L'impact des revenus pétroliers sur l'économie d'un pays exportateur. Le cas du Gabon.( Télécharger le fichier original )par Sylvain ENGOANG Université Pierre Mendès France de Grenoble II - Master 2 Finalité Recherche en Economie internationale et stratégies d'acteurs 2006 |
Section 2 : L'adoption des politiques oeuvrant pour un retour d'une économie de redistribution à une économie de productionEn vue d'améliorer la contribution des revenus pétroliers au développement du Gabon, les Autorités gabonaises doivent également mettre en place des politiques oeuvrant pour le retour d'une économie de redistribution de la rente à une économie de production de richesses. Ces politiques doivent être axées sur la mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance et sur la promotion d'un véritable secteur privé industriel. 1 Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques : « Données statistiques », http://www. stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006. 2 P. Metougue Nang (2001) : « Création d'entreprises et réformes économiques au Gabon. Observations des faits », Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation, Documents de travail, n° 48, décembre 2001, p. 12, http://www-heb.univ-littoral.fr/rii/Docs/doc48.pdf, consulté le 10/08/2006. 38 Paragraphe 1 : La mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernanceParmi les solutions à adopter pour améliorer la contribution de la manne pétrolière au développement du Gabon, la mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance se présente comme une condition sine qua non dans la mesure où les phénomènes de corruption et de clientélisme, qui perturbent le bon fonctionnement de l'économie, naissent et grandissent du manque de transparence dans la gestion de la chose publique. Pour les élites des milieux politiques et d'affaires, l'absence de transparence permet en effet de préserver les avantages acquis de manière illicite. Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, ce manque de transparence naît du déficit de démocratie et de la défaillance des institutions. C'est dans ce sens que M. Mucherie (2005) souligne que « s'agissant de la malédiction pétrolière, il faut préciser qu'elle ne joue pleinement que si et seulement si les «bonnes institutions» (celles qui garantissent un contrôle parlementaire et des contre-pouvoirs, celles qui définissent avec soin et protège les droits de propriété, celles qui organisent la concurrence sur les marchés des biens, du travail et des capitaux) ne sont pas au rendez-vous »1. Au Gabon, par exemple, le manque de transparence résulte de l'absence d'institutions réellement démocratiques et du manque d'un appareil judiciaire véritablement indépendant. Ainsi, en vue de briser les liens de clientélisme qui gangrènent le Gabon et pour reconstruire une économie de production, les détenteurs du pouvoir étatique doivent adopter les principes2 de la bonne gouvernance tels que : - l'obligation de rendre compte : les administrations publiques doivent expliquer aux citoyens la conformité de leur action et des résultats de leurs décisions aux objectifs préalablement fixés dans le cadre du fonctionnement d'une démocratie participative impliquant les institutions et la société civile ; - l'obligation de transparence : le fonctionnement des administrations et entreprises publiques doit être ouvert à l'examen de la Cour des comptes, du Parlement, de la société civile et parfois des institutions extérieurs (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Transparency International, ...) ; il est à souligner que le Gabon a adhéré en mai 2004 à l'Initiative sur la transparence des industries extractives (EITI), 1 M. Mucherie (2005) : « Economie du pétrole (II), Pétrole et développement : une chance ou une malédiction ? », p. 5, http://www.melchior.fr/melchior/melchior.nsf/html/, consulté le 11/07/2006. 2 OCDE : « Principaux éléments de la bonne gouvernance », http://www.oecd.org/documentprint/0,2744,fr_2649_33735_1814576_1_1_1_1,00.html, consulté le 10/07/2006. 39 initiative qui vise à encourager la publication des transactions entre les Etats et les industries minières et pétrolières ; - la primauté du droit : les autorités publiques doivent veiller à l'égalité des citoyens devant la loi et lutter contre la corruption. La mise en oeuvre effective de ces principes favorisera une allocation efficiente des ressources entre les différents secteurs de l'économie et un développement des activités productives. |
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