MEMOIRE DE RECHERCHE
pour l'obtention du Master II
Etudes et Recherche en Finance et
Comptabilité
Année universitaire : 2016-2017
Gestion stratégique des résultats,
structure de
l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une
étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur
agricole
français.
Hurssel OSSIBA
Master CGAO parcours M2 MSG-ERFC
Etudes et Recherche en Finance et Comptabilité
Directeur de recherche :
Eric Séverin
Professeur des universités - HDR IAE de Lille
1
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Résumé
Pour l'obtention du Master 2 Recherche en Finance et
comptabilité, il nous été demandé de rédiger
un mémoire de fin de cycle. Notre sujet s'intitule : "Gestion des
résultats, structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une
étude appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
français".
En utilisant le score de Conan-Holder, les objectifs de notre
étude étaient de montrer qu'il y a une gestion des
résultats différenciée selon les niveaux de
difficulté financière, d'étudier l'impact de la
réduction des dettes sur l'ampleur de la gestion des résultats et
de tester l'existence d'une complémentarité significative entre
la gestion des résultats et les activités exceptionnelles sur
opérations de gestion. Par ailleurs, au regard de la littérature,
nous avons été conduit à présenter des
hypothèses de recherche portant sur l'impact de la détresse
financière sur l'association entre la structure de l'actionnariat
(actionnariat concentré et familiale) et la gestion des résultats
d'une part et sur l'association entre la gouvernance d'entreprise
(indépendance des administrateurs) et l'ampleur de la gestion des
résultats.
Nous avons trouvé qu'il existe des trajectoires
différenciées de gestion des résultats en fonction des
niveaux de détresse financière, ce qui traduit que l'impact de la
détresse financière n'est pas monotone sur la gestion des
résultats, mais qu'il existe des nuances de gestion des résultats
en fonction de la gravité de la difficulté. Ensuite, nous avons
trouvé que les entreprises réductrices des dettes et celles
non-réductrices des dettes ont approximativement les mêmes niveaux
de gestion des résultats. Enfin, nous n'avons observé aucune
complémentarité entre la gestion des résultats et les
activités exceptionnelles sur opérations de gestion aux
différents niveaux de la défaillance financière.
Les hypothèses sur la structure de l'actionnariat, la
gouvernance d'entreprise et la gestion des résultats n'ont pu être
testées en raison de l'absence des données.
Mots-clefs : gestion des résultats,
défaillance financière, endettement, activités
exceptionnelles sur opérations de gestion, actionnariat et gouvernance
d'entreprise
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Abstract
In the context of obtaining the Master 2 Degree, Research in
Finance and Accounting from IAE Lille, we were asked to write a memoire. Our
topic is "Earnings management, ownership structure and corporate governance : A
Study Applied to failing SMEs of french agricultural sector".
Using the Conan-Holder score, the objectives of our study were
to show that there is a differentiated earnings management (EM) according to
the levels of financial difficulty, to study the impact of the debts'reduction
on the magnitude of EM and to test the existence of a significant
complementarity between EM and the extraordinary (non-recurring) activities on
management operations. Moreover, we were asked in literature, to present
research hypotheses concerning the impact of financial distress on the
association between the shareholder structure (concentrated and family
shareholding) and EM, in one hand, and on the association between corporate
governance (independence of directors) and the extent of EM, in other hand.
We found out there are differentiated ways in EM depending on
the levels of financial distress, which means that the impact of financial
distress is not monotonous on EM, but that there are nuances of EM depending on
the severity of the difficulty. Then, we found that debt-reducing and
non-debt-reducing companies have roughly the same levels of EM. Finally, we
observed no complementarity between EM and the extraordinary activities on
management operations at the various levels of the financial failure.
Hypotheses about ownership structure, corporate governance and
earnings management could not be tested due to the lack of data.
Key words : earnings management, financial
failure, leverage, extraordinary activities on management operations,
shareholder, corporate governance.
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Remerciements
Je souhaite remercier tout d'abord l'ensemble du corps
professoral de la formation M2 ERFC de l'IAE de Lille, ils m'ont permis de me
constituer un bagage intellectuel pour la recherche en comptabilité et
en finance. Ensuite, mes remerciements vont à l'endroit de mon Directeur
de Mémoire le professeur Éric Séverin pour avoir
accepté de suivre ce travail. Ces conseils m'auront été
d'une aide importante, tant sur le niveau de la rédaction que sur le
plan méthodologique.
Je tiens à remercier l'Agence Nationale des Bourses du
Gabon et Campus France pour m'avoir permis de suivre cette formation en
France.
Enfin, un grand merci à ma mère qui m'a soutenu
et qui n'a ménagé aucun effort pour que je réussisse.
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Liste des sigles et
abréviations
GRAR : Gestion des résultats par l'activité
réelle
GRA : Gestion des résultats par les accruals
GR : Gestion des résultats
PEX : Produits exceptionnels sur opération de gestion
CEX : Charges exceptionnels sur opération de gestion
TA : Théorie de l'agence
TCA : Théorie comportementale de l'agence
DAC : Discretionary accruals (Accruals
discrétionnaires)
ACF : Abnormal cash-flows (Cash-flows anormaux)
APROD : Abnormal production (production anormale)
RN : Résultat Net
TAIL : Taille
CA : Conseil d'administration
CEO : Chief Executive Officer (Directeur
Général)
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Liste des figures
Figure 1 : Forme de la distribution des résultats au seuil
des variations nulles des résultats. 40
Figure 2 : Grille de lecture de la santé financière
de l'entreprise 50
Figure 3 : Processus économique entrainant à la
discontinuité financière 51
Figure 4 : Situation et trajectoire des entreprises dans une
approche matricielle 53
Figure 5 : Matrice BCG (croissance du marche et part de
marché relative) 55
Figure 6 : Représentation des trajectoires des
médianes des variables de GR 91
Figure 7 : Représentation des niveaux de GR (les moyennes
en valeurs absolues) 92
Figure 8 : Représentation du voisinage de l'ampleur de la
GR entre les entreprises défaillantes
réductrices et non-réductrices des dettes.
93 Figure 9 : Représentation de la GR par les accruals sous
l'hypothèse de la réduction des dettes
94 Figure 10 : Représentation de la GR par les
cash-flows anormaux sous l'hypothèse de la
réduction des dettes 94 Figure 11 :
Représentation de la GR par la production anormale sous
l'hypothèse de la
réduction des dettes 95 Figure 12 : Histogramme de
significativité des coefficients des variables des entreprises
faiblement défaillantes 102 Figure 13 : Histogramme de
significativité des coefficients des variables des entreprises
fortement défaillantes 102
6
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Liste des tableaux
Tableau 1 : Confrontation des hypothèses de la TA et TCA
17
Tableau 2 : Les caractéristiques des deux modalités
de gestion des résultats 31
Tableau 3 : Les différentes méthodes d'estimation
des accruals discrétionnaires 33
Tableau 4 : Critères comptables de classification des
entreprises en détresse financière 60
Tableau 5 : Quelques études relatives à la gestion
des résultats et à la défaillance financière 74
Tableau 6 : Les statistiques descriptives des variables de GR en
valeurs 89
Tableau 7 : Les statistiques descriptives des variables de GR en
valeurs absolues 89
Tableau 8 : Différence de l'ampleur de GR entre les
entreprises réductrices et non-réductrices
des dettes (en moyenne) 93
Tableau 9 : Statistiques descriptives des variables des
régressions linéaires multiples 100
Tableau 10 : Matrice de corrélation des coefficients des
variables indépendantes et
dépendantes du panel des entreprises faiblement
défaillantes 101 Tableau 11 : Matrice de corrélation des
coefficients des variables indépendantes et
dépendantes du panel des entreprises fortement
défaillantes 101 Tableau 12 : Tableau des régressions
linéaires du panel des entreprises faiblement défaillantes
103 Tableau 13 : Tableau des régressions
linéaires du panel des entreprises fortement défaillantes
104
7
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Sommaire
Sommaire 7
Introduction générale 9
Les questions de recherche 10
Première partie : Cadre théorique 13
Revue de la littérature sur la gestion des
résultats et la défaillance financière 14
Chapitre 1 : La gestion stratégique des
résultats 14
Section 1 : Les fondements théoriques de la gestion des
résultats. 14 Sous-section 1 : La théorie de l'agence,
théorie comportementale de l'agence et la théorie de la
réglementation :
un cadre explicatif de la gestion des résultats. 15
1. La théorie de l'agence (« standard agency
framework ») et la gestion des résultats 15
2. La théorie comportementale de l'agence («
behavioral agency theory »). 16
3. La gestion des résultats au regard de la
théorie de l'agence 18
4. La théorie de la réglementation 19
Sous-section 2 : La gestion des résultats à l'aune
de la théorie positive de la comptabilité 20
1. La théorie positive de la comptabilité et la
gestion des résultats. 20
2. Les principales critiques de la théorie positive de la
comptabilité 25
Section 2 : L'approche définitionnelle et les estimations
de la gestion stratégique des résultats 26
Sous-section 1 : Approche définitionnelle de la gestion
stratégique des résultats 26
1. La gestion des résultats : une pluralité de
définitions. 26
2. L'approche managériale de la gestion des
résultats 28
3. Conception comptable et financière de la gestion des
résultats 29
Sous-section 2 : Approche estimatoire de la gestion des
résultats 31
A. La gestion des résultats par les accruals 31
1. La classification des accruals en fonction de leurs natures.
32
2. Les modèles naïfs : l'estimation des accruals
normaux par une moyenne des accruals totaux 33
B. La détection des manipulations comptables par la
distribution des résultats. 40
C. La gestion des résultats par l'activité
réelle : les cash-flows anormaux et la production anormale 41
D. Le lissage des résultats : définition et
détection 42
Chapitre 2 : La détresse financière
45
Section 1 : La défaillance financière : une revue
des principaux déterminants 45
Sous-section 1 : Introduction au concept de détresse
financière 45
1. Conceptions économiques et financières de la
défaillance financière 45
2. Conceptions juridiques et traitement des entreprises
défaillantes. 47
Sous-section 2 : Les déterminants de la défaillance
financière. 49
Section 2 : La relation entre la comptabilité et la
défaillance financière et le lien entre la gouvernance
d'entreprise et la détresse financière. 57
8
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Sous-section 1 : Le lien entre comptabilité et
défaillance financière, et les indicateurs comptables et
financiers de
la détresse financière. 57
1. Le lien entre la comptabilité et la défaillance
financière 57
2. Quelques indicateurs comptables et financiers de la
détresse financière 58
Sous-section 2 : La structure de l'actionnariat, la gouvernance
d'entreprise et la détresse financière 60
A. La structure de l'actionnariat et la détresse
financière 60
B. La gouvernance d'entreprise et la détresse
financière 61
1. La mauvaise gouvernance d'entreprise comme déterminant
de l'état de la détresse financière. 61
2. Les effets de la détresse financière sur la
gouvernance d'entreprise. 62
Chapitre 3 : Discussions et hypothèses de
recherche 64
1. Les niveaux de défaillance financière et
l'existence des trajectoires de gestion des résultats 64
2. L'ampleur de l'endettement et la gestion des résultats
dans les entreprises défaillantes 68
3. La complémentarité entre les opérations
exceptionnelles et la GR dans les entreprises en défaillance
financière. 70
a. L'existence d'une complémentarité entre les
produits exceptionnels et la gestion des résultats dans les
entreprises défaillantes. 70
b. L'existence d'une complémentarité entre les
charges exceptionnelles et la gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté financière 70
Deuxième partie : Cadre méthodologique et
empirique 83
A. L'Echantillon et méthode de classement des panels 84
B. La mesure des variables de l'étude 84
1. La mesure de la gestion des résultats 84
2. La réduction de l'endettement 85
3. La complémentarité entre les produits et
charges exceptionnels et la gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté. 85
C. Les résultats, interprétations et limites 85
1. La gestion des résultats différenciée
selon les niveaux de difficulté financière. 85
2. Les effets de la réduction de l'endettement sur la
gestion des résultats des entreprises défaillantes. 92
3. Les activités exceptionnelles et la gestion des
résultats dans les entreprises en difficulté financière.
95
4. Les limites de l'étude 98
Conclusion 105
Table des matières 106
Annexes 110
Bibliographie 119
9
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Introduction générale
La gestion des résultats est un ensemble de
dispositions normatives laissant au dirigeant la « discrétion
» d'interférer sur les résultats comptables,
traditionnellement au travers de la comptabilité d'engagement. Cette
intervention peut s'assortir d'un effet marginal ou haussier sur les
bénéfices publiés. La définition la plus courante
est celle de Shipper (1989), qui l'interprète comme « une
intervention délibérée dans le processus de
présentation de l'information financière dans le but de
s'approprier des gains personnels ». Ainsi, la gestion des
résultats est un instrument au service de la maximisation de
l'utilité des parties prenantes, dont les principaux sont les dirigeants
et les actionnaires.
Rappelant que la gestion des résultats renvoie
couramment à la manipulation de deux variables (qui sont les composantes
comptables du résultat définitif). La première a trait aux
activités réelles, à savoir les opérations
d'exploitation, de financement et d'investissement. La deuxième
variable, plus discrète et difficilement mesurable, concerne la gestion
délibérée et personnelle du résultat,
appelée : gestion du résultat par les choix comptables ou
accruals.
Par ailleurs, les scandales financiers, à l'image des
crises financières qui ont prévalu au début des
années 2000 (Enron, Worldcom et Tyco) ont concerné avant tout la
nature de la qualité de l'information financière publiée
et la capacité des dirigeants à modifier le sens des
résultats comptables et financiers.
Ainsi, les faibles résultats et l'échec
pourraient inciter les dirigeants à manipuler les résultats
comptables pour maintenir leurs activités et continuer à
bénéficier des financements, et ce en dépassant
frauduleusement les limites autorisées dans les manipulations comptables
(Dechow, 2010). C'est ainsi que nous nous sommes intéressés
à la détresse financière, notamment dans sa
capacité à modifier les pratiques de gestion des entreprises.
De plus, la gestion de résultat se trouve engager dans
ce débat du fait qu'elle explique la manière dont les
résultats sont affectés et elle s'articule très bien dans
la problématique de la responsabilité des dirigeants dans
l'émergence des situations de détresse financière (Salloum
et Azoury, 2010).
Plusieurs études ont traité de l'association
entre la gestion des résultats et la performance financière. Mard
(2004) observe qu'il existe une gestion des résultats différente
selon qu'on soit dans les entreprises sous-performantes et dans les entreprises
qui ont une variation positive ou lisse de leurs résultats. Il expose
les raisons qui expliquent une gestion des résultats à la
10
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
hausse, en distinguant la volonté d'éviter les
pertes aux choix délibérés de gérer les
résultats pour « éviter » une baisse.
De manière plus précise, la détresse
financière impacte la gestion des résultats des entreprises en
difficulté financière par les modes de GR (Campa et
Camacho-Minano, 2015), ) et par l'ampleur (Rodriguèz-Pérez et van
Hemmen, 2010 ; Filip et Raffournier, 2015). Elle altère également
l'éthique indispensable dans les pratiques de gestion des
résultats (Perols et Lougee, 2011).
Premièrement, en considérant que la
détresse financière est un concept graduel, les études
précédentes n'ont pas suffisamment nuancé l'impact des
niveaux la détresse financière sur la gestion des
résultats. Ainsi, nous nous proposons de montrer que la gestion des
résultats suit des trajectoires différentes en fonction des
niveaux de défaillance financière.
Deuxièmement, la détresse financière
étant susceptible de bouleverser les comportements des principaux
acteurs et les politiques financières, nous nous proposons
d'étudier l'association entre la gestion des résultats, d'une
part, la gouvernance et l'actionnariat pendant cette période, d'autre
part.
Plus précisément, l'actionnariat
concentré et l'actionnariat familial étant traditionnellement
décorrélés de la gestion des résultats, nous
supposons qu'en période de détresse financière, le
défaut de l'entreprise est susceptible de modifier cette relation.
S'agissant de la gouvernance, nous souhaitons étudier
l'association entre l'indépendance du conseil d'administration et
l'ampleur de la gestion des résultats aux différents niveaux de
détresse financière.
Les questions de recherche
L'ampleur de la gestion des résultats n'est pas la
même selon les profils financiers des entreprises. Les faibles
performances peuvent influencer l'ampleur de la gestion des résultats.
Mard (2003) conclut, à partir des distributions des résultats,
que la GR à la hausse vise à éviter des pertes. Par
ailleurs, Mard (2004) observe que les basses performances coïncident avec
les niveaux les plus élévés d'accruals
discrétionnaires. Cependant des études montrent des
résultats contradictoires et précisent qu'en période de
détresse financière, la gestion des résultats s'amenuise
(Filip et Raffournier 2014). Ainsi, nous nous évertuerons à
montrer que le niveau de la détresse financière affecte l'ampleur
de la gestion des résultats, c'est l'objet de notre
11
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
première question de recherche. Nous utiliserons les
mesures de gestion des résultats par les accruals et par
l'activité réelle.
Question 1 : La gestion des résultats des
entreprises est-elle différenciée selon les niveaux de
difficulté financière ?
Modalité de gestion des résultats : accruals
discrétionnaires, cash-flows anormaux et production anormale.
|
Les principales études se sont
intéressées à montrer la relation entre l'ampleur de
l'endettement et la GR des entreprises, et notamment des entreprises
sous-performantes. Nous nous proposons de voir si la réduction de
l'endettement des entreprises faiblement défaillantes conduit
inéluctablement à une gestion des résultats
différenciée.
Question 2 : En situation de détresse
financière, la réduction des dettes modifie-t-elle l'ampleur de
la gestion des résultats ?
Modalité de gestion des résultats :
accruals discrétionnaires, cash-flows anormaux et production
anormale.
|
La gestion des résultats dans les entreprises en
difficulté nous a emmené à étendre notre
réflexion sur les charges et produits exceptionnels sur
opérations de gestion (créances irrécouvrables et produits
de cession d'actifs, ...). Ainsi, sachant que la gestion des résultats
se fait également par ces comptes (Mard, 2006), nous nous sommes
intéressés à étudier l'existence d'une
complémentarité entre ces activités et la GR dans le cas
précis des entreprises nouvellement défaillantes. Ainsi, notre
question de recherche s'énonce comme suit :
Question 3 : Les entreprises en difficulté
financière utilisent-elles les activités exceptionnelles pour
compléter la gestion des résultats ? Si cette
complémentarité est prouvée, est-elle
différenciée selon les niveaux de difficulté
financière ?
Enfin, la structure de l'actionnariat et la gouvernance
d'entreprise ont des effets mitigés sur les pratiques de gestion des
résultats. L'actionnariat familial, la concentration de l'actionnariat
et l'indépendance du CA ont traditionnellement des effets
réducteurs sur les pratiques de gestion des résultats. C'est fort
de cela que nous introduisons la dernière question de recherche :
12
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Question 4 : La détresse financière
modifie-t-elle les effets de la structure de l'actionnariat et de la
gouvernance d'entreprise sur l'ampleur de la gestion des résultats
comptables ?
Notre mémoire se compose de deux grandes parties. Dans
une première partie, nous présenterons la littérature
portant sur la gestion des résultats et la défaillance
financière. Puis nous résumerons les principales discussions
liant gestion des résultats, défaillance financière,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise, dans le but de
construire nos hypothèses de recherche. Dans une deuxième partie,
nous procéderons à la présentation des
méthodologies utilisées, les principaux résultats et leurs
interprétations.
13
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Première partie :
Cadre théorique
14
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Revue de la littérature sur la gestion des
résultats et la défaillance
financière
Dans le but de mieux cerner notre sujet d'étude, nous
avons procédé à une revue de la littérature sur les
fondements théoriques et les principaux concepts avant de
développer les différentes discussions qui préciseront nos
hypothèses de recherche.
Chapitre 1 : La gestion stratégique des
résultats
La gestion des résultats procède d'un champ
d'étude vaste qui est celui de la démarche
politico-contractuelle. La théorie de l'agence et
la théorie de la réglementation contribuent
efficacement à expliquer les rapports entre les parties prenantes, en
fournissant des outils de compréhension des mécanismes de
gouvernance et des pratiques comptables qui y sont effectuées.
Section 1 : Les fondements théoriques de la
gestion des résultats.
La GR procède d'une dimension théorique qui part
des prédictions de la théorie de l'agence à celles de la
réglementation. Elle est, au sens de la théorie de l'agence, une
pratique qui vise avant tout à la maximisation de l'utilité des
parties prenantes de l'entreprise (dirigeants et actionnaires). Bien que ses
effets aient été vivement critiqués, l'apport de la GR sur
la structure financière des entreprises est mitigé du fait que
certaines études ont démontré que l'impact de la GR est
nul à terme sur la composition des résultats. En effet, la
propriété d'auto-dénouement et le principe de non
compensation viennent soutenir la complexité existante quant aux effets
de la GR sur le les performances comptables (JeanJean, 2001 et Roychowdhury,
2006). Cependant d'autres études tendent à mettre en exergue le
caractère opportuniste de la GR et ses effets néfastes,
s'agissant des fraudes et des scandales financiers (Dechow et al., 2011).
15
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Sous-section 1 : La théorie de
l'agence, théorie comportementale de l'agence et la théorie de la
réglementation : un cadre explicatif de la gestion des
résultats.
1. La théorie de l'agence (« standard agency
framework ») et la gestion des
résultats.
La théorie de l'agence conçoit l'entreprise
comme une « fiction légale » prise comme une «
coquille vide » sensée accueillir « l'ensemble
des relations contractuelles entre individus » (Chalayer-Rouchon,
1994). Cette définition cadre avec le postulat de la théorie de
l'agence de par Jensen et Meckling (1976). Ces derniers proposent une lecture
composite de la firme en déduisant qu'elle est un « lieu de
réalisation d'un processus complexe » servant à un
« équilibre » entre les différents
intérêts des parties dans un cadre purement « contractuel
». Cette théorie conclue également que le
système de coordination des activités au sein d'une firme
s'appuie sur un lien de « délégation » et sur
des relations de « mandat » (Casta, 2009). La firme
s'apparenterait à un résultat de compromissions et à un
équilibre des différentes parties. Rappelant que les auteurs
définissent le principe de mandat par la relation entre un mandant (ou
principal) et un mandataire (ou agent). Les nombres comptables ont ipso
facto le rôle de garantir le suivi des contrats (Casta, 2009).
La théorie de l'agence présente des
hypothèses qui étayent les biais comportementaux des dirigeants,
dont l'ultime finalité vise à maximiser leurs profits, d'une
part, et allouer de manière efficiente les ressources mises à
leurs dispositions, d'autre part.
A cet égard, Chalayer-Rouchon (1994) précise que
les individus auront des velléités à « profiter
» des insuffisances des contrats pour maximiser leurs «
utilités ». Le résultat comptable peut donc être
conçu comme le reflet soit d'un compromis d'ensemble soit de
l'expression comptable de l'utilité du mandataire.
Manne (1965) et Fama (1980)1 aboutissent
unanimement à la conclusion selon laquelle les dirigeants ont un
caractère discrétionnaire en interférant sur la structure
des résultats. Lesquels résultats déterminent pour les
dirigeants des moyens d'éviter une éviction inopportune et de
s'assurer une rémunération en fonction des performances
comptables et financières. Ces deux moyens contraignent le dirigeant
à manipuler les résultats pour maximiser son utilité.
1 Cité par Chalayer-Rouchon (1994) dans `'
lissage de résultat et théorie politico-contractuelle».
16
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Par ailleurs, la maitrise du risque est au centre de la
relation d'agence. Pour le principal (actionnaire) le risque est une variable
neutre en raison de la diversité d'activités qui fondent son
portefeuille. Par contre, pour l'agent (dirigeant) le risque est une variable
sensible à prendre en compte dans les décisions engageant
l'entreprise (investissement, financement et gestion du BFR). Palliam et
Shalboub (2003, p.78) identifient le mécanisme de gestion des
résultats en deux principaux point : (a) le jugement
(c'est-à-dire la façon dont le dirigeant procède à
l'actualisation des flux et des actifs à long terme, les obligations au
titre des prestations de retraite et autres avantages postérieurs
à l'emploi, les impôts différés et les pertes
découlant de créances irrécouvrables et de
dépréciations d'actifs, le jugement dans la gestion des niveaux
des stocks, le « timing » des expéditions, les méthodes
d'inventaires et les politiques relatives aux créances) et (b) les
méthodes comptables (e.i les méthodes d'amortissement
linéaire ou accéléré, les méthodes
d'évaluation des stocks comme le FIFO, LIFO ou CMUP). Palliam et
Shalboub (2003, p.75) concluent que « les agents ont une
sécurité et un revenu qui sont inextricablement liés
à une entreprise ».
L'agent est dépositaire de l'autorité que lui
confère le principal dans la gestion courante des activités.
C'est fort de cela, que le dirigeant use de cette latitude dans la conception
des nombres comptables. Si le cadre conceptuel promeut l'utilisation des «
bonnes pratiques comptables », il n'est pas exclu que le cadre conceptuel
légal permet aux fournisseurs des états financiers
d'altérer le sens exact des performances réalisées.
Palliam et Shalboub (2003, p. 78) arguent qu'il est « difficile de tenir
la ligne des bonnes pratiques comptables lorsque les agents opèrent dans
la `'zone grise» entre `'la légitimité» et `'la fraude
pure et simple» ».
2. La théorie comportementale de l'agence («
behavioral agency theory »).
A la suite de la théorie comportementale de la firme
(Cyert et March, 1965 et March, 1981 et 1994)2, l'exploration des
nouveaux champs de validation des hypothèses classiques de la
théorie de l'agence a vu naitre la théorie comportementale de
l'agence (notée TCA). Cette nouvelle approche vise essentiellement
à approfondir la compréhension des liens qui existent entre le
principal et l'agent. Au contrepied de la monotonie des incitations, la TCA
vient élaborer des « micro-fondations » sur
l'hypothèse de rémunération des dirigeants (Pepper et
2 Cette théorie qui rompt avec la conception
classique de la firme et promeut la recherche des heuristiques de
décision des principaux acteurs de la firme.
17
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Gore, 2015, p. 1045). Les fondamentaux de la TCA sont
présentés comme étant « plus réalistes
» que ceux énoncés par la TA. Pepper et Gore (2015, p.
1046) formule que « cette théorie place la performance de
l'agent au centre du modèle d'agence » et que « les
intérêts des actionnaires et des agents sont plus susceptibles
d'être alignés si les cadres sont motivés à
effectuer leur travail au mieux de leurs capacités ». La TCA
se présente donc comme une grille de lecture plus pertinente des
heuristiques de décision des parties prenantes. Par ailleurs, la TCA se
propose de « réévaluer » de manière
générale les hypothèses comportementales qui sous-tendent
la théorie de l'agence. C'est à cet égard que la TCA
fournit un « modèle de l'homme économique »
fondée sur « la rationalité limitée ».
Cette démarche comprend (i) les préférences au risque,
(ii) l'actualisation, (iii) l'aversion à l'inégalité et
(iv) le compromis entre la motivation intrinsèque et extrinsèque
(Pepper et Gore, 2015, p. 1045).
