De l'influence des green nudges sur les problèmes
environnementaux
Hugo Cottrell, Pierre Demaria, Mamadi Kamara Sanda Pascaru,
Romain Vasseur
FacultéJean Monnet UniversitéParis Sud L3 'Economie
Appliquée
Année 2016-2017
Superviseur: Fabrice Le Guel
Abstract
Ce mémoire met en avant les « nudges » ou
« coups de pouce » comme incitations comportementales pour pallier
les problèmes environnementaux. Nous avons tout d'abord des
questionnements initiaux autour de leurs origines, avec notamment des
définitions propres à chaque économiste et philosophe, de
l'impulsion de leurs mises en place et de l'inefficacitédes approches
menées aujourd'hui par les gouvernements et ONG. Une recherche sur la
situation globale nous a permis d'avoir un premier apriori
sur le degréd'implication environnementale des
individus. Après une enquête menée sur la
sensibilitéliée à l'environnement auprès
de 253 observations, nous avons menéune étude
économétrique afin de
déterminer la valeur de ce degréselon des
critères bien spécifiques (lieu de vie, profession ou encore
âge). Nous avons étudiéensuite les différentes
politiques de nudges menées actuellement à travers le monde, et
nous en avons tirédes conclusions et des recommandations sur leur
efficacitéet leur développement. Les impacts des nudges
étudiés dans ce mémoire nous démontrent qu'ils
s'avèrent être une solution efficace aux problèmes
environnementaux. Toutefois il en est aussi ressorti une prévalence de
l'impact limitéde ces derniers.
Classifications JEL: A14; C93; D01; D10; Q51;
Q56; O51; O52
Mots-clés: Green Nudge; incitation;
environnement; comportement; influence; experiment
1
Contents
1
2
3
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Introduction
Revue de littérature
2.1 Premières théories de la gouvernance des
sociétés
2.2 Un nouveau paradigme
2.3 Les instruments principaux du paternalisme libéral
Etude économétrique
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5
5
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3.1
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Presentation Expérience
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3.1.1 Questions et modalités
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3.1.2 L'échantillon
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3.1.3 Limite de l'échantillon
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3.1.4 Conclusion (choses, questions, qui auraient pu être
ajoutées pour une éventuelle nouvelle
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expérience):
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3.2
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Modèle: Relation Action/ Comportement
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3.2.1 Etape 1: Définition de l'étude
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3.2.2 Etape 2: Hypothèse et point de départ
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3.2.3 Etape 3: Modèle théorique et
économétrique
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3.2.4 Etape 4: Resultats de l'étude et test
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3.2.5 Etape 5: Conclusion et orientation
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3.3
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Modèle: Relation entre « score » en
environnement et différents déterminants
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9
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3.3.1 Etape 1: Hypothèse et construction du
modèle
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9
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3.3.2 Etape 2: Modèle théorique
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3.3.3 Etape 3: Modèle économétrique,
résultats de l'étude et test
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10
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3.3.4 Etape 4: Conclusion et orientation
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4
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Modèles d'influence et acteurs
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4.1
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Modèles d'influence
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4.2
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Les grands acteurs
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4.2.1 L'état
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4.2.2 Les entreprises
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4.2.3 L'individu
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4.3
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Quelques exemples d'expériences
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Conclusion
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6
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Annexes
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2
De l'influence des green nudges sur les
problèmes environnementaux
1. Introduction
« [...] contenir l'élévation de la
température moyenne de la planète nettement en dessous de
2°C par rapport aux niveaux préindustriels », c'est
ainsi qu'est
défini l'objectif final de l'accord de la COP21,
adoptéà l'unanimitépar les 175 pays participants à
cette con-
vention en décembre 2015. Cet engagement met en
lumière la mobilisation internationale en faveur de la protection de
l'environnement qui semble se dessiner d'années en années, bien
que le basculement vers un monde plus vertueux apparaisse encore bien long et
relativement désorganisé. Or, selon le groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'urgence est
là: si rien n'est fait dès aujourd'hui pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne
pourrait augmenter de 4°C d'ici la fin du siècle,
entraînant un bouleversement du climat lourd de conséquences pour
les populations humaines. Afin que l'objectif de maintenir le
réchauffement planétaire en dessous de 2°C soit
réalisable, il faudrait « que le pic d'émissions mondiales
de gaz à effet de serre soit atteint vers 2020. Avant une
réduction de 50% en 2050 par rapport à 1990 », selon le
GIEC. Il apparaît donc impératif d'agir rapidement pour atteindre
cet objectif et c'est pourquoi il semble intéressant de se demander
quelles actions peuvent être prises pour s'orienter vers un monde plus
vertueux.
L'un des enjeux les plus importants dans la construction d'un
système plus respectueux de l'environnement est la modification profonde
des comportements des individus. En effet, pour que la transition soit
efficace, il semble primordial de faire évoluer les modes de vies et les
habitudes de consommation des individus vers une norme plus écologique
et responsable, afin de créer une dynamique vertueuse partant de la base
de la société. Cette modification durable des com-
portements individuels apparaît comme un
préalable àtoute volontépolitique d'agir pour
l'environnement, en
créant les conditions de l'acceptation par les
individus de mesures pro-environnementales qui pourraient au premier abord
être perçues comme une menace sur
leurs habitudes de vie. Se pose donc la question des moyens
à mettre oeuvre pour permettre cette évolution des comportements,
qui soit acceptée par la société.
L'une des solutions avancées pour aller vers une
modification efficace des comportements est celle des « nudges »,
pour « incitations » ou « coups de pouce » en
français. Le nudge est une stratégie issue des sciences
comportementales et de la psychologie, « qui fait valoir que des
suggestions indirectes peuvent, sans forcer, influencer les motivations, les
incitations et la prise de décision des groupes et des individus ».
La théorie du nudge, appelée aussi théorie du paternalisme
libéral, qui prend ses racines dans les travaux du philosophe Michel
Foucault cherche donc à identifier les moyens de modifier les
comportements de manière « douce », en provoquant des
incitations indirectes qui seraient « au moins aussi efficaces, sinon plus
efficaces que l'instruction directe, la législation ou
l'exécution », d'oùle terme de paternalisme libéral
qui reprend la notion d'incitation (paternalisme) mais non-contraignante
(libéral). Le concept des nudges a ététransposé, et
grandement popularisé, dans le domaine de l'économie
comportementale par les économistes Richard Thaler et Cass Sunstein en
2010 à travers leur ouvrage Nudge: Improving Decisions about Health,
Wealth and Happiness, dans lequel ils présentent différentes
expériences et analyses de la mise en pratique de nudges. La
théorie des nudges est en effet très étudiée dans
le domaine économique car elle permet de nombreuses applications
pratiques à destination des individus, aussi bien de la part entreprises
que des gouvernements. L'aspect non pre-scriptif des démarches mises en
oeuvre représente un avantage majeur pour ces acteurs
économiques, dans le sens oùil permet de préserver une
bonne image auprès du public, làoùdes actions ou des
législations contraignantes tendraient à dégrader l'image
de celui qui les met en place.
L'un des champs d'application oùles expériences
de nudges sont les plus nombreuses est justement celui de l'environnement, on
parle alors de « green nudges ». Comme le relève le
ministère de l'Environnement, « l'extension au champ de
l'écologie semble prometteuse, d'autant plus que les facteurs
psychologiques sur lesquels les nudges s'appuient [...] sont
particulièrement importants en matière environnementale ».
Les nudges sont en effet perçus comme un outil efficace permettant de
faire évoluer en douceur les comportements des individus vers une norme
plus éco-responsable, ce qui constitue un enjeu majeur de la transition
écologique, comme expliquéprécédem-
ment. De nombreuses expérimentations ont donc
étémenées dans ce domaine, aussi bien en termes
de re-
cyclage (Schultz, 1999), d'économies d'énergie
(Nolan, 2008) ou d'eau (Goldstein, 2008), de propretédes rues (Cialdini,
1990), de consommation d'énergies renouvelables (Berger, 2015), ou
encore d'achats de produits biologiques (Demarque, 2015). Comme ces
différentes études le montrent, les incitations vertes peuvent
être appliquées dans la réalitéde plusieurs
façons,
comme en jouant sur le poids de la comparaison
àautrui par l'intermédiaire de normes sociales, ou
en-
core en mettant en avant les actions vertueuses pour
l'environnement comme des options par défaut. Nous détaillerons
certaines de ces études et leurs résultats dans ce dossier, afin
d'évaluer l'efficacitédes nudges verts dans la modification des
comportements.
Bien qu'en considérant les nudges verts comme une
nouvelle stratégie prometteuse dans la construction d'un monde plus
respectueux de l'environnement, plusieurs questions peuvent êtres
soulevées. Dans quelle mesure ces incitations indirectes sont-elles
efficaces ? Les expérimentations qui se sont
révélées concluantes peuvent-elles être reproduites
à grande échelle ? A quel point les individus sont-ils sensibles
aux problématiques environnementales ? Cette sensibilitéa-t-elle
un impact sur l'influence jouée par les nudges ?
Nous allons donc chercher à montrer que les nudges
verts peuvent constituer une solution efficace et prometteuse aux
problèmes environnementaux, mais que certains obstacles mis en
lumière par les études qui ont étémenées
restent à surmonter pour une application
généralisée de ces incitations.
Nous nous pencherons dans un premier temps sur la
littérature scientifique concernant le concept de nudge dans sa
globalité, en passant en revue les théories
développées sur cette notion. Puis, dans un deuxième
temps, nous présenterons une étude économétrique
que nous avons menésur les comportements des individus vis-à-vis
de l'environnement, en détaillant notre démarche et en analysant
les résultats que nous avons pu en tirer. Enfin, dans une
dernière partie, nous nous intéresserons plus en détail
à différentes expérimentations de nudges verts qui ont
étémenées dans la réalité, en discutant
leurs conclusions et en essayant d'en tirer des recommandations de politiques
d'incitations efficace à mettre en oeuvre.
