Soutenu le 27 juin 2017
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UFR DE GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET SCIENCES DE LA
SOCIÉTÉ
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APPROCHE MULTICRITÈRE POUR L'IMPLANTATION
D'ÉOLIENNES AU LIBAN
Tania Zgheib
MÉMOIRE DE RECHERCHE
Géographie et Sciences des Territoires
Option : Télédétection et Géomatique
Appliquées à l'Environnement
Membres du Jury :
Malika Madelin maître de conférences (directrice)
Vincent Viel maître de conférences (rapporteur)
Soutenu le 27 juin 2017
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UFR DE GÉOGRAPHIE, HISTOIRE ET SCIENCES DE LA
SOCIÉTÉ
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APPROCHE MULTICRITÈRE POUR L'IMPLANTATION
D'ÉOLIENNES AU LIBAN
Tania Zgheib
MÉMOIRE DE RECHERCHE
Géographie et Sciences des Territoires
Option : Télédétection et Géomatique
Appliquées à l'Environnement
Membres du Jury :
Malika Madelin maître de conférences (directrice)
Vincent Viel maître de conférences (rapporteur)
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier Madame Malika Madelin, pour avoir
accepté d'encadrer mon sujet. Je la remercie énormément
pour avoir toujours pris le temps de répondre à mes questions et
pour ses précieux conseils techniques et scientifiques, qui m'ont permis
d'approfondir mes connaissances et de mener à bout mon mémoire.
Je vous remercie pour votre patience envers moi.
Merci également à Monsieur Vincent Viel pour
avoir accepté de participer à l'évaluation de mon
mémoire.
Merci infiniment à Dr. Laurence Charbel pour son aide
et pour toutes les données et documents qu'elle a mis à ma
disposition. Merci pour vos encouragements et soutiens tout au long de mon
parcours universitaire, c'est ce qui m'a motivé à aller plus
loin. Merci également à Dr. Myriam Makké pour sa
gentillesse et pour m'avoir fourni des documents et beaucoup d'informations.
Merci à tous mes professeurs du département de
géographie à l'Université Libanaise qui ont toujours cru
en moi et particulièrement Dr. Suheil Awwad.
À tous mes amis(e), merci d'avoir toujours
été à mes côtés, merci à mes camarades
de TGAE en particulier Bambo, David, Franck, Julenni, Lucie et Tanguy, merci
pour votre humour, pour les discussions et aides constructives que vous
m'apportez chaque jour.
Merci Hoda pour ton soutien unique durant tout mon parcours et
merci d'avoir passé à corriger et relire mon mémoire
pendant tes moindres temps libres. Merci également Lucie, Jean et
Marianne pour toutes les corrections que vous m'avez apportées.
Finalement mes profonds remerciements à ma famille,
particulièrement mon grand-père Samir, mes parents Jihane et
Charbel, ma soeur Mariam et mon frère Christian, merci de m'avoir
toujours soutenu, grâce à vous je suis la personne que je suis
aujourd'hui, merci infiniment.
Résume
Notre étude propose une solution durable pour le
problème de l'électricité au Liban. L'utilisation
significative des énergies renouvelables et la forte dépendance
aux combustibles fossiles nous ont conduits à proposer le
développement de l'énergie éolienne. Les Systèmes
d'Informations Géographiques (SIG) ont été largement
utilisés pour identifier les emplacements éoliens
appropriés. Dans cette étude, nous avons développé
une approche multicritère que nous avons intégrée aux SIG
pour identifier les zones les plus aptes à l'échelle nationale.
En l'absence de législations liées aux éoliennes, notre
premier but était de mettre en place des normes d'implantation. Nous
avons extrait neuf contraintes de la littérature scientifique traitant
la même thématique, où il est strictement interdit
d'implanter des éoliennes, et cinq critères de classement de
façon à quelles soient le plus adaptées aux
caractéristiques du Liban. Au début, nous avons masqué
toutes les zones contraintes. Ensuite, nous avons utilisé une des
méthodes de l'analyse multicritère pour déterminer le
poids des facteurs. La carte finale a été dressée par une
superposition pondérée des couches thématiques. Les sites
potentiels forment ~3% du territoire libanais et sont situés surtout au
nord (Akkar), au sud (Marjayoun) et au centre de la plaine de Bekaa. Cette
méthode reste modifiable pour répondre aux exigences des experts
et du terrain.
Mots-clés : énergie éolienne ; SIG ; analyse
multicritères ; Liban
Summary
Our study proposes a durable solution for the electricity
problem in Lebanon. The insignificant reliance on renewable energy in Lebanon
as well as the high dependence on fossil fuels prompted us to develop wind
energy. Geographic Information Systems (GIS) have been widely used to identify
appropriate wind sites. In this study, we developed a multi-criteria approach
combined with GIS to identify the most suitable areas at a national level. In
the absence of legislation related to wind turbines, our first goal was to set
up implementation standards. We extracted from the scientific literature
dealing with the same subject matter nine constraints where it is strictly
forbidden to implant the wind turbines and five criteria of classification,
suited to specific country requirements. At first, we hid all the constrained.
Then, a multicriteria analysis method is used to determine the weight of each
factor. Finally, the final map was modeled by a weighted superposition of the
thematic layers. The potential sites make up ~ 3% of the Lebanese territory.
These sites are located mainly in the north (Akkar), south (Marjayoun) and in
the vicinity center of Bekaa valley. This method can be modified to be in line
with expert requirements as well as land restrictions.
Keywords: wind energy; GIS; multicriteria analysis; Lebanon
SOMMAIRE
INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE 1
CHAPITRE I L'ÉNERGIE ÉOLIENNE COMME
SOUTIEN AU RÉSEAU ÉLECTRIQUE 9
1. SITUATION DE L'ÉLECTRICITÉ AU LIBAN 9
2. CONDITIONS VENTEUSES DU PAYS 14
3. AIDE MULTICRITÈRE À LA DÉCISION
VIA UN SYSTÈME D'INFORMATION GÉOGRAPHIQUE 22
CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE POUR LA PLANIFICATION
D'UN PROJET ÉOLIEN 29
1. DESCRIPTION DES CONTRAINTES ET CRITÈRES CHOISIS
29
2. COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNÉES
SÉLECTIONNÉES 32
3. MÉTHODES APPLIQUÉES À L'APPROCHE
MULTICRITÈRE 35
4. CALCUL DE LA VISIBILITÉ 43
CHAPITRE III RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
44
1. RÉSULTATS 44
2. DISCUSSION ET LIMITES DE L'ÉTUDE 52
CONCLUSION GÉNÉRALE 55
BIBLIOGRAPHIE 57
TABLES 63
1. TABLE DES FIGURES 63
2. TABLE DES TABLEAUX 65
3. TABLES DES MATIÈRES 67
ABBREVIATIONS
AHP. Analytic Hierarchy Process
ALMEE. Association Libanaise pour la Maitrise de l'Energie et
pour l'Environnement
AMCD. Aide MultiCritère à la Décision
ANP. Analytic Network Process
BRSS. Beirut River Solar Snake
CA. Cohérence Aléatoire
CDR. Conseil du Développement et de la
Reconstruction
CEDRO. Country Energy Efficiency and Renewable Energy
Demonstration Project for the Recovery of
Lebanon
CLP. Combinaison Linéaire Pondérée
DEMATEL. Decision Making Trial and Evaluation Laboratory
EDL. Électricité Du Liban
ELECTRE. ELimination and Choice Expressing REality.
FAO. Food and Agriculture Organization
GW. Gigawatt
GWEC. Global Wind Energy Council
IC. Indice de Cohérence
IPCC. Intergovernmental Panel on Climate Change
KW. Kilowatt
LBP. Lebanese Pound
LCEC. Lebanese Center for Energy Conservation
MW. MegaWatt
NIMBY. Not In My BackYard
NREL. National Renewable Energy Laboratory
OWA. Ordered Weighted Averaging, Ordered Weighted Averaging
PM. Particules en suspension
PROMETHEE. Preference Ranking Organization Method Enrichment
Evaluation
PV. Photovoltaïque
RC. Ratio de Cohérence
SDATL. Schéma Directeur d'Aménagement du
Territoire Libanais
SIG. Systèmes d'Informations Géographiques
SRTM. Shuttle Radar Topography Mission
TIN. Triangulated irregular network
TOPSIS. Technique for Order of Preference by Similarity to
Ideal Solution
UNDP. United Nations Development Programme
USGS. United States Geological Survey
VIKOR. VIseKriterijumska Optimizacija I Kompromisno Resenje
WIO. Weighted Index Overlay
WLC. Weighted Linear Combination
1
INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE
La mise en place des politiques énergétiques par
les autorités internationales est le produit de multiples
évènements [Godinot, 2011] : (a) les tensions
géopolitiques, ayant débuté en 1973 par le premier choc
pétrolier, ont eu comme conséquence une hausse brutale du prix du
pétrole. (b) L'augmentation de la demande en ressources
énergétiques, à la suite des développements
industriels et de la croissance démographique, a engendré la
question de la durabilité des ressources fossiles et la
nécessité de trouver des ressources alternatives
inépuisables [Paillard, 2011]. (c) Depuis les années
quatre-vingt-dix, des groupes placés sous l'égide des nations
élaborent des rapports scientifiques sur le changement climatique.
Ainsi, les états membres des nations unies se mobilisent contre le
réchauffement climatique par des rencontres lors des « sommets de
la terre ». Ils cherchent depuis le sommet de Copenhague (2009) à
limiter le réchauffement climatique à
2o C. Cet objectif peut être atteint en
réduisant les émissions de gaz à effet de serre, dont le
secteur énergétique est le principal contributeur [Marillier,
2007]. En conséquence, de nombreux pays travaillent pour remplacer les
énergies non renouvelables : fuel, charbon, uranium, etc. [Stoyanov,
2011], par un système d'énergie durable défini par Alanne
et Saari [2006] comme étant un système capable de
générer de l'énergie suffisante, propre, fiable, durable
et à un prix abordable [El-Fadel et al., 2010].
Les énergies renouvelables sont des énergies
inépuisables à l'échelle du temps humain [Bal et Chabot,
2001]. La production de l'électricité par de l'énergie
alternative, surtout du vent, connait un véritable essor et un
développement rapide par rapport à la production de
l'électricité par l'énergie fossile, en particulier dans
les pays émergents [Ibid.]. Selon le rapport du Global Wind
Energy Council (GWEC) publié en 2016, la puissance cumulée de
l'énergie éolienne au monde était de 23 900
MegaWatt1 (MW) en 2001, 120 700 MW en 2008 et arrive à 486
800 MW en 2016 (Figure 1).
1 Le MegaWatt (MW) correspond
à l'unité de mesure de la puissance
installée (théorique), c'est la valeur maximale de
travail que peut fournir une machine. Le Mégawattheure correspond
à l'unité de mesure de l'énergie
consommée ou produite par unité de temps (l'unité
du système international s'exprime en joule par seconde) [Lopez,
2008].
1MW = 1 000 KW = 1 000 000 W ; 1 W = 1 J/s.
Ainsi pour calculer la consommation ou la production par heure
: Wh (l'énergie) = W (puissance) X h (période en heure).
600 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
2014 2015 2016
Année
Puissance cumulée de l'énergie éolienne (en
MW)
400 000
500 000
300 000
200 000
100 000
0
23 900
31 100
39 431
47 620
59 091
73 957
93 924
120 696
159 052
197 956
238 110
282 850
318 697
369 862
432 680
486 790
2
Figure 1 : Évolution de la puissance cumulée de
l'énergie éolienne mondiale (en MW) entre
2001 et 2016
Source: Global Wind Energy Council (GWEC), 2016
Jusqu'à la fin du 19ème
siècle, les moulins à vent étaient utilisés pour
pomper l'eau. Depuis, l'idée de produire de l'électricité
par la force du vent est apparue. Plusieurs tentatives ont été
mises en place, et en 1888 des moulins en bois équipés de 144
lames ont réussi à produire de l'électricité aux
États-Unis [Rapin et Noël, 2010]. En 1891, l'électricien
Paul La Cour propose le premier moulin moderne, il réduit le nombre de
pales d'abord à 4 puis l'augmente à 6. Cela a permis d'augmenter
la vitesse de rotation, ce qui fut une évolution notable pour
l'industrie éolienne [Ibid.].
L'énergie éolienne est une forme indirecte
d'énergie solaire, le vent provient de la variation du rayonnement
solaire et de la température entre l'équateur et les pôles.
Les variations de la température créent une différence de
pressions atmosphériques entre lesquelles se déplacent les masses
d'air. On nomme énergie éolienne le fait de capter le
déplacement de l'air à l'aide de moyens mécaniques afin de
le convertir en force motrice [Riolet, 2010].
C'est une énergie à haute technologie,
essentiellement produite dans les pays industrialisés et
émergents (Chine, États-Unis, Allemagne, Inde). Nous pouvons
estimer d'après la Figure 2 que le plus grand producteur
d'énergie éolienne est l'Union européenne.
3
Figure 2 : La puissance éolienne cumulée (MW)
dans différents pays en 2015
Source : Sagbansua et Balo, 2017
Le progrès technique et scientifique cherche à
atténuer l'impact négatif et augmenter l'efficacité
énergétique de l'aérogénérateur afin de
concurrencer les autres énergies, en particulier les énergies
fossiles. Il s'agit principalement d'améliorations au niveau de la
taille, du rendement, du comportement et de la productivité d'une
machine. Par exemple, les récents travaux sur l'aérodynamisme des
pales, ainsi que les nouveaux choix de matériaux et de composants
électroniques ont permis de réduire drastiquement le bruit
émis par les pales par rapport aux premiers modèles [Rapin et
Noël, 2010]. Par ailleurs, les règlementations actuelles imposent
d'étudier l'impact sonore sur place en fonction de la taille et du
nombre d'éoliennes, et de garder une certaine distance à
l'aérogénérateur le plus proche. « Pour tout projet
éolien, une étude d'impact et des critères de
l'implantation d'éoliennes devrait être menée. Cette
étude analyse les milieux naturels existants, l'incidence de
l'aménagement sur la faune et la flore et l'impact sur le paysage et le
patrimoine en milieu rural, ainsi que l'étude des critères
d'implantation d'éoliennes comme le risque sismique, le risque de
glissement du sol et la proximité des centrales électriques aux
sites sélectionnés » [Zohbi, 2014].
