REPUBLIQUE DU BENIN
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
INSTITUT DE RECHERCHE EMPIRIQUE EN ECONOMIE POLITIQUE
(IREEP)
Mémoire de fin de formation pour l'obtention du
Master en Économie Publique et Statistique Appliquée (MEPSA)
Éducation, pauvreté et limitation du
Nombre de mandats présidentiels :
Cas du Bénin et du Burkina Faso
Présenté et soutenu par :
Sous la direction de :
Christian Jean-Noël BATIOBO
Pr Léonard WANTCHEKON
Professeur titulaire de Sciences Économique et
Politique
(Université de New York)
Troisième promotion (2008-2010)
« L'INSTITUT DE RECHERCHE EMPIRIQUE EN ÉCONOMIE
POLITIQUE N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS
ÉMISES DANS LE PRÉSENT MÉMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT
ÊTRE CONSIDÉRÉES
COMME PROPRES À LEUR AUTEUR. »
Résumé
L'alternance démocratique peut être
définie comme « la permutation de deux partis ou de deux
coalitions au pouvoir et dans l'opposition. En fait, dans le respect du
régime en vigueur, elle opère un changement de rôle entre
des forces politiques situées dans l'opposition, qu'une élection
au suffrage universel fait accéder au pouvoir et d'autres forces
politiques qui y renoncent provisoirement pour entrer dans l'opposition
» (Quemonne, 2000). Elle constitue pour la
plupart des pays africains un voeu pieux. Vu les
difficultés de sa réalisation, de nombreux études ont
été menées, mais la plupart de ces études se sont
essentiellement penchées sur les aspects institutionnels, ignorant ainsi
le rôle des populations. Dans cette étude, nous nous proposons de
palier à ce déficit en analysant l'impact de la pauvreté
et de l'éducation sur le désir d'alternance démocratique
à partir de l'opinion des populations sur la limitation du nombre de
mandats présidentiels au Bénin et au Burkina Faso. Pour se faire,
les données des enquêtes Afrobaromètre ont
été utilisées. Il ressort au terme de l'étude que
l'éducation a un impact très significatif sur l'opinion des
populations concernant la limitation dans les deux pays tandis que la
pauvreté n'influence pas l'opinion des populations dans les deux pays.
Remerciements
Nos sincères remerciements vont à l'endroit
du Professeur Léonard WANTCHEKON, pour avoir initié cette
formation mais aussi pour avoir accepté d'être le directeur de ce
mémoire.
Nous tenons également à remercier
très profondément le Professeur Augustin LOADA, pour nous avoir
offert un cadre adéquat pour mener nos recherches.
Nous témoignons toute notre reconnaissance
à Adama TIENDREBEOGO, à Thomas OUEDRAOGO, à Saidou
OUEDRAOGO, à Eloi SONDO et à Romuald ANAGO pour leurs appuis et
conseils apportés lors de la rédaction de ce mémoire.
Enfin, nous remercions tous ceux qui nous ont
apportés leurs soutiens moraux, financiers et spirituels tout au long de
notre cursus universitaire.
Dédicaces
Je dédie ce travail à toute ma famille pour
leurs soutiens moraux, financiers et particulièrement pour leurs
prières.
Sommaire
Résumé
iii
Remerciements
iv
Dédicaces
v
Liste des tableaux
vii
Table des figures
vii
Liste des sigles et acronymes
viii
Introduction
1
Chapitre I : Cadre théorique et
Méthodologique
5
1.1. Problématique et
questions de recherches
6
1.2. Objectifs et
hypothèses de l'étude
8
1.3. Revue de littérature
10
1.4. Méthodologie
17
1.4.1. Présentation des
données
17
1.4.2. Présentation des
variables
17
1.4.3. Formes fonctionnelles de
l'indicateur composite de pauvreté
20
1.4.4. Présentation du
modèle probit
22
1.4.5. Présentation du
modèle de propensity score matching
23
Chapitre II : Résultats et Analyses
27
1.5. Construction de
l'indicateur composite de pauvreté
28
1.6. Statistiques descriptives
31
1.7. Présentation et
analyse des résultats
40
1.7.1. Présentation et
analyse des résultats des estimations par le modèle
probit
40
1.7.2. Présentation et
analyse des résultats des estimations par la
méthode d'appariement
45
1.8. Limites de l'étude
48
Conclusions et Recommandations
49
Références bibliographiques
51
Annexes
54
Liste des tableaux
Tableau 1 : Répartition des opinions sur les autres
variables retenues pour l'analyse............................41
Tableau 2 : Résultats de l'analyse
économétrique par le modèle
probit...................................................43
Table des figures
Figure 1: Répartition du niveau d'éducation au
Burkina Faso et au Bénin
..............................................34
Figure 2: Répartition du niveau de pauvreté au
Burkina Faso et au
Bénin...............................................35
Figure 3: Répartition des opinions sur la limitation
du nombre de mandats présidentiels au
Burkina Faso et au
Bénin............................................................................................................
....................36
Figure 4: Répartition des opinions sur la limitation
par niveau d'éducation au Burkina Faso................37
Figure 5: Répartition des opinions sur la limitation
par niveau d'éducation au Bénin............................38
Figure 6 : Répartition des opinions sur la limitation
par niveau de pauvreté au Burkina Faso..............39
Figure 7 : Répartition des opinions sur la limitation
par niveau de pauvreté au Bénin...........................40
Liste des sigles et acronymes
CGD : Centre pour la Gouvernance Démocratique
CDP : Congrès pour la Démocratie et le
Progrès
FNUD : Fonds des nations unies pour la Démocratie
MDC : Movement for Democratic Change
PDCI-RDA : Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain
PDS : Parti Démocratique Sénégalais
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement
PS : Parti Socialiste
ZANU-PF: Zimbabwe African National Union- Patriotic Front
Introduction
Contexte et justification de l'étude
Au lendemain des indépendances, plusieurs pays
africains connurent des périodes d'instabilités politiques
marquées par de nombreux coups d'Etat. Entre autres pays, on retiendra
le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Togo.
Cette période était donc propice à
l'ascension des régimes militaires qui usaient de l'autoritarisme pour
diriger leurs différents pays. Cette ferveur de coups d'État
s'expliquerait par la jeunesse (au plan politique) des pays qui venaient
d'accéder à l'autonomie après plusieurs années de
colonisation. Cependant, il existe des pays qui se sont démarqués
à travers une période relativement stable.
La Côte d'Ivoire et le Sénégal sont des
pays qui ont été marqués par des périodes
relativement stables. En effet ces deux pays n'ont pas connu de coups
d'État dans les 40 années après les indépendances
des pays de l'Afrique de l'Ouest en l'occurrence c'est-à-dire
jusqu'à la fin des années 901(*).
Le début des années 90 fut une période
assez particulière pour de nombreux pays africains
particulièrement ceux de l'Afrique de l'Ouest. Cette période fut
historique en ce sens qu'elle marqua le renouement avec la démocratie.
Selon certains auteurs ce renouement fut le fruit d'un ensemble
d'évènements particuliers. On note tout d'abord, l'effondrement
du bloc de l'est avec l'écroulement du mur de Berlin, ensuite les
différentes conférences nationales des forces vives
(Bénin, Mali,...) et enfin le discours de la Baule. Mais une fois
encore, le bilan de cette démocratisation reste mitigé.
En dépit, de cette vague de démocratisation, de
nombreux pays africains n'ont pas connus d'alternance politique durant ces deux
dernières décennies. Le Bénin peut être cité
comme l'un des rares pays où la démocratisation fut une
réussite. En effet ce pays a connu en deux décennies trois chefs
d'États d'appartenances politiques distinctes. La conférence
nationale des forces vives de la Nation de février 1990 a mis fin
à près de vingt ans de régime marxiste du président
Kérékou. Depuis, l'alternance démocratique a
prévalu avec l'élection du président Soglo, puis le retour
à la tête de l'État de M. Kérékou par la voie
des urnes, à l'issue de scrutins plus ou moins transparents
(Razafindrakoto, Roubaud, 2005). En 2006, le candidat
indépendant Yayi Boni est élu à l'issue d'un scrutin
qualifié de libre et démocratique par les observateurs
internationaux. En plus de ce pays, on peut recenser d'autres bons
élèves de la démocratie en Afrique de l'Ouest tels que le
Ghana et le Mali qui sont aussi cités comme des exemples de
démocratie réussi. Ainsi depuis 1994, le Ghana a connu trois
chefs d'État qui se sont succédés à la tête
de l'État à l'issue d'élections démocratiques :
Jerry John RAWLINGS, John KUFUOR et dernièrement John Atta MILLS. Si
dans certains pays la succession des chefs d'État s'est fait par la voie
des urnes, il existe néanmoins des pays où cette succession est
apparue par d'autres voies.
La Guinée, le Gabon et le Togo sont des États
qui se caractérisent par des anciens chefs d'États qui auront
passés plus d'une vingtaine d'années au pouvoir. Ces chefs
d'États sont tous décédés ce qui a donné
lieu à un changement à la tête de ces pays. Mais en
réalité, il n'y a pas eu d'alternance car, dans le cas du Togo,
c'est son fils Faure EYADEMA qui a hérité du pouvoir à
l'issue d'élection contestée et dans un contexte de violences et
de terreur contre les opposants (Razafindrakoto, Roubaud, 2005).
Aussi faut-il ajouter que c'est à peu près le
même cas au Gabon, le fils du défunt président gabonais,
Ali Ben BONGO qui ayant occupé la place du père dans le parti
majoritaire (Parti Démocratique Gabonais) s'est retrouvé comme
héritier du « trône ». D'autre pays comme la Côte
d'Ivoire ont connu une alternance surtout à cause d'un coup
d'État. En effet, la Côte d'Ivoire quant à elle, a subi un
premier changement après la mort en 1993 du président
Félix Houphouët Boigny, celui qui l'a succédé (Henri
Konan Bédié) fut par la suite renversé en 1999 par le
général
Robert Gueï qui à son tour fut destitué
à la suite d'une élection et d'un coup d'État.
D'autre part on a des pays où aucun changement n'est
survenu à la tête de l'État depuis l'avènement de la
vague de démocratie. Le Burkina Faso, qui depuis les élections de
1991 n'a pas connu de changement à la tête de l'État fait
partie de ce groupe. C'est fort de ces constats que plusieurs études et
recherches ont été menées pour comprendre cet état
de fait. Mais la plupart de ces études pointe du doigt les aspects
institutionnels tels le manque de transparence lors des élections, les
restrictions des libertés des partis de l'opposition, l'ultra dominance
du parti majoritaire, la forte fragmentation de l'opposition et le
déséquilibre au niveau des moyens financiers entre le parti au
pouvoir et ses adversaires. Comme nous le constatons le comportement des
électeurs fait l'objet de peu d'attention. C'est fort de ce constat que
nous nous sommes fixés comme objectif de comprendre le comportement de
ces derniers à travers leurs caractéristiques sociales,
démographiques et économiques. Cette étude
s'intéressera de façon plus approfondies à leurs niveaux
d'éducation et leurs situations économiques. Notre étude
consistera à mesurer l'impact de ces deux variables sur leur
désir de limitation du nombre de mandats présidentiels dans deux
pays d'Afrique de l'Ouest : le Bénin et le Burkina Faso.
