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Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ?


par Antonin Vanderriest
ECE INSEEC - BBA 2021
  

Disponible en mode multipage

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    Mémoire de recherche appliquée

    QUELS OUTILS MARKETING ET QUELLES STRATEGIES DE
    COMMUNICATION EMPLOYER POUR TRANSFORMER L'IMAGE
    NEGATIVE DES FESTIVALS DE MUSIQUE ELECTRONIQUE EN
    FRANCE ?

    Antonin VANDERRIEST

    Mémoire dirigé par Madame Hélène Lagardère
    Majeure Marketing et Communication Internationale
    Promotion 2021

    Remerciements

    Tout d'abords, je tiens à remercier ma directrice de mémoire, Mme. Hélène Lagardère, qui a su se rendre disponible quand j'en ai eu besoin et qui m'a été d'une aide très précieuse pour la réalisation de ce mémoire qui je trouve, finalement, me correspond plutôt bien.

    Ensuite, je remercie chaleureusement Nicolas Cuer, Camille Cabiro, Emilie Angenieux et Mickael Gérard qui m'ont offert de leur précieux temps pour répondre à mes questions, mais aussi tout simplement pour faire le travail qu'ils font, c'est-à-dire à mes yeux rendre les gens heureux.

    Enfin, je remercie les 952 personnes qui ont pris le temps de répondre à mon questionnaire, et j'espère qu'elles trouveront mon travail intéressant et instructif.

    Table des matières

    INTRODUCTION 1

    PARTIE I. LA MUSIQUE ELECTRONIQUE 3

    A. LES FESTIVALS DE MUSIQUES ELECTRONIQUES EN FRANCE 3

    1. L'origine de la musique électronique 3

    2. L'arrivée de l'électro en France 6

    3. La France et l'électro aujourd'hui 8

    B. L'IMAGE DES RASSEMBLEMENTS DE MUSIQUE ELECTRONIQUE EN FRANCE 15

    1. La culture liée à ces évènements 15

    2. L'image actuelle de l'électro en France 20

    3. Les repressions (la loi, les interdits) et protestations 25

    C. LES OUTILS MARKETING ET STRATEGIE DE COMMUNICATION DES FESTIVALS DE MUSIQUE

    ELECTRONIQUE EN FRANCE 41

    1. Le marketing 41

    2. La communication 54

    PARTIE II. ETUDES SUR LE SECTEUR DES FESTIVALS DE MUSIQUES

    ELECTRONIQUES 63

    A. ETUDE QUANTITATIVE 63

    1. Méthode 63

    2. Résultats de l'étude 64

    B. ETUDE QUALITATIVE 74

    1. Méthode 74

    2. Résultats de l'étude 75

    PARTIE III. ANALYSE DES ETUDES 89

    CONCLUSION 101

    BIBLIOGRAPHIE 105

    A. OUVRAGES ET ARTICLES 105

    B. WEBOGRAPHIE 107

    C. ENTRETIENS 109

    ANNEXES I

    RESUME 110

    1

    INTRODUCTION

    Le 22 février dernier, nous avons pleuré la fin d'un duo ayant eu, et ayant toujours aujourd'hui, un succès mondial incontestable. Les Daft Punk ont annoncé leur séparation. Artistes mondialement connus, reconnaissables entre 1000 avec leurs casques de robot, ils ont contribué au rayonnement de la musique électronique. Des titres comme « one more time », « harder, better, faster, stonger » ou encore plus récemment « get lucky » ont probablement été entendus et appréciés par des millions voir des milliards de personnes. Pour nous, français, cette nouvelle a été encore plus terrible car ces artistes font partis de la French Touch, qui considérablement marqué la culture musicale de notre pays. Une musique électronique dansante, parfois avec et parfois sans paroles, l'électro des Daft Punk était unique et a marqué notre temps, ainsi que nos esprits. Ce duo, adulé par bon nombre de fans, le serait sans doute moins si ces fans se renseignaient sur leurs débuts.

    Retour au commencement de l'électro française, à la fin des années 80. Les Daft Punk qui ne portaient pas encore ce nom découvrent l'électro dans des clubs parisiens et en tombent amoureux. Cependant, à cette époque, et toujours aujourd'hui, cette musique et ses rassemblements sont loin d'être bien vus. Ainsi, ils se déroulent souvent à l'abris des regards, dans des clubs miteux surchauffés, dans des hangars désaffectés ou même dans les champs. Les rave parties légales ou illégales se font de plus en plus nombreuses, et très rapidement cette musique électronique est associée aux yeux de tous à un public marginal, et surtout à une consommation excessive et malsaine de drogues en tout genre. C'est dans ce milieu de les Daft Punk ont vu le jour.

    Grâce à eux ainsi qu'à d'autres acteurs majeurs de la scène électro française comme Laurent Garnier, la musique électronique gagnera en popularité et les artistes de la French Touch se produiront à l'international. Un peu de géant pour l'électro française ! Quoiqu'en réalité, pas tellement. Les clichés sont toujours présents, et même accentués suite à la frontière de plus en plus prononcée entre l'électro de la French Touch, très commerciale, et l'électro « underground » présente dans les rassemblements illégaux. Le succès incontestable et les répercussions positives de l'électro à la française empêche l'Etat de mener une guerre ouverte contre les musiques électroniques qu'il diabolise. Ainsi, c'est une image négative tacite qui émerge autour des musiques électroniques, et qui est toujours plus ou moins présente aujourd'hui dans tout évènements autour de ces musiques.

    2

    Ainsi, j'ai voulu aborder dans ce mémoire cette image négative de la musique électronique, en me focalisant sur le territoire Français qui semble être de nos jours le pays européens le plus en froid avec ce genre musical. Mon but était donc de trouver un moyen pour au pire faire disparaitre cette image négative, et au mieux pour la changer en image positive. Mon projet personnel étant d'évoluer dans les festivals de musique j'ai décidé ce me focaliser sur ce genre d'évènements, me permettant également de cadrer mes recherches.

    Sans contrainte temporelle (la musique électronique étant relativement jeune, et son arrivée en France encore plus) mais uniquement géographique, j'ai donc dressé la problématique suivante : Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ? Il s'avère que le marketing et ses outils ne sera malheureusement pas d'une grande utilité pour atteindre cet objectif. Cependant les stratégies de communication, elles, le peuvent. Seulement, même si certaines solutions utilisant la communication sont à la portée des festivals, elles n'auraient pas d'impacts forts ni durables sur cette image. Ceux qui en ont réellement le pouvoir sont les médias, principalement responsables de la diffusion de cette image négative.

    Pour arriver à ces conclusions, les recherches ont été organisées sous forme d'entonnoir. Tout d'abord une partie théorique qui abordera les origines de la musique électronique, son arrivée en France et enfin l'état économique du secteur Français de l'électro. Par la suite, ce seront les différents aspects de cette image négative qui seront abordés avec tout d'abord une présentation de la culture liée à ce mouvement musical, ainsi qu'un état des lieux de cette image négative aujourd'hui, pour enfin revenir sur les vagues de répressions, les lois, les interdits et les protestations découlant de cette image. La fin de cette partie théorique concernera le marketing et la communication utilisés par les festivals de musiques électroniques français.

    Suite à cela, deux études seront présentées. Elles permettront de mieux cerner les goûts et habitudes de consommation chez les amateurs d'électro, mais également de dresser un état des lieux fiable de cette image et de ses conséquences, pour enfin aborder les moyens marketing et les stratégies de communication qui pourraient permettre de la transformer. La première étude sera quantitative et menée uniquement auprès du public de ces festivals. La deuxième étude sera quant à elle qualitative et menée auprès de leurs directeurs et organisateurs.

    3

    PARTIE I. LA MUSIQUE ELECTRONIQUE

    A. Les festivals de musiques électroniques en France

    1. L'origine de la musique électronique

    Nous n'allons pas ici revenir sur les premiers instruments électroniques, comme le Theremin ou les Ondes Martenot, et il ne sera pas non plus fait mention des sons expérimentaux d'avant-guerre créés en laboratoire. En effet, les premiers faits marquants de la musique électronique ont été réalisés au tournant des années 1950 lorsque la musique électro-acoustique, ayant encore plutôt des tendances expérimentales, a fait appel à des compositeurs érudits et à une nouvelle forme d'écriture ayant la capacité de transcrire le langage de ces sons nouveaux.

    Iannis Xenakis, Bernard Parmegiani, Pierre Henry ou encore Pierre Schaeffer vont être à l'origine et vont concevoir ce nouveau domaine des possibles dans la musique. Ils sont notamment à l'origine de nombreuses oeuvres de référence comme "Symphonie pour un homme seul" de Pierre Schaeffer et Pierre Henry en 1949, ou encore "Orphée 51" et "Toute la lyre" en 1951. Pour exister, cette musique pioche dans toutes les ressources technologiques d'alors, comme les bandes magnétiques et les ordinateurs, mais sans pour autant occulter l'utilisation des instruments acoustiques.

    En France, l'une des références la plus significative se trouve dans la musique de Pierre Henry dans une collaboration avec le compositeur Michel Colombier. Intitulée "la Messe pour le temps présent", cette musique de ballet est utilisée comme illustration sonore lors d'une chorégraphie de Maurice Béjart en 1967.

    Ces nouveaux sons électroniques attirent les compositeurs ayant soif de découverte et de nouveauté. Autant en France qu'aux États-Unis, l'expérimentation sonore est un premier pas vers un futur inconnu. Bien évidemment, ces nouvelles visions sonores et attitudes dans le domaine de la création musicale vont faire face à de nombreux rejets de la part de compositeurs "conservateurs" ou non progressistes. Dans les années 50, et d'un avis général, la musique électro-acoustique n'est ni plus ni moins qu'une suite d'expérimentation n'ayant ni queue ni tête, qui se cherche, et évolue dans de multiples directions avec des idées parfois irrationnelles sans

    4

    lendemain. À ce moment-là, il serait plus adapté de parler d'expériences sonores plutôt que de musique.

    La musique minimaliste a été inspirée par John Cage. Il a été suivi par Steve Reich, Philip Glass et Terry Riley qui ont emprunté le même chemin en produisant une musique aux motifs répétitifs, autant mélodique que rythmique, qui de fil en aiguille fait évoluer l'image sonore première.

    Désormais, l'exploration des sonorités électroniques relève autant de l'expérimentation scientifique que de la création artistique. Les avancées technologiques, au fur et à mesure de leurs apparitions, se couplent à ces ornementations sonores avant-gardistes. Et notamment, le synthétiseur, qui n'en est encore qu'à ses débuts attire pourtant de plus en plus de musiciens grâce à ses capacités sonores qui jouent un rôle de plus en plus important dans les processus créatifs.

    Vers la moitié des années 60, les techniques comme les sons fixés sur vinyle, la bande magnétique qui doit être coupée et collée, ou encore l'arrivée des magnétophones multipistes ne sont plus uniquement à la portée des spécialistes du genre. En effet, des groupes comme Pink Floyd ou les Beatles montre déjà vivement leur intérêt, et sont prêts à créer et innover à partir de ces nouveaux moyens.

    Saut dans le temps, direction les années 1970 et 1980. Jusqu'alors, la musique électronique a commencé à faire son apparition dans des styles déjà existants, le premier étant le rock, suivi de près par le jazz. Cependant, la musique électronique n'occupait qu'une partie mineure et souvent mal maitrisée d'un morceau de rock ou de jazz, cela étant principalement dû à la faible gamme d'appareils produisant ces fameux sons électroniques et à leurs prix exorbitants.

    Ces années ont été source de nombreuses innovations et de développement des instruments de musique électroniques. Les synthétiseur jusqu'alors analogiques sont devenus numériques et couplés aux samplers. Les premiers échantillonneurs ainsi que les premiers synthétiseurs étaient des machines qui coutaient chers et étaient encombrantes. Fairlight et New England Digital étaient des sociétés privées qui vendaient ces instruments à plus de 100 000 dollars. Fort heureusement, l'arrivée de samplers numériques à bas prix vers le milieu des années 80 a rendu cette technologie accessible à de nombreux musiciens. Ces nouveaux sons électroniques provenant des synthétiseurs ont aidé à la création du genre de la musique industrielle, avec notamment des pionniers comme Throbbing Gristle ou encore Wavestar. Certains artistes et musiciens ont pris pour modèle les innovations de la musique concrète et de l'art acousmatique

    5

    pour les inclure à la musique dance et rock. S'en est donc suivi l'apparition et le développement de nombreux styles comme le dub, l'electronic body music (EBM) étant une combinaison de la pop et de la dance, ou encore la downtempo ou la trip-hop.

    Le commencement des années 90 a vraiment marqué le développement ainsi que la diffusion de la musique électronique. Cela est dû au développement et à la popularisation de la musique house, techno et électro à Chicago et Détroit dans les années 80, et plus tard le mouvement acid house de Chicago et de la scène anglaise à la fin des années 1980.

    L'un des genres ayant le plus marqué le début de cette nouvelle décennie est la techno hardcore. Né à partir de la techno, du breakbeat, de l'EBM et du new beat, ce genre est apparu aux Pays-Bas et en Allemagne. Il comprend divers autres genres et sous genres comme le gabber (qui occupera par la suite une place importante dans la culture des free party), la makina, le happy hardcore et le speedcore, entre autres.

    Pendant les années 2000 il devient très courant, pour ne pas dire habituel, de distinguer un fond sonore électronique joué de manière répétitive pendant un morceau, auquel se superposent toutes sortes d'instruments et samples électroniques. Cette avancée et cette nouvelle façon de faire et d'écouter de la musique a été permise par les progrès techniques mais surtout par le coût abordable des échantillonneurs, ainsi que l'apparition du numérique et la popularisation des home-studios.

    La musique électronique, notamment durant les années 90, a donné naissance à un si grand nombre de genres, styles et sous-styles qu'il serait impossible de tous les citer ici. Cependant, n'existant pas de frontières rigides et clairement définies, il est possible d'identifier de manière non-extensive certains genres :

    - Genres et styles contemporains : acousmatique ou électro-acoustique, musique pour bande,

    concrète et improvisée

    - Genres et styles expérimentaux : krautrock, nu jazz, rock progressif, new wave, industriel,

    electro, witch house, etc...

    - Genres et styles consacrés à la danse : house, techno, progressive, drum'n'bass, hardcore,

    hardstyle, tribe, trance, garage, dance, etc...

    - Genres et styles dit de « chill out » : ambient, downtempo, dub, trip-hop, etc...

    6

    Aujourd'hui, que ce soit dans les festivals de musique électronique ou bien encore au sein des free parties, le genre le plus représenté est celui consacré à la danse. Nous allons donc nous focaliser sur ce genre.

    2. L'arrivée de l'électro en France

    Les musiques électroniques se sont rapidement répandues en Europe. En France et en Angleterre, elles sont découvertes par la population avec des yeux relativement surpris et inquiets à travers les free parties et les raves parties. Les raves parties sont apparues en Grande-Bretagne à cause d'une loi provenant du gouvernement de Margaret Thatcher qui a eu pour conséquence la fermeture obligatoire de tous les clubs à deux heures du matin. En réponse à cette loi, qui selon les fêtards porte atteinte à leur liberté, sont apparues ces soirées sauvages dans des entrepôts désaffectés, des hangars ou encore dans les champs. Le début des années 90 marque l'arrivée de ces fêtes et de leur lieu d'exécution particulier en France. Même si notre pays ne subissait aucune loi concernant une fermeture abusive des discothèques, ce principe d'organisation de fêtes clandestines n'était pas nouveau et comptait déjà des adeptes. Cela a évidemment permis une certaine « démocratisation » auprès d'un public amateur n'ayant pas encore franchis le pas, car l'organisation de fêtes dans ces conditions (notamment le fait de ne pas toujours respecter la législation sur le spectacle vivant) se révélait être une aubaine d'accessibilité et de coûts moindre. Il est alors apparu plusieurs types de raves différentes passant des raves clandestines ou semi-légales créées de toute pièce par des amateurs de musique électronique, alors tous réunis en associations et se donnant eux-mêmes la qualification de « tribu », jusqu'à des rassemblements bien plus important organisés par des professionnels et entrepreneurs du spectacle. Mais vient alors le milieu de la décennie et sa vague de répression croissante envers l'essor des raves. Interventions policières et divers refus d'autorisation s'appuyaient sur une circulaire ministérielle caractérisant ces rassemblements de « soirées à haut risques »1. Entrent alors en jeu les free parties, suscitant un engouement de plus en plus fort chez les jeunes.

    Ces free proviennent également de Grande-Bretagne. Elles sont le résultat de la rencontre entre le monde des « travellers » (qui sont des personnes pouvant être catégorisées comme marginales

    1 Fontaine A. et Fontana C. (1996), Raver, Paris, Economica, p. 98-101

    7

    et ayant adopté un mode de vie nomade) et cette nouvelle culture festive émergente des raves et musiques électroniques. Parmi ces travellers, on rencontre des convertis aux nouvelles sonorités. Ils sont équipés de systèmes de sonorisation, et l'organisation de fêtes suit donc leurs déplacements. Encore une fois, le principe fait école : l'essor des free parties a eu lieu en France. Les travellers provenant d'Angleterre, à la recherche d'un environnement plus enclin à leurs évènements, en sont souvent à l'origine. Cependant ils sont très vite rejoints par des groupes d'amateurs possédant leur propre système de sonorisation : il s'agit encore une fois de ces « tribus », rapidement plus communément auto-nommés « sound systems ».

    Cette fois, contrairement aux raves, il s'agit totalement de fêtes clandestines. Autrement dit elles ne respectent aucunement les lois concernant le spectacle vivant. Elles ont la particularité de ne pas être payantes, et ont adoptés le système de donation libre. A l'entrée chacun donne ce qu'il peut et/ou ce qu'il veut (faisant bien entendu appel au civisme des participants). Arrivent alors aux oreilles des fêtards les styles de musique électronique les plus « durs » : hardcore, breakcore, hard techno, drum'n'bass, etc...2 En 1998 arrive ce qui ressemble à une bonne nouvelle pour les participants de raves parties, au détriment des amateurs de free parties. Une circulaire ministérielle préconise l'autorisation des raves faisant l'objet d'une demande d'autorisation dans le but d'encourager la professionnalisation des acteurs de la rave, et remet au goût du jour les lois de répression des évènements clandestins. En conséquence de quoi, « depuis 2002, les free parties font l'objet d'une loi interdisant les rassemblements de plus de 500 personnes n'ayant pas été déclarés - ceci aboutissant à une interdiction dans les faits. »3 Cette loi expose ceux à l'origine de ces évènements à des amendes et saisies de matériel de sonorisation, représentant un coût très important pour les sound systems. À la suite de ces nombreuses répressions des pouvoirs publics, les free parties se sont faites plus discrètes pendant quelques temps. Cependant certains rassemblements restent incontournables pour ces « teufeurs » et ne manquent donc jamais l'occasion de se retrouver lors des teknivals, s'apparentant à d'énormes festivals ouverts à tous les groupes d'organisateurs souhaitant diffuser leur musique. Il a même été possible durant quelques années de tenir des teknivals légaux grâce aux négociations entre organisateurs et pouvoirs publics. Parmi eux, le teknival de Chambley en Mai 2004 avec ses 80 000 festivaliers. Malheureusement la plupart restent illégaux et victimes de nombreuses répressions à l'image du

    2 Grynszpan E. (1999), Bruyante techno. Réflexion sur le son de la free party, Nantes, Mélanie Seteun

    3 Pourteau Lionel (2005), Les interactions entre raves et législations censées les contrôler, Déviance et société, vol 29 (n°2) p. 127-139

    8

    teknival de Mai 2009 en région Parisienne, organisé clandestinement et conclu par de nombreuses saisies de matériel.

    Passons maintenant à d'autres aspects de cette diffusion de musique électronique, cette fois en règle face à la loi. En effet, en parallèle de ces évènements atypiques on aura observé l'intégration de ce genre musical dans les clubs, salles de concert et autres festivals. Les musiques électroniques n'ont d'ailleurs jamais quitté les clubs, étant le berceau de la house dans le fil du disco. Concernant les salles de concert et les festivals, certains par amour de la musique et d'autres parce qu'ils ont senti le bon filon, ont très rapidement intégré ce nouveau genre de musique. Nous avons donc pu observer dans une grande partie des festivals populaires français l'apparition d'au moins une « scène électronique » dès le début des années 90, avec par exemple les Vieilles Charrues et les Transmusicales de Rennes. Vers le début des années 2000, la popularisation de la musique électronique a même permis la création de festival y étant exclusivement consacrés comme Les Nuits Sonores à Lyon, l'Ososphère dans la périphérie Strasbourgeoise, l'Astropolis en Bretagne ou encore l'Electromind de Montpellier.

    3. La France et l'électro aujourd'hui

    a. L'évolution du secteur

    « Ces dernières années, la multiplication des festivals de musiques électroniques a été révélateur d'une croissance de cet écosystème culturel qu'il convenait d'adresser au-delà de la simple intuition. »4

    Les festivals électroniques français incontournables, comme certains nommés précédemment (Nuit Sonores, Astropolis) ou encore Nordik Impact à Caen et le N.A.M.E à Lille se sont vu augmenter en 2013 par l'apparition deux autres festivals exclusivement consacrés à ce style : le Weather Festival par l'agence Surprize, ainsi que le Peacock Society par l'agence We Love Art (également détentrice du célèbre Festival We Love Green). L'apparition d'autres scènes locales à Bordeaux, Nantes, ou encore en région PACA travaille à la mise à jour de la scène électronique française, plutôt en retard par rapport au reste de l'hexagone. En effet, la plupart des acteurs de

    4 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

    9

    ce milieu atteste un vide important depuis le début des années 2000, où les évènements musicaux électroniques étaient encore relativement timides. Aujourd'hui on constate l'explosion de ce marché des musiques électroniques sur l'ensemble du territoire français grâce notamment aux festivals qui attirent des publics de toutes les régions et même d'Europe (voir annexe 1). Outre les festivals, cela est également dû à la prolifération de clubs, soirées, artistes et collectifs ces dernières années. « Nombreux s'inscrivent dans une démarche créative à l'identité marquée, dont les affinités esthétiques fédèrent des scènes et surtout, des publics »5.

    Ces nouveaux acteurs, jeunes et connectés, manient à la perfection les nouvelles technologies et remettent au goût du jour autant la production musicale et les modes de créations (studio à domicile) que les moyens de diffusion et l'accessibilité aux oeuvres produites (plateformes spécialisés, réseaux sociaux, etc...). « Ce sont des digital natives qui créent pour les digital natives. Loin d'être ignorants des générations qui les ont précédés, ils font preuve d'une capacité à s'instruire décuplée par la faculté qu'a internet de rendre une information pléthorique disponible instantanément en tout point. Se crée ainsi une acculturation fertile qui bouleverse sans cesse l'écosystème des musiques électroniques, rendant ses lignes de démarcation en perpétuel mouvement. »6

    Cet écosystème doit par conséquent se renouveler de manière continue. En effet, l'apparition et le développement croissant de ces nouveaux acteurs sur un marché en progression, autant en ce qui touche à la production, diffusion et consommation, impactent grandement les comportements et pratiques liés à ces différents segments. Avec une première analyse, il est possible de distinguer d'une part un segment de marché actif sur les canaux traditionnels (clubs, radio, télé) avec pour principe la monétisation de la diffusion d'oeuvres de dance music, étant cependant plutôt absente en live. D'autre part, nous avons un segment comprenant des musiques house/techno, avec beaucoup de production en live, mais à contrario avec une diffusion sur les canaux traditionnels quasi nulle et au profit d'une rémunération peu intéressante pour la diffusion sur internet, utilisé essentiellement pour la communication. Apparaissent alors des problématiques et stratégies diverses plus ou moins compatibles, définies par un éventail varié de structurations et pratiques ou les acteurs de musiques électroniques se répartissent (voir annexe 2).

    5 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

    6 Idem

    10

    On observe également de plus en plus de création de collectifs. Ils représentent la fédération de DJ et d'artistes et font bouger la scène actuelle avec une émulation créative encore jamais vue. L'intérêt de ces collectifs, outre la stimulation artistique, est la possibilité de mise en commun des moyens de production et de promotion, avec donc la grande visibilité qui en résulte et la portée importante qui facilite la création de soirées et évènements réguliers tout en fédérant des publics plus larges (voir annexe 3).

    b. Le marché de l'électro

    En 2015, « les musiques électroniques en France pèsent 416 millions d'euros HT (annexe 4). 71% (295 millions d'euros) proviennent du chiffre d'affaires des clubs et discothèques et 11% (47 millions d'euros) du chiffre d'affaires des festivals. Ces deux blocs représentent à eux seuls 82% du poids économique. 5% (20 millions d'euros) proviennent de l'export de ces musiques, 4% (16 millions d'euros) de la distribution numérique sur les plateformes de streaming et de téléchargement, 4% (15 millions d'euros) des droits d'auteur et droits voisins perçus pour la diffusion des oeuvres à la télévision et à la radio, 3% (13 millions d'euros) de la distribution de supports physiques, 1% (5 millions d'euros) proviennent des droits perçus pour la sonorisation de lieux et d'événements, et 1% (4,5 millions d'euros) proviennent des revenus domestiques des synchronisations7 (voir annexe 5 ci-contre). Le marché total de la synchronisation des musiques électroniques représente près de 9 millions d'euros. Il se compose des synchronisations dont l'exploitation est réalisée en France (4,5 millions d'euros), et celles réalisées à l'international (4,3 millions d'euros inclus dans l'export). »8

    Ventilation du secteur économique de l'électro (en millions d'€ HT)

    7 Quote-part (10%) des revenus HT issus des synchronisations et des commandes de musiques électroniques pour une exploitation en France pour les films publicitaires et pour la musique à l'image, sur les émissions de télévisions et sur les oeuvres cinématographiques. Source CSDEM

    8 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

    11

    « Le marché des musiques électroniques représente un montant de 416 millions d'euros HT, soit 17% du marché des musiques actuelles. Ce marché est porté par le live : le chiffre d'affaires lié aux musiques électroniques constitue 35% du chiffre d'affaires des clubs et discothèques ; les festivals de musiques électroniques atteignent 21% du chiffre d'affaires total généré par les festivals de musiques actuelles. Pour ce qui concerne la distribution physique et numérique, la consommation de musiques électroniques est différente des usages des autres musiques. Sur le marché de la musique en ligne, 7% des revenus des musiques actuelles sont issus de la distribution numérique des musiques électroniques. Pour les supports physiques, cette part descend à 3%. »9 (voir annexe 6 ci-contre).

    Poids économique par secteur de diffusion

    « Le partage physique/numérique est, là encore, spécifique dans le domaine des musiques électroniques : la part du numérique dans les musiques électroniques passe à 55% et même 71% pour la techno/house. »10 (voir annexe 7 ci-dessous).

    Revenus issus du numérique et des supports physiques

    « Plus de 80% des festivals de musiques électroniques (techno/house) ont lieu au printemps et en été et près de 60% en plein air (mêmes caractéristiques que l'ensemble des festivals). En revanche, les festivals de musiques électroniques ont tendance à être plus courts : plus de 85%

    9 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques

    électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

    10 Idem

    11 Idem

    12 Idem

    12

    durent moins d'une semaine contre 75% des festivals de musiques actuelles. »11 (voir annexe 8 ci-dessous).

    Saisonnalité et durée des festivals électro

    « Les festivals de musiques électroniques (techno/house) sont de gros festivals, payants et plus portés par des sociétés commerciales que la moyenne des festivals de musiques actuelles. »12 (voir annexe 9 ci-dessous)

    Caractéristiques économiques du secteur électro

    13

    « La proportion d'établissements de techno/house ayant une capacité égale ou supérieure à 1000 personnes est deux fois plus importante que celle des établissements de nuits en général. En miroir, on trouve sensiblement moins d'établissements de petite taille parmi les établissements de techno/house. »13 (voir annexe 10 ci-dessous)

    Capacité d'accueil des établissements diffusant de l'électro

    « Les établissements de musiques électroniques sont majoritairement des moyens et gros établissements. La part des établissements dont le chiffre d'affaires est supérieur à 1 million d'euros est 3 fois supérieure parmi les clubs techno/house. »14 (voir annexe 11 ci-dessous)

    13 Idem

    14 Idem

    Caractéristiques économiques (tranches de chiffre d'affaires)

    14

    Un autre moyen d'attester du futur fructueux de la musique électronique est d'observer l'évolution de l'offre (correspondant au nombre d'évènements électroniques organisés en France) et la demande (celle du public). En 2018 a été publié une étude menée par Shotgun et Technopol basée sur le bilan des années 2014 à 2017. Selon eux, près de 2000 évènements ont été organisés en 2014 contre 8000 en 2017, soit quatre fois plus. Quant à la demande du public, elle est passée de 3 millions de sorties exprimées en 2014 contre plus de 13 millions début 2018, soit une demande plus de quatre fois supérieure ici aussi.15 Ce dynamisme de la demande, ainsi qu'une croissance plus élevée que celle de l'offre, permet de très optimistes perspectives quant à l'organisation d'évènements électroniques, avec un marché loin d'être saturé.

    15 Cette étude prouve que le marché des musiques électroniques n'a jamais été aussi performant, 27/09/2018, http://durevie.paris/conference-paris-electronic-week/, consulté le 19/01/2021

    15

    B. L'image des rassemblements de musique électronique en France

    1. La culture liée à ces évènements

    Il est assez compliqué de définir une seule et même « culture » des évènements de musique électronique qui mettrait tout le monde d'accord. Par exemple, un clubber, soit quelqu'un fréquentant les boites de nuit ne se sentira pas vraiment appartenir ou partager cette culture car il ne s'y intéresse peut-être pas. Pour lui musique électronique ou autre ne fait pas réellement de différence tant qu'il s'amuse. Un festivalier en revanche se sentira beaucoup plus concerné. Bien qu'ici encore il soit difficile d'identifier une culture commune, on peut cependant observer des valeurs, voir des symboles partagés par les festivaliers. Ces dernières proviennent logiquement des free parties, bien qu'elles soient souvent moins prononcées. En effet ce sont les rave/free parties qui sont les premières à avoir fait naitre une sorte de culture autour de la musique électronique et de ses évènements, ils ne cachent d'ailleurs absolument pas s'être inspirés de la culture et du mouvement hippies. Cependant même ici, il est compliqué de parler de « culture ». Ceci est notamment dû au fait que la plupart des teufeurs (les participants des free parties) cherchent à s'émanciper des cases dans lesquelles la société les range malgré eux, ils ne veulent donc pas se ranger dans une nouvelle case même si elle leur serait plus adaptée. Il serait donc ici plus approprié de parler d'une communauté, partageant et défendant des valeurs communes, plutôt que d'une culture adaptée à tout un chacun. La free party, les festivals ou tout évènement de musique électronique ne sont pas caractérisés par une pratique liée à une catégorie sociale déterminée, mais sont des regroupements hétérogènes d'individus. De bien des façons, il serait simple de penser que les teufeurs notamment représenteraient « la culture du pauvre » et que leur étique serait caractéristique de la classe populaire. Il est cependant vrai que certaines pratiques sont mises en avant dans ces évènements, comme l'aisance, la débrouillardise et la camaraderie ainsi qu'une certaine séparation entre « eux » et « nous » étant plus ou moins imagée ou concrète selon les participants. Qu'ils s'agissent de free parties ou de festivals, il s'agit de regroupements d'individus aux trajectoires sociales variées. En outre, le but de ces évènements n'est pas de revendiquer une appartenance, mais au contraire, de faire une totale abstraction des statuts et rôles sociaux. Pour savoir d'où viennent ces valeurs, il faut s'intéresser aux débuts des free parties.