Tableau 1 : Confrontation des hypothèses de la TA et
TCA
Hypothèses
|
Théorie de l'agence
|
Théorie comportementale de l'agence
|
Préférence du risque
du `'principal».
|
Les dirigeants sont neutres en termes de risque.
|
Comme pour la théorie de l'agence.
|
Fonction d'utilité du dirigeant
|
Les agents recherchent les
rentes; L'utilité des agents est
positivement associée aux
incitations pécuniaires et
négativement associée à
l'effort.
|
comme la théorie des agences, mais
soumise aux contraintes liées à
la rationalité, la motivation, la perte, le risque, l'incertitude et
les préférences temporelles
|
Rationalité de l'agent
|
Les agents sont rationnels
|
Les agents sont limités rationnellement,
c'est-à-dire la rationalité des
agents dépend de leurs pouvoirs à recevoir,
stocker, récupérer et traiter
des informations sans erreurs.
|
La motivation de l'agent
|
Il n'y a pas de motivation de l'agent sans incitations
`'non- pécuniaires».
|
La motivation est à la fois intrinsèque et
extrinsèque ; Intrinsèque et extrinsèque ne sont ni
indépendants ni additifs
|
18
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
La préférence du risque de l'agent.
|
Les agents sont averses au risque.
|
Les agents sont averses à la perte en dessous d'un
point d'inflexion gain / perte; Autrement, risque aversion.
|
Les préférences temporelles de l'agent
|
Les préférences temporelles des agents sont
calculées en fonction d'un facteur d'actualisation exponentiel.
|
Les préférences temporelles des agents sont
calculées en fonction d'un facteur d'actualisation hyperbolique.
|
La préférence des agents pour un salaire
perçu équitable.
|
Non défini.
|
Les agents sont averses à l'inégalité.
|
Source : Pepper et Gore, Behavioral Agency Theory : New
Foundations for Theorizing About Executive Compensation, 2015, p. 1050.
3. La gestion des résultats au regard de la
théorie de l'agence : entre opportunisme
et caractère bénéfique
`'La gestion des résultats a-t-elle un
caractère strictement opportuniste ou au contraire est-elle
bénéfique ? `'
Depuis les faillites d'Enron et Worldcom, la GR est
décriée comme étant à l'origine de nombreux
scandales financiers aux Etats-Unis. Plusieurs études ont tenté
de mettre en exergue les causes de ces phénomènes. A la
différence des marchés boursiers (où les bulles
spéculatives sont le reflet d'un ensemble de facteurs endogènes
et exogènes), les faillites relatives à la comptabilité
financière sont exclusivement liées aux déclarations
frauduleuses des nombres comptables (performances comptables et estimations des
comptes de régularisation).
S'agissant des effets réels de la GR, il existe deux
présupposés, à savoir que la GR peut être
bénéfique parce qu'elle améliore l'information des
résultats, en transmettant l'information privée aux actionnaires
et au public, et un autre présupposé, avec les scandales
financiers qui représentent des cas flagrants de gestion opportuniste
des résultats. L'idée selon laquelle la GR est une pratique
opportuniste a aidé à l'élaboration des
réglementations visant à atténuer son influence sur la
structuration des déclarations comptables. Le caractère
opportuniste de la gestion des résultats vise essentiellement à
maximiser l'utilité du dirigeant au détriment des
19
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
actionnaires, Jiraporn et al. (2008, p. 623) étayent
qu'un « désalignement des incitations des gestionnaires et des
actionnaires pourrait inciter les gestionnaires à utiliser la
flexibilité offerte par les principes comptables pour gérer les
revenus de façon opportuniste, créant ainsi des distorsions dans
les résultats déclarés ».
En outre, des études ont démontré le
rôle bénéfique de la GR, en retenant l'argument de «
la divulgation de l'information privé » au profit des
actionnaires et du public (Arya, Glover et Sunder, 2003, Demski, 1998, Guay,
Kothari et Watts, 1996, Healy et Palepu, 1993, Holthausen, 1990, Subramanyam,
1996). La disparité des résultats portant sur l'effet de la GR
rend difficile la tentative de compréhension du coût réel
de cette pratique sur la structure financière des entreprises. Jiraporn
et al. (2008) se propose de « distinguer les utilisations
opportunistes et bénéfiques de la gestion des résultats
» (p.623). Leur démarche s'articule sur l'étude de
l'ampleur des coûts d'agence et l'étendue de la GR.
4. La théorie de la
réglementation
La théorie de la réglementation, dans une
perspective de gestion des résultats, décrit un cadre explicatif
des différentes contraintes qui emmènent les agents à
s'aligner sur des directives légales, dans le but de rendre compte de
façon objective des opérations comptables et financières
effectuées. On peut donc déduire que les normes comptables et les
différentes dispositions légales en matière de gestion
comptable et financière découlent de la théorie
économique de la réglementation.
Partant du constat de l'asymétrie d'information, la
théorie de la réglementation adosse aux dirigeants la
nécessité d'encadrer l'enregistrement des flux et la reddition
des comptes. Les arguments retenus pour justifier l'intérêt de
cette théorie, dans la gestion stratégique des résultats,
concernent le constat récurrent de la flexibilité des
procédures comptables (différentes méthodes comptables) et
le manque d'objectivité de la comptabilité (évaluation du
montant des créances par exemple) (Chayaler-Rouchon, 1994).
A l'échelle macroéconomique, la théorie
de la réglementation établie un équilibre entre les
différents intérêts des parties au sein d'une
économie3. Partant de ce postulat, la réglementation
comptable chez Watts et Zimmerman (1986) se décline comme une
procédure comprenant en son sein la maximisation de l'utilité de
certains acteurs, dont le pouvoir de pression est le plus
3 De Watts et Zimmerman (1986) cité par
Chalayer-Rouchon (1994).
20
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
important. La réglementation comme norme se
présente donc sous un angle beaucoup plus arbitraire et partisan et ne
saurait donc être objective. Chalayer-Rouchon (1994) poursuit cette
assertion en arguant que les procédures comptables sont le
résultat de pressions politiques exercées par les
différents groupes concernés par les états financiers de
la firme.
En insistant sur le caractère politisé du cadre
conceptuel, Casta (2009) retient que les nombres comptables, en l'occurrence le
résultat comptable et les capitaux propres, sont un «
argumentaire technique utilisé par les politiciens auprès des
électeurs ».
Par ailleurs, la théorie de la réglementation
s'articule sur l'analyse du point saillant qui compose les individus en groupe
homogène. Lequel cherche avant tout les modalités les plus
opportunistes dans le transfert des richesses. Ce caractère partial de
la réglementation fait par exemple que dans l'établissement des
normes comptables, le rapport coûts/bénéfices du groupe
dont le rapport de force le plus élevé sera l'argument incitateur
dans la ratification d'une norme par l'instance régulatrice. La
normalisation ou la réglementation parait de ce fait être un
ensemble d'instruments politiques détenu par un groupe d'individus aux
objectifs bien déterminés au détriment d'autres
acteurs.
La gestion des résultats obéit à une
double exigence. D'une part, l'exigence de satisfaction des parties prenantes
de l'entreprises et, d'autre part, la nécessité de la reddition
des comptes la plus objective au regard des opérations contractuelles
effectuées par la firme.
Sous-section 2 : La gestion des
résultats à l'aune de la théorie positive de
la
comptabilité
1. La théorie positive de la comptabilité
et la gestion des résultats.
Au départ purement normative, la recherche en
comptabilité, au travers de l'école de Rochester, a entrepris une
approche dite « positive » afin de justifier , d'une part, la
pertinence des modèles d'estimation des phénomènes
comptables et d'élargir le champ de cette matière aux
réalités sociales, économiques et financières qui
la fondent, d'autre part.
Nous pouvons noter que la théorie positive de la
comptabilité telle qu'énoncé par Watts et Zimmerman
(successivement en 1978, 1979, 1986, 1990) accorde un intérêt
majeur à l'explication empirique des pratiques comptables, en
superposant à cette réalité des biais
21
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
comportementaux des fournisseurs des nombres comptables. On
regroupe cette démarche dans l'évaluation empirique de
l'utilité décisionnelle des données comptables (Ball et
Brown, 1968)4.
La théorie positive de la comptabilité s'est
proposée d'établir une cartographie des comportements
empiriquement validées et constitutive d'une théorie
générale de l'élaboration des états financiers par
les entreprises (Casta, 2009). Les déterminants de cette théorie
concernent exclusivement : (a) l'étayement des facteurs associés
aux choix comptables, (b) les motivations managériales dans
l'élaboration des données comptables et (c) la prévision
des choix comptables des dirigeants au regard des caractéristiques des
entreprises.
1.1. Les hypothèses de la théorie positive de la
comptabilité en matière de gestion de résultat.
La théorie positive de la comptabilité
émet trois hypothèses. D'abord, l'argument de la dette, qui
précise que l'action du dirigeant en matière de GR est restreinte
par des clauses d'endettement. Ensuite, l'argument de la
rémunération, qui formule que la rémunération est
un outil d'encadrement du caractère discrétionnaire du dirigeant,
qui opterait naturellement pour des gains personnels (développé
également par Schipper en 1989, en ce qui concerne la définition
de la GR). Enfin, l'argument de la taille, qui précise que les grandes
entreprises privilégieraient des méthodes comptables minorant le
résultat au regard de l'environnement politique restrictif et instable
(fiscalité et obligations sociales).
1.2. L'instrumentation des pratiques de gestion des
résultats : une méthodologie par validation
empirique
La démarche visant à mesurer les comportements
comptables s'articule sur la tentative d'instrumenter des variables
susceptibles d'interpréter, de manière objective et
non-biaisée, la variation des nombres comptables. De prime abord, ce
prisme s'articule sur l'observation des variables comptables et sur
l'empiricité de la théorie par des essais portant sur la
réplication des modèles en procédant à des analyses
économétriques sur des panels d'entreprise.
4 Ball et Brown initie les études
d'événement dans une perspective de compréhension de la
formation des rendements anormaux à la publication des résultats
comptables.
22
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Casta (2009) argue comme exemple l'instrument d'observation de
la liberté des choix comptables, les accruals5. Lesquels
mesurent l'incidence de la politique comptable menée par les dirigeants
sur les variables calculées (provisions, amortissements,
opérations de régularisation et charges à
répartir).
1.3. Les coûts contractuels et les coûts politiques
: des variables explicatives des choix
comptables
Chalayer-Rouchon (1994) traduit les manipulations comptables
(choix comptables) par l'importance des coûts contractuels et politiques
sur les transactions économiques de la firme. Ainsi, la gestion des
résultats, dans une approche politico-contractuelle, résulte de
la structure des coûts supportés par l'entreprise. A la suite,
elle précise que les travaux empiriques menés pour expliquer les
choix comptables dans une approche politico-contractuelle ont abouti à
mettre en exergue trois hypothèses.
D'abord, l'hypothèse des coûts politiques, qui
définit les choix comptables par les relations qu'ont les entreprises
avec la puissance publique et les organismes de normalisation comptable. Dans
le cadre de la comptabilité financière, il s'agit de se conformer
au formalisme et aux règles comptables telles qu'énoncé
par le normalisateur. Cette hypothèse nait donc de la validité de
la théorie de la réglementation, et du fait que le normalisateur
introduit des règles de tenue et de transactions économiques et
financières entre les agents.
Zimmerman (1983) propose une mesure de l'intensité des
coûts politiques par la taille de la firme. Il infère dans son
étude que les entreprises les plus grandes sont beaucoup plus enclines
à supporter les coûts politiques les plus importants
(impôts, taxes, intéressements publics particuliers)
(Chalayer-Rouchon, 1994). D'autres mesures permettent de déduire la
graduation des coûts politiques subis par une firme : «
l'appartenance à une industrie, la concentration de l'industrie, la part
de marché de l'entreprise, l'intensité du capital, le risque
systématique et la variabilité des résultats ». Des
études concluent qu'à mesure que les entreprises appartiennent
à ces segments, elles auront des velléités à
baisser leurs résultats (Hagerman et Zmijewski (1979) et Morse et
Richardson (1983).
Leuz et al.(2003) précisent que la gestion des
résultats est plus importante pour les entreprises cotées dans
les pays relevant du code civil que dans les pays du common law. Ce constat
5 Terme utilisé par Healy (1989), DeAngelo
(1986) et Jones (1991)
23
6 Les stock-options.
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
disproportionnelle dans la gestion des résultats est
également précisé en termes de pression institutionnelle.
Dans un tout autre contexte, Ben Othman et Zeghal (2006) déduisent que
les entreprises françaises gèrent leurs résultats pour
minimiser les coûts politico-contractuels tandis que les entreprises
canadiennes le font du fait de la pression du marché.
Ensuite, il y a l'hypothèse des
rémunérations incitatives des dirigeants, qui postule que
l'existence d'un contrat de rémunération variable peut justifier
la gestion des résultats. Cornier et al (2006) concluent que la gestion
des résultats est incitée par diverses primes dont les stocks
options. Par des études de comparaisons sur des panels et des «
timing », ils aboutissent au constat selon lequel à mesure
que l'écart entre les résultats de l'année en cours et
ceux de l'année précédente sont élevés,
à concurrence les primes en stock-options sont moindres. Bien que
l'hypothèse classique retienne que les clauses relatives aux contrats de
rémunération des dirigeants soient une fonction croissante des
manipulations comptables (au profit de l'utilité du dirigeant), des
études tendent à démontrer le contraire. En effet, les
analyses de Bebchuk et Frield (2003) montrent que l'hypothèse
traditionnelle défendue par la théorie de l'agence est
équivoque aux conclusions de leurs études, lesquelles pointent
une non-convergence des intérêts des actionnaires et des
dirigeants, même en présence d'un contrat de
rémunération. Selon eux, les dirigeants ont des
velléités à accroitre leur utilité en
préservant un espace de discrétion managériale par la
manipulation des résultats financiers, et cela même en recevant
des stock-options.
Dans une étude récente, Huang, Huang et Shih
(2012, p. 2389-2402) étudient les effets des contrats de
rémunération sur les décisions d'investissement et
concluent que les actions de propriété6 incitent les
gestionnaires à émettre des dettes, tandis que la
rémunération en prime basée sur les résultats
induit une aversion à les émettre. Cette étude a mis en
lumière l'association complexe entre l'existence d'un contrat de
rémunération et les incitations à la gestion des
résultats comptables. Les auteurs précisent qu'en
général la rémunération à base de primes
incite le dirigeant à accélérer l'investissement.
Cependant le gestionnaire n'a aucune incitation à utiliser le
financement par emprunt lorsqu'il n'est rémunéré qu'en
espèces ou en primes. De même, il observe que les dirigeants
recours à l'emprunt lorsqu'ils sont rémunérés
à la fois en espèces et actions de propriété.
Toutefois, Huang, Huang et Shih (2012) observent
24
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
que dans la mesure où le contrat de
rémunération comprend des primes en espèces,
adossées aux résultats et aux actions de propriété,
les dirigeants s'alignent sur les attentes des actionnaires. Les actions de
propriété et les primes fondées sur le résultat ont
des effets différents et même opposés sur les
décisions d'investissement et de financement. Lesquelles
décisions peuvent impacter la gestion des résultats comptables
(variation du BFR pour les accruals et charges d'intérêts en ce
qui concerne l'estimation du cash-flow anormal7).
Enfin, il y a l'hypothèse du contrat d'endettement et
la place de l'actionnaire dans la gestion des résultats. A ce titre,
Kelly (1983) observe que le contrat d'endettement est un mécanisme
d'encadrement de la latitude discrétionnaire des dirigeants. Les «
covenants »8 sont des outils de protection des
créanciers contre « les éventuelles expropriations et
transferts de richesses au profit des actionnaires ».
A titre d'exemple, He et al. (2017, p. 267-286)
étudient la relation entre politique de dividendes et gestion des
résultats. Sur un échantillon de 23 429 entreprises tirées
de 29 pays, ils observent une association négative entre le statut de
payeur des dividendes et la gestion des résultats. Ainsi, les
entreprises qui versent les dividendes ont un intérêt à
éviter de gérer les résultats. Par ailleurs, le
non-versement des dividendes entraine systématiquement le paiement d'un
produit privé aux actionnaires majoritaires -aux dépens des
actionnaires minoritaires-. Ce produit encore appelé « `'private
control benefits» ou `'avantages privés liés au
contrôle» » disparait lorsque les dividendes sont
versés. En procédant alors au versement des dividendes, il
devient inutile de gérer les résultats pour dissimuler le
versement de ces produits exceptionnels (He et al., 2017).
De plus, He et al. (2017) trouvent un lien entre politique de
dividendes, gestion des résultats, d'une part, et l'accès futur
au financement, d'autre part. Ils constatent qu'une politique axée sur
le versement des dividendes augure une bonne gestion financière. Si les
audits effectués sur les comptes de régularisation traduisent des
manipulations comptables, cela pourrait jouer en défaveur des
entreprises en besoin de financement (Gunny, 20109).
7 Résidu caractéristique des
manipulations comptables par le cash-flow.
8 Clauses inclues dans les contrats d'endettement.
9 Cette étude met en exergue
l'intérêt des contrôles des comptes de régularisation
par les auditeurs et organismes de crédit.
25
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2. Les principales critiques de la théorie
positive de la comptabilité
JeanJean (1999) distingue trois principales critiques faites
à la théorie positive de la comptabilité : les critiques
épistémologiques, les critiques liées au cadre conceptuel
et celles liées à la validation des hypothèses.
Les critiques épistémologiques
concernent la remise en cause des hypothèses énoncées
par Watts et Zimmerman. En effet, le corps de critiques faites à la
théorie positive de la comptabilité concerne : (a)
l'ambiguïté sur la nature de la théorie de la
comptabilité -s'agit-il d'une théorie positive ou normative ? -,
(b) l'intérêt moindre des recherches prescriptives par rapport aux
recherches normatives, (c) la complexité quant au positionnement de la
théorie de la comptabilité au regard des principes d'action du
cadre positiviste et (d) la remise en cause de la démarche qu'elle
emprunte au regard des prescriptions des sciences, il s'agirait plutôt
d'une sociologie de la comptabilité que d'une théorie positive de
la comptabilité (Christenson, 1983). C'est donc le caractère de
« pertinence » de la cette théorie qui est critiquée
(Casta, 2009, p. 1400).
Les critiques liées au cadre conceptuel
remettent en question la monotonie stricte entre l'utilité du
dirigeant et la valeur actualisée des gains futurs. L'hypothèse
de départ de Watts et Zimmerman sur la prédiction de
l'utilité du dirigeant n'est pas toujours vérifiée. Le
dirigeant peut faire montre de bonne volonté en stockant « du
résultat » en prévision des éventuels
résultats antérieurement déficitaires.
Les critiques sur la validation des hypothèses
concernent premièrement la validité du postulat des
pratiques comptables comme variable de la gestion des résultats. Les
pratiques comptables ne sont pas forcément les seuls
éléments flexibles du résultat. Deuxièmement, le
choix d'un portefeuille de méthodes peut également être une
manière d'interférer sur le résultat et par
conséquent, sur l'utilité du dirigeant. (JeanJean, 1999, p.
27).
Casta (1999) argue que la « nature contingente des
hypothèses » constitue une limite forte de la
réplication des présupposés de cette théorie aux
fins de sa validation. Il en veut pour preuve le confinement de
l'empiricité de cette théorie au seul contexte
nord-américain. Ainsi, l'Europe dispose de normes spécifiques qui
peuvent par exemple rendre impossible la transposition de ces observations
« sans précaution » ( e.i fiscalité, pratiques
comptables autorisées, poids des marchés financiers, nature des
entreprises -familiales ou managériales-, le type de contrôle et
la place de l'Etat dans la vie sociale des entreprises).
26
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Section 2 : L'approche définitionnelle et
les estimations de la gestion stratégique des
résultats
Sous-section 1 : Approche
définitionnelle de la gestion stratégique des
résultats
Dans cette sous-section nous présenterons les diverses
définitions et les modalités de la gestion stratégique des
résultats
1. La gestion des résultats : une pluralité
de définitions.
Deux définitions sont couramment usitées dans la
littérature. La première est celle de Schipper (1989, p.92), qui
définit la GR comme « une intervention
délibérée du dirigeant dans le processus d'information
financière externe dans le but de s'approprier des gains personnels
». La deuxième, plus récente, est celle de Degeorge,
Patel et Zeckhauser (1999, p.2) qui identifient la GR comme «
l'utilisation de la discrétion managériale pour influencer le
résultat diffusé auprès des parties prenantes ».
La première définition semble assez réductrice du fait du
constat récurent de l'absence de la « monotonie stricte des
incitations »10, qui déduit que les dirigeants ne sont
pas toujours opportunistes en termes de choix comptables. Comme nous l'avons vu
précédemment (en s'appuyant sur la théorie
comportementale de l'agence), les incitations à la GR ont
été débattues, notamment dans sa dimension
béhavioriste. L'approche défendue par Degeorge et al (1999) rompt
avec la pensée dominante héritée de l'école de
Rochester et implique d'autres notions telles que la discrétion
managériale et les parties prenantes, en considération des jeux
d'influence entre ces derniers (Jensen, 2001)11.
Healy et Whalen (1999) comme Degeorge et al.(1999)
introduisent une définition plus axée sur les « modes
d'action » du manager dans la GR (Jeanjean, 2003). En effet Healy et
Whalen (1999, p.386) définissent la GR comme « l'utilisation
par les dirigeants de leurs latitudes
10 In incitations et contraintes de la gestion des
résultats, Thomas JeanJean (2000).
11 Michael Jensen dans une critique de la
théorie des parties prenantes ( value maximisation, stakeholder theory,
and the corporate objective firm) considère la nécessité
de rompre avec cette vision paternaliste du dirigeant ( notamment dans les
allocations des ressources) et présente une remodélisation de
cette théorie par un procédé qui prend en compte les
autres parties prenantes de la firme.
27
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
discrétionnaires dans le processus de
comptabilité financière et dans la structuration des transactions
pour modifier les états financiers soit pour induire en erreur certaines
parties prenantes sur les performances réelles de l'entreprise, soit
pour influencer les enjeux contractuels qui reposent sur les normes comptables
».
La « gestion des résultats »
procède donc d'un champ définitionnel beaucoup plus large que la
simple définition de Schipper (1989). En effet, Vidal
(2011)12 pose le problème de la polysémie et de la
mauvaise interprétation de la GR, en reprenant le terme de «
manipulations comptables », qui n'est aucunement «
péjoratif ». La GR relève de la dimension juridique
du fait qu'elle désigne l'ensemble des manipulations comptables «
autorisées » par le normalisateur. La frontière est
donc étroite entre une GR dans le cadre de la réglementation
comptable (options sur la pluralité des choix comptables légales)
et une gestion frauduleuse des résultats (Dechow et ali., 2010).
Breton et Stolowy (2004) désignent la GR sous les
termes de « transferts comptables de richesse, big bath accounting,
nettoyage ou toilettage des comptes, habillage des états financiers
». En effet, la pluralité des formes prises par la GR est
associée aux objectifs des dirigeants, à la prise en compte des
pressions exogènes d'autres acteurs institutionnels (créanciers
divers, banques, fournisseurs, obligataires ...) et à la
pérennité de la firme.
Couramment, on admet deux types de manipulations comptables
(Vidal, 2010) : les manipulations de la structure des comptes (sans
altérer a fortiori le solde définitif) ou « window
dressing » et les manipulations du solde définitif
(résultat comptable) ou gestion du résultat. Enfin, Davidson et
al. (1987) désignent la GR comme « la prise de mesures
délibérées » au travers «
des contraintes des normes comptables »
dans le but ultime d'atteindre un seuil de résultat. Cette
définition prend donc le contrepied de l'hypothèse traditionnelle
de l'opportunisme des dirigeants et défend une vision plus consensuelle
et sociale de la gestion des résultats, qui est censée être
un mécanisme d'ajustement des résultats réels au
bénéfice de la firme et de toutes ses parties prenantes. Lequel
ajustement dépend du sens des manipulations comptables au regard des
contingences, des obligations et du contexte qui pèsent sur la firme.
12 Revue Française de comptabilité,
n°434, Juillet-Août 2010.
28
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2. L'approche managériale de la gestion des
résultats : tentative de compréhension
d'une ambiguïté sociale
La théorie positive de la comptabilité telle
qu'énoncé par Watts et Zimmerman (1986) se propose d'expliquer
les principales causes et intentions qui motivent les préférences
comptables des dirigeants, et les proportions discrétionnaires dont ils
font montre dans la gestion des nombres comptables. La littérature
concernant l'approche managériale de la gestion des résultats
s'établie en termes d'incitations et contraintes. Les dirigeants
adoptent des comportements en réponse à la préservation de
leurs utilités mais également dans le but de satisfaire les
actionnaires.
Watts et Zimmerman (1986) étayent trois grandes
hypothèses qui explicitent les dispositions managériales à
manipuler les résultats : (a) les managers ont des
préférences à reporter les résultats futurs vers la
période présente, (b) les firmes dont le levier financier est
faible auront tendance à reporter les résultats futurs vers la
période présente et (c) la taille non-négligeable de la
firme détermine sa préférence à reporter en avant
ses résultats (JeanJean, 2001).
Mard et Marsat (2012, p.13) établissent que parmi les
facteurs incitatifs, et à l'instar de ceux cités
précédemment, on peut retrouver les appels à
l'épargne ou le changement de l'équipe dirigeante et que les
contraintes liées à la gestion des résultats peuvent
découler des règles comptables utilisées (normes US, IFRS
ou Françaises), le système de protection
légale13 et ce qu'ils nomment « les mécanismes de
gouvernance »14.
Ce cadre formel -qui obéit à un schéma
mental général des dirigeants- a fait l'objet de nombreuses
critiques. JeanJean (2001) précise le constat récurrent de «
la rupture de la monotonie stricte des incitations » à
expliquer la gestion des résultats à partir du canevas
traditionnel (à savoir les prédictions de la théorie
positive de la comptabilité). S'agissant du contrat d'endettement par
exemple, des études ont remis en cause le principe de la monotonie
stricte des incitations des « debt covenants15 ». En
effet, les entreprises en difficulté financière, et dont le
matelas financier a défailli, auront tendance à obérer
davantage leurs résultats (DeAngelo et Skinner, 1994). Les travaux de
Iatridis et Kadoranis (2009, p. 164-173) montrent que les entreprises qui sont
dans une situation financière difficile utilisent la GR afin
13 Les auteurs parlent indument des disparités
entre le common low et code law.
14 Par référence à la
qualité de l'audit, la structure de l'actionnariat et le conseil de
direction.
15 e.i. les clauses contractuelles inscrites dans les
contrats de dette.
29
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
d'améliorer leurs nombre financiers d'une part et
rassurer les créanciers (en capitaux propres er dettes) d'autre part. En
effet, ils concluent que les entreprises qui sont en besoin de capitaux propres
et dettes sont proches de la violation des clauses restrictives et qu'en
considérant que la situation de telles entreprises en pâtirait sur
le marché, les dirigeants seraient plus enclins à pratiquer la
GR.
