont
demandé de payer des sommes folles en participations voire en pertes de
droits à construire, puisque dès lors qu'il y avait une gare ils
avaient moins à construire. Mais perte de quoi ? Sans la gare il n'y
aurait jamais eu de ZAC de démarrée, l'Etat n'a pas
arbitré là-dessus et demander à ce que les EPA respectent
la loi dans la mesure où la SGP paye déjà très cher
pour la réalisation d'une gare, entre 100 et 200 millions d'euros. Le
gouvernement le 22 février, par la loi du 1er ministre a
différé la réalisation de certains tronçons, et
certains EPA nous demandent donc d'accélérer alors même
qu'ils ont tout fait pour nous retarder dans la réalisation de la gare
car nous ne leur donnions pas les participations exigées. Tel est
pris qui croyait prendre. Chacun se battait de son côté en
croyant que la Société des Grandes Poches allait financer les ZAC
déficitaires, les équipements publics sur la commune... mais non
la SGP ne peut pas tout financer, le réseau de métro est
déjà conséquent.
Malgré l'augmentation de 25% des provisions
pour risques et aléas, comment envisagez-vous l'absorption des milliards
de dépenses supplémentaires annoncées récemment
?
Le risque et connu et défini mais l'aléa est
inconnu, on a notamment des aléas de nature de sol. Il y a deux types de
pollution de sol : la pollution anthropique et la pollution naturelle des sols,
pour lesquelles nous mettons environ 15% de provision sur le coût du
foncier ou du tronçon. Cela peut être plus ou moins, par exemple
sur la gare de Saint-Maur, nous sommes
131
passés de 25m à 52m de profondeur à cause
de l'argile verte des sols, ce qui a été beaucoup plus
coûteux. De la même manière il y a des gares ou des tunnels
en zone de carrière, qu'il faut remblayer, en zone gypseuse soit
plusieurs centaines de millions de surcoût... On avait pourtant fait 5500
sondages mais on s'aperçoit que sur 200km linéaires c'est
insuffisant car il peut y avoir des incidents ponctuels sur 10m. Par exemple
nous avions acheté 29ha à PSA sur Aulnay, qui pensait que tout
avait été dépollué, malheureusement non d'où
plusieurs de centaines de millions d'euros à traiter.
Donc l'objectif n'est pas de consommer les 7 milliards d'euros
ajoutés en provisions pour risques et aléas, mais il est probable
qu'on en consommera une partie. Nous regardons donc aujourd'hui des moyens
d'optimisation pour réduire des coûts qui ne seraient pas
indispensables mais c'est un dialogue très compliqué entre un tas
d'acteurs, avec IDF mobilités qui s'occupe du fonctionnement du
réseau par exemple dans le cas de suppression d'une liaison trop
coûteuse, le gestionnaire du réseau sera RATP GI (Gestionnaire
d'Infrastructure), dans le cas d'optimisation d'éléments de la
gare. Donc nous passons notre temps à voir où nous pouvons
économiser dans les projets gares, les projets connexes également
participent de cela, puisqu'ils doivent rapporter à la SGP en plus de
rapporter au territoire.
Qu'est-ce qui se cache derrière les
constructions en surplomb des gares : une volonté de développer
des m2 à tout prix même en ne vendant que des droits
à construire ?
La démarche est très pragmatique. Sur la gare
d'Issy RER nous avons acheté la surface modeste de 1300m2 au
sol, qui nous ont en plus coûté très cher en raison des
infrastructures présentes, en raison de cette surface nous avons donc
fait uniquement une vente de volume. Nous faisons au cas par cas, parfois nous
n'avons pas d'autre choix que le surplomb.
Pensez-vous qu'en raison du réseau de transport
et des infrastructures qui y sont liées, la SGP est un aménageur
qui doit être encore plus strict et vigilent dans ces opérations
?