Plan du travail
Notre travail est structuré en deux grands chapitres.
Un chapitre lié aux cadres théorique et méthodologique, et
un second pour les résultats et analyses. La problématique, la
revue de littérature, la méthodologie sont regroupés dans
le premier chapitre. Quant aux résultats des estimations et leurs
analyses, ils sont rassemblés dans le chapitre 2. Dans la
problématique, nous exposerons le problème de recherche, la
question de recherche, nos objectifs ainsi que nos hypothèses. Dans la
partie réservée à la revue de littérature, nous
définirons tout d'abord les concepts clés de notre étude,
et nous visiterons également les différents travaux menés
sur la question. En troisième lieu, nous aborderons la
méthodologie utilisée ; d'une part il s'agira d'expliquer le
choix des modèles et de les présenter brièvement, d'autre
part nous présenterons les variables retenues pour notre étude
ainsi que la base de données utilisée. Dans le second chapitre,
nous présenterons nos résultats issus des différentes
estimations et ensuite nous passerons à leurs interprétations et
analyses. Enfin nous terminerons ce travail par quelques recommandations en vue
de consolider nos jeunes démocraties.
Chapitre I : Cadre
théorique et Méthodologique
1.1. Problématique et
questions de recherches
« Nous savons bien que l'organisation
d'élections libres, équitables et pluralistes dans le
respect des droits civils et politiques est une condition sine qua
non de la démocratie. Nécessaires, les élections ne
constituent qu'une pierre de l'édifice démocratique. La
succession de gouvernements démocratiques est une autre
qualité fondamentale de la démocratie. La possibilité
de changer de gouvernement, telle que décidée par le
peuple au travers d'un scrutin, est plus qu'un simple trait
caractéristique d'une démocratie, elle appartient à
la nature même d'un régime démocratique. La succession
d'alternances démocratiques consécutives est un
élément clef du renforcement de la base institutionnelle
d'une démocratie.
Si la problématique de l'alternance se
situe au coeur de la gouvernance démocratique et de l'exercice
démocratique, ce n'est pas un sujet aisé. Cependant, ce
coût à court terme se trouve récompensé sur le
long terme notamment par un renforcement du jeu et des règles
démocratiques. »
Anne-Sophie Le Beux (2009) in discours sur les
défis de l'alternance. Comme le souligne si bien ce fonctionnaire
du Fonds des Nations-Unies pour la
Démocratie (FNUD), l'alternance démocratique
occupe une place de choix dans le processus démocratique de chaque pays.
L'alternance est une question très délicate dans les pays
africains. Elle suscite beaucoup de passion à cause de la manière
dont elle se pratique dans nos États. La plupart des changements
à la tête de l'État survient après le
décès du président (Guinée, Togo, Gabon,...) ou
à la suite d'un coup d'État (Niger, Mauritanie,...). Lorsque dans
les pays africains plus particulièrement d'Afrique de l'Ouest,
l'alternance survient à l'issue d'élections libres et
transparentes alors cela est considéré comme un exploit. Cet
état des faits démontre jusqu'à quel point les
démocraties africaines sont fragiles et l'alternance
démocratique difficile.
C'est en partie cette fragilité qui a conduit de
nombreux pays africains a adopté de nouvelles constitutions dont l'un
des articles les plus fondamentaux est celui relatif à la limitation du
nombre de mandats présidentiels. Cet article favoriserait selon ces
partisans la circulation des élites à la tête de
l'État à défaut d'entraîner l'alternance
démocratique. La clause limitative du nombre de mandats
présidentiels apparaît dans les régimes
présidentiels ou présidentialistes comme un enjeu majeur pour
tous ceux qui font de l'alternance démocratique l'essence même de
la démocratie. (A. Loada, 2003) Le Bénin et le Burkina Faso sont
tous deux dotés de constitutions instituant la limitation du nombre de
mandats présidentiels.
Pour expliquer l'absence d'alternance dans les pays africains,
plusieurs thèses ont été avancées notamment le plus
courant est l'absence d'élections libres et transparentes. Dans de
nombreux pays africains, cet évènement est récurrent
à tel point que les résultats des différents scrutins sont
en général contestés par les perdants qui sont dans la
plupart des cas de l'opposition. On peut citer l'exemple du Zimbabwe, de la
Guinée, du Togo pour ne citer que ceux-ci. A cela s'ajoute la
fragmentation de l'opposition dans les divers pays comme on le remarque au
Burkina Faso, l'ultra domination du parti majoritaire et souvent les alliances
liées entre les pouvoirs religieux et traditionnels avec le parti
dominant.
On remarque donc que la question de l'alternance est
très délicate. Le Bénin et le Burkina Faso ne font pas
exceptions. Ainsi dans les deux pays, les successions à la tête de
l'État ont été précédées souvent par
des coups d'État. Mais le Bénin et le Burkina Faso se sont
démarqués de cette pratique durant les deux dernières
décennies. Ce n'est pas pour autant que ces deux pays sont logés
à la même enseigne en matière de démocratie. Le
Bénin est très souvent cité comme un exemple de
démocratie en Afrique de l'Ouest tandis que le Burkina Faso est
logé à une place peu enviable comme le confirme le classement du
célèbre hebdomadaire britannique The Economist
en 2008 sur la démocratie dans le monde. En effet, le Bénin
occupe la 80e place sur 167 pays avec un indice qui vaut 6.06 sur
une échelle2(*)
allant de 0 à 10 ce qui lui permet d'être considéré
comme une démocratie qui présente quelques failles (flawed
democracy) tandis que le Burkina Faso occupe la 122e place avec une
note de
3.60 qui lui confère le titre de régime
autoritaire (authoritarian regimes).
Selon le classement du Programme des Nations Unies pour le
Développement(PNUD), le Bénin et le Burkina Faso sont
classés dans le lot des pays les moins avancés dans le monde.
Ces deux pays sont caractérisés par une population en
majorité analphabète et pauvre. Ainsi notre préoccupation
principale peut s'énoncer comme suit : En dehors des aspects
institutionnels (organisations des élections, organisations des partis
politiques,...), les caractéristiques économiques, sociales,
culturelles et démographiques des individus n'ont-elles pas d'influence
sur la réalisation d'une alternance démocratique ? Cette
préoccupation peut se scinder en plusieurs questions : La limitation du
nombre de mandats présidentiels est-elle en adéquation avec les
voeux des populations ? Le niveau d'éducation et de pauvreté des
individus ontils des effets sur les convictions des populations quant à
la limitation du nombre de mandats présidentiels ? Existe-t-il d'autres
variables sociodémographiques qui ont un impact sur leurs convictions ?
Voici autant de questions auxquelles nous tenterons d'apporter quelques
éléments de réponses.
1.2. Objectifs et
hypothèses de l'étude
Nos objectifs, dans le cadre de cette étude, se situent
principalement à deux niveaux. D'une part il s'agira de mesurer
l'impact du niveau de pauvreté et du niveau d'éducation sur le
désir de limitation du nombre de mandats présidentiels. D'autre
part, nous voulons déterminer les autres variables qui influencent le
désir des populations dans chacun des deux pays. L'importance du premier
objectif réside dans le fait que la pauvreté et le faible niveau
d'éducation sont deux réalités qui caractérisent
les pays d'Afrique
Subsaharienne particulièrement le Burkina Faso et le
Bénin. En effet, d'après les dernières estimations du
Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), plus de 71.3%
de la population burkinabè âgées de plus de 15 ans est
analphabète et 59.5% de la population béninoise
âgées de plus de 15 ans est analphabète. De même en
analysant les chiffres sur le niveau de vie des populations, on est
consterné. L'incidence de la pauvreté est d'environ 43.3% au
Burkina Faso selon les estimations de 2007 et de 37,4% au Bénin selon
les estimations de 2006. Ainsi formulons- nous les objectifs suivants :
ï Déterminer la proportion d'individu favorable
à la limitation du nombre de mandat présidentiels dans chaque
pays
ï Déterminer l'impact du niveau de
pauvreté et du niveau d'éducation sur le désir de
limitation du nombre de mandats présidentiels.
ï Déterminer les autres variables qui influent sur
le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels.
Pour atteindre ces objectifs, nous formulons les
hypothèses ci-après :
1- Au Bénin, la majorité des individus est
favorable à la limitation du nombre de mandats présidentiels
tandis qu'au Burkina Faso la majorité des individus n'est pas favorable
à cette limitation.
2- L'éducation a un impact positif et significatif sur
le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels dans
les deux pays.
En d'autres termes plus on est éduqué et plus
on aspire à l'alternance dans son pays.
3- La pauvreté a aussi un impact positif et
significatif sur ce désir dans chaque pays c'est-à-dire que plus
on est pauvre et plus on aspire à l'alternance dans son pays.
Intérêt de l'étude
Il faut souligner aussi que l'importance de cette étude
réside dans le fait qu'il n'existe quasiment pas d'étude sur
l'impact des caractéristiques sociodémographiques des populations
sur l'alternance démocratique. Quelques études ont
été menées sur la question de l'alternance en Afrique par
certains politologues mais la plupart de ces études utilisent une
approche qualitative.
Ainsi notre étude se démarque de par notre
approche qui est purement quantitative. Dans cette étude nous nous
pencherons essentiellement sur l'impact des caractéristiques des
populations sur l'alternance démocratique au Burkina
Faso et au Bénin. Ce choix
délibéré s'explique par le fait que nous estimons
qu'au-delà des aspects institutionnels (organisation des
élections, organisation des partis politiques, ...), les
caractéristiques des populations jouent aussi un rôle fondamental
dans la réalisation d'une alternance démocratique.
1.3. Revue de
littérature
Dans cette partie, nous définissons les concepts clefs
c'est-à-dire l'alternance, la pauvreté et l'éducation,
ensuite nous présentons un certain nombre de travaux relatifs à
la question de l'alternance démocratique.
Ø Définition des concepts
Alternance et limitation du nombre de mandats
présidentiels
Plusieurs auteurs ont tenté de donner une
définition de l'alternance démocratique. L'alternance est «
la permutation de deux partis ou de deux coalitions au pouvoir et dans
l'opposition. En fait, dans le respect du régime en vigueur, elle
opère un changement de rôle entre des forces politiques
situées dans l'opposition, qu'une élection au suffrage universel
fait accéder au pouvoir et d'autres forces politiques qui y renoncent
provisoirement pour entrer dans l'opposition » (Quemonne, 2000).