L'exploitation de l'énergie éolienne demande
donc une connaissance des conditions venteuses, variables spatialement et
temporellement. Le vent est connu globalement à l'échelle de la
planète, et se déplace des zones de hautes pressions
(anticyclones) vers les zones de basses pressions (dépressions).
Localement, ce phénomène est plus complexe, car le vent peut
être influencé par la topographie, la proximité aux plans
d'eau et la rugosité du terrain.
Le secteur énergétique au Liban
Le Liban est un pays du Moyen-Orient. Il s'étend du
sud-ouest vers le nord-est tout au long de la côte est du bassin
méditerranéen (Figure 3). Sa superficie est de 10 450
km2 [Ramadan et al., 2012]. Il est situé entre
33°54' et 34°40' de latitude nord et entre 35°31' et 36°30'
de longitude est. Ainsi, il occupe une position charnière entre la
circulation atmosphérique tempérée et la circulation
atmosphérique tropicale [Blanchet, 1965]. Il partage ses
frontières avec la Syrie au nord et à l'est, et la Palestine au
sud. Le Liban est confronté quotidiennement à des crises du point
de vue de la gestion de l'électricité, et le secteur
énergétique souffre d'une défaillance au niveau de l'offre
par rapport à la demande [Amatoury, 2014].
4
Figure 3 : Le Liban occupant la partie est de la
Méditerranée
Source de fond de carte : Esri, DigitalGlobe, GeoEye,
Earthstar Geographics CNES/Airbus DS, USDA, USGS, AeroGRID, IGN, and the
GIS
Le Liban est un pays à forte densité de
population [Sanlaville, 1969], il compte environ 5,8 millions d'habitants [la
banque mondiale, 2015].
Afin de répartir alternativement le courant dans les
différentes régions du pays, l'électricité n'est
disponible qu'à certaines heures de la journée. Cette situation
dure depuis plus de dix ans, s'est aggravée pendant les dernières
années et les différents régimes en place se sont
avérés incapables de la résoudre. Dans ce contexte, le
développement de l'énergie renouvelable au Liban s'impose comme
une des solutions à la défaillance énergétique.
À la suite du sommet de Copenhague en 2009, le
gouvernement libanais s'est fixé un objectif pour 2020 : produire 12% de
l'électricité avec de l'énergie renouvelable.
L'Électricité Du Liban (EDL), l'entreprise publique nationale,
estime qu'en 2016, 3% de l'électricité du pays était issue
des énergies renouvelables. Ce secteur est devenu un défi pour
l'état libanais qui a cherché à plusieurs reprises
à proposer des politiques de réforme mais aucun plan n'a vu le
jour. Le Ministère de l'Énergie et de L'Eau a établi un
plan en 2010, puis en 2017 afin d'améliorer ce secteur et augmenter la
production de l'électricité, afin de la distribuer 24h/24
à tout le pays. Ce plan inclut à long terme le
développement des énergies renouvelables telles que le solaire,
l'éolien, la biomasse, etc.
Dans ce travail, nous proposons d'étudier
l'énergie du vent comme source d'électricité
supplémentaire afin de résoudre l'insuffisance
énergétique du Liban. Le défi majeur pour
développer cette énergie consiste à trouver les sites les
plus adéquats à la réussite d'un projet.
L'énergie éolienne au Liban n'est pas encore
exploitée, mais différentes études estiment que le pays se
prête à ce type de production énergétique, du moins
pour certaines régions. Le calcul
du paramètre de distribution de Weibull2
pour trois sites d'étude dans les travaux d'Elkhoury et al.
[2010] a montré un faible potentiel éolien bien qu'ils
proposent d'implanter de petites éoliennes pour soutenir la consommation
d'électricité pendant les heures de pointe. Plus
récemment, le projet Country Energy Efficiency and Renewable Energy
Demonstration Project for the Recovery of Lebanon (CEDRO) de l'United
Nations Development Programme (UNDP), mis en place en 2010, a permis la
création en octobre 2012 d'un atlas du potentiel éolien montrant
des possibilités de production d'énergie éolienne surtout
au nord et au sud-est du Liban, notamment à Akkar (nord) et Jabal
el-Cheikh (sud-est) pour une puissance produite estimée à 1,5 GW
(Figure 4).
Figure 4 : Carte de la vitesse du vent du Liban
mesurée à 80 m (en m/s).
Les régions entourées délimitent les
zones les plus favorables à l'énergie éolienne, il s'agit
de Akkar au nord et de Jabal el-Cheikh au sud-est
Source : Hassan, 2011
5
2 Le paramètre de Weibull estime la
distribution annuelle de la fréquence de la vitesse du vent sur un site
d'étude.
6
D'autres auteurs, comme Al Zohbi et al. [2014, 2015]
ont évalué le potentiel éolien en utilisant les
différentes méthodes de la distribution de Weibull, et leurs
résultats ont montré un potentiel éolien important pour
l'implantation d'un parc à Marjayoun, Daher El Baidar, Qaraoun,
Cèdres et Klaiaat (Figure 4).
Problématique de l'étude
La faisabilité d'un projet éolien ne
dépend pas uniquement du vent : le site le plus venteux n'est pas
nécessairement le plus favorable à l'implantation d'un parc
éolien. Il peut être confronté à des
législations et contraintes économiques, sociales ou
environnementales, telles que l'interdiction d'établir une ferme
éolienne sur une zone protégée. Ainsi l'étude du
potentiel éolien du Liban se prête particulièrement
à une analyse multicritère, que nous nous proposons de
réaliser ici.
De ce fait, les questions suivantes se posent : sur quels
critères allons-nous évaluer les sites optimaux à
l'installation d'éoliennes ? Quelles seront les limites les plus
adaptées à notre terrain d'étude ? Comment
hiérarchiser les facteurs choisis ? Où seront situés les
sites potentiels pour l'implantation d'éoliennes ? Et enfin, est-ce que
la superficie résultante sera-t-elle assez conséquente pour le
développement de l'énergie éolienne au Liban ?
Aujourd'hui, les études concernant l'aménagement
et la gestion d'un territoire pour l'installation d'éoliennes utilisent
de plus en plus souvent des logiciels informatiques qui permettent un
traitement de données issues de sources très diverses. Il s'agit
surtout de logiciels de traitement et d'analyse de données qui
permettent de trouver les sites les plus aptes à l'implantation
d'éoliennes, comme les logiciels de SIG ou encore les logiciels Big data
analytics, WAsP, DeltaLog10 Base, etc. [Zohbi, 2014].
Dans notre étude, nous avons choisi de traiter une
multitude de critères répondant aux exigences propres du terrain
de l'étude : exigences environnementales (proximités aux
réserves, rivières, etc.), exigences sociales (proximité
aux zones urbanisées, places historiques, etc.) et exigences techniques
(proximité aux routes, la pente, etc.). Il était donc
nécessaire d'intégrer un logiciel de traitement et d'analyse de
données à référence spatiale. Les SIG
(Systèmes d'Informations Géographiques) répondent à
ce besoin.
Thériault (1992), cité par [Prélaz-Droux,
1995], définit les SIG comme « un ensemble de principes, de
méthodes, d'instruments et de données à
référence spatiale, utilisé pour saisir, conserver,
transformer, analyser, modéliser, simuler et cartographier les
phénomènes et les processus distribués dans l'espace
géographique. Les données sont analysées afin de produire
l'information nécessaire pour aider les décideurs ». De
nombreuses études ont associé les SIG à des
thématiques liées à l'énergie éolienne
[Hansen, 2005 ; Mari et al., 2011 ; Abdelaziz et al., 2012 ;
Sánchez-Lozano et al., 2016 ; Gigoviæ et al.,
2017]. Les capacités des SIG facilitent le travail des décideurs
pour identifier des sites potentiels à l'implantation
d'éoliennes, et permettent d'économiser du temps et de
réduire les coûts financiers d'un projet [Mari et al.,
2011].
Dans ce contexte, l'objectif principal de notre étude
est d'élaborer une méthode d'analyse multicritère
intégrée dans les SIG, pour la prospection d'espaces
adaptés à l'installation éventuelle d'éoliennes et
contribuer ainsi à l'amélioration de l'électricité
au Liban.
7
Ce mémoire est composé de trois chapitres :
Le premier chapitre comporte une synthèse
bibliographique des études les plus récentes en rapport avec des
projets éoliens dans le monde. Cette partie décrit en outre la
situation de l'électricité au Liban, et donne un aperçu
global sur les conditions venteuses du pays. Elle se compose de deux
états de l'art, un qui vise à identifier les critères
utilisés par les auteurs qui ont traité de la même
thématique, et l'autre qui détaille les méthodes suivies
pour la combinaison entre les systèmes d'informations
géographiques (SIG) et l'analyse multicritère.
Le deuxième chapitre présente un
récapitulatif et une description des facteurs et des données
environnementaux, sociaux et techniques, à partir desquels nous
évaluerons le potentiel éolien du pays. Enfin nous proposons une
méthodologie selon une approche multicritère, dans les SIG, pour
répondre à la problématique de notre étude. La
méthode consiste à garder par élimination les sites les
plus optimaux.
Le dernier chapitre présente les sites potentiels pour
l'installation d'éoliennes et est suivi d'une discussion sur la
pertinence et l'adaptabilité des critères choisis.
9
CHAPITRE I L'ÉNERGIE ÉOLIENNE COMME
SOUTIEN AU RÉSEAU ÉLECTRIQUE
Au cours des dernières années, l'énergie
éolienne a fait preuve d'une fiabilité et d'une puissance
à générer de l'électricité. Dans cette
étude, nous proposons l'énergie de type éolienne comme
support au secteur énergétique pour diminuer les heures de
rationnement d'électricité publique au Liban. Nous
commençons par une description de la situation du secteur de
l'électricité au Liban. Puisque le vent est la ressource
première de l'énergie éolienne, et qu'il n'est pas
homogène sur un même territoire, nous évoquerons les
conditions venteuses du pays dans une deuxième partie. Nous terminerons
ce chapitre par une synthèse des publications scientifiques traitant
l'approche multicritère couplée avec les SIG pour la recherche
des sites potentiels à la prospection d'un projet éolien.
1. Situation de l'électricité au Liban
Jusqu'en 1975, l'Électricité Du Liban (EDL)
était capable de vendre son électricité à d'autres
pays, en l'occurrence la Syrie. Mais depuis, le Liban est loin d'avoir une
autosuffisance en raison de la destruction des infrastructures causées
par diverses guerres internes et externes, en plus des fraudes et du vol de
courant [Verdeil, 2010]. C'était l'une des causes de la guerre civile
puisque l'énergie est mal répartie à l'échelle du
pays en termes de qualité de service et notamment la gestion du
rationnement de l'alimentation du courant électrique [Ibid.].
Les Libanais sont victimes de fortes pénuries de courant et endurent des
coupures quotidiennes d'électricité. Beyrouth, la capitale du
Liban est plus favorisée à ce jour, puisqu'elle a des coupures de
courant significatives.
Aujourd'hui, l'augmentation de la population selon la banque
mondiale de plus de 3 millions en 1995 à plus de à 5,8 millions
en 2015, et les mouvements de masses d'immigrés suite aux conflits dans
la région, ont augmenté le besoin en électricité.
Le Ministre de l'Énergie estime une augmentation de 490 MW avec la
présence des réfugiés syriens sur le territoire libanais
[Ministère de l'Énergie et de l'Eau, Direction
générale des ressources hydrauliques et électriques,
2016]. Cette forte demande entraine des coupures d'électricité de
3 à 10 heures par jour dans la plupart des régions libanaises,
d'où le besoin d'avoir recours à des générateurs
privés par commune ou par ménage pour combler les heures
d'absence de courant. On constate alors une augmentation de la pollution
atmosphérique, puisque la part la plus importante de NOx et PM toxique
à la santé humaine provient en moitié de la production
d'électricité par le secteur privé, et la part de SO2
provient majoritairement des centrales électriques [Waked, 2012].
1.1 Production de l'électricité
L'EDL est un établissement public à
caractère industriel et commercial dirigé par le Ministère
de l'Eau et de l'Énergie, et créé par le décret
16878 du 10 juillet 1964. Il est en charge de la production, la transmission et
la distribution de l'énergie électrique sur tout le territoire
libanais. 90% de l'énergie électrique est sous le contrôle
de l'EDL et le courant est assuré en majorité par des centrales
thermiques, le reste est assuré par des centrales
électrohydrauliques contrôlées par l'Office National du
Litani (institution publique), des concessions et des générateurs
privés (EDL).
10
97% de l'électricité au Liban est produite par
des énergies épuisables importées, il s'agit du fioul
lourd et du carburant diesel (Figure 5). Cela entraîne une
dépendance territoriale qui peut être conflictuelle, ainsi que des
pertes économiques et des dégâts environnementaux.
Le premier chiffre représente l'énergie fournie en
MW et le deuxième le pourcentage
de production
Barges (Fioul lourd)-367-18%
Cycle combiné (carburant diesel)-1051-53%
Hydro; 40; 2%
Solaire; 9,45; 1%
Thermique (Fioul lourd)-525-26%
Hydro
Solaire
Thermique (Fioul lourd)
Cycle combiné (carburant diesel)
Barges (Fioul lourd)
Figure 5 : Répartition du bilan électrique au
Liban selon les sources
Source: Solar PV status report for Lebanon, 2015
Économiquement, le Ministre de l'Économie et du
Commerce au Liban estime que « la facture énergétique
s'élève à 5 milliards de dollars américains,
l'équivalent du déficit enregistré par l'État
chaque année. À ce stade, la production d'un kilowattheure (kWh)
d'électricité produite thermiquement coûte au Liban 255 000
livres libanaises3, alors que ce coût ne dépasse pas
les 62 000 livres libanaises mondialement » [Hakim, 2016]. Cela est
dû aux énergies importées, aux problèmes techniques,
aux pertes dans les réseaux, aux tarifs non
réétudiés depuis 1994 (EDL) et aux manques
d'investissements. Jusqu'à aujourd'hui les lois (numéro 462, 288,
264 etc.) ne sont pas encore appliquées, elles permettent au secteur
privé de participer à la production d'électricité
et de la vendre à l'EDL. La privatisation de la production
d'électricité peut générer une production
supplémentaire et couvrir le déficit présent.
