INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte de la recherche
Le Sahel est une entité biogéographique
définie en première instance par son climat tropical aride
à semi-aride, contrôlé par la mousson du golfe de
Guinée et l'Harmattan (alizé) saharien. Mais au cours du
quaternaire la végétation sahélienne a dû s'adapter
à des fluctuations climatiques entre les climats tropicaux humide et
aride, voire hyperaride. La distribution des précipitations au cours de
la saison des pluies et leur redistribution par ruissellement à la
surface des sols sont les facteurs prépondérants de la
diversité du couvert végétal et de sa production. Les
nuances du régime hydrique des sols qui résultent de
l'interaction entre la redistribution des eaux de pluie et la texture des sols,
sont à la base d'une forte différenciation des formations
végétales, en particulier de leur composante pérenne
arbres et arbustes alors que la composition des herbacées annuelles
varie largement d'une année à l'autre au gré de la
distribution des pluies dans l'espace et le temps.
Les espèces pérennes sont des espèces qui
vivent au moins deux ans. En botanique, une plante est pérenne lorsque
le végétal est vivace donc pérennant, vit plus de deux
années. La plante vivace est alors pérennante. Les plantes
pérennes se retrouvent dans la végétation
sahélienne et celle de la savane soudanienne (Ouédraogo et
al, 2009). La localité de l'Extrême-Nord du Cameroun qui
se situe en zone semi-aride est composée des espèces ligneuses
pérennes. Cependant ces espèces qui sont censées vivre
longtemps connaissent une dégradation du fait de son contexte climatique
rude de l'Extrême-Nord et des activités humaines. Bien même
que ces espèces soient souvent plantées par l'homme, elles
meurent souvent trop jeunes et ne parviennent pas à atteindre leur
degré maximum de maturation.
Dans les systèmes agraires du Sahel, les arbres ont une
importance capitale pour les populations. Ils leur procurent divers
bénéfices : aliments, médicaments traditionnels,
fourrages, bois de feu, bois d'oeuvre et de service. Au-delà de ce
rôle pour le bien-être de la population, les arbres sont reconnus
pour leur rôle fondamental dans le maintien de l'équilibre des
écosystèmes
2
L'Extrême-Nord Cameroun et plus
précisément la localité de Houdouvou se situe dans une
zone ou on observe une accentuation de la dégradation des ressources
ligneuses pérennes. La végétation de ce milieu est
confrontée à de nombreux problèmes liés aux
processus climatiques, édaphiques et anthropiques. Cette étude
s'inscrit dans une perspective de la dégradation des ligneux
pérennes en milieu semi-aride.
Si Abdel-kerim (2019) a permis d'expliquer la dynamique du
couvert végétal ligneux dans le terroir de Tetal au Tchad, cette
étude vise à mieux comprendre le phénomène dans un
contexte de dégradation des espèces ligneuses pérennes
dans la localité de Houdouvou, tout aussi important car elle va nous
permettre de nous interroger sur l'avenir des ligneux qui qui vivent plus de
deux ans dans des zones ou les conditions climatiques sont rude et dont la
durée de survie est en train de se dégradée en fonction du
temps. Elle permettra aussi de comprendre les acteurs impliqués dans
leurs mutations, d'analyser les enjeux de la dégradation de ces
ressources ligneuses dans un contexte soudano-sahélien, d'en
déduire les éventuels effets pour l'Homme et pour la nature. Une
meilleure compréhension de cette dynamique ligneuse permettrait ainsi
d'élaborer et de tester des méthodes et outils nécessaire
pour une gestion efficace et efficiente de la ressource ligneuse pérenne
en zone à stress hydrique, singulièrement dans la localité
de Houdouvou.
Les espèces ligneuses pérennes qui peuplent la
localité de Houdouvou se dégradent de plus en plus et d'autres
tendent à se raréfier dans l'espace et dans le temps. C'est dont
conscient de cette dynamique régressive que cette étude se
propose d'analyser la dégradation des ligneux pérennes.
Ainsi, elle consistera à faire un état des lieux
des ligneux pérennes en zone semi-aride à travers une analyse de
la diversité des espèces et une étude
dendrométrique de ces espèces. Il sera aussi question de
déterminer les facteurs à l'origine de l'altération des
ligneux pérennes et les marques spatio-temporelles de cette
dégradation. La proposition des moyens de pérennisation
constituera le dernier point de ce travail.
2. 3
Justification du choix du sujet
La première raison ayant conduite à choisir ce
sujet est l'exploitation constante des ligneux pérennes dans la
localité de Houdouvou et de la conséquence directe qu'elle
engendre. Il a été observé une réduction et une
disparition de nombreuses espèces ligneuses pérennes
(Combretum migranthum, Dalbrgia melanoxylon, Erophaca
baetica, Grewia villosa, Gymnosporia senegalensis,
Ozora insignis), une forte pression anthropique sur le couvert
végétal est également notée, ainsi que le
déracinement des arbres. Ces problèmes ont conduit à se
poser tant de question qu'il est nécessaire d'analyser afin de
comprendre : Quel est la place des ligneux pérennes dans le maintien de
l'environnement et dans la survie des populations riveraines ? Qu'est-ce qui
explique aujourd'hui, la réduction des essences ligneuses dotées
de la capacité de vivre plus longtemps que les autres espèces
végétales ? Les autorités locales applique-t-elles les
lois et code forestière ? Quelles mesures faudra-t-elles pour valoriser
ces espèces ?
La seconde raison porte sur le choix du domaine
d'étude. Il s'agit de mener une étude «
Biogéographique » en orientant le phénomène
d'étude dans la dynamique régressive de la
végétation ligneuse. Il est ainsi question de comprendre ce qui
se passe dans cette science biogéographique avec les ligneux en
général et les ligneux pérennes en particulier, de
comprendre à travers cette étude ses objectifs, ses objets
d'études, ses méthodes, ses champs d'études, ses auteurs,
ses théories ses interdisciplinarités avec les autres
sous-branches de la géographie et autres sciences et afin ses
particularités et les résultats. À cette fin donc, cette
étude porte sur la dégradation spatio-temporelle des ligneux
pérennes dans les terroirs de Houdouvou, arrondissement de Meri.
3. Délimitation du sujet
Afin de mieux circonscrire et localiser
géographiquement l'étude, il est question de faire une
délimitation thématique, spatiale et temporelle de ce
thème de recherche.
3.1. Délimitation thématique
La thématique étudiée se situe dans le
domaine physique de la géographie, particulièrement en
biogéographique. La biogéographie, par définition est
l'étude de la répartition actuelle ou passée des
êtres vivants animaux et végétaux et de l'organisation
4
de leurs communautés à la surface de la terre,
ainsi que des facteurs et modalités de leurs considérations
spatiales et fonctionnelles.
Il s'agit plus précisément de la
phytogéographie1 ou biogéographie
végétale qui est l'étude la répartition des plantes
et des formations végétales sur la terre, s'appuyant sur
l'association ou la communauté des organismes végétaux
(phytosociologie) et la végétation naturelle potentielle.
La main de l'homme associé aux conditions rudes du
climat contribue à la dégradation de l'environnement et par
ricochet à la destruction des ressources ligneuses dites
pérennes. Dans cette perspective, l'étude de la
végétation faite dans le cadre de cette thématique vise
à identifier, à caractériser et à évaluer le
niveau de dégradation des ligneux pérennes en zone semi-aride.
3.2. Délimitation spatiale
La recherche se déroule à l'Extrême-Nord
Cameroun, dans le département du Diamaré, dans une
périphérie de la ville de Maroua, chef-lieu de la région.
Il est située entre le 10ème et 11ème degré de
latitude Nord et le 14ème et 15ème degré de longitude Est
et est découpée en neuf communes. La zone est choisie sur la base
des critères suivants : zone présentent un déficit
hydrique, zone d'érosion des couvertures ligneuses, espace en pleine
mutation. Il s'agit plus précisément de la localité de
Houdouvou dans l'arrondissement de Meri. La figure 1 et 2 ci-dessous localise
la zone où l'étude est mené dans l'optique d'analyser les
implications de la dégradation des ligneux pérennes.
1 Science au croisement de la botanique et de la
géographie, qui étudie la répartition des
végétaux à la surface du globe et les causes de cette
répartition ainsi que les relations existantes entre les espèces
ou communautés végétale d'une part, et les
caractéristiques géographiques, et biologique d'autre part.
5
Figure 1.Localisation de la zone d'étude
6
La figure 1 donne une indication plus globale de la zone
d'étude dans le département du Diamaré et dans
l'arrondissement de Meri. La localisation de la zone d'étude avec les
unités d'occupations du sol est représentée dans la figure
1.
Figure 2. Localisation de Houdouvou
7
3.3. Délimitation temporelle
Le cadre spatial de la recherche ainsi délimité,
il importe par la suite de situer l'étude dans le temps. Pour une
meilleure analyse et une bonne explication de la dégradation
spatio-temporelle des espèces pérennes dans la localité de
Houdouvou, il s'est avéré impérieux pour nous de
délimiter ce travail dans l'intervalle 2001 à 2021.
La borne inférieure est représentée par
l'année 2001. Le choix de cette borne est fait par rapport aux facteurs
identifiés pour le cas de ce travail. 2001 est une date ou la
démographie n'était pas aussi importante que 2021 et donc la
pression sur les ligneux était moins grande.
La borne supérieure, 2021 renvoie à la
dernière des dates où le choix de ce sujet est fait et où
le couvert ligneux connait une dégradation par rapport à celle de
2001 et c'est surtout le moment où les menaces sur les ligneux
pérennes sont perçu en direct tant du côté des
riverains que du côté des autorités.