2. Revue de littérature
2.1. Premières théories de la gouvernance
des sociétés
Dans un contexte oùl'on s'interroge de plus en plus sur
les pratiques gouvernementales et plus spécifiquement sur l'utilisation
du pouvoir afin de servir au mieux le
3
bien être des individus, de nouvelles formes de
théories apparaissent. En effet de nombreuses études et critiques
portant sur les incitations de types « classiques » comme le principe
de « pollueur-payeur » par exemple, nous prouvent ses limites.
Parallèlement, un contexte critique du problème de
l'environnement ne cesse de croitre au fil des années et rend ces
interrogations censées. Les « coups de pouce » ou «
nudges » sont un concept développéet popularisépar
les économistes Thaler et Sunstein en 2010 qui s'appuient sur les
travaux de Michel Foucault. Ce dernier a une première approche critique
sur la façon d'organiser la gouvernance, la conduite des individus. Les
nudges cherchent à modifier les comportements et pratiques et plus
globalement, les moeurs des individus, dans le but de maximiser leur
bien-être en terme d'éducation, de santéet plus
récemment en terme d'écologie. Finalement, les nudges viendraient
concilier la recherche psychologique et la théorie économique. La
caractéristique même du nudge est particulière. Thaler et
Sun-stein appellent ce concept la « méthode douce », car en
effet on cherche à modifier et orienter les individus en les incitant et
non en interdisant. Les nudges viennent ainsi se substituer aux contraintes et
aux interdictions gouvernementales.
Nous allons donc étudier la littérature des
nudges en nous appuyant sur les travaux de Marianne Chouteau, Michel Foucault,
Amartya Sen, Thaler et Sunstein et Ferrey and Al et Orobon.
Le premier à s'être penchésur les
différentes façons qu'un gouvernement pourrait user de son
pouvoir pour mieux gouverner les conduites est le philosophe français
Michel Foucault. Ses travaux ont une résonnance particulière
aujourd'hui. Selon The Times
Higher Education Guide, il est, en 2009,
considérécomme l'auteur en sciences humaines le plus
citéau monde.
Selon le rapport de Marianne Chouteau « Les nudges du
concept à la mise en oeuvre » (Juin 2015), les travaux de Foucault
mettraient en évidence plusieurs faits qui ont permis de mieux cerner le
fonctionnement du pouvoir. Foucault développe le concept de biopou-voir,
un pouvoir qui « s'intéresse à la question du vivant »,
il dit que les préoccupations des modes de vie humains rentrent au coeur
des préoccupation politiques et donc que « la vie de
l'espèce humaine devient l'enjeu des stratégies politiques
». On entrerait donc dans un nouveau paradigme oùles comportements
des individus seraient au coeur des raisonnements des politiciens et des
économistes. La vision des gouvernements aurait changéà
partir du XVIIIe siècle, « les gouvernements s'aperçoivent
qu'ils n'ont pas affaire simplement
à des sujets, ni même à un « peuple
», mais à une « population », avec ses
phénomènes spécifiques, et ses variables propres:
natalité, morbidité, durée de vie,
fécondité, état de santé, fréquence des
maladies, forme d'alimentation et d'habitat. » (Foucault, 1976)
En découlerait alors une caractéristique
intrinsèque fondamentale, une
hétérogénéitéau sein de la population.
Chouteau souligne que l'application du pouvoir de l'Etat « ne peut
être effectuéde façon uniforme sur la population »,
l'ensemble des individus d'une ville, d'un état et plus globalement de
la Terre étant tous différents.
Des théoriciens économiques s'étaient
déjàinterrogés sur cette
hétérogénéitédes individus. Amartya Sen,
économiste indien avait conclu que pour qu'une convergence des
égalités puisse se produire il faudrait que les individus soient
parfaitement identiques et que les cadres dans lesquels ils vivent soient aussi
identiques. Tous les individus sont différents, on a une
hétérogénéitédue à la psychologie des
ac-
teurs qui pourrait se traduire par une propension
àconsommer ou à épargner différentes
selon les indi-
vidus, des besoins physiques, certaines personnes ont par
exemple des maladies, une différence au niveau de l'environnement
institutionnel. L'Etat doit bien « cerner les freins qui feront que tel
dispositif de gouvernance pourra ou non atteindre son objectif »
(Chouteau). Foucault articule son raisonnement en s'appuyant sur la norme
sociale, sur le fait que le développement de ce bio pouvoir serait
dûà « l'importance croissante prise par le jeu de la norme
aux dépens du système juridique de la loi ». La norme
sociale serait au coeur des préoccupations gouvernementales car selon
Chouteau c'est souvent « en référence à elle que les
individus se positionnent ».
Les recherches de Michel Foucault nous démontrent alors
que dans la mise en place des politiques, l''Etat doit prendre un compte un
contexte non seulement économique mais aussi social. Ainsi on
pourrait-on donc trouver intéressant, du point du vue de
l'efficacité, d'envisager de nouvelles façons, de nouvelles
techniques, pour influencer et inciter aux changements comportementaux des
individus. Celles-ci pourraient porter sur la responsabilitéde
l'individu à « s'adapter afin d'atteindre un objectif collectif
global » (Chouteau). Grâce aux critiques de Foucault on se rend
compte de l'importance des individus dans la mise en place de telles
politiques. Les sciences comportementales ont mis en avant de nouvelles
façons de faire, notamment sous la forme des « nudges » ou
« coup de pouce ».
2.2. Un nouveau paradigme
4
Selon Ferrey and Al (2013), ces dispositifs d'incitation
visent à « modifier les comportements des citoyens tout en
supportant les politiques publiques en matière d'environnement, de
santéet d'énergie ». Cela induit des interventions de la
puissance publique qui « pour être légitimes », (...) ne
doivent pas être intrusives: « elles entendent par conséquent
préserver la libertéin-dividuelle. ». Les économistes
Richard Thaler et Cass Sunstein ont mis en avant l'efficacitédes nudges
dans leur ouvrage « Nudge: la méthode douce pour inspirer la bonne
décision (Ed Vuilvert, 2010) » et ont, par la suite,
développéun terme : le paternalisme libéral.
Selon le rapport de Chouteau, ce paternalisme libéral
se base sur « l'économie comportementale et propose une
méthode douce d'incitation aux bons comportements plutôt que
d'interdiction ou de contrôle ». Les « coups de pouce » ou
« nudges » permettent donc d'inciter à un comportement, faire
« le bon choix », tout en ayant une certaine liberté, une
certaine autonomie d'action.
Le paternalisme libéral aurait considérablement
mod-ifiénotre conception des politiques publiques, selon Ferrey and Al
(2013), « Ce changement de perspective s'est fortement structuréces
dix dernières années sous l'impulsion de l'émergence du
courant dit du paternalisme libéral. Théorisépar Sunstein
et Thaler au début des années 2000 puis populariséet
vulgarisépar ces mêmes auteurs dans leur ouvrage Nudge (2008), le
paternalisme libéral pousse à la prise en compte de ces biais de
comportements jusqu'àune remise en cause des principes fondateurs de
l'élaboration des politiques publiques, formulées jusqu'alors en
conformitéavec des principes soit libéraux, soit paternalistes
» (Ferrey and al, 2013, 155).
Selon Thaler et Sunstein et en particulier Danier Kahnemann,
prix Nobel d'économie en 2002, l'homoeconomicus n'est pas tout à
fait rationnel. En effet, les hommes ne font pas des choix purement produits
par la logique mais sont bien gouvernés et incités par leurs
émotions, leur caractère ou encore leur éducation. Ces
comportements seraient donc en parties régis par des caractères
propres à chaque
humain. De ce fait, la complexitéet
l'hétérogénéitédes humains complique de
manière évidente la mise
en place de comportements généralisés
(normes). Finalement la théorie des nudges propose des «
modalités d'action ou d'adaptation de leurs gestes et pratiques dans
lesquels l'incitation au changement est suggérée plutôt
qu'imposée » (Chouteau). Selon Sunstein et Thaler (2008) ce serait
une « approche philosophique de la gouvernance publique ou
privée,
qui vise à aider les hommes à prendre des
décisions qui améliorent leur vie sans attenter à la
libertédes autres ». Le but recherchéest de cibler,
d'intégrer les pratiques et comportements des individus dans la mise en
place des politiques publiques. « Le paternalisme libéral » de
Cass Sunstein et de de Richard Thaler est fondésur cette théorie,
que la plupart du temps, nous ne sommes pas des agents cohérents en
mesure de maximiser nos profits. « Nous ne nous comportons donc pas
toujours en bon homo-economicus. Nous sommes de simples mortels affectés
de nombreux biais cognitifs et comportementaux qui inhibent notre analyse
rationnelle » (Orobon, 2013,22)
2.3. Les instruments principaux du paternalisme
libéral
Selon Ferrey and al (2013), les politiques paternalistes
utilisées peuvent être dénombrées en cinq
instruments principaux. Ces instruments seraient des dispositifs
développés grâce à l'observation des comportements
lorsque des individus sont face à un choix.
Choix par défaut: il s'agit de déterminer ce qui
est le mieux pour l'environnement, ou la santépar exemple et sans
demander aux agents concernés.
Le cadrage ou communément appelé« framing
»: selon Ferrey and al (2013) il consiste à « transformer
» la manière dont une information est offerte à un indi-
vidu. On cherche ici à modifier et plus
précisément àmanipuler, contrôler,
à influencer ses croyances et les
perceptions qu'il peut avoir. Autrement dit, il s'agit de
modifier les perceptions des individus sur les choses.
La limitation des choix: toujours selon Ferrey and al, «
offrir trop de choix à un agent peut être contraire
àson utiliténotamment en cas de biais de confusion
».
Finalement cet instrument consisterait à « limiter
» les choix dans le cas d'une prise de décision (Chouteau).
Les périodes de réflexion obligatoire (cooling
off period): ce dispositif protège les agents de tous les possibles
achats ou choix impulsifs qu'ils pourraient regretter après.
L'autocontrainte: elle consiste comme son nom l'indique
à s'auto-exclure d'un système, d'une organisation ou d'une
pratique.