Considérez bien que nous ne sommes pas
aménageur, que l'aménagement se fait en dehors de nous la plupart
du temps, notamment pour les équipements. Beaucoup de nos gares, de nos
opérations connexes, sont réalisées dans des
opérations d'aménagement. Pour prendre l'exemple de Bagneux, nous
nous sommes retrouvés à proposer une gare au milieu de la ZAC
Victor Hugo, dont l'architecte conseil était Arte Charpentier et
l'aménageur la SEMABA, dont les actifs ont depuis été
repris par la SADEV94. Cela représentait 19ha, on ne s'est pas cru
autorisés à se substituer à l'aménageur mais nous
avons décidé de mutualiser l'opération connexe avec la SEM
et la ville qui ont donc élargi le périmètre. Nous n'avons
pas fait une
132
consultation sur un immeuble sur le modeste foncier SGP mais
sur 6 immeubles sur un foncier plus large. Nous avons également
intégré deux autres de nos opérations, cette fois ci avec
un aménageur Etat :
L'opération connexe de la gare de Brie Villiers
Champigny _ qui fera 11 000 à 12 000m2 sur les 130 000
à 140 000m2 gagnés dans IMGP1 par la Compagnie de
Phalsbourg sur un territoire EPAMARNE _ a été
intégrée à la ZAC Marne Europe qui contient un macrolot
intégrant donc la gare et le projet connexe que nous avions
prévu. Nous avions tenu à ce que les opérations soient
quasiment des pages blanches pour les candidats, car si les maires avaient
souhaité des programmations trop fines il n'y aurait peut-être
jamais eu de réponse. Souvent c'était des terrains qu'ils
n'arrivaient pas à commercialiser en bureaux depuis 40ans, donc il n'y
avait pas de raison que cela marche aujourd'hui. Nous leur avons donc
conseillé de ne pas imposer de programmation et d'évoluer les
propositions ensuite.
L'autre opération est celle des Ardoines à
Vitry, où Linkcity a gagné près de 180 000m2
dont 12 000 au-dessus de la gare qui étaient déjà
prévus par la SGP. Dans ce cas-là nous nous inscrivons dans un
projet plus vaste où nous ne représentons plus qu'un lot d'une
opération d'aménagement conduite par un autre. Donc nous
mutualisons nos opérations dans le cas où il existe
déjà un projet d'aménagement mené par un autre
aménageur qui va en plus réaliser les équipements, et si
tout est bien mis en relation, cela a plus de chances de fonctionner qu'un
projet isolé.
d. Entretien 4
NICOLAS FERRAND
Fonction : Directeur général de la SOLIDEO, ex
directeur général des Etablissements publics d'aménagement
de Marne-la-Vallée
Type : Entretien physique
Lieu : SOLIDEO (75)
Date : 28/08/2018
Comment expliquez-vous la compétence
d'aménageur dont a pu être dotée la SGP ?
L'ensemble des terrains de part et d'autre de l'infrastructure
de transport se valorise, tous les terrains autour prennent de la valeur. Et
l'idée est qu'il serait formidable que cette plus-value
133
soit récupérée par celui qui finance
l'infrastructure de transport. Et c'est une idée qui n'est pas neuve, il
y a 20 ans à l'époque de la relance des tramways, on avait
travaillé sur les outils pour pouvoir récupérer la
plus-value foncière autour des lignes. Ce qui a très bien
marché historiquement et dans les pays du nord, c'est que la puissance
publique au sens large était propriétaire de tous les terrains
avant même de lancer l'opération d'infrastructure de transport.