4. Revue de la littérature
La dégradation des espèces ligneuses dites
pérennes dans la localité de Houdouvou est le résultat des
facteurs d'origines naturelles et anthropiques. La dégradation de ces
ligneux a des conséquences sur la nature en générale et
sur les hommes en particulier. Dans cette optique, la revue faite dans le cadre
de ce travail est axée autour de la caractérisation des
formations végétales pérennes en zone semi-aride, des
facteurs de la dégradation du couvert ligneux, des conséquences
de la dégradation de la végétation pérenne et enfin
des stratégies de gestion et de préservation de la
végétation pérenne en zone semi-aride.
4.1. Caractérisation des formations
végétale pérenne en zone semi-aride
La caractérisation des ligneuses pérennes
analyses les différents ligneux pérennes à travers leurs
identifications, leurs structures, leurs localisations, leurs processus de
germinations et leurs évolutions.
Babacar, et al dans Flore et végétation de
la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul (Sénégal)
ont réalisé une étude entre 2010 et 2014 dans la
Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul (RSFG) abritant une faune
riche et variée ainsi qu'une flore diversifiée mais peu connue.
Cette étude est entreprise pour déterminer la structure de
8
la flore et de la végétation,
élément indispensable pour une bonne gestion des ressources de
cette réserve. L'étude floristique a montré que la flore
de cette réserve est riche de 100 espèces réparties en 82
genres et 42 familles parmi lesquelles, les Poaceae, les Fabaceae,
les Convolvulaceae et les Amaranthaceae sont les plus
diversifiées. Les Dicotylédones dominent cette flore. Les
Thérophytes constituent l'essentiel de la flore, suivis des
Phanérophytes.
Les plantes pérennes doivent faire face à un
défi commun : une longueur de cycle très importante combinant
âge d'évaluation et âge de reproduction. Cette
dernière pouvant représenter plus d'une décennie
(Catherine Bastien (2019). Chez les arbres forestiers et fruitiers, le fort
encombrement spatial et l'âge d'évaluation des critères
économiques de production limitent souvent les possibilités de
phénotypage et augmentent les coûts d'évaluation.
L'évolution des ligneux suivant un processus de
germination est étudiée par Ouedraogo et al; (2009).
Ainsi, il met en évidence le rôle que jouent les jeunes plants
dans l'établissement de la végétation adulte. Ils
déterminent par ce fait les stades de croissance où les plantes
les plus jeunes sont vulnérables, et la conquête des plantes
adultes dans le milieu. Ils établissent la théorie de la
sélection naturelle dans une logique d'adaptation des
végétaux dans leur écosystème. Dans le même
ordre d'idées, Jean Marie Fondoun dans Situation des Ressources
Génétiques Forestières du Nord Cameroun
préparé pour l'Atelier sous régional FAO/IPGRI/ICRAF sur
la conservation, la gestion, l'utilisation durable et la mise en valeur des
ressources génétiques forestières de la zone
sahélienne aborde plusieurs thèmes qui caractérisent la
région soudano-sahélienne.
Dans son article, il fait une description de la
végétation Camerounaise et celle de la savane soudanienne
(début de la plaine de la Bénoué au Sud de Maroua) en
particulier. Dans cette étude, il note que le couvert
végétal de cette zone est dominé par une forêt
sèche et éparse. La pression de l'agriculture a suffisamment
transformé le paysage en une savane plus ou moins arbustive
dominée par l'abondance de combretum et terminalia.
Les composantes de cette formation sont : Boswellia dalzielii, Commiphora
africana et les résineux Commiphora pedunculata, Dalbergia melanoxylon
aux
9
branches épineuses, Diospyros mespiliformis, Lannea
fructicosa et Lannea microcarpa. Dans la vallée de la plaine de la
Bénoué, avec un lac permanent et les surfaces inondables, on
rencontre une flore particulière dominée par Borassus
aethiopum. Il continue son analyse avec la caractérisation des
formations végétale de la savane sahélo-soudanienne (Sud
de Maroua jusqu'au bord du Lac Tchad). Il note ainsi une steppe épineuse
qui forme une broussaille d'épineux qui colonisent les sols calcaires
dont les principales espèces constitutives sont Acacia seyal,
Balanites aegyptiaca, Capparis sp. Combretum aculeatum, Ziziphus
abyssinica. Les prairies périodiquement inondables
déstabilisées par le pâturage intensif, les feux de brousse
et l'agriculture industrielle présentant un paysage boisé dont
les principales composantes colonisatrices des sols noirs argileux sont
Acacia seyal et quelques fois, Acacia nilotica var.
adansonii.
Couteron et al. (1992) dans une étude au
Nord-ouest du Burkina Faso montre la structure et l'état des peuplements
dans les hauts glacis gravillonnaires (fourrés tigrés), les bas
de glacis (savanes arbustives), les bas- fonds (forêt claire). Aussi, les
mesures des différentes variables d'état des peuplements montrent
que les densités d'arbres vivants ainsi que les taux de mortalité
sont variables selon les situations écologiques ; la
régénération, en revanche, en dépend moins
nettement et est relativement abondante. Dans le même ordre
d'idée, Oumar et al. (2014) dans une étude sur
l'état de la végétation ligneuse dans trois unités
d'utilisation des terres d'une zone agropastorale au Sénégal
(Région de Kaffrine) détectent la présence de 40
espèces ligneuses relevant de 33 genres et 21 familles avec une
proportion importante des espèces de la famille des Combretaceae.
Par ailleurs, les paramètres étudiés montrent une
nette différence entre ces entités témoignant de leur
hétérogénéité, mais avec un plus grand
niveau de stabilité du peuplement dans la forêt. Pour ces auteurs,
le peuplement est globalement jeune avec une importante proportion des
individus dans les premières classes de diamètre et de
hauteur.
Dans cette littérature, moules auteurs ont
identifié et caractérisé les formations ligneuses des
milieux sahéliens. Il s'agit précisément Acacia seyal,
Balanites aegyptiaca, Capparis sp. Combretum aculeatum, Ziziphus abyssinica.
Ce travail se propose de faire un état des lieux des ligneux
pérennes dans la localité de Houdouvou à
10
travers une classification des espèces arborées
et arbustives et une analyse dendrométrique de la répartition de
ces espèces.
4.2. Les facteurs de la dégradation du couvert
ligneux.
La dégradation des ligneux pérennes est la
résultante des facteurs d'origines naturelles et anthropiques. Ces
facteurs vont des fortes variabilités pluviométriques aux
activités humaines en passant par les défaillances
institutionnelles.
Téwéché et al. (2016), dans
l'ouvrage intitulé risque et catastrophes en zone
Soudano-Sahélienne du Cameroun : aléas,
vulnérabilités et résilience traitant de la dynamique
régressive de la végétation ligneuse dans la
réserve forestière de Zamay ressortent que la réserve
subie une régression. Cette régression est due à la
conjugaison des problèmes institutionnels et des facteurs naturels et
anthropiques. Dongmo (1996), Fotsing (1997) et Atangana (2002) vont dans le
même sens en présentent l'inventaire des espèces ligneuses
et la dynamique de la population dans la zone de production de bois de feu
à Maroua. Ils démontrent que plusieurs espèces ligneuses
sont en voie de disparition suite aux exploitations abusives et
incontrôlées des arbres.
Pour Timberlake (1985) et Pearce (1988), l'évolution
rapide et sans contrôle des territoires et la dégradation de
l'environnement est une conséquence logique de la croissance
démographique accélérée. Ces auteurs
démontrent qu'il y a trop d'hommes mais pas assez de nourriture ni de
matières premières. De même, Ramade (1994) considère
qu'il existe une relation quasi mécanique et linéaire entre la
dégradation de l'environnement et la croissance démographique.
Dans le rapport de la FAO (2010) « Foresterie urbaine et
périurbaine en Afrique. Quelles perspectives pour le bois-énergie
? » Document de travail sur la foresterie urbaine et périurbaine,
la problématique bois-énergie pour l'approvisionnement des villes
est traité et analyse ainsi les déterminent sociaux,
économiques, institutionnels et environnementaux du bois-énergie
urbain en Afrique. Ainsi, on note que le point commun entre la forêt de
la Matmora (Maroc), les galeries forestières du plateau des malgaches
(Madagascar), les côtes sèches et les systèmes
agroforestiers du Mali, est que ces forêts périurbaines
participent largement à l'approvisionnement en bois-énergie des
agglomérations et villes d'Afrique. Tous les écosystèmes
forestiers urbains et
11
périurbains d'Afrique sont soumis à une pression
d'intensité variable, mais en augmentation constante de la part des
populations citadines. Ce si s'explique par le phénomène de
l'exode rural et d'une démographie hors de contrôle associé
souvent à une gouvernance déficiente et qui provoque par ricochet
le développement anarchique des villes. Nonobstant, les espaces
naturels, même dégradés jouent alors un rôle
essentiel dans la fourniture de produits et commodités de
première nécessité.
De même Abdel-kerim (2019) traitant de la dynamique du
couvert végétal ligneux dans le terroir de Tetal au Tchad montre
que les activités humaines sont les principales causes de la
dégradation des ligneux. Dans la thématique relative aux facteurs
qui causent une mutation du couvert ligneux Badawé et Nisso (2016)
relèvent que les facteurs anthropiques à travers les effets de la
croissance démographique causent la dynamique du couvert
végétale. Ces effets se traduisent par l'augmentation des
demandes en bois de chauffe. En effet la savane de Zokolé constitue la
source de ravitaillement en bois de chauffe. Outre les effets
démographiques, ils ont relevé les effets des activités
agricoles. En effet les changements d'affectation et d'utilisation des terres,
l'extension des parcelles agricoles encouragée par la culture du coton
augmente le processus de dégradation du couvert végétal.
