La formation initiale des professeurs du post-primaire et du secondaire. Les enjeux pour un enseignement-apprentissage de qualité.par Sansan Didier Da Ecole Normale Supérieure/Université Norbert Zongo - Certificat d'aptitude inspectorat enseignement secondaire 2018 |
PREMIÈRE PARTIE :PHASE THÉORIQUE
Cette première partie qui présente le cadre théorique de notre étude comporte trois chapitres. Le premier chapitre présente la problématique en abordant l'intérêt de la recherche, la question principale et les hypothèses. Le deuxième chapitre définit les concepts clés intervenant dans notre travail et présente le cadre théorique de l'étude. Enfin, le troisième chapitre est consacré à la revue de la littérature sur la problématique de la formation initiale des professeurs de français du post-primaire.
CHAPITRE I : LA PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHECe chapitre présente le constat de départ et l'intérêt de l'étude, le problème de recherche, les questions de recherche, les objectifs de l'étude, et les hypothèses de la recherche. I. LES CONSTATS DE DÉPART ET L'INTÉRÊT DE L'ÉTUDEL'enseignant joue un grand rôle dans le processus d'acquisition des savoirs par les apprenants. Ce processus ne peut être productif que lorsque l'enseignant lui-même a les capacités et les compétences nécessaires pour accomplir sa mission. L'intérêt de cette étude se fonde donc sur un certain nombre de constats. I.1. Les constats de départL'éducation peut se définir comme un apprentissage, le moyen par lequel on développe chez les jeunes les facultés morales, intellectuelles et physiques afin de les rendre utiles pour eux-mêmes et pour la société. L'éducation est donc un enjeu majeur au sein de nos sociétés et de nos États, car aucun développement humain n'est possible sans elle. En effet, toute société soucieuse de son développement doit faire de l'éducation sa priorité en ce sens qu'elle est le socle sur lequel tout progrès humain se bâtit. L'éducation est donc synonyme de vie, de survie et de pérennité ; toute société qui ne veut pas disparaitre doit donc éduquer ses enfants. Lorsque Betolaud (1870, p.114) rappelle les propos de Plutarque « sur l'éducation des enfants », c'est pour mettre en exergue la noblesse de la tâche éducative. En effet, Plutarque affirme que « l'instruction est, parmi les biens qui sont en nous, le seul impérissable » et que « le bonheur réside dans l'instruction et la vertu, et non dans les biens que donne le hasard ». Que l'éducation soit assurée par la famille, la société ou l'État, elle vise avant tout l'humanisation et la socialisation et de l'homme. Au Burkina Faso, la Loi 013/98/AN du 17 Juillet 2007 dispose que l'école doit former un citoyen créatif et productif pour sa société ; elle consacre d'ailleurs la scolarisation obligatoire jusqu'à 16 ans. Cela montre toute l'importance qui est accordée à l'éducation des enfants. L'État a confié cette tâche éducative aux enseignants qui ont la noble mission de faire du jeune Burkinabè un citoyen productif. À cet effet, des instituts et des écoles ont été créés pour former les enseignants à ce métier. Au Burkina Faso, l'École Normale Supérieure de l'Université Norbert Zongo (ENS-UNZ) est celle qui a la charge de donner une formation professionnelle initiale aux futurs professeurs dont ceux de français qui ont souvent des profils universitaires différents. Cependant, évoquant le manque d'enseignants dans les lycées et collèges, l'État burkinabé procède chaque année à des recrutements d'enseignants immédiatement mis à la disposition des établissements sans que ceux-ci aient une formation professionnelle initiale, alors que ceux qui postulent pour l'enseignement du français sont de profils universitaires disparates. En plus des étudiants ayant fait la filière Lettres modernes, nous avons des postulants d'autres filières comme linguistique, sociologie, psychologie, philosophie, histoire, anglais art et communication, droit. Vu cette diversité des profils, il semble utile que tous reçoivent une formation initiale. En plus des recrutements ordinaires des enseignants du post-primaire et du secondaire, le Ministère de la Jeunesse, de la Formation et de l'Insertion Professionnelle, dans le cadre de la mise en oeuvre du « Programme Emplois- Jeunes pour l'Éducation Nationale », débuté en 2016, a été autorisé à recruter des milliers d'étudiants2(*) titulaires du DEUG II (Diplôme d'Études Universitaires Générales) dans les différentes filières sus-citées comme professeurs de Français-Anglais ou