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    a. Les travellers et le communautarisme

    Parmi les participants à ces évènements musicaux et festifs, on constate une réelle attirance pour la vie marginale ainsi que le non-conventionnel. L'un des meilleurs moyens de s'en rendre compte est d'observer l'intérêt profond dirigé vers la figure des travellers. Pour rappel, les travellers sont ces gens qui dans l'Angleterre des années 70 et dans la continuité du mouvement hippie ont opté pour un mode de vie nomade. Ils se déplacent alors en camion, en roulotte ou en bus16. Un peu avant le début des années 90 commence à s'observer le développement d'un nomadisme propre aux musiques électroniques. Son but : voyager avec les membres de sa tribu, et surtout organiser des fêtes afin de populariser cette musique, ses fêtes et sa culture dans le monde entier17. Ces voyages sont possibles grâce à l'aménagement de leurs véhicules. Il est donc possible d'y dormir, d'y manger, mais aussi et principalement d'y faire de la musique étant donné qu'ils doivent également transporter tout le matériel musical et logistique nécessaire à l'organisation de leurs fêtes.

    « Le traveller est une force d'attraction pour les amateurs de free party parce qu'il représente le modèle de vie techno poussé à son terme, mais aussi la rupture la plus complète avec le mode de vie conventionnel. En adoptant un mode de vie communautaire et nomade, il rompt avec l'individualisme et la sédentarité caractéristiques de la vie dans le monde moderne. Sa vie semble également tout entière liée aux musiques électroniques et à ses fêtes, en ce qu'il délaisse la norme du travail et l'assignation à résidence pour se consacrer au voyage, à la musique, à l'organisation de fêtes et de festivals. Enfin, parce qu'il organise des fêtes gratuites (principe de la donation), il représente également une alternative au monde capitaliste. »18

    Même si ce désir d'errance est associé à la figure du traveller, il serait en fait plus juste de l'associer à l'attraction de la vie marginale et l'expérimentation de situations sociales précaires ou incertaines. En réalité, le terme d'errance est un peu plus vaste et caractérise plus une sorte de « tension vers l'ailleurs ». Elle peut s'exprimer par l'envie d'être ailleurs sur un plan

    16 Delorme A. (2001), « Les News Age travellers. Une tentative d'individualisation dans la société du risque », Sociétés, n° 72, pp. 107-123

    17 Grynzspan E. (1998), Bruyante techno. Réflexion sur le son de la free party, Nantes, Mélanie Séteun, pp. 24-26

    18 Petiau A. (2011), « L'« âme tigrée » des musiques électroniques. Les imaginaires des jeunes et les courants musicaux », Sociétés, vol. 112, no. 2, pp. 115-122

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    géographique, mais aussi sur un plan social en voulant changer son rôle ou l'ordre social institué, ou encore sur le plan de la vie quotidienne en cherchant à changer ses habitudes19.

    On constate également à travers ce milieu festif électronique la marque d'un « idéal communautaire »20 perçue par ses partisans comme une alternative à l'individualisme de la société moderne. On l'observe d'abord dans l'expérimentation musicale des rave/free parties : la recherche d'expérience collective forte et d'un sentiment d'appartenance, de perte de soi dans un collectif qui se laisse aller ensemble aux sons des musiques électroniques. La création de collectifs comme les sound systems ainsi que toutes les formes qu'ils peuvent prendre représentent également la manifestation de cet idéal communautaire. Ces collectifs peuvent s'apparenter à d'autres groupes sociaux comme des bandes ou des groupes de musique, mais se différencient cependant assez facilement de ces modèles bien connus lorsqu'ils prônent la vie communautaire et la propriété collective.

    Cependant, même si les travellers sont des sortes d'idoles pour les participants de free party moins investis, il n'y en a en fait que très peu qui s'engagent aussi profondément dans ce mode de vie déviant. Rejoindre ou créer un collectif peut donner lieu à un mode de vie communautaire et à l'expérimentation du nomadisme, mais pas obligatoirement. Ceux qui en font l'expérience sont en fait le plus souvent des « travellers à temps partiel », le voyage restant une expérience limitée dans le temps et le plus généralement en période estivale. Il y a en fait tout un monde entre ces deux extrémités que sont les travellers et la vie communautaire, et la simple participation aux évènements : faire partie d'un collectif, vie en colocation avec d'autres amateurs, propriété collective d'un sound system, d'un bus ou d'un camion, ou encore la pratique du nomadisme « occasionnelle » en font partis. C'est donc un engagement très fort dans les musiques électroniques qui peut donner lieu à ces expérimentations de modes de vie, qui sont alors identifiables aux expérimentations hippies des années 60 et 7021.

    Pour ces travellers, et finalement pour tous les adeptes de free party, marginalité n'est ni synonyme de pauvreté, ni d'exclusion. La marginalité est ce qui pointe une différence par rapport aux normes et aux valeurs dominantes. Même si souvent elle est le fait d'individus instables ou exclus qui pour des raisons de survie ont créé des moyens économiques et adoptent des comportements sociaux atypiques pour pallier leur situation instable, la marginalité reste

    19 Maffesoli M. (1997), Du nomadisme, Paris, Le Livre de Poche

    20 Maffesoli M. (1993), La Contemplation du monde. Figures du style communautaire, Paris, Grasset et Fasquelle

    21 Delannoy P. (1995), L'aventure hippie, Le Lézard, Paris

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    attractive car elle « représente aussi l'aventure, l'envers du système des normes dominantes, une incarnation (même si celle-ci est cher payée) de la liberté, dans une société où celle-ci a très peu de place22 ». Ces « déviants sociaux » peuvent même faire office de modèle pour les « normaux23

    ».

    Ces soucis d'apparences sont d'ailleurs chroniques dans ce milieu et auprès des « marginaux ». Dans la société actuelles le poids des apparences influence grandement les interactions sociales d'un individu, alors que dans ces évènements festifs ils expliquent pouvoir se lâcher. Ils se séparent de leur Moi socialisé et se sentent plus libres et authentiques. Une société démocratique est en partie fondée sur cette question récurrente du regard porté sur autrui, où chacun réclame reconnaissance et respect et où la discrimination est monnaie courante. « Le regard est ce qui peut donner ou briser la valeur de l'individu, lui confirmer ou lui ôter son existence sociale, l'impression d'appartenir à une « commune humanité » »24.

    b. La consommation de substances illicites

    Enfin, il serait difficile et surtout peu révélateur de la réalité de parler de la culture des musiques électroniques sans aborder le sujet épineux des différentes substances qui y sont consommée. Tout d'abord il est bon de préciser que l'utilisation de drogues dans le cadre de rites, cérémonies ou fêtes n'est pas caractéristiques des free parties, des festivals, ou de notre époque. La question n'est pas directement liée à la consommation de drogues mais aux usages qui en sont fait, aux effets escomptés mais également à leur représentation dans un contexte culturel particulier. « L'usage de drogues renferme un assortiment de significations. La recherche, par exemple, d'une perception sensorielle immédiate de l'environnement et de l'autre. La nécessité de parler s'évanouit, tout se joue à présent dans le domaine des sensations. Ou bien encore une volonté d'expérimentation. Par le biais des états modifiés de conscience, on apprécie l'opportunité d'appréhender différemment les choses et les gens. Une autre vision du monde alentour, empreinte d'une certaine imagination, qui donne la possibilité de découvrir, ou plutôt de redécouvrir, les choses banales et habituelles du quotidien auxquelles on ne prête plus guère

    22 Castel R. (1996), « Les marginaux dans l'histoire », in PAUGAM S, L'exclusion : l'état des savoirs, La Découverte, Paris p. 35

    23 Goffman E. (1975), Stigmate, Les Éditions de minuit, Paris, p. 135

    24 Gicquel C. (2007), « Free party : une aire de Je(u) dans l'air du temps », Espace populations sociétés p. 345-356

    25 Queudrus S. (2001), La free-party, sociologie d'un vagabondage festif, In: Quaderni, n°44, Les industries de l'évasion, pp. 129-142

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    attention. Poussé par le désir de d'expérimenter et de se construire soi-même, on aime à changer de dimension, à se déstabiliser. Les voyages intérieurs ouvrent les portes de la perception et encouragent l'exploration du champ de conscience. [...] Ainsi, si l'idée de "s'éclater" prédomine dans l'imagerie qui entoure l'usage de drogues, elle prend néanmoins plusieurs sens qui se chevauchent : la recherche du plaisir immédiat et la libération des énergies ; l'abandon et la dérive de l'esprit ; l'exaltation et le dépassement de soi. Mais, l'acte semble cependant guidé, dans les grandes lignes, par la recherche d'une forme d'enivrement qui bascule dans l'ivresse, lisible au travers des quantités absorbées et des associations pratiquées ainsi que dans la multiplication des prises. Cette quête de l'ivresse paraît déboucher sur un certain nihilisme : la négation de tout et de soi-même »25. Ainsi, du fait des expériences recherchées dans ces évènements et les expériences apportées par ces diverses substances, il est bien plus facile de comprendre le lien qui les unis.

    c. Les valeurs partagées

    Pour en revenir aux valeurs partagées lors de ces évènements, elles sont en général partagées par tous les amateurs de musiques électroniques et participants de ces évènements. Par exemple, la première valeur prônée est celle de l'amour en général. L'amour de son prochain, l'amour de soi, l'amour de la musique, et de tout ce qui nous entoure. L'entraide, l'équité aussi bien sociale que raciale ou religieuse, l'altruisme ou encore le relâchement de soi font partie de ces valeurs. Tout cela est possible grâce à l'impression donnée d'être hors du monde où nous vivons tous les jours, hors d'atteinte des jugements et problèmes de la vie réelle. Ces regroupements sont des lieux de découverte et de partage. Là-bas les rencontres, les amitiés créées, les bons moments partagées se font sur un aspect d'affinités, et non par filiation ou dépendance à une tradition, religion, culture ou classe sociale déterminée. En réalité, on constate que cette communauté (pas celle des membres d'un collectif, mais celle des participants aux évènements) est fictive. La plupart des individus n'y croient pas mais font semblant. Sans cette imaginaire nécessaire, la fête serait bien différente et bien plus difficile, voire impossible. L'important est la relation en soi. Les rencontres sont hasardeuses et éphémères, juste le temps de s'amuser l'espace d'une nuit, d'un week-end ou d'une semaine pour les plus gros festivals/teknivals. Malgré la présence physique et

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    synchronique des individus, les relations se rapprochent de celles des internautes. Les participants communiquent, partagent, échanges, puis se « zappent » facilement. Ils peuvent être proches et anonymes. Cela explique donc le sentiment de liberté ressenti dans ces évènements. De plus, il est très fréquent d'associer la musique électronique et la spiritualité. Il n'est pas rare de voir apparaitre le symbole AUM (provenant du bouddhisme) dérivé de toute sorte : en festival, free party, tatouage, bijoux, vêtements, etc...

    En claire, il n'est pas simple de parler de « culture de la musique électronique » de par ses nombreuses formes. Bien que comme partout l'on puisse des personnes n'ayant que faire de cet aspect culturel ou des valeurs véhiculées, et qui ne pensent qu'à s'amuser quitte à en empêcher les autres, il serait plus juste d'imager les rassemblements de musiques électroniques comme des sanctuaires ouverts à tous. Avec des valeurs propres et définies mais clairement pas imposées, où les classes sociales, races et religieux sont entremêlés et oubliés, créant des évènements hors du temps, où des individus de tous horizons se rencontrent, échangent, partagent et s'oublient, et surtout se caractérisent comme « le peuple qui danse ».

    2. L'image actuelle de l'électro en France

    Il est en réalité très compliqué d'avancer des faits avérés pour donner une image de la musique électronique en France. Pour s'en rapprocher il faudrait d'abord s'intéresser plus en profondeur aux différents genre et sous-genres, le terme valise « électro » étant utilisé à tout va et par conséquent beaucoup trop généraliste. Aujourd'hui l'électro est présente à un moment donné dans pratiquement tout type de musique. Pour certains, dire que l'on n'aime pas la musique électronique revient à dire que l'on n'aime pas la musique tout court. Après une différenciation des plus gros genres d'électro, il faut encore déterminer le point de vue adopté. Les plus important étant les politiques, les médias, les amateurs, et enfin les « non-initiés ». Enfin, bien que nous nous intéressions à son image actuelle, il faut également prendre en compte certaines conceptions passées de la musique électronique en France. Tous ces facteurs nous permettrons d'établir avec un peu plus de réalisme ce à quoi inspire la musique électronique en France.

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    a. La musique électronique et la politique

    Pour parler de ce qui se passe aujourd'hui, encore faudrait-il savoir dans les grandes lignes comment l'on y est arrivé. Tout d'abord, il faut savoir que toutes les musiques électroniques et ses genres distinctifs, en France en tout cas, descendent des premières rave/free parties où beaucoup de genre différent s'y confondaient. Vers la fin des années 90 apparait ce que l'on nomme toujours aujourd'hui la French Touch ainsi que certaines de ces stars tel que les Daft Punk et Laurent Garnier. Vient alors un début tout de même balbutiant de popularisation de la musique électronique, et de sa sortie de l'environnement oppressé des rave/free et donc de l'illégalité encore et toujours opprimés par les politiques. Le problème, c'est que seulement deux genres en font partie : la techno et la house.

    En plus d'offrir un nouveau regard sur la musique techno, les différents succès de la French Touch permettent de montrer un aspect bien plus présentable et soutenable de la techno. Finalement, il est assez étonnant d'observer qu'il doit être presque frustrant pour certaines personnalités politiques de ne pas pouvoir s'accaparer le soutien de ce mouvement. Pour cause, la techno est toujours liée aux rave parties. Cependant, les politiques ne peuvent pas se permettre de passer à côté d'un nouvel électorat, d'autant plus que ce nouvel essor musical s'invite de plus en plus chez les classes moyennes. Elles ne sont évidemment pas adeptes de rave parties, mais elles prennent de plus en plus de plaisir à écouter cette techno et pourraient surtout montrer les crocs si l'on venait à tenter d'étouffer l'avènement d'un nouveau mouvement artistique. Le dilemme des politiques est donc de remporter le jeu du « je suis le premier à avoir soutenu » tout en s'efforçant de ne soutenir que l'aspect culturel du mouvement sans donner l'impression de soutenir les rassemblements qui en découlent.

    Il est donc nécessaire pour ces politiques de mettre la main sur des interlocuteurs qu'ils souhaiteront « présentables » au sein du mouvement. Ils vont en trouver un en la personne morale de l'association Technopol, étant le premier groupement d'intérêt du genre. Elle a été créée en 1996 à la suite d'une énième annulation de rave, étant cette fois celle de Polaris pourtant préalablement autorisée, légale et tout ce qu'il y a de plus présentable. Cette association a pour but de défendre la professionnalisation du milieu techno et sa juste insertion, aussi bien civile que marchande. Elle bénéficie donc très rapidement d'une forme de reconnaissance institutionnelle, sous forme de subventions du ministère de la culture, bien content d'enfin avoir son mot à dire sur le mouvement. Technopol jouit donc inévitablement d'une plus grande

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    attention parmi le cercle politique. Elle est d'ailleurs, en 1998, à l'origine d'une circulaire intitulée « Instruction sur les manifestations rave et techno » signée par les ministres de la Culture, de l'Intérieur et de la Défense. Dans cette dernière, l'Etat reconnait le caractère culturel des évènements techno, et quant à elle Technopol dénonce la discrimination contre les soirées se voulant légales en appelant finalement à séparer le bon grain de l'ivraie. Concernant la discrimination, cette circulaire n'aura malheureusement aucun impact notable, cependant elle sera très clairement perçue comme une trahison pour les membres des free parties. Cela marque définitivement une « exclusion » de la techno dans les free parties mais aussi et surtout un changement dans les moeurs, la techno n'étant plus associée par personne aux autres styles d'électro encore présent en free pouvant encore être qualifiés de « musique de sauvage ».

    Aujourd'hui encore, bien que les raves aient disparu depuis longtemps, il n'y a toujours pas de techno en free parties (bien qu'on y retrouve la tekno, relativement différente). Elle est quant à elle associée à la house et ont une réputation plus « propre », plus huppée, et surtout plus légale. Cette différenciation, largement aidée par la presse, a notamment contribuée à creuser l'écart de considération entre les différents styles de musique électronique (là encore, aidée par la presse) en en mettant certains sur un piédestal les qualifiant de musique élégante et racée tandis que d'autres se verront rabaissés plus bas que terre et qualifiés de sons primitifs et impensés. Pendant un temps donc, dû à sa mise en avant et surtout à cause de l'oublie des free parties à cause d'un mouvement de répression très important, quand on parlait de musique électronique on ne pensait pratiquement que techno et son image était positive pour tout le monde. Seulement le temps passe, et les goûts et les couleurs changent. Cela est d'autant plus valable en France.

    De nos jours, avec ses 4000 free parties par an26, notre pays n'aura jamais autant été soumis à un conflit si important d'opinions envers la culture de la musique électronique. Bien que parmi les amateurs on puisse souvent trouver des divergences d'opinions sur les styles de musique (la plus importante opposant le hardcore et plus globalement tout le genre hard, contre la trance et ses dérivés), les opinions se basent généralement entre l'appréciation de deux extrêmes : la techno/house remise au goût du jour, plutôt toujours élégante et destinée aux classes moyennes, et la « musique de teuf » ou encore le « boum » inaudible des free parties critiqué globalement par quiconque ne s'étant jamais rendu dans ce genre d'évènements. Ce constat est d'autant plus vrai depuis la free party du 31 Décembre dernier à Lieuron, grandement critiquée par les médias et les politiques.

    26 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

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    Bien que la musique électronique, ses genres et ses évènements aient évolué, les politiques quant à eux ont préféré garder leurs opinions inchangées malgré la tentative de certains, à l'instar de Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Après avoir « contribué » à l'organisation d'une free party légale et se montrant satisfait du résultat, les médias comme TF1 se sont empressés de faire état non plus d'évènements inquiétants et de jeunesse perdue, mais de « réussite » se passant dans « la joie et la bonne humeur27 ». Cependant à la suite de cela ce sont les autorités locales qui ont décidé de montrer leur mécontentement, suite à quoi Nicolas Sarkozy fait volteface, et les médias ne manquèrent pas de faire de même.

    Les médias ont en effet une très grande part de responsabilité dans l'image générale que se font les gens des musiques électroniques. La plupart des médias avec de la visibilité étant politisés, et la plupart des politiques étant contre ces rassemblements (à plus ou moins grande échelles en fonction de leur légalité), il est donc pratiquement impossible de trouver des articles ou reportages n'abordant pas le sujet des drogues et ne qualifiant pas cette musique et ses amateurs de marginaux, quand ils ne sont pas directement appelés « punks à chiens fumeurs de joints » à l'instar de Jordan Bardella28, député européen, après la free party de Lieuron. Ces médias orientent leurs reportages de sorte à « diaboliser » ces évènements et ces pratiques, en effet illégales et où la consommation de stupéfiants est présente, allant jusqu'à interviewer des teufeurs correspondant presque toujours à l'archétype du marginal, du punk à chien, ou du jeune dépravé et consommateur de drogue. Il est alors impossible pour les lecteurs ou spectateurs de ces médias de ne pas se faire, consciemment ou inconsciemment, une mauvaise image de ces évènements mais surtout d'y associer cette musique encore une fois rangée sous le terme trop généraliste « d'électro ». Certains médias, principalement des magazines ou des sites internet, abordent ces évènements avec déjà beaucoup plus d'objectivité. Il s'agit malheureusement de médias moins importants avec beaucoup moins de visibilité, principalement orientés culture voir même uniquement musique, et ne peuvent donc toucher qu'un public ayant déjà un certain intérêt ou du moins une considération pour la musique électronique. Cela a notamment pour conséquence la répercussion de cette image négative sur les festivals de musique électronique, évènements pourtant légaux et encadrés, jusqu'alors généralement dans une sorte de « no man's land » des opinions puisqu'ils diffusent des styles allant de la techno/house à la hardcore en passant par la trance et étant par conséquent classés entre les soirées techno parisienne huppées et les teufs illégales et marginales dans un champ « volé » à leur propriétaire le temps d'une nuit.

    27 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 191

    28 https://www.dailymotion.com/video/x7yg8pc?syndication=249290

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    Tout le monde s'accorde cependant pour identifier à ces évènements un public relativement jeune et sujet à la consommation de drogue.

    b. L'association de l'électro à la consommation de drogues

    Outre l'image d'une musique bruyante et inaudible, et d'un peuple de vagabonds ou de délabrés, celle de la consommation de drogue est également plus que mentionnée. Bien que cela ait toujours été le cas, on continue d'observer que cette consommation se pose comme un obstacle direct à la légitimation de cette musique. C'est d'ailleurs l'argument phare des tirades des personnes qui la rejettent, utilisant cette consommation comme l'un des facteurs de sa non-valeur artistique. Elle est de ce fait et depuis le début l'une des motivations principales de la répression.

    Il est donc légitime de se demander pourquoi une telle obstination est observée à associer la musique électronique et la drogue alors qu'elle peut être retrouvée dans d'autres genres musicaux, cela étant la principale justification invoquée par les défenseurs de l'électro. Le rock par exemple est un genre musical n'étant plus soumis à des repressions et comptant également son lot d'adeptes, cela ne signifiant pourtant pas la légalisation de l'héroïne et du LSD durant les années rock. A l'époque il était en fait observé une dissociation analytique : le rock d'un côté et la drogue de l'autre, les deux ayant évidemment des liens mais aucunement de nature consubstantielle. Il est possible d'apprécier et de faire du rock sans pour autant apprécier et consommer de l'héroïne, et c'est cette vision des choses que le monde de l'électro aimerait voir se populariser. Ses acteurs ont d'ailleurs rendu omniprésentes ces comparaisons dans leurs discours légitimaires. Certes, la drogue est présente, mais reste à déterminer si cela est dû à la musique électronique ou au milieu festif. Il est difficile voire impossible de donner une réponse juste à ce questionnement, cependant si l'on aborde certains regroupements particuliers, il est déjà possible d'apporter une défense à ce milieu. En effet, si l'on a tendance à cause de leur exposition médiatique à associer aisément la drogue aux free parties plutôt qu'aux soirée légales, ce n'est pas nécessairement avéré : « Il serait difficile d'affirmer que les jeunes se droguent « plus » en free party qu'en boîte de nuit, puisque dans ces dernières, l'achat et la consommation de drogues sont au contraire complètement masqués : on ne les montre pas, on n'en parle pas, tout le monde fait comme si elles n'existaient pas, les organisateurs les premiers, dans la mesure

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    où la reconnaissance de leur existence dans la boîte signifierait bien sûr sa fermeture immédiate29 ». Evidemment, du fait du développement des nouveaux moyens de communication, ces boites de nuit et autres établissements se sont adaptés en conséquence et l'on peut donc en trouver de plus en plus interdisant les photos et vidéos, comme le club Concrete30.

    L'image actuelle de la musique électronique est donc en réalité principalement liée à ses évènements et représentations, son histoire, et à ce qu'en disent les médias, plutôt que basée sur une réelle appréciation artistique. En effet, du fait de ses origines contestataires, ses liens avec l'illégalité (free parties et drogues), et ses affinités avec des classes sociales caractérisées par la société de « pauvre », « marginales » ou encore « dépravées » il est pour l'instant compliqué d'imaginer un jour ce milieu intégré dans les moeurs françaises. Cependant ce ne serait pas le premier genre musical à subir des répressions pour ensuite finalement s'intégrer. Petit à petit ces images néfastes commencent à disparaitre, ou plutôt à se faire oublier notamment remplacées par la fierté, à l'instar d'artiste français comme David Guetta, Laurent Garnier, Daft Punk ou encore Petit Biscuit qui popularisent petit à petit certains genres de musique électronique, plus accessibles aux oreilles des classes sociales majoritaires de notre temps. Nous sommes cependant encore très loin, contrairement à nos voisins Allemand ou Néerlandais, d'entendre passer sur nos radios populaires françaises comme NRJ ou FUN Radio des hits Hardcore du DJ Angerfist ou Psy-Trance du DJ Astrix.

    3. Les repressions (la loi, les interdits) et protestations

    a. Soirées rave : situations à hauts risques

    Due à l'origine des musiques électroniques, les répressions concernant cette culture et la culture elle-même ont plus ou moins émergé en même temps. L'ironie vient du fait que le mouvement culturel de l'électro et de ses pratiques étaient déjà apparues comme une forme de répression en soi, cela revient à se demander qui est arrivé en premier entre l'oeuf et la poule. Quoi qu'il en soit, les critères de répression de la part des autorités et de l'état ont toujours concernés les deux mêmes facteurs : la drogue et le bruit, l'illégalité et donc le non-respect de la loi étant intrinsèques à ces facteurs. En France, il existait (et existe d'ailleurs toujours plus ou moins) un

    29 TESSIER L. (2003), « Musiques et fêtes techno : l'exception franco-britannique des free parties », Revue française de Sociologie, vol. 44, no 1, pp. 63-91

    30 Lecarpentier C. (27/02/2015), « La nuit, Paris rave encore », NextLibération.fr

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    certain vide juridique en ce qui concerne la manière de réagir à ce genre d'évènements illégaux (rave/free parties), et ce manque d'informations sur la conduite à tenir n'est d'ailleurs pas exempt de responsabilités dans l'origine de certains accrochages entre les autorités et les participants.

    De la clarté est apporté pour la première fois par Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur à ce moment-là, qui décide de s'occuper pleinement de ce qui selon lui pourrait s'élever au rang de problème public. Une première circulaire est diffusée par la Mission de Lutte antidrogues (Milad) de la Direction Générale de la Police Nationale à destination de toutes les mairies de France. Il y est dénoncé une situation « extrêmement préoccupante au plan de l'ordre, de la sécurité et de la santé publique ». Son but n'est pas caché, son intitulé ne permet d'ailleurs aucune mauvaise interprétation : « Les soirées rave, des situations à hauts risques ». Cette circulaire expose tous les moyens juridiques à la disposition des élus locaux pour lutter contre ces évènements. Ils sont priés de s'adonner pleinement à faire cesser ces rave parties (légales ou non), et ils ont à leur disposition en annexe des modèles d'arrêtés d'interdictions. Michel Bouchet, patron de la Milad, affirme que « le but est de mettre les organisateurs dos au mur pour qu'ils se civilisent31 ». Malheureusement, comme le fait remarquer M. Lafargue de Grangeneuve, ce sont majoritairement les raves légales qui subiront ces nouvelles dispositions. « Les raves légales sont plus faciles à contrôler parce qu'il est possible d'intervenir en amont : ces soirées sont les plus visibles, elles sont annoncées et bénéficient d'une certaine publicité ; or, le maire - qui possède le pouvoir de police administrative sur sa commune - peut assez aisément annuler ce type d'évènements, même au dernier moment, notamment en invoquant un trouble à l'ordre public ou un manque de garanties en matière de sécurité.32 »

    Ce n'est cependant pas aussi simple pour les free parties (clandestines et illégales) qui sont bien plus compliquées à réprimer. Dû au fait qu'elles sont en général bien dissimulées, il faut d'abord organiser des recherches pour en trouver le lieu et s'informer à l'avance, ce qui a un certain coût. Il est plutôt rare pour les autorités d'arriver avant le début de la fête, et il est quasiment mission impossible d'intervenir de quelques manières que ce soit une fois qu'elles ont commencé. Les autorités ne veulent en effet pas courir le risque de déclencher une émeute en tentant d'y mettre

    31 Bernier A. (27/04/2000), « Des raves à la réalité. Après le boom des grands rendez-vous officiels, la scène techno se replie sur les fêtes et l'underground », Libération n°5893, p. 33-34

    32 Lafargue de Grangeneuve L. (2010), L'Etat face aux rave-parties, les enjeux politiques du mouvement techno, Toulouse, ed. Sociologiques, Presses Universitaires du Mirail, p. 159

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    fin, étant à chaque fois largement dépassées en nombre. « Pour les organisateurs, il suffisait donc de rester discrets jusqu'à ce que la fête ait vraiment démarré33 ».

    Il y a bien entendu des conséquences imprévues à ces répressions, la première étant qu'au lieu de faire diminuer puis disparaitre ce phénomène des raves, elles vont en fait les radicaliser et principalement les faire plonger dans la clandestinité. Ce texte sera perçu comme une injustice de la part de nombre d'adeptes des soirées rave, principalement car il interdit ces rassemblements pour cause d'usage de drogue généralisé sans même chercher à faire de distinction (tous les participants ne sont pas des consommateurs). Cette circulaire est donc vécue par ces adeptes comme une attaque claire à la globalité d'un mouvement culturel. Il apparait alors des rhétoriques justificatives faisant des comparaisons avec d'autres genres musicaux (« est-ce qu'on interdit le rock à cause de l'héroïne ? ») chez les amateurs, et qui est toujours d'actualité. Le succès de ces soirées rave, étant dos au mur, a pour conséquence l'augmentation notable des free parties. Michel Bouchet reconnait d'ailleurs que cette circulaire était « un texte d'inspiration assez prohibitionniste » et qu'elle a donc indirectement promu les rave clandestines et incontrôlables34.

    Une autre conséquence notable concerne le réel impact de cette circulaire. Au lieu de s'attaquer au problème des drogues, ce pour quoi elle était prévue, c'est en fait le problème du bruit (qui n'était pas prioritaire pour la Milad) qu'elle va d'une certaine façon régler. En effet, il est désormais nécessaire pour les organisateurs de trouver des endroits éloignés de tout voisinage pour ne pas alerter la police. Ceci n'est en fait qu'un contournement du problème, puisqu'une fois la free commencée il est très rare voir même inconcevable que le nombre de décibels respecte une quelconque norme.