L'alternance n'est donc pas seulement le remplacement d'un individu par un
autre à la tête d'un État mais bien plus. Il s'agit d'un
changement beaucoup plus vaste qui s'étend au parti au pouvoir. Selon
FALL (1977), l'alternance démocratique se définit comme « la
faculté juridiquement organisée pour des partis politiques ayant
des projets de société différents de se succéder au
pouvoir par le jeu des règles démocratiques de dévolution
et d'exercice du pouvoir fondé sur la souveraineté du peuple
».
L'alternance est considérée comme un
critère de consolidation de la démocratie. Ainsi selon
Aristote3(*), la
démocratie est la faculté pour tout citoyen d'être tour
à tour gouverné et gouvernant. Selon Samuel HUNTINGTON, une
démocratie peut être considérée comme
consolidée si elle a connu deux alternances au pouvoir à partir
des premières élections libres (double turnover test). Tandis
que selon le test générationnel ou de longévité,
une démocratie est consolidée lorsqu'elle a fonctionné sur
une vingtaine d'années et est passée par des élections
régulières et libres même si elle n'a pas connu
d'alternance. (CGD) L'importance de l'alternance est telle que Popper en fait
le rapport principal sous lequel se distingue la démocratie de la
tyrannie. Toutefois il existe des démocraties sans alternances. Ce
phénomène est observé dans des pays comme la Suisse.
Le lien entre la limitation du nombre de mandats
présidentiels et l'alternance démocratique n'est pas direct.
Cependant, la limitation des mandats présidentiels favorise la
circulation des élites à défaut de l'alternance
démocratique (A. Loada, 2003 ; T. HOLO, 2009) plus
particulièrement en Afrique. Selon certains analystes, la limitation des
mandats a favorisé l'alternance démocratique dans plusieurs pays
notamment au Ghana en 2000 (A. Loada, 2003) et au Bénin. En effet, selon
certains observateurs, l'ex-président béninois Mathieu
Kérékou serait réélu s'il n'y avait pas de
limitation du nombre de mandats. Selon le Pr. Théodore HOLO (2009), la
limitation du nombre de mandats présidentiel est une disposition vitale
pour l'alternance démocratique.
Pauvreté
La pauvreté est un concept multidimensionnel. Dans la
littérature, il existe plusieurs approches de la pauvreté :
l'approche monétaire et l'approche non monétaire. Dans la suite,
nous allons développer ces deux approches.
La pauvreté monétaire peut se définir
comme l'insuffisance de ressource financière permettant à un
individu de subvenir à ses besoins fondamentaux (se nourrir, se loger,
se soigner, se vêtir, s'éduquer). Ce type de pauvreté est
mesuré grâce à un seuil de pauvreté. Lorsque le
revenu de l'individu se situe en dessous de ce seuil alors il est
considéré comme pauvre. Cette approche est celle des welfariste
ou utilitariste. La Banque mondiale, par exemple, utilise couramment cette
approche dans ces différentes études. L'approche monétaire
de la pauvreté a montré plusieurs limites ce qui a conduit
à l'adoption d'une nouvelle approche qu'est l'approche non
monétaire de la pauvreté.
L'approche non monétaire est une approche qui est
apparue plus récemment pour pallier aux limites que présentait
l'approche monétaire. Il existe l'approche par les besoins fondamentaux
mais aussi l'approche par les capabilités insufflée par
l'économiste Amartya SEN. L'approche par les besoins fondamentaux
s'appuie sur l'accès à la nourriture, aux soins de santé,
à l'éducation, au logement, etc. les individus sont donc
classés en fonction de leur accessibilité aux différents
biens et services de base. Quant à l'approche par les
capabilités, elle stipule que l'élaboration des institutions et
des politiques sociales, ainsi que l'évaluation du bien-être,
de l'inégalité, de la pauvreté et de la justice
sociale, devraient se baser sur l'étendue des «
capabilités » des personnes, c'est-à-dire
l'étendue de leur liberté réelle d'accomplir certains
« fonctionnements ». Ces fonctionnements sont les choses
qu'elles parviennent à réaliser, par exemple lire,
écrire, avoir un travail, être politiquement actif, être
respecté des autres, être en bonne santé physique et
mentale, avoir reçu une bonne éducation et une bonne
formation, être en sécurité, avoir un toit, faire
partie d'une communauté, etc. Pour le dire autrement, une
capabilité est un fonctionnement potentiel ou réalisable,
et l'ensemble des fonctionnements particuliers que quelqu'un a la
possibilité réelle de réaliser représente son
« ensemble-capabilité », ou sa « capabilité
» tout court, c'est-à-dire sa liberté réelle.
(Farvaque et al, 2005)
Dans le cadre de notre étude, nous utiliserons
l'approche par les besoins de bases.
Éducation
Le dictionnaire Petit Larousse définit
l'éducation comme l'ensemble des connaissances intellectuelles, des
acquisitions morales d'un individu.
L'éducation est un droit reconnu dans la
déclaration universelle des droits de l'homme. Ainsi chaque individu a
droit à une éducation.
L'éducation est un concept multidimensionnel qui
regroupe aussi bien l'aspect scientifique, moral, social, technique,
médical, religieux et aussi politique. On distingue en
général deux sortes d'éducation : l'éducation
formelle et l'éducation non formelle. L'éducation formelle
renvoie à ce que l'on désigne habituellement et le plus
spontanément lorsque l'on parle d'éducation. Il s'agit de la
formation qui nous est dispensée dans un cadre officiel et reconnu.
L'éducation formelle est donc l'éducation prise en charge par le
système scolaire et l'ensemble des composantes qui le constituent depuis
la maternelle jusqu'à l'enseignement supérieur.
L'éducation non-formelle propose quant à elle un
temps de formation et d'apprentissage clairement désigné comme
tel, sans que pour autant celui-ci ne conduise à une validation finale
sous la forme d'un examen destiné à évaluer ce qui a
été appris. Cette absence d'évaluation finale correspond
à l'état d'esprit dans lequel elle est dispensée. En
effet, basée sur la seule liberté de ceux qui y participent, elle
cherche à faire prévaloir l'esprit d'initiative chez le
participant, qui est placé sur un pied d'égalité avec
celui qui apprend. Autonomie, esprit d'initiative, démocratie,
échange, tels sont les maîtres mots de l'éducation
nonformelle, qui propose, sur un format ouvert, d'apprendre des choses par le
biais de dispositifs qui permettent une participation active de tous. Ce mode
d'éducation est généralement administré aux
personnes ayant dépassées l'âge normal d'être
scolarisé dans le système formel.
Pour ce qui concerne notre étude nous
considèrerons l'éducation comme le fait d'avoir reçu un
enseignement qui a débouché sur l'obtention de plusieurs
diplômes à divers degrés.
Ø L'alternance démocratique en Afrique :
que dit la littérature ?
Les causes du manque d'alternance démocratique ont fait
l'objet de plusieurs analyses dans de nombreux pays africains. Ces
études ont révélées plusieurs raisons pouvant
être à la base d'absence ou d'existence d'alternance
démocratique. Cependant nous limiterons dans cette partie à
quelques unes des raisons évoquées dans les différentes
analyses. Il s'agira de la fragmentation des partis de l'opposition, de
l'utilisation de la violence et l'existence d'un parti ultra dominant.
Fragmentation des partis de l'opposition
Parmi les raisons avancées, on constate que la forte
fragmentation politique des partis de l'opposition revient dans la plupart de
la littérature. Ainsi selon le Centre pour la Gouvernance
Démocratique au Burkina Faso, le maintien de l'actuel chef d'État
burkinabè à la tête du pays s'expliquerait en partie par
l'extrême fragmentation de l'opposition burkinabè. En effet, il
existe au Burkina
Faso plus d'une centaine de partis. De même au
Sénégal, l'hégémonie du Parti Socialiste
manifesté par la présidence de Léopold Sédar
Senghor et ensuite par celle d'Abdou Diouf depuis les indépendances
jusqu'en l'an 2000 s'expliquerait en partie par la fragmentation politique.
Selon M.-C. Diop et al., « le déracinement du baobab » (pour
exprimer la perte de l' élection présidentielle de 2000 par le
Parti Socialiste (PS) d'Abdou Diouf au profit du Parti Démocratique
Sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade) serait dû d'une part au
fait que
l'opposition sénégalaise a pu surmonté la
fragmentation qui la caractérisait pour tisser des alliances fortes avec
le PDS et d'autres part par la fragmentation qui a commencé à
frapper le PS avec le départ de Djibo Kâ et de Moustapha Niasse.
Violence
Au Zimbabwe, avant l'avènement récent du
gouvernement d'union nationale, le pouvoir de Mugabe se basait en partie sur
ses milices appuyées par l'armée qui semaient la terreur chez les
opposants, les journalistes indépendants, les juges et même les
populations pour se maintenir au pouvoir. Ainsi dans un sondage « sortie
des urnes » réalisé durant les élections
législatives, le professeur Johnson4(*) a établi que la violence a eu pour effet de
déplacer au moins
12 % des voix de sympathisants du MDC (principal parti
d'opposition) vers la Zanu-PF (parti au pouvoir), un résultat
corroboré par une question de recoupement dans le sondage d'octobre
2000. Ce phénomène était concentré dans les zones
les plus affectées par l'occupation des fermes et les sévices
infligés aux ouvriers agricoles, les intéressés
espérant ainsi mettre un terme immédiat aux violences en
cédant aux menaces des pseudo-vétérans. Sans ce transfert
de voix lié à la violence, la Zanu-PF aurait perdu la
majorité au Parlement. (Compagnon, 2001)
Parti ultra dominant
Dans de nombreux pays africains, l'absence d'alternance a
été due en partie à la domination d'un parti politique sur
la scène politique. Ces partis regorgeaient à elle seule
d'immenses moyens financiers et matériels. On peut citer l'exemple de la
Côte d'Ivoire avec le PDCI (Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire), du Sénégal avec le PS (Parti Socialiste), du Burkina
Faso avec le CDP (Congrès pour la Démocratie et le
Progrès). Au Burkina Faso en particulier, le paysage politique est
marqué par la domination du parti au pouvoir. Ce parti a
été fondé le 5 février 1996, par la fusion de 13
partis politiques qui partagent l'idéal de la social-démocratie.
Ainsi, depuis la restauration du multipartisme au début des
années 90, le Burkina Faso a organisé trois élections
présidentielles (1991, 1998, 2005), quatre élections
législatives (1992, 1997, 2002, 2007), trois municipales (1995, 2000,
2006). A l'exception notable des législatives de 2002, elles ont toutes
été remportées par le même parti, et à chaque
fois, à la suite d'un raz-de-marée électoral. (CGD)
Autres facteurs
En plus des facteurs explicatifs que nous venons de parcourir,
il existe dans la littérature d'autres facteurs explicatifs. Parmi
ceux-ci on peut recenser le clientélisme électoral qui
sévit dans plusieurs pays, les fraudes électorales, le vote
ethnique ou communautaire, les accointances entre le parti majoritaire et les
autorités religieuses ou traditionnelles. Cette liste n'est pas
exhaustive mais elle regroupe l'essentiel des facteurs explicatifs
retrouvés dans la littérature.
