En fonction des impacts (positifs/négatifs)
des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les médecins sont-ils / seront-ils
accompagnés ? Comment souhaiteraient-ils être accompagnés ?
Quel accompagnement spécifiques les décideurs du secteurs
santé (institutions/directeurs) souhaitent-ils mettre en place
?
C'est un sujet sur lequel il y a une prise de conscience
réelle. L'IA faisait peur, elle fait encore un peu peur mais les choses
changent. Il y a une bascule qui s'opérait déjà au
deuxième semestre 2019 que le Covid 19 a encore accentué sans
doute. Il y a une demande très forte d'accompagnement qui sera vu par
l'inclusion de l'IA dans les orientations prioritaires de développement
professionnel continu. On a exécuté avec Ethik-IA les premiers
programmes de DPC médical pendant le confinement. De la même
manière, il y a une demande croissante d'accompagnement des
institutions, des directeurs sur la connaissance de ces outils. Sur le type
d'accompagnement, il y a ce qu'ils verbalisent comme étant leur demande
d'accompagnement et il y a sans doute ce qui est sans doute ce dont ils ont
besoin. Ce qu'ils verbalisent souvent, c'est « on veut comprendre »
et ces demandes-là, il faut les reformuler : « on va vous aider
à comprendre. Il est bien clair que votre job n'est pas d'être un
algorithmicien. Il faut que vous compreniez à quoi cela sert, quels sont
les recours, quels sont les enjeux éthiques, comment est-ce qu'on les
régule et comment ces technologies peuvent vous aider pour renforcer la
valeur ajoutée de votre organisation, améliorer la qualité
de la prise en charge des patients et ce qu'on peut en déduire sur
l'évolution de vos métiers qui est un champ en soi.
En fonction des impacts (positifs/négatifs)
des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les professions paramédicales, infirmiers plus
spécifiquement sont-ils / seront-ils accompagnés ? Comment
souhaiteraient-ils être accompagnés ? Quel accompagnement
spécifiques les décideurs du secteurs santé
(institutions/directeurs) souhaitent-ils mettre en place ?
Évidemment c'est à peu près la
même toile de fond avec un point complémentaire qui est majeur,
pas encore tout à fait vu dans le débat public mais majeur qui
est que la diffusion des technologies algorithmiques en santé est
parallèle au déverrouillage des délégations de
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compétences et des pratiques avancées pour les
professions paramédicales. En fait, on a bien deux mouvements qui sont
distincts mais très connexes, qui s'irriguent l'un l'autre qui sont pour
élargir le champ d'intervention des infirmières. On
déploie pour la région Auvergne - Rhône Alpes le premier
programme de formation numérique à l'IA pour les 12.000
élèves de leurs instituts paramédicaux. On commence cette
année par un programme d'IA pour les infirmiers de pratique
avancée. On voit qu'il y a un vrai changement, non pas simplement des
outils utilisés mais du coeur du métier. L'IA va être -
elle l'est déjà - un adjuvant très puissant à
l'extension des compétences de ces professions paramédicales en
permettant d'accéder à des éléments de diagnostic
médical sous intermédiation d'une profession paramédicale.
Il y a là à réfléchir sur tout ce que cela
amène en termes de gain d'accessibilité au soin pour les
patients, d'enrichissement des pratiques professionnelles de ces professions
paramédicales mais aussi à tout cela requiert comme besoin de
régulation médicale. On retrouvera les besoins d'avis de
spécialistes sans doute en fin de parcours. Cela se codifie et cela se
regarde quasiment spécialité par spécialité et non
pas simplement à un instant T mais au fil du temps et de
l'évolution technologique. C'est un message plus général
sur l'impact RH de l'IA c'est que toute prédiction au-delà de
trois à cinq ans n'a aucun sens pratique vu le rythme de l'innovation.
Ce sont plutôt des méthodologies d'évaluation continue de
ces impacts qu'il faut regarder.
En fonction des impacts (positifs/négatifs)
des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment le personnel administratif, dont les secrétaires
médicales/agents d'accueil, sont-ils / seront-ils accompagnés ?
Comment souhaiteraient-ils être accompagnés ? Quel accompagnement
spécifiques les décideurs du secteurs santé
(institutions/directeurs) souhaitent-ils mettre en place ?
Il faut de l'évaluation continue. Dans le débat
public sur l'IA, depuis 2/3 ans, on s'est beaucoup focalisé sur quelques
professions médicales, les radiologues notamment, en annonçant
leur disparition, ce qui était évidemment une erreur d'analyse.
On le sait maintenant. Des spécialités médicales
menacées de disparition rapide, il y en a en fait très peu. La
seule que j'identifie, c'est l'anatomopathologie qui va sans doute se
redispatcher sur l'imagerie et sur l'oncologie. Pour le reste, il n'y pas
d'annonce fracassante de disparition de spécialité
médicale à faire. En revanche, sur les fonctions du back office,
personnel administratif / secrétaires médicales / agents
d'accueil et fonctions d'admissions, là, la rupture est très
nette et beaucoup plus rapide que ce qu'on pense. L'effet de la technologie et
l'effet de la Covid 19 amènent à générer des
impératifs de distanciation physique. C'est un stimulus de court terme,
peut-être.
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Le court terme depuis 6 mois devient du moyen terme mais c'est
un stimulus très puissant qui va amener des recompositions très
fortes pour le back office du système de santé. Ce n'est pas
très étonnant au fond : quand on avait fait une étude sur
les impacts RH de l'IA pour l'institut Montaigne en 2019, on constatait
déjà, on l'avait pronostiqué, que le champ de
développement sans doute le plus rapide en termes d'impacts RH pour l'IA
en santé serait les fonctions de back office. On y est. En août
2020, il y a une rupture massive et on fait toujours le même constat
qu'il y a dix-huit mois qui est que ça reste un sous-objet du discours
public et cela reste un sous-objet des stratégies d'accompagnement
à la conduite du changement. Les choses évoluent aussi un petit
peu, il y a des structures plus avancées que d'autres mais sur ces
fonctions support, administration, logistique, transport malade, logistique
médicotechnique, il y a un vrai plan de transformation massive qui est
en cours avec évidemment des impacts RH possiblement très
puissants.
Voilà un peu le tableau en résumé. C'est
un tableau qui bouge. La fonction RH doit s'y adapter. Il y a des
métiers nouveaux qui émergent qui sont ceux, cette fois, auxquels
on pensait : data scientist, manager de données, l'évolution des
métiers de l'information médicale, les métiers strictement
nouveaux, ceux qu'on ne connaissait pas en tant que tel, apparaissent moins. Je
pense qu'il va y avoir un champ de jobs nouveaux, de missions nouvelles autour
de la garantie humaine de l'IA maintenant que le principe est reconnu, au
croisement de la politique qualité et des fonctions de DPE. On va
être sur des emplois de niche d'animation de fonctions. Il y a en tout
cas un enjeu majeur d'accélérer l'accompagnement à la
transformation RH du numérique et de l'IA en santé.
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Annexe 9 : QUESTIONNAIRE VIERGE PERSONNEL MEDICAL / PERSONNEL
NON MEDICAL
Rappel des éléments contextuels :
· Mémoire RH Elisabeth Berthelot
· Sujet du mémoire :
Quels sont les rôles et missions de la fonction RH
pour mettre en oeuvre les formations liées à l'impact de la
diffusion de nouvelles technologies dotées d'intelligence artificielle
sur certains métiers dans le plan de développement des
compétences des établissements de santé en France
?
· Public concerné : Jury de DRH ne
connaissant pas spécifiquement les questions d'intelligence artificielle
ni le secteur santé