3 1 500 livres libanaise (LBP) équivaut
à 1 dollar US et à 0,9 euro, alors 255 000 LBP = 155,31 euro et
62 000 LBP = 37,76 euro
11
1.2 L'énergie renouvelable au Liban
Comme le montre la Figure 5, en 2015, 3% de l'énergie
est produite par des énergies renouvelables au Liban et le reste est
issu des énergies fossiles. L'énergie hydroélectrique est
l'énergie renouvelable la plus utilisée dans la production
d'électricité alors que le Liban a le potentiel de
bénéficier d'autres ressources, notamment solaires et
éoliennes [Kinab et Elkhoury, 2012]. Les énergies
présentes au Liban ou qui peuvent être présentes dans le
futur sont les suivantes :
- Les éoliennes : aucun projet au niveau national n'a
été mis en place. Le projet CEDRO a produit l'atlas national des
vents au Liban avec des cartes de vent à des hauteurs de 50 m et 80 m
(Figure 4, p. 5) et a estimé un potentiel éolien égal
à 1 500 MW [Garrad Hassan, 2011]. Certaines éoliennes autonomes
peuvent être vues dans quelques endroits et sont habituellement à
usage personnel [Kinab et Elkhoury, 2012].
- La géothermie : l'énergie présente au
Liban équivaut à 109 GWh soit 70 000 fois les besoins
énergétiques annuels du Liban [Ministère de
l'Énergie et de l'Eau, Direction générale des ressources
hydrauliques et électriques, 2016]. Cette ressource ne peut être
exploitée qu'à une certaine profondeur, par manque de techniques
présentes à ce jour.
- L'énergie hydroélectrique : C'est
l'énergie renouvelable la plus exploitée au Liban, cinq
stations hydroélectriques sont réparties sur
différentes rivières [Ibid.] (Figure 6) :
1. Litani : trois centrales électriques (Awali, Joun,
Abed al) d'une capacité totale de 190 MW par an [Ibid.]
2. Ibrahim : trois usines d'une capacité totale de 32,5
MW
3. Safa : capacité de 13 MW
4. Bared : deux usines d'une capacité totale de 17 MW
5. Kadisha : trois usines d'une capacité totale de 19
MW
12
Figure 6 : Répartition des centrales
hydroélectriques sur les rivières du Liban
Source des données: Ministère de
l'Énergie et de l'Eau
- L'énergie solaire : bien que le soleil brille
près de 3000 heures par an, soit plus de 8 heures par jour en moyenne
[Blanchet, 1965], cette ressource n'est exploitée qu'à 1% [LCEC,
2015]. En partenariat avec le gouvernement libanais, Beirut River Solar Snake
(BRSS) a installé en 2013 le premier parc solaire. 1 MW
d'électricité est produit pour soutenir EDL [LCEC, 2016]. Le
projet a permis d'installer une ferme photovoltaïque (PV) sur 30
mètres de longueur au-dessus de la rivière Beyrouth (Figure 7).
Par ailleurs, le secteur privé produit 20 MW à partir de 600
petits projets installés [Ibid.].
Figure 7 : Première ferme photovoltaïque du
projet BRSS, mise en place en 2013 au-dessus de la rivière
Beyrouth
Source : Site
brsslebanon.com
13
- La biomasse : elle peut comprendre les forêts, le
bois, le papier, l'agriculture et les déchets. Ces ressources peuvent
être transformées en énergie. Une étude,
réalisée entre 2001 et 2015, sur une décharge de
déchets située dans le quartier Burj Hammoud à Beyrouth, a
estimé un potentiel de 850 GWh [Kinab et Elkhoury, 2012].
L'énergie des vagues n'est pas exploitée en
raison de l'absence de houles et de marées sur les côtes
méditerranéennes [ALMEE, 2015].
La situation de l'électricité au Liban remet en
question les politiques actuelles de l'énergie. Il est impératif
de définir et mettre en place des stratégies privilégiant
le recours aux énergies renouvelables et en particulier l'énergie
éolienne dont on estime un potentiel dans certaines régions au
Liban.
14
2. Conditions venteuses du pays
L'énergie éolienne est devenue une source
d'énergie pour de nombreux pays, elle dépend surtout du potentiel
éolien du site d'implantation. Ce potentiel est difficile à
prévoir puisqu'il n'est pas homogène sur tout le territoire.
Un contraste venteux important existe au Liban : « les
vents dépendent naturellement des situations barométriques
générales, mais aussi des conditions géographiques
régionales : juxtaposition d'une mer tempérée et d'une
masse continentale, plutôt froide l'hiver et très chaude
l'été, présence de montagnes élevées
parallèles à une côte presque rectiligne. Ces facteurs
géographiques ont deux conséquences importantes [...], d'une
part, la direction et la vitesse du vent sont variables d'une station à
l'autre et d'autre part, le phénomène des brises [de mer et de
montagne] se manifeste avec vigueur sur presque tout le pays » [Blanchet,
1976].
2.1 Origine et direction des masses d'air
Le Liban occupe la partie orientale du bassin
méditerranéen, son climat est influencé par une forte
humidité, de faibles variations des températures et l'alternance
des brises locales [Blanchet, 1965]. Nous avons schématisé les
différents vents et leurs origines sur la Figure 8.
Figure 8 : Les vents dominants au Liban
Source de l'information : Blanchet, 1976
Le vent qui souffle au Liban est d'origine maritime,
continentale, désertique et locale [Ministère des travaux
publics, 1969] :
15
- l'air maritime : la proximité du Liban à la
mer Méditerranée lui apporte beaucoup d'air maritime ; les
perturbations en Méditerranée, durant les mois de septembre
jusqu'en mai apportent de l'air humide responsable des neufs mois pluvieux
(Figure 9).
Figure 9 : Diagramme ombrothermique pour une station
située au nord du Liban (Qartaba)
Source : Charbel, 2014
Série de données climatologiques allant
à 30 ans
- l'air continental eurasiatique : provoqué par les
anticyclones d'Eurasie. En hiver, un air froid et sec pénètre par
la trouée de Homs4 (nord du Liban). En été,
suite à une dépression qui se soude sur le Golfe arabique de
l'Iran et l'Arabie jusqu'en Syrie et l'île de Chypre, l'air continental
contourne l'obstacle pour arriver au Liban par la côte. Il est chaud
puisqu'il change de latitude et s'approche plus de l'équateur, et un peu
humide du fait de son passage au-dessus de la mer [Ministère des travaux
publics, 1969].
- l'air désertique : peu fréquent, il arrive le
plus souvent au Liban de l'Afrique par une dépression dite le Khamsin,
c'est un air chaud et sec.
- l'air local : ou plutôt brise locale, elle comprend
les brises de mer, de terre et de montagne (vent de l'est arrivant par les
montagnes) générées par la différence de
températures entre mer et terre. Cette différence résulte
du cycle journalier lié au lever et au coucher du soleil (cycle
diurne).
La présence fréquente d'un centre
dépressionnaire à proximité de Chypre et du Golfe arabique
modifie la trajectoire du vent pénétrant par le nord du Liban.
L'air continental doit alors contourner l'obstacle [Blanchet, 1965] et la
trajectoire de l'air est déviée pour atteindre le Liban par le SW
et W. En l'absence de cette dépression (octobre à mai), le vent
eurasiatique circule
4 Appelée aussi "trouée du Akkar" ou
"trouée de Tripoli", c'est le col qui fait communiquer Homs (Syrie)
à Tripoli (Nord du Liban).
16
normalement, et des fréquents et forts vents sont
enregistrés au nord du Liban, circulants par la trouée de Homs
(NE et NNE).
2.2 Influence de la topographie
Non seulement la situation géographique influence le
vent mais structurellement, les formes du relief jouent un rôle dans la
variation de la vitesse et de la direction du vent. Le Liban se
caractérise de l'ouest à l'est par des structures
parallèles (Figure 10) : la zone côtière, le Mont-Liban, la
plaine de la Bekaa et l'Anti-Liban.
Figure 10 : Principaux reliefs du Liban, avec une vue en
perspective du Sud du pays
Source : Réalisée à partir d'un MNT
SRTM d'une résolution spatiale de 28,5 m (
earthexplorer.usgs.gov)
La zone côtière, plaine côtière de
220 km, s'allonge le long de la Méditerranée, c'est une zone avec
une fréquence élevée de vents forts. Les vents dominants
soufflent en grande partie du SW et minoritairement de l'E [Blanchet, 1976].
Vers l'est, la topographie s'accentue pour former le
Mont-Liban culminant à 3083 m et l'Anti-Liban formant la
frontière avec la Syrie. Les montagnes forment un obstacle et un abri,
on trouve une forte variabilité du vent due à la topographie,
à la présence de dépression (col de Daher el Baidar, Mrouj
Zahlé, etc.) et à la présence de grandes vallées
(Kadicha, Ibrahim, etc.) perpendiculaires au relief qui influencent la vitesse
et la direction des vents. Les vents venant de la côte heurtent
perpendiculairement le Mont-Liban et sont déviés dans le sens
anticyclonique [Blanchet, 1965].
La plaine de la Bekaa, d'une altitude variant entre 500 et 900
m, s'allonge entre les chaînes occidentales (Mont-Liban) et les
chaînes orientales (Anti-Liban). Le vent est canalisé par la
structure parallèle des deux chaines montagneuses en direction SW, NE.
Elle est en position d'abri par rapport à l'air maritime et continental
(contourné suite à la présence de la
dépression).
17
2.3 Données du vent
L'implantation d'un parc éolien exige un vent fort et
soutenu. Les classes de vitesses des vents adoptées par l'atlas
climatique du Liban [1969] sont les suivantes : calmes quand la vitesse du vent
est inférieure à 2 m/s, vent faible de 2 à 5 m/s, vent
modéré de 6 à 10 m/s, vent fort de 11 à 15 m/s et
un vent violent au-delà des 16 m/s. Nous avons illustré sur la
Figure 11 les 14 stations météorologiques avec la vitesse moyenne
du vent à 10 m du sol, et la rose des vents de quelques stations.
« Le nombre de jours de vent fort est relativement
important au Liban. Ce sont les stations de col ou de seuil qui ont les
fréquences les plus grandes » [Blanchet, 1976], telles que Daher El
Baidar (5,4 m/s) et Marjayoun (5,3 m/s) et avec une dominance du vent du NNW et
du W. Les stations réparties sur la zone littorale reçoivent des
vents assez élevés fréquents surtout du SW à
l'exception de la station Klaiaat qui reçoit aussi des vents du NE
[Ibid.]. La station des Cèdres est située dans la
région montagneuse à proximité d'une vallée, elle
reçoit des vents en provenance de différentes directions et
enregistre une moyenne de 3,9 m/s. Les stations à l'intérieur du
pays sont soit en position d'abris (Zahlé), soit elles reçoivent
les vents canalisés par les cols (Rayak). L'air arrivant à
Tripoli, surtout de SE, est affaibli par le relief situé au sud de la
région, la vitesse moyenne enregistrée pendant 11 ans est de 2
m/s.
Figure 11 : Répartition des stations
météorologiques de mesure du vent à 10 m, au
Liban. Nous avons représenté la vitesse moyenne, la direction
et la fréquence du vent sous forme de
rose des vents
Sources des données : Hassan, 2011
MNT SRTM 28,5 m (
earthexplorer.usgs.gov)
La rose des vents est celle des 16 directions
18
Nous avons représenté sur Figure 12 la moyenne
mensuelle des mesures du vent dans les 14 stations
météorologiques, elles sont enregistrées sur une
période allant de 1 an à 11 ans.
Vitesse du vent en m/s
4
8
7
6
5
3
2
0
1
Mois
Marjayoun (1 an)
Beyrouth Golf (11 ans)
Tripoli (11 ans)
Tyr (9 ans)
klaiaat (2 ans) Abdé (11 ans)
Les Cèdres (10 ans)
Daher El Baydar (7 ans)
Bayssour (8 ans)
Zahlé (10 ans) Rayak (9 ans) Quaraoun (2 ans)
Faqra (1 an)
Figure 12 : La variation saisonnière de la vitesse
moyenne du vent (en m/s) enregistrée à 10 m dans 14 stations
météorologiques au Liban
Source : Hassan, 2011
La période des données varie entre 1 an et 11
ans
Les courbes affichent une variation saisonnière, la
période avril-septembre est une période de faibles vents
[Blanchet, 1976], mais nous remarquons des pics d'été dans
certaines stations, surtout en juillet. Ces pics sont provoqués par des
vents d'altitude qui arrivent à franchir la basse pression soudée
au nord du Liban [Ministère des travaux publics, 1969]. Cet air est
enregistré dans les stations des montagnes telles que Bayssour ou Daher
El Baidar et s'écoule vers la plaine. La station Marjayoun enregistre
des valeurs maximales en été. C'est une station de seuil qui est
entourée au nord par les monts Rihan et Niha (sud de la chaîne du
Mont-Liban), à l'est par le mont Hermon (sud de l'Anti-Liban) et au sud
par la plaine de Marjayoun. Les vents du SW et W dominent Marjayoun et sont
canalisés avec le relief vers la plaine de Bekaa, en particulier durant
l'été où la plaine est surchauffée durant la
journée. Marjayoun se singularise par de forts vents tout au long de
l'année.
Les vents les plus forts apparaissent durant les mois de
perturbations en Méditerranée entre octobre et mai. Les vents
d'ouest et du sud-ouest, correspondent au régime dominant des vents
forts [Blanchet, 1965]. Daher El Baidar est situé sur un col, le vent
est canalisé naturellement ce qui engendre des vents forts [Blanchet,
1976]. Klaiaat et les Cèdres enregistrent des vents forts à
partir d'octobre, puisque les vents entrainés par l'anticyclone
d'Eurasie pénètrent le nord du Liban sans perturbation.