1.4. Méthodologie
1.4.1. Présentation des
données
Les données que nous utiliserons dans cette
étude proviennent de l'enquête Afrobaromètre qui a eu lieu
en Octobre 2008 au Burkina Faso et en
Juin 2008 au Bénin. L'enquête
Afrobaromètre est une enquête qui a une envergure nationale. Elle
a pour objet de collecter les opinions des citoyens (hommes et femmes) de plus
de 18 ans résidant en milieu rural ou urbain sur la démocratie,
la gouvernance, les réformes économiques, la
société civile et la qualité de vie. Cette enquête a
été financée par l'Université de Michigan
(ÉtatsUnis d'Amérique). L'enquête a été
réalisée par le Centre pour la Gouvernance
Démocratique (CGD) au Burkina Faso et par l'Institut de
Recherche Empirique en Économie Politique (IREEP) au Bénin.
La méthode de collecte est faite d'entretien individuel
dans la langue souhaitée par l'enquêté. Notre
échantillon est composé de 1200 individus répartis sur
toute l'étendue du territoire nationale. Les individus sont choisis de
manière aléatoire.
L'un des atouts des enquêtes Afrobaromètre, c'est
la standardisation du questionnaire. En effet, les questionnaires ne
présentent pas grande différence d'un pays à un autre ce
qui facilite les comparaisons entre pays.
1.4.2. Présentation des
variables
Dans cette section, nous présenterons notre variable
dépendante ainsi que nos variables indépendantes.
Variable dépendante :
Cette étude vise à expliquer l'absence ou
l'existence d'alternance démocratique à partir du désir de
limitation du nombre de mandats présidentiels des populations dans les
pays considérés. Pour ce faire, l'opinion des individus sur la
limitation du nombre de mandats présidentiels a été
retenue comme variable à expliquer. La question
q38 est donc celle que nous avons choisie comme
variable endogène. Nous avons recodé cette variable en variable
binaire.
Elle prend la valeur 0 si l'individu est contre la limitation
des mandats présidentiels et 1 si l'individu est plutôt pour la
limitation.
Variables indépendantes :
Nos variables indépendantes sont l'indicateur de
pauvreté, le niveau d'éducation, l'âge, le sexe, le milieu
de résidence, l'appartenance au parti au pouvoir, la perception de la
situation économique du pays, participation à des discussions sur
des questions politiques avec les amis ou en famille.
ï Niveau de pauvreté
Pour mesurer le niveau de pauvreté des individus, nous
avons construit un indicateur de deux manières différentes. Les
questions utilisées pour la construction des indicateurs sont relatives
à l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins de
santé et aux combustibles. Les variables retenus sont q8a, q8b, q8c et
q8d. Le premier est un indicateur composite de pauvreté qui a
été conçu par la méthode des ACM. Plus l'indicateur
est faible, plus l'individu est pauvre.
Le second est calculé en faisant simplement la moyenne
des items des différentes variables. Plus la valeur de cet indicateur
est élevée, plus l'individu est pauvre.
Ces deux indicateurs ont été calculés
avec les mêmes variables non monétaires.
ï Niveau d'éducation
Le niveau d'éducation des individus est mesuré
par la question q89. Cependant nous avons créé une nouvelle
variable (educ_new) qui comporte 5 modalités au lieu des 10
modalités de la question q89. Ces 5 modalités ont
été obtenues en regroupant certaines modalités proches de
la question q89 de notre questionnaire.
ï Appartenance au parti au pouvoir
Une nouvelle variable a été créée
à partir de la variable q86. En effet la nouvelle variable prend la
valeur 1 si l'individu est proche du parti au pouvoir et 0 sinon.
ï Confiance au Président
Le niveau de confiance au Président de la
République est mesuré par la variable q49a
de notre questionnaire.
ï Perception de la situation économique
actuelle du pays (q4A)
La perception de la situation économique actuelle du
pays est mesurée par la variable q4A.
ï Discussion des questions politiques en famille ou
avec les amis (q14)
La variable q14 nous donne des informations sur cet
élément.
ï Age
L'âge est mesuré par la variable q1.
Cependant nous avons créé une nouvelle variable
dont les modalités sont des classes d'âge. Nous avons 4
classes5 :
1re Classe d'âge = [18 ; 34], 2e
Classe d'âge = [35 ; 54], 3e Classe d'âge = [55 ;
64], 4e Classe d'âge = [65 ; 100],
ï Sexe
L'information sur le sexe de l'enquêté est
donné par la variable q101.
ï Milieu de résidence
(milieu SE)
5 1re Classe d'âge= *18 ; 34+, 2e
Classe d'âge = *35 ; 54+, 3e Classe d'âge = *55 ; 64+, 4e Classe
d'âge = *65 ; 99].
Le milieu de résidence peut-être urbain ou rural.
Il est mesuré par la variable milieu
SE.
1.4.3. Formes fonctionnelles de
l'indicateur composite de pauvreté
Nous construisons notre indicateur de pauvreté non
monétaire de deux manières. Ø 1re
Méthode :
Notre indicateur de pauvreté est construit à
partir de plusieurs variables non monétaires de pauvreté. Pour
avoir un indicateur assez cohérent, nous allons agréger nos
variables non monétaires selon l'approche d'inertie. Elle tire son
origine de la mécanique statique. Cette méthode s'appuie sur les
techniques d'analyses multidimensionnelles. Dans notre étude nous
utiliserons l'analyse des correspondances multiples (ACM) car nos variables non
monétaires sont toutes qualitatives. L'approche d'inertie a l'avantage
d'éliminer autant que possible l'arbitraire dans le processus de
construction de l'indicateur contrairement à l'approche
d'entropie5(*).
La qualité globale de la représentation sera
mesurée par la part d'inertie expliquée par le premier plan
factoriel. Cette condition sera associée à la
propriété COPA (dite de Consistance Ordinale le long du Premier
Axe factoriel) qui nécessite que le bien-être exprimé par
les variables dans l'analyse, individuellement ou collectivement, se
dégrade lorsqu'on se déplace le long du premier axe factoriel.
Plusieurs travaux ont confirmé l'intérêt de la
propriété COPA dans l'analyse multidimensionnelle (Ki et al 2005,
Borel et al 2006, O.
Diagne et al 2005, etc. cité par Ouarme et al.).
La forme fonctionnelle de l'indicateur est définie
comme suit :
Considérons i l'indice d'un
individu donné et Ci sa valeur pour
l'indicateur, on a :
où K est le nombre d'indicateur catégoriels
(nombre de variables); Jk le nombre de catégories de
l'indicateur k ; le coefficient de pondération (score normalisé sur le
premier axe) de la catégorie Jk et ë1
étant la première valeur propre. est la variable binaire 0/1, prenant la valeur 1 si l'unité a la
catégorie jk.
Les coefficients de pondération obtenus par l'ACM
correspondent aux scores normalisés sur le premier axe factoriel. La
valeur de l'ICP pour tout individu i correspond tout simplement à la
moyenne des scores normalisés des variables catégoriques. Le
poids d'une catégorie est la moyenne des scores normalisés des
unités de population appartenant à cette catégorie.
Toutes les modalités des variables étant
transformées en indicateurs binaires codés en 0 ou 1, donnant au
total p indicateurs binaires, l'ICP pour un ménage i
donné, peut encore s'écrire :
Wp = score normalisé sur le premier axe de la catégorie p et ë1 étant la
première valeur propre.
Iip, p=1 à P : Indicateur
binaire, prenant la valeur 1 lorsque le ménage a la modalité
p et 0 sinon.
Ø 2e Méthode :
Soulignons que nous construirons notre indicateur d'une
seconde manière afin que les résultats de nos estimations ne
soient pas influencés par la méthode utilisées. Cette
seconde méthode s'inspire de celle utilisée par Bratton (2006).
Notre seconde méthode de construction de l'indicateur
de pauvreté consistera simplement à faire la moyenne des items
i.e.
1.4.4. Présentation du
modèle probit
En économétrie, on utilise
généralement deux modèles lorsque la variable
endogène ou expliquée est qualitative et dichotomique
c'est-à-dire qu'elle est composée uniquement de deux
modalités. Par exemple, dans notre cas, l'individu est soit pour la
limitation du nombre de mandat présidentiel soit il ne l'est pas. Les
deux modèles en question sont les modèles probit et logit. Mais
ces deux modèles donnent des résultats relativement similaires.
(Christophe HURLIN). Ainsi pour notre étude nous utiliserons
principalement le modèle probit pour faire nos analyses. L'erreur suit la loi normale centrée réduite.
Le modèle s'écrit :
Avec variable dépendante, le vecteur des
variables indépendantes, le vecteur des coefficients et l'erreur. On a:
Pi= Prob (yi=1|Xi)
Pi=Prob (
Pi=Prob (
Pi=1- Prob (
Pi= 1- F (-
Pi= F (
Pi
=
?
(
)
Les valeurs des coefficients sont difficilement interprétables néanmoins leurs signes
respectifs nous donnent des informations sur le sens de l'influence de chacune
des variables explicatives sur la variable endogène.
1.4.5. Présentation du
modèle de propensity score matching
Le modèle de propensity score matching ou encore
méthode d'appariement par score de propension est une méthode
économétrique qui a été introduit en 1974 par le
statisticien D. Rubin. Il est utilisé lorsqu'un traitement peut
être administré ou non à un individu. L'objectif principal
de cette méthode est de faire en sorte que la participation au
traitement ait les caractéristiques d'une expérience
aléatoire. Le traitement peut être par exemple dans notre cas le
fait d'être alphabétisé ou non. Le traitement T prend deux
valeurs au minimum pour exprimer chaque état. Considérons par
exemple que le traitement T prend la valeur 0 si l'individu n'est pas
traité et 1 s'il est.
L'efficacité du traitement est mesurée à
travers une variable de résultat Yi. Le modèle
introduit pour chaque individu deux variables latentes y0 et y1
correspondant aux résultats potentiels de l'individu selon qu'il
reçoit le traitement (T=1) ou non (T=0). Elles ne sont jamais
simultanément observées à la même date pour un
même individu. Ainsi, pour un individu traité par exemple,
y1 est connue et est mesurée par la variable de
résultat observée de l'individu Yi tandis que y0
est inconnue et correspond au résultat potentiel qui aurait
été réalisé si l'individu n'avait pas
été traité. Pour un individu non traité, on observe
au contraire y0 tandis que y1 est inconnue.