Pour ce qui est des facteurs institutionnels, on note en premiers ressort les
défaillances des institutions qui oeuvrent dans la protection des
arbres. Cette défaillance se traduit par une insuffisance de
contrôle de la part des administrations compétentes, par le manque
de personnel qualifié ainsi que des moyens matériels et
financiers. Le dernier facteur à relever concerne les facteurs naturels
notamment les fortes variations pluviométriques. Ainsi, le
déficit hydrique que connais la savane de Zokolé entraine la
modification du couvert végétal.
Cette revue dresse une liste des facteurs naturels et des
facteurs anthropiques à l'origine de la dégradation des ligneux.
Pour ce travail, il est question de montrer les implications de ces facteurs
dans la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans
la localité de Houdouvou dans l'optique d'analyser le processus de
dégradation de ces espèces.
12
4.3. Conséquence de la dégradation de la
végétation pérenne
La dégradation des ligneux pérennes à des
conséquences sur l'environnement en général et sur les
hommes et leurs activités en particulier. L'augmentation des vagues de
sécheresses, des périodes de chaleur, la raréfaction du
nombre des ligneux, la perte des productions agricoles à travers la
baisse de la fertilité des sols sont là des conséquences
directes de la dégradation des ligneux pérennes.
Le rapport de la FAO (1947) sur la mort des forêts de
l'Afrique tropicale indique que l'Afrique tropicale tend vers la savanisation
générale. Du point de vue de l'économie forestière,
sur le plan régional et mondial, les conséquences en sont
sérieuses. L'Afrique, sauf dans les régions de forêt
équatoriale, est déjà importatrice de bois. Son
développement et l'accroissement de sa population ne pourront
qu'aggraver cette situation. Dans les pays à climat très sec, les
défrichements incontrôlés autour des centres habités
ont déjà abouti à raser complètement tous les
boisements, de sorte que les femmes sont parfois obligées d'aller
chercher des fagots de bois de feu à plusieurs heures de marche, ou de
les acheter très cher au marché. Les bois d'oeuvre manquent ; il
n'y a plus de bois droits, sauf dans des galeries forestières
très éloignées. Le problème du bois se pose partout
dans ces régions sèches et peuplées, et touche aussi bien
les populations locales que les services publics. Les sociétés
humaines ont peu à peu accru leurs impacts sur les
écosystèmes par leur essor technique et démographique, au
point que l'écroulement de civilisations florissantes a pu être
attribué, au moins pour partie, à la dégradation de leur
environnement (Diamond, 2005).
L'exploitation anarchique et mal maitrisée des terres a
des conséquences néfastes telles que les défrichements,
l'érosion, la baisse de fertilisation et la destruction d'une partie des
ressources naturelles (Le Thiec, 1996 : CIRAD, 1988). L'augmentation de la
population dans les communautés rurales se traduit par une pression
accrue sur l'environnement physique de la zone, notamment sur les formations
naturelles. Les conditions édaphiques étant peu favorables
à l'agriculture (présence des sols érodés,
appauvris et peu profonds sur cuirasse ferrugineuse) les paysans
n'hésitent pas à grignoter les terres marginales sous
végétation naturelle, (Diatta et al., 1994) ce qui
dégrade le sol par une érosion non contrôlée suite
à l'intensification des cultures de coton
13
et céréales (Boli et al., 1992). La
suppression de la couverture forestière en Afrique a des
conséquences sur le climat, la conservation des sols et les
réserves d'eau, qui sont infiniment plus grandes que partout ailleurs
dans le monde. Tout d'abord, comme il a été mentionné, il
s'agit d'un phénomène général qui affecte la
majeure partie de l'Afrique tropicale, c'est-à-dire qui atteint des
proportions l'élevant au niveau d'un facteur climatique
général
Les travaux de Ganota (2014) sur la dynamique des recrûs
ligneux dans les terroirs de Djaba, Sakdjé et Gamba dans la
périphérie ouest du parc national de la Bénoué
montrent que, les techniques culturales basées sur la pratique de
culture sur brulis ou de culture intensive, provoquent des effets
négatifs sur la dynamique de régénération des
ligneux. Malgré la forte capacité de
régénération de nombreuses espèces parmi lesquelles
Bridelia feruginea, Combretum collinum, Isoberlinia doka,
Piliostigma thonningii, Annona sengalensis, il a été
noté qu'autant ces pratiques culturales favorisent à travers la
préservation la survie de certaines espèces
socioéconomiques ; autant elles réduisent la densité de
régénération, la richesse et la diversité des
ligneux après la mise en culture.
Konan et al. (2015) dans Dynamisme de la structure
diamétrique du peuplement ligneux des différents biotopes de la
forêt classée de Yapo-Abbé, Sud de la Côte d'Ivoire
montrent que l'exploitation récurrente des espèces
végétales pour la production de bois d'oeuvre, l'artisanat et les
différentes constructions d'habitations des populations riveraines, le
déplacement des engins pendant le transport après la coupe des
arbres dans la forêt naturelle et l'installation des parcelles agricoles,
ont fortement perturbé la flore et la végétation ligneuses
de la forêt classée de Yapo-Abbé. Toutes ces actions
anthropiques y ont entraîné un appauvrissement du cortège
floristique ligneux. La perturbation de ce massif forestier a modifié la
flore ligneuse du biotope forêt naturelle, où Dacryodes
klaineana, Parinari excelsa et Parkia bicolor, trois espèces
dominantes, sont remplacées par Heritiera utilis (espèce
introduite) dans la zone reboisée et par Musanga cecropioides
dans les jachères.
Plit. (1983) indique que les conséquences
fâcheuses de la dégradation du milieu naturel se font
déjà ressentir dans diverses branches de l'économie. Parmi
les effets
14
directs nous pouvons citer : l'exploitation réduite des
forêts dont le potentiel productif a diminué et la baisse de la
valeur touristique des régions dans lesquelles les forêts ont
été dévastées. De plus cette dégradation de
la végétation a accéléré l'érosion du
sol en Afrique.
La littérature faite à ce niveau dresse les
éventuelles répercussions de la détérioration des
ressources ligneuses sur l'environnement et sur les hommes. Ce travail de
propose d'analyse les implications socio-économiques de la
dégradation des espèces pérennes afin de mettre sur pieds
des bases pour une préservation de cette ressource indispensable
à la vie des Hommes.
4.4. Stratégies de gestion et de
préservation de la végétation pérenne en zone
semi-aride
Afin de ralentir la dégradation des ligneux
pérennes et ces effets dans un contexte semi-aride, des
stratégies, politiques et moyens sont mises en oeuvres. Ces
stratégies vont de l'individuel au collectif en passant par le
politique.
Manceron (2011) relève que la plupart des discours
actuels sur les aires protégées évoquent la
nécessité de prendre en compte la périphérie dans
le cadre des actions de conservation. Dans un rapport de Cirad de juin 2004,
Binot (2004) évoque la gestion participative des ressources en Afrique
Centrale en parlant de la gestion concertée des ressources naturelles,
la prise en compte des périphéries d'aires
protégées pour une meilleure gestion des ligneux. Cet auteur
prend ainsi pour exemple le parc national de Zakouma au Tchad. Il propose aux
décideurs des outils d'aménagement (plans d'aménagement,
politiques de conservation) qui prennent en compte les stratégies de
subsistance des acteurs locaux.
Dans le mémoire de Master II recherche de Toumba Tizi
portant sur la gestion des ressources ligneuses et en eau en zone
sahélienne : cas de Mindif (Nord-Cameroun), 2010, il relève
de niveau de gestion : D'une part il y a ceux qui concourent à
l'augmentation de la quantité des ressources ligneuses par des actions
de suivi, de contrôle, de protection ou de reboisement. D'autre part ceux
qui exploitent ces ressources pour la satisfaction de leurs besoins.
15
Ainsi, les acteurs qui interviennent dans la protection et la
restauration des ressources ligneuses sont composés de l'Etat, de la
commune, de la SODECOTON et de la population locale. En ce qui concerne l'Etat,
c'est à travers la loi n°94/01 du 20 janvier portant régime
des forêts, de la faune et de la pêche au Cameroun qui insiste sur
la protection de la nature et de la biodiversité. La gestion est
assurée par les administrations chargées des forêts et de
la faune (article 35). Les droits d'usage sont reconnus aux populations
riveraines. Elles peuvent donc l'exploité pour une utilisation
personnelle. Les services de l'Etat qui interviennent comme acteur sont les
services déconcentrés du ministère des forêts et de
la faune. La commune de Mindif est un autre acteur de la gestion du couvert
végétal ligneux. Elle intervient par des actions de reboisement
et la principale espèce utilisée est l'Azadirachta
indica. Pour ce qui est de la Société de
Développement de Coton du Cameroun (SODECOTON), elle agit à
travers certains projets crée comme le DPGT puis l'ESA depuis 2005. ESA
mène des actions dont le but est la capitalisation des ressources
naturelles (sols, eaux, arbres) utile à la production agricole. Le
projet effectue des reboisements. Pour ce qui est de la population locale, elle
est considérée comme la principale bénéficiaire des
ressources ligneuses dans les zones rurales sahéliennes. Elle participe
à la gestion de ces ressources par des actions de reboisement.
