1- Les termes de l'échange et la croissance
Les termes de l'échange correspondent au rapport entre
les valeurs unitaires des exportations et les valeurs unitaires des
importations. Le Burkina Faso a été soumis à des chocs
importants des termes de l'échange dont le graphique suivant
révèle le caractère instable depuis les années
2000.
Graphique 6 : évolution des termes de
l'échange au Burkina Faso de 2000 à 2010
140
120
100
40
80
60
20
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Indice des termes de l'échange des marchandises nets
(2000=100)
Indice des termes de l'échange des marchandises
nets (2000=100)
Source : WDI, 2010.
Une amélioration des termes de l'échange, si
elle n'est pas captée par l'Etat ou les organismes de commercialisation,
permet une augmentation des revenus, dont les effets sur l'offre agricole sont
différents selon qu'ils sont perçus comme transitoires ou
permanents par les producteurs.
Dans le cas du Burkina Faso, d'une part, l'augmentation de
revenus est probablement considérée comme transitoire par les
producteurs. L'instabilité passée des termes de l'échange
telle qu'elle apparaît dans le graphique précédent rend
plausible cette hypothèse. D'autre part, dans le secteur agricole, au
cours des périodes de pointe, règne vraisemblablement le plein
emploi des facteurs (absence de chômage involontaire). Par
conséquent, l'augmentation des revenus doit entraîner une
substitution significative du travail à des activités non
productives. On peut
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s'attendre, dans cette hypothèse, à un
ralentissement de la croissance lors du retournement des cours des produits
agricoles puisqu'il se produira alors un effet de substitution inverse :
augmentation du temps consacré aux activités non productives au
détriment des activités productives agricoles. Pour l'ensemble
des secteurs d'activité, l'instabilité des termes de
l'échange est responsable d'un risque accru qui peut affecter la
croissance globale de l'économie par l'intermédiaire de
l'investissement ou de l'offre de travail. S'agissant de l'investissement, il
est possible dans certaines hypothèses, que l'instabilité des
termes de l'échange accroisse l'épargne de précaution
(Kimball, 1990 ; Combes, 1996) : l'agent qualifié de « prudent
» se protège d'un accroissement du risque en accentuant la
substitution inter-temporelle de ses ressources en faveur du futur. Cependant
l'augmentation de l'épargne ne signifie pas forcement un accroissement
de l'investissement productif. En effet, la défaillance dans les
mécanismes de collecte de l'épargne au Burkina Faso risque
d'empêcher la mobilisation de l'épargne qui demeure sous forme
d'encaisses oisives. De plus, l'instabilité des termes de
l'échange constitue un facteur d'accroissement du risque
défavorable à l'investissement.
L'offre de travail pourrait également être
affectée par l'instabilité des termes de l'échange.
Confronté à un accroissement du risque sur les revenus du
travail, les travailleurs sont susceptibles d'accroître leur temps de
travail pour se garantir des revenus suffisants en cas de chute (effet de
revenu). Mais, ils peuvent également augmenter leur demande de temps
consacré à des activités non productives pour
réduire leur degré d'exposition au risque (effet de
substitution). L'effet net est donc ambigu. On peut cependant penser que dans
le cas d'une économie pauvre comme le Burkina Faso, l'effet de revenu
l'emporte sur l'effet de substitution dans le but de garantir aux agents une
consommation minimale en cas de chute de leurs revenus.
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