L'importance de l'intervention de l'état dans la gestion de la rivière haut-du-cap dans la commune du cap-haà¯tien : nord d'Haà¯ti.( Télécharger le fichier original )par DIeulima NORESTOR MADISON INTERNATIONAL AND BUSINESS SCHOOL - MASTER EN PROJECTS MANAGEMENT 2015 |
Section III : Constatation du problèmeLa situation catastrophique de l'environnement haïtien d'aujourd'hui est fortement liée à la crise des petites exploitations agricoles, l'urbanisation anarchique, la forte pression sur les ressources naturelles et la déficience du cadre institutionnel et légal. Cette situation s'est aggravée au cours de ces dernières années à un point tel que l'on parle d'irréversibilité de la situation. L'environnement en Haïti reflète pour une bonne part les problèmes structurels auxquels fait face l'immense majorité de sa population. En effet, Haïti est un pays en situation d'extrême vulnérabilité face aux aléas naturels et en proie à de croissantes menaces complexes, fruit de l'interaction entre menaces naturelles aggravées par la dégradation de l'environnement, les taux très élevés de pauvreté et de vulnérabilité sociale de sa population et des problèmes de gouvernance et de non-maîtrise de l'espace rural et urbain (7). Le vrai problème dans le cadre de ce mémoire, c'est que l'agglomération du Cap-Haïtien se réclame de ses droits de liberté, d'égalité et de fraternité. Voyant sa situation déplorable, elle se demande est-ce qu'effectivement en Haïti, il y existe des autorités étatiques ? Constatant les conditions de vie des gens dans les zones à hauts risques et inondables, dans la misère noire, dans la mal-cité, et tant d'autres problèmes à la merci des catastrophes naturelles et aux désastres, elle se dit être des va-nu-pieds, des enfants de rue sans parents, des orphelins, des boeufs sans queue. En revanche, on se demande si l'État Haïtien existe davantage ou s'il est mort ? D'où l'importance de l'intervention géniale de dernier. 6. PROGRAMME ET STRATÉGIE DE REFONDATION DE L'ÉTAT-NATION (PSREN) (OPL) Òganizazyon Pèp k'ap Lite, #33, Professeur Sauveur Pierre ÉTIENNE, Candidat à la présidence, Juin 2015, pp 15-20. 7 . Université d'État d'Haïti, Support de cours de Gestion de l'Environnement, Dr. SAINT LOUIS Jonathan, MSc. Prof. 14 15 Il faut souligner avec un trait rouge que dans les pays sous-développés comme Haïti, l'incapacité des gouvernements à résoudre les problèmes prioritaires (élimination de la pauvreté extrême, dépendance économique et technologique, déficit élevé des finances publiques, nécessité d'améliorer les cadres de vie et d'augmenter les infrastructures nécessaires au développement, besoins en logement, manque d'emploi, etc.) explique que la question des risques et des désastres ne soit pas considérée comme une priorité. Ces gouvernements semblent minimiser l'importance des menaces naturelles cherchant à se libérer ainsi de leurs responsabilités. Ils préfèrent à s'attacher à résoudre ou rendre moins évidentes les nécessités les plus criantes (urgentes, d'ailleurs, depuis plusieurs décades). Cela s'explique et se comprend parce que les connaissances sur la vulnérabilité et la gestion des désastres restent limitées. Font également défaut des instruments efficaces pour aider les décideurs à mieux orienter leurs politiques. Aujourd'hui, l'inexploitation et la mauvaise utilisation des ressources, l'insuffisance des gîtes touristiques existant empêchent à la ville du Cap d'avoir la même allure qu'elle avait autrefois. L'absence de bonne gestion de la ville engendre des problèmes de toutes sortes. La ville du Cap-Haïtien, par son histoire, sa culture et son architecture, représentait un pôle d'attraction pour le tourisme, mais aujourd'hui avec la dégradation ascendante de la situation, on ne peut plus en parler. La ville du Cap, depuis bien des décennies est très fragile voire vulnérable. Elle connait des problèmes énormes, tels:
Ce dernier cas est produit par le phénomène de l'explosion démographique qui augmente de jour en jour à travers le monde. « Pendant des siècles, l'humanité a connu une croissance ralentie, le poids de la mort bridant considérablement l'accroissement de l'espèce humaine qui ne comptait qu'un milliard d'habitants vers 1820. La diffusion récente des techniques sanitaires et médicales, cependant, a entraîné un recul durable de la mortalité partout dans le monde. Tous les pays, ou presque, ont aujourd'hui entamé leur transition démographique. C'est ce qui explique la brutale accélération de la croissance démographique contemporaine, la population mondiale s'étant accrue, en moins d'un siècle, de 4 milliards d'habitants supplémentaires -- 2 milliards d'habitants en 1920, 3 milliards en 1960, 6 milliards en l'an 2000. Cet essor considérable est, pour l'essentiel, le fait des pays du tiers-monde (8) dont le cas d'Haïti est pire. A ceci, nous pouvons ajouter le phénomène de l'exode rural qui constitue la