Donc quand le terrain se valorise, le propriétaire est public,
aujourd'hui ce sont des propriétaires privés qui possèdent
les terrains autour des gares. Et la plus-value qui va être
créée est très difficile à estimer entre ce qui est
lié à l'arrivée du métro du Grand Paris ou ce qui
est lié au fait que tous les terrains en IDF sont en train de prendre de
la valeur. Jouant sur cette difficulté-là, i y a une pression des
propriétaires privés qui ont fait que l'on n'arrive pas à
mettre en place des dispositifs pour récupérer une partie la
plus-value liée à l'arrivée des transports. On est
bloqué notamment par la cour européenne de justice qui dit que la
propriété privée est un droit etc. On a essayé de
contourner la chose en disant que la SGP pouvait être aménageur,
non seulement qu'elle faisait l'infrastructure mais qu'en tenant
l'aménagement elle pouvait récupérer une partie des
plus-values sans être propriétaire mais en étant à
la charnière de cette création de valeur par l'aménagement
urbain, la création de droits à construire. Il y avait
déjà un certain nombre d'autres acteurs en place, notamment les
SEM et les EPA, déjà sur ces positions d'aménagement et
bien connus et bien implantés dans le jeu d'acteurs local, et en fait la
SGP n'a pas réussi à faire son trou [...]. Donc cette
affaire-là a échoué.
Si la SGP n'a jamais vraiment réussi à
s'implanter en tant qu'aménageur, elle ne cache pas pour autant son
intention d'intervenir uniquement en subsidiarité des autres
aménageurs ?
Mais c'est ce qu'ils ont dit quand ils se sont aperçus
que le passage en force ne marchait pas. Les premières idées, qui
n'étaient pas idiotes, étaient de dire on aménage ce qu'il
y autour des gares. Ça marchait dans un terrain de betteraves, ça
ne marchait pas dans un tissu constitué où il y avait
déjà beaucoup de propriétaires et d'acteurs qui faisaient
autour ; le gares ne sont pas arrivées là totalement par hasard,
elles sont arrivées là où des terrains étaient
disponibles et où on sentait qu'il y avait du potentiel de mutation,
donc déjà des acteurs privés ou publics à la
manoeuvre autour. La SGP en arrivant n'a pas réussi à s'ancrer
dans ces contextes.
La loi impose qu'une partie des
bénéfices des opérations d'aménagement conduites
sur les territoires des gares, et qui bénéficieront de leur
rayonnement, doit être réinjectée pour le financement de
l'infrastructure de transport. Pour autant la SGP affirme que cela ne se fait
pas, pourquoi ?
134
Non ça ne se fait pas du tout car les opérations
d'aménagement sont toutes déficitaires, c'est-à-dire que
la SGP fait son réseau de transport dans un tissu urbain
déjà construit. Tous les bâtiments appartenant à des
propriétaires privés qui entrent dans une opération de
reconfiguration suivent le même schéma, ils sont rachetés
au prix des bâtiments construits et démolis par les
aménageurs. L'aménageur va revendre derrière des terrains
nus avec ce que l'on appelle des droits à construire c'est-à-dire
au prix des charges foncières [...] et le bilan aménageur est
toujours déficitaire. La collectivité quel qu'elle soit vient
compenser ce déficit car les promoteurs ne peuvent pas toujours acheter
les terrains aux charges foncières demandées par
l'aménageur. Le prix de sortie est tenu par le marché et le fait
que tous les territoires sont en concurrence, et en plus le promoteur dit
j'arrive à tel prix, je peux mettre tant dans les charges
foncières, tant dans les travaux etc. A partir de là on arrive au
prix auquel le promoteur est susceptible d'acheter les terrains. [...] On peut
toujours faire plus de m2 pour compenser mais il n'y a pas toujours
le marché pour, donc l'idée n'est pas bonne. [...] Ce faisant,
les opérations d'aménagement sont déficitaires, ce sont
les collectivités qui payent et si à ce déficit vous
rajouter un petit tuyau qui va vers la SGP ce n'est pas possible.
On peut dire que la loi relative au Grand Paris est mal
faite ? Ou pas réaliste ?