    C'est donc le début du jeu du chat et de la souris, toujours d'actualité, qui émerge entre les autorités et les raveurs. La circulaire qui était censée mettre fin au mouvement dans sa globalité et la consommation de drogue y étant liée (que ce soit dans un contexte légal ou clandestin) a en réalité beaucoup plus impacté la partie légale, voir commerciale du mouvement. En parallèle, c'est le nombre de free parties qui augmente de façon exponentielle en réaction au refus constant des autorités de leur accorder la permission d'exister. On peut encore ici constater des contradictions entre les motivations juridico-politiques et leurs conséquences, puisque l'un des

    33 Tessier L. (2003), « Musiques et fêtes techno : l'exception franco-britannique des free parties », Revue française de Sociologie, vol. 44, no 1, p. 63-91

    34 Thibaud C. (18/06/1998), « Faut-il avoir peur des raves ? », L'Express n°2450, p. 98

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    problèmes de ces regroupements illégaux est qu'elles ne sont pas tenues (entendez qu'elles ne sont pas régies par une entité reconnue par l'Etat et soumise à ses lois) et qu'on assite par conséquent à des dégradations importantes notamment en ce qui concerne la pollution et l'atteinte aux droits de propriété. La majorité des sound-systems évoluant dans le milieu free « par défaut » diffusent cependant un discours de responsabilisation auprès de leur public et mettent même en place des actions spécifiques. Il n'est donc pas rare de voir la possibilité d'échanger un sac poubelle plein (qui sont d'ailleurs distribués par les sounds à chaque véhicule arrivant sur l'évènement) contre une bière, ou bien encore des coupures dans la diffusion du son pendant lesquelles tout le monde est invité à faire peu de ménage. Finalement, on observe un basculement assez conséquent du mouvement vers les free parties, qui sont estimés en 1997 à environ 80035.

    b. Amendement Mariani et Loi Sécurité Globale

    Cela continua jusqu'en 2001, moment où les rave parties n'étaient pas encore vraiment illégales à proprement parler. Le champ d'action des élus est restreint au refus de donner l'accès aux installations publiques et au fait d'arriver au début de la fête dans la mesure du possible, mais il n'existe encore aucun moyen réel de contraindre les organisateurs à mettre fin à l'évènement une fois celui-ci débuté. Lionel Pourteau a confié : « Jusqu'à la loi Mariani-Vaillant, les rapports avec la police ou la gendarmerie étaient bon enfant. Si elles le pouvaient, celles-ci essayaient d'empêcher l'installation. Sinon, elles laissaient faire jusqu'au dimanche midi en devenant peu à peu de plus en plus menaçantes. Il fallait alors négocier une heure d'arrêt. »36 Les interruptions violentes ou quelques peu musclées sont toutefois bien existantes, comme le prouve le député-maire UDF Charles Amédée de Courçon qui « face à cette figure radicale de l'altérité » que représentait pour lui les teufeurs, ne manqua pas de demander au préfet de donner l'ordre à la police de disperser les participants d'une free party en leur tirant dessus37. Fort heureusement, ce genre d'actions restent exceptionnelles.

    C'est au printemps 2001 que les choses vont commencer à s'accélérer, lorsque le député RPR Thierry Mariani dépose un projet de loi ayant pour but d'encadrer les rave en général (bien que

    35 Thibaud C. (18/06/1998), « Faut-il avoir peur des raves ? », L'Express n°2450, p. 98

    36 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 68

    37 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 43

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    ce soit en réalité les free parties qui sont visées, un levier d'action efficace concernant les rave étant déjà existant). En théorie, ce texte permet simplement d'imposer un régime d'obligation préalable à l'organisation de soirées techno, mais en réalité il offre des moyens légaux d'interrompre ces dernières par la force en les faisant hors-la-loi par défaut et légalisant des recours « pragmatiques » pour y mettre fin.

    Ce dernier ne lésinera pas sur les constatations dramatiques : « Il y a régulièrement des morts dus à des accidents ou à des overdoses. Nous devons protéger notre jeunesse, malgré elle, de ce danger. ». Ces dangers énoncés sont en réalité loin d'être si évidents. Il n'y a cependant pas que cette protection de la jeunesse contre elle-même qui semble être à l'origine de tout cela, comme le soulignent Renaud Epstein et Astrid Fontaine : « ce député s'était signalé au cours de la législature par le dépôt de plusieurs propositions de loi et amendements particulièrement favorables aux établissements de nuit (bars et clubs)38 ». M. Mariani est en réalité très lié au milieu des boites de nuits du Sud-Est français (il s'en servira d'ailleurs comme défense lors d'une interview à Valeurs Actuelles à l'accusation d'être contre la liberté culturelle, en avançant qu'il a lui-même été DJ en club à Aix39) qui se plaignent beaucoup de la concurrence déloyale que représentent ces évènements, à tel point que beaucoup voient alors en ce projet de loi une action clientéliste. Toutefois cela restait pour certain une nécessité, à l'instar de Jean-Christophe Videlin : « les attributions du maire étaient juridiquement suffisantes mais concrètement insuffisantes pour empêcher ou encadrer une rave-party40 ». A cette époque, son pouvoir de police administrative ne permettait donc pas l'interdiction des manifestations dont il n'était pas préalablement informé.

    A l'assemblée, l'amendement fait débat. On observe une transcendance des clivages politiques due à la sortie des sentiers battus de cette problématique. Du côté des partisans, on a la volonté de protéger les citoyens du tapage aussi bien que les jeunes d'eux-mêmes, et du côté des détracteurs il ne s'agit ni plus ni moins d'une disposition sécuritaire n'ayant pas lieu d'être visant un mouvement avant tout festif. On en fait trop ou pas assez, ce qui est sûr c'est que personne ne reste indifférent. Il ne faut cependant pas oublier de prendre en compte la portée électoraliste des discussions selon le but recherché : plaire aux parents ou aux jeunes, aux populations urbaines ou rurales.

    38 Lafargue De Grangeneuve L. (2010), L'Etat face aux rave-parties, les enjeux politiques du mouvement techno, Toulouse, ed. Sociologiques, Presses Universitaires du Mirail

    39 Pochat J. (11/10/2007), « Mariani le rebelle », Valeursactuelles.fr

    40 Lafargue De Grangeneuve L. (2010), L'Etat face aux rave-parties, les enjeux politiques du mouvement techno, Toulouse, ed. Sociologiques, Presses Universitaires du Mirail

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    C'est alors qu'apparaissent les premières manifestations dans les grandes villes françaises, bien qu'elles n'attirent que quelques milliers de participants (un très faible pourcentage si on tient compte du nombre d'adeptes à cette époque). On notera la volonté d'apaisement du gouvernement par le retrait de l'amendement initié par Lionel Jospin fin juin 2001. Cependant, de par la médiatisation qui a découlé de ces débats qui perdurent ainsi qu'après l'attentat du 11 Septembre, le contexte politique déjà assez sécuritaire le deviendra encore plus. L'amendement Mariani en profitera pour se faire discrètement réintégrer à l'article 53 d'un projet de loi plus large nommé Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ) ayant un champ d'actions allant jusqu'aux rassemblements dans les cages d'escaliers. Il traite des « rassemblements festifs à caractère musical » et demande qu'ils fassent l'objet d'une déclaration préalable au préfet responsable. Une certaine limite est cependant posée par le Conseil d'Etat, faisant en sorte que seuls les rassemblements de plus de 250 personnes soient touchés. C'est cependant quelque chose de bien maigre si l'on prend en compte le caractère liberticide de ce « plancher » de 250 personnes, représentant une atteinte au droit de réunion.

    Il est possible de contester la légitimité de cet article 53 pour au moins 2 raisons. Premièrement, lors de la production de cette loi il a été établi qu'aucune consultation d'éventuels organisateurs de free parties ou de quelqu'un ayant un quelconque lien avec le mouvement n'ait été faite de la part des fonctionnaires41. Si cela avait été le cas, il est probable que nombres d'incompatibilités légales auraient pu être évitées. Malheureusement, il n'y a aucune obligation pour le législateur de procéder à des entretiens avec les entités faisant l'objet de la loi. Deuxièmement, à l'époque il est constaté par certains juristes que cette disposition a en réalité plus de similitudes avec un régime d'autorisation. En effet, dans le cas où il estime qu'aucun problème de sécurité ou de trouble à l'ordre public n'est à déclarer, et que l'évènement peut se dérouler sans accrocs, le préfet doit délivrer un récépissé. A l'inverse, dans le cas d'un avis négatif ou tout simplement d'une absence de réponse, celui-ci sera déclaré illégal s'il est maintenu. Le souci, c'est qu'il est en réalité constamment possible de trouver une raison à l'annulation d'un regroupement festif, que ce soit un souci d'infrastructure, de sécurité, de trouble à l'ordre public ou autre.

    Il sera en effet confié plus tard par Emmanuelle Mignon, à ce moment conseillère juridique du ministre de l'Intérieur, que cet article permettait surtout d'interdire42. Cette façon de faire usant à tout va de déclarations préalables sera d'ailleurs plus qu'adoptée par les autorités puisqu'on la retrouvera dans des contextes bien différents de celui de la free party, due à sa grande

    41 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 80

    42 Idem

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    efficacité43. En effet, entre la mise en place de la LSQ en octobre 2001 et mai 2003 lors du premier teknival organisé conjointement avec l'Etat, sur la totalité du territoire français aucune soirée techno ne se sera vu accorder une seule autorisation.

    c. La répression des free parties...

    Jusqu'à ce moment-là, on ne pouvait pas encore noter de confrontation directe entre les forces de police ou de gendarmerie et les teufeurs, cela va vite changer. Une période nouvelle arrive, marquée par la LSQ, durant laquelle n'importe quel type de regroupement techno est aussitôt soumis à l'illégalité. Bien que comparées aux mesures prisent dans le même contexte par la Grande Bretagne les dispositions légales adoptées en France ne semblent pas aussi prohibitionnistes, elles ne sont en réalité pas moins dangereuses pour les amateurs de free. Nombre de leviers sont à la disposition des autorités souhaitant mettre fin à une soirée, et celui faisant le plus de ravages permet aux gendarmes la saisie des « caissons » (sorte de grosses enceintes) ainsi que de tout le matériel nécessaire à la diffusion de la musique. Ce nouveau risque touche directement le capital économique du mouvement, débouchant sur des effets dévastateurs.

    La conséquence directe de la LSQ est de rendre systématique l'interruption de la soirée en cours par les autorités. Alors qu'avant, les force de l'ordre ne pouvaient que laisser libre court à la soirée et seulement négocier un arrêt de la musique aux premières lueurs du jours, elles ciblent désormais le centre de la fête et font saisir, ou au moins interrompre le son. Cette technique est dans les faits on ne peut plus efficace tout simplement car privés de ce pourquoi les participants sont venus, c'est-à-dire de la musique, ils n'ont alors plus de raison de rester et quittent donc les lieux assez rapidement.

    Seulement, ces arrêts brusques sont en réalité assez dangereux pour les participants. En effet, pour les consommateurs de produits stupéfiants, Lionel Pourteau précise que cette fin précipitée de la fête peut donner lieu à des bad trips puisque cela ne permet pas une évacuation normale de la drogue par l'organisme, qui est habituellement lente et progressive44. En plus de ces potentiels bad trips, il y a bien entendu la dangerosité de faire reprendre la route à ces teufeurs sous l'effet de psychotropes ou de l'alcool tard dans la nuit là où le corps cherche d'habitude le sommeil,

    43 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 81

    44 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 85

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    sommés par les autorités de quitter l'évènement. Bien entendu, si les forces de l'ordre constatent un état bien trop élevé d'ébriété ou de défonce ils demandent aux personnes concernées de se reposer dans leur voiture. Cependant ces décisions sont prises au cas par cas relevant de l'appréciation des autorités présentes. De plus, les barrages routiers ne couvrent souvent pas toutes les sorties et nombre de participants arrivent à quitter la free dans un état totalement inadapté à la conduite.

    Ces répressions, évidemment jamais effectuées dans la joie et la bonne humeur que ce soit pour les autorités ou les technophiles, ne sont pourtant que très rarement violentes. Malheureusement, quelques évènements font faire parler d'eux et contribuer à l'abandon ou la radicalisation de bons nombres de teufeurs.

    Connu pour être à l'origine de pas moins d'une quarantaine de free parties entre 96 et 99, Voodoo'Z Cyrkle, un collectif du Sud-Ouest, s'offre un certain prestige au sein du mouvement. D'autant plus qu'il est connu pour privilégier l'aspect musical au détriment de la consommation de drogues, proscrite. Avec un quota de presque une free par mois, il fait tourner la tête des gendarmes locaux qui décident un beau jour de mettre définitivement fin à leurs rassemblements. Après 8 mois d'enquêtes mais aussi d'infiltrations, menées par une unité de 6 hommes, les domiciles des membres de ce collectif sont perquisitionnés par la police et pas moins de 11 personnes sont interpellées. Ils sont notamment accusés de délit d'agression sonore, d'infraction à la SACEM, de travail dissimulé, d'usage et détention de stupéfiants (trop peu pour être destinés à de la revente) ainsi que d'exploitation de débit de boisson sans autorisations. Même si finalement le chef d'accusation d'infraction à la SACEM n'est pas retenu (en effet, la musique de rave étant très souvent improvisée en live et donc non couverte de droit d'auteur) ces membres écopent de 10000 francs d'amende chacun, en comprenant 5000 avec sursis, mais sont également interdit de présence dans n'importe quel évènement de type rave ayant l'obligation de se présenter au commissariat tous les dimanche matin. Au sein du mouvement techno cette nouvelle se répand comme une trainée de poudre et devient dans les représentations free l'image type de la répression aveugle de l'Etat. Ces conséquences poussent les organisateurs à redoubler d'effort pour trouver des lieux de regroupement suffisamment dissimulés pour ne pas entrainer leur découverte et donc l'intervention des autorités. Ces recherches vont cependant parfois un peu trop loin, à l'instar de Ben Lagren qui se verra écoper de 191 000€ d'amende pour la tenue d'une free party dans une grotte sans avoir pris en compte les risques d'éboulements ou

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    d'intoxications au monoxyde de carbone45. D'autres évènements notoires vont également servir à la mise en récit et à la diffusion d'une histoire commune de la répression. Ces derniers serviront de base tangible dans les discours des organisateurs, se définissants comme les victimes de ce conflit.

    Pour les organisateurs, c'est donc avec la boule au ventre qu'ils organisent leurs soirées, jamais à l'abri des effets dévastateurs de la LSQ et de se voir saisir tout leur matériel sonore, ce qui aura un effet considérable sur l'enthousiasme général en comparaison aux débuts du mouvement. Si ces saisies sont les plus grosses craintes lors de ces évènements, c'est parce le matériel en question constitue l'essentiel du patrimoine des sound systems, que ce soit économiquement parlant (il y a pour plusieurs milliers d'euros de matériel) ou culturellement parlant, la musique étant la base du mouvement. Il faut savoir que pour que ces mesures aient un réel effet, le matériel saisi n'est quasiment jamais rendu, ou alors gardé suffisamment longtemps pour faire retenir la leçon. Représentant une arme économique redoutable, due aux coûts plus qu'onéreux du matériel et à la difficulté d'en racheter, ces actes de répression mettent bien souvent un terme définitif à l'activité des sound systems concernés ainsi qu'à leurs existences même en tant que groupe social.

    Déjà loin d'être évidentes, ce ne sont pas ces nouvelles méthodes d'intervention qui vont faciliter les actions des forces de l'ordre, toujours largement dépassées en nombre et provoquant lors de leur arrivée non désirée au coeur de la fête une certaine tension de la part des teufeurs. Existant à l'origine un certain rejet réciproque entre ces deux groupes sociaux, les négociations déjà compliquées et peu courtoises avant la création de la LSQ, elles s'effectuent maintenant dans un contexte d'animosité accrue.

    d. ...menant à leurs radicalisations

    Bien qu'elle touche d'abord les évènements légaux, il a bien été démontré ici que cette répression de l'Etat est à l'origine de la clandestinité. Il est indéniable que techno et marginalité soient liées dû au fait qu'à l'origine, c'est effectivement une population marginale qui s'est appropriée cette musique. Cependant, bien que l'illégalité se soit développée comme une sorte de sous culture de la techno, sa signification conventionnelle étant constamment mise en avant elle appelle en réalité une population préalablement en rupture avec la société : « A partir du moment où une opposition institutionnelle s'est créée et où la fête techno a cherché à se

    45 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 94

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    maintenir contre les pressions, elle a bénéficié de l'aura de la transgression et de la dimension libertaire46».

    C'est en fait une situation assez classique, démontrant un cercle vicieux où plus la répression des rave sera grande, plus elles consolideront leur allure contestataire et politique, s'enfonçant dans la clandestinité, plus elles appelleront des populations idéologiquement en marge (tel les travellers, alors plutôt qualifiés de « punk à chiens »). A cause de cela, ceux pouvant avoir un attrait pour ce mouvement et faisant partie de groupes sociaux plus « intégrés » et donc ayant plus à perdre, vont petit à petit délaisser ces regroupements.

    Une free party

    Cela va déboucher sur une politisation partielle du mouvement. On assistera alors à des actions coups de poings, à l'instar de l'Heretik sound system, qui choisiront les lieux de leurs évènements de manière idéologique et s'attaqueront à des symboles au lieu de trouver des lieux en fonction de critères pratiques et esthétiques. Ils seront notamment à l'origine d'une rave clandestine dans les sous-sols de Bercy, mais leur action la plus importante est indéniablement l'investissement de la piscine Molitor située au plein centre du tranquille et fortunée 16e arrondissement de Paris. Cette fête rassemblera presque 5000 teufeurs et se déroulera sous le nez de la police qui n'a rien pu faire pour l'endiguer, craignant une émeute47.

    46 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 85

    47 Raclot-Dauliac D. (2013), «Heretik - We had a dream», https://www.youtube.com/watch?v=HB4R-yN1nBk

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    Pour en revenir aux saisies, elles ont également une portée symbolique dans le sens où elles touchent la raison même du mouvement. C'est en réalité assez ironique car bien que comme le fait remarquer Renaud Epstein, ce mouvement s'est développé aisément suite à l'apport de la technologie48, ce dernier constitua en même temps son principal point faible car les saisies et confiscations sont faciles à entreprendre.

    Une scène de liesse en free party

    Si cette répression est aussi efficace, c'est principalement que cette culture de la free avait pour principale représentant sociologique une population assez jeune, qui était par ailleurs suffisamment intégrée pour avoir trop à perdre en cas d'opposition violente mais ne l'était cependant pas assez pour réussir à s'organiser dans le but de défendre son espace culturel, sans compter le fait qu'elle n'avait par-dessus le marché aucun pouvoir économique pour faire la différence49. Une grande partie de cette culture a par conséquent été annihilée par cette répression. A cet égard, Loic Lafargue de Grangeneuve pose une différence nette entre la pré-LSQ marquant une faible répression des free parties et autre regroupements illégaux, et la post-LSQ où les consignes de répression font monnaie courante. En termes de chiffres, 582 free parties sont répertoriées en 2000 contre 712 en 2001, 372 en 2002 étant la première année ou la LSQ s'est vue appliquée, et enfin seulement 275 en 200350.

    48 Epstein R. (03/2004), « Villes défaites », Vacarme (n° 28), pp. 15-19

    49 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 136

    50 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 90

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    Les Heretik envahissent la piscine Molitor

    En temps normal, dans la gestion des problèmes publics l'Etat doit habituellement faire face à des revendications au sujet du réagencement du cadre légal. Seulement, dans le cas de celui-ci qui revendique simplement le droit d'exister du fait de sa culture intrinsèquement libertaire, l'Etat ne peut agréer à cette volonté tant elle s'écarte du cadre légal. En effet, il s'agit là d'une réclamation du droit à la fête, mais aussi en bonne partie du droit d'existence hors de la légalité. « Ils n'ont pas d'attente messianique du type : « un jour viendra où nous serons reconnus ». Ils ne veulent pas plus détruire l'ordre existant. Pas d'attentat, pas de violence contre l'ordre ou l'Etat. En fait, ils font ou souhaiteraient pouvoir faire comme si ce dernier n'existait pas51 ».

    e. L'Etat, maître du jeu

    En somme, malgré les quelques années où ils ont pu avoir lieux sans tenir compte de la sphère politique, les rassemblements techno vont malheureusement rapidement subir cette dernière. Confrontée aux problèmes provoqués par ces rassemblements, comme le bruit et la drogue, elle

    51 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 91

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    choisit la manière forte et décide de faire entrer ces rassemblements dans les carcans de la légalité, en les détruisant. S'appuyant sur une argumentation du genre « S'il n'y a pas de rave, il n'y a pas d'illégalité », les politiques glaneront un succès global mais vont cependant entrainer malgré eux bon nombre d'adeptes vers la radicalisation. Le problème de ce mouvement est donc dû à son contact avec la politique.

    Pendant quelques années après ces évènements, les free parties ont quasiment disparues. Cependant, on observe l'apparition de teknivals (sorte de free parties géantes) coorganisées par l'Etat et donc légales, réunissant jusqu'à 90000 personnes par exemple en 2004 lors du premier « Sarkoval ». Cependant ces dernières sont beaucoup trop médiatisées et feront encore et toujours l'objet de plaintes diverses et variées. Les relations entre forces de l'ordre et teufeurs ne s'arrangent pas et les affrontements violents se font de plus en plus fréquent, menant parfois à de graves blessures chez les teufeurs et même parfois à la mort. On observera la première manifestive (entendez manifestation festive et musicale) à Strasbourg en 2006, bien que malheureusement pas très efficace. Suite à des retournements constants de veste de la part de l'Etat, on assistera à d'autres évènements revendicatifs du genre comme les 3 ayant eu lieu en 2013 à Rennes et Nantes, qui bien que réussis n'avaient pas encore assez de portée. C'est en 2015 que le mouvement commence à réellement faire parler de lui avec des manifestations simultanées dans plus de 41 villes à la suite d'un énième acte répressif de l'Etat. Enfin, les fameuses manifestations organisées après le Maskarade de Lorient le 31 décembre dernier ont elles aussi fait parler d'elles, bien que grandement étouffées et soumises à répression de la part des forces de l'ordre. L'organisateur présumé de la free party risque toujours 10 ans de prison.

    Concernant ces évènements, mais également les rave, on ne constate qu'aujourd'hui encore rien n'a vraiment évolué et la culture techno est toujours soumise à des répressions. Le 22 octobre 2019, une nouvelle proposition de loi a été adoptée par les sénateurs ayant pour but de renforcer l'encadrement des rave ainsi que les sanctions à l'égard de leurs organisateurs52. Cette loi oblige les organisateurs à déclarer les évènements de plus de 500 participants « auprès du représentant de l'État dans le département ou, à Paris, du préfet de police » un mois à l'avance. Ils devront également mentionner dans cette charte « les mesures envisagées pour garantir la sécurité, la salubrité, l'hygiène et la tranquillité publiques, éviter les nuisances subies par le voisinage et

    52 Proposition de loi tendant à renforcer l'encadrement des rave-parties et les sanctions à l'encontre de leurs organisateurs, Proposition de Loi, 22/09/2019, https://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2019-2020/71.html?fbclid=IwAR2O4m1yRE5LNN8qIEhzSjiMqXYkzMx8Ay3f2-OibC0Vjx_N3w1S0j23CuU

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    limiter l'impact sur la biodiversité ». Dans le cas où cette déclaration préalable ne serait pas faite, ou faites contre « une interdiction prononcée par le préfet du département ou le préfet de police à Paris, ou le maire de la commune » les organisateurs s'exposent à une amende de 3750€, une peine de travaux d'intérêt généraux de 400h, la confiscation de l'ensemble de leur matériel ainsi qu'à de la garde à vue et à des sanctions complémentaires. Il y sera pointé du doigt par Freeform, l'association de défense et d'organisation des free parties, « une grave atteinte à la liberté de réunion » ainsi qu'un manque notable de précisions entre ce qui caractérise les free parties, rave parties, et fêtes techno en général donnant une formulation bancale pouvant en réalité concerner tout type de fête diffusant de la musique. En clair, cette loi oblige une déclaration préalable pour tout rassemblement autour de la musique dans un lieu n'y étant pas aménagé (salle de concert, club, bar, etc...) qu'il s'agisse d'un mariage, anniversaire ou tout autre évènement de plus de 500 personnes.

    Alors, si ce qui est pleinement et ouvertement ciblé par l'Etat et les politiques concerne les évènements illégaux que sont les free parties, on remarque en réalité une certaine volonté de toucher tout le secteur des musiques électroniques. Même si cela peut être sujet à confusion, certains politiques se montrant ouvertement contre tout type d'évènement techno et d'autres tentant de faire bonne figure auprès d'un électorat le plus large possible, certains signes ne trompent pas. Notamment, le rejet de l'amendement visant à soutenir ce secteur par le Sénat, dans la nuit du 16 au 17 Novembre 2020. Proposé par Technopol et la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturne (CSLMF), cet amendement visait à offrir 20 millions d'euros aux musiques électroniques gravement impactées par la crise de la Covid, dans le cadre du dernier projet de loi finances rectificatives de 2020 visant à répartir 20 milliards d'euros pour aider l'économie du pays face à cette crise. Olivier Dussopt, ministre chargé des Comptes publics, a en effet estimé que ce secteur culturel avait bénéficié de suffisamment de soutiens financiers, bien que la musique électronique ait été presque totalement délaissée par les derniers plans d'action. Nous pouvons ici y voir au pire une volonté d'ignorer ce secteur culturel, au mieux une totale ignorance de ce dernier de la part des politiques. Ces derniers jugeront d'autres secteurs ou activités plus nécessiteuses, comme par exemple les centres équestres et poney clubs qui profiteront d'aides à hauteur de 35 millions d'euros. On remarque donc que malgré un patrimoine culturel exceptionnel en termes de musiques électroniques, la France décide continuellement de renier les acteurs et amateurs de cette culture et du monde de la nuit en général.

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    f. La répressions des festivals

    Il n'a pas encore été fait mention des répressions des festivals de musique électroniques, pourtant bien présentes, mais beaucoup plus subtiles et en réalité assez similaires au problème des rave. En effet, les festivals diffèrent des rave de par leur légalité mais également par leur système économique, bien plus avantageux pour les acteurs externes au mouvement. Il est cependant nécessaire ici d'appuyer le terme de musique électronique, car cela a malheureusement son importance. Il est devenu tout à fait normal aux yeux des participants de ces festivals, outre les forces de sécurité nécessaires à tout type de regroupement en fonction d'un certain nombre de personnes, de voir des hordes de policiers et gendarmes que personne n'imaginerait jamais à l'entrée d'un festival de jazz ou de musique du monde par exemple. Il ne serait pas non plus imaginable pour ces participants aux festivals de musique non-électronique de subir une deuxième fouille de la part de ces forces de l'ordre après celle effectuée par les employés du festival. Quand l'on cherche à savoir pourquoi, dans un cadre similaire de structure et de fréquentation, il y a plus de forces de l'ordre lors des rassemblements techno que les autres, on obtient seulement une réponse du type « question de sécurité » ou « prévention des risques ». En clair des réponses globales et détournées. En réalité, c'est bien encore une fois les participants de ces évènements qui inquiètent. Bons nombres de festivals, à la base avec une programmation entièrement réservée aux musique électroniques, évoluent avec des programmations hybrides composées de rap ou de « commercial » visant à toucher un public plus large et varié dans le but de « diluer » le public des musiques électroniques.

    Nombres de festivals électroniques ont d'ailleurs été annulés dans les derniers moments par les préfets ou autres détenteurs de pouvoir pour ces mêmes raisons sécuritaires ou préventives, alors que ces mêmes raisons avaient été validées par cette autorité quelques semaines, voire quelques jours avant. En effet, il est en réalité fréquent pour ces préfectures ou structures de voir d'abords les apports économiques d'un festival. Utiliser les entreprises et artisans locaux, apporter du tourisme, de la visibilité, etc... Ils vont donc avoir tendance à accepter assez rapidement. Cependant quand ils se rendent compte de l'univers culturel autour de cette musique ainsi que de la population qui sera présente, et souvent poussés par des plaintes de locaux au sujet des nuisances sonores et parfois très clairement de la classe sociale représentée, ils décident de ne pas donner leur accord à l'organisation de ces évènements et même parfois de les annuler en court de préparation ou à la dernière minute. Ces volontés d'étouffement viennent parfois même

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    de plus haut. L'été 2020 a été catastrophique pour les festivals, des mesures diverses et variées ayant été appliquées au niveau national et d'autres également aux niveaux régionaux et départementaux. Les festivals n'étaient cependant pas officiellement interdits mais soumis à diverses règles de sécurités comme le port obligatoire du masque, une distance de sécurité, mais surtout une jauge de 5000 personnes maximum. Pour la plupart des festivals, ces mesures ou cette jauge étant impossible à respecter, ils n'avaient d'autres choix que de reporter leur édition 2020 à l'année 2021 ou bien après septembre 2020 (ceux ayant fait ce choix reporteront finalement à 2021). Lors d'un entretien téléphonique (qui n'était initialement pas destiné à servir ce mémoire) avec le directeur du Positiv Festival (festival consacré aux musiques électroniques) qui s'avéra être l'un des seul à avoir eu lieu durant la saison estival de 2020, il m'a été confié que malgré le suivi à la lettre des règles imposées, la demande faite à la préfecture pour la tenue du festival a été refusé car selon eux « la population du festival Positiv n'est pas apte à respecter les règles imposées » et n'ont d'autre choix que de demander l'annulation du festival. Ces propos discriminants ont été utilisés par la suite par les avocats du festival lors d'affaires juridiques débouchant sur une autorisation au bon déroulement du festival. Malgré cet accord, d'autres bâtons ont par la suite été mis dans les roues du Positiv Festival puisque 3 jours avant le jour J on les obligea à abaisser leur jauge de participants de 5000 à seulement 1500. L'évènement s'est tout de même déroulé sans encombre, les participants étant restés assis et masqués durant toute la durée du festival.

    Les festivals se sont réellement sentis abandonnés durant cette période et c'est toujours le cas aujourd'hui, le dernier coup de gueule en date étant l'annonce de la tenue des festivals pour l'été 2021, à conditions de respecter une jauge de 5000 personnes maximum qui devront rester assises, mais également de ne proposer à la vente ni boissons ni nourriture. Annoncée avec beaucoup de satisfaction par la ministre de la Culture Mme. Bachelot, cette annonce a été beaucoup moins bien reçue par les acteurs des festivals de musique actuelles en général et spécifiquement par les festivals de musique électronique. Outre la jauge de 5000 personnes n'étant tout simplement pas supportable pour certaines structures accueillant initialement plusieurs dizaines de milliers de festivaliers, c'est l'impossibilité logique de rester assis durant ce genre d'évènement qui pousse déjà beaucoup de festivals à reporter une fois de plus leur édition à l'année suivante bien que ces mesures soient « soumises à évolution en fonction de la crise sanitaire ». Tous ces festivals, entre autres à travers des tribunes comme « Festivals 2021, on y

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    croit !53 » et d'autres communiqués, dénoncent une totale ignorance de l'Etat envers la jeunesse et la culture électronique. Bien que cela ne puisse être reconnu comme des actes de répression en soi, ils montrent bien l'intérêt faible que porte l'Etat à l'égard de la culture techno.