Finalement les nudges ont étéintroduits tout
d'abord par les questionnements de Foucault, puis développés par
Thaler et Sunstein en 2008, mais ont pris réellement forme grâce
aux « nudge units » au Royaume-Uni.
utilisant ces nudges. Et c'est sous le gouvernement de David
Cameron qu'on voit apparaître le BIT, autrement dit le « Behavioural
Insights Team ». Ce gouvernement a mis en place un nudge pour changer les
pratiques habituelles dans l'espoir de gagner en efficacité. En effet,
David Halpern, responsable du BIT en 2010 préconise l'envoi d'un simple
SMS aux contribuables en retard de paiement d'impôt plutôt que de
l'avertir par lettre ce qui s'avère plus cher qu'un sms. Ainsi
l'efficacitéest caractérisée par un gain au niveau des
coûts, (un SMS est moins cher que l'envoi d'une lettre par la voie
postale) mais aussi au niveau du temps. Les contribuables en retard sont
avertis plus vite et peuvent donc régulariser plus vite leur
situation.
En effet, depuis peu, on voit chez les gouvernements une
volontéde changer les pratiques habituelles en
5
De plus, en 2013 sous l'impulsion de Barack Obama, de
nombreuses mesures ont étéprises concernant la prévention
et la protection des individus dans de nombreux domaines. Nous pouvons en effet
faire référence à l'Obama Care, mesure régulatrice
cherchant à protéger et prévenir problèmes de
santédes individus.
Nous pouvons donc voir à travers toutes ces analyses
théoriques que la prise ne compte des différences
entre individus est primordiale lorsque l'on cherche
àmettre en place certaines actions incitatives. En effet,
l'efficacitédes politiques, notamment en matière
de nudges verts, peut dépendre en grande partie des
caractéristiques différentes entre les groupes d'individus. C'est
pourquoi il nous a sembléintéressant de nous pencher, à
travers une étude économétrique, sur les relations qu'ont
les individus avec les problématiques environnementales.
3. Etude économétrique
3.1. Presentation Expérience
Enquête réalisée dans le cadre du cours de L3
intitulééconomie de l'environnement. Réalisée sur
internet àtravers un sondage oùles individus
sondés avaient tout
le temps souhaitépour répondre à chaque
question.
https://docs.google.com/forms/d/1q67nirRbuKs-JwP5Wwy6fLGI4w3B2tDed10tN2g5a30/edit
Diffusion : A travers Facebook, entourage des
différents membres constituant notre groupe. Nous avons choisi de
raccourcir celui-ci dans le but d'attirer un plus grand nombre d'individu et
d'être à la portée du plus grand nombre Le sondage
étant présentécomme étant anonyme et d'une
durée maximale de 5 minutes.
6
3.1.1. QUESTIONS ET MODALITÉS
1. Age (Oùles réponses étaient libres
entre 10 et 70 ans)
2. Sexe (soit Homme ou Femme)
3. Département (Les choix possibles initialement
étaient 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 ou autre)
4. Activitéextra-scolaire (Les choix possibles
étaient: Association, Sport, Activitéculturelle, Job
étudiant, Aucune, Autre)
5. Que faites-vous dans la vie ? (Les réponses
possibles étaient : Etudiant, Salarié, Dirigeant, Entrepreneur,
Autre)
6. Dans quelle branche exercez-vous ou suivez-vous votre
formation (ou souhaitez-vous la
suivre) ? (Les réponses possibles étaient :
Economie-Commerce, Gestion-Comptabilité,
Droit, Sciences-Technologie, Santé-Biologie, Sport,
Art-Littérature-Journalisme, Sciences humaines et sociales ou Autre)
7. Moyen de transport (Avec comme choix : Voiture,
Co-voiturage, Transport en commun, Vélo, Marche, Autre)
8. Quelle vision de l'écologie avez-vous ? (Les
réponses possibles étaient : Importante, Norme Sociale,
Emotion/Affectif (sensible à la disparition des animaux),
Nécessaire
9. Associez-vous l'écologie à la politique ?
(Les choix: Tout à fait, Fortement lié, Lien existant, Lien
faible, Pas de lien)
10. Etes-vous attachéaux labels bio ou aux produits
recyclables ? (Les réponses : Oui, Non, C'est pareil)
11. A quelle fréquence recyclez-vous? (Les choix
possibles : Tout le temps, Fréquemment, Souvent, Quelques fois,
Jamais)
12. Etes-vous d'accord sur le fait qu'il y ait un
réchauffement climatique ? (Les réponses possibles : Oui, Non,
Peut-être)
13. Etes-vous satisfait des moyens mis en oeuvre pour lutter
contre le réchauffement climatique (s'il existe) ? (Pour répondre
à cette question nous avons proposéune échelle de valeur
de 1 à 10 => 1(très mauvais), 10 (très
bon) )
14. Vous sentez vous concernépar les problèmes
environnementaux? (Même système que précédemment
avec => 1: pas concerné10: très
concerné)
15. Que pensez-vous du système d'information sur les
enjeux écologiques ? ( Les réponses possibles: Insuffisant,
Suffisant, Je sais pas ça me concerne pas)
16. Etes-vous favorable à un système politique
ou économique centrésur l'énergie verte? (Les choix
possibles: Oui, Non, C'est pareil)
17. Etes-vous prêt à vous engager dans le
domaine écologique (En terme de changement de comportement) ? (Pour
répondre: échelle de 1 à 10)
18. Etes-vous prêt à travailler dans le domaine
écologique ? (Les choix possibles: Oui, Non, On verra)
3.1.2. L'ÉCHANTILLON
L'échantillon étudiéest assez
intéressant car il regroupe 253 réponses très
diversifiées et »représentatives» de la population
française. La proportion Homme/Femme est de 49%/51% ce qui est conforme
à la proportion réelle. L'âge des personnes ayant
répondu au sondage varie entre 15 ans et 70 ans, toutes les tranches
d'âge sont représentées dans ce sondage. De nombreux
départements répartis dans toute la France sont
représentés dans notre sondage: 75, 29, 77, 78, 91, 92, 93, 94,
95, 2, 53, 76, 44, 89, 31, 37, 64, 66, 60, 37 et même l'étranger
(99). Les individus sondés ont des intérêts
diversifiés et assez bien répartis entre : les activités
associatives (49), sportives (139), culturelles (42), les jobs étudiants
(40) ou même aucune activité(52). On retrouve aussi de nombreuses
catégories de population : étudiant, salarié,
entrepreneur, dirigeant ou autre... dans de nombreux domaines et utilisant des
moyens de transport très variés. Et sans doute
l'élément le plus important : des opinions très
variées concernant l'environnement, et des actions variées dans
ce sens
3.1.3. LIMITE DE L'ÉCHANTILLON
L'échantillon repose en grande partie sur l'entourage
des différents membres de notre groupe, on a donc un biais de
sélection. L'échantillon étant relativement modeste: 253
réponses, ce sondage représentatif peut être vu comme
très peu représentatif. L'enquête est fortement
centrée sur une population âgée de 18 à 23 ans
résidant en Ile-de-France (beaucoup d'étudiant) même suite
au partage de notre sondage via une association dont les membres étaient
»plus âgé».
Les résultats obtenus doivent être
utiliséavec précaution car les réponses peuvent être
biaisés:
-
7
Certaines personnes n'ont pas répondu
»sérieusement» au sondage par manque d'intérêt
pour celui-ci ou autre
- D'autres ont répondu en fonction des
représentations sociales de l'écologie pour ne pas être
»jugés»
3.1.4. CONCLUSION (CHOSES, QUESTIONS, QUI AURAIENT PU ÊTRE
AJOUTÉES POUR UNE ÉVENTUELLE NOUVELLE EXPÉRIENCE):
Après avoir lancéle sondage et avoir
reçu un certain nombre de réponses, nous avons fait le constat
que certaines questions qui peuvent être considérées comme
importantes ont étéoubliées: niveau d'étude
(liéà la perception et l'action en faveur de l'environnement),
»petits actions»en faveur de l'environnement (eau, carburant,... ),
ou autres. La diffusion nous a fait défaut dans un premier temps (100
réponses en un mois) mais suite au partage du sondage sur Facebook par
le membre d'une association et le changement dans nos techniques de diffusion
nous avons obtenu des réponses plus rapidement et de façon plus
efficace (150 en deux semaines).
3.2. Modèle: Relation Action/ Comportement
3.2.1. ETAPE 1: DÉFINITION DE L'ÉTUDE
On cherche le lien entre le fait d'agir en faveur de
l'environnement 1 et le fait de sentir concernépar celui-ci A
partir de statistiques simples, on peut déterminer un lien entre les
facteurs à travers le lien de corrélation. J. Cohen a mis en
évidence le lien entre deux facteurs à travers une statistique
|r|, le coefficient de corrélation en valeur absolue.
- |r| < 0, 2: lien faible
- 0, 2 < |r| < 0, 4: lien modéré- 0, 4 <
|r|: lien fort
Dans notre cas, le lien de corrélation entre le fait
de se sentir concernéet l'action est fort selon la théorie de
J.Cohen car il est d'environ 0.57 (0.5673), la question pertinente est:
à quel point le fait de se sentir concernéest-il important dans
l'action en faveur de l'environnement ? Le lien est-il causal ?
'Ici agir en faveur de l'environnement signifie participer de
façon plus ou moins importante à la problématique
concernant les défis environnementaux selon Eric Singler dans son
ouvrage Green Nudge - Changer les comportements pour sauver la planète
(le réchauffement climatique, la réduction de la couche d'ozone,
... ) 3.2.2. ETAPE 2: HYPOTHÈSE ET POINT DE DÉPART
On reprend l'affirmation d'Éric Singler dans son
ouvrage intitulé: Green Nudge : Reussir à changer les
comportements pour sauver la planète. Éric Singler affirme que la
majoritédes individus (78 %) se considèrent comme étant
très concernés par le changement climatique (une des plus grandes
problématiques actuelles) mais cet élan d'intérêt
pour les problématiques environnementales est très peu suivi par
des actes. Dans un souci d'investigation, nous avons décidés de
mener une enquête à notre échelle afin de
déterminer le lien entre le fait de se sentir
concernépar les thématiques environnementales et le fait d'agir
en faveur de celles-ci.