19
2.4 Distribution de Weibull
Le vent varie en permanence. Afin de déterminer les
caractéristiques du vent pour un site d'exploitation, il est primordial
d'effectuer des mesures météorologiques sur une longue
période de temps. Mais cette opération demande du temps et un
coût élevé, donc nous avons recours à des
modélisations et des analyses statistiques pour estimer et
évaluer les ressources du vent [Wais, 2017].
Le paramètre de Weibull est le plus utilisé dans
la littérature pour caractériser le vent, il estime la
distribution annuelle de la fréquence de la vitesse du vent sur un site.
Il s'agit d'une méthode statistique simple qui présente une bonne
concordance avec les données expérimentales et qui permet de
déduire les paramètres du vent à plusieurs hauteurs [Al
Zohbi et al., 2015]. Il consiste à calculer deux
paramètres : le facteur d'échelle (c) et le facteur de
forme (k) s'exprimant sous la forme :
??-??
??(??) = (?? ??) (?? ??(-(?? ??
??) )
??)
v : détermine la vitesse du vent (m/s)
k : détermine la forme de la distribution du vent c :
détermine la qualité du vent (m/s)
Al Zohbi [2014], a appliqué plusieurs méthodes
pour la distribution de Weibull. Le Tableau 1 résume les valeurs de
k et de c obtenues par les méthodes les plus
favorables. Le facteur d'échelle c est proportionnel à
la vitesse du vent. Le vent est constant lorsque la valeur de k est
forte, et est variable lorsque k possède une faible valeur.
Alors d'après les valeurs de k, Marjayoun, Klaiaat, Faqra et
Daher El Baidar sont les sites les moins fluctuants et Daher El Baidar est le
site le plus venteux.
20
Tableau 1 : Les paramètres de Weibull
calculés pour les stations de mesure du vent (m/s)
au Liban
Station
|
V (m/s)
|
k
|
c (m/s)
|
Abde
|
2,6
|
1,37
|
2,86
|
Bayssour
|
3,4
|
1,53
|
3,78
|
Beyrouth
|
2,8
|
1,43
|
3,11
|
Daher El Baidar
|
5,4
|
1,95
|
6,07
|
Faqra
|
2,4
|
1,74
|
2,7
|
Hermel
|
3,1
|
1,5
|
3,44
|
Klaiaat
|
4,26
|
1,72
|
4,79
|
Les Cèdres
|
3,9
|
1,58
|
4,38
|
Marjayoun
|
5,3
|
1,77
|
5,96
|
Qaraoun
|
3,93
|
1,63
|
4,37
|
Rayak
|
3,6
|
1,61
|
4
|
Tripoli
|
2
|
1,09
|
2,13
|
Tyr
|
3
|
1,48
|
3,33
|
Zahle
|
2,6
|
1,36
|
2,89
|
Source : Zohbi, 2014
La rugosité d'une surface (les villes, les
forêts, etc.) affecte l'activité du vent [Abdelaziz et
al., 2012]. Pour obtenir un meilleur rendement, il est
préférable que la turbine soit le plus loin possible du sol [Lu
et al., 2002], il est donc nécessaire de prévoir la
vitesse du vent à plusieurs hauteurs. Par exemple pour un
aérogénérateur de 50 m, l'estimation de la vitesse du vent
doit être à la même hauteur.
La loi logarithmique est une des méthodes
d'extrapolation de la vitesse des vents, l'équation s'exprime par :
V2 = V?? X
|
??n(????
????)
??n(??2
????)
|
Z0 : est la rugosité
Z1 : est la hauteur dont la vitesse moyenne est connue
Z2 : la hauteur vers laquelle V1 sera extrapolée V1 : est
la vitesse à la hauteur Z1
21
Le Tableau 2 regroupe les vitesses moyennes à 30 m, 50
m et 100 m calculées par Zohbi [2014], nous pouvons constater que la
vitesse du vent augmente avec l'altitude [Soulouknga et al., 2016].
Tableau 2 : La vitesse moyenne du vent (m/s)
calculée à 30 m, 50 m et 100 m par la loi
logarithmique
Station
|
Altitude 10 m
|
Altitude 30 m
|
Altitude 50 m
|
Altitude 100
|
Abde
|
2,6
|
3,8
|
4,4
|
5,2
|
Bayssour
|
3,4
|
4,8
|
5,5
|
6,4
|
Beyrouth
|
2,8
|
4,2
|
4,8
|
5,6
|
Dahr El
|
5,4
|
7,4
|
8,3
|
9,5
|
Baidar
|
|
|
|
|
Faqra
|
2,4
|
3,3
|
3,7
|
4,2
|
Hermel
|
3,1
|
4,5
|
5,2
|
6,1
|
Klaiaat
|
4,2
|
6,2
|
7,1
|
8,4
|
Les Cèdres
|
3,9
|
5,3
|
6,0
|
6,9
|
Marjayoun
|
5,3
|
7,8
|
9,0
|
10,6
|
Qaraoun
|
3,8
|
5,6
|
6,5
|
7,6
|
Rayak
|
3,6
|
5,3
|
6,1
|
7,1
|
Tripoli
|
2,0
|
3,4
|
4,1
|
5,0
|
Tyr
|
3,0
|
4,4
|
5,1
|
6,0
|
Zahle
|
2,6
|
3,8
|
4,4
|
5,1
|
Source : Zohbi, 2014
L'étude des conditions venteuses du Liban favorise les
sites de Marjayoun (sud), Klaiaat (nord), Daher El Baidar (station de col). Il
faut éviter à la fois les vents calmes et les vents forts qui
pourraient endommager les machines. La localisation et la dispersion entre les
éoliennes dépendent de la direction du vent, d'où
l'importance de connaitre le vent dominant [Zohbi, 2014].
La vitesse du vent est un facteur primordial au
développement de l'énergie éolienne mais il n'est pas le
seul. La planification d'un projet éolien est une approche
multicritère, qui doit répondre à des normes
environnementales, sociales et économiques.
22
3. Aide MultiCritère à la Décision via
un Système d'Information Géographique
L'aide multicritère est définie par Chakhar
[2006] comme suit : « l'aide multicritère à la
décision vise à fournir à un décideur des outils
lui permettant de progresser dans la résolution du problème de
décision où plusieurs points de vue, souvent contradictoires,
doivent être pris en compte ». Les méthodes d'Aide
MultiCritère à la Décision (AMCD) résolvent le
problème de la multiplicité des facteurs. Les SIG ajoutent
à l'AMCD les capacités de gestion et d'analyse de données
à références spatiales, ainsi qu'un outil pour
représenter les résultats visuellement [Chakhar, 2006].
Malczewski [2006] liste 319 travaux qui ont intégré SIG et AMCD
durant la période 1990-2004, dans le domaine de la science,
planification urbaine, environnement, transport, agriculture, écologie,
télédétection, biologie et ingénierie [Malczewski,
2006].
La protection de l'environnement, la nuisance, le gaspillage
des ressources financières, etc. sont généralement les
principales causes d'annulation ou de suspension d'un projet [Polatidis et
Morales, 2016]. Par conséquent, des acteurs impliqués peuvent
empêcher un projet éolien planifié sur le plan
théorique de s'exécuter [Ibid.].
Le SIG est un outil d'aide à la décision dans
les domaines dédiés à l'énergie éolienne.
Ainsi, la base des données d'entrée est constituée par des
dizaines de paramètres à évaluer (carte des vitesses des
vents, distance aux routes, etc.), et le résultat des traitements et des
analyses est la carte finale des sites optimaux à l'implantation
d'éoliennes.
3.1 Contraintes et critères d'implantation
d'éoliennes
L'évaluation de l'énergie éolienne est
souvent difficile car il s'agit d'une notion subjective. Certaines
études en Europe et aux États-Unis ont montré que la
perception de l'énergie éolienne comme source d'énergie
100% propre et renouvelable dépasse l'impact visuel [Ouammi et
al., 2012]. D'autres études trouvent cela inesthétique et
d'autres considèrent qu'il peut s'agir du syndrome NIMBY5. Il
est donc nécessaire d'effectuer une étude préliminaire
pour le choix du site d'implantation des éoliennes, en suivant certaines
normes pour éviter les barrières économiques,
environnementales et psychologiques.
On distingue deux types de variables dans l'approche
multicritère : les contraintes et les critères. Les contraintes
regroupent les restrictions naturelles ou artificielles [Chakhar, 2006], et
excluent de l'analyse les sites considérés comme strictement non
appropriés au développement d'un projet [Hansen, 2005]. Par
exemple, il existe des lois qui interdisent d'implanter un parc éolien
dans les zones urbaines, les zones protégées, les sites d'une
valeur historique, sur les infrastructures hydrauliques, etc.
[Sánchez-Lozano et al., 2016]. Au-delà des contraintes,
les critères (appelés aussi facteurs) permettent d'évaluer
un site, ils sont associés à des paramètres
5 « Not In My BackYard » signifiant « pas dans
mon arrière-cour », c'est le syndrome de la personne voulant tirer
profit d'un projet mais tout en étant loin de son environnement.
23
de préférence (ex. poids, seuils de
discrimination, etc.) en fonction de leur importance [Chakhar, 2006]. Ce sont
les séries de contraintes et de critères environnementaux,
économiques et sociaux qui évalueront les différents sites
[Gigoviæ et al.,, 2017].
La bibliographie que nous avons choisie concerne surtout
l'analyse multicritère traitée via un outil
d'information géographique afin de trouver un site potentiel pour
bénéficier de l'énergie éolienne. Une recherche
bibliographique à partir du catalogue et des bases de données
bibliographiques disponibles est synthétisée dans le Tableau 3.
Il s'agit des critères et des contraintes susceptibles d'être pris
en compte pour le développement d'un gisement éolien. Cela
dépend des pays, essentiellement des décisions politiques,
économiques, environnementales et sociales.
Ce tableau nous a permis de choisir des paramètres
pertinents pour notre étude. La colonne de gauche indique les facteurs
cités dans la littérature, et les colonnes suivantes le seuil
pour qu'un site soit potentiel. Les couleurs désignent le niveau
d'exigence par élément.
24
Tableau 3 : Limites d'implantation d'un parc éolien
évoquées dans la littérature
Données : Synthèse bibliographique
réalisée à partir de
Baban et Parry, 2001 ; Bennui et al., 2007 ; Aydin et al.,
2010 ; Jeffry D. Harrison, 2012 ; Mentis, 2013 ; Gass et al., 2013 ; Miller et
Li, 2014 ; Latinopoulos et Kechagia, 2015 ; Atici et al., 2015 ; Noorollahi et
al., 2016 ; Anwarzai et Nagasaka, 2017 ; Gigoviæ et al., 2017
25
Nous remarquons que les contraintes sont à peu
près les mêmes dans les douze travaux mentionnés. Les
nuances des seuils entre les pays sont en lien avec les aménagements et
les planifications territoriales et paysagères. Elles sont plus ou moins
rigoureuses d'une région à une autre selon des enjeux locaux.
Par exemple, la Turquie et l'Iran sont situés dans des
zones à hauts risques sismiques, le facteur de proximité aux
failles est étudié pour des raisons de sécurité
mais avec un faible poids par rapport aux autres facteurs [Atici et
al., 2015 ; Noorollahi et al., 2016]. La structure
géomorphologique karstique a été exclue de l'étude
sur la région située entre Washington State et l'Oregon, puisque
les risques liés au développement de cette formation sont
variés. Le karst est instable et vulnérable pour être
développé en souterrain par des cavités et des grottes
(phénomène de dissolution), et ainsi induire des effondrements
[Jeffry D. Harrison, 2012]. Bennui et al. [2007] sont les plus
exigeants sur la distance entre un parc éolien et les espaces ruraux
(> 2 500 m) et urbains (> 1 000 m). Leur choix peut être lié
aux vastes espaces ruraux et peuplés de la Thaïlande. Autre
exemple, la législation turque impose des seuils concernant la pollution
sonore, la sécurité, les réserves naturelles et la
dimension des surfaces occupées par les éoliennes [Atici et
al., 2015]. En revanche, elle considère les forêts comme
sites potentiels [Aydin et al., 2010].
Aucune distinction entre les types des routes n'est faite dans
les articles cités, mais la distance aux axes principaux doit être
supérieure à la distance aux routes secondaires et routes
montagneuses [Noorollahi et al., 2016].
Nous avons choisi douze normes pour l'installation
d'éoliennes au Liban : la distance aux routes, aux villes, à
l'habitation, aux réseaux électriques, aux rivières, aux
lacs, aux patrimoines culturels, aux forêts et réserves, aux
aéroports, la vitesse du vent, la pente et l'élévation.
Elles seront développées dans la partie suivante.
3.2 Outils d'aide à la décision
Au cours des dernières décennies, les
méthodes d'analyse multicritère ont été largement
intégrées au sein des systèmes d'informations
géographiques au service de la prise de décision pour
l'énergie éolienne [Miller et Li, 2014]. Les capacités
analytiques des SIG les différencient des autres logiciels
cartographiques numériques [Chakhar, 2006]. Plusieurs exemples dans la
littérature traitent la combinaison entre SIG et AMCD. L'AMCD consiste
à associer des facteurs à des normes sociales, économiques
et écologiques selon une certaine hiérarchisation et les SIG
ajoutent une notion spatiale pour produire une carte décisionnelle
montrant les sites les plus potentiels à l'implantation
d'éoliennes [Gigoviæ et al., 2017].
Les méthodes de l'AMCD les plus citées sont la
méthode ELimination et Choix Traduisant la REalité
(ELECTRE), Preference Ranking Organization Method Enrichment
Evaluation (PROMETHEE), Analytic Hierarchy Process (AHP),
Analytic Network Process (ANP), Ordered Weighted Averaging (OWA),
VIseKriterijumska Optimizacija I Kompromisno Resenje (VIKOR) et
Technique for Order of Preference by Similarity to Ideal Solution
(TOPSIS) [Sánchez-Lozano et al., 2016 ; Villacreses et
al., 2017].