Healy (1985) précise que le manager ne suit pas
toujours les objectifs associés à la monotonie stricte dans sa
gestion stratégique des résultats. Il précise l'aspect
équivoque de la gestion des résultats en présence de
contrat de rémunération incitatif. En effet, dans la mesure
où le résultat est élevé, il aura tendance à
porter ce dernier à hauteur de son niveau maximum et si le
résultat est faible (inférieur à la limite maximale), il
aura tendance à davantage diminuer le résultat afin de
l'augmenter les années suivantes.
3. Conception comptable et financière de la
gestion des résultats
L'étude des manipulations comptables a abouti sur la
modélisation de modèles économétriques mettant en
exergue les effets discrétionnaires ou anormaux conscrits dans les
déclarations comptables.
Avant d'approfondir la littérature relative à la
GR, on peut d'ores et déjà retenir qu'elle se compose de deux
principaux éléments : la gestion des résultats par les
accruals (notée GRA) et la gestion des résultats par
l'activité réelle (notée GRAR16).
Eisele (2012, p.15) distingue les caractéristiques
propres à chacune de ces modalités de gestion des
résultats en cinq (5) points : le timing, la composante du
résultat affecté, le coût, les contraintes et la
visibilité de la détection.
Le timing est différent selon que l'on se
trouve dans une perspective de GRA ou GRAR. Dans la GRA, les opérations
se font après la clôture des activités, en l'occurrence
pendant l'établissement des états financiers (Roychowdhury, 2004
; Gunny, 2010)17. Tandis que la GRAR doit être «
initié à l'avance », c'est-à-dire avant la
fin de l'année fiscale. Eisele (2012) précise que « les
réductions des prix pour atteindre les objectifs de résultat
doivent être accordées suffisamment à l'avance »
dans le cadre de la GR.
16 Encore appelé gestion réelle des
résultats.
17 Il est donc aisé de constater qu'il s'agit
d'une approche beaucoup plus flexible que la GRAR.
30
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Le coût de la GR traduit les différents
efforts consacrés par la direction aux « activités
discrétionnaires ». Eisele (2012, p. 16) argue que le coût de
la GR implique aussi la prise en compte de la « dimension des
conséquences négatives sur la performance actuelle et future de
l'entreprise ». Comme pour le timing, le coût de la GR est
différent selon que l'on se situe dans une approche par GRA ou GRAR.
Dans la GRA le coût est moindre que dans une approche par GRAR, parce que
les manipulations comptables par les accruals subissent à terme un
auto-dénouement (JeanJean, 2001). Il s'agit d'une gestion nulle des
résultats, au sens du rapport coûts/bénéfices. Par
contre, la GRAR est plus coûteuse que les manipulations par les accruals.
Eisele (2012) rappelle que la modification des transactions réelles
induit deux coûts : « les coûts liés à la
planification des transactions et les coûts liés à la
communication des écarts par rapport aux stratégies commerciales
optimales ».
Dumas (2014, p.40) retient que la composante du
résultat affectée par la GR a trait aux éléments
sur lesquels l'interférence se portera (flux de trésorerie ou
accruals). A ce titre, il rappelle que la GRA renvoie aux « choix
comptables » et donc systématiquement aux produits et charges
calculés (les accruals). Comme nous le verrons, la composante du
résultat affectée peut aussi concerner la GRAR, dans des
proportions peu ou prou importantes (Roychowdhury, 2006 ; Campa et Minano,
2015).
La visibilité de la détection : la GRA
est plus aisée à détecter que la GRAR. Les instruments de
détection des accruals discrétionnaires se sont largement
développés depuis la première mesure des accruals normaux
de Healy (1985). A l'opposé, la GRAR a été estimée
en observant les seuils des résultats comptables ("seuil 0" de
Burgsthaler et Dichev, 1997) puis par les mesures des effets anormaux sur les
comptes d'exploitation (proxy des flux de trésorerie anormaux et proxy
de la production anormale, Roychowdhury, 2006).
Les contraintes : l'environnement peut
différencier l'ampleur de la GR. Dumas (2014, p. 29) illustre ce constat
par le cas de l'adoption de la loi Sarbanes-Oxley (SOX) aux Etats-Unis qui a
réduit la GRA (Cohen, 2008)18. Sur le plan de la culture
juridique, on a pu observer que les entreprises cotées relevant des pays
dont le code civil est de mis ont plus de velléités à
gérer les résultats que les pays relevant du common law
-où les contraintes sont plus importantes- (Leuz et al., 2003).
On pourrait ajouter une sixième caractéristique
de différenciation entre la GRA et la GRAR, il s'agirait du contexte
lié à la conjoncture des entreprises. En effet, des études
ont démontré que
18 In Dumas (2014, p.29).
31
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
les entreprises en période de détresse
financière gèrent les résultats plus par les flux de
trésorerie que par les accruals (Campa et Minano, 2015 ; Razzaque, Ali
et Mather, 2016 ; Kouaib et Jarboui, 2016). Ceteris paribus, les entreprises
saines auraient des tendances à manipuler leurs résultats par la
GRA plutôt que par la GRAR.
Tableau 2 : Les caractéristiques des deux
modalités de gestion des résultats
Caractéristiques
|
Gestion des résultats par les
accruals
|
Gestion des résultats par l'activité
réelle
|
Timing
|
Pendant l'établissement des états financiers
(après l'année fiscale)
|
Pendant l'exercice comptable (pendant
l'année fiscale)
|
Composante du
résultat affecté
|
Produits et charges calculés (accruals)
|
Produits et charges ayant fait l'objet de flux de
trésorerie et accruals
|
Coûts
|
Faible
|
Elevé
|
Contraintes
|
Gestion antérieure / Auditeurs et
législateurs.
|
Arbitrage coûts-bénéfices
|
Visibilité
|
Modéré / élevé
|
Faible
|
Source : Eisele (2012, p.29).
Sous-section 2 : Approche estimatoire de la
gestion des résultats
A. La gestion des résultats par les
accruals
La gestion des résultats par les choix comptables (ou
accruals) découle des « changements des méthodes
comptables et estimations utilisées lors de la présentation des
états financiers » (Zang, 2012, p.676). Cette gestion
découle de la liberté donnée aux dirigeants
d'évaluer certains comptes comptables de manière
discrétionnaire, tout en respectant le cadre normatif en vigueur.
Cependant, la gestion des résultats par les accruals peut aussi
découler d'opérations frauduleuses. Lesquelles se basent sur une
gestion agressive des résultats comptables (Dechow, 2011, p.17-82). Les
accruals résultent des « prescriptions des organismes de
normalisation » et désignent « l'espace
discrétionnaire substantiel permis par les normes comptables »
(Jeanjean, 2001, p.1). Les effets des accruals sur le résultat ont fait
l'objet de nombreuses études. Roychowdhury (2006, p.336) argue que ce
type de gestion n'a pas d'effet sur les flux
32
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
de trésorerie tandis que JeanJean (2001, p.5) l'entend
de manière plus complexe, en retenant « la condition de non
compensation ». Laquelle condition préconise qu'un
élément d'accruals n'aura un effet mineur sur le résultat
qu'à la seule condition qu'il existe un effet inverse de cet
élément d'accruals sur les flux de trésorerie.
Par ailleurs, au-delà du débat relatif aux
effets des accruals sur le résultat, la problématique de la
nullité des accruals se pose. La littérature admet de
manière générale que les accruals sont nuls à
terme, il s'agit de la propriété d'auto-dénouement des
accruals.
Par ailleurs, JeanJean (2001, p.15) argue que la GR consiste
à un simple étalement de la « sécrétion »
du résultat comptable et Healy (1985, p.89) conclut que l'effet majeur
des accruals est de modifier « la temporalité » des
résultats comptables.
Un autre aspect des accruals est son effet « mean
reversion », c'est-à-dire la propriété de
l'impossibilité de gérer « indéfiniment » les
accruals, sur des horizons temporels longs, à la hausse ou à la
baisse. Ces propriétés associées à celle de
l'auto-dénouement rendent difficile l'estimation statistique de la
période initiale de la gestion des résultats et des
modalités de fiabilité des hypothèses de mesure des
accruals.
Avant de passer en revue les différents modèles
d'estimation des accruals discrétionnaires, il est nécessaire de
présenter la construction logique de ces derniers par les accruals
totaux et normaux, comme précisé par JeanJean (2002).
Résultat Comptablet = Flux de
trésoreriet +/- Accrualst
La formule précédente aide à approcher la
modalité d'estimation des accruals totaux. Il vient que les accruals
totaux correspondent :
Accruals totaux (AT) = Accruals normaux (AN) + Accruals
discrétionnaires (AD).
Accruals discrétionnaires (AD) = Accruals totaux
(AT) - Accruals normaux (AN).
1. La classification des accruals en fonction de leurs
natures.
JeanJean (2002) précise que les accruals n'ont un effet
sur le résultat qu'à la seule condition que leur gestion ne
produise pas un effet inverse sur les cash-flows ou sur un autre accrual.
33
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Toutefois, les accruals longs relevant du haut du bilan
-à savoir l'actif stable- n'ont pas de contrepartie dans les cash-flows.
Il reste alors les accruals courts -ceux de l'actif circulant-qui
nécessitent une plus grande attention dans leurs estimations.
S'agissant des accruals nuls et non-nuls, il s'agit d'une
simple déduction du principe de non compensation. Les accruals longs
n'ont pas de contrepartie dans les flux de trésorerie d'exploitation, ce
qui en fait a priori des accruals non-nuls. Les accruals courts sont beaucoup
plus complexes. En effet, ils peuvent d'une période à une autre
s'annuler, se compléter ou se réestimer dans les flux de
trésorerie. Plus précisément, les accruals longs se
composent des reprises et dotations aux amortissements sur immobilisation et de
la production immobilisée et des accruals courts, qui se composent des
dotations et reprises sur actifs circulants et de la variation de BFR.
L'estimation des manipulations comptables peut être
faite en évaluant un seul accrual, c'est-à-dire en suivant son
évolution et ses effets sur le résultat, ou en étudiant
l'intégralité des manipulations comptables
discrétionnaires, donc les accruals anormaux (JeanJean 2002). Nous
obtenons le tableau qui suit :
Tableau 3 : Les différentes méthodes
d'estimation des accruals discrétionnaires
Méthodes
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Accruals discrétionnaires totaux.
|
Mesure de la stratégie dans son ensemble
|
Erreur de mesure importante car modèle globalisant.
|
Grands échantillons
|
Accruals
discrétionnaires spécifiques.
|
Mesure fine de la gestion du résultat.
|
Résultat spécifiques à un secteur
économique
|
Taille de l'échantillon réduite.
|
Source : Thomas JeanJean, 2002.
2. Les modèles naïfs : l'estimation des
accruals normaux par une moyenne des
accruals totaux
Les premiers modèles estimatoires de la gestion des
résultats, à partir des accruals, sont dits « naïfs
». En effet, les accruals normaux sont calculés par une simple
moyenne des accruals totaux des années antérieures. Deux
études sont des références dans l'estimation naïve
des accruals, l'étude de Healy (1985) et celle de DeAngelo (1988).
34
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
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2.1. Le modèle de Healy (1985) : Les manipulations
comptables par les accruals et la maximisation de l'utilité du
dirigeant.
Le premier modèle d'évaluation des accruals est
élaboré par Healy (1985) dans le cadre d'une étude
empirique testant l'hypothèse d'agence selon laquelle les dirigeants
manipulent les comptes pour maximiser leurs primes.
L'auteur décompose la performance en deux
intéressements, à savoir les « bonus schemes » et
« performance plans ».
RC = {Bonus schemes ; Performance plans).
S'intéressant aux seules primes, Healy (1985)
établit un paramètre explicite des schémas incitatifs des
dirigeants, arguant que ces derniers interfèrent sur la structure des
résultats comptables pour augmenter la valeur actuelle de leurs
primes.
Soit :
Bt' =
Ptmax{(Et - Lt), 0).
Pour une période (t) établie, l'espérance
de l'utilité du dirigeant équivaut à la maximisation de sa
prime (Bt) dans la limite de la différence entre les gains
déclarés (Et) et une limite minimale (Lt) en dessous de laquelle
l'espérance de toute prime est nulle. L'espace discrétionnaire
concerne donc l'ensemble des manipulations effectuées dans la
région (Et-Lt).
Dans l'éventualité où il existerait un
excédent de gain par rapport au gain cible, un plan
d'intéressement (Ut') peut
être considéré dans la limite de la différence entre
le bénéfice réel et le bénéfice cible.
Soit :
Bt' = Pt
{min{U', max{(Et - Lt), 0)11. Ainsi,
Healy (1985) estime les accruals totaux comme suit :
ACCt = -DEPt - XIt. D1
+ DARt + DINVt - L APt - {LTPt +
Dt}. D219
In fine, il aboutit sur l'estimation des accruals normaux (NA)
:
19 Désignation des
termes en annexe.
35
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
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t--N
NA = 11 N Accruals_totauxk
k=t-1
L'hypothèse de base de ce modèle est que les
accruals discrétionnaires sont en moyenne nuls. Ce qui suppose que l'on
peut approcher les accruals normaux en faisant la moyenne des accruals totaux
des années antérieures.
2.2. Le modèle de DeAngelo (1986) : la marche
aléatoire des accruals 20.
Dans un tout autre contexte, DeAngelo (1986) étudie la
gestion des résultats de 64 firmes ayant subi des opérations de
MBO (Management Buy Out) et notamment les variations de leurs accruals et
résultats nets. Le caractère opaque de la gestion des entreprises
ayant fait l'objet d'opérations de MBO conduit DeAngelo à
évaluer les possibles interférences sur les résultats
avant lesdites opérations. Les conclusions traduisent une
sous-évaluation des résultats avant les opérations de
MBO.
L'approche de DeAngelo s'inspire du modèle de Healy
(1985), avec la particularité de considérer le caractère
aléatoire suivi par les résultats et ses composants. Il vient
donc que la meilleure estimation du résultat en l'année (t) est
au moins le résultat en l'année (t-1).
Soit,
Résultatt =
Résultatt_1 + Et
Accrualst =
Accrualst_1 ANt = ATt_1.
20 DeAngelo suppose que
les résultats et les accruals suivent une marche aléatoire et
qu'il est possible d'estimer les accruals discrétionnaires à
partir des accruals totaux de l'année antérieur et non plus de la
moyenne des accruals des années antérieurs.
36
Gestion stratégique des résultats,
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française.
3. Les modèles économiques : la prise en
compte du poids des immobilisations et
de la variation du Besoin en Fonds de Roulement (le
passage du modèle de Jones de 1991 au modèle de Jones
modifié de 1995).
A l'opposé des modèles naïfs, il a
été considéré que les accruals prennent en compte
l'effet conjoncturel des activités opérationnelles. Par ailleurs,
le modèle developpé par Healy (1985) et DeAngelo (1986) sont
moins précis que le modèle de Jones quant à la
désagrégation et les effets des accruals
discrétionnaires.
3.1. Le modèle de Jones (1991)
L'étude de Jones (1991) visait à répondre
à une préoccupation des autorités fédérales
américaines sur l'éventualité des manipulations comptables
des sociétés bénéficiant d'allégements aux
importations. L'approche défendue par cette étude était de
mesurer l'ampleur de la gestion des résultats pendant les enquêtes
sur les importations effectuées par ITC21. Le constat
récurrent était que les entreprises d'export-import s'adonnaient
à une gestion des nombres comptables afin d'obtenir des aides à
l'importation et ainsi accroitre le montant de l'allégement
accordé. La problématique de départ était le fait
que l'ITC n'ajustait pas ses données financières au regard des
procédures comptables utilisées et en fonction des
décisions de comptabilité prises par les
entreprises22. L'objectif poursuivi était la prise en compte
de l'ajustement discrétionnaire des nombres comptables sur les nombres
financiers élaborés par l'autorité de
régulation.
Fort de ce constat, Jones (1991) propose d'approcher les
accruals discrétionnaires par une estimation de la composante anormale
des accruals totaux plutôt que par la composante discrétionnaire
d'un seul accrual23. La composante discrétionnaire des
accruals totaux a pour particularité de capter des différentes
manipulations faites sur le résultat avant impôt. Lequel comprend
les effets de tous les comptes de régularisation -utilisation des
provisions-.
21 United States International Trade Commission.
22 `'Furthermore, interviews of
ITC regulators indicate that the ITC does not adjust financial data for
accounting procedures used or for accrual decisions made by firms»
(Jennifer Jones, 1994, p 194).
23 `'which includes the effects of all accrual
accounts, and, as such, managers are likely to use several accruals to reduce
reported earnings.» (Jennifer Jones, 1994, p 194).
37
DAt = a + (3. PART + ut +
Et
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
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Jones (1991) argue que les accruals discrétionnaires se
composent des résidus provenant des modèles classiques de
prévision -soit (E)-.
Partant du modèle des accruals totaux de DeAngelo, il
vient que les accruals totaux d'une période correspondent à la
variation du BFR de cette période :
L ATt = (TAt - TAt-k) =
(DAt - DAt-k) - (NAt - NAt-k).
A partir de cette estimation des accruals totaux, les accruals
normaux équivalent à :
AN;,t = a; + (31.L CA;,t +
(32. IMMOCORP;,t + Et
Les accruals discrétionnaires s'estiment donc comme suit
:
Et = DAt = (TAt} - {(a;
+ (3i. L CA;,t + (32.
IMMOCORP;,t))
Deux observations peuvent être faites au regard du
modèle de Jones (1991). Premièrement, l'estimation des accruals
normaux comprend la variation du chiffre d'affaires et les accruals normaux de
l'actif stable (cela sous-entend donc que ce modèle exclu de ces comptes
les accruals discrétionnaires). Deuxièmement, la part
résiduelle Et des accruals normaux
correspond aux accruals discrétionnaires des comptes estimés.
3.2. Le modèle de Jones modifié (1995) : une
alternative aux limites du modèle de Jones
(1991).
Le modèle de Jones modifié (1995) est une
alternative aux modèles précédents dans la mesure
où ces derniers souffrent de quelques insuffisances. Dechow, Sloan et
Sweeney (1995) procèdent à des tests d'hypothèse pour
évaluer la performance des modèles de détection de la
gestion des résultats. En effet, ils identifient trois problèmes
majeurs. Partant sur la base de la relation linéaire telle que
conçue par les premiers modèles :
Soit,
38
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Le premier problème24 concerne «
l'attribution incorrecte de la gestion des résultats à PART
». En effet, comme nous le montre la relation linéaire
précédente ji?? comprend la somme des effets omises par la
variable estimatoire des accruals discrétionnaires ainsi que l'erreur de
mesure des accruals discrétionnaires (error in the researcher's proxy
for discretionary accruals).
Si le chercheur estime de manière erronée le
coefficient attribué à PART (soit 0), il viendra que le
coefficient estimé 13 sera biaisé. Et donc par effet de cascade,
la probabilité de survenance d'une erreur de type I sera grande.
Le deuxième problème concerne «
l'extraction incorrecte de la gestion des résultats causée par
PART »25. Si la gestion des résultats qui est
supposé être causée par PART 26 a lieu et que la
corrélation entre u et PART est opposée en signe, alors le
coefficient estimé de PART sera biaisé, ce qui accroitrait la
probabilité d'une erreur de type II27.
Enfin, le dernier problème renvoi à
l'hypothèse de non-corrélation entre ji et PART. Dans la mesure
où cette absence de corrélation existerait, certaines variables
pertinentes seraient exclues et partant, cette situation conduirait à
gonfler l'erreur du coefficient estimé /9. Toutes choses égales
par ailleurs, la probabilité de survenance d'une erreur de type II s'en
trouvera forte. Comme précisé par JeanJean (2002), une
hypothèse implicite du modèle de Jones (1991) est la
non-anormalité de la variation du chiffre d'affaires. Autrement dit, le
modèle de base (Jones, 1991) exclu que le chiffre d'affaires puisse
être considéré comme une variable discrétionnaire
-pouvant subir des interférences de la part du dirigeant-. Le
modèle de Jones pose une toute autre réflexion en admettant que
le pouvoir du dirigeant peut s'exprimer sur le chiffre d'affaires par
l'entremise des créances. L'apport de ce modèle sera donc de
corriger cette « tendance conjoncturelle » (Dechow et al., 1995).
L'extraction de la variation des créances du chiffre
d'affaires entraine que seule la partie du chiffre d'affaires ayant une
contrepartie monétaire effective sera prise en compte comme variable non
discrétionnaire. La fonction suivante traduit cette correction :
24 incorrectly attributing earnings management to
PART, p. 196.
25 Unintentionally extracting earnings management
caused by PART, p. 196.
26 Valeur choisie en réponse au stimulus de
gestion effectif des résultats. La valeur PART étant une variable
dummy, il vient que si le chercheur lui donne la valeur 0, il n'y a pas de
gestion effectif des résultats au regard du stimulus identifié
(Dechow et ali, 1995).
27 L'hypothèse nulle de non gestion
systématique des résultats en réponse à un stimulus
identifié n'est pas rejetée.
39
Gestion stratégique des résultats,
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ANt = a; + 13;. (ACA;,t -
ACREANCES;,t) + 132. IMMOCORP;,t +
Et.
Les accruals discrétionnaires correspondent à :
DAt = TAt -
NDAt
Où
Et = DAt = (TAt} -
[(a; + 131. (ACA;,t - ACREANCES;,t) + 132.
IMMOCORP;,t)).
4. Estimation de la gestion des résultats par les
accruals discrétionnaires : approche par des modèles
mathématiques
Comme présenté par Kighir, Omar et Mohamed
(2014), les modèles de Jones (1991) et Jones modifié (1995)
peuvent souffrir de quelques insuffisances. Premièrement, ces
estimateurs de gestion des résultats nécessitent une
étendue importante de séries chronologiques pour spécifier
les résultats obtenus. Deuxièmement, l'auto-réversion des
accruals peut atténuer la spécificité des tests.
4.1. Beneish (1999) : une approche par le scoring.
Ce modèle présente la particularité
d'établir une régression de référence (un score)
susceptible de déceler les `'accruers28». Il propose
donc une mesure de la captation des manipulations comptables (M) par huit
indices agrégés à des coefficients
pré-estimés.
M = -4.84 + 0.92 * DSRI + 0.528 *GMI + 0.404 *AQI + 0.892
* SGI + 0.115 * DEPI - 0.172* SGAI + 4.679* TATA - 0. 327*
LVGI29.
Beneish (1999) indique que les entreprises qui obtiennent un
score supérieur à 2.22 ont une forte probabilité
d'être des manipulatrices. La spécificité de cette approche
est de 76% de bons classements avec 17.5% d'erreur.
28 Termes désignant les entreprises qui
pratiquent la gestion stratégique des résultats.
29 (DSRI): Trade receivable index, (GMI); Gross profit margin
index, (AQI): Asset quality index, (DEPI): Depreciation index, (SGAI): Changing
Debt Structure Index, (TATA): Total accrual/total asset rate, (SGI): Sales
growing index, (LVGI): Marketing sales distribution expenses and general
management expenses index.
40
30 Soit les encaissements créances.
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
4.2. Le modèle de la marge : une conceptualisation
transversale des accruals normaux.
Proposé par Peasnell, Pope and Young (2000), ce
modèle a pour but d'approcher différemment des accruals normaux.
Ils considèrent que les accruals estimés (normaux) correspondent
au BFR. Toutefois leur compréhension du BFR est différente de la
conception traditionnelle. Ils incluent donc de nouvelles variables
explicatives.
Le modèle s'établit de la manière suivante
:
BFR = a0 + a1CA + EC30
+ ?? .
B. La détection des manipulations comptables par
la distribution des
résultats.
Burgstalhler et Dichev (1997) initient une approche
transversale dite de distribution des résultats, encore appelé
"accounting thresholds", autrement dit les manipulations comptables pour
atteindre un seuil préétabli. Burgstalhler et Dichev (1997)
mettent en exergue deux discontinuités sur un échantillon de plus
de 4000 entreprises : le seuil du résultat nul et le seuil des
variations nulles des résultats (Vidal, 2010).
Figure 1 : Forme de la distribution des résultats au
seuil des variations nulles des résultats.
Source : Burgstahler et Dichev , 1997, p 105.
41
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Comme il est visible sur la figure ci-dessus, à l'approche
du seuil 0, une discontinuité anormale est observée : un niveau
anormalement bas avant le seuil et un niveau anormalement élevé
après le seuil, il s'agit du constat de "transfert d'effectif d'un
intervalle sur l'autre" (Vidal, 2010). Yves Mard (2003) donnent quelques
avantages et inconvénients de cette approche.
Le principal avantage de cette méthode est qu'elle est
une alternative aux mesures de la GR par les accruals. La distribution des
résultats fait office de mesure de portée générale
(accruals et flux de trésorerie) par rapport aux seuls accruals
discrétionnaires, qui nécessitent des estimations
délicates et imparfaites.
L'inconvénient majeur de la mesure de Burghaster et
Dichev (1997) est l'absence d'une distinction entre l'ampleur de la gestion des
résultats par les accruals et celui par les flux de trésorerie.
De plus, la distribution des résultats suppose que le chercheur ait une
bonne connaissance du seuil nul de chaque entreprise, ce qui en pratique peut
être difficile à estimer.
C. La gestion des résultats par l'activité
réelle : les cash-flows anormaux et la production anormale
Dans cette partie nous allons procéder à une
revue sommaire de la seconde modalité de la gestion des résultats
comptables : la gestion des résultats par l'activité
réelle.
Dechow et Skinner (2000) et Healy et Whalen (1999)
étudient les entreprises qui gèrent les résultats par les
activités réelles. Ils concluent qu'il y a d'évidentes
interférences sur certains comptes d'exploitation. Ces pratiques
concernent : la réduction des dépenses en R&D, la diminution
des frais administratifs et généraux, la planification des ventes
en rétrocédant des crédits plus `'flexibles» et la
production excédentaire (Sellami et Adjaoud, 2010).
D'inspiration anglo-saxonne, la gestion réelle des
résultats -real earnings management ou earning management through
real activities manipulation- est généralement usitée
pour l'atteinte d'un seuil de résultat : le seuil zéro ou "zero
threshold" (Roychowdhury, 2006). Roychowdhury (2006) définit la GRAR de
la manière suivante : "Real activities manipulation is defined as
management actions that deviate from normal business practices, undertaken with
the primary objective of meeting certain earnings thresholds31".
31 « La manipulation comptable des activités
réelles est définie comme des mesures de gestion qui
s'écartent des pratiques commerciales normales, entreprises dans le but
principal de respecter certains seuils de résultat ».
42
Gestion stratégique des résultats,
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Roychowdhury (2006) argue que la GR peut aussi s'effectuer en
interférant sur la structure des flux de trésorerie. Lesquelles
interférences concernent "les remises de prix pour augmenter
temporairement les ventes, la surproduction pour signaler un coût moindre
des marchandises vendues et la réduction des dépenses
discrétionnaires pour améliorer les marges
déclarées pour les entreprises les moins performantes ".