    C. Les outils marketing et stratégie de communication des festivals de musique électronique en France

    1. Le marketing

    a. Ce qui est recherché dans un festival

    Outre la programmation des festivals, offrant toujours la possibilité de voir un grand nombre d'artistes réunis au même endroit, les festivals de musiques actuelles sont perçus par les individus comme un lieu d'expression personnelle. Pour un festivalier, ces évènements sont synonymes d'évasion, de sociabilisation ainsi que de transformation physique et mentale. En effet, les individus perçoivent les festivals comme des lieux hors du monde, des parenthèses dans leur vie, en ce sens les festivals de musiques actuelles sont une source d'évasion. Dans une société où les situations stressantes sont de plus en plus nombreuses et les occasions d'évacuer ce stresse beaucoup moins présentes, et où la routine du quotidien commence à peser sur le moral, ces festivals représentent une formidable alternative. Ils offrent un cadre particulier et unique à leurs participants en leur offrant la possibilité de quitter leur vie ordinaire pendant un court moment et par la même occasion de laisser derrière eux les soucis du quotidien. Pendant quelques jours ou quelques nuits, ils se retrouvent immergés dans un monde où ils peuvent se laisser aller. Ces évènements constituent un espace-temps unique, où chacun peut se comporter comme il l'entend, faire ce qu'il veut, sans aucune crainte d'être jugé.

    L'une des nombreuses particularités des festivals de musiques actuelles est la totale destruction des distinctions sociales, favorisant ainsi la création de ce qui est appelé une « hypercommunauté temporaire » et qui est d'ailleurs un argument marketing intrinsèque aux festivals. Il s'agit d'une communauté d'individus ne se connaissant pas, mais se rassemblant pourtant spontanément dans

    53 Festivals 2021, pourquoi on y croit : les festivals déterminés, Tribune, 27/11/2020, https://www.touslesfestivals.com/actualites/festivals-2021-pourquoi-on-y-croit-les-festivals-determines-271120, consulté le 17/03/2021

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    le but de vivre une expérience forte, et qui est par la suite dissoute à la fin du festival et donc de l'expérience. Les festivals exacerbent la sociabilisation. Etant donné que la classe ou le statut social de chacun est moins, voir plus du tout visible, tous les festivaliers sont par conséquent sur un pied d'égalité, favorisant ainsi les échanges. Il n'y a plus ni avocats, ni cadres, ni agriculteurs ou sans emplois, mais uniquement des festivaliers partageant un même moment, une même expérience. Le collectif est également une force des festivals pour créer cette expérience. Les individus peuvent par exemple ressentir un puissant enthousiasme pour n'importe quel artiste grâce à un effet de contagion. Ces derniers ne sont pas de simples musiciens, ce sont des stars, voir même des héros pour certains, à qui les festivaliers viennent rendre hommage. Dans ces festivals, tout est plus intense, vécu plus fort et exagéré. C'est cet aspect de collectivité, et même d'unité, qui rend l'expérience des festivals si puissante sur le plan émotionnel. Les festivals connaissent très bien cet aspect de leurs évènements, et font leur possible pour rendre cette hypercommunauté encore plus attrayante, en la mettant en avant lors de leur communication.

    Enfin, la taille de la foule permet aux festivaliers de se sentir anonymes, et se sentent ainsi insignifiants, perdus dans la masse. Alors, comme ils peuvent passer complètement inaperçus, ils peuvent prendre certaines libertés sur leur façon de s'habiller, sur leur comportement, ou encore sur leur façon de danser étant donné qu'ils ne seront pas reconnus. Ces transformations physiques, assez poussées pour certains et pouvant donc être pointées du doigt en société, sont totalement banales dans ces festivals et participent même au sentiment de vivre une expérience libératrice. Aussi important qu'une tenue traditionnelle chez une certaine culture, cette expérience festivalière est marquée par ce changement d'apparence unique marquant le détachement du quotidien. Chacun s'échappe des codes de bonne conduite quotidiens pour expérimenter la liberté. D'ailleurs, on constate que cette expérience d'un look différent permet la création d'une véritable homogénéité dans un festival, ce qui consolide encore la force du collectif et le sentiment d'appartenance. Ici encore, cela représente des arguments marketing mis en avant par les festivals. Beaucoup cherchent en réalité à préserver cet aspect communautaire créé pendant le festival, surtout durant la saison post-festival, comme par exemple le Hellfest avec son groupe de fan Hellfest Cult sur Facebook.

    Quand ils quittent ce lieu d'expérience, les festivaliers se réadaptent petit à petit à une vie « normale » sans pour autant redevenir « comme avant ». Le festival les a fait évoluer sur plan mental. Ils ont lâché prise pendant quelques jours, ont pu réduire et même briser des barrières sociales, rencontré des personnes à qui ils n'auraient jamais adressé un regard dans d'autres circonstances. Ils ont vécu quelque chose de fort, une expérience certes musicale sur le papier,

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    mais une expérience sociale et émotionnelle intense sur le plan humain. Ils ont expérimenté la vie de festivalier. Ici encore nous sommes face à un argument marketing, la promesse d'un changement drastique dans notre manière d'être, de nous comporter, de penser. Ces festivals garantissent de vivre quelque chose de différent apportant une sorte de parenthèse dans la vie des festivaliers. Peu importe le festival, dans tous les cas ils ne seront pas déçus.

    b. Le marketing culturel

    Vous l'aurez donc compris, ce que recherche un festivalier c'est une expérience, et non un simple produit ou service périssable. Cependant, d'un point de vue marketing, les festivals doivent quant à eux vendre un produit (leur festival) sous forme d'expérience. Etant lié en plus de cela au domaine culturel, il convient alors d'adapter un peu son marketing « conventionnel » vers un marketing culturel. Le marketing culturel possède évidemment nombre de similitudes avec les démarches marketing utilisées par toute structure non culturelle. Cependant, les missions spécifiques découlant des institutions artistiques et culturelles vont engendrer des particularités dans leur démarche, dues aux caractères artistiques, culturelles et sociales de ces missions. Et notamment, alors que le marketing traditionnel sera plutôt orienté marché, le marketing culturel est quant à lui plutôt orienté produit. Le marketing culturel peut se définir comme l'art de toucher les segments de marché susceptibles de s'intéresser au produit. Pour cela, il faut jouer sur différentes variables comme la communication, la distribution ou encore le prix, dans le but de mettre le produit en relation avec un nombre suffisant de consommateurs et donc d'être en adéquation avec les objectifs préalablement définis. Pour cela, il faut adapter les moyens et méthodes marketing à la culture, et plus précisément aux produits culturels.

    Ce « produit » culturel peut caractériser différentes choses, comme un évènement culturel (festival, concert, spectacle de danse, théâtre, etc.) ou bien encore comme une oeuvre (disque, film, livre, etc.). Il résulte d'un moyen d'expression provenant de l'un des domaines du champ culturel (musique, cinéma, chorégraphie, lyrique, audiovisuel, etc.) Il est caractérisé par un cycle de production qui intègre à différentes échelles un travail artistique, ainsi que par un processus de diffusion particulier. Ses propriétés sont à la base de sa spécificité, mais également de sa complexité dû à son intangibilité et son aspect peu fonctionnel. Ce produit culturel est unique, possède une forte valeur symbolique, est un vecteur d'hédonisme et d'esthétisme, et enfin il existe dans une temporalité spécifique à la fois durable, éphémère et chronophage. Ainsi, nous pouvons parfaitement définir un festival comme un produit culturel qui sera donc sujet à des

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    outils et des méthodes marketing. Dans ce cas précis des festivals, la stratégie marketing à utiliser dépendra grandement, voir majoritairement de leur positionnement.

    Face à une concurrence de plus en plus importante (sur les 100 plus grands festivals français, on observe en 2019 une augmentation de 5% par rapport à 2018 et de 10% par rapport à 201754), l'organisation culturelle doit s'adapter. Les festivals de musique, en tant que produits culturels, sont soumis à trois types de concurrence : la concurrence avec les produits culturels de même type (les festivals diffusant le même genre de musique), la concurrence avec les produits culturels de type différent (un festival diffusant un ou plusieurs genres différents) et enfin la concurrence avec les autres produits culturels et de loisirs (voyages, théâtre, concerts...). De plus, ils ne sont pas comparables aux autres produits pour trois raisons : une consommation de produit culturel implique la capacité et la volonté d'y consacrer son temps. Il s'agit aussi bien d'un investissement d'argent que de temps. C'est un bien « expérientiel », qui n'est donc évaluable qu'à l'usage, et qui touche à l'aspect hédonique et affectif du public plutôt que leur aspect utilitariste. Enfin, le marché culturel se compose de différents segments qui, comme les autres marchés, répondent aux mêmes qualités : rentables, mesurables, stables dans le temps, etc. Les entreprises culturelles que sont les festivals de musique suivent les mêmes genres de stratégie : la segmentation différenciée, indifférenciée, ou de niche.

    Tandis que le marketing traditionnel est plutôt orienté marché, consistant à déterminer les attentes des consommateurs pour adapter l'offre en adaptant le produit ou l'une de ses variables, le marketing culturel quant à lui consiste à trouver le consommateur en fonction du produit culturel, possédant déjà une identité propre, et non à confectionner ce produit en fonction du consommateur. Les festivals partent de leur identité et de leurs valeurs puis cherchent le public le plus à même de s'y intéresser. Il s'agit donc d'un marketing centré sur le produit.

    Pour un festival de musique, le positionnement est donc au coeur de la stratégie marketing des organisations culturelles et artistiques, représentant leur première source d'avantage concurrentiel. Pilier de la stratégie marketing notamment en valorisant l'offre culturelle et artistique, c'est ce sur quoi s'appuie la déclinaison du marketing mix. Le positionnement c'est la capacité à sortir du lot, à se différencier de ce qui se fait déjà sur le marché. Et donc dans le cas des festivals, même si ici il y a une différentiation simplement grâce à la notion d'existence

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    https://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2020/01/16/festivals-de-musique-un-bilan-2019/, consulté le 10/04/2021

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    (chaque festival étant différent d'un autre, les expériences ne sont jamais identiques), il convient pour cela d'avoir une connaissance du marché. Connaitre les caractéristiques des projets en place, la cartographie des festivals sur un territoire, le calendrier global, etc. sont des facteurs à analyser pour garantir le succès d'un festival. Les réseaux d'acteurs du milieu (sociétés de production, associations, réseaux et organisateurs de festivals, institutions culturelles...) ainsi que la présence sur le plan culturel comme sur le plan médiatique (sites internet spécialisés) sont notamment des actions indispensables à l'identification du marché et pour parvenir à cet objectif de différenciation. Les axes de différenciation et d'identification majeurs du produit culturel se situent dans ses qualités objectives, ses attributs imaginaires, symboliques ou affectifs, mais aussi dans la cible visée par ce produit (autrement dit, le groupe de personnes à qui le produit est censé particulièrement convenir). Les critères de sélection du positionnement peuvent également être impactés par les attentes du publics, les atouts potentiels du produit considéré, ou encore le positionnement des concurrents, ces informations pouvant être révélées grâce à des études de marché. Ainsi, il est possible d'établir une offre centrale, autour de laquelle viendront s'agrémenter des offres spécifiques.

    L'offre centrale du produit culturel, c'est-à-dire dans le cas des festivals la programmation, en relation avec l'identité artistique du projet, représentera la clé de voute sur laquelle jouera le programmateur pour mettre des étoiles dans les yeux des festivaliers. Parmi les styles de musique existants nous pouvons en distinguer beaucoup, comme la pop, l'électro, le hip-hop, le rap, le reggae, le rock en encore plusieurs dizaines d'autres. C'est dans cette diversité de styles musicaux que se jouera le premier gros choix d'un festival : la segmentation. Il leur faut en effet choisir le style, ou les styles, qui seront représentés et qui détermineront donc une grande partie de l'identité du festival.

    c. Les segmentations marketing en festival

    Pour créer l'affiche, certains festivals peuvent miser sur le mélange de différents styles, comme nous pouvons le voir dans beaucoup de grands festivals de musiques actuelles55 (les fameuses grosses entreprises abordées précédemment). Sur leurs affiches sont très souvent, voir

    55« Les musiques actuelles sont une appellation assez floue du ministère de la Culture français, qui caractérise et regroupe les différents styles musicaux de la fin du XXe siècle, début du XXIe siècle. Elle regroupe quatre grandes familles musicales, à savoir la chanson, le jazz, les musiques amplifiées et la musique traditionnelle (si elle est accompagnée d'instruments modernes tels que la batterie ou la guitare basse...). Cette appellation n'est pas véritablement satisfaisante car elle entend non "musique actuelle" mais "musique populaire actuelle. » D'après le site web culture41

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    exclusivement présents des groupes ou artistes classés au « hits parades ». Il s'agit d'une compétition en continue des musiques populaires organisée par diverses chaines de radio ou de télévision. Un « hit » représente une chanson ayant eu un succès objectivement flagrant, autrement dit ayant atteint des sommets de vente et été diffusé sans modération sur des radios généralistes populaires (NRJ, Fun Radio, Skyrock, Radio Nova, Oui FM, etc...). Il est en effet nécessaire de préciser que les plus grands festivals (grand signifiant ici accueillant le plus de personnes) proposent de la musique « populaire ». En France, les plus gros festivals diffusant ce genre de musique sont notamment les Eurockéennes, Solidays, les Francofolies de La Rochelle ou encore le Printemps de Bourges. Ces festivals sont d'ailleurs dans les 15 plus important en France. En 2019, ces festivals ont comptabilisé à eux quatre 705000 festivaliers, soit 9,4% des 7,5 millions de festivalier cette année-là en France56. Cette catégorie de musique actuelle symbolise une musique de masse, jouissant de la plus grande popularité (d'où l'appellation de musique « populaire »). En effet, la musique populaire se caractérise avant tout comme la musique la plus consommée dans les pays industrialisés et influencés par le monde occidental. On y retrouve les groupes ou artistes des principaux styles musicaux comme la pop, dance, rock, jazz ou électro étant universellement connus. Se basant sur des critères déjà établis, ils peuvent généraliser les études de marché pour s'assurer d'attirer le plus grand nombre de personne dans le but de générer un maximum de profit, car c'est un effet le but premier de ces festivals. Il leur est bien plus simple d'identifier leur cible, puisqu'elle est déjà existante, mesurable et utilisée par d'autres institutions comme la radio ou la télévision, et ont uniquement à s'adapter en fonction de l'évolution du Hit-Parade, de l'apparition de nouvelles pépites, et du déclin des artistes se faisant remplacer au pied levé. Ces facteurs révélant intrinsèquement la volonté du public, la tâche la plus dure les concernant sera de décrocher un contrat avec ces artistes ou groupes populaires le plus rapidement possible et au moindre coût. Ces festivals ont choisi la segmentation indifférenciée, cherchant à toucher un public le plus large possible avec un positionnement central sur des musiques plaisant à une « masse ».

    Fort heureusement, d'autres festivals décident de baser leur positionnement sur un aspect plus culturel qu'économique, et misent sur un ou plusieurs genres musicaux en accords avec leur identité originelle. Pour citer quelques festivals avec plusieurs genres musicaux, nous retrouvons par exemple le festival Beauregard et Main Square avec leur programmation Pop / Rock

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    (respectivement 108000 et 115731 festivaliers en 2019, 17e et 16e festival français en termes de fréquentation57). Ces festivals ayant adopté une segmentation différenciée, c'est-à-dire ciblant quelques catégories de public au lieu de viser la majorité. Enfin, nous retrouvons les festivals ne représentant qu'un seul genre musical. Pour en citer quelques-uns, nous avons notamment le Hellfest et sa programmation 100% rock (180000 festivaliers en 2019, 9e festival français58), le festival Interceltique de Lorient basée uniquement sur les musiques et la culture Celtes (800000 festivaliers, 1er festival français59), ou bien le festival Nordik Impact de Caen offrant une affiche exclusivement électronique. Ces festivals ont adopté une segmentation de niche, c'est-à-dire qu'ils visent essentiellement les amateurs du genre musical représenté. D'ailleurs, on observe d'année en année que les publics de festivals sont de plus en plus attirés par la spécialisation et la différenciation. Sur les 100 plus gros festivals de musique français en 2019, ces festivals avec un genre musical clairement défini et arboré en représentent plus d'1 sur 3 (37%)60. Ces festivals cependant accordent leur offre centrale musicale à d'autres types de produits culturels, comme le festival Art Rock qui propose des spectacles de rue ainsi qu'une grosse exposition d'arts numériques. D'ailleurs, ces festivals de niche comprennent aussi des festivals avec une offre centrale autre qu'une spécialisation musicale représentant 9% des 100 plus gros festivals français, faisant ainsi passer les 37% abordés précédemment à 46%. En effet, la spécificité des festivals de musique français est grandement dû à leurs engagements, qui peuvent être écologiques (We Love Green, Terres du Son, Climax Festival...), solidaires (comme les Solidays qui aide à la lutte contre le sida), ou encore politiques (comme la Fête de l'Humanité, 450000 festivaliers en 2019 soit le 2e festival français61). Ils utilisent leur notoriété pour sensibiliser le public à différentes causes. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à proposer des choses différentes du programme musical comme des conférences, des talks, ou encore des rencontres avec des personnalités extérieurs au monde de la musique. Ils essaient de se différencier de leurs concurrents qui choisissent de tout miser sur la musique, et ces opérations marketing sont de plus en plus appréciées.

    On a beaucoup tendance à juger de la qualité d'un festival par sa fréquentation, ou encore à se dire qu'un festival avec une segmentation indifférenciée attire plus de monde qu'un festival avec

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    58 Idem

    59 Idem

    60 Idem

    61 Idem

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    une segmentation de niche, cependant cela peut être trompeur. Comparer des festivals en fonction de leur fréquentation n'est pas une méthode valable, car il n'existe à ce jour aucune obligation d'harmonisation des moyens de calculs, chaque festival possède ses propres méthodes et annonce les chiffres qui lui paraissent les plus adéquats. Il s'agit d'un levier marketing grandement utilisé par ces festivals. Ces méthodes peuvent changer d'une année sur l'autre, et ainsi donner des augmentations de fréquentation drastiques. Par exemple, le festival du Printemps de Bourges a annoncé 80000 festivaliers en 2018 en se basant uniquement sur la billetterie, tandis qu'en 2019 ils ont choisi de communiquer sur la totalité des festivaliers présents en ville, passant ainsi à 200000 festivaliers soit une augmentation de 150%.

    d. Le positionnement central et ses difficultés

    Dans la majorité des cas le positionnement central reste musical. Alors, dans le but d'avoir un positionnement central fort, et donc une programmation alléchante, les programmateurs doivent réaliser une veille artistique perpétuelle sur internet et sur le terrain (concerts, autres festivals, tremplins...) pour dénicher des artistes et groupes sortant du lot car rares, nouveaux ou encore innovants. Ils devront également analyser les tendances des téléchargements et achats des musiques pour déterminer les groupes du moment, mais également faire appel à leur réseau professionnel et leur instinct pour mettre la main sur des pépites encore inconnues. Pour un programmateur, l'instinct, la négociation mais aussi le réseau sont des notions indispensables. Ce réseau professionnel gravite grandement autour des autres directeurs de festivals. Il existe en effet une certaine solidarité entre organisateurs, mais aussi avec les sociétés de production qui possèdent des catalogues de groupes tendances du moment et proposant leur touche artistique. De ce fait, tous les partis sont gagnants et on observe la création d'une fidélité, donnant lieu par la même occasion à une pérennité artistique dans le temps.

    Cependant, après la complexité de la création de l'affiche, vient l'aspect financier et la question des cachets des groupes et artistes. En effet, si repérer des artistes n'est déjà pas chose facile, il faut faire les bons choix et trouver des compromis financiers. Plus une programmation aura un caractère détonnant, insolite ou rare et plus elle sera tributaire et limitée par le coût de ces artistes. Cela est dû à la constante augmentation du cachet des grands artistes, citons par exemple le groupe anglais Blur qui coutait 45000 € en 1999 et 200000 € en 2010. Dans ces situations, il faut plus qu'une âme de programmateur, il faut avoir des qualités de commerçant et de leadership. Lorsque l'anticipation et le flair artistique sont au rendez-vous, les économies

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    peuvent être conséquentes. En l'espace de seulement quelques semaines, le cachet de certains artistes populaires peut passer du simple au double, il convient donc pour un organisateur de prévoir à l'avance ces évolutions de coût.

    Pour un programmateur, certaines méthodes et attitudes sont obligatoires. Cependant, il leurs est aussi indispensable de trouver des valeurs sûres pour leurs affiches qui seront synonyme de réussite mais aussi parfois de non-originalité. En effet, lorsque le début des beaux jours arrive, et que les festivaliers trépignent d'impatience à l'idée de voir leurs artistes préférés sur des affiches et de prévoir leur itinéraire des festivals estivaux, ces derniers ne se montrent souvent pas très originaux entre eux en termes de têtes d'affiche. En effet, la concurrence du marché des festivals est mondiale, et pour beaucoup l'enjeu se situe sur quelques têtes d'affiches de plus en plus dures à obtenir. Que ce soit au Japon, en Espagne ou encore dans les pays de l'Est, les festivals sont régulièrement soutenus par de gros sponsors (souvent des marques d'alcool) et peuvent donc s'offrir des artistes incroyablement chers alors que même les grands festivals français (qui rappelons-le, ne peuvent pas se faire sponsoriser par des marques d'alcool) peinent beaucoup plus. Cependant quand ils y arrivent ces groupes et artistes sont un gage de sécurité car même si les gros festivals sont lourds de coûts, ces artistes permettent de le rentabiliser.

    Malheureusement, ce sont ces valeurs sûres qui font courir le risque d'uniformiser les programmations. Ce qui a pour conséquence de ne pas se positionner, et de ne pas se différencier artistiquement. Par exemple, en 2009 les festivals des Eurockéennes, des Francofolies, des Vieilles Charrues, de Musilac, du Printemps de Bourges et de Paléo possédaient une dizaine de têtes d'affiche identiques. Ces programmations et leur approche artistique, bien qu'évidemment liés à l'identité artistique du festival, sont également dépendant de la taille du festival et du nombre de festivaliers attendus et donc du coût allouable aux artistes et aux ressources financières. Car en effet, les programmateurs s'accordent pour dire que les tarifs des groupes et artistes auraient augmenté d'au moins 30 à 40% depuis le début du millénaire. Ils expliquent cela par une évolution de l'offre et la demande ainsi qu'une augmentation du coût de la vie et des coûts de production. Certains programmateurs, pour contrer ces méthodes peu atypiques, tentent donc de se différencier notamment en ouvrant leur porte à des artistes méconnues, via les tremplins ainsi que les scènes annexes. Par exemple, certains festivals se caractérisent comme des ambassadeurs d'artistes émergents à l'instar du Printemps de Bourges et de son programme Les Inouïs (qui a été le premier dispositif national de repérage et de sélection de nouveaux talents artistiques), des Francofolies et de leur Chantier des Francos (qui a pour mission de découvrir les nouvelles tendances de la scène musicale française et d'accompagner les artistes au

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    démarrage de leur carrière) ou encore des Trans musicales ainsi que d'autres festivals proposant des tremplins (Rock en Seine, Jazz à Vienne, Nuit de l'Erdre...).

    Au milieu de cette concurrence festivalière, devenant dès lors une industrie comme la caractérise nombre de professionnels, même s'il peut parfois exister des pseudo-partenariats il devient de plus en plus difficile de créer une programmation à la fois attirante, cohérente et originale. Surtout que la concurrence est internationale, à l'image de l'Europe de l'Est où l'apparition de nouveaux festivals pullulent, et dont le meilleur exemple est celui du festival Hongrois Dziget, plus grand évènement d'Europe avec ses 400000 festivaliers quotidiens. Le libéralisme économique faisant loi, la notion d'offre et de demande ne laisse que peu d'espoir à certains festivals lorsque d'autres tels que ceux possédés par le géant mondial de l'Entertainment musical Live Nation ne peuvent qu'écraser la concurrence.

    Par exemple, selon l'étude réalisée annuellement par Touslesfestivals62, sur les 100 festivals visités en 2018 quinze d'entre eux ne l'ont pas été en 2019 car ils ne respectaient plus les critères de l'étude (en termes de taille notamment). Parmi ces quinze festivals, six n'ont pas pu avoir lieu pour des raisons financières : le festival Couvre Feu, The City Trucks et le Festival Démon d'Or sont en liquidation judiciaire. Une annulation révèle très souvent une certaine précarité financière, le festival Nordik Impact a par exemple suspendu son édition 2019 pour se réadapter en 2020 (ce qui n'a évidemment pas pu avoir lieu). Fort heureusement, malgré les difficultés à créer et faire perdurer un festival en France, on observe plus de création de festival que de disparition.

    e. L'importance de l'identité culturelle

    Si ces festivals internationaux géant restent très appréciés à l'instar de TomorrowLand en Belgique, du Dziget en Hongrie, ou encore du Burning Man aux Etats-Unis, la mode revient aux festivals de taille humaine, c'est-à-dire entre 10000 et 20000 festivaliers par jours voir beaucoup moins. C'est d'ailleurs autant le cas pour les festivaliers que pour les artistes, pour qui il est bien plus simple de créer un lien avec quelques milliers de festivaliers plutôt qu'avec une foule dont ils ne voient parfois pas le bout. Il est d'ailleurs de plus en plus fréquent, bien que ce ne soit pas une généralité mais plutôt une sorte de supplément, que certains festivaliers ne viennent pas dans

    62 Festivals de musique : un bilan 2019, Lehalle E. (16/01/2020),

    https://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2020/01/16/festivals-de-musique-un-bilan-2019/, consulté le 10/04/2021

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    un festival précis pour sa programmation, alors reléguée au second plan, mais pour ce qui différencie ce festival des autres. Ses valeurs, l'expérience proposée, le cadre, etc. Alors, s'il est essentiel de créer une offre centrale pour se positionner dans ce milieu et donner vie au festival, que ce soit par son genre, sa programmation, ses artistes, le charisme du directeur, le lieu et ses services, l'expérience proposée, l'image et la réputation, la qualité ou le prix, la marque (quand il y en a une) ou autre, il ne faut pas oublier de créer et d'assumer son identité culturelle et de faire preuve d'originalité.

    Tout évènement culturel, et donc tout festival qui se respecte doit offrir ses propres originalités et spécificités, qui définiront l'identité du projet, et qui évolueront d'années en années pour s'adapter aux nouveaux besoins, aux nouvelles tendances, aux nouvelles évolutions technologiques ou encore aux évolutions des valeurs que la société véhicule. Nous disposons d'ailleurs en France et en Europe de plusieurs festivals dont l'offre centrale, les services périphériques, ou encore le lieu font preuves d'originalité. Il s'agit en quelques sorte des leviers marketing des festivals.

    Voici quelques festivals usant de moyens marketing adaptés :

    Le festival Art Rock de Saint-Brieuc propose une scène de groupes et artistes de la RATP, composée de musiciens repérés dans les métros et gares de la capitale, et possède également un village (nom couramment donné à des zones d'un festival et pouvant être décliné de bien de manières) appelé Rock N'Toques qui est animé en permanence par des cuisiniers étoilés et locaux qui mettent en avant des produits du terroir local de manière ludique. Une très bonne idée pour pallier le cliché de la malbouffe en festival.

    Le festival Rock en Seine de Boulogne Billancourt, quant à lui, a créé un espace « festival pour les enfants » proposant des ateliers découvertes du monde musical les après-midis, et des concerts en fin de journées. Idéal pour mettre en avant l'aspect familial que peut offrir un festival.

    A Rennes, le festival Cultures Electronik fait passer une nuit blanche aux festivaliers avec des musiques électroniques et psychédéliques dans un lieu patrimonial plein d'histoire, un château médiéval, dans le but de créer un décalage entre ambiance et lieu. Ils organisent également dans une cathédrale un concert d'oiseaux, dont les bruits sont remixés en direct par un DJ.

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    En Ukraine cette fois, et plus précisément sur les plages de Crimée, a lieu le festival de KaZantip étant une gigantesque beach party proposant de la musique électronique 24h/24 et regroupant costumes extravagants, maquillages excentriques et explosions de couleurs.

    Le festival Powerstock, se revendiquant comme un remake de Woodstock et ayant eu lieu dans un parc à éoliennes en Italie a été le rendez-vous incontournable de tous les amateurs de musiques électroniques et de défenseurs de l'environnement. Parrainé par Jean Michel Jarre, son objectif était de marier le respect de l'environnement et les énergies renouvelables avec les nouvelles technologies (jeux de lumières complexes, écrans géants, sonorisations amplifiées, etc.).

    f. Les outils marketing des festivals

    Ces exemples de festivals atypiques et originaux sont très, très loin d'être exhaustifs. Car bien que certains sortent effectivement du lot, chaque festival, par sa simple existence, est différent d'un autre et offrira sa propre expérience. Pour ceux qui n'ont pas la chance de disposer d'un cadre entre les montagnes ou au bord d'un lac à l'eau transparente, d'une programmation avec les derniers artistes à la mode ou de moyens faramineux, reste alors les « petites opérations marketing » faisant parfois la différence.

    Beaucoup de festivals ont eu l'occasion de percer grâce à des opérations marketing bien menées, et qui se sont d'ailleurs par la suite développées dans d'autres festivals. Par exemple, certains proposent des applications mobiles. Certaines sont bien plus développées que d'autres, ne proposant parfois que de simples rappels de la programmation avec quelques vidéos des artistes, mais pouvant aller jusqu'à proposer un plan du festival en temps réel avec la possibilité de géolocaliser ses amis possédant l'application, cela dépend des moyens que le festival souhaite investir. La simple présence d'une application aura un impact positif sur la visibilité et la communication du festival. De plus, on retrouve maintenant partout dans leur enceinte des points Wifi et des bornes de recharge pour smartphone. Dans tous les cas, une application jouera également un rôle important pour le festival car elle apporte de précieuses données, qui seront réutilisables par le festival pour adapter leur marketing.

    Une autre opération marketing des plus pertinentes a été la création de système de paiement électronique comme des cartes ou bracelets. En effet, la consommation dans les festivals est fréquente, mais se fait surtout souvent sur un coût de tête. L'idéal quand on se promène dans un

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    festival étant de ne pas avoir de sac, et même idéalement de pas avoir de trop grosses sommes d'argent sur soi (les pertes sont vites arrivées). Certains festivals s'associent donc avec des startups spécialisées dans les paiements électroniques pour proposer des systèmes, offrant la possibilité de précharger avant le festival une certaine somme d'argent qu'il sera possible de récupérer à la fin si tout n'a pas été utilisé. C'est par exemple le cas du Hellfest et de la société PavinTech qui ont créé une carte de paiement sans contact. Cette carte est même sécurisée en cas de perte ou de vol, car il est possible de la bloquer, de la recréer et de la recréditer.