migration des populations rurales vers les villes. Actuellement, ce fléau d'exode rural touche principalement les pays en voie de développement. Ces flux concernent chaque année plus d'une trentaine de millions de personnes. Ils ont pour corollaire un développement urbain sans précédent. La vie rurale provoque, par ses insuffisances, un phénomène de rejet. Les activités agricoles sont peu prometteuses et peu valorisantes, les loisirs relativement réduits. À l'inverse, la ville, qui semble scintiller de mille attraits, attire les jeunes, en particulier les jeunes hommes. Mais comme l'attraction de la ville ne correspond pas à un appel de main-d'oeuvre dans le secteur industriel ou du tertiaire, il en résulte un chômage urbain croissant. De plus, cet afflux de populations vers les villes entraîne un certain nombre de problèmes, parmi lesquels la pénurie de logements. L'expansion des métropoles a donc provoqué la dégradation de certains quartiers et la prolifération des bidonvilles où sévit l'absence d'équipements collectifs (9) dont le Cap-Haïtien est à la tête de liste. « D'une façon générale, les flux migratoires semblent s'orienter vers les villes secondaires comme le Cap-Haïtien où les activités liées au port sont très en vue et occupent une majorité de la population active. L'espace urbain ainsi que la densité de population ont doublé en moins de 20 ans tant les flux de migrants en provenance des zones rurales des départements du Nord et du Nord-Est sont importants. Les jeunes ruraux de ces départements-ci n'aspirent plus à entrer à Port-au-Prince mais plutôt au Cap-Haïtien où ils accèdent plus facilement à certains services, à l'éducation et à certaines activités économiques. L'accès à certains services de base ainsi qu'aux loisirs sont similaires quand on compare le Cap-Haïtien à Port-au-Prince. Ils s'établissent dans les hauteurs des mornes et aux environs de l'aéroport, en construisant n'importe comment et n'importe où. Cette photo a été prise le dimanche 6 septembre 2015, à 6heures PM à la rue 2 où existait le Vieux Pont (Hypolite). i. Problème Inondations et crues torrentielles Les évènements catastrophiques liés aux pluies diluviennes sont devenus monnaie courante ces cinq dernières années dans la ville du Cap-Haïtien. Les parties basses de la ville sont affectées par la
16 submersion alors que les parties hautes le sont par le sur-ruissellement. La ville et les mornes environnants sont menacés par les crues torrentielles, les mouvements de terrain. En 1942, et en 1949 surtout, de fortes averses (déluge selon certains) au niveau national, ont occasionné d'importantes pertes en vies humaines dans la commune. Les dernières inondations, quoique peu ou pas meurtrières, ont révélé la vulnérabilité de la ville. Les eaux torrentielles qui dévalent le Morne du Cap, la rivière Haut-du-Cap et les mornes aux pentes fortes (où des blocs rocheux risquent de se détacher une fois que leur base est gorgée d'eau), représentent des menaces d'autant plus redoutables que les espaces directement exposés sont densément peuplés. Les conséquences des inondations sont dramatiques pour les habitants des quartiers du bas de la ville (Petite Anse, par exemple) où l'eau monte certaines fois de plus d'un mètre submergeant les maisons dont les planchers sont érigés en moyenne à 50 cm du sol. Lors des fortes averses, les maisons sont inondées pendant plusieurs jours et les eaux charrient des immondices et des déchets de toutes sortes (même des excréments) accumulés dans les ravines. En l'absence de drains et/ou d'issues pour les drains, les eaux passent plusieurs jours avant de s'évaporer ou de s'infiltrer dans le sol. Plusieurs causes sont à l'origine de la répétition et de l'impact redoutable des inondations au Cap-Haïtien : ii. Constructions dans des zones basses, à l'embouchure de la Rivière du Haut du Cap et sur le littoral de la baie Depuis 1986, notamment, des quartiers entiers ont été érigés sur les rives immédiates de la Rivière du Haut-du-Cap (quasiment fermée) qui est remplie de boue, de fatras et de matières plastiques, et au bord l'Ouest du pont neuf, tout au long du rivage de cette dernière, on installe de nos jours des lampes à d'air qui, tous les soirs, éclairent non pas les gens mais plutôt ces genres de choses (les immondices, déchets, etc.), qui, les regardant donnent de la nausée et de la démangeaison (cette situation constitue un cancer, un mal endémique pour la beauté et la fraîcheur de la ville) ; ainsi que dans les ravines et dans les zones marécageuses où se déversaient l'eau de drainage urbain. En obstruant ainsi les voies de passage, d'écoulement et de drainage des eaux, ces quartiers et ceux de leur périphérie immédiate sont perpétuellement menacés par les inondations. Ces photos ont été prises à côté même de la route nationale (du pied du pont neuf allant à la rue 5 boulevard, le dimanche 6 septembre 2015, vers 6 heures de l'après-midi). 