Le modèle de Roychowdhury (2006) se focalise
principalement sur les ventes et la production comme variables d'ajustement des
activités réelles. Comme dans les mesures des accruals, E
traduit le résidu, variable de l'interférence des
dirigeants.
Soit les cash-flows totaux (1) et la production totale (2)
:
(1) CFO;t/ACTIFSt_1 = a + 131(1/ACTIFS;t_1)
+ 132(VENTES/ACTIFS;t_1) +
133(AVENTES;t/ACTIFS;t_1) + E;t ; (2)PROD;t/ACTIFSt_1 = a + 131
(1/ACTIFS;t_1) + 132 (VENTES/ACTIFS;t_1) + 133
(?VENTES;t/ACTIFS;t_1) + E;t.
D. Le lissage des résultats : définition
et détection
Le lissage du résultat est la forme de GR
obéissant au principe de linéarité des
bénéfices publiés. Son estimation par un modèle
comparatif des scores a été largement développée
dans l'article de Leuz et al. (2003). En effet, ces auteurs développent
un score d'ensemble (`'The aggregate earnings management score»,
p.511) basé sur 4 mesures de la gestion des
résultats32, cette mesure rend compte de la magnitude du
lissage des résultats pour chacun des 31 pays de leur étude.
1. Définitions du lissage des résultats
comptables.
Pour Mard et Schatt (2011, p. 311), le lissage des
résultats consiste à « réduire la
volatilité des résultats affichés », ce qui en
tout état de cause « modifie la perception des parties
prenantes du risque et de la situation financière de l'entreprise
». Attia (2013, p.233) argue que le lissage intentionnel du
résultat est une modalité de gestion du résultat servant
à « modérer les
32 Ces 4 mesures (notées de EM1 à EM4)
comprennent (a) Smoothing reported operating earnings using accruals
(p.509), (b) Smoothing and the correlation between changes in
accounting accruals and operating cash flows
(p.510), (c) Discretion in reported earnings : The magnitude
of accruals (p.510) et (d) Discretion in reported earnings : Small loss
avoidance (p.511).
43
Gestion stratégique des résultats,
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
fluctuations du résultat d'une année
à l'autre » et « consiste à manipuler des
instruments comptables réels pour réduire la volatilité du
résultat ».
2. L'estimation du lissage des
résultats
L'article de Mard et Schatt (2011, p. 313-315) résume
les différentes estimations du lissage des résultats. Deux
études (Eckel, 1981 et Leuz et al., 2003) ont permis de mettre en
exergue la pertinence de la variation d'indicateurs financiers tels que le
résultat d'exploitation, le résultat net, le cash-flow des
activités opérationnels et le chiffre d'affaires. Les deux
ensembles de mesure du lissage des résultats concernent : (a) la
variation des résultats et la variation des ventes d'une part et la
variation des résultats et la variabilité des flux de
trésorerie d'exploitation d'autre part.
2.1. La variation des résultats et la variation des
ventes
Les premiers travaux, dans la lignée de ceux d'Eckel
(1983), ont mesuré le lissage des résultats par
l'élaboration d'un critère de la variation des résultats
et la variation du chiffre d'affaires. La différence entre ces mesures
de variation est censée rendre compte de la magnitude du lissage des
résultats sur une période déterminée. A la
différence de la mesure des accruals discrétionnaires, la
modalité d'estimation de la manipulation des résultats par la
variation des ventes et la variation du résultat permet de prendre en
compte « le lissage naturel produit par le processus comptable, ainsi
que les chocs liés à l'activité » (Mard et
Schatt, 2011, p. 314). L'estimateur utilisé est un coefficient qui
discrimine les « lisseurs » des « non-lisseurs
». Un coefficient de variation du résultat inférieur au
coefficient de variation du chiffre d'affaires indique que l'entreprise en
présence pratique le lissage des résultats.
2.2. La variation des résultats et variation des flux de
trésorerie d'exploitation
Cette mesure a été influencée par
l'apparition des mesures des pratiques discrétionnaires dans
l'élaboration des nombres comptables, à savoir les accruals.
Comme dans les travaux de Roychowdhury (2004 et 2006), cette estimation prend
en compte le fait que « les flux de trésorerie d'exploitation
s'imposent en grande part aux dirigeants et la gestion des résultats
s'opère essentiellement à l'aide des accruals » (Mard
et Schitt, 2011, p. 314). Comme pour la
44
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première estimation, une variation du résultat
supérieure à la variation des flux de trésorerie
d'exploitation traduit une « volonté de lisser les
résultats via les accruals ».
45
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Chapitre 2 : La détresse financière
Les causes de la défaillance financière sont
plurielles. L'ensemble des domaines -sciences juridiques,
économiques, financières, stratégiques,
organisationnelles- contribuent à préciser les
déterminants et les effets structurants de cette situation (Guillot,
2000).
Section 1 : La défaillance
financière : une revue des principaux déterminants
L'article récent de Sun et al. (2014, p.42-56) fournie
une revue exhaustive des multiples définitions de la défaillance
financière. Nous nous sommes donc appuyer sur ce papier pour
présenter le cadre définitionnel de cette partie.
Sous-section 1 : Introduction au concept de
détresse financière
La défaillance financière est la situation d'une
entreprise qui éprouve des difficultés et des tensions à
faire face à ses obligations vis-à-vis de ses débiteurs
(Carminchael, 1972 ; Wruck 1990, Charreaux, 1996 ; Lin, 2009 ; du Jardin et
Sévérin, 2011 ; Sun et al., 2014). Au regard de cette
définition, il y a une distinction fondamentale entre entreprise
défaillante et celles qui sont en état de faillite. Cette
dernière décrit une situation de cessation définitive de
l'activité et relève beaucoup plus de la conception juridique de
la défaillance financière.
1. Conceptions économiques et financières
de la défaillance financière
Baldwin et scott (1983) concluent que la défaillance
découle d'une mauvaise conjoncture économique, un déclin
des performances et une faible qualité du management.
La conjoncture économique est endogène à
la situation de défaillance financière. En effet, la conjoncture
difficile, le ralentissement de la croissance, le resserrement des marges dues
à la concurrence et le manque de financement (Kherriza et Ahsina, 2016)
pèsent sur les équilibres financiers des entreprises.
46
Gestion stratégique des résultats,
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française.
La faible qualité de management renvoie en la
compétence limitée et aux nombreux incidents d'agence qui rendent
pénible l'élaboration d'un cadre de gestion optimale (Fabio Zona,
2016). La gestion des résultats trouvent également un
intérêt sur ce prisme du fait qu'une gestion agressive et
frauduleuse des résultats est susceptible de plonger la firme dans une
tension financière et nourrir une incertitude quant à sa
pérennité.
Sun et al. (2014, p.42) précisent : «
inability to pay debts or preferred dividend and the corresponding
consequences such as overdraft of bank deposits, liquidation for interests of
creditors, and even entering the statutory bankruptcy proceeding
33». Les déterminants de la défaillance
financière sont de plusieurs ordres, ce qui rend complexe la
sélection d'une estimation conventionnellement pertinente au regard de
toutes les natures de défaillances financières.
Foster (1986) définit la détresse
financière comme « un grave problème de liquidité
qui ne peut être résolu sans une restructuration de grande
envergure de l'activité ou de la structure des entités
économiques ». La liquidité renvoie à la
problématique de solvabilité opérationnelle -à la
différence de la solvabilité structurel, qui traduit la situation
où la valeur des actifs d'une société est
inférieure à la valeur de ses dettes, ce qui implique des fonds
propres négatifs (Ben Jabeur, 2011, p.31) -, qui découle de
l'incapacité chronique à disposer des flux de liquidités
pour couvrir les échéances exigibles.
Dumpos et Zopounidis (1999) concluent que la
défaillance financière ne saurait se limiter à
l'incapacité de rembourser les paiements obligatoires importants, mais
inclut également la situation de la valeur liquidative négative
-ce qui signifie que le passif total d'une entreprise dépasse son actif
total du point de vue de la comptabilité-.
En essayant de donner une définition
générique de la défaillance financière, Ross et al
(1999) arguent qu'elle se compose des quatre conditions suivantes: « (1)
l'échec de l'entreprise, c'est-à-dire qu'une
société ne peut pas payer l'encours de la dette après la
liquidation, (2) la faillite juridique, à savoir, qu'une
société ou ses créanciers demande au tribunal de
déclarer faillite, (3) la faillite technique, à savoir, qu'une
entreprise ne peut pas rembourser le capital et les intérêts, et
(4) la faillite comptable, à savoir que : l'actif net comptable d'une
société est négatif » (cité par Sun et al.,
2014, p. 42).
33 L'incapacité de payer les dettes ou le
dividende préférentiel et les conséquences correspondantes
comme le découvert des dépôts bancaires, la liquidation des
intérêts des créanciers, et l'ouverture d'une
procédure de faillite statutaire.
47
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2. Conceptions juridiques et traitement des entreprises
défaillantes.
Le référentiel juridique en matière
d'encadrement des entreprises en difficulté fournit une
compréhension de ses facteurs explicatifs. Les lois de
référence sont celles du 1er mars 1984
(règlement à l'amiable) et du 25 janvier 1985 (procédure
collective et régime commun de traitement des créanciers). Ces
lois remplacent la loi du 13 juillet 1967 relative aux procédures de
liquidation, faillite et banqueroute. L'intérêt du cadre juridique
est de prescrire une force légale susceptible de prévenir
l'échec des entreprises.
Toutefois, comme le précise Kherriza et Ahsina (2016)
et Ben Jabour (2011), les caractéristiques légales de la
situation de défaillance financière sont spécifiques
à chaque contexte, et à la législation en vigueur.
La période de passage entre le statut d'entreprise
saine et défaillante obéit à une procédure qui a
comme fait générateur l'action portée auprès de la
juridiction compétente pour rendre compte de (a) leurs
incapacités à honorer leurs échéances et (b) la
nécessité de procéder à une
réorganisation.
Ben Jabeur (2011, p.40-43) fournit une revue
intéressante de l'évolution des dispositions juridiques en
matière de traitement des entreprises défaillantes. Ainsi, il
distingue le traitement juridique de la défaillance financière en
(i) dispositions relatives à la sauvegarde et (ii) traitement
procédural des entreprises en difficulté.
2.1. Les dispositions de la loi relative à la
prévention des entreprises défaillantes
L'évolution du cadre juridique de la gestion des
entreprises en défaillance financière est récente. Depuis
la loi abrogative du 1er mars 1984 et 1994, la loi de sauvegarde du
26 juillet 2005 a modifié l'horizon temporel et les critères de
suivi des entreprises défaillantes. Précédemment,
réduite à la gestion « sur le fait » des
entreprises défaillantes, ce nouveau cadre (renforcé par
l'ordonnance du 18 décembre 2008) promeut la propriété de
prévention par une « procédure d'alerte ».
Cette démarche permet (a) d'initier une procédure de
conciliation, (b) rendre attractif l'utilisation de cette procédure
(laquelle insiste sur la négociation comme un outil
non-négligeable du règlement du litige financier), et (c) la
protection de la créance qui fait l'objet de l'accord (la créance
ne devient plus exigible par le créancier dès lors que l'accord
est ratifié).
48
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2.2. Traitement procédural des entreprises
défaillantes
Traditionnellement, le traitement juridique dans les pays
relevant du droit civil (Leuz et al., 2003) est similaire en ce qui concerne le
processus de gestion de cet incident. Ainsi, le cadre juridique français
retient la démarche procédural des entreprises en
difficulté comme suit : (a) l'ouverture de la procédure de
redressement judiciaire, (b) la procédure de sauvegarde, (c) la
procédure de redressement judiciaire et (d) la procédure de
liquidation judiciaire.
a. L'ouverture de la procédure de redressement
judiciaire
Dans la législation française, cette
étape comprend trois déterminants, à savoir, «
l'illiquidité », l'existence de l'incident au jour du jugement et
l'exercice de la voie de recours par le débiteur. L'insolvabilité
est la situation qui rend compte de l'incapacité de faire face aux
exigences, l'illiquidité est par définition le critère
fondamental entrainant à la cessation de paiement. L'ouverture de la
procédure de redressement étant exclusivement du ressort des
instances judiciaires, l'incident doit nécessairement exister non pas au
jour de la déclaration de l'état de cessation de paiement mais au
jour du jugement. L'exercice de recours est un bénéfice
accordé au débiteur de réunir éventuellement des
fonds pour éponger les dettes les plus exigeantes.
b. La procédure de sauvegarde : ordonnance du 18
décembre 2008
« La procédure de sauvegarde est ouverte aux
entreprises qui ne sont pas en état de cessation de paiements mais qui
traversent des difficultés qu'elles ne peuvent surmonter et qui sont de
nature à la conduire à un état de cessation de paiements
» (Ben Jabeur, 2011, p.40). Le débiteur personne physique (ou
le représentant de la personne morale) doit saisir : (i) le tribunal de
commerce si le débiteur est commerçant ou immatriculé au
répertoire des métiers et (ii) le tribunal de grande instance
dans les autres cas. En cas d'acceptation de la procédure de sauvegarde
par les juridictions compétentes, un plan de sauvegarde est
élaboré en fonction des perspectives de redressement de
l'entreprise, de l'état du marché et des moyens disponibles. Ce
cadre de sauvegarde précise aussi les modalités de
règlement des dettes.
c. La procédure de redressement judiciaire
49
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
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française.
A la différence de la procédure de sauvegarde,
la procédure de redressement judiciaire est conditionnée par
l'existence d'une situation de cessation de paiement. La procédure de
redressement judiciaire est un état de restructuration des entreprises
en cessation de paiement. Elle est ouverte : (i) à la demande du
débiteur au plus tard 45 jours suivant la cessation de paiement ; (ii)
à la demande d'un créancier, sauf si une procédure de
conciliation est en cours ; (c) à la demande d'un procureur de la
République sauf si une procédure de conciliation est en cours. La
période d'observation de cette procédure est de 6 mois maximum,
renouvelable dans une limite de 18 mois. Le plan de redressement judiciaire
s'appuie sur des mesures drastiques de restructuration financière,
à savoir, les licenciements et peut aboutir éventuellement sur
une cession de la firme.
d. La procédure de liquidation judiciaire
La procédure de liquidation judiciaire est
prononcée contre un débiteur en cessation des paiements et dont
le redressement est manifestement impossible. Elle se matérialise par la
cession d'actifs de l'entreprise pour éponger les dettes. Comme pour la
procédure de redressement judiciaire, l'ouverture d'une procédure
de liquidation judiciaire doit être demandée dans les 45 jours qui
suivent.
Sous-section 2 : Les déterminants de la
défaillance financière.
Dans cette partie, nous verrons les critères
financiers, économiques et stratégiques de l'état de
détresse financière.
1. Les déterminants financiers de la
défaillance des entreprises
Au regard de la seule procédure du redressement
juridique, Severin (2006, p. 34) observe que la défaillance
financière ne peut être conditionnée seulement à la
cessation de paiement. Partant de là, l'auteur précise que les
difficultés existent bien avant la procédure de redressement. A
la suite du constat récurrent du lien endogène entre
difficulté et problèmes de trésorerie, il retient que la
définition de la difficulté financière est limitée
et « ne tient pas compte des facteurs qui peuvent être à
l'origine des problèmes de trésorerie ».
50
Gestion stratégique des résultats,
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 2 : Grille de lecture de la santé
financière de l'entreprise
Entreprise non rentable et
non liquide
Fin prochaine
Pleine forme
Entreprise rentable et liquide
Santé financière de l'entreprise
rentabilité- liquidité
Entreprise rentable et non liquide
Entreprise non rentable et liquide
Maladie passagère
Maladie chronique
Source : Ooghe et Van Wymeeresh (1990), figure tirée de
Ben Jabeur (2011, p. 36).
Ooghe et Van Wymeeresh (1990) identifient deux critères
de la dégradation de la solvabilité de l'entreprise, à
savoir l'absence d'une valeur ajoutée soutenue et l'accroissement
continu des charges de structure (cité par Jabeur, 2011, p. 36).
La rentabilité (ROA ou ROE) positive est un indicateur
pertinent de l'équilibre et de la capacité de l'entreprise
à créer une valeur au regard de la mobilisation des actifs mis
à disposition. Cependant, le seul critère de rentabilité
ne peut suffire pour classer une entreprise saine, c'est donc par parcimonie
qu'on admet un tel indicateur. Il en est de même pour la
propriété de la liquidité, une entreprise avec une
trésorerie positive est capable de faire face aux passifs les plus
exigibles (courants).
« Les causes immédiates de la
défaillance sont financières » Blazier et Combier
(1997, p. 39). Cette acception renvoie au cadre procédural des
entreprises en difficultés financières. La raison en est que la
procédure débute à l'instant précis où
l'entreprise n'est plus en capacité de faire face à son passif
exigible. En outre, ces auteurs retiennent que les facteurs explicatifs de la
défaillance financière sont d'origine diverses et ne sont pas
nécessairement financiers. Plusieurs éléments doivent
être mobilisés pour évaluer les causes réelles de la
détérioration des équilibres financiers de l'entreprise.
Par ailleurs, l'évaluation de la dégradation de l'entreprise ne
saurait être exclusivement rattaché à l'analyse des
données financières mais à une recherche approfondie des
causes des difficultés plus en amont (Blazier et Cornier, 1997).
Azzi (2012, p. 60) retient que la principale cause de la
détresse économico-financière résulte de la dette
octroyée pour atténuer les conflits d'intérêt et les
asymétries d'information entre le principal et l'agent. La dette est
prise dès lors comme « un mécanisme disciplinaire
», tel
51
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
qu'énoncé par la prédiction de la
théorie de l'agence. Au regard de la littérature, on peut
considérer l'endettement comme la variable explicative majeur de la
détresse financière.
Figure 3 : Processus économique entrainant à
la discontinuité financière
|
Charges trop élevées
|
Valeur ajoutée faible
|
|
Charges financières
|
|
|
|
|
|
|
Rentabilité insuffisante
|
Manque d'autofinancement
|
Investissements excessif
|
Manque de liquidité
Endettement
Solvabilité entamée
Méfiance des
Illiquidité critique
Discontinuité
Source : Ooghe et Van Wymeeresh (1996).
2. Les déterminants économiques de la
défaillance des entreprises
Ben Jabeur (2013, p. 103) observe une insuffisance de la
littérature quant au traitement des facteurs macroéconomiques de
la détresse financière. Il en veut pour preuve l'absence de
variables macroéconomiques dans la modélisation de la
prédiction de la défaillance financière. Ainsi, l'analyse
financière par ses ratios, dans la posture traditionnelle, a
déjà pris en compte les agrégats macroéconomiques
associés à la détresse financière.
52
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Les travaux de Ben Jabeur (2013) s'articulent sur la
détermination du « lien entre l'échec et les facteurs
macroéconomiques des entreprises françaises ». Les
résultats de cette étude nous aiderons peu ou prou à
asseoir une grille de lecture sur les forces conjoncturelles qui pèsent
sur les entreprises françaises. Ainsi, l'auteur a concentré
l'essentiel de son étude sur l'identification des variables
macroéconomiques les plus importantes afin d'estimer leur utilité
dans une approche de prédiction (Ben Jabeur, 2013, p. 103).
Zopounidis (1995) retient que la défaillance
économique renvoie à l'absence de rentabilité et
d'efficacité économique de l'appareil productif (cité par
Ben Jabeur, 2011).
Altman (1983 et 2006)34 conclut que les conditions
macroéconomiques peuvent interférer de manière
non-négligeable sur l'équilibre financier de l'entreprise. Ben
Jabeur (2013) allègue que les facteurs macroéconomiques peuvent
également déclencher l'échec de la firme. Comme facteurs
macroéconomiques, il compte : « la conjoncture
économique, le nombre de start-ups, le marché monétaire,
politique de crédit sur le marché des changes, l'évolution
du niveau des prix et l'ouverture de l'économie au commerce
extérieur » (p.103-104).
Les jeunes entreprises sont plus vulnérables que les
entreprises les plus anciennes. Pour les premières, l'échec est
étroitement lié au manque d'expérience en matière
de gestion financière. Tandis que pour les deuxièmes, il s'agit
d'une difficulté d'adaptation à l'environnement changeant (Ben
Jabeur, 2013). La mauvaise adaptation des entreprises les plus anciennes et les
crises endogènes des petites entreprises exemplifient l'acception
multifactorielle de l'échec (mauvais management et complexité
macroéconomique persistante).
3. L'analyse stratégique de la défaillance
financière.
La stratégie d'entreprise a pour objectif premier de
créer de la valeur. La création de la valeur s'obtient par le
croisement de trois problématiques fondamentalement différentes,
à savoir, la pertinence, la rareté et la demande. Rapporter au
phénomène de défaillance financière, les causes
stratégiques de l'échec sont essentiellement dues à
l'exploitation d'un paradigme biaisé de création de la valeur.
L'environnement joue également un rôle crucial
dans les crises financières des entreprises. Plusieurs échecs
sont liés à l'absence de relais de croissance, à
l'inadaptation stratégique aux enjeux du marché, à
l'absence d'innovations compétitives, aux échecs dans la
recherche des
34 Cité par Ben Jabeur (2013, p. 103).
53
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
briques perdues35, aux conflits entre les parties
prenantes, à la mauvaise allocation de la richesse créée,
à la dureté du marché et à la concurrence
(féroce).
L'usage des matrices stratégiques n'est pas
associé à la seule lecture des phénomènes
environnementaux qui structurent le marché (ou le secteur
d'activité) dans lequel l'entreprise évolue mais peut
également aider à mieux cerner les divers choix
stratégiques qui auraient éventuellement conduit l'entreprise
à une situation de défaillance.
Besanger et Roth (2016, p. 28-29) arguent que « la
matrice présente une double fonction : situer une entité (e.g.
une entreprise) au sein d'un groupe de référence (e.g. un secteur
d'activité), et déterminer la trajectoire de cette entité
par rapport à la trajectoire moyenne du groupe ». La matrice
stratégique aide à comprendre les décisions
opérationnelles des entreprises et permet d'établir la
stratégie organisationnelle (ensemble des pools de l'entreprise) la plus
optimale possible. Il poursuit en concluant que les choix stratégiques
sont étroitement liés au « mode de pensée
inhérent à l'exercice de responsabilité ».
Figure 4 : Situation et trajectoire des entreprises dans
une approche matricielle
Potentiel de l'entreprise au sein de son groupe
stratégique
|
(Q1)
|
(Q2)
|
(Q4)
|
(Q3)
|
Position de l'entreprise au sein de son groupe
|
stratégique
|
Source : Besanger et Roth (2016, p. 29)
Cette matrice décrit 4 situations (quadrants) possibles
de la vie d'une entreprise. En considérant que l'entreprise est dans un
processus permanent de transformation, elle sera emmenée à se
confiner dans l'un des 4 quadrants. Chaque cadrant renvoie à une
situation bien particulière. Le positionnement d'une entreprise dans un
des quadrants est déterminé par (1) la variable sur
35 Recherche des éléments qui feront qu'un
produit se rapproche de la perfection. Ce concept renvoie aussi à la
notion de logique dominante ou sense making.
54
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
l'axe des ordonnés (potentiel de l'entreprise au sein
de son groupe) et (2) celle sur l'axe des abscisses (position de l'entreprise
au sein de son groupe)36. Une entreprise proche du quadrant 2 (dit
« magique ») aura réussi son processus de
transformation. Lequel processus dépend de la réussite de la
maximisation du couple potentiel-position.
Une entreprise passant de Q1 (dit « les
déclassés ») à Q3 (dit « les
challengers ») aura réussi à passer d'une «
situation de déclin relatif » à une situation de
« relance à venir ». La problématique ici est
de trouver une stratégie opérationnelle susceptible de sortir
l'entreprise d'une situation de quasi-disparition (Q3). Toutes choses
égales par ailleurs, une entreprise qui aura réussi ce passage
pourra éventuellement prétendre se rapprocher du quadrant magique
ou au contraire de la situation Q4. Le processus de transformation est une
problématique cruciale des entreprises, il est déterminé
par une recherche approfondie des facteurs de réussite mais aussi par
une gouvernance de qualité.
Enfin, la dynamique du marché et la faiblesse du
management d'une entreprise peuvent l'entrainer dans une spirale
négative décrite par le quadrant 4 (Q4). C'est donc cette
situation qui nous intéresse, car elle doit pouvoir rendre compte des
causes stratégiques de la défaillance financière dans une
logique de marchés dynamiques. En considérant que Q3 traduit les
signes avant-coureurs du stress organisationnel, Besanger et Roth (2016, p. 30)
concluent que « à un certain niveau de consommation de
ressources, et sans intervention extérieure, près de l'origine de
la matrice, la disparition de l'entreprise sera inéluctable
».
La croissance du marché et la part de marché
peuvent aussi expliquer la vulnérabilité de la structure
financière des entreprises. La matrice du Boston Consulting Group (BCG)
s'intéresse au partitionnement des entreprises en groupes distincts,
relevant chacune d'une situation financière particulière.
36 De haut en bas (- à +) pour l'axe (1) et de
gauche à droite (+ à -) pour l'axe (2).
55
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 5 : Matrice BCG (croissance du marche et part de
marché relative)
ti
a hé
c
|
deDilemmes
(Q1)
· Faible rentabilité
Forts besoins de financement
|
Etoiles (Q2)
· Bonne rentabilité
· Besoin de financement
|
|
Vache à lait (Q3)
· Forte rentabilité
· Faibles besoins de
financement
|
|
TaPart
de marché
|
Source : Besanger et Roth (2016, p. 31)
La matrice BCG est mise en place par des gestionnaires de
portefeuille, soucieux d'optimiser les rendements de leurs participations.
Chaque quadrant décrivant une situation de marché
spécifique, pour Q2, Q3, Q1 et Q4 la situation de marché est
respectivement porteur, mature, en forte croissance et en déclin.
L'intérêt de présenter ici cette matrice n'a pas pour but
de faire une analyse exhaustive des implications de ce dispositif mais de
mettre en exergue les 4 éléments (taux de croissance, part de
marché, taux de rentabilité et besoin de financement) qui
influencent la stratégie d'une firme. Ces éléments sont de
facto des causes stratégiques de l'état de santé d'une
entreprise. Le taux de croissance du marché et la part de marché
relative influencent profondément la situation financière par la
génération ou pas de cash-flows, par les variations des
immobilisations et par le BFR (Besanger et Roth, 2016, p. 30).
Les 5 forces de Porter peuvent également être
retenues ici pour évaluer les causes stratégiques de la
défaillance des entreprises. Ces forces sont entre autres : la
rivalité entre les concurrents (nombre de concurrents, croissance lente
du marché, problèmes des coûts fixes, qui sont
élevés, secteurs aux enjeux importants), le pouvoir de
négociation des clients (l'information parfaite permet de maximiser les
coûts), la menace des nouveaux entrants (robustesse du secteur
vis-à-vis des nouveaux entrants), etc.