Le Plan d'Action Mondial pour la conservation, l'utilisation
durable et la mise en valeur des ressources génétique
forestières (GPA-FGR) est un cadre stratégique basé sur
les résultats du rapport de l'Etat des ressources
génétiques forestières dans le monde, publié par la
FAO en juin 2014. Son but était d'étudier les ressources
génétiques des arbres, de développer des stratégies
et des approches pour leurs conservation et gestion durables, et pour
disséminer les connaissances et sensibiliser les organismes nationaux et
internationaux concernés. François Tardieu (2012) dans
Mécanismes d'adaptation des plantes aux changements climatiques propose
plusieurs stratégies pour permettre l'adaptation des plantes face aux
changements climatiques. Il propose ainsi une optimisation du cycle
végétatif car chez les plantes annuelles, la durée du
cycle va de quelques semaines à un an suivant les espèces, avec
une forte variabilité génétique à
l'intérieur de chaque espèce. Il faut aussi une optimisation des
échanges « eau - gaz carbonique », une optimisation du rapport
« reproduction/production » et une
16
optimisation de l'architecture de la plante. C'est dans le
même ordre d'idée que l'Association Vigne (Asvigne) propose la
méthode PLASA (Planter Sans Arrosage). Elle est une innovation technique
de plantation d'arbre au sahel qui consiste à faire de la frange
capillaire la source principale d'alimentation du plant en eau en saison
sèche et de l'arrosage anthropique un appoint.
Cette revue fait un état des lieux des
stratégies mises en place pour assurer une pérennisation de la
ressource ligneuse. Elle va permettre de se fixer afin de proposer des
stratégies plus innovantes capables de répondre aux besoins des
politiques en matière de préservation des ligneux.
5. Problématique
Suite à l'augmentation graduelle des contraintes
climatiques au cours de l'Holocène2 (Le Houérou,
1997), le Sahara est devenu un pôle d'aridité à
l'échelle planétaire (Ozenda, 1991). Ce changement s'est
accompagné de flux d'espèces végétales et animales,
mais aussi d'adaptations diverses et souvent spectaculaires qui font de la
faune et la flore sahariennes actuelles un enjeu de conservation biologique et
de développement humain durable important, bien que le nombre
d'espèces soit relativement faible (Ozenda, 1991).
Dans la majorité des régions semi-arides, le
couvert végétal ligneux naturel est inférieur à ce
qui peut être considéré comme couvert souhaitable. La
dégradation des écosystèmes arides est liée
classiquement à deux facteurs : les changements climatiques et les
activités humaines. Les premiers sont considérés comme
inéluctables à l'échelle du siècle. Cependant, la
végétation des zones arides est adaptée à ce type
de changements récurrents, et leurs effets sur la disparition
d'espèces sont généralement limités (Darkoh,
2003).
L'augmentation du prix des produits pétroliers ne fait
qu'accroitre l'utilisation des produits ligneux en Afrique. Dans les zones
desservies situées en deçà de 30 km du centre urbain, les
besoins en bois de chauffe de ce centre urbain ont initié la vente la
2 Holocène : Nom de l'ère
géologique qui représente les 11 000 dernières
années. Il correspond à la dernière partie de l'ère
quaternaire, période la plus récente dans l'échelle des
temps géologiques.
17
vente du bois énergie. Ce si est à l'origine
d'une surexploitation des ligneux pérennes et provoque par ricochet sa
dégradation. Les besoins en bois sont tels que les espèces de
reboisement en occurrence le Faidherbia albida et l'Azadirachta
indica n'échappent plus à la coupe (Toumba T., 2010). La
fragilité de l'écosystème associé à une
exploitation anarchique accélère la dégradation du couvert
ligneux. Cette érosion du couvert ligneux accélère le
ruissellement qui à son tour décape les sols agricoles, limites
l'infiltration et aggrave le problème de manque d'eau. Les contraintes
naturelles conjuguées aux affres des actions de l'homme limitent la
disponibilité des espèces pérennes et provoquent par
ricochet sa raréfaction.
Si beaucoup d'études ont été
consacrées à la dégradation des ressources ligneuses au
Cameroun en général et dans l'Extrême-Nord en particulier,
les données sur les mécanismes de dégradation des ligneux
pérennes dans un contexte climatique rude, et surtout sur les
indicateurs de cette dégradation restent éparses et leur
compréhension encore limitée.
Au cours de ces dernières années, les travaux
d'impacts des conditions naturels, principalement climatique sur les ressources
ligneuses ne cessent d'être menés. L'étude des couverts
ligneux se heurte à des problèmes écologiques,
climatiques, édaphiques et anthropiques. Cette recherche analyse le
processus d'érosion de la végétation pérenne en
zone semi-aride. Dans ce contexte, dans quelles conditions les espèces
qui parviennent à vivre longtemps évoluent-elles dans les zones
semi-arides ? Quelles sont les caractéristiques de ces espèces
ligneuses pérennes ? Quels sont les facteurs qui contribuent à la
dégradation de ces espèces ? Quel contrecoup subit la population
et l'environnement des zones semi-arides ? Quelles sont les conditions de
préservations et pérennisation des espèces ligneuses
pérennes dans ces zones à forte péjoration climatique ?
6. 18
Problème de recherche 6.1. Problème
générale
Les végétations pérennes de la
localité de Houdouvou subissent des contraintes d'ordres climatiques et
anthropiques. Ces contraintes conduisent à la dégradation des
ligneux pérennes dont il faut caractériser et analyser.
6.2. Problèmes spécifiques
Problème spécifique 1 :
L'état des lieux des ligneux pérennes de la
localité de Houdouvou reste à faire.
Problème spécifique 2 :
Les facteurs de la dégradation spatiale des espèces
ligneuses pérennes de la localité de Houdouvou sont connus mais
les indicateurs et le processus de cette dégradation n'ont pas
été suffisamment identifiés et
caractérisés.
Problème spécifique 3 :
Les marques de l'altération des ligneux pérennes sont connu mais
les effets socio-économiques et environnementaux sont à
présenter et à analyser.
Problème spécifique 4 :
Les conditions de préservation et les politiques
règlementaires de protection et de gestion des ligneux pérennes
en zone à stress hydrique sont à identifier et à
préconiser.
7. Question de recherche 7.1. Question
générale
Comment se caractérise la dégradation
spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de
Houdouvou ?
7.2. Question spécifique
Question spécifique 1 : Quel est
l'état des lieux des ligneux pérennes dans la localité
de
Houdouvou ?
Question spécifique 2 :
Comment les processus naturels et les actions anthropiques
contribuent-ils à la dégradation des ligneux pérennes ?
Question spécifique 3 : Dans
quelle mesure la dégradation des espèces ligneuses
pérennes à des effets sur l'environnement et les activités
humaines ?
19
Question spécifique 4 : Comment
peut-ont préservé à long terme les ligneux pérennes
dans la localité de Houdouvou ?
8. Objectif de recherche
8.1. Objectif général
Analyser le processus de dégradation des espèces
ligneuses pérennes dans la
localité de Houdouvou.
8.2. Objectif spécifique
Objectif spécifique 1 : Faire
ressortir toutes les espèces pérennes et leurs
caractéristiques.
Objectif spécifique 2 :
Déterminer les facteurs à l'origine de la
dégradation des ligneux pérennes.
Objectif spécifique 3 :
Déduire les contrecoups qui découlent de la
dégradation des ligneux pérennes.
Objectif spécifique 4 : Proposer
des solutions pour restreindre la dégradation des ligneux
pérennes dans la localité de Houdouvou.
9. Hypothèse de recherche
9.1. Hypothèse générale
Les conditions rudes du climat sahélien associées
aux actions anthropiques
favorisent la dégradation spatio-temporelle des ligneux
pérennes.
9.2. Hypothèse spécifique
Hypothèse spécifique 1 :
Plusieurs espèces ligneuses pérennes peuplent la
localité de
Houdouvou.
Hypothèse spécifique 2 :
Les activités humaines et les conditions rudes du climat
sont à l'origine de l'érosion des espèces ligneuses
pérennes.
Hypothèse spécifique 3 :
La détérioration des espèces ligneuses
pérennes est à l'origine de l'augmentation de la
sécheresse dans la zone et impact sur les activités des
hommes.
Hypothèse spécifique 4 :
Mettre sur pied de bonne politiques en matière de
protection des arbres peut endiguer ou freiner le processus de
dégradation des ligneux pérennes.
20
10. Cadre conceptuel et théorique
10.1. Cadre conceptuel
Dans le but de mieux cerner et de comprendre la
thématique abordée, il est judicieux de définir et de
donner le sens des mots clés de ce sujet : Dégradation
spatio-temporelle, ligneux pérennes.
Dégradation spatio-temporelle
Le dictionnaire Larousse défini la dégradation
comme l'action d'endommager quelque chose, de l'abîmé, de
l'altéré. Elle est aussi définie comme la
détérioration progressive d'une relation, d'une situation. En
écologie la dégradation est le remplacement d'une formation
végétale par une autre, généralement moins
diversifiée (par exemple d'une forêt par une garrigue ou par une
prairie, à la suite d'une exploitation intensive ou d'incendies
répétés).
Selon Yves Lacoste (2003), le concept de «
dégradation » vient d'un terme religieux signifiant que l'on est
privé d'un « grade ». D'après lui, en
géographie, le mot s'applique à la détérioration
d'un sol qui perd de sa fertilité sous l'effet de l'érosion ou du
lessivage. Ici, il s'agit donc de l'érosion hydrique causée par
le ruissellement qui emporte tous éléments utiles aux plantes.
Mais Roger Brunet (sous la direction, 2006) estime que la dégradation
« s'applique à un certain stade de l'évolution des sols. Ce
terme désigne également la transformation subie par certains
caractères ou constituants du sol. »
On peut donc dire que le terme de dégradation renvoie
dans son premier sens au processus de détérioration des sols.