17 Il faut signaler que la plupart des maisons des quartiers décrits précédemment sont construites illégalement, en dehors de toute planification urbaine et ne respectent pas les normes de construction les rendant, du coup, très vulnérables. Les faibles infrastructures urbaines existantes (caniveaux, drains, ponts) sont postérieures à la colonisation des lieux et sont souvent conçues de manière inadéquate et inefficace. Souvent sous-dimensionnées, elles peuvent aggraver les effets d'une inondation. La densité de l'habitat ne fait qu'en augmenter l'impact. Ici c'est l'image de la route nationale (pont neuf, le dimanche 6 Septembre 2015, vers 6 heures de l'après-midi). Dans les quartiers de Shada, Bas Aviation, Fort St Michel, Blue Hills, Conassa, Fougerole, Cité du peuple, Champin, EPPLS etc, les cas d'inondation sont très fréquents. Les pluies, même de faible intensité (ce qui se produit presque annuellement et même deux fois par an certaine fois), font monter le niveau de l'eau, inondant les maisons. Selon les habitants de Bas Aviation, la marée montante lors de pleine lune, suffit pour inonder ce quartier. Le niveau de la chaussée étant plus élevé que celui des maisons, celles-ci restent inondées même après que l'eau se trouvant sur la chaussée ait été évacuée. Ce risque s'aggravera au cours des prochaines années en raison des effets attendus des changements climatiques, la montée du niveau des mers en particulier. Et surtout lorsqu'on observe que les gens continuent à créer des espaces aux coins de l'embouchure même avec des fatras/immondices/déchets en matières plastiques en vue de construire des maisonnettes soit en bambou, soit en palette etc. et ils construisent même leurs latrines dans ces espaces au-dessus de l'eau mettant en danger leur propre vie et celle de toute la population. Les flaques d'eau stagnante subséquentes aux inondations sont quasi permanentes dans les quartiers de Bas-Aviation, de Shada et de Blue Hills. Elles favorisent la prolifération de moustiques et expliquent les nombreux cas de malaria, de filariose (Gwo pye) et de mycoses (Dèyè fann) observés dans ces quartiers. 18 iii. Hiérarchisation des menaces et des risques Les menaces et risques majeurs identifiés par la population sont essentiellement anthropiques et liés aux problèmes environnementaux; ils affectent la ville dans son ensemble et tout particulièrement les bidonvilles. Ceux-ci sont, par ordre de priorité : -- Le déboisement et l'érosion ; -- Les inondations ; -- L'environnement sanitaire ; -- Les constructions anarchiques ; -- Les problèmes d'insécurité. Quoique le Cap soit classé comme la zone à risque sismique le plus élevé du pays, il n'existe pas de mémoire collective à ce sujet. Ceci est fort compréhensible vu que le dernier tremblement de terre important date de près de deux siècles. La population est bien plus préoccupée par les désastres les plus imminents : ceux liés aux eaux de pluie et à la surpopulation. Selon les participants aux rencontres, ces différents problèmes sont liés et font partie d'un cercle vicieux : les problèmes de déboisement et d'érosion, dus à la misère chronique, entraînent l'exode des habitants du monde rural qui viennent s'entasser dans les quartiers de la ville du Cap, à la recherche de meilleures conditions de vie. Or, aujourd'hui, ces derniers croupissent dans des milieux insalubres qui violent toutes les règles d'hygiène. Tableau A : Les quartiers à risque du Cap-Haïtien selon le type de menaces
19 iv. Répartition spatiale et niveaux des risques Pour ce qui est du niveau de vulnérabilité des quartiers, les résultats montrent que toute la ville est extrêmement vulnérable compte tenu, notamment, de la surpopulation, des déficiences notoires dans les infrastructures de base, des carences chroniques en services de base et de l'insalubrité générale. Toutefois, certains quartiers le sont davantage que d'autres selon le type et les manifestations de la menace considérée. Par exemple, la partie basse de la ville reste la plus affectée par les problèmes d'inondation puisqu'elle se trouve dans une zone naturellement marécageuse où se déversent, en plus, les eaux de pluie et usées. Dans les quartiers de Petite Anse, Bas Aviation, il n'existe aucune infrastructure et service de base : pas d'eau, pas de réseau électrique, pas de rues et pas de drainage, pas d'école ni centre de santé, très peu de fosses d'aisance (les excrétas humains jonchent les rues). En résumé, les quartiers les plus à risque restent ceux se trouvant dans la partie sud / sud-est de la ville du Cap-Haïtien : La Violette, Bel-Air, Sainte Philomène, Cité Champin, Cité du Peuple, La Fossette, Petite Anse, SHADA / Aviation. Ce sont également les quartiers les plus peuplés et les plus dépourvus en infrastructures (10). » Tableau B : Les quartiers à risques du Cap-Haïtien
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