CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE POUR LA PLANIFICATION
D'UN PROJET ÉOLIEN
La préoccupation mondiale sur le changement climatique
et sur l'impact négatif de l'utilisation des énergies fossiles et
nucléaires, fait que l'énergie éolienne se
développe le plus rapidement parmi les énergies renouvelables
[Voigt et Kingston, 2016]. Son rendement est en voie d'amélioration
grâce au progrès technologique de
l'aérogénérateur, afin de répondre aux besoins
énergétiques croissants [Miller et Li, 2014]. Mais ses
désavantages seront toujours présents, leurs effets peuvent peser
lourdement aussi bien sur la biodiversité de la zone du projet
éolien que sur la vie humaine [Voigt et Kingston, 2016]. L'un des
principaux défis du développement de l'énergie
éolienne est de trouver le site le plus approprié à
l'implantation de celle-ci [Miller et Li, 2014]. Ces sites doivent être
les moins nuisibles possible pour mieux gérer l'acceptation sociale.
Dans ce chapitre, nous décrivons une démarche pour identifier les
sites les plus appropriés à l'installation d'éoliennes au
Liban. Nous allons suivre les étapes suivantes :
- identifier les contraintes et critères locaux qui
vont évaluer les sites potentiels à l'implantation d'un parc
éolien
- exposer la phase de collecte et de traitement des
différents jeux de données (données climatiques, bases de
données géographiques, etc.)
- présenter les méthodes que nous avons
utilisées et qui consistent à éliminer les contraintes,
hiérarchiser les facteurs et évaluer les sites pour un projet
éolien.
1. Description des contraintes et critères
choisis
La recherche d'un site potentiel aux éoliennes est une
approche multicritère, elle demande une bonne concordance entre des
critères économiques, sociaux et environnementaux [Latinopoulos
et Kechagia, 2015]. En l'absence de législations et
règlementations liées à l'énergie éolienne
au Liban, nous nous sommes aidés de la bibliographie et de la
connaissance du terrain (Tableau 3, p. 24) pour choisir le seuil des
contraintes et les facteurs locaux pour la prospection d'éoliennes. Les
facteurs et les contraintes les plus récurrents dans la
littérature et adaptés à la structure globale du Liban ont
été sélectionnés (Figure 13).
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Figure 13 : Les contraintes et les critères choisis
pour la prospection d'un parc éolien au
Liban
Données : Synthèse bibliographique
réalisée à partir de Baban et Parry, 2001 ; Bennui et al.,
2007 ; Aydin et al., 2010 ; Jeffry D. Harrison, 2012 ; Mentis, 2013 ; Gass et
al., 2013 ; Miller et Li, 2014 ; Latinopoulos et Kechagia, 2015 ; Atici et al.,
2015 ; Noorollahi et al., 2016 ; Anwarzai et Nagasaka, 2017 ; Gigoviæ et
al., 2017 ; Villacreses et al., 2017
Les facteurs économiques sont
liés à la faisabilité technique d'un projet, ils
conditionnent le prix de la construction et de la maintenance [Miller et Li,
2014]. La proximité des routes et des réseaux électriques
réduit le coût d'un projet [Atici et al., 2015]. En
revanche, un parc éolien doit être à une certaine distance
des routes pour des raisons de sécurité [Gigoviæ et
al., 2017]. La limite de 500 m sera étudiée pour les routes
bien aménagées et capables d'assurer le transport de grandes
machines ; les routes locales et montagneuses ne seront pas prises en
compte.
Nous ignorons la capacité technique des lignes de
transport d'électricité au Liban, mais une distance minimale de
200 m et maximale de 8000 m leur sera appliquée.
De même, vu que le Liban est un pays montagneux, pour
minimaliser le coût d'un projet et les complications de construction, le
plus favorable pour installer les éoliennes est d'avoir un terrain d'une
pente inférieure à 10%.
Les régions à plus de 2000 m d'altitude sont
considérées comme difficiles d'accès car elles manquent
d'aménagements publics. Notons que ces zones au Liban sont
vulnérables à des risques d'érosion et représentent
la majeure partie des ressources en eau du pays [Zohbi, 2014]. En plus, le
Ministère de l'Environnement est en voie de classer cette aire sensible
en tant que site protégé.
Les paramètres socio-environnementaux
concernent la pollution visuelle, sonore, esthétique
[Latinopoulos et Kechagia, 2015] et également la sécurité
et le problème de l'interférence électromagnétique
qu'un parc éolien peut causer [Villacreses et al., 2017]. Les
réserves et les forêts comprennent aussi les terres boisées
qui couvrent une superficie totale de 2 430 km2 [FAO, 2010]. La
proximité supérieure à 1000 m concerne les lacs de barrage
et les grands lacs profonds à vocation agricole.
Les contraintes vont filtrer les sites potentiels des non
potentiels, les facteurs évalueront les sites selon leurs niveaux de
potentialités. Les facteurs sélectionnés sont : la vitesse
du vent, la pente du terrain, la distance aux routes, la proximité aux
villes et la distance aux lignes de
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transmission d'électricité [Villacreses et
al., 2017]. La vitesse du vent est considérée comme l'un des
principaux facteurs économiques [Gigoviæ et al., 2017],
elle doit être assez suffisante pour garantir une meilleure
rentabilité économique, ainsi qu'un bon rendement en
matière de production d'électricité [Latinopoulos et
Kechagia, 2015]. Nous avons considéré que l'étude est
appliquée pour des aérogénérateurs de 50 m de
hauteur, les valeurs de la vitesse moyenne du vent étudiées
seront alors à cette même hauteur6.
Tous ces paramètres cités ci-dessus forment la
base des données géographiques à traiter et à
analyser afin de trouver les sites potentiels au Liban.
6 Nous pouvons bien imaginer des
aérogénérateurs à 80 m et 100 m, alors la vitesse
moyenne du vent utilisée sera à cette même hauteur.
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