Les travaux de Fimayer (2011, p. 48) donne une revue
conséquente de l'influence des forces porteriennes dans l'explication de
la détresse financière. Crutzen et Caillie (2007) évaluent
le risque de défaillance à partir des 5 forces de Porter. A cet
égard, s'agissant du pouvoir de négociation des clients, ces
derniers retiennent 6 facteurs explicites, à savoir le déclin
général
56
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
de la demande, les faillites des clients importants, les
défaillances en chaine de clients, les créances en souffrance, la
concentration des clients et la volatilité de la clientèle
récente37. S'agissant du pouvoir de négociation des
fournisseurs, ils retiennent les trois causes suivantes : la
détérioration des relations avec le fournisseur, la
défaillance d'un fournisseur important et la défaillance en
cascade des fournisseurs.
Enfin les produits de substitution et la modification du paysage
concurrentiel ne sont pas en reste dans l'explication de la détresse
financière.
37 Ces causes sont citées par Fumayer (2011,
p.48).
57
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Section 2 : La relation entre la
comptabilité et la défaillance financière et le lien entre
la gouvernance d'entreprise et la détresse
financière.
Dans cette section, nous allons étendre les champs de
compréhension de l'état de détresse financières
à deux causes structurelles, à savoir, la comptabilité
(par son système et son organisation) et à la gouvernance
d'entreprise. De plus, la littérature fournie une revue exhaustive des
indicateurs comptables et financiers de la défaillance
financière.
Sous-section 1 : Le lien entre
comptabilité et défaillance financière, et
les indicateurs comptables et financiers de la détresse
financière.
Dans cette partie, nous présenterons la
littérature relative à la place de la comptabilité dans la
défaillance financière. Ensuite, Nous montrerons les principaux
indicateurs comptables et financiers de la détresse
financière.
1. Le lien entre la comptabilité et la
défaillance financière
Nous notons deux points explicatifs de la relation entre la
comptabilité et le risque de défaut : (1) le déficit du
système comptable et (2) les choix comptables des entreprises en
difficulté.
1.1. Déficit du système comptable et du
système d'information
Maniani (2014) argue que la déficience du
système comptable et l'absence d'un système d'information ont un
lien endogène avec la défaillance financière. Il retient
que les ratios comptables permettent d'apprécier les performances de
l'entreprise. Bien que la primauté de la recherche revienne à
l'analyse prédictive, des études ont démontré que
l'existence et la qualité du système comptable sont susceptibles
d'influencer la survie des entreprises. A cet égard, l'auteur affirme
que la faible performance de la comptabilité contribue aux
difficultés de l'entreprise.
Deux études exemplifient cette approche : Blazy et
Combier (1997) et Ooghe et Waeyeart (2004). Les premiers retiennent que les
problèmes d'information et de management sont à un peu plus de
1/4 à l'origine des difficultés financières des
entreprises. Les deuxièmes considèrent qu'il existe une relation
endogène entre défaillance financière et politique
comptable et
58
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
financière : déficit du système
d'information et les manipulations comptables agressives. Le système
comptable est utilisé pour dissimuler la « gravité de la
situation », les manipulations comptables, en situation de crise,
vise à augmenter le résultat (Koeing38 1985), et ce en
interférant même sur la structure réelle des
activités (Campa et Camacho-Minano, 2015).
1.2. Les choix comptables des entreprises en
difficulté.
En période de détresse financière, les
dirigeants sont enclins à manipuler leurs résultats (DeAngelo,
1994). L'auteur formule que les accruals se composent de deux parties : une
partie liée à l'activité réelle et une autre
liée à une volonté manifeste de diminuer le
résultat comptable. Les pratiques comptables des entreprises varient
selon qu'elles soient en période instable et en période stable.
En période de détresse, la gestion à la baisse des
résultats peut renvoyer à un signal lancé aux
créanciers et peut être considérée comme une
épargne discrétionnaire pour les années à venir
(Healy, 1985).
2. Quelques indicateurs comptables et financiers de la
détresse financière
Le Z-Score d'Altman constitue un critère majeur de
classification des entreprises. Bien que pertinent, cette indice n'aide
qu'à la discrimination des entreprises en fonction de deux groupes : le
groupe des entreprises saines et celui des entreprises défaillantes.
Cette classification ne prend en compte le niveau intermédiaire entre
les entreprises saines et défaillantes. Ainsi, d'autres indicateurs
permettent d'apprécier des `'états intermédiaires» de
défaillance financière, à l'image de l'indicateur de Conan
et Holder.
2.1. Le Z-Score d'Altman : la mesure traditionnelle de la
classification des entreprises
défaillantes
Le Z-Score d'Altman est un indicateur financier qui permet de
déterminer, à partir de 5 ratios, la probabilité
d'insolvabilité d'une firme. Ces ratios comprennent l'ensemble des
aspects financiers d'une entreprise, à savoir, la rentabilité,
l'effet de levier, la liquidité, la solvabilité et
l'activité.
38 Cité par Maniani (2014).
59
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Z-Score = 1,2A + 1,4B + 3,3C + 0,6D +
1,0E
Où
A= Besoin en fond de roulement (BFR) / Total actifs
B = Réserves / Total Actifs
C = EBIT / Total Actifs
D = Capitalisation boursière / Total des dettes
E = Chiffre d'affaires / Total Actifs
Un Z-Score élevé indique que l'entreprise a une
faible probabilité de faire faillite. A contrario, moins le Z-Score est
élevé, plus l'entreprise a une forte probabilité de faire
faillite.
2.2. Le score de Conan et Holder ; une mesure de classification
graduelle de la détresse
financière
L'indicateur de Conan et Holder est une fonction-score qui permet
de classifier les entreprises en trois groupes renseignant sur le niveau de
santé financière.
Z= 0,24 X1 + 0,22 X2 + 0,16 X3 - 0,84 X4 - 0,10
X5.
Où
X1 = Excédent brut d'exploitation / Total des dettes
X2 = Capitaux permanents / Total de l'actif
X3 = Réalisable et disponible / Total de l'actif X4= Frais
financiers / CA HT
X5= Frais de personnel /valeur ajoutée
Lorsque le score est supérieur à 0.10,
l'entreprise est en bonne santé. Par contre lorsque le score est
situé entre 0.10 et 0.04, elle est en situation d'alerte, et en dessous
de 0.004, elle est en danger.
2.3. Divers indicateurs de la détresse
financière
60
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 4 : Critères comptables de classification
des entreprises en détresse financière
Auteurs
|
Critères comptables
|
Asquith, Gertner et Sharfstein (1994)
|
- Soit EBITDA < dépenses d'intérêts sur
deux années consécutives
- Soit EBITDA < 80% des dépenses
d'intérêts sur une année
|
DeAngelo et DeAngelo (1990)
|
- Entreprises qui, sur cinq années,
connaissent au moins pendant trois années un
résultat d'exploitation avant impôt négatif.
|
Gilson, John et Lang (1990)
|
- Cash-flow est insuffisant pour faire face au paiement de la
dette
|
Hoshi, Kashyap et Scharfstein (1990)
|
-Année t : résultat d'exploitation >
Dépenses d'intérêt
- Année t+1 et t+2 : résultat d'exploitation
< Dépenses d'intérêt
|
Kang et Shivdasani (1997)
|
- Année t : EBIT/frais financiers > 1
- Année t+1 : baisse de 50 % (ou plus) de leur EBIT
|
Source : Severin (2006)
Sous-section 2 : La structure de
l'actionnariat, la gouvernance d'entreprise et la détresse
financière
A. La structure de l'actionnariat et la détresse
financière
Zhang et Gan (2011) étudie la relation entre structure
de l'actionnariat (par la nature du contrôle l'actionnariat, la
concentration de l'actionnariat, l'équilibrage de la
propriété et le pourcentage de détention de la direction)
et la détresse financière. Ils trouvent que la détresse
financière est « nettement plus faible » est
décorrélée de la structure de l'actionnariat des
entreprises publiques que dans celle des entreprises privées.
Donker et al. (2009) étudient l'impact de la structure
de l'actionnariat dans l'apparition de la détresse financière.
Ils trouvent que la présence d'actionnaires extérieurs
réduit significativement la probabilité de détresse
financière. En effet, la présence de ce type
61
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
d'actionnaire est associée à une surveillance
qui empêche tout « comportement de gestion sous-optimal ». De
plus, les auteurs observent que les niveaux élevés d'actionnaires
institutionnels ne sont pas associés à une probabilité de
détresse financière moindre.
Simpson et Gleason (1999) analysent l'association entre
l'actionnariat et la structure du conseil d'administration et le
mécanisme de contrôle interne qui influence la survie de
l'entreprise. Ils étudient l'actionnariat par les administrateurs et les
dirigeants, l'actionnariat par le chef de la direction, le nombre
d'administrateurs, le pourcentage d'administrateurs internes et la
dualité (actionnaire et dirigeant) du chef de la direction. Sur la base
de 300 banques, ils trouvent que le fait que la probabilité de
détresse financière est plus faible lorsque le dirigeant est
à la fois directeur général et actionnaire. Cependant, ils
concluent que les autres facteurs de l'actionnariat n'ont aucun effet sur la
probabilité de détresse financière.
La détresse financière amplifie les conflits
d'intérêt entre les dirigeants, les actionnaires et les
créanciers. Dans cette situation, la grande majorité des
dirigeants est remplacée. Il est donc évident que la
défaillance financière modifie les relations entre les
propriétaires de l'entreprise et ceux qu'ils ont
délégués pour assurer la gestion courante de la firme. Le
comportement « autonome » des actionnaires est fonction du niveau de
leurs utilités. Autrement dit, plus les actionnaires sont insatisfaits
et perdent leurs investissements (risque de faillite de la firme), plus ils
auront tendance à évincer les dirigeants.
B. La gouvernance d'entreprise et la détresse
financière
Les caractéristiques et la composition de la
gouvernance d'entreprise peuvent entraîner et à la détresse
financière (Salloum et Azoury, 2008). Toutefois, la littérature
accorde une plus grande importance aux effets de la détresse
financière sur les mécanismes de gouvernance.
1. La mauvaise gouvernance d'entreprise comme
déterminant de l'état de la
détresse financière.
Peu d'études ont exploré la problématique
de la mauvaise structure de gouvernance sur l'apparition et la persistance de
la détresse financière. Salloum et Azoury (2010, p.44) montrent
que « le concept de gouvernance et son faible rôle de
contrôle causé par un agencement inadéquat facilitent la
dégradation de la structure financière ». Plus
précisément, les auteurs
62
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
concluent que l'illiquidité et la
détérioration des équilibres financiers ne peuvent
être considérées comme les causes majeures de la
détresse financière.
Les auteurs emploient des analyses de régression en
trois étapes. Dans la première étape, il étudie
l'association entre la variable de gouvernance d'entreprise ex ante
(variable dépendante) et la variable de gouvernance ex post
(variable indépendante), pour mesurer la pertinence de
l'association entre ces mesures sur des horizons temporels différents.
Dans la deuxième étape, ils modélisent à nouveau
une régression linéaire en intégrant une variable
indépendante de performance (taux de rendement des actifs) dans le but
d'apprécier si « cette dernière contribue à
certains effets modérateurs dans l'équation » (p. 49).
La dernière étape consiste à évaluer la pertinence
de l'interaction entre les variables indépendantes et la variable
dépendante de la gouvernance. En procédant à ces
séries de régressions, les auteurs approchent, par
différence, l'impact de la gouvernance sur l'état de
détresse financière.
Les résultats des régressions montrent que (1)
en période de détresse financière, la proportion des
outsiders est « négativement corrélée avec les
performances futures de l'entreprise »39 et (2) la taille
du conseil d'administration augmente et génère des effets
négatifs.
Selon eux, la dette a un effet ambigu, notamment «
son rôle incertain, positif et négatif » sur la
structure financière de l'entreprise. Ainsi, ils concluent que le faible
rôle du système de gouvernance d'entreprise dont le CA est en
partie à l'origine du défaut.
2. Les effets de la détresse financière sur
la gouvernance d'entreprise.
L'idée ici est de montrer que la détresse
financière impact l'organisation, les mécanismes et les
heuristiques de décision des entreprises.
A cet effet, une étude explicite de Houda (2008,
p.5-10) sur 42 entreprises américaines, affichant un ratio de couverture
amoindri et un déclin continu des résultats, étaye les
effets de la détresse financière sur le structure de gouvernance.
En effet, il s'appuie sur les travaux de Gilson (1989), Wruck (1990) et Gilson
et al. (1990) pour évaluer les effets de la détresse
financière sur la structure opérationnelle, organisationnelle et
financière. Il se propose de suivre l'évolution des entreprises
à travers leurs cycles de détresse financière. Il conclut
sur une différence de mesures de restructuration 2, 3 et 4 ans à
compter de la première année de
39 Autrement dit, la variable de la proportion
d'administrateurs externes (outsiders) a un effet négatif sur la
performance future.
63
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
défaillance. L'auteur retient 3 familles de variables
décrivant les mécanismes de gouvernance : le conseil
d'administration, la structure de propriété et la rotation
interne40 et des variables comptables comprenant les mesures de
risque financier (levier financier et ratio de couverture des
intérêts), risque opérationnel (actifs/ventes), taille (log
des actifs), la liquidité (actifs courants/passifs courants) et la
profitabilité (ROS : EBIT/ventes).
L'auteur utilise le test non-paramétrique de
Mann-Whitney à partir d'une année de référence
(t-1). L'utilisation de ce test rend compte de la différence des
moyennes entre les variables citées précédemment, et cela
sur une période allant de deux à quatre ans après
l'année de référence (t-1). Les principaux
résultats révèlent que les variables de gouvernance sont
différentes selon que l'horizon s'étale sur deux années et
trois années à compter de l'année de
référence.
A titre indicatif, deux années après
l'année du constat de défaillance, il observe que (1) la
composition du CA mute « tout au long du cycle de détresse
», (2) les entreprises en détresse financière
développent une incitation à l'indépendance de leurs CA
-augmentation de la taille du CA, accroissement du nombre de réunions,
augmentation du ratio des outsiders et développement des dispositions de
séparation des rôles dans les firmes en difficultés-, (3)
les entreprises accroissent la propriété des CEO, des outsiders
et des actionnaires majoritaires et (4) les firmes en détresse
financière augmente la propriété managériale
(p.17). De l'année de référence à la 3e
année, la taille du CA s'amenuise et le nombre de réunions, le
pourcentage des administrateurs externes et la séparation des
rôles continuent d'augmenter. Comme dans la période
précédente, la propriété des investisseurs
institutionnels et la rotation de l'équipe dirigeante croissent. Par
contre, l'auteur observe que la propriété des outsiders
décroit légèrement.
40 Les variables utilisées comprennent pour
(1) le conseil d'administration : la taille du conseil (le nombre total
d'administrateurs), l'indépendance des administrateurs (pourcentage des
administrateurs), la dualité (variable dichotomique qui prend la valeur
1 si le dirigeant est président du conseil et o sinon), l'activisme du
conseil (nombre de réunion du conseil) ; (2) pour la structure de
propriété (propriété managériale : le
pourcentage du capital détenu par les membres du CA et les CEO),
propriété des administrateurs externes (le pourcentage du capital
détenu par les administrateurs externes), propriété des
institutionnels (pourcentage du capital détenu par les institutionnels
ayant plus de 5%) et propriété des actionnaires majoritaires
(pourcentage du capital détenu par les actionnaires ayant plus de 5%) ;
(3) pour la rotation interne : rotation du CEO et rotation de l'équipe
des dirigeants (variable binaire qui prend la valeur 1 s'il y a une rotation du
CEO et 0 sinon).
64
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Chapitre 3 : Discussions et hypothèses de
recherche
Dans cette partie nous allons développer les
discussions et les hypothèses spécifiques de notre étude.
Nous avons étudié quatre points de la relation entre la gestion
des résultats et la défaillance financière.
1. Les niveaux de défaillance financière et
l'existence des trajectoires de gestion des
résultats
Avant de présenter notre première
hypothèse de recherche sur le lien entre les trajectoires de GR et les
niveaux de détresse financière, nous présenterons deux
points, à savoir les effets de la détresse financière sur
la gestion des résultats et les types de gestion des résultats en
période de détresse financière.
1.1. Les effets de la détresse financière sur la
gestion des résultats
Mard (2003) argue qu'en situation de faible performance, la
gestion des résultats peut être plus prononcée à la
baisse ou à la hausse. Elle serait plus prononcée à la
baisse dans une perspective de « nettoyage des comptes » et
d'une « liquidation des pertes » pour repartir sur des bases
nouvelles et saines. A l'opposé, la gestion des résultats
à la hausse viserait à obstruer les pertes enregistrées
afin soit de préserver l'utilité du dirigeant, soit de conserver
la confiance des créanciers. Il émet les hypothèses
suivantes : (a) les entreprises fortement endettées gèrent les
résultats à la hausse et (b) les entreprises ayant une faible
performance boursière manipulent les résultats à la
hausse. Pour estimer les accruals discrétionnaires, l'auteur utilise le
modèle de Jones (1991). Les variables explicatives des hypothèses
précitées sont : le taux d'endettement (dettes financières
en fin d'exercice N sur les capitaux propres en fin d'exercice N) et la
rentabilité boursière (variation du cours boursier durant
l'exercice N). Les résultats des régressions montrent que : les
accruals discrétionnaires les plus élevés sont ceux des
entreprises dont la performance boursière est la moins importante.
Campa et Camacho-Minano (2015) étudient les choix
comptables en termes de gestion des résultats des entreprises en
période de détresse financière. Le principal objectif de
leur étude a été de montrer la variable de la GR qui est
la plus manipulée par les entreprises en détresse
financière. En utilisant le modèle de Roychowdhury (2006) pour
estimer la gestion des résultats
65
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
par l'activité réelle et le modèle de
Defond et Park (2001) pour les accruals anormaux. Ils procèdent à
des régressions linéaires multiples à partir d'une
variable endogène de détresse financière, l'indice de Fich
et Slezak (2008) -variable dichotomique, qui prend la valeur 1 si le ratio du
résultat d'exploitation sur les intérêts est
inférieur à 1, et 0 sinon-. Les résultats montrent que la
production anormale possède le seul coefficient positif (0.149) et
significatif au seuil de 1%. Les coefficients des cash-flows anormaux et des
accruals discrétionnaires recueillent respectivement -0.049 (au seuil de
10%) et -0.087 (au seuil de 10%). Ainsi, il vient qu'en période de
détresse financière, les entreprises sur lesquelles
l'étude a porté ont des velléités plus
prononcées à gérer les résultats par
l'activité réelle, plus précisément la production
anormale.
Rosner (2003) teste l'hypothèse selon laquelle les
entreprises en situation de faillite gèrent de manière agressive
leurs résultats. Elle désagrège les accruals en 6
sous-éléments : (a) les variables de surévaluation des
créances et des stocks, (b) les variables de sous-évaluation des
dettes et des dépenses, (c) les variables de surévaluation du BFR
/ accruals du cycle d'exploitation, (d) les variables de surévaluation
des immobilisations corporelles, (e) les variables de sous-évaluation
des ventes, de la marge brute et des coûts des biens vendus et (f) les
variables de surévaluation des accruals totaux et des accruals
discrétionnaires. Il ajoute une variable de l' illiquidité de
l'entreprise. Les résultats montrent que les coefficients des variables
témoignent d'une gestion excessive des résultats de la part des
entreprises en tension financière. De leur côté,
Franceschetti et Koschtial (2013) trouvent que pendant les années
précédant la détresse financière, les entreprises
ont des velléités à réduire les manipulations
comptables. Par ailleurs, ils trouvent que les entreprises faisant face
à une situation d'insolvabilité ont 3 fois plus de chance de
procéder à une gestion frauduleuse de leurs résultats.
Nous n'avons pas observé d'études qui traitent
de la relation entre les différents niveaux de détresse
financière et les pratiques de GR qui en découlent. De plus, les
études portant sur l'association entre la détresse
financière et la GR retiennent très souvent les accruals comme la
mesure de référence de la GR.
1.2. Les types de gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté.
La gestion des résultats par les choix comptables
(accruals) est souvent perçue comme nulle à terme. Le principe
d'auto-dénouement des accruals peut cependant être faussé
dès lors que l'accumulation des accruals est élevée. Une
telle situation impacterait directement les
66
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
performances actuelles et futures des firmes qui se
retrouveraient dans une situation financière dégradée. La
gestion des résultats parait de ce fait comme un instrument dangereux
pouvant être nuisible pour la survie des entreprises. La revue de la
littérature nous montre que la gestion des résultats peut
être considérée comme un instrument d'amélioration
de la santé financière (par la liquidation des pertes, afin de
repartir sur de nouvelles bases) : c'est le principe du `'big bath
accounting» (Breton et Stolowy 2004) et la gestion des résultats
peut compromettre définitivement la santé financière des
entreprises : c'est la gestion agressive des résultats.
a. L'hypothèse de la `'grande lessive» ou
`'big bath accounting» : une perspective pour assainir la situation
financière des entreprises en difficulté.
En période de détresse financière, les
équipes dirigeantes peuvent recourir à une technique comptable
consistant à dégrader davantage la santé financière
de l'entreprise. Cette technique vise essentiellement à améliorer
les résultats futurs par la détérioration de la situation
financière actuelle. Une `'grande lessive» actuelle se traduit par
une forte hausse des résultats futurs, et accroit concomitamment la
rémunération des dirigeants. Les pratiques de `'big bath
accounting» ont été premièrement observées par
Healy (1985) ou encore DeAngelo (1988), elles se manifestent par des niveaux
d'accruals discrétionnaires décroissants. Walsh et al. (1991)
précisent que les études relatives au `'grand bain»
traduisent que de telles pratiques se matérialisent par la
dépréciation des valeurs comptables des actifs. Ces auteurs
retiennent que la comptabilité du `'grand bain» intervient lorsque
l'un des deux critères suivant est respecté : le critère
de l'aberration de la croissance négative (NPGA41) et le
critère de l'aberration de la croissance positive (PPGA). Le premier
critère traduit une baisse drastique des résultats et le second
traduit une hausse anormale des résultats. Les auteurs soutiennent que
le dernier critère peut servir également à nettoyer les
comptes.
Breton et Stolowy (2004) formule que la gestion des
résultats est avant tout liée à la stratégie
d'entreprise. Ils retiennent que les techniques de `'grand bain» sont
associées au changement de l'équipe dirigeante. Dans
l'hypothèse où il y a un nouveau dirigeant, il pourrait
être poussé à constater davantage de pertes afin de
repartir sur des bases saines, surtout quand la situation financière
n'est pas bonne. De ce fait, la gestion des résultats se traduit par des
fortes
41 (NPGA) Negative Profit Growth Aberration et (PPGA)
Positive Profit Growth Aberration.
67
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
dépréciations censées liquider
définitivement les faiblesses financières de l'entreprise ou dans
la moindre des mesures renégocier les contrats avec les
créanciers.
b. Le lissage des résultats : alternative pour les
entreprises en difficulté financière
Breton et Stolowy (2004) formulent que la comptabilité
du `'grand bain» aide « à préparer le chemin pour
les benéfices futurs, constants et bien lisses pendant des années
». Toutefois, les entreprises en difficulté financière
peuvent lisser leurs résultats pour simuler une certaine
stabilité financière -rappelant que le lissage des
résultats se manifeste par des variations stables des résultats
comptables-.
c. La gestion agressive des résultats : une pratique
récurrente des entreprises en difficulté
financière
L'éthique dans les pratiques de la GR a fait l'objet de
nombreuses études. L'étude de Lamrani (2012) précise que
la GR se situe sur un « continuum allant des pratiques acceptables aux
pratiques inacceptables, à l'exemple des fraudes ». Par
nature, les mesures acceptables sont celles qui sont « conservatrices
». La gestion acceptable des résultats est celle qui se fait
au regard des normes en vigueur et par l'éthique des professionnels.
L'éthique renvoie à l'équité qui prévaut
pendant les évaluations comptables. La latitude qui est laissée
aux dirigeants ne doit donc pas servir de tremplin à une gestion abusive
ou agressive des résultats. L'omission de ce principe ternie la
méthodologie utilisée dans l'évaluation comptable et
entraine à une gestion frauduleuse des résultats.
La gestion agressive des résultats à la hausse
tend à s'inverser avec la même amplitude sur les périodes
ultérieures (Draief et Chouaya 2012). En obérant les
résultats actuels, les dirigeants s'offre une épargne
discrétionnaire pour les années futures. En constatant des
dotations aux provisions élevés, ils s'attendent à
renverser cette tendance par des gains futurs, et ce malgré la situation
négative présente.
DeAngelo et al. (1994) et Janes (2003) arguent qu'une gestion
agressive des résultats à la baisse reflète les
difficultés financières de la firme et l'incapacité de
cette dernière à générer des liquidités
futures afin de rembourser ses dettes (Draief et Chouaya 2012). Ils poursuivent
en retenant que la gestion agressive à la baisse est expliquée
par la volonté de « dramatiser » la situation pour
obtenir une renégociation de la dette dans des termes plus
favorables.
68
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Par ailleurs, Roychowdhury (2006) constate que « les
entreprises essaient d'éviter les pertes en offrant des rabais de prix
pour augmenter temporairement les ventes, en faisant une surproduction pour
réduire le coût des produits vendus et en réduisant les
dépenses discrétionnaires de manière agressive pour
améliorer les marges » (p.336). La gestion agressive des
résultats peut donc également se faire par l'activité
réelle de l'entreprise. A la différence des accruals, ce type de
gestion est irrémédiable. Pour cet auteur, les entreprises en
perte de performance sont les plus enclines à gérer de
manière agressive les résultats comptables.
Les études auxquelles nous avons eu accès ont
mis en exergue les pratiques de GR dans les entreprises défaillantes.
Nous introduisons la possibilité selon laquelle les niveaux de
détresse financière sont susceptibles de différencier
significativement les pratiques de GR. Notre hypothèse de recherche
s'énonce donc comme suit :
Hypothèse 1 : Selon les niveaux de
difficulté financière, il existe des trajectoires de gestion des
résultats.
2. L'ampleur de l'endettement et la gestion des
résultats dans les entreprises
défaillantes
Plusieurs études ont tenté de mettre en exergue
le lien entre l'endettement et la GR. De prime abord, l'endettement est
perçu comme une variable incitative à la GR, et cela au profit
des créanciers.
Au regard de la théorie politico-contractuelle, le seul
contrat d'endettement est une incitation à la GR. Watts et Zimmerman
(1986) reconnaissent que l'existence d'un tel contrat pousse les dirigeants
avoir une GR `'orthodoxe» qui soit la plus alignée possible sur
l'utilité des créanciers. Fort de cela, Anagnostopouloua et
Tsekrekos (2016) trouvent que les entreprises ayant un endettement
élevé gèrent les résultats à la fois par
l'activité réelle et par les accruals. De plus, les clauses
d'endettement peuvent être des leviers de la GR. C'est ainsi que Defond
et Jiambalvo (1994) trouvent qu'une gestion agressive des résultats
survient un an avant la violation des clauses d'endettement. Dans le même
esprit, Draief (2008) formule que « une gestion agressive à la
hausse ou à la baisse est mal perçue par les créanciers et
affecte positivement le coût d'endettement ».