Français-Histoire/Géographie. Ces jeunes futurs enseignants bénéficient alors d'une formation de trois mois à l'ENS-UNZ pour les profils littéraires et à l'IDS pour les titulaires du DEUG II en Mathématiques, Économie, Physique, Chimie, Sciences de la Vie et de la Terre, Agronomie pour être professeur de Maths-SVT et Maths-PC. La durée de cette formation nous semble insuffisante, vu la complexité de la tâche à laquelle ces enseignants feront face. Il est donc important que tout prétendant à l'enseignement, quel que soit son profil universitaire, soit formé selon les normes, à son métier. Vouloir un enseignement de qualité et continuer à recruter et à mettre directement à la disposition des établissements des enseignants sans formation initiale peut paraitre comme un paradoxe. Selon les instructions officielles du programme de français relu en 2010, l'enseignement du français a pour objectifs généraux, « de donner à tous les élèves la capacité de s'exprimer correctement, oralement et par écrit, dans toutes les situations de communication qui se présentent à eux ». Il forme aussi à la pratique raisonnée de la langue, à la culture, et à l'acquisition des méthodes de pensée et de travail (cf programme de français de l'enseignement post-primaire et secondaire) Cependant, on a coutume d'entendre dire que « le niveau de l'enseignement a baissé et que les élèves de maintenant ne parlent plus français ». En effet, lorsqu'on entend les élèves parler ou lorsqu'on lit leurs productions écrites, le problème de la maitrise de la langue se pose avec acuité. Le même constat est réel lorsqu'on est face à certains interlocuteurs dans l'administration publique. Cet état de fait traduit sans doute un malaise dans notre système éducatif et ce, malgré les différentes reformes intervenues dans les curriculums. Au post-primaire, il est recommandé que la mise en oeuvre de ces curricula se fasse selon une approche décloisonnée des activités de la classe de français en recourant aux méthodes actives. Mais, il ressort des rapports des encadreurs pédagogiques que de nombreux enseignants ignorent ou le programme, ou son exécution à travers les méthodes actives. Ces enseignants sont pour la plupart, ceux qui n'ont pas reçu de formation initiale. L'apprentissage d'une langue repose, entre autres, sur la maitrise de la grammaire et de la syntaxe. La grammaire française n'étant pas des plus simples, il faudra donc user des méthodes et des stratégies pour la faire assimiler par les apprenants. Cependant, force est de constater que des enseignants éprouvent des difficultés à enseigner la grammaire parce qu'ignorant les programmes et/ou ne maitrisant pas eux-mêmes les contenus et les méthodologies. L'explication de texte est une activité de la classe de français menée aussi bien au post-primaire qu'au secondaire. Elle permet à l'élève d'être en contact avec un texte, de le lire, de le comprendre et de lui donner un sens. C'est à travers cette activité que l'apprenant découvre d'autres cultures, aiguise son gout à la lecture des oeuvres intégrales, affine sa pensée, apprend à argumenter aussi bien à l'écrit qu'à l'oral, corrige son expression et se familiarise avec les subtilités de la langue. L'explication de texte est donc une activité transversale qui, si elle est bien menée, amène l'élève à mobiliser toutes les ressources de la langue. Cependant, lors des visites de classe, il revient que l'explication de texte est escamotée ou mal exécutée. L'enseignant lui-même ne maitrisant pas les outils d'entrée du texte, se contente le plus souvent de le paraphraser avec les élèves. Ces derniers sont amenés à développer un discours redondant plutôt qu'à saisir les subtilités du texte. Pourtant, ces outils d'entrées du texte, à savoir le lexique, la syntaxe, les figures de style, les tonalités, sont une occasion pour l'élève de réinvestir les connaissances acquises (dans l'esprit du décloisonnement) pour comprendre et donner du sens au texte. L'explication de texte telle que pratiquée par ces enseignants est alors vidée de son contenu et de ses objectifs. Toutes ces situations constatées par les encadreurs pédagogiques et consignées dans les rapports ou comptes rendus des visites de classe, soulèvent la question des profils mais aussi de la formation initiale dans la mesure où elles concernent essentiellement les professeurs sans formation initiale. * 2 Trois mille cinq cent dix-neuf (3519) ont été recrutés en 2016 et trois mille cent cinquante (3150) en 2017. |
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