Toutefois, on peut appliquer ce concept de dégradation à d'autres
domaines. Ici, il s'agit du couvert végétal. Dès lors, ce
terme est associé à cette notion de perte : perte d'une valeur,
d'une qualité ou d'une richesse. Concernant le couvert
végétal, la dégradation peut être comprise dans le
sens de fléchissement d'une ressource en l'occurrence la
végétation.
La dynamique spatio-temporelle peut être définie
comme l'évolution dans le temps et l'espace des surfaces
végétales, soit vers un stade de dégradation ou
d'amélioration, soit vers un état d'équilibre plus ou
moins stable. Elle rend compte de l'ensemble des variabilités
spatio-temporelles (Taibou et Seck, 2012).
21
Dans ce cas, la dégradation spatio-temporelle est
perçue comme une détérioration, une régression, au
plan quantitatif et qualitatif de la ressource végétale. Il
s'agit d'une perte de qualité et une diminution de la quantité
des ressources naturelles disponibles qui sont le plus souvent dues à
plusieurs facteurs qui sont d'ordre physique et anthropique. Le concept traduit
une altération, une modification du couvert végétal rendue
possible par une vulnérabilité persistante des conditions
climatiques. Dans le cadre de cette étude, la dégradation est la
diminution, l'altération voire la disparition des ligneux
pérennes.
Ligneux pérennes
Si le terme ligneux a été utilisé
dès 1781 par Jean-Jacques Rousseau, pour désigner ce qui a la
consistance du bois, un ligneux au sens botanique du terme est une plante
vasculaire dont le vaisseau qu'est le bois (conducteur de la sève brute
contenant l'eau et les sels minéraux puisés dans le sol) est
imprégné de lignine. La présence de la lignine et
l'existence de fibres ligneuses confèrent aux espèces dites
ligneuses une rigidité, à l'opposé des plantes
herbacées.
En botanique, une espèce est pérenne lorsque le
végétal est vivace donc pérennant, vit plus de deux
années. La plante vivace est alors pérennante. La
pérennité s'applique à de nombreux autres domaines mais,
par définition, tout ce qui est pérenne dure ou vit longtemps,
durablement, voire de façon permanente. Les arbres sont pérennes
par nature car leur développement prend de nombreuses années. En
définition large, ce qui est pérenne ne subit pas de
dégradation dans le temps dans des conditions environnementales normales
et s'il n'y a pas d'incident (le feu pour du bois par exemple) venant
contrecarrer la pérennité. L'érosion due au temps n'a pas
d'effet.
La plupart des arbres sont pérennes quand de nombreuses
herbacées ne le sont pas, étant plutôt des annuelles. Le
terme pérenne s'applique à un organisme complet, quand le terme
pérennant s'applique à un organe ou une partie du
végétal. Toutefois, un organisme pérenne peut avoir des
parties caduques, comme les feuilles.
Il convient d'approfondir certains points pour faire de la
description ci-dessus une définition formelle. Toutes les plantes
ligneuses pérennes, sont incluses dans le concept de ligneux;
l'association entre composantes ligneuses et non ligneuses peut être
un
22
arrangement spatial, une séquence dans le temps ou une
combinaison des deux le " ou " doit être entendu comme " et/ou ". (YOUNG,
1995)
Dans le cadre de notre étude, les espèces
pérennes sont des ligneux qui ont une durée de vie d'au moins
deux ans et ont ainsi la capacité de vivre pendant longtemps.
Opérationnalisation du concept de
dégradation des ligneux pérennes
Les concepts de dégradation spatio-temporelle des ligneux
pérennes définis ci-dessus sont opérationnalisés
dans le tableau 1.
Tableau 1. Opérationnalisation du concept de
dégradation des ligneux pérennes
Concept
|
Dimensions
|
Variables
|
Indicateurs
|
Dégradation spatio- temporelle des ligneux
pérennes
|
Naturelle
|
Variabilité pluviométrique
|
Baisse et augmentation des pluies au fil des années
|
T° relativement élevée
|
Maximum des températures
|
Dégradation de la qualité des sols
|
Niveau d'aridité des sols
|
Diminution de la masse
pédologique arable
|
Niveau Erosion hydrique
|
Niveau d'érosion éolienne
|
Anthropique
|
Dynamique démographique de la population
périurbaine
|
Augmentation des populations
|
Exploitation des terres pour les
activités agricoles et pour l'élevage
|
Zone à production agricole, type d'agriculture
|
Zone de pâturage et d'élevage
|
Pratiques culturales
inappropriées
|
Labour non conventionnel
|
Prélèvement du bois pour les
activités des hommes
(utilisation domestique, constructions des habitations)
|
Arbres abattu, brûlé, écorché,
taillé,
|
Zone de vente des bois et charbons
|
Construction en toit de paille
|
23
|
|
Acteurs
|
Cultivateurs, femmes,
éleveurs, Bûcherons
|
Spatiale
|
Types d'espèces
|
Liste des espèces
|
Essences prélevés
|
Nombre des individus
écorchés et élagués
|
Raréfaction des espèces
ligneuses
|
Densité des espèces, Indice de
raréfaction, Indice
de régénération
|
Occupation de l'espace
|
Zone de culture, zone
dégradée, zone de pâturage
|
Spécifique
|
Espaces dénudés
|
Superficie des espaces nus
|
Espaces dégradés
|
Densité de peuplement, Indice de surface
terrière
|
Diminution des ligneux
|
Nombre d'arbre présent
|
Évolutions des superficies
|
Quantité de superficie
augmentée
|
Gestion
|
Individuelle
|
Plantation des arbres,
protection
|
Collective
|
Plantation des arbres,
protection, sensibilisation
|
Institutionnelle
|
Plantation des arbres,
protection, sensibilisation
|
10.2. Cadre théorique
Pour cette étude, trois principales théories ont
été évoquées. Il s'agit de la théorie de
la tragédie des biens communs de Garrett J. Hardin, de
la théorie du passager clandestin de Mancur Olson et la théorie
du Patch Dynamics de Thompson.
- La Théorie de la tragédie des biens
communs de Garrett J. Hardin
Garrett James Hardin, né le 21 avril 1915 à
Dallas, et mort le 14 septembre 2003 à Santa Barbara en Californie, est
essentiellement connu pour sa publication de 1968 intitulée
« The Tragedy of the Commons » (ou Tragédie des biens
communs).
24
Biologiste de profession, il reste une figure importante de
l'histoire des théories et des concepts économiques
contemporains. Il met en évidence la compétition qui se met en
place à partir du moment où des ressources naturelles
limitées en quantité sont placées dans un terrain «
commun ». Cette compétition sur le domaine commun mène
à la destruction des ressources communes à plus ou moins
court-terme.
La tragédie dont parle Hardin concerne les biens qui
n'ont été attribués à personne en particulier, ou
que personne ne s'est approprié. Si un bien est laissé sans
surveillance et à libre disposition de tout le monde, il risque de
souffrir de surexploitation et de s'épuiser. Bien que Hardin ait surtout
pensé aux ressources naturelles quand il a écrit son article,
cette tragédie concerne tous les biens possédant les deux
caractéristiques suivantes :
- Ce sont des biens dont il serait complexe ou coûteux
de les attribuer à quelqu'un
en particulier, ou d'en assurer la surveillance (par exemple
le fond des océans). - Ce sont des biens rivaux. Ce qui veut dire que si
je puise le pétrole au fond d'un
océan, au bout d'un certain temps, il n'en restera plus
pour les autres.
Nonobstant, quelques solutions sont présentées
par Hardin. Il s'agit de la nationalisation qui consiste à attribuer la
ressource à l'Etat qui disposera ainsi du choix de l'exploitation, de la
redistribution ou alors de la limitation de l'accès à la
ressource. Toute la responsabilité de la pérennité de la
ressource revient donc à l'Etat. Une autre solution concerne la
privatisation qui consiste à la mise en place d'un droit de
propriété pour une ou plusieurs personnes. Ces personnes ont
alors la responsabilité d'une utilisation intelligente de la ressource.
Elinor Olstorm, autre théoricienne des biens communs préconise la
gestion de la ressource par la communauté locale. Ainsi la
communauté locale doit alors mettre en place un accès
contrôlé à la ressource.
Cette théorie s'applique dans le cadre de notre
recherche dans la mesure où les espèces ligneuses pérennes
sont à la disposition des populations locales et comme tout le monde a
la possibilité d'y avoir accès, ils risqueraient de souffrir de
surexploitation et de s'épuiser.
25
- La théorie du passager clandestin de Mancur
Olson
Développé en économie, la
théorie du passager clandestin, traduit de anglais «
free-rider » désigne le comportement d'une personne ou d'un
organisme qui profite d'un avantage sans en payer le prix ou sans y avoir
investi des efforts particuliers. Dans les sciences sociales, le free-rider
problem (traduit en français par « problème du passager
clandestin ») est un type de défaillance du marché ou d'une
organisation qui se produit lorsque ceux qui bénéficient d'une
ressource ou d'un service (biens publics tels que routes ou hôpitaux
publics, biens de nature communale) ne le paient pas où le sous-paient.
Les passagers clandestins peuvent poser problème car sans payer ou en
sous-payant le bien (soit directement par des redevances, des cotisations ou
des péages, soit indirectement par des taxes), ils continuent à y
accéder ou à l'utiliser. Ainsi, le bien peut être
sous-produit, surutilisé ou dégradé.
Dans le cas de notre travail, cette théorie concerne
les personnes ou groupes de personnes qui exploitent les ressources ligneuses
sans payer ce service de la nature et la surexploite jusqu'à la
dégradation. Cette exploitation anarchique conduit à la
dégradation des ligneux pérennes.