69
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
De surcroît, Dichev et Skinner (2002) concluent que les
entreprises qui violent les contrats d'endettement sont beaucoup plus
portées à gérer les résultats par amplification que
les entreprises qui respectent les « debt covenants ». Leur
analyse montre que la gestion des résultats est entreprise afin
d'éviter le risque de défaut.
En outre, Rodríguez-Pérez et van Hemmen (2010)
étudie l'impact de l'endettement et de la diversification sur la gestion
des résultats. Leurs résultats montrent que lorsque les
entreprises sont moins diversifiées et endettées, elles
gèrent moins les résultats que celles qui sont plus
diversifiées et endettées.
Fort de tout ce qui précède, nous notons que la
théorie positive de la comptabilité ne retient pas le cas
particulier des entreprises en difficulté financière.
L'insolvabilité étant le critère majeur de la
détresse financière, nous nous attendons à ce que les
entreprises en difficulté aient des niveaux d'endettement
élevés.
Mard (2004) teste l'hypothèse selon laquelle les
entreprises fortement endettées tendent à gérer les
résultats à la hausse. Ainsi, par des modèles de
corrélation, il observe que les entreprises les plus endettés
enregistrent des accruals discrétionnaires négatifs. Cependant,
bien que son étude ne concerne pas le cas spécifique des
entreprises en difficulté, il reconnait que de tels résultats
témoignent des difficultés financières que traversent ces
entreprises, sans précisé si ces difficultés sont
permanentes ou sporadiques.
Fort de ces études, il est notable que le lien entre la
gestion des résultats et l'endettement est endogène. Cependant,
ces études n'ont pas suffisamment mis en exergue les pratiques de GR et
la politique d'endettement dans les entreprises en difficulté
financière. En considérant qu'en situation de détresse
financière les créanciers ont une aversion à maintenir les
mêmes niveaux de prêts, nous souhaitons étendre les
réflexions antérieures sur le concept de rationnement des dettes.
Plus précisément, nous souhaitons savoir s'il existe un lien
entre la réduction des dettes et les pratiques de gestion des
résultats dans les entreprises en difficulté
financière.
En nous appuyant sur les travaux cités ultra, nous
émettons l'hypothèse de recherche suivante :
Hypothèse 2 : En situation de
détresse financière, la réduction des dettes (dettes
financières à long terme) incite à une gestion des
résultats à la hausse.
70
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
3. La complémentarité entre les
opérations exceptionnelles et la GR dans les entreprises en
défaillance financière.
a. L'existence d'une complémentarité entre les
produits exceptionnels et la gestion des résultats dans les entreprises
défaillantes.
S'agissant des produits exceptionnels, la littérature
s'est intéressée aux opérations de cession d'actifs. Mard
(2006) retient que cette modalité de GR a trait aux décisions
réelles. Ainsi, l'auteur distingue trois formes de GRAR, à
savoir, la GR par les opérations d'exploitation, la GR par les
opérations de financement et la GR par les opérations
d'investissement. Il teste les hypothèses suivantes : (a) les cessions
d'actifs sont utilisées pour atténuer les variations du
résultat net d'une année sur l'autre et (b) il existe une
corrélation positive entre les résultats des cessions d'actifs et
les ratios d'endettement. Ces résultats montrent que les
sociétés dont la performance est en baisse enregistrent des
produits de cession plus élevés.
Somme toute, s'agissant de cette opération, il trouve
que la GR se fait par le montant d'actifs cédés, en les
choisissant au regard des plus ou moins-values qu'ils
génèrent.
Wang et al (2009) observent que les produits de la cession
des actifs immobilisés représentent 6.6% du résultat
d'exploitation et 62% du résultat hors-exploitation. Les auteurs
trouvent que les entreprises utilisent les cessions d'actifs immobilisés
pour atteindre des seuils. Plus précisément, ils constatent que
la cession des actifs immobilisés est utilisée pour éviter
de déclarer des pertes.
En considérant que les produits exceptionnels peuvent
aider à augmenter les résultats, il est possible que les
entreprises en détresse financière soient emmenées
à céder plus rapidement et de façon plus importante les
actifs dont elles disposent. Dans cette éventualité, nous
préjugeons que les entreprises défaillantes constatent davantage
de produits, qui peuvent être additionnels à la GR (si celle-ci
est à la hausse). Notre hypothèse s'énonce donc comme suit
:
Hypothèse 3a : Il y a une
complémentarité significative entre les produits exceptionnels et
la gestion des résultats dans les entreprises défaillantes.
Aussi, selon les niveaux de détresse financière, il existe des
complémentarités différenciées entre ces
variables.
b. L'existence d'une complémentarité entre les
charges exceptionnelles et la gestion des résultats dans les entreprises
en difficulté financière.
71
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
La gestion des résultats par les charges
exceptionnelles peut servir de levier pour atteindre des objectifs en termes de
gestion des résultats. Nous supposons qu'en période de
détresse financière, la gestion des résultats peut
être compléter par charges exceptionnelles à la baisse ou
à la hausse.
S'agissant de la GR par les charges exceptionnelles, la
littérature s'est particulièrement intéressée aux
créances irrécouvrables. Pour les entreprises en
difficulté financière, l'incapacité à recouvrer les
créances est l'une des causes de la détresse financière du
cycle d'exploitation. Toutefois, DeAngelo (1988) reconnaissait
déjà qu'en raison de l'obligation d'évaluation des
créances irrécouvrables par l'auditeur, la gestion des
résultats par cette catégorie de créances est « assez
faible ». De plus, elle précise que la GR par les créances
irrécouvrables est « incompatible avec le lissage des
résultats » mais est « cohérente »
avec l'hypothèse selon laquelle « les entreprises gèrent
leurs résultats en choisissant des accruals décroissants lorsque
le résultat est élevé ».
Sachant que les charges exceptionnelles peuvent aider à
l'atteinte d'un résultat plus faible, nous supposons qu'elles peuvent
également aider à nettoyer les comptes par la réduction
des résultats dans le cas où les entreprises sont dans une
situation de détresse financière. Notre hypothèse de
recherche est la suivante :
Hypothèse 3b : Il y a une
complémentarité significative entre les charges exceptionnelles
et la gestion des résultats dans les entreprises défaillantes.
Aussi, selon les niveaux de détresse financière, il existe des
complémentarités différenciées entre ces
variables.
4. La relation entre la structure de l'actionnariat, la
gouvernance d'entreprise et la gestion des résultats dans les
entreprises défaillantes
a. La relation entre la structure de l'actionnariat et la gestion
des résultats dans les entreprises défaillantes.
Les études portant sur la relation entre la structure
de l'actionnariat et la GR ont trait aux effets de la concentration
actionnariale sur l'ampleur de la GR (Beneish, 1997 ; Mard et Marsat, 2012 ;
Zhong et al., 2007 ; ...). D'aucuns pensent que la concentration du capital
entre un petit nombre d'actionnaires désincite à la GR (c'est le
cas de Beneish, 1997) et d'autres concluent que les entreprises dont le capital
est diffus sont plus enclines à gérer les résultats
comptables.
72
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Dans une publication intitulée « La structure
de l'actionnariat explique-t-elle la décision de couverture du risque ?
», Fayolle et Jarboui trouvent que la structure de l'actionnariat
n'influence pas significativement les opérations de couverture du risque
financier. Autrement dit, leurs travaux montrent qu'il y a une
indépendance entre les décisions relevant des actionnaires et
celles relevant du dirigeant. Cependant, leurs travaux n'ont concerné
que le risque de change et le risque client. Lesquels sont des pertes
comptables et financières, et ne peuvent être
représentatives à elles seules de l'état de
détresse financière.
Nous souhaitons étendre cette réflexion à
la défaillance financière. En raison de son enjeu sur la survie
des entreprises, nous considérons que les actionnaires peuvent
influencer les choix comptables et les décisions relevant de la gestion
normale de ces entreprises.
Hypothèse 4a : Lorsque les entreprises sont
défaillantes, il existe une association significative entre la
concentration de l'actionnariat et les choix comptables et financiers relevant
de l'exploitation (décisions de couverture du risque de change, risque
clients, ...).
Nous nous intéresserons également à la
relation entre la nature de la structure de l'actionnariat et la GR dans les
entreprises en difficulté. Mard et Marsat (2012) précise que la
nature des actionnaires peut influencer les pratiques de GR. Ils indiquent que
les objectifs poursuivis par un actionnaire dirigeant, familial, financier et
étatique sont fondamentalement différents et pourraient
significativement impacter les choix en matière de gestion comptable.
Par ailleurs, les auteurs précisent que la gestion des
résultats est faible dans les entreprises dont l'actionnariat est
familial. Ils identifient trois raisons qui expliquent les faibles
manipulations comptables dans ce type d'entreprises, à savoir le
contrôle accru, les objectifs à long terme et l'image de
l'entreprise. S'agissant du contrôle accru, ils soutiennent que la nature
patrimoniale du capital interfère substantiellement dans les pratiques
de gestion de ces entreprises. De plus, les objectifs poursuivis par les
entreprises dont l'actionnarial est familial sont sur le long terme. Enfin, ils
reconnaissent que l'existence même d'une gestion des résultats
découragerait ce type d'actionnaires à cause de l'image de
manipulateurs comptables que cela renverrait.
Fort de cela, nous supposons qu'au début des
difficultés financières les modes de gestion de ces entreprises
sont susceptibles de changements. Le risque de la faillite pourrait pousser
cette catégorie d'actionnaires à avoir des modes de gestion des
résultats plus intenses.
Hypothèse 4b : En période de
détresse financière, l'actionnariat familial est associé
significativement à la gestion des résultats.
73
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
b. La gouvernance d'entreprise et la gestion des
résultats dans les entreprises défaillantes
Les études sur la gouvernance d'entreprise et la
gestion des résultats peuvent être regroupées en deux
groupes : les études sur la gouvernance d'entreprise externe et celles
portant sur la gouvernance d'entreprise interne.
S'agissant de la gouvernance d'entreprise externe, on retient
que (a) la protection des investisseurs externes compte dans l'étendue
de la GR -la raison en est que plus le système juridique protège
les investisseurs externes, plus la gestion des résultats est moindre,
et inversement- et (b) les entreprises qui sont sur le point d'être
acquises ou de perdre le contrôle ont d'avantage d'incitations à
gérer les résultats pour éviter cela.
Concernant la gouvernance d'entreprise interne, (a) la
structure de propriété peut avoir une influence sur la GR -dans
une entreprise dont la structure de propriété est
concentrée les pratiques de gestion des résultats sont plus
courantes, afin de couvrir l'enracinement des propriétaires
(développé par Man, 2013)- (b) il y a une relation
négative entre l'indépendance du CA et la GR et (c) les femmes
administrateurs développent des positions fortes de leadership et de
contrôle, ce qui emmène les dirigeants à avoir une plus
faible latitude à gérer les résultats (Man, 2013, p.
391).
En retenant le cas spécifique des administrateurs
indépendants, nous supposons que la difficulté financière
inverse la relation négative existante entre l'indépendance du
conseil d'administration et la gestion des résultats.
Hypothèse 4c : En période de
détresse financière, l'indépendance du conseil
d'administration est positivement et significativement associée à
la gestion des résultats.
74
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 5 : Quelques études relatives à la
gestion des résultats et à la défaillance
financière
Etudes
|
Périodes
|
Echantillons
|
Variables
|
Méthodologie
|
Principaux résultats
|
La relation entre la GR (accruals et
activité réelle) et la
détresse financière
|
Dépendantes
|
Indépendantes
|
Campa et Camacho- iñano (2015)
|
Mai-Juin
2010
|
362
entreprises
1086
observations
recueillies auprès de la Cour de Justice
de Commerce de Madrid
|
ABNCFO (Cash-flow anormal)
ABNPROD (Production anormale)
AWCA (Besoin en Fonds de roulement anormal).
|
DISTRESS (niveau de détresse financière
avant- faillite)
SIZE (log des actifs totaux)
CFO (cash- flow/actifs totaux)
LEV (levier mesuré par les dettes totals
sur capitaux)
ROA (variation
|
Ils mesurent la détresse financière par
l'indicateur de Fich et Slezak (2008), qui est
une variable dichotomique, à savoir 1 (si le ratio du
résultat sur les intérêts est
inférieur à 1) si la firme est défaillante et 0
sinon (si le ratio du résultat sur les intérêts
est supérieur à 1).
L'estimation de laEISSUE
gestion réelle des résultats s'est faite
|
L'analyse des régressions
montre que (1) les entreprises présentant les
plus hauts niveaux de
détresse financière font moins de la gestion du
résultat par les cash-flows
(le â1 de la variable DISTRESS est à -0.049 et
significatif au seuil de 10%). Par contre (2) elles le font
plus par les coûts de
production (le â1 de la variable DISTRESS est
à
+0.149 et significatif au
seuil de 1%). Enfin, ils montrent que (3) dans une
période de faible détresse
|
Positive par l'activité réelle
(coût de production).
|
75
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
|
annuelle des détenteurs de capitaux)
DISSUE (variation annuelle des dettes)
GROWTH (variation annuelle des ventes nettes).
|
par la méthode de
Roychowdhury (2006), à savoir le Cash-flow
anormal
et la production
anormale.
Ils estiment également la gestion des
résultats par le modèle de Ddefond et Park (2001) sur
le BFR anormal.
|
financière, les entreprises présententun BFR
anormal élevé tandis que pendant
une période de haute détresse
financière, le BFR anormal est présente un niveau faible (le
â1 de la variable DISTRESS est à - 0.087 et significatif au seuil
de 10%).
|
|
Rodríguez- Pérez et
van Hemmen (2010)
|
1992-2002
|
192 enteprises non- financières (soit
1853 observations)
|
DACi,t (accruals discétionnair
es) Les auteurs estiment
les accruals discrétionnair es par
5 modèles différents : Modèle de Jones
(1991), Jones modified (1994), McNichols
|
DEBT ( dettes totales / actifs totaux )
DIV (variable
dichotomique : 1 si la firme est diversifiée et
0
sinon)
DIV*DEBT (interaction entre la dette et la variable
muette de diversification )
|
Ils utilisent une régression
linéaire multiple afin d'apprécier l'association et
la significativité entre la variable dépendante et
les variables indépendantes, précisement celles aui
renvoient à la diversification et à l'endettement.
|
La dette est négativement
et significativement
associée aux accruals
discrétionnaires (tous les modèles). Ceci
traduit que plus il y a de dettes, plus les
débiteurs controlent la
gestion des résultats.
Lorsqu'on rassemble la dette et la diversification
(variable DIV*DEBT) les coefficients sont positifs et significatifs en moyenne
au seuil de 5%. Les auteurs
concluent que les
entreprises moins
diversifiées et qui sont
|
|
76
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
(2002), Kothari et al (2005) et Hribar
et Collins
|
LOGTA (log des actifs, indicateur de taille )
EFTAX (l'impôt)
|
|
endettées gèrent moins
leurs résultats que les entreprises qui sont à
la fois diversifiées et endettées.
|
|
|
|
|
(2002).
|
GROU (relation entre la GR et la taille des filiales, total des
filiales /
|
|
|
|
|
|
|
|
Revenus totaux )
|
|
|
|
|
|
|
|
IDEBT (variable
qui capture les niveaux de dettes qui s'écartent de
la moyenne)
|
|
|
|
|
|
|
|
ICAP (difference entre
l'augmentation de
|
|
|
|
|
|
|
|
K et les titres émis sur le marché)
|
|
|
|
|
|
|
|
BSIX (les six grands auditeurs).
|
|
|
|
|
|
|
|
La littérature retient qu'ils s'opposent
aux choix comptables qui visent à
|
|
|
|
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
|
augmenter les résultats.
|
|
|
|
Perols et
|
Octobre
|
108
|
Fraud
|
Aggregated Prior
|
Les auteurs ont
|
L'association entre la
|
Positive par
|
Lougee
|
1999-
|
entreprises
|
(variable
|
Discretionary
|
utilisé la régression
|
variable représentant les
|
les accruals
|
(2011)
|
Septembre
|
(54
|
dichotomique
|
Accruals
|
logistique.
|
accruals discrétionnaires et
|
|
|
2005
|
entreprises fraudeuses, AAER-
SEC et 54 non
fraudeuses).
|
, qui prend la valeur 1 si l'entreprise est fraudeuse et 0
sinon)
|
(correspond à la somme des accruals en t-1,
t- 2 et t-3)
Meeting or Beating Analyst Forecasts (est une variable
muette, qui prend 1 si les prévisions
des analystes correspondent ou excedent et 0 sinon).
|
|
celle des prévisions des
analystes est positive et significative (p= 0.008), la
gestion des résultats
pendant ces années est
associée à une forte probabilité de
fraude.
|
|
|
|
|
|
Unexpected,Reve nue per Employee
|
|
|
|
|
|
|
|
(différence entre
|
|
|
|
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
|
une entreprise et son secteur dans la variation
du pourcentage de revenus par employé de t-1
à t0).
|
|
|
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|
|
|
|
Aggregated Prior
|
|
|
|
|
|
|
|
Discretionary
|
|
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|
|
|
|
|
Accruals
|
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|
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|
|
*Meeting or
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|
Beating Analyst
|
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|
Forecasts
|
|
|
|
|
|
|
|
Aggregated Prior
|
|
|
|
|
|
|
|
Discretionary
|
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|
|
|
|
|
|
Accruals
|
|
|
|
|
|
|
|
*Unexpected
|
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|
Revenue per
|
|
|
|
|
|
|
|
Employee
|
|
|
|
|
|
|
|
Control variables (ensemble de variables :
|
|
|
|
|
|
|
|
Percent
inside Directors,
|
|
|
|
|
|
|
|
Auditor, CFO
|
|
|
|
|
|
|
|
Change, Sales to
|
|
|
|
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Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
|
Assets, AR Growth, Gross Margin Growth, Sales
Growth, Current Discretionary Accruals, LIFO, Debt to Equity,
Return on Assets, Total Assets, and Total Sales).
(un coefficient est associé à chacune des
variables précitées)
|
|
|
|
Filip et Raffournier
(2014)
|
2006-2009
|
8266 observations annuelles d'entreprises de 16
pays de l'UE.
|
Première mesure de lissage des résultats de
Leuz et al, 2003 (écart-type des CF divisé
par écart-type des RN)
Deuxième mesure de lissage des résultats de
Leuz et al. (correlation de Spearman de la différence entre les
variations des provisions et les variations de CF).
Accruals discrétionnaires (Jones modified)
|
Régressions linéaires multiples pour
les mésures d'accruals discrétionnaires.
|
Les deux mesures de
lissage présentent les valeurs les plus basses en
2008 pour la première mesure (0.750) et en 2009 pour la
deuxième mesure
(0.576) alors que les valeurs les plus élevées
de lissage remontent à 2007
(respectivement pour la
première et deuxième
mesure : 1.015 et 0.685). Une petite valeur de lissage
|
En période de
détresse financière, la gestion des
résultats par les accruals s'aménuise.
|
80
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
Accruals discrétionnaires (Jones et al. 2008)
Accruals discrétionnaires (Dechow et Dichev,
2002).
|
|
traduit une diminution de lissage du résultat au
cours
de la période de crise
financière (laquelle a débuté en
2007).
S'agissant des accruals, les trois modèles d'estimation
montrent qu'ils ont baissé sur la période de la crise
financière. Dans le modèle de Jones 1, en 2007 ils
équivalent à 0.203 alors
qu'en 2008 ils valent 0.124. Idem pour le modèle de
Jones 2, qui passent de 0.186 à 0.118. Enfin, dans
le modèle de DD, ils passent de 0.177 à
0.116.
|
|
Dimitras et al.
(2015)
|
2005-2011
|
46 entreprises portugaises (362 observations)
44 entreprises irlandaises (297 observations)
242
entreprises
|
Accruals discrétionnair es (Jones 1991).
|
BIGAi,t (variable muette, qui prend 1 quand
les entreprises sont auditées par un big 4 et 0 sinon)
CFi,t (cash-flows)
OMi,t (Marge brute
d'exploitation)
|
Régression linéaire multiple
|
Les auteurs ont partitionné leurs résultats en 5
panels, représentant les 5 pays sur lesquels leur étude a
porté.
Le panel A, des entreprises
portugaises, montre que ces dernières lorsqu'elles
en détresse financière et auditées par un BIG 4,
augmentent leurs manipulations comptables,
|
De manière générale,
sur l'étendue des panels étudiés, il vient que
les le RN et BFR négatifs sont négativemen t
associés
|
81
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
italiennes
(1784 observations)
138 entreprises grecques (1715 observations)
112
entreprises espagnoles
|
|
MBVi,t (valeur de marché sur la valeur
de l'entreprise)
SPi,t (proxies des
petits profits, prend 1 si le RN divisé par le total des
actifs est entre
0 et 0.01 et 0
sinon)
|
|
coeffiient positif à 0.295 et significatif au seuil de
1%).
Le panel B montre que les
grandes entreprises réduisent leurs gestion des
résultats. Aussi, les
entreprises en détresse
financière (présentant un
RN et BFR négatifs,
aménuisent leurs
manipulations comptable,
coefficient du RN et BFR
|
aux accruals discrétionnai res, excepté pour les
entreprises portugaises.
|
|
|
(911
|
|
LLi,t (proxies de
|
|
négatifs est négatif à -0.179
|
|
|
|
observations)
|
|
la reconnaissance
|
|
et significatif à 5%, avec un
|
|
|
|
.
|
|
des pertes, prend 1 si le RN divisé
|
|
R2 à 0.169.
|
|
|
|
|
|
par le total des
|
|
Le panel C, des entreprises
|
|
|
|
|
|
actifs est inférieur
|
|
italiennes, montre que les
|
|
|
|
|
|
à -0.20 et 0 sinon)
|
|
entreprises en détresse
financière gèrent leurs
|
|
|
|
|
|
GDPi,t (croissance du PNB ajusté de
|
|
résultats vers le bas,
coefficient du RN et BFR
|
|
|
|
|
|
l'inflation)
|
|
négatifs est négatif à -0.262
|
|
|
|
|
|
LEVi,t (ratio des
|
|
et significatif à 1%, avec un
|
|
|
|
|
|
dettes sur le total
|
|
R2 à 0.142.
|
|
|
|
|
|
de l'actif )
|
|
Le panel D, des entreprises
|
|
|
|
|
|
ROAi,t (résultat
|
|
grecques en détresse
|
|
|
|
|
|
net sur le total des
|
|
financière, montre qu'elles
|
|
|
|
|
|
actifs)
|
|
gèrent leurs résultats vers le bas, le coefficient
du RN
|
|
82
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
|
|
|
|
D1i,t (variable
|
|
et BFR négatifs est négatif
|
|
|
|
|
|
muette codée si
|
|
à -1.295 et significatif à
|
|
|
|
|
|
le RN de l'année
|
|
1%, avec un R2 à 0.885.
|
|
|
|
|
|
actuelle est
|
|
Le panel E, des entreprises
|
|
|
|
|
|
négatif et sinon)
|
|
espagnoles montre (1) une
|
|
|
|
|
|
D2i,t (variable
|
|
relation négative entre le
|
|
|
|
|
|
muette codée si
|
|
ROA et les accruals
|
|
|
|
|
|
le BFR de l'année
|
|
discrétionnaires (-0.798 et
|
|
|
|
|
|
actuel est négatif
|
|
significatif à 1%) et (2) les
|
|
|
|
|
|
et sinon).
|
|
entreprises en détresse
financière présentent un
|
|
|
|
|
|
D3i,t (variable
|
|
coefficient de la variable
|
|
|
|
|
|
dichotomique
|
|
RN et BFR négatifs à -
|
|
|
|
|
|
codée 1 si l'association des variables du RN et
BFR de l'année actuelle est negative et 0 sinon).
|
|
0.149 et significatif à 5%, avec un R2 à
0.135.
|
|
83
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Deuxième partie :
Cadre méthodologique et empirique
84
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
A. L'Echantillon et méthode de classement des
panels
Notre échantillon se compose de 149 entreprises du
secteur agricole français tirées de la base de données
Altares (toutes étant des sociétés anonymes disposant d'un
CA). La période de notre étude s'étale de 2011 à
2014. De plus, nous avons retranché les entreprises dont les
données étaient manquantes (entreprises dont l'exercice
était inférieur à 12 mois et les entreprises ne disposant
pas des données comptables suffisantes).
Pour classer les entreprises en fonction de leur situation
financière, nous avons utilisé l'indice de Conan et Holder.
Contrairement à l'indice d'Altman, qui ne distingue que le groupe des
entreprises saines et celui des entreprises défaillantes, la mesure
discriminante de Conan et Holder a la particularité de mettre en exergue
une situation intermédiaire, qui est le niveau minimum de la
difficulté financière.
Au regard de la discrimination de cette indice, nous
distinguons bien 3 groupes, représentant les trois niveaux de situation
financière. Le premier groupe est constitué de 41 entreprises
dont la santé financière est bonne, un deuxième groupe est
constitué de 35 entreprises dont la situation financière est
faiblement sensible (nous nommons niveau 1 de la défaillance
financière) et enfin un troisième groupe est constitué de
73 entreprises dont la situation financière est fortement sensible (nous
nommons niveau 2 de la difficulté financière).
B. La mesure des variables de l'étude
Pour tester les hypothèses de notre étude, nous
avons employé diverses méthodologies.
1. La mesure de la gestion des
résultats.
Nous avons utilisé les deux mesures de gestion des
résultats, à savoir la GR par les choix comptables (accruals) et
la GR par l'activité réelle. S'agissant de la GR par les choix
comptables, nous avons retenu le modèle Jones modifié de Dechow
et al. (1995). La formulation de ce modèle est présentée
dans la revue de la littérature. La gestion des résultats par
l'activité réelle a été estimée par la
méthode de Roychowdhury relative aux cash-flows anormaux et à la
production anormale.
85
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2. La réduction de l'endettement
Pour tester l'hypothèse de la réduction de
l'endettement, nous avons retenu le seul groupe des entreprises dont la
santé financière est fortement dégradée. Ensuite,
nous avons divisé ce groupe en deux sous-groupes : le groupe des
entreprises dont la moyenne de la variation des dettes est négative et
celle dont la moyenne de la variation des dettes est positive. En
décomposant ce groupe de cette manière, nous observerons s'il y a
des tendances de GR différenciées dans chaque sous-groupe.
3. La complémentarité entre les produits et
charges exceptionnels et la gestion des
résultats dans les entreprises en
difficulté.
Afin de tester la complémentarité entre ces
variables, nous avons choisi de faire des régressions de manière
itérative entre les variables de GR et les produits et charges
exceptionnels sur opérations de gestion.
Nos modèles de base sont les suivants :
CEX;,t = a1 + a2DAC;,t +
a3ACF;,t + a2APROD;,t + a2RN;,t +
a3ENDET;,t + a4TAIL;,t + E;,t PEX;,t = a1 +
a2DAC;,t + a3ACF;,t + a2APROD;,t +
a2RN;,t + a3ENDET;,t + a4TAIL;,t +
E;,t
Puis par itération, nous remplacerons les variables
dépendantes par les trois mesures de GR pour tester la pertinence de
leurs complémentarités.
