2. Problématique
L'émergence économique et la croissance
inclusive sont des sujets d'actualité dans plusieurs économies
sous-développées, compte tenu de la nécessité
d'améliorer le bien-être de leur population, qui vit dans la
pauvreté et manque d'opportunités d'emploi.
La notion d'inclusif dans l'analyse de la croissance
économique est tout à fait nouvelle et contraste avec les
théories traditionnelles. En effet, les premiers modèles de
croissance dits « exogènes » initiés par
Robert SOLOW (1950) expliquent la création des richesses essentiellement
par l'accumulation du facteur capital, faisant abstraction à la
distribution des richesses au sein de la population et à travers
l'espace économique, ni de l'effet des activités
économiques sur l'environnement. À la suite des travaux de Romer
(1986) et de Lucas (1988), d'autres facteurs explicatifs ont été
progressivement incorporé dans les modèles dits «
endogènes » ; il s'agit notamment du capital humain
(éducation), le capital public et la technologie.
Tableau 1: Variables de la croissance endogène
et leurs auteurs
Auteurs
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Variables
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Indicateurs
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Barro (1990)
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Capital public
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Infrastructures, voies publiques, routes, etc...
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Lucas, Becker (1988)
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Capital humain
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Education, investissement intellectuel
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Romer(1990), Schumpeter (1986)
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Progrès technologique
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Accélération technologique, hi-tech, etc...
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Romer (1990)
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Capital physique
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Machines productives, Accumulation des capitaux fixes,
etc..
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Romer (1990)parle du capital physique : c'est une
accumulation des capitaux à moyen et long terme, dans lequel investit
une firme pour faciliter la production des biens et services. Ceci a donc pour
effet d'augmenter le rendement de l'entreprise, hausser la production et
booster la croissance économique.
Il (Romer) va plus loin pour faire une étude sur
l'importance de la technologie dans le processus de la croissance. Il
considère que le progrès technologique n'est pas une variable
aléatoire, comme l'ont préconisé les auteurs de la
croissance exogène, mais plutôt une variable endogène qui
joue un rôle prépondérant dans la croissance. L'Etat devra
donc encourager les innovateurs par une fiscalité
légère.
Barro (1990), quant à lui, intègre les
infrastructures publiques (routes, investissements publics, etc..) parmi
les déterminants de la croissance. En fait, les infrastructures
facilitent le transport et ce faisant, l'offre des biens et services.
Lucas (1998), quant à lui, pense que tout doit
être centré sur l'homme. Il définit le capital humain comme
l'ensemble de faculté apprises par une personne qui lui permettent
d'augmenter sa productivité. Rebello (1990) parle aussi du capital
humain, qu'il définit comme l'ensemble des formations et connaissances
et bonne santé du travailleur qui le rend actif.
L'intérêt pour les pays émergents provient
du fait qu'ils constituent un modèle de réussite
économique pour la majorité des pays en développement. Il
convient dès lors de voir si la création de richesses qu'on y
observe s'accompagne notamment de la réduction de la pauvreté, un
enjeu majeur dans les pays africains, comme la RDC. C'est ainsi que la
présente étude se portera sur la croissance inclusive au sein de
pays émergents.
Les critères communément évoqués
par les analystes économiques sont les suivants : un taux de
croissance économique supérieur à 5%, une stabilité
garantie de la situation politique, un taux d'éducation de la population
juvénile élevé, un taux d'inflation stable, etc...
Pour quantifier et interpréter la croissance
économique inclusive, deux indicateurs sont retenus ; il s'agit du
PIB par tête habitant, indicateur usuel pour mesurer la production et, ce
faisant, la croissance, d'une part, et l'indice de Gini pour les
inégalités sociales.
La littérature sur la croissance inclusive montre
clairement que la croissance peut être considérée comme une
condition nécessaire mais pas suffisante pour garantir le
bien-être social.
Dès lors, on peut se poser la question suivante :
comment rendre la croissance économique inclusive ? Le premier
aspect dont on tient souvent compte quand on parle de la croissance inclusive,
est probablement celui de la répartition des richesses. On s'accorde
généralement à dire qu'il s'agit d'une forme de croissance
qui profite au plus grand nombre. On parle au sujet à ce sujet de
croissance pro-pauvre.
Au regard de tout ce qui précède, nous nous
sommes posé les questions de savoir :
Ø Quelle relation existe-t-il entre le PIB per capita
(croissance) et l'indice de Gini (inégalités sociales) ?
Ø La croissance économique au sein de pays
émergents, peut-elle être appelée
« inclusive » ?
Ces préoccupations constituent le champ d'investigation
de la présente étude.
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