    Après les cartes et les systèmes de paiement sont apparus les bracelets connectés, pouvant toujours être utilisés pour payer, mais également pour faire office de billets d'entrée. Certains festivals ayant adoptés ce système se sont même associés à Spotify pour proposer aux festivaliers de lier leur bracelet à leur compte, pour que la playlist du festival leur soit directement envoyée, leur permettant également l'accès à des contenus « inédits » s'il se rendent au stand Spotify du festival. Les utilisations de ces bracelets sont multiples, et il a déjà été vu des fonctionnalités comme la visualisation de l'activité de la foule (récompensant les danseurs les plus actifs), la consommation de boisson, l'heure d'arrivée, etc. Toutes ces fonctionnalités offrent, en plus des facilitations pour les festivaliers, des données importantes pour les festivals qui, si elles sont bien analysées, peuvent aider les organisateurs à ajuster certaines actions logistiques et marketing pour les prochaines éditions.

    Ces actions marketing, bien que ne remplaçant pas une offre principale en béton et une identité culturelle originale, permettent parfois de faire la différence avec les festivals représentant les plus proches concurrents.

    Enfin, l'une des opérations marketing la plus répandues en festival reste les partenariats. Les aides publiques étant relativement maigres, ces partenariats avec des entreprises privées leur sont grandement utiles. Par exemple, le village partenaire du festival des Eurockéennes permet de récolter plus d'1,5 millions d'euros, représentant près de 25% du budget du festival. Ces partenariats permettent simplement d'exposer le nom du partenaire, possédant souvent un stand à son nom dans le festival, contre une certaine somme d'argent. Mais au-delà de ce simple sponsoring, représentant une sorte d'implication passive, on assiste de plus en plus à une implication plus conséquente des marques grâce au naming qui consiste à associer leur nom avec celui de l'évènement.

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    Certaines marques ont également recours à cette stratégie en utilisant des marques liées à l'industrie musicale. Ainsi, c'est l'opportunité pour un festival de bénéficier d'une source de revenus supplémentaire mais également d'accroitre sa visibilité et sa résonnance grâce à cette association avec une marque connue. Par exemple, le festival des Inrockuptibles change régulièrement de nom en fonction de l'entreprise partenaire : les Inrocks Black XS en 2011, les Inrocks Volkswagen en 2012, ou encore les Inrocks Philips en 2014.

    Nous retrouvons également ce naming à moindre échelle, touchant alors les scènes des festivals. Ce partenariat permet à une marque de donner son nom à l'une des scènes, qui sera alors habillées aux couleurs de cette marque et portera son nom. Nous pouvons alors retrouver sur ce principe la scène Green Room (l'activation musicale de Heineken) aux Eurockéennes, mais également au Main Square festival et à I Love Techno France.

    Le marketing n'est donc pas le même d'un festival à l'autre, certains appartenant à des multinationales de l'Entertainment et d'autres étant simplement des associations cherchant à mettre en avant une culture spécifique. Il va être pour certains bien plus simple que pour d'autres de savoir quels artistes ou groupes il faudra démarcher, un festival populaire pouvant se baser sur l'évolution du Hit-Parade, mais pour d'autres comme des festivals de musique électroniques underground les études de marchés sont déjà bien moins présentes. Cependant il est possible d'y voir ici un certain avantage. Les festivaliers cherchant avant tout une expérience, s'ils se sentent touchés par la culture revendiquée par un festival, peu importe sa taille ou ses moyens ce festival aura ses chances. S'ils arrivent à faire de ses points faibles (comparés à d'autres gros festivals) des points forts, ces festivals n'ont rien à envier aux mastodontes du secteur. Tout cela passe notamment par une bonne communication.

    2. La communication

    Les festivals de musique sont devenus des évènements culturels incontournables en France. Ils font par conséquent l'objet d'importantes actions de communication pour attirer leur public, qui croule souvent sous la masse des informations culturelles. C'est pour cela que même si la majeure partie de cette stratégie de communication est effective sur les réseaux sociaux des festivals en question, une part non négligeable de la communication s'effectue hors réseaux.

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    a. La communication hors réseaux

    - Les communiqués de presse

    La base pour tout évènement attendant un public reste les communiqués de presse. Il s'agit d'un document assez court servant à présenter le projet aux journalistes. Le but est donc d'être assez court et le plus concis possible dans sa rédaction. Il faut donc mentionner les informations nécessaires, ainsi que les renseignements pratiques essentiels sur une page A4 recto maximum. Pour ces informations le plus simple reste de se baser sur les 3Q2COP pour ne rien oublier, c'est-à-dire : qui, quoi, quand, comment, combien, où, pourquoi ? Ainsi, les journalistes retrouveront les informations brutes et contacteront les festivals pour avoir plus d'informations si le festival a attiré leur attention. Les informations phares sont donc à privilégier dans ce document pour séduire les journalistes, étant la cible de ces documents. Il n'est pas non plus rare de téléphoner aux journalistes concernés pour s'assurer de la bonne réception du document, permettant ainsi de commencer à créer un lien. Cependant, si les communiqués de presse sont particulièrement adaptés pour communiquer sur des petits évènements, pour les festivals ils sont loin d'être suffisant. Une fois les journalistes aguichés, vient alors le dossier de presse.

    - Le dossier de presse

    Les évènements que sont les festivals ne peuvent passer à côté de la réalisation d'un dossier de presse pour leur promotion. Il s'agit d'un ensemble de documents relatifs au festival mais également à l'association/entreprise concernée. En plus d'un communiqué de presse (le dossier de presse pouvant accompagner l'envoie du communiqué ou bien le suivre), ce dossier doit également comprendre une présentation de l'édition, des visuels, l'intégralité (au possible) de la programmation ainsi que les coordonnées de la personne s'occupant des relations médiatiques. Il peut également faire mentions d'autres informations qui seront jugées pertinentes, comme quelques indications biographiques des artistes qui seront utiles à la rédaction d'un article. D'autres éléments sont également importants, notamment un plan de communication et/ou une revue de presse pouvant servir à la presse pour appréhender l'ampleur que pourra prendre l'évènement et donc faciliter la rédaction d'un article à son sujet. Ce dossier peut être disponible sur demande, ou bien être à disposition de tous selon les moyens et la stratégie du festival. Il faut faire attention à soigner la rédaction de ce dossier, car étant donné sa longueur il faut parvenir à accrocher son lecteur. Cela passe notamment par un titre d'accroche parlant ainsi qu'une introduction claire et efficace, puis une organisation et une structuration pertinente.

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    Concernant le communiqué et le dossier de presse, la cible des festivals sont les journalistes et plus largement les médias. Dans le cadre des festivals de musique électro, des médias nationaux globaux ne sont pas réellement adaptés (sauf évidemment s'il s'agit d'un très grand festival, comme l'est par exemple TomorrowLand en Belgique). Il convient alors de viser soit des médias nationaux culturels ou bien orientés sur la musique (là encore il est possible de trouver des médias musicaux généralistes ou bien centrés sur des genres musicaux spécifiques comme Trax ou encore Rave Feed), ou alors des médias généralistes locaux qui pourront toucher une cible peut-être pas forcément adepte mais suffisamment proche de l'évènement pour s'y intéresser. Le but de ces démarches étant évidemment de décrocher un article au sujet du festival, qui sera souvent relayé par la suite sur les réseaux sociaux et accroitra la visibilité du festival concerné.

    - Les affiches et les flyers

    Enfin, concernant les supports papiers comme les affiches et les flyers, les festivals doivent faire attention à ne pas trop les surcharger d'informations pour ne pas nuire à leur lisibilité. Le nom, la date, et le lieu sont obligatoires. Enfin, ce qui attire réellement l'attention (outre la charte graphique) c'est la programmation. Les festivals essayant au plus tôt de dénicher des têtes d'affiche, ce sont elles qui prennent le plus de place sur les affiches et flyers, les festivals jouant sur les polices de taille (plus une tête d'affiche est importante, plus elle sera écrite en gros). Certains festivals décidant de lancer leur campagne de communication hors médias avant d'avoir définis leur programmation complète, il est d'usage de voir mentionné à la fin de la programmation, et donc avec la plus petite police présente sur le support, quelques mots précisant qu'elle n'est pas complète comme « et d'autres artistes » ou bien « et d'autres surprises ». En général cependant, ces affiches et flyers comportent toute la programmation, quitte à ce que la police utilisée pour les artistes « les moins attendus » soit deux fois voire trois fois plus faible que celle des têtes d'affiche.

    Concernant les cibles touchées, les affiches seront exposées sur les panneaux d'affichage publics principalement au niveau local bien qu'aussi plus faiblement au niveau national. Les affiches sont quasiment toujours au format A3 ou A4, bien que l'on puisse également voir ces affiches sur des panneaux publicitaires mécaniques ou numériques au bord des routes ou bien dans des abris bus par exemple, bien que ce ne soit souvent le cas que dans la ville où se déroule le festival (les Francofolies de La Rochelle utilisent notamment ce procédé). Les flyers quant à eux sont distribués dans les boites aux lettres (beaucoup plus au niveau local cette fois, cette

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    démarche coutant beaucoup plus de temps et d'énergies) ou bien mis à disposition dans des commerces locaux.

    - Les sites internet

    Les sites internet des festivals représentent des outils incontournables dans le cadre des actions de communication. Ce sont eux qui seront le plus exposés à la vue de tous et doivent donc refléter le festival. Ces sites sont pratiquement toujours abordés lors des communications, la façon la plus répandue étant de mentionner quelque chose comme « plus d'informations sur notre site ». Nous en reparlerons plus tard dans cette partie, mais le plus souvent les communications sur les médias sont souvent des informations ayant déjà été postées sur le site et seulement relayées par les médias, ce qui justifie cette phrase renvoyant au site web.

    Ils doivent offrir aux festivaliers un visuel complet sur la programmation, mais également sur la structure organisatrice. Ils regroupent également toutes les informations pouvant être utiles aux festivaliers et au bon déroulement de leur séjour, comme des plans d'accès, différentes propositions de lieux d'hébergement, les divers types de restaurations possibles, etc. Un site internet a pour cible quiconque s'intéressant de près ou de loin au festival concerné, mais est notamment très utiles aux différents médias. Il est donc judicieux de rendre accessible sur ces sites différents supports de communication en téléchargement libre comme le dossier de presse, mais également des photos et vidéos des éditions précédentes, ainsi que la charte visuelle de l'évènement si possible.

    Un site internet se révèle donc indispensable, mais ce n'est pas la seule possibilité des organisateurs de festivals pour s'annoncer. Il est possible de trouver d'autres sites internet, comme par exemple AgendaCulturel.fr qui met en avant une catégorie spécifique pour ces évènements culturels. D'autres sont totalement dédiés aux festivals avec des spécialisations dans des domaines particuliers, comme la musique, à l'instar du site France Festival.

    b. La communication

    Bien que ces outils représentent une part conséquente de la communication d'un festival, c'est sur les réseaux sociaux que la différence se fait. La classe d'âge la plus représentée en festival étant les jeunes les jeunes, les réseaux sociaux sont en effet les moyens les plus efficaces de les toucher.

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    Présence des festivals sur les réseaux sociaux en 2016

    En effet, lors d'une étude de 2016, 87% des festivaliers disposaient des applications mobiles de ces réseaux sociaux, les plus utilisés par les festivals étant Facebook, Instagram et Tweeter. En 2016 (et toujours aujourd'hui) c'est le Hellfest qui compte la plus grande communauté sur Facebook et Instagram. Il n'a d'ailleurs pendant longtemps pas eu de compte YouTube, principalement pour des raisons de droit à l'image entre les artistes et les boites de production. Les contraintes liées aux vidéos sont effectivement un peu plus nombreuses sur YouTube, ce qui peut expliquer que ce réseau soit un peu moins utilisé par les festivals. Tout réseaux sociaux confondues, la communication digitale est sans conteste la plus pertinente pour les festivals de musique.

    Bien que l'on retrouve des schémas similaires dans cette communication digitale, chaque festival tente de différencier sa communication. Pour beaucoup il suffit de mettre en avant l'univers de son festival, représentant déjà une forte différenciation étant donné qu'aucun festival ne se ressemble. Tous les outils de communication médias qui seront abordés dans cette partie auront donc une effectivité sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Tweeter, les communications étant les mêmes (seule la présentation peut différer d'un réseau à l'autre en fonction de la politique de ce dernier, mais le contenu de la publication reste inchangé). De plus, les cibles sont également les mêmes d'un réseau à l'autre. Ces publications sont faites sur les pages/groupes d'évènement du festival, elles ne touchent donc que ceux en faisant déjà partis.

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    Cependant il arrive parfois de voir certains festivals relayer des post d'autres festivals, ou encore certains post relayés par d'autres pages publics ou par des participants à destination de leurs amis, touchant ainsi un public peut être nouveau.

    - L'annonce de la programmation

    Pour donner des exemples concrets de communication, on retrouve partout la fameuse annonce de la programmation dont la méthode pourra changer du tout au tout en fonction du festival. Certains choisissent de la faire très longtemps à l'avance, à l'instar de l'Arena Sound Festival en Espagne qui suivait un rythme de publication hebdomadaire correspondant à un artiste, avec des pistes pour laisser deviner aux festivaliers qui sera le prochain artiste annoncé. Cette méthode permet de créer le buzz et laisse également les questions en suspens, ainsi chaque festivalier se demandera jusqu'au dernier moment si son artiste préféré sera présent ou non. Cette stratégie a porté ses fruits, puisqu'en 2018 le festival a fait sold-out plus de 7 mois à l'avance. Ce festival mène d'autres stratégies en parallèle comme un concours pour gagner des pass en backstage, un voyage en jet privé jusqu'au festival ainsi que d'autres récompenses, n'étant cependant accessibles qu'aux personnes ayant acheté leur place dans les premières 24h après le lancement officiel de la billetterie. D'autres festivals comme Rock en Seine se contente de faire des teasings et d'inviter à rejoindre le groupe de l'évènement ou la plupart de la communication est effectuée. Ou encore, des évènements comme les Francofolies de La Rochelle annoncent leur programmation seulement quelques semaines à l'avance, mais ce sont les artistes eux-mêmes qui s'annoncent en vidéo postées sur le groupe de l'évènement. Il s'agit d'une bonne façon de créer une certaine proximité entre les artistes invités et les festivaliers, puisqu'ils s'adressent directement à eux, mais cela créer également plus d'engagement sur le groupe de l'évènement. Enfin, certains choisissent la simplicité et la sobriété, comme le Hellfest qui se contente de changer sa couverture sur les réseaux sociaux avec les têtes d'affiche.

    - L'avancée de la mise en place du festival

    Outre cette annonce de la programmation, les festivals font également patienter les fans en publiant l'avancée de la préparation du terrain et des scènes. Ils sont en effet de plus en plus désireux de connaitre l'envers du décor, et ce genre de post contribue à maintenir l'excitation mais créer également un intérêt encore plus personnel pour la participation à ce festival étant donné que l'on a suivi toute sa préparation. Cela passe notamment par des post à date fixe suivant par exemple la création d'une scène ou d'un village, commençant toujours par une

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    photo/vidéo du terrain vide et terminant par une photo/vidéo du même terrain avec cette fois l'installation totalement terminée. Le nombre de post concernant cette avancée peut varier en fonction des festivals.

    - Présentation des artistes

    En complément de la programmation, et en toute logique, les artistes sont régulièrement mis en avant. Les festivals ont en effet eux aussi intérêt à mettre en avant les chansons et clips des artistes qui monteront sur leur scène. Manoeuvre parfaitement adaptée pour durcir la motivation des fans de ces derniers, mais également pour attiser la curiosité de ceux qui ne les connaissent pas encore.

    - La mise en avant de la communauté

    Les festivals aiment également mettre en avant leur communauté, dont ils sont très fiers. Ce sont en effet eux qui sont le plus souvent au centre des publications et non les artistes comme on pourrait le penser. Cette communauté est en effet le coeur du festival, car sans elle un festival n'existerait tout simplement pas. Qu'un festivalier ne soit venu qu'une ou plusieurs fois dans un festival, il fait partie de cette communauté car il participé à la vie de ce festival à un moment donné. Si ce sont souvent les artistes qui donnent envie de venir en festival, c'est sa communauté qui rend ce festival réellement vivant et inoubliable. Il est donc important de communiquer sur cette communauté, autant pour fidéliser ceux en ayant déjà fait partie que pour attirer et donner envie à ceux n'en ayant pas encore eu l'occasion. Pouvant croire que certains festivaliers viennent dans ce genre d'évènement uniquement pour se montrer dans des tenus des plus extravagantes, ce sont en effet ces festivaliers qui font deviner l'ambiance d'un festival. Du fun au plus m'as-tu vu, en passant par le décontracté ou le pointu, c'est l'occasion de s'imaginer l'ambiance que l'on pourrait ressentir au milieu de tous ces looks et déguisements. Certains festivals mettent en avant les festivaliers les plus « cools », tandis que d'autres se contente de retweeter l'enthousiasme de leurs participants, ou encore proposent aux festivaliers de s'identifier dans les photos prises durant l'évènement pour revivre son ambiance. Ils ne manquent pas non plus de partager des infos pratiques et de donner des conseils aux participants, les organisateurs montrant ainsi à quel point ils sont soucieux de leur bien-être. Le Hellfest a même créé une page dédiée à son fanclub : le Hellfest Cult. Etant donné que ces post ne sont pas considérés comme essentiel au même titre que les post sur l'avancée de la mise en place du festival, c'est-à-dire qu'ils ne transmettent pas d'informations réellement utiles comme celles

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    concernant les artistes par exemple, c'est au CM (Community Manager) du festival de gérer ces post. Si la stratégie de communication implique la diffusion d'informations essentiels à intervalles fixes, elle laisse cependant une certaine liberté au CM pour animer les réseaux du festival. Ainsi, c'est à lui de trouver une communication qui ne soit ni trop fréquente pour que les post importants ne passent pas inaperçus ni trop occasionnelle pour continuer à susciter l'intérêt du public. Le CM peut donc choisir de mettre en avant la communauté du festival à travers différents moyens qu'il jugera pertinents, et en accords avec la stratégie de communication du festival ainsi que son identité et ses valeurs.

    - La communication pendant le festival

    Une bonne partie de la communication se fait également durant le festival. Avant le seul moyen de connaitre l'ambiance d'un festival était d'y assister, ou bien d'attendre plusieurs mois d'hypothétiques rediffusions sur des chaines spécialisées. Aujourd'hui grâce aux réseaux sociaux, il est presque possible de s'y croire et de s'imprégner de l'univers d'un festival. Les festivals des Eurockéennes ou du Main Square notamment partagent plusieurs fois par jours durant le festival des photos et vidéos des concerts journaliers.

    C'est une façon de mettre en avant la programmation et les artistes. Faisant autant plaisir à ceux absents qu'à ceux présents, le Main Square a en 2018 fait venir un chroniqueur qui allait à la rencontre des artistes et festivaliers pour recueillir leurs impressions. Le but étant de faire découvrir l'envers du décor ainsi que l'ambiance grâce à de courts reportages vidéo, postés sur les réseaux sociaux et sur leur site. Tweeter est notamment grandement utilisé pour les live tweet pour proposer des conférences de presse et des interviews, les Francofolies ont même utilisé la fonction Periscope en 2018 pour offrir à leurs abonnés des streams live des concerts. Ils ont même proposé des concerts en direct sur leur site web, réjouissant les amateurs de musique n'ayant pas pu faire le déplacement.

    - La communication post-festival

    Enfin, même après la fin des festivals, la communication continue. Après les traditionnels remerciements et félicitations, suivis du fameux « à l'année prochaine », les festivals doivent continuer de stimuler l'engouement des festivaliers via les réseaux sociaux et ainsi entretenir leur lien. Pour cela, ils poursuivent la publication de contenus jusqu'à la prochaine édition, bien qu'en réduisant logiquement sa fréquence. Il s'agit de photos et vidéos des concerts, des festivaliers, mais également des informations sur les artistes qui étaient présents comme des

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    sorties de titres ou d'albums. Il est également possible de voir des blogs tenus continuellement comme celui du Hellfest, proposant notamment des interviews d'artistes et de stars s'étant retrouvés sur leur scène. Si l'un des points communs des festivals consiste à lutter pour continuer d'exister l'année suivante, un autre prend place dans la communication sur les réseaux sociaux entre artistes et festivaliers et démontre la force de la musique à réunir les gens.

    Ces exemples ne sont pas exhaustifs, ils offrent tout de même un bon aperçu du large choix de communication qui s'offrent aux festivals. Bien que cette communication soit similaire entre les festivals par sa présence quasi exclusive sur les réseaux sociaux, elles sont en réalité toutes différentes et révélatrices de l'univers du festival qui communique. Il leur est autant possible d'adapter leur contenu que leur stratégie de communication à leur identité.

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    PARTIE II. ETUDES SUR LE SECTEUR DES FESTIVALS DE MUSIQUES ELECTRONIQUES

    Dans cette partie, j'ai fait le choix de présenter deux types d'étude. La première est une étude quantitative menée auprès des festivaliers, la deuxième est une étude qualitative menée auprès de directeur et créateur de festivals de musiques électroniques.

    A. Etude Quantitative

    1. Méthode

    Pour cette étude, j'ai fait le choix de mener une étude quantitative auprès de personnes s'étant déjà rendu au moins une fois dans un festival de musiques électroniques. Ce choix a été fait pour deux raisons : tout d'abord j'ai jugé intéressant de mettre en corrélation les avis des festivaliers à travers cette étude mais également les avis des directeurs à travers une étude qualitative. Deuxièmement, étant donné que comme vu dans la partie théorique la très grande majorité de la communication se passe sur les réseaux sociaux, je me suis dit qu'il serait facile de cibler des personnes aptes à respecter les critères de mon étude.

    Pour se faire, j'ai créé mon questionnaire grâce à Google Form. Pour la rédaction de ce questionnaire, je m'étais fixé deux objectifs. Le premier était d'identifier les participants aux festivals de musiques électronique ainsi que leurs habitudes. Mon but était d'obtenir une image claire de qui sont les festivaliers, que cherchent-ils dans les festivals de musiques électroniques, comment les choisissent-ils, quels styles ils écoutent, etc. Mon deuxième objectif était d'identifier les causes de l'image négative des festivals électro selon les festivaliers. Mon but était de savoir si les festivaliers ressentent cette image ou non, d'où vient-elle, quels sont ses conséquences, etc.

    Pour cela, j'ai décidé à travers mes questions d'aborder 3 points :

    - Les habitudes et comportements des festivaliers

    - La position des festivaliers par rapport à cette image négative - Identification des festivaliers

    J'ai donc uniquement administré mon questionnaire (annexe 13) sur des groupes Facebook. Pour obtenir des résultats les plus éclectiques, j'ai choisi des groupes de festivals diffusants différents styles d'électro, mais également des groupes d'amateurs de musiques électroniques en tout

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    genre. J'ai volontairement évité les groupes regroupant uniquement des amateurs de free parties, bien que l'on en retrouve dans l'échantillon, puisque nous nous intéressons aux festivals.

    Mon échantillon est composé de 952 personnes. Ce nombre sera réduit à 612 personnes pour la seconde partie du questionnaire. Le seul critère obligatoire pour répondre à cette étude était d'avoir au moins une expérience d'un festival de musiques électroniques.

    2. Résultats de l'étude

    a. Les goûts musicaux des festivaliers

    Tout d'abord, je me suis intéressé au nombre de festival auxquelles se rendent les festivaliers au cours d'une année. Nous constatons que presque la moitié des festivaliers (46,6%) se rendent à 2 ou 3 festivals électro par an, et que 20,9% se rendent à 4 ou 5 festivals par an. Les festivaliers qui ne participent qu'à un seul festival par an et moins représentent 17,9% de notre échantillon, tandis que ceux participant à 6 festivals minimum par an en représentent 14,6%. Même sans comparaisons possibles avec d'autres genres musicaux, ces chiffres nous montrent bien que les décisions de se rendre en festival pour un amateur de musiques électroniques sont bien plus fréquentes (pouvant même s'apparenter à un mode de vie pour les plus gros consommateurs) qu'occasionnelles.

    Pour se faire une meilleure idée, je me suis ensuite intéressé au nombre de festivals fréquenté sur une plus longue période. Entre 2017 et 2019, soit sur une période de 3 ans où les festivals n'avaient pas encore été affectés par la COVID, on constate que 38,9% de notre échantillon se sont rendus à entre 2 et 5 festivals électro. Ce pourcentage comprend donc tous ceux qui ne participent en moyenne qu'à un festival par an, ainsi que la partie basse de ceux participant à entre 2 ou 3 festivals par an. Sur

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    cette même période, 26,1% de l'échantillons participent à entre 6 et 9 festivals soit la partie haute de ceux se rendant en moyenne à 2 ou 3 festivals par an. Nous avons également 14,6% de festivaliers ayant participé à entre 10 et 13 évènements sur cette période et 6,2% à entre 14 et 17 évènements, représentant ceux se rendant en moyenne à entre 4 et 5 festivals par an. Enfin, tandis que sur l'ensemble de l'échantillons seulement 4,4% ne se sont rendu qu'à un festival maximum sur cette période de 3 ans, 9,8% en ont fréquenté plus de 18. Ces données concordent plutôt bien avec les moyennes de fréquentation abordées à la question précédente.

    A la question des styles de musiques électroniques écoutés quotidiennement, on constate ici qu'un style de musique écrase tous les autres en matière de consommation par les festivaliers hors évènement. Il s'agit de la Techno avec 77,7% de l'échantillon. Arrive en seconde place la House avec 54,2%. Ces résultats font sens avec la partie théorique abordée dans la première partie de ce mémoire, la Techno et la House étant les premiers styles de musique électro s'étant sortis du milieu underground en France. Cependant, cette deuxième place se joue de peu puisque le 3e style le plus écouté est la Trance/Psy-Trance/Goa (certains pourraient contester cette association de styles musicaux, mais elles sont assez de similitudes pour être associées) avec 53,6%. Ce résultat est marquant par sa forte présence, d'autant plus que le style Trance n'est pas particulièrement présent dans le milieu underground (rave/free parties) et n'est pas spécialement sur-représenté dans les festival Français bien qu'il soit quasi impossible de ne pas en entendre dans un festival électronique. Cependant, dans beaucoup d'autres pays d'Europe, mais également en Moyen-Orient et en Amérique du Sud ce style est très présent et jouit de nombres de festivals lui étant exclusivement dédié. C'est notamment le cas de l'Hadra festival en France bien qu'il n'ait pas la notoriété de ses homologues européens. La Trance est cependant l'un des styles d'électro pouvant être qualifié des plus « doux » aux oreilles des novices de la musique électronique tout en étant très apprécié des amateurs, ce qui peut donc expliquer ce pourcentage élevé. En 4e position se trouve l'Acid/Acidcore avec 45%. Ce chiffre est également étonnant, et peu potentiellement être faussé. Tout d'abord, l'Acidcore est un style présent en très grande majorité dans le milieu underground (free parties principalement) et est d'ailleurs l'un des plus populaire dans ce milieu, cependant il est très difficilement associable à la Techno ou encore à la Trance, et il serait probable qu'une grande partie des consommateurs de ces deux styles ne consomme que très peu voire pas du tout d'Acidcore. Cela pourrait s'expliquer par une grande part d'amateurs underground dans ce questionnaire, rendant donc ce pourcentage totalement légitime. Cependant, c'est l'Acid qui pourrait porter à confusion. Ce style se caractérisant par des tonalités spécifiques, il peut en réalité être couplé à beaucoup de styles et pourra notamment

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    donner l'Acid-House ou encore l'Acid-Techno, qui ne sont pas des styles underground comme l'Acidcore. Dans ce cas, si des personnes ayant voté pour la Techno et/ou la House ont également voté pour l'Acid en pendant aux styles de l'Acid-Techno ou l'Acid-House, ce pourcentage peut donc être faussé. Je ne me suis malheureusement rendu compte trop tard de ce risque et je n'ai pas pu y remédier. Dans tous les cas l'Acid reste assez particulier et est foncièrement reconnaissable malgré des variations de style, donc même faussé ce pourcentage reste cohérent. Ensuite, pour les styles se situant entre 32% et 36,6%, bien que certains soient underground et d'autres non il s'agit de styles écoutés bien que ce ne soient pas forcément les plus populaires. Enfin, pour tous les autres il peut s'agir soit de styles « de niche » (en France tout du moins) comme la Dubstep ou la Drum'n'Bass, de styles étant surtout populaire dans les pays voisins comme le Gabber, la Frenchcore et la Hardcore (bien que ce style soit également assez présent dans les free parties françaises) ou encore de styles jugés trop commerciaux pour des amateurs d'électro, à l'instar de l'EDM étant les musiques électroniques grand public passant à la radio.

    Quand nous demandons aux festivaliers les styles d'électro qu'ils souhaitent le plus écouter en festival, au lieu de faire ressortir les styles les plus désirés en festivals se sont les styles les moins désirés qui sont le plus visible. Ainsi, avec une grosse majorité de 74%, les festivaliers ne souhaitent pas retrouver d'EDM en festival de musique électro, soit pas de musique commerciale. Ensuite, en lien avec les résultats obtenus à la question précédente, ce sont les styles « de niche » (Raggaetek, Drum'n'Bass, Dubstep) et les styles populaires dans les pays voisins (Gabber, Frenchcore, Hardstyle) qui sont le moins attendus dans les festivals se situant tous entre 58,8% et 68,2% des styles que les festivaliers veulent le moins écouter dans ces

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    évènements. Pour les autres styles, on observe une petite partie de l'échantillons qui ne semble pas accorder une si grande importance à leur présence ou non, puisque l'indifférence des festivaliers pour chaque style ne varie que de 21,4% à 26,8% de volonté d'écoute en festival. Cependant, deux styles sortent du lot. Tout d'abord la Trance/Psy-Trance/Goa avec 44,2% de l'échantillon souhaitant retrouver ce style en festival, et la Techno avec 59,1%. Ces données correspondent à la réalité puisqu'en France, le style d'électro que l'on peut le plus retrouver en exclusivité dans un festival est la Techno, suivi de la Trance qui bien que ne comptant que très peu de festivals français lui étant exclusivement dédiés, peut se réjouir d'être présent (à plus ou moins grande échelle) dans quasiment tous les festivals électro français.

    Quand l'on demande aux festivaliers s'ils se rendent uniquement en festival de musiques électroniques, on observe que seulement 32,2% de l'échantillon ne se rend qu'exclusivement en festival de musiques électro. Parmi ces 307 personnes, les explications sont toutes presque identiques : ils préfèrent l'ambiance des festivals électro à l'ambiance des autres festivals, et ventent la large gamme de styles musicaux que l'on peut y trouver. Moins nombreux, certains abordent également un prix plus abordable comparé à des évènements d'autres genres musicaux.