La théorie Patch Dynamics du Concept de Pickett
et Thompson (1978)
Dans le but d'une meilleure compréhension des
réactions des populations et des écosystèmes après
des perturbations, Pickett et Thompson ont développé en 1978, la
théorie du « Patch Dynamics Concept ». Celle-ci vise à
comprendre et à décrire la dynamique naturelle des populations et
des écosystèmes après une perturbation d'origine naturelle
ou anthropique. Elle éclaire tout particulièrement sur les
stratégies de reproduction, dispersion et compétition chez des
espèces et des biocénoses. Cette théorie se fonde sur
trois notions de base qui en constituent l'ossature :
- La notion de « Patch", le patch étant un
élément du "pattern" paysager ; chaque tache constituant une
unité écologique fonctionnelle, plus ou moins stable ou
isolée, pour une certaine échelle temporelle et éco
paysagère ;
- La notion de perturbation écologique ; entendue comme
tous les évènements qui altèrent dans le temps et dans
l'espace les relations entre les organismes vivants et leurs habitats. La
perturbation d'un milieu terrestre est suivie d'une série de
26
séquences de recolonisation appelée succession
écologique caractérisée par un stade pionnier à
faible nombre d'espèces, puis de stades à plus grand nombre
d'espèces et enfin d'une diminution du nombre d'espèces quand le
site s'approche du stade climacique ;
- La notion de succession écologique qui décrit
le processus naturel d'évolution et développement de
l'écosystème d'un stade initial à un stade
théorique dit climacique. Suivant le type de perturbation
écologique ayant entrainé la formation d'un néo sol, on
peut distinguer la succession primaire de la succession secondaire. La
succession écologique est l'ensemble théorique des étapes
décrivant dans les trois dimensions et dans le temps un cycle
évolutif théorique et complet pour un lieu donné.
Cette théorie s'applique dans le cadre de cette
recherche dans la mesure où la localité de Houdouvou fait face
à plusieurs perturbations écologiques due aux variabilités
climatiques et anthropiques à travers les activités humaines qui
entraine la destruction des ligneux et par ricochet leur raréfaction.
11. Méthodologie
L'analyse du processus de dégradation des ligneux
pérennes dans la localité de Houdouvou nécessite une
méthode adéquate pour aboutir à des bons résultats.
La méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude est
hypothético-déductive. Cette approche base son raisonnement sur
des hypothèses qui seront vérifiées par les
résultats. Pour ce faire, la méthodologie est organisée
sur des étapes comprenant la collecte et le traitement des
données.
11.1. Caractérisation des ligneux
pérennes
Pour la caractérisation des ligneux pérennes, la
norme DNCN (2009) utilisée pour la classification des types ligneux (TED
et GIZ, 2013) sera utilisée. Le tableau 2 indique les différentes
mesures pour la classification des ligneux pérennes.
27
Tableau 2. Caractérisation de la végétation
ligneuse pérenne
Les observations de terrains ont permis d'identifier deux
principaux types de formations pérennes. Il s'agit des arbres dont la
hauteur est supérieure à 7 m et des arbustes dont la hauteur est
inférieure ou égale à 7m. Cette classification a
été faite à base des matériels de collecte de
données.
11.2. Matériels de collecte des
données
A ce niveau, il s'agit des matériels de
dendrométrie, des outils d'identification botanique et enfin des outils
de collecte de données.
11.2.1. Matériel de
dendrométrie
Afin de déterminer la hauteur et la
circonférence des ligneux pérennes dans la localité de
Houdouvou, un certain nombre de matériels ont été
nécessaires afin de faire des relevés dendrométriques.
(Planche photographique 1)
- Un décamètre permettant de mesurer les
hauteurs et les diamètres des différentes espèces
inventoriées ;
- Une ficelle de 50 mètres et 300 mètres
permettant de dimensionner les placettes et les mailles
28
A
|
|
|
|
B
|
Long: 10°38'21»N Lat : 14°10'13»E Al
: 420.2m
|
Long : 10°38'31»N Lat :
14°10'23»E
|
Al: 420.2m
|
|
Photo A : Délimitation d'une placette
|
Photo B : Mesure de la circonférence à 1.30
m du sol
|
Source : Djafnga, 2021
Planche photographique 1. Mesure de relever
dendrométrique
La planche photographique 1 montre des étapes ayant
conduite à faire des relevés dendrométriques. La photo A
montre la délimitation des placettes avec un décamètre et
la photo B illustre la mesure de la circonférence d'un arbre dans une
placette.
- Un sous-main pour soutenir les fiches d'inventaire botanique
et d'enquête dans le village ;
- Un téléphone portage à pixel
élevé (Camon 12 pro) avec 32 méga de Pixel pour la
réalisation des photographies d'illustrations ;
- Un GPS pour relever les coordonnées
géographiques des photos prises sur le terrain et les coordonnées
des placettes réalisées ;
- Un sac constitué de papier format vide. Son
rôle sera de récolter les échantillons de feuilles, de
fleurs ou de fruits pour l'identification précise de l'essence ;
- Un GPS ou appareil téléphone avec application
GPS pour les coordonnées afin relever les coordonnées
géographiques des prises sur le terrain
29
11.2.2. Outils d'identification botanique
Il s'agit :
- De la carte de localisation de Houdouvou ; elle permet de
nous conduire sur le site d'étude sans avoir un guide ou renseignement
;
- Les images Google Earth, Earth explorer et Landsat de la
zone étudiée ; elles serviront à afficher l'image et
à expliquer le phénomène à étudier.
- Le livre guide Arbres et Arbustes du SAHEL leur
caractéristiques et leurs utilisations de Hans-Jûgen von Maydell
Giz 1990. Il sert à identifier les espèces et les noms et ceci
pour faire une liste des espèces et des familles dans chaque placette
afin d'effectuer des calculs botaniques.
11.2.3. Outils de collecte de données
? Fiches d'inventaires
Ces fiches comportent un certain nombre de variables dont les
descripteurs sont, entre autres : les espèces inventoriées, leurs
hauteur et diamètres, la géomorphologie du milieu, les facteurs
de dégradation. L'état des arbres (morts, vivants,
blésés), les mares, cours d'eau, le taux de recouvrement, la
régénération.
? Fiches d'enquêtes
Dans le cadre de ce travail de recherche, différentes
fiches d'enquêtes sont élaborées pour la collecte des
données liées à la dégradation de l'environnement
en général et aux activités socio-économiques des
populations. Il a été question de déterminer l'importance
socio-économique des ligneux pérennes pour les riverains de la
localité de Houdouvou et d'identifier les facteurs qui causent et
aggravent la dégradation spatio-temporelle des ligneux
pérennes.
? Guide d'entretiens
Dans le cas de cette étude, divers questionnaires sont
définis pour une interview avec les autorités administratives et
traditionnelles de la localité pour compléter les informations
qui sont collectés à travers les observations et les
enquêtes.
30
11.2.4. Matériels de
géo-référencement et d'identification des
placettes
- Un GPS pour la localisation des centres des placettes. La
cartographie des couverts étudiés a été
réalisée grâce aux relevés des points et limites au
GPS.
- Des cartes géo-référencées des
espaces boisés étudiés.
- Un décamètre de ruban 100 mètre pour
les mesures des côtés des placettes et les distances entre les
transects effectués.
11.3. La collecte des données
Le travail à ce niveau consiste à
présenter le processus de collecte des données secondaires et
primaires qui ont fait l'objet d'un traitement et d'une analyse.
11.3.1. Données secondaires
La collecte des données secondaires représente
la première phase de collecte de cette recherche. Elle a consisté
à s'approprier les travaux effectués, contenu dans les ouvrages,
les thèses, les mémoires, les articles, et les rapports. Elle a
également permis d'avoir une idée générale sur la
thématique étudiée, et de cerner ce qui a
été déjà fait. Cette collecte a été
structurée comme suit :
? La recherche documentaire sur internet
La recherche documentaire sur internet a permis de collecter
deux types de données. Il s'agit des données textuelles
(thèses, mémoires, articles, rapports) et les données
médias (images satellitaire Landsat). Ces données ont
été acquises sur Google et sur des sites
spécialisés dans les recherches documentaires comme Google
schoolar. L'acquisition des cartes et images satellitaires quant à elle
a été faite grâce au logiciel Google Earth.
? L'exploitation de la documentation
L'objectif premier ici a été d'identifier les
principaux oeuvres et documents traitant des sujets relatifs à la
dégradation des ligneux. Il s'agit des données concernant les
ouvrages, les thèses et mémoires, les articles, les rapports
d'activités, les bases de données SIG. L'exploitation de la
documentation ne s'est pas seulement focalisée sur les écrits
issus de la discipline, mais sur tous les aspects relatifs au sujet. Des
documents ont ainsi été consultés dans le centre de
documentation de l'Ecole Normale Supérieure
31
de l'Université de Maroua, dans la documentation du
département de sciences environnementales de l'Ecole Nationale
Supérieure Polytechnique de l'université de Maroua. Une fois
collectés, les différents documents ont été soumis
à une série d'analyses basées sur l'analyse de contenu.
Les résultats obtenus à travers cette opération d'analyse
de contenu ont permis de comprendre l'évolution des écrits
observés sur ladite thématique et de savoir où se situent
les manquements afin de nous situer à la suite de ces auteurs.
11.3.2. La collecte des données
primaires
Elles sont aussi relatives aux données floristiques
portant essentiellement sur les ligneux. Outre ces données, les
relevés de terrain au GPS pour la cartographie des zones à
couverture végétal et zones dégradées, la
géo localisation et de la caractérisation des pistes de passages,
la délimitation des espaces habités, des espaces
dégradés, et la localisation des placettes ayant servi pour les
relevés floristiques.
