Les déterminants de l'inflation en Mauritanie.( Télécharger le fichier original )par Mohamed EL Moctar KHATTRY Université de Cocody - Master 2 Hautes études en gestion de la politique économique. 2013 |
INTRODUCTION1. Contexte et problématiqueVaste désert enclavée à l'Est par l'Atlantique sur 700 km et au Sud par le Fleuve Sénégal, peuplée de trois millions d'habitants, la Mauritanie a longtemps vécu de ses ressources minérales de fer et en produits de la pêche. Le facteur pétrolier a permis le démarrage économique du pays à partir du milieu des années 2000, mais la production s'est reculée depuis 2010. D'autres secteurs, en particulier la production d'or, devraient prendre le relais comme moteur de la croissance pour les dix prochaines années. Les permis d'exploration dans le secteur minier et celui des hydrocarbures continuent de se multiplier et de se diversifier. En Mauritanie, l'inflation est mesurée par l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation qui est calculé mensuellement par l'Office National de la Statistique (ONS). Le fort taux d'ouverture qui caractérise l'économie mauritanienne se traduit par : - un système productif local qui exporte l'essentiel de ce qu'il produit (pêche, fer, pétrole) ; - une demande intérieure qui se porte essentiellement sur les importations (en provenance d'Europe pour la plupart) pour tout ce qui concerne les biens de consommations courantes. La Mauritanie, qui a réalisé des résultats encourageants sur l'année 2012, mise sur une croissance de plus de 5% en 2013, en comptant notamment sur un cours élevé des produits miniers (fer et cuivre) et sur la reprise économique de ses principaux clients et partenaires commerciaux. Au cours de la période 2001-2004, le taux d'inflation annuel moyen s'est situé à 7,2% contre un objectif de 2,4% assigné dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP I). Elle a été essentiellement portée par les chocs agro-climatiques, des politiques budgétaires et monétaire expansionnistes et la flambée des cours internationaux du pétrole. Après une forte remontée en 2005 (12,1%), l'inflation a fortement baissé en 2006 (6,2%) avant de se stabiliser à 7,3% en 2007 et 2008. En 2012 l'inflation mondiale est restée globalement modérée, sous l'effet notamment du ralentissement de l'économie mondiale et de la décélération des prix du pétrole et d'autres matières premières. Ainsi, dans les pays avancés, le taux d'inflation a baissé, à 1,9% contre 2,7% en 2011. De même, dans les pays émergents et en développement, l'inflation est passée de 7,1% en 2011 à 6,1% en 2012. Dans cet environnement international difficile, l'économie mauritanienne a connu une reprise, après le ralentissement lié à la sécheresse, observé l'année précédente. Le rythme de l'inflation a reculé, pour s'établir à 3,4% en glissement annuel et 4,9% en moyenne annuelle en 2012, contre respectivement 5,5% et 5,7% en 2011. Ce recul est lié à la poursuite d'une politique monétaire prudente et les effets modérateurs des prix administrés pour certains produits de première nécessité en faveur des populations les plus vulnérables.1(*) En 2013 l'inflation est tombée à 3,3 % (en glissement annuel) au mois de mars. Les prix des produits alimentaires locaux ont augmenté faiblement sous l'effet de bonnes récoltes et les prix administrés des principales denrées de base importées ont continué de transmettre de façon limitée les effets de la hausse des prix internationaux des produits alimentaires2(*). Dans ce contexte, et dans l'atmosphère de la conjoncture économique actuelle, et malgré les mesures de politiques économiques qui ont été prises, le niveau de l'inflation reste inchangé. Le mot inflation vient du latin inflare, qui signifie gonfler. Le terme inflation désigne une augmentation durable, générale, et auto-entretenue des prix des biens et des services. Elle est aussi provoquée par l'accroissement de la circulation de la monnaie (masse monétaire). L'inflation est au centre des préoccupations des autorités politiques et monétaires, des investisseurs et des populations. Elle est reconnue comme un phénomène néfaste pour une économie nationale en raison de ses effets rédistributifs sur le revenu et les richesses, ainsi que ses conséquences sur l'efficience économique. En effet, le taux d'inflation est l'un des quatre indicateurs clés qui permettent de visualiser synthétiquement l'état de santé d'une économie, ou conjoncture (le PIB et le chômage, liés à des objectifs de croissance ; le taux d'inflation et le solde de la balance des paiements, reliés à des contraintes d'équilibre intérieur). Si l'inflation a toujours, à long terme, des effets négatifs, elle peut avoir, à court terme des effets positifs. Il faudra préalablement pouvoir en mesurer les conséquences de l'inflation sur les ménages et sur les entreprises. Les ménages peuvent être perdants si les salaires ne suivent pas la hausse. En période inflationniste, il faut emprunter car l'inflation allège les charges de remboursements des prêts. Une inflation modérée et soutenue peut stimuler le crédit, donc les investissements et la consommation des ménages. Dans une économie de marché, les prix et leurs évolutions constituent un signal pour les producteurs et les consommateurs. L'évolution des prix à court et à long terme détermine les décisions d'investissement, de production, de consommation et d'épargne des agents économiques. Une inflation non maîtrisée est un facteur d'instabilité macroéconomique majeure redouté par les gestionnaires de l'économie. En effet, elle crée et accentue l'incertitude sur la conjoncture, réduit l'investissement et l'épargne, anéantit le pouvoir d'achat des ménages et affecte la compétitivité globale de l'économie. L'histoire économique donne des cas d'inflation chronique ou d'hyperinflation ayant conduit à des désastres socioéconomiques -Allemagne après la première guerre mondiale, Bolivie en 1985 - notamment la perte de valeur de la monnaie des échanges contraignant les agents économiques à chercher des devises comme substitut à la monnaie nationale. La lutte contre l'inflation est au centre de toutes les politiques économiques. Mais faute des mesures adéquates, de nombreux pays n'arrivent pas toujours à la juguler ou à la ramener et à la maintenir à de bas niveaux. En Mauritanie, plusieurs mesures de politique économique ont été mises en oeuvre pour faire face à ce dérèglement de l'économie. Mais les résultats, souvent décevants auxquels ont abouti ces mesures, ont amené les autorités du pays, à s'interroger quant à une politique économique appropriée de lutte contre l'inflation en Mauritanie. La multiplicité des causes de l'inflation conduit nécessairement à la multiplication des mesures à mettre en oeuvre pour y faire face. Toutefois, une bonne politique économique de lutte contre l'inflation nécessite, que les causes et la nature de ce phénomène soient préalablement connues et analysées. A cet effet il est important de répondre à la question suivante : Quelles sont les déterminants de l'inflation en Mauritanie ? Autrement dit quelles sont les causes principales de la hausse des prix en Mauritanie ? * 1 Rapport annuel 2012 BCM * 2 Rapport de FMI N° 13/188 juillet 2013 |
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