3.2.3. ETAPE 3: MODÈLE THÉORIQUE ET
ÉCONOMÉTRIQUE
Création de la variable expliquée. Pour mesurer
l'action en faveur de l'environnement, nous avons dé-cidéde
créer une variable scoreenvir: qui mesurerait un score de l'action
environnementale. Pour créer cette variable, nous avons
déterminéles questions relatives à l'action en faveur de
l'environnement. Les questions permettant cela sont :
- Etes-vous attachéaux labels ou produits recy-clables
?
- A quelle fréquence recyclez-vous ?
- Etes-vous prêt à vous engager dans le domaine
écologique ? (En termes de changement de comportement)
- Etes-vous prêt à travailler dans le domaine
écologique ?
On attribue subjectivement des coefficients à chaque
question ainsi que des points pour chaque question afin d'arriver au score de
50: Dans le cadre de la première question, on attribue un coefficient de
2,5 car ce type d'engagement est assez important en termes d'action concernant
les enjeux environnementaux (variable scorelabel). Répondre:
- Oui attribuait 4 points
- Non rapportait 1 point
- C'est pareil: 0
- et à défaut de retirer des points car cette
réponse peut être interprétée comme un mépris
pour l'environnement.
8
Dans le cadre de la seconde question, on attribue un
coefficient de 2 pour les mêmes raisons et notamment car nous estimons
qu'être attachéaux labels bio et aux produits recyclables est
aussi important que de recycler tout le temps (variable scorerecycl).
Répondre:
- Tout le temps rapportait 5 points
- Fréquemment: 4 points
- Souvent: 3 points
- Quelques fois: 2 points
- Jamais: 1 point
- C'est pareil: 0 point
Dans le cadre de la troisième question, on attribue un
coefficient de 1 car cet engagement est intéressant à
évaluer mais difficile à juger et pas forcément
réel. Chaque valeur supplémentaire rapporte un point
(Répondre: 1 = 1 point et 10 = 10 points) (variable scorecomp)
Pour la dernière question, on attribue le coefficient
le plus important (4) car il s'agit de l'engagement le plus important (variable
scoretravail). Répondre:
- Oui rapportait 5 points - On verra: 2 points
- Non: 0 point.
On obtient alors la variable expliquée suivante (avec
un total sur 50):
scoreenvir = 2 * scorerecycl +
scorecomp
+ 2, 5 * scorelabel + 4 *
scoretravail
RLS: scoreenvir = â0 +
â1concerne
Après de nombreux essais, le modèle le plus
statistiquement significatif est le suivant:
RLM: scoreenvir = â0 +
â1age + â2concerné+
ä0visionéco32 +
ä1visionéco53 +
ä2visionéco64
+ ä3visionéco85 +
ä4branche26 + ä5branche47 +
ä6femme + i.dpt8
2Vision de l'écologie: Importante
3Vision de l'écologie: Importante et
Nécessaire 4Vision de l'écologie: Norme Sociale
5Vision de l'écologie: Aucune
6La branche 2 correspond aux étudiants
suivant un cursus de droit (ou aux professionnels exerçant dans ce
domaine)
7La branche 4 correspond à la
filière Gestion-
Comptabilité8i.dpt représente les
différents départements qui seront
3.2.4. ETAPE 4: RESULTATS DE L'ÉTUDE ET TEST
Selon le modèle, les équations obtenues sont
les suivantes:
- scoreenvir hat = 7,13 + 2,94 concerné- scoreenvir hat
= 12,99 + 0,14age + 2,18con-
cerné+ 2,74visionéco3 + 6,39visionéco5 -
4,58vi-sionéco6 - 12,71visionéco8 - 6,50branche2 - 4,31branche4 +
2,13femme + i.dpt
Interprétation: Dans le modèle
de régression linéaire simple, les interprétations sont
les suivantes: Selon le modèle, un individu qui ne se sent pas
con-cernépar l'environnement (0) a un score moyen de 7,13/50 et en
moyenne un individu qui se sent extrêmement concernépar
l'environnement (10) obtient un score de 36,3
Dans le modèle de régression linéaire
multiple, les interprétations sont les suivantes: Le modèle
estiméprédit que le score est croissant en fonction de
l'âge de
l'individu (avec un coefficient de 0,14 par année
supplémentaire), la vision que nous avons de l'écologie influence
plus ou moins fortement le score, favorablement lorsque les individus
considèrent les questions environnementales comme importantes (en
moyenne: 2,60 points par rapport aux autres), comme tout autant importante que
nécessaire (6,22 points en plus) ou défavorablement lorsque
celles-ci sont considérées comme étant des normes sociales
(4,31 points en moins) ou ceux n'ayant pas de point de vue ou làl'impact
est vraiment important (13,78 points en moins).
Le département d'origine a aussi son importance. Notre
département de référence sera le Finistère (29) car
seul un département fait mieux en moyenne en termes de score
environnemental: la Seine et Marne (77) mais le risque d'erreur est assez fort
(t= 0,46). Cette variable a un impact significatif sur le score des franciliens
car ce score est en moyenne supérieur dans le Finistère
oùl'on atteint en moyenne une différence de 7 points par rapport
au département de la Seine-Saint-Denis ou de 6 face aux
départements des Hauts-de-Seine ou des Yvelines. Mais l'une des
principales
observations est la diminution du facteur «
concerné», en effet on passe d'un coefficient de 2,94 à un
coef-
ficient de 2,26 ce qui peux représenter une baisse
conséquente lorsque l'on multiplie ces coefficients par 10 par exemple
(baisse en moyenne de 7 points)
Test
Le premier test concerne la variable créée:
scoreenvir. Est-elle pertinente?
représentés dans le modèle par des
indicatrices
Pour répondre à cette question, nous allons
évaluer le coefficient alpha de Cronbach. On obtient un coefficient de
0,6434 pour la variable scoreenvir. Ce résultat peut être
considérécomme correct notamment par rapport à la taille
de l'échantillon même si pour beaucoup d'auteurs celui-ci est
satisfaisant à partir de 0,7.
Concernant les variables utilisées dans le
modèle àl'exception de 4 départements (Paris,
Essonne Yvelines
et Seine et Marne), elles présentent un risque
d'erreur qui est au seuil maximum de 10% avec 0 en dehors de l'intervalle de
confiance.
Test de Fisher
On veut tester l'hypothèse suivante:
- H0: â1 = 0; â2 = 0;...; ä16 = 0 versus H1:
â1 =6 0 ou â2 =6 0 ou ... ou ä16 =6 0
Il faut ici réaliser un test F de Fisher à 18
contraintes simultanées (contraintes multiples sur les 9
paramètres estimés, sans la constante).
Ce test est fourni par défaut par Stata au-dessus de
la ligne correspond au R2. La statistique F du test est
élevée (13.44) et la p-valeur associée égale
à 0. L'hypothèse H0 peut donc être rejetée à
un seuil très faible. L'effet de l'ensemble des variables incluses dans
le modèle est donc statistiquement conjointement significatif. Cette
régression multiple est donc pertinente.
3.2.5. ETAPE 5: CONCLUSION ET ORIENTATION
L'étude présentée confirme partiellement
le problème soulevépar Eric Singler: le fait de se sentir
concerné(et même très concerné) par les
problèmes environ-
nementaux n'est pas suffisant car les individus agissent de
façon « marginale » en faveur de l'environnement. Selon notre
modèle, à autres facteurs fixés, les individus
sondés se considérant entièrement concernés par les
problématiques environnementales obtiennent en moyenne un score de
35/50, la moyenne étant à 28 et celui-ci diminue lorsque les
autres variables interviennent. On peut alors supposer que d'autres facteurs
interviennent notamment l'importance des représentations collectives des
enjeux environnementaux actuels. Par exemple le fait de considérer ces
enjeux comme importants et nécessaires symbolisaient des individus
obtenant 6,22 points supplémentaires en moyenne. Au contraire le fait de
voir ces enjeux comme étant des normes sociales ou de n'avoir «
aucun » point de vue représentaient des individus dont le score
était en moyenne plus faible (respectivement -4,31 et -13,78 points).
Une autre variable à prendre en considération est l'âge,
qui représente un coefficient qui peut paraitre peu significatif
économiquement mais qui est en réal-
9
itéassez important car il varie entre 15 et 70 ans
dans notre modèle ce qui symbolise entre 2,1 et 9,8 points
supplémentaires en moyenne.
Notre modèle, bien qu'étant relativement
modeste et présentant de nombreux biais peut être tout de
même révélateur d'un problème sociétal majeur
actuel: la
représentation de l'écologie. Car le constat
apportépar notre étude est le suivant : l'action en faveur de
l'environnement dépend fortement de la
représentation que nous nous faisons d'elle mais aussi de notre
âge. Sensibiliser les individus doit passer par le fait de comprendre les
enjeux environnementaux plus que de passer par une démarche de
culpabilisation ou de « contraintes sociales » (àtravers des
lois et des règles implicites). Cette sensibilisation doit être
présentée aux plus jeunes ce qui la rendrait aussi plus
efficace.
3.3. Modèle: Relation entre « score »
en environnement et différents déterminants
3.3.1. ETAPE 1: HYPOTHÈSE ET CONSTRUCTION DU
MODÈLE
Dans ce modèle on cherche les différents
déterminants responsables d'un bon « score » environnement.
En utilisant le sondage réaliséet
expliquéprécédem-ment nous avons établi un score
environnemental selon des critères que nous avons pensépertinents
mais qui découle d'une certaine idée qu'aujourd'hui
l'écologie n'est pas assez prise en compte. Ce score a
étécon-struit comme la somme de neuf variables dont certaines
avec des coefficients pour qu'elles aient toutes le même poids (sur
9).
- Moyen: Êtes-vous satisfait des moyens mis en oeuvre
pour lutter contre le réchauffement climatique. (Sur une échelle
de 0 à 9)
- Concerne: Vous sentez vous concernépar les
problèmes environnementaux ? (Sur une échelle de 0 à 9)
- Engager: Êtes-vous prêt à vous engager
dans le domaine écologique (en termes de changement de comportement)
(Sur une échelle de 0 à 9)
- Travail ecolo: Êtes-vous prêt à
travailler dans le domaine écologique? (Oui = 1 / Non et On verra =0)
- Infoeco: Que pensez-vous du système
d'informations sur les enjeux écologiques ?
