b. L'association de l'électro à la
consommation de drogues
Outre l'image d'une musique bruyante et inaudible, et d'un
peuple de vagabonds ou de délabrés, celle de la consommation de
drogue est également plus que mentionnée. Bien que cela ait
toujours été le cas, on continue d'observer que cette
consommation se pose comme un obstacle direct à la légitimation
de cette musique. C'est d'ailleurs l'argument phare des tirades des personnes
qui la rejettent, utilisant cette consommation comme l'un des facteurs de sa
non-valeur artistique. Elle est de ce fait et depuis le début l'une des
motivations principales de la répression.
Il est donc légitime de se demander pourquoi une telle
obstination est observée à associer la musique
électronique et la drogue alors qu'elle peut être retrouvée
dans d'autres genres musicaux, cela étant la principale justification
invoquée par les défenseurs de l'électro. Le rock par
exemple est un genre musical n'étant plus soumis à des
repressions et comptant également son lot d'adeptes, cela ne signifiant
pourtant pas la légalisation de l'héroïne et du LSD durant
les années rock. A l'époque il était en fait
observé une dissociation analytique : le rock d'un côté et
la drogue de l'autre, les deux ayant évidemment des liens mais
aucunement de nature consubstantielle. Il est possible d'apprécier et de
faire du rock sans pour autant apprécier et consommer de
l'héroïne, et c'est cette vision des choses que le monde de
l'électro aimerait voir se populariser. Ses acteurs ont d'ailleurs rendu
omniprésentes ces comparaisons dans leurs discours légitimaires.
Certes, la drogue est présente, mais reste à déterminer si
cela est dû à la musique électronique ou au milieu festif.
Il est difficile voire impossible de donner une réponse juste à
ce questionnement, cependant si l'on aborde certains regroupements
particuliers, il est déjà possible d'apporter une défense
à ce milieu. En effet, si l'on a tendance à cause de leur
exposition médiatique à associer aisément la drogue aux
free parties plutôt qu'aux soirée légales, ce n'est pas
nécessairement avéré : « Il serait difficile
d'affirmer que les jeunes se droguent « plus » en free party qu'en
boîte de nuit, puisque dans ces dernières, l'achat et la
consommation de drogues sont au contraire complètement masqués :
on ne les montre pas, on n'en parle pas, tout le monde fait comme si elles
n'existaient pas, les organisateurs les premiers, dans la mesure
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où la reconnaissance de leur existence dans la
boîte signifierait bien sûr sa fermeture
immédiate29 ». Evidemment, du fait du
développement des nouveaux moyens de communication, ces boites de nuit
et autres établissements se sont adaptés en conséquence et
l'on peut donc en trouver de plus en plus interdisant les photos et
vidéos, comme le club Concrete30.
L'image actuelle de la musique électronique est donc en
réalité principalement liée à ses
évènements et représentations, son histoire, et à
ce qu'en disent les médias, plutôt que basée sur une
réelle appréciation artistique. En effet, du fait de ses origines
contestataires, ses liens avec l'illégalité (free parties et
drogues), et ses affinités avec des classes sociales
caractérisées par la société de « pauvre
», « marginales » ou encore « dépravées
» il est pour l'instant compliqué d'imaginer un jour ce milieu
intégré dans les moeurs françaises. Cependant ce ne serait
pas le premier genre musical à subir des répressions pour ensuite
finalement s'intégrer. Petit à petit ces images néfastes
commencent à disparaitre, ou plutôt à se faire oublier
notamment remplacées par la fierté, à l'instar d'artiste
français comme David Guetta, Laurent Garnier, Daft Punk ou encore Petit
Biscuit qui popularisent petit à petit certains genres de musique
électronique, plus accessibles aux oreilles des classes sociales
majoritaires de notre temps. Nous sommes cependant encore très loin,
contrairement à nos voisins Allemand ou Néerlandais, d'entendre
passer sur nos radios populaires françaises comme NRJ ou FUN Radio des
hits Hardcore du DJ Angerfist ou Psy-Trance du DJ Astrix.
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