    Une bonne majorité, représentant 67,8% de l'échantillon, ne se rend pas uniquement en festival de musiques électroniques. Pour ces 645 personnes, nous retrouvons ici encore des explications presque identiques : ils n'écoutent pas uniquement des musiques électroniques et aiment la diversité, l'ambiance festival en général (qui dénote donc apparemment de l'expérience d'un festival exclusivement électro) est toujours plaisante, et ils ne veulent pas se limiter qu'à un seul genre musical qui réduirait leur champ des possibles en matière d'expériences festivalières et de rencontres. Une grosse partie de ces 67,8% précise cependant ne pas se rendre en festival si les musiques électroniques ne sont pas un minimum représentées. Les free parties ont également été abordés, car on y retrouve des styles qui ne sont pas ou rarement présent même dans des festivals exclusivement électro, mais également pour l'expérience encore différente des festivals. Quoi qu'il en soit, pour ces 645 personnes ne se rendant pas uniquement en festival électro il est intéressant de se demander quels sont les genres principaux des autres festivals dans lesquels ils se rendent. On peut observer que trois genres musicaux dominent. Le Rap étant le genre musical le plus consommé en France, il serait

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    logique que ce soit le genre possédant la plus grande part mais il se retrouve en réalité en troisième position avec 20,9%, derrière le Reggae/Ska (21,2%) et le Rock (27,9%). Cependant, parmi ces 67,8%, on constate que pour 81% d'entre eux ce sont les festivals de musiques électroniques qu'ils fréquentent le plus.

    A la question de comment il est amené à entendre parler d'un festival, et faisant encore une fois lien avec la partie théorique, c'est par les réseaux sociaux des festivals que 93,9% de l'échantillon entend parler d'un festival. Un autre moyen qui pourrait paraitre plus surprenant est le bouche à oreille (78,8%). Il apparait donc que les festivaliers discutent beaucoup entre eux de leurs expériences et se font donc mutuellement découvrir des festivals. Ces moyens sont les deux plus représentés, étant largement plus utilisés que d'autres mais qui restent cependant indispensable comme les artistes représentant 40,5% (bien que ce moyen passe également par les réseaux sociaux, dans le sens où l'artiste communique sur ses réseaux les festivals dans lesquels il sera présent), les autres festivals (34,7%) ou encore les affiches (31,5%). Il s'agit des moyens les plus utilisés, la presse écrite (12%) étant plutôt destinée aux localités et aux professionnels qu'aux festivaliers (quasiment tous présents uniquement sur les réseaux sociaux), et les médias télévisés (2,2%) n'étant pas du tout adaptés.

    Si l'on recherche les critères sur lesquels se basent les festivaliers pour choisir un festival parmi les autres, ici encore il est aussi bien possible de voir ce qui motive que ce qui importe peu pour les festivaliers. Nous pouvons donc constater au moins trois critères qui ne semble pas si importants à leurs yeux. Tout d'abord nous avons les activités hors musique avec 60,7% de l'échantillon qui n'y apporte pas ou peu d'intérêt. Cela montre bien que même si un festival se doit d'être différent et de proposer diverses activités pour faire vivre pleinement une expérience, ce n'est pas ce qui fera la différence au moment la décision d'achat et l'offre centrale reste musicale comme l'implique les 62% et les 54,7% de notre échantillon qui se basent beaucoup ou principalement sur respectivement les styles représentés et les têtes d'affiche qu'ils retrouveront en festival pour savoir lequel ou lesquels choisir. Ensuite, la distance du festival par rapport au domicile ne semble pas non plus décisive puisque 56,3% de l'échantillon n'y apporte pas ou peu d'importance. Enfin, le dernier critère est intéressant, il s'agit de la taille du festival. Comme abordé dans la partie théorique, il semble que pour les festivaliers un grand évènement ne soit pas forcément synonyme d'expérience de qualité, puisque pour 46,5% de notre échantillon la taille d'un festival n'importe peu ou pas du tout. Bien que ces critères soient ceux qui semblent le moins décisifs dans la prise de décision finale des festivaliers, il est tout de même intéressant de noter que le prix (43,9%), les avis (43,8%) ainsi que la présence d'un camping (42,5%) ne

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    semblent pas non plus être si importants aux yeux des festivaliers. Concernant les critères primordiaux, en plus des styles représentés et des têtes d'affiche, nous retrouvons également l'ambiance qui semble aussi importante que les styles présents avec 62% de l'échantillon qui se basent beaucoup ou principalement sur l'ambiance du festival. Ces résultats sont en accords avec la partie théorique, prouvant que les festivaliers recherchent avant tout une expérience lors de ces évènements. Les autres critères sont équilibrés et dépendant des goûts de chacun à l'instar des valeurs défendues, de la durée et de l'environnement du festival qui bien qu'étant des critères non négligeables compte autant de festivaliers y accordant de l'importance que de festivaliers ne leur en accordant pas.

    Quand l'on demande aux membres de notre échantillon s'ils se sont déjà rendu en free party, 75,1% de l'échantillon a répondu oui. Il me semble donc nécessaire de préciser que ce questionnaire n'a volontairement pas été diffusé sur des groupes d'amateurs de free parties mais uniquement sur des groupes de festivaliers et d'amateurs de musiques électroniques. Bien qu'ici aucune donnée ne puisse prouver qu'une communauté de festivaliers soit plus susceptible de s'intéresser aux free parties plutôt qu'une communauté de teufeurs ne soit susceptible de s'intéresser aux festivals, de par l'origine de la musique électronique ainsi que le cadre légal ou illégal il semble que beaucoup de festivaliers soient un jour amenés à vouloir vivre l'expérience de la free party. Encore une fois, aucune donnée ne permet de réfuter la possibilité qu'une majorité d'adeptes des festivals n'aient pas d'abord découvert les musiques électroniques en free party pour ensuite privilégier les festivals. Avec cette question nous pouvons seulement démontrer qu'un lien fort et établi existe entre festivals électro et free parties.

    Quand nous demandons aux festivaliers s'ils ont l'impression que les festivals électro ont une image négative, nous pouvons constater que la majorité de notre échantillon (52,6%) est plutôt d'accord pour attester de l'image négative que subissent les festivals électro, cette part de l'échantillon monte même à 64,3% si l'on y ajoute ceux qui sont totalement d'accord avec cela. Il est tout de même intéressant que dans notre échantillon, 35,7% ne sont pas ou pas du tout d'accord. Bien qu'il aurait été intéressant de savoir pourquoi, j'ai préféré centrer la suite de mon questionnaire sur la part de l'échantillon ressentant cette image négative.

    Pour cette partie uniquement, qui concernera l'image négative des festivals de musiques électroniques, la taille de l'échantillon est réduite à 612 puisque les 340 personnes représentants

    b. L'image négative des festivals électro perçue par les festivaliers

    Quand l'on demande aux festivaliers s'ils ont l'impression d'être impacté ou de subir cette image négative, les résultats sont cohérant avec ceux obtenus précédemment. Parmi les 64,3% soit la

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    les 35,7% ne ressentant pas d'image négative en festivals électro auraient potentiellement pu fausser les questions suivantes qui reposent sur la présence de cette image négative.

    A la question de savoir sur quoi est basée cette image négative selon les festivaliers, ici même si toutes les propositions ont plus été approuvées que réfutées, certaines l'ont été bien plus que d'autres. Toujours en accords avec la partie théorique, quatre critères sortent du lot. Le plus important, qui s'approche d'ailleurs énormément d'une unanimité, est l'usage de stupéfiants avec 96,4% de l'échantillon (ce critère est par ailleurs le seul à ne compter aucun membre de l'échantillon n'étant pas du tout d'accord), suivi de près par les médias non spécialisés dans la musique ainsi que par l'affiliation aux rave/free parties illégales avec respectivement 86,6% et 86,4% (il parait tout de même intéressant de noter que malgré une quasi égalité, contrairement à l'affiliation aux free parties les médias non spécialisés compte une part plus importante de l'échantillon étant tout à fait d'accord que plutôt d'accord). Enfin, le public de ces festivals semble également avoir une part de responsabilité dans cette image, comme semble le penser 66,5% de notre échantillon (bien que dans cette part, seulement 9,8% soient tout à fait d'accord). Certains critères, bien qu'étant quand même jugés comme causes de cette image négative, se retrouvent avec une opposition plus présente. Nous constatons que 32,5% de l'échantillon ne pense pas que le fait que la musique électro ne soit pas considérée par certains comme de la vraie musique joue un rôle si important dans cette image négative. Il en va de même pour l'aspect trop bruyant de ces évènements et de la musique qui y est diffusée avec 45,9%. Enfin, l'esprit contestataire de ces festivals aurait presque pu être le seul critère à avoir une majorité pensant qu'elle ne joue pas un rôle dans cette image négative, malheureusement seulement 49,3% de l'échantillon étaient de cet avis.

    A la question de savoir si les festivaliers trouvent que les médias non spécialisés dans la musique sont majoritairement à l'origine de cette image négative, et bien qu'étant évoquée dans la partie théorique, la part de responsabilité de ces médias semble plus importante que prévue. En effet, 87,1% de l'échantillon jugent ces médias responsables, dont 37,3% sont totalement d'accord avec cette idée. Ces pourcentages élevés semblent avoir encore plus de poids en considérant que cette question demandait si l'échantillon jugeait les médias comme principalement à l'origine de cette image. De plus, parmi les 12,9% ne partageant pas cet avis, seulement 0,8% ne sont pas du tout d'accord avec cette idée.

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    majorité de notre échantillon de départ qui ressentent que les festivals électro subissent une image négative, cette fois c'est avec 55,5% que la majorité de l'échantillon se sent impactée par cette image négative lorsqu'ils sont en festival. Il convient tout de même de noter que malgré le fait qu'ils reconnaissent la présence de cette image négative, 45,5% de notre échantillon ne semble cependant pas la subir, avec notamment plus de personne étant en total désaccord qu'étant en total accord (14,1% contre 11,4%).

    A la question de savoir comment les membres de notre échantillon se défendent lorsqu'ils sont confrontés à cette image négative, ce qui est sûr c'est qu'une confrontation entre un « converti » et cette image négative donne quasiment toujours lieu à des débats, puisque seulement 2,1% de l'échantillon préfèrent simplement l'ignorer et ne pas débattre. Cela montre bien la volonté de cette communauté à vouloir partager ses ressenties et ses expériences plutôt qu'à renier ceux qui les rejettent comme les clichés le font croire. Nous constatons que trois défenses sortent du lot, la première étant la description subjective de pourquoi l'on aime ces festivals avec 80,4% de l'échantillon, suivi de près par l'incitation à l'ouverture d'esprit avec 77,9%, et sur la dernière marche du podium la dissociation en drogue et musique avec 66,7%. La troisième place de ce critère peut paraitre étonnante étant donné les 96,4% de l'échantillon jugeant que la consommation de stupéfiants est à l'origine de cette image négative. Cela dénote encore plus avec les critères utilisés comme arguments vus précédemment, montrant que même si l'avis extérieur aura tendance à pointer du doigt ces substances, l'avis intérieur montre que cet aspect est relativement intégré chez les festivaliers. Consommation de stupéfiants n'est pas synonyme d'excès ou de débauche, et joue probablement un rôle dans les raisons qui font que les festivaliers aiment ces évènements et qui poussent à l'ouverture d'esprit. Ensuite arrivent d'autres arguments, comme par exemple la mise en avant de la diversité sociale présente en festival (56,7%), malheureusement probablement utiliser pour contrer le cliché classique des « punk à chiens » et autres marginaux. Certains incitent également à la participation à au moins un de ces évènements (51,1%), car beaucoup de personnes ne jugent malheureusement qu'avec les on-dit qui atteignent leurs oreilles ou bien avec ce qu'en disent les médias. Enfin, certains tentent un réel travail d'abnégation en tentant de faire découvrir des musiques (49,8%), tout amateur de musique électronique sachant qu'il est impossible de n'aimer aucun son de ce genre musical tant il est divers et varié. Il est important de spécifier que beaucoup de membre de cet échantillon affirment respecter les goûts et les opinions de chacun, ils ne cherchent donc aucunement dans ces débats à convertir leurs interlocuteurs aux musiques électroniques, mais ils

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    les incitent plutôt à considérer cette musique et cette culture pour que, même si au final ils n'apprécient pas cette musique, ils n'aient au moins plus d'idées reçues à son sujet.

    Quand l'on demande aux festivaliers si selon eux cette image est exclusive aux festivals de musiques électroniques, on observe que la majorité de l'échantillon réfute cette idée à 58,5%, avec ici encore une part plus élevée de sujets en total désaccords qu'en total accords (11,6% contre 4,2%). Bien qu'on ne soit pas à l'abri d'une majorité obtenue suite à une volonté de l'échantillon de se dédouaner, les causes les plus probables à cette part majoritaire serait que les autres festivals ou évènements avec des genres musicaux différents n'ont pas/plus d'image négative ou qu'ils la dissimulent efficacement, ou bien alors cette image pourrait résulter d'une obstination contre cette culture de la part de ses oppresseurs.

    A la question de savoir si les festivaliers trouvent que cette image renforce leurs liens avec les autres festivaliers en donnant l'impression de faire partie d'une communauté, il apparait nécessaire de préciser une observation portée lors d'une question précédente. On constate que 72,5% de l'échantillon ont effectivement l'impression que cette image renforce leurs liens (avec 17,3% étant en total accord avec cette idée), alors que nous avions vu que 55,5% de cet échantillon se sentaient impactée par cette image. Cela signifie que parmi ceux qui ne se sentent pas impactés par cette image, 17% en profitent quand même pour solidifier leurs liens. Cela peut faire sens avec la partie théorique où il avait été fait mention de cet attrait pour cette culture, qui ne serait pas devenue ce qu'elle est sans cette part de marginalité que l'on peut ici imaginer responsable de cette impression de communauté.

    Cependant, parmi ces 72,5% ayant l'impression que cette image renforce leurs liens, on constate que 79,3% choisiraient quand même de changer cette image s'ils en avaient la possibilité. Cela montre deux choses : cette communauté pourrait continuer à prospérer même sans être poussée à la marginalité (bien qu'il apparaisse peu probable qu'elle choisisse de rentrer dans les rangs pour autant) mais aussi que même parmi ceux trouvant leur compte dans cette mise à l'écart due à cette image négative ils préfèreraient que cette culture soit estimée à sa juste valeur par le plus de monde, comme elle peut l'être dans les pays voisins.

    Quand l'on demande à notre échantillon s'il existe selon eux des moyens autre que le temps pour faire disparaitre cette image négative, 59% de l'échantillon ont répondu oui, signifiant que 41% d'entre eux ont malheureusement en quelque sorte « acceptés » cette image. Parmi les moyens proposés par la part de l'échantillon pour qui des solutions existent, se sont

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    souvent les mêmes idées qui reviennent. Beaucoup s'accordent pour dire qu'il faudrait augmenter la sécurité et les fouilles pour éviter une trop grande présence de stupéfiants ou bien des risques de débordements/bagarres. La prévention a également beaucoup été citée, avec une petite dissociation en public « expérimenté » et « inexpérimenté ». En effet, beaucoup d'adeptes des évènements électroniques en général (qu'il s'agisse de festival ou de free party) déplorent les agissements des nouveaux venus, souvent jeunes (voir même mineurs dans les milieux où cela est autorisé ou où il n'y a pas de législation), qui viennent uniquement pour le contexte festif sans tenir compte des autres et qui ne se gèrent pas, nourrissant donc les clichés et donc cette image néfaste. Ces moyens sont pourtant en constante amélioration de la part des festivals qui y allouent parfois un budget colossal, mais qui malheureusement n'a que peu de répercussion sur cette image. On constate qu'une idée revient bien plus que les autres : la communication. Il est autant question d'une communication encore plus poussée de la part des festivals que ce soit au niveau de la distinction avec les free parties, des valeurs défendues ou encore d'une organisation irréprochable. Cependant ici aussi les festivals s'adaptent constamment et redoublent d'inventivité, seulement il apparait que ce n'est pas forcément le contenu de leur communication qui n'est pas adapté, mais plutôt les canaux où elle est diffusée. En effet, les communications des festivals touchant principalement un public déjà adepte, c'est à un public « ignorant » qu'ils devraient s'adresser. Vient alors l'idée d'une meilleure communication médiatique, là aussi énormément abordée par les membres de notre échantillon. Cependant, comme ce ne sont malheureusement pas les festivals eux-mêmes qui peuvent faire un reportage et ensuite le diffuser massivement sur des chaines à fortes auditions, ce moyen parait quelque peu compliqué.

    c. Critères sociaux-démographiques

    Comme abordé dans la partie théorique, le public des festivals de musiques électronique est en grande majorité jeune, avec 58,5% de l'échantillon étant âgé de 18 à 25 ans, et 32% de 26 ans à 35 ans. Bien que plus l'âge augmente et moins il y a de chance de retrouver cette tranche d'âge en festival, il apparaît tout de même que 3,4% de nos échantillons sont âgés de plus de 45 ans ce qui, reporté à l'échelle d'un festival de 15/20k personnes, représente plus ou moins 500 à 600 personnes. Ces classes d'âge plus élevées que la moyenne ne sont pas pour autant négligeables et font partie intégrante de cette communauté festivalière.

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    Contrairement aux idées reçues, ce sont les femmes qui sont les plus présentes en festival électro avec 55,8% de l'échantillon contre 43,2% d'hommes (1,1% de l'échantillon n'a pas souhaité répondre).

    En accord avec les résultats précédents, ce sont les étudiants qui sont le plus représentés en festival avec 34,7% de l'échantillon, suivis de près par les employés avec 30,7%. La troisième catégorie sociaux-professionnelle peut étonner, puisqu'il s'agit des cadres avec 16,7%. Pour démontrer que les clichés ne sont pas fondés, on pourra observer que seulement 5% de notre échantillon est actuellement sans activités professionnelles.

    Comme on pouvait s'en douter, de par les résultats précédents mais surtout à cause des contraintes logistiques et temporelles des festivals, ce sont les festivaliers n'ayant pas d'enfants que l'on retrouve le plus en festival avec 56,1% de célibataires et 35,5% de personnes en couple. Cependant on constate tout de même que 8,4% de l'échantillon sont parents, s'expliquant par la possibilité de confier son ou ses enfants à son conjoint ou à sa famille, ou bien tout simplement de venir en famille en festival. Cela montre bien qu'une vie de famille n'implique pas nécessairement la fin des festivals.

    B. Etude Qualitative

    1. Méthode

    Pour cette étude, j'ai fait le choix de mener une étude qualitative auprès de directeur et créateur de festival de musiques électroniques. Ce choix a été fait pour deux raisons : tout d'abord j'ai jugé intéressant de mettre en corrélation les avis des festivaliers à travers une étude quantitative avec les avis des directeurs à travers une étude qualitative. Deuxièmement, étant donné que je cherche depuis un an à effectuer un stage dans un festival, j'ai pu regrouper les coordonnées personnelles de plusieurs directeurs ce qui me facilita grandement les choses.

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    Pour la rédaction du questionnaire (annexe 14) que j'ai administré lors des interviews, je m'étais fixé trois objectifs. Le premier était d'identifier des outils marketing et des stratégies de communication clés utilisés en festivals de musiques électroniques. Mon deuxième objectif était de déterminer l'impact de l'image négative des festivals électro sur leur réalisation. Enfin, mon dernier objectif était d'identifier des outils marketing et des stratégies de communication qui pourraient pallier cette image négative. Ce sont sur ces trois objectifs que j'ai orienté mes questions.

    J'ai réalisé mon étude à travers les interviews téléphoniques des quatre personnes suivantes :

    - Nicolas Cuer, Directeur du Positiv Festival

    - Camille Cabiro, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival

    - Emilie Angenieux, Directrice de l'Hadra Festival - Mickael Gérard, Directeur du Millésime Festival

    Ces festivals sont tous des festivals de musiques électroniques, cependant leur positionnement central en termes de styles musicaux diffère. Ainsi, les résultats devraient logiquement être variés.

    2. Résultats de l'étude

    a. Outils marketing et stratégies de communication spécifiques aux festivals d'électro

    Concernant l'existence d'outils marketings spécifiques aux festivals de musiques électronique, les directeurs de festivals s'accordent tous pour dire qu'il n'y en a pas. « Je pense pas qu'il y ait de spécificités particulières d'un style à un autre par rapport aux festivals »63. Les outils utilisés par les festivals électro peuvent donc être retrouvé dans n'importe quel type de festival de musique. Certains outils, stratégies ou moyens peuvent être innovants, mais rien ne limitera leur utilisation aux simples festivals électro. Cependant, ce qui pourrait le plus se rapprocher de spécificités concerne le contenu plutôt que le contenant. C'est-à-dire que comme tous les festivals de musique, les festivals électro utilisent et communiquent majoritairement via les réseaux sociaux, cependant ils adopteront une certaine forme et un certain ton qui sera vraiment

    63 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

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    en lien avec la personnalité du festival, mais surtout ils mettront en avant la même chose : l'expérience. « Pour moi, les gros festivals de musiques électroniques utilisent à peu près les mêmes codes que les festivals de musiques actuelles, à la différence que je pense qu'ils ont compris ces dernières années qu'il fallait parier sur l'expérience », « Maintenant un festival de musique électro se vend un peu au-delà du line-up par une expérience festivaliers »64. Bien que maintenant tous les festivals aient compris l'importance de l'expérience et mettent donc en avant celle qu'ils proposent, ce sont les festivals de musiques électroniques qui ont dû les premiers adopter cela pour pallier la simple line-up qui, lors des premières éditions de ce genre de festivals, n'étaient encore que peu significatives. Aujourd'hui donc, même si leur utilisation diffère logiquement, les outils marketing utilisés par les festivals électro sont les mêmes que ceux utilisés par des festivals de genres musicaux différents.

    Concernant cette fois la spécificité de la stratégie de communication dans les festivals électro, ici encore les directeurs n'en voient pas vraiment. Bien que chaque stratégie dépende du festival, de ce qu'il souhaite mettre en avant, ou bien encore de ses contraintes, les stratégies de communication des festivals électro n'ont rien de spécifique et peuvent être retrouvé dans des festivals d'autres genres. Encore une fois, ce sera le message en lui-même qui se rapprocherait le plus d'une spécificité plutôt que comment ce message est mis en avant. Cependant, c'est un milieu qui ne se professionnalise pas depuis si longtemps, et ces stratégies s'affinent donc petit à petit. Peut-être que dans un futur proche il sera possible de réellement identifier une stratégie de communication spécifique. En attendant, cette stratégie claire et posée n'a même pas forcément le besoin d'être très poussée : « Dans les festivals de musiques électroniques à plus petites jauges et avec moins d'années d'existence on est moins sur de la communication de stratégie, moins sur de la réflexion et plus effectivement sur de la facilité comme ça peut être les réseaux sociaux »65. Donc ici encore, pas de stratégie de communication spécifique aux festivals de musiques électroniques.

    Quant l'on demande à ces directeurs les outils marketing utilisés pour leur festival, les réponses sont en corrélations avec la partie théorique. Nous retrouvons donc la communication hors médias avec les flyers et les affiches, les sites internet ou encore les newsletters, la communication média avec la radio, la télé, la presse écrite/en ligne ou encore des blogs (principalement, voir uniquement via des médias spécialisés dans la musique ou la culture), et enfin les fameux réseaux sociaux avec Facebook, Instagram, Tweeter ou encore YouTube et

    64 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

    65 Idem

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    Snapchat. Ces outils sont les plus répandues, mais n'empêche pas l'utilisation d'outils moins répandus (comme par exemple des cookies qui contiennent un message, sensé appuyer l'impact de celui-ci) ou même encore de faire d'un outil la non-présence d'autres outils comme par exemple de ne proposer aucuns goodies pour appuyer ses valeurs environnementales : « on est un festival 0 déchets »66. D'après Emilie Angenieux, les outils utilisés dépendent en fait ce que l'on veut montrer, et des moyens financiers que l'on peut y allouer : « Les outils marketing ou de communication ne décident pas des valeurs, c'est l'inverse », « La stratégie est aussi définie par le budget qu'on donne sur la globalité pour qu'après ça, une fois que les axes sont bien définis, on définisse les partenariats médias, etc. ».

    En ce qui concerne les stratégies de communication utilisées, nous avons cette fois des réponses qui diffèrent. Tout d'abord au niveau de la fréquence de communication le Positiv festival communique tout au long de l'année contrairement au Millésime, à l'Open Air et à l'Hadra qui communiquent respectivement de Décembre à Mai (« C'est uniquement 6 mois de communication, les 6 autres mois on est quasiment absent de la toile »67), de Mai à Novembre, et seulement à partir du moment où l'édition de l'année suivante est officiellement validée. Chaque festival définit son rétroplanning à respecter, bien que ce ne soit pas toujours évident : « Même si la stratégie elle est définie, qu'il y a un rétroplanning où on définit vraiment les grandes phases un peu tous les mois, le contenu vient souvent d'ailleurs en retard parce que y a plein de choses qui se modifient, qui arrivent, etc. »68. Tous ces festivals s'accordent cependant pour dire que les annonces artistiques sont prioritaires. Ensuite, cela dépend des valeurs, des messages, et de l'image que veut renvoyer le festival. Pour l'Hadra festival, c'est même plus qu'important : « on a quand même une vigilance à ce que la communication soit en accord avec nos valeurs », « Après ces grosses phases d'annonces, que sont les annonces artistiques, y a souvent des post sur vraiment des actions un peu de fond de Hadra ». Donc, nous pouvons retrouver une structure stratégique similaire entre ces festivals, cependant comme un point d'honneur est mis à faire une communication qui correspond au festival, chaque stratégie devient vite unique. Par exemple pendant le Positiv deux personnes sont chargés exclusivement des publications en live et nous pouvons également retrouver un magazine du festival, pour l'Open Air les festivaliers seront beaucoup mis en avant avec des photos et des vidéos, et enfin le Millésime utilise quant à lui beaucoup le format des interviews : « Plus on se rapproche du festival plus on va accentuer la

    66 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    67 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    68 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

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    communication sur des interviews d'artistes, sur des interviews du maire, sur des interviews de l'équipe technique, ce genre de choses quoi »69. Ce qui est sûr, c'est que le nerf de la guerre dans la stratégie de communication des festivals de musiques électroniques, c'est que les communications et les façons dont elles sont faites sont en accord avec les valeurs et l'image du festival qui communique.

    Avec ces informations, nous pouvons nous demander si ces outils marketing et ces stratégies de communication ne seraient donc pas à l'origine de l'identité des festivals. Ce à quoi les directeurs ont eu du mal à répondre par un simple oui. Pour Camille Cabiro c'est évident : « Notre communication est à l'image de notre festival ». Cependant, pour Emilie Angenieux c'est l'inverse. La communication ayant évolué au cours des dernières années, c'est plutôt l'identité du festival qui est à l'origine des outils et des stratégies : « Les choses pour lesquelles on ne fait pas d'écart c'est vraiment les valeurs, et c'est ça qui définit notre stratégie de com en soi et à travers les années ». Tout cela relève donc d'une appréciation propre à chacun, certains auront une idée de communication précise qui influera grandement sur l'identité du festival, tandis que d'autres festivals auront déjà des valeurs très présentes qui définiront les outils et stratégies utilisées. Pour certain, à l'instar de Mickael Gerard cela relève même d'un état d'esprit présent avant même la naissance du Millésime qui n'a pas pour but de faire une communication qui attirera le plus de monde possible : « On veut une communication assez légère et plutôt toujours dans l'humour et dans le côté un peu rock'n'roll, c'est ce qui fait notre identité. On est issu du mouvement free, donc on a pas cette culture de l'argent entre guillemets ». Il n'est donc pas possible de déterminer si ce sont les outils et stratégies qui sont à l'origine de l'identité du festival ou bien l'inverse, mais ce qui est sûr c'est que ces facteurs sont liés et influent l'un sur l'autre.

    b. L'image négative des festivals électro perçue par les directeurs

    A la question de comment ces festivals ont été impactés par l'image négative dont souffre les festivals électro français, ici encore nous retrouvons les mêmes genres de réponses. Tout d'abord, il est nécessaire de mentionner qu'ils ne sont aujourd'hui plus, ou en tout cas beaucoup moins qu'avant impactés par cette image en comparaison aux premières éditions : « Cette image négative elle est difficile à changer mais petit à petit on y arrive »70 et cela notamment grâce à la

    69 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    70 Idem

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    popularisation de l'électro avec le temps : « il l'est moins qu'y a 10 ans »71. Cependant, peu importe le moment, ces festivals sont tous impactés de la même façon par les institutions publiques, les mairies ou encore les forces de l'ordre : « Ils avaient au début un oeil sur nous, ils nous attendaient au tournant »72, « Autant dans ma carrière d'artiste que dans ma carrière d'organisateur, c'est des choses auxquelles j'ai été confronté très souvent, ça c'est sûr »73, « on est quand même dans une optique très underground, on est très peu reconnu »74. Pour Camille Cabiro, ces constantes réticences (au début tout du moins) sont souvent explicables par l'écart d'âge entre les différents partis : « C'est très lié à la tranche d'âge de nos interlocuteurs, quand on est arrivé au début et qu'on avait des personnes plutôt ayant passé la cinquantaine en face de nous et qu'on leur parlait d'un festival de musique électro, tout de suite ils pensaient aux free parties ». Fort heureusement, à force de dialoguer et de montrer patte blanche, les stéréotypes disparaissent et des liens se créer entre les festivals et les institutions, mais également avec les publics qui pouvaient eux aussi être réticents : « Ces stéréotypes ne sont plus autant présents, et les festivals électro sont plus en avance sur certaines questions que les festivals de musique actuelles, comme les questions environnementales et d'égalité femme/homme »75, « Grosse confiance de la mairie qui malgré les réticences d'autres laisse un festival se produire dans un lieu classé UNESCO », « On a pas d'image négative nous, on est fâché avec personne, on veut marcher sur personne, on respecte tout le monde. On a toujours respecté le public, le public nous suit »76. Ces réponses sont donc en accord avec la partie théorique, les plus gros obstacles à la bonne organisation (ou plutôt à la création) de ces festivals de musiques électroniques étant les institutions publiques et les mairies qui sont aveuglés par les stéréotypes que subissent ce milieu, comme l'explique Mickael Gérard : « Aux yeux des gens techno = drogues, techno = se mettre à l'envers ou quoi que soit alors que pas plus qu'une fête étudiante, pas plus qu'un concert reggae, pas plus que n'importe quel type de concert ».