(Insuffisant=1 / Suffisant=0 / Je ne sais pas, ça ne me concerne pas =
-1 )
-
10
Climatique: Êtes-vous d'accord sur le fait qu'il y ait
un réchauffement ? (Oui = 1 / Non = -1 / Peut être = 0)
- Bio: Êtes-vous attachéaux labels bio ou aux
produits recyclables ? (Oui = 1 / Non = 0 / C'est pareil = 0)
- Recyclage: A quelle fréquence recyclez-vous ? (Tout
le temps = 4 / Fréquemment = 3 / Souvent = 2 / Quelques fois = 1 /
Jamais = 0 )
- Vision: Quelle vision de l'écologie avez-vous ?
(Importante = 1 sinon = 0 )
Le score a étédéterminéde la
façon suivante:
Score2 = moyen + concerne +
engager
+9*travailecolo+9*infoeco+9*climatique+9*bio
+ 2.25 * recyclage + 9 * vision
Pour vérifier si ce score est cohérent nous
avons ef-fectuéun test alpha de Cronbach qui nous donne = 0,7084. Cette
valeur est considérée par les économètres comme
minimal pour être valable. Dans le cadre de ce modèle nous la
considérerons comme suffisante et nous concluons que ce score est
relativement pertinent.
3.3.2. ETAPE 2: MODÈLE THÉORIQUE
Maintenant que nous avons construit ce score, il est
intéressant de savoir s'il existe des déterminants significatifs
d'un bon « score » en environnement.
Le modèle est le suivant: Score2 = f (âge, sexe,
faire du sport, être favorable à une politique centrée sur
l'écologie, être étudiant, prendre les transports en
commun, faire partie d'une association, pratiquer des activités
culturelles, habiter en Ile de France)
Ce modèle est bien sûr limitéet aurait
méritéd'autres variables de contrôle comme vu dans le
modèle précédent. Cependant nous allons quand même
essayer d'y dégager des tendances de fond afin de pouvoir proposer
humblement des conseils pour agir sur les comportements.
3.3.3. ETAPE 3: MODÈLE
ÉCONOMÉTRIQUE, RÉSULTATS DE L'ÉTUDE ET TEST
Selon le modèle établi dans la
précédente étape et mod-élisépar une
régression linéaire multiple dans Stata l'équation est la
suivante:
Score2 hat = â0 +â2âge +
â2femme + â3sport + â4polvert +
â5etudiant + â6transportcommun +
â7culturelle + â8association +
â9idf1
Score2 hat = 17,71 + 0,39*âge + 6,33*femme + 5,12*sport
+ 14,83*polvert + 5,18*etudiant - 3,38*transportcommun + 5,15*culturelle +
4,16*asso-ciation - 2,66*idf1
Interprétation: le modèle prédit qu'en
moyenne avec toutes les autres variables fixées ;
- Chaque année supplémentaire apporte un gain
de 0,39 point.
- Que les femmes ont 6,33 points en plus par rapport aux
hommes.
- Que les personnes pratiquant du sport n'ont 5,12 points en
plus que les non sportifs.
- Que les personnes favorables à une politique
centrée sur l'écologie ont 14,83 points en plus.
- Que les étudiants ont 5,18 points en plus.
- Que les personnes prenant les transports en commun ont 3,38
points en moins.
- Que les personnes pratiquant des activités
culturelles ont 5,15 points en plus.
- Que les personnes faisant partie d'association ont 4,16
points en plus.
- Que les personnes habitant en IDF ont 2,66 points en moins
que ceux habitant ailleurs.
Ce modèle est théorique et on y voit bien
certaines limites et potentiels biais. Par exemple l'interprétation de
la constante serait valable pour une personne ayant zéro année.
Ce qui n'est pas forcément cohérent. De plus on relève une
valeur étonnante, celle des transports en commun. On peut penser de
premier abord que prendre les transports en commun est une action plutôt
écologique mais ici le coefficient est négatif. Cela provient
potentiellement de la composition de notre échantillon majoritairement
francilien oùl'utilisation des transports en commun est très
courante et découle d'autres facteurs (les embouteillages, la desserte
en transports, etc.)
On va essayer à l'aide de tests de déterminer la
signi-ficativitéstatistique de ces différents coefficients.
Test
Nous allons effectuer pour chaque coefficient un test de
Student qui ici s'établit avec 253-1-1= 251 degrés de
libertéce qui est supérieur à 120 donc on peut dire que t
suit une loi normale N(0,1).
Avec comme hypothèses :
- H0: /3i = 0 - H1: /3i =6 0
Les valeurs de t pour chaque coefficient seront disponibles en
annexes mais nous allons nous intéresser à quelques-unes de
celles-ci. Seuls deux coefficients ne sont pas significatifs statistiquement au
seuil de 10% (transportcommun et idf). Ce n'est d'ailleurs pas étonnant
puisque comme vu précédemment elles découlent
potentiellement d'un biais dûà la composition de notre
échantillon. Cependant il est intéressant de voir que l'âge
avec un t = 3,34 ainsi que femme avec un t = 3,21 sont très significatif
au seuil de 1%. Et plus logiquement polvert avec un t = 7,22 aussi.
Pour juger de la significativitéglobale de la
régression nous allons procéder à un test de Fisher
à 9 contraintes simultanées avec comme hypothèses:
- H0: /31 = 0, /32 = 0 ,..., /38 = 0, /39 = 0 - H1: /31 =6 0
ou /32 =6 0 ou ... ou /39 =6 0
3.3.4. ETAPE 4: CONCLUSION ET ORIENTATION
Bien que ce modèle soit basésur une étude
ayant quelques limites nous allons vous proposer quelques conclusions et
interprétations.
Premièrement en s'intéressant au
déterminant polvert. On observe bien que les personnes étant
favorable àune économie verte ont de meilleurs scores
en environ-
nement. Il serait donc potentiellement plus judicieux d'agir
sur les personnes n'étant pas favorable à une politique
centrée sur l'écologie.
Deuxièmement, on constate que les hommes sont en
moyenne moins « écolo ». Il faudrait probablement axer sur les
hommes les actions visant à changer les comportements.
Et pour conclure, nous conseillerons de sensibiliser davantage
les jeunes aux pratiques écologiques.
Maintenant que nous en savons plus sur les comportements
moyens des individus en matière environnementale, nous allons nous
pencher plus précisément sur des aspects plus pratiques des
nudges, en nous intéressant aux différents modèles
d'influence et en mettant en avant certains exemples d'expérimentations
d'incitations vertes.
4. Modèles d'influence et acteurs
vard, les individus s'identifient d'après 3 grands
processus d'influence: la compliance, l'identification et
l'intériorisation. Les individus adopteraient donc des réactions
différentes selon le mode d'influence.
La compliance correspond à une sorte d'influence qui
détermine les individus à changer de comportement en
échange d'une récompense, ou, pour éviter d'être
sous-estimédevant d'autres individus ou groupes. Un des effets majeurs
de la compliance est « l'effet boomerang » qui repose sur la
comparaison à autrui. Visiblement cet effet s'est
avérépositif en Californie, lors d'une expérience
oùprès de 1000 foyers ont reçu leur facture
énergétique et celle de leurs voisins. Comme attendu, la facture
d'après était bien moins élevée surtout pour les
foyers qui dépensaient beaucoup d'énergie.
L'identification se manifeste par un changement de
comportement chez un individu lors de son identification à un groupe qui
constitue la source d'influence. («Si tout le monde le fait, il doit
être raisonnable de le faire.») Cialdini (1988). Dans un quartier
oùles déchets se trouvent souvent au sol, les personnes auront
d'avantage tendance à jeter leurs déchets par terre plutôt
que dans un quartier oùtout le monde respecte les règles de
propreté. C'est un résultat prouvéscien-tifiquement et
souvent assez évident.
L'intériorisation est congruente au changement de
valeurs et croyances d'un individu. Elle déclenche un comportement
responsable et écologique. Le tri des déchets, la
préférence pour le transport en commun écologique et
l'achat de produits biologique font partie intégrante des
premières actions responsables qui sont adoptées par les
individus favorables à la protection de l'environnement.
4.2. Les grands acteurs
La communication est au coeur des processus des groupes. Le
groupe en tant qu'entitéconstitue le niveau le plus intégratif.
Asch (1952) le décrivait en comparant le groupe à l'eau. Pour
comprendre les propriétés de l'eau notamment de l'eau courante,
il faut connaitre les caractéristiques de ses éléments.
Mais
cela ne suffit pas pour la compréhension de l'eau et
àson usage. On peut associer cette comparaison par-
faitement dans le cadre des 3 grand groupes qui sont à
la base de création des nudges et qui réagissent
différemment et ont différentes méthodes d'application de
leur usage. Nous en comptons trois: l'Etat, les entreprises et les
individus.
D'après les économistes Hebert-Kelman,
spécialisés dans la psychologie sociale à
l'Universitéde Har-
11
4.1. Modèles d'influence
4.2.1. L'ÉTAT
L'Etat est créateur de règles de droit, le plus
souvent de normes injonctives (ordres), pour aboutir à des
résultats. Il a comme objectif majeur, dans le cadre de projets
environnementaux, d'assurer le déploiement rentable de
l'intégration du marchéde
l'électricitére-nouvelable et d'établir des projets
collectifs. Ces projets ont comme objectif de développer une
économie verte non-polluante en coordination avec le Ministère de
l'Environnement et notamment avec la gouvernance de l'Union de l'énergie
en matière d'électricitérenou-velable.
L'exemple d'EDF est le plus fragrant: il encourage les
français à produire leur propre énergie en
économisant jusqu'à70% sur leurs factures par
l'intermédiaire du projet « Mon Soleil & Moi ». La
production d'un kWh solaire évite 0,476 g CO2 rejetédans
l'atmosphère. Choisir de devenir un producteur d'énergie verte
est favorable à l'environnement. En France à peu près 350
000 maisons sont déjàéquipées de panneaux solaires
et leur nombre ne cesse d'augmenter. C'est un projet prometteur à long
terme et surtout écologique.