C. Les résultats, interprétations et
limites
Dans cette partie nous testerons les hypothèses de
recherche de notre étude en nous appuyons sur les méthodologies
citées précédemment.
1. La gestion des résultats
différenciée selon les niveaux de difficulté
financière.
1.1. Les statistiques descriptives des variables de la GR
Les statistiques descriptives des variables de GR montrent que
dans chaque groupe de notre étude il existe des tendances de GR. Nous
avons jugé utile de présenter les statistiques
86
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
descriptives en valeur et en valeurs absolues.
L'intérêt de présenter les statistiques en valeurs
découle de la prise en compte du sens (positif ou négatif) des
variables de GR et les statistiques en valeurs absolues visent à
observer l'ampleur de la GR dans chaque groupe. Afin d'observer la fluctuation
des variables et leurs tendances centrales, nous avons retenu comme mesure : la
moyenne, la médiane et les quartiles 1 et 3.
Les sorties du logiciel r nous renseignent sur les
données ci-dessous. Quand nous étudions les statistiques
descriptives en valeurs, la moyenne dans chaque groupe est presque nulle.
Cependant les médianes nous indiquent les tendances centrales.
1.1.1. Les statistiques descriptives en
valeurs
a. Les accruals discrétionnaires
En nous référant à la médiane,
dans le premier groupe nous enregistrons plus d'entreprises qui gèrent
à la hausse leurs résultats par les accruals que dans le second
groupe, où il y a une plus grande proportion d'entreprises qui
gèrent les résultats par les accruals à la baisse. Enfin
dans le troisième groupe, nous notons que les entreprises ont une plus
grande tendance à gérer les résultats à la hausse
plutôt qu'à la baisse.
b. Les cash-flows anormaux
S'agissant des cash-flows anormaux, ils augmentent au fil de
l'amplification de la défaillance financière. Ils passent donc de
0.002 dans le groupe 2 à 0.008 dans le groupe 3. Retenons que dans le
groupe des entreprises saines, la plus grande proportion des entreprises
gèrent les résultats à la baisse.
c. La production anormale
Contrairement au groupe des entreprises saines, nous observons
moins d'entreprises qui gèrent les résultats à la hausse
par la production anormale. Cependant, nous notons que lorsque la
défaillance s'amplifie (groupe 3), la proportion d'entreprises qui
gèrent les résultats à la hausse par cette variable
augmente à nouveau. Il semble donc que les difficultés
financière extrêmes sont une incitation à la gestion des
résultats à la hausse.
87
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
En appliquant le t-test de Student aux moyennes des deux
groupes d'entreprises défaillantes, nous ne pouvons affirmer qu'elles
sont statistiquement significatives (les p-values des trois tests étant
toutes supérieures à 0.05).
1.1.2. Les statistiques descriptives en valeurs
absolues
a. Les accruals discrétionnaires
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane des accruals
discrétionnaires sont variables d'un groupe à l'autre. Dans le
groupe des entreprises saines, elles se situent respectivement à 0.069
et 0.059, dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes elles
baissent à 0.042 et 0.030 et enfin elles augmentent à nouveau
à 0.077 et 0.059 dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes. En présence d'échantillons
indépendants, nous avons utilisé un test paramétrique (le
Test t de Student) de comparaison des moyennes. S'agissant de la comparaison
des moyennes des accruals discrétionnaires du groupe 2 (entreprises
faiblement défaillantes) et du groupe 3 (entreprises fortement
défaillantes), le t-test présente une valeur de 3.33 avec une
p-value à 0.001. Pour que l'on puisse conclure que les moyennes sont
statistiquement différentes, il faut que la p-value soit
inférieure à 0.05. Dans notre cas, la p-value est
inférieure au seuil de 0.05. On peut donc dire que la différence
des moyennes est statistiquement significative.
b. Les cash-flows anormaux
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane des cash-flows anormaux sont
également variables d'un groupe à l'autre. Dans le groupe des
entreprises saines, elles se situent respectivement à 0.196 et 0.170,
dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes elles baissent
à 0.052 et 0.041 et enfin elles augmentent à nouveau à
0.081 et 0.062 dans le groupe des entreprises fortement défaillantes. Le
t-test présente une valeur de 2.77 avec une p-value à 0.006. On
peut donc dire que la différence des moyennes est statistiquement
significative.
c. La production anormale
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane de la production anormale sont
également variables d'un groupe à l'autre. Dans le
88
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
groupe des entreprises saines, elles se situent respectivement
à 0.207 et 0.132, dans le groupe des entreprises faiblement
défaillantes elles baissent à 0.090 et 0.073 et enfin elles
s'apprécient à 0.113 et 0.086 dans le groupe des entreprises
fortement défaillantes. Le t-test présente une valeur de 1.33
avec une p-value à 0.182. On ne peut donc dire que la différence
des moyennes est statistiquement significative.
89
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 6 : Les statistiques descriptives des variables de GR
en valeurs
|
Groupes des entreprises saines (n=41)
|
Groupe des entreprises faibl. défail.
(n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
a En valeurs
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des groupes 1&3
|
DAC*
|
-0.00
|
0.001
|
-0.053
|
0.086
|
-0.00
|
-0.006
|
-0.146
|
0.007
|
-0.00
|
0.008
|
-0.035
|
0.019
|
0.00
(p-value : 0.999)
|
ACF*
|
-0.001
|
-0.282
|
-0.081
|
0.086
|
0.00
|
0.002
|
-0.018
|
0.077
|
0.00
|
0.008
|
-0.030
|
0.047
|
0.00
(p-value : 0.999)
|
APROD*
|
0.00
|
0.053
|
-0.091
|
0.132
|
0.00
|
0.015
|
-0.043
|
0.077
|
-0.00
|
0.032
|
-0.062
|
0.086
|
0.01
(p-value : 0.988)
|
Tableau 7 : Les statistiques descriptives des variables de GR
en valeurs absolues
|
Groupes des entreprises saines (n=41)
|
Groupe des entreprises faibl. défail. (n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
b En valeurs
absolues
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des groupes 1&3
|
DAC*
|
0.069
|
0.059
|
0.046
|
0.084
|
0.042
|
0.030
|
0.179
|
0.055
|
0.077
|
0.055
|
0.034
|
0.087
|
3.33
(p-value : 0.001)
|
ACF*
|
0.196
|
0.170
|
0.092
|
0.251
|
0.052
|
0.041
|
0.029
|
0.069
|
0.081
|
0.062
|
0.036
|
0.099
|
2.77
(p-value : 0.006)
|
APROD*
|
0.207
|
0.132
|
0.103
|
0.206
|
0.090
|
0.073
|
0.039
|
0.120
|
0.113
|
0.086
|
0.049
|
0.130
|
1.33
(p-value : 0.182)
|
* DAC : Discretionary Accruals ACF : Abnormal Cash-flows APROD :
Abnormal Production
90
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
1.2. L'existence de trajectoires différenciées
selon les niveaux de difficulté financière
Afin de tester notre hypothèse de recherche, nous avons
distingué deux types de trajectoires : les trajectoires par le nombre
d'entreprise qui gèrent à la hausse ou à la baisse (la
médiane en valeurs) et la trajectoire par l'ampleur de la gestion des
résultats (la moyenne en valeurs absolues).
1.2.1. L'existence des trajectoires
différenciées par le nombre d'entreprises qui gèrent
à la hausse ou à la baisse leurs résultats selon les
niveaux de difficulté financière.
La tendance centrale des variables de gestion des
résultats montre qu'il existe des trajectoires
différenciées selon le niveau de difficulté
financière. Dans le groupe des entreprises saines, il y a plus
d'entreprises qui gèrent les résultats à la hausse par les
accruals discrétionnaires et par la production anormale. Tandis qu'il y
a plus d'entreprises qui gèrent les résultats à la baisse
par les cash-flows anormaux.
Dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes
la tendance s'inverse, il y a plus d'entreprises qui gèrent les
résultats à la hausse par les accruals discrétionnaires et
les cash-flows anormaux. Par contre, nous observons qu'un plus grand nombre
d'entreprises gèrent les résultats à la baisse par la
production anormale.
Dans le groupe des entreprises fortement défaillantes,
il y a plus d'entreprises qui gèrent les résultats à la
hausse par la production anormale, les cash-flows anormaux et les accruals
discrétionnaires.
91
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Médiane
-0,006
0,002
Groupe 2
Médiane
Groupe 1
0,01 0
0,053
-0,252
-0,043
DAC ACF APROD
0
0
0,032
0,008
0,008
Médiane
Groupe 3
Figure 6 : Représentation des trajectoires des
médianes des variables de GR
1.2.2. L'existence des trajectoires
différenciées (par l'ampleur) de la gestion des résultats
selon les niveaux de difficulté financière.
Au début de la défaillance financière,
les entreprises gèrent les résultats à la baisse
comparativement au groupe des entreprises saines, l'ampleur de la GR s'amenuise
pour les trois variables (DAC, ACF et APROD). Lorsque la difficulté
s'intensifie, les indicateurs de GR augmentent.
Il semble que lorsque les entreprises sont faiblement
défaillantes, elles sont poussées à gérer leurs
résultats plus par l'activité réelle que par les accruals
discrétionnaires. Le constat est le même pour le groupe des
entreprises fortement défaillantes. En nous référant aux
statistiques descriptives en valeurs, nous remarquons que les médianes
des accruals discrétionnaires et de la production anormale du groupe 3
sont différentes de leurs moyennes. La moyenne négative implique
que l'ampleur de la GR à la baisse est plus importante que l'ampleur de
la GR à la hausse. Une plus grande proportion d'entreprises est encline
à gérer les résultats à la baisse afin de liquider
les pertes et repartir sur des bases saines et une autre proportion gère
les résultats à la hausse pour simuler de performances ou
accélérer les ventes (par des réductions commerciales par
ex.).
92
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Nos résultats rejoignent les conclusions de Campa et
Camacho-Minano (2015), qui formulaient qu'en période de détresse
financière les entreprises défaillantes gèrent plus les
résultats par l'activité réelle que par les accruals
discrétionnaires. Nous notons également que l'amplification de la
difficulté financière (voir le groupe 3) accroit l'ampleur de la
gestion des résultats.
|
|
0,1
|
0,09
|
|
0,0
|
|
|
0,073
0,0
|
0,052
0,042
|
|
0,041
|
|
0,03
|
|
|
|
|
0 1 2 3
Groupes
APROD ACF DAC
Ampleur de la GR
|
0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02
0
|
13
81
77
Figure 7 : Représentation des niveaux de GR (les
moyennes en valeurs absolues)
2. Les effets de la réduction de l'endettement
sur la gestion des résultats des entreprises
défaillantes.
Nous avons retenu comme deuxième hypothèse que
la réduction de l'endettement est susceptible d'atténuer la
gestion des résultats. Afin de tester cette hypothèse de
recherche, nous avons estimé dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes, celles qui présentaient en moyenne une variation
négative des dettes sur la période de notre étude. Nous
nous sommes intéressés à observer le comportement des
variables de GR. Le tableau suivant présente les différences
entre l'ampleur de la GR des entreprises fortement défaillantes et parmi
elles, celles qui ont réduit leurs dettes.
93
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 8 : Différence de l'ampleur de GR entre les
entreprises réductrices et non- réductrices des
dettes (en moyenne)
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
Groupe des entreprises fortement
défaillantes
|
0.077
|
0.081
|
0.113
|
a Groupe a
|
0.045
|
0.055
|
0.105
|
b Groupe b
|
0.046
|
0.051
|
0.108
|
b Le groupe a est celui des entreprises fortement
défaillantes ayant en moyenne des variations positives des dettes
c Le groupe b est celui des entreprises fortement
défaillantes ayant en moyenne des variations négatives des
dettes.
Figure 8 : Représentation du voisinage de l'ampleur
de la GR entre les entreprises défaillantes réductrices et
non-réductrices des dettes.
Ampleur de la GR
0,12
0,08
0,06
0,04
0,02
0,1
0
0 1 2 3
DAC; 0,045
Groupe a Groupe b
DAC; 0,046
Groupes
ACF; 0,055
ACF; 0,051
APROD; 0,105
APROD; 0,108
Nous n'observons pas de différence marquante de GR
entre les entreprises défaillantes n'ayant pas en moyenne des variations
négatives des dettes et celles qui ont en moyenne des variations des
dettes négatives.
94
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
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Figure 9 : Représentation de la GR par les accruals
sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
0,35
Niveau de GR
-0,05
0,25
0,15
0,05
-0,1
0,3
0,2
0,1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30
-0,15
Nombre d'enteprises
-0,25
Nombre d'entreprises
0,2
6
7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
30
0
Niveau de GR
-0,05
-0,1
-0,15
-0,2
1
0,15
0,1
0,05
3
2
5
4
Figure 10 : Représentation de la GR par les
cash-flows anormaux sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
95
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 11 : Représentation de la GR par la
production anormale sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
0,8
Nombre d'entreprises
-0,6
Niveau de GR
-0,2
-0,4
0,6
0,4
0,2
0
1
2
3
4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30
Fort de ce qui précède, nous concluons qu'il
semble que la réduction des dettes incite les entreprises à
gérer leurs résultats à la hausse. Bien que l'ampleur de
la GR semble indifférenciée entre les groupes des entreprises
ayant réduit leurs dettes et celles n'ayant pas réduit leurs
dettes, il est remarquable que la tendance générale de la GR est
à la hausse.
3. Les activités exceptionnelles et la gestion
des résultats dans les entreprises en
difficulté financière.
3.1. Les statistiques descriptives des variables
A la lecture du tableau des statistiques descriptives des deux
échantillons, nous notons que les charges et les produits exceptionnels
sont en moyenne plus importants dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes. En outre, dans le groupe des entreprises faiblement
défaillantes, nous observons que 20% des entreprises n'ont pas
enregistré des charges exceptionnelles et 33% des entreprises de
l'échantillon n'ont pas comptabilisé des produits exceptionnels.
Dans le groupe des entreprises fortement défaillantes, les proportions
sont respectivement de 30 et 40%.
96
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Par ailleurs, nous constatons que l'endettement, la taille et
les variables de GR sont en moyenne plus grandes dans le groupe des entreprises
fortement défaillantes.
3.2. Les produits et les charges exceptionnels comme variables
complémentaires de la gestion des résultats des entreprises en
difficulté
Nous avons estimé les variables de la régression
linéaire en nous inspirant du modèle de Mard (2006) relatif
à l'association entre les produits de cession et la variation du
résultat net. Comme variables explicatives, nous avons retenu les
mesures de GR et comme variables de contrôle : le résultat net et
l'endettement normés sur l'actif total et enfin la taille (le logarithme
népérien de l'actif total). Dans un premier temps nous avons
déterminé la matrice de corrélation des variables
dépendantes et indépendantes, et dans un second temps nous avons
élaboré les régressions linéaires multiples.
3.2.1. Le test de corrélation de Pearson des
coefficients des variables dépendantes et
indépendantes.
Le coefficient de Pearson nous aide à mesurer le niveau
de corrélation entre deux variables données. Ce coefficient est
situé entre -1 et 1 avec deux indications majeures. Il est dit
`'fort» lorsqu'il est compris entre 0.5 et 1 et `'faible» entre -0.5
et -1.
Nous avons construit deux matrices de corrélation, une
pour chaque niveau de difficulté financière.
3.2.1.1. Le test de corrélation de Pearson du groupe
des entreprises faiblement
défaillantes
S'agissant du groupe des entreprises faiblement
défaillantes, nous constatons qu'aucune variable n'a un effet
statistiquement significatif au seuil de 1%. Toutefois, la corrélation
entre l'endettement et le résultat net est négative et
significative au seuil de 10%, ce qui renseigne sur le fait que plus les
entreprises sont endettées, plus le résultat net baisse de 0.4
fois. Nous notons également une corrélation significative au
seuil de 10% entre la taille et les accruals discrétionnaires. Cela
indique que la plus la taille augmente, plus les entreprises du groupe
gèrent leurs résultats à la baisse par les accruals.
97
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Concernant des produits et charges exceptionnels, nous
constatons que les corrélations sont mitigées. En effet, bien que
non significative, les charges exceptionnelles ont un effet régressif
sur la gestion des résultats. Autrement dit, lorsque qu'une unité
supplémentaire de charges exceptionnelles augmente, les entreprises
gèrent les résultats à la baisse, cela pour toutes les
variables de GR (DAC, ACF et APROD). Les produits exceptionnels sont
positivement et non-significativement corrélés aux accruals
discrétionnaires et aux cash-flows anormaux. Ce qui implique que
l'augmentation d'une unité supplémentaire des produits
exceptionnels entraine par ricochet une gestion à la hausse desdites
variables de GR, respectivement de 0.02 fois et 0.05 fois. Cependant, le
raisonnement n'est pas le même entre les produits exceptionnels et la
production anormale. En effet, ces variables sont négativement et
non-significativement corrélées.
3.2.1.2. Le test de corrélation de Pearson du
groupe des entreprises fortement défaillantes.
A la lecture du tableau, nous constatons que les trois mesures
de GR (DAC, ACF et APROD) sont positivement et significativement
corrélées entre elles au seuil de 1%.
Nous notons également que dans ce groupe, les produits
et les charges exceptionnels sont négativement et non-significativement
corrélés à toutes les mesures de GR. L'endettement est
également négativement et non-significativement
corrélé aux mesures de GR. Cependant, les corrélations
entre l'endettement et les produits et charges exceptionnels sont positive.
Enfin, nous observons une corrélation négative
au seuil de 10% entre le résultat net normé par l'actif total et
les charges exceptionnels, ce qui est normal au regard du caractère
régressif des charges. L'endettement est corrélé
positivement et significativement au seuil de 10% avec les produits
exceptionnels, ce qui semble indiquer que l'augmentation de l'endettement d'une
unité se traduit par l'augmentation des produits exceptionnels et
inversement.
3.2.2. Les tests d'association entre les produits
et charges exceptionnels et les variables de
gestion des résultats
Afin de tester l'existence de la complémentarité
entre les variables de GR et les produits et charges exceptionnels, nous avons
procéder à des régressions linéaires multiples.
L'existence
98
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
des complémentarités différenciées
sera observable au regard des coefficients estimés dans chaque panel de
notre étude.
3.2.2.1. Les tests d'association sur le panel des entreprises
faiblement défaillantes
Nous n'observons aucune variable endogène qui ait un
impact sur les variables dépendantes. Toutefois, nous constatons que le
coefficient de régression de la variable des charges exceptionnelles sur
la production anormale est très élevé (de l'ordre de
5.401). il semble qu'au début de la détresse financière la
production anormale s'associe à une forte proportion de charges
exceptionnelles. Le signe négatif indiquerait le sens de la gestion des
résultats dans ce cas de figure. Cependant, ce coefficient apparait
non-significatif, ce qui indique que nous ne pouvons conclure sur la
vraisemblance d'une telle relation.
3.2.2.2. Les tests d'association sur le panel des entreprises
fortement défaillantes
Contrairement au panel des entreprises faiblement
défaillantes, le groupe des entreprises fortement défaillantes
présente des variables indépendantes significatives. S'agissant
des variables des produits et charges exceptionnels, nous constatons que
lorsqu'elles sont les variables dépendantes, aucune variables de GR
n'est significativement associés à elles. Aussi les R2
des modèles de régression sont respectivement de 12.9% et 12%.
Par contre, les variables de GR sont significativement
associées entre elles. Lorsque la production anormale est la variable
dépendante, les autres variables de GR (les accruals
discrétionnaires et la production anormale) sont significativement
associées avec elle au seuil de 1%. Nous constatons aussi que les
coefficients des produits et charges exceptionnels sont plus importants dans ce
cas. Le R2 du modèle de régression est de 88.4%.
Comme dans le panel précèdent, les produits et
charges exceptionnels ne sont pas significativement associés aux
variables de GR.
4. Les limites de l'étude
Notre étude se confronte à quelques limites.
Premièrement, sur un plan méthodologique, l'estimation de la
gestion des résultats par le modèle de Jones modifié
aurait pu être améliorée
99
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
par une plus grande étendue de la période de
l'étude, l'indicateur de Conan et Holder ne se limite qu'à trois
niveaux de la situation financière, d'avantage de niveaux de
détresse financière aurait permis de mieux délimiter et
observer les pratiques de GR. La méthode de distinction des entreprises
réductrices et non-réductrices des dettes souffre d'une lacune.
En effet, l'absence des données sur l'objet des décisions de
réduction des dettes limite la validité de cette
hypothèse.
De plus, la régression linéaire devant
estimé le niveau de complémentarité entre la GR et les
activités exceptionnelles peut être amélioré. En
effet, nous n'avons choisi que trois variables de contrôle. Ces
dernières peuvent limiter la pertinence et la significativité des
variables dépendantes et indépendantes. Par ailleurs, on aurait
pu estimer cette complémentarité différemment, en
distinguant les entreprises qui gèrent les résultats à la
hausse (en faisant des régressions seulement avec les produits
exceptionnels) et celles qui gèrent les résultats à la
baisse (en procédant à des régressions seulement avec les
charges exceptionnelles).
Deuxièmement, l'échantillon de notre
étude est limité. Avec un plus grand échantillon, sur des
secteurs d'activité différents, cette étude aurait pu
être plus élaborée.
100
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 9 : Statistiques descriptives des variables des
régressions linéaires multiples
|
Groupe des entreprises faibl. défail.
(n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
a En valeurs
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des deux groupes
|
CEX*
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
4.94
(p-value : 0.00)
|
PEX
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
0.001
|
0.01
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
1.87
(p-value : 0.06)
|
RN*
|
0.001
|
0.016
|
0.017
|
0.03
|
0.01
|
0.01
|
-0.02
|
0.06
|
1.11
(p-value : 0.269)
|
ENDET*
|
0.24
|
0.31
|
0.38
|
0.51
|
0.368
|
0.324
|
0.223
|
0.465
|
19.95
(p-value : 0.00)
|
TAIL*
|
3.533
|
3.767
|
3.837
|
4.109
|
3.650
|
3.544
|
3.317
|
3.869
|
63.80
(p-value : 0.00)
|
DAC*
|
0.042
|
0.030
|
0.179
|
0.055
|
0.077
|
0.055
|
0.034
|
0.087
|
3.33
(p-value : 0.001)
|
ACF*
|
0.052
|
0.041
|
0.029
|
0.069
|
0.081
|
0.062
|
0.036
|
0.099
|
2.77
(p-value : 0.006)
|
APROD*
|
0.090
|
0.073
|
0.039
|
0.120
|
0.113
|
0.086
|
0.049
|
0.130
|
1.33
(p-value : 0.182)
|
*
CEX : Charges exceptionnelles sur opérations de gestion
sur total actif
PEX : Produits exceptionnels sur opérations de gestion sur
total actif
RN : Résultat net sur total actif
ENDET : Total des dettes sur total actif
TAIL : Log de l'actif total.
DAC : Valeurs absolues des accruals discrétionnaires
ACF : Valeurs absolues des cash-flows anormaux
APROD : Valeurs absolues des productions anormales
101
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 10 : Matrice de corrélation des coefficients
des variables indépendantes et dépendantes du panel des
entreprises faiblement défaillantes
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
CEX
|
PEX
|
RN
|
ENDET
|
TAIL
|
DAC
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
ACF
|
-0.26
|
1
|
|
|
|
|
|
|
APROD
|
0.07
|
0.08
|
1
|
|
|
|
|
|
CEX
|
-0.04
|
-0.22
|
-0.27
|
1
|
|
|
|
|
PEX
|
0.02
|
0.05
|
-0.14
|
0.07
|
1
|
|
|
|
RN
|
0.01
|
0.19
|
-0.12
|
-0.09
|
0.26
|
1
|
|
|
ENDET
|
0.07
|
-0.23
|
0.15
|
-0.04
|
-0.19
|
-0.40*
|
1
|
|
TAIL
|
-0.37*
|
0.24
|
0.01
|
-0.09
|
-0.12
|
-0.04
|
0.29
|
1
|
Tableau 11 : Matrice de corrélation des coefficients
des variables indépendantes et dépendantes du panel des
entreprises fortement défaillantes
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
CEX
|
PEX
|
RN
|
ENDET
|
TAIL
|
DAC
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
ACF
|
0.81***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
APROD
|
0.86***
|
0.92***
|
1
|
|
|
|
|
|
CEX
|
-0.16
|
-0.15
|
-0.16
|
1
|
|
|
|
|
PEX
|
-0.11
|
-0.08
|
-0.07
|
0.00
|
1
|
|
|
|
RN
|
-0.01
|
-0.14
|
-0.10
|
-0.26*
|
0.04
|
1
|
|
|
ENDET
|
-0.31**
|
-0.30*
|
-0.28*
|
0.14
|
0.30*
|
-0.15
|
1
|
|
TAIL
|
-0.13
|
-0.10
|
-0.11
|
-0.15
|
-0.11
|
0.18
|
0.07
|
1
|
p-values (0, "***» 0.001, "**» 0.01, "*» 0.05,
".»0.1, " " 1)
102
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 12 : Histogramme de significativité des
coefficients des variables des entreprises faiblement
défaillantes
Figure 13 : Histogramme de significativité des
coefficients des variables des entreprises fortement
défaillantes
Source : les sorties du logiciel R
103
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 12 : Tableau des régressions
linéaires du panel des entreprises faiblement
défaillantes
(A) (B) (C) (D) (E)
Var. dépendantes DAC ACF APROD PEX CEX
INTERCEPT 0.17* -0.01 0.114 0.00 0.00
DAC -0.161 0.099 0.00 -0.00
ACF -0.178 0.185 0.00 -0.015
APROD 0.032 0.055 -0.00 -0.010
PEX 0.013 0.227 -0.936 0.028
CEX -1.125 2.392 -5.401 0.154
RN 0.139 0.109 -0.227 0.061 -0.015
ENDET 0.033 -0.055 0.044 -0.00 -0.00
TAIL -0.035 . 0.022 -0.01 -0.00 -0.00
Residual Stand. err. 0.04 0.038 0.07 0.00 0.00
Multiple R-Squared 0.202 0.231 0.118 0.101
0.135
Adjusted R-Squared -0.00 0.031 -0.109 -0.132
-0.089
F-statistic 0.976 1.16 0.52 0.433 0.602
p-value 0.468 0.357 0.81 0.872 0.748
104
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 13 : Tableau des régressions linéaires
du panel des entreprises fortement défaillantes
Residual Stand. err. 0.028
Multiple R-Squared 0.749
Adjusted R-Squared 0.722
F-statistic 27.8
p-value 0.00
0.02
|
0.04
|
0.05
|
0.005
|
0.858
|
0.884
|
0.129
|
0.120
|
0.84
|
0.872
|
0.035
|
0.026
|
56.35
|
71.25
|
1.376
|
1.276
|
0.00
|
0.00
|
0.230
|
0.276
|
(A) (B) (C) (D) (E)
Var. dépendantes DAC ACF APROD PEX CEX
INTERCEPT 0.023 0.009 -0.00 0.025 0.007 .