Les zones de contraintes où il est strictement interdit
d'implanter des éoliennes sont exclues dès le début des
études [Atici et al., 2015 ; Noorollahi et al., 2016 ;
Gigoviæ et al., 2017], soit par la méthode Fuzzy
[Latinopoulos et Kechagia, 2015], soit par la méthode Booléenne
[Latinopoulos et Kechagia, 2015 ; Jahangiri et al., 2016]. La
méthode Fuzzy consiste à reclasser
26
les facteurs en des degrés de satisfaction allant de 0
à 1. La Booléenne est une méthode binaire pour mettre
à 1 les sites à fort potentiel éolien et à 0 les
autres sites. Atici et al. ont comparé les méthodes
ELECTRE III, ELECTRE-TRI et SMAA-TRI [Atici et al., 2015]. Ce sont des
méthodes dérivées de ELimination and Choice Expressing
REality (ELECTRE). Ces dernières consistent à
éliminer à la fois les seuils de contraintes et à
attribuer aux facteurs un poids relatif.
Pour combiner les facteurs économiques, sociaux et
environnementaux, Baban et Parry [2001] ont testé deux méthodes.
Tout d'abord, ils ont standardisé les facteurs en un même nombre
de classes. La première méthode consiste à superposer les
facteurs avec des poids égaux, et la deuxième, à les
combiner avec des poids différents. Leurs résultats favorisent la
deuxième méthode [Baban et Parry, 2001].
Le poids des facteurs, pour Vasquez et al.
[2011], est calculé à partir d'entretiens avec
différents acteurs et professionnels. Ils ont estimé leurs scores
d'après des normes politiques, environnementales, économiques,
etc. [Vazquez et al., 2011]. Latinopoulos et Kechagia, [2015],
Sánchez-Lozano et al., [2016], Chaouachi et al.,
[2017] et Villacreses et al., [2017], ont évalué les
poids des critères par la méthode de l'analyse
multicritère AHP, c'est la méthode la plus utilisée dans
les études. Elle consiste à hiérarchiser les
critères par une comparaison matricielle. Sánchez-Lozano et
al. [2016] ont combiné la méthode AHP et la méthode
TOPSIS dont le but est de classer les sites en ordre de
préférence par des coefficients variants de 0 à 1.
Gigoviæ et al. [2017] ont évalué
les poids des facteurs par les méthodes de préférence
Decision Making Trial and Evaluation Laboratory (DEMATEL) et Analytic
Network Process (ANP). L'ANP est une dérivée de la
méthode AHP. Elle est avantagée par la précision dans le
calcul des poids des critères [Büyüközkan et
Güleryüz, 2016].
Et enfin, pour combiner les critères, les trois
méthodes les plus fréquentes sont Weighted Linear
Combination (WLC) [Latinopoulos et Kechagia, 2015 ; Gigoviæ et
al., 2017], Weighted Index Overlay (WIO) [Noorollahi et
al., 2016], Ordered Weighted Averaging (OWA) [Aydin et
al., 2010]. Les cartes thématiques doivent être d'abord
standardisées en un même nombre de classes pour les trois
méthodes. La différence entre les méthodes est que l'OWA
étudie deux variables, l'ordre d'importance du facteur et son poids.
Cette méthode est utilisée en couplage avec l'approche Fuzzy. Le
WLC et WIO établissent la carte décisionnelle en utilisant juste
le poids des facteurs [Ibid.].
Notre étude vise à déterminer la
potentialité de l'énergie éolienne au Liban, nous suivrons
la méthodologie suivante dans notre étude : nous appliquerons une
approche multicritère dans les SIG en utilisant la méthode
Booléenne pour supprimer les contraintes et nous utiliserons ensuite
l'AHP pour évaluer les sites potentiellement aptes à
l'implantation d'un parc éolien au Liban. Les caractéristiques
particulières des SIG et AMCD se complètent. Elles constituent
une analyse systématique et rationnelle. Le SIG a de grandes
capacités de manipulation, de stockage, de gestion, d'analyse et de
visualisation de données géospatiales, alors que le AMCD fournit
une collection de procédures, techniques et algorithmes pour
résoudre des complexités dans la prise de décision,
l'évaluation et la hiérarchisation des facteurs [Gamboa et Munda,
2007 ; Gigoviæ et al., 2017]. Le couplage entre SIG et l'AMCD va
permettre de répondre à la problématique de notre
étude.
27
Le système actuel de gestion de
l'électricité au Liban semble défaillant sur plusieurs
points. Il témoigne de problème de corruption, politisation,
absence de solution radicale, fraude, etc. Cela risque de s'aggraver avec le
temps, avec des répercussions négatives non seulement sur la vie
quotidienne mais sur la croissance du pays. Les autorités publiques
suggèrent des barges et des centrales thermiques sous le prétexte
d'assurer rapidement l'électricité. Notre étude souhaite
fournir, dans son champ de compétence, une assistance durable à
l'électrification au Liban. Nous suggérons de produire de
l'électricité par l'énergie éolienne. L'approche
multicritère et les SIG contribueront à avancer vers l'objectif
de notre travail, celui d'élaborer une méthode pour la
prospection d'espaces adaptés à installer des
aérogénérateurs.
29
CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE POUR LA PLANIFICATION
D'UN PROJET ÉOLIEN
La préoccupation mondiale sur le changement climatique
et sur l'impact négatif de l'utilisation des énergies fossiles et
nucléaires, fait que l'énergie éolienne se
développe le plus rapidement parmi les énergies renouvelables
[Voigt et Kingston, 2016]. Son rendement est en voie d'amélioration
grâce au progrès technologique de
l'aérogénérateur, afin de répondre aux besoins
énergétiques croissants [Miller et Li, 2014]. Mais ses
désavantages seront toujours présents, leurs effets peuvent peser
lourdement aussi bien sur la biodiversité de la zone du projet
éolien que sur la vie humaine [Voigt et Kingston, 2016]. L'un des
principaux défis du développement de l'énergie
éolienne est de trouver le site le plus approprié à
l'implantation de celle-ci [Miller et Li, 2014]. Ces sites doivent être
les moins nuisibles possible pour mieux gérer l'acceptation sociale.
Dans ce chapitre, nous décrivons une démarche pour identifier les
sites les plus appropriés à l'installation d'éoliennes au
Liban. Nous allons suivre les étapes suivantes :
- identifier les contraintes et critères locaux qui
vont évaluer les sites potentiels à l'implantation d'un parc
éolien
- exposer la phase de collecte et de traitement des
différents jeux de données (données climatiques, bases de
données géographiques, etc.)
- présenter les méthodes que nous avons
utilisées et qui consistent à éliminer les contraintes,
hiérarchiser les facteurs et évaluer les sites pour un projet
éolien.
1. Description des contraintes et critères
choisis
La recherche d'un site potentiel aux éoliennes est une
approche multicritère, elle demande une bonne concordance entre des
critères économiques, sociaux et environnementaux [Latinopoulos
et Kechagia, 2015]. En l'absence de législations et
règlementations liées à l'énergie éolienne
au Liban, nous nous sommes aidés de la bibliographie et de la
connaissance du terrain (Tableau 3, p. 24) pour choisir le seuil des
contraintes et les facteurs locaux pour la prospection d'éoliennes. Les
facteurs et les contraintes les plus récurrents dans la
littérature et adaptés à la structure globale du Liban ont
été sélectionnés (Figure 13).
30
Figure 13 : Les contraintes et les critères choisis
pour la prospection d'un parc éolien au
Liban
Données : Synthèse bibliographique
réalisée à partir de Baban et Parry, 2001 ; Bennui et al.,
2007 ; Aydin et al., 2010 ; Jeffry D. Harrison, 2012 ; Mentis, 2013 ; Gass et
al., 2013 ; Miller et Li, 2014 ; Latinopoulos et Kechagia, 2015 ; Atici et al.,
2015 ; Noorollahi et al., 2016 ; Anwarzai et Nagasaka, 2017 ; Gigoviæ et
al., 2017 ; Villacreses et al., 2017
Les facteurs économiques sont
liés à la faisabilité technique d'un projet, ils
conditionnent le prix de la construction et de la maintenance [Miller et Li,
2014]. La proximité des routes et des réseaux électriques
réduit le coût d'un projet [Atici et al., 2015]. En
revanche, un parc éolien doit être à une certaine distance
des routes pour des raisons de sécurité [Gigoviæ et
al., 2017]. La limite de 500 m sera étudiée pour les routes
bien aménagées et capables d'assurer le transport de grandes
machines ; les routes locales et montagneuses ne seront pas prises en
compte.
Nous ignorons la capacité technique des lignes de
transport d'électricité au Liban, mais une distance minimale de
200 m et maximale de 8000 m leur sera appliquée.
De même, vu que le Liban est un pays montagneux, pour
minimaliser le coût d'un projet et les complications de construction, le
plus favorable pour installer les éoliennes est d'avoir un terrain d'une
pente inférieure à 10%.
Les régions à plus de 2000 m d'altitude sont
considérées comme difficiles d'accès car elles manquent
d'aménagements publics. Notons que ces zones au Liban sont
vulnérables à des risques d'érosion et représentent
la majeure partie des ressources en eau du pays [Zohbi, 2014]. En plus, le
Ministère de l'Environnement est en voie de classer cette aire sensible
en tant que site protégé.
Les paramètres socio-environnementaux
concernent la pollution visuelle, sonore, esthétique
[Latinopoulos et Kechagia, 2015] et également la sécurité
et le problème de l'interférence électromagnétique
qu'un parc éolien peut causer [Villacreses et al., 2017]. Les
réserves et les forêts comprennent aussi les terres boisées
qui couvrent une superficie totale de 2 430 km2 [FAO, 2010]. La
proximité supérieure à 1000 m concerne les lacs de barrage
et les grands lacs profonds à vocation agricole.
Les contraintes vont filtrer les sites potentiels des non
potentiels, les facteurs évalueront les sites selon leurs niveaux de
potentialités. Les facteurs sélectionnés sont : la vitesse
du vent, la pente du terrain, la distance aux routes, la proximité aux
villes et la distance aux lignes de
31
transmission d'électricité [Villacreses et
al., 2017]. La vitesse du vent est considérée comme l'un des
principaux facteurs économiques [Gigoviæ et al., 2017],
elle doit être assez suffisante pour garantir une meilleure
rentabilité économique, ainsi qu'un bon rendement en
matière de production d'électricité [Latinopoulos et
Kechagia, 2015]. Nous avons considéré que l'étude est
appliquée pour des aérogénérateurs de 50 m de
hauteur, les valeurs de la vitesse moyenne du vent étudiées
seront alors à cette même hauteur6.
Tous ces paramètres cités ci-dessus forment la
base des données géographiques à traiter et à
analyser afin de trouver les sites potentiels au Liban.
6 Nous pouvons bien imaginer des
aérogénérateurs à 80 m et 100 m, alors la vitesse
moyenne du vent utilisée sera à cette même hauteur.
32
2. Collecte et traitement des données
sélectionnées
Pour répondre à la problématique de
l'étude, nous avons collecté plusieurs données
nécessaires à l'approche multicritère pour la recherche
d'un site potentiel aux éoliennes. Nous avons utilisé
différents logiciels de SIG pour le traitement et l'analyse des
entités géographiques (ArcGis et QGIS). Les données
géographiques sont sous forme de vecteur ou raster (Figure 14),
compatibles avec les logiciels SIG [Villacreses et al., 2017]. Un
raster est une image matricielle formée de grilles rectangulaires
(pixel), chaque pixel représente une information spatiale
[Sánchez-Lozano et al., 2013]. Le mode vecteur est une
manière de représenter les entités spatiales par des
formes géométriques : points, lignes ou polygones [Villacreses
et al., 2017].
Figure 14 : Différenciation entre le mode raster et
vecteur
Source : Chakhar, 2006
Pour les données des vents, nous avons obtenu la
moyenne de la vitesse du vent mensuelle, mesurée à 10 m de
l'atlas des vents (CEDRO). Ces données sont collectées par des
stations du service météorologique libanais. Nous avons
utilisé les valeurs extrapolées à 50 m de l'étude
de Zohbi [2014], qui avait traité également les données de
cet atlas. Toutes ces valeurs ont été rassemblées dans un
tableau Excel où nous leur avons attribué une
référence spatiale afin de les importer dans ArcGis sous forme de
points.
Les bases de données des routes, points
d'agglomérations, rivières, zones historiques, zones
protégées, forêts et réserves naturelles sont issues
du Schéma Directeur d'Aménagement du Territoire Libanais (SDATL).
Il a été élaboré en 2002 en collaboration avec le
gouvernement libanais, représenté par le Conseil du
Développement et de la Reconstruction (CDR) et la Direction
Générale de l'Urbanisme. Il est donc nécessaire de mettre
à jour ces données géographiques avant toute utilisation.
Nous nous sommes aidés des images satellitaires (Google Earth, fond de
carte d'ArcGis) pour améliorer les données, ainsi que les
documents présents sur
33
le site du Ministère de l'Environnement et les
données géographiques en libre accès diffusées sur
le site OpenStreetMap7.
Faute d'avoir accès à la base des données
contenant les bâtiments digitalisés, nous nous sommes servis de la
base de données des points d'agglomération, à laquelle
nous avons appliqué une distance aux villes. Cependant, cette couche ne
prend pas en compte les habitats isolés qui ne sont pas pour autant
négligeables. Pour pallier ce déficit, nous avons pris un
échantillon de la zone la plus potentielle dans laquelle nous avons
digitalisé les habitats et appliqué la contrainte de la distance
aux habitats.
La pente est dérivée à partir du
modèle numérique de terrain (SRTM 28,5 m) obtenu sur le site du
United States Geological Survey (
USGS-earthexplorer.usgs.gov).
Cette résolution a été estimée suffisante pour la
superficie étudiée.
Pour les données concernant les réseaux
électriques, nous avons digitalisé la carte établie par
EDL. Une marge d'erreur peut être présente surtout à grande
échelle puisque la résolution de la carte est
grossière.
Afin de pouvoir superposer les couches, nous avons
projeté toutes les données dans le système Lambert
Conformal Conic (ellipsoïde : Clark 1880). C'est la projection la plus
utilisée pour les données disponibles au Liban.
À partir de ces données, nous avons construit un
ModelBuilder dans ArcGis. C'est une forme d'organigramme
dynamique [Cristea et Jocea, 2016]. Cette application permet d'automatiser
plusieurs opérations, de partager le travail entre les utilisateurs, de
sauvegarder une chaîne de traitement et de construire un modèle
complexe quel que soit le niveau de l'utilisateur [Ibid.].