La variable de résultat observée peut donc se
déduire des variables potentielles et de la variable de traitement par
la relation :
L'effet du traitement quant à lui est calculé
par la formule suivante :
L'effet du traitement est donc égal à la
différence entre l'état de l'individu quand il reçoit le
traitement et son état sans traitement. Cet effet n'est pas directement
observable car l'individu ne peut être observé dans les deux
états simultanément. Pour parer à cette difficulté,
on va former deux groupes d'individu l'un appelée groupe de traitement
et l'autre groupe de contrôle.
251660288
251661312L'effet moyen du traitement sur le groupe des
traités qu'on note ATT (Average Treatment on the Treated) :
n'est pas connue tandis que est connue.
Ainsi pour pouvoir calculer l'effet moyen du traitement sur
les traités, il est indispensable de recourir à deux
hypothèses importantes :
ü L'hypothèse d'indépendance conditionnelle
à des observables (ICO)
Le vecteur de variables observables X, est tel que est indépendant de la participation, conditionnellement à
X.
Formellement,
L'équation ci-dessus stipule que, pour un vecteur X
donné, la moyenne de la variable Y des non-participants correspond
à la moyenne qui aurait été observée pour les
participants si ceux-ci n'avaient pas participé. L'hypothèse
précédente nous permet d'écrire que :
Et
ü Existence d'un groupe de comparaison :
Cette hypothèse garantit que pour chaque participant il
existe au moins un nonparticipant qui lui soit comparable:
Cependant l'hypothèse d'indépendance
conditionnelle à des observables (ICO) nécessite un nombre
important de variables ce qui peut conduire à des complications. C'est
pour résoudre ce problème de dimension que Rubin et Rosenbaum
(1983) ont montré un résultat important permettant de nombreuses
simplifications.
Proposition : S'il y a
indépendance conditionnellement à des observable, alors il y a
indépendance conditionnellement au score :
Le score est simplement la probabilité de
participer. Ainsi le problème de la dimension peut être résolu
de façon drastique : il est seulement nécessaire de conditionner
par une unique variable quelque soit la dimension de l'ensemble initialement
introduit.
Ainsi une étape initiale de toute évaluation
consiste en une régression expliquant l'aectation au traitement. Elle est faite par exemple en utilisant un
modèle
Logit. Et ensuite on passe à l'estimation de l'ATT
à partir des différents estimateurs à savoir Kernel
matching et Nearest-neighbor matching6(*). Dans le cas du Nearest-neighbor matching, il peut
arriver que pour certains traités le plus proche voisin (non
traité) ait un propensity score très différent. Le Kernel
matching offre une solution à ce problème. (S. O. Becker, A.
Ichino ; 2002)
Chapitre II : Résultats
et Analyses
1.5. Construction de
l'indicateur composite de pauvreté
Pour construire nos indicateurs de pauvreté, nous avons
sélectionnés un certain nombre de variables relatives aux besoins
fondamentaux de l'homme. Au regard de la base dont nous disposons et de la
littérature, les variables que nous avons choisies, sont relatives
à l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins de
santé et aux combustibles. Les variables retenus sont q8a, q8b, q8c et
q8d. Nous avons ensuite retenu les modalités jamais ou « never
», juste 1 ou 2 fois ou « Just once or twice », quelques fois ou
« several times », plusieurs fois ou « many times » et
enfin toujours ou « always ».
L'alpha de Cronbach vaut 0.7327 dans le cas du Burkina Faso et
0.7042 dans le cas du Bénin. Les valeurs de notre alpha de Cronbach sont
satisfaisantes.
Nous calculerons nos indicateurs de deux manières
différentes. Nous calculerons nos indicateurs à partir d'une ACM
et ensuite en faisant simplement la moyenne des items.
ü Construction de l'Indicateur de
Pauvreté par ACM
Nous avons ensuite procédé à une Analyse
des Correspondances Multiples avec ces diverses variables. Le principal
critère utilisé est celui de la Consistance Ordinale sur le
Premier Axe (COPA) factoriel qui traduit globalement une situation de
bien-être. Cette propriété est une condition
nécessaire pour que l'ICP ordonne les ménages en fonction de
leur niveau de bien-être. Elle consiste, pour un indicateur
primaire donné, à voir sa structure ordinale de bien-être
respectée par la structure ordinale des coordonnées (scores) de
ses modalités sur le premier axe. (Ki et al., 2005)
1) Burkina Faso
Ce graphique indique que la propriété de
Consistance Ordinale sur le premier axe est respectée. En effet, on
observe que la situation de bien être évolue positivement de la
gauche vers la droite suivant le premier axe. Les modalités (toujours,
plusieurs fois) représentant des situations de manques ont des
coordonnées négatives sur le premier axe tandis que les
modalités (juste 1 ou 2 fois, jamais) indiquant des situations
d'accessibilité aux biens ont des scores positifs sur le premier axe.
Ainsi on peut dire que toutes les variables ayant servies pour la construction
de l'indicateur respecte la propriété COPA. Le premier axe
factoriel explique 14.18% de l'inertie totale.
2) Bénin
Au Bénin, la propriété COPA n'est pas
respectée lorsqu'on considère toutes les 5 modalités au
niveau de chaque variable. En effet, la modalité « always »
(toujours) est la seule modalité qui entrave au respect de cette
propriété. Lorsqu'on fait les statistiques descriptives pour
chaque variable considéré, on se rend compte que cette
modalité est faiblement représentée. On a
2.58%, 11.08%, 5.17% et 1.92% respectivement pour les
variables q8a, q8b, q8c
et q8d. En plus, elle est la modalité qui a le plus
faible pourcentage parmi les 5 modalités retenus pour les
différentes variables. Nous n'avons donc pas retenu cette
modalité dans notre ACM. Nous avons donc recalculé notre alpha de
Cronbach qui vaut désormais 0.7261 ce qui est acceptable.
Ce graphique indique que la propriété de
Consistance Ordinale sur le premier axe est respectée. En effet, on
observe que la situation de bien être évolue positivement de la
gauche vers la droite suivant le premier axe. Les modalités (plusieurs
fois, quelques fois) représentant des situations de manques ont des
coordonnées négatives sur le premier axe tandis que les
modalités (jamais) indiquant des situations d'accessibilité aux
biens ont des scores positifs sur le premier axe. Ainsi on peut dire que toutes
les variables ayant servies pour la construction de l'indicateur respecte la
propriété COPA. Le premier axe factoriel explique 18.20% de
l'inertie totale.
Nous avons ensuite conçu notre indicateur selon la
méthode de Bratton (2006). La corrélation entre les deux
indicateurs est en valeur absolue de 0.98 dans le cas du Burkina Faso et de
0.96 dans le cas du Bénin. Dans les deux cas la corrélation est
significative à 1%. La corrélation étant très forte
entre les deux indicateurs, nous choisirons de travailler avec l'un des deux
indicateurs dans la suite. Nous optons pour l'indicateur calculer par la
méthode de Bratton car il y a moins de données manquantes par
rapport à l'autre indicateur.
1.6. Statistiques descriptives
Dans cette partie, nous allons présenter quelques
statistiques descriptives de nos variables principales à savoir les
variables relatives au niveau d'éducation, au niveau de la
pauvreté et à l'opinion sur la limitation des mandats
présidentiels.
Niveau d'éducation
Figure 1: Répartition du niveau d'éducation
au Burkina Faso et au Bénin
%
0
%
5
10
%
%
15
%
20
25
%
30
%
%
35
40
%
45
%
%
50
Pas
d'enseignement
formel
Enseignement
informel
Enseignement
primaire
inachevé et
achevé
Enseignement
secondaire
inachevé et
achevé
Supérieur
inachevé et
achevé
%
50
12
%
17
%
17
%
%
4
40
%
2
%
24
%
%
30
%
4
Burkina Faso
Bénin
En élaborant nos statistiques descriptives concernant
l'éducation, nous obtenons des résultats assez
intéressants. En effet au Burkina Faso, on remarque d'abord que
près de la moitié des individus interrogés n'ont pas
reçu d'enseignement formel. 17% des individus ont achevés ou
inachevés le cycle primaire. On observe aussi qu'à peu
près la même proportion a achevé ou inachevé le
cycle secondaire. Le nombre de personnes ayant atteint le supérieur est
très infime (environ 4% des personnes interrogées).
Cependant au Bénin, le nombre d'individu n'ayant pas
reçu d'enseignement formel est plus faible avec environ 40% des
individus interrogés. On lit aussi que 24% des personnes ont
achevés ou inachevés le cycle primaire tandis qu'environ 30% des
individus ont achevés ou inachevés le cycle secondaire. La
proportion d'individus interrogés ayant atteint le supérieur est
aussi faible dans ce pays (4%). Globalement, on constate qu'au Bénin la
population cible est beaucoup plus éduquée qu'au Burkina Faso.
Ces résultats concordent avec ceux du programme des nations-unies pour
le développement (PNUD). En effet, selon le rapport de 2009 le taux
d'analphabétisme (pour les personnes âgées de plus de 15
ans) est de 71,3% au Burkina Faso tandis qu'au Bénin il est de 59,5%.
Niveau de pauvreté
En vu de faciliter l'interprétation, nous avons
construit des classes de pauvreté à l'aide de l'un de nos
indicateurs (moyenne des items (indicateur_mean))7(*). On distingue 5 classes : les mieux nantis, les
pauvres occasionnels, les pauvres, les très pauvres et les indigent.
La proportion de chaque classe dans l'échantillon dans
chaque pays est donc résumée dans les graphiques suivant :
Figure 2: Répartition du niveau de pauvreté
au Burkina Faso et au Bénin
Source
Auteur
:
0
%
5
%
10
%
15
%
%
20
25
%
30
%
35
%
%
40
Mieux nantis
Pauvre
occasionnel
Pauvre
Très pauvre
Indigent
17
%
28
%
29
%
18
%
,10%
7
,50%
13
28
%
%
37
%
18
2
,10%
Burkina Faso
Bénin
On remarque en observant les deux graphiques le graphique
ci-dessus que la distribution de la pauvreté dans les deux pays est
proche de la distribution de la loi normale. On observe aussi que dans les deux
pays, la majeure partie des personnes interrogées se trouve dans les
groupes du milieu (pauvre occasionnel, pauvre et très pauvre). La
proportion de « mieux nantis » c'est-à-dire de personnes
n'ayant jamais manquées de biens essentiels (eau, nourriture, soins de
santé et combustibles), au cours des douze derniers mois ayant
précédés l'enquête, au Burkina Faso (17%) est
supérieur à celle du Bénin (13,5%). De même la
proportion d'«indigent » c'est-à-dire de personnes ayant
toujours manquées de biens essentiels au Burkina Faso (7,1%) est
supérieur à celle du Bénin (2,1%).