La loi est adaptée peut-être sur certains
territoires de l'Ouest dans les Hauts-de-Seine où l'on peut beaucoup
construire parce que le marché est très actif et très
haut. Dans ce cas-là, on crée beaucoup de valeur avec des
opérations équilibrées et ça a un sens que l'on la
reverse quelque part à la SGP ; cela n'a certainement pas de sens en
Seine-Saint-Denis ni dans le Val-de-Marne où les opérations vont
peut-être être juste à l'équilibre ou
déficitaires et où l'on pourrait densifier un petit peu ou pas
beaucoup.
Que pensez-vous du surnom donné à la
SGP, il y a un temps, de « société des grandes poches »
?
Il faut avoir un chiffre en tête, en IDF il y a à
peu près 60 millions de m2 de bureaux. [...] Autour des 68
gares du Grand Paris il était prévu 11 millions de m2
de bureaux, les élus imaginaient donc que l'arrivée du
métro leur permettrait de faire partout du bureau. 11 millions c'est
trois fois la taille de la défense, le marché n'est pas
là, même avec le renouvellement du stock et la croissance du
marché de bureaux qui n'est pas à cette échelle-là.
Donc il y a une espèce de mirage qui a été de dire toutes
les gares, tous les territoires allaient être équivalents et que
l'on pouvait faire du bureau partout. Cela ne marche pas.
Sur mon terrain d'étude qui est la ligne 15
Sud, les gares de Bry-Villiers-Champigny et Noisy-Champs voient se
développer à proximité des projets urbains dont
l'aménageur est
135
l'EPAMARNE. Je m'interroge sur les relations entre la
gare et ses projets, entre l'EPAMARNE et la SGP, pouvez-vous m'en dire plus
?
La gare de Noisy-Champs est un objet architectural sur lequel
on ne peut rien construire [...]. Elle est horriblement chère car elle
dessert le RER A, la ligne 15, la ligne 11 et le départ de la ligne 16
avec des contraintes techniques abominables [...] et en plus nous sommes
au-dessus d'une grosse nationale qui arrive à L'A4 et on a fait la gare
à l'endroit exact où tout se croise, c'est extrêmement
cher. Pour cela la SGP prend des emprises très importantes et à
cet endroit-là il y a un projet urbain qui a été fait
à un moment par Yves Lion (l'EPAMARNE a changé d'urbaniste pour
ce projet depuis le départ de Nicolas Ferrand), où l'on essaye de
reconstituer une place carrée avec une gare ovale au milieu, à
cheval sur le 93 et le 77, à cheval sur un territoire de la
métropole avec la RATP et l'autre partie en dehors. [...] La SGP ne
pouvant pas modifier ses emprises travaux à cheval sur le projet d'Yves
Lion, cela plante tout le projet urbain et donc ce que le visiteur voit
dès qu'il sort du métro. 900 000m2 c'est l'ensemble du
projet qui fait 30ha avec deux projets distincts, l'un à
Champs-sur-Marne « le cluster Descartes » et l'autre à
Noisy-le-Grand.
Le projet sur Bry-Villiers-Champigny est sur une seule
commune, il y a le RER E et la ligne 15 [...] et une ZAC autour de la gare dont
EPAMARNE est aménageur. La boite gare n'est pas un objet posé
autonome comme le projet de Dutilleul, c'est un objet au-dessus duquel il y a
un projet connexe compliqué car il y a des problèmes de
fondations mais pour lequel il y a de la place. De mémoire on y faisait
une résidence étudiante et du bureau, puis toute une série
m2 programmés dans le cadre de l'opération
d'aménagement qui va profiter pleinement de la gare.
Dans ce contexte où la SGP n'aménage pas
autour des gares comme cela été prévu, elle reste bien
maîtresse des cessions foncières de ses opérations connexes
et donc leur aménageur ?
La SGP est propriétaire et elle revend mais est-elle
aménageur ? Aménager c'est avoir une emprise assez grande, y
faire un peu d'espaces publics, la diviser et créer des droits à
construire. Oui on peut dire que la SGP est aménageur d'une certaine
manière, sur leurs emprises mais qui représentent des tout petits
projets à l'échelle de la ville. Donc techniquement oui ils sont
aménageurs [...].