Nous avons assemblé toutes les données
géospatiales dans une geodatabase. L'inconvénient de ce
format de stockage est qu'il n'est pas compatible avec tous les logiciels de
SIG [Donnelly, 2010], mais il a une capacité à stocker divers
types de données (raster, vecteur, TIN8, etc.) et de les
manipuler facilement. Cette flexibilité nous a conduit à
privilégier une géodatabase plutôt que d'utiliser plusieurs
shapefile et fichiers raster [Zeiler, 1999]. Par exemple, l'option
« itérer dans des classes d'entités » ou bien
Iterate Feature Classes dans ModelBuilder, comme le montre la
Figure 15, autorise l'exécution d'un outil pour chaque entité
d'une géodatabase.
7 Le site
openstreetmap.org met à la
disposition de l'utilisateur des données libres et gratuites.
8 Triangulated irregular network ou
Réseaux Triangulés Irréguliers est une forme pour
représenter la morphologie d'un terrain, la méthode consiste
à relier les points en un réseau de triangles [Zeiler, 1999].
34
Figure 15 : Le calcul de la distance euclidienne à
chaque entité géographique de la
géodatabase
Source : Modèle dans ModelBuilder
L'ajout des %x% permet de gérer les noms des
entités en sortie
Le format conseillé pour une approche
multicritère est le raster en raison de la rapidité des
traitements [Villacreses et al., 2017]. De même, l'analyse
continue de nos données spatiales nous impose le format raster. Par
exemple, la distance euclidienne dans ArcGis permet de calculer la distance
entre les entités, elle convertit toutes les données
d'entrées en format raster avant de les analyser. Enfin, afin
d'éviter des erreurs de chevauchement, nous avons
ré-échantillonné toutes les mosaïques d'images
à environ 28,5 mètres/pixel, ce choix est basé sur la
résolution du MNT.
Une fois les contraintes et les critères
traités, nous placerons une série de démarche
méthodologique pour trouver les sites les plus potentiels aux
éoliennes au Liban.
35
3. Méthodes appliquées à l'approche
multicritère
L'élaboration de la carte du potentiel éolien
nécessite une base de données géospatiales contenant les
contraintes et les facteurs de notre zone d'étude. La phase suivante
consiste à garder les sites économiques et socio-environnementaux
aptes à implanter un parc éolien. Une fois les contraintes
éliminées, nous allons évaluer et classer les sites
restants selon leurs degrés d'aptitudes, en croisant les critères
selon une certaine hiérarchie. La Figure 16 résume notre
méthode de travail.
Figure 16 : Schéma illustrant la méthodologie
utilisée dans notre étude
36
3.1 Logique Booléenne
L'objectif principal de cette méthode est
d'éliminer les zones contraintes et ne garder que les sites potentiels
aux éoliennes [Latinopoulos et Kechagia, 2015]. La logique
mathématique Booléenne consiste à représenter les
données d'entrées sous forme binaire 0 et 1 :
{
0 : les sites contraints à l'impantation
d'éoliennes 1 : les sites potentiels à l'implantation
d'éoliennes
Nous avons utilisé l'opération ET
Booléenne (&) pour éliminer les zones contraintes aux
éoliennes. Comme l'illustre la Figure 17, la valeur de la cellule en
sortie est égale à 1 quand toutes les valeurs des rasters
d'entrées sont vraies, et la valeur du pixel en sortie est 0 quand
toutes les valeurs ou l'une des valeurs est fausse.
Figure 17 : Fonctionnement de l'outil ET Booléen sur
les valeurs des cellules d'un raster, 1 si l'expression est juste et 0 si l'une
ou toutes les expressions sont fausses
Source : Jahangiri et al., 2016
Les contraintes citées sur la Figure 13 (p. 30) forment
les rasters en entrée de cette méthode. Nous avons d'abord
calculé la distance entre les entités de la même couche
spatiale pour éliminer les zones tampons. Par exemple, pour la
contrainte de proximité aux routes, nous avons d'abord calculé la
distance entre les routes, pour ensuite attribuer la valeur 0 à chaque
pixel ayant une valeur inférieure à 500 m. Les jeux d'outils de
distance dans ArcGis sont nombreux : distance de coût, direction
euclidienne, distance euclidienne, allocation euclidienne, zone tampon.
[Villacreses et al., 2017]. Nous avons choisi l'outil distance
euclidienne pour calculer la distance entre les lignes de transports
d'électricités, les villes, les routes, les sites historiques,
les forêts et les plans hydriques.
La pente est l'inclinaison d'un terrain par rapport à
une ligne horizontale exprimée en degré ou en pourcentage
[Chakhar, 2006], elle est dérivée à partir des
données d'élévation (MNT) où la valeur d'un pixel
représente l'altitude. L'outil pente dans les SIG utilise quatre
algorithmes différents pour calculer la pente. La différence
entre les méthodes de calcul de pente est la taille de
l'élément structurant et le mode d'échantillonnage (la
valeur moyenne entre les pixels voisins, la valeur maximale, etc.) [Dunn et
Hickey, 1998]. Pour éliminer les pentes supérieures à 10%,
nous avons utilisé cet outil pour dériver la pente en pourcentage
à partir du MNT couvrant la superficie du Liban.
Le résultat de la méthode Booléenne met
en relief uniquement les sites potentiels et masque les sites contraints.
37
3.2 Standardisation des critères
La standardisation des critères consiste à
modifier les valeurs du pixel de façon à uniformiser les
critères en un même nombre de classes [Villacreses et
al., 2017]. Afin de distinguer le niveau de potentialité des sites
potentiels, nous grouperons les pixels des facteurs de la vitesse du vent, la
pente du terrain, la distance aux routes, la proximité aux zones
urbaines et la distance aux lignes de transmission en cinq classes de
potentialités : 1 = très faible ; 2 = faible ; 3 = moyen ; 4 =
fort et 5 = très fort. Le site ayant le plus haut score est le plus
favorable pour l'installation d'éoliennes. Nous avons
préféré reclasser les critères manuellement dans
les SIG plutôt que par les fonctions linéaires, puisque chaque
critère représente un cas particulier en termes de seuillage. Le
Tableau 4 répertorie les cinq classes et les seuils de chaque
critère. Nous nous sommes appuyés sur la lecture bibliographique,
sauf pour le seuil de la vitesse de vent où nous avons utilisé le
seuil utilisé par le National Renewable Energy Laboratory
(NREL) [Miller et Li, 2014].
Tableau 4 : Les seuils de discrétisation des
critères
Score de potentialité
|
Pente (%)
|
Vitesse du vent à 50 m (m/s)
|
Distance aux villes (m)
|
Distance aux routes (m)
|
Distance aux réseaux d'électricités
(m)
|
Très forte
|
< 5
|
> 7,5
|
> 10 000
|
< 1 000
|
< 500
|
Forte
|
[5 - 6[
|
[7 - 7,5[
|
[5 000 - 10 000[
|
[1 000 - 2 000[
|
[500 - 1 000[
|
Moyenne
|
[6 - 7[
|
[6,4 - 7[
|
[4 000 - 5 000[
|
[2 000 - 3 000[
|
[1 000 - 2 000[
|
Faible
|
[7 - 8 [
|
[5,6 - 6,4[
|
[3 000 - 4 000[
|
[3 000 - 4 000[
|
[2 000 - 4 000[
|
Très faible
|
> 8
|
< 5,6
|
< 3 000
|
> 4 000
|
> 4 000
|
Source du seuil du vent
rredc.nrel.gov le reste
des seuils Miller et Li, 2014
Les valeurs de discrétisation des critères
pente, distance aux villes, aux routes et aux réseaux
d'électricité ont été légèrement
modifié, pour qu'ils soient davantage en adéquation avec les
seuils des contraintes éliminées, la superficie et la topographie
de notre zone d'étude.
L'élaboration de la carte de la vitesse du vent fait
appel tout d'abord à des données ponctuelles à
références spatiales. Il arrive qu'une zone ne soit pas couverte
suffisamment de stations de mesures du vent. Il est possible d'estimer le
comportement du vent dans les endroits peu étudiés par des
méthodes statistiques [Cantat et Brunet, 2001]. Le Krigeage est l'une
des méthodes de la géostatistique, qui permet d'interpoler des
données spatiales voisines afin d'estimer des valeurs
intermédiaires. C'est la méthode ayant le moins de biais
[Baillargeon, 2005].
Le territoire libanais n'est pas suffisamment
équipé d'appareils de mesure du vent, il compte 14 stations pour
mesurer le vent sur une superficie de 10 450 Km2. Afin
d'évaluer le potentiel éolien au Liban, la carte des vents est
établie par une interpolation spatiale entre les stations
météorologiques tout en prenant en compte le facteur de
l'altitude [Cellura et al., 2008]. Les résultats de l'analyse
variographique, présentés sur la Figure 18, ne permettent pas
d'interpoler les données de vent.
g 10 -1
0.95
0.71
0.47
0.24
1.18
0 0.18 0.36 0.54 0.73 0.91 1.09 1.27 1.45
Distance, h 10-5
|
5.581 4.786
.3.99 3.195 2.399 1.603
0.8078
|
38
Figure 18 : Nuage variographique de la relation spatiale
entre les stations de mesure du vent
_ u _
Source : réalisé avec ArcGis
Nous avons alors procédé manuellement au
reclassement des zones en se référant à la carte de
l'atlas de 50 m, de la proximité aux stations et de la synthèse
bibliographique sur les vents du Liban.
Il ne reste qu'à croiser les facteurs standardisés
afin d'obtenir la carte finale. Comme les facteurs n'ont pas la même
importance, nous nous sommes appuyés sur la méthode AMH de
l'analyse multicritère.
39
3.3 Analyse Multicritère Hiérarchique
Les données d'entrées et le choix du poids des
critères influencent le résultat final [Aly et al.,
2017]. Dans les faits, les facteurs n'ont pas le même coefficient
d'importance. Afin de distinguer la potentialité des sites, nous
attribuons un poids aux facteurs, pour qu'ils se hiérarchisent du moins
favorable au plus favorable.
L'Analyse Multicritère Hiérarchique ou bien
« Analytic Hierarchy Process » (AHP), est une méthode
acceptée par la communauté scientifique internationale comme un
outil de décision multicritère pour résoudre la question
de décision et de pondération [Sánchez-Lozano et
al., 2013]. C'est une méthode mathématique simple
développée par Saaty [Lee et al., 2009 ;
Sánchez-Lozano et al., 2016] qui permet de produire un poids
à chaque critère. Elle repose sur les concepts suivants :
- décomposer le problème en n
critères
n1 n2 n3
n?? n???? n??2 n??3
A= {
n2 n21 n22 n23
n3 n31 n32 n33
- comparer, à l'aide d'une matrice, les critères
selon une échelle de Saaty allant de 1 à 9 (Tableau 5) en
fonction de l'importance relative par paire de critères [Pechanec et
Machar, 2013], c'est-à-dire les critères sont comparés
deux par deux. Si la valeur du critère de la ligne horizontale par
rapport au critère de la colonne verticale est k,
réciproquement la valeur sera
1/k [Höfer et
al., 2016].
Tableau 5 : Échelle de comparaison selon Saarty pour
appliquer la méthode de l'AHP
Degrés d'importance de chaque
Définition Explication
caractéristique
1 Importance égale Deux
caractéristiques contribuent
de la même façon à l'objectif.
L'expérience et l'appréciation personnelles
favorisent légèrement une caractéristique par rapport
à une autre.
L'expérience et l'appréciation favorisent
fortement une caractéristique par rapport à une autre.
Une caractéristique est fortement favorisée et
sa dominance est attestée dans la pratique.
Les preuves favorisant une caractéristique par
rapport à une autre sont aussi convaincantes que possible.
5 Importance forte
7 Importance très forte
9 Importance absolue
Faible importance d'une caractéristique par rapport
à une
autre
3
Lorsqu'un compromis est
2, 4, 6, 8 Valeurs intermédiaires
nécessaire.
Source : Höfer et al., 2016
AHP : Analyse Multicritère
Hiérarchique
- synthétiser le poids de chaque critère
à partir de la matrice A, dans une nouvelle matrice
B et diviser chaque valeur (nx) par la somme de la colonne
(Nx). Le poids est la moyenne des lignes de la matrice B
n1 n2 n3
n1 n2 n3
n1 n11 n12 n13 A = n2 n21 n22 n23 n3 n31 n32 n33 {N1 N2
N3
n11
n1
n12
N2
N1
n13
N3
n11
B=
n2
n12
N2
N1
n13
N3
n11
n12
n3
n13
N2
N1
N3
40
- vérifier la cohérence des résultats.
Saaty [1987] propose deux paramètres : l'indice de cohérence (IC)
et le ratio de cohérence (RC). Tant que RC est inférieur à
0,1 le résultat est bon
IC CA
41
???????? - ??
IC = ?? - ??et ??C =
X max : est la moyenne de la valeur propre de la matrice
n : est le nombre de critères
CA : est l'indice de cohérence aléatoire, cet
indice est standard, il dépend de la taille
de la matrice (Tableau 6).
Tableau 6 : Tableau d'indice aléatoire
n
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10
|
11
|
CA
|
0
|
0
|
0,58
|
0,90
|
1,12
|
1.24
|
1,32
|
1,41
|
1,45
|
1,49
|
1,51
|
Source : Saaty, 1987
42
3.4 Combinaison Linéaire Pondérée
(CLP)
Une fois que les critères standardisés ont leurs
poids relatifs, nous combinerons les couches dans les SIG par la méthode
de la Combinaison Linéaire Pondérée ou bien Weighted
Linear Combination (WLC) [Zoghi et al., 2017]. La méthode
s'exprime en :
Carte potentielle = 1[ critères x poids ] fl carte
des contraintes (Booléenne) II est le symbole du produit
couvrant un ensemble uniforme de termes et de normes.
Chaque critère est multiplié par son poids, puis la
carte booléenne est intégrée dans l'équation pour
éliminer les zones de contraintes [Latinopoulos et Kechagia, 2015].