Un autre projet proposéc'est «
l'indemnitékilo-métrique » qui est une des
expérimentations lancées par le Ministère de
l'Environnement le 5 mars 2014 et prévoit d'indemniser les travailleurs
qui se rendent au travail en vélo.
Celle-ci est d'un montant de 25 centimes nets par
kilomètre et n'est pas cumulable à un remboursement de
l'abonnement en transports collectifs. C'est un « coup de pouce » de
l'Etat qui encourage les individus à opter pour des comportements
écologiques en étant indemnisés. La prise en charge de
l'indemnitékilométrique vélo n'est que facultative pour
l'employeur: ce dernier n'est donc pas obligéde la mettre en place.
4.2.2. LES ENTREPRISES
Les entreprises ont aussi leurs méthodes d'incitation
pour « pousser » les individus à adopter un comportement
écologique tout en maximisant leurs profits.
Une méthode qui s'avère efficace est la
programmation des imprimantes pour l'impression recto-verso plutôt que
l'impression de deux feuilles par page au sein des entreprises,
universités et écoles.
L'universitéaméricaine Rutgers a
économiségrâce àcette option plus de sept
millions de feuilles en un semestre, soit 620 arbres.
On s'intéresse aussi au Green Nudge à travers
Canibal, une entreprise qui « veut rendre le recyclage ludique ».
L'entreprise Canibal a des portefeuilles de collabora-
12
tions avec des entreprises connues comme Bouygues et
L'Oréal. Aujourd'hui cette entreprise a réussi à recycler
près de 50 tonnes de déchets depuis son lancement. Canibal est
une entreprise innovante qui a beaucoup de potentiel à long terme. Elle
propose une alternative: celle du recyclage ludique qui consiste à
récompenser les personnes faisant l'effort de recycler afin de les
habituer à ces gestes simples, quotidiens et utiles pour la
planète.
Le fonctionnement de la machine Canibal est simple: quand
l'utilisateur dépose un objet dans le collecteur de déchet, un
jackpot apparaît alors sur l'écran et l'utilisateur peut par
exemple gagner, de façon aléatoire, un bon de réduction.
Ce geste ne nécessite aucune forme d'engagement ou de coût pour le
consommateur, il ne peut être que gagnant.
4.2.3. L'INDIvIDu
L'individu est au centre de toutes les actions. Il est un
troisième acteur majeur qui redimensionne le concept de nudge. En effet
c'est lui qui est sujet à la mise en place des nudges. Les nudges
s'adaptent aux consomateurs, à la facon dont ils pourraient être
incités. L'individu trouve des solutions et réponses pour
développer une sensibilitéindividuelle liée à ses
valeurs et croyances. Des expériences ont montréque la position
des individus par rapport au « green nudge » varie en fonction de
leur niveau d'altruisme, de leur adhé-
sion à la cause écologique ou encore à
leur sensibilitépolitique. Par ailleurs les stratégies
de nudge ont des
influences et des résultats différents selon la
culture et le pays oùelles sont appliquées.
Par exemple, une récente étude a
montréque le fait d'indiquer à un fermier chinois le nombre
élevéde ses collègues qui ont adoptédes pratiques
agricoles respectueuses de l'environnement, était plus efficace que de
le payer pour qu'il fasse de même.
Il faut aussi prendre en considération le fait qu'on
est tous différents et que différentes actions auraient des
effets différents sur nous, selon notre pays d'origine et notre
culture.
Un des exemples de la différence culturelle est la
culture du « vélo » qui est très
développée dans les pays de l'Europe de l'Ouest, notamment
à Amsterdam aux Pays-Bas, oùle vélo porte bien son nom de
« petite reine ». Chaque jour, 490 000 personnes parcourent une
distance de 2 millions de kilomètres dans cette ville qui compte plus de
400 kilomètres de pistes cyclables pour 780 000 habitants.
Il faut aussi souligner qu'aux Pays-Bas le taux
d'obésitéest le plus faible d'Europe, il existerait peut-
13
être une corrélation avec cette culture
spécifique.
En Europe les promenades courtes sont faites en vélo ou
à pieds tandis qu'aux Etats-Unis elles sont habituellement faite en
voiture. En effet aux 'Etats-Unis, l'automobile est utilisée pour 55%
des voyages d'une longueur d'environ 0,5 km, 85% pour les trajets d'une
longueur de 1,0 km et plus de 90% pour les trajets plus longs. D'oùla
corrélation évidente avec le taux
d'obésitérelativement élevé, les
sensibilités politiques, le scepticisme face aux problèmes
environnementaux, sachant que les Etas-Unis est le pays le plus polluant au
monde.
Voyons plus précisément deux exemples
d'expérimentations qui ont étémenées sur le concept
des nudges
4.3. Quelques exemples d'expériences
1. Etude de cas: »The use of descriptive norms to
promote a minority behavior in a realistic online shopping
environment»
Comme explique précédemment, l'une des
incitations les plus efficaces en matière environnementale est celle qui
joue sur la comparaison entre les individus, notamment par
l'intermédiaire des normes sociales.
L'une des études les plus récentes dans ce
domaine est celle de Demarque et al. en 2015, qui s'intéresse aux
comportements d'étudiants vis-à-vis de l'achat de produits
biologiques. Le but des auteurs est de montrer que des messages
décrivant les comportements d'achat d'un groupe
considérécomme la norme pouvaient avoir une influence plus ou
moins forte, selon le type d'information présentée, sur le
comportement d'achat des individus. L'étude cherche à montrer
plus particulièrement qu'il est possible de présenter des
informations aux individus à propos d'une norme de consommation de
produits biologiques, bien que cette norme de consommation soit relativement
faible, de manière à les pousser à acheter plus de
produits biologiques. Concrètement, les auteurs ont
recréésur ordinateur une plateforme d'achat de nourriture en
ligne oùsont proposés des produits biologiques et des produits
« normaux ». Les produits biologiques étant
légèrement plus chers que les produits normaux, ils se sont
intéressés aux comportements d'achat de 122 participants
disposant d'un budget de 25 euros, certains étant soumis à une
incitation de type nudge, et d'autres non. D'autres tests avaient
étépréalable-ment effectués afin de connaître
les proportions réelles d'achat de produits écologiques. Les 122
participants ont étérépartis en 4 groupes et disposaient
selon leur groupe des informations suivantes, tirées des
études
préliminaires, en se connectant à la boutique en
ligne:
- Le groupe de contrôle se voyait présenter ce
message: « Cette boutique vends plusieurs produits du quotidien »
- Le groupe « norme faible »: le premier message
suivi de « Pour information, 9% des participants précédents
ont achetéun produit biologique »
- Le groupe « norme forte 1 »: le premier message
suivi de « Pour information, 70% des participants précédents
ont achetéau moins un produit biologique »
- Le groupe « norme forte 2 »: le premier message
suivi de « Pour information, les participants précédents ont
acheté, en moyenne, au moins deux produits biologiques »
Les résultats ont montréque les participants
ayant étéexposés à une incitation, sous la forme
des différents messages normatifs, achètent en moyenne un produit
biologique de plus et dépensent en moyenne 13% de plus sur ce type de
produits que le groupe de contrôle. Etonnamment, les différentes
« forces » des normes descriptives n'ont pas produit d'effets
significativement différents sur l'achat de produit biologiques. Pour
les auteurs, l'une des raisons à ce résultat surprenant au
premier abord pourrait être qu'il suffit d'attirer l'attention de
l'acheteur sur la norme d'achat de produits biologiques pour que ceux-ci se
sentent incités. Cette étude prouve en tout cas
l'intérêt de l'utilisation des normes et de la comparaison
à autrui comme un outil de nudge potentiellement efficace pour faire
changer les comportements en douceur.
2. Etude de cas: »A room with a
viewpoint»
La deuxième étude à laquelle nous pouvons
nous intéresser est celle concernant les économies d'eau,
menée en 2008. L'article « A room with a viewpoint »
écrit par Noah J. Goldstein, Robert B. Cialdini et Vladas Griskevicius
repose sur des expériences à objectif écologique de
»réutilisation des serviettes» menées dans des
hôtels afin de montrer l'impact des normes sociales descriptives et
normatives.
La première expérience s'est
déroulée sur 80 jours, avec 1.058 moments potentiels de
réutilisation des serviettes dans 190 chambres, et les clients
n'étaient pas conscients de leur participation à
l'expérience. Les chercheurs ont créédes plaquettes avec
des messages qu'ils mettaient sur les étagères à
serviettes. Le premier message est à but informatif sur l'importance de
la protection de l'environnement »HELP SAVE THE
ENVIRONMENT» sans utiliser de normes descriptives. Et
l'autre message »JOIN YOUR FELLOW GUESTS IN HELPING TO SAVE THE
ENVIRONMENT» utilise des normes descriptives et incite à la
réutilisation des serviettes parce que les autres le font aussi. Les
études trouvent que le deuxième message a plus de succès.
Parmi les 75% de personnes participantes, presque 35% ont
étéincitées par le simple message environnemental, contre
44,1% de ceux soumis aux normes descriptives par identification au groupe
écoresponsable.
Dans la deuxième expérience,
effectuée sur une durée de 53 jours, des données
sur 1,595 moments potentiels de réutilisation de serviettes ont
étécollectées, dans le même hôtel que pour la
première étude, et les participants n'étaient pas non plus
conscients de leur participation à l'expérience.
Les chercheurs ont essayéde déterminer comment
la conformitédes clients de l'hôtel à une telle norme
descriptive varie en fonction du type de groupe de référence
attachéà cette norme.
Cinq messages différents ont
étéprésentés:
1. »HELP SAVE THE ENVIRONMENT»sans normes
descriptives (Importance 4,1/6).
2. «JOIN YOUR FELLOW GUESTS IN HELPING TO SAVE THE
ENVIRONMENT.» (Importance 2,5/6); utilisant des normes descriptives avec
une participation de 75% des clients de l'hôtel.
3. «JOIN YOUR FELLOW GUESTS IN HELPING TO SAVE THE
ENVIRONMENT» (Importance 2/6) ; le même message avec la
participation de 75% des clients qui sont restés dans la chambre
numéro 313.
