Paragraphe 2 : La faible intégration du
pétrole à l'économie
D'après une analyse de A. O. Hirschman (1964), la
présence dans un espace économique d'une industrie de grande
taille peut entraîner, par des effets de liaison en amont ou en aval, la
création dans son sillage d'industries « satellites », de
moindre taille, ayant pour activité de produire localement des inputs
pour l'industrie de grande taille (liaison en amont) ou utilisant comme inputs
pour leur propre activité les outputs de l'industrie de grande taille
(liaison en aval)1. Si ces liaisons en amont et en aval sont bien
établies, l'industrie de grande taille devient alors bien
intégrée à l'économie, les consommations
intermédiaires croisées entre industrie de grande taille et
industries « satellites » seront plus intenses, l'accroissement de
l'activité d'une industrie entraînera l'augmentation de
l'activité des autres industries. Cependant, dans le cas du Gabon, l'on
constate d'après le tableau entrées-sorties (TES) de 2001 joint
en annexe III que l'industrie pétrolière est faiblement
intégrée au reste de l'économie, en dépit de son
poids important dans le produit intérieur brut (PIB) : en aval, il
existe seulement quelques raffineries qui en 2001 ont utilisé 4,4 % de
la production de pétrole comme consommation intermédiaire, le
reste de la production pétrolière, soit 96,1 %, étant
presque entièrement exporté ; en amont, seules les branches
« services » et « autres industries » entretiennent de
faibles liens avec l'industrie pétrolière dont elles constituent
les principaux fournisseurs locaux de consommations intermédiaires
à des proportions respectives de 10,3 % et 5,6 % de la production totale
de la branche « pétrole » en 2001. Cependant, l'Etat est le
principal bénéficiaire des revenus pétroliers du Gabon
dont il capte la valeur ajoutée à hauteur de 69,5 % sous forme
d'impôts2. Il serait donc pertinent de dire que le
pétrole sort du Gabon « sans guère y laisser de traces
»3.
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