DAC 0.089 0.658*** -0.161 -0.000
ACF 0.177 1.465*** 0.048 -0.010
APROD 0.332*** 0.373*** 0.051 -0.005
PEX -0.051 0.007 0.032 -0.004
CEX -0.014 -0.121 -0.24 -0.329
RN 0.033 -0.024 -0.005 0.043 -0.009 .
ENDET -0.009 -0.014 0.009 0.086* 0.002
TAIL 0.005 0.001 -0.00 -0.013 -0.001
105
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Conclusion
Notre étude visait essentiellement à analyser,
sous quatre angles, les pratiques de gestion des résultats (par
l'activité réelle et par les choix comptables) dans les
entreprises en détresse financière. En effet, il s'agissait
premièrement de montrer l'existence d'une gestion des résultats
différenciée selon les niveaux de difficulté
financière. Ensuite, de tester l'effet de la réduction de
l'endettement sur la GR. Puis, il s'agissait d'apprécier la relation
entre les activités exceptionnelles et la gestion des résultats.
Enfin, nous avons construit des hypothèses de recherche sur l'impact de
la détresse financière sur l'association entre structure de
l'actionnariat, la gouvernance d'entreprise et les pratiques de GR.
Au regard de nos résultats, nous avons abouti aux
conclusions suivantes : (a) la gestion des résultats est
significativement différenciée selon les niveaux de
difficulté financière, (b) la réduction de l'endettement
dans les entreprises extrêmement défaillantes n'impacte ni
à la hausse ni à la baisse la gestion des résultats et (c)
les produits et les charges exceptionnels ne sont pas associés aux
pratiques de gestion des résultats dans les entreprises
défaillantes.
Nos résultats rejoignent ceux de Campa et
Camacho-Minano en ce qui concerne les pratiques de GR dominantes en
période de détresse financière, à savoir que les
entreprises ont des velléités plus importantes à
gérer les résultats par l'activité réelle que par
les accruals. Par ailleurs, nous notons que lorsque les entreprises sont en
situation d'extrême difficulté financière, la
réduction de l'endettement n'impacte pas l'ampleur de la GR, elles ont
donc les mêmes niveaux de GR que les entreprises dont la variation des
dettes restent positive. Enfin, à la différence des travaux de
Mard (2006), qui observe dans les entreprises sous-performantes l'existence
d'une gestion des résultats par les produits de cession pour lisser les
résultats, nous constatons que les produits et les charges exceptionnels
sont décorrélés des activités de gestion des
résultats dans les entreprises défaillantes. Dans tous les cas,
l'inutilité du lissage du résultat dans les entreprises fortement
défaillantes semble être la justification majeure de ce
résultat. Cependant, l'échantillon sur lequel nous avons
mené nos tests est faible. Une étude plus approfondie sur un
échantillon plus grand, avec plus d'avantage de niveaux de
difficulté financière et sur des secteurs d'activité
différents peuvent enrichir la présente étude.
En raison de l'absence des données, nous n'avons pu
tester les hypothèses relatives à la structure de l'actionnariat,
la gouvernance d'entreprise et la gestion des résultats dans les
entreprises défaillantes.
106
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Table des matières
Résumé 1
Abstract 2
Remerciements 3
Liste des sigles et abréviations 4
Liste des figures 5
Liste des tableaux 6
Sommaire 7
Introduction générale 9
Les questions de recherche 10
Première partie : Cadre théorique 13
Revue de la littérature sur la gestion des
résultats et la défaillance financière 14
Chapitre 1 : La gestion stratégique des résultats
14
Section 1 : Les fondements théoriques de la gestion des
résultats. 14 Sous-section 1 : La théorie de l'agence,
théorie comportementale de l'agence et la théorie de la
réglementation :
un cadre explicatif de la gestion des résultats. 15
1. La théorie de l'agence (« standard agency
framework ») et la gestion des résultats. 15
2. La théorie comportementale de l'agence («
behavioral agency theory »). 16
3. La gestion des résultats au regard de la
théorie de l'agence 18
4. La théorie de la réglementation 19
Sous-section 2 : La gestion des résultats à l'aune
de la théorie positive de la comptabilité 20
1. La théorie positive de la comptabilité et la
gestion des résultats. 20
1.1. Les hypothèses de la théorie positive de la
comptabilité en matière de gestion de résultat. 21
1.2. L'instrumentation des pratiques de gestion des
résultats 21
1.3. Les coûts contractuels et les coûts politiques
: des variables explicatives des choix comptables 22
2. Les principales critiques de la théorie positive de la
comptabilité 25
Section 2 : L'approche définitionnelle et les estimations
de la gestion stratégique des résultats 26
Sous-section 1 : Approche définitionnelle de la gestion
stratégique des résultats 26
1. La gestion des résultats : une pluralité de
définitions 26
2. L'approche managériale de la gestion des
résultats : tentative de compréhension d'une
ambiguïté
sociale 28
3. Conception comptable et financière de la gestion des
résultats 29
Sous-section 2 : Approche estimatoire de la gestion des
résultats 31
A.La gestion des résultats par les accruals 31
1. La classification des accruals en fonction de leurs natures.
32
2. Les modèles naïfs : l'estimation des accruals
normaux par une moyenne des accruals totaux 33
107
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2.1.Le modèle de Healy (1985) : Les manipulations
comptables par les accruals et la maximisation de
l'utilité du dirigeant. 34
2.2.Le modèle de DeAngelo (1986) : la marche
aléatoire des accruals . 35
3.Les modèles économiques : la prise en compte du
poids des immobilisations et de la variation du Besoin en Fonds de Roulement
(le passage du modèle de Jones de 1991 au modèle de Jones
modifié de
1995). 36
3.1.Le modèle de Jones (1991) 36
3.2.Le modèle de Jones modifié (1995) : une
alternative aux limites du modèle de Jones (1991). 37
4.Estimation de la gestion des résultats par les accruals
discrétionnaires : approche par des modèles
mathématiques 39
4.1.Beneish (1999) : une approche par le scoring. 39
4.2.Le modèle de la marge : une conceptualisation
transversale des accruals normaux. 40
B.La détection des manipulations comptables par la
distribution des résultats. 40
C.La gestion des résultats par l'activité
réelle : les cash-flows anormaux et la production anormale 41
D.Le lissage des résultats : définition et
détection 42
1.Définitions du lissage des résultats comptables.
42
2.L'estimation du lissage des résultats 43
2.1.La variation des résultats et la variation des ventes
43
2.2.La variation des résultats et variation des flux de
trésorerie d'exploitation 43
Chapitre 2 : La détresse financière
45
Section 1 : La défaillance financière : une revue
des principaux déterminants 45
Sous-section 1 : Introduction au concept de détresse
financière 45
1. Conceptions économiques et financières de la
défaillance financière 45
2.Conceptions juridiques et traitement des entreprises
défaillantes. 47
2.1. Les dispositions de la loi relative à la
prévention des entreprises défaillantes 47
2.2. Traitement procédural des entreprises
défaillantes 48
a.L'ouverture de la procédure de redressement judiciaire
48
b.La procédure de sauvegarde : ordonnance du 18
décembre 2008 48
c.La procédure de redressement judiciaire 48
d.La procédure de liquidation judiciaire 49
Sous-section 2 : Les déterminants de la défaillance
financière. 49
1.Les déterminants financiers de la défaillance des
entreprises 49
2.Les déterminants économiques de la
défaillance des entreprises 51
3.L'analyse stratégique de la défaillance
financière 52
Section 2 : La relation entre la comptabilité et la
défaillance financière et le lien entre la gouvernance
d'entreprise et la détresse financière. 57
Sous-section 1 : Le lien entre comptabilité et
défaillance financière, et les indicateurs comptables et
financiers de
la détresse financière. 57
108
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
1. Le lien entre la comptabilité et la défaillance
financière 57
1.1.Déficit du système comptable et du
système d'information 57
1.2.Les choix comptables des entreprises en difficulté.
58
2. Quelques indicateurs comptables et financiers de la
détresse financière 58
2.1. Le Z-Score d'Altman : la mesure traditionnelle de la
classification des entreprises défaillantes 58
2.2.Le score de Conan et Holder ; une mesure de classification
graduelle de la détresse financière 59
2.3.Divers indicateurs de la détresse financière
59
Sous-section 2 : La structure de l'actionnariat, la gouvernance
d'entreprise et la détresse financière 60
A.La structure de l'actionnariat et la détresse
financière 60
B.La gouvernance d'entreprise et la détresse
financière 61
1. La mauvaise gouvernance d'entreprise comme déterminant
de l'état de la détresse financière. 61
2. Les effets de la détresse financière sur la
gouvernance d'entreprise. 62
Chapitre 3 : Discussions et hypothèses de
recherche 64
1. Les niveaux de défaillance financière et
l'existence des trajectoires de gestion des résultats 64
1.1.Les effets de la détresse financière sur la
gestion des résultats 64
1.2.Les types de gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté. 65
a.L'hypothèse de la `'grande lessive» ou `'big bath
accounting» : une perspective pour assainir
la situation financière des entreprises en
difficulté. 66
b.Le lissage des résultats : alternative pour les
entreprises en difficulté financière 67
c.La gestion agressive des résultats : une pratique
récurrente des entreprises en difficulté
financière 67
2. L'ampleur de l'endettement et la gestion des résultats
dans les entreprises défaillantes 68
3. La complémentarité entre les opérations
exceptionnelles et la GR dans les entreprises en défaillance
financière. 70
a. L'existence d'une complémentarité entre les
produits exceptionnels et la gestion des résultats dans les
entreprises défaillantes. 70
b. L'existence d'une complémentarité entre les
charges exceptionnelles et la gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté financière 70
Deuxième partie : Cadre méthodologique et
empirique 83
A. L'Echantillon et méthode de classement des panels 84
B. La mesure des variables de l'étude 84
1. La mesure de la gestion des résultats. 84
2. La réduction de l'endettement 85
3. La complémentarité entre les produits et
charges exceptionnels et la gestion des résultats dans les
entreprises en difficulté. 85
C. Les résultats, interprétations et limites 85
1. La gestion des résultats différenciée
selon les niveaux de difficulté financière. 85
1.1. Les statistiques descriptives des variables de la GR 85
109
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
1.1.1. Les statistiques descriptives en valeurs 86
1.1.2. Les statistiques descriptives en valeurs absolues 87
1.2. L'existence de trajectoires différenciées
selon les niveaux de difficulté financière 90
1.2.1. L'existence des trajectoires différenciées
par le nombre d'entreprises qui gèrent à la hausse
ou à la baisse leurs résultats selon les niveaux de
difficulté financière. 90
1.2.2. L'existence des trajectoires différenciées
(par l'ampleur) de la gestion des résultats selon
les niveaux de difficulté financière. 91
2. Les effets de la réduction de l'endettement sur la
gestion des résultats des entreprises défaillantes. 92
3. Les activités exceptionnelles et la gestion des
résultats dans les entreprises en difficulté financière
95
3.1. Les statistiques descriptives des variables 95
3.2. Les produits et les charges exceptionnels comme variables
complémentaires de la gestion des résultats
des entreprises en difficulté 96
3.2.1. Le test de corrélation de Pearson des
coefficients des variables dépendantes et
indépendantes. 96
3.2.1.1. Le test de corrélation de Pearson du groupe des
entreprises faiblement défaillantes 96
3.2.1.2. Le test de corrélation de Pearson du groupe des
entreprises fortement défaillantes. 97
3.2.2. Les tests d'association entre les produits et charges
exceptionnels et les variables de
gestion des résultats 97
3.2.2.1. Les tests d'association sur le panel des entreprises
faiblement défaillantes 98
3.2.2.2. Les tests d'association sur le panel des entreprises
fortement défaillantes 98
4. Les limites de l'étude 98
Conclusion 105
Table des matières 106
Annexes 110
Bibliographie 119
110
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Annexes
111
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Annexe 1 : Extrait de l'estimation des Accruals
discrétionnaires
TACS = ai + bi. (OCA;,S -
OCREANCES;,S) + ci. IMMOCORP;,S +
ES.
|
TAC
2014
|
CA-CREA
2014
|
IMMOCORP
2014
|
a
|
b
|
c
|
NAC
2014
|
DAC 2014 (ES)
|
|
|
ai
+ bi. (OCA;,S
- OCREANCES;,S) + ci.
IMMOCORP;,S
|
|
0,050388297
|
0,278309554
|
0,624345313
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00393679
|
0,05432509
|
-0,037972769
|
0,158018154
|
0,346520424
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00269265
|
-0,04066542
|
0,034300792
|
0,382585752
|
0,490765172
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00092602
|
0,03522681
|
-0,031898177
|
0,368636078
|
0,292583281
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00372466
|
-0,03562284
|
-0,082484725
|
0,818737271
|
0,65885947
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00533315
|
-0,07715158
|
-0,062942247
|
0,233641081
|
0,319361143
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00324547
|
-0,06618772
|
-0,067785771
|
0,258513189
|
0,525339728
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00159948
|
-0,0661863
|
-0,045508982
|
0,465868263
|
0,477245509
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00070057
|
-0,04480841
|
0,061754935
|
0,55325386
|
0,645690834
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00473576
|
0,06649069
|
0,135657779
|
0,056548491
|
0,619689423
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00358617
|
0,13924395
|
-0,002227136
|
0,107431263
|
0,667980517
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00477116
|
0,00254403
|
-0,033030591
|
0,797749763
|
0,653336948
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,0051811
|
-0,02784949
|
-0,106476772
|
0,100373008
|
0,765344184
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00704081
|
-0,09943596
|
0,174919931
|
-0,036893323
|
0,806602611
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00785622
|
0,18277615
|
-0,048932172
|
0,427165556
|
0,651255766
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00472848
|
-0,04420369
|
0,282732448
|
2,914611006
|
0,108159393
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00526323
|
0,27746922
|
0,009310987
|
0,136561142
|
0,536312849
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00172321
|
0,0110342
|
-0,024972707
|
0,108078603
|
0,684361354
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00515502
|
-0,01981769
|
112
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
-0,06956248
|
0,164305949
|
0,363550519
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00228746
|
-0,07184994
|
-0,130883463
|
0,080040272
|
0,746035741
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00656702
|
-0,12431644
|
-0,052286152
|
-0,003062787
|
0,922336469
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01060011
|
-0,04168604
|
0,192990048
|
0,142795327
|
0,487667676
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00059219
|
0,19358224
|
0,073942187
|
0,705697528
|
0,149141181
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00671238
|
0,06722981
|
-0,037659033
|
0,731806616
|
0,253435115
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00424448
|
-0,04190352
|
-0,020738283
|
0,160099544
|
0,78888428
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00765651
|
-0,01308177
|
0,006466053
|
0,115394181
|
0,80353146
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00795038
|
0,01441643
|
0,049149338
|
3,321361059
|
0,291115312
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00054053
|
0,04860881
|
-0,304181657
|
0,039611269
|
0,75351119
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,0066978
|
-0,29748385
|
0,00828438
|
0,046844404
|
0,956168098
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01144583
|
0,01973021
|
0,216915786
|
0,602624863
|
0,932191032
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01149081
|
0,22840659
|
0,118743421
|
0,3337249
|
0,746677987
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00685856
|
0,12560198
|
-0,021011673
|
0,066342412
|
0,598638132
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00310446
|
-0,01790721
|
-0,064626379
|
0,49044586
|
0,622805655
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00413201
|
-0,06049437
|
-0,084488449
|
0,092739274
|
0,328382838
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00318804
|
-0,08767649
|
-0,01844621
|
0,164130874
|
0,543961223
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00193216
|
-0,01651405
|
-0,011962847
|
0,407382166
|
0,852527067
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00941465
|
-0,00254819
|
0,117412935
|
0,319402985
|
0,582089552
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00299322
|
0,12040616
|
-0,050816697
|
0,231941924
|
0,271506352
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00436665
|
-0,05518335
|
-0,036144578
|
0,091328276
|
0,609251822
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00337995
|
-0,03276463
|
0,012934519
|
0,2934519
|
0,683104285
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00532767
|
0,01826219
|
-0,019641332
|
0,330486763
|
0,713065756
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00606884
|
-0,01357249
|
0,026745068
|
0,221358118
|
0,755595599
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00694466
|
0,03368973
|
-0,005963676
|
0,168880455
|
0,309840065
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00353876
|
-0,00950244
|
0,142011834
|
0,649243918
|
0,463182117
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00057151
|
0,14258334
|
-0,170504872
|
0,211691763
|
1,060673162
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01406989
|
-0,15643498
|
0,004560261
|
0,06009772
|
0,438273616
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00065327
|
0,00390699
|
113
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
-0,011057692
|
0,104807692
|
0,580769231
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00272843
|
-0,00832926
|
0,195192586
|
0,362583261
|
0,854039965
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00940121
|
0,2045938
|
-0,085865258
|
1,956406869
|
0,41347424
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00083365
|
-0,08503161
|
-0,094428571
|
0,155642857
|
0,530214286
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00160136
|
-0,09282721
|
-0,041215462
|
0,022642252
|
0,959112686
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01148833
|
-0,02972714
|
-0,086021505
|
-0,053763441
|
0,806451613
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,0078343
|
-0,0781872
|
-0,076837239
|
0,179818269
|
0,600510123
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00327193
|
-0,07356531
|
0,380269815
|
1,10539629
|
0,301011804
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00272445
|
0,37754536
|
0,225494459
|
0,410751803
|
0,709196154
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00606582
|
0,23156028
|
-0,107428571
|
0,073142857
|
0,590857143
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00292987
|
-0,1044987
|
-0,009497994
|
0,316011587
|
0,517622047
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00148163
|
-0,00801636
|
-0,024256145
|
0,305627426
|
0,886157827
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01009037
|
-0,01416578
|
-0,045962733
|
0,633850932
|
0,557142857
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00275247
|
-0,04321026
|
0,042207792
|
0,996753247
|
0,094967532
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00766225
|
0,03454554
|
0,138487681
|
0,712763872
|
0,522841644
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00203618
|
0,14052386
|
-0,03410475
|
0,080389769
|
0,799025579
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00780683
|
-0,02629792
|
-0,760809665
|
1,957715134
|
0,313480288
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00150379
|
-0,76231345
|
0,13406669
|
0,136816776
|
0,810931592
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00814682
|
0,14221351
|
-0,012915129
|
0,049815498
|
0,509225092
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00099507
|
-0,01192006
|
-0,008829175
|
-0,102111324
|
0,755854127
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00659813
|
-0,00223105
|
0,008152174
|
1,536684783
|
0,694293478
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00694451
|
0,01509668
|
-0,024040684
|
0,637078132
|
0,710587147
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00634505
|
-0,01769564
|
-0,074989348
|
0,622070729
|
0,410097997
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,00069975
|
-0,0756891
|
-0,089803555
|
1,100093545
|
0,639850327
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,0051952
|
-0,08460835
|
-0,01079286
|
0,112909921
|
0,684516397
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,00516391
|
-0,00562895
|
-0,023494375
|
0,303772336
|
0,902382528
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
-0,01046784
|
-0,01302654
|
0,17400785
|
0,198430004
|
0,293501962
|
0,01097
|
-0,00109
|
-0,02339
|
0,0038887
|
0,17011915
|
114
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
115
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Annexe 2 : article sur la gestion des
résultats
Extrait d'interview :
Enseignante-chercheuse en sciences de gestion, Marie-Anne
Verdier appelle à examiner les comptes des entreprises au-delà
des discours de communication.
Marie-Anne Verdier, Enseignante-chercheuse au
LGCO (université de Toulouse-III)
Comment des entreprises peuvent-elles présenter des
résultats qui semblent mauvais sur le plan comptable si elles ne sont
pas en difficulté économique?
Marie-Anne Verdier : Les résultats
comptables permettent de construire une réalité
économique, mais ceux-ci ne sont pas la réalité. Ce ne
sont pas nécessairement les chiffres comptables qui parlent
d'eux-mêmes et qui imposent la décision de licencier. C'est
souvent la volonté de licencier des grands groupes qui va les amener
à construire une réalité économique
dégradée à travers des chiffres comptables. La plupart du
temps, les comptes ne sont pas manipulés. Sauf quand il s'agit
d'entreprises qui procèdent à des suppressions d'emplois. Dans ma
thèse (qui analyse les comptes de 107 entreprises cotées en
France ayant procédé à des réductions d'effectifs -
NDLR), j'ai montré que les grandes sociétés qui annoncent
des suppressions d'emplois ou des licenciements ont plus tendance à
manipuler leurs comptes à la baisse que celles qui ne détruisent
pas d'emplois. Cela ne va pas s'arranger avec la loi travail, qui met en avant
des indicateurs illusoires pour justifier des licenciements économiques,
comme une baisse temporaire de chiffre d'affaires ou de commandes qui ne permet
pas de juger de la santé économique réelle d'une
entreprise.
Quels sont les artifices qui permettent à ces
entreprises de noircir le tableau?
Marie-Anne Verdier : Les
dépréciations d'actifs et les provisions sont les deux postes
principaux qui peuvent être utilisés pour gérer des
résultats à la baisse. Quand PSA procède à plus de
4 milliards d'euros de dépréciations d'actifs et à 500
millions d'euros de provisions pour l'exercice 2012 (année de l'annonce
de la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois et de 8 000 suppressions
d'emplois - NDLR), cela l'amène à présenter des pertes de
5 milliards d'euros, c'est un jeu d'écritures comptables. Ses
dépréciations d'actifs correspondaient au fait
116
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
que PSA anticipait qu'elle ne disposerait plus de l'usine
d'Aulnay et ses provisions couvraient notamment le coût du plan social.
Mais on peut mettre un peu tout ce qu'on veut dans des provisions: cela peut
aussi bien relever de l'anticipation de dégâts environnementaux
que d'indemnités éventuelles à payer aux prud'hommes en
cas de recours des salariés. Ces dépréciations d'actifs ou
ces provisions doivent par la suite être réintégrées
en produits, les années suivantes, ce qui gonfle artificiellement les
résultats futurs et contribue à justifier la restructuration a
posteriori.
Comment expliquer que ces chiffres comptables aient pris
autant de pouvoir?
Marie-Anne Verdier : Depuis le début
des années 2000, le discours politique et médiatique autour des
restructurations a largement contribué à ce que les
salariés intègrent l'argumentaire financier. Par manque de
compétences ou d'objectivité, de nombreux journalistes dans les
grands médias reprennent les chiffres tels qu'ils sont
communiqués par la direction, sans regard critique. Et relèguent
le point de vue syndical au second plan. Cela va de pair avec une
prépondérance du discours économique sur le discours
social. Cela amène les salariés concernés eux-mêmes
par des suppressions de postes à se résoudre à accepter la
situation à tort.
Source : Entretien réalisé par Loan Nguyen
Vendredi, 17 Février, 2017
L'Humanité.fr
117
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Annexe 3 : article sur la défaillance
financière
Extrait d'article de presse :
Un nouveau signe du "ça va mieux" prêché par
le gouvernement: les défaillances d'entreprises ont fortement
reculé l'an dernier en France, grâce à
l'amélioration de la conjoncture dans des secteurs clé comme
l'industrie et la construction.
Selon les chiffres publiés vendredi par la Banque de
France, le nombre d'entreprises ayant fait l'objet d'une procédure de
sauvegarde, de mise en liquidation ou de placement en redressement judiciaire a
reculé de 8% en 2016.
Au total, 58.057 entreprises ont été
concernées, contre 63.081 lors des douze mois
précédents.
Ce chiffre marque un retournement notable par rapport à
l'année précédente. En 2015, année des attentats de
Paris, le nombre de défaillances avait en effet augmenté de 1,1%,
avec un bond de 8,2% dans le secteur hébergement-restauration.
"On est sur un indicateur qui montre pour la première fois
une vraie tendance", souligne Thierry Millon, directeur des études au
cabinet privé Altarès qui recense aussi les défaillances
d'entreprise.
- Une embellie 'fragile' -
"L'amélioration a été constante au fil de
l'année", et a même été observée en
décembre, mois pourtant délicat pour les entreprises qui
clôturent leur comptes à cette période-là,
commente-t-il.
Une embellie que confirme Jean-Eudes du Mesnil du Buisson,
secrétaire général de la CPME (Confédération
des petites et moyennes entreprises). "Le climat des affaires
s'améliore, on le ressent nettement", déclare-t-il à
l'AFP.
Pour le responsable patronal, la situation reste néanmoins
"fragile", le nombre de défaillances étant encore
"élevé". "Il est supérieur de 24% à ce qu'il
était avant la crise de 2008", souligne-t-il.
Dans le détail, les secteurs de la construction et de
l'industrie ont enregistré les plus forts reculs, avec des baisses
respectives du nombre de défaillances de 13,5% et 11,2%, selon la Banque
de France.
Les défaillances ont par ailleurs diminué de 9%
dans le secteur du commerce et de la réparation automobile, de 7,9% dans
l'hébergement et la restauration, et de 7% dans les activités
financières et d'assurance.
- L'agriculture à la peine -
118
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Deux secteurs, à l'inverse, ont été à
la peine l'an dernier: les transports et l'entreposage (+0,2%), et surtout
l'agriculture, où le nombre de défaillances a augmenté de
4,5%.
"Il y a un problème structurel dans les exploitations
agricoles en France qui est un problème d'endettement, notamment dans le
secteur de l'élevage et des grandes cultures", explique Elodie Dessart,
économiste chez Axema, le syndicat des industriels de
l'agroéquipement.
Beaucoup de ces exploitations, très dépendantes du
cours des matières premières, ont ainsi vu leurs revenus baisser
ces dernières années, du fait de la baisse des prix.
"Il y a également eu des facteurs conjoncturels", comme
les intempéries et l'épidémie de grippe aviaire. "Cela a
conduit beaucoup d'exploitations à mettre la clé sous la porte",
poursuit Mme Dessart, qui juge la situation "inquiétante".
Par taille d'entreprise, les défaillances ont fortement
reculé chez les entreprises de taille intermédiaire et les
grandes entreprises (-23,1%). Pour les petites et moyennes entreprises, la
tendance est moins prononcée (-8%).
- Prudence pour 2017 -
"Les très petites entreprises ont
bénéficié bien après les autres du regain
d'activité, (...) alors que les grandes entreprises ont pu retourner
très vite à l'international", explique Thierry Millon.
Pour 2017, Altarès prévoit une poursuite de la
tendance à la baisse, même si celle-ci devrait être moins
spectaculaire qu'en 2016, en raison notamment des incertitudes qui planent sur
le contexte international et national.
Les entreprises se demandent "si elles vont pouvoir continuer
à faire des affaires ou si des conditions de protectionnisme et de
nationalisme ne vont pas leur mettre des bâtons dans les roues", indique
M. Millon.
Une prudence partagée par Jean-Eudes du Mesnil du
Buisson, qui n'écarte pas "une nouvelle hausse des défaillances"
cette année.
"On a actuellement des indicateurs économiques qui sont
favorables, comme le faible prix du pétrole ou les faibles taux
d'intérêts. Mais ces indicateurs pourraient se retourner",
prévient-il.
Source : Par Valentin BONTEMPS et Eléonore DERMY
Publié le 10/03/2017
Nordlittoral. fr
119
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
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