Contrairement à ce que tout le monde croyait, peu de
richesses ont été créées. [..] Si vous voulez
créer de la valeur autour d'une gare il faut densifier, mais attention
il n'y a pas toujours le marché, c'est une des raisons pour lesquelles
on ne peut pas monter. L'autre raison pour laquelle on ne peut pas densifier
c'est qu'il y a un paquet de maires qui ont dit non. Par
136
exemple à Saint-Maur-des-Fossés, dans un premier
temps le maire a refusé d'avoir une gare du GPE et puis ensuite il a
refusé de monter en hauteur autour de la gare, ce qui ne
génère pas de valeur comme du R+8 ou R+9. Ce que la loi n'a pas
prévu, c'était de dire « dans un rayon autour de 800m autour
de la gare, a minima, les immeubles auront par exemple 7 étages ».
On aurait pu dire ça mais ce serait allé contre la libre
administration des collectivités. [...] Le parlement n'est pas
allé jusqu'à forcer la main des collectivités pour
garantir le fait qu'il y ait suffisamment de valeur créée qui
pourrait éventuellement aller alimenter la SGP après, le projet
connexe aurait pu être beaucoup plus gros et les projets autour
étant plus gros on aurait pu avoir des flux financiers plus
importants.
137
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 3
INTRODUCTION 5
1. Le Grand Paris Express, la Société du Grand
Paris et les projets connexes 5
2. Problématique et hypothèses émises
7
3. Méthodologie adoptée 10
SOMMAIRE 15
INDEX DES ABBREVIATIONS 16
PARTIE 1 : DEFINITION ET CONTEXTE DES PROJETS CONNEXES AUX
GARES DU GRAND PARIS EXPRESS
CHAPITRE PREMIER : QU'EST-CE QU'UN PROJET CONNEXE ?
|
19
21
|
1.
|
|
L'approche conceptuelle des projets connexes
|
21
|
|
a.
|
Le pôle-gare formé par le complexe gare/projet
connexe
|
21
|
|
b.
|
Les projets connexes : marqueurs de situations territoriales et
interfaces urbaines
|
23
|
|
c.
|
Les trois piliers du projet connexe
|
25
|
|
d.
|
Les pôles-gare, marqueurs de l'identité
métropolitaine
|
26
|
2.
|
|
Définition spatiale et morphologique des projets
connexes
|
26
|
|
a.
|
Les enjeux interscalaires du projet connexe
|
27
|
|
b.
|
Dimensions et natures d'un projet connexe
|
27
|
|
c.
|
Le projet connexe : de la simple superposition à son
intégration dans les projets des villes
|
29
CHAPITRE 2 : DU CONCEPT A LA PRATIQUE, LA MISE EN OEUVRE DES
PROJETS CONNEXES
|
32
|
1.
|
|
Les stratégies programmatiques et morphologiques des
projets connexes
|
32
|
|
a.
|
Intensifier le pôle-gare
|
32
|
|
b.
|
Identifier le pôle-gare
|
33
|
|
c.
|
Le laboratoire d'expérimentation des projets connexes
|
34
|
2.
|
|
La mise en oeuvre opérationnelle des projets connexes
|
38
|
|
a.
|
De la maîtrise d'ouvrage publique à la
maîtrise d'ouvrage privée
|
38
|
|
b.
|
La co-temporalité des projets pour une gestion durable du
pôle-gare
|
40
|
|
c.
|
Le processus de construction du pôle-gare
|
41
|
PARTIE 2 : DANS QUELLE MESURE LES PROJETS CONNEXES
CONSTITUENT-ILS UNE OPPORTUNITE DE
VALORISATION FONCIERE POUR LA SOCIETE DU GRAND PARIS ? 45
CHAPITRE PREMIER : LA SOCIETE DU GRAND PARIS ET L'AMENAGEMENT
47
1. L'avènement d'un nouvel aménageur ? 47
a. Que dit la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris ? 47
b.
138
L'article 7 conférant à la Société du
Grand Paris les compétences relatives aux aménageurs 49
c. Les projets connexes dans le périmètre
d'exercice de cette compétence d'aménageur de la
Société du Grand Paris 52
2. La Société du Grand Paris : un nouvel
établissement public vivement contesté 53
a. La « Société » du Grand Paris : un
ovni juridique 53
b. La Société du Grand Paris, l'ennemi de la
décentralisation ? 55
CHAPITRE 2 : MOBILISER LE FONCIER DU GRAND PARIS : UNE AFFAIRE
D'ETAT 59
1. Les enjeux de valorisation foncière autour des
pôles de transport 59
a. Le mécanisme valorisation foncière autour des
pôles de transport 59
b. Les outils de captation des plus-values foncières aux
abords des infrastructures de
transport 60
2. La captation des plus-values foncières autour des gares
du Grand Paris Express 62
a. La connaissance des potentiels fonciers aux abords des gares
63
b. Le positionnement de la Société du Grand Paris
face à la dynamique foncière du Grand Paris 65
CHAPITRE 3 : L'AMENAGEMENT POUR FINANCER LE TRANSPORT :
LA SOLUTION DES PROJETS
CONNEXES ? 68
1. Les limites de la captation foncière dans les quartiers
de gare par la Société du Grand Paris . 68
a. Les idéaux de la loi Grand Paris difficilement
atteignables 68
b. Les projets connexes, dernier levier d'action pour la
Société du Grand Paris 69
2. Quel soutien apportent réellement les projets connexes
aux projets gare ? 71
a. Le financement du Grand Paris Express 71
b. Un projet connexe financièrement ? 72
CONCLUSION DE LA PREMIERE HYPOTHESE 74
PARTIE 3 : EN QUOI LES PROJETS CONNEXES SONT-ILS A CONSIDERER
PRINCIPALEMENT COMME DES
OUTILS DE PLUS-VALUE URBAINE ? 75
CHAPITRE PREMIER : ENTRE TRANSPORT ET AMENAGEMENT, LA SOCIETE DU
GRAND PARIS A
L'EXERCICE DE L'URBANITE 77
1. Aménager : une priorité pour la
Société du Grand Paris ? 77
a. Le métro d'abord... 77
b. ... les projets connexes ensuite 78
2. Le Grand Paris Express : levier de projets urbains 80
a. Le changement de paradigme des quartiers de gare par le
projet connexe 81
b. Les gares du Grand Paris : déclencheurs de projets
urbains ? 82
CHAPITRE 2 : LA SOCIETE DU GRAND PARIS : AMENAGEUR CONVAINCU OU
CONTRAINT ? 86
1. Les projets connexes aux prises des volontés locales
86
a. Le projet connexe au service de la ville... 86
139
b. ... Aux risques et périls de la Société
du Grand Paris 88
2. La Société du Grand Paris : un aménageur
en subsidiarité ? 90
a. La mutualisation des projets d'aménagements 91
b. La complexité du jeu d'acteurs autour de la
Société du Grand Paris 92
CONCLUSION DE LA SECONDE HYPOTHESE 95
CONCLUSION GENERALE : LA SOCIETE DU GRAND PARIS, UN ACTEUR DU
DEVELOPPEMENT URBAIN
DE LA METROPOLE DIFFICILE A ANALYSER 97
TABLE DES ILLUSTRATIONS 101
BIBLIOGRAPHIE 102
ANNEXES 105
1. Synthèse du terrain d'études 105
2. Entretiens 113
a. Entretien 1 113
b. Entretien 2 115
c. Entretien 3 121
d. Entretien 4 132
TABLE DES MATIERES 137
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