    Confrontés à tous ces obstacles, il est intéressant de se demander comment ces festivals y font concrètement face. Là encore, la réponse est unanime : il faut dialoguer, beaucoup, et être patient, méthode également utilisée par les festivaliers comme nous avons pu le voir dans la précédente étude : « Alors ça... c'est de la patience, c'est de la pédagogie et puis c'est lié à pleins

    71 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

    72 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    73 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

    74 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

    75 Idem

    76 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

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    d'autres actions »77, « Nous on a contré ça avec beaucoup de dialogues »78, « On discute, on rencontre les gens notamment »79. Ces dialogues et discussions se font autant envers le public que les institutions et les forces de l'ordre, qui nourrissent le même ressentiment. Pour cela, il faut jouer sur l'image du festival que l'on renvoie, mais également savoir jongler avec les mots, comme le font Nicolas Cuer : « On essaie vraiment d'axer notre image sur quelque chose de très frais, de très positif, et qu'il y ait pas de malentendus » et Camille Cabiro : « Hormis dans les médias spécialisés, on parle plutôt d'une fête populaire plus que d'un festival de musique électro. Le mot électro est peut-être présent mais alors en dernier ». Leurs but est de démonter les clichés auprès du public comme le fait l'Hadra : « On essaye de travailler avec les habitants, on essaye de les faire venir, on les invite, on leur explique le projet, et à partir du moment où les gens viennent sur ton évènement ils sont déjà à moitié convaincus en fait » mais également auprès des institutions et des forces de l'ordre en rappelant notamment la différence entre un festival et une free party, à l'instar du Millésime : « Le nombre de réunions qu'on a avec les pompiers, les gendarmes pour mettre en place la bonne tenu du festival. Au fur et à mesure des réunions on voit qu'ils se rendent compte qu'ils ont des gens sensés face à eux ». Au début il faut donc instaurer un climat de confiance entre tous les partis concerné pour que ces festivals puissent avoir leur chance de faire leurs preuves, et en général une fois les bilans des premières éditions sortis les clichés se brisent et des liens commencent à se créer, comme nous l'explique Mickael Gérard : « Et puis surtout il y a la preuve que quand on fait le bilan du festival, bah qu'au final ils ont moins d'intervention (les gendarmes et pompiers) sur le Millésime qui draine 5000 personnes par jour que sur une fête de village qui va ramener en un seul soir 1000 personnes quoi, ce sont leurs dires et donc des faits avérés ».

    Nous avons vu tout à l'heure qu'il n'existe pas d'outils marketing ni de stratégie de communication propres aux festivals de musiques électroniques. Cependant, même si ces moyens ne leur sont pas spécifiques, ne peuvent-ils pas pour autant jouer un rôle dans l'image négative qu'ils subissent ? Les directeurs de festivals interrogés sont globalement d'accord avec cela. Pour Nicolas Cuer « Chacun a sa manière de communiquer », cependant il faut faire attention à se rappeler d'où l'on vient mais surtout où l'on va : « Dès qu'ils sortent de leur but premier, c'est-à-dire faire rêver les gens, là pour moi c'est pas bon. On est là pour vendre du rêve, pas pour faire de la politique. Avec la période covid, beaucoup de festival se sont prononcé

    77 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

    78 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

    79 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

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    "politiquement" ce qui n'est pas ce que leur demande les festivaliers. Il faut faire attention à l'image que l'on renvoie, faire en sorte qu'elle ne s'éloigne pas trop de ce qu'elle devrait être c'est à dire positive ». On peut donc voire encore une fois que l'image et la communication sont très liées. Il n'y a cependant pas que la communication des festivals d'aujourd'hui qui jouent un rôle dans cette image : « Quand on pense musique électro plus dub/tribal c'est vrai que leur com sont très marquées et donc ça renvoie un peu à cette mauvaise image qu'a pu avoir l'électro dans les années 90 »80, « Effectivement, si tu regardes des évènements qui ont eu lieux par le passé, ça ne joue pas en notre faveur »81. Il faut donc être extrêmement rigoureux dans sa communication. Il n'existe d'ailleurs pas de communication commune aux festivals électro, malheureusement il suffit qu'un festival ne communique pas correctement pour tout le secteur puisse en pâtir en plus du festival concerné : « Bah ouais, nous on a toujours essayé de faire les choses de manières très professionnelles, très rigoureuses pour justement qu'on n'ait rien à nous reprocher. Sur des esthétiques comme les nôtres, si tu travailles pas comme il faut avec la préfecture bah tu peux pas réorganiser un festival »82. Cependant, la communication en elle-même des festivals n'est pas forcément responsable (ou bien alors en partie seulement) de la mauvaise image qu'elle véhiculera au final. En effet, le public peut également en être la cause comme le dit Mickael Gérard : « Alors pas nous qui la mettons en place, après les gens qui la commentent oui certainement ». Le public a en effet un très grand impact sur l'image que véhicule un festival comme nous avons pu le voir dans l'étude précédente. Il n'est malheureusement pas rare, surtout sur les réseaux sociaux, de voir un déversement de haine totalement injustifié de la part du public simplement car ils ne sont pas satisfaits, ou même juste pour le plaisir car ils ne partagent pas les mêmes valeurs et ne souhaitent en aucun cas s'y intéresser. Le public étant la principale cible des communications des festivals, certains se sentent donc obligé de s'adapter quitte à mettre de côté leurs valeurs et l'image qu'ils veulent véhiculer. En effet, il est malheureusement toujours plus simple de croire ce que l'on voit ou ce que l'on entend plutôt que de se faire ses propres idées : « mais les gens devraient aussi se faire leur propre opinion, j'espère pas que des festivals avec un style un peu plus hard que le nôtre changent leur com pour changer l'image qu'ont les gens de nous »83.

    Nous pouvons donc dire que la communication des festivals a effectivement sa part de

    80 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    81 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

    82 Idem

    83 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

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    responsabilité dans l'image négative qu'ils subissent bien que ce soit loin d'en être la cause majeure. Ce sont les stéréotypes qui sévissent dans ce secteur qui rendent les erreurs de communication (qui n'en sont d'ailleurs pas toujours, seulement elles ne plaisent pas à tous) si impactantes pour les festivals de musiques électroniques.

    Mais alors, si elle ne provient pas du marketing ni de la communication des festivals, d'où vient cette image négative ? Pour nos directeurs cela vient de plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a un contexte historique avec les rave, les free, ainsi que ses publics et la consommation de stupéfiants qui y est faite : « Les années 90, les free parties l'utilisation de sites sans autorisation, ou plus récemment en termes de pollution »84, « C'est l'image des rave je pense un peu avant, c'est la drogue c'est l'alcool c'est les chiens... »85. Ensuite, il faut comprendre qu'à l'origine les musiques électroniques étaient principalement un mouvement contestataire : « C'est à la base une musique de rébellion »86. Donc logiquement, puisque ce mouvement essayait de bousculer les moeurs établis, il a pu faire peur comme l'explique M. Gérard : « Je pense que depuis toujours la techno est assimilée à une musique qui fait peur. Elle est assimilée au côté drogue. De l'origine d'une musique qui n'est pas connue par le public lambda et qui fait peur »87. Enfin, la dernière raison principale selon eux concerne la jeunesse. En effet, comme vu dans l'étude précédente le public des musiques électroniques est majoritairement jeune. Dans les free et rave parties, autant aujourd'hui que dans les années 90, il est même fréquent d'y trouver beaucoup de mineurs. De ce fait, ce mouvement a été associé par les politiques à la jeunesse comme l'explique Nicolas Cuer et Emilie Angenieux : « Il y a eu historiquement des présidents et autre qui se sont insurgés contre ce mouvement là parce que c'était mauvais pour les jeunes... Et puis c'est resté comme ça », « On a stéréotypé ce public sans trop le connaitre et du coup on a stéréotypé une jeunesse qui va subir encore maintenant. On stéréotype encore un mouvement, encore un type de personne, et encore une jeunesse aussi à travers ça alors qu'en fait c'est juste le festif ». En clair cette image est présente depuis l'apparition des musiques électroniques, de par ce que ces musiques véhiculaient (et véhiculent toujours), des publics qui l'écoutaient, mais surtout de la part de ceux qui ne la comprenaient pas et qui souhaitaient la voir disparaitre.

    Maintenant que nous avons démontré que cette image négative est bien réelle, il convient de se demander si elle est réellement si impactante pour les festivals de musiques électroniques. En

    84 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    85 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

    86 Idem

    87 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

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    effet, cette image négative n'empêche pas la musique électro de se développer et de se propager en France (étant déjà relativement présente et intégrée dans nos pays voisins). Selon nos directeurs, cette image pose de réels problèmes auprès des institutions comme nous avons pu le voir précédemment : « Auprès des institutions qui devraient nous soutenir, puisqu'on reste dans le secteur culturel et dans le secteur des musiques »88. Il faut en effet être très prudent lors de l'exposition d'un projet à ces institutions qui peuvent vite prendre peur et tomber dans les clichés, comme le fait M. Cuer : « ça fait à peu près 10 ans que lors des réunions à la Mairie je n'ai plus employé ni le mot "techno" ni les mots "musique électro" ». C'est un peu différent en ce qui concerne le public. En effet, un amateur de musiques électroniques se fichera totalement de l'image négative de la musique qu'il écoute ou des évènements dans lesquels il se rend, ce n'est malheureusement pas le cas pour ceux qui ne connaissent pas cette musique et se laisse atteindre par des clichés : « ça dépend, je pense que pour un public qui connait les musiques électroniques et qui a déjà été dans ce type de festival, non et au contraire je pense que c'est eux qui le défendent et qui sont assez solides sur leurs appuis. Par contre pour le public lambda et les gens qui regardent la télé c'est clivant »89. Il est cependant important de préciser que ces cas ne sont pas des généralités et que même si presque tous les festivals ou évènements électro vont rencontrer des difficultés à leurs débuts face aux institutions, un climat de total confiance peut s'installer avec le temps et l'image négative disparait, comme l'explique M. Gérard : « En tout cas nous pas à notre niveau. Les personnes qui sont importantes et qui sont décisionnaires sont de notre côté donc pour nous ça n'a plus un réel impact ». Le Millésime est pourtant un festival très underground, mais cela ne l'a pas empêché de démonter les idées reçues. Cette image négative est donc réellement impactante pour les festivals électro, bien que cela n'empêche pas l'augmentation du nombre de fans ainsi que la croissance du secteur des musiques électroniques.

    Maintenant que nous savons que les festivals électro sont impactés par cette image négative, il serait intéressant de connaitre les aspects des festivals les plus touchés. Sans grande surprise, c'est l'organisation des évènements qui en pâtit le plus et notamment au niveau de la sécurité comme l'explique Nicolas Cuer : « Si tu vas à la Mairie pour dire on fait un festival de musique classique, derrière on te fera pas chier pour les pompiers ou pour la sécu, mais comme c'est de l'électronique on te dit que c'est beaucoup plus compliqué à gérer au niveau du public, qu'il faut

    88 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    89 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

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    faire attention, et ça entraine des surcoûts qui sont colossaux ». Ces impacts vont également être présent au niveau des relations avec cette sécurité présente que sont les forces de l'ordre et les pompiers : « Alors nous je dirai la seule chose qui peut être impactée c'est la relation qu'on va avoir avec les pompiers et les gendarmes. Ils ont beaucoup plus d'aprioris ça va être effectivement plus compliqué, vraiment il faut qu'on parte dans la discussion pour pouvoir apaiser le truc et arriver à une vraie entente »90, « Les flics vont trembler parce qu'ils vont se dire là c'est que des acharnés qui arrivent »91. Le public est également touché par cette image, ce sont même peut-être les plus impactés : « Le public, parce que tu vas stéréotyper tout un courant musical à partir de la pub qui en est faite quoi. Du fait d'avoir une image négative, pour moi ça se renvoie autant sur le public que sur l'orga »92. Cependant, cela n'a que peu de conséquence puisque comme il a déjà été dit, le public de ces évènements n'a que faire de l'image négative qu'ils subissent, cela ne les empêchera aucunement de s'y rendre. Ce sont donc les aspects relationnels avec les institutions ou les forces de l'ordre au niveau de l'organisation qui sont le plus impactés par cette image négative, les stéréotypes étant malheureusement plus que présents (bien que l'on ait vu qu'ils peuvent disparaitre à force de dialogues et de bilans positifs).

    Maintenant que cette image négative et ses conséquences sont avérés, il serait intéressant de savoir comment il serait possible de la faire évoluer selon les directeurs de festivals. Tout d'abord, selon Nicolas Cuer il n'y a plus grand-chose à faire au niveau de la communication, surtout qu'elle n'est pas mauvaise mais plutôt mal reçue par certains : « Changer l'image alors que de manière interne elle est bonne, je vois pas comment on pourrait faire. Sinon avec des visuels qui dénoteraient des visuels des free party du début des années 2000, du graphisme, des images, du message qu'on passe ». Une autre possibilité qu'il émet serait d'adapter sa programmation : « Tu peux rester quand même essentiellement techno mais si par exemple tu rajoutes un soir pop et ça ne serait pas incohérent » bien que cela dépende du festival et ne soit pas une possibilité si l'on cherche à rester uniquement électro. D'autres moyens, pourtant déjà bien présents mais pas forcément remarqués, seraient des actes de sensibilisation comme l'explique Camille Cabiro : « De notre part c'est de la sensibilisation, montrer que nos évènements ça se passe bien, qu'il y a pas plus de risque de venir à un évènement électro plutôt qu'un évènement d'un autre style musical... ». Cependant, ces actes de sensibilisation ont toujours été présents et le sont de plus en plus d'années en années, sans que cela fasse réellement

    90 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    91 CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone

    92 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

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    évoluer l'image des évènements électro. Pour Emilie Angenieux et Mickael Gérard cela se joue grandement au niveau temporel : « Du fait qu'on vieillit, que les années passent, le mouvement commence à être de plus en plus reconnu », « En continuant à faire ce qu'on fait, c'est-à-dire continuer à faire des festivals et prouver que ça se passe toujours bien, que les médias surtout continuent de faire leur travail en relayant les aspects positifs de ces festivals-là ». Les médias ont également leur rôle à jouer dans cette image, comme nous avons pu le voir dans l'étude précédente. En effet, les médias ne montrent pas toujours, pour ne pas dire jamais les aspects positifs des festivals et ne font au final qu'entretenir et propager des idées reçus, qui sont ensuite assimilées par le public et les institutions qui nourrissent cette image négative : « Le meilleur moyen resterait que ce soit ceux qui alimentent cette image négative qui cherchent à se renseigner plutôt qu'à diffuser et retransmettre ce qu'on leur a juste dit »93. Les idées pour faire évoluer cette image négative sont donc nombreuses, malheureusement il n'est soit pas possible de les mettre en application soit elles n'ont au final que peu d'effets.

    c. Les moyens pour pallier cette image négative

    Pour faire évoluer cette image, peut-être que l'adaptation d'outils marketing existants ou bien la création de nouveaux seraient utiles. A cela, les avis des directeurs sont mitigés. Certains ne voient pas trop quoi faire mais ne doutent pas que de bonnes idées pourraient émerger à tout moment, certains ont déjà quelques idées comme par exemple des réseaux sociaux spécialisés : « A mon avis, il peut y avoir des réseaux sociaux qui peuvent se créer pour des plateformes spéciales peut être qui peuvent être diffusés à grande échelle pour des comptes rendus de tel ou tel festival »94 et enfin certains pensent que le problème est ailleurs : « A partir du moment où les gros médias, la télé, en parlent d'une manière négative forcément ça a un impact" "Donc bien sûr que les outils marketing ont leur place, mais à partir du moment où y a pas de reconnaissance des médias de masse, je suis pas sûr que ça fasse avancer le schmilblick quoi... »95. Les outils marketing ne semblent donc pas être le meilleur moyen de faire évoluer positivement cette image, ou du moins pas à grande échelle.

    Dans ce cas, peut-être que l'adaptation de stratégie de communication existantes ou bien la création de nouvelles pourraient être plus appropriées. Ici la réponse est unanime et c'est un

    93 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    94 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    95 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

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    grand oui, cependant aux yeux des directeurs cette nouvelle communication ne doit pas provenir des festivals. Tout d'abord, c'est l'Etat qui pourrait s'investir un peu plus dans ce secteur : « Que les ministères mettent en place une stratégie de directives pour justement rassurer les élus, dire si une association vous présente un projet sérieux bah aidez-les, accompagnez-les »96. Mais pour la plupart ce sont les médias qui posent problème comme le font respectivement remarquer Nicolas Cuer, Camille Cabiro et Emilie Angenieux : « Cette image étant fondée sur des on-dit, le moyen le plus simple d'y palier serait d'avoir une grosse exposition sur des médias avec une grosse visibilité comme TF1, si on y montre que tout se passe bien et qu'il y a dans les festivals électro des gens comme tout le monde cette image évoluera », « Je pense pas que ce soit la manière de communiquer des festivals qui ait besoin de changer, mais les médias eux auraient besoin de changer un peu leur manière de communiquer pour ceux qui ne connaissent pas le secteur mais je pense qu'ils n'y voient pas d'intérêts pour eux. Donc oui ça aiderait l'opinion public s'il y avait des stratégies de communication différentes mais je pense pas que ce soit celles des festivals qui doivent changer », « Pourquoi les festivals de musiques électro doivent en venir à se poser ces questions alors qu'en fait on se pose pas ces questions pour un festivals de jazz ou pour un festival de musique actuelle grand public. Nous on en arrive à justement se dire qu'il faut aller plus loin, qu'il faut qu'on soit hyper transparent, qu'on soit revendicateur aussi mais sincèrement je pense qu'on se pose tous cette question dans le monde des musiques actuelles et je trouve que encore une fois les musiques électroniques on doit encore et toujours prouver, et encore être en avance et démontrer qu'on a notre place ». Comme lors de la précédente étude, ce sont encore les médias qui sont grandement pointés du doigt.

    Mais alors finalement, quel serait le meilleur moyen de pallier cette image négative ? Ici encore la réponse est unanime. Pour les directeurs de festival, le meilleur moyen serait que tous ceux qui ont une mauvaise image des festivals de musiques électroniques s'y rendent au moins une fois pour voir qu'ils se trompent : « Je trouverai ça assez intéressant que au moins une fois dans sa vie, plutôt quand ils sont jeunes, que chaque personne assiste à un évènement de musique électronique et le découvre de l'intérieur, qu'il y ait un vrai temps d'échange entre nouveaux et habitués »97, « Eh bah qu'ils viennent à notre évènement »98, « Le moyen le plus efficace ce serait de pouvoir attirer un public qui n'est à la base pas concerné quoi, faire venir ces gens-là, tous ces gens qui ont une image négative et qui vont dire ça c'est de la merde c'est de la musique

    96 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

    97 CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone

    98 ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone

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    de drogué ou quoi que ce soit, c'est la faire venir pour qu'ils se rendent compte par eux-mêmes que bah non, que ça peut être un bon moment à passer »99. Si chaque année il y a de plus en plus d'adeptes des musiques électroniques, c'est que ce mouvement devrait au moins mériter une considération, que l'on s'y intéresse plus en profondeur avant de se faire un avis. Le meilleur moyen pour cela serait effectivement de s'y rendre et de constater les choses par soi-même pour se fonder sa propre opinion.

    99 GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, France, 12/05/2021

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    PARTIE III. ANALYSE DES ETUDES

    a. Les festivals de musiques électroniques

    Tout d'abord, en total cohérence avec la partie théorique, le public des festivals électro est majoritairement jeune puisque plus de 90% de notre échantillon ne dépassaient pas 35 ans. Bien qu'il ne faille pas oublier les 10% restant, la stratégie de communication des festivals visant principalement un public jeune est donc justifiée. D'un point de vue sociaux-démographique, il n'y a pas vraiment d'autre informations surprenantes mis à part le faible pourcentage de festivaliers actuellement sans activités professionnelles (5%). Un cliché très connu présente les amateurs d'électro (peut-être tout de même visant plus les teufeurs que les festivaliers) comme des personnes en marge de la société, pour ne pas dire des cas sociaux. Bien que cela dénigre grandement des personnes se trouvant peut-être simplement dans une situation professionnelle temporairement instable, il n'y a tout simplement rien de valable là-dedans puisque seulement 5% sont très loin de représenter une majorité. Cette majorité est quant à elle constituée de personnes intégrées à la société (sur le plan professionnel tout du moins). C'est pourtant un stéréotype que l'on retrouve souvent, et qui est sûrement aussi répandu à cause des médias et des politiques qui l'utilisent à tout va.

    Concernant la fréquentation des festivals de musiques électroniques, même sans avoir d'éléments de comparaisons avec des festivals d'autres genres, nous pouvons tout de même dire qu'ils ont le vent en poupe. Nous avons constaté qu'il y a beaucoup plus de personnes se rendant énormément en festivals que de personnes s'y rendant peu, avec des moyennes très raisonnables. Comme vu dans la partie théorique, le nombre d'adeptes de musiques électroniques ne font qu'augmenter. Même si faire partie de ces adeptes ne signifie pas forcément qu'ils se rendent en festivals, ces festivals représentent tout de même de très bon voire les meilleurs endroits où profiter de ce genre de musique et de sa culture. Il me parait donc plutôt logique de supposer que le nombre de festivaliers augmente. Nous pouvons aussi observer que sur une période de plusieurs années, la fréquentation totale a tendance à être supérieure à la moyenne sur un an, ce qui montre bien que les habitudes des festivaliers ne sont pas fixes. Les moyennes énoncés sont donc plutôt à considérer comme des minimums pouvant correspondre aux festivals préférés ou habituels, auxquels peuvent s'ajouter un ou deux autres festivals (et même plus) qui auront touché le festivalier que ce soit par sa programmation, ses valeurs, son ambiance ou encore les

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    retours qu'il en a eu. Alors malgré les difficultés rencontrées lors de la création d'un festival mais aussi lors de ses rééditions ainsi que l'image négative qu'ils subissent, ces festivals et leurs publics sont la preuve qu'il en faudra plus pour stopper cette culture. De nouveaux festivals électro continuent d'apparaitre, tandis que les plus anciens continuent à mener une existence pérenne et se développent même pour certains. La fin de cette période de Covid qui a mis à l'arrêt ce secteur d'activité pendant un an, et même deux pour énormément de festivals, promet cependant une reprise intense et soutenue par nombre de festivaliers. Comme l'ont montré les différentes free parties qui ont eu lieu pendant les confinements, mais également les gros rassemblements musicaux à Lyon et Paris récemment, la volonté de faire la fête est plus présente que jamais.

    En ce qui concerne les différents styles que les festivaliers veulent retrouver sur scène, ils sont en grande partie en accord avec les styles qu'ils écoutent quotidiennement. La techno et la house occupent les premières marches du podium dans les deux cas, ce qui n'a rien de surprenant étant donné que ce sont les deux premiers styles à non seulement sortir du cadre illégal des rave en France mais également à être autant popularisés par son public que par ses artistes. La French Touch a évidemment sa part de responsabilité dans la consommation actuelle d'électro en général mais surtout de techno et de house. Il est cependant intéressant de se demander si cette French Touch n'a pas en réalité plutôt pénalisé le développement de l'électro en France. Comme abordé dans la partie théorique, le gouvernement qui n'approuvait pas du tout ce mouvement n'a pas eu d'autre choix que de retourner sa veste au moment de l'essor de cette musique et de ses acteurs, ce qui a permis à certains DJ's français de se produire d'avantage et de se faire un nom à l'international. Fierté française oblige, ces artistes ont été très largement mis en avant sur cette nouvelle scène électro française, au détriment des autres styles pourtant si nombreux. Nous pouvons voir ici des causes au non-développement de ces styles : techno trop mise en avant, artistes connus à l'international offrant une bonne image culturelle, ou encore beaucoup de politiques contre le mouvement mais pas contre l'idée de se montrer associés de quelque manière que ce soit à une culture émergente et rassemblant de plus en plus de monde. Sans la French Touch, il aurait été intéressant de voir s'il y aurait aujourd'hui une si grande différence de popularité entre les styles. L'électro se serait peut-être développée équitablement, et cette notion d'électro « underground » n'aurait peut-être pas vu le jour. Cependant, étant donné les réticences du gouvernement, il serait aussi juste de penser que l'électro pourrait être encore moins développée aujourd'hui. Nos voisins européens ont eux aussi subis cette vague de rave et free parties illégales, pourtant la France est la seule à encore se battre contre cette culture plutôt que

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    de la mettre en avant, ce qui explique qu'elle soit beaucoup plus développée à l'étranger. Dans tous les cas, la techno et la house se sont assurées un avenir prospère en France. Cependant, d'autres styles caractérisés d'underground sont également bien présents, à l'instar de la Trance qui compte (selon notre échantillon) presque autant de personne voulant l'écouter en festival que la house. Il en est de même pour les styles comme l'Acidcore et la Hardcore. Dans un festival exclusivement électro (qui ne serait cependant pas exclusivement consacré à la techno) ces styles seront forcément présents. Il est même de plus en plus courant pour des festivals non spécialisés dans l'électro de présenter des artistes Trance à l'instar d'artistes Techno. Ceci est justement un point important : il faut différencier le style, et l'artiste qui l'interprète. En effet, pour reprendre les résultats obtenus, la Frenchcore n'est par exemple pas un style forcément attendu dans un festival électro. Cependant, il est maintenant très fréquent de retrouver en festival électro le DJ « Dr. Peacock », un artiste Allemand spécialisé dans la Frenchcore. Il est très populaire, et certains le caractérise même d'artiste commercial dans le milieu de l'électro. Un festival voulant diffuser de l'électro ne prendrait donc pas trop de risque en diffusant Dr. Peacock même si son style n'est pas le plus attendu, et ce grâce à sa notoriété. En clair, même s'il y a objectivement des styles qui sont préférés à d'autres, il n'est pas rare de voir en festival un nombre équivalent d'artistes représentants différents styles, plutôt qu'un nombre d'artiste proportionnel à la popularité d'un style, et ce grâce à la notoriété. Il serait donc plus approprié de parler d'artistes préférés que de styles préférés en festival.

    Nous avons vu qu'environ un tiers des festivaliers se rendant en festival électro ne se rendent pas dans des festivals d'autres genres. Sans élément de comparaison, il est difficile de bien apprécier cette donnée. Cependant nous pouvons appuyer son importance par le fait que parmi les deux tiers restants, qui se rendent donc dans des festivals d'autres genres musicaux, plus de 80% se rendent tout de même majoritairement en festivals électro. Parmi le premier tiers, les raisons étaient toutes très similaires et portent principalement sur l'expérience qui est préférée à celle des autres festivals (en faisant évidemment abstraction d'une attirance plus élevée pour un genre musical que pour un autre) signifiant que ce n'est qu'après avoir expérimenté des festivals de différents genres qu'ils ont choisis de se rendre exclusivement en festival d'électro. Nous pouvons donc supposer que les festivaliers qui se rendent tout de même encore dans d'autres festivals sont en train de se forger leur opinion, d'autant que parmi les 80% précisant qu'ils se rendent majoritairement en festival électro, ils le justifient par le fait qu'ils y préfèrent l'ambiance et l'expérience globale. Alors, même si cela est discutable, il paraît approprier de dire qu'en France, les festivals électro offrent une meilleure expérience que les autres festivals. C'est

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    un peu contradictoire étant donné que ces festivals sont censés avoir une mauvaise image. Cependant cela pourrait justement en être la raison comme l'a expliqué Mme. Angenieux : « nous on en arrive à justement se dire qu'il faut aller plus loin, qu'y faut qu'on soit hyper transparent, qu'on soit revendicateur aussi mais sincèrement je pense qu'on se pose tous cette question dans le monde des musiques actuelles et je trouve que encore une fois les musiques électroniques on doit encore et toujours prouver, et encore être en avance et démontrer qu'on a notre place », « les festivals électro sont plus en avance sur certaines questions que les festivals de musique actuelles, comme les questions environnementales et d'égalité femme/homme ». C'est peut-être donc cette mauvaise image, qui a obligé ces festivals à redoubler d'effort lors de leurs débuts pour continuer d'exister et de rester dans la course, qui justifie aujourd'hui cette expérience plus qualitative. Ils ont dû se développer sur autre chose qu'une simple programmation comme des valeurs, des idées et des notions qui permettent aujourd'hui de justifier leur avance par rapport aux autres festivals en termes d'expérience globale proposée.

    Concernant les façons dont un festivaliers est amené à entendre parler d'un festival, les résultats sont en total accord avec la partie théorique. Presque 95% de ces festivaliers découvre un festival sur les réseaux sociaux, où tous les festivals communiquent majoritairement. Cela est expliqué par la présence quasi-totale de leurs cibles sur ces plateformes. Le public des festivals étant très majoritairement jeune, et les réseaux sociaux regroupant également un très large panel de jeunes utilisateurs, c'est en effet le meilleur moyen de communication pour ces festivals. Il est donc très simple de suivre la communication d'un festival si on le connait déjà, cependant étant donné le nombre de festival présents sur ces réseaux les festivals que l'on ne connait pas mais qui pourraient nous intéressons passent facilement inaperçus. C'est alors qu'intervient le bouche à oreille. Principalement pendant un festival, mais également dans la vie de tous les jours, la participation à ces évènements rapproche. Il est donc extrêmement simple de rencontrer de nouvelles personnes et de très rapidement en venir à présenter nos précédentes expériences festivalières. Ainsi, il est très facile de connaitre de nouveaux festivals et d'en avoir des retours. Enfin arrivent en troisième position les affiches. Souvent avec des couleurs et des écritures/polices tape à l'oeil, ces affiches sont également très utiles pour se rappeler du nom du festival et de se renseigner par la suite sur les réseaux. Cependant ces affiches ne restent présentes que dans un périmètre restreint autour du lieu du festival, ou bien sont présentes dans les grandes villes les plus proches. Les réseaux sociaux seraient donc capables d'assumer la quasi-totalité de la communication des festivals, cependant cela serait au détriments des festivals qui n'auraient par exemple pas de communication à l'année et donc peut-être moins de visibilité.

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    Avec ces données, l'idée de M. Gérard abordée dans la partie précédente se révèlerait plus qu'adaptée. Un réseau social spécial pour les festivaliers, où les festivals pourraient communiquer à leur guise sans les contraintes des réseaux sociaux actuels, avec un système de recherche pouvant se baser sur la zone géographique, les styles présents, les dates ou encore le nombre de festivaliers. Cela parait réalisable, et permettrait sûrement d'améliorer encore la communication et la visibilité des festivals.

    Au sujet des critères faisant la différence auprès des festivaliers pour choisir un festival parmi les autres, encore une fois c'est l'expérience proposée qui domine. C'est en réalité plutôt avantageux pour les festivals. Une expérience étant basé sur un ensemble de chose, une bonne expérience dépend des goûts de chacun. Même si les styles musicaux et les têtes d'affiche représente la partie la plus importante du festival pour tous ceux qui y participent, tout le reste sera à l'appréciation de chacun. Certains seront touchés par les valeurs défendues et par la façon dont elles le sont, d'autres seront ravis de profiter de toutes les activités proposées, ou encore du cadre de l'évènement. En clair, plus un festival propose une expérience variée, plus elle est susceptible de plaire à chacun car tout le monde y trouvera son compte. Cependant cela n'est pas obligatoire, un festival basant son expérience uniquement sur une programmation millimétrée et réfléchie, et surtout s'il communique bien sur cet aspect, rassemblera uniquement le public y étant sensible et qui vivra donc une bonne expérience. Il est en réalité bien plus simple de vivre une superbe expérience que d'en vivre une mauvaise.