Opinion sur la limitation des mandats
présidentiels
Figure 3: Répartition des opinions sur la
limitation du nombre de mandats présidentiels au Burkina
Faso et au Bénin
Source
Auteur
:
0
%
5
%
10
%
15
%
20
%
25
%
%
30
35
%
40
%
45
%
Tout à fait
d'accord avec
la limitation
D'accord avec
la limitation
D'accord avec
la non
limitation
Tout à fait
d'accord avec
la non
limitation
Ni l'un ni
l'autre
Ne sais pas
37
%
16
%
11
%
%
25
3
%
8
%
%
41
%
34
%
11
%
11
%
2
1
%
Burkina Faso
Bénin
Quand on analyse les opinions des individus quant à la
limitation des mandats présidentiels, on observe qu'au Burkina Faso 53%
des personnes sont pour la limitation du nombre de mandats
présidentiels tandis 36% des individus sont d'un avis contraire. De
même au Bénin, on observe que 75% des enquêtés sont
favorable à une limitation alors qu'environ 22% sont contre la
limitation du nombre de mandats présidentiels. A l'issu de ces
analyses, on peut faire deux grandes remarques : tout d'abord, on constate que
dans les deux pays les personnes qui sont en faveur de la limitation du nombre
de mandats présidentiels sont majoritaires et en second lieu, on
remarque qu'au Bénin la proportion d'individus favorables à la
limitation (75%) est plus élevée qu'au Burkina Faso (52%). La
proportion des béninois favorable à une limitation est donc
environ 1,5 fois plus grand que la proportion des burkinabè favorable.
Cet écart peut s'expliquer par la différence de culture
démocratique qui existe dans les deux pays. Comme, nous l'avons
déjà souligné le Bénin a connu plusieurs
alternances démocratiques.
Education et limitation du nombre de mandats
présidentiels
Figure 4: Répartition des opinions sur la
limitation par niveau d'éducation au Burkina Faso
Source : Auteur
En analysant ce graphique représentant les opinions de
la population burkinabè sur la limitation des mandats
présidentiels, on se rend compte que pour tous les niveaux
d'éducation, les personnes favorables à la limitation sont plus
nombreux exceptés pour ceux qui ont reçu un enseignement
informel. En effet, dans cette catégorie ceux qui sont favorable
à la limitation sont légèrement moins nombreux que ceux
qui sont contre. On remarque aussi que la proportion de ceux qui sont contre la
limitation des mandats baisse considérablement. La proportion passe de
50% en moyenne pour les deux niveaux d'éducation les plus bas à
environ 30% pour les deux autres niveaux suivant et enfin à moins de
5% pour les niveaux d'éducations les plus
élevés. Il semblerait donc a priori qu'il y ait un lien entre le
niveau d'éducation et l'opinion des individus. Cette hypothèse
vient être renforcée par le test de Chi-deux de Pearson qui nous
révèle que les deux variables sont dépendantes au seuil
d'1%.
Figure 5: Répartition des opinions sur la
limitation par niveau d'éducation au Bénin
Source : Auteur
Le graphique ci-dessus nous apprend qu'au Bénin, pour
tous les niveaux d'éducation, les individus qui ne sont pas favorables
à la limitation sont minoritaires. Par ailleurs, on constate aussi que
cette proportion s'amenuise au fur et à mesure que le niveau
d'éducation augmente. Comme dans le cas du Burkina Faso, il semblerait
qu'il y ait un lien entre le niveau d'éducation et l'opinion des
individus. Cette hypothèse vient être renforcée une fois de
plus par le test de Chi-deux de Pearson qui nous révèle que les
deux variables sont dépendantes au seuil de 1%.
En comparant les deux pays, on peut relever qu'au
Bénin la proportion des individus défavorables à la
limitation pour tous les niveaux d'éducation ne franchit pas la barre
des 30% tandis qu'au Burkina Faso pour les 4 niveaux d'éducation les
plus faible, il dépasse la barre des 30%, il atteint même 50% pour
un niveau donné.
Pauvreté et limitation du nombre de
mandats présidentiels
Les graphiques ci-dessous nous présentent la
répartition des opinions des individus sur la limitation des mandats
présidentiels dans chacun des deux pays.
Figure 6 : Répartition des opinions sur la
limitation par niveau de pauvreté au Burkina Faso
Source : Auteur
Figure 7 : Répartition des opinions sur la
limitation par niveau de pauvreté au Bénin
Source : Auteur
En analysant ces deux tableaux graphiques, on relève
que quelques soit le niveau de pauvreté et quelque soit le pays les
personnes favorables à la limitation sont majoritaires. On constate
aussi que les proportions des individus défavorables à une
limitation au Bénin, quelque soit le niveau de pauvreté, ne
franchit pas la barre des 30% tandis qu'au Burkina Faso elles excèdent
les 34%.On remarque qu'au Burkina Faso les proportions les plus
élevées de personnes favorable à la limitation se trouvent
dans la catégorie des pauvres, très pauvres et des indigents. Vu
la répartition des opinions, on pourrait affirmer qu'il n'y a pas de
lien entre le niveau de pauvreté et les opinions des individus dans les
deux pays. Cette affirmation vient être renforcée par le test de
Chi deux qui confirme une indépendance entre les deux variables dans les
deux pays.
Autres variables
Tableau 1 : Répartition des opinions sur les
autres variables retenues pour l'analyse
Variables
|
Modalités
|
Pourcentages (%)
|
Burkina Faso
|
Bénin
|
Parti_pouvoir
|
Oui
|
39.25
|
18.82
|
Non
|
60.75
|
81.18
|
Confiance au président
|
Pas du tout
|
7.42
|
10.67
|
Juste un peu
|
13.40
|
17.53
|
Partiellement confiance
|
17.34
|
26.16
|
Très confiance
|
61.84
|
45.64
|
Situation_economique
|
Très mal
|
18.51
|
28.05
|
Mal
|
34.74
|
34.12
|
Ni bien ni mal
|
13.69
|
15.84
|
Bien
|
29.50
|
19.63
|
Très bien
|
3.55
|
2.36
|
Debats_politiques
|
Jamais
|
48.05
|
21.36
|
Occasionnellement
|
36.02
|
53.60
|
Fréquemment
|
15.93
|
25.04
|
Age
|
18 - 34 ans
|
53.44
|
52.18
|
35 - 54ans
|
32.78
|
38.93
|
55 - 64 ans
|
8.37
|
5.87
|
65 ans et plus
|
5.41
|
3.02
|
Sexe
|
Homme
|
50.08
|
49.83
|
Femme
|
49.92
|
50.17
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
26.67
|
41.33
|
Rural
|
73.33
|
58.67
|
En analysant le tableau ci-dessus, on note que dans les deux
pays la majeure partie des individus ne se sentent pas proche du parti au
pouvoir. Néanmoins, au Burkina Faso la proportion d'individus proches du
parti au pouvoir est le double de celle du Bénin. On remarque aussi que
dans les deux pays, la majorité des personnes ont confiance en leur
président ne serait-ce que partiellement. Mais le Burkina Faso se
démarque du Bénin avec 61.84% des individus qui affirment avoir
très confiance en leur président contre 45.64% pour le
Bénin. Plus de la moitié des individus estiment que la situation
économique de leur pays est mauvaise aussi bien au Bénin qu'au
Burkina Faso.
Au Burkina Faso, près de la moitié (48.05%) des
individus affirment qu'ils ne discutent jamais de politique avec leur entourage
(familles et amis). Tandis qu'au Bénin, ce taux s'élève
seulement à 21%. La population dans les deux pays est relativement
jeune. Dans les deux pays, la proportion de femme est à peu près
égale à celle des hommes. La majeure partie de la population est
rurale dans les deux pays.
1.7. Présentation et
analyse des résultats
1.7.1. Présentation et
analyse des résultats des estimations par le modèle probit
Le tableau ci-dessous résume les résultats des
estimations du modèle probit pour chacun des pays. Pour chaque pays, on
a fait deux estimations. Dans la première estimation (I), on a
utilisé comme variables explicatives le niveau de pauvreté, le
niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la
confiance au président, l'appréciation de la situation
économique actuelle et la participation à des débats
politiques. Dans la seconde estimation (II), nous avons utilisé en plus
des variables du modèle (I) des variables démographiques
(âge, sexe, milieu de résidence).
Tableau 2 : Résultats de l'analyse
économétrique par le modèle probit
|
(I)
|
(II)
|
|
limitation du nombre de mandats
|
BURKINA FASO
|
BENIN
|
BURKINA FASO
|
BENIN
|
pauvreté
|
0.0621
|
0.0653
|
0.0816*
|
0.0763
|
|
(0.0418)
|
(0.0508)
|
(0.0432)
|
(0.0515)
|
éducation
|
0.112***
|
0.163***
|
0.110***
|
0.145***
|
|
(0.0360)
|
(0.0329)
|
(0.0415)
|
(0.0364)
|
parti_pouvoir
|
-0.316***
|
-0.0298
|
-0.309***
|
-0.0159
|
|
(0.0887)
|
(0.109)
|
(0.0908)
|
(0.110)
|
confiance au président
|
-0.302***
|
-0.0975**
|
-0.301***
|
-0.0989**
|
|
(0.0488)
|
(0.0452)
|
(0.0498)
|
(0.0458)
|
situation économique
|
-0.0690*
|
-0.187***
|
-0.0583
|
-0.189***
|
|
(0.0360)
|
(0.0407)
|
(0.0372)
|
(0.0413)
|
débats politiques
|
0.187***
|
0.107*
|
0.182***
|
0.0932
|
|
(0.0620)
|
(0.0645)
|
(0.0643)
|
(0.0679)
|
âge
|
|
|
0.103*
|
0.0630
|
|
|
|
(0.0576)
|
(0.0625)
|
sexe
|
|
|
-0.0460
|
-0.0616
|
|
|
|
(0.0933)
|
(0.0952)
|
milieu de résidence
|
|
|
-0.209*
|
-0.320***
|
|
|
|
(0.113)
|
(0.0927)
|
Constant
|
|
|
1.144***
|
1.525***
|
|
|
|
(0.358)
|
(0.331)
|
Nombre d'observations
|
960
|
1115
|
932
|
1107
|
Prob > chi2
|
0.000
|
0.000
|
0.000
|
0.000
|
Pseudo R2
|
0.0836
|
0.0617
|
0.0921
|
0.0714
|
*** : significatif à 1%, ** : significatif à 5%, *
: significatif à 10%. Les erreurs types sont entre parenthèses
Source : l'auteur
Nos estimations par le modèle probit, nous
révèle dans le modèle (I) qu'au Burkina Faso les variables
qui ont un effet significatif sur le choix des individus par ordre de
significativité sont le niveau d'éducation, la proximité
avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la participation
aux débats politiques et l'appréciation de la situation
économique. Dans le cas du Bénin, les variables significatives
sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la situation
économique, la confiance au président et la participation aux
débats politiques.