La méthode décrite est l'une des méthodes de
l'analyse multicritère, elle peut être appliquée pour
différentes thématiques et zones d'étude. Nous pouvons
ajouter à cette méthode d'autres facteurs pour rendre le choix
des sites plus précis.
43
4. Calcul de la visibilité
La perception des éoliennes reste un choix subjectif,
le facteur peut être étudié selon les exigences des
décideurs, en concertation avec les acteurs locaux. Nous avons choisi
d'étudier dans notre travail la visibilité des éoliennes
par rapport aux sites touristiques et culturels, afin de choisir les
emplacements les moins visibles.
La visibilité ou viewshed est un outil dans
ArcGis qui calcule la visibilité spatiale par rapport à des sites
d'observations [Nutsford et al., 2015]. Il quantifie les sites
visibles à partir de points, lignes ou surfaces d'observations, en
fonction des valeurs d'altitudes et leurs dérivées
(élévation, pente, etc.). Au début, tous les pixels sont
considérés visibles jusqu'à ce que l'algorithme rencontre
un obstacle [Ibid.]. L'outil définit aussi la distance et
l'angle d'élévation entre l'observateur et la cible [Ndirangu,
2014].
La carte de la visibilité est en forme binaire : 0 pour
les sites non visibles et 1 pour les sites visibles. L'outil peut être
paramétré pour une meilleure précision de calcul. Il faut
alors ajouter des champs standards contenant le nom de l'option
désirée dans la table attributaire de l'entité des zones
d'observation [Ndirangu, 2014]. Il existe au total neufs options : SPOT,
OFFSETA, OFFSETB, AZIMUTH1, AZIMUTH2, VERT1, VERT2, RADIUS1 et RADIUS2
(Figure 19) [Ibid.]. Par exemple, pour ajouter la hauteur d'une
éolienne il faut ajouter le champ OFFSETB à la table
attributaire de l'entité d'entrée.
Figure 19 : Les modifications apportées à
l'outil vision dans ArcGis, les paramètres doivent être
modifiés dans la table attributaire de la couche d'entrée
Source : Ndirangu, 2014
La visibilité sera intégrée à la
carte du potentiel éolien issue de la méthode de l'approche
multicritère pour la conception de l'énergie éolienne au
Liban.
Le couplage de l'approche multicritère et les SIG va
permettre de dresser la carte des zones potentielles à l'implantation
d'éoliennes au Liban. La visibilité va nous fournir un site
à une échelle plus fine pour appliquer la contrainte de la
proximité à l'habitat. Pour conclure, notre méthode
consiste à masqué d'abord toutes les zones contraintes par la
méthode Booléenne. Ensuite, d'utiliser la méthode de
pondération Analyse Multicritère Hiérarchique (AMH) pour
déterminer le poids des facteurs. La carte finale sera dressée
par une superposition pondérée des couches par la méthode
de la Combinaison Linéaire Pondérée (CLP) et l'outil de
visibilité s'appliquera à celle-ci. Cette méthode reste
applicable à différentes échelles de l'étude, par
contre les paramètres de l'approche doivent être propres au site
de l'étude.
44
CHAPITRE III RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
Les résultats que nous proposons dans cette partie sont
le fruit du couplage des SIG avec l'approche multicritère. Ils sont en
format raster, et chaque pixel (28,5 m) porte une information précise.
Les cartes sont un outil pour représenter spatialement les sites
potentiels à l'installation d'éoliennes au Liban, elles sont
réalisées selon des hypothèses et des techniques de
l'approche multicritère.
1. Résultats
1.1 Carte des sites potentiels
L'intégration des contraintes mentionnées sur la
Figure 13 (p. 30) nous a permis de réaliser la carte des zones
potentielles à l'implantation d'éoliennes au Liban. Nous avons
utilisé l'outil ET Booléen (&) dans la calculatrice raster
pour superposer les contraintes.
La Figure 20 représente les résultats de la
méthode Booléenne, chaque pixel possède la valeur 0 ou 1.
La valeur 0 est attribuée aux zones éliminées. Ces
dernières sont masquées des résultats. Les contraintes
économiques sont marquées en orange, les contraintes sociales en
jaune et les contraintes environnementales en vert.
Nous n'avons lancé aucun filtrage pour éliminer
les pixels isolés sur la carte des sites aptes à l'installation
d'éoliennes, puisque chaque pixel vaut 28,5 m. Cette superficie est
assez suffisante pour implanter au moins une éolienne de forte puissance
ou pour un usage individuel [Atici et al., 2015].
Les contraintes ont éliminé 9 899 km2
de la superficie du territoire, ce qui représente une très grande
majorité (97,4%) non potentielle à l'implantation
d'éoliennes. En reprenant l'opération et en séparant les
contraintes selon leurs types, on constate que 60% des zones sont
éliminées par des contraintes économiques, 32% par des
contraintes environnementales et 8 % par des contraintes sociales.
La loi détermine 8 réserves naturelles couvrant
5% du territoire, 24 sites naturels protégés, 12 forêts
protégées et 8 cours d'eau permanents [Ministère de
l'Environnement, 2017]. Ces derniers bénéficient d'une protection
juridique et de règlementations et sont alors éliminés
sous forme de contraintes environnementales.
Les chaines du Mont-Liban et l'Anti-Liban sont des zones avec
une topographie raide et accentuée [Sanlaville, 1969], et 23 % de la
superficie du Liban sont des zones boisées en majorité sur le
Mont-Liban [FAOUR et al., 2006]. Par conséquent, les zones
potentielles dominent majoritairement la plaine de Bekaa, ainsi que les zones
nord et sud du littoral couvertes de plaines, de prairies et de champs
agricoles [Ibid.]. Ce sont des zones recherchées pour
l'installation d'éoliennes.
Le Liban est un pays fortement urbanisé, la population
est concentrée sur le versant occidental du Mont-Liban et sur la zone
littorale, tandis que la plaine de la Bekaa et particulièrement
l'Anti-Liban forment un désert humain [Sanlaville, 1969 ; Walid Bakhos,
2005]. La proximité des villes et des réseaux routiers
défavorise une grande partie de la zone littorale et de la chaîne
du Mont-Liban.
45
Figure 20 : Sites potentiels après
élimination des contraintes économiques, sociales
et environnementales, permettant de déterminer les sites potentiels
à l'implantation d'éoliennes
au Liban
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, analyse des images satellitaires et EDL
Les contraintes ont supprimé de nombreux sites à
fort potentiel éolien. Cela signifie qu'un site venteux n'est pas
nécessairement le site le plus potentiel d'où l'importance
d'appliquer l'approche multicritère pour les thématiques
liées aux énergies éoliennes.
46
1.2 Evaluation des sites potentiels
Il ne reste que 2,6 % (264 km2) de la superficie
totale du Liban à évaluer. Les résultats des meilleurs
sites d'implantation d'éoliennes sont issus par chevauchement des
critères avec des poids différents. Les critères pris en
compte sont : la vitesse du vent, la distance aux routes, aux villes, aux
réseaux d'électricités et la pente. Chaque critère
est ordonné en cinq classes de potentialité : 1 = très
faible ; 2 = faible ; 3 = moyen ; 4 = fort et 5 = très fort.
Suite à la méthode AHP, et comme indiqué
dans la Figure 21, nous nous sommes servis de l'extension Easy AHP
dans QGIS qui fournit l'analyse analytique de l'AHP. Tant que CR=0,06
(inférieur à 0,1) la matrice de corrélation est bonne.
Nous avons obtenu comme résultat les poids suivants : le vent est le
facteur dominant, il a obtenu le plus haut score (0,49) suivi par la distance
aux réseaux électriques (0,22), la distance aux villes (0,14), la
pente (0,093) et la distance aux routes (0,053). Il reste à mentionner
que les valeurs de la matrice de corrélation sont des choix personnels
basés sur des lectures bibliographiques.
Figure 21 : Matrice de corrélation à partir
de l'extension Easy AHP dans QGIS, cette matrice va calculer le poids de
chaque critère
Enfin la méthode CLP (Carte potentielle = ?[
critères X poids ] fl carte des contraintes (Booléenne)) est
appliquée à l'aide de la calculatrice raster. La Figure 22
illustre le résultat du produit de chaque critère par son propre
poids, multiplié par la carte booléenne.
La potentialité nulle représente les sites
contraints au début de l'étude, et les cinq classes de
potentialités sont réparties conformément à leur
capacité d'exploitation et leur facilité d'accès.
47
Figure 22 : Les sites potentiels à l'implantation
des éoliennes au Liban (la potentialité
nulle représente les sites éliminés)
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
Quelques statistiques sur la
potentialité
Dans une approche plus orientée vers
l'aménagement du territoire, et puisqu'il existe des districts moins
favorisés notamment en électricité surtout à
l'extrême nord et sud du pays, nous avons calculé la superficie
(km2) des sites fortement à très fortement potentiels
par districts. Elles sont représentées sous forme d'histogramme
à colonnes sur le Figure 23. L'énergie
48
éolienne peut alors assurer les besoins
énergétiques surtout pour la région de Akkar victime d'une
marginalisation en termes de développement et d'aménagent.
Figure 23 : La distribution des histogrammes à
colonnes indiquant la part (km2) des sites fortement à
très fortement potentiels par districts au Liban (le nombre 11 indique
l'échelle de la colonne maximale)
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
49
D'après les résultats des Figures 22 et 23, les
sites potentiels sont ceux dont les valeurs du pixel par facteur sont les plus
élevées. C'est surtout le facteur de la vitesse du vent ayant le
poids le plus lourd (0,49) qui a qualifié les sites. De ce fait, les
sites potentiels sont situés au nord du Liban (district de Akkar) et aux
alentours de Marjayoun (district de Marjayoun et Nabatiye) et de Dahr el Baydar
(district de Zahle et Beqaa el Gharbe). Les sites à potentialité
faible sont situés dans la partie nord de la plaine de la Bekaa, sur la
plaine côtière, et sur le versant ouest du Mont-Liban.
La Figure 24 résume le pourcentage de
potentialité de la superficie du Liban. La zone non potentielle couvre
97,4% de la superficie totale, soit 9 899 km2. Les sites
classés à très fortes et fortes potentialités sont
candidats à l'implantation d'éoliennes, et représentent
une superficie de 49,9 km2.
Figure 24 : La part de la superficie du Liban (en
pourcentage) indiquant la potentialité des sites à
l'implantation d'éoliennes au Liban
Source : Les valeurs ont été calculées
à partir de la table attributaire de la carte finale, où la
quantité des pixels est multipliée par sa dimension
Il existe des fonctions mathématiques pour estimer la
capacité que peut apporter une certaine superficie, et prévoir la
production de l'électricité. Cela dépend de la vitesse du
vent, de la taille et de la puissance de l'aérogénérateur.
La direction du vent joue un rôle dans la position et la dispersion des
machines. Si la direction du vent est parallèle au plan de
l'éolienne, la distance entre les aérogénérateurs
installés doit être 6 à 9 fois son diamètre [Zohbi,
2014]. Si la direction est perpendiculaire au plan de l'éolienne, la
distance devrait être 3 à 5 fois le diamètre de
l'éolienne [Ibid.].
En effet, une petite superficie mais non négligeable
(49,9 km2) du pays est potentielle à implanter des
éoliennes. Ces dernières sont situées dans des
régions globalement désavantagées par les politiques
d'aménagement. Ainsi, l'énergie éolienne s'avère
une solution qui s'offre aux pouvoirs locaux afin d'améliorer la gestion
de l'électricité.
50
1.3 Visibilité des sites depuis les lieux
touristiques
L'une des polémiques principales s'avère
l'opinion publique concernant l'impact d'un projet éolien sur le
paysage. Alors l'objectif serait d'étudier la visibilité et de
choisir les emplacements les moins visibles à partir des points
d'observation tels que les sites touristiques. La visibilité dans notre
étude dépend uniquement de la topographie du terrain, la hauteur
des bâtiments, les forêts et les obstacles ne sont pas pris en
compte.
La Figure 25 est le résultat du chevauchement entre la
carte des visibilités et la carte finale des potentialités. Nous
avons considéré les sites touristiques comme points
d'observations, et la taille d'une turbine de 50 m comme paramètre
supplémentaire au calcul de la visibilité. Cela a fourni la carte
des sites invisibles aux touristes tout en gardant leurs scores de
potentialités. La topographie du pays fait que la majorité des
sites sont classés invisibles.
Figure 25 : Les sites non visibles vis-à-vis du
patrimoine culturel du Liban
Sources des données utilisées : SDATL et la
carte des sites potentiels
à l'implantation des éoliennes au
Liban,
51
Application de la distance aux habitats
Nous avons appliqué le facteur de la proximité
aux habitats (500 m) afin de prévoir le pourcentage des zones qui
peuvent être encore éliminés. Comme le montre la Figure 26,
nous avons sélectionné une zone située au nord du Liban,
cette dernière a été classée dans notre
étude comme site à fort potentiel. Nous pensons toutefois que les
pertes seront de l'ordre de 12%, donc assez minime par rapport à
l'installation d'éoliennes.
Figure 26 : Application du facteur de la distance aux
habitats pour une zone à fort
potentiel
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
Nous pouvons donc conclure de ces résultats que la
superficie du Liban ne s'est pas accompagnée d'une importante
potentialité. Par contre, l'énergie éolienne peut
contribuer durablement à augmenter la production dans le secteur
énergétique pour soutenir la demande croissante dans l'avenir.
52
2. Discussion et limites de l'étude
L'énergie éolienne au Liban n'est pas
exploitée aujourd'hui. En plus, aucune législation ou norme n'est
mise en place pour développer cela. Nous avons alors
élaboré ce travail pour générer une
pré-étude sur la faisabilité d'un projet éolien au
Liban afin de développer cette énergie dans l'avenir.
Les SIG ont une capacité d'automatisation des
traitements informatiques de données multiples de façon à
couvrir une vue d'ensemble et élaborer une étude théorique
sans avoir recours à un travail de terrain. La combinaison de cet outil
avec la méthode de l'analyse multicritère ajoute une dimension
décisionnelle à la planification d'un projet.