    C'est justement cette envie d'expérience qui mène le public des festivals de musiques électroniques en free parties. Si plus de 75% du public de ces festivals s'est déjà rendu en free party, il est impossible de ne pas voir de lien entre ces deux types d'évènements. Il aurait été intéressant de savoir dans lequel de ces évènements un actuel festivaliers s'est rendu en premier, et s'il se rend toujours en free parties en plus de fréquenter des festivals. En effet, c'est souvent la première expérience qui détermine l'attrait pour la suite. Les festivals électro sont la descendance directe des free et rave parties, cependant l'expérience y est tout de même différente. C'est d'ailleurs selon moi pour cette raison qu'autant de festivaliers se rendent en free parties. La culture de l'électro encourage la découverte de l'inconnu, du nouveau, de l'extravagant. Ainsi, un participant de free parties sera curieux de voir l'expérience vécue en festival, et un festivalier sera curieux de voir l'expérience vécue en festival. Si ces deux types d'évènements proposaient les mêmes expériences, de par le cadre illégal des free et le cadre légal des festivals il me semble évident que le pourcentage abordée plus tôt serait bien moins élevé. Les festivals et les free parties se complètent et selon moi, dans la majorité des cas, toute

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    personne commençant à s'intéresser à la culture des musiques électroniques sera amené à vivre ces expériences.

    b. L'image négative des festivals de musiques électroniques

    Au sujet de l'origine de l'image négative que subissent les festivals électro, les avis des festivaliers et des directeurs se rejoignent. Si tout le monde s'accorde pour dire que l'usage de stupéfiants dans ces évènements, et l'affiliation des festivals électro aux free et rave parties sont les principales causes de cette image, pour les directeurs cela est aussi dû à l'origine du mouvement électro : un esprit contestataire, des envies de rébellion, une jeunesse très investie, et enfin une nouvelle musique qui brise les codes établis. Voilà de quoi faire peur au gouvernement en place, qui va donc stéréotyper toute une jeunesse. Cependant, l'électro n'est pas le premier courant musical à subir une telle image. C'est un argument phare de tout fan d'électro, qui même s'il est utilisé à tout va reste avéré. Le rock a lui aussi été associé à la consommation de drogue et visé par l'état. Aujourd'hui pourtant le rock n'est plus tant considéré comme une musique de « drogué » et n'est plus réprimé par l'Etat. Elle ne subit plus cette image négative, pourtant la consommation de stupéfiants qui en était la cause au début est toujours bien présente comme dans tout regroupement festifs. La présence des stupéfiants est liée à la fête et non à un genre de musique particulier. C'est l'idée pour laquelle se sont battus nombre de fans de rock, et qui a finalement été intégrée. Mais alors pourquoi cela ne s'est pas déroulé de la même façon pour les musiques électroniques ? Tout mène à croire que ce sont bien l'usage de stupéfiants qui en est principalement à l'origine, ainsi qu'un mouvement de pensés nouveau et des regroupements (qui bien que plus nombreux pour l'électro que pour le rock) n'étaient pas toujours légaux. A part la musique et la période, les mouvements rock et électro semblent similaires. Mais c'est peut-être justement la période qui a changé la donne. L'électro étant apparu en France environ 30 ans après le rock, les moyens médiatiques étaient bien plus développés. Fortement liés à l'Etat, qui étaient contre ce mouvement électro, il a été facile de diffuser cette image qui n'était peut-être pas aussi négative à la base. Qu'il s'agisse des festivaliers ou des directeurs de festival, tout le monde s'accorde pour dire que les médias non spécialisés dans la musique ont leur part de responsabilité (certains les tenants pour principaux responsables) dans cette image négative. Comme abordée dans la partie précédente, il est plus que rare de voir un reportage ou un article de ces médias qui ne collerait pas avec les stéréotypes du mouvement. L'usage à tout va de mots comme « drogue », « alcool », « stupéfiants », « punk à chiens » et autres noms d'oiseaux plus ou moins polis est toujours présent. Sans pour autant leur donner tort, car tout stéréotype ayant

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    une part de vérité, cela ne représente pas une généralité. Il y a énormément à dire sur ces évènements, mais ce sont toujours ces clichés négatifs que l'on retrouve dans ces médias. Alors, si aux origines du mouvement l'image négative qu'ils subissaient peut effectivement être principalement liée à l'esprit contestataire, l'illégalité, et à la consommation de stupéfiants, elle n'était pas forcément si prononcée et rependue que cela. Cependant aujourd'hui cette image a pris une bien plus grande ampleur, et cela est dû à sa diffusion massive et exagérée par les médias, eux même encouragés par l'Etat. En clair, si à l'origine cette image négative est issue de la consommation de drogue et d'un mouvement évoluant principalement dans l'illégalité, ce sont les médias qui en ont fait celle que nous connaissons aujourd'hui et qui se répercutent sur les festivals légaux de musiques électroniques.

    Bien que la très grosse majorité des festivaliers reconnaissants une image négative jugent les médias non spécialisés comme principaux responsables de cette dernière, seulement un tout petit plus de la moitié (selon notre échantillon) estiment la subir ou en être impactée. En accord avec les avis des directeurs de festivals, ce n'est donc pas le public qui se retrouve ciblée par cette image. En effet dans ces évènements il est quasi-impossible de faire face à ces clichés étant donné que ceux qui les colportent ne s'y rendent jamais. Seule la présence souvent bien plus importante que nécessaire des forces de l'ordre à l'entrée et à la sortie de ces festivals peut la rappeler. C'est donc bien au niveau organisationnel et relationnel que cette image se révèle réellement impactante. Ce sont donc surtout les directeurs et organisateurs qui en pâtissent. Contrairement à des festivals de musiques actuelles n'étant pas principalement électro ou n'en diffusant pas du tout, il sera très difficile pour des festivals exclusivement électro de créer tout de suite des relations saines avec les préfectures, les départements ou les mairies. Il est dommage pour les organisateurs de devoir constamment peser leurs mots pour éviter que leurs interlocuteurs ne prennent peur, se basant sur des clichés qu'ils ne feront qu'alimenter. D'autant plus que pour beaucoup de festivals électro, des relations de forte confiance se créent par la suite avec les administrations comme le montre le Positiv Festival qui pour chaque édition est autorisé à se produire dans le théâtre antique d'Orange, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Malgré tous ces faits montrant qu'un festival électro ne présente pas plus de risques que n'importe quel autre festival de musiques actuelles, il est toujours autant difficile pour ces festivals de se vendre auprès des institutions. Les clichés ont la vie dure, et comme l'évoquent les directeurs de festival cela changera peut-être lorsqu'ils auront en face d'eux des interlocuteurs plus jeunes qui seront donc peut-être plus ouverts, ou en tout cas moins fermés. En attendant, il est nécessaire pour construire progressivement ces relations de confiance de

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    dialoguer longuement, d'exposer des faits et des résultats, pour petit à petit faire oublier cette image négative.

    Cependant, cette image négative n'a pas que des aspects néfastes. Parmi les festivaliers, se sentant impactés par cette image ou non, une grande partie l'utilisent pour renforcer leurs liens. En effet, l'une des spécificités premières des festivals (mais aussi des free parties) est de rapprocher les gens. Ce qui diffère tout de même entre les festivals électro/free parties et les autres festivals de musiques actuelles, c'est que suite à l'image négative dont sont victimes les fans d'électro, la création d'une hypercommunauté à la base éphémère dans tout festival se transforme en communauté permanente pour les festivals électro et les free parties. Tout amateur de musiques électroniques se retrouvera un jour face aux mêmes clichés, et y faire face ensemble renforce leurs liens. Evidemment, la culture des musiques électroniques prône de base cette communauté (principalement grâce aux rave et free parties) mais subir collectivement cette image la renforce encore plus, ce qui pourrait expliquer pourquoi le public des festivals électro ne se sent pas tant impacté par cette image. Ils s'en servent pour profiter encore plus intensément de ces moments de fête. Cependant, ils restent tout de même terre à terre puisque même s'ils y trouvent leur compte, la très grosse majorité d'entre eux préfèreraient voir disparaitre cette image. Nous pouvons donc clairement affirmer que cette image se révèle bien plus impactante pour les festivals eux-mêmes que pour leurs publics, qui eux arriveront toujours à passer outre les clichés dont ils sont la cible pour même s'ils le peuvent les retourner à leur avantage.

    Les festivals doivent donc constamment faire face à cette image. Pour cela, le maitre mot est « dialogue ». Il faut dialoguer autant auprès des institutions que des riverains ou des personnes tout simplement contre l'électro. Cela passe par beaucoup de réunion avec chacun, mais aussi avec les forces de l'ordre et les pompiers qui seront présents sur le festival. De grande campagnes de préventions sont organisées, mais également des périodes de découverte pour les publics qui auraient plutôt tendance à dénigrer sans connaitre. Les festivals essaient d'inviter les riverains à leurs évènements, de leurs expliquer leur projet, de les sensibiliser. Le but de tout cela est de démonter les clichés que subissent ces festivals et leurs public. Malheureusement dans les cas où cela est efficace, il aura fallu dépenser énormément d'énergie et de moyens, mais aussi de temps, pour qu'au final les clichés disparaissent surtout sur le festival en question plutôt que sur la culture électronique en général. Les gens auront tendance à voir ce festival ou cet évènement comme l'exception à la règle plutôt que comme une preuve que les clichés qu'ils nourrissent ne sont peut-être pas avérés. Cependant toute avancée est bonne à prendre, et ces festivals continuent à se battre. Certains ont déjà convaincu leur communauté, qu'il s'agissent du public

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    ou de l'administration, et n'ont pas besoin de plus. Tandis que d'autres ne cessent de redoubler d'efforts, de créer de nouveaux projets, d'innover pour faire évoluer cette image.

    Mais comment la faire évoluer ? Il n'y a malheureusement pas de solution miracle selon les directeurs de festivals. Chacun ont leur propre avis, cela peut passer par une communication très minutieuse qui sera la plus différente possible des visuels pouvant être identifiés aux free parties. Cependant, il est compliqué pour nombre de festivals électro d'améliorer leur communication qui est déjà plus que poussée et réfléchie pour éviter ces malentendus. Certains tenteront d'intégrer d'autres styles à leur programmation, d'autres appuieront encore plus les actions de sensibilisation. Mais de manière générale, aux yeux de ces directeurs et organisateurs, il s'agit surtout d'un problème générationnel. Pour beaucoup le seul moyen de parvenir à changer cette image est donc de continuer à faire ce qu'ils font, à montrer des résultats positifs, à démontrer que tous ces clichés ne sont pas avérés. Il semble que malheureusement, les cartes qui permettraient de faire grandement avancer les choses ne se trouvent pas dans les mains des festivals.

    c. Moyens marketing, stratégies de communication, et image négative

    Cependant, peut-être que s'intéresser aux moyens marketing et aux stratégies de communication pourrait débloquer la situation. Tout d'abord, nous avons pu voir qu'il n'y a pas vraiment de différence entre les festivals de musiques électroniques et les festivals. Concernant le marketing, il n'y a rien de spécifiques. Même si parfois nous pouvons voir un moyen innovant qui n'est pour le moment utilisé que par un seul festival, rien ne l'empêchera d'être utilisé par la suite dans d'autres festivals avec des genres musicaux différents. Concernant les stratégies de communication, ici encore pas de spécificités. Chaque communication est adaptée au festival, avec leur propre rétroplanning, leur propre contrainte, etc. La seule chose qui pourrait paraitre différente sera au niveau du ton ou de la forme, mais cela correspond plutôt aux contraintes qu'ils subissent suite à l'image de l'électro. Le contenu est donc logiquement adapté, mais la stratégie adoptée est loin d'être spécifique. Les festivals de musiques électro combattent donc cette image négative avec les mêmes armes que ceux qui ne la subissent pas. Cependant, la communication est un domaine qui s'affine de plus en plus. Il est donc totalement possible de pouvoir un jour identifier une stratégie de communication propre aux festivals de musiques électroniques, bien que malheureusement rien ne garantisse que cela fera évoluer leur image.

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    Les festivals électro n'ont pas de moyens marketings ni de stratégies de communication spécifiques, cependant cela ne veut pas dire que l'utilisation qu'ils en font ne joue pas un rôle dans cette image négative. En effet certains festivals, par leur programmation parfois underground, adopte une communication qui se rapprochera de celle utilisée par les free parties. Ce n'est en soit pas une erreur de communication de la part des festivals, mais plutôt une erreur d'appréciation de la part de ceux qui reçoivent cette communication. D'autres festivals font des communications parfois « hors contexte », ils peuvent notamment diffuser des contenus plus ou moins politisés comme certains ont pu le faire depuis le début de cette crise de la COVID. Le problème, c'est que ces festivals électro sont par nature déjà montré du doigt. Ainsi, une mauvaise communication de la part d'un seul festival peut se répercuter sur beaucoup d'autres voir même l'intégralité des festivals électro français. Ces festivals, en plus de devoir en faire bien plus que les autres à cause de leur image, n'ont en plus de cela qu'une très faible et même inexistante marge d'erreur. Le pire dans ces erreurs, c'est que bon nombre n'en sont pas réellement. Un festival peut passer énormément de temps à travailler sa communication pour qu'elle transmette les mêmes valeurs que le festival en question, en faisant très attention aux mots ou encore au ton utilisé, étant donné que cette communication sera faite sur les réseaux sociaux il sera extrêmement simple pour une personne qui n'aimera pas cette publication de le faire savoir. De plus, ces messages sont rarement polis, pas toujours justifiés (il est très courant de voir sur ces réseaux de la violence gratuite) mais surtout très facilement envenimable. Ainsi, une communication appropriée peut virer au drame. Cependant, ces cas sont loin d'être à l'origine de cette image négative et nous pouvons plutôt les considérer comme des conséquences.

    Dans ce cas, il suffirait peut-être de trouver de nouveaux moyens marketings et/ou de nouvelles stratégie de communication qui aurait comme principal but de faire évoluer cette image. Concernant les moyens marketing, les directeurs sont mitigés. Ils ne doutent pas qu'un moyen pourrait voir le jour et grandement contribuer au développement des festivals électro, comme par exemple un réseau social spécialisé, cependant ils ne pensent pas que le problème vienne du marketing et que ce n'est donc pas dans le marketing que se trouve le moyen de pallier cette image. Cependant, les stratégies de communication semblent bien plus appropriées aux yeux des directeurs. A la subtilité que selon eux, ces nouvelles stratégies de communication ne devraient pas venir des festivals, qui en font déjà bien assez, mais bien des médias de masse non spécialisés dans la musique, comme le JT de TF1. Il serait grandement intéressant de voir ce que pourrait un reportage d'au moins un de ces médias qui soit mené de manière totalement objective, ou encore mené en collaboration avec le festival en question. Selon eux, une fois que

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    ces médias offriront une meilleure communication, celle des festivals pourra ensuite réellement prendre de la valeur et avoir plus d'impact positif. Malheureusement, les médias ne semblent pas y voir d'avantages pour eux, et il est serait difficile pour les festivals d'y remédier par eux-mêmes. De nouvelles stratégies de communication semblent donc être le moyen approprié pour faire évoluer l'image négative des festivals de musiques électroniques, cependant ici encore ce ne sont pas les festivals qui sont en mesure de faire quelque chose.

    Avec tous ces résultats, quel serait donc le meilleur moyen de faire disparaitre cette image ? Pour les festivaliers, il faudrait augmenter la sécurité sur site, faire encore plus de prévention concernant les stupéfiants, ou encore que les festivals aient une communication vraiment irréprochable. Malheureusement ces moyens sont déjà grandement utilisés et le sont encore plus d'années en années, malheureusement ne faire aucune erreur est quasi-impossible pour ce genre de structure lié de près au public, d'autant que comme nous avons pu le voir quelque chose qui ne conviendrait pas à absolument tout le monde peut être considéré comme une erreur. Pour les directeurs et organisateurs de festival, il faudrait que ceux qui ont une mauvaise image de ces évènements s'y rendent, tout simplement. Il s'agirait du meilleur moyen pour que ces gens puissent se forger leur propre opinion, quitte à ce qu'il reste inchangé, mais ils sauront au moins définitivement de quoi ils parlent et ne feront pas que retransmettre ce qu'ils ont entendu dire à la télé ou ailleurs. Les directeurs sont convaincus que ces gens se rendront ainsi compte qu'ils se trompent, et que les festivals électro sont totalement différents des stéréotypes qu'ils subissent. Cependant il parait difficile de faire venir ces gens de leur plein gré. Pour cela, un moyen serait pourtant très probablement efficace, autant selon les festivaliers que selon les directeurs, et il s'agirait que les médias changent leur communication et leurs opinions sur les festivals de musiques électroniques. Ce serait en effet le moyen le plus « simple » qui permettrait de débloquer la situation de tous les côtés, qui permettrait à la fois de ne plus alimenter cette image négative mais également d'encourager ceux qui le faisait à la détruire. Ainsi, peut-être qu'un jour l'électro pourra prospérer comme le fait le rock, c'est-à-dire sans préjugés, et surtout librement.

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    CONCLUSION

    Ce mémoire de recherche appliquée avait pour thèse les moyens marketing et les stratégies de communication à employer pour transformer l'image négative des festivals de musiques électroniques en France. La complexité de cette problématique reposait sur deux choses : le manque d'informations concrètes sur le territoire français, ainsi qu'une image négative qui paraissait bien plus exister en tant que ressentie plutôt qu'avec des conséquences réellement observables. Alors, pour traiter correctement ce sujet, j'ai utilisé l'approche de l'entonnoir.

    L'objectif était en premier lieu de présenter le marché des musiques électroniques. Pour cela, il a d'abord fallu aborder ce que sont les musiques électroniques. Alors, après avoir présenté l'origine de la musique électronique et ce qui la caractérise, allant de son contexte d'apparition jusqu'aux valeurs qu'elle transmet, en passant par toutes ses adaptations et ses moyens de création, nous avons abordé son arrivée en France. Bien qu'il fût déjà possible d'entendre cette musique sur notre territoire, c'est surtout suite à l'arrivée des premiers travellers et sound-systems britanniques qui cherchaient à fuir les lois répressives de leur pays que la musique électronique a commencé à se propager en France à travers les rave parties, des évènements principalement illégaux regroupant plusieurs centaines et même plusieurs milliers d'amateurs. Enfin, dans un contexte plus actuel, c'est le marché français des musiques électroniques qui a été étudié. Malgré le manque de données diverses et variées, nous avons tout de même constaté que ce secteur est en constante évolution, qu'il représente une économie de plus en plus importante et surtout que le nombre d'adeptes ne fait que croitre d'année en année. Il a été établi que le secteur des musiques électroniques est en constant développement qu'il a de beaux jours devant lui.

    Une fois leur marché présenté, est venu le sujet complexe de l'image négative que ces musiques subissent. Pour l'aborder correctement, il a d'abord été nécessaire de développer le contexte culturel de ces musiques et de ses évènements, avant de pouvoir correctement parler de cette image à partir de faits réels. Ainsi c'est la culture liée à ces évènements qui a d'abord été observée, ayant plutôt pour but de cerner le public de ces musiques. Qui sont-ils, quelles valeurs partagent-ils, comment et pourquoi sont notamment des questions qui ont été posées. Ensuite, après avoir eu une image claire de ce que sont les regroupements autour de la musique électronique, il a été bien plus simple de traiter de l'image actuelle de cette musique en France, qui s'apparente effectivement grandement à une image négative voir même néfaste. Enfin, en revenant un peu en arrière, nous nous sommes intéressés aux origines de cette image négative via

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    ses vagues de répression et les protestations qui en ont découlées. Ainsi, nous avons pu nous faire une idée claire de l'image négative que subissent les musiques électroniques en France.

    Enfin, pour avoir toutes les cartes en main et traiter correctement ce sujet, il a été nécessaire d'aborder les notions de marketing et de communication des festivals de musiques électroniques français. Le marketing étant la notion la plus complexe, plusieurs points importants ont été abordés. Nous avons présenté la notion de marketing culturel, différente du marketing classique, mais aussi des différents choix de positionnement des festivals, de leur unicité intrinsèque à leur création, mais également du lien entre les moyens marketing utilisés et les valeurs/l'image du festival. Enfin, pour terminer, c'est donc la notion de communication de ces festivals qui a été traité, développant tous les outils à leur disposition et les multitudes de choix de communication qui s'offrent à eux.

    Après avoir approché cette thèse de façon théorique, c'est à travers des enquêtes concrètes que le sujet a été approfondi. Menés auprès des festivaliers et des directeurs/organisateurs de festivals, ces études ont permis de mieux cerner les goûts et attentes des amateurs de musiques électroniques, de nous faire une idée concrète de l'image négative que subissent les festivals électro à travers des ressentis d'individus concernés, et enfin de traiter des moyens marketing et de communication spécifiques à ces évènements et de leur lien avec cette image. Il a ainsi été confirmée que cette image est bien réelle et qu'elle a de lourdes conséquences au niveau de l'organisation de ces évènements mais aussi que le marketing n'apparait pas comme une solution efficace pour transformer cette image négative. Les stratégies de communication quant à elles semblent bien plus appropriées, cependant celles qui pourraient réellement se montrer efficaces ne sont pas à leur portée. En effet, la stratégie de communication à employer et qui permettrait de transformer l'image négative des festivals de musiques électroniques en France n'est pas utilisable par ces festivals, mais par les médias de masse non spécialisée dans la culture musicale. Ces médias ne font que répandre cette image et sont, d'après ces études, les principaux responsables de cette image négative. Ainsi, les moyens d'une future éclaircie pour ces festivals ne se trouvent pas dans leurs mains, mais dans celles de ces médias.

    Bien que ce mémoire offre des bases exploitables pour des recherches plus approfondies, il a dû faire face à certaines limites. Tout d'abord, il n'y a que très peu de données officielles et fréquentes concernant le secteur des musiques électroniques en France. Aussi, le public de ces musiques et de ses évènements est extrêmement hétérogène, aussi bien sur le plan social que mental. Ainsi, si une étude est menée auprès d'un échantillon bien plus grand d'amateurs

    103

    d'électro, ou bien justement de manière proportionnelle en fonction des amateurs de chaque style et de ses différentes représentations, les résultats pourraient être différents. Cependant, tous les résultats obtenus restent justes et exploitables, ils pourraient juste être plus précis.

    Il pourrait par ailleurs être intéressant de pousser ces recherches en intégrant d'autres facteurs. Les résultats de celles-ci pointant du doigt les médias, il pourrait être intéressant de s'intéresser à cette image négative du point de vue de ces médias et de l'Etat plutôt que de celui des festivals. Des recherches prenant en compte une zone géographique plus vaste, comme à l'échelle de l'Europe ou au moins des pays frontaliers, sur comment y est intégrée la musique électronique par rapport à la France serait peut-être également un moyen de mieux comprendre pourquoi elle a une image négative dans notre pays. Cependant, ces recherches seraient longues et rien ne garantit que les résultats seraient comparables à cause des différences culturelles.

    Ce qui est sûr, c'est que peu importe l'image que les musiques électroniques subissent, le mouvement est déjà bien trop en place pour être stoppé. Avec l'augmentation du nombre d'amateurs et d'évènements autour de cette culture d'année en année, les musiques électroniques sont vouées à continuer de se développer. Ainsi, en tenant compte de tous ces facteurs ainsi que de la relation aux musiques électroniques des pays voisins, il parait impossible que cette image négative qui sévie aujourd'hui en France ne disparaisse pas dans un futur plus ou moins proche.

    105

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    C. Entretiens

    CUER Nicolas, Directeur du Positiv Festival, France, 14/04/2021, Téléphone CABIRO Camille, Cocréatrice du Bordeaux Open Air Festival, France, 15/04/2021, Téléphone ANGENIEUX Emilie, Directrice de l'Hadra Festival, France, 27/04/2021, Téléphone GERARD Mickael, Directeur du Millésime Festival, 12/05/2021, Téléphone

    I

    ANNEXES

    Table des Annexes

    ANNEXE 1. TOP DES FESTIVALS FRANÇAIS DE MUSIQUE ELECTRONIQUES EN 2016 II

    ANNEXE 2. L'ECOSYSTEME DES MUSIQUE ELECTRONIQUES EN FRANCE III

    ANNEXE 3. LES COLLECTIFS FRANÇAIS LES PLUS EN VUE EN 2016 IV

    ANNEXE 4. POIDS ECONOMIQUE DU SECTEUR ELECTRO EN FRANCE (EN MILLIONS D'€

    HT) V

    ANNEXE 5. VENTILATION DU SECTEUR ECONOMIQUE DE L'ELECTRO (EN MILLIONS D'€

    HT) V

    ANNEXE 7. REVENUS ISSUS DU NUMERIQUE ET DES SUPPORTS PHYSIQUES VI

    ANNEXE 8. SAISONNALITE ET DUREE DES FESTIVALS ELECTRO VI

    ANNEXE 9. CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES DU SECTEUR ELECTRO VII

    ANNEXE 10. CAPACITE D'ACCUEIL DES ETABLISSEMENTS DIFFUSANT DE L'ELECTRO

    VII

    ANNEXE 11. CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES (TRANCHES DE CHIFFRE D'AFFAIRES)

    VIII

    ANNEXE 12. PRESENCE DES FESTIVALS SUR LES RESEAUX SOCIAUX EN 2016 VIII

    ANNEXE 13. QUESTIONNAIRE ETUDE QUANTITATIVE IX

    ANNEXE 14. QUESTIONNAIRE ETUDE QUALITATIVE XI

    II

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    Annexe 1. Top des festivals français de musique électroniques en 2016

    Institutionnels

    Gestion droits d'auteur
    t dro its voisins

    Artistes

    des musiques électroniques

    Créateurs

    DJ

    Créateurs tiers

    idition

    IPF

    Live

    Clubs 1 Festivals 1 Lieux

    hAL.

    Bookers

    captotian

    Diffusion traditionnelle

    Radio I TV 1
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    Lieux accueillant du public

    Disquaires Magasins
    ·
    ·;i~ E-canmen[e

    P atefanne de diffusion et ~
    ·s de tiltthargement

    Distribution physique CD, Vinyles

    Di stributi

    117

    numérique

    I

    Production II

    et promotion

    Marques f prances synchronisation

    14

    L

    III

    Annexe 2. L'écosystème des musique électroniques en France

    IV

    Annexe 3. Les collectifs français les plus en vue en 2016

    V

    Annexe 4. Poids économique du secteur électro en France (en millions d'€ HT)

    Annexe 5. Ventilation du secteur économique de l'électro (en millions d'€ HT)

    VI

    Annexe 6. Poids économique par secteur de diffusion

    Annexe 7. Revenus issus du numérique et des supports physiques

    Annexe 8. Saisonnalité et durée des festivals électro

    VII

    Annexe 9. Caractéristiques économiques du secteur électro

    Annexe 10. Capacité d'accueil des établissements diffusant de l'électro

    VIII

    Annexe 11. Caractéristiques économiques (tranches de chiffre d'affaires)

    Annexe 12. Présence des festivals sur les réseaux sociaux en 2016

    IX

    Annexe 13. Questionnaire Etude Quantitative

    - A quelle fréquence vous rendez-vous en festivals de musique électroniques ?

    - Approximativement, à combien de festivals de musiques électroniques avez-vous

    participé ?

    - Quels styles de musiques électroniques écoutez-vous dans la vie de tous les jours ?

    - Quels styles de musiques électroniques voudriez-vous le plus écouter en festival ?

    - Fréquentez-vous uniquement des festivals de musique électroniques/N'allez-vous en

    festival que pour des musiques électroniques ?

    - Si non, quels sont les principaux genres musicaux des autres festivals que vous
    fréquentez ?

    - Si non, considérez-vous que les festivals de musiques électroniques soient ceux que vous
    fréquentez le plus ?

    - En général, comment êtes-vous amené à entendre parler d'un festival électro ?

    - Sur quels critères vous basez-vous pour choisir d'aller à tel ou tel festival électro ?

    - Avez-vous déjà participé à une free party ?

    · Avez-vous l'impression que les festivals de musique électroniques ont une image négative ?

    · Trouvez-vous que les médias non spécialisés dans la musique (presse écrite, JT...) sont majoritairement à l'origine de cette image négative ?

    · Selon-vous, sur quoi est basée cette image négative ?

    · Avez-vous l'impression, en tant que participant à ces festivals électro, d'être impacté/de subir cette image négative ?

    · Confronté(e) à cette image négative, si vous ne la reconnaissez pas, comment vous en défendez-vous ?

    · Selon vous, cette image négative est-elle dissociable des festivals électro ?

    · Trouvez-vous que cette image négative des festivals électro permet la consolidation des liens de leurs communautés ?

    · Alors, si vous aviez le choix en tant que participant à ces festivals de faire disparaître cette image, le feriez-vous ?

    · Selon vous existe-t-il des moyens, autre que le temps, pour faire disparaitre cette image négative ?

    ·

    X

    Si oui, lesquels ?

    Ø Age ?

    Ø Sexe ?

    Ø Catégorie socio-professionnelle ?

    Ø Situation familiale ?

    XI

    Annexe 14. Questionnaire Etude Qualitative

    - Existe-t-il des outils marketing spécifiques aux festivals de musiques électroniques ?

    - Existe-t-il des stratégies de communication spécifiques aux festivals de musiques

    électroniques ?

    - Quels outils marketing utilisez-vous pour votre festival ?

    - Quelle stratégie de communication utilisez-vous pour votre festival ?

    - Ces outils et cette stratégie sont-elles à l'origine de l'identité de votre festival ?

    · Comment votre festival est-il impacté par cette image négative dont souffrent les festivals d'électro français ?

    · Comment faites-vous concrètement face à cette image négative ?

    · Pensez-vous que les outils marketing et la stratégie de communication utilisés par ces festivals ont leur part de responsabilité dans cette image négative ?

    · Selon vous, d'où vient cette image négative ?

    · Dans un contexte général, pensez-vous que cette image négative se révèle réellement impactante pour les festivals de musique électro ?

    · Quelles sont les aspects des festivals les plus impactés par cette image négative ?

    Ø Selon vous, comment est-il possible de faire évoluer cette image négative ?

    Ø Cette image pourrait-elle évoluer grâce à l'adaptation d'outils marketing existants ou encore en en créant de nouveaux ?

    Ø Cette image pourrait-elle évoluer grâce à l'adaptation de la stratégie de communication ou encore en en créant une nouvelle ?

    Ø Pour vous, quel serait le meilleur moyen de palier à cette image négative ?

    110

    RESUME

    Ce mémoire porte sur les festivals de musiques électroniques et sur l'image négative qu'ils subissent. De l'origine des musiques électroniques jusqu'aux moyens marketing et de communication utilisés en festival, il y sera abordé des notions tels qu'un état des lieux du secteur français de l'électro, la culture de la musique électronique, ou encore la répression et les protestations que ce genre musical a subies et continu de subir. Des études de terrains y seront également présentées, recueillants les avis, opinions et points de vue de festivaliers mais également de directeurs et d'organisateurs de festivals français de musiques électroniques.






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera