E.1.b. - Méthodologie
Ce chapitre décrit la manière dont ont
été collectées et triées les différentes
informations (et en premier lieu les publications de recherche) lors de la
phase de balayage initiale du sujet. Ces regroupements ont permis de
préparer la phase de déploiement de la problématique. La
liste des thèmes de recherche a évolué au fur et à
mesure de la collecte.
Lors de cette phase préliminaire, l'ouvrage de Georges
Perec « Penser/Classer »(Perec, 1985) - et plus
généralement les oeuvres de sa seconde moitié de vie,
comme l'inachevé « Les lieux »(« Les Lieux de Georges
Perec, une oeuvre éclatée », 2015) ou « La Vie mode
d'emploi »(Perec, 1980) - nous ont ouvert une fenêtre
méthodologique très inspirante : celle de
l'énumération de listes de toutes sortes : choses à faire
avant de mourir, fiches-cuisine, objets sur sa table de travail... Listes qu'il
a bien entendu arrêtées d'une façon arbitraire mais qui,
à leur manière « font corpus » par la rigueur de la
démarche systématique avec laquelle il les établit.
L'écriture de ce mémoire a donc constitué
d'abord en la collecte de « fragments d'idées », apparues au
fil de la mise en oeuvre de différents outils des SIC sur la question du
geste de sauvegarde : questionnaires, entretiens, analyse lexicographique,
état de l'art, étude sémiotique de dispositifs, etc.
Recueillies sur papier, ce sont 70 pages manuscrites (hors questionnaires et
comptes-rendus d'entretien), dont 20 se sont avérées inclassables
ou redondantes, les 50 autres ayant pu être classées, ou
découpées pour certaines pages « composites », en 34
rubriques : 20 « thèmes de recherche », 8 « outils mis en
oeuvre » et 6 « enjeux perçus de sauvegarde ». Ces
rubriques ont ensuite été disposées sur une carte, entre
puzzle et graphe d'interactions, pour faire apparaître un fil d'Ariane,
un parcours de recherche, comme Saussure décidant « pour mettre
fin à cette oppression qui est en somme celle du commencement
impossible, [...] de choisir un fil, une pertinence (celle du sens) et de
dévider ce fil : ainsi se construisit un système de la langue
» (Barthes, « Par où commencer ? » (Barthes, 1972)).
La rédaction de ce mémoire partit d'ailleurs avec dix-sept
thèmes, qui, par un prompt renfort, se virent vingt-six en arrivant.
La constitution et l'ordonnancement de ces rubriques, tout
comme la manière de les regrouper dans ces trois familles
(outils/enjeux/thèmes) contiennent une inqualifiable part d'arbitraire.
La lecture de « Penser / classer »(Perec, 1985) de Perec, en
particulier du chapitre éponyme et de ses rubriques « A)
Méthodes », « U) Le monde comme puzzle » et « G)
L'Exposition Universelle » a servi de caution au prédicat suivant :
tout ordre n'est ni bon ni mauvais, du
A-51
moment qu'il autorise un parcours que nécessite le
caractère linéaire d'une écriture - calligrammes mis
à part. Plutôt que de priver le lecteur de sa propre (re)
découverte de ce chapitre onctueux d'un livre qui l'est autant, trois
citations suffiront. Pour « Le monde comme puzzle » : «
Tellement tentant de vouloir distribuer le monde entier selon un code unique
[...] Malheureusement, ça ne marche pas, ça n'a même jamais
commencé à marcher, ça ne marchera jamais ».
Pour « l'Exposition Universelle de 1900 » et son catalogue de 18
groupes et 121 classes : « ensuite ça va vraiment dans tous les
sens ». Et pour « Méthodes », la finale : «
Peut-être est-ce aussi désigner la question comme justement sans
réponse, c'est-à-dire renvoyer la pensée à
l'impensé qui la fonde, le classé à l'inclassable
(l'innommable, l'indicible) qu'il s'acharne à dissimuler...
»
Les 26 thèmes de recherche abordés permettent
d'éclairer autant de fragments différents de la
problématique de la sauvegarde des objets numériques au regard de
travaux de recherche ou de références littéraires, qu'ils
soient liés ou non au domaine du numérique.
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