Dans le modèle (II), on note que les variables
significatives, dans le cas du
Burkina Faso, sont le niveau d'éducation, la
proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la
participation au débats politiques, le niveau de pauvreté,
l'âge et le milieu de résidence. On remarque donc que la variable
liée au niveau de pauvreté est devenue significative mais cette
significativité reste faible. Dans le cas du Bénin, les variables
significatives sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la
situation économique, le milieu de résidence et la confiance au
président.
La pauvreté a un impact positif et faiblement
significatif au Burkina Faso dans le modèle (II). Dans le modèle
(I), cet effet est positif mais non significatif. On peut donc en
déduire que l'impact de la pauvreté est mitigé dans le cas
du Burkina Faso. Néanmoins en s'appuyant sur les résultats du
modèle (II), on peut affirmer que plus on est pauvre plus on est enclin
à la limitation du nombre de mandats présidentiels au Burkina
Faso. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que les pauvres ont
tendances à penser que leur pauvreté résulte des
politiques menées par le gouvernement en place. En d'autres termes,
s'ils n'arrivent pas à satisfaire leur besoins fondamentaux, c'est parce
que le gouvernement en place ne mène pas des politiques pouvant leur
facilité l'accès à ces biens (eau, nourritures, soins
médicaux,..). C'est donc à juste titre qu'ils pensent que
limiter le mandat du président favoriserait le changement des instances
dirigeantes et par ricochet favoriserait l'avènement d'un nouveau
gouvernement qui pourrait résoudre leurs problèmes. La faiblesse
de la significativité nous conduit à être prudents quant
à l'interprétation que nous venons de faire de ces
résultats. Dans le cas du Bénin, l'effet est positif mais non
significatif dans les deux modèles. Le niveau de pauvreté n'agit
donc pas sur la position des individus quant à la limitation du nombre
de mandats présidentiels au Bénin.
L'éducation a un impact positif et très
significatif (seuil de significativité 1%) dans les deux modèles
des deux pays. Le niveau d'éducation est aussi la seule variable qui
garde une forte significativité quelque soit le pays et quelque soit le
modèle. Le niveau d'éducation semble être donc le meilleur
déterminant du choix de la limitation du nombre de mandats
présidentiels parmi nos variables. Ce résultat vient confirmer
celui révélé par le test de Chi deux. Ce résultat
traduit le fait que plus on a un niveau élevé d'éducation
plus on est favorable à la limitation du nombre de mandats
présidentiels. Nos résultats concordent avec ceux de Wantchekon
et al. (2006) qui avait montré que les individus plus instruits avaient
tendance à adopter une vision intrinsèque de la
démocratie. La limitation du nombre de mandats présidentiels est
donc un désir ardent pour ceux-là qui ont un niveau scolaire de
plus en plus élevé. L'influence de l'éducation est
compréhensible dans la mesure où les intellectuels comprennent
plus les avantages de la limitation des mandats. Ils ont en
général une culture politique plus accru qui est favorisé
par leur niveau d'information.
Au Burkina Faso, plus on est proche du parti au pouvoir moins
on est enclin à la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Tandis qu'au Bénin cette variable n'a aucun effet significatif sur les
choix des individus. Cette différence de résultat entre les deux
pays pourrait se justifier par la maturité du peuple béninois en
termes de démocratie. En effet, comme nous l'avons souligné plus
haut les béninois sont habitués à l'alternance
démocratique à l'opposé des burkinabè. Il faut
souligner aussi qu'au Burkina Faso, quand on parle de limitation de mandat
présidentiel, les personnes proches du pouvoir majoritaire font un lien
direct avec le remplacement du président Blaise COMPAORE ce qui affecte
leur choix. En effet, depuis que le parti au pouvoir (CDP) a été
créé, son candidat aux élections présidentielles a
toujours été Blaise COMPAORE qui a d'ailleurs remporté
toutes ces élections. Il y a donc une confusion entre le parti en tant
qu'organisation et la personne du président.
La confiance au président a un effet négatif et
significatif sur le désir de limitation du nombre de mandats dans les
deux pays quelque soit le modèle. Plus les individus ont confiances en
leur président respectif, plus ils sont défavorables à une
quelconque limitation du nombre de mandats présidentiels. La confiance
au président apparaît donc comme un très bon
déterminant du choix des individus dans les deux pays.
Dans les deux pays, on note que l'appréciation de la
situation économique qui prévalait au moment de l'enquête a
un impact négatif sur la position des individus quant à la
limitation du nombre de mandats présidentiels. Cet effet est très
significatif dans le cas du Bénin quelque soit le modèle mais
dans le cas du Burkina Faso il est moins significatif ; il perd même sa
significativité lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle
(II). Ainsi plus les individus sont satisfait de la situation
économique de leurs pays respectifs plus il est probable qu'ils soient
opposés à la limitation du nombre de mandats
présidentiels. Ce résultat ne paraît pas à priori
surprenant dans la mesure où « on ne change pas une équipe
qui gagne » selon une expression populaire.
Au Burkina Faso, on observe que la variable débats
politiques a un effet positif et très significatif sur la limitation. En
d'autres termes, plus l'individu mène des discussions en rapport avec
les questions politiques plus il est porté vers la limitation du nombre
de mandats présidentiels. Cela traduit le fait que les personnes qui
sont plus éveillés ou qui ont une maturité (un niveau
élevé d'information) en matière de questions politiques
sont d'avis que la limitation est nécessaire. Dans le cas du
Bénin, cet effet est positif mais il perd de sa significativité
lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle (II).
La variable âge a un effet positif dans les deux pays.
Cependant il est faiblement significatif dans le cas du Burkina Faso et non
significatif dans le cas du Bénin. Au Burkina Faso, plus les individus
sont âgés plus ils sont favorables à une limitation du
nombre de mandats présidentiels. Ce résultat peut s'expliquer par
le fait que les adultes ont vécu plus l'expérience de l'absence
d'alternance au Burkina Faso et ont donc assisté ou assistent encore
à ses inconvénients.
Les individus résidant en milieu urbain sont plus
enclins à la limitation que ceux résidant en milieu rural. Loger
en milieu rural diminue donc la probabilité d'opter pour la limitation
du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat pourrait
s'expliquer par le fait qu'en milieu rural, les individus sont dans un
environnement où la tradition domine. Le président de la
république est donc comme un « chef traditionnel», on ne
peut le remplacer de son vivant. En d'autres termes, on ne peut limiter le
nombre de mandat.
La variable genre n'a pas d'effet significatif sur le choix
des individus quant à la limitation du nombre de mandats
présidentiels. Le sexe de l'individu ne détermine donc pas son
choix.
1.7.2. Présentation et
analyse des résultats des estimations par la
méthode d'appariement
? Education et désir de limitation
Comme nous l'avons souligné dans les pages
présentes, nous allons d'abord estimer la probabilité
d'être traité. L'éducation est notre variable de
traitement. Plus exactement, nous considèrerons le fait d'être
éduqué comme le fait d'être alphabétisé. Plus
précisément, être dans le groupe de traitement, c'est
être alphabétisé et être dans le groupe de
contrôle équivaut donc à être non
alphabétisé. Nous avons considéré qu'un individu
est alphabétisé s'il a achevé au moins le cycle primaire.
Nous avons choisi comme variable pouvant déterminer la
probabilité d'être alphabétisé en nous appuyant sur
la littérature, les variables suivantes : l'âge, le sexe, le
milieu de résidence et le niveau de pauvreté.
Dans les deux cas (Burkina Faso et Bénin), le
modèle d'estimation du propensity score est globalement significatif.
Nos variables indépendantes sont toutes significatives au seuil d'1%
dans les deux situations. (Voir annexe) En plus, le test de
distribution des caractéristiques (balancing property) est satisfait
dans les deux cas.
Le tableau ci-dessous résume les résultats issus
du Nearest-neighbor matching et du Kernel matching dans le cas du Burkina Faso.
|
N. Treat.
|
N. Cont.
|
ATT
|
Std. Err.
|
t
|
Nearest-neighbor
|
315
|
768
|
0.145***
|
0.031
|
4.685
|
Kernel
|
315
|
885
|
0.145***
|
0.028
|
5.150
|
Comme, on le voit l'éducation a un impact positif et
très significatif sur la probabilité de choisir la limitation des
mandats présidentiels. L'éducation augmente donc la
probabilité de désirer la limitation d'environ 0.145. Ce
résultat vient confirmer les résultats obtenus à partir du
modèle probit.
Le tableau ci-après résume quant à lui,
les résultats issus du Nearest-neighbor matching et du Kernel matching
dans le cas du Bénin.
|
N. Treat.
|
N. Cont.
|
ATT
|
Std. Err.
|
t
|
Nearest-neighbor
|
455
|
725
|
0.115***
|
0.024
|
4.864
|
Kernel
|
455
|
745
|
0.115***
|
0.028
|
4.163
|
Comme, on le voit l'éducation a un impact positif et
très significatif sur la probabilité de choisir la limitation des
mandats présidentiels. L'éducation augmente donc la
probabilité de désirer la limitation d'environ 0.11. Ce
résultat vient confirmer les résultats obtenus à partir du
modèle probit.
Une application de la méthode de matching pour
évaluer l'impact de la pauvreté sur notre variable
dépendante n'a pas été possible car il a été
difficile de trouver dans la base des variables qui puissent expliquer
significativement le fait d'être pauvre ou pas.
1.8. Limites de l'étude
La variable dépendante de notre étude
c'est-à-dire la limitation du nombre de mandats présidentiels
est certes pertinente pour cerner le désir d'alternance
démocratique des populations mais elle est insuffisante. Pour
améliorer l'étude il serait donc utile pour les enquêtes
futures d'intégrer une question beaucoup plus spécifique à
l'opinion sur l'alternance démocratique. (Par exemple: Que pensez-vous
de l'alternance démocratique?)
Conclusions et Recommandations
Au terme de notre étude, plusieurs conclusions peuvent
être tirées. En effet, on a constaté que l'éducation
avait un effet positif et très significatif quelques soit le
modèle utilisé pour les deux pays. Notre première
hypothèse est donc vérifiée. Cependant, notre seconde
hypothèse n'est pas totalement vérifiée. La
pauvreté a un effet positif sur le désir de limitation du nombre
de mandats présidentiels mais cet effet n'est pas significatif
excepté dans un seul modèle dans le cas du Burkina Faso. On peut
donc affirmer qu'elle n'a pas d'impact sur notre variable dépendante.