Nous nous sommes inspirés de la littérature
existante pour sélectionner les critères les plus adaptés
aux caractéristiques du Liban et développer une
méthodologie tout au long de ce travail de recherche. En effet, nous
avons extrait de chaque étude les aspects les plus intéressants
pour notre étude. C'est ce qui fait la particularité de notre
approche.
Cette méthode reste modifiable puisque les superficies
résultantes sont particulièrement faibles. La majorité des
sites (9 899 km2 = 97,4%) sont classés des zones non
potentielles. La faible superficie de potentialité (264 km2 =
2,6%) nous a permis de prendre un recul sur les contraintes et les seuils que
nous avons sélectionnés au début de cette étude.
Nous sommes conscients d'avoir fait un choix de contraintes
strictes. Il aurait fallu prendre des seuils plus flexibles, puisque
l'étude est faite sur une superficie relativement grande, à
l'échelle d'un pays. De plus, les paramètres ne s'appliquent pas
à toutes les régions de la même manière, en fonction
de la nature et la spécificité des terrains. Par exemple, les
normes appliquées pour une zone rurale ou un champ agricole ne sont pas
pareils pour une zone urbaine, ainsi pour la pente, le seuil adapter pour la
plaine de Bekaa ne convient pas la chaîne du Mont-Liban.
Ce qui est remarquable dans notre étude, ce sont les
contraintes économiques (pentes, réseaux électriques,
routes et élévation) qui ont supprimé une proportion
considérable de 60% de la superficie non potentielle.
Le fait d'avoir éliminé les sites à une
altitude supérieure à 2000 m a réduit la superficie des
zones potentielles de 727 km2 (~7%). Cette superficie
supprimée comprend toutefois les plateaux cultivés et les cimes
lissées et dénudées qui peuvent être des sites
potentiels aux éoliennes. Par contre, ils exigent des investissements
plus substantiels.
Le seuil de 10% de la pente, n'est pas un choix pertinent pour
une grande superficie. Tout d'abord, il est calculé sur une
résolution grossière de MNT de 28,5 m. En plus, le Liban est un
pays montagneux et à pentes raides, la plupart des versants ont
été aménagés en terrasse pour accueillir les
activités anthropiques. Nous suggérons alors de placer le seuil
à 20%.
Les modifications ci-dessus énoncées ont
été appliquées à un nouveau modèle. Nous
avons obtenu des résultats plus avantageux ; une superficie de 616
km2 a été classée en des sites potentiels. Le
pourcentage des sites potentiels a augmenté pour attendre ~8% de la
superficie totale du territoire libanais (Figure 27).
53
Figure 27 : Les zones potentielles suite à des
modifications dans les contraintes de la pente et
de l'altitude
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
Pour améliorer le travail de recherche, nous
recommandons tout d'abord de suivre une approche multiscalaire. Appliquer des
normes moins strictes à un niveau large du pays. Ensuite, à une
échelle plus fine, se procurer de données plus précises et
détaillées à des résolutions plus fines, et
intégrer des facteurs locaux plus spécifiques. Par exemple,
être plus minutieux en présence
54
des écoles, universités, sociétés
religieuses, bases militaires, habitats fauniques sensibles et d'espèces
floristiques menacées ou vulnérables.
Nous suggérons de même d'effectuer des entretiens
avec des experts, afin de discuter et valider les critères de
sélections des sites, et modifier par la suite les valeurs de la
méthode AHP pour répondre aux exigences des acteurs locaux. Nous
pourrions donc imaginer ajouter des critères et des contraintes
supplémentaires ou même les supprimer, changer la valeur des
seuils des contraintes et modifier des poids des critères. De même
nous conseillons d'associer ce travail à des études
d'ingénierie poussées. Ainsi il serait probable de prévoir
le nombre d'éoliennes à implanter sur une superficie, et de
calculer, par des modèles, l'énergie qui pourrait être
fournie afin de prendre les meilleures décisions.
Une étude peut être menée sur cette
même zone d'étude, mais avec d'autres méthodes de l'analyse
multicritère pour comparer les résultats. Par exemple,
d'appliquer la méthode Fuzzy plutôt que la Booléenne pour
éliminer les contrainte.
Les limites majeures de cette investigation sont
l'accès et la disponibilité des données. La plupart des
données sont obsolètes et incomplètes. De plus, les
stations de mesures de vitesse du vent sont largement insuffisantes pour notre
étude. Au niveau de l'infrastructure, nous sommes dans
l'incapacité de connaître la puissance que les réseaux
électriques peuvent véhiculer et donc de supporter
l'énergie fournie par les éoliennes.
La méthode qui combine les SIG et AMCD est flexible et
peut être appliquée dans différentes régions et pour
diverses thématiques (développement de l'énergie
renouvelable, risques environnementaux, etc.). Les données
d'entrées et le choix du poids des critères sont fondamentaux
dans la définition du résultat final. Alors, les facteurs et les
critères doivent correspondre le plus possible aux
caractéristiques du territoire étudié.
55
CONCLUSION GÉNÉRALE
Les centrales électriques au Liban s'avèrent des
infrastructures touchées par des crises structurelles. Elles sont mal
entretenues et perdent avec le temps leur capacité de production.
L'offre d'électricité doit satisfaire les demandes et non pas les
réduire pour s'adapter à l'offre. C'est le moment de
procéder à un changement de paradigme et d'adopter une politique
de réforme du secteur électrique libanais. Il est temps de se
tourner vers des énergies durables qui respectent les normes
internationales du point de vue de l'impact environnemental.
Notre connaissance personnelle du pays et notre
expérience du terrain ont permis d'appuyer notre étude sur des
bases solides, qui prennent en compte des problématiques aussi bien
topographique qu'économiques, environnementales ou culturelles. Notre
étude propose l'exploitation de l'énergie éolienne comme
solution supplémentaires à d'autres sources d'énergie.
Nous avons élaboré une pré-étude pour situer
globalement les zones ayant le meilleur potentiel éolien. Malgré
les limites énoncées dans la discussion, nous avons pu aboutir
à des conclusions intéressantes. Le choix des critères et
de la méthode de pondération a été une étape
fondamentale de notre étude. Nous avons obtenu le résultat en
croisant des critères économiques, sociaux et
environnementaux.
Nos résultats estiment que ces zones potentielles
n'occupent que 2,6% de la superficie totale du pays. Elles sont situées
au nord du Liban (Akkar), au centre de la plaine de Bekaa et au sud du pays.
Toutefois, les contraintes et les critères restent modifiables à
la faveur des décideurs régionaux. La sélection des sites
est conséquence de la méthode AHP qui a donné la
priorité au facteur vent, ce qui a mis en valeur les sites les plus
venteux. Notre méthode n'est pas exhaustive, cependant elle nous a
permis d'avoir une vue d'ensemble sur la potentialité éolienne du
pays. Il serait donc intéressant de renouveler cette étude sur
une échelle plus fine afin de mieux prévoir la faisabilité
d'un projet et avoir recours à des réalités de terrain.
Le développement de cette énergie peut
être une des solutions à la crise de l'électricité
au Liban. Une seule machine puissante a la capacité d'alimenter
plusieurs foyers. Cette énergie peut être surtout efficace pour
les régions marginalisées n'ayant pas accès à
l'électricité. Nous pouvons également prévoir des
conséquences directes sur l'environnement (émission de gaz
polluants dans l'air, rejet des déchets en mer, etc.) et sur les
économies locales (création d'emploi, être moins
dépendants des énergies fossiles importées, etc.).
Pour des études futures possibles plus avancées,
comme le Liban a un long front maritime (220 km), il serait donc pertinent de
mener en premier une étude complémentaire pour l'implantation
d'éoliennes Offshore, parce qu'il n'y a pas de blocage et la situation
de vent est favorable, puis d'étudier le couplage éolien et
photovoltaïque, puisque les heures d'ensoleillement au Liban sont
fréquentes tout au long de l'année.
57
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TABLES
1. Table des figures
Figure 1 : Évolution de la puissance cumulée de
l'énergie éolienne mondiale (en MW) entre
2001 et 2016 2
Figure 2 : La puissance éolienne cumulée (MW) dans
différents pays en 2015 3
Figure 3 : Le Liban occupant la partie est de la
Méditerranée 4
Figure 4 : Carte de la vitesse du vent du Liban mesurée
à 80 m (en m/s). Les régions entourées délimitent
les zones les plus favorables à l'énergie éolienne, il
s'agit de Akkar au nord et de
Jabal el-Cheikh au sud-est 5
Figure 5 : Répartition du bilan électrique au Liban
selon les sources 10
Figure 6 : Répartition des centrales
hydroélectriques sur les rivières du Liban 12
Figure 7 : Première ferme photovoltaïque du projet
BRSS, mise en place en 2013 au-dessus de
la rivière Beyrouth 12
Figure 8 : Les vents dominants au Liban 14
Figure 9 : Diagramme ombrothermique pour une station
située au nord du Liban (Qartaba) 15
Figure 10 : Principaux reliefs du Liban, avec une vue en
perspective du Sud du pays 16
Figure 11 : Répartition des stations
météorologiques de mesure du vent à 10 m, au Liban. Nous
avons représenté la vitesse moyenne, la direction et la
fréquence du vent sous forme de rose des
vents 17
Figure 12 : La variation saisonnière de la vitesse moyenne
du vent (en m/s) enregistrée à 10 m
dans 14 stations météorologiques au Liban 18
Figure 13 : Les contraintes et les critères choisis pour
la prospection d'un parc éolien au Liban
30
Figure 14 : Différenciation entre le mode raster et
vecteur 32
Figure 15 : Le calcul de la distance euclidienne à chaque
entité géographique de la géodatabase
34
Figure 16 : Schéma illustrant la méthodologie
utilisée dans notre étude 35
Figure 17 : Fonctionnement de l'outil ET Booléen sur les
valeurs des cellules d'un raster, 1 si
l'expression est juste et 0 si l'une ou toutes les expressions
sont fausses 36
Figure 18 : Nuage variographique de la relation spatiale entre
les stations de mesure du vent
38
Figure 19 : Les modifications apportées à
l'outil vision dans ArcGis, les paramètres doivent
être modifiés dans la table attributaire de la
couche d'entrée 43
Figure 20 : Sites potentiels après élimination
des contraintes économiques, sociales et environnementales, permettant
de déterminer les sites potentiels à l'implantation
d'éoliennes
au Liban 45
64
Figure 21 : Matrice de corrélation à partir de
l'extension Easy AHP dans QGIS, cette matrice
va calculer le poids de chaque critère 46
Figure 22 : Les sites potentiels à l'implantation des
éoliennes au Liban (la potentialité nulle
représente les sites éliminés) 47
Figure 23 : La distribution des histogrammes à colonnes
indiquant la part (km2) des sites fortement à très
fortement potentiels par districts au Liban (le nombre 11 indique
l'échelle de
la colonne maximale) 48
Figure 24 : La part de la superficie du Liban (en pourcentage)
indiquant la potentialité des sites
à l'implantation d'éoliennes au Liban 49
Figure 25 : Les sites non visibles vis-à-vis du
patrimoine culturel du Liban 50
Figure 26 : Application du facteur de la distance aux habitats
pour une zone à fort potentiel 51
Figure 27 : Les zones potentielles suite à des
modifications dans les contraintes de la pente et
de l'altitude 53
65
2. Table des tableaux
Tableau 1 : Les paramètres de Weibull calculés
pour les stations de mesure du vent (m/s) au
Liban 20
Tableau 2 : La vitesse moyenne du vent (m/s) calculée
à 30 m, 50 m et 100 m par la loi
logarithmique 21
Tableau 3 : Limites d'implantation d'un parc éolien
évoquées dans la littérature 24
Tableau 4 : Les seuils de discrétisation des
critères 37
Tableau 5 : Échelle de comparaison selon Saarty pour
appliquer la méthode de l'AHP 40
Tableau 6 : Tableau d'indice aléatoire 41
67
3. Tables des matières
INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE 1
CHAPITRE I L'ÉNERGIE ÉOLIENNE COMME
SOUTIEN AU RÉSEAU ÉLECTRIQUE 9
1. SITUATION DE L'ÉLECTRICITÉ AU LIBAN
9
1.1 PRODUCTION DE L'ÉLECTRICITÉ 9
1.2 L'ÉNERGIE RENOUVELABLE AU LIBAN 11
2. CONDITIONS VENTEUSES DU PAYS 14
2.1 ORIGINE ET DIRECTION DES MASSES D'AIR 14
2.2 INFLUENCE DE LA TOPOGRAPHIE 16
2.3 DONNÉES DU VENT 17
2.4 DISTRIBUTION DE WEIBULL 19
3. AIDE MULTICRITÈRE À LA
DÉCISION VIA UN SYSTÈME D'INFORMATION
GÉOGRAPHIQUE 22
3.1 CONTRAINTES ET CRITÈRES D'IMPLANTATION
D'ÉOLIENNES 22
3.2 OUTILS D'AIDE À LA DÉCISION 25
CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE POUR LA PLANIFICATION
D'UN PROJET ÉOLIEN 29
1. DESCRIPTION DES CONTRAINTES ET CRITÈRES
CHOISIS 29
2. COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNÉES
SÉLECTIONNÉES 32
3. MÉTHODES APPLIQUÉES À
L'APPROCHE MULTICRITÈRE 35
3.1 LOGIQUE BOOLÉENNE 36
3.2 STANDARDISATION DES CRITÈRES 37
3.3 ANALYSE MULTICRITÈRE HIÉRARCHIQUE 39
3.4 COMBINAISON LINÉAIRE PONDÉRÉE (CLP)
42
4. CALCUL DE LA VISIBILITÉ 43
CHAPITRE III RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
44
1. RÉSULTATS 44
1.1 CARTE DES SITES POTENTIELS 44
1.2 EVALUATION DES SITES POTENTIELS 46
1.3 VISIBILITÉ DES SITES DEPUIS LES LIEUX TOURISTIQUES
50
2. DISCUSSION ET LIMITES DE L'ÉTUDE
52
CONCLUSION GÉNÉRALE 55
BIBLIOGRAPHIE 57
TABLES 63
1. TABLE DES FIGURES 63
2. TABLE DES TABLEAUX 65
3. TABLES DES MATIÈRES 67
|