Paragraphe III : les approches théoriques du concept
de croissance
économique
Trois courants de pensée expliquent l'évolution des
approches de la croissance.
A. Les pessimistes
Pour David Ricardo on ne peut échapper à
l'état stationnaire parce que les mécanismes économiques
s'opposent. Ainsi, la population augmentant, le prix des biens
nécessaires (achetés par les travailleurs) ne cessera de
croître, car leur production exigera toujours plus de travail, en raison
des rendements décroissants. Ce qui augmente la rente foncière
(différences de rendement entre les terres les plus productives et les
terres les moins productives) des propriétaires, mais aussi, en
renchérissant les salaires, comprime les profits et finit par paralyser
la croissance.
Pour Malthus contrairement à la loi des
débouchés de J.B. Say, l'incitation à la consommation et
à l'investissement finit inéluctablement par devenir insuffisante
pour dynamiser le système.
L'incitation à la consommation, parce que la richesse
tend davantage à se concentrer entre des mains des rentiers au lieu de
se diffuser dans l'ensemble du corps social. L'incitation à
l'investissement, parce qu'il ne vaut pas la peine de produire davantage
lorsque les débouchés se révèlent insuffisants.
C'est donc autant pour des raisons économiques que pour des raisons
démographiques que le système se bloque, que la croissance est
freinée, puis empêchée.
B. Les moralistes
Keynes pense que du fait d'une utilité marginale
forcement décroissante, l'attrait de la marchandise se réduit peu
à peu et que d'autres activités, jugées plus valorisantes
comme la culture, les amis, la politique, viennent alors progressivement se
substituer aux activités économiques (passer des valeurs d'avoir
à des valeurs d'être). La croissance se poursuit donc.
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Pour J.K. Galbraith, malgré une forte croissance, la
pauvreté n'a pas été éliminée dans les pays
riches comme les Etats-Unis, du fait des inégalités et du refus
majoritaire d'une redistribution suffisante des richesses. « Si la
production crée les besoins qu'elle cherche à satisfaire ou si
les besoins surgissent en même temps que la production, on ne peut plus
utiliser l'urgence des besoins pour défendre l'urgence de la production.
La production se contente de remplir le vide qu'elle a elle-même
créé ». De ce fait, la justification de la croissance comme
créant davantage de bien-être est illusoire. Seule la production
de services collectifs, parce que ces services (l'école, les transports
publics, les espaces verts,...) sont en mesure de réduire les handicaps
dont souffrent les populations les plus pauvres.
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