Néanmoins soulignons que l'une de nos variables explicatives a un impact
très significatif dans les deux pays. Il s'agit de la confiance au
président qui a un effet négatif sur le choix de la limitation du
nombre de mandats présidentiels. D'autres catégories de variables
ont des effets spécifiquement dans chaque pays. Au Burkina Faso, les
variables liées à l'appartenance au parti au pouvoir et la
participation à des débats politiques déterminent
fortement le choix des individus. L'âge et le milieu de résidence
ont des effets faiblement significatifs. Au Bénin par contre,
l'appréciation de la situation économique et le milieu de
résidence influencent largement la position des individus.
Au regard de tous ces résultats, on comprend en partie
l'existence d'alternance démocratique au Bénin. Mais l'absence
d'alternance au Burkina est surprenante. En effet, la population désire
dans sa grande majorité la limitation mais l'on se demande pourquoi le
même président est-il-réélu. La réponse
pourrait se trouver au niveau de l'opposition. En effet, les individus n'ayant
pas assez confiance ou doutant de l'opposition préfèrerait sans
doute s'abstenir de voter. C'est peut être ça la réponse.
Les prochaines études pourrait intégrer des questions relatives
aux raisons pour lesquelles les individus ne votent pas pour l'opposition afin
d'apporter plus d'éclaircissement à la question de l'absence
d'alternance démocratique.
A l'issu de ces résultats, voici quelques
recommandations que nous formulons pour promouvoir l'alternance
démocratique :
ü Encourager les populations à faire de longues
études
ü Encourager les discussions d'ordre politique au sein
des populations afin d'accroître leur culture démocratique
ü L'opposition doit mieux se structurer afin de gagner la
confiance des populations.
Références
bibliographiques
ASSELIN, Louis-Marie (2002), «Composite indicator of
multidimensional poverty».
BECKER, O. S. et A. ICHINO (2002), «Estimation of average
treatment effects based on propensity scores». The Stata Journal 2,
Number 4, pp. 358-377
BOSSUROY, Thomas (2006), « Déterminants de
l'identification ethniques en Afrique de l'Ouest».
BRATTON, Michaël (2006), « Populations pauvres et
citoyenneté démocratique en Afrique. »
BOLLE, Stéphane (2009), «Obligations
constitutionnelles et légales des gouvernants et autres responsables
politiques nationaux : Gouvernement, Assemblée nationale et institutions
de l'Etat», Conférences internationales sur les défis de
l'alternance démocratique.
Centre pour la Gouvernance Démocratique (2009),
«L'alternance et les règles du jeu démocratique au Burkina
Faso».
COMPAGNON, Daniel (2001), «Zimbabwe : l'alternance ou le
chaos».
Politique africaine N°81.
DIOP M.-C., DIOUF M. et DIAW A. (2000), «Le baobab a
été déraciné.
L'alternance au Sénégal», Politique
africaine N°78.
DIOUF M. (1993), « Les intellectuels africains face
à l'entreprise démocratique. Entre la citoyenneté et
l'expertise», Politique africaine N°51.
DIOUF, Mamadou (1996), « Successions légales et
transitions politiques en Afrique», Cahier du GEMDEV N°24.
ELIAS J.-B. (1998), «Démocratie,
Société Civile et Gouvernance en Afrique : Expérience de
la République du Bénin».
FARVAQUES N. et ROBEYNS I. (2005), «L'approche
alternative d'Amartya Sen : Réponse à Emmanuelle
Bénicourt».
HOLO, Theodore (2009), «La constitution, garante de
l'alternance démocratique», Conférence internationale sur
les défis de l'alternance démocratique, Cotonou 23-25
février 2009.
KI J. B., FAYE S. et FAYE B. (2005), «Pauvreté
multidimensionnelle au Sénégal : une approche non
monétaire par les besoins de base».
LOADA, Augustin (2003), «La limitation du nombre de
mandats présidentiels en Afrique francophone».
LOADA, Augustin (1998), «Les élections
législatives burkinabè du 11 mai 1997 : des «
élections pas comme les autres » ? », Politique africaine
N°69.
MUNOZ, Gema Martin et BARRENADA Isaías (1999),
«Après les élections législatives. Émergence
d'une transition démocratique ou alternance par le haut ? ».
OUARME A., OUILI I. et BASSE A. M., «Pauvreté au
Burkina Faso, à la recherche d'un indicateur composite de
pauvreté».
RAZAFINDRAKOTO M. et ROUBAUD F. (2005), «Gouvernance,
démocratie et lutte contre la pauvreté en Afrique :
Expérience et point de vue de la Population de huit métropoles
Enquêtes 1-2-3, premiers résultats».
RAZAFINDRAKOTO M. et ROUBAUD F. (2004), «Les pauvres, la
démocratie et le Marché : une analyse à partir de trois
séries d'enquêtes auprès de la population malgache».
TSAI Cheng-Wen (2000), «L'impact de l'alternance
politique sur la politique étrangère de la République de
Chine à Taïwan».
WANTCHEKON L. et TAYLOR G. (2006), «Droits politiques ou
biens publics ? Analyse économétrique des représentations
de la démocratie en Afrique».
ZERBO Adama (2003), «Démocratie électorale
et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne : un modèle
d'analyse». Sites internet :
http://www.bahrainrights.org/en/node/2606
http://www.animafac.net/
http://www.economist.com
http://www.idh
-
benin.org
Annexes
Estimation du propensity score (probabilité
d'être éduquer)
Variables indépendantes
|
BURKINA FASO
|
BENIN
|
Age
|
-0.0325***
|
-0.0315***
|
|
(0. 0038)
|
(0.0033)
|
Sexe
|
-0. 3671***
|
-0. 7424
|
|
(0. 0915)
|
(0. 0806)
|
Zone_résidence
|
-1.1321***
|
-0. 6023***
|
|
(0. 0942)
|
(0. 0808)
|
pauvreté
|
-0.1434***
|
-0. 1640***
|
|
(0. 0429)
|
(0. 0450)
|
Constant
|
3.1330***
|
3.0492***
|
|
(0.2663)
|
(0. 2362)
|
Nombre d'observations
|
1131
|
1183
|
Prob > chi2
|
0.0000
|
0.0000
|
Pseudo R2
|
0.2253
|
0.1519
|
*** : significatif à 1%, ** : significatif à 5%, *
: significatif à 10%. Les erreurs types sont entre parenthèses
Présentation des différents
estimateurs de type « matching »
? Nearest-neighbor matching
Soit Ci = minj ||pi
- pj||. Chaque participant est associé
à un seul nonparticipant. Ce dernier se trouve être celui dont le
score est le plus près du score du participant i.
Soit le nombre de non-participants et
Wij
L'estimateur par appariement dans le cas (Nearest-neighbor)
s'écrit :
Kernel matching
L'estimateur est égal à :
Où N1 est le nombre de
participants, I1 l'ensemble des participants, I0
l'ensemble des non-participants et
avec K le noyau et h la fenêtre
Récapitulatif des questions utilisées
dans l'étude
4. En général, comment
décririez-vous :
|
|
|
|
|
|
|
Très bien
|
Bien
|
Ni bien ni mal
|
Mal
|
Très mal
|
Ne
sais pas
|
A. La situation économique actuelle du pays
?
|
5
|
4
|
3
|
2
|
1
|
9
|
8. Au cours des douze derniers mois, combien de
fois est-ce que vous (ou un membre de votre famille) avez dû faire face
aux situations suivantes :
|
|
Jamais
|
Juste
1 ou
2 fois
|
Quelques
fois
|
Plusieurs fois
|
Toujours
|
Ne
sais pas
|
A. Nourriture insuffisante pour manger à sa faim ?
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
9
|
B. Manque d'eau potable pour les besoins domestiques?
|
|
|
|
|
|
|
C. Manque de médicaments ou de soins médicaux ?
|
|
|
|
|
|
|
D. Manque de combustible pour la cuisson des repas ?
|
|
|
|
|
|
|
14. Quand vous êtes avec vos amis ou votre
famille, diriez-vous que vous discutez de questions politiques:
|
Fréquemment
|
2
|
Occasionnellement
|
1
|
Jamais
|
0
|
Ne sais pas [Ne pas lire]
|
9
|
38
|
|
Affirmation 1: La Constitution devrait limiter l'exercice
de la fonction de Président du Faso à deux mandats
|
Affirmation 2: Il ne devrait pas avoir de limite
constitutionnelle au nombre de mandats du Président du
Faso.
|
Tout à fait d'accord avec
Affirmation 1 1
|
D'accord avec
Affirmation 1 2
|
D'accord avec
Affirmation 2 3
|
Tout à fait d'accord avec
Affirmation 2
4
|
En désaccord avec Affirmation 1 et Affirmation 2
|
|
5
|
Ne sais pas
|
|
9
|
49. Faites-vous confiance à chacune des
institutions suivantes, ou n'en avezvous pas suffisamment entendu parler
?
|
|
Pas du tout
|
Juste un peu
|
Partiellement confiance
|
Très confiance
|
Ne sais pas / N'en ai pas entendu
|
A. Le Président du Faso
|
0
|
1
|
2
|
3
|
9
|
89. Quel est le plus haut niveau d'éducation que
vous avez atteint?
|
|
Pas d'enseignement formel
|
0
|
Enseignement informel seulement (y compris enseignement
coranique)
|
1
|
Enseignement primaire inachevé
|
2
|
Enseignement primaire achevé
|
3
|
Enseignement secondaire / lycée inachevé
|
4
|
Enseignement secondaire / lycée achevé
|
5
|
Autres qualifications post-secondaires qu'universitaires
(diplôme technique ou collège)
|
6
|
Université inachevée
|
7
|
Université achevée
|
8
|
Post universitaire
|
9
|
Ne sais pas
|
99
|
101. Sexe du Répondant
|
|
Homme
|
1
|
Femme
|
2
|
* 1 La Côte d'Ivoire a
connu un coup d'Etat à la fin des années 90.
* 2 L'indice utilisé pour
le classement est appelé Intelligence Unit Index of Democracy. Il est
calculé à partir de 5 segments de la vie démocratique et
politique : le processus électoral et le pluralisme, les libertés
civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique et la
culture politique.
* 3 Cité dans un rapport
de la Conférence sur les défis de l'alternance en Afrique : Vers
l'enracinement de la culture démocratique.
* 4 R. W. Johnson, Zimbabwe :
the Hard Road to Democracy, HSF, juin 2000, pp. 15-17
* 5 L'approche d'entropie
est exploitée dans la théorie statistique de
l'information. C'est une approche paramétrique. E. Massoumi (1986)
est parti de cette théorie s'appuyant sur une mesure de divergence entre
deux distributions pour proposer un indicateur composite optimal (C) qui
minimise une somme pondérée de divergence deux à deux.
Cette approche fait appel à l'arbitraire pour le choix de coefficients
intervenant dans le calcul de l'indicateur.
* 6 Voir annexe pour plus de
détail sur les différents estimateurs
* 7 Nous avons utilisé la
classification de Bratton dans son article « populations pauvres et
citoyenneté démocratique en Afrique »
|