4. «JOIN YOUR FELLOW CITIZENS IN HELPING TO SAVE THE
ENVIRONMENT». Importance (5,4/6) ; 75% de participation des citoyens.
5. «JOIN THE MEN AND WOMEN WHO ARE HELPING TO SAVE THE
ENVIRONMENT». (Importance 5,5/6) ; dans l'étude ont
participé76% des femmes et 74% des hommes.
Résultats:
· Premièrement, les
données sur l'importance de la catégorie sociale ont mis en
évidence que les catégories mises en avant dans les messages ont
focaliséles participants sur l'identitésociale voulue.
· Deuxièmement, les
données ont confirméles attentes, l'identification des
participants à leur propre catégorie sociale est forte.
· Troisièmement, on a un taux de
réutilisation des
|
14
|
serviettes des quatre messages normatifs descriptifs qui ne
correspond pas à la mesure dans laquelle les individus
considèrent les différentes identités importantes pour
eux.
Ces données sont particulièrement importantes
pour la recherche. Elles suggèrent que plus la catégorie sociale
est importante pour un individu, plus la probabilitéest forte qu'il ou
elle va suivre les normes de la catégorie. D'après le classement
d'importance, les participants sont plus susceptibles de suivre les normes
« citoyen » ou « femme/homme » et moins les normes «
client de l'hôtel » pour une chambre particulière (313) dans
laquelle ils logeaient.
En conclusion, le résultat de ces 2 expériences
montre l'importance des normes descriptives pour motiver les gens à
s'engager dans le domaine de la conservation environnementale. Mais cette
étude ne fournit aucune norme descriptive explicite qui serait
universellement efficace, elle suggère que rapporter les normes à
une identitésociale significative importante, sans fournir
d'informations normatives descriptives, n'est pas une approche optimale.
5. Conclusion
Le sujet des incitations vertes nous a donc
invitéà nous interroger sur la relation qui existe entre le
changement des comportements individuels et la sauvegarde de l'environnement,
qui est aujourd'hui devenu une nécessité. De cette relation nous
avons pu dégager des questionnements sur lesquels il nous a
sembléintéres-sant de nous pencher, en se demandant notamment
quelle place les nudges peuvent-ils prendre dans cette volontéde faire
évoluer les comportements vers une norme plus éco-responsable
?
Nous avons donc voulu montrer que les nudges verts peuvent
constituer une solution efficace et prometteuse aux problèmes
environnementaux, mais que certains obstacles mis en lumière par les
études qui ont étémenées restent à surmonter
pour une application généralisée de ces incitations.
Pour ce faire, nous nous sommes penchés dans une
première partie sur la littérature scientifique concernant les
nudges, afin de comprendre plus précisément les
différentes théories et les différents mécanismes
qui expliquent l'effet des incitations sur les comportements. Puis, dans un
deuxième temps, nous avons présentéles résultats de
l'étude économétrique que nous avons menédans le
but d'analyser les relations qu'entretiennent les individus face aux
problématiques environnementales. Nous avons pu en conclure que, bien
que les individus puissent en effet se sentir con-
|
cernés par les défis environnementaux, cela ne
signifie pas forcément qu'ils s'impliquent beaucoup plus dans des
actions vertueuses. Ce paradoxe met en lumière la place importante que
peuvent prendre les nudges verts afin de passer, en douceur, des bonnes
volontés aux actes concrets. Enfin, dans une troisième partie,
nous nous sommes intéressés aux applications pratiques et aux
expérimentations d'incitations vertes mises en place dans
différents pays du monde, à partir
desquelles nous avons pu conclure quant à
l'efficacitéprouvée des nudges. Toutefois, nous avons
identifiédes limites concernant l'application de ces nudges, no-
tamment sur le fait qu'une expérience réussie
dans un pays ne peut pas forcément être transposée avec la
même efficacitédans d'autres régions du monde.
Nous pouvons donc voir à travers ce sujet la
néces-sitéde se questionner sur la place qu'occupent les
comportements individuels dans la transition environnementale, à travers
l'utilisation des incitations vertes. S'il est vrai que les nudges
s'avèrent relativement efficaces pour changer en profondeur les
comportements, il reste difficile de les mettre en place de manière
rapide et globalisée. En effet, la mise en oeuvre de ces nudges reste
conditionnée aux volontés politiques de transition vers un monde
plus éco-responsable. Nous pouvons facilement imaginer que les mises en
oeuvre généralisées de nudges à l'échelle
d'un pays entier seront beaucoup plus incertaines si les décideurs
politiques ne sont pas eux-mêmes convaincus par la
né-cessitéde transition écologique, l'exemple de
l'élection à la tête des Etats-Unis de Donald Trump,
climato-sceptique convaincu, étant l'un des plus marquants. C'est
pourquoi on peut se demander si les incitations non-contraignantes sont
vraiment des solutions suffisantes pour changer les comportements humains, et
si, face à l'urgence climatique, il ne reste pas grandement
nécessaire de légiférer, contraindre, et imposer des
normes plus vertueuses pour l'environnement aux acteurs économiques ?
Bibliographie
Sebastian Berger, »The Power of the Nudge to Change Our
Energy Future», Scientific America, 29/12/2015
Cialdini R.B. et al. (1990), »A focus theory of normative
conduct: Recycling the concept of norms to reduce littering in public
places», Journal of Personality and Social Psychology, vol. (58)6
Chouteau (2015), »Les nudges, du concept à la mise
en oeuvre»
Centre d'analyse stratégique, directeur de la
publication Vincent Chriqui, (2011), »Nudges verts»: de nou-
velles incitations pour des comportements
écologiques.
15
Christophe Demarque, Laetitia Charalambides, Denis J.Hilton,
Laurent Waroquier, (2015) »The use of descriptive norms to promote a
minority behavior in a realistic online shopping environment»,
»Journal of Environmental Psychology»
Goldstein N.J. et al. (2008), »A room with a viewpoint:
Using social norms to motivate environmental conservation in hotels»,
Journal of Consumer Research, vol. 35(3)
Nolan J. et al. (2008), »Normative social influence is
underdetected», Personality and Social Psychology Bulletin, vol. 34.
Schultz P.W. (1998), »Changing behavior with normative
feedback interventions: A field experiment on curbside recycling», Basic
and Applied Social Psychology, vol. 21(1)
Eric Singer (2015), »Green Nudge, réussir à
changer les comportements pour changer la planète», Pearson
France
Richard Thaler, Cass Sunstein (2008), »Nudge: Improving
Decisions about Health, Wealth, and Happiness»
Fawaz Teffahi, »Canibal veut rendre le recyclage
ludique», L'Express Entreprise, 22/08/2014
6. Annexes
_u Friday March 17 15:16:39 2017 Page 1
(R)
/__ / ____/ / ____/
___/ / /___/ / /___/
Statistics/Data Analysis
___ ____ ____ ____ ____
|
(R)
|
User: onj Project: inj
1.0000
scoreenvir
voussentez~l
0.5673 1.0000
/__ / ____/ / ____/
___/ / /___/ / /___/ 12.0 Copyright 1985-2011
StataCorp LP
Statistics/Data Analysis StataCorp
4905 Lakeway Drive
Special Edition College Station, Texas
77845 USA
800-STATA-PC
http://www.stata.com
979-696-4600
stata@stata.com
979-696-4601 (fax)
Single-user Stata network perpetual license: Serial number:
93611859953
Licensed to: Kamara Mamadi
MK-00
Notes:
1. (/v# option or -set maxvar-) 5000 maximum variables
1 . use "
C:\Users\mamad\Desktop\Economie
de l'environnement\Exposé économie de l'environnement\ex
2 . do "
C:\Users\mamad\AppData\Local\Temp\STD01000000.tmp"
3 . reg scoreenvir age voussentezvousconcernparlesprobl
visionéco3 visionéco5 visionéco6 visionéc
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Number of obs
F( 17, 234)
|
=
=
|
252
13.44
|
|
|
|
|
Model
|
18664.8786
|
17
|
1097.93403
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
Residual
|
19111.5371
|
234
|
81.6732355
|
R-squared
|
=
|
0.4941
|
|
|
|
|
Adj R-squared
|
=
|
0.4573
|
Total
|
37776.4157
|
251
|
150.503648
|
Root MSE
|
=
|
9.0373
|
scoreenvir
|
Coef.
|
Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
[90% Conf.
