4.1.1.2. Cas Tatu
Le cas Tatu est une autre version d'aide au mourant en
utilisant les ressources vitales émotionnelles ; entendons par
là les objets ou les personnes ayant un lien affectif fort avec le
mourant afin de susciter son réveil de conscience. Ce cas illustre la
manière dont nous avons utilisé la parole pour obtenir la
libération d'une personne qui a tant souffert et lui éviter la
souffrance.
Description du cas Tatu
Tatu est un homme d'environ 70 ans. Il est marié
à une dame de 45 ans avec laquelle il a eu une fille de 13 ans. Tatu est
un haut fonctionnaire dans une entreprise publique. La famille nous a
consulté, car Tatu est dans un coma profond depuis plus de trois mois
et le médecin traitant l'a déjà placé en soins
palliatifs. Tatu a souffert de diabète et problème respiratoire
depuis plusieurs années. Il a une plaie sur la cuisse qui ne se
cicatrise pas et Tatu lutte entre la vie et la mort. Notre première
tâche était de préparer la famille de Tatu à toutes
éventualités (c'est-à-dire faire le travail de deuil).
Puis nous avons eu pour référence le cas du Vieux Lambert et nous
nous sommes mis à nous entretenir avec Tatu en lui rappelant sa position
dans son entreprise, la situation dans laquelle se trouve confrontée sa
famille qui pleure sans cesse ; tout en lui suggérant de prendre la
bonne décision qui soulagerait sa famille. Nous avons cité
nommément son épouse et sa fille. Nous lui avons demandé
s'il avait quelque chose qu'il voulait peut-être régler avant de
s'en aller en paix. Nous lui avons demandé de nous faire signe s'il nous
écoutait. Tatu a bougé ses mâchoires et nous avons
insisté de nous prouver réellement si ce signal signifiait qu'il
nous entendait, puis Tatu a soulevé son bras. Alors nous lui avons
remercié de nous avoir entendus. Plus tard à minuit de la
même nuit l'épouse de Tatu nous a appelé pour nous annoncer
son décès. Nous avons soutenu l'épouse psychologiquement
et la fille.
Comme nous pouvons le constater, la vie de Tatu est
liée à une fine corde qu'il fallait sensibiliser pour qu'il rende
l'âme en douceur. Même si Tatu ne nous a pas dit un seul mot avant
de mourir, mais le fait de manifester par des gestes qu'il nous écoutait
est déjà significatif pour nous. Cette technique a
été bénéfique même pour sa famille qui n'a
pas trouvé le départ de Tatu comme un châtiment mais
plutôt comme une délivrance.
Le cas Tatu est une autre variante du cas Vieux Lambert et la
démarche diagnostique et thérapeutique reste quasiment la
même. On cherche à savoir un peu plus sur la vie de Tatu à
travers son épouse, on utilise les paroles qui peuvent susciter un
déclic et ramener Tatu à la conscience, puis sa mort qui survient
comme un repos et l'économie de son corps de pourrir de sa plaie qui
rongeait sa cuisse.
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