? L'échantillonnage
Avant de se lancer dans les différents types de
collectes, un travail d'échantillonnage a été
effectué. Ce travail d'échantillonnage a permis de
délimiter notre champ d'opération. L'échantillonnage
choisi dans le cadre de cette étude est l'échantillonnage
aléatoire simple. Il est basé sur le principe que tous les
éléments de la population ont une probabilité égale
de faire partie de l'échantillon. On parle d'échantillon car cela
ne représente qu'une partie du groupe de personnes (ou de la population
cible) dont l'opinion ou les comportements nous intéressent. Le nombre
des individus enquêté pour cette étude est de 120
personnes.
? Les entretiens
Au cours de cette recherche, les entretiens nous ont
donné l'occasion de contacter directement les personnes ressources qui,
de par leurs expériences, compétences ou responsabilités,
nous ont fourni des informations de diverses natures sur la dégradation
spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de
Houdouvou. Les questions ont été focalisées sur la
caractérisation du couvert végétal, sur les processus et
facteurs de leur dégradation et sur les moyens de pérennisation.
Ainsi, nous avons fait des entretiens avec le chef du village de la
localité de Houdouvou pour avoir des
32
informations sur les personnes qui dégradent le plus la
végétation, sur le niveau de dégradation des ligneux
pérennes. Des entretiens ont aussi été mené avec
les gardiens de la zone de reboisement, les autorités des eaux et
forêts et des responsables des structures de reboisement notamment le
chef du projet de reboisement de l'entreprise SOTCO chargé du
reboisement le tronçon de route Maroua- Meri et des structures
environnantes.
? Les enquêtes par questionnaires
Pour cette recherche, deux questionnaires (Annexes 1 et 2) ont
été administrés pour obtenir des données
quantitatives et qualitatives sur la dégradation spatio-temporelle des
ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Les
questionnaires ont été administrés aux populations
riveraines. Ils sont adressés aux hommes et aux femmes. Au total, 120
personnes ont été enquêtées parmi lesquels 60 hommes
et 60 femmes. Cette égalité résulte du fait d'une
proportion aussi grande des hommes que des femmes dans la localité.
Ces questionnaires ont permis de mettre en relief le niveau de
bois prélevés, les types d'espèces et le milieu de
prélèvement. On s'est aussi s'intéressés à
la période de prélèvement, aux superficies des parcelles
exploitées pour l'agricultures, a la proportion des arbres et arbustes
coupés et élagués, aux types et nombre d'espèces
végétales abattus, à la source de leur feu de cuisine,
à la provenance des bois exploités et les types d'arbres
pérennes de la localité. En outre, les questions se sont
orientées vers ce qui augmente la dégradation des ligneux
pérennes, des activités les plus pratiquées, au rôle
des arbres coupés dans la localité, aux cultures qui
dégradent le plus la végétation ligneuse et aux techniques
de conservation des arbres. La planche photographique 2 montre des entretiens
et des enquêtes qui ont été faites à Houdouvou.
Long : 10°38'31»N Lat : 14°10'29» Al :
500m
Photo B : Enquête auprès d'un
riverain
Long : 10°38'61»N Lat : 14°10'43»E Al :
420.2m
Photo A : Entretien avec les gardiens de la zone de
reboisement
B
Long : 10°35'12»N Lat : 14°13'21»E Al:
432.2m Photo C : Entretient avec un agent des eaux et
forêts
A
C
33
Source : Djafnga, 2021
Planche photographique 2. Entretiens et enquêtes
34
La planche ci- dessus montre la collecte de données
primaires par entretiens et par questionnaires. Ainsi la photo A montre des
entretiens avec les gardiens de la zone de reboisement, la photo C, un
entretien avec une autorité des eaux et forêts et la photo B, une
enquête auprès d'un riverain de la localité.
? Les observations de terrain
Elles ont permis une fois sur le terrain de toucher la
réalité, de mieux comprendre les actions des hommes et de faire
ressortir leur implication dans la dégradation des espèces
ligneuses pérennes dans la localité de Houdouvou. Elles sont
d'une précieuse utilité dans l'évaluation des
activités que les hommes exercent sur les plantes. Elles ont
également aidé à mesurer les écarts entre la
réalité sur terrain et les hypothèses émises. En
outre, l'observation directe dans la zone d'étude nous a permis
d'apprécier le niveau de dégradation des ligneux pérennes.
La descente sur le terrain a approfondi notre connaissance sur la zone
d'étude, pour comprendre les différentes interactions
qu'entretiennent les groupes humains et les ressources ligneuses
pérennes.
? Inventaires des espèces
Les inventaires sont faits sur la base d'une fiche
élaborée en fonction du contexte des espaces exploités et
zones dégradées. Le dispositif de collecte des données est
constitué des placettes carrées de 30 m x 30 m
réalisés dans des mailles de 300m x 300m de manière
aléatoire, suivant diverses orientations dans le sens des quatre points
cardinaux. Pour étudier la distribution et l'abondance des
espèces, au total trente-six (36) placettes sont réalisées
dans les quatre zones de collecte (zone de reboisement, d'habitations, de
cultures et dégradées). Dans les différentes placettes,
toutes les espèces ligneuses pérennes qui peuplent la
localité ont été identifiées, les individus
dénombrés, les paramètres dendrométriques : la
circonférence des individus a été mesurés à
hauteur de poitrine à l'aide d'un mètre ruban de 5 m de longueur
et leur hauteur estimée. Les traces d'anthropisation à savoir les
individus morts, les souches des individus coupés totalement ou
partiellement, écorcés sont notées.
? Période de relevés
Les relevés botaniques effectués dans la
localité de Houdouvou se sont déroulés en juillet 2021. La
disponibilité des gardiens de la zone de reboisement nous a permis
35
d'être assisté et guidé, ce qui a
boosté la recherche. L'ensemble des relevés effectués ont
permis d'obtenir pour chaque observation, les paramètres ou indicateurs
relatifs à la composition floristique, la densité des peuplements
ligneux et l'indice de biodiversité, la structure des peuplements
(caractère dendrologique) et, son potentiel et sa dynamique
(mortalité, taux de couverture), la pression humaine (pastoralisme et
exploitation du bois, la qualité approximative des pâturages). Il
s'agit d'un ensemble de données cohérentes pour approcher les
tendances évolutives des surfaces concernées par l'étude
et pour juger de l'impact des actions de l'exploitation sur l'environnement.
? Phase de relevé
La fiche de relevés floristiques est
élaborée autour des éléments qui renseignent sur
les espèces en fonction du sol, de la pente, du relief, du type
végétal, sur les traces anthropiques et la surface de la maille.
Elle a permis de recueillir les indicateurs relatifs à la composition
spécifique, à la physionomie et au fonctionnement biologique des
ligneux. Elle a permis de caractériser
l'hétérogénéité et la diversité
spécifique des ligneux.
La fiche de relevés floristiques a été
élaborée afin de déterminer la répartition des
espèces ligneuses, pour comprendre leur mode d'adaptation en fonction
des sols, en fonction des types de formations végétales, les
savanes boisées (arborée et arbustives), les formations
isolées, les formations steppiques.
Ainsi, les données floristiques ont été
réalisées à travers des placettes délimitées
dans des mailles. La méthode de maille a été
empruntée à Boudet (1991), dans laquelle sont
délimitées des placettes suivant
l'homogénéité des strates (arbres et arbustes), sur la
base des entités représentatives. L'objectif est de
déterminer l'aire minimale de relevés floristiques. Au total,
quatre mailles de neuf placettes ont été faites ; chaque maille
mesure 300m de chaque côté, les placettes mesurent 30m de chaque
côté chacune. Les mailles ont été traversées
par quatre transects avec un point d'intersection au centre de la maille comme
l'illustre la figure 3.
36
Figure 3. Dispositif d'échantillonnage : une maille de
neuf placettes.
La figure ci-dessus montre le croquis des mailles qui ont
été posés dans la localité. Au total, quatre
mailles de neuf placettes ont été faites dans les quatre zones
identifiées de la localité. ; Chaque maille mesure 300m de chaque
côté, les placettes mesurent 30m de chaque côté
chacune également. Les mailles sont traversées par quatre
transects avec un point d'intersection au centre de la maille.
Les relevés ont été effectués dans
36 placettes, réparties dans quatre terroirs de la localité de
Houdouvou représentant les zones de reboisements, les zones de cultures,
les zones d'habitions et les zones dégradées, afin de
déterminer la composition floristique de ces lieux (figure 4).
37
Figure 4.Disposition des mailles dans la zone d'étude
38
12. Traitement et analyse des
données
Les instruments que nous avons cités plus haut nous ont
fourni des informations qualitatives et quantitatives qui sont,
traitées, analysées et classifiées manuellement sur Word ;
Excel ; et Qgis pour la réalisation des cartes. Cette opération a
consisté au dépouillement des questionnaires, au traitement des
données biogéographiques et cartographiques.
12.1. Traitement des données
qualitatives
Le traitement à ce niveau concerne les informations
qualitatives issues du terrain comme les enquêtes par questionnaire et
les interviews. Les informations assemblées, dérivant des
enquêtes de terrain ont été codifiées,
dépouillé et interprété. On a fait un
dépouillement informatisé grâce au logiciel SPSS. Les
interviews enregistrées grâce au magnétophone du
téléphone ont été retranscrits. De plus, les
données secondaires comme les documents textes ont été
saisi grâce au logiciel Word.