|
Interv
|
age
|
.1403468
|
.0522461
|
2.69
|
0.008
|
.0540681
|
.2266
|
voussentezvousconcernparlesprobl
|
2.269547
|
.2794074
|
8.12
|
0.000
|
1.808136
|
2.730
|
visionéco3
|
2.601616
|
1.417107
|
1.84
|
0.068
|
.2614177
|
4.941
|
visionéco5
|
6.220313
|
2.280841
|
2.73
|
0.007
|
2.453752
|
9.986
|
visionéco6
|
-4.313382
|
1.668992
|
-2.58
|
0.010
|
-7.069541
|
-1.557
|
visionéco8
|
-13.78411
|
6.564212
|
-2.10
|
0.037
|
-24.62419
|
-2.944
|
branche2
|
-6.163113
|
2.37119
|
-2.60
|
0.010
|
-10.07888
|
-2.24
|
branche4
|
-4.198495
|
1.623983
|
-2.59
|
0.010
|
-6.880327
|
-1.516
|
dpt
|
|
|
|
|
|
|
2
|
-2.399681
|
2.657606
|
-0.90
|
0.367
|
-6.788429
|
1.989
|
3
|
2.058735
|
4.480073
|
0.46
|
0.646
|
-5.33962
|
9.45
|
4
|
-6.447568
|
4.883281
|
-1.32
|
0.188
|
-14.51178
|
1.616
|
5
|
-2.496338
|
2.440195
|
-1.02
|
0.307
|
-6.526056
|
1.53
|
6
|
-6.463806
|
2.300971
|
-2.81
|
0.005
|
-10.26361
|
-2.664
|
7
|
-7.148199
|
2.675907
|
-2.67
|
0.008
|
-11.56717
|
-2.729
|
8
|
-5.882972
|
3.192581
|
-1.84
|
0.067
|
-11.15517
|
-.6107
|
9
|
-4.660442
|
2.297798
|
-2.03
|
0.044
|
-8.455006
|
-.8658
|
10
|
-6.427616
|
2.995782
|
-2.15
|
0.033
|
-11.37483
|
-1.480
|
_cons
|
13.23524
|
3.436512
|
3.85
|
0.000
|
7.560215
|
18.91
|
4 . corr scoreenvir voussentezvousconcernparlesprobl (obs=253)
scoree~r vousse~l
_u Friday March 17 15:16:40 2017 Page 2
5 . reg scoreenvir
Source
|
voussentezvousconcernparlesprobl
SS df MS
|
Number of obs
F( 1, 251)
|
=
=
|
253
119.09
|
Model
|
12208.3291
|
1
|
12208.3291
|
Prob
|
> F
|
=
|
0.0000
|
Residual
|
25731.4713
|
251
|
102.515822
|
R-squared
|
=
|
0.3218
|
|
|
|
|
Adj
|
R-squared
|
=
|
0.3191
|
Total
|
37939.8004
|
252
|
150.554763
|
Root
|
MSE
|
=
|
10.125
|
scoreenvir
Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interv
voussentezvousconcernparlesprobl
_cons
2.944926 .269862 10.91 0.000 2.413443 3.476
7.128082 2.036919 3.50 0.001 3.116452 11.13
6 . alpha scorerecycl scorecomp scorelabel scoretravail Test
scale = mean(unstandardized items)
Average interitem covariance: 1.083668
Number of items in the scale: 4
Scale reliability coefficient: 0.6434
7 . gen scorerecycl2= 2* scorerecycl
8 . gen scorelabel2 =2.5* scorelabel
9 . gen scoretravail2= 2* scoretravail
10 . alpha scorerecycl2 scorelabel2 scoretravail2 scorecomp Test
scale = mean(unstandardized items)
Average interitem covariance: 3.475949
Number of items in the scale: 4
Scale reliability coefficient: 0.6424
11 . reg scoreenvir age voussentezvousconcernparlesprobl
visionéco3 visionéco5 visionéco6 visionéc
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Number of obs
F( 18, 233)
|
=
=
|
252
12.99
|
|
|
|
|
Model
|
18923.8494
|
18
|
1051.32497
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
Residual
|
18852.5662
|
233
|
80.9123015
|
R-squared
|
=
|
0.5009
|
|
|
|
|
Adj R-squared
|
=
|
0.4624
|
Total
|
37776.4157
|
251
|
150.503648
|
Root MSE
|
=
|
8.9951
|
scoreenvir
|
Coef.
|
Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
[90% Conf.
|
Interv
|
age
|
.1397878
|
.0520031
|
2.69
|
0.008
|
.0539088
|
.2256
|
voussentezvousconcernparlesprobl
|
2.178157
|
.2827555
|
7.70
|
0.000
|
1.711209
|
2.645
|
visionéco3
|
2.744417
|
1.412747
|
1.94
|
0.053
|
.4113797
|
5.077
|
visionéco5
|
6.391495
|
2.272207
|
2.81
|
0.005
|
2.639129
|
10.14
|
visionéco6
|
-4.583293
|
1.668036
|
-2.75
|
0.006
|
-7.33792
|
-1.828
|
visionéco8
|
-12.7097
|
6.561104
|
-1.94
|
0.054
|
-23.54484
|
-1.874
|
branche2
|
-6.498887
|
2.367569
|
-2.74
|
0.007
|
-10.40874
|
-2.589
|
branche4
|
-4.310841
|
1.617619
|
-2.66
|
0.008
|
-6.98221
|
-1.639
|
femme
|
2.135075
|
1.193425
|
1.79
|
0.075
|
.1642303
|
4.10
|
dpt
|
|
|
|
|
|
|
2
|
-2.93174
|
2.661863
|
-1.10
|
0.272
|
-7.327593
|
1.464
|
3
|
2.543337
|
4.467374
|
0.57
|
0.570
|
-4.834173
|
9.920
|
4
|
-6.523569
|
4.860665
|
-1.34
|
0.181
|
-14.55057
|
1.50
|
5
|
-2.679909
|
2.430968
|
-1.10
|
0.271
|
-6.694457
|
1.334
|
6
|
-6.829498
|
2.299331
|
-2.97
|
0.003
|
-10.62666
|
-3.032
|
7
|
-6.961777
|
2.66545
|
-2.61
|
0.010
|
-11.36355
|
-2.559
|
8
|
-5.820639
|
3.177865
|
-1.83
|
0.068
|
-11.06863
|
-.5726
|
9
|
-4.771961
|
2.287918
|
-2.09
|
0.038
|
-8.550274
|
-.9936
|
10
|
-6.499668
|
2.982066
|
-2.18
|
0.030
|
-11.42431
|
-1.575
|
_cons
|
12.99561
|
3.423087
|
3.80
|
0.000
|
7.342657
|
18.64
|
_u Friday March 17 15:16:40 2017 Page 3
12 . alpha scorerecycl2 scorelabel2 scoretravail2 scorecomp, std
item label Test scale = mean(standardized items)
item-test item-rest interitem
Item
|
Obs
|
Sign
|
corr.
|
corr.
|
corr.
|
alpha
|
Label
|
scorerecycl2
|
253
|
+
|
0.7372
|
0.4933
|
0.3026
|
0.5655
|
|
scorelabel2
|
253
|
+
|
0.7305
|
0.4828
|
0.3088
|
0.5728
|
|
scoretrava~2
|
253
|
+
|
0.6508
|
0.3641
|
0.3839
|
0.6515
|
|
scorecomp
|
253
|
+
|
0.7065
|
0.4458
|
0.3315
|
0.5980
|
|
Test scale
|
|
|
|
|
0.3317
|
0.6650
|
mean(standardized items)
|
13 .
end of do-file
14 .
User: Romain Vasseur
___ ____ ____ ____ ____ (R)
/__ / ____/ / ____/
___/ / /___/ / /___/ 12.0 Copyright 1985-2011
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77845 USA
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979-696-4600
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979-696-4601 (fax)
Single-user Stata network perpetual license: Serial number:
93611859953
Licensed to: Romain Vasseur
Notes:
1. (-set maxvar-) 5000 maximum variables
1 . use "/Users/Romain/Desktop/Projet eco
environnement/Expose_eco_environnement.dta"
2 . gen travailecolo1=9*travailecolo
3 . gen infoecolo=9*infoeco
4 . gen clima=9*climatique
5 . gen alibio=9*bio
6 . gen recycle=2.25*recyclage
7 . gen visioneco=9*vision
8 . alpha travailecolo1 infoecolo clima alibio recycle visioneco
recycle moyen concerne engager, std item l
> l
Test scale = mean(standardized items)
Item
|
Obs
|
Sign
|
item-test corr.
|
item-rest corr.
|
interitem corr.
|
alpha
|
Label
|
travaile~lo1
|
253
|
+
|
0.5255
|
0.3546
|
0.2165
|
0.6885
|
|
infoecolo
|
253
|
+
|
0.6104
|
0.4575
|
0.2015
|
0.6688
|
|
clima
|
253
|
+
|
0.3270
|
0.1303
|
0.2514
|
0.7288
|
|
alibio
|
253
|
+
|
0.6484
|
0.5051
|
0.1948
|
0.6594
|
|
recycle
|
253
|
+
|
0.6197
|
0.4691
|
0.1999
|
0.6665
|
|
visioneco
|
253
|
+
|
0.4599
|
0.2781
|
0.2280
|
0.7026
|
|
moyen
|
253
|
-
|
0.3564
|
0.1621
|
0.2463
|
0.7233
|
|
concerne
|
253
|
+
|
0.7069
|
0.5804
|
0.1845
|
0.6442
|
|
engager
|
253
|
+
|
0.6757
|
0.5399
|
0.1900
|
0.6524
|
|
Test scale
|
|
|
|
|
0.2126
|
0.7084
|
mean(standardized items)
|
9 .
10 . gen idf1=0 if dpt==1
(226 missing values generated)
mardi '( mars '*(+ à ('-'' Page (
|
|
User: Romain Vasseur
11 . replace idf1=0 if dpt==10 (15 real changes made)
12 . replace idf1=0 if dpt==. (1 real change made)
13 . replace idf1=1 if idf1==. (210 real changes made)
14 . reg score2 age femme sport polvert etudiant
transportcommun culturelle association idf1,level(90)
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Number of obs =
|
253
|
|
|
|
|
F( 9, 243) =
|
11.69
|
|
|
|
|
Model
|
23426.1434
|
9
|
2602.90482
|
Prob > F =
|
0.0000
|
Residual
|
54118.5582
|
243
|
222.710116
|
R-squared =
|
0.3021
|
|
|
|
|
Adj R-squared =
|
0.2763
|
|
|
|
|
Total
|
77544.7016
|
252
|
307.71707
|
Root MSE =
|
14.923
|
score2
|
Coef.
|
Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
[90% Conf.
|
Interval]
|
age
|
.3928805
|
.1177896
|
3.34
|
0.001
|
.1983924
|
.5873687
|
femme
|
6.33292
|
1.971896
|
3.21
|
0.001
|
3.077027
|
9.588812
|
sport
|
5.124088
|
2.017583
|
2.54
|
0.012
|
1.79276
|
8.455416
|
polvert
|
14.83286
|
2.053416
|
7.22
|
0.000
|
11.44236
|
18.22335
|
etudiant
|
5.176987
|
3.052236
|
1.70
|
0.091
|
.1372929
|
10.21668
|
transportcommun
|
-3.378128
|
2.13026
|
-1.59
|
0.114
|
-6.895503
|
.139248
|
culturelle
|
5.153255
|
2.634975
|
1.96
|
0.052
|
.8025199
|
9.503989
|
association
|
4.157866
|
2.423506
|
1.72
|
0.088
|
.1562985
|
8.159434
|
idf1
|
-2.658051
|
2.742871
|
-0.97
|
0.333
|
-7.186939
|
1.870836
|
_ cons
|
17.71709
|
5.954463
|
2.98
|
0.003
|
7.885392
|
27.5488
|
15 .
mardi '( mars '*(+ à ('-'' Page '
|
|
|