2. Les métiers de soin : Les infirmier.e.s, les
manipulateurs radios, les
aides-soignants
Le niveau de connaissance de l'impact des nouvelles
technologies sur les métiers paramédicaux reste incertain. Il
dépendra énormément des décisions liées au
niveau de délégation de certaines tâches
médicales qui leur incombera. Les métiers, qu'ils
s'agissent des professions médicales et paramédicales,
évolueront avec des dimensions d'expertise plus pointues et/ou de plus
en plus tournées vers la communication avec les patients. S'agira-t-il
de se spécialiser ou au contraire d'aller vers les doubles
compétences ? Je pense que les
34 David Gruson, La Machine, le Médecin et Moi,
Éditions de l'Observatoire, 2018
21
deux ne sont pas fondamentalement incompatibles si l'on
choisit bien les compétences que l'on souhaite développer. Il
faudra alors savoir comment effectuer ces changements et
bénéficier de l'accompagnement nécessaire et en
adéquation avec le projet d'établissement de la part des services
de ressources humaines.
a) Les manipulateurs radio
L'évolution des métiers de radiologue et celle
de manipulateurs radio sont particulièrement impactés dès
aujourd'hui sur les enjeux de délégation des actes.
Déjà depuis 2016, un décret précise que le
manipulateur radio peut désormais « réaliser certains
actes sous la responsabilité du radiologue, et non plus en sa
présence ».35
b) Les infirmier.e.s
Les infirmiers seront de plus en plus guidés dans leur
exercice : connexion des systèmes, rappels de prescriptions, mesure des
écarts de données indiquées par les différentes
machines. Je reprends l'exemple des sols intelligents
précédemment évoqués : d'abord dès qu'il y a
une chute d'un patient, les infirmiers sont prévenus ensuite. Dans la
mesure où la machine sera en capacité d'analyser après
quelques temps où et pourquoi le patient chute, cela permettra
d'anticiper ces problèmes, pour le patient lui-même et ensuite
pour tous les patients d'une manière générale. Si le
nombre de chutes de patients diminue considérablement dans les
années à venir, cela a nécessairement un impact important
sur l'ensemble du quotidien des infirmiers et des aides-soignants. Il en va de
même pour de nombreux dispositifs.
Un nouveau pan du métier d'infirmier a
déjà émergé depuis 2018 : Infirmier en Pratique
Avancée (IPA). « Avec la pratique avancée, les
professionnels infirmiers élargissent leurs compétences dans le
champ clinique. Demain, une fois formés, ils pourront renouveler,
adapter voire prescrire des traitements ou des examens, assurer une
surveillance clinique, mener des actions de prévention ou de
dépistage. Ceci se fera en accord avec des médecins qui leur
confieront le suivi de certains de leurs patients dont l'état de
santé est stabilisé. Et à condition d'exercer au sein
d'une équipe de soins (par exemple en maison ou centre de santé,
en établissement hospitalier ou médico-social). [...] Se former
à la pratique avancée nécessite au minimum 3 ans
d'exercice. La formation - qualifiante - est organisée autour d'une
1ère année de tronc commun permettant de poser les bases de
l'exercice infirmier en pratique
35
http://www.sfrnet.org/sfr/professionnels/2-infos-professionnelles/decret-merm/index.phtml
https://www.legifrance.gouv.fr/jo
pdf.do?id=JORFTEXT000033537927
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avancée et d'une 2nde année centrée
sur les enseignements en lien avec la mention choisie
- Soit pathologies chroniques stabilisées et
poly-pathologies courantes en soins primaires,
- Soit oncologie et hémato-oncologie,
- Soit maladie rénale chronique, dialyse et
transplantation rénale,
- Soit santé mentale et psychiatrie. »36
La spécialité santé mentale et
psychiatrie est nouvelle. D'autres spécialisations pourront
émerger avec le temps et selon les besoins émergents,
particulièrement liés aux glissements de tâches des
médecins.
On parle aujourd'hui de « patients connectés
», c'est-à-dire de patients équipés de dispositifs
médicaux qui transmettent des informations au personnel médical
et paramédical. Le dialogue entre soignants et patients prend ici toute
sa place pour expliquer de manière pragmatique et rassurante comment
fonctionnent ces dispositifs et comment les utiliser.
Si, comme évoqué précédemment,
le médecin aura un rôle de médiateur dans la
compréhension des algorithmes et des technologies et la transmission de
l'information adéquate pour le patient, on peut se poser la
question de l'impact sur le métier d'infirmier et d'où se placera
le curseur de qui donne l'information au patient. Les Infirmiers de Pratique
Avancée (IPA) auront probablement un rôle spécifique
à jouer à ce niveau.
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