12.2. Traitement des données
quantitatives
Le traitement des données quantitatives a
nécessité : les logiciels de statistiques pour les données
quantitatives, Les données statistiques ont été
traités à base de Microsoft Excel pour produire des tableaux, des
figures, des graphiques. Les calculs des données chiffrées ont
été effectués à partir de l'application des
formules mathématiques. Le traitement quantitatif des informations a
permis faciliter la visualisation des données, on a ainsi donné
les tendances centrales comme les moyenne et élargie les perspectives
des formules botaniques. Ce qui nous a permis ainsi lire les informations par
les diagrammes à barres, les diagrammes angulaires, les histogrammes,
les graphiques chronologiques et les dendrogrammes.
12.3. Traitement et analyse cartographique
Le traitement des données cartographique a
consisté à réaliser premièrement une carte de
localisation de la zone d'étude et d'occupation du sol grâce au
logiciel QGIS 2.18. Ce même logiciel a permis de dresser une carte pour
une analyse diachronique de la végétation sur 20 ans. Le logiciel
Google Earth a permis d'obtenir des images satellites qui ont été
insérer dans le logiciel QGIS afin de délimiter la zone
d'étude et les différentes occupations du sol et Adobe
Illustrator a servi dans les travaux de finalisation.
39
12.4. Traitement et analyse des données
botaniques
Il s'agit ici des traitements et analyses liés aux
relevés botaniques. Une première observation des résultats
bruts permet d'établir la liste des espèces pérennes et de
les scinder en listes des arbres pérennes d'une part et d'arbustes
pérennes d'autres part. Le traitement des données proprement dit
concerne entre autres :
? Les analyses structurales
Cette analyse est basée sur deux calculs à
savoir : les calculs de hauteurs des espèces et les calculs de
diamètres. Ces calculs ont pour objectifs d'étudier la structure
horizontale et verticale des espèces pérennes disponibles dans la
localité en fonction des types de zones.
La structure horizontale est celle qui étudie la
répartition des individus et la manière dont ils occupent
l'espace. Elle est définie par la répartition des
végétaux suivant le plan horizontal (Gounot, 1969) et correspond
aux différents types de distribution des arbres en fonction de leur
répartition par unité de surface.
La structure horizontale permet enfin d'évaluer
l'abondance, la dominance et la fréquence relative tandis que la
structure verticale s'intéresse aux différentes strates d'une
formation végétale.
? L'analyse des indicateurs de dégradations
Il s'agit ici des éléments qui appuient
l'étude des structures afin d'identifier les lieux les plus
dégradés. Ils sont entre autres :
? La densité de peuplement
La densité d'un taxon végétal est le
nombre d'individus de ce taxon présents par unité de surface.
Elle représente aussi le nombre d'arbres sur pied ramené à
l'hectare. C'est un indicateur important de l'état d'un
écosystème. Il peut être avantageusement utilisé en
combinaison avec d'autres descripteurs tel la taille moyenne des individus ou
encore le recouvrement. La densité permet également de
définir les tendances à l'installation ou à la
raréfaction des individus des taxons pérennes et d'évaluer
ainsi les tendances évolutives (régénération,
dégradation) d'une formation végétale.
Les densités des espèces ont été
calculées par placette et par zone selon la formule suivante :
40
? Abondance relative
L'abondance relative est un descripteur de base de
l'état de la parcelle et un indice simple de la compétition
moyenne dans la formation. L'abondance relative d'un taxon exprime le nombre
d'individus de ce taxon comparé au nombre total d'individus dans
l'échantillon. Elle est donnée par la relation suivante :
Abondance relative= Nombre d'individus du
taxon / Nombre d'individus de
l'échantillon×100.
? Taux de mortalité
Pour l'analyse de nos données, on va aussi s'appesantir
sur le taux des espèces
morts.
Pour ce faire, on va avoir besoin des effectifs des individus
morts qu'on va multiplier par 100 et diviser par l'effectif total.
Taux de mortalité = effectif d'individus
morts x 100/ Effectif total
? Calcul des indices de diversité (Shannon,
Equitabilité, Simpson).
La diversité prend en compte non seulement le nombre
d'espèces, mais également la distribution des individus au sein
de ces espèces. L'indice de Shannon doit être associé
à l'indice de Simpson.
41
- Indice de Shannon (il s'exprime en bit)
L'indice de Shannon et Weaver (1949) est l'indice le plus
simple dans sa catégorie, et donc le plus largement utilisé. Plus
la valeur de l'indice H' est élevée, plus la diversité est
grande. Cet indice est calculé de la manière suivante :
Avec S = nombre total d'espèces
pi = (nj/N), fréquence relative des espèces
nj= fréquence relative de l'espèce j dans
l'unité d'échantillonnage
N = somme des fréquences relatives spécifiques
Plus la valeur de l'indice H' est élevée, plus la
diversité est grande.
Le seuil d'appréciation de l'indice de Shannon est le
suivant :
- si H< 3bit, la diversité floristique
est faible ;
- si 3 = H > 4bit, la diversité
floristique est moyenne ;
- si H = 4 bit, la diversité floristique
est forte.
- Indice de Simpson
L'indice de Simpson (1949) accorde plus d'importance aux
espèces les plus
fréquentes qu'à la richesse spécifique
totale. Il est donc plus sensible aux espèces les
plus fréquentes qu'à la richesse spécifique
totale (Magurran, 1988). L'indice de Simpson
est une formule permettant de calculer une probabilité,
soit la probabilité que deux
individus sélectionnés aléatoirement dans un
milieu donné soient de la même espèce. Il
est représenté par la formule suivante :
Avec i = 1...n, Pi = ni/N (ni= nombre de relevés dans
lequel, l'espèce i est présente ; N= nombre total de
relevés) ; D = Indice de Simpson.
Avec Pi = ni/N (ni= nombre de relevés dans lequel
l'espèce y est présente ; N= nombre total de relevés) ; D
= Indice de Simpson.
? Indice d'équitabilité de
Pielou
L'indice d'équitabilité s'exprime aussi en bit.
Il est compris entre 0 et 1 (Lacoste et Salanon, 2010). L'évaluation de
l'équitabilité est utile pour détecter les changements
d'origine anthropique. La mesure de l'équitabilité correspondant
à l'indice de Shannon-Weaver est réalisée selon la formule
suivante :
Avec :
E= équitabilité
S ou R= richesse floristique
H'= valeur de Shannon.
? Indice de raréfaction
Il se calcul suivant l'équation de Géhu &
Géhu (1980) :
Avec : RI= Indice de raréfaction
ni= Nombre de relevés dans lesquels l'espèce i est
présente
N= Nombre total de relevés.
Les espèces dont le RI ?80% sont
considérées comme des espèces très
fréquentes
dans la formation étudiée et celles où le RI
>80% sont des espèces rares.
42
? Indice de fréquence
43
L'analyse quantitative de la végétation tient
compte aussi de la fréquence des espèces. La fréquence de
l'espèce(s) est égale au rapport du nombre de relevés (n)
où l'espèce est présente sur le nombre total (N) de
relevés réalisés :
F(x) = n/N
Dans la plupart du temps, ce paramètre est
évalué en pourcentage :
F(x) = n × 100/N
13. Intérêt de la recherche
L'étude réalisée sur la
dégradation spatio-temporelle des espèces pérennes ne peut
être efficiente et efficace que lorsqu'elle permet de résoudre
objectivement les problématiques qui se présentent dans sa
thématique.
L'intérêt de cette recherche réside sur le
fait que les ligneux pérennes vivent longtemps, durablement, voire de
façon permanente. Cependant, les contraintes climatiques,
édaphiques et anthropiques causent leur dégradation et leur
raréfaction. Cette étude va ainsi permette d'analyser le
processus de cette dégradation afin de poser les jalons pour un
développement durable des ligneux pérennes dans le sahel en
général et dans la localité de Houdouvou en
particulier.
Au niveau académique, cette recherche va nous permettre
de prime abord d'obtenir le diplôme de master II en géographie
physique option environnement et d'avoir des connaissances plus approfondie
dans le domaine de la biogéographie, particulièrement en
botanique ;
L'intérêt scientifique de cette recherche vise la
connaissance des principales espèces pérennes qui peuplent la
localité de Houdouvou. Il s'agit aussi d'apporter une contribution
à la connaissance sur les différents problèmes que subit
les ressources ligneuses dans le septentrion afin d'apporter de l'eau dans le
moulin aux réflexions menées au sein de la communauté
scientifique en termes de dégradation du couvert ligneux pérenne.
Par ailleurs, la végétation étant une combinaison des
facteurs naturels et humains, cette étude peut permettre d'identifier
à l'échelle spécifique, les
44
caractéristiques d'une répartition
phytogéographique afin d'analyser leur vitesse de dégradation
dans l'espace et dans le temps.
Au niveau opérationnel, l'intérêt de cette
étude réside dans le fait de la détermination des facteurs
qui entrent dans la dégradation des ligneux pérennes en vue de
mettre sur pied des politiques plus efficaces en relation avec le contexte
local des habitants de la localité de Houdouvou. En adéquation
avec les politiques de préservation de l'environnement, les pouvoirs
décisionnaires devront sur la composition spécifique des ligneux
pérennes entreprendre des actions de reboisement, pour mieux organiser
la structure végétale de la localité.
Pour mener à terme ce travail, il est judicieux
d'axé notre réflexion autour de quatre principaux chapitres. Le
chapitre liminaire consistera à faire un état des mieux des
ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Pour ce qui est
du deuxième chapitre il sera orienté vers l'analyse du processus
de dégradation proprement dit à travers les indicateurs naturels
et anthropiques du processus de dégradation. Le chapitre trois sera
axé sur l'analyse des effets socio-économiques et
environnementaux de la dégradation des ligneux pérennes.
L'analyse des politiques mise en place, l'évaluation de ces politiques,
et la proposition de nouvelles perspectives constituera